DICTIONNAIRE \. " DES ciÉnces naturelles, DANS LEQUEL -"AITE IMtTHODIQUEMENT r,ES DIFFEREMS KTRES DE tA NATHUE, '.<< iX.Ki SnlT EW EUX-MÊMES, d'aPrI's l'ÉïAT ACTUEL DE ^ >S f. .NNOISSANCFS, SOIT RELATIVEMENT A l'uTIi^IT^ Qu'eN "':LVE^T EXiaER la médecine, l'aGRICULTOR^, LK' COMMERCE ^I ; tS ,* UTS. im d'une biographie des ptus célèbres :naturaustes. PAR isieurs Professeurs du Jardin du Roi, et des principales Écoles de Paris. TOME ONZIÈME. COS-CRIS. STRASBOURG, t C LiùVRAt-LT, Erliteur, r.ic des Fossés M. le Prince, n.** 33, à PARIS. /ARIS. Le Normant, rue de Seine, N.*" 8, 1 8 1 8. ^ m m\ LIBRARY OF 1885- IQ56 DICTIONNAIRE DES SCIENCES NATURELLES, TOME XL COS=GRIS. Le jiomhre d'exemplaires prescrit par la loi a été déposé. Tous les exemplaires sont ret^étus de la signature de Péditeur, /^y- ^Ù^>-7:^i^^^^^ DICTIONNAIRE DES SCIENCES NATURELLES, DANS LEQUEL ON TRAITE MÉTHODIQUEMENT DES DIFFÉRENS ÊTRES DE I,A NATURE, CONSIDÉRÉS SOIT EN EUX-MÊMES, d'aFRÈS l'ÉTAT ACTUEL DE NOS CONNOISSANCES , SOIT RELATIVEMENT A l' UTILITÉ Qu'eN PEUVENT RETIRER LA MÉDECINE , l'aGRICULTURE , LE COMMERCE ET LES ARTS. SUIVI D'UNE BIOGRAPHIE DES PLUS CÉLÈBRES NATURALISTES. Ouvrage destiné aux médecins, aux agriculteurs, aux commerçans, aux artistes, aux manufacturiers, et à tous ceux qui ont intérêt à connoître les productions de la nature, leurs caractères génériques et spécifiques, leur lieu natal, leurs propriétés et leurs usages. PAR Plusieurs Professeurs du Jardin du Roi , et des principales Ecoles de Paris. TOME ONZIÈME. F. G. Levrault, Editeur, à STRASBOURG, et rue des Fossés M. le Prince, N." 33, à PARIS. Le NoRMAWTy rue de Seine, N»° 8, à PARIS. 1818. Liste des yîulcuis par ordre de Matières. Phjsitjue générale. M. LACROIX, niL-iiibre Je rAcnilémie de Sciences et professeur au CoUiige ù, France. ( L. ) Chimie. M. CHEVREUL, professeur au Cullt-ge royal de Charlemagne. (Cb.) Minéralogie et Géologie. M. BRONGNIART, membre de l'Académie des Sciences, professeur à la Faculté des Sciences. ( B. ) M. BROCHANT DE VILLIERS, membre de r.icadcmie des Sciences. ( B. de V.) M. DEF RANGE, membre de plusieurs Sociétés savantes. ( D.' F.) Botanique. M. DEJUSSIEU, membre de l'Académie des Sciences, prof, au Jardin du Roi. (J.) M. MIRBEL, membre de l'Académie de» Sciences , professeur à la Faculté des Sciences. (B. M.) M. HENRI CASSINI, membre de la Sociét.^ pliilomaliciue de Paris. (H. Cass. ) M. LEMAN, membre de la Société pbilo- matique de Paris. (Leh.) M. LOISELEUR DESLONGCIIAMPS, Docteur en médecine , menabre de plusieurs Sociétés savantes. ( L, U. ) M. MASSEY. ( Mass. ) M. POIRET, membre de plusieurs So.iélés savantes et littéraires, contiuuiileur de l'Encyclopédie botanique. (PoiR.) M. DE TIJSSAC, membre de plusieurs Sociétés savautes, auteur de la Flore des Antilles. (De ï.) Zoologie générale , yfnatojnie et Physiologie- M. G. CUVIER, membre et secrétaire per- peliul di' r.Vcadémie des Sciences, prof.au Jardin du Roi, etc. (G. C. ou CV. ou C.) JManmtifères. M. GEOFFROY, membre de l'Académie des Sciences , professeur au Jardin dulloi. ( G. ) Oiseaux. M. DUMONT, membre de plusieurs Sociétés savantes. ( Cb. D.) ItejJtiles et Poissons. M. DE LACÉPÈDE , membre de l'Académie dis Sciences, professeur au Jardin du Roi. (L. L.) .M. DUMERIL, membre de l'Académie des Sciences, professeur à l'Ecole de méJe- cine. (C. D.) M. CLOQUET, Docteur en médecine. (U.C.) Insectes. M. DUMERIL , membre de l'Académie des Sciences, professeur Sx l'Ecole de médecine. ( t^. D. ) Crustacés. M. W. E. LEACH, membre de la Société royale de Londres, l'un des Conservateurs du Musée brilanuiiOS. {Min.) C'est le nom que les Latins donnoiént aux pierres propres à aiguiser les outils tranchans , à user les métaux et à polir certaines pierres dures. Ce ne sont pas toujours des grés dans Tacception précise et limitée que nous donnons à ce mot ; ce sont même plus souvent des roches argiloïdes et de celles que nous nommons psammites ,• ainsi qu'on le verra à Tarticle Pierres a aiguiser. (B.) COS. (Ornith.) Suivant Gesner, c'étoit le nom hébreu de la huppe, upupa epops. (Ch. D.) C0SA-C03A MACHO. (Bol.) Les Espagnols du Pérou nomment ainsile pa^'onia spim/ex, suivant l'inscription placée au bas d'un dessin de la plante, fait sur les lieux mêmes par Joseph de Jussieu. (J. ) COSALON. (Bot.) Voyez Elelisphacon. (J.) COSARIA (Bot.), nom de la lysimachie dans le FriouL M (Voyez Cerretta.) On trouve encore sous le nom de Kosarie un genre du Levant, nommé par Forskaël, qui n'est qu'une espèce de Dorstexia. Voyez ces mots. (J.) COSCAQUAUTHLI. (Omith.) Voyez Cosquauthli. (Ch. D.) COSCOJA. (Bot.) Voyez Carasca. (J.) 2 cos COSCOROBA. {Ornilh.) Molina a trouve au Chili un oiseau portant ce nom , dont le bec, élargi et arrondi à rextrémité. est rouge , ainsi que les pieds, et dont le plumage est toul- à-fait blanc. C'est un canard, anas cascoroha, Gmcl. ( Ch.D.) COSH. (Mrtnim.) C'est le nom que les Abissiniens de l'Amhara donnent au buffle, suivant M. Sait. (F. C.) COSMÉLIE A FLEURS ROUGES {Bot.) .• Cosmelia ruhra , Rob. Brown, JSo^'.HolL, i, pag. 555. Genre de plantes dicoty- lédones, de la famille des épacridées , de la pentandrie mono- eynie deLinnaeus, offrant pour caractère essentiel : un calice foliacé ; une corolle monopétale , tabulée ; cinq étamines attachées sur la corolle ; les anthères adhérentes aux fila- mens, ciliées à leur sommet; cinq écailles placées sur le récep- tacle; une capsule; les semences adhérentes à une colonne centrale , formée de plusieurs placenta. Cette plante, la seule espèce de ce genre, est un petit arbuste originaire de la Nouvelle-Hollande, dont les tiges se divisent en rameaux redressés, glabres, très-lisses, garnis de feuilles simples , éparses, entières, à demi vaginales, creusées en captrchon à leur base. Les fleurs sont solitaires, inclinées, d'un rouge assez vif, placées à l'extrémité de rameaux courts, latéraux. Le calice est imbriqué de feuilles très-petites ; les étamines plus courtes que la corolle ; les anthères dégagées h leur base ; les placenta détachés à leurs deux extrémités. (PoiR.) COSMIBUENA. {Bot.) Les auteurs de la Flore du Pérou avoient d'abord établi sous ce nom , dans leur Prodrome des genres du Pérou, un genre particulier , qui a été ensuite re- connu appartenir aux hirtella. Ils ont depuis appliqué le même nom de cosmibuena à quelques espèces de cinchona (quinquina) retranchées de ce dernier genre, et distinguées par vm calice caduc , à cinq dents ; le tube de la corolle très-long ; le limbe oblique et i-éfléchi ; cinq étamines ren- fermées dans le tube de la corolle ; une capsule bivalve ; les bords de chaque valve roulés en dedans de manière à former comme deux loges ; le réceptacle en lame , appliqué d'un côté contre les valves, portant de l'autre des semences ovales, entourées d'une aile linéaire , réticulée. On 7'apporte à ctr genre les deux espèces suivantes : COS 9 CosMiEUÉXA A FEUILLES OBTUSES: Cosmibuctia oltusifoUii ^ FL Per. 3, pag. 5, tab. 198 ; Cinchona grandijlora , FI. Per. 2 j pag. 54. Cet arbre croit dans les forêts du Pérou. Il s'élève à la hauteur de vingt à vingt-cinq pieds, sur un tronc revêtu d'une écorce d'un brun cendré, jaunâtre en dedans, d'une amertume médiocre ; les rameaux un peu tétragones dans leur jeunesse-, les feuilles sont opposées, pétiolées , ovales j obtuses, très -entières, luisantes en ^dessus, blanchâtres en- dessous ; les pétioles munis à leur base de grandes stipules obtuses, striées. Les fleurs sont grandes, pédicellées, d'une odeur agréable , disposées eu corymbes terminaux , très- étalés, feuilles , garnis de bractées subulées .- le calice court, tubulé, à cinq dents aiguës: la corolle blanche, en forme d'entonnoir, glabre; son tube cylindrique, presque à cinq; angles ; le limbe à cinq découpures ovales, réfléchies; le stig- mate à deux lobes alongés : une capsule rétrécie à sa base, marquée de deux sillons, s'ouvrant du sommet à sa base, renfermant des semences nombreuses, fort petites. CosMiBUENA ACUMiNÛ : Cosmihuena acuminaia ^ FI. Per., 3, pag. 4, tab. 26. Cet arbre, également originaire du Pérou, s'élève un peu moins que le précédent; ses rameaux sont étalés, médiocrement tétragones ; les feuilles planes, ovales, acuminées, coriaces, très-entières, d'un vert clair, longues de six pouces; les inférieures opposées, les supérieures altei'nes, d'après les auteurs de la Flore du Pérou, les stipules longues d'un pouce. Les fleurs sont solitaires, sessiles, terminales, munies de deux grandes bractées concaves, ovales ; la corolle blanche, longue de trois pouces, très-glabre; le tube grêle; le limbe à cinq lobes ovales, lancéolés, réfléchis; l'ovaire cy- lindrique et tronqué; le stigmate à deux lobes alongés. (Poir.) COSMIE, Cosmiiis. {Entomol.) Nous avions désigné sous ce noui de genre, dans la Zoologie analytique, un petit groupe de diptères à bouche en trompe charnue rétractile , à an- tennes garnies d'un poil isolé latéral simple, dont les larves. se développent dans les tiges, les réceptacles et les racines des plantes, principalement des cynarocéphales et des cruci- fères, et dont les ailes sont agréablement colorées de bandes bu de taches sinueuses, d'où nous avions emprunté le nom grec i(.oçy.}o!;, qui signifie orné modestement. 4 ces On a depuis désigné ces insectes sous les noms de tephri'is, dactis, oscinis : telles sont les mouches qui ont été décrites par Linnaeus sous les noms de cardui , cerasi, mali, olcce , gei' minafionis , sohlilialis , etc. Voyez Tépiirites et Chétocèkes. (C. D.) COSMORO. {Ornith.) L'oiseau que Barrère désigne sous ce nom est l'ara rouge, psittacus macao, Linn. (Ch. D.) COSMOS, COSMUS, COSMEA. (Bot.) [Corjmbifères , Juss. Sjngénésie polygamie frustranée , Linn.] Ce genre de plantes, de la famille des synanthérées , appartient à notre tribu naturelle des hélianthées et à la section des hélianthées- coréopsidées. La calathide est radiée, composée d'un disque multiflore, régulariflore , androgyniflore , hétérocarpe , et d'une cou- ïonne unisériée, liguliflore , neutriflore. Lepéricline, égal aux fleurs du disque, est double; l'extérieur et l'intéi'ieur à peu près égaux : chacun d'eux formé d'environ huit squames unisériées, entregreifées à la base, foliacées, larges, ovales; celles du péricline intérieur appliquées, celles du périclinc extérieur inappliquées. Le clinanthe est plane, squamellifère. L'ovaire des fleurs extérieures du disque est cylindracé , subtétragone , atténué supérieurement en un col qui porte uile aigrette de trois squamellules distancées, inégales, très- adhérentes , filiformes-subtriquétres , très-épaisses , chacune d'elles munie de deux ou trois barbelles spiniformes très- fortes, dirigées en bas. L'ovaire des Heurs intérieures du disque est beaucoup plus long, et son aigrette n'est que d'une seule squamellule. Les filets des étamines sont munis de poils. Ce genre , établi par Cavanilles sous le nom de Cosmos, qui signifie ornement , est nommé cosmea par "\\ illdenow , et cosmus par M. Persoon. M. de Jussieu le réunit au coreop- sis ; mais il en diffère essentiellement, selon nous, par son aigrette, qui le distingue également du dahlia, et il diffère du hidëns en ce que sa calathide est radiée. On connoît trois espèces de cosmos^ qui sont des plantes herbacées an- nuelles, originaires du Mexique. Le Cosmos bipinné (Cosmos bipinnatus , Cav.) a la tige haute de trois pieds, rameuse, cylindrique, garnie de feuilles COS 6 opposées, connêes, bipinnées-linéaires; les calatlùdes, por- tées sur des pédoncules terminaux et axillaircs, sont grandes, très-belles, composées d'un disque jaune à anthères noires et d'une couronne violette à languettes larges. Cette plante fleurit dans notre climat, à la fin de Fautomne , dans la serre, où il est indispcnsal)le de la retirer avant cette époque. (H. Cass.) COSMOSANDALON. (Bof.) Voyez Comos Andalos, (J.) COSQUAUTHLI. (Omith.) Ce mot présente un son adouct de l'ancienne orthographe. On lit , dans Hernandez , liv. 9, chap. 8, p. 3]9 , Cozcaquauthli, et dans Nierembcrg, liv. 10, chap. 56, Cozcacoaiithli. L"oiseau ainsi appelé au Mexique est l'urubu, vultur aura, Linn. (Ch. D.) COSSARDE. (Ornith.) Ce nom et celui de Cossard se doxi' nent, dans divers dcpartemens, à la sous-buse, au busard, et même à la buse. (Ch. D.) COSSIGNIE ; Cossignia , Cossinia. [Bot.) Genre de plantes à fleurs polypélalées, de la famille des sapindces , de Yhexan-^ drie monogynie de Linnœus, consacré par Commerson à M. Cossigni, Fun des plus zélés cultivateurs de Flsle de France, auteur d'un Traité sur Findigoterie. Ce genre est caracté- risé par un calice persistant, à cinq divisions ; quatre, rare- ment cinq pétales onguiculés ; six étamines ; un ovaire supérieur, obscurément trigone ; un style court ; un stig- mate ; une capsule OAale, un peu tomenteuse, trigone et à trois loges, s'ouvrant à son sommet, chaque loge renfermant deux ou trois semences attachées à un réceptacle central. Ce genre a été établi par Commerson pour quelques ar- brisseaux originaires des îles de France et de Bourbon. Les feuilles sont alternes, ternées ou ailées avec une impaire; les fleurs disposées en panicules à l'extrémité des rameaux. Il ne renferme que les deux espèces suivantes: CossiGNiE A TROIS FEUILLES : Cossinia triphjlla, Comm. , Herl. Mss. et icon. ; Lamk. , Encycl. , 2, pag. i3j. Arbrisseau de six ou huit pieds, chargé de rameaux cylindriques, coton- neux vers leur sommet, garnis de feuilles alternes, pétiolées, composées de trois folioles oblongues , entières, obtuses, rétrécies vers leur base ; vertes et un peu rudes en-dessus, tomenteuses et d'un blanc presque roussàtrc en- dessous. Les 6 CQS lleurs sont blanches, d'une grandeur médiocre, disposées en grappes axillaires et terminales , formant par leur en- semble une panicule étalée ; cinq divisions au calice ; quatre pétales. Commerson l'a découvert au sommet du mont du Rempart, à l'ile de Bourbon. CossiGNiE AILÉE : Cossifiia pinnata , Comm. /. c. ; Lamk. /. c. et m, gcn. lab.- 2S6. Cette espèce croît à l'Ile-de-France. Elle ressemble à la précédente par son port ; mais ses feuilles 6ont ailées, composées de cinq, quelquefois sept folioles oblongues , lancéolées, presque sessilcs , vertes, entières, presque glabres et un peu rudes en-dessus, tomenteuscs et blanchâtres en-dessous, ainsi que sur les pétioles, les pédon- cules et le sommet des rameaux. Les fleurs sont blanches , petites , disposées en panicules axillaires et terminales ; leur calice est tomenteux , à cinq divisions profondes; la corolle composée de cinq pétales très-caducs ; six étamines plus lon- gues que la corolle ; les capsules tomenteuscs , ovales , en- flées, légèrement trigones , à trois loges, s"ouvrant à leur sommet en six valves renfermant des semences noirâtres, globuleuses. (Pom.) COSSIR {Bot.)i Perlarius primas , Rumph, Amh., vol. 4, p. 1:20, t. 66. C'est sous ce nom que l'on connoit à Oma , xme des îles voisines de Timor, et que Rumph désigne un arbrisseau ou pe'tit arbre à feuilles alternes, ovales, marquées de trois nervures principales et terminées en pointe, comme celles de l'ortie. De l'aisselle de chacune sortent un ou plu- sieurs pédoncules simples ou plus rarement divisés, chargés de petits paquets de fleurs disposées en tête , écartés les uns des autres et sessiles sur les pédoncules qui sont pendans. L'auteur ne décrit pas les fleurs ; mais il dit que ces têtes deviennent blanches , molles , remplies d'une espèce de moelle dans laquelle sont des grains très -petits. Il ajoute que la surface de ces têtes est toute percée de petits trous qui laissent échapper une petite pointe. Cette description prouve évidemment l'existence d'une réunion de lleurs, à la manière des mûriers ou de quelques orties ; et le cossirparoît très-voisin de l'ortie interrompue, originaire de Java, et de J'ortie à feuilles rondes, trouvée à l'isle de France par Com- jnerson. Rumph l'a nommé perlarius , à cause de ses fruits COS 7 blancs imitant des perles; c'est le caju-fonil de l'ile de* Banda, le matta- eu U u d'Amho'me et le hunu-cuttu des Malais. (J.) COSSON , Cossonus. [Entoniol.) Fabricius a désigné sous ce nom de genre, établi par M. Clairville dans l'Entomologie helvétique , une division d'insectes coléoptères tétramérés , à antennes portées sur un bec ou prolongement du front, et de la famille des rhinocères ou rostricornes , dont les carac- tères avoient été ainsi donnés : Antennes coudées ( c'est-à- dire , dont le premier article est fort long et fait angle avec les suivans), composées de neuf articles, dont les cinq précédant le dernier, qui est en massue ovée , sont presque hémisphé- riques et perfoliés; corps étroit, alongé, et les tarses fili-< formes et non à pénultième bilobé, comme dans les calan- dres, avec lesquelles ils ont les plus grands rapports , et dont ils ne diffèrent, d'après le tableau analytique de M. Clair- ville, que par la massue des antennes, qui est composée de deux articulations. Il paroît que les espèces rapportées à ce genre vivent sous les écorces des arbres : elles sont petites. Les deux qui ont été décrites et figurées par Clairville , sont: 1." Le Cosson ferrugineux , qu'il a représenté planche i.'^, n." 2 , et qu'il caractérise ainsi : oblong , ferrugineux, à tête et trompe noires; Et :2.'', le Cosson linéaire, dont nous copions ici la descrip- tion : oblong , noir ; antennes , élytres , jambes et tarses bruns, trompe longue. Olivier l'a figuré dans son ouvrage sur les coléoptères, tome VI, n.° 83 , pi. 35 , fig. 35/|. Le même auteur a décrit et figuré une autre espèce sous le nom de lymexyion ou perce-bois , sous le n.'^ 558 de la même planche. Il est facile à reconnoître , parce qu'il a te corps couvert d'une poussière grise , le corselet comme raboteux , les élytres sillonnées et les pattes fauves, ainsi que les an- tennes. Voyez, pour plus de détails, l'article Rhinocères. (CD.) COSSUS. (Entom.) Genre d'insectes lépidoptères nocturnes de la famille desjilicornes ou Nkmatoceres (voyez ce mot). Ce nom de cossus est très-ancien dans le langage des na- turalistes; car on le trouve dans Pline pour désigner cer- 8 cos taincs larves qu'on retlroit du tronc des chênes, qu'on nour- rissoit ensuite avec de ia farine , et qui passoient alors pour un mets très-délicat : Pra'grandes roborum vermes , delicatiorcs sunt in. cibo {cossos vccant), atque etiam farina saginati. [Plinii HisLor. naturalis, lib. XVII , cap, 24.) La chenille dont il est ici question n'est peut-être pas celle qui a fait le sujet de l'admirable ouvrage et des obser- vations anatomiques du célèbre Lyonnet, qui a publié à la Haye, en 1762, le Traité anatomique de la chenille qui ronge le bois de saule; mais on l'a cru long-temps, et le nom de cossus a été donné au lépidoptère qu'elle produit et dont le caractère peut être exprimé comme il suit. Lépidoptères sans trompe , à antennes dentelées, non ren- ilccs et non en soie. Ce peu de notes suffit pour distinguer ces insectes, d'abord de tous les papillons diurnes , qui ont les antennes en massue; des spliinx, qui les ont renflées au milieu; dès phalènes, noc- tuelles et teignes, dont les antennes sont en soie: des bombjces , qui ont une trompe , et des hépiales, dont les articles des an- tennes offrent des dentelures arrondies et presque comme des grains de chapelet. Les cossus ressemblent beaucoup aux bombyces et aux hépiales, a^ec lesquels ils ont été long-temps confondus: ils portent, comme eux, les ailes en toit, lorsqu'elles sont en repos; ils ne volent que la nuit, et vivent très-peu de temps sous l'état parfait; leurs chenilles sont presque nues ou à poils raz-es. Elles ont seize pattes , la tête écailleuse , et les mandibules très-fortes; elles se développent sous les écorces des arbres, et elles pénètrent profondément dans le tronc; comme les larves des capricornes et des cerfs-volans, avec Ics- (juelles on les a peut-être confondues , quoique leurs formes soient très-différentes , ainsi que nous aurons occasion de le dire plus bas; elles se filent des cocons, qu'elles recouvrent de sciure de bois, en les agglutinant et en les collant Irès- forteuicntau dehors. Leur chrysalide présente, sur le pourtour de chaque anneau de l'abdomen , des verlicilles d'épines roides et cornées, à l'aide desquelles elles aAancent dans les galeries qu'elles se sont creusées à l'époque où elles doivent paroi tre avec leurs ailes , et elles laissent leurs dépouilles à rentrer COS 9 du trou de récorce par lequel elles sortent au dehors, cQnime le font aussi certaines espèces de zjgènes. Ces chenilles font le plus grand tort aux arbres. La pre- mière espèce, en particulier, qui est très-commune aux en- virons de Paris , détruit un très-grand nombre d'ormes. Il y a environ une quinzaine d'années que la grande route de Saint-Denys à Paris a été presque entièrement dégarnie de ses arbres par Pinnombrable quantité de chenilles qui en avoient tellement attaqué les troncs que l'on fut obligé d'abattre Je peu qui en restoit , et dans une seule soirée nous avons pris plus de vingt femelles de ces papillons sur les arbres qui garnissent les boulevards de Paris entre les barrières du mont Parnasse et de Vaugirard. Les chenilles dégorgent, au moment où on les saisit, une humeur visqueuse, comme huileuse , qu#est sans doute des- tinée à ramollir les fibres ligneuses : cettoQiumeur est très- fétide. Aussi Goëdaert, qui l'a représentée à la 53." planche de son tome second , dit qu'il ne seroit pas hors de propos de nommer cette chenille le houe puant .- car, en quelque endroit qu'elle puisse être , elle rend une puanteur intolé- rable et aussi désagréable que celle du bouc. Geoffroy est le premier auteur qui ait pensé que le passage de Pline cité par Linna-us n'avoit pas vraiment rapport à la chenille du cossus. Mais c'est à tort qu'il suppose que le ver en question pourroit être la larve du charanson ou calandre du palmier. On a pensé depuis que le nom de cossus se rapporterolt mieux aux larves du grand capricorne ou des lucanes cerfs-volans , parce qu'en effet ces sortes de larves se nourrissent aussi d.'ins le tronc des chênes, et qu'elles sont tuberculeuses et non odorantes. Dans un autre passage, en effet, Pline dit que c'est du nom de cet insecte que les hommes trapus étoient appelés cossi , éfymologie d'où , suivant Suétone, Cossuna, femme de César, avoit tiré son nom : A similitudine horum vermitim Jiomines riigosi corporis ah antiquis cossi dicti sunt , inde et Cossuiiorum familia. M. Latreille a séparé, sous le nom de zeuzève, Pespèce de cossus qui Ait sur le maronnier d'Inde et que Geoffroy avoit désignée sous le nom de coquette. Les espèces Jçs mieux connues dans ce genre sont : cos 1. "Le Cosses UGNIPER DE; GRATTE-BOIS OU KONGE-BOIS; C. Hgni- perda, Bombix cossus, Linn. , figuré par Réaumur , Mém. , tom. I.", pi. 17 , fig. 1 — 5. Car. Ailes d'un gris cendré, ai'ec de petites lignes noires vei- nées; extrcmilé postérieure du corselet jaunâtre , avec une lande noire. La chenille est rougeâtre ; quand on la saisit sous les écorces ou dans le tronc des saules et des ormes , elle laisse dégorger une humeur roussàtre destinée probablement à ramollir le bois - et qui est d'une odeur fort désagréable. Elle est très- commune aux environs de Paris. 2." Cossus TARRiERE , C. terebro. Car. Ailes cendrées, dentelées sur le hord dorsal, avec des atomes et des stries ondulées d'un brun ferrugineux , une strie blanchâtre à la parlW postérieure du corselet. Cette espèce *t un peu plus petite que le cossus ordi- naire : on la trouve en Allemagne. 3." Cossus DU MARONNiER : Cossus œscuU ; vulgaircmcnt la Coquette, Réaumur, Mém. , tom. II, p. 470, pi. 58, fig. 1 , 1; , 3 ; genre Zeuzère de M. Latreille. Car. D'un blanc bleuâtre nacré; les ailes tachetées de points arrondis d'un noir bleuâtre ou verdâtre; six points semblables sur le corselet. l^a chenille de cette espèce se trouve dans les branches du pommier, du châtaignier, du poirier : elle est jaune avec des points noirs. (C. D.) COSSYPHE, Cossj'phus. (Entomol.) Olivier a donné ce nom , tiré du grec Kotr^vn^oç , qui signifie merle, à un genre d'in- sectes coléoptères hétéromérés, de la famille des mycétobies ou fongivores, à élytres dures non soudées, à antennes gre- nues terminées par une masse arrondie de quatre articles, à corps très-plat et à corselet cachant la tête. On ne connoit que deux espèces dans ce genre ; encore ii'a-t-on aucune observation sur leurs mœurs. La première , décrite d'abord comme un lampyre ou ver luisant, dont elle a en effet l'aspect pour la forme générale (car le nombre des articles aux tarses est fort différent), a été figurée dans l'Entomologie d'Olivier, n.° 44 bis, vue en-dessus et en-dessous , pour faire remarquer la singulière disposition COS 11 desélytres, qui embrassent l'abdomen comme dans les cassides. C'est le CossYPHE déprimé , C. depressus , dont les antennes sont plus courtes que le corselet. 11 se trouve en Afrique. Le CossYPHE d'HoFFMANsEGG. On l'a trouvé en Espagne, en Portugal, en Barbarie : ses antennes sont plus longues que le corselet; il ressemble d'ailleurs au précédent. (CD.) COSSYPHEURS.(£ntom.) M. Latreille avoit établi sous ce nom de famille une division de coléoptères dans lequel il faisoit entrer le genre Cossjplie et son genre Hélee. 11 les a depuis réunis aux taxicornes. (C. D.) COSSYPHUS (Ornith.) , nom générique donné par M. Cu- vier aux Martins , que jM. Vieillot a nommés acridothera. (Ch. D.) COSTA. (Bot.) L'herbe désignée sous ce nom par Camc- rarius paroît être, suivant C. Bauhin , celle que nous nom- mons maintenant hjpochcvris maculatci. Celle à laquelle Césal- pin donne le même nom , est lejpanax costicum de C. Bauhin, le costiis de Matthiole, le pastinaca opopanax de Linn;Eus. (J.) COSTIPEDE. {Ornith.) On appelle ainsi les oiseaux dont les jambes sont placées de façon que le corps est dans un parfait équilibre , tandis qu'une articulation en arrière , pareille à celle des grèbes et des plongeons, constitue les oiseaux climipèdcs. (Ch. D.) COSTOTOTL. (Ornith.) Voyez Coztototl. (Ch. D.) COSTUS. (Bot.) Ce nom a été donné à diverses plantes: "à un jianais, pastinaca opopanax; à la christophorienne, actœa; à un aconit; à un laser, laserpitium chironium; aune achillée, achillea ageratum ; à la menthe-coq, qui étoit le costus hor- tensis de Dalechamps, et que M. Desfontaines a nommée bal- samita ageraiifolia. Il est resté à la plante qui la portoit dès le temps de Dioscoride, et qui est un des genres de la famille des amomées. (J. ) COSTUS. {Bol.) Genre de plantes monocotylédones , de la famille des amomées, de la monandrie monogynie de Linna-us, qui diffère très-peu des amomum, auxquels M. de Lamarck. a cru devoir le réunir. Il se distingue par un calice partagé en trois découpures lancéolées , faisant corps par sa base avec Povaire ; une corolle divisée en trois parties égales, enveloppant un tube renilé, partagé en deux lèvres, l'infé- '^ cos Tieure trifidc, la supérieure entière, sur laquelle est placée une 'anthère à deux loges ; Tovaire inférieur , surmonté d'un style droit, filiforme et d"un stigmate en tête, un peu échancré. Le fruit est une capsule à trois loges, à trois valves, couronnée par le limbe du calice , contenant des semences petites et nombreuses. La plupart des espèces renfermées dans ce genre ont des racines épaisses, tubei'culées ; des tiges herbacées, en- gainées en partie par la base des feuilles alternes , rétrécies en pétiole : les fleurs sont réunies en un épi touffu, termi- nal. Les principales espèces qu'on y rapporte, sont: CosTus d'Arabie : Costus arahicus , Linn., Blackw. , tab. ogZj; Turp., Flor.medic. tab. i56 : Anoiiyma , Merian,Sun?i. , tab. 36. Ses racines sont noueuses, un peu rampantes, épaisses et charnues; ses tiges simples, droites, glabres, cylindriques, hautes d'environ deux pieds , garnies de grandes feuilles alternes, oblongues , lancéolées, acuminées , ghibrcs , em- brassant les tiges par une gaine cylindrique , membraneuse, roussâtre à son orifice, où les feuilles sont rétrécies en forme d'un pétiole très-court; les fleurs sont terminales, réunies en une grosse tête ovale , touffue, assez semblable à un cône de pin , entremêlées d'écaillés en forme de spathes par- tielles , ovales, aiguës , un peu concaves, entourées par les feuilles supérieures des tiges ; le calice est adliérent avec l'ovaire, qu'il couronne, ainsi que le fruit , par un limbe à irois découpures droites , lancéolées, aiguës ; la corolle est blanche, frangée à ses bords ; les capsules renferment un grand nombre de semences glabres, petites, ovales, presque triangulaires. Cette plante est bien certainement originaire de l'Amérique ; elle croît à Surinam et sur les montagnes de S. Domingue. On ne connoît point le costus dans l'Arabie, mal- gré son nom spécifique. Nous n'avons aucune certitude qu'il croisse dans les Indes orientales, quoique Linnanis l'ait d'a- bord rapporté, mais avec doute, au Isiana-kua de Rheede; il ne peut pas être non plus la plante que Dioscoride a men- tionnée sous ce nom, qui est citée par G. Bauhin et plusieurs autres botanistes antérieurs. 11 est donc très-probable qu'on confond dans les pharmacies, sous la dénomination de costus, plusieurs racines qui appartiennent à d'autres plantes et COS i5 qu'il est très-difficile de déterminer. La racine de notre costus est peu odorante , tandis que celle du costus des an- ciens répandoit une odeur très- agréable. Les Romains l'em- ployoient dans la composition des aromates, des parfums; ils la brùloient sur les autels des dieux, et s'en servoient, aux jours solennels , pour parfumer les temples dans les céré- monies religieuses. Le costus d'Arabie, tel qu'on le trouve dans les boutiques, se présente en morceaux oblongs, de la longueur du pouce, légers, poreux, friables, quoique durs: d'un jaune gris ou hrxin ; d'une odeur suave dïris ou de violette, qui se com- munique à l'urine de ceux qui en font usage; d'une saveur aromatique , acre , légèrement amère. L'eau enlève avec facilité le principe amer de cette racine, mais difficilement son arôme. Outre une certaine quantité d'huile essentielle, on en retire un extrait aqueux et un extrait alcoolique. Ce dernier garde l'odeur suave et toute l'amertume du costus. La racine du costus passe pour tonique , excitante, diurétique, cmmcnagogue , utile dans les foiblesses d'estomac, dans les catarrhes chroniques, dans les fièvres adynamiques et autres maladies accompagnées de débilité et de relâchement; elle est également propre à exciter la transpiration cutanée, et à provoquer la sécrétion des urines. Cette racine a joui pendant long- temps d'une grande l'éputation ; elle est aujourd'hui plus rarement employée : on lui substitue souvent l'angé- lique, le zédoaire, l'iris, l'aunée ou toute autre racine aromatique. Costus klhgant : Costus speciosus, "Willd. ; Amomum hirsu- tum, Lamk., Encycl. i , pag. i35 , et III. gen. , tab. 3 ; Tsiana- Kua, Rheede, Hort. malab. ii , pag. i5, tab. 8. Cette espèce, confondue avec laprécédente , quoique originaire duMalabar et des Indes, en diffère par ses feuilles très-amples, vertes en-dessus, chargées en-dessous de poils fins très-courts, qui les rendent blanchâtres et très-douces au toucher. La racine est blanche , tendre, noueuse, rampante, garnie de beau- coup de fibres; ses tiges, hautes de trois ou quatre pieds, se terminent par un gi'os épi court, sessile, composé de petites écailles imbriquées, et de grandes fleui*s blanches ou jau- nâtres ; leur corolle est velue et comme soyeuse extérieu- M cos remcnt, longue d'cnAiron trois pouces sur deux pouces de large, cainpanulée, tubulée à sa base-, son fruit, d'après Rheedc , est une capsule trigonc, ovale, arrondie, à trois loges, remplies de semences bleuâtres qui prennent ensuite une couleur brune : ces semences, écrasées, ont l'odeur du gingembre , ainsi que les racines. CosTUs EN Éi'i : Costus spicaUis , Willd. ; Alpinia spicata , Jacq. , Amer, i , lab. i ; Anioinum petiolaltim, Lamk. , Encycl. i , pag. i5G. Ses racines sont blanches, charnues, irréguiières ; elles produisent des tiges hautes de deux pieds , garnies de feuilles glabres , luisantes, oblongues, acuminées, rétrccies en un pétiole court, cylindrique. Les feuilles supérieures, réunies en forme d'involucre , entourent yn épi conique, couvert d"écailles imbi'iquécs, coriaces, d'un rouge vif: de chacune d'elles sort une ileur jaune, inodore , longue d'un pouce, un peu ventrue; trois découpures lancéolées, aiguës; la quatrième plus grande , arrondie , ondulée et trilobée ù son sommet. Elle croît au Brésil et à la Martinique, sur le bord des ruisseaux, et aux lieux humides et couverts daiis les montagnes. Les naturels la nomment canne de rivière .- ils font bouillir la racine et les tiges ; ils regardent cette décoction comme une boisson rafraîchissante , utile dans la gonorrhée et quelques autres maladies. Les auteurs de la Flore du Pérou ont ajouté à ce genre quelques autres espèces, tels que le Costus scaber, Flor. Fer. i, tab. 3, dont les fleurs sont réunies en un thyrse conique; les bractées ovales, très-serrées ; la corolle à demi fermée. Le Costus levis, Flor. Per. l. c. : les fleurs sont disposées de même; mais les bractées sont lancéolées , courbées à leur sommet ; la corolle très-ouverte. Le Costus argenteus , FI. Per., L c, tab. 4 : ses fleurs sont réunies en un thyrse alongé ; les brac- tées pendantes ; les corolles très-ouvertes. Ces trois plantes croissent dans les grandes forêts au Pérou. (Foin.) COSZHI ( Ornith.), nom de la poule au Malabar. (Ch. D. ) COT. (Bot.) Espèce de luzerne du Levant, suivant Rau- wolf : elle est remarquable par ses feuilles découpées ; c'est le incdicago laciniata des botanistes modeinies. Rauvvolf lui donne aussi le nom (Valfassasa , qui se rapproche de celui iïalfasasat , doniié par les Arabes à la luzerne cultivée, mcdi' COT »5 cago saliva. Rumph dit encore que le coton est nommé cot dans la Syrie. Voyez Capas. (J.) COTA. {Bot.) Pline et Dioscoride ont ainsi nommé la ca- momille puante, anthémis cotula , suivant C. Bauhin. (J-) COTAN (Conchyl.) , nom sous lequel Adanson (Sénégal) désigne la Vénus radiée. (De B.) COTAiNE. (Bot.) Rauwolf dit que le ciche , clcer arie- tinum, est ainsi nommé dans le Levant : c'est Vomnos ou hamos des Arabes, suivant lui; le homos, suivant ForskaëL M. De- lille nomme hammos les graines sèches, et malanah la plante qui les porte. (J.) COTE, Costa. {Bot.) Les lignes en relief ou en creux que les ramifications vasculaires du pétiole forment sur la lame de la feuille, portent, suivant leur degré de finesse ou de force, les noms de veinules, de veines, de nervures. On qualifie de côte le faisceau principal qui part directe- ment de la base de la feuille et se prolonge dans toute sa longueur, de manière à la partager en deux parties égales. (Mass.) COTES BRANCHIALES , Costce IrancUales. ( Ichthyol. ) M. Cuvier donne ce nom aux petits arcs cartilagineux sus- pendus dans les chairs, au bord extérieur des branchies, dans les poissons Cyclostomes et Placiostomes. Voyez ces mots. (H. C.) COTEE. {Ornith.) Ce nom, d'après Cotgrave et Salerne, désigne, en vieux françois, la poule d'eau commune, fulica chlorop us, Linn. Belon l'applique, pag. 17 5, à un autre oiseau, qui paroît être le morillon, anas glaucion , Linn., mais que cet auteur prétend en différer. (Ch. D.) COTELET. {Bot.) Voyez Citarexylum et Bois cotelet. (POIR.) COTHURNO. {Ornith.) La bartavelle , perd/x gro-ca, Briss.; tetrao rufus, Linn., porte ce nom en Italie. (Ch. D.) COTIA {Mamm.) , nom que les Portugais donnent à l'agouti, cavia aguti, Gm. (F. C.) COTINGA. {Ornith.) Ce genre d'oiseaux qui, sous la déno- mination latine (Vampelis , et en y comprenant le jaseur d'Eu- rope , est composé de onze espèces dans la treizième édition du Sjstema naturœ donnée par Gmelin , et de quatorze dans i6 COT Vlndex orruthuLOgicus deLatham, lornie, daim ie Règne animal de M. Cuvier, une famille plus étendue, que ce naturaliste divise en six sections; savoir : les piauhaits , les colingas ordi- naires, les échenilleurs , les jaseurs, les procnias et les gymno~ dèrcs , lesquels ont tous un bec déprimé comme celui des gobc- mouclies , mais un peu plus court à proportion , assez large et légèrement arqué, Lespiauhaus, ainsi nommés à cause de leur cri, et que M. Vieillot a Tort bien désignés par le mot latin queriila , sont ceux dont le bec est le plus fort et le plus pointu : les insectes forment leur principale nourriture , et c'est dans les bois surtout qu'ils volent k leur poursuite. Les cotingas ordinaires, proprement nommés ampelis, ont le bec un peu plus foible , et outre les insectes ils recherchent, dans les lieux humides, les baies et les fruits tendres. M. Levaillant prétend même qu'ils sont uniquement frugivores. Les procniasy dont Illiger a fait un genre particulier sous ce nom, donné d'a- bord par Hoffmansegg, ont le bec foible, déprimé et de plus fendu jusque sous les yeux : ils se distinguent aussi par des caroncules sur le front, ou des peaux nues sous la gorge, et leur régime est surtout insectivore. Les gymnodères , dont on ne connoît encore qu'une seule espèce, ont le bec un peu plus fort que ces derniers ; mais c'est le cou qui présente des parties nues, et la tète est couverte de plumes velou-' tées. Les espèces qui appartiennent à ces quatre sections, se trouvent dans l'Amérique méridionale. Les échenilleurs, cehlepyris , Cuv. , et les jaseurs, homhj- cilla, Br. , ou homhycivora^ Temm., se reconnoissent à d'autres caractères très-remarquables, mais tirés de parties étrangères à celles dans lesquelles se prennent ordinairement ceux qui servent à l'établissement des genres. Les premiers ont les tiges des plumes uropygiales un peu prolongées, roides et pi- quantes ; et chez les seconds , le bout de la tige des pennes secondaires des ailes s'élargit en un disque ovale et lisse. Ceux-là vivent en Afrique et aux Indes; ils sont insectivores. Ceux-ci se nourrissent de baies ; l'espèce la plus répandue est erratique, et se transporte en troupes dans les diverses con- trées de l'Europe. On ne traitera dans cet article que des piauhaus , des- cotingas proprement dits, des procnias et des gjmnodcres , COT ï7 en y ajoutant le gymnocéphale ou choucas chauve. Voici les caractères qui sont le plus généralement applicables aux oiseaux que ces sections comprennent : Bec plus ou moins déprimé de haut en bas, évasé à la base, et présentant une forme presque triangulaire ; mandibule supérieure rétrécie , échan- crée et courbée à la pointe; l'inférieure un peu aplatie en- dessous , à pointe aiguë et retroussée ; narines fort larges , presque orbiculaires , situées à la base du bec, demi-closes par une membrane , et recouvertes de soies ou de plumes; langue courte , cartilagineuse , étroite et bifide ; ailes mé- diocres ; queue composée de douze plumes; tarses à réseaux; trois doigts devant , dont les deux externes sont réunis jus- qu'à la seconde phalange ; le pouce aussi long que le doigt du milieu et plus fort. Il y a parmi les cotingas des espèces dont le plumage n'offre rien de saillant, et d'autres chez lesquelles il est même assez terne hors le temps des amours ; mais à cette époque on voit briller sur les mâles de plusieurs d'entre elles toutes les nuances des couleurs les plus vives et les reflets les plus admirables : aussi ces espèces forment- elles le plus bel orne- ment de la plupart des cabinets. L'Amérique est la seule partie du monde qui nous les fournisse , et on les y cher- cheroit uiême vainement au-delà du Brésil vers le sud, et du Mexique vers le nord. Les cotingas ne sont cependiint pas sédentaires; mais leurs petits voyages n'ont pour objet que de se trouver en certains lieux à Tépoque de la maturité des fruits dont ils se nourrissent. Les endroits de la Guiane où l'on a observé qu'ils se plaisoient le plus dans les deux saisons pendant lesquelles ils paroissent près des habitations , sont les lieux humides : mais c'est à tort qu'on les a supposés destructeurs des rizières ; car la forme et le peu de solidité de leur bec excluent à leur égard toute idée d'oiseaux gra- nivores. Sonnini a aussi reconnu que les habitans ne man- geoient pas leur chair, et que , si leur peau arrivait souvent en mauvais état, ce n'étoit point par la raison qu'avoit soup- çonnée Gueneau de Monlbeillard; mais parce que, lesplun;es étant peu adhérentes , cette peau tendre exigeoit , pour sa préparation, des soins qu'on ne se donne pas dans le pays, La taille des espèces de cotingas varie depuis celle de la 1). ' 2 i8 COT corbine jusqu'à celle de la grive mauvîs. Les femelles, qui ont en général des couleurs beaucoup moins riches, sont le plus souvent d'un plumage terne. On ne connoît que très- imparfaitement les mœurs de ces oiseaux et ce qui concerne leur reproduction ; mais cependant on sait que plusieurs es- pèces font leurs nids sur les plus grands arbres et y pondent quatre ou cinq œufs. Mauduyt témoigne, dans l'Encyclopédie méthodique, au mot Pacapac , son étonnement de Ce qu'on n'a pas encore essayé d'apporter ces beaux ^oiseaux vivans en Europe , en remplaçant les baies dont ils font leur prin- cipale nourriture , par de la mie de pain humectée , par la moelle de la canne à sucre, et même par du sucre ramolli et à demi fondu ; mais la réussite seroit d'autant moins pro- bable que la plupart de ces oiseaux sont tout à la fois insec- tivores et frugivores, et que vraisemblablement on a fait à ce sujet, dans leur pays natal, des tentatives qui auront été vaines , puisqu'on n'y en trouve pas en captivité. §. .." PlAUHAUS. Grand piauhav : Arnpelis phanicea , Sha\v ; Coracias mili- laris , id. (ou Querula phcenicea , en donnant au mot querula la valeur d'un terme générique). Le mâle et la femelle de cette espèce ont été figurés pi. 26 et 26 des Oiseaux rares de l'Amérique et des Indes, de M. Levaillant, sous le nomdeGrand Cotinga. Sa taille, en effet, approche de celle de la corneille corbine ; il a environ quinze pouces de longueur, depuis la pointe du bec jusqu'à l'extrémité de la queue , qui est carrée, et dont l'aile atteint le milieu. Le bec est long de deux pouces sur un pouce de largeur à sa base , qui est garnie , aux côtés, de poils roides et durs, et vers le milieu duquel se trouvent les narines , cachées par des plumes partant du front. Cet oiseau ,' dont la tète est fort grosse , en a le devant couvert de plumes eflilées qui forment une huppe en se jetant par derrière ; et des plumes semblables , mais plus longues , partent du bas de son cou et retombent sur la poitrine. Toutes ces plumes et celles des autres parties du corps sont chez les mâles d'un rouge ponceau, plus foncé sur le corps COT 19 que dessous , à l'exception des pennes des ailes et dé la queue, qui sont d'un brun noir en-dessus et d'un gris glacé de blanc en -dessous. Le bec est d'un rouge cramoisi, et les pieds, ainsi que les ongles, sont noirâtres. La femelle, un peu plus petite que le mâle, n'a pas de longues plumes sur la poitrine, et sa huppe est moins forte ; les pennes des ailes et de la queue sont d'un brun foncé ; le ventre et les plumes anales sont d'un blanc sale , et sur tout le reste du plumage le rouge ponceau est remplacé par un gris cendré ; le bec, les pieds et les ongles sont bruns. Ces oiseaux se trouvent dans la Guiane françoise et à Surinam , où ils se tiennent dans les lieux éloignés de toute habitation et ne paroissent pas fort communs. PiAUHAU ORDINAIRE, AmpcUs ruhricolHs (ou Querula ruhri- collis). I^e mâle de cette espèce , qui est le muscicapa rubri- collis de Gmelin et de Latham , a été figuré dans les planches enluminées de Buffon, n." 38 1 , sous le nom de Grand Gobe- mouches noir à gorge pourprée de Cayenne , et décrit par cet auteur sous celui de Piauhau. M. Levaillant a aussi donné, pi. 47 et 48 de ses Oiseaux rares, la figure du mâle et de la femelle. Brisson , en décrivant le même oiseau parmi les gobe-mouches, au tome 2, p. 586, de son Ornithologie, laisse entrevoir qu'il le regarde comme identique avec le Jacapu de Marcgrave, Hist. Bras., p. 192 ; mais Buffon a fait observer que, malgré des rapports dans le plumage, un oiseau de la grosseur d'une alouette ne pouvoit être confondu avec le Piauhau, dont la taille excède celle de la draine. Le plumage du mâle est d'un noir mat , qui prend une teinte luisante sur les ailes et sur la queue ; et celui-ci , dont la longueur est d'environ onze povices , se distingue de sa femelle, un peu plus petite, en ce qu'il a au devant du cou une belle plaque d'un rouge pourpre, composée de plumes longues, étroites et rudes au toucher, peu apparentes après la pre- mière mue , ne présentant que des rudimens rouges', comme on le voit dans un individu conservé au Muséum d'histoire naturelle , et n'acquérant tout leur éclat qu'à la troisième année. Les ailes de cet oiseau s'étendent jusqu'aux deux tiers de la queue, mais non jusqu'à son extrémité, comme on pourroit l'induire de la description et surtout de 20 COT la planche de Buffon. Les yeux sont d'un brun rougeatre^ les pieds et les ongles noirs , et le bec est de couleur de plomb. Cette espèce, fort commune à Cayenne, s'y nourrit de fruits et d'insectes, qu'elle prend au vol. Elle fréquente les grands bois , et construit sur les arbres les plus hauts un nid très-évasé, où la femelle pond quatre œufs. M. Cuvier indique, comme se rapprochant des piauhaus plus que des cotingas ordinaires, Toiseau représenté dans les planches enluminées de Buffon sous le n.° 699, c'est-à-dire celui que Brisson a décrit, tome 2, p. 553, avec la dénomi- nation à'ampelis cinerea, le même que le guiraru nheengeta de Marcgrave, et queVampelis cÎMcrea de Latham. Mais M. Levail- lant prétend que cet oiseau est un jeune du cotinga pacapac, cotinga cinereo - purpurea , Briss. , dont Montbeillard parle comme d'une variété de cette espèce : et, en attendant que le fait soit mieux éclairci , on se bornera à observer que l'oiseau décrit et figuré par M. Levaillant , pi. 44, sous la dénomination de cotinga cendré, est à peu près de la taille du quéreiva ; que les ailes, pliées, ne s'étendent que peu au- delà de la naissance de la queue ; que les parties supérieures du corps sont d'un gris- cendré foncé, les parties inférieures d'un gris clair, et le bec, les pieds et les ongles d'un noir brun. §. II. Cotingas ordinaires. Cotinga guette : Ampelis carnifex, Linn. ; et, en double emploi, Ampelis coccinea , Gmel. Le mâle de cette espèce est représenté, dans les planches enluminées de Buffon, n.° 078, sous le nom de Cotinga rouge de Cayenne, et les deux sexes le sont dans les Oiseaux rares de M. Levaillant, pi. 57 et 58. Son nom , en langue gariponne , est apira ou arara , et celui Alouette exprime son cri. Le côté intérieur et le derrière du tarse sont garnis, dans toute leur lon- gueur, de petites plumes soyeuses de la nature du duvet. Sa queue est arrondie à son extrémité; et, ce qui distingue particulièrement cette espèce, c'est que les quatrième et cinquième pennes de l'aile sont, à leur extrémité, plus étroites que les autres, et que la quatrième, la plus courte COT 21 de foules, se termine par une sorte de raccornissement qui a de la ressemlikjnce avec les dernières plumes alaires du jaseur, ainsi qu'on peut le voir sur la planche 37 de M. Levaillant. La tête du mâle est aussi couverte de plumes roides et étroites d'un rouge pourpre, qu'il peut hérisser. Dans son état parfait, les côtés de la tête, le derrière du cou et le dos sont d'un brun -violet foncé et velouté, qui est plus clair, avec des ondes roussàtres, sur le devant du cou , et prend une teinte mordorée sur la poitrine. Les plumes scapulaires et les couvertures supérieures des ailes sont d'uzi brun roux; les plumes uropygiales et celles de la poitrine et des parties inférieures du corps sont d'un rouge décarlate ; les pennes caudales sont de la même couleur, avec une bordure rembrunie; les premières pennes des ailes sont noirâtres; les suivantes sont, comme les scapulaires et les plumes dorsales, bordées d'un brun violet. Le bec est d'un rouge brun; les pieds et les ongles sont jaunâtres, et les plumes qui revêtent le tarse, d'un rouge très-clair. La fe- melle, chez laquelle les quatrième et cinquième pennes alaires sont conformées comme les autres , a la tête tout entière d'un rouge mordoré, qui se retrouve aussi sur la queue; toutes les parties supérieures, la gorge et la poi- trine sont d'un vert d'olive, le ventre et les plumes anales d'un rouge foible, le bec et les pieds d'un brun jaunâtre. Le jeune mâle, avant la seconde mue, a le plumage peu différent de celui de la femelle. La taille de cet oiseau est d'environ sept pouces, et son envergure est moins grande que celle des autres espèces. Il est fort commun à la Guiane, et on le trouve aussi au Brésil. Le Cotinga cuivré, Ampelis cuprea , Merrem, et coccinea , Gmel. , dont le premier a donné la figure , pi. 2 de ses Icônes avium rariorum, et qu'il a décrit comme étant de la taille du précédent, et ayant le sommet de la tête rouge, les joues orangées, les plumes du cou et du dos olivâtres avec des nuances cuivrées, les parties inférieures d'un rouge sanguin , et les pennes de la queue à reflets verts sur un fond rouge, n'est considéré par M. Cuvier que comme une variété du précédent. M. Vieillot le regarde, au contraire, comme une espèce particulière ; mais il suppose ses ailes plus longues qu'elles ne le sont en effet. 23 COT CoTiNGA PoMPADOUR : Ampel'is poitipadora , Linn.; pi. enlum. de Buffon , n.° 27g. Cette espèce, que les naturels de la Guiane nomment Pacapaca , et à laquelle M. I.evaillant a consacré trois planches, représentant, sous les n."' 04, 55 et 36, le mâle, la femelle et le jeune âge, a sept pouces et demi de longueur totale; sa queue, longue de deux pouces et demi, surpasse les ailes de sept à huit lignes. Ces ailes offrent, dans les deux sexes parvenus à leur état parfait, un singulier caractère, qui consiste en ce que leurs grandes couvertures, étroites et roides, sont disposées sur deux plans en angle aigu, comme un toit, et forment chacune une gouttière; les pennes des ailes ont les barbes très- larges; les plumes du corps sont aussi très-longues, et la queue est carrée. I.e mâle, âgé de dix -huit mois et dans la saison des amours, a les pennes alaires , à l'exception des trois les plus proches du corps, d'un blanc de neige, et toutes les autres plumes, également blanches à leur base, sont exté- rieurement d'un pourpre lustré, qui est plus foncé sur la tête^ le cou, le dos et la poitrine, que sur les autres parties du corps. La tête n'est pas entourée du trait blanchâtre qui a semblé à Gueneau de Montbeillard dessiner la physio- nomie de l'individu mutilé, ou, peut-être, trop rem- bourré, sur lequel il a fait sa description. Le bec est d'un brun rougeàtre; les yeux sont d'un marron foncé, et les pieds d'un brun noir. La femelle du pacapac, un peu plus petite que le mâle dans toutes ses proportions, a les couvertures en gouttières moins longues et moins foncées en couleur, et , suivant M. Levaillant , les parties d'un pourpre foncé dans le mâle, sont chez elle d'un gris brun avec une teinte lie-de-vin; les parties inférieures d'un pourpre clair, à tra- vers lequel on aperçoit le blanc qui colore la base des plumes; les grandes pennes des ailes d'un noir pourpré, et celles de la queue d'un brun légèrement pourpré. D'après le même natur:.liste, ce seroit cette femelle que Gueneau de Montbeillard auroit décrite comme une variété d'âge du mâle, sous le nom de pacapac gris-pourpré; mais Son- nini , qui a étudié cette espèce dans son pays natal, assure que ce cotinga est réellement le jeune âge de l'oiseau. Quoi qu'il en soit , M. Levaillant, après avoir décrit le mâle COT 25 et la femelle comme étant, à la sortie du nid, presque en- tièrement d'un gris cendré, annonce qu'à la première mue Je. mâle prend, dans les parties supérieures du corps, une nuance pourprée qui ressemble à l'uniforme de la femelle adulte, et qu'à la seconde, les couleurs de ses plumes se fonçant encore, son habit devieni bigarré et composé de plumes d'un gris -brun pourpré et d'un beau pourpre. Ses ailes portent des pennes blanches mêlées de pennes brunes, jusqu'à ce qu'à la troisième année il ait acquis toute sa beauté avec ses plumes blanches. Cette espèce fait, comme les autres cotingas, de petits voyages dont les époques sont réglées par celles de la ma- turité des fruits qui constituent en partie sa nourriture , ce qui a lieu en Mars et en Septembre dans les Guianes française et hollandaise; elle fréquente aussi les bois situés le long des rivières , et l'on prétend que la femelle pond quatre œu<'s entièrement blancs dans un nid construit sur les arbres de haute futaie. CoTiNGA (^)UÉREIVA : AmpcUs cajOTia , Linn. et Lath. ; pi. enlum. de Buflfon, n." 624. M. Levaillant a consacré quatre planches à cette seule espèce. La vingt-huitième représente le mâle dans son jeune âge, époque à laquelle il est d'un brun clair sur la gorge et le devant du cou, de la même couleur sur la poitrine et les flancs, dont les plumes ont une bordure roussàtre, et plus rousses sur le ventre et l'anus : les parties supérieures sont d'un brun plus foncé, et chaque plume a un liséré de roux plus foible, qui se ren- force sur les couvertures des ailes et sur les bords de leurs grandes pennes, lesquelles, comme celles de la queue, ont le fond d'un brun noirâtre. Le bec, les pieds et les ongles sont bruns. Cet oiseau, dans la planche n." 2g, est parvenu au moyen âge : on voit sur sa gorge quelques plumes pour- prées ; d'autres offrent les rudimens d'un brun vert sur la tête, la poitrine, le ventre; quelques pennes noires pa- roissent sur les ailes. Enfin, le dessus de la tête, les joues, le derrière et les côtés du cou, le dos, le croupion, les couvertures de la queue, la poitrine et les parties infé- rieures, se couvrent de plumes d'un vert d'aigue-marine très- éclatant ; les ondulations des plumes laissent entrevoir sur ^^ COT la tête et sur le dos le noir qui en occupe le milieu; les scapuhiires sont d'un noir pur, et entourées rh;icune d'une bordure verte qui les détache les unes des autres; les pennes des ailes et de la queue sont presque entièrement noires; les deux plus extérieures des ailes sont très- étroites ; la gorge est ornée d'une belle cravate d'un pourpre violet. C'est dans cet état parfait que le colinga quéreiva niàle est représenté pi. 27. La femelle, pi. 3o, a dans toutes ses parties a peu près un pouce de moins que le mâle, qui en a huit de longueur et dont la taille est celle du mauvis. Après avoir eu dans son jeune âge plus ou moins de rap- ports avec le niàle non encore adulte, la femelle acquiert et conserve un brun noirâtre sur la tête, le derrière du cou, le dos et les scapula^res, avec une teinte verdàtre fort légère et qui se fonce davantage sur le croupion et les cou- vertures de la queue. Les grandes couvertures des ailes sont entourées d'un liséré roussàtre ; leurs grandes pennes sont noires avec une frange verdàtre sur les bords , et celles qui les suivent ont les borduies roussàtres vers leur pointe et vertes a leur racine. Les pennes de la queue sont brunes avec un liséré verdàtre. Le dessous du corps est varié de gris et de roux. Le bec , les pieds et les ongles sont noi- râtres. Le cotinga quéreiva est très- commun à la Guiane. M. Levyillant pense que cest un de ces oiseaux , dans son jeune âge, que Gueneau de Montbeillard a décrit sous le nom de tûorne de Cayenne, et qui est représenté sous celui de grive du même pays dans la 5i5.* planche enluminée. Mauduyt avoit déjà énoncé la même opinion dans l'Ency- clopédie méthodique, et le plumage de l'oiseau paroit, en effet , propre a le faire penser ainsi ; mais Sonnini combat ce rapprochement, en soutenant que Foiseau dont il s'agit forme une espèce distincte. Les noms de piaukau et piniavouin, donnés par les créoles , semblent toutefois le rapprocher des cotingas. L'oiseau décrit par Linnafus sous le nom d'ampelis tcrsa, et dont Gueneau de Monlbeidard a parlé sous celui de ter- sine , lequel a les pennes des ailes et de la queue, la tête et le haut du dos , noirs; la gorge , la poitrine , le bas du dos , Iç COT 25 bord extérieur des pennes des ailes d'un bleu clair , avec une bande transversale de cette dernière couleur sur les couvertures supérieures, et le ventre et les flancs d'un blanc jaunâtre, est aussi regardé par M. Cuvier comme une variété du quéreiva , et par M. Levaillant comme un quéreiva dans son moyen âge : mais M. Vieillot , observant que le qué- reiva n'a, dans aucun temps, la tête ni aucune autre partie du plumage noires comme chezla tersine, etc., a formé de celle-ci un genre particulier sous ce dernier nom. CoTiNGA BLEU OU CoRDON-BLEU : Aiiipelis cotinga , Gmel. et Lath.; pi. enl. de BufF. , 186 et 188. M. Levaillant, qui a fait représenter le mâle, la femelle elle jeune âge d'un cotinga bleu sans cordon , pi. 54 , 55 et 56 , a , sur différentes consi- dérations, regardé le cotinga cordon-bleu comme une e.spéce distincte, et il lui a encore consacré ses 41.* et 42.* planches. Tout annonçant, au contraire, que Gmelin et Latham ont eu raison de réunir les deux oiseaux, on n'en fera ici qu'un seul article. Il paroit que , dans cette espèce comme dans les autres, la taille éprouve des variations auxquelles il ne faut pas, de l'aveu même de M. Levaillant, attacher une trop grande importance. On ne s'arrêtera donc pas ici à la cir- constance que le cordon bleu décrit par Brisson avoit huit pouces huit lignes de longueur, et treize pouces dix lignes de vol, tandis que celui qui a servi à la description de Que- neau de Montbeillard n'avoit que huit pouces de longueur totale et treize pouces d'envergure. La plupart des mâles adultes ont les parties supérieures d'un bleu d'outre-mer très-vif; les pennes des ailes et de la queue noires, avec un liséré bleu ; la gorge, le devant du cou, la poitrine et une partie du ventre d'un beau pourpre violet, qui, chez quel- ques-uns, est coupé, à l'endroit de la poitrine, par une cein- ture du même bleu que celui du dos, et chez d'autres offre encore des taches de feu , disposées plus ou moins régulière- ment et formant un cercle entier au-dessus du cordon dans la variété pi. 41 de Levaillant. D'après les recherclies que M. Levaillant a faites sur le co- tinga bleu , très-commun à Cayenne , où l'on ne paroit pas connoitrc le cordon-bleu , et sur sa femelle, qui dirlère beau- coup dumàlc, comme dans les autres espèces, et dont aucun ^6 COT naturaliste avant lui n'avoit encore fait mention , Terreur ne viendroit-elle pas de ce que Gueneau de Montbeillard, au lieu de considérer l'existence de la ceinture et des marques de feu co^mme accidentelles, les a regardées comme un attri- ' but particulier et distinctif du mâle , en réputant femelles les individus chez lesquels la gorge et la poitrine n'offroient que du pourpre uniforme ? La difficulté seroit levée et toute confusion cesseroit, si Ion reconnoissoit pour femelle de l'es- péce unique celle que M. Levaillant a figurée pi. 35, et qui a le dessus de la tête, le derrière du cou, le manteau, le dos . le croupion , les couvertures supérieures de la queue et toutes celles du dessus des ailes d'un noir un peu bruni sur les parties hautes , et jetant des reflets d'un bleu ver- dàtre sur les parties basses. Les plumes du dos ont chacune une bordure blanche, qui les fait paroitre écaillées, et il en est de même de celles de la poitrine et des flancs, dont le fond est d'un noir bruni. Les points blancs sont très- petits sur le haut de la tête , et s'agrandissent à mesure qu'ils des- cendent. Les premières pennes des ailes sont noirâtres ; les barbes extérieures des suivantes sont rousses, et celles des dernières , blanches. La queue est d'un noir brun ; ses pennes portent à leur extrémité un petit trait roussàtre ; la gorge , qui est de cette dernière couleur, a une foible nuance purpurine : les plumes abdominales et anales sont d'un roux clair; les couvertures du dessous des ailes sont roussàtres avec quelques taches brunes. Le bec ■, les pieds et l'iris sont comme dans le mâle. Dans le jeune âge, qui fait le sujet de la 56.* planche de Levaillant, cette femelle ne diffère pas du jeune mâle, et tous deux ont les parties supérieures de la tête , le derrière du cou , le manteau et la queue, d'un brun uniforme. Les couvertures supérieures des ailes et de la queue , les côtés de la tête et du cou , la poitrine, le ventre et les flancs, ont des écailles roussàtres sur un fond brun. Le dessous des ailes et de la queue est d'un fauve pâle. Le bec et les pieds sont bruns. A la première mue le mâle seul se revêt de quelques plumes bleuâtres, et d'autres portant une nuance de pourpre aux endroits qui doivent offrir plus tard ces couleurs dans tout leur éclat. COT 27 CoTiNGA A PLUMES SOYEUSES OU DES Maynas : Ampelis majnana, Linn. et Lath. ; pi. enl. de Buffon, n.° 229, et de Levaillant, n.° 43. Cette espèce, d'une taille plus petite que celle du mauvis, a , depuis le bout du bec jusqu'.à celui de la queue, sept pouces quatre lignes , et treize pouces quatre lignes de vol; ses ailes, pliées , s'étendent jusqu'aux deux tiers de la queue ; la gorge est d'un violet foncé ; les pennes des ailes et de la queue sont d'un noir bruni , avec un liséré bleu. Tout le reste du corps est couvert de plumes à barbes longues et soyeuses qui , sous certains aspects, offrent un bleu éclatant, tandis que, sous d'autres, elles paroissent d'un vert d'aiguë -marine. Le duvet intérieur des plumes est brun, violet ou blanc , sur différentes parties du corps ; mais les brins chevelus les recouvrent toutes si exactement qu'il faut les soulever pour s'en apercevoir. Le bec est brun ; les pieds et les ongles sont noirs. ,Cet oiseau habite le pays des Maynas. Gmelin et Latham ont rangé parmi les cotingas le cotinga huppé, ampelis cristata, qui est décrit et figuré tab. i5 des lUustrationes de Miller, comme ayant le dos rouge, les joues et le ventre blancs, les ailes et la queue noires. M. Levaillant pense que , si cet oiseau est réellement un cotinga, ce pour- roit être le grand cotinga dans son moyen âge. Latham a aussi adopté comme espèce l'oiseau décrit et figuré par Sparrman, pi. 70 du Muséum Carlsonianinn , sous la dénomination d''ampelis lutea, cotinga jaune, et qui a les par- ties supérieures d'un brun olivâtre; une longue tache blanche à l'angle des mâchoires; les deux pennes supérieures de la queue noires, avec la base et la pointe jaunâtres, et les au- tres en totalité de cette dernière couleur; la gorge, la poi- trine , le haut du ventre, le croupion, les couvertures infé- rieures des ailes et de la queue, jaunes ; la partie inférieure du ventre et l'anus blancs ; le bec noir , et les pieds noirâtres. Sparrman ne dit rie» de la taille de cet oiseau ; mais Latham annonce qu'elle est de six pouces et demi. On présente encore comme espèces , dans le Nouveau Dic- tionnaire d'histoire naturelle, 1.°, un cotinga brun, ampelis fusca, Vieill., de cinq pouces seulement de longueur, qui se trouve au Brésil, et qui a le dessus du corps d'un brun o8 COT noirâtre; la poitrine et le ventre d'un brun noisette, avec des raies longitudinales blanches au centre; les flancs violets j le bas de l'abdomen et l'anus d'un blanc pur , ainsi qu'une raie transversale sur le croupion .- 2.° un cotinga à flancs roux , ampelis hj-popyra , Vieill. , qui se trouve à la Guiane , dont la longueur est de sept pouces , et qui paroit ne diffé- rer du cotinga gris qu'en ce qu'il a sur les flancs une large touffe de plumes d'un roux orangé , couleur qui se retrouve au haut des ailes, dont elle borde les petites couvertures, ainsi que les pennes caudales : 3.° un cotinga doré, ampelis auréola , Vieill. , qui se trouve au Pérou , et qui , de la taille du cotinga pacapac, a le plumage pareil, à l'exception du dessus de la tête , de la partie antérieure des ailes , de la poi- trine et des flancs, lesquels sont d'un jaune doré. §. III. Froc NIAS. Cotinga caroncule i Ampelis carunculata, Gmel. et Lath., ou Procnias carunculata , Nob. ; pi. enl. de Bufïon , n." 790 , le mâle adulte, et 794 un jeune mâle sous la dénomination de femelle; pi. 09 et 40 de Levaillant, le mâle et la femelle dans leur état parfait. Cet oiseau,' d'un pied de longueur, a un bec fort plat, très- ample, long de dix-huit lignes et large de sept à sa base. La queue, un peu fourchue, dé- passe de vingt- une lignes les ailes, qui n'atteignent que le tiers de sa longueur. Les pieds sont courts et noirs, ainsi que le bec. Le plumage du mâle, dans son état parfait, est dune blancheur éclatante sur toutes les parties du corps , et ce qu'il a de plus rciiiarquable, c'est une caroncule mus- culeuse , arrondie, ridée, recouverte de quelques faisceaux de plumes courtes, et d'environ deux pouces de longueur, qui est implantée sur son front, d'où elle pend négligem- ment dans l'état de repos, mais qui, dit-on, s'enfle, se re- lève et se dresse perpendiculairemeiit quand l'oiseau est animé d'une passion quelconque. Gueneau de Montbeillard pensoit que cet effet étoit produit par Tair que Toiseau introduisoit dans la cavité de la caroncule; mais M. Levail- lant a vérifié qu'il n'y avoit entre cette cavité et le palais au- COT 29 cune communication , et le redressement seroit alors unique- ment dû à l'action musculaire. La femelle est privée de cette caroncule. Le dessus de sa tête, le derrière du cou, le dos, les scapulaires, le croupion et les couvertures du dessus de la queue sont d'un vert-olivàtre bruni; les pennes des ailes et celles de la queue, de la même couleur, ont de plus un liséré olivâtre sur leurs bords extérieurs ; les plumes de la gorge, du devant de la poitrine et des flancs, qui sont d'un .vert plus foible, ont à leur centre un trait de blanc jaunâtre, qui s'élargit davantage sur les parties plus basses, et occupe presque tout le milieu de chaque plume sur le bas de la poitrine et le ventre; les plumes anales et celles des jambes sont d'un blanc jaunâtre. Les pieds et les ongles sont noirs: la mandibule supérieure l'est aussi en totalité; mais l'inférieure n'a du noir qu'à la pointe; sa base est d'un gris jaunâtre. Cette espèce , qu'on trouve à la Guiane et au Brésil , a une voix très-forte qui se fait entendre d'une demi-lieue. Un colon de Surinam a rapporté à M. Levail- lant qu'elle faisoit son nid sur les arbres les plus élevés, et y pondoit quati'e œufs grisâtres. CoTiNGA A GORGE NUE, Ampelis nudicolUs , Vieill. , ou Procnias nudicoUis , Nob. Le mâle , en son état parfait, est blanc comme dans l'espèce précédente ; mais le reste du temps les indi- vidus des deux sexes ont le fond du plumage verdàtre. Le premier paroît être le seul qui ait la gorge nue : on voit, au moins, dans le cabinet d'histoire naturelle de Paris des individus, reclus du Brésil, qui l'ont couverte de plumes, et dont les parties inférieures présentent des taches brunes et jaunâtres. CoTiNGA AVERANO : Ampelis variegata , Gmel. et Lath. ; et Ampelis ou Procnias carno barba, Cuv. Cet oiseau du Brésil a été décrit par Marcgrave sous le nom de Guira- Punga, p. 202 de son Histoire naturelle de ce pays, où les Portugais Pont appelé ave de verano , oiseau d'été, parce qu'aux mois de Décembre et de Janvier, qui sont les plus chauds de l'année , le mâle fait entendre une voix très- forte, qui ressemble tantôt au bruit cock, cick, que feroit le choc d'un instrument tranchant sur un coin de fer, et tan- tôt au sou d'une cloche fêlée, kur, hur, kur. L'averano est 3o COT presque aussi gros qu'un pigeon : son bec, long d'un pouce, a la même largeur, et le mâle est remarquable par plu- sieurs appendices noires et charnues qu'il a sous le cou et dont la forme est, à peu près, celle d'un fer de lance. La teinte noirâtre du plumage de ce mâle, lorsqu'il esl encore jeune, se change en un gris presque blanc dans son état parfait, où il a d'ailleurs la tête rousse et les ailes noires, ainsi que le bec et les pieds. La femelle, qui n'a point de caroncules, et qui est un peu plus petite, offre un mélange de couleurs noircàtres, brunes et d'un vert clair, distribuées de façon que le brun domine sur le dos, et le vert clair sur les parties inférieures. Marcgrave dit que ces oiseaux sont gras et charnus. §. IV. GVMN 0 D iîRES. L'oiseau que Gueneau de Montbeillard a d'abord décrit sous le nom de Col-nu, et dont Gmelin et Lalham ont fait, eu double emploi , leur corvus nudus et leur gracula fœtida , ou gracula nudicollis, Shaw, offre des caractères assez équi- voques, qui font hésiter sur son classement. M. Geoffroi Saint-Hilaire a pensé qu'on pouvoit l'isoler en lui appli- quant un nom tiré de la nudité partielle de son cou, et il a proposé, dans le tome i3 des Annales du muséum d'his- toire naturelle de Paris, de l'appeler gjmnodère; mais ni ce caractère, qui le rapproche des mainates, ni celui qu'offrent les soies droites et veloutées dont son front est couvert, et qui le font ressembler , sous ce rapport , aux oiseaux de paradis, n'étoient suffisans pour constituer proprement un genre. lUiger, trouvant dans la forme du bec et dans celle des pieds plus d'analogie avec les cotingas, leur a réuni le col -nu. M. Levaillant avoit déjà dit, dans ses Oiseaux rares de l'Amérique et des Indes, que cet oiseau, fru- givore comme les autres cotingas, et non omnivore comme les corbea-iix, faisoit partie des premiers ; que l'espèce étoit même voisine du cotinga caroncule ; et M. Cuvier a aussi reconnu, depuis, que cet oiseau devoit être placé immédia- tement à la suite des cotingas : c'est donc ici qu'on en va donner la description. COT 3i Le Gvmnodère ou Col-nu de Cayenne, Gjymnoderus cajyen- nensis, Geoffroi S. H., pi. enl. de Buffbn, n.° 609, et de Levaillaiit, Ois. rares, n.°^ 45 et 46, est à peu près delà grosseur du choucas; il a 16 pouces 6 lignes de longueur; son bec, qui a un pouce de sa pointe aux angles de l'ou- verture, est large de six lignes à sa base, qui est déprimée et aplatie; la mandibule supérieure, courbée en bas à sa pointe, est échancrée de chaque côté vers son extrémité; l'ouverture des narines n'est pas couverte, comme chez les autres cotingas, par des plumes naissant delà base du bec, où il n'y a, au contraire, que des soies courtes, relevées et serrées, qui couvrent aussi le reste de la tête et forment une sorte de calotte de velours noir. Au-dessous des yeux on remarqueij dans l'individu figuré par M. Levaillaut, un petit carré de peau nue et jaune, qui n'existe pas dans la planche de Buffon, et c'est, peut-être, un des motifs qui portent M. Cuvier à douter de l'identité de l'espèce. Aux deux côtés du cou se trouve une place nue, beaucoup plus large, qui étoit brune dans l'individu desséché que le peintre de Buffon avoit pour modèle , et qui a été représentée d'une couleur lilas par celui de AI. Levaillanf. On aper- çoit au même endroit des plumes noires, courtes et clair- semées. Le bas du cou, en arrière et en devant, la poi- trine et le ventre, sont d'un noir assez brillant; les pennes secondaires des ailes et leurs couvertures sont d'un gris bleuâtre ; leurs grandes pennes et celles de la queue sont noires avec des reflets bleus. Les yeux sont d'un rouge brun; le bec et les pieds sont noirs. La femelle, un peu plus petite que le mâle, a comme lui-, dans l'état adulte, le petit carré de peau jaune sous les yeux, et la grande place nue aux côtés du cou ; mais son plumage est presque en entier d'un brun noirâtre sans reflets. Les deux sexes se ressemblent dans leur jeune âge et ont alors le cou cou- vert de plumes. Cet oiseau , qui se trouve assez communé- ment dans la Guiane, arrive près des habitations à l'époque de la maturité des fruits; il fréquente les grands bois, et Biche au bord des rivières sur les arbres les plus élevés. M. Geoffroi Saint-Hilaire a fait sur le choucas chauve, çori'us caWus . Gnielin , et oiseau mon - père des Nègres de 3. GOT Cayenne , un travail pareil à celui qu'on vient de citer pour le gjmnodère, et il a proposé d'en former le genre Gymnocéphale, dénomination tirée de la nudité de sa tête , en appelant l'espèce gjwnocephalus capucinus, à cause de la couleur de son plumage , sembhible à celle du tabac d'Es- pagne. M. Cuvier, trouvant plus d'analogie entre le bec de cet oiseau et celui des tyrans, l'a indiqué comme un sous-genre tenant d'assez près à la série des gobe-mouches, qui, dans son ouvrage, précède immédiatement celle des cotingas ; mais, d'une autre part, M. Levaillant le regarde comme tenant essentiellement à cette dernière famille par la forme du bec, celle des pieds et l'identité de mœurs, en faisant remarquer d'ailleurs que si, d'après l'ampleur attribuée à ses ailes par Gueneau de Montbeillard , il paroît s'éloigner des cotingas, cette prétendue ampleur ne semble exister qu'à raison de l'extrême brièveté de sa queue, dont toutefois les plus grandes pennes alaires n'excèdent presque pas les couvertures, llliger a aussi compris le gymnocéphale dans le genre Ampelis ; et , son bec , triangulaire et plus large à sa base qu'il n'est long, paroissant en effet, malgré sa force , plus en rapport avec celui des cotingas qu'avec tout autre, on a cru de\;oir placer ici cet oiseau, en ob- servant néanmoins que , si la tête est emplumée dans le premier âge , ainsi que l'affirme M. Levaillant lui - même ; si les narines sont alors couvertes comme celles du grand cotiuga, dont ce naturaliste le rapproche.; et si, par con- séquent , la nudité d'une partie de la tête des vieux est due à quelque habitude particulière et à des circonstances pareilles à celles qui produisent un semblable dépouillement dans le freux, il pourroit résulter du mode et du genre de nourriture qui lui sont propres et qui sont peu analogues à ceux des cotingas, des motifs suffisans pour déterminer un changement de classification. Quoi qu'il en soit , le Gymnocéphale, Ampelis gjmnocephala , pi. enl. de Bulîon . n." 621, et de Levaillant, n.