^^ëmMëMË^i^MmM DICTIONNAIRE DES SCIENCES NATURELLES, DANS LEQUEL On traite MlÎTHODIQUEMEPiT DES DIFFEREÎfS ETRES DE LA WATCRE, cohsidÉrÉs Soit en eux-mêmes, d'après l'état actuel de NOS CONNOISSANCES , SOIT RELATIVEMENT A l'uTILITÉ Qu'eN rÉuA'EKT RETIRER LA MEDECINE, l'aGR ICU LT DRE , LE COMMERCE ET LES ARTS. SUIVI D'UNE BIOGRAPHIE DES PLUS CÉLÈBRES NATURALISTES. PAR Plusieurs Pi ofcGseurs du Jardin du Roi et des principales Ecoles de Paris. TOME SIXIÈME, Wi CAA-CAQ. STRASBOURG, F. G. Leyradlt, Editeur. PARIS, Le Normant, rue de Seine, N.° 8. i8i7- LIBRARY OF 1885- 1056 DICTIONNAIRE DES SCIENCES NATURELLES. TOME FI. CAA = CAQ. Ce sixième volume étoit imprimé dès le commencement de 1806 ; mais il n'avait vas été mis en vente, et at^oit été lii^ré seulement à^(juel(jues souscripteurs. Lorscjue Von publia, Vannée dernière, le noui'eau prospectus , on comptait poui'oir mettre ce volume au niueau des connoissances actuelles au moyen de {jueltjues cartons • mais , la trop grajide (juantité d'articles à ajouter n ayant point permis de les intercaler , il a fallu suii^re la même marche que pour les volumes précédens , et substituer le supplément aux cartons. Le îiomhre d'' exemplaires prescrit par la loi a été dé- posé. Tous les exemplaires sont rei^êtus de la signature de l'éditeur. DICTIONNAIRE DES SCIENCES NATURELLES. DANS LEQUEL On traite méthodiquement des différens êtres de la nature, CONSIDÉRÉS SOIT EN EUX-MÊMES, d'aPRÈS l'ÉTAT ACTUEL DE NOS CONNOISSANCES , SOIT RELATIVEMENT A l' UTILITÉ Qu'ei* PEUVENT RETIRER LA MÉDECINE, l'aGRICULTURE , LE COMMERCE ET LES ARTS. SUIVI D'UNE BIOGRAPHIE DES PLUS CÉLÈBRES NATURALISTES. Ouvrage destiné aux médecins, aux agriculteurs, aux commercans, aux artistes, aux manufacturiers, et à tous ceux qui ont intérêt à connoître les productions de la nature, leurs caractères génériques et spécifiques, leur lieu natal, leurs propriétés et leurs usages. Plusieurs Professeurs du Jardin du Roi, et des principales Ecoles de Paris. TOME SIXIÈME. STRASBOURG, F. G. Levrault, Éditeur. PARIS, Le Normant, rue de Seine, N.° 8. 1817. Liste des Auteurs par ordre de Matières.'' Physique générale. M. LACROIX, membre de l'Académie des Sciences et professeur au Collège de France. ( L. ) Chimie. *M. FOURCROY, membre de l'Acadëmie des Sciences , professeur au Jardin du Roi. (F.) M. CHEVRF.UL, professeur au Collège toyal de Charlemagne. (CH. ) Minéralogie et Géologie. M. BRONGNIART, membre de l'Académie des Science», professeur 'a la Faculté des Sciences. ( li. ) M. DEFRANCE, membre de plusieurs So- ciHii savantes. ( D. F.) Botanique. M. DE JUSSIEU, membre de l'Académie des Sciences, prof, au Jardin du Roi. (J.) M. MIRBEL, membre de l'Académie des Sciences , la Faculté des Sciences. ( B. M.) • M. AUBERÏ DU PETIT-THOUARS. ^AP.) •M. BE.\UV(JIS. (VM.) M. HENRI CASSIM, membre de la Société philomatique de Paris. ( H. CASS. ) *M. DESPORTES. (D. P.) M. DUCHESNE. (D. de V.) *M. JAUMES. (J. S. H.) M. LEMAN, membre de la Société philo- matique de Paris. (LEM.) M. LOISELEUR DESLONGCHAMPS, Doc- teur en médecine, membre de plusieurs Sociétés savantes. ( L. D. ) M. MASSEY. ( MASS. ) - M. PETIT-RADEL. (P. R.) M. POIRET, membre de plusieurs Sociétés savantes et littéraires, continuateur de l'Encyclopédie botanique. (P.) M. DE TUSSAC, membre de plusieurs So- ciétés savantes, auteur de la Flore des An- tilles, (DE T.) I Zoologie générale, Anatomie et Physiologie- M. G. CUVIER, membre et secrétaire per- pétuel de l'Académie des Sciences, prof.au Jardin du Roi , etc. ( G. C. ou CV. ou C.) Mammifères. M. GEOFFROY, membre de l'Académie des Sciences , professeur au Jardin du Roi. (G.) •M. GF.RARDIN. (S. G.) Oiseaux. M. DUMONT, membre de plusieurs Sociétés savantes. ( Ch. D.) Reptiles et Poissons. "M. DE LACÉrÉDE, membre de l'Académie des Sciences , professeur au Jardin da Roi.- ( L. L. ) M. DUMERIL, membre de l'Académie de» Sciences, professeur i l'École de méde- cine. (CD.) 'M. DAUDIN. (F. M. D.) M.CLOQUET, Docteur en médecine. (H.C.) Insectes. M. DUMERIL , membre de l'Académie des Sciences , prof, i l'Ecole de médecine. (C. D.) Mollusques, Fers et Zoophjrtes. ' M. DE LA MARCK , membre de l'Aca- démie des Sciences, professeur au Jardin du Roi. (L. M.) •M. G. L. DUVERNOY, médecin. (DU V.) M. DE BLAINVILLE. (De B.) Agriculture et Economie. *M. TESSIER, membre de l'Académie dei .Sciences , de la Société de l'École de mé- decine et de celle d'agi iculture (T.) •M. COQUEBERT DE MOMBRET. (C. M.) M. TURPIN, naturaliste, est cbargé de l'exécution des dessins et de la direction de la gravure. MM. DE HDMBOLDT et RAMOND donneront quelques arti nouveaux qu'ils ont observés dans leurs voyages , ou sur les suj plus particulièrement occupés. M. F. CUVIER est chargé de la direction général articles généraux de loologie et à l'histoire des m s sur les objets dont ils se sont le l'ouvrage , et il coopérera aux mifères. (F. C.) DICTIONNAIRE DES SCIENCES NATURELLES. C A A V> Cet animal est d'autant moins gêné dans les mouvemens brusques et rapides qu'il exécute , que le plus grand dia- mètre de son corps n'est que le cinquième de sa longueur totale, qui n'excède guère trois mètres (9 pieds). L'instru- ment qui lui imprime sa grande vitesse se compose de la force des muscles de sa queue et de celle de la nageoire qui la termine. Cette nageoire est divisée en deux grands lobes, un peu échancrés, et dont la largeur est à peu près égale aux deux neuvièmes de la longueur totale de co cétacé ; il emprunte aussi sa rapidité de ses deux pectorales, placées très-bas, et autant à l'arrière de l'œil qu'il y a de distance entre cet organe et le bout du museau. La peau du dauphin vulgaire est très - unie , douce au toucher et luisante dans toute sa surface; elle tire soa brillant de la graisse qu'elle recouvre, et qui, en se tami- sant au travers des pores de cette peau, y entretient la souplesse qui lui est nécessaire. La couleur de l'éplderme est d'un brun livide dans quelques individus ; dans d'autres elle est noirâtre sur le dos , et d'un gris de perle moucheté de noir sur les côtés et sous le ventre ; dans ceux-ci elle 7« C A C est d'un gris plus ou moins foncé; tandis que dans ceux-là elle est entièrement du blanc de neige le plus éclatant. La chair que l'on trouve au-dessous de la graisse est dure, et le plus souvent elle exhale une odeur fétide et très- désagréable. La femelle ne donne le jour qu'à un et quelquefois, mais rarement, à deux petits, qu'elle a portés dans son sein pendant dix mois ; elle les allaite avec le plus grand soin -, elle les porte sous ses nageoire^ pectorales , qui font , dans cette occasion seule, l'office de bras. Pendant que ses petits sont encore foibles , elle les exerce à nager, joue avec eux, les défend avec un courage intrépide , et ne s'en sépare pas même lorsqu'ils sont en état de se passer de ses secours. Ils croissent promptement ; car à dix ans ils ont atteint toute leur longueur. Non -s^eulement les dauphins femelles paroissent unies par les liens d'une affection tendre et durable avec leurs cnfans ; mais le mâle passe , dit-on , la plus grande partie de sa vie à côté de sa compagne , dont il s'établit le dé- fenseur et le gardien le plus zélé. On prétend même que le sentiment d'affection mutuelle de ces animaux les uns pour les autres s'étend à tous les individus de l'espèce : aussi lès voit- on souvent réunis en troupes nombreuses, dans un ordre disposé en phalanges régulières, rangées comme en bataille ; elles sont commandées et dirigées par un chef, choisi parmi ceux d'entre eux qui, dans les com- bats , ont montré le plus de force , de courage , d'intrépi- dité et de -vigueur. Quelques auteurs, et particulièrement les anciens, ont prétendu que les dauphins n'avoient pas seulement une propension d'amitié mutuelle les uns pour les autres , mais qu'ils éprouvoient aussi un penchant naturel et vif pour l'homme , avec lequel ils se familiarisoient sans beaucoup de peine ; ils ont même raconté , à cette occasion , des faits si merveilleux, que nous n'osons pas les hasarder ici. Tout ce que l'on sait, à n'en pas douter aujourd'hui, c'est qu'aussitôt que ces animaux aperçoivent en pleine mer un bâtiment, ils accourent en foule au-devant delui, l'entourent et lui donnent des signes de confiance, qu'ils C A C i7t expriment par des évolutions rapides et répétées de mille manières : tantôt ce sont des bonds , des sauts et des ma- noeuvres en tous sens ; d'autres fois ce sont des circonvo- lutions, des marques de force, de légèreté et d'adresse, qui étonnent. Ne nous y trompons pas cependant : ces mêmes ani- maux qu'on s'est efforcé de nous représenter comme sus- ceptibles d'attachement pour l'espèce humaine, n'en sont pas moins des animaux très-carnassiers, qui, mus par le seul motif de leur propre intérêt, celui surtout d'attraper quelque proie qui s'échappe des vaisseaux , les suivent avec avi- dité. Des marins d'ailleurs, par suite de l'ennui toujours inséparable des fatigues d'une longue navigation , ont pris le change sur les affections apparentes de ce cétacé» Quoique les dauphins se nourrissent de toutes sortes de substances animales et végétales , ils n'en recherchent pas moins cependant, et avec beaucoup d'avidité, certains pois- sons , tels que les morues, les églefins , les persèques , les pleuronectes et les mugues , qu'ils poursuivent avec achar- nement dans toutes les mers ; car tous les climats leur sont indifférens. On les rencontre dans l'océan Atlantique septentrional , comme dans le grand océan Équinoxial, près des rivages de l'Amérique occidentale , comme le long des côtes de la Chine; dans les mers enfin qui arrosent l'Afrique, comme dans celles qui baignent l'Europe et l'Asie. 2. Le Dauphin marsouin, Delpliinus phoccena ^ Linn. ; édit. de Gmel. Caract. part. Corps et queue allongés ; museau arrondi et court ; dents pointues ; dorsale presque triangulaire et rectiligne. La fortune , autant aveugle dans le partage de ses fa- veurs que la nature est clairvoyante, juste et impartiale, dans la distribution de ses largesses, nous fournit ici un exemple de sa partialité, en permettant que de deux indi- vidus, qui offrent les mêmes attributs, les mêmes mœurs, qui éprouvent les mêmes affections , qui sont doués des Blêmes qualités , l'un soit chanté par les poètes et divinisé, 7^ C A C pour ainsi diiPe , tandis que celui dont nous parlons ici ja'a reçu, des marins et de certains pêcheurs grossiers, que Je nom abject de marsouin, qui signifie pourceau de ïner. C'est daps la mer Baltique , près des côtes du Groen- land et de celles d^ Labrador, dans le golfe S. Laurent, dans presque tout l'océan Atlantique , comme dans le grand Océan ; c'est près des îles Gallapagos et du golfe de Panama , au Mexique , ainsi que dans la Californie ; en un mot, dans toutes les mers, si cependant on en excepte la Méditerranée, que l'on rencontre ce cachalot. Il a de longueur totale , quand il est parvenu à soi^ entier accroissement , plus de trois mètres (g pieds). On le voit dans les parages que nous venons d'indiquer , presque toujours en bandes nombreuses, jouant avec la mer en furie , dont il parcourt alors tranquillement la sur- face : il ouvre sans peine ses Ilots écumans ; et lorsque la tempête semble bouleverser l'onde jusque dans ses plus profonds abymes, il se promène sur son sein avec autant de sécurité que s'il voyageoit dans le calme le plus parfait. Ce ne peut être, sans doute, qu'à sa force musculaire et aux vastes instrumens natatifs dont la nature Ta pourvu j qu'il doit la rapidité de ses mouvemens, la vi- tesse étonnante de sa marche, en un mot. tous ces jeux et ces élans, dont l'œil étonné peut à peine suivre les évolutions diverses. L'ensemble de ce cétacé présente la figure d'un cône très-allongé, composé de son corps et de sa queue ; sa tête , que l'on pourroit ici considérer comme un autre cône fort court, dont la base seroif intimement unie à celle du premier, paroît un peu renflée au-dessus des yeux, qui sont petits et situés à la même hauteur que la commissure de ses lèvres ; l'iris en est jaunâtre et la pupille triangulaire. Au-delà de l'organe de la vue, et à très-peu de distance, on aperçoit celui de l'ouie , qui est si petit qu'on a de la peine à le distinguer. Les deux mâchoires, qui sont d'égale longueur et dé- nuées de lèvres proprement dites, sont armées de quarante à cinquante petites dents tranchantes , quoiqu'un peu C A C 73 aplaties. Entre les branches de la mâchoire d'en -bas re- pose une large langue, molle, plate, et qui est comme dentelée sur ses bords. L'orifice des deux évents a la forme d'un croissant, dont la convexité est tournée vers la queue. Cet organe respi- ratoire est placé au-dessus de l'espace compris entre l'oeil et l'ouverture de la bouche. La nageoire pectorale, qui est située très-bas, vis-à-vis de l'intervalle qui se trouve entre l'œil et la dorsale, égale à peu près les trois vingtièmes de la longueur totale de ce dauphin ; sa caudale , qui a le quart de cette même longueur , présente deux grands lobes échancrés, du milieu de la division desquels il part une saillie longitudinale, qui s'étend le long du dos , jusqu'auprès de la dorsale : cette queue , secondée de ces vastes lobes , est , comme nous l'avons déjà dit, un levier puissant qui mçi en jeu toutes les diverses évolutions dont cet animal est susceptible. Un peu au-delà de la fossette ombilicale on aperçoit les parties de la génération ; dans l'intervalle qui existe entre celles-ci et la caudale l'anus se trouve placé. La peau du marsouin est revêtue d'un épiderme très- doux au toucher; elle est d'une couleur bleue foncée ou bien d'un noir luisant en dessus du corps , et d'une teinte blanchâtre en dessous ; elle recouvre une couche assez épaisse d'une graisse très- blanche, que l'on convertit en huile. Ce n'est que pour obtenir cette graisse que les Hollan- dois , les Danois , ainsi que la plupart des marins d'Europe , parcourent péniblement des régions lointaines pour y faire la guerre à ce cachalot. Les Lapons et les Groen- landois, ces peuples dont le goût n'est pas très - délicat , se nourrissent de toutes les parties de cet animal, qu'ils font bouillir ou bien rôtir, après leur avoir encore laissé le temps de se putréfier afin qu'elles soient plus tendres, La femelle du marsouin reçoit les caresses de son mâle en se renversant sur le dos. Le temps de sa gestation est ordinairement de dix mois , après lesquels elle donne le jour à un seul petit qu'elle affectionne beaucoup ; elle l'al- laite jusqu'à ce qu'il soit en état de se procurer, comme 74 C A C elle , la nourriture qui lui convient : cette nourriture con- siste dans un grand nombre d'espèces différentes de pois- sons , qu'il saisit, à la course, avec une rapidité et une adresse étonnantes. Malgré cette promptitude avec laquelle les dauphins marsouins disparoissent en s'enfonçant profondément sous l'eau, un grand nombre d'entre eux néanmoins ne peu- vent se soustraire aux coups que leur porte l'adresse meurtrière des pêcheurs. Ils ont d'ailleurs un ennemi non moins redoutable à éviter ; c'est le physétère mycrops , qui les poursuit avec acharnement, les saisit avec avidité et les dévore avec fureur. 3. Le Dauphin orque, Delphinus orca, Linn. ; édit. de Gmelin , var. A. Caract. part. Corps et queue allongés; crâne très -peu con- vexe ; museau arrondi et très-court ; mâchoire inférieure plus large que celle d'en-haut ; dents inégales, mousses, coniques et recourbées à leur sommet ; nageoire dorsale placée vers le milieu du dos. Quoique le dauphin orque jouisse d'une grande puissance, qu'il lui seroit facile d'exercer, et sans le moindre obsta- cle, sur plusieurs habitans paisibles de l'élément liquide, son empire néanmoins n'est point aussi tyrannique que le génie de la fiction s'est plu à nous le représenter. Cependant, loin d'être ici son apologiste, nous disons au contraire que son audace est extrême lorsqu'il se trouve rassemblé en troupes : ces bandes sont alors si hardies et si féroces que , quoique les individus isolés ne se nour- rissent que de certaines espèces de poissons , tels que des pleuronectes, elles osent attaquer les grands cétacés; elles se jettent même sur une baleine avec un tel acharnement que leur fureur enhardie par le nombre et secondée de leur agilité et de leur adresse, vexe, tourmente et couvre bientôt toute la surface de l'onde du sang qui coule à gi'ands Ilots des blessures qu'elles ont faites a leur gigan- tesque ennemi, qui ne peut se dérober à la mort que par une fuite 6i précipitée, que souvent il vient s'échouer sur 0 A C 75 le rivage , où il rencontre dans le harpon du pécheur , avide de sa dépouille , un trépas inévitable. Le dauphin orque est un de ces cétacés que l'on trouve dans presque toutes les mers; il a quelquefois six mètres (environ 18 k 20 pieds) de longueur totale, sur cinq mè- tres (i5 pieds) de circonférence dans l'endroit le plus gros de son corps. La couleur générale de sa peau est noirâtre en dessus , et blanche sous la gorge, sous la poitrine et sous le ventre , ainsi que sous une partie de la queue : on voit une tache de cette même couleur derrière l'œil, dont la situation est très-près, quoiqu'un peu plus haut, de l'angle que forme la commissure de ses lèvres. Sa mâchoire supérieure est un peu plus longue que celle d'en-bas : mais cette dernière est beaucoup plus large que celle d'en-haut ; elle présente d'ailleurs une sorte de ren- flement dans sa partie du dessous. Les dents qui garnissent ces mâchoires sont inégales, mousses , coniques et recourbées à leur sommet : il paroît que leur nombre varie, soit à raison de l'âge, soit par rapport au sexe ; car , dans une mâchoire qui fait partie de la riche collection d'objets d'anatomie comparée du Muséum d'histoire naturelle de Paris, on n'en compte que vingt-deux, tandis qu'Artédi assure positivement en avoir trouvé quarante dans la mâchoire inférieure d'un individu de la même espèce. Les nageoires pectorales, qui sont pour ce cachalot des armes puissantes et redoutables , sont larges et ovales ; le pénis du mâle a plus d'un mètre ( 3 pieds ) de longueur. 4. Le Dauphin gladiateur; Delphinus orca, Linn. ; édit; de Gmel. var. B. Caract. -part. Corps et queue allongés; sommet de la tête fort convexe; museau très -arrondi et très - court ; les deux mâchoires égales; dents aiguës et recourbées ; dorsale en forme de sabre, et t;rès-près de la nuque. Le cétacé dont il est ici question a beaucoup de rapport avec TOrque (voyez ce mot), du moins quant à la cou- leur de sa peau, qui, en dessus du corps, est d'un brun 7^ C AC presque noir, et d'un beau blanc en dessous. Cette ccruleur blanche est relevée par une tache longue, étroite et pointue, de couleur noire, qui s'étend, de chaque côté de la queue, en s'avançant vers les nageoires pectorales. Mais le trait le plus caractéristique de ce cachalot consiste dans une espèce décroissant, de couleur blanche, qui est d'autant plus sensible qu'elle contraste davantage avec le fond isem- bruni de tout le reste de son corps. La brièveté du mu&eau de cette espèce de dauphin le fait paroître de loin comme s'il étoit tronqué : ses mâ- choires, d'égale longueur, sont armées de dents fort aiguës ; et son œil, qui est bien plus élevé que la commissure de ses lèvres , est presque aussi rapproché qu'elles du bout du museau. Ses nageoires pectorales , qui ont près de deux mètres ( 6 pieds ) de longueur sur plus d'un mètre ( 3 pieds ) de largeur, sont très-aplaties et élargies en forme de spatule. Sa dorsale, que l'on a comparée à un grand sabre, est beaucoup plus longue que celle de l'orque : elle est située d'ailleurs si près de la tête , qu'elle est presque sur la nuque; elle a quelquefois deux mètres (6 pieds) de hau- teur : sa forme décrit une courbe qui se dirige en arrière et qui s'arrondit à son extrémité ; sa base , qui est recou- verte par la peau du dos, a quelquefois trois quarts de mètres (27 pouces) de largeur. La nageoire caudale de ce dauphin se divise en deux lobes, qui laissent entre leurs extrémités réciproques un espace de près de trois mètres (9 pieds) de distance r leur figure représente un croissant , dont la concavité re- garde le museau. C'est dans le détroit de Davis , comme dans la Méditer- ranée d'Amérique , et au Spitzberg , que l'on rencontre, par troupes de six à huit, cette espèce de cachalots .- quoi- qu'ils ne vivent ordinairement que de poissons , néan- moins ils osent attaquer la baleine franche , surtout lors- qu'elle est jeune ; ils se jettent sur elle en l'assaillant de toutes parts : ce paisible animal, tourmenté alors , harrasSé, souvent même forcé de succomber sous les coups de se» adversaires audacieux ; ouvre sa gueule pour respirer un C A G 77 peu; mais à l'instant ces féroces assassins se précipitent sur sa langue, la saisissent avec furie et la réduisent en lambeaux. 5. Le Dauphin nésarnack , Delphinus nesarnach, Lacép. , Hist. natur. des cétacés. Caract. part. Corps et queue allongés ; sommet de la tête très-convexe ; museau aplati et fort avancé ; mâchoire supérieure plus courte que celle d'en bas ; dents droites, cylindriques et très-émoussées ; partie antérieure du dos très-élevée ; dorsale courbée , échancrée et placée très- près de la queue. Cest dans l'océan Atlantique septentrional que vit ce cétacé : les naturels du pays se nourrissent de sa chair, de son lard et de ses entrailles. Il a plus de trois mètres (9 pieds) de longueur, et sa plus grande épaisseur est entre ses bras et sa nageoire dorsale. Sa peau , d'une teinte noirâtre sur toutes les parties du dessus du corps, est blanchâtre sous le ventre et souvent sur les flancs; une teinte de noir plus profond règne sur la partie la plus élevée du dos. Sa tête, arrondie, se termine en avant par un museau aplati, qui a quelque ressemblance avec le bec d'un canard ; ses deux mâchoires, dont celle d'en-bas dépasse la supé- rieure, sont garnies de quarante- deux dents cylindriques, droites et qui sont très-émoussées à leur sommet. L'orifice commun de ses deux évents est situé au-dessus de l'œil , plus près cependant du museau que de cet organe. Ses nageoires pectorales, petites et échancrées , sont pla- cées très-bas : la dorsale, qui a une certaine étendue, est également échancrée; elle se recourbe, en s'élevant, à l'extrémité du dos, vers la queue, où elle se prolonge, par une saillie longitudinale . sa hauteur est quelquefois de la vingt-deuxième partie de la longueur totale de ce dauphiji, dont la queue se termine par deux lobes courbés en ar- rière et échancrés vers leurs extrémités. On dit que c'est pendant l'hiver que la femelle de ce 7» C A C cétacé met bas un seul petit , qu'elle nourrit soigneusement de son lait, qui est très-gras et fort substantiel. 6. Le Dauphin diodon , Delphinus diodon, Lacép. , Hist. natur. des cétacés ; le Dauphin à deux dénis , Bonnaf . , Encycl. méthodique. Caract. part. Corps et queue coniques et allongés ; dessus de la tête convexe ; museau allongé et très -aplati ; deux dents pointues à l'extrémité de la mâchoire inférieure seulement ; dorsale lancéolée et Irè-s-près de la queue. Ce cachalot , dont la eouleur de la peau est dun brun noirâtre, qui s'éclaircit sous le ventre, a au moins sept mètres (environ 25 pieds) de longueur. Son museau est aplati et allongé comme celui du dauphin vulgaire et du dauphin nésarnack. Cet animal est particulièrement remar- quable par les deux dents aiguës qui sont situées seules à l'exti'émité de sa mâchoire d'en-bas. Le front de ce dauphin est convexe ; il a deux petites nageoires pectorales, situées dans la même direction hori- zontale que la commissure de ses lèvres : sa dorsale, qui est pointue et inclinée en arrière, est très - voisine de l'origine de sa queue ; elle a quelque ressemblance avec un fer de lance. 7. Le Dauphin ventru, Delphinus ventricosus , Lacép. , Hist. natur. des cétacés ; VÉpaulard ventru , Bonnat. , Encycl. méthodique. Caract. part. Museau très - court et arrondi ; les deux mâ- choires égales; ventre très -gros; dorsale peu élevée, longue et placée près de l'origine de la queue. On devine sans peine que l'épithète de ventru , que l'on a appliquée à oe cachalot , ne lui a été donnée qu'à raison de la grosseur de son ventre , qui semble , en effet , démesurément ample , quand surtout on la compare avec celle de sa queue cylindrique , qui paroît d'autant plus petite que son plus grand diamètre est moindre que celui de cette même partie dans tous ses congénères. Ce dauphin a beaucoup de ressemblance avec l'orque, soit à raison de son niuseau court et arrondi, soit par rap- C A C 79 port à la petitesse de sa nageoire dorsale, qui s'élève très- près de l'origine de sa queue ; seulement elle diffère de celle de l'orque en ce qu'elle présente la figure d'un triangle rectangle'. La couleur de la peau de ce cétacé, qui parvient à la longueur de six mètres (environ 18 à 20 pieds) , est noirâtre en dessus et d'un noirâtre mêlé de blanc en des- sous ; il se trouve avec la plupart des précédens. 8. Le Dauphin férès, Delphinus feres, Lacép. , Hist. nat. des cétacés; idem, Bonnat. , Encycl. méthod. Caract. part. Museau très-court et arrondi j dents inégales, ovoïdes, bilobées et arrondies à leur sommet. C'est dans la Méditerranée que l'on rencontre le plus fréquemment ce cachalot, qui a quelquefois cinq mètres (i5 pieds environ) de longueur : sa peau, qui est de cou- leur noirâtre, est assez fine; le dessus de sa tête est élevé et convexe ; son museau est arrondi et très-court. On compte dans sa mâchoire supérieure , ainsi que dans celle d'en-bas , qui sont d'égale longueur, vingt dent.s inégales, et dont dix sont plus grosses que les autres; la moitié de la longueur de toutes ces dents est enfermée dans la gencive , et l'autre moitié qui en sort est de forme arron- die à son sommet, ovoïde et divisée en deux lobes par une rainure longitudinale» On dit que , lorsque ce cétacé a reçu quelques blessures un peu profondes, il pousse des cris si aigus que, quand ils sont simultanément répétés par un certain nombre d'in- dividus de la même espèce , ils dégénèrent en une sorte de mugissement extrêmement profond et effrayant. g. Le Dauphin de Duhamel, Delphinus Duhamelii, Lacép., Hist. nat. des cétacés. Caract. part. Queue et corps allongés ; dents longues ; orifice des évents très-large ; œil placé presque au-dessus de la pectorale; dorsale située presque au-dessus de l'anus; mâchoire inférieure, gorge et ventre blancs. L'exposition seule des caractères particuliers de cette espèce de dauphin , auquel Lacépède , par un senti- 8o C A G ment qui est naturel aux âmes généreuses et sensibles , a donné , par reconnoissance de cette découverte , le nom de son illustre auteur, suflSroit pour faire connoître ce cachalot et pour le distinguer de tous ses congénères. Il nous suffira donc de dire que l'individu d'après lequel Duhamel a tracé sa description , lui avoit été envoyé de Vannes; qu'il avoit plus de six mètres (18 pieds environ ) de longueur, sur un mètre ( 5 pieds) de diamètre dans sa plus grande épaisseur , et que chacune de ses mâchoires étoit armée de vingt- quatre dents; que son œil étoit de forme ovale ; que chacune de ses nageoires pectorales avoit un mètre ( 3 pieds) de longueur sur un demi -mètre ( 18 pouces) de largeur, et qu'enfin sa peau étoit très-douce au toucher. 10. Le Dauphin de Péron , Delphinus Peronii , Lacép. , Hist. nat. des cétacés; Delphinus Leucoramphus, Péron. Caract. part. Dos d'un bleu noirâtre; ventre, côtés, bout du museau et extrémité des nageoires et de la queue d'un blanc très-éclatant. La récompense la plus flatteuse (ne craignons pas de l'assurer ici) pour le cœur du savant et modeste Péron, a été sans doute le témoignage public d'estime que lui a donné lïllustre Lacépède , en décorant du nom de cet au- teur le cachalot qu'au péril de sa vie il est allé découvrir dans des régions lointaines, dont il a franchi avec courage l'espace immense. Lors de l'expédition du capitaine Baudin à la;Nouvelle-Hollande, mu par le seul et louable désir de reculer les bornes de l'histoire naturelle , Péron a atteint ce but, comme on peut s'en convaincre par les richesses immenses qu'il en a rapportées et qui décorent aujourd'hui le Muséum d'histoire naturelle de Paris : ce sont là autant de voix muettes qui sonnent partout la renommée de cet infatigable naturaliste. Les caractères particuliers au dauphin de Péron , que nous avons énoncés ci -dessus, nous paroissent suflSsans pour le faire reconnoître : nous nous contenterons d'y ajouter que ce naturaliste estimable l'a rencontré en bamles nom- C A C 8i îjreuses dans le grand océan Austral, et surtout dans les environs du cap sud de la terre de Diemen. 11. Le Dauphin de Commerson , Delphinus Commersonii , Lacép. , Hist. nat. des cétacés. C'est au célèbre Commerson que l'on doit la découverte de ce dauphin, qu'il a observé auprès de la Terre-de-feu et dans le détroit de Magellan. Lacépède , par un pareil sentiment d'estime que ci-dessus , l'a également décoré du nom de son auteur. « Ce cachalot, dit Commerson, a les extrémités noires, « et toutes les autres parties du corps d'un blanc poli et « comme 'argenté. '^ Il ajoute l'avoir vu en bandes nom- breuses, aux environs du cap Horn, tourner autour de son vaisseau, s'y faisant remarquer par la facilité avec laquelle il l'emportoit de vitesse sur son bâtiment ; il nou^ apprend en outre que ce dauphin étoit moins grand que le marsouin. Huitième et dernière famille des cachalots. Les Hypéroodons ^ Hyperoodoîites. Caract. gén. Palais hérissé de petites dents ; une nageoire dorsale. Cette famille ne renferme qu'une seule espèce, qui est L'HypÉROODON BUTSKOPF, Delphinus orca, Linn. ; édit. de Gmel. var. C. Caract. part. Museau arrondi et aplati, dorsale recourbée, La distribution des dents de ce cachalot, jointe à leur disposition toute particulière, ayant paru à tous les zoolo- gistes qui en ont parlé un caractère extrêmement tran- chant , leur suggéra l'idée de les exprimer par un seul mot qui fût le type de la famille entière : ce mot est liype-- roodon, qui est un nom composé de deux mots grecs, dont le premier hyperoon signifie, en grec, palais, et le second , odos, veut dire dents. En effet, l'animal dont il est ici question, et qui a ses deux mâchoires aussi avancées l'une que l'autre, n'a à celle d'en-bas que deux dents coniques qui sont situées à son 6 ^ 82 C A C extrémité; mais le contour en entier de celle d'en-haut, ainsi que la surface du palais , sont garnis d'autres très- petites dents, inégales entre elles, aiguës et d'une grande dureté. Sa langue , qui a beaucoup d'analogie avec celle d'un jeune bœuf, est rude au toucher, dentée dans tout son pourtour, et elle est adhérente à la mâchoire infé- rieure. L'orifice commun des deux évents de cet hypéroodon, que l'on a rencontré dans Tocéan Atlantique septentrional et dans l'océan Glacial arctique, a la forme d'un croissant dont les deux pointes regardent la queue. Quoique l'ouverture de ces organes de la respiration , qui peut avoir six centimètres (2 pouces) de diamètre, soit extérieurement dirigée en arrière , néanmoins les canaux qui y aboutissent sont intérieurement inclinés, tle manière que l'eau que ces conduits lancent par ce seul orifice , retombe en avant. L'oeil de ce cétacé est situé vers le milieu de la hauteur de sa tête , et il est plus élevé que la commissure de ses lèvres : ses nageoires pectorales sont placées très-bas , et à une telle distance des yeux, qu'elles se trouvent placées entre ces organes et le bout du museau ; leur longueur n'est à peu près que le douzième de la longueur totale de l'animal, qui lui-même a plus de huit mètres (24 pieds au moins) de long, sur une circonférence de cinq mètres ( environ i5 pieds). La nageoire dorsale , qui est plus près de l'extrémité de la queue que du bout du museau, se recourbe en arrière j elle n'a de hauteur que le dix -huitième , à peu près, de la longueur totale de ce cétacé. La couleur de la peau mince de ce butskopf est d'un brun noirâtre en dessus du corps, et blanchâtre en dessous: quelques individus de cette même espèce ont souvent des taches d'une teinte différente de celle du fond. Cette peau recouvre une graisse jaunàfre. au-dessous de laquelle on trouve une chair fort rouge. Le corps et la queue de cet animal forment ensemble un cône très-allongé , dans la base duquel s'insèrent les nageoires pectorales, O» j'aconte de ce mammifère que , C A G 8l lorsqu'il est agité par quelque passion violenté , telle que la colère, surtout si elle est accompagnée de douleurs, il pousse des mugissemens semblables à ceux d'un taureau qui Seruit en fureur. (S. G.) CACHANG-GORING {Bot.), racine d'une plante de Su- matra, à fleur papilionacée et jaune, qui ressemble, suivant Marsden, au trèfle, et fournit comme lui un excellent pâ- turage. ( J. ) CACHANG-PARANG {Sot.), espèce de fève de Sumatra, dont les gousses sont d'une grosseur considérable et les graines d'une belle couleur cramoisie. Elle est employée dans les pleurésies. C'est peut-être l'espèce d'acacie nom- mée mimosa scandenx, qui a également des graines rouf^es et des gousses très-volumineuses. ( J. ) CACHE, (fc/itvo/. ) On nomme ainsi une longue étendue de filets, disposés de manière à diriger le poisson dans ]a chambre de mort du grand parc, qu'on appelle la man- dnigue ou madrague. Cette sorte de pèche n'est guères em.ployée que pour les thons, les esturgeons; elle est très- dispendieuse. (CD.) CACHEN-LAGUEN (Bot.), herbe du Chily qui a beau- coup de rapport avec la petite centaurée , soit pour le port et le caractère, soit p-jur les vertus. Son nom, qui, suivant Feuillée, dans ses Plantes du Chily, 2, p. 747, veut dire herbe cachen, est différemment écrit dans les livres qui en font mention. Frezier la nomme cachin lagua; d'autres caiicha lagua -. elle est dans les Mémoires de l'Académie des sciences (1707) sous le nomà^ chance-lagua. Molina en fait une gentiane, gentiana cachenlahuen. Willdenow , dans la der- tiière édition des Species de Linnœus, réunissant au genre Chironia la petite centaurée, y rapporte aussi le cachen- laguen sous le nom de chironia chilensis. Il paroît y être déterminé par sa capsule à deux: loges , qui le distingue de la gentiane, et son calice égal au tube de la corolle, qui est un caractère du chironia; il a d'ailleurs cinq divisions à la corolle, et cinq étamines, comme ce dernier genre. Cette plante est très-amère. Feuillée la dit apéritive, sudorifique, bonne pour fortifier Festomac, tuer les vers, guérir les fièvres intermittentes et la jaunisse. On en prend Finfusion 84 C A C comme du thé, en y ajoutant du sucre pour diminuer son amerfuuie; elle est très- usitée dans le Chily. Fernetty, dans son Voyage aux îles Malouines, parle aussi de cette plante, et dit qu'à Montevideo on guérit les maux de gorge avec son infusion en gargarisme réitéré plusieurs fois. (J. ) CACHERÉE. [Bot.) A Pondichéry on nomme ainsi une espèce de ketmie, hibiscus sabdarijfa, dont les feuilles, ap- pliquées sur les clous et les tumeurs ouverts , en accélèrent la suppuration. Le caita cacherée est une autre espèce du même genre, employée au même usage. (J. ) CACUl-i Bot.) Dalechamps fait mention d'un arbre de ce iiom , delà grandeur d'un figuier, qui croît dans le Malabar, dont le fruit nommé ciccaia , gros comme la cuisse d'un •lomme . et long d'un pied, est raboteux à sa surface comme un cône de pin. Sa pulpe intérieure est douce, ayant un goût mélangé de miel, d'orange et de melon. II renferme deux à trois cents pommes , qui sont séparées les unes des autres par des membranes, et qui ont la douceur et la forme de figues sans écorce. Ces pommes renferment une amande semblable à une châtaigne, et bonne à manger. On peut conclure de cette description que le cachi est un jaquier, artocarpus, et que sou fruit a beaucoup d'affinité avec le rimma , ou fruit à pain, cultivé dans les îles de la mer du Sud. Il faut cependant observer que dans le Hortus malabari- cus les arbres de cette espèce, figurés vol. 3, t. 26, 27, 28, 32, sont nommés jaca et ansjeli. (J. ) CACHIBOU (Bot.), nom caraïbe du galanga jaune, ma- ranta lutea d'Aublet et de Lamarck, que Plumier a le pre- mier fait connoître, sous le nom de hermudiana amplissimo cannacori folio , dans ses manuscrits, vol. 5, t. 21 , 22. (J. ) CACHICAME {Mamm.), nom que Euffon a donné à un de ses tatous. Il l'a tiré de l'Histoire de lOrénoque par GumiJla, qui dit que les Indiens de ces contrées nomment ainsi ces animaux. (F. C. ) CACHICAMO. {Mamm.) Voyez Cachicame. ( F. C. ) CACHIMA {Bot.), nom caraïbe, suivant Plukenet, d'une espèce de corossol, qu'il a mentionnée dans son ouvrage, p. 02, t. i34, f . 4 , et qui paroît être ïanona rçticulata. (J.) GAG 85 CACHIMAN ou Cachiment, CvCHiMENTXER.(Bo^) Voyez COROSSOLIER CACHI5ÏF.NT. ( P. B. ) CACHIN LAG[JA. (Bot.) Voyez Cachen -laguen. (J.) CACHIRI. (Bot.) C'est une liqueur spiritueuse de Caïenne, tirée de la racine de manioc qui a été râpée, mise dans un vase et mêlée à une certaine quantité d'eau. On fait bouillir ce mélange en le remuant jusqu'au fond du vase pour que la racine ne s'y attache pas. Lorsqu'il se forme une pellicule à la surface, ce qui arrive quand l'eau est évaporée à moitié, on verse la liqueur dans un autre vase, où on la laisse fermenter; ensuite on la passe. Cette bois- son a le goût du poiré, suiA-^ant Aublet; elle peut enivrer : mais, prise avec modération , elle est apéritive et très -diu- rétique: on la nomme aussi cassiri , suivant Préfontaine, auteur de la Maison rustique de Caïenne. Voyez Manioc. ( J.) CACHOLONG. (Miner) Cette pierre est une variété de silex, dont on fera l'histoire sous le nom de Silex cacho- LONG. Voyez ce mot. (B.) CACHONDÉ. (Bot.) Voyez Cack ou. (A. P.) CACHOOBONG. (Bot.) îviarsden dit qu'on nomme ainsi, à Sumatra , une espèce de datura ou stramoine à fleur blanche et à fruit épineux, qui croît principalement sur le rivage. Ce nom a quelque rapport avec ceux de cuhsjuhono- et cutsjubong, sous lesquels le (ia^Mra/a5^uo5a est connu à Java, chez les Malais et les Macassars, suivant Rumphius. Il faut observer que les mots bong, bonga, boongo , signifient fleur dans cette partie de l'Inde. (J.) CACHOS. {Bot.) Le fruit de l'Inde désigné sous ce nom par Monardez, paroît appartenir à une espèce de morelle voisine du lycopersicon : il a, dit-on, la propriété de faire sortir les graviers et la pierre de la vessie ; on ajoute même qu'il brise cette pierre si elle est encore tendre. Le traduc- teur de Dalechamps. qui parle de cette vertu du cachos , en doute avec raison, et on peut en effet réduire cette pro- priété à celle de provoquer un écoulement plus abondant des ui'ines , et de déterminer en même temps la sortie des graviers d'un petit volume, comme font quelques autres plantes de la famille des solanées. (J. ) CACHOU (Bot.), nom d'origine orientale, qui désigne se C A C i;ne substance connue par son usage dans les pharmacies ,- on la tire de plusieurs contrées de l'Inde. Elle a été long- temps dans le cas de beaucoup d'autres drogues qui entrent flans les spécubitions du conmierce, et dont cependant on ne connoit que très- obscurément Torigine. On a cru d'abord que c'étoit une terre tirée du Jci4)on ; ce qui lui avoit valu le nom dp terra japonica. Cependant, dès le milieu dy seîzièuie siècle, Garcias, dans son Traité des drogues, avoit indiqué avec assez de précision l'origine du cach. u sons le nom cate. Suivant lui, on le retire d'un arbre nomii.é hachic , qui est de la taille d'un frêne, ayant des feuilles semblables à celles de bruyère ou de tan:arin , et hérissé d'épines. Pour en extraire le cachou, on réduit ses branches en copeaux, que l'tîn fait bouillir dans Teau jusqu'à ce que celle-ci soit réduite à un certain degré. Lorsqu'elle y est parvenue, on la pétrit avec la farine d'un grain particulier nommé nachani, qui a quelque ressem- blance avec celle du seigle (il paroit qu'on ne connoit pas maintenant celte graine ). C'est à Cambaie et autres contrées dépendantes du Portugal qu'on prépare la majeure partie ^e celui qui est e^porlé par le commerce. Garcias recherche ensuite si celte substance a été connue des anciens , il croit que c'est.le Ijciuin dont parle Dioscoride. Suivant cet auteur, c'étoit un arbuste épineux, qui portoit le nom du pays i.ii il croissoit ; il fournissoit un extrait particulier du même nom , remarquable par son abtringence: mais il y en avoit une espèce plus énergique, que l'on tiroit c}e l'Inde. Les auteprs ambcs ont parlé de cette drogue, Avicenne entre autres, sous le nom de had-hadh. Il est ^isé de retrouver dans ce mot celui de cate redoublé , quand on fait attention que l'aspiration gutturale orientale ha se change fréquemment en ka. Avicenne ajoute une particula- rité remarquable , c'est qu'on peut la remplacer par ïareca et le santalum. Or, depuis que Garcias eut publié cette origine du cachou, plusieurs voyageurs, dans le nombre desquels est Jaguer, en assignèrent une autre; ils préten- dirent que c'étoit du fruit de l'aréquier qu'on le rttiroit. C'e&t sur leur témoignage, surtout sur celui d'Albert, chirurgien françois qui avoit résidé plusieurs années 4 C AC 87 Pondichéry, qu'Antoine de Jussieu développa, dans un mémoire qui fait partie de ceux de l'Académie des sciences, année 1720, cette nouvelle opinion. Une telle autorité la fit prévaloir au point que Linnseus donna le nom trivial ou spécifique de catechu à l'espèce d'aréquier dont le fruit entre dans la composition indienne célèbre que nous nommons bétel. Cependant ni Rhèede ni Rumphius , qui ont donné l'histoire détaillée de ce palmier, l'un dans le Hortus malabaricus, l'autre dans le Herbarium Amboinense, ne font mention de cette manière d'employer son fruit. Cleyer assuroit d'un autre côté qu'on retiroit le cachou de plusieurs fruits astringens, mais surtout de la gousse d'un acacia. Jaguer, qui avoit d'abord accrédité l'opinion, qu'il prjvenoit de l'aréquier, semble revenir à celle-ci. et l'énonce assez clairement. Au milieu de fous ces rapports il restoit une espèce d'indécision, quoiqu'en général on penchât plus fortement à regarder le cachou comme produit par l'aréquier. Un chirurgien anglois, nommé Kerr, en publiant des observa- tions positives, rallia d'un autre côté toutes les opinions, d'après les connoissances qu'il avoit acquises par un long séjour dans l'Inde : il publia un Mémoire, dans les Médi- cals observations, tom. 5, où il établit que îe cachou étoit retiré d'un arbre du genre Mimosa ou Acacia. Il en donna une figure et une description si exactes que Linnasus le fils l'adopta dans son Supplément de l'ouvrage de son père ; il en fit une nouvelle espèce sous le nom de mimosa, catechu. Voici le procédé qu'on emploie , suivant Kerr, pour en retirer le cachou : on réduit le cœur du bois , qui est rouge pâle, en copeaux mînct;s ; on les fait bouillir dans des vases de terre dont l'ouverture est rétrécie en goulot, avec une certaine quantité d'eau, que l'on fait réduire au tiers. Cette eau ainsi chargée est versée dans des terrines plates, et après qu'elle a été refroidie pendant vingt-quatre heures à l'ombre, on la fait passer par un filtre recouvert d'une couche de cendres de bouse de vache ; par l'exposition au soleil elle se réduit ensuite en un extrait épais. C'est dajis la province de Bahar dans l'Indoustau: qu'on en prépare la plus grande quantité. Son nam vient 88 C A C de caté, qui est celui de l'arbre, et de chu, qui signifie suc. On voit que le récit de Kerr s'accorde assez avec celui de Garcias : ils établissent surtout l'un et l'autre que le cachou est retiré du bois même d'un arbre ; et malgré le vague de la description de Garcias, on voit qu'il veut parler d'un acacia. Quelque authenticité que reçoivent l'une par l'autre ces deux relations par leur conformité ^ il ne faut pas rejeter les opinions émises dans le long espace de temps qui sépare ces deux auteurs; car elles paroissent trop bien appuyées, et la connoissance plus intime que l'on a prise de la nature du cachou, est venue les con- cilier, quelque différentes qu'elles paroissent. On a su, par l'analyse chimique, que le cachou étoit dans le cas de beaucoup d'autres substances végétales, telles que le camphre, le benjoin, le caoutchouc, etc., qui se retrou- vent chacune dans des végétaux très - diffère ns ; de même celle-ci, qui a pour base les principes astringens, paroît abonder dans les palmiers et autres arbres monocotylédons : il n'en est aucun où elle ne s'y fasse reconnoître au goût et à la manière dont ils noircissent sur-le-champ quand an entame quelques-unes de leurs parties avec un instru- ment de fer. D'un autre côté, les mimosas ou acacias in- diquent pareillement dans leurs produits la surabondance des principes astringens, soit le gallique , soit le tannin : ils existent surtout dans la préparation connue depuis les anciens sous le nom d'acacia, qui n'est autre chose que le suc exprimé des gousses pilées de plusieurs espèces de ce genre qui croissent en Egypte. Ces principes y sont concentrés au point que de temps immémorial on s'en sert en Egypte pour tanner les cuirs. Par là s'établit entre cette substance et le cachou une grande analogie ; car, suivant une découverte faite récemment en Angleterre , le cachou n'est presque composé que de tannin, au point que l'on croit que, malgré les frais de transport, on trou- vera un gi'and avantage à l'employer en Europe à la pré- paration des cuirs à la place de l'écorce de chêne, celle-ci dans le même poids contenant dix fois moins de tannin. On peut donc j'egarder comme très -probable que le cachou C A C 89 est tiré de différentes parties de plusieurs espèces de plantes, et par des procédés très -variés. Il y a apparence que la chimie , qui met maintenant tant de précision dans ses travaux, trouvera beaucoup de variations d.ms la com- binaison de leurs principes, indépendamment des falsifica- tions auxquelles il est exposé, ainsi que toutes les drogues que nous tirons de l'étranger. 11 nous jiarvient très-rare- ment dans son état de pureté, étant sui'tout mélangé d'une terre fine, qui fait quelquefois le tiers de son poids. On l'apporte en gâteaux plus ou moins gros. Quand il est pur, il est fragile; sa cassure est compacte, brillante, d'une couleur brune, couleur de châtaifrne : il n'a point d'odeur remarquable; il s'enflamme en brûlant dans le feu, et se forrd entièrement dans l'eau et la bouche. Sa saveur est d'abord âpre, astringente et amère ; mais il lui en succède une autre plus agréable, qui se rapporte a celle de la violette ou de l'iris, et qui dure assez long-temps. Elle a surtout la propriété de rendre très-agréable l'eau pure que l'on boit par dessus. L'artichaut cru produit un effet à peu près semblable, ainsi que les bourgeons du palmiste; ce qui vraisemblablement y indique les mêmes principes. 11 est très -rare, comme nous avons dit, de le trouver à ce degré de pureté: celui qui est le plus répandu dans le commerce a sa cassure plus matte , plus terreuse et plus brune, ap- prochant de la couleur du foie; sa saveur est moins vive et dure beaucoup moins de temps ; il ne se dissout pas complètement, et laisse un dépôt terreux. Les habitans de l'Asie, surtout ceux de la péninsule de rinde , font une grande consommation de cachou. Ils le prennent quelquefois seul; mais le plus souvent il entre dans la composition connue dans les relations des voyageurs fiouslenomde bétel. Ce n'est ordinairement qu'un fragment de la graine d'aréquier, un peu de chaux vive très - caus- tique, enveloppée l'une et l'autre dans un feuille de bétel ou bètre, qui est une espèce de poivrier. Telle est sa pré- paration la plus simple ; mais on y mêle d'autres ingrédiens suivant le goût, comme du tabac et du cachou -• le luxe y ajoute différens parfums. On sait assez généntlement que les Indiens des deux sexes se sont fait un besoin de cet 90 C A C • usage, qui va jusqu'à la passion, et qu'ils souffriroien/, plus patiemment la privation des alimeas que celle du bétel : c'est pour eux ce que le café et le tabac soni de- venus pour un grand nombre d'Européens. Nous devons nous trouver fort heureux qu'en général notre palais ne se soit point accoutumé k ce plaisir factice, car il nous eût forcés de payer un tribut de plus aux climats chauds pour nous le procurer. En outre, il paroît que son usage entraîne après lui des inconvéniens très -graves pour la santé. Le cachou seul s'est trouvé du goût d'un petit nom- bre de personnes qui en mâchent habituellement; mais on en fait plus d'usage comme médicament, et il paroît que dans beaucoup d'occasions il peut être très -utile par sa qualité éminemment astringente. On le prépare de différentes manières, et on le réunit à d'autres remèdes, suivant les indications. Par l'addition de différens ingrédiens, tels que le sucre, la cannelle et le camphre, on en fait des pastilles agréables au goût : jusqu'à présent on n'a imité que tres- imparfaitement celles que l'on prépare dans l'Inde , que les Portugais nomment cachondé. On peut présumer que de long-temps on ne sera à même de faire usage en France du cachou pour tanner les cuirs ; mais cette propriété seroit d'une très -grande ressource pour nos colonies africaines des Isles-de-France et de Bourbon (la Réunion). Le mimosa catechuy a été apporté depuis long-teuips, comme tant d'autres arbres intéressans des quatre parties du monde; mais on a négligé jusqu'à présent de le multiplier, quoiqu'il paroisse y croître facilement. Il y a apparence que les autres espèces de mimosas qui s'y trouvent, soit indigènes, soit exotiques, pourroient le remplacer. L'espèce la plus commune qu'on y nomme cassia, qui est le mimosa farnesiana, et dont on se sert pour faire des haies, con- tient dans la substance même de ses gousses un suc visqueux , jaunâtre et tenace au point qu'il sert à recoller d'une manière très-solide les fragmens de porcelaine; ce suc paroît avoir de grands rapports avec le caehou. Quelques personnes se sont servies de ces gousses pour faire de l'encre, et c'est jusqu'à présent le meilleur suppléant, qu'on ait trouvé dans le pays , aux noix de galle. Il est donc plus que probable C A C 91 qu'elle pourroit servir, comme Vacacia tl'Fgypteet le cachou, à tanneries cuirs. 11 seroit d'iiutant plus important de s'en assurer par l'expérience que, si elle réussissoit, on pourroit arrêter une des causes de la dévastation des forêts : jusqu'à présent on ne se sert pour celle opértition que de l'écorce du badamier benjoin, terininalia benjoe. Four se la procurer, on détruit des arbres long-temps avant qu'ils aient acquis les dimensions qui peuvent rendre utile leur bois. Il est cependant très- précieux ; car c'est presque le sful de ces colonies qui par son liant et sa légèreté puisse servir dans le charronnage : il étoit aussi très -estimé pour faire des pirogues d'une seule pièce ; mais il seroit maintenant bien diflicile de rencontrer des troncs qui pussent remplir cette destination. Cet article est extrait d'un Mémoire sur l'origine du cachou par M. A. du Petit-Thouars , inséré dans les annales du Muséum d'histoire naturelle, vol. 6, p. 067. (A. P.) CACHRYS. (Bot.) Voyez Armarinte. (J. ) CACHULOU {Bot.), nom caraïbe du silphium tiilobatum, suivant Surian. ( J. ) CACIQUE {Ornith.), Cacicus. Linnœus a compris les caciques, les troupiales, les carouges et les baltimores dans son genre Oriolus, Loriot; mais Brisson , ayant remarqué des différences dans la conformation du bec du loriot, l'en a séparé pour le réunir aux merles, dont il se rapproche en effet par la petite échancrure de la mandibule supérieure. Le même naturaliste a formé un seul genre des troupiales, des caciques, des carouges et des baltimores, sous le nom d''icterus, en leur assignant pour caractères un bec en cône allongé, droit, très-pointu, et les plumes de la base du bec tournées en arrière, de sorte que les nai'ines restent à découvert. Les caciques , les troupiales , etc. , ont d'ailleurs une portion du crâne à nu, et la partie du front dégarnie de plumes, qui jette une racine plus profonde, a une forme arrondie chez les premiers; tandis que cette place, plus étroite, fait un angle assez aigu chez les autres, dont la mandibule supérieure a l'aréte plus marquée. D'après cette circonstance , Daudin a formé un genre particulier des caciques, et il a désigné les troupiales, les carouges et 92 C A C les baltimores sous le nom commun d^cterus. Le bec des carouges étant plus grêle que celui des troupiales, ce ca- ractère a paru suffisant à Lacépède pour les séparer encore , et il en a fait un troisième genre , sous la dénomination de xanthornus. Peut-être même la brièveté du bec des baltimores, plus droit que celui des carouges, permettroit- elle aussi de les en séparer : mais d'un autre côté on doit écarter les objets de comparaison pour la détermination des caractères ; et si la forme arrondie ou pointue de la place nue qui se trouve à roriglne du bec, offre une coupe tranchée , on ne peut se dissimuler que depuis le plus grand des caciques, dont le bec comprimé et solide présente assez exactement la figure d'un coin, jusqu'au plus petit des carouges, il y a dans la grosseur, la courbure du bec, et dans sa pointe plus ou moins acérée, des nuances qui cessent d'être sensibles lorsqu'on n'a qu'un seul individu sous les yeux, et qui ne peuvent par conséquent être don- nées comme des moyens isolés de reconnoissauce. On rangera donc ici les espèces sous les deux seuls genres Cacicus et Icterus; et le loriot, malgré les rapports qui existent entre lui et les troupiales pour la nourriture, la construction du nid, même pour l'angle rentrant que forme la partie nue du bec , en sera distrait à cause de l'échan- crure qui se trouve à Textrémité de la mandibule supé- rieure, et qui, dans une division artificielle, le place nécessairement parmi les crénirostres. D'après ces diverses considérations, les caciques sont des oiseaux fissipèdes, à quatre doigts dénués de membranes, séparés environ jusqu'à leur origine, dont le caractère générique est d'avoir le bec en cône allongé, droit ou légèrement arqué , pointu, et la mandibule supérieure sans arête, avec une place nue, arrondie, qui s'étend sur le crâne. Les caciques se nourrissent de baies, de graines et d'in- sectes. La plupart se rassemblent en troupes nombreuses. Ils suspendent leurs nids à l'extrémité des plus petites branches d'arbres fort élevés , et les composent de brins d'herbe entrelacés avec des filamens longs et très -déliés, que plusieurs ont pris pour des crins , mais qui proviennent C A C 95 de végétaux, et notamment d'une espèce de tillande, tillandsia usneoides , L. Ces nids ont la forme d'une cucur- bite étroite, surmontée de son alambic: leur longueur est d'environ quarante -huit centimètres (18 pouces), dont le tiers supérieur est plein , et dont les deux tiers inférieurs sont creux; l'entrée forme une ouverture oblique, qui empêche la pluie de pénétrer dans le nid, dont le fond est beaucoup plus épais que le reste. Marcgrave dit avoir vu plus de quatre cents de ces nids sur un seul arbre, et il ajoute que les caciques font trois pontes par an. Ces oiseaux du nouveau continent ont un cri aigre et peu sonore, qui ressemble à celui des stournes et des grandes espèces de troupiales. Leur chair a en général une odeur de custoréuni et n'est pas bonne à manger. Cacique huppé, Cacicus cristatus,'D&ud. ■ Orioluscristatus:, Gmel.; Xanlornus maximus , Pallas , avec une figure en noir; Buffon,pl. enlum., n.° 044. Cette espèce a environ quarante- huit centimètres (18 pouces) de longueur de l'extrémité du bec à celle de la queue. Le bec, d'un jaune blanchâtre, est très-épais à sa base, long de cinquante- quatre milli- mètres (2 pouces), et il présente la ligure d'un coin dont une des faces seroit arrondie. L'iris est d'un brun rouge. La langue est profondément bifide et ciliée. Quelques-unes des plumes du sommet de la tête sont plus longues, et, l'oiseau les relevant à volonté, elles forment une espèce de huppe mobile. Le plumage n'oflre que trois couleurs ; il est d'un brun marron sur le croupion et sous l'anus, et d'un beau citron sur dix des douze pennes de la queue, dont les deux supérieures sont d'un noir terne comme tout le reste du corps. Les ailes n'atteignent pas le milieu de la queue, qui est un peu étagée. Les pieds sont noirs, et l'ongle du doigt de derrière est , comme dans plusieurs espèces , beaucoup plus long que les autres. Ces oiseaux habitent l'Amérique méridionale : on le» trouve à Caienne et dans les bois de la Guiane. Les créoles les appellent culs- jaunes des palétuviers. Daudin regarde comme femelles les individus dont le plumage est d'un fauve olivâtre et les deux pennes du dessus de la queue marron. L'oiseau décrit par Queneau de MqntbeiUard sous ?4 C A C le nom de cacique vert de Caiennc, pi. enlum. , n.° 528 lui paroît être un jeune. Gnielin et Latham le donnent comme une variété, etSonnini prétend que c'est une espèce particulière ; mais , outre l'identité de taille, la manière dont les couleurs sont distribuées sur les différentes parties du corps, peut en faire douter. 1° Le fond du plumage n'est pas d'un vert aussi claii* que celui de la planche enluminée de Buffon ; il est, au contraire, olivâtre : et Maudiiyt, qui a aussi décrit l'oi- seau comme espèce distincte, avoue qu'il a reçu du Pérou plusieurs individus dont la couleur étoit encore plus foncée et tirant sur le brun ; ce qui sembloit annoncer un passage à des nuances encore plus rembrunies, qui, avec l'ige, prendroient la teinte noirâtre du cacique qu'on vient de décrire. 2.° Les plumes uropygiales et anales, d'un brun marran dans l'oiseau précédemment décrit, sont d'un marron plus clair dans le second. 3.° Les dix pennes in- férieures de la queue sont jaunes dans les deux, et ce sont les deux pennes supérieures qui, d'un brun noirâtre dans celui-là, sont d'un brun un peu moins foncé dans <;elui-ci. 4.° Le bec, mcil à propos peint en rouge dans la tigure enluminée, est d'un blanc jaunâtre dans les deux. 5." La huppe n'est composée dans chacun que de deux ou trois plumes, qu'ils ont la faculté de relever, et qui, dans l'état de repos, se couchent sur les autres. Ces différentes considératiims semblent propres à appuyer l'opinion de Daudin, et elle se trouve fortifiée par une observation même de Sonniï)i, quoique cet auteur en tire une conclusion différente. Il dit en effet que les caciques verts n'ont point l'odeur du castoréum qui infecte la chair des autres caciques , et qu'ils sont bons à manger. La nour- riture étant la même que celle du cacique huppé, cette particularité ne peut être due qu'à la jeunesse des premiers. Cacique yafoo. Le nom de cacicus persicus donné par Linnaeus à cet oiseau, figuré dans les pi. enlum.de Buffon sous le n.° 184, ne pourroit que perpétuer une idée fausse en présentant un oiseau du Brésil comme originaire de Perse, et ilseroit plus convenable de V ap peler cacicus japou,. Il a vingt-sept à trente-deux centimètres (10 à 12 pouces) C A C 95 de longueur, et n'est guère plus gros qu'un merle; son bec est d'un blanc d'ivoire un peu jaunâtre, et l'iris est d'un bleu céleste, couleur que Sonnini dit être celle de l'iris des autres espèces de caciques de la Guiane. Son plumage n'offre que deux teintes ; les grandes couvertures de l'aile, le bas du dos, les plumes viropygiales et anales, et les pennes de la queue, dans les deux tiers environ de leur longueur, sont d'un jaune vif. L'extrémité de ces pennes, dont les deux intermédiaires sont un peu moins longues, et toutes les autres parties du corps, sont d'un beau noir luisant. Les pieds et les ongles sont noirâtres. La femelle ne diffère du mâle qu'en ce qu'elle est un peu moins grosse et que ses couleurs sont moins brillantes. Cet oiseau est très -commun à Caïenne, dans la Guiane et dans les autres parties de l'Amérique méridionale ; le plumage des individus qu'on trouve au Brésil a des reflets un peu pourprés. 11 paroît que leur grosseur varie, à moins que, vu l'extension donnée parles créoles à la dénomina- tion de cul -jaune, cette espèce ne soit quelquefois con- fondue avec des troupiales ou carouges de plus petite taille. Ils vont en troupes, se nourrissent d'insectes et de fruits, et suspendent, à l'extrémité des branches d'arbres fort élevés , un nid construit comme celui du cacique huppé ; ils choisissent les lieux découverts et près des eaux. Lors- qu'ils sont perchés , ils font entendre une voix flûtée et éclatante, dont les variations produisent un ramage par lequel ils semblent se moquer de ceux qui les écoutent. Les noms d'yapou et d'yacou, qu'on leur a donnés , expriment leur cri naturel ; mais en captivité ils savent contrefaire le rire de l'homme, l'aboiement du chien, et prennent plaisir à imiter tout ce qu'ils entendent. Cependant, quoi- qu'ils soient faciles à élever et se contentent de presque toute espèce de nourriture, la forte odeur qu'ils exhalent empêcheroit d'en faire un objet d'agrément. Cacique j u puba , cacicus hœmorrhous , Linn. ; cacique rouge, Buff. pi. enlum. 482. Cet oiseau, auquel Gueneau de Mont- beillard a particulièrement appliqué le nom de jupuba, synonyme d'yapou dans Marcgrave, n'est regardé par ce naturaliste que comme une variété du précédent : il est de 9^ C A C la inênie taille; il a les mêmes mœurs, la même odeur et construit son nid de la mOme manière : mais il est beau- coup moins commua que ryapou, et l'on ne voit jamais les deux espèces se mêler ni se confondre. Le plumage du cacique jupuba est, comme celui du cacique yapou , d'un jioir foncé et brillant; mais le bas du dos et le dessus de la queue sont d'un rouge vif et éclatant dans le premier, tandis que sur ces parties le plumage est jaune dans l'autre Gueneau de Montbeillard observe, à la vérité, que le rouge et le jaune sont des couleurs voisines, analogues, sujettes à se mêler, à se fondre ensemble dans l'orangé, et ce changement lui semble pouvoir s'opérer par la seule diffé- rence du sexe, de l'âge, du climat ou de la saison : mais s'il est constant que les individus vivent séparés, la diffé- rence du sexe seroit à écarter, et l'iufluence du climat ne sauroit être objectée lorsque tous deux habitent la même contrée. D'ailleurs les couvertures des ailes , qui offrent une belle plaque jaune dans l'yapou, sont entière- ment noires dans le jupuba, où l'on ne remarque aucun des vestiges qu'on apercevroit si l'âge ou la saison dévoient y produire des changemens de couleurs. Cacique noir , Cacicus niger, Daud. ; Oriolus niger , Linn. ; Troup. noir de Buffon, pi. enlum. 554. Daudin ayant observé que la place nue sur le front étoit arrondie chez cet oiseau, l'a rangé parmi les caciques. Sa longueur est d'environ trente-deux centimètres (i pied). Le bec est noir, légère- ment arqué , et tout le plumage est d'un beau noir luisant, avec des reflets pourpres très-foibles sur le bout des plumes, dont la base est d'un gris pâle. Les ailes sont très- courtes, la queue longue, et les trois pennes latéi'ales plus courtes. Les pieds et les ongles sont noirs. Cet oiseau se trouve à S. Domingue, à la Jamaïque, à la Guiane. La femelle, plus petite environ d'un tiers, est, suivant Latham , d'un brun verdàtre , qui devient cendré sur la tête, sur la poitrine et sur le ventre. Les jeunes sont de la même couleur, mais le brun ne se change pas chez eux en verdàtre. Vieillot, en annonçant des doutes sur l'iden- tité de cet oiseau avec celui qu'il a vu à S. Domingue , dit que là il vit isolé et cherche, le long des haies, les C A G 97 scarabées et autres insectes dont il se nourrit; ce qui con- viendroit au merle, dont les créoles lui donnenj le nom : mais à Caïenne, où se trouve particulièrement celui que décrit Latham et qu'il place au rang des caciques, l'espèce forme, comme eux, de grandes troupes, qui se tiennent ordinairement dans les palétuviers, et se jettent de là dans les champs de riz. Cacique a tête blanche, cacicus leucocephalus , Daud. ; Oriolus ludovicianus, Gmel. ; Cacique delà I-ouisiane , Buff. pi. enlum. 646. Mauduyt regarde cet oiseau comme une variété du précédent; mais Daudin, qui l'a observé com- parativement avec la pie de la Jamaïque, dont il se rap- proche en divers points, l'a rangé parmi les caciques. Sa longueur est de vingt -sept centimètres (lo pouces), son bec est un peu arqué; les plumes de la tête, du cou, du ventre et du croupion, sont blanches. Les pennes des ailes et de la queue sont d'un violet changeant, avec une bordure blanche, et le reste du plumage est mêlé de ces deux couleurs. Les aiies ne s'étendent que jusqu'au milieu de la queue, qui est un peu étagée. Les pieds et le bec sont noirâtres. Latham regarde comme des variétés de ce cacique deux oiseaux de l'Amérique septentrionale, dont l'un a le fond du plumage d'un brun noirâtre, le cou, la poitrine et les ailes tachetés de noir, la tête blanche avec une tache noire au sommet; et l'autre, d'un vert noirâtre, a la tête, la gorge, la première penne de chaque aile et des bandes sur la poitrine, blanches ainsi que les cuisses. C'est le cacicus hudsonius de Gmelin. Daudin a aussi placé au nombre des caciques, sous la dénomination de cacique fer- à- cheval , un oiseau regardé par divers auteurs, tantôt comme une alouette, tantôt comme un merle ou un étourneau. C'est le sturnus ludovi- cianus de Linnœus , l'alouette de Surinam de Fermin, la grande alouette de Catesby, l'étourneau de la Louisiane de Buffon, pi. enlum. 2SG , le merle à collier de Brisson ; mais cet oiseau, de la taille d'une grive, que Von a con- fondu avec l'alouette du cap de Bonne-Espérance à cause du plastron noir qu'ils ont tous deux sur la poitrine , no 6 7 98 C A C , sauroit être considéré comme une alouette, malgré la lon- gueur de l'ongle du pouce, et il n'a pas d'échancrure au bout de la mandibule supérieure comme les merles : la base de cette mandibule forme, au contraire, une place arrondie sur le front, comme aux caciques. (Ch.D.) CACOESA {Bot.) , nom brame de Vintsia des Malabares, espèce d'acacie , mimosa intsia. { J. ) CACOLAA. [Bot.) Voyez Cordumeni. (J.) CACOLÏN. [Ornith.) Voyez Cacacoi.lin. (Ch.D.) CACOLOTOTL. {Ornith.) On trouve, dans le Diction- naire universel des animaux de la Chênaye Desbois, ce mot employé, par erreur, au lieu de cacalototl. (Ch.D.) CACONE. {Bot.) On donne ce nom dans les colonies à la graine du dolichos urens , surnommé liane à cacone, et à celle de ïadenantliera. La première sert aux nègres, ainsi que plusieurs autres graines de la famille des légumineuses auxquelles on donne aussi le nom de cacone , pour différens jeux qu'ils ont apportés de leur pays. La seconde, qui est beaucoup plus grosse, leur sert de tabatière : ils en ôlent toute lamande par un des bouts ; et lorsque cette graine est entièrement vide, ils la remplissent de tabac et la bou- chent avec une cheville de bois. Cette graine, ainsi vidée, sert encore de bourse à d'autres nègres, qui y serrent les petites pièces de nionnoie qu'ils retirent des différens objets qu'ils vont vendre dans les marchés. Les autres graines, qu'ils nomment encore cacones , sont celles des différentes espèces de Dolichos et de Guilandina. Voyez ces différens mots. (P. B. ) CACO-TUMBA. {Bot.) Voyez Carim-tumba. (J.) CACOUCIER {Bot.), Cacucia , arbrisseau de la Guiane , dont les rameaux sarmenteux s'élèvent jusqu'à' la cime des arbres voisins. Les feuilles sont alternes, ovales lancéolées , entières et fermes. Les fleurs sont disposées en épis lâches à l'extrémité des rameaux, et chacune est accompagnée d'une écaille ou bractée longue et étroite. Le calice, adhé- rent à l'ovaire par sa base , s'allonge au-dessus et s'évase en cloche de couleur rouge, dont le bord est divisé en cinq parties aiguës. Les cinq pétales qui composent la corolle s'élèvent sur un onglet du sommet du calice entre ses GAG 99 divisions. Les étamines, au nombre de dix, partent éga- lement du calice .au-dessous des pétales, qu'elles débordent beaucoup. L'ovaire , surmonté d'un style et d'un stigmate, devient, avec la base du calice, une capsule ou une baie sèche, à cinq angles, rétrécie en pointe aux deux extré- mités, et contenant une seule graine, dont l'intérieur est entièrement occupé par l'embryon. La place de ce genre dans l'ordre naturel est facile à assigner; il vient à la suite des onagraires, entre le gaura et le combret, avec lesquels il a une grande affinité. On n'en connoît qu'une espèce, eacucia coccinea, décrite par Aublet. Il dit que les Galibis frottent le museau de leurs chiens avec ce fruit lorsqu'ils vont à la chasse, pour rendre leur odorat plus sensible. (J. ) CACOUCHUA (fîof.), nom caraïbe d'un polypode, poljy- podiuin Ijcopodioides, suivant Surian. ( J. ) CACTES, Cactiers, Cactoides. (Bo.', ) On trouve sous ces noms dans l'Encyclopédie méthodique, dans l'ouvrage de Jussieu et de Ventenat, et dans le nouveau Dictionnaire d'histoire naturelle, une famille de plantes qui porte main- tenant celui de Nopai.t^es. Voyez ce mot. (J.) CACTIER {Bot.), Cactus, Linn., Juss. Ce genre, très- nombreux en espèces dç plantes, a donné son nom à la famille des cactiflores ou nopalées. Il n'en est aucun qui offre des formes plus singulières et plus variées. En général les cactiers présentent une tige charnue, succulente, munie d'aiguillons en faisceau , et ordinairement dépourvue de feuilles; mais sa forme et sa direction varient tellement que beaucoup d'auteurs en ont fait différens genres. On peut en emprunter la division des espèces, dont le nombre s'élève à plus de trente. Dans la première on comprendra celles qui sont globuleuses ou en forme de melon, p. ex. le cactier à côtes droites; dans la seconde, celles qui sont droites et s'élèvent comme des cierges, p. ex. le cactier ou le cierge du Pérou: dans la troisiènie, celles qui sont ram- pantes ou grimpantes, p. ex. le cactier à grandes fleurs; dans la quatrième, celles qui sont composées d'articula- tions implantées les unes sur les autres, p. ex. le cactier à cochenilles; et dans la cinquième, celles qui ont de véri- tables feuilles, p. ex. le cactier à fruits feuilles, çt qui se 190 C A C rapprochent des groseilliers , auprès desquels Jiissleu les a placés dans ses Ordres naturels. Les fleurs des cactiers, remarquables en général par leur éclat, subsistent peu de temps après leur épanouissement ; elles ont un calice en coupe , long et tubuleux , souvent recouvert d'écaillés nombreuses, adhérant inférieurement à l'ovaire, et le dé- bordant parleur limbe, qui est caduc. La corolle est formée de pétales nombreux , insérés au sommet du calice et disposés sur plusieurs rangs. Les étamines, très nombreuses, ont aussi leurs filamens attachés au calice ; elles sont moins longues que les pétales, et terminées par des anthères ob- longues. Leur ovaire est simple, adhérent, surmonté d'un style et d'un stigmate multifide. I-e fruit est une baie ovoïde, ombiliquée à son sommet, lisse ou hérissée d'aspérités for- mées par les débris des écailles. Elle est à une loge, et renferme plusieurs semences attachées à ses parois et nichées dans sa pulpe, souvent entourée» d'un rebord calleux et munies de deux tuniques, dont une est extérieure, carti- lagineuse , et l'autre intérieure , membraneuse et appliquée sur l'embryon. Le Cactier a côtes droites, vulgairement le melon épineux , cactus melocactus , Linn. , Bradl. Suec. 4 ? P- 9 j t- 3a , forme une masse arrondie, assez semblable à un melon, dont les côtes seroient épineuses, d'où lui vient son nom vulgaire. Ses côtes sont munies sur leur dos d'une rangée de faisceaux d'épines roides, droites et un peu rouges â leur sommet. On le cultive depuis long-temps dans les serres du Muséum. Dans l'Amérique méridionale, aux îles sous le vent, où on le trouve, il porte le nom de tête d'anglois. Ses fleurs sont de couleur rouge et sortent du sommet de la plante. Le Cactier ou Cierge du Pkrotj , Cactus ^eruvianus ^lAnn. ; Mém. de l'Acad. 1716, t. 4. s'élève à vingt-cinq ou trente pieds de hauteur. Ses côtes sont garnies de petits faisceaux composés de plusieurs épines brunes, fort effilées et diver- gentes. Ses fleurs sont latérales, sessiles et blanchâtres. On en voit un individu au jardin du Muséum d'histoire natu- relle, qui y fut planté au commencement du dix-huitième siècle sous la surintendance de Fagon. D'une année à l'autre GAC lot il prenoit un pied et demi d'accroissement; mais comme on ne pouvoit pas élever, à proportion de son accroisse- ment, le mur auquel étoit attaché le vitrage qui servoit à le garantir des injures du temps, on fut obligé, en 1714, d'en borner la hauteur, en appliquant sur la pointe de sa tige un fer rougi au feu. A sa douzième année, il commença à donner des fleurs, et depuis il en a donné tous les ans pendant l'été. On le multiplie facilement de boutures : il faut couper une de ses tiges, et la laisser dans un lieu sec pendant environ quinze jours pour consolider la blessure. Dans le mois de Juillet on l'enfonce dans une terre légère, où elle prend très-bien racine; mais il faut Fabriler des vents du nord, des pluies, de la gelée et de la trop grande sécheresse. I-e Cactier. a grandes fleurs, vulgairement le serpent, Cactus grandijlorus ; Linn. , Trew. Ehr. , t. 3i , 32, est fort intéressant par la beauté, l'éclat et l'odeur suave de ses fleurs. Ses tiges sont cylindriques, munies de cinq à six: côtes peu saillantes , etgarnies de petites épines rayonnantes. Ou voit ordinairement paroître une à une les fleurs qui sont jaunes, d'un volume considérable, et dont l'odeur est très -suave : elles s'ouvrent le soir et se referment au lever du soleil, pour ne plus s'épanouir. Il leur succède un fruit ovoïde, couvert de tubercules écailleux , charnu, d'une couleur orangée ou même d'un beau rouge, rempli de très- petites semences et d'une saveur aigrelette. Le Cactier triangulaire. Cactus triangularis , Linn.; Bradl. Suec. 1, p. 4 , t. 5 , est un des plus intéressans paf la bonté de ses fruits. Il rampe et grimpe sur les arbres qui l'avoisinent. Ses tiges sont charnues, composées d'arti- culations, dont les angles sont munis d'un très -petit faisceau d'épines fort courtes. Les fleurs sont grandes et d'une belle couleur blanche : il leur succède des fruits de la grosseur d'un œuf d'oie , rouges en dehors et même à l'intérieur. On trouve ce cactier dans les Antilles , à la Jamaïque et au Brésil. Les habitans des Barbades le cul- tivent autour de leurs maisons, à cause de la bonté de &on fruit, dont le goût est acidulé et fort agréable ; c'est le meilleur de tous ceux que produisent les cacticrs. 102 CAC Le Cactihr en raquette, vulgairement la raquette, le figuier d'Inde, la cardasse; Cactus opuntia , Linn. , Mill. le. icji ; est un arbrisseau qui s'élève à six ou huit pieds de hauteur, dans sa vieillesse : il est porté sur un tronc court, ligneux et grisâtre ; il est entièrement composé d'articula- tions ovales, aplaties des deux côtés, et chargées d'épines sétacées et disposées par petits faisceaux épars. Les fleurs sont jaunâtres, et leurs étamines ont un mouvement de contraction lorsqu'on les touche avant qu'elles aient répandu leur poussière fécondante. Le fruit est assez res- semblant à une ligue ; il contient une pulpe rouge et douceâtre. Lorsqu'on en mange, l'urine devient rouge comme du sang, mais il ne cause aucune indisposition. En pressant ses articulations, on peut en retirer une liqueur gluante, que J. Bauhin recommande contre les ulcères invétérés ; et l'on regarde comme anodines et rafraî- chissantes toutes les parties charnues de cette plante. On la trouve parmi les rochers de l'Amérique méridionale , sur la côte de Bai'baric , en Espagne et même aux environs de Monaco. Le Cactier a cochenilles ', Cactus cochenilifer , Linn.; Sloan. Jam. hist. 2, p. 162 , t. 8, f. 1 , a. Le nopal ressemble assez au précédent; mais ses articulations sont oblongues, épaisses , presque entièrement dépourvues d'épines -. il s'élève à la hauteur de six ou huit pieds , et porte des fruits d'une couleur rouge. C'est sur cet arbrisseau que l'on trouve la cochenille du commerce , si précieuse et si utile dans les teintureries. Les habitans de l'Amérique le plantent autour de leurs habitations, et le champ ainsi cultivé est nommé nopalerie : ils font ordinairement trois récoltes, qui ne sont que trois générations de cet insecte. On assure que le fruit seul fournit une fort bonne teinture, que les Américains savent extraire. Lorsqu'on en mange une certaine quan- tité, il rend l'urine rouge comme du sang. Il seroit peut- être possible de naturaliser ce cactier dans les provinces méridionales de la France, où nous avons en pleine terre I. Yojcz le Traité de la culture du nopal, par Thierry de Menou- ville ; 2 roi. in-8.° Paris, Delalain; 1787. C A C io3 l'espèce précédente ; ce seroit une nouvelle branche de richesse fort précieuse. Il croît naturellement au Mexique et dans quelques autres parties de l'Amérique méridionale. Le Cacher a fruits fkuillés, Cactus pereskia, Linn.^ Comm. Hort. i, p. 146, t. 70, est un arbrisseau toujours vert, épineux, à rameaux munis d'aiguillons assez sembla- bles à ceux des ronces. Les feuilles sont ovales, allernes, un peu succulentes et de la grandeur de celles du pourpier. Ses fleurs, de couleur blanchâtre, sont très- odorantes. Cet arbrisseau croît naturellement aux Antilles et dans la Jamaïque : on le cullive au jardin du Muséum. Le nom générique de cactus est un mot grec radical. Les anciens le donnoient à une plante aiguillonnée, charnue, et dont les fruits étoient bons à manger. (J. S. H.) CACTIER (Agric), Cactus. 11 y a bien des espèces de cactiers ; mais toutes ne sont pas propres à l'éducation de la cochenille, insecte dont la propre substance produit la plus riche couleur, l'écarlate. Son éducation pouvant être regardée comme une branche très - Intéressante de l'éco- nomie rurale , il ne sera question ici que des espèces de cactiers sur lesquels on peut élever et récolter avec avan- tage les cochenilles. Ces espèces sont, i." le cactier nopal, cactus nopal, sur lequel seul on élève au Mexique la co- chenille fine et la . cochenille silvestre , quoiqu'il y ait dans tout le pays un grand nombre d'autres cactiers ; 2." . le cactier splendide, cactus splendidus, qui pourroit y être employé avec un égal avantage , ainsi que des expériences l'ont constaté ; 3." le cactier de Campêche, cactus campe- cliianus. Description du cactier nopal. C'est Thierry de Menonville qui , sans presque aucun secours du gouvernement qui existoit alors, abandonné pour ainsi dire à lui-même, et malgré les plus grandes dif- ficultés à vaincre et les plus grands dangers îi courir , a apporté, de Giiaxaca (ville du Mexique) à S. DoTriîngue , le cactier nopal. Suivant lui, cette plante s'élève- en arbre. Les articulations qui composent sa tige, et les ramifications, sont comprimées en forme de semelles, ou de larges feuilles ^04 C A C charnues , rétrécies à leur' base presqu'en forme de pétiole ; elles sont ovales , elles ont jusqu'à quarante-huit centiinètres ( 1 8 pouces) de longueur sur vingt-quatre centimètres ( y pou- ces ) de largeur, et quatre centimètres (un pouce et demi ) d'épaisseur. Leur surface est très-douce au toucher, et très- finement veloutée , lorsqu'elles ont un an ou six mois seulement : celles qui sont adultes sont d'un vert sombre ; îa couleur des jeunes est d'un vert clair et luisant. Quel- ques boutons ou gemmes des articulations sont armés d'épines très- roides et très - piquantes , dont les plus grandes ont au plus un pouce de longueur. Toutes les gemmes sont garnies de soies rousses , qui en forment le sommet. Ces soies sont très-piquantes et très-incommodes. Thierry n'a pas vu la fleur ni le fruit de celte plante : il a seulement entendu dire à ceux qui la cultivent au Mexique, que sa fleur est pourpre. Il s'est bien assuré par ses recherches , tant à Guaxaca qu'aux environs de cette ville, que c'est sur cette plante seule que l'on y élève la cochenille fine et la cochenille silvestre. Description du cacfier splendide. Suivant' Thierry de Menonville , CMiit. espèce est très- grande : les articulations qui composent sa tige et ses ra- mifications, sont comprimées en forme de semelles ou de larges feuilles charnues , qui paroissent implantées ou fichées les unes dans les autres par leurs bases rétrécies presqu'en forme de pétiole. Elles sont nombreuses, et ont jusqu'à cinq décimètres ( 3o pouces) de longueur sur trente-deux ou quarante et même cinquante-trois centimètres ( \-x ou i5 ou 2o pouces ) de largeur : elles sont arrondies en forme de feuilles de pourpier ; elles sont d'un vert glauque, damassé, très-beau et très-gai. Sur celles de six mois ou d'un an , la couleur glauque est une sorte de nuage que le doigL efface en la touchant légèrement, comme le nuage qu'on ob- serve sur les prunes, qu'on nomme vulgairement la fleur de ces fruits : rtiais sur les articulations plus âgées cette même couleur devàejnt adhérente et persistante, de sorte que le toucher ne peut plus l'effacer. Cette belle couleur, jointe à la grandeur considérable de la plante, à la vigueur, C A C ïo5 à la vivacité et à la richesse de sa végétation , à la grande quantité et à l'amplitude de ses articulations , lui donne, dit Thierry, un port on ne peut pas plus splen- didc. Tout ce que j'ai dit des épines et des soies de l'es- pèce précédente, convient également à celle-ci. Cette plante est cultivée au Mexique , à cause de la bonté de son fruit seulement ; mais elle n'y croît pas naturellement. On ne connoît pas son pays natal. Lancry (Encyclopédie mé- thodique, Dictionnaire d'agriculture) croit que cette plante n'est qu'une variété de la précédente. Thierry soutient qu'elle est une espèce particulière. Lequel des deux a raison ? Je n'en sais rien. Mais qu'importe à la science iigriculturale , pourvu que la description en soit bien faite, et n'expose qui que ce soit à prendre le change sur l'une ou l'autre de ces deux plantes.? Description du cactier de Campêche. Suivant Thierry de Menonville , celle - ci s'élève en arbre et est très-peu épineuse. Les articulations aplaties en forme de semelles ou de larges feuilles charnues, rétrécies à la base presqu'en forme de pétiole, qui composent sa tige et ses branches, sont oblongues , ayant depuis dix-neuf jus- qu'à quarante-huit décimètres (6 ài5 pieds) de hauteur, et depuis huit jusqu'à vingt-quatre centimètres ( 3 à 9 pouces) de largeur ; elles n'ont qu'une ou deux épines à chaque boutoin ou gemme. La surface des articulations adultes est fort lisse, d'un vert sombre et très-luisant : celle des arti- culations plus jeunes est d'un vert clair. Les pétales des fleurs sont connivées et d'un rouge pourpre très -vif. Le pistil est terminé par un stigmate, de couleur de soufre, fendu en six pièces , et plus long que les étamincs et les pétales. Le fruit est de lu grosseur d'un œuf de pigeon et tronqué au sommet ; il est de couleui* de sang : sa pulpe est de mcme couleur et d'une saveur peu relevée. 11 est armé , comme beaucoup d'autres fruits de ce genr< , de soies piquantes , qui désolent quand on les touche. D'après les expériences de Thierry de Menonville, cette espèce peu{ être employée utilement pour l'éducation de la cochenille tjlvgstre, et nourrir une petite quantité de cochenille fine; loG C A C Il n'y a point de doute, selon moi , que Thierry de Me- nonville ne soit encore le seul qui ait établi des principes et des règles d'après lesquelles devront se comporter, s'ils veulent réussir, tous ceux qui entreprendront l'éducation de la cochçnille et la culture des cactiers. Aussi emprun- terai-je la plus grande partie de ce que je vais dire sur cet important objet, d'un ouvrage de Thierry même, in- titulé. Traité de la culture du nopal et de l'éducation de la cochenille dans les colonies françoises de l'Amérique , précédé d'un voyage à Guaxaca. On appelle nopalerie un terrain planté en nopals pour l'éducation de la cochenille. Le but qu'on se propose, en établissant une nopalerie, est d'y cultiver la cochenille fine ou la cochenille silvestre. La cochenille fine ou mestèque , granajina des Espagnols , est la plus précieuse : elle n'a sur le corps qu'une poudre blanche, fine, impalpable; tandis que l'autre, appelée sil- vestre , grana silvestra des Espagnols , se couvre d'un coton blanc, visqueux et épais, et est d'une qualité bien inférieure. Mais malheureusement la cochenille fine nous a échappé; et c'est inuJilement qu'à travers tant de dangers et de hasards, par tant de travaux et de sueurs, Thierry de Menonville avoit arraché aux Espagnols un trésor dont il avoit enrichi S. Domingue : Thierry est mort, et avec lui s'est perdue la cochenille fine. L'établissement d'une nopalerie pour l'éducation de la cochenille fine, demande d'autres soins et une position plus recherchée que celui d'une nopalerie pour l'éducation de la cochenille silvestre. Tous les climats et toutes les tem- pératures ne conviennent pas également à ces deux sortes d'insectes. Il faut donc, avant tout, savoir choisir le lieu convenable pour y établir une nopalerie, selon le but qu'on se propose. Du choix des lieux convenahles pour l'établissement des nopaleries, La cochenille fine n'a pas d'ennemis plus redoutables que le froid et la pluie. Ainsi, avant que d'établir une nopa- lerie, il faut s'assurer du degré de chaleur, de l'état du C A C 107 ciel, c'est-à-dire de la durée et des époques des pluies dans le lieu où l'on se propose de la former. Suivant Thierry, il est d'expérience qu'on peut cultiver la cochenille fine en toute contrée dont la température n'est ni au-dessus de vingt-cinq degrés ni au-dessous de neuf: d'où il suit qu'une température qui seroit moyenne entre ces deux extrêmes, c'est-à-dire, qui parcourroit les huit degrés qui sont entre le douzième et le vingtième, seroit, sans contredit, la plus propre pour la culture de la cochenille fine. Quant à l'état du ciel, les pluies sont d'autant plus fu- nestes à la cochenille qu'elles sont plus fortes et plus abondantes. Les brumes, les brouillards, les pluies pouces et fines, ne lui causent qu'un léger dommage ; elles en di- minuent seulement l'abondance et altèrent un peu la beauté de la récolle : mais les fortes pluies et les orages la détruisent entièrement. Deux mois suffisent pour faire une récolte de coche- nille. Ainsi , dans les cantons où la sécheresse est continue pendant deux, quatre, six, huit mois, etc., et constamment périodique à la même époque chaque année, on peut faire une , deux , trois , quatre récoltes , etc. , de cochenilles fines. Les pays donc où l'on peut, par rapport à l'état du ciel, établir le plus avantageusement des nopaleries pour l'édu- cation de la cochenille fine, sont ceux où les sécheresses sont le plus long-temps et périodiquement constantes. Les nopaleries qu'on voudra établir pour élever la co- chenille silvestre , n'exigent pas, à beaucoup près, autant d'attention par rapport aux pluies : on pourra les asseoir dans tel pays que ce soit, sans distinction d'un ciel plus ou moins pluvieux ; l'on pourra y semer et récolter cette cochenille pendant toute l'année; et la semaille , l'éduca- tion et la récolte qui en seront faites pendant des saisons pluvieuses , seront profitables : elles seront cependant moins avantageuses que celles faites pendant les sécheresses. I,a cochenille en général craint les grands vents , non comme tout-à-fait destructifs, mais comme lui faisant un tort assez considérable. Ils enlèvent souvent les jeunes co- chenilles de dessus les nopals, avant qu'elles s'y soient ^<^« C A C iixées, et tourmentent celles qui y sont adhérentes, de ma- nière à les empêcher de prendre toute leur ampleur. Il convient donc, avant d établir une nopalerie dans quelque pays que ce soit, de s'assurer de quelle partie souillent ordinairement les vents violens qui y régnent , et de l'abriter pour la garantir de la violence de ces vents. Le terrain d'une nopalerie doit être naturellement sec, et ne recevoir d'autres eaux que celles du ciel. Tout sol marécageux ou humide doit être absolument rejeté. Il est même nécessaire que le terrain d'une nopalerie soit nivelé, de manière que les eaux de pluie n'y séjournent pas. Il est encore bon qu'il soit disposé de manière que les orages n'y creusent pas trop aisément des ravines, comme cela arrive lorsque la pente n'est pas également distribuée sur toute Li superficie du terrain. Si l'on est obligé d'établir une nopalerie sur la pente d'une colline, il est avantageux que le terrain soit mêlé d'une certaine quantité de pierres, qui soutiennent les terres et les empêchent d'être entraî- nées trop aisément par les eaux du ciel. Le cactier nopal vient dans toutes sortes de terrains, argi- leux , graveleux, caillouteux, sablonneux, gras ou maigres. Cependant, planté dans une bonne terre, il y fait plus de progrès, devient plus grand et plus ample, et par consé- quent peut nourrir une plus grande quantité de cochenilles, et vivre plus long-temps en bon ptat. Une nopalerie doit être bien fermée de murailles, si l'on peut , sinon d'une bonne palissade ou d'une bonne haie vive, afin d'en défendre l'entrée aux chiens, qui man- gent le cactier nopal et peuvent y faire un dégât considé- rable; aux poules et aux volailles, qui mangent les coche- nilles; aux grands animaux, qui, sans avoir du goût pour les cactiers nopals, peuvent causer un grand dommage dans les nopaleries, peuvent même détruire une récolte de co- chenilles, en foulant les jeunes plants et en renversant les anciens. Culture du cactier nopal. Il y a peu de plantes qui puissent se multiplier de bou- tures aussi aisément que le cactier nopal; il suffit qu'une articulation, détachée d'un nopal, soit plantéedans la terre C A C 109 pour qu'elle s'y enracine bientôt et devienne un arbre, et cela à quelque époque de l'année que ce soit. Cependant il y a une époque à préférer pour la plantation d'une no- palerie. En effet, on ne peut mettre la cochenille sur les 'cactiers nopals que lorsqu'ils sont d'une force suffisante, c'est-à-dire lorsqu'ils ont atteint à peu près l'âge de dix-huit, mois ; en outre , la cochenille fine , ainsi que je l'ai déjà observé, ne réussit bien que dans la saison des sécheresses : le moment de la plantation d'une nopalerie doit donc être subordonné à ces (ieux circonstances. Pj^éparation du terrain. Voici comment, suivant Thierry, on doit procéder à la préparation du terrain qu'on veut mettre en nopalerie : il faut d'abord le purger de tous \çi?, arbustes, buissons et mauvaises herbes qui peuvent s'y trouver, soit en les arrachant, soit en les déracinant d'une manière quelconque. Il faut bien se garder de brûler les arbustes et buissons sur la nopalerie; c'est une méthode que l'expérience réprouve comme absolument pernicieuse. On peut cependant éten- dre les mauvaises herbes au soleil pour les faire sécher, et . lorsqu'elles sont bien sèches , les disposer sur les lieux par lignes de six ou neuf décimètres (2 ou 5 pieds ) de largeur et de seize centimètres (un demi-pied ) d'épaisseur , puis enfin les brûler. Cette combustion légère ne peut nuire à la sur- face du terrain ; elle détruit une grande partie des semences que ces herbes ont répandues, et les cendres qui en pro- viennent bonifient le terrain. Le terrain de la nopalerie étant ainsi nettoyé, il con- vient de le défoncer à la bêche ou à la houe, ou avec un instrument aratoire quelconque , selon qu'il sera plus avan- tageux et plus expéditif. I/essentiel est qu'il soit défoncé à trente-trois centimètres environ ( un pied) de profondeur. Les Mexicains ne mettent jamais d'engrais dans les no- paleries , excepté dans le cas où , ayant planté des nopals en pépinières, ils désirent avoir proniptement des plantes vigoureuses. Dans ce cas -là môme ils n'en mettent pas d'autre qu'un fumier moitié de boeuf et moitié de cheval . parfaitement consommé et entièrement réduit en terreau. îie C A C Il faut les imiter, et éloigner avec soin de la nopalerie tout fumier non entièrement consommé, et tous débris d'ani- maux et de végétaux , parce qu'ils ne conviennent pas aux nopals, et qu'ils ont le très -grand inconvénient d'attirer les rats, souris, fourmis, scarabées, ravets et autres enne- mis des nopals et de la cochenille. Le terrain étant ainsi préparé, on le dresse exactement au râteau. On le partage ensuite en deux pièces ou en quatre carreaux égaux par quatre allées qui se croisent à angles droits, pour la facilité du passage et pour le coup d'œil, etc.; ensuite on tire, dans toute l'étendue de la nopalerie, des rigoles d'un demi-pied (16 à 17 centimètres) de pro- fondeur et d'un pied (33 centimètres) de largeur. Quelle que puisse être la figure du terrain d'une nopalerie, ces rigoles seront toujours tirées dans la direction du nord au sud. La terre qu'on ôtera de ces rigoles sera rejelée du côté de l'est. EUes seront à six pieds (2 mètres) de distance réciproque. Si les clôtures de la nopalerie sont de haies vives , il faut avoir surtout l'atteïition qu'aucune plantation n'approche de ces haies plus près qu'à la distance de douze pieds (4 mètres), à cause de la grande quantité d'insectes qui s'y logent. Voici les soins et l'attention qu'il faut apporter dans le choix des boutures et dans la plantation. Choix des boutures. Les boutures doivent être coupées sur les nopals huit à quinze jours avant la plantation, et exposées pendant cet intervalle en lieu sec et à l'ombre, afin qu'elles se fanent vn peu. Elles seront, par cette pratique, moins sujettes à l'inconvénient de se pourrir au lieu de s'enraciner. On doit, autant que possible, éviter d'employer pour boutures les articulations qui ont servi récemment à nourrir de la cochenille, parce qu'il est d'expérience qu'il en périt toujours beaucoup. Elles doivent être composées de deux arti- culations, et jamais de trois; la troisième est sujette à se pourrir, et cause souvent aussi la pouri'iture des deux au- tres. Les articulations les plus voisines des racines , ou les j)lus anciennement produites, sont les plus avantageuses ç C A C m elles s'enracinent plus promptement, produisent des ra- cines plus grosses et plus longues que toutes les autres, et poussent aussi des bourgeons plus grands et plus précoces. Pour séparer chaque bouture d'avec le pied de nopal auquel elle appartient, il ne faut pas la rompre ni l'arracher; de tels procédés seroient dangereux et pour ce pied et pour cette bouture : mais il faut couper très-promptement, avec un outil bien tranchant, dans le point d'étranglement qui distingue l'articulation que l'on sépare d'avec celle qu'on laisse. Il est d'expérience que toute bouture de cactier nopal pousse d'autant plus vigoureusement, produit des racines d'autant plus fortes, des bourgeons d'autant plus gros , des articulations d'autant plus grandes, que les deux articula- tions qui la composent, sont elles-mêmes plus grandes et plus amples : ainsi, quoiqu'il sent vrai qu'en coupant une seule articulation en plusieurs morceaux, chaque morceau s'enracinera et produira aisément une nouvelle planle ; quoiqu'il soit même certain que si l'on dépèce une articU' lation en autant de fragmens qu'elle contient de gemmes ou boutons, chacune de ces gemmes , étant plantée, s'enra- cinera et produira un nopal; néanmoins Thierry a appris, par expérience, qu'on réussit à multiplier le nopal beau- coup plus promptement par des boutures formées chacune de deux fortes articulations, que par ces petites boutures formées seulement d'une portion d'articulation ou d'une seule gemme , parce que ces dernières sont très-long-temps à parvenir au même degré de grandeur auquel les pre? mières parviennent dès la première année. Plantation. Les boutures étant choisies, préparées et bonnes à me.tlre en terre, on les plante dans les rigoles , en les mettant à deux mètres (6 pieds) de distance l'une de l'autre. Lors- qu'on veut planter les boutures de nopals en pépinière, soixante-six centimètres (2 pieds) de distance suffisent. Thierry prescrit de planter chaque bouture obliquement dans la rigole, de manière que l'articulation inférieure soit posée toute entière à plat sur la terre, et que la moitié au moins de larticulation supérieure sorte de Icrrc, de façon qu'elle fasse, avec le sol ou l'horizon, un angle très-aigu vers l'ouest et très-obtus vers l'est, et que le diamètre de sa largeur soit dirigé du nord au sud. La raison de cette dernière direction , c'est afin qu'une des faces du plus grand nombre des articulations de la plante qui proviendra de cette bouture, regarde l'est, et que par conséquent l'autre regarde l'ouest; ce qui, comme on le verra ci-après, est avantageux aux cochenilles. La raison encore pourquoi Thierry veut que l'articulation inférieure de la bouture soit posée à plat sur la terre , c'est qu'il s'est assuré que dans cette situation il naît du centre de cette articulation une forte racine pivotante, perpendi- culaire à l'horizon, qui met, dans la suite , les nopals à portée de résister, le plus puissamment que possible, à la violence des vents et des pluies d'avalasse ; tandis que, lorsque cette articulation inférieure est autrement posée, elle ne produit aucun pivot perpendiculaire à l'ho- rizon, mais seulement des racines latérales, qui sont bien moins propres à assujettir fermement les nopiils. La bou- ture étant placée comme il vient d'être dit, on couvre l'articulation , couchée à plat, de deux pouces d'épaisseur de la terre qui a été tirée de la rigole : si l'on couvroit cette articulation d'une plus grande épaisseur de terre, la bouture seroit en danger de pourrir, ou pourroit languir trop long-temps. Par la suite, lorsque les boutures sont parfaitement enracinées et poussent vigoureusement, on remplit entièrement les rigoles, et on égalise la superficie du terrain. Soins qu'on doit ai' air des nopals après la plan- tation* Les nopals étant plantés , il faut avoir soin de sarcler après toutes les pluies. On ne peut tenir une nopalerie trop propre. Si, par négligence, on la laisse empoisonner par les herbes étrangères , elles s'y perpétuent et s'y propa- gent par leurs semences; elles suiToquent les jeunes plants, gônent les grands, et surtout servent de retraite et d'appât à mille insectes pernicieux. CAC n3 Pour sarcler dans une nopalerie, il est presque impos- sible de se servir de la bêche ou de la houe, parce qu'on s'expose à mutiler les nopals, dont les racines s'étendent au loin, à un ])ouce de profondeur, et qu'on peut détruire la cochenille si les nopals en sont chargés. Thierry permet cependant de se servir d'une petite houe, immédiatement un mois avant chaque semaille en cochenille, et un mois après. Mais le plus sûr c'est de ne sarcler que le couteau à la main. On coupe entre deux terres la racine de toutes les herbes étrangères, puis on les jette vite hors de la nopalerie , afin qu'elles ne laissent pas de semences sur la place et qu'elles ne servent pas de retraite aux insectes. 11 ne faut jamais sai'cler lorsque la cochenille est prête à être récoltée. On conçoit qu'alors on ne peut entrer dans les nopals sans nuire, de plus d'une manière, à ce précieux insecte dont ils sont couverts. Du reste , on ne doit point épargner les sarclages , puisquen favorisant la végétation du nopal ils détruisent une infinité d'insectes , qui sont les ennemis redoutables de la cochenille. Thierry pense qu'on peut arroser utilement les jeunes nopals dans la saison des sécheresses , et il conseille de leur donner, pendant cette saison, un arrosement modéré, tous les huit jours. Il va même plus loin; il est d'avis que l'arrosement peut être quelquefois utile aux nopals adultes, même lorsqu'ils sont chargés de cochenilles, en introduisant l'eau sur leurs racines, pendant deux ou trois minutes seulement , et la retirant aussitôt. Mais on ne doit, se- lon moi , avoir recours à cette pratique qu'avec la plus grande circonspection: elle est peu utile à la plante, et ca- pable de beaucoup nuire à l'insecte : d'ailleurs on n'arrose jamais les cactiers au Mexique. Les nopals plantés et entretenus comme il vient d'être prescrit, croissent promptement. On ne les laisse pas s'éle- A^er au-delà de la hauteur de six pieds ( deux mètres) , afin de pouvoir soigner et récolter la cochenille sans avoir besoin d'échelle. Ils parviennent ordinairement à cette hauteur dans l'espace de deux ans. Une nopalerie peut être semée en cochenilles pendant six années consécutives ; après lequel temps il faut la renouveler. 6 8 114 CAC Pour cela, ou bien on arrache tous les nopals, pour en re- planter de nouvelles boutures , ou bien on se contente de les recéper à quarante-huit centimètres (un pied et demi) au- dessus de terre : ce dernier procédé est le plus expéditif et le moins dispendieux ; mais il a l'inconvénient de laisser de vieilles souches, qui recèlent beaucoup d'insectes nuisibles. Comme ce renouvellement occasionne une interruption, et laisse le cultivateur de cochenilles pendant une année entière, au moins, sans revenu, le meilleur moyen de parer à cet inconvénient seroit de partager la nopalerie en six pièces, et d'en planter une chaque année, pendant six ans consécutifs : après la sixième année de récolte on se trouvera par ce moyen avoir constamment , tous les ans , une pièce de nopals à renouveler, et cinq pièces en rapport de cochenilles. Des maladies et des ennemis des cactiers , et des accidens qui peuvent leur nuire. Les maladies , les ennemis et les accidens auxquels le cactier nopal est exposé, ne sont pas bien redoutables: l'expérience n'a encore jamais appris qu'ils aient ruiné une nopalerie bien établie , comme cela arrive dans les cotonneries et dans les indigoteries , que les chenilles dévo- rent souvent dans l'espace d'une nuit ou deux. Les maladies du nopal sont, suivant Thierry, i.° la pourriture ou gangrène; 2.° la dissolution; 3.° la gomme. Toutes ces trois maladies sont locales ; aucune n'est con- tagieuse et ne se communique d'un cactier à l'autre. 1.° La pourriture ou gangrène se manifeste par une tache d'un noir terne, sordide et désagréable à la vue , arrondie, plus ou moins large , qui paroît sur la surface des articu- lations. La substance du cactier est désorganisée, morte et pourrie, dans toute l'étendue de cette tache, depuis la surface jusqu'à une profondeur plus ou moins grande. Si l'on abandonne cette tache à elle - même , la gangrène se communique aux parties voisines ; la pourriture s'étend en largeur et en profondeur, corrompt l'articulation en- tière, et peut faire, sur la plante qui en est attaquée. un dommage considérable ; si l'on n'y pourvoit. Quel- CAG M? quefois une telle tache de pourriture ne s'étend pas beaucoup : la portion pourrie se sépare d'elle-même des parties saines ; elle tombe, et le reste guérit. Mais il est à propos de ne pas attendre cet événement; et aussi- tôt qu'on s'aperçoit d'une tache, il faut enlever jusqu'au vif, et mtiue au-delà, tout ce qui est corrompu, en le coupant trés-prompteuiçnt avec un instrument bien tran- chant, dût- on pour cela percer l'articulation de part en part, ou en retrancher la plus grande portion. Cette opéra- tion suffit le plus souvent pour arrêter le mal, et la par- tie attaquée 5e guérit parfaitement. Le cactier nopal est plus sujet qu'aucun autre à cette maladie. •j.° La dissolution est une autre sorte de pourriture, qui paroit avoir son principe dans l'intérieur de la plante, et ne se manifeste à l'extérieur que lorsque la partie , qui en est attaquée, est pourrie dans toute son épaisseur, qui semble ainsi être décomposée en un seul moment. Par exem- ple , une articulation, ou une branche, ou toute la tige même d'une plante, est bien verdoyante à l'extérieur, pa- roit jouir de la santé la plus brillante et la plus parfaite : et tout à coup elle perd son éclat , sa verdeur et son air de santé ,- elle devient d'un jaune sordide, paroit pourrie et l'est en eifet dans toute son épaisseur .- si on la sonde alors avec une épingle, on voit sortir de l'endroit piqué de l'eau en abondance; si on la tranche avec un couteau, on ne rencontre qu'une matière pourrie dans toute son épaisseur. Il n'y a pas d'autre remède que de retrancher aussitôt jusqu'au vif, et au-delà, tout ce qui est attaqué, en le coupant promptement avec un instrument bien tranchant. Cette opération sauve le reste de la plante, qui continue néanmoins de remplir sa destination. Si les ra- cines sont attaquées, ce qui arrive très-rarement, il faut arracher la plante entière, changer la terre où elle éloit plantée, et remettre un autre nopal à la place. C'est le cactier de Campêche qui est le plus sujet à cette maladie. 5.° La gomme se reconnoit aux symptômes suivans : on voit une partie quelconque se tumélier, sans que la cou- leur en soit altérée ; il se forme sur cette tumeur une crevasse plus ou moins grande , d'où il découle une liqueui" ii6 G A C qui se iige promptement en larmes d'un aspect farineux, opaques, jaunes dans le cactier nopal, et blanches dans le cactier splendide. Ce dernier est très-sujet à cette maladie , qui l'attaque plus souvent que le cactier nopal. Le remède le plus sûr pour guérir ce mal, est de retrancher tout ce qui paroît en être attaqué , en le coupant promptement jusqu'au vif. Le rat, un insecte connu sous le nom de ravet, deux espèces de chenilles, voilà les seuls ennemis du nopal; encore ne sont- ils pas bien redoutables. Thierry dit qu'il ne lui est arrivé que deux fois d'avoir vu un rat, qui avoit ses petits dans un trou, ronger des nopals qu'il avoit en caisse dans une chambre ; mais il n'a jamais reconnu ce dommage en plein champ. Le ravet, bletta lucifuga , L., est un insecte qui s'accom- mode assez de tout : quand il se trouve parmi les nopals, il tu ronge les jeunes bourgeons ; ce qui leur fait un tort considérable. Il faut mettre sous quelques nopals des jattes d'un orifice étroit, et à demi remplies de sirop de sucre non aigri. Le ravet préfère ce sirop ; et quand même il y auroit un millier de ces insectes dans la nopalerie, tous y courroient et s'y noieroient. Au surplus, comme cet insecte préfère les maisons, les ruines, les vieilles haies, les dé- bris des corps des végétaux , etc. , ce n'est guère que par hasard ou par négligence qu'un le trouve dans une nopa- lerie , lorsque, par exemple, on y a laissé introduire, avec du fumier mal consommé, des débris de végétaux ou d'ani- maux qui le contenoient. Il a pour ennemi l'araignée chas- seresse , aranea venatoria, L. , qui en est si avide, et qui lui fait la chasse de jour et de nuit avec une telle acti- vité, que quelquefois elle en a délivré la nopalerie avant qu'on se soit aperçu qu'il y fût. Un autre ennemi du nopal, plus nuisible que les deux premiers, c'est la chenille d'une phalène que l'on n'a pas encore vue : cette chenille est jaune , transparente , sans poils ; elle se place toujours environ sur le milieu du bourgeon nais- sant, et s'y met à couvert, par une galerie de toile qu'elle file sur elle à mesure qu'elle avance, en dévorant la sur- face tendre du bourgeon. Lorsque la surface du bourgeon CAC 117 commence à s'endurcir, et qu'il est développé en articula- tion d'une certaine grandeur, alors cette chenille fait un trou danslecorce, ou plutôt perce l'épidenne et pénètre dans l'intérieur de la substance charnue de l'articulation , qu'elle dévore, .en conservant l'épidémie, qui sert alors de parois à son logement. Une seule de ces chenilles dévore la moitié de la substance d'une articulation avant que cette dernière ait reçu tout son accroissement. On reconnoît sa présence à la toile qu'elle file avant de pénétrer dans la substance de l'articulation, à la transparence de cette articulation, dont elle ne blesse pas l'épiderme, et enfin à ses excrémens en forme de bouillie jaune, qui sont ré- pandus sur l'articulation. Il ne faut pas négliger d'en faire la recherche soir et matin, et de l'écraser après l'avoir retirée de son repaire. Lorsqu'une pépinière est en sève, cette chenille s'y trouve très - communément ; mais il est aisé de reconnoître sa présence, ainsi qu'il vient d'être ex- pliqué, et les moyens de destruction ne sont pas moins faciles. Encore un autre ennemi du nopal, c'est une cochenille qui, inconnue à Linnaus et aux autres naturalistes avant Thierry, a été découverte par ce dernier. Elle est d'une petitesse extrême. Son mâle est imperceptible à la vue. Thierry n'a pas fait la description de ses différentes par- ties; mais ce qu'il en a dit sufiit pour en donner une idée , et pour apprendre au cultivateur à connoître la pré- sence de cette cochenille sur le nopal. Voici comme elle s'y manifeste : les articulations du nopal sont couvertes de petits points jaunes, qu'on pourroit prendre, au pre- mier coup d'œil, pour une maladie de l'écorce de la plante. Ces points jaunes sont l'espèce de cochenille dont il s'agit. Chacun d'eux s'accroît en largeur jusqu'à un quart de ligne de diamètre. Il est de forme orbiculaire; il a dans son centre une pointe noire , proéminente d'un douzième de ligne. Il faut une bonne loupe pour voir que ce point jaune est une femelle de cochenille. Parmi le nombre in- fini de ces petits points on aperçoit, si l'on y donne assez d'attention, de petits cylindres jaunes, longs d'un douzième de ligne. Ce sont'les larves des mûlca. En observant ces 116 CAC cylindres, tous les matins au soleil levant, avec une bonne loupe, on voit, un n^.ois après la naissance des insectes, sortir du fourreau un très- petit insecte , muni de deux ailes jaunàrres et élevées. Ainsi il vit aussi long-temps que la cochenille fine, se métamorphose de ratuie et aux mê- mes ép'jques. (Voyez ci-après la description de la cochenille fine et de la cochenille silvestre. ) Lorsqu'un caclier nopal en est attaqué, il s'en trouve, en deux mois de temps, entièrement couvert, tellement que son écorce paroît velou- tée plutôt que couverte d'insectes ; mais il est fort aisé, dans le principe, de reconnoitre la présence de cette espèce de coclienille : sitôt qu'on en aperçoit quelques-unes sur un nopal, il faut prendre une éponge et de l'eau, et en frotter fortement les articulations qui en sont infestées , de manière qu'on écrase et qu'on balaie tous ces insectes; puis on lave aussitôt la plante avec une autre éponge et de l'eau que l'on a dans un autre vase. Ce procédé est facile et ne surcharge point le cultivateur d'ouvrage ; car, pour peu qu'il y mette d'attention, la destruction de cet ennemi ne lui donnera pas un trentième de plus de travail par mois. Le nopal, comme beaucoup d'autres plantes, craint les vents, les avalanges , la grêle, etc. Aussi ai-je déjà dit qu'on ne peut prendre trop de précautions pour abriter et niveler convenablement une nopalerie. Au demeurant, s'il arrive que quelques nopals soient rompus et renversés par les vents, ou maltraités par la grêle, il faut voir si ces nopals sont jeunes, et si la base du tronc restant en terre n'est pas trop endommagée; dans ce cas on se contente de retrancher , par une coupe proprement faite, toutes les par- ties attaquées : la plante pousse bientôt après de vigoureux bourgeons , et devient en peu de temps un bel arbre. Si les nopals sont vieux et très-maltraités , on les arrache, et l'on replante en place une bouture formée des deux ])lus fortes articulations du nopal mis hors de service. S'il arrive encore que les nopals se trouvent déracinés par des avalanges, ce qui est rare, surtout quand ils sont plantés d'après les règles que j'ai prescrites un peu plus haut ; dans ce cas Thierry conseille, non pas de les arru- CAC ng cher pour les replanter , mais , à l'instant que l'orage cesse et pendant que la terre est encore extrêmement détrempée en bouillie, de prendre deux forts pieux dépouillés de leur écorce, bien pointus par le bas , et de quarante-huit cen- timètres (un pied et demi) plus grands que le nopal ren- versé ; puis , pendant qu'un homme soutiendra le nopal , qui aura été redressé avec soin, un autre engagera, dans ses ramifications, la tète d'un des pieux, et enfoncera ce pieu verticalement d'un pied et demi dans terre, en ayant soin de ne pas endommager les racines ; il en fera aussitôt autant de l'autre côté du nopal. Six mois après cet arbre sera aussi solidement enraciné qu'aucun autre , et l'on pourra lui ôter ses tuteurs. Tout ce qui vient d'être dit de la culture du cactier nopal, de ses maladies, ennemis etaccidens, est commun au cactier splendide et au cactier de Campêche. Il est seu- lement à observer que le cactier de Campêche réussit encore mieux dans les terrains maigres et arides que les deux autres. De la cochenille. La cochenille, C0CCU5, Linn. , comprend bien des espèces: voici la description que donne Linnœus de celle dont il s'agit ici, c'est-à-dire de celle qui produit cette brillante et riche couleur, l'écarlate, que j'ai déjà distinguée par cochenille fine et par cochenille silvestre : rostrum pec- torale seu o$ rostrumque inflexum versus pectus ; abdomen poslice setosum ; alœ duœ masculis ; feminœ nulla : c'est-à- dire : trompe pectorale, ou la bouche et la trompe recour- bées vers la poitrine ; l'abdomen terminé postérieurement par des soies ; deux ailes aux mâles 5 la femelle sans ailes. Cochenille slhestre. Le mâle et la femelle, dans leur état de perfection, diffèrent considérablement l'un de l'autre. Celui-là est très- actif, très -mince et très- grêle en comparaison de la femelle: il a le port d'une très-jolie mouche; il est si petit qu'on ne peut distinguer ses différentes parties extérieures sans l'aide d'un microscope. La femelle, dans son état de perfection, est aussi massive, aussi informe, aussi engour- C A C die, que le mâle est léger, bien fait et agile. Dans cet état, elle est- grosse comme un grain de vesce, et ressemble assez au cloporte. Les mâles vivent moins que les femelles ; ils meurent aussitôt qu'ils les ont fécondées. J'ai dit que la cochenille silvestre se couvroit d'un coton blanc, visqueux et épais. Le trentième jour après sa naissance, le n);ile sort de cette enveloppe cotonneuse, et a acquis sa parfaite puberté. Au moment qu'il en sort il paroît muni d'ailes, et se met à voltiger autour des femelles , en sautillant à la hauteur d'environ seize centimètres (6 pouces); c'est alors qu'il les féconde, et il meurt aussitôt après. A trente jours les femelles sont dans leur parfaite puberté: elles vivent ordinairement soixante jours. Le temps de la gestation est de trente jours. Aussitôt que les mères ont pondu , elles périssent. Les petits , en naissant , se pro- mènent; ils enfoncent leur trompe dans la plante qui leur convient , et s'y fixent. Il y a souvent des femelles qui, suivant Thierr)-^, ne sont point fécondées ; elles parviennent néanmoins à la même grosseur que les autres , et elles vivent plus long- temps. Thierry a encore Q,i>servé que si l'on a en caisses des nopals chargés de cochenilles , et qu'on les rentre à l'ombre dans une serre, quelques jours après que les femelles sont fécondées , pour les y laisser jusqu'à ce qu'elles mettent bas, cette privation des rayons du soleil retarde, d'environ huit jours, le moment de leur ponte et de leur mort. Cocheràlle Jîne. Il y a la même diiTérence entre le mâle et la femelle de la cochenille fine, qu'entre le mâle et la femelle de la cochenille silvestre. Le mâle d'une de ces deux sortes est aussi joli, aussi agile et aussi mince, dans son état de perfection, que celui'dc l'autre : il féconde la femelle de la même manière, et meurt également le même jour. Celle- ci, non moins lourde et engourdie, fait sa ponte à l'âge de soixante jours et delà mên)e manière. Les petits qu'elle jnet au jour se comportent comme ceux de la cochenille CAC silvestre. Voici les seules différences qui se trouvent bien marquées entre ces deux sortes. La cochenille fine n'a sur le corps, corninc je l'ai déjà observé, qu'une poudre blanche, fine, impalpable; tandis que l'autre se couvre d'un coton blanc, visqueux, et épais. La femelle de l'une est , suivant Thierry , de quelques jours plus tardive , pour la ponte , que celle de l'autre ; ainsi elle vit quelques jours de plus. La cochenille fine n'est jamais aussi féconde que la cochenille silvestre. Au moment de la naissance et à tous les degrés semblables d'accroissement, les individus de la cochenille fine sont toujours deux fois aussi gros que ceux de la cochenille silvestre. La cochenille fine ne profite et ne pullule bien que sur le caclier nopal et le cactier splendide. Le cactier de Campéche n'est bon à employer pour nourrir cette espèce que lors- qu'on n'a pas d'autre nourriture à lui donner pour eu conserver la race. Il est d'expérience que la moitié ou les trois quarts des cochenilles fines, qui naissent sur le dernier cactier, y périssent avant de s'y fixer, et que le reste qui s'y fixe ne parvient point à sa grandeur naturelle. Z)e la semaine de la cochenille sihesti^e et de la cochenille fine. L'expression, semer un insecte, peut paroître extraordi- naire; elle vient probablement de l'erreur où l'on étoit que la cochenille étoit une graine. Quoi qu'il en soit, semer de la cochenille , c'est poser des mères , prêtes à faire leur ponte, sur les cactiers propres à l'éducation des petits, de manière que, sitôt que ces petits verront le j'^nr, Ils puissent se répandre sur cette plante pour s'y fixer, s'y nourrir et y prendre leur accroissement. Les cochenilles mères se sèment dans des sortes de petites poches faites exprès, que l'on nomme des nids. Au Mexique on emploie, pour faire ces nids, le pétiole des feuilles de cocotier. On le découpe en petites pièces carrées de deux pouces de largeur chacune ; on en retire les fibres les plus grosses et les plus roidcs. Il en résulte uue étoffe claire et cependant épaisse, très -convenable pour faire les nids de GAG cochenilles; car elle doit être en même temps ferme, quoique souple, claire et épaisse: cette épaisseur est néces- saire pour garantir les mères de la trop grande chaleur du soleil, qui pourroit les faire avorter; et il faut que le tissu soit clair pour permettre aux jeunes cochenilles de passer au travers, afin de se répandre sur le cactier. Quand cette étoffe est encore trop verte et trop peu flexible, on lui donne la souplesse nécessaire, en la faisant macérer dans l'eau, puis la séchant et la battant suffisamment, de manière à ne pas désassembler les fibres. Quand elle est assez flexible, on prend chacune des petites pièces carrées, dont je viens de parler, puis on en fait un nid, en en liant fortement ensemble les quatre angles ; cela forme une petite poche, avec des ouvertures, par lesquelles on introduit les mères cochenilles. Lorsque les petits sont éclos , ils sortent du nid, tant par ces mêmes ouveitures que par les mailles du tissu clair qui forme le nid. Dans le cas oîi l'on est privé de feuilles de cocotier, on peut, d'après les expériences du Cercle des Philadclphes à S. Domingue, employer avec succès une étoffe de paille, ou même une étofle de gros fil, pourvu qu'elle soit assez ferme et que le tissu en soit assez clair pour permettre aux jeunes cochenilles de se répandre sur la plante. 