° 49, est de la grosseur d'une corneille. Il a la tête nue jusque der- rière les yeux , et la gorge peu garnie de plumes. La presque totalité de son plumage est d'un brun roux, un peu plus foncé sur le corps que dessous. Les pennes des ailes, COT 35 noires en -dessus, sont mêlées d'une teinte brunâtre; les grandes couvertures supérieures sont en partie brunes et en partie noires , les inférieures blanches ; les pennes de la queue et leurs couvertures sont de cette dernière cou- leur, ainsi que le bec, les pieds et les ongles; l'iris est brun. La femelle n'est presque pas plus petite que le mâle, dont le jeune diflTère par une teinte moins foncée. Cet oiseau n'est pas rare dans les forêts de la Guiane fran- çoise. (Ch. D.) COTINOS, AGRIELAIA (Bot.), noms grecs de l'olivier sauvage, suivant Clusius, qui le cite aussi sous le nom de oleaster. (J.) COTINUS (Bot.), genre de Tournefort , que Linnaeus a réuni au rhus. (L. D.) GOTIQUE BLAISC {Conchjl.) , nom marchand d^une espèce du genre Cyprée , cyprœa annulus. (De B.) COTNERA-SEGIAR (Bot.), nom égyptien du coton. (J.) COTOGNA MARINA. (Zooph.) C'est le nom que les Ita- liens donnent vulgairement aux Algvons. Voyez ce mot. (DeB.) COTON. (Chim.) Voyez Lignecx. (Ch.) COTON. (Bot.) Voyez Cotonnier. (Foir.) COTONARIA. (Bot.) Ce nom et celui de tomenlitia ont été donnés par quelques-uns, suivant Dodoens , au gnaphu" lium maritimum de G. Bauhin et de Tournefort, qiii est ïatha- nasia maritima de Linnaeus, le diotis de M. Desfontaiues. (J.) COTON ASTER. (Bot.) Gesner et G. Bauhin donnoient ce nom à deux nétliers, mespilus cotonaster et rnespilus cliamœ- mcspilus, dont le premier étoit encore nommé cjdonago par Gesner, et epirnelis par Dalechamps ; le second, agriomdea par Bclon, dans son voyage du Levant. ( J. ) COTONEA. [Bot.) Le coignassier est ainsi nommé par Lobel ; c'est le malus coîonea de C. Bauhin , nommé aussi pomum cotoneum , et par les Grecs cjdonion, du nom de la ville de Cydon, dans l'île de Crète, d'où cet arbre avoit été apporté. On ne doit pas le confondre avec le cotonea des Vénitiens , qui est une herbe semblable à l'origan. Voyez CUNILA. (J.) . COTONEUM (Zooph.), nom spécifique, suivant Pallas, de Va'cj'oiiiiim cydonium de Linna-us. (DeB.) M. r> 34 COT COTONNEUX. (Bot.) Trois espèces de champignons, re- marquables par leur surface veloutée ou cotonneuse, de couleur fauve ou rousse , par leur tige très-longue à fibres droites ou torses , et par leur racine pivotante , constituent la petite famille des cotonneux ou des perchés pivotans, établis par Paulet dans le genre Agaric de Linnaeus , qui forme chez le premier le genre qu'il nomme champignon. Les trois espèces qu'il décrit, croissent aux environs de Paris, dans les bois, en automne : elles ont six à huit pouces de hauteur , peu de chair et une surface sèche ; elles ne sont point mal-faisantes , néanmoins on ne les mange paS. Le Cotonneux a feuillets roux, Paulet, Traité, 2 , p. 2 , 16 , pi. 101 , f. 1. C'est le plus élevé des trois : sa tige est torse. Le Cotonneux a feuillets blancs, Paul., 1. c. , planch. 101, f. 2, 3, est peut-être Vagaricus leoninus , Schaeffer, t. 41. Il a la tige torse et les feuillets de couleur blanche, selon Paulet. Le Cotonneux retroussé, Paul., pi. 101, fig. 4, est sans dovite Vagaricus macrourus de Scopoli : sa tige est droite, ses feuillets sont d'un beau blanc, et son chapeau finit par se retrousser et se recroqueviller en - dessus , de manière à représenter une bourse à cordon à demi fermée. (Lem.) COTONNIER, Gossjpium. (Bot.) Genre de plantes dicoty- lédones, de la famille des malvacées , de la monadelphie polyan- drie de Linnaeus, caractérisé par un double calice persistant, l'extérieur à trois divisions profondes ; l'intérieur , plus court , à cinq découpures ; cinq pétales ; un grand nombre d'éta- mines monadelphes ; un style; trois ou quatre stigmates ; une capsule ovale à trois ou cinq valves, autant déloges, renfer- mant chacune plusieurs semences enveloppées d'un duvet floconneux, long, très-fin, que l'on nomme coton. Ces flo- cons se gonflent et dél)ordent de toutes parts, lorsque la capsule s'ouvre par la maturité. Dans les ouvrages d'agricul- ture on donne Indifféremment aux capsules le nom de coques ou de gousses. Ce genre, composé d'arbrisseaux , rarement de plantes her- bacées , presque toutes originaires des Indes orientales ou de l'Amérique , renferme des espèces la plupart infiniment in- téressantes par cette bourre précieuse fournie par les fruits COT 35 (iu cotonnier, et qui est ^. pour les états civilisés, une des plus riches productions du règne végétal. La découverte de l'Amérique nous a procuré plusieurs belles espèces de coton- niers cultivés avec succès dans cette nouvelle partie du monde. Le coton que l'on en retire , est devenu l'objet d'un commerce très- étendu et fort avantageux. Cependant ce duvet précieux étoit connu depuis long-temps dans l'Asie- Mineure, dans l'Egypte , la Perse, les îles de la Grèce et, enfin, dans l'Europe , où l'usage de porter des vêtemens de coton ne fut introduit que beaucoup plus tard. Pline dit que la partie de la haute Egypte qui confine à l'Arabie , pro- duit un petit arbrisseau que les uns appellent gossipion, et les autres xjlon , d'où les tissus qu'on en fait ont pris le nom de xjlina; que son fruit, qui ressemble à celui de l'ave- line , entouré de son enveloppe barbue , contient un duvelf que l'on file ; qu'on en fabrique des étoffes qui ne le cèdent à aucune autre, ni en mollesse , ni en blancheur, et que les prêtres égyptiens en portent des vêtemens auxquels ils atta- chent un grand prix. Il est très -vraisemblable que Pline a désigné dans ce passage (ajoute M. Desfontaines, Hist. des arbr.) le coton herbacé ou de Malte, originaire d'Egypte et d'Arabie; mais le nom de coton herbacé, que Linnœus lui a donné, est impropre, parce que sa tige devient ligneuse, lorsqu'il croît sous un climat très-oiiaud. M. Desfontaines en a observé, au Bildulgérid , des individus qui avoient près de six pieds de hauteur et dont le tr'onc étoit de la grosseur du bras. A la vérité, ceux que l'on cultive dans des régions plus tempérées , s'élèvent peu , et ont des tiges presque her- bacées , quoique les uns et les autres appartiennent évidem- ment à la même espèce. L'usage des vêtemens de coton est aujourd'hui si répandu dans toutes les classes de la société , le nombre des manufac- tures en est si multiplié, les bénéfices qu'elles produisent sonfc si considérables, qu'il n'est plus possible d'y renoncer, et l'on tenteroit inutilement de substituer au coton le lin et le chan- vre, parce qu'ils n'offriroient pas, à beaucoup près, d'aussi grands avantages. Mais, comme il est difficile, en temps de guerre , de se procurer des pays étrangers une assez grande quantité de coton pour subvenir aux besoins des raanufac- 5^ COT tures , les agriculteurs qui réussiroient à en propager la cul- ture , inériteroient d'être encouriigés et secondés. Si elle pouvoit se réaliser , elle seroit infiniment avantageuse au commerce et à la prospérité publique. Mais ce genre de culture demande des soins particuliers et des essais très- jnultipliés, si l'on veut savoir jusqu'à quel point il peut être utile, et si l'on veut en assurer le succès. (Desfont., loc. cit.) Les cotonniers sont remarquables par des feuilles assez grandes, alternes, pétiolées , lobées ou palmées à leur con- tour; par de grandes et belles fleurs, dont le calice extérieur est divisé en trois folioles très-amples, presque en cœur; et surtout par les fruits, qui s'ouvrent à leur maturité, et laissent échapper un duvet cotonneux très- abondant , sou- vent d'une grande blancheur. Plusieurs observateurs éclairés , qui ont suivi avec soin la culture des différentes espèces de cotonnier, tels que MM. Rohr et Badier, ont reconnu , par une longue expérience, l'insuflisance des caractères employés par les botanistes pour la distinction des espèces, assez généralement établies sur la forme des feuilles, sur le nombre de leurs lobes, sur les glandes que l'on observe à la surface inférieure des nervures. L'expérience a démontré que très-souvent le même individu produisoit des feuilles à trois ou à cinq lobes , glabres ou velues, avec ou sans glandes; que les stipules étoient plus ou moins alongées, placées de différentes manières, au point qu"il est impossible de déterminer avec une exactitude rigou- reuse l'espèce que l'on veut désigner. Les semences ont paru, à ces mêmes observateui-s, pouvoir fournir des caractères plus sûrs, moins variables. Telle est la base du travail intéressant de M. Rohr sur les cotonniers cultivés dans les ilcs de l'Amé- rique. 11 les dislingue, i.° en cotonniers dont la semence est rude et noire; 2.° dont la semence est d'un brun obscur, à surface lisse, veinée ; 3." ceux dont la semence présente une surface parsemée de poils très- courts, tellement que l'on peut aisément distinguer la couleur de l'écorce , les veines plus difficilement ; 4." ceux dont la surface de la semence est , en partie ou en entier, couverte de poils épais au point qu'on ne peut plus distinguer la couleur de lécorce , etc. Chacune de ces sous- divisions renferme, dans l'ouvrage de COT 57 M. Rohr, un assez grand nombre d'espèces ou de variétés, qu'il n'a désignées que par des noms vulgaires , sans y appliquer aucun de ceux employés par Liiinanis et autres botanistes. Mais, ces caractères ne pouvant être appréciés que par ceux qui ont pu suivre la culture de ces plantes , nous nous bor- nerons à faire connoître les principales espèces mentionnées par les botanistes , telles qu'ils les ont caractérisées. Cotonnier herbacé ou de Malte : Gossjyium herbaceum , Linn. ; Cavan. , Diss. , 6 , tab, 1 64 , fig. 2 ; Canier. , Epit. , 200 ; liObel, Icon., 65o ; Dodon. , Pempt. , 66. Cette espèce est une des plus généralement cultivées en Europe , comme à Malte et dans la Sicile, ainsi qu'en Barbarie, dans la Syrie, le Levant et les îles de l'Archipel : elle paroît originaire de la haute Egypte. Dans les climats très- chauds ses tiges sont ligneuses, hautes de cinq à six pieds; dans les régions plus tempérées elles s'élèvent moins et sont presque herbacées. Cette différence, occasionée par le climat, a fait croire que parmi les cotonniers cultivés, tant en Europe que dans le Levant, il y avoit au moins deux espèces. Ces tiges sont un peu rougeàtres à leur partie inférieure, velues et hispides vers leur sommet , parsemées de petits points noirs; les rameaux courts ; les feuilles vertes , molles, assez grandes, divisées en cinq lobes courts, élargis, arrondis et mucronés, et souvent munies sur leur dos d'une glande verdàtre peu sensible ; les pétioles hispides et ponctués; deux stipules opposées, lancéo- lées ; les pédoncules axillaires vers l'extrémité des rameaux, terminés par une grande et belle fleur jaune ; les trois folioles du calice extérieur larges et fortement dentées à leurs bords. Cotonnier VELU : Gossjpium hirsutum, Linn.; Cavan., Diss., 6, tab. 167 ; Pluken., Almag., tab. 299, fig. 1 ; Sabb., Hort. 1 , tab. 55. Cet arbrisseau a été découvert dans les pays chauds de l'Amérique. Ses tiges s'élèvent à la hauteur de trois ou quatre pieds , et se divisent en rameaux étalés , hérissés de poils et garnis de feuilles pileuses en-dessous, à trois ou cinq; lobes aigus, quelquefois obtus; les feuilles supérieures entières , en cœur; les pétioles velus : les fleurs, placées vers l'extré- mité des rameaux, sont larges et de couleur purpurine un peu sale; les capsules ovales, à quatre loges, presque de la grosseur d'une pomme : elles fournissent un coton soyeux 38 COT très - fin . fort estimé dans le commerce, adhérent à des semences verdàtres. CoTOXXiER DES Barpapes : Gossypium barbadensf . Linn. : PIu- ken. . Almag., tab. iS8. fig. i. Ce cotonnier, que Ion croit originaire de l'Amérique . est un arbrisseau de cinq à six pieds de haat. Ses tiges et ses rameaux sont glabres : les feuilles lisses, les inférieures à cinq lobes, les supérieures à trois lobes entiers . aigus, pourvues de trob glandes sur le dos : les fleurs très-grandes, d'un jaune foncé : le fruit assez gros, très-abondant en coton; les semences noires. Aublet rap- porte que l'on fait avec ces semences, à Cayenne . des émul- sions pectorales et rafraichissantes . et que l'on en tire aussi de l'huile à brûler. CoTONNiEa DES Indes : Goss^-pium indicum . Linn. : Cavan. , Diss., 6. tab. 160 : Rumph. Amh.. 4, tab, 12. Arbrisseau de dix à douze pieds de haut, dont les rameaux sont pubescens , un peu lanugineux vers leur sommet: les feuilles d'une grandeur médiocre, à trois lobes courts, ovales, aigus, sans glandes, souvent parsemées en-dessous de petits points noirs, velues sur les pétioles et sur les nervures: les fleurs assez grandes; les pédoncules courts : les trois folioles du calice extérieur entières ou un peu dentées à leur sommet : les pétales jau- nâtres . marqués à leur base d'une tache d'un pourpre brun ; les capsules ovales, coniques, aiguës, s'ouvrant en trois ou quatre valves : elles renferment des semences noirâtres, en- veloppées d'un coton très- blanc. Il croit aux lieux humides . dans les Indes orientales : il est cultivé dans plusieurs cantons du même pays. CoTOXMEa. EX AtBRE : Goss\~pium arhoreum , Linn.: Cavan., Diss.. 6 , tab. i65 : Cadupanli. Rheed.. Malab.. 1 . tab. 5i Alpin.. ^ïigy-pt. , tab. 5S. Cet arbre s'élève à la hauteur de quinze ou vingt pieds : il croit dans les Indes , ainsi qu'en Eg\-pte et en Ai^ie. Il est très -distingué par ses fleurs d'un rouge brun ; ses rameaux sont un peu pileux vers leur sommet ; les feuilles palmées , à cinq lobes lancéolés , digités ; une glande sur la nervure postérieure : les pétioles un peu velus, ainsi que les nervTires dorsales : les stipules petites , subulées: les pédoncules courts, solitaires, uniflores ; les folioles du calice extérieur entières . quelquefois tridentées : les capsules COT Sç, ovales, aiguës, à trois ou quatre valves, autant de semences dans chaque loge, enveloppées d'un coton blanc très-abon- dant, dune excellente qualité : il passe pour le plus fin de l'Inde : on le recherche à cause de sa souplesse et de sa grande blancheur. Cotonnier a feuilles de vigne: Goss^-pium vihjoUum . Lamk., Encjcl. , 2 , p. i55 ; Cavan. , Diss. , 6, tab. iCC: Rumph, Jmb.. 4, tab. i3: Merian , Surin., tab. lo. Ce cotonnier croit à risle- de -France et aux lies Célèbes. Ses rameaux sont presque glabres, chargés, ainsi que les pétioles, de points tuberculeux :^es feuilles grandes, palmées, profondé- ment découpées en cinq lobes ovales -lancéolés, tres-aigus, glabres en-dessus, un peu velus en - dessous , munis d'une glande sur une des nervures; les fleurs grandes, jaunâtres, tachées de pourpre à leur base. Cotonnier a trois pointes: Gossj-pium tricuspidatum , Lamk., Encycl. , 2, p. 1 55 ; GossjjiiuTn religiosum , Linn. ? Cavan., Disi. 6, tab. 164, fig. 1. Arbrisseau des Indes orientales, haut de trois ou quatre pieds, divisé en rameaux un peu velus vers leur sommet, garnis, ainsi que les pétioles, de petits points noirs: les feuilles sont glabres . vertes, assez grandes, munies d'une glande sur une nenure dorsale : les feuilles inférieures en cœur, à trois angles très- aigus, écartés: les fleurs sont blanches, ou d'un blanc de soufre, souvent avec une teinte rose ou purpurine vers leur bord : les pédoncules velus: les trois folioles du calice extérieur en cœur, divisées au sommet en découpures profondes, très-aiguës : les cap- sules courtes, pointues, renfermant un coton doux, très- blanc, mais très - adhérent aux semences. "Willdenow dit que dans le gossfpium Tcligiosum le coton est d'un jaune de safran pale. Ne seroit-ce point le cotonnier de Siam. dont parle M. de Lamarck (Encycl., 2 , p. i56 , obser>\) ? Le même rap- porte . mais avec doute , au gossj-pium latifolium , Murr. , Comnu, 1---6 , p. 02, tab. 1 , son gossj-pium glabrum, n." 8 , glabre sur ses rameaux et ses pétioles, mais hérissé de points tuberculeux: les feuilles divisées en trois lobes profonds, aigus , glabres , d'un vert foncé. Il est originaire des An- tUles. Cotonnier dc Pérou : Gossj-pium perunanum , Cavan., Dis- 40 COT sert., G , fab. i68 ; Lam. , III. , tah. 586 , fig. i. Arbrisseau de trois pieds , garni de grandes feuilles en cœur , tomen- teuses, munies de trois glandes ; les feuilles inférieures en- tières, ovales, aiguës, les supérieures à cinq lobes acuminés; les trois folioles extérieures du calice en cœur, auriculées, laciniées à leur sommet, une glande à leur base; le calice intérieur parsemé de points noirâtres ; une grande corolle jaune, un peu velue , rougeàtre à sa base ; les capsules ovales, acuminées, à trois valves; les semences noirâtres, chargées d'une laine très- longue et fort blanche. Cotonnier a petites fleurs; Gossypium micranthum , Cavan. , Diss., 6, tab. igo. Ses tiges sont rougeàtres, hautesd'un pied et demi , glabres, parsemées de poinis noirâtres, ainsi que les pétioles et les pédoncules ; ies feuilles à cinq lobes très- obtus, munies d'une glande au-dessus de leur base; le calice extérieur à trois divisions profondes, laciniées, plus longues que la corolle; le calice intérieur plus court , à cinq dents; ies pétales jaunes, ovales, aigus, tachés de pourpre cà leur base , vm peu pubescens en dehors ; quatre stigmates ver- dàtres. Cette plante croît dans la Perse. On cultive au Jardin du Roi , sous le nom de Gossj-pium pur- purascensi Voir., Encyl., supp. 2 , p. 069) , un cotonnier ori- ginaire des Antilles, dont ies rameaux spnt d'un brun rou- geàtre ; les feuilles en cœur, pubcsccntes en-dessous, a trois lobes ovales, aigus; les pétioles un peu velus ; les fleurs axil- iaires, solitaires; les trois folioles extérieures du calice gla- bres, laciniées à leurs bords; le calice intérieur court, tronqué, ponctué; une capsule ovale, acuminée, à trois valves. M. Ledru m'a communiqué un cotonnier de Porto-Ricco, Gussjpium racemosum (Poir. , Eiicycl., 1. c), qui est peut-être le colon de Porto-Fiicco (Rohr, Observ. sur le coton, trad.fr., p. 64). Les rameaux sont épais, très-glabres : les feuilles à trois lobes acuminés ; i* s fleurs solitaires ou réunies deux ou trois, pédicellc'es; ies pédoncules durs, roides, un peu angu- leux ; lis trois folioles .lu calice extérieur élargies , incisées à leurs bords; les capsules s'ouvrent à leur sommet en trois valves aiguës; les semences sont noires, entourées d'un coton jBn , très -blanc, difficile à détacher. COT 41 Culture j, fabrication et commerce du coton. La culture du cotonnier en Europe est particulièrement relative à la première espèce, à celle que j'ai nommée colon herbacé ou de Malte ; j'ai dit que cette espèce étoit herba- cée ou ligneuse, selon la chaleur du cliaiat suus lequel on la cultivoit. Ainsi on ne doit reconnoître qu'une seule espèce cultivée en grand, .tant en Europe que dans le Levant, les îles de la Grèce, la Barbarie , etc. Cette culture est un objet de la plus grande importance , et un article de commerce très- avantageux. Avant la découverte de FAmérique, tout le coton qui se voyoiten Europe venoit, ou des grandes Indes, de la Perse , ou de cette partie de l'Asie mineure située sur les bords de la Méditerranée, peut-être aussi de l'Ara- bie et de l'Egypte. 11 a été ensuite cultivé en grand dans lile de Malte , la Sicile , une partie de la Calabre et quelques îles de TArchipel. On en a également essayé la culture dans plusieurs autres contrées de l'Italie, en Toscane, enSardaigne, en Corse. Il est étonnant que cette culture ait été abandon- née , quoique les premières tentatives eussent fait espérer beaucoup de succès. Il a été plus récemment cultivé en Es- pagne, particulièrement dans le royaume de Valence, où des champs entiers, ensemencés de cotonniei^s, fournirent une ré- colte assez considérable, qui fut évaluée, dès les premières années, à 400 quintaux de coton. Ce produit auroit dû en- courager les cultivateurs. Ces cotonniers étoient des arbris- seaux de quatre à cinq pieds de haut. Les semences, d'après les observations d'Ortega, dans le Supplément à la More es- pagnole de Queer, se mettent en terre au mois de MaFS, à peu près comme on plante les haricots, et, pour qu'elles lèvent plus aisément, on les laisse tremper dans l'eau pendant vingt-quatre heures, avant de les semer. Après cette opéra- tion , il faut arroser la terre , et continuer ces ai'roseitîens jusqu'à ce que les jeunes pieds de cotonnier soient parve- nus à une certaine hauteur. Dès qu'ils sont en pleine vigueur, ils peuvent se passer d'arrosemens , et ils produisent leurs fruits sans ce moyen, surtout dans le royaume de Valence, où des rosées abondantes remévlient à la sécheresse du sol. La récolte du coton se fait ordinairement au mois de Septem- /.3 COT bre , et dans les années les plus sèches on en fait même rleux , l'une en Juillet, l'autre en Septembre. Lorsque le cotonnier se trouve dans un bon terrain, à l'abri des vents froids , sur- tout quand on a soin de réchauffer la terre autour du tronc, à l'endroit où il sort de terre, il se conserve pendant quatre ans , et les arbres ainsi traités produisent plus de coton que ceux que l'on plante tous les ans. On taille les cotonniers à peu près comme on taille la vigne , en enlevant tout le bois superflu , et ne laissant que le productif. La première année, un cotonnier ne pro- duit guère qu'une cinquantaine de coques ; la seconde , à peu près deux cents ; la troisième , six cents , et même da- vantage ; la quatrième année il commence à perdre de sa vigueur : il ne produit plus alors que peu de coton, et d'une qualité inférieure a celui des premières années. Le cotonnier cultivé dans l'ile de Malte et en Sicile est herbacé et annuel. Les terres destinées à cette culture sont de bonne qualité, bien meubles, nettoyées de mauvaises herbes. On commence à les labourer au mois de Novembre, et on répète ce labour quatre à cinq fois jusqu'au mois d'Avril. I^orsque la terre est bien labourée, on l'arrose dans les derniers jours de Mai, et lorsqu'elle est médiocrement humide et imbibée d'eau , on y sème la graine du cotonnier, que Ton tient déposée , avant de la semer , dans une fosse creusée en terre et remplie d'eau. On a soin de bien frot- ter les graines, de les remuer souvent, pour les débar- rasser des filamens qui y restent attachés ; on parvient ainsi à rendre ces graines plus propres à une prompte végéta- tion. Comme les graines que l'on retire du coton que pro- duit la Sicile, dégénèrent et cessent de donner du coton de bonne qualité , les cultivateurs font venir de Malte celle du coton qu'on appelle harbaresco. Les Maltois se pourvoient réciproquement de la graine de coton que produit la Sicile. Ils la font manger à leurs bœufs, leurs vaches, leurs chevaux, leurs ânes et leurs mules , après l'avoir laissée dans l'eau pen- dant plusieurs jours. On a remarqué que cette graine étoit pour eux une excellente nourriture. On sème au mois de Mai la graine du cotonnier , et lors- qu'elle est semée, les paysans égalisent la surface du terrain. COT 45 opération très- importante , à cause iatilis par Willughbyj capitatus , par quelques auteurs; capo-grosso , par les Italiens, et bull-head, par les Anglois. Le chabot est très-commun et fort fécond. La femelle , plus grosse que le mâle , paroît comme gonflée dans le temps oiJ SCS œufs sont près d'être pondus. Les protubérances for- mées par les deux ovaires à cette époque , sont assez élevées et assez arrondies pour qu'on les ait comparées à des ma- melles. Puis , comme il n'y a qu'un pas d'une comparaison peu exacte à une hypothèse absurae, de célèbres naturalistes ont écrit que la femelle du chabot avoit dis rapports de forme et d'habitudes avec les animaux à mamelles , qu'elle couvoit ses œufs, et qu'elle perdoit plutôt la vie que de les aban- donner. (Voyez la réfutation de cette opinion erronée à l'article Poissons.) Comme celle du saumon , la chair du chabot devient rouge par la cuisson ; elle est très- agréable et constitue un aliment fort sain. Dès le temps d'Aristote on savoit que , pour le prendre avec plus de facilité, il falloit frapper sur les pierres qui lui servoient d« retraite ; qu'à l'instant il s'échappoit et se jetoit étourdimenr dans le blet ou dans la main du pêcheur, de laquelle il se débarrasse pourtant avec facilité , en raison de la grande viscosité de sa peau , qui l'aide à glisser. Le Cotte noir ; Cottus niger, Commerson. Un seul aiguil- lon de chaque côté de la tête; mâchoire inférieure avancée ; corps couvert d'écaillés rudes; museau arrondi; ouverture de la bouche très- grande; dents courtes, serrées sur les mà- ohoires et au gosier ; palais lisse : taille d'environ six pouces. La couleur générale est noire ou d'un brun noirâtre ; la seconde nageoire du dos, celle de l'anus et celle de la queue sont bordées d'un liséré plus foncé, ou pointillées de noir; la première nageoire dorsale présente plusieurs ni'.ances de jaune et deux bandes longitudinales noirâtres j l'iris est noir. 64 COT §. II. Tète épineuse ; deux nageoires dorsalei. Le Scorpion ou Crapaud de mer : Cottus scorpius , Linn. ; Bloch , /(O. Une petite épine au devant de chaque œil ; deux fortes épines à l'opercule , et deux aux os de l'épaule ; corps parsemé de petites verrues comme épineuses, et beaucoup moins marquées dans les femelles que dans les mâles ; dos brun avec des raies et des points blancs ; ventre mêlé de blanc et de brun ; nageoires rouges avec des taches blanches. Les yeux sont grands , alongés, rapprochés l'un de l'autre , et placés sur le sommet de la tête -, les mâchoires sont exten- sibles et hérissées, comme le palais, de dents aiguës; la langue est épaisse, courte et dure; l'ouverture des branchies, large; l'opercule composée de deux lames ; la ligne latérale, droite et formée d'une série de corpuscules écailleux ; la nageoire caudaie arrondie ; les catopes sont assez longs. L'œsophage est large et plissé ; l'estomac long ; le canal intestinal a une seule sinuosité, et est accompagné de quatre cœcums ; le foie est bilobé. Ce poisson habite l'Océan atlantique. Il est très-vorace, très-audacieux et très-agile. Il attaque les blennies , les gades, les chipées, les saumons , les combat avec acharnement , et en triomphe souvent : cela paroîtra moins étonnant à ceux qui sauront que, dans certaines mers, le cotte-scorpion peut atteindre une longueur de plus de six pieds. • Sa chair est peu agréable et peu recherchée tfts pêcheurs. Les Groenlandois seuls et quelques habitans des zones glacées en font un objet de noun-iture. En Norvvège, où il est fort commun , on fait de l'huile avec son foie. Sur les côtes d'Al- lemagne on en nourrit les cochons. En Daneniarck, on ordonne la chair du scorpion de mer comme un remède efficace contre les maladies de la vessie. La conformation de ses opercules branchiales lui donne 1» faculté de vivre pendant quelque teuips hors de l'eau. C'est pendant l'été qu'il s'approche des rivages; mais com- munément l'hiver est déjà avancé lorsqu'il dépose ses auis, dont la couleur est rougeàtre. Le Cotte a quatre cornes: Cottus quadricornis , Linn.xus. COT 65 Quatre tubercules osseux, rudes, poreux , sur le sommet de la tête ; les deux plus voisins du museau sont plus hauts et plus arrondis que les deux postérieurs : plus de vingt apo- physes osseuses et piquantes sur différentes parties de la tête ou du corps; on en distiugue surtout deux au-dessus de la membrane des branchies , trois de chaque côté du carré formé par les cornes, deux auprès des narines, deux sur la nuque , et une au-dessus de chaque nageoire pectorale. Ce poisson a d'ailleurs beaucoup de ressemblance avec le cotte-scorpion , dont il a les habitudes. Il vit de même dans l'Océan atlantique septentrional , et particulièrement dans la Baltique. Egalement fort et audacieux, il poursuit sa proie avec une grande rapidité , ou se tient en embuscade au milieu des fucus , parmi lesquels il dépose ses œufs qui sont d'une couleur assez pâle. On assure que , dans certaines saisons , il remonte les fleuves , où il trouve avec plus de facilité les vers, les insectes aquatiques et les jeunes poissons qui font aussi sa nourriture. On dit encore que sa chair est plus agréable que celle du scorpion de mer, quoique Othon Fabricius prétende préci- sément le contraire. Selon Bloch , il n'y a que les pauvres qui en mangent ; mais elle est très-employée comme appât pour la pêche. Sa taille est moins considérable que celle du précédent. Il a le dos plus brun, et le ventre d'un brun jaunâtre. Il présente sept cœcums ; un foie grand et non divisé ^ situé plus à gauche qu'à droite , et adhérent à la vésicule du fiel ; un canal intestinal deux fois recourbé ; un péritoine noirâtre , de même que les membranes des ovaires. Pallas avertit que chez certains individus , en raison de leur jeunesse ou de leur sexe, les tubercules osseux de la tête ne se rencontrent point. Le Bubale; Cottus bubalis , Euphrasen. Tête déprimée, rugueuse , épineuse , bicorne ; yeux verticaux , rapprochés ; ligne latérale rude, tuberculeuse; quatre rayons aux catopes. Ce poisson vit dans l'Océan occidental , aux environs de Bahus en Suède. §. III. Trois nageoires dorsales. Le Cotte VELU ; Cottus hispidus , Schneider, tab. i3. Corps 11. 6 c^G COT noir, velu; tête très- irrégulière, sillonnée entre les yeux; ligne latérale épineuse; bouche très-grande; quatre rangs d'aiguillons courts, engainés au-dessus de la ligne latérale, et étendus de la tête à la queue; quatre rayons aux catopes. De New- York. Le Cotte acadien, Coltus acadianus , Pennant. Tête et oper- cules hérissées d"épines ; nageoires dorsales épineuses ; cau- dale arrondie ; teinte générale mêlée de jaune et de pourpre sale : taille de cinq pouces. De la Nouvelle- Ecosse. Cotte grognant ; Cottus gruniens , Linnaeus. C'est un Ba- TRACHOÏDE. ( VoyCZ CC mOt et GROiVOEUR.) Cotte madégasse ; Cottus madagascariensis , Commerson. (Voyez Platycéphale.) Cotte austral; Cottus auslralis , John V\'hile. (Voyez Ras- casse et SCORPÈNE. ) Cotte marseillois; Cottus massiliciisis . Gmelin. (Voyez Scor- pÈNE et Rascasse.) Cotte japonois; Cottus japonicus. Fallas. (Voyez Aspidophore.) C'est ï Aspidophoi'e iisiza. Cotte brodame; Collas Irodamus , OlafTen. C'est VAspido- phore armé. (Voyez Asptdophore. ) Cotte steller ; Cottus Stelleri , Schneider. C'est probable- ment un Aspidophore. (Voyez ce mot.) Cotte monoptérygien ; Cottus monopteiygius , Linnœus. C'est VAspidophoroïde Tranquehar. (Voyez Aspidophoroïde. ) Cotte raboteux; Cottus scaher, Linna-us. (Voyez Platycé- phale.) Cotte insidiateur ; Cottus insidialor, Forskaël. (Voyez Pla- tycéphale. ) Cotte cuirassé; Cottus cataphractu s , Linnaîus. Voyez Aspi- dophore. (H. C.) COTTERET GARU {Ornith.) , nom sous lequel est connu, dans le département de la Somme, le combattant, tringa pugnax, Linn. (Cm. D.) COTTI-KELENGOU. (Bot.) Dans un herbier de Pondi- chéry , transmis par Cossigny à Commerson , ce nom est donné à un aponoget, aponogeton monostachjum , qui est la parua- leïanga {Hort. malab. , vol. 1 1 , p. 5i , t. 1 5 ). 11 Faut bien le COT 67 distinguer du latsi-lelengu des Malabares, qui est un igname, et du kattu-kelengu , espèce de liseron. (J.) COT-TOAI-BO. {Bot.) Le polfpodium repandum de Loureiro porte ce nom en Cochinchine. Il croit en Chine. Selon les livres chinois , on l'emploie pour diminuer l'épaisseur du sang, contre les vers, comme odontalgiquc , et dans les fractures des os. Les frondes de cette fougère partent en touffe d'un stipe haut d'un pied; elles sont ovales, entières, sinueuses sur les bords : les fructifications sont des points jaunes disposés en lignes. Il est difficile de reconnoitre si la plante de Loureiro est bien celle de Linnseus. (Lem.) COTTONS. (Ornith.) Suivant le P. Labat, on appelle ainsi les petits des oiseaux qu'il décrit, dans son Voyage aux îles françoises de l'Amérique , t. 2 , p. 408 et suiv. , sous le nom de diables, et que Buffon croit être des pétrels, tandis que d'autres naturalistes les regardent comme une espèce de chouettes. (Ch. D.) COTTORNO (Ornith.) , nom italien de la bartavelle , letrao riifus , Linn. , qui s'appelle aussi cotitrnicc et chotronisse, (Ch. D.) COTU-EL-SADJAR. (Bot.) Voyez Cotum. (J.) COTULE, CoTULA. {Bot.) [Corjmhifères , Juss. Syngénésie polygamie superflue, Linn.] Ce genre de plantes, de la famille des synanthérées, appartient à notre tribu naturelle des anthémidées , dans laquelle nous le plaçons auprès du gjmnostyles et du grangea. La calathide est discoïde, composée d'un disque multiflore, régulariflore , androgyniflore , et d'une couronne unisériée ou plurisériée, apétaliflore , féminiflore. Le péricline, égal aux fleurs, est subhémisphérique, formé de squames pauci- sériées à peu près égales, appliquées, ovales- oblongues, subfoliacées. Le clinanthe convexe est stipifère, c'est-à-dire que ses aréoles ovarifères sont élevées sur des stipes ou petites colonnes charnues : ces stipes , très-courts dans le milieu de la calathide, sont d'autant plus longs qu'ils s'éloi- gnent davantage du centre. L'ovaire des fleurs du disque est petit , oblong , inaigretté ; celui des fleurs de la cou- ronne est très-grand , elliptique , comprimé antérieurement et postérieurement , quelquefois muni en apparence d'une 68 COT petite aigrette coroniforme , qui n'est réellement qu'un vestige de corolle avortée et continue à Tovaire. Les co- rolles du disque sont ordinairement quadrilobées ; celles de la couronne sont tantôt absolument nulles , tantôt réduites à un simple rudiment. On compte dans ce genre environ quinze espèces : ce sont des plantes herbacées , dont la plupart sont annuelles et habitent le cap de Bonne-Espérance ; leurs calathides sont terminales, composées de fleurs' jaunes , et leurs feuilles presque toujours pinnées. Elles ne sont intéressantes que pour les botanistes : c'est pourquoi nous nous abstiendrons d'en décrire aucune. On cultive ordinairement dans les jardins de botanique les cotulçi coronopifolla et antliemoides , sur lesquelles nous avons observé les caractères génériques exposés ci- dessus, dont deux sont très- remarquables , la couronne apétaliflore et le clinanthe stipifère. (H. Cass.) COTUM. (Bo^) Suivant Rauwolf, ce nom est donné, dans les boutiques du Levant et dans la Barbarie , au coton , qui est nommé chez les Italiens goltonum ou coLtomnn , ou bomhasus. C'est le gotnemsagiar des Egyptiens, suivant l'rosper Alpin, et le cotu-el-sadjar des Arabes selon Forskaël. On en peut conclure que le nom françois dérive de l'arabe , après avoir subi une première altération dans l'Italie. (J.) COTURLIOU. (Ornith.) Voyez Cotrelus. (Ch. D.) COTYLEDON. (Bot.) Voyez Cotylet. (L. D.) COTYLÉDON. (Corallin.) Lobel désignoit ainsi le corps organisé que Linnaeus a nommé acetahulum lubulosum. (DeB.) COTYLÉDONS, Cotjkdones. {Bot.) Les cotylédons sont les premières feuilles de la plante visibles dans la graine. Souvent l'embryon est accompagné d'un périsperme, subs- tance particulière qui , au moment de la germination , fournit à la jeune plante un aliment tout préparé; alors les cotylédons sont minces : ils prennent, en se développant, l'apparence de véritables feuilles, et portent en cet état le nom de feuilles séminales : voyez, pour exemple, la belle de nuit. Dans le cas contraire , les cotylédons sont épais et charnus; ils nourrissent l'embryon à défaut du périsperme, et ne prennent point, en se développant, l'apparence de feuilles: ceux du haricot, par exemple, sont dans ce cas. COT 69 Le nombre des cotylédons sépare les végétaux cotylédonés en deux grandes classes, dont les caractères extérieurs s'ac- cordent presque toujours avec ceux que fournissent l'organisa- tion intérieure et la manière dont le développement s'etlectue. La première classe comprend les végétaux qui n'ont qu'un cotylédon, ou les monocotylédons; la seconde renferme ceux qui ont plusieurs cotylédons, ou les polycotylédons, désignés ordinairement par le nom de dicotylédons , parce que le nombre de leurs cotylédons passe rarement deux. (Mass.) COTYLÉPHORE, PLatjstacus cotylephorus {Ichthjol.) -. nom spécifique d'un poisson du genre Asprède. Voyez ce mot dans le Supplément du 3." volume. (H. C.) COTYLET; Cotjledon, lÀnn. (Bot.) Genre de plantes dico- tylédones, polypétales , périgynes, de la famille des joubai"- bes , Juss. , et de la décandrie pentagynie, Linn., dont les principaux caractères sont les suivans : Calice monophylle, à cinq divisions profondes ; corolle monopétale, campanulée ou infondibulifornie , à limbe partagé en cinq découpures; dix étamines à filamens insérés à la base de la corolle, et por- tant des anthères arrondies; cinq ovaires supérieurs, coni- ques, ayant chacun à leur base externe une écaille concave, et chacun d'eux étant terminé par un style astigmate simple ; cinq capsules oblongues, uniloculaires, polyspermes, s'ou- vrant du côté interne en deux valves. Les cotylets sont des arbustes ou des plantes herbacées à feuilles charnues et succulentes, opposées ou alternes, et à fleurs disposées en épi , en corymbe ou en panicule , à Fex- trémitc delà tige et des rameaux. On en connoît aujourd'hui environ vingt-cinq espèces, toutes naturelles aux climats tempérés ou un peu chauds de l'ancien continent, parmi lesquelles nous ferons seulement connoître les suivantes. CoTYLET oRBicuLÉ : CotylcdoTi orbiculdta, Linn. , Spec. 6i4; Sedum africanum frutescens incanum, foliis orbiculatis, Moris. , Hist. 5 , p. 474 , s. 1 2 , t. 7 , f. 39. Arbuste dont la tige est haute de deux à trois pieds , divisée en rameaux garnis de feuilles opposées, arrondies, rétrécies en coin à leur base, d'un vert très -glauque ; ses fleurs sont rougcàtrcs intérieurement, plus pâles en dehors , disposées au nombre de dix à quinze sur un pédoncule rameux , formant une sorte de panicule au 70 COT sommet de la tige ou des rameaux. Cette espèce est origi- naire du cap de Bonne-Espérance, et cultivée depuis assez long-temps dans les jardins de botanique. CoTYLET A FEUILLES CYLINDRIQUES ; Cofjkdon teretifoUd , Lam. , Dict. enc. 2, p. iSg. La tige de cette espèce est à peine haute d'un pied , partagée en quelques rameaux garnis de feuilles presque cylindriques obtuses, rétrécies à leur base ; ses fleurs, grandes, rougcàtres , à limbe réfléchi en dehors , sont pen- dantes et disposées en corymbe sur un pédoncule terminal , long d'environ un pied. Cette plante croit naturellement en Afrique, dans les lieux pierreux et sablonneux, au voisinage de la mer. CoTYLET OMBiLiQUÉ : Cotj'ledon iimhiUcus , Linn., Spec. 61 5, var. /3 ; Cotylédon umbilicus Venais, Clus. , Hist. , LXIII. La racine de cette espèce , vulgairement nommée nombril de Vénus, est vivace , tubéreuse, charnue; elle donne nais- sance à une tige cylindrique, glabre, droite, haute de six a dix pouces, assez souvent simple ou garnie de quelques rameaux courts, munie à sa base de plusieurs feuilles pétio- lécs , arrondies , concaves , crénelées , glabres et d'un vert gai ; les feuilles de la tige sont plus petites, alternes et un peu lobées. Ses fleurs sont assez petites, d'un vert jaunâtre, pédiculées, pendantes, et disposées, en assez grand nombre, en un épi terminal. Cette plante croit dans les lieux pier- reux et dans les fentes des vieux murs , en Espagne , en France, en Angleterre, etc. Les feuilles de cette plante ont une saveur visqueuse : elles passent en médecine pour être rafraîchissantes et légèrement astringentes; écrasées et réduites en pulpe, leur application soulage les hémorrhoides douloureuses. On en fait aussi, dans !es pays où la plante est commune , en les pilant avec de riiuile, une sorte d'onguent qu'on emploie pour guérir les brûlures. CoTYLET JAUNE : Cotyledon lutea, Willd. .Spec. 2, p. 767 ; Cotylédon flore luteo , radice repente, majus, Dodart, Mém., liGô, t. 73. Linnaeus avoit confondu cette espèce avec la précé- dente , comme n'«i étant qu'une variété ; mais elle en diffère sensiblement par sa racine rameuse, rampante, par ses feuilles plus grandes , un peu en capuchon, et par ses fleurs droites, cou 71 jamais pendantes, divisées jusqu'à moitié en cinq découpures lancéolées et aiguës. Ses fleurs sont jaunes, disposées en un épi terminal qui paroit feuille, à cause des bractées assez grandes, ovales, dentées, ou presque pinnatifides, qui sont à la base de chaque pédoncule. Cette espèce croît sur les rochers, en Portugal, en Italie, en France et en Angleterre. CoTYLET FAUx-sÉDON : Cotjledon sedoidcs , Dec. , FI. Fr. , vol. 5 , p. 621. Cette espèce est une petite plante annuelle, dont le port est celui d'un sédon ou d'une saxifrage. Sa tige, divisée, dès sa base , en plusieurs rameaux glabres , est haute d'un à deux pouces, garnie de feuilles nombreuses , oblongues, ob- tuses, convexes, droites, imbriquées, glabres et souvent rou- geàtres, ainsi que la tige elle-même. Ses fleurs sont blanches ou purpurines, assez grandes comparativement aux petites proportions du reste de la plante , et disposées au nombre de deux à six dans la partie supérieure des tiges. Cette plante croît parmi les pierres, dans le voisinage des neiges, sur les sommités des Pyrénées. ( L. D.) COTYLISCUS. {Bot.) Genre proposé par M. Desvaux, dans le Journal de botanique , 3 , n." 4, p. 164, pour le cochlearia nilotica de M. de L'isle, qu'il distingue par les silicules en cœur, presque à deux lobes, indéhiscentes, concaves en-des- sus, gibbeuses en-dessous, divisées par un sillon profond, la cloison plus haute que les valves dans le plus petit dia- mètre; les loges monospermes. (Poir.) COU. (Ornith.) Cette partie, qui chez les oiseaux s'étend depuis le trou occipital jusqu'à l'ouverture de la fourchette, comprend en devant la gorge , et par derrière la nuque et le chignon. On peut considérer le cou relativement à sa lon- gueur, à sa direction et à la manière dont il est couvert. Sous le premier rapport, il est très -long dans le flammant , le cygne, le héron , Panhinga, l'autruche ;long, dans les cour- lis, les chevaliers , les barges; court, dans les merles, les van- neaux, etc. ; très-court, dans les chouettes, les martins-pê- cheurs, les hirondelles, etc. Sous le second, il est droit dans le plus grand nombre des oiseaux, ondulé dans le cygne, tordu ou contourné dans certaines positions du torcol. Enfin, sous le troisième rapport , le cou est couvert d'une peau écailleuse dans le jabiru ; il est caroncule dans le dindon; garni 72 cou d'un simple duvet dans les vautours, de plumes loulTues dans les mouettes, de plumes courtes et serrées dans le canard sauvage , d'une sorte de crinière dans le grèbe cornu , de plumes pendantes et effilées dans les hérons , d'un bouquet de crins dans le dindon : arné, dans sa partie postérieure , d'un paquet de longues plumes chez le messager, de bouquets de plumes de différente structure dans certains oiseaux de pa- radis , dune barbe de plumes tombant sur le cou dans l'ou- tarde ; de colliers entiers ou partiels dans une espèce de merle, de tourterelle et dans une foule d'autres oiseaux; etc. (Ch. D.) COU-BLANC. (Ornith.) L'oiseau désigné sous ce nom dans Albin, tom. i.", p. 49, est le cul-blanc, vitrée ou motteux, niotacilla cenanthe , Linn. (Ch. D.) COU DE CHAMEAU (Bot.), nom vulgaire du narcisse des poètes. (L. D. ) COU DE CIGOGNE (Bol.), nom vulgaire d'une espèce d'érodion , erodium ciconium , "\'\'illd. (L. D.) COU -JAUNE [Ornith.) , nom donné par Buffon à une fauvette de S. Domingue, motacilla pensilis, Gmel. (Ch. D.) COUA. (Ornith.) M. Levaillant a nommé ainsi, dans son Ornithologie d'Afrique , une division de coucous qui ne pondent pas dans des nids étrangers. (Voyez Coucou.) On donne aussi vulgairement ce nom aux corneilles. (Ch. D.) COUA-BOUÉ. {Ornith.) On donne, en Piémont, ce nom et celui de coua-gros au merle de roche , turdus saxatilis, Gmel. (Ch. D.) COUA-NEIRA. (Ornith.) On appelle ainsi, dans le Pié- mont , le merle a plastron blanc , turdus torquatus , Linn. (Ch. d.) COUA-ROUS (Ornith.), nom du rouge-queue , motacilla erithacus, Linn., en Piémont, où l'on apijclle coua-roussa la gorge-bleue, motacilla suecica, Linn. (Ch. D.) COUACHO. (Ornith.) Ce nom languedocien désigne les bergeronnettes. (Ch. D.) COUALE. (Ornith.) La corneille corbinc , cornus corone, Linn., qui est désignée par ce nom en Sologne , l'est en d'au- tres endroits par ceux de couar et coua, (Ch. D.) COUAICOU. (Bot.) On trouve sous ce noui caraïbe, dans cou 73 l'herbier de Surian , une plante malvacéc qui paroit être un sida. (J.) COUAIROU (Bot.), nom caraïbe d'un quamoclit , ipomcea repanda, inscrit dans un herbier des Antilles préparé par Surian. (J. ) COUALIOS. (Entom.) On dit que, dans les départemens du midi de la France, les personnes qui soignent et culti- vent les vers à soie, nomment ainsi les œufs qui tardent à éclore , et les chenilles chétives et retardées dans la filature de leurs cocons. (C. D.) COUAMELLE. {Bot.) On donne ce nom, dans les envi- rons d'Orléans, à l'agaric élevé {agaricus procerus). "Voyez Coulemelle et Fonge. (Lem.) COU AQUE. (Bot.) Préparation de la racine de manioc, qui consiste à la dessécher, la râper et la rissoler ensuite pour lui ôter toute son humidité. On peut alors, dit Aublet, la conserver très-long-temps. 11 en possédoit qui étoit pré- parée depuis quinze ans et qui n'étoit pas détériorée. Une provision de dix livres de couaque suffit à un voyageur pour se nourrir pendant quinze jours. Quand on veut en faire usage , on en délaie pour un repas deux onces dans de l'eau ou du bouillon. (J.) COUBLANDIA. (Bot.) Aublet, qui avoit fait ce genre dans la Guiane , lui attribuoit des fleurs semblables à celles d'un mimosa , et un fruit qui étoit celui du muUera. Cette erreur étoit occasionée par l'entrelacement de ces deux arbres , qui les lui avoit fait confondre en un seul. M. Richard Va vérifiée sur les lieux , et il a supprimé le coublandia, qu'il faut rapporter au mullera moniliformis . (J.) COUCAI. (Ornith.) On nomme ainsi l'épouvantail , sterna fissipes, Linn. , sur le lac d'Aveillane. M. Levaillant donne ce nom aux coucous qui ont l'ongle du pouce long et droit, comme les alouettes. Voyez Coucou. (Ch. D.) COUCARELA. (Bot.) M. Gouan dit qu'à Montpellier on nomme ainsi une variété de figue jaunâtre en dehors etrou- geàtre à l'intérieur. (J.) COUCHE. (Min.) La plus grande partie de l'écorce du globe est divisée, par des séparations à peu près parallèles. 74 COU en tranches, dont on voit distinctement les deux surfaces. On donne a cette disposition ou structure principale le nom de stratiiication , et on nomme couches les tranches qui les composent. Quoique le nom de couche ne soit pas très- exact, parce qu il suppose des tranches couchées , c'est-à-dire , à peu près horizontales, et qu'il y a , au contraire, de ces tranches qui sont verticales , il a tellement prévalu que nous l'adopte- rons, en lui donnant une définition précise. Les Couches (Schichte) sont les parties ou tranches , soit (Iroites, soit sinueuses, à surfaces à peu près parallèles, dans lesquelles se divise un terrain stratifié '. Les couches des ter- rains de sédimens sont particulièrement nommées couches de dépôts (Flbtz). Les couches se subdivisent en Assises : ce sont les premières ou grandes subdivisions d'une couche , lorsqu'elles sont toutes de même nature. Feuillets , qui sont les subdivisions d'une couche , d'une assise ou d'un lit en parties minces. Bancs {Lager') : ce sont des couches d'une nature diffé- rente de celles qui composent une montagne ou un terrain, 1 M. Daubuisson propose de nommer strates les coucLes homogènes,, et couches, les lits de matières hétérogènes interposées entre les strates. (Min. de Freyberg, tome I."', p. 3g.) Bergmanu a distingué les bancs des couches, et il réserve ce dernier nom pour les bancs ou tranches horizontales ou à peu près. (Journ. des min. n.° i5, p. 55.) Le mot de couches, de movfrrgnes à couches, a pris maintenant une acception si bien déterminée parmi les géognotes , qu'on ne pense plus à en réduire la signification générale pour appliquer ce nom à une espèce particulière. Le nom de strate seroit peut- être meilleur , mais il n'est pas françois, et il faut n'admettre des noms et des mots nouveau.^ que quand il n'est pas possible de faire autrement. On ne peut établir aucune limite entre les couches horizontales et les couches inclinées. ' La signification que nous donnons ici au terme d'assise, est généra- lement adoptée. 2 On a proposé aussi de donner le nom spécial de couche et même de lits , à ce que nous nommons ici banc. cou 75 et qui ne se présentent qu'une ou deux fois au milieu de ce terrain. On rencontre souvent des bancs de pyrites dans le micaschiste : on voit un banc de grenat dans du gneiss auprès d'Elirenfriedersdorf. Lits : ce sont des couches de matières dilTérentes , strati- fiées parallèlement et constituant un terrain à couche. Exemple. La montagne de Montmartre , près Paris, est un terrain en couches (Flotzgebirge) , composé de lits de gypse et de lits de marne : les lits de gypse sont divisés en assises puissantes ; les lits de marne se séparent souvent en feuillets minces. La montagne de Breitenbrunn près Schneeberg, en Saxe, est composée de lits alternatifs de gneiss et d'amphibolite, entre lesquels on trouve un banc de fer sulfuré magnétique ; le gneiss est beaucoup plus feuilleté que Tamphibolite. On nomme toit d'une couche ou d'un banc, la paroi supé- rieure de cette couche , et mur ou même lit , la paroi infé- rieure. §. L" Des couches considérées isolément. En étudiant les couches isolément, c'est-à-dire, sans avoir égard aux rapports de structure et de position qu'elles peuvent avoir entre elles , on remarque d'abord que leur Épaisseur ou puissance a des dimensions très-éloignées. Dans quelques-unes cette épaisseur est telle qu'il est souvent diffi- cile de voir en même temps dans les coupes, soit naturelles, soit artificielles , les deux surfaces de ces couches : cela est rare, et ne se rencontre guère que dans le granité , la syénite, le porphyre, le calcaire saccaroide, la craie, etc. Il est assez difficile alors de distinguer ces couches des masses ou des coulées. Dans dautres cas , les assises deviennent si minces qu'elles dépassent à peine l'épaisseur d'une feuille de papier, ainsi qu'on l'observe dans les schistes , dans les phyllades , dans les micaschistes , stéaschistes , marnes , etc. Les roches argiloïdes sont , en général , celles dont les assises ont le moins d'épaisseur. M. de Humboldt a cru remarquer que les couches entre les tropiques avoient plus d'épaisseur que dans les autres régions de la terre. Il est des couches de grès, près de Cuença au Pérou , qui ont envirmi 1400 mètres 76 COU de puissance , et un autre grès , plus ancien, à Yanaguanga, qui a une épaisseur àc plus de 2800 mètres. Inclinaison. Les couches ne sont pas toujours horizontales, et cette position est même plus rare sur la terre que les positions obliques ou inclinées. Les couches se présentent donc sous des inclinaisons qui varient depuis l'horizontale jusqu'à la verticale. L'inclinaison des couches, qui approche si souvent de la verticale, est un des phénomènes les plus remarquables de la structure de la terre ; c'est, comme nous le verrons, un de ceux qui ont donné naissance au plus grand nombre d'expli- cations hypothétiques. 11 nous sutlira d'en présenter ici les généralités. On n'a encore reconnu aucune règle constante dans cette inclinaison, ni par rapport à la latitude, ni par rapport à la position respective des montagnes , ni par rapport aux espèces de roches. On a seulement observé que , dans une chaîne de montagnes , les couches des montagnes des bords de la chaîne sembloient généralement être inclinées vers l'axe de cette chaîne, dont les couches sont presque verti- cales, ainsi que de Saussure dit l'avoir observé dans le Jura ; dans un groupe, celles des montagnes de la circonférence sem- blent aussi s'incliner vers la masse centrale, et l'envelopper, à la manière des feuilles d'un artichaut, pour nous servir de la comparaison de de Saussure, qui donne, comme exem- ple de cette disposition , la montagne pyramidale que l'on nomme l'Aiguille du midi au JN'. E. du Moutblanc, celle du Cramont , etc. M. Ramond a observé la même chose aux Pyrénées, dans les montagnes qui entourent le Mont-Perdu. Mais cette disposition est loin d'être générale, et les excep- tions sont peut-être aussi nombreuses que les faits a l'appui de cette règle. Dans les hautes montagnes et dans les montagnes moyennes qui les avoisinent et qui semblent les entourer, les couches sont généralement très-inclinées. Dans les plaines et dans les collines qui sont loin des hautes chaînes de montagnes, et surfout de celles qui sont composées de granité, de gneiss, de micaschistes, etc., les couches sont ordinairement hori- zontales : en général, les couches superficielles du globe, ou cou 77 plutôt celles qui recouvrent toutes les autres, c'est-à-dire, les plus nouvelles, sont presque toujours horizontales; tandis que les coucliesprol'ondes et moyennes, ou les plus anciennes, sont plus ou moins inclinées. Les couches, en s'inclinant sous divers angles, conservent ordinairement entre elles leur parallélisme. Cependant il ar- rive quelquefois qu'elles le perdent peu à peu, en sorte que des couches qui se présentent d'abord à peu près horizon- talcs, se relèvent insensiblement, à mesure qu'on s'éloigne du lieu où elles étoient horizontales , et semblent se redresser au point de devenir verticales, et font voir, dans leur coupe, la disposition des branches d'un éventail ouvert. De Saussure a observé cette singulière divergence dans les couches des montagnes qui bordent au S. E. la vallée de Chamberry. M. Ramond l'a également remarquée dans les couches de Mar- boré et dans celles des murailles d'Estaubé aux Pyrénées. Les couches de certaines roches ne se présentent jamais dans une position parfaitement horizontale : tels sont. Le gneiss, le micaschiste, les phyllades , les diabases schistoides , etc. D'autres, au contraire , ne quittent jamais cette position: tels sont, Le calcaire grossier, la marne, le gypse à ossemens , le grès à bâtir (Quader-Sandslein). D'autres , enfin , affectent l'une et l'autre position : ce sont particulièrement , Le basanite , les calcaires compaetes , les gypses , les psammites, les pouddings , les houilles, etc. La manière dont les couches sont situées par rapport à l'horizon, contribue aussi à donner aux montagnes des aspects différens , comme l'a fait observer M. Ramond. Ainsi les couches horizontales forment de vastes plateaux terminés par des escarpemens ordinairement peu élevés : telles sont les couches calcaires des environs de Paris , les couches de craie des rivages de la Manche , du Calvados , etc. , qui se terminent par ces hautes coupures verticales nom- mées falaises-, les couches de craie tufau (variété particu- lière de cette roche calcaire) qui bordent l'ile entre Péri- gueux et Libourne, etc. lo cou Les couches verticales produisent des escai'pemens encore plus hauts et d'un aspect souvent imposant par leur conti- nuité, ou des espèces de gradins à marches gigantesques et terminés par des plateaux, horizontaux , mais peu étendus. Tels se présentent la houle du cirque de Gavarnie , et les tours de Marboré dans les Pyrénées. Les couches situées obliquement, quand d'ailleurs elles sont peu épaisses, donnent naissance à des montagnes d'au- tant plus pointues que les couches sont plus minces, que les roches qui les composent sont plus dures , et que l'angle qu'elles forment avec l'horizon approche plus de l'angle droit. La plupart des montagnes composées de gneiss , de mica- schiste . etc. , présentent cette disposition. Direction. La ligne perpendiculaire à la ligne d'inclinaison d'une couche indique la direction de cette même couche , c'est-à-dire, vers quelle partie de Ihorizon se dirige cette couche inclinée. Les couches ont une direction d'autant mieux déterminée qu'elles approchent davantage de la ver- ticale : les couches horizontales n'ont aucune direction. On a recherché avec beaucoup de soin si on pouvoit dé- couvrir, dans les directions des couches de la terre , quel- ques règles générales : si, par exemple, les couches d'une même sorte de roche, ou d'une même époque de formation, avoient une direction commune vers une partie du globe , ou même vers plusieurs autres. M. de Humboldt a cru remar- quer que la masse des plus anciennes couches de la terre , telles que les granités, les gneiss, les micaschistes, etc., avoient une direction moyenne vers le N. O. et une inclinai- son denviron 62 degrés. Mais cette loi générale n'a point été confirmée par de nouvelles observations. On a cru remar- quer une autre règle, qui paroît plus constante; c'est le parallélisme des couches d'une chaîne de montagnes avec la direction de l'axe de cette chaîne, et par conséquent avec celles des grandes vallées longitudinales , quand il en existe. De Saussure donne, comme exemple de la première disposi- tion , le Mont-Mallet, et comme preuve de la seconde, les montagnes qui bordent la vallée du Rhône, dans le Valais, depuis Martigny jusqu'à la source de ce fleuve. Dolomieii a confirmé cette curieuse observation. cou ' 79 Celte régie est encore confirmée par les observations de M. Werner rîans TErzgebirge , de MM. Rainond et Palassou dans les Pyrénées, de M. Daubuisson dans la Bretagne, aux environs de Poullaouen. M. de Humboldt, qui s'est beaucoup occupé de ce sujet, pense que la direction des hautes chaînes de montagnes exerce la plus grande influence sur la direction des couches, et même à des distances très -considérables de la chaîne cen- trale, comme on peut l'observer dans les montagnes alpines de l'Europe et au Mexique. Dans ce dernier pays, les cou- ches de phyllade , du district de Quanaxuato, se dirigent du S. E. au N. O., et sont inclinées d'environ 5o degrés au S. E. Dans l'Amérique septentrionale, suivant M. Maclure , les couches des roches primitives ' se dirigent S. S. O. et N. N. E., et sont inclinées au S. E. de 45 à 90 degrés. Dans la vallée de la Tarentaise, les roches de la nature de celles que nous venons de citer sont généralement diri- gées du N. O. au S. E., et cette direction, qu'on observe dans une grande partie des Alpes, est parallèle à celle de la chaîne centrale \ L'inclinaison la plus générale des cou- ches primitives, dans les Alpes , est vers le S. E. (Ebel.) Flexion et sinuosité. Les couches des terrains qui avoi- sinent les grandes et hautes chaînes de montagnes ne sont pas seulement inclinées, elles diffèrent encore des couches qui composent ordinairement les grandes plaines, par les sinuosités très-variées, les flexions très-nombreuses, qu'elles présentent souvent. Les couches sinueuses sont celles qui se présentent en lignes de toutes sortes de courbures, mais sans aucune flexion angu- leuse réelle et bien déterminée. Les couches /ZecJiies ou pliées sont celles qui off"rent des plis anguleux plus ou moins multipliés. Ces deux sortes de figures se présentent souvent dans le même terrain et dans les mêmes couches; mais aussi elles sont quelquefois dis- i Les granités, gneiss, micaschistes, amphibolites, phjllades, etc. 2 Brochant, J. d. ni., n." 187, p. 332. M. Ebel fait la même obser- tiou, Ueler den Bau der Erde , T. I.", Ç. 8, et T. Il, §. 96, n." 18. 8o COU tincfes, et chacune d'elles est propre à des couches d'une classe particulière. Ainsi, la sinuosité des couches sans flexion se remarque principalement dans les couches de roches feuilletées et de structure cristalline, c'est-à-dire, dans Le gneiss, le micaschiste, le quarz , le phyllade , l'eurite , l'amphibolite , le calcschiste , le stéaschiste , le gypse, l'an- thracite. Nous ne parlons ici que de celles de ces roches qui ont la structure feuilletée, et par conséquent une figure sinueuse plutôt en petit qu'en grand. Des roches à assises plus épaisses offrent cependant de réelles sinuosités très-variées, mais à plus grands contours, et toujours en grand, jamais en petit. Ces roches sont plu-- tôt à texture compacte qu'à strucure cristalline : telles sont, Le jaspe; Le silex corné : Le calcaire compacte bleuâtre , qui est la roche à laquelle semble appartenir plus particulièrement la disposition que nous décrivons ici; Le sel gemme, et l'argile qui l'accompagne ; La marne, les psammites, la houille, etc. Quant à la flexion, on sent qu'elle peut s'appliquer à presque toutes les structures de roches, et elle s'y applique en effet; mais les roches auxquelles elle semble plus parti- culièrement appartenir , sont Quelques eurites , plusieurs gypses, des psammites , des grès , des pouddings , des anthracites , des houilles , des lignites même, quoique plus rarement. Elle appartient donc aussi bien aux roches de cristallisa- tion qu'à celles de sédiment; mais cependant elle est plus particulièrement propre à ces dernières. Les causes qui ont produit la sinuosité des couches eu petit, sont certainement très -différentes de celles qui ont produit la sinuosité en grand, et surtout la Jlexion. Ce n'est pas ici le lieu de rechercher quelles sont ces causes, ni de présenter les explications qu'on a données de ces singulières dispositions, ces explications étant fondées sur des phénomènes que nous ferons connoître ailleurs; il COL 81 - nous Suffira d'éclaircii* par des exemples ce que nous venons de dire de ces diverses sortes de Jlexion et de sinuosité des couches. Parmi les couches sinueuses en petit nous citerons : Les roches de diabase schistoïde et d^ampliibolite de le montagne des Chalanches, près d'Allemond en Dauphiné , qui offrent les sinuosités les plus variées et les plus grandes ; Celles de gneiss de Saint-George d'Huretière, prés Aiguë- belle dans la Savoie ; Celles de silex corné, ou de silicicaîce, de la vallée de Louron et de la descente orientale du Tourmalet, dans les Pyrénées : ces silex présentent l'image de rubans plies dans toutes sortes de directions; L'anthracite d'Arraché, de Macot , etc., prés de Pesey, dans la Tarentaise. Les couches sinueuses en grand appartiennent presque toutes au calcaire compacte gris-bleuàtre ; il n'y a point de montagnes de cette nature qui ne présentent de nombreux exemples de cette remarquable disposition. Un des plus célèbres exemples est celui que cite de Saussure. Dans la vallée de Cluse, près de Salanche , à l'entrée des AJpes de Savoie, les couches calcaires qui cons- tituent la montagne du IN'ant ou ruisseau d'Arpenas, sont courbées en deux demi- cercles , dont les courbures, en sens opposés et placées l'une au-dessus de l'autre, repré- sentent grossièrement une S, dont la hauteur est d'environ 270 mètres. On voit dans les psammites qui bordent la Sarre , près de Sarre-Louis, de petites couches de fer oxidé, inclinées et formant de nombreux replis en zig-zag. Les montagnes calcaires des environs de Salzbourg, et notamment celles dont on voit la coupe sur la route de Hallein à Berchtoldsgaden , sont composées de couche» alternatives de calcaire compacte bleuâtre, et de calcaire marneux, peu épaisses, qui présentent de nombreuses et remarquables sinuosités. Le Jura offre une grande variété de sinuosités dans ses couches calcaires. M. Lcniaitre en a décrit une des pluft n, G «2 COU remarquables, qu'il a observée dans la vallée de la Loue, prés de Pontarlier. ' M. Palassou a figuré, dans sa Description des Pyrénées, un nombre considérable de montagnes à couches sinueuses, qu'on rencontre dans cette chaîne. M. Patrin a vu , dans les montagnes calcaires de Tighe- reck, au pied des montagnes primitives de l'Altaï, des couches extrêmement contournées , dans lesquelles il n'a aperçu aucune solution ni même aucune gerçure. Les exemples de flexion dans les couches ne sont pas moins nombreux; mais il n'est pas toujours facile de sé- parer nettement cette manière d'être des sinuosités ou courbures des couches. JNous prendrons des exemples de cette disposition. Dans les couches de calcaires bleuâtres de Durbuy , dans le pays de Sambre et Meuse , elles sont fléchies en chevrons brisés, emboîtés l'un dans l'autre.' Les couches de houille , ainsi que les phyllades micacés et les psammites qui les accompagnent , présentent des replis nombreux très -anguleux, et tels que le même puits verti- cal peut traverser le même lit de houille en y entrant tantôt par la roche qui formoit son toit , tantôt par celle qui, dans un autre endroit, formoit son lit. C'est ce qu'on observe très-fréquemment dans les mines de houille des environs de Valenciennes, où ces replis portent le nom de crochets. Nous avons donné ailleurs un exemple remarquable des plis de lits de houille et des couches qui les accompagnent, tiré des mines d'Anzin. ^ ConLinuilé. Les couches off'rent, dans leur prolongement, des dérangemens ditférens de ceux qui résultent de leur flexion ou de leur sinuosité. Leur épaisseur varie quelquefois considérablement à de courts intervalles, et il en résulte ce que l'on appelle des xenfleaieus et des étranglemens [Verdruckungcn ) : dans ce 1 J. de m., tom. 18, p. .^07, pi. 10. fîg. ^. 2 Onialius d'Halloj' , J. de ni., n." 126, p. 475. 3 Traltô de miaér. , tom. H, pi. \I[, fig. 2, cou 85 cas , le toit et le mur se rapprochent à peu prés de la même quantité. Lorsqu'une portion d'une couche, ou d'un ensemble de lits, vient à s'enfoncer ou à s'élever tout-à-coup de ma- nière que les divers lits , assises ou bancs ne se suivent plus, on donne à cette solution de continuité les noms û'' enfoncement superficiel [IVeclisel) , lorsqu'il est foible, et à^ enfoncement profond (Graben), lorsqu'il est considérable. On nomme faille, crans ou crain (Kiicken), les tissures de séparation perpendiculaires, ou très-fortement inclinées aux assises et par conséquent aux fissures de stratification. §. II. Des couches considérées dans leurs rapports de position entre elles. Les couches qui composent la plus grande partie de la surface de la terre, ne sont ni continues, ni même paral- lèles entre elles dans toutes leurs sinuosités, comme ceia {iu- roit dû. arriver si le globe eût été enveloppé dans le même moment et sur tous les points de la même couche. Non-seulement les couclies offrent des replis et des si- nuosités très- anguleuses , mais elïes sont interrompues, bnsées, placées sous toutes sortes d'inclinaisons, les unes par rapport aux autres , ensorte qu'un système de couches formant un terrain particulier est quelquefois placé hori- zontalement sur les tranches d'un autre terrain ou système de couches verticales, etc. L'étude de ces rapports de position ' est une branche importante de l'histoire de la structure du globe en grand , et cette étude, portée très-loin à l'école de Freyberg, a 1 II ne faut pas 'confondre les rapports âe position avec les rapports de superposition. Il n'est aucunement question ici de ces derniers j on n'y tiultera pas non plus de ce que lecole de Freyberg entend par structure des roches en grand. Cette considération est relative aus bancs qui peuvent se présenter dans certaines roches. Ainsi l'on dit dans le langage de cftle école, que le granitc est Irès-peu composé, parce qu'il ne renferme guères que des bancs de feispath ou d'étain , tandis que le gneiss est une roche irès-composée en grand, parce qu'on y rencontre des banc.<; de serpentine, de grenat», de calcaire, etc. v,Dunin Borkow^ki, J. de ph. 1 64 COU créé une branche nouvelle et nécessité une terminologie dans la science de la géognosie. C'est à lillustre professeur de cette école, à Werner , qu'on doit presque toutes les parties de cette considération. Les couches peuvent être considérées , 1,° Par rapport à leur étendue et à leur continuité; 2.° Par rapport à leur situation respective: 3.