11 y a une proportion à garder dans la quantité de mères qu'il faut mettre dans chaque nid , et dans la répartition des nids qu'il faut poser sur un cactier : un trop grand nombre de mères sur une seule plante la feroit périr; une répartition inégale laisseroit des places vides, tandis que les cochenilles, amoncelées dans d'autres, s'affameroient réciproquement. Thierry pense que le mieux est de mettre huit à douze mères dans chaque nid , et de placer chacun de ces nids à la base de chaque branche de quatre articu- lations ; de sorte qu'un cactier nopal, composé de cent articulations, par exemple, portera vingt-cinq de ces nids, qui seront ainsi répartis le plus également possible. Suivant Thierry, chaque nid doit être posé sur le cactier, du côté de l'est, de manière que l'extérieur du fond du nid soit exposé aux rayons du soleil levant, qu'il est important que les jeunes cochenilles reçoivent aussitôt qu'elles sont écloses. C A C 123 On fixe, avec un fil, chaque nid sur le cacticr; il faut avoir soin de n'en placer aucun plus bas qu'à quarante-huit centimètres (un pied et demi) au-dessus de terre, à cause de la dureté des articulations inférieures. Les nids doivent être préparés d'avance, pour que la nopalerie puisse être semée entièrement en deux ou trois jours au plus ; par là on évite des pertes de temps quand vient l'époque de la récoite, parce qu'il n"en coûte pas plus de temps pour pré- parer et sécher cent livres de cochenilles récoltées , que pour une livre. Il est important de ne semer que des mères assez grosses pour qu'on puisse les trouver. On ne doit jamais laisser la cochenille se semer d'elle- même, parce que, i.° les petits s'éloignent peu de l'endroit où leurs mèi'es ont vécu , et par conséquent se fixent trop près les uns des autres; 2.° ils sont bien loin d'être aussi également répartis sur les cactiers, qu'ils le sont lorsque les mères ont été semées par le cultivateur ; 5.° les endroits qui étoient les plus chargés de cochenilles, et par consé- quent les plus épuisés lors de la récolte, s'en trouvent encore les plus chargés après cette récolte spontanée; ce qui doit nuire infiniment au nopal. De la manière de conserver la cochenille fine vivante pendant la saison des pluies. J'ai dit que la cochenille fine n'avoit pas d'ennemi plus redoutable que la pluie. Il faut donc avoir le moyen de la conserver pendant la saison des pluies, afin d'avoir des mères cochenilles en état de servir à toutes les semailles qu'on a besoin de faire pendant la saison des secs. On conserve, au Mexique, cette espèce, soit en gardant dans l'intérieur des maisons, pendant la saison des pluies, des branches de cactier nopal chargées de cochenilles vivantes , soit en laissant en plein air plusieurs cactiers chargés de cette cochenille vivante, que l'on couvre avec des nattes lors des pluies. Ces deux méthodes ne sont pas sans incon- véniens graves. Un procédé indiqué par Thierry me paroît tout -à- fait préférable, surtout en ce qu'il procure , si l'on veut, au moins une récolte de cochenilles tous les quinze jours : Î24 C A C il consiste à établir un hangar dans la nopalerie. Il doit être construit de manière à pouvoir être commodément et promptement couvert de tous côtés lorsque la pluie survient, et découvert le plus possible lorsqu'elle cesse. On peut faire en sorte qu'il corresponde, pour le produit, à une nopa- lerie d'un demi ou d'un hectare ( un ou deux arpens ) ; c'est- à-dire qu'il soit capable de rapporter lui-même assez de cochenilles, outre celles de semence, pourindemniser.de la dépense que sa construction, son entretien et les soins qu'il exige, peuvent occasioner; et même pour donner, au-delà de cette indemnité, un revenu qui ne soit pas à mépriser. En conséquence voici la forme et les dimensions que Thierry a jugées convenables à ce hangar. Sa grandeur dépendra de la quantité de. cochenilles qu'on veut ou qu'on a besoin d'y élever. 11 sera une fois plus long que large. On dirigera sa longueur du nord au sud. Les deux petits côtés, c'est-à-dire ceux. du nord et du sud, formeront les pignons. Il faudra que le toit soit en dos d'àne, élevé à sa naissance de six pieds (2 mètres) au-dessus déterre, et couvert avec des châssis garnis d'une grosse toile bien gou- dronnée en dehors et en dedans, et maintenus, ou dans des coulisses , ou sur des gonds, de manière à pouvoir être ouverts et fermés avec promptitude et facilité. Les deux pignons seront revêtus de planches dans toute leur liauteur, et les deux grands côtés, c'est-à-dire ceux de l'est et de l'ouest, revêtus de planches jusqu'à trois pieds (1 mètre) de hauteur, depuis terre. A la naissance du toit on suspendra des nattes, qui descendront jusques sur ces planches, et on les disposera de manière à être aisément descendues et remontées. Le terrain de ce hangar doit être très-sec, et plus élevé que celui qui l'entourera. Ce dernier sera disposé en pente , de manière que les eaux du toit s'écouleront promptement et s'éloigneront. Le terrain de ce hangar doit être préparé et labouré avec plus de soin encore que celui de la nopalerie. On le plantera en cacfiers nopals, par rangs dirigés du sud au nord , et à la distance de trois pieds et demi l'un de l'autre et des parois. On observera la même distance C A C ia5 égiilemeiit entre chaque nopal. Pour servir à cette planta- tion on prendra, ou bien des boutures faites, choisies et traitées comme je l'ai exposé plus haut, ou bien , encore mieux, des nopals enracinés depuis un an ou dix-huit mois, si l'on en a de tels à sa disposition. Lorsque ces nopals seront assez forts, ou assez bien repris, on pourra commencer à les semer en cochenilles. Jusque-là les châssis ne seront point fermés, et les nattes ne seront point descendues. J"ai dit plus haut que, suivant Thierry, la privation des rayons du soleil retarde d'environ huit jours la ponte des mères cochenilles. Cet incident peut fournir un moyen d'avoir en tout temps des cochenilles bonnes à semer; car en retardant ainsi successivement sur quelques cactiers la ponte des mères cochenilles , on parviendra à pouvoir semer à toute sorte d'époques dans le hangar, et par conséquent à récolter de niême. Il suffit pour cela d'avoir quelques cactiers en caisse; puis , cinq semaines après qu'ils auront été semés en cochenilles, c'est-à-dire environ huit jours après que les cochenilles qu'ils portent auront été fécondées, il faudra les rentrer dans une chambre fraîche et à l'ombre. Quant aux soins qu'exige l'éducation de la cochenille dans le hangar, ils se réduisent à le tenir très -propre, à en ôter tous les insectes nuisibles, à arroser les nopals, avec le bec de l'arrosoir, une fois seulement tous les quinze jours, et enfin à fermer les châssis et à abattre les nattes toutes les fois qu'il survient de la pluie. Inconvénient du voisinage de la cochenille fine et de la cochenille silvestre. Lorsque les cochenilles silveitres sont mêlées en grand nombre sur un même cactier nopal , avec les cochenilles fines, ces dernières restent toujours maigres et chétives, périssent le plus souvent avant le moment de leur ponte; et si elles vivent jusqu'à ce temps, elles n'acquièrent pas la dixième partie de leur grosseur naturelle : en outre les mâles de la cochenille silvestre fécondent les femelles de la cochenille fine ; d'où il résulte une dégénération qui porte le plus grand préjudice à la récolte. Le vent î:^6 C a C suffit pour transporter les cochenilles sîlvestrcs à de grandes distances. Il est donc essentiel que le cultivateur, qui élève en uiêine tenjps et la cochenille fine et la cochenille silvestre, tienne ses deux nopaleries séparées et très-éloignées l'une de l'autre, et que la nopalerie à cochenilles fines ne soit jamais sous le vent de la nopalerie à cochenilles silvestres. Des ennemis des cochenilles fines et sili>esb\:s. Parmi les ennemis de la cochenille fine et silvestre on dislingue surtout une chenille d'un gris sale, grosse comme une plume de corbeau, de la longueur d'un pouce au plus, que Thierry juge être la larve d'une phalène ; c'est le plus cruel et le plus redoutable ennemi de la cochenille. Cet insecte file, sur la surface des articulations du cactier chargé de cochenilles, une toile légère, à l'abri de laquelle il creuse une tranchée, par où il arrive à la sape dans les rangs les plus épais des cochenilles, qu'il massacre en leur rongeant le ventre, 11 se nourrit de leur sang, et leur laisse la partie supérieure du corps, qui paroît sain et en- tier le premier jour, mais qui se dessèche et s'affaisse le lendemain. Cet ennemi est le véritable tigre des co- chenilles : il en tue des douzaines en un jour, et en dé- truit eu peu de teinps une grande quantité. Pour le dé- couvrir, il faut sonder avec une épingle ou une épine toutes les petites toiles que l'on voit sur les articulations chargées de cochenilles : en enlevant la tuile, il paroît tout ensanglanté dans sa tranchée; il s'agite aussitôt et se laisse tomber à ferre en se tortillant. Un autre ennemi de la cochenille est une coccinelle nommée par Linnaus coccineLla cacli cochenillifcri. C'est un insecte coléoptère , c'est-à-dire, dont les ailes sont renfermées par des étuis ; il est hémisphérique , aplati en dessous et convexe en dessus, de la grosseur d'un pois : ses deux étuis sont noirs, avec un grand point rond, de couleur jaune- orangé, sur chacun ; il a trois articles k toutes les pattes. Cet insecte éventre les cochenilles et se nourrit de leurs entrailles. 11 faut lui faire la chasse le matin avant le lever C A C 127 du soloii , parce qu'alors, engourdi par le froid, il ne peut s'envoler , et on le saisit facilement. La cochenille a encore pour ennemi une larve informe de teigne, grosse comme une semence de poirée , se cou- vrant de brins de paille et de vermoulure de bois. Cet ennemi dévore le corps entier des cochenilles, en com- mençant par l'extrémité de l'abdomen. Thierry assure que lorsqu'on voit sur le cactier des cochenilles se mouvoir et rompre leur trompe pour fuir en se laissant tomber, c'est un indice certain que cet ennemi est proche. On cite aussi, comme ennemis de la cochenille, la fourmi, la souris et la cochenille jaune dont j'ai déjà parlé, et il est possible qu'il y en ait encore beaucoup d'autres, surtout parmi les insectes : je rapporte seulement ici les plus connus et les plus redoutables. Des maladies des cochenilles fines et silvestves. On ne connoît aucune maladie à la cochenille silvestre ni à la cochenille fine, à moins qu'on ne veuille nommer ainsi le deuxième changement de peau ; mais Thierry dit que le nombre des cochenilles qui périssent alors n'est pas de deux pour cent, et qu'il n'y a aucun moyeu de l'em- pêcher. De la récolle de la cochenille Jine et silvestre. Lorsqu'on voit quelques petites cochenilles sortir du sein de leur mère, c'est le moment précis de faire la récolte générale de toutes les cochenilles qui ont été semées le même jour que ces mères. Ce moment arrive, dit Thierry, deux mois, jour pour jour, après qu'elles ont été semées, et un mois, jour pour jour , après qu'elles ont été fécondées ; il faut le saisir, sans y manquer. Si l'on récoltoit plus tôt , les cochenilles n'auroient pas encore acquis toute leur grosseur, et la récolte seroit d'autant moindre. Si l'on récoltoit plus tard , beaucoup de cochenilles auroient fait leur ponte ou part, et la récolte pourroit être très -di- minuée : car alors les jeunes cochenilles , quoique colo- rantes comme leurs mères, seroient encore trop petites pour j^a CAC être toutes aperçues et recueillies; ce qui occasioneroit iiécessaireinent une perte. Il n'est point de récolte qui soit en même temps aussi précieuse, aussi aisée à faire, aussi promptcnient achevée et aussi facile à conserver, que celle de la cochenille. On la commence dès le point du jour. Femmes, enfans, vieillards, tout le monde y est propre. Pour la faire, chacun doit être armé d'un couteau dont le tranchant soit éinoussé et arrondi comme celui d'un couteau de toilette, et d'un plat ou dun panier léger, et plus commodément encore, dit Thierry, d'un linceul attaché aux reins parles quatre coins. On opère en passant la lame du couteau, du haut en bas , entre répidcrme du cactier et les cochenilles dont il est couvert, avec la précaution de ne blesser ni la plante ni les insectes. Les cochenilles tombent à mesure qu'on les sépare du cactier; on les reçoit dans la main, ou dans le plat, ou dans le panier, ou dans le linceul dont on est muni, qu'on vide ensuite dans un vase plus grand, placé à portée. On ne doit pas négliger de ramasser toutes les cochenilles qu'on n'a pu empêcher de tomber par terre pendant qu'on les séparoit du cactier. Il faut tuer la cochenille, soit le même jour, soit au plus tard le lendemain de la récolte, et la faire sécher sur-le-chauip. Si l'un tardoit, elle feroit sa ponte, ce qui diminuerait la masse de la récolte, tant parce que les jeunes cochenilles s'échaj^pent aussitôt , que parce qu'elles sont trop petites pour être conservées utilement. Si l'on tardoit à la faire sécher, elle se corromproit prnmptenient. Pour tuer la cochenille Thierry indique un procédé qui me paroît très- cojiimode. 11 faut avoir un tamis couvert, fait de grosse serpillère ou de toile à torchon claire. Ce tamis sera un peu plus grand qu'il ne faut pour contenir dix livres de cochenilles, qu'on étend également , en ayant le soin, si c'est de la cochenille silvestre, de diviser les plus gros pelotons, qui sont adhérens les uns aux autres à cause de leur coton. On pose ce tamis, ajirès l'avoir couvert, au fond d'un baquet un peu plus large, et on l'y fixe fermement, pour que l'eau que l'on va verser ne puisse le suulever; puis l'on verse sur ce tamis de l'eau bien bouillante, en C A C 129 quantité suffisante pour le couvrir entièrement : on agite le tamis dans l'eau, pendant un instant, pour faire passer la terre qui pourroit être mêlée avec les cochenilles ; puis enfin on retire le tamis de leau , et l'on étend à très-pe- tite épaisseur la cochenille sur une table, pour l'exposer au soleil. La cochenille est suffisamment desséchée, suivant Thierry, lorsqu'elle a été au soleil depuis neuf heures du matin jusqu'à quatre heures après midi. Au reste, on reconnoît qu'elle est bien sèche Icrsqu'en en laissant tomber quel- ques-unes sur une table, elles sonnent comme des grains de blé. La cochenille en cet état est marchande; mise en lieu sec ou dans des boîtes, elle peut se garder plus d'un siècle, sans crainte qu'elle ne se gâte ou ne s'altère en aucune manière. 11 y a bien d'autres méthodes usitées pour faire sécher l.'i cochenille; par exemple, les uns la mettent au four, les autres sur des plaques de fer chaud qui ont servi à faire des gâteaux, etc. Thierry pense que ces deux moyens ont l'inconvénient de communiquer une chaleur inégale aux cochenilles, de sorte que les unes sont calcinées, tandis que les autres sont très- éloignées d'être suffisamment des- séchées. La cochenille fine, tuée et desséchée de la manière que je viens d'indiquer, et qui n'a point été transvasée plu- sieurs fois , ni secouée et ballotée par des voyages et des ventes et reventes, doit avoir, dit Thierry, l'air jaspé, c'est-à-dire, être de couleur grise , veinée de pourpre. Elle a ce gris parce que, n'ayant pas encore été trop frottée, elle a conservé une partie de sa poudre blanche, malgré l'eau dans laquelle on l'a fait passer pour la tuer ; et elle est veinée de pourpre, parce qu'il n'est pas possible qu'en la recueillant on n'en écrase ou blesse quelques-unes, qui, se trouvant mêlées avec les autres , leur donnent cette teinte , par la matière colorante qui découle de ces plaies. Il y a lieu de croire que c'est la cochenille fine, ainsi pré- parée et en cet état, que les Espagnols nomment grana jaspeada ; c'est la plus estimée dans le commerce. Il est probable aussi que la cochenille fine, que les Espagnols 6 9 j3o C a C nomment grana renegrida, grana negra , et qui est bien moins estimée, est celle qui a été souvent transvasée, ballotée , etc., ou qui a été desséchée par de mauvais procédés , tels que ceux dont je viens de parler. Il est donc indispensable que le cultivateur ne fasse jamais sécher sa cochenille qu'au soleil, et que le marchand ne la trans- vase qu'autant qu'il ne peut point faire autrement. Aussitôt après que l'on a achevé la récolte des coche- nilles, il faut nettoyer très -soigneusement les cactiers qui en étoient chargés , avec un linge ou une éponge , que l'on trempe souvent dans l'eau. On frotte toutes les articulations de manière à enlever le coton des cochenilles silvestres qui y est resté adhérent, la poudre blanche des cochenilles fines, les excrémens, et enfin toutes les ordures et matières quelconques qui peuvent salir ces articulations ; puis on sème de nouveau sur ces cactiers , immédiatement après la récolte , s'il s'agit de cochenilles silvestres , et seulement au commencement de la saison des secs , s"il s"agit de co- chenilles fines. (T.) CACTONITE. {Miner.) Quelques auteurs anciens ont parlé de cette pierre , qu'on regarde comme une sardoine ou comme une cornaline : on lui attribuoit un grand nom- bre de propriétés merveilleuses. (B. ) CACTOS ou Cactus. (Bot.) C'est sous ce nom qu'est dé- signé, dans Thécphraste, Pline et d'autres auteurs an- ciens , le cardon que l'on mange, cinara cardunculus. Linnœus s'est emparé de ce nom, appliqué d'abord à une plante épineuse, et resté depuis sans emploi, pour désigner un autre genre épineux, qui est le cacte ou cactier des modernes. ( J. ) CACUIEN. {Mamm.) Ce nom, qui se prononce sacuien , est donné , selon Thevet , dans plusieurs endroits de TAmé- rique septentrionale, à diiïerentes espèces de quadrumanes. (F. C.) CADABA (Bot.) : Cadala , Forsk. , Juss. ; Stroemia , Vahl. : genre de plantes de la famille des capparidécs, qui se rapproche des câpriers par ses fruits pulpeux , et des mozambés par ses fleurs; il n'est composé que de qua- tre esnèces orjsinaires de l'Inde et de l'Arabie. Ce sont CAD a3i des arbres ou des arbrisseaux à feuilles simples, dont les fleurs offrent pour caraclére un calice de quatre folioles concaves, ouvertes et caduques ; quatre pétales onguicu- lés ( nuls dans les cadaba glandulosa et rotundifolia^ Forsk. ) ; cinq étainines insérées sur le pédicule de l'ovaire ( quatre seulement dans le cadaba indica , Lam. ). L'ovaire, porté sur un pédicule, muni à sa base d'un appendice tnbuleux, qui se prolonge en languette, est dépourvu de style et ter- jniné par un stigmate obtus. Le fruit est une silique pé- diculée, à une loge, à deux valves roulées en dehors lors de sa maturité; elle contient plusieurs graines entourées de pulpe et disposées sur trois rangs. Cadaba des Indes : Cadaba indica, Lam.; Cleome indica y Linn.; Burm. ind. t. /fG , f. 5. C'est un arbrisseau peu élevé, dont la tige est cylindrique et rameuse; ses feuilles sont ovales-oblongues, très-entières, glabres, pétiolées et alternes ; les fleurs sont blanchâtres, disposées en grappe terminale. Le pédicule de l'ovaire est long d'un pouce et porte quatre étamines. Cadaba. farineux: Cadaba farinosa. Forsk. Cette espèce, qui croit en Arabie, a été nommée ainsi à cause du duvet blanchâtre , presque seml)lable à de la farine , dont ses feuilles et ses rameaux sont couverts. Les feuilles sont ob- lungues , très-obtuses et légèrement pétiolées. Les fleurs, au nombre de six à huit, forment des grappes terminales. Les jeunes rameaux, étant mâchés quand ils sont encore verts, ou pris en poudre, passent pour anti-vénéneux, (D. P.) CACALI-FUA. {Bot.) Les Malabares donnent indifférem- ïfient ce nom et celui d'adamboé au muncliauiia des bo- tanistes. ( J. ) CADAMBxA. {Bot.), nom brame adopté par Sonnerat, et sous lequel il désigne ( Voy. aux Indes, 2, p. 228, t ;j8 ) un petit arbre de Flnde, nommé aussi fleur de S. Thomé, qui est le guetlarda speciosa. ( J. ) CADANACU. {Bot.) Voyez Kadanaku. (J. ) CADA - PILAVA {Bot.), nom malabare d'une espèce de royoc , morinda citrifolia, que les Brames nomment ma-cu' da-pala. Selon Rhèede ( Hort. Malab. 1 , p. gS, t. Sa ), c'est la même plante que le macandou des habita ns de Java. On i32 CAD peut croire plutôt que ce n'est qu'une espèce du niL'mf genre , puisqu'on retrouve dans le même ouvrage ( 7 , p- 5i , t. 27), sous le nom de pada-vara , un autre royoc , non cité par les botanistes modernes , qui est le macadapola des Briimts, et le macanda des Portugais. (J.) CADARE. {Bot.) Voyez Ceiîak. ( J^ CADAWANG. (Bot.) Suivant Plukenet, p. G , t. 1 23, f. 3, on nomme* ainsi à Java la gléditsie sans épines, gleditsia inerniis. ( J. ) CADDATI ou C.vTTAïi {Bot.), espèce de bauiiinie de Pondichery, bauhinia tomentosa. (J. ) CADDOU-COULLOU (Bot.), es.)èfe de bauhinie de la côte de Coromandel, bauhinia jomentosa. (J.) CADE , Cadk. {Bot.) On nomme ainsi, dans la Provence et dans le Eanguedoc, le genévrier à baies roussàtres > juniperus oxycedrus , dont les fruits sont connus sous le nom de cadenelles. Voyez Genévrier. (J. ) CADÉ- ÉLÉMICH. {Bot.) Dans un Herbier de Pondi- chery, un jujubier, ziziphus œnoplia , est désigné sous ce nom. C'est le même qui est nomn.'é masson au Bengale. (J. ) CADEJI-INDÏ {Bot.}, nom arabe qui signifie feuille d'Inde., suivant Caspar Bauhin, et sous lequel il désigne le malabathrum des pharjuaciens , espèce de cannelle, pro- bablement la même que le katou-harua des Malabares. Linn.Tus en faisoit une variété du cannellier ordinaire, laurus ciunamomum. Lamarck croit qu'il est une espèce distincte, et le nomme laurus malabalhrum. Le mot wa- labathrurn paroit dérivé , suivant Clusius , du nom indien lamalapatra , sous lequel la feuille de ce végétal est connue dans rinde. ( J. ) CADELAFON. {Bot.) Voyez Chixkai-aton es. ( J. ) CADELARl {Bot. ) , Acliyranthes, genre de plantes de La famille des amarantacées , faisant partie de la section des feuilles opposées et dépourvues de stipules. 11 est caractérisé par un calice à cinq feuilles, entourées de trois écailles. La corolle n'existe point; ïvs étamincs , au. nombre de cinq, insérées sous l'ovaire, ont leurs filets réunis à leur base en un tube entier ou frangé. L'ovaire libre, surmonté d'un style et d'un stigmate, devient une capsule remplie d'une CAD i33 seule graine, dont l'embryon est roulé autour d'un corps farineux. Dans le nombre des espèces que Linnœus avoit réunies à ce genre, on ne doit plus compter celles qui font mainte- nant partie des genres Digéra et Pupalia, dont le premier est distingué par ses feuilles alternes et ses étaïuines entiè- rement distinctes , le second par ses calices dépourvus d"é- cailles ou bi'actées, ses ileurs rassemblées en paquets et entourées de faisceaux de poils crochus. Les espèces du vrai cadelari les plus connues sont : CxoELARi PR.VTESCENT. Achyranthes fruticosa , L. ; Piumph. Herb. Amb. 6, p. 27, t. 12, f. 1 : arbrisseau de deux à trois pieds de hauteur, très-rameux, à feuilles ovales, lancéolées et lisses. Ses fleurs , disposées en épis tenninaux longs et grêles, sont sessiles et réfléchies contre le pédoncule com- mun ; ce qui donne à l'épi la forjne d'un dard garni laté- ralement de dents crochues. Vaillame avoit pour cette raison donné au genre le nom françois de dard barbelé. Cette plante, originaire de l'Inde, est vivante au Jardin des plantes. Cadelari argenté : Aclijrarithes argentea , Lamarck ; Bocc. Sic. 16, t. 9; Pluken. t. 260, f. 2. Cette espèce est herbacée et paroît même annuelle. Elle se distingue de plus par le léger duvet argenté qui couvre ses rameaux et ses jeunes feuilles. La disposition des fleurs est la même. File est originaire de Sicile , et vivante au Jardin des plantes. Uachjraathes lappacea et Vach^'ranthcs stjraclfolia se ran- gent dans le genre Pupalia; Vachjranthes muricata appar- tient an Digéra, Vachyranihcs lanala au genre Mrua. Quel- ques auteurs ont réuni \q polia de Loureiro à Vachyranlhes; mais il ne paroît pas appartenir à ce genre , ni même à la famille des amarantacées , et Lamarck a probablement eu raison de le rapporter à son genre Poljcarpœa, qui doit faire partie des caryophyllées. Loureiro a érigé une plante de la Cochinchine en genre sous le nom de cjathula ; mais en l'examinant avec soin , en changeant le nom des parties, en nommant tube des étamines ce qu'il prend pour corolle, on croit lui retrouver l'organisation àe i^achjranthes , à l'exception du stigmate, 134 CAD qui est multlfide. Il soupçonnoit lui-même que ce pouvoit être Vachj'ranthes proslrata, et Willdenow, son éditeur, le confirme. ( J. ) CADEL-AVANACU (Bot.), espèce de croton de lu côte maiabare, figuré dans le Hort. malab. vol. 2, t. 53, et que I-inngeus rapporte à son croton tiglium. ( J. ) CADELIUM. {Bot. ) Dans le Herb. amb. de llumphius on trouve sous ce nom un haricot, phaseolus max. Ce nom est dérivé de celui de kadelee, qu'il porte à Java et à Baly. C'est l'amberic de l'Isle-de-France. (J.) CADELLE. (Entom.) On désigne sous ce nom, dans nos départemens méridionaux, la larve du trogosite caraboïde, qui fait beaucoup de tort aux blés. Voyez Taocos ite. ( CD.) CADEL-PACHl (Bot.), herbe de la côte de Coromandel , de la famille des chicoracées, et probablement du genre de la scorsonère. ( J. ) CADENACO , ou Katu-kapel (Bot.), noms malabares d'une plante liliacée, que Linnasus réunissoit à deux au- tres de Ceilan et de Guinée, sous le nom de aletris hja- cinthoides. On a reconnu depuis que ces plantes étoient des espèces distinctes, constituant toutes trois un nouveau genre, séparé de Yaletris, qui est le liriope de Lourciro , le ialmia de Cavanilles, le sanseviera de Thuuberg. C'est ce dernier nom que WilldenoAv a adopté en désignant le ca- denaco sous celui de sanseviera lanuginosa. 11 ne faut pas le confondre avec le kadanaku, qui est une variété de Taloès perfolié. (A. P. ) CADIE (Bot.), Cadia , genre de la deuxième section des légumineuses , qui ne comprend qu'un arbrisseau ob- servé par Forskal dans l'Egypte. Il a le port d'un tama- rinier ; ses feuilles sont ailées avec impaire, et composées de folioles nombreuses, tantôt opposées, tantôt alternes; les stipules sont en forme de soies , arides et caduques. Les fleurs, d'un violet pourpre, sont axillaires et pendantes ; elles ont un calice en cloche et à cinq divisions. La co- rolle est à cinq pétales, rarement six à sept, disposés en cloche, entièrement semblables et sessiles. Les examines sont au nombre de douze à quatorze, rangées circulaire- ment et rapprochées des pétales : leurs filets sont légère- CAD i35 ment arqués, bosselés à leur base, de la longueur de la corolle , et égaux entre eux ; ils sont terminés par des an- thères oblongues et vacillantes. L'ovaire est porté sur un petit support; il se change en une gousse comprimée, linéaire, membraneuse, renfermant plusieurs graines ovales- oblongues et luisantes. Les Arabes attribuent à ses feuilles nouvellement cueillies, la vertu de calmer les douleurs du bas -ventre, en les appliquant dessus avec force. Le Eom de cadia vient de Icadi , mot arabe. C'est à la même- plante que Piccivoli, botaniste italien, a donné depuis le nom de pancialica. Plus récemment, M. Desfontaines l'avoit nommée spaendoncea , en l'honneur d'un des meilleurs peintres de fleurs de l'École françoise , M. Vanspandoenck, professeur au Muséum d'histoire naturelle. (J. S. H.) CADITES. {Miner.) On a donné ce nom à des articula- tions cylindriques et fossiles d'ExcRiNES. Voyez ce mot. (B.) CADJANG. (Bot.) C'est à Java la même plante que le cajan de plusieurs autres pays de l'Inde. Voyez C.\jan. (J. ) CADJOE-COE. (Bot.) C'est le nom que l'on donne en Chine, suivant Burmann fils, à un chou, Irassica chincnsis. (J.) CADJU (Bot.), nom indien de l'acajou. Voyez Acajou, Caschou. (j. ) CADM1E. {Chim.) La cadmie des chimistes anciens et des métallurgistes est un oxide de zinc concret, qui s'attache aux parois des fourneaux , ou autour des tuyaux des souf- flets, dans le traitement des mines de zinc ou de quelques mines qui contiennent ce métal. On l'ertiployoit autrefois en pharmacie. Voyez les mots Mines et Zinc. (F.) CADMON. (Bo^) Voyez Catmon. ( J. ) CADOLINI. {Bot.) Voyez Chincapalones. (J. ) CADOO {Bot.), plante de Sumatra, dont la feuille, suivant Marsden , a la forme et le goût du bétel; ce qui peut faire présumer que c'est une espèce de poivre. Par suite d'idées superstitieuses, on en brûle dans les maisons pour préserver les enfans nouveau - nés dé l'influence des mauvais esprits. ( J. ) CADOQUES. {Bot.) On donne ce nom, dans les îles de France et de Bourbon ( la Réunion ) , aux graines du bonduc ï3C CAD ordinaire, guilandina hondiic. I,eur forme , leur solidité et surtout leur surface lisse, lustrée, les font rechercher dans tous les pays où elles croissent, c'est-à-dire, dans presque tous ceux qui sont situés entre les tropiques. Elles sont la base d'une infinité de jeux pour les enfans ; elles ont été intime recherchées en Europe. La mode les a fait long-temps porter aux montres comme des breloques. Elles servent principalement pour un jeu de pure combinaison , qui j)aroït répandu dans toute l'Inde, dans les îles Malaises, où il est nommé tsjoncha; c'est le fjanga de Madagascar, suivant Flaccourt. Cet auteur a décrit très- exactement , p- loii, la manière dont ce jeu s'exécute. Il exige une grande contention desprit par les calculs de tête qui en font la base ; et la prestesse avec laquelle les habitans du pays qui en ont l'habitude les exécutent, prouve qu'ils ont les plus heureuses dispositions pour le calcul, et qu'elles ne demanderoient qu'à être exercées et dirigées vers un but utile. (A. P.) CADUQUES NOIRES. {Bot.) On nomme ainsi à Bourbon (la Réunion) les graines d'une plante légumincuse grim- pante, qui doit faire partie du genre DoUclios , tel que i'ii établi Linnœus ; mais ne l'ayant pas vu en fleur, nous n'avons pu déterminer si elle appartenoit à un des genres qu'il est nécessaire de détacher de celui-ci, ou si elle en forme un particulier. Elle se distingue par ses légumes courts, renflés, à valves membraneuses, contenant uue ou deux graines : celles-ci sont orbiculaires, un peu compri fnées , noires et lisses , attachées latéralement par un hiius semi-circulaire. Ses tiges ligneuses s'élèvent, en grimpant, jusqu'au sommet des arbres. Les feuilles sont trifoliées, à lobes inégaux. 11 paroit que les fleurs viennent en grappes axillaires. Cette plante se rapporte assez bien à celle qui est décrite et figurée par Rhèede, tom. 8, p. 89, tab. 46, sous le nom de tseria cametti valli. ( A. P. ) CADOHEUX {Ornith.) , nom vulgaire du chardonneret commun , fringi lia c ardue lis , L. (Ch. D.) CADORIJA. (Bot.) Dans les royaumes de Grenade et de INlurcie en Espagne, on connoît sous ce nom Vhypecoon procumbens des botanistes. (J. ) C A E i37 CADRAN. (Ornlth.) Cet oiseau, qu'Albin a décrit sous le nom de dial hird , en lui donnant pour patrie le Bengale , et que BufFon avoit confondu avec le fiscal ou pie-grièche du cap de Bonne-Espérance , est donné par Levaillant comme un merle. Le mâle et la femelle sont ligures pi. 109 de son Histoire naturelle des oiseaux d'Afrique. (Ch.D. ) CADRAN ou Cadranure {Physiol. végét.) , maladie des arbres. Les zones ligneuses du centre des arbres se déta- chent les unes des autres, et le tronc se fend du centre vers la circonférence dans la direclion des rayons médul- laires. Cette maladie, dont on ignore la cause, ne se ma- nifeste que dans les arbres très -vieux. ( B. M.) CADRAN (MolL.) , Solarium , Lam., genre de mollusque gastéropode, de la section de ceux qui ont une coquille spirivalve, avec l'ouverture entière. 11 a été établi par Lamarck, avec plusieurs espèces de toupies, trochus de Linnaeus. Nous en parlerons au mot toupie. Voyez Toupie. (Duv.) CADUC (Bof.) , expression botanique qui signifie la chute prompte d'une partie de la plante. Ainsi on nomme calice caduc 5 celui qui tombe avant l'entier développement de la fleur; corolle caduque, celle qui tombe aussitôt après son épanouissement. Le même terme est employé pour les feuil- les, les stipules, les bractées, qui subsistent peu de temps. Si ces divers organes tombent plus tard , on dit qu'ils sont décidas ou tombans. Quand leur durée est prolongée , ils sont persistens. Voyez ces mots. (J.) CADUK - DUK (Bot.), nom de deux mélastomes de JaA'^a, melastoma octandra et melastoma aspera. Celui-ci est le birurong des Malais, le cara-mandjn des Macassars , le fragarius ruher de Rumph. Amb. vol. 4 , p. i35, t. 71. ( J. ) CADUL GAHA (Bot.), nom que les habitans de Ceilan donnent à un arbre qui croit sur les bords de la mer, parmi les mangliers , dans plusieurs contrées de l'Inde. Il a été figuré par Rumphius ( Herb. Amb. 3, p. y2 , t. 6 ) sous le nom de granatum littoreum. Kœnig en a formé le genre Xjlocarpus , adopté par Schreber et Willdenow. H porte le nom de candalanga dans la langue tamoule. (A. P. ) CtELA-DOLO {Bot.), nom brame d'une lorenie, tcrenia i58 CAE asialica, petite plante de la famille des personées ; c'est le genre nommé cœla par Adanson. (J.) C^LESTINE. {.Miner.) Voyez Cklestink. (B.) C^SIOMORE ou Césiomore {Ichljol.) , Cœsiomorus. Lacépède a établi ce genre pour y placer deux espèces de poissons voisines des causions, comme leur nom lindique. Les caesiomores, qui ont le corps arrondi en fuseau, sans fausses nageoires, portent des aiguillons au devant de leur nageoire dorsale; ils ont les écailles lisses, le museau obtus, et plus de quatre rayons à chaque nageoire pectorale. Ce genre ne renferme encore que deux espèces, observées, par Commcrson. Lacépède a fait graver les deux dessins que ce voyageur a laissés dans ses manuscrits, et on les voit à la planche 3 du III.' volume de l'Histoire naturelle des poissons. La première est le Cœsiomore Bâillon (voyez Baii-lon ) , qui n'a que deux aiguillons au devant de la dorsale, et dont le corps est couvert de grandes écailles. La seconde est le Caesiomore de Bloch , sur lequel on voit cinq aiguil- lons au devant de cette même nageoire, et dont les écailles sont peu visibles. (CD.) C^SION ou Cesion (IchtyoL), Cœsio , genre de poissons osseux de l'ordre des thoraciques et voisin des scombres, proposé par le naturaliste voyageur Commerson , et adopté par Lacépède. Ce nom est tiré du mot latin cœsîus , qui signifie couleur Lieu - de - ciel. Ces poissons ont le corps épais, arrondi en fuseau, la queue garnie de chaque côté de deux plis de la peau , une nageoire du dos sans aiguillons, et les lèvres très -protrac- files. Il est facile de distinguer ce genre de ceux des scom- bres , trachinotes, scombéroïdes et scombéromores, qui ont de fausses nageoires derrière celles du dos et de l'anus : il est aussi facile de le séparer de ceux des caranx , centro- podcs, istiophores etpomatomes, qui ont deux nageoires du dos ; puis encore des gastérostées, centranotes, cœsiomores et lépisacanthes, qui ont des aiguillons au devant de la nageoire du dos; enfin des céphalacanthes, dont l'occiput C A F ïSy est garni de quatre gros piquans,et des caranxomores, qui n'ont pas les lèvres extensibles. Lacépède n'a encore rangé que deux espèces dans ce genre, savoir: 1. Le C«siON AZijROR, Cœsio aerulaureus. Caract. Bleu de ciel sur le dos : ligne latérale d'un jaune doré, argenté, en dessous; les bords de la queue rouges ; opercules écailleuses. Ce beau poisson est de la taille du maquereau : ses pec- torales portent à leur base une tache noire qui peint un chevron brisé. Commerson l'a observé dans la mer des Indes et sur les bords des îles Moluques. Sa chair est fort agréable. 2. CjEsion poulain , Cœsio eqiiula , scombre , petite-jument, Bonnat. ; Centrogaster ,Linn. Caract. Argenté : une fossette calleuse et une bosse osseuse au devant des nageoires pectorales. Forskal a observé cette seconde espèce dans la mer d'Arabie, et elle est décrite dans la Faune de ce pays. Ses sourcils sont épineux; ses dents menues, flexibles, serrées ; les nageoires impaires sont presque réunies : on a cru voir sur le corps de ce poisson la selle d'un cheval, et voilà pourquoi il a reçu le nom de pouline, de petite-jument, de poulain. ( C. D. ) C^SULÏE. (Bot.) Voyez Césulie. (J. ) CAFAL, Cafil, Gafel (Bot.), noms arabes de l'aigre- moine, suivant Dalechamps. (P. B.) CAFÉ ou Caffé. (Bot.) On donne indistinctement ce nam au fruit et à la graine du cafier, quelquefois au ca- fier lui-même; mais plus généralement à une infusion très-usitée des graines du cafier. Voyez Cafier. (P.B. ) CAFÉ BATARD DE LA MARTINIQUE. ( Bot. ) On trouve dans les herbiers sous ce nom un arbrisseau rapporté, peut- être mal à propos , au genre Cafeyer. C'est le coffea occiden- talis, qui a plus d'affinité avec l'ixore. ( J. ) CAFÉ DIABLE. (Bot.) Les créoles de Caïenne donnent ce nom au fruit de l'iroucane, iroucana guianensis , Aubl. Guian. SiiQ, t. 127, qui est une espèce d'anayingue. (J. ) uo C A F CAFÉ FRANÇOIS. (Bot.) Ou a donné ce nom à quel- ques graines dont on a rctii-é une infusion semblable à celle du café, après les avoir fait rôtir. Telle est particulière- ment la graine du ciche ou pois ciche , cicer arietinuin. Telles sont encore les graines de diverses autres plantes légumi- neuses, celles du gratteron, du seigle, de l'orge, de l'hé- lianthe ou soleil, du hêtre, les amandes ordinaires. On a encore essayé les racines de scorsonère et de chicorée , préparées de la niême manière. L'usage de ces dernières avoit été surtout introduit dans la Prusse , où elles sont encore substituées au café. Mais en général aucun de ces végétaux n'a pu le remplacer et offrir ce parfum qui lui est propre, ( J. ) CAFFFiE. (Ornith.) Cet oiseau, regardé par I.evailiant comme formant une espèce intermédiaire entre l'aigle et Je vautuur, a été décrit par Dandin sous le nom d'aigle vautourin , et, dans ce Dictionnaire , sous celui daigle calîre. On en trouve la ligure pi. G de l'Histoire naturelle des oiseaux d'Afrique. ( Ch. D. ) CAFIER , Caff7eii, Cafeyer (Bot.), genre de plantes de la famille des rubiacées : il a pour caractères un calice à quatre ou cinq dents; une corolle tubuleuse, oblongue , presque infundibuliforme ; le limbe à quatre ou cinq divi- sions planes; quatre ou cinq étamines saillantes; une baie semblable à une cerise ou plus rarement oblongue , ombili- quée , non couronnée par le calice, biloculaire ou compo- bée de deux arilles , chacun monosperme , semences apla- ties et sillonnées d'un côté, lisses et convexes de l'autre: quelquefois une de ces semences avorte ; celle qui reste est alors presque ronde. Gmelin décrit huit espèces de cafiers , parmi lesquelles il s'en trouve une dont la corolle n"a que quatre divisions, quatre étamines , et dont les baies sont monospernies ; c'est le coffea occidentalis, Jussieu pense avec raison que cette espèce n'appartient pas au genre Cojfea , ayant déjà été placée par Linnaeus j)armi les ixi>ra. 11 eu est de même du coffea p&nicuUiLa , qui, selon le même auteur, paroît se rap- procher du genre Pavetta, pavate. Ainsi le cafierse trouveroit réduit à six espèces, auxquelles il conviendra de réunir C A F 141 celles nouvellement dt^couverles par Humboldt et Bonpiand , et par d'autres voyageurs. Des six espèces connues de cafier nous ne décrirons que celle d'Arabie, cojf'ea arabica, qui produit ces graines devenues d'un usage si général, qu'il fait un des objets les plus précieux de la culture des colonies de l'Amérique , et une branche si importante de commerce. Cette espèce de caiier, coffea arabica , a les feuilles ovales- oblongues , les fleurs axillaîres et verticillécs , blanches et odorantes. Elle est originaire de l'Arabie heureuse .- on la cultive surtout au royaume d'Yémen vers les cantons d'Aden et de Moka. Les Hollandois ont transporté le cafier à Bjtavia, d'où il a étéenvoyé à Amsterdam, où op la cultivé, [\esson, en ayant fait venir de ce pays , en donna un pied au Jardin des riantes de Paris. Il y a été soigné et multiplié. C'est dans ce dépôt précieux que Déclieux en prit un pied et des graines qu'il transporta à la Martinique, d'où il se répandit dans toutes les Antilles au point d'en faire une des princi- pales richesses. Nous devons dire en l'honneur de la mé- moire de Déclieux, que ce bon citoyen, dans une longue et pénible traversée, qui avoit contraint le capitaine de mettre son équipage et les passagers à la ration d'eau, n'hésita pas à partager la sienne, qui sufîîsoit à peine pour ses premiers besoins, en faveur de son pied de cafier, qu'il eut la satisfaction de conduire en bon état à la Martinique. C'est donc au zélé et désintéressé Déclieux que les colonies sont redevables de cette source de leurs richesses , comme l'est l'Europe à riutelligenco et au travail des infatigables colons de l'abondance de cette graine, précieuse pour son commerce et pour tous ses habitans. Le cafier , qui dans nos serres en Europe ne s'élève en s'étiolant qu'à quatre ou cinq mètres ( 12 ou i5 pieds) et ne vit pas plus de dix à douze ans, parvient dans son pays natal, etnitnie à Batavia, jusqu'à la hauteur de dix à treize mètres ( 3o à 40 pieds ) , dont le diamètre est d'environ dix à treize centimètres ( 4 à 5 pouces ). Dans les colonies d'Amérique il ne ]>eut parvenir à cette hauteur par le soin que l'on a de l'arrêter lorsqu'il est parvenu à un mètre ou irn mètre dix-sept centimètres (3 pieds ou 3 pieds et demi) 142 C A F au plus ; de sorte que chaque cafier forme à cette hau- teur une tête comme un pommier. Il n'y dure pas plus de vingt à trente ans, suivant le sol, non pas que l'arbre périsse de vieillesse, mais parce que, les pluies d'orage en- traînant la terre des montagnes où on le cultive, il reste sans nourriture et ne produit plus assez pour dédommager l'habitant de ses peines et de ses dépenses. Lorsqu'un habitant des colonies veut faire une plantation (le caficrs, ilfaitce qu'il appelle un bois neuf, c'est-à-dire une coupe dans un bois qui n'a jamais été abattu, et que par cette raison on appelle bois neuf. Une habitation à café a plus ou moins de valeur, suivant la quantité qu'elle contient de bois neuf ou de bois de toute antiquité. Cet abatis fait, il choisit les arbres propres à bâtir ou à faire des planches , etc. , et met le feu au reste. Ces sortes de tra- vaux sont , comme en Europe , subordonnés au plus ou moins de débouchés qu'offre la localité , et qui donne plus ou moins de valeur au bois qu'on retire. Les arbres s'abattent ou au ras de terre, ou à la hauteur de la main du nègre qui manie la hache. Quelques habitans , dont les moyens sontfoibles, n'abattent point ces arbres; ils se contentent de les cerner avec la hache à une certaine hauteur, de ma- nière à les faire périr en interrompant la continuité des couches verticales et du liber. 11 est bon d'observer que c'est dans les lieux de ces nou- velles plantations que les naturalistes font les récoltes les plus abondantes : le minéralogiste et le botaniste dans les premiers momensde l'abattage ; quant à l'entomologiste, de tels champs forment son domaine aussi long-temps qu'il reste des arbres morts ou sur pied , ou qui n'ont pu être brûlés. C'est sur ces troncs qu'il trouve les plus beaux in- sectes de la classe des coléoptères ; c'est aussi au moment de l'abattage et à celui de mettre le feu au bois que l'on voit des reptiles, des quadrupèdes et différens animaux, ({u'on n'apercevoit point, ou que très-rarament, auparavant. Lorsqu'un terrain à cafeyer a produit des fruits pen- dant vingt -cinq, trente ou quarante ans, suivant la na- ture du sol ou la disposition du terrain, les arbres de- viennent maigres, rabougris, galeux, et ne fructifient C A F 143 presque plus. C'est alors que l'habllant fait un bois neuf; il abandonne l'ancien à la nature. Un tel terrain ne tarde pas à se couvrir de plantes , d'arbustes et d'arbres mous , tels que le Bois-trompête , le Tkompête bâtard ou Bois- OAixoN (voyez ces mots). Ce n'est qu'après un très-ionjp temps que les bois durs peuvent y lever; et ce ne sera qu'au bout d'un temps encore beaucoup plus long qu'on pourra les cultiver de nouveau , lorsque les débris des feuilles, des branches, etc., auront remplacé sur le sol le terreau ou la terre végétale, que la culture elles pluies en ont enlevé précédemment. Ces sortes de terrains ne sont cependant pas inutiles pour l'habitant; c'est là qu'il trouve les jeunes plants de cafier dont il a besoin pour de nou- velles plantations, et qu'ont produits les graines des vieux pieds qu'on y a laissés. On appelle à S. Domingue ces champs abandonnés, des halliers ou haziers. (P. B. ) CAFIER ou Caffier. (Agric.) Les naturalistes distin- guent plusieurs espèces de cafiers. Jusqu'à présent ou n'en a cultivé, en grand, qu'une seule : c'est le cafier arabique, cojfea arabica, L. Il n'y a pas plus de deux siècles que cette plante, aujourd'hui si célèbre, étoit en- tièrement inconnue chez nous et dans presque toute l'Europe, Elle paroît originaire de la haute Ethiopie, d'où elle a été transportée dans l'Arabie heureuse. Elle y est cultivée, depuis long-temps, dans l'Yémen, et les cafés qui en proviennent nous arrivent sous le nom de café Moka. Aujourd'hui les Européens, et surtout les Hollan- dois, les François et [es Anglois, en ont établi et en pos- sèdent des plantations considérables, principalement aux îles de Java et de Ceilan , à Surinam, à l'île de Caïenne dans les Antilles, et dans les îles de France et de la Réunion. Il est malheureux que, soit l'influence du cli- mat ou d'une (5ulture non appropriée , soit ces deux causes tout à la fois réunies, toutes ces plantations ne nous aient encore donné que des cafés d'une qualité bien inférieure à ceux de l'Yémen. Le cultivateur, qui entreprend d'établir une caféterie , ne peut se proposer de réussir complètement qu'autant qu'il réunira à la beauté du plant la qualité du fruit. C'est i44 C A F sous ce double rapport que doit être envisagé le perfec- tionnement de la culture du cafier. Je sens bien qu'il fau- droit déterminer auparavant, par des expériences non équi- voques, comment et jusqu'à quel point les divers modes de culture peuvent influer sur la qualité du café, pour pouvoir dire ensuite: voilà la meilleure manière de cul- tiver, eu égard au sol et au climat. Mais la culture du cafier, comme celle des autres piaules qui font la richesse de nos colonies, y est encore dans l'enfance, c'est-à-dire dans l'état d'ignorance la plus absolue; et les naturalistes, les amis éclairés de l'agriculture, qui ont été à portée de recueillir des faits sur les lieux, nous ont jusqu'à ce jour procuré si peu de notions, ou du moins des notions si peu suivies, qu'on croiroit qu'il n'y a encore rien de positif sur les diverses espèces de culture qui conviennent à ces pays. En attendant que cette heureuse époque arrive , j'indiquerai les méthodes qui m'ont paru les meilleures. Je profiterai de quelques renseignemens qu'a bien voulu me communiquer Nectoux , cultivateur naturaliste, qui a étudié la culture du cafier à Caïenne, à la Martinique, à la Guadeloupe, à la Jamaïque, et qui, pendant son séjou^• en l'gypte, s'est assuré de ce qui se pratique en Arabie. La culture du cafier comprendra, dans cet article, le choix du terrain ; l'exposition, suivant les lieux plus ou moins élevés où l'on plante; la température; le semis; la plantation ; la taille ou l'éfêtement , et les soins qu'on doit avoir du cafier jusqu'à l'époque de sa floraison ; enfin la récolte. Du choix du terrain , de Vexposiùon suivant les lieux plus ou moins éle^'és où l'on plante, et de la tem- pérature. Dans l'Vémen, le cafier se plaît principalement dans les terrains substantiels, médiocrement arrosés, exposés au levant, et jouissant d'une chaleur moyenne, entre la plus arande et la moindre de ce pays brûlant. Le cafier, en général, ne réussit point au bord de la mer, ni même à une certaine distance, surtout dans les pays où les pluies sont rares. 11 paroît que l'influence de l'air salin C A F J45 lui est absolument contraire. Mais ce qu'on ne doit pas perdre de vue, c'est que le degré de bonté du café paroît correspondre au degré de sécheresse du climat où on le recueille. A l'ile de la Réunion, dit Villèle , propriétaire dans cette colonie, le cafier aime la pluie et l'humidité; il se plaît aussi dans les endroits abrités; les bas -fonds et les pentes douces lui conviennent; l'ombre paroît lui être fa- vorable: mais il faut seulement en conclure que le cafier végète mieux dans ces diverses positions, et qu'il dépéri- roit dans les endroits tout- à-fait arides; car, suivant le même Villèle, le cafier rapporte beaucoup plus dans les quartiers où il ne pleut que très-peu, que dans les autres. J/ombrage le rend plus délicat et diminue son rapport : il végète mal et ne rapporte presque point, planté sur une montagne à une trop grande élévation. Dans les endroits médiocrement arrosés et exposés ài'air libre, la plantation, il est vrai, y est plus difiicile , la venue beaucoup plus longue ; l'arbre ne paroît avoir ni cette fraîcheur ni cette vie qu'annoncent au coup d'œil ceux qui sont plantés danS les quartiers pluvieux et à l'ombre : mais aussi charge-t-il deux fois autant ; il est plus robuste, et s'il est sujet à plus de maladies, il est aussi beaucoup plus fort pour les supporter. Le meilleur moyen d'apprécier la qualité du sol , sui- vant Nectoux, c'est d'en examiner les productions natu- relles: s'il est couvert d arbres sains et vigoureux, parmi lesquels il y ait beaucoup d'amandiers, de bois rouge, de cèdres odorans ; s'il est couvert de quelques fougères en arbre, et de quelques lianes- à-scie , on peut être sûr qu'il est de bonne qualité. Les terres où viennent les trem- bliers , le cymarouba , etc., sont généralement trop froi- des. On peut d'ailleurs sonder le terrain en différens en- droits , pour s'assurer si la couche végétale a partout l'épais- seur convenable, et si elle ne recouvre pas le tuf ou l'ar- gile, qui fait périr la majeure partie des arbres. Par rapport à l'exposition, il iàut la varier suivant les lieux plus ou moins élevés où l'on plante. Par exemple, à la hauteur de quatre à cinq cents mètres au-dessus du 6 jo i46 C A F niveau de la mer, les expositions du nord et de l'ouest sont les plus favorables : mais lorsqu'on s'élève à six ou huit cents nièlres , l'exposition du sud , qui plus bas seroit trop brûlante, convient mieux. On ne voit cependant jamais de très-belles caféteries à cette hauteur, non plus qu'à l'exposition de l'est , dans les contrées où la constance et la violence de ce vent sont nuisibles à la végétation. Le cultivateur, avant de faire une plantation, doit en- core avoir égard à la température de son local : il la dé- terminera avec un bon thermomètre, qu'il exposera pour cet eifet à l'air libre et à l'ombre. Cette expérience doit être faite le matin , a midi , et le soir après le cjucher du soleil. D'après les observations qu'a eu occasion de faire à ce sujet Necloux , dans les difierens pays où l'on cultive le cafier, la température qui paroit lui convenir le mieux est entre dix et vingt-deux degrés de latitude. Toutes les plantations au-dessus et au-dessous de ces climats réus- siisent mal. Dans les lieux où le thermomètre reste au-dessous de dix degrés , le sol trop élevé est moins favorisé par les bienfaits de l'atmosphère , la température y est trop va- riable ; et le cafier, originaire des contrées où elle est assez constante, se trouve exposé à passer subitement de ia cha- leur au froid , qui supprime la transpiration , et il fait moins de progrès en dix ans qu'il n'en feroit en cinq dans un climat convenable. Dans les lieux où la chaleur est au-dessus de vingt- deux degrés, la terre est dans une grande activité, et la transpiration considérable : alors , si, ce qui arrive pres- que toujours, les sécheresses sont de longue durée , le sol est privé de presque toute son humidité; la végétation ne trouvant plus les véhicules nécessaires pour la ranimer, la sève ralentit graduellement son mouvement ; les feuilles du cafier jaunissent et tombent; le fruit, qui par les mêmes causes ne peut venir en maturité, se dessèche; les pousses des arbres sont en outre peu vigoureuses , et la plupart noircissent et meurent. C A F 147 Si cependant il se rencontroit, à de pareilles hauteurs, des terrains humides ou arrosables par un courant d'eau , on pourroit, dans ce cas, planter en toute assurance: les cafiers y réussiroient bien, rapporteroient de bonne heure, et donneroient d'abondantes récoltes, surtout en ayant la précaution de laisser de distance en distance des arbres pour servir d'abri contre les ardeurs du soleil. Semis et plantation. J'ai déjà observé qu'on ne pouvoit se proposer d'obtenir d'abondantes récoltes de café que dans les endroits mé- diocrement arrosés par les pluies. Dans les terrains humi- des ou exposés à des pluies fréquentes, le semis et la plantation pourroient se faire presque sans aucune pré- caution ; le plant rapporteroit beaucoup plus i(si. Mais aussi quelle différence dans les produits, et pour la quantité et pour la qualité? à combien plus de maladies il est ex- posé, surtout pendant les cinq ou six premières années ! Selon Villéle, ou fait des semis, à l'île de la Réunion, dans les quartiers pluvieux , avec moins de soin qu'on n'en met en France à semer de la salade. Après avoir été un mois dans la terre, dit -il, le café lève; huit à dix mois après, il est bon à être transplanté: alors, choisissant un jour de pluie, on l'arrache à force de bras, sans nul tné- nagement et sans conserver de motte. Muni d'un piquet, le planteur fait, de deux en deux mètres (6 en 6 pieds), un trou assez grand et assez profond pour recevoir la racine 3 dont on a seulement soin d'empêcher le pivot d'être recourbé ; puis , pressant la terre avec le pied , on passe à un autre. Si la caféterie est bien soigneusement entretenue et nettoyée d'herbes, au bout de deux ans l'arbrisseau, ainsi planté, commence à donner un petit produit, et sous sa jolie forme pyramidale il a déjà atteint la hau- teur d'un mètre trente-trois centimètres ( 5 pieds ) ; la troi- sième année, il a deux mètres ( 6 pieds) de haut, et donne- un bon produit: on l'arrête à cette hauteur, en cassant la sonimité de sa Xiiç^^ et on a soin d'arracher les gourmands qui ne cessent de pousser verj Je bas de sa tige. Dès-lor'» :48 C A F voilà un vrai cafier qui, s'il échappe aux ftitîgues de 'cr second rapport , et aux attaques d'un ver qui ronge le pied à cet âge et le fait souvent périr, parvient au plus haut période de beauté et à l'âge le plus avancé, chargeant, croissant et embellissant chaque année. Mais le nombre de ceux qui pai-vienneut à cet étal est très-petit. L'on est sans cesse obligé de remplacer les morts et les malades, et, deux ou trois ans après, de remplacer encore les sept huitièmes de ces remplacemens. Dans les quartiers moins pluvieux, les semis et la plantation exigent à la vérité plus de soins; mais aussi les rapports sont plus considérables : le cafier y est plus fort , plus robuste , jnoins sujet aux maladies et à la mortalité. Dans les terrains tels que ceux que j'ai déjà désignés comme convenables particulièrement à la culture du ca- iier, le café lève un mois ou six semaines après qu'il a été semé , selon qu'il est plus ou moins arrose. Ce n'est que quinze mois après que les jeunes cafiers sont en état d'être transplantés. 11 faut avoir soin que le plant soit à une certaine distance, dans la pépinière, pour pouvoir l'enlever en mottes. La plantation des cafiers exige surtout beaucoup d'atten- tion pour la distance à mettre entre les plants , et pour la profondeur des trous. A la Martinique, les cafiers sont placés en quinconces, à trois ou quatre mètres ( 9 ou 12 pieds) les uns des autres. Cette méthode peut servir de base aux cultivateurs, eu admettant cependant quelques légères différences par rap- port aux diverses qualités du sol; mais dans tous les cas on doit plutôt craindre l'excès dans le rapprochement que dans l'éloignement. L'effet d'un trop grand rapprochement est toujours qu'après un petit nombre d'années , les cafiers, restreints à une même hauteur, ne forment plus enseaiT ble qu'une masse, à travers laquelle l'air ne peut plus circuler. D'ailleurs la terre, énervée par un surchargement de plants, ne peut plus en favoriser la nutrition. Alors les cafiers se couvrent de mousse ; ils languissent , ils ne portent plus ou presque plus de fruits , et finissent par périr long - temps avant leur époque naturelle. Il CAF 149 faut donc que la plantation soit distribuée de manière à ce que l'air puisse circuler librement partout. On ne doit planter que dans des trous assez larges et assez profonds pour que les racines des cafiers ne soient pas trop resserrées, et qu'elles ne se replient pas sur elles- mêmes. On doit à plus forte raison s'abstenir de faire un trou en forme de cône, avec une pince de fer , comme cela se pratique à S. Domingue , et d'y introduire ensuite le cafier , sans plus de soin qu'on n'a coutume d'en prendre pour faire une bouture de saule dans une terre marécageuse. Dans les Antilles, et en générai dans presque tous les lieux où la culture du cafier est en vigueur, on a cou- tume, observe Nectoux , d'attendre le moment où il vient de pleuvoir, pour planter immédiatement après. Cette mé- thode est mauvaise ; la chaleur qui succède durcit la terre trop fortement plombée , et la rend compacte au point que les racines du cafier foible ne la pénètrent qu'avec la plus grande difficulté. Les plantations dirigées de cette manière languissent jusqu'aux premières pluies , qui facilitent leur développement. Pour prévenir cet inconvénient, il seroit à propos d'at* tendre quelques heures aprèi la pluie , afin que la terre moins humide ne se mastiquât point, et de couvrir le jeune plant jusqu'à la reprise. La plantation doit être abritée, surtout pendant les cinq eu six premières années, et garantie des vents, principa- lement dans les parties où ils sont violens à des époques périodiques. On conçoit combien doivent être pernicieu?es à de jeunes arbrisseaux, des secousses violentes qui les ébranlent jusque dans leurs racines. A la Martinique, une grande partie des caféteries sont divisées par de grandes haies , que les colons appellent lisières, et qui servent com- me de brise -vents. Elles forment des compartimcns de cent à deux cents mètres carrés, ou environ; elles crois- sent ordinairement à la hauteur de quatre à cinq mètres ; on les recèpe fous les quatre à cinq ans. Beaucoup de plan- tations sont encore parsemées de grands arbres, tels que les acajous à pommes, les avocatiers, les corosoliers, etc , jt{ui ne subsistent qT.ie jusqu'à ce que le cafier ait acquis- ^^^ C A F assez de force pour se passer aisément de ces arl)res. Nectoux a observé que les caféteries ménagées de celte manière , étoient plus belles et d'une végétation plus vigoureuse que les autres. En faisant une plantation , il faut encore avoir égard à la différence de température du lieu où Ton prend les jeunes plants, et de celui où on les transplante; et cette attention doit s'étendre à toutes sortes de plantations. Eu effet, si l'habitant des vallées manque de plant, et qu'il en prenne chez son voisin qui occupe la partie la plus élevée, ce plant, transporté d'un lieu frais dans un autre plus chaud, fait des progrès, si d'ailleurs la planla- lion est bien faite. Si, au contraire, l'habitant du sommet des, montagnes vient prendre son plant dans les vallées , ce changement est désavantageux: le froid resserre les pores, la circula- lion de la sève ne se fait que foiblement, et les cafiers périssent en partie; ceux qui restent demeurent long-temps dans l'engourdissement, et ils ne peuvent rapporter que très- tard. I>e meilleur moyen de réussir est d'avoir sur son habi- tation des pépinières, qu'on sème de graines des mieux nourries. Le plant ainsi élevé a d'autant plus de succès qu'il ne change point de température. De la taille ou de l'étètemenl. L'étêtement consiste à arrêter le cafier à une certaine liauteur, eu cassant la soriimité de sa tête. Cet usage est dû sans doute à la facilité qu'on se procure parla de cueillir le fruit. Quoi qu'il en soit, ce n'est que quand il est parvenu à la hauteur de deux mètres, au moins, qu'on doit arrêter 3e cafier. 11 faut pour cela suivre les vrais principes de la taille; supprimer les gourmands, dont la direction verti- cale absorbe la majeure partie de la sève, retrancher les branches supérieures, pour qu'elles n'étiolent pas les infé- rieures et pour faire prendre au cafier une forme pyra- midale. On doit surtout avoir l'attention, pour supprimer Je bois mort et les branches que la serpette ne peut cou- pev, de se servir d'une scie semblable à celle dont les CAF j5i jardiniers font usage eu Fiance, pendant la taille des ar- bres .- par ce moyen on évite les éclatemens et les meur- trissures qu'occasionne le plus souvent tout autre ins- trument. On est dans l'usage, en beaucoup d'endroits, de limite»: le cafier à la hauteur d'un mètre. Cette méthode est ab- solument pernicieuse. Cet arbrisseau devient alors un buis- son touffu, qui a la forme d'un parasol: il est le repaire des insectes, qui causent les plus grands ravages dans les cafcjeries. Nectoux a observé qu'on trouve fréquemment, dans des ravins, des cafîers produits par des graines que le cou- rant des eaux y a entraînées: ces cafiers , abandonnés aux soins de la nature, s'élancent et poussent des rameaux vi- goureux, qui se chargent tous les ans d'une grande quan- tité de fruits. C'est principalement à Caïenne qu'il a trouvé ces beaux arbres. 11 s'est aussi assuré, pendant son séjo ir en Egypte, que, dans les montagnes de l'Yémen , dont le café est originaire, et d'où vient le plus estimé, les caiiers s'élèvent depuis deux mètres jusqu'à trois. Au resfc, parmi toutes les raisons qui doivent engager à apporter les plus grandes précautions dans l'étêtcment, il en est une que je crois devoir encore rapporter ici; c'est que, si le sol favorise le cafier et la bonté du fruit, il est plus que probable aussi que la cause principale de l'ex- cellence du café est dans l'arbre, qui n'est point dénaturé par un étêtement mal dirigé et mal entendu. Floraison du cafier^ et récolte du café. Pour tenir en bon état une caféterie , il faut avoir grand soin de la nettoyer des mauvaises herbes et des insectes qui pourroient lui nuire. 11 faut surtout remplacer les pieds de cafier toutes les fois qu'il en périt , ou qu'il y en a d'attaqués de maladies désespérées. Dans leur pays natal et dans nos colonies , les cafiers fleurissent presque pendant toute l'année, ou, pour parler plus exactement, ils fleurissent deux fois l'année, au prin- temps et en automne j cî le temps de chaque floraison dure ï5^ C A F souvent pendant six mois consécutifs, de manière cepen- dant que , lors de chaque Uoraison , il y a un mois ou deux plus abondans en ileurs que les autres. Voici, suivant Villèle, la manière de récoller le café à l'île de la Réunion. Les fleurs du cafier sont blanches ,' odo- riférantes , durent deux 'oii trois jours dans toute leur heauté , et garnissent de guirlandes chaque nœud des branches dé ce charmant arbrisseau ; elles sont bientôt remplacées par des fruits verts , tenant par une petite queue très-courte au nœud de sa branche , et souvent aussi serrés les iins auprès des autres qu'il est possible, tant il s'en trouve à chaque nœud. Trois mois après que chaque fleur a noué , les fruits qui en proviennent commencent à blanchir, puis à jaunir, et bientôt ils sont rouges et res- semblent parfaitement aux cerises: ils sont aussi de la mê- me grosseur ; car sous cette première enveloppe il y a tou- jûùrs deux de ces demi -grains qu'on appelle en Europe grains de café. Dès -lors la première cueillette commence - on parcourt les caféteries ; on détache délicatement les grains mûrs, sans ébranler ceux qui les touchent et qui sont encore verts. A peine a-t-on fait cette cueillette , que d'autres grains rougissent et vous appellent; et ainsi de suite, jusqu'à ce que tout soit fini. Alors de nouveaux boutons paroissent , et annojicent les fleurs qui vont faire toutes les espérances de la récolte suivante. On emploie dans les colonies quatre manières de pré- parer ou de manufacturer la graine du café, et qui lui donnent dans le commerce un prix différent. La première, la moins pénible pour les cultivateurs, consiste à répandre les cerises (on appelle ainsi les graines encore renfermées dans leur pulpe fraîche), à mesure que la récolte s'en fait, sur des glacis préparés à cet elfet et exposés au soleil. On en forme une couche de huit à dix por.ces d'épaisseur, que l'on rennie trois ou quatre i'ois par jour, pour emptoher la pourriture et la fermen- tation , et afin que tous les grains puissent sécher cgale- iBient, Le café ainsi manufacturé est le meilleur marché dans le commerce, quoiqu'il soit le meilleur à prendre C'a infusion, lorsqu'il a été bien soigné. Les grains en sont CAF i53 roussâtres; ils he flattent pas l'œil autant que le café dit fin vert ; mais les graines, séchées dans leur pulpe, sont mieux nourries et gagnent en qualité. Les habitans des colonies emploient les autres manières , suivant leurs moyens, pour la partie de leur récolte qu'ils veulent vendre; mais pour leur propre consommation ils en font fabriquer de la façon que nous venons de décrire. Cette xnanière paroît être la seule employée jusqu'à présent à Moka et à Caïerine. La seconde manière consiste à Jeter les cerises dans des cuves pleines d'eau, à les y laisser tremper 24, 3o, 36 heures, et même 40 et 48, suivant la température de l'atmosphère , etc. ; après quoi on les étend sur les glacis , où on les remue plusieurs fois par jour, jusqu'à ce qu'elles soient parfaitement sèches. Ce café, appelé café trempé, est celui de la troisième qualité. La graine acquiert une couleur de corne. La troisième manière, qui forme la secoade qualité, consiste à écraser les cerises, sans en enlever la pulpe, avec une machine préparée ; à les faire tremper peu de temps, et à les exposer sur les glacis. On le connoît à 3. Domingue sous le nom de café en crocro. On le reconnoît à sa couleur cornée verdâtre. La quatrième manière , qui donne le café de la première qualité des colonies, consiste à faire passer à un moulin, appelé grage, les cerises fraîches , à en enlever toute la pulpe , de manière à ne laisser les graines que dans leur enveloppe la plus intérieure , nommée parchemin , et à les étendre sur les glacis. On distingue ce café sous le nom de café fin vert, ou café gragé. C'est le plus marchand ; il vaut deux ou trois sous plus que les autres. De toutes les qualités de café ci-dessus on préfère avec raison celui dont les grains sont petits et ronds. Il se trouve des habitans qui font mettre à part cette sorte de grain pour les présens qu'ils veulent faire, ou pour le vendre plus cher que le reste. Lorsque le café a été ainsi séché pendant plusieurs sct maines au soleil, on le réunit en tas tous les soirs, eu le couvrant avec des feuilles de bananiers pour le §a- ^54 C A F rantir de la rosée, avant que de le rentrer dans les cases a café , d'où on ne le sort plus que pour passer au mou- lin. Ce moulin, construit à peu près comme ceux dont o* fait usage pour écraser les pommes à faire le cidre , brise la pulpe et le parchemin: on vanne le tout, et le café, après avoir subi cette dernière préparation , est transporté sac par sac à l'hôpital de l'habitation, où les convales- cens et ceux qui peuvent faire usage de leurs bras , le trient, enlèvent toutes les ordures et tous les grains noirs et défectueux. Ces derniers grains sont appelés café de triage, que Ton vend très - bon marché, ou que l'on con- somme pour les besoins de l'habitation. Le café, lorsqu'il est entièrement préparé, est très-sus- ceptible de gagner de l'humidité. Aussi a-t-on sein de le tenir dans des lieux très -secs. Exposé trop long- temps dans un endroit humide , il blanchit et devient alors ce qu'on appelle avarié. Cette propension qu'a le café de se charger d'humidité devient favorable au marchand ; car il est reconnu que cette denrée pendant la traversée , par l'humidité de la mer et par celle qui se concentre dans le navire, acquiert un excédant de poids qui paie et au-delà son fret. C'est sans doute, en raison de ce bénéfice, que le café se vend dans les colonies le même prix nominal, argent du pays, que celui qui est vendu en Europe; de sorte que le bénéfice net du marchand est la différence de l'ar- gent, c'est-à-dire le tiers, plus la livre de trait par quin- tal, et l'excédant du poids qu'il acquiert dans le voyage, qui suffisent et au-delà pour faire face aux frais. On compte dans le commerce cinq espèces principales de café, ou plutôt cinq sortes, suivant le pays d'où il vient, quoiqu'elles proviennent toutes de la même espèce de cafier, coffsa arabica. Ces cinq sortes sont, 1. Le Café moka, ainsi nommé du pays d'où cette es- pèce de cafier, si fort répandu aujourd'hui dans toutes les colonies d'Amérique, est originaire. Le grain de cette sorte de café est ordinairement rond et petit, parce qu'une des deux graines contenues dans la cerise avortant, celle qui reste seule s'arrondit. Le café moka est celui qui pro- cure la boisson la plus suave et la plus agréable ; c'est C A F * i55 aussi le plus estimé , le plus chei' et celui qui tient le premier rang dans le commerce. 2, Le Café eourbon, cultivé à l'île de Bourbon (la Réu- nion): ilapendant un certaiii temps occupé le second rang en qualité; il l'a conservé, quant au prix qu'il a dans le com- merce, mais les gourmets de café savent en faire la dif- férence, et lui préfèrent celui de la iSIartinique , ou de la Guadeloupe , bien choisi. 5. Le Café Martinique, ou GiiADELourp.. On en dis- tingue plusieurs sortes, dépendantes des diflerenccs de la fabrication dont nous allons parler dans un moment. /\. Le Café caïenne. Cette dernière sorte est peu con- nue, à cause de la petite quantité qu'on en cultive à Caïenne et qui est introduite dans le commerce : elle est supérieure au café de la Martinique. On en trouve très-peu en Euï'ope. Les Américains, surtout depuis la ré- volution françoise, en exportent la petite quantité qu'on cultive dans cette colonie, et la consomment dans leur pays. Lorsque l'ordre et la paix seront i-éintégrés dans nos colonies, lorsque celle de Caïenne pourra prendre l'exten- sion et la splendeur dont elle est susceptible , la culture du café accroîtra en raison des défrichenîcns qui rendront le pays plus salubre ; le café de Caïenne , importé par notre marine marchande, sera plus connu, mieux ap- précié : nous ne doutons pas qu'il n'obtienne alors un des premiers rangs parmi les différentes sortes de café. 5, Le Café S. Domincue, dans lequel on comprend celui de Portorico et des autres îles sous le vent; il passe pour être d'une qualité inférieure à celle des qui ire au- tres espèces. Ces différentes sortes de café se subdivisent encore suivant le quartier du pays d'oîi elles viennent. C'est ainsi que le café du quartier Moka à la Martinique e.">t vendu aux consommateurs , qui ne savent pas en faire la différence, pour dn café vrai ]\roka d'Arabie. C'est encore ainsi que le café du quartier du Borgne à S. Domingue est supérieur à celui des autres quartiers , et que celui de Ihabitation, dite Tremonderie, est préféré à celui des au- tres habitations du quartier du Borgne : il étoit lonjours i56 C A F vendu, avant la révolution, deux sous par livre plus cher que tous les autres cafés. Par la même raison il y a dans toutes les colonies des quartiers et des habitations dont le café décroît en qualité et en prix, et éprouve une baisse également proportionnelle. Après avoir expliqué les différentes manières de manu- facturer le café, et les différentes qualités du commerce, nous devons dire un mot des moyens usités pour le pren- dre en infusion. On ne connoît pas au juste l'origine de l'usage du café pris en infusion. Les uns l'attribuent à un supérieur d'ab- iîaye, qui, ayant eu connoissance de l'elfet que produi- soit cette graine sur les boucs qui en mangeoient, en fit l'essai sur les moines de son couvent , afin de les tenir éveillés pendant les ofllces. Suivant d'autres, la découverte en est due à un mufti qui , A^oulant surpasser en dévotion les dervis les plus fervens, fit, le premier, usage du café, afin de chasser le sommeil et pouvoir prier plus long- temps sans interruption. Quoi qu'il en soit de l'origine de l'usage du café, il est devenu aujourd'hui si général qu'on pourroit presque lé ranger au nombre des objets de pre- mière nécessité. Cette généralité dans l'usage a stimulé l'industrie des inventeurs pour chercher les moyens de le rendre le plus agréable pos.sibJe à boire, comme sa grande consommation et sa cherté ont réveillé l'économie et la tromperie pour suppléer cette denrée. Il est assez inutile de nous étendre sur les différentes manières de faire le café; il nous suffira de prévenir que toutes celles qui tendent à préparer le café de manière à ne pas faire bouillir l'eau dans laquelle on l'a mis pulvérisé, sont, à peu de chose prés , également bonnes. Pour suppléer le café , qui est en Europe d'une consom- mation dispendieuse , plusieurs mo3'ens ont été imaginés. Il y a environ trente à quarante ans que le suisse d'un grand sei- gneur à Paris s'avisa de faire griller des glands de chêne, qu'il mêloit avec du café grillé et réduit en poudre ; il le vendoit meilleur marché : tout le monde y courut, et le suisse fit fortune. La ruse fut découverte, et chacun alors chercha des moyens de salisfaii'e son goût, sans nuire à sa C A F if57 bourse. On employa de l'orge et du seigle mêlé avec le café. Dans les montagnes de la Virginie en Amérique, les habitans font du café avec du seigle grillé pur: cela fait une boisson qui ne ressemble nullement au café, mais ils lui en donnent le nom, et l'imagination est satisfaite. Dans la Belgique, le pays de l-iége, on mêle le café avec la racine de chicorée sauvage : ce moyen , généralement connu, est aujourd'hui pratiqué dans toute l'Europe , et la racine de chicorée sauvage a ouvert pour Liège une nouvelle branche de commerce. Enfin dans la Flandre il est des habitans qr.i cultivent le lupin, qu'ils nomment café, et dont ils prennent les graines grillées en infusion, au lieu de vrai café. L'infusion du café passe pour être salutaire aux personnes replètes et pituiteuties, et contre les maux de tête; mais il paroît que son mélange avec le lait ou la crème ne produit pas d'aussi bons effets, par un relâchement qu'il procure à l'estomac. Pris pur, au contraire, il Itii donne du ton. C'est sans doute pour cette raison que les habi- tans des colonies en prennent trois et quatre fois par jour, savoir, à quatre heures du matin, une très-forte in- fusion, quelquefois sans sucre; à déjeûner, avec du lait; après le dîner, pur, et dans l'après-nùdi , souvent une qua- trième fois. Dès l'année 1776, la seule partie françoise de S. Do- mingue exportoit de Sa à 33 millions de milliers de café. Mais si nous jugeons des améliorations qu'ont éprouvées les colonies dans les années antérieures à 1776, et dans la même proportion celles qui ont eu lieu depuis cette époque, on ne sera pas étonné que ce produit, dans le temps de la révolution ( 17:9), pût être entre 40 et 5o mil- lions de milliers. Qu'on joigne à cet immense produit celui des autres îles françoises , angloises , danoises, hol- landoises et espagnoles , dans les Antilles, et celui des dif- férentes colonies de Tlnde ; on sera étonné de l'énorme quantité de café importée en Europe antérieurement à 1790, ci l'on concevra aisément que cette denrée, devenue, comme nous l'avons dit, un objet presque de première nécessité, ayant souffert par la force des circonstances une iS'ô GAG diminution dans la quantité importée, a dû subir une augmentation dans le prix que la gucri'e et la destruc- tion des colonies françoises maintiennent aussi haut. Le café, qui se vend aujourd'hui de cinquante sous à trois liv. , se inaintenoit avant la révolution dans le prix de vingt, vingt -cinq et trente sous. Voyez art. Cafier ou Cai-eyer. pour la partie botanique, et la culture de l'arbre qui produit cette précieuse gr.iine. Voyez aussi Ban , Bana. ( P. B. ) CAFUVO. (Bot.) Voyez Caeuwo. ( J. ) CAGAO. {Ornith.) Voyez Calao. (Ch.D.) CAGARELA {Bot.}, nom languedocien et populaire de la mercuriale annuelle, mercurlalis annua , nommée ailleurs foirolle , parce qu'elle est employée dans les lavemens pur- gatifs. (J.) CAGARINHAS [Bot.), nom portugais du scolyme. (J.) CAGE. {Ornith.) Cet oiseau, qui habile les îles de l'Ar- chipel de Chiloé , .est de la longueur de l'oie domestique; il a été décrit par Molina , sous la dénomination d'oie hybride , et c'est aussi Vanas hjhrida de Gmeiin et de Latham. ( Ch. D. ) CAGNOT {Tchtjol.) , nom vulgaire de quelques espèces de squales. Voyez S^^uale glauque. (CD.) CAGOSANGA {Bot.), un des noms portugais, donnés à ripécacuana du Brésil, suivant Chomel. (J. ) CAGUI { Mam;v. ) , nom brasilien , q-ae l'on prononce sagiii , et qui se donne dans le pays à plusieurs espèces de quadrumanes. ( F. C. ) CAHADE , Iahade ou Gtade {Bot.), noms arabes du polium , espèce de germandrée, teucrium poliurn , suivant Dalechamps. ( P. B. ) CAHOUAR ou Kewlr {Bot.), espèce de sa\onier du Sénégal, qui existe dans nos herbiers, et n'est pas encore nommé par les botanistes. Son fruit est couvert d'un duvet noir velouté. (J. ) CAHUA, Cahue, C»ve (Bot.), noms sous lesquels le café étoit désigné dans quelques pays du Levant. ( J. ) CAHUITAHU {Orniln.), nom donné, suivant la Con- damine, par les haJbitaas des bords de la rivière des •CAI i5y Amazones, au kamichl , palamedea cornutii . L. Celle déno- mination paroît être imitée du cri de l'oiseau ; et c'est par erreur que Mauduyt écrit cahuitaha. ( Ch. D. ) CATATIA. (Bot.) Voyez Caa-cica. (J. ) CAÏCA. (Ornith.) Cette perruche à tête noire, de Caïenne, fsittacus pileatus , L. , a été figurée par Buffon, sous le N." 744, et par Levaillant, pi. i33. Ce dernier en a publié, pi. i54, une autre espèce, sous le nom de caïca barraband. (Ch. D.) CAIDBEJA. (Bot.) Forskal avoit ainsi nommé un genre nouveau, trouvé par lui dans les déserts de l'Arabie, près de Caïd - bey. Linnaeus jugea ce genre assez remarquable pour y attacher le nom de son inventeur, et c'est mainte- nant îa forskalée, forskatea . connue de tous les botanistes. C'est aussi le lussaq des Arabes, le hamcched du canton de Hadie, dans les montagnes du même pays, (j.) CAIEU. ( Physio!. végét. ) Un oignon mis en terre pro- duit des rejetons semblables à lui : ces rejetons sont des eaïeux. Un oignon est composé de lames épaisses , placées les unes sur les autres, et attachées par leur base sur un pla- teau charnu ; au centre est renfermé l'embryon de la plante. Le caïeu offre ces caractères ; mais il est plus petit que l'oignon à côté duquel il prend naissance. Le caïeu perce, comme un bouton, sur le plateau char- nu de l'oignon ; il se montre d'abord sous la forme d'un petit dard blanchâtre , puis insensiblement il croît en volume. L'oignon , au contraire , s'épuise pour nourrir la tige et les feuilles qu'il produit ; ses écailles se flétrissent, et il se dessèche enfin totalement. Alors le caïeu devient un véritable oignon. Tout oignon a été primitivement un caïeu ; tout caïeu est susceptible de devenir oignon. Les plantes qui produisent des oignons ont des graines comme les autres plantes ; ainsi elles ont deux manières de se propager : mais dans le premier cas on peut dire qu'elles se continuent, et dans le second, qu'elles donnent la vie à de nouveaux êtres. VA vovez comme les fails confirment la théorie. i6o C A I Les oignons 5 étant des espèces de boutures naturelles, donnent des pr:,ductions tout- à- fait semblables à la sou- che dont ils sont sortis; comme ils ne sont que des dé- vcloppemens identjques d'un même être, le type originel se conserve dans toute sa pureté. Mais les graines, étant le produit de la fécondation , contiennent les germes de nouveaux êtres, distincts des plantes auxquelles ils doivent la vie, et qui ne sont pas, par cette raison, assujettis à une ressemblance aussi par- faite : c'est pourquoi les plantes qui proviennent de ces graines, présentent souvent des variétés auxquelles on li'arriveroit jamais par la culture des oignons. Le caïeu naît à côté de l'oignon , qui se détruit. Quand on ignore ce phénomène et qu'on trouve dans la terre le caïeu développé , semblable à l'oignon , mais n'occupant pas rigoureusement la même place, on est tenté de croire que l'oignon est doué d'une force loco-motive. Un seul oignon produit souvent plusieurs caïeux. Voyez Bulbe, Oignon. (B- M.) CAIGUA (Bot,), nom péruvien d'une momordique , mo- mordica pedata, dont le fruit est un aliment usité, fort ra- fraîchissant. Feuillée en donne la description et la tigure , part. 1 , p. 764, t. /|î. ( J.) CAILLE. {Ornith.) Il existe entre les cailles, eolurnix, et les perdrix, pcrdix, dont les premières sont en général plus petites que les secondes, des ditférences peut-être sufîisantes pour en former des genres séparés ; et les épe- rons dont les pieds des mâles sont armés chez les perdrix, tandis que les tarses des cailles n'en ont dans aucun des deux sexes, sont une circonstance bien propre à faire dis- tinguer ces oiseaux : mais les méthodistes les ayant tou- jours décrits sous le nom commun de tetrao ou de perdix, on se bornera à en faire une section du genre Perduix. Voy. ce mot. ( Ch. D.) CAILLEBOT ou Caij-lebotte [Bot.), un des noms vul- gaires de l'obier, boule de neige, vihumum opulus sterilis. V. Viorne. (J. ) CAILLELAIT [Bot.)^ nom vulgaire du genre Gaillet, ga- lium. (J. ) C A. I i6-i ■ CAILLETEAU (Orm'/L), jeune caille. (Ch.D. ) CAILLETOT. {Ichfyol.) Ou noiume ainsi, dans les cuisines de Normandie, les jeunes pleuronectes turbots, qu'on recherche comme un manger fort délicat. (CD.) CAILLEU-ÏASSART. {Ichtjol.) C'est le nom vulgaire du poisson nommé par les auteurs modernes clupée thrisse. On l'appelle aussi savalle aux Antilles. Voyez Clui^nodon (CD.) CAILLOU. (Chiin.) Quoique ce mot soit donné dans le inonde et même en histoire naturelle à plusieurs pierres susceptibles de poli et servant ordinairement à faire des' bijoux, il est plus particulièrement consacré aux pierres siliceuses, dures et roulées. En chimie il s'applique surtout aux pierres qui contiennent beaucoup de silice, et cest dans ce sens qu'on dit liqueur des cailloux, terre des cailloux, pour désigner la dissolution de la silice dans les alcalis, et le précipité de celte dissolution par un acide. Voyez les mots Alcali, Silice, Liqueur des cailloux. (F.) - CAILLOU. (Miner. ) On donne ce nom aux silex roulés. Voyez Silex et Terrain de transport. ( B. ) CAILLOU D'ALENÇON, ou plutôt Diamant d'Alençon. (Miner.) On donne ce nom à de petits cristaux de quartz transparens. Voyez Quaktz. ( B. ) CAILLOU D'ANGLETERRE. (Mmer.)Voy. Pou DiNGtJE.(B.) CAILLOU DE BRISTOL, de Caïenne, de Médoc, .du Rhin. [Miner.) Ce sont des quartz roulés. Voyez Quartz (B.) CAILLOU D'EGYPTE. ( Miner. ) C'est une variété de jaspe. Voyez Jaspe égyptien. ( B. ) , CAILLOU DE RENNE. (Aimer.) Voyez Poudingue. (B.) CAILLOU DE ROCHE. (Miner.) On a donné ce nom h quelques variétés de Pétrosilex. Voyez ce mot. ( B. } ■ CAÏMIRI. (Mamm.) Voyez Caymi ri. ( F. C. ) CAÏMITIER ou Cahimitier (^Bot.), nom: que porte à S, Domingue le genre ChrjysophYllum,, et qui paroît dérivé du premier nom caïnito , sous lequel il étoit connu en Amérique , et sous lequel Plumier l'avoit d'abord décrit. Ce genre de la fa- mille des sapotées de M. de Jussiciî ^pentandrie monogyflie,' L.),se distingue par un calice à cinq parties , une corolle cata- C 1). iG2 C A 1 panuléc , aussi à cinq parties ou à cinq lobes ouverts, cinq étamines et uu stigmate presque bifide. Son fruit est une baie plus ou moins globuleuse, à dix loges, dont chacune contient une graine comprimée et marquée sur le côté d'un large hile. Les auteurs en décrivent sept espèces, dont nous ne citerons ici que trois , comme les plus connues et celles dont on tire quelque utilité à S. Domingue. 1. Le Ca'ïmitier a fruit kond, chrysophjLium caïnifo , qui a les feuilles ovales , striées parallèlement et couver- tes en dessous d'un duvet jaune , éclatant, ferrugineux, ou couleur d'or , d'où lui vient son nom latin. Cet arbre s'élève très-haut: son fruit, que l'on nomme caïmite , est ordinairement sphérique; c'est un des meilleurs des Antilles. Quelques habitans le préfèrent à la sapotille: mais les Européens nouvellement arrivés ont de la peine à s'y faire, à cause de son odeur fade ; ce n'est qu'après en avoir goûté quelque temps qu'ils en deviennent très- friands. On connoît de cette espèce trois variétés : celle de l.i Jamaïque, dont le fruit est rouge et les feuilles ferrugi- neuses en dessous; celle dont la pulpe est bleuâtre; celle dont le fruit est plus petit, que Nicholson appelle caïmilier sauvage à petit fruit. Cette variété paroît susceptible de faire une espèce déjà désignée par Jacquin sous le nom de chryscphjllum microphjUum. Nous en ajouterons une qua- trième, que nous avons trouvée à S. Domingue, et dont le fruit, constamment ovale, est beaucoup meilleur et plus délicat. 2. Le Caï.auiikr a feuilles argentines, Chrj'sophjylliim argentcum , dont les feuilles sont petites, blanches et ar- gentées en dessous. Les fruits sont petits, presque ronds , bleuâtres, de la grandeur d'une petite prune. C'est le bonis de la Martinique, selon Jacquin. 3. Le CvÏMJTir.R A FKUiLDis GLABRES, Chrysophyllum gla- hrum. Les feuilles de cette espèce sont glabi'es des deux côtés. Le fruit n'est pas jilus gros qu'une olive et sans sa- veur; mais son bois, qui passe pour Cire incorruptible, est employé à ^faire des poteaux pour les entourages des pièces ii.''CaJé, 'et cri général de toutes les pièces de terre C A I i6S cultivées. On la nomme à S. Domingue caïmite maronne ou bâtarde. Nicholson décrit un caimitier à fruit vert, qui ne paroît être autre chose que le chrjsophjLlum glabrum dont les fruits, n'étant point parvenus à leur point de maturité, sont encore verts. Voyez Bui.laple-tree , DAMsoN-pLUMii. ( P. B. ) CAI-NGAT. (Bot. ) Selon Loureiro on nomme ainsi à la Cochinchine un petit arbre dont il a fait son genre Hexanthus , qui a beaucoup d'affinité avec la famille des laurinées, et sera probablement congénère du litsé. Veyez Hexakthe, LiTSÉ. (J.) CAÏNITO. (Bot.) Voyez Caïmitier. (J. ) CAIPA-SCHORA (Bot), espèce de plante cucurbitacée de la côte INlalabare , mentionnée par Rhèede, vol. 8, p. 9, t. 5, qui paroit appartenir au genre Courge, Cucurèiia , et dont le fruit a la forme d'une poire. Plusieurs cucurbita- cées sont désignées dans le même ouvrage sous le nom de schora , précédé d'un autre terme qui désigne l'espèce. Celle-ci est nommée par les Hollandois calabassen, par les Portugais bobora- calabassen ^ par les Brames culivo-dudi. (J.) CAÏPHA {Ornith.) , nom qui signifie poule du ciel, et sous lequel est connu à Siam un oiseau gallinacé, de la grosseur du dindon, mais plus élancé, qui a les yeux rouges, avec une aigrette de la même couleur sur la tête; le cou et le manteau dun noir luisant; le ventre mélangé de pourpre, de bleu et de jaune; la queue émaillée de di- verses couleurs, et relevée comme celle du coq. (Ch.D. ) CAÏPON. (Bot.) On donne ce nom à S. Domingue à un arbre très- élevé, que le voyageur Poiteau dit être une espèce de chionante. Suivant Poupée Desportes et Nicholson, le bois de cet arbre est solide, pesant, très-estimé et re- cherché dans les constructions intérieures à l'abri de la pluie &t du soleil. (P. B.) CAl-QUONG. (Bot.) Voyez Civ- quong. (J.) CAîRAN {Bot.}, espèce d'ixore de Coroniiindel, ixora pari'ijlora, Vahl. Symb. (j.) CAIRE. (Bot.) On nomme ainsi l'écorce filandreuse , de trois doigts d'épaisseur, qui recouvre la coquç du fruit du i64 C A I cocotier, et dont on fabrique dans ITnde des étoffes gros- sières et des cordages pour les vaisseaux. (J.) CAITAÏA. [Mamm.) Marcgrave parle sous ce nom, dont il faut prononcer le c comme une s, d'un singe qui paroît être le saïmiri de Buffon , simia sciurea, L. ( F. C. ) CAITON ou Zaxton {Bot.), nom arabe de l'olivier do- mestique, suivant Dalcchanips. On le nomme sejtun en Eg)-pte, suivant Forskal. Les Espagnols et les Portugais ont conservé ce mot des Maures ; les premiers nommant l'olive accitune, et les seconds azcitona. ( P. B. ) CAITU {Bot.), nom brame du marottl des Malabares. Voyez ce mot. (J.) CAJAN. {Bot.) Ce nom paroît altéré de celui de catiang, d'origine malaise, qui désigne plusieurs plantes légumi- neuses. Il a été donné par Ereynius et plusieurs autres botanistes à un arbuste légumineux. Cultivé dans presque tous les pays situés entre les tropiques, à cause de ses graines qui y servent à la nourriture des hommes et de differens animaux, il y est connu sous différens noms : les botanistes lui ont fait aussi porter successivement celui de plusieurs plantes de nos climats , auxquelles on le comparoif plutôt d'après ses usages que d'après ses caractères naturels. Plumier le réunit au genre Citise ; il fut suivi en cela par Linnœus, qui le nomma citysiis cajan. Adanson en forma dans les légumineuses un genre particulier, auquel il conserva son nom indien cajan, et le plaça dans la section des ha- ricots, avec plusieurs autres genres détachés du dolichos de Linnoeus. Nous croyons que cette place lui convient par- faitement, et que ce genre doit y être conservé. Voici les caractères qui le distinguent. Ses fleurs sont composées d'un calice urcéolé, à cinq di- visions inégales et aiguës, dont les deux supérieures sont à peine séparées. L'étendard de la corolle est un peu plus long que large, avec deux renllemens peu saillans vers son origine; les deux côtés de sa base se replient en dedans, un peu au-dessus de l'onglet, et emboîtent les onglets des ailes. Les étamines sont diadelphiques ; le style court ; le légume oblong, comprimé, contenant cinq ou six graines, sillonné obliquement entre chacune , ce qui le rend toruleuxj CAJ 365 les graines, attachées à la suture, sont arrondies et consep- vent l'espèce d'arille fongueux, analogue à celui des autres légumineuses, qui les réunit au réceptacle. On voit, par ce caractère, que cette plante ne peut se rapporter aux citises, qui ont leurs étamines monadelphi- ques ; qu'elle se rapproche des dolics, et pourroit y élre réu- nie à plus juste titre que d'autres plantes, ayant un com- mencenient des callosités qui, suivant Linnams, caracté- risent essentiellement ce genre, tandis que d'autres n'en ont pas de traces. Mais la forme du légume et la position des graines, qui constituent, suivant nous, les meilleurs caractères des genres de cette famille, distinguent celui- ci de tous ceux qui paroissent devoir être établis dans cette série, et dont nous donnerons la notice à l'article DoLic. Le cajan cultivé, dont nous avons tiré ce caractère, donne au moment de sa germination, comme la plupart des au- tres dolics ou haricots, deux feuilles ^élninales, opposées, particulières, différentes des vrais cotylédons, qui sont épais et restent enfouis : mais il diffère de presque tous par sa tige frutescente et droite, ses feuilles composées de trois folioles ovales, lancéolées, égales entre elles, recouvertes d'un duvet soyeux et argenté. Ses fleurs sont en grappe terminale, qui se développe successivement. Les corolles sont d'un beau jaune, et veinées de pourpre plus ou moins foncé. Les gousses qui succèdent sont longues de deux pou- ces environ, sur quatre lignes environ de large : les graines sont au nombre de cinq à six, assez semblables au pois, mais variant dans leur couleur et leur volume. Cet ar- buste, comme nous avons déjà dit, est cultivé dans toutes les parties de la zone torride : il paroît qu'il a passé de l'ancien continent sur le nouveau ; il porte dans tous ces pays diflférens noms. Dans nos colonies d'Amérique on lui donne ceux de pois d'Angole, pois pigeon ou de sept ans. Dans celles d'Afrique c'est l'ambrevade, altéré du nom am~ harvatsi, que lui donnent les habitxins de Madagasciir: mais, dans cette île, on le connoît plutôt sous celui d'ang -fouti. A la côte malabare il porte celui de thora paeru , suivant B.hèede , qui l'a décrit et figuré , tom. 6 , tab. i3. j^umphiusj ^SG C A J dans l'Herbier d'Amboine, Ta aussi décrit et figuré , tom. 5 , pag. 077, t. i35, sous celui de Icaliang bali. Cette notice abrégée de ses noms, dont la plupart sont expliqués à leur place dans ce dictionnaire , indique une partie des pays où il est cultivé et des usages aux- quels on remploie. Sa culture n'exige pas beaucoup de soins : on le sème peu de temps avant l'époque de la sai- son des pluies, qui ne tardent pas à le faire germer. Dés la première année il donne des graines, et continue ainsi plusieurs années (six ou sept ans). Elles servent à la nour- riture de l'homme ; mais c'est à défaut d'autres : car elles ont un goût qui se retrouve plus ou moins dans toutes les plantes de cette famille, et que l'on pourroit nommer lé- gumineux ; il tient à un principe qui , lorsqu'il est trop abondant, devient délétère. Ils sont difficiles à cuire : aussi les cultive -t- on plutôt pour l'usage de la volaille, mais surtout pour donner le temps aux terres de se reposer. A Madagascar les habitans ne s'en servent qu'au défaut d'autres alimens ; mais il rend danS l'intérieur un service particulier : il consiste à nourrir une espèce de chenille qui vit en société, dont les cocons donnent une belle soie. Ce seroit peut-être une acquisition précieuse pour nos co- lonies. Cet arbuste, cultivé dans tant d'endroits et vraisembla- ilement depuis long- temps, présente plusieurs variétés. Les feuilles sont plus ou moins grandes et soyeuses: la cou- leur qui forme les stries extérieures du pavillon , est souvent très-foncée. Les graines varient surtout beaucoup dans leur volume et leur couleur. Jacquin avoit cru reconnoître dans l'une d'elles , en Amérique , assez de traits pour la carac- tériser. 11 l'avoit nommée citisus pseudo-cajan. Ainsi cette plante, jusqu'à présent, restoit seule dans son genre. Nous lui avons trouvé une congénère dans la tribu des dolics , et c'est dans une des plus petites et des plus foibles ; car c'est le dolichos scarabieoides. Des caractères bien peu im- portans en apparence et bien secondaires nous engagèrent a comparer ces plantes ; ce fut le soyeux des feuilles et leur forme, ainsi que la couleur des pétales, qui nous firent soupçonner, au premier coup d'œil , leur aflinlté : elle C A J 1G7 fut confirmée par la conformité de la fructification dans ses parties essentielles. Cajan - scARAB^oÏDE, à tigcs grimpantes et à fleurs solitaires , dolichos scarabœoides , Linn. Cet auteur la caractérise ainsi; dolic à feuilles ovales, tomcnteuses , à fleurs solitaires et à graines à deux cornes. 11 n'y rapporte qu'une phrase de Plukenet , qu'on peut traduire ainsi: pha- séole très -petit de Bisnagar, à feuilles argentées, velues, à siliques toruleuses , courtes, pubçscentes par des poils bruns, à graine petite , noire, de forme de scarabée. U n'y a peut-être pas un mot de cette phrase qui ne soit con- traire aux règles établies par Linna'us pour la construc- tion des différences spécifiques; cependant elle fait mieux connoître la plante que la sienne .- la figure ajoutée à la table 55, fig. 3, quelque imparfiiite qu'elle soit, achève de la déterminer. Les caractères génériques de cette plante sont, comme nous l'avons annoncé, conformes à ceux du cajan; seulement la dent supérieure du calice est fendue plus profondé- ment, le légume est plus comprimé, les sillons le traver- sent à angles droits, les graines sont ovales- cylindriques : c'est ce qui leur donne la forme de l'abdomen d'un petit scarabée, tandis que l'arille fongueux représente son cor- selet. Cette plante s'élève en grimpant siir les arbustes voisins. Ses feuilles sont composées de trois folioles presque égales, dont l'impaire est un peu écartée; elles sont ovales, ar- rondies aux deux extrémités, longues d'un pouce et demi à deux , larges à peu prés de moitié ; elles sont ridées par les nervures et recouvertes d'un duvet soyeux- argenté. Les fleurs sont solitaires aux aisselles; elles sont jaunes , et le pavillon est rayé de pourpre en -dehors : il a environ trois lignes de diamètre. Le légume est long de neuf lignes sur deux de large. Cette plante est annuelle; elle croît naturellement dans l'Inde et à Madagascar. On la nomme calamac helic , ou petit calamac, dans cette île. C'est de ces endroits qu'elle est venue à l'Isle-de-France , ou elle s'est naturalisée, et y est actuellement très - commune dans toutes les savanes î68 C A J ou endroits incultes , herbeux. Elle germe au commence- ment de la saison pluvieuse, en Janvier, et continue jus- qu'à ce que la grande sécheresse la fasse périr : jusqu'à présent on ne l'emploie à aucun usage. Vononis ornithopodioides a le légume à peu près conformé comme dans Ce genre; ce qui pourroit indiquer une afiinité, d'autant plus que cette plante s'écarte beaucoup , par son port, de ses congénères. Elle ne peut cependant se réunir au cajan, ayant les étamines monadelphiques. Voyez Crnsr. , Amb'reI'-aoe , Anc Soutri, Capjang, Bipxcaa, Pois d'An- G OLE, Pois DE SEPT ANS. ( A. P. ) CAJAROU. {Bot.) Voyez Cariarou. (J.) CAJENNEAM (Bot.), nom malabare d'une éclypte ; ecljpta prostata , plante de la famille des corymbifères , ou de sa? variété, suivant Burmann fils. Elle est figurée dans le Hort. malab. io,p. 81, t. 61. On pourroit supposer que ce nom se prononce cajoni , parce que dans le même ouvrage une plante voisine, rapportée à la verbesine , est nommée pée - cajenneam ou pée- cajoni. (J.) CAJEPUT. (Bot.) L'huile qui porte ce nom est très- volatile lorsqu'elle est récente : en vieillissant elle devient plus onctueuse : elle a une odeur assez forte qui paroît un mélange de celles du camphre et de la térébenthine. Sa couleur est ordinairement verte, plus rarement blanche. Elle a, comme la menthe poivrée, une saveur fraîche, qui ensuite devient chaude et anièrc. On a cru long -temps qu'elle étoit tirée d'une espèce d'amome; soit parce qu'on avoit cru trouver quelque conformité entre le fruit dit de cajeput, envoyé de l'Inde , et celui d'un amome ; soit parce qu'on remarquoit des rapports d'odeur, de saveur et de propriétés, entre cette huile et celle d'amome : mais on a reconnu depuis que le cajeput est tiré d'un arbre commun dans les Moluques, et surtout dans l'île de Banda, où il est connu sous le nom de caju-puti, qui veut dire bois blanc, parce que son bois est blanc, ainsi que son écorce. Un voyageur avoit dit que cette huile étoit tirée du bois : mais de nouveaux rcnseignemens ont appris qu'elle étoit fournie par les feuilles , et on en a été encore plus assuré après avoir extrait à Amsterdam la même huile des feuilles C A J 169 apportées en Europe. Leur surface est parsemée de vésicu- les petites et nombreuses qui la contiennent. Cette texture est la même que l'on remarque dans les feuilles de beau- coup d'arbres ou arbisseaux de la famille des myrtées , à laquelle appartient le caju-puti. Linnanis en avoit fait d'abord un myrlus ; ensuite un examen plus attentif de sa fleur et de son fruit lui a prouvé qu'il étoit une espèce du genre Melaleuca, et il a été nommé Mklaleuca i.eu- CADENDRUM (voyezccmot, pour les caractères botaniques du genre). L'huile de cajeput, nommée aussi kajuput, est précieuse, et arrive rarement pure en Europe : cette double circonstance fait qu'elle y est moins employée. On lui at- tribue une vertu antispasmodique, apéritive et résolutive; on la regarde encore comme bonne pour tuer les vers, chasser les vents et faciliter l'écoulement menstruel. Elle a été employée avec succès dans les coliques venteuses, le rhumatisme, la goutte, les maladies nerveuses, les maux de tête et de dents. On trouve ses propriétés très -détail- lées, soit dans le sixième volume de la Matière médicale de Murray, soit dans deux dissertations insérées dans le premier volume des Dissertationes academicse de Thunberg, Voyez Caju-puti. (J.) CAJONL (Bot.) Voyez Cajenneajj. (J.) CAJOUS {Bot.), nom portugais de l'acajou ordinaire, cassuvium , qui étoit Vanacardium occidentale de Linnaeus. (PB.) CAJU , Cajou, Cazou , Caze. {Bot.) Ces noms, dans la langue malaise , signifient également les arbres en général et le bois qu'on en tire; ces mêmes mots se retrouvent dans la langue madecasse ou des habitans de Madagas- car. Par l'habitude qu'ils ont de changer les intonations gutturales en aspiration , ils les prononcent plus sou- vent hazou , haze ou azou : mais dans quelques occasions ils les prononcent absolument comme les Malais, surtout dans la composition d'autres mots. Ils disent aussi très- souvent cacazou. Ces mots, avec une épithète, servent à désigner un grand nombre d'arbres de ces pays, de la même manière que nous nous servons dans l'usage com- mun des mots Arbre et Bois. Nous avons fait voir dans 170 CAJ CCS articles que la plupart de ces dënominalions , très- usitées dans nos colonies, provenoient des noirs qui y avoienl été transportés, et que c'étoit la traduction de celles employées dans leur pays. C'est ainsi qu'aux îles de France et de Bourbon (la Réunion) elles viennent de Madagascar. Runiphius fait connoitre dans son Herbier d'Aniboine un grand nombre d'arbres qui portent pour prénom ce mot de caju avec une qualité quelconque ; il le traduit tantôt par arbre et tantôt par lignum , bois : nous allons passer ici en revue les plus remarquables. Le mot acajou, par lequel on désigne en Amérique plusieurs arbres, dont le bois est très -estimé dans la marqueterie , paroîtroit tenir à la même origine ; mais celui qui le porte plus habituellement, qui donne la noix et la pomme dite d'acajou, n'est qu'un très -petit arbre: son véritable nom brésilien, suivant Pison, est acaiaiha. C'est la noix même qui porte le nom d'acajou; mais il est très -possible que la navigation ait transporté le mot de caju des îles Malaises dans nos différentes colonies, où il s'est changé en acajou, et s'applique à plusieurs arbres très- différens entre eux et qui sont très -estimés pour la mar- queterie. (A. P.) CAJU-AJEll (Bot.), nom malais de Taralie de Chine, aralia chinensis. (J. ) CAJU -API- API {Bot.), Lignum ignarium, ou bols à feu: les Madécasses disoient a/e. Il est ainsi nommé parce que son bois brûle lenten it sans s'éteindre, et qu'il sert à entretenir le feu. Rumphius le nomme autrement, mangium album, vol. 5 , p. ii5 , tab. 76. 11 paroît que c'est une es- pèce d^^avicennia , qui se retrouve sur toutes les côtes de rinde , de Madagascar et de la mer Rouge, mêlée avec les véritables mangliers. Bruce l'a ligure dans son voyage sous le nom d.''avicennia back. (A. P.) CAJU-ARENG. {Bot.) Rumphius, dans son Herb. Amb. vol. 3, p. 1- 12, t. 1-3, décrit sous ce nom plusieurs es- pèces de bois d'ébène ou ébeniers, faisant partie du genre Plaqueminier, diospjros, et il distingue chacune par l'ad- dition d'un nom particulier. (J. ) C A J 171 CAJU-BARŒDAN (Bot.), arbre des rApcs, arbor ra~ dulifera, Rumph. vol. 3, p. 201 , t. 129, dont on ne con- noît pas le genre. Son tronc est droit, son écorce lisse; SCS feuilles sont alternes et pinnées avec impaire ; les fleurs nont pas été observées ; ses fruits, assez gros, divisés intérieurement en cinq loges, sont extérieurement héris- sés d'aspérités très -dures, ce qui les rend propres à faire des râpes naturelles, dont les Malais se servent pour rAper les racines molles , telles que celles de curcuuia et de gingembre. Son bois, quand il est vieux, sert a faire des pieux. 11 nourrit dans son intérieur une larve, qui est re- cherchée par les naturels comme un mets très- délicat, de même que dans nos colonies le ver palmiste ou moutouc de risle-de-France. (A. r. ) * Cx\JU-BELO. (Bot.) Voyez Bf.lo, Bois dk pieux. (J.) CAJU-BAVVANG. (Bot.) Voyez Bawang. (J.) CAJU-BESAAIl {Bot. ), nom donné au mûrier de l'Inde, morus indica, par les Macassars et les habitans de Java, qui le nomment encore babesaran et hobesaran. (J. ) CAJU-BESSI (Bot.), ou bois de fer des Malais, metro- sideros amboinensis , Rumph. Amb. vol. 3, p. 21, t. 10: arbre à bois très -dur, de la famille des plantes légu- mineuses, qui se rapporte à la section des fleurs régulières à étamines distinctes, ayant, comme ïépéru et le tachigali, les feuilles simplement pinnées à deux ou trois rangs sans impaire, et la gousse allongée. 11 est déjà cité aux articles Bessi et Bois de fer. Loureiro cite avec doute le nom de Rumphius comme synonyme de son baryxyle , barjxy- lum., qui appartient à la même famille et à la même sec- tion. Le caju -bessi est nommé i^ser ou iisele à Amboine, bajang chez les Macassars. (J.) CAJU-BOBA. (Bot.) Voyez Boba. ( J. ) CAJU-CALOVVAY (Bot.), ou bois des dards, arbor spiculorum , Rumph, Amb. vol. 3, p. 167, t. 106: arbre d'Amboinc, qui paroît être le même que le badamier ben- join, terminalia mauritiana , à eïi juger du moins par la ferme et la disposition de ses feuilles. Son bois est dur, pesant, marqué de taches noires, et il est employé dans les coiist.'-ucticns. Son nom lui vient de l'usage de ses feuil- ^72 C A J les, qui sont vulnéraires et que l'on applique avec succès sur les plaies faites avec des dards nommés calowaj. (J.) CAJU - CAMBING. (Bot.) Voyez Cambing. ( J.) CAJU - CANTEKKA. (Bot.) On nomme ainsi à Java l'avicennie , avicennia tomentosa , connue au Malabar sous le nom d'oepata , et ailleurs sous celui de mangle-gris. (J.) CA J U - CASTURI (Bot.), bois de musc , lignum moscha- tum, Rumph. Amb. vol. 2 , p. 41. On apporte , dit Rumphius , du Pégu et de Coinam un bois blanchâtre, semblable au sandal, mais moins dur et veiné, qui, jeté sur le feu, rér pand une odeur de nmsc très - agréable, d'où lui vient son nom. Les Malais nomment casturi l'animal du musc. ( J. ) CAJU - CUDA ( Bo^ ) , nom malais d'une espèce de bi- gnone , *bignonia spathacea, que Rumphius a décrite et figurée dans son Herb. Amboin. v. 3, p. 70, t. 46. Les habitans de Java la nomment caju ~ adjaran. Son bois est léger, et sert à Amboine et à Java pour faire des jouets d'enfans. Le même nom caju-cuda ou caju-coëda est donné, dans l'île de Bali , voisine de Java, à l'arbre qui est nommé par les botanistes excœcaria agallocha. (J.) CAJU-CUNING (Bot.), ou arbre de nuit, arbor noctis, Rumph. Amb. vol. 3, p. 8^ , t. 54- Son tronc est épais; ses rameaux longs et droits, garnis de feuilles opposées, grandes, ovales, lancéolées. De l'extrémité des rameaux sort yn pédoncule assez long et épais, terminé par une tête de fleurs, chacune à cinq divisions, et portées en- semble sur un réceptacle raboteux de la grosseur d'une noisette, qui devient le fruit. Il est de la grosseur d'un œuf de canard, très - inégal et sinueux à sa surface, et d'une couleur jaune grisâtre; sa chair, blanche et molle, eomme celle d'une pomme mûre , est remplie de graines menues ; son odeur est plus agréable que sa saveur. Ces caractères, tirés de Rumphius, sont trop incomplets pour déterminer son genre botanique. Le bois est quelquefois employé dans les constructions. C'est le mamelen d'Amboi- ne , le caju - ciining des Malais et des Macassars. On lui jdonne ce nom, parce que, dans les lieux où il croît, son feuillage épais répand au dessous une nuit obscure. (J.) CAJU - CUTANA. (Bot.) Les Malais nomment ainsi un G A J 173 fetît arbre qui est Vanasser des Moluques, mentionné par Rumphius dans son Supplément, vol. 7, p. 12, t. 7. Il a les fe-uilles opposées, lancéolées et entières. On ne con- noît pas ses fleurs; mais sou fruit a beaucoup de rapport avec celui d'un arbre de l'île de Bourbon (la Réunion), observé parComnierson , qui ne lui avolt donné aucun nom. Cette res- semblance m'a déterminé à lui donner celui d''anasser , sous lequel il est maintenant désigné dans les livres de bota- nique, et l'on est porté à croire que le caju-cutana est «ne espèce du même genre. Voyez Anasser. (J.) CAJUELITE. {Miner.) Les minéralogistes allemands ont donné ce nom à un oxide de titane, que l'on a trouvé à Cajuelo, près deBuitrago, dans la province de Burgos. Voyez Titane. (B.) CAJU-GALEDUPA {BoL), Rumph. Amb. vol. 2, p. Sg, t. i5 : arbre des Macassars , d'où suinte une résine vis- queuse et odorante , qui fournit un dupa ou encens très- recommandé, et qui est gale -dupa, c'est à dire, la base de toutes les compositions employées en fumigations odo- rantes. Cet arbre forme un genre de plantes légumineu- ses sous le nom de galedupa. (J.) CAJU-HOLLANDA {Bot.), ou bois des Hollandois , quercus molucca, Linn. ; Rumph. Amb. vol. 3, p. 85, t. 56. Les Malais nomment ainsi à Amboine un arbre de cette île, parce qu'il est très -employé par les Européens, qui le comparent au chêne de leur patrie , pour les qualités de 8on bois et la forme de son fruit semblable à un gland ; ce qui l'a fait nommer chêne des Moluques, d'abord par Rumphius et ensuite par Linnaeus. Fjous croyons que ces auteurs ont été trompés par l'apparence , et que l'arbre des Moluques est une espèce de laurier qui paroît très-voisine de celle qu'on nomme aux îles de France bois -cannelle , parce que son fruit, qui a pareillement la forme d'un gland dans sa capsule, ressemble à celui du cannellier et de plusieurs autres lauriers. Voyez Bois de Cannelle et Lau- rier. (A. P.) CAJU-IATI {Bot.), latus, Rumph. Amb. 3 , p. 34 , t. 18. Voyez Iati, Tek, Bois de Tek. ( J. ) CAJU-ITAM et Caju - arang-uxan {Bot.), bois noir, ^74 CAJ arbor nigra , llumph. Ainb. , vol. 5, p. ic, la , t. 4? &• Cet auteur compare ces arbres aux ébéniers ou diospjros ebenus^ décrits dans les trois planches précédentes ; mais ils doi- vent se rapporter au genre Uvaria ou Canang. (A. P.) CAJU-JAPAN de Java. (Bot.) C'est uue espèce de poincillade , poinciana alata. ( J. ) CAJU-JAWA. {Bot.) Les Macassars nomment ainsi une espèce de sesban , œschjnomene grandijlora, qui est le turi d'Amboine, turia, Rumph. Amb. vol. i , p. i88, t. 76. (J.) CAJU-LANGIT ou Arbre du ciel {Bot.), arbor cœli , Ruinph. Amb., vol. 3, p. 2o5 , t. i32 ; aylanto d'Amboine. On le nomme ainsi parce qu'il s'élève à une très -grande hauteur. Linnœus l'avoit rapporté au rhus ; mais M. Des- fontaines, ayant eu occasion de l'examiner avec plus de soin , en forma le genre Aylanthe. Voyez ce mot. (A. P.) CAJU-LAPIA {Bot.), Ligitum mucosum, Rumph. Amb. , vol. 3, p. 2o3 , t. i5o: arbre d'Amboine à feuilles alter- nes, simples, ovales- lancéolées , très- grandes, lisses en dessus, légèrement veinées en dessous. Les Heurs , en petit nombre aux extrémités des tiges , ont un calice à cinq divisions, portant autant de pétales blanchâ- tres, et renfermant plusieurs étamines, entre lesquelles est un pistil qui devient un fruit allongé pentagone ; îl s'ouvre en cinq parties , et contient cinq graines aplaties et îiilongées. Le bois est blanc tirant sur le roux, solide, assez durable et propre aux travaux de construction. On en tire par incision une liqueur mu- queuse, qui se condense bientôt, d'où lui vient son nom. Les caractères indiqués sont insuffisans pour assigner à cet arbre sa place dans l'ordre naturel. (J. ) CAJU-L,1NG00. {Bot.), Lingoum, Rumph. Amb., vol. 2 , p. 2o5 , t. 70. Linnaeus indique cet arbre comme variété d'un ptérocarpe, pLerocarpus draco , l'une des plantes qui fournissent du sang -dragon. M. "\Villdenow en fait une espèce distincte, pterocarpus indicus. Voyez Lingoo , Pté- KOCARPE, (J.) CAJU-LOEE {Bot.y, arbre des flambeaux, arbor facum major, Rumph. Amb., vol., 3, p. 77, t. 49: ainsi nommé parce qu'en réunissant plusieurs lattes, faites avec son C A J 175 bois, auxquelles on met le feu par un bout, on en forme des torches utiles pour éclairer les travaux de nuit. Son port, dans la figure de Rumphius, annonce que c'est une espèce d'eijthrorylum. Plusieurs espèces de ce genre , qui croissent dans les isles de France et de Bourbon ( la Piéu- nion), y portent un nom pareil, parce que leur bois résineux brûle facilement et forme des llambeaux sans aucun apprêt. On les nomme plus communément Bois de RONGLE , ou DE RONDE, ou d'.\ KO N D E. VojCZ CCS mO tS. ( A. P. ) CAJU-MATTA-BUTA (Bot.), Arhor cxcœcans , Rumpli. Amb., vol. 2, p. 287, t. 7y. Voyez Arbre aveuglant, EXC^CARIA, AlIPATA. (J. ) CAJU-MERA (Bot.), bois rouge, arhor ruhra , Rumph. Amb., vol. 3, p. 74, t. 47, 48. Dans cet ouvrage sont dé- crits SOUS ce nom trois arbres qui paroissent appartenir au jambosier, eugenia , de la famille des myrtées. Quelques- uns du même genre portent également le nom de bois rouge à Plsle- de- France , ayant effectivement le bois de cette couleur. (A. P.) CAJU-MONl ou Caymoni (Bot.), nom malais du mur- raya des botanistes, qui est le camunium japonense de Rumphius. Voyez Camuneng, Murrava. (J. ) CAJU-NASSI (Bot.), nom malais d'un arbrisseau qui croît à Amboine et dans la Cochinchine , et dont Loureiro a fait un genre nouveau, Dartus. Voyez ce mot. (J. ) CAJU-PALACA (Bot.), Palacca , Rumph. Amb., vol. 3, p. igS, t. 125. C'est le nom d'un roi célèbre dans les traditions des Malais. En le donnant à cet arbre, ils le désignent pour le roi des forêts, parce que c'est un des plus gros qui croissent, en sorte que, lorsqu'il est abattu par les vents, il arrête le cours des rivière*. Du reste il paroît que c'est un bois mou, de peu d'usage, tel que ceux que nous nommons mapou dans nos colonies. 11 est difficile de tirer ses caractères botaniques de la figure et de la description de Rumphius. (A. P.) CAJU-PUTI. (Bot.) Ce nom, qui signifie bois blanc, ap- partient à un arbre des Moluques, décrit et figuré dans le Herb. Amb. de Rumphius, vol. 2, p. 72, t. 16. Cet au- tour cite à la suite, p. 76, t. 17, deux autres arbres qui 17^ C A J ont avec celui-ci beaucoup d'aflinité et portent le même nom. C'est des feuilles de l'un d'eux que l'on tire par distillation une huile transparente et très-volatile, dont quelques gouttes , données dans du vin ou de la bière , suffisent, dit-il, pour exciter une forte sueur. Cette huile est celle que l'on connoît en médecine sous le nom de cajcput. Ces arbres appartiennent au genre Melaleuca, dans la famille des myrtées. Voyez Cajeput, Melaleuca, Ca- aiA-POETI. (J.) CAJU-RADJA (Bot.), Arhor régis, Rumph. Anib., vol ■J , p. 267, t. 85. On ne devine pas l'origine du nom donné à cet arbre, déjà mentionné dans ce dictionnaire sous celui de ajmiri. 11 est encore nommé par les Malais caju - sommât , c'est-à-dire bois des fourmis , parce que son tronc est toujours creusé par ces animaux, qui y fixent leur demeure et qui en défendent l'approche par des pi- qûres très-vives. On trouvera réunis, à l'article Bantiale , des faits analogues à celui-ci. Les feuilles de cet arbre sont alternes, presque en forme de cœur, et ombillquées comme celles de l'hernandier d'Amérique, hernandia sonora, dont il a le port; ce qui a fait croire à Rumphius , à Linneeus et, d'après eux, à la plupart des botanistes, que c'étoit la même plante : mais , d'après son dessin et sa description , ses Heurs sont beaucoup plus petites , ainsi que ses fruits , qui, au lieu d'être monospermes , contiennent deux ou trois graines. De plus, ces fruits ne sont pas recouverts par un calice ou involucre en forme de vessie , percé par le haut et propre à l'hernandier. Comme les fleurs ne sont pas dé- erites, il est difficile de dire à quel autre genre le caju- radja doit mieux appartenir. Son bois est léger, et on l'em- ploie comme du liège pour soutenir sur l'eau les filets des pêcheurs. On a indiqué sa racine comme un spécifique contre le poison subtil dont les iNlacassars imprègnent leurs dards. Il faut ajouter, d'après Rumphius, que le nom de caju- radja est encore donné par quelques Malais et Macassars à la casse des boutiques, cassia fistula. La description de cet arbre s'accorde en plusieurs points avec celle des macarangas, nouveau genre formé par du Petit-Thouars, surtout avec l'espèce dont il a fait mention G A J 177 sous le nom de Bois violon, principalement par la légè- reté du bois et la forme des feuilles. (J. ) CAJU-RAPAT. (Bot.) Voyez Rapat. (J. ) CAJU-SALOWACKO ou Bois des boucliers (Bof.), cljpearia, Rumph. Amb., vol. 3, p. 176, t. 111 ; arbre d'Amboine, qui est une espèce de condori, adenantkera falcata. Son bois, léger et pliant, est employé dans les Mo- luques pour faire des salo^acko ou boucliers longs , diffi- ciles à entamer ou à percer. (J.) CAJU-SANGA {Bol.), arbre de vernis, arhor vernicis y Rumph. Amb., vol. 2, p. 259, t. 86. Lamarck a rapporté cet arbre au genre Terminalia ou Badamier; mais nous croyons qu'il faudroit de plus grands détails que ceux que donne Ruuiphius pour appuyer cette opinion. Aucun des arbres reconnus pour être de vrais badamiers ne donne de sucs laiteux ; si celui de Bourbon produit réellement une résine seu'blable au benjoin, c'est par une infiltration d'un genre particulier. Voyez Benjoin. (A. P.) CAJU-SAWO (Bol.), nom malais d'un Mimusope , mi- muaops kauhi. (J.) CAJU-SOMMOT. (Bot.) Voyez Caju- radia. (J.) CAJU-SONTI (Bot.) Voyez Co.ssir. (J.) CAJU-SOULAMOE. (Bot.) Voyez Bouati. (J.) CAJU - SUSSU , Caju -gorita ou Manga-braa^a des Malais (Bât.), bois de lait, arhor lactaria; Rumph. Amb., 2, p. 243, t. 81. C'est une espèce de cerbera , Cer- lera manghas , faisant partie de la famille des Apocinées. (J.) CAJU-TOLA ou C\JOÉ-TOLA. (Bot.) La plante qui porte ce nom à Java, a été rapportée par Burman fils à une espèce de sureau , sambucus canadensis; mais si sa plante est véritablement, comme il l'annonce, le helutta- tsjori- valli, Hort Malab. 