° Par rapport à leur niveau relatif. I. Étendue de conlinuilé des couches. ' On remarque que certaines couches ont été A. Généralement étendues, lorsqu'elles se présentent sans in- terruption sur une éteixlue de plusieurs milles dans toutes les parties du globe : le gneiss, le micaschiste., le calcaire compacte , etc. B. Partiellement déposées, lorsqu'elles ne sont déposées que par cantons isolés et d'une étendue peu considérable, telle cependant que l'œil ne puisse pas en apercevoir les limites : le grès, le porphyre, Tampelite, etc. C. Morcelées (abgebrochen). Elles ont quelquefois si peu d'étendue qu'on peut ou qu'on pourroit en voir en même temps la circonscription : le gypse , le calcaire grossier , le basalte, etc. Les couches morcelées offrent en outre des formes par- ticulières, qui ont reçu des noms différens. A. A sommet aplati {platlenformige Aujlagerung) : les ba- saltes de Saxe, d'Auvergne; les calcaires grossiers des en- virons de Paris. B. A sommet arrondi {kuppejiformige) : les montagnes gyp- seuses des environs de Paris, Montmartre, le mont \ alé- rien , quelques basaltes du Vivarais, etc. c. Concave (muldenformige) : les couches de houille et de i Ce que nous allons dire des couches peut, dans beaucoup de cas, s'appliquer également aux autres sortes de structure de la terre Nous développerons ici ces considérations comme appartenant à l'espèce d« structure la plus généralement répandue; nous nous contenterons , en traitant des niasses et des autres modes de structure, de rappeler celles de ces considérations qui peuvent également leur convenir. cou 85 psammite de la montagne de Saint-Gilles, près Liège, et de beaucoup d'autres lieux. > B. Peltiforine (schild/ormige) : ce sont des couches convexes appliquées sur le penchant d'une montagne ; le gypse de Taconaz, vallée de Chamouny. II. Situation respective des couches. On examine ici de quelle manière les couches sont dis- posées les unes par rapport aux autres, sans cependant qu'il soit encore question de leur ordre de superposition ou de succession. Quand on considère deux couches, ou systèmes de couches, de différentes natures, on nomme couche ou roche fonda- mentale celle qui est dessous, et couche ou roche superposée telle qui est dessus. On nomme Jissures de stratification celles qui séparent les assises d'une même couche ou des couches de même nature, et Jissures de superposition, celles qui séparent des couches de diverses natures. Les fissures de stratification sont généralement parallèles entre elles, ou du moins, quand le parallélisme n'existe plus entre les fissures très- éloignées , cette divergence n'a ordinairement lieu que peu à peu. Les fissures de superposition présentent plus de A^ariétés dans leurs rapports avec les fissures de stratif cation. On dit qu'elles sont concordantes , uniformes ou parallèles [gleichforinige Lagerung) , lorsqu'elles sont parallèles aux fis- sures de stratification de la roche fondamentale et de la roche superposée. Contrastantes ou différentes (ahweichende Lagerung) , lorsque les fissures ne sont point parallèles aux deux roches : elles peuvent être, dans ce cas, Parallèles à la stratification de la roche fondamentale , mais contrastantes avec celle de la roche superposée ; parallèles à la stratification de la roche superposée, et contrastantes avec celle de la roche fondamentale. Quand on considère la manière dont la roche superposée est placée sur la roche fondamentale , on dit que la super- position est 8S COU Totale (huclelformige) ,lorsqv\e les couches superposées en- veloppent totalement et cachent la roche fondamentale. Ordinairement ces couches semblent se diriger toutes, plus ou moins régulièrement, vers Taxe de la montagne. Environnante {mantelfonnige), lorsque les couches superpo- sées entourent seulenieut la base de la roche ou montagne fondamentale : alors le somnict de cette dernière semble percer la roche superposée. Latérale, lorsque les couches superposées ne sont appli- quées que d'un seul côté sur la roche fondamentale. III. ISlveau relatif des couches. Cette considération, très-importante, n'est pas aussi facile à saisir et à développer que son énoncé semble l'indiquer. Elle a pour objet les niveaux ou hauteurs relatives des couches de diverses natures, soit sur toute la surface de la terre , soit dans difïerens cantons. En considérant le niveau des couches en général, on doit déterminer ce que nous appellerons Le plus haut niveau de chaque roche, c'est-à-dire, la plus haute élévation que chaque sorte de roche ait atteinte au-dessus du niveau actuel de la mer. Une couche ou une roche est située à un niveau inférieur à une autre, lorsque, dans sa plus grande élévation au-dessus de la mer, elle n'a jamais dépassé la plus grande élévation de l'autre roche. Ainsi le calcaire est à un niveau inférieur au granité , quoiqu'il y ait des calcaires à une très-grande élévation, et des granités qui leur sont de beaucoup inférieurs. Le basalte est à un niveau inférieur au calcaire ; car le basalte le plus élevé est encore plus bas que le calcaire le plus élevé. Cette considération n'a pas encore été portée très- loin , tt on n'a encore qu'un très- petit nombre d'observations propres à asseoir les niveaux des différentes roches qui com- posent la sui-race du globe. On peut considérer les niveaux des diverses sortes de couches dans un même canton, et on remarque : cou 87 A. Que les fêtes de couches sont a un même niveau (mit gleichem Niveau des aus<^ehenden) , lorsque, parmi deux ou plusieurs couches de différentes natures , il n'y en a aucune qui soit constamment placée à un niveau supérieur aux autres ; B. Que les têtes des couches sont en échelons descendans (mit abjallendem ISiveau des ausgehenden), lorsque les têtes d'une couche sont constamment plus basses que les têtes d'une couche d'une autre nature. Dans le premier cas, les couches déposées à des époques différentes sont au même niveau ; dans le second cas, les couches les plus anciennes sont à un niveau plus élevé que les couches déposées postérieurement. En suivant cette considération sur Tordre de succession des dépôts, déterminé par le niveau relatif des couches, on peut observer deux nouveaux modes de superposition ou gisement. A. Le gisement, ou la superposition en recouvrement (Lage- rung iihergelagert) , désigne des couches qui sont venues se déposer horizontalement, ou à peu près, sur des couches plus anciennes qu'elles, et les recouvrir en se tenant tou- jours à un niveau supérieur. B. Le gisement, ou la superposition transgressive (Lagerung îihergreifend) , se dit de couches qui sont venues se déposer sur des couches de différentes natures et à différens niveaux en remontant par-dessus ces couches; elles sont nécessaire- mant plus ou moins inclinées. (B. ) COUCHÉ. (Bot.) Voyez Procombaxt. (Mass.) COUCHES A CHAMP1GN0A\S. (Bot.) Quelle volupté trouve-t-on ii faire usage d'un aliment équivoque! s'écrie Pline , ùu sujet des champignons , et à propos de la fin malheureuse de l'empereur Claude et de celle de plusieurs «familles consulaires. Le goût pour les champignons étoit , en effet, porté à Pexcès chez les anciens. Un empereur romain les appeloit le manger des dieux. On a voulu qu'ils fussent la manne du désert, et le dudaim des Hébreux. On ne servoit certaines espèces de champignons que dans d^s bassins d'argent et qu'avec des couteaux de succin. On n'épargnoit rien pour s'en procurer ou pour favoriser leur 88 COU multiplication. Les habitans de la Bifhynie ramassoicnt les champignons et les faisoient dessécher après les avoir enfilés ; ils étoieut un objet de commerce : on pouvoit se procurer ainsi des champignons dans les saisons où on n'en trouvoit point dans les prés et les bois. Pline assure qu'on peut semer en quelque sorte des truffes, en arrosant les terres avec les eaux des ruisseaux qui ont traversé d'autres terrains abon- dans en truffes. Les terres des environs de Mitylène n'en produisoient qu'autant qu'elles avoicat reçu les eaux pluviales de Thiar, pays abondant en truffes : ce fait est rapporté par Athénée. On peut dire que le goût pour les champignons est uni- versel. Ces végétaux sont la nourriture habituelle de certains peuples qui, par l'expérience, sont parvenus à distinguer les bonnes et les mauvaises espèces qui croissent chez eux. Pour d'autres nations ils sont des alimens de luxe , auxquels on s'est habitué, parce qu'on ne s'est fixé qu'à quelques espèces dont les bonnes qualités sont bien constatées. Les ac- cidens qui arrivent alo.rs sont les suites de l'imprudence de ceux qui, sans connoissance , emploient des espèces qui ne sont point du nombre de celles que l'usage a fait recon- noitre pour n'être point mal-faisan tes. C'est à la constance de ce goût pour les champignons qu'on doit l'invention de divers procédés pour multiplier, par des moyens artificiels, les bonnes espèces qui ne se refusent pas à une sorte de cul- ture. Les anciens en connoissoient plusieurs : nous en avons parlé aux articles j^gerita et Champignons artificiels; mais ils nous sont très-imparfaitement connus. Dioscoride d'Ana- sarbe en Cilicie (la Caramanie des modernes) indique un procédé pour avoir de bons champignons pendant toute l'année : il consistoit à répandre sur une couche de terre bien fumée de l'écorce des peupliers noirs et blancs, réduite en poudre. Les anciens estimoicnt beaucoup les champignons qui croissoient au pied du peuplier. On sait qu'ils croyoient que les champignons étoient produits par la putréfaction des matières végétales ou animales; voilà pourquoi ils cens-- truisoient ainsi leurs couches à champignons. Peut-être cette construction étoil-elle fondée sur un autre raisonnement ; ç'çst ce que nous ne pouvons savoir, le peu que les anciens cou 89 auteurs ont écrit à ce sujet ne donnant aucun éclaircissement. Ce qu'il y a de certain , c'est que de temps immémorial on s'est servi des couches à champignons, et maintenant on s'en sert plus que jamais. Tous les champignons qu'on mange dans certaines villes . à Paris , par exemple , proviennent des couches à champignons. La construction de ces couches est la même partout, mais à quelques modilications près, dues à la nature du climat. Chez les modernes elle est plus raisonnée que chez les anciens, et les couches n'y produisent du champignon que lorsqu'on y a répandu de la graine, ou ce que nous avons dit qu'on pouvoit regarder comme la graine de champignons , et que l'on nomme vulgairement hlanc de champignons. Nos couches ont encore cela de par- ticulier, qu'elles ne servent que pour une seule espèèe de cham^iignons . V agaric comestible (voyez Fonge) , qui, pour cette raison , porte le nom vulgaire de champignon de couche. Toute autre espèce de champignons se prête difficilement ou se refuse à cette culture. L"art de construire les couches à champignons présente ses diflicultés , et il n'est pas aussi aisé qu'on le croit d'éta- blir de bonnes couches à champignons : c'est le chef-d'œuvre du jardinier. Voici comment on s'y prend à Paris et dans les environs, où l'on voit des couches à champignons dans presque tous ces jardins et potagers qu'on nomme marais. En Décembre, dans un terrain sec et sablonneux, exposé au midi ou au levant, on fait une tranchée ou fosse de lon- gueur à volonté, large de deux pieds à deux pieds et demi, profonde de six pouces , bordée des terres de la fouille. Dans un terrain humide on fait la tranchée plus profonde, en remplissant l'excédant des six pouces de profondeur d'un lit de plâtre ou de pierrailles , recouvert d'un peu de terre et de sable. On y fait une couche de fumier, couverte avec beaucoup de crotin qui ne soit pas trop gras. On préfère , pour cela , celui des chevaux qui ne mangent pas de son. On la dresse bien, c'est-à-dire, qu'on y met le blanc de cham- pignon pris dans une bonne couche; on la foule aux pieds; on l'élève en dos d'àne ou de cône ù la hauteur de deux pieds ; on la couvre d'environ un pouce de terre, mêlée de sable et de terreau si elle est compacte. Au commence- 9° COU ment d'Avril on la couvre de deux pouces, ou plus, de grande litière secouée : c'est ce qu'on nomme chemise. A la fin de Mai elle doit commencer à produire. On peut se dispenser à la rigueur de creuser une fosse , et on peut faire la couche dans tous les mois du printemps et au commence- ment de l'été. On suppose ici que le jardinier n'a point de fumier préparé. Comme le développement du blanc de cham- pignon n'a lieu qu'à une chaleur et une humidité convenable- ment combinées, le Jardinier ne sauroit trop y mettre d'atten- tion. La chaleur convenable est celle de 17 à 18 degrés du thermomètre de Réaumur (ou 21 à 22I degrés centigrade), et il est aisé de maintenir une couche à ce degré de chaleur: il suffit d'augmenter ou de diminuer l'épaisseur de la che- mise, c'est-à-dire, de la litière. Il faut observer encore qu'on peut élever sans inconvénient la chaleur jusqu'à 22" R. ou 27° centigr. En été il faut humecter souvent la couche, et entretenir l'humidité à la même température. L'atmos- phère étant à i5° R. ou 19° centigr., la couche n'a pas be- soin de chemise ; le champignon pousse naturellement. On établit les couches en plein air ou dans les caves : celles qu'on forme dans les caves dont l'air est a peu près à la température de i5° R. , réussissent en général beaucoup mieux et exigent moins de soins. Si la chemise prend trop de chaleur ou d'humidité , elle se pourrit , et peut nuire encore à la couche et au champignon, dont la tête se trouve alors dans la pourriture. Pour prévenir cet inconvénient, ^on donne de temps en temps un peu d'air à la couche, et dans les jours doux on renouvelle la chemise et on écarte un peu le fumier. On cueille les champignons tous les trois, quatre ou cinq jours, selon qu"ils paroissent avec plus ou moins d'abondance et qu'ils ont acquis une certaine grosseur. On doit laisser les pieds qui ont pris tout leur développement. Une couche à champignons, faite au commencement d'Août, peut produire deux mois après, et une couche établie à la fin de l'été produit en hiver. On conserve une couche, en laissant quelques champignons sécher sur pied , en renouvelant le fu- mier, et en arrosant avec l'eau qui a servi à laver les champi- gnons dont on a fait usage. Voici comment on larde de blanc de champignon la couche de fumier. Lorsque celui-ci n'a plus cou 9' qu'une légère tiédeur, ce qui arrive sept à huit jours après sa mise en place , on met des morceaux de blanc de cham- pignon de six pouces de long sur deux de large , en échi- quier, à la distance d'un pied l'un de l'autre, et dans les trois quarts de la couche à un demi-pied de terre. On re- couvre de litière, et, huit jours après, on examine si le blanc a rougi, s'il est devenu plus odorant et s'il a jeté des filets. S'il a travaillé, on l'arrose un peu, et on le couvre d'un demi-pouce de terreau , qu'on foule dessus , et puis on couvre le tout de litière fraiche. Une couche à champignons peut durer plusieurs années; mais il faut renouveler le fu- mier , car on a remarqué que sans cela le champignon dégé- néroit. Il faut aussi, lorsqu'on choisit du blanc de champignon, prendre celui d'une couche de bonne qualité. On conserve le blanc aisément à l'ombre et dans une cave. Nous avons dit que le champignon de couches ne se rap- portoit qu'à une seule espèce, l'agaric comestible. I.e même champignon sauvage est plus agréable , d'une odeur plus musquée et d'une saveur plus délicate. On observe aussi de la différence dans le champignon produit par une couche faite à l'air libre , ou par une couche faite dans une cave. Il y a encore plusieurs manières de préparer les couches ou meules à champignons; mais, comme elles ne diffèrent que très-peu de celle que nous avons indiquée, nous n'en parlerons pas. Dans tous les cas il faut un fumier qui ne soit pas consommé, et qui renferme ainsi beaucoup de principes végétaux et animalisés. Malgré la bonté et l'abondance avec laquelle on obtient les champignons de couches, plusieurs personnes préfèrent ceux qui viennent naturellement et sans soin. Dans le cas de méprise, elles ne doivent s'en prendre qu'à elles-mêmes, si elles viennent à éprouver le malheureux sort de l'empe- reur Jovien, du pape Clément VII, de Charles VI, de la veuve du Czar Alexis, de la femme et des enfans du poëte Euripide , qui périrent tous pour avoir mangé imprudem- ment des champignons sauvages dont les qualités vénéneuses n'étoient pas connues. Voyez Champignons. (Le.m.) COUCHES CORTICALES, Strata corticalia. {But.) L'écorce des arbres et des arbrisseaux est composée de trois parties : 92 COU l'enveloppe herbacée, les couches corticales, et le liber. Les couches corticales sont les couches les plus extérieures du liber; elles ne sont apparentes que dans un petit nombre de végétaux. Les réseaux dont elles sont formées, sont com- Iposés, vus au microscope, de faisceaux de cellules alongées ; ils offrent, lorsqu'on les a déroulés au moyen de la macéra- tion dans l'eau, une ressemblance frappante avec un ouvrage à l'aiguille : le lagetto ou bois- dentelle en fournit un exemple fort remarquable. (Mass.) COUCHES LIGNEUSES, Strata lignea. (Bot.) Les couches ligneuses dont l'ensemble constitue le bois, se dessinent, sur la coupe transversale du tronc , en zones concentriques. On peut , en les comptant sur la coupe de la base du tronc, connoitre à peu près l'âge de l'arbre ; car il ne s'en forme ordinairement qu'une chaque année. Ces couches ne sont pas toujours parfaitement concen- triques, et n'ont pas une épaisseur uniforme dans toute leur circonférence. Cela provient souvent de ce quil se trouve une grosse racine ou une grosse branche qui envoie d'un côté du tronc une plus grande quantité de nourriture. Les couches ligneuses augmentent d'intensité à mesure qu'elles sont plus voisines du centre; mais on observe qu^ chaque couche, prise isolément, est plus compacte du côté qui regarde l'écorce, en sorte que la dureté des couches en général, et la dureté de chaque couche en particulier, croissent e?) sens inverse. Voyez Bois. (Mass.) COUCHER DESASTRES. (Phjs.) Voyez Lever. (L.) COUCHILLE. (Bot.) Olivier de Serres dit que les teintu- riers nomment ainsi le chêne-kermès, dont ils croyoient que provenoit la couleur écarlate tirée de l'insecte qui vit sur cet arbre. (J. ) COUCHOCHA (Ornith.) , nom languedocien de la grive litorne , lurdus pilaris , Linn. (Ch. D.j COUCHOUAN. (Ornith.) Voyez Cochuan. (Ch. D.) COUCON , COCON ou COQUE. (Eiitom.) On nomme ainsi le follicule soyeux que la chenille du bombyce du mûrier file avant de se changer en chrysalide, et qui cons- titue la saie lorsqu'il est dévidé. (C. D.) COUCOU. {Ichth^ol.) On donne ce nom à plusieurs es- cou 95 pèces de poissons, à une raie , ro/a cuculus , Lacép. (voyez Pastenague) ; à une trigle, trigla cuculus (voyez Trigle), etc. (H. C.) COUCOU, Cuculus. (Ornith.) L'anomalie que présente cet oiseau dans le mode de propagation de son espèce , est un des faits les plus étranges qu'offre l'étude de la nature. Il ne construit pas de nid, ne couve pas ses œufs, qu'il dépose dans des nids étrangers , et il n'élève pas ses petits. Ces faits sufïisent pour qu'on doive former un genre à part des espèces chez lesquelles ils ont été observés, quelques rap- ports qu'aient d'ailleurs extérieurement avec elles d'autres oiseaux dont la propagation s'opère par les voies ordinaires. En effet , une particularité morale d'une telle importance doit faire céder les caractères physiques qui déterminent, en général, les naturalistes dans leurs associations artificielles. On ne peut donc regarder cAmme vrais coucous que ceux qui ont les habitudes du coucou d'Europe; et, si l'on est forcé d'en rapprocher provisoirement des oiseaux semblables à l'extérieur mais sur les mœurs desquels on n'a point de données précises, il faudra les en écarter sans autre exa- men, dès qu'on aura reconnu qu'ils couvent eux-mêmes leurs œufs. Déjà l'on a séparé des coucous proprement dits les Couas de M. Levaillant , coccjzus, Vieill. , parmi lesquels on peut encore mettre à part le cuculus vetula ou tacco, saurotliera, Vieill.; les Coucals , centropus , Illig. , et corydonix , Vieill.; les CouROLS ou vouroudrioiis , leptosomus , Vieill. ; les Indica- teurs , indicator, Vieill.; les Barbacous , monasa , Vieill.; les Malkohas, phanicophaus , Vieill.; les Scythxops, scjllircps , Lath. Les caractères extérieurs des coucous proprement dits sont d'avoir le bec de médiocre longueur, légèrement arqué; la mandibule supérieure arrondie , le plus souvent lisse, et quel- quefois un peu échancrée vers la pointe; les narines ovoïdes, percées sur les bords de la mandibule, et entourées d'une membrane nue et proéminente; la langue mince, courte et pointue ; la bouche large; le gosier ample ; les jambes couvertes de plumes longues, descendant en niunchettcs sur les tarses, qui sont courts et emplumés eux-mêmes au-dessous du geuou ; 94 COL les doigts disposés deux à deux , ceux de devant réunis n leur base, ceux de derrière entièrement divisés, et l'exté- rieur réversible; les ailes longues et pointues; la queue longue, plus ou moins étagée , et composée de dix pennes. Ces oiseaux ont , en général, les plumes moelleuses et à larges barbes, la taille svelte et bien proportionnée ; leur sternum est fort court, et leur ventricule très-volumineux ; leurs cœcums sont assez longs, et leur larynx inférieur n'a qu'un muscle propre. Des espèces d'Afrique ont le bec un peu plus déprimé, et chez d'aulres il est plus haut verticalement. Les coua'i ont les tarses un peu plus élevés et nus; le tacco a le bec long et courbé seulement au bout ; les coucals ont l'ongle du pouce long, droit et pointu , comme les alouettes ; les courols ont le bec gros, comprimé, presque point arqué, les narines percées obliquement au milieu de la mandibule supérieure, et la queue composée de douze pennes; les indi- cateurs ont le bec court, haut, presque conique, et leur queue, également composée de- douze pennes, est un peu étagée et en même temps un peu fourchue; les barbacous , dont le bec est conique et légèrement arqué à la pointe, se distinguent surtout par les poils qui en garnissent la base , et ils apparlicnnent plutôt à la famille des barbus qu'à celle des coucous. Les malkohas et les scjthrops , encore plus étrangers aux vrais coucous, forment des. genres plus particulièrement isolés , et reconnoissablcs , les premiers par leur bec très-gros , rond à sa base, arqué vers le bout, garni de soies diver- gentes , et par des orbites mamelonnées ; les seconds, par un bec creusé latéralement de deux sillons longitudinaux, peu profonds, et qui, plus long et plus gros que celui des mal- kohas, se rapproche du bec des toucans, sans que la langue soit ciliée comme la leur. Le tour des yeux est nu dans la seule espèce qu'on ait décrite. §. I." Coucous PROrP.EMENT DITS. La plupart des faits connus relativement aux vrais coucous n'ont été vérifiés que sur l'espèce d'Europe, et les principaux de ces faitsn'étoient pas ignorés du temps d'Aristote, On savoit dès-lors que cet oiseau ne laisoit point de nid , et qu'il déposoit cou 9? un de ses œufs dans les nids de petits oiseaux insectivores, laissant à des étrangers le soin de le couver , de faire éclore le petit et de le nourrir. La cause d'une habitude si extraordi- naire devoit être recherchée. Aristote l'attribue à la connois- sance que cet oiseau a de sa lâcheté , et de l'impuissance où il seroit de défendre sa progéniture. Une pareille explication ne pouvoit se soutenir; mais il étoit assez naturel de supposer quelque obstacle apporté à l'incubation par l'organisation particulière du coucou. Hérissant, membre de l'Académie des sciences de Paris, a examiné la position des viscères de l'oiseau, et il résulte de sou travail, consigné dans les Mé- moires de cette société, année 1762, p. 420, que la position du gésier est plus en arrière dans l'abdomen , et qu'il est moins garanti par le sternum que l'estomac des autres oiseaux: mais cette circonstance na pas été jugée suffisante pour rendre impossible au coucou l'accomplissement d'une fonc- tion dont tous les êtres de la même classe s'acquittent, et pour laquelle ils témoignent en général un empressement si marqué. Peut-être, au surplus, a-t-on abandonné trop légè- rement des recherches dont la direction étoit bonne, et qui dévoient conduire à un résultat plus satisfaisant. M. Levaillant expose, dans le tome 5.*^ de son Ornitholo- gie d'Afrique , une conjecture bien différente sur la cause de cet empêchement. Les œufs, dit-il, ont besoin , pour éclore et venir à bien , d'une chaleur modérée et toujours égale ; or les coucous , que des auteurs supposent froids pour l'acte principal de la génération, sont, au contraire, très- lascifs. Les mâles et les femelles montrent une ardeur égale pour Paccouplement, auquel ils se livrent sans cesse, et leur propre incubation, au lieu de procurer une chaleur modérée et toujours égale, auroit peut-être Pinconvénieut que Pou remarque chez des poules et des dindes, qui s'échauffent quelquefois au point de brûler leur coudée, selon l'expression vulgaire. Cette supposition est plus ingénieuse que solide : mais on ne doit pas s'arrêter davantage à l'induction tirée par Mont- beillard de l'instinct qu'auroit le coucou mâle de manger les œufs des autres oiseaux, pour supposer la femelle dans la né- cessité de lui cacher les siens, en les déposant dans des nids. 96 COU étrangers ; caries pies, les corbeaux, les chouettes, etc., auxquels la même propension est attribuée, ne mangent pas pour cela leurs propres œufs, et ils n'en suivent pas moins les règles ordinaires pour la ponte, la couvée et l'éducation des petits. Au reste , l'empêchement pour Tincubation existant, quelle qu'en soit la vraie cause , il Mloit que le coucou employât un moyen étranger pour se reproduire, et que les œufs de la femelle fussent déposés dans un lieu où ils trouveroient une chaleur propre à faire éclore les petits. Or, d'une part, les coucous n'habitent pas exclusivement des pays où ils pouv- roient profiter, comme l'autruche, de la chaleur du soleil; d'un autre côté, si ce dernier oiseau n'est pas toujours sur ses œufs, on a vu , à son article, que les soins de l'incubation ne lui étoient pas étrangers à toute heure, et il rentre ainsi dans l'ordre naturel. t,es coucous n'avoient donc d'autre ressource, pour perpétuer leur espèce, que de confier leurs œufs à des mères d'emprunt; et si l'on a trouvé étonnant qu'ils y par- vinssent par cette ruse dont l'issue ne sembloit pas devoir toujours être favorable, c'est qu'on étoit dans l'opinion que les coucous ne pondoient qu'un ou deux œufs ; mais M. Le- vaillant assure que la femelle en dépose successivement, et un à un, six, huit et niême jusqu'à dix , dans un nombre égal de nids difFérens. Plusieurs de ces nids sont vraisem- blablement abandonnés après cette introduction fraudu- leuse; mais, comme elle paroît n'avoir lieu qu'au moment où la ponte est achevée, et n'est point précédée du rejet des œufs de la couveuse , qui restent tous , au contraire , dans le nid , la conduite des propriétaires de ce nid est dirigée par leur attachement plus ou moins grand à leur progéniture, par l'état plus ou moins avancé de l'incubation. Ce n'est qu'au moment où les propres œufs de la couveuse sont près d'éclore , ou à celui où les petits viennent de naître , que les coucous expulsent les uns ou les autres, prol;a- blement afin de ne pas exposer leurs petits à manquer de nourriture; et même , d'après des expériences rapportées par Edwards Jenner dans les Transactions philosophiques de Londres, l'expulsion de ces œ-ufs ou de ces petits seroit faite par le jeune coucou lui-même. Un tel état de choses n'exi- cou 97 gcroit pas l'intervention d'un pouvoir surnaturel, d'une loi d'exception. On a observé qu'en Europe c'étoient les nids des fau- vettes ordinaire, babillarde , à tête noire, de la lavandière, du rouge-gorjie, du pouillot, du troglodyte, du rossignol, du rouge -queue, du bruant, de la grive , du merle, du geai, que les coucous choisissoient pour y introduire un de leurs œufs , et M. Levaillant a aussi remarqué qu'en Afrique ils faisoient choix des nids du Jean-Fréderic, du coryphée, du traquet-pàtre, de la pie-grièche fiscale, du bacbakiri. Cette préférence a vraisemblablement deux motifs : i.° Il faut que l'éducation du petit coucou soit confiée à des oiseaux dont la nourriture habituelle puisse lui convenir et qui par conséquent soient comme lui insectivores , c'est- à-dire, à des familles composées plus généralement de petits oiseaux ; 2.° il seroit dangereux pour le jeune coucou de n'attendre sa subsistance que d'individus dont la force et les habitudes mettroient son existence en péril. S'il n'est pas permis de révoquer en doute les assertions de plusieurs per- sonnes dignes de foi qui ont trouvé des œufs de coucou dans des nids de pigeons-ramiers, de tourterelles, de pies, etc., ces faits pouvoient provenir de ce qu'aux approches de leur ponte des femelles n'avoient pas fait la découverte d'un assez grand nombre de nids plus propices, et qu'elles se trouvoient forcées de déposer dans un nid quelconque l'œuf dont l'émis- sion ne pouvoit être retardée; mais il n'est pas probable que le jeune coucou puisse subsister avec la nourriture que lui apporteroient des oiseaux granivores, et le naturel des pies lui feroit courir des chances funestes. L'insuffisance des nids trouvés par la femelle du coucou peut aussi expliquer pour- quoi l'on a quelquefois rencontré deux œufs dans le même. On a pendant long-temps supposé que les coucous pon- doient leurs œufs dans les nids où on les trouvoit ; mais ils auroient déformé par leur poids ces nids, ordinairement fort petits, et posés sur des branches si foibles qu'il auroit d'ail- leurs été impossible à un oiseau d'un certain volume de s'y maintenir : la chose étoit même visiblement impraticable pour les nids dont l'ouverture, fort étroite, est horizontale,, comme celui du chantre en Europe , et ceux du capocier et du 11. 7 y8 COlJ pincpincen Afrique, dans lesquelscependant l'œuf du coucoîi est assez fréquemment déposé. Il falloit donc que cet œuf, pondu à terre, fût porté par Toiseau dans ses serres ou dans son bec. M. Levaillant, pour s'assurer si rien ne s'op- posoit au premier de ces moyens, a placé les a*ufs de dif- férens coucous dans les serres des espèces auxquelles ils appartenoient, et il a vu que ces œuk y tenoient très-bien. Le même essai ayant été fait dans la bouche, il a remarqué que l'œuf y tenoit encore mieux, sans même empêcher le bec de se fermer , ce qui ne pouvoit avoir lieu pour beau- coup d'autres oiseaux avec leurs propres œufs. Ce savant ornithologiste se trouvoit ainsi sur la voie, et il ne lui manquoit plus que d'être témoin du fait pour résoudre en- tièrement un problème dont la solution devenoit encore plus facile par l'observation faite sur deux engoulcvens que l'auteur avoit vus emporter leurs œnifs de cette manière : mais ses tentatives réitérées pour surprendre le coucou dans cette opération avoicnt été vaines, lorsque, ouvrant le bec d'un coucou didric qu"il venolt de tuer, afin d'y introduire un tampon de filasse et de prévenir ainsi l'effusion du sang qui auroit gâté les plumes, il trouva, à l'entrée de la gorge , lin œuf entier appartenant à la même espèce. Son fidèle compagnon Klaas, appelé pour examiner cet œuf, lui dit qu'il lui étoit plusieurs fois arrivé, en ramassant des femelles coucous par lui tuées, de voir près d'elles un œuf cassé tout nouvellement, mais qu'il avoit cru que, prêtes à pondre au moment oii il les avoit tirées , elles l'avoient laissé tomber en tombant elles-mêmes. Un événement pareil est encore arrivé une fois au même naturaliste, et, quoiqu'il n'eût ja- mais pu être témoin du dépôt de l'œuf dans un nid étran- t^er, il ne lui est pas resté de doutes sur la manière dont il s'effectuoit. M. Vieillot cite, à l'appui de l'observation de M. Levaillant, celle dun autre naturaliste, qui lui a as- suré avoir surpris la femelle de notre coucou à l'instant où elle venoit de pondre à terre, et l'avoir vue prendre l'œuf avec son bec et le transporter dans un buisson voisin, où étoit le nid d'une fauvette babillarde. M. Levaillant n'ayant jamais rien trouvé, dans l'estomac des coucous disséqués par lui, qui pût lui faire soupçonner cou 99 que ces oiseaux se nourrissoient d'œufs, on est fondé à ci'oire que la supposition qu'ils en mangent, doit sa naissance à quelques i'aits semblables à ceux que lui a rapportés Klaas ; et, Lottinger ayant vu plusieurs fois des œufs et des jeunes de la mère nourricière, jetés sans que le coucou y eût aucunement touché, cette circonstance ajoute aux motifs de regarder comme destituée de fondement l'imputation de manger des œufs, ainsi que celle de dévorer les petits de l'étrangère , imputation qu'on s'est même avisé d'étendre au jeune coucou , peut-être d'après l'air menaçant que lui donne l'habitude d'ouvrir son bec, de hérisser ses plumes, de faire entendre un soufle quand on l'approche, et aussi d'après une fausse interprétation donnée au fait rapporté par Klein sur la fauvette qui, ayant introduit sa tête dans leç bar- reaux étroits d'une cage où se trouvoit un jeune coucou, n"a pu l'en dégager, et a causé, en périssant, la mort du coucou lui-même, qui, pressé par la faim, aura imprudem- ment saisi cette tête, dont il ne lui aura plus été possible de se débarrasser. Soit qu'avec Lottinger, dans son Histoire du Coucou d'Eu- rope , publiée d'abord sous le titre de Mémoire apologétique, on attribue l'expulsion des œufs et des petits de la mère nour- ricière aux vieux coucous; soit qu'avec Jenner on regarde cette expulsion comme l'ouvrage du jeune coucou, auquel le choix de nids d'oiseaux de petite taille donneroit, à cet égard, plus de facilité, ce fait ne pourroit guère être ex- pliqué si la mésange charbonnière étoit , comme on le pré- tend, au nombre des oiseaux dans le nid desquels le coucou dépose un de ses œufs; car voici la manœuvre que le jeune coucou emploie, suivant Jenner. En se glissant sous l'un des oiseaux dont le berceau est par lui partagé, il tâche de le placer sur son dos, où il le retient à l'aide de ses ailes, et se traîne à reculons jusqu'au bord du nid , par-dessus lequel il jette sa charge : lorsqu'il l'a laissé tomber, il recommence son ti-avail et ne le discontinue pas jusqu'à ce qu'il soit venu à bout de son entreprise. 11 suit le même procédé pour les autres petits et pour les œufs, et l'obligation dans laquelle doit se trouver le jeune coucou, pourroit être un des motifs qui déterminent la mère dans le choix du ziid des 100 cou oiseaux de petite faille pour le dépôt de son œuf. Le même observateur a fait une autre expérience , dont il résulteroit que l'instinct qui porte le jeune coucou à en agir ainsi, est tout simplement celui de son bien-être et de sa conservation pcrsonjieile ; car, ayant trouvé dans le même nid une fau- vette et deux coucous nouvellement éclos, avec un œuf de la première espèce, il vit les deux coucous se disputer long- temps la possession du nid : chacun d'eux portoit successi- vement son antagoniste jusqu'au bord et retomboit au fond , accablé sous le poids de sa charge; mais le plus gros parvint, après beaucoup d'efforts, à jeter dehors son compétiteur, ainsi que la petite fauvette et l'œuf, et il fut seul élevé. Comment cette manœuvre pourroit- elle s'opérer dans un nid de mésange, toujours placé au fond d'un trou d'arbre, et dont l'entrée est le plus souvent très-étroite? Mais, avant de se livrer sur ce sujet à des conjectures illusoires, il vaut mieux attendre que le fait soit plus positivement constaté. Une réflexion qui dérive tout naturellement des obser- vations ci-dessus, c'est qu'on a supposé à tort que les tnères tuoient leurs petits pour mieux assouvir la voracité du nourrisson étranger, auquel ces prétendues marâtres auroient sacrifié leur progéniture. On ne pouvoit pas plus raisonnablement leur imputer ce procédé, que celui de mander les petits de la nourrice au jeune coucou, ainsi métamorphosé en oiseau carnassier à une époque où sa bouche ne s'ouvre que pour recevoir la becquée. L'un n'est donc pas plus un modèle d'ingratitude, que l'autre une marâtre. Montbeillard cite, au sujet des coucous, un fait bien propre à démontrer l'injustice de l'opinion vulgaire sur leurs mœurs. En effet, trois fauvettes qui ne mangeoient pas encore seules ayant été placées dans la cage d'un jeune coucou de l'année, celui-ci souffroit avec complaisance qu'elles se réchauffassent sous ses ailes, tandis que la quatrième, attachée près d'une jeune chouette, en a été dévorée. On ne se permettra pas d'attribuer ici la conduite du coucou à une sorte de reconnoissance pour l'espèce à laquelle il a des obligations; mais la double expérience prouve combien son naturel diffère de celui des oiseaux de proie. Les expériences faites par Lottinger. relativement à l'ex- cou pulsion des œufs et des petits de l'oiseau dans le nid duquel se trouve le jeune coucou, sont plus propres à fortifier les assertions d'Edwards Jenner, qu'à étayer son opinion per- sonnelle. Le premier n'a jamais vu les père et mère du coucou se livrer à ce travail, dont le second parle, comme témoin des manœuvres du petit, et c'est seulement du voi- sinage assez constant des vieux coucous, dont le chant se faisoit entendre pendant que Lottinger étoit en observation, que ce naturaliste a cru pouvoir conclure qu'ils faisoient eux-mêmes ce que plusieurs jeunes ont fait en présence de Jenner. Les coucous déposant vraisemblablement la totalité de leurs œufs dans des nids assez peu distans les uns des autres, il n"est pas étonnant qu'ils restent dans le même canton, afin de se trouver plus à portée de leurs petits au moment où ceux-ci seront en état de les rejoindre ; mais leurs fréquentes approches des nids, pour en rejeter les nouveau - nés ou les œufs des propriétaires prêts à éclore , devroient effaroucher les père et mère, et exposer le» jeunes coucous eux-mêmes à être abandonnés, tandis que l'expulsion faite par ceux-ci dans les momens où les pères nourriciers s'absentent pour la recherche des ali- mens, est plus naturelle et n'a pas les mêmes inconvéniens. D'ailleurs, ce soin qui, dans la supposition où la femelle- coucou ne pondroit qu'un œuf et dans un seul nid, n'exi- geroit pas des occupations divei'ses et multipliées, devien- droit bien plus embarrassant s'il devoit s'étendre à tous les nids entre lesquels la distribution d'un plus grand nombre d'antfs auroit été partagée. Or, il s'en faut de beaucoup que le nombre des œufs du coucou soit borné à un ou deux , comme le pensoit Montbeillard : on a déjà vu que M. Levail- lant le portoit de six à dix, et Latham cite, dans le second supplément de son General sjnopsis, p. 104, l'observation de son ami Lamb , qui , ayant disséqué une femelle peu de temps avant l'époque de la ponte, a trouvé son ovaire garni d'au- tant d'œufs que celui de beaucoup d'autres oiseaux, ce qui étoit nécessaire afin d'assurer la conservation d'une espèce dont les œufs ne sauroient être, pour des étrangers, l'objet d'une prédilection telle qu'on la suppose, et dont les petits sont, au contraire, exposés à tien des périls. On peut cou s'en former «ne idée d'après le fait cité par l'auteur des Observations sur Tinstinct des animaux, t. i.", p. 167. Une femelle coucou s'étant présentée devant le nid d'un rouge- gorge dont la femelle étoit fort échauffée à couver, celle-ci, réunie à son mâle, en a si vigoureusement défendu l'en- trée, que la première a été obligée de renoncer au des- sein d'y déposer son œuf. Dans les détails que donne l'ob- servateur, on remarque que la femelle coucou tenoit le bec ouvert: qu'elle avoit dans les ailes un trémoussement presque insensible, mais qu'elle n'éprouvoit aucun mouve- ment de colère, et que son état fut regardé comme celui d'une femelle pressée du besoin de pondre. On peut conclure de ce récit, 1 ." que c'étoit l'œuf qu'elle portoit dans le bec qui empêchoitla femelle de le refermer; 2." que, si la petitesse de cet œuf qui, malgré la taille bien supérieure du coucou , n'ex- cède pas en grosseur celui d'un moineau franc, empêche que la couveuse absente n'éprouve, à son retour, une surprise ca- pable de lui faire abandonner son nid, il peut néanmoins se rencontrer bien des cas -où, loin d'être accueilli en vertu de cette loi particulière que Lottinger suppose très -gra- tuitement, l'œuf dont il s'agit ne vient pas à bien. Ce qui paroît certain, c'est que les coucous s'apparient comme les autres oiseaux; que leur union ne cesse point après la ponte ; qu'ils restent dans les environs des nids où leurs œufs ont été déposés, et qu'à l'époque où les petits sont assez forts pour voler, ceux-ci quittent leurs premiers pourvoyeurs et rejoignent leurs vrais parens, qui se chargent du complément de leur éducation. Les coucous sont des oiseaux voyageurs, qui ont tous de la grâce dans les mouvemens , et le vol aisé : ils vivent soli- taires, et se nourrissent d'insectes, particulièrement de che- nilles velues , dont les poils forment, dans leur estomac, des pelotons qu'ils rendent par le bec. Pour manger ces che- îiillcs, ils les prennent par la tête , et, les faisant passer dans leur bec , ils en expriment et font sortir tout le suc par l'anus ; après quoi ils les agitent encore , et les secouent plu- sieurs fois avant de les avaler. Ils prennent de même les phalènes et les papillons par la têf e , et , les pressant dans leur bec, ils les crèvent vers le corselet et les avalent avec leurs cou ïo5 ailes : ils mangent aussi des vers, mais ils préfèrent ceux qui sont vivans. On trouve de vrais coucous en Europe , en Asie, en Afri- que, et, si l'on peut en juger par la ressemblance des carac- tères extérieurs , en Australasie ; mais il ne paroît pas en exister en Amérique , où les oiseaux qu'on range dans la même famille , ont des attributs difFérens , construisent des nids, et couvent les œufs qu'ils y pondent. Coucou COMMUN OU Coucou d'Europe ; Cuculus canorus , Linn. : représenté dans les planches enluminées de Buffon sous le n." 8ii ; dans l'Ornithologie d'Afrique de M. Le- vaillant sous le n." 202 ; et dans les Ornithologies d'Angle- terre de Levvin , tom. 2 , pi. 44 , de Donovan, t. 2, pi. 41 , et de George Graves, tom. 2. Cet oiseau, à peu près de la taille du pigeon-biset , a treize à quatorze pouces de lon- gueur, depuis le bout du bec jusqu'à celui de la queue, et dix-huit à dix-neuf pouces de vol ; ses ailes, pliées, s'éten- dent jusqu'aux trois quarts de la queue environ. Les parties supérieures , ainsi que le cou et la poitrine , sont d'un cendré bleuâtre, qui est plus foncé sur les ailes, et plus clair sur le cou et la poitrine; les pennes caudales, noirâtres, sont au nom- bre de dix ; les plus éloignées du corps ont des taches blanches le long de la tige et des barbes intérieures ; ces der- nières taches , les seules qui existent sur les pennes ccnti-aels, ne sont visibles qu'en-dessous , mais toutes les pennes sont ter- minées de blanc. Le ventre et le surplus des parties infé- rieures sont transversalement rayés d'un brun noirâtre sur un fond blanc ; l'iris est de couleur noisette ; les coins de la bouche sont d'un jaune foncé ; le bec est noir ; les pieds et les ongles sont jaunes. I,a femelle adulte est un peu moins grande que le mâle ; mais elle en diffère si peu que la dissection est presque le seul moyen de les distinguer l'un de l'autre. Les jeunes, dans leur premier âge, pi. 2o3 de Levaillant, ont les plumes de la tête et du dos brunâtres avec une légère bordure d'un blanc sale ; les couvertures sont roussâtres et terminées de même ; les pennes alaires, plus brunes, ont sur leurs bords extérieurs de petites taches roussâtres, et pré- sentent intérieurement des taches blanches plus grandes et 3 04 cou ovoïdes; leur extrémité est blanchâtre, et le dessous est rayé de blanc et de brun foncé. Les pennes caudales sont , dans toute leur étendue , ondulées de brun, de blanc et de roux. On remarque à l'occiput une large tache blanche. Le brun do- mine sur le devant du cou et sur la gorge ; mais, sur la poi- trine, sur le ventre et sur les cuisses, les raies transversales, devenues noirâtres, occupent bien moins d'espace que le fond blanc, qui, vers l'anus, n'est coupé que par des points de la même couleur. Le bec est en partie noirâtre et en partie jaune; les tarses et les doigts sont jaunes. Plusieurs auteurs ont décrit comme une espèce particu- lière le coucou roux, cuculus hepathicus , Lath. et Retz., qui est figuré parSparrman, pi. 55 du Muséum Carisonianum, et qui a ordinairement le haut de la tête , le dos et les cou- vertures des ailes, rayés transversalement de roux foncé et de noir, les pennes des ailes noirâtres, avec une petite tache jblanche à l'extrémité, des taches ovoïdes d'un blanc roussâlre sur les barbes intérieures , et des taches carrées et rousses sur les barbes extérieures; les pennes de la queue rousses, avec des bandes diagonales noires ; de petites taches blanches sur les baguettes , et la pointe de la même couleur ; les côtés et le devant du cou d'un blanc roussàtre , finement rayés de noir, et le surplus des parties inférieures avec des ondu- lations noirâtres sur un fond blanc. M. Meyer et d'autres naturalistes ne font pas une espèce distincte du coucou roux ; mais ils le regardent comme la femelle du coucou commun. Il est probable que cette opi- nion n'est pas plus fondée que la première, et que ces cou- cous, qui conservent une teinte rousse, sont des jeunes de l'année précédente qui n'ont pas encore fait leur seconde mue , après laquelle seulement cette couleur se perd tout- à-fait. Le coucou vulgaire d'Afrique, que M. Levaillant a peint dans son état parfait et dans son jeune âge, pi. 200 et 201 , a le plumage des parties supérieures d'une teinte plus grise et moins rembrunie que chez le coucou d'Europe ; les taches blanches des pennes de la queue sont aussi plus larges: mais ces oiseaux se ressemblent dans tout le reste , et leurs formes, leur allure, leur chant et leurs mœurs sont aussi les mêmes. cou io5 Cependant M. Levaillant est loin de penser que les deux races passent alternativement de l'un de ces pays dans l'autre, puisqu'à son retour en Europe ou dans le sud de l'Afrique, après six mois d'absence, le coucou a les mêmes couleurs qu'il avoit en partant. On ne connoît pas encore positivement les contrées où se transportent les coucous d'Europe ; mais on est bien sûr, au moins, qu'ils n'y passent pas l'hiver, et ne se retirent pas dans des trous d'arbres pour y vivre au milieu d'un tas de grains, dont ils ne mangent jamais, leur conformation étant opposée à celle des granivores, comme des carnivores , parmi lesquels plusieurs naturalistes lés ont aussi placés. Si l'on a des exemples de coucous trouvés en hiver dans des lieux où ils s'étoient mis de leur mieux à l'abri du froid, ils n'ont pas été constatés avec assez d'exactitude pour que l'on puisse en tirer aucune induction générale. Le départ des coucous pour des contrées plus chaudes que l'Europe , ne s'effectue qu'au mois de Septembre , quoique leur chant ait cessé dès les premiers jours de Juillet, époque du commencement de leur mue. Ils reviennent au mois d'Avril, et on les voit passer, à ces deux époques, à Malte et dans les îles grecques de l'Archipel, où Sonnini dit qu'ils arrivent en même temps que les tourterelles. L'espèce du coucou étant moins nombreuse , on n'en aperçoit souvent qu'un seul au milieu d'une volée de ces derniers oiseaux; et le même auteur pense que c'est pour cela qu'on l'a nommé conducteur de lourlerelles, A leur arrivée, les coucous par- courent des espaces considérables, en changeant souvent de place , et fréquentent les buissons plus que les arbres. Mont- beillard a attribué cette circonstance à une foiblesse dans les ailes, qu'on ne pouvoit guères supposer chez des oiseaux qui avoient eu besoin de toutes leurs forces pour de longues traver- sées ; mais, comme à cette époque la végétation est plus avancée dans les herbes et sur les arbustes que sur la cime des arbres élevés , il est évident que c'est là qu'ils trouvent plus tôt les insectes dont ils se nourrissent. Ils se posent même quelque- fois à terre , où ils ne peuvent marcher qu'en sautillant, vu la brièveté de leurs pieds et de leurs cuisses, et c'est vrai- semblablement à cause des difficultés que cette conforma- lofi cou tion présente pour la marche, que dans leur grande jeunesse ces oiseaux se traînent sur le ventre, et se servent de leur bec , comme les perroquets , pour grimper. On prétend avoir aussi remarqué que , dans cette dernière opération, le doigt externe postérieur se dingeoit en avant, et qu'ils agiloient leurs ailes, comme pour s'en aider. Dans les divers climats, chauds ou froids, les oiseaux n'ont, chaque année, qu'une saison pour se reproduire, et quand ils quittent un pays après y avoir fait leurs petits , ils en partent, jeunes et vieux, et y reviennent sans nouveaux jeun(?s : c'est ce qui s'observe pour le coucou d'Europe, qui ne niche pas en Afrique. I>e chant, que les coucous ne font entendre qu'à leur se- conde année, et qui exprime leur nom, n'appartient qu'au mâle ; il est quelquefois interrompu par un ràlement sourd, croii , crou, prononcé d'une voix enrouée. Lorsque les mâles poursuivent les femelles, on en entend un autre, qui peut se rendre par go, go, guet, guet, et' l'on soupçonne que ce cri vient de la femelle, qui, lorsqu'elle est bien animée, répète encore, cinq à six fois de suite , en volant d'arbre en arbre, les sons glou , glou , qui pourroient être des cris d'appel auxquels le mâle, en s'approchant avec ardeur, ré- pond tou cou cou. Les coucous se laissent difïicilement approcher lorsqu'ils se trouvent dans un bois, et quoiqu'ils ne s'envolent que pour se poser sur un autre arbre à peu de distance, ils exercent long-temps la patience du chasseur, qui, néanmoins, en répé- tant leur chant avec la bouche seule , peut parvenir à les faire poser sur un arbre voisin de celui auprès duquel il se tient caché, ou trouver l'occasion de les tirer au vol, et qui y réussit encore plus sûrement avec un appeau fait de corne, d'os, d'ivoire ou de bois, et percé, à son extrémité, d'un trou au moyen duquel le son baisse de deux tons pleins lorsqu'on le bouche avec le doigt et s'élève quand il est débouché. Cet instrument est figuré, planche 5, n.° 9 , dans l'Aviceptologie françoise, où l'on fait observer que, le coucou ne chantant que par tierce majeure, ses tons sont ceux d'un fa dièze et d'un ré de la seconde octave d'une flûte d'amour ordinaire. Les coucous, très -maigres à leur arrivée, sont cou 107 fort gras à la fin d'Août; et l'on préfend qu'à celte époque les adultes sont bons à manger: il en est de même des jeunes pris dans le nid au moment où ils sont prêts à s'envoler. On attribuoit aussi à la chair, à la graisse et à la liente de cet oiseau, des vertus médicales , au moins douteuses, et sur les- quelles on ne croit pas nécessaire de s'arrêter ici. La fable de la transformation du coucou en épcrvic^, vient, sans doute , de ce que les deux oiseaux ont le ventre rayé transversalement, et de ce qu'ils offrent encore d'autres rap- ports dans les couleurs. C'est probablement par une suite de cette erreur qu'Olina prétend qu'on peut dresser le coucou à la chasse du vol. I-es œufs du coucou commun sont figurés dans le tome 2 de l'Histoire des oiseaux de la Grande-Bretagne parLewin, pi. 10, fig. 2, et dans rOvarfum Britannicum de Graves, Lond., 1816, pi. i."^"; mais ils sont fort sujets à varier. Tantôt ils ressemblent, pour le fond de la couleur et des taches, à ceux du moineau franc , dont on a déjà dit qu'ils avoient à peu près la grosseur ; tantôt ils sont couverts de taches roussàtres, placées sans ordre, et il en est d'autres sur les- quels on voit des lignes noires. Coucou CRIARD : Cuculus clamosus , Lath. ; pi. 204 de Lev. , le mâle et la femelle. Cette espèce, un peu plus petite que le coucou d'Europe, a le corps d'un noir qui présente des nuances bleuâtres; les pennes de la queue, un peu étagées, ont la pointe blanche ; le bec est noir, l'iris d'un châtain foncé, et les pieds sont jaunâtres. La femelle adulte ne se distingue du mâle que par la bordure roussâtre et transver- sale des plumes qui couvrent tout le dessous de son corps; mais, dans le jeune âge, les deux sexes ont les mêmes par- lies barrées de roux , et le dessus du corps est d'un brun roussâtre. Cet oiseau , qui se trouve dans l'intérieur de l'Afrique et qui, surtout, est très-abondant dans le pays des Cafres et dans le Cambdeboo , doit son nom aux cris ha- houa-ach , dont le second est exécuté deux tons plus haut que le premier , le troisième deux tons plus haut que le second, et qu'il répète fréquemment et fait entendre à de très-grandes distances. CoccoT' 50L1TATRE : Cuculus soUtarius ; Cuv. , pi. 206 des ^•^8 COU Oiseaux d'Afrique de Levaillant. Cet oiseau , d'une taille moyenne entre celle du coucou vulgaire et du coucou criard, tient des deux par ses couleurs et par son cri, qui peut être rendu par les syllabes coj/-fl-ac?i, et que le niàle répète pendant toute la matinée. Le chant de la femelle ne consiste que dans un roucoulement sonore. Cette femelle a le dessous du corps roux , avec des bandes brunes , et d'ailleurs elle ressemble au mâle, qui est d'un noir-brun glacé de gris sur la tête, le dessus du cou, le manteau, les couvertures des ailes et celles de la queue : les pennes alaires et caudales ont une teinte plus foncée ; les dernières ont leur extré- mité blanche , et il y a des taches de la même couleur sur les quatre latérales. Les parties inférieures sont d'un blanc roussàtre , avec des ondes brunes sur le devant du cou , et des bandes transversales d'un brun noir suc la poitrine ; l'iris est brun ; les paupières, le dedans de la bouche, la langue, les pieds et les ongles sont jaunes; le bec est d'un noir brun. Chez les jeunes tout le dessus du corps est d'un brun très- roux , et le dessous d'un roux clair, avec des bandes trans- l'ersales un peu plus foncées. M. Levaillant a donné à ce coucou le nom de solitaire, parce qu'il a observé que chaque couple vivoit séparé, et qu'il y avoit rarement plus d'un mâle et d'une femelle de l'espèce dans un assez vaste canton. On le trouve au pays des Cafres, dans l'intérieur des terres, et il se tient perché sur les branches basses des arbres lorsqu'il chante. Ses œufs sont d'un blanc roux, parsemé de taches d'un brun clair: les oiseaux auxquels il les confie sont la fauvette rousse , le capocier, le coryphée, le Jean-Fréderic et le merle-ré- clameur. Le même auteur pense que l'oiseau décrit par Montbeillard comme une variété du coucou européen, et qui a été figuré dans les planches enluminées sous le n.° 090, est un jeune coucou solitaire , dont la couleur rousse a été trop chargée. Coucou ÉDOLio ; Cuculus edolius, Cuv. Cette espèce, dont le mâle et la femelle sont figurés dans l'Ornithologie d'Afrique, pi. 207 et 208 , se trouve particulièrement dans le sud de cette partie du monde et dans les Indes ; on la nomme oiseau du nouvel an dans les environs du cap de Bonne-Espé- cou 109 rance. Le mâle, dont la forme est svelte et la queue étagée, a environ un pied de longueur : son plumage est noir sur tout le corps , à l'exception d'une plaque blanche au milieu des pennes intermédiaires des ailes, qui, comme la queue, offrent une teinte de vert sombre : la tête est ornée d'une huppe noire, composée de plumes longues et étroites qui retombent en arrière; le bec est noir; les pieds sont bruns et les yeux orangés. La femelle, aussi huppée, mais un peu plus petite que le mâle , en diffère par la blancheur de tout le dessous du corps et de l'extrémité des pennes de la queue. Les jeunes , dont les parties supérieures sont d'un noir brun , ont la gorge et le devant du cou d'un blanc sale, et les autres parties inférieures grisâtres. Les œufs de ce coucou sont entièrement blancs ; leur di- mension est de six lignes sur quatre. Les oiseaux dans le nid desquels M. Levaillant en a trouvé , sont ceux de la fauvette rousse, delà fauvette citrin, du gobe-mouche mantelé, du coryphée et de la bergeronnette brune. Le nom que le même auteur lui a donné et qu'il porte au Cap , est tiré de son chant, prononcé d'une voix plaintive. Le mâle de cette espèce, dont Sparrman a donné la figure pi. 5 de son Muséum Carlsonianum , sous le nom de cuculus serratus , qui a été adopté par Latham et Gmelin, a été dé- crit par Sonnini , tom. 64 de son édition de Buflfon , p. 78, sous celui de coucou à plaque dentelée aux ailes; c'est aussi le cuculus ater, Gmel, La femelle, représentée dans les planches enluminées de BuflTon, n.° 872 , avec la dénomination de coucou huppé de la côte de Coromandel , est le jacobin huppé de Montbeillard , cuculus melanoleucos , Gmel. et Lath. M. Levaillant a donné, pi. 209, la figure d'un oiseau qu'il regarde comme une variété du coucou édolio , dont il diflTé- roit par une taille plus forte, une queue plus longue, et par des traits longitudinaux d'un noir verdâtre sur la gorge et le devant du cou , qui étoit blanc , ainsi que le surplus des parties inférieures. Coucou LiDRic ; Cuculus ûuratus , Gmel. et Lath. Cette espèce , dont la figure se trouve dans les planches enluminées de Buffon , n.° 667, sous le nom de coucou vert du cap de Bonne-Espérance . a été décrite par Montbeillard avec la déno- i^o cou mination de coucou vert-doré et blanc. M. Levaillant en a fait fjgurcr le inàle et la femelle sous les n.°^ 210 et 211, et leur a donné le nom de didric, d'après le ramage que le mâle fait entendre perché sur la cime des plus grands arbres, et qui consiste dans les syllabes di-di-di -didric , chantées d'un ton égal et traînant. Ce coucou, à peu près de la grosseur d'une grive , a une taille élégante. Tout le dessus de son corps est d'un vert doré, relevé sur la tête par cinq bandes blanches, dont l'une part du front et s'étend jusque sur l'occiput; les deux suivantes passent au-dessus des yeux , et les deux autres au- dessous. Les scapulaires , les grandes couvertures des ailes et celles du dessus de la queue sont frangées de blanc ; les grandes pennes sont d'un brun verdàtre , et ont des taches blanches, beaucoup moins larges extérieurement que sur les barbes intérieures. La même couleur termine les pennes de la queue , qui est très-légèrement étagée ; ces pennes offrent les mêmes taches blanches que les ailes, à l'exception des deux du milieu. Tout le dessous du corps est blanc; le bec, un peu jilus déprimé que chez les autres coucous, est brun, ainsi que les pieds et les ongles; l'iris est d'un jaune orangé. La femelle, à peu près de la taille du màlc , n'en diffère que par une teinte rougeâtre sur les parties qui chez celui-ci sont d'un vert doré , et roussàtre sur les parties blanches. Les jeunes ont le dessus du corps d'un or brunâtre , le dessous d'un gris nuancé de blanc et de roux, et les taches des ailes et de la queue d'un roux marron. La femelle, dont le cri peut être rendu par ivic-wic , pond des œufs d'un blanc luisant. Coucou KLAAs : Cuculus KlasH , Cuv. etVieill. Ce coucou , qui est figuré pi. 212 de l'Ornithologie d'Afrique, et que M. Levaillant a présenté comme une espèce distincte , à laquelle il a donné le nom du Hottentot son fidèle compa- gnon, ressemble beaucoup au précédent, dont il a la taille. Ce célèbre voyageur lui a néanmoins trouvé des différences qui lui ont paru suffisantes pour constituer une espèce, quoi- qu'il n'ait eu en sa possession qu'un seul individu. Son bec, dit-il, est beaucoup plus petit et moins courbé que celui du didric; sa queue est moins large, ses ailes sont plus longues; le dessus de la tête , le derrière du cou et les autres parties cou supérieures sont d'un vert cuivré, sans autre mélange que le Liane de deux petits sourcils ; les grandes pennes sont en- dessus d'un vert-bronzé uniforme et noirâtre, avec des taches Idanches en.- dessous ; les parties inférieures du corps sont d'un blanc pur, à l'exception du bas-ventre et des cuisses, sur lesquels on remarque quelques bandes longitudinales d'un vert bronzé ; les quatre pennes du milieu de la queue sont d'un vert rougeàtre , et les trois extérieures blanches, avec une tache oblongue cuivrée vers la pointe et sur le côté extérieur, tandis qu'én-dessous elles sont traversées de lignes noirâtres fort espacées ; le bec et les pieds sont d'un brun noir, et les yeux jaunes. Peut-être cette description, quelque détaillée qu'elle soit, laissera -t- elle des doutes sur la réalité de l'espèce : on trouvera encore de grands rapports avec le didric dans le Coucou cviVRÛ, cuculus ciipreus, Lath. et Vieill., dont la taille , comparée à celle de l'alouette , est plus alongée , dont les parties supérieures sont d'un vert brillant à reflets d'or et d'un rouge cuivré; le ventre et les cuisses d'un jaune jon- quille ; et dont la queue, un peu plus longue, est foiblcment éCagée , et le bec noir, ainsi que les pieds. Coucou GRIS- BRONZÉ; Cuculus œreus , Vieill. M. Levaillant a donné, pi. 21 5, la figure de cette espèce, venant de Ma- limbe , qu'il a vue dans le cabinet de M. Teniminck. De la longueur du coucou d'Europe, elle aies formes plus dégagées; la mandibule supérieure , s'élargissant à sa base, emboîte dans cette partie la mandibule inférieure ; la totalité du bec de cet oiseau est d'un jaune citron, et les pieds sont noirs; le dessus du corps , les ailes et la queue sont d'un vert foncé et brillant ; le dessous est gris , avec des nuances d'un vert plus ou moins foncé , suivant les incidences de la lumière. Coucou A collier; Cuculus collaris , Vieill. Cette espèce, qui est le cuculus coromandus de Gmelin et de Latham , a été représentée dans la 274.^ planche enluminée de Buffon , n." 2 , sous le nom de coucou huppé de Coromandel , et dans la planche 210 de l'Ornithologie d'Afrique, sous celui de coucou à col- lier blanc. Sa longueur est de douze pouces trois lignes ; sa huppe, formée de plumes étroites, roides et dirigées en ar- rière, est 5 ainsi que les autres parties supérieures, d'un noir ï^^ cou bleuâtre , à l'exception d'un collier blanc qui embrasse le cou. L'individu décrit par Montbeillard avoit de plus der- rière chaque œil une tache ronde d'un gris clair , et la gorge étoit noirâtre , tandis qu'elle est d'un roux jaunâtre dans celui de Levaillant. Le surplus des parties inférieures est dans les deux individus d'un blanc sale; les couvertures ef les pennes des ailes sont d'un roux foncé; le bec et les ongles d'un noir bleuâtre, et les pieds gris : le devant du cou est blanc chez la femelle , qui a le roux des ailes plus foible. M. Levaillant pense que l'individu décrit par Montbeillard étoit une femelle ou un jeune mâle : il a vu plusieurs de ces oiseaux venant du Sénégal, et il a trouvé le sien dans le sud de l'Afrique. D'après l'état dans lequel étoit son ven- tre , il est persuadé que ce coucou ne couve pas ses œufs. Coucou TACHiRou. M. Lcvaillaut a rapporté l'espèce figurée sous ce nom dans son Ornithologie d'Afrique, n.° 216, au coucou varié de Mindanao , qui est représenté, avec la déno- mination de coucou tacheté de Mindanao, sur la 277." pi. de Bufïon , cuculus mindanensis de Gmelin et de Latham ; mais il a cité la planche 294, qui représente le coucou du Malabar ou cuil , cuculus honoratus, Gmel. et Lath. Ces deux oiseaux ont, à la vérité, dans leur plumage de si grands rapports qu'on seroit tenté de ne voir en eux qu'une seule espèce , si le premier n'étoit désigné comme ayant quatorze pouces et demi de longueur, tandis que le second en auroit trois de moins , et si les pennes caudales de ce dernier n'étoient assez fortement élagées , tandis que chez l'autre elles le sont beaucoup moins : mais ces circonstances parois- sent suffisantes pour motiver au moins deux descriptions distinctes. Le mâle du tachirou a le dessus de la tête d'un roux châ- tain , avec un trait noirâtre sur la tige de chaque plume; le derrière du cou , le dos, les scapulaires et les couvertures des ailes et de la queue sont variés de blanc-roux sur un fond d'un vert noir à reflets; le dessous du corps oflTre les mêmes taches sur un fond blanc ; des bandes plus ou moins rousses traversent obliquement les pennes des ailes et de la queue , qui est aussi longue que le corps et dont les trois pennes latérales sont légèrement étagées ; le bec , d'un noir cou ai3 Jsruii en-dessus, est moins foncé en-dessous; les pieds sont couverts de larges écailles d'un brun jaunâtre ; les taches sont moins nettes sur la femelle, qui n'a pas le dessus de la tête roux, et l'oiseau , dans son jeune âge, est d'un roux clair aux endroits où il est blanc dans l'âge fait. Cet oiseau, qui vit particulièrement de sauterelles, de chenilles et de chrysalides, se trouve aux Philippines et en Afrique , où M. Levaillant a remarqué que ceux qu'il a tués n'avoient pas couvé. Le coucou cuil , dont M. Levaillant ne parle point, et qui , un peu plus petit que le coucou ordinaire , n'a qu'onze pouces et demi de longueur, est d'un cendré noix'àtre , légèrement tacheté de blanc sur tout le dessus du corps, dont le dessous est rayé transversalement de cendré sur un fond blanc ; les pennes des ailes sont noirâtres, et celles de la queue cen- drées avec des raies blanches ; le bec et les pieds sont d'un cendré peu foncé, et l'iris est orangé. Moutbeillard attribue aux services que cet oiseau rend par la destruction des insectes, la vénération dont il jouit au Malabar ; et cette explication est plus naturelle que l'opi- nion de Fouché d'Obsonville , suivant laquelle le cuil seroit vénéré à cause du charme de sa voix , dont les poètes du pays célèbrent en effet l'étendue, la souplesse et la variété, qualités bien exti^aordinaires chez un oiseau appartenant à la famille des coucous. Mais on ne doit pas taire ici que le même. auteur, p. 69 et suiv. de ses Essais philosophiques sur les mœurs de divers animaux , s'étonne qu'on ait placé parmi les coucous un oiseau dont le nom, en tamoul et en malabare , est synonyme de rossignol. Il y auroitlieu, d'après ces circonstances , de craindre quelque erreur dans l'appli- cation du nom à l'individu décrit sur un dessin originaire- ment envoyé par Poivre , si , d'un autre côté, Fouché d'Ob- sonville ne reconnoissoit l'exactitude de la description de Montbeillard en la rapportant au cuil. Le voyageur ajoute qu'il en existe aux Indes deux ou trois espèces, les unes presque aussi grosses que des geais , et les autres plus petites; que tous ces oiseaux habitent de préférence les lieux peu fréquentés et couverts de bois ; qu'ils se tiennent en petites compagnies, qu'ils voient en planant, mais à de courtes dis- 11. 8 /^4 COU [ances , qu'ils se nourrissent d'insectes, et ^ue leur chair, noirâtre , est délicate et si agréable au goût que les gens riches et sensuels les achètent fort cher aux chasseurs , ce qui a donne naissance au proverbe indien : C'est un grand bien de manger le cuil, mais un grand mal de le tuer. On voit que les habitudes attribuées aux cuils ne sont pas moins différentes de celles des coucous que leur chant mélo- dieux, et, quoique la distribution des doigts, dont Fouché d'Obsonville ne parle pas , établisse , dans l'espèce figurée par BufTon , un rapport essentiel avec les coucous, il seroit à désirer que l'on eût occasion d'examiner de nouveau et plus particulièrement les deux ou trois espèces ou variétés simplement indiquées par d'Obsonville, et de Tune desquelles Latham a fait, peut-être un peu légèrement, son cuculus indicus.- Grand Coucou tacheté ; Cuculus glandarius , Gmcl. et Lath. Cette espèce, à peu près de la taille d'une pie, dont un individu a été tué sur les rochers de Gibraltar, et à la- quelle on a aussi donné le nom de coucou d'Andalousie, cuculus Andalusiœ , Briss. , tom. 4, p. 1 2*1 , a été figurée par Edwards, pi. 67. Elle a la tête couverte de plumes soyeuses d'un gris bleuâtre, qui sont assez longues pour former une sorte -de huppe lorsqu'elle les relève ; une bande noire , qui part des coins de la bouche , forme un bandeau sur ses yeux , et se termine en pointe à l'occiput ; la partie supé- rieure du cou , le dos et le croupion sont d'un brun foncé ; les pennes moyennes des ailes, leurs couvertures et les qua- tre pennes latérales de la queue, qui est étagée , sont terminées par des taches blanches; leurs grandes pennes sont noirâtres en-dessus, et cendrées en-dessous ; tout le dessous du corps est d'un roux brun, plus obscur sur les parties inférieures; le bec, les pieds et les ongles sont noirs. Ce coucou paroît être un oiseau de passage, qui se tient l'hiver en Afrique ou en Asie, Gérini a décrit , dans l'Ornithologie italienne , t. i.", p. 41 , un autre coucou , que l'on n'a également vu qu'une fois dans les environs de Pise , et auquel on a donné l'épithète de j)isanus. A peu près de la taille du précédent, il avoit aussi une huppe retombant sur le cou , mais elle étoit noire ; le cou ii5 dessus de son corps éfoit mélangé de noir et de blanc ; le.< grandes pennes des ailes étoient rousses avec l'extrémité blanche ; celles de la queue étagées et noirâtres , avec le bout d'un roux clair : la gorge et la poitrine étoient rousses; lesi plumes anales de la même couleur, mais plus pâles; le bec d'un brun verdàtre, et les pieds verts. Malgré les différences de ces couleurs et de celles du grand coucou tacheté, on remarque entre eux d'assez grands rapports pour hésiter à les séparer entièrement; mais, ce qui doit jeter des incerti- tudes d'une autre nature sur ces deux oiseaux , c'est que , suivant l'auteur italien , on a vu, en 1739, un couple de ces derniers qui a fait un nid dans lequel la femelle a pondu quatre œufs qu'elle a couvés et fait éclore. On ne dit pas où le nid étoit placé, et Ton ne donne pas sur cette incu- bation des détails qui auroient été nécessaires pour constater suffisamment un fait sur lequel il peut y avoir eu erreur et supposition d'individus. C'est donc encore un point d'his- toire naturelle à éclaircir. Coucou jiOROc ; Cuculus abjyssinicus , Lath. Le P. Lobo est le premier qui , dans son Voyage en Abyssinie , a parlé de cet oiseau, dont le nom, moroc ou maroc , paroit venir de mar , qu'on croit signifier miel. Ce jésuite, après avoir exposé qu'on voit dans ce pays beaucoup d'abeilles sauvages qui déposent leur miel tantôt dans le creux des arbres, tan- tôt dans des trous sous terre , dit que., quand le moroc a fait la découverte de quelques ruches sauvages, il se porte sur le chemin , et que, s'il voit passer quelqu'un, il chante, bat des ailes, et par divers mouvemens invite le voyageur a le suivre en volant d'arbre en arbre jusqu'à ce qu'il arrive à la place où les abeilles ont enfermé leur trésor et où il commence à chanter mélodieusement. L'Abyssinien, ajoute- t-il, s'empare du miel, et ne manque pas d'en laisser une partie pour l'oiseau en récompense de sa délation. Bruce, qui, dans son voyage aux sources du Nil, a aussi trouvé le moroc , est loin de lui attribuer ces qualités mer- veilleuses, puisqu'il le regarde comme un oiseau silencieux, qui , à la vérité , détruit beaucoup d'abeilles, mais sans les manger ni rechercher leur miel. Le moroc ne lui paroît pas non plus devoir être considéré comme un coucou, bien qu'il ^-^6 COU en ait la forme et la grosseur. Voici , au reste ^ la tlescrip- tion qu'il en donne : sa bouche est très-fendue ; l'intéi'ieup en est jaune; sa langue, très-flexible et très-pointue, peut en sortir de la moitié de sa longueur; son bec, entouré de poils très-fins , est pointu et un pcu'crochu ; le dessus de la tête est d'un brun sans mélange , qui forme une sorte de calotte ; les sourcils sont noirs, et lins d'un rouge brun; le devant du cou est d'un jaune dont le centre est moins foncé que les côtés; les parties inférieures sont d'un blanc salc;les couvertures et les pennes des ailes sont blanches à leur extrémité, ainsi que les pennes de la queue , qui sont au nombre de douze , et paroissent de la même longueur, quoi- que les deux du milieu aient un peu plus d'étendue ; les cuisses sont couvertes de plumes d'un blanc sale , tombant en manchettes sur les tarses, lesquels sont noirs, ainsi que les pieds, et couverts d'écaillés. Bruce ajoute que les doigts , munis d'ongles durs et crochus, ne sont qu'au nombre de trois , dont deux en avant et un en arrière ; et il annonce que le dessin, sur lequel l'oiseau est représenté de grandeur jiaturelle , a été soigné avec toute l'exactitude possible. Latham a d'abord indiqué , dans son Index ornithologicus, le moroc parmi les synonymes du cuculus indicalor ; mais, dans le supplément , il en a fait une espèce distincte sous le nom de cuculus abjssinicus , et il a formé pour elle une sec- tion particulière à raison de ses trois doigts. M. Savigny ayant depuis communiqué à M. Vieillot le cuculus melisso- phonus , dont la figure se trouve dans les planches coloriées des Oiseaux d'Egypte et de Syi'ie , faisant partie du grand voyage des François dans cette contrée , ce dernier assure , dans la seconde édition du nouveau Dictionnaire d'histoire naturelle, que c'est absolument la même espèce , quoiqu'elle ait quatre doigts et dix pejines seulement à la queue , comme les vrais coucous, et qu'elle soit longue de quatorze pouces et demi, et non de sept et demi seulement, comme Latham le suppose , d'après la mesure qu'il aura vraisemblablement prise sur la gravure où le dessin aura été réduit. Cette der- jiière circonstance est d'aulant plus vraisemblable que Bruce donne au moroc la grosseur d'un coucou; mais , pour le nombre des pennes caudale> et surtout des doigts , la méprise cou "7 auroit été un peu forte de la part du voyageur. Quoi qu'il en soit, le naturaliste François, qui a décrit d'après nature l'oiseau rapporté d'Egypte, annonce que le bec, brun en- dessus, est jaunâtre en-dessous; que la tête et la nuque sont noirâtres ; le dessus du corps et des ailes brun , avec des mouchetures blanches à l'extrémité, de quelques plumes ; cette couleur termine aussi l'aile bâtarde et toutes les pennes, dont les primaires sont rousses à l'extérieur, et les secon- daires pareilles au dos : les pennes de la queue , bordées de même, sont d'une nuance plus sombre ; la gorge et les par- ties inférieures sont d'un blanc jaunâtre. Quoique la plupart des espèces que l'on vient de décrire, appartiennent proprement à l'Afrique , il en est plusieurs que l'on trouve également dans les Indes, où celles qui vont suivre fixent leur séjour le plus habituel. CoDCou Nom DES Indes; Cuculus orientalis , Gmel. Ce cou- cou , figuré dans les planches enluminées de BufTon , n." 274, est le premier des trois oiseaux que Montbeillard a associés sous le nom de couheel , et il ne paroit pas différer du coucou à gros bec dé M. Levaillant , planche 214, cuculus crassirosfris , Vieill. Sa longueur est de seize pouces. Mont- beillard le décrit comme ayant le plumage d'un noir bril- lant, changeant en vert et en violet sous les pennes de la queue seulement ; le bec et les pieds d'un gris brun, et les ongles noirâtres. Le mâle des deux individus que M. Levail- lant a tués en Afrique, au-delà du pays des grands Nama- quois, avoit tout le plumage d'un noir glacé d'une riche teinte bleue, et la femelle n'en différoit qu'en ce que le noir brunissoit sur les parties inférieures , et que le reflet bleu de ses ailes n'étoit pas aussi beau ; les pieds étoient, comme chez tous les coucous proprement dits, couverts de larges écailles d'un brun jaunâtre, et les ongles noirs. Ces différences, qui ne consistent presque qu'en variations de reflets pour le plumage et en nuances dans des piirties susceptibles de dessèchement, ne paroissent pas suffisantes pour séparer des oiseaux dont M. Levaillant annonce d'ail- leurs qu'il a trouvé un individu , venant du Bengale , dans le cabinet de M. Raye de Breukelerwaert à Amsterdam. 11 est probable aussi qu'on peut réunir à cette espèce lo l'S cou second coukeel de Montbeillard , qui , à la vérité , est donné comme étant moins long de deux pouces , mais dont le plu- mage entier est d'un noirâtre tirant au bleu , et dont le bec , noir à la base , est jaunâtre à la pointe. C'est la va- riété B du cuculus orientalit, Gmel. et Lath. Le nom de Coucou coukeel, Cuculus niger , Gmel., se trouvera ainsi réservé à la petite espèce , qui n'est que de la grosseur du merle, n'ayant que neuf pouces de long, et dont le bec n'excède pas dix lignes et les tarses sept. Cet oiseau, figuré dans Edwards, pi. 58, est le coucou noir du Bengale de Brisson. Son plumage, dont le fond est noir, réfléchit, suivant les degrés d'incidence de la lumière, toutes les nuances mobiles et fugitives de l'arc-en-ciel ; son bec , qui a les bords de la mandibule supérieure ondes, est d'un orangé vif , et un peu plus court et plus gros que celui du coucou d'Europe; ses pieds sont d'un brun rougeàtre. C'est lui qu'on nomme proprement coukeel au Bengale. Coucou A VENTRE RAYÉ; Cuculus radiatus , Gmel. et Lath, Sonnerat, qui a trouvé cet oiseau à l'ile dePanay, l'une des Philippines, Ta décrit et figuré page 120, planche 79, de son Voyage à la Nouvelle-Guinée. Il est de la taille du coucou ordinaire , et a le dessus de la tête d'un gris noirâtre ; les côtés et la gorge de couleur de lie de vin ; la poitrine et le ventre d'un jaune pâle , avec des raies transversales noires ; le dos et les ailes d'un brun terne ; les dix pennes de la queue noires et d'égale longueur, avec des taches blanches, arrondies , et formant des raies par leur disposition régu- lière; le bec noir 5 et les pieds rougeàtres. Coucou A TÊTE GRISE ET VENTRE JAUNE : CuCuluS JiavUS , Gmel. et Lath.: pi. 814 de Buffon. Cet oiseau, delà grosseur d'un merle et de huit pouces environ de longueur, a été décrit page 122, et figuré pi. 81 du Voyage de Sonnerat à la Nouvelle-Guinée, sous le nom de petit coucou de l'ile de Panay, Il a le dessus de la ièie et la gorge d'un gris clair; le dessus du cou , le dos et les ailes d'un brun peu foncé ; le ventre, les jambes et les plumes anales d'un jaune pâle avec des teintes rousses; la queue noire et étagée avec des raies blanches; les pieds d'un jaune pâle, ainsi que le bec j dont la pointe est noirâtre. COL 11 j Les ornithologistes présentent encore deux autres petits coucous des Indes comme deux espèces distinctes. L'une , trouvée aussi ppr Sonnerai dans File de Panay , et décrite dans son Voyage aux Indes orientales, tom. 2 , p. 211 , est ^e ciiculus Sonneratii de Lalhani , que le premier de ces au- teurs donne comme ayant les parties supérieures d'un rouge brun , avec des raies transversales noires ; les pennes de la queue de la même couleur, semées le long du tuyau de quelques taches noires irréguliéres ; les parties inférieures blanches et traversées par des raies noires ; l'iris, le bec et les pieds, jaunes. Le second coucou, cuculus poliocephalus , Lath., a la tête et le cou d'un gris pâle; le dos d'un brun cendré; le dessous blanc , avec des raies grises , et les penneà caudales également blanches, avec des bandes noirâtres. La couleur du bec et des pieds du premier de ces oiseaux donne lieu de penser que c'étoit un Jeune, et Latham lui-même avoue que l'autre a tant de ressemblance avec le coucou à ventre rayé , qu'il hésite à le regarder comme une espèce réelle. Or, d'après les grandes difïerences qu'offre le coucou vul- gaire dans son jeune âge et dans l'état adulte, n'y auroit-il pas une indiscrétion manifeste à qualifier trop légèrement d'espèces les individus de contrées lointaines, dont la taille et les proportions sont à peu près les mêmes , et qu'on n'a pu se procurer qu'à une époque de leur vie, sans avoir eu le temps ni les moyens de les examiner comparativement ? Coucou BOUTSALLiCK ; Cuculus scolopuccus , Gmcl. et Lath. Ce coucou, figuré par Edwards, tom. 2 , pi. 69, sous le nom de coucou brun et tacheté des Indes, et par Buffon , pi. 586, s'appelle au Bengale houghtsaUick -. il a environ quatorze pouces de longueur depuis le bout du bec jusqu'à celui de la queue ; mais son corps est plus petit que celui du coucou ordinaire, avec lequel son plumage lui donne quelques rap- ports, surtout dans le jeune âge de ce dernier. Le brun est la couleur dominante du boutsallick; la plupart de ses plumes en sont bordées sur un fond roussàtre en-dessus et blanc en-dessous; la queue est étagée ; ses pennes et celles des ailes sont traversées de raies d'un brun clair et rous- sàtre , un peu inclinées vers la pointe; le bec et les pieds sont jaunâtres. 120 cou Le coucou qui a été décrit par Montbeillard sous le nom de Coucou BRUN piqueté de roux , et qui est représenté sous celui de coucou tacheté des Indes orientales, n.