7 , p. 19, t. 10, elle doit être reportée à un genre et à un ordre différens , puisque la plante du Malabar est le cissiis pedata, et appartient certainement, par son port, ses vrilles et sa fructification, à la famille des vinifères. Linnreus, dans son Mantissa, dit que le leea aquata porte dans Pfnde le nom de cajoë toca , qui semble annoncer quelque rapport avec le précédent : ce genre a, 6 J2 378 C A J en effet beaucoup d'affinité avec Vaquilicia, qui est très- voisin du cissus dans l'ordre naturel. (J. ) CAJU-TSJAMMARA ou Arbre des boucles de che- veux {Bot.), Arbor circinorum. C'est ainsi que les Malais nomment deux espèces de filao , casuarina , que Rumphius a figurées et décrites, tom. 0 , pag. 87 , tab. Sj et 58 ; leurs longs rameaux déliés, garnis d'un feuillage linéaire, le» font comparer de loin à une chevelure. (A. P.) CAJU-ULAR {Bot.), bois de couleuvre, lignum coluhn- num, Rumph. Amb. , vol. 2, p. 121 , t. 38. Cet auteur dit qu'il tire son nom de la forme de ses racines qui, marquées de lignes circulaires, ressemblent dans cet état au corps d'une couleuvre. Linnscus regarde cette plante comme la même que son strj'chnos colubrina, espèce de vomiquier, auquel il rapporte de même le modira, - caniram du Hort. Malab. vol. 8 , p. 47, t. 24 ; mais sans déterminer à laquelle des deux appartient l'espèce de Linnc-eus , caractérisée d'une manière insuffisante, il paroît au moins certain que le caju- ular, dont le fruit est petit , de la grosseur d'une cerise et rem- pli seulement d'une à trois graines , diffère beaucoup du modira -caniram, qui a un fruit gros comme une pomme, et des graines plus larges, plus aplaties, plus nombreuses. Il auroit plus de rapport avec le stijchnos potatorum , qui cependant paroît devoir en être distingué. ( J.) CAKAREL ou Cagarel. {Ichtjol) Suivant Rondelet on nomme ainsi à Marseille une espèce de poisson qui est le spare mendole. (CD.) CAKATO. {Ornith.) Voyez Kakatoès. (Ch. D.) CAKATOCHA ou Cakatoon. {Ornith.) Voyez Kakato- CHA. (Ch.D.) CAKENAN (Bof.), espèce de clitore de Pondichéry , clitoria ternatea. { 3. ) CAKETAN {Bot.), espèce de liseron de Coromandel. (J.) CAKILE. {Bot.) Voyez Caquili-ier. (J.) CAKOTOU. {Ornith.) Le voyageur Coréal parle sous ce nom d'une espèce de perroquet, t. 1 , p. 179. (Ch.D.) CALAB , KuLB, Cui.T ou Coi.t {Bot.), noms arabes, attribués par Dalechamps au gremil ou herbe aux perles. (P. B.) CAL 179 CALABA (Bol. ) . CalophyUum , Linn. . Juss. ; genre de plantes de la famille des guttifères , formé en Amérique par Plumier, qui lui avoit conservé son nom indien calaha. Il a pour caractère un calice coloré , à quatre folioles , dont les deux extérieures sont plus courtes ; quatre péta- les ; un grand nombre d'étamines ; un ovaire supérieur ; un style; un stigmate en tête. Le fruit est un drupe globuleux ou ovale, contenant un noyau à une seule graine, dont l'embryon est droit . à cofylédones épais et sans périsperme. Ce genre ne renferme que de grands arbres, répandus dans tous les pays situés entre les tropiques, toujours verts, comme presque tous ceux de ces contrées. Ils sont remaf- quables par la beauté de leurs feuilles lisses et luisantes, dont la nervure moyenne pousse de chaque côté des ner- vures horizontales parallèles, nombreuses , très-fines et très- rapprochées les unes des autres. C'est pour exprimer ce caractère que Vaillant imagina le nom de calophyllodendron (belle feuille, arbre), que Linnseus abrégea ensuite en calopliyllum: j)arlii même raison Burmann lui avoit donné, de son côté, le nom d^inoph_yllum ( veinée feuille). 11 y en a plusieurs espèces; mais jusqu'à présent trois seulement sont déterminées suffisamment : nous allons les faire con- noître. Calaba a fruits ronds, CalophyUum inophyllum ^ Linn. ^ Rheed. Malab. 4, t. 38; vulgairement le Tacamaque de. Bourbon, le Fooraha ou Fouraa de Madagascar ; le Ponna du Malahar ; le Bintangor des Malais. Cet arbre croît natu- rellement aux Indes orientales, dans les îles de France et de Bourbon (la Réunion) ; il habite les lieux sablonneux et en général peu éloignés de la rncr. Ses racines ont une odeur forte. Le tronc, toujours incliné, est épais, recouvert d'une écorce noirâtre, crevassée ; il soutient une vaste cime qui produit beaucoup d'ombrage. Ses jeunes rameaux sont à quatre angles; ils portent des feuilles opposées, ovales, arrondies ou ovoïdes, obtuses, quelquefois échancrées à leur sommet, très- entières , lisses, luisantes et coriaces: ces feuilles ont quatre à cinq pouces de longueur sur une largeur de près de trois pouces , des pétioles courts. Les fleurs viennent en petites grappes opposées et axillaires sur ?8o CAL lés jeures rameaux; elles sont blanches, d'une odeur très- suave, approchant de celle du lis blanc. On observe quel- quefois des fleurs hermaphrodites et des fleurs mâles sur le même individu. Les fruits sont charnus, d'un vert pâle jaunâtre , très-résineux ou oléagineux. La graine est un peu amère. Son bois est d'un grand usage, à l'Isle-de-France , pour la charpente , la marine et le charronnage. Il découle de son tronc et de ses branches, lorsque l'écorce en est en- tamée, une liqueur visqueuse, jaunâtre, d'une odeur agréable, qui, épaissie et durcie à l'air, forme la résine tacamaque ou tacamahaca : on la connoît encore dans le commerce sous le nom de baume vert , baume focot ; elle est vulnéraire , résolutive et anodine. Selon Lamarck, le calopliyLlum calaba , Jacq. , palo-maria ou bois-marie des Espagnols, qui croit à la Martinique et à Saint-Domingue, mérite à peine d'être distingué du précédent comme variété; néanmoins, ajoute cet auteur, il est un peu mpins grand dans toutes ses parties , sans avoir pour cela les caractères de l'espèce suivante, avec laquelle Linnaeus le réunit mal à propos. Calaba a fruits allongés, Caloph^lLum ealaha, Linn., Inophyllum, Burm. Zeyl. i3o, t. 60; Tsierou-ponna , Rhèed. Malab. vol. 4, t. 39. Cet arbre croît dans les endroits ari- des et sablonneux de plusieurs contrées de l'Inde. Il est moins élevé que le précédent , et a une tête ample et diffuse. Son bois est rongeât re , fort dur, recouvert par une écorce noirâtre et épaisse. Ses feuilles, une fois plus petites que dans la première espèce , sont d'un vert tendre, un peu glauque. Ses fruits , plus allongés, deviennent rouges en mûrissant, et ressemblent assez par leur forme et leur grosseur à ceux de notre cornouiller mâle. Les Indiens les mangent, et tirent par expression , de leurs graines séchées, une huile qui sert pour les lampes. (D. P.) CALABASSEN. {Bot.) Voyez Caipa- schora. (J. ) CALABRIA. ( Ornith. ) Adanson a décrit sous ce nom catalan , dans le Supplément à l'Encyclopédie , le grèbe huppé, colymlus cristatus , L. (Ch. D.) CALABIJRE {Bot.) y Muntingia, genre de plantes de la CAL 181 famille des tiliacées , qui a pour caractères un calice à cinq divisions profondes, cinq pétales attachés sous l'ovaire; beaucoup d'étamines insérées au même point, dont les an- thères sont arrondies; un ovaire libre, couronné par un stigmate large, ra3fonné et persistant; une baie globuleuse à cinq loges ou plus, séparées par des membranes et rem- plies de graines menues nichées dans une pulpe. L'embryon est très-petit, placé au sommet d'un périsperme charnu qui occupe l'intérieur de la graine. Ce genre ne contient qu'une espèce, munLingia calahura, qui est un petit arbre des îles Antilles : ses feuilles sont alternes , stipulées , ovales , inégales à leur base et couvertes d'un duvet soyeux, ce qui lui a fait donner le nom de bois de soie. Les fleurs sont solitaires, ou deux ensemble, aux aisselles dqs feuilles, portées chacune sur un pédoncule propre. On fait des cordes avec l'écorce de cet arbre. ( J.) CALAC (Bot.) , Carissa, Linn. La première espèce connue de ce genre étoit nommée kalaka dans la langue tamoule. C'est le carendang ou rendang de Java, suivant Rumphius ; le carandas de l'Inde mentionné par Garcias, Caspar Bauhin et Rumphius ; le calac de l'Isle-de-I'rance, où il a été natu- ralisé. Lamarck a adopté ce dernier nom pour désigner en frauçois le genre entier, qui, dans la série des familles, appartient à la série des monopétales hypogynes, et fait partie des apocinées dans la section des ovaires simples. Il a, comme les genres qui l'avoisinent , dans l'ordre na- turel , un calice à cinq divisions , une corolle tubulée , divisée en cinq lobes et chargée d'autant d'étamines , un ovaire surmonté d'un style et d'un stigmate simple bilobé. Son fruit est une baie partagée en deux loges par un ré- ceptacle tenant lieu de cloison , qui supporte de chaque côté plusieurs graines comprimées, attachées parleur centee, bordées d'un feuillet membraneux, et remplies par un péri- sperme corné, dans lequel est logé l'embryon, doiitles coty- lédons sont aplatis. Ce genre comprend des arbres et des arbustes d'un port remarquable. De chaque bifurcation des rameaux sortent deux pédoncules, qui avortent dans la partie inférieure et se changent en épines rameuses très-fortes. Sur les cinq espèces rapportées à CQ genre par Wiildenow, i8^ CAL deux n'ont pas ces épines. Varduina , semblable par son port, il été réuni avec raison à ce genre par Jussieu , depuis qu'on a reconnu que le calac avoit un seul ovaire au lieu de deux assignés par Linnéeus , et il forme une sixième espèce. Nous en avons trouvé deux autres fort intéressantes, Tune à l'île de Bourbon ( la Piéunion) et l'autre à Madagascar, en sorte qu'il comprend maintenant au moins huit espèces qui n'appartiennent qu'aux pays chauds de l'ancien continent. Ce genre, comme nous l'avons dit, est rangé par Jussieu dans la troisième section des apocinées. Il y suit le genre Thevelia, séparé récemment par Jussieu du Cerbera , que ses deux ovaires accollés reportent à une autre section. 11 sert encore à établir un passage des genres Rauwolfia , Ophiorylum , Thevelia , au Caniram ou Strychnos , dont il .se rapproche beaucoup par la situation des graines atta- chées sur leur centre à un périsperme central , par la structure de leur embryon et de leur périsperme , par la pulpe du fruit qui est mangeable dans sa parfaite matu- rité , et par la qualité amère de son bois. Il diffère ce- pendant du caniram en ce qu'il est laiteux. L'espèce la mieux connue et la plus intéressante est le carandas de Rumph., Herb. Amboin. vol. 7, p. 67, t. 25, carissa carandas, L. , que Iloxburgh a figuré de nouveau dans les Plantes de Coromandel , vol. 1 , p. 55, tab. 77. C'est un arbuste foible , diffus, à rameaux presque horizon- talement bifurques , garnis dans les points noueux de division de deux épines opposées , également horizontales et souvent elles-mêmes fourchues. Les feuilles sont oppo- sées, ovales, obtuses, lisses, luisantes, remarquables par la régularité de leui^s insertions. Une paire est placée aux nœuds et se croise avec les épines ; une autre s'insère sur le milieu des rameaux à une distance égale de deux nœuds et de leurs épines. Les pédoncules paroissent terminaux et géminés ; mais il est aisé de s'apercevoir qu'ils sont de même nature que les épines , et que par conséquent ils doivent être naturellement accompagnés de deux rameaux, ce qui arrive dans d'autres espèces. Ils portent ordinairement trois belles fleurs blanc de lait, semblables à celles de jasmin; la co- rolle est infundibuliforme , à cinq découpures aiguës. Le CAL i83 fruit, qui est toujours simple, est ure baie du volume d'une petite prune, mais plus allongée, noire, luisante, quand elle est mûre. Elle contient ordinairement huit graines comprimées ; elles sont embriquées sur un placenta central et renversées. Cet arbrisseau croît naturellement dans l'Inde, où il s'accommode de tous les terrains: on l'a ap- porté à risle-de- France, où il se multiplie facilement. Il est très-propre à faire des haies, que ses fortes épines ren- dent difficiles à traverser. Ses fruits , avant leur maturité , servent, comme beaucoup d'autres, à faire des atchars très- estimés; ce qui consiste à les confire dans le vinaigre avec du piment. Lorsqu'ils sont mûrs, ils sont très - recherchés par les naturels du pays et même par les Européens. La seconde espèce est figurée encore parRumphius, sous le nom de spina spinarum, fig. 3 , ou épine sur épine, d'où Linnacus a tiré le nom trivial de carissa spinarum. Elle se distingue par son port arborescent : ses feuilles sont ovales, aiguës, veinées; les découpures de sa corolle sont lancéo- lées, oblongues. Elle diffère d'une troisième espèce dont Forskal avoit cru devoir former un genre particulier sous le nom d'antura, par ses rameaux à peine pubescens , ses pédoncules soli- taires , bifides , et sa corolle plus grande. Cette troisième espèce est nommée par Vahl, edulis , calac comestible , parce que ses fruits sont recherchés dans l'Arabie heiu-euse , sa patrie. Ses rameaux sont velus au sommet ; ses feuilles ovales , aiguës , sans nervures apparentes , et les découpures de sa corolle sont lancéolées-linéaires. Varduina ou calac double - épine , du cap de Bonne - Es- pérance , est un arbuste à rameaux dichotomes , accom- pagnés de deux épines droites, deux fois bifides; les feuilles sont opposées, cordiformes , très-entières. Les fleurs sont terminales, fasciculées et blanches, les baies rougeàtres. Elle a été figurée par Miller, tab. 5oo , sous le nom de Ijcium. On la cultive maintenant au Jardin des Plantes. Elle demande la serre chaude pendant l'hiver. Deux dernières espèces, qui sont sans épines, ont été déterminées par Vahl dans ses Sjmbolœ botanicœ. Il nomme la première inermis, et la distingue par ses feuilles ovales, m CAL cordifornles , sans nervures. L'autre, qu'il nomme mitis^ et qu'il figure t. 69 , est caractérisée par ses feuilles lan- céolées et amincies. L'une et l'autre sont originaires des Indes orientales. A ces espèces, connues précédemment, doivent se réunir plusieurs autres très-remarquables. Nous nous bornerons à en faire connoître une de Bourbon , parce qu'elle peut devenir très-utile, et à en indiquer une autre de Mada- gascar qui a beaucoup de rapports avec elle. Calac de l'iLE DE Bourbon ou Bois amer. Cette espèce, qui n'a pas encore été décrite, est remarquable par son port et par les propriétés qu'on lui attribue. Elle forme lin petit arbre dont le tronc, à peine de six pouces de diamètre, est recouvert d'une écorce mince et gercée; ses rameaux sont réunis en une cime très-garnie et pyramidale. Les branches se bifujquent : entre chaque bifurcation il se trouve trois à quatre couples de feuilles, ovales, acumi- nées , fermes, lisses, marquées de trois à quatre nervures latérales. Les pédoncules sont extra-axillaires , longs de deux pouces , et sont armés d'une ou de deux épines ; ils por- tent une ou deux fleurs à cinq découpures aiguës. Le fruit est une baie peu succulente , longue d'un pouce, rétrécie au sommet en une pointe mousse ; son centre est occupé par un réceptacle qui se partage en deux, et est couvert de douze à quinze graines aplaties et bordées d'un cercle mem- braneux. Le bois de cet arbre est très-compacte, d'un jaune plus foncé que celui du buis , auquel il ressemble ; il peut le remplacer avantageusement pour les ouvrages du tour : il a de plus une saveur amère , qu'il communique à l'eau par infusion , et que l'on regarde comme très-stomachique. Quelques personnes en ont fait faire des gobelets , dans lesquels on laisse séjourner du vin, qui acquiert par ce moyen une amertume très-estimée. Cet arbre croît dans les habitations élevées, autour de S. Denis à Bourbon; mais il est tellement recherché par les créoles , qui le regar- dent comme une panacée, qu'il est difficile d'en rencontrer des pieds d'une grosseur assez considérable pour être em- ployés aux ouvrages du tour. Calac de Madagascar. C'est un arbuste qui a beaucoup CAL 185 de rapport avec le bois amer ; mais ses feuilles sont plus arrondies, ses fleurs plus petites, ainsi que ses fruits, qui sont presque ronds. Il y a apparence qu'il jouit des mêmes propriétés. ( A. P. ) CALADIUM {Bot.), genre de plantes que l'on peut nommer en françois pediveau, et qui diffère du gouet ou pied-de-veau, arum, surtout par son spadice, dont le som- met n'est point nu , mais entièrement couvert d'anthères. Il a été établi par Ventenat , dans son ouvrage sur les Plantes du jardin de Cels , n." 3o ; il y rapportoit Varum hicolor , sous le nom de caladium hicolor , et il ajoutoit que plusieurs autres arum dévoient y être réunis. 11 avoit em- prunté ce nom de Rumphius, qui nommoit ainsi quelques arum. Dans le même temps Palissot de Beauvois assignoit le même caractère à une plante de sa Flore d'Oware, qu'il nommoit culcasia scandens, t. 3. Ce genre, bien distingué de Yarum, paroît devoir être admis avec l'un des deux noms. Voyez Pediveau culcasie : Varum esculentum ou chou ca- raïbe fera partie de ce genre. (J. ) CALAEIATOUE (Bot.), nom caraïbe d'une fougère des Antilles, citée par Plumier dans ses fougères, t. m , sous le nom de lingua cervina ; elle a les caractères d'un poly- pode de Linngeus : cestle poly podium crenatum deSwartz. ( J. ) CALAF ou Chalaf. (Bot.) Prosper Alpin, dans ses Plantes d'Egypte, désigne sous ce nom et sous celui de han , une espèce de saule à grandes feuilles, qui croît dans les lieux humides. C'est celle que Forskal a depuis nommée salix œgyptiaca. L'eau distillée de ses fleurs, appelée maca- halaf, est employée comme antiputride , cordiale et bonne contre les fièvres pestilentielles. ( J. ) CALAFUR, Caraful {Bot.), nom du giroflier chez les Perses, les Arabes et les Turcs, suivant Rumphius. Plus anciennement il étoit nommé carumpfel, et le même auteur pense que delà dérive le nom latin carjophyllus , donné à cet arbre. Les habitans de Java et les Portugais le nomment chamka et chamque. (J.) CALAGANSA ou Lagansa {Bot.), nom donné par les Malais et les habitans de Java à une espèce de mozambé, çleome. (J, ) i86 CAL CALAGERI (Bot.), nom brame d'une conise , conyza anthelmintica , qui est le cattu - schiragam des Malabares. (J.) CALAGUALA ou Calaguela. (Bot.) C'est une petite plante que l'on trouve dans le Pérou , qui croît dans les terrains stériles et sablonneux ; on la trouve aussi dans d'autres contrées de l'Amérique méridionale. Suivant le récit des voyageurs , elle ne s'élève qu'à quelques pouces de hauteur : sa tige, qui n'a que deux ou trois lignes d'épais- seur, est chargée de feuilles dont la base subsiste après leur chute, et forme autant de petits tubercttles. C'est cette tige desséchée, noirâtre, et chargée de ces inégalités, que l'on emploie en Amérique pour les affections de la poitrine occasionées par des contusions, pour calmer les coliques convulsives , les vomissemens bilieux. Son usage a été in- troduit en Italie, où elle a été aussi administrée dans l'hy- dropisie et la pleurésie. On lui attribue en général une vertu apéritive et résolutive, et on la donne, soit eu infusion dans le vin, soit en décoction dans l'eau, à la dose de deux gros environ. Un examen attentif de cette production végétale prouve qu'elle appartient <à la famille des fougères, et on lui trouve, avec les tiges de quelques polypodes , une ressemblance telle que l'on peut presque aflirmer qu'elle est du même genre ; ce qui paroît encore confirmé par l'identité des vertus. ( J. ) CALAI-TCHERI (Bot.), nom du bonduc ordinaire, guilandina honduc , sur la côte de Coromandel , suivant un catalogue communiqué à Commerson. (J.) CALALOU. (Bot.) On donne également ce nom, à S. Domingue, à un ragoût fait avec différentes herbes , et aux herbes mêmes dont il est composé. Ces herbes sont une variété du solanum nigrum , dont il nous semble qu'on pourroit faire une espèce. Toutes les espèces d'amarantes croissent dans ce pays , et notamment les amaranthus albus et viridis. Mais le solanum nigrum est la plante qui porte particulièrement le nom de calalou. On y mêle aussi plusieurs autres plantes, suivant le goût des personnes. Le calalou est en général un ragoût d'herbes , arrangé comme les cpinards . avec du piment et de la graisse de porc, et CAL 187 que chacun assaisonne à sa manière , avec une seule ou plusieurs plantes et toutes sortes d'ingrédiens. Les nègres en font beaucoup d'usage. Lorsque dans le cours de leurs travaux, soit en allant à l'ouvrage, soit en nettoyant les cannes et les catiers , ils trouvent du solanum nigrum , ou des amarantes , ils ont grand soin de les cueillir, pour faire, à leur retour, ce qu'ils appellent un cala- lou. Aublet dit que dans l:i Guiane on fait le calalou ou caralou avec le fruit du gombo, hibiscus escnlentus. A S. Doniingue on le fait avec la même plante , et cette pré- paration y porte le nom de gombo. A l'Isle-de-France ou lui a donné celui de lalo , qui paroit être son vrai nom africain. Voyez aussi Callam-uh, Bredes. ( P. B. ) CALAMAC. (Bot.) Les habitans de Madagascar donnent ce nom à plusieurs plantes légumineuses de leur pays, qui sont des doliques, dolichos , ou des haricots, phaseolus. Ils mangent les graines de quelques-unes, mais sans se donner la peine de les cultiver. Ils les distinguent les unes des autres par des épithètes : ainsi le calamac simple est un. haricot qui paroît être le phaseolus lunatus ; le calamac-be ou grand est un dolique voisin du dolichos ensiformis , et le calamac-helic ou petit, dolichos searabeoides , sera rapporté au genre Cajan (voyez ce mot ). Madagascar possède encore plusieurs autres espèces qui pourroient être utiles et qu'on devroit chercher k se procurer. (A. P.) CALAMAGROSTIS. (Bot.) Quelques auteurs modernes désignent sous ce nom générique, les espèces de roseau, arundo, dont l'épillet est composé d'une seule fleur, en laissant sous celui d'arundo celles qui ont plusieurs fleurs dans l'épillet. Cette distinction paroit assez naturelle dans une famille qui admet des sections caractérisées par l'unité ou la pluralité des fleurs contenues dans une même enve- loppe ou glume. Ainsi on rapportera au calamagrostis les plantes graminées à deux styles et trois éfamines , et à fleurs disposées en panicule, qui ont la glume uniflore, composée de deux valves ou halles aiguës; la fleur entourée de poils et munie de deux valves calicinales , pareillement aiguës , dont l'extérieure est souvent terminée en arête. L'espèce la plus connue de ce nouveau genre est Varundo calama- ï88 CAL grostis, L., ou roseau des bois; on y rapportera encore l'a- rundo arenaria, Varundo epijegos, et plusieurs autres. La touffe de poils qui entoure la fleur distinguera le calama- grostis de Yagrostis, dont la fleur, semblable dans tous les autres points, est dépourvue de ces poils ; et plusieurs espèces de ce dernier sont reportées au premier , parce qu'on y a vu le caractère qui lui est propre : tels sont les agrostis calamagrostis , arundo arundinacea, etc. (J.) CALAMANDRIE (Bot.), nom provençal de la german- drée ordinaire. (J. ) CALAMANSAY ou Mangadilao (Bot.) , grand arbre des Philippines , à feuilles opposées , dont le bois jaune , et plus dur que celui du Molavi, peut être employé de même, dit Camelli , dans les charpentes des maisons et dans les cons- tructions navales. Cet auteur n'en donne aucune descrip- tion. (J. ) CALAMBAC ou Calambouk. (Bot.) Voyez Aloès (Bois d'). (J.) CALAMBAU (Bot.) , nom macassar d'une espèce de poi- vre, déci'ite par Kumphius, vol. 5, p. 345, t. 119, sous le nom de sirium frigidurn , et qui est le piper diffusum de Vahl. (J.) CALAMENT {Bot.), Calamintha , genre de plantes la- biées de Tournefort, réuni par Linnœus à la mélisse. Les calaments diffèrent des mélisses par des pédoncules plus longs et chargés de plusieurs fleurs , et par des poils qui ferment l'entrée du calice comme dans le thym. Voyez Mélisse. (J.) CALAMIjNE. {Chim.) La calamine, ou pierre calaminaire des chimistes et des métallurgistes, est un carbonate de zinc natif, déposé parles eaux, en cristaux, en concrétions, en stalactites ou en couches informes. On la regarde comme une des plus importantes mines de zinc. On s'en sert pour fabriquer le cuivre jaune et le laiton, en la mêlant avec du charbon et eu chauffant fortement ce mélange avec le cuivre. Voyez les mots Cuivre, Cuivre blanc, Laiton, Zinc. (F.) CALAMINE. ( Miner. ) C'est le nom trivial de l'oxide de zinc naturel; mais il s'applique surtout aux oxides de ce CAL 189 métal mêlés de fer et de chaux carbonatée. Voyez Zinc CALAMINE. (B. ) CALAMITA BIANCA ( A^ mer. ), c'est-à-dire aimant blanc. Les Italiens nomment ainsi une terre blanche qui est pro- bablement une argile ou une marne, mais qui a la pro- priété de happer fortement à la langue, et d'attirer comme un aimant la salive répandue sur cet organe. (B. ) CALAMITE (Erpét.) , nom d'une espèce de crapaud. Schneider a désigné sous ce nom, tiré du grec KotXa/jLiTai , le genre de rainettes que Linnaeus avoit déjà placé dans la division des lijiœ. Voyez Rainette. ( C. D. ) CALAMOXENE. {Ornith.) Bonnaterre appelle ainsi un oiseau figuré planche 178 de l'Encyclopédie méthodique, sous le numéro 3 , et qui paroît être une rousserolle, (Ch. D.) CALAMUS. ( Bot. ) Ce nom latin vient du grec Ka.Xctij.oc. En le prenant de celte première langue, nous en avons d'abord fait calumet., qui est resté dans quelques provinces et passé dans les colonies, puis chalumeau. 11 paroît avoir la même origine que caulis et culmus : ce dernier est devenu chaulme et ensuite chaume. Le nom de calamus étoit célèbre dans l'antiquité , parce que, désignant dans le principe des plantes à tige creuse, comme les roseaux, il devint, par métonymie, celui de deux instrumens auxquels elles scrvoient principalement : 1.*^ Un des plus essentiels de l'art d'écrire, celui que nous avons remplacé par la plume , en sorte qu'il avoit toutes les signi- fications propres et figurées que nous appliquons mainte- nant à ce mot; cet usage subsiste encore dans une grande partie de l'Orient : 2.° Les premiers instrumens de musique à vent qu'on ait imaginés, des espèces de sifflets, et surtout la flûte à sept tuyaux, dont on attribuoit l'invention au dieu Pan. Enfin, en y joignant l'épithète d''aromatique , ils désignoient encore une substance particulière, qui étoit estimée pour sa bonne odeur et tirée de l'Orient. Théo- phraste dit qu'elle ne se trouvoit que dans une vallée de Syrie, nommée Aulon, au pied du mont Liban. 11 donne à ce sujet quelques détails, que Pline a copiés et altérés, comme il ne lui arrive que trop souvent. ^9^ CAL Il seroU jnléressanl de savoir précisément à quels végétaiis appartient la production que nous venons de rapporter ; mais , malgré le travail des commentateurs, il reste encore beau- coup d'incertitude là-dessus. Pline, dans son Ilist. nat. liv. 17, chap. 36, réunit les arundines et les calami , détaille tous les services qu'on en tire en difTérens pays, et dit entre autres que le calamus le plus estimé pour l'écriture, ou scriptorius , vient de l'Egypte et de Gnide , par consé- quent du même pays qui fournissoit alors le papier. Ma- thiole , ne voulant jamais rester en défaut , a fait graver une figure imaginaire du calamus aromaticuSf et Garcias , qui avoit habité l'Inde , rapporte que le calamus est habituel- lement cultivé dans tout ce pays, peu cependant à Goa . où on l'apporte de Guzarate. 11 dit encore que les Arabes le nomment aldiziri et cassab. Ce premier mot signifie aro- matique , et le second , chalumeau. Les Malais leur ont emprunté ce nom , et appellent la plante dirimguo. L'Écluse, en développant l'histoire du calamus, chercha à démontrer que cette plante étoit celle que Linna2us ;i nommée depuis acorus calamus. Cette opinion étoit, de son temps, la plus généralement adoptée par les botanistes. Toutefois, dans une édition qu'il publia ensuite de l'ouvrage de Garcias, il ajouta en note la description d'une tige que Bernard Paludanus lui avoit donnée au retour d'un voyage en Syrie, pour le vrai calamus des anciens. En la voyant, il jugea qu'elle étoit plutôt d'une ombellifère que d'une graminée, et il en fit graver une figure, dont l'ins- pection rend son opinion très-probable. Il est à remarquer à ce sujet qu'au temps de rÉcluse les botanistes avoient des notions plus exactes qu'on ne croit communément sur les familles naturelles. Paludanus avoit donné une tige sem- blable à Camerarius , qui l'a aussi figurée de son côté. Sfa» pel , dans ses Commentaires sur Théophraste , a fait aussi quelques recherches sur le calamus, et donné une figure qui semble être la même que celle de l'Ecluse. Enfin Lin- na:us a rapporté, dans ces derniers temps, le calamus aro- m.aticus à Vandroposon nardus , dont il avoit fait d'abord un lagurus. Il cite à ce sujet la figure de Mathiole , d'après Jean Bauhin ; cependant les frères Bauhin s'étoient accordés CAL 191 à re<^arder cette figure comme supposée, et Jean a copié celle de l'Écluse. On voit, par ce que nous venons de dire, combien l'his- toire du calamus est encore obscure. Tout ce qu'on peut en déduire de certain, c'est que le calamus aromaticus n'est point ïacorus., et que le nom de calamus étant commun à toutes les plantes à tige creuse , il ne peut servir à mieux désigner un genre particulier que ceux d'arbres, d'arbustes, ou autres semblables. C'est cependant ce qu'a fait Linnaeus en donnant le nom de calamus aux plantes que Rumphius a fait connoître sous celui de palmi-juncus. Son tort est d'autant plus grand, dans cette occasion, que ces plantes ont les tiges pleines, sans concavité, étant un stipe abso- lument de même nature que ceux des paloiicrs : aussi M. Adanson a-t-il eu très-grande raison de les réunir à cette famille, quoique le naturaliste Suédois ait traité ce rappro- chement d'absurde. Nous croyons que le nom de leur pays, Rotang ou rottin, leur convient beaucoup mieux; c'est celui sous lequel nous les ferons connoître. Voyez ce mot et ceux deNARD, Sch.«nanthe , BARBON-et Drogue. (A. P.) CALAMUS. ( Bot. ) On a donné ce nom à plusieurs plantes. Vacorus a été nommé calamus aromaticus ; la canne à sucre, calamus indicus ou saccharinus ; le roseau à balais, calamus vulgaris; le roseau cultivé ou à quenouilles , cala- mus cyprins. Celui que les deux Bauhin et Tournefort nom- ment arundo scriptoria , se trouve dans quelques anciens ouvrages sous le nom de calamus scriptorius. Le barbon nard , andropogon nardus , est le calamus odoratus de Ma- thiole ; une espèce de cierge est le calamus peruvianus de quelques auteurs anciens. Enfin ces jets cylindriques , pleins et poreux dans le centre , qui sont indiqués par plusieurs comme le calamus sagittalis, paroissent appartenir au pal- mier rotang, et c'est finalement à ce dernier que le nom générique calamus est resté. Voyez Rotang. ( J. ) CALANCHOÉ. (Bot.) Voyez Kalanchoé. ( J. ) CALANDRE. (Omith.) Ce nom, qui désigne spécialement une espèce d'alouette, alauda calandra, L. , a aussi été donné à l'alouette cochevis , alauda cristata , L. ; à l'alouette à cravatte jaune du cap de Bonne - Espérance, alauda ca- :ig2 CAL pemis, L.; et on l'a encore appliqué, par erreur, à la draine, espèce de grive, turdus viscworiis , L. ( Ch. D. ) CALANDRE. {Entom.) On appelle ainsi, dans plusieurs parties de la France , le charançon noir du blé. Voyez Var- ticle suivant. (CD.) CALANDRE {Entom.), Calandra , genre d'insectes co- léoptères à quatre articles à tous les tarses, de la famille des rhinocères ou rostricornes. Ce genre, établi d'abord par Clairville dans son Entomo- logie''helvétique, avoit été plutôt indiqué que décrit ; car cet auteur n'y avoit rapporté que deux espèces fort diflé- Tentes Tune de l'autre. Fabricius , en adoptant le nom, y a réuni quarante autres espèces , qui conviennent en effet beaucoup entre elles par les mœurs et par la forme exté- rieure. eure. , „ . Ce mot calandre doit s'écrire par deux a, comme la lait Fabricius et la plupart des auteurs, et non calendre , comme on le voit dans quelques autres ouvrages ; caries latins ont désigné en particulier le charançon du blé sous le nom de calandrus. . Les calandres ont les antennes en masse et se distinguent par Là des brentes, des bruches et des rhinomacres, qui ap- partiennent à la même famille, mais dont les antennes ne sont pas en massue : elles les ont comme brisées, ayant le premier article excessivement long; ce qui est un caractère très- propre à les faire reconnoître d'avec les anthribes , irachycères, attélabes et oxystomes , dont les cornes sont droites, non brisées : enfin, ces antennes sont insérées a la base de la trompe , et les cuisses ne sont pas propres a faire sauter l'insecte. Ces dernières notes suffisent pour les éloi- gner des charançons et autres genres voisins , et surtout de ceux des rhinchènes et des ramphes, qui ont les pattes postérieures à cuisses renflées et destinées au saut. Le caractère du genre Calandre peut donc être exprime comme il suit. i • • Caract. gén. Tête en forme de trompe; a antennes brisées, en massue, insérées à la base : cuisses impropres au saut; quatre articles à tous les tarses. , j , • Les calandres ont le corps ové, allongé , mais tres-depn- CAL 195 mé, suMout en dessus : les élytres sont orfîinîsirement striées , plus courtes que l'abdonien. Les antennes , à masse tronquée, sont à peu près de la longueur de la trompe, et celle-ci égale le corselet, qui est arrondi, large en arrière, étran- glé en devant pour recevoir la tête dans une cavité sphé- rique , où elle se meut eh genou. Les pattes sont fortes, k tarses courts, latéraux : souvent les jambes de devant sont pointues, courbées à l'extrémité, et font l'office d'un ongle, surtout dans les mâles. Ces insectes, comme presque tous ceux de la famille des rhiuocères, se nourrissent sous leurs deux états, mais prin- cipalement sous celui de larve, des semences des végétaux, ou des tiges des plantes vivantes. Les calandres en particu- lier semblent choisir de préférence les plantes de la classe des munocotylédones , principalement les graminées et les palmiers. Plusieurs espèces attaquent en particulier le blé, le seigle, le riz, les dattes, les palmiers, et sont très - con- nues par les ravages qu'elles produisent. Cependant, afin de ne pas nous répéter, nous ne nous étendrons pas ici sur les mœurs générales de ces insectes, qu'on trouvera exposées avec détail au mot Rhinocères : nous ne ferons connoître dans cet article que les particularités qui tiennent à l'his- toire de chaque espèce. Les plus grandes sont étrangères et se trouvent princi- palement dans les Indes et en Amérique: telles sont entre autres les suivantes. ■ I. Calandre des valmiers, Calandra pa/marum , Oliv. Insect. II, 83, pi. 2, fig. 16. Caract. Noire * élytres cannelées : trompe presque droite. Cet insecte, l'un des plus gros du genre , se trouve prin- cipalement aux Indes et en Amérique. Mademoiselle Mérian , qui nous en a laissé une histoire et une très-bonne figure, nous apprend que sa larve vit en société dans le tronc même du palmier; elle ajoute que les naturels du pays la regardent comme une très-bonne nourriture. Il paroît que cette larve se nourrit de matière amilacée. Les Romains connoissoient probablement cette larve ; ils lui trou- voient un goiU si délicieux qu'on la nourrissoît avec de £ i3 »94 CAL Li farine (Pline, liv. XVII, chap. u/i) -. c'est au moins le sentiment de rautcurde l'Histoire des insectes des environs de Paris , quoique Linnœus ait attribué à la larve du cos- sus tout ce que les anciens ont écrit à ce sujet. 2. Calandre bec- en -scie, Calandra serrirosliis , Oliv. Il, «5, 17? 211. Caract. Brune, à trompe comprimée , dentelée en dessus, avec une dentelure plus élevée. Cette espèce a été observée à Java. Les cuisses et ies jambes sont garnies en dedans d'un duvet doré très -bril- lant ■ 3. Calandre a cribï.e, Calandra cribraria. Caract. Noire, à corselet et élytrcs d'un rouge violet, par- semés de points noirs. Cette jolie espèce nous a été rapportée de Philadelphie jpar Bosc. Nous citerons quelques espèces du pays. 4. Calandre du blé, Calandra granaria. Dcg. V, 209, 25 j le Cosson ou la Calandre, Panz. F. G. 17, 11. Caract. Brune ou ferrugineuse, à corselet pointillé, de la longueur des éJylres. C'est l'espèce malheureusement la plus connue dans ce genre, à cause des gi^iuds dégâts qu'elle produit. Elle vit en société dans les greniers où le blé est déj)osé. Chaque larve pénètre dans un grain de blé en particulier, par nue ouverture impferceptible ; elle s'y creuse peu à peu une demeure , à mesure que son corps grossit. Cette larve est blanche, molle, allongée, et resseiiible beaucoup en petit à celle qui vit dans les noisettes. Lorsqu'aj)rès avoir mangé son soûl elle a acquis toute sa grosseur, elle subit sa dernière mue et prend la forme de nymphe , qu'elle ganJe huit ou dix jours, suivant la température du lieu. Quand son squelette extérieur a pris assez de solidité, linsecle perfore l'écaillé de son enveloppe, seul résidu du grain qu'il a dévoré; il paroîtau dehors, cherche une femelle et s'accouple. Celle-ci pond sur les grains qui sont à sa portée, et perpétue ainsi sa race. Dcgéer a calculé qu'un seule paire de calan- dres du blé peut dans une année produire , en diverses gc- CAL 195 nëratîons qui se multiplient elles-mêmes, Ip nombre de vingt-trois mille six cent quarante - deux individus. Voyez à l'article B/é les divers moyens que les agriculteurs et les économistes conseillent pour détruire ces insectes. 6. Calandre du riz, Calandra orjzœ. Oliv. Il, 83, 8, fig. 81. Caract. D'un brun noirâtre; corselet pointillé; élytres à deux points ferrugineux;. Cette espèce a beaucoup de rapports avec la précédente; elle vit dans le riz, mais elle recherche principalement les grains 'dont TenA-eloppe paléacée ne s'est point détachée de la surface. On la rencontre souvent dans les sacs de riz ou dans les barils qui nous arrivent du Levant : on ne l'a point encore observée dans le riz de la Caroline. (CD.) CALANDROTTE ( Omith. ) , nom vulgaire de la grive litornc et de la grive mauvis , turdus pilaris et tardas ilia- eus , L. ( Ch. D. ) CALANGARI. {Bot.) Voyez Copo us. (J. ) CALAO ( Ornith. ) , Buceros. Ces oiseaux de l'ancien monde ont , par l'énorme grosseur du bec et la porosité de sa subs- tance, des rapports avec les toucans, dont l'Amérique est la patrie exclusive ; mais leur mandibule supérieure est en outre surmontée d'une protubérance , et leurs doigts sont autrement disposés. L'excroissance du bec a porté quelques naturalistes à les appeler oiseaux rhinocéros, quoi- qu'une seule espèce offre l'apparence d'une corne semblable à celle de ce mammifère ; mais des rapports avec les corbeaux, et la fausse opinion qu'ils fréquentoient les lieux aquatiques, leur ont fait donner par Brisson le nom encore plus im- propre dliydrocorax. Le bec de l'oiseau, presque simple à l'instant de sa nais- sance, n'offre alors, même dans les espèces dont le casque doit devenir le plus monstrueux, que des rudimens à peine sensibles de cette proéminence ; mais les formes variées qu'elle présente dans ses développemens successifs, ont pu faire regarder les individus de dilfércns âges comme des espèces distinctes. Les mandibules sont lisses dans l'oiseau très-jeune, et les dentelures irrégulières, qu'on y remarque ensuite, ne proviennent que de la foiblesse du bec. Levai liant préteftd ïgé CAL néanmoins que ces échancrures sont naturelles et indépen- dantes des cassures auxquelles est sujette cette substance si tendre , que le plus léger frottement peut en fêler la tranche ; mais la circonstance sur laquelle il appuie cette opinion, ne paroît pas suffisante pour l'établir. En ellet, les ondes que l'on voit sur les mandibules peuvent bien annoncer une crue successive, destinée à réparer les exfoliations et à empêcher l'entière destruction du bec; mais, outre le peu d'utilité dont seroit une dentelure à des mandibules aussi fragiles , les inégalités qu'on observe dans la configuration , la distance, l'étendue des échancrures, et leur défaut de correspondance, ne s'opposent-ils pas à ce qu'on les consi- dère comme autre chose que le résultat des fêlures produites par l'emploi du bec? Les mandibules du calao rhinocéros, qui restent béantes par leur usure et ne se touchent que par la pointe, ne se rapprocheroient-elles pas entièrement , si la repousse, qui a lieu à chaque mue, étoit assez com- plète pour rendre l'instrument toujours susceptible des effets qu'il produit chez les autres denlirostres ? D'ailleurs, de l'aveu de Levaillant , il y a des espèces, telles que le calao à casque festonné, au bec desquelles on ne remarque au- cune dentelure. En écartant donc des caractères génériques la dentelure du bec et l'excroissance de la mandibule supérieure , qui n'existe pas dan^ toutes les espèces , quoiqu'elle forme dans le plus grand nombre une particularité remarquable , il reste pour signes plus constaus du genre, le bec gros, léger, poreux, arqué en forme de faux -, le front nu dans la partie antérieure ; les narines situées près de la. base du bec ; la langue très-petite, cartilagineuse, et collée au fond de la gorge ; des cils autour des yeux , lesquels sont plus longs à la partie supérieure; les pieds courts ; quatre doigts, dont trois en avant et un en arrière , couverts d'écaillés, et réunis à leur base, savoir, l'extérieur avec celui du milieu, qu'il égale presque en longueur jusqu'à la troisième articulation, et l'intérieur jusqu'à la première seulement; la plante du pied large et recouverte d'une peau chagrinée. On trouve des calaos en Afrique, dans les Indes et à la Nouvelle - Hollande. Quoique Bontius eût déjà aunoacé que CAL '197 Tespèce nommée rhinocéros mangeoit, dans l'état sauvage, de la' chair et de la charogne, et qu'elle prenoit aussi des rats et des souris, on étoit assez généralement dans l'opinion que les fruits étoientla principale nourriture de ces oiseaux, et qu'ils les saisissoient et les avaloient à la manière des toucans , sans avoir besoin de les écraser. Mais Levaillant étend à tout le genre l'assertion de Bontius , et il dit posi- tivement, dans son Histoire naturelle d'une partie des oiseaux de l'Amérique et des Indes , que, malgré la facilité avec laquelle, dans l'état domestique, on habitue ces oiseaux à manger des fruits, des légumes, du pain, ils ne sont pas naturellement frugivores : qu'ils se nourrissent d'insectes , de grenouilles , de lézards, et prennent aussi de petits mam- mifères , qu'ils froissent entre leurs mandibules après les avoir tués, et qu'ils avalent entiers; au défaut desquels alimens ils arrachent des lambeaux aux cadavres, ce qui est également attesté par d'autres auteurs : et un fait que la seule construction de leur bec rend certain, c'est qu'ils ne pourroient briser des substances dures avec cet instru- ment, qui n'a point de prise par la trop grande distance des mandibules au point d'appui. Ce levier étant moins éloigné dans les petites espèces, et l'extrémité de leur bec étant plus rapprochée du point d'appui des mâchoires, elles ont plus de force que les grandes, chez lesquelles, au surplus, le casque ne produit pas une surcharge considérable, parce qu'il est très-léger et presque entièrement vide. Quoique la réunion du doigt extérieur et de celui du milieu leur forme une plante du pied , et que le doigt de derrière, large et plat, doive contribuer à leur donner de l'aplomb, les calaos paroissent marcher peu et , fort mal. Levaillant dit même qu'ils n'avancent que par sauts des deux pieds à la fois. Ce naturaliste ajoute qu'ils se posent rarement par terre, et se perchent le plus souvent sur de grands arbres, en préférant ceux qui sont morts , dans les trous desquels ils couchent et font leurs nids ; habitude qui seroit contraire à ce que Bruce dit de l'espèce par lui observée en Abyssinie, où elle fait sur les arbres un nid construit comme celui des pies. ^98 CAL I J* Section. Calaos casqués. Î^ALAO RHINOCÉROS , Buccros rliinoceros , LJnn. Cet oiseau, dont le bec se>ul est représenté dans les planches enluminées de Buff. n.° cjol\, et dont Levaillant a figuré , pi. 1 et ï, le corps entier et le bec séparé, a un mètre huit centimètres (5 pieds 4 pouces) de longueur depuis la tête jusqu'à l'extrémité de la queue. Son bec a plus de trente- deux centimètres ( i pied ) de longueur, et environ la moitié de hauteur, en y comprenant le casque qui le sur- monte , et dont l'extrémité, recourbée par le haut, a paru imiter la corne que le rhinocéros porte sur le nez. Ce casque estd'un beau rouge dans sa partie supérieure , et d'un jaune de safran jusqu'à son extrémité, qui est arrondie et mousse. On y remarque deux lignes noires , dont une au centre , et l'autre , plus large, du côté de la tête. Le vrai bec, courbé en faux, est noir à la base, et d'un jaune rougeàtre dans le reste de sou étendue. Les yeux sont garnis de longs cils noirs et plats. Tout le plumage estd'un noir à reflets bleuâ- tres ; l'aile pliée dépasse un peu les couvertures de la queue, qui est légèrement arrondie et terminée de blanc. Les pieds sont robustes et garnis de longues écailles brunes. Cet oiseau se trouve à Sumatra , aux Philippines, à Java , et dans d'autres climats chauds des Indes. Bonlius, qui lui donne le nom de corbeau cornu des Indes, dit qu'il vit de charogne, et qu'il suit les chasseurs pour manger les intes- tins du gros gibier que ceux-ci dépècent sur place, et qu'il fait lui-même la chasse aux rats et, aux souris. Celui que Levaillant a vu en captivité au cap de Bonne-Espérance , étoit d'un naturel timide et craintif; son attitude étoit maussade: on le nourrissoit de biscuit ramolli dans l'eau, de viande crue et cuite, de riz, de pois, etc. Il a dévoré un jour plusieurs petits oiseaux tués, en les avalant I'uti après l'autre avec leurs plumes, après les avoir froissés longtemps dans son bec. Calao bicorne, Buceros bicornis, Linn. Cette espèce, décrite par Brisson et BufTon sous le nom de calao des Philippines, a été figurée par Levaillant, pi. 7 et 8 , sous celui de calao bicorne, d'après un individu empaillé que CAL 199 M. Boers avoit rapporté de Bornéo. Cet oiseau, de la lon- gueur d'un dindon femelle, mais moins gros, avoit quatre- vingt-sept centimètres (2 pieds 8 pouces) du liant de la tête à la pointe de la queue, longue elle seule de plus de trente-deux centimètres (1 pied), et vers le tiers de la- quelle s'étendolent les ailes. Les mandibules avoient plus de vingt-quatre centimètres ( 9 pouces) de longueur, onze centimètres (4 pouces) de hauteur, et avec le casque seize centimètres ( 6 pouces ). Ces mandibules, ainsi que le casque, ëtoient d'un jaune d'ocre et pouvoient avoir été rouges dans l'oiseau vivant. Les premières étoient noires à la base, et les deux lobes du casque étoient entourés d'une bande de la même couleur. La tête, dont les plumes éloient longues et flottantes, lecouet tout le dessus du corps , étoient d'un noir foncé. Les pennes secondaires de l'aile avoient à leur centre une large tache blanche. Toutes les parties inférieures éloient d'un blanc qui prenoit , sous le ventre et l'anus, une teinte jaunâtre. Les pennes extérieures de la queue étoient d'un Liane sale dans le milieu ; le reste étoitnoir. Les pieds, que Brisson , d'après Petiver et Willughby, dit être verdâtres, étoient munis d'ongles d'un brun noir, et les tarses cou- verts de larges écailles d'un brun rougeâtre. Levaillant donne, pi. 3 et 4, la figure d'un calao qu'il nomme calao à casque concave , et dont le bec paroît être celui de la première variété du calao rhinocéros, pi. 17 de Willughby, que les auteurs rapportent en effet au calao bicorne. Celui de Levaillant, un peu plus grand, n'en dif- fère qu'en ce que le casque de ce dernier n'a pas le profond sillon qui partage l'autre en deux parties égales dans toute sa longueur, ni la bosse qui s'élève en s'arrondissant derrière le casque du second; et en ce que cette partie postérieure, plate et couverte seulement d'une peau vive dans le pré- cédent calao, est entièrement fermée dans celui-ci par une matière cornée, qui s'arrondit en forme d'occiput. Le même auteur observe de plus que les deux pointes du casque bi- corne sont tronquées net dans le casque concave: mais, outre que cette dernière circonstance pourroit avoir été, dans l'individu observé, le résultat d'une fracture, Levaillant avoue que , parmi les becs qu'il a eu occasion d'examiner, CAL il en a remarqué dont les cornes ëtoienl plus ou moins prolongées: ce qui le laisse lui-ninne, sur l'unité oi^la diversité d'espèces, dans une incertitude d'autant plus l'on- dée, qu'en parlant du calao à bec ciselé, il a lait, relati- vement aux variations du bec dans les différens âges, des observations qui l'ont empêché d'en conclure une distinction d'espèces. Il est vrai que le plumage des deux calaos n'est pas tout-à-fait le même , et que le calao à casque concave a les longues plumes de l'occiput et celles du cou, jusque vers le milieu de sa longueur, d"un roux fauve; mais cet auteur donne lui-même comme une simple variété un indi- vidu qui avait des dissemblances plus considérables , puisque le bas- ventre , les pennes de la queue, les plumes anales et cellesdes jambes , éloient entièrement noires. En faisant remarquer qu'il y a erreur dans le numérotage et la nomen- clature des planclies 3 et 5, qui sont l'inverse de ce qu'ils dcvroient être d'après les descriptions de l'espèce et de la variété, on observera donc ici que les degrés par lesquels passent ces oiseaux avant de parvenir à leur état parfait, doivent laisser des doutes sur la nature des rapports existant entre le calao à casque concave et le calao bicorne. Un autre oiseau sur lequel les observations de Levaillant mettent plus en état de prononcer, c'est celui que Brisson et Bufi'on ont décrit sous le nom de calao des Moluques. lànna^us et Lalham ont regardé cet oiseau comme une espèce particulière, et ils se sont servi, pour la désigner, de l'é- pithèted'/^)/(irocorflx, aussi impropre dans cette circonstance que si elle éloit employée sous une acception géné- rique, puisque dans les deux cas ce mot présente une idée également fausse. Mais Levaillant observe avec raison que le derrière du casque a déjà un renllement sensible ; que SCS côtés saillans s'exhaussent, et que le plateau n'est cou- vert que d'une peau fort mince, qui peut aisément céder pour laisser cette partie vide et la creuser en gouttière; qu'enfin déjà le tour des yeux et la gorge sont noirs , et que, malgré des différences dans le plumage, la tête, le cou et la poitrine étant d'un brun roux, avec un collier blanc, les parties inférieures d'un noir lavé roussàtre, et le reste du corps mélangé de brun , de gris, de noirâtre et CAL 201 de fauve, tout annonce un jeune oiseau appartenant à l'es- pèce ci-dessus décrite. La ligure qu'il en a donnée, pi- 6, sous le nom de calao roux, rend cette conjecture encore plus probable. Il faut cependant convenir qu'il y a une assez grande différence dans leur taille, puisque Buffon ne donne que soixante-seize centimètres (a pieds 4 pouces) H son calao des Moluques : mais Levaillant assure que l'in- dividu d'après lequel la description et le dessin ont été faits, avoit la queue et les ailes coupées, et que ces parties ont été suppléées au hasard. 11 paroit, au surplus, que c'est au calao bicorne ou à casque concave qu'on doit rapporter le cagao des Indiens, dont parle Georges Camel , et qui , se tenant sur les hauteurs , y vit, selon Petiver, des fruits du baliti, espèce de figuier sauvage, et d'amandes qu'il avale tout entières. En suppo- sant l'identité des calaos des Moluques et des Philippines ^ ce seroit également ici qu'il faudroit appliquer le passage de Bontius, suivant lequel ces oiseaux font une grande dé- prédation de noix muscades, nourriture qui donne un fumet aromatique à leur chair agréable et tendre. Calao erac, Buceros brac. Bufïon a décrit sous les noms de brac ou calao d'Afrique et de calao d'Abyssinie , pi. enlum. 77y , des oiseaux que Linngeus et Latham ont nommés buceros africanus et buceros abyssiniens. Geuffroi de Villeneuve, qui a vu un grand nombre de ces oiseaux mâles et femelles, et qui en a tué plusieurs, a établi , par une dissertation insérée dans les Actes de la Société d'histoire naturelle de Paris , que ces deux espèces n'en formoient qu'une, et que le calao d'Abyssinie de Buffon n'étoit que le jeune âge du calao d'x\frique ou brac. Il y a cependant d'assez grandes diffé- rences dans la description particulière des deux espèces , puisque, suivant Buffon, le bec du premier est en partie jaune et en partie rouge, et que son plumage est entière- ment noir ; tandis que le second a le bec noir et les pennes de l'aile blanches, et que ni Buffon ni Labat, qui avoient eu occasion d'observer le premier oiseau, ne font mention de la plaque rougeàtre qui existe de chaque côté de la mandibule inférieure chez le second , ni de la peau nue qui entoure les yeux et la gorge de celui-ci. 202 CAL Quoi qu'il en soit, GeofTroi de VlUcneuA^e donne la des- cription suivante des deux oiseaux par lui réunis sous l'u- nique dénomination de calao d'Afrique. Cette espèce a depuis la tête jusqu'à l'extrémité des pattes huit décimètres ( 2 pieds 6 pouces); depuis le bout du bec jusqu'à l'extrémité de la queue, un mètre quatorze centimètres ( 3 pieds fi pouces), et autant d'envergure. La queue seule a trente-deux cen- timètres ( 1 pied) : le bec a vingt-quatre centimètres (g pouces) de longueur et sept centimètres ( :i pouces et demi) de hauteur, sans y comprendre le casque; il est noir, légè- rement arqué , aplati par les côtés , et a la pointe mousse : le casque , haut de cinquante-quatre millimètres (2 pouces ) et long de huit centimètres (3 pouces), a une ouverture longi- tudinale en forme de trèfle ou de ferde lance, dans l'intérieur de laquelle est une membrane noire , destinée à empêcher l'introduction de tout corps étranger dans cette corne, qui communique intérieurement avec la tête , et qui , conservant la forme demi-circulaire pendant les deux premières années , ne se prolonge et ne se fend vers l'extrémité qu'à cet âge. On voit à lu base de la mandibule supérieure une plaque jaunâtre de forme irrégulière , qui a des raies noires et longitudinales. Les paupières sont garnies de longs cils; l'iris est d'un jaune pâle, et les yeux, gros et saillans, sont en- tourés d'une peau nue et violette qui s'étend sur le haut du cou ; la gorge du mâle offre de plus une peau d'un beau rouge , qui remonte vers les paupières. La base du bec , la tête, le cou et le ventre, sont couverts de plumes effilées comme celles du casoar, et la couleur de l'oiseau est par- tout d'un noir lustré, à l'exception des dix grandes pennes de l'aile, qui sont blanches. Les pieds et les ongles sont noirs. Bruce , qui a vu le même oiseau dans l'x^byssinie , où on le nomme erkoom et abba gumba , et qui l'a figuré pi. 34 de son Voyage aux sources du Nil , en donne une descrip- tion peu différente de celle ci-dessus. On peut néanmoins observer que, suivant lui , les ailes , qui atteignent presque le bout de la queue, ont environ deux mètres ( G pieds ) d'envergure , tandis que Geofifroi de Villeneuve ne leur donne qu'un mètre quatorze centimètre* ( 3 pieds six pouces ). CAL 2o5 Quant aux habitudes , Bruce dit que cet oiseau court plus volontiers qu'il ne vole ; mais que, lorsqu'ils'est élevé, il v61e avec force et très-loin : et, suivant Geoffroi , sa démarche est lourde : son vol peu rapide , fort bas et très-courf. Bruce n'a jamais trouvé dans le jabot des erkooms qu'il a ouverts, que des scarabées verdàtres, qu'ils ramassent en pillant la tige du teff, espèce de paturin , pna ahjssinica ; et, outre les insectes, Geoffroi y a trouvé des lézards. L'o- pinion du premier est que, malgré l'odeur forte qu'ils ré- pandent, ces oiseaux ne vivent point de charognes, dont il ne les a jamais vus approcher. Le mâle et la femelle sont presque toujours ensemble : ils font sur des arbres grands et touffus, un nid très-vasle et en général peu élevé , qu'ils couvrent comme celui de la pie, et dont l'entrée est toujours à l'est. Bruce en a a'u qui étoient suivis de dix-huit petits. Il n'entre dans aucun détail sur les idées superstitieuses des nègres, qui, suivant Geoffroi, n'osent jamais tuer ces oiseaux et empêchent même les Européens de les tirer, attendu que la mort d'un de ces volatiles enrhumeroit tout le canton: mais le nom de leïr el naciba , oiseau du destin, que le voyageur anglois dit leur être donné sur les fron- tières de Sennara, vient à l'anpui de l'assertion du natu- raliste françois. Calao a cascjue en croissant, Buceros diadematus. Cet oiseau, dont Levaillant a donné la figure pi. i3, est de la taille du calao rhinocéros. Son casque paroît être le même que celui de la planche 17 de Wilhighhy, 2." variété , que Geoffroi de Villeneuve rapporte au calao d'Afrique ou brac ; et cette circonstance pourroit faire douter de la réalité de l'espèce nouvelle. Quoiqu'il en soit, le casque occupe plus des deux tiers du bec ; il s'élève au-dessus du front en s'ar- rondissant, devient plus mince à mesure qu'il approche de la pointe , où il se redresse encore par une légère courbure, et présente ainsi la forme d'un diadème en croissant qui seroit posé en long sur le bec. Si, au lieu d'être plein et arrondi sur son arête, il étoit vide dans sa partie supérieure, il ressembleroit à un bateau. Le bec , fort et très-arqué, a près de trente-deux centimètres ( 1 pied) de longueur; il est, ainsi que le casque, d'un jaune =04 CAL terne, à l'exception d'une ligne noire dont l'un et l'autre sont bordés à la partie extérieure. Des cils noirs et plats entourent la paupière supérieure. Des poils roides, d'un noir luisant, couvrent les narines. Tout le dessus du corps est d'un noir qui offre des nuances brunes et bleuâtres. Les plumes abdominales, anales et crurales , sont d'un blanc fauve et d'une nature soyeuse , tandis que les autres sont très-rudes. La queue, plus longue que le corps, un peu arrondie à l'extrémité, est du même blanc à l'origine et au bout des pennes, dont le centre est noir. Les pieds sont robustes, couverts de larges écailles d'un brun noir, et armés de griffes aplaties sur les côtés et dont la pointe est un peu émoussée. Ce calao paroît se trouver à Java et aux Moluques , où il fréquente les grands bois, et se réunit en bandes pour dévorer les cadavres. Calao a casque bond , Buceros galeatus , Linn. Aldro- vande a le premier donné la figure du hec de cet oiseau , sous le nom de semenda ; le même bec a été ensuite repro- duit par Edwards, glanures, pi. 281 , lettre C, et par Buffon, pi. (j33. Ce dernier l'a décrit comme ayant seize centi- mètres ( 6 pouces ) de longueur des angles à la pointe , étant presque droit et sans dentelures , et portant sur la mandibule supérieure une loupe en forme de casque, haute de cinquante- quatre millimètres (2 pouces) et presque ronde. Levaillant, ayant remarqué que ces iêtes pesoient quatre fois autant que la tête et le bec du calao rhinocéros, quoique ces parties ne présentassent dans celui-là qu'un tiers du volume qu'elles formoient dans celui-ci , a pris le parti d'en faire scier une ; et il a reconnu que la différence de poids provenoit de ce que le casque du premier, au lieu d'être poreux, avoit une texture si serrée et si compacte qu'elle imitoit l'ivoire , et de ce que les mandibules et les os de la tête étoient d'upe dureté remarquable. Levaillant a en outre observé que la tùte , petite dans les calaos, comparativement au volume du bec, étoit, au contraire, fort grosse dans le semenda, qui d'ailleurs avoit les mandibules droites, tandis qu'elles étoient courbées en faux dans les calaos. 11 en a conclu que la tête dont il s'agit étoit étrangère au genre Calao : C A L 205 et la ressemblance des plumes à barbes lisses et serrées , dont elle étoit couverte, avec celles des oiseaux plongeurs, l'a porté à déclarer que. cette espèce appartenoil à la classe des oiseaux aquatiques, et plus particulièrement à ceux que la nature a privés de la faculté de voler. Ces considérations auroient été propres à faire réellement écarter le semenda du genre Calao , si depuis on ne s'éloit procuré- l'oiseau entier ; mais il existe au Muséum britan- nique, et Latham, qui l'a examiné, en donne la descrip- tion p. 070 du second suppléxnent du Synopsis. On y voit que la longueur du bec est d'environ deux décimètres ( 7 pouces 4 lignes) ; que la callosité, de forme carrée, a près d'un décimètre ( 3 pouces deux lignes) de hauteur; que, depuis l'extrémité du bec jusqu'à celle de la queue, l'oiseau a près de douze décimètres ( 5 pieds 8 pouces ) ; que cette queue porte au centre deux plumes plus longues ; que les deux qui les suivent de chaque côté ont environ cinq décimètres ( 1 pied 7 pouces ) , et les trois extérieures trois décimètres ( 11 pouces); que les ailes s'étendent d'environ soixante-quatorze millimètres ( a pouces 9 lignes) sur la queue ; que la tête , la gorge , le dos et les ailes , sont noirs ; le ventre , les cuisses et l'anus, blancs; et que la queue, cunéiforme, est blanche , avec une large bande noire vers l'extrémité de chaque plume ; qu'enfin les jambes sont fortes, couvertes d'é- cailles et noires. Latham ne paroît pas avoir porté son attention sur la contexture du bec et du casque ; mais néanmoins la con- jecture de Levaillant se trouve détruite. Calao de Malabaii, Buceros malabaricus , Linn. ; pi. enlum. de Buffon, n.° 873, sous le nom de calao des Philippines, et de Levaillant, n.° 9. Cette espèce n'étant pas confinée au Malabar , mais se trouvant aussi à Ceilan et sur la côte de Coromandel, Levaillant a observé que la désignation tirée d'une de ces contrées étoit mauvaise, et il lui a substitué l'épithète d'unicome. Il semble avoir voulu en cela établir une opposition avec son calao bicorne : mais , outre la ressemblance de la corne du calao du Malabar avec celle du calao de Gingi , ce naturaliste n'a pas fait attention que si ce dernier terme est bon jusqu'à présent sous le rapport des 2oG CAL autres espèces connues, chez lesquelles le casque n'a pas deux cornes, le premier est insuflisant , parce que, sans égard à la pointe plus ou moins saillante de la protubé- rance , toutes les espèces casquées peuvent être regardées comme unicornes. Un nom insignifiant auroit donc été pré- férable , et Levaillant, qui , couîme on l'a vu plus haut, a donné le nom de calao javan à une espèce qui paroit n'être que de passage dans l'ile de Java, où se trouvent d'au(res calaos, auroit mieux fait d'appliquer, dans les deux cir- constances, le principe qu'il établit lui-même. Ce calao a environ huit décimètres ( 2 pieds 6 pouces ) de longueur, dont la queue occupe les deux cinquièmes. Le bec, plat sur les entés et sur son arête, a les mandibules très - arquées ; sa longueur est de vingt -deux centimètres ( 8 pouces ) sur cinquante-quatre millimètres ( 2 pouces ) de largeur; il est d'un blanc jaunâtre, et noir à sa base, ainsi que dans l'intérieur. Le casque, non adhérent au crâne , est plat par derrière, où une peau vive et noire le recouvre ; sa couleur est la même depuis la pointe jusqu'aux deux tiers, et il est sillonné dans sa longueur ; il a soixante millimètres ( 2 pouces 5 lignes) de hauteur, et s'étend jusqu'aux trois quarts de la mandibule : mais on peut voir parles planches 10, 11 et 12 de Levaillant, que le bec ne parvient à cette dernière forme qu'avec l'âge. Le casque est d'abord peu saillant, et sa pointe antérieure est couchée sur la mandi- bule; dans le second âge il est tronqué carrément, et ce n'e.st qu'après deux années qu'il se termine en une pointe unique, dont la longueur s'avance jusque vers l'extrémité du bec en se courbant comme lui. Le vrai bec est assez ferme ; mais le casque est intérieurement rempli de cellules séparées par des cloisons fort minces. Une peau blanche et plissée forme une espèce de mentonnière autour de la man- dibule inférieure , et s'implante , v( rs les angles du bec, dans la peau noire qui environne les yeux. La paupière est garnie de longs cils noirs; l'iris est d'un beau rouge. Les plumes de la tête et du cou, que l'oiseau peut hérisser à la manière des geais, sont d'un noir à reflets violets et verts, ainsi que toute la partie supérieure du corps, à l'exception des premières pennes de l'aile et des trois extérieures de la CAL 207 queue, qui sont blanches. Le dessous du corps est de cette dernière couleur. Les larges écailles qui couvrent les tarses et les pieds , sont d'un noir de corne. Les ongles de cet oiseau sont fort ligs, et paroissent propres à saisir et à serrer : aussi celui que BufTon a ob- servé dans l'état de domesticité, preuoit-il des rats, des souris , et lui a-t-on lutuie vu dévorer un petit oiseau qui lui avoit été jeté vivant. Ce calao a un cri sourd et bref, qui paroît exprimer ouck ouck , et un autre pareil au gloussement de la poule d'Inde lorsqu'elle conduit ses petits. Il se tient dans les grands bois, etfait, dans le creux des troncs d'arbre^s vermoulus, un nid où il pond quatre œufs d'un blanc sale. Les petits naissent, dit-on , entièrement nus. Sonnerat a décrit et figuré, tome 2, p. ii5 et pi. 121 de son Voyage aux Indes orientales, un calao qu'il avoue dif- férer peu de celui ci -dessus, et que Latham a donné en effet comme une variété de la même espèce. Les seules par- ticularités remarquables seroient deux taches blanches aux ailes, en forme de croissant ; mais Levaillant fait remar- quer que le même individu, existant encore au Muséum d'histoire naturelle, a seulement une petite, tache blanche à l'extrémité de deux des couvertures de l'une des ailes et d'un seul c6lé. Levaillant donne comme une espèce particulière un calao à bec blanc qui lui a été envoyé de Chandernagor, et qu'il a figuré pi. 14. Cet individu n'avoit qu'environ soixante- douze cenfimèlres ( deux pieds et quelques lignes ) de lon- gueur, c'est-à-dire près de seize centimètres de moins que le calao de Malabar ou unicorne ; mais tout porte à croire que c'étoit un jeune de la même espèce. La forme et la couleur du casque ont de très-grands rapports avec celles de la pi. 11, qui représente la tête du calao unicorne dans son jeune âge: tous deux ont une mentonnière formée par une peau nue et l'intérieur des mandibules noir ; tous deux ont une huppe pareille à l'occiput, et les couleurs du plu- mage sont presque entièrement les mêmes. Caiao de GiNGi, Buceros ginginiaiius , Lath. Cet oiseau . figuré par Sonnerat, pi. 1:20 de son Voyage aux Indes, et 2o8 C A L par Levaillant , pi. i5, a soixante-cinq centimètres (2 pieds) de longueur depuis la pointe du bec Jusqu'à l'extrémité de la queue, qui a environ vingt-sept centimètres ( 10 pouces ). Le bec est long d.' quatre-vingt-quinze millimètres ( 5 pouces 6 lignes ; il est courbé en faux, et la corne très-pointue du casque a la même courbure. Iu : ce nom se retrouve à Madagascar dans voa niu. Il est à remarquer que ce palmier n'y croît pas naturellement, et qu'il n'y en a que quelques-uns, qui proviennent de cocos jetés par les vagues sur les bords de la mer. Cette confor- mité de langage , surtout très -marquée dans les noms des productions naturelles , entre àts peuples séparés par un long espace de mer, a déjà donné lieu à des recherches sur leur identité j mais nous ne croyons pas qu'on ait encore établi d'une manière évidente quel est le point d'où est partie cette longue chaîne de peuples et de productions natu- relles. (A. P.) CALAPPE {Entom.) , Calappa, genre de crustacé établi par Fabricius dans le Supplément de son Entomologie sys- tématique, et dans lequel il plaçoit alors sept espèces. Voyez l'article Crustacés. (CD.) CALAPPITE. (Bot.) Rumphîus nomme ainsi des concré- tions pierreuses que l'on trouve dans l'intérieur de quelques cocos ou fruits du calappa (Herb. Amb. vol. i , p. ^i ). On les nomme aussi bézoard végétal. Cette origine singulière leur fait attribuer de grandes propriétés par les habitans des îles Malaises, qui les nomment mestiques, et les portent en manière d'amulette enchâssée avec de l'argent plutôt qu'avec de l'or, par une idée superstitieuse. Ils ont un moyen immanquable, suivant eux, pour discerner les véri- tables de celles qui sont supposées ; c'est de les mêler avec du riz en grain et de les présenter aux poules : si la pierre est véritable , celles-ci ne touchent pas au grain tant qu'elle s'y trouve. Rumphius raconte qu'ayant voulu tenter cette expérience, et ayant jeté de cette manière une de ces pierres de l'origine de laquelle il ne pouvoit douter , malgré sa présence, les poules dévorèrent le grain dans lequel elle étoit mêlée , avec tant d'avidité qu'il fut obligé de la retirer, de peur qu'elle ne fût engloutie. 11 y a appa- rence que si l'on trouve réellement de ces pierres dans les cocos, elles y sont produites de la même manière que le labaxir dans les cavités du bambou , et qu'elles sont comme lui de nature siliceuse. Rumphius a figuré de ces pierres , 2i8 CAL vol. 1 , t. 2 , lettres KLM; elles sont ovales , de la grosseur d'une noix muscade. On rencontre aussi des concrétions delà même nature dans le tronc même des cocotiers, et Rtimphius assuroit qu'il en possédoit une qui avoit été trouvée dans le tronc d'un de ces arbres abattus par la foudre. Cette pierre étoit beaucoup plus dure que les mes- iiques communes, et faisoit feu quand elle étoit frappée d'une agate ou caillou. Peut-être seroit-on tenté de lier ce fait aux pierres qui tombent de l'atmosphère; mais la cou- leur jaune d'œuf que cet auteur attribue à la sienne, ne s'accorde point avec celles qu'on a trouvées jusqu'à présent à toutes les pierres météoriques. (A. P.) CALAROU (Bot.), nom caraïbe d'une begone , legonia ccandens, citée dans l'Herbier de Surian; elle est peut-être ainsi nommée, parce qu'étant acide comme l'oseille, elle aura pu être mêlée par les Caraïbes ou les nègres esclaves des îles d'Amérique avec les plantes qui composent leur Calalou. Voyez ce mot. (J.) CxA-LATHIANA. {Bot. ) On trouve dans Dalechamps sous ce nom deux espèces de gentiane, gentiana pneumonanthe et gentiana fUiformis. ( P, B. ) CALATTI. ( Ornith. ) Cet oiseau , de la grosseur d'une alouette, dont la tête porte une huppe noire, et dont le plumage est varié de bleu, de vert, de pourpre et de blanc, a été envoyé d'Amboine à Séba, avec une note portant que son chant est très-agréable. Quoique ces circonstances pa- roissent à Bufîbn une raison suffisante pour l'exclure du genre Tangara , dont les espèces sont étrangères aux Indes orientales , Linnœus et Latham en ont fait leur tanagra amhoinensis. ( Cli. D. ) CALAVANCES. ( Bot. ) On trouve sous ce nom , dans l'Histoire de la Jamaïque de Sloane , une espèce de haricot, ■phaseoJus spliœrospermus. ( J. ) CALAWEE {Bot.], arbre de Sumatra , dont l'écorce est employée pour faire de la toile ; c'est, suivant Marsdcn , une espèce bâtarde d'arbre à pain. Voyez Jaquier, Choopada. (J.) CALAYCAGAY. {Bot.) On comme ainsi la poincillade dans les Philippines. (J. ) CAL 219 CALAYIACAY ( Bot. ) , nom de ïhedysarum gangeticum dans les Philippines. ( J. ) CALBOA (Bot.), Calboa. Cavanilles, dans ses Icônes plantarum, vol 5, p. 5i, t. 476, désigne sous ce nom géné- rique une plante grimpante de la famille des convolvula- cées, qui a beaucoup d'affinité avec le liseron et avec le quamoclit. Elle se rapproche plus de ce dernier par son stigmate en tête. Le caractère qui la distingue de ces deux genres est une capsule à quatre Joges monospermes et à quatre valves : son calice est aussi moins profondément divisé. L'auteur en indique une seule espèce, qu'il nomme calhoa vitifolia. Ses feuilles sont alternes, en cœur, divisées profondément en trois lobes aigus ; ses fleurs sont disposées en corymbes axillaires ; ses corolles, longues d'un pouce et semblables à celles du liseron, sont jaunâtres en dehors et purpurines à l'intérieur. Le voyageur Née a trouvé cette plante près la ville de S. Biaise dans le Mexique, où elle est connue sous le nom de chajotillo. (J. ) * CALCAIRE (Terre calcaihe ). (Agric.) La terre cal- caire est très -répandue dans la nature; elle forme une grande partie du sol de la France. Quand elle est pure , soit à cause de sa grande perméabilité , soit par toute autre cause , on ne peut y cultiver aucune plante utile ; il en est de même de l'argile et du sable. C'est du mélange de ces trois sortes de terre que se composent les terres cultivables. Le calcaire est la terre végétative par excellence ; mais seul il ne pré- sente peut-être pas un appui suffisant aux plantes, parce qu'il laisse échapper l'eau trop facilement. L'argile supplée au défaut de ces qualités ; mais comme elle est extrême- ment compacte, elle doit être corrigée par le sable, qui, en en soulevant les molécules, donne probablement ouver- ture à la chaleur du soleil et aux influences de l'atmosphère. Au reste, l'essentiel, à mon avis, n'est pas de rechercher les causes pour lesquelles un sol est stérile sans ce mélange; il est bien plus à propos de constater, par des expériences bien faites , quel est le mélange convenable pour qu'un terrain ait les qualités qu'on lui demande : on conçoit, au surplus , que ce mélange doit varier suivant les divers végétaux qu'on se propose de cultiver. De telles expériences 320 CAL éclaireroient l'agriculteur, ou découvriroient des vérités inconnues , et on pourroit établir une théorie des sols beaucoup plus certaine que celle qu'on établiroit d'après «ne analyse. Mais, malheureusement, tout est encore à faire dans cette partie, qui, cependant, est la base de l'agri- culture. Pour fertiliser leurs champs , les cultivateurs sont dans l'usage, en beaucoup d'endroits, d'y mettre de la marne. Ils doivent bien s'assurer si cette marne est en grande partie calcaire, ou en grande partie argileuse; car, dans le pre- mier cas, elle convient aux terres compactes, et dans le second, elle convient au contraire aux terres légères. (T.) CALCAMAR. (Orniih.) L'Histoire générale des Voyages, tom. 14, p. 3o5, fait mention de cet oiseau, qui se trouve sur la côte du Brésil, et qui sembleroit être un manchot ^ s'il n'étoit plus petit de taille que toutes les espèces connues. Sa* grosseur n'excède pas celle d'un pigeon : ses ailes ne lui servent pas à voler, mais à nager fort légère- ment; et, suivant l'auteur du Dictionnaire encyclopédique des Chasses, dans les temps de calme ou de tempête on en voit de nombreux individus se réunir autour des vaisseaux. (Ch.D.) CALCATREPPOLA. (Bot.) Voyez Calcaïrippa. (J.) CALCATRIPPA. (Bot.) Ce nom italien est indiqué dans des auteurs anciens, tels que Mathiole , Cordus , Dodoens , pour désigner, soif le pied d'alouette, delphinium , nommé aussi Jlos calearis, parce que sa fleur a un peu la forme d'éperon, soit la chaussetrape, calcitrapa, dont le calice épineux représente aussi un éperon ou une étoile. Cette dernière est aussi désignée dans quelques livres sous le nom de calcatreppola. ( J. ) CALCE. (Miner.) C'est le nom que Delametherie donne à la chaux pure et native. Voyez Chaux. ( B. ) CALCÉDOINE (Miner.), variété de silex. Voyez Silex GAI-CÉDOINE. (B. ) CALCÉOLAIRE (Bot.), Calceolaria , genre de plantes dont les fleurs ont un calice à quatre lobes inégaux ; une corolle à tube très-court, divisée parle haut en deux lèvres, CAL 321 dont l'inférieure se prolonge en un appendice creux, conformé en sabot , et replié sur l'ouverture du tube. Sous la supérieure très -courte sont placées deux étamines , dont les anthères sont longues , recourbées et dirigées horizontalement. Le style est court, le stigmate obtus : un grand nombre de graines sont contenues dans une capsule conique à deux loges , ouverte au sommet en quatre valves. La tige eit ligneuse ou herbacée ; les feuilles presque tou- jours opposées ; les fleurs disposées en bouquets axillaires «u terminaux. Ce fut Feuillée qui en observa les premières espèces, mais sans en établir le caractère autrement que par le nom qu'il leur imposa. Lœfling avoit assez mal à propos voulu s'emparer du nom de calcéolaire pour quel- . C'est un arbre de moyenne gi'andeur, qui croît dans la Guiane , et y a été observé par Aublet. Son bois est dur ; ses rameaux épars se couvrent de feuilles alternes, ovales, aiguës, lisses, blanches en dessous, dont les pétioles sont accompagnés de deux stipules. Les fleurs sont disposées en épis terminaux. Leur calice, qu'Aublet nomme corolle, est entier par le bas, évasé et divisé par le haut en cinq lobes aigus , et entouré de deux écailles ou bractées qu'Aublet prend pour un calice. Il n'y a point de pétales. Les étamines , au nombre de cinq, sont insérés à l'ouver- ture du calice et opposées ù ses divisions; l'ovaire, libre, surmonté d'un style latéral et d'un stigmate aigu, de- vient un brou charnu, semblable à une olive, contenant un noyau osseux et monosperme. Ces caractères, tirés de la description d' Aublet, indiquent un rapport de ce genre ^ soit avec les arbres à fruits à noyaux de la famille des rosacées, soit avec le genre Hirteila, qui est placé dans une autre section de la même famille. Le nom caligni , dont Aublet a tiré la dénomination latine, est celui que donnent à cette plante les Galibis , qui mangent son fruit avec plaisir. La seule espèce connue a été n.ommée Ucania CAL 243 incana , à cause de la blancheur de ses feuilles. Schre- ber et Willdenov^'- ont changé ce nom en celui de he- djcrea. ( J- ) CALIMANDE {Ichtyol.) ^ nom d'un poisson de mer qui ressemble à la limande. Voyez Pleuronecte. (CD.) CALINIER [Bot.), Calinea , Aubl. Guian. p. 667, t. 221. Cet arbrisseau de la Guiane , qui iorme dans l'ouvrage d'Aublet un genre particulier, a été regardé par Swartz et Vahl comme devant èire réuni au genre Tetracera de Lin- naeus. Schreber et Gmelin l'ont rapporté au doliocarpus de Rolander. Willdenow, adoptant les deux opinions, a con- fondu le doliocarpus et le calinea dans le tetracera, qui réunit encore parmi ses espèces le tigarea d'Aublet, suivant Schreber, le soramia d'Aublet, d'après les observations de Swartz, le delima de Linnœus et Veuryandra de Forster, d'après celles de Vahl. Ces divers rapprochemens sont faits dans l'édition des Species de Linnœus , donnée par Will- denow, qui nomme la plante dont il est question dans cet article, tetracera calinea, et la range parmi les espèces à ovaire simple. Il soupçonne que le assa indica de Houttuyu et le walbomia indica de Thunberg doivent être aussi rap- portés au tetracera. Richard a la même opinion sur le delima brasiliensis de Vandelli ; et nous sommes également portés à croire que le calligonum asperum de Loureiro^ Vdctœa aspera du même, et peut-être encore le curatella americana de Linnaeus, feront partie du même genre, dans lequel ces douze viennent ainsi se confondre. Voyez ces divers mois, et surtout le Tétracère. (J. ) CAL1R1I3A ( Bof. ) , nom caraïbe que porte, dans les An- tilles, une espèce de camara, lantana involucrata, L. , qui est le mont-joli de Caïenne. (J. ) CALISPERME {Bot.) , Calispermum, Lour., genre de plantes établi par Loureiro sur un arbrisseau grimpant qu'il a dé- couvert dans les forêts de la Cochinchine. Ses feuilles sont alternes, ovales, lancéolées, glabres et crénelées; les fleurs sont de couleur blanche , disposées en grappes presque ter- minales. Le caractère de ce nouveau genre, que Jussieu rapporte avec doute à la suite de sa famille des berbéridées, est 2U CAL d'avoir un calice persistant, à cinq divisions égales; cinq pétales ovales et concaves ; cinq étamines insérées sur les pétales ; un ovaire supérieur ; un style terminé par un stigmate épais; une baie presque sphérique, à une loge, renfermant plusieurs graines. ( D.P.) CALl-VALLl {Bot.) , nom brame d'une espèce de liseron, corwolvulus hastatus, qui est le tala-neli des Malabares , et qui est mentionné dans le Hort. Malab. vol. ii, p. ii3, t. 56. (J.) CALLAIS. (Miner.) Pline parle de cette pierre dans deux passages de son histoire naturelle. Dans l'énumération des pierres par ordre alphabétique , il dit seulement qu'elle imite le saphir, mais qu'elle est plus pâle et de la cou- leur de l'eau de la mer près de ses bords. Au chapitre 8 du 37.* livre, il entre dans de plus grands détails sur sa couleur, son gisement et les lieux où on la trouve, au point qu'il sera peut-être possible un jour de déterminer exactement, au uioyen de ces renseignemens, quelle étoit cette pierre : elle étoit verte et d'un vert qui approchoit quelquefois de celui de l'émeraude, d'une grosseur remar- quable, mais souvent pleine d'impuretés et de cavités. On la trouvoit sur les rochers inaccessibles et couverts de neige ; elle y étoit en saillie et fort peu adhérente. Les callaïnas, qui étoient des callais troubles, se trouvoient sou- vent groupés. Le callais étoit fragile; mais cependant on le travailloit et on le montoit en or pour en faire des bi- joux : cette monture lui donnoit beaucoup d'éclat. On trouvoit cette pierre dans les environs du mont Caucase, chez les Daces et les Saces, en Perse et dans la Caramanie : celle de ce dernier pays étoit la plus belle. Il est possible que ces deux callais fussent la même pierre , ou plutôt jdeux variétés de la même pierre. Nous n'aurons d'égard qu'à celle que nous avons placée la seconde, puisque c'est la seule qui soit décrite avec quelques détails. On a rapporté cette pierre, comme presque toutes celles dont parleriine,à des minéraux très - différens. Bruckmann et Hill ont pensé que le callais de Pline étoit la turquoise. Le gisement très -remarquable qu'in- dique Pline ne peut en aucune manière convenir à la lur- CAL 24s quoise : c'est, comme on sait, un fossile qui appartient aux terrains de transport, ou tout au plus à ceux de sédiment, et qui ne se trouve ni sur les sommets des montagnes es- carpées, ni de la manière décrite par Pline. Boëtius de Boot croit que le callais est l'aiguë -marine des modernes. Cette opinion paurroit convenir à la pre- mière espèce de callais, si toutefois on peut conclure quel- que chose de la note insignifiante que Pline donne sur cette pierre: mais on doit observer que l'aiguë -marine étoit déjcà désignée sous le nom réel de Béril (voyez ce mot); et si celui de callais eût été synonyme de celui-ci, il est probable que Pline en eût averti. Quant à la seconde espèce, la dureté de l'aigue-marine et sa couleur pâle ne peuvent guère s'accorder avec la fragilité qu'on attribue au callais, ni avec sa couleur d'un beau vert. Louis de Launay soupçonne que le callais povirroit bie!^ être une chaux fluatée verte : en effet, la fragilité, la cou- leur, le gisement et jusqu'à la manière de se grouper des cristaux du spath lluor, conviennent assez bien au callais. Il ne reste plus qu'à savoir si l'on trouve du spath fiucr dans les Ijeux que nomme Pline et dans les situations qu'il décrit. La géographie physique, en se perfectionnant, éclai- rera les naturalistes sur les rapprochemens qu'ils peuvent faire entre les corps naturels connus par les anciens et ceux que les modernes connoisseut. ( B. ) CALLALLUH. {Bot.) On trouve sous ce nom, dans .le Herb. Amboin. de Runiphius, vol. 5, p. 2,>3, une espèce d'amaranthe, cultivée comme aliment d'un usage journa- lier, qui paroît être celle qu'on emploie aussi en Amé- rique, et qui a donné son nom au mélange d'herbes pota- gères nommé calalou. ( J. ) CALLANDOULÉ {Bot.), nom d'une glycine de Pondi- chéry, suivant un Catalogue ancien du chirurgien Cou- zier; c'est le gljcine monophjlla. Le même est nommé calian-touveraj dans un Herbier du même pays , donné à Coinmerson. ( J. ) Cx\LLE {Bot.), Calla, genre de plantes de la famille des aroïdes. 11 a, comme Y arum ou gouet, les étamines et les ovaires dénués de calice et rassemblés sur un a,xe centi'al =46 CAL nommé spadice, spadix , entouré par une feuille florale colo- rée , roulée en cornet, qui prend le nom de spathe. Dans Varum , les pistils occupent la base du spadix , les étaniines sont à la partie moyenne , et le sommet du spadice est n«. Dans le calla , il est entièrement couvert defamines et de pistils entremêlés ensemble. Ces pistils , surmontés d'un style court et d'un stigmate aigu, deviennent des baies remplies de plusieurs graines. L'embryon monocotylédone occupe le centre d'un périspermc charnu, et sa radicule est dirigée inférieurement. Les plantes qui composent ce genre sont herbacées; les feuilles sont radicales, élevées sur des pé- tioles assez longs, qui forment une gaîne autour de la base d'une hampe centrale, terminée par un seul spadice. On ne connoît de ce genre que trois espèces, dont deux existent dans le Jardin des Plantes. 1. Calle d'Ethiopie, Calla œthiopica , Linn. ; Commel. h. Amst. vol. 1 , t. 5o ; Lam. 111. t. ySg , f. 2. Ses feuilles sont grandes, en forme de fer de lance; la spathe est blanche et roulée; la partie supérieure du spadice est seu- lement couverte d'étamines , et les ovaires n'occupent que sa base. La fleur a une odeur assez suave. Cette .plante est originaire d'Ethiopie et du cap de Bonne-Espérance. 2. Calle des marais, Calla palustria, Linn.; FI. Dan. t. 422; Lam 111. t. 709, f. 1. Cette plante, qui habite les marais du nord de l'Europe, est plus basse que la précé- dente ; ses feuilles, plus petites, sont en forme de cœur, sa spathe presque plane, et ses ovaires répandus sur tout le spadice, au milieu des étamines. On mange ses racines. ( J.) CALLI. (Bot.) Ce mot paroîl signifier, dans la langue malabare , le suc laiteux contenu dans certaines plantes; car il est ajouté comme adjectif à plusieurs de celles qui renferment ce suc : tels sont, 1.° le calli-valli des Brames, qui est xin liseron , convolvulusha^iatus ; 2.° le schadida-calli , euphorbia anliquorum ; 3° Vela-calli , euphorhia nereifolia ou à feuille de nérion ; 4.° le liru-calli , euphorhia tiru-calli , L. Ces trois dernières sont décrites et figurées dans le Hort. Malab. vol. 2 , p. 81 , tab. 42 , 43 et 44. ( A. P. ) CALLICARPE {Bot.), Callicarpa, arbrisseau des envi- CAL 247 l'ons de Charles -To\vn et dans la CaroIi))e méridionale , observé aussi dans la Virginie et le Mississipi, par Catesby et Gronovius , sans qu'ils eussent entrepris de le nommer. C'est le anoiiymos baccifera , Pluken. Alm. 35 , t. i36, f . 6 ; le frutex baccifer , Catesb. Carol. 2, t. 47. Il fut nommé burcardia par Duhamel, d'après Heister, et johnsonia par Miller: mais Llnnaeus, en 1741 , lui iuiposa , dans les Mém. d'Upsal , le nom de callicarpa (beau fruit), qui lui est resté. Il porte en effet des baies en perles .d.'ua rouge pourpre ou gris de lin. C'est un joli arbrisseau d'o- rangerie ; mais il fleurit rarement , même en serre chaude. Ce genre appartient à la famille des vcrbénacées : ses fleurs sont monopétales , régulières , à quatre divisions ; ses quatre étamines sont égales et saillantes ; il n'a qu'un stig- mate, et ses baies contiennent quatre graines calleuses; les feuilles sont opposées et les fleurs en bouquets axillaires. Le Callicarpe d'Amérique , Callicarpa americana, Linn. , a au plus un mètre ( 3 pieds) : ses rameaux sont cotonneux et jaunâtres. Ses feuilles ont été employées avec succès contre les hydropisies, probablement en infusion. Cinq espèces nouvelles ont été observées depuis , tant au Japon qu'en Amérique ; une de Carthagène , callicarpa, integrifolia , est figurée dans Jacquin , Amer. p. i5, t. 120 , f. 7. (n. de V.) CALLICERE. {Entom.) Gra,venhorst a décrit sous ce nom, qui signifie belle antenne, une espèce de staphilin , qui a le dernier article des antennes beaucoup plus allongé que les autres; il le nomme obscur, et il en a fait un genre particulier : c'est un insecte qu'il a trouvé dans la Lasse Saxe. Consultez l'article BRACHiiLYTr.Es. (C D. ) CALLICHTE. {Ichiyol.) Ce nom, qui signifie beau poisson , a été donné à une espèce du genre Cataphracte , de la divi- sion des oplophores. (CD.) CALLICOCCA. {Bot.) Ce nom, adopté par Brotero, a été donné par Schreber à un genre qui est le niême que le Tapogome d'Aublet, ou le Cephelis de Swartz (voyez ces mots). Selon Brotero, l'ipécacuana est produit par les ra- cines de l'espèce de ce genre, qu'il nomme callicocca ipecacuana. C'est précisément cette plante que VYoodyille , ^48 CAL dans sa Matière médicale, a décrite et figurée sans fleurs, vol. 3 , p. 562 , (ab. 2o5 , sous le nom d'Ipécacuana. Elle croît au Brésil. Voyez Ipécacuana , Tapogome, etc. ( Lem. ) CALLICORNE ( Bot. ) , Callicornia. Le genre que Burmann fils désignoit sous ce nom, avoit été réuni par Linnœus à son Leysera ; maintenant c'est un asteroptère, asleropterus de Ga^rtner. ( J.) CALLIDIE (Entom.), Callidium , genre d'insectes coléop- tères, à quatre articles à tous les tarses, de la famille des xylophages ou lignivores. Ce nom de callidie a été introduif dans la science par Fabricius : il est emprunté et formé de deux mots grecs, dont l'un Kot?^iov { callion) s'igniûe la plus belle, et dont l'autre ÎS^ect (idea) veut dire forme. Ces insectes sont en effet très- remarquables par la beauté de leurs formes et la vivacité des couleurs dont ils brillent. Fabricius, dans son système des élcuthérates, a partagé ce genre en deux; il nomme cljtes les espèces chez lesquelles il suppose que la languette n'a pas de découpures, tandis que, suivant lui, il en existe de très -petites dans les calli- dies : mais, il faut l'avouer, la forme du corselet et la figure des cuisses paroissent être le véritable caractère qui a dé- terminé Fabricius à établir cette séparation. Les élytrcs des callidics sont également larges et recou- vrent tout-à-fait l'abdomen : voila une note qui suffit pour les distinguer d'avec les molorques , qui les ont très-courtes, et d'avec les rhagies et les leptures, qui les ont rétrécies à l'extrémité libre. Leur corselet n'est pas épineux sur le côté : cette seconde particularité les éloigne des priones, des lamies et des capricornes. Leurs antennes sont sétacées j ce qui les sépare des spondyles. Enfin la iùie verticale des saperdes , et leur corselet parfaitement égal sur les bords, les éloignent des espèces du genre qui nous occupe, parce que le corselet de celles-ci est toujours globuleux, et leur tête oblique ou horizontale. On peut donc établir comme il suit les caractères des callidies. Caract. gén. Antennes cétacées, plus longues que le corselet, insérées dans une échancrure des yeux ; élytres égale- CAL ^9 ment larges, à corselet arrondi, plus étroit en devant et en arrière ; cuisses renflées ; quatre articles à tous les tarses, les trois premiers garnis de pelottes en dessous. Les moeurs des callidies sont absolument les mêmes que celles de toutes les espèces de la famille des Xylophages (voyez cet article). Leurs larves , molles, allongées, de forme presque carrée, à pattes courtes, à col renilé, à dos garni de tubercules , vivent sous les écorces des bois : elles s'y pratiquent des sinuosités où elles se nourrissent de dé- tritus de la végétation. Elles se métamorphosent en automne pour la plupart, et elles passent l'hiver sous la forme de nymphe. Les insectes parfaits se font remarquer principale- ment au printemps. Les callidies sont des insectes très -brillans , et les espèces de ce genre font l'ornement des collections. La couleur de leurs élytres varie beaucoup et présente les nuances les plus agréables : en général elles sont couvertes d'un duvet très- tin, qui leur donne un aspect soyeux ou velouté. On en connoit plus de cent espèces : nous n'indiquerons ici que celles du pays dont les couleurs sont plus remarquables, et nous les diviserons en deux groupes ou sous-genres. 1." Sous-genre. Callidies à corselet aplati verticale- ment^ ou déprimé ; cuisses globuleuses. 1. Callidie porte-faix, Callidium bajulus, Panz. Faun. German. init. 70, 1. Caract. D'un brun violàtre ; corselet à duvet cendré; des taches blanches, comme effacées, sur les élytres. On a probablement nommé ainsi cette espèce parce qu'elle porte sur le corselet deux taches ou saillies luisantes, qui paroissent être au premier abord le résultat d'un frot- tement, et que son dos est comme couvert de farine; ce qui l'a fait comparer à un fort de la halle à larges épaules, à omoplates saillantes et à veste poudreuse. On la trouve assez rarement sur les troncs des chênes, vivant dans les bois. 2. Callidie COI.-ROUGE , Ca//Jiium Fennicum , la Lepture noire à corselet rougeâtre , GeofT. 1, 219, 19. 25o CAL Ciiract. Tùte, élytres , poitrine et masse des cuisses, d'un bleu métallique foncé ; corselet rouge. 5. Callidie bancroche, Callidium clavipes. Caract. Le corps entièrement noir; toutes les cuisses en massue , globuleuses. 4. Callidik violet, Callidium violaceum. Caract, D'un beau violet métallique en dessus, brun ou noir en dessous. 5. Callidie grosse - cuisse , Ca/iiitum /emorafum , Oliv. Insect. 70, pi. VII, fig. 77. Caract. Entièrement noir, avec toutes les cuisses ferrugi- neuses. 6. Callidie rustique, Callidium ruslicum. Caract. D'un jaune ferrugineux très - pâle par tout le corps. 7. Callidie sanguin, Callidium sanguineum, la Lepture veloutée couleur de feu, Geoiî'. 1 , 220, 21 ; Panzer. F. G. 70 , 9. Caract. Noir : corselet et élytres d'une belle couleur rouge, satinée. Cet insecte est fort commun à Paris au commencement du printemps. On l'apporte dans le bois à brûler. 11 est en très-grande abondance dans les bûchers. Toutes ces espèces ont à peu près la même manière de vivre; elles volent et marchent lourdement. Leur vie paroît très -courte. La plupart sortent du bois la nuit, ou le soir au jour tombant. a.'' Sous-genre. Callidies à corselet convexe en dessus ( les clytes de Fabricius ) ; cuisses comprimées. 8. Callidie arqué, Callidium arcuatum ^ la Lepture aux croissans dorés, Geoff. 212, 10; l'anz. 4, 14. Caract. Noir velouté : à antennes et pattes testacées ; quatre lignes arquées, et des points jaunes sur les élytres. Ce bel insecte court très -vite et se trouve sur les bûches nouvellement débitées : les mâles sont beaucoup plus petits que les femelles; ils sont très -alertes et on a beaucoup de peine à les saisir. CAL 25i q. Callidie du bélier, Callidium arietis , la Lepture à (rois bandes dorées, GeofF. i, 214, 11. Caract. Noir velouté : jambes, tarses et base des antennes, testacés ; trois lignes et points jaunes sur chaque élytre. 10. Callidie plébéien, Callidium plebeium. Caract. D'un noir brun satiné : élytres à trois bandes et points blancs. 11. Callidie de Marseille, Callidium Massiliense , la Lepture à raies blanches, Geoff. 2i5, 12. Caract. D'un noir brun satiné : élytres à trois bandes ar- quées, blanches. 12. Callidie bu bouillon - blanc, Callidium verhasci. Caract. Corselet et élytres d'un vert velouté pâle : deux: taches et un croissant noirs sur chaque élytre. i3. Callidie orné, Callidium ornatum. Caract. Corselet et élytres d'un vert velouté : quatre bandes noires, dont une sur le corselet. i/|. Callidie QVArRE,-?on et par son calice divisé seulement en trois parties. On en peut conclure ) ou qu'un des deux caractères n'est pas tout' à-fait exact , ou qu'il faudra Un peu généralisei* le caruc» tère générique de la cassythe pour y tamenei^ \ê ôâlodium, hu première de ces opinions paroii étve telle tle Lour^ùo 26o CAL qui est porté à croire que ces deux plantes sont la même, et Willdenow, éditeur de son ouvrage, n'hésite point à confirmer cette identité. ( J. ) CALO-DOTIRO {Bot.), nom brame d'une espèce de stramoine, dafu7-a, différente, par son fruit lisse , des autres straraoines, et surtout du métel , datura me tel , qui est le dotiro des brames. Voyez Nila-hummatu. ( J. ) CALOMBRE {Bot. ), nom sous lequel Commerson désigne, dans son Herbier de l'Isle-de-France , une plante saraien- teusc, quie&i. dit-il, le calomlo de l'Inde, et que le célèbre Poivre, intendant de celte colonie, avoit naturalisée dans son jardin. 11 la croit très-voisine du genre Menispernium , et Lamarck l'a nommée rnenbnermum palmatum. Il est très- probable que c'est le calamhé ou columbo célèbre dans l'Inde, et le témoignage de Commerson le confirme, malgré le léger changement de nom. Voyez Colu mbo , Méaisferme. (J.) CALOMERIE [Bot.), Calomeria amaranthoides , Vent. ^ Malm. t. 73. C'est une jolie plante herbacée, originaire de la Nouvelle -Hollande. Elle répand une odeur analogue à celle de la sauge, et appartient à la classe des composées et à la famille des corymhifères. Sa tige est droite, un peu velue et gluante, de la grosseur du doigt, simple et haute de trois à cinq pieds. Elle est garnie de feuilles alternes , rapprochées, d'un vert sombre, et se termine par une immense et lâche panicule de fleurs petites, pendantes, roussâtres et luisantes. Les feuilles sont ovales, oblongues , pointues, un peu velues, rudes au toucher et ridées. Leur base s'amincit sensiblement et se dilate ensuite de chaque côté en une oreillette arrondie. La panicule est garnie de bractées dans tous ses points de divisions. Les principaux rameaux sont arqués et part;igés en un grand noinbre d'au- tres rameaux pendans. Les fleurs, assez semblables à celles des armoises, auprès desquelles la caloméric doit être ran- gée , sont portées chacune sur un pédoncule foible et écailleux. Leur calice commun, formé de plusieurs écailles, imbriquées, conniventes , renferme trois ou quatre fleurons hermaphrodites, tubulés, à cinq dents, et munis de cinq étamines réunies par les anthères. Les graines n'ont point daiorefte et sont portées sur un réceptacle n.u. CAL 26: Cette plante çst bisannuelle. On la cultive dans les jar- dins de la Malinaison , oîi elle est en pleine fleur à la fin de l'été. ( Lem. ) GALOPE (Entoni.), Calopus, genre d'insectes coléoptères à quatre articles seulement aux pattes de derrière , et de notre famille des ornéphiles ou sj'lvicoles , entre les py- rochres et les cistèles. Ce genre ne comprend encore qu'une seule espèce : il a été établi par Fabricius , adopté par Paykull. Linna^us et Degéer en avoient fait un capricorne, genre dont il diffère principalement par le nombre des articles aux tarses. Ce nom de calopus vient probablement des mots grecs zetXQ; , beau, et ttSç, pied, parce que les pattes de cet insecte sont très -déliées. Voici les caractères qu'on pourroit assigner à ce genre pour le distinguer des autres de la même famille. Caract. Antennes filiformes, dentées ; corselet arrondi, cylin- drique, beaucoup plus étroit que les élytres ; cuisses postérieures non renflées. Ainsi la foi'me du corselet arrondi éloigne cet insecte des hélopes et des serropalpcs, qui l'ont presque carré, et des cistèles, qui l'ont plus étroit en devant, large en arrière. Les cuisses non renflées le séparent d'avec les hories, et le corselet cylindrique sert à le distinguer des pyrochres, qui l'ont aplati. On a nommé corne en scie, serraticornis , la seule es- pèce qui compose ce genre. On la trouve en Allemagne. Elle est d'un brun livide, à duvet très- court et grisâtre. On présume que sa larve vit dans le bois, comme toutes celles de cette famille. (CD.) CALOPS. (Ichtjol.) C'est le nom que les pêcheurs de l'Océan donnent à une espèce de labre, qu'ils nomment aussi la bandoulière brune. (CD.) CALORIFIQUE. (C/iim.) On a quelquefois nommé calo- rie" •« la matière de la chaleur : elle est beaucoup mieux désignée par le nom de calorique, plus simple, plus court et plus expressif. Voyez le mot Calorique. (F.) CALORïMÈTPvE. (Chim.) Le calorimètre est un instru- a6a C A L ment très- utile aux physiciens et aux chimistes modernes, et qui leur sert pour déterminer la quantité de calorique contenue dans les corps. On peut se le représenter connne ■une sphère, ou boule d'eau glacée , ou de glace à zéro, creu- sée dans son milieu de manière à ce qu'on puisse y tenir plongé un corps quelconque, échauHé à un degré connu, jusqu'à ce qu'il soit descendu au degré zéro. Ce refroidisse- ment ne peut avoir lieu qu'en cédant du calorique aux parois intérieures de la boule déglace, qui en éprouve une fusion proportionnelle à la quantité de calorique absorbée par elle. La quantité d'eau fondue à zéro est donc la mesure de celle du calorique. Au lieu d'une vraie sphère de glace, on met de la glace pilée dans des enveloppes de tôle mince, se recouvrant les unes les autres, de manière à ce que la température exté- rieure ne puisse pas iniluer sur la glace fondue au centre. Le milieu vide forme une sorte de laboratoire, où l'on ex- pose les corps à refroidir Jusqu'à zéro ; un réservoir reçoit l'eau fondue par le corps échaufîé : on la pèse, et l'on sait ainsi la quantité de glace liquéfiée, qui donne celle du calorique enlevé au corps chaud. On a trouvé, par cet instrument dû au génie de Lavoisier et deLaplace, que des corps divers, échauffés au même degré, fondent des quantités différentes de glace, et contiennent par conséquent des proportions diverses de calorique : c'est ce qu'on nomme capacité pour le calorique dans les CDrps. Voyez les mots Calorique et Chaleur. ( l'. ) CALORIQUE. ( Chim.) Les chimistes donnent le nom de calorique à la matière qui ^produit la sensation de la cha- leur, qui n'est en effet que la suite de l'action de cette ma- tière sur nos organes. Cet effet, le plus généralement apprécié par les hommes, dépend de l'accumulation du calorique duns nos corps, ou de l'application de corps plus chauds, comu:e la sensation du froid est due à la soustraction du calorique par des corps plus froids. Quoiqu'il existe encore une discussion, élevée depuis plus d'un siècle entre les savans, sur la cause de la chaleur, que les uns u'uitribuent qu'au mouvement iiUestin des nio- CAL 263 lécules dans les corps chauds , et que les autres rapportent à une matière existante par elle-même, les chimistes adoptent cette dernière opinion, et la regardent, sinon comme prouvée, au moins comme beaucoup plus probable que la première. En effet, si l'on ne peut pas démontrer l'existence du calorique, comme corps, parla pesanteur, ce qui tient à son extrême légèreté, on peut au moins assu- rer qu'il obéit à l'attraction, puisqu'il se combine avec dif- férens corps, et avec des degrés de force différens pour chacun d'eux. Pour avoir des idées nettes sur le calorique , il faut décrire les principales propriétés qu'on y a reconnues et qui le caractérisent essentiellement. On sent bien , et je dois néanmoins le faire remarquer ici surtout, que je n'ai d'autre intention que celle de donner une notion exacte, mais très-précise, des propriétés d'un être dont l'histoire complète et détaillée occuperoit à elle seule, si je voulois l'approfondir, une grande partie de ce volume : quelques lignes seulement doivent y être consacrées , d'après le plan que je me suis fait pour la partie dont je me suis chargé. 1." Le calorique pénètre tous les corps ; aucun ne l'ar- rête ou n'est imperméable pour lui : cependant il s'y insinue et en parcourt le tissu avec plus ou moins de facilité ou de promptitude. I-es corps qui s'échauffent vite et dans toute leur continuité, comme les métaux, sont nommés bons conducteurs ; et l'on appelle mauvais conducteurs du calorique ceux qui ne l'admettent dans toute leur masse que lentement, et sans uniformité, comme le bois, le charbon. 2." En pénétrant les corps, le calorique en écarte les particules et en augmente les pores : il dilate ainsi les sor lides et raréfie les liquides. Il fait passer les premiers de létat solide à l'état liquide , ce qui est nommé fondre ou liquéfier; et les liquides ù l'état fluide élastique ou gazeux, ce que je nomme gazéjier. ù." Quoique les corps écbaufïés, dilatés, raréfiés, fondus, gazéfiés, puissent être considérés comme combinés avec le calorique, il est plus juste de les regarder comme dans un simple changement d'état, et non comme une véritable ■2S4 CAL combinaison, puisque le plus souvent le calorique s'en sé- pare spontanément, et les laisse ainsi revenir à leur pre- mier état. 4.° A mesure que les particules ou molécules des corps éprouvent un écarlement plus ou niuius grand par l'intro- duction du calorique entre elles, leur attraction réciproque diminue, et celle qu'elles ont pour les molécules des autres corps s'accroit dans la même j)roportion : c'est pour cela qu'on se sert du l'eu pour faciliter les combinaisons et les opérations de chimie. 5.° Les corps divers admettent entre kurs molécules des quantités diflerentes de calorique pour s'élever à la même température , et c'est ce qu'on nomme capacité pour le calorique. On en juge et ou détermine cette capacité, par conséquent le calorique spécifique, soit en mêlant des pous- sières ou des liquides qui n'agissent pas chimiquement les uns sur les autres, après les avoir inégalement chauflés, et en comparant la température qui résulte de ce mélange à la température primitive de chaque matière; soit en exposant dans le calorimètre chaque corps chaufl'é au même degré jusqu'à ce qu'il ait pris zéro de température : ou détermine dans le dernier cas le calorique spécifique par la quantité diverse de glace fondue. 6.'' S'il restoit, d'après le premier énoncé, quelque dif- ficulté pour bien concevoir la diiîèrence du calorimètre destiné à mesurer le calorique S])écihque d'avec le ther- momètre fait pour indiquer la chaleur sensible ou la température des corps, on se représenteroit très-bien les deux instrumens et les propriétés qu'ils indiquent, par la balance ordinaire employée pour peser dans l'air un poids déterminé d'une substance quelconque, et la balance hjdros- ta tique , avec laquelle, en pesant les corps dans l'eau, on détermine, par la quantité de liquide qu'ils déplacent et la perte de poids qu'ils éprouveut, leur pesanteur spéci- fique. 7.° Les expériences des modernes prouvent que les corps , en passant de l'état solide à l'état liquide , de celui-ci à l'état gazeux , et réciproquement , changent en même temps de capacité pour le calorique. Ainsi l'eau en glace, l'eau li- CAL 2C5 quide, l'eau en vapeur, n'a pas dans ces trois élats la même capacité, c'est-à-dire, exige des quantités diverses de calo- rique pour s'élever d'un même nombre de degrés de tem- pérature : voilà pourquoi on donne aujourd'hui, en physique, une valeur réelle aux mots élut des corps, changement d'état, puisqu'ils désignent un changement réel dans leur rapport avec le calorique. 8.° On conclut, de la différente propriété des corps, de laisser passer ou de conduire le calorique et d'en admettre des quantités diverses par leur spécilicité, que cet être obéit à des attractions chimiques, qu'il a des affinités électives, qu'il se combine diversement avec les corps divers, et que par conséquent il existe par lui-même et ne doit pas être considéré comme une simple modification dont tous les corps sont plus ou moins susceptibles. 9.° Ce qui confirme cette conclusion, c'est que dans toutes les combinaisons chimiques il y a du calorique absorbé ou mis en liberté; c'est que la quantité de ce corps qui ejîtredans un composé, en sort lorsque ce coriiposé se dé- truit, ou y rentre lorsqu'il se reforme. 10.° En faisant agir le calorique libre, la chaleur ou le feu, sur des corps composés, l'écartement qu'il produit entre leurs molécules constituantes en opère la décompo- sition, et cela de deux manières : i.° en n'altérant pas les matières qu'il dégage par la volatilisation ; c'est l'analyse vraie ou simple, et cela n'a lieu que sur quelques com- posés binaires, dont un des principes est volatil et l'autre iixe : 2.° en dégageaîit deux ou trois principes à la fois, qui s'unissent autrement et en d'autres proportions qu'ils ne l'étoient dans le premier composé ; c'est l'analyse fausse ou compliquée , qui a lieu dans les composés ternaires ou quaternaires. Voilà ce qu'il y a d'essentiel à savoir sur les propriétés du calorique ; cela suffit pour concevoir les phénomènes de la nature et l'emploi du feu dans les arts. On trouvera ^ aux mots Feu, Lumière, Fourneaux, Fusion jTeivii'éra- TURE, etc., quelques autres notions propres à étendre, éclaircir, ou appliquer utilement celles qui viennent d'être données dans cet article. (F.) ^66 CAL CÎALOSOME (Enfom.), Calosoma, genre d'insectes co- léoptères, à cinq articles à tous les tarses, de la famille des créophages ou carnassiers. Ce genre a été établi par Fabricius, dans son S3/^lème des Eleutérates, d'après VVeber, et voilà pourquoi le nom a quelque signilication. Il est tiré de deux mots grecs, dont l'un , K5tA©'(crt/oi) , veut dire beau, et l'autre , (ro/xat (soma) , est synonyme de corps : la couleur des él) très dans plu- sieurs espèces de ce genre est en effet très-brillante. Ce genre est très -bien établi, et par la forme générale ^es insectes qu'on y range , et par les mœurs du plus grand nombre. Les calosomes ont le corselet aplati , à peu près de la" même largeur que les élytres. Cette note suflit pour les distinguer d'avec les cicindèles, les élaphres, les dryptes, les manticores et les colliures, qui ont le corselet plus étroit que la tête. La tête des calosomes n'est point engagée dans le corselet, comme dans les omophrons, les notiophiles et les scarites. Les bords du corselet sont arrondis, et non carrés ou en cœur, comme dans les carabes , les brachyns , les anthies et les tachypes. Enfin, leur bouche n'est pas por- tée au bout d'un bec, comme dans les cychres. Consultez la planche des Insectes créophages, de cet ouvrage. On pourroit exprimer comme il suit le caractère du genre des calosomes. Caract. gén. Corps ailé : élytres à écusson ; corselet presque circulaire , déprimé ; abdomen large, presque carré ; jam- bes antérieures non échanci'ées. Fabricius a distingué dix espèces dans ce genre : la plu- part sont étrangères ; trois cependant sont bien connues en France et ont été décrites par tous les auteurs. Nous allons en parler ici. 1. C.\LOsoME SYCOFHANTE, Calosoïtia sjcoplianta. Le Bu- preste carré, couleur d'or , Geoff. i, 144, 6. (Consultez la planche des Coléoptères créophages, n.° 4, de l'Atlas de cet ouvrage.) Caract. Corps d'un noir violet ou bleu métallique; élytres striées, vertes, brillantes, dorées. CAL 267 La larve de cet insecte , qui a le plus grand rapport de forme avec celle des carabes, se nourrit principalement des chenilles qui vivent en société; elle pénètre sous la tente de celles du bonibyce processionnaire , parmi lesquelles on a presque toujours occasion de l'observer, l.'insecte par- fait se nourrit aussi de chenilles, et pour les chercher il grimpe sur les arbres. C'est en secouant les branches qu'on a le plus souvent occasion de l'observer; il vole mal, et tombe en parachute, en déployant les ailes. Lorsqu'on le saisit, il vomit, et porte une odeur acide, désagréable. 2. Calosome inquisiteur, Calosoma inquisitor , le Bu- preste carré, couleur de bronze antique, Geoff. 1 , 146 , C. Caract. Corps entièrement cuivré : élytres striées , à trois rangs de points enfoncés. On trouve cet insecte assez communément l'été : ses mœurs sont semblables à celles de l'espèce précédente. 3. Calosome réticulé, Calosoma reticidalum. Caract. Noir: élytres vert-doré, comme réticulées; bords du corselet verdàtres. (CD.) CALQUASSE (Omith.), nom vulgaire de la pie-grièche grise, lanius excubitor. ( Ch. D. ) CALOUBOULI (Bot.) y nom caraïbe d'une espèce de banistère, suivant Surian. ( J. ) CALP. {Miner. ) Kirwan a donné ce nom à la pierre à bâtir de Dublin. Elle est d'un noir bleuâtre , avec des veines de chaux carbonatée blanche. On la trouve en grande masse. Elle contient cinquante pour cent de chaux carbonatée, mêlée avec de l'argile, de la silice et du fer; elle fait par conséquent effervescence avec les acides. Elle doit être regardée comme une sous-espèce de la chaux car- bonatée. Voyez Chaux caiibonatée cal?. ( B. ) CALFIDIE (Bot.), Calpidia, petit arbre de l'IsIe-de-France, dont le tronc, haut de huit à neuf pieds au plus, en a jus- qu'à quatre de diamètre. Son écorce est épaisse et son bois très-mou; ses rameaux ramassés forment une tête touffue. Les feuilles sont alternes, presque sessiles , lancéolées, lé- gèrement charnues et d'un vert foncé. Les fleurs sont dis- 265 CAL posées en panicules axillaires, dont chaque division, ac- conipagnce d'une bractée à sa base, se termine en une petite ombelle de fleurs, entourée de plusieurs écailles, formant une involucre. Ces fleurs , portées chacune sur un pédoncule propre, répandent une odeur agréable. Elles présentent dans leur organisation les caractères des nycta- ginées, etparoissent diflérer assez des autres plantes de cette famille pour donner lieu à la formation d'un genre nou- veau. C'est l'opinion de M. du Petit-Thouars , qui l'a observé le premier, et qui lui donne le nom de calpidia, tiré de la forme du calice semblable à une urne, nommée calpis en grec. Ce calice est campanule, de couleur rose, divisé par le haut en cinq parties, ayant l'aspect d'une corolle. Dix étamines, débordant à peine le calice, sont insérées au- dessous de l'ovaire, qui est surmonté d'un style et de deux stigmates. Cet ovaire devient une graine allongée, recou- verte par le tube du calice, qui subsiste, se prolonge à la longueur d'un à deux pouces , et prend , avec une consis- tcnce coriace, la forme d'une capsule prismatique, à cinq angles, tronquée au sommet. L'embryon contenu dans la graine recouvre, par ses lobes amincis et foliacés, un corps ou moule central et charnu. Ces caractères, et surtout le dernier, prouvent l'aflinité de ce genre avec les nyctaginées. 11 se place naturellement dans la section des tiges ligneuses, près du Pisonia, qui a, comme lui, des capsules prismati- ques, mais beaucoup plus courtes, et se di:stingue de plus par un nombre moindre de fleurs entourées d'un même involucre et d'étamines contenues dans la même fleur. Peut-être ces différences ne seront pas jugées sulflsantes pour établir une distinction générique, et alors la calpidie deviendroit seulement une espèce remarquable du genre Pisonia. ( J. ) CALQUIN (Ornith.) , oiseau de proie du Chili, observé parMolina, et dont la description se trouve sous le mot AiGi.E. (Ch. D.) CALTHOÏDE {Bot.), Calthoides. On a long-temps démon- tré, sous ce nom, au Jardin des Plantes, la première espèce connue du genre Olhonna ^ qui est maintenant Vothenna chfirifolia. ( J. ) CAL 269 CALUCU (Bot.), nom macassar du cocotier. ( J. ) CALUMBÉ, ou Calombé, ou Calumbe. [Bot.) Voyez COLUMBO, CaLOMBRE. ( J. ) CALUMET. (Bot.) Ce nom est connu par les relations des voyageurs, surtout celles qui concernent les parties septentrionales de l'Amérique. Il sert à désigner la pipe qui chez les nations de cette partie du monde est le sym- bole de la paix. On croit assez généralement qu'il est emprunté de la langue de ces peuples ; mais c'est une erreur : car ce mot est d'origine Françoise; il a été adop- té par les premiers colons François du Canada. C'est notre mot chalumeau prononcé à la Normande, et qui par là se rapproche davantage du latin calamus , d'où l'un et l'autre dérivent. Il a été porté successivement dans nos diffé- rentes colonies, où il désigne les tiges creuses dont on s'est servi pour faire des tuyaux de pipes, en sorte que, suivant les pays, il a été donné à des plantes très-différentes. A Bourbon "(la Réunion)-, on le donne à une espèce de bambou remarquable, dont Jussieu a fait le genre iVai/us ; on l'a surnommé des hauts, parce qu'il ne croit qu'à une élévation de six à sept cents toises au-dessus du niveau de la mer : mais il s'arrête à cette hauteur , en sorte qu'il forme tout autour de l'île une ceinture assez régulière. C'est une indication assez précise pour juger la hauteur où l'on est parvenu; elle sert surfout de point de recon- noissance aux chasseurs créoles qui fréquentent l'intérieur de l'île. Ses rejets droits, qui ont vingt à trente pieds de long, sont estimés pour faire des lignes de pêche ; les entre- nœuds , qui ont jusqu'à un pied de long et un à deux pouces de diamètre, servent à faire plusieurs ustensiles. (A. P.) Dans la colonie de S. Dominguc, on donne le nom de ealumet à deux plantes différentes ; lune est appelée calumet grand, et l'autre calumet petit : ce qui est désigné peut-être par Nicholson sous les noms de calumet franc et calumet marron. Ils servent de tuyaux de pipe. Sniviint Nicholson, le calumet franc est une espèce (Varundo, autant qu'on en peut juger par la description qu'il en donne ; mais ceux que nous avons vus à S. Dominguc 27» CAL entre les niains des créoles, nous ont p.aru «^Ire la côte d'une feuille de fougère, dont nous n'avons Jamais pu voir la plante entière. Il n'en est pas de même du calumet petit, dont les nègres seuls font usage. Ce calumet est fait avec la tige principale de l'ophioglosse griinpant, ophioglossum scandens. Le calumet grand a quelquefois trois ou quatre pieds de long sur environ six lignes et jusqu'à un pouce de circonférence. On fixe au bout une pipe de terre cuite au soleil, appelée dans le pays lachimbo. L'usage de se servir d'une tige de fougère pour tuyau de pipe paroît général aux peuples peu civilisés; nous l'avons trouvé également dans l'Afrique équinoxiale et parmi les sauvages des États-Unis. ( P. B. ) CALUMET DE CAÏENNE {Bot.), nom donné par les créoles et les nègres de cette colonie au mabier, mahea pi- riri , Aubl. p. 867 , t. 334 ? dont ils emploient les rameaux à faire des tuyaux de pipe. ( J. ) CALUNGEN. (Bot.) Voyez Chalungan. (J.) CALUNGIA {Bot.), nom sou» lequel Avicenne désigne le galanga ; les autres Arabes le nomment calvegia, suivant Dalcchamps. ( J. ) Cx'VLVEGIA ou Calvegiam [Bot. ), nom arabe, donné par Dalechamps aux différentes espèces de galanga. Voyez Marantha. (p. B. ) CALVIL ( Bot. ) , variété de pomme. Voyez Pommier. (J.) CALYCANT {Bot.), Caljcanthus , Linn., 3 uss. ; genre de plantes très-voisin rie la famille des rosacées, qui com- prend de petits arbrisseaux exotiques, dont les feuilles sont simples et opposées. Les fleurs paroissent doubles, leurs pétales étant nombreux et comme confondus avec le calice écai lieux et coloré qui les soutient. Ces pétales sont pointus , portés sur le calice et disposés sur un rang intérieur relativement à ses folioles. Les étamines sont nombreuses, insérées à l'orifice du calice, et plus courtes que ses divisions; elles portent des anthères oblon- gucs, droites et sillonnées. Les ovaires sont nombreux, situés au fond du calice et terminés par un style persis- tant. Ils deviennent autant de graines terminées supérieure- ment par une queue ou pointe particulière, et enfermée* CAL 271 dans le calice, qui s*cst changé en baie un peu raboteuse â sa surface, à cause des vestiges subsistans de ses nom- breuses divisions. Le Calycant de la Caroi-ixe, vulgairement le Pompa- dour, Calycanthus Jloridus, Linn., Duham. arb. 1 , p. 114 , t. 45, est un arbrisseau de trois à quatre pieds de hauteur, rameux et d'une forme peu régulière. Ses feuilles sont ovales, pointues, entières, glabres en dessus et un peu cotonneuses en dessous. Les fleurs sont d'un pourpre obscur, et leur corolle est formée de pétales plus longs que les divisions du calice. Cet arbrisseau, originaire de la Caroline, d'où il a été envoyé parCatesby, s'est naturalisé enEurope, où il passe très- bien les hivers en pleine terre. Ses fleurs, d'une couleur assez terne et d'une odeur peu agréable, font néanmoins un très -joli eflet dans les bosquets au prin- temps. Le Calycanï du Japon, Calycanthus prcecox , Linn., Kœmpfer Amœn. 878, t. 879, diffère du précédent par ses fleurs de couleur jaunâtre, et par sa corolle dont les pétales sont plus courts que les divisions du calice. Cette plante croît au Japon et à la Chine. Le nom générique de calj- canthus, est formé de deux mots grecs qui signifient calice et fleur, parce que les divisions du calice ressemblent à des pétales. Ce même genre avoit été nommé bastera pax? Miller et Adanson. ( J. S. H. ) CALYBE. (Ornitli.) Cette espèce de paradisier est figurée dans les PI. enlum. de Buffon , sous le n.