° 771 des plan- ches enluminées , cuculus punctatus , Ginel. et Lath. , ne sem- Lleroit être qu'une variété du précédent , s'il n'avoit seize à dix-sept pouces de longueur. La tête et tout le dessus du corps sont piquetés de roux sur un fond brun; les parties inférieures sont rayées transversalement de brun noirâtre sur un fond roux ; des raies semblables se remarquent sur les ailes et sur la queue, qui est étagée comme celle du bout- sallick ; il y a sous les yeux une tache oblongue d'un roux clair ; le bec est de couleur de corne , et les pieds d'un gris brun. On a vu que le bec et les pieds du boutsallick étoient jaunâtres ; mais il ne faut pas beaucoup s'arrêter à ces A^ariations de couleurs , qui, au reste, fortifient, dans cette occasion, la conjecture que le boutsallick dont Edwards a fait faire le dessin , et qui avoit la tête fort grosse, étoit un jeune non encore entièrement développé. La forme ronde des taches du coucou piqueté a pu aussi être re- gardée comme une différence assez importante à ajouter aux considérations relatives à sa taille , plus forte que celle du boutsallick. Mais l'individu qui est décrit dans le jiouveau Dictionnaire d'histoire naturelle sous le nom de cuculus perlât us , semble être un intermédiaire dont le rapprochement peut affoiblir beaucoup cette remarque. En effet, le coucou perlé, plus petit dans toutes ses dimen- sions, et d'une taille inférieure à celle du coucou d'Europe, a, sur un fond brun, des mouchetures rondes à la nuque et au manteau ; les parties inférieures ont des taches brunes longitudinales sur un fond roux; la queue est tachetée de brun et de gris blanchâtre, et le bec est de couleur de corne, comme celui du cuculus punctatus , qui , d'ailleurs, a pu être décrit sur un individu dont la dépouille auroit été alongée dans la préparation. Le .Coucou TACHETÉ DE l'île Panav , dout Sonnerat a donné la figure pi. 78 de son Voyage à la Nouvelle-Guinée , et dont Cmelin et Latham ont fait leur cuculus panajanus , a été regardé par Montbeillard comme une simple variété du coucou brun piqueté de roux; mais, s'il y a de la ressemblance cou 221 dans le plumage de ces deux oiseaux , il existe entre eux une différence plus importante , le premier ayant la queue arrondie, tandis qu'elle est étagée chez le second. D'après la description de Sonnerai, le coucou de File Panay est des deux tiers plus gros que celui d'Europe. Le dessus du corps et la gorge sont d'un brun foncé et presque noir , avec des mouchetures d'un jaune roux , qui ont une forme oblongue sur la tète et la gorge , et ronde sur le cou , le dos et les couvertures des ailes, dont elles traversent les pennes; la poitrine et le ventre sont rayés de noir sur un fond blanc; la queue, dont les pennes sont, comme on l'a déjà dit, d'égale longueur , est d'un roux fauve , coupé par des bandes transversales noires ; Tiris est d'uu jaune roux, le bec noir, et les pieds sont plombés. Le Coucou TACHETÉ DE LA Chine : Cuculus maculatus , Gmel. et Lath. ; pi. enlum. de Buffon , n." 764, est encore une espèce que des naturalistes n'ont considérée que comme une variété du cuculus punctatus et du cuculus scolopaceus , quoiqu'elle s'en écarte également par la queue non étagée. Ce coucou, long d'environ quatorze pouces, a le bec noirâtre en-dessus, jaune en-dessous, et les pieds jaunâtres. On re- marque quelques taches blanchâtres au-dessus et en avant des yeux ; le reste de la tête et le cou sont noirâtres ; les parties supérieures du corps et les ailes sont d'un gris foncé verdàtre, varié de blanc et jetant des reflets d'un brun doré ; le dessus du corps et les pennes de la queue sont rayés trans- versalement de brun et de blanc, ainsi que les plumes qui, du bas de la jambe , retombent jusqu'à l'origine des doigts. On ignore quels motifs ont pu , malgré cette dernière circonstance , déterminer un autre naturaliste à ranger cet oiseau parmi les couas , distingués surtout des coucous pro- prement dits par la longueur et la nudité des tarses. On a observé que les coucous d'Amérique , ou au moins la plupart, faisoient un nid et y pondoicnt leurs œufs, et que, par leurs formes extérieures, ils appartenoient à la section des couas : mais c'est ici le cas d'examiner s'il n'y auroit pas eu quelque erreur dans la désignation des oiseaux dont Gmelin et Latham ont fait leurs espèces pluvialis et americanus. C'est à la seconde de ces espèces qu'ils ont appli- cou que la planche 816 de Buffon. Or si, d'une part, ces espèces sont considérées comme ne devant pas être réunies, et si, de l'autre, c'est bien le cuculus americanus , c'est-à-dire le coucou vieillard aux ailes rousses, cuculus carolinensis , Briss. , qui est représenté dans les planches enluminées, ce cou- cou d'Amérique feroit une exception , et n'appartiendroit ni à la section des couas , puisqu'il a des manchettes aux tarses, ni à celle des coucous proprement dits, puisqu'il fait "Un nid et y pond ses œufs. Mais ne pourroit-on pas conci- lier ces faits, en apparence contradictoires, en reconnois- sant , avec la plupart des naturalistes, deux espèces, et transportant au cuculus pluvialis , véritable oiseau de pluie, que rien n'annonce avoir les tarses emplumés, l'habitude de l'incubation attribuée au cuculus americanus , ou vieillard à ailes rousses? Les deux oiseaux n'offrant point de diffé- rences bien sensibles à l'observateur peu attentif qui aura trouve le nid de l'un , il ne seroit pas étonnant qu'il eût supposé que c'étoit celui de l'autre ; et Sloane lui-même a pu ne pas faire cette distinction , lorsqu'en disséquant un de ces coucous il lui a trouvé l'estomac très -grand pro- portionnément à sa taille , et les intestins roulés comme le cable d'un vaisseau. Cette circonstance , qui offre un trait de conformité avec l'espèce européenne , étant mise en op- position avec celle du nid, sembleroit , dans tous les cas, confirmer l'existence de deux espèces dont les mœurs ne seroient pas les mêmes, et ajouter un degré de force aux autres caractères qui les séparent, lesquels, pour les signes extérieurs, consistent principalement en ce que l'oiseau de pluie , auquel ce nom a été donné parce qu'il se fait entendre plus fréquemment lorsqu'il doit pleuvoir, est long de quinze à seize pouces, que les deux pennes centrales de sa queue excèdent les pennes latérales, qui diminuent par degré, et que les ailes ne s'étendent presque que jusqu'à son origine : tandis que le vieillard , ainsi appelé à cause du duvet blanc qu'il a sous le menton , est long seulement de treize pouces; qu'il a les six plumes intermédiaires de la queue à peu près égales entre elles, et que cette queue ne dépasse les ailes que de quatre pouces. Relativement aux couleurs , les parties supérieures sont à peu près sem- cou 125 Llables, c'est-à-dire qu'elles offrent du brun foncé et du cendré olivâtre, même sur la queue, dont les pennes laté- rales sont noirâtres et bordées de blanc: mais toutes les par- ties inférieures sont blanches dans le vieillard ou coucou de la Caroline , dont les grandes pennes alairessont rousses, tan- dis que l'oiseau de pluie ou coucou de la Jamaïque n'a de blanc que sur la gorge et le devant du cou , et que la poi- trine, le ventre et l'anus sont roux. Chez les deux les pieds sont d'un cendré bleuâtre ; la mandibule supérieure est noire , et l'inférieure d'un blanc jaunâtre. Quant aux mœurs , le vieillard à ailes rousses , qui est ici considéré comme le vieillard proprement dit cuculus ameri- canus , vit solitairement dans les forêts les plus sombres de la Caroline et de la Jamaïque, et semble redouter l'approche de l'homme ; au contraire , le cuculus pluvialis, ou coucou de pluie, se tient dans les lieux découverts et partout où il y a des buissons. La femelle de l'un de ces oiseaux pond quatre œufs d'un blanc bleuâtre dans un nid composé de rameaux et de ra- cines , et construit sur des arbres. C'est Gmelin qui indique la place du nid in malis ; mais Latham substitue à ces termes more glandarii , ce qui supposeroit que le grand coucou tacheté, cuculus glandarius, pondroit , et ne seroit point, en conséquence, un vrai coucou. Au reste, il n'est rien dit de ce fait à l'article du dernier oiseau, et, s'il étoit constant, il pourroit servir à donner des idées plus précises sur le cuculus pisanus, que Gerini prétend avoir niché en Italie. L'oiseau décrit par IVIontbeillard sous le nom de cendril- lard, et par Linnaeus sous celui de cucu/wsdom j>i;c«5, est donné par d'autres auteurs comme la femelle du cuculus ameri- canus. La description des autres coucous d'Amérique se trouve dans la section des couas ; et l'on va passer aux espèces qui ont été rapportées de l'Australasie. Dépourvu des moyens d'en constater la réalité, on s'est borné à ranger, d'après leur taille plus ou moins forte , celles pour lesquelles les dimen- sions ont été indiquées. Coucou ARA WEREROA : Cuculus taitcnsis ; Sparrm., Muséum Carbon.^ pi. S2 ;. Cuculus tahitius , Gmel. ; Coucou brun varié Ï24 cou de noir, Montbeill. Cet oiseau, de la faille de la pie com- mune et d'environ dix -neuf pouces de longueur , a été trouvé dans les des de la Société ; il porte à Otahiti le nom qu'on lui a conservé ici, et dans les îles voisines celui de taj'arahho. Il a le bec d'un brun jaunâtre et les pieds noirs: la tête , le cou et les plumes scapuhiires ont des taches ob- longues d'un blanc jaunâtre sur un fond brun; ces taches sont plus grandes et s'arrondissent sur le croupion et sur les ailes, dont les pennes sont noirâtres; celles de la queue ont, sur un fond pareil , des raies transversales en forme de croissant; toutes les parties inférieures, d'une couleur de rouille claire, sont parsemées de lignes noires longitudinales; le bec est d'un brun jaunâtre , et les pieds sont noirs. Coucou VERT ET BLANC; Cuculus palUolatus , Lath. Cette espèce, qui a environ un pied de longueur, a été rappor- tée de la Nouvelle-Hollande , où elle est très-rare. Les parties supérieures du corps sont d'un vert sombre , les parties in- férieures blanches; le devant de la tête est noir, et cette couleur , s'étendanj: sur les côtés du cou , y forme une sorte de manteau ; les ailes sont noires en-dessus, et jaunâtres en-dessous ; les pennes de la queue, fort courtes, sont ta- chetées de blanc à leur extrémité; les pieds, bleuâtres, ont des ondulations noires ; le bec est brun , et l'iris orangé. Coucou CENDRÉ ; Cuculus cincreiis , Vieill. Ce coucou , aussi de la Nouvelle-Hollande, existe dans la collection de M. Bâillon, d'Abbcville. 11 a onze pouces de longueur; son bec est brun, et les pieds sont gris, ainsi que la totalité du plumage , dont la teinte , plus foncée en-dessus et plus claire en-dessous, va toujours en s'affoiblissant jusqu'aux plumes anales, qui sont blanchâtres; la queue est étagée. Coucou A QLEUE EN ÉVENTAIL; Cuciilus jlahclliformis , Lath. Cette belle espèce de la Nouvelle-Hollande, dont Latham a donné la figure pi. 12C du deuxième supplément de son Synopsis , est de la grosseur d'une grive , et longue de près de dix pouces; les parties supérieures du corps sont dun noir profond , qui se réunit comme par l'attache d'un manteau sur le haut de la poitrine; les joues, la gorge, le bas de la poitrine, le ventre et les plumes anales, sont d'un jaune d'ocre , moins foncé dans les parties inférieures: la queue, cou 125 ciintifornie 5 paroît, d'après la figure, composée de douze pennes, dont les deux intermédiaires sont entièrement noires:, et dont les latérales ont les barbes intérieures ondulées de noir et de blanc; les pieds sont jaunes, et le bec est noir. Coucou roussatre; Cuculus rufulus , Vieill. Cette espècfe, dont la longueur totale est de neuf pouces , a été décrite sur un individu qui se trouve dans le cabinet déjà cité de M. Bâillon , et qui est originaire de la Nouvelle-Hollande- Le dessus du corj)s est varié de brun et de roussatre; la gorge et la poitrine, dont le fond est de cette dernière couleur, offrent en outre des points blanchâtres ; le ventre est d'un gris qui devient presque blanc vers l'anus ; les pennes caudales, cendrées comme celles des ailes, sont d'une teinte plus foncée et ont les bordures roussùtres ; les pieds sont gris, et le bec est noir. Coucou ROUX ET BRUN; Cuculus pyrrlioplianus , "\^ieill. Cet autre coucou de la Nouvelle-Hollande n'a que huit pouces. La tête du mâle est d'un cendré bleuâtre ; le dos et les ailes sont bruns , ainsi que la queue , dont les pennes ont une tache blanche à l'extrémité; le dessous du corps est roux, et le bec noirâtre. La femelle , ou plutôt le jeune , a le bec semblable , les pieds de couleur de chair , la tête et le haut de la gorge d'un cendré plus pâle. Coucou BLEUATRE; Cuculits cccrulescetis , Vieill. On donne à ce coucou environ sept pouces , et le mâle est décrit comme ayant le bec brun, les pieds de couleur de rose, la tête , la gorge et les autres parties inférieures d'un cendré bleuâtre , qui blanchit au bas-ventre ; le dos d'un cendré plus rembruni , la queue rayée de noir et de blanc; tandis que , chez la femelle ou le jeune , les teintes sont bien plus foibles , et que les raies transversales de la queue sont les unes d'un blanc sale , et les autres brunes. Coucou BARIOLÉ; Cuculiis lariegutus , Vieill. Le plumage de cet oiseau est varié de blanc et de brun sur les parties su- périeures, et bleuâtre sur les parties inférieures. La queue est arrondie. Dans le jeune âge tout le dessous du corps est tacheté de brun sur un fond bhmc sale. Il n'est, sans doute, pas nécessaire de faire remarquer combien peu , en général , les derniers oiseaux que l'on 126 cou vient de décrire, diffèrent entre eux par la taille qu le plumage, et de faire sentir la nécessité de regarder comme provisoire une détermination d'espèces qu'il faudra certaine- ment réduire quand l'examen d'un plus grand nombre d'in- dividus, tués à différentes époques de l'année, aura mis à portée de les étudier comparativement. Voici une espèce qui paroît établie avec plus de solidité. Coucou poopo AROWRO ; Cuciilus lucidus , Lath. Ce coucou, de la Nouvelle-Zélande, dont Latham a donné la figure pi. 23 de son Synopsis, a six pouces et demi de longueur. Le dessus de la tête et du corps est d'un vert à reflets d'or. Le dessous est blanc avec des écailles d'un brun doré, ex- cepté aux plumes anales, qui sont tout-à-fait blanches. Les pennes des ailes sont d'un brun obscur, ainsi que celles de la queue , qui est très-courte. Le bec et les pieds sont bleuâtres, et l'iris de couleur de noisette. Coucou KCLATANT ; Cuculus plagosus , Latli. Ce coucou de la Nouvelle-Hollande , dont l'auteur anglois ne donne pas les dimensions, mais qu'il dit, page i58 du 2.* supplément du Sjnopsis, n." 1 2 , avoir le bec noirâtre et pointu, la langue aiguë et aussi longue que les mandibules, les pieds bruns et l'iris bleu, a les parties supérieures d'un roux pourpré et éclatant, qui forme sur la queue des raies transversales, et les parties inférieures d'un blanc sale, que relèvent des lignes brunes fort étroites et à reflets dorés. Coucou A TÊTE BLEUE: Cuculus cjanocephalus , Lath. Cette espèce, trouvée dans le même pays,, est remarquable par le bleu foncé qui lui couvre le dessus de la tête , les côtés et le bas du cou. Les autres parties supérieures sont d'un brun pâle, avec des points blancs sur le dos , et des raies transversales de la même couleur sur les ailes et sur la queue, qui est un peu étagée. Le dessous du corps est traversé de bandes noirâtres sur un fond blanc , dont la teinte est oran- gée à la gorge et au cou. Le bec et les pieds, très-écailleux, sont bleuâtres. On trouve au Cabinet d'histoire naturelle de Paris detix coucous sans dénomination particulière : l'un, venant du port Jackson , est de la taille de la rousscrole, et a la tête grise , le dos brunâtre . la queue rayée transversalement de cou 127 brun et de gris pâle , le dessus du corps blanchâtre , les pied» jaunâtres et le bec noir; l'autre, aussi de la Nouvelle-Hol- lande, n'est pas plus gros que la fauvette rousse, à laquelle il ressemble , ayant le dessus du corps roussàtre et le dessous blanchâtre. Le premier de ces oiseaux se rapporte proba- blement à quelques-uns de ceux qu'on a précédemment dé- signés avec plus de détails, d'après des descriptions étran- gères, et le second pourroit être nommé cuculus pusillus ; mais, dans la crainte de supposer trop légèrement des espèces, sans avoir eu les moyens de s'assurer de leur réalité, on se bornera à cette courte indication, et l'on terminera l'cxpo- sitiou de celles qui sont considérées comme appartenant à la section des coucous proprement dits, par la citation d'une remarque de M. Cuvier , d'après laquelle les coucous didric , klaas et poopo-arowro ont le bec un peu plus dé- primé, et les coucous boutsailick, cuil , varié de Mindanao et ara-wereroa l'ont plus haut verticalement. §. IL Cou AS. Ces oiseaux se distinguent extérieurement des coucous proprement dits par des tarses beaucoup plus alongés, nus, et non couverts de ces longues plumes qui retombent des jambes en forme de manchettes dans les premiers ; par des ailes dont les pennes centrales sont les plus longues, de sorte qu'étant déployées elles forment une portion de cercle, à peu près comme chez les pies, tandis qu'elles décroissent successivement chez les vrais coucous , depuis la pre- mière, qui est la plus longue, jusqu'à celle qui est le plus près du corps. Les couas ont d'ailleurs les doigts plus forts, le bec plus épais à la base , les narines coupées obliquemeut sans bourrelet, et , comme les autres coucous, dix pennes à la queue. Leur corps est robuste, leur cou plus court, et leur voix, plus forte et plus sonore, n'est pas triste et plain- tive , comme l'est en général celle des coucous proprement dits. Les couas se nourrissent d'insectes et de fruits; ils font, dans des creux d'arbres , et même , dit-on , sur les branches, un nid dans lequel ils pondent des œufs qu'ils couvent eux- isêmes. et ils élèvent leurs petits. Les coucous d'Amérique 128 COL paroissent tous appartenir à cette section , quoiqu'ils soient pré- sentés par M. d'Azara comme ayant douze pennes à la queue, tandis que les autres n'en ont que dix. M. Vieillot a formé de ces oiseaux et d'autres qu'il y a réunis, son genre Cou- licou , Coccyzus. Si l'on adopte les conjectures exposées relativement aux coucous désignés sous les noms de vieillard et d'oiseau de pluie, c'est-à-dire aux cuculus americanus et pluvialis, ce dernier seul devra être rangé parmi les couas , ainsi que le petit vieillard, cuculus minor , Gmel. , et seniculus , Lath. , repré- senté dans les planches enluminées, n." 8i3 , sous le nom de coucou des palétuviers, , lequel a un pied de longueur, et une queue composée de dix pennes étagées et dépassant les ailes de plus de trois pouces. Sonnini , qui a décrit cet oiseau vivant , annonce , page 96 du 64.* volume de son édition de Buffon , que le mâle a tout le dessus du corps et des ailes d'un cendré clair, le dessous jaune; les peiuies centrales de la queue entièrement grises, les autres bleuâtres et termi- nées de blanc ; une bande longitudinale d'un gris foncé sur les tempes; les pieds et les doigts noirâtres. La femelle, dont la gorge et le haut de la poitrine sont blancs, a les couleurs plus pâles. Cette espèce se trouve à Cayenne , dans les grandes Antilles, et passe l'été au sud des Etats -unis. Les palétuviers sont les arbres qu'elle fréquente le plus ; elle se nourrit surtout des grosses chenilles qui en rongent les feuilles. Sonnini rapporte aussi au petit vieillard le coucou pro- prement dit de M. d'Azara , n.° 267 , qui est le coulicou à calotte noire , coccjzus melacoryphus , Vieill. , lequel a le dessus de la tête noirâtre , le reste des parties supérieures brun, le dessous du corps d'un blanc roussàtre , et dont, selon Noséda , la femelle pond trois œufs , d'un blanc verdàtre , dans un nid semblable à celui des pigeons. M. d'Azara nous apprend encore , relativement à cet oiseau peu farouche , que le mâle et la femelle ne pénètrent pas dans les bois, et ne se posent pas à terre, mais qu'ils se tiennent ensemble sur les orangers et autres arbres, où ils attrapent des insectes. CouA vERDAïRE : Cuculus madagascarieusis , Gmel. et Lath.; Coccjzus virescens , Vieill.; pi. enl. de Buffon. n." 81 5. Cet cou 12g oiseau, qui a vingt-un pouces et demi de longueur, et dont la queue, composée de dix pennes étagées, dépasse les ailes de plus de huit pouces, a tout le dessus du corps olivâtre, avec des nuances d'un brun sombre. Les rectrices latérales sont blanches à leur extrémité. La gorge est d'un jaune olivâtre; la poitrine et le haut du ventre sont fauves, et les parties inférieures del'abdomeu, ainsi que les plumes anales , sont brunes. Les jambes sont d'un gris vineux , les tarses et les doigts d'un brun jaunâtre; le bec est noir, et l'iris orangé. Commerson a trouvé aussi à Madagascar un oiseau de 'la grosseur d'une poule, et de vingt-un pouces trois quarta de long, qui avoit sur la tête un espace nu et bleu, légère- ment sillonné et environné d'un cercle de plnraes d'un beau noir, douces et soyeuses comme celles du coucou, avec quelques barbes autour de la base du bec, dont l'intérieur étoitnoir, ainsi que les pieds. Cet oiseau, dont les doigts étoient disposés comme ceux des autres coucous, avec les- quels celui-ci alloit de compagnie, est regardé par Gmelin et Latham comme une variété du cuculus madagascariensis . dont Montbeillard pense qu'il seroit plutôt le mâle. CouA HOPPÉ DE Madagascar • Cuculus cristatus , Linn. et Lath.; Coccjzus cristatus, Vieill. ; pi. enlum. de Buffon , n." 589, et de Levaillant, n," 217. Cette espèce, dont la lon- gueur totale est de quatorze pouces, et dont les dix pennes caudales, un peu étagées, s'épanouissent quand l'oiseau éprouve quelque passion , porte une huppe composée de plumes déliées qui se renversent sur l'occiput, et dont la couleur, comme celle de toutes les parties supérieures du corps, est un gris glacé de vert d'eau, qui prend des nuance» diverses suivant les incidences de la lumière. La gorge et le devant du cou sont d'un gris vert beaucoup plus clair; la poitrine est d'un rouge vineux, et les autres parties infé- rieures d'un blanc grisâtre. Les pennes des ailes et de la queue sont d'un vert changeant en bleu et en violet éclatant, les plus latérales de ces dernières sont terminées de blanc. L'iris est rougeàtre; le bec et les pieds sont noirs. Commer- son, qui a trouvé cet oiseau à Madagascar, près du Fort- Dauphin, a ajouté à la description particulière qu'il en a faite, que le cou étoit court, que les narines étoient percées n. 0 .5o COU obliquement et à jour, que la langue se terminoit en une pointe cartilagineuse, et que les joues étoient nuçs , ridées et de couleur bleue. M. Levaillant observe, de son côté, que la femelle est plus petite que le mâle; qu'elle a, en général, les couleurs moins brillantes, et que sa huppe est aussi moins ample. Le nom coua , qui a été imposé à cet oiseau par les habitans de Madagascar, et dont M. Levaillant a tiré la dénomination de la section entière, vient sans doute du cri côha, c6ha, côha, que le mâle prononce lorsqu'on a tué sa femelle. Le même naturaliste a trouvé au cap de Bonne-Espérance, dans le tronc d'un arbre creusé parles eaux , une nichée de, quatre petits, qui étoient couverts d'un duvet ^ris- roux, et dont le bec, brunâtre, avoit la base entourée d'un bourrelet jaune. Coua tait-sou : CucuUis caruleus, Linn. et Lath. ; Coccjztis -caridcus, Vieill. Cette espèce, représentée dans les planches enluminées de Buffen , n.° 296 , fig. 2 , sous le nom de Coucou bleu de Madagascar, et dans l'Ornithologie d'Afrique, n." 218, se trouve à Madagascar, où on l'appelle tait-sou, et sur le continent d'Afrique. Sa longueur, depuis le bout du bec jusqu'à celui de la queue, est de dix-sept pouces, et d'un pied jusqu'au bout des ongles. Le plumage de ce bel oiseau est d'un bleu verdissant sous certains aspects, et relevé par des nuances violettes, plus éclatantes sur les ailes et sur la queue , qui est légèrement étagée et garnie de larges barbes, que ce coucou a la faculté de relever en même temps qu'il rabat ses ailes à demi étendues, et qu'il gonfle les plumes de sa tête, laquelle alors paroît huppée. La petiu qui en- toure ses yeux , est nue et d'un beau rouge. Son bec et ses pieds sont noirs. Dans la Cafrerie cet oiseau habite les grandes forets, où, perché à la cime des arbres les plus élevés, le mâle fait en- tendre une sorte de roucoulement courrrnn- courrrrrr. La femelle, d'une taille un peu inférieure , ce qui peut, jus- qu'à vm certain point , expliquer la cause de la diversité observée par Mauduyt dans la longueur des peaux qu'il a été à portée d'examiner, est d'un bleu moins vif et moins îustré , et les jeunes, avant leur première mue , n'offrent point de nuances violettes. M. Levaillant, qui s'est assuré, à cou i3i l'inspection du ventre dont la peau étoit épaisse et ridée , que le mâle et la femelle couvent les œufs, a trouvé d'ail- leurs beaucoup d'analogie entre ces oiseaux et les touhicos. CouA CHocHi. 1,'oiseau cfue M. d'Azara a décrit, n.° 266, sous ce nom. quil p^te au Paraguay, et qui exprime un cri répété le jour et la nuit au temps des amours , d'uit son de Aoix si clair qu'on l'entend à un mille de distance ^ paroît être le même que celui dont on trouve la figure n.° 812 des planches enlumir^ées de Buffon , sous le nom de coucou tacheté de Cayenne , et dont Montbeillard a donné la description sous celui de coucou brun varié de roux , ciiculus na\ius , Linu. et Latham, Sa longueur totale est d'environ onze pouces, et celle de la huppe de neuf lignes; le bec , dont la couleur est noirâtre à la base et blanchâtre sur le reste, est presque aussi épais que largC") tïès-com- primé sur les cotés , courbé sur toute sa longueur , et garni de quelques poils au-dessus de l'angle de la bouche ; la pau- pière supérieure est bordée de longs cils. Le dessus du corps de cet oiseau offre un mélange de brun et de différentes nuances de roux ; cette dernière couleur est un peu plus prononcée sur sa huppe. Il y a au-dessus des yeux un trait blanc en forme d'arc. Les pennes des ailes étoient tra- versées de trois bandes; l'une blanche, l'autre noirâtre, et* la troisième brune, dans le chochi de M. d'Azara, coccyziis chochi , Vieill. , ce qui ne se remarque point dans le cou- cou tacheté de Cayenne. Il en est de même de la bordure blanche des deux pennes du milieu et des deux les plus ex- térieures de la queue du chochi. Celles des ailes et de la queue du coucou tacheté sont assez uniformément bordées de roux clair avec un œil verdàtre ; la gorge est d'un roux clair varié de brun , et les parties inférieures sont d'un blanc . roussàtre ; les tarses sont cendrés , et le bec noirâtre à sa base , et d'un blanc roussàtre sur le reste. Montbeillard regarde comme une variété de cette espèce le coucou des barrières , oiseau qui porte ce nom à Cayenne, parce qu'on le voit souvent perché sur les palissades des plan- tations, et il fonde cette opinion sur de grands rapports dans la taille et dans le plumage, qui ne paroit , en effet, différer qu'en ce que le roux est remplacé par des teintes plus grises. ^3:^ COU que le dessous du corps est plus blanc , et que cette couleur termine les pennes latérales de la queue; circonstance qui se retrouve dans la description du choclii donuée par M. d'Azara. La même opinion a été adoptée par Linneeus et par Latham , qui n'en ont aussi fait qufene simple variété du cuculus nœvius. Cependant Sonnini, qui a le premier rap- porté en France l'oiseau des barrières , non retrouvé en Amé- rique par M. d'Azara , le présente comme une espèce parti- culière , surtout d'après une différence d'habitudes, laquelle peut toutefois dépendre , jusqu'à un certain point , des localités; et M. Vieillot a cru en devoir faire son coulicou des barrières, coccjzus septorum. Ces oiseaux , qui sont farouches , vivent solitaires et changent peu de canton. Ils ne fréquentent guères les grands bois; ma^s "ils se retirent dans les halliers les plus touffus, où il est très-difiicile de les tuer. Lorsqu'ils sont perchés, ils remuent continuellement la queue, tendent et relèvent le bec et le cou , et semblent toujours inquiets. Hors le temps des amours , les chochis sont silencieux. M. d'Azara , qui n'a jamais entendu la femelle répondre au mâle, ne croit pas qu'elle ait un cri. CouA PiAYE : Cuculus cajiinus , Linn. etLath., pi. enlum. de Cuffbn , n." 211 ; Coccyzus macroccrus , Vieill. Le nom de piaje, que cet oiseau porte à Cayenne , signifie, dit-on, diable et prêtre dans la langue du pays. Les Galibis, peuple de la Guiane , l'appellent taparara. Sa tête , le derrière du cou , le dos , les ailes et la queue sont d'un marron pourpré; cette teinte est beaucoup plus claire sur le devant du cou : la poitrine et tout le dessus du corps sont cendrés; les pennes des ailes sont terminées de brun ; la queue , composée de dix pennes , est très-étagée ; les quatre plus longues , à peu près égales, recouvrent les autres, qui décroissent de deux en deux à des distances régulières assez considérables, et qui, toutes terminées par de larges taches blanches, forment in- férieurement des sortes de barres transversales de cette £ou- leur ; le bec et les pieds sont d'un gris brun. Cet oiseau , qui a prés de seize pouces de longueur totale , et dont la queue, longue de dix pouces, dépasse les ailes de huit, n'est pas farouche comme le chochi ; il se laisse , au con- cou !53 traire , approcher de fort près , suivant Montbelilard , qui compare son vol à celui du marlin- pêcheur , et dit que, comme lui, il se tient communément aux bords des rivières sur les branches basses , vraisemblablement pour être plus à portée de saisir les insectes dont il fait sa nourriture. M-. d'Azara, loin d'être d'accord sur ce point, prétend que l'oi- seau, qui se montre à la lisière des bois, ne se rencontre jamais dans les lieux découverts ni sur la moitié inférieure des arbres. Ce dernier ajoute qu'il n'y a pas de différence entre le mâle et la femelle , dont la ponte est, dit-on , de deux œufs, et qu'on ne connoît pas leur cri. Linngeus et Latham donnent la description de deux oiseaux présentés comme des variétés de cette espèce : il y en a même d'autres au Muséum de Paris. Vatingacu , ou coucou cornu du Brésil , décrit par Marcgrave , qui est le cuc.uhis hrasiliensis cornutus , vingtième espèce de Brisson , tome /| , p. 145, et le cuculus cornutus de Linnaeus et de I-atham , coccyzus cornutus, Vieill. , paroît aussi devoir se rapporter au coucou piaye , ainsi que le tingazu d'A?ara , n.°265, nommé par les Guaranis guirapayé , c'est-à-dire , oiseau sor- cier. 11 y a cependant d'assez grandes différences dans la taille de ces oiseaux; mais ces variations consistent plus dans l'étendue respective de la queue que dans la grosseur du corps, qui est comparée tantôt à celle du coucou vulgaire, tantôt à celle de la grive litorne ou de la grive mauvis. Quant au plumage , il s'agit presque toujours d'une couleur marron pour les parties supérieures, et d'une couleur cen- drée pour les parties inférieures, avec quelques nuances va- riables de brun et de blanc. Et si l'extrême ressemblance de noms entre le tingazu de M. d'Azara et Vatingacu de Marcgrave ne permet presque pas d'élever des doutes sur l'identité de ces deux oiseaux, malgré la disproportion qu'il y a entre les mesures de plus de dix-neuf pouces pour celui-là et de douze pouces seulement pour celui-ci, devroit- on être plus arrêté par la comparaison de la longueur entre le coucou piaye, cuculus cayanensis , Briss. , et le petit coucou de Cayenne , cuculus cajanensis minor du même , qui , suivant les mesures indiquées par cet auteur, ont , l'un quinze pouces neuf lignes, et l'autre dix pouces trois lignes P •i34 COI^ Il est toutefois possible qu'entre les deux extrt'iiics il se trouve deux espèces qu'on parviendra peut-tfre à déterrniiier posi- tivement; mais, jusque-là, nous croyons devoir nous borner à l'indication des diflTércnces les plus remarquables (pii existent entre tous ces oiseaux. Les plumes du ventre et les pennes de la queue et des ailes ont une teinte roussàtre , et leur extrémité est brune dans le tingazu d'Azara , qui a d'ailleurs le bec d'un vert bleuâtre. Vatingacu camucu de Marcgrave a les pennes cau- dales terminées par une tache d'un blanc pur; et le nom de coucou cornu lui a été donné d'après la faculté qu'il possède de se faire une double huppe en relevant les longues plumes dont sa ttie est couverte. La première des variétés indiquées par Linnaeus et Lalham avoit le bec rouge, la tête cendrée , la gorge et la poitrine rousses; une de celles qui se trouvent au Muséum de Paris a aussi la tête cendrée , mais le bas- ventre noirâtre ; une autre a les parties supérieures et le bas de la poitrine d'un gris ardoisé, tandis que la gorge, la poitrine, le ventre et les cuisses sont de couleur marron. Enfin, dans le petit coucou de Cayenne , coccyzus minutas de RI. Vieillot, ce sont les parties supérieures qui sont, comme dans le coucou piaye de Montbeillard , d'un marron pourpré, lequel règne aussi, mais d'une teinte plus claire, sur la gorge , le devant du cou et de la poitrine , et il n'y a de gris que le ventre. Coi'cou CENDRÉ. L'oiscau que M. d'Azara a décrit, n.'*268, sous le nom de coucou cendré , et dont la longueur n'est que de huit pouces et demi, a la gorge et le devant du cou d'un blanc plombé, qui s'éclaircit en avançant vers le ventre, dontle bas. ainsi que les côtés , prennent une teinte rousse. Les parties supérieures sont d'un cendré brun, à l'exception de deux bandes, l'une noire et l'autre blanche, qui .terminent la qiïeue ; les tarses sont d'un brun verdàtre , et le bec est noir. Sonnini regarde cet oiseau comme une variété du petit vieillard, euculus seniculus , ou du cendrillard ; mais ce der- nier paroit être la femelle du euculus americnnt/s , ainsi qu'on l'a déjà fait observer à l'article de la preniière section qui est consacré à cet oiseau. CoUA CH1R.IRI , Azara , n." 269 ; Coccyzus chiriri , Vieill. cou rU Cet oiseau du Pantguay a neuf pouces troislignes de longueur. Des vingt pennes des ailes les quatrième et cinquiè:r.e sont" les plus longues ; les dix de la queue sont folbles et poin- tues ; l'extérieure de chaque côté est de deux pouces plus courte que les autres ; il a sur la tête des plumes longues et étroites , qu'il relève et abaisse à volonté , de manière à leur donner l'apparence d'une huppe; la paupière supérieure est garnie de petit cils ; on remarque aux côtés de la tête quatre traits blanchâtres ; les plumes du sommet sont noires , avec une tache rousse de forme ronde à leur extrémité ; celles du derrière de la tête, du cou et du haut du dos sont d'un noirâtre plus foncé au milieu ; des raies noirâtres traversent le dos et le croupion , dont le fond est roux ; les plumes sca- pulaires , les couvertures supérieures et les pennes des ailes sont terminées par une tache ronde de couleur caiinellc et surmontée d'une ligne noire ; le fond de l'aile est noir, avec des taches rousses, et il y a sous les ailes une large bande blanchâtre et parallèle à leurs couvertures ; la queue , sur laquelle les couvertures s'étendent beaucoup , a les trois pennes latérales et les deux du milieu tachetées irrégulière- ment de roux et de noirâtre , les autres sont entièrement de cette dernière couleur; lebec est noir , excepté sur les bords et sur la moitié de la mandibule inférieure, qui sont blancs; l'iris est d'un vert foible : les tarses sont d'un blanc bleu;'itre. Les grands rapports qui existent entre cet oiseau et le coucou pointillé, cuciilus punclulatus , Gmel. etLalh. , qu'on trouve à Caycnne , ne permettent pas de douter de leur identité; et si l'on a adopté de préférence le nom de chiriri , c'est parce qu'il exprime son cri. M. d'Azara n'a remarqué aucune différence dans le plumage de la femelle , ni dans celui des jeunes adultes qu'il s'est procurés , et on lui a rapporté que ces couasne quittoient jamais leslieux aquatiques et qu'ils faisoient une ponte de quatre œufs. Il a observé lui-même, sur des jeunes par lui élevés , que leur queue étoit sou- vent étalée , qu'ils tenoient ordinairement le cou un peu renfoncé, et qu'ils avoient l'habitude d'avancer l'aile bâtarde vers la tête jusqu'à lui faire toucher l'oreille , sans que pour cela on aperçût aucun mouvement dans l'aile ou dans quelque autre partie. ^5(^ COU CouA Ruox. Cet oiseau, décrit par M. Vieillot, sous le nom de coulicou roux , coccyzns rutilus , comme se trouvant au Brésil , est long de dix pouces trois lignes ; sa queue, très- étagée , en a six et demi ; le dessus de son corps est d'un roux ardent , et les plumes qui couvrent la tête sont sus- ceptibles de se relever en forme de huppe; la gorge et la poitrine sont d'une nuance plus claire ; le ventre et les plumes anales sont grisâtres ; le bec est jaunâtre , et les pieds sont d'un noir tirant sur le bleu. Le même auteur a donné le jiom de coulicou à tête rousse, coccjzus ruficapilius , à un oiseau de la Nouvelle-Hollande, d'environ huit pouces de longueur, qui a sur la tête et les oreilles de longues plumes rousses, et dont la nuque et le dessous du corps sont blancs; le dessus du cou, le dos et les ailes variés de blanc et de brun, ainsi que la queue, qui est assez longue et cunéiforme. Un autre individu , que le même auteur regarde comme une femelle ou un jeune, avoit les plumes de la tête plus courtes que chez le précé- dent, et de couleur brune , avec une bordure roussâtre , comme celles du manteau ; la gorge et le devant du cou étoient d'un blanc roussâtre. Un autre oiseau , à peu près de la même taille , que M. Vieillot range aussi parmi ces coulicous , est le cuculus auro- cephalus , coucou à tête dorée, de Miller, Illustrât., pi. 48, qui se trouve en Amérique. Son œil est entouré d'une tache noire ; sa tête est d'un jaune doré; le dessus du cou gris; le dos brun ; les couvertures des ailes noires, avec une bor- dure grise ; celles de la queue d'un jaune de paille, ainsi que les pennes, qui sont de même longueur et rayées trans- versalement de noir ; la gorge est jaune ; le devant du cou et la poitrine sont gris et traversés de petites bandes brunes; les parties postérieures sont d'un blanc terne. M. Cuvier pense que l'on peut séparer des couas, à raison de la longueur et de la forme du bec qui n'est courbé qu'à l'extrémité, l'oiseau d'Amérique connu sous le nom de tacco , et représenté, dans les planches enluminées de Buffon , n." 772 , sous celui de coucou à long bec de la Jamaïque , que Brisson lui avoit déjà donné. C'est le cuculus vetula de Lin- naeus et de Latham , que, suivant Salerne , on appelle coli- cou ^5/ vieou à S. Domingue , où les nègres le nomment cracra et lacva baj'o. M. Vieillot , ajoutant à la forme particulière du bec de cet oiseau une considération tirée de la nudité de ses orbites , en a fait un genre sous le nom de saurolhera. La longueur du tacco est de quinze pouces neuf lignes, et celle du bec de deux pouces une ligne , suivant Brisson ; les dix pennes de sa queue sont étagées , et les intermédiaires superposées aux latérales ; le dessus de la tête et du corps est d'un gris un peu foncé, avec des reflets verdàtres sur les grandes couvertures des ailes, dont les dix premières pennes sont d'un roux vif; les deux pennes centrale;» de la queue sont entièrement grises, avec des reflets verdàtres, comme celles du dos ; mais les huit autres, en partie de la même couleur et en partie noirâtres , sont terminées de blanc ; le devant du cou et la poitrine sont d'un gris cendré: la gorge , les plumes anales et les cuisses sont d'un fauve clair; l'iris est d'un jaune brun; les paupières sont rouges; le bec est noirâtre, et les pieds sont bleuâtres. Les femelles et les jeunes diffèrent des mâles en ce que le dessus du corps est d'un olivâtre terne , et la gorge d'un blanc pres- que pur. Cet oiseau , dont le nom exprime le cri habituel , mais qui en a un autre, qua, qua , qua, lorsqu'on l'approche ou qu'il est effrayé, se trouve à S. Domingue , à la Jamaïque , etc. , où il se tient ordinairement dans les terrains cultivés , et même dans les bois , pour y chercher des vers, des chenilles, des coléoptères et d'autres insectes communs aux Antilles. On prétend aussi qu'il fait la chasse aux petites couleuvres, qu'il avale par la tête , et dont les parties inférieures restent pendantes hors du bec jusqû'cà ce que les autres soient digé- rées ; aux lézards , qu'il surprend au moment où ils sont occupés sur les arbres à épier les mouches, et même aux jeunes rats et aux petits oiseaux, ce qui n'est pas probable. Il est si peu farouche que le bruit du fusil ne l'épouvante pas, et si peu défiant que les petits Nègres le prennent à la main. Son vol n'est jamais élevé; il bat des ailes en par- tant, et ensuite, épanouissant sa queue , il file et plane. On le voit souvent sauter de branche en branche, s'accrocher sur le tronc des arbres, à la manière des pics, et sautiller i58 COU par terre comme la pic, toujours en poursuivan< des insectes ou des reptiles. On dit, enfin, qu'il exhale une odeur forte en tout temps , et que sa chair n'est pas bonne à mangei". A l'époque des amours , ces oiseaux se retirent dans Tin- térieur des forêts , et comnie on n'a pas encore trouvé de nids qu'ils aient faits , l'on doute s'ils en construisent eux- mêmes, à l'instar des autres coucous d'Amérique. Un oiseau du Mexique , qui a été décri-t par Fernande?. , chap. 179, sous le nom de qiiapachtofoU, dont Montbeillard a fait par contraction quapactol , et qui est à peu près de la même taille que le tacco , a semblé au naturaliste cité dans l'article précédent se rapprocher davantage de ce dernier que des couas proprement dits, quoique l'iusuHisance des détails ne permette pas d'assigner avec précision sa véritable place; c'est par lui qu'on va terminer cette section. Nie- remberg, Willughby, Ray, etc., l'ayant désigné sous la déno-, mination d'ansridibunda , cette épithète, qui lui a été donnée à raison de son cri ressemblant à un éclat de rire, a été con- servée par Gmelin et Latham , lesquels en ont fait leur cucu- lus ridibundus. Le nom mexicain se rapp(#ite à la couleur fauve qui domine sur les parties supérieures de l'oiseau , dont la gorge, le devant du cou et la poitrine sont cen- drés, dont le ventre et les plumes anales sont noires, et dont le bec est d'un noir bleuâtre et l'iris blanc. §. III. Cou CALS. Ce terme a été imaginé par M. Levaillant, pour désigner les espèces de coucous qui ont l'ongle du pouce long, droit et pointu , cornu. e les alouettes. Les coucals se rapprochent des coucous proprement dits p^r les formes générales du corps, et des couas par leurs tarses élevés et robustes, par la longueur et la force de leur bec, par leurs narines étroites et prolongées; mais ils s'éloignent des uns et des autres par celui de letirs ongles dont on vient d'indiquer les dimensions par- ticulières, llliger , qui a fait un genre distinct de ces oiseaux sous le nom de centropus , en rappelant qu'ils ont, comme les autres coucous, les doigts externes plus longs que les internes, et que le doigt extérieur des deux de derrière est versatile, ajoute , comme différence . que chez eux les narines sont cou i59 lecôuvcrtes par des plumes, taudis qu'elles sont nues chez les coucous. M. Vieillot, pour qui les coucals sont des tou- Jous, corj'donix , observe aussi que leur bec , médiocre, est caréné en-dessus , entier, très-comprimé et arqué du milieu à la pointe ; et Ton peut remarquer , comme un caractère secondaire, que les coucals ont en général les plumes de la tête, du cou et du dessus du corps rudes et à côtes luisantes, tandis qu'elles sont douces et soyeuses chez les couas, et que leurs ailes sont arrondies et leur queue composée de dix pennes. Ces oiseaux vivent dans les bois, nichent dans des trous d'arbres, couvent eux-mêmes leurs œufs et élèvent leurs pe- tits. Ils font une grande destruction de sauterelles, leur nour- riture favorite. C'est en Afrique et aux Indes qu'on a trouvé les espèces connues jusqu'à présent. CoucAL HouHou. M. LcvaiUant , en décrivant cet oiseau, qu'il a figuré pi. 219 de son Ornithologie d'Afrique, le rap- proche du courou coitcou de Seba , quoique ce dernier, dont on connoit le peu d'exactitude, le donne comme apparte- nant au Brésil et lui suppose une huppe , tandis que sa tête n'en offre aucune apparence , et que c'est en Egjpte et en d'autres parties de l'Afrique qu'on le trouve , ainsi que^dans plusieurs contrées de l'Inde. Montbeillard a, d'un autre côté, séparé de son houhou le coucou du Sénégal de Brisson , dont il a fait une espèce particulière sous le nom de rufalbin . et il a ainsi considéré comme des espèces distinctes le cuculus senegalensis , Linn. et Lath., et le cuculus œgyptius , Gmel. et Lath. , qui n'en forment réellement qu'une seule , qu'on désignera ici sous la dénomination de centropus houhou , pi. enl. de Buiï'on , n.° 552. La longueur du houhou mâle varie de quatorze à seize pouces, et sa taille est un peu plus forte que celle du coucou d'Europe; ses ailes n'atteignent qu'au quart de la queue, qui est élagée ; le bec est fort et plus épais vers sa base; les tarses sont gros et couverts de larges écailles. La têle et le dessus du cou sont d'un vert obscur à reflets d'acier poli; le dos, le croupion et les couvertures du dessus de la queue , dont le fond est brun , prennent des nuances d'un vert plus ou moins éclatant, suivant la position de l'oiseau: les ailes et '4o COU la queue offrent un mélange de roux et de vert luisant j la gorge , le devant du cou et la poitrine, dont les plumes ont les côtes brillantes , comme celles du dessus de la tête , sont d'un blanc roux qui s'éclaircit en descendant; les plumes du bas-ventre, du dessous de la queue et celles des jambes sont d'un noir vert très-lavé, avec des raies fines et plus sombres ; le bec est noir; les pieds sont d'un noir brunâtre, et les yeux d'un rouge vif. Le plumage de la femelle a moins de reflets métalliques que celui du mile, et, sliivant ÎSl. Levaillant , sa taille est moindre d'environ un quart. Le nom de houhou a été donné à cet oiseau parles Arabes, a cause de son cri, qui., d'après le naturaliste qu'on vient de citer , ne laisse, en effet, entendre que ce son lorsqu'on est loin de lui, mais qui, à peu de distance, exprime couroii- courou-courou-cou cou cou cou cou , phrase que l'oiseau fait durer autant que le lui permet sa respiration, c'est-à-dire jus- qu'à plus de quarante syllabes. Ce chant commence dans les forêts au point du jour , et continue pendant une grande partie de la matinée, pour être repris une heure ou deux avant le coucher du soleil et se prolonger dans la nuit. Les Iiouhous , très-méfians dans tout autre moment, se laissent facilement approcher quand ils chantent, ce qui fournit un moyen de les tuer. Mais , pour se procurer la femelle , il faut la tirer la première , vu qu'elle disparoit quand elle n'entend plus le i??àle , qui , au contraire , lorsque la femelle est tuée , se montre partout en jetant des crij perçans coura- coura how coura hoiv. Les houhous partagent avec les engoulevens l'habitude de se percher en long sur les branches basses des arbres ; ils volent mal , et ne peuvent traverser une certaine étendue de terrain sans se reposer. Ils ne craignent pas le voisinage des habitations, et, vivant par couples dont l'attachement paroît durable , ils font sur la tête creusée d'un vieux arbre, ou dans le trou d'une grosse branche ACrmoulue , une sorte de nid, composé de brins de bois, dans lequel la femelle pond quatre œufs d'un blanc roux, que le mâle et elle cou- vent successivement. CoLCAi. DES PHiurriNEs : Cuculus philippensis , et, en adop- tant la dénomination générique d'Illiger, Centropus philip- cou i4i pensis; pi. eiil. de Buffon , 824. Cette espèce, que Mont- bcillard croit être le niàle ou une variété du houhou, en aies dimensions, et sa queue est également étagée : mais, à l'ex- ception de ses ailes, qui sont rousses, le reste de son plu- mage est d'un noir lustré. Le coucou vert d'Anligue, décrit et figuré par Sonnerat, dans son Voyage à la Nouvelle-Guinée, page 121 , pi. 80 , paroissoit à Montbeillard ressembler telle- ment à celui des Philippines qu'il les regardoit comme de la même espèce ; et, en effet, malgré sa dénomination, le vert qui lui couvre la tête , la poitrine et le ventre , est si foncé qu'il peut être pris pour du noir; mais il faudroit supposer, pour reconnoitre l'identité, que la queue fût étagée , malgré le silence de Sonnerat à cet égard , et l'induction contraire que l'on doit tirer de la figure donnée par cet anteur. C'est pi'obablement d'après cette considération que M. Levaillant soutient que non-seulement ces deux coucals ne sont pas des variétés du houhou , comme le pense Montbeillard , mais qu'ils sont même d'espèce différente entre eux et avec le coucal dont la description va suivre. CoucAL NOlROU : Cuculus Tiigrorufus , Cuv. , et Centropus nigrorufus , Nob.; Lev. , pi. 220. Cette espèce, à laquelle M. Levaillant a donné un nom tiré de ses deux seules couleurs, est remarquable par l'épaisseur de son bec, la force d-e ses tarses et lu longueur de ses éperons , qui ont près de deux pouces chez les mâles. La taille de ce dernier , plus forte d'un quart que celle de la femelle, est égale à celle de la corbine d'Eu- rope; sa queue, dont les barbes sont fort larges, n'est étagée que sur les côtés, et s'arrondit en se déployant; les ailes n'en excèdent pas beaucoup les couvertures supérieures; les plumes de la tête et du cou sont fort rudes et laissent à dé- couvert leur tige luisante; le corps est tout-à-fait noir, à l'exception des grandes pennes des ailes et d'une partie dç leurs couvertures supérieures, qui, sauf les pointes, sont d'un roux foncé; l'iris est d'un noir brun, et le bec, les pieds et les ongles sont d'un noir luisant : les éperons n'ont pas un pouce et demi chez la femelle, qui a le devant du corps d'un noir moins foncé. CoucAL TOULou : Cuculus lolu , Gmcl. et Lath. ; Centropus tolu , iSob. Cette espèce;, figurée dans la 295.* pi. enlum. de Buffon U= COLi sous le n." i.*% est le cuculus madagascariensis de Brisson , qui a environ quatorze pouces de longueur , mais qui n'est guères plus gros qu'un merle. Les plumes étroites et roides qui couvrent la tête, la gorge et les parties supérieures du cou et du dos, sont d'un blanc roussâtre dans leur milieu, et noirâtres sur les côtés ; les plumes scapulaires et celles des ailes sont d'un beau marron avec la bordure brune ; la partie inférieure du dos, le ventre et les jambes, sont d'un noir vert, ainsi que la queue, qui est arrondie ; le bec est brun : les pieds et les ongles sont noirs. M. Levaillant combat l'opi- nion de Montbeillard et de Sonnini , d'après laquelle les loulous dont le plumage offre plusieurs nuances différentes ne seroient que des jeunes, l'individu parfait étant, comme le coucal noirau , tout noir , avec du marron seulement sur les ailes. Brisson dit que cet oiseau, qui se trouve à Madagascar, mange des reptiles. Coucal ferrugineux : Cuculus hengalensis , Gmel. et Lath. , et Centropus ferrugineus , Nob. Cet oiseau du Bengale, dont Brovvn a donné la iigure pi. i5 de ses Nouvelles Illustrations de zoologie, n'est pas plus gros qu'une alouette. Son bec est d'un brun obscur, et ses pieds sont noirs; le cou, le dos et les couvertures des ailes sont de couleur de rouille, avec des lignes longitudinales blanches et bordées de noir ; les pennes des ailes , d'un brun rougeâtre , sont tachetées laté- ralement de noir; la queue, fort longue et étagée , a les pennes latérales de couleur obscure, pointées de brun, et les intérieures rayées alternativement de bandes noires et de bandes brunes, dont les dernières sont plus étroites; le ventre est d'un brun jaunâtre. Coucal rufin : Cuculus rufinus , Cuv. , et Centropus rufi- îi(/5,Nob. Cet oiseau, de petite taille, a été trouvé en Afrique par M. Levaillant, qui l'a fait figurer pi. 221 de son Orni- thologie. Il a la queue étagée , aussi longue que le corps; les ailes n'en excèdent que peu l'origine ; l'éperon n'a qu'un pouce de longueur ; le dessus de la tête, le derrière du cou, le manteau, les couvertures supérieures des ailes, et les plumes ui'op3giales et anales, sont d'un roux brunâtre, avec un trait longitudinal d'un roux blanchâtre au centre : cou 143 les ailes sont d'un roux vif, avec des barres brunes , qui tra- versent aussi les pennes de la queue, dont le fond est d'un roux clair ; les parties inférieures sont d'un roux très-lavé et ont leur milieu d'un blanc sale; les yeux sont d'un roux clair, et le bec, les tarses et les pieds, d'un roux jaunâtre. La femelle , un peu plus petite que le mâle, a aussi les épe- rons moins longs. M. Levaillant, qui n'a pas entendu le cri de ces oiseaux et n'en a pas trouvé de nichée, ne doute cepen- dant point qu'ils ne couvent , et que ce ne soit dans des trous d'arbres , ainsi qu'il l'a reconnu par l'odeur de bois ;nort qu'exhaloient le mâle et la femelle tués dans le temps de l'incubation. CorcAL NÈGRE : Cuculus œthiops , Cuv. , etCentropus œthiops, Nob. ; Lev. , pi. 222. Ce coucal est de la grosseur de la grive draine, et sa queue , légèrement étagée, est de la longueur de tout son corps; son plumage est d'un noir mat, qui brunit sur le ventre de la femelle, dont la taille est un peu plus petite : le bec et les pieds sont également noirs , et les yeux d'un marron foncé. Cette espèce habite les grandes forêts du pays des Cafrcs; elle se perche sur les branches basses des arbres , d'où le mâle répète jusqu'à dix fois de suite , et d'un ton plaintif, les syllabes c 000 - ro. La femelle n'a qu'un cri précipité cri, cri, cri, cri, lequel a du rapport avec celui que fait entendre l'émerillon lorsqu'il plane dans les airs. Cette fe- melle pond , dans un creux d'arbre , quatre œufs blancs , qui sont couvés alternativement par elle et par le mâle. CoucAL FAISAN : Cuculus phasianus , Lath. ; Centropus plia- sianu s, m oh. Cette belle espèce de la Nouvelle- Hollande , qui est décrite dans le second supplément du Sjncpsis de Lalham , p. iSy, n.° g, a seize à dix-huit pouces de lon- gueur totale : la tête , le cou et toutes les parties inférieures du corps sont d'un beau noir; le dos et les ailes sont variés de jaune, de noir et de roux ; la queue, cunéiforme , a les pennes fort longues et traversées de beaucoup de raies des mêmes couleurs ; les doigts de derrière sont garnis d'ongles fort longs et droits; les pieds sont noirs. Coucal géant : Cuculus gigas , Cuv. , et Centropus gigas, JNob. , Lev., pi. 220. Cet autre oiseau de la Nouvelle -Hol- i-u cou lande est d'une taille bien plus grande que le précédent* il a trente pouces: la tête et le cou, le corps, puis la queue , pris séparément , forment chacun le tiers environ de sa longueur ; les tarses, couverts de larges écailles, sont très-forts, ainsi que les doigts , dont l'ergot a deux pouces de long: les ailes atteignent l'extrémité des couvertures supé- rieures de la queue, dont les pennes sont étagées ; le bec est épais et fort à sa base ; les plumes de la tête , du cou et de la poitrine , sont dures et ont la tige luisante ; le plumage des parties supérieures est d'un brun roux , teint d'olivâtre , avec un trait longitudinal d'un blanc roussàtre au centre, et des bandes transversales d'un brun noir ; les barbes exté- rieures des pennes alaires sont rayées de bandes alternative- ment d'un roux brun et d'un roux jaunâtre ; les pennes caudales , barrées de gris roussàtre sur un fond d'un brun noir, ont leur bordure d'un blanc sale ; la gorge , le devant du cou et la poitrine sont variés de brun et de fauve clair, et les parties inférieures ont sur le même fond des bandes trans- versales noirâtres ; les tarses, les doigts et les ongles sont de la même couleur, et le bec est brun. Les mœurs et les ha- bitudes de cet oiseau sont inconnues. On voit au Muséum de Paris un coucal que M. Leschenault a rapporté de Java , et qui, de la grosseur d'un merle , et les couvertures et les pennes des ailes variées de gris rous- sàtre et de fauve; le reste du plumage est noir , à l'exception de deux raies blanches qui traversent l'extrémité de la queue , dont la forme est arrondie. Les tarses et les pieds de ce coucal sont plombés, et la base du bec est garnie de plumes effilées et noires. Si c'est une espèce nouvelle , on pourroit l'appeler centropus javanensis ; mais l'auteur de cet article n'a pas été à portée de l'examiner assez bien pour s'assurer que ce ne soii pas une variété de quelque espèce déjà décrite. §. IV. COURO LS. Ce nom, qui indique des rapports avec les coucous et avec les roUiers , a été donné par M. Levaillant à des oiseaux de Madagascar, dont on ne connoît encore qu'une espèce, et dont le mâle est appelé dans le pays vouroug- driou , et la femelle cromb. Le bec des courols , plus long cou 145 que la tête, est comprimé par les côtés et un peu aplati j les narines sont percées obliquement vers le milieu de la mandibule supérieure, dont le bout, échancré , n'est que légèrement arqué. Ils ont le port, les formes, les habitudes, le vol des rolliers , et on les dit, comme eux, frugivores, mais leurs doigts, disposés par paire, les rapprochent des coucous, et ils tiennent particulièrement à ceux des seconde et troisième sections, par leurs tarses longs, robustes, dégar- nis de plumes , et par leurs doigts plus forts et plus séparés qu'aux coucous proprement dits. Ils diffèrent, enfin, des coucous, des couas et des coucals par le nombre des pennes de la queue, qui n'est pas de dix, comme dans ceux-ci, mais de douze, comme chez les indicateurs. M. Vieillot a formé de ces oiseaux un genre particulier , qu'il a nommé lepto- somiis. Les courols halntent les grands bois, et quoique les fruits passent pour être leur principale nourriture , ils sont, au moins en partie, entomophpges , puisque M. Levaillant a trouvé dans l'estomac de ceux qu'il a disséqués , des débris de mantes, de sauterelles et de cigales. Leur cri est un grasseyement pareil à celui des geais. Ces oiseaux nichent et couvent leurs œufs. ^ CouROL voiRouDRiou. En adoptant cette dénomination fran- çoise, d'après Levaillant et Montbeillard, pour désigner l'espèce que Brisson a le premier décrite sous le nom de grand coucou de Madagascar, devenu impropre et insufifisant, puisque l'oi- seau n'est pas un vrai coucou , et que l'île de Madagascar n'est pas le seul pays où il se trouve , on croit, pour ne rien innover, devoir associer au terme générique latin qu'a pro- posé M. Vieillot, le mot indien qui semble préférable à toute autre épithète , nécessairement plus vague et moins déter- minée. Le cuculus afer de Gmelin et de Latham sera donc ici le leptosortius vouroiig-driou. Le mâle et la femelle sonf représentés dans les planches enluminées de BufFon , n."' 587 et 588. La première de ces planches est très-défectueuse, et les deux meilleures figures que l'on ait de cet oiseau sont celles de M. Levaillant, sous les n.°*226 et 227 de^son Orni- thologie d'Afrique. 11 existe entre les deux sexes une diffé- rence d'autant plus remarquable qu'outre celle qui se tire 1 1. X» UG COU des couleurs, la femelle, comme chez les oiseaux de proie, est d'une taille plus forte que le màle, et a dix-sept pouces et demi de longueur , tandis que celui-ci n'en a que quinze. Les diverses parties du corps ofl'rent des dissemblances pro- portionnelles. La queue notamment a prés de huit pouces chez la première, et seulement sept pouces chez le second. Tous les deux ont la tête grosse, la bouche grande, la gorge ample , le cou gros, le corps musculeux et très-fourni en chair. Les pennes intermédiaires de la queue sont de deux à trois lignes plus courtes que les latérales , ce qui la fait paroitre un peu fourchue lorsqu'elle est étalée ; les ailes sont pointues, et elles descendent jusqu'au tiers de la queue, dont la longueur égale celle du corps. Le màle de cette espèce a le front, les joues, Ja gorge, le devant du cou et la poitrine d'un joli gris-bleu, qui blan- chit sur les parties inférieures ; le dessus de sa tête est d'un noir vert à reflets cuivreux; l'occiput et le derrière du cou sont d'un bleu plus foncé que celui du devant, et la teinte en devient plus bronzée à mesure qu'il descend sur le dos,; le manteau, le croupion, les plumes uropygiales et les der- nières pennes alaires sont d'un vert bleuâtre doré, avec des nuances plus vertes ou plus rougeàtres , suivant les incidences de la lumière; les couvertures des ailes, dont le fond est de la même couleur , brillent avec beaucoup plus d'éclat; leurs grandes pennes sont d'un vert bleu, qui est bronzé à l'extérieur, et d'un gris noir en-dessous : la queue est d'un brun vert au-dessus , avec des reflets cuivreux; les yeux sont orangés; le bec, dont l'arête est noirâtre , a des poils noirs à sa base ; les pieds sont jaunâtres. Les parties supérieures du corps de la femelle sont d'un brun orangé et écaillé de roux , à l'exception du croupion , dont les écailles sont, comme celles de la gorge et de la poi- trine, brunes sur un fond de roux plus clair; les parties in- férieures sont couvertes d'écaillés plus larges , et le fond est d'un blanc roussàtre ; les grandes couvertures des ailes sont d'un brun -noir verdissant ; l'iris est comme dans le màle; le bec est brun , et les pieds d'un brun jaunâtre. Le màle, avant sa première mue, resscuible à la femelle adulte 5 excepté que son plumage est d'un ton rougeàtre et cou 147 plus brillant sur les scapulaires, les ailes et la queue. A la méiue époque , la femelle est d'ua roux plus foible, les cou- vertures de ses ailes ont un liséré roux , et les penues n'ont pas de reflets verts. M. Levaillant a trouvé ces oiseaux dans le pays des Cafres ; mais ce n'étoit pas au temps de la ponte , qu'il croit toutefois n'être que de deux œufs, parce qu'il n'a jamais vu avec les vieux plus de deux jeunes. §. V. Indicateurs. On a donné ce nom à des oiseanx qui se nourrissent dq miel, et qui par le cri ckerr, eherr , cherr , qu iis répètent sans cesse, annoncent la proxi:nité de nids d'abeilles sau- vages , et en facilitent la découverte : mais cette riénoniina- tiou , qui avoit plus de justesse lorsqu'on regardoit les indi- cateurs du cap de Bonne -Espérance comme de l'espèc'e du moroc, auquel le P. Lobo su])posoit , dans son V^ojagt* d'Abys- sinie , l'intention de diriger les voyageurs vers ces nids, est inoins convenable à présent qu'on a reconnu le ridicule d'une pareille supposition , et qu'on sait que le moroc ne doit pas être confondu avec les indicateurs, quoique ses habitudes soient les mêmes. Cependant , pour ne pas introduire dans la nomenclature un autre terme générique , on adoptera provisoirement celui dont s'est servi M. Levaillant. Les oiseaux que ce naturaliste a appelés indicateurs, et qu'il a séparés h juste titre des coucous, avec lesquels ils n'ont de rapports ni pour les formes ni pour les moeurs , ont le bec plus court que la tête, convexe en-dessus et pointu; la mandi- bule supérieure est un peu inclinée , et son extrémité touche à celle de la mandibule inférieure, qui se relève; les narines sont petites , placées fort haut et recouvertes en partie de plumes; la tête est peu volumineuse ; la langue est plate, courte et triangulaire ; les tarses sont courts, et robustes, les deux doigts antérieurs unis à la base , et les deux posté- rieurs entièrement séparés: les ongles sont forts et crochus; les deux premières pennes des ailes sont les plus longues, et les douze pennes de la queue sont disposées de manière qu'elle est étagéc sur les côtés et fourchue dans le milieu ; la us cou peau , très-épaisse, forme une sorte de cuirasse propre U résister à l'aiguillon des abeilles. Ces oiseaux vivent dans les forêts, et pondent leurs œufs dans des trous d'arbres sur le bois vermoulu. Leur naturel est peu farouche , et comme d'ailleurs ils ont le vol lourd et se portent à de petites distances , il est facile de les suivre. Ils ne mangent point les mouches, qu'ils sont obligés de combattre pour s'emparer du miel et de la cire dont ils font leur nourriture: mais, si beaucoup d'abeilles périssent en défendant leur trésor , il paroft aussi que quelques oiseaux succombent lorsqu'ils sont piqués aux yeux , et on en a trouvé des cadavres au bas des ruches. Grand indicateur : Cucultis indicutor , Cmel. et Latli ; Indi- cator major , VieilL; Miller, Illustr., tab. 14 , fig- A; Lev., Afr. , pi. 241 , mâle et femelle. M. Levaillant compare le mâle à une pie-grièche grise, dont le corps et la queue seroient moins alongés : mais le port est bien différent dans la figure qu'il donne des deux sexes, où ces oiseaux ressemblent à de petits passereaux. Quant à la couleur, le dessus de la tête, le der- rière du cou , le dos et les couvertures des ailes sont d'un vert olive et brunâtre ; les plumes uropygiales et les couver- tures de la queue sont blanches et variées d'olivâtre ; les pennes des ailes, dont le fond est brun, sont lisérées exté- rieurement de vert-olive ; la queue a les trois pennes laté- rales blanches, avec une tache noire à leur extrémité ; les intermédiaires sont, d'un brun olivacé dans leurs barbes ex- térieures, et blanches dans une partie des barbes intérieures; le dessous du coi'ps jusqu'au bas de la poitrine est d'un jaune pâle, avec des ondes d'un gris blanc vers le milieu du cou et des taches noires sur la gorge: les parties inférieures sont d'un blanc sale, avec une teinte jaune; les yeux, le bec, les pieds et les ongles sont bruns. La femelle, un peu plus petite, a le front piqueté de blanc jaunâtre; les autres par'ies supérieures sont d'un bru aussi plus jaunâtre que chez le mâle ; la gorge , la poitrine et les flancs ont les plumes bordées de brun noir en forme d'écaillés sur un fond blanchâtre et nuancé de jaune. Le mâle ressemble à la femelle dans le premier âge. Sparrman a donné, tome 2.^ in-4.''; p. 210 et suiv. . de son cou i4!> Voyage au cap de Bonne -Espérance, une description très- détaillée et un peu différente du même oiseau, qu'il déclare avoir faite sur deux individus par lui tués , et qu'on lui a dit être des femelles, attendu que le mâle avoit une bande noire au capistrum , terme qui désigne la partie antérieure du front, et non le cou, ainsi que Fa pensé le traducteur. Leur lon- gueur totale étoit d'environ sept pouces anglois ; leurs ailes pliées atteignoient le quart de la queue ; leur bec , légère- ment courbé dans toute son étendue et fendu jusque sous les yeux, était brun à sa base et jaune à son extrémité ; les narines, oblongues et fort étroites, étoient situées à la partie supérieure du bec , dont la base étoit garnie de quelques poils, surtout à la mandibule inférieure ; lu langue étoit plate et un peu sagittée, Tiris d'un gris ferrugineux ; les paupières étoient nues et noires; les jambes courtes, et les ongles dé- liés et noirs, ainsi que les doigts ; le sommet de la tête gris; la gorge et la poitrine d'un blanc sale; le ventre et l'anus d'un blanc plus clair; les cuisses couvertes de plumes également blanches, mais avec une tache noire longitudinale; le dos et le croupion d'un gris ferrugineux; les couvertures supéi'ieures des ailes d'un gris brun, et quelques-unes bordées de fauve ; les couvertures inférieures blanches , avec des taches noires à leur partie la plus élevée ; les rémiges brunes en-dessus, et d'un brun cendré en-dessous ; la queue cunéiforme, com- posée de douze pennes, dont les deux intermédiaires , plus longues et plus étroites, étoient d'un brun de rouille; les deux suivantes , de couleur de suie , avec les barbes inté- rieures blanchâtres; les deux les plus près de celles-ci, de chaque côté, brunes et extérieurement tachetées de noir à leur base ; les dernières, enfin, plus courtes que les autres, d'un brun blanchâtre à leur bout , avec une petite tache noire à leur origine. Quelque induction que l'on puisse tirer des variations qui se trouvent dans les deux descriptions, on se contentera d'ob- server ici que , suivant M. Levaillant, la femelle pond, dans un trou d'arbre, trois ou quatre œufs d'un blanc sale, qui sont couvés tour à tour par elle et par le mâle , tandis qu'il a été montré à M. Sparrman un nid qu'on lui a assuré pro- venir du guide au miel, et qui, comme celui du toucnam. i5o COU courvi et d'antres gros-becs, étoit composé de petits filamens d'écorce entrelacés, et avoit la forme d'une bouteille dont l'ouverture ou le cou scroit en bas. Petit ixDiCATErR : Cuciilus minor , CuV. : Indicalor minor, Vieill. Cet oiseau , dont le mâle seul est représenté sur la planche 241 de M Levaillant, est de la taille du moineau franc, dont il a aussi le port. Ce dernier l'a trouvé dans les forêts de mimosas de plusieurs contrées du Cap, où son cri perpétuel a paru au mrme voyageur exprimer ket-het-lcet- ket-ket, et où sa ponte, dans des creux d'arbres, est de quatre œufs tout bhincs. Le dessus de sa tête est d'un gris olivâtre ; les parties supérieures du corps sont d'un vert d'olive jaunâtre; le fond des grandes pennes alaires est d'un noir brun ; la queue est de la même forme et a les mêmes cou- leurs que celle du grand indicateui'. 11 a au-dessous des yeux un trait noirâtre qui forme une sorte de moustache ; la gorge , le devant du cou et la poitrine sont d'un vert d'olive tirant sur le gris , et le ventre est d'un blanc sale ; le bec, les yeux et les pieds sont d'un brun jaunâtre; le vert d'olive du dessus des ailes est plus brunâtre chez la femelle, qui d'ailleurs res- semble au mâle. M. Levaillant a vu un autre indicateur dont la taille éloit moyenne entre les deux qui viennent d'être décrits; mais l'in- dividu tué par ses chasseurs étoit dans un état de putré- faction qui lui a seulement permis d'observer que le bec , les pieds , le dessus de la tête, le dos, les ailes et le crou- pion étoient bruns , la gorge d'un roux clair, et le dessous du corps d'un blanc roussâtre. §. VL Barbacofs. Il a déjtà été question de ces oiseaux dans le tome 4." de ce Dictionnaire , p. 4:^ , et dans le Supplément du même vo- lume, p. 5. A l'époque de la publication du premier de ces articles, M. Levaillant j)'avoit pas encore faitparoître le texte de ce/te section de ses barbus, e( lorsque le second a été im- primé, M. Vieillot, dans son Anahse d'une nouvelle Ornitho- logie, avoit établi, pour les deux barbacous connus, le genre Monase, faisant ])artie de sa famille des barbus. D'un autre côté, M. CuvJer , trouvant que les barbacous avoient plus de cou j5i rapports avec les coucous qu'avec les barbus proprement dits , ou nit'inc les tamatias, les avoit laissés à la suite des premiers , et la description des deux espèces a été renvoyée au mot Coucou. D'après les détails dans lesquels on est déjà entré sur ces oiseaux d'Amérique, on se bornera à faire observer ici que leur bec est très-effilé du bout , où il se courbe ; que les poils , moins nombreux , qui se trouvent à sa base , ne sont pas distribues en faisceaux comme aux barbus ; et que, leurs ailes étant plus longues , ils volent mieux qu'eux, et s'écar- tent même quelquefois pour aller chercher , jusque dans les savanes noyées , les insectes dont ils se nourrissent. Leur queue est composée de douze pennes, comme celle des cou- rois , et ils nichent aussi dans des trous d'arbres , où ils couvent et élèvent leurs petits. Barracou a bec -rouge : Cuculus Iranquillus , Gmel. ; Bucco calcaratus, Lath. ; pi. enl. de Buffou 5i2 , sous le nom de Cou- cou noir de Cayenne , et de Levaillant , Hist. des Barbus , etc. , n.°*44 et 45 , le mâle et le jeune. Cet oiseau , qui se trouve à la Guiane , et auquel M. Levaillant donne aussi la déno- mination d^écaudé, est long d'environ onze pouces ; il a sur le pli des ailes une frange blanche , bordant les scapulaires et plusieurs des couvertures. Tout le reste du plumage est d'un noir qui grisonne aux parties supérieures. La queue, à peu près de la longueur du corps , est légèrement étagée, de manière qu'en se déployant elle s'arrondit à son extré- mité : les pieds sont noirs ; le bec , l'intérieur de la bouche, et même la langue , sont d'un rouge vermillon tellement imprimé dans la matière cornée que son éclat ne se ternit point avec le temps. La femelle, qui ressemble au mâle, est un peu moins lorte. Les jeunes ont le bec jaune ; leur plu- mage est aussi d'un noir plus grisâtre que dans l'état parlait , et le frangé des ailes est d'un blanc moins pur. Barbacou a croupiox blanc : Cuculus tenebrosus, Gmel. et Lath. : pi. enlum. de Buffon , n." 5o5 , sous le nom de petit coucou noir de Cayenne, et pi. 46 de Levaillant, Histoire des Barbus , etc. Cette espèce n'a que huit pouces un quart de longueur totale ; sa queue , un peu étagée , n'a que trois pouces , et ne dépasse pas de beaucoup les ailes ; son bec est noir, et ses pieds sont d'un noir gris: toutes les parties ï52 cou supérieures du corps sont noires, avec des reflets bleuâtres ç le croupion est couA^ert de longues plumes cotonneuses d'un blanc pur; les plumes anales sont delà nit^me couleur, qui borde aussi légèrement les pennes de la queue ; la gorge, le devant du cou , la poitrine et le haut des flancs sont d'un noir qui grisonne; le bas des flancs et le ventre, d'un brun marron. On trouve cette espèce à la Guiane , comme la pré- cédente , mais elle y est moins commune. M. Levaillant , qui néanmoins en a vu onze individus, n'ayant presque pas remarqué de différence entre eux , en conclut que vraisem- blablement les femelles diffèrent peu des mâles. Quoique ce barbacou ne fréquente pas les bois,, il n'en est pas moins sauvage. Montbeillard dit qu'il reste perché sur des branches isolt'es, dans des lieux découverts, pendant tout le temps qu'il n'emploie pas à chercher des insectes , et qu'il niche dans des trous d'arbres, et même quelquefois en terre quand il trouve des trous tout faits. On a rapproché de cet oiseau le coucou trou\ é dans le nord de l'Asie par Pallas , à qui est due la dénomination de coucou ténébreux ; mais Sonnini a de la peine à Se figurer qu'il y ait identité entre ce dernier , et un oiseau de l'Amé- rique méridionale dont les mouvemens sont aussi rares que lents. Le nom de coucou a été donné à beaucoup d'oiseaux qui n'appartiennent à aucune des branches de cette nombreuse famille. Tels sont, i." le coucou bleu de la Chine, ou san-liia, de Buffon , qui est la pie bleue de ce pays ; 2.° le coucou huppé du Brésil, qui est le guira cantara , espèce d'ani; 5.° le coucou huppé et le coucou vert de Guinée, qui sont des touracos; le coucou à longs brins , le coucou de Paradis et le coucou vert huppé de Siam , qui sont des drongos ; le coucou rouge huppé du Brésil, qui est un couroucou. Suivant Salerne, l'en- goulevent est aussi appelé coucou rouge dans le département du Loiret. (Ch. D.) COUCOU (Fleur de). (Bot.) On donne vulgairement ce nom à deux plantes, au narcisse faux-narcisse, et à une es- père de lychnide. (L. D.) COUCOU (Pain de), [Bol.), nom vulgaire de la prime- vère officinale. (L. D.) cou i53 C OUCOUAT. (Ornith.) On appelle ainsi les jeunes coucous flans une parlie du département de Loir et Cher. (Ch. D.) COUCOUCHIAS (Bot.), nom que l'arbre de Judée , cercis, porte dans le Levant, suivant Belon. (J. ) COUCOUDA. (Ornith.) Le P. l^ulindit, dans le tome i." de son Voyage aux Indes orientales, que la poule porte ce nom en langue samscrite. (Ch. D.) COUCOULIADO. (Ornith.) Dans plusieurs des départe- mens qui sont formés du Languedoc, on donne ce nom, et celui de caougiliado , à l'alouette cochevis , alauda cristata, Linn. (Ch. D.) COUCOUMELLES et COUCOUMÈLES. (Bot.) Ce sont les noms qu'on donne , en Languedoc , à diverses espèces de champignons du genre des agarics de Linnœus , mais qui rentrent dans celui des amanites de M. Persoon. L'une est l'oronge blanche (agaricus o\'oidus,'Decand., FI. Fr., n.° ôGii"), qui est la coucoumèle blanche; une autre espèce est V agaric engainé (agaricus vaginatus , Decand., n.° 568), qui fournit une variété qu'on trouve dans les envii'ons de Montpellier, et qui y est nommée coucoiunèle grise ou coucoumèle grisette. Une \ariété jaune de ce même agaric y est appelée coucoumèle orangée, coucoumèle jaune, nom qu'on donne aussi à l'oronge. (Voyez Amanite et Oronge.) On nomme également coucou- mela le nombril de Vénus , cotylédon umhilicus. 11 y a des provinces méridionales où la primevère ordinaire est nommée cocumelle. (Lem.) COUCOUNASSOUX (Bot.), vieux nom françois du con- combre cultivé. (L. D.) COUCOURDOU (Bot.), ancien nom françois delà courge- potiron. (L. D.) COUCOUROU-MASSO. (Bot.) Dans la Provence on nomme ainsi le concombre sauvage , espèce de momordique, momordica elaterium (ecbaliuin de M. Richard), dont le fruit se sépare avec élasticité de son pédoncule. (J. ) COUDE. (Bot.) Voyez Géniculé. (Mass.) COUDEY (Ornith.), nom que porte, dans l'Indostan, Pes- pèce de jacana designée par Latham sous celui de parra in- dica , et qu'on appelle aussi au Bengale peepee , moiva et dulpée. (Ch. D.) ï54 COU COUDTOU (Ornith.) , nom que l'on donne au coucou com- mun, cuculus canorus , Linn. , dans plusieurs départeznens méridionaux de la France. (Ch. D.) COUDOU. (Mamm.) Voyez Condoma. (F. C.) COUDOUGNAN (Ornith.) , nom donné par M. LevaiUant a un loriot, dont il a représenté le mile et la femelle dans le tome 6.*dc rOrnifhologie d'Afrique, planches 26 \ et 262. (Ch. D.) COUDOUGNIE ou Coudounier {Bol.) , noms languedo- ciens du cognassier. (L. D.) COUDOURIER (Bol.), nom du cognassier en Provence. (L. D.) COUDOUMBRÉ (Bol.), nom languedocien du concom- bre. (L. D.) COUDOUNIER (Bot.), nom donné au cognassier, cydo- nia , dans les provinces méridionales de France. Son fruit est le coudon des Provençaux, le coudoun des Languedociens. (J.) COUDRAIE, COUDRETTE , ou COULDRETTE [ Bot.) , licU planté de coudriers : les deux derniers de ces mots sont vieux. (L.D.) COUDRE (Bot.) , nom vulgaire sous lequel on désigne, selon les diflférens cantons, la viorne mancienne, ou le cou- drier-noisetier. (L. D.) COUDRIER ou NOISETIER (Bot.); Corjdus, Linn. Genre de plantes dicotylédones, apétales diclines, de la famille des amentacées , Juss. , et de la monoécie polyandrie, Linn., dont les principaux caractères sont les suivans : Fleurs monoïques; les mâles disposées en chatons cylindriques alongés, compo- sés d"écailles à trois lobes, chacune d'elles portant huit éta- mines à filamens très-courts et cà anthères ovales-oblongues; fleurs femelles, contenues plusieurs ensemble dans un bour- geon sessile , recouvert d'écaillés imbriquées , et chacune d'elles étant formée d'un calice de deux folioles opposées, adhérentes par leur base , incisées en leurs bords, et cà peine visibles dans le moment de la floraison ; ces deux folioles entourent un ovaire arrondi, très-petit, surmonté de deux styles sétacés. Le fruit est une noix ovale, marquée à sa base d'une large cicatrice, contenant une amande pour graine, cou i53 et enveloppée par le calice, qui a pris beaucoup d'accrois- sement. Les coudriers sont de petits arbres ou de grands arbris- seaux, à feuilles alternes, simples, pétiolées : à fleurs màles disposées en chatons alongés, pendans, situés vers l'extrémité des rameaux, et à fleurs femelles réunies plusieurs ensemble dans un bourgeon écailleux, sessile , à la place des anciennes feuilles. Les espèces connues de ce genre sont au nombre de six , dont trois naturelles à TEurope, et trois à l'Amérique septentrionale. Coudrier-avelinier, Coudrier commun, Noisetier-avelinier ou Noisetier commun, et encore Noisillier : Corylus avellana, Linn. , Spec. , 1417 ; Nouv. Duham. , vol. 4 ,p. 19,1.6. Sa tige s'élève à la liaut»ur de quinze à vingt pieds , en se divisant en branches nombreuses , dont les rameaux sont pubescens dans leur jeunesse, garnis de feuilles ovales-arronJies , den- tées en leurs bords, d'un vert gai en-dessus, et légèrement puhescentes en leur surface inférieure. Ses fleurs pai'oissent long-temps avant les feuilles, souvent dès le mois de Janvier ou , au plus tard, en Février. Les màles se font remarquer par leurs longs chatons jaunâtres: les femelles sont beaucoup plus petites, mais on les reconnoît à leurs styles rougeàtres. Les fruits, connus sous le nom de noisettes et ordinairement groupés plusieurs ensemble, sont enveloppes dans le calice persistant, irrégulièrement déchiré en son bord, et ils con- tiennent une amande d'une saveur agréable. Le coudrier- avelinier croît naturellement dans les bois et dans les buis- sons. Il a produit, par la culture, plusieurs variétés, qui dif- fèrent princ'palement les unes des autres par la forme, la grosseur et la saveur de leurs fruits; les principales sont les suivantes : Le Noisetier ovale; Corylus avellana ouafa , Lam. . Dîur.t. , t. 780, fig. n. Les fruits sont courts , ovales; ils ont i.'jurs calices plus courts que la noix et laciniés au sommet. Le Noisetier franc a fruits blancs; Corjlus saliva , fructu alho minore majore , seu lulgarls , Tournef. , Inst. , 58 1 . L'amande est blanche, oblongue , plus petite ou plus grosse. Le Noisetier franc, ou I'Avelinier. a gros fruits roxds; Corylus avellana maxiina, "V^'illd., Spec. 4, p. 470. Ses fruits i56 COU sont ovales-arrondis, très-gros, un peu comprimés; leur» calice est plus long que la noix, très-étalé, denté et incisé à son bord. Le Noisetier a grappes; Coryliis niicibus in raccmiim con~ gfstis , Tourner., Inst., 682. Dan> cette variété les fruits sont agglomérés en forme de grappe courte, et les découpures de leur calice sont pinnatifides. Le Noisetier a fruits striés ; Coryhis avellana striata , "Willd. , ^pec, 4, p. /|7o. Les noix sont ovales-arrondies , striées, plus courtes que les ca.ices, dont les découpures sont inégales, laciiiiées et terminées en pointe aiguë. Le coudrier n'ayant pas des propriétés bien importantes, les anciens n'en ont que fort peu parlé. Pline n'en dit que quelques mots , en le mettant au nombre des arbres qu'on trouve dans les plaines, et en nous apprenant qu'on en fai- soit des torches , qu'on brûloit le jour des noces pour porter bonheur aux nouveaux époux. Mais les poètes qui ont chanté la vie champêtre , ont parlé du coudrier de préférence à beaucoup d'autres arbres ; ils se sont plu à célébrer son feuilbige épais, qui ofï'roit aux bergers un ombrage agréable, et à le représenter comme un arbre chéri des bergères. Ainsi Virgile, dans ses Églogues , parle plusieurs lois du coudrier. Là, c'est lu chèvre, l'espoir du troupeau de Mélibée, qui vient de mettre bas deux petits, entre d'épais coudriers: llic inter deiisas corylos modo namque gemellos, Spem gregis, ah ! silice in nuda coiiiiixa reliquit. EcL. I, V. 14. Ici, les bergers Ménalque et Mopsus s'asseyent sous des ermes et des coudriers pour chanter leurs vers : Hic corylis niixlas inter consedimus ulnios ? • EcL. V, V. 3. Ailleurs Corydon donne la préférence à cet arbre sur le myrte et sur le laurier, parce qu'il est celui que sa bergère aime le mieux : Phyllis aniat corylos : illas, dum Phyllis aniabit, IVec myrtus vincet corylos, nec laiirea Phœbi. EcL. VIL V. 63. cou i57 Depuis Virgile, la plupart des poètes quivont voulu nous retracer les riantes images de la vie pastorale, ont continué à nous peindre le coudrier comme l'arbre des bergers et des bergères , et comme celui qui fut souvent le témoin de leurs amours. Cette manière de représenter le coudrier n'avoit rien que d'agréable ; mais les charlatans et les imposteurs ont voulu changer sa desiinée. L'arbre modeste dont la nature forme ces simples bosquets sous lesquels l'innocente pastourelle trouve un om!)rage contre les rayons d'un soleil trop ardent, ou qui A^oile quelquefois de ses rameaux ép;!is les tendres plaisirs de deux amans heureux, parut tout à coup avoir acquis un pouvoir surnaturel et magique. On supposa d'abord qu'une baguette de coudiier avo.t, dans les mains de certains individus , la faculté de faire trouver les métaux que la terre recèle dans son sein, et on. alla ensuite jusqu'à lui attribuer la propriété d'indiquer les sources , les trésors cachés , et même les voleurs et les assassins. L'histoire d'un paysan du Dauphiné, nommé Jacques Aimar, contribua surtout à don- ner de la célébrité a la baguette de coudrier, qu'on nom- moit plus généralement baguette divinatoire. Un meurtre ayant été commis à Lyon, eu 1692 , on fit venir cet homme, qui, parle talent merveilleux qu'il avoit pour se servir de la baguette divinatoire , avoit déjà fait beaucoup de bruit dans sa province. Arrivé dans le lieu où le crime avoit été commis, la baguette tourne à l'instant entre ses doig(s, im- prégnée selon lui des miasmes émanés des coupables. Il îessuit aussitôt à la piste, d'abord sur la route qu'ils avoient prise par terre ; ensuite il s'embarque sur le Rhône, arrive à Beau- caire, reconnoit et fait arrêter un des meurtriers, qui, après après avoir confessé son crime , Fexpie sur l'échafaud. On conçoit quelle sensation dut produire une pareiilj aventure : l'exactitude des renseignemens fournis par Jacques Aimar excita l'admiration générale. Des gens de lettres, des méde- cins, des savans, furent dupes de l'adresse du paysan dauphi- nois , et ils écrivirent pour donner une explication des mer- veilles opérées par la fameuse baguette. Les uns n'y virent qu'un effet naturel, une suite nécessaire des lois du mouve- ment et de l'existence des émanations qui, selon eux, s'échap- i58 COU poient des fontaines, des métaux, et surtout du corps humain; d autres , ne croyant pas pouvoir expliquer des phénomènes si extraordinaires par la physique, attribuèrent ces prodiges à l'influence du démon. Enfin, le fils du grand Condé , iVappé des récits qu'on lui l'aisoit de toutes parts, fit venir Aimar à Paris, pour voir par lui-même les merveilles qu'il opéroit ; mais les prodiges de sa baguette furent bientôt à leur fin : il prit d'honnêtes gens pour des A'oleurs , des pierres pour de l'argent, et passa, les yeux bandés, sur des rivières sans s'en apercevoir. Dès-lors on ne vit plus en lui qu'un imposteur adroit, bien secondé dans son pays par de nombreux com- pères. Il avoua d'ailleurs lui-même au prince que lui et sa baguette n'avoient aucun pouvoir particulier, et qu'il n'avoit clierché par cette ruse qu'à gagner quelque argent. On le chassa, et l'on 'cessa de s'occuper de lui. Environ un siècle après , Bletton voulut renouveler , à Paris, les merveilles de la baguette divinatoire, et il échoua aussi complètement que Jacques Aimar : ce qui cependant n'a pas empêché depuis quelques personnes, entre autres M. Thouvenel, en France , et le docteur Ritter, en Allemagne, de tenter encore de la remettre en crédit, en s'autorisant des phénomènes de l'électricité et du galvanisme, pour expliquer les prétendues merveilles de la baguette. Mais ils ont fait peu de partisans , et la croyance à de tels prodiges est géné- ralement mise aujourd'hui au rang des erreurs et préjugés populaires. Le coudrier commun ou noisetier se plaît presque égale- ment bien dans tous les terrains; cependant il réussit mieux, et ses fruits sont plus gros et plus parfaits , dans les terres légères et un peu humides. Il ne craint point le froid , puisqu'il fleurit au milieu de l'hiver. Cet arbrisseau pousse beaucoup de drageons de son pied , surtout quand il ne provient pas d« semis. Ces drageons offrent un moyen facile de le multiplier, et ils ont l'avantage de propager, sans altération , les variétés dont les fruits sont les meilleurs, quand les arbres sont d'ailleurs francs de pied : mais les indi- vidus qui en proviennent ne s'élèvent jamais beaucoup ; ils «ont sujets à s'épuiser par la grande quantité de rejetons qu'ils poussent de leurs racines, et il n'est pas rare qu'ils périssent cou i5g après avoir rapporté du fruit pendant quelques années. Il est vrai qu'alors le plus fort rejeton poussé sur leur souche les a bientôt remplacés. Pour multiplier le coudrier par les semis, on doit mettre les noisettes en terre dans le courant de Fautomne , peu après qu'elles sont recueillies ; elles germent alors facile- ment et lèvent au printemps suivant. Quand on ne peut semer ses noisettes qu'à la tin de Ihiver, il faut jusque-là les mettre en jauge, dans du sable, afin d'empêcher leur amande de se rancir, ce qui les rend moins propres à ger- mer, ou même leur enlève entièrement cette faculté. Les coudriers venus de graine sont beaucoup plus vigou- reux , et forment des arbres qui s'élèvent plus haut que ceux: provenus de drageons ; mais, comme ils ne donnent pas tou- jours des fruits aussi beaux que ceux dont ils sont nés , il faut les faire gretVer lorsqu'ils sont assez forts. On fait peu de grandes plantations de noisetier, parce que les fruits de cet arbre ne sont pas, en général, très-i"echcr- chés, si ce n'est ])ar les enfans; cependant, la grosse aveliue obtient quelquefois la faveur d'être servie sur les meilleures tables, avec les amandes à coque tendre , les figues et les raisins se.'^s. La noisette a «ne saveur douce quand elle est nouvelle et bien mûre; mais elle contracte de i'àcreté lorsqu'elle devient un peu ancienne , et alors elle ne se digère pas facilement. Dans tous les temps il est bon de ne pas manger beaucoup de ce fruit, car il pèse sur l'estomac. On en retire par con- tusion et expression une huile douce qu'on peut employer quand elle est récente , aux mêmes usages que celle d'a- mandes douces: mais on s'en sert en général fort pei-. Les confiseurs recouvrent les noisettes de sucre pour en faire des dragées. On dit proverbialement, présenter des noisettes à ceux qui n'ont plus de dents , pour dire , ofifrir à une personne une chose dont elle n'est pas en état de se servir. Le bois du coudrier est très- flexible, et cela le rend propre à faire , quand il est jeune, de menus cerceaux que les van- niers emploient dans leurs ouvrages. Quand il est plus âgé , on en fabrique des échalas pour les vignes. Les jeunes reje-» i6o COlJ tons qui croissent au pied des arbres plus gros, et qui sont très-droits, servent aux fleuristes pour faire des baguettes qu'ils emploient à soutenir les plantes ou les jeunes arbris- seaux dont les tiges ont besoin d'appui. Coudrier tubuleux : Coiylus tubulosa , "VViUd. , Spec, 4, p. 470 ; Lam., Illust. , t. 780^ fig. q. Cette espèce ne diffère pas sensiblement de la précédente par son port, par sa taille, par la forme de ses feuilles , par la disposition et la forme de ses fleurs mâles et femelles ; elle s'en distingue néanmoins , parce que le calice de ses fruits se prolonge en un tube cylin- drique, un peu rétréci vers son sommet, et divisé en son bord en découpures inégales et dentées. Cet arbrisseau croit spon- tanément dans les parties méridionales de l'Europe. Son bois et ses fruits ont les mêmes propriétés que ceux du noisetier commun, et les noisettes varient aussi pour la grosseur et la couleur; elles sont plus grosses ou plus petites, blanches ou d'un brun rougeàtre. Coudrier du Levant; Corylus colurna, Linn. , Spec, 1417. Cette espèce a le même port que le coudrier commun, mais eile forme un arbre qui s'élève beaucoup plus; ses feuilles sont ovales-arrondies, échancrées eu cœur à leur base, aiguës à leur sommet, dentées en leurs bords, velues en- dessous; ses fruits sont arrondis , presque deux fois plus gros que dans l'espèce vulgaire, environnés d'un double calice, dont l'ex- térieur partagé en plusieurs découpures profondes, et l'inté- rieur divisé en trois parties palmées ou iaciniées. Cette espèce croît spontanément dans le Levant et aux environs de Cons- tanlinople. L'Écluse est le premier qui ail parlé de cette espèce. Il nous apprend que ce fut David Ungnad, baron deZonneck, lequel avoit été envoyé à Constantinople auprès du Grand- Seigneur, qui lui en donna les premiers fruits; d'abord un seul en 1 682 , et plusieurs autres quatre ans plus tard. L'Ecluse, trompé par les faux renseigiiemens que David Ungnad avoit rapportés, que ce coudrier s'élevoit rarement au-delà d'une coudée, lui donna le nom d'avcZ/ana pumila byzanlina. Ce- pendant, comme cet auteur avoit semé à Francfort, oîi il résidoit alors, quelques-uns des fruits qu'il avoit eus en i586, il dit, dans son Histoire des plantes, qu'en lôgS un seul cou 161 pied qui lui restoit encore de ce semis avoit déjà plus de la hauteur d'un homme, mais qu'il n"avoit pas encore donné de fruit, ni même deux ans plus tard, quoiqu'il se fût encore élevé davantage. Au reste, quoique TEcIuse n'ait pas con- signé dans ses ouvrages l'époque à laquelle son coudrier du Levant commença à donner des fruits, on doit croire que c'est de ce premier individu que sont nés successivement tous les individus par lesquels cette espèce a été propagée dans une grande partie de l'Europe , où elle est maintenant assez répandue, surtout dans les jardins de botanique. Ce qui pa- roît confirmer cette opinion , c'est que Linnapus {Hort. Cliffort., p. 448) dit qu'en lySy, dans le jardin de Leyde , il existoit un très-grand coudrier de cette espèce qui avoit été planté par l'Ecluse, et en supposant que cet arbre fût provenu des premiers fruits rapportés par l'individu que nous avons vu avoir été cultivé à Francfort , il avoit, à l'époque fixée par Linnaeus, i3o à 140 ans. Coudrier CORNU : Corjdus rostrata, Mich. , Flor. boréal. Amer. , 2 , p. 201 ; Willd., Spec, 4, p. 471 , et Arb. , 80 , t. 1 , f. 2. Cette espèce est un arbrisseau qui ne s'élève guère qu'à la hauteur de cinq à six pieds; ses jeunes rameaux sont A^elus , garnis de feuilles ovales-oblongues, écliancrées en cœur à leur base, acuminées à leur sommet, inégalement dentées en leurs bords , glabres en-dessus , légèrement pubescentes en-dessous. Ses fleurs mâles sont disposées en chatons solitaires, ayant leurs écailles ciliées en leurs bords. Les calices qui envelop- pent les fruits sont très-velus, prolongés en forme de bec, ayant leurs bords découpés en divisions irrégulières et den- tées. Le coudrier cornu croît dans toute l'Amérique septen- trionale, depuis la Floride jusqu'en Canada. On le cultive en Europe dans les jardins de botanique. Coudrier d'Amérique; Corjdus amcricana, Mich., Flor. bo- réal. Amer., 2, p. 201. Les feuilles de ce coudrier sont plus élargies que celles des autres espèces ; le calice de ses fruits est arrondi, campanule, plus grand que la noix qu'il con- tient, hérissé de poils glanduleux, dilaté en son bord, qui est inégalement denté en scie. Cette espèce croit dans le Canada, et elle est cultivée en Europe. Coudrier nain : Corjius humilis , ^'^illd., Enum. hort. heroL, II. Il iû:î COU 2, p. 985; Corylus americana humilis , Wangenh. , Anier.,iilj , t. 29, f. C3. Cet arbrisseau est si voisin du précédent que "VVilldenow ne l'avoit d'abord regardé que comme en étant une variété, mais ensuite il en a fait une espèce particulière. Ses tiges s'élèvent peu; ses feuilles sont arrondies, acumi- nées , échancrées en cœur à la base ; les calices des fruits sont campanules, plus grands que la noix qu'ils enveloppent, dila- tés en leurs bords , et partagés en divisions presque pinnati- fides. Le coudrier nain croît dans les États-Unis d'Amérique et dans le Canada. On le cultive en Europe. (L. D.) COUÉPI DE LA GUI ANE (Bot.) -. Couepia guianensis, Aubl., Guian. , 619, tabl. 201 -., Acia aniara, "VVilld. 3, p. 717. Grand arbre, découvert par Aublet dans les. forêts de la Guiane , appartenant à la famille des rosacées , dans la division des pruniers. Willdenow le place , sous le nom d^acia , dans la nionadelphie dodécandrie de Linnaeus , à cause que les étamines , portées sur un anneau circulaire, paroissent monadelphcs; mais les filamens sont libres, et tous les caractères de la fructification , ainsi que les rapports naturels, annoncent que ce genre doit appartenir à l'jco5an.dr/e monogjnie de Linnacus. Son caractère essentiel consiste dans un calice tubulé, à cinq lobes, cinq pétales (selon "VVillden.); des étamines nombreuses; les filamens libres, produits par un disque circulaire placé à l'entrée du calice; un ovaire supérieur, légèrement pédicellé ; un style; un stigmate aigu; un drupe sec, ovale, revêtu d'une écorce épaisse, coriace et fibreuse, contenant un noyau dont Fécorce est mince, cassante, l'amande amère, à deux lobes. Cet arbre s'élève à la hauteur d'environ soixante pieds. Son bois est dur, pesant, rougeâtre ; son écorce, lisse et cendrée; ses rameaux, tortueux, très-étalés, garnis de feuilles glabres, alternes, médiocrement pétiolées, minces, ovales, aiguës, entières, ondulées à leurs bords, longues de deux à trois pouces; les pétioles hérissés de poils roux. Les fleurs sont disposées en bouquets à l'extrémité des rameaux ; leur calice un peu turbiné; le tube, légèrement courbé, renflé vers son sommet. On soupçonne que les pétales sont au nombre de cinq. Les filamens partent d'un disque qui couronne l'entrée du calice; l'ovaire est ovale, rétréci près- cou i65 que en pédicelle « sa base. Le fruit est un drupe ovale, recouvert d'une écorce épaisse, coriace, fibreuse, toute cre- vassée. Le coupi d'Aublet a de tels rapports avec ce genre que plusieurs auteurs les ont réunis comme espèces ; mais les différences qui existent entre elles, exigent un nouvel examen. Voyez Coupi. ( Poir. ) COUESTO-COUNILLERO {Bot.), nom provençal de la terre-crêpe, terra crepola de J. Bauhin , plante chicoracée . qui est le scorzonera picroïdcs de Linnseus, maintenant picri- dium viilgare de M. Desfontaines. (J.) COUETTE. (Ornith.) Dans le département de la Somme on appelle ainsi la petite mouette, larus cinerarius , Linn. (Ch. D.) COUGHIOULO (Bot.), nom commun à la folle -avoine et à la primevère dans quelques départemens du midi. (L. D.) COUGOURDE {Bot.), variété de la calebasse, cucurhita lagenaria, ayant un étranglement dans son milieu, et pré- sentant la forme d'une bouteille à col renflé , qui est la gourde des pèlerins. (J. ) COUGOURDETTE. {Bot.) M. Duchesne, qui a fait un tra- vail étendu sur les courges , nomme ainsi une sous -variété du pepon à fruit ovale ou pyrif'orme et à coque dure. (J.) COUGOURLIÉ SAOUVAJHÉ. {Bot.) La bryone commune porte ce nom en Languedoc. (L. D.) COUGOURLO, CouRjHETo ou Courjho {Bât.), noms sou* lesquels on désigne les courges en Languedoc. (L. D.) COUGOURLOU (Bot.), vieux nom françois de la courge. (L. D.) COUGUERECOU ou lElERECOU {Bot.), nom d'une xilo^ pie de la Guiane , xilopia fmtescens , qui est Vembira ou ibira du Brésil. (J.) COUGUOU {Bot.), nom languedocien du muscari. (J.) COUGUOU {Ornith.), nom du coucou commun, cuculus. canorus , L. , dans plusieurs départemens méridionaux. (Ch.D.) COUHIEH. {Oi-nith.) L'oiseau de proie diurne qui porte ^ ce nom arabe , est la seule espèce jusqu'à présent connue du genre Etanus , formé par M. Savigny , dans son Système des oiseaux d'Egypte et de Syrie. Cet oiseau est le même que le blac de M. Levaillant. (Ch. D.) iH COU COUI (Bot.), un des noms vulgaires (lu c.alebassler d'Amé- i-ique, crescentia cujete ; il sert surtout à désigner les vases et ustensiles que l'on fait avec son fruit. (J.) COUI [ErpétoL), nom d'une espèce de tortue terrestre. Voyez Tortue. (H. C.) COUIARELI (Bot.), nom caraïbe d'un érigeron frcs-voisin ùe Yerigeron canadense , dans FHerbier de Surian. (J.) COUIGNIOP {Ornilh.), nom donné par M. Levaillant à un oiseau d'Afrique appartenant au genre Tardas, merle. (Ch. D.) COUIL {Ornilh.) , nom malabare d'un merle, suivant le P. Paulin de S. Barthélemi. (Ch. D.) COUILLON DE CHIEN {Bot.), vieux nom vulgaire de Torchis mâle et de quelques autres espèces du même genre. (L. D.) COUIPO. {Bot.) Ce nom galibi , qui signifie cœur de roche, a été donné, suivant Préfontaine , à un arbre de la Guiane , dont le cœur est souvent garni de petites concré- tions pierreuses. Il en distingue deux variétés, le rouge et le blanc. (J.) COUIROU {Bot.), nom caraïbe d'un dalechawpia et du convol^ulus pcntaphjllos , cité dans l'herbier de Surian. (J.) COUIS {Bol.), un des noms vulgaires du crescentia, Linn. Voyez Calebassier. (Poir.) COUJA. {Mamm.) Voici ce que dit Dapper, de qui nous tirons ce nom : « Il y a deux sortes de pourceaux dans le << pays des Nègres : des rouges, qu'on appelle couja, qui « sont de la grosseur des nôtres, et des noirs, nommés « couja-quinta, qui sont beaucoup plus gros et fort dange- « reux ; car ils ont des dents si aiguës qu'ils brisent tout « ce qu'ils mordent, comme si c'étoient autant de haches. '=• Si les premiers de ces animaux paroissent être simplement des cochons domestiques, on ne peut guère rapporter les autres qu'à quelque espèce de sangliers, ou peut-être aux Phacochères. Voyez ce mot et Cochon. (F. C.) COUKEEL. {Ornith.)Yoy. Coi cou coukeel, p. 118. (Ch.D.) COULABOULÉ.(j5o^) On trouve dans l'Herbier de Surian ce nom caraïbe appliqué à Veugenia racemosa , ainsi qu'au fagara LrifoUata de Swartz, que Vahl reporte au genre Znn- cou i6S thoxjlum. Nicolson dit qu'on donne le même nom à la liane à persil, qui est le serjania triternata. (J.) COULAC (Ichthjol.) , nom de l'alose, clupca alosa ,■ à Bordeaux. Voyez Clufée. (H. C.) COULACISSI (Orrnf /t.) , nom donné, aux Philippines, à une perruche regardée par Linngeus et par Latham comme une variété de la perruclie à tête bleue , psittacus galgulus. (Ch. D.) COULAOUAHEU (Bot.), nom caraïbe de I'Érithal ou Bois de chandelle. Voyez ces mots. (J. ) COULART. {Bot.) On donne ce nom à une A-ariété de cerisier qui rapporte ordinairement peu de fruit. ( L. D.) COULASSADE (Ornith.) , nom provençal de l'alouette ca- landre, alauda calandra, Linn. (C^l. D.) COULA VAN (Ornith.) , nom d'un loriot de la Cochinchine, qui s'appelle aussi couliavan , oriolus sinensis , Linn. (Ch. D.) COULCOUL-HÉBULBEN. [Bot.) L'arbre que l'on nomme ainsi chez les Turcs, suivant Matthiole cité par C. Bauhin , est regardé par ce dernier comme le même que son pistacia sjlvestris , qui est le staphylodendron de Matthiole , de Belon et de Tournefort , le staphjlea plnnata de Linna?us, en fran- çois né-coupé ou Staphvlin. Voyez ce dernier mot. (J.) COULEMELLE, Colemelle et Cotiamelle. (Bot.) Nom qu'on donne, dans lOrléanois , à l'agaric élevé (agaricus procerus , Seop.), qui croît dans toute la France, qui y reçoit un grand nombre de noms différens , et qu'on mange partout. (Voy. l'article Fonge. ) Les coulemelles de terre et les coulemelles des arbres forment deux petites familles, établies par Paulet dans son genre Champignon, qui répond à ïagaricus de Linnaeus. Les coulemelles ou couamelles de terre se font remarquer par leur tige droite, élancée, pareille à une petite colonne (columella) , d'où est venu leur nom de coulemelles ■ par leur surface toute hérissée d'écaillés ou de peluchures , et par leurs feuillets blancs qui ne changent pas de couleur. U y en a quatre espèces : i." la grande Coulemelle, qui est la véritable coulemelle, c'est-à-dire, V agaric élevé (agaricus pro- cerus^ FI. FV.) , décrit à l'article Fonge. 2." LaCoulemelle d'eau ^ ainsi nommée parce qu'elle croit aux bords des marcs; elle est suspecte et ressemble à la précédente, excepté qu'elle est iG6 COU plus petite. 5.° La petite Coulemelle , qui est élevée de trois pouces (le hauteur , de couleur de buis et à tige pleine ; elle n'a rien qui annonce de mauvaises qualités. 4." La Cou- lemelle hérissée ou coulemelle - tigrée , qui rentre dans l'un des agaricus floccosus , incortus et pilosus , de Schœffer, et qui est peut-être Y agaricus Jlammeus ou aurivellus de Batsch. Elle est remarquable par sa couleur de safran ou rousse de feu , par les écailles ou élevures brunes dont elle est hérissée et comme tigrée, et par ses feuillets d'un vert sale ou olivcàtre : elle s'élève à quatre ou cinq pouces, et réfîand une odeur virulente : cependant il paroit qu'on peut en faire usage sans danger. Ces quatre espèces de coulemelle de terre sont figurées, planches )35 à.iSy du Traité des champiguons du docteur Paulel. Les Coulemelles des arjbres se distinguent des précédentes par leurs couleurs plus vives, par leur tige moins longue, et parce qu'elles croissent sur les arbres et non à terre. Il y en a trois espèces : 1.° la Coulemelle du hêtre, ou aurore pâle; ses feuillets sont jaune -vert, puis roux; elle paroît bonne à manger. 2." La Coulemelle du chêne ; elle est couverte d'élevures rousses, disposées presque circulairement sur un fond blanc ; ses feuillets sont roux foncés. 3." La Coulemelle du saule : elle est d'abord blanche , puis rousse ; ses feuillets sont roux foncés. Ces trois champiguons croissent sur les troncs des arbres, s'élèvent à deux ou trois pouces, ne sont point mal-faisans, et paroissent des variétés de ïagaricus sub- squamosus, Schœffer, pi. 29 et 5o. Les planches i58 et iocj de l'ouvrage de Paulet les représentent. (Lem.) COULEQUIN , Cecropia. {Bot.) Genre de plantes dicotylé- dones, de la familie des urticées, de la dioécie diandrie de Liu- naeas , ayant pour caractère essentiel : des fleurs dioïques, réunies , tant pour les Heurs mâles que pour lis femelles, sur des chatous imbriqués d'écaillés turbinécs , un peu angu- leuses, obtuses, percées vers leur sommet de deux ouver- tures; deux étamines situées aux ouvertures des écailles: point de corolle ; les fleurs femelles composées d'ovaires nombreux, imbriqués, pourvus chacun d'un style court, d'un stigmate en tête , lacinié ; des baies uniloculaires , monospermes. cou 167 CouLEQUiN OMBiLiQuÉ : Cecropia peltata , Linn., Lam., TU. gen. tab. 800; Yaruma Oviedi , Sloan. Hist. 1 , tab. 88, fig. 5, et tab. 89; Pluken, Almag. , tab. 245, fig. 6; vulgairement CouLEKiN BOIS -TROMPETTE. Arbrc d'enviroii trente pieds de haut, qu'on rencontre dans plusieurs contrées de l'Amérique méridionale, à S.Domingue, à la Jamaïque, à la Guiane, etc. Son tronc est droit, d'un pied d'épaisseur, creux, divisé par anneaux dans toute sa longueur, presque sans rameaux, ex- cepté à son sommet. Les feuilles sont grandes, longuement pétiolées , palmées, ombiliquées , larges d'un pied et plus, vertes et rudes en-dessus, blanchâtres et cotonneuses en- dessous, divisées à leur contour en neuf ou dix lobes ovales, oblongs. Les fleurs sont renfermées, avantleur développement, dans des spathes ovales, aiguës , caduques, à l'extrémité d'un pédoncule commun ; il en sort des chatons grêles, sessiles, cylindriques, fascicules, assez semblables par leur forme à ceux du noisetier , chargés de fleurs de couleur herbacée , très -serrées : les fleurs mâles séparées des femelles sur des individus différens. Les habitans de l'Amérique profitent du tronc de l'ar- bre, qui est creux, pour en faire des conduits d'eau. Ils se servent de son bpis , fort tendre, poreux et léger , pour se procurer du feu sans le secours du briquet. Ils pratiquent, pour cela , un petit trou dans le bois, et puis ils y enfoncent un morceau de bois dur et pointu , qu'ils font tourner avec beaucoup de vitesse. Ce mouvement rapide allume le bois du coulequin , ou sa racine, que l'on emploie plus particu- lièrement à cet usage. Les baies de cet arbre sont assez bonnes à manger : les Nègres les recherchent, mais les Euro- péens en font peu de cas. On avoit soupçonné qu'il devoit y avoir plusieurs espèces ou variétés de coulequin confondues avec la précédente, d'autant plus que le Père Nicolson fait mention d'un lois de trompette franc et d'un autre bâtard, et M. de Lamark est porté à croire que V amhactinga des Brésiliens est une espèce de ce genre. Willdenow y joint les deux espèces suivantes : Coulequin palmé : Cecropia palmata , Willden. Spec. 4, pag. 652 ; Ambajha, Marcgr. Bras. 91 ; Pison, Bras. 147. Il est, selon moi , très-diflScile de distinguer cette plante de la pré- 1^8 COÏT cédentc : les feuilles sont glabres cn-dcssus , parsemées, étant \ues a. la loupe , de quelques petits points blancs, blanches et tomenteuses en-dessous, à sept ou neuf lobes écartés entre eux et non rapprochés, comme dans l'espèce précédente, oblongs, très-obtus. Cet arbre croit au Brésil. CouLE(^)UiN A FEUILLES VERTES ; Cccropiu c.oncolor , "VN'illd., 1. c. Cette plante, qu'on trouve dans la province de Para au Brésil, diffère de la précédente par ses feuilles plus petites, à lobes plus profonds, acuminées, ovales, écartées, rudes, vertes à leurs deux faces , plus pâles , mais non blanchâtres en-dessous. (Poir.) COULEUR. (Cliim.) Ce m.ot est souvent employé en chi-r mie comme synonyme de principe colorant : par exemple , on dit la couleur rouge du carthame pour désigner le prin- cipe colorant rouge de cette plante. (Cn.) COULEURS. {Ornith.) Ce ne seroit pas le cas de s'occuper spécialement des couleurs dans un article d'Ornithologie , si les variations infinies dans le plumage des oiseaux ne for- çoient à rechercher les moyens de donner le plus de préci- sion possible aux termes employés pour les décrire. Aude- Lert , dans son Histoire naturelle des oiseaux dorés, a divisé les couleurs en mates, brillantes , change^fntes et métalliques. Il résulte de ses observations: i.°, que les couleurs jnafes ne changent pas de nuances', sous quelque aspect qu'on les considère, et que les barbes des plumes ainsi colorées ont les tiges garnies , de chaque côté, dans toute leur étendue, de barbules très-déliées et très-fines ; 2." , que les couleurs bril- lantes, sans changer de nuances, ont néanmoins un éclat pa- reil à celui des corps polis, comme les plumes rouges des pics, etc., et que les plumes qui jouissent de cette propriété n'offrent, en général , de barbules qu'à leur base, le surplus des barbes présentant une surface lisse et eu apparence cy- lindrique, quoiqu'en-dessous elles soient creusées longitudi- nalement : circonstances d'oii l'on peut conclure que l'éclat des plumes brillantes est dû à la dureté et au poli des tiges de leurs barbes , et qu'il est d'autant plus vif que les barbules sont plus courtes ; 3.°, que les couleurs changeantes sont l'at- tribut des plumes qui , outre le brillant dû à leur poli , chan- gent de nuances selon l'angle décrit par le rayon qui les cou 169 éclaire, effet provenant, d'après la théorie de Newton, de ce que les barbules sont seulement un peu plus denses que l'air environnant , et que les rayons, en passant de ce milieu dans les lames situées à la surface des corps , éprouvent peu de divergence ; 4.°, que les couleurs métalliques, c'est-à-dire dont l'éclat est semblable <à celui des métaux , existent chez les oiseaux dont les plumes sont garnies de barbules fort dures, également larges dans toute leur longueur et parois- sant tronquées à leur extrémité, lesquelles, vues au micros- cope, présentent une file de points lumineux d'autant plus brillans que les rayons de lumière sont plus perpendiculaires. C'est surtout le rubis-topaze qui peut être pris pour exemple de ces sortes de plumes. Si l'on détache une de celles dont sa gorge est couverte, on remarque que la première moitié de la tige , non colorée , est garnie de barbules semblables à des poils très-déliés , et que l'autre a les barbules beau- coup plus larges , d'une matière très-dense , d'une surface po- lie , et qu'elle pèse autant que trois plumes de couleur mate d'un volume égal. La principale cause de son grand éclat consiste en ce que la partie colorée de chaque barbe est profondément creusée en gouttière, et présente à la lumière une surface concave , semblable à celle d'un réverbère. Quand le rayon lumineux tombe horizontalement sur la barbe qui en représente la coupe , il ne peut y avoir de réflexion , et la gorge de l'oiseau est obscure ; si le rayon suit la diagonale, la partie éclairée de la gorge brille ; lors- qu'enfin la lumière tombe perpendiculairement, les rayons se brisent en tout sens , et des feux éblouissans jaillissent de ce foyer. Voilà pourquoi, à chaque mouvement de l'oi- seau, sa gorge passe de l'obscurité au plus vif éclat. Quoique les variations dans la contexture des plumes paroissent avoir plus d'inlluence sur les couleurs des oiseaux: que celles de la température des climats qu'ils habitent, on observe , en général, que le plumage est plus riche et offre plus de nuances et de reflets dans les pajs chauds; que les couleurs sont moins prononcées chez les jeunes que chez les adultes ; que souvent elles n'acquièrent toute leur force qu'a- près un certain nombre de mues; que chez quelques-uns elles éprouvent des variations selon les saisons : qti'ellcs se ter- 170 COU nissent chez les oiseaux élevés en cage, et que la dépouille de ceux-ci ne sauroit donner qu'une idée imparfaite de léniail du plumage , lorsque , dans toute sa fraîcheur , il est animé par le souffle de la vie. Les couleurs, diversement distribuées sur le corps, s'expri- ment par des termes particuliers. On les appelle des lignes, lineœ , quand elles sont étendues longitudinalement et ont partout une longueur égale , mais peu considérable ; des zones, ^scjo?, lorsqu'elles sont ti'ansversales et occupent un espace assez large ; des bandelettes, sh^igœ. quand ces zones sont petites et capillifornies ; des taches, macuiœ, lorsque, différentes du fond, et sans affecter de figures caractérisées , elles sont répandues sur diverses parties du corps ; des gouttes, gutlœ, lorsqu'elles ont la forme d'une larme ; des ocelles ou yeux, ocelli, quand elles sont arrondies et d'une autre couleur à leur centre; des points, puncta, lorsque ce ne sont que de petites taches rondes , etc. (Ch. D.) COULEUVRE, Coluber. (Erpétol.) Genre de reptiles, de l'ordre des ophidiens, de la famille des hétérodermes. 11 comprend toutes les espèces de serpens de cette famille qui ont la queue cylindrique, garnie en-dessous d'un double rang de plaques, et qui sont constamment privées de cro- chets venimeux. Ce genre étoit extrêmement nombreux en espèces dans Linnaeus . qui y avoit réuni les vipères , qu'on en a distraites avec raison, à cause de leurs crochets à venin. On en a encore séparé depuis les pythons , qui ont des plaques ventrales très-étroites et des crochets près de l'anus ; les hurria, où les plaques de la base de la queue sont simples, etc. Mais, tel qu'il est, ce genre est encore le plus nombreux et le moins clair de ceux de l'ordre des ophidiens ; il semble , en effet, avoir servi de refuge à toutes les espèces mal précisées, et présente les caractères suivans : Dessous de la queue muni d'un double rang de plaques , dis- posées par paires ; extrémité de la queue arrondie- point de cro- chets à venin; neuf à douze écailles , plus grandes que celles du reste du corps , sur la tête; des plaques entières sous le rentre; pas d'ergots auprès de l'anus. A l'aide de ces notes et du tableau que nous donnons au cou 17» mot IlÉïÉRODEKMEs , OU distinguera facilement les couleuvres ries vipères et des autres genres voisins. La tête des couleuvres est en général déprimée ; le plus souvent son contour est ovalaire , et quelquefois seulement elliptique : quelques espèces ont la faculté de l'élargir, de la déprimer à volonté : les écailles qui la recouvrent, pres- que toujours au nombre de neuf, sont disposées deux par deux sur la pointe du museau et sur l'occiput; le second rang est encore de deux, et l'avant- dernier en offre trois. Leur os tympanique est mobile et presque toujours sus- pendu lui-même à un autre os, analogue au mastoïdien, et fixé au crâne par des muscles et des ligamens. Les branches de la mâchoire inférieure ne sont unies entre elles, et celles de la mâchoire supérieure ne tiennent aux os intermaxillaires, que par des ligamens, en sorte qu'elles peuvent s'écarter con- sidérablement. Aussi les couleuvres sont-elles du nombre de ces serpens qui ont la faculté d'avaler des corps plus gros qu'eux. Leurs arcades palatines participent à cette mobilité, et sont armées de dents aiguës, recourbées en arrière , fixes et non percées; les branches des deux mâchoires sont garnies de pareilles dents, en sorte qu'il y en a quatre rangées en haut , et deux seulement en bas. Ces dents paroissent douées de la faculté d'être remplacées lorsqu'elles ont été enlevées. Leur langue est fourchue et très-extensible ; elle est ca- chée , dans l'état de repos, sous une grosse masse charnue, située au fond de la bouche. Leur œsophage est, en général, susceptible d'une grande dilatation. L'accouplement des couleuvres est peu connu. Elles sont ovipares , et pondent jusqu'à deux fois chaque année , savoir, dès les premiers jours du printemps et vers la fin de l'été. Leurs œufs sont oblongs et membraneux ; la chaleur du soleil les fait éclore. Le genre de nourriture des couleuvres varie suivant les espèces: mais elles s'emparent constamment d'animaux vivans, d'insectes, devers, de batraciens , de mollusques, de petits poissons, d'oiseaux , de quadrupèdes, etc. Jamais elles ne mangent de fruits dans les jardins , ni ne vont sucer le lait des vaches, dans les prairies ou dans les étables , comme l'ont 172 cou prétendu des bergers visionnaires ou imposteurs, dont les contes ont néanmoins répandu ce préjugé dans toute l'Europe. Elles doivent vivre fort long-temps ; mais on n"a point de données bien certaines à ce sujet. Les couleuvres des pays froids et tempérés s'enfoncent en terre , en automne , pour y rester engourdies pendant tout l'hiver. Au reste, comme l'organisation des couleuvres est en géné- ral la même que celle de la plupart des ophidiens et que celle des hétérodermes spécialement, nous engageons ceux de nos lecteurs qui seroient curieux de détails à ce sujet, de recourir aux mots Hétérodermes , Ophidiens et Serpent. La Couleuvre, a collier : Coluber natri.v , Linnaeus ; Natrix vulgaris , Laurenti. Elle est cendrée , avec des taches noires le long des flancs, et trois taches blanches formant un col- lier sur la nuque ; ses écailles sont carénées. Le nombre des plaques ventrales varie considérablement, c'est-à-dire, de 144 à 17 5; les paires de plaques sous-caudales s'élèvent du nombre de 48 à celui de 68. Ce caractère numérique est donc plus qu'insuffisant. La queue, conique et amincie, est terminée par un petit ergot droit et corné. he& teintes varient aussi beaucoup ; le dos est parfois d'un cendré roussàtre , et le collier est fréquemment d'un beau jaune , et bordé en arriére par une large tache noire très- foncée. Les taches qui régnent à la partie supérieure de l'animal sont, en général, assez régulièrement disposées, et presque toujours placées sur quatre ou cinq rangées longi- tudinales; très-petites sur le dos, elles sont plus marquées vers les flancs. Sa taille est de deux à trois pieds et demi. La couleuvre à collier se trouve dans toute l'Europe sur le bord des eaux douces, dans les prairies, sur la lisière des bois. On la désigne vulgairement sous le nom d'anguille dehaie, de serpent d'eau, de serpent nageur. On peut la manier sans crainte ; car elle ne cherche à mordre que lorsqu'elle est très-irritée , et sa morsure n'est nullement dangereuse. Si on la tourmente, elle siffle avec force, exhale par la bouche une vapeur fétide , légèrement musquée, anime ses cou 175 regards, s'élance en serpentant, et laisse suinter de dessous ses écailles une humeur blanche d'une puanteur insupportable et rloi\t l'odeur est fort tenace. Dans les monieiis de danger, elle lance aussi ses excrémens , qui offrent la mtme fétidité. M. de Lacépède nous apprend qu'en Sardaigne on élève ce serpent dans une sorte de domesticité , et qu'il n'est pas insensible aux caresses de ses maîtres. D'ailleurs , dans cette île, on le regarde comme un animal de bon augure , et on. le laisse librement entrer dans les maisons. Dans quelques provinces on mange les couleuvres à collier, et Ton prétend que leur chair est très-savoureuse. On em- ploie aussi quelquefois leur graisse, comme calmante et réso- lutive, en topique. On prépare avec ces animaux des bouil- lons, qu'on administre dans les scrofules, dans les aifections rhumatismales, dans les maladies de la peau, etc. On peut facilement élever des couleuvres à collier : mais il faut les nourrir avec de petits animaux vivans , des gre- nouilles, des insectes, des mollusques, etc.; elles refusent le lait , la viande cuite ou crue , etc. Elles nagent avec une assez grande facilité, et traversentdes mares et des ruisseaux. Elles grimpent aussi sur les arbres avec une agilité remarquable , pour aller surprendre les jeunes oiseaux. Cette couleuvre pond de quinze à quarante œufs dans des trous sur le bord des eaux , dans le fumier , dans les meules de foin. Us sont ovales, gros comme le doigt, et attachés en chapelet les uns aux autres. Ils éclosent au milieu de l'été, et avant l'hiver les petits ont déjà six pouces de longueur. La couleuvre à collier est figurée dans Seba (Thesaur. II, tab. 4, n."' 1 , 2 , 3 ). On en connoît plusieurs variétés. a.™ Variété ; D'un brun noirâtre ; de petits points jaunes et rares en-dessus ; cendrée en-dessous. (Laurenti, Synops. reptil. , pag. 74, n.° 146.) 2.* Variété: Des taches jaunes dans leur centre sur le dos. {Idem, ïbid., pag. 76, n.° i53.) Suivant le comte deTurn, elle habite à Gemona, près de Fréjus. 3.* Variété : Une tache et plusieurs traits couleur de feu. (Meyer, Thier., tom. 1.", pi. 87 et 88.) 174 COU 4/ Variété : Bleue , à points noirâtres et à lignes ondulées transversales. (Gmelin, Sjst.nat., var. e, pag. 1100.) 5.^ Variété : Bleue , avec une petite bande blanche de cha- que côté , des taches noirâtres éparses ; les carènes des écailles blanches; le ventre blanc, avec une tache noire de chaque côté. (Id. ihid., var. f.) 6.* Variété ; Cou tacheté de rouge. Cette couleuvre à collier vit dans les marais près du Jaik, vers les bords de la mer Caspienne. (Pallas, Voyage en Russie , in-8.° , tom. 2 , pag. 355.) 7.* Variété : D'un bleu cendré, noirâtre en-dessous, avec une tache blanche arquée et une autre noire sur le sommet de l'occiput: dos ondulé de noir. C'est ce serpent qui a été désigné par quelques erpétologistes sous le nom de Coluber gronovianus. (Gmelin, ^ c. , p. 1101 ; Laurenti , l. c, p. 76, n.° i5o; Seba , Thés. II, tab. 35, fig. 1.) 8." Variété : Cent soixante dix-huit grandes plaques sous le ventre; soixante paires de plaques sous la queue. Du Tyrol. (Scopoli, Annal, hist. nat. , tom. II, pag. 09.) g,* Variété : Brune, sans taches, avec le ventre noirâtre. C'est le coluber arabicas de quelques auteurs. (Gmelin , Le, p. 1102 ; Seba, Thesaur. II , p. 02, tab. 33, fig. 1.) La Couleuvre verte et jaune: Coluber viridi-Jlavus , Lacép., II , VI , 1 ; la Couleuvre commune, Daubenton. Celle-ci, la plus jolie de nos couleuvres d'Europe, toute jaune en-des- sous, est tachetée de noir et de jaune en-dessus ; elle a les écailles lisses ; les plaques ventrales sont munies , presque toutes , à leurs deux extrémités , d'un point et d'un trait noirs: elles sont au nombre de deux cent six ; il y en a cent sept paires sous la queue. Sa taille varie de trois à quatre pieds, quelquefois elle s'élève jusqu'à cinq pieds ; sa circonférence est de trois pouces au plus dans l'endroit le plus gros ; la queue occupe à elle seule le quart de la longueur totale. Ce reptile n'est pas rare dans les contrées méridionales de la France, dans le Bordelois , le Poitou, etc.; on le trouve quelquefois à Fontainebleau. Il fixe ordinairement son habitation dans les bois, le long des haies, ou bien au milieu des rochers et des tas de pierres. Il se nourrit d'oi- cou 175 seaux, de souris, de grenouilles, de crapauds, etc. Il grimpe sur les arbres, et nage avec agilité. Dauhenton est le pre- mier qui en ait p^rlé ; mais le nom de couleuvre commune, qu'il lui a donné, convient beaucoup mieux à la couleuvre à collier. A la fin de lété , quelque temps avant de se renfermer, dit M. Bosc , ces couleuvres font entendre le soir des siffle- mens répétés. Elles semblent se répondre et s'agitent beau- coup. On est persuadé , dans la Bourgogne , que c'est le temps de leurs amours ; mais à cette époque il y a déjà deux ou trois mois que la saison des amours est passée pour elles. On prétend que la couleuvre verte et jaune est susceptible d'éducation. Valmont de Bomare, qui la désigne sous la dé- nomination de serpent familier , rapporte en avoir vu une tellement attachée à la maîtresse qui la nourrissoit , qu'elle se glissoit souvent le long de ses bras comme pour la cares- ser, se cachoit sous ses vêtemens, ou venoit se reposer sur son sein; sensible à sa voix, elle alloit à elle lorsqu'elle l'appeloit, et la suivoit avec constance. C'est probablement cette couleuvre qui est commune en Sardaigne , et que Cetti {Amphih. di Sard.) a nommée co- lubro uccellatore. C'est au moins l'opinion de Daudin. M. La- treille pense qu'on doit la regarder comme l'analogue de Vanguis Msculapii niger d'Aldrovande et de Jonston. La Couleuvre lisse : Coluber austriacus , Gmelin, Linnaeus ; Coronella austriaca, Laurenti ; Coluber ferrugineus , Sparrman. D'un gris roussàtre, très-luisant en-dessus, avec cinq lignes derrière les yeux; une bande derrière la tête, et deux rangs de taches alternes le long du dos , brunes ou noirâtres : elle est marbrée en-dessous de couleur d'acier. Les écailles, qui sont lisses, portent chacune un petit point brun vers la pointe. Il y a cent cinquante-neuf à cent soixante dix-huit plaques abdominales , et quarante-six à cinquante-six paires de plaques sous- caudales. La tête est petite , déprimée , triangulaire , obtuse. Le corps est alongé , cylindrique , presque d'égale grosseur dans toute son étendue. Les yeux sont peu saillans; leur iris est doré. lyG COU Jacquin a avancé à tort , suivant Daudin , que la feinelle étoit cendrée et le mâle roux. Sa taille est un peu inférieure à celle delà couleuvre à collier. Cette couleuvre, qui n'avoit point été décrite avec exac- titude jusqu'à M. de Lacépède, est cependant assez commune en Allemagne et en France , et même aux environs de Paris. Suivant Laurenti, on la rencontre fréquemment dans les fossés et les lieux humides autour de Vienne. Daudin l'a observée plusieurs fois au soleil dans des fourmilières. Elle est timide et toujours prête à fuir dès qu'on l'aperçoit: elle rampe avec vivacité en dardant sa langue; mais elle ne siffle que rarement. M. Bosc et M. Latreillc pensent que la couleuvre cha- toyante de Razoumowski [Hist. nal. du Jorat) est la même que la couleuvre lisse. Daudin la regarde au contraire, et avec raison, comme une espèce différente. La Couleuvre VIPÉRINE : Coluber viperinus , Latreille. D'un gris brun, avec une suite de taches noires au pourtour, jaunes dans leur centre, formant un zig-zag le long du dos, et une autre de taches plus petites, œillées , le long des côtés ; le ventre tacheté en damier de noir et de grisâtre ; les écailles carénées. Il y a cent cinquante-trois plaques abdominales , et quarante-sept paires de plaques caudales. La tête est ovale, oblongue, obtuse en devant. Le corps est long, cylindrique, un peu plus mince en devant que la tête , légèrement renflé vers son milieu. La taille de la couleuvre vipérine est de dix-huit pouces; la queue a, à elle seule, quatre pouces de longueur. Elle est vivipare. La ressemblance de ce reptile avec la vipère lui a valu le nom qu'il porte; on le trouve dans le centre et dans le midi de la France, auprès de Paris, de Toulouse, de Cahors, de Brive, etc. Il offre quelques variétés. La Couleuvre bordeloise ; Coluber girondicus , Daudin. Occiput élevé, tête comprimée sur les côtés, teinte générale d'un gris cendré, bandes transversales nombreuses et for- mées par le bord noir des écailles; écailles lisses; ventre tacheté en damier de jaune et de noir; une tache noire en croissant sur le front; trois points noirs entre les yeux. cou 177 11 y a cent quatre-vingt-une plaques abdominales, et soixante-deux paires de plaques sous-caudales. La queue est terminée par un ergot droit. La longueur totale varie de dix-huit pouces à deux pieds. On a trouvé* cette couleuvre aux environs de Bordeaux: Daudin est le premier qui l'ait décrite. La Couleuvre a quatre raies : Coluber quadrilhieatus, Lacép., II, VIT, 1; Coluber elaphis , Shaw. Le dessus du corps est fauve, avec quatre lignes brunes ou noirâtres longitudi- nales : les deux extérieures se prolongent jusqu'au-dessus des }eux, derrière lesquels elles forment une sorte de tache noire alongée ; elles vont ensuite se réunir au-dessus du museau. Le ventre est noirâtre, luisant, semblable à de l'acier poli. Les écailles du dos sont carénées; celles des flancs sont lisses. 11 y a deux cent dix-huit grandes plaques abdominales, et deux paires de petites plaques en avant de l'anus; on compte soixante-onze paires de plaques sous-caudales. Cette couleuvre est le plus grand de nos serpens d'Eu- rope; elle a souvent plus de six pieds de longueur. On la trouve en Provence et en Italie. JNI. de Lacépède est le premier qui l'ait décrite avec soin. Il est probable qu'elle est le serpent désigné par Pline sous le nom de boa. Le Serpent d'Esculape : Coluber J£,sculapii , Shaw, Jacquin , Lacépède; Coluber Jlavescens ^ Scopoli. Le dessus du corps est d'un gris brun ou roussàtre, avec une bande longitudinale obscure, presque noire, sur chaque côté du dos, et plus foncée vers le ventre. Les écailles voisines des plaques abdominales sont blanches, bordées de noir en-dessous. Le ventre est blanchâtre, marbré de gris : les écailles du dos sont presque lisses. Le nombre des plaques abdominales monte à cent soixante- quinze; celui des paires de plaques sous-caudales est de soixante-quatre. Ce serpent est plus gros et moins long que la couleuvre à quatre raies. On le trouve en Italie, auprès de Rome, en Turquie , en Hongi-ie , en Illyrie. Il ne faut point le cou- ii> la ^7-8 COU fondre avec le coluber JEsculapiL de Linnœus, qui vient en Amérique, et que nous décrirons plus bas. Notre serpent d'Esculape est celui que les anciens ont représenté dans leurs statues du dieu de la médecine , et il est probable que le sei'pent d'Epidaure étoit de cette espèce. Ses habitudes sont à peu près les mêmes que celles de la couleuvre à collier. En Italie on lui apprend à obéir à la voix et à exécuter divers tours de souplesse. Sturm [Deutschlands Fauna , fascic. 2, pi. I , II) a figuré deux couleuvres d'Esculape. Il prétend que la femelle a des teintes bleues très-marquées. Au reste, suivant lui, ce îserpent est fort commun dans la Liburnie et dans la Dal- matie, où il monte sur les arbres ; il se nourrit d'oiseaux, de lézards et même de poissons. Eif 1789 , dans les mon- tagnes voisines des cfttes de la mer Adriatique, Jacquia en tua , au pied d'un térébinthe , un individu dont l'esto- mac contenoit cinq fauvettes, un mtigil cephalus, et un lé- zard commun. Jacquin rapporte encore qu'il a vu une femelle pondre vÀïiq œufs alongés , cylindriques, arrondis aux deux extré^ mités, et dont l'intérieur renfermoit un liquide d'une odeur très-forte , au milieu duquel étoit un embryon rouge , fili- forme , de la longueur de deux lignes. {Collectanea ad hof. chem. et hist. nat. spect., vol. IV; Vindobonœ , 1790.) La Couleuvre caténulaire : Coluber catenularis , Daudin : Tar-tulla, Russel. Cette couleuvre est d'un bai clair, avec une rangée longitudinale, sur le dos , de taches triangulaires très-rapprochées , au nombre de plus de soixante, de cou- leur blanche , bordées d'un trait noir et formant une sorte de chaîne élégante. Les plaques abdominales sont d'un blanc jau- nâtre avec un petit point noir ou brun à leurs deux bouts; mais il n'y a pas de ces points sous les doubles plaques sous-caudales. La tête est petite, ovale, obtuse, déprimée; la mâchoire supérieure un peu plus longue que l'inférieure; les yeux sont protubérans; le milieu du dos est légèrement saillant ; les écailles sont lisses. La taille varie de dix-huit pouces à deux pieds. • On compte de deux cent vingt-neuf à deux cent trente- cou 179 sept plaques abdominales; les plaques sous-caudales sont au nombre de quatre-vingt-cinq à quatre-vingt-dix-sept paires. Cette couleuvre est du Bengale. La Couleuvre Hélène : Coluber Helena, Daudin; Mega-rekula- poda, Russel. Cette espèce, remarquable par la variété et l'éclat de ses couleurs, est d'un jaune légèrement olivâtre, avec un trait oblique d'un bleu noir derrière chaque œil. Deux raies de même couleur descendent, en divergeant, de l'occiput vers les côtés du cou, où elles se perdent. Entre ces raies, sur le cou, on voit trois taches transver- sales, ovalaires, noires; de la dernière il part une ligne bleue foncée qui s'étend longitudinalement en zig-zag sur tout le corps, et qui est munie, à chaque angle, d'un point blanc. La teinte générale devient plus foncée sur la queue. Entre chaque raie et les plaques on trouve deux rangées d'écaillés lisses , un peu plus grandes que les autres, et blan- ches. Toutes les plaques transversales sont nacrées. La tète est à peine plus lai'ge que le cou, ovale, dépri- mée , amincie en devant , et couverte de douze plaques principales. Les mâchoires sont d'égale longueur. Le corps est cylindrique et renflé graduellement vers son milieu. Les écailles sont ovales, lisses et imbriquées. La longueur totale est de vingt-cinq à trente pouces .- la queue en fait environ les deux neuvièmes. Il y a deux cent vingt-deux plaques ventrales, et quatre- vingt-treize paires de demi-plaques sous la queue. La couleuvre Hélène est du Vizagapatam. Elle est très- agile dans ses mouvemens, s'élance sur tout ce qu'on lui présente, ou se roule en spirale, en élevant la tête, à la manière du naja. Elle peut, très-promptement, étouffer un poulet en l'entourant de ses replis. La Couleuvre nasiquè du Bengale .- Coluber ivycterisans , Daudin; Paserild-pane et Botla Paseriki , Russel. Tête plus large que le cou, oblongue , aplatie, rrondie sur ses cô- tés, et prolongée en un museau aminci, déprimé, alongé , que termine une petite pointe molle; bouche large; mâ- choire supérieure un peu plus longue que l'inférieure ; corps un peu triangulaire; dos caréné: ventre aplati, écailles linéaires, lancéolées , peu serrées près du cou; celles du iSo COU dos et des ilancs , arrondies : taille de quatre à cinq pieds. La queue est cUindrique, mince et très-longuc; elle est recouverte d"écailles ovales, imbriquées : son extrémité est très-grêle. Le sommet de^la tête, entre les yeux et le museau, est revêtu de onze plaques. Les dents sont courbées, minces et pointues; les anté- rieures de la mâchoire d'en- bas sont plus grosses et plus longues. Le nombre des plaques abdominales varie de cent soixante- treize a cent soixante-dix-huit ; celui des paires de plaques sous-caudales va de cent quarante-iiuit à cent soixante-six. La couleur de la tête est d'un vert velouté ; sur chaque joue on voit ime raie jaune, qui se prolonge sur le cou. Le corps et la queue sont d'un vert de pré jaunâtre. La région de l'anus, et chaque côté du ventre et de la queue, ont une ligne d'un blanc jaunâtre. Les plaques ventrales et caudales sont d'un vert luisant. Ce serpent n'est point venimeux, quoique Linnaeus ait attribué cette propriété à son coluber mjcterizans, et son erreur a été corrigée par le D." Grey. {Transact. philos., vol. 39, part. 1.) La couleuvre nasique du Bengale est très-commune dans le Vizagapatam et dans le Carnate, où l'on prétend qu'elle attaque les passans aux yeux; mais sa morsure n'est point dangereuse et n'est que douloureuse. Elle est constamment remarquable par son extrême maigreur, et souvent sa queue est mutilée. Il ne faut point la confondre avec le coluber mjcterùuini de Linnœus, qui a réuni sous ce nom plusieurs espèces d'Amérique et d'Asie. Le FovE7-DE-cocHER . Coluher Jlagelli/ormis, Daudin; Coluler mycterizans , Linnfeus ; JSatrix mjcterizans, Laurenti. Corpi. mince, alongé, d'un vert herbacé en-dessus, blanchâtre en- dessous, avec une ligne longitudinale pâle sur chaque flanc. Taille de deux pieds à trois pieds et demi. Le nombre des plaques ventrales varie de cent quatre- vingt-sept à cent quatre-vingt-douze, et celui des paires de cou iBi plaques sous-caudales, de cent quarante-sept à cent soixante- sept. Cette couleuvre habite diins l'Amérique septentrionale, sur les arbres et les ai-bustes, où elle chasse aux insectes et aux petits oiseaux. Les oiseaux de proie en sont très-avides, et elle est souvent dévorée par eux. On peut facilement l'apprivoiser, et plusieurs personnes en portent dans leur sein. Les Américains rappellent vulgairement coack whlp snahe. Le Lien : Coluber constrictor, Lînnaeus. Tête à peine plus grosse que le cou , garnie en-dessus de neuf plaques ; cou et corps longs, cylindriques, d'une égale grosseur; écailles assez grandes, rhomboidalcs , presque hexagonales, légère- ment carénées; queue conique, alongée, terminée par un petit ergot. D'un bleu noirâtre en-dessus, plus clair en- dessous, avec la gorge et les lèvres blanches; nez retroussé ; plaque anale double; cent soixante-seize à cent quatre- vingt-six plaques ventrales, quatre-vingt-huit à quatre-vingt- dix-huit paires de plaques sous-caudales : taille de cinq à liuit pieds. Cette couleuvre est très-commune dans l'Amérique sep- tentrionale. On la trouve habituellement, dès le printemps, en Caroline. Calesby [Hist. nat. of CaroL, tom. Il, pi. 48) l'a figurée sous le nom de black snake (serpent noir). Elle remplace, dans cette partie du monde, la couleuvre à col- lier d'Europe. Au rapport de M. Bosc, elle est très-forte et se défend opiniâtrement lorsqu'on l'attaque ; mais sa mor- sure n'est point dangereuse. On dit, dans le pays, qu'elle se bat contre le serpent à sonnettes, et qu'elle l'étouffé dans ses replis. Daudin prétend qu'on peut l'apprivoiser , et qu'elle n'a recours qu'à la fuite pour se soustraire aux poursuites de l'homme. Elle fait une grande destruction de rats et de souris : aussi est-elle respectée des habitans , qui la voient, dit-on, entrer avec plaisir dans leurs habi- tations. Elle mange aussi des écureuils, des opossum, et même des oiseaux de proie, des grenouilles, des lézards. Il faut rapporter à cette espèce le serpent poulet que Bar- tram a décrit dans la relation de son voyage en Caroline et en Floride. Stedman prétend aussi qu'on la trouve à Surinam, où elle grimpe sur la cime des arbres. i8. COU La CouLECvuE JANTHINE : Coluber janthintts , Merrem ; Colu^ her riridissimiis , Linnaeus; la Couleuvre très-verte ."Daudin. Tête ovale . obtuse , déprimée ; mâchoire inférieure plus courte ; dents petites et aiguës: corps long, mince, presque cylin- drique, un peu comprimé: ventre aplati; écailles lisses, petites, nombreuses, rhomboïdalcs et réticulées: queue très- prolongce et pointue; deux cent dix-sept plaques abdomi- nales et cent vingt- huit paires de plaques sous-caudales ; couleur très-verte, ou d'un violet plus ou moins brillant et se changeant en bleu foncé en-dessus; dessous blanchâtre: taille de dix-huit pouces à deux pieds. De Surinam. Il paroit que la couleuvre janthine n'a été séparée de la très-verte , comme espèce , que par suite de l'altération des couleurs dans l'esprit de Adn. La CorLECVRE boiga : Coluber ahxtulla, Linnaeus: Natrix ahœlulla, Laurenti; Seba, Thés., 11, tab. 82, fig. 1. Tête petite, obtuse en devant, plus large que le cou, recou- verte de neuf grandes plaques; lèvre inférieure un peu plus courte que la supérieure: cou très-mince ; corps s'épais- sissant vers son milieu ; écailles légèrement carénées sur les côtés du dos, lisses au-dessus des vertèbres; couleurs va- riées et chatoyantes; dessus de la tête d'un beau bleu d'outre-mer, bordé d'un trait noir derrière chaque œil; lèvres blanches; ventre nacré; cent soixante à cent soixante- neuf plaques abdominales, cent quarante-une à cent soixante- treize paires de plaques sous-caudales ; queue terminée par un petit ergot : taille de quatre pieds au plus. Ce serpent, de Cayenne et de Surinam, est un des plus brillans que l'on connoisse , et a tout l'éclat des pierres précieuses. Il vit ordinairement sur les branches des arbres. Il est très-doux et ne se nourrit que d'insectes. Quelques per- sonnes, séduites, sans doute, par son élégance, ont prétendu qu'au lieu de siffler simplement, comme les autres serpens , il laisoit entendre une sorte de chant. Les nègres, à Surinam , ont pour lui une grande vénération , et vont même jusqu'à l'adorer sous le nom de fapaw, ne le tuant jamais, et le regardant comme leur protecteur. Le Coluher aliœtulla de Linna-us , qui vient d'Ambpine , cou 1^5 ne doit point être confondu avec la couleuvre que nous venons de décrire. II est probable que , sous ce nom , le naturaliste suédois avoit réuni le boiga, la couleuvre argentée et la couleuvre bleue a deux raies. La ColLEUVRE BLEUE A DELX RAIES : Coluher fulgicluS , DaU- din ; Coluber africanus , Seba , Thés. II, tab. 63, tig. 5 ; Nafrix Jla^elliformis , prima varietas , Laurenti. Cette cou- leuvre a beaucoup de rapports avec la précédente; sa tête est longue, étroite , amincie en devant, déprimée: son museau, un peu obtus; son corps et sa queue sont longs et grêles, celle-ci très-pointue. Couleur générale d'un bleu très-éclatant , avec une ligne longitudinale d"un blanc jaunâtre, qui s'étend sur chaque côté du corps , depuis la tête jusqu'à Texlréniité de la queue. Deux cent une plaques abdominales, cent dix- neuf paires de plaques sous la queue- Suivant Daudin et Laurenti, qui a observé ce reptile ;i Vienne dans le cabinet du comte de Turn , la couleuvre bleue à deux raies habite Saint-Domingue et Surinam , et non point l'Afiùque , comme le dit Seba. La Couleuvre argentée : Coluher argenteus , Daudin. Même forme que la précédente, à peu près; deux cent six plaques abdominales , et cent soixante- dix -sept paires de plaques sous -caudales ; écailles lisses , alongées, rhombo'i- dales, réticulées; anus simple et couvert d'une plaque demi-circulaire ; teinte générale d'un beau blanc argenté , un peu mat; dessus de la tête azuré; un trait bleu, parti du museau, s'étend de chaque côté du dos jusqu'à l'extré- mité de la queue ; trois autres bandes longitudinales bleues sous le ventre et la queue. L'individu observé par Daudin avoit trois pieds sept pouces de longueur. La Couleuvre a tète de vipère, Coluher monilis , Linnaeus ; Coluher horridu s , Daudin; Couleuvre demi-collier, Lacépède ; Coluher viperinus , Sha\v , Seba, Thés., II, tab. la, tig. i. Tête grande, triangulaire, obtuse et déprimée en devant, un peu élevée par-derrière et plus «large que le cou; son sommet est recouvert de dix plaques ; mâchoire infé- rieure plus courte ; corps cylindrique , un peu renflé Yers son milieu : écailles rhomboidales carénées et imbri- ^.84 COU quées; plaque de l'anus demi-circulaire et double; queue alongée; dos d'un gris ferrugineux plus ou moins clair, avec de larges bandes transversales plus foncées et bordées de noir; quelques taches noirâtres sur la tête, dont une en forme de feuille de trèfle entre les narines; ventre d'un blanc jaunâtre; dessous de la queue brun; cent soixante-six à cent soixante-dix plaques abdominales , quatre-vingt-cinq à cent trois paires de plaques sous- caudales : taille de dix-huit pouces à trois pieds. Suivant Seba , ce serpent vient d'Amérique; mais il a été apporté du Japon , où il est connu sous le nom de lolciira : il est vivipare, dit M. CuA^ier. La Couleuvre violette : Coluher reginœ , Linnseus. Dessus du corps d'un brun violet, avec la gorge et le dessous de la queue blancs; écailles lisses et rhomboïdales; longueur d'un à deux pieds; cent trente-sept à cent quarante-trois plaques abdominales, vingt-quatre à soixante-dix paires de plaques sous-caudales. Cette couleuvre vient des Indes. Nous comprenons sous ce nom les couleuvres violette et régine de M. de Lacépède et de Daudin, que M. Cuvier regarde comme ne faisant qu'une seule et même espèce avec le coluher reginœ figuré par Linnseus ( Musœum Adolph.-Frid., tab. XIII, lig. III). M. Cuvier pense qu'elles ne diiTèrent que par l'effet de la liqueur dans laquelle on les a conservées. La Couleuvre a bandes noires : Coluher atro-cinctus , Dau- din; Coluher AL.sculapii, Linnasus; ISalrix /Ksculapii, Laurenti. Tête marquée d'une double bande noire et un peu plus large que le corps ; queue amincie , obtuse à son extrémité ; dos brun, avec des bandes transversales et des anneaux noirs; ventre blanchâtre; cent soixante- quatorze à cent quatre-vingt-dix plaques abdominales, quarante à quarante- sept paires de plaques sous-caudales; écailles ovales, rhom- boïdales : taille d'un pied sept à huit pouces. Cette couleuvre, «qu'il ne faut point confondre avec la couleuvre d'Esculape, dont nous avons parlé plus haut, vient d'Amérique, suivant Merrem, qui l'a figurée planche V du premier fascicule de son ouvrage. cou i85 l,a Couleuvre bouele-tache : Coluher Inmacidatus , Lacé- pèdc. Dos roux , avec deux petites taches irrégulières blanches, bordées de noir, assez écartées l'une de l'autre; deux taches blauches derrière la tête, plus larges que celles du dos ; écailles réticulées en losange et lisses à leur surface; deux cent quatre-vingt-dix-sept plaques abdomi- nales, et soixante-douze paires de plaques sous-caudales : taille de dix-huit à vingt pouces. Patrie inconnue. La Couleuvre molure ; Coluher ivclums , Linna-us. Tête îriongée : museau très-arrondi; occiput fort large; teinte gé- nérale d'un roux blanchâtre; une rangée longitudinale de grandes taches rousses, bordées de brun; deux cent qua- rante-huit k deux cent cinquante-cinq plaques abdominales , cinquante à cinquante -cinq paires de plaques caudales. C'est l'une des plus grandes couleuvres connues : elle acquiert quelquefois la taille de certains boas; il y en a un individu de sept pieds de longueur dans la collection du Muséum de Paris. Elle se rapproche aussi beaucoup des boas par la forme de sa tête, et par le nombre et la figure des écailles et des plaques qui la recouvrent. Elle habite les Indes. Schneider l'a placée parmi les boas. La Couleuvre fer-a-chea'al; Coluher liippocrcpis , Linn?eus. Dos livide avec des taches d'un brun roussàtre ; une bande brune entre les yeux ; une autre arquée en fer à cheval sur l'occiput ; deux cent trente-deux plaques abdominales et quatre-vingt-quatorze paires de plaques sous-caudales : taille d'un à deux pieds. Selon Linnaeus , qui a observé le premier cet ophidien dans la collection du prince Adolphe-Frédéric, il vient d'Amérique. La Couleuvre dhara; Coluher dliara, Linnasus. Tête ovale, obtuse, un peu déprimée; dos d'un cendré cuivreux, avec le bord des écailles blanchâtre et sans taches ; ventre en- tièrement blanc ; deux cent trente -cinq plaques abdomi- nales , quarante-huit paires de plaques caudales. Cette couleuvre , dont le nom est arabe , a été trouvée une seule fois par Forskaël , dans LVemcn , contrée de ^86 COU l'Arabie heureuse : elle avoit un peu moins de deux pieds de longueur et étoit à peine grosse comme le doigt. La CocLEUVRE TYRIE : Coliibcr tjria, Linua-us: CoLuher gut- latus , Forskaël ; Co'uher cahirinus , Gmelin. Teinte générale blanchâtre, avec trois rangées longitudinales de taches brunes et rhomboidales. Taille de trois pieds à trois pieds et demi ; volume du pouce. Tête aplatie, cordiforme , couverte de deux plaques principales seulement: deux cent dix à deux cent trente plaques abdominales, quatre-vingt-deux à quatre- vingt-trois paires de plaques sous-caudales. Forskaël a trouvé cette couleuvre près du Caire, dans un champ de trèfle. Hasselquist l'a aussi observée en Egypte , et en a déposé un individu dans le Musée du prince Adolphe- Frédéric. Les Arabes la nomment taœhân. La Couleuvre a gouttelettes ; Coluher guttatus , Linn.Tus. Couleur livide; des taches rouges et noires sur le dos; de petites lignes sur les flancs; des taches noires, carrées et en damier sur le ventre; deux cent vingt-trois à deux cent trente plaques abdominales, soixante paires de plaques sous-caudales. Il ne faut point confondre cette espèce avec la précé- dente. On la trouve en Caroline , particulièrement dans les lieux où l'on cultive les patates. Elle est agile. Linnneus l'a décrite d'après un individu que lui avoit envoyé le D.' Garden, et Catesby l'avoit flgurée (pi. LX) sous le nom de serpent à chapelet. La Couleuvre rude; Coluher scaber , Linnaeus. Corps tacheté de brun et de noir; une tache noire, bifide en ar- rière, sur le sommet de la tête; écailles carénées et imbri- quées de manière à donner une idée de rudesse et d"àpreté ; deux cent vingt-huit plaques abdominales, quarante-quatre paires de plaques sous-caudales : taille de dix -huit pouces environ. Ce serpent vit dans les Indes. Linnaeus l'a observé dans la collection du prince Adolphe- Frédéric , et Merrem l'a figuré. La Couleuvre ■ molosse : Coluher molossus , Daudin ; la Couleuvre cannelée, Latreille. Tête alongée , un peu apla- . • cou 187 tic, d'un rouge de brique , avec deux raies plus foncées , bordées de brun: lèvres blanches, tachetées de brun; dos d'un rouge de brique pâle, avec environ une quarantaine de taches d'un rouge noirâtre , bordées de brun et i'ormant des carrés irréguliers sur le dos; les côtes en ont d'autres, petites, pâles, nombreuses; ventre blanc, avec des taches brunes, carrées, disposées deux à trois de suite, tantôt dun côté , tantôt de lautre ; écailles du dos rhomboï- dales , jwesqiie ovales ; deux cent vingt à deux cent vingt- six plaques abdominales , soixante à soixante-quatre paires de plaques sous-caudales : taille d'environ deux pieds. Des deux raies qui sont sur la tête, la plus grande forme un arc, dont la convexité est près du museau, et dont les branches , traversant ensuite les y-eux , vont se terminer sur les côtés de l'occiput; l'autre raie forme, au sommet de la tête, un ovale, au milieu duquel est une petite tache alongée de la couleur des raies. Cette couleuvre a été trouvée en Caroline par M. Bosc, qui l'avoit d'abord regardée comme la couleuvre molure. Elle ressemble fortement au boa devin. Elle est fort douce , et Ait sous les écorces. On la redoute beaucoup , mais à tort , en Caroline , où on la confond avec le crotale millet. (Voyez Crotale.) La Couleuvre rousse ; Coluber rufus , Lacépède. Dos d'un roux plus ou moins foncé; ventre blanchâtre; écailles lisses, rhomboïdales; deux cent vingt-quatre plaques abdominales , soixante-huit paires de plaques sous-caudales : taille de dix- huit pouces environ. Patrie et habitudes inconnues. La Couleuvre réticulaire ; Coluber relicularis , Lacépède. Dessus du corps couvert d'écaillés blanchâtres, bordées de blanc, ce qui pourroit faire croire, au premier aspect, que l'animal est enveloppé dans un réseau blanc ; écailles lisses et en losanges; deux cent dix-huit à deux cent vingt-une plaques abdominales, quatre-vingts à quatre-vingt-deux paires de plaques caudales .- taille de quatre pieds. La couleuvre réticulaire habite la Louisiane ; il y en a plusieurs individus au Muséum de Paris. La Couleuvre ibiboca : Coluber corais , Lacépède ; la Cou- î8& COU leuvre corais , Daudin. Cet opliidien a les j^lus grands rap- ports avec l'espèce précédente; n.ais il a cent soixante-seize plaques ventrales , et cent vingt-une paires de plaques sous- caudales : sa longueur totale est de cinq à six pieds. Le mâle a les deux verges hérissées de pointes , et termi- nées par cinq membranes circulaires , plissées et frangées, avec quatre cercles formés de piquans d'une nature écail- leuse. On le trouve au Brésil, où il est appelé Cohra dm coraïs, La Couleuvre ibiboboca ; Colubcr ihibohoca , Daudin. Tûte aussi large que le cou, déprimée, amincie, ovale, couverte de douze plaques; bouche large; màchdire inférieure plus courte; yeux latéraux, situés près du museau; corps long, aminci, plus épais vers son milieu; cou mince , cyliiidrique; dos convexe ; ventre aplati ; flancs comprimés : écailles ovales , lisses, imbriquées; deux cent neuf grandes plaques abdomi- nales, et cent vingt-neuf paires de plaques sous- caudales : taille de deux à trois pieds. Le dessus du corps est d'une couleur orangée, variée d'un beau noir luisant; de chaque côté on observe une rangée de petites taches orangées et jaunes en forme de croix; les plaques ventrales sont d'un blanc jaunâtre , avec un point noir à chaque bout. Cette couleuvre vient du Coromandel ,. où on l'appelle Tcalla-jin. Russel Ta figurée pi. II, n.