° .634 , dans les Oiseaux de paradis de Vieillot, 5t.° 10, et dans ceux de Levaillant, n.° 24. C'est le paradisea viridis , L. (Ch. D.) CALYCANTHÈMES (Bot.), nom donné par Ventenat , dans son Tableau du règne végétal, à la famille des plantes connues antérieurement sous le nom de salicaires et main- tenant sous celui de lythraires. Linnaeus avoit le premier, dans ses Fragmenta naturalia, réuni sous la dénomination de calj'caiithemœ beaucoup de plantes polypétales , à éta- mines insérées au sommet du calice, qui ont depuis été réparties dans plusieurs familles distinctes et voisines, sa- voir les onagraires, les mélastomées , les lythraires. Comme ce aom convient également aux trois , il est préférable de 27- CAL ne le donner a aucune, et de les désigner chacune par le nom d'un de leurs principaux genres, en changeant sa ter- minaison pour le rendre adjectif. Voyez Lythraires. ( J. ) CALYCOPTERE (Bot.), Caljcopteris. Dans les Illustra- tions de Lamarck, t. ôSy , on trouve figurée sous ce nom une plante de l'Inde, dont cet auteur annonce ainsi l'in- tention de faire un genre, mais dont il n'a pas encore donné la description. C'est le même genre que Roxburg n postérieurement décrit et figuré dans ses Plantes de Coro- mandel, vol. i . p. 62, t. 87, sous le nom de getonia Jlori- bunda. C'est un arbrisseau à feuilles opposées, à fleurs axillaircs , ou ramassées en bouquets vers l'extrémité des rameaux. Leur calice, adhérent à l'ovaire, se rétrécit au- dessus et se partage ensuite en cinq grands lobes de forme ovale allongée. 11 n'existe point de corolle. Les étamines insérées au calice sont au nombre de dix , disposées sur deux rangs. L'ovaire , surmonté d'un style et d'un stigmate, devient un fruit sec, couronné par les divisions du calice subsistantes. Ce fruit ne contient qu'une graine , suivant Roxburg : mais peut-être d'autres sont avortées; car on croit apercevoir dans l'ovaire plusieurs rudimcns de graines. Ce genre a de l'aflinité avec deux familles, celle des myrobolanécs et celle des myrtoïdes annexées aux ona- graires. 11 se rapproche de la première ])ar l'absence de la corolle; mais alors il faudroit qu'il eût une seule graine, et que son embryon eût les lobes contournés autour de la radicule. 11 paroît plus voisin de la seconde, quoique privé de corolle, et sa place ot probablement à côté du combre^ tum , pourvu que son embryon ait les lobes droits. ( J. ) CALYDERME {Bot.), Calydermos. Dans la Flore du Pérou on trouve sous ce nom générique Vatropa jyhjsalodes de Linna'us. dont Adanson et de Jussieu avoient déjà fait un genre sous celui de Nicandra. ( J. ) CALYPLECTE {Bot.), Calyplcclus. Le genre que les au- teurs de la Flore du Pérou ont fait sous ce nom , ne paroît différer du munchausia que par un nombre plus considé- rable de pétales, qui s'élève a dix ou douze au lieu de six, de même que dans le lafoensia de Vandelli. Cette diflerence n'est pas suflisante pour les séparer du munchausia, au ca- CAL 275 ractère duquel il suffit d'ajouter cette variation de six à douze pétales, qui aidera à conipreudre aussi dans le même genre Tadamboé du Malabar, qui en a souvent plus de six. Voyez Mu N CHAT) SI F,. (J.) CALYFSO. {Bot.) M. du Pelit-Thouars , herborisant dans l'ile de Madagascar, y trouva un arbuste remarquable par sa belle verdure, dont les rameaux étoient garnis de feuilles opposées, lancéolées et dentées. Les fleurs, réunies au nom- bre de six à douze aux aisselles de chaque feuille des jeunes rameaux, ont leurs pédoncules particuliers, réunis à la base sur une espèce de mammelon. Leur caractère consiste dans un petit calice à cinq lobes; cinq pétales à onglets élargis, attachés au bas d'un disque pLicé sous l'ovaire, entourant sa base, et se prolongeant supérieurement en trois filets, qui supportent chacun une étamine et restent pressés par le bas contre l'ovaire. Celui-ci, surmonté d'un style et d'un stigmate, présente dans son intérieur trois loges, remplies chacune de beaucoup de rudimeus de graines attachés au centre. 11 n'a pas été observé dans sa parfaite maturité ; mais sa structure a fait présumer qu'il devenoit une baie : et dans les jeunes fruits non mûrs M. du Petit -Thouars a cru apercevoir que les cloisons disparoissoient, et que la plupart des graines avortoient ; celles qui subsistent n'ont plus aucune disposition régulière. Ce voyageur a cru que cet arbuste pouvoit constituer un nouveau genre , et il lui a donné le nom de caljypso , tiré d'un mot grec qui sio^ni- fie être caché, parce que l'ovaire est caché par le disque et la base des étamines. En comparant son caractère avec celui du tontelea d'Aublet, on voit qu'il présente peu de différence. Cette grande affinité n'a point échappé à M. du Petit-Thouars, qui indique seulement des filets d'étamines moiiadelphiques ou réunis en un seul corps dans le tontelea, distincts dans le caljpso. Mais si l'i-n admet que le disque mentionné précédemment n'est formé que par la réunion de la base des filets d'étamines, on reconnoitra que la différence consiste seulement dans cette réunion plus ou moins considérable, mais toujours existante, et que ce caractère ne paroît pas suffisant pour établir un genre nouveau. ( J. ) r. la 274 CAL CALYPTR ANTHE ( Bot. ) , Caljptranthus , genre de plantes de la famille des myrtées , qui a pour caractères, un calice tronqué à son sommet et non divisé ; des pétales réunis en un seul, conformé comme la coiffe des mousses, se déta- chant d'une seule pièce par la base dans tout son contour; des étamines nombreuses ; un ovaire adhérent presque en- tièrement au calice et devenant avec lui une haie ombili- quée supérieurement, à une loge remplie de quelques se- mences , dont plusieurs avortent ordinairement. Les diverses espèces de ce genre sont des arbres ou arbrisseaux à feuilles le plus souvent opposées, à ileurs terminales ou axillaires. Ce genre, établi par Swartz, se distingue de la plupart des myrtées, surtout par ses pétales réunis en coifFe, comme dans l'eucalypte, dont il diffère par son fruit à une seule loge et ses feuilles ordinairement opposées. Swartz y a rapporté quelques espèces de myrtes de Linnaeus, tels que les tnyrtus zuzygium , clvytraculia et rigida, qui ont les pétales réunis, et Willdenow y a ajouté trois autres espèces. Les trois premières se trouvent à la Jamaïque. Le calyptranthes zuzjgium se distingue par ses fleurs portées sur des pédon- cules axillaires trichotonies et ses feuilles ovales obtuses ; le cal/yptraiithes chytraculia, par ses pédoncules terminaux trichotomes et paniculés, ses feuilles ovales atténuées par le haut; le calyptranthes rigida, par ses pédoncules axil- laires , chargées seulement de trois fleurs , ses feuilles ovales , aiguës et roides. Il paroit qu'on doit rapporter à ce genre I'AnktEnda de Ceilan et le Belutta-kanelli du Malabar, Voyez ces mots. ( J. ) CALYPTRE. (Bot.) Voyez Coiffe. (J.) CALYPTKÉE {MoU.}, Lam. , genre de mollusques à co- quilles en cône, établi par Lamarck, avec les espèces de patelles qui ont, en dedans de la coquille, vers la pointe, une lame verticale contournée en demi -tube. Le nu nie auteur a décrit, dans les annales du Muséum, î. i, p. 081 , plusieurs espèces fossiles de ce genre. Nous en traiterons plus en détail au mot Patelle. Voyez Patelle. ( Duv. ) CALYTRIPLE(Bo^), Caly triplex. Les auteurs de la Flore du Pérou nomment ainsi une plante herbacée, monopétale, qui paroit appartenir à la famille des pcrsonées. Son calice, C A M 275 accompagné de deux bractées ou écailles petites et étroites, est divisé profondément en cinq parties, dont trois exté- rieures p]us larges, et deux intérieures plus étroites; ce qui, ave« les bractées, figure jusqu'à un certain point trois calices l'un dans l'autre, du moins selon la manière de voir des auteurs qui en ont tiré leur nom générique. La corolle attachée sous le pistil est un tube court, dont le limbe se partage en cinq lobes arrondis, légèrement échan- crés et inégaux. Les étamincs , insérées au tube, sont au nombre de quatre, deux grandes et deux plus petites. L'ovaire libre, surmonté d"un style et d'un stigmate en tête, devient une petite capsule ovale, à deux loges poly- spermes, s'ouvrant en deux valves, qui se partagent ensuite chacune en deux. Les graines sont portées sur des récep- tacles appliqués sur le milieu de la cloison , qui paroît parallèle aux valves. Ce caractère générique a été seul publié. On ne connoit pas encore l'espèce. En comparant ce genre à ceux qui composent la famille des personées, on croit lui trouver quelque affinité avec le russelia de Jacquin : ce rapport sera confirmé ou détruit quand on aura pu étudier la plante. (J.) CALYXHYMENE [Bot.) , Calyxhjmenia, nom donné par Ortega à un genre de plantes nommé oxybaphus par l'Héri- tier, très-A'oisin du nictage, dont il ne diffère que par son calice court, divisé par le haut en cinq lobes et débordant à peine l'involucre , et par ses étamines qui ne sont qu'au nombre de trois ou quatre. Cet invoîucre, que la plupart des botanistes prennent pour un calice, devient , après la chute de la tleur, plus grand, sec et comme membraneux; c'est de ce caractère que son nom a été tiré. Voyez Oxr- BAPHE. ( J. ) CAMAA. {Mamm.) Les Hottentots nomment ainsi le bubale, antilope bubalis, L. ( F. C. ) CAMACARl {Bot.), grand arbre du Brésil. Marcgrave , qui le décrit imparfaitement sans le figurer, dit que son tronc est droit et efiilé , son écorce grise , ses feuilles al- ternes, semblables à celles du laurier. Des incisions faken à l'écorce il suinte des larmes d'une résine roussàtre et. ^yt» C A M sans odeur , que l'on emploie à l'intérieur pour tuer les vers des pieds. Le bois est jaune, et l'on en fait des boîtes dan» lesquelles on conserve le sucre. Plukenet soupçonne que c'est le même arbre qu'il nomme xylocistc , et qui sert aux mêmes usages dans les Barbades. ( J. ) CAMACOAN. {Bot.) A Amboine on nomme ainsi, au rapport de Rumphius, une espèce de canari, canarium odo- riferum (Herb. Amb. vol. 2 , p. i5/S, t. 90). ( J. ) CAMADJARA. ( Bot. ) Dans l'île de Java on nomme ainsi le schénante , andropogon schœnanthus. (J.) CAMADU. {Bot.) A Java on nomme ainsi, suivant Rum- phius, vol. 6, p. 47, t. 20, f. 1 , une ortie non rapportée aux espèces connues. (J.) CAMAIL. ( Ornith. ) Ce nom et celui de crayalle désignent dans Buffon une espèce de tangara, tanagra atra , L. (Ch.D.) CAMAJONDURO. {Bot.) A Carthagène une espèce d'hé- lictère , helicteres apetala , porte ce nom, suivant Jacquin. (J.) . CAMALANGA ou Comolanga {Bot.) , nom donné par Dalechamps à un fruit pulpeux et long , qui ressemble à celui d'une citrouille, et croit dans ïile de Sumatra. 111e nomme aussi darian. C'est le melo indicus fructu oblongo de Caspar Bauhin. Faute de notions plus étendues nous ne pouvons le rapporter à son genre ni à aucune plante connue. Dalechamps nous apprend qu'il croît sur terre comme un melon , et qu'il a beaucoup de pulpe ; que les Espagnols en font des confitures qui surpassent celles dos citrons confits, et qu'ils nomment carabassadas. Si, d'après des notions aussi imparfaites, il éfoit permis d'avoir une opinion , nous serions portés à croire que le camalanga pourroit être ce que l'on nomme vulgairement aujourd'hui inelon d'eau ; mais Dalechamps ne parle pas du caractère le plus frappant de cette espèce, qui a la chair de son fruit communément rouge. C'est peut-être la même cucurbitacée qui est décrite et figurée par Rumphius sous le nom de camolenga., dans son Herb. Amb. vol. 5, p. J^S , t. 145, et qui paroît appartenir au genre Cucurbita. (P. B. ) CAMANDAG ou Camandang. {Bot.) C'est un arbre des C A M 277 Pliilippines, dont Camelli , cité par Rai, ne fait mention que pour indiquer ses qualités nuisibles. Le suc laiteux qui en découle, et que l'on nomme ^aguc , est un poison très-actif, dont on imprègne les llèches , et qui fait périr promptement les personnes blessées avec ces armes. ( J. ) CAMANGSI (Sot.) , nom donné, dans les Philippines, à une espèce de jacquier, artocarpus , cité par Camelli. ( J. ) CAMANIOC (Bot.) , surnom donné , dans les Colonies fran- çoises de l'Amérique, au manioc doux. Outre que sa racine sert, comme nous l'avons déjà dit ailleurs, à faire de la cassave, on fait encore cuire ses racines sous les cendres, et on les mange comme des patates. Voyez C.\ssave , Manioc, Jatrofiia, Patate. ( P. B. ) CAMANTOURAY ou Cambantouiva (Bot.), nom donné, dans un herbier de la côte de Coroniandel, à une espèce de pharnace, pharnaceuin dislichum, dont la racine, en tisane, est regardée comme fébrifuge. ( J. ) CAMARA (Bot.),Lantana, genre de la famille des ver- lîenacées , qui contient une quinzaine de jolis arbrisseaux naturels à l'Amérique, et dont quelques-uns meublent avan- tageusement nos serres. Ils sont encore plus agréables en été, surtout l'espèce à fleurs variées. Ses caractères sont: une corolle en entonnoir, à tube grêle et courbé , à limbe plane, divisé en quatre lobes inégaux; des étamines, au nombre de quatre, insérées à ce tube; un stigmate coudé sur le style ; un drupe mou , contenant un osselet à trois loges , dont l'inférieure est stérile ; les deux autres sont remplies d'une seule graine. Les tiges sont quadrangulaires ; les fleurs , munies chacune de leur écaille pourpre, sont rapprochées en têtes arrondies ou allongées , axillaires et pédonculées ; et les fruits , ainsi réunis , présentent la forme de ceux du mûrier. La plupart de ces arbrisseaux avoient été comparés, pour leurs feuilles et leurs bouquets de fleurs , aux viornes ( vihurnum ). Plumier leur conserva le nom de camara , qui est brasilien , suivant Pison. Ce nom a été rejeté par Lin- jiaaus , comme étant du nombre de ceux qu'il nommoit bar- bares, et il lui a substitué celui de lantana, qui est un ancien .<'irnoin du vihurnum. Précédemment Vaillant, en 278 C A 31 cumulant les trois idées de fruit en mure, d'arbrisseaux épineux, et de son origine indienne, lui avoit forgé celui de morobatindum , qui n'a pu être conservé. Ce genre, à raison de ses Heurs aggrégées, étoit pris pour une dipsacée parle même botaniste, qui, en créant une famille sous ce nom , n'en avoit pas suftisaniment resserré les caractères. Les quatre espèces les plus multipliées sont le Camaiva VARIÉ , ou à feuilles de inélisse, lanlana camara, L. i , figuré parriukenet ( Alin. .^85 , t. 1 14 , f. 4. ) , haut d'un peu plus de deux mètres (6 pieds. ), à rameaux quadrangulaires, redressés et diffus : il a les feuilles un peu velues. Les fleurs, jaunes en s'ouvrant, passent par l'orangé au rouge écarlate, et per- sistent assez long-temps ; les têtes sont nues au sommet des rameaux; l'arbre, toujours vert, fleurit une partie de l'année. On s'en sert en Amérique dans les bains aromatiques , en place de mélisse ou de menthe. Elle y porte le nom d'herbe de plomb et de sauge de montagne. Le CAMAKA TIQUANT, Lautuna aculeatu , cst Semblable pouT ses fleurs, mais moins susceptible de la gelée : il s'élève à plus d'un mètre et demi ( 4 pieds 6 pouces) ; ses rameaux sont garnis de crochets ou aiguillons ; ses feuilles sont en forme de cœur et rudes. On lui donne aussi, dans l'Amérique méridionale, le nom de sauge de montagne, et on l'emploie comme l'autre pour les baiiis. Le Camaiîa cf.n dré, Lantana cinei-ea , Linn. ; Plum. le. 74 j f. -2. Ses feuilles sont plus petites , blanchâtres et coton- neuses en dessous. Les fleurs, en tête , naissent aux aisselles des feuilles supérieures ; leur couleur est pourpre pâle. Le Camaha iNVOLUCRÉ ou A FKuitr.Ks OKTUSES, Laufana involucrata , Linn. ; Pluk. ( Alm. 586 , t. 1 14 , f. 5 ). Sou invo- ïucre est formé par les bractées qui séparent les fleurs. La couleur de la corolle est le blanc mêlé de rose pâle. Les feuilles, pour la plupart tcrnées , sont ridées, légèrement cotonneuses et un peu épaisses. Les drupes, d'un beau violet, concourent à l'agrément de l'arbuste. C'est le mont-joli de Caïenne ; il est plus petit que les précédons. ( D. de V. ) CAMARANBAYA [Bot. ) , espèce de jussiedu Brésil, figurée par Marcgrave , p. 3o , et que Burmann fils a cru être la même que son jussiœa tenella , qui se trouve à Java ( J. ) C A M 279 CAMARIA (Ornith.) , nom que porte à Caïenne l'hiron- delle acutipenne de cette île, hirundo pelasgia, L. ( Ch. D.) ÇAMARILLA {Bot.) , nom vulgaire, donné, dans quelques parties de l'Espagne, suivant Clusius, à une variété à fleur LIanche ou purpurine du poliuni , teucrium polium. ( J. ) CAMARINE ( Bot. ) , Empelrum , genre de ♦•*és-petits ar- bustes, qui se rapproche de la famille des éricées , et dont les deux espèces d'Europe ont été en effet nommées bruyère à fruits noirs et bruyère à fruits blancs. Celle-ci , qui est la camarine ou camarigne blanche, croît dans le Portugal - où on la nomme camerinheira. La camarine noire croit sur les montagnes en France et en Autriche, et se retrouve sous le cercle polaire. Commerson avoit rapproché de ce genre une autre plante trouvée par lui à Montevideo , et Lamarck l'avoit nommée empetrum pinnaturn , parce qu'elle a les i'euilles pinnées. 11 a été reconnu depuis qu'elle s'éloignoit, soit de ce genre, soit de la famille des éricées , et qu'elle rentroit dans celle des rosacées près des pimprenelles. C'est maintenant le margaricarpus de la Flore du Pérou. La camarine blanche est dioïque, suivant l'observation de Correa. L'Écluse ne lui donne que trois graines : on en trouve neuf disposées en cercle dans celle à fruits noirs. Les fleurs de cette dernière nesontpas toujours uni-sexuelles : il y en a de mâles à trois longues étamincs , quelques autres femelles, avec les trois étamincs avortées; le plus souvent elles sont hermaphrodites , une des trois se trouvant fertile. Le nombre trois se suit dans les autres parties de leur fructification : on y trouve le calice persistant à trois divi- sions , et les élaniines sont accompagnées de trois pétales également persistans, mais marcescens. Le style est très- court ou même nul. Les graines sont renfermées dans une baie , qui est acide , mais mangeable. On prépare en Portugal, avec la camarine blanche, une sorte de limonade recommandée aux fébricitans. ( D. de V. ) CAMAROCH ouChamakoch (Bot.), nom persan du ca- Tambolier, averrhoa carambola, suivant Rumphius. ( J. ) CAMAPxONUS. (Bot.) L'arabe Rhazés désigne sous ce ^St, C A M nom et sons celui de xabra ou sabra , une espèce d'euphorbe , euphorbia mauritanica , dont le suc laiteux est souvent mé- langé par fraude avec la scammonée , pour en augmenter la quantité. ( J. ) CAMARU (Bot.), nom que porte dans le Brésil une espèce de coqueret, rapportée par Lauiarck au Physalis pubes- cens. Toute la plante est couverte de duvet; les feuilles sont en cœur, dentées dans leur contour. Les fleurs sont jaunâtres , «vec cinq taches à l'intérieur. Le fruit d'un jaune pâle, de la grosseur d'une corise, est renfermé dans son calice renflé. Ce fruit est bon à manger et on lui attribue une vertu légèrement diurétique. (J.) CAMAWARRY (Ornith.), nom donné à Surinam, sui- vant Stedmann , à une grosse espèce de poule d'eau ou gul- linule. (Ch. D.) CAMAX (Bot.), nom donné par Schreber au ropouricr de Caïenne , ropourea , décrit par Aublet. Voyez Roi^ou m i:r. (J.) CAMAYAN. {Bot.) Voyez Caminyan. ( J. ) Cx\MBANG-CUNING (Bot.), nom malais d'une espèce de casse, dont les feuilles sont ci/mposées de trois ou quatre rangs de folioles, et les fleurs jaunes et très -grandes ; ce- que le nom exprime. Cet arbrisseau est décrit par Rum- phius, vol. 4, p. 63 , t. 23, sous celui de Jlos Jlaviis. On mange ses feuilles cuites comme les herbes potagères. ( J. ) CAMBANG-TSIULANG. (Bot.) On nomme ainsi à Ceilan un arbrisseau rapporté mal à propos par Burmann fils, au genre Gattilier, sous le nom de vilex pinnata, Flor. ind. i38, t. 43, f. 2, et qui doit être éloigné non-seulement de ce genre mais encore de la famille des verbenacées , pour être porté dans celle des méliacées , avec laquelle il a beaucoup plus de rapport. C'est le Camuneng des Malais , camuumm. sinense , Rumph. , vol. 5, p. 28, t. 18, f. 1, et peut-être FAg/.aia de Loureiro. Voyez ces mots. (J.) CAMBANTOURA. (Bot.) Voyez Camantouray. ( J. ) CAMBARE {Bût.}, nom que les habitans de Madagascar donnent à une espèce d'ignauie ou de dioscorea : on lui a conservé ce nom à l'Isle-de-France , où elle a été apportée. Suivant Flaccouit, il y en a deux espèces, l'une blanche et C A M 281 Tautre violente ; c'est Ja dernière qui est la plus multipliée dans nos îles africaines. 11 paroît que c'est le dioscorca alata, Linn. , que Ton regarde comme le cara des Brasiliens , qui est répandu et cultivé dans tous lesi pays situés entre les tropiques , dont il fait souvent la principale nourriture. (A. P.) CAMBE, Canaiîou (Bot.), noms languedociens du chan- vre ordinaire, qui est le canahier ou caKcie des Provençaux, le canapé des Italiens, le canamo des Espagnols, le canab des Arabes. ( J. ) CAMBING, C.\JU-CAMBiNG (Bot.) ^ arbre des Moluques, à feuilles pennées, dont Rumphius n'a vu ni la fleur ni le fruit, et dont on ne peut conséquemnient déterminer le genre. Son bois est blanc et mou ; son écorce épaisse et raboteuse, remplie d'un suc visqueux , qui suinte au dehors sous forme de gomme ou de résine. Rumphius ajoute (vol. 2, p. i3 et Lymnea. Les caractères du genre Came, tel que Lamarck l'a défi- nitivement établi, sont à peu près ceux de Linnseus. La coquille est irrégulière : sa charnière n'a qu'une seule dent épaisse et oblique, qui entre dans une fossette de même forme, de la valve opposée. Chaque valve présente intérieurement deux impressions musculaires, qui répondentaux deux adduc- teurs de ces valves. L'une d'elles est ordinairement fixée aux rochers sous-marins ou sur d'autres coquillages, ce qui en gêne souvent le développement et le rend plus ou moins irrégulier. Quelquefois même plusieurs individus se groupent les uns près des autres à la manière des huîtres, etc. L'animal des cames a son manteau ouvert pardevant pour laisser passer le pied , petite languette de couleur rouge , qui paroît au dehors sous la forme d'une hache en demi- lune. 11 a deux tubes en arrière, très -courts, dont les orifices sont bordés de tentacules et donnent issue aux excrémens ( l'inférieur), ou à l'eau qui revient des branchies ou qui doit y entrer (le supérieur). La bouche est entourée de quatre lèvres. Les cames vivent, comme nousl'avons déjà dit, attachées, comme les huîtres, par une de leurs valves, aux rochers, aux coraux ou même aux autres coquillages. On les y trouvesouvent par groupes nombreux, pressées les unes près des autres. Elles s'y collent si fortement qu'on ne peut le plus souvent les en détacher sans briser la coquille. La valve ainsi adhérente prend, comme celle des anouries, des huîtres, jusqu'à un certain point, la forme des corps sur lesquels elle repose; elle est ordinairement assez irrégu- lière et beaucoup moins colorée que l'autre. On conçoit, d'après cette manière de vivre, que les cames ne font guère usage de leur pied ; car il ne leur sert pas plus à filer qu'à marcher. Les espèces les plus remarquables de ce genre sont : \. La Came g bvphoïde , vulgairement Huitre écaiiieuse. i'SC C A M Chama grfphoïdes , L.; Adanson (. i5, f. i; Poli. pi. 23, f. 3, 4 , i5 et 20. Le manteau de l'animal est couvert d'un nombre infini de tubercules jaunes. Sa coquille est couverte d'écaillés en forme de feuillets, ou plus ou moins épineuses ; elle est blanche, jaune, rouge, ou mêlée de blanc et de rouge. On la trouve dans les mers des tropiques et dans la Méditerranée, fixée aux rochers ou aux coquilles qui les habitent. On ne fait aucun usage de sa chair au Sénégal. 2. La Came feuilletée, vulgairement le Gâteau feuil- leté, Chama lazarus , L. Arg. t. 20, f. F., dont les valves peu convexes sont formées de lames mal unies, débordant les unes sur les autres, de couleur jaune ou rougeàtre. Elle se trouve dans les deux Indes et dans la Méditerranée. Plusieurs autres espèces de ce genre ne se rencontrent qu'à l'état fossile. Beaucoup d'autres coquilles qui portent le nom de came, ne se rapportent ni à ce genre ni à ceux que nous avons nommés au commencement de cet article. Ainsi la came élégante est la donax venusta, L.; la came flambo)'^ante est le pétoncle onde: la came marquée de verge est la venus chione , L, ; la came ridée est la donax iras, L.; la came tronquée est la donax Irunculus , L, Voyez Do nage. Venus, Pétoncie. ( Duv. ) CAMEAN {Bot.), Rumphius, dans son Supplément de PHerb. Amboin., vol. 7, p. 14, t. 8 , parle d'un arbrisseau de ce nom qui a quelques rapports aA^ec le croton, et laisse suinter de ses incisions un suc blanchâtre. Son bois est dur, noirâtre dans le centre, rougeàtre vers la circonférence, et recouvert d'une écorce lisse, brune, amère et très- adhérente. Les feuilles sont alternes, simples et pétiolées. Les fleurs sont en grappes rameuses et terminales, et parois- sent é[re, les unes mâles , les autres femelles. Les fruits sont à trois loges , comme ceux de la plupart des euphorbiacécs et surtout de Pépurge : mais ceux qui croissent au sommet des tiges sont petits et anguleux ; les inférieurs au con- traire sont arrondis et plus gros. Le défaut d'une description plus étendue ne permet pas d'assigner le genre précis de cet arbrisseau, ni même sa famille, et on ne peut le rap- porter qu'avec doute aux euphorbiacécs. (J.) C A M ^«7 CAMEELING (Bot.), fruit de Sumatra , qui, suivantMars- den , approche beaucoup de la noix pour le goût et la consistance: mais il n'est pas divisé en lohos; et sa coque plus rude ne s'ouvre pas de même, étant d'une seule pièce. Les habitans des montagnes le mangent. ( J. ) CAMEL {Mamm.), nom anglois du chameau. (F. C.) CAMELAN. (Bot.) Les habitans d'Amboine nomment ainsi un petit arbre, de la grandeur du grenadier, dont les feuilles sont alternes et pennées , composées de deux ou trois paires de folioles avec une impaire. Les fleurs sont portées sur des pédoncules terminaux et ramilles , dont les dernières divisions se terminent presque en ombelle. Kum- phius décrit cet arbre, vol. ^ , p. 1.12, t. 42, sous le nom de anisum moluccanurn , parce que ses graines ont une odeur d'anis et sont employées aux mêmes usages; ses feuilles, Iroissées, sont aussi très -odorantes. Cet auteur dit que les lleurs, composées de cinq pétales, renferment un pistil qui devient un fruit très-petit, contenant une graine noire, de la grosseur d'une coriandre. Ce caractère, quoique incom- plet, s'accorde assez avec celui du fagarier, dont on peut présumer que le camelan est une espèce. (J.) CAMELAUN. (Bot.) Voyez Camul. (J.) CAMELÉE (Bot.), Cneorum , Linn. Juss. ; genre de la deuxième section de la famille (]es térébintacées, qui com- prend des arbrisseaux du midi de l'Europe. Les fleurs sont situées aux aisselles ou à la base des feuilles ; elles ont un calice très-petit, à trois ou quatre découpures fort petites, et persistant : la corolle est à trois ou quatre pétales oblongs : les étamines sont au nombre de trois à quatre, plus courtes que les pétales , et sont surmontées de petites anthères : le style est seul , et le stigmate a trois ou quatre divisions : le fruit est composé de trois ou quatre petits drupes très- minces, appliqués contre la base du style , qui recouvrent des noyaux solitaires , remplis chacun par une seule graine. La Camf.lée a trois coques , Cneoruni tricoccum , Linn. ; Duham. Arb. 1 , p. 167, t. 60 ; est un petit arbrisseau ra- meux , qui s'élève à deux ou trois pieds de hauteur. Ses feuilles ressemblent assez à celles de l'olivier. Ses fleurs sont de couleur jaune,' §t portées sur de très-courts pédoncules. 2 88 C A M l-cur corolle est formée de trois pétales. On trouve ce^ arbuste dans les lieux pierreux des provinces méridionale» de la France. Les anciens employoient ses feuilles comme un puissant purgatif; mais on ne s'en sert plus que pour déterger les ulcères. Les différentes parties de cet arbrisseau sont acres et caustiques. Pendant l'hiver il conserve ses feuil- les, ce qui le rend propre à décorer le devant des massifs des bosquets d'hiver ; mais il faut le garantir des fortes gelées. La CajMelef. cendrée, Cneorum pulverulentum , Veuten. Hort. Cels. fasc. 8, p. 77, t. 77, est un arbrisseau nouvel- lement apporté de Téneriffe, où il s'élève à quatre ou cinq pieds de hauteur. Ses feuilles sont éparses , allongées, ob- tuses , très-entières et recouvertes d'une poussière de couleur cendrée. Sa corolle est formée de quatre pétales, droits, linéaires et en lance: elle renferme quatre étamines. Toutes les parties de cet arbrisseau sont acres et caustiques. On l'élève à Paris dans l'orangerie pendant Thiver, et ses fleurs paroissent en été. Le nom générique de cneorum est formé d'un mot grec qui signifie rnordeo , parce que les feuilles ont une saveur acre et caustique. Les anciens don- iioient ce nom à une espèce de daphné. ( J. S. H. ) CAMÉLÉON (Rept.), Cameleo , nom donné d'abord à une espèce de reptiles, et ensuite à un genre de l'ordre des sauriens, ou voisin des lézards, dont voici les caractères. Caract. gén. Corps comprimé, à peau chagrinée; tête angu- leuse, langue protractile, vermiforuie ; les doigts réunis jusqu'aux ongles en deux paquets; la queue prenante , recourbée en dessous. Trois de ces notes sont tellement propres à ces animaux que chacune d'elles en particulier sufliroit pour établir un très-bon genre : ce sont celles tirées de la forme de la langue , des doigts et de la queue. On n'est point d'accord sur Tétymologie de ce nom, qui a été donné par les Grecs. Les uns veulent qu'il signifie petit lion, d'autres qu'il corresponde à chameau- lion , et tous font valoir leur opinion d'une manière plus ou moins probable. Sans nous attacher trop au mot , examinons la chose. H C A M 289 nest peut-être pas d'animaux, dont les noms soient pins «onnus, qui aieut douné lieu à tant de comparaisons, d'alléH;orieï,que les caméléons, les dragons, les basilics et les salamandres. Nous ferions une très-longue liste de tous les préjugés j des erreurs nombreuses, auxquels ces reptiles ont donné lieu. Disons ce qu'on sait de plus cirlain sur leurs formes, sur leurs habitudes. Les caméléons ressemblent aux lézards; mais lour corps n'est point couvert d'écaillés. Leur peau est tuberculeuse, finement chagrinée. Leur corps est comprimé de droite à gauche ; les pattes sont en proportion beaucoup plus lon- gues que dans aucun autre reptile. Les yeux n'ont pour ainsi dire qu'une seule paupière : la peau forme tout autour une membrane mobile, susceptible d'un mouvement de resserrement : chacun d'eux se meut isolément ou indépen- damment de celui du c6té opj)osé. La langue est presque aussi longue que le corps de l'animal : elle sort de la bouche, comme celle des fourmiliers et des pics: mais elle est terminée à son extrémité par un tubertule visqueux sur lequel les insectes se collent. La queue est pri'hensile comme celle des sapajous, des sarigues et de qucbioes au- tres mammifères. La disposition des doigts gêne considérablement la mar- che de ces animaux sur les surfaces planes , mais elle leur est très -avantageuse pour saisir les ccrps, comme pour grimper sur les arbres. Les caméléons habitent les parties les plus chaudes de l'yVfrique et de l'Asie. Ils sont tellement organiv-^és que leurs poumons très-vastes, qui communiquent avec le dessous de la peau par des prolongemens analogues à ceux des oiseaux, leur permettent de suspendre leur respiration pen- dant des heures entières : ils se gonllent alors; ils restent immobiles et comme des statues, souvent dans les situations les plus bizarres. Ils rellètent aussi des couleurs très -dif- férentes et variables suivant que leur sang est mis plus Ou moins rapidement en contact avec du nouvel air inspiré. Cette particularité du changement de couleur, presque dé- pendant de leur volonté, du mouvement bizarre ou de l'immobilité de leurs yeux.- leur allure empesée, lente et 290 C A M comme réfléchie, soiil jirobableoient les causes qui ont fait regarder les caniéléoDS comme le symbole de l'hypocrisie, et comme l'emblème des flatteurs, qui, prenant pour ainsi dire la couleur des circonstances, voient d'un œil attentif la personne qu'ils craignent ou qu'ils surveillent, landis que l'autre est occupé d'objets très - différens ; qui ne font de déniarchcs que celles qu'ils croient utiles et ne s'avan- cent jamais qu'en tâtonnant : ce qui a l'ait dire au philo- sophe aimable Lafontaine , Peuple caméléon, peuple singe du maître. On connoît maintenant cinq espèces dans ce «jenre. 1. Caméliôon onDiKAïKF. , Cumelço vulgaris ; Cameleo Pa- risiensium, Laurent.; Lacerla cameleo, Linn. Caract. Occiput en pyramide tétraèdre : une carène jau- nâtre sur le ventre et sur le dos. Cette espèce a été figurée et décrite par le célèbre Per- rault ; elle se trouve en Barbarie et en Egypte : c'est la plus grande ; elle atteint jusqu'à dix-huit pouces de long. 2. C.\MKLiioN DU Sénégal , CameZeo senegalensis seu mexi- canus. Caract. Occiput en pyramide presque trièdre; crête den- telée sous le ventre. II se trouve en Guinée et dans toutes les terres arrosée? par le Sénégal et le Niger. 5. Caméléon nain, Cameleo pumilus. Caract. Occiput presque plane : deux lignes latérales jaunes. Cette petite espèce a été observée au cap de Bonne- Espérance. 4. Caméi-Éon fourchu, Cameleo lljidas. Caract. Occiput plane : museau comme fourchu ; terminé par deux prolongemens comprimés. Alexandre Brongniart a décrit cette espèce (Bulletin des sciences, tom.II,pl. 6) : elle a été trouvée par Riche dan» une île de l'océan Indien. (C. D.) CAMÉLÉON MINÉRAL. ( Chim. ) C'est le nom que Schècle, célèbre chimiste suédois, a donné à une comljinaison de l'oxide de manganèse et de 'a potasse, fondus ensemble C A M - ^9^ dans un creuset, jîarce que ce composé prend diverses couleurs vertes et violettes quand on le dissout dans l'eau froide ou chaude, quand on le traite par les acides, etc. Voyez l'article Manganèse. (F.) CAMÉLINE {Bot.), Mjagrum , genre de plantes dicoty- lédones , à fleurs polypétalées, de la famille des crucifères, dont le caractère essentiel consiste dans un calice médio- crement ouvert; quatre pétales onguiculés; six étamines , dont deux plus courtes, les filamens non fourchus; une silique courte, non comprimée, surmontée d'un style coni- que et persistant; à une seule loge monosperme, quelque- fois à deux ou trois loges et autant de semences. Ce genre ne comprend que des herbes, la plupart indigènes de l'Eu- rope, à feuilles alternes, à fleurs jaunes, en graj)pes , ou paniculées. Comme les siliques varient selon les espèces, ce genre a éprouvé quelques variations , d'après les rapports sous lesquels les auteurs l'ont considéré. Lainarck. y a réuni la plupart des bunias ; d'autres l'ont circonscrit, d'après le nombre des loges et des semences, et l'ont en conséquence divisé en plusieurs genres. En nous conformant aux carac- tères que LinniKus lui a assignés , nous y distinguons les espèces suivantes comme les plus remarquables, et qui pourroient presque former autant de genres particuliers, d'après la forme différente de leurs siliques. 1. Camélinf. cxjfiivéE , Myagriim satimm^ Linn. ; Cavan. Icon. rar. i, tab. 66. Ses tiges sont glabres, cylindriques, hautes d'un pied : les feuilles amplexicaules , j)resque auri- culées, molles, un peu velues, à dentelures courles, dis- tantes: les fleurs jaunes , disposées en grappes paniculées et terminales: les siliques renflées en forme de poire, à deux loges, renfermant plusieurs semences petites et ovales. Elle croit dans les champs en Europe. On la cultive en Flandres et dans plusieurs contrées de la France, pour retirer de ses semences, par expression, l'huile de caméline, appelée quelquefois, par corruption , huile de camomille, dont on se sert pour les lampes. Celle huile est bonne pour adoucir et amollir les aspérités de la peau. Les chèvres, les vaches, les moutons, mangent celte plante ; ses semences fournissent aux oies une bonne nourriture. 292 C A M 2. Cam^line paniculée , Mjagrum paniculatum, Lïnii. ; Œder. Flor. Dan. tab. 204. On distingue cette espèce à ses ÛGUTS jaunâtres, disposées en longs épis terminaux, dont l'ensemble forme une panicule étalée. Ses siliques sont pe- tites, inonnspermes, globuleuses, ridées, à valves dures, fermées: les feuilles presque sagittées, rudes , un peu velues, à peine denticulées. On rencontre cette espèce en Europe sur le bord des champs. 5. Caméline viVACE , Mjagrum perenne , I.inn. ,- Jacq. Flor. Austr. tfib. 414. Ses liges sont rameuses, étalées; ses feuilles inférieures grandes, presque ailées, à lobes dentés ; les supérieures et caulinaires plus petites, presque sessiles, bien moins profondément divisées; les Heurs disposées en grappes nombreuses, allongées ; les siliques glabres, striées, à deux articulations. On trouve cette plante en Suisse, en Allemagne, dans les départeniens du Rhin. 1^ tuyagrum rugosum de Linnatius diÙ'ère peu de cette espèce : ses feuilles sont moins grandes; ses siliques en forme de massue, à deux articulations, l'inférieure beaucoup ])Ius petite, pyri- forme ; la supérieui'e ridée, globuleuse. Elle croit dans le Piémont et les départemeus méridionaux de la France. Les autres espèces à siliques articulées, sont les myagrum orien- tale ■, hispanicum, œgjyptiacum. 4. Cambi.ike perfoliée , Myagrum perfoliatum , Linn. : Moris. s. 3, tab. 21, fig. antipénult. Cette plante est re- marquable par son aspect assez agréable , son feuillage glauque ; sa tige haute d'un pied , ramifiée vers son smnmet: ses feuilles glabres, presque découpées en lyre; ses Heurs d'un jaune pâle; ses siliques pyriformes, ou presque en cœur, à une seule semence, mais divisées en trois loges, dont deux sont vides. Elle croit en France, dans les champs et parmi les moissons, 5. Caméline des rochers, Myagrum saxatile, Linn.: Jacq. Flor. Austr. tab. 128. On pourroit aussi, et peut-être mieux, placer cette espèce parmi les coc.'i/eana ou les alys- sum, auxquels elle ressemble par la forme de ses siliques. Ses tiges sont grêles, rameuses, i)eu élevées ; ses feuilles oblongues , dentées en scie; ses ileurs blanches, médiocre- juent paniculécs : ses siliques globuleuses, à deux loges; C A M 295 plusieurs semences dans chaque loge. On trouve cette plante en Suisse et dans les départemens méridionaux de la France. ( Poir. ) CAMELLIA. ( Bot. ) Forskal , dans sa Description des planfes de l'Arabie, nommoit ainsi un arbrisseau rapporté depuis par lui à la Rucllie : c'est son ruelita grandijlora. Le nom Camellia, qui rappelle la niémoire du jésuite Ca- melli, auteur d'une description assez étendue des plantes des Philippines, imprimée dans le grand ouvrage de Rai, a été donné par Linnyeus à un autre genre voisin du Thé, et décrit dans larlicle suivant. ( J. ) CAÎNIELLIE {Bot.), Camellia, Linn. , Juss. , genre de plantes, voisin de la famille des hcspéridées, qiii n'est composé que de deux: espèces originaires du Japon et de la Chine. Les camellies ont un calice coriace, à cinq divisions , garni inférieurement de plusieurs petites écailles imbriquées j cinq pétales ovales, cohérens à leur base, beaucoup plus grands que le calice ; des étamines nombreuses , dont les lilets, réunis inférieurement, imitent une couronne; un ovaire supérieur; un style simple; trois à quatre stigma^&s ; une capsule ligneuse , en forme de poire , à trois sillons et à trois loges monospermes. Camellie du Japon , Camellia japonica , Linn. ; Jacq. , le. rar. 3 , t. 553. C'est un arbrisseau toujours vert, qui croît na- turellement dans les bois au Japon , où on le nomme tsuhakki , et que l'on y cultive dans les jardins, ainsi qu'à la Chine, à cause de sa beauté et de l'éclat de ses fleurs. Sa tige ra- meuse et recouverte d'une écorce brunâtre, s'élève à quatre ou cinq pieds de hauteur. Ses feuilles sont altei'nes, ovales, pointues aux deux bouts , dentées en scie, coriaces, luisantes, et portées sur des pétioles court*;. Ses llcurs sont d'un rouge vif, sessiles, solitaires, ou deux à six ensemble au sommet des rameaux. 11 en existe une variété fort belle à fleurs doubles, que l'on voit souvent représentées dans les peintures chinoises : elle est connue sous le nom de rose du Japon. Les Japonois retirent des graines de cet arbrisseau une huile qu'ils em- ploient pour accommoder leurs mets. On le cultive dans plu- ^94 C A M sieurs jardins de Londres et de Paris: il cs( d'orangerie-, inais il fleurit mieux et plus tôt en serre chaude. On le mul- tiplie de marcottes et de boutures. Camellie A FEUILLES ÉTROITES , CamelUasascinqua ,Thunh. ; ISIacartn. Voyag. , atl. , pi. 34. Kajnipfer a le premier parlé de cette espèce sous le nom de sasanqua; il l'a truuvée dans le Japon : elle y a été aussi observée par Thunberg près de Nagasaki. Elle croît encore à la Chine, selon Stanton , sur le sommet et les flancs des montagnes. Ses feuilles sont alternes, ovales, obtuses , dentées en scie, plus étroites que dans la précédente ; d'un vert brillant en dessus, pale en dessous: leurs pétioles n'ont qu'une demi-ligne de longueur. Ses fleurs sont aussi beaucoup plus petites, sc.ssilcs, ter- minales, et de couleur blanche. Les Chinois nomment ce camellie cha-ouaw, ou fleur de thé, parce qu'il ressemble en effet beaucoup à cet arbrisseau, et parce que ses fleurs , ainsi que celles du jasmin d'Arabie , sont quelquefois mises dans les caisses de thé pour en aug- menter le parfum. Ses feuilles, séchées à l'ombre , répandent une odeur si douce que les femmes du Japon en font sou- vent une décoction pour laver leurs cheveux; elles les mêlent aussi avec le thé. On extrait de ses graines une très-bonne huile. ( D. P. ) CAMEI.O. (Mamrr..) C'est ainsi que l'on nomme le cha- ineau en italien et en espagnol. ( 1'. C. ) CAMELOPAKDALES , Camelopardus {Mamm. ) , nom latin de la girailc. (l'-C. ) CAMELUS {Mamm. ), eu latin chameau. ( F. C. ) CAMER.A1KE (Dot.), Cameraria. Ce genre, qui a été jiomnié camerier par quelques auteurs, appartient à l'ordre des.appcinées , section des graines sans aigi^ettes. Ses carac- tèix's sont : un très-petit calice à cinq divisions ; une corolle en entonnoir, à tube renflé par le bas et parle haut, à limbe apbti, divisé profondément en cinq lobes tournés obliquement ; cinq ctamines Irès-petiles, à tilamcns garnis d'appendices à la base, et à anthères conniventcs , terminées par deux soies ;:un style très-court , suivant Jaequin ( Linna-ufii n'en adnicftoit pas ); ;ua .stigmate à tête bifide; un fruit cumposé; do deux. lolUcules écartés horizonlalement l'un de G A M «95 l'autre, et à (rois lobes peu sentis, dont celui du milieu est très-long. Les graines sont comprimées et membraneuses à leur sommet. Ces arbres sont laiteux, à rameaux fourchus, i fleurs routes au bout des branches, à feuilles opposées, ovales, très-entières, striées tranversalement, et luisantes. La GRAXDE Camerairf, , Cameraria latifoUa , vit dans nos serres , et s'accommode d'une très-grande chaleur. Une autre espèce, cameraria, angustifolia , s'élève beaucoup moins haii|. AubJet en a vu à Caïenne une troisième , à fleurs jaunes odorantes , plus petites et naissant dans les rameaux : c'est son cameraria tamaquarina. On eu cite une autre de Ceilan , peu différente de la première, avec laquelle Linnaeus l'avoit d'abord confon- due. (D. de V.) CAMÉRIER. (Bot.) Voyez Caméraire. (J.) CAMÉRINES. ( MoU. ) Bruguières a ainsi nommé de petites coquilles fossiles de forme lenticulaire, composées d'un canal qui part du centre, tourne sur lui-même dans un plan horizontal, et vient se terminer sur le tranchant de la coquille par une petite ouverture béante, souvent à peine distincte à l'œil nu -• ce canal est divisé en un grand nombre de petites cellules par des cloisons trans- versales, imperforées. De là le nom de camérine imposé au genre. Lamarck l'appelle nummulile , dans son Système des animaux sans vertèbres. Mais ou trouve sous les noms de pierres lenticulaires, pierres numismales, nummulaires, globosites, frumentaires , discolithes, plusieurs fossiles de forme lenticulaire ou globuleuse, dont la structure diffère essentiellement de celle qui vient d'être indiquée, et qui paroissent être des débris d'animaux non -seulement de familles ou d'ordres diflerens , mais n'appartenant pas même à une seule classe. Ainsi les discolithes, figurés dans le Mémoire de Fortis, pi. 111, f. 6 et 8, appartiennent au genre Alvéolite (voyezce mot) , c'est-à-dire aux polypiers pierreux. Toutes les pierres lenticulaires qui ont, au lieu d'une spire, des cloisons et des cellules qui vont en rayonnant du centre à la circonférence , appartiennent à la famille des méduses. ■-^^<* C A M et sont voisines du genre Porpile de Laninrck (voyez Pofii'iTE et Cvcf.oLiTE ) ; tandis que les CJtmërines ont une structure analogue à celle des nautiles et des ammonites, et doivent tire rangées conséquemment dans le preaiier ordre de la classe des mollusques. Elles ne difTcrcnt en cJBTct ess^'ntiellcment de ces deux derniers genres que parce que les cloisons ne sont pas traversées par un ou dcnic siphons. Mais tout porte à croire qu'elles ont appai tenu a un animal très-semblable, qui, comme celui de la spirule, naufiliis svirula (voyez Spirule et Naiîtile), ou même comme la sèciie et le calmar , porîoit sa coquille cachée dans son manteau. Les camérines sont accumulées en quantités innoml)ra- bles dans un grand nombre de lieux, en Egypte où la pierre d'une des pyranndes. celle qui a servi à br'ilir le château du Caire, et les sables, en sont remplis; en Italie, en France, en Allemagne, en Suisse, en Angleterre, en Espagne. Il seroit intéressant de détei'ininer si elles se trouveiit quelquefois mêlées avec les cyclolitcs ou toujours séparées d'elles, et quelles sont les plus abondantes et les plus universellement répandues, des cyclolites ou des camérines. (Voyez Cvcî.olite.) On n'en connoît pas les analogues vivantes. Lamarck a décrit, dans les Annales du Muséum, t. 5 , p. 2/(1 et 2/(i', quatre espèces de nummulitcs ou de camérines, qui s*' trouvent dans les environs de Paris. ( Dnv. ) CAMEKINHEIRA {Bot), nom portugais de Vernpetrum. , d'où dérive celui de camurine , sous lequel ce genre de plante est connu. ( J- ) CAMÉRISIER ( Bo^ ) , Xflosteon. I,es arbrisseaux que ToTirnei'ort désignoit sous ce nom et sous celui de chamœ- cerasus ^ avoient été rapportés par LinnfEus à son genre Loriiccra, dans lequel il réunissoit de plus le .rylostcon. le caprifaliiim et le diervllla, du même auteur, ainsi que le aj/f'^p^oricLirpos de Dilienius. Un nouvel examen de ces divers genres ainsi rapprochés a fait reconnoitre que plu- sieurs oftroient des earaclères assez saillans pour être séparés. Ainsi l'on peut rétablir les trois derniers comme gt-nres distiucts. Les seuls eaamœcerasus et xjlosteon resteront C A M 29^ réunis sous ce dernier nom, et seront les caraérisiers pro- prement dits. Ce sont des arbrisseaux rameux et non sar- nienteux, à feuilles opposées et entières, à Heurs axillaires, portées sur le même pédoncule , toujours au nombre de deux, tantôt distinctes, tantôt réunies par le bas. Leur calice, adhérent à l'ovaire, est couronné par cinq petites dents, et accompagné à sa base par deux petites écailles ou bractées. La corolle, d'une seule pièce, portée sur l'ovaire, est en entonnoir ou en cloche , divisée par le haut en cinq lobes, presque égaux dans le xjrlosteon , inégaux et formant ensem- ble deux lèvres dans le chamœcerasus. Les étamines, au nombre de cinq, sont insérées au tube de la corolle et le débordent, l,' ovaire , surmonté d'un style et d'un seul stig- mate, devient en mûrissant une baie à deux loges remplies de plusieurs graines. Lorsque les deux ovaires ont été réunis, les deux baies n'en font plus qu'une, marquée su- périeurement de deux yeux ou cicatrices des limbes des deux calices. Les espèces qui ont ce dernier caractère , avoient été séparées par Adanson sous le nom générique isika ; mais cette distinction ne paroît pas suffisante poup former nn genre, et l'on peut tout au plus les placer dans une section particulière. Le caprifolium ou chèvrefeuille sera distingué du xylosteon par le port de ses diverses espèces , toutes sarmenteuses ; par la disposition de ses fleurs, tantôt disposées en anneaux axillaires , tantôt rassemblées en tête ; par la corolle plus allongée, et surtout par le fruit à trois loges. Elles sont au nombre de quatre dans le syniphoricarpos et le dien'illa, remplies d'une seule graine dans le premier, de plusieurs dans le second. Le camérisier réunit neuf espèces connues, dont six ont les deux baies distinctes , et trois les ont réunies. Elles sont désignées dans les ouvrages de Linngeus et de ses divers éditeurs, ainsi que dans l'Encyclopédie méthodique, sous le nom de lonicera : ce sont les lonicera nigra , Jlexuosa, quadrifolia , tatarica , xjLosffon, pjrenaica , a baies distinctes; les lonicera aipi gêna , cœrulea, orientalis, à baies réunies. On conservera à la plupart leur nom spécifique, en substituant au nom générique LovJccra celui de Xylosteon. Plusi'enrs de 298 C A M ces espèces, naturelles dans les pays montagneux de l'Eu- rope, sont cultivées dans les jardins, surtout dans les bosquets, à cause de leur forme agréable. On y trouve fréquemment les suivantes: Camérisier noir, Xylosteon nigrum ( Jacq. FI. Austr., t. 3i4 ), distingué par ses feuilles ovales, lancéolées et lisses, ses fleurs purpurines, ses fruits noirs. Il croît dans les provinces méridionales de la France. Camérisier de Tartarie, Xylosteon, tataricum , ainsi nommé du lieu de son origine; il a les feuilles lisses et en cœur, les fleurs hlanchàlres , les fruits rouges. Camérisier velouté, Xylosteon pubescens ( Duh. arb. 2, t. 54; Riv. irrég. t. 120); lonicera xylosteum , L. , naturel dans les pays froids de l'Europe. Ses feuilles sont ovales , cou- vertes d'un léger duvet et terminées par une petite pointe. A ses fleurs blanchâtres succèdent des fruits rouges. Camérisier des Pyrénées , Xy/oi^eorep^renaicum ( Magn. Hort. t. 209 ; Duham. arb. 2 , t. 110). Celui-ci diff"ère de tous les autres par sa corolle presque régulière, ce qui avoit déterminé Tou,rnefort à en faire son genre Xylosteon. Il a les feuilles lisses , ovales , allongées et rétrécies par le bas ; les fruits de couleur rouge. On le trouve sur les Pyrénées et dans la Sibérie. Les espèces qui suivent ont, comme les précédentes, deux fleurs portées sur le même pédoncule, et deux corolles distinctes ; mais les deux ovaires et les fruits qui leur succèdent se réunissent en un seul, au sommet duquel on retrouve les deux limbes des calices ou leurs vestiges , tan- tôt distincts , tantôt confondus en un seul. Cajiérisier des Alpes, Xylosteon alpigenum (Mill. le. 167 , f 2 ; Jacq. FI. Austr. , t. 274 ; Duh. éd. 2 , vol. 1, t. 16 ), que l'on trouve sur les Alpes et les Pyrénées. Ses feuilles sont ovales, lancéolées; ses fleurs d'un rouge foncé tirant sur le brun ; ses baies rouges, comme bilobées, et marquées supérieurement de deux points calicinaux distincts. Camérisier bleu, Xylosteon caruleum (Duh. éd. 2 , vol. 1 , t. 17 ), originaire de la Suisse. Il a les feuilles ovales, les fleurs jaunes. Les deux baies se confondent en une seule, de couleur blenr. de forme ovoïde sans aucune trace de C A M 299 réunion, et l'on trouve à son sommet les vestiges d'un seul limbe de calice qui a entouré deux corolles à l'époque de la floraison. Les autres espèces de camérisier ne sont point cultivées dans nos jardins. ( J. ) CAJMFE. ( Bot. ) En Auvergne, suivant IM. de Larbre , on emploie ce nom , comme celui de candie , pour dé- signer Vaira des botanistes , genre de plantes graminées. (J.) CAMIN\AN (Bot.), nom donné dans l'île de Sumatra, suivant Marsden , au benjoin. On le nomme aussi cominian suivant Rumphius , et camayan suivant Eschelskron, cité dans la Matière médicale de Murray. Il ajoute que le camayan poëti est le benjoin blanc, traversé par des lignes rouges. Le camayan baniatta est moins blanc , mais marqué par in- tervalles de taches blanches , dont le nombre détermine son degré de bonté. Le camayan itan est noir, impur, et ne se ramollit que dans l'eau chaude. Marsden , également cité dans le même ouvrage „ dit que le benjoin blanc, mou et odorant, qui coule le premier, est le cabessa de Su- matra. Cependant, suivant Rumphius , vol. 7, p. 68 , le cabessa, est la portion du camphre cristallisée en masses qui res- semblent à des morceaux de glace. ( J. ) ; CAMIRI ou Camirin de Java et des Moluques (Bot.), Salcel a de Ternate , Yaro-Mahu d'Amboine ( Camirium Kumph. Herb. Amb. vol. 2 , p. 180, t. 58). On regarde cet arbre, ainsi que ïanda du Brésil, comme une espèce du genre Aleurites de Forster, et peut-être la même que celle qui, apportée à l'Isle-de-France de Bancoul, établissement an- glois de Sumatra , a été nommée dans cette colonie Bancodl, (voyez ce mot) ou Noyer de Bancoul. Ajoutons, d'après Rumphius, qu'il a quelques usages à Java. J^es noix nu camiri étant jetées au feu , leur écorce s'enflamme; ainsi grillées, les amandes peuvent se manger. On en tire une huile que l'on substitue à l'huile de lin pour la teinture, et que le peuple emploie fraîche pour frire des poissons : lorsqu'elle est plus ancienne, on s'en sert pour des lampes; mais elle brûle assez mal. Leur emploi le plus ordinaire est en chandelles on petites torches, qui se fabriquent avec 3"o ^C A M la noix même , broyée et mêlée de coton haché, et qui brûlent en entier comme les torches de poix. ( D. de V.) CAMITES. ( Moll. ) C'est le nom que l'on a donné à beaucoup d'espèces de coquilles du genre Chama de Lin- na?us ou des genres A'oisins. (Duv. ) CAMLY. {Eiitom.) Les Irlandois nomment ainsi l'abeille domestique. ( C. D. ) CAMiMETTI (Bot.), grand arbre du Malabar, cité par Rhèede, vol. 5, p. 89, t. 45, qui est le ouro des Brames. Son bois est blanc; son écorce , cendrée, donne, par inci- sion, un suc laiteux, de même que les autres parties. Les feuilles sont alternes, épaisses, ovales et lisses. Il paroît que le même pied porte, à l'extrémité des rameaux, des fleurs mâles disposées en chatons rassemblés eux-mêmes en fais- ceaux, et des fleurs femelles éparses en panicules. Les mâles ont trois étamines ; les fruits des femelles sont des baies composées de trois coques monospermes. Ce caractère , quoique incomplet, annonce que le Camraetti appartient à la famille des euphorbiacées , et a un grand rapport avec VexcLecaria ou agalloche, dont il diffère pourtant par la réu- nion des fleurs mâles et des femelles sur le même pied. Rhèede dit que le bain fait avec la décoction des feuilles du canunctli , est bon contre la goutte ; que cette décoction déterge les ulcères anciens et vermineux , et tue les vers qui s'y trouvent: il ajoute que les pilules dans lesquelles entre son suc laiteux, sont utiles dans l'hydrupisie. Voyez Agalloche. ( J. ) CAMOLENGA. [Bot.) Voyez Camalaxga. (J. ) CAMOLXOCHITL {Bot.), arbre épineux du Mexique , à fleurs légumineuses et à feuilles pinnées , qui paroît avoir du rapport avec le brésillet. (J. ) CAMOMILLE (Bot.), Antkemis, Linn., Juss. ; genre de plantes de la famille des corymbifères , à fleurs radiées. Elles ont un calice hémisphérique , formé d'écaillés linéaires , imbriquées, presque égales ; des fleurons hermaphrodites , à cinq dents; des demi-fleurons femelles, lancéolés, quelque- fois à trois dents ; un réceptacle ordinairement conique , chargé de paillettes. Les graines sont nues, ou couronnées d'un rebord presque entier. G A M 3oi Ce genre comprend une quarantaine d'espèces , dont le plus grand nombre vient en Europe. Ce sont des plantes pres- que toutes herbacées, à feuilles le plus souvent très-dé- coupées, à fleurs situées communément à l'extrémité des rameaux, ayant des demi-fleurons blancs, jaunes ou pour- prés, mais quelquefois en étant privées. 1. Demi-Jleurons blancs. Camomille romaine ou odorante , Anthémis nohilis, Linn.; Blackw^. t. 52(9. Cette espèce est vivace ; on la trouve en Italie, en Espagne, en France, dans les pâturages secs. Ses tiges sont rameuses, menues et presque couchées. Ses feuilles sont bipennées , à foliole linéaire, aiguës et un peu velues; elles ont, ainsi que les fleurs, une odeur forte et aro- matique. On en connoît deux variétés, l'une à fleurs doubles, l'autre à fleurs flosculeuses ou sans rayons. La première est cultivée dans les jardins, où elle se multiplie facilement par ses racines éclatées. Les fleurs de Li camomille romaine, prises en infusion, sont stomachiques, vermifuges , toniques et anti-spasmo- diques. C'est un excellent spécifique contre les fièvres in- termittentes , préférable souvent au quinquina. On en croit encore la décoction diurétique, utile dans la cachexie, les obstructions du bas-ventre . etc. Toute la plante est employée extérieurement, soit en fomentation, soit dans des cata- plasmes résolutifs et émolliens. On retire des fleurs une huile distillée , d'un bleu verdàtre. CAMOAirLLR FÉTrDE OU MAROUïE , Aiiilicmis cotula , Linn.; Blackw. t. Gj. Cette espèce annuelle croît dans les terrains frais etdansles champs; elle y est quelquefois si abondante qu'elle éttrufle les plantes utiles que l'on y cultive. Sa tige est droite y très-rameuse, haute de trois à six décimètres ( i à 2 pieds ). Ses feuilles sont glabres , bipennées, à folioles pointues et divisées en trois. Ses fleurs sont blanches , à disque jaune et conique. Les graines sont sans rebord, chargées de petites aspérités. Elle a les mêmes propriétés que la précédente , mais elle est moins usitée ; son odeur est forte et désagréable. Dans le pays de Caux on fait des balais de ses tiges, après les 002 C A M avoir fait sécher. Dambourney a obtenu de la plante en fleurs un teint jaune-citron, verdàtre , assez solide. Camomille des ch.\mps , Anthémis avvensis . Linn. , ressem- ble beaucoup à la maroute ; mais ses graines sont couronnées d'un rebord , et les paillettes du réceptacle sont plus élar- gies : elle a peu d'odeur. Camomille pyrèthee, Anlhemis pjrethruw , Linn. ; IMill, Dict. , ic. , t. oti ; vulgairement le pyrèthre, la racine sali- vaire, qu'il ne faut pas confondre avec le pyrèthre des Ca- naries, qui est un chrysanthemum de Linnaeus, et un pyre- Ihrum de VVilldenow. Celle-ci vient dans le Levant, la Bar- barie, en Italie, en Allemagne et aux environs de Mont- pellier. Ses tiges sont foibles , longues de vingt - quatre à vingt-sept centimètres ( 9 à i o pouces ) . simples , ou garnies de rameaux axillaires et uniflores. Les feuilles sont bipen- natifides, à découpures très -menues. Les fleurs ont leurs demi -fleurons blancs en dessus, pourprés en dessous; elles sont grandes, terminales, d'un aspect agréable. La racine est vivace , longue, épaisse, inodore, d'une saveur acre et piquante ; elle excite une salivation consi- dérable lorsqu'on la mâche. On s'en sert dans les maux de dents, les catarrhes et les fluxions de la bouche , les engor- gemens aqueux des amygdales. Elle entre dans la composi- tion des poudres stcrnutatoires. Nouvellement coupée, elle fait éprouver sur les mains un sentiment aigu de froid , qui est suivi de chaleur. Les Maures la pulvérisent, et l'em- ploient ainsi en friction pour exciter la transpiration. 2. Demi- fleurons jaunes ou pourprés. Camomille des teinturiers ou œil de eœuf, Anthémis tihctoria, Linn., FI. , Dan., t. 741. Ses tiges sont droites, rameuses xers leur sommet, et hautes d'un à deux pieds. Les feuilles sont velues et blanchâtres en dessous , trois fois pennati!jdcs, à découpures iines, étroites, aiguës. Les fleurs sont jaunes, terminales , solitaires, portées sur des pédon- cules nus et blanchâtres. Celle camomille est vivace ; on la trouve dans les pâtu- rages secs des déparlemens méridionaux de la France , eu Italie, en Allemagne, en Suède. On la regarde comme vul- C A M 3o5 néraire et détersive. Elle communique aux laines une cou- leur jaune-aurore, mais qui, selon Dambourney, est peu solide. Camomille a feuilles d'armoise, Anthémis artemisiœ- folia, Willd. ; Anthémis grandijlora , Desf. ; Chijsanthemum indicum , Cur t. : vulgairement le chrysanthème des Indes. Cette plante , originaire de la Chine, est cultivée depuis quelques années dans nos jardins , dont elle fait un des plus beaux ornemens dans les mois d'Octobre et de Novembre, époque à laquelle ses fleurs paroissent. Elle produit plusieurs tiges presque ligneuses , hautes d'un mètre ( 3 pieds ) environ , garnies de feuilles alternes , pétiolées , pinnatifides , dentées , molles, velues , d'un vert cendré. Les fleurs sont terminales, nombreuses, solitaires ou réunies, de la grandeur d'une reine-marguerite, ordinairement toutes composées de demi- fleurons d'un pourpre foncé en dessus, et blanchâtre en dessous. Cette belle plante supporte la rigueur de nos hivers en pleine terre ; elle n'a besoin ni de couverture ni d'abri. On la multiplie aisément de boutures, ou par la séparation de ses racines. On cultive depuis peu, dans les jardins de botanique, deux espèces nouvelles qui ont été observées au Mexique. j. La Camomille A trois lobes, Anthémis Iriiohata, Orteg. , à tîge ligneuse, striée, pubescente; à feuilles pétiolées, alternes ; à trois lobes sinués, anguleux et obtus ; à pédon- cules uniflores , axillaircs : à fleurs jaunes. 2. La Camomille globuleuse, Anthémis glolosa , Orieg., Jacq. Hort. Schœnb. 3, t. Syi ; à feuilles A^elnes bipenna- tifides , à découpures trifides lancéolées et linéaires , à fleurs d'un jaune doré, à réceptacle globuleux. ( D. P.) CAMOONING. (Bot.) Marsden, dans son Histoire de Sumatra, parle d'un bel arbre de ce nom, dont la fleur est blanche, et les feuilles semblables à celles du grand myrte ordinaire. Son bois, légèrement coloré et agréable- ment veiné, prend un beau poli, et on l'emploie pour faire les gaines des poignards connus sous le nom de cris. C'est peut-être le camumncr des Macassars . chalcas paniculata. (J) 3o4 G A M CAMOTES. {Bot.) C'est sous ce nom que l'on connott k Panama une espèce ou variété de patate, coai^ohulus batatas . dont la racine , ronde et raboteuse , est assez estimée dans ce pays. ( J. ) CAMOULROULOÉ [Bot.), nom caraïbe d'un liseron des Antilles, figuré par Plumier dans ses Plantes d'Amérique, t 104 , et que Lamarck rapporte à son convolvuLus brasiliensis. CAMPAGNOL {Mamm.), Ummus. Les rongeurs dont nous parlerons ici, ont toujours été réunis par les auteurs systématiques dans le genre des rats. Gmelln et Pallas avoient à la vérité formé des coupes dans ce genre ; mais elles étoient vagues et peu naturelles. M. Cuvier, dans son Tableau élémentaire, en groupa les espèces pais natu- rellement, et donna à chacun des sous-genres qu'il forma, des caractères précis : c'est ainsi qu'il réunit un certain nombre de rats sous le nom de campagnols. Nous changeons en -enre ce groupe, pour nous conformer aux règles que nous avons suivies jusqu'à présent dans ces sortes de di- ^'lcs campagnols se distinguent de tous les autres rongeurs par la forme de leurs molaires : elles sont au nombre de six à chaque mâchoire, et présentent, à la surface de leur couronne, des triangles formés par les replis de l'émail ; et comme ces replis ne se trouvent pas seulement au bord supérieur, comme dans quelques autres genres du même ordre, mais dans toute la hauteur de la dent depuis sa naissance, il résulte que ces dents sont profondément sil- lonnées sur les cc'.tés. Ces animaux ont en outre, comme tous les autres rongeurs , deux incisives tranchantes a cha- que mâchoire; leur queue est velue et assez courte dans quelques espèces, et écaiUeuse dans d'autres ; leurs oreilles sont petites, ils sont bas sur jambes, ont cinq doigts a chaque patte , et leur tête aplatie présente une forme ellip- *T^Lf Campagnol oks chami's, Lewmus armlis, Mus ar.a- lis, Gmel, est un petit animal trop bien connu dans les campa<^nes par les nombreux ravages qu'il y cause. La Ion-. gueur de son corps, depuis rextrémité du museau jusqu * C A M 3o& Torigine de la queue, est de trois pouces environ , et sa tète fait près du tiers de cette longueur. Il est très -bas sur jambes ; aussi son cou n*a-t-il que trois lignes : sa queue a un pouce. La couleur du dessus de son corps et su queue sont jaunâ- tres, avec une teinte brune foncée, et le dessous est mêlé de blanc sale, de couleur cendrée et de jaune. Cet animal habite principalement les terrains élevés et les champs, dans lesquels il trouve facilement les grains, dont il se nourrit de préférence : il s'y pratique des ter- riers peu profonds , divisés en deux ou trois loges, d'oîi il sort pour dévaster les campagnes. En hiver il se retire dans les buis, où il trouve alors une nourriture également assurée. Il vit en société ; et lorsque les femelles veulent mettre bas, ce qui leur arrive deux fois par année, au printemps et en autorhne, elles creusent une excavation particulière, en g«rnissent le fond de mousse ou d'herbe sèche, et mettent au monde de six à dix petits. Il est après cela facile de concevoir l'innombrable mul- tiplication de ces animaux, toutes les Ans que sont détruits les agens qui servent à la réprimer et à maintenir dans L'i nature cet équilibre par lequel subsistent les êtres qui la composent. 11 ne faut donc point chercher la cause de cette multiplication dans des circonstances qui auroient favorisé la reproduction de ces animaux, mais dans celles qui ont f.iit disparoître la puissance qui en déîruisoit les effets. Les ravages affreux, la famine, que traînent ordinairement après eux les campagnols dans les cantons où ils s'établissent, doivent être des motifs assez puissans pour faire recher- cher les causes véritables qui, communément, bornent le nombre de ces animaux. On pourroit alors prévoir les dangers que l'on auroit à courir, et les prévenir peut- ^tre. Sans doute plusieurs circonstances concourent à mo^ dérer la multiplication des campagnols ; mais à la manière subite avec laquelle d'innombr'ables légions de ces animaux paroissent et couvrent de grandes étendues de terre , il semble qu'une force plus puissante que celles que nous connoissons , agit dans le silence et loin de nous, pour nou» débarrasser de ces dévastateurs ; et cette supposition acquiert 6 ao 3oG C A M encore pins de Araisemblance en son^^eant que ces ani- maux disparoissent avec la inênie promptitude avec la- quelle ils se sont montrés. Cette question résolue offriroit non - seulement un secours à l'agriculteur contre un de ses plus dangereux ennemis, mais elle donneroit encore au phi- losophe de nouvelles lumières sur Téconomie générale de la nature, La voracité du campagnol est telle qu'il détruit, et la semence que l'on met en terre , et celle qui vient de mûrir. Aussitôt qu'une plante céréale est prête à être recueillie, le campagnol la coupe par sa racine, vide l'épi , en mange une partie et emporte l'autre ; il continue ainsi Jusqu'à ce qu'il ait moissonné le champ. Souvent aussi il se jette sur les prairies, et les r.ivages qu'il y cause ne sont pas moins eiï'rayans. C'est en vain que le laboureur veut alors s'opposer à sa ruine -, ses efforts ne feroicnt qu'ajouter aux ravages. Aussi ne peut-on travailler efiicacement à la destruction de ces ani- maux qu'à l'époque des labours ou des semailles. Alors, en suivant la charrue, on parvient à en tuer beaucoup ; car elle les met presque tous à découvert, tant leurs terriers sont peu profonds. On empoisonne aussi avec de l'arsenic une partie du grain que l'on sème; mais, comme cette pratique a des dangers trop graves, on a essayé d'y suppléer par des sucs de plantes, et on assure que le garou ( Daphne tlijmeltva ) et les euphorbes en général produisent de très-bons effets : pour les employer, on en exprime le suc et oji y laisse macérer le grain pendant quelques jours. Aristote parle déjà de la multiplication extraordinaire de certains rats , des ravages qu'ils causent dans les campagnes , et de leur disparition singulière : il rapporte que pour les détruire on làchoit les cochons dans les champs , mais qu'aucun moyen n'étoit aussi cflicace que les pluies. 2. Le Rat i)'f.Au ; Leminus aquaticus , Mus amphilius , Gmel. Cet animal, quia beaucoup de ressemblance avec le rat domestique, en diffère cependant par sa tête qui est , plus courte , son museau plus gros , ses oreilles moins appa- rentes. Sa longueur, depuis le bout du museau jusqu'à l'anus , est de dix-neuf centimètres ( 7 pouces) environ , sa tête de cinq centimètres (un poucx; et demi ). et sa queue de quatorze C A M 3o7 centimètres (4 pouces et deiiii). Sa couleur est cruii gris noirâtre, plus pâle en dessous; son poil a l'air un peu hé- rissé: cette apparence provient de ce que cet animal a deux sortes de poils , un long, peu serré, cendré à sa base et noir à son extrémité ; l'autre plus court, plus fourré et beaucoup plus pâle. Le rat deau, que Ton trouve dans presque toute l'Europe, habite toujours le bord des eaux peu fréqueiitées , où il se nourrit principalement des racines des plantes aquatiques : il nage avec facilité et plonge long-temps, quoiqu'il n'ait pas, comme la plupart des animaux aquatiques, les pieds pal- més. C'est au commencement du printemps que l'accouple- ment a lieu , et les femelles mettent bas au mois d'Avril: les portées sont ordinairement de six ou sept petits. Il est quelques pays où Ton est dans l'habitude de manger ces animaux : c'est probablement le seul usage auquel ils servent. 3. Le SciiKRMAUs: Lemmus schermaus. C'est à feu Her- mann , professeur à l'Ecole de médecine de Strasbourg, que l'on doit la connoissance de cet animal; on l'avoit jus- qu'alors regardé comme une simple variété du rat d'eau , ou confondu a^ec lui. Son nom, que Buffon a mal à propos écrit schcrinann , est celui de ce campagnol aux environs de Strasbourg. Il se distingue du rat d'eau en ce qu'il est plus, petit. Ses oreilles sont à peine apparentes, cachées sous les poils très- longs de la tête. L'étendue de son corps, depuis le bout de la tête jusqu'à l'origine de la queue , est de dix -sept centimètres ( 6 pouces ) ; la queue est longue de sept centi- mètres {2 pouces 6 lignes). La couleur du poil est d'un brun noirâtre , mêlé de gris et de fauve, ce poil étant d'un noir gris à sa racine et fauve à son extrémité. La tête est plus courte et le museau plus épais que dans le rat domes- tique. L'ouverture de la bouche est garnie de poils blancs et courts. Le dessous du ventre est d'un gris de souris. Il a quatre doigts aux pieds de devant et cinq à ceux de der- rière. La queue est couverte de petits poils bruns et ceiî- drés, mai.s moins fournis encore que sur la queue un r^î d'eau. 5o8 C A M Il paroît que le sclieruiaus a un genre de vie analogue à celui (le ce dernier animal; il vit comme lui au bord des rivières, et nage fort bien. Les pêcheurs le trouvent souvent dans leurs nasses. Les dégâts qu'il cause dans les terrains cultivés sont assez graves ; il y fait des terriers. L'historien du schermaus n'est point entré dans de plus grandes par- ticularités ; mais il est assez probable que l'accouplement, la gestation , Tallaitement, etc., sont analogues à ce que Ton observe dans les espèces du mtine genre avec lesquelles il a le plus de rapport. I\. Le LiiaiMiNC; Lemmus, Mus lemmus, Gmel Cet ani- mal, si singulier par ses migrations, est originaire des montagnes de la Norwège et de la Laponie, et le nom que nous lui donnons est celui qu'il porte dans ces contrées septentrionales. La longueur de son corps, sans y compren- dre la queue, est d'environ cinq pouces ; sa queue n'a qu'un demi-pouce, et il est très-bas sur jambes. Son poil, fin et serré, est taché irrégulièrement de diverses couleurs, La partie antérieure de la iête est noire , ainsi que le cou et les épaules ; la partie supérieure jaunâtre : le reste du corps est roussàtre, marqué détaches noires de différentes ligures. La queue est couverte de poils d'un jaune-noirâtre, et le dessous du ventre d'un jaune plus clair. Cette dispo- sition des couleurs n'est au reste pas la même pour tous les individus. Les taches varient à l'infini , tant pour la gran- deur que pour la forme. La lèvre supérieure est fendue. Les yeux sont noirs, les oreiltts couchées en arrière. Les pieds ont cinq doigts armés d'ongles aigus et courbés. Les troupes de lemmings qui descendent à certaines épo- «|ues des montagnes qui les recèlent, sont innombrables et «ausent des ravages affreux. Leurs mœurs ont été décrites par plusieurs historiens , et les particularités en sont si extraordinaires que l'on prendroit facilement leurs récits pour des fables : mais la véracité des naturalistes qui ont parlé de ces animaux, est tellement reconnue qu'il n'est permis d'élever aucun doute sur leur bonne foi. L'époque à laquelle ces petits animaux se réunissent pour se mettre en voyage , n'a rien de lixe. Ils paroissent à l'im- proviste: tout à covp la terre eu est couverte et dévastée. C A M 3o9 Us marchent en colonnes , suivent une ligne droite , et aucun obstacle ne les arrête; ils traversent les fleuves, gravissent les hauteurs les plus escarpées, et laissent partout après eux •la famine et la désolation. Il semble que , non contens d'avoir dépouillé la surface de la terre, ils la creusent encore pour détruire les germes qui pourrnient la repeu- pler : ils font des terriers pour manger les racines des plantes dont ils ont déjà détruit les tiges. Heureusement leurs ravages se bornent aux campagnes : ils évitent les habitations, ou plutôt ils ne pénètrent point dans les maisons, et tout ce qui y est enfermé est hors de leur at- teinte lis se défendent avec fureur contre leurs ennemis; s'attachent, en les mordant, aux bâtons qui les frappent; jettent, dans leur fureur, un cri semblable à l'aboiement d'un petit chien , et ne dérangent leur marche qu'après avoir fait tous les efforts pour surmonter l'obstacle qu'ils rencontrent : alors , ils se débandent et se cachent, jusqu'à ce que le danger soit passé, dans les trous, dans les brous- sailles et sous les pierres des lieux voisins. Mais une chose très-remarquable, c'est que ces animaux disparoissent aussi subitement qu'ils se sont montrés ; et lorsque ce n'est pas par une cause qui les détruit complète- ment, ils infectent l'air et causent des maladies. Ces ani- maux, comme on le présume, sont très-féconds. Nous igno- rons les circonstances de la gestation ; mais on dit que leurs petits ne retardent point leur marche, parce qu'ils les emportent avec eux. Les lemmings servent de nourriture à tous les animaux carnassiers qui habitent les régions septentrionales de l'Eu- rope, mais particulièrement aux renards et aux animaux de la famille des martes : ils ne sont d'aucune utilité pour nos besoins. 6. Le lîAT DE LA BAIE d'Hubson ; hcmmus hucLsoTiius , Mus hudsonius, Pall. Gmel. Fors ter, qui parla le premier de cet animal, dans le 62.* vol. des Transactions philoso- phiques, en donna une description extrêmement courte et fort imparfaite. Mais Pallas, ayant trouvé chez un pelletier de Pélei'sbourg les dépouilles de ce rongeur, le fit connoître sous le nom de mus hudsonius, et en publia une description 5io C A M beaucoup plus étendue que celle de l'auleur anglais. Ces! sur celte description que Gmelin et tous les autres natu- ralistes ont admis cette espèce. ' Le Muséum d'histoire naturelle de Paris possède la peau et le squelette du rat de la baie d'Hudion : mais il est probable que l'individu duquel on a tiré l'un et l'autre, avoit été un peu décoloré par la liqueur dans laquelle on l'avoit conservé; il est presque blanc. Néanmoins, l'cxu- men de son squelette , et surtout de ses dents , nous a prouvé que ce rongeur étoit un véritable campagnol , comme au reste on l'avoit déjà supposé par toutes ses fùnnes exlé- rieures. Sa longueur , du bout du museau à la naissance de la queue, ne va pas au-delà de quatorze à dix- sept centi- mètres (5 à 6 pouces); sa tête est courte et arrondie; ses yeux sont extrêmement petits, et il n'a point de pavillon extérieur à l'oreille. Il est très -bas sur jambes; celles de devant ont quatre doigts apparens, dont les ongles des deux intermédiaires sont extrêmement remarquables par leur tonformation. Chacun d'eux semble être doublé en dessous par un autre ongle plus court, iriais plus épais; d'où il résulte que ces parties ont un volume qui donne à ce cam- pagnol un caractère tout-à-fait particulier et très-frappant. Les pieds de derrière ont cinq doigts , et les deux plus longs, ceux du milieu, ont des ongles à peu près sembla- bles à ceux que nous* venons de décrire ; seulement ils sont beaucoup plus petits. Sa queue est fort courte. La teinte générale de cet animal est grise, tirant un peu sur le jaune ; une bande d'un roux pâle s'étend de la tête le long du dos; le dessous du corps, la queue et les pieds, sont d'un blanc sale; les ongles sont blanchâtres. Son poil est laineux et très-fin. On ne possède encore aucune notion sur le genre de vie de ce rongeur : son organisation indique qu'il doit être ë>ninemment fouisseur. Sa peau , comme nous l'avons vu plus haut, entre dans le commerce des pelleteries. 6. L'Oxdatka; Lcmmus ziheticus , Mus zihelicus , Gmel. Ondatra , ou ondathra , est le nom que les Hurons donnent à ce campagnol. La plupart des voyageurs qui ont parlé des CAM 3ii animaux de l'Amérique septentrlouale , nous l'ont fait connoître sous celui de rat musqué; et c'est sous cette déno- mination que son histoire, sa description et les principaux détails de son anatomie, ont été publiés par M. Sarrasin, médecin de Québec, dans les Mémoires de l'académie des Sciences pour l'année 1725. Cet anatomiste , dont le travail sur l'ondatra est encore le plus complet que nous possédions , regardoit cet animal comme une espèce de castor, et cette idée fut partagée long-temps par les naturalistes. C'est dans ce genre que Brisson, Linnœus et Erxleben , le firent entrer. Gmelin l'en sépara ; mais ce fut pour le réunir à son mus cojpus, et en former la première division de son genre Rat. Cependant ijuffon et Daubenton avoient déjà annoncé la grande analogie qui existe entre les formes et l'organisation intérieure de l'ondatra et du rat d'eau : et un examen attentif nous a prouvé qu'en effet cet animal est un véri- table campagnol; qu'il réunit, sans aucune exception, toutes les qualités qui nous ont paru devoir caractériser ce genre , et que par aucune raison il ne peut en être sé- paré. Au reste , nous n"avons guère fait à cet égard que vérifier ce qu'avoit déjà fait connoître M. Cuvier, dans son Tableau élémentaire, sur l'ondatra , et sur la ressemblance qui existe entre les molaires de ce rongeur et celles des campagnols. La taille de l'ondatra approche de celle du lièvre. Sa longueur, depuis le bout du museau jusqu'à l'origine de la queue, est de trente-trois centimètres ( un pied) environ; sa hauteur, au train de devant, comme à celui de derrière, est d'un décimètre (4 pouces) environ. Ces dimensions font voir que cet animal est très-bas sur jambes. Ses pieds ont cinq doigts fortement onguiculés, «urtout ceux de derrière; mais ils ne sont point palmés: seulement on observe sur leur côté interne une membrane très-étroite, garnie de poils forts et longs, qui, s'entrela- çant avec les poils de la membrane opposée, équivalent à peu près pour les effets à la membrane des animaux à pieds palmés. Sa tête , large et aplatie , ressemble beaucoup à celle du rat d'eau. Il a les yeux grands, les oreilles arrondies , couvertes de poils et très - courtes , et sa queue, garnie 3i2 C A M d'écaillcs comnje celle des rats, à peu près de la longueur de sou corps , est aplatie latéralenient; mais sa plus granrle largeur ne va pas au-delà de quinze à dix-huit millimètres (6 à 7 lignes). La couleur géaérale de l'ondafra est roussàtre : une bande plus roncèc , qui nait au-dessus du nez, setend sur loule la longueur du dos. Une teinte grise, légère, se mêle quel- quefois à la couleur principale , et cet accident a pour cause les dtux sortes de poils dont cet animal est revêtu : un duvet grLs,,. tirant un peu sur le roux, extrêmement fin et épais ,,iong de quinze millimètres ( 6 lignes ) , recouvre im- médiatement sa peau, et ce duvet est recouvert lui-même par les poils plus gros, bruns , de la longueur de trois cen- timètres (un pouce), auxquels l'ondatra doit sa couleur. La femelle a l'ouverture de l'urètre distincte de celle du vagin, et isituée au-dessus, comme on l'observe dans (jucl- ques autres rongeurs : ses mamelles sont au nombre de six. On peut juger, parce que nous venons de rapporter, que cet animal ne doit point avoir été doué des qualités ni soumis aux besoins qui supposent de la facilité, de l'aisance, dans les mouvemens. Son corps allongé, sa tête grosse, ses jambes courtes, s'opposent en effet à une course rapide , à des sauts agiles. Aussi l'ondatra semble- t- il courir et se mouvoir sur terre avec le même embarras que les canards: ou le voit se balancer dans sa marche comme ces oiseaux , et alors tourner en dedans, comme eux, Textrémité anté- rieure de ses pieds. Mais cette apparente imperfection est compensée par les goûts, par les habitudes de ce campa- gnol, et l'harmonie entre ses facultés et ses besoins subsiste toujours parfaite. Il trouve su nourriture dans le fond ou sur le bord des eaux, et il passe sa vie dans des terriers qu'il se creuse sur le rivage, ou daus des habitations ana- logues à celles des castors, qu'il se construit au bord des îiiarais, des étangs et en général de toutes les eaux dor- mantes. Mais si celte industrie pour la construction d'une retraite se rapproche de celle du castor, elle est bien loin de l'égaler. Voici un court extrait des récits des voyageurs au sujet dts huttes dans lesquelles se renferment les on- datras. CAM 3i3 Lorsque l'hiver approche, ces animaux se réunissent en un certain nombre, et le plus souvent par famille : puis, après avoir choisi près du rivage un emplacement qui les melle à l'abri des inondations, tout en leur permettant d'établir des communications avec l'eau, ils s'occupent à tirer, ordi- nairement du fond de la rivière, la terre argileuse qui doit servir de base à leur construction ; ils la pétrissent forte- ment avec leurs pattes, en la mélangeant à des débris de joncs, et après l'avoir convenablement préparée, ils en forment une espèce de dôme. Cette première construction a environ neuf à douze centimètres ( 5 à 4 pouc. ) d'épaisseur , etelle est recouverte extérieurement par une couche de joncs, épaisse de vingt-quatre à vingt-sept centimètres ( 8 à 9 pouc. ). Une ouverture est ménagée pour communiquer immédia- tement avec la terre ; m.-ïis elle se ferme quand les grands froids sont arrivés. Plusieurs canaux souterrains conduisent de l'intérieur de l'habitation au fond de la rivière. C'est par ces dernières issues que l'ondatra va chercher sa nour- riture, et qu'il tâche de s'échapper lorsque quelque danger le menace. La grandeur des huttes varie suivant le nombre des indi- vidus, et leur est proportionnelle. Quand elles ne sont des- tinées qu'à six ou huit, leur diamètre en tout sens est de soixante-six centimètres (j pieds) environ. Aussitôt que le printemps renaît et que les neiges dé- couvrent la terre , les ondatras entrent en chaleur ; ils sortent alors de leur cabane, l'abandonnent, se séparent, et se répandent dans les environs, chaque mâle uni à une femelle. Celle-ci met bas , bientôt après , cinq ou six petits, et une seule fois par an. On ignore la durée exacte de la gestation; mais on sait que les petits sont déjà grands au mois d'Octobre. Ces animaux passent ainsi toute la belle saison dans l'isolement, et ne se rassemblent qu'à la fin de l'automne, pour cons- truire une nouvelle habitation : car on a observé, dit-on, qu'ils ne retournent jamais à celle de l'année précédente. L'époque du rut est pour l'ondatra, plus encore que pour beaucoup d'autres animaux, celle d'une révolution extrê- mement remarquable. Il semble passer alors à une existence 3i4 C A M nouvelle ; de nouveaux organes se développent en lui , tous ses rapports avec ce qui l'entouroit auparavant sont changés, et s'il éprouve de nouveaux besoins, de nouveaux plaisirs, il court aussi de nouveaux dangers. Tant que le froid le tenoit renfermé dans sa hutte, ses organes générateurs étoient restés dans une sorte d'oblité- ration telle que les anatomistes qui disséquèrent des ondatras pendant l'hiver, cherchèrent cnvain les parties dans lesquelles s'élabore la liqueur séminale ; leur petitesse fut cause qu'ils ne purent être aperçus. Mais, à peine le désir de la reproduction se fait- il sentir, que ces parties prennent un accroissement subit et considérable, et en même temps se développe un autre organe composé d'un double ^ipparcil de glandes, duquel naissent deux canaux qui, après avoir rampé le long de la verge, dans l'ondatra mâle, viennent aboutir à l'insertion du balanus ; ils ram- pent de même le long de l'urètre de la femelle, et finissent au-dessus du vagin. Ces corps glanduleux sont situés sous le muscle pausier, sur les grands obliques, à un pouce et demi de l'os pubis ; ils donnent naissance à une matière assez semblable au lait par sa consistance et par sa couleur, et cette matière répand une forte odeur de muso : d'où est venu le nojn de rat musqué sous lequel , comme nous l'avons dit, plusieurs voyageurs nous ont fait connoitre l'ondatra. Cette odeur est même si forte que, dans quelques cas, elle en devient dangereuse. M. Sarrasin en a deux fois été réduit à l'extrémité. Aussi les Sauvages ont- ils donné le nom de puant à un lac et à une rivière sur les bords desquels ces animaux avoient coutume de s'établir. Quant aux voyageurs qui n'ont vu les ondatras que hors du temps du rut, quelques-uns nous ont parlé de l'odeur qu'ils ré- pandent comme plus agréable que celle du musc, de la civette, de l'ambre. Au reste, l'odeur musquée paroît être particulièrement propre au règne animal : beaucoup d'ani- maux, de toutes les classes, de tous les ordres, la répan- dent abondamment; on peut même la produire à volonté, suivant la manière dont on traite certaines matières ani- males. ÏSfcus devons observer que les rats et plusieurs autres C A M 3i5 rongeurs présentent à peu près, à l'époque du rut, les jnêrnes phénomènes que l'ondatra ; on voit aussi leurs or- ganes de la génération pi-endre un développement consi- dérable, et on retrouve même chez eux un appareil glan- duleux, semblable à celui de notre campagnol : seulement la liqueur qui en provient en diffère beaucoup par Todeur. En liiver la nourriture des ondatras consiste dans les ra- cines des plantes aquatiques , et, dans les autres saisons, eu végétaux et en fruits de toute espèce. On dit pourtant que ces animaux choisissent de préférence différcns nimphœa, et surtout Vacorus calamus , L. Plusieurs voyageurs, et M. Sarrasin lui-même, semblent attribuer à cette dernière plante l'odeur de l'animal; mais il est impossible aujourd'hui de partager cette idée. 11 arrive quelquefois, lorsque les hivers sont très- rigoureux , que l'étang ou le marais au bord duquel les ondatras ont placé leur habitation, se gèle dans toute sa profondeur: alors ces rongeurs , ne trouvant plus aucune espèce de nourriture, se dévorent les uns les autres ; de sorte que, lorsqu'on croit faire la plus heureuse chasse , on ne trouve plus dans les hutles de ces animaux que les débris des individus qui les avoient construites. L'ondatra paroît se rencontrer en Amérique partout où se trouve le castor , et la partie septentrionale de ce conti- nent est la seule patrie qu'on lui connoisse encore. La chasse de cet animal a lieu en tout temps : en hiver, pendant sa réclusion, pour sa chair , que l'on dit être alors fort bonne et qui n'est mangeable qu'en cette saison , et pourra peau qui s'emploie à la fabrication du feutre, et qu'on emploieroit en fourrure, s'il étoit possible de la dé- barrasser entièrement de son odeur musquée. C'est unique- ment à cause du musc que cette chasse a lieu en été. Alors, le moyen le plus efficace des chasseurs est d'imiter la voix des femelles, assez semblable à une sorte de gémissement. Le mâle accourt trompé par ce cri. Dès que le chasseur s'en est emparé , son premier soin est de lui arracher les glandes odoriférantes ; il les enveloppe d'abord dans un morceau de peau , les fait sécher et les vend ensuite. La chnssc d.'hiver a lieu surtout lorsque les dégels coni- 5i6 C A M inencent: le sommet des huttes des ondatras se montre alors au-dessus des neiges qui restent, et en pratiquant avec célérité une ouverture dans cette partie, on s'empare de tous les individus qui n'ont pu s'échapper parles canaux souterrains dont nous avons parlé plus haut. Sur la fin du dix-septième siècle, au rapport du baron de Lahontan , qui voyageoit à cette époque en Canada, les peaux de rats musqués entroient en grand nombre dans le commerce : cette pelleterie est bien moins recherchée au- jourd'hui, et ne se trouve même que rarement chez les fourreurs. 7. Le ZocoR ; Leinmus aspalax , Mus aspalax ,Va\l. Le célè- bre Pallas , à qui nous devons la connoissance de cet ani- mal, nous fournira toutes les particularités que nous allons rapporter de ses mœurs et de son organisation. Les Tonguses de Daourie, dans le pays desquels cet ani- mal se trouve, lui ont donné le nom de monon-zokor , qui signifie aveugle, parce qu'en effet ses yeux, très-petits , sont tellement cachés sous leurs paupières qu'on les aperçoit à peine. Cet animal , qui a de quatorze à vingt-deux centimètres (5 à 8 pouces) de longueur, est très - bas sur jambes; ses pattes antérieures, nues, sont larges, armées d'ongles longs et forts ; ses pieds de derrière sont plus petits que ceux de devant; sa queue est très - courte ; son nez gros, large, proéminent, dur, revêtu d'un cuir épais et calleux, qui le rend très-propre à fouiller ; ses oreilles sont presque nulles; son poil, ressemblant assez à celui du rat d'eau, est généralement d'un gris cendré sale ; la tête est plus foncée, et marquée dans quelques individus d'une ligne blanche. On voit, par ce qui vient d'être dit, que le zocor a tout ce qui constitue un animal fouisseur : des pattes courtes et fortes j- des yeux petits, des oreilles cachées, etc. Aussi vit- il comme la taupe dans des canaux souterrains, qu'il trace parallèlement à la surface du sol; c'est dans ces ga- leries obscures qu'il passe sa vie. Nous ne connoissons rien relativement à sa reproduction. Les monts Altaïs semblent être les contrées qu'habile cam 3.7 le zocor. Pallas l'a trouvé en grandes quantités entre Tln- gode et l'Argun , puis sur les bords de l'Abakan. Il se nourrit surtout des bulbes de Vcrithronium ou du liliuw pornponium ., ainsi que des racines des plantes analogues, d'iris, etc. 8. Le Campagnol du Nil; Lemmus niloticus , GeoiT. C'est à M. le professeur Geoffroy que nous devons la connoissance de cet animal; il en a enrichi le cabinet du Muséum d'histoire naturelle à son retour d'Egypte , et il en a donné la description dans le Catalogue encore inédit des mam- mifères de ce Cabinet .- c'est d'elle que nous extrairons ce que nous allons rapporter ici. La longueur de cet animal est de quatorze centimètres ( 5 pouces) environ, sans compter la queue, qui surpasse les deux tiers de cette longueur. Ses oreilles sont grandes et arrondies. Le pouce des pieds de devant est très-petit. Ses poils durs sont noirs à leur origine et roux à leur extrémité; ils lui donnent généralement une couleur brune nuée de fauve, excepté le dessus de la queue, qui est noir. Ce campagnol est originaire d'Egypte. f). JJ'ALhic.wDi., Lemnius albicaiidatus . Geoff. C est encore à M. Geoffroy que l'on doit la connoissance de cet ani- mal, et c'est à la même source où nous avons puisé la description du précédent que nous puiserons la description de celui-ci. Ce campagnol a la mtmc taille que le niloticus ; sa queue n'a que sept centimètres ( -2 pouces et demi) environ : son pelage est brun; ses pattes et le dessus de sa queue sont blancs. On ignore l'origine de cet animal. Outre ces diverses espèces on en compte encore sept a huit autres^ dont nous n'avons pu vérifier les caractères. et que nous ne ferons qu'Indiquer. Le Campagnol économe ; Mus œconomus , Pall. Sa longueur est de douze centimètres (4 pouces) environ : il habite la Sibérie ; son pelage est d'un gris jaunâtre sur le dos, plus pâle sous le ventre; et ses mœurs se rapprochent beaucoup de celles du lemniing poia* ce qui concerne ses émigrations. Il doit son nom au soin qu'il a de ramasser, pendant l'été, de nombreuses provisions de racines pour 5iS Ci A M l'hiver. A l'époque du rut, qui a lieil au printemps, il répand une odeur musquée , qui provient de glandes ana- logues à celles dont nous avons parlé à l'article de l'on- datra. Le Campagnol des ails ; Mus alliarius, Pall. Cet animal doit son nom à une certaine espèce d'ail dont il fait sa nourriture principale. Sa taille est celle de l'économe ; son pelage est d'un gris de cendre sur le dos , plus pâle sur les lianes, et presque blanc sous le ventre. 11 se trouve en Sibérie, et se creuse des terriers, dans lesqueJi il recueille sa nourriture pour l'hiver. Le C.\yirAGîiOL v.wvF. ; Lemmus fulvus, Geoff. Cetteespèce se trouve en France, est un peu plus grande que l'espèce commune et d'un fauve jaunâtre. Le Campaool a collier ; Mus torquatus , Pall. , se trouve en Sibérie; sa taille est celle du campagnol commun; son pelage est fin et doux, d'une couleur marron, tantôt plus ou moins grise. Son caractère distinctif consiste surtout dans deux bandes en forme de collier, l'une blanche et l'autre brune. On présume bien que c'est ù la disposition de ces couleurs qu'il doit le nom qu'il a reçu du célèbre Pallas. Le Campagnol social; Mus socialis, Pall. De la faille du campagnol proprement dit, mais plus ramassé, gris jaunâtre sur le dos , et d'un blanc pur sous le ventre, ainsi qu'à l'ex- trémité des pieds. On le trouve en troupes dans les environs de la mer Caspienne et près du Rhin. Le Campagnol doré; Lemmus rutilus , GeofC. Il ressemble au lemmus fuU'us du même auteur ; seulement il est de moitié plus petit : sa couleur est un beau fauve ; ses parties infé- rieures sont d'un blanc jaunâtre. On le trouve en Sibérie et en Allemagne. Le Campagnol kn thoupks; Mus gregalis, Pall. De la faille du campagnol commun, gris pâle sur le dos, blanc sale en dessous. On le trouve en Sibérie, où il se creuse des terriers qu'il remplit de provisions. 11 vit en société. Le Campagnol a c)UKtiE velui: ; Mus lagurus, Pall. 11 est presque aussi grand que le rat commun, d'un gris roussàtrc en dessus, en dessous d'un cendré jaunâtre; une ligne noire naît entre les yeux et s'étend le long du dos jusqu'à "C A M 5k_) Ja queue, qui est courte et couverte de poils l^ès- fournis. 11 se rencontre en Sibérie et en Tartarie, se creuse des, terriers dans le sable, et voyage souvent à la manière de plusieurs autres espèces de ce genre. ( F. C. ) CAMPAGNOL {Agric) ; Musan-alis, Gmel. Les campagnols sont des espèces de rongeurs qui , quand on les laisse se mul- tiplier, peuvent causer le plus grand tort aux récoltes, et même les détruire entièrement. Le département de la Vendée vient d'en fournir un exemple bien affligeant : en moins de deux ans ils ont occasioné une perte de 2.720,073 francs, suivant les procès-verbaux qui en ont été dressés. Ils vivent de fruits, de grains, de racines, rie fanes de plantes. Ils préfèrent les grains à tout. Quand le besoin les presse, ils mangent les feuilles de tout ce qu'ils rencontrent ; chanvre , oignons, feuilles de tabac même , rien n'est épargné. Le moyen de détruire ces rats, quand ils ne sont pas encore nombreux, c'est de leur tendre des pièges, en y mettant pour appât des substances capables de les attirer; c'est d'avoir recours à des labours assez profonds pour atteindre leurs retraites, et assez serrés pour ne pas laisser de nou- velles générations se former : alors des personnes qui suivent la charrue, les tuent à mesure qu'ils paroissent. Lorsque le campagnol rencontre une fosse dans sa course, il s'y précipite comme par une sorte d'instinct, dans l'espé- rance peut-être d'y trouver de la nourriture, On peut donc encore détruire beaucoup de campagnols en pratiquant des Irons, de manière que le rat, tombé dedans, ne puisse plus remonter. C'est ce qui a donné lieu à M. ïhieffries, ancien officier de cavalerie , et propriétaire cultivateur dans la Vendée, d'imaginer un instrument propre à creuser ces sortes de trous. Cet instrument est une tarrière , dont le cuilleron , terminé par une mèche pointue et en hélice, a 244 millimètres (y pouces) de long, et i55 millimètres ( 5 pouces ) de diamètre ; il est surmonté d'une tige dont la hauteur est de 81 u millimètres ( 2 pied 6 pouces), à la- quelle est fixé transversalement un manche de bois, destiné à faire tourner la tarrière , et dont la longueur est de /\Z5 millimètres ( j pied 4 pouces). En trois tours et eu dtux minutes , un homme de force médiocre fait uoe fosse .■520 C A M de 542 millimètres ( 1 pied 8 pouces) de profondeur. Cette fosse est parfaitement cylindrique , et ses parois, bien tassées , ne présentent point de bavures qui puissent donner prise aux griffes de l'animal et lui permettre de s'échapper. Ce moyen est excellent en lui même ; il est un des plus sûrs que je connoisse , et il a servi à détruire un grand nombre de campagnols. Cependant il n'est bien efficace que lorsque ces animaux ne sont pas encore absolument nombreux. On ne peut d'ailleurs en faire usage que dans un sol compact, tel que celui d'un marais susceptible d'être tranché net, sans laisser de bavures, auxquelles s'accro- cheroient , pour sortir des trous, les animaux qui s'y seroifent précipites. Lorsqu'il s'agit d'opérer une immense destruction , comme celle qu'exigeoit l'état de la culture dans la Vendée , il n'y a que les moyens vénéneux qui puissent être employés avantageusement : encore faut-il qu'ils soient généraux : car s'ils étoient en vigueur dans un canton , et non dans l'autre , on ne parviendroit certainement pas à uue destruction gé- nérale. Des appâts formés de substances (fui plaisent aux rats, et de sucs de plantes caustiques, ou de poudre de noix vomique, ou d'arsenic , si on ne peut mieux, rem- pliront le but qu'on se propose. Mais ces moyens présentent des dangers qui les font presque proscrire; et ce n'est qu'à la dernière extrémité, comme dans une incursion aussi nombreuse et aussi générale que celle de la Vendée, qu'on doit les employer. D'ailleurs, ces sorles de calamités n'arri- veroient peut-être jamais, si chaque cultivateur avoitsoin de détruire les campagnols aussitôt qu'il s'aperçoit qu'il y en a dans ses chauips , et de ne pas leur donner le temps de se multiplier. ( T. ) CAMPAGNOLI {Mamm.), nom italien du campagnol. (F.C.) CAMPAINHAS {Bot.) , nom portugais du muguet , com'a/- laria maialis. ( J. ) CAMPANA AZURA (Bol.), nom italien du cowolvulns nil, au rapport de Dalecliamps, qui le surnomme liset bleu. C'est le nil Arabum , suivant Gesner et Bauhin ; le graniim nil de S^rapiou : le ligustrum . nigrum de Columelle , ainsi. CAM 321 nommé à cause de son fruit noir, dit Dalechamps, mais que Virgile appelle ligustrum album, à cause de sa fleur. Suivant quelques auteurs, le convolvulus nil est le polhon de Théo- phraste, si recherché anciennement , dit Dalechamps , pour garnir et ombrager les sépulcres. Voyez Liseron, ( P. B. ) CAMPANE. (Bot.) Ce nom est donné vulgairement, soit à la grande aunée , inula helenium , connue dans les phar- macies sous celui de enula campana , soit à une espèce de narcisse , narcissus pseudo-narcissus , qui est la campane jaune des jardiniers. ( J. ) CAMPANETAS. ( Bot.) Les Languedociens nomment ainsi le petit liseron, coni/oLvulus arvensis , qui est le courracreolo des Provençaux. Ceux - ci donnent au grand liseron des haies, convolvulus sepium, le nom de campanetto. Ces déno- minations reviennent à celle de clochette, sous laquelle ces plantes sont connues ailleurs, et qui leur est donnée à cause de la forme de leur fleur. (J. ) CAMPANIFORME. {Bot.) On donne ce nom aux calices et aux corolles des fleurs qui sont faits en forme de cloche , comme dans les campanules, raiponces , etc. Il s'applique aussi à une sorte de coiffe de l'urne des mousses , qui est ou campaniforme , c'est-à-dire, qu'elle embrasse l'urne en entier et dans une direction verticale, ou cuculli- forme, c'est-à - dire faite comme un cornet et posée obli- quement sur l'urne , qu'elle n'embrasse jamais que d'un seul côté. Voyez les articles Mousses cucuLLiFOiiMEs , Coiffe. (PB.) CAMPANIFORMES {Bot.), nom donné à la première des classes de la méthode de Tournefort, caractérisée par une corolle monopétale en forme de cloche ou de grelot. ( J. ) CAMPANILLA. {Bot.) Les habitans de Carthagène , en Amérique, nomment ainsi un quamoclit, ipomœa carnea , Jacq. Amer. p. 26, t. 18. Ceux de Caïenne appliquent ce nom, suivant Aublet, à une autre espèce, ipomœa solani- folia. ( J. ) CAMPANIOLA. ( Bot. ) Gouan , dans son Flora Monspelien- sis , dit que l'on nomme ainsi, aux environs de Montpellier, une espèce de champignon , qui est ïagaricus Jimetariuf. (j.) CAMPANULACÉES. (Bot.) Familte de plantes perî-corol- 6 21 3" C A M lées, ou dont la corolle monopétale est portée sur le calice. Elles ont un calice faisant corps avec l'ovaire et conséquem- ment d'une seule pièce, divisé seulement à son limbe. La corolle, attachée au sommet du calice, est ordinairement régulière, divisée en plusieurs lobes. Les étamines , alternes avec ces lobes et en nombre égal, sont attachées au calice au-dessous de la corolle; leurs anthères sont distinctes ou plus rarement réunies. L'ovaire est inférieur, c'est-à-dire, faisant corps avec le calice, en tout ou en partie. 11 est couronné par un disque glanduleux, du milieu duquel s'é- lève un style terminé par un stigmate simple ou divisé. Cet ovaire devient le plus souvent une capsule , tantôt cou- ronnée par les divisions du calice, tantôt dégagée en partie. Elle est à plusieurs loges remplies de petites graines , et s'ouvre ordinairement par les côtés. Les graines sont atta- chées à l'angle intérieur des loges ; leur embryon est fili- forme, occupant le centre d'un pérlsperme charnu. La plupart des plantes de cette famille sont herbacées et rem- plies d'un suc laiteux ; quelques-unes ont la tige ligneuse. Les feuilles sont le plus souvent alternes. Les fleurs sont distinctes, ou quelquefois réunies dans un involucre ou calice commun. On peut former dans celte famille deux sections principales , dont la première a les antlières dis- tinctes et comprend les genres Cératostème, Forgésie, Mi- chauxie, Canurine , Campanule, Trachélie, Roelle, Gesnerie, Gloxioie, Cyphie, Scavole , Godénie, Phyteume ; la seconde présente des anthères réunies en un seul corps dans la Lo- bélie et la Jasione. Cependant quelques-uns de ces genres , tels que la Gesnerie et la Gloxinie , pourront dans la suite être détachés pour faire partie d'une famille nouvelle , parce que leur fruit paroi t être à une seule loge, et que les graines sont attachées à des demi-cloisons qui partent des parois de ce fruit. Cette famille , qui tire son nom de la campanule , a beaucoup d'affinité avec la section des bruyères ou érici- nées, dont le fruit est inférieur; mais ce fruit, dans ces dernières, est ordinairement une baie. Elle a aussi quelque rapport, par son genre Jasione, avec la famille des chicora- cées , qui a de même les fleurs réunies dans un calice C A M 323 commun, les anthères réunies, et toutes les parties rem- plies d'un suc laiteux ; mais le fruit de l'une est une cap- sule à plusieurs loges , celui de l'autre est une graine nue (J.) CAMPANULE ( Bot. ) , Campanula. C'est un genre de plantes dicotylédones , à tteurs complètes , campanulées , qui a donné naissance à la famille des campanuiacées , à la- quelle il appartient. Son caractère essentiel consiste dans un calice à" cinq ou à dix divisions , dont cinq réHéchies ; une corolle en cloche, à cinq lobes plus ou moins profonds; cinq étamines ; les filamens élargis à leur base ; un style ; trois stigmates ; une capsule à trois et quelquefois à cinq loges, de forme ovale; les semences attachées à l'angle in- térieur des loges. Ce genre est très-nombreux en espèces ; presque toutes herbacées, quelques-unes médiocrement ligneuses ; à feuilles simples, alternes, la plupart remplies d'un suc laiteux; les fleurs, tantôt solitaires et axillaires, tantôt fasciculées, pa- niculées , ou en épi , munies de bractées. Ces Heurs sont blanches, ou plus souvent de couleur bleue ; plusieurs d'en- tre elles se font remarquer, soit par leur grandeur, leur forme , la vivacité de leur couleur , soit par leur nombre et leur disposition en pyramide, en belle panicule, etc. Elles ont été admises dans nos parterres, parmi nos fleurs d'ornement. Quoique appartenant à une famille dont le grand nombre des espèces a des propriétés suspectes et mêmes vénéneuses , provenant d'un suc laiteux, corrosif et caustique, ces propriétés sont moins intenses dans les cam- panules, et même plusieurs espèces d'entre elles sont em- ployées comme aliment dans leur jeunesse. Quelques différences dans la corolle et dans la forme de l'ovaire et des capsules , ont déterminé plusieurs botanistes à profiter de ces caractères pour l'établissement d'un nou- veau genre que l'Héritier a nommé prismatocarpus , qui est le legouzia de Durande , Flore de Bourgogne , Vapenula de Necker. Elles seront mentionnées à l'article Prismatocarpe, { voyez ce mot ). Quant aux campanules , nous nous bornerons à indiquer les espèces les plus remarquables, et plus par- ticulièrement celles que l'on cultive dans les jardins, ou "^4 G A M qui croissent naturellement en Europe , ou enfin qui sont emplo3'écs à quelques usages économiques. 1. Campanule pyramidale: Campanulapjramidalis , Linn. ; Dodon. Pempt. 166. C'est une des plus belles espèces de ce genre, qui fait l'ornement des terrasses et des jardins , dont les fleurs, très-nombreuses, sont disposées en un long épi pyramidal , d'un aspect fort agréable. Ces fleurs sont bleues, quelquefois blanches , réunies par bouqui?ts laté- raux sur des pédoncules courts ; les feuilles glabres , presque luisantes , crénelées ; les inférieures en cœurs , les caulinaires et supérieures ovales, lancéolées. Elle croît naturellement dans la Carniole et la Savoie. Je l'ai également recueillie sur de vieux murs à Soissons, où elle s'étoit probablement naturalisée. 2. Campanule a feuilles de pêcher : Campanula persici- folia, Linn. ; Bulliard , Herb. t. 867 ; Dodon. 166. Ses grandes fleurs bleues , d'autres fois blanches , et qui se doublent quel- quefois , l'ont fait rechercher comme une plante d'ornement; elles forment un épi court, lâche à l'extrémité des tiges: ses feuilles sont glabres , longues , étroites, denticulées ; les inférieures ovales, oblongues. Elle croît dans les lieux in- cultes et ombragés , dans les bois taillis en Europe. 5. Campanule rkomeoïdale : Campanula rhomboidalis . Linn.; Barrel. le. 667. Ses tiges sont simples et grêles ; ses feuilles éparses, nombreuses, ovales, presque rhomboïdales, dentées, aiguës; les fleurs terminales, disposées en un épi court et lâche; les divisions du calice presque sétacées. On trouve cette plante daus les départemens méridionaux de la France. 4. Campanule a larges feuilles : Campanula latifolia , Linn. ; Flor. dan. tab. 85 ; Lob. Icon. part. 2 , tab. 278. Des feuilles un peu rudes, pétiolées , ovales, lancéolées, dentées et pointues; des tiges droites et simples ; de grandes fleurs bleues, axillaires ; une corolle un peu barbue, carac- térisent cette espèce , que l'on rencontre dans les lieux montueux en Suisse, dans les départemens méridionaux de la France. 6. Campanule raiponce : Campanula rapunculus , Linn. ; Lob. Icoïi. 528. ; vulgairement la raiponce ou l'ampon. CAM 325 Ses racines, que l'on mange en salade, sont tendres, blan- ches, fusiformes; elles produisent une tige haute de deux pieds et davantage, un peu velue à sa base, garnie de feuilles alternes, distantes; les radicales ovales, oblongues , un peu velues; les caulinaires et supérieures lancéolées, sessiles; les fleurs bleues, disposées en une panicule serrée ; le calice glabre, hispide dans une des variétés. Cette plante croît dans les lieux incultes. On la cultive dans les jardins potagers. Ses racines et ses jeunes feuilles se mangent en sa- lade au printemps, avant la pousse des tiges; elle passe pour rafraîchissante, apéritive, et propre à augmenter le lait des nourrices. Le cainpanula rapunculoldes jouit des mêmes propriétés , mais à un degré inférieur ; elle n'a dailleurs de rapport avec elle que dans ses racines. Ses tiges sont un peu rougeàtres ; ses feuilles en cœur, ou ovales, lancéolées, hispides ; ses Heurs assez grandes, pendantes, axillaires, en épi. Elle croît dans les terrains secs , en Suisse , en Allemagne , en France. 6. Campanule cantelée: Cawpanula IrachcUiim , Linn. ; Dodon. 164.; Lobel. ic. 3^6, vulg. gants de Notre-Dame. C'est parmi les espèces communes une des plus agréables par ses grandes et belles fleurs bleues, axillaires, dispusées en un épi terminal. Ses feuilles ressemblent un peu à celles de l'ortie; elles sont pétiolées , ovales, en cœur, dentées en scie : ses racines sont grosses , blanches , tendres ; elles peu- vent être mangées en salade dans leur jeunesse. La plante passe pour vulnéraire, astringente, favorable dans les in- flammations de la gorge et de la bouche. Elle croît dans les bois, le long des haies. 7. Campanule agglomérée : Campanula glomerata, Linn. ; Lobel. Icnn. 026 ; Dodon. Pempt. 164. Cette plante pro-* duit un effet assez agréable dans les prés secs des montagnes , oîi elle est assez commune : elle y brille par ses fleurs ra- massées en tête, quelquefois alternes , presque solitaires dans les aisselles des feuilles supérieures ; celles-ci sont ovales-lancéolées , pétiolées , velues, un peu blanchâtres. 8. Campanule en tête : Campanula cer^icaria , Linn. ; Bauh. Prodr. , p. 5f), f. 2. Elle diffère de la précédente par ses tiges presque simples, par ses feuilles étroites, presque 5^s G A M linéaires, garnies de poils rudes au toucher, par la corolle velue sur ses angles. Elle croît ^ans les bois et les lieux pierreux des montagnes. 9. Campanule en thyrse: Campanula Ihyrsoidea , Linn. ; Jacq. Observ. tab. 21. Celte campanule a un port parti- culier, assez élégant, et qui la rend facile à reconnoître. Ses fleurs forment un épi droit, serré, terminal: elles sont sessiles, nombreuses, d'un blanc sale, velues : les feuilles sont linéaires , lancéolées , hérissées de poils blancs , ainsi que les tiges. Elle se trouve sur les montagnes des départemens méridionaux de la France. 10. Campanule a feuilles rondes : Campanula rotundi- folia , Linn.; Lobel. Icon. 3^8, f 1. Les feuilles radicales petites, longuement pétiolées , arrondies ou un peu ovales, échancrées en cœur, distinguent cette espèce, qui est fort commune dans les lieux montueux et pierreux ; les autres feuilles sont fort étroites , linéaires, aiguës ; ses fleurs assez grandes , pédonculées , peu nombreuses. Le campanula lini- folia ne diflère guère de cette espèce que par ses feuilles toutes semblables, moins étroites, linéaires, lancéolées. 11. Campanule uniflore : Campanula unijlora , Vill. Dauph. 1, pag. 5oo, tab. 10. Cette espèce et les deux suivantes sont remarquables par leur petitesse. Celle-ci n'a ordinairement qu'une seule fleur un peu inclinée, quelque- fois de deux à cinq; des feuilles caulinaires linéaires-lan- céolées. Elle croît dans les prairies des hautes Alpes. 12. Campanule du mont-cenis : Campanula cenisia, Linn. Ses tiges sont hautes de deux ou trois pouces; ses racines allongées ; les feuilles ovales , obtuses ; la corolle bleue , à cinq lobes ouverts , aigus ; la capsule à trois loges. Elle se trouve sur les hautes Alpes, au Mont-Cenis. i3. Campanule a feuilles de lierre: Campanula liede- racea, Linn.; Œder. El. Dan., tab. 35o. F( rt petite espèce délicate, dont les tiges sont menues, filiformes, presque couchées: les feuilles glabres, pétiolées, en cœur, à cinq lobes; les fleurs petites, d'un bleu pâle, solitaires et pen- chées. Elle croît dans les lieux humides et couverts. 14. Campanule brine: Campanula erinus , Liun. ; Moris. sect. 5^ tab. 5, fig. 25. C'est une petite plante remarquable C A M 527 par ses tiges grêles , par ses feuilles sessiles , petites , si- tuées à la base des bifurcations , fortement incisées ; les fleurs sont petites , bleuâtres , axillaires , presque irrégulières ; les lobes du calice s'accroissent avec le fruit; le stigmate est simple; la capsule s'ouvre à son sommet. On la ren- contre aux lieux arides et pierreux, dans les departemens méridionaux de la France. Elle n'a ni le port ni plusieurs des caractères qui constituent les campanules. i5. Campanule a crosses fïeurs: Campanula médium , Linn. ; Lobel. le. 324, vulg. le Carillon. Elle produit un effet très-agréable dans les plates-bandes des Jardins, où on la cultive à cause de ses belles et grosses fleurs bleues , en cloche, quelquefois blanches ou purpurines. Ses feuilles sont sessiles , oblongues , velues , rudes au toucher ; la co- rolle ventrue, un peu velue sur ses angles; le style divisé en cinq stigmates. Elle croît naturellement dans les bois de la ci-devant Provence, aux lieux arides. 16. Campanule fourchue: Cawpanula dicliotoma , Linn.; Barrel. le. yôij. Ses tiges sont grêles, hispides ; ses feuilles alternes, sessiles, petites, ovales, obtuses; ses fleurs peu nombreuses, solitaires, inclinées ; leur calice rude, hispide. Elle se trouve dans la Sicile, le Levant, la Barbarie. I j. Campanulf. BARBVE: Campanulabarbata , Linn.; Jacq. Obs. 2, tab. 57. Elle a des tiges simples, velues, à peine feuillées ; les feuilles radicales rudes , velues , oblongues , très - entières , obtuses; les fleurs pédonculées, inclinées , disposées en une panicule courte et lâche ; la corolle garnie de poils blancs à son oriflce. Ou la rencontre sur les hautes montagnes des departemens méridionaux de la France. 18. Cambanule en ÉPI: Campanula ipicata , Linn.; Ail. Pedem. tab. 461 f- 2. Ses fleurs forment un long épi cylin- drique ; la corolle est tubuleuse , à cinq lobes aigus ; la tige simple, droite, hérissée; les feuilles linéaires, allongées, velues. Elle croît dans les montagnes des basses Alpes. II existe encore un grand nombre d'espèces de campa- nules ; mais la plupart ne sont connues que dans les her- biers , et ne se trouvent point en Europe. ( Poir. ) CAMPE ( Entom. ) , Jtifx'rjsii, C'est le nom sous lequel Aristote et plusieurs autres auteurs grecs désignent les 328 C A M chenilles dans leurs ouvrages ; et c'est de là qu'est né le mot pithyocampe , hippocampe, qui signifie chenille du pin, chenille cheval, et plusieurs autres dénominations analcgues. (CD.) CAMPÈCHE. [Bot.), hœmatorylum, arbre de la famille des légumineuses , nommé plus ordinairement bois de Cam- péche , parce qu'il a été d'abord trouvé dans la baie de Campêche en Amérique, où il est très-abondant. Il s'élève à la hauteur de douze mètres environ (36 pieds j : son bois est rouge à l'intérieur, recouvert d'un aubier blanchâtre et d'une écorce brune. Ses rameaux sont chargés de feuilles pennées sans impaire, dont les folioles opposées , au nom- bre de quati'e à huit, sont petites, en forme de cœur, très- lisses et striées obliquement. l,es Heurs, petites et jaunâtrrs, sont disposées en épis ou grappes axillaires à l'extrémité des rameaux : elles ont un calice d'une seule pièce en godet évasé , à cinq divisions ; cinq pétales égaux , insérés au calice , qu'ils débordent. Dix étamines , dont les filets partant du même point, sont distincts et un peu velus à leur base. L'ovaire libre est surmonté d'un style et d'un stigmate échancré ; il devient une petite gousse lancéolée, membra- neuse, très-comprimée, qui a plutôt la forme d'une capsule , et s'ouvre dans le milieu par deux sutures longitudinales en deux valves également aplaties et carinées. Elle ren- ferme dans une seule loge quelques graines très -minces. Leur embryon, dénué de périsperme, est allongé, compri- mé; sa radicule est placée latéralement. Il n'y a qu'une espèce connue de ce genre , hcematoxj'lum campechianum. Son nom générique, qui signifie bois de sang, lui a été donné à cause de la couleur rouge de son bois , qui donne une teinture de même couleur, et qui est très- recherché à cause de cet usage, dont il a déjà été fait mention à l'article Bois de Campêche, auquel on renvoie, soit pour ses propriétés, soit pour ses rapports de nom avec d'autres arbres également employés pour la teinture rouge. Voyez encore Bois sanglant, Bois de Nicaragua. (J.) CAMPHORATA. [Bot.) Voyez Camphrée. (J. ) CAÏVIPHORATES. {Chim.) On nomme camphorates en chimie les composés salins formés par l'acide camphoriqiie C A M 3=9 uni aux bases terreuses, alcalines et métalliques. On connoît si peu CCS sels, on a si peu encore étudié leur histoire, qu'il serait superflu de traiter de ces sels, soit comme genre, soit comme espèces, dans un ouvrage où l'on doit se bor- ner aux notions les plus élémentaires et les plus simples de la science. Les camphorates n'ont point été trouvés dans la nature ; aucun n'est encqre employé dans les arts, ni même ordi- nairement préparé dans les laboratoires de chimie. Voyez le mot Acide camphorique. (F.) CAMPHORIQUE. (Chim.) L'acide camphorique , formé par l'action de l'acide nitrique sur le camphre, paroît être un corps différent de tous les autres et avoir une existence bien déterminée. Il en a été parlé à l'article des acides. Voyez le mot Acide camphorique. (F.) CAMPHRE. (Bot.) Cette substance étoit inconnue aux anciens Grecs et Romains, et c'est aux Arabes que nous en devons la connoissance. Ils la nomment caphur ou camphur , d'où les Grecs de Constantinople ont fait le mot carnphora. Sérapion , Avicenne , Rhasès, Averrhoès , tous écrivains arabes , ont été les premiers qui en ont traité , et les connoissances que l'on a acquises sur ce sujet dans les âges postérieurs, font voir qu'ils étoient bien informés. Le camphre nous vient de differens pays, et il est le produit de plusieurs plantes diverses. Celui que l'on nous apporte de la Chine et du Japon est le produit du laurus carnphora, Laurier camphrier (voyez ce mot). Selon Kœmpfer, Am. exot. fasc. V, les paysans japonois, sur- tout ceux de la province de Satsuma et des îles de GoLho^ qui font la récolte du camphre, coupent les racines et le bois de ce bel arbre par petits morceaux, qu'ils font bouillir avec de l'eau dans des pots de fer en forme de vessie , qu'ils recouvrent d'un chapiteau de terre cuite, dont le col est recourbé, et qu'ils remplissent de chaume. C'est à ce chaume que le camphre s'attache en se sublimant. Celui qui vient de Sumatra, de Bornéo et des environs de Malaca, est produit par un arbre tout différent, auquel les Malais donnent le nom de capour barros^ qui veut dire 33o C A M camphrier rie Barros. Selon Garcias de Horta ( Hist. aroma- liim, c. 9), Barros est un endroit près de Malaca, où ce camphrier est très- abondant. Le camphre qu'il donne se trouve tout formé dans l'intérieur du bois, et jamais, selon Kumphius (Herb. Amb. vol. 7, p. 65 ), il ne transsude par l'écorce. Les habitans du pays croient avoir des signes certains pour juger si un arbre en contient. On le coupe alors par petits morceaux, et on trouve le camphre dans les petites cavités du bois pourri, ou entre l'écorce et le bois. Ce camphre est mêlé à des matières hétérogènes; on le lave, on le trie, et on en fait trois divisions. Les mor- ceaux de la grosseur d'une petite fève ou environ, sont appelés eahessa ; ceux de la grosseur de grains de poivre, barrira., et le reste, qui est menu comme du sable, va sous le nom de pée. Ces trois mots sont portugais, et signifient, le premier, la tvte ; le second, le venti'e, et le troisième, le pied. Le prix du calessa est, d'après Garcias de Horta, vingt lois plus grand que celui de pée. Le camphre dont nous parlons est beaucoup plus estimé dans l'Orient que celui de la Chine ; et les Chinois , célèbres par leur mauvaise foi , ne manquent pas de falsifier le camphre de Bornéo, en y mêlant avec assez d'art une partie du leur. Selon les marchands Banianes , le vrai camphre de Bornéo ne perd jamais de sa force, quand celui de la Chine s'altère et s'évapore par le laps du temps. Les botanistes n'ont aucune idée nette de l'arbre qui donne le camphre à Sumatra et à Bornéo. Sa fleur n'est pas connue ; mais son fruit a été envoyé de Sumatra au chevalier Banks, président de la Société royale de Londres. M. Corréa de Serra l'a disséqué , et soupçonne que cet arbre est très -voisin du shorea robusta de Koxburgh. (Ma- nuscrit des Plantes du Coromandel.) Voilà les deux espèces d'arbres dont on tire le camphre du commerce ; mais bien d'autres plantes en produisent. On eu retrouve dans plusieurs autres lauriers. Ka?mpfer nous parle d'un cassia canellifera des forêts du Malabar et de Ceilan , qui appartient probablement au même genre, et dont la racine donne du camphre ; il dit en avoir retiré , par la distillation , C A M 33i du schananthus de Perse et d'Arabie. M. Geoffroi , dans sa Matière médicale, dit en avoir retiré des racines de la zédoaire. Dans le royaume de Murcie , on la retire, de temps immémorial, par la distillation de différentes plantes labiées ; et M. Proust a démontré que les plantes de cette famille en fournissent une quantité assez grande pour payer, avec profit même, les frais de la manipulation. (Cor.) CAMPHRE. ( Chim.) Le camphre est une matière végétale, huileuse, combustible, odorante, volatile, concrète et cris- talline, qui est rangée aujourd'hui parmi les matériaux immédiats des plantes, parce qu'on la retire d'un assez grand nombre d'entre elles. On l'extrait surtout d'une es- pèce de laurier, laurus camphora, qui croit abondamment dans les Moluques. On en met les tiges fendues en distil- lation, et on recueille le camphre en petits grains sublimés et attachés à une natte de paille de riz dont est garnie la concavité du chapiteau. On le rafline par une seconde sublimation en Hollande, et on l'apporte en pains blancs, brillans, lamelleux, cristallins, dans le commerce. On assure qu'on en retire, dans quelques parties de l'Es- pagne, des huiles volatiles du romarin, de la lavande et de plusieurs autres labiées. On l'a aussi trouvé dans la racine d'aunée. Son odeur forte et pénétrante; sa grande inflammabilité, qui lui permet de brûler sur l'eau à la surface de laquelle il nage; sa volatilité, qui le fait obtenir et raffiner par la sublimation; le mouvement gyratoire que ses petites molé- cules prennent sur l'eau; la manière dont un cylindre de camphre , en partie plongé dans le liquide , est usé et coupé dans le point qui touche l'eau et Pair; sa dissolubilité dans l'alcool , les huiles et l'acide nitrique foible ; sa conversion en un acide particulier par l'action de l'acide nitrique fort et distillé ; sa vertu antiseptique et conservatrice pour les matières animales : telles sont les principales proprié- tés qui distinguent et caractérisent si bien le camphre qu'il n'est pas possible de le confondre avec d'autres substances. Le camphre est surtout employé en médecine, comme cal- mant et antiseptique. On s'en sert dans toutes les poudres 003 c A. M et les mélanges destinc^s à la conservation des animaux réunis dans les collections d'histoire naturelle : il écarte assez puissamment les insectes. ( F. ) CAMPHREE ( JBof. ) , Camphorosma, genre de plantes rap- porté à la famille des atriplicées , nommé camphorata par Tournefort et les auteurs qui l'ont précédé. Il est carac- térisé par un calice en godet à quatre divisions, dont deux plus grandes ; quatre étamines ; un ovaire libre, surmonté d'un style fourchu, et devenant une capsule monosperme, recouverte par le calice sans lui adhérer. Ce genre fait, dans cette famille, partie d'une section distinguée par un fruit capsulaire ; en quoi elle diffère des vraies atriplicées, dont le fruit est une graine nue, c'est-à-dire sans péricarpe, recouverte seulement par le calice. Une seule espèce de ce genre habite la France : on la trouve sur les bords de la Méditerranée , aux environs de Montpellier; ce qui l'a fait nommer camphrée de Mont- pellier, cawphorosrna monspeliaca. Elle se retrouve aussi dans l'Espagne et quelques autres pays méridionaux de FKnrope. C'est une plante basse, rameuse , touffue, couchée sur terre , et dont les rameaux sont couverts de petites feuilles linéaires et légèrement velues, aux aisselles des- quelles naissent les ileurs. Son nom lui vient de l'odeur légère de camphre qu'elle exhale lorsqu'on la froisse; celte odeur est plus sensible dans la plante sauvage, et paroît se perdre par la culture. Linna>us , dans sa Matière médi- cale, annonce cette plante comme diurétique, sudorifique, résolutive, céphalique et vulnéraire, bonne dans l'hydro- pisie , rhyslérle, le catarrhe, les fleurs blanches; mais il' ajoute qu'elle n'est pas d'un usage habituel. Murrai en dit autant , et il ne cite ses vertus que d'après le témoignage ancien du médecin Burlet, consigné dans les Mémoires de l'Académie des sciences, année lyoS , et celui de Magnol, dans son Botanicon monspeliense. Desbois de Rochefort la regarde comme aromatique et incisive , propre à diviser l'humeur qui embarrasse le poumon ; il l'indique dans l'asthme, et quand une humeur rhumatisante ou goutteuse se porte à la pcitrine. On l'administre en infusion comme le thé , et on en fait beaucoup d'usage dans les provinces C A M 335 du midi ; elle est moins employée dans notre climat et dans les pays du Nord. Deux autres espèces moins communes sont indiquées en Italie, dans la Suisse et la Tarfarie, et se distinguent par leurs feuilles presque glabres, élargies par le bas et aiguës au sommet dans le camphorosma acuta, plus épaisses et comme prismatiques dans le camphurosma glahra. Une espèce du cap de Bonne-Espérance, camphorosma paleacea, mérite un nouvel examen; et une autre de l'Arabie, camphorosma pteranthus , paroît devoir, sous le nom de pteranthus , donné par Forskal, former un genre distinct appartenant à une autre famille. ( J. ) CAMPHUR (Bot.), nom arabe du camphre. ( J. ) CAMPKIT. (Bot.) Voyez Camchain. ( J. ) CAMPOMANLSIE ( Bot. ) , Campomanesia , genre nouveau delà Flore du Pérou, p. 72, t. ]3, qui appartient à la fa- mille des myrtées, et paroît être congénère du décasperme , decaspermum , Forst. lia, comme lui, cinq pétales et beau- coup d'étamines insérées au calice, qui est adhérent à l'o- vaire. Celui-ci , surmonté d'un seul style et d'un stigmate en plateau , devient, suivant les auteurs de la Flore, une baie globuleuse et déprimée en forme de pomme , renfer- mant dix ou douze graines, non solitaires, dans autant de loges, comme dans le décasperme , mais disposées circulai- rement dans une seule loge, et attachées à un réceptacle charnu, central. Cette différence ne paroît pas suffisante , parce qu'on peut supposer que les loges existantes dans l'o- vaire ont disparu dans le fruit mûr, ce qui arrive dans beaucoup de baies. On ne connoît point encore l'espèce de ce genre, qui est un arbre ; le seul caractère générique a été publié. (J. ) CAMPSIS. ( Bot. ) Loureiro , dans sa Floi^e de la Cochin- chine, décrit sous ce nom un arbrisseau à lige grimpante, accrochée comme le lierre par des racines latérales aux troncs des arbres. Ses feuilles sont bipennées ; ses fleurs rouges et disposées en grappes terminales. Elles ont un calice à cinq divisions, une corolle monopétale, attachée sous l'ovaire , évasée par le haut et divisée en cinq lobes égaux ; quatre étamincs , dont les filets sont recourbés en 354 C A M dedans (d'où vient le nom du genre, qui en grec signifie courbure): deux de ces filets sont plus courts, ce qui porte ce genre dans la Didynamie de Linnacus. L'ovaire , sur- monté d'un style et de deux stigmates, devient une capsule longue , à quatre angles , à deux loges remplies de semences arrondies, et s'ouvrant dans sa longueur en deux valves. A'^ illdenow', éditeur de l'ouvrage de Lourciro, croit que ce genre est le même que l'incarvillée de Jussieu. Celle-ci présente cependant quelques différences. Sa corolle est irrégulière: son fruit est assez long pour prendre la forme d'une silique ; ses graines sont membraneuses sur leurs Lords. De plus, les échantillons d'herbiers que l'on possède n'annoncent point une plante ligneuse, et les feuilles sont plutôt découpées irrégulièrement que bipennées. On peut, d'après cet énoncé , presque assurer que ces deux plantes ne sont pas la même espèce, et on ajoutera qu'il n'est pas impossible de les laisser dans deux genres distincts ; ce qui ne sera constaté que par l'inspection du fruit du carnpsis et de la disposition de sa cloison. Il paroît, au moins pour le moment, que ces genres doivent être rapprochés, et appartiennent à la famille des bignonécs. (J. ) CAMVYLEi Bot.) , Camprlus , genre de plantes établi par I.oureiro sur un arbrisseau sarmenteux de la Chine. Ses caractères consistent en un calice tuljuleux , à cinq divi- sions inégales, subulées , droites; une corolle monopétale, tubuleuse , à deux lèvres entières , la supérieure très-étroite, et l'inférieure ovale; cinq étamines inégales, plus courtes que la corolle et insérées à la base de son tube ; un ovaire libre ou supérieur, arrondi, surmonté d'un style; uu stigmate à cinq lobes. Le fruit consiste en une capsule arrondie , à cinq loges remplies de plusieurs graines. Le campyle , campylus sinensis , Lour. , a la tige sarmcn- teuse , ligneuse, épaisse. Ses feuilles sojit opposées, con- formées en cœur, aiguës, entières, tomenteuses des deux côtés; leurs pétioles sont longs , articulés , et quelques-uns alternes. Les fleurs, d'un blanc rougeàtre, forment une grappe terminale, longue et flexueuse. Cette plante croît sur les collines boisées des environs de Canton en Chine. D'après tous ses caractères, elle appartient à la huitième classe du C A M 555 Gênera de Jussieu ; mais elle ne paroît se rapporter à au- cune des familles qui y sont renfermées. (Lem. ) CAMPYNÈME (Bot.), Campjnema. La Billardière, dans son grand ouvrage sur les plantes de la Nouvelle-Hollande, vol. 1 , p. 95, donne ce nom, qui signifie en grec filet re- courbé, à une plante voisine de la famille des narcissées, dont il fait un genre nouveau. De ses racines, qui sont rassemblées en faisctjai'.x , sortent quelques feuilles grami- nées , courtes , du milieu desquelles s'élèvent une ou plusieurs tiges simples, chargées de trois ou quatre feuilles, presque engaînées à leur base, également graminées, dont les infé- rieures sont longues, les supérieures très-courtes. Ces tiges sont ordinairement terminées par une seule fleur, dont le calice, que l'auteur nomme corolle, est allongé, adhérent à l'ovaire, et se divise au-dessus de cette adhérence en six lobes de forme lancéolée ; les étamines en même nombre, insérées au bas de ces lobes , ont leurs filets recourbés en dehors. L'ovaire, faisant corps avec le tube du calice, est long, surmonté de trois styles et d'autant de stigmates ; il devient une capsule allongée, prismatique , marquée de trois sillons, à trois valves appliquées contre l'axe central, et formant trois loges remplies d'un grand nombre de graines aplaties et attachées sur le bord des valves. Ce genre, ainsi décrit par l'auteur, se rapproche évidem- ment des narcissées, et surtout de la section de celles qui ont le fruit adhérent au calice ; mais il diffère de toutes par ses trois styles qui partent du sommet de ce fruit. Dans cette famille on observe généralement un seul style , ter- miné, tantôt par un stigmate et tantôt par trois ; ce qui pourroit faire présumer que les trois styles du campynème seroient réunis par le bas en un seul très-court. Il manque de plus dans ce genre un autre caractère propre aux nar- cissées , c'est la spathe simple ou double qui enveloppe leurs fleurs, et dont il est dépourvu. L'auteur a donc eu raison de le placer parmi les genres qui ont été l'apportés à la suite des narcissées, et on pourra le mettre auprès de l'hypoxis. La seule espèce qu'il indique, sous le nom de campjnema Imearis , à cause de ?es feuilles linéaires, et qu'il figure t. 121 5 a été trouvée par lui au cap de Van-Diemen. (J.) 356 C A M CAM-SANH. (Bot.) Voyez Camchain. ( J. ) CAMSIA {Bot.), nom chinois de la canne à sucre. ( J. ) CAMUL, Camelaun. (Bo^ ) Dans quelques-unes des Mo- luques une espèce de poivre, piper malamiri , est ainsi nommée, suivant Rumphius. ( J. ) CAMULA (Aiamm. ), nom ilalien du chamois. (F. C ) CAMUM ou Kemum ( BoL ), nomsarabesdu cumin, ciimi- num, selon Dalechamps. (P. B. ) CAMUNENG {Bot.),Camunium. Rumphius, dans son Herb. Amb. , vol. 5 , p. 26 , t. 17 , }8 , décrit , sous ce nom, trois arbrisseaux différens. Le premier, qu'il nomme simplement camuneng ou cainunium , est le chalcas paniculata de la fa- mille des hespéridées ou orangers. Le second, camunium. japonense, est le murraya ou buis de Chine, caju-moni ou caj'-moni des Malais, rapporté à la même famille. Le troi- sième, camunium sinense ou cambarig - tsiulang de Ceilan , appartient aux méliacées, et doit être un genre distinct sous le nom de camunium , remarquable par la gaine de ses filets d'étamines, qui a beaucoup d'affinité avec ïaglaia de Lou- reiro. Voyez Chalcas, Murraya, Aglaia, Cambanc-tsiu- LANG. (J.) CAMUS. ( Mamm. ) On nomme ainsi , dans plusieurs contrées de l'Europe, le dauphin vulgaire , delphiaus delphis, L. (S. G.) CAMY-CAMY ( Ornith. ) , nom que porte à Surinam l'a- gami , psophia crepitans, L. ( Ch. D. ) CAN ( Ornith. ) , nom vulgaire de la grive niauvis , lurdus iliacus , L. On l'écrit aussi quan. ( Ch. D. ) CANA {Bot.), nom donné en Chine , suivajit Rumphius, vol. 2 , p. 164, à un canari, canarium , qui est le cai-cana de la Cochinchine , et que Loureiro nomme pimcla alba. Dans le patois languedocien , le cana est la canne ordinaire ou le grand roseau , arundo donai. ( J. ) CANAB, Canabier , Canabou. ( J5of.) Voyez Cambé. ( P. B. ) CANABERI ( Ornith. ) , nom que porte à Damas l'alouette cochevis , alauda cristala , L. ( Ch. D. ) CANADE. ( Ornith. ) Le Dictionnaire des Voyages dit que cet oiseau d'Amérique est le plus beau du monde; mais, en le décrivant, il oublie de parler de sa taille. Malgré G AN 557 cela , ii y a lieu de présumer que c'est un oiseau-mouche. (Ch. D.) CANAHEIA (Bot.), nom donné en Espagne, suivant Clusius, à différentis espèces de thapsies et de férules, plantes ombellifères. ( J. ) CANAL. ( ConchjLiol. ) Ce mot s'emploie pour indiquer le prolongement en canal qui se voit dans plusieurs coquilles à la base de l'ouverture. Voyez au mot Coquille. ( Du\^ ) CANAL. ( Anat. ) Ce nom pourroit convenir à tous les vaisseaux ; on le réserve à ceux qui n'ont pas, ainsi que les veines et les artères, de nom générique propre, comme les canaux excréteurs des diverses glandes, tels que le canal hépatique, le pancréatique , etc. On le donne aussi à des tuyaux creusés au travers des os , comme le canal caroti- dien , etc. ( C. ) CANALIACLÉE. ( Conchjl. ) On emploie fréquemment cette épilhèle dans la description des coquilles, pour la suture, la spire, l'ouverture, etc. Voyez au mot Coquille. (Duv. ) CANALICULAIRE (Bot.), Canalicularia. Acharius dé- signe ainsi les espèces de lichens composant la neuvième division de son genre Parmélie. Celte division contient huit espèces, telles que les parmeliu furfuracea, ciliaris,etc., dont les caractères sont une base foliacée, membraneuse et cartilagineuse , canaliculée longitudinalement en dessous. Voyez Parmélie. (P. B.) CANALICULÉ. {Bot. ) Ce terme botanique exprime la structure particulière d'un pétiole de feuille. Lorsqu'il est creusé supérieurement dans sa longueur en un sillon ou une gouttière, on dit que ce pétiole est canaliculé. (J. ) CAN ALITES (Foss.) , nom par lequel on a désigné quelque- fois les dentales fossiles. Voyez au mot Dentales. (D. F. ) CANAMELLE (Bot.), Saccharum, genre de plantes de la famille des graminées, dont le caractère est d'avoir deux valves calicinales (qui manquent quelquefois), garnies extérieurement et à leur base d'un duvet long et soyeux, ne contenant qu'une seule tleur; deux valves florales mu- tiques, ou terminées par une barbe; trois étamines: deux, styles. 6 22 538 C A IN Les fleurs sont disposées en panicule , souvent d'un aspect très -agréable par le duvet soyeux et abondant dont elles sont revêtues; ce qui les rapproche des roseaux, arundo : mais dans ces derniers ce duvet est intérieur, tandis que dans les canamelles il est toujours extérieur. C'est une espèce de ce genre qui est la canne à sucre. Les autres espèces intéressent par leur port ; quelques-unes par les usages auxquels on les emploie. 1. Canamelle officinale, vulgairement Canne à sucre, Saccharum officinale, Linn. ; Rumph. Amb. 5, p. iS6, t. 7/1, f. 1. Ce (te belle graminée , déjà si intéressante par l;i liqueur délicieuse qui en découle et dont on fabrique le sucre, n'est pas moins agréable par son aspect, par l'éléva- tion de ses tiges de cinq à six pieds (2 à 5 mètres), par sa belle panicule luisante, argentée et soyeuse, et par la lar- geur de ses feuilles. Ses racines sont géniculées et pleines de sucre ; ses tiges très-lisses , luisantes, remplies d'une moelle succulente, garnies de feuilles longues, striées, d'un vert glauque. Les fleurs sont petites, très- nombreuses , disposées en une panicule ample, divisée en raniilications grêles et nombreuses. Cette plante, originaire des Indes , s"est naturalisée avec facilité dans tous les pays chauds de rAfiique et de l'Amé- rique. Elle fut transportée à Saint-Domingue lors de la découverte du nouveau monde. Le sol qui lui est le plus favorable, et où elle prospère le mieux, est une terre légère, profonde, dans une situation bien aérée (voyez pour sa culture l'article Cann E A sucre). Elle ne fleurit qu'au bout d'un an. Il résulte de sa culture , dans nos îles de TAniérique, un produit qui seul est plus important que celui de toutes les autres denrées réunies. Tour obtenir le sucre, on coupe près de la racine les tiges lorsqu'elles sont mûxes , c'est-à- dire lorsqu'elles ont environ dix-huit mois; on les dépouille de leurs feuilles, on en fait des fagots, et on les transporte au moulin, où elles sont pressées entre des cylindres. Les cannes pressées répandent une liqueur douce et visqueuse, appelée miel de canne, qui coule dans une cuve nommée le réservoir, d'où elle est conduite successivement dans plusieurs chaudières, dans lesquelles on. la fait cuire jusqu'à C A N 539 ce qu'elle ait acquis une consistance de sirop. Pendant la cuisson on écume continuellement, et l'on jette de temps en temps dans la liqueur de l'eau de chaux ou de la lessive alcaline, pour faciliter la clarification et faire monter l'écume. La liqueur étant suffisamment cuite, on la verse toute chaude dans des moules ou vaisseaux de terre , qui ont la forme de cônes creux, ouverts par les deux bouts, et dont le petit trou, qui est à la pointe, est bouché avec un. tampon, soit d'étoupes , soit de paille. On laisse ce trou bouché pendant dix-huit ou vingt-quatre heures, temps qui suffit pour refroidir le sucre et pour le faire grainer ou cristalliser. On tire ensuite le bouchon qui est au bas du moule, afin de laisser écouler le sirop; et le sucre qui ré- sulte de cette manipulation, est ce qu'on appelle le sucre brut. Pour purifier ce sucre, on couvre la surface supérieure du moule d'une couche de terre argilleuse, détrempée à un degré moyen , et épaisse de deux ou trois doigts. L'eau qui découle peu à peu de cette couche de terre, et qui passe au travers de la masse du sucre, en lave les petits grains, les purifie de la liqueur mielleuse, grasse, tirant sur le brun, qu'elle entraîne avec elle par le petit trou, et qu'elle fait sortir du moule pour tomber dans le vase qui est dessous. La terre demeure sèche à la partie supérieure du moule. On répète plusieurs fois cette opération, lorsqu'on la juge nécessaire ; on fait ensuite sécher le sucre , soit dans Une étuve, soit au soleil; et lorsque l'humidité est dissipée autant qu'elle peut l'être, on le retire du moule. 11 se brise en morceaux qui sont roux, gris ou d'un gris blanchâtre, et c'est ce qu'on appelle moscouade rousse ou grise : elle est la matière dont on fait toutes les autres sortes de sucres. Lorsque la moscouade a subi de nouveaux degrés de puri- fication, on la nomme cassonade ou castonade ; c'est un sucre en morceaux ou en miettes, grisâtre ou blanc, un peu gras, et d'une odeur un peu mielleuse, qui approche de celle de la violette. La cassonade, purifiée elle-même par les moyens cités ci-dessus, ou parles blancs d'œufs, ou paf le sang de bœuf, donne le sucre rafiiné, le sucre fin. ainsi 5/|0 C A. iV nommé parce qu'il est le plus pur, le plus blanc et le plus Lrill.tnt. Ce sucre, étant très- sec et frappé avec le doigt, produit une sorte de son ; frotté dans l'obscurité aA^ec un couteau, il donne un éclat phosphorique. lout le monde connoit les usages que l'on fait du sucre; on sait qu'il entre dans beaucoup de nos alimens , et qu'il est aussi employé dans la médecine. Cette substance, dont la saveur est si agréable et plaît si généralement, adoucit tout ce qui est âpre ou acre, émousse les acides, et est utile à l'estomac. Un petit morceau de sucre pris après les repas, aide la digestion, surtout si on y verse quelques gouttes d'éther. Le sucre convient aussi dans les maladies de la poitrine, parce qu'il est adoucissant et inciàif. Le sucre candi n'est que du sucre fondu à diverses fois et cristallis.é : il y en a du blanc et du rouge. Ce sucre, réduit en poudre et soufflé dans les yeux, dissipe la taie de la cornée. Le sucre , fondu dans l'eau-de-vie et appliqué extérieurement, est un bon vulnéraire et résiste à la pour- riture. On fait avec le sucre dissous dans l'eau et bien fermenté, une liqueurspirifueuse, qui approche de l'hydromel, et dont on peut retirer de l'alcool par la distillation. La mélasse., miel de sucre ou douceiLe , est la liqueur mielleuse qui découle des moules, et qui ne peut s'épaissir que jusqu'à la con- sistance de miel. Le tajjia ou rum est une eau-de-vie de sucre, que l'on fait en mêlant avec de l'eau environ un quart de sirop ou miel de canne épaissi par la cuisson, et eu laissant fermenter ce mélange , que l'on distille ensuite. 11 se fait en Hollande un commerce très - considérable de sucres de toutes les sortes , spécialement des Indes orientales, du Brésil, des Barbades , d'Antigoa, de Saint- Domingue, de la Martinique et de Surinam. Le sucre du Brésil est moins blanc, plus gras et plus huileux que celui des Barbades, de la Jamaïque et de Saint-Domingue. La majeure partie des sucres arrivent aujourd'hui lout raffinés, au lieu qu'autrefois ils venoient bruts en France, et on les iaïii.uoit à Dieppe et à Orléajis. Quoi qu'il eu soit de ceux C A N 34J qui se raflinent encore en France, celui de raffinage d'Or- léans passe pour le meilleur. Il est moins blanc que ceux de Hollande et d'Angleterre, mais il sucre davantage, parce qu'il est moins dépouillé de ses parties mielleuses et vis- queuses. Il en est de même de la cassonade comparée au sucre raffiné. Les anciens retiroient un sucre d'une espèce de roseau qu'on nomme le bambou. On en retire aussi de plusieurs érables qui croissent dans l'Amérique septentrionale. Enfin on est parvenu à en retirer de plusieurs autres plantes, ti.!les surtout que la betterave, la carotte, le chervis, etc. D'après un mémoire de Cazaud, habitant de la Grenade, il paroît que le temps le plus propre pour obtenir le suc de la canne , est celui où vingt-deux nœuds de la tige sont dépouillés de leurs feuilles. Dutrone a donné sur la canne à sucre un excellent mémoire, dans lequel il indique un nouveau procédé pour en extraire le sucre. •J. C\NAViKLLE DE Havennk, Snccharum Ruvennœ , hiïin. ^ Scheuchz. gram. 107. Cette plante est d'une grande beauté; elle croit dans les lieux humides à la hauteur de deux à trois mètres ( 5 à 6 pieds). Sa panicule a près de trois à quatre décimètres ( 6 ou 7 pieds); elle est garnie d'un duvet très- abondant, soyeux, argenté, qui produit le plus bel effet lorsqu'il est frappé des rayons du soleil et que le vent agite ses magnifiques aigrettes. Les feuilles sont glabres, velues à l'entrée de leur gaînc ; la tige droite, de la grosseur du doigt. Les Arabes et les Turcs profitent de la distance qui se trouve entre les derniers nœuds pour en faire des tuyaux de pipe, de plus de trois pieds de long Cette plante croît en Barbarie , dans l'Espagne et lltalie. C.ANAMELt.E SPONTANÉE, Saccharum spontiineurn , I-inn. ; Rhèed. Malab. 12 , p. 85 , t. 46. Cette espèce n'est guères moins agréable que la précédente. Elle croit dans les lieux aqua- tiques , au Malabar et dans les Indes. Ses fleurs, disposées en panicule , sont placées deux à deux, l'une sessile, l'autre pédiculée. Ses tiges s'élèvent de deux à trois mètres ( 5 à (S pieds ). Ses feuilles sont glauques, étroites, et ont leurs bords roulés en dedans. 'i. Caxajtki.i.e cylindrique , Saccharum fijylindricuin^ 5A2 C xV N Lam. 111. ; Lagurus cjlindricus , Linn. ; Moris. Hist. 3 , 1 1 ,s. 8, t. 4, f. 4. Sqs tiges, qui n'ont que six à dix décimètres ( 9 à j 2 pieds ) , sont droites , garnies de feuilles glauques , dures , roulées sur elles-mêmeç. L'épi est long, cylindrique, soyeux, argenté. Cette plante croît e« Barbarie, en Espagne et dans le midi de la France, dans le sable, dont elle sert à fixer la mobilité par ses racines traînantes, très-longues et tortueuses. Nous ne parlerons pas de quelques autres espèces de cauamelle , la plupart des Indes , et bien moins connues que les précédentes. ( Poir. ) CANAMO. (Bot.) Voyez Cameé. ( J. ) CANANG (Bot.), U varia, Linn., Juss. ; Cananga, Aubl., Juss. ; Aheremoa, Aubl. : genre de plantes de la famille des anonées , composé d'arbres et d'arbrisseaux exotiques, à feuilles alternes, simples, entières; à flears axillaires. On en conaoit douze espèces, qui presque toutes se trouvent dans les Indes orientales. Les canangs ont un calice à trois lobes persistons: six pétales disposés sur deux rangs ; des étamines en grand Bombre ; plusieurs ovaires pressés sur un disque central , surmontés chacun d'un petit style et d'un stigmate ; six à quinze baies ou capsules, ovales ou globuleuses, élevées chacune sur un support particulier, renfermant ordinaire- ment plusieurs graines. Le cananga et Vaheremoa ne diffèrent essentiellement de Viivaria que par leurs fruits monos- permes, caractère qui ne paroît pas suffisant pour les con- server comme genres. Canang oftORANT, Uvarîa odorata , Lam., Rumph. Amb. :2 , tab. 65; A langui Lan de la Chine; Canango de Sumatra. C'est un arbre assez élevé, dont le tronc a quelquefois jusqu'à deux mètres de diamètre ( 6 pieds ) ; l'écorce est unie, cendrée; le bois est tendre et d'un blanc jaunâtre. Les feuilles sont grandes, ovales, oblongues, terminées en pointe, glabres en dessus, nerveuses et un peu velues en dessous, portées sur des pétioles courts. Les fleurs viennent plusieurs ensemble; elles sont verdàtres ou jaunâtres ; leurs pétales sont presque linéaires et très -aigus : elles répan- dent une odeur très -forte, plus agréable au loin que de C A N 345 près , et beaucoup plus pénétrante le soir. Les fruits sont oblongs, charnus, et contiennent huit à neuf graines. Cette espèce croît dans les Moluques, dans Tile de Java et à la Chine. On la cultive dans le pays auprès des maisons, à cause de l'odeur suave qu'exhalent ses fleurs. Les Indiens en mettent dans leurs appartemcns, dans leurs habits, dans la pommade dont ils font usage, et dans leur tabac à fumer. Camang aromatique, Uvaria oxiorata, Lam. ; Uvaria zejlanica, Aubl. tab. 243 : vulgairement Poivre d'Ethiopie, Poivre des Nègres, Maniguetfe, Bois d'écorce. Cet arbre s'élève à plus de six mètres soixante-cinq centimètres ( 20 pieds), et n'a qu'environ trente - deux centimètres (1 pied) de diamètre. 11 croît dans les forêts de la Guiane , à l'isle-de- France et au Pérou. Les feuilles sont ovales , oblongues , très -glabres et presque sessiles. Les fleurs naissent soli- taires, ou deux ensemble, dans les aisselles des feuilles; elles ont six pétales oblongs et obtus. Les trois extérieurs sont fermes, épais, lisses et violets en dedans , couverts eu dehors d'un duvet cendré; les trois intérieurs sont d'un violet obscur, moins larges et moins fermes. Les fruits sont des capsules cylindriques, un peu noueuses, qui con- tiennent depuis une jusqu'à huit graines, l.a forme des fruits rapproche cette espèce des unones , auxquelles Wili- denow la réunit. Les capsules de ce canang ont une saveur aromatique et piquante. Les nègres les emploient dans leurs alimens à défaut d'autres épices. Canang sarmenteux, IJvaria, zej'lanica, Linn. ; Rhèed. Malab. vol. 2, t. 10. C'est un petit arbrisseau sarmenteux, dont les branches sont longues, grêles, recouvertes d'une écorce noire, ainsi que la tige. Ses feuilles sont glabres, ovales, lancéolées, aiguës. Les Heurs ont des pétales courts, arrondis, d'abord d'un vert -brun mêlé de jaune, qui deviennent ensuite d'un rouge de sang ; elles sont enduites d'une viscosité qui en découle. Les fruits sont ovoïdes , polyspermes , d'un jaune rougeàtre dans leur maturité. Son écorce et ses feuilles sont aromatiques. On mange ses fruits, qui ont un goût d'abricot. Cet arbrisseau est origi- naire des Indes orientales. Canang jionospermk, Uvaria monosperma , Lam.; Ca- 544 C A N nanga ouregou, Aubl. tab. 24/j. C'est un grand arbre des forêts de la Guiane , à feuilles ovales , oblongues , acuminées , glabres, vertes en dessus, d'une couleur ferrugineuse en ^dessous ; à pétales ovales, pointus; à capsules monospermes. Son bois, ses feuilles broyées et son fruit mâché, ont une odeur et une saveur légèrement aromatiques. Canang a feuilles longues, Uvaria longifolia , Lam. C'est un arbre fort grand et très- droit; ce qui lui a fait donner le nom d'arire de mâture, par Sônnerat ( Voy. aux înd. 2, pi, i5i), qui Ta observé sur la côte deCoromandel. Ses feuilles sont étroites, lancéolées, longues de seize h. dix-neuf centimètres (7 à 8 pouces); ondulées en leurs bords, et terminées par une pointe effilée. I-es fleurs sont jaunes, petites et disposées en ombelle. Les fruits sont des baies ovoïdes. Conime il donne beaucoup d'ombrage, on en fait des allées dans les jardins des environs de Pondichéri. Canang a trois pétales, JJvaria tripetala, Lam.; Rumph. Amb. 2, t. 66, f. 1. II est remarquable par ses trois pétales extérieurs , qui sont très-grands et presque semblables aux feuilles de la plante, tandis que les trois intérieurs sont très-petits, et recouvrent les éfamines et les ovaires. Les feuilles sont grandes , lancéolées, comme ridées en dessus , pubescentes ou cotonneuses en dessous ; les fruits sont ovales, de la grosseur d'une prune, et contiennent trois graines enveloppées d'une pulpe muqueuse. Cet arbre croit dans les Moluques. Ses fleurs et ses semences ont une odeur agréable et aromatique. Il découle de son écorce, lors- qu'on l'entame, un suc visqueux, qui, en se desséchant, se condense en une gomme odorante. Voyez Bois de Banane, Ouregou. ( D. P. ) CANANGA {Bot.), nom Brame de la batate ou patate, Convolvuliis hatatas. (J.) CANAN-POULLOU {Bot. ), espèce de scirpe de Coroman- del. (.1.) CANAOA ( Bot. ) , nom caraïbe d'une espèce de raisinler, coccoloba , suivant Surian. ( J. ) CANAPÉ. {Bot.) Voyez Cambé. (J.) CANARD ( Ornith. ) , Anas. Linnœus a réuni dans le même genre les cygnes , les oies et les canards ; et il leur C A N 545 a donné pour caractères le bec lamelleux , dentelé sur les bords, convexe en dessus, aplati en dessous, obtus et ter- ïniné par une^caille lisse, formant en général un onglet; la langue frangée sur les bords et obtuse; quatre doigts, dont les trois antérieurs sont joints ensemble par une membrane, et dont le postérieur est isolé ; les jambes plus courtes que le corps , situées hors de Tabdomcn et dégar- nies de plumes dans la partie inférieure. Les oies diffèrent des canards en ce qu'elles ont le bec très-épais à la base, et diminuant insensiblement de gros- seur jusqu'à ce qu'il devienne une pointe arrondie. Les canards ont , au contraire, le bec plus large qu'épais à la base et dilaté à la pointe. Les premières ont aussi les na- rines moins distantes du front ; la langue plus effilée à l'extrémité ; le cou plus long et le corps plus gros que les seconds, dont les jambes sont placées plus en arrière. Les cygnes se distinguent des uns et des autres par un espace nu entre le bec et l'œil, et par leur cou très-long. On a cru pouvoir se servir de ces caractères pour diviser en trois le genre Anas , fort nombreux en espèces. La présence ou l'absence des tubercules à la base du bec a ensuite fourni un moyen pour sous -diviser les espèces d'oies et de canards, et ceux-ci ont en outre été partagés, d'aprè.r la grosseur du corps , en deux sections , qui com- prennent les canards proprement dits et les sarcelles, comme on le verra par le tableau qui suit. Palmipèdes à trois doigis antérieurs palmés , et le quatrième lihre. L'espace entre le bec el ToBil , nu ; le cou Irès- long CïGNE. ( Cicniis. ) Bec aussi épais que ( ( r\- j large i sa base, cou \ Bec sans tubercule ^ 0'<'<'»" Ions Oie. / oie sauvag Point d'espac nu entre le be etrceil. . . (Am«r.)l g^,^ .^^^„j ( OledeMoscovie, \ ^ oie de Guinée, etc. I ( Bec gibbeux j Macreuses , tador- I Bec plus large qu'épais 1 ^ ne , etc. à sa base; cou court. (.'ANiRD./ _ 1 f Corps de I /-. , C À„n, \Ê l ( Canards propre- (.^««x,)l Bec sans tu- 1 mo^.nne| ^«nt dits, l- bcrcule . < grosseur. ) I Corps petit. Sarcelles, 3.,6 C A N De nombreuses espèces de canards peuplent, dans toutes les parties du monde , les rivages de la mer et des rivières ; tous voguent sur les flots avec aisance . fêlent les ondes et plongent pour saisir leur proie .- ils ne quittent ce domi- cile de choix, que dans les temps où le soin de leur pr(»- géniture les attache au rivage ; mais dès que leurs petits sont éclos, ils les conduisent à ce séjour chéri. En effet, l'humidité ne peut les pénétrer ni leur faire perdre une partie de leur agilité , à cause de l'humeur sébacée qui lustre leur fourrure. Leur corps est arqué et bombé ; leur cou relevé sur une poitrine saillante; leur queue courte, ras- semblée en un seul faisceau , arrondie à son extrémité et d'une forte texture : leurs pieds larges et palmés les consti- tuent habitans naturels de l'élément liquide ; aussi ne se plaisent-ils nulle part autant que sur les eaux, et ils sem- blent craindre de se poser à terre. Il est vrai que leurs pieds, habitués à ne presser qu'une surface humide, doivent être blessés j>ar l'aspérité du sol; leurs cuisses, articulées très en arrière et au-delà du centre de gravité , leur ren- dent d'ailleurs la marche fort difficile ; ils portent le corps horizontalement, avancent les pieds l'un après l'autre. Une progression en avant et une déclinaison vers le milieu du corps font qu'ils tournoient en marchant, qu'ils avan- cent peu, même en se hâtant, et que leur allure paroît avoir quelque chose de gêné. Au contraire , sur les eaux tous leurs mouvemens s'exécutent avec facilité, toutes leurs fonctions se font avec aisance, et leurs différentes évolu- tions se tracent avec grâce; enfin c'est pour eux un lieu de repos et de plaisir. Les canards mènent une vie moins pénible que la plupart des autres oiseaux : l'élément qu'ils habitent leur offre à chaque instant leur subsistance ; ils la prennent sans fa- tigue , et la trouvent sans peine ni travail : aussi leurs mœurs sont innocentes et leurs habitudes pacifiques. D'après leur manière de vivre , les lieux qu'ils habitent et leur vol aisé, ces palmipèdes ont dû se répandre dans tous les con- tinens : en effet, c'est plus parmi eux que parmi les autres que les espèces se trouvent également dans les deux parties du monde. Ils ont franchi les grandes mers, qui sont une C A N 347 barrière insurmontable pour les oiseaux terrestres ; ils les ont traversées au vol et à la nage, et se sont transportés dans les terres les plus lointaines. Tous , ou presque tous , se retirent dans les régions les plus boréales à l'époque de leurs amours, parce qu'ils y trouvent un asile presque im- pénétrable et nécessaire à la longue enfance de leurs petits ; ils y restent pendant toute la saison des très - longs jours de ces climats , et ne les quittent qu'à l'automne pour passer dans les pays méridionaux : mais dès avant l'équi- noxe du printemps , ils suivent la marche du soleil pour retourner dans les contrées de glace , leur pays natal. FREMI ÈRE SECTION. Macrcuses. Caract, gén. Bec gibbeux. Macreuse commune, Anas nigra, Linn. ; pi. enlum. de Buffon, n.°978, et pi. 260 de Levvin. Le plumage de cette macreuse est d'un noir brillant qui se ternit sur le ventre ; deux tubercules d'un beau rouge , partagés par une raie jaune, se remarquent à la base de la mandibule supérieure, dont l'extrémité n'a pas d'onglet. Cette mandibule, jaune au milieu , est noire dans le surplus comme l'inférieure. Les paupières sont jaunes et les pieds bruns ; la taille est à peu près celle du canard sauvage , mais plus ramassée et plus courte. Toutes les plumes de cet oiseau sont d'un noir de charbon , lisses et si serrées qu'en se secouant, à la sortie de l'eau , il cesse d'être mouillé. La femelle, à peu près de la taille du mâle, est d'un noir ferrugineux. On pense que ceux qui ont le plumage gris sont les jeunes ; cependant quelques personnes regar- dent les macreuses connues sous le nom de grisettes, comme les femelles : mais les macreuses grisettes sont en bien plus petit nombre que les noires, et souvent on n'en trouve pas dix sur cent autres prises au filet ; ce qui n'est pas favorable à la dernière opinion. Au reste, les macreuses ha- bitent les deux continens , et se tiennent de préférence dans les parties les plus septentrionales, d'où elles descendent sur nos mers. On les trouve pendant l'hiver, depuis No- vembre jusqu'en Mars, sur nos côtes maritimes, où les amè- nent les vents du nord et de nord -ouest. Alors la mer en 34* C A N est presque couverte: elles voltigent de place en place, se montrent sur Teau et disparoissent à chaque instant. I-eur nourriture favorite est une espèce de coquillage bivalve, lisse et blanchâtre, que les pêcheurs appellent vaimeau. Pour les prendre, on tend horizontalement des filets fort lâches au-dessus de ces coquillages, dont le fond de la mer est jonché dans beaucoup d'endroits , et qui forment des Lancs que le reflux laisse à découvert sur ses bords. Les filets , ainsi tendus à environ deux pîeds au-dessus du sable, se trouvent recouverts lorsque la mer est dans son plein, et les macreuses, qui suivent le rellux à deux ou trois cents pas du bord, s'y empêtrent en cherchant leur nourriture; si quelques-unes, plus défiantes, s'en écartent et passent au - dessous, elles s'enlacent comme les autres dans les mailles floKantes. Ainsi prises, elles se noient toutes, et les pêcheurs vont, après le reflux, les détacher du filet. Les macreuses ne volent jamais ailleurs qu'au-dessus de la mer, et ne font même que voleter; ce qu'on attribue à la position des os des ailes, qu'elles ont plus tournés, et à la conformation des deux cavités dans lesquelles s'emboî- tent les deux fémurs, qui sont très -près l'un de l'autre; ce qui leur donne une grande facilité pour nager. Elles se balancent en marchant et portent le corps presque droit; leur marche est lente : si on les pousse, elles tombent, parce que les efforts qu'elles se donnent leur font perdre l'équilibre ; mais elles sont infatigables dans l'eau , et elles courent sur les vagues avec autant d'agilité que les pétrels. Leur chair a un goût de poisson très-désagréable. Dbur E MACRELvsE, Auas j'usca , Linn ; pi. enlum. de BufTon, 1..° 939 ; de la Zool. britann. n." 96, et de I.ewin, n.° 248. Elle diffère de la précédente en ce qu'elle est du double plus grosse ; que le tubercule charnu , situé à la base du bec, est noir ; que les côtés du bec sont jaunes, le milieu noir et l'onglet rouge , ainsi que le dessus des pieds et des doigts, qui sont d'un jaune citron en dedans : les membranes et les ongles sont noirs : elle a d'ailleurs une tache à côté de l'œil et le miroir de l'aile blancs. La fe- melle, comme celle de l'espèce précédente, est privée de C A N 3/,9 tubercule sur le bec , et son plumage est brun sur toutes les parties qui sont noires dans le mâle ; ses œufs sont blancs. La double macreuse habite les mêmes pays que la ma- creuse proprement dite, mais elle est moins commune. Macreuse a large bec, Anas perspiciLlata , Linn. ; pi. enlum. de Buffon, n.° 995. Cette espèce est remarquable par la largeur de son bec aplati , épaté, bordé d'un trait orangé, qui, entourant les yeux , semble figurer des lu- nettes ; un tubercule noir et carré est sur chaque côté de la mandibule supérieure : le reste du bec est de la même cou- leur, ainsi que tout son plumage : cependant on remarque sur le sommet de la tête un triangle blanc et une pareille tache sur l'occiput; les pieds et les doigts sont d'un beau rouge ; les membranes et les ongles noirâtres. Elle est plus grosse que le canard commun; sa largeur totale est de cin- quante-se))t centimètres (21 pouces). La femelle diffère du mâle en ce que son plumage est couleur de suie, en ce qu'elle n'a point détaches blanches sur la ttte , mais deux marques blanchâtres sur les joues, et que sa taille est inférieure. Les sauvages de la baie d'Hudson, lieu natal de cette grande macreuse , l'appellent misse quagu ta wow , et les habitans de l'état de Nevv-Yorck, coot ; elle ne paroit dans cette dernière contrée que pendant l'hiver, et elle niche à la terre de Labrador , où on la trouve pendant toute la belle saison. Elle place son nid dans les joncs et les roseaux, dont elle emploie les feuilles et les tiges pour matériaux extérieurs ; le dedans est tapissé déplumes, sur lesquelles la femelle dépose quatre ou six œufs blancs. Edwards, qui en a publié une assez bonne figure, pi. i55, dit qu'elle aborde en Angleterre et qu'elle s'abat sur les prairies dont elle paît l'herbe : genre de vie bien différent de celui des précédentes , et qui indiqueroit plutôt un vrai canard qu'une macreuse. Canakd du Nil, Anas niiolica , Linn. Cet oiseau , décrit par Hasselquist dans son Voyage au Levant, a le dessus de la tête et le cou blancs et tachetés de gris ; une raie blanche derrière l'œil; le dos blanchâtre; la poitrine, le 35o C A ÏS ventre et les cuisses, bruns et traversés de lignes noirâtres ; les flancs avec des taches oblongues et grisâtres ; la callo- sité des bords du bec et la caroncule qui est à sa base, de couleur pourpre ; l'iris jaune ; la queue assez touffue et arrondie à son extrémité; les pieds rouges ; les ongles noirs. Sa taille tient le milieu e>itre celle du canard sauvage et de l'oie commune ; mais cet oiseau est plus haut -monté que le premier. On le trouve dans la haute Egypte, où il porte le nom de bah; il s'apprivoise facilement, et vit avec la volaille dans les basses - cours. Canard musqué, Anas moschata , Linn. Cet oiseau, figuré dans les planches enluminées de Buffon, n." 989, l'est aussi dans la Description des oiseaux de Franconie par Wolf. Dans l'état de liberté, le plumage du mâle est, sur le dessus du corps, d'un noir lustré à reflets verdàtres et rou- geâtres ; une large bande blanche traverse l'aile ; les plumes du sommet de la tête et de la nuque sont longues, étroites et dispersées en forme de huppe; le bec est rouge, avec des bandes noires transversales et une caroncule Ji la base ; les yeux sont entourés d'une peau nue, semée de papilles d'un roux fort vif, qui ne deviennent très-apparentes qu'à l'âge de deux ans ; les pieds sont de cette dernière couleur et les ongles d'un bleu châtain. C'est le plus gros des canards connus; il a soixante -cinq centimètres (j pieds) de lon- gueur. La femelle est plus petite et n'a ni tubercules ni papilles. Si l'on s'en rapportoit aux dénominations vulgaires de cet oiseau, canard d'Inde , cane de Guinée ou de Barbarie, on croiroit qu'il est originaire d'Afrique ; mais il paroît bien avéré qu"on ne le trouve dans l'état sauvage qu'au Brésil et à la Guiane, où il se tient dans les savanes noyées. Il niche sur des troncs d'arbres pourris, et la mère, dès que les petits sont éclos , les prend l'un après l'autre avec le bec et les jette à l'eau. Elle fait deux ou trois pontes dans l'année, et chacune est de douze à dix-huit œufs tout- à-fait ronds et d'un blanc verdâtre. Ces palmipèdes, aussi défians que nos canards sauvages . ne peuvent être tirés que par surprise; néanmoins, pendant la mue, les na- C A N 35i turels les prennent vivans , parce qu'elle est si complète qu'ils se trouvent dénués de toutes leurs plumes en même temps. Ce canard a la voix grave et si basse qu'à peine on l'en- tend , à moins qu'il ne soit en colère ; sa marche est lente et pesante. Sa chair est si bonne et si recherchée dans les colonies, qu'on l'élève de préférence à nos canards domes- tiques. Cette chair, dure et brune, exhale cependant une odeur de musc; mais comme cette odeur provient d'une humeur jaunâtre filtrée dans les corps glanduleux du crou- pion, on assure qu'en coupant cette partie, ainsi que la tête, il ne reste à l'oiseau qu'un fumet pareil à celui du canard sauvage. C'est toujours un aliment de dillicile digestion. Dans l'état de domesticité , sa taille et son vêtement ont subi des altérations ; il est moins grand , la couleur blanche est plus ou moins étendue sur sou plumage, et les reflets sont moins tranchés : mais il n'a rien perdu de sa fé- condité , et la femelle peut couver dans presque tous les temps dej'année ; ce qu'on pourroit attribuer à la grande ardeur du mâle 5 qui se distingue entre les oiseaux de son genre par le grand appareil des organes destinés à la génération. A défaut d'un nombre suffisant de femelles de son espèce, il s'apparie avec la canne commune, et de cette union pro- viennent des métis qu'on assure être inféconds entre eux , Biais capables de multiplier avec l'espèce ordinaire, et qui donnent ainsi naissance à des indi^àdus en état de produire ensemble, comme. avec des canards domestiques. On par- vient à se procurer des races plus fortes et plus belles en croisant ces deux espèces. Celle-ci, étant plus grosse , plus tranquille, et sa chair aussi bonne que celle du canard do- mestique, devroit être plus multipliée qu'elle ne l'est; mais étant d'un naturel plus sauvage , elle demande des atten- tions particulières , comme de la tenir dans des étangs ou viviers clos de mur , ou placés dans un jardin : sans cela ces canards sont sujets à s'égarer; car ils suivent volontiers le courant de l'eau, et s'avancent assez loin pour ne plus retrouver le chemin de leur domicile. Ils se plaisent aussi dans les mares et les abreuvoirs : mais il ne faut point qu'ils soient isolés; ils doivent toujours être placés de ma- 352 C A JN nière qu'ils soient distraits par un objet quelconque , ne fût-ce qu'un mur. Ces canards ne se procurant pas assez de nourriture par eux-mêmes, il faut, pour prév^enir leur éloignement de l'habitation, mettre dans les endroits qu'ils fréquentent des augets pleins d'avoine imbibée d'eau. On leur donne aussi de la mie de pain trempée, en y ajoutant les lavures, qu'ils préfèrent à tout autre aliment. I)es éco- nomes lient les ailes à ces oiseaux pour les empêcher de s'enfuir : d'autres leur arrachent les pennes ou leur font une entaille à la première jointure de l'aile ; ce dont on doit s'abstenir, parce que ces opérations influent beaucoup et d'une manière funeste sur leur santé, et que d'ailleurs cette précaution est inutile tant qu'ils trouvent autour d eux l'eau qui leur est nécessaire. Canard royal , Anas regia , I.inn. Ce palmi|)ède du Chili, qu'on ne connoît que d'après Molina , doit sa dénomina- tion à une espèce de crête rouge, membraneuse et com^ primée, qui s«'élève sur le front : il est d'un tiers plus gros que le canard domestique, et porte un collier blanc autour du COU; tout le dessus du corps est bleu, et le dessous d'un gris brun. Canard a tkte grise, Anas speciabilis, Linn. Edwards a publié, pi. 164, la figure de ce canard, qui a un duvet aussi fin et aussi jnoelleux que celui de l'eider , et une chair très-savoureuse. Sa grosseur est supérieure à celle du canard domestique; il a soixante-cinq centimètres (2 pieds ) à peu près de longueur. Le dessus de la tête et la nuque sont d'un cendré bleuâtre, avec une séparation formée par une double ligne de points noirs : les joues d'un vert tendre, le front coupé par deux petites moustaches noires qui s'avan- cent sur la partie supérieure du bec ; deux autres fort en arrière sur les angles: le tour des yeux et le ventre noirs; le cou, la gorge et la poitrine , blancs : le dos et le croupion à reflets pourprés sur un fond noirâtre ; les plumes qui re- couvrent la queue au-dessus et en dessous, d'un beau noir lustre. On voit sur chaque côté de la queue une tache blanche, ronde : les pennes des ailes sont brunes ; les couvertures supérieures d'un pourpre brillant , et terminées par un point blanc. La queue est 4'"n bnui foncé et étagée ; le bec C A N 353 rouge, de même que le tubercule nmsculeux, qui est séparé en deux bourrelets. Les pieds sont d'un rouge sale. On distingue la femelle à un tubercule pfu apparent; à ses yeux entourés de bleu; à son corps tacheté de brun, de noir et de rougeàtre ; à une bande transversale blanche sur les ailes, dont les pennes sont cendrées à leur extré- mité; à sa queue de cette dernière coukur, et eniin à ses pieds noirs. Ainsi que ses congénères, cette espèce s'avance de la baie d'Hudson dans les contrées méridionales, aux approches des frimas ; elle est commune aux deux continens , car on la trouve aussi en Sibérie et en Norwége. Elle se nourrit de coquillages, qu'elle pêche au fond des eaux et qu'elle n'avale que lorsqu'elle est revenue au-dessus. Othon Fabricius , à qui nous devons des détails sur les habi- tudes de ces canards, nous assure ,d'dns sa Fauna groenlandica , qu'on leur fait la chasse avec des traits propres à tuer les oiseaux d'eau. I-es chasseurs les surprennent au moment où ils plongent pour saisir leur proie, et les eSj'aient telle- ment par leurs cris, que, n'osant prendre leur vol, ils se réfugient sous l'eau et sont frappés au moment où ils se montrent à sa surface. Canard tadorne: Anas tadonia, Linn. ; pi. enlum. de Buffon, n." 53; de Nozeman , mâle et femelle avec les œufs, pi. 99 et loo, et de Borkhausen , aussi mâle et femelle. Ce beau palmipède a la tCte et la moitié du cou d'un noir changeant en vert ; un grand collier Liane : la poitrine couverte d'une large bande d'un jaune cannelle qui remonte en forme de bandelette sur le dos ; le bas-ventre de même teinte ; une raie noire sur le fond blanc des côtés du dos; les ailes de même couleur, à reflets d'un vert brillant sur les pennes secondaires , dont les trois plus proches du corps sont d'un jaune cannelle sur le bord extérieur et blanches sur l'intérieur ; les grandes couvertures et les pennes de la queue noires, les petites blanches; le bec d'un rouge pâle; le tour des narines noir, ainsi que l'onglet, sur la base du- quel est un petit tubercule d'un rouge sanguin, qui ne paroît qu'à la seconde année, dans le temps des amours, et qui s'oblitère en toute autre saison. Les pieds et les membranes 6 33 354 C A N sont couleur de chair. La femelle ne difTère du mâle quVn ce que son plumage a moins d'éclat et qu'elle est plus petite. La taille de ces oiseaux est un peu plus grande que celle du canard commun, et les jambes sont un peu plus hautes: ils en diffèrent encore par leur bec, dont la partie supérieure est très-arquée près de la tète , creusée en arc concave sur les narines, et se relève horizonlalement à l'extrémité en forme de cuiller arrondie et bordée d'une rainure assez profonde et demi-circulaire. Les jeunes, sous leur première livrée, ont le dos blanc et noir, et le ventre très-blanc; à ces cou- leurs fort nettes succède un plumage gris -. alors le bec et les pieds sont bleus; ensuite, vers le mois de Septembre, ils commencent à se parer de leur beau plumage, qui ne prend qu'à la seconde année tout son éclat. Ces ])a]niipèdes , qui ont le privilège de conserver constamment leurs belles couleurs, ne sont pas moins intéressans par leurs habitudes et leur naturel. Ils paroissent au printemps sur nos côtes septentrionales: dès qu'ils sont arrivés , ils se répandent dans les plaines de sable dont les terres voisines de la mer sont couvertes ; on voit chaque couple errer dans les garennes qui y sont répandues, ety chercher un logement dans les trous des lapins. Il y a vraisemblablement beaucoup de choix dans cette espèce de demeure , car ils entrent dans une centaine avant d'en trouver une qui leur convienne. Ils ne s'attachent qu'aux terriers qui ont au plus trois mètres (9 ])ieds) de profondeur, qui sont percés contre des monticules, se dirigent vers le haut , et dont l'entrée, exposée au midi, peut être aperçue de quelque dune fort éloignée. Les ta- dornes ne font aucun nid dans ces trous : la femelle jioiid ses premiers œufs sur le sable nu , et lorsqu'elle est à la fin de sa ponte, qui est de dix ou douze œufs pour les jeunes, et de douze à quatorze pour les vieilles, elle les en- veloppe d'un duvet blanc fort épais dont elle se dépouille. L'incubation dure trente jours, et pendant ce temps le mâle reste assidûment sur la dune ; il ne s'en éloigne que pour aller, deux ou trois fois le jour, chercher sa nourriture à la mer. Le matin et le soir la femelle quitte ses œufs pour le même besoin ; alors le mâle entre dans le terrier , sur- C A N 355 tout le matin, et lorsque la femelle revient, il retourne à la dune. Dès qu'on aperçoit au printemps un de ces oiseaux ainsi en vedette, on est assuré d'en trouver le nid; il suffit pour cela d'attendre l'heure oîi il va au terfier : si cependant il s'en aperçoit, il s'envole du côté opposé et va attendre la femelle à la mer. A leur retour tous deux vo- lent long-temps au-dessus de la garenne , et n'y descendent que lorsque rien ne leur porte plus ombrage. Le père et la mère conduisent les petits à la mer dès le lendemain du jour où ils sont éclos , et s'arrangent de manière qu'ils y arrivent ordinairement lorsqu'elle est dans son plein. Cette attention procure aux petits l'avantage d'être plus tôt à l'eau, et de ce moment ils ne paroissent plus à terre. Si on les ren- contre lorsqu'ils se rendent du nid à la mer, le père et la mère s'envolent: celle-ci aHecte de culbuter et de tombera cent pas ; elle se traîne sur le ventre en frappant la terre de ses ailes, et par cette ruse attire vers elle le chasseur. Comme les petits restent immobiles jusqu'au retour de leurs conducteurs, on peut les prendre aisément si on les dé- couvre. Les tadornes sauvages ne se tiennent point en troupes , comme les canards ; elles vivent par couples , soit sur la mer, soit à terre, et leur union ne se dissout que par la mort du màle ou de la femelle. On voit par la ma- nière dont les tadornes nichent, que le nom de chenaloper ou vulpanser ( oie-renard ), que leur ont appliqué les anciens , leur convient d'autant plus qu'ils attribuent à leur î;w/pan.?fr l'instinct de venir, comme les perdrix, s'offrir et se livrer sous les pas du chasseur pour sauver ses petits. Cette espèce , dont le duvet est aussi fin et aussi doux que celui de l'eider, arrive au printemps en petit nombre sur nos côtes , et en repart à l'automne ; cependant il reste quelques individus pendant l'hiver : elle fréquente aussi des régions plus septentrionales, les Orcades , l'Islande, le Gotland , le Kamtschatka et même la côte de Diemen. On rend les tadornes domestiques en faisant couver leurs œufs par une cane , qui élève les petits étrangers avec beaucoup de soin, pourvu qu'où ait l'attention de ne lui laisser aucun de ses œufs. On les nourrit avec de la mie de pain et du grain. 556 C A N Deuxième Section. Canards pj^opjement dits. Caract. gén. Bec non gibbeux ; corps de moyenne grosseur. Canard sauvage : Anas boschas , Linn. ; pi. enlum. de Buffon , n."' 776 , j777 , mâle et femelle ; pi. 247 de Lewin , le mâle. Quoique cette espèce soit fort connue, on ne doit pas supprimer la description de son plumage , puisque beaucoup de personnes la confondent avec d'autres très- distinctes par les couleurs , les formes , et par leur chair plus ou moins savoureuse. Le mâle a la tête, la gorge et la moitié supérieure du cou, d'un vert d'émeraude à reflets violets ; un collier blanc très-étroit d'im brun pourpré : le dessus du cou, le dos et le dessous du corps, sont d'un cendré brun semé de zigzags gris blancs ; le croupion est d'un noir changeant en vert foncé ; la large bande qui tra- verse l'œil est d'un violet changeant en vert doré, et sur- montée d'une raie blanche : vingt-quatre plumes composent la queue, dont les quatre du milieu sont d'un noir à reflets verts et recourbées en demi -cercle; toutes les autres d'un gris brun et bordées de blanchâtre : les pieds, les doigts et les membranes, orangés; les ongles noirâtres, et le bec d'un vert jaunâtre. La femelle, comme dans toutes les espèces de ce genre nombreux , est toujours plus petite et privée des belles couleurs qui parent le mâle. Son plumage est varié de brun et de gris roussàtre; le miroir de ses ailes a moins d'éclat; la partie supérieure du bec est rougeàlre et tachetée de noir, l'inférieure entièrement de la première teinte. C'est vers la mi - Octobre que les premiers canards pa- roissent dans nos contrées septentrionales, mais par petites bandes, qui sont suivies un mois après par d'autres plus nombreuses : on les rcconnoît à leur vol élevé, aux lignes inclinées et aux triangles réguliers que chaque troupe trace par sa disposition dans l'air. Dès qu'ils sont tous arrivés, on les voit voler sans cesse et se porter d'un étang, d'une rivière , à d'autres. Leurs allures ont plus lieu de nuit que de jour; ils paissent, voyagent, arrivent et partent principalement le soir et même la nuit, pendant laquelle le silflement de leur vol décèle leur passage : mais le battement de leurs ailes C A N 357 est plus bruyant au moment où ils partent. Tant que la rigueur de la saison ne les prive pas d'insectes aquatiques , de petits poissons , de grenouilles, de graines de joncs et de quelques autres plantes marécageuses, qui leur four nissent une pâture abondante, ils se tiennent dans les ri- vières, les grandes pièces d'eau stagnante ; mais dès qu'elles sont glacées, ils se retirent à la lisière des bois pour ra- masser le gland, ou se jettent dans les champs pour paître le blé vert. Si le Iroid continue et devient trop rigoureux, ils s'éloignent et 5e transportent dans des contrées plus tempérées, pour ne revenir qu'au dégel vers le mois de Février. C'est ordinairement le soir qu'on les voit repasser, par les vents du Sud ; mais les bandes sont moins nom- breuses, parce qu'ils commencent dès cette époque à s'ap- parier. Chaque couple part séparément, se tient isolé daus les joncs et les roseaux pendant la plus grande partie du jour, voyage la nuit, ne s'arrête qu'autant qu'il est cou- Irarié par les vents, et se hâte de gagner les régions boréales , où il passe l'été ; néanmoins il en reste dans nos contrées quelques couples qui nichent dans les marais. L'endroit dont la femelle fait choix est ordinairement une touffe épaisse de joncs, élevée et isolée, dont elle arrange le milieu en forme de nid , en coupant et pliant les tiges. Néanmoins toutes ne s'isolent pas dans ces endroits, et ne font pas, dit Salerne , leur nid le long des eaux ni jnême par terre : on en trouve très-souvent au milieu des bruyères, à la distance d'un kilomètre (^un quart de lieue) de l'eau ; on en a même vu pondre dans des nids de pies, de cor- neilles, sur des arbres très-élevés. La ponte est ordinaire- ment de dix k quinze et quelquefois de dix-huit œufs d'un blanc verdàtre. Lewin en a donné la figure, pi. 55. L'in- térieur du nid est garni du duvet que la femelle s'arrache, et dont elle couvre les œufs toutes les fois qu'elle les quitte. Fort rusée, elle a la précaution de s'abattre au moins à cent pas du nid , et n'y ])arvient qu'en se frayant une route tortueuse, et ayant toujours l'œil aux aguets pour observer s'il n'y a point d'ennemis dans les environs; une fois posée sur ses œufs , l'approche même de l'homme ne les lui fait pas quitter. Le mâle se tient à quelque distance, l'accom- 358 C A N pagne dans les courses qu'exige la recherche de sa nourri- ture, et la défend contre les autres inâlos qv\ voudroient en approcher. L'incubation dure trente jours : et aussitôt que tous les petits sont éclos, ce qui a lieu ordinairement dans le même jour, la mère les conduit à iVau . et l'on prétend que, s'ils en sont trop éloignés, ou si le nid est dans un endroit trop élevé, le père et la mère les pren- nent avec le bec et les y transportent l'un après l'autre. La femelle les rallie le soir , les cache dans les roseaux et les couvre de ses ailes pendant la nuit. Les moucherons et les petits insectes qu'ils saisissent à la surface de l'eau, sont leur première pâture. Un duvet jaunâtre les couvre pendant long-temps, et ce n'est qu'environ trois mois après leur naissance qu'ils sont en état de voler, parce que les pennes des ailes sont les plumes qui poussent les dernières. Dans cet état on les appelle hallebrans. L'impuissance dans laquelle ils se trouvent alors d'échapper à leurs ennemis, donne le moyen de leur faire une chasse facile et fructueuse , dont on parlera ci -après. Ces oiseaux très-détians ne se posent qu'après avoir fait plusieurs circonvolutions sur ie lieu où ils désirent s'abiittre ; ils fléchissent leur vol, se lancent obliquement Sur la surface de l'eau , qu'ils effleu- rent et sillonnent, et en nageant ils se tiennent toujours éloignés du rivage. On les voit souvent, quand ils reposent sur l'eau, la tête cachée sous une aile, attitude qui indique un oiseau endormi : mais il y en à toujours qui veillent et donnent l'alarme dès qu'il y a du péril. Comme ils sont très-difFiciles à surprendre, leur chasse exige , plus que toute autre, de la ruse, de la finesse et de la patience. On rccon- noît les femelles à leur voix plus forte et plus susceptible d'inflexions que celle des mâles, qui est monotone et dont le son est toujours enroué. Des oiseaux dont le vol est si puissant, qui fréquentent le Nord de préférence, ont dû passer d'un continent à l'autre. En effet , cette même espèce se trouve dans les régions correspondantes du nouveau monde, où les émigra- tions de l'automne et du printemps s'exécutent dans le même temps. Cependant la race américaine paroît être plus grande et plus grosse, mais du reste entièrement sem- C A N 359 blable : en effet, les habitans de la Louisiane, où on les trouve pendant l'hiver en très-grande quantité, ontreconnu tant de conformité entre ce canard et le nôtre , qu'ils l'ont nommé canard François. On connoît plusieurs variétés dans la race du canard sauvage ; telles sont : Le Canard sauvage hui'pé , Anas cirrhata, var. B. Linn., qui a une huppe cendrée, le corps gris en dessus et blanc en dessous. Le Canard sauvage persique, Anas persica , var. C. , dont la tête et le haut du cou sont cendrés, et le dessous du corps jaunâtre. Le GRAND Canard sauvage, Anas major , var. D., quia quatre-vingt-un centimètres (deux pieds et demi) de lon- gueur, et le dos couleur de suie. Le Canard sauvage gris, Anas grisea, var. E., entière- ment de couleur cendrée, bec et pieds noirs. Le Canard sauvage tacheté , Anas nœvia , var. F. , noir sur le dos et marqué de taches jaunâtres. Le Canard sauvage noir, Anas nigra, var. G., dont la tête et le cou sont noirs. I-e vulgaire a donné le nom de canard à quatre ailes à des oiseaux de ce genre qui parurent vers 1680 dans le liouJonnois, parce qu'ils avoient les ailes tournées diffé- remment des autres, les grosses plumes s'écartant du corps et se jetant en dehors. L'abbé Nollet a vu en Italie des oies qui avoient aussi l'aileron renversé en dehors ; ce qui forçoit les grandes plumes à rester relevées, au lieu d'être couchées le long du corps. On en voit aussi dans diverses provinces de France. Quoique la chair du canard sauvage soit huileuse , tende à la rancidité et se digère difficilement, elle est plus tendre, plus succulente et de meilleur goût que celle du canard domestique. Aussi emploie- 1- on pour le chasser divers moyens , qui tous exigent beaucoup de finesse. Comme il ne s'éloigne pas en s'élevant, à la manière des oiseaux qui filent droit, on a autant de temps pour l'ajuster lorsqu'il part à soixante pas de distance, qu'on en auroit pour une perdrix qui partiroit à trente, et l'on ne doit pas se pré- 56o C A N cipitcr sî on le chasse au fusil. Des chasseurs cachés dans une hutte, ou couverts de toute autre manière, les atten- dent au bord des eaux, sur lesquelles ils les attirent en y plaçant des canards domestiques femelles ; ils sont avertis de l'arrivée de ces oiseaux par le sifflemen-t de leurs ailes , et tirent les premiers arrivans, parce que, le jour tombant prouiptenient, les niomens favorables sont bientôt passés. Pour tirer ces oiseaux d'une approche difficile, on se sert ordinairement de fusils longs et de gros calibre, qu'on ap- pelle canardières. Il y en a de trois sortes. L'un, nommé grosse canardière, a six ou sept pieds de canon, et sert à tirer à cent cinquante pas ; le second est moyen , et sa charge est moindre: l'un et l'autre restent toujours le bout appuyé sur un support ou dans quelque ouverture. Le troisième, qui n'est qu'un grand fusil, sert à tirer au vol. La chasse, avec des fusils à gros calibre , se fait, sur la Saône, avec des bateaux légers, longs, étroits et pointus en devant , qu'on appelle fo^rqueftes. On les construit en sapin ; on leur donne trois mètres vingt-cinq centimètres ( lo pieds) de longueur, sur soixante-cinq centimètres ( 2 pieds) de largeur dans le fond, et autant de bord. Ceux que l'on appelle arlequins ou nagerets, sont faits en chêne, et ont cinq mètres quatre- vingt-cinq centimètres ou six mètres et demi ( i8à 20 pieds) de longueur , sur quatre-vingt-dix-huit centimètres ( 3 pieds ) de largeur au fond , et quarante-neuf centimètres ( 1 pied ^ pouces) de bord. Un fagot, bien garni et long d'environ quatre-vingt-un centimètres ( 2 pieds 6 pouces) , est fixé en travers par des chevilles à l'extrémité de la fourquette ; il sert à couvrir le chasseur et le rameur, qui sont assis à plat au fond du bateau. Le bout de la canardière se passe dans le fagot par un trou rond, et le chasseur, se laissant aller au fil de la rivière, trouve par ce moyen l'occasion de tirer les canards sans être aperçu. On leur fait aussi une chasse très-amusante, dont la description se trouve sous le mot Badinage. La chasse aux hallebrans se fait en été dans les étangs, lorsqu'ils commencent à voler. On les rencontre ordinairement, dès le grand matin et vers midi , sur les bords, dans les grandes herbes, où on les approche d'assez près pour les tirer. On les chasse encore sur l'étang à toute heure du CAN 36i jour, en se plaçant dans un bateau ; on réussit surtout dans les petits étangs , où il est aisé de tuer jusqu'au derniei', parce qu'ils s'écartent moins et qu'on ne les perd pas de vue. On y réussit encore plus facilement lorsqu'on a tué la mère, et pour cela on attache par un pied une cane domestique avec une ficelle à un piquet fixé sur les bords de l'étang, ide manière qu'elle ait la liberté de se promener dans l'eau. LLe chasseur se tient un peu à l'écart; la cane se met à cri^r, f;t aussitôt que les hallebrans l'entendent, ils s'en approchent, la prenant pour leur mère : alors on les tue à coups de fusils. Si on veut les avoir sans les tirer , on jette sur l'eau, près de la cane, des hameçons garnis de mou de veau., de ^ands, de petits poissons, de grenouilles , etc. Ces hameçons sont attachés à des ficelles retenues par des piquets plantés au bord de l'eau. ^'our leur faire une plus grande chasse , on tend dans l'eau des filets de la forme des nappes aux alouettes , et garnis de quatre fortes barres de fer qui les tiennent assu- jetties sur la vase; les cordes de détente sont fixées dans la h|itte. Les nappes doivent être étendues dans un endroit couvert de soixante-cinq centimètres ( 2 pieds ) d'eau. Le tendeur attache plusieurs canes en avant des filets; celles qui s(»nt de la race des sauvages et provenues d'œufs de cette espèce , dénichés au printemps, sont les meilleures; les m^es, avec lesquels on les a appariées dès le mois d'Oc- tobre ,i sont enfermés dan^ un coin de la hutte. Les yeux du chasseur doivent toujours se porter à Thorizon, surtout vers I4 nord ; car aussitôt qu'il aperçoit une troupe de canardi sauvages , il doit prendre un des mâles et le jeter en l'air^ Cet oiseau vole sur-le-champ vers les autres et les joint: l^s femelles, au-dessus desquelles il passe, crient et l'appell^t. S'il tarde trop à revenir, on en lâche un se- cond, e| très-souvent un troisième; les cris redoublés des femellesiles ramènent, les sauvages les suivent et se posent avec eu^ La forme de la hutte les inquiète quelquefois ; mais ils pont rassurés en un instant parles traîtres qu'ils voient n^ger avec sécurité vers les femelles qui sont entre la hutte et les filets : ils avancent et les suivent. Le tendeur, qui lef reille, saisit l'instant où ils passent au milieu des 3r.2 C A N nappes pour faire partir la détente, et en prend quelquefois une douzaine et plus d'un seul coup. Cette chasse ne se fait que pendant la nuit au clair de la lune : les instans les plus favorables sont le lever de cette planète et une heure avant le jour. Elle ne se pratique utilement que pendant les vents du nord et de nord-ouest , parce que les canards voyagent alors ou sont en mouvement pour se rassembler. On prend à celte chasse , non-seulement les canards sau- vages qui descendent à l'appel des canes de leur espèce , quelque élevés qu'ils soient dans l'air, mais encore des ca- nards siffleurs , des souchets , des sarcelles, des millouin* et autres oiseaux de marais , qui viennent à l'appel des canes, ou suivent les traîtres, qui volent quelquefois avrc eux pendant plus d'un quart d'heure. Dans les marais Je nos contrées septentrionales, près de la mer, on leur fait la chasse en grand dans des anses ou petits golfes dispesés naturellement ou coupés avec art le long de la rive et dans l'épaisseur des roseaux. Mais cette chasse se fait avec plus d'appareil et d'agrément sur l'étang d'Arminvilliers, dont un des côtés, bordé de roseaux, est terminé par un petit Jbois où l'eau forme une anse enfoncée. De ce port, tuuours calme, on a dérivé des canaux qui pénètrent dans linté- rieur du bois, en arcs sinueux. Ces canaux, nommés cernes , assez larges et profonds à leur embouchure dans .'anse, diminuent de largeur et de profondeur à mesure qi'ils se courbent, en s'enfonçant dans le bois, où ils finisstnt par un prolongement en pointe et tout-à-fait à sec. Le canal est, environ à la moitié de sa longueur , recouvert d'un filet en berceau , d'abord assez large et élevé , mais qui se res- serre et s'abaisse à mesui'e que le canal se rétrécit et finit à sa pointe en une nasse profonde, qui se ferme ei poche. Au milieu du bocage et au centre des canaux e;t établi le canardier, qui, de sa petite maison , va troii fois par jour répandre le grain dont il nourrit , pendmt toute l'année, plus de cent canards demi-privés, demi-auvages , et qui , tout le jour nageant dans l'étang , ne mancuent pas, à l'heure accoutumée et au coup de sifflet, d'arriver au grand vol, et de s'abattre sur l'anse de l'étang, pour enfiler les canaux où leur pâture les attend. Ce sont ces traîtres C A N 363 qui , se mêlant dans la saison aux troupes des sauvages, les amènent dans l'anse, et de là les attirent dans les canaux; tandis que, caché derrière des claies de roseaux, le canar- dier va jetant devant eux le grain pour les amener jusque sous l'embouchure du berceau de filets : alors, se montrant par les intervalles des claies, disposées obliquement pour le cacher aux canards qui viennent par derrière, il effraie les plus avancés et les détermine à se jeter dans un cul-de- sac où ils vont pêle-mêle s'enfoncer dans la nasse. On en prend ainsi jusqu'à cinquante et soixante à la fois. Il est rare que ces demi-privés y entrent ; ils sont habitués à ce jeu, et ils retournent sur l'étang recommencer la même jnanœuvre et préparer une autre capture. Cette chasse se fait aussi en Angleterre dans les comtés de Lincoln et de Norfolk; et elle peut être faite sur d'autres étangs qui pré- sentent la même facilité. On prend encore les canards sur les étangs avec un filet tendu verticalement et semblable à la pantière qui sert aux bécasses; à la pince d'Elvaski , laquelle, en se détendant par le moyen d'un ressort, attrape le canard par les pattes et par le cou ; à la glanée, qui est la chasse la moins dis- pendieuse, la plus simple. Il faut pour cela avoir de grandes tuiles plates, qu'on perce dans le milieu d'un trou propre à y passer quatre fils de fer de moyenne grosseur et longs d'un pied ; on les tord et on en courbe les quatre ex- trémités, à chacune desquelles on attache solidement un collet de six ou huit cz'ins. On garnit de terre glaise le dessus de la tuile, et on y ^sème du blé bouilli dans l'eau ; on en répand aussi autour du piège quelques grains qui servent d'amorce. Cette chassé se fait à la sourdine ; et elle est d'autant plus avantageuse qu'un canard peut se prendre auprès de son voisin sans qu'il s'en aperçoive. La tuile doit être recouverte au moins de quatre pouces d'eau ; les collets surnagent horizontalement ou entre deux eaux , et les ca- nards, qui plongent pour manger le grain servant d'appât, s'y prenjient par le cou sans pouvoir se débarrasser. Comme il arrive quelquefois qu'ils déplacent le piège et l'ciitrainent au loin , on en attache avec le même cordeau plusieurs qui se placent de distance en distance. 564 c A rs' Le Canard domestique; Anas domestica, Linn. Desœtrfs de canards sauvages, enlevés du milieu des roseaux et des joncs, et donnés à couver à une poule qui les adopte, ont d'ab!)rd produit dans nos basse-cours des individus sauvages , farouches, fugitifs, sans cesse agités du désir de vivre en liberté; mais leurs descendans, devenus plus doux, plus trai- lables, ont produit les races privées. Beaucoup de canards domestiques ressemblent aux canards sauvages ; mais on les reconnoît à leurs couleurs plus ternes et moins distinctes, a leurs formes moins élégantes , moins légères. Ces derniers ont les écailles des pieds plus fines , égales et lustrées ; les membranes plus minces; les ongles plus aigus, plus luisans, et les jambes plus déliées. On distingue les jeunes à leurs pieds d'un rouge moins vif et moins lisse , ou en leur arra- chant une penne de l'aile, qui doit avoir le bout mou et sanguinolent. Partout on a cherché à s'approprier une espèce aussi utile que l'est celle de notre canard , par le double profit de sa plume et de sa chair, et par la facilité de son éducation. Comme tous les oiseaux privés, les canards ont subi les influences de la domesticité ; les couleurs du plu- mage se sont alïoiblics et quelquefois entièrement effacées , comme dans le canard tout blanc. On en voit de plus ou moins bruns, noirs ou variés de ces couleurs ; d'autres ont pris des ornemens étrangers à la race primitive : tels sont ceux qui ont une huppe composée d'une petite touffe de duvet, placée en arrière de la tête; d'autres, plus déformés par la domesticité, ont le bec tors et courbé en bas. Outre ces différences , on reconnoît encore le canard domestique , lors- qu'on le sert sur nos tables, à son estomac anguleux, quoi- qu'il soit surchargé de beaucoup plus de graisse que le sauvage, qui a cette partie toujours arrondie. La méthode d'éducation en grand , que l'on pratique dans nos contrées septentrionales, est aussi simple que curieuse, et pourroit être suivie dans les cantons marécageux de di- verses parties de la France. Nous en devons les détails à M. Bâillon , qui s'est long-temps occupé de l'éducation des oiseaux aquatiques. On fait couver les femelles dans les maisons, et le lendemain de la naissance des canetons, chaque habitant marque les siens: l'un? en coupant le pre- C A N 365 mier ongle du pied droit-; l'autre, le second; celui-ci, en faisant un trou à un endroit de la peau du pied, etc. Après cette opération , on porte les canetons avec les mères dans le marécage; il suffit ensuite de les veiller pour en écarter les oiseaux de proie, surtout les busards, qui sont leurs plus cruels ennemis. Vers le mois de Juin , les habitans se réunissent pour les prendre avec des filets, et les marques leur indiquent leur propriété; cependant on en laisse dfins le marais une certaine quantité, tant pour faire multiplier l'espèce l'année suivante, que pour servir , pendant l'hiver, à l'appel des canards sauvages: en leur jetant de l'orge, qu'ils aiment beaucoup , on les accoutume à venir à la ferme. La chair du canard domestique est assez estimée ; cepen- dant l'impureté des alimens dont il se nourrit, la rend peu salubre , et l'excès pourroit, suivant Plenck, oceasioner la cachexie : mais cette qualité nuisible s'affoiblit par l'u- sage des graines céréales. Les plumes de ce canard sont un objet de commerce ; et pour en retirer plus d'avantage, il y a des pays où on leur enlève, aux mois de Mai et de Septembre, avant l'époque de la mue , celles qui garnissent le cou , le ventre et le dessous des ailes : on les fait ensuite sécher au four lorsque le pain en est ôté ; etcetle opération se réitère à différentes reprises, pour en faire évaporer toute la partie huileuse. Quoique ces plumes soient d'une qualité inférieure à celles de l'oie , elles ont assez d'élasticité pour que , mêlées avec les autres , on en fasse des matelas et des oreillers dans les départemens du Nord. Canard a bec courbé : Anas curvirostra , Linn. Cet oiseau , qu'a fait connoître Pallas, a été pris dans la Belgique. 11 a la taille un peu plus forte que celle du canard sauvage ; l'iris fauve , la tête , le cou et le croupion , noirs et à reflets d'un vert obscur ; les cinq premières pennes des ailes , blanches; le miroir d'un noir changeant en bleu, et une tache ovale blanche sur la gorge. Canard chiff.au: Anas strepera , Linn.; pi. enlum. de BufTon , n.° 968 , et de Lewin , n.° 269. Cette espèce tire son nom, suivant Gesner, de sa voix plus grave et plus 366 C A i\ hruyanle que ciilie du canard sauvage ; mais Buflf'on assure le contraire. Elle a cinquante-quatre centimètres (jopouces) de longueur totale : le bec est noir ; les pieds sont d'un jaune terne, les membranes noires: la tète piquetée de brun noir et de blanc, mais la première couleur domine sur le sommet de la tête et le dessus du cou ; Li poitrine est écaillée des mêmes couleurs . qui sont vermiculées sur le dos et les flancs ; le miroir des ailes est composé de trois bandes, Tune noire, l'autre blanche, et la troisième d'un marron rougeàtre. Le mâle, après la saison des amours, prend une robe grise, et c'est de tous les canards celui qui conserve le plus long-temps les belles couleurs de son plumage. La femelle est moins grosse que le mâle, et en diffère en ce qu'elle a des taches noires sur le fond rougeàtre de la poitrine; le croupion de même teinte que le dos , mais sans lignes vermiculées. Suivant Bâillon, elle prend en vieillissant les couleurs du mâle. Ce canard arrive en Novembre sur nos côtes, s'enfonce, pendant les hivers rudes, dans l'intérieur des terres; il fré- quente alors les grands étangs des Vosges, et se montre en Italie. 11 passe l'été et niche eu Suéde , en Sibérie , en Russie .- un creux d'arbre est le réduit que choisit la femelle pour déposer ses œufs. Probablement cet , oiseau s'avance encore plus au nord , car on le retrouve dans les parties boréales de l'Amérique septentrionale. Plus rusé que le canard sau- vage, il sait éviter le coup de fusil, en plongeant au mo- ment où il aperçoit le feu du bassinet. Canard siffleuu; Anas penelope , Linn. Le mâle, figuré pi. enlum. de Buffon , n.° 8ii5 , et de Lewin , n." 252, a quarante-huit centimètres ( 18 pouces ) de longueur. Son bec est court , bleu en dessus , noir en dessous et à l'extré- mité; le sommet de la tête est d'un fauve clair; le front, les côtés, l'occiput et le haut du cou, sont d'une teinte marron tachetée de noirâtre. La première couleur, pure sur les côtés du cou , est remplacée par du noirâtre fuligi- neux sur le devant, et prend un ton grisâtre dans sa partie inférieure. Des lignes transversales, en forme de zigzags, et des traits blanchâtres et noirâtres, se mêlent agréablement sur le dos, le croupion et les plumes scapulaij^es. La poi- C A N 367 trine et le ventre sont d'un beau blanc ; les flancs variés de gris et de blanc ; les couvertures inférieures de la queue , d'un noir foncé; les supérieures changent en vert doré sur les côtés; les deux pennes intermédiaires , d'un cendré rem- bruni , sont terminées en pointe , et elles excèdent les autres de quelques millimètres : les latérales sont grises et bordées de blanchâtre ; la partie antérieure de l'aile est variée de cendré brun etdeblanchàtre;]esmoyennescouvertures sont blanches; les grandes d'un gris brun, qui prend une nuance cendrée sur les pennes, dont le miroir est d'un vert doré et bordé d'un noir de A^elours. Les pieds et les membranes sont de couleur de plomb, et les ongles noirs. La femelle diffère du mâle en ce qu'elle a la tête, la gorge et le liaut du cou, tachetés de pointes noirâtres sur un fond roussâtre ; la poitrine et le ventre blancs; le mi- roir de l'aile beaucoup moins large et moins brillant; le reste du corps grisâtre. La voix claire et sifflante , que ce canard fait très-souvent entendre en volant, le distingue de tous les autres. Salerme et d'autres auteurs attribuent ce sifflement au battement des ailes; mais Buffon assure qu'ils se trompent, et que c'est une véritable voix, un son rendu, comme tout autre cri, par la glotte. Naturellement gai et agile, ce palmipède est sans cesse en mouvement. Il naît gris , et dans le premier âge on ne sauroit distinguer les sexes ; mais au printemps les plumes des mâles se colorent , et vers la fin de Juillet elles sont remplacées par des plumes grises et sombres : tout disparoît avec leurs amours ; leur voix même se perd. Ces canards, (jui arrivent en France vers le mois de No- vembre, et qui se portent au sud jusqu'en I^'.gypte , s'ache- minent vers le nord, leur pays natal, à la fin de Mars. Leurs œufs sont d'un brun pâle, avec des nuances plus obs- cures. Ils se tiennent toujours en bandes nombreuses, soit qu'ils volent, soit qu'ils nagent ; ils voient très-bien la nuit, si ce n'est dans une obscurité totale; ils vivent des mêmes ali- mens que les autres canards , sont très-durs au froid , et tiennent la mer malgré le gros temps. Canard siffleur huppé: Anasrufina, Linn. ; pi. enlum. 368 C A N de Buffon , n.° 9:18. Cette espèce, qu'on trouve en France, mais rarement, a été vue en Barbarie par le voyageur Shaw, et par Pallas sur les lacs des déserts de la Tartarie et les eaux de la mer Caspienne. Sa taille est celle de notre ca- nard sauvage: la tête est couverte de belles plumes rousses , déliées et soyeuses; les joues, la gorge et le tour du cou, sont roux ; la poitrine et le ventre d'un noir légèrement onde de gris ; les flancs variés de blanc. Le dos est d'un gris brun : le croupion et les couvertures supérieures de la queue sont noirs; celles du dessous, d'un blanc teint d'une nuance vineuse ; les petites couvertures des ailes, blanches; les moyennes et les grandes, cendrées ; les premières pennes des ailes, noires, les autres de couleur vineuse et cendrée; celles de la queue, de cette dernière couleur; l'iris et le bec rouges ; les pieds noirs. La femelle n'a point de huppe ; son plumage est presque généralement brun, et son bec rougeàtre. Canard siffleur du cap de Bonne- Espérance : ./4n.fls capensis , Linn. La taille de cet oiseau est celle du canafd siffleur; il a trente-huit centimètres ( 14 pouces ) de lon- gueur totale. Son bec est rouge et noir à la pointe. La tête, le devant du cou et la poitrine, sont d'un bleu cendré avec des points noirâtres ; le dos d'un brun rougeàtre ; les plumes bordées de jaunâtre ; les pennes des ailes, d'un cendré sombre; le miroir, d'un bleu verdàtre , encadré de blanc; les pieds d'un rouge pâle : les membranes noirâtres , et les ongles noirs. Canard siffleur a bec noir :^4raas arborea , Linn.; pi. enlum. de Buifon , n." 804. Les plumes noirâtres dont la tête de ce canard est revêtue en dessus, sont assez longues pour prendre l'apparence d'une petite huppe quand l'oiseau les redresse. Le front et l'occiput sont roussàtres ; le dessus du cou , le dos et les plumes scapulaires , d'un brun bordé de roux; le croupion et les couvertures de la queue, noi- râtres ; la couleur blanche , qui règne sur la gorge et sur toutes les parties inférieures, est tachetée de noir sur le devant du cou, sur le ventre, sur les couvertures inférieures de la queue et sur la poitrine , qui est roussàtx'e , ainsi que sur les couvertures supérieures des ailes, dont les grandes C A N 069 pennes sont noirâtres , et les moyennes brunes et bordées de roussàtre : le bec et la queue sont de la couleur des pennes primaires; les pieds, couleur de plomb. L'Amérique septentrionale est la patrie de ce caïiard , qui pénètre pendant l'hiver jusqu'aux îles Antilles. Can.-^rd sifflkur a bec ROUGE; Anas autuninalis , Linn. On trouve, dans la pi. enlum. de llufFon , n.° 8:26, une figure assez exacte de ce palmipède , qui a le sinciput et le cou d'un marron clair; l'occiput noirâtre; les joues, la gorge, d'un gris clair ; le dos et les plumes scapulaires. d'un brun marron ; le croupion et les Couvertures supérieures de la queue blanchâtres, avec des taches noirâtres; les petites couvertures du dessus des ailes, noirâtres : les moyennes, d'un fauve roussàtre ; les grandes, blanches; les pennes noirâtres et bordées de gris en dehors : les plus proches du corps , d"un brun marron; les pennes de la queue pareilles à celles de l'aile; le bec rouge; l'onglet noir; les narines jaunes; les pieds couleur de chair. On rencontre cette espèce à Caienne et dans l'Amérique septentrionale. Canakd siffleur. AyuEUE noire; Anas melanura , Linn. Ce canard , qu'on ne conuoît que d'après Scopoli , et dont on ignore le pays , n'est pas tout-à-fait aussi gros que le canard sauvage; le dessus de la tête et le dos sont roux j les plumes du cou et du corps , cendrées ; le croupion est noir et tacheté de blanc ; les penues des ailes et de la queue sont de la première couleur, le bec et les pieds d"ua rouge terne. Canard pilet, Anas acuta , Linn. Le mâle de cette espèce , que l'on nomme aussi canard à longue queue , est figuré dans les pi. enlum. de Buflon, sous le n.° 964 , et dans celles de Lewin , sous le n." 260. Nozeman a représenté, pi. 92 et 93 ,1e mâle et la femelle, qui le sont également dans l'Ornith. allemande de Borckhausen. Le mâle a cinquante-quatre cen- timètres ( -2 pieds ). Il ne prend , ainsi que les précédens , ses belles couleurs qu'au printemps-: le dessus de sa tête est alors d'un brun varié de gris roussàtre; les joues, la gorge , les côtés et le devant du cou, sont bruns; un trait, d'un noir brillant à ses deux extrémités et cendré dans son milieu , r, u,. \. 570 C A N s'étend, en longueur, depuis le sommet de la tête jusque sur le dos, dont le haut et les côtés sont variés de lignes brunes transversales et en zigzags sur un fond cendré. I,a partie inférieure ttle croupion sont d'un cendré rembruni ; la poitrine et le haut du ventre, blancs; le bas-ventre est tacheté de points gris et de raies vermiculées sur un fond blanchâtre ; les pennes des ailes, d'un cendré brun ; les in- termédiaires, bordées extérieurement de couleur de cuivre de rosette ; de larges raies longitudinales, noires et blanches, se remarquent sur les grandes couvertures ; les deux pennes du milieu de la queue, grises à leur origine, sont noires dans le reste , étroites et beaucoup plus longues que les la- térales , qui sont variées de gris et de fauve ; le bec est noircUre ; les pieds et les membranes , de couleur de plomb , et les ongles bruns. La femelle a des taches noires, semées sur le fond roux ])run de son plumage ; ce brun est clair sur les couverture» des ailes, dont le bord extérieur est gris; le miroir est d'un jaune paille et entouré de blanc. On rencontre des pilefs dans presque toutes les parties du monde , en Europe , en Amérique , en Tartarie , au Kamts- chatka et à la Chine. Les climats les plus froids sont ceux qu'ils préfèrent pour y faire leur ponte et y élever leur famille. Canarp souchlt: Anas cljpeata, Linn.; pi. enlum. de Buffon, n.°' 971 , 972, mâle et femelle. Un beau vert doré brille sur la tête et la moitié supérieure du cou du mâle: un bleu tendre règne sur les petites couvertures des ailes ; un blanc pur sur les moyennes, sur le bas du cou et sur la poitrine : les grandes pennes sont ornées d'un miroir vert bronzé ; le reste du dessous du corps est d'un roux vif: le croupion et les couvertures supérieures de la queue sont d'un noir changeant en vert ; les scapulaires variées de blanc, de noirâtre, de cendré bleu et de vert doré; les pennes des ailes et delà queue, brunes ; ces dernières bor- dées de blanchâtre à l'extérieur et terminées en pointe ; les pieds d'un bel orangé ; les ongles gris. Le bec est noir , grand , large, arrondi et dilaté par le bout en manière de cuiller ; il est garni de dents effilées comme celles d'un / C A N S71 peigne. La longueur totale de l'oiseau est fie cinquante-un centimètres ( 1 pied 7 pouces ) , et sa grosseur est moindre que celle du canard sauvage. La femelle diffère du mâle en ce qu'elle a les plumes delà tête, du dessus du cou et du dos, brunes et bordées de roussàtre ; toutes les parties inférieures fauves et variées de brun, et le miroir des ailes moins brillant. On assure que, dans sa première année, elle est t;.talement grise. Le plumage des vieux m:\les présente quelque dissemblance , en ce que des individus ont des plumes grises avec des plu- mes colorées. Cette variété vient probablement de ce que ces oiseaux prennent un vêtemenf gris après la saison des amours. Le large bec de ce palmipède lui a fait donner les dénominations de canard cuiller, canard spatule, et le surnom de platjrinchos , par lequel l'ont désigné Willugby, Aldrovande et d'autres ornithologistes. Ses deux larges man- di'iules, gai'nies de dentelures, lui servent à retenir les ver- misseaux, les insectes et les crustacés, qu'il cherche dans la fange au bord des eaux. A ces alimens Gesner ajoute les mouches, que cet oiseau attrape adroitement en volti- geant sur l'eau, d'oii lui viennent les noms de mit "'g-en/^ et iï'anas musc aria , que cet auteur lui donne; mais il refuse constamment le pain et la graisse. Ce canard est sauvage et triste: il dort pendant tout le jour, se donne beaucoup de mouvement le soir, et se baigne plusieurs fois pendant la nuit. 11 seroit à désirer que cet oiseau, qui joint un riche plumage à une chair délicate et très-savoureuse, pût de- venir un habitant de nos basses-cours; mais il s'accoutume difficilement à la captivité. Le souchet est connu daiss le Nord, au Kamtschatka et même en Amérique, où ils'avanceroit jusqu'au Mexique, si , comme le présume Buffon , ïyacapatlaJiouc d'Hermandez doit être rapporté à son espèce , ainsi que le letnpatlahuac du même auteur, dont Brisson et d'autres méthodistes fort une espèce distincte, sous la dénomination d'a?ia5 mexicana. Quoiqu'il en soit, ces oiseaux passent l'hiver en France , et s'y tiennent depuis Novembre jusqu'en Avril; il en reste même pendant l'été sur nos côtes septentrionales. Suivant Bâillon, à qui nous sommes redevables de très -bonnes observations sur ir- C A N les canards, ils arrivent vers le mois de Février, se ré- pandent dans les marais et y couvent tous les ans. La fe- melle forme son nid de grosses toufles de joncs, isolées, dans des lieux peu praticables, y dépose dix à douze œufs d'un roux pâle , et ies couve pendant vingt-huit à trente jours. Les petits naissent couverts d'un duvet grisâtre: leur bec , alors presque aussi large que le coj-ps , leur donne une physionomie désagréable, et semble les fatiguer, car ils le tiennent presque toujours appuyé contre la poitrine ; ils courent et nagent sous la proteclion du père et de la mère, et se tapissent sous l'herbe au moindre danger , tandis que ceux-ci se précipitent dans l'eau et s'y plongent ; ils sont pareils à la femelle dans leur premier âge. Après la première mue les jeunes mâles prennent leurs belles couleurs; mais elles n'ont de l'éclat qu'après lu seconde. Canard gxkkoï : Anas clangula, Linn. ; pi. enlum. de BufiFon , n." 80:3 , et de Lewin , n.° ^SG. Cet oiseau a l'iris d'un jaune doré; la tête et une partie du cou, d'un noir lustré de vert ; deux grandes taches blanches aux coins du bec; le bas du cou, tout le devant du corps et la plupart des couvertures des ailes , de cette même couleur : le bec , les pennes, la queue et le dessus du corps, d'un beau noir; les pieds d'un jaune orangé. Sa longueur totale est de qua- rante-huit centimètres ( 18 pouces ). On distingue la femelle à son plumage brunâtre si;r les parties où le mule est noir, et d'un blanc sale où celui-ci est d'un blanc pur; elle est d'ailleurs plus petite et privée des deux marques blanches que celui-ci porte aux coins du bec. Cette espèce, qui habite le nord des deux conlinens , porte, au Groenland, le nom de J^artlutorpianuk, et à la baie d'Hudson , celui de mistepe-squa-pe-{i'e<^-'. Elle quitte les contrées boréales à l'automne, passe l'hiver sur nos rivières et nos étangs, et retourne au printemps dans son pays natal, où elle niche dans des creux d'arbre, dont elle tapisse l'in- térieur avec du gramen. Sa ponte est de sept à dix œufs blancs. Cet oiseau, excellent plongeur, ne niarche que très- diflicilement : accoutumé à se mouvoir dans l'eau par petits élans, dont l'impulsion dépend d'un mouvement de pieds C A N 373 vif et brusque, il porte cette habitude sur la ferre, et n'y va que par bonds, en frappant si fortement le sol de ses larges pieds, que sa marche fait le même bruit qu'un cla- quement de mains. Quoiqu'il s'aide de ses ailes pour garder l'équilibre, il le perd à tout moment, et tombe sur l'estomac si on le presse; et comme ses pieds, très-délicafs , sont d'ailleurs froissés par le sable , il ne vient à terre que pour s'y tenir tranquille, debout ou couché sur la grève. Canard jullouin; Anas ferina , Linn. Ce canard, qui habite le nord de l'Europe et de l'Amérique, est figuré dans BiiH'on , pi. 8()3, et dans Lev^'^in , pi. 264. Il a l'iris couleur de noisette; les pieds plombés; la tête et une partie du cou d'un brun roux , auquel succède sur la gorge du brun noirâtre , qui s'étend sur la poitrine et le haut du dos ; le reste de cette partie et les flancs agréablement variés de petits zigzags noirs, sur un fond gris de perle : le ventre et le bas -ventre présentent le méjne mélange , mais les raies vermiculées sont moins apparentes : les couvertures des ailes sont en partie cendrées et en partie brunes, et les pennes à peu près des mêmes couleurs ; les couvertures inférieures de la queue sont noirâtres, et les pennes d'un cendré brun. Sa taille est d'une forme courte et ramassée, et sa longueur de quarante-six centimètres ( 1 pied 5 pouces ). Quelques taches roussàtres sont répandues sur la tête et le cou de la femelle: en général les teintes de son plu- mage sont moins décidées. Aldrovande fait mention d'un millouin noir, que les orni- thologistes regardent comme une variété du précédent : il a la tête, la gorge et la plus grande partie du cou , d'un marron obscur; le dos, le croupion et la qiœue, noirâtres; la poi- trine et le ventre variés de cette couleur et de cendré ; les ailes mélangées de noir et de blanc; l'iris jaune et les pieds noirs. Latham en décrit encore un autre, dont le dessus du corps est brun. Le vol des millouins diffère de celui du canard sauvage; il est plus rapide ; et quand ces oiseaux s'attroupent en l'air, ils se tiennent en peloton serré , sans former des triangles. D'un naturel très-défiant, on les approche avec difficulté: aussi timides à terre que courageux sur les eaux , ils ne aoulï'rent 574- C A N rapproche tî*aucun autre canard et les écartent à coups de bec; lorsqu'ils sont sur le rivage, le moindre danger les porte à s'enfuir sur l'eau, oii ils restent pendant la nuit , reênie quand il gèle, et s'y agitent assez pour empêcher qu'elle ne se glace autour d'eux. Ainsi que le garrot , le millouin marche avec peine , et il est oblige de battre de temps en temps des ailes pour conserver léqinlibre sur terre. On com- pare son cri au sifflement grave d'un gros serpent. 11 se nourrit devers, de crustacés et de petits poissons qu'il cherche dans la vase. Canarp jiillotiinan ; Anas inariia, Linn. ; pi. enlum. de Buffon , n." 1002. Des rapports dans la taille et la dispo- sition des couleurs avec le précédent, ont déterminé Bulïl.n à nommer ce Canard millouinan. Un demi-noir à reflets d'un vert cuivreux lui couvre la tcfe , le cou, et se trouve coupé en rond sur la poitrine et sur le dos; de petites hachures noirâtres courent sur le fond gris de perle du manteau et du croupion ; le ventre et l'estomac sont d'un beau blanc ; un collier, d'un roux peu tranchant, se fait remarquer sur îe milieu du cou ; le bec et les pieds sont blancs , l'iris doré : mais cette description ne peut convenir à tous les indi- vidus, puisqu'on assure que, sur quarante ou cinquante, à peine deux se ressemblent parfaitement. Si , comme on le pense, l'araai/rariata, décrit par Sparmann ( Mus. Carlson. fascic. 2 , tab. 38 ) , est la femelle de cet oiseau , le brun domi- neroit sur son plumage ; son cou seroit d'une teinte rougeàtre , nuancée de brun sur le dos et la queue, et elle auroit le veîitre blanc, le bec et les pieds noirs, avec un large cercle blanc à la base des mandibules. Le millouinan habite les mêmes contrées que le millouin, mais il est plus rare. Ca>'ard morillon: Anas fuligula , Linn.; pi. enlum. de Buflon, n.° looi, et de Lewin , n.° 268. Un plumage noir et blanc, et une large huppe pendante , distinguent ce petit canard. La première couleur jette des reflets pourprés et d'un rouge verdàtre sur la tête, le cou , les ailes, la queue, le Kaut de la poitrine , le dessus du corps et l'anus ; l'autre est pure sur le ventre et vers le milieu des sept à huit premières peuues alaires. Les pieds sont noirs en dehors C A JN 375 #t rougeâtres en dedans; le bec est d'un bleu clair, et l'iris jaune. La longueur totale de l'oiseau est de quarante- trois centimètres (16 pouces). La femelle est d'un brun pointillé de gris , et n'a point de huppe. Les jeunes mâles sont d'abord d'un gris enfumé; ensuite ils prennent, à la première mue, un plumage plus brillant: mais ils n'ont toutes leurs belles couleurs qu'à la deuxième année, et leur bec ne devient bleu qu'à celle époque. On connoit plusieurs variétés de cette espèce : l'une est J)rjine, avec la tête , le bec et les pieds noirs ; une autre a le dos brun, la tète et le haut du cou roux; une troisième a aussi la tète et le cou roux, mais le reste du corps est blanc. Le morillon ne paroît en France que pendant l'hiver. Moins défiant que les précédens , on l'approche à la portée du fusil, et lorsqu'il s'envole il s'éloigne peu; il marche en se balançant et tenant le corps presque droit. D'un na- turel gai, il se prive facilement. Le petit morillon ; Anas glaucion, Linn. , est regardé jiar des ornithologistes comme une variété du précédent, et par d'autres comme une espèce distincte. IL a la tète ferrugineuse; l'iris couleur d'or; deux colliers, dont l'un hianc et l'autre gris ; le dos et les couvertures des ailes d'une teinte obscure, variée de quelques raies blanches; les grandes couvertures marquées de larges taches blanches ; la queue et les pennes primaires, noires; les secondaires blanches , et les pieds jaunes. Canard gloussant; Anas glocitans , Linn. Cet oiseau a été ainsi nommé par Pallas , à cause de son cri qui imite le gloussement de la poule. On le rencontre quelquefois en Angleterre, mais il est plus commun dans la partie orien- lale de la Sibérie. Il a une tache ronde et jaunâtre entre le bec et l'œil ; le sommet de la tète brun ; la nuque d'un vert changeant en violet , ainsi qu'un petit croissant derrière les oreilles; le dessus du cou et du corps ondulé de noir et de brua ; la gorge pourprée ; la poitrine rougeâtre et tachetée de noir; le ventre d'un brun clair, piqueté d'une nuance plus foncée; les plumes scapulaires , les grandes couvertures et les pennes primaires , cendrées ; les secon- daires vertes ; le miroir, de cette dernière couleur et encadré 376 C A N de blanc ; les deux pennes intermc'diaires de la queue, noires^ les autres brunes et bordées de blanc; les couvertures vertes; le bec couleur de plomb, et les pieds jaunes. Canard huppe b'Islande; Anas islandica, Linn. Ce canard a la poitrine et le ventre blancs ; les pieds jaunes; les plu- mes de la tête noires et longues. Canard kagolca ; Anas Icagolca , Linn. Cet oiseau, qui ne diffère du canard siffleur qu'en ce que sa gorge est ondulée de cendré, et le miroir de ses ailes d'un blanc argenté, a été observé en Russie et en Sibérie par S. G. Guielin. Canakd souki ; Anas marsa , Linn. Cet oiseau, que les Russes ont nommé souki d'après son cri , n'est guère plus fort que la grande sarcelle. Son bec est bleu , grand , large , Irès-renflé a sa base, en arrière des narines, et rayé à son bout. Il a la tête blanche, avec une tache noire en dessus; les paupières et le cou de cette dernière couleur; les ailes l)i*unes ; le devant du cou d'un brun jaunâtre, ondulé de noir; le dos mélangé de cendré, de jaunâtre et de brua ; le dessous du corps, le croupion, d'un brun nué de gris; la queue composée de dix-huit pennes très-étroites et roides ; les pieds, presque semblables à ceux du grcbe , bleuâtres en devant et bruns en arrière. La femelle a le bec moins renflé à la base que celui du mâle, et de couleur brune, ainsi que la tête; la gorge est blanche. Les jeunes mâles lui ressemblent. Son nid est formé de joncs tissés et placés de manière qu'il flotte sur l'eau. Le souki s'éloigne des autres canards, et se rapproche des pingouins et des manchots , par ses ailes courtes , par sa manière de plonger , par son vol très - embarrassé et par sa difficulté de marcher. Canap.d SK.OURA; Anas scandiaca , Linn. Xefte espèce a le bec large et noir; les pieds, le dos , les ailes et la queue, de même couleur; le ventre et les pennes secondaires, blan- ches et bordées de noir; les côtés du corps, ferrugineux; le bas-ventre ceaidré ; le reste du phnnage d'un marron clair. Skoura est le nom qu'elle porte en Danemarck. Canard ferrugineux : Anas ferruginea , Linn.; I3ri(. Zool. tab. 99. Le bec de ce canard est bleuâtre ; le plu- mage d'un bruij rougeàtre , plus pâle en dessous ; les pieds C A N 377 sont de la couleur du bec, et les membranes d'une teinte obscure. Il habite TAngleterre , la Suède et le Danemarck. Ne seroit-ce pas la femelle du suivant? Canard a collier, bleu; Aiias dispar , Linn. Ce beau canard a le port et la démarclie du morillon ; une petite huppe sur l'occiput : une tache d'un vert d'émeraude sur la nuque; le front de même teinte: les yeux entourés de petites plumes noires et soyeuses ; le bec de celte couleur, ainsi que le dos , le devant du cou et la gorge ; mais sur ces parties elle jette des reflets violets. Un collier d'un noir violet, plus éclatant et changeant en vert, décore le cou : la poitrine est d'une nuance roussàtre, le reste du corps blanc: l'aile d'un brun noirâtre. Les pennes moyennes présentent un mélange brillant de noir, de bleuet de blanc, et les petites sont d'un noir violet, bordé à l'extérieur de blanc : ces dernières sont pointues et recourbées à leur ex- trémité comme une faucille. La queue est brune, courte et terminée en pointe ; les pieds sont noirs. La femelle a un plumiige assez ressemblant à celui de la bécasse ; c'est un mélange de brun et de ferrugineux : elle a deux petites taches blanches sur les ailes, qui sont droites et noirâtres. Sparmann a donné, dans le Mus. Caris, fasc. 1 , tab. 7 et 8, la figure du mâle et de la femelle , qu'on a trouvés sur une rivière de l'Ostrogothie. Le mâle ne seroit-il pas encore décrit deux fois dans Gmelin, sous les dénominations d'anas falcaria et d'anas stelleri? Ces trois oiseaux ont de grands rapports dans les couleurs et leur distribution , surtout ce dernier, qui a les ailes conformées de même. Canard cosarca; Anas cosarca , Linn. Ce canard se rap- proche de l'oie par ses pieds très-longs ; mais sa taille est bien inférieure. Il a environ soixante centimètres ( 1 pied 10 pouces) de longueur; la tête d'un fauve lavé; le cou entouré d'un collier noir; le croupion, les pennes des ailes et de la queue, noirs, de même que le bec, l'iris et les pieds: les couvertures des ailes blanches, ainsi que la tête et le haut du cou , et le reste du plumage, roux. La femelle diffère principalement du mâle en ce qu'elle n'a point de collier. Su ponte est de neuf ou dix œufs blancs et plus 378 C A N gros que ceux du canard sauvage. Elle fait son nid dans les cavernes et les feules des rochers. Cette espèce, qu'on rencontre dans les contrées les plus méridionales de la Russie et de la Sibérie, se retire pen- dant l'hiver en Perse et dans Tliide. On peut l'approcher de près. Sa démarche est gracieuse, son vol léger et sans bruit, son cri semblable au son du cor de chasse ou de la trompette marine. Sa chair est, suivant Gmelin , un mets très-savoureux ; mais les Tartares de la Crimée n'en mangent point, et prétendent même qu'elle est insalubre. Le baron de Tott, qui en a goûté, dit aussi qu'elle est mauvaise. Canard huppé d'Islande ; Anas islandica, Linn. Ce ca- nard, nommé par les Islaudois hrafn-ond , a le devant du cou, la poitrine et le ventre, blancs, le reste du plumage noir, et les pieds couleur de safran. Canard a poitktne rougeatre; Anas rubens , Linn. On trouve quelquefois ce souchet en Angleterre. 11 a le bec large et d'un jaune brunâtre dans l'intérieur; la tête grande , les yeux petits; l'iris jaune; la poitrine et la gorge d'un bruu rougeàfre ; le dos brunâtre ; l'origine et l'extrémité de l'aile grises; les pennes brunes; le miroir pourpre et bordé de blanc; la queue courte et de cette dernière couleur; les couvertures inférieures d'un brun brillant, tacheté d'une nuance plus foncée, et les pieds d'un brun rougeàtre. La femelle a les couleurs plus ternes , et le miroir de l'aile Lieu. Canard a poitrine ravre ; Anas lurida , Linn. Ce canard a été trouvé par S. G. Gmelin dans la Russie méridionale. Il a la tête d'un rouge bai ; une tache blanche à l'angle du bec ; la poitrine variée de lignes transversales rouges ; le ventre blanchâtre et tacheté de noirâtre dans le milieu ; les lianes et les couvertures inférieures de la queue d'un blanc de neige ; les quatre premières pennes de l'aile , noires en dehors, cendrées en dedans; les six suivantes entière- ment de cette dernière couleur; les autres blanches, si ce Ji''est la dernière, qui est en partie noirâtre et en partie cendrée, de même que les couvertures supérieures ; la queue et le reste du plumage noirs. Sa taille est un peu au-dessus de celle de la ])etite sarcelle. C A N 570 Canard kekuschka ; Anas kekusch\a ^ Linn. On doit la connojssance de cet(e espèce au même naturaliste qui l'a observée sur la mer Caspienne. Son plumage est de couleur d'ocre en dessus du corps, d'un blanc de neige en dessous-, le croupioij et la queue sont d'uu noir foncé; les dernières pennes des ailes ont leur extrémité blanche. Sa longueur est de plus de cinquante-un centimètres (i pied 7 pouces). Canard a bec tacheté de houge; Anas pockilorhj/'ncha , Linn. L'ile de Ceilan est la patrie de ce canard, dont Forster a publié la figure dans sa Zool. ind. pi. :3. Il a une bande noire autour des yeux : ses joues et une partie de sa gorge sont cendrées ; le miroir de l'aile, bordé de blanc avec une frange noire en bas; les pennes secondaires sont blanches; le bord des pennes est cendré; la queue et le reste du plumage sont noirs; le bec , assez long, est de la même couleur, aVec des taches rouges sur les côtés, et blanc à son extrémité; les pieds sont jaunes. Canard dominicain; Anas dominicana, Linn. Sonnerat a observé ce canard au cap de Bonne-Espérance. Sa taille est celle du canard sauvage. Il a la face et la gorge blan- ches : une bande longitudinale noire , qui part de la man- dibule supérieure, traverse l'œil et se termine en angle aigu un peu au-delà : le derrière de la tête, le cou et la poitrine, sont de la même couleur ; le dos et les petites pluHies de,s ailes , d'un gris cendré, avec deux bandes trans- versales plus claires ; les pennes primaires des ailes et celles de la queue, noires; les couvertures inférieures de celle-ci et le ventre, d'un gris clair; le bec et les pieds, pareils à la queue. Canard gris d'Egypte; Anas dam iatica , Linn. Ce palmi- pède d'Egypte, indiqué pour la première fois par Hasselquitz, est d'une taille un peu au-dessus de celle du canard sau- vage. Une tache ferrugineuse embrasse la nuque en forme (le croissant : la tête , le haut du cou , les épaules et l'ex- trémité de laquelle, sont noirs ; les pennes des ailes, d'un noir verdàtre : le reste du plumage est gris, et l'ongle du doigt postérieur très-obtus. Canard a tête couleur de cannf.lf.e ; Anas cary opliillarea ^ Lnthani. Il a cinquante-un centimètres ( 19 pouces) de longueur 58o C A N totale; le bec un peu courbé à sa pointe et de la couleur de la tête, ainsi que la moitié du cou ; les couvertures des ailes, longues et recourbées ; le miroir d'un rouge de rouille ; le reste du plumage d'un brun de chocolat; les pieds bleuâtres, et l'iris rouge. A quelques nuances près , la femelle res- semble au mâle. On rencontre cette espèce dans diverses contrées de rinde, où elle vit presque toujours par paires. Canard a kec rouge; Anas erylhroryncha , Gmel. C'est ;i Latham qu'on doit la connoissance de ce canard du cap de Bonne-Espérance , dont la longueur est de trente-huit centimètres ( 14 pouces ). Le bec est d'un beau rouge foncé et incliné à la pointe ; les parties supérieures sont d'un brun sombre, plus pâle sur l'occiput et sur les bords des plumes du dos; les côtés de la tête, au-dessus de l'œil, et foutes les parties inférieures du corps, blancs; les côtés de la poitrine irrégulièrement tachetés de brun. On voit sur les ailes deux bandes transversales et étroites, dont l'une es! blanche, et l'autre, qui passe au-dessous, de couleur de bu (Ile : la queue et les pieds sont d'un noir terne. Canard de la zone torride; Anas torrida , Linn. Scopoli a trop succinctement décrit ce canard pour le bien déter- miner. Il a la taille et le port du petit morillon : la têle blanche ; le cou noir en dessus et d'un marron clair en dessous. Canard marec ; Anas bahamensis , Linn. Sa grosseur est un peu inférieure à celle du canard sauvage : la tête est d'un gris roussàtre en dessus : le derrière du cou, le dos, le croupion et les plumes scapulaires, sont d'un brun rous- sàtre : les joues, la gorge et le devant du cou, sont blancs: les parties postérieures , d'un gris roussàtre tacheté de noi- râtre ; les couA'^ertures supérieures des ailes , d'un brun obs- cur : le miroir est vert, bordé de jaunâtre et de noir : les pennes primaires sont pareilles aux couvertures; les secon- daires jaunâtres : la queue est grise : les pieds sont couleur de plomb , ainsi que le bec, qui a de plus une tache trian- gulaire orangée. On trouve ce canard aux îles Bahama et au Brésil. Canard maubca ; Anas brasiliensis ^ Linn. Cette espèce a C A N 381 le dessus de la tête , du cou et du corps, d'un brun foncé; cette même couleur domine aussi sur les pennes des ailes , qui sont bordées de blanc, et sur les premières couvertures, où elle prend un ton brillant et jette des reflets verdàtres; les grandes sont d'un vert éclatant et terminées de noir. Une tacite ronde, d'un blanc jaunâtre, se fait remarquer entre le bec et l'œil : la gorge est blanche ; le dessous du corps d'un gris obscur tirant sur le jaune; la queue noire: le bec est de cette dernière couleur, et les pieds sont d'un rouge très-vif. Canard a collier de Terre-Neuve ; Anas histrionica^ Linn. Le mâle de cette jolie espèce, que Buffon a fait fi- gurer dans les pi. enlum., n.