° 2, de son supplément à ÏHist. natur. qf Indian and Corom. serpents, et Seba à la planche VII du tome second de son Thésaurus. La Couleuvre large-tête; Coluber lalicapitalus , Lacépcde. Tête déprimée, plus large que le corps; dessus à grandes taches irrégulières très-foncées, réunies en plusieurs endroits du dos, surtout vers la tête et la queue, sur un fond blan- châtre ; dessous blanchâtre aussi , avec de petites taches écar- tées et disposées en long sur chaque côté du ventre ; écailles ovales, lisses et un peu séparées les unes des autres près de la tête ; deux cent dix-huit plaques abdominales , cinquante- deux paires de plaques sous- caudales : taille de quatre à cinq pieds. Dombey a rapporté ce serpent du Pérou. La Couleuvre fulvie: Coluber fuUius . Linnceus; la Couleuvre cou 189 voire cl finn'c , Lacêpèdc. Corps marqué de vingt-deux an- liCiiux' noirs et d'un nombre égal d'autres anneaux fauves, tachetés de brun , et alternant avec les premiers ; ces der- niers, en devant et en arrière, sont blancs; deux cent dix- huit plaques abdominales , trente-une paires de plaques sous- caurialcs; écailles hexagonales et lisses : taille de deux pieds environ. Des Etats-unis de l'Amérique , d'où Gardcn l'avoit envoyée à Linnéeus. Suivant M. Palisot Beauvois , elle se nourrit prin- cipalement de sauterelles et d'insectes. M. Cuvier range la couleuvre fulvie dans le genre Él.vps. (Voyez ce mot.) La Couleuvre minime; Colither piillatus , Linnaeus. C'est une petite couleuvre qui a les tempes d'un blanc de neige , mar- quées de taches noirâtres: elle est ornée en-dessus de taches noirâtres, avec des points blancs; museau arrondi, obtus; deux cent dix-sept plaques abdominales, et cent huit paires de plaques sous-caudalcs : taille de deux à trois pieds. D'Asie. J-a Couleuvre ?étalaire ; Coluber pelalarius, Linnaeus. Brune en-dessus, avec des bandes blanches ; pâle en-dessous ; écailles ovales et lisses; deux cent douze plaques abdominales, et cent deux paires de plaques sous-caudales : taille de dix pouces à deux pieds. Linnaeus a le premier décrit cette espèce d'après un indi- vidu conservé dans le Muséum du prince Adolphe-Frédéric. M. de Lacépède rapporte ici le céraste du Mexique , de Laurenti (Seba, Thés. Il, tab. 20, fig. i ) , et Vapachjcoatl , de Nieremberg ; mais Merrem les regarde comme les mêmes que la coiiletnre plulonie de Daudin. La Couleuvre bleuâtre : Colither carulescens , Linnaeus ; Natrix cccrulescens , Laurenti. Tête prolongée en pointe , de couleur plombée; corps lisse, bleuâtre, sans aucune tache; deux cent quinze plaques ventrales , et cent soixante-dix paires de pLiques sous-caudales. Elle a été décrite et figurée par Linnaeus dans le Muséum du Prince Adolphe-Frédéric. Gmelin lui assigne pour patrie l'Amérique méridionale et l'Inde tout à la fois , ce qui esi impossible. igo COU La Couleuvre chaîne ; Coluher geLulus , LInna;us. Tête petite, couverte de neuf plaques noires, marquées de points blancs. Elle a sur le dos, qui est d'un noir bleuâtre , trente ou trente-cinq lignes Jaunâtres et transversales, lesquelles se réunissent sur chaque flanc à une autre ligne longitudinale et en zigzag, munie elle-même sous chaque angle inféaieur d'une tache blanche qui se prolonge sous le ventre ; le des- sous de l'animal est d'un blanc jaunâtre tacheté irrégulière- ment d'un noir bleuâtre et teint de bleu pâle ; deux cent dix à deux cent quinze plaques abdominales , quarante- quatre à quarante-six paires de plaques sous-caudales ; sur chaque côté de l'anus on observe quelques petites écailles oblongues et hexagonales ; bord des lèvres blanc , avec des raies noires en travers ; écailles lisses : taille de quatre à cinq pieds. De la Pensylvanie , de la Caroline, de la Floride et de la Louisiane. Elle est agile, et se nourrit d'oiseaux , de petits quadrupèdes et d'autres reptiles. La CouLEUA'RE Hébé ; Colubcr Hebe, Daudin. Bouche large, lèvres jaunes; dents petites, aiguës et nombreuses; corps long, un peu aminci, recouvert d'écaillés ovales, orbici- laires, lisses et imbriquées; queue prolongée en une pointe très-aiguë ; teinte générale d'un gris cendré avec des taches obscures; une vingtaine de bandes transversales, étroites, sur le dos , toutes blanches ou jaunâtres , marquées de quel- ques points noirs sur leurs bords; ventre nacré; cent quatre- vingt-douze plaques abdominales , et soixante- deux paires de plaques sous-caudales : taille de deux pieds. La couleuvre Hébé habite le Coromandel , où elle est con- nue sous le nom de Nouni -paragoudou. Les habitans regar- dent sa morsure comme susceptible de suites fâcheuses. La Couleuvre panthérine ; Coluher panlherinus , Daudin. Tête ovale, oblongue , aplatie; museau obtus; lèvres blan- ches, avec des taches noires ; corps comprimé ; écailles lisses, rhomboidalcs ; queue longue, aplatie; deux cent quatorze plaques abdominales, soixante-six paires de plaques sous- caudales : la plaque de l'anus est grande, demi-circulaire et double. Couleur générale dun blanc sale , avec de grandes taches brunes , irrégulièrement quadrilatères, entourées d'un cou 191 trait noir, et disposées sur le dos en une rangée longitudi- nale : un trait brun part de la narine sur Tœil , et se pro- longe obliquement derrière locciput ; une bande transver- sale est placée devant les yeux , et une tache triangulaire de même couleur paroit sur le sommet de la tête : il y a sur les flancs quelques petites taches roussàtres effacées; le ventre est blanchâtre, avec de grandes taches carrées, al- ternes, sur chaque moitié des plaques; deux rangées longi- tudinales et parallèles de gros points noirs, très-rapprochées , sur les doubles plaques de la queue. Taille de deux à trois pieds. La patrie de ce serpent est inconnue. Peut-être faudra-t-il , quand on le çonnoitra mieux , le rapporter au genre Bon- gare (voyez ce mot). Mcrrem le regarde comme voisin de la couleuvre fer-à-chcval , et Daudin , comme très-rappro- ché de la bali , dont nous parlerons plus bas. La Couleuvre triangle; Coluher triangulum , Lacépède. Une grande tache triangulaire brune sur la tête, avec une autre tache plus petite dans son milieu , et d'une teinte plus claire ou plus foncée; écailles lisses et rhomboïdales; dessus du corps blanchâtre, avec des taches rondes, roussàtres, bordées de noir et un peu irrégulières; une tache noire, alongée et oblique derrière chaque œil , et une rangée de petites taches sur chaque côté du dos ; deux cent treize pla- ques ventrales , et quarante-huit paires de plaques sous-cau- dales : taille de deux à trois pieds. La couleuvre triangle, de l'Amérique méridionale, a été décrite pour la première fois par M. de Lacépède , d'après un individu des galeries du Muséum. La Couleuvre PLUTONiE ; Coluher plutonius , Daudin. Tête grosse , oblongue , aplatie ; museau obtus ; langue noire , aplatie , longue , étroite et très-fourchue ; corps un peu com- primé au-dessus des flancs ; dos caréné ; écailles assez grandes , rhomboïdales, très-carenées et imbriquées; queue longue, terminée par un ergot , à écailles lisses et hexagonales. D'un noir luisant en-dessus, avec des bandes ou marbrures trans- versales, irrégulières, d'un jaune blanchâtre; les C(>tés de la tête variés de quelques points noirs; d'un jauue prononcé en-dessous jusque vers le milieu du corps, avec quelques ^92 COU plaques bordées de gris-brun ; la partie postérieure entière- ment brune et même presque noire sous la queue ; deux cent douze plaques abdominales, cent sept paires de plaques sous-caudales. Taille de six à sept pieds. Merrem a confondu cette espèce avec la couleuvre mi- nime : Daudin l'en a distinguée, et lui a donné le nom de plutonie, à cause de son aspect effrayant. On ignore de quel pays elle vient. La Couleuvre Clklie ; Coluber Clelia , Daudin. Dessus de la tête et tempes d'un brun sombre et foncé , ainsi que le dessus du cou et le dos ; nuque marquée d'une large bande blanche transversale ; écailles rhomboïdales , lisses , imbri- quées, plus grandes sur les flancs ; ventre blanchâtre; sous la gorge un sillon bordé de six plaques; deux cent neuf grandes plaques abdominales , et quatre-vingt-treize paires de plaques sous -caudales ; une plaque demi-circulaire sur l'anus : taille de deux à trois pieds. De Surinam, où .elle est assez rare. La Couleuvre péthole : Coluher pethola , Linnaeus ; Coro- nella pethola , Laurcnti ; Serpens af ricana , pethola dicta , Seba, II, tab. 54, fig. 4. Forme de la couleuvre à collier; couleur plombée , avec des bandes transversales d"un rouge de bri- que ; dessous du corps d'un blanc mêlé de jaune , avec quelques bandes transversales brunes ou rougeàtres ; écailles ovales et lisses; deux cent sept à deux cent neuf plaques ventrales, quatre-vingt-cinq à cent trois paires de plaques sous-caudales. Cette couleuvre a été décrite par Linnœus dans ses Amé- nités académiques. Elle est peu connue et assez mal déter- minée. Gmelin y a rapporté, comme autant de variétés , huit coronelles de Laurenti. La CoULEUA'^RE DioNE : Coluher Dione , Gmelin; la Couleuvre Bione, Latreille. Tête petite, tétragone , ordinairement ré- ticulée par les sutures brunes de ses plaques; d'un cendré blanchâtre en-dessus , avec trois bandes longitudinales plus blanches, entre lesquelles sont disposées de petites raies brunes; blanchâtre en-dessous, avec de petites raies d'un brun livide et de petits points rougeàtres; cent quatre-vingt- dix à deux cent six plaques abdominales , cinquante-huit à cou 195 soixante-six paires de plaques sous-caudales : taille de trois pieds environ. La couleuvre Dione a été trouvée par Pallas dans les dé- serts salés qui avoisinent les bords de la nier Caspienne, et dans les terrains arides, salés et montueux, qui bordent le fleuve Irtisch. En raison de l'élégance de sa forme et de ses mouvemens , et de la douceur de ses habitudes , le pro- fesseur du Nord Ta consacrée à la déesse de la beauté à la Vénus Dione des Anciens. La Couleuvre ovivoue : Coluher ovivorus ; la Guimpe , Dau- benton. Cette espèce eàt fort peu connue : elle habite l'Amé- rique septentrionale , où elle a été trouvée par Kahn. l,in- nams n"a fait connoitre que le nombre de ses plaques ven- trales et sous-caudales. Daudin en a parlé plus longuement ; il lui assigne les caractères suivans . teinte générale noire ; écailles lisses; soixante taches rouges alternes en-dessous du corps, et se prolongeant sur chaque côté; deux cent trois à deux cent six plaques abdominales, cinquante à soixante- treize paires de plaques sous-caudales. Linnanis rapporte à cette espèce le guinpuaguara du Brésil, observé par Pison et Marcgrave ; mais ce rapprochement demande une nouvelle confirmation. Elle ressemble aussi assez à la couleuvre-lien. La taille de la couleuvre ovivore est , suivant Daudin , d'environ quatre pieds. La Couleuvre audacieuse ; Coluher audax , Daudin. Tête ovale , élargie , tronquée eu devant , couverte de neuf pla- ques sur quatre rangs, toutes brunes, bordées de blanc jau- nâtre , ainsi que les plaques labiales et les écailles de l'occiput ; sous la gorge un petit sillon longitudinal, bordé de six pla- ques; corps comprimé latéralement , d'un jaune blanchâtre , avec de nombreuses bandes transversales , rousses et serrées ; deux cent cinq plaques ventrales, quatre-vingt-dix-neuf paires de plaques sous -caudales : taille de deux pieds six: pouces. Daudin a le premier fait connoitre ce serpent , dont il n'indique pas la patrie , et qu'il annonce cependant comme d'une grande vivacité et d'une extrême hardiesse. Il en avoit un individu dans sa collection. 11. i3 ^194 COU La Couleuvre peinte ; Coluher pictiis , Daudin. Tête petite . ovale , déprimée ; bouche large ; mâchoire inférieure plus courte; yeux écartés, latéraux; narines très- apparentes et situées sur les côtés de l'extrémité des yeux; écailles lisses, ovales, brunes eu-dessus, avec de nombreuses lignes trans- versales , étroites , composées de petits points oblongs noirs et blancs; flancs jaunes: chaque plaque transversale marquée d'une tache d'un jaune pâle; deux cent deux plaques abdo- minales , et quatre-vingt-onze paires de plaques sous-caudales : taille de deux pieds. Russel a décrit le premier cette couleuvre , qui lui a été envoyée de Casem-Cottah au Bengale, où elle porte le nom de patza^tutta. Elle est assez rare dans le pays. La Couleuvre grison ; Coluher canus , Linnaeus. Teinte gé- nérale blanche ou bleuâtre , avec des bandes transversales roussâtres sur le dos ; deux points blancs sur les flancs à côté de chacune de ces bandes, qui sont dentées en scie; corps un peu plus gros que la tête; queue eflilée ; écailles ovales; cent quatre-vingt-huit à deux cents plaques abdominales , soixante-quatre à quatre-vingt-dix-huit paires de plaques sous-caudales : taille d'environ deux pieds. Des Indes. Merrem croit qu'elle est la même que l'ammo- bate de Seba, Thés., II, tab. 78, fig. 2. La Couleuvre obscure; Coluher ohscurus , Daudin. Tête petite , déprimée , ovale ; bouche large ; mâchoire inférieure un peu plus courte: corps long , cylindrique; écailles ovales et lisses; couleur générale d'un brun foncé ; cent quatre- vingt-seize à cent quatre-vingt-dix-huit plaques abdominales, quatre-vingt-deux à quatre-vingt-quatre paires de plaques sous -caudales : taille de trois pieds à trois pieds et demi ; Van Ernest en a vu de cinq pieds de longueur. Russel a figuré ce serpent parmi ceux du Coromandel : il lui a été envoyé de Madepolam. On le distinguera faci- lement de la couleuvre-lien , en ce que celle-ci a la gorge et les lèvres blanches. La Couleuvre ANNELÉE : Coluher annulatus , Linnaeus; le jBaj- rouge, Daubenton ; la Blanche et hrune, Lacépède ; Bronze natter , Merrem. Dos cendré ou d'un blanc roux , avec une bande brune . ou des taches alternes , rondes . brunes, réunies cou 195 en une bande; ventre blanc; corps presque hexaédrique 5 écailles rhomboïclales; cent quatre-vingt-quatre à cent qua- tre-vingt-seize plaques abdominales; soixante à quatre-vingt- seize paires de plaques sous- caudales : taille de trois pieds environ. Cet ophidien habite en Amérique , en particulier à Su- î'inam. La Couleuvre grosse-tête ; Coluber capitatus , Lacépède. Tête beaucoup plus grosse que le cou , couverte de neuf plaques; écailles ovales et lisses ; dessus du corps d'un brun foncé , avec des bandes irrégulières , transversales , plus clai- res ; cent quatre-vingt-seize plaques abdominales, soixante- dix-sept paires de plaques sous-caudales : taille de deux à trois pieds. Cette couleuvre est très-voisine , par sa forme , des cou- leuvres comprimée et audacieuse. Elle vient de Surinam. La Couleuvre triscale ; Coluber triscalis , Linnaeus. D'un vert de mer, avec trois petites lignes longitudinales brunes sur le dos et réunies sur la nuque ; une ligne brune prolongée depuis les flancs jusqu'à l'extrémité de la queue ; cent qua- tre-vingt-neuf à cent quatre-vingt-quinze plaques abdomi- nales , soixante-dix-neuf à quatre-vingt-six paires de plaques sous-caudales. Cette couleuvre vient des Indes , suivant Linnaeus ; d'Amé- rique , selon M. de Lacépède. Il paroît néanmoins que celle qu'a décrite ce dernier, est une espèce distincte de celle de Linnaeus, que Daudin dit avoir reçue de Surinam. La Couleuvre cuirassée ; Coluber scutatus , Pallas. Plaques abdominales longues , relevées sur chaque flanc et occupant les deux tiers de la circonférence du corps ; d'un noir som- bre ; plaques abdominales de la même couleur et polies, mais alternativement, d'un blanc jaunâtre à leur extrémité , en sens opposé , ce qui fait paroitre le corps comme mar- queté : cent quatre-vingt-dix plaques ventrales, sans y comprendre une grande écaille double sur l'anus ; queue légè- rement trièdre , garnie en -dessous de cinquante doubles plaques : taille de quatre pieds. Cette couleuvre , qui , par sa forme , a beaucoup de res- ujG COU sembiance avec la couleuvre à collier , a été observée par Fallas sur les bords du Jaik. , soit sur les terrains secs et élevés qui Tavoisinent , soit dans l'eau même de la rivière. La Couleuvre Russélie ; Coluber Russelius , Daudiii. Tête un peu plus large que le cou , ovale , déprimée ; bouche petite; mâchoires égales; corps c}^lindrique ; écailles lisses, ovales et imbriquées : teinte générale d'un gris olivâtre ; une trejitaine de bandes transversales , étroites, plus larges tab. 9, fig. 1). Linnseus dit que le coluber stolatus est veni- meux; mais Russel et Grey (Philosoph. trans., vol. 79 , part. 1) pensent qu'il a été induit en erreur. On trouve cette belle couleuvre au Bengale ; Roxburgh se lest procurée à Raja-Mun- drah , etSnodgrass , à Ganjam. Les habitans la nomment ivan- na-pam. Il y en a plusieurs variétés, que l'on appelle neerogady, neergady , wanna-cogli, et kurharia. (Voyez Chayquarona.) La Couleuvre a deux raies : Coluber bilineatus , Daudin ; Elaps bilineatus , Schneider. D'un gris de perle en-dessus, avec deux lignes blanches, larges, longitudinales, et des ban- des transversales noires ; ventre et dessous de la queue d'un grisblanchàti'e; écailles oblongues, rhomboïdales et carénées; cent vingt-cinq à cent quarante-quatre plaques abdominales, cinquante-huit à soixante-cinq paires de plaques sous- cau- dales. n. 14 210 COU Ce reptile , voisin des naja par riiabltude qu'il a de gonfler son cou, a été envoyé par John des Indes orientales, où on le désigne sous le nom de kombernmuken. Les Indiens croient qu'il grimpe sur les arbres dès qu'il a mordu quelqu'un . et cela afin d'attendre qu'il meure , ce qui ne tarde point. Cette opinion paroît mal fon>dée : l'animal manque de crochets a'c- nimeux. La Couleuvre cerbère : Coluher cerbcrus , Daudin : Hj'drus r?ij)'Mcops, Schneider; Enhjdre muselière , Latreille. Tête grosse, élargie en arrière, noire en-dessus ; dosd'un gris obscur; lèvres, ventre et dessous de la queue, jaunâtres; corps cylindrique, élargi vers son milieu ; queue légèrement comprimée; écailles larges, carénées, ovales et imbriquées; cent quarante-quatre plaques abdominales, et cinquante- neuf paires de plaques sous-caudales : taille de trois à quatre pieds. Cette couleuvre a l'aspect de la vipère noire. On la trouve au Bengale, dans les environs de Ganjam , où on la nomme Icarou-boladam, La Couleuvre schneidérienne : Coluber schneiderianus . Daudin; Boa moluroidea, Schneider. D'un bleuâtre ardoisé en -dessus; roussàtre mélangé de blanc en- dessous; treize plaques sur la tête ; corps cylindrique, épaissi; écailles oblon- gues, arrondies, toutes carénées, excepté la rangée la plus voisine des plaques transversales , qui sont au nombre de cent quarante-quatre pour l'abdomen, et de cinquante-sept paires pour la queue. Schneider a observé deux de ces couleuvres dans la col- lection de l'université de Jena. La Couleuvre symétrique ; Coluber sjmetricus , Lacépèdc. Brune en-dessus, avec une rangée de petites taches noirâtres sur chaque côté jusqu'au tiers de la longueur du corps ; ven- tre blanc avec des bandes et des demi-bandes brunes; écailles petites, ovales et lisses; cent quarante-deux plaques abdo- minales, et vingt-six paires de plaques sous-caudales : taille d'environ dix-huit pouces. De Ceilan. La Couleuvre bramine : Coluber braminus . Daudin ; Hydrus palustris , Schneider. Aspect général delà couleuvre à collier; torps cylindrique, renflé au milieu , couvert d"écailles ovales . cou 211 oblongues et carénées; queue cylindrique; couleur d'un gris jaunâtre en-dessus, avec, de larges mailles formées de filets obliques et bruns, et, dans le milieu de ces mailles, des taches rhoniboïdales plus foncées ; ventre nacré; dessous do la queue un peu roux; cent quarante plaques abdominales-, et quarante- neuf paires de plaques sous-caudales : taille de deux pieds environ. Cet ophidicn est assez commun au Bengale dans les ter- rains humides et au bord des fontaines. La Cour.F.uvRE PONCTUÉE ; Coluber p'unctatus, Linnœus. Teinte générale plombée avec de petits points gris; lèvres blanches ; ventre rougeàtre , avec trois rangées longitudinales et paral- lèles de points plombés, presque triangulaires; la queue seule sans points ; un collier blanc en travers sur l'occiput -, cent trente-six à cent quarante plaques abdominales, et quarante -trois à quarante-huit paires de doubles plaques sous-caudales : taille de neuf pouces. -Garden a découvert cette couleuvre en Caroline, où M. Bosc l'a souvent observée sous des écorces, dans les endroits humides et marécageux. La Couleuvre calmar. : Coluber calamarius, Linnaeus; An- guis calamaria , Laurenti. Livide , avec des bandes transver- sales et des points linéaires brunâtres; ventre marqueté de taches carrées, brunes ; cent quarante plaques abdominales, et vingt-deux paires de doubles plaques sous-caudales. Cette couleuvre , que Linnaeus indique comme venant d'Amérique , a été observée par lui dans la collection du prince Adolphe-Frédéric. La Couleuvre vampum ; Coluher fasciatus, Linnœus. D'un noir bleuâtre en-dessus , avec plus de trente chevrons jau- nâtres , disposés alternativement sur chaque flanc , et quel- ques lignes transversales jaunâtres sur le dos, fourchues sur les flancs ; plaques transversales bleuâtres , bordées de jau- nâtre en arrière; tête noirâtre; lèvre inférieure jaunâtre j écailles hexagonales , oblongues et carénées ; cent vingt-huit à cent trente -huit plaques abdominales, soixante -six à soixante-sept paires de plaques sous-caudales : taille de qua- tre à cinq pieds. La couleuvre vampum habite en Virginie et en Caroline. <^i2 COU Elle est audacieuse et très-vorace; elle vit de petits quadru- pèdes. Les Anglo-Américains lui ont donné le nom de vam^ pum , parce que , vers les États-unis d'Amérique, les Indiens appellent ainsi un bâton entouré de cercles blancs sur un fond noir. La Couleuvre porte- croix; CoLuher crucifer , Merrem. Grise, avec des taches obscures et rhomboïdales, disposées en croix sur la tête et la partie antérieure du cou; une bande brune prolongée sur le dos jusqu'au bout de la queue ; corps renflé vers son milieu , cylindrique ; écailles ovales ; gorge tachetée de gris ; ventre et dessous de la queue d'un blanc jaunâtre; un petit point gris à chaque extrémité des plaques transversales, qui sont au nombre de cent trente-six pour l'abdomen , et de soixante-deux paires pour le dessous de la queue; une double plaque demi- circulaire en devant de l'anus : taille de huit à dix pouces. Merrem , qui a le premier fait connoître cette cou- leuvre, croit qu'elle vient des Indes orientales. La Couleuvre dora; Coluher dora, Daudin. D'un roux obscur , avec des taches jaunâtres en-dessus ; d'un blanc jaunâtre en-dessous ; corps cylindrique , un peu plus gros vers son milieu; écailles ovales, carénées sur le dos, lisses sur les flancs; cent trente -cinq plaques abdominales, et soixante -treize paires de doubles plaques sous- caudales : taille de plus de deux pieds. Cette espèce est du Bengale : dora est son nom indien. La Couleuvre bali ou plicatile : Coluher plicatilis , Lin- Tiaeus ; Cerasies plicatilis , Laurenti. D'un brun uniforme en- dessus, avec deux rangées de points noirs, très - écartés . étendues depuis le sommet de la tête jusque vers le bout de la queue ; sur chaque flanc , trois rangées d'écaillés noi- râtres, bordées de blanc à leur partie postérieure; d'un blanc jaunâtre en-dessous, avec des rangées longitudinales suspendu que traînant à terre , c'est ordinairement au pourtour des carrés de couches qu'on en élève. §. II. Fleurs jaunes , en entonnoir ; semences ovales, de couleur blanche. Courge melonée t Cucurbita moschala, Duch. : CiTROtiiLE MELONÉE ou CitiîoijIlle .Musyi ée , Cucurbita indica rofunda , Dalech., Hist.,6}6. Cette espèce, très-difficile à circonscrire, se divise en phisleurs variétés trop peu observées pour les bien déterminer. M. de Clianvaloi: est le premier qui, dans son Voyage de la i\iartinique, ait parlé de cette plante. M. Duchesne la regarde comme une espèce distincte du pcpon; M. de Lamarck l'y réunit , n'y trouvant pas de différences sutïisantes. On peut cependant en indiquer deux , savoir: dans sa fleur, le resserrement du bas du calice; dans ses feuilles, leur mollesse et leur duvet doux et serré. Elle tient de la calebasse par ses fleurs blanches en dehors, par falon- gement des pointes vertes eu calice , par la saveur musquée de son fruit. Les feuilles ressemblent à celles des pepons : elles sont anguleuses ou découj^ées. Le fruit est le plus sou- vent aplati, sphérique ou ovale; quelquefois aussi il est cy- lindrique, en uiassue ou en pilon : la couleur de la pulpe varie depuis le jaune soufré, jusqu'au rouge orangé. On cultive cette plante comme les calebasses.- Malgré son nom vulgaire de citrouille musquée , elle ne fournit qu'un fruit médiocre, qu'on mange rarement cru : cependant on en fait quelque cas dai;S les déiiartemrns méridionaux de la France, en Italie et dans les iks de l'Amérique; la finesse de leur chair et leur bon goût ks font préférera la plupart des giraumons. Courge a gros fruits, Potiron : Cucurhi'a maxima, Duch.; Cucurbita pepo , Linn. , var.; Pepo maiiinus, etc., Loh., icon., 641 : Cucurbita aspera . etc., .T. Bauh. , 2, p. 221. Cette espèce se distingue du pepon par ses fleurs plus évasées, plus élar- gies dans le fond du calice ; le limbe rabattu. Les feuilles sont très-amples, en cœur arrondi , assez molles, couvertes de poils presque sans roideur. Les fruits sont très-gros , de forme sphérique aplatie, à côtes régulières, avec des renfon- cou 235 cemens très-considërablcs au sommet et à la base : Ja pulpe est ferme, juteuse, fondante, la peau Une. Les principales variétés sont, i." le Potiron jaune commun. (Vest le plus gros et le plus creux : il s"eu trouve de trente il quarante livres ; on en a vu quelquefois de soixante. La couleur de la pulpe est d'un beau jaune ; plus ce jaune est vif, meilleure elle se trouve au goût: la nuance extérieure du jaune est toujours un peu rougeàtre ; souvent il existe une bande blanche entre les côtes. 2." Le gros Potiron vert. Ce vert est toujours grisâtre , quelquefois ardoisé avec des bandes blan- ches : sa chair varie de couleur. En général, les potirons verts un peu moins gros sont estimés les meilleurs ; ils se gardent plus long-temps. 5." Le pclit Potiron tcrt, sous-variété du précédent, qui est recherchée, parce que son fruit, fort aplati , plus plein , moins aqueux , se conserve plusieurs se- maines de plus, et reste bon à manger jusqu'à la fin de !Mars. EnSn , il existe encore un petit potiron jaune dont la queue même est jaune , et qui est le plus hâtif. Les potirons sont plus délicats que les citrouilles, moins que les courges melonécs et les pastèques. On en fait, avec le lait, des soupes très -agréables : d'habiles cuisiniers ont aussi trouvé le moyen d"en faire des crèmes , des tourtes et autres entremets déljcals; mais ils préfèrent les giraumons. Les potirons n'exigent, pour la culture, de soins que dans le printemps. C'est au commencement de Mars, si l'on veut récolter de bonne heure, ou à la lin d'Avril, si l'on préfère des fruifs de garde, qu'il faut les semer dans des trous rem- plis de fumier, recouverts de terreau, les arroser fréquem- ment, et les couvrir de cloches jusqu'à la fin des temps rigoureux. Quand le fruit parcit, il faut placer dessous, pour le sauver de l'humidité, une tuile, une planche ou une pierre plate et inclinée : les potirons étant cueillis, il con- vient de les laisser quelques jours au soleil . puis de les rentrer dans un lieu sec, aéré, mais à l'abri de la gelée, et il faut éviter qu'ils se touchent. CouRGF. PErox . Pepon roLVMORiiîE : Cucurhila pyo , var. poljmorplia , Ducii. : Cucurhita prpo , var. melopcpo , Linn. Cette espèce est tellement variable dans la figure de toutes Nés parties, qu'elle est très-difnciie à bien raractériser. La -•36 COU grandeur des fleurs , leur forme régulièrement conique , la direction oblique ou presque droite et jamais horizontale de SCS feuilles, leur couleur brune, leur àpreté, voila tout ce qu'on peut observer de commun entre les nombreuses va- riétés que fournit cette espèce. Avant de les mentionner, il ne sera pas inutile de présenter ici, d"après M. Duchcsne , quelques observations, qui, sans être très-générales, sont du moins communes au plus grand nombre des \ariélés. Les fruits dont le vert est le plus noir, deviennent du jaune le plus foncé à la maturité. Le soleil , au lieu de colorer le dessus de ces fruits, les pâlit. La privation de lumière, cau- sée par le contact de la terre , blanchit le dessous ; alors le pourtour de cette tache reste très- long- temps vert, aussi bien que les bords des parties blessées. Les pepons panachés le sont principalement dans le milieu ; le côté de la tête, c'est-a-dire, de la fleur, conserve une certissure verte, tou- jours plus grande que celle du côté du pédoncule. Ces parties vertes, quelquefois unies par une bande , font toujours des pointes comme pour se rejoindre, et les pointes sont pro- longées sur les cloisons des graines. Les parties panachées sont toujours plus minces , quelquefois dune manière fort sen- sible. Outre les grandes pointes, qui ont r.apport à l'intérieur du fruit, on en voit de moindres marquer le passage' des fibres principales, qui passent du pédoncule au calice de la fleur: c'est en rapport avec ces nervures que se trouvent les bandes colorées, ce qui en établit ordinairement cinq principales entre cinq autres moins fortes. Les bandes sont , indiflTérem- ment, pâle sur foncée, ou foncée sur pâle; quelques-unes même se trouvent pâles au milieu , et foncées aux deux ex- trémités ; enfin, dans quelques autres, elles restent d'abord pâles, même lactées, tandis que le fond est verdàtre , puis deviennent d'un vert noir lorsque le fruit jaunit. Les bandes morcelées forment des mouchetures plus ou moins grandes, et agrégées de diverses manières , mais quadrangulaires et non arrondies ni étoilécs, comme celles des pastèques: à ces mêmi s bandes répondent des côtes proéminentes et des cornes très-saillantes dans les variétés contractées du pastisson , qui ont d'abord la peau très-fine, très-mince et très-lisse. cou 207 Une autre illégalité d'accroissement, dans les giraumons à peau tine et à chair aqueuse, y forme des ondes. Les pepons à peau ou coque épaisse , particulièrement les bar- barines, au lieu d'ondes, sont sujets à des bosselures, nom- mées vulgairement verrues , qui sont si sensiblement l'effet d'une maladie, que ceux qui en sont entièrement couverts ont rarement de bonnes graines. EnJn, la peau des pepons est susceptible de ces gerçures exsudantes qui forment la broderie dans les melons: mais cet accident est peu commun , et seulement par places. Les races ou variétés des pepons poljinorphes sont; 1." L'Orangin et ies Coloquinelles , vulgairement les FAUSSES Oranges et les fausse.^ Coloquintes : Cucurbita colo- cjntlia , Duch. ; Cucurbita minima lutea , J. Bauh. , 2 , pag. 25 1. Les feuilles sont médiocrement découpées ; les fleurs mâles et femelles également distribuées sur toute la plante, qui eu acquiert une grande fécondité. Le fruit est de forme sphé- rique, d'un diamètre double de celui delà fleur, a trois loges régulières; les semences nombreuses, assrz grosses; la pulpe jaunâtre, fibreuse, un peu amère. se dessf'cliant iacilement, acquérant alors une odeur un peu musquée; la peau forme une coque solide, d'un vert noir (tans sa fraîcheur, puis d'un jaune-orangé très-vif: tels sont les orangins. Dans les colo- quinelles la peau est beaucoup plus mince, plus panacliée, à bandes claires; la pulpe assez mince et sèrhe. Tous ces fruits sont très-agréables. Ceux de l'orangin ressemblent tel- lement aux oranges qu'on s'amuse quelquefois à les mêler dans les desserts pour en faire des plats d'attrape : cette plai- santerie réussit presque toujours. 2.° La CouGouRDETTE, vulgaircmcnt fausses Poires, Colo- quintes LACTÉES : Cucurbita pjridaris , Duch. ; Cucurbita seu colocjnthis amara, C. J. Bauh. , 2 , p. 200. Ses feuilles sont un peu plus découpées, et l'ensemble de la plante plus grêle que dans l'orangin : ses fleurs sont les plus petites de toutes, aussi bien que les semences, dont la forme est très-alongée : le fruit est ovale ou en forme de poire ; la coque épaisse et solide ; la pulpe fraîche d'abord , puis fibreuse et friable , très-blanche; la peau d'un vert brun, marquée de bandes et de mouchetures d'un blanc de lait. Les cougourdettes sont 258 COU plus robustes que la plupart des cucurbitacêes ; elles ne de- mandent qu'un terrain chaud pour fructifier abondamment; elles grimpent bien d'elles-niênies, et leurs fruits en sont plus jolis : ils servent de parure dans les orangeries, ainsi que sur les cheminées ; en les creusant, on en fait des A'ases assez agréables. 3.° 1-a Barbarine , A^ulgairement Barbaresque sauvage; Cticurhifa verrucosa, Duch., Liun., Spec. Les fruits, ordinai- rement plus gros que les précédens, ont une grande disposi- tion aux bosselures, ce qui semble analogue au défaut de couleur de ces fruits, qui sont la plupart entièrement jaunes ou pa- nachés, quelquefois marqués de bandes vertes. Leur forme et leur grosseur varient beaucoup. On en voit d'orbiculaires, de sphériques, d'ovales, d'alongés en concombre. Ils n'exigent pas, pour leur culture, plus de soins que lescoloquinelles: ces plantes produisent beaucoup, et réussissent surtout très-bien quand elles trouvent à grimper : mais il n'y a de bon à man- ger que les fruits très- pâles et lorsqu'ils sont jeunes. Ils sont meilleurs frits que de toute autre manière. Il s'en trouve de blancs, à peau tendre et à pulpe très-aqueuse, qui peu- vent se manger en salade, comme les concombres. 4.° Le TuRBANK, vulgairement le Pepon turban; Cucurhita piliformis , Duch. Cette belle variété tient beaucoup de la nature des barbarines , mais la forme particulière de ses fruits la rend très-remarquable. Leur partie inférieure, très- large , est légèrement sillonnée; mais ces côtes s'arrctent vers le milieu , et au-dessus de la contraction formée en cet en- droit on ne voit plus que quatre cornes correspondantes aux quatre loges du fruit : les mouchetures sont également interrompues, de manière que, ne se répondant point, il semble que la moitié supérie\ire soit un fruit dilférent et beaucoup moindre, qu'on auroit pris plaisir à faire entrer dans le gros : enfin les deux moitiés sont séparées par un cordon de petites verrues grises qui se touchent sans inter- valle, et qui, au dedans de la coque, répondent à une aug- mentation d'épaisseur fort remarquable. Celte coque est solide; la pulpe sèche, fort colorée: les semences sont ova- les: le bourrelet n'y est que tracé et non relevé. Ce pepon doit être cultivé comme les coloquinelles ; il réussit facile- cou :^59 ment: ou fait profiter les fruits, en retraiichantles branches surabondantes; ils sont toujours plus beaux lorsqu'ils pendent, et sont fort bons à manger, quoique la pulpe crue en soit fort dure et d'un jaune assez foncé. 5." Les Citrouilles et les Giraumons: Cu'curhita pepo, Linn., var.; Cucurbita foUis asperis, seu zuccha , flore lut'eo , J. Bauh.^ 2, pag. 218; vulgairement Colrge de S. Je\n, Concombre d'hives , Concombre de Malte ou de Barbarie , Citrouille iRO(,)uoisE, etc. Sans les intermédiaires et les fécondations métisses, il seroit difficile de soupçonner les petils pepons , tels que des coloquinelles ou des cougourdettes, de même espèce que nos citr uilles et nos gros giraumons; et si, au contraire, ces énormes diiférences ne se renconlroient pas entre les races diverses des pepous, les citrouilles poiirroient bien être distinguées des giraumons, ces derniers ayant une pulpe ordinairement plus pâle , toujours plus fine , les fcuiilcs pins profondément découpées, tandis que celles des ci- trouilles ne sont souvent qu'anguleuses. Les variétés princi- pales sont : .a'. La Citrouille verte, à peau tendre, fort luisante; la chair très -colorée , quelquefois jaune : sa forme est avale, ou plutôt cylindrique, arrondie aux deux extrémités. B. La CitrouiUe grise ou vert- pâle , de forme ovale, un peu en poire. c. La Citrouille blanche ou sans couleur , si molle que son poids altère sa forme, qui est naturellement en poire. D. La Citrouille jaune, également arronciie à ses deux ex- trémités, la plus commune à l'aris, avant que le potiron Tait fait abandonner. E. Le Giraumon vert bosselé, énorme eu grosseur, égal ù ses deux extrémités, comme les citrouilles. F. Le Giraumon noir f effilé du côté de la queue, quelque- fois du côté de la tête; peau fort lisse , pulpe ferme. H y en a de panachés et de jaunes. G. Le l'ros Giraumon rond, de forme peu coiistanfe, qui a probablement porté le premier le nom de giraumon, rocher roulant. H. L^s Giraumons mojens, à bandes et mouchetures , nom- més communément concombres de Malte ou de Barbane, et par 24o CO L d'autres, citrouilles iroquoises; tous variés eu lurme . euuuauces de vert et de jaune, et en mouchetures. j. Les Giraumons blancs ou d'un vert pâle . appelés aussi concombres d'iwer, qu'on peut regarder comme les plus dé- générés de l'espèce primitive. L. Les Giraumons vert- tendre, à bandes et mouchetés, soit pâles, soit foncés. Culture et usages. Le fumier, plus ou moins consommé, est l'aliment des citrouilles et des giraumons. A la campagne on fait assez communément courir les citrouilles sur des tas de fumier-, qui ne se consomment que mieux tout en les alimen- tant. Dans les terrains bien amendés des potagers, il sufiit, pour la culture des giraumons, de les planter dans des pa- quets de terrain, comme les cardons, soit qu'on les y élève, soit qu'on les y transporte semés sur couche et, pour le mieux, dans de petits pots. Il est presque nécessaire d'arrêter la pousse directe, en coupant chaque branche deux ou trois yeux au-dessus du fruit noué, ou du second nœud, si deux se trouvoient près l'un de l'autre. On doit supprimer toutes les branches latérales , et on leur fait grand bieu en fixant les branches de place en place avec urie ou deux bêchées de terre. H est bien essentiel, en transportant les giraumons et citrouilles dans la serre, de prendre garde de heurter la queue : c'est communément à sa jonction avec le fruit que se déclare le moisi , et bientôt une pourriture, qui gagne successivement tout le reste. Les citrouilles se mangent, comme les potirons, cuites et fricassées, ou en soupe au lait; il est nécessaire de mettre en coulis toutes celles dont la chair est un peu grossière. On a vu autrefois, à Paris, un boulanger célèbre par ses petils pains mollets à la citrouille. Les giraumons , qui ont la chair plus blanche et plus fine, s'apprêtent comme les concombres, coupés en morceaux. En général, les giraumons verl-pàle sont les plus délicats à manger. Quand on en a une bonne espèce, il faut en garder précieusement la graine, et surtout éviter d'en élever de moins bons dans le même jardin .- il en résulte souvent des métisses qui altèrent les bonnes espèces. (>." Le Tastisson : Cucurbita melopepo, Duch., Linn., var. ; Melopepones laliores cljpeiformes, Lob., icon., 6425 J. Bauh., cou 241 2 , pag. 224; connu vulgairement sous les noms de Bonnet d'électeur, Bonnet de prêtre, Couronne impériale; Artichaut DE Jérusalem, d'Espagne; Arbouste d'Astracan. La forme du pastisson, ses nombreuses variétés, qui se perpétuent depuis plusieurs siècles par le plaisir que l'on prend à resemer les fruits les plus régulièrement déformés, offrent un phénomène très-curieux en botanique. Ces fruits ont , en général , la peau fine, comme les coloquinelles, mais ordinairement plus molle; la pulpe plus ferme, blanche et assez sèche , ce qui fait qu'ils se gardent fort long-temps : ils se divisent inté- rieurement en quatre et cinq loges. Quant à la forme, il s'en trouve quelquefois de ronds , de turbines ou en poire , mais plus souvent , dans les races franches , comme s'ils étoient serrés par les nervures du calice, la pulpe se bour- soufle, s'échappe dans les interstices, formant tantôt dix côtes dans toute la longueur, seulement plus élevées vers le milieu, tantôt des proéminences dirigées vers la tête ou vers la queue, qu'elles entourent en forme de couronne : d'autres fois aussi le fruit se trouve étranglé par le milieu, et renflé aussitôt en un large chapiteau, comme dans un champignoa qui n'est pas encore épanoui; ou bien, il est entièrement aplati en bouclier, quelquefois goudronné inégalement, quel- quefois, régulièrement. Cette dernière forme, la plus éloi- gnée de la nature, est aussi la plus rare de toutes, et celle qui se reproduit le moins constamment. Une partie des se- mences renfermées dans ces fruits contractés sont elles-mêmes bossues, fort courtes et presque de forme ronde, suivant la proportion qui s'observe en général dans lespepons, dontles fruits les plus longs ont aussi les semences les plus alongées. La même contraction affecte la plante entière dès le commen- cement de sa végétation : ses rameaux , plus fermes par le rapprochement des nœuds, s'élancent verticalement jusqu'à ce que le poids des fruits les abatte ; ce à quoi concourt le grand alongement des pédoncules des fleurs mâles, des pétio- les des feuilles, et de la figure de ces mêmes feuilles. Enfin les vrilles, toujours plus petites, lorsqu'il y en a, se trouvent quelquefois changées en petites feuilles à pétiole tortillé , dont la pointe se prolonge en une très-petite vrille, qui n'existe pas toujours. 11. 16 'J4^ COU Les Pasiissons harharins sont des pcpons qui s'aloiigent moins que les autres, et dont les fruits médiocres et alongés ont des bosselures et une peau jaune. LesPastissons giraumonés sont cultivés, chez divers curieux, sous les noms impropres de Concombre de carême, de Poliron d'Espagne, et sous celui de Sepl-en-toise , nom plaisant, mais exact, en ce qu'il peint la fécondité et la végétation res- serrée des pastissons. Quelques-uns sont si serrés que les fruits en demeurent défectueux ; d'autres s'alongent , prennent diverses figures et varient de grosseur. Dans leur état de perfection , ils sont comme de médiocres giraumons , de vingt-quatre à trente pouces de long, en massue, et peints de belles bandes d'un vert gai, sur un fond d'un jaune pâle, un peu verdàtre ; la pulpe est fort blanche, d'un grain fin, ^ et se conserve bien plus délicate qu'en aucun autre giraumon. I,a végétation des pastissons étant plus resserrée que celle des giraumons, les fruits sont plus exposés à mal nouer, si on ne les place pas à une bonne exposition : au reste, leur culture exige moins de peine, leur disposition dispensant de fixer leurs branches, et même de les tailler. Ces fruits se gardent communément tout l'hiver, et sont bons à manger jusqu'en Février et Mars : c'est en friture qu'ils réussissent le mieux, ce qui leur a fait donner le nom d'artichaut. Courge PASTt;QUE ou Courge laciniée : Cucurhita anguria , Duch. ; Cucurhita citruUus, Linn.; Anguria, Dodon., Pempt., 664 ; Rumph , Amb., 5, tab. 146, fig. 1 ; Citrullus officina- rum, Lob., ic. , 640; vulgairement le Melon d'eau. Cette espèce se distingue par ses feuilles très -profondément laci- uiées, placées dans une direction verticale, et d'une consis- tance ferme et cassante; par son fruit orbiculaire ou ovale, lisse, moucheté de taches étoilées; par sa chair souvent rou- geàtre ; par ses semences noires ou rouges, non blanchâtres. Le nom depastique est réservé aux variétés dont le fruit, plus ferme, ne se mange que confit ou fricassé, et l'on donne celui de melon d'eau aux variétés dont le fruit est très -fon- dant, que l'on mange cru comme le melon, qui se résout dans la ])ouche en eau d'un goût sucré , agréable et frès- rafraichissant. On cite encore plusieurs espèces de courges, jusqu'à présent cou 2iCo peu connues, telles que le Cucnrliia hbphla, Thunb., dont le fruit est oblong, les fleurs blanches, les feuilles velues, se rapprochant de la calebasse, ainsi que le Cucurlita idolatrica^ Willd. , originaire de la Guinée. Le Cucurbita siceraria, ob- servé au Chili par Molina : ses fruits sont globuleux , leur écorce ligneuse; les feuilles anguleuses, tomenteuses. Le Cucurbita mammeata , du même pays, à fruits sphériques mamelonnés; les feuilles découpées. Le Cucurhila aurantia et subverrucosa ne sont probablement que des variétés produites par la culture. Le Cucurlita umbellata de l'Inde a des feuilles rudes, en cœur, anguleuses, à cinq lobes denticulés ; les fleurs mâles réunies eu ombelle ; les femelles solitaires ; le fruit elliptique, tomenteux. (Poir.) COURGNE (Bot.) , nom du cornouiller en Languedoc. (L. D.) COURICACA. (Ornith.) BuflTon a décrit sous ce nom Toi- seau d'Amérique qui, dans Marcgrave , Hist. nat. du Brésil, p. 191 , est appelé curicaca. C'est le tantalus loculator de Lin- na?us et de Latham. M. Vieillot donne en françois le rom de couricaca aux trois espèces de tantales queALCuvier con- serve dans le genre Tantalus, et qui diffèrent surtout des autres, auxquelles est réservée la dénomination d'ibis, eu ce que leur bec est aussi large que la tête à sa base, un peu comprimé latéralement , échancré vers le bout , et sans cannelures. Les deux autres couricacas de M. Vieillot sont le couricaca jaunghill, tantalus leucocephalus , Gmel. et Lath. , et le couri- caca soleïkel , tantalus ibis, Linn. et Lath. ; laquelle espèce a été reconnue n'être pas le véritable ibis d'Egypte. On les décrira toutes trois sous le mot Tantale. ( Ch. D.) COURIKIL (Ornith.), nom sous lequel, d'après le P. Paulin, on désigne, au Malabar, une espèce d'hirondelle. (Ch. D.) COURIMARI DE LA GUIANE {Bot.)-. Courimarigulanensis, Aubl. Guian. supp., 28, tab. 384; Oulemari arborcitreifolia, efc. , Barr. , Fr. équin. , 84; Pi'éfont., Mais. rur. de Cayenne. Arbre de la Guiane , observé par Aublet dans les bois et les lieux humides, mais dont on ne peut assigner ni l'ordre naturel, ni la place dans le système sexuel de Linnœus , le nombre clés étamines et des styles n'ayant point été observé, et le fruit ne l'ayant été qu'imparfaitement. Cet arbre est très- 244 COU remarquable, d'après ce qu'en dit Aublet. Son fronc est porté sur des arcabas qui ont six ou sept pieds de hauteur, et quelquefois quinze pieds de large Aers le bas où ils se couchent dans la terre. Ces arcabas sont des côtes applatics qui, en se prolongeant et s'étendant, forment des triangles; ils ont environ sept ou huit pouces d'épaisseur. Le tronc est formé par la réunion de tous ces arcabas , du sommet desquels il s'élève. Ils sont écartés les uns des autres, et laissent entre eux un espace plus ou moins grand , suivant la direction qu'ils prennent et l'étendue qu'ils ont: c'est là où se retirent souvent les bêtes fauves. Cet arbre s'élève à la hauteur d'en- viron quatre-vingts pieds sur quatre de diamètre : son bois est blanc, tendre, léger; l'écorce épaisse, ridée, de couleur brune. Du sommet du tronc partent de grosses branches ra- meuses, dont les pousses annuelles sont l»ng-temps marquées par un bourrelet ridé qui se trouve à leur naissance. Les nouvelles pousses sont velues , roussâtres , et portent des feuilles alternes , ovales , vertes , entières , lisses en-dessus , velues et roussâtres en-dessous, avec des nervures saillantes, longues de cinq pouces sur trois de large , portées sur un pétiole canaliculé, long d'un pouce. De l'aisselle des feuilles sortent des fleurs disposées en grappes courtes, incomplètement connues. Le calice se di- vise en cinq découpures profondes, aiguës; la corolle com- posée de cinq pétales lancéolés, alternes avec les divisions du calice ; un ovaire supérieur. Le fruit , observé avant sa maturité, est sphérique , de la grosseur d'une prune, divisé intérieurement en cinq loges, contenant chacune une seule semence. Les naturels du pays tirent de l'écorce intérieure de cet arbre des feuillets minces dans lesquels ils envelop- pent le tabac pour fumer, ce qui leur tient lieu de pipe, et qu'ils nomment cigale, cigare ou chirome. Avec les arcabas, qu'ils amincissent, ils font des planches, des pagayes qui leur tiennent lieu de rames pour naviguer, des gouvernails et des pirogues. (PoiR.) COURINGIA. (Bot.) Hcister avoit désigné sous ce nom générique le Irassica orientalis et le brcissica campeslris , d'après des caractères qui ont paru insuffisans à Linnacus pour les séparer du Chou. Voyez ce mot. (J.) cou ^45 COURLAN. (Ornith.) Voyez Cou ruri. (Ch. D.) COURLERET {Ornith.) , nom vulgaire du courlis commun, numenius arcuatus , qu'on appelle aussi couiieru. (Ch. D.) COURLEROLES. (Entom.) On appelle ainsi dans quel- ques provinces les larves descourtillières et des hannetons, qu'on nomme aussi les mans , quelquefois celles des grosses tipules, et quelquefois aussi les lombrics blancs. (C. D.) COURLIRI. (Ornith.) Ce nom est celui que porte càCayenne l'oiseau représenté dans la 848." planche enlum. deBuffon, sous la dénomination de courlan. Gmelin et Latham l'ont placé parmi les hérons, auxquels il appartient, en effet, beaucoup plus qu'aux courlis par la taille , et dont il ne diffère que par une foible courbure à la pointe du bec. M. Vieillot, ayant remarqué que ses doigts étoient d'ailleurs entièrement séparés, tandis qu'ils sont réunis à la base dans les autres espèces du genre ^rdea, et que l'ongle intermédiaire, pectine chez celles-ci sur le bord interne, étoit dilaté, mais entier, chez le courliri, et chez le carau décrit par M. d'Azara sous le n.° 366 et qui offre également les autres particularités, en a fait un genre distinct sous le nom d'aramus. CouRURi COURLAN : Arumus scolopaceus , Vieill. ; Ardea sco- lopacea , Gmel. et Lath. 11 a deux pieds huit pouces de longueur. Le bec , long de quatre pouces , est de couleur de corne et bleuâtre à la pointe; le plumage, d'un beau brun, a des nuances verte^ et rougeàtrcs aux grandes pennes alaires et caudales, et chaque plume du cou porte un trait blanc, longitudinal, au centre. Les mœurs de cet oiseau sont celles des hérons, et M. Cuvier le place entre eux et les grues. CouRURi carau; Aramus carau, Vieill. Cette espèce, assez commune au Paraguay, a vingt-six pouces de longueur et quarante-quatre pouces de vol. Des vingt-cinq pennes de l'aile la troisième est la plus longue ; les douze pennes de la queue, presque égales, sontbien fourniesde barbes; lalangue, de substance élastique, est étroite et courte; le bec est jaune dans presque toute son étendue, mais la base et l'ex- trémité sont noirâtres ; l'iris est d'un brun roussàtre; le dessus de la tête, les épaules, les couvertures supérieures des ailes, le dessous et les côtés du corps , sont d'un brun noirâtre qui. sur le ventre et entre les jambes, est moucheté de blanc; des ^46 COU plumes courtes, brunes au cciilrc et blanches sur les bords, couvrent les côtés et le derrière du cou : le dos, les plumes ^iropygiales et les pennes alaires et caudales, sont d'un brun pourpré; les côtés de la tête , la gorge et le haut du cou, ont les plumes blanches et bordées de brun ; le bas du cou est entièrement de cette dernière couleur j la partie nue de la jambe et les tarses ont une teinte plombée et noirâtre. Cet oiseau a la démarche aisée et légère des hérons, et, comme eux, il vit solitaire ou par couples; mais, moins vif et moins prompt, il ne se cache pas, et, au lieu d"iniitcr ceux-ci en ne s'envolant qu'à la dernière extrémité et pour peu de temps, il part et s'élève spontanément en- l'air, oi!i il se maintient sans chercher a se rapprocher de la terre : ses ailes sont plus étendues , ses épaules plus larges , sa queue et son bec plus forts, son cou et ses jambes plus courts, ses doigts plus longs. 11 se perche au haut des arbres, et se nourrit, comme Its hérons, des produits des terrains argileux ; mais il n'entre pas dans l'eau pour y chercher sa nourriture , ne mangeant ni poissons ni scrpens. Lorsque quelque bruit le frappe, il prononce , de jour et même de nuit, d'une voix perçante, le mot carau , qui s'entend d'une demi -lieue. On a assure à M. d'Azara que cet oiseau cachoit soigneusement , dans des lieux remplis d'eaux stagnantes , un nid où la femelle, en tout semblable au mâle, déposoit deux œufs, et que les petits sui\ oient la femelle aussitôt après leur naissance. (Ch. D.) COURLIS. [Ornith.) Les Grecs désignoient les oiseaiix de ce genre par les mots clorios et noumenios , et les anciens na- turalistes, par ceux de numenius , arquata , falcinellus. Linnœus les a placés dans la famille des bécasses ; mais, à l'exemple de Brisson , Latham et les naturalistes modernes les en ont extraits, en adoptant pour terme générique le mot numenius, dérivé de néoménie, nouvelle lune , à cause de leur bec en forme de croissant. Les courlis se distinguent des tantales et des ibis proprement dits, en ce que les premiers ont un bec de cicogne, à dos arrondi et courbé seulement à la pointe; que les seconds l'ont arqué dans la moitié de son étendue, moins fort et presque carré à sa base , avec une partie de la tête ou du cou dénué« de plumes ; tandis que. avec une cou 1^47 rourbiire semblable , les courlis ont le bec rond dans toute sa longueur, bien plus grêle, et la tête, ainsi que le cou , en- tièrement garnis de plumes. En considérant isolément leurs autres caractères génériques, on observe chez les courlis des narines latérales linéaires , placées dans une cannelure plus ou moins prolongée , mais qui ne s'étend pas jusqu'à l'extré- mité du bec, dont la mandibule supérieure, foiblement ob- tuse , dépasse un peu l'inférieure ; une langue courte et triangulaire; des pieds grêles, nus au-dessus du genou-, les trois doigts antérieurs réunis par une membrane qui ne dé- passe pas la première articulation du côté intérieur , mais s'étend un peu davantage du côté extérieur ; le pouce, dont Fattache est plus élevée , ne touche à terre que par le bout. M. Cuvier sépare des vrais courlis les corlieux , phœopus, et les falcinelles, falcinellus, dont il forme deux sous-genres, caractérisés, le premier par la dépression du bec \ers le bout et une plus grande extension du sillon des narines, le second par l'absence du pouce. Peut-être les considérations relatives au premier de ces oiseaux sont-elles un peu légères, puisque les mœurs du corlieu ne diffèrent point d'ailleurs de celles des autres courlis; mais le défaut de pouce, pour le second, est d'une autre importance, si l'on y ajoute encore celui de membranes entre les doigts antérieurs , et si l'on considère, de plus, que les falcinelles sont sujettes à une double mue, tandis que les courlis n'en éprouvent qu'une seule dans l'an- née. On pense donc que, s'il y a lieu à une association, ce devroit être plutôt avec les sanderlings, dont les falcinelles ne diffèrent que par la courbure du bec. (Voyez, au surplus, le mot Falci.nelle. ) Les courlis vivent sur les bo)#s de la mer et des fleuves, dans les marais, les prairies, et s'avancent souvent dans l'in- térieur des terres; ils se nourrissent devers, d'insectes, de limaçons et de petits coquillages. Leur démarche est grave et mesurée; ils ne se perchent point; leur vol est soutenu et très-élevé: ils émigrent en grandes troupes, mais ils vivent isolés pendant le temps de la reproduction. Us nichent sur le sable ou dans les herbes, et leurs petits quittent le nid dès leur naissance pour chercher eux-mêmes leur nourriture. Les femelles de ces oiseaux se distinguent difficilement des mâles. 248 COU On ne trouve que deux espèces de courlis en Europe ; mais il y en a un plus grand nombre en Asie , en Afrique et dans le Nouveau -Continent. CoUELis COMMUN: Numcnius arcuatits, Lath. ; Scolopax ar- quala , Linn. Cet oiseau, figuré dans les planches enluminées de Buflon , n.** 818 , et dans les Ornithologies angloises de Lewin, tom. 6 , et de Graves, tom. a , est de la grosseur d'un chapon , et long de deux pieds et plus. Son bec a prcs de six pouces , et sa queue n'en a pas cinq ; il a trois pieds quatre pouces de vol. Son plumage ne présente que du gris, du brun et du blanc. La seconde de ces couleurs s'étend lon- gitudinalement au centre des plumes, dont le reste est gris sur la tête, le cou , la gorge, le dos, les scapulaires, et blan- châtre sur la poitrine , le haut du ventre et les couvertures des ailes, qui ont les pennes d'un brun noirâtre, avec des taches blanches aux barbes intérieures ; le croupion , le bas du ventre , les cuisses et l'anus sont blancs .; la queue est d'un cendré blanchâtre avec des raies brunes disposées transversalement. La mandibule supérieure et l'extrémité de l'inférieure sont d'un brun noirâtre; la première partie de cette dernière est de couleur de chair ; les pieds sont d'un cendré foncé. Suivant M. Tcmminck, la femelle n'a pas sur la bordure des plumes dorsales et des scapulaires la teinte Tousse qu'on observe aux mâles, et les jeunes de l'année ont le bec presque droit et d'un tiers moins long qiie celui des vieux, qui se courbe en grandissant. Cette espèce, qu'on trouve dans le nord de l'Europe , jusqu'en Sibérie, et dans le sud, en Italie, en Grèce, se rencontre aussi en Egypte et dans d'autres contrées de l'Afrique et de l'Asie ; elle vit sur le bord de la mer, des rivières et des lacs couverts de limon , dans les prairies , les champs et les lieux sablonneux près des eaux ; elle s'arrête peu dans les champs , qu'elle traverse en troupes : on la voit aussi dans les dunes et les bruyères, 011 elle niche; les lieux où elle est le plus nom- breuse , sont ceux qu'arrose la Loire. Elle pond quatre ou cinq œufs d'un fond olivâtre, avec des taches arrondies, d'un brun rougeâtre , qui forment une sorte de couronne vers le gros bout. On en voit la figure dans la 55." planche de Le^vin, n.° j. La chair de ce courlis, autrefois estimée . cou 249 ne l'est plus aujourd'hui , quoiqu'elle ait un fumet tel que les meilleurs chiens couchans l'arrêtent comme la perdrix. On rencontre quelquefois des courlis blancs ; mais c'est par reffet d'une dégénération accidentelle, et pareille à celle qui cause la blancheur de certaines bécasses et de quelques merles et moineaux. Courlis CORUEU : Nifmenius phœopus , Lath. ; Scolopax phœo- ■pus, Gmel. , planche enluminée de Buffon, n." 8/12, et de Levvin, n.° i55. Le corlieu , dont la grosseur est de moitié moindre que celle du courlis commun, lui ressemble beau- coup par le plumage. 11 n'a que quinze à seize pouces de longueur, et deux pieds cinq à six pouces de vol. La partie supérieure de sa tête offre, depuis le front jusqu'à l'occiput, deux larges bandes brunes, séparées au milieu par une plus étroite , variée de gris et de blanc , et deux autres de la même couleur entre elles et l'œil; la gorge est blanche ; le cou et la poitrine sont couverts de plumes d'un gris blanc sur les bords , et brunes au centre ; celles de la partie supérieure du dos et les scapulaires sont d'un brun plus foncé au milieu, et légèrement bordées de gris; les pennes alaires sont noirâ- tres, à l'exception de quelques taches blanches aux barbes intérieures; la partie inférieure du dos, le ventre, les cuisses, les plumes anales sont blancs ; les pennes caudales sont rayées transversalement de brun sur un fond gris; le bec est noirâtre , à l'exception de la première moitié de la mandibule infé- rieure , qui tire sur la couleur de chair: l'iris est brun , et les pieds sont plombés. M. Temminck a fait sur le bec de cette espèce la même observation que sur celui du courlis commun , en remarquant que, presque droit et à peine long d'un pouce et demi chez les jeunes, il acquiert le double d'étendue et se courbe avec l'âge. Suivant le même auteur, le numenius hud- sonicus , Lath. , ou premier courlis de la baie d'Hudson, Sonn. , ne diffère pas du corlieu ; mais il en est autrement du numenius lorealis du même auteur, dont Yeskimaux curlew, décrit tome 5 , part. 1."^ du Synopsis , p. i25 , est le syno- nyme. AVillughby avoit déjà observé que Gesner faisoit un double emploi en plaçant deux fois le petit courlis parmi les poules d'eau, sous la dénomination de phœopus et de gallinula; et 25o COU ce dernier s'est encore trompé en lui appliquant les noms de TVinà-Vogrl et de TVeHer-Vogd, qui appartiennent au cour- lis commun. Suivant Buffon, l'oiseau représenté par Edwards, pi. 556 de SCS Glanurcs , sous le nom de petit ihis, n'est aussi qu'un corlieu dessiné dans un état de mue. Cette «spèce qui, aux mois d'Avril et de Mai, passe régu- lièrement en troupes nombreuses le long des côtes pour se diriger vers le nord, est fort rare en France et en Allemagne: mais elle est plus commune en Hollande et en Angleterre, où Lewin ne doute pas qu'il nen reste plusieurs paires, quoi- qu'en général ces oiseaux paroissent nicher dans les ré- gions du cercle arctique et en Asie. Ses œufs , que le même naturaliste a figurés pi. 35 , n.° 2 , sont de la couleur de ceux du courlis commun , mais plus petits. Les habitudes et le genre de vie sont aussi les mêmes pour les deux espèces, qui mangent des vers et des insectes, et qui fréquentent les mêmes lieux , sans toutefois se mêler ensemble. M. Vieillot fait mention d'un autre courlis, qui ne seroit pas étranger à l'Europe, puisqu'il auroit été compris par M. Rafinesque-Schmaltz dans ses Oiseaux de la Sicile, sous le nom d' addarana , comme ayant tout le plumage, ainsi que le bec et les pieds, noirs : mais une description plus détaillée seroit nécessaire pour s'assurer du genre et de l'espèce de cet oiseau , et reconnoître si ce ne seroit pas plutôt un ibis, et particulièrement Vibis vert ou ibis d'Italie, qui , sous cer- tains aspects, paroît noir. Courlis de Madagascar : Scolopar. madasjflscariensis , Linn. ; ISumenius madagascariensis , Lath. ; pi. enlum. de Buffon, n." 198. Cet oiseau, que Buffon regarde comme étant de la même espèce que le courlis commun , a , en effet, de très- grands rapports avec lui : sa taille est la même ; son bec est seulement un peu plus long, et ses pieds sont d'un brun Tougeàtre et plus foncé que dans l'autre; mais le plumage n'offre que quelques différences dans la distribution des cou- leurs, en général brunes, grises, blanches ou roussàtres. Outre les taches brunes , presque partout longitudinales chez le premier, il existe chez le second des raies transversales sur les scapulaires , sur la poitrine et sur les couvertures in- férieures de la queue, lesquelles sont roussàtres, comme sur cou =51 teurs pennes, qui sont grises. La gorge est blanche et les ongles noirâtres. Courlis a bec grêle , Numenius tenuirostris. L'oiseau que M. Vieillot a ainsi nommé, et qui se trouve en Egypte, est probablement le même qu'on voit au Muséum sous la déno- mination de courlis d'Egjpte. Sa taille est celle du courlis corlieu , dont il diffère pur la largeur des mouchetures brunes et en forme de larmes qu'il a sur le ventre; sa queue est transversalement rayée de blanc et de brun, et les plumes du sommet de la tête et du dos , brunes au centre , sont bor- dées de roussâtrc. Latham et Gmelin ont donné les noms de numenius africa- nus et de scolopax afiicana à un plus petit oiseau , qu'on trouve au cap de Bonne- Espérance et au Sénégal, et dont la longueur totale n'excède pas neuf pouces. Le sommet de la tête, le devant du cou et la poitrine sont d'un gris clair, avec des ondes d'un gris plus sombre ; le ventre et les plumes anales sont blancs ; le dessus du corps et les couvertures des aiies d'un gris foncé ; les pennes alaires noirâtres, celles delà queue grises et bordées de blanc. Le bec, long de dix-huit lignes, légèrement arqué, est de couleur noire, ainsi que les pieds et les ongles. ^ M. Temminck cite cet oiseau parmi les synonymes de son Iringa suharquata ou bécasseau cocorli dans son plumage d'hiver. Courlis a tête blanche: Numenius leucocephaîus , Lath.; Scolopax leucocephala , Gniel. Cet oiseau du cap de Bonne- Espérance, dont Latham a donné la figure pi. 80 de son Sy- nopsis, t. 3, pag. 120, est de la taille du courlis commun, dont il a aussi le port. La tète et une partie du cou sont blancs; les pennes des ailes sont noires, et le reste du plu- mage est d'un bleu très- foncé; son bec est rouge. Sonnini , dans son édition de Buffon, tom. 58 , pag. 242, regarde cet oiseau comme identique avec le hagedash ou hadelde du même pays, qui est décrit par Sparrman, t. i.^*" de son Voyage au Cap , p. 001 et 3o2 delà traduction françoise, édit. in-4.° ; mais il ne paroît pas avoir assez fait attention à la longueur de la queue, que ce naturaliste annonce être double de celle du bec, tandis qu'elle est, chez l'oiseau dont il s'agit , aussi courte que la queue du courlis ordinaire. Le hagedash paroit d'ailleurs appartenir plutôt au genre Ibis. 252 cou Courlis a calotte noire. M. Vieillot a substitué cette dénomination, exprimée en latin par Nuwenius atricapillus , a celle de numenius luzoniensis , Lath. , et de scolopax luzo- niensis , Gmel. , par lesquelles on avoit désigné le courlis tacheté de l'île de Luçon, dont il est fait mention page 85 du Voyage de Sonnerat à la Nouvelle- Guinée, et qui est figuré pi. 48 du même ouvrage. Cette espèce, d'un tiers plus petite que le corlieu , avec lequel elle paroît avoir plus d'analogie qu'avec le courlis commun, est décrite par l'auteur comme ayant le vertex noir; les autres parties de la tête, le cou et la poitrine blancs, avec des raies longitudinales noires et très-étroites ; le ventre coupé par des bandes et des hachures transversales , plus larges et également noires sur le même fond ; le dos et les couvertures des ailes de couleur de terre d'ombre , avec quatre ou six taches blanches sur le bord de chaque plume; les grandes pennes alaires noires, et la queue d'un gris vineux , avec des bandes transversales noires. Courlis roussatre. M. Vieillot fait une espèce particulière de ce courlis du nord de l'Amérique , qu'il nomme numenius melanopus, et que Gmelin et Latham ont considéré, peut-être un peu légèrem.ent , comme une simple variété du scolopax arquata ou numenius arcuatus. H paroît , ^n effet, malgré sa taille, plus rapprochée de celle du courlis commun, appar- tenir davantage au corlieu , les deux sillons de sa mandibule supérieure s'éf endant presque j usqu'à la pointe , et le bec étant proportionnellement plus long qu'au premier. Le sommet de la tête est aussi plus noir, comme au corlieu ; et le fond du ' plumage est différent de celui des deux autres, puisque la teinte dominante est le roux , qu'on remarque surtout au ventre et à l'anus, parties qui sont blanches chez ceux-ci. Cet oiseau est vraisemblablement le même que celui qui est étiqueté au Muséum de Paris courlis roux, quoique ce der- nier paroisse d'une taille plus forte. Les pieds sont d'un brun très-foncé, et c'est par les seuls mots, pedibus nigris , que Gmelin a désigné ce courlis, auquel ne s'appliquent point spécialement des détails qu'il donne sur l'habitation , la nour- riture et la ponte du courlis commun. Courus boréal; Numenius horealis, Lath. Sonnini , édit. deBufïon, t. 58, p. 278, a décrit, sous le nom de second cou 255 eourlis de la baie d'Hudson , cet oiseau , que Gmelin a con- fondu avec le premier courlis de la même baie sous le nom de scolopax borealis, et qui est d'une taille trois fois moindre que celle du courlis commun, avec lequel, d'ailleurs, il a plusieurs traits de ressemblance. Son bec est proportionné- ment plus petit ; ses pieds sont d'un noir bleuâtre ; la tête est blanchâtre , avec des lignes brunes ; les parties inférieures sont d'un blanc jaunâtre , et il y a sur ce fond des lignes brunes et étroites au cou et à la poitrine ; le centre des plumes dorsales est d'un brun foncé, et leur bordure d'un gris blanc ; les pennes alaires sont brunes, et la queue rayée de blanc sale. Cet oiseau , qui habite les terrains inondés et les prairies humides de la baie d'Hudson, s'y nourrit de vers et d'insectes. Courlis gouarona, Buff. ; Numenius guarauna, Lath. ; Sco- lopax guarauna , Linn. ; JSumenius' americaniis fuscus , Briss. Cet oiseau , long d'environ deux pieds , et qui se trouve au Brésil et à la Guiane , a la tête , le cou et la gorge cou- verts de plumes brunes au centre et blanchâtres sur les côtés; le dos , la poitrine , le ventre et le haut des jambes d'un brun marron ; les scapulaires , le croupion, les couvertures des ailes et de la queue, d'un brun à reflets verts, ainsi que les pennes alaires et caudales extérieurement ; le bec jaunâ- tre à sa base et brun vers l'extrémité ; les pieds d'un gris brun , et les ongles noirâtres. Courlis chichi , Numenius chichi. Le nom de cet oiseau vient du cri qu'il prononce d'une voix rauque , en volant à une très-grande hauteur après le coucher du «oleil, M. d'Azara, qui le décrit sous le n.° 364 , l'a toujours vu en troupes de vingt à soixante dans les terrains argileux du Para- guay et dans les plaines de Buenos-Ayres. Les Guaranis l'ap- pellent caruaj ; mais la ressemblance de ce nom avec celui de carau , qu'ils donnent à un courliri , a empêché l'auteur espagnol de l'adopter, et l'a déterminé à nommer l'oiseau dont il s'agit curucau (courlis) à cou varié. Cette espèce , longue de dix-huit pouces et demi, a le dessus du corps , des ailes et de la queue noirâtre, avec des reflets violets et verts; les plumes de la tête et du cou, cotonneuses et très-serrées, ont îine bordure blanche sur un fond bleu foncé; le dessous et les ^54 COU côtés du corps sont d'un violet noirâtre; les pieds sont bruns et lisses, et le bec est de couleur de plomb. Le courlis chichi, que M. d'Azara a trouvé dans le même payS que le guarauna de ]\Iarcgrave, a beaucoup de ressemblance avec ce dernier oiseau , et il est probable que c'est la même espèce , comme M. d'Azara le pense lui-même. Latham , dans le Supplément de son Index ornitliologicus , a ajouté aux espèces américaines du genre Courlis un oiseau nommé par les Indiens de la Floride ephouskica, ce qui signifie oiseau criard , et il Ta appelé numenius vocifcrus. Bartram , qui le premier Fa décrit dans son Voyage dans les parties sud de l'Amérique septentrionale, tome i.", p. 2G1 et suiv. de la traduction françoise , le désignoit sous le nom de lan- lalus pictus , en avouant son incertitude sur le genre auquel il appartenoit réellement. Ce seroit , en effet , d'après la forme de son bec , un ibis plutôt qu'un courlis , quoique Fauteur ne fasse aucune mention de parties nues à la face : mais la vraie place de Fephouskica ne pourra être assignée avant qu'on ait été à portée de l'examiner en nature. On se contentera donc, en observant qu'il habite les terres basses et marécageuses qui bordent la rivière des Mosquites et les lacs de la Floride et de la Géorgie, de rapporter ici le texte même du traducteur de Bartram. « Cet oiseau est à peu près de la grosseur d'une poule domestique. Tout son corps, tant en-dessus qu'en - dessous , est d'une couleur plombée; mais chaque plume est bordée de blanc, ce qui, vu de près, fait paroître l'oiseau moucheté. Son œil est grand et placé fort haut ^ur la t^te, qui est très- proéminente. Le bec a cinq ou six pouces de long ; il est courbé à peu près dans la forme que présente un arc bandé. Près de sa base, il est gros ou épais, comprimé sur les côtés, et aplati par-dessus et par -dessous , ce qui forme un carré d'environ un pouce , sur lequel sont placées les narines. Depuis là les deux mâchoires sont rondes; elles diminvient par degrés Jusqu'auprès de leur extrémité, où , dans la longueur d'environ un demi-pouce, elles de- viennent plus épaisses qu'elles ne sont immédiatement au- dessus, ce qui fait qu'elles ne sont jamais absolument fermées dans toute leur longueur. La mâchoire supérieure est un peu plus longue que l'inférieure. Le bec est d'un vert foncé, cou tiSS plus clair et un peu jaunâtre vers la base et aux angles de son ouverture. La queue est courte : la plume du milieu en est la plus longue; les autres vont des deux côtés en dimi- nuant , et sont de la même couleur que le reste de l'oiseau , seulement un peu plus ioncées; les deux extérieures, les plus courtes, sont parfaitement blanches. L'animal a la faculté de les faire jouer de chaque côté aussi vite que l'éclair , ce qu'il fait surtout lorsqu'il est inquiet ;' il jette en même temps un cri haut et aigu. Son cou est long et mince, et ses jambes, longues aussi, sont dépourvues de plumes jusqu'au-dessus du gc»;ou ; elles sont noires ou fortement plombées. ^^ Courlis tevrea : Numenhis tahitiensis , Lath. ; Scolopax talii- tisnsis , (îmel. Tevrea est le nom que porte à Otaiti cette espèce de courlis, qui a vingt pouces de longueur, et dont la taille approche de celle du courlis commun. Le sommet de la tête est brun, et le surplus, ainsi que le cou, d'un blanc rougeàtre, parsemé de beaucoup de traits sombres et longi- tudinaux ; le dos et les couvertures supérieures des ailes sont bruns et frangés de roussàtre ; les parties inférieures du corps sont d'un brun teint de roux ; les pennes alaires sont noirâtres, et celles de la queue d'un jaune sale, avec des taches irrégulières noirâtres sur la première partie, et àes bandes de la même couleur sur l'autre; le bec, rouge à la base , est brun dans le reste ; les pieds sont bleuâtres , et les ongles noirs. M. Vieillot donne le nom spécifique de courlis à pieds bleus, numenius cjanopus , à un oiseau delà Nouvelle-Hollande que Latham paroit regarder comme une simple variété du courlis ordinaire, niais qui, suivant le premier de ces natu- ralistes, a un bec beaucoup plus long, et dont le plumage est d'un ferrugineux sale , inclinant au brun. On a aussi appliqué le nom de courlis à des oiseaux qui n'appartiennent pas à ce genre. Tels sont le courlis de terre, synonyme d'œdicnème ; le grand courlis d'Amérique, qui est le couricaca. Beaucoup d'autres, qui étoient considéréscomme des courlis avant la division du genre Tanfalus , sont aussi maintenant des ibis, et dans ce nombre se trouvent le courlis d'Italie, le courlis marron, le courlis vert, le petit courlis des lois deCajenne, le petit courlis d'Amérique , le courlis tarie du 256 cou Mexique, le courlis Irillanl, le courlis hrun , le courlis du Brésil, le courlis espagnol, le courlis de Surinam. (Ch. D.) COURLY. lOrnith.) Voyez Courlis. (Ch. D.) COURMI, CURMI(Bo^), nom grec employé parDiosco- ride pour désigner une boisson fermcntée , faite aACc Forge, qui ne peut être que la bière. 11 croit qu'elle agace les nerfs, affecte la tète et produit un mauvais chyle. (J.) COURMOTTE. (Bot.-) Voyez Coulmotte. (Lem.) COURNAC. {Ornith.) On nomme ainsi, dans le bas Mont- ferrât, la corneille-freux, corvusfrugilegus. Linn. (Ch. D.) • COURNAJA. {Ornitli.) Ce mot, qui s'écrit aussi cournajas, désigne en Piémont la corneille mantelée , corv'us cornix, et quelquefois aussi le freux. (Ch. D.) COURNE. {Bot.) On donne ce nom , dans quelques dépar- temens du midi, à une espèce de courge. (L. D.) COURNEBIOOU {Bot.), nom languedocien de deux vesces, ricia lutea et liybrida, selon M. Gouan. (J.) COURNI AOU {Bol. ) , nom languedocien , selon M. Gouan , de la variété d'olivier à fruit alongé qu'il nomme olea euro- pœa craniomorpha. (J.) COUROL {Ornith.), nom donné par M. Levaillant à des oiseaux qui tiennent du coucou et du rollier , et qui forment une section du genre Coucou. Voyez ce mot. (Ch. D.) COURONDI. (Boi.) L'arbre du Malabar décrit et figuré sous ce nom par Rheede , vol. 4, p. io5, t. 5o, nommé courdi par les Brames, et asotas par les Portugais, n'a point été rapporté jusqu'à présent à un genre connu. 