° 798, a le dessus de la tête et du cou noirs ; une taclie blanche vers l'oreille et une autre entre le bec et l'œil : une raie, en forme de sourcil, de même couleur, parcourt les côtés de la tête, qui sont d'un bleu pourpré, et prend un ton ronssàtre vers l'occiput: une bande blanche s'étend en longueur sur les côtés du cou j une autre, de même couleur et frangée de noir, traverse la poitrine, et une troisième passe au-dessus de l'origine des ailes : le dos est d'un brun sombre; le croupion et les cou- vertures des ailes sont d'un noir bleu très-foncé. Le gris de fer de la poitrine se rembrunit sur le ventre et se change en roux vif sur les flancs ; les pennes des ailes et de la queue sont brunes; le miroir est d'un bl«-u pourpré, le bec noirâtre ; les pieds sont de couleur de plomb, et les ongles gris. La couleur grise qui est répandue sur le plumage de la femelle, devient noirâtre sur la tête, et blanchâtre sur les parties inférieures. L'île de Terre-Neuve n'est pas la seule contrée où se plaît ce canard ; il s'avance pendant l'hiver dans les Etats-Unis, et se montre aussi quelquefois sur nos côtes. Canard de Géorgie ; Anas géorgien, Linn. Cette espèce a quarante-neuf centimètres ( 18 pouces ) environ de lon- gueur; le bec, un peu courbé en haut, est jaune, et noir à son extrémité; le plumage est en général d'un cendré nuancé de rougeàlre, le miroir vert et bordé de blanc ; les pennes des ailes et de la queue sont noirâtres : les pieds d'un eris vcrdàfre. 532 C A iS^ Les lacs et les rivières de 1 état de Géorgîe en Amérique sont les endroits que fréquente ce canard. Petit canard a grosse tkte; Anas bucpphala, Linn. La tête de ce canacd est tellement garnie de plumes, qu'on lui a donné le nom de tête de buffle ; ces plumes sont longues , effilées et d'un vert brillant à reflets bleus et vit)Iets : les joues, le cou, le dessous du corps, les plumes scapulaires , sont blancs; une bande de même couleur s'étend en lon- gueur sur les ailes, qui sont noires, de même que le dos, le croupion et les couvertures supérieures de la queue , dont les pennes sont grises: les pieds sont rouges, et le bec est couleur de plomb. La femelle est brune, et n'a point la tête aussi garnie de plumes que le mâle. Cette espèce est répandue dans l'Amérique septentrio- nale , depuis la Louisiane jusqu'au Canada. Beau canard huppé: Anas sponsa, Linn.; pi. enlum. de BuIIbn, n."' 980 et 981 , mâle et femelle, sous le nom de beau canard huppé de la Caroline. Une belle aigrette, com- posée de longues plumes blanches , vertes et violettes , couvre le dessus de la tête et tombe en forme de panache sur la nuque et sur le derrière du cou ; une teinte bronzée brille sur le front et les joues ; la mandibule inférieure est entourée de plumes d'un blanc pur ; cette couleur forme une échancrure sous l'œil et passe longitudinalement au-de.ssns ; de petits points blancs sont parsemés sur le beau roux qui couvre le bas du cou et la poitrine; cette der- nière couleur est bordée sur les épaules par un trait blanc, doublé d'un trait noir. Les couvertures des ailes sont d'un brun noir à reflets d'acier bruni : les plumes des flancs par- semées de petites lignes noirâtres sur un fond gris , et ter- minées par un ruban noir et blanc : le dessous du corps e.^t d'un gris blanc de i)erle ; le dos, le croupion et les cou- vertures supérieures de la queue, sont d'un brun éclatant; quelques plumes de ces dernières , longues, effilées, d'un beau roux, se balancent sur les côtés. Les pennes des ailes sont brunes et bordées de blanc en dehors ; la queue est pareille aux ailes , étagée et composée de seize pennes ; l'iris et le bec sont rouges, les pieds orangés, et les mcm- hranes brunes. Sa I(>i7o:ueur est de quarante-neuf centi- C A N 583 mètres ( 18 pouces ). La femelle es( blancliùtre sur la gorge et sur le ventre, Lrune sur le reste du plumage, et elle a le miroir de l'œil bleu et vert; on remarque sur la poi- trine quelques taches triangulaires d'un blanc sale. • Parmi les nombreux palmipèdes qui habitent l'Amérique septentrionale, il n'en e5.t pas qui mérite plus que celui-ci qu'on le naturalise en France ; car à la richesse du plu- mage il Joint une chair très-savoureuse et d'un goût exquis, lorsqu'il ne se nourrit pas dans les marécages. H est sauvage et défiantdans l'état de liberté ; m.ais, pris jeune, il s'habitue aisément à la captivité : il suffit de Itii ôter la faculté de voler ; et l'on pourroit alors en tirer de nouvelles généra- tions qui deviendroient aussi privées que nos canards do- mestiques , ainsi qu'on le fait en Allemagne et en Angleterre. Cette espèce aime à se percher sur les plus grands arbres, d'où lui est venu le nom de canard branchu ; et comme elle ne reste que pendant l'été en Virginie et dans les contrées limitrophes , on l'a appelée canard d'été. Un creux d'arbre est l'endroit dont la femelle fait choix pour couver. Le P. Leclerc dit, dans sa nouvelle relation de la Gaspésie, qu'elle y élève ses petits jusqu'à ce qu'ils soient forts; mais d'au- tres voyageurs assurent qu'aussitôt qu'ils sont éclos ils quittent le nid, comme tous les autres palmipèdes, et sont transportés à l'eau par le père et la mère. Les canetons se posent sur leur dos, s'y cramponnent , en tenant les plumes avec leur bec , et c'est ainsi que tous gagnent , les uns après les autres, leur élément naturel. Canard huppé de la Terre des Érxvs -^ Anas cristata , Linn. Cette espèce a soixante- huit centimètres ( uS pouces) de longueur totale; la gorge et le devant du cou d'un jaune paille , mélangé de taches de couleur de rouille ; le miroir des ailes bleu et blanc; le bec, les ailes et la queue, noiis j le reste du plumage gris ; l'iris rouge. Canard a face blanche : Anas viduata, Linn.; pi. enlum. de Buffon , n.* 808. La tête de cet oiseau est couverte d'un voile noir, bordé, dans sa partie antérieure ,' d'un ruban blanc : ce voile descend sur le devant et le haut du cou, et retombe en arrière. Les ailes et la queue sont noirâtres; le reste du plumage est richement varié d'ondes et de 384 C A i\ festons noirâtres et roux, dont la teinte est plus forte sur le dos, et va jusqu'au rouge de brique sur le bas du cou et la poitrine. On trouve ce canard au Maragnon. Lathani donne, sous le même nom d'anas viduafa , la description d'un autre canard, qu'il regarde comme le type de celui ci-dessus décrit, lequel n'en seioit qu'une variété. Ce palmipède a le bec rouge, les narines jaunes; la tête blanche en devant , noire en arrière ; le dessus du corps brun ; le bas du cou et la poitrifie roux; le ventre rayé de petites lignes transversales et interrompues , noires et grises ; le bec et l'iris noirs ; les pieds bleus, et une taille inférieure à celle du canard siffleur à bec rouge. Il porte, à Carthagène d'Amérique , le nom de vindita. Canard moine; Anas monacha, Linn. A l'exception de la grande tache verte et violette qui pare les ailes de cet oiseau , tout son plumage est varié de noir et de blanc ; on remarque un peu de brun à l'extrémité des pennes de l'aile. Le bec est jaunâtre et sa pointe noire. Sa taille est au-dessus de celle du canard sauvage. Canard FAVVi: Anas fuLva, Linn. Cet oiseau du Mexique aie bec d'un cendré noirâtre, l'œil noir ; la tête, le cou, la poitrine , le ventre , les cuisses et les couvertures infé- rieures de la queue, fauves; le dos, les scapulaires , les couvertures des ailes et le croupion, rayés transversalement de fauve et de brun ; les pennes de cette dernière couleur; la queue noire et blanche; les pieds cendrés. Canard pie; Anas labradora, Linn. Cette espèce, qui habite les terres glacées du Labrador et se porte en troupes nombreuses dans les provinces méridionales des Etats-Unis, est de la grosseur du canard sauvage , et a quarante-neuf cen- timètres ( lu pouces) de longueur totale : une teinte rous- sàtre , coupée par une raie noire sur la tCte , s'étend sur le cou, qui est entouré d'un collier noir; une bande de même couleur est sur la poitrine : le dos, Its ailes et le ventre, sont bruns ; les scapulaires et les pennes moy.ennes cfcs ailes, blanches : le bec est noirâtre et entouré à sa base d'un cercle orangé ; les pieds sont jaunts et les membranes brunes. La fe- melle a les parties supérieures variées de brun , les inférieures de blanchâtre : une taclie blanche sur l'aile , et les pieds noirs. C A N 385 Canard brunâtre; Anas fuscescens , Linn. Cet oiseau de Terre-Neuve, qui a quarante-un centimètres ( i5 pouces en- viron ) dé longueur , a le bec bleuâtre et noir à son extré- mité : un brun très-pâle couvre la tête et le cou; cette même teinte est bordée de jaunâtre sur le dos, le croupion et la poitrine; les ailes sont cendrées, le miroir est bleu et bordé de blanc. Canard jensen : yinas americana, Linn.; pi. enlum. de Buffon , n.° gSô. Cette espèce , qui est répandue en Amérique depuis Caïenne jusqu'à la baie d'Hudsou, a le bec couleur de plomb ; Tonglet noir ; l'occiput et le haut du cou variés de blanc et de noir; une tache de cette couleur derrière l'œil; le devant de la tête d'un blanc jaunâtre; une grande marque blanche sur les pennes des ailes, qui sont brunes, ainsi que celles de la queue, dont les couvertures infé- rieures sont noires : le reste du plumage est d'un ferrugineux pâle, ondulé de noir; les pieds sont noirâtres. Canard varie a calotte noire; Anas jamaicensis , Linn. Ce canard, qu'on trouve à la Jamaïque pendant l'hiver du nord , a le dessus de la tête noir ; le dos , les ailes et la queue, bruns; les joues et la gorge blanches et tachetées de noir; le dessus du cou, dans sa partie inférieure, la poitrine et le ventre, variés de raies transversales d'"uii ferrugineux foncé , inclinant à la couleur de safran ; les parties postérieures et le croupion rayés en travers de noie- ra ti'e , de roux et de blanc sale; le bec très-large, bleu en dessus, orangé en dessous et autour des narines; les pieds de cette dernière couleur. Sa longueur totale est de quarante-un centimètres ( i5 pouces ). Canard succf. ; Anas Jacquini , Linn. Jacquin, dont on a donné le nom à ce canard, dit qu'il porte à S. Dorningue celui de succé , et que c'est un oiseau criard et à voix très- aiguë , qui a le bec et les pieds noirs , le plumage d'un rouge bai et le dos noirâtre. Canard brdn; Anas minuta, Linn. Ce palmipède est d'une grosseur moyenne , entre le garrot et le canard sauvage. Une large mouche blanche se fait remarquer entre le bec et l'œil, et il a une tache de même couleur sur l'aile ; le devant du cou. et la poitrine sont d'un brun rous- 6 fl5 386 C A N sàtre : le ventre est blanc: la tête- le dessus du cou et le manteau, sont d"un brun noirâtre; les grandes pennes des ailes, noires; les secondaires brunes , et plusieurs terminées de blanc ; le bec noirâtre et les pieds brunâtres. On soup- çonne que ce canard est une femelle : Lathain pense que c'est celle du canard à collier de Terre-Neuve , et que l'individu décrit par Gmelin sous le nom d''anas torquata, appartient à la même espèce. Celui-ci ne diffère essentiel- lement du canard brun qu'en ce qu'il a le croupion blanc. On le trouve sur la mer Caspienne. CANARD BRUN DE New-York; Anas obscuru. Cet oiseau a le bec, le sommet de la tête, le cou, les pennes des ailes et de la queue, d'un brun noirâtre; les pieds de même cou- leur, ainsi que les plumes du dessous du corps, qui sont bordées de jaunâtre; le miroir des ailes bleu, traversé de noir ; la queue cunéiforme et bordée de blanc. Sa longueur est d'environ soixante-cinq centimètres (2 pieds). Canard a longue queue de Terre-Neuve: Anas gla- cialis, Lînn. ; pi. enlum. de Bulfon, n.*' 1008. La taille de cet oiseau est un peu inférieure à celle du canard sauvage: la tête , le cou et le dos , sont blancs ; une bande d'un fauve orangé part des yeux et s'étend en longueur sur le cou; le ventre et les plumes scapulaires sont de la couleur de la tête ; le reste du plumage est noir; l'iris et le bec sont rouges ; cette teinte prend un ton noirâtre sur les pieds. La femelle diffère du mâle en ce qu'elle a le sommet rie la tête et les côtés du cou en partie d'un brun noir ; vin collier et le bas-ventre blancs ; le dessus du corps noir et traversé de raies grises ; le bec noir et entouré d'un cercle blanchâtre : enfin sa queue, quoique étagée, est privée des deux longs brins que porte le mâle. On trouve quelquefois ce canard en Angleterre ; mais il ne s'y montre que dans les hivers les plus rigoureux. Il niche à la baie d^Hudson et au Groenland ; sa ponte est de cinq œufs d'un blanc bleuâtre. Son vol est rapide et sinueux ^ il se tient en l'air de manière qu'il présente obliquement tantôt le ventre, tantôt le dos. Canard soucuet du Mexique ; ^nas mexicana , Linn. X-athain fait de cet individu une variété du souchet d'Eu- C A N 38^ rope. La tête et le cou sont verts , à reflets pourpres et noirs ; la poitrine est blanche; le reste du dessous du corps fauve , avec deux taches blanches sur les côtés du bas-ventre vers la queue ; le dessus présente des lunules qui du brun passent au blanc ; le milieu de la plume est d'un vert brillant; les ailes sont d'abord bleues, ensuite blanches, d'un vert écla- tant, et fauves à rextrémité de quelques pennes : la queue est noire en dessus et blanche en dessous ; mais le noir se change en vert doré. Canard de la J!^ovyELLE-ZÉLAn de: Anas novœ Seelandiœ , Linn. Cet oiseau porte à la baie d'Usky le nom de patelc. Sa longueur est de trente-huit centimètres ( 14 pouces ). II a le bec d'un blanc bleuâtre cendré, l'iris couleur d'or. La tête et le cou sont d'un noir changeant en bleu ; cette pre- mière couleur jette des reflets verts sur le dessus du corps et sur les ailes : les parties inférieures sont d'un cendré ]>âle; les pennes primaires d'un cendré foncé; les secon- daires rayées de blanc en travers : la queue est courte et d'un vert sale ; les pieds sont pareils au bec. Canard a bec membraneux de la Nouvelle-Zélande ; Anas malacorynchos , Linn. Cet(e espèce , qui est connue dans son pays natal sous le nom de he-weego , est remarquable par son bec cartilagineux et d'une substance si molle qu'elle ne peut vivre qu'en suçant les vers qu'elle cherche dans la vase. Elle a quarante-six centimètres ( 17 pouces) de lon- gueur totale ; le bec d'un cendré pâle ; l'onglet noir ; le sommet de la tête d'un cendré verdâtre ; une tache blanche en travers des ailes ; un mélange de ferrugineux sur la poi- trine ; le corps d'un cendré bleuâtre tirant sur la couleur de plomb, et les pieds d'un ton plus foncé que le bec. Canard CAROXcuté ; Anas lohata , Shaw , Hist. nat. Miscellan. Ce palmipède de la Nouvelle - Hollande porte au-dessous de la mandibule inférieure une grande mem- brane arrondie et d'une couleur très-sombre , qui part de la. base du bec et pend sur la gorge. Il est de la taille du canard sauvage ; il a le bec grand , courbé à son extrémité , et noir. Cette couleur domine sur presque tout son plumage , et est variée de lignes longitudinales, transversales, vertni- culées , et de très-petites taches blanchâtres , plus ou moins pS6 C A N marquées. Des mouchetures noires sont semées sur le fond blanc sale de la partie antérieure du cou et du ventre : les pennes des ailes et de la queue sont d'un noir terne, et les pieds couleur de plomb. Canard whonci; Anas mernbranacea , Lathaui. Wrongi est le nom que les habitans de la nouvelle Galle du sud ont imposé à ce canard , qui a près de cinquante-un centi- mètres ( 19 pouces ) de longueur totale. Le bec est noir, large et membraneux ; l'iris bleu ; le dessus de la tête et du cou , d'un brun noirâtre, ainsi qu'une large tache autour de l'œil; le dos et les ailes d'un brun ferrugineux; une raie de cette couleur au-dessus des yeux; les côtés, le devant du cou et tout le dessous du corps, d'un blanc sale varié de gris transversalement; le bas -ventre et les couvertures inférieures de la queue , presque noirs. Canard chevelu ; Anas jubata, Lath. Ce bel oiseau est remarquable par le panache composé de plumes longues et eflilées qui flottent sur la nuque et ombragent une partie du cou ; les plumes ont à leur extrémité un point noir ve- louté , qui se détache sur un fond roux sale, leur couleur dominante. La poitrine présente un mélange agréable dr brun roussàtre , de gris argentin et de petites taches noires la tête et le cou sont de couleur de chocolat ; le haut du dos, les plunies seapulaires , les couvertures des ailes, le croupion , le ventre , les couvertures inférieures et les pennes de la queue, noirs et d'un brun cendré ; les côtés de la poitrine et les flancs, gris, variés de petites lignes trans- versales et vermiculées : le miroir est d'un vert bronzé , en- cadré de blanc ; les pieds sont bruns. lia femelle diffère du mâle en ce qu'elle a le bas-ventre blanc, et un miroir plus petit et moins apparent. Latham, qui le premier a décrit ce canard, fait mention d'une variété dont^les teintes sont plus éclatantes, et dont la tête a un ornement plus étendu : cette partie et le cou sont d'un beau roux; les plumes du bas de la poitrine et du milieu du ventre sont terminées par un croissant blanc sur un fond d'un joli gris ; le dos est varié de quatre ou cinq grandes taches noires et de forme irrégulière. Ce palmipède , ainsi que presque tous les canards et toutes (^ A N 389 les sarcelles de l'Amérique, aime à se reposer sur les arbres, et c'est dans les forêts voisines de la rivière de Hawsbury , qui arrose une partie de la nouvelle Galle du sud , qu'il faut le chercher. Canard hv.tv rkeka ; Anas superciliosa , Linn. ha Nouvelle- Zélande est la patrie de ce canard, qui a cinquante-sept centimètres ( 21 pouces) de longueur totale. Ses yeux sont entourés de blanc: la gorge est d'un blanc sale; le miroir de l'aile, d'un vert bleuâtre bordé d'une ligne noire ; le reste du plumage d'un cendré brun ; le bec couleur de plomb, et les pieds d'un cendré obscur. Cet oiseau porte à la baie Charlotte le nom de he-turrera. Cook parle, dans son second voyage, d'un canard de la Nouvelle-Hollande, qui a sur la tête une crête rouge, et dont la taille n'est guère supérieure à celle de la sarcelle. Le dos est d'un noir très-luisant, le ventre d'une couleur de suie foncée , l'iris doré; le bec et les pieds sont couleur de plomb. Cette espèce de la Nouvelle-Hollande n'y est pas iK)mmune ; on ne la trouve que sur la rivière qui est au fond de la baie d'Usky. TROISIÈME SECTION. Sorcelles. Corps petit. Les canards renfermés dans cette section ne diffèrent des précédens qu'en ce qu'ils sont en général de plus petite taille ; ils leur ressemblent d'ailleurs par la conformation , par la grande différence des couleurs entre le mâle et la femelle, et par le genre de vie. C'est un gibier assez estimé, quoique sa (fhair soit sèche et de diSicile digestion. Les Bomains la faisoient multiplier en domesticité; et l'on y réussiroit vraisemblablement de même si l'on se confor- moit d'abord à leur naturel, à leurs habitudes et à leur pé tit. Grande sarcelle : Anas querquedula , Linn. ; pi. enlum. de Buffon 946, et de Lewin 260. Le mâle a le bec noir; le dessus de la tête d'un brun sombre, et sur les côtés une «trie blanche qui se perd vers l'occiput , sur lequel on aperçoit une grande tache blanche : les joues et le dessus du cou sont tachetés de petites lignes longitudinales et oblon- 590 C A N gués : la poitrine est d'un brun clair, marquée de lunules noires ; le ventre blanc : le bas-ventre et les couvertures inférieures de la queue sont variés de brun, sur un fond blanchâtre ; les couvertures des ailes , grises et terminées de blanc; les premières pennes, cendrées et grises vers le milieu sur le bord extérieur ; les autres d'un vert doré , brillant en dehors; les secondaires, d'un gris brun et fran- gées de blanc; les plumes scapulaires, longues et agréable- ment variées de cendré , de blanc et de noir : la queue est noirâtre; les pieds couleur de plomb. Sa longueur totale est de quarante-un centimètres environ ( i5 pouces). La femelle a l'œil traversé par une marque d'un blanc sombre : son plumage est d'un cendré brunâtre , assez sem- blable à celui de la femelle du canard sauvage ; mais les ailes n'ont point de miroir vert. La différence est si grande entre le mâle et la femelle, que des chasseurs appellent celle-ci tiers , racanette , marcanette. Cette sarcelle se montre dans nos contrées à l'automne et au printemps, et se porte plus au nord pour couver; ce- pendant' il en reste quelquefois qui nichent dans les ma- récages. Le mâle fait entendre , à l'époque de la pariade , un cri qui a, dit-on, du rapport avec celui du râle. Les mouches qui voltigent à la surface de l'eau et vers ses bords, les graines des plantes aquatiques , sont leurs principaux alimens dans l'état de liberté, et le millet, trempé dans l'eau , celui qui leur convient en domesticité. Cette espèce se réunit en bandes dans le temps des voyages, mais elle jie garde point d'ordre régulier, comme les canards; elle prend son essor de dessus l'eau et s'envole avec beaucoup de légèreté. Petite sarcelle : Anas crecca , Linn. ; pi. enlum. de Buffon, n.° ç)47; de Nozemann , 76 et 77, mâle et femelle avec le nid et les œufs ; de Lewin 261 , et de Borkausen , Ornith. allem. , mâle et femelle. Cet oiseau, long de trente- huit centimètres ( 14 pouces), a le bec noir; l'iris couleur de noisette ; la tête et la moitié du cou , d'un rouge bai : une bande verte, bordée d'un liséré blanc à sa partie infé- rieure , se fait remarquer vers l'œil, et s'étend jusqu'à la la nuaue : le dessus du cou , le haut du dos et les côtés du C A N 391 corps, sont blanchâtres et rayés en travers de petites lignes noires ; le devant du cou et la poitrine, d'un blanc sombre, «ur lequel on aperçoit des taches noires arrondies : le ventre est blanc; le milieu des couvertures inférieures de la queue, jioir ; les plumes qui recouvrent Taile en dessus sont brunes •• le miroir est vert , bordé obliquement d'un noir de velours, frangé de blanc ; la queue cunéiforme et brune : les pieds sont de cette dernière couleur. La tête et le cou de la femelle présentent un mélange de brun et de blanc sale ; cette dernière partie est brune en dessous et bordée de blanchâtre , de même que la poitrine •et les côtés du corps, dont les parties les plus inférieures sont d'un blanc pur sans aucune apparence de noir : les ailes sont pareilles à celles du mâle ; le bec est olivâtre en dessus et noir en dessous; quelques taches de cette dernière teinte se font remarquer sur la mandibule supérieure. Cette sarcelle, beaucoup plus commune que la précédente, fait sa ponte dans nos contrées : elle établit son nid dans les touffes de joncs les plus élevées ; leurs tiges et leur moelle entrent dans sa construction, et une grande quantité de plumes forment la couche sur laquelle la femelle dépose dix à douze œufs d'un blanc sale varié de petites taches de cou- leur de noisette : ce nid est construit de manière qu'il reste toujours à la surface de l'eau , soit qu'elle hausse , soit qu'elle baisse. Les femelles seules, dit Buffon , ont soin de leurs petits ; les mâles alors se réunissent ensemble par petites bandes, et ne retournent à leur famille qu'à l'automne , pour ne la quitter qu'au printemps suivant. On rencontre ces petites sarcelles sur les étangs, qu'elles ne quittent qji'à l'é- poque des gelées, pendant lesquelles elles fréquentent les rivières et les fontaines chaudes. Souvent elles jettent au printemps un cri qui semble exprimer vouire , vouire. Elles se nourissent de cresson , de cerfeuil sauvage , de graines de roseaux, de petits poissons et d'insectes aquatiques. Leur chair est tendre , savoureuse et meilleure que celle de tous les autres canards. Cette espèce habite aussi l'Amérique , et se trouve même en Chine et en Islande, suivant Latham. Buffon croit que c'est le fei)atzca de Fernandez. ?5^ c A jy Sarcelle d'été : Anas circia , I.inn. ; pi. 9:? et 90 de No- zemann. Selon Latham, cette sarcelle n'est qu'une variété ou la femelle de la précédente. Buffon ne s'est décidé que d'après Kay à en faire une espèce distincte. Moins grosse que la petite sarcelle, elle aie bec noir, les joues et la gori,'e de couleur marron , l'œil entouré de stries blanches, tout le manteau d'un cendré brun avec le bout des plumes blanc sur le dos ; les couvertures des ailes sont cendrées , les pennes et celles de la queue brunes. On remarque sur l'aile une Jjande large d'un doigt, de couleur noire, avec des reflets d'un vert d'émeraude , et bordée de blanc; tout le devant du corps est d'un blanc lavé de jaunâtre, tacheté de noir à la poitrine et au bas-ventre ; les pieds sont bleuâtres et leurs membranes noires. Vers les premiers jours de Mars, on voit arriver ces sar- celles dans les marais voisins de la mer, où elles errent d'abord de tous côtés, et s'apparient peu de temps après leur arrivée. Les grosses touffes de joncs ou d'herbes épaisses , isolées dans les marais, sont le réduit où la femelle se fourre, en écartant les brins qui la gênent : à force de s'y re- tourner, elle construit à terre un nid de dix à treize cen- timètres ( 4 à 5 pouces) de diamètre, dont l'intérieur est garni d'herbes sèches ; l'entrée est cachée par les joncs, qui sont incliilés, et le haut couvert par leur épaisseur. Dix à quatorze œufs, d'un blanc sale et presque aussi gros que ceux d'une jeune poule , sont le produit de la seule ponte qui ait lieu chaque année. L'incubation dure vingt jours, suivant des auteurs, et trente , suivant d'autres. Le père et ïa mère ont également soin des petits, qui sont conduits à l'eau aussitôt après leur naissance. Comme le plumage des jeunes est pareil à celui de la femelle, il est fort difficile de distinguer les sexes, et ce n'est que quelque temps avant la saison des amours que les mâles prennent leurs belles couleurs, qu'ils perdent à la mue pour ne les reprendre qu'au mois de Janvier suivant. Buffon pense que ces obser- vations de feu Bâillon n'appartieniient point à l'espèce qu'on vient de décrire , vu que son nid n'est pas établi de même ; que le inàîe de la sarcelle d'été prend soin des petits dès leur naissance , ce que ne fait pas celui de la petite sarcelle ; C A N 395 et qu'enfin il n'est décoré de ses attributs que dans le temps des amours, tandis qu'on voit souvent ce dernier revêtu de son beau plumage dès le mois de Novembre. Sarcelle de baijval ; Anas formosa , Linn. La Russie, la Sibérie , sont les contrées où se plaît cette sarcelle , qu'a fait connoître Georgi. Sa taille est celle de la sarcelle proprement dite. Elle a le bec noir, ainsi que le dessus de la tête, oîj cette couleur est bordée de blanc sur chaque côté; un crois- sant noir part de l'œil et s'étend jusqu'à la gorge, bordé en dessus par une teinte plus pâle, et en dessous de vert ; lu nuque et les côtés du cou sont ondes ; la gorge est d'un roux pâle , tacheté de noir ; le dos brun ; l'aile bâtarde rayée de ferrugineux, de blanc et de noir, et ondulée à l'extérieur : le miroir noir, marqué obliquement de vert en dessus et bordé d'un rouge couleur de brique ; les couvertures infé- rieures de la queue sont noires, tachetées sur chaque côté de i'errugineux et traversées de bandes blanches ; la queue est brune et a ses pennes intermédiaires blanchâtres; les pieds sont d'un rouge terne et les ongles gris. Sarcelle de Ferp^oè: Anas liyemalis , Var. ,Linn. ; pi. enl. de BuflTon^n." 999. Cette sarcelle, qui porte le nom d'o-eiei dans son pays natal, a tout le plumage d'un gris blanc sur la tcte , sur le devant du cou et les parties inférieures, et tacheté de noirâtre derrière l'œil, sur la gorge et les côtés de la poitrine ; une teinte noirâtre couvre le sinciput , le dessus de la tête et du corps ; le bec est de cette même couleur; les pieds sont brunâtres. Sarcelle Balboul: Anas balbul , Linn. Forskal fait men- tion d'une sarcelle d'Egypte que les Arabes nomment batboul, et qui a le dessus du corps cendré et onde de blanchâtre ; la tête brune ; les tempes couvertes d'une marque verte nuancée de rouge, qui s'allonge sur le derrière du cou et se joint à une tache d'un bleu noirâtre ; le croupion d'un noir verdàtre, frangé de rougeâtre ; le dessous du corps blanc ; une plaque de même couleur sur les ailes ; le bec noir , l'iris brun \ la queue composée de seize pennes trés-étagées , et les pieds cendrés. La tête de la femelle est ondée de cette dernière couleur. Sarcelle gattair; Anas gattair , Linn, Le noTU conservé 594 C A N à cette sarcelle est celui que lui ont imposé les Arabes. La couleur brune qui lui couvre la tête, le dos et la poitrine , borde à l'extérieur les pennes des ailes , qui sont noires et blanches en dessous ; elle prend un ton cendré sur les flanc» , et est remplacée par du noir sur la gorge et le milieu du ventre, et par une teinte blanchâtre sur les couvertures de la queue : une double tache blanche occupe le milieu de l'aile ; des rides se l'ont remarquer sur le bec, qui est de la couleur de la tête-, les pieds sont d'un cendré bleuâtre. Sarcelce d'Egypte; Anas africana, Linn. Ce petit pal- mipède est de la grosseur de la sarcelle proprement dite ; inais son bec est plus large et plus grand. Il a la tête, le cou, la poitrine et le ventre, d'un brun roux; l'estomac blanc; le dessus du corps noir, ainsi que les ailes, à l'ex- ception d'un trait blanc qui perce dans le milieu. La femelle diffère du mâle en ce qu'elle a la tête et la poitrine brunes; cette couleur est mélangée de blanc sur l'estomac. Sarcelle sau-sarai; Anas alexandrina,lÀnn. Cette sarcelle, qui a été décrite par Forskal , et que les Arabes nomment sau-sarai, a le bec et le bas du ventre noirs ; le cou cen- dré et varié de petits croissans blancs ; le ventre blan- châtre ; les pieds d'un cendré jaunâtre, et les membranes brunes. Sarcelle scarchir; Anas arabica, Linn. Le scarchir, (les Arabes nomment ainsi cette sarcelle) a les côtés et le dessous du bec jaunes, le dessus noir; les parties su- périeures d'un gris tacheté; le croupion et les parties infé- rieures blanchâtres et marquées de cendré ; le miroir de l'œil noirâtre , bordé de blanc ; les pieds d'un cendré jau- nâtre , et les membranes brunes. Sarcelle sirsair ; Anas sirsair , Linn. C'est au même voyageur qu'on doit la connoissance de cette sarcelle, dont la li'tt et la queue sont brunes, et les pennes de cette der- nière partie, bordées de blanchâtre; les couvertures infé- rieures ont quelques taches brunes ; la gorge et le ventre sont blancs : le dessus de l'aile est brun ; le miroir d'un vert soyeux, encadré de blanc ; le bec de couleur de plomb: les pieds sont gris , et les membranes brunes. C A N 595 Sarcelle hina; Anas hina , Liiin. ; pi. enlum. de BufFon . ii.°* 8o5 et 806 , le mâle et la femelle ; et pi. 102 d'Edwards . le mâle. Cette sarcelle a le bec mou et d'un gris blanchâtre : la tête et l'origine de la gorge , brunes ; un trait blanc au- dessous de l'œil , une tache verte au-dessus ; le cou et le haut du dos , blancs et tachetés de noir ; le bas du dos et le croupion cendrés ; les plumes de cette dernière partie . bordées de blanc; la poitrine et le ventre pareils au cou. les pieds cendrés. La femelle diffère du mâle par sa tête grisâtre, sa gorge blanche, ainsi que le dessous du corps, qui est de plus ta- cheté de noir ; le dessus est de cette dernière couleur et d'un blanc rougeàtre sur quelques parties. Osbeck , qui le premier a décrit cette sarcelle , dit que les Chinois l'appellent hina-a. Sarcelle de la Chine; Anas galericulata, Linn. Parmi les palmipèdes il Ji'en est point qui puisse êtie comparé à cette belle sarcelle , remarquable par la richesse de ses couleurs et la singularité des deux plumes de l'aile les plus proches du corps de chaque côté , dont les barbes sont très- longues et s'élèvent en forme d'éventail au-dessus du dos: ces plumes sont en dehors de couleur d'acier bruni, et en dedans d'un beau roux orangé , liséré de blanc et de noir : à cette réunion de belles teintes elles joignent une coupe particulière ; leur extrémité est carrée et présente la forme • d'un triangle. Cette étonnante parure est relevée par un magnifique panache, composé de longues plumes eflilées , blanches, purpurines et vertes, qui parent l'occiput, la nuque, et tombent en festons sur le haut du dos; celles des côtés du cou sont étroites , moins longues , d'un marron pourpré , et se dirigent en arrière. Le front estd'un vert foncé ; les joues blanches et d'un roux clair ; le devant du cou et le haut de la poitrine d'un roux vif orangé, accompagné, sur les côtés et au bas de cette dernière partie , de quatre raies transversales d'un noir de velours et d'un blanc de neige. Les parties postérieures sont de cette dernière couleur ; les plumes des flancs d'un gris de noisette, que parcourent des lignes transversales noirâtres et terminées par deux raies. l'une blanche, l'autre noire; le dos, de la même teinte que 39^ C A N îe cou : les grandes couvertures des ailes sont blanches en dehors et noires à l'extrémité; les pennes d'un gris brun, f tangées de gris blanc à l'extérieur : la queue est brunâtre ; le bec rouge, ainsi que les pieds. La femelle , comme celle du beau canard huppé , ne porte que de modestes couleurs : elle a toutes les parties supérieures brunes ; les plumes de l'occiput un peu plus longues que les autres; un trait blanc en arrière de l'oeil, un autre longitudinal sur le devant des joues; la gorge, le ventre et les couvertures du dessous de la queue, d'un beau blanc ; la poitrine brune et variée de larges taches ovales, d'un roux clair sur les côtés; les ailes brunâtres. Elle est privée de ces deux plumes de forme extraordinaire qui , dans le mâle , recouvrent le croupion et s'appliquent l'une contre l'autre. Cette sarcelle, très-recherchée à la Chine , se trouve dans la province de Nankin, son pays natal, d'où on l'a trans- portée dans tout l'empire. Elle est très-commune le long des f.ôtts du Japon , oh elle porte le nom de kinnodsui. Indé- pendamment de ses couleurs éclatantes, qui ont frappé les yeux des Chinois , cet oiseau est pour eux d'un prix d'au- tant plus grand qu'il passe pour le symbole de la fidélité conjugale ; aussi ,1a veille du mariage , la jeune épouse reçoit en présent de ses amies une paire de ces sarcelles , ornée et parée de rubans. 11 seroit à désirer qu'on s'occupât de multiplier en Eu- rope ces beaux oiseaux, qui feroient, pendant l'été, l'orne- ment de nos bassins, comme ils le font en Chine; leur transport seroit facile , et il sufiiroit de leur procurer une chaleur analogue à leur climat dans le temps des amours, et de les mettre à l'abri du froid pendant l'hiver. Sarcelle de Coromandel : ^na5 coromandeliana , Linn.; pi. enlum. de Buffon, n.°' 949 et 960 , le mâle et la femelle. Cette espèce est d'un tiers moins grosse que la petite sar- celle. Le mâle a le bec noir ; le front, les joues, le devant du cou et toutes les parties inférieures, d'un beau blanc; le dessus de la tête d'un noir verdàtre ; le dessus du cou tacheté de cette couleur sur un fond blanc sale ; le dessus du corps d'un brun sombre à reflets foibles , verdàtres : cette C A N 5^7 dernière teinte est foncée sur les plutnes scapulaircs et sur les couvertures des ailes, dont les pennes sont noires et blanches ; celles de la queue sont noirâtres , et les pieds de même teinte. La femelle a la poitrine rayée transversalement de noi- râtre et de roussâtre ; son plumage est généralement moins brillant. Sarcelle de l'isle de Luçon ; Anas manillensis , Linn. On la connoîtdans son pays natal sous le nom de Saloyasir. Sa tête est à peu près la même que celle de la précédente; le dessus , les côtés de la tête et la gorge , sont blancs ; le cou, la poitrine et les petites couvertures de l'aile, d'un brun rougeàtre ; les pennes primaires et celles de la queue, d'un noir ardoisé: le dos et le ventre sont couverts de plu- mes jaunes, terminées de noir; le bec et les pieds noirâtres. Sarcelle de Java. Cet oiseau, représenté pi. enlum. de Buffon , n." gSo, n^'est regardé par Linnaeus que comme une variété de Vanas falcaria. Le dessus de la tête, les joues et la nuque , sont d'un vert doré à reflets cuivreux; la gorge blanche; le cou, la poitrine et le ventre . variés de noir et de gris blanc perlé ; le dessus du corps, les ailes et la queue, brunâtres ; le bec noir, les pieds rougeâtres. Sa taille est celle de la grande sarcelle. Sarcelle de Madagascar: Anasmadagascariensis , Linn. ; pi. enlum. de Buffon, n.° 770. Cette espèce n'est pas plus grosse que notre petite sarcelle; mais elle a la tête et le bec plus petits: une large tache verte est en arrière de l'o- reille; l'occiput et le dessus du cou sont noirs, la face et la gorge blanches ; le devant du cou varié de petites lignes brunes sur un fond roux et blanc ; les parties postérieures, de cette dernière couleur ; le dos et la queue, noirs à reflets d'un vert brillant : le bec est jaunâtre en dessus, noir à l'extrémité et en dessous; l'iris jaune : les pieds sont noi- râtres. La femelle n'a point de taches vertes sur les côtés de la tête ; le dessus de son corps est varié de gris et de brun , le dessous d'un gris blanchâtre. Sarcelle a tête blanche; Anas leucocephala , Lath. Cei oiseau, dont parle le docteur Shaw dans son Voyage en Barbarie, est peu connu, Il a la taille du vanneau; le hea 598 C A N large , épais et bleu ; la tête blanche, et ]e corf s couleur de feu. Sarcelt.e RELIGIEUSE: Anas albeola, Linn. Le mâle, figuré dans les pi. enlum. de BufTon , n.°9/,8 . et dansEdwards, lab. loo, a quarante-trois centimètres ( iG pouces) de lon- gueur; le bec noir en dessus, verdàtre en dessous ; le sommet de la t)?te noir, à reflets verts et pourpres; un collier de même teinte; les joues, l'occiput, le dessus du cou , la poi- trine, le ventre et les plumes scapulaires , d'un beau blanc: cette même couleur perce aussi sur une partie des pennes des ailes; les autres sont variées de grisâtre, de brun et de cendré : le dos est d'un noir de velours : le croupion et les plumes qui recouvrent la queue en dessus, sont d'un gris blanc ; les pennes cendrées , et les pieds orangés. La femelle diffère du mâle par sa taille plus petite , et en ce qu'elle a la tête, le dessus du cou , le dos, les ailes et la queue , bruns ; la poitrine et le ventre d'un blanc sale : cette couleur est pure sur les grandes couvertures des ailes, et forme une tache oblongue sur les côtés de la tête. On trouve cet oiseau dans le nord de l'Amérique, depuis la Louisiane jusqu'à la baie d'Hudson. Les étangs entourés de bois, et les petites rivières qui en parcourent l'intérieur, sont les lieux où il se plaît; et le creux d'un arbre est l'en- droit dont la femelle fait choix pour s'occuper d'une nou- velle génération. Sarcelle brune et blanche; Jlnas minuta, Linn. La ttte , le cou et les pennes des ailes de ce palmipède , sont d'un brun noirâtre : cette couleur s'éclaircit presque jusques au blanc sur les parties inférieures , et elle est rayée trans- versalement de lignes brunes ; deux taches blanches sont sur les côtés de la tête. Sa longueur totale est de trente- deux centimètres ( 12 pouces). Latham assure que cet oiseau est la femelle du canard à collier de Terre-Neuve. Sarcelle de la Caroline ; Anas rustica, Linn. Cet oiseau, dont Catesby a donné une assez mauA^aise figure, pi. 98 , a une tache blanche de chaque côté de la tête, derrière l'œil, et une autre au bas de l'aile; la poitrine et le ventre d'un gris clair ; tout le dessus du corps et les ailes d'un brun foncé. Cette description, qui est celle de la femelle, C A N 399 n"indiqueroit-elle pas que c'est un individu de l'espèce de la précédente ? Le mâle, dit cet auteur , a le plurrtage coupé de blanc comme une pie : des ornithologistes regardent ce mâle comme le même que le petit canard à grosse tête. Sarcelle a tête brune ; Anas carolinensis , Linn. Elle a la tête et la nuque d'un bai foncé ; une large bande verte de l'œil à l'occiput ; une ligne blanche en arrière de l'œil ; le bas du cou et la poitrine tachetés de noir; une lunule blanche sur chaque épaule ; le dos onde de noir et de blanc ; le croupion et les couvertures supérieures de la queue , bruns ; le miroir vert ; les pieds noirâtres. La femelle est d'un brun cendré, tirant au rougeàtre , et tacheté de noir; du reste elle ressemble au mâle. Cette sarcelle habite les mêmes contrées que la précédente. Sarcelle soucrourou ; Anas discors, Linn. On voit dans les pi. enlum. de Buffon , n.° 966, la figure de celle sarcelle , qui a trente-huit centimètres ( 14 pouces ) de lon- gueur : le sommet de la tête, noir ; une bande transversale blanche sur chaque cMé -, l'occiput et la nuque, d'un violet changeant en vert brillant; le iiaut du des et les scapnlaircs à lignes transversales et à zigzags, gris ; le bas du dos, -le croupion, les couvertures du dessus de la queue, bruns; le dessous du corps , tacheté de brun sur un fond roussâtre , le miroir, bleu, blanc et vert; les pennes primaires, d'un brun foncé; les secondaires, vertes du côté extérieur: le bec noir; les pieds jaunes ; les ongles noirâtres. La fenielle est toute brune. Le nom conservé à cette sarcelle est celui qu'elle porle à la Guiane. La sarcelle soucrourelte de BufTbn , représentée dans les pi. enlum., n." 4o3 , sous le nom de sarcelle de Caïenne, que Linna-us donne comme une variété du soucrourou , est regardée par Latham comme sa femelle. Les plumes de la tête, de la poitrine et de tout le dessus du corps , sont d'un brun noirâtre , bordé de gris blanc ; celles des parties in- férieures sont semblables, à l'exception du milieu du ventre , qui est blanchâtre. On voit sur l'œil deux taches, l'une blanche , l'autre verte , séparées par une ligne blanche. Le bec est noirâtre , et les pieds jaunes. n^o C A N Latham av-uit présente, dans son Synopsis, vol. 3, p. 5o4 , la sarcelle wafpis, nommée à la baie d'Hudson wau- pew-ne-way-se-pis ou pied-duck , comme une espèce du genre Canard ; mais il a reconnu, d'après Pennant , dans son se- cond supplément, p. 340, que cet oiseau étoit un harle. Sarcelle du Mexique; Anas novœ Hispaniœ , Linn. Sa taille est celle de la sarcelle proprement dite; son bec est bleuâtre en dessus , noir en dessous ; elle a une tache blanche entre le bec et l'œil; la tête est fauve, variée de noirâtre et de vert bleu très-éclatant ; le cou et le corps sont de cette dernière couleur, avec des taches noires sur la poi- trine : les plumes scapulaires et les couvertures de la queue sont pareilles ; celles des ailes , bleues et terminées de blanc j les plus grandes et les plus proches du corps , blanchâtres ; les premières pennes , noires ; quelques-unes du milieu , vertes à l'extérieur et fauves à l'extrémité ; les autres, blan- ches et variées de noir ; la queue noirâtre et frangée de blanc : les pieds sont d'un rouge clair. La femelle diffère du mâle en ce qu'elle a les plumes de la tète, du dessous du cou, du corps et des couvertures des ailes , noires , bordées de fauve et de blanc ; toutes les parties inférieures, des mêmes couleurs; les pennes des ailes, noires, frangées de blanc ; les intermédiaires, vertes à l'extérieur et noires en dedans ; les pieds cendrés. On prétend que sa ponte n'est composée que de trois grands œufs blancs. Metzcanauhtll est le nom mexicain de cette sar- celle, que l'on trouve aussi à la Guiane. Sarcelle rousse a longue queue ; Anas dominica, Linn. Cet oiseau a le bec d'un brun roux ; la tCte noire ; les plu- mes des parties supérieures, brunes et bordées de roux ; celles des parties inférieures , d'un gris blanc roussâtre , pointillé de brun sombre ; une plaque blanche au milieu de l'aile, dont les pennes sont noirâtres; celles de la queue, noires , longues , roides et terminées en pointe; les pieds bruns. Hernandez désigne le mâle de cette espèce par le nom mexicain de chilcanauhlli , et la femelle par celui de colca- nauhtli. Sarcelle a queue .ériNEusE : Anas sjpinosa, Linn.; pL C A N 4®! enlum. de Buffon , n.° 967. La longueur de cette sarcelle est de trente centimètres ( 11 pouces ). Elle a le bec bleu, lu tête noire et rayée de blanc sur les côtés ; le plumage généralement brun, mélangé d'une nuance plus foncée; la gorge d'un brun pâle .- les pennes des ailes sont de même teinte, avec un peu de blanc sur les couvertures; celles de la queue, pareilles aux ailes, longues, roides et terminées par une pointe aiguë. Cette sarcelle et la précédente ne se- roient-elles pas le mâle et la femelle ? ( Ch. D. ) CANARD. (Econ. rur.) Je traiterai cet article d'après Parmentier, qui a laissé bien peu de choses à désirer sur cet objet (voyez Dictionnaire d'agriculture, Encyclopédie méthodique). L'éducation des oiseaux domestiques est une branche d'économie rurale aussi lucrative qu'agréable. Leuo chair des volailles, leurs œufs , leurs plumes et leur fiente, présentent des avantages incontestables. On doit ranger surtout au nombre de ces oiseaux utiles, le canard devenu domestique. 11 se multiplie avec la plus grande facilité, et il exige peu de soins, même dans son premier âge. Cepen- dant, comme il ne profite que dans les lieux aquatiques, on doit lui préférer, dans les endroits secs et arides, d'autres oiseaux auxquels ces localités conviennent mieux. Cet article comprendra les diflf'érentes espèces de canards, la ponte, la couvaison, l'éducation des canetons, et enfin la nourriture des canards. Des espèces. On ne distingue guères dans les basses-cours que deux espèces de canards, le canard barboteux ou privé, le canard de Barbarie ou musqué ; mais comme tous les ca- nards barbottent, qu'ils viennent originairement d'œufs de canard sauvage, et que tous s'accoutument facilement à la domesticité , il paroitroit plus naturel de distinguer les canards en grande et moyenne espèce. La première se trouve surtout en Normandie, où elle est plus belle que partout ailleurs. Les Anglois viennent souvent en acheter de vivans dans les environs de Rouen : c'est un petit com- merce assez suivi par les capitaines caboteurs. En Picardie et dans beaucoup d'autres provinces, on préfère l'espèce 6 26 no'^ C A N 7iioyenne , plus connue sous le nom de canard barboîeoï, parce qu'en effet il paroît avoir encore plus de disposition à se vautrer dans les lieux bourbeux, dans les ruisseaux, au bord des étangs et des marais, où il trempe son bec pour y trouver sa nourriture. Cette espèce est plus féconde, plus vivace, exige moins de soins, et n'a ])as le défaut de déserter la ferme pendant plusieurs jours de suite, ni de devenir par conséquent la proie des renards, des fouines et autres animaux destructeurs. Les canards dits barboteux ne se mêlent qu'avec ceux de leur espèce : ceux de Bar- barie, en revanche, s'accommodent très -bien des cannes ordinaires, dont il résulte des canards métis, mulets ou bâtards, qui forment toutes les variétés que nous voyons dans les fermes. De la ponte. Les femelles des oiseaux de basse -cour n'ont nullement besoin de l'approche du mâle pour produire des œufs; elle n'est nécessaire que pour féconder ces œuf*; et pour que cette fécondation ait lieu il n'est pas besoin de l'approche du mâle à chaque œuf qu'elles mettent bas. une seule fois peut rendre toute une ponte féconde. Un seul canard suffit à huit à dix canes. Celles-ci, lors- qu'elles ont une nourriture suffisante et sont dans un en- droit .qui leur plaît, commencent leur ponte dès les premiers jours de Mars, et la continuent jusqu'à la fin de Mai. Il faut les veiller de près -. car elles déposent leurs œufs partout où elles se trouvent, dans les lieux les plus ombragés 1 les plus écarté.*, quelquefois dans l'eau; souvent iiiême, après les avoir dérobés à l'œil vigilant de la mé- nagère, elles les couvent furtivement, et auiènent un beau jour à la ferme leur naissante famille, pour demander à manger, sans qu'on en ait aucun soin, aucun embarras. 11 est prudent, à l'approche du printemps, de leur donner à manger trois o\\ quatre fois le jour, mais peu à la fois, et toujours dans les lieux où l'on désire qu'elles pondent, en disposant leurs nids comme il convient, et en mettant les œufs à l'abri des canards, qui, s'ils les irouvoient, ne manqi'.croient point de les manger. Jauuiis elies n'aban- donnent les nids où elles ont produit une seule fois. C A N 4o5 Une cane pourroit pondre de suite cinquanle à soixante œufs. Ils sont aussi nourrissans que ceux de la poule commune; ils ont seulement un peu plus de grosseur, et la coquille paroît plus lisse, moins épaisse et d'une couleur bleuâtre. Le jaune est gros et assez foncé .- cuit à la coque, le blanc ne devient pas laiteux; il acquiert une consis- tance de colle, une couleur d'un blanc pâle» et un goût un peu sauvagin. Bouillis ou en omelette, ils sont fort délicats. En Picardie , les paysannes recherchent ces œufs pour faire leurs gâteaux, parce qu'ils donnent au meilleur goût, une plus belle couleur, et n'exigent point autant de beurre. J'ai aussi remarqué, dit Parmentier, que quelques jaunes d'œufs de cane, ajoutés aux omelettes , les readoient plus délicates. De la couvaison. La cane n'est pas naturellement disposée à couver. Pour l'y inviter, on laisse ordinairement, vers la lin de la ponte, deux autres œufs dans chaque nid ; on a soin d'enlever tous les malins les plus anciens, afin qu'ils ne soient pas gâtés. On lui en donne depuis huit jusqu'à douze, selon qu'elle est plus en état de les embrasser. On doit s'abs- tenir de les asperger d'eau froide, comme quelques auteurs le conseillent assez mai à propos ; car cette précaution est au moins superflue, si elle n'est pas nuisible. Pour bien, faire, il faut, autant que l'on peut, que ce soient toujours ses propres œufs, ou du moins qu'ils dominent dans le nombre; car elle ne couve les œufs d'une autre cane qu'avec peine, et par complaisance pour les siens. Le seul temps où la cane demande quelques soins , c'est lorsqu'elle couve ; alors , comme elle ne peut aller chercher sa pâture, il faut avoir l'attention de la mettre devant elle; mais aussi, quelle qu'en soit la quantité , elle s'en contente.^ on a même remarqué que, trop bien nourrie, elle couve mal. La couvaison dure un mois, et les premières couvées sont ordinairement les meilleures, parce que les chaleurs de l'été contribuent beaucoup à leur développement; le froid empêche toujours les dernière.» couvées de Se fof" tifier. 4o4 C A N II y a quelques inconvéniens attachés à la couvaison par les canes. Par exemple , il arrive souvent qu'elles laissent refroidir les œufs qu'elles couvent ; elles ne peu- vent en couver que huit à dix ; elles conduisent leurs petits trop vite à l'eau, où il en périt beaucoup si le temps est froid. Toutes ces raisons déterminent ordinairement les fermiers à faire couver les œufs de cane par des poules ou par des poules-d'Inde , plus douces et plus assidues que les canes. Ces mères empruntées affectionnent très -bien leurs petits, dont la surveillance exige une certaine atten- tion, parce que, ne pouvant être accompagnés dans les endroits aquatiques , pour lesquels ils montrent dès en naissant la plus grande propension, ils suivent la poule sur terre, et s'endurcissent un peu, avant de s'exposer à l'eau sans aucun guide. L'art de faire éclore artificiellement les poulets peut être appliqué aux canards. Quelques Anglois ont cherché à perfectionner cette méthode : leur procédé consiste à entretenir un petit nombre de vieilles canes, et à donner les œufs à couver à une poule pendant huit à dix jours seulement; après quoi ils les enterrent dans du fumier de cheval, ayant soin de les retourner sens dessus dessous, de douze en douze heures, jusqu'à ce qu'ils soient éclos. Cette méthode ne laisse aucun doute sur sa réussite, d'au- tant plus que les canetons peuvent se passer de mère aussitôt qu'ils sont nés ; mais on sent que ses avantages dépendent des localités et de la facilité plus ou moins grande qu'on a de se procurer des œufs de cane. Lorsque l'on peut se procurer des œufs de cane sau- vage , il est facile de les faire éclore en les confiant à une cane domestique, ou mieux à une poule. On trouve les nids dans les joncs, dans les bruyères qui avoisinent les pièces d'eau fréquentées par ces oiseaux. Rien ensuite n'est plus facile à apprivoiser que les petits qui en pro- viennent ; ils s'accoutument à la domesticité au milieu des autres canetons privés, dès qu'on a eu soin de leur couper la partie extérieure d'une des deux ailes : sans cette précaution, ils s'envoleroient avec les canards sau- vages qui séjournent habituellement dans certains can- C A N 4o5 ions, ou qui y passent par troupes à une époque fixe de l'année. C'est une erreur que de croire que la cane refuse de couver ses œufs, lorsqu'elle a été elle-même couvée par une mère d'emprunt. L'instinct de la nature triomphe de tout. Jamais, dit Parmentier, je n'ai aperçu aucune ré- pugnance à l'incubation des canes, quoique couvées origi- nairement par des gallines ou par des poules d'Inde. Des canetons. Ils sont trente-un jours à éclore , soit qu'on laisse à la cane le soin de couver ses œufs , soit qu'on les ait confiés à la poule ou à la poule -d'Inde. On doit avoir pour les canetons les mêmes soins que pour les poussins et les dindonneaux ; mais ils peuvent, comme on l'a dit , se passer de mère aussitôt qu'ils sont nés. Leur meilleure nourriture, dans les premiers jours, est du pain émietté , imbibé de lait, d'eau, d'un peu de vin ou de cidre. Quelques jours après, on leur prépare une pâte faite avec une pincée de feuilles d'orties tendres , cuites , hachées bien menu , et d'un tiers de farine de blé de Turquie, de sarrazin ou d'orge; on y ajoute les œufs de rebut préalablement cuits. Dés qu'ils ont acquis un peu de force, on leur jette beaucoup d'herbes potagères, crues et hachées, mêlées avec un peu de son détrempé dans l'eau ; l'orge , le gland , les pommes de terre cuites, de petits poissons, quand on en trouve, conviennent également à ces oiseaux, qui se jettent sur les différentes substances qu'ils rencontrent, et montrent, dés leur plus tendre enfance, une voracité qu'ils conservent toute leur vie. Les canetons ont besoin d'être fortifiés avant que d'aller à l'eau. Pour cela il faut les tenir enfermés sous une cage à poussins pendant huit ou dix jours; ce qui est facile, surtout quand ils ont été couvés par une poule ou une poule-d'Inde. On a soin d'y tenir un peu d'eau. Après ce temps -là on peut les mettre en liberté. Leur penchant naturel les entraîne bientôt vers l'eau : ils s'y plongent, et les poules, ne pouvant les suivre, témoignent par des cris et des gémissemens leur inquiétude et leur alarme 4»6 C A IV sur leur famille adoptive. On doit prendre encore quelques précautions avant de laisser aller les canetons avec les vieux canards, dans la crainte que ceux-ci ne les mal- traitent. 11 faut leur donner à manger comme aux autres volailles, toujours dans le même endroit et aux mêmes heures, afin qu'ils s'y trouvent régulièrement et ne s'écar- tent point; il est nécessaire aussi de les accoutumer à re- venir le soir, de les tenir enfermés sous les toits qui leur sont destinés, et de placer ces toits, autant que le local le permet, à portée de la mare ou de toule autre pièce d'eau de la basse-cour. Nourriture des canards. Les canards sont extrêmement faciles à nourrir, et l'on peut les abandonner une partie de Tannée à eux-mêmes: les criblures et balayures des greniers, les racines, les fruits, tout leur est propre , pourvu que ce qu'on leur donne soit un peu humide; il arrive même que, quand ils sont à portée de l'eau, ils y trempent leurs alimens pour les humecter. Aussi se plaisent-ils dans les pâturages humides , qu'il seroit aisément possible de couvrir des plantes que ces oiseaux recherchent et aiment le plus. La grande et belle espèce ne réussit si bien dans les environs de Rouen, sur les bords de la Seine, que par la faculté qu'on a de les nourrir avec des vers de terre qu'on prend dans les prairies, et dont on leur distribue trois fois par jour vne portion dans les toits où on les enferme séparément ; c'est ce qui forme ces canetons hâtifs, grands, gras, blancs, qu'on voit dès le commencement de Juin dans les marchés. Les canards sont si gloutons qu'ils se mettent souvent en besogne pour avaler un poisson ou une grenouille entière, qui les échauffent souvent, s'ils ne les rejettent pas sur-le- champ. Les limaces, les araignées, les crapauds, les tri- pailles, l<^s insectes, conviennent à leur appétit carnacier: aussi sont- ils les oiseaux de la basse-cour qui pourroient rendre le plus de services dans uji jardin, en détruisant une foule d'insectes qui y fout ordinairement un tort jrréparjible , si leur voracité n'exposoit pas à d'autres in- C'jîivéniens capables de bair.îîctr cet avant;ige. C A N 407 îl faut avoir grand soin de leur interdire l'entrée de toutes les rivières et des viviers où l'on élève du poisson, sans quoi le fretin devient bientôt leur proie: ils sont dans le cas de dépeupler en peu de temps un étang poissonneux. Il faut aussi prendre garde que les eaux où les canards ont la liberté d'aller, ne contiennent pas de sangsues, qui occasionnent la perte des canetons en s'attachant à leurs pattes. On parvient à détruire ces sangsues au moyen de tanches et autres poissons qui en font leur pâture. La cane aime les plumes au point que, si l'on n'y prend garde, elle en enlève des paquets aux poules. J'ai vu de ces poules, dit Parmentier, dont le croupion étoit dé- plumé par ce manège ; il faut avoir soin d'empêcher qu'elle n'en approche. Quoique le canard chérisse sa liberté au-dessus de tout autre bien, et qu'on ait remarqué qu'il pouvoit aisément s'engraisser sans être renfermé, l'expérience a cependant prouvé qu'on y parvient plus tôt en le mettant sous une mue ou cage à poulets, et en lui administrant une quantité sufiisante de graines ou de son gras, et un peu d'eau pour mouiller son bec. En Angleterre, on engraisse les canards avec de la drêche moulue et pétrie avec du lait ou de l'eau. Dans la basse Normandie, où l'on eu fait commerce, parce que le terrain y est très-frais , on prépare une pâte avec de la farine de sarrazin , et ou en forme des gobbes avec lesquelles on les remplit trois fois par jour, pendant huit à dix jours; après quoi ils sont bons à vendre. C'est à peu près depuis le mois de Novembre jusqu'en Mars qu'on les apporte à Paris, plumés et effilés, pour les mieux conserver. Le canard est un excellent manger ; mais il faut qu'il soit jeune et plutôt étouffe que saigné : ceux qui en élèvent pour les vendre, sont forcés de les saigner pour les exposer au marché, parce qu'ayant la peau rouge, on croiroit qu'ils sont morts naturellement. Au reste, les œufs, la chair, les plumes et la fiente des canards, sont un assez bon revenu de la basse-cour pour fixer l'attention des fermiers dans les cantons où les prai- xies et l'humidité du sol peuvent favoriser l'éducation 4o8 e A N de ces oiseaux, et devenir une branche essentielle d'in- dustrie agricole pour leurs habitans. (T.) CANARD DE PRÉ DE FRANCE. (Ornith.) On donne ce nom à la petite outarde, otis Letrax , L. (Ch. D.) CANARDEAU. ( Ornith. ) C'est un des noms que l'on donne aux jeunes des canards sauvages, appelés aussi al- brands ou hallebrands. (Ch.D.) CANARDIERE. ( Chasse) Ce terme désigne un grand fusil avec lequel on peut tirer les canards sauvages à cent cin- quante pas , et un lieu couvert et préparé dans un étang ou un marais, pour prendre ces oiseaux. (Ch.D.) CANARI {Bot. ) , Canarium. Plusieurs arbres de l'Inde per- lent ce nom dans l'Herb. Amboinense de Rumphius. Linnaeus ne fait mention que du canarium vulgare , Rumph. vol. 2 , p. 145, t. 47. C'est sur cette espèce qu'il a établi son genre. Selon lui les fleurs sont dioïques , mâles sur un pied , et femelles sur un autre. Elles _ont un calice divisé profondé- ment en deux parties, et trois pétales qui ressemblent à trois autres divisions du calice. Dans les mâles on trouve cinq anthères presque sessiles. L'ovaire des femelles est libre, surmonté d'un style très -court et d'un stigmate renflé à trois petits lobes. 11 devient un brou sec, ovoïde, terminé par une pointe, entouré à sa base par une espèce de cupule crénelée , qui est peut-être le calice subsistant, ou mieux un disque d'abord peu apparent , puis augmenté de volume. Ce brou contient un noyau osseux , allongé, à trois pans et à trois loges, remplies chacune de deux graines, dont une seule loge et une seule graine subsistent pour l'ordi- ngire. L'embryon , dénué de périsperme , a une radicule dirigée supérieurement : ses deux lobes, assez grands, sont subdivisés chacun en trois, repliés irrégulièrement. Cet arbre a les feuilles alternes et pennées avec impaire , composées de trois ou quatre rangs de folioles ; les fleurs sont dis- posées en panicule terminale. Il est facile de reconnoître, d'après l'énoncé de ces caractères, que ce genre appartient à la famille des térébintacées , et doit être placé près de l'am^ris et de l'iciquier. De Pécorce de Parbre vieux suinte une liqueur balsamique, en petite quantité, qui s'épaissit en résine d'une odeur assez forte et de peu d'usage. On. C A N 409 tire un meilleur parti des graines, que l'on mange comme des amandes , lorsqu'elles sont parfaitement sèches; car lors- qu'elles sont fraîches, elles donnent la dyssenterie, à moins qu'on ne les assaisonne avec du sel. On en retire une huile par expression , employée, soit pour préparer certains ali- mens, soit pour brûler dans les lampes. On fait encore avec ces graines pilées,et mêlées tantôt avec du sagou, tan- tôt avec du riz et du sucre, enveloppées ensuite dans des feuilles et cuites au four, de petits pains de forme allongée, et d'une saveur agréable pour les naturels du pays, qui en font leurs délices. Ils ne plaisent pas autant aux Européens, qui leur trouvent un goût rance et huileux, surtout aux premiers. A la suite de cette espèce, Rumphius en cite plusieurs autres qui ont les mêmes caractères et offrent de légères différences dans la forme plus ou moins allongée des fruits, dans la hauteur des tiges et les dimensions des feuilles. Les espèces qu'il a figurées depuis la planche 48 jusqu'à la planche 56, sous les noms de canarium , dammara et nana- rium, paroissent appartenir toutes au même genre ou à des genres très- voisins. Gsertner , qui cite sous le nom de canarium melienbetene 1,'espèce décrite par Linnaeus, en rappelle deux autres de Rumphius , qu'il nomme canarium silvestre et canarium decumanum, auxquelles il rapporte les t. 49 et 55 de cet auteur. Il décrit ensuite, sous le nom générique de dammara, l'espèce figurée dans la t. 52, qui a, selon lui, un calice à cinq divisions aiguës, et une baie à deux loges , remplies chacune de deux ou d'un seul osselet monosperme. Ce caractère, qui distingue le dammara au canarium , paroît le rapprocher de I'Hedwigia et du Gojiart et de I'Iciquier. Voyez ces mots et celui de Bois de colophane. Loureiro , dans sa Flore de la Cochinchine , a reproduit, sous le nom de pimela, quelques canarium de Rumphius, en donnant un autre caractère générique. Il décrit dans son genre des fleurs hermaphrodites qui ont un calice tubulé à trois divisions, trois pétales entourant un nectaire charnu •t marqué de six crénelures (qui est probablement un 4IO CAN disque placé sous Tovaire ) : il compte six étamines dont les filets sont réunis à leur base. L'ovaire, enfoncé dans le nec- taire, est surmonté d'un stigmate fourchu, et il devient un brou ovoïde, charnu, contenant un seul noyau à deux loges. Les diverses espèces de ce genre sont de même des arbres à feuilles pennées avec impaire , à Heurs disposées en grappes axillaires ou terminales. Il ne sera pas dilïicile d'allier ce caractère du pimela avec celui du canarium , puisqu'ils ne diffèrent que par l'addition d'une division de calice et d'une étamine, par le retranchement d'une loge du fruit, et par la réunion des deux organes sexuels dans la même fleur. Cette réunion étant naturelle et ordinaire dans les térébintacées , on doit d'abord supposer que la séparation qui a lieu dans le canarium, n'est que le résultat d'un avortement, et que la même cause a retranché une loge dans le fruit du pimela; ce qui est confirmé, parce que le nombre des loges varie d'une à trois dans les diverses espèces désignées de ce genre. Les autres différences sont peu importantes. L'on peut même encore supposer que les filets d'étamines sont égale- ment réunis dans les deux genres, et que la cupule sub- sistante sous le fruit du canarium, est un reste de cette gaine d'étamines probablement identique avec le disque observé dans le pimela. Loureiro cite trois espèces de ce dernier genre, savoir, 1." le pimela nigra, à grappes simples et latérales, et à feuilles lisses, qui paroît être le même que le canarium silvestre de Gasrtner, et auquel il rapporte également la table 49 de Rumphius ; 2.° le pimela alba , dont les feuilles sont chargées de quelques aspérités et les grappes de fleurs réunies plusieurs aux extrémités des tiges ; 5.° le pimela oleosa , que Rumphius a figuré dans sa table 64 sous le nom de nanarium, qui a les feuilles lisses, et les fleurs portées plusieurs ensemble sur des pédoncules latéraux. On mange les brous des deux premiers, lorsqu'ils ont été lessivés, comme des olives, et on en rejette les amandes. L'écorce du dernier fournit une huile visqueuse, odorante, qui est regardée comme vulnéraire et résolutive. On la mêle au.ssi dans une poix cniplujée avec succès dans l'Inde pour C A N '411 boucher hs fentes dts navires , parce qu'elle acquiert promptement une grande dureté. Voyez Camacoan. (J.) CANARI. (Ornith.) On appelle souvent ainsi, par abré- viation, le serin des Canaries, fringilla canaria,L., et l'on désigne aussi, par le nom de canari sauvage, la mésange penduline , parai narhoncnsis, L. (Ch.D. ) CANARI -LAUT [Bot.), un des noms malais du bada- mier, terminalia catappa, dérivé de la ressemblance de son fruit avec celui du canari ,canarium. La même ressemblance a fait donner à une espèce de cocotier, ou calappa, le nom de canari. (J.) CANARI-MACAQUE. (Bot.) Les habitans de la Guianc donnent ce nom et celui de marmite de singe, au fruit du grand quatelé, lecjtlnis zabucaio , qui a la forme d'une mar- mite ou d'un grand vase nommé canari dans le pays, et dont les amandes servent de nourriture à diverses espèces de singes, surtout aux macaques. (J.) CANARINE CAU?ANl]LÉE (Bot.), Cannrinacampanulata, Linn. ; Pluken. tab. 276, fig. 1. Cette belle plante forme seule un genre particulier, de la famille des campanulacées, très- voisin de la campanule. Son caractère essentiel con- siste dans un calice à six découpures lancéolées ; une corolle campanulée à six divisions; sixétamines, dont les filamens , portés sur des écailles, soutiennent des anthères pendantes; un style; un stigmate tomenteux, en masse, partagé en six découpures; une capsule à six angles, divi- sée en six loges , contenant des semences nombreuses et fort petites. Ses racines sont épaisses, fusiformes , tubéreuses; elles produisent une tige droite, haute de trois à quatre pieds, rameuse, lisse, herbacée, un peu foiblc, garnie de feuilles pétiolée&, opposées ou ternées , hastées , glabres, inégale- ment dentées. Les fleurs sont rougeàtres ou un peu orangées, grandes, solitaires, pendantes, situées dans la bifurcation des rameaux supérieurs. Elle croît naturellement aux îles Canaries, et se cultive dans plusieurs jardins comme fleur •d'ornement. ( Poir. ) CANA-VALAI. (Bot.) Dans un Catalogue des Plantes des eavircns de Pondichéry , communiqué à Comrnerson , 4ia C A N une comméline est désignée sous ce nom. Voyez Cannabaré, Cannon-pouka. ( J. ) CANAVALI (Bot.) , nom brame d'une plante légumineuse, qui est le calu - tsjandi, Hort. Malab. vol, 8, p. 83, t. 43 , et que Vahl , dans ses Sjmbolœ , nomme dolichos rotundifolius. Adanson fait de cette plante, sous le même nom de canavali, un genre particulier, qu'il caractérise par une gousse plate, lisse , renfermant, dans sept ou huit loges , autant de graines ovoïdes, et il y joint le dalavallu {bara-mareca , H. iMal. 8, t. /^/^ ) ou dolichos ensiformis , et le rana-vallu { catu-bara- mareca, t. 45), autre espèce de dolic. Ce genre n'a pas été adopté par les autres botanistes : mais Aubert du Petit- Thouars, qui a observé ces plantes sur les lieux, croit qu'il mérite d'être conservé. Voyez Cacara, Doi.ic. (J. ) CANCAMUM ( Bot. ) , espèce de gomme résine d'Amérique , mentionnée par Pomet et Lemery dans leurs Traités des drogues. Ils la regardent comme un assemblage de plusieurs gommes ou résines agglutinées ensemble, et croient y recon- noître quatre substances de nature et couleur différentes. La première, semblable au succin, se liquéfie au feu, et a l'odeur de lacque. La seconde est noire, se fond de même, et a une odeur plus douce. La troisième, semblable à de la corne 5 est sans odeur, ainsi que la quatrième, qui est, selon Pomet, la gomme animée, selon Lemery, la gomme chibou ou gomme du raisinier d'Amérique. Ce mélange est employé comme vulnéraire pour déterger et consolider les plaies; mais on en fait peu d'usage en Europe, où il n'est presque pas connu. (J. ) CANCELLAIRE {Bot.), Cicclidotus , Prod. d'^theog. , genre de plante de la famille des mousses, troisième sec- tion (les Entopognes), vingt-cinquième genre. Ses carac- tères sont: coiffe campaniforme , opercule conique, aigu, presque mamillaire ; un seul péristome interne, dont les cils sont tournés en spirale, réunis en plusieurs paquets inégaux et réticulés. On ne connoît qu'une seule espèce de ce nouveau genre. Les botanistes Pont confondue dans un autre genre. C'est le fontinalis minor de Linnœus, et la ciliaire aquatique d'Hedwig et de liridcl. Ses tiges sont rameuses ; ses fleurs C A N 4i3 ovales, ayant un tube très - court et enveloppé dans des folioles périchétiales, qui débordent l'urne dans sa jeunesse. Ses feuilles sont ovales, luisantes, transparentes et d'un vert noir, comme presque toutes les mousses aquatiques. Elle croît dans les eaux vives et courantes. Je l'ai trouvée à la machine de Marly. Il ne faut pas la confondre avec la vraie ciliaire aquatique, qui naît dans les mêmes lieux. Cette dernière se distingue par son péristome, qui est ex- terne, dont les dents filiformes et presque soyeuses sont fendues jusqu'à la base, et non réticulées; de plus l'urne de cette dernière est privée de périchèse. ( P. B. ) CANCELLAIRE. {Moll ) Lamarck a fait, sous ce nom, un genre de coquille univalve , spirivalve , dont voici les caractères .- elle est ovale ou sub-turriculée , à bord droit, sillonné intérieurement. La base de l'ouverture est presque entière et un peu en canal. La colunielle a quelques plis comprimés ou tranchans. Les espèces qui entrent dans ce genre, sont, entre autres , la uo/ufo. corace/Za/a , Linn. , qu'A- danson nomme biset dans son ouvrage sur les coquillages du Sénégal , et qui s'y trouve figurée , pi. 8, f. 16 ; la voluta reticulata ; la voluta nassa , Gmel. , etc. Lamarck annonce (Annales du Muséum, vol. Il, p. 62) qu'il connoît déjà plus de quinze espèces qui doivent porter ce nom. Elles sont toutes marines: aucune n'est lisse, mais toutes ont des stries, des cannelures ou des côtes plus ou moins saillantes. L'absence d'un renflement particulier, à la partie interne du bord droit de leur ouverture, les dis- tingue des ombelles, avec lesquelles elles ont le plus grand rapport. Elles diffèrent des nasses et des pourpres, avec les- quelles on pourroit les confondre également, par les plis comprimés et tranchans de leur columelle. Le même auteur décrit, dans l'ouvrage cité , plusieurs espèces de cancellaires fossiles. Voyez Volute. (Duv. ) CANCELLAIRE. ( Foss. ) Je possède sept espèces de can- cellaires fossiles, dont trois se trouvent à Grignon près Versailles, et à Parnes près Gisors. La plus grande a deux centimètres ( 9 lignes) de longueur , et est d'une forme globuleuse. Une autre, qui n'a qu'environ un centimètre (3 à 4 lignes) de longueur, lui ressemble pour la forme^. 4H C A iS' mais la Iroisitine , qui a un cciitiuiélrc (6 lignes) fie longueur, est d'une forme beaucoup plus cQilée, et ressemble parfaitement à une coquille non fossile que je possède. Elle n'en diffère que par quelques petits plis qui se trou- vent sur la colunielle de la coquille fossile, et qu'on ne voit pas sur celle qui ne l'est pas. On trouve assez communément une belle espèce de ce genre à Lungnac , près Bordeaux. Une autre, qui a beaucoup de rapport avec cette dernière, se rencontre dans le Piémont. Enfin , une belle espèce qui a cinq centimètres ( 2 pouces ) de longueur, et qui est garnie de côtes longitudinales, étroites, avec une pointe sur le milieu de chaque tour, se trouve dans la vallée d'Audone, dans le Piémont et aux environs de Florence : elle est représentée dans l'ouvrage de Knorr, vol. II, PI. C. IV. (D. F.) CANCER {Entoin.), nom latin des crabes: on l'a quel- quefois employé en françois. Voyez Crabe. (C. D. ) CANCEKILLE ( J5o^ ), nom vulgaire , dans quelques pays, d'une espèce de thymelée ou lauréole, dapline mezercuni. (J.) CANCHALAGUÀ. (Bol.) Voyez Cachf.n - laguen. (J.) CANCHE (Bot.), Aira, genre de plantes de la famille des graminées , qui offre pour caractère générique un calice à deux valves, renfermant deux fleurs; trois étamines, deux styles. Les fleurs sont petites, disposées en panicule lâche ou serrée, tantôt munies de barhes , tantôt mutiques. Les feuilles, dans la plupart des espèces , sont fines, capil- laires ; les tiges foibles et grêles. Les espèces renfermées dans ce genre fournissent les meilleurs foins. Les principales sont : 1. Canchf. hn gazon : Aira cœspitosa , Linn. ; Moris. Hist. 3 , s. 8 , t. 5 , f. 17. Cest une belle espèce, qui s'élève à près d'un mètre (5 pieds), et se fait renuirquer dans les prés un peu humides, par une panicule ample, lâche, longue d'environ deux décimètres ( 8 pouces ) , composée de rameaux capillaires, en demi- verticilles , et munies de fleurs luisan- tes, d'un vert argenté , souvent un peu violettes. Les feuilles sont longues, assez larges, à stries profondes, rudes au toucher. C'est an excellent pâturage pour ions les bestiaux CAN /iiS 2. Canche fn Épi : Aira sulfpicala ; Scheuchz. gram. 221, Prodr. 24, t. 6. Cette espèce croît dans les montagnes de la Suisse et de laLaponle. Klle s'élève peu. Sa tige est velue vers son sommet; ses feuilles niolles , glabres ; sa panicule resserrée en épi; ses épillets assez gros, d'un pourpre violet; ses fleurs munies d'une barbe torse et dorsale. 5. Canche flexv kv se : Aira fle.Tuosa, Moris.Hist. 5, s. 8, t. 7 , f . 9. Ses tiges sont grêles ; ses feuilles menues , sétacées , junciformes ; ses pédoncules tlexueux ; sa panicule étalée, et ses fleurs luisantes , argentées, brunes à leur base, munies d'une barbe coudée. Elle croit dans les lieux secs et mon- tueux; c'est un bon pâturage. La canche des montagnes , aira montana, L., est très -voisine de cette espèce. Sa panicule est plus resserrée. /). Canche j^lat^ quatre: Aira canescen.': ,L,inn. -. Moris. Hist- 3 , s. 8 , t. 5 , f. i5. Cette espèce, quoique peu élevée, a un aspect fort agréable. Elle a les racines fibreuses, blanchâtres,- les tiges menues , disposées en gazon; les feuilles glauques , sétacées , la supérieure presque en forme de spathe ; la barbe courte, épaissie supérieurement; la panicule serrée; les fleurs argentées et purpurines. Elle croît dans les lieux sablonneux : elle est agréable aux bestiaux. 5. Canche vkv.cock: Aira prœcox, Linn. ; FI. Dan. t. 583 ; espèce plus petite que la précédente, dont la panicule est courte, presque en épi, d'un vert blanchâtre. On la trouve dans les lieux humides et sablonneux. 6. Canche œilieïée : Aira carj'opnjllœa, Linn.; Moris Hist. 3, s. 8 , t. 5, f. 11. Ses tiges sont très -fines; ses feuilles sétacées ; la panicule composée de ramifications divergentes, très-étaléos ; les fleurs distantes, vertes ou rougeàtres. Elle croît dans les lieux secs, sur le bord des bois. 7. Canche ac^iuatique -.Aira aquatica, Linn.; Vaill. Par. t. 17, f. 7. Cette plante, commune dans tous les fossés aquatiques, a sa racine rampante, articulée; ses feuilles glabres et larges ; une panicule ouverte , verticillée par étages , composée de fleurs glabres , plus longues que le calice, et dépourvues de barbes. Les troupeaux la recherchent. Il existe encore plusieurs autres espèces de canches. 4i6 CAN Desfontaines en a décrit une nouvelle, recueillie en Afrique. M. Bosc en a rapporté de la Caroline, qui ne sont pas en- core connues. Voyez Camfé, Cano-cano. (Poir. ) CANCOINE (Ornith.), nom vulgaire de la grive litorne, turdus pilaris , L. ( Ch. D. ) CANtliONG, Sajor- CANCONC (Bot.), nom malais d'un liseron, cenvoLvulus reptans, que l'on mange dans l'Inde en guise d'épinards. C'est le olus vagum de Rumphius, vol. 5, p. 419, t. i55,f. 1. Voyez Can KONG. (J.) CANCOUDA. {^Ornith.) Cet oiseau de l'ile de Ceilan est donné par l'auteur du Dictionnaire des Voyages, comme étant de la grosseur du merle, d'un jaune doré, et appre- nant facilement à parler. Il est vraisemblable que c'est le loriot des Indes ou le coulavan , oriolus chinensis , L. (Ch. D.) CANCRE. (Entom.) Voyez Crabe. (CD) CANCRELAS, KAKERLAQUES ou K AKKERLAS(En/om.), noms vulgaires de la blatte du sucre en Amérique. Voyez Blatte. (CD.) CANCRITES. (Fo5j. ) On donne ce nom aux écrevisses et aux crabes fossiles. Voyez Écrevisses et Crabes. (D. F. ) CANCROPHAGE. {Ornith.) Cet oiseau, qui se nourrit de crabes, est la cuiller brune, de Brisson et de Buffon; le savacon des bois, de Barrère ; le tamatia du Brésil, de Marcgrave , et le cancroma cancrophaga ou savacon brun, de Linnaeus. ( Ch. D. ) CANDALANGA. (Bot.) Voyez Cadul-gaha. ( J.) CANDALO (Bot.), nom brame duhandel des Malabares, qui est le palétuvier, rhizophora , dont on distingue plusieurs espèces, désignées par des surnoms, tels que savo -candalo ^ a.la-candalo , maha-candalo , siri-candalo , cités dans THort. Malab. vol. 6, p. 56-65. (J.) CANDANCATIDY {Bot. ) , nom donné sur la côte de Coromandel , suivant le chirurgien Couzier, à une espèce de solanum, qui n'est peut-être autre que la melongène ordinaire, solarium melongena. (J.) CANDARET, Candaron {Bot.), noms arabes donnés, suivant Dalechamps, à la chondrille, ou à d'autres plantes qui lui ressemblent par leurs caractères. (P.B. ) G A N 417 CANDÉFACTION. {Chim.) On nomme cîindéfaction l'o- pération dans laquelle on fait chauffer et rougir des ma- tières jusqu'au blanc. On dit du fer en candéfaction , candéfaction du fer, etc. Ce mot est peu employé, et com- mence à être rejeté du langage chimique. (F.) CANDEL. (Bot.) Voyez Kandel, Palktuvier. (J.) CANDELBERY (Bot.), nom anglois de l'arbre de cire ou cirier, nvyrica cerifera , dans la Louisiane. ( J.) CANDILERA. {Bot.) Les Castillans nomment ainsi, au rapport de Clusius, une espèce de phlomis dont les feuilles cotonneuses peuvent servir de mèches dans les lampes. Dans le royaume de Grenade elle porte, pour la même raison, le nom de mendiera. Clusius lui a donné celui de phlomis lychnitis , adopté depuis par Tournefort et Linnoeus, et dérivé du mot grec lychnos, qui signifie lampe. (J. ) CANDOLLEA. {Bot.) Deux auteurs , formant des genres nout^aux , leur ont donné le nom de M. Decandolle, botaniste connu par des ouvrages estimés, surtout par sa monographie des Astragales et la nouvelle édition de la Flore françoise de Lamarck. Le premier de ces genres , nommé par Mirbel, dans l'His- toire naturelle végétale ajoutée à une édition des œuvres de BufFon , est une subdivision du genre Acrostique de la famille des fougères , dont le caractère distinctif consiste dans sa fructilication en points nus, et ses capsules ni- chées dans de petites fossettes disposées régulièrement sur la face intérieure des feuilles. Les espèces rapportées à ce genre sont tirées de la section des acrostiqucs à feuilles simples et entières ; tels sont les acrostiques lancéolé , hétérophylle , polypodioïde , etc. Le second genre a été fait plus récemment par Labil- lardière sur des plantes de la Nouvelle - Hollande , et con- signé dans le sixième volume des Annales du Muséum d'Histoire naturelle. Les caractères qu'il lui assigne sont un calice adhérent à l'ovaire, et dont le limbe est à cinq divisions ; une corolle monopétale , tubulée , divisée en cinq lobes , dont quatre sont égaux ; le cinquième , plus petit > occupe le fond d'une échancrure plus profonde» pratiquée d'un côté de cette corolle. Du sommet de l'ovaire inférieuP 6 sàj 4i3 C A N ou adhérent s'élève un filet fort long et recourbé, que l'auteur nomme style , qui s'évase à son sommet, et porte deux anthères , chacune à deux lobes. Cet ovaire devient une capsule divisée dans sa longueur en deux valves, sé- parée intérieurement en deux demi - loges remplies de graines nombreuses, attachées à des réceptacles qui partent de chaque côté de la cloison parallèle aux valves. L'auteur décrit six espèces de ce genre, à feuilles ra- dicales, longues et étroites, du milieu desquelles s'élèvent des tiges simples, ordinairement nues, plus rarement gar- nies de quelques feuilles petites et éparses , chargées de fleurs terminales, disposées en épis ou en panicule. Il dit que les graines d'une de ces espèces , observées par lui , ont présenté un embryon très- petit, à radicule inférieure, situé à la base d'un périsperme de consistance cornée; mais il n'indique pas le nombre de ses lobes ou cotylé- dons, qu'il regarde probablement comme réduit à Tufiité , puisqu'il présente ce genre comme le type d'une famille nouvelle à placer entre les amomées et les orchidées. Cependant, si l'on examine avec attention ces plantes, dont on trouve de bonnes ligures, t. 63 et 64 du sixième volume des Annales, on croit apercevoir une très -grande analogie entre la forme de leur corolle et celle du lobelia , qui appartient aux campanulacées, parmi Its plantes dico- tylédones. Le calice et le fruit sont aussi les mêmes; mais la différence consiste dans le support des étamines , dont l'auteur fdit un style , parce qu'il ne trouve pas d'autre organe qui puisse en remplir les fonctions. On peut ce- pendant croire que ce style existe séparé du filet des éta- mines , parce que l'organisation indiquée est contraire à tout ce qu'on connoît sur les insertions relatives de la corolle et des étamines. Ce soupçon bien fondé est encore confirmé par l'examen d'une autre plante de la Nouvelle- Hollande , semblable par la forme de ses fleurs au candollea , et différent seu- lement en ce qu'elles sont disposées en panicule à l'extré- mité d'une tige couverte de feuilles, comme la linaire. Richard, qui en a analysé les tleurs,y a retrouvé toutes les parties de la fructification existantes dans le lobelia , C A N 419 et il croyoit reconnoître dans cette plante l'organisation, propre au genre nouveau que Swartz a désigné sous le nom. de stylidium, dans les Actes de la société d'Histoire natu- relle de Berlin, vol. 5. Nous ne connoissons ici ce genre que par le caractère abrégé inséré dans le Species de Will- denow , vol. 4, p. 149; il y est rapporté à la gynandrie diandrie, comme le candollea de Labillardiere, et Richard a le premier soupçonné leur identité. Ses observations , qu'on doit lui laisser le soin de publier , tendent à prou- Ver que le candollea et le stylidium soat le même genre; qu'il appartient à la famille des campanulacées , comme nous l'avions jugé d'après son port; mais qu'il présente cependant, dans la situation de son style, un caractère très- remarquable, peu ordinaire, qui a pu induire en erreur les auteurs de ce genre, et qui est suffisant pour le distin- guer de t'.jus les autres de la même famille. Quant au nom qui doit être conservé, ces genres sont encore trop récens pour que l'assentiment général des bo- tanistes ait pu être prononcé sur cet objet. Les noms de candollea et de stjlidium , donnés à une fougère et à une cam- panulacée , sont antérieurs a l'application du premier nom. au second genre ; mais d'une part il n'est pas encore cer- tain que le genre de fougère subsiste , et d'une autre part le nom de stylidium a été donné antérieurement par Loureiro à un de ses genres de la Cochinchine qui paroît devoir être conservé. Nous devons nous contenter ici de citer les faits , sans porter aucune décision , jusqu'à ce que des observations plus détaillées aient fixé l'opinion sut chacune de ces plantes. ( J. ) ' CANE. (Ornith.) On nomme ainsi la femelle du canard; mais ce mot, accompagné d'épithètcs , a été em])loyé pour désigner différentes espèces d'oiseaux. I,a cane à collier est la bernache , anas erithropus , L. La cane de mer, ou cane de mer à collier blanc, est le cravant, anas lernicla, L. La cane blanche est la piette, mergus albellus , L. La cane du Caire, de Guinée, de Lybie , est le canard musqué 3 anas moschata , L. La cane à tête rousse, de Belon et d'Albin , est le canard millouin, anas ferina , L. , que l'on nomme encore, suivant Playcard Kay,, cane - pénélope. La cane 420 C A N cornue est, suivant Salerne, le grèbe cornu , eolymhus crîs- tatus, L. (ChD.) CANEBAS {Bot.), nom provençal d'une alcée, alcee, eannabina. (J. ) CANEBÉ. (Bot.) Voyez CAMBé. (J.) CANÉFICIER (Bot.), nom vulgaire donné dans les colonies à la cass.e des boutiques, cassia Jistula. La casse bicapsulaire, cassia bicapsularis , porte celui de canéficier bâtard. Desportes, dans son Énuuiération des plantes de Saint Domingue , nomme canéficier sauvage une autre espèce à feuilles de galega , à gousses longues et larges , remplies de pulpe. Voyez Casse. (J.) CANELA DE ÉMA. (Bot.) C'est le nom que porte dans le Brésil, suivant Vandelli, une espèce du genre déplantes qu'il nomme vellozia, et qui paroît se rapprocher des mélas- tomées. Voyez Vellozie. (J. ) CANELLA DO MATTO (Bot.), nom portugais d'un laurier, laurus cassia, qui est le carua de Malabar, et qui y est employé aux mêmes usages que la cannelle de Ceilan , d'où lui vient son nom -, mais il lui est inférieur en vertu et en parfum. Il est aussi connu dans l'Inde sous le nom. de fausse cannelle , et par fraude on mêle souvent dans le commerce son écorce avec celle de la véritable, dont le prix est plus considérable. Une autre espèce est mieux encore nommée canella do matto, c'est-à-dire, cannelle de bois; c'est le katou-karua. des Malabares , regardé par les botanistes comme variété sauvage du vrai cannellier de Ceilan , dont il diffère par ses feuilles plus grandes et son écorce plus épaisse , dont l'odeur et la saveur sont beaucoup moins agréables^ (J.) CANELLE ORDINAIRE, Canellieh. (Bot.) Voyez Can- nelle, Cannellier. (J.) CANELON. (Ornith.) On trouve sous ce nom, dans le Dictionnaire des Voyages , la description d'un grand oiseau du Pérou, qui habite les vallons des hautes montagnes; les deux éperons dont les ailes sont armées, et la petite corne qu'il porte sur le front, indiquent suffisamment que c'est le kamichi, palamedea cornuta, L. (Ch. D.) C A N /iii CANELOS DE QUIXOS. {Bot. ) On désigne sous ce nom un arbre qui croît sur les montagnes du pays de Quixos dans l'Amérique méridionale, prés des Cordiilières, et qui paroît être une espèce de cannellier différent de ceux que l'on connoît ; nous n'en avons vu que des échantillons sans fleurs, ni fruits, dans l'herbier de Joseph de Jussieu , qui avoit visité ce pays. Cet arbre y est si commun que la province en a pris le nom de los canelos. Son écorce eit moins délicate et plus piquante que celle de Ceilan ; elle €st aussi plus épaisse : ce qui tient à la différence de cul- ture, et fait supposer que celle-ci , cultivée et mieux soignée, pourroit- égaler celle du commerce. (J. ) CANEPETIÈRE. {Ornith.) On appelle ainsi la petite outarde, otis letrax,L., qui se nomme également canepétx'acc ou canepétrote, L. (Ch.D. ) CANEPHORE (Bot.) , Canephora, genre de plantes de la famille des rubiacées, et qui comprend deux arbrisseaux à feuilles opposées et à fleurs axillaires ou terminales. Il a pour caractères un calice commun , tubuleux, à cinq dents ou plus, et contenant cinq à six fleurs sessiles , séparées par des écailles. Elles sont composées d'un calice propre de cinq à six divisions; d'une corolle petite , en cloche, à cinq ou six découpures ; de cinq à six étamines sans filets et à anthères sessiles; d'un ovaire inférieur, terminé par un style et un stigmate fourchu. Le fruit est une capsule couronnée par le calice, à deux loges et à deux graines. Ces caractères, ainsi que les deux espèces de ce genre, sont figurés planche i5i des Illustrations de Lamarck. La canephore à fleurs axillaires, canephora axi7Zarw, Fers. Synops. plant, i, p. 202; Lam. Illust. t. i5i, f . 1 , a les feuilles ovales et les fleurs axillaires et solitaires : ce qui la distingue de la canephore à fleurs en tête, canephora capitata, Pers. ; Lam. Illust. t. i5i , f. 2 , dont les feuilles sont longues et les fleurs ramassées à l'extrémité des rameaux. Ces deux plantes croissent dans l'île àe Madagascar, où elles ont été observées par Commerson. Le genre qu'elles forment a été établi par Jussieu. (Lem.) CANETON ( Ornith. ) , petit du canard domestique , anas domestica , L. , que l'on nomme aussi canet ( Ch. D.) 422 C A N CANEVAROLE (Ornith.), nom vulgaire de la fauvetle babillarde, motacilla curruca , L. (Ch.D) CANGAN GOUPI. (Bot.) Dam un herbier fait sur la côte de Coromandel par le chirurgien Couzier, vers le milieu du siècle précédent, etenvoyé à Bernard de Jussieu , il désignoil sous ce nom le gratgal du Malabar, randia rnalabarica. ( J. ) CANIARD. {Ornith.) Un des noms vulgaires du géoland varié, lariis nœvius, L., que l'on nomme aussi colin ou grisard. (Ch.D.) CANICA. (Bot.) Dans quelques livres on cite sous ce 3iom une épicerie en usage dans Tîle de Cuba , dont on ne connoît pas encore l'origine. ( J. ) CANICHE. {Mamm.) C'est un des noms du chien barbet. (F. C.) CANICHON ( Ornïfh. ) , nom vulgaire du petit du canard domestique. ( Ch. D. ) CANICULA SUBTERRANEA. (Mamm.) Rachinski parle sous ce nom d'une espèce de rongeur qui pourroit être notre zocor. (F. C. ) CANIDE ou Canidé. {Ornith.) L'oiseau connu dans l'Amérique méridionale sous ce nom et sous ceux de cani- das, canidé jouvé, canive et canivet, est l'ara bleu, psittacus ararauiia., L. (Ch.D.) CANIFICIER. {Bot.) Voyez Canéficier. (J. ) CANILLEE ou Lentille d'eau {Bot.), Lemna , Linn. ; Lenticula , Tournef. , Vaill., Juss. : genre de plantes de la famille des naïades, Juss., de la monoécie diandrie, Linn., Schreb. Ce genre de plante porte des fleurs unisexuelles, portées sur un même individu. Les fleurs mâles, composées d'un calice monophylle, entier et «'ouvrant latéralement, sont dépourvues de corolle, et munies de deux étamines de la longueur du calice, à anthères didymes , globuleuses, et d'un pistil dont le germe avorte. Dans les fleurs femelles on trouve un pistil dont le germe est presque ovale, un style court et un stigmate simple. La capsule est globuleuse, acuminée, uni (oculaire, renfermant quelques graines striées, oblongues, aiguës de chaque côté. Les canillées sont des plantes très-petites, croissant sur les eaux, dont elles couvrent souvent toute la surface; elles G A N 44 sont privées de tiges, et composées uniquement de deux ou trois petites feuilles unies ensemble sur le côté, portant dans le point de leur réunion des fleurs sessiles , et laissant échapper de leur surface inférieure des racines simples et filamenteuses. On trouve ces plantes sur les eaux froides ou thermale^. Il paroît que la chaleur de celles-ci ne les empêche pas de végéter. Nous en avons rencontré dans les bains des eaux chaudes de la Virginie, surnommées hot spring , sources brûlantes. On en distingue cinqespèces,qui toutes croissent en France. 1. Canillée a trois feuilles, Lemna trisulca, dont les feuilles sont pétiolées et lancéolées aiguës. 2. Canillée petite, Lemna minor, a feuilles sessiles, ar- rondies, aplaties des deux côtés; les racines solitaires. C'est une des plus communes aux environs de Paris. 3. Canillée gibbeuse, Lemna gibba, à feuilles sessiles, arrondies, hémisphériques en dessous; racines solitaires. Quelques auteurs la regardent comme une variété de la précédente. 4- Canillée a plusieurs racines, Lemna polyrhiza : feuilles sessiles , arrondies ; plusieurs racines rassemblées en paquet. Elle est environ une fois plus grande que le lemna minor. On la trouve souvent aux environs de Paris. 5. Canillée sans racine, Lemna ar/iizii ; feuilles gémi- nées, une plus grande, une plus petite; privée de racine. Micheli, dans son Gen. nov. pi. , adonné de très-bonnes figures de toutes ces espèces et de leur fructification. (P. B.) CANI-POUTI. (^Bot.) Suivant Pvochon , on nomme ainsi à Madagascar une plante graminée , à feuilles larges, dont le suc est employé pour se faire des dessins sur le corps. Il est probable que ce n'est pas une graminée, car aucune plante de cette famille n'est connue comme pouvant servir à cet usage. ( J. ) CANIRAM. {Bot.) Les habitans de la côte de Malabar donnent ce nom à un arbre remarquable de leur pays, dont les graines sont connues depuis long -temps dans le commerce et dans les boutiques de drogueries, sous le nom de noix vomiques, qu'elles tirent de leur propriété émétique. AH C A N On a éié long - temps sans avoir de notions précises sur le végétal qui les produit. J. Bauliin rapporte dans son Histoire des plantes, tom. I, liv. 5, chap. 147, toutes les conjectures qu'on avoit faites, jusqu'à lui, sur l'ori- gine des noix vomiques. Elle a été éclairée en partie par Khèede, qui , ayant trouvé dans l'Inde l'arbre dont ces graines proviennent, le décrivit et le figura dans son magnifique ouvrage , le Hortus malaharicus , en lui conser- vant le nom indien de caniram. Linnaeus ensuite en for- ma un genre ; et comme il ne vouloit adiuettre que des noms grecs ou latins, il lui donna celui de strjchnus, qui désigne dans Théopliraste et Dioscoride une plante herbacée commune dans la Grèce, et qui paroît être un solarium: mais nous croyons, avec \i. Adanson, qu'aucun moderne n'a le droit de dénaturer la significntiou des noms grecs , en les tran portant a d'autres objets que ceux auxquels ils étoient attachés par les anciens , et qu'ainsi celui de stiychnos ne peut convenir à un arbre de l'Inde. Nous croyons aussi qu'il n'est pas nécessaire de donner au caniram un nom françois. Celui de vomi- quier, qu'on avoit proposé , a le mérite d'avoir une signi- fication ; mais il emporte une idée désagréable , et ne fait connoître qu'une propriété repoussante dans un genre d'ar- bres qui sont précieux par des qualités importantes , comme nous le dirons ci -après. Voici leur caractère générique : la fleur du genre Caniram est complète et régulière ; le calice présente quatre à cinq découpures ; la corolle est monopètale, tubulée , un peu ventrue, a quatre ou cinq divisions , et porte vers son milieu autant d'étamines : l'entrée en est souvent fermée par des poils ; elle est in- sérée sous l'ovaire ou hypogyne : l'ovaire est simple , terminé par un style, et renferme plusieurs embryons; il lui succède une baie globuleuse, recouverte d'une écorce crustacée , fragile, uniloculaire, contenant plusieurs graines qui sont attachées par leur centre et logées dans une pulpe aqueuse ; quelquefois elle ne contient qu'une graine par ûvortement. Les arbres et arbustes auxquels ces caractères appartiennent, ont encore entre eux d'autres ressemblances ; leurs rameaux sont opposés, ainsi que leurs feuilles ; celles- C A N 4^5 ci sont entières , et leurs nervures latérales inférieures sont plus prononcées que les autres , ce qui les fait paroître multinerves. Toutes les parties de ces végétaux sont amères et non laiteuses ; cependant les fruits de quelques-uns ac- quièrent en mûrissant une saveur agréable. Jussieu pense que ce genre a beaucoup de rapports avec la famille des apocinées , et surtout avec les calacs ; mais il les regarde avec raison comme devant former les fonde- mens d'un nouvel ordre intermédiaire à ces premières et aux sapotilliers, et qui comprendroit , entre autres, le theo- phrasta ou coquemoUier, le fagrœa et le gelsemium. U croit aussi que le rouhamon d'Aublet, lasiostoma de Schrebcr, et Vignatia ou fève Saint-Ignace , doivent faire partie du même genre; ce qui porte à cinq le nombre de ses espèces connues. Nous y en joindrons deux autres , que nous avons été à portée d'observer; et comme elles sont toutes remar- quables, nous allons en donner une notice. 1. Caniram vomiquier; Slrychnos nux vomica, Linn. C'est un arbre de grosseur médiocre. Linna'us tire son caractère spécifique de la forme ovale de ses feuilles. Il a été figuré par Rhèede, comme nous l'avons dit, et ensuite par Roxburgh, dans son magnifique ouvrage des Plantes de la côte de Coromandel. Ses fruits sont de la grosseur d'une orange ; ils contiennent un petit nombre de graines orbî- culaires, aplaties, fixées par leur centre. Ces graines ont été figurées par plusieurs anciens auteurs , et en dernier lieu par Gœrtner : depuis long-temps elles sont connues, dans les boutiques de drogueries, sous le nom de noix vomiques. Quoiqu'elles soient un poison très -actif pour les animaux , et surtout pour les chiens, on a prétendu qu'elles ne nuisoient point à l'homme; mais l'expérience a démon- tré la fausseté de cette assertion : aussi les a-t-on bannies de la plupart des Matières médicales , et elles ne sont plus employées aujourd'hui que pour faire périr les animaux nuisibles. A cet effet on les râpe , on les mêle à des alimens , et on en forme ainsi des appâts. Dès qu'un animal en a pris, il est saisi de vomissemens avec des efforts convul- sifs , et il ne tarde pas à périr. Jean Bauhin rapporte plusieurs expériences faites sur dos 42(i CAN chiens pour tâcher de découvrir la nature de ce poison ; il seroit porté à le regarder comme narcotique: mais les convulsions terribles qu'éprouvent les animaux qui en ont pris, paroissent détruire cette opinion. Il dit que le seul moyen de sauver les chiens qui en ont avalé, est de leur faire saigner Toreille en leur en coupant un morceau. Gaertner assure que le cadavre des chiens tués par ce poison se roidit d'une manière remarquable; il ajoute qu'il ne se souvient pas bien si la même chose arrive aux poissons qui ont été pris par cette drogue. On peut en conclure que l'on s'en sert quelquefois au lieu de coque de Levant pour enivrer le poisson et le prendre à la main, usage pernicieux que les lois proscrivent avec une sage sévérité, comme trop destructif. Tar la même raison ces deux drogues devroient être totalement bannies du commerce. On peut voir, par ce que nous venons de dire de la noix vomique , que , quoique l'espèce de perfidie par le moyen de laquelle on en fait usage puisse avoir une direction légitime , il peut en résulter des méprises qui feroient périr des êtres innocens au lieu de ceux dont on vouloit se débarrasser. Les exem- ples de ce genre ne sont que trop communs. Loureiro, dans sa Flore de Cochinchine, assure que ces graines, grillées jusqu'à noirceur, peuvent être données sans inconvénient, et sont très - bonnes alors contre les fleurs ilanches. Le bois et les racines du caniram vomiquier sont de la plus grande amertume ; ils sont employés contre les fièvres intermittentes : on s'en sert aussi contre les morsures du naga ou serpent à lunettes ; mais ce n'est qu'au défaut d'un autr-e arbre que les Talingas nomment naga musadie , et qui est tellement recherché par les Indiens qu'on ne le rencontre plus que très-rarement. Le docteur Roxburgh n'en a trouvé qu'un seul pied , qui avoit été abattu précédemment, et n'a pu suflisamment le rtconnoître , parce qu'il n'avoit que des feuilles ; il présume que cet arbre n'appartient point au genre Caniram, et qu'il est de la famille des rubiacées, attendu que ses feuilles sont réunies par une gaine stipulaire. •.\ Caniram titan-cotie ; Strjychnos fotatorum .^ Linn., suppL € A N h-^i Cet arbre e&i plus élevé que les autres du même genre. II s'en distingue par ses feuilles plus aiguës, à cinq nervures, ses corymbes axillaires , et ses. fruits qui ne contiennent qu'une seule graine. Linn£eus,le fils, en a publié une description étendue, d'après les renseignemens de Kœnig, et Roxburgh l'a fait représenter: mais il n'est pas certain que sa figure soit celle de l'arbre décrit par Linnœus ; car celui-ci lui donne pour caractère des feuilles à cinq nervures partant de la base , fcindis que Roxburgh a décrit le sien à nervures simplement alternes. La graine du titan-cotte est très-recherchée pour la pro- priété qu'on lui attribue de purifier l'eau. Pour s'en servir il sufEt de frotter avec une graine l'intérieur d'un vase ; l'eau qu'on y verse ensuite , en reçoit une amertume qui n'est point désagréable, et toutes les ordures se précipitent. Aussi les Indiens, et les Anglois naturalisés dans leur pays, ne voyagent-ils jamais sans en avoir fait leur provision. Les amandes amères sont appliquées au même usage en Egypte, depuis un temps immémorial. Ga'rtner a figuré cette graine. Il désigne l'arbre qui la produit sous le nom de strychnos titan-cotte , et n'ose dé' cider si c'est réellement le strychnos potatorum de Linna-us. Nous croyons qu'il est dans l'erreur quand il l'indique comme venant de Madagascar ; car le nom qu'il lui donne est indien. Nous présumons que c'est par erreur typogra- phique qu'il est écrit ii/on; c'est celui sous lequel on apporte quelquefois à l'Isle-de-France cette graine comme objet de curiosité. 3. Caniram de Madagascar. Cet arbre, d'une hauteur moyenne, a les plus grands rapports ai^ec le titan-cotte. Ses corolles sont aussi garnies de poils intérieurement; mais elles se distinguent en ce qu'elles n'ont que quatre découpures au lieu de cinq : le fruit est plus gros, ayant environ trois centimètres (i pouce) de diamètre; il ne contient non plus qu'une seule graine, mais plus large et plus comprimée. Du Petit-Thouars l'a trouvé dans les envi- rons de Foule-pointe. Il e^l probable qu'on pourroit tirer de ses graines Ir- 438 C A tS" même parti que de celles du tit:.n-cotte, et l'essai mcriteroit d'autant mieux d'être fait que l'insalubrité de Madagascar provient principalement de la mauvaise qualité des eaux. On pourroit aussi faire le même usage des graines du vontac et de celles de l'arbre que nous rapporterons au caniram à crochet. Le bois même, à leur défaut, pourroit être em- ployé, selon le rapport de ceux qui ont voyagé dans l'Inde, et principalement de Roxburgh. Il est à remarquer que la nature a multiplié les bois amers sous le climat meurtrier de cette grande île, si intéressante d'ailleurs : tels sont les trois arbres dont nous venons de parler , un calac voisin de l'arbuste connu à Bourbon ( la Réunion ) sous le nom de bois amer, et plus encore Técorce du belahé. Ces indications ne doivent pas être négligées par les voyageurs. 4. Caniram vontac. Flacourt est le premier qui ait parlé de cet arbre. Voici ce qu'il en dit : « Le vontac est ua « fruit qui devient gros comme un coing : il a une coque « de même dureté que la gourde ou calebasse. Il est rempli Lrtent ce nom. Celui à'amelpo désigne aussi des plantes qui ont la même réputation ; peut- être agissent-elle.-- d'une uuinière^ différente, ( A. P. ) CANIRI-UTAN. [Bot.) A Java on nomme ainsi la Rumphie , Rumphia amboinensis , au rapport de Burmann, ( J.) C/VNIS {Mumm,), nom du chien eu latin, ( F. C. ) 6 uQ 434 C A N CANIS LACONICUS {Mamm.), nom qu'Aristote donne à notre chien de Berger. (F. C. ) CANIS VOLANS. {Mamm.) Seba donne ce nom à. la roussette. (F. C. ) CAJMJALAT, Canjalut (Bot.) , noms malais d'une plante de rindc, nommée plus fréquemment gonfa, laquelle a des caractères communs avec l'igname, dioscorea ; mais en dif- fère , soit par le nombre des parties de sa fleur, moindre d'un tiers, soit par son fruit, qui est d'un volume considé- rable et à une seule loge. C'est le ubium polypoides , Rumph. vol. 5 , p. 564, t. ]2g, que Loureiro rapporte à son genre Stemona. Il faut cependant observer que la description de Rumphius, un peu obscure , semble indiquer l'existence d'étamines plus nombreuses et de plusieurs ovaires, quoi- qu'il ne décrive ensuite qu'un seul fruit. Voyez GoaiTAy Stemone. { J.) CANJAN-CORAI (Bot. ), espèce de basilic de Pondichéry. (J.) CANKONG (Bot.), nom donné dans l'île de Java à un liseron, convolvulus médium. Voyez Cancong. (J.) CANNA {Mamm.), espèce d'antilope à cornes, â arêtes en spirale, antilope orcas. Voyez Antilope. ( F. C. ) CANNABARÉ (Bot.), nom d'une comméline , commelina hengalensis , sur la côte de Coromandel, ainsi écrit dans un catalogue ancien du chirurgien Couzier. Voyez Cana-valai, Caxnon-pouka. (J) CANNABINE {Bot.), Datisca, Linn. Dès la fin du seizième siècle, le voyageur Prosper Alpin avoLt indiqué cette plante de Crête, comme une espèce de chanvre; et Pona , autre botaniste italien, en faisoit une grande gaudc. Tournefort, qui a établi le caractère générique au retour de son voyage au Levant, en donnant la citation d*x\lpin , adopta le nom cannabina , dérivé de celui de chanvre, avec lequel cette plante .'i des rapports extérieurs. Suivant les lois de la ré- forme Linnéenne , ce nom dérivé dut être changé , et il reçut un nom grec inutile, datisca, qu'on regardoit comme synonyme de catanance ; ce qui n'a pas empêché Adansoii lui-même de suivre en cela la nomenclature de Linnarus, Cette plante est vivace, haute, et d'un beau port: ses C A N 435 feuilles sont alternes et pennées ; ses fleui's sont disposées en gi-appes axillaires. Dumont-Courset dit qu'elle se dis- tingue dans les parterres, et qu'elle est très - rustique : cependant elle manque souvent dans les collections. C'est un genre de plantes dioïques, ou à fleurs mâles et femelles, portées sur des pieds difTérens. Les unes et les autres sont dépourvues de corolle. Les mâles ont un calice à cinq divisions profondes et égales, et environ quinze étamines, dont les anthères sont longues et presque sessilcs. Le calice des fleurs femelles est supérieur ou adhérent à l'ovaire, et terminé par deux ou trois dents. L'ovaire a trois styles et six stigmates ; il devient avec le calice une capsule prisma- tique à trois angles, terminée par trois pointes, entré lesquelles elle s'ouvre. Ses graines sont nombreuses, ren- feniiées dans une seule loge, et attachées à des réceptacles placés dans ses angles. Cette structure de la capsule rap- proche ce genre du réséda, dont il diffère cependant par l'adhérence du calice au fruit, et par le nombre et la disposition des diverses parties de la fleur. La cannabine est placée par Tournefort dans sa quinzième classe, celle des plantes à fleurs staminées ; par Linnœus, dans sa Difccie dodécandrie. Il est plus difficile de la classer dans l'ordre naturel. Mise à la suite des arroches, à Trianon , par Bernard de Jussieu, dans les pourpiers par M. Adanson, omise par Linnœus dans ses Fragmens ou ordres naturels, présentée comme très-analogue au chanvre par Lamarck. , elle se trouve rejetée par Jussieu dans les genres qui n'ont point de place déterminée, précisément à raison de ses deux rapports imparfaits avec le chanvre et le réséda. On indique une seconde espèce de cannabine naturelle à la Pensylvanie. (D. de V.) CANNACUR. (Bot.) Dans l'ile de Banda, l'une des Mo^ luques, on nomme ainsi une espèce de poivre, piper siriboA au rapport de Rumphius. (J. ) CANNAMELLE. {Bot.) Voyez Cana.v.elle. (J.) CANNANGOLL (Ornith.) Voyez Caunangoi.i. (Ch.D.) CANNA-FONDOU {Bot.}, espèce de crotalaire deCofO- mandel, suivant un ancien cafaîogiit? des plante.? de ce p&VS, (J.) •PO C A W CANNA - POy LOE (Bof ), nom d'une espèce de cretelle, cjnosurus lagopoides , de la côie de Coromandel, suivant Burmann , fils. (.T. ) CANNAT [Ichtjyol.) , l'un des noms vulgaires du muge céphale, qu'on appelle aussi cabot sur les bords de la Mé- diterranée. (CD.) CANNE. (Bot.) Ce nom est généralement donné à des pLintes qui ont des tiges droites, noueuses par intervalles, et qui laissent échapper de leurs nœuds des feuilles formant une gaîne à leur base. Il désigne plus parliculièrement le grand roseau ou roseau à quenouilles, ariindo donax , qui croît naturellement dans le midi de la France, et que l'on emploie à faire des quenouilles et des cannes légères. Voyez RosEAC. On nomme encore canne le rotang, calamus , dont les entrenœuds forment des jets droits et plians, qui sont les cannes ou joncs dont on se sert habituellement. Voyez Rotang. Les autres planles qui portent le nom de canne, sont distinguées par d'autres noms additionnels. (J. ) CANNE. {IchtjoL) Sorte de pêche à la ligne, qu'on em- ploie principalement pour le thon. On attache la ligne au bout d'une perche. ( C. D. ) CANNE BAMBOCHE {Bot.), nom sous lequel le bambou est indiqué dans quelques livres. (J. ) CANNE CONGO ou Canne d'Indk {Bot.), surnom dn canna indica dans les colonies françoises. Voyez Balisier. (P.B.) CANNE MARONE DES ANTILLES {Bot.), nom donné, dans les colonies françoises de l'Amérique, à l'arum seguinuni , aussi nommé dans quelques quartiers squine. C'est un violent poison, dont, suivant Nicholson , quelques habitans font usage en la faisant entrer dans la composition d'une lessive pour purifier le sucre. Voyez Godet. ( F. B. ) CANNE MARONE DE BOURBON. {Bot.) SuivantBory- Saint-Vincent, on nomme ainsi dans cette île une plante dont la tige élevée a un peu le port de la canne à sucre , et dont les feuilles ressemblent à celles de l'iris. 11 Ta rap- portée au genre Scirpe ; c'est son scirpus iridifolius. Elle croit sur la montagne volcanique, au milieu des laves. (J.) <£ANNE DE RIVIÈRE. (J3y^) A la Martinique on nomme C A N /,?7 ainsi ie costus spicatus, qui est la même plante que Valpinia spicata de Jacquin. Suivant Aublet, elle est nommée caruie Congo il Caïenne. Les nègres de cette colonie expriment de ses tiges un suc acide, qu'ils emploient pour guérir la gonorrliée. Voyez Costus. ( J. ) CANNE ROYALE. (Bo^) C'est une variété du roseau^ à quenouilles, arundo donax, dont les feuilles sont panachées de blanc, et que l'on nomme aussi roseau à rubans. (J.) CANNE A SUCPiE {Bot.), nom d'une espèce de canamelle, saccharum officinale, d'où l'on extrait cette matière pré- cieuse qui fait la richesse des colonies et qui est d'un usage si général. Voyez pour sa description l'article Canamelle. On connoît deux manières de planter la canne à sucre. La première consiste à coucher dans la terre des morceaux du chaume : pour cet eifet on trace sur le terrain des sil- lons parallèles, et les morceaux de cannes sont placés à des distances convenables et proportionnées à la force et à la richesse du sol. Il sort de chaque nœud des feuilles et des rameaux, qui donnent naissance à autant de pieds de canne. Le second moyen , employé dans les habitations déjà cultivées en sucre, consiste à piquer en terre le sommet ou la tête des cannes , que l'on coupe pour les faire passer au jnoulin. Ces sommets ou têtes de cannes ont encore une autre destination : on les fait manger en vert sans aucun mélange , ou trempés dans du gros sirop de batteries et dans les écumes du sucre, aux animaux de l'habitation Cela leur procure une nourriture saine, abondante, économique, qu'ils aiment beaucoup, et qui les maintient dans un embonpoint salutaire. Au boutdedejix, trois et quatre ans, suivant la bonté du terrain, les cannes, élevées à la hauteur de deux mètres (5 a G pieds), et lorsqu'elles commencent à jaunir, sont bonnes à couper. Elles n'ont occasioné d'autres soins et d'autres travaux pendant ce temps que de les faire sarcler dans les commencemens pour enlever les herbes qui par leur multiplicité pourroient nuire aux jeunes cannes. Ce qu'il y a de plus précieux pour un propriétaire de sucrerie, comme pour un habitant qui cultive de l'indigo, est d'avoir a sa disposition une quantité d'eau suffisante pour arroser 458 C A N les jeunes cannes dans des temps de sécheresse ; car s'il n'a à cet égard d'autres ressources que celles des eaux de pluie, il est exposé, dans certaines années fort sèches , à ne pas couvrir par sa récolte les frais considérables qu'en- traîne indispensablenient une sucrerie, et les pertes qu'il fait en bestiaux dans de pareilles années. C'est pour parer à cet inconvénient qu'un habitant emploie tous les moyens pour se procurer de l'eau. Le gouvernement de Saint- Domingue a tellement senti l'importance d'arroser les plan- tations à sucre dans cette colonie, qu'il a lui-même fait faire d'immenses et utiles travaux pour procurer l'eau de la grande rivière aux habitations d'un des plus riches quartiers de l'arrondissement du Cap , appelé le quartier Morin. Il a fait les avances de ces frais, dont il se dédom- Tnageoit par un impôt annuel proportionnel sur toutes les habitations qui en bénéficioieiit. Lorsque la maturité des cannes l'exige et que les autres ■travaux de l'habitation le permettent , l'habitant se prépare ■à ce qu'on appelle rouler, c'est-à-dire, à couper les cannes , les faire pressurer au moulin, et de suite, pour empêcher que le jus de canne ne s'aigrisse , à fabriquer le sucre. Alors l'atelier, c'est-à-dire, tous les nègres de l'habitation, est distribué de la manière suivante : la majeure partie à jeouper les cannes ; une autre à ramasser les sommets ou têtes pour piquer en terre ou pour les bestiaux; une troi- sième partie à séparer, et charger sur les voitures nommées cabrouets, les cannes proprement dites. D'autres nègres conduisent les cabrouets au moulin, servi par des nègres destinés à cet effet, elles nègres sucriers sont occuj)és , dans les bâtimens de la sucrerie , à veiller les chaudières et les autres travaux. Le jus de canne tombe sur la table du moulin, d'où il coule par des conduits dans le réservoir placé à côté des chaudières. ( Voyez , pour la fabrication première du sucre et les détails curieux de cette sorte de manufadure, les articles Sv crerih et Sucre, Moulin a sucre, PURGERIE, EtUVE, etC. ) Un champ de canne ainsi dépouillé, on y laisse repousser les cannes, si elles ne sont pas trop anciennes el si elles sont susceptibles de reproduire abondamment, ce qui C A N 459 arrive quelquefois trois ou quatre fois consécutives. Si les cannes ont déjà reproduit, ou si elles ne sont pas d'une assez belle venue pour répondre aux travaux et à l'espoir du cultivateur, on brûle les feuilles sèches et autres débris sur le terrain, ce qui lui forme un bon et naturel engrais; après quoi, et l'ayant laissé reposer jusqu'à la première pluie un peu abondante, on le replante en employant une des deux manières dont nous avons parlé au commence- ment de cet article. On distingue, et on a essayé dans les colonies françoîses , plusieurs espèces et variétés de la canne à sucre. On y avoit introduit, depuis quelques années, une espèce d'Otahiti, qui donnoit les plus belles espérances ; mais elle n'éloit pas encore assez multipliée à l'époque de la révolution pour qu'on pût avoir des données certaines sur les avantages de sa culture. Ce ne sera qu'au bout de plusieurs années après le rétablissement des colonies , que l'expérience apprendra s'il est plus avantageux de cultiver cette espèce que celles dont on a jusqu'à présent fait usage. Le produit d'un champ de cannes est si sujet à varier, il dépend de tant de circonstances, qu'il est pour ainsi dire impossible de le déterminer. Le père Labat et Ni- cholson ne sont point d'accord sur la fleuraison de la canne à sucre. L'un assure positivement que toutes les cannes fleurissent ou poussent leur flèche au bout de onze à douze mois. Nicholson dit, au contraire, que le fait arrive quelquefois : et en effet il est rare de voii' à Saint- Domingue des cannes en fleur, parce qu'il n'est pas de l'intérêt de l'habitant d'attendre ce moment pour les faire couper; elles donnent alors moins de jus, et par conséquent moins de sucre et d'une qualité inférieure. Mais, d'un autre côté, il n'est pas aisé de concevoir comment cette grande quantité de cannes parvient constamment à l'état de ma- turité, puisqu'elles sont jaunes lorsqu'on les coupe, sans atteindre le but général de la nature, celui de la floraison, qui sert à la multiplication de tous les végétaux. Cette particularité paroît n'être due qu'à la culture , qui fait pousser la plante avec la plus grande vigueur, aux dépens de lu floraison. (P. B.) 440 C A N , CANNE A SUCRE. {Agric.) La canne à sucre, espèce de canamelle , dite cana.'i.'eJle oflicinale , sacc\xar\i,m officina- Tum , Linn. , est une plante qui, par sa nature et la richesse de ses produits, mérite le plus, après le froment et le riz, de fixer notre attention. Quoiqu'on ne soit pas parfaite;nerit d'accord sur soa origine, il est ce])endant très - probable que c'est de l'Inde que nous est réellement venue la canne à sucre, telle qu'elle est cultivée aujourd'hui aux Antilies, à la Guiane, dans toutes les îles françoises, etc. ; voici à ce sujet l'opinion de M. Moreau-Saint-Mery : « Il ne paroît pas possible, dit-il , ^< de douter que les cannes apportées par les Européens à ^ Saint-Domingue, n'aient été les seules connues dans cette « île, et qu'elles n'aient servi à la propagation de la plus « grande partie de celles qu'on cultive aujourd'hui aux « Antilles. Elles venoient certainement des îles Canaries , « où les Espagnols les avoient introduites, au commence- « uîcnt du quinzième siècle ; et l'Espagne étant redevable « de la canne à sucre aux Maures, qui l'avoient prise « en Egypte, il faut croire que celle dont les Antilles « furent enrichies, venoit de l'Arabie heureuse, où les « marchands qui allèrent les prem.iers commercer dans les « Indes orientales, au treizième siècle, l'avoient trans- « -portée, y, M. Dutrône de la Couture, qui a fait un traité intitulé Précis sur la canne à sucre , penche aussi à croire que la canne tire son origine des Indes orientales : <, Les Chinois , « dit-il, dés la plus haute auliquité, ont connu l'art de « cultiver la canne à sucre, art qui a précédé cette piaule « en Europe de près de deux mille ans. » Les anciens Egyptiens , les Phéniciens , les Juifs, les Grecs , les Latins, n'ont point connu la canne, et c'étoit d'une espèce de bambou que Lucain a dit : Ouiqiie bibunt tener.i dulces ab aruiidine succos. La canne n'a passé en Arabie qu'à la lin du treizième siècle, époque à laquelle les marchands qui faisoiejit le commerce de l'Inde, enhardis par l'exemple de Marc- Pftul, allèrent s'approvisionner de denrées orientales chez les Indiens, d'où ils rapporlèreut la canne, qui fut cul- C A N 44i tlvéc d'abord dans l'Arabie heureuse, de là en Nubie, en Egypte et en Ethiopie, où Ton Ht du sucre en abondance. Description de la canne à sucre. J'emprunterai cette description de M. Dutrône. La canne , dit-il, n'est point naturelle au nouveau monde, et elle ne sy trouve que dans l'état cultivé. Elle y fleurit, mais les organes de la fructification sont privés de quelques-unes des conditions essentielles à la fécondation du germe, qui est stérile; elle se reproduit de boutures, et se multiplie, avec une merveilleuse fécondité. Elle aime la température de la zone torride, et elle peut s'étendre dans les zones tempérées jusqu'au quarantième degré de latitude et même encore au-delà. Sa constitution est plus ou moins robuste, à raison de la nature du sol, et des circonstances dans les- quelles il se trouve. Sa végétation est constante ; mais elle est plus on moins rapide, selon sa situation et la température de la saison. Considérée uniquement comme plante , elle met cinq à six mois à parvenir à son entier accroissement ; elle fleurit, si la culture ne l'éloigné pas trop de l'état naturel, et si elle se trouve à l'époque de sa floraison, qui est en Novembre et Décembre. Le terme de sa floraison marque celui de sa vie, dont la durée est plus ou moins longue, lorsqu'elle ne fleurit pas. Considérée dans l'état cultivé , le terme de son accroissement est relatif à sa constitution plus ou znoins forte, et il s'étend de douze à vingt mois. Elle dépérit d'autant plus promptement que sa constitution est plus foi])le , et c'est à l'époque de son dépérissement qu'il convient de la récolter. Elle porte trois sortes de sucs : l'un purement aqueux ; l'autre, extractif; le troisième, muqueux. La proportion et la qualité de ces deux derniers tiennent à un nombre infini de circonstances particulières, dont la connoissance porte le plus grand jour sur les soins que demande la culture de cette plante. La canne, comme tous les roseaux, est formée de plu- sieurs sections, dont l'ensemble présente, au premier aspect, une souche avec des racines, et une tige avec des feuilles. Chaque section, marquée à l'extérieur par un bourrelet, 4/|2 C A N est nommée naud- canne. Chaque nœud -canne présente un nœud proprement dit, qui a deux à trois lignes d'étendue, et dont la surface offre de petits points particuliers, disposés en quinconce sur deux ou trois rangs. Ces points, en se développant, forment des racines. On remarque sur ce nœud un bouton plus gros qu'une lentille et terminé en pointe; il renferme le germe d'une canne nouvelle. Le nœud pro- prement dit est suivi d'un enlre-naud, dont l'étendue varie depuis un pouce jusqu'à six ( de 3 à 18 centimètres) : cet entre-nœud est terminé par une feuille qui s'élève quel- quiefois jusqu'à quatre pieds dans l'atniosphère ( 1 mètre 53 centimètres). Cette feuille est divisée en deux parties par une nodosité particulière ; la partie inférieure , qui n'a jamais plus d'un pied (33 centimètres) de longueur, en- veloppe la tige et lui sert de gaîne. La substance externe , ou l'écorce de la canne , est formée de vaisseaux ligneux très -serrés. La substance interne est formée de vaisseaux ondulaires, dont la disposition est telle qu'ils présentent autant de couches horizontales, soutenues à distances égales par des vaisseaux ligneux qui les traversent. Les cavités de de ces vaisseaux sont hexagones , comme les alvéoles des abeilles ; sans se communiquer entre elles , elles renferment le suc sucré. Les vaisseaux ligneux se divisent également, à diverses hauteurs, en deux parties ; l'une suit la direction verticile, l'autre se porte horizontalement. Ces dernières forment une cloison en allant se réunir en faisceau, et ce faisceau, qui perce l'écorce, paroît sous la forme d'un bouton, que nous avons remarqué plus haut, à la surface du nœud propre- ment dit. Le nombre des sections qui forment la canne, s'élève quelquefois à quatre-vingts. La souche de la canne est formée de sections, comme la tige : elle a six à huit pouces ( iB à liZj centimètres ) de lon- gueur; elle est courbe et se termine en fuseau. C'est d'elle que partent des racines très - nombreuses , cylindriques, longues de huit à dix pouces ( 24 à 3o centimètres ) au plus , et d'une ligne (un peu plus de :; millimètres) de diamètre h peu près. C A N 443 La lige M. de Caseaux ne propose pas de couper les têtes des cannes sans couper les cannes , mais, de faire, au moment de la récolte, des amas de têtes de canne pour l'arrière -saison , lorsqu'on a peu de savanes et beaucoup de bestiaux. 11 croit qu'il seroit facile de faire pai'quer, comme en Europe, les moutons de chaque habita- tion sur les terres fossoyées , qui doivent être plantées en cannes. On pourroit encore, en suivant ce qu'il conseille, ra- masser du sable de mer , des terres de ravines , et réserver les cendres de la sucrerie pour les terres argi- leuses. M. Moreau de Saint-Mery, dans ses Observations sur la culture de la canne à sucre aux Antilles, insérées dans les Mémoires de la société d'agriculture de la Seine, dit que parmi les tentatives faites pour obtenir des produits constans , la plus heureuse, celle même qui a passé toutes les espérances, c'est le labour par les pailles. Il consiste à creuser, a la houe, l'entre- deux des rangs de cannes à une profondeur d'un peu moins de deux déci- mètres ( 2 pieds), et à remplir ce creux d'autant de paille ou feuilles sèches de la canne qu'il peut en contenir ^ et que l'on recouvre avec la terre procurée par le creux du rang supérieur ; puis on presse le tout avec les pieds. Cet engrais facile, qu'on n'emploie cependant pas lors- C A N ^5i qu'on veut planter des cannes , mais seulement pour con- server leurs rejetons , donne des cannes plus belles ; il accélère de quatre mois, et par conséquent d'un tiers, la maturité des rejetons ; il rend encore plus eflicace l'arrose- ment qu'il précède , et cette méthode est utile pour détruire et éloigner les rats et les insectes destructeurs de la canne à sucre, qui trouvent un refuge dans la paille lorsqu'elle demeure sur le terrain. D'ailleurs cette opération simple , comme toutes celles de l'agriculture , rend la terre plus meuble, plus perméable aux rayons du soleil, aux pluies, aux arroseniens et aux racines de la plante, et leur procure un engrais. Mais un des effets les plus importans de cette pratique , observe M. de Cossigny , c'est d'accélérer de quatre mois la maturité des cannes ordinaires; et, s'il en est ainsi, que ne doit-on pas attendre d'une culture encore mieux soignée que celle qu'on leur donne aux Antilles? Là, l'emploi du fumier et du labour à la charrue se fait d'une manière in- complète, et presque toujours il est dirigé sans intelligence. On y est trop avare du temps ; on se contente d'un seul labour peu profond. On néglige la multiplication du fumier j souvent on l'emploie tel qu'il est, sans lui avoir donné le temps de mûrir, tandis que le terrain où on le met exige- roit qu'il fût réduit en terreau. On n'a pas compris qu'un décare bien cultivé rendroit plus que deux décares négli- gés , et qu'il coûteroit moins de frais pour son exploitation et pour l'extraction du sucre. En France, on prendroit à tâche de multiplier les labours, de prodiguer, s'il étoit nécessaire, les fumiers, de répéter les sarclaisons, d'arroser les champs par irrigation, de retourner fréquemment la terre. On pourroit encore employer la méthode de l'enfouissement des mauvaises herbes dans les fosses mêmes destinées aux cannes , en mettant un lit de terre entre elles et les boutures. 3." De la plantation. La canne à sucre ne se multiplie que de boutures aux îles du vent et aux îles sous-le-vent , au continent de l'Amérique, et dans beaucoup d'autres contrées. Il n'eri est 452 C A N pas de même à Madagascar, dans la haute Egypte et plu- sieurs autres contrées de TAsie et de l'Inde, où elle se propage de graines. Pour la reproduire de l)outure , on prend la partie supérieure pour servir de plant ; elle est plus tendre que le corps de la canne , et plus aisée à se pénétrer de la pluie, pour pousser des racines ; les boutons qui contiennent le germe y sont plus rapprochés. Le corps de la canne ne réussiroit que dans le cas où il seroit abreuvé d'une pluie continuelle , depuis le commencement de la plan- tation , jusqu'à ce que tous les jets en fussent sortis et eussent acquis de la force. A la Grenade, où les sucreries sont médiocres , ordinairement on laisse tous les ans croître , jusqu'en Octobre et Novembre, les rejetons des cannes cou- pées en Janvier et Février, pour en faire du plant. A Saint- Domingue on se sert du plant lors de la récolte. Le plant destiné à la plantation , si on le met en tas en le couvrant de paille , peut se conserver frais au plus quinze jours. Employé seulement un peu fané, il germe plus vite, s'il est fécondé de la pluie ; il meurt plus tôt s'il en est privé : car il ne peut se faner sans perdre une partie de l'humide qu'il contient, et dont il auroif besoin pour se conserver contre la sécheresse de la terre qui l'environne. Après avoir distribué du fumier mêlé de terre dans chaque fosse , on y couche deux et quelquefois trois bou- tures d'environ un pied ( 35 centimètres ) de longueur. Quand on ne peut s'en procurer q\je difficilement, on est réduit à n'en employer qu'une. On les recouvre d'un pouce ou deux de terre seulement ; la fosse est alors dans la dis- position la plus favorable pour recevoir et conserver l'eau, soit de pluie, soit d'arrosage. L'état de division où elle est, permet aux racines de s'étendre et de se fortifier, pour procurer le prompt développement des boutons , et fournir à la végétation de la canne. Mais si l'on plante dans un fond, il faut, en remplissant le trou, presque niveler la terre; sans cela les pluies un peu fortes y séjourneroient et feroient pourir les plants : en outre, on entretient des saignées, s'il est besoin, pour l'écoulement des eaux. Cinquante nègres suffisent pour planter un carré par jour, ce qui fait deux cents trous pour chacun. Il est sans doute C A N 455 inutile de répéter que l'époque de la plantation varie sui- A^ant les saisons et les localités. Soins qu'on doit avoir des cannes pendant leur végé- tation, et époque de leur récolte. Le premier soin et le plus important est de nettoyer fréquemment le terrain des mauvaises herbes qui l'infestent. DifTérens sarclages, donnés à temps, les détruisent et favo- risent la sortie des jeunes plantes. A chacun des premiers, on fait tomber dans la fosse un peu de la terre qui est en réserve sur les bords, à moins qu'au moment delà plan- tation on n'ait été obligé de l'employer toute, comme cela arrive dans les terrains bas et humides. Excepté dans ce cas, lors du sarclage, qui se fait quand les plantes ont deux pieds et demi (84 centimètres), on les rechausse avec le reste de la terre, et on fume leurs pieds à proportion de leur foiblesse ou du besoin du terrain : c'est le temps de la- bourer les intervalles nus entre les fosses. Il y a des habitations oîi l'on a de l'eau : le colon attentif sait en profiter , pour arroser ses cannes , quand la séche- resse \^% incommode. Tout l'art consiste à la bien diriger et à n'en point perdre. La canne à suere, étant, un roseau, prospère quand elle est arrosée de temps en temps. Tous les plants qu'on a mis dans la terre ne réussissent pas : les uns ne produisent aucune plante ; d'autres en pro- duisent qui sèchent, et qu'il faut remplacer, parce qu'elles sont moins bonnes; il y en a que les averses d'eau font pourir , ou entraînent, s'ils sont dans un terrain en pente. Il est nécessaire de regarnir, par de nouveaux plants, tout ce qiii manque. On appelle cette opération recourage. On recoure les plantations une, ou deux, ou trois fois, lorsque le défaut de pluie empêche les regarnis de pousser. Il arrive de là qu'à la récolte on coupe des cannes de différens âges. La canne étant une plante vivace, lorsqu'on a coupé sa tige, produite immédiatement par la bouture , elle donne, de la racine que le plant a formée, des rejetons , qu'on coupe à leur tour, alin qu'ils fassent place à d'autres. Une habi- tation en sucrerie possède un certain nombre de carrés de 454 C A N cannes plantées, et le surplus en rejetons. Ces rejetons se distinguent en premiers, seconds, troisièmes, etc., selon qu'ils sont la première, la seconde, la troisième repousse, etc. Après la récolte de la canne plantée , les productions des rejetons sont toujours d'un ou de deux mois plus avan- cées que celles des cannes plantées. Ils n'ont pas besoin d'autant de soins que les cannes plantées , puisqu'on n'a pas à les rechausser ni à les recouvrir, à moins qu'ils ne soient trop écartés les uns des autres ; mais on doit les sarcler, pour en ôter les lianes et en découvrir les souches, étouffées souvent par les pailles, c'est-à-dire, par les feuilles sèches des cannes précédentes. Dans le nord de S. Domingue on laboure les rejetons et on enfouit les pailles, c'est-à- dire, les feuilles desséchées , ainsi que je l'ai déjà observé. Cette manière de perfectionner la culture de la canne est due à M. d'Haillecourt. La récolte des cannes à sucre ne se fait pas en même temps dans les divers établissemens des Européens en Amé- rique; elle est nécessairement subordonnée à l'époque des plantations, qui varie beaucoup, ainsi que je l'ai déjà dit. En outre, si dans la culture de la canne à sucre on n'a- voit, comme dans celle du froment, d'autre objet que de récolter les graines, il faudroit faire la récolte de cette plante au temps de sa maturité absolue : mais le but qu'on se propose étant d'en extraire un sel précieux, l'époque de la récolte semble devoir être celle où il est le plus abon- dant dans la canne, et où il a acquis toute sa perfection; et ce moment n'est jamais bien fixe, c'est-à-dire que, les nœuds de la canne ne mûrissant point à la fois, mais suc- cessivement, comme les fruits d'un même arbre, laissent au cultivateur une latitude de deux ou trois mois pour la récolte. D'ailleurs le colon d'Amérique ne règle pas toujours sa récolte sur les lois et les indications de la nature. Son intérêt le porte quelquefois à combiner ses opérations les ■unes par les autres , et à sacrifier plutôt quelque chose du produit de ses cannes, en les récoltant à contretemps, que de déranger ses autres dispositions, ce qui lui feroit perdre davantage. Spéculer à la fois le produit de ses cannes, le travail de ses esclaves, une vente plus facile et plus favo- C A N 455 rable, tel est l'art du cultivateur commerçant Quoi qu'il en soit de l'époque delà récolte, qui dépend en général de celle de la plantation , on doit, dans tous les cas , la commencer par les cannes- rejetons , qui mûrissent toujours les pre- mières, i^ux Antilles , le plus ordinairement, les cannes qui viennent de plants ne sont bonnes à couper qu'à quatorze ou quinze mois; les cannes -rejetons peuvent être coupées à onze et douze mois. Au reste il est important de faire couper les cannes le plus bas possible , et de ramener un peu de terre sur les souches . c'est le moyen de faciliter les repousses et de les fortifier. C'est ainsi que dans les bois dont l'aménagement est bien entendu, on a soin que le bû- cheron coupe entre deux terres. Les cannes étant coupées sur les champs, on les met en paquets, plus ou moins gros, pour les porter ensuite au moulin. Accldens , maladies et ennemis qui sont à redouter pour les cannes. On doit craindre pour les cannes, les vents .^- le fou, la rouille, et plusieurs sortes d'animaux. Les vents violens , qui régnent à certaines époques de l'année, et particulièrement vers Novembre et Décembre, renversent aux Antilles beaucoup de cannes. Abattues et posant sur un sol humide, les cannes pourissent ou sortt la proie des rats. Le tonnerre tombe quelquefois sur ces plantes et y met le feu; mais il y est mis plus souvent par l'imprudence des noirs. On l'arrête alors en lui faisant une part, et en coupant toutes les cannes qui entourent de plus près celles qui brûlent. En passant au moulin les cannes brûlées qui touchoient à leur maturité, on en retire encore nii peu de mauvais sucre ou du sirop. La rouille est une maladie qui attaque les feuilles des cannes, comme celles de beaucoup d'autres plantes ; elles y sont plus sujettes dans les terres grasses et humides, sur- tout dans les années pluvieuses. On préviendra une partie' de ses effets en rendant la terre plus divisée par des mé- langes de sable , de cendres, de fumier non consommé, et mieux encore en procurant de l'écoulement aux eaux. 456 C A N ' Les pucerons ralentissent la végétation de la canne, en dévorant les feuilles ; mais aux Antilles ils tiennent rare™ ment contre les vents impétueux de la fin de l'année. Il se forme, dans l'intérieur des cannes, des vers qui diminuent l'abondance du sucre, et en altèrent la qualité. Les cannes plantées en Octobre et Novembre, lorsqu'elles contiennent de ces vers, se gangrènent après la chute de la flèche. M. de Caseaux pense que le véritable préservatif seroit de planter en Mai et Juin : mais un ver partumlicT attaque aussi les jeunes cannes plantées à cetle époque; c'est le ver brûlant. Il paroît surtout lorsque le mois d'Août est sec et coupé par de petits grains de pluie. Pouppée Desportes, dans sou Traité des Plantes usuelles de Saint- Domingue, attribue cet accident au peu d'attention qu'on a de choisir le plant. Les cannes, dit-il, comme les fruits, sont sujettes à être piquées; et si le plant qu'on met en terre est vermoulu, il n'est pas étonnant que le ver en détruise peu à peu l'intérieur en grandissant. M. de Ca- seaux présume qu'on y remédieroit en saupoudrant d'un peu rie chaux vive la plante ou la terre dont on la chausse, soit au premier, soit au deuxième sarclage. Les rats sont encore un ennemi bien redoutable pour la, canne à sucre; toutes celles qui parviennent à maturité et qui en sont mordues parle bas, sont autant de cannes perdues. Il n'y a qu'un moyen de les détruire, et il ne peut être mis en usage qu'après trois ou quatre récoltes, c'est-à-dire, lorsqu'on se propose de replanter. Alors on brûle les pailles de la pièce qu'on coupe, et pour plus grand succès on a soin de commencer par les quatre coins, et d'avancer en proportion égale jusqu'au milieu, où on laisse un bouquet assez considérable pour servir de retraite et de nourriture aux rats. On y met ensuite le feu tout autour dans un temps calnie : de cette manière ils sont surpris et brûlés. De tous les ennemis de la canne à sucre il n'en est point qui, dans certains temps, se soient montrés plus redoutables ^^e Içs four^lis. Ces insectes ne s'attachoicnt pas au tronc de la cannç, mais ils creusoient sous la souche, comme pour s'y loger; ils dépouilloieut ses principales racines dç C A N 457 la terre qui les environne. Leur nombre à la Martinique étoit incalculable; il n'y avoit pas un pied carré de terrain où l'on n'en eût compté plus de cent : ni les pluies , ni les vents, ni aucun moyen mis en usage par les colons, ne pouvoient arrêter leurs ravages; et la culture de la plante daus cette île étoit menacée d'une ruine totale, lorsque heureusement un ouragan les bt disparoître entièrement et tout a coup, on ne sait comment. Produits de la canne à sucre. Les produits de la canne sont immenses. Indépendam- ment du sucre, dont on connoît les qualités et l'emploi dans l'économie domestique, elle fournit aussi un douzième de sirop. Les gros sirops sont vendus et consommés par le peuple, dans l'état où ils se trouvent; mais ceux qu'on appelle sirops amers, et qui résultent de la cuite et purifi- cation des gros sirops, sont vendus et portés à la rhumerie, pour y fermenter et y être distillés comme les mélasses. Ils fournissent une liqueur connue aux colonies sous le nom de tafia, et en Europe sous celui de rhum, dont il se fait une si grande consommation dans toute l'Europe et surtout en Angleterre. Les sirops et le sucre ne sont pas les seuls avantages que procure la canne à ceux qui la cultivent. Elle donne le plant qui sert à la multiplier. Ses racines, brûlées sur le terrain, l'ameublissent et le fertilisent par leurs cendres. Ses feuilles, qui tombent sur le champ, les cannes dont on a exprimé le suc, et qui portent alors le nom de bagasses , fournissent le chauffage nécessaire à l'entretien des four- neaux de la sucrerie; et il en reste toujours une quantité quelconque qu'on brûle comme les racines , et qui produi- sent le même effet. Avec les sommités desséchées de la canne , on couvre les cases des nègres et quelquefois celle du maître. Quand les têtes de cannes sont vertes , on les donne aux mulets et aux bœufs, qui en sont très-friands. Tant que durent la récolte , rexj)ression de la canne et la fabrication du sucre, travaux qui ont lieu tout à la fois, on les nourrit avec de la bagasse hachée, que l'on trempe dans les écumes retirées des chaudières, ou daus du mau- 458 C A N vais sirop. Quoique ces animaux soient alors surchargés de travail, ils engraissent pourtant à vue d'œil , tant cette nourriture est saine et substantielle. Vin et eau- de -vie qu'on retire du suc de la canne. On peut faire une liqueur vineuse avec le suc de la canne. M. Dutrône en a fait. Voici comment. Ayant coupé et abandonné des cannes à elles-mêmes pendant dix-huit jours, elles prirent une odeur de pomme , forte et vineuse ; il les fit exprimer. La fermentation spiritueuse, qui étoit déjà trés-avancée, se continua dans leur suc exprimé. Cinq ou six jours après, il obtint une li(;ueur parfaitement ana- logue au cidre. Si la canne est abandonnée à elle-même plus de dix- huit jours, l'odeur et la saveur de pomme se dissipent, ou au moins diminuent beaucoup ; le suc exprimé qu'elles donnent alors est très-vineux, et la fermentation spiri- tueuse, commencée dans les cannes, s'achève en peu de jours. La liqueur qui en résulte est très- analogue au vin blanc de raisin. Comme les nœuds de la canne à sucre ne mûrissent que successivement, il est à propos de la partager en plusieurs tronçons, et de les mettre à fermenter séparément. Le moût de canne, c'est-à-dire le suc exprimé de canne qui a fermenté, mis dans des tonneaux, continue à fer- menter comme les sucs de poires et de pommes. Les matières féculeuses se séparent, une partie se précipite au fond, et l'autre est chassée au dehors sous la forme d'écume mous- seuse. Comme il se fait un vide, ou a soin de remplir les tonneaux une ou deux fois par jour, soit avec de l'eau sucrée, soit avec du sable bien lavé. Après plusieurs jours, la fermentation étant tombée, on perce le tonneau à quatre ou cinq pouces au-dessus du fond, et on soutire le vin, dans le cas où il seroit clair, car, s'il est trouble, il faut le coller et le soutirer après vingt-quatre heures de repos. Ce vin seroit trop doux pour être bu nouvellement fait: on l'attend , comme le vin et le cidre. Si on le met tout de suite en bouteilles, il mousse et pétille comme le vin de C A N 459 Champagne. Sa couleur est plus ou moins ambrée, suivant l'état et la qualité des cannes; les meilleures cannes, pour donner du sucre, sont aussi les meilleures pour donner du vin de bonne qualité; Par la distillation du vin de cannes on retire uae eau- de-vie très - agréable , et sinon meilleure, au moins aussi bonne, que le rhum. Dix pintes de ce vin peuvent en donner quatre d'eau-de-vie, portant dix-sept degrés à l'aréomètre de Beaumé. On rougit le vin de canne avec la raquette. Enfin, en considérant la canne à sucre par rapport aux produits spiritueux qu'on peut en retirer, elle offre au cultivateur des avantages plus certains et plus grands qu'aucune autre denrée coloniale. Expression de la canne à sucre. Lorsque la canne à sucre e&t récoltée, on la porte au moulin. Le moulin est formé principalement de trois gros rouleaux appelés tambours, faits d'un bois très -dur et compacte, bien uni et poli, dans lequel on enfonce trois cylindres de fer creux, de quinze à dix- huit pouces de diamètre, et d'un pouce environ d'épaisseur. Ces rouleaux •ont élevés sur un plan horizontal, nommé table, rangés perpendiculairement sur la même ligne , et presque con- tigus. Celui du milieu, mu sur son axe par une puissance quelconque, communique aux deux autres le mouvement qui lui est imprimé. Les cannes qu'on engage entre le rouleau du milieu et celui de gauche , subissent la première expression ; on les repasse ensuite entre le rouleau du milieu et celui de droite, pour leur en faire subir une seconde. Alors les cannes sont désorganisées et privées de leurs sucs, qui dans l'une et l'autre expression tombent sur la table , viennent se confondre dans une gouttière pratiquée à une des extrémités, et coulent dans des réser- voirs nommés bassins à suc exprimé : ces bassins sont ordi- nairement au nombre de deux, et placés au dehors ou au dedans de la sucrerie; quand ils sont au dehors, on les couvre d'un appentis. Les puissances qui mettent les moulins en mouvement. 46o C A IN sont les animaux, l'air ou l'eau; on pourroit employer la pompe à feu. Les moulins à eau sont sans doute les plus commodes et les moins dispendieux; la puissance donnée est plus forte, lemouACment est plus uniforme et n'est jamais interrompu : d'où il suit que les cannes sont mieux exprimées et plus également; que le moulin ne perd jamais de temps, et qu'on ne craint pas la ruine et la mortalité des animaux qu'on emploie à mettre la machine en mouvement. Mais il n'y a pas des ruisseaux ou des rivières partout , et les moulins à vent peuvent remplacer dans ce cas les moulins à eau. 11 est étonnant que dans les Antilles, où les vents sont constans et réglés, on n'ait pas généralement adopté l'usage de ces moulins. Analyse des sucs de la canne. Les sucs de la canne, considérés dans cette plante, sont, le suc séveux que portent les vaisseaux séveux; le suc savonneux-extractif que portent les vaisseaux propres, particulièrement ceux de l'écorce ; et le suc muqueux que renferment les cavités médullaires des entre- nœuds : ces sucs sont plus ou moins abondans ; les qualités des deux derniers varient suivant le temps. Ces sucs , considérés après l'expression de la canne , se confondent, pour ne former, avec les débris les plus fins de ses vaisseaux, qu'un tout homogène, connu sous le nom de suc exprimé. En cet état, le jus de canne est un fluide opaque, d'un gris terne olivâtre, d'une saveur douce et sucrée; il a l'odeur balsamique de la canne; il est doux au toucher et légèrement poisseux; et il est formé de deux parties, l'une solide, l'autre fluide, plus ou moins unies entre elles, suivant les circonstances. La partie solide est connue sous le nom des fécules qu'elle contient. Les fécules sont de deux sortes : l'une grossière, qui vient de l'écorce, et qui porte, avec une por- tion du suc savonneux, une matière verte, résineuse, très- abondante; l'autre, d'une finesse extrême, qui vient de la substance médullaire , et qui porte aussi une petite C A N 461 portion du suc savonneux , qui y est quelquefois très- adhérente. Plusieurs agens, tels que l'air, la chaleur , les alcalis, etc. , décomposent le suc exprimé, en séparant les fécules de la partie fluide; mais les alcalis sont de tous ces agens ceux dont l'action sur le suc de canne est plus forte et plus marquée. Ils le décomposent à l'instant, en séparant les deux sortes de fécules, sous la forme de très-gros (locons. Ils n'ont qu'un inconvénient, c'est qu'en dépouilLmt les fécules de tout leur suc savonneux, et en les dissolvant même dans certaines circonstances, il peut s'ensuivre une décomposition qui nuise à la cristallisation du sel essentiel. La chaleur présente les mêmes dangers ; ce n'est qu'à lair et au soleil, oîi les fécules se séparent et se précipitent au fond du vase, que les molécules du sel essentiel suivent, en se rapprochant, la marche lenle de 1 evaporation la plus favo- rable pour leur union cristalline et régulière. Mais ce moyen est impraticable en grand, parce qu'alors il faudrait exposer le suc en très-grande surface : aussi on doit, comme le dit très-bien M. Dutrône, faire en sorte de s'en rapprocher le plus possible, dans le choix de tous ceux qu'on peut em- ployer. Le jus de canne, dépouillé de fécules , prend alors le nom de suc dépuré ou vesou. 11 est aisé de concevoir que le vesou varie suivant la pro- portion et la qualité des sucs qui le composent. Le suc séveux ou eau de végétation est le plus abondant; le pèse- liqueur sert à reconnoître sa proportion, qui est par cent pesant depuis cinquante jusqu'à quatre-vingt-cinq. Le suc muqueux , dont la proportion varie en raison inverse de l'eau, varie encore dans sa qualité, non-seulement en ce qu'il porte à un degré plus ou moins fort les conditions qui le constituent sel essentiel, mais encore en ce qu'il est plus ou moins éloigné de cet état. On rapporte à trois qualités principales toutes les diffé- rences que présente le vesou par rapport au suc muqueux. Le vesou de bonne qualité est celui dont le suc muqueux est tout-à-fait à l'état de sel essentiel .- le vesou de qualité médiocre porte une portion plus ou moins grande de sue 46a C A IN muqueux, privé de quelques-unes des conditions nécessaires à sa constitution de sel essentiel; cet état a été désigné sous le nom de sue muqueux sucré .- enfin le vesou de mauvaise qualité porte encore une portion de corps muqueux doux. Dans ce troisième vesou, le corps muqueux ne peut, sans se décomposer, souffrir un degré de chaleur au-dessus du terme de quatre-vingt-quatre, échelle deRéaumur. Le corps muqueux, dans l'état sucré, se décompose à quatre-vingt- six ou quatre-vingt-sept degrés ; tandis que le corps muqueux, sel essentiel, peut supporter, dans le suc de canne de bonne qualité, une chaleur de plus de cent degrés. On voit com- bien la présence du corps muqueux, doux et sucré, peut nuire à Textraction du sucre , en s'opposant tant à la cuite qu'à la cristallisation. La proportion du suc savonneux- extractlf est assez dif- ficile à déterminer; il est plus ou moins abondant, suivant la constitution de la canne. Ce qu'on doit penser, c'est qu'ayant pour base une matière solide, dissoute par les alcalis, il sera d'autant plus nuisible à l'extraction du sel essentiel, qu'il se trouvera en plus grande proportion dans le vesou. Travail général du suc exprimé pour en retirer le sucre. Le suc exprimé étant formé de parties solides et fluides , unies entre elles et étendues dans une très-grande propor- tion d'eau, le premier but, dans le travail de ce suc, est la séparation et l'enlèvement des parties solides ou fécules ; c'est ce qu'on nomme défécation. Ces matières étant en- levées, restent l'eau, le suc muqueux et le suc savonneux- extractif, qui forment ensemble le vesou. L'enlèvement dans le vesou de l'eau surabondante à celle qui est en rapport avec les matières solubles, est l'objet d'un second travail : on appelle é^'aporation l'action de la chaleur sur cette eau. Quand les fécules et l'eau surabondante ont été enle- vées, il reste l'eau qui tient en dissolution les partie» salines. On donne le nom de cuite à l'opération par la- quelle on rapproche ces parties, en étant une certaine portion de l'eau dans laquelle elles sont dissoutes. C A N 463 Ainsi le travail du suc exprimé se réduit à trois opéra- tions principales et successives ; savoir : la défécation du suc exprimé, VévapoTation du vesou, et la cuite du vesou- sirop. Pour rendre ce travail parfait, il faut avoir recours à d'autres procédés que ceux qu'on suit ordinairement, ^t qui sont vicieux. On en trouvera au reste la description dans TEncyclopédie méthodique, le Dictionnaire d'agriculture, où je l'ai donnée d'après M. Dutrône. Voici l'exposition de nouveaux moyens employés par ce savant naturaliste. De la défécation et de Vévaporation. Pour séparer les fécules , on emploie la chaleur et les alcalis; pour les enlever, ainsi que les matières terreuses, on se sert de l'écumoire, du filtre et du repos. La chaleur, dans sa première action, sépare les premières fécules et les élève à la surface du fluide , d'oîi elles sont enlevées avec l'écumoire. Celles de la seconde sorte exigent une forte ébullition. Quelquefois la chaleur seule opère la séparation complète des secondes fécules Quoique les flo- cons qu'elle forme ne soient pas toujours assez volumineux pour pouvoir être écumes , il suflit qu'ils soient bien séparés , parce qu'alors ils n'échappent pas au filtre et au ]-epos. On est dispensé dans ces circonstances de se sei'vir de chaux et d'alcalis ; on ne doit les employer que lorsque les fécules résistent à la chaleur, et pour aider son action. Il faut toujours préférer la chaux, parce qu'elle ii'enlève aux fécules qu'une petite portion du suc savon- neux ; quand son action est trop foible, ce qui est rare, on la seconde de l'action de la potasse et de la soude. L'écumoire est insufiisante pour enlever les fécules, et elle ne peut rien sur les matières terreuses; il est donc indispensable de filtrer et de laisser déposer le vesou avant de le cuire. Voici comment est disposé le laboratoire. Il présente trois ou quatre chaudières de cuivre, placées sur la même ligne, et dont la contenance doit être de quatre à cinq milliers. La première, celle qui reçoit le suc de canne, est nommée première chaudière à déféquer} la deuxième, ^,64 C A N seconde chaudière à déféquer; la troisième, chaudière à és/a- porer ; la quatrième, ch,audière à cuire. Ces chaudières sont très- rapprochées et scellées dans une maçonnerie. Entre chacune d'elles, et sur le bord du laboratoire, se trouvent de petits bassins où les écumes, enlevées avec l'écumoire, sont Reçues et portées par des gouttières dans la première à déféquer. Entre celle-ci et le mur est un bassin qui reçoit les premières fécules. Ces bassins et gouttières sont faits en plomb laminé, et soudés à une garniture de cuivre qui recouvre toute la surface des parois du laboratoire, lequel offre la plus grande propreté. Deux bassins, destinés à filtrer et à laisser déposer le vesou évaporé à un degré déterminé , se trouvent à peu de distance du laboratoire. Ils doivent être assez grands pour contenir tout le suc exprimé (amené à l'état de vesou > portant vingt-quatre à vingt-six degrés à l'aréomètre ) que peut fournir le moulin en vingt-quatre heures. Us doivent être faits en maçonnerie, doublés en plomb, et recouverts de plusieurs caisses, dont le fond est formé d'une claie d'osier. Sur ce fond on dispose plusieurs filtres l'un sur l'autre, d'abord une laine, puis une toile et un tamis de laiton. Deux canaux en plomb établissent une commuoica^ tion entre ces bassins et le laboraliaire. L'un porte le vesou évaporé, dans un chaudron placé au pied de chaque bassin, d'où un nègre le verse sur les filtres , dont l'ouverture au fond du bassin est fermée par une soupape ; l'autre rapporte le vesou. filtré et décanté, à la chaudière à cuire. Les deux bassins qui reçoivent immédiatt;ment le suc d' canne venant du moulin, sont placés en dehors de la sucrerie : ils doivent contenir au moins chacun trois mille livres de suc. On les remplit à une mesure fixe, toujours égale : on fait passer cette charge dans la première chau^ dière a déféquer ; on pèse avec une balance hydrostatique ' 1. Elle a été inventée par un Anglois» et introduite à S. Domingue en 1787 ou 1788 ; elle sert à faire connoître la quantité de fécules qui existent dans le suc exprimé , et le rapport de la chaux nécessaire pour li;s séparer. Celle connoissance est essentielle, parce que , sans une.honne défé- C A N 465 la quantité de chaux nécessaire à la séparation des fécules j on l'étend: on agite la charge avec une cuiller pendant une minute ou deux, puis on la transvase en entier dans la chaudière à cuire. Après avoir rempli toutes les chaudières d'une charge ainsi lessivée, on commence à chauffer. Le fourneau est commun à toutes les chaudières. Il consiste dans un canal dont l'ouverture est en dehors de la sucrerie, pratiqué dans la muraille presque vis-à-vis de la chaudière à cuire, et qui se termine par une cheminée placée un peu au-dessus de la première chaudière à défé- quer; parce moyen les chaudières reçoivent un degré de chaleur relatif à leur proximité du foyer proprement dit. Le suc de la chaudière à cuire est le premier dont les fécules se séparent. L'action de la chaleur se porte succes- sivement sur les chaudières suivantes ; les premières et secondes fécules sont enlevées. Tant que l'évaporation se fait, on écume toujours, et on ajoute à chaque charge, si cela est nécessaire, soit de la chaux en substance, soit une lessive de chaux ou d'alcali. Lorsque le vcsou de la chaudière à cuire porte vingt-deux à vingt-quatre degrés de l'aréomètre, on suspend le feu, et on fait passer ce vesou dans le chaudron placé au pied du bassin à filtrer ou à décanter, qu'on veut remplir. La chaudière à cuire est remplie de nouveau avec la charge entière de la chaudière à évaporer ; et celle - ci l'est avec la charge de la chaudière précédente. Il en est de même des deux autres : à mesure que le vesou arrive dans le chaudron, il est versé sur les filtres. On continue ainsi jusqu'à ce que le bassin à décanter soit rempli. On doit disposer la marche du travail de telle manière que le premier bassin à décanter le soit vers les six ou huit heures du soir ; alors le vesou, évaporé toujours au même cation préalable, il n'y a point de succès à espérer; et cependant, jusqu'à cette époque, on n'avoit, à proprement parler, aucun moyen de trouver le juste degré de lessive , parce qu'on n'avoit encore trouvé aucune méthode, aucun instrument , pour déterminer précisément dan« quelle proportion se trouvent les fécules avec une quantité donnée quelconque de suc de canne exprimé. e 3a 466 C A N degré, est porté de la même manière dans le second bas- tin, par le canal qui lui répond. On poursuit ce travail pendant la nuit. Vers les cinq ou six heures du matin, on éteint le feu; on vide la chaudière à cuire, et, après l'avoir bien lavée, on y fait passer le vesou qui a été filtré dans le bassin , et qui a déposé, pendant huit ou dix heures de repos, les matières féculentes et terreuses qui , par leur extrême finesse, ont pu échapper aux filtres. La chaudière à cuire étant chargée d'une quantité de vesou convenable pour faire une cuite, on s'assure si la défécation est bien faite '; on remédie au défaut ou à l'excès de lessive; on cuit cette charge, et successivement tout le produit du bassin à décanter. Pendant cette opération, on continue d'écumer et d'éva- porer dans les trois chaudières précédentes; et, à mesure que le vesou de la chaudière à évaporer arrive au point d'évaporation déterminé, on le fait couler de cette chau- dière dans le second bassin à décanter, jusqu'au moment où tout le produit du premier se trouve cuit, ce qui doit arriver sur les six ou. huit heures du soir. A ce moment on passe la charge de la chaudière à éva- porer dans celle à cuire , qui alors sert à évaporer. On remplit de nouveau le premier bassin ; le second est aban- donné au repos pendant la nuit ; et le matin , à cinq heures, on procède à la cuite du vesou de ce bassin, ainsi qu'on a fait la veille pour celui du premier. Une fois ce travail établi, on le continue en suivant toujours l'alternative. Les avantages qu'il présente sont évidens. i." Chaque charge passe, sans être confondue, d'une chaudière dans l'autre , où elle reçoit successivement le degré de chaleur qui convient à la marche de la défécation et de l'évapora- tion. 2." On peut régler la lessive sur chaque charge, et 1. Pour cet effet, on prend du vesou dans une cuiller d'argent; ou le tourne sous différeus aspects; on y mêle quelques gouttes d'eau de chaux filtrée. Si, après une ou deux minules, on n'aperçoit aucun corps solide nageant dans la liqueur, et que le vesou soit de bonne qualité; on peut «t)'« asturé que la défécation est conipUte. C A N -467 suivre les signes que présentent les écumes et tes bulles de vesou en ébullition. 3.° Dans la filtration et la décantation, toutes les matières solides qui ont échappé à l'écumoire, sont enlevées avec le plus grand succès. 4." La défécatioa et l'évaporation commencent presqu'en même temp|, et vont ensemble jusqu'aux bassins à décanter. 5.° Avec les chaudières de cuivre on est le maître de graduer l'action de la chaleur et de régler levapu-ation jusqu'au degré convenable. La marche des chaudières de fer, bien loia d'avoir aucun de ces avantages, a tous. les vices opposés. De la cuite. Quand on commence à cuire le vesou, il est dépouillé de toutes les matières solides, et on est à temps de remé- dier à l'excès ou au défaut de lessive. On cuit d'ailleurs ea somme et pendant le jour : ainsi le raffineur peut donner ses soins à toutes les cuites, sans être obligé de passer vné partie de la nuit dans la sucrerie. Le but qu'on doit se proposer, en cuisant le vesou-sirop , est d'en extraire, dans le meilleur état possible, la pins grande quantité de sel essentiel. La cuite n'est autre chose que l'action de la chaleur sur Teau de dissolution du sucre. Les raflineurs d'Amérique et d'Europe n'en ont jamais eu qu'une idée très - imparfaite ; pour s'assurer du degré de cuite, ils se bornent à des épreuves particulières et vagues, qui marquent la routine de l'art : il convient cependant, et il est bien plus sûr, de régler cette opération sur les principes de la chimie. C'est ce que fait M. Dutrône. Il faut, dit- il, à une température de vingt -deux degrés, trois parties d'eau et cinq de sucre , pour satisfaire l'affinité réciproque de ces deux êtres , dont le produit fluide au point de saturation est nommé sirop. L'action de la chaleur appliquée à ce fluide doit nécessairement commencer et finira un degré du thermomètre toujours fixe. L'expérience a prouvé que le premier terme de cette action commençoit à quatre-vingt-trois degrés, thermomètre de Réaumur, et' que le dernier finissoit à cent dix. On peut donc établir entre ces deux termes l'échelle suivante, qui., à chaque degré, annonce, par la somme du sucre passé à 1 état solide 468 C A N «près ]a cuite , la proportion d'eau que la chaleur a enlevée dans cette opération. Or si l'on porte sur un quintal de fucre dissous et mis dans l'état de sirop par soixante livres d'eau, l'action de la chaleur à un degré déterminé ( quatre- vingj-huit degrés par exemple)*, on obtient une somme de sucre déterminée, qui, une fois connue ( cinquante -deux livres), fait nécessairement connoître la proportion d'eau ( trente-une livres, trois onces , deux gros) qui a été enlevée, et celle (vingt-huit livres, douze onces, six gros ) qui reste encore combinée, dans l'état de sirop, à l'autre portion de sucre (quarante-huit livres). Voyez la Table ci- à- côté. — • Table de la quantité Echelle de divers degrés de la chaleur sur l'eau de d'eau que la chaleur n'a po'int enlevée^ et dissolution du sucre a^^ qui , aux divers de- grés de son action , point de saturation. reste unie au sit^re - - dans l'état de sirop. H Eau qui reste après Sucre q>ii reste ài n S o Eau de dissolution enlevée à chaque Produit en cristallisé à sucre cha- chaque deyré de cuite, combiuée au sucre, daus chaque degré dei cuite, coiubinél i l'eau , dansi a dcj;i<' de cuite. que degré cuite. de l'élat de sirop, après la cristal- l'éuit de sirop,! après la cristal- !» lisation. lisation. o \ P 0 r ^ 0 0 P 9 P 0 s r: 0 1 0 1 85 0 s s 0 s 60 s 3 100 s T' 8^ 4 12 7 8 s 55 5 1 92 s 8 S 1 1 8 7 19 4 48 7 1 80 12 86 18 s j 3o s 42 s s 70 S «7 -4 9 5 41 s 35 6 3 59 s =■88 5i 5 2 52 s 28 12 6 48 « 89 35 1 1 5 56 s 26 6 3 44 s 90 56 5 s 60 5 23 i3 s 39 s 91 58 1 s 65 4 21 i5 s 36 12 9- 59 4 z Ç>C> 3 19 12 s 33 l5 95 41 7 5 69 2 18 8 3 3o 14 94 43 4 r 7^ 1 16 12 s 27 i5 95 45 s s 75 s j5 s s 25 s 96 46 7 2 77 r i3 8 6 22 9 97 48 7 4 80 5 11 8 4 19 1 1 98 5o 1 5 85 6 S 9 14 3 10 i3 99 5i s ï 85 j 9 s s i5 s 100 52 5 7 87 4 7 10 1 12 12 101 53 1 3 88 6 6 14 5 11 10 102 54 1 = 90 1 5 i5 5 9 i5 io5 65 3 5 91 4 4 12 3 8 12 104 55 12 r 9^ 7 4 4 s 7 9 io5 56 7 5 94 2 5 8 s 5 14 106 57 5 4 95 5 s 12 4 4 1 1 107 58 6 4 97 r 1 9 4 5 s io8 68 14 4 98 2 1 1 4 1 14 s 109 59 7 6 99 2 s 8 5 s 14 ï 1 10 60 : r lOO _'_ * 0 s s 0 a î 47» C A N Pur galion et cristallisation du sucre ^ d'après la mé" thode nouvelle de M. Dutrône. Lorsqu'on laisse, dit-il, au sucre qu'on fait cristalliser une grande proportion d'eau, il forme de très-gros cris- taux bien réguliers; dans cet état, il porte le nom de zucre. candi. On sait que les sels sont d'autant plus purs et plus parfaits, que la forme sous laquelle ils se présentent approche davantage de celle que la nature leur a assignée. Le sucre candi est donc dans l'état le plus parfait qu'on puisse désirer, et les moyens qu'il convient d'emplcyer pour tirer le sel essentiel de la canne, doivent donc être fondés sur ce principe de chimie, cristalliser à grande eau, établi pour tous les sels qui cristallisent par refroidisse- ment. C'est d'après ce principe qu'on doit établir la cuite du vesou- sirop, et donner aux vases dans lesquels on fait cristalliser le sucre, la forme et la contenance les plus favorables pour sa cristallisation et sa purgation. M. Dutrône propose, pour cet effet, des caisses de bois, faites avec des planches de trois centimètres ( i pouce ) d'épaisseur, et doublées en plomb laminé très- mince : elles doivent avoir un mètre six décimètres ( 5 pieds ) de long sur un mètre (3 pieds) de large; leur fond est composé de deux plans inclinés de dix-huit centimètres ( 6 pouces ) , dont la réunion forme une gouttière percée, de douze à quinze (rous de trois centimètres (i pouce) de diamètre, pour l'écoulement des sirops : leur profondeur est de vingt-sept centimètres (g pouces) sur les côtés; elle va en augmentant vers la gouttière, où elle a quarante-cinq centimètres (. i5 pouces). Ce chimiste s'est arrêté à cette dimension, parce que Texpérience lui a démontré que la somme de matières qui réunissoit le plus grand nombre de circonstances favo- rables pour la cristallisation du sucre, étoit de cinq mètres ( i5 à i6 pieds) cubes. Les vaisseaux appelés cristallisoirs- caisses , sont destinés à recevoir, les uns le vesou -sirop ou sucre de canne, les autres les premiers, seconds ou troisièmes sirops cuits. Ils sont établis sur des traverses fixes , de vingt-quatre à trente eentimétres (8 ou lo pouces) du sol, et au-dessus de» C A N 471 gouttières, qui se terminent à des bassins. Chaque espèce de cristallisoir a sa gouttière et son bassin particuliers ; de cette manière les produits en sucre et les sirops ne se confondent point. On fixe la cuite du vesou- sirop au thermomètre. Le degré qui convient pour obtenir, dans la plus grande pro- portion, le sel essentiel cristallisé en caisse sous la forme la plus belle et la plus régulière, est 87°^ à 88°. Lors- qu'on s'est assuré de ce degré , on éteint le feu ; on vide le produit de la chaudière à cuire dans une chaudière ap- pelée rafraîchlssoir, qui fait partie du laboratoire; de là on le porte tout de suite dans une caisse, dont on a eu soin de boucher les trous avec des chevilles de bois garnies de pailles de maïs. Les caisses font fonction de second rafraîchissoir; on les emplit de deux cuites qu'on mêle ensemble. Au bout de vingt-quatre heures, on imprime à la masse, fluide encore, un léger mouvement avec un mouveron (spatule de bois), en ayant soin d'élever vers la surface le sel essentiel qui est déjà déposé au fond. Après cette opération la cristal- lisation a lieu simultanément dans toute la caisse : en cinq ou six heures elle devient générale et égale. Quatre ou cinq jours après, la masse totale étant refroidie, on tire les chevilles ; alors la purgation se fait très-promptement : elle est complète au bout de six à huit jours. Le sel essentiel, bien purgé de son sirop, est légèrement humide; mais pour peu qu'il soit exposé à l'air, il devient parfaitement sec. Dans cet état il peut être mis en barrique, et on doit le piler fortement, comme les sucres terrés. En cuisant le vesou-sirop à quatre-vingt-huit degrés , o a obtient moitié et même plus de moitié de la quantité de sel essentiel qu'il porte ; et si la défécation et la cristallisation ont été bien entendues, ce sel est alors dans le plus haut degré de pureté et de beauté qu'il puisse acquérir en brut. Du £errage et de l'étuve^ suivant la nouvelle méthode de M. Dutrône. L'objet du terrage est d'enlever, à la faveur de l'eau , la portion de sirop qui reste à la surface des petits cristaux 473 C A N de sucre, après la purgation. Pour cet effet, on cuit bien la base du pain, en tassant un peu le sucre ; puis on verse dessus une terre argileuse, délayée dans l'eau, a consistance de bouillie. Cette terre fait fonction d'cponge : emportée par scvii propre poids, Teau dissout le sirop, qui, devenu plus fluide, est entraîné vers la partie inférieure de la caisse et découle dans le vase placé au-dessous. Toute terre argi- leuse peut être employée au terrage. Quand la première terre dont on a couvert le pain est desséchée, on l'enlève et on la remplace par une seconde, qui, devenue sèche, est remplacée à son tour par une troisième; celle-ci est pareillement enlevée après sa dessic- cation. On laisse alors le pain dans les caisses pendant vingt jours, afin que le sirop s'écoule entièrement; après ' ce temps on le retire. Il est essentiel d'observer que, quand on est dans l'in- tention de terrer, il faut augmenter le degré de cuite et le porter de quatre-vingt-huit à quatre-vingt-dix degrés. On étuve le sucre en le mettant dans un grand bâtiment chauffé pendant trois semaines par un énorme poêle ( il faut que le sucre ait été auparavant exposé au soleil im- médiatement après le terrage). Le feu doit être entretenu également; s'il est trop fort, le sucre roussit. M.Dutrône a fait construire, pour étuver le sucre extrait et terré selon sa méthode, une étuve imitant à peu près une serre chaude. Le sucre y reçoit l'action du soleil, ce qui dispense de l'y exposer après le terrage. Cette étuve est échauffée pendant le jour par le soleil; pendant la nuit, •un très -petit feu suflit pour la soutenir à la température convenable, qui est de trente-six à quarante degrés. Cette manière d'étuver est plus cxpéditive, moins dispendieuse, et donne au sucre un œil plus brillant et plus blanc. Cannes à sucre d'Egypte, d'Otahiti et de Batavia, Cette culture est assez considérable en Egypte. On y plante la canne à sucre appelée par les Egyptiens kassabmas , non -seulement pour l'usage du pays, mais encore pour en exporterie sucre raffiné dans toute la Turquie, et quelque- fois en moscouade , à Livourne et à Venise. Tout ce qu'on C A N 473 eu cultive aux environs des villes se mange, les cannes étant encore vertes, depuis Novembre jusqu'en Mars, et pendant toute l'année. Les pauvres gens trempent leur pain à déjeûner dans le sirop de sucre , comme les riches le trempent habituellement dans le miel. Dans la Hautt'^ Egypte les habitans coupent les cannes par morceaux de neuf centimètres (3 pouces) de longueur, et, après les avoir fendus, ils les mettent tremper dans l'eau; ce qui leur procure une boisson agréable. Les plantations de sucre se renouvellent chaque année; les terres essoued , terres noires formées par les dépôts du |Nil, sont les meilleures pour cette culture. Elles exigent plus de déboursés que les autres, parce qu'il faut élever, autour des champs qu'on y destine, des chaussées considé- rables, pour les préserver des inondations du Nil, et pour les arroser, au moyen des pu55ûrague5, pendant le reste de l'année. On plante les cannes à la mi -Mars, après trois labours, et on les coupe dans le Saydy, oîi s'en fait ordinairement la plus grande culture, à la fin de Février. On les cultive aussi particulièrement dans les territoires de Farshiout et d'Achmin , province de Cyrgih : partout on ne les multiplie que de boutures, qu'on place dans des rigoles faites avec la charrue, à la profondeur de seize centimètres (6 pouces), et distantes l'une de l'autre de cinquante à cinquante-cinq; centimètres (lo à 20 pouces). Chaque nœud pousse sa tige , qui s'élève dans le Saydy à plus de trois mètres (9 à iq pieds); tandis qu'aux environs du Caire et sur le Delta, k peine ont-elles deux mètres ( 5 à 6 pieds). Il a été parlé dans cet article de deux espèces de cannes qui croissent à Batavia, dont l'une (la rouge ou violette) préfère les terres vieilles et un peu sèches, et l'autre (la «verte ) se plaît dans les terrains neufs et humides. La rouge, selon M. Moreau de Saint-Mery, donne un sixième de sucre de plus et mûrit trois mois plus tôt que celle de Saint- Domingue; mais le sucre en est médiocre, et garde une teinfe violette. Selon M. deCossigny, cet inconvénient n'a pas lieu, et le sucre de cette canne n'a point cette teinte foncée, quand il est hien fabriqué et la canne bien cultivée. A74 C A N Au reste, voici ce qu'on lit, au sujet de la culture de la canne à Batavia, dans un Mémoire inséré par extrait dans la feuille du Cultivateur, tome 7. ^, Tandis qu'aux Antilles la houe est presque le seul « ustensile connu pour cultiver la canne à sucre, on se « sert à Batavia, avec un grand succès, d'une charrue légère, « traînée par un seul buiïle, après laquelle on fait passer « un cylindre. Une personne , avec deux paniers suspendus « à chacun des bouts d'un bâton porté sur l'épaule d'une « autre personne, fait tomber alternativement de cliaque « panier un plançon de canne dans des trous faits exprès, « et à la même distance que se trouvent les deux paniers : <( la même personne pousse avec son pied de la terre pour « couvrir le plant. « On prend autant de soin à Batavia à réduire la canne « en sucre qu'à la cultiver. L'évaporation étant en propor- « tion de la surface des vases , les bouilloires ont la plus « grande surface possible. Le jus des cannes est d'abord « tempéré et bouilli à consistance de sirop ; il est versé « ensuite dans des cuves et arrosé avec de l'eau, pouf « précipiter les mauvaises parties. Après six heures de « repos, on le fait couler par trois trous faits à difTérenles •« hauteurs; d'abord par le premier trou, dans une bouil- « loire de cuivre placée sur le feu, où le suc est encore « tempéré une fois, et réduit en sucre avec un feu modéré. « 11 se met en grain. L'ouvrier, au moyen d'une épreuve, « i"gt^ quand il est suffisamment bouilli. Les cuves dont ,( il a été fait mention, sont toutes placées à la gauche des « bouilloires en cuivre. Après y avoir fait couler tout ce « qui est clair, par le premier (rou, on passe le reste. Ce « qui se trouve clair, tiré par le second trou, est jeté « dans la bouilloire; le reste, ou les lies, tiré par le troi- « sième trou, est destiiié à la distillation : on purifie /< ensuite le sucre avec l'argile, daus l'Orient comme dans « l'Occident. » Par ce qui vient d'être dit sur la culture de la canne à sucre à Batavia , on voit qu'elle se fait à la charrue. Ilseroit à désirer, et c'est l'opinion de M. Moreau de Saint-Mery , que ce mode de culture eût lieu dans nos colonies, partout C A N 47i où il est possible; outre les avantages qu'il procureroit, en disposant mieux le terrain , il est bien plus économique que celui pratiqué à la houe. Peut-être conviendroit-il aussi que les plantations, qui se font avec des boutures, se fissent avec des plantards enracinés, que l'on f^ucheroit dans une fosse longue et un peu large, et que l'on cou- vriroit ensuite de terre mêlée de fumier. Peut-être con- viendroit-il encore de labourer la terre entre les sillons. Au demeurant, on ne peut trop engager les cultivateurs intelligens à multiplier les essais, qui doivent différer suivant l'exposition du sol, suivant sa nature, suivant le climat, suivant la facilité des arrosemens , etc. La canne d'Otahiti, espèce dont j'ai déjà parlé, très- belle et plus hâtive que la nôtre , a été apportée de cette île à Antigoa, une des petites Antilles, appartenante a«x Anglois ; elle s'y est naturalisée avec un grand succès : de ce pays elle a été envoyée , par ordre du gouvernement bri- tannique , dans d'autres colonies angloises , notamment à la Jamaïque. Cette espèce, dit-on, réussit dans des terrains qui sem- blent trop appauvris pour nourrir la canne ordinaire. Elle pousse dans des temps qui arrêtent la croissance et Iç développement de celle-ci; et sa maturité, dont le terme ne va point au-delà d'une année, est quelquefois atteinte à neuf mois. Selon Lachenaie , elle pousse des fibres plus ligneuses, qui la rendent plus capable de résister aux grands vents; elle fleurit davantage, pèse un tiers déplus, fournit un cinquième de vin ou de suc de canne de plus et un sixième de sucre. Son grand avantage surtout est de donner quatre récoltes quand la canne des Antilles n'en donne que trois. Son suc a moins de parties extractives et de fécule, moins de principe colorant; et son gluten, qui n'est qu'en petite proportion, rend le sucre plus facile à faire et plus beau. Sa cristallisation est plus régulière; d'où il résulte de grands vides entre les cristaux, qui lui donnent une légèreté spécifique plus grande. Les procédés pour l'extraction de son sucre sont les mêmes que ceux déjà connus. La canne d'Otahiti n'existe encore que dans une de nos 476 C A N colonies, la Guadeloupe (à moins qu'on ait négligé de l'y cultiver pendant la révolution), tandis qu'elle se trouve dans toutes les iles angloises , et même dans l'ile espagnole de la Trinité, où un François Ta introduite. Elle a été cultivée % la Martinique; je ne sais si elle y existe encore. ■ Si l'éloge qu'on fait de la canne d'Otahiti , et n:ême de celle de Batavia, est mérité, on doit bien désirer d'en voir introduire la culture dans nos autres colonies, et surtout à la Guiane Françoise, qui est appelée, ainsi que l'a Fort bien observé M. Giraud dans un mémoire sur cette colonie, à former le contre-poids que la France doit songera opposer, tant aux envahissemens angluis , qu'aux accroissemens na- turels et nécessaires des Anglo- américains. (T.) CANNE DE TABAGO. {Bot.) Dans le voisinage de Car- thagène, une espèce de palmier pousse des jets assez élevés, dont les entre-nœuds servent à Faire des cannes souples et pliantes, qui, transportées en Europe, y sont d'un usage habituel; c'est cet usage qui lui a Fait donner, parJacquiu, le nom de b ac tris , qui en grec signifie bâton. (J.) CANNEBERGE {Bot.), nom vulgaire d'une airelle , vac- cinium oxycoccus , L., dont TourneFort Faisoit un genre distinct , Oxj'coccws, caractérisé par sa corolle qui, au lieu d'ttre en grelot, est divisée proFondément en quatre parties. (J.) CANNEL-COAL. (Miner.) C'est le nom anglois d'une variété asbez remarquable de houille, ou plutôt de lignite, que nous nommerons Lignite resiniforme ( voyez ce mot). Ce nom veut dire charbon -chandelle, parce qu'en effet cette houille brûle à la manière d'une chandelle. Cannel, dans leLancashire, patrie de cette houille, est synonyme de candie, qui veut dire chandelle en anglois. ( B. ) CANNELÉ (liept.). nom que Lacépède a donné à une espèce de reptile saurien, du genre Cualcide. Voyez ce mot. (CD.) CANNELLE {Bot.), Cinnamomum. C'est l'écorce infé- rieure des jeunes pousses et branches du laurier cannellier. (Pour les car,ictères et la description de cet arbre, voyez l'article Laurier cannellier.) L'écorce extérieure, grisâtre et spongieuse , e^t très -peu aromatique , et les gens employés C A N 477 à la récolte de la cannelle, ont grand soin de la séparer pour la rejeter." Ils reconnoissent une troisième écorce plus intérieure encore, qu'ils évitent d'entamer, car l'arbre périroit. C'est en général des tiges et branches de trois ans que la cannelle se tire dans les mois de Février et d'Août, époques auxquelles la sève abondante permet que'l'on dis- tingue et sépare ces différentes écorces avec facilité. Cette opération n'a rien d'ailleurs qui diffère de la façon ordi- naire d'écorcer les arbres. La cannelle fraîche est alors coupée en feuillets carrés, et étendue au soleil, qui en la desséchant lui donne la couleur rougeàtre et la forme roulée qu'on lui connoît dans le commerce. C'est probablement de cette forme que le nom de can- nelle lui est venu. Ce nom, inconnu aux anciens, est également ignoré des nations orientales qui nous ont trans- mis cette épice ; car les Arabes l'appellent querfe , et les Persans darsini. Les Italiens, qui pendant plusieurs siècles ont seuls fourni à l'Europe les épices et marchandises de l'Orient, l'ont désignée les premiers par ce mot, qui en leur langue signifie tuyau. L'espèce du laurier cannelier présente plusieurs variétés , qui toutes donnent de la cannelle plus ou moins aromatique ; mais il paroît, d'après un examen un peu approfondi, que ce n'est que la variété appelée par les Ceilanois russe co- rondé , qui fournit la cannelle fine dont on fait usage dans le commerce. Cela est très- analogue à ce que l'on observe dans les autres espèces d'arbres des produits desquels les hommes ont tiré parti. Quelques variétés pri^ vilégiées sont les seules cultivées et dignes de l'être; le reste donne des produits grossiers, agrestes, et de peu de valeur. Burmann, dans son Thésaurus Zeilanicus, pag. 63, décrit jusques à neuf variétés de laurier cannellier, qui croissent dans la seule île de Ceilan : mais, d'après ses mêuies descriptions , on est porté à croire que quelques- unes d'entre elles sont de vraies espèces, distinctes du laurier cannellier , qui sont encore inconnues aux bota- nistes. La supériorité de la cannelle fournie par le rasse co- ronde, a fait que l'on a donné le nom de cannelle sauvage, 478 C A N eanella ào nialo , en portugais (d'où vient le nom de cannelle matte , usité par les néyocians des Indes), wielde canesl, en hollandois, à celle fournie par les autres va- riétés de laurier canneîlier. Une espèce de laurier . voisine de celle-ci , donne de même de la cannelle très-inférieure, à laquelfè, par cette raison, on a donné, dans le commerce et dans les livres des voyageurs , les mêmes noms , et il en est résulté une confusion qu'il est à propos d'éclaircir. La cannelle sauvage du Malabar est le produit an laurus cassia de Linngeus, qui est le karua de Rhèede (H. Malab. , t. 1 , p. io5,fig. 57); elle ressemble plus qu'aucune autre à celle du rasse corondé, et on s'en servoit pour la mêler avec elle, ou pour en diminuer le débit, en la vendant à très- bas prix. Les Hollandois, pour anéantir cette concurrence, ont acheté du roi de Cochin la faculté de la détruire. La cannelle sauvage de Java, celle de la Chine, semblent appartenir aussi à cette espèce de laurier, puisque, dans les marchés d'Ormuz et de Perse, on appelle hois de Chine la cannelle tirée du laurus cassia. Celle de la Cochinchine, au contraire, qui est d'une qualité très- inférieure, appar- tient, s.elon Loureiro, au laurus cinnamomum de Linnseus : il en est de même de la cannelle sauvage des Antilles, dont parle Rochefort dans son Hist. naturelle des Antiîles, t. 1 , pag. 2o5, et du katou karua de Rhèede , t. 5, pag. io5, t. 53. Le rasse corondé ne croît pas naturellement dans toute l'île de Ceilan : on ne le trouve que dans sa partie occidentale près de Columbo , dans un espace d'environ quatorze lieues de longueur. Les Hollandois et les Portugais avant eux s'en étoient assuré le monopole, et avoicnt grand soin qu'on ne le multipliât pas ailleurs. Toute la cannelle qu'on en tiroit appartenoit au roi de Portugal, et depuis la fin du dix-septième siècle , à la compagnie hollandoise des Indes. Les uns et les autres eurent grand soin d'en tenir le prix à une certaine hauteur, n'en récol- tant qu'une quantité déterminée, qui dans les derniers temps montoit à douze mille quintaux ou environ, dont la moitié passoit en Europe ; le reste se consommoit en Asie. C A N 479 Ce monopole est près de finir. Les François ont trans- porté , les premiers , le rasse corondé de Ceilan à l'Isle-de- France et à Caïenne ; les Anglois , depuis quelques années, à la Janiaique, et la cour de Portugal, en 179B et 1799, sous le ministère de D. Rodrigue de Sousa , en fit parvenir quelques centaines de pieds au Brésil, où ils ont pîospéré. (Cor.) CANNELLE BLANCHE (Bot.)-. Canella, Murr. ; TTin- terania, Linn. Ce genre de plantes a pour caractères un calice d'une seule pièce, à trois lobes arrondis , cinq pétales sessiles, attachés sous l'ovaire et entourant un godet de la même longueur, désigné par Linnaeus sous le nom de nec- taire, auquel sont attachées extérieurement des anthères sessiles au nombre de seize, suivant Linnœus , de vingt et une, suivant Swartz. L'ovaire, entouré de ce godet, est sur- monté d'un style et de deux ou trois stigmates, et il paroît avoir trois loges, dont deux avortent pour l'ordinaire. Celle qui subsiste contient deux à quatre graines enveloppées dans une coque fragile. Suivant Gasrtner, l'embryon est petit, courbe, à lobes linéaires , à radicule supérieure , ren- fermé dans la cavité d'un périsperme grand et charnu. Ce genre n'offre qu'une espèce, le canella alba ^ Murr. C'est un arbre de cinq mètres ( 14 à i5 pieds) de hauteur, dont les rameaux ne s'étalent pas. Ses feuilles , semblables à celles du laurier, dont elles ont aussi l'odeur, sont alternes et de plus parsemées de points transparens. Ses fleurs, de couleur violette, sont disposées en corymbes terminaux; elles exhalent une odeur de musc. Les baies qui leur succèdent, passent successivement du vert au bleu et au noir, et sont aromatiques. L'écorce de cet arbre est également aromatique, et on l'a substituée quelquefois à celle de A'Vinter; ce qui l'avoit fait confondre avec celle-ci. Lin- naeus, trompé par cette apparence, l'avoit nommé wintera- nia. On a reconnu depuis que cette écorce étoit celle d'un autre arbre appartenant au genre Drymis ; et pour éviter la confusion des noms et des idées , pour prévenir les erreurs qui peuvent en être la suite , Murrai et Swartz ont rendu à la cannelle blanche le nom de canella qu'elle por- toit auparavaijit. C'est le drymis, qui est cité par divers 48o C A PS auteurs sous le nom de cortex viuiteranus, , qui est aussi Dommé faussement par quelques-uns cannelle blanche, et d'où découle, suivant Lémery, la gomme aiouclii , noirâtre et odorante. En examinant le caractère présenté ici d'après Swartz, qui a t./u la plante sur les lieux, on voit que ce genre n'a point d'aflinité botanique avec le vrai cannellier, espèce de laurier; que, semblable aux méliacées par la réunion des lilets d'étamines en une gaîne ou un godet, il en diffère par leur nombre, qui s'élève au-dessus de dix. Cependant, si, comme le dit Sv\artz, les anthères sont uniloculaires, ce nombre équivaut à peu près à celui de dix anthères biloculaires , et alors la différence seroit moindre. Mais la présence de points transparens sur les feuilles laissera en- core des doutes sur la parfaite aflinité du canella avec les méliacées, dont aucun autre genre ne présente ce carac- tère. (J. ) CANNELLE FAUSSE. (Bot.) C'est le laurus cassia qui est ainsi nommé dans l'Inde, et qui est le canella do malto des Portugais : son écorce , qui est fort inférieure à celle de la vraie cannelle de Ceilan , lui est souvent mélangée par fraude. ( J. ) CANNELLE GIROFLÉE {Bot.), écorce connue dans les Traités de drogues et de matière médicale sous les noms de cortex carjophjllatus, canella cary ophy lia ta. Elle est roulée comme la cannelle, et son odeur ainsi que sa saveur ap- prochent de celle du girofle, d'où lui vient son nom. Elle est d'une couleur cendrée à l'extérieur et brune à l'inté- rieur ; sa qualité est aromatique, et ceux qui dans l'Inde vendent le girofle en poudre, y mêlent quelquefois par fraude cette écorce pulvérisée pour en augmenter la quan- tité. Lémery confond l'arbre qui fournit cette écorce avec le raven-sara, agatophyllunif et cette erreur a été répétée par d'autres après lui. Maintenant on sait que c'est une espèce de myrte, mjrtus carjophyllata, qui est aussi nom- mée dans quelques pays bois de crabe ou de crave , et dans d'autres capelet, suivant Lémery. ( J. ) CANNELLE MATTE. (£ot.) Voyez Canella do matto. ( J.) CANNELLE POIVRÉE {Bot.), nom sous lequel on re- C A N A8i trouve dans quelques livres l'écorce de Winter, ou drimis aromatique. Voyez Drimis. (J.) CANNELLE SAUVAGE (Bot.), espèce de cannellier qui est une variété de celui de Cvilan, ou plutôt espèce sauvage dont celui de Ceilan est une variété perfectionnée et amé- liorée par la culture. Voyez Cannelle. ( J. ) * CANNELLIER. {Bot. ) Voyez Lau riefx cannellier , Can- nelle. ( J.) CANNON-POUKA. (Bot.) A Pondichéry on désigne sous ce nom une éphémérine, tradescantia cristata, que Linnaeus réunissoit auparavant au genre de la comméline. Voyez Cannabarb, Cana-valai. (j.) CANO-CANO (Bo^. ),nom malais d'une plante graininée, que Rumphius, vol. 4? P- ^o, t. 5 , nomme canna palustris ^ et que Loureiro croît être une canche, aira arundinacea; c'est le /a/epai d'Aniboine, et le lantebu des iVlacassars. ( J.) CANON (Anat.), l'os du métacarpe, ou du métatarse, dans les quadrupèdes qui n'en ont qu'un seul , c'est-à-dire , dans les ruminans et les solipèdes. Le canon des ruminans offre, pendant la jeunesse, une cloison intérieure, qui montre qu'il est en quelque façon composé de deux os réunis. Le genre de quadrupèdes fossiles que j'ai nommé anoplotherium, est le seul qui, n'ayant que deux doigts, ait deux os distincts au métatarse et au métacarpe. Les petites gerboises, c'est-à-dire, le jerhoa et Valactaga, ont aussi aux pieds de derrière un os du métatarse unique, auquel on pourroit donner le nom de canon. (C.V.) CANONNIEP.. ou Bombardier. (Entom.) On nomme ainsi en France et en Amérique deux espèces d'insectes coléoptères , qui ont la faculté de lancer par leur anus une vapeur acide , dont l'éjaculallctn est accompagnée d'un petit bruit. Voyez Brachyn . les espèces Fumant, Pétard et Cré- pitant. (CD.) CANOT. ( Ornilh. ) Les Canadiens donnent ce nom et celui d'aucanot au hibou commun, itrix otus,L. (Ch. D.) CANRULAR {Bot.), nom macassar d'une espèce de bryone, qui est le paspasson des Malais , le vitis alla indica, Rumph. Ainb. vol. 5, p. 448, t. i65, f. i. ( J. ) CANSCHENA-POU. {Bot.) Voyez Cantsanu. (J.) 6 3i 482 C A N CANSCHI {Bot.), nom malabare du genre Treivla , cité dans le Horf. Malab. vol. i , p. 76 , t. 42 , et adopté par Adanson dans ses familles. ( J. ) Cx\NSCORE. {Bot.) Voyez Cansjan - cora. (J. ) CANSJAN-CORA. {Bot.) Dans le Malabar on nomme ainsi urrC plante presque herbacée , de la famille des gen- tianées, à feuilles opposées, sessiles et ovales lancéolées, dont les rameaux sont terminés par une ou trois fleurs égale- ment sessiles. Ces fleurs sont entourées à leur base d'une feuille en forme de plateau , traversée par le pédoncule qui les supporte. Rhèede, qui la mentionne vol. 10, p. io3,t. 62, lui attribue des caractères qui paroissent devoir la rap- procher de la gentiancUe , exacum. C'est la même plante qui est décrite par Lamarck, dans l'Encyclopédie méthodique, sous le nom de canscore. (J.) Cx\NSJAVA {Bot.), nom malabare du chanvre, cannalis, cité dans le Hort. Malabar, vol. 8 , p. 119, 121, t. 60, 61. L'individu mâle est le kalengi-cansjava, ou bangi des Brames. Ils nomment tsjada-bangi V individu (emeUe , qui est le tsjeru- cansjava des Malabarcs. Voyez Bangue, Chana^re. (J.) CANSJERE {Bot.), Cansjera. C'est un arbrisseau du Ma- labar, où il est connu sous le nom de tslerou-cansjeram, suivant Rhèede , vol. 7 , p. 3, t. 2. Il appartient à la famille des thymélées ou daphnoïdes, et a beaucoup d'affinité avec le daphne ou Liuréole, dont il dilTère en quelques points suflisans pour en former un genre. Son calice est en grelot , marqué à son limbe de quatre dents. Ses étamines sont seulement au nombre de quatre, attachées à ce calice, qu'elles ne débordent point. L'ovaire libre est entouré de quatre petites écailles, surmonté d'un style et d'un stigmate en tête. 11 devient , suivant Rhèede, une petite baie de la grosseur d'un pois , contenant une seule graine. Cet arbris- seau a les feuilles alternes et lancéolées , et des épis de fleurs verdàtres, au nombre de deux ou trois, aux aisselles de ces feuilles. Il est probable que le sjerou-valli-cansjeram , autre arbris- seau du Malabar, décrit par le même auteur, p. 7, t. 4, devra faire partie du même genre, puisque, suivant la description , le calice est le même , et les étamines égale- C A N 483 ment au nombre de quatre. On le distinguera par ses feuilles plus étroites, ses épis de Heurs solitaires axillaires, ses fruits plus gros. ( J.) CANTAPERDRIS. [Bot. ) Dans les environs de Montpellier, on donne ce nom au garou, daphne gnidium , dontlqf oiseaux mangent le fruit avec délices et sans danger, quoique les autres parties de la plante soient très -caustiques et que la graine passe pour un pnrgatif violent. Il paroit que la pulpe qui recouvre le noyau ne participe pas de cette pro- priété, et que , si les oiseaux avalent le fruit entier, la graine, garantie par son enveloppe osseuse, traverse le canal intestinal de l'oiseau sans être entamée, et par conséquent sans exercer son action purgative. Il est encore probable que la vue de ces fruits excite les chants de la perdrix, d'où vient ce nom populaire de cette plante. (.T.) CANTARELLE. (Entom.) C'est le nom vulgaire par le- quel on désigne, dans quelques-uns de nos départemens, le proscarabé, dont on se servoit autrefois en médecine, et dont la citation se trouve aussi dans quelques ouvrages de phar- macie et de médecine. Voyez Mfloé. (CD.) CA]NTARO. {Bot.) Selon Eœfling, une espèce de sébes- tier , cordia gerascanthus , est ainsi nommée à Cumana. (J.) CANTE-MOGARO (Bot.), nom brame d'une espèce de cadelari des Indes, achyranthes prosfrata. (J. ) CA.NTHARIDE (Entom.), Cantharis , nom d'un genre d'insectes coléoptères qui ont quatre articles aux tarses de derrière seulement, dont les élytres sont molles, et qui sont rangés dans notre famille des épispastiques ou vési- cans. Ce nom de cantharide, dont la signification est si claire pour nous autres François, n'est cependant pas l'expression technique que nous devrions employer; mais l'usage a pré- valu, et il nous seroit impossible maintenant d'introduire dans le langage vulgaire le nom scientifique, celui de lytte, qui a été donné par Fabricius. Cette expression de cantharide est évidemment tirée du mot grec correspondant , Ka»'ôaû/ç (cantharis) -. or, si nous nous en rapportons à Aristote ( Hist. animal, lib. IV, cap. 7), ce nom ne signifie autre chose qu'un insecte qui a ses ailes 484 C A N dans un étui. Ainsi c'est la même application que celle da nom de mouches, de papillons, de scarabées, que le vul- gaire fait indifféremment ù tous les hyménoptères, diptères, névroplères ; aux lépidoptères, et enfin aux coléoptères. Linn^us n'avoit pas employé le nom de cantharide pour désigner Tinsecte qu'on connoit sous cette dénomination dans nos boutiques; d'aprèsRayct les anciens compilateurs, comme Aldrovande, Jousson , Gesner , il l'avoit appliqué à d'autres coléoptères : par là il a donné lieu à la plus grande confusion, que nous allons essayer de faire connoitre ici. Geolfroi fut le premier auteur qui, ne voulant pas adop- ter le genre Cantharide de Linnaus , et désirant conserver cependant ce nom pour les cantharides des boutiques, subs- titua celui de cicindèle aux espèces nommées cantharides par le Pline suédois. Or, le nom de cicindèle étoit déjà consacré par Linnaeus comme celui d'un genre voisin des carabes, que Geoffroi appeloit bupreste. Fabricius, suivant les idées de son maître Linnœus , ne partagea point l'avis de Geoffroi ; il sépara le genre Can- tharls de Linnapus en deux autres genres, dont l'un prit le nom de malachie. Mais avant cela Degéer avoit publié des détails fort cu- rieux sur quelques-uns des insectes du genre Cantharide deLinna'us, et il avoit proposé la nouvelle expression de tcléphore , qui fut ensuite adoptée par Olivier et autres. Voyez l'article Téléphork, Il faut donc dire ici que le nom de cantharide corres- pond seulement à quelques-unes des espèce^? qui ont été décrites sous la même dénomination par Geoffroi, Degéer et Olivier, et que ce sont quelques-uns des méloés de Lin- nœus et toutes les espèces de lyttes de Fabricius. Ceci expliqué, faisons connoitre le genre qui nous occupe. Les cantharides , qui ont des antennes en fil, diffèrent par là des cérocomes et des mylabres , chez lesquels elles se terminent par une masse, et des méloés ,notoxe, anthice, lagrie et dasyte , qui ont des antennes à articles grenus ou moniliformes. Ces antennes atteignent plus de la moitié des élytres, ce eii quoi les cantharides diffèrent des apales , dont les antennes ont tout au plus le tiers de la longueuf C A N 4B3 du corps. Enfin, le second article de ces antennes est très- court, globuleux; en quoi les cantharides se distinguent enfin du genre des zonites. On pourroit établir comme il suit les caractères de ce genre : Caract. gén. Antennes droites en fil, de la longueur de la moitié du corps au moins, à second article très - petit ; tête en cœur ; élytres longues , flexibles ; tarses à crochets doubles ou comme fendus, les postérieurs à quatre ar- ticles. On ne connoît pas encore les métamorphoses de ces in- fectes, quoique plusieurs espèces vivent en famille ou en société. Degéer, Geoffroi et les principaux observateurs, ont fait des recherches inutiles pour les découvrir. Quelques auteurs françois en parlent cependant, et disent qu'elles vivent sous terre, où elles se nourrissent de diverses racines, et qu'elles ne quittent la terre que lorsqu'elles ont des ailes. La description qu'ils en font convient à toutes les larves de coléoptères : « Elles ont, disent- ils , le corps mou , d'un « blanc jaunâtre, composé de treize anneaux; la tête ar-: « rondie, un peu aplatie, munie de deux antennes courtes, « filiformes ; la bouche munie de deux mâchoires assez so- 54 5oo CAP aujourd'hui. On doit examiner et reconnoUre aussi exacle- ment les résidus que les produits. Souvent même ils sont plus utiles à analyser, et ils fournissent plus de lumière que les produits volatilisés sur la nature des corps qu'on cxamint. C'est par là qu'on a reconnu que les prétendues terres des végétaux et des animaux sont des phosphates de chaux et de magnésie , etc. ( F. ) CAPUUPEBA {Bot.), nom brésilien d'une plante grami- née, qui paroît être le barbon bicorne, andropogon licorne. Elle est mentionnée par Pison dans ses Plantes du Brésil. ( J.) CAQUANTOTOTL. ( Omith. ) Fernandez, chap. 2o5 , et Ray , appendix, p. 174, disent que cet oiseau granivore de l'A- mérique méridionale est de la taille du moineau ; qu'il porte une huppe; qu'il est de couleur cendrée, avec du jaune à l'extrémité de la queue, et que les pennes de ses ailes sont terminées par des filamens écarlates : c'est le ja- seur, ampelis garrulus, L. ( Ch. D. ) CAQUEDRIE. ( Ornitli.) Un des noms vulgaires du bruant proyer, emheriza milliaria, L. , qu'on appelle aussi coquedrie ou cocodrille. ( Ch. D. ) CAQUEPIRE (Bot. ), Caquepiria , nom donné par Gmelin , danssonSystema vegetabilium, au gardénia thunbergia, Linn. , Suppl. Voyez Gardeme, dont il a fait un genre particu- lier. Le caquepiria est la plante figurée dans le Voyage de Sonnerai sous le nom de bergkias. (Lem.) CAQUILLIER , Cakile. {Bot.) Ce genre est un démem- brement de celui du hunias de Linnaeus, séparé d'après la considération du fruit, qui en fait le caractère essentiel: il consiste dans une petite silique ou silicule, composée de deux articulations placées l'une sur l'autre , à une seule semence, et qui ne s'ouvrent point d'elles-mêmes. On observe dans la fleur un calice médiocrement ouvert; une corc)11e cruciforme; six étamines tétradynames ; quatre glandes sur le réceptacle de l'ovaire; un style très- court ou presque nul; un stigmate obtus. Ce genre appartient à la famille des crucifères; il est très -voisin des buniades, et a également beaucoup de rapports avec les camélines ; il se confond presque avec les C AQ 53; espèces de ce dernier genre qui ont des siliques à deux articulations. Cette dernière considération a déterminé l'Héritier à faire rentrer dans les caquilliers plusieurs es- pèces de caméline , telles que le niyagrum rugosum , le tnyagrum perenne , et en général toutes celles qui sont munies de deux articulations à leurs siliques. Cette obser- vation est due à Decandolle , qui a trouvé dans l'Herbier de l'Héritier une dissertation à ce sujet, et qui en a fait usage dans la nouvelle édition de la l'iore françoise. Voyez Caméline. Si l'on en excepte les espèces de mjagrum dont je viens de parler, celles des caquilliers se réduisent à deux, qui ne font peut-être que deux variétés. 1. Caquillier maritime, Cakile ?7ianfima , Desfont. Flor. Atlant. , vol. 2. p. 77; Cakile serapionis , Gœrt. , 2, pag. 287, tab. 141, fig. 12; Œder. Flor. dan., tab. 1168; Lobel. Icon. 223 ; vulgairement roquette de mer. Ses tiges sont droites, lisses , hautes de trente-trois centimètres ( 1 pied ) , très- rameuses ; les feuilles alternes, glabres, pinnatKides, un peu charnues ; les pinnules distantes , un peu dentées ; les fleurs d'un violet tendre , ou un peu rougeàtres , presque en corymbe à l'extrémité des rameaux ; les siliques sont courtes , à deux articulations : la supérieure se détache et tombe la première ; l'inférieure reste et se partage en deux. Cette plante croît sur les côtes maritimes en Europe, en Asie, en Afrique et même dans l'Amérique. 2. Caquillier d'Egypte, Cakile JEgfptiaca; AVilld. Spec. , 3, p. 417; Bunias cakile, Var. B. Vahl. Symbol. 2 , p. 78; J. Bauh. Hist. 2, p. 868. Cette espèce a beaucoup de rapports avec la précédente : elle en diffère par ses tiges un peu flexueuses ; par ses feuilles plus larges , point pinnatifides , mais seulement crénelées, sinuées ou ondu- lées à leurs bords. L'article inférieur de la silique est ovale, muni de deux petites dents obtuses vers son sommet; l'article supérieur ovale, acumiiié, plus lo«g, comprimé à son sommet; une semence dans chaque loge. On trouve cette plante en Egypte, en Barbarie, dans l'Italie, sur les côtes maritimes. ( Poir. ) Fin du sixième Volume. A STRASBOURG, DE L'IMPRIMERIE DE LEVRAULT. SUPPLEMENT. ViAAiGOUARÉ, par contraction Cagouaré. (Mamm.) Sui* vant M. d'Azara, ce nom, qui signifie habitant des bois, est donné dans le Paraguay au tamandua. Voyez Fourmiliers (F. C.) CAAMA. [Mamm.) Espèce d'antilope nommée ainsi par les Hottentots du Cap. Voyez Antilope. (F. C.) CAAPS. [Bot.) La plante qui porte ce nom dans l'Inde , et dont Guettard fait mention dans les Mémoires de l'Académie des Sciences, 1748, p. 469, comme l'ayant vue dans l'herbier de Vaillant , est rapportée par Adanson au genre hebens- tretia. (J.) CABADUCUTCH. {Ornith.) Nom que porte , à la baie d'Hud- son, la chouette nébuleuse, strix nebulosa, et probablement aussi strix cinerea , Linn. , qu'on appelle également cabeticuch. (Ch. DO CABALLATION, Splincion, Scolymos. (Bot.) Noms donnés dans divers lieux à la cynoglosse ou langue de chien , suivant Dioscoride, ou son commentateur Ruellius. (J.) CABALLEROTE. {Ichthjol.) Ce nom est donné par don Antonio Parra à un poisson des mers d'Amérique, bon à manger, et rapporté, avec doute, parM. Schneifler, au genre anthias, sous la dénomination d'Anthias caballerote. Voyez Anthias, Supplément du second volume. (H. C.) CABAROE. (Bot.) Au Cap de Bonne- Espén.nce, suivant Burmann, les Hottentots nomment ainsi une plante qu'il Rap- porte au genre tagetes , et qui a une odeur agréable. (J.) CABASUC. {Ichthjol.) Suivant M. Risso, dans le langage aieéen , ou désigne ainsi l'espèce d'athéjane qu'il a consacrée 6. , 3 CAB à la mémoire du troubadour Boyer, qui vivoit à Nice dans le treizième siècle, Atherina Boyeri. (H. C.) CABASUDA. (Ichthjol.) C'est, d'après M. F. Dclaroche, le nom baléare de VAtherina hepsefus. Voyez Athérine. (H. C.) CABCABUM. (Bot.) Grande et belle fougère qui porte ce nom aqx Philippines, et principalement à l'ile Luçon. C'est Vacrostichum speciosum, Willd. La fronde est pennée, et ses folioles sont alternes , oblongues, lancéolées, entières, cunéi- formes, et régulières à la base , ce qui distingue cette espèce, de Vacrostichum inœqiiale, Willd,, autre fougère des mêmes îles, dont les extrémités des folioles ont les côtés très-inégaux. Pétiver, à qui nous devons la connoissance de ces deux fou- gères, nomme la première cabcabum, et la figure dans son gazophj'lacium , 5, t. 61 , f. 5 et 10, t. 47, f. 10 ; la seconde est son cétérach, 10, t. 49, f. 10. (Lem.) CABECA. (Ornith.) Nom catalan du chat-huant, strix stri- dula, Linn. (Ch. D.) CABECUELA. [Bot.) Dans les environs de Salamanque on nomme ainsi, suivant Clusius, une espèce de centaurée, cen- taurea salmantica, commune dans ce canton, où l'on s'en sert pour faire des balais. (J.) CABEDO. {Ichthjol.) M. Risso dit qu'à Nice on nomme ainsi le barbeau bulatmai, qui se rencontre, suivant lui, dans les ruisseaux tranquilles des environs de cette ville. Voyez Barbeau bulaTxMai. (H. C.) CABELLOS DE ANGEL. (Bot.) Nom péruvien du cuscuta odorata de la Flore du Pérou. (J.) CABETICUCH. {OrrAlh.) Voyez Cabaducutch. (Cli. D.) CABEZADE MONGE. {Bot.) Nom péruvien du calyplectus aciiminatus , genre nouveau de la Flore du Pérou, qui paroît congénère du munchausia, dans la famille des lythraires. (J.) CABEZ.A DE NEGRO. {Bot.) Le phytelephas de la Flore du Pérou est ainsi nommé dans cette partie de l'Amérique. Il s de l'affinité avec le nipa, et tous deux doivent être rapprochés du vacoua ou pandacus. (J.) C*rt.BÉZON. {Ornith.) M. Vieillot a formé sous ce nom, en latin capito , un genre dans lequel il a compris plusieurs oiseaux, distraits de la famille des barbus. Les caractères par- ticuliers de ce genre, qui est Iç tpente-quatrième de sa mé- CAB 5 thode, sont d'avoir le bec garni, à la base, desoies divergentes^ entier, conico-convexe, comprimé latéralement, épais, mé- «liocre ; la mandibule supérieure inclinée à la pointe; les na- rines longues, glabres, couvertes; la bouche ciliée, fendue jusque sous les yeux; la penne bâtarde très-courte; les troi- sième, quatrième, cinquième et septième rémiges les plus longues ; dix rectrices. • Les espèces que l'auteur a placées dans le nouveau genre^ sont; i". le cabézon barbion, capito rubifrons; 2". le cabézoa bussenbuddoo , capito indicus; 3°. le cabézon à couronne rouge , eapito rubricapillus , figuré planche quatorzième de Brown ; 4''.le cabézon élégant, capito maynahensis ; 5°. le cabézon à gorge bleue, capito cjanocollis ; 6". le cabézon à gorge jaune, capito philippensis ; 7°. le grand cabézon, capito grandis; 8°. le cabézon. kottorea, capito zeilanicus ; 9". le cabézon à masque roux, capito lathami; 10°. le petit cabézon, capito parvus ; 1 1°. le cabézon rayé, capito lineatus ; 12°. le cabézon rose-gorge, capito rosacei' collis; i3°. le cabézon à tête et gorge rouges, capito cajeu' nensis ; 14°. le cabézon vert, capito viridis , parmi lesquelles espèces les huitième, neuvième et quatorzième paroissent n'en former qu'une. (Ch. D. ) CABIAI. {Mamm.) Voyez Cochon d'Inde. (F. C.) CABOCHON. {Malacoz.) Nom vulgaire de plusieurs coquilles que Linnœus rangeoît parmi les patelles, dont M. Denys de Montfort a fait un genre sous le nom de capulus. Voyez ce mot. (De B.) CABOTE. (Ichthj'ol.) Nom languedocien de la trigle hiron- delle. Voyez Trigle. (H. C.) CABRA DE CAPELLO. {Erpétol.) Voyez Cobra de Capello. (H. C.) CABRIDOS. {Ichthj'ol.) D'après la Chenaye des Bois, c'est le nom d'un excellent poisson de l'ile d<; Ténériffe. (H. C.) CABRILLA. (Ichthj'ol.) Ce nom est donné par don Antonio Parra à un poisson des mers d'Amérique, bon à manger, et rapporté , avec doute , par M. Schneider, au genre lutjan , sous la dénomination de Lutjanus lunulatus. «. Cabrilla est aussi le nom donné par Linnaeus à une espèce de perche, Perça cabrilla, que M. Schneider place dans le genre grammiste.^ Voyez Lutjan et Grammistes. (H. C; 4 CAC CABURÉ ou CABUREI. (Omith.) On a indiqué, page 2 3 du sixième voliiinede ce Dictionnaire, le mot cahuré , employé par Marcgrave pour désigner un oiseau de nuit, comme se rapportant au strix brasiliana, Linn. L'oisefiu que les Guaranis, suivant M. d'Azara, appellent caburei ou caburé, est une espèce différente, puisque le premier étoit un duc, et que celui-ci est décrit Vomme n'ayant point d'aigrettes; mais il ne paroît- pas toutefois que ce soit la chouette à collier. (Ch. D.) CAEUSSET.(0rnj7/j.) Nom que porte eu Catalogne le grèbe castagneux, colj'mbus minor, Linn. (Cli. D.) CACABOYA. {Ei-pétoL) Pison donne ce nom à un serpent du Brésil , qui vit dans l'eau et sur la terre. Sa morsure n'est point venimeuse, et les habitans ne le redoutent que parce qu'il mange les poules. (H. C.) CACABUS. [Bot.) Nom africain de la belladone, suivant Adanson. (J.) CAÇADORA. (ErpétoL) Sur les bords de TOrénoque, on désigne par ce nom le Boa aboma. Voyez Boa. (H. C.) CACAJAO ou CACAHAO. (Mamm.) Nom donné parles Indiens maravitains du Rio Négro à une espèce de singe fort extraordinaire, que M. de Huniboldt a fait connoitre sous la dénomination de melanocephala , et que nous décrirons à l'article Sapajous. (F. C. ) CACALIA. (Bot.) Ce genre de plantes, de la famille des synanthérées, dont nous avons distrait plusieurs espèces poux' en former nos nouveaux genres adenostjles et emilia, appar- tient à notre tribu naturelle des sénécionées. (H. Cass.) CACx\LTAMHEMUM. ( Bot. ') Dillen nommoit ainsi plu- sieurs espèces du genre cacalia. (H. Cass. ) CACALIASTRUM. {Bot.) Nom employé par quelques an- ciens botanistes, pour désigner certaines plantes analogues aux cacalia. (E.. Cass.) CACANUM. (Bot.) Nom sous lequel le cacalia de la plupart des botanistes anciens et modernes est mentionné par Galien, au rapport de Dalechamp. (J.) CACAO -WALKE. {Ornith.) Les Anglais de la Jamaïque donnent ce nom à la corneille de cette île, probablement parce qu'elle se tient souvent sur les cacaotiers. (Ch. D.) CAC 5 CACAPIPILOL. (Bot.) Nom mexicain du chèvrefeuille tou- jours vert. (J.) CACAPUZZA. (Bot.) Nom de l'épurge , euphorlia lathjyris , dans la Lombardie, suivant Dalechamp. (J.) • CACATREPPOLA. (Bot.) Nom sous lequel Césalpin désignoit une espèce de centaurée, centaurea solstitialis. (J.) CACATUNFULI , ou Tiratunfuli et Fungia Semulosa. (Bot.) Noms siciliens de Vendacinus linctorius , champignon qui croît aux environs de Messine et de Palerme. On le mange- Voyez Endacinus et Polysaccum (Lem.) CACHA. (Bot.) Grand arbre qui croît dans les Indes orien- tales, dont les feuilles sont d'une consistance assez semblable à celle du laurier, mais plus moelleuses, plus courtes, arrondie» à leur sommet. Les fleurs sont bleues. Les feuilles, séchées et pulvérisées, entrent dans la préparation de la teinture rouge. Nous n'avons pas d'autres détails sur cet arbre ; ceux-ci sont extraits des Lettres édifiantes, vol. XIV, pag. 222 , édit. nouv., 2782. (Pom.) CACHEVEAU. (Ornith.) On donne, en Picardie, ce nom et celui de catmarin aux plongeons. (Ch. D.) CACHI. (Bol.) Dalechamp cite, sous ce nom, un arbre épineux du Malabar, dont le fruit, nommé ciccara, a un pied de longueur et un demi-pied de diamètre. Son poids est con- sidérable. Sa consistance, quoique ferme, cède facilement à une légère pression ; il est raboteux à l'extérieur comme une pomme de pin. Sa substance intérieure est pulpeuse, très-suave, ayant la saveur mélangée de melon, de pêche, d'orange et de miel. Elle contient beaucoup de loges , dont chacune renferme une amande de la grosseur d'une châtaigne, bonne à manger; ce fruit croît ordinairement sur le tronc de l'arbre. D'après cette description, on est porté à croire que le fruit en ques- tion est celui d'une espèce d''artocarpus , désigné dans Tlnde sous le nom de jacla ou jaquier, dans Rumph sous celui de 5§cc«,9, et dans Rhéede sous celui de tsjacka. Cependant, le cachi est annoncé comme un arbre épineux, et le jaquier ne l'est pas. (J.) CACHIMAN MORVEUX. (Bot.) A Cayenne, suivant Aublet, ce nom est donné spécialement à Vanona muricata , espèce 6 CAC de corossolier ; et celui de cachimer^t sauvage est réservé à Yanona muscosa de Jacquin. (J.) CACHLAS, CHALKAS, CHALKITIS. {Dot.) Noms divers tirés de Dcoscoride , désignant tous , suivant Adanson, la grande marguerite des prés , chrjsanthemum leucanthemum , qu'il regarde aussi comme le chalcantemon et\e chalcanton du même auteur, qtioique celui-ci mentionne aussi un leucantemon. Mais ces différens noms s'appliquentpeut-être à diverses espèces congénères. (J. ) CACHOU. (Chim.) Voyez Tannin. (Ch.) CACIATRICE. (Bot.) D^ns la table d' Adanson, ce nom est rapporté à la corne de cerf, plantago coronopus, que le même auteur dit être le caciatrix cité par Dioscoride. (J.) CACIQUE. (Ornith.) Voyez Cassique. (Ch. D.) CACOS. (Bot.) Adanson croit que cette plante de Diosco- ride est le ryris des botanistes modernes. (J.) CACOTRIBULUS. {Bot.) L'un des anciens noms delachaus- se-trapc , centaurea calcitrapa, Linn., rapporté par Césalpin. (H. Cas3.) CACTIER A COCHENILLES, Cactus cochenillifer. {Bot.) Cette espèce de cactier constitue , à Saint-Domingue , un arbre de quinze à vingt pieds de hauteur. Son sommet est composé de plusieurs branches formées d'articulations ovales, implan- tées les unes sur les autres, et qui, par la suite, s'arrondis- sent par leur base. Les fleurs qui naissent sur les jeunes arti- culations, sont de couleur de sang , et portent un très-grand nombre d'étamines, disposées en faisceau, et beaucoup plus longues que les pétales de la corolle. Les fruits , qui ont la forme d'une petite figue, deviennent rouges en mûrissant ; ils ne se mangent point comme la plupart des fruits de ce genre. Les articulations de cette espèce de cactier n'ont point d'é- pines, mais elles ont de distance en distance de petites pointes molles que l'on prendroit volontiers pour des feuilles. J'ai cultivé cette belle espèce de cactier sur mon habita- tion à Saint-Domingue , et j'avois posé dessus des cochenilles silvestrcs du pays, qui y ont multiplié à l'infini. M. Delassale , jardinier -botaniste du jardin du Roi dans l'île de Corse, cultivoit, en 1806, une plantation de cactiers. CAC 7 éur lesquels il avoit fait multiplier la cochenille silvestre , au point qu'il en vendoit tous les ans plusieurs livres à un négo- ciant du pays nommé Randos, qui la lui payoit à raison de 60 à 70 francs la livre. Il est bien étonnant que cet exemple n'ait pas encouragé les habitans de celte ile à entreprendre cette culture ; je ne mets point eu doute qu'ils en retireroient de très-grands avantages, attendu que les cactiers, de quelque espèce qu'ils soient, croissent dans les terres les plus maigres, les plus arides, qui ne sont propres à aucune autre culture. (De T.) CACTIER PITAYAA. {Bot.) Cette espèce précieuse de cac- tier constitue un arbre de vingt-cinq à trente pieds de hau- teur; son tronc trigone, à côtes ondulées, s'élève droit jusqu'à dix et quinze pieds. Ses branches ont besoin d'appuis pour se soutenir, mais elles n'y adhèren t point par des radicules , comme plusieurs autres cactiers. Les fleurs disposées sur les branches, sont fort grandes, leur corolle palypétale est du plus beau blanc , et les divisions du calice, dont le nombre est indéterminé, sont jaunâtres au dehors et blanches en dedans ; ces fleurs sont des belles de nuit, elles s'ouvrent au soleil couchant, et se ferment pour toujours le lendemain , lorsque cet astre reparoît sur l'ho- rizon ; le fruit qui leur succède est de la grosseur d'un œuf de poule, d'un rouge de pourpre qui semble vernissé; on remarque dessus , à des distances inégales , des espèces de feuilles qui sont des écailles calicinales. L'intérieur consiste en une pulpe très- blanche dans laquelle est cachée une quantité prodigieuse de petites graines noires et luisantes: ce fruit est bon à manger, et sert de nourriture à beaucoup d'Indiens. Il paroit qu'il y a plusieurs variétés de pitayaa ; car le fruit observé par Thiery deMénonville, étoit brun en dehors, et avoit la pulpe pour- prée. Ce végétal intéressant croit dans les Indes orientales et occidentales. (De T. ) CACUBALON. {Bot.) Quelques auteurs, au nombre des- quels est Adanson, pensent que cette plante de Pline njest pas le cucubalus des modernes ; mais qu'elle est une espèce de solanum cultivé anciennement dans la Grèce. Dioscoride fait mention de ce solanum des jardins, bon à manger, et Ruellius son commentateur ajoute que quelques-ucs" le nomment caca- halon. (J.) 8 CAE CADDO. (Ornith.) Vn des noms anglais du choucas, conniS monedula, Linn. (Ch. D.) CADMIE. (Min.) La cadmie des anciens, cadmia de Pline, n'étoit pas toujours un produit métallurgique, comme celle des modfTnes. Ilparoit que ce nom étoit appliqué à un mine- rai , et que ce minerai qui , fondu avec le cuivre , donnoit l'ori- cbalque ou laiton, appartenoit au zinc, comme le prouve fort bien M. Louis de Launay ; car les anciens pouvoient connoitre les minerais du zinc sans connoître ce métal. Il semble donc assez bien démontré que la cadmie, dont parle Pline, est le minerai de zinc, que nous nommons calamine.- mais probablement ce même nom s'appliquoit aussi, dans quelques circonstances, à un vrai minerai de cuivre. (B. ) CADOUCAIE. {Bot.) Sorte de myrobolan , jusqu'alors in- connu, dont les feuilles sont employées par les Indiens pour la préparation de leur teinture rouge et jaune. Voyez lesLettres edifianfes, vol. IV, pag. 148, édit. nouv. (Poir.) CADRAN. (Bot.) L'un des noms vulgaires de Poronge. Voyez ce mot et Amanite. (Lem.) CADYTAS. (Bot.) La cuscute est désignée sous ce nom par Théophraste et par Pline. (J.) CAECALYPHE. (Bot.) Voyez Cecalyphum. (Lem.) C^LACHNE. {Bot.) Voyez Célacnée. (Poir.) CtELA-DOLO. {Bot.) Nom brame du torenia asiatica, sui- vant Pihéede. (J.) CtELESTINA. {Bot.) [Corymhifères ^ Juss. Sjngénésie poly- gamie égale. Linn.] Le nouveau genre de plantes que nous formons dans la famille des synanthérées, et que nous nom- mons cœlestina, fait partie de notre tribu naturelle des eupa- toriées , et présente les caractères suivans : La calathide est multioflre, uniforme, flosculeuse, compo- sée de fleurons hermaphrodites. Le péricline est subcylindracé, irrégulièrement imbriqué, formé de squames foliacées, iné- gales, plurisériées, étroites, linéaires-lancéolées. Le clinanthe est nu et conique; la cypsèle pentagone, glabre, est surmontée, au lieu d'aigrette, d'une petite couronne formée par une membrane cartilagineuse continue , dont le bord est irrégu- lièrement sinué et denticulé. La célestine bleue {calestina cœrulea, H. Cass. ) est une belle CAE 9 plante que l'on cultive au Jardin du Roi, où elle porte lê nom d'eupatorium cœlesfinum. Elle forme vine sorte de buisson haut de trois pieds, composé de plusieurs tiges ligneuses, ra- meuses, lesquelles sont garnies de feuilles opposées, ovales, un peu dentées, fermes, presque coriaces, légèren^nt pu- bescentes, triplinervées. Les calathides rassembléts au sommet des tiges et des rameaux, forment d'abord un petit corymbe rameux, serré, imitant une cyme ; mais bientôt leurs pédon- cules s'allongeant, elles s'écartent les unes des autres, et forment un vrai corymbe : les corolles et les styles sont d'un beau bleu de ciel. Notre célestine bleue ne peut pas être la même plante que Yeupatorium cceleslinum deLinnaeus ; car Linnaeus cite au nombre des synonymes une plante décrite et figurée par Dillen ( Horl. Ellham. , p. 1 40 , ^ 1 1 4 ,/. 1 Sg ) ; et ce botaniste indique expres- sément, dans sa description et dans sa figure, que la cypsèle porte une aigrette de squamellules filiformes. Quoi qu'il en soit, notre plante, dont on pourroit tirer parti dans les jardins paysagistes, ne doit point rester dans le genre des eupatoires, puisqu'elle en diffère par un caractère très-essentiel. (H. Cass.) CAENOMYE. {Entom.) Voyez Ccenomye. (CD.) CAENOPTERE, Caenopteris. (Bot.) Petiver s'est servi le pre- mier de ce nom pour désigner des fougères. Berger en a fait celui d'un genre de cette famille, adopté par Thunberg et Swartz , et qui est le àdj-ea de Jussieu et de "Willdenow. Voyez Darba. (Le.m.) CAEOMA. {Bot.) Voyez Hypodekmium (Lem.) CAEOMURUS. (Bot.) Voyez Hvpodermium et UrOmycés. (Lem.) C^SULIA. (JBoL) [Corj'mhifères, Juss., Syngénésie polf garnie égale, Linn.] Ce genre de plantes de la famille des synanthérées est établi par Roxburg, dans son ouvrage sur les plantes du Coromandel (p. 64, t. gj) ; il nomme césulie axiliaire {casuUa axillaris) la seule espèce qu'il ait fait connoitre. La racine est fibreuse, la tige rameuse et couchée à la base, puis simple et redressée, est cylindrique, glabre, haute d'un ou deux pieds. Les rameaux sont simples, nombreux, rappro- >o CAGr chés. Les feuiJles alternes, linéaires-lancéolées, glabres, ont des dents très-courtes, écartées, et sont dilatées à la base. Les calathides situées dans l'aisselle des feuilles y sont solitaires, sessiles et accompagnées ordinairement de deux bractées qui ne diffirent des feuilles que par leurs dimensions beaucoup moindres. Les bases de la feuille et des deux bractées, dilatées en membranes veinées, colorées, laciniées, forment autour de la calathide une sorte de faux péricline extérieur. La cala- thide est presque plane ou peu convexe, uniquement com- posée de fleurons hermaphrodites, très -nombreux. Le vrai péricline est de deux ou trois squames larges, membraneuses, d'un blanc rougeàtre, foiblement veinées, de grandeurs iné- gales. Le contour du disque est garni de plusieurs fimbrille* très-dissemblables, la plupart linéaires, toutes aiguës, mem- braneuses, rougeâtres , plus courtes que les fleurs. Chaque fleur a sa partie inférieure complètement enveloppée par deux squamelles opposées, conniventes. La cypsèle est dépourvue d'aigrette : la corolle est de couleur violette; les anthères sont noirâtres. "Willdenow a rapporté au même genre une seconde espèce qu'il nomme cœsulia radicans : mais nous avons observé dans les Herbiers de MM. de Jussieu et Desfontaines, une plante innommée qui nous paroît être celle de Willdenow , et qui doit être attribuée au genre cnydra de Loureiro ; nous la dé- crirons sous le nom d'enj'dra casulioïdes. Nous pensons que le genre césulie appartient à notre tribu naturelle des hélianthées , section des millériées , dans la- quelle il faut le placer auprès deVenydra, du Navenhurgia, etc. Cependant , comme nous n'avons pas vu la plante , nous n'osons affirmer qu'elle n'appartienne pas à la tribu des Ver- noniées, dans laquelle il faudroit peut-être la placer auprès du Crysphiospermum de M. Palisot de BeauA'ois, du Spargano- phorus , de VElephantopus, etc. (H. Cass. ) fAFFERVISCH. (Ichthjol.) T^uysch (CoUcct. pisc. Amboin., pag. 17, n°*. 14-1 5) parle sous ce nom, qui signifie poisson africain, de deux poissons des Moluques, qui semblent se rap- procher des scarcs. (H. C.) CAGABO DE TERRA. (ErpétoL) Nom que les Portugais donnent, au Brésil, à une espèce de tortue. (H. C.) CAI it CAGA-REL. (Ichthjol.) Suivant Rondelet, on appelle ainsi, à Marseille, la mendole. Voyez Picarel et Smare. (H. C.) CAGNAN. (Ornith.) Nom spécifique de l'espèce de turnix que M. Temminck appelle hemipodius nigricuUis, et qui est originaire de l'île de Madagascar. (Ch. D.) * CAGNOTBLEU. {IchthyoL) On nomme ainsi, en Languedoc, une espèce de chien de mer de la Méditerranée ; c'est le Galeus glaucus de Rondelet, le Squale glauque de M. de Lacépède, ou le Carcharias glaucus de M. Cuvier. Voyez Carcharias , et Requin. (H. C.) CAGOUARÉ. (Mamm.) Voyez Caaigouaré. (F. C.) CAHIRINUS. (Erpétol.) Nom latin spécifique donné par Gmelin à la couleuvre tyrie, trouvée par Forsicaè'l près du Caire, en Egypte. (H. C.) CAIHUA. (Bot.) Nom péruvien d'une plante, qui est le dianthera nodiflora de la Flore du Pérou. (J.) CAILLE. {Ornith.) On a déjà fait observer, au mot Caille, p. 160 du t. VI de ce Dictionnaire, que ces oiseaux étoient dépourvus, dans les deux sexes, des éperons ou protubérances dont les tarses des perdrix mâles sont garnis. Les naturalistes avoient aussi remarqué que les places nues qui se trouvent ordinairement derrière les yeux des perdrix, n'existoient pas chez les cailles; mais ces signes équivoques ne paroissoient pas sufiîsans pour motiver l'établissement d'un genre et l'isolement absolu d'espèces qu'il étoit toujours difficile de distinguer avec certitude, quoiqu'elles offrissent des différences assez impor- tantes au moral comme au physique. Enfin, M. Temminck a découvert un autre caractère dont il a vérifié l'existence cons- tante sur un grand nombre d'individus, et qui consiste en ce que chez les cailles la rémige extérieure ou la première des pennes de l'aile, est la plus longue de toutes, tandis que chez les perdrix ce sont les quatrième et cinquième rémiges qui excèdent les autres. Ce naturaliste a donc formé , dans le tome III de son Histoire générale des Pigeons et des G/^li- nacés, le genre Coturnix, et il y a compris comme espèces la caille à ventre perlé, C. perlata; la caille australe, C. aus- Iralis ; la caille vulgaire, C. dactylisonans ; la caille nattée, C. textilis; la cailie fraise, C. excalfactoria; la caille à gorge blanche, C. torquata; la caille brune , C. grisea; la caille de la :2 CAL Nouvellc-Guinëe , C. Noi>œ Guinece. M. Temminck a écarté de ce nouveau genre les colins, ou cailles d'Amérique, dont il ne fait qu'une section dans les perdrix; les lurnix ou tridactjies, qui constituent un genre particulier, etla caille de Bontius , ou réveilfmatin de Buffon, espèce qui a besoin d'un examen ultéricjir. On reviendra sur cet objet au mot Perdrix. (Ch. D.) CAILLE D'EAU. (Ornith.) On a déjà fait remarquer, au mot Acolin, pag. 233 du premier volume de ce Dictionnaire, que les deux oiseaux dont il est fait mention aux chapitres X et CXXXl de P'ernandez, sous le nom d'acolin ou caille aqua- tique, dévoient être rayés de la liste des cailles ou perdrix. M. Temminck. va plus loin , et il comprend dans la même proscription le cacaeolin du chapitre CXXXIV; le grand colin. fleBuffon, queFernandez indique au chapitre XXXIX ; l'oco- eolin du chapitre LXXXV, que Buffon désigne sous le nom dr perdrix de montagne, et dont Brisson a fait d'abord une espèce de rollier, galgulus mexicanus cristatus, et ensuite une espèce de caille ou de perdrix, perdix mexicana. (Ch. D.) CAILLETTE. (Ornith.) On donne , dans certains lieux des départemens de la Somme et du Pas-de-Calais, ce nom à l'oiseau de tempête, procellaria pelagica , Linn. (Ch. D.) CAISSOTL {Ichthjol.) Nom spécifique que M. Risso a donné à un spare de la mer de Nice, et qui paroit appartenir au sous-genre des pagres. Voyez Pagre. (H. C.) CAKAREL. {Ichthyol.) Voyez Cagarel. (H. C.) CALABRINA. {Bot.) Dodoens dit que quelques auteurs anciens désignoient sous ce nom l'espèce de fougère que Lin- naeus nommoit osmunda spicant, et qui est maintenant le hlcchnum boréale de Swartz et de Willdenow. (J.) CALADENIE, Caladenia, (Bot.) Genre de la famille des orchidées, appartenant à la gynandrie monogynie de Linnseus, qui a des rapports avec les épacris, dont il se distingue par une corolle presque à deux lèvres, glanduleuse en dehors ; la lè\^re supérieure presque plane; l'inférieure onguiculée, en capuchon, presque à trois lobes, ou rétrécieàson sommet; plu- sieurs rangées de glandes «ir le disque; la colonne qui supporte les parties sexuelles, dilatée et membraneuse ; une anthère à doux loges rapprochées; deux masses de pollen à demi-lobées dans chcique loge. CAL î5 Ce genre, établi par M. Robert Brown, est composé de plantes herbacées de la Nouvelle-Hollande, très-élégantes, chargées de poils glanduleux : leurs racines sont bulbeuses ; elles produisent uno hampe chargée ordinairement de une à trois fleurs; on n'y distingue qu'une seule feuille caulinaire, presque radicale, renfermée à sa base dans une gaîne. •» M. Brown a divisé ce genre, composé de quinze espèces, en deux sections. La première comprend celles dont la lèvre in- férieure est composée de quatre pétales égaux; dans la seconde section, la lèvre inférieure n'a que deux divisions ; les pétales intérieurs sont ascendans, allongés, rétrécis. Cette dernière section, qui ne renferme que deux espèces, pourroit former, d'après M. Brown, un genre particulier, sous le nom de Lep- TOCERAs, caractérisé par la forme du pétale formant la lèvre inférieure ; mais le port est parfaitement le même que celui des autres espèces. Ces plantes croissent sur les côtes méridio- nales de la Nouvelle-Hollande, et au port Jackson. (Poir.) CALAGNONE. ( Malacoz.) Nom vulgaire , en Grèce, suivant Belon et Rondelet, de l'arche de Noé , arca Noe , Linn. Gmel. (DeB.) CALAK. ( Ornith.) Nom persan du corbeau, con-us corax , Linn. (Ch. D. ) CALAMANDRINA. (Bot.) Un des noms italiens de la ger- mandrée, que les Provençaux nomment calamandrié. (J.) CALAMARIA. (Bot.) Dillen. (Musc. t. 80, f. i , 2.) C'est H- soetespalustris , Linn. ;, qui est aussi le 5uZ»t//aria. et le calamistrum de Rai. (Lem.) CALAMINA. (Bot.) M. de Beauvois a établi ce nouveau genre de graminée (Agrost., pag. 128 , tab. 23 , fig. 1) pourVapluda mutica deLinnaevis. Cette plante se rapproche davantage dePûn- thistiria que de Vapluda , par ses quatre fleurs neutres verti- cillées; mais elle s'en éloigne par l'absence de l'arête et des deux fleurs mâles pédonculées, caractères sur lesquels M. de Beau- vois a établi son nouveau genre. (Poia.) CALAMINE. (C/iini.) C'est un oxide de zinc, et non u^i carbonate. (Ch.) CALAMINTHA. (Bot.) Ce nom étoit donné, par les anciens, non- seulement aux diverses espèces de calament de Tournefort, réunies depuis en grande partie par Linnwus au genre de lamé- n CAL lisse , mais encore , suivant les indications de Delechamp et de Caspar Bauhin, à quelques menthes à une cataire, et à un clinopode. (J.) U a été mal à propos appliqué par Fuchs, dans son Histoire des plantes, à Vinula djsenterica, Linn. (H. Cass.) CALAMISTRUM. (Bot.) La plante que Rai (Synops., édit. 3 , pag. 2 10, t. 2.) désigne par ce nom, est Visoetes palustris. (Le.m.) CALAMITE. (Bot.) Nom sous lequel on distingue la qualité la moins estimée du storax.- C'est une gomme résine extraite du styrax ordinaire, connu et décritdans ce Dictionnaire sous le nom d'aljboufier. On distingue le storax en grains, quitranssude naturellement sous cette forme, le storax de seconde qualité qui se liquéfie facilement, et que l'on transporte dans des ves- sies, et le storax calamité, ainsi nommé parce qu'on le reçoit dans des tiges de roseau ; il est souvent mélangé de sable, de poussière de bois et autres ordures. Son odeur est assez forte et agréable comme celle du baume du Pérou, et sa saveur est amère. Celui-ci n'est point le storax calamité des anciens, qui passoit pour plus pur, et sur lequel on n'a que des notions imparfaites. Celui des modernes est le seul existant dans les piiarmacies. Il est peu usité à l'intérieur, et entre seulement dans quelques pilules. On l'emploie plus habituellement en fumigation pour corriger l'air , et on le mêle dans les emplâtres et onguens pour consolider les plaies. (J.) CALAMUS. (Ornith.) Ce mot latin , qui, dans son acception la plus générale, désigne les plumes à écrire faites autrefois de roseau, est employé, dans un sens plus restreint, en his- toire naturelle', pour exprimer la base du tuyau qui est percée implantée dans la peau. (Ch. D.) CALANDRES, Calandrœ pisces. (IchlhfoL) Les historiens nomment ainsi certains poissons dont des pêcheurs firent présent à Christophe Colomb dans son voyage d'Amérique. Us étoient ft»rt grands, et la chair en fut trouvée excellente. Gesner soupçonne que ces poissons étoient des tortues, qu'on nomma alors calandres , parce qu'elles se cachent sous leur carapace, comme les calandres du blé (voyez ce mot et Charanson) se retirent dans les grains qu'elles ont creusés. (H. C.) CALANDRJA. { Ornith.) ^M. d'Azara décrit sous ce nom, CAL i5 deux espèces d'oîseaux qu'il a trouvées au Paraguay, et qui paroissent appartenir au genre merle, et avoir surtout de l'analogie avec les moqueurs. (Ch. D.) CALAO , Buceros. (Ornith.) Le cinquième volume des Oiseaux d'Jfrique de M. Levaillant n'avoit point encore paru lorsque l'article calao de ce Dictionnaire a été livré à l'impresÀon , et l'on n'a pas pu y décrire les espèces nouvelles dont cet auteur n'avoit pas fait mention dans ses Oiseaux rares de l'Amérique et des Indes, ni analyser les nouvelles observations parlui faites sur des espèces déjà décrites. On va remplir ici cette lacune dans un genre remarquable par sa singularité, et qui, lié aux toucans par l'énormité du bec, aux corbeaux par le port et les habitudes, se rapproche des mérops et des alcyons par la conformation des pieds. Le premier oiseau dont parle M. Levaillant est le calao d'Abyssinie, buceros abjssinicus, Linn. , auquel il consacre les figures 200, aSi et sSs, et dontil propose de changer le nom en celui de caroncule, tant parce que cette espèce est la seule , jusqu'à présent, qui porte des caroncules à la gorge, que parce qu'il y en a probablement d'autres dans les mêmes contrées. Cet auteur prétend que la description de Buffon ne convient qu'à un individu jeune , et il fait remarquer que le vieux , delà grosseur du coq-d'Inde, a sur le casque trois cannelures arrondies, qui dessinent en devantun trèfle régulier, tandis que cette partie forme , dans le premier âge , un disque uni , bombé de chaque côté, tranchant sur son arête, et entièrement fermé par devant. Les yeux sont très-grands et les paupières garnies de cils noirs, longs et plats dans l'oiseau parfait, qui est d'un noir brunissant foiblement sur les couvertupes des ailes , dont les premières pennes sont d'un blanc fauve et isabelle. La queue est coupée carrément. Le casque est d'un noir de corne , qui s'affoiblitsur les mandibules. Les écailles des pieds et des ongles sont d'unnoir à reflets. Toutes ces couleurs sont plus ternes chez les jeunes. D'après M. Levaillant, il ne faut pas confondre avec cette espèce le calao brac, buceros africanus, Linn., qui n'a étéjt^u par personne depuis que le Père Labat en a parlé, et qui lut semble n'être que le calao rhinocéros, décrit avec la négligence et Pinexactitude si ordinaires aux anciens voyageurs. Le même auteur, revenant sur le calao javan, buceros java- rG CVL nus, qu'il avoit donné comme non casqué, reconnoît qu'il n'avoit d'abord examiné qu'un jeune individu, mais qu'un adulte par lui observé depuis, étoit pourvu d'une proémi- nence semblable à celle du calao festoimé ; et, vu les incerti- tudes daiis lesquelles on est sur la contrée que l'oiseau habite, il proj ose de l'appeler calao annuaire, dénomination tirée de celle de jaar woogel (oiseau de l'an), à cause de l'accroisse- inentd'un feston que le casque prend chaque année, jusqu'à ce qu'il en ait cinq ou six. Les espèces nouvelles sont : Le Calao i.ONGiBANDE,tuceros/asc!'afu5, Cuv. figuré par Lev., pi. 235, qui se trouve en Afrique, sur la côte d'Angole. Cet oiseau , à peu près de la taille de la pie d'Europe , a le bec sur- monté d'un feston jaunâtre, élevé seulement de deux à trois li<^nes, qui, de la base, s'étend jusqu'aux trois quarts de sa lon- gueur. Toute la partie du bec qui dépasse cette sorte de crête, est d'un rouge brun. La tête , le cou , le manteau et le croupion sont noirs. Les quatre pennes du milieu de la queue sont de la jnême couleur; les deux qui suivent, et la dernière de chaque côté, sont blanches, et il en résulte cinq bandes alternatives de ces deux couleurs, dont on a tiré le nom spécifique de l'oiseau. Les ailes pliées atteignent l'extrémité des couvertures supé- rieures de la queue, qui est aussi longue que le corps. Le ventre et les plumes anales sont blancs , et les pieds noirs. Le Calao couronné, huceros coronatus, Cuv. Ou a donné à cet oiseau, dont le mâle et la femelle sont représentés pi. 204 et 23 5 d e l'oznithologie d'Afrique de M. Levaillant , le nom de calao couronné, à cause d'une ligne blanche qui part de l'œil, passe sur les oreilles et entoure le deriàère de la tête vers la nuque. La proéminence, en forme de crête qui occupe les deux tiers de la mandibule supérieure, est d'un rouge de cinabre ainsi que le bec lui même. Les plumes assez longues qui couvrent le derrière de la têle du mâle, et qui sont circonscrites par la bande dont on vient de parler, sont noires, ainsi que le cou , le dos , les couvertures et les pennes des ailes. Les pennes de la queue sont de la même couleur; mais, à l'ex- ception des quatre du milieu, elles ont le bout blanc, et de- puis la poitrine, toutes les parties inférieures sont également blanches. Les pieds sont d'un brun sombre, et les yeux d'un CAL 17 jaune Isabelle. La couronne blanche manque à la femelle ; et chez les jeunes, les parties inférieures sont d'un blanc sale , et les parties supérieures d'un noir moins prononcé. M. Levaillant a trouvé ces oiseaux sur les côtes situées à l'est de l'Afrique, dans les forêts de haute futaie, où iis se perchent sur les grands arbres, et, de préférence, sur ce^x qui sont morts. Us y vivent en grandes troupes, et recherchent les insectes et les charognes. Lorsqu'ils volent, on les entend pro- noncer sans cesse cri, cri, cri , qui , qui, qui , à la manière des cresserelles ; et quand ils sont perchés, c'est le son grave cou, La femelle pond quatre œufs blancs dans un nid pour lequel elle choisit un grand trou d'arbre. C'est au calao couronné que M. Cuvier applique la planche 890 des oiseaux enluminés deBuffon, en adoptant l'opinion de M. Levaillant qui fait deux espèces différentes du calao toch ou ^oc, et du caZao raasig^we. Et, quoiqu'il ait déjà été parlé dans ce Dictionnaire des deux oiseaux, en ne considérant, avec Buffon, le calao à bec noir que comme un jeune du second, dont le bec deviendroit rouge avec l'âge, on croit devoir en présenter séparément des descriptions courtes et distinctes. Le Calao tock , buceros nasutus , Linn. , hjdrocorax senega- knsis erj'lhrorjnchos , Br. , pi. 46, Kg. :i , et calao à bec rouge du Sénégal, de Buffon, pi. 260, est représenté pL uo'à des Oiseaux d'Afrique de Levaillant; il porte sur la tête une huppe composée de plumes effilées, qui fléchissent un peu sur le cou, et qui sont parsemées de blanc et de noir lavé. Le derrière du cou , le dos et les couvertures des ailes sont également variés de blanc et de noir. Les dernières pennes de l'aile sont bor- dées d'un blanc pur, et les premières, noirâtres extérieure- ment, sont blanches dans l'intérieur. La queue, sur un fond d'un gris noirâtre, est marquée de blanc à l'extrémité et aux barbes extérieures des dernières pennes. Toutes les parties inférieures sont blanches, le bec d'un rouge vif, et les pieds d'un brun rougeâtre. La longueur de cet oiseau est de vingt pouces; sa queue, fortement étagée, est aussi longue que le corps , et les ailes pliées n'atteignent qu'à sa naissance. Le Calao nasique , huceros nasica , Cuv. , dont le mâle et le jeune sont représentés dans les planches 2 36 et 267 du tom.V des Oiseaux d'Afrique de Levaillant, a le bec beaucoup 6. 