11 est élevé; ses feuilles sont opposées, ovales-lancéolées, lisses, laissant échapper de leur aisselle des pédoncules chargés de plusieurs fleurs, rarement d'une seule. Ces Heurs, petites, composées de cinq pétales réunis, renferment des étamines nombreuses. L'ovaire , qui occupe le centre , devient un fruit ou brou sphérique , charnu, épais et mou, de couleur safranée à l'intérieur , au milieu duquel est une amande recouverte d'une pellicule rousse. Cette description de Rheede ne peut s'appliquer à aucun genre connu. Le port exprimé dans la gravure rapprocheroit ce végétal du tontelea , dans la famille des hippocraticées , dont le nombre indéfini des étamines l'éloigné. Il diffère des myrtées par son ovaire libre, des cou 267 symplocées par le même caractère , ainsi que par les feuilles opposées. Cette disposition des feuilles l'ccarte des tiliacées. 11 auroit plus d'aflinité avec les guttiferes, et surtout avec le rheedia , qui offre la même disposition des parties, mais dont les pétales ne sont qu'au nombre de quatre et le fruit rem- pli de trois amandes. I/inspectiou de la plante, et surtout la connoissance d'autres caractères omis dans la description , détermineront avec plus de précision sa place dans l'ordre naturel. (J.) COURONNANT, Coronans. (Bot.) On nomme bractées couronnantes celles qui , comme dans la fritillaire impé- riale, surmontent les fleurs : on nomme feuilles couronnantes celles qui , comme dans les palmiers , le sempervivum arho- reum, etc., sont ramassées ou étalées en rose au bout de la tige ou des rameaux : on nomme nectaire couronnant celui qui , comme dans les ombellifères , surmonte l'ovaire. (Mass.) COURONNE. (Bot.) Quand une calathide de synanthérée est composée de fleurs qui diffèrent essentiellement par la corolle , nous nommons disque l'assemblage des fleurs à co- rolles masculines, c'est-à-dire, des fleurs hermaphrodites ou mâles qui occupent le milieu de la calathide; et couronne, l'assemblage des fleurs à corolles non masculines, c'est-à- dire, des fleurs femelles ou neutres qui occupent la bor- dure. Ainsi la calathide est incouronnée , toutes les fois qu'elle ne contient que des corolles masculines , quand même les extérieures seroient plus longues que les intérieures : auquel cas la calathide est radiatiforme. Au contraire, elle est couronnée dès qu'elle contient des corolles masculines sur son milieu et des corolles non masculines sur sa bordure, quand même elles seroient toutes également longues. La couronne est radiante ou inradiante , selon que ses fleurs dépassent ou ne dépassent point en longueur les fleurs du disque : au premier cas la calathide est radiée ; au second cas elle est discoïde. Enfin, elle est discoïde-radiée , si la couronne est double, l'extérieure radiante, et l'intérieure inradiante. (Voyez l'article Composées.) On emploie aussi le mot couronne pour désigner l'appendice qui , dans quelques plantes, surmonte la gorge de la corolle (silène) ou du périanthe simple (narcisse). (H. Cass.) 11. 17 ^ss cou COURONNE. (Fauconnerie.) On appelle ainsi le duvet qui entoure la base du bec d'un oiseau de proie. (Ch. D.) COURONNE DE TERRE [Bot,), nom vulgaire du lirrre terrestre, glecoma hedcracea, Linu. (L. D.) COURONNE D'ETHIOPIE [Conchjl.) , nom marchand de la volute d'Ethiopie. (DeB.) COURONNE- DES -1-REHES (Bot.), nom vulgaire du cirsium eriophorum , Scop. (H. Cass.) COURONNE IMPERIALE (Bot.) , nom vulgaire de la fritiliaire impériale. On doiine le même nom à une courge. (L. D.) COURONNE IMPERIALE (CunchjL), nom nîarchand du cône impérial. (De li.) COURONNE PAPALE {ConchjL), uoài marchand de la mitre papale, voluta milru , Linn. (De B. ) COURONNE ROYALE [Bot.), nom vulgaire du mélilot officinaL (L. D.) COURONNÉ. (Bot.) On dit qu'un fruit est couronné, lorsque , faisant corps avec le calice , il conserve à son sommet une partie du limbe de ce dernier (groseillier, coriandre, pomme, poire'. Un épi est dit couronné, lors- qu'il est terminé par des feuilles ou de grandes bractées (ananas, sal^ia iLorniinum, lavandula stachas). (Mass.) COUROUALY, BALYRY. (Bot.) Selon Nicoîson, ces noms caraïbes sont ceux d'un balisier .- il indique ensuite comme synonyme la canne congo , qui, à Cayenne , est un costus , suivant Aublet, et Vulpinia racemosa de Plumier, conservé par Linnaeus. Dès-lors on ne peut déterminer auquel des trois genres ces deux noii'S doivent être rapportés. (J.) COUPvOUCOAl. {Ornith.) Le mot cun/ciii , nom générique que Ton a donné dans le Brésil aux couroucous, d'après leur voix, doit se prononcer ainsi, ou couroucoui. (Ch. D.) COUROUCOU. {Ornith.) Ces oiseaux, qui portent au Brésil le nom de curucui , ont reçu , dans le latin moderne," celui de trogun , qui leur a d'abord été imposé par Moerhing , à la suite de ses Lenera a^iuui , n. ii^. p. i85. Leurs carac- tères sont d'avoir la tête grosse, le bec court, plus large que, haut à la base , qui est garnie de quelques poils roides ; la mandibule supérieure arquée dès son origine, mousse à la cou -^Si.) pDÎnte et dentelée sur les tranches chez les individus parvenus à l'âge adulte; les narines orbiculaires , placées près du front et ordinairement recouvertes par des soies; l'ouverture de la bouche fort large ; la langue courte, triangulaire et collée au fond de la bouche ; les tarses foibles , emphimés en partie ou en totalité, moins longs que le plus grand des doigts, qui sont placés deux à deux , et dont les extérieurs de chaque côté excèdent les intéireurs ; ceux de devant réunis à leur base , et l'externe des deux de derrière versatile ; les onoles peu courbés et aigus; les ailes médiocres, et dont les troisième et quatrième pennes sont en général les plus longues; la queue large et composée de douze rectriccs. Les couroucous sont bien plus petits de corps qu'ils ne le paroissent à cause de la quantité et de la longueur des plumes qui leurcouvrent le sternum et le croupion, et dont les barbes sont douces et décomposées. Leur peau , fine et mince , se dé- chire aisément, et leurs plumes sont si légèrement implantées dans les chairs qu'un froissement sui'Ktpour les faire tomber. La tige de chacune de ces plumes est large et terminée en une pointe déliée. M. Levaillant a observé qu'on sentoit ces pointes comme autant d'épingles lorsqu'on passoit la main à rebours sur le dos de l'oiseau, effet qu'on remarque également chez les échenilleurs. llusieurs des plumes des couroucous ont un éclat métallique et des teintes éclatantes ; mais la brièveté de leur cou et de leurs pieds , leur corps ramassé , leur air stupide, leur port dénué de grâces , ôtent tout le charme que leur procurcroit la beauté de leur plumage, si elle étoit accom- pagnée de formes plus sveltes et plus élégantes. Il résulte en- core d'une observation faite parîNL Levaillant, que ces oiseaux ont, au bas de la nuque, un espace nu qu'on n'aperçoit qu'en soulevant les plumes environnantes ou en alongeant le cou. Ces oiseaux aiment la solitude et se tiennent ordinairement dans les endroits les plus soînbres des grands bois , vers le milieu ou sur les branches basses des arbres, où ils restent silencier.sement pendant une grande partie du jour , guet- tant les insectes et les saisissant adroitement à leur passage. Quoiqu'ils ne soient pas farouches et se laissent facilement approcher lorsqu'ils sont à découvert, on a, en général, de la peine à le» tij>ercevoir . car cl- n'est que de grand 26o cou matin et le soir qu'ils se mettent en mouvement; et, comme ils restent blottis et sans se remuer aux autres heures de la journée , on les prend pour des paquets de feuilles ou pour des branches mortes. M. Levaillant. qui n'a trouvé dans l'es- tomac de ceux qu'il a ttiés que des élytres, des pattes d'arai- gnées, de sauterelles, déniantes, decigales, et des peaux de chenilles, les croit purement entouiophages ; d'autres auteurs prétendent néanmoins qu'ils mangent aussi des baies et les avalent tout entières. Les couroucous ne voyagent pas; ils se tiennent seuls ou par paires , et on ne les voit jamais ni en familles ni en troupes. Presque toujours silencieux^ hors le temps des amours, le mâle et la femelle jettent à cette époque des cris sonores et mélancoliques , prononcés d'une voix forte et d'un ton plaintif, que Sonnini compare aux gémisseniens d'un enfant abandonné. Leur vol, court et bas, s'exécute par des ondu- lations verticales et prouiptes. Ils font deux nichées par an dans des trous d'arbres vermoulus , qu'ils agrandissent , au besoin , avec le bec. Suivant M. d'Azara , l'emploi de ces trous ne seroit pas général, et le surucua, qu'il a observé au Paraguay, feroit une sorte d'exception. Ce naturaliste pré- tend que les oiseaux de cette espèce se servent à cet effet des nids que les tez-mès, appelés au Paraguay cupif, adaptent aux arbres, où ils forment des protubérances de plus de deux pieds de diamètre. Il a vu un mâle qui, se tenant ac- croché comme les pics, creusoit avec le bec un de ces nids par le bas, tandis que la femelle restoit tranquille sur un arbre voisin , paroissant Pencourager ; mais il est évident que cet auteur, si exact dans la plupart de ses remarques, s'est ici trompé sur l'intention de l'oiseau , qui ne pouvoit songer à établir son nid dans ces galeries à compartimens , où il n'auroit pas trouvé de logement propice , et qui, en les per- çant par-dessous , n'avoit d'autre but que de faire sortir les termes de leur réduit, afin de les dévorer plus à son aise. La ponte de la femelle est de deux à quatre œufs. Les petits, tout-à-fait nus au moment de leur naissance, se couvrent ensuite d'un duvet, et lorsqu'ils n'ont plus besoin de leurs parcns et sont en état de se suffire à eux-mêmes, ils se dispersent, ])oussés par l'instinct ([ui les porte à la solitude. cou 2G1 Merrem a publié, dans le second Fascicule de ses Oiseaux •rares, Leipsick, 1806 , une monographie des couroucous, com- posée de six espèces , savoir: 1.° frogon hœnwrihoidalis (queue très-longue) , auquel il donnoit pour synonymes le courou- cou gris à longue queue de Cayenpe , pi. enlum. de Buffon, n." 737, et les deux autres individus mentionnés page 288 du 6/ vol. de l'Histoire naturelle , édit. in-4.° ; 'j." lros.on ciirucui ( queue longue , les huit rectrices intermédiaires égales) , le même que le couroucou vert du Brésil de Brisson, à l'exception de quelques-uns de ses synonymes, et le cou- roucou à ventre rouge de Cayenne, Buff. , pi. enlum. 462 , autrement nommé caleçon rouge et dame angloisc, en indi- quant, avec le signe du doute , le tzinitzcan de Fernandez, et Vavis donné par MarcgraA e , Bist. Brasih , p. 21g, comme de l'espèce du couroucou; 3." trogon strigilatus {queue longue ^ les six rectrices intermédiaires égales , et les trois extérieures de chaque côté plus courtes), le même que le couroucou cendré de Cayenne , Briss. , et le couroucou de la Guiane, Buff. , pl.'enl. , n.° 760 ; 4." trogon fcrritginetis (ailes courtes, pieds ù demi empluracs), ou couroucou de Ceilan, Briss., et cou- roucou à qireue rousse de Cayenne, Buff., pi. enlum. 706; 5.° Irogonflammeiis (ailes courtes , pieds totalement emplumés) , auquel est rapporté le psittacus flammeus du P. FeuiUée, Observ. p. 20 ; 6." trogon viridis (queue longue , les six rectrices inter- médiaires égales, et les trois de chaque côté beaucoup plus courtes), en citant le trogon viridis , I,inn., et donnant pour synonymes du mâle, l'oiseau décrit comme un lanius par Kôl- reuter, JVov. Comment. Petrop., vol. XI, p. .'\'3G , tab. 16 , fig. 8 , le couroucou vert de Cayenne , Briss. , et les couroucous à ventre jaune et à chaperon violet de Buffon, tom. 6, in-4.°, p. 291 et 294, avec le couroucou de Cayenne de ses planches enluminées n.° 1 96 ; et pour synonymes de la femelle, le cou- roucou vert à ventre blanc, de Cayenne, Briss., Foiseau décrit par Buffon sous la même dénomination , tom. 6 , p. 290, in-4.", et un autre individu mentionné p. 294. Quoique la Monographie des mêmes oiseaux , récemment publiée par M. Levaillant , ait singulièrement conti-ibué à rectifier la nomenclature, en enrichissant d'ailleurs cette fa- mille de noitvelles espèces, il s'en faut de beaucoup que la .Ù2 COU synonymie soit entièrement éclaircic, et qu'on puisse se ga- rantir de doubles emplois et reconnoitre toutes les méprises. Au reste , les espèces établies dans l'ouvrage de M. Levail- lant, et classées d'iiprès la couleur du ventre - sont au nombre de dix; savoir : cinq à ventre rouj^e , les couroucous rocou, rosalba , damoiseau , narina , cannelle; deux à ventre blanc, l'albane et le géant ; trois à ventre jaune , Torroucouai , l'oranga, l'aurora. Six de ces espèces appartiennent à l'Amé- rique, une à l'Afrique, et trois aux Indes. Coui^ovcovs d'Amèkiq V E, CouROUCou lîocou : Ti'ognn cuructti , Liim.. I.afji. et Mer- rcm , Fascic, pi. eu ligneuses, couchées et rampantes sur la mousse, lon- gues (le six pouces à un pied, garnies de feuilles alternes, ovalcs-oblongues, très-petites, courtement pétiolées, glabres et luisantes en-dessus, blanchâtres en-dessous. Ses fleurs sont rougeàtres ou couleur de rose, portées sur de longs pé- doncules filiformes, solitaires dans les aisselles des feuilles supérieures et peu nombreuses. Ses fruits sont de petites haies rouges , d'une saveur acide , et bonnes à manger : on en fait usage dans le nord de l'Europe , après les avoir fait cuire avec du sucre. On emploie aussi ces fruits en méde- cine , comme astringens et rafraîchissans , dans les fièvres bilieuses, malignes, dans les dyssenteries et les hémorragies. La plante croît dans les marais au milieu des mousses , et surtout de celles du genre Sphagnum .- elle fleurit pendant tout Tété, et ses fruits sont mûrs en Septembre et Octobre. (L. D.) COUSSOOUDOS ou Frétadous. {Bot.) Les Provençaux nomment ainsi, au rapport de Garidel , toutes les espèces de prêle, parce qu'on s'en sert pour frotter ou nettoyer la vaisselle. La prêle fluviatile est le cassoouda des Languedo- ciens, selon Gouan. (J.) COUSSOU (Bot.), nom caraïbe, cité dans FHerbier de Surian, d'une espèce d'igname, dioscorea , non décrite, dont les feuilles sont à cinq lobes. (J.) COUSSOU. (Ornith.) Les habilans du Congo donnent ce nom aux perroquets. (Ch. D.) COUTARDE , Byàrolea. {Bot.) Genre de plantes dicoty- lédones, de la famille des convolvulacées, de la pentandrie cou 289 âigynie de Linnae'us , offrant pour caractère essentiel : un ca- lice à cinq divisions profondes; une corolle en roue; le tube court; le limbe à cinq découpures; cinq étamincs attachées au fond du tube ; un ovaire supérieur ; deux styles ; une capsule à deux loges , à deux valves ; un grand nombre de semences imbriquées sur un réceptacle central. Ce genre se compose de plusieurs espèces, toutes originaires de l'Amérique, à tige ligneuse ou herbacée, avec ou sans épines; à feuilles simples, alternes; les fleurs munies de bractées terminales ou axillaires , solitaires ou presque en. corymbe. Les principales espèces sont: CouTARDE ÉPINEUSE : Hjdrolea spinosa , Linn. ; Lam. , IlL gen.,tah. 184, fig. 1 ; Aubl. , Guian., 1221, tab. 110. De gros bouquets de fleurs bleues donnent à cette plante un aspect fort agréable. Ses racines, d'une consistance ligneuse, pro- duisent des tiges droites , hautes de trois pieds , rameuses , couvertes d'un duvet visqueux, ainsi que les feuilles: celles-ci sont alternes, sessiles , lancéolées, aiguës, longues d'environ deux pouces , munies chacune dans leur aisselle d'une épine rude, visqueuse, très-aiguë : les fleurs naissent à l'extrémité des rameaux , munies à la base de leur pédoncule d'une brac- tée écailleuse. Le calice est velu ; le limbe de la corolle par- tagé en cinq ou six lobes arrondis ; autant d'étamines ; les filamens plus épais et en cœur à leur base, courbés vers leur sommet , soutenant des anthères oblongues et vacillantes ; l'ovaire ovale, marqué d'une ligne de chaque côté; les styles un peu courbés. Le fruit est une capsule ovale, à deux loges , environnée par le calice , renfermant des semences fort menues, attachées à un placenta double, fixé dans cha- que loge à la cloison qui les divise. Toutes les parties de cette plante sont amères. Elle croît dans l'île de Cayenne, aux lieux humides, marécageux, et sur le bord des ruisseaux. ]Jhj'drolea trigina avait été distinguée comme espèce par Svvartz , à cause de ses trois styles ; mais l'observation nous a fait connoître que, dans l'espèce précédente, le nombre des styles varioit de deux à quatre. CouTARDE DE Ceh.an : lljdroUa zejlanica , Lamk. , ULgen., tab. 184, fig. 2 ; ÎSarna zejlanica, Linn., Spec: Sleris javarùca , Linn., Mant. ; Barm., Ind., tab. 09, flg. 5; Pluken., ^/mfi,|T,, 11. 19 59° COU tab. loo, fig. 2 : Tsiern-vallel, Rhcede, Malah. , lo., tab. 20. Cette plante, placée d'abord dans nn autre genre, a été de- puis rapportée à celui-ci, dont elle offre tous les caractères. C'est une petite plante herbacée, sans épines , à tiges droites, annuelles, rameuses, très-lisses, hautes de sept à huitpouces ; les feuilles sont alternes, pétiolécs, glabres, lancéolées, en- tières ; les pétioles très-courts; les fleurs pédicellées , en grap- pes axillaires , droites, simples , pubcsccntes , accompagnées d'une petite bractée lancéolée ; la corolle un peu plus grande que le calice ; une capsule à deux loges. CouxARDE DE Caroune : Hjdrolca carolincana , Mich. ^ Amer. , 1, pag. 177 ; Hjdrolea quadrivalvis , Walth. Cette espèce croit dans les eaux stagnantes à la basse Caroline. Elle diffère de la première espèce par ses tiges bien moins rameuses ; les ra- meaux épineux, très-courts ; les feuilles étroites, beaucoup plus longues, presque glabres; les fleurs axillaires, presque sesslles, fasciculées ; les capsules glabres. Coutarde BRULANTE; Hjdrolca itrens , FI. Per., 0, tab. 24J. Plante du Pérou , haute de douze à quinze pieds , velue sur * toutes ses parties ; ses tiges sont herbacées , presque angu- leuses, sans épines; les rameaux étalés; les feuilles grandes, alongées en cœur, blanchâtres en-dessous, à double dente- lure ; les supérieures ovales , entières à leur base ; les pétioles longs de deux pouces ; les fleurs violettes , unilatérales . dis- posées en une ample panicule composée d'épis divergens, soli- taires ou géminés. Elle croît sur les rochers. CouTARDE CRÉPUE; Hjdrlca crispŒ , FI. Per., 5 , t. 244 , fig. a, S fs .tiges sont hautes de quatre à six pieds, sans épines, droites, hérissées , peu rameuses ; les feuilles pétiolées , grandes , al- ternes, coriaces, ovales, en cœur, vertes en-dessus, tomen- teuses en-dessous, crépues à leur contour, à double dente- lure ; les fleurs blanches, très - grandes , réunies en une panicule terminale fort ampie , composée d'épis géminés , recourbés à leur sommet ; la corolle campanulée ; l'ovaire velu ; les capsules ovales , obtuses. Elle croit dans les grandes forêts des Andes du Pérou. CouTARDE DicHOTOME ; Ujdrolca dichotoma , FI. Per. , 5 , tab. 244, fig. b. Cette espèce est visqueuse, herbacée , sans épines, un peu hispide , très- rameuse , haute d'un pied : les cou 291 rameaux dichotomes , de couleur purpurine : les feuilles pres- que sessiles , oblongues , spatulées , obtuses, très- entières; les fleurs sessiles , solitaires , situées dans la bifurcation des rameaux ; la corolle blanche , petite, campanulée , traversée par cinq lignes d'un bleu violet ; une capsule ovale à deux sillons. Elle croit au Pérou. (Foin.) COUTARE ÉLÉGANTE (Bot.) -. CouLarea speciosa , Aubl., Guian., 1 , tab. 122 ; Lam. , III. gen. , tab. 267 ; Portlandia hexandra , Linn. Cette plante faisoit partie du genre Portlan- dia, avec lequel elle a en effet de très-grands rapports , mais dont elle est distinguée par des caractères qui lui sont par- ticuliers. Elle appartient à la famille des rubiacées, a Yhexan- drie monogjnie de Linnœus. Son caractère essentiel consiste dans un calice à six folioles ; une grande corolle infundibu- liforme ; le tube ventru , recourbé ; le limbe partagé en six lobes ; six étamines insérées à la base du tube ; les anthères longues et saillantes ; un style ; un stigmate cannelé ; une capsule inférieure, comprimée, à deux valves, à deux loges polyspermes; les semences imbriquées, membraneuses à leurs bords. Arbrisseau de douze à quinze pieds de haut, très-rameux; les rameaux opposés ; les feuilles vertes, médiocrement pétio- lées, opposées, ovales , arrondies à leur base, aiguës, très-en- tières, longues de trois à quatre pouces, larges de deux, mu- nies à leur base de deux stipules opposées, aiguës : les fleurs sont grandes, fort élégantes, d'un beau pourpre violet, termi- nales, ordinairement réunies trois à trois sur des pédoncules axillaires et terminaux, accompagnés de stipules ; le calice est court , rougeàtre, partagé en cinq ou six découpures fort lon- gues, étroites , aiguës ; sa corolle presque longue de deux pouces ; son tube, resserré d'abord par le calice, s'enfle et s'alonge, puis se courbe et se divise à son limbe en six ou sept lobes égaux , contenant un même nombre d'étamines ; les anthères étroites, linéaires , alongées : les capsules sont planes, oblon- gues, comprimées, marquées de larges sillons de chaque côté, couronnées par quelques restes du calice, à deux valves, en forme de carène, dont les bords recourbés forment une très- petite cloison , qui se détache lorsque les valves s'ouvrent , et devient un réceptacle libre , auquel sont attachées quel- -.cji cou qucs semences orbiculaires , imbriquées,, membraneuses à leurs bords. Cet arjjrisseau a été observé par Aublet à Tile de Caycnne , dans les forêts de Siunamari. (Poir.) COUTEAU (Ichlh^'ol.) , Leuciscus cultratus ; Cj'priniis citl- traliis, Linna'us. Espèce de poisson du genre AbJe. 11 a la tête petite et très- comprimée ; sa mâchoire inférieure est recourbée vers celle d'en haut: le corps et la queue sont très-comprimés ; le ventre est caréné ; la nageoire du dos située au-dessus de celle de l'anus; la ligne latérale, droite près de son origine, fléchie ensuite vers le bas, puis recour- bée vers la nageoire caudale et tortueuse. Les écailles sont larges, minces, offrant cinq rayons divergens, et foiblement attachées. La nuque est d'un gris d'acier; les côtés sont ar- gentins; le dos est d'un gris brun; les pectorales , dont la longueur est reuiarqualde, l'anale et les catopes, sont d'une couleur grise en -dessus et rougeàtres en -dessous. Les na- geoires dorsale et caudale sont grises. Ce poisson parvient à la longueur de dix-huit pouces, et pèse jusqu'à deux livres. On le pèche dans le Danube, dans l'Elbe , dans presque toutes les rivières de l'Allemagne et de la Suède , dans la Baltique, le golTe de Finlande, la mer Noire , la mer d'Azow et la mer Caspienne. Voyez Able et Cyprin. (H. C.) COUTEAU POLONOIS [Conchjl.), nom marchand d'une espèce du genre Solen , 5. cultellus , Linn. ( Di. B.) COUTELO. (Bot.) En Provence et en Languedoc on donne ce nom au glaïeul commun , au narcisse- porillon , et aux iris indigènes. Le glaïeul est aussi nommé couLelasse et couteoti. (L. D.) COUTELO {Ornith.) , un des anciens noms de la poule. (Ch. D.) COUTILLE (Bot.), nom vulgaire de la féfuque dorée, f L.D.) COUTOIR, Venus clonissa. [Conchyd.) Voy. Vknus. (De B.) COUTOUBÉE, Coutouhea. {Bot.) Genre de plantes dicoty- lédones , à fleurs monopétales régulières, de la famille des gentianées , de la tctrandrie monoij,ynie de Linna-us , offrant pour caractère essentiel : un calice à quatre divisions, sou- .vent muni à sa base de trois bractées en écaille; une corolle en soucoupe ; le tube court ; le limbe à quatre lobes égaux; cou 293 tjuatre élamines attachées sur autant rrécailles en capuchon, insérées sur la corolle ; les anthères sagittées; un style ; un stigmate à deux lames ; une capsule bivalve, polysperme. Ce genre est très-voisin de celui des exacum (gentianelle) , auquel il a été réuni par M. Vahl. Schreber l'a nommé picrium. Il renferme des espèces toutes originaires des conr trées les plus chaudes de TAniérique, à feuilles simples, op- posées ; les fleurs axillaires ou disposées en épis. Il se com- pose des espèces suivantes : CouTOUBÉE BLANCHE : Coutoiihea alla, Aubl. , Guian. , ']2 , tab. 27; Lamk. , Ul.gen., tab. 7g: Exacum spicatum , Vahl. Ses tiges sont droites , un peu tétragones , hautes de trois pieds; ses feuilles opposées, sessiles, à demi amplexicaules, molles, glabres, entières, oblongues , aiguè's , un peu char- nues, longues de trois pouces sur un de largeur; les tleurs blanches, disposées en épis simples, terminaux, presque ver- ticillées , munies à leur base de trois petites écailles très- aiguës. Elle croit dans la Guiane le long des chemins et sur le bord des ruisseaux et des rivières. Elle est fort amère. On l'emploie pour rétablir le cours des règles , pour guérir plusieurs maladies de Testomac dépendantes du défaut de digestion ou des obstructions des viscères du bas-ventre , et particulièrement pour tuer les vers. CouTouBÉE PURPURINE : CouLoubeu piiipurea , Lamk. , Encycl. 2 , pag. 162 ; Coutoubea ramosa, Aubl., Guian., tab. 28 : Exa- cum ramosum , Vahl. Cette espèce jouit des mêmes propriétés que la précédente. Elle croit au bord des ruisseaux, dans les déserts de la Guiane , et surtout aii Sinnamari : elle est plus rameuse ; ses feuilles sont plus étroites: ses fleurs purpurines, axillaires , solitaires dans chaque aisselle ; les capsules sont plus remplies , marquées de chaque côté d'un sillon longitu- dinal. CouTouBÉE A TROIS FEUILLES : Coutoubcu ternifoUa , Cavan., Jcori. rar. , 4, pag. 14, tab. 528. Elle a de grands rapports avec la première espèce ; elle s'en distingue par ses feuilles réunies trois par trois , glabres, sessiles, très- aiguës , traver- sées par une seule nervure : les fleurs sont blanches, sessiles, réunies en Un épi terminal, touffu, presque de forme hexa- gone; chaque fleur accompagnée de trois bractées inégales, 294 COU très-aiguës; les capsules divisées jusqu'à leur moitié en deux loges, à deux valves; les semences membraneuses à leurs bords. Elle croît à l'isthme de Panama. (Poir.) COUTOUBOU. (Bot.) Voyez Conami. (J.) COUTOUILLE (Ornih.), un des noms vulgaires du torcol , jyunx torquilla, Linn. (Ch. D.) COUTRIOUX. (Ornith.) On donne ce nom et celui de courtriauT, dans le département de la Charente, à l'alouette lulu, alauda arhorea, et au proyer, emberiza miliaria , Einn. (Ch. D.) COUTURIER. (Ornith.) L'oiseau que l'on désigne sous ce nom, dans le nouveau Dictionnaire d histoire naturelle, est sans doute la fauvette couturière, sj'/Wa sutoria, Lath.(CH.D.) COUTURNIX. (Ornith.) Ce nom latin de la caille, qui, ajouté à tetrao, désigne la caille commune dans le Système naturel de Linnœus, est employé comme terme générique par M. Temminck. (Ch. D.) COUVAIN. (Entom.) On nomme ainsi les œufs et les larves des insectes qui vivent en société ; le couvain des fourmis , des abeilles. On désigne même sous ce nom, dans les ruches, les rayons de cire qui ne contiennent que les larves ou les nym- phes. Dans les vers à soie, les magnaudiers appellent cou- vain les œufs ou la graine de ces insectes. (C. D.) COUVE (Bot.), nom espagnol et portugais du choux or- dinaire, selon Dalechamps et Vandelli. (J.) COUVÉE. (Ornith.) Ce terme est employé pour désigner la totalité des œufs soumis à Pincubation, l'époque à laquelle cette opération a lieu , ainsi que les petits nés d'une même ponte. (Ch. D.) COUVERCLE DE COQUILLE. (Conchyl.) C'est le nom que quelques auteurs du dernier siècle donnoicnt aux oper- cules. (De B.) COUVERTE. (Chim.) C'est la substance vitreuse ou Pémail dont on recouvre les poteries, afin de leur donner plus d'éclat, et d"empêcher qu'elles n'imbibent les liquides, ou que la malpropreté ne pénètre dans les interstices de leur pâte. Les couvertes transparentes s'appliquent sur la por- celaine, les poteries blanches dites angloises, et même sur plusieurs sortes de poteries tout- à- fait grossières ; les cou- COtl 295 vertes opaques se mettent sur la poterie de terre colorée , qui est préparée avec un certain soin , comme la faïence. La couverte de la porcelaine est le feldspath, ou le pe- tunt-zé^ La couverte des poteries blanches dites angloises peut être JBkposce de la manière suivante : Same de Nevers 700 Minium yoo Sous-carbonate de potasse 46 Chlorure de sodium Go Les mêmes ingrédiens, mêlés avec plus ou moins de peroxide d'étain , sont susceptibles de former un émail blanc pour la faïence. (Ch.) COUVERTS [Fruits]. (Bot.) Il est des fruits difficiles à distinguer au premier aspect, parce qu'ils sont cachés par quelque organe particulier qui les couvre. Ceux du pin , par exemple, sont cachés entre des écailles qvii , réunies en cône , offrent l'apparence d'un fruit particulier. Ceux du genévrier sont cachés également entre des écailles qui , devenues succulentes et soudées entre elles, prennent l'ap- parence d'une baie. La cupule qui cache ceux du châtaignier a tout- à -fait l'aspect d'un véritable péricarpe épineux. Voyez ANGiocAnriENs. (Mass.) COUVERTURES, Tectrices. {Ornith.) On appelle ainsi leS plumes qui garnissent la surface supérieure ou inférieure des ailes et de la queue des oiseaux , et qui , suivant la partie qu'elles occupent, prennent la dénomination de couvertures supérieures ou inférieures. Elles se divisent , pour le dessus des ailes, en grandes, moyennes et petites [tectrices majores, mediœ , minores). Les premières sont celles qui recouvrent immédiatement les pennes ; les secondes, celles qui viennent après, et les troisièmes, celles qui garnissent le haut de l'aile et sont les plus éloignées des pennes. Les couvertures infé- rieures de l'aile pourroient se diviser de la même manière ; mais on les désigne sans faire ces distinctions dans les des- criptions d'oiseaux. On n'en fait pas non plus pour les divers rangs des couvertures de la queue , dont les supé- rieures, qui tirent leur naissance du croupion, sont les plumes uropygiales, et dont les autres, partant des environs de l'anus, correspondent aux plumes anales. (Ch. D.) t^cjS cou COUX (Ornith.) , nom proA^ençal du coucou commun, cuculus canorus , Linn. (Ch. D.) COUXIO. (^Mamm.) C'est en Amérique le nom du siinia sa- lanas de M. de Hofmannsegg, suivant M. de Humboldt. Voyez Sapajous. (F. C.) -^^ COUYARAITI [Bot.), nom caraïbe de l'elejmantopus sca- her , cité dans l'Herbier de Surian. (J.) COUyONNE. (Bot.) On donne ce nom à la folle-avoine dans quelques dcpartemens du midi. (L. D.) COVALAM (Bot.), nom malabare du Belou des Brames (voyez ce mot) , que Linnaeus rapportoit à son genre Cratcva , et dont M. Correa a fait son genre /Eglé , dans la famille des aurantiées. Voyez Églé. (J.) COVARELLA (Ornith.) , nom italien du cochevis, alauda crislata, Linn. (Ch. D.) COVATERRA {Ornith.) , nom sous lequel Zinanni parle de l'engoulevent, caprimulgus europœus , Linn., pag. 94 de son ouvrage sur les Nids et les Œufs des oiseaux. (Ch. D.) COVEL. {Bot. ) La plante cucurbitacée de ce nom dé- crite et figurée par Rheede paroît appartenir au genre Momordique. (J.) COVET. {Conchyi.) Adanson nomme ainsi une espèce de buccin, luccinum condor, Linn. (De B. ) COVUR, {Mamvi.) Molina donne ce nom comme le nom générique des tatous au Chili. (F. C.) COXOLITLT. {Ornith.) Cet oiseau du Mexique, dont parle Fernandez, chap. 40, est une espèce de hocco , nommée par M. Temminck, tome 3 de ses Gallinacés, crax rubra. D'autres auteurs écrivent coxilitli et coxolisso. (Ch. D.) COY. {Mamm.) Voyez Cuy. (F. C.) COYALITI. {Bot.) L'échantillon en feuilles sans fructifica- tion , qui est sous ce nom caraïbe dans l'Herbier de Surian, paroît appartenir au genre Guarca , dans la famille des me- liacées. (J.) COYAMETL. {Mamm.) Voyez Cojametl. (F. C.) COYAU. {Ichthjol.) M. Bosc nous apprend qu'on donne ce nom vulgaire à un poisson du genre des spares, dont la pèche est très-abondante auprès du Croisic. Sa chair est peu estimée. On ne sait à quelle espèce le rapporter. (H.C.) COZ 297 . COYEMBOUC. (Bot.) Voyez Cohyne. (J.) COYOLCOZQUE. {Ornith.) Ce nom, donné par Fernandez, chap. 24, à une espèce de colin ou perdrix du Mexique, dont Buffon a adouci la prononciation en l'écrivant cojo/cos, est le coturnix mexicana , Briss. ; le tetrao coyolcos , Linn. ; le perdix cofolcos , Lath. , elle perdix borealis , Temm. Le der- nier de ces naturalistes a fait.connoitre , au sujet de cet oiseau, tome 3, p. 407 de ses Gallinacés, plusieurs doubles emplois, qui sont relatés dans ce Dictionnaire sous le mo£ Colcuicuiltic. Voyez aussi le mot Ynambui , n.° 028 des Oiseaux du Paraguay de M. d'Azara. (Ch. D.) COYOLLI (Bot.), nom mexicain du cocotier, suivant Hernandez. (J.) COYOLTOTOTL. {Ornith.) Cet oiseau, dont Fernandez parle chap. 149, a été rapporté par les naturalistes à Fouette ou cotinga rouge, pi. enl. de Buffon SyS, cotinga rubra, Briss. et Merrem , Fasc. 1 , p. 1 et 2 ; ampelis carnifex, Gmel. (Ch. D.) COYOLXOCHITL. {Bot.) La plante mexicaine figurée par Hernajidez sous ce nom paroît être un alshoemeria à tige grimpante. (J.) COYOPOLLIN. {Mamm.) Voyez Cayopollin. (F. C.) COYOTOMATL {Bot.), espèce de coqueret du Mexique, mentionnée par Hernandez. Une autre espèce est nommée coztomatl. La première porte aussi le nom de coanenepilli, donné d'une autre part à une grcnadille , passijlora. (J.) COYOTZIN ou ÏOZCUITLAPIL {Bot.), noms mexicains d'un balisier, canna, suivant Hernandez. (J.) COYPOU , Coipou ou CoYPU. {Mamm.) Molina désigne sous ce nom une espèce de rongeur de l'Amérique méridio- nale qui appartient au genre Hydromis , Géoffr. Voyez ce mot, (F. C) COYUTA. {Erpétol.) 11 paroît que les Brésiliens donnent ce nom au cenco , bungarus cencoalt. Voyez Bongare. (H. C.) COYYROU. {Bot.) Voyez Liane aux yeux. (J.) COZIRIHAN. {Bot.) La grande passcrage , lepidium lalU folium, est ainsi nommée dans le Levant , suivant Rauwolf. (J.) COZOLMECATL {Bot.), plante du Mexique citée par Hernandez, qui paroit être un smilax. (J. ) 298 COZ COZQUAUTLI. (Ornith.) y oyez, sur cet oiseau , qui est un vautour, le mot Cosquauthli. (Ch. D.) COZTICMETL(Bot.), espèce d'agave ou pittedu Mexique. Voyez Magijei , Meti.. (J.) COZTICPATLI (Bot.), espèce de pigamon du Mexique, ihaliclrum , suivant Hernandez. (J.) COZTOMATL. [Bot.) Voyez Covotomatl. (J.) COZTOTOTL. {Ornilh.) Cet oiseau , qiie Ternandez, chap. 28, dit n'être pas plus gros que le serin de Canarie, et avoir le chant pareil à celui du chardonneret lorsqu'on l'enferme en cage, a été rangé parmi les troupiales par Gnielin et I-a- tham , qui en ont fait leur oriolus costototl. On en a déjà parlé sous le mot Costotol. (Ch. D.) CRABE, Cancer. (Crustacés.) C'est le nom sous lequel on dé- signe un groupe d'animaux sans vertèbres dont le corps et les dix pattes sont recouvertes d'une croûte calcaire, articulée ; respi- rant par dix branchies, à tête unie au corselet, qui est plus large«|uelong, et dont la queue, courte en proportion , reste cachée sous la carapace. Ce genre, selon le langage des natu- ralistes, comprend donc des crustacés astacoïdes , décapodes, syncéphalés , brachyures ; de l'ordre nommé, à cause des espèces qu'il réunit, cancériformes ou carcinoïdes. La forme du corselet, qui est en demi-cercle; le dernier article des pattes , qui se termine par une sorte d'ongle crochu ou en pointe, et non en lame; la carapace non dilatée en arrière; les tarses postérieurs dirigés en arrière et non sur le dos; les pinces sans crêtes, distinguent ce genre de tous ceux qui sont compris dans la même famille , et particuliè- rement des colapes , des portunes , matutes, podophthalmes et des hépates , ainsi que cela sera mieux établi à l'article Crustacés. Linna?us, dans son Sjstema naturœ, avoit compris sous le nom générique de cancer tous les crustacés; mais, depuis les travaux successifs de Muller, de Daldorff, de Fabricius , de Risso , et surtout de M. le docteur Leach , l'un des conser- vateurs du Musée britannique, ce genre de Linnaeusse trouve partagé non -seulement en un grand nombre d'ordres, mais en plus de cinquante genres distincts et bien caractérisés. Les crabes qui font le sujet de cet article , paroissenf CRA 299 .évidemment avoir emprunté ce nom du latin carabus, qui, suivant le témoignage de Pline, Hist. nat., lib. g, cap. n, étoit celui de certaines espèces de cancres : Cancrorum gênera carahi , astaci , tnaiœ , paguri, lieracleotici , icônes et alia igno- biliora. Et ce nom de carabe étoit lui-même tiré du grec, ku^olBoç, et désignoit le poulpe, qui a les pieds sur la tête: rc) Kot.pct SoLtVif , qui capile incedit. Ainsi que nous l'avons déjà dit , le corps des crabes est formé d'un test plus large que long , souvent dentelé ou anguleux sur les côtés, arqué, plane ou incliné en avant. Des quatre antennes, les extérieures sont en soie, très-petites, et celles qui sont médianes ou intérieures, sont repliées et se cachent dans deux fossettes; les yeux sont rapprochés et portés sur un court pédicule. Leurs deux pattes de devant sont terminées par des pinces ou serres très-grosses. On re- connoît les femelles, ou les individus qui doivent porter les œufs, k la forme et à la largeur de la queue, qui n'est pas étranglée dans la partie moyenne comme dans les mâles. Les crabes habitent en général les côtes maritimes, surtout celles qui sont rocailleuses. Ils sont carnassiers, et se nour- rissent principalement de débris d'animaux , dont on se sert en effet comme d'amorces pour les attirer dans des pièges. Plusieurs espèces sont nocturnes. Les crabes les plus connus sur nos côtes sont les suivans : 1.° Le Crabe commun , Cancer niœnas. 11 est figuré dans Herbst, pi. VII, fig. 46 du tome IV, pag. 145. Sa carapace est d'un gris vert, porte cinq dents latérales, cinq festons en avant, et un prolongement pointu à l'article des tarses antérieurs qui précède la serre, dont les pointes sont noires à l'extrémité. 11 se trouve dans les fentes des rochers. On le nomme en Italie grancio et grancella. On a exagéré beaucoup ses pro- priétés médicales. ■2° Le Crabe tourteau; Cancer pagnrus , figuré également par Herbst, pi. IX, fig. 69 , tome V, page i65. Cette espèce a aussi Pextrémité des pinces de couleur noire ; mais on compte jusqu'à neuf incisions sur les càiés du corselet. Ce crabe a la chair estimée. Il acquiert jusqu'à cinq livres de poids. On le nomme aussi le poi/part. Soo CRA 3.° Le Crabe vérole, Cancer variolosus. Le nom de cette espèce, qu'on a trouvée sur les bords de l'Océan, indique son principal caractère, qui consiste dans les tubercules ar- rondis et lisses qui couvrent la carapace comme des pustules de variole. Ses pattes, qui sont peu alongées, comprimées, sont velues et épineuses à leur extrémité. 4.° Le Crabe chauve-souris , Cancer vespertilio. Sa carapace et ses pattes sont velues , mais les doigts des serres sont lisses. (CD.) CRABE. [Foss.) On connoît à l'état fossile les espèces ci- après. 1. Le Crabe a grosses PfNCEs ; Cancer macrochelus , Desm. La longueur de la carapace de l'individu de cette espèi-e qui se trouve dans la collection de M. de Drée, est de trois pouces. Sa largeur est de trois pouces neuf lignes. D'après le moule intérieur de cette dernière, il paroit qu'elle n'offroit pas d'inégalités ou de protubérances en-dessus. Les pinces, larges, aplaties, ne portent aucune dentelure du côté interne, mais il s'en trouve quelques-unes sur le bord supérieur de la pièce principale; les autres pattes sont minces, alongées; la queue est étroite et composée de six pièces. Cette espèce, qui est indiquée comme venant de la Chine, peut se rapporter iï celle figurée dans l'ouvrage de Rumphius , pi. 60, fig. 5. 2. Le Crabe paguroïde; Cancer paguroides , Desm. La lar- geur de ce crabe, qui se trouve dans la collection de la Mon- noie , est de cinq pouces et demi , et la longueur de trois pouces et demi. 11 est tellement encroûté dans la pierre qu'on n'en voit qu'une très-petite partie. Sa carapace paroît être plane et presque lisse. La pince est fort grosse , surtout vers le milieu. Le doigt immo'bile présente sept dents, qui diminuent de grosseur à mesure qu'elles se rapprochent de l'extrémité; le doigt mobile est très-fort, et il se trouve une très- grosse dent à sa base. On ignore où ce fossile a été trouvé. 3. Le Crabe POINTILLÉ; Cancer punctulatus, Desm. On trouve, aux environs de Vérone , k Vicence , à Bologne , à Naples , et dans d'autres endroits de l'Italie, des individus de cette espèce qui ont quelquefois trois pouces de largeur sur deux pouces trois lignes de longueur. On voit, sur leur carapace. CRA 3oi ' âes ondulations ou sinuosités qui indiqtient la position des principaux organes qui étoient au-dessous. Elle est couverte de points enfoncés comme ceux des dés à coudre. Le bord anlérienr forme une dem'-ellipse dans le sens transversal, et se termine de chaque rôle par une saillie qu'on peut con- sidérer comme l'angle latéral de la carapace. Ce bord est garni de petites dents; les yeux sont gros et écartés l'un de l'autre. La queue des femelles est fort large et formée de six pièces, dont les deux dernières sont les plus grandes: les pinces sont moyennes et un peu comprimées. On peut rapporter cette espèce aux figures qu'on trouve dans l'ouvrage de Knorr , tom. i.*"", pi. 16, A, tig. 2 et 3. 4. Le Crabe quadrilobé; Cancer quadrilobatus , Dcsm. Cette espèce, qu'on trouve h Dax , dans un dépôt qui paroît avoir beaucoup de rapports avec celui de Grignon , est très-voisine de la précédente par ses formes. Le dessus de sa carapace étant très-mince et presque toujours détruit, il n'a laissé que son moule iutérieur. Le bord antérieur est elliptique^ et ses côtés présentent trois légères ondulations sans dentelure; les yeux sont écartés l'un de l'autre. Le front est divisé en quatre lo- bes, dont les deux intermédiaires sont les plus saillans. Le bord postérieur est comme tronqué; la queue, dans les mâ- les, est médiocrement étroite et composée de cinq articles. 6. Le Crabe de Leach ; Cancer Leachii, Desm. Sa carapace, à bord elliptique, et ses pattes, sont couvertes de points enfoncés; les yeux sont écartés l'un de l'autre; le bord an- térieur est garni latéralement de trois tubercules, dont le plus gros forme l'angle de la carapace; la partie sous laquelle se trouve l'estomac, est fort relevée , avec une dépression dans son milieu ; outre le plus gros tubercule du bord de la cara- pace , il s'en trouve encore quatre autres en-dessus, qui sont fort saillans. Les pinces sont très-grosses , et la dernière arti- culation présente deux légères côtes à leur partie extérieure. La femelle a la queue ample, formée de cinq pièces, dont l'avant- dernière est la plus large. On trouve ce crabe dans les argiles de l'ile de Shepey, à l'embouchure de la Tamise. Son test est toujours d'un noir foncé. Il se trouve dans ma collection. 3o2 CRA On voit, dans la collection du Muséum d'histoire naturelle de Paris, un crabe fossile qui a été trouvé dans une argile des environs de Bezières , mais dont l'espèce n'est pas déter- minée. (D. F.) CRABIER. (Mamm.) On a appliqué ce nom à plusieurs mammifères , parce qu'ils se nourrissent de crabes. 11 a été donné à un raton, porcyon cancri^'orus , Geoff. ; à un chien, canis cancri^-orus , et à un didelphe, didelphis cancrivora, Linn. Voyez les mots Raton, CHIE^^ et Didelphe. (F. C.) CRABRON , Crahro. [Entom.) Genre d'insectes hyménop- tères, à abdomen pédicule, conique, arrondi; à lèvre infé- rieure de la longueur des mandibules au plus, à antennes non brisées de treize articles au plus; et par conséquent de la famille des Horiléges ou anthophiles. Ce nom de crabron, appliqué par Fabricius à quelques insectes particuliers, n'est pas la traduction du mot latin, par lequel il est évident que les Romains désignoient le^re- lon ou une sorte de grosse guêpe. Quoi qu'il en soit, et pour éviter toute confusion , voici comment les entomologistes caractérisent les espèces qui composent ce genre. La forme de Fabdomen et son insertion distinguent les crabrons d'avec tous les Ukopristes , comme les tenthrèdes et les sirèces, qui ont le ventre sCssile et comme tronqué à l'extré- mité. La brièveté de la lèvre inférieure fait également sé- parer ces insectes d'avec les abeilles ou les Melutes , dont la lèvre inférieure, unie aux palpes, devient une sorte de lan- gue plus longue que les mandibules. Le ventre conique , turbiné et non concave , et par suite les ailes supérieures non doublées sur leur longueur, séparent ces insectes d'avec les Chrysides et les Ptérodiples, comme les guêpes. Les an- tennes non brisées les font distinguer des fourmis et en gé- néral de tous les MytiMÉges. Le nombre des articles de ces antennes, qui n'est jamais de plus de treize , les éloigne des Oryctères, comme les sphèges, et des Entomotilles , comme les ichneumons. U ne reste donc que les Néottocryptes, comme les chalcides, les cjnips , les diplolèpes , qui pourroient être confondus avec les Anthophii.es, parmi lesquels sont compris les crabrons; mais dans ceux-ci Fextrémité de l'abdomen est pointue et conique , tandis qu'elle est comprimée et renflée dans CRA 3o3 les premiers. Voyez au reste pour plus de détails l'article HvMiîNorTKfiEs, et chacun de ceux que nous venons d'indiquer par de petites capitales, particulièrement le mot Anthophiles, et la planche de l'Atlas qui représente les quatre genres, Philantke, Scolie , Melline et le Crahron a cribles. Les crabrons ont en général le corps lisse, noir, le plu^ souvent à taches ou anneaux jaunes ; leur tête est grosse, et, vue eu-dessus, elle paroit comme quadrangulaire : mais ce qui distingue surtout la plupart des espèces , c'est que le front ou îe devant delà tète, qui constitue la face, au-dessus de la lèvre supérieure , ofïre une teinte nacrée brillante, comme argentée et quelquei'ois dorée. Leurs antennes sont en fil ou un peu en fuseau ; leur premier article est plus long et ar- rondi en cylindre; le corselet est globuleux. Dans la plupart des mâles, les jambes antérieures présentent dans leur partie externe une dilatation qui ressemble à une élytre de cocci- nelle, concave en dedans, lisse et convexe en dehors. Vue à. travers le jour, cette partie semble percée de petits trous; mais ce sont des portions cornées et transparentes , ce qui a fait donner à ces insectes des noms particuliers, tels que le pellatus , pterotus (aile d'oreille) , crihrarius : on remarque aussi que les mâles on t les tarses antérieurs et les anneaux des antennps différens de ceux des femelles ; celles-ci ont un aiguillon. Les crabrons, quoique se nourrissant du suc des fleurs, sont souvent aperçus emportant des chenilles, de petits diptères ou de petits lépidoptères; c'est pour en nourrir leurs larves, ou plutôt pour les déposer autour de l'œuf, qui est logé dans une petite fosse que l'insecte a creusée dans la terre ou dans le bois pourri, ou dans le centre médullaire de certains arbris- seaux. Lorsqu'on a saisi ces insectes, ils font entendre une sorte de murmure ou de cri très-aigu, qui paroit produit par le trémoussement de la base de leurs ailes. Les principales espèces du genre Crabron sont les suivantes : 1." Le Crabron fossoyeur, Crabro fossorius ; Sphex , Linn. Car. Noir, avec cinq taches jaunes sur l'abdomen. Le mâle a aussi l'écusson jaune, et la tête est plus grosse. 2.°Le Crabron grosse- tête, Crabro cephalotes. Car. Noir : le premier article des antennes et la base des man- dibules sont jaunes; deux lignes sur le front; l'épaulette et les $04 CRA pa'ttes, excepté les cuisses , jaunes ; abdomen d"iin noir brillant, avec unegrandetache ferrugineuse sur les côtés, et trois autres taches glauques en arrière. 3." Le Crabron cribCe. Crahro crihrarius. Car. Noir; corseletà taches et abdomen à bandes jaunes : les intermédiaires interrompues, les pattes jaunes. Dans les mâles, on voit que le tibia ou la jambe de devant est dilatée en une sorte de coquille jaune, concave, à points transparens. Cette espèce est figurée sous le n." 3 de la planche qui représente, dans l'Atlas de ce Dictionnaire, les anthophiles et les chrysides. 4.° Le Crabron a bouclier , Crahro clypeatus. Car, Noir: corselet rétréci à épaulettes jaunes, abdomen ù taches jaunes. La dilatation qu'ofTrent les jambes du mâle, est d'un jaune pâle sans points pellucides. Fâbricius a inscrit vingt -cinq espèces dans ce genre: mais il a souvent décrit les mâles et les femelles comme des espèces distinctes. (CD.) CRABRONITES. (Enfomo/.) M. Latreille a indiqué sous ce nom une tribu d'insectes hyménoptères, qu'il rapporte à sa section des porte-aiguillons, et à sa famille des fouisseurs. A l'exception des scolies , il y rapporte les genres indiqués dans notre famille des anthophiles ; mais il indique plusieurs autres subdivisions, telles que les genres Trjpoxjlons, Gorjtes, Cra- Irons , Stigmes, Pemphredons , Mellin.es, Aljsons. Psen, Cerceris et Philanthe. (CD.) CRACCA. [Bot.) Ce nom ancien a été donné à plusieurs espèces de vesces, ricia, et est employé comme nom spéci- fique pour une d'elles. Linnaeus, dans son Flora zejianica . s'en est servi pour désigner plusieurs légumineuses, que lui et Burmann , tils , ont ensuite rapportées au genre Galega. (J.) CRACHAT DE LUNE. (Bot.) Nom vulgaire du nostoch commun, plante cryptogame gélatino- membraneuse, que la chaleur du soleil réduit à rien pendant le jour, et à laquelle la fraîcheur de la nuit rend tout son développement, ce qui avoit fait croire que la lune produisoit cette singulière plante. CRA 3o5 Irès-célébrée autrefois parles alchimistes pour ses propriétés vraies ou supposées. Voyez Nostoch, ( Lem. ) CRACRA. (Bot.) Suivant M. Bosc , ce nom est donné au fruit de la busseroUe, espèce d'arbousier, arbutus uya-ursi^ qui est abondant sur les Alpes. ( J. ) CRADEAU {IchthjoL), nom de la sardine, clupea sprattus , dans quelques provinces du nord-ouest de la France. Voyez Clupée. ( h. C. ) CRADOS. (TchLhjol.) On donne ce nom, dans quelques rivières, aux jeunes brèmes. Voyez Brème. (H. C.) CRtEPULA. (Bot.) Voyez Herpacantha. (J.) CRAFFAS. (Bot.) Les Arabes nomment ainsi notre cla- danthus arabicus. (H. Cass.) CRAHATE. (Ichth.) Sur les bords de l'Océan , on appelle ainsi un poisson qui paroit appartenir au genre Labre. (H. C.) CRAIE. [Min.) On donne généralement ce nom en France à toute terre blanche, à grain fin, pulvérulente et tachante, et ordinairement calcaire, ou renfermant au moins beau- coup de chaux carbonatée. Les minéralogistes , et surtout les géologistes , ont restreint ce nom à une variété particulière de calcaire , dont nous avons fait connoitre les caractères minéralogiques et géognos- tiques au mot Chaux, 1 5.* variété du calcaire, p. 290. Le mot latin creta, qui est pour nous synonyme de notre mot de craie, ne désignoit chez les anciens aucune des substances auxquelles la plupart des modernes l'appliquent. Il est bien prouvé que le creta des anciens étoit une argile souvent propre à faire des poteries , et parmi les modernes , les Italiens, suivant Ferber, emploient ce mot dans le même sens. La craie des anciens, creta, qu'ils distinguoient par les épithètcs de fuUonia ou d^argentaria, étoit employée pour dégraisser les draps, pour blanchir la borne terminale dans le cirque, pour marquer les pieds des esclaves destinés à être vendus à Rome, ou biep enfin , pour entrer dans la compo- sition du mets particulier nommé alica ; il est probable, que cette terre étoit ou une argile blanche et pure , ou tout au moins une marne argileuse , ou , enfin , un talc blanc. Ce qui nous porte à regarder ces diverses sortes de 1 1. 20 .'oo CRA creLa des anciens comme une argile , c'est qu'aucun des lieux d'où ils tiroient ces diverses craies, ne paroit renfermer Kt variété de chaux carbonatée à laquelle nous appliquons main- tenant ce nom; tandis que ces lieux, qui sont principale- ment les environs de Pouzzoles et deNaples, l'ile de Cimolis, etc., renferment des argiles bolaires , et surtout des argiles cimolithes. (B. ) CRAIE DE BRIANÇON. ( Min. ) C'est un talc blanc et tendre. Voyez Talc. (B.) CRAIN. {Min.) On donne ce nom à certaines solutions de continuité dans les couches de houille : il est synonyme du mot Faille. Voyez ce mot. (B.) CBAITONITE. {Min.) C'est un minéral encore peu connu , que M. le comte de Bournon a observé pour la première fois dans les environs de Bourg - d'Oisans , en 1788, et qu'il a décrit, en i8i5 , en le dédiant au docteur Crichton . premier médecin de l'empereur de Russie. Ce minéral ne s'est encore présenté que sous la forme de petites lames noires, minces, brillantes, semblables à du fer oligiste, et implantées avec les cristaux de felspath et de quarz sur les parois des fissures de la roche de micaschiste et de gneiss , qui renferme aussi du titane anatase. Ces lames sont d'un beau noir luisant, ayant même un aspect vitreux, néanmoins parfaitement opaques : elles paroissent avoir pour forme primitive , suivant M. de Bournon , un rhomboïde très-aigu de 18 degrés et 1G2 degrés, subdivisible par un plan perpendiculaire à l'axe. La craitonite raie la chaux fluatée , mais non le verre elle est infusible. Le docteur Wollaston y a trouvé de la zircone en quantité dominante, de la silice, du fer et du manganèse. On sait maintenant que la craitonite renferme beaucoup de titane , si elle n'en est même presque entièrement composée. (B.) CRAM DES ATNGLOIS {Bot.), nom vulgaire du cranson de Breîagne. (L. D.) CRAM3E. {Bot.) Ce nom avoit été donné primitivement au chou en général, par Dioscoride: ensuite il a été appliqué plus spécialement à l'espèce que C. Bauhin etToiirnefort nomment Irassica arvensis, connue en françois et cultivée en grand sous CRA 3o7 le nom de colsa, à cause de l'huile qu'on retire de sa graine. Cette espèce paroît être la souche de toutes les variétés de choux cultivées dans les jardins potagers : c'est celle qui approche le plus de l'état des plantes sauvages. Le nom de crambe a été ensuite donné par Touraefort au chou marin, très-différent par son fruit, et lui a été conservé par tous les Jbotanistes modernes. (J. ) CRAMBÉ; Cramhe, Linn. {Bot.) Genre de plantes dicotylé- dones, polypétales h3'pogynes, de la famille des crucifères, Juss. , et de la tétradynamie siliculeuse, Linn., dont les prin- cipaux caractères sont les suivans : Calice de quatre folioles ovales, caduques; corolle de quatre pétales obtus, ouverts; six étamines, dont quatre, plus longues, ont leurs filamens bifurques, portant les anthères à l'extrémité de leur branche extérieure; un ovaire supérieur, arrondi, surmonté d'un stigmate sessile et charnu ; une silicule globuleuse , à une loge contenant une seule graine arrondie. Les crambés sont des plantes herbacées ou sous-îigneuses . à feuilles alternes plus ou moins découpées , et à fleurs dis- posées en panicule terminale : on en connoit neuf à dix es- pèces, parmi lesquelles nous rapporterons les suivantes. Crambb jiAr.iTiME, vulgairement Chou marin: Crambe mari- tima, Linn. , Spec. ^Zj ; Flor. Dan., t. 3 16. Cette espèce est une plante parfaitement glabre et entièrement glauque, dont la tige, rameuse, haute de deux pieds ou environ, est garnie de feuilles charnues, les unes pinnatifides, les autres sinuées, ' ondulées et crépues. Ses fleurs sont blanches, nombreuses, pédonculées , disposées , à l'extrémité des rameaux , en grappes formant dans leur ensemble une large panicule. Cette plante croit dans les sables des bords de la mer, dans les parties méri- dionales de l'Europe. Elle estvivace, et fleurit en Mai et Juin. On la cultive, surtout en Angleterre, comme herbe pota- gère, et l'on mange ses feuilles après les avoir fjit blanchir en les buttant comme on fait le céleri. Naturellement dures et coriaces , elles deviennent tendres et succulentes au moyen de ce procédé. Crambe lacinié ; Crambe laciniala, Lam., Dict. cnc. 2, p. iC3. Les tiges de cette plante sont rameuses, paiiiculces, hauîea de trois pieds , garnies de feuilles dont les radicales sont deux 5o8 CKA fois ailées , un peu rudes en-dessous ; elles sont terminées J)af des fleurs blanches, disposées en grappes. Cette espèce croît en Hongrie. Crambh d'Espagne; Cramhe hispanica . Linn., Spec. gSy. Sa racine , fusiforine , fibreuse et annuelle , donne naissance à une tige d'un pied et demi ou environ , rameuse dans sa partie supérieure, chargée de poils qui la rendent rude au toucher; ses feuilles sont en lyre , à lobe terminal très-grand et arrondi ; ses fleurs sont blanches, disposées en grappes effilées. Cette plante croît naturellement en Espagne. CHAMBÉFRiTiQUErx: Crambcfruticisa, Linn. fils, Suppl. ^CjCj. La tige de cette espèce est ligneuse , roide , divisée en rameaux garnis de feuilles ovales , profondément dentées ou pinnati- fides , chargées de poils courts et blanchâtres. Les rameaux sont terminés par une grande panicule lâche , composée de grappes courtes, portant des fleui's blanches. Cette plante croît dans file de Madère. Crameé réniforme: Cramhe reniformis , Desf. , Flor. Atlant., 2, pag, 78, t. i5i; ses tiges sont rudes, anguleuses, hautes de quatre à cinq pieds, divisées en rameaux grêles , lisses, alon* gés, étalés en panicule ; ses feuilles sont ailées, velues, iné- galement dentées , terminées par un lobe très-grand et réni- forme ; ses fleurs sont blanches. Cette espèce croît dans les fentes des rochers en Barbarie. (L. D.) CRAMBE, Crambus, (Entom.) M. Fabricius a établi sous ce nom de genre un groupe d'insectes lépidoptères à an- tennes en soie, rangé long-temps avec les phal.'nes, dont ils diffèrent en ce que les espèces, au lieu de porter, comme ces dernières et les ptérophores , les ailes étendues dans l'état de repos , les offrent au contraire disposées en une sorte de triangle formant un toit plane; tandis que, dans les pyrales, les noctuelles et alucites, ce toit est comme voûté, et que dans les teignes et les lithosies il forme une sorte de fourreau. Voilà du moins les caractères que nous avons développés dans l'article Chétoceres, et dans la planche qui représente les espèces de cette famille de lépidoptères. Le noi^i de crambus est évidemment emprunté du mot grec it^ct/xCoç , employé par Théophraste , dans son Traité des plantes, pour indiquer cette maladie de la vigne qui fait CRA 3o9 dessécher la grappe , et qu'on attribue à la présence d'une sorte de larve de Pyrale (voyez ce mot) : vinearum vitium in iiçis ex adustione. Le principal caractère de ce genre , outre la disposition des ailes que nous venons de faire connoitre , consiste dans la forme des palpes qui accompagnent la trompe ou qui en tiennent lieu. M. Latreille a distribué les espèces qui com- posent ce genre dans ceux qu'il a nommés aç^losse^ bof-ys et herminie, et dans la tribu que, d'après les dispositions des ailes, il nomme deltoïdes. Les chenilles, qui ont seize pattes, ou roulent les feuilles des plantes dont elles se nourrissent, ou se filent des four- reaux, à l'extérieur desquels elles agglutinent soit leurs propres cxcréniens, soit des parcelles des substances dont elles font leur nourriture. Nous allons faire connoître ici les espèces les plus remar- quables par leurs mœurs, ou le préjudice quelles peuvent occasioner. 1." Le Cra.mbf.de la graisse, Crambus piiiguiiialis. Réaumur l'a figuré dans le tome III de ses Mémoires, planche 20, depuis le n.° 6 jusqu'au n." 11 , sous le nom de fausse teigne du cuir. M. Latreille l'a décrit sous le nom d'aglosse. Car. D'un cendré rougeâtre un peu bronzé , avec des raies et des taches brunes et noires. La chenille est noirâtre : elle ronge les cuirs en se pra_ tiquant un long tuyau , au dehors duquel elle fixe ses excrémens ; elle mange aussi la couenne du lard rance , les couvertures des vieux livres, et les animaux que l'on conserve dans les collections. L'insecte parfait vole rarement de jour: il se fixe contre ies murailles , où on le trouve souvent bloti et immobile. 2.° Le Crambe de la farine, Crambus farinalis. Car. Ailes d'un brun jaunâtre , satiné, à bandes sinueuses transverscs. Cette espèce est beaucoup plus grande que la précédente : sous l'état parfait on la trouve dans les greniers à blé et à farine: dans létat de repos elle relève constamment la pointe de l'abdomen : sa larve se nourrit de ftirine , et fait beaucoup de tort. 3io CRA Plusieurs espèces de ce genre se trouvent dans les marais, où leurs chenilles se nourrisseal des feuilles et des liges des plantes aquatiques. La phalène de l'ortie, décrite par Geoirroy , tome II, page i35, sous le nom de queue jaune, n." 64, appartient encore à ce genre; c'est le crambus urlicalis : ses ailes sont grises, axec des taches bleuâtres ; la base des ailes, le haut du corselet et l'extrémité du ventre sont jaunes : elle vit aussi sur les pommiers. (C. D.) CRAMBION {Bot.), un des noms anciens d'une espèce de tithymale citée par Ruellius. (J.) CRAMBITES [Enlom.), nom donné par M. Latreille à une division des lépidoptères nocturnes, comprenant toutes les espèces à qiiatre palpes apparens , et parmi lesquelles se trouvoit compris le genre Crambus. (C. D.) CRAMPE. {Ichthyol.) Quelques personnes ont ainsi nom- mé la Torpille. Voyez ce mot. (H. C.) CRAN {Bot.), nom vulgaire, dans la Bretagne, d'une espèce de cranson, cochlearia armoracia. ( J. ) CRAN ou CRÛN. {Min.) Ces mots, presque synonymes de crayons , sont employés dans quelques parties de la France pour désigner une variété particulière de calcaire friable qui nous paroit pouvoir se rapporter à la craie -tufau. Voyez Particle de la craie, au mot Chaux. ( B. ) CRAN DE BRETAGNE {Bot.), un des noms vulgaires du cranson de Bretagne. (F.D.) CRANDANG {Bot.), nom donné dans Pile de Java au limon, cilrus limon. (J.) CRANE. {Bot.) Espèce de vesse-loup , lycoperdon, obser- vée par Paulet dans les bosquets du parc de Meudon , et qu'il rapproche de l'espèce que Césalpin semble avoir vague- ment indiquée sous le nom de cranium, donné par Théo- phrasteà un champignon du même genre. Le premier aspect de ce lycoperdon, selon Paulet, est elTrayant, en ce qu'on croit voir sortir déterre une tête d'homme blanche et chauve, sur la surface de laquelle rampent comme des veines rami- fiées. Cette tt te ,- un peu oblongue, a quatre à cinq pouces CKA 5x1 fie diamètre : sa substance est blanche, sans orlem- et sans goût désagréable; dans sa maturité elle devient grise. Donnée aux animaux, lorsqu'elle est encore fraîche et dans sa pre- mière naissance, elle ne les incommode pas. Le crâne ou vesse-loup tête -d'homme est figuré dans Paulet (Traité II, pag. 444, pi. 200, fig. 1."). C'es^iune variété de la vesse- loup gigantesque de la Flore françoise par MM. De Lamarck et Decandolle. (Lem.) CRAJSGON. {Crustacés.) Ce nom, tiré du grec y.octyojv , qui indiquoit une espèce de crustacés, a été appliqué par Fa- bricius à un genre de petites écrevisses, qui comprend la crevette commune ou le cardon ; il doit être rangé par con- séquent dans la famille des longicaudes ou Macrcurês (voyez ce mot). Le corps est alongé, les branchies sont cachées, les pattes au nombre de dix; la queue , au moins aussi longue que le tronc , est garnie d'appendices écailleux à son extré- mité libre, où ils sont réunis en évenlail : leurs deux pre- mières paires de pattes sont terminées en pinces; celles de la seconde paire sont en outre alongées et coudées. Ce genre se distingue en outre des palémons, qu'on nomme aussi crevettes on chevrettes , mais plus particulièrement salicoques et bouquets, qui ont les quatre paires de pattes de devant terminées en pinces , et la pointe ou corne anté- rieure de leur test plus longue , plus droite et beaucoup plus dentelée. Ce n'est qu'après la mort , et surfout lorsqu'ils sont cuits ou qu'ils ont trempé dans l'alcool , que leur chair devient rougeàtre; dans l'état de vie, leur corps est transparent, d'un vert glauque, et à peine peut -ou le distinguer dans l'eau de la mer, où ces crustacés se trouvent en grand nombre sur nos côtes sablonneuses, où ils nagent et cheminent à reculons ou le corps renversé, et en frappant Feau vivement avec leur queue. Les poissons riverains s"en nourrissent, surtout les gades- merlans; aussi les pêcheurs s'en servent-ils comme d'amorce pour attirer les poissons dans certains parages où ils ont tendu leurs filets. Les espèces de ce genre sont peu connues ; cependant ou y rapporte cinq ou six espèces , parmi lesquelles se trouve : 512 CRA La Crevette de ivier ou Crangon commun, Crangon vulgari-e , dont nous avons indiqué plus haut les caractères, en compa- rant ce crustacé avec la salicoque; car la crevette a aussi le test prolongé en pointe, mais courte, obtuse et non dentelée, et les feuilles caudales sont noirâtres. On en apporte beaucoup à Paris ; il est Irès-commùn sur les côtes delà Manche, surfout en Picardie et en Normandie. (C. D.) CRANTA (Bot.), nom grec sous lequel Dioscoride dé- sigqoit le cornouillier ordinaire. (J.) CRANICHIS. (Bo^.) Voyez Cranic^le. ( Poir. ) CRANTE, Crania. {Conchyï.) C'est un genre de coquilles bivalves, établi par Bruguières pour plusieurs espèces, la plu- part fossiles , que Linna?us plaçoit dans le genre Anomie. Malheureusement on n'en coiinoit pas l'animal , en sorte qu'il n'est pas encore bien certain qu'il doive appartenir à la fa- mille des ostracées, comme on l'admet cependant assez géné- ralement. Ses caractères sont : Coquille inéquivalve, équilaté- rale; la valve inférieure ou droite, plane, adhérente, pour- vue d'un talon au sommet, suborbiculaire , marquée de trois trous obliques et inégaux , qui ne sont que des impressions musculaires profondes; la supérieure ou gauche très-bombée et munie intérieurement de deux callosités saillantes. La seule espèce vivante que Ton connoisse dans ce genre, la Cranie a masque [C. personata- Anomia craniolaris, Gmel., Chemnitz, Conchjl. , 8, t. 76, fig. 687, a b) , est une petite coquille d'à-peine un pouce de long, et de trois quarts de large, blanche , qui se trouve dans la mer de l'Inde aux Philippines, et, dit-on, quoique très-rarement, dans la mer Méditerranée , fixée par sa valve plane aux corps sous-marins. (De B.) CRANIE. (Foss.) Ces coquilles se présentent à l'état fos- sile dans les couches les plus anciennes et dans celles des craies. Voici les espèces ]es mieux connues. 1. La Cranje antique; Crania anliqua , Def. Je possède deux valves de cette espèce, dont l'une paroit être la valve libre, et l'autre la valve adhérente. Le bord de la première se pro- longe d'un côté en une pointe plate et obtuse, qu'on peut appeler le sommet. Il porte en-dessous des marques d'accrois- CRA 5,3 sèment, comme le talon d'une huître. A la base de ce pro- longement on trouve, dans la coquille, deux trous qui se dirigent obliquement du côté du sommet. Vers le milieu de la valve il se trouve un autre trou ohlong, qui se dirige comme les deuxprécédens. La position et la forme de ces trous don- nent au dedans de cette coquille la figure d'un masque aplati. Le dessus est uni et marqué de cercles concentriques paral- lèles aux bords, et dont le sommet est le centre. L'autre valve est plus arrondie; les trous sont à peu près les mêmes que sur la première ; l'intérieur , ainsi que les bords , qui sont coupés obliquement , sont garnis de petits grains très-fins plus ou moins ronds. Son diamètre est de six lignes environ. On trouve cette espèce à Néhou , département de la Man- che , dans une couche où l'on rencontre des baculites et des cornes d'ammon. 2. La Crame sTniÉE; Crania slriala , Def. Cette espèce est plus petite que la précédente : la partie du bord qui s'alonge dans cette dernière, est comme tronquée dans celle-ci; au lieu de trous , l'intérieur des valves présente à leur place de petites éminences : mais ce qui la distingue essentielle- ment, c'est que la valve supérieure porte des stries qui par- tent d'un centre rapproché du bord , comme celles de cer- tains cabochons , avec lesquels on pourroit la confondre si on n'en voyoit pas l'intérieur. On la trouve avec la précédente. Elle a les plus grands rapports de forme avec celle dont on voit la figure dans l'Encyclopédie , pi. 171 , fig. 6 et 7 des Cranies. 3. La Crame des f.nviroks de Paris; Crania parisiensis , Def. Quoique j'aie rencontré plusieurs valves de cette espèce dans les craies deMeudon près de Paris, je n'ai jamais pu trouver de valves supérieures. Leur largeur est de huit à neuf lignes; le sommet est tronqué, et les trois trous en sont rapprochés. Le bord opposé au sommet est très-relevé; l'intérieur porte dessillons qui partent du centre et s'étendent jusqu'aux bords opposés au sommet. J"ai trouvé ces coquilles fortement attachées par toute leur surface inférieure sur des morceaux d'une très -grande coquille aplatie , qu'on a prise pour des débris de pinne marine , mais qui est très- éloignée de ce genre par la forme de sa charnière. 3i4 CRA Cette espèce a les plus grands rapports avec celle que I'oh trouve à Tétat frais sur des madrépores qui viennent très- probablement de la Méditerranée ou de la mer Rouge , puisqu'ils sont accompagnés de débris de coraux; mais celle- ci est plus petite. On trouve , dans la montagne de Saint-Pierre de Maestricht, «ne petite espèce de cranie qui se rapproche d'une téré- bratule qu'on rencontre au n.ême lieu, dont on voit la figure dans l'Histoire naturelle de cette montagne, pi. 27, fig. 8 , en sorte qu'il sembleroit que ces deux genres se trou- veroient très-rapprochés l'un de l'autre. On a donné le nom de monnoie de Bratembourg aux val- ves supérieures des crames fossiles qu'on trouve, dit-on, en Suède, et que quelques auteurs ont rangées dans la classe des huîtres. Stobseus les a décrites dans ses Opuscules, p. 00 et suivantes. (D. F.) CRANIOLARIA. (Bot.) Ce genre de Linnaeus est composé de deux espèces, dont l'une, craniolaria fruticosa, ayant l'ovaire adhérent au calice , doit être rapportée au genre Gesnera de Plumier, qui fera partie d'une nouvelle famille voisine des campanùlacées; l'autre, craniolaria annua, remar- quable par le tube alongé de sa corolle, doit rester genre distinct du martjnia, avec lequel M. Svvartz vouloit le con- fondre. (J. ) CRANIOLARIS {Conchjl.) , nom trivial d'une espèce de Cranie. Voyez ce mot. (DeB.) CRANION. [Bot.) Théophraste divise les champignons en quatre groupes, sous les noms d'hyànum , de ivyce , de poxos et de cranion. Les champignons ronds, semblables à des crânes humains, comme certaines grosses espèces de Ij'co' perdon, de vesse-loup , rentroient fort probablement dans le dernier groupe. Césalpin étoit persuadé de l'exactitude de ce rapprochement : il cite , en effet, aux environs de Pise, des vesse-loups de la grosseur d'une tête d'enfant, et que les habitans mangent frites dans de l'huile. 11 ajoute que ces mêmes plantes sont les pezica de Pline, et qu'elles portent encore en Italie le nom de puza. Au rang de ces vesse-loups se trouve le bolet de cerf de quelques botanistes antérieurs à Linnaeus, qui le nomma Ijcoperdon ceryinurn (voy. Cervi- CRA 3i5 «OLETUs). Ce bolet de cerf n'est pas le cemunios de Pline, mais une trujf'e {hydnum de Théophrastc). Ce nom de ceraW- nios est appliqué généralement, chez les anciens, à beau- coup de champignons et pour la même cause, leur croissance très-rapide dans les temps d'orage, surtout dans les orages où les coups de tonnerre sont très-fréquens. (Lem.) CRANION ET CERAUNION. (Bot.) Ces deux noms étoient donnés par Théophraste et d'autres anciens, à des plantes dé- pourvues de racines au moins apparentes, et particulière- ment à la trufle, tuber. D'après des descriptions incomplètes, il paroîtroit que, parmi ces plantes, celles qui sont nommées cranion, ont la surface lisse, et les ceraumon ont la surface raboteuse : en ce cas le premier nom conviendroit à la truffe blanche , et le second à la truffe noire. ( J.) CllANIQUE, Cranichis. (Bot.) Genre de plantes monocoty- lédones, delà famille des orchidées , de la gynandrie monandrie de Linna'us, offrant pour caractère essentiel: Une corolle renversée, presque en masque , à six pétales; trois extérieurs lancéolés, presque égaux, dont deux latéraux supérieurs, le troisième plus en avant; deux pétales intérieurs, plus étroits; le sixième , ou la lèvi'e , en voûte, droit, ovale, en bosse, souvent bifide à sa base, placé entre les pétales la- téraux , recouvrant les organes sexuels: une anthère sessile, à deux loges, placée sur le corps charnu du stigmate ; une capsule trigone, alongée, uniloculaire, s'ouvrant sur ses angles, renfermant des semences petites et nombreuses. Ce genre se compose de quelques plantes herbacées, la plupart originaires de l'Amérique méridionale, dont' les racines sont fasciculées , et les fleurs terminales presque en épi. Il a été établi par Swartz pour les espèces suivantes^ décrites dans sa Flore des Indes orientales. GaAiXigUE SANS FEUILLES ; Cranicliis aphjlla, Swartz, FI. Ind. occid. 3 , page 1421. Ses racines sont charnues , cylindriques, fa^iculées; les tiges simples, liliibrmes, longues d'environ six pouces, dépourvues de feuilles, remplacées par quelques gaines alternes , membraneuses , pubescentes , acuniinées. Les fleurs sont petites, d'un blanc pâle, disposées en un épi tongde deux pouces, muni de petites bractées ovales, aiguës, cinq pétales connivcns à leur sommet ; l'inférieur plus grand, 3i6 CRA plus coloré; une capsule ovale, à six angles obtus. Elle croît dans les forêts, sur les hautes montagnes de la Jamaïque. Cramque a deux feuilles: Cranichis dipliylla, Swartz, Le. Cette espèce a aussi été découverte sur les montagnes de la Ja- maïque, parmi les mousses. Ses tiges sont filiformes, hautes d'un demi-pied , munies de quelques petites gaines acuminées, et communément de deux feuilles radicales pétiolées , d'un vert gai, en cœur, aiguës, nerveuses; les fleurs sont petites, blan- châtres ; les épis courts ; les trois pétales extérieurs per- sistans, d'un vert pâle; la lèvre plus petite que les pétales; les capsules petites , oblongues , aiguës à leurs deux extrémités, s'ouvrant en trois parties. Cranique a petites fleurs ; Cranichis oligantha, Swartz , l. c. Ses racines sont tomenteuses, fasciculées; ses tiges filiformes, presque nues; quelques feuilles radicales glabres, luisantes, pétiolées, ovales-lancéolées, acuminées, à veines réticulées; les fleurs très-petites, nombreuses, d'un blanc rougeàtre; l'épi presque filiforme; les pétales connivens à leur sommet ; la lèvre en casque, bifide à sa base; les capsules fort petites, en ovale renversé, à trois angles obtus. Cranique en épis; Cranichis stachyoides , Swartz, L c. Ses tiges sont épaisses , ha-ites de deux pieds, garnies de trois ou quatre feuilles radicales, pétiolées, ovales, acuminées; l'épi alongé , cylindrique, presque pyramidal; les fleurs nom- breuses, verdàtres , assez grandes, presque verticilîées; les pétales réfléchis et roulés; les .extérieurs ventrus à leur base; une anthère à quatre loges; des globules solitaires «Jans chaque loge; une capsule oblongue et trigone. Cranique mousseuse; Cranichis muscosa , Swartz, /. c. On trouve cette plante aux lieux humides et ombragés delà Ja- maïque. Ses racines sont fasciculées, cylindriques, tomen- teuses; ses tiges hautes d'un pied et plus, un peu comprimées à leur sommet; les feuilles droites, pétiolées et radicales, ovales, aiguës, minces, nerveuses, réticulées ; les caulinaires sessiles, vaginales à leur base; les fleurs blanches, petites, disposées en un épi long de deux ou trois pouces; le pétale inférieur concave, redressé, aigu, marqué en dedans de points verdàtres; les capsules oblongues, trigones ; les se-> menées pileuses. CRA 5i7 Cranique a fleurs RARES; Cranicliis paucljlora, Swartz, l. c. Ses racines sont velues; ses tiges hautes de plus d'un pied, glanduleuses et pubescentes vers leur sommet ; les feuilles presque toutes radicales et sessiU-s, ovales- oblongues, d'un brun verdàtre, rétrécies à leur base; les fleurs petites, blan- châtres, presque sessiles, formant un épi terminal; les bractées pubescentes, ainsi que l'ovaire; les capsules ovales, un peu pédicellées. M. Swartz rapporta d'abord à ce genre, sous le nom de cranichis luteola , l'epidcndrum minutum d'Aublet, qui est ensuite devenu le dendrotium poljstachfon , Sw. , Act. Ho/m. Le genre Galeola de Loureiro paroît très -rapproché de celui-ci. (POIR.) CRANIUM ( Conclijl') •> nom trivial d'une espèce de cramie fossile. C'est aussi celui d'une espèce d'a/cyora. ( De B. ) CRANOlDE, Cranioides. (Foss.) Lapis cranii supernam par- tem mentiens ; Scheuchzer, Spec.lilho. 