2 îS CAL plus arqué que le précédent; les mandibules en sont bien plu* fortement dentelées, et elles sont entièrement noires, à l'ex" ception d'une tache triangulaire blanchâtre à la base de la partie supérieure, et de quelques ondes également blanchâtres à celle de l'inférieure. Ses ailes pliées s'étendent jusque vers le quartkle la queue, qui est coupée presque carrément. Un trait blanc, qui part des narines et passe au-dessus des yeux, s'étend en pointe vers l'occiput , où des plumes allongées forment unq espèce de huppe; le fond du plumage est, sur toutes les parties supérieures, d'un gris sale, avec des ondes blanchâtres. Les deux pennes du milieu de la queue sont d'un brun roussàtre ; les autres, noirâtres dans le milieu, sont largement terminées de blanc ; les pennes alaires sont bordées de gris sur un fond noirâtre; les parties inférieures sont d'un blanc mêlé de gris et de roux. Les pieds et les ongles sont d'un brun noir. Le jeune a une partie du bec jaunâtre. Outre les détails relatifs à ces divers calaos, M. Levaillant a donné, pi. 240, la figure d'une tête dont l'espèce lui a paru douteuse, et que néanmoins il a provisoirement nommée calao à bec plat. Ce bec , d'un rouge de vermillon ainsi que le casque, avoit de tels rapports avec celui du calao roux , ou des Moluques, liiceros hj'drocorax , que l'auteur n'ose décider s'il n'auroit point appartenu à un vieux individu de la même espèce, voisine du calao à casque concave. Quelles que soient les inductions qu'on peut tirer de ces incertitudes, le bec dont il s'agit avoit six pouces de long; les mandibules arquées étoient terminées en pointe, foiblement dentelées sur leurs branches ; le casque, élevé d'un demi-pouce, occnpoit la moitié du hec , s'avançoit de deux pouces sur le front, se terminoit en bourrelet par derrière, en tranches par devant, et étoit entièrement plat par dessus. Les narines étoient recouvertes de poils noirs , et il y en avoit aussi de longs et durs comme du crin à l'endroit où le casque se joignoit avec la tête. Les autres espèces nouvelles, non décrites dans ce Diction- jj^aire , et appartenant à la section des calaos à casque ou proé- minence, sont : i°.Le Calao a casque ?ussé, que M. Vieillot nomme bucero&- leucoceplialus , et qu'il dit exister dans la collection de M. Tem- minck. Cet oiseau a deux pieds et demi de longueur. Le bec^ CAL ■îg 4}ui a SIX pouces, est garni d'un casque de deux pouces de hau- teur sur quatre de longueur. Ce casque, coupé verticalement, offre sur le devant quatre plis également verticaux et très-pro- fonds; sa partie supérieure forme un quart de cercle. On voit des rainures horizontales sur les trois quarts de la longueur des mandibules, qui sont glabres et d'un noir bleuâtre. Le casque et l'origine du bec sont d'un rouge brillant; le reste du bec et le devant du casque d'un jaune d'ocre. La gorge est couverte d'une peau jaune et extensible ; la tête et le cou sont d'un blanc jaunâtre , et le plumage est noir sur les autres parties du corps. Les pieds sont d'un gris bleuâtre, et les ongles bruns. On a trouvé cette espèce aux Moluques. 2°. Le Calao a crinière , buceros juhatus , Vieill. , qui est don- né comme venant de la Nouvelle-Hollande ; sa mandidule supé- rieure est surmontée d'une arête très-relevée, laquelle se ter- mine en pointe à un demi-pouce de l'extrémité du bec , qui est rouge et a les bords noirs. Les plumes de la tête et du dessus du cou sont hérissées en forme de crinière ; elles sont d'un gris plus foncé aux parties supérieures que sous le corps ; la queue est longue et coupée carrément. (Ch. D.) CALAPIS. {Ornith.) Voyez Colaris. ( Ch. D.) CALATHE. (Entom.) C'est le nom sous lequel M. Bonelli a désigné l'un des genres de carabes ou de coléoptères carnas- siers dans ses Observations entomologiques insérées dans les Mémoires de l'Académie des Sciences de Turin. Ce genre comprend, entre. autres espèces, celles dont les noms suivent - melanocephalus ,fuscus , cisteloïdes ,frigidus , etc. Voyez l'article CRéOPHAGES. (CD.) CALATHIDE, Calathidis. (Bot.) Dans le pissenlit, l'arti- chaut, le grand soleil, etc. , le sommet du pédoncule s'évase, se couvre de fleurs, et porte autour de cet assemblage de fleurs, un ou plusieurs rangs de bractées. Les anciens bota- nistes donnèrent à cette disposition particulière de fleurs , le nom très-inexact de fleur composée. Des botanistes modernes ont cherché un nouveau nom. Ehrart a proposé celui d^re- thodium, M. Richard celui de céphalante , et M. Mirbel celui de calathide, parce que cette inflorescence a ordinaii^ement l'aspect d'une petite corbeille de fleurs. L'évasement du pédoncule sur lequel sont fixées les fleurs ^« CAL de la calathîde, a également reçu dlfférens noms. Tournefor'f lui a donné celui de thalamus , Linnœns celui de receplaculum commune, M. Richard celui de phoranlhe , M. Link celui d'amphanlhium, et M. Mirbel celui de clinanthe. L'ensemble des bractées qui entourent l'assemblage des fleurs ée la calathide , est designé par Linnaens sous le nom de perianlhium , par la plupart des auteurs, sous celui de calice commun, par M. Richard sons celui de péripJwranthe , par M. Mirbel sous celui d'invohicrc, par M. de Cassini sous celui de périclinanLlie ou de pcricline. Les fleurs de la calathide des synanthérées portent le nom de fleurons lorsqu'elles sont régulières, et celui de demi- ileurons lorsque leur limbe s'allonge d'un seul côté. La cala- thide est dite flosculeuse , lorsqu'elle n'a que des fleurons (ar- tichaut, chardon): elle est dite semi-flosculeuse lorsqu'elle n'a que des demi-fleurons (pissenlit, laitue); elle est dite radiée lorsque les fleurs de la partie centrale ou du disque sont des fleurons , et que les fleurs de la circonférence ou du rayon sont des demi-fleurons : ceux-ci se prolongent en efl'et tomme des rayons divergens ( grand solei] , reine marguerite). Dans le grajid soleil, la scabieuse, le dorstenia, la calathide est ouverte ; dans l'ambora elle est seulement entr'ouverte ; dans le figuier elle est close. Elle contient une seule fleur dans dans Téchinops; des fleurs en petit nombre dans le knautia , une grande quantité de fleurs dans le grand soleil, le figuier, le dorstenia , etc. (Mass. ) CALAU. {Ornith.) Nom sous lequel le grèbe castagneux , coîyinhus minor, Linn., est connu dans les environs de Niort. ( Ch. D. ) CALÀVRIA. {Ornith.) Le lagopède, tefrao lagopus , Linn., porle ce nom dans la vallée du Pô. ( Ch. D. ) CALCABOTTO. ( Ornith. ) Nom italien de l'engoulevent , caprimulgus europœus , Linn. ( Ch. D.) CALCAIRE. [Min.) On est convenu de donner ce nom uni- voaue, et parconséquentbeaucoup plus commode que celui de chaux carhonatée, aux roches homogènes composées de chaux carbonutée, lorsqu'on les considère sous le point de vue géo- logique, c'est-à-dire, par rapport aux propriétés de leur masse, et à leur position dans le sein de la terre. Néanmoins CAL ai nous ne traiterons géognostiq^ement de ces roches, de leur gisement et de leurs diverses époques de formation, qu'à la suite de l'article chaux carbonatëe , et qu'à l'article des terrains qui les renferment. Voyez Chaux carbonatbb et Terrains. (B. ) CALCANEUS. ( Omith. ) Voyez sous le mot pieds^ quelle est la situation du talon des oiseaux. ( Ch. D. ) CALCAR. ( Conclu) Eperon. M. Denys de Montfort a séparé^ jous ce nom du genre turbo, Linn. , le lurbo calcar , pour en former un petit genre, qu'on peut caractériser ainsi : Coquille déprimée, à spire peu élevée, non ombiliquée ; ouverture à Lords continus, tranchans, offrant une gouttière creusée dans un éperon, située au milieu du Lord droit, et se conservant sur les tours de spire. La principale espèce de ce genre, à laquelle M. Denys de Montfort donne le nom de calcar sporio, l'éperon molette, est figurée dans d'Argenville, Conch. p. 207 , pi. 6. fig K. C'est une petite coquille nacrée à l'intérieur, comme tous les turbos, d'un gris Llanchàtre en dessus, et qui provient des mers orien- tales. C'est aussi le nom vulgaire d'une espèce de nautile dans Linnaïus, nautile calcar. (De B. ) CALCAR. (Ichtlvyol.) Ce mot latin, qui signifie éperon , sert de nom spécifique à un poisson du genre caranx [Scomber calcar, Bl. 336, fig. 2), et à une perche (Perça calcar) de M. Schneider. Ce dernier poisson est rapporté par Bloch au genre holocentre (Holocent. calcarifer) , et par M. Cuvier au genre Plectropome. Voyez Caranx et Plectropome. (H. C.) CALCAR. [Ornith.) Eperon dont est garni le tarse de cer- tains oiseaux, qui se nomme alors tarsus calcaratus. Voyez Pieds. (Ch. D.) CALCATREPOLA. (Bo/.) Nom italien d'une espèce d'agaric décrit par Micheli, qui croît eu Italie, qui est grise et bonne à manger. C'est une espèce ou variété voisine de Vagaricus prunulus , Sco}). (Lem.) /^ CALCHANTE. {Min.) ( Bertrand, Dict. ) VovczChalcanthe. (B.) CALCIFRAGA. (Bot.) La plante ainsi nommée par Pline est, selon Dalechamp, la même que celui-ci nomme einpetrum, que Tournefort rapportoit, avec raison, au genre globularia, et CAL qui est le glohularia alfpuca des botanistes modernes. Lobel avoit aussi donné le nom de calcifraga à la bacile, crithmunt marilimuin, qui croit sur le bord de la mer. (J.) CALCINELLA. (Malacoz.) Nom vulgaire, donné à Ancône et à RaVenne, suivant Belon, aune espèce de mactre , macfra piperata, Linn., Gmel., et que Gmelin a inscrite une seconde fois, sous le nom de venus dealbata. (De B.) CALC1PH\RE. {Min. ) Nous avons déjà donné, aux articles amygdaloide,argilophyre,amphibolite et basanite, des exemples des principes de classification et de la méthode de description que nous avons adoptés, pour classer et faire connoître miné- ralogiquement les roches mélangées. Ces principes seront ex- posés, dans tous leurs développemens, au mot Roche. Le calcaire, dans différcns états de structure, forme la base de plusieurs roches mélangées. Dans celle que nous appelons ealciphyre,la structure est ce que l'on nomme porphyroide, c'est-à-dire qu'il y a des cristaux de forme déterminable , et de diverses natures, disséminés dans une pâte. Ces cristaux sont, dans le calciphyre, tantôt du felspath, tantôt des grenats, tantôt de la diallage, du pyroxène ou de l'amphibole ; ce sont les parties constituantes accessoires de cette roche. Du fer oxydulé, des pyrites, s'y présentent aussi, mais comme parties éventuelles disséminées. La structure de la pâte calcaire, qui fait la base de cette roche, est tantôt grenue, et même presque lamellaire, tantôt compacte, mais très-homogène , et à grains fins. Les cristaux enveloppés paroissent être de formation contem- poraine à celle de la pâte. La dureté, l'homogénéité et la densité de cette roche la rendent, dans beaucoup de cas, susceptible d'un poli assez éclatant. La cassure des calciphyres est, tantôt conchoïde , tantôt ccailleuse , quelquefois inégale , mais rarement raboteuse ( i ) , eu égard aux cristaux enveloppés. ^La couleur de la pâte est généralement uniforme, et souvent assez pure, et assez bien déterminée. La pâte calcaire étant plus destructible que les cristaux, (i) On trouve au mot Roche, et à la terminologie des roches mélaa- gées, l'explication précise de ces expressions. •ceux-ci sont souvent en saillie sur la surface de la roche, lors- qu'elle a été exposée à l'air depuis long-temps. Les ciilciphyres passent aux calcaires saccharoides et aux cal- caires compactes, lorsque les cristaux diminuent tellement en quantité, qu'on ne peut plus les considérer que coij^me des parties éventuelles disséminées dans une roche simple. Variétés et exemples. i". Calciphyre felspathique. Des cristaux de felspath blan- châtre, disséminés dans un calcaire compacte, presque trans- Kicide, d'un blanc jaunâtre. Cette variété, que M. Brochant a fait connoitre, se pré- sente en couches inclinées, au petit Saint-Bernard ^ et, suivant jce minéralogiste, fait partie des roches de transition de la Tarentaise. 2°. Calciphyre pyropien. Des grenats rougeâtres dans un calcaire lamellaire ou grenu , grisâtre ou verdàtre. Ce calcaire renferme un peu de talc; outre les grenats disséminés, il présente encore des lits, ou zones parallèles, de grenats massifs. Il $e présente, dans la chaîne des Pyrénées moyennes, au pic de Bergon , au pie de Cohert, etc., en couches subor-* données au calcaire saccharoïde ou sublamellaire de ces contrées. 3°. Calciphyre melanique. Des grenats melanites, dans un calcaire compacte noirâtre. En couches subordonnées, dans le calcaire transitif des Pyréné^, au pic d'Eredlitz, au pic d''Espade, et près du col du Tourmalet. 4". Calciphyre pvroxenique. Des cristaux de pyroxène ver- dàtres, dans un calcaire compacte, translucide et rosâtre. Les grains de pyroxène sont rarement cristallisés : leur sur- face est inégale, et néanmoins très-polie. Les arêtes sont émoussées : on diroit qu'ils ont été fondus ou plongés dans une liqueur dissolvante. De l'iledeTyry, l'une des Hébrides. Cette jolie variété est susceptible de poli. Les calciphyres, dans leur état actuel, forment, dans le système des roches, une espèce établie artificiellement. Ils sont encore peu connus ; on les a confondus avec les cal- 'à 4 CAL caires primitifs et les calcaires de transition; ou plutôt, on îi'a pas cherché à les remarquer. Quand ces roches calcaires , si différentes des calschites , des cipoUns , des opliicalces, seront mieux étudiées, on pourra peut-être les séparer en plu- sieurs Espèces, qui seront alors déterminées, non-seulement par la pâte, mais par une partie constituante essentielle; et alors, il ne restera dans les vrais calciphyres que la première variété. Les variétés de cette roche, que nous venons de décrire, n'ayant été que mentionnées, et ne l'ayant même été que d'une manière très-superficielIc, n'ont jamais reçu de noms particuliers ; en sorte que nous n'avons pu aider à les faire connoître par l'indication d'aucun synonyme. ( B. ) CALCITRAPA. ( Bot. ) Nom latin d'un genre de plantes qu'on appelle en français chausse-trape , et que nous ferons con- noilre sous ce dernier nom. ( H. Cass. ) CALCITRAPOIDES. (J5o/.) Ce genre de Vaillant, confondu depuis par Linnœus dans son grand genre ceniaurea, comprenoit les espèces dont les squames du périclincsont munies depetites épines rapprochées; d'où l'on peut conclure que le calcitra^ ■poïdes de Vaillant correspond au se?-/ CAL £'tre placé dans la gynandrie monandrie fie Linnasus. Il se dis- tingue par une corolle (périantlie simple , M.) à six pétales- irréguliers; les deux pétales latéraux extérieurs placés sous la lèvre; les trois pétales intérieurs sessiles, plus petits, redres- sés ; le pétale inférieur, ou la lèvre ])lus allongée , sessile , acu- minée, barbuesur son disque et à ses bords ; une anthère per- sistante, parallèle au stigmate. Ce genre ne ren ferme que deux espèces observées aux environs du port Jackson , à la Nouvelle-Hollande, par M. Rob. Brown, et mentionnées sous le nom de calochilus campeslris-paludosus , Bro\vn , Noi'^ Holl, i, pag. 32o. Leurs racines sont pourvues de bulbes entières ; les feuilles sont courtes, alternes, peu nombreuses, lïnférieure canaliculée. Les tiges supportent de belles grandes fleurs étalées, disposées eu un épi lâche ou en une grappe terminale. Dan» le calochilus eampestris, les bractées sont plus longues que l'ovaire; la colonne qui supporte les parties sexuelles, munie de deux glandes à sa base ; la lèvre, à peine plus longue que les autres pétales, terminée par une pointe à demi-lancéolée, très- courte. Dans le calochilus paludosus , les bractées sont plu»^ courtes que Fovaire ; la colojine dépourvue de glandes ; la lèvre une fois plus longue que les autres pétales, terminée par une pointe en languette allongée, tlexueuse. (Poir.) CALOCHORTUS. {Bot.) Genre de plantes de la famille des colchicécs , appartenant à Yhexandrie monogjnie de Linnaeus, qui offre pour caractère essentiel : Une corolle (périanthe simple, M.) à six découpures étalées, les trois intérieures plus grandes, lanugineuses en dehors, marquées à leur base d'une tache glabre, arrondie ; six filamens courts, insérés à la base de la corolle ; les anthères droites , sagittées ; trois stigmates, réfléchis; une capfule à trois loges. Ce genre, établi par Pursh, in Linn.Trans., vol. II, et Flor. amer, sept, i ,pa.g. 340 , ne comprend qu'une seule espèce, calo- chortus etegans , remarquable par ses belles fleurs élégantes, incC'inécs, de la grandeur de celles de Vkypoxis erectus. Se& racines sont munies d'une bulbe solide, presque globuleuse ; il n'existe qu'une seule feuille allongée, graminiforme, radicale, presque glat'jre, nerveuse et plissée. La hampe est glabre, ^mple, cylindrique, plus courte qjtie la feuille , soutenant deux CAL H «Ti trois fleurs pédicellées; les bractées Hnëaires-lancéolées ; les pédicelles filiformes, à peine plus longs que les bractées. Cette plante croit dans l'Amérique septentrionale. Ses racines sont comestibles; elles servent d'alimens aux naturels du pays. (Poia.) CALOMERIA. {Bol.) Ce genre de plantes, de la famille des synanthérécs, appartient à notre tribu naturelle des anthé- midées, dans laquelle on doit le placer auprès de Varlemisia. ( H. Cass. ) CALONNEA. {Bot.) Buchoz avoit voulu consacrer ce nom au genre de plantes que tous les botanistes s'accordent à nom-^ mer galardia, d'après Fougeroux et Lamarck. (H. Cass.) CALO PODIUM. {Bot.) Nom employé par Rumphe pour dé- signer la spathe des arum. (Mass. ) CALOPOGON. {Bot.) Ce genre a éfé établi par M. Rober» Brown, dans la nouvelle édition de ÏHortus Ke^vensis d'Aiton, particulièrement pour le cjmbidium pulchellum de Willdenow, ou limodorum. tuberosum. Curtis , Magaz. Bot. , tab. 1 1 6. Il appar- tient à la famille des orchidées, et doit être rangé dans la gynandrie digynie de Linna?us. Il offre pour caractère ; Cinq pétales distincts; un sixième en forme de lèvre, placé en arrière, onguiculé ; la colonne qui supporte les parties sexuelles , libre ; le pollen anguleux. (Poir.) CALOPTILIUM. {Bot.) [Cinarocéphales , Juss. Syngénésie polygamie séparée, Linn.] Ce genre de plantes, delà famille des synanthérées, est établi par M. Lagasca, danssaDissertation sur les cliœnantophores. Voici, d'après cet auteur, quels sont ses caractères. Le péricline est double : l'extérieur, plus court, est composé de cinq squames linéaires ; l'intérieur, plus long, composé de cinq squames ovales, rapprochées en tube, contient cinq fleurs uniformes, à corolle «bilabiée, dont la lèvre intérieure est bifide. Le clinanthe est très-petit, nu. Les anthères sont munies d'appendices basilaires. Les cypsèle» portent une aigrette sessile, plumeuse, très-élégante. La plante qui constitue ce genre, et dont M. Lagasca n'indique pas la patrie, est très-petite, herbacée, couverte de toutes parts de feuilles coriaces imbriquées, dont les supérieures semblent former une sorte de péricline général, "autour des calathides ramassées au sommet en une tête sphérique ; ce.s fia CAL calatliidcs portées sur de très-courts pédoncules, sont réunie* deux ou trois ensemble dans l'aisselle de chaque feuille florale. M. Lagasca fait observer que son caloptilium a une grande affinité, par le port et par les caractères, avec le nassauvia; qu'il et^ diETère cependant par la structure du péricline , ainsi que par l'aigrette , qui représente un plumet élégant , comme l'indique le nom du genre. IS'ous avons observé une plante qui paroit infiniment ana- logue au caloptilium, mais dont l'aigrette est très-ditierente ; ce qui nous a forcé d'en former un genre nouveau, sous le nom de triachne. Ce genre a beaucoup de rapports a\rr le Iriplilium; d'où il suit que le triptilium , le triachne et le calopti- lium doivent être rangés ensemble dans notre tribu naturelle àes nassauviées, que nous plaçons entre les tussilaginées et les senecionées. Il paroit que M. Lagasca avoit donné d'abord à son calop- tilium le nomde splinr oc ephal us , sous lequel il se trouve décrit dans le Mémoire de M. Decandolle sur Icsiabiatiflores. (H. Cass.) CALOROFHUS. {Dot.) M. de la Billardière a décrit et figuré la seule espèce qui compose ce genre, qu'il a nommée calo- rophus elongata. Noif.Holl. , vol. II, p. 78, tab. 228. Ce genre, de la famille des joncées et de la dioécie triandrie de Linnseus, est très-rapproché des restio , avec lesquels M. Kob. Brown l'a réuni. C'est à canse de cette grande affinité qu'il a reçu le nom de caloroplius, du mot grec Kv.Xoçpo:poç seu restio. Ses tleurs sont dioiques; les fleurs mâles sessiles, composées d'an calice ou corolle, à six écailles glumacées, presque imbriquées, les trois extérieures plus courtes, munies à leur base d'une bractée ou calice, à deux valves opposées; trois étamines insérées au fond du calice, opposées aux trois écailles intérieures ; les an- thères oidongueS^, vacillantes; un ovaire constamment avorté: les fleurs femelles pédonculées ; le calice et les bractées comme dans les fleurs mâles; les antiièresstérilcs, presque orbiculaires; un ovaire supérieur, un peu arrondi, surmonté de trois styles subuîés, divergens ; une capsule presque globuleuse, à trois loges, couronnée par les styles ; une semence ovale, solitaire; attachée au fond de chaque loge. Ses ti^cs sont foibles , à demi - cylindriques , glabres , rameuses , dépourvues de feuilles , presque dichotomes ; les CAL 53 Taiîieaux souples, la plupart flexueux, garnis, ainsi que les liges, de gaines allongées, cylindriques, coriaces, terminées par une pointe courte, réfléchie en dehors; les fleurs latérales sortant d'une gaine semblable à celle des tiges. Cette plante a été découverte par M. de la Billardière au cap van jpiemen» sur les côtes de la Nouvelle-Hollande. Le genre lepjrodia, de M. Rob. Brown, est très-rapproché de celui-ci. (Poia.) CALOSTEMMA. (Bot.) Deux plantes de la Nouvelle-Hol- lande ont donné lieu à l'établissement de ce genre, qui appar- tient à la famille des narcissées, à Vhexandrie monogynie de Linnaeus , ftès-rapproché des pancratium, et dont le caractère essentiel consiste dans une corolle (périanthe simple, M.) tubu- leuse , en forme d'entonnoir; le tube adhérent par sa base avec l'ovaire; le limbe à six découpures ; l'oriiice muni d'une couronne à douze dents subulées ; les alternes soutenant des anthères vacillantes; un ovaire adhérent, aune seule loge, contenant deux ou trois ovules; un seul style ; le stigmate obtus ; une baie sphérique , à une ou deux semences. Les racines sont bulbeuses ; les fleurs petites , blanchâtresr' ou purpurines. Dans la première espèce, calostemma albuin^ Brown, Nos^. HolL i, pag. 298, les feuilles sont elliptiques, allongées, presque solitaires ; les dents stériles de la couronne linéaires, échancrées ; les fleurs blanches. Dans la seconde, ealostemma purpureum , Brown , les fleurs sont purpurines ; elles paroissent avant les feuilles; les dents stériles de la couronne sont triangulaires. (Poir.) CALOSTOMA. (Bot.) {Cryptogamie, champignons.) Concep- tacle globuleux, porté sur un pédicule marqué de lacunes dont les bords forment comme une espèce de treillage. Enve- loppe du conceptacie double, l'extérieure c%riace, persistante, ouverte au sommet, et munie de dents infléchies et rappro- chées; enveloppe intérieure très-mince, contenant une pous- sière jaunâtre dans laquelle sont de nombreux lilamens. Le Calostoma cinnabarinum (Desv. , Anna!. Bot., Mai 1809, pag. 94 ; Sclerodcma calostoma, Fers., Journ. Bot. 1809 , avril, pag. i5, tom. 2 , f . 2 ) , est la seule espèce de ce genre ; sa sur- face extérieure est enduite d'une poussière rouge qSi se détache *'ïétnent, La plante ressemble beaucoup à un petit Ifcoperdon.. 54 CAL Sa bouche a çi;atre à sept dents ; son pédicule est épais. On la trouve à tei're, dais l'Amérique septentrionale. C ALOSTOMA , de deux mots grecs qui significut belle bouche; c'étoit d'abord le nom spéciiique donné par M. IVrsoon à ce champij/aon. Ce naturaliste avoit annoncé qu'on pourroit en faire un genre, si d'autres espèces, avec le même caractère, venoient à être connues. (Lem.) CALOTHAMNUS. (Bot.) Genre de plantes de la Nouvelle- Hollande, de la famille des myrtacécs , qui appartient à la polyadeîphie icosandrie àe hinnasus , offrant quelques rapports avec les piricrara, et dont le caractère consiste dans un calice d'une seule pièce, persistant, à quatre dents ; quatre pétales ovales, légèrement onguiculés, membraneux à leurs bords; un grand nombre d'étamines insérées sur le calice, distribuées en trois paquets, dont deux filiformes, stériles, le troisième élargi, en deux lobes à son sommet ; les anthères linéaires, non vacil- lantes, à deux loges: un ovaire adhérent au fond du calice; un style subulé. Le fruit est une capsule renfermée dans le calice, couronnée par ses dents, presque globuleuse, à trois loges , à trois valves, s'ouvrant à leur sommet, contenant des semences nombreuses, attachées à un réceptacle allongé, constitué par l'axe du fruit à l'angle interne de chaque loge. La seule espèce de ce genre, caloLhamnus sanguineus , delà ■Bill. , Nov. HolL, vol. II , pag. 26 , tab. 164, est un arbrisseau élégant, haut de six à sept pieds, garni de feuilles éparses, nombreuses, très-rapprochées, glabres, épaisses, cylindriques, un peu comprimées, mucronées à leur sommet, longues d'en- viron un pouce, parsemées de quelques points glanduleux. Les fleurs sont sessiles, solitaires, situées le long des rameaux, dans l'aisselle des feuilles ; le calice légèrement tomenteux: la corolle à peine une fois plus longue que le calice. Cet arbris- seau a été découvert par M. de la BlUardièrc, à la terre van Leuwis, à la Nouvelle-Hollande. L'élégance de cet arbrisseau lui a fait donner le nom qu'il porte, composé de deux mois grecs , kalos (beau) , tamnos (arbrisseau). (Poir.) CALOTHECA, {Bot.) Desv. , Journ. Bot. 0 , pag. 7 i ; Pal. Beauv. , Agrost., p. 85, tab. 17, fig. 6-7. Genre de graminées établi par î^. Desvaux pour une plante de l'Amérique méri- dionale, qu'il a nommée calotlieca brizoïdea , d e deux mots grecs , CAL 55 salos (beau), //icic (couverture) , à cause de la beauté et de l'élégance de ses épis. Il offre pour caractère essentiel : Un calice à deux valves ovaies-Iancéolées, contenant six à dix fleurs hermaphio.Iitcs; la valve inférieure de la corolle divisée en trois lobes ; les deux lobes latéraux membraneux, en forme d'oreillettes, celui du milieu trifide, terminé par une arête droite; la valve supérieure ovale, ciliée à ses bords. Cette belle espèce a parfaitement le port d'un hriza. Ses fleurs sont dispo- sées en une panicule inclinée, et ses épillets colorés. M. de Beauvo:s a réuni au genre caLotheca un autre genre de M. Desvaux, que ce dernier a nommé Chascolytrum, com- posé de deux mots grecs, cascon (béant) , elutron (étui). Il com- prend deux espèces de Briza , nommées par IM. de Lamarck Irlza erecta etbriza aristata, 111. Geu. et Enc. Suppl. Les valves du calice sont arrondies, ovales, mutiques, à plusieurs fleurs; }a valve inférieure de la corolle ovale, en cœur, mucronée, plane à sesbords; la valve supérieure très-petite , ovale, aiguë; l«s épillets tétragones et paniculés. Quand on ne considère que le port et l'enseuible de ces espèces, leur grande aflinité avec le briza, on est peu tenté de les sortir de ce genre. (Poir.) CALOTROFIS. (Bot.) M. Rob, Brown, dans un travail sur les asclépiadcs, p, 28, et dans la nouvelle édition de VHortus Kei'ensis d'Alton, vol. II, p. 74 , a établi ce genre pour quel- ques espèces d'asclépiades, particulièrement pour Vasclepias procera^ Wiild., sena. piefres, ne laissant que leur moule, comme pres^que toutes les autres coquilles. J'ai remarqué aussi qu'on les trouve souvent sans aucun mélange d'autres coquilles, ce qui arrive rarement pour les autres corps marins fossiles. Peut-être que les mol- lusques auxquels .elles ont appartenu voguoient en immense quantité dans les mêmes lieux, comme il arrive aujourd'hui pour le clio borealis , dont quelques endroits de la mer àa Nord sont remplis. (D. F.) CAMHA. {Bot.) L'un des noms que les médecins arabes donnent à la truffe, suivant Léon l'Africain. (Lem.) CAIMICHL {Ornilh.) Voyez Kamichi. (Ch. D. ) CAMILLE. Camilhis. [Conch.) C'est un genre de coquille unî- valve, établi par M.Denys deMontfort , et dont les caractères sont : Coquille globuleuse , à spire peu élevée , à sommetmame- lonné; ouverture arrondie, échancrée, et terminée par un canal droit ayant une dent à la base de son bord gauche. La seule espèce encore connue dans ce genre, est figurée par Soldani, Test, microscop., p. i,pag. 24, et tab. 19, vas. 118. C'est une très-petite coquille, transparente, verdàtre, avec deux espèces de pointes sur la columelle , et une sorte de sac au côté droit du dernier tour, qui dépasse beaucoup l'ouverture de la co- quille. On la trouve dans la Méditerranée. M. Denys de Montfort îanomme camille armé, camillus armatus. (DeB.) CAMTNE Mx\LE. {Minéral.) On donne ce nom, dans îe commerce du Levant, à des masses jaunâtres, opaques et comme onctueuses, qu'on nomme improprement beurre de montnc^ne, et qui sont le résultat d'un mélange naturel d'alun, de sulfate de fer , d'argile et d'un excès d'acide sulfurique. ( B. ) CAMITE. (Foss.) C'est le nom que l'on donne aux cames fossiles. Voyez Came. (D. F.) CAMMARON. {Bot.) Ce nom a été donné à diverses plantes, suivant Césalpin. Pline l'appliquoit à Y arnica seorpioïdes , dont la racine se contourne comme la queue d'un scorpion ou 4' une écrevisse, camînar-us. Suivant Adanson, Dioscoride l'em- ployoit pour désigner la mandragore. Le même est ajouté comme •surnom à quelques aconits, et Adanson dit encore que le pied d'alouette, delphinium, est le ca/riaron- de Dioscoride. (J.) * AMOMILLE. ( Bot. ) Ce genre de plantes, de la famille CAM 69 des synanîhérêes , que les botanistes nomment anthémis , appar- tient à notre tribu naturelle des anthémidées. (H. Cass.) CAMONA. (Bot.) Nom péruvien d'un palmier élevé, qui est Viriartea de la Flore du Pérou. (J.) CAMOUCHE. (Ornith.) Nom que porte'à Cayenn» le ka- michi , palamedea cornuta, Linn. (Ch. D,) CAMPAGNOLS. (Foss.) On a trouvé dans les brèches osseuses de Cette, des ossemens et des dents fossiles de cam- pagnols, mêlés avec des ossemens de lapins et d'oiseaux, des vertèbres de serpens et des coquilles terrestres. On trouve les figures de ces ossemens et de ces dents de campagnols y dans l'ouvrage de M. Cuvier sur les ossem. foss. des quadr., tom. IV, pi. 2 , fig. 24 et 25. (D. F.) CAMPAGNOULE, ou VINOUS. {Bot,) Noms languedo- ciens de I'acaric champêtre (agaricus campestris), (Lbm.) CAMPANG-SAPPADOE. {Bot.) A Java, on nomme ainsi la rose de Chine, hibiscus rosasinensis , suivant Burmann. (J.) CAMPANULACÉES. {Bot.) On ne parlera ici de cette famille déplantes, déjà décrite, que pour annoncer quelques réformes. Plusieurs espèces de campanules à tube de la corolle très-court , à limbe évasé en rosette, à fruit allongé et prismatique, for- ment maintenant le genre prismatocarpus de Lhéritier, nommé auparavant legouzia par Durande. I.e gesneria sera probable- ment tiré de cette famille, et ajouté à celle dont le besleria sera le type. Le lobelia, le scœvola et le cyphia, font mainte- nant partie de la nouvelle famille des lobéliacées, décrite dans le dernier volume des Annales du Muséum d'Histoire naturelle, (J-) CAMPANULAIRE. Campamdaria. {Pofyp.) M. de Lamarck , dans la nouvelle édition des Animaux sans vertèbres, donne ce nom au groupe de sertulaires, établi paP M. Lamouroux en un genre particulier, sous le nom de cljlia.V oyez ce mot. (DeB.) CAMPAROLE {Bot.), ou champignon des champs. Nom vulgaire de ïagaricus campestris , ou champignon de couche dans quelques parties de la France. (Lem.) CAMPÈCHE. {Bot.) J'ai observé à Saint-Domingue, une variété de carapêche dont le bois est jaune ; il pouVoit servir à feindre en cette couleur, mais elle n'est pas aussi belle que 7« CAM celle que Ton retire du morus tinctoria. Cette espèce de cain- pêche est estimée comme propre à faire de très-bon charbon. (De T.) CAMPECOrEA. {Crustacés.) C'est le nom de l'un des genres nombreux établis'par M. le D\ Leach, dans les Transactions de la Société Linnéenne , poury ranger quelques espèces de cymo« ihoés, ou de cloportes marins. (C. D.) CAMPELIA. {Bot.) Plumier avoit établi, sous le nom de zanonia, un genre particulier que Linnœus, en le rangeant parmi lescommelina, avoit nommé commelina zanonia , figuré dans les Liliacées de Redouté, vol. IV, tab, 192. Swartz, dans sa Flore des Indes occidentales , et WiUdenow, d'après lui, ont rangé cette plante parmi les tradescantia. Richard l'a indiquée comme devant former un genre nouveau, sous le nom de Campeua; il a été adopté par Kunth , in. Humh. et Bonp. nov. gen. et spec, vol.I, pag. 264. Son caractère essentiel consiste dans un calice à trois foliole ; trois pétales persistans; six étamines fertiles ; les anthères à deux loges séparées ; une cap- sule en forme de baie. Ses tiges sont herbacées, longues de quatre à cinq pieds, garnies dans leur partie supérieure de feuilles OA'ales-lancéo- lées, bordées à leur contour de pourpre ou de violet, un peu pubescentes en dessous dans leur jeunesse, longues de quatre à cinq pouces, larges de deux, portées sur des gaines d'un vert blanchâtre, ciliées à leurs bords. Les fleurs sont blanches, médiocrement pédicellées, réunies cinq à sept au sommet de la plante, entre deux feuilles florales opposées, sessiles, ovales, aiguës. Le fruit consiste en une baie pulpeuse, arrondie et noirâtre. Cette plante croit dans l'Amérique méridionale, à Cayenne dans les forêts humides, dans la Nouvelle-Andalou- sie, etc. (PoiR.)»- CAMPEPHAGA. {Ornith.) M. Vieillot a donné ce nom îatin au genre qu'il a formé de Véchenilleur de M. Levaillant. ( Ch. D. ) CAMPERIEN. (Jcîîf/y'oZ.) Nom spécifique d'un poisson du genre scombrésoce. Voyez ce mot. (H. C.) CAMPESTRES. {Ornith.) Illiger a donné le nom d'aves oampestres* aux oiseaux coureurs de son cinquième ordre , ^ui forment la vingt-sixième famille , caractérisée par un beo CAM 7*' jnédiocre, droit, un peu crochu; des ailes propres au vol; •des pieds tridactyles , fendus , et des tarses réticulés. Cette famille comprend les outardes. ( Ch. D. ) CAMPHOKIQUE (acide). (Chim.) Plusieurs chimistes ayant pensé que cette substance n'étoit point un acide particulier, ainsi que Kosegarten et M. Bouillon Lagrange l'avbient dit, M. Buchoz a cru devoir la soumettre à des expériences com- paratives avec l'acide benzoïque, qui, de tous les acides, est celui qui semble s'en rapprocher le plus. Ce nouvel examen démontre la différence de ces deux corps, en même temps qu'il fait connoître un ensemble de propriétés qu'on ne trouve que dans l'acide camphorique. Une partie d'acide camphorique se dissout dans loo parties d'eau froide , et dans 1 1 pariies d'eau bouillante, tandis que i d'a- cide benzoïque en exige 200 d'eau lioide et 24 d'eau bouillante, loo parties d'alcool en ont dissous 106 d'acide campho- rique , et l'alcool bouillant a paru le dissoudre en toutes pro- portions. 100 parties d'alcool en ont dissous 56 d'acide ben- zoïque, et 100 d'alcool bouillant à peine 100 parties. L'acide camphorique distillé donne, 1". quelques gouttes -d'eau ayant une odeur et une saveur d'acide pyroacétique ; 2". un sublimé blanc, opaque, n'étant pas sensiJ)lenient cris- tallisé, ayant une saveur acide et piquante; 3". une huile em- pyreu'matique brune , opaque et très-épaisse ; 4". une légère couche de charbon. L'acide benzoïque ne donne pas une trace d'eau, et dégage d'abord une vapeur blanche qui se condense -en une poussière d'une blancheur éblouissante; puis il se vo- latilise presque entièrement , et se condense en belles aiguilles incolores, demi-transparentes; il ne se produit qu'une trace d'huile empyi-eumatique et de charbon. 5o parties d'acide campliorique, disîous dans l'eau, dis- solvent 20 parties de carbonate de chaux ; la dissolution concentrée est toujours acide. 5o parties d'acide benzoïque dissolvent 20 parties de ce carbonate , et la dissolution n'est point acide. Le camphorate de chaux distillé se dessèche sans se fondre ; il dégage de la vapeur d'eau, et une odeur pénétrante qui est celle du romarin, mêlée d'enipyreume ; on n'obtient aucun sublimé. Sur la fin de l'opération , il se produit un peu d'huile 12 CAM ejnpyreumatique épaisse , et il reste du carbonate de chaux mêlé de charbon. Le benzoate de chaux distillé se fond, exhale un peu d'ean et d'huile très-liquide , ayant une odeur , et surtout une saveur analogue à celle du baume du Pérou ; il se sublime de l'acide ienzoïqwe , et le résidu est semblable à celui du camphorate. Le camphorate de potasse acide cristallise en petits prismes, quand sa solution a été rapprochée en consistance d'un sirop liquide, et qu'on Ta laissée évaporer spontanénaent ; ces cris- taux se fondent, par la chaleur, dans leur eau de cristalli- sation : la liqueur devient brune, et ne se solidifie qu'à la longue. Le benzoate de potasse, légèrement acide, cristallise faci- lement en petites lames ou aiguilles minces, qui exigent lo parties d'eau pour se dissoudre. Il a une saveur moins acre que le camphorate de potasse. (Ch.) CAMPHRE ARTIFICIEL. {Chim,) Nom donné à une subs- tance cristallisée, obtenue, pour la première fois, parKind, en faisant passer du gaz hydrochlorique dans de l'huile essen- tielle de térébenthine. Voici les phénomènes que M. Thénard a observés en satu- rant de gaz hydrochlorique i oo grammes d'huile de térébenthine rectifiée qui éloient refroidis par un mélange déglace et de sel marin. L'huile a absorbé 3o grammes d'acide. Pendant toute l'opération, il ne s'est dégagé aucun gaz, si ce n'est une partie de gaz hydrochlorique qui traversoit l'huile sans s'y dissoudre. L'huile s'est prise en une masse cristalline dont on a séparé, en la laissant égoutter, i°. près de iio grammes de camphre artificiel cristallisé; 2°. 20 grammes d^un liquide incolore chargé de cristaux qui répandoit des vapeurs acides, et qui, après avoir été exposé quelques jours à l'air, n'étoit presque plus acide, se congeloit en cristaux, à quelques degrés au- dessous de zéro , et contenoit beaucoup d'acide hydrochloi'ique en combinaison. M. Thénard a observé, en outre, que ce liquide étoit d'un brun noir, lorsqu'on avoit employé une huile de térébenthine retenant de la résine. Le camphre artificiel est blanc, brillant, évidemment cris- tallisé, mais si confusément, qu'on ne peut en déterminer la forme ; sa delisité est moindre que celle de l'eau ; son odeur CAM 73 a de l'analogie avec celle du camphre. Il est sans action sur le tournesol. Il se dissout assez aboudammenl dans ralcool , d'où il peut être précipité par l'eau. Le camphre artificiel ne forme point, à froid, de combi- naison avec l'acide nitrique. En cela, il diffère du camphre naturel , ifui, mis dans l'acide nitrique à 32, s'unit à une por- tion de ce dernier, et se sépare, avec elle, dr l'autre portion d'acide qui n'a point pris part à la combinaison , et qui retient la totalité, ou la presque totalité de l'eau qui étoit unie à tout l'acide nitrique. Enfin, les propriétés suivantes le distinguent du camphre naturel. L'acide nitrique , chauffé avec le camphre artificiel, en dégage du chlore, et ne produit pas d'acide camphorique. L'acide acétique ne le dissout point ; les alcalis avec lesquels on le fait digérer, en séparent de petites quantités d'acide hydrochlorique. Lorsqu'on le chauffe dans un appareil subîi- matoire, il y en a une portion qui se sublime, et une autre qui se réduit en acide hydrochlorique .- si on le fait passer dans un tube de porcelaine rouge de feu , il se décompose en totalité, et donne une grande quantité d'acide hydi'O- chlorique. Enfin, lorsqu'on chauffe le camphre artificiel avec le contact de l'air, il brûle sans résidu et se convertit en acide carbonique, en eau, et en acide hydrochlorique. Kind, Tromsdorff et MM, Boullay, Clusel et Chomet, ont considéré le camphre artificiel comme un composé d'hydrogène , de carbone d'oxigène, analogue au camphre naturel; ils en ont expliqué la formation en disant que l'acide hydrochlorique séparoit de l'huile un peu de charbon en même temps qu'il séparoit une certaine quantité d'oxigène et d'hydrogène à l'état d'eau, par l'affinité qu'il a pour ce liquide. M. Gehlen fut conduit à une autre uiunif^'e de voir : ii pensa que l'huile de térébenthine se réduisoit par l'acide hydrochlo- rique en deux parties qui se combinoiént intimement avec lui, de manière à produire le camphre artificiel et un liquide d'un brun noir (parce que probablement M. Gehlen afoit employé une huile tenant de la résine). Suivant lui, la partie qui entroit dans la composition du camphre étoit formée d'un peu de carbone uni à presque tout l'hydrogèi^e de l'huile, tandis que la partie qui entroit dans la composition du liquide 74 CAM jloir contcnolt le reste des élémeas de cette huile ; et il attri- buoit le chaugcuient de nature de l'huile à raniuitë de l'acide hydroch'oriquc pour les deux j)rodiiits de sa décomposition. M. Théiiard croit bien, avec M. Gehlen , que l'acide h ydro- chloriqiiC est un c^-s principes du camphre artificiel; mais il pense que cet acide est uni avec de l'huile de térébenthine non altérée : quant au liquide, il le regarde comme ne diffé- rant du produit camphré que par plus d'acide , ou h'wu comme pouvant être la combinaison d'une huile distincte de Thuilc de terébcjitJiine. (Ch.) CAMPIM. {Bot.) Dans la basse latinité, on nommoit ainsi jes champignons de couche et ceux des champs. C'est l'origine du mot Champignon. (Lem.) CAVÎiOIDES. (Bot.) Nom que Ruppius, botaniste allemand, avoit 'onné à la scorpione, icorpiurus. (J.) CAMI'OUDI. (Bot.) riante de Madagascar citée dans le Voyage de M. Rochon, qui paroît être une espèce de pi' ripea. (J. ) CAMPTERIUM. {Ornith.) iJliger désigne par ce terme les petites plumes qui revêtent le bord antérieur de l'aile des oiseaux, surtout à l'endroit où elle forme un pli. (Ch. D. ) CAMPUI-EIA. {Bot.) Genre de plantes établi par M. du Petit-Thouars, No^^. gen.Maciag., pag. 7 , n". 22 , de la famille des pédiculaires ou rhinanthées , appartenant à la didjnamie aiigiospermie de Lianaeus. Ce genre a des rapports avec les bartsia. Son caractère essentiel consiste dans un calice un peu ventru, à dix stries, à cinq découpures aiguës; une corolle tubulée , à deux lèvres ; le tube linéaire recourbé ; lu lèvre supé- rieure à demi-bifide ; l'inférieure à trois lobes égaux , arron- dis ; quatre étamines didynames; un stigmate enflé; une cap- sule ovale, comp^'imée. Les racines sont écailleuses ; les tiges simples, herbacées; les feuilles inf rieures opposées, les supérieures alternes; les fi-jurs soiitaii'ts, axillaires, accom_pagnées de deux bractées xiutaires. Le ca «ice est tubulé , un peu ventru ; la corolle irré- gulière ; le tube linéaire allongé, courbé vers son sommet; le iimbe plane, oblique, à deux lèvres; la lèvre supérieure à tlemi-biQdet l'inférieure à trois lobes égaux, ari'ondis ; les «éfaoiines insérées à lu courbure du tu!)e; les anthères ovales, CAM 75 attachées par leur sommet, à deux lobes, s'ouvrant en dedans; le style de la longueur de la corolle. Le fruit est une capsule ovale, comprimée, à deux valves, à deux loges ; une cloison opposée aux valves ; plusieurs semences fort petites. M. du Petit-Tliouars annonce que ce genre coJltient deuj espèces, qu'il n'a point encore fait connoitre, l'une desquelles est pa- rasite , pourvue d'une corolle d'un beau rouge écarlate ; toutes deux croissent dans l'île de Madagascar : elles se rap- prochent des rhinanthus et des bartsia, dont elles dilférent par la courbure de leur tube, d'où vient le nom de ce genre, tiré du grec lampulos (courbure). (Poir-) CAMPULOA. {Bot.) Ce genre a été établi par M. Desvaux (Journ. bot., vol. III, pag. 69), adopté par M. de Beauvois {Agrost., pag. 63, tab. i3, fig. 1 ), pour deux plantes de la famille des graminées, placées d'abord parmi les chloris , efc transportées ensuite successivement dans plusieurs au très genres. Les fleurs sont polygames, disposées en un épi simple, courbé en faucille ; les épillets alternes , sessiles, unilatéraux, placés sur un double rang; le calice presque triflore, à deux valves inégales, l'inférieure plus petite, ovale, aiguë, la supérieure inégalement bifide, munie sur le dos d'une arête sétacée, roide, recourbée; la fleur inférieure mâle, à une seule valve , une étamine ; celle du milieu hermaphrodite, à deux valves corol- laires, l'inférieure crénelée au sommet, munie d'une arête droite, sétacée ; la supérieure entière et mutique ; la fleur supérieure souvent sîérile ; trois étamines ; une semence libre, tronquée, marquée d'un sillon. A ce genre se rapporte le chloris monostachya de Michaux; le chloris falcala deSvvartz, seu cynosorus falcatus de Willdenow. (Pois.) CAMPULOTE. Cawpulotus. (Conch.) Guettard a confondu sous ce nom des animaux divers dont» on a depuis formé les genres vermetus d'Ao'anson, vermicnlaria de M. de La» marck, scalata, et très-probablement un grand nombre de tubes calcaires, ayant appartenu k des animaux qui ne soufc pas des mollusques, mais bien des trichopodes, ou ^ers k tuyaux. L'un de cette dernière classe, qui n'est certainement: pas fossile, et qui est figuré pi. 71, fig. 6 du tome III de sec; Mémoires, est le type du genre magilus de» M. Denys du Montfort. A cause de la grande confusion du genre proposé 7^ CâN par Guettard, nous traiterons de cette espèce à l'article Ma- ClLl'S. (^DeB.) CAMURI. {Iclithyol.) Marcgrave donne ce nom à un poisson du Brésil , que les Portugais appellent robalo. Voyez ce mot. (H. C.) ^^ CAMUS. (Ichthjol.) Suivant M. Bose, c'est le nom spéci- fique d'un, polynème poLjnemui decadactylus. Voyez ce mot. Ruysch appelle aussi de ce nom plusieurs petits poissons d'Amboine, que les Indiens font fumer comme des harengs. (H. C.) CAMUS. {Erpétol.) Daubenton donne ce nom à la couleuvre camuse. (H. C.) CAMUSE. (Erpétol.) Nom d'une espèce de couleuvre de la Caroline. Voyez CoutEuvnE. (H. C.) CANADA. {Bot.) On lit dans C. Bauhin, que ce nom est donné dans quelques pays au topinambour, helianthus tube' rosus , probablement parce qu'on le croyoit originaire du Ca- nada. (J.) CANADA GOOSE. ( Ornilh. ) L'oiseau qu'Edwards désigne par ce nom , est l'oie à cravate , anas canadensis , Linn. Gmel. ( Ch. D. ) CANADE. (Ichthjol.) Nom d'un poisson de la Caroline, qui appartient au genre épinoche de Linnaeus, Gasterosteus cana- dus. Voyez Centronotb. (H. C.) CANAHAISCH. (Ichthjol.) Nom que les habitans du Kamtschatka donnent à un péfromyzon décrit parTilésius (Mé- moires de l'Académie de Saint-Pétersbourg, 1809, pag. 2/|o), d'après un individu péché en 1804 dans la mer aux environs de Saint-Pierre et de Saint-Paul. Voyez Pétromyzon et Lamproie. fïL C.) CANAL (médullaire). (Bot.) Cavité pleine de moelle qui occupe le centre de la tige. Dans les tiges tendres , le ca- libre du canal se rétrécit pendant quelque temps par le dé- veloppement de la partie ligneuse qui circonscrit la moelle; lorsqtje la tige a pris de la consistance, le canal ne subit plus de diminution. Dans beaucoup d'arbres , la moelle recevant dans ses cellules des dépôts concrets , et devenant aussi dure que le bois, sembl/' s'être évanouie. M. de Beauvois a fait observer que la forme du canal mé- ■CAN 77 dulîaire varie suivant la siiviation des feuilles. Dans le frêne où les feuilles sont opposées, la figure de la coupe transver- sale du canal est oblongue. Dans le lairrier-rose .où les feuilles naissent en verticille tiois ensemble, elle est triangulaire. Daijs le chêne où les feuilles sont alternes et eij hélice , de manière qu'il faut cinq feuilles pour que l'hélice décrive un tour en- tier, elle est pentagone. L'étui médullaire, c'est-à-dire la paroi du canal médullaire, est formé de trachées et de vaisseaux voisins des trachées par leur nature. Les trachées ne se retrouvent dans aucune autre partie de la tige des plantes dicotylédones. (Mass.) CANALICULÉE. (Conch.) Terme de conchyliologie employé pour indiquer qu'une coquille univalve a son ouverture pro- longée antérieurement en un canal plus ou moins allongé, qui reçoit le tube des organes de la respiration. Voyez Conchy- liologie. (De B.) CANALITES. (Foss.) Voyez Dentales. (D. F.) CANAMBAYA. (Bot.) C'est le nom que porte, dans le Brésil , une plante à tige ailée comme celle du genistella qui croit dans cette contrée, et que Joseph de Jussieu a trouvée aussi au Pérou. M. Lamarck, dans TEncyclopédie Métho- dique, la nomme coniza genistelloïdes : elle sera peut-être mieux rapportée au genre baccharis qui est voisin. (H. Cass.) CANAPACIA. (Bot.) L'un des anciens noms de l'armoise, rapporté par Césalpin. (H. Cass.) CANAPONE, CANAPINO. (Bot.) Micheli désigne, parces noms, les agaricus dont le chapeau est pelucheux, poilu ou filamenteux. (Léim.) CANARD, Anas. (Ornilh.) En établissant, pag. 324 et. suiv. du tome VI de ce Dictionnaire, le genre canard, on a indiqué les caractères propres à faire disy;inguer ces oiseaux des cygnes et des oies. Bechstein , qui avoit originairement adopté cette division générique, Pa, dans une édition posté- rieure de son Ornithologie, convertie en trois sections, et M Temminck a également trouvé les trois genres trop peu tranchés ; mais M. Meyer les a maintenus ; et comme le genre canard, séparé des deux autres, est encore fort considérable, il a proposé une distribution qui peut faciliter ^es moyens de les reconnoître , en formant deux groupes de ceux dont le doigt 60 CAN comme le canard ordinaire; G°. ceux dont la tète est huppée, et dont le bec est un peu plus étroit en avant, comme les ca- nards de la Chine et dt la Caroline , anas galericulata et sponsa ; 7". des espèces étrangères, qui, avec le bec des canards, ont les jambes plus hautcsLinême que celles des oies, telles que Vanas arborea. Vanas autumnalis, l'anas ijfduafa, pi. enl. 804, 826, 828 ; 8". les petites espèces désignées sous le nom de sarcelles , à la tête desquelles est la sarcelle commune, anas querquedula, Linn., pi. enl. 946, dont la sarcelle d'été, anas circiay n'est qu'un vieux mâle. M. d'Azara, dans son Histoire naturelle des oiseaux du Paraguay, a décrit un assez grand nombre de canards, dont plusieurs espèces paroissent être nouvelles. La première, sous le n°. 427, est par lui nommée grand canard ou canard royal. Sonnini la rapporte au canard musqué. La seconde, n°. 428, est le canard à crête ou l'oie bronzée, représentée dans la pi. enlum. de Buffon 987 , sous la dénomination d'oie de la côte de Voromandel. Le n". 42g est consacré au Canard a queue pointue, ana& spinicauda, Vieill. Cette espèce, qui présente d'assez grands rapports avccle canard siffleur^ a la queue garnie de seize pennes pointues, dont les deux du milieu surpassent les autres de quinze lignes; sa longueur totale est de vingt-deux pouces; la mandibule supérieure est noirâtre et l'inférieure jaune ; le dessus de la tête est d'un roux varié de noir ; les côtés, la nuque et le haut du cou offrent des points noirs sur un fond blanchâtre ; les autres parties supérieures sont d'un brun qui s'éciaircit sur les ailes, dont les couvertures et les pennes pré- sentent deux bandes blanches, séparées par du noir velouté à reflets ; les pennes de la queue sont brunes, et ont, comme celles des ailes, ijyie teinte argentée en-dessous. Le tarse est d'un brun verdàtre. Le Canard noirâtre a ailes blanches, Az. , n°. 400, qui se nomme peposaca chez les Guaranis, a vingt-quatre pennes aux aiii7s, et quatorze pennes à la queue. Sa loiigueur est de vingt pouces et demi, et son bec, d'un rouge tirant sur le violet, avec la pointe noire, a vingt-huit lignes. La tête et le cou sont d'un noir a feflets violets ; les plumes scapulaires, également noires, offrent beaucoup de points bleus peu saillaus : le dos CAN Si est noirâtre; les plumes uropygialcs brunes ; la queue, Its couvertures supérieures et les dernières pennes des ailes sont noirâtres, mais les autres sont blanches; les côtés du corps, le haut du ventre et les jambes sont rayés transversalement de bandes blanches et noires ; le bas du ventre est blanc avec des points noirs sur les plumes anales. La femelle, dont la it»ngueur est moindre d'un pouce, aie bec d'une teinte plombée , les côtés de la tête blanchâtres, tout le dessus du corps brun, les flancs roussâtres, la poitrine. et le ventre d'un blanc sale. Le Canard spatule , Az. n°. 43 1 , Anas plalaka, Vieill. , que Son- nini regarde comme le souchet du Mexique, de Brisson, anus mexicana, Linn.et Lath., et que M.Vieillot croit être une espèce particulière, est long de dix-neuf pouces, et a les seize pennes de la queue étagées; le bec est noir, et la mandibule supérieure, dont la base n'est large que de huit lignes, en a quatorze àson extré- mité; la tête et le haut du cou sont blanchâtres, et comme saupoudi-és de petites taches rondes et noires ; le reste du cou noir, et le dos rayé finement de brun clair , sur un fond noirâtre; il a une tache blanche aux deux côtés du croupion; la dernière penne de chaque côté de la queue est blanche, et les autres sont en partie blanches et noires; les couvertures supérieures des ailes sont d'un bleu de ciel; les scapulaires, noires, avec un trait blanc au milieu; les pennes du milieu d'un vert changeant, les pennes extérieures noirâtres ; les flancs et les jambes roux, avec des taches noires; la poitrine et le ventre mélangés de rouge violet et de noir ; le bas-ventre noir et les plumes anales blanches. Le Canard a petit bec, Az., n°. 402 , et le Canard a facf. Br.ANCHE du même, n°, 435 , anas viudita et leucopsis , Vieill. ont déjà été indiqués dans ce Dictionnaire; mais on ne les y présentoit, d'après Lotham que comme rjeux variétés. Le canard à petit bec est celui que les Espagnols ont nommé viudila , mot qui , dans leur langue , est le synonyme de viduata. Ce nom de veuf a été applique à l'oiseau à cause du bandeau blanc dont le devant de sa tête et sa gorge sont couverts, et cfai , avec le noir du bec, des yeux et du derrière de la tête, forme une sorte de coiffure en demi-deuil. Comme la description de ces deux oiseaux éloit incomplète, on observera, i ci , pour y suppléer, i^ que le canard à petit bec, dont tes ailes sont 82 CAN composées de vingt-cinq pennes, a le bas du cou, la poitrine et le ventre rayés de blanc et de noirâtre, les plumes des épaules, les scapulai.res noires et bordées de blanc, le dos noirâtre, le croupion blanc, les petites couvertures des ailes d'un brun foncé, les grandes couvertures blanches, et d'un nqir vc'outé à leur extrémité ; les pennes des ailes et celles delà queue de cette dernière couleur; le bec d'un bleu de ciel clair en dessus , noir en dessous et à son extrémité ; 2°. que le canard à face blanche , l'espèce la ])las nombreuse du Para- guay , a vingt-sept pennies aux ailes ; que la tête , blanche jus- que derrière l'œil, est ensuite noire jusqu'au milieu du cou ; que le blanc de la gorge, qui s'avance un peu sur le devant du cou dans le mâle, est séparé en deux chez la femelle, par Je noir qui descend en pointe du haut du cou , dont le reste . est d'un rouge de brique ; que les plumes scapulaires sont noi_ ràtres et bordées de blanc pâle ; la queue , le dos , le croupion , les couverturessupérieures des ailes et leurs pennes, noirs ainsi que la queue et les jandies ; que les flancs sont rayés transver- ■ salement de blanc et de noir; qu'une large bande noire s'étend sur tout le dessous du corps, depuis le bas du cou jusqu'à l'anus ; qu'enfin le tarse et le tour de l'œil sont d'un bleu de ciel, et que le bec est noir, avec une petite bande du même Lieu derrière l'onglet. Le Canard a bec rouge et plombe , Az. n°. 453 , anas Tuliroshis, Vieill. se trouve à Buenos-Ayres. Il a les côtes de la tête et la gorge blancs, le haut de la tête noirâtre, le derrière brun, et le dessus du cou roux avec des taches noires ; les plumes scapulaires et les plumes uropygiales noires avec une bordure rousse ; le dos, les couvertures supé- rieures et les pennes primaires des ailes noirâtres ; les pennes secondaires vertes avec une bande d'un noir velouté, et l'ex- trémité rousse ; celles de la queue , au nombre de seize, Llanchàtres avec une bordure rousse ; le dessous du corps , d'un roux vineux avec des taches rondes d'un noir luisant; le^ plumes anales rousses. Le bec a les côtés d'un rougc- orangé, et le reste des mandibules est de couleur de jilomb. ainsi que les tarses. Le Canard aux aii.es bleues, Az. , n°. 404 , anas cyanopUra, Vieil!., dont il a été donné, dsns ce Dicti.ounairc , toin, VI, CAN 85 p. 385 , une courte description, sous !e nom de canard succé, anas jacquini, n'a. que douze pennes à la queue. De la base de son bec, qui est noir, part une bande étroite et noirâtre qui se prolonge en s'élargissant sur la tète, dont le reste es£ rouge, ainsi que le cou, la poitrine et le Ajpntre. Les couver- tures supérieures de l'aile sont d'un bleu de ciel, et belles du milieu sont terminées de blanc roussàtre ; les pennes primaires sont noirâtres, ainsi que le dos et le croupion; les inter- médiaires d'un vert tendre et à reflets: les tarses sont jaunes, La femelle, un peu moins grande, a la tête et le cou bruns, le dos, le croupion et la queue noirâtres, les partiies infé- rieures variées de blanc et de roux. Cette espèce se trouve sur la rivière de la Piata et à Buenos-Ayres. M. d'Azara décrit, à la suite de ce canard, deux autres individus dont le mâle avoit la tête et le haut du cou mé- langés de brun , de blanc et de roux , avec des taches noi- râtres, le reste du cou et les côtés du corps d'un roux clair, avec des taches noires et arrondies ; les parties inférieures rougeàtres, avec de pareilles taches ; les plumes anales noires : la queue noirâtre en dessus et argentée en dessous. M.'Vieillot en a fait une espèce sous le nom de canard à tête jaspée, anas jaspide-a. Le Canard roux et noir, Az., n°. 406, anas bicolor,YitiU. Cet oiseau, presque aussi commun au Paraguay et à Buenos- Ayres que le canard à face blanche, dont il se rapproche par les formes et les proportions, a vingt-sept pennes aux ailes et seize à la queue. Son bec est bleu ; sa tête est d'un roux foncé, avec une bandelette noire qui descend jusqu'au milieu du cou, et qui est traversée par un collier blanchâtre; le reste du cou est d'un roux jaunâtre; les scapulaires sont noires', avec une teinte rousse ; le clos et ^es ailes sont noirs ainsi que la queue, dont les couvertures supérieures sont d'un blanc jaunâtre. La poitrine et le ventre sont roux ; le bas des jambes et les tarses, de couleur de plomb. Le Canard i-pecdtiri, Az. n°. 407, anas ipecutiri , a» été ainsi nommé par les Guaranis à cause de son cri aigu , tiri ou cutiri. Cette espèce a vingt-six pennes aux ailes et quatorze à la queue. Le bec et les tarses sont rouges; le -devant de la tête est d'un brun roussàtre, le derrière est noir, et les côtés 84 CAN ainsi que la gorge sont blanchâtres; le reste du cou est rou* geàtre ; les plumes scapulaircs, les couvertures supérieures, et les dernières pennes des ailes sont d'un brun clair; les petites couvertures, le dos et la queue noirs; le miroir d'un vert ou bleu d'émail, les flancs tachetés de noir. La femelle, un peu plus petite, a le bec de couleur de plomb , et deux taches blanches, dont une en avant et au-dessus de l'œil, et l'autre à l'angle de la bouche. Ces canards, plus nombreux au Paraguay qu'à la rivière delà Plata, se rencontrent ordinairement par couples, quelquefois en troupes de vingt , et ils se mêlent dans les lagunes avec d'autres espèces. Peu farouches, ils ne voyagent pas, et font au mois d'août, dans les joncs, un nid où ils pondent des œufs blancs , longs de vingt-trois lignes et gros de seiz.e ; leur mue a lieu au commencement de mai. Le Canard a tête noire, Az. n°. 458, anas melanocephala, Yieill. , se trouve à Buenos-Ayres ; il a vingt -quatre pennes aux ailes; sa tête et les parties supérieures du corps sont d'un, noir qui prend une teinte moins foncée en s" éloignant, et qui sur le dos présente de petits points roussâtres; les pennes intermédiaires de l'aile et les grandes couvertures supérieures sont blanches : les flancs sont pointillés de roux clair et de noirâtre, et le reste des parties inférieures est comme marbré de noir et de blanc argenté ; le bec est d'un vert sombre, avec du rouge à sa base , et les tarses sont d'un noirâtre pâle. La femelle a les taches du bec orangées. Le Canard a bec jaune et noir, Az. n". 409, anas flavi- Tostris, Vieill. , se trouve aussi à Buenos-Ayres : il a vingt- cinq pennes aux ailes , douze à la queue ; le bec noir , à sa base et à son extrémité, est d'un jaune pur sur le reste; les tarses sont plombés. La tête et le haut du dos offrent des raies noirâtres et d'un blanc sale ; le derrière du cou et les épaules sont noi- râtres, avec une bordure claire; le dos, le croupion et la queue sont d'une couleur brune, ainsi que Paile qui présente deyx bandes rousses et un miroir d'un vert tendre, à reflets doi'és ; les couvertures inférieures sont , les unes noirâtres, et les autres argentées. Le bas du cou est parsemé de taches noires sur un fond blanchâtre ; la poitrine et le ventre sont blancs, avec des raies noirâtres et interrompues; le bas du rentre et les jambes sont bruns. CAN 85 Le Canard a bec tricolore, Az., n". 440, anas versicohr ^ Vieill. , se trouve au Paraguay. Ses ailes ont vingt-quatre pennes, et sa queue quatorze: il est long de quatorze pouces et demi ; le dessus de la tête est noir, rocciput brun ; le dessus du cou et le dos sont noirâtres, et ont des raies tranv?versales d'un blanc lavé de roux ; les ailes présentent deux zones, dont l'une est blanche et l'autre plombée, avec des bandes longi- tudinales d'un noir velouté et d'un vert à reflets bleus,, violets et dorés; le devant du cou et la poitrine sont d'un blanc roussàtre, avec des taches noires. Les tarses sont plombés , l'iris est roux ; le bec, d'une couleur de bleu -de -ciel, a une tache orangée près des narines, et du noir à la base et à l'onglet. Le Canard a collier noir, Az. , n". 441, anas torquata ^ Vieill., a vingt -trois pennes aux ailes, douze à la queue; des plumes blanchâtres , et brunes au centre, lui couvrent le front, les côtés de la tête et le devant du cou; le dessus de la tête est noir, et forme, au bas de la nuque, un collier sur lequel descend un trait blanc; les parties supérieures sont noires, à l'exception d'une grande tache blanche, en ellipse, aux ailes, qui offrent un miroir à reflets verts et bleus; le devant du cou et la poitrine sont d'un rouge de brique, avec des taches noires; le ventre est d'un blanc sale, rayé transver- salement de noirâtre, et le bas-ventre est noir; deux taches blanches, séparées par un trait noir, se voient sur le croupion. Le bec est plombé et les tarses blancs, avec des nuances de couleur de rose. Le Canard a sourcils blancs, Az. , n°. 442 , anas leucophrys ^ Vieill. Ce canard du Paraguay a, suivant M. d'Azara, les mêmes habitudes que Vipecutiri; ses ailes sont garnies de vingt- cinq pennes, et sa queue de douze; il n'est long que d'en- viron treize pouces ; son bec noirâtre offre à l'extrémité des nuances d'un bleu foncé. Il a une sorte de sourcils blancs ; ses paupières inférieures et sa gorge sont de la même couleur; la tête, le dessus du cou, les plumes scapulaires et les der- nières pennes de l'aile sont bruns; le dessus de l'aile est d'un brun noirâtre; la queue est de la même couleur, avec une bordure roussàtre; le devant du cou, la poitrine et le ventre sont blancs et traversés de petites bandes brunes ; les tarses sont blancs avec des teintes de couleur de rose. 8S CAN Il seroit assez étonnant que le Paraguay et Bnenos-Ayres possédassent un si grand nombre d'espèces nouvelles dans la seule famille des canards; mais souvent M. d'Azara n'a vu de chacune qu'un seul ou très-peu d'individus, dont les diffé- rences ^éme n'ét!oient pas fort considérables, et pouvoient provenir de l'âge ou du sexe. Il ne faut donc pas se hâter de regarder comme espèces réelles toutes jcellcs qu'il a ainsi qualifiées, et dans lesquelles un examen plus suivi sur les lieux feroit probablement reconnoitre de doubles emplois. Les descriptions de cet auteur sont, à la vérité, plus exactes et plus étendues que celles des auteurs anciens, tels que Fer- nandes, qui a donné sur un grand nombre de canards du Mexique des notices incomplètes; mais aussi l'on ne peut porter sur ces dernières que des jiigcmens bien équivoques , et l'on doit être d'autant plus réservé à cet égard, qu'il existe des exemples de méprises, même sur le genre. Il sufïïra de citer le (va/jj!5 , que Latham, Gmelin et Sonnini avoient placé parmi les canards , tandis que c'est un harle ; et dans nos contrées même, n'a-t-on pas regardé pendant long-temps la sarcelle d'été, anas circia, comme une espèce particulière , quoique ce soit le mâle de la sarcelle commune? (Ch. D. ) CANARIA. (Bot.) Selon C. Bauhin, ce nom étoit donné au chiendent en général, et particulièrement au chiendent des boutiques, panicum dacLylon de Linnœus, cvnodon dacljion de M. Richard. Adanson le cite comme synonyme du dactylis. (J.) CANARI SAUVAGE. {Omith.) La mésange remiz, parus pendulinus , Linn. , est connue sous ce nom dans le Languedoc. (Ch. D.) CANARIUM. {Conch.) Rumph. donne ce nom au stromhus vrceiis. (De B. ) CANATA. {Ichthyol.) Voyez Canita. (H. C.) CANA VIEJA ROJA. {Icluhjol.) Suivant M. F. de la Roche, c'est le nom que Ton donne à Iviça à la Perça pusilla .Brunn. ou Fcrsèque Brunnich de M. de Lacépède. M. Cuvier la rap- porte au genre Apogon. Vovez ce mot, et Perche ou Persèquk. (H.C.) CANAVROTE. {Omith.) Nom générique des fauvettes dans le Piémont, où la fauvette effarvatte porte le nom particulier de canayrousa. (Cb. D.) CAN 87 CANCELLAIRE, CiccUdofas. (Bot.) M. de Beauvois a formé ce genre sur une espèce de mousse qui ressemble à une fontl- nale. C'est le trischostome fontinaloïdes d'Hedwig, de Weber et Mohr, de M. Decandolle. Les cils, tournés en spirale et réu- nis en plusieurs paquets inégaux et réticulés ,*(orment I3 carac- tère du genre cicclidotus. Weber et Mohr prétendent que ce caractère est inexact : selon eux, les cils sont libres jusqu'à la base, découpés en trois ou quatre, et percés de petits trous à leur partie inférieure. Voyez Trichostomum. (Lem.) CANCELLAIRE, Cancellaria. [Foss.) Depuis que l'article cancellaire a été inséré dans ce volume (page 4i3 ), ou a décou- vert plusieurs espèces de ce genre en Italie, et surtout dans le PIaisantin.il en a été donné de belles figures dans l'ouvrage de M. Brocchi , Conc. foss. suhapp. Voici les principales espèces. 1". Cancellaire des pêcheurs. (^Cancellaria piscatoria , JNob. Buccinumpiscatorium, Linn., Brocchi, tab. 3, fig. 12.) Caract. Coquille couverte de fortes stries transverses , croisées par d'autres stries longitudinales, qui portent des pointes écailleuses aux endroits où elles sont rencontrées par les premières. Les cinq tours dont la spire est composée sont marqués à la suture par une très-large rampe. La colu- melle est chargée de deux et quelquefois de trois plis. Le bord droit est strié intérieurement. Longueur, 43 millimètres (19 lignes). L'analogue de cette espèce se trouve dans la mer des Indes. 2°. Cancellaire en éperon. {Cancellaria calcarata , Noh. ivoluta, calcarata, Brocchi, tab. 3 , fig. 7.) Caract. Coquille pointue aux deux bouts, ombiliquée, por- tant des côtes longitudinales éloignées les unes des autres, et croisées, sur chaque tour, par trois côtsstransverses, donb la plus élevée porte des pointes. La spire est composée de cinq tours très-marqués ; la columeîle porte deux plis, et le bord droit est strié intérieurement. Longueur, 27 millimètres ( un pouce ). • 5°. Cancellaire variqueuse. (Cance//fln'araricosû, Isoh.jvoluta varicosa, Brocchi, tab. 3, fig. 0.) Caract. Coquille allongée, couverte de légères stri(% transverses , et portant huit grosses côtes longitudinales sur chacun des f5^ CAN six fours dont la spire est composée. La coluinclle porte trois plis ; la hase n'est point ombiiiquée ; le bord droit est strié intérieurement. Longueur, 42 millimètres (19 lignes). (;)uelciues individus portent une pointe obtuse sur chacune des cq[*.cs, vers lé" milieu de chaque tour. Cette espèce a beaucoup de rapports avec la cancellaria îyrata (voluta lyrata, Brocchi , tab. 5, tig. (>), dont il a été question dans ce volume y page 414, et déjà figurée dans Knorr; mais Jes aspérités dont<;elte dernière est couverte ne permettent pas de les confondre ensemble. 4". Canccllaire AMPULLAiRE. (Cancellarîti aivpiiUacea, Nob.; voluta ampiillacea, Brocchi, tab. 5, fig. g. ) Caract. Coquille ventrue , ombiiiquée , couverte de nombreuses stries transverses, et de côtes longitudinales, qui sont d'au- tant plus éloignées les unes des autres, que les tours s'éloignent du sommet. La suture est enfoncée et en forme de rampe ; la columelle porte trois plis , et le bord droit est strié intérieurement. Longueur, 40 millimètres ( 18 lignes). Les espèces qui viennent d'être décrites se trouvent dans ma collection. 5". Cancellaire ombiliquée. (Cancellaria umhilicata , Nob.; voluta umhilicata , Brocchi, tab. 3, fig. 10 et 11.) Caract. Coquille ventrue, à suture profonde et canaliculée, couverte de stries transverses et de côtes longitudinales crépues. Elle porte un large ombilic, qui la traverse jusqu'à son sommet. La columelle est garnie de trois plis, et le bord droit est strié intérieurement. Longueur, 02 millimètres (i5 lignes). Cette espèce a de très-grands rapports avec celle que Ton trouve à Laugnac près de Bordeaux, dont il a déjà été ques- tion , page 414 de ce volume , et la cancellairc ampullaire. Celle de Laugnac paroit participer de l'une et de l'autre, St Cancellaire HÉRISSÉE. [Cancellarialiirla , Ndil). ; voluta hirfa, Brocchi, tab. 4 , fig. A et B.) Carac'. Coquille ventrue, ombiliquée, longitudinalcment striée, àsptre aiguë et canaliculée. Elle est couverte d'ccailles minces, disposées par lignes transverses. La columelle porte CAN -9 un pli , et le bord droit est strié intérieurement. Longueur, 64 millimètres (2 pouces). Cette espèce est l'une des plus remarquables. M. Brocchi a encore donné la description et les figures des voluta cancellata (le Linnapiis , voliita spinulofa, voluta. t^ibulus,et voluta cassidea , qu'il faut rapporter au genre cancellaire. Ces espèces ont été trouvées dans le Plaisantin et dans le Piémont. (D. F.) C ANCELLARIUS. (Cond;.) C'est le nom latin que M. Drnys de Montfort donne au genre cancellaire , cancellaria. (DeB.) CANCELLÉ. {Bot.) Une plante de Madagascar, Vhjdro- geloii fenestralis , -d de très-grandes feuilles qui ofiTrent le sin- gulier caractère de n'avoir point de parenchyme. Réduites aux nervures et aux veines qui s'anastomosent, elles forment un réseau percé à jour, comme un treillis, et se nomment cancellier. . (Mass.) CANCRIDE, cancris. ( Conclu) C'est un genre de coquilles microscopiques, univalves, à cloisons simples , établi par M. Denys de Montfort, et dont les caractères sont : Coquille adhérente, enroulée au sommet, droite et carénée à la base ; l'ouverture ovale , fermée par un diaphragme bombé, divisé dans sa longueur par une raie. L'espèce qui sert de type à ce genre, sous le nom de can- cride oral, can.cn5 auriculatus, est figurée dans laTestaceographie microscopique de von Fichtel, tab. 20, fig. D et F. C'est une très -petite coquille ventrue, comme soufflée , parfaitement pellucidc, que l'on trouve adhérente sur les algues, les fucus et ratme les algues de la Méditerranée. (De B.) CANCRITES (Foss.) Voyez Crustacés. (Foss.) (D. F.) CANDA. (Poljp.) Genre de la famille des cellaires, établi par M. Lamouroux pour un élégant poh^ier, rapporté par MM. Péron et Lesueur de l'Ile de Timor, et qui a pour carac- tères distinctifs, les rameaux dichotomes qui le forment cou- verts de cellules alternes, cohérentes, non saillantes sur une seule face, et réunis entre eux par de petites fibres latérales, horizontales, caractère par lequel il diiïère seulement du genre ca'jerea. Voyez ce mot. La seule espèce de ce genre , figurée par ftî. Lamoureux dans son Hist.dcspolyp., pi. 2 . fig. 6, a. B.C. D., sous ic nom de 90 CAN canda arachnoïde , varie de trois à quatre centimètres ; sa subs- tance est membraneuse, cornée, un peu crétacée et friable; elle est frondescente, dichotome, roideetflabelliforme. (De B.) CANDELARIA. (Bot.) Un des noms anciens donnés au bouillon |]lanc, verbascum tliapsus , dont les feuilles et les tiges couvertes de duvet, prenant feu aisément, et le conservant quelque temps, étoient substituées à des chandelles dans les lanternes, suivant Dalechamp. D'autres plantes, chargées de duvet, servant aux mêmes usages, et pouvant remplacer les mèches dans les lampes, recevoient pour cette raison le surnom de lychnitis : tels sont d'autres verbascum et des phlomis. (J.) CANDOLLINE, candoUea. (Bot.) (Cryptomagia , fougères.) Voyez Cycj.ophorus. (Lem.) CANÉFICIER. (Bot.) Voyez Cassier. (J.) CANELLI etDITOLA. (Bot.) Noms italiens d'une espèce de clavaria. (Lèm.) CANGUI. (Ornitli.) L'oiseau que M. d'Azara décrit comme portant ce nom dans le Paraguay, est le jabiru , mycteria arne- ricana, Linn. (Ch.D.) CANIA. (Bot.) Césalpin croit que la plante ainsi nommée par Pline, est une espèce d'ortie commune aux environs de Rome, dont les fleurs sont rassemblées en tête sphérique. Ce caractère convient à Vurtica pilulifera , qui est l'ortie romaine. (J. ) CANIBELLO. (Ornith.) Nom italien de la cresserelle, /a/co tinnuncuUts , Linn. (Ch. D.) CANINANA. (Erpétol.) Ray et Ruysch appellent ainsi un serpent d'Amérique, long de deux pieds environ, très-veni- meux, mais qui fuit les hommes. On le mange dans le pays. Son histoire est fort obscure et très-embrouillée. (H. C.) CANINERO. (BSt.) Nom espagnol du sureau. (J.) CANINES. (Zool.) C'est, comme on sait, le nom particu- lier de ces dents longues, fortes et crochues, qui viennent après les dents incisives des animaux carnassiers, tels que les chiens, les chats, les ours, etc.; mais les naturalistes donnent généralement ce nom à la dent, ou aux dents qui se dévelop- pent aux extrémités des os maxillaires supérieurs, et à celles de la màchoVre inférieure qui leur correspondent, surtout lorsque îa forme de ces dents approche de celle des véritabk^ CAN 91 canines. Telles sont les canines des dromadaires et des cha- meaux, et celles de quelques espèces de eerfs, etc. (F. C.) CANISTRUM. ( Corac/i. ) C'est un genre de coquilles uni- valves, à ouverture entière en anse de panier, que Klein a mal circonscrit, et.quiparoît contenir ptusieurs eç^èces du genre Turbo de Linnœus , entre au très celle que Klein nomme C. album., iiguré dans Lister, tab. i3, fig. 8. (DéB.) CANITA. {Ichthyol.) Poisson dont le nom se trouve, dit- on , dans Plante. (H. C.) CAmVET, (Ornith.) Voyez Canide. (Ch. D.) CANNABINA. {Bot.) Les anciens botanistes ont nommé ainsi les deux espèces de bident, communes dans nos contrées, et ([u'on appelle vulgairement chanvre aquatique. (H. Cass.) CANNA DE LA VIBORA. {Bot.) Nom que porte, suivant M. Humboldt, dans la province de la Nouvelle-Grenade, en Amérique, un palmier dont il a fait un nouveau genre sous le nom de hunthia , pour donner une preuve d'estime à M. Kunth, jeune botaniste saxon, très-instruit, qui le seconde utilement dans la publication des plantes nouvelles qu'il a recueillies dans ses voyages. (J.) CANNE-CONGO. {Bot.) Les créoles de Cayenne nomment ainsi le paco-caatinga du Brésil, ou costits arabicas des bota- nistes; et les nègres de cette colonie emploient le suc exprime descs liges pour la guérison des gonorrhées, suivant Aublet. (J.) CANNELLA, CANNELLET ÏO , CANNULICHL {Conch.) Noms que i'on donne, en différentes parties de l'Italie, aux: manches de couteau , espèce du genre solen de Linnœus. (De B.) CANNELLE. {Bot.) Cannellœ, Césalpin. Voyez Coquemelles. (Lem.) CANNELLE A GRAINS. (J5o^) C'est Vagaricus granulosus , Batsch. Son chapeau , couleur de cannefte, est parsemé de petits grains blancs, et pointillé de noir en dessous. Il est voisin du cannelle piqué. (Lkm.) CANNELLE PIQUÉ. {Botl) Espèce d'agaricus dont le cha- peau est doré ou couleurdc cannelle foncé, pointillé de noir, et à pédicule blanc; c'est Vagaricus pimctatus de Schœffer, tab. 40. Vagaricus aureus du même auteur, tab. 41, en est une variété. (Lém.) • , CANNELLE PLUCHÉ. [Bot.) C'est Vagaricus rufesnens , T' CAN Scopoli. Son chapeau d'un rouge de cannelle a la surHice pe- lucheuse. Sçs feuillets, bilamellés, sont rouges. Il est voisin de ïagaricus auranliacus de Jacc^uin. (Lem.) CANNIHERBA. (Bot.) L'un des anciens noms de la santo- line, suix'ant Adanson. (H. Cass. ) CANNUME. [Ichthjol.) Nom arabe d'un poisson du genre morniyre, dont parle Forskaél (74). Voyez Mormyre. (H. C.) CA^OPE,crtr^op^/s(Conch.)Cest un corps organisé,vivant,trouvé parM.Denysde Montfort sur les côtes de l'île de Java, et qu'il est difficile de regarder comme une coquille, puisqu'il n'offre aucune trace d'ouverture. Sa forme est celle d'une perle en poire. La transparence parfaite de l'enveloppe permet de voir dans l'intérieur des cloisons un peu arquées, placées les unes au-dessus des autres ; sa couleur est irisée; il n'acquiert guère qu'une ligne et demie de long. M. Denys de Montfort, qui le regarde comme une coquille cloisonnée, le nomme le canope fève , cnnopusfabeolattis. Il est figuré, p. 290, tom. I de son Sys- tème de Conchyliologie. (De B.) CANOPE. (Enlom.) Fabricius a désigné, sous cet ancien nom de la ville de Damiette en Egypte, un genre d'insectes hémiptères qui ne comprend jusqu'ici qu'une seule espèce rapportée de l'Amérique méridionale par M. Schmidt, et dé- crite d'après un individu du cabinet de M. de Schcstedt. M. Fabricius le regarde comme une sorte de punaise. Il lui donne pour caractères : des antennes courtes, rapprochées, de trois articles seulement ; le premier court ; le deuxième plus long, cylindrique; et le troisième ovale, un peu plus gros , insérées à la base du bec. C'est un insecte dont la taille et la forme approchent de celles de notre coccinelle à deux points. II est noir, arrondi ; sa tête est engagée dans le corselet; l'écusson , entre les él} très , couvre tout le corps; il est noir, lisse; les pattes sont pâles. (CD.) CANORI. (Oniith.) Voyez, pour les divisions des oiseaux chanteurs, avescanorœ, le mot Chanteurs. (Ch.D.) CANRÈNE. (Conch.) C'est le nom trivial d'ime espèce de îîérîte, nerilacanreaa,Linn., qui, étant ombiliquée, appartient aux natices d'/\danson et de M. de Lamarck. (De B. ) CANTABRICA. (Boi.) La plante que Pline désignoit sous ce CAN 95 Sioni, a été regardée par les uns comme un œillet, par d'autres comme une campanule, par le plus grand nombre comme l'espèce de liseron que Linnaeus nomme convolvulus canta- brica. (J.) CANTALITE. ( Min. ) M. Karsten a donné ce nom à une variété de quarz qui est granulaire et d'un jaune -'/erdâtre, et qui a été trouvée au Cantal par M. iVIosier. Voyez Quarz. (B.) CANTALOU, ou CANTALOUP. {Bot.) Nom vulgaire sous lequel on désigne une variété de melon. ( L. D. ) CANTHARIDE. (Bot.) Joli agaric qui a la couleur verte , l'é- clat et l'odeur de la cantharide. Son chapeau , lisse au sommet, est élégalcment strié. Ses feuillets sont couleur de chair, et son pédicule est listuleux. Voyez Paulet, Traité des Champignons. ( I.EM.) CANTHARIDE, Cantharidus. (Conch.) Cegenre, démembré des trochus de Linnœu?, est établi par M. Denys de Montfort pour une jolie coquille de la mer du Sud. Il en diffère par l'élancement de la spire , qui est élevée et aiguë ; par la forme de l'ouverture, qui est carrée, et surtout parce qu'il n'a pas d'ombilic, et que la columelle est torse. M. Denys de Montfort donne à la seule espèce connue de ce genre le nom de cantharide iris, cantha- ridus iris. C'est le turbo smaragdus de Gmelin , le trochus iris de Mart. 5, tab. 161, G. 1622-1520. Cette coquille, que Martia paroît regarder à tort comme provenant de la mer Rouge, a à peu près un pouce de long; sa spire est fort aiguë, les tours sont comme effacés; sa couleur est d'un gris de lin flambé de brun; l'intérieur de la coquille est de la plus belle nacre irisée. Les insulaires de la mer du Sud, après en avoir enlevé l'épi- derme, en forment leurs bijoux les plus précieux, et surtout des colliers. (Db B.) CANTHARIDES. (Chim.) M. Robiquet a^Pait , sur les cantha- rides , des expériences analytiques trop intéressantes pour que nous nous dispensions d'en parler. Ce chimiste est parvenu à isoler le principe vésicant de tout corps étranger, et à l'ob-' tenir sous la forme de petites lames brillantes, parfaitement incolores. Dans cet état, il est insoluble dans l'eau; si on le trouve dans la décoction des cantharides, cela tient à la présence de matières qui le rendent soluble»par l'affinité qu'elles exercent sur lui. Il est insoluble ou peu soluble daus 1)^ CAN Scopoli. Son chapeau d'un rouge de cannelle a la surface pe- lucheuse. Sçs feuillets, bilamellés, sont rouges. Il est voisin de ïagaricus aurantiacus de Jaci]\i'm. (Lem.) CANNIHERBA. {Bot.) L'un des anciens noms de la santo- ïine, suixant Adanson. (H. Cass. ) CANNUME. {Ichthjol.) Nom arabe d'un poisson du genre momiyre, dont parle Forskaèl (74). Voyez Mormyre. (H. C.) CA^OPE,ca^-opys(Co;^c/^.jCestun corps organisé, vivant, trouvé parM.Denysde Montfort sur les côtes de l'iIe de Java, et qu'il est difficile de regarder comme une coquille, puisqu'il n'offre aucune trace d'ouverture. Sa forme est celle d'une perle en poire. La transparence parfaite de l'enveloppe permet de voir dans l'intérieur des cloisons un peu arquées, placées les unes au-dessus des autres ; sa couleur est irisée; il n'acquiert guère qu'une ligne et demie de long. M. Denys de Montfort, qui le regarde comme une coquille cloisonnée, le nomme le canope fève, canopusfabeolalus. Il estliguré, p. 290, tom. I de son Sys- tème de Conchyliologie. (De B.) CANOPE. (Enlom.) Fabricius a désigné, sous cet ancien nom de la ville de Damiette en Egypte, un genre d'insectes hémiptères qui ne comprend jusqu'ici qu'une seule espèce rapportée de l'Amérique méridionale par M. Schmidt , et dé- crite d'après un individu du cabinet de M. de Schestedt. M. Fabricius le regarde comme une sorte de punaise. Il lui donne pour caractères : des antennes courtes, rapprochées, de trois articles seulement ; le premier court; le deuxième plus long, cylindrique; et le troisième ovale, un peu plus gros , insérées à la base du bec. C'est un insecte dont la taille et la forme approchent de celles de notre coccinelle à deux points. Il est noir, arrondi ; sa tête est engagée dans le corselet.; l'écusson , entre les él} très , couvre tout le corps; il est noir, lisse; les pattes sont pâles. (CD.) CANORI. {Ornilh.) Voyez, pour les divisions des oiseaux chanteurs , ai-es canorœ , le mot Chanteurs. (Ch. D.) CANRÈNE. (Conch.) C'est le nom trivial d'une espèce de ïîérîte, neriîa canrena , Linn., qui, étant ombiliquée, appartient aux naticcs d''Adanson et de M. de Lamarck. (De B. ) CANTABRICA. {Bol) La plante que Pline désignoit sous ce CAN &5 îioin, a été regardée par les uns comme un œillet, par d'autres comme une campanule , par le plus grand nombre comme rcspèce de liseron que Linnaeus nomme coiwolvulus canta- hricci. (J.) CANTALITE. [Min.) M. Kai'sten a donné ce nom à une variété de quarz qui est granulaire et d'un jaune ^erdâtre, et qui a été trouvée au Cautal par M. Mosier. Voyez Quarz. (B.) CANTALOU, ou CANTALOUP. {Bot.) Nom vulgaire sous lequel on désigne une variété de melon. ( L. D. ) CANTHARIDE. {Bot.) Joji agaric qui a la couleur ver te, l'é- clat et l'odeur de la cantharide. Son chapeau , lisse au sommet, est éiégalement strié. Ses feuillets sont couleur de chair, et sou pédicule est listuleux. Voyez Paulet, Traité des Champignons, (Lem.) CANTHARIDE, Canfharidus. (Conch.) Cegenre, démembré des ^roc?ius de Linnaeu?, est établi parM.Denys de Montfort pour une jolie coquille de la mer du Sud. Il en diffère par l'élancement de la spire , qui est élevée et aiguë ; par la fox'me de l'ouverture , qui est carrée, et surtout parce qu'il n'a pas d'ombilic, et que la columelle est torse. M. Denys de Montfort donne à la seule espèce connue de ce genre le nom de cantharide iris, cantha- ridus iris. C'est le turbo smaragdus de Gmelin , letrochus iris de Mart. 5, tab. 161, G. 1522-1620. Cette coquille, que Martîa paroît regarder à tort comme provenant de la mer Rouge, a à peu près un pouce de long; sa spire est fort aiguë, les tours sont comme effacés; sa couleur est d'un gris de lin flambé de brun ; l'intérieur de la coquille est de la plus belle nacre irisée. Les insulaires de la mer du Sud, après en avoir enlevé l'épi- dcrme, en forment leurs bijoux les plus précieux, et surtout des colliers. (De B.) CANTHARIDES. {Chim.) M. Robiquet ai'ait , sur les cantha- rides , des expériences analytiques trop intéressantes pour que nous nous dispensions d'en parler. Ce chimiste est parvenu à isoler le principe vésicant de tout corps étranger, et à l'ob- tenir sous la forme de petites lames brillantes, parfaiteïAent incolores. Dans cet état, il est insoluble dans l'eau-, si oa le trouve dans la décoction des cantharides, cela tient à la présence de matières qui le rendent soluble.*par l'affinité qu'elles exercent sur lui. Il est insoluble ou peu soluble daiiS 94 CAN Talcool froid , soluble dans Talcool bouillant, d'où il se dépose sous la forme de lames brillantes. Il est soluble dans l'éther et dans les huiles. Ce principe jouit de la propriété vésicante à un si haut degré, que M. Robiquet en ayant fixé la centième partie d'un grain eqviron sur un petit morceau de papier, etse l'étant eVisuite appliqué sur le bord de la lèvre inférieure , il tm éprouva tous les effets d'une matière épispastique:il obtint îe même résultat en .s'appliquant sur le bras un petit carré de papier verni qu'il avoit recouvert d'une dissolution de quelques atomes de principe vésicant dans deux ou trois gouttes d'huile d'amandes douces. Pour obtenir ce principe à l'état de pureté, ou enlève aux cantharides tout ce qu'elles contiennent de soluble dans l'eau bouillante. La décoction est d'un rouge -brun, acide et vésicante. On la fait évaporer à consistance d'extrait mou , puis on la traite par l'alcool. L'on obtient un résidu d'une matière noire et un liquide coloré tenant en dissolution une matière jaune et le principe vésicant. La matière noire est inso- luble dans l'alcool, soluble dans l'eau , et nullement vési- cante. Le liquide coloré , évaporé , laisse un extrait que l'on traite à froid par l'éther sulfurique ; celui-ci dissout le prin- cipe vésicant et un peu de matière jaune. En laissant évaporer spontanément l'éther, celui-ci dépose le principe vésicant sous la forme de petites lames brillantes , et des gouttelettes d'un liquide jaunâtre. En traitant ees substances par l'alcool froid, ou dissout la dernière à l'exclusion de la première. Outre le principe vésicant, la matière jaune (i) et la matière noire, la décoction des cantharides contient encore une ma- tière azotée, précipitable par la noix de galle, de Vacide acé- tique, de l'acide urique et du phosphate de magnésie. Le résidu des cantharides insoluble dans l'eau bouillante, étant traité par l'alcool, cède à celiquideuue huile d'un beau vert qui n'est nullement vésicante. Enfin , la partie des cantharides qui ne se dissout ni dans l'eau bouillante, ni dans l'alcool, contient une matière azotée et beaucoup de phosphate de chaux. ' (0 M. RolAquet pense que cette matière contient une huile jaune qui, à l'état de puretés est iiisçliible dan? l'alcotil, et non vésicante. CAN 95 M. Robiquet n'a pas trouvé d'acide urique dans les cantha- rîdes anciennes. (Ch.) CANTHARIS. {Bot.) Voyez Capnon. (J.) CANTHAROS. {TchlhjoL) Nom grec employé par Arisîote, pour désigner un poisson. Voyez CANXHÎîRg. (H. C.) CANTHARUS. (Coneh.) M. Denys de Montfort a cru devoir j-egarder comme une coquille cloisonnée , un corps organisé vivant, figuré dans Soldani , Test. , talj 107, vas. 25g, pp^.jqui est en forme de nacelle, obtuse aux deux extrémités, convexe dun côté, aplati de l'autre, et qui paroit avoir à une de ses extrémités une sorte d'ouverture, que M. Denys de Montfort dit être, percée par un siphon central. U décrit aussi des cloisons en chevron, 11 lui donne le nom de canthare sabot, cantharus calceolatus. (De B.) CANTHERE, Cantharus. {Ichthfol.) Genre de poissons de la lamille des léiopomes, séparé récemment des sparcs par M. Cuvier, et placé par lui dans la cinquième tribu des spa- roides , auprès des cichlcs et des pristipomcs. Le mot canthère est d'origine grecque ; il paroît que le poisson appelé nacÔa^oç par Aristote ( lih. 8 , c. i3 ) appartient à ce genre. Les caractères des canthères sont les suivans : Bouche étroite, garnie de nombreuses rangées de dents en velours, museau peu protractile, corps oyale , opercules saris épines ni dentelures; du reste ils ressemblent beaucoup aux picarels ou smares. (Voyez ces mots.) Les canthères diffèrent des cicîes qui ont la bouche large. des bod:ans, des lutjans, des cirrhites, des serrans, des plec- tropomes , qui ont les dents extéi-ieures en crochets, ou les oper- cules dentelées et même épineuses: des spares qui ont les dents molaires arrondies et en pavé, des bogue^, qui n'ont qu'une seule rangée de dents tranchantes , etc. Voyez ces dirersmots. On en connoît plusieurs espèces. 1°. Le Canthère ordinaire, Cantharus cantharus. { Sparus cantharus, Linn. ) » Caract. Nageoire caudale bifide, sans tache^ dents de la pre- mière rangée plus grandes; celles de la dernière à pointe mousse et arrondie , à peu près comme dane les spares i corps argenté , à ligues longitudinales jaunâtres. î)f5 . CAN II habite la mer Méditerranée. Il se plaît dans les ports < aux embouchures des rivières , et dans toutes les parties de la mer, voisines des rivages, où les flots apportent du limon, et où les fleuves et les eaux de la pluie entraînent de la vase. Aussi sa^hair a une saveur désagréable et est fort peu recher- chée. Bloch. [tah. 270) a donné à tort à ce poisson le nont spécifique de mœna. Belon le confond avec le cilharus, et Oppien le loue de ne frayer qu'avec une seule femelle , à la- quelle il reste, dit-il, constamment attaché. 2°. La Brème de mer, Cantliarus brama. {Sparus brama, Linn. ; Bloch. 269. ) Caract. Tête petite et comprimée; opercules composées cha- cune de trois pièces, couvertes de très-petites écailles; toutes les nageoires d'un rouge de brique, excepté la dor- sale, qui est rougeàtre à sa base, d'un vert bleuâtre sur la plus grande partie de sa surface , et liserée de noir. Ce poisson se rencontre dans la Manche, entre les côtes de France et d'Angleterre; on en prend aussi tout le long des côtes occidentales du premier de ces pays , et dans le voisi- nage du cap de Bonne-Espérance. Sa chair est blanche, mais molle , et n'est estimée que dans les grands individus qui ont vécu sur les fonds t: roche. On le pêche en été avec des filets ou à la ligne, surtout au moment des orages et des tempêtes, où il se réfugie près des rivages. 5°. Le Macroptère, Cantliarus macropteriis. ( Labre macroptère , Lacép. ) Caract. Nageoires dorsale et anale , remarquables par leur étendue, et à rayons allongés et garnis de filamens; cau- dale en croissant; mâchoire inférieure un peu plus avancée que la supérietire ; opercules écailleuses , ayant une tache noire sur leur angle postérieur. M. de Lacépèdc a le premier décrit et figuré eette espèce , d'c\nrès un dessin de Commerson , et Ta placée parmi les labres. On la pêche dans le grand golfe de l'Inde, et proba- blement aussi entre la Nouvelle-Hollande et le continent de l'Amérique. M. Cuvier soupçonne qu'elle se rapproche beau- coup du labre iris du même auteur. CAO 97 4*. Le Spahoïde , Cantharus sparoïdeS. (^ Labre sparoïde , Lacép., III, 24, 2.) Caract. Nageoire .anale très-grande; caudale arrondie; hauteur du corps égale à sa longueur; concavité au-dessus des yeuxj mâchoire inférieure avancée ; opercules écailleuses ; taches en croissant ou en larmes, irrégulièrement répandues sur la surface du corps. Décrit par M, de Lacépède, d'après les manuscrits de Com- merson , qui l'a péché dans le grand Océan équatorial. C'est à ce genre que M. Cuvier rapporte le spare centro- donte de Delaroche. Voyez Bogue. ( H. C. ) • CANTHROPE, cenh-opes. (Concli.) Les caractères de ce genre , établi par M.Denys de Montfort, sont ceux des nautiles (voyez ce mot ) qui n'ont pas d'ombilic , qui sont extrêmement comprimés , dont l'ouverture est en fera cheval, et chez lesquels le siphon est placé immédiatement contre le dos de la spire. L'espèce qui sert de type à ce genre n'est encore connue qu'à l'état fossile j elle n'a pas plus de dix pouces de diamètre; sa superficie est ondée par des plis très-rap proches ; l'ouverture est extrême- ment étroite. M.Denys de Montfort, qui la nomme canthrops galet, la figure tom. I , p. 46 de son Syst. de Conchyliologie. Elle a été trouvée parmi les galets de Boulogne. (De B. ) CANTURINON. {Bot.) Un des noms sous lesquels Diosco- ride désigne le ballote , suivant Adanson. (J.) CANUANERQS. {Erpét.) Nom de la chélonée caouane aux Antilles , suivant Valmont de Bomare. Voyez Chélonée. (H.C.) CANUS. {Ichthyol.) Suivant La Chenaye des Bois, c'est l'alphcstes ou le Lahrus cjncedus des auteurs. (H. C.) CAO LIN. ( Min. ) Voyez Kaolin. ( B. ) CAOU. {Ornith.) Nom du motteux , motacilla œnanthe, en Provence. (Ch. D.) CAOL'TCHOUC. ( Bot. ) J'ai observé dans les Antilles plu- sieurs végétaux qui produisent de bon caoutchouc , tels que l'euphorbe pourprée, eupliorbia punicea; l'urcéole élastique, iirceola elastica ; le sapiuni aucuparium : phisieur* espèces de figuiers eu fournissent aussi : mais il se décompose à la longue, G. 7 98 CAP ainsi que celui que donnent les jacquiers de différentes es- pèces. ( De T. ) CAP. {Géog. Phys.) Partie saillante du rivage de la mer, ainsi que le promontoire et la pointe. Les bizarreries de l'usage n'ont p^is encore «^laissé établir une distinction bien nette entre les acceptions de ces mots ; mais il semble qu'on pour- roit appliquer le nom de cap, qui dérive de caput (tète), à toute avance considérable du rivage, formée par des terres élevées , ou par la terminaison d'une chaîne de montagnes ; celui de pointe aux saillies peu considérables et assez peu élevées ; et enfin celui de promontoire aux grandes saillies formées par des terres basses. ( L. ) CAPARRO. (Mamm.) Nom que les Indiens caridaquères donnent à un sapajou que M. de Humboldt nous a fait eonnoître dans son Recueil d'observations de Zoologie. Voyez Safajoïs. (F.C.) CAPASTRA. {Ornith.) Nom que l'autour, /aZco pai£/mZ>a- rius , porte dans le Bas-Mont-Ferrat. (Ch. D.) CAPELLA. {Ornith.) Ce nom et celui de capra désignent, dans Gesner, Aldrovande, Rzaczynski, Barrère, le vanneau ^ tringa vanellus. (Ch. D.) CAPELLAN. {Ichthjol.) D'après M. F. de la Roche , c'est le nom baléare de VOphidium barbatum. Voyez Donzelle. (H. C.) CAPELLAN. {Bot.) L'un des noms vulgaires de la grande coulmelle (agaricus procerus, Scop. ; et excoriatus, Schseff.) , excellente espèce de champignon. Voyez Coulmelle. (Lem.) CAPELLONE, Capelloncino. {Bot.) Micheli donne ces épithètes aux champignons qui ont la forme d'un chapeau; tels sont : 1°. le capellone bianco, espèce d'agaricus a pédicule court et grêle, et à chapeau ombiliqué; 2". le capellone difag- gela, autre agaric'ljui croît sous les hêtres, et celui que Paulet nomme collet visqueux blanc. Voyez ce mot. (Lem.) CAPELVENERE. {Bot.) Cheveux de Vénus, en italien; c'est Vadiantum capillus Veneris, L. Voyez Adiante. (Lem.) d'APETINO {Bot.) Les Italiens donnent ce nom à un très- petit agaricus doré qui croît sur les branches de la verge d'or. Son chapeau est hémisphérique. Voyez Tète d'Epingle. (Lem.) CAPEUNA. {Ichthjol.) Poisson qu'on mange au Brésil, et CAP 99 dont parle Marcgrave. Nous ne savons quel est son genre. (H. C.) CAPIDOLIO. (Mamm.) C'est sous ce nom que Belon parle d'un dauphin à bec ; mais il n'entre pas dans des détails assez grands pour que cette espèce de cétacé puisse être reconnue caractérisée. (F. C.) • CAPILLAIRE, CAPILLARITÉ. Voyez Tubes capili,aires. (L.) CAPILLAIRE , capillaris. {Bot.) D une forme grêle et alongée , qui approche de celle d'uu crin. Voyez pour exemples la tige du scirpus capillaris; les feuilles de V asparagus tenuifolius; les j)édoncules de Yantirrhinum elatine, du briza , de ïaorrostis spicaventi; les filets des étamines du seigle; les stigmates du Zca majs, ( Mass. ) CAPILLx\IRES. {Bot.) Dans les anciens ouvrages de bota- nique , et dans les pharmacopées, on donne ce nom à diverses sortes de fougères employées en médecine comme apéri- tives, et principalement aux adiantum. Les plus remarquables sont le capillaire blanc, ou de Montpellier ,. voyez Adiante, Dict. et Suppl. , et le capillaire noir {asplenium adiantum-nigrum., Linn. (Lem.) CAPILLAIRE, capillaria. {Entoz.) Zeder {Hist. nat.des vers intest.) a cru devoir former sous ce nom un genre particulier d'un petit ver qui se trouve dans les canards, et que M. Ru- dolphiaregardéavec raison comme une espèce de trichocéphale. Et en effet, le caractère que le premier a assigné à ce genre, et qui consiste à avoir la partie capillaire du corps atténuée peu à peu, tandis qu'elle le seroit brusquement dans les trichocé- phales, n'est rien moins que constant dans toutes les espèces de ce dernier genre. Voyez Trichocei'halus. (De B.) CAPILLAMENTUM. {Bot.) Nom employé» par Tournefort pour désigner le filet des étamines. (Mass.) CAPILLARA. {Bot.) Imperato donne ce nom à une plante marine capillaire et pourpre de la famille des algues, qu'il ne désigne pas d'une manière assez tranchée pour permettre de la reconnoître. Ce peut être un ceramium. (Lem.) CAPILLARIA. {Bot.) Fronde filiforme , cylindrique : ra- meaux irréguliers , très-fins; tubercules fructifères, %essiles ou pédicellés, et de diverses formes. M. Stakhouse. en établis- loo CAP sant ce genre, y rapporte les hicus asparagoïdes , pedunculafus , tenuissimus, crinalis et cla^'cllosiis qui croissent tous dans l'O- céan , et qui se rencontrent sur les côtes d'Angleterre et de France. La première de ces espèces rentre dans le genre pZora- mium cje Lamourfeux, et les autres dans le genre fucus du même auteur. (Lém.) CAPILIJTIUM. {Bot.) Nom sous lequel M. Persoon désigne l'ensemble des filamens qui dans les champignons angiocarpes servent de support aux élytres et aux séminulcs. Voyez Chaaipigkox. (Mass.) CAPINER'A. (Ornith.) Nom italien de la fauvette à tctc noire , moLacilla atricapilla, qu'on appelle aussi caponera. (Ch. D.) CAPIRAT ou KAPIRAT. (Ichthj-ol.) Nom d'une espèce de notoptère. Voyez ce mot. (H. C.) CAPISTRATE. (Manjm.) Nom donné par M. Rose à une espèce d'écureuil , découverte par lui en Amérique, ^^oye^ EcuREtîir.. (F. C.) Cx\PISTRUM. (Ornith.) On donne ce nom à la partie de la tête des oiseaux qui entoure la base du bec. (Ch. D.) CAPITA. {Ornith.) Le roTige-cap , tanagra gularis , porte ce nom et celui d'acapita au Paraguay. (Ch. D.) CAPITAINE. (IckHijol.) Suivant La Chenayc des Bois, les voyageurs appellent ainsi un poisson des côtes de Barbarie et d'Amérique, qui a le corps rouge et la nageoire du dos épi- neuse. (H. C.) CAPITAINE DE SANTA-FÉ. (Ichthj'ol.) Voyez Érémophile. (H. C.) CAPITAINE DES CAFFRES. {Tchthyol.) Ruysch {CoUecf. pisc. Amhoin. , pag. ii, n°. 16) appelle hapitein van delaf]ers ^ «ne espèce de poisson de la famille des atractosomes ou des ïeptosomes. Il est difficile de le classer. (H. C.) CAPITÉ, capiiatus. (Bot.) Il y a des filets d'étamines ( Bia- nella, Cephalofus) , des stigmates (pervenche) , des poils (^f raxinelle, Croton penicillatum.) etc., qui sont renflés en tête à leur sommet. On les dit capités. (Mass.) CAPITEES. (Bot.) Linnaeus , comprenant dans ses ordres naturels l'ordre des composées, que nous npmmonsia famille «les synanthérées, divisa cet ordre en cinq sections, sous les CAP loi titres (îfe capitées, de semi-flosculeuses, de discoïdes, d'oppo- sitifeuillées et de nucamcntacées. Les capitées de Linna?ns correspondent exactement aux cinarocéphales de Vaillant et de M. de Jussieu. (H. Cass. ) CAPJTELLUM. (Conch.) Nom trivi* d'une ^pèce de volute. (De B. ) CAPITO. {Ornith.) Ce terme, qui éloit déjà employé en îchthyologie, a été donné comme nom générique latin aux: barbus, dont M. Vieillot a formé son genre cabézon. (Ch. D.) Cx\PITORZA. {Ornith.) Un des noms italiens du torcol , jun.v torquilla^ Linn. (Ch. D.) CAPITULARIA. {Bot.) Genre de plantes de la famille des lichens, établi par Floerke, et auquel il rapporte des espèces rangées par Hoîunann dans les cladonics. Acharius, dans son Methodus liclienum , en avoit fait des espèces de bœmyces. Depuis, il les a compris , dans sa Lichenographie universelle, dans son genre ccnoinjce, sans citer Floerke, bien que le tra- vail de ce naturaliste fût antérieur au sien de plusieurs années. Ce genre , qui a pour type le lichen pj'xidatus , Linn., est le scj'phophorus de Ventenat et deDecandoUe. Voyez Ce- MOMYCE et SCVPHOPHORUS. (LeM.) CAPITULE, Capit.ulum, Caput forum. {Bot.) Dans le cepha- lanthus , le jasione , le gomphrena, etc., le sommet dilaté du pédoncule se couvre de fleurs tellement serrées, qu'elles ont de loin l'apparence d'une fleur unique. On donne à cette disposition particulière des fleurs le nom de capitule. Le ca- pitule et la calathide sont deux inflorescences peu distinctes l'une de l'autre. ( M\ss. ) CAPITULUM. (ma/acoz.) Klein, après Ptumphius, a établi, sous ce nom, dans la petite famille desanatifes, un genre adopté par M.dc Blainville, dans le Supplémenfià l'Encyclopédie bri- tannique- Ses caractères sont : Animal très-probablement sem- blable à celui des anafifes, enveloppé d'un manteau entière- ment couvert de plusieurs valves triangulaires inégales, folia- cées, toutes attachées par la base, à un pédoncule coiA-t, et couvert d'écaiiles. C'est un genre qui semble intermédiaire aux balanes et aux anatifcs. L" espèce qui lui sert de type est leWfpas mitella de Linnœus , figuré dans Rumphius, Mus, , tab. 47, fig. m. Elle* 3 02 CAP a un peu la forme d'une tulipe comprimée . dont les valves triangulaires, pointues, striées, seroient décroissantes de la face dorsale à la ventrale, et qui seroient toutes attachées à la circonférence d'un pédicule fort court, très-épais, couvert d'écaillés. Sa couleur est blanche, l'épiderme d'un jaune sale , 3e pédoncule noir. Elle se trouve dans l'océan indien. (DeB.) CAPLUA. (Ornith.) Nom que l'alouette huppée ou coche- vis, alauda cristata , porte dans le Piémont. (Ch. D.) CAP-NÈGRE. {Ornith.) Nom d'un oiseau décrit par M. Le- vaillant à la suite de ses Mésanges, tome III, page 118 de l'Ornithologie d'Afrique, et dont M. Vieillot a fait son œgithine cap- nègre. (Ch. D.) CAPNITES, Capnogorgion. (Bot.) Voyez Capnon. ( J. ) CAPNON, Capnos. ( Bot.) On lit dans Dioscoride que la fu- ï.'ieterre, ou/i/maria desRomains, nommée capnon, porte aussi d'autres noms en divers lieux, tels que ceux de corjdalion , corion, capnites, marmarites , capnogorgion, chalidonion micron, peristerion, cantharis, chalcocri. Il ajoute que c'est le tucis des Egyptiens; mais ce dernier nom n'est peut-être reçu que dans un canton de l'Egypte ; car dans la Flore de ce pays , donnée par Forskaël, la fumeterre est nommée sjcehtaredi. Dans celle d'Arabie, du même auteur, elle aie nom de summina.[3.) CAPNORCHIS. (Bo/.) Boé'rhaave, dans son Uortus lugduno- iatavus, donne ce nom à une {umeterre , fumaria cucullaria , fiifFérente des autres par le double éperon de sa fleur. Sa racine est un tubercule semblable, pour la forme, à celui de Vorchis ; ses autres caractères sont ceux de la fumeterre, qui est le capnos des Grecs : de là lui vient son nom composé. (J.) CAPOCIER. (Ornith.) Nom donné par M. Levaillant, t. III, p. 77, de l'Ornithologie d'Afrique, à une espèce de fauvette qui fait son nid ayicc la bourre d'un arbre appelé capoc. (Ch. D.) CAPO-DORO. (Ornith.) On appelle ainsi, à Véronne, le roitelet, motacilla régulas, Linn. (Ch. D.) CA^l'OET ou CAPOETA. ( IcMhjol. ) harhus capoèta. Voyez Barbeau, dans le Supplément du quatrième volume. (H. C.) CAPO-NEGRA. (Ornith.) Nom que la mésange charbon-, nicve , parus mci' or , Linn., porte dans quelques cantons d'Italie. *(Ch. D.) CAPO-NEGRO. (Ornith.) Le morillon, anasfuligula, Linn. , porte ce nom k Venise. (Ch. D.) CAPO-ROSSO MAGGIORE. (Ornith.) Le canard siffleur huppé, anas rufma, Linn., est désigné sous ce nom dans "VVillughby. (Ch. D.) , CAPO-TORTO. (Ornith.) Nom italien du torcol, ^unx tor- quilla,Linn. (Ch. D.) CAPOUN. (Ichthj'ol.) M. Risso nous apprend qu'à Nice oa appelle ainsi la scorpène truie, bcorpanascrofa. Voyez Scor- pÈNE et Rascasse. (H. C.) CAPOUNAS. (Ornith.) Le butor, ardcastellaris, Linn., porte ce nom dans le Piémont. (Ch. D.) CAPPA. (Ichth^ol.) Nom d'un poisson de la mer Méditer- ranée, rapporté par les uns au genre labre, par les autres au genre sciène. Voyez Daine, Labre, Sciène. (H. C.) CAPPA CORANIA. (Bot.) Suivant Adanson, les Romains nommoient ainsi une eapèce du genre chrysanthemum de Linnaeus. (H. Cass.) CAPPA LONGA. (Malacoz.) Nom que les Vénitiens donnent aux manches de couteau , espèce du genre solen de Linnaeus. (DeB.) CAPPARIDÉES. (Bot.) Famille de plantes, déjà décrite, à Liquclle, outre les genres indiqués, se rattachent la stephania de Willdenow, le podoria de M. Persoon ou boscia de M. Lamarck, le thilachium de Loureiro, etïothrj's de M. Du- petit-Thouars. On avoit placé à la suite, comme ayant quelque affinité, i". le réséda^ le drosera et le parnassia, qui seront les types de deux nouvelles familles; 2°. le marcgrawia et le norantea, qui paroissent avoir plus d'analogie avec les guttifères. ( J.) CAPPA SANTA. (Conch.) Nom italien c^e la grande péîe^ rine (Pecten jacobœus, Lam.). (De B.) CAPPELLx\ZI. (Bot.) Nom italien dû pétasîte, ou herbe aux teigneux, tussilago petasites , suivant Dalechamp. Seguier dit que le nénuphar est nommé de même aux environs ^e Vérone. (J.) CAPRA. (Erpétol.) La Chenaye des Bols dit que c'est un serpent du Congo, d'Angola et du Bengale, qui a la faculté de lancer au loin une salive venimeuse, et qui cause la cécité $i 104 CAP elle tombe dans les yeux. Il entre dans les maisons et grimpe aux arbres. Quel est cet animal? C'est ce que nous ne pouvons décider avec aussi peu de renscignemens ; encore pax'oissent- ils fondés sur un préjugé fabuleux. (H. C.) CAPRAGO. (Uo/i.) Suivant Césalpin , on a nommé ainsi en Italie la rue de chèvre, rula capraria, qui est le gcdega oJJ'icl' cinalis des botanistes modernes. (J.) CAPRAIRE, Caprinus.[Conch.) C'est un genre de la famille des limaçons (/leW.r) , établi par M. Denys de Moutfort, pour une espèce de coquille fort commune dans les collections, où elle est confondue avec la caracoUe. Les caractères sont : Coquille à spire régulière, subcarénée, non ombiliquéc; l'ouverture tom- bante; lèvres réunies, à bords arrondis en bourrelet; deux dents en dedans, et un creux en dehors de la lèvre gauche. Cette coquille, queM. Denys de Montfort nomme le capraire reconnu, caprinus recognitus , et dont il donne une figure tom. Il p p. 142 de son Système de Conchyliologie, est d'à peu près un pouce de long. Sa couleur est d'un brun foncé, avec une bande fauve, qui règne dans le milieu des tours de spire. Elle -a réellement beaucoup de rapports avec la cara- colle: il paroît qu'elle est amphibie, c'est-à-dire que l'animal qui l'habite vit sur les bords des eaux douces dans l'Inde, et^ surtout sur les rives du Gange. (De B.) CAPRELLA. (Cnist.) M. de Lamarck a établi , sous ce nom latin de genre, qu'il a également indiqué sous le nom de che- vrolle, une division des cloportes marins à dix pattes disposées dans une série interrompue, telle que le second et le troi- sième anneau du corps n'en ont pas. Telle est l'espèce figurée par Pallas dans ses Glanures Zoologiques , cahier g , pi. 4 , 11°. i5. Voyez Myriapodes. (C. D.) CAPREOL-FCTNGUS. (Bot.) Espèce de champignon du genre agaricus, ainsi nommé par l'Ecluse. C'est la chevrette ou chevrotine. Voyez ce jnot. (Lem.) CAPREOLI. [Mamm.) Illiger ayant formé une famille des cerfs et chevrotains, lui a donné ce nom. (F. C.) CAPREOLUS. (Mamm.) Nom latin du chevreuil. (F. C.) CAPREOLUS, Clavicula, Clnviculus. (Bot.) Noms par les- quels les anciens désignent la Vriue, cj'rrhus. (JMass.) CAP ,g5 CAPRTA.(Bo^) Un des noms que Dio^coride donnoit au câ- prier, suivant Adanson. (J.) CAPRICERVA. (Mamm,) Kaempfei- donne ce nom à l'ani- mal qui fournit le bézoard oriental, c'esf-à-dire à ]iœsa2re Voyez Chèvre. (F. C.) ^ê^gre^ CAPRICOLA. ( Ornitk.) L'eider, anas mollissima, porte ce nom dans Sibbald. (Ch. D.) CAPRIFOLIÉES. (Bot.) H faut séparer de cette famille de plantes les genres loranthus, viscum et rhhophora, qui en for- moientla seconde section, et qui constituent maintenant, avec quelques autres, la nouvelle famille des loranthées. (J ) CAPRIMULGUS. (Ornith.) Nom latin et générique de l'en- goulevent. (Ch. D.) CAPRIMUS. (Conc/i.) Nom latin du genre capraire. (De B ) CAPRIOLA. {Bot.) Un des noms italiens d'une espèce L panis, pamcum sanguinale, suivant Dalechamp. Cette espèce- est maintenant reportée au genre digitaria , autre genre de -ra- minée. (J.) * " CAPROCHETTA. D'après Donati (Adriat.), c'est une plante manne qui a un véritable fruit sec, ou baie, ne tenant pas immédiatement à la tige, disposé sur un seul rang, et porté sur un pédicule qui tient lieu de calice. Mais est-ce un véri- table Talassiophyte, ou bien une sertulaire? C'est ce qu'il est fort difficile de déterminer. (De B.) CAPROS. {Ichthyol.) Le mot grec ;.a^^oç , qui signifie san^ gher , a servi à M. le comte de Lacépède à désigner un nou- veau genre de poisson, très-voisin des Zeus ou Dorées (Voyez ces mots), et qui appartient à la famille des leptosomes de M. Duméril. Les caractères de ce genre sont les suivans : Deux nageiores dorsales; corps et queue comprimés et três-hauts- point de dents; écailles très-petites ; point d'aiguillons au devant des nageoires dorsales ou anale; museau prolongé. * On distinguera facilement ce genre de celui des zées qui ont les mâchoires garnies de dents. On n'en connoît qu'une espèce, c'est: » i°. Le Sanglier, Capros aper ^ Lacép. ( Zeus aper , Linneeus. ) a^6 CAP Caract, Corps entier ciourert d'écailles rudes et ciliées, boucher étroite , lèvre supérieure extensible , ce qui donne au mir- seau quelque ressemblance avec le groin des cochons. ]yage^oîre caudale d'un rouge vif et non échancrée ; trois rayons aiguillonnés à l'anale. Teinte générale rougeàtre. Ce poisson reste toujours d'une petite taille. Il habite la mer Méditerranée, celle qui baigne les rivages de la Ligurie , des Alpes maritimes ou de la Campagne de Rome ; mais il est fort rare partout. Auprès de Nice , suivant M. Risso , on le trouve quelquefois sur la côte après les tempêtes. Sa chair est dure et répand souvent une odeur fétide. Il étoit connu du temps de Rondelet. Cet auteur en a parlé lih. V, c. 27. (H. C. ) CAPSE, Capsa. (Conch. ) C'est un genre démembré du grand genre F^nu5 de Linnœus, par M. deLamarck , et qui paroît devoir contenir les espèces dont la coquille n'a que deux dents car- dinales à la charnière. Ses caractères pourront être exprimés ainsi : Animal des Vénus, ealListe de Poli, contenu dans une coquille bivalve , longitudinale, équivalve, inéquilatérale; le sommet un peu incliné en avant; charnière dissemblable; deux dents cardinalessur la valve droite, une seule bifide et rentrante sur l'autre; le ligament dorsal ; l'antérieur très-petit, le postérieur assez long. Le type de ce genre est la Venus de Florata, de Linnœus-, que M. Lamarck nomme capse rugueuse, caps.a rugosa, et qui est figurée dans Gualtieri, Test., tab. 86, fig. B. C. C'est une coquille ovale alongée, assez épaisse, de trois pouces de long sur deux de haut, fortement sillonnée du sommet à la base, et surtout en arrière, et légèrement striée longitudinalement, ce qui la rend très-rugueuse ; elle est ordinairement blanche en dehors; quelque, ois un peu radiée de brun violàtre sur les bords, et d'un violet très-foncé en dedans, et surtout en arrière. Elle est commune dans les cabinets, et vient de la mer Atlantique. (De B.) CAPSE. (Enlom.) Nom d'un genre d'insectes hémiptères de la famillf des frontirostres , et voisin deslygées, avec lesquels ils avoient été confondus avant Fabricius , qui les en a séparés sans leur assigner des caractères bien évidens. Plusieurs de ces espèces paroissent devoir être rangées avec les mirides. CAP î^ Tels sont le cîmer ater , de Lihnasus ; les Ifgées tyran, damier^ sétitcorne, et surtout le spisicorne. Voyez Rhinostomes. (CD.) CAPSULA. (Bot,) M. Bridel désigne par ce mot V urne des mousses(theca) , nommée an.t/icra par Linnaeus, pj'xidium ]p'dV Ehrart, et sporangium par Hedwig. Dans Malpighi ^capsula est le nom de l'anthère des étamines. (Mass.) CAPSULA CIRCUMCISSA. ( Bot. ) Epithète par laquelle Linnasus désigne le fruit auquel M. Mirbel a donné le nom de Pyxide. Voyez ce mot. (Mass.) CAPSULAIRES. {Bot.) Fruits simples , secs, et s'ouvrant à leur maturité a la manière de la capsule. Tels sont la capsule proprement dite, le légume , la silique , la pyxide. Voyez ces mots. (Mass.) CAPSULAIRE. Capsularia. (Entez.) Zeder, dans son Hisi. nat. des vers int. , a établi le genre capsularia pour deux espèces , dont Tune a été rapportée aux filaires et l'autre aux ascarides parRudolphi. En effet, les caractères qu'il lui assigne, savoir: d'avoir une forme aciculaire, obtuse aux deux extrémités, et d'être atténuée peu à peu de la queue à la tête, se retrouvent dans plusieurs espèces de filaires. Quant à l'habitude qu'ont ces animaux de s'introduire dans le péritoine , ce qui leur avoit valu le nom de capsulaires, elle s'observe aussi dans plu- sieurs ascarides. Voyez ce mot , et celui de Pilaire. (De B.) CAPSULARIA. (Zoop/ijK^) Nom latin du genre capsulaire. Voyez Dictionn. (DeB. ) CAPUCHON BLANC. (Ornith.) Nom donné par M. Le- vaillant à une espèce de gobe-mouches. Voyez ce mot. (Ch. D.) CAPUCIN. (Concli.) C'est le nom marchand d'une espèce du genre cône. (De B.) CAPUCIN DE L'ORÉNOQUE, Capucin du Rio Sinu. (Mamm.) Voyez Sapajous. (F. C.) CAPULUS. (Malacoz.) Cabochon. M. Denys de Montfort et M. de Lamarck ont établi ce genre pour les espèces de patelles de Linnaeus, qui ne sont pas symétriques, et dont le sommet, déjà beaucoup plus prononcé, s'incline en arrière et à gauche. Ses caractères sont: Animal assez semblable à celui delà patelle, ayant ses branchies en forme de petites lames, formant une série transversale au-dessus du cou, contenu dans une coquijle simple, conique, non symétrique, à sommet plus ou moin? î°5 CAQ saillant, et plus ou moins incliné en arrière et à droite; l'ou- vertnre eMière abords dissemblables ; impression musculaire en forme de fer à cheval. L'espèce la plus commune de ce genre est la patella hunga- ricade Linnœus, capulus hungaricus , vulgairement le bonnet de dragon. C'est une coquille d'un pouce et demi de largeur à sa base , striée, de couleur blanche ou rose , recouverte d'un drap marin roux en-dessus, lisse et d'un rose vif en dedans, qui se trouve dans la Méditerranée, appliquée sur les i-ochers, a la manière des véritables patelles. (De B.) C APURE , Capura. (Bot.) M. Uob. Bro wn , dans son Prodrome des plantes de la Noui'eUe-Hollaude , p. 562 , pense que ce genre de Linnasus doit être rapporté comme une simple variété au daphne indica. (Poir.) CAPUSSA. (OrtiiLh.) On appelle ainsi, dans le Mont-Ferrat, la huppe, upiipa epops , Linn. (Ch. D.) CAPUT-BUFONIS. (Bot.) Sterbeck. Espèce de boletus delà famille des ceps {Suillus ). On le nomme encore pain-dc-crapaud, pain-de-loup. Il est rougeàtre à tubes jaunes ou verts. Clusius le met au nombre des champignons pernicieux, de même que Sterbeck, qui l'a figuré dans son ouvrage, tab. 20, fig. m, m; ettab. 17, fig. 9, G, G, N,N. Il doitsonnomàlaformedeson chapeau , qu'on pourrnit comparer à une tubérosité ou motte brune , assez semblable , pour la forme et la couleur, à la tête d'un crapaud. Il est voisin, et peut-être une simple variété de l'un des boletus Jlayo-rufus , ferrugineus et appendiculatus de Schasffer, tab. 125 , 126, i3o. (Lem.) _ CAPUTCHILLYNOCTURNUM. (Orm7fc.) Le jacana, j,arra jacana, Linn., est désigné sous cette dénomination dans Fer- nandez. (Ch. D.) CAPUT-PAPAVEFJS. (Bot.) Sterbeck. Voyez Tête de Pavot. (Lè:m.) CAQUETEUSE. {Omith.) Nom donné par M. Levaillanf {ornith. d'Afriqne) à un oiseau qui a des rapports avec notre gorge-liieue. (Ch. D.) TÏV OTT SIXlèME SUPPrijIKNT. '^m^û^M^^^M^M^M^^m Il 1^ ^1 m ^, ^ m ^ M M ■-■■ p m m ^ m ^ e g ^ ^ m , m 1 ^ ^ i • 1 ^ (ij ^ ^ ^i ^ p; il 13 " ^ ^ ^ 1^ ' 1^ ii IS m m i^ W:m^mmmmîmmmmm\