64. Bertrand , dans son Dictionnaire oryctol. , pense que sous cette dénomination Scheuchzer a entendu parler du polypier fossile qu'on nomme Méandrine (voyez ce mot), ou de la portion supérieure de quelque grand oursin (D. F.) CRANQUILLIER. (Bot.) Dans quelques cantons le chèvre- feuille des bois porte ce nom. (L. D.) CRANSON; Coclilearia, Linn. (Bot.) Genre de plantes dico- tylédones, polypétaleshypogynes, delà famille des crucifères, Juss. , et de la tétradynamie siliculeuse , Liiin. , dont les prin- cipaux caractères sont les suivans : Calice de quatre folioles ovales, caduques; corolle de quatre pétales, moitié plus grands que le calice ; six étamines <à anthères obtuses et com- primées, deux des lilamens plus courts que les autres; un ovaire supérieur, arrondi, ovale ou en cœur , surmonté d'un style court, persistant, terminé par un stigmate obtus ; silicule de la même forme que l'ovaire , à deux valves renflées et oppo- sées à la cloison, à deux loges, contenant d'une à six graines ovoïdes, dépourvues de rebord. Les cransons sont des plantes herbacées, pour la plupart indigènes de l'Europe, à feuilles alternes, le plus souvent entières , et à fleurs disposées en grappes tei'minales ou laté- rales. On en connoit douze à treize espèces, parmi lesquellci- 3i8 CRA nous citerons les suivantes, qui croissent naturellement en France. Cranson officinal; vulgairement Herbe aux cuillers, Coch- X1ÉARIA : Cochlearia officinalis, Linn. , Spec. QoS ; FI. Dan., t. i55. Sa tige est légèrement anguleuse, très-glabre, plus ou moins rameuse , un peu couchée à sa base , haute de sipc pouces à un pied, garnie de feuilles, dont les inférieures sont arrondies , échancrées en cœur à leur base , pétiolées , et les supérieures ovales, sinuées, anguleuses, sessiles. Ses fleurs sont blanches , disposées, au sommet des tiges et des rameaux, d'abord en corymbe serré, mais s"alongeant ensuite en grappe. Les sili- cules sont presque globuleuses, et contiennent, dans cha- cune de leurs loges, cinq à six graines d'un brun noirâtre. Cette plante croît spontanément sur les rivages de la mer, en Normandie et en Bretagne , et sur les bords des ruisseaux dans les Pyrénées: elle fleurit en Mai, Juin et Juillet. On la cultive à cause de ses propriétés médicinales. Les feuilles du cranson oflicinal ont une saveur acre et un peu amère : quelques personnes les mangent en salade. On les emploie beaucoup en médecine , à cause de leur propriété antiscorbutique. On en prépare dans les phar- macies , avec l'alcool , un esprit ardent , dont on ''ait usage avec succès pour guérir les ulcères scorbutiques de la bouche et des gencives. Ces mêmes feuilles entrent dans la composition du sirop et du vin antiscorbutiques. On ne doit les employer que iraiches: sèches elles n'ont plus de propriété. Leur suc, à la dose d'une demi-once à une once, est une des meilleures prépa,ralions dont on puisse se servir dans le scorbut. Cranson panois: Ccchlearia danica, Linn., Spec. goS ; FI. Dan., t. loo. Cette espèce a les plus grands rapports avec la précédente: elle en diffère en ce que ;es (euiiles . à l'excep- tion de quelques radicales un peu arrondies et cordiformes, sont en général deltoïdes et à cinq angles, et parce que ses silicules sont elliptiques au lieu d'être globuleuses. Cette plante présente dans sa taille des variations si extraor 'inaires qu'on en trouve des individus parfaitement complets qui n'ont pas un pouce de hauteur, tfindis que d'autres s'élèvent jusqu'à un pied ; mais elle a en général quatre h six pouces. Elle croît dans les lieux bourbeux des bords de l'Océan, en CRA 5-9 Bretagne, en Normandie, en Flandre, en Danemarck, etc. Ses fleurs sont blanches, et paroissent en Avril, Mai et Juin. Cranson anglois : Cochlearia anglica , Linn. , Spec. 900 ; FI. Dan., t. 529. Le port et la consistance de cette plante sont les mêmes que dans les deux précédentes ; mais ses feuilles radicales sont ovales , entières , rarement un peu anguleuses, et celles de la tige sont lancéolées, entières ou chargées de quelques dents écartées. Ses silicules sont ellip- tiques, très-renflées. Ses fleurs blanches paroissent en Mai et Juin. Elle se trouve au bord de la mer, en Bretagne, en Angleterre, en Danemarck, etc. Cranson a feuilles de pastel: Cochlearia glastifolia , Linn., Spec, 904. Sa tige est très-glabre , droite, presque simple, haute d'un à deux pieds, garnie de feuilles lisses, glauques.; les inférieures ovales, pétiolées; toutes les autres lancéolées, sessiles. Ses fleurs sont blanches, petites, disposées en grappes d'abord très-courtes et ensuite alongées. Cette plante esf, bisannuelle: elle croît en Provence, dans^file de Corse et dans le midi de TEurope. Cranson drave : Cochlearia draba, Linn., Spec. 90/1 ; Jacq. Flor. Aust., t. 3i5. Sa tige est droite, pubescente, striée , haute de huit à quinze pouces. Ses feuilles sont ovales-oblon- gucs, dentées, pubescentes ; les radicales pétiolées; celles de la tige sessiles et munies d'appendices à leur base. Ses fleurs sont blanches, petites , nombreuses, disposées, au som- met de la tige et des rameaux, en plusieurs grappes formant une panicule. Les siliques sont en cœur et ne contiennent qu'une graine dans chaque loge. Cette plante croit sur le bord des champs, en France, en Italie, en Autriche, etc. Elle est vivace, Cranson de Bretagne; vulgairement Cranson rustique. Rai- fort SAUVAGE, Grand raifort, Moutarde des capucins, Mou- tarde DES Allemands, Cram des Anglois , Cran de Bretagne : Cochlearia armoracia, hinn. , 5pec, , 904 ; Rflphani/s sjlvestris , Fuchs, Hist., G60. La racine de cette espèce est cylindrique, très-longue, blanchâtre, vivace; elle donne naissance à une tige striée, glabre, rameuse, haute de deux pieds et plus. Ses feuilles radicales sont longuement pétiolées, très -grandes. 52Û CRA ovales-oblongues , crénelées, quelquefois pinnatifides; celles de la tige sont linéaires -lancéolées, le plus souvent dentées. Ses fleurs sont blanches , disposées en panicule au sommet de la tige et des rameaux. Les silicules sont ovales. Cette plante .croit sur les bords des ruisseaux et dans les lieux hu- mides, en France, en Allemagne, en Suisse, en Angleterre, etc. On la cultive à cause de ses usages en médecine. Dans quelques provinces on ràpc la racine de raifort sauvage, qui a, lorsqu'elle est fraîche, une odeur très-péné- trante, et une saveur acre et fort piquante, pour en faire une sorte de moutarde , dont on se sert pour assaisonner les viandes et exciter l'appétit. On appelle cette préparation moutarde des Allemands ou des capucins. Cette racine est d'ailleurs employée en médecine comme incisive, diurétique, et surtout comme fortement stimulante et éminemment antiscorbutique. Elle fait une des bases du vin et du sirop antiscorbutiques. Comme ses propriétés tiennent à un prin- cipe très-volatil , on doit toujours la préparer par simple infusion. Nous avons traité, au genre Coronope,du cochlearia corunopus de Linna^us. ( L. D. ) CRANTZIA, Crantzia. (Bot.) Ce nom d'un botaniste estimé par ses travaux sur les ombellifères et les crucifères, et par sa Flore de l'Autriche, a été donné successivement à plusieurs genres. Scopoli s'en est servi pour désigner le besleria cristala ^ dont il faisoit un genre distinct. (Voyez Bkslere.) Schreber a nommé crantzia le kaka-toddalia [Hort. malab., vol. 5, p. 5 , t. 41 ) ou paullinia asiaiica, Linn. , qui est le toddalia, Juss. , Cen. , et le Scopolia de Smith. (Voy. Toddali.) Un autre crantzia est celui de Swartz, dans son Prodromus , adopté par Vahl dans ses Sjmbolcc, nommé ensuite tricera par Swartz lui-même dans son Flora, et successivement par Schre- ber, dans sa série des genres. Celui-ci, examiné dans les her- biers et d'après les descriptions données, paroît être un véri- table buis, buxus , différant de l'ordinaire seulement par ses paquets de fleurs pédonculées , le calice des femelles divisé en cinq parties, au lieu de quatre, et les styles plus courts. (J.) CRAPA. [Iclithjol.) En Sicile, on donne vulgairement le nom de crapa à un poisson que M. Rafinesque-Schmallz rapporte au genre Lutjan sous la dénomination de lutjanus crapa, et qu'il regarde comme voisin du lutjanus adruilicus. Il a la mâchoire iiilerieure prolongée, les dents moyennes plus fortes, la ligne latérale courbe et la queue entière; il est roux, avec des bandes transversales couleur de feu, et plu- sieurs de ses nageoires sont ponctuées. 11 doit probablement être rapporté au genre Serran de M. Cuvier. Voyez Serran. (H. C.) CRAPAUD, Bufo. (Erpétol.) Genre de reptiles de la fa- mille des batraciens anoures , et reconnoissable aux caractères suivans : Pattes de derrière de lu lotiirueur du corps seulement ; .dod^ts antérieurs unis, courts, plats et inégaux; deux grosses glandes sur le cou , appelées parotides; corps cow^ert de verrues ou de pa- pilles, d'où suinte une humeur fétide; point de dents le plus com- munément; une langue visible. A Faide de ces notes et du tableau que nous avons présenté à l'article Anoures (Supplém. du 2.'' volume), il sera facile de distinguer les crapauds des grenouilles et des rainettes, qui manquent de parotides et ont les pattes postérieures plus longues que le corps, et des pipas, chez lesquels les doigts sont libres et qui sont totalement dépourvus de langue. Il faut pourtant convenir que ce genre a les plus grands rapports avec celui des grenouilles, auquel Linna^us Tavoit réuni, en quoi il a été suivi par la plupart des naturalistes systéma- tiques. Plusieurs grenouilles ont les pattes postérieures ti'ès- raccourcies; plusieurs aussi ont le corps couvert de tuber- cules : les parotides nous paroissent donc jusqu'à présent le seul caractère sur lequel on puisse compter d'une manière certaine. (Voyez Anoures, Batraciens, Grenouille, Pipa, Rainette et Erpétologie.) Les premières traces de jla séparation des crapauds et des grenouilles en deux genres distincts , existent dans un ouvrage de l'anglois Bradley [Account of tlie TJ^orks of Nature ,London, lyoç)); mais il a été très-facile de détruire la plupart des assertions qu'il a mises en avant. Laurenti , après lui, soutint la même théorie, mais d'une manière peu décisive. Il donne, en effet, aux crapauds, entre autres caractères essentiels, un corps orbiculaire , verruqueux , sale et ajfreux à voir [telrum) , sans penser que quelques grenouilles avoient le corps con- 11. 21 Pr 32. CRA formé de la même manière , et que, pour rhistorien de la na» lure, rien de ce qui fait partie de l'universalité des êtres ne sauroit être ni dégoiilant ni affreux a A'oir; un canal de l'urè- tre propre à éjaculer ( ure'.hram ejacnlatoriam) , ce que tout le monde peut observer aussi dans les grenouilles. M. de Lacé- pède et M. Duméril ont mieux établi les caractères du genre. M. Schneider a adopté à peu près les principes de ces auteurs, ajoutant seulement que, dans les crapauds , le pouce des pat Les de devant est écarté des autres doigts . et que l'index est fort court. (Bist. amphibiorum nat. . fascic. i, pas;, 177.) Le ijiot hufo est depuis très-long-temps connu dans la langue latine : inventusque cavis hufo ^ dit \ irgilc dans le premier livre des (.éorgiques. Hermolaus pense que ce nom a été donné à ranim;;l qui le porte, à raison de la faculté qu'il a de se gonfler de colère et de faire entendre une sorte de sitlcment analogue à un soupir. Les Grecs nous paroissent avoir désigné le crapaud par le mot fjivc^Jv, quoique Scî.liger pense que cette opinion soit une erreur, et par ceux de Ç'puvcç et de iQajçcc^cç êAf/oi' , grenouille de marais. Quant à l'expression françoise, crapaudou crapault, son étymologie me paroit fort obscure, et je ne puis croire , comme quelques personnes l'ont avancé, qu'elle dérive du grec KslpOvHJcç. qu'on trouve dans Hésychius. Quoiqu'il en soit, les crapauds ont été, dans tous les temps et dans tous les lieux, au nombre des animaux que l'opinion repousse ; partout ils sont un objet de dégoût, on peut même dire d'horreur. On les regarde génér;;lenient comme veni- meux, et la réputation que ce préjugé leur a donnée , les fuit proscrire avec fureur. Cependant nous verrons bientôt que ces animaux, presque innocens , sont fort intércssans à étu- dier, et que leur histoire offre une foule de faits curieux et dignes de l'attention des observateurs. A. Organisadoji des crapauds. 1." Organes de la locomotion. Dans une dissertation soutenue à Berlin, tout récemment, parM. C. G.Klo'tzke, sous la présidence de M. Rudoljhi. vn trouve une ostéologie et une myologie très- soignées du cra- CRA 52S paud cornu d'Amériqu.e : ce qui, joint aux faits connus anté- rieurement et il nos propres observations, nous met à mémo de donner sur les animaux de ce genre les résultats anato- miques suivans. Les os de la région supérieure de la tête sont, potir la plu- part, rugueux à leur superPcie, les interaiaxillaires, les ju- gaux et les tympaniques sont seuls lisses. Les os de la région inférieure ne présentent point les inégalités qu'où observe sur les autres. A l'exception de la svmphyse du menton et des os inter- maxill.iires , qui sont libres de toutes parts, tous les os du crâne et de la face sont totalement soudés chez les individus adultes. Les osselets de Touie sont au nombre de deux, le marteau et l'étrler 5 ils sont fort grands et Ccirtilagineux. Le plus habituellement les crapauds sont f'épourvus de dents ; cependant M. Khvt^ke en a observé d'assez grandes et recourbées dans le crapaud cornu, et M. Schlechtendal, dans le crapaud sonnant. La ttle est articulée par deux con- dyles avec l'atlas. Dans les crapauds d'Europe les vertèbres sont au nombre de huit : il n'y en a que sept dans le crapaud cornu et quel- ques autres espèces étrangères. Leurs apophyses sont fortes et longues en général; les transverses sont larges et sécuri- formcs. Le sacrum a des apophyses t^-anverses prismatiques, trian- gulaires et très-robustes : il est long, pointu et comprimé , sans coccyx. Les os coxaux sont réunis en une seule pièce dans les sujets adultes, comme cela a Heu dans les grenouilles en général. Il n'y a aucune aj)parence de côtes. Le sternum est large; il est uni en devant avec les os de la fourchette et les clavicules. Il est échancré en arrière, ef pourvu dans ce sens de deux pièces cartilagineuses, chez le crapaud cornu. Dans les autres espèces il se teruilne par un disque qui sert à l'insertion des muscles. Les os de la fourchette et les clavicules sont entièrement réunis d'une part avec le sternum, de l'autre avec le scapu- lum. A leur point de jonction , ces trois pièces laissent entre 524 CPxV .elles une large ouvcrlurc ovale, qui commiiiiiquc par un cauctl assez court dans l'arliculation scapulo-humérale. Cette particularité est fort évidente dans le crapaud cornu : on ne la rencontre point dans la plupart des autres. L"omopIate est brisée, et formée de deux pièces articulées, . dont la supérieure se reporte vers Tépine. 1/os du bras n'offre aucune particularité notable. Ceux de l'avant-bras sont soudés entre eux, de manière à nen former qu'un seul, creusé de chaque côté et inférieurement d'un sillon peu profond. l.e carpe est composé ordinairement de huit os sur trois rangs; dans le crapaud cornu, il n'y a que six os et i]i:nx rangs. Les os du métacarpe sont au nombre de quatre. Les doigts sont au nombre de quatre ; il n'y a qu'un vestige de pouce, non supporté par un os du métacarpe. Le pouce n'a qu'une seule phalange ; les deux doigts sui- vans en ont deux , et les deux derniers, trois. Le fémur est droit et dépourvu de trochanters. Sa coupe est arrondie. Après lui vient un os que la plupart des ana- lomistes ont considéré à tort comme représentant les deux os de la jambe. C'est une pièce particulière au s([uelette des anoures, mais qui est beaucoup moins longue dans les cra- pauds que dans les grenouilles. La rotule, souvent cartilagineuse et placée dans l'épais- seur des tendons, est analogue à celle de l'homme. Le tibia et le péroné , séparés dans toute leur longueur , ont été considérés par plusieurs auteurs comme étant l'astra- gale et le calcanéum. Le tarse renferme quatre os, dont le dernier est fortement crochu. Il y a cinq os du métatarse : le quatrième est le plus long; le premier le plus court. Les deux premiers des cin<[ doigis postérieurs ont deux phalanges, le troisième trois , le quatrième quatre , et le cin- quième trois. Les muscles sont très-forts, très-irritables, très-sensibles à l'action du galvanisme. 11 n'y a ()ue deux muscles ])ru])res aux mouvemens de la cil A '25 tOte sur le rachis : l'un est l'analogue de l'oblique supérieur, cl l'autre celui du petit droit antérieur. î.es muscles de l'épine sont peu nombreux. Le trachélo-mastoïdien , qu'il vaudroit mieux appeler Ira- chélo-tympanique , s'étend de l'apophyse transverse de la seconde vertèbre à l'os tympanique et à la capsule de l'arti- culalion de la mâchoire inférieure. 11 dirige la tête de côté, et peut servir à l'ouverture de la bouche. ]l y a un muscle droit antérieur. Le lombo-costal , ou plutôt son analogue éloigué, puisqu'il n'y a point de côtes, représente le trapèze et le sacro-lombaire de l'homme : il s'étend du sacrum à la tête, en se fixant, par (!cs tendons isolés, à toutes les vertèbres. Les intertransversaires sont comme dans l'homme : il en existe un entre la dernière vertèbre et le sacrum. Le sacro-iliaque ou l'analogue de l'ischio-coccygien occupe tout l'intervalle compris entre le long os du sacrum et les os des îles. Il est partagé en trois portions, dont les deux dernières pourroient être appelées sacro-coccygienne et ilio- coccygienne. Le carré des lombes ou A'crtébro-iliaque , né de l'apophyse Iransverse de la troisième vertèbre, va s'insérer à celles des quatrième, cinquième et sixième vertèbres, et à la symphyse sacro-iliaque. La peau n'est point adhérente aux muscles du bas-ventre, qui, ne pouvant s'attacher aux côtes, sont unis au sternum par de fortes aponévroses. Le muscle grand-dentelé a une forme toute particulière , à cause de l'absence des côtes. 11 est composé de trois portions parfaitement distinctes, dont l'une, s'atlachant à l'occipital et à lomoplate, représente partiellement le trapèze, tandis que la seconde remplit, en partie, l'oflice de l'angulaire del'o- «moplate ; etla troisième, en partie aussi, celui du rhomboïde. Un autre muscle , analogue pareillement à l'angulaire de l'omoplate, naît de l'occipital et descend en s'amincissant \ ers l'épaule : il est très-fort. Le rhomboïde est très-mince. Il n'y a ni trapèze, ni petit pectoral, ni sous-clavier. Un muscle, qu'on peut appeler intcrscapulaire , occupe 320- CRA l'inlervalle qui existe eiifre les deux portions de romoplate bri-sée. L'omo-hyo^'dien est long et grêle. L'analogue du slerno-mastoidieiis"élend de derrière l'oreille à la première portion de l'omoplate. Le grand pectoral est formé de deux portions superpo- sées, qui, au sternum, viennent, par deux tendons, s'insé- rer sur les bords de la gouttière liumérale. Dans le crapaud cornu il se partage en quatre portions. Le grand dorsal, né de la région inférieure du dos. re- couvre entièrement l'omoplate, et s'attache à l'humérus par un tendon. Il n'y a ni sous-épineux, ni sus-épineux, ni grand rond. Le sous-scapul .ire et le coraco-brachial sont représentés par un seul muscle , qui s'attache à la face interne de l'omo- plate, à son articulation scapulo-claviculaire et à l'humérus. Le deltoïde est formé de trois portions, dont la première viect du sternum. Le petit rond n'a été vu que dans le crapaud cornu. Enfin, il y a un muscle accessoire du grand pectoral. Le muscle biceps est remplacé par un muscle que MM. Cuvier et Duméril proposent avec raison de nommer ster- no-radien ; il s'attache au sternum, fournit un tendon qui traverse l'articulation scapulo-humérale , et va s'insérer au radius. Il n'y a point d'huméro -cubital. Le triceps ou scapulo-olécrâuicn est analogue à celui de l'homme, mais plus fort. Il n'y a qu'un supinateur; le pronateur est unique égale- ment et descend jusqu'au carpe. Il paroit que dans le cra- paud cornu il y a deux supinateurs, II y a deux extenseurs du métacarpe, qui, de la tiibéro- sité interne de l'humérus, se portent aux os du métacarpe qui soutiennent les doigfs index et médius. Un autre extenseur du métacarpe descend , de la tubéro- sité externe de l'humérus, à l'os du métacarpe qui soutient ïe petit doigt, et au carpe : il étend la main et la dirige dans le sens de l'abduction. Les deux précédens la portent dans celui de l'adduction. CRA 327 Il n'y a ni grand palmaire ni palinairc grcle. Le fléchisseur commun des doigts les remplace-, il se divise en quatre portions, et reçoit le palmaire cutané. L'extenseur commun des doigts ne se distribue qu'aux second, troisième et quatrième d'entre eux. II y a un extenseur propre de l'indicateur, un extenseur du petit doigt, un court extenseur des doigts, un abducteur et un adducteur du petit doigt, et quatre lombricaux. Comme les muscles des membres abdominaux ont dans la grenouille des fonctions plus importantes et sont mieux ca- ractérisés que dans le crapaud , nous en parlerons à l'article Grenouille. (Voyez ce mot.) ^." Organes des sensations. Quoique les nerfs soient, chez le crapaud, très-distincfs et fort gros, la cavité du crâne, qui en renferme l'origine, est très-resserrée. Le cerveau lui-même est d'un fort petit volume. Les hémisphères sont lisses, sans circonvolutions, alongcs et étroits. Les couches optiques, placées en arrière de ceux- ci , sont grandes et creusées d'un ventricule qui communiqvie avec le ventricule moyen. Le cervelet est aplati , triangu- laire , couché en arrière sur la moelle alongée. Il n'y a point de tubercules quadrijumeaux , ni de pont de V^aroli. Les nerfs olfactifs proviennent de l'extrémité antérieure des hémisphères cérébraux : le trou qui les transmet au de- hors du crâne, est double. Les fosses nasales sont très -peu étendues; elles ne contiennent pas de cornets , et n'ont dans leur voisinage aucun sinus qui communique avec elles; elles ne présentent que quelques tubercules. Les narines sont tu- buleuses et garnies d'une petite valvule, destinée à s'oppo- ser à la sortie de l'air pendant les mouvemens de la respi- ration. Les orbites ne sont séparées des fosses temporales que par une branche osseuse incomplète. Leur base regarde en haut. Les trous optiques sont fort écartés et percés sur les côtés du crâne. Les muscles droits de l'œil sont au nombre de qua- tre : M. Cuvicr n'en admet qu'un seul , qu'il appelle infé- rieur, parce qu'il regarde les trois autres comme trois por- tions d'un seul et même muscle. Le grand oblique n'existe 528 en A point ; il y a un élévalcur de la ]iaiii)icrc supérieure. Les procès ciliaires sont peu marques. J,a pupille est rlioinboï- dale. Le globe de Lœil n'est soutenu inlerieurement que par le voile du palais. Les nerfs optiques naissent d"un tubercule moyen de la base de l'encéphale. Les paupières, au nombre de trois, sont toutes horizontales : la supérieure n"cst qu'une saillie de la peau , à peu près immobile ; Linfcrieure est plus mobile : la troisième se meut de bas en haut et est la plus employée ; elle est transparente , et mue par un seul jnuscle , placé transversalement derrière le globe de l'œil. Le devant de l'œil est humecté par un liquide analogue aux larmes. Les crapauds jouissent du sens de l'audition. Au rapport d'Aétius (Tetrahib. /\, scnv. i), les anciens les distinguoien) en crapauds sourds , et en crapauds qui entendent : ils rcgar- doient les premiers comme Aénimeux. La membrane du tympan est, chez eux, à fleur de tête, en arrière et au-dessous de l'a'il , entre les muscles masseler et temporal, en sorte qu'il n'y a ni conque, ni pavillon de l'oreille: la peau qui la recouvre est plus fine que sur le reste du corps : elle est ordinairement très-lisse et remarquable par une couleur particulière. La caisse du tympan est cntièreme.'it membraneuse dans îa partie postérieure; elle communique immédiatement avec ï'arrière-bouche par un grand trou , qui se voit en écartant simplement les mâchoires de l'animal. Les trois canaux de- mi-circulaires sont situés au-dessus du labyrinthe membra- neux; ils sont surbaissés et forment ensemble un cercle pres- que complet. Chacun d'eux a son ampoule, et le sac laby- rinthique renferme une pierre de consistance amylacée , comme dans les poissons ehondroptéryglens. L'épiderme est une sorte de membrane muijueuse qui revêt tout le corps et qui tombe par lambeaux à plusieurs époques de l'année. C'est au tissii muqueux de la ])eai: de ces animaux que sont dues les taches noires , grises , rouges , vertes, bleues, etc., que l'on remarque à la surface du corps. On n'observe des papilles que sous les pattes. Le derme est très-serré et très-dense; il n'adhère pas au corps dans tous les points, comme dans les autres animaux, chez CRA 529 lesquels il est inllmement uni avec le tissu cellulaire : il est seulement fixé au pourtour de la bouche, le long de la ligne médiane du corps, aux aisselles et aux aines; partout ailleurs le corps est libre et renfermé dans la peau comme dans un sac, qu'on peut en isoler en produisant un emph}- sème artificiel. Dans les crapauds, comme dans les autres batraciens, tou- jours cette peau est nue. M. Schneider a constaté que la gre- nouille écailleuse de "S'S'allbaum n'avoit paru telle que par accident, quelques écailles de lézards gardés dans le même bocal s'étant attachées à son dos. JI n'y a pas de muscle peaucier; on trouve seulement, sous la gorge , des fibres qui s'attachent au pourtour de la mâchoire et se perdent dans le tissu cellulaire qui unit la peau à l'ori- gine de la poitrine. La peau est constamment lubrifiée par une viscosité d'au- tant plus abondante que les espères sont plus souvent plon- gées dans l'eau : il semble même que les crapauds puissent augnicntcr à volonté l'excrclion de cette liqueur, et la faire sortir comme une rosée de tous leurs pores. Des glandes cu- tanées sont irrégulièrement éparses sur toute la surface du corps, et les deux grosses qu'on remarque derrière les oreilles s'ouvrent par plusieurs petits pores. Ces glandes pro- duisent une humeur acre, qui est un poison pour les ani- maux très-foibles, dit M. Cuvicr. L'usage du mucus qui enduit le corps des crapauds est manifeste; il sert à les défendre contre la sécheresse de l'air et l'ardeur du soleil. On peut citer à ce sujet une expérience de Bartholin , qui fit périr une grenouille en l'exposant au soleil après lui avoir préalablement frotté la tête et le dos avec de la graisse. M. Schneider a vu également que le so^V leil faisoit beaucoup de malaux crapauds, et le célèbre Adan- son rapporte que lévaporation qui se fait par la peau de ces animaux est si grande, que les Nègres qui traversent les sables brûlans du Sénégal s'en appliquent un tout vivant sur le front pour se rafraîchir. Les doigts, nus et sans ongles, doivent donner au sens du toucher beaucoup de délicatesse. La langue est entièrement charnue, attachée au bord de Zoo CRA la mâchoire inférieure , et repliée dans la bouche dans Tétai de repos. Sa surface est lisse et loujours niuquwise. Sa pointe n'est point bifurquce comme diins la plupart des grenouilles : elle sort de la bouche et y rentre, en tournant, pour ainsi dire, sur son point fixe. Ces uiouvemens dépen- dent de deux paires de muscles, les génio-glosses et les hyo- glosses. 5." Organes de la digestion. L'arc très-ouvert que forme la rrtâchoire inférieure , est composé de six pièces, dont les deux mo}ennessont les plus grOles. Cette même mâchoire manque a!)solumeut de bran- ches montantes, et est seule mobile. 11 n'y a aucune trace d'<';poph}se coronouie. Il y a une ligne transverse de denfs implantées dans les os palatins : cette ligne est interrompue dans son milieu. La langue est évidemment couverte d'une couche glandu- leuse. Le carlilpge hyoïde est une large plaque à peu près car- rée, appliquée immédiatement aux parois inférieures du palais et de l'arrière -bouche. Ses cornes antérieures se re- courbent de manière a aller se fixer à la partie postérieure duci'àne. Les postérieures sont droites et osseuses: le larynx est placé entre elles. L'analogue du muscle mylo-hyoïdien remplit rinterv.îlle des branches de la mâchoire inférieure, et soutient et soulève les parties qui sont au-dessus. Le slerno-hyoicien se prolonge en dedans du sternum jusqu'à la partie recidée de cet os. Le stylo-hyoidien ex'ste évidemment. Les génio-hyoïdiens se diAHsent postérieurement en deux portions, entre lesquelles passe le stcrno-hyoïdien. Il n'y a point d'épiglotte. Le pharynx ne peut guère être distingué du commence- ïnent de l'a-sophjige : leur diamètre est absolument le même, et leur membrane interne a tout-à-fait la même apparence. 11 n'y a pour !e pharynx aucun muscle particulier. L'estomac, d'abord assez dilaté, se rétrécit petit à petit, puis se recourbe , et ne forme plus qu'un boyau étroit, à pa- rois plus épaisses que le reste, lequel aboutit au pylore. CRA 55i J.a longueur des intestins est à celle du corps dans le rap- port d'un à deux, c'est-à-dire que, sur un crapaud de 0,6 5, les intestins sont de 0,110. L'intestin grêle est beaucoup plus long que le gros, à l'extrémité duquel il s'insère de ma- nière à se prolonger dans sa cavité, pour y former un rebord circulaire en forme de valvule. Les parois du gros intestin sont toujours plus fortes et plus épaisses. Le rectum est cy- lindrique. Lanus est garni d'un sphincter : il correspond à un cloaque, et sert par conséquent à la sortie des matières excrémen- titielles et aux organes de la génération. 4-° Organes de la circulation. La structure du cœur est la plus simple possible. Il n'a qu'une seule oreillette arrondie , plus large que la base du cœur et affermie par des colonnes charnues, et un seul ven- tricule conique, dont la cavité a des colonnes charnues ad- hérentes, et s'ouvre dans le tronc commun des artères par un orifice unique, au-dessous de l'ouverture auriculo-ven- triculaire. L'aorte se divise bientôt en deux branches, dont cliacune produit une pulmonaire, une carotide commune, une axil- laire, une vertébrale, les analogues des intercostales. Puis elles se rapprochent l'une de l'autre, et se réunissent en un tronc qui fournit la cœliaque et toutes les autres artères de l'aorte abdominale. De cette manière une partie dit' sang seulement passe par les poumons. '^ Les veines ont une distribution comparable à celle des artères. 6." Organes de la respiration. Les bronches commencent immédiatement au-dessous du larynx, et s'ouvrent brusquement, et sans se diviser, dans les deux poumons, par plusieurs larges orifices. Les poumons forment deux sacs, dont les parois intérieures sont divisées par des feuillets membraneux en cellules poly- gonales, dans lesquelles d'autres feuillets moins élevés for- ment des cellules plus petites. Celles-ci sont plus étroites, plus nombreuses et plus profondes dans la partie antérieure du sac que dans le reste de son étendue. Ici la respiration doit s'opérer suivant un mode particu- 552 CRA lier, puisqu'il n'y a ni côtes ni diaplira^^me. L'air est intro- duit dans les poumons par une véritable déglutition; la bouche se ferme, la gorge se dilate, il s'y produit un vide, et Tair extérieur se précipite par les narines : alors le pha- rynx se ferme, et l'air ne trouve d'autre issue que la glotte. L'expiration a lieu par la contraction des muscles du bas- ventre , et peut- être parla force propre des poumons. Ce qu'il y a de sûr, c'est que, quand on ouvre le ventre d'un de ces animaux pendant sa vie, les poumons se dilatent sans pouvoir s'affaisser, et si on le force à tenir sa bouche ou- verte, il meurt asphyxié, ne pouvant plus renouveler l'air de ses poumons. Les crapauds ne présentent point les vessies sonores qui s'échappent de la bouche des grenouilles mâles et qui don- nent à leur coassement un son si éclatant. G." Organes des sécrétions. Le foie est bilobé , fort grand. Dans quelques crapauds le conduit hépatique est séparé du cystique et ne s'ouvre point avec ce dernier dans le ca- nal intestinal. La vésicule du fiel est assez grande et très-ad- hérente au foie. Le pancréas est irrégulier et logé dans l'arc que forme, en avant, le col de l'estomac. La rate est au centre et entre les lames du mésentère, au- dessus de l'estomac et assez près du rectum. Elle est petite et sphérique. Les rein's sont ovales, alongés , non divisés. La vessie est divisée en deux espèces de coriies, et s'ouvre immédiatement dans le cloaque : elle est grande et ressemble assez à celle des grenouilles, telle que Svvammerdam la figurée. Immédiatement avant de sauter, les crapauds lancent iivec force le liquide qu'elle contient. Mais les uretères ne conduisent pas l'urine dans cette vessie, ainsi que l'a observé J\ocsel : ilss'ouvrentplutôtdanslerectum, suivantla remarque de Swammerdam , et en conséquence Robert Townson est l'ortç à croire que cette prétendue vessie urinairc n'est qu'un réservoir pour l'eau absorbée par la peau. On trouve encore dans l'abdomen du crapaud des organes particuliers, que l'on compare généralement de nos jours CRA 333 aux. glandes surrénales, mais que Swammerdam et Roësel ont regardes comme des parties accessoires des testicules. Ces organes sont composés d'un pédicule qui se joint parti- culièrement à la veine émulgente correspondante , et de deux , trois, quatre, sept franges et plus , dont la grosseur varie beaucoup , suivant l'âge et la saison, mais qui sont surtout plus volumineuses dans les Têtards. (Voyez ce mot.) Chaque frange a dans son axe un petit cœcum rempli de sang vei- neux , et tous se réunissent dans le pédicule en un tronc commun qui s'ouvre dans la veine émulgente. M. Cuvier soupçonne que ce sont des épiploons , ce que semble justi- tifier la présence de la graisse qui s'y trouve après l'engour- dissement, et qui disparoît pendant qu'il a lieu. 7.° Organes de la génération. Comme les autres batraciens, les crapauds sont privés d'organes propres à l'intromission; leurs œufs sont fécondés après le part, et le mâle aide seulement la femelle à s'en débarrasser, les arrosant de sa laitance au moment même où ils sortent du corps. Les petits, en quittant l'œuf, ont le vciitre et la tête réunis en une masse sphérique, terminée par une queue de poisson. On les appelle alors Têtards , et ils subissent plu- sieurs métamorphoses avant d'arriver n leur état parfait. Les testicules sont placés immédiatement sous la partie an- térieure des reins dans l'abdomen, lis paroissent n'ctre qu'une agglomération de petits grains blanchâtres, entrelacés de vaisseaux sanguins, et sont dépourvus de corps d'Higmore. Le canal déférent éprouve une dilatation marquée, que certains auteurs ont considérée comme une vésicule séminale. La verge manque absolument. Les crapauds mâles ont les pouces armés de pelot(es, com- posées de papilles dures, quelquefois noires ou brunes, qui recouvrent non- seulement le pouce, mais s'étendent encore dans la peaume de la main. En serrant les femelles , au mo- ment de la ponte , ils enfoncent ces pelotles dans leur peau et s'y cramponnent par ce moyen d'une manière très-ferme. Elles disparoissent après le temps des amours, et ne revien- nent qu'à cette époque. Les ovaires sont fort étendus et au nombre de deux. Les 354 CKA œufs y prennent un accroissement marqué, et gonflent p«i- fois singulièrement le ventre de l'animal. Ils tiennent à deux longs prolongemens du péritoine, qui s'attachent de chaque côté du racliis jusqu'au loassin ; ta teinte de ces œufs est noirâtre tant qu'ils sont dans l'ovaire, comme Ta reaiarquc Camper, excepté les plus petits, qui sont jaunes et blancs. B. Mœurs et habitudes des crapauds en général. Les crapauds se nourrissent de petits mollusques, de vers, d'insectes, etc., et ne se jettent jamais sur une ])roie morte ou sur un animal qui reste immobile; il faut qu'il y ait du mouvement et de la vie dans ce qui doit servir à leur nour- riture : aussi, quand Linnasus a dit. delectantur cotula, actua, sfachide, il ne faut pas penser que le célèbre naturaliste sué- dois ait voulu indiquer qu'ils se repaissoient de végétaux; sa phrase exprime seulement qu'ils recherchent l'odeur de ces plantes fétides. C'est pendaiit la nuit que les crapauds sortent de leurs sombres retraites : ils les abandonnent aussi à la suite des pluies chaudes de l'été, et souvent alors ils couvrent, pour ainsi dire, la surface de la terre, dans des endroits où l'on n'en apercevoit point auparavant. C'est ce phénomène qui a donné lieu à une erreur généralement répandue chez le peuple des campagnes, l'existence de pluies de crapauds : il semble en effet, parfois, qu'ils soient tombés du ciel avec la pluie. Les crapauds vivent très-long-temps sans manger. Ou en a vu rester enfermés des années entières dans des murs, ou dans des arbres creux, ou dans la terre, sans pouvoir en sortir et sans avoir perdu la vie. En 1777. Hérissant entre- prit des expériences pour constater la vérité de faits analo- gues, qui pouvoient passer pour fabuleux. Il renferma trois crapauds dans des boîtes scellées dans du plâtre, et elles furent déposées à l'Académie des sciences. Au bout de dix- huit mois un de ces crapauds étoit mort, les deux autres vivoient encore. Personne ne pouAoit douter de l'authenti- cité du fait, et cependant son expérience fut vivement cri- tiquée , de même que les observations qu'elle devoit con- firmer. On prétendit que l'iiir devoit, dans ces cas, arriver CRA S55 u-jx 'animaux par quelque trou imperceptible et qui échap- poit aux yeux de l'observateur. Ce qui pourroit cependant donner quelque vraisemblance à celte circonstance, ce sont des recherches que tout récemment (Août 1817) vient de publier M. le docteur Edwards : il a vu, en efTet, que des cra[)auds, totalement ensevelis dans du plUre el absoluuicnt privés d'air, vivoient un très- grand nombre de jours, et beaucoup plus long-temps que ceux qu'on forçoit à rester sous l'eau. C'est un des phénomènes les plus extraordinaires que puisse fournir l'histoire des rej-t'les. 11 paroit une excep- tion à la nécessité de l'air, que l'on regarde comme indis- pensable à la vie de tous les animaux, et semble rom{ rc la chaîne qui les uuissoit sous un des rapports les plus iatrres- sans de la vie. Mais l'air pénètre évidemment à travers le plâtre, comme le même observateur l'a expérimenté : aucsl les crapauds périssent-ils quand on place sous l'eau le plâtre qui les renferme. Les adversaires de Héri.sant avoient donc raison en quelque chose. Au reste, si ces reptiles vivent ainsi plus long-temps que dans l'air sec, c'est qu'ils perdent moins par la transpiration, et s'ils meurent beaucoup plus tard que dans l'eau , c'est que l'air parvient jusqu'à eux. (Mémoire lu à l'Institut.) 11 paroit aussi que, lorsqu'on a observé des crapauds qui avoient été renfermés pendant long- temps dans des masses solides, on leur a trouvé la bouche remplie d'une sorte de membrane muqueuse {Acia Slockholm. 17/11, pag. j85), et M. Schneider a remarqué que, pendant leur hibernage, les grenouilles plongées dans la boue avoient la même partie obstruée par du mucus et de la vase. Dans les crapauds, les pattes servent rarement à la marche. Ils rampent presque tous, et, quand ils sont surpris, loin de chercher à fuir, ils s'arrêtent subitement, enflent leur corps, le rendent dur et élastique, font suinter des verrues de leur peau une humeur blanche et fétide, lancent un fluide particulier par l'anus, et cherchent enfin à mordre; mais leur morsure est sans aucun inconvénient , elle déter- mine seulement parfois une légère inflammation. Nous avons déjà dit que la liqueur éjaculée par l'anus n'est poittt dç l'urine. On l'a crue venimeuse, mais à tort. Celle 356 CRA qui suinte des tubercules cutanés est dans le même cas. On aprétendu cependant que, quand ccsliqueursétoient déposées sur les légumes, les fruits, les champignons, etc., elles déter- minoieut des vomissemens. Il paroît certain au moins que ceux •qui avalent de ces liqueurs éprouvent de Aiolentes nausées et des accidens du côté de l'estomac. M. 13osc assure même que, si pendant les chaleurs de Tété, après avoir manié le crapaud commun, on porte sa main au nez. on est tourmenté parles mêmes symptômes pénibles ; et Gunth. CJirist. Schelhammer a donné, dans les Éphémérides des curieux delà nature (Dec. 2, ann. 6, 1687 , obs. 110), Thistoirc d'un enfant qui éprouva une éruption pustuleuse grave , parce qu'un autre enfant lui avoit tenu pendant quelques instans un crapaud devant la bouche. (Voyez Venin des Batraciens.) Dans un mémoire lu à la Société médicale d'émulation , M. Pelletier, professeur à l'Ecole de pharmacie de Paris, dit que la liqueur cutanée des crajiauds est jaunâtre , d'une consistance huileuse , susceptible de se concréter par ^on exposition à l'air, d'une saveur extrêmement amère , acre et caustique. Elle rougit fortement la teinture de tournesol et forme émulsion avec l'eau. Elle lui a paru renfermer un acide en partie libre et en partie combiné à une base ; une matière grasse très-amèrc, et une matière animale ayant quelque analogie avec la gélatine. Dans les pays où la température est froide, les crapauds passent l'hiver dans des trous de rochers, souvent réunis plusieurs ensemble. Aux Etats-unis d'Amérique , M. Palisot de Beauvois en a fréquemment rencontré, ainsi engourdis par le froid , dans les mêmes trous qu"occupoient les serpens à sonnettes. Dès que la chaleur du jjrintcmps se fait sentir, les crapauds se rendent en foule dans les eaux voisines, pour s'occuper de la reproduction de leur espèce. Le mâle, dit M. Bosc , se place sur le dos de sa femelle , et l'emWrasse par le cou avec ses deux pattes de devant, qui se gonflent et se roi- dissent. Ils restent ainsi accouplés plus ou moins long-temps, selon la température de la saison, depuis deux jusqu'à \ingt jours et plus. Ils coassent alors perpétuellement; le mâle éloigne les autres mâles avec ses pattes de derrière. Lorsqu'il CRA 357 y a plus de ceux-ci que de femelles dans une même marre, ils se réunissent plusieurs ensemble autour d'un couple , et attendent ainsi que la femelle lâche ses œufs. Pendant que les œufs sortent, le mâle les tire , les conduit contre son anus et les arrose de sa liqueur spermatique. Ensuite ils sont abandonnés dans l'eau assez généralement. Ils forment deux chapelets qui , étant réunis, auroient quel- quefois plus de quarante pieds de longueur. Dix à douze Jours après la ponte , ils acquièrent un volume double ; les petits têtards s'en échappent vers le vingtième jour, et ils acquièrent leurs branchies deux ou trois jours après. Communément on pense que les têtards des crapauds vi- vent de détritus de végétaux dans l'eau. Mais M. Bosc , d'a- près une suite d'observations, croit qu'ils se nourrissent plutôt d'animalcules infusoires, d'entromostates et de larves d'insectes. Les crapauds ne peuvent se reproduire qu'à la quatrième année : ils vivent probablement fort long-temps ; mais oa ne sait rien de positif à cet égard. On en voit qui acquièrent des dimensions énormes. Ils sont susceptibles d'être apprivoisés. Pennant raconte que, chez M. d'Arscott, il y avoit un crapaud qui avoit établi sa demeure sous un escalier, et qui étoit devenu tellement familier que tous les soirs, dès qu'il apercevoit de la lumière dans la maison , il levoit la tête et sembloit demander à être placé sur une table, où il trouvoit son souper préparé et consistant en vei's , en mouches , en cloportes et autres in- sectes. Il a vécu ainsi trente-six ans, et il est mort par suite d'un accident. Il étoit d'une grosseur énorme. Les crapauds ont été l'objet d'un très-grand nombre de fables anciennes et modernes : on a attribué à leur regard le pouvoir de charmer les hommes et les animaux; ces bergers qui joignent l'ignorance la plus hideuse à une ame bassement méchante et superstitieuse, et que l'on redoute si fort dans les campagnes , font entrer des crapauds dans la plupart de leurs compositions magiques. Mais , loin de nuire et d'atta- quer, ces reptiles ne savent même pas se défendre, et de- viennent la proie des serpens, des brochets, des cigognes, des vautours, des loups, des renards, etc. 11.' 32 558 CRA Les crapauds meurent prompfement quand on les saupou- dre de sel ou de tabac. On prétend aussi que les jardiniers les chassent de leurs jardins en y brûlant du vieux cuir. Il est peu de personnes qui voudroient manger sciemment de la chair de crapaud. Cependant, à Paris même, ce sont des cuisses de ces animaux que l'on vend presque toujours pour des cuisses de grenouilles. En Afrique et en Amérique les Nègres en font un objet de nourriture habituelle. Enfin, les médecins anciens ont fait entrer cet être dégoû- tant dans un grand nombre de préparations pharmaceutiques. Desséché et réduit , ils le regardoient comme diurétique et diaphorétique ; ils l'appliquoient vivant sur le front et sur le scrobicule du cœur, dans les cas de céphalalgie et d'épi- gastralgic. Sa macération dans l'huile passoit pour anodyne et détersivc. Ettmuller, François Joël , Vallisnieri et plusieulrs autres nous ont laissé des détails curieux à ce sujet. Mais nous devons nous avouer bien heureux d'être débarrassés de ce fatras de remèdes insignifians et rebutans, qui, sem- blables à des échafaudages gênans, ont si long- temps obsfrué le sanctuaire de la médecine. §. 1.*' Pattes de derrière libres ou a -peine palmées; pattes antérieures totalement libres. Le CnAFAUD DES JONCS : Bufo calamita , Daudin', 28. i .- Rana bufo calamita, Gmelin ; Bufo cruciatus, Roësel , pi. 24; Jiana portentosa, Blumenbach. Tête triangulaire, épaisse, un peu obtuse; yeux saillans; iris d'un beau vert clair mélangé de filets noirs; dos olivâtre , couvert de tubercules arrondis, gros comme des lentilles; parotides rougeàtres ; une ligne jaune, étroite, prolongée depuis le bout du nez, sur le mi- lieu du dos, jusqu'à l'anus; une rangée longitudinale de verrues rougeàti*es au-dessus de chaque flanc; ventre gra- nulé , blanchâtre , avec quelques petites taches noirâtres - pieds courts et trapus. Taille de deux à trois pouces. Le crapaud calamité vit dans les régions tempérées de l'Europe, et particulièrement dans les montagnes .- il n'est point du tout rare aux 'environs de Paris. 11 subit toutes ses métamorphoses dans l'eau , et habite ensuite les. endroit* CRA 009 secs, les fentes des murs, les trous des rochers, et y passe l'hiver dans l'engourdissement et réuni quelquefois en petites sociétés. En Saxe , il est assez commun dans les maisons. Il vit à terre, ne saute point du tout, mais court assez, vîte; il grimpe aux murs et aux arbres pour se cacher dans leurs trous, et pour cela il a deux petits tubercules osseux sous la paume des mains : jamais il ne va à l'eau que pouf s'accoupler, c'est-à-dire au printemps. Le cri du mâle ressemble à celui de la rainette verte, et est produit à Taide d'une vessie placée q, l'entrée du gosier. Ce batracien répand une odeur très-forte de poudre à canon. Le Crapaud vert : Bufo riridis , Daudin , 28, 2; Bufo Schreberiamis , Laurenti ; Rana bufo viridis , var. C, Linnasus ; Bufo variabilis, Pallas; le Rajon vert , Daubenton et Lacépède. Analogue au précédent, mais point de ligne jaune sur le dos; iris doré; de grandes taches vertes, très-rapprochées , sur le dessus du corps, et laissant entre elles des lignes blanchâtres irrégulières, entrecroisées, et parsemées de quel- ques pustules un peu rougeàtres ; des pustules certes sur les taches. On trouve quelquefois ce crapaud dans le midi de l'Eu- rope, en Italie et en Allemagne. Il se cache pendant l'hiver dans les fentes des rochers, et il passe les autres saisons dans les eaux stagnantes. M. Bosc l'a rencontré aux environs de Langres. • On assure que, si on le frappe, il répand une odeur d'abord ambrée et ensuite pareille à celle du solanum nigrum. Le Crapaud accoucheur : .Bufo obstelricans , Laurenti ; Daudin, 32, 1. Petit, gris; des points noirâtres sur le dos, de blanchâtres sur les côtés; iètc obtuse, yeux saillans; iris doré; oreilles très-visibles; des tubercules très-petits et écar- tés sur la peau ; parotides peu saillantes. Taille d'un pouce à un pouce et demi au plus. Ce crapaud vit à terre dans toute la France et spécialement aux environs de Paris. Demburs en a parlé le premier dans les Mémoires de l'Académie des sciences pour 1741. Mais M. Alexandre Brongniart est le premier naturaliste qui Tait décrit et tiguré. On ne le voit jamais dans l'eau, pas même 340 , CRA au moment de l'accouplement. Le mcàle aide la femelle à se débarrasser de ses œufs, qui sont assez gros et au nombre de soixante environ; il se les attache en paquets sur les deux cuisses, au moyen de quelques fds d'une matière glutineuse; il les porte partout avec lui, prenant tous les soins nécessaires pour leur conservation : exemple rare dans les animaux de cette classe. Au bout de quelque temps on distingue les yeux du têtard qu'ils renferment, au travers des membranes de ces œufs, dont la matière albumineuse est plus mince et plus solide que dans les autres espèces. Lorsqu'ils doivent éclore, le crapaud cherche quelque eau dormante et les y dépose. Us se fendent aussitôt, et le jeune animal en sort et nage. Nous avons fait représenter le crapaud accoucheur dans notre Atlas. Le Crapaud de Surinam; Bufo Surinamensis , Daudin, 35, 2. Tête petite, triangulaire, confondue avec le corps; yeux très-petits, non saillans; nez avancé, mince au bout; bouche peu fendue; corps ovale, très-lisse et brun, avec quelques petits points gris en- dessus; ventre roussâtre et pointillé de- gris; une ligne d'un blanc jaunâtre derrière chaque cuisse, et deux petites taches de même couleur aux jarrets; une petite callosité sous les articulations des phalanges aux pattes postérieures. Taille d'un pouce. De Surinaïa. Le Cravaud a taches bi^nches : Bufo alho notatus , Daudin ; Rana fusca , Schneider; Raine à bandeau, Latreille. Corps d'un brun roux et parsemé de petits tubercules en- dessus j une bande blanche, étroite, partant des narines sur les pau- pières et les flancs jusqu'aux cuisses; ventre blanchâtre avec des gouttelettes luisantes ; une tache alongée sur chaque épaule; des taches blanches sur les membres; tous les doigts séparés, obtus et arrondis à leur extrémité, et munis d'une petite callosité sous les articulations des phalanges. Patrie inconnue. M. Schneider en a donné la description d'après un individu qui existe dans la collection de Lampi. Le Crapaud ovale : Bufo oyalis, Daudin ; Rana o\'alis , Schnei- der. Tête et corps réunis en ovale, sans aucune apparence de cou ni de tympan; yeux petits; nez prolongé en forme CRA 341 de bec au-dessus de la mâchoire inférieure; corps brunâtre en-dessus, d'un jaune pâle en-dessous ; pieds courts; une petite callosité à la base du pouce. M. Schneider a trouvé ce crapaud dans la collection du duc de Brunswick et dans celle de Barby. Le Crapaud rayé : Bufo lineafus , Daudin ; Rana lineata , Schneider. Dos couvert de petites verrues ou papilles très- nombreuses ; une ligne blanche prolongée des narines sur les yeux et les flancs jusqu'aux pieds postérieurs; d'un brun roux en-dessus, blanchâtre en-dessous ; une longue tache blanche sur chaque bras; des bandes transversales blanches sur les membres et les doigts; ceux-ci arrondis au bout avec une callosité sous chacune de leurs phalanges. M. Schneider a observé cette espèce dans la collection de Lampi. Daudin la regarde comme très-voisine du crapaud à taches blanches, et peut-être comme identique. Le Crapaud pustuleux : Bufo pustulosus , Laurenti ; Bufo melanostictus , Schneider; Bufo scaber , Daudin, 34, i; Rana fentricosa,var.B., Linnaeus. Tête triangulaire, aplatie sur les côtés , lisse et canaliculée entre les yeux , qui sont saillans ; de larges parotides proéminentes, parsemées de grands pores et de points noirs ; lèvres et paupières supérieures bordées de noir; nez pointu; tout le corps d'un blanc jaunâtre, avec des tubercules saillans, nombreux, surmontés chacun de plu- sieurs aspérités ou petites pointes noirâtres, principalement sur les flancs et les jambes; les tubercules du ventre plus petits et serrés; les doigts courts, noirâtres à l'extrémité. Taille de quatre à cinq pouces. La femelle, plus grosse que le mâle, a des tubercules moins nombreux et moins rapprochés. Il ne faut point confondre cette espèce avec le bufo scaber de M. Schneider, qui est le même que Vagua. Le Crapaud du Bengale; Bufo bengalensis , Daudin, 35, 1. Tête large, déprimée, triangulaire; yeux saillans; pau- pière supérieure couverte de petites verrues ; parotides poreuses; une saillie lisse partant des narines, et prolongée derrière l'œil jusqu'au-dessus du tympan; tout le corps large, trapu et parsemé de verrues très-rapprochées , dont quel- ques-unes plus grosses vers le milieu du dos. Teinte d'un gris jaunâtre uniforme. Quatre ou cinq verrues blanchâtres 0^2 CRA et pointues sur chaque côté du cou au-dessous du tympan: les verrues des membres pointues; celles de la plante des pieds d'un noir de poix. 11 y a une petite callosité à la base du pouce de derrière. Ce crapaird a été emoyé du Bengale à Paris par le méde- cin Macé. Le Crapaud épineux ; Bufo spinosus , Bosc. Tête obtuse , déprimée, tuberculeuse, brune, avec les côtés plus paies; corps brun en-dessus , avec de grandes taches irréguîières plus pâles, d'un gris blanc uniforme en-dessous; pattes bru- nes en-dessus, avec des taches plus paies; tubercules des côtés et du dessous antérieur du corps, du dessus et du des» sous des pattes, terminés par une épine obtuse, cornée, noire,, quelquefois divisée en deux et en trois sur les côtés du cou. Taille de quatre à cinq pouces de longueur, sur trois 0]i quatre de largeur. Cette espèce se trouve en France, dans les pays de mon- tagnes, et a été décrite pour la première fois par M. Bosc, M. Latreille l'a également observée auprès de Brives et de Bordeaux. Il est vraisemblable que c'est à elle qu'il faut rap^- porter toutes les observations sur les crapauds monstrueux d'Europe, On ne rencontre jamais le crapaud épineux à la surface du sol; on ne peut s'en procurer qu'au moyen de la charrue, et les villageois sont persuadés qu'il ne quitte jamais sa re- traite volontairement. Daudin soupçonne qu'il doit pondre ses œufs en terre, dans les lieux humides, auprès des sources souterraines. Le Crapaud hérissé, Bufo horridus, Daudin , 56. Tête grosse , yeux saillans, bordés de brun en-dessus, de même que les lèvres; corps très-gros, d'un vert sombre, couvert de verrues nombreuses, munies chacune de cinq ou six pointes noirâtres en-dessus ; ventre gonflé, presque lisse, varié de verdàtre et de blanchâtre; gorge granulée; membres alongés, amincis, parsemés de verrues épineuses en- dessus; un tubercule en forme de pouce aux pieds postérieurs. Tatrie inconnue. 11 en ej^iste un individu dans les galeries du Muséum d'histoire naturelle de Paris. X-G Crapaud agua : Bufo agua , Daudin, oj ; Bufo brasi- CRA 343 iiensis , Laurent! ; Bufo scaber , Schneider; Rana brasiliensis , Linnaeus. Tête très-large, lisse en-dessus ; yeux saillans; pau- pière supérieure garnie de verrues et prolongée en avant sur les côtés , ce qui donne à cet animal un aspect hideux et farouche: dessus du corps marbré de gris, de jaune et de brun , et garni de larges tubercules écartés , tachetés de brun foncé dans leur milieu ; ventre d'un blanc jaunâtre , finement ridé en divers sens, et parsemé de points bruns écartés j tous les doigts bruns à leur bout. Taille de dix à douze pouces. Ce crapaud, remarquable par sa taille énorme, est, sui- vant Scba , nommé aguaquaquan par les habitans du Brésil. Daudin paroît porté à croire que c'est plutôt un reptile de l'ancien continent. Le Crapaud bossu: Bufo gihbosus , Laurenti; Daudin, 35, •2, et 3g, 2 : Ranagibbosa, Linnœus; Bufo bre^iceps , Schnei- der. Tête petite, courte, arrondie, obtuse; bouche peu fendue; yeux petits et non saillans, avec une tache d'un brun roussàtrc au-dessous; corps court, très-gros, parsemé de verrues à peine distinctes; teinte générale d'un blanc jau- nâtre ; dos d'un brun pâle , marqué de points plus foncés , et d'une large bande longitudinale allant de la tùte à l'anus , d'un blanc jaunâtre, parsemée de points roussâtres et dentée en scie sur ses bords, qui sont blancs; de petites taches rousses sur la tête et sur les flancs; pieds très-courts; quatre doigts aux antérieurs et six aux postérieurs, où ils sont fort courts, excepté le second en dehors, qui est long. Longueur de deux pouces, sur un pouce six lignes de largeur- Ce crapaud est , dit-on , originaire des Indes orientales. Paul Isert (Voyage en Guinée) dit qu'auprès d'Adda plusieurs crapauds bossus, venant des marais voisins, le régaloient de leurs voix mélodieuses et sautilloient autour de lui. Seba {Thés. 11, tab. 07 , fig. 5,3,3) le fait venir d'Afrique et l'ac- cuse d'être venimeux. M. de Lacépède pense qu'on le trouve au Sénégal. M. Bosc a rencontré en Caroline , sous des écor- ces d'arbres, un crapaud ou une grenouille qui ressembloit beaucoup à celui-ci , mais dont la peau étoit si fine et si susceptible de s'altérer à l'air , qu'il n'a jamais pu l'apporter en vie et non ridé jusque chez lui , ni par conséquent le décrire. 344 CRA Le Crapaud coureur; Bufo cursor, Ivan Lepéchin , tom. i.**, pag. 3i8 , pi. 22 , fig. 6. Tous les doigts obtus et séparés; dos assez lisse; côtés couverts de beaucoup de verrues; des taches rouges et noires en-dessus ; ventre jaune; trois taches noires entre les pieds de devant; de petits tubercules près des pieds de derrière. Taille de deux pouces environ. Ce crapaud habite dans les steppes du Peremiot, non loin de Jaïck , où il a été découvert par Lepéchin. Le Crapaud goitreux; Bufo gutturosus, Daudin, 34, 2. Tête triangulaire; yeux et narines saillans; gorge enflée, teinte d'un gris brunâtre pâle; plusieurs petites taches noires en- dessus , avec des tubercules nombreux et roussâtres à leur pointe; ventre entièrement granulé; pieds antérieurs trapus, les postérieurs alongés; doigts courts, excepté le second de derrière, qui est légèrement alongé. Patrie inconnue. Le Crapaud ventru : Bufo ventricosus , Laurenti ; Daudin , 5o , 2 : Rana venlricosa, Linnaeus; Rana acephala, Schneider; le Goitreux, Daubenton. Tête petite, bouche étroite, yeux petits et non saillans; corps trapix , couvert d'une peau très- lâche, qui peut s'enfler comme une vessie; d'un brun sombre et sale en-dessus ; blanchâtre et légèrement tacheté d'un noir pâle en-dessous; quelques verrues simples et peu nombreuses sur le dos; pieds courts; bras et cuisses cachés sous la peau; une callosité sous la base du pouce. Taille de deux pouces et demi. Patrie inconnue. Le Crapaud usse; Bufo lœvis , Daudin, 3o, i. Yeux peu saillans sur le haut de la tête; tête élargie, déprimée, lisse, et d'un blanc jaunâtre , ainsi que le corps ; une rangée lon- gitudinale de petits piquans au-dessus de chaque flanc ; tym- pan non apparent; pieds alongés, cylindriques, à doigts minces, longs et cylindriques aussi. Taille de trois pouces environ. Patrie inconnue. Cette espèce et la précédente sont placées éiin$ Iç Muséum d'histoire naturelle de Paris. CRA 345 §. 2. Pattes postérieures palmées ou demi - palmées ; pattes antérieures à doigts totalement libres. Le Crapacd commun : Bufo vulgaris , Daudin , 24; Rana hufo, Linnaeus. Gris roussàtre ou gris-brun, quelquefois oli- vâtre ou verdàtre; le dos couvert de beaucoup de tubercules arrondis , roussàtres , gros comme des lentilles ; le ventre garni de tubercules beaucoup plus petits et plus serrés; tête courte, presque arrondie et petite en comparaison du corps, que l'animal peut gonfler considérablement, surtout lorsqu'on le tourmente; yeux petits et peu saillans; iris grisâtre; paro- tides réniformes; pieds courts, trapus; extrémités des doigts brunâtres. Taille de deux à cinq pouces; poids de trois à neuf onces. Ce crapaud se tient dans des lieux obscurs et étouffés, et passe l'hiver dans des trous qu'il se creuse. On le trouve dans toute TEurope, et spécialement aux environs de Paris, où il est fort commun dans les jardins. Son accouplement se lait dans l'eau, en Mars et en Avril: lorsqu'il a lieu sur terre, la femelle se traîne à l'eau en portant sou mâle; elle produit des œufs petits et innombrables, réunis par une gelée trans- parente en deux cordons, souvent longs de vingt et trente pieds, que le mâle tire avec ses pattes de derrière. Le têtard est noirâtre , et de tous ceux de notre pays c'est celui qui est encore le plus petit lorsqu'il prend des pieds et perd sa queue; son ouverture branchiale est à gauche. Daudin pré- tend , contre l'opinion de la plus grande partie des natura- listes, que ce crapaud fuit les eaux et pond ses œufs dans des trous voisins des sources souterraines. Le crapaud commun marche lentement et saute peu. Il vit plus de quinze ans, et produit à quatre. Son cri a quel- que rapport avec l'aboiement d'un chien. Quelquefois, pen- dant l'été, il fait entendre, à l'entrée de son trou, un coas- sement foible , qu'il cesse dès qu'on approche de lui , et qui est fort différent de celui du crapaud des joncs. Le Crapaud cendré; Bufo cinereus , Daudin, 23, 1. Tête arrondie, moin's large que le corps: yeux petits, peu saillans; iris jaune doré; bouche large; parotides réniformes; teinte cendrée uniforme; dos couvert d'un grand nombre de petites 346 CRA verrues; ventre légèrement granulé par places. Taille de deux pouces au plus de longueur. Cette espèce, qui a été confondue à tort avec la précé- dente, vit par troupes nombreuses sur ocs montagnes arides et sablonneuses en Europe, et dans des trous très-profonds qu'elle se creuse dans le sable. Daudin l'a rencontrée abon- damment, après lecoucher du soleil , dans les rues de Coucy- le-Chàteau près Soissons. Il y en a une variété dans le Jura , laquelle a le bord des lèvres et le bout des doigts bruns, et, dans les environs de Beauvais, une autre variété, dont les verrues dorsales et les parotides sont cuivreuses. Le Crapaud a ventre jaune; Bufo chlorogaster , Daudin, 25, 2. Tête arrondie, moins large que le corps; yeux sail- lans; iris d'un jaune doré; bouche ample; parotides ré'ni- formes ; couleur cendrée , uniforme , avec de nombreuses petites verrues en-dessus, d'un jaune de soufre légèrement orangé, et des granulations ça et là en-dessous; ventre cou- leur de soufre. Un pouce six lignes de longueur. Van Ernest a trouvé ce crapaud sur une montagne de l'île de Java. Son coassement est foible et imite un peu le cri d'une petite cigale. Il se retire sous des pierres ou en terre dans des trous. Le Crapaud sonnant ou pluvial : Bufo lomhinus , Daudin, 26, 1, 2, 3; Rana bombina, Rana variegata , et Rana rubeta, Linnseus; Rana campanisona , et Bufo igneus, Laurcnti ; Rana salsa, Gmelin; la Sonnante et le Couleur-de-feu, Daubenton et Lacépède; le Crapaud à ventre jaune, Cuvier; Roësel, 22. Corps oblong, un peu trapu, analogue à celui du crapaud accoucheur; yeux un peu saillans; parotides petites; un pli transversal sous la gorge; grisâtre ou brun en -dessus, lisse et d'un jaune orangé avec des taches bleuâtres en-dessous; un pli longitudinal au-dessus de chaque flanc ; pattes pos- térieures complètement palmées et presque aussi alongées que celles des grenouilles. Taille d'environ un pouce. Ce crapaud est le plus petit et le plus aquatique de ceux de notre pays. Il se tient dans les marais et s'accouple au mois de Juin; ses œufs sont en petits pelotons et plus grands que ceux des espèces précédentes. Il est assez fréquent dans les eaux stagnantes et croupies de l'Europe méridionale; il CRA 547 peut même vivre dans les marais salins et dans des vases pleins d'eau de mer. Lorsque l'accouplement a lieu, il jette un gé- missement lugubre, et pendant le reste de la belle saison son coassement imite le son d'une cloche agitée dans l'éloi- gneraent . c'est ce qui l'a fait appeler rana campanisona par Gcsner et par Laurenti. Il sort quelquefois de l'eau, dans les soirées brûlantes de la canicule. Lorsqu'on le tourmente , il renverse sa tête et sa partie postérieure sur le dos, et il est alors replié sur lui-même. Suivant M. Bosc, il s'enfonce dans la vase à une profondeur considérable pour y passer l'hiver; et Daudin avance que , dans les marais dont l'eau gèle entiè- rement dans cette saison, il se creuse des trous de huit à dix pieds de profondeur. Le bufo igneus , des auteurs, doit se rapporter à cette es- pèce; les jeunes individus du crapaud sonnant sont en effet d'une couleur olivâtre claire, avec des taches noires en- dessus et bleuâtres cn-dessous. Le crapaud des salines, bufo salsus, découvert parSchranck dans les eaux stagnantes et salées de Berchtesgaden en Au- triche, appartient encore à la même espèce. Le Crafald brun : Bufo fuscus , Laurenti; Daudin, 29, 1: Rana bombina, var. Y, Gniclin ; Rana ridibunda, Pallas. Brun clair, marbré de brun foncé ou de noirâtre; tubercules du dos peu nombreux et gros comme des lentilles; ventre lisse; pattes de derrière à doigts alongés et entièrement palmés; flancs lin peu enflés; tête grosse; iris d'un rouge doré; bou- che très- fendue; bord des lèvres noir. Taille de deux pouces environ. Le crapaud brun , qui saute assez bien , se tient de préfé- rence dans le voisinage des eaux douces et stagnantes du midi de l'Europe. Il répand une forte odeur d'ail lorsqu'il est inquiété. Le mâle coasse à peu près comme la grenouille verte, et la femelle a un petit grognement. Ses œufs sortent du corps en un seul cordon, mais plus épais que les deux que rend le crapaud commun. Son têtard est de ceux qui n'ont qu'une ouverture branchiale au côté gauche. 11 tarde beaucoup, dit M. Cuvier, à passer à l'état parfait, et est déjà fort grand qu'il a encore sa queue et que ses pieds de devant ne çont pas sortis; il a même l'air de rapetisser lors- 348 CRA qu'il quitte tout-à-fait son enveloppe de têtard. On le mange en quelques lieux, comme si c'étoit un poisson. M. de Lacépède regarde comme l'analogue de notre espèce le rana ridibunda de Pallas , qui habile les eaux des fleuves Volga et Oural , près de la mer Caspienne . son cri imite un peu le rire , et son poids s'élève quelquefois à une demi- livre. Le bufo vespertinus , décrit aussi par Pallas, ne paroît en différer que par ses taches dorsales, qui sont longitudinales et brunes , un peu variées de verdàlre. Le Crapaud perlé : Bufo margaritifcr , Daudin , 35 , i ; Rana margaritifera , Linnaeus ; Rana typhonia , Gmelin ; Bufo nasutus , Schneider; Rana mitrata , Houttuyn. Tête large, triangulaire, museau pointu; bouche ample, un peu saillante vers ses commissures; yeux proéminens; iris rouge; une crête droite, roide et arrondie derrière chaque œil; parotides po- reuses; dos d'un brun rouge et parsemé de tubercules rou- geàtres et arrondis comme des perles; une bande dorsale d'un gris rougeâtre clair, étendue depuis le nez jusqu'à l'anus; une rangée de tubercules épineux bifides sur la nuque; /flancs marbrés de brun ; ventre parsemé de perles nombreuses , comme le dos, avec de petites marbrures grises ou brunes; pattes un peu minces, oblongues; les postérieures demi-pal- mées. Taille de trois à quatre pouces. Femelle plus grosse que le mâle. Cette espèce, dont les couleurs varient beaucoup , se trouve au Brésil, où elle est nommée aquaqu a, et dans d'autres parties de l'Amérique méridionale. Son cri consiste dans un qua- druple coassement, qu'elle fait entendre pendant les nuits cal- mes. Seba en a décrit une variété qui a cinq doigts aux pattes antérieures. {Thésaurus, i , tal. 71 ,fig. 8.) Le Crapaud criard: Bufo musicus , Daudin, 53, 3; Rana musica, Linnaeus ; Bufo clamosus y Schneider. Tête obtuse, presque lisse, canaliculée entre les yeux; sourcils relevés; yeux très-saillans , bruns, verruqueux, avec une bande plus foncée en-dessus, et une autre en-dessous verruqueusc ; iris doré; narines très-petites, presque rondes; lèvre supérieure échancrée ; nuque brune, avec des tubercules obtus; paro- tides larges, réniformes, creusées de pores et marquées d'une CRA 349 tache brune en-dessous. Corps et ventre frès-renflés; dos couvert de tubercules inégaux; ventre blanchâtre, granulé; flancs d'un brun plus clair que le dos, avec de larges taches noirâtres. Membres d'un brun variable , avec des bandes transversales plus foncées, très-rapprochées , et des tuber- cules aussi pointus que ceux du cou : pattes postérieures demi -palmées. Trois pouces de longueur; deux pouces six lignes de largeur. M. Bosc a souvent rencontré le crapaud criard en Caroline, où il vit dans des trous en terre , ne sortant que vers le soir ou après la pluie. Son coassement est loin d'être musical ^ comme on Ta prétendu ; il est foible et désagréable. Bartram assure cependant qu'au premier printemps, lorsque ces cra- pauds se rassemblent en grand nombre dans les étangs et les canaux, ils font entendre un bruit fort qui n'est pas sans harmonie. Ils sortent de l'eau après la ponte et se répandent sur les terrains élevés; les petits, lorsqu'ils ont subi toutes leurs métamorphoses, sont à peine plus gros qu'un grillon, et vont sautiller et marcher sur la terre sèche. Ils se nourrissent de divers insectes et surtout de vers luisans. C'est à cette espèce qu'il faut rapporter le crapaud ter- restre de Catesby , commun en Virginie et en Caroline. Le Crapaud épaule-armée: Bufo humeralis , Daudin; Rana marina, Linnaeus; Bufo mari nu s , Schneider; Rana ochroleuca, Walbaum. Parotides réniformes, pointillées de noir, poreu- ses, très- volumineuses ; d'un gris cendré, irrégulièrement tacheté de brunâtre ; un très-grand nombre de grosses ver- rues ; yeux grands ; iris d'un jaune brillant ; pattes postérieures demi-palmées. Taille de huit à neuf pouces. Ce crapaud, qui a souvent été confondu avec l'agua, ha- bite diverses contrées de l'Amérique méridionale. On le ren- contre surtout à Cayenne. Seba l'a représenté, à tort , avec des ongles aux doigts des pattes antérieures. Le Crapaud seau-lunaire; Bufo semi-lunatus , Schneider. Tête lisse , déprimée, canaliculée ; yeux saillans; membres et corps couverts de verrues d'égal volume; couleur noirâtre, avec une tache longue, étroite, blanchâtre vers le milieu du dos, de chaque côté, et une autre tache en forme de crois- 35o CRA sant , voisine cle chaque tympan ; pattes postérieures demi- palmées, à premier doigt très-long; une petite callosité près du pouce de chaque pied. Taille de trois pouces environ* Envoyé de Surinam à Bloch. Le Cbapaud a pustules bleuks : Bufo cjanophljctis , Daudinj Rana cyanoplilyctis , Schneider. Mâclioire supérieure munie de dents coniques, serrées, assez longues; bout de la langue libre et bifide; trous des narines petits et surmontés d'un lobule cutané: d'un bleu brun en-dessus, avec une rangée de pustules bleues qui s'étendent depuis les yeux sur chaque flanc jusqu'à l'anus ; une autre rangée de pustules de chaque côté du ventre, qui est blanchâtre et parsemé de taches brunes très-rapprochées; dessus des membres noir avec des bandes bleues; pattes postérieures demi-palmées, avec un tubercule près du pouce. Des Indes orientales. La description donnée par M. Schnei- der est insuffisante. . Le Crapaud cornu : Bufo c omit tu s , Laurenti ; Daudin, 58 r Rana cornuta , Linnœus, Schneider. Tête très - grosse , large: yeux moyens, recouverts en-dessus par une paupière sail- lante , relevée en une pointe conique ou corne haute de deux à trois lignes : des papilles alongées sur la langue ; de petites dents pointues à la mâchoire supérieure; narines petites; milieu du dos et dessus des membres lisses, et d'un brun verdàtrc sale ; côtés verruqucux et verdàtres tachetés de brun ; flancs plus clairs, avec de gros grains rapprochés; ventre et dessous des membres d'un jaune sale, avec quelques petits grains écartés; dos, anus et cuisses hérissés d'épines ; pattes postérieures demi-palmées. Taille de quatre pouces environ. On trouve le crapaud cornu a Surinam et dans la Virginie. §. 5. Pattes antérieures palmées ou demi -palmées. Le Crapaud de Panama ; Bufo panamensis , Daudin. D'un cendré jaunâtre avec des pustules rembrunies et un peu violettes à leur sommet; ventre d'un blanc jaunâtre, un peu granulé près de l'anus. Toutes les pattes demi-palmées. Taille et forme du crapaud cendré. Ce crapaud a été trouvé, dans quelques marais de l'isthme de Panama, par Ruis de Xelva , naturaliste espagnol* CRA 35z Le Crapaud de Roesel : Bufo RoeselU, Daudin, 27; Rana hufo , Linnaeus; Bufo vulgaris , Roësel ; Crapaud commun , Daubenton. Té(e un peu arrondie; yeux saillans; corps aplati, légèrement élargi; verdàtre. parsemé de taches noirâtres un peu élevées en-dessus, mais d'un cendré verdàtre en-dessous; les pattes antérieures demi-palmées , les postérieures entiè- rement palmées. Taille de deux pouces et demi environ. Le crapaud de Roësel est commun dans les marres et les bois en Europe. Au printemps il est fort abondant à la marre d'Auteuil près de Paris. On en fait, dans ce lieu , une pêche assez productive pendant la nuit, et avec des troubles à long manche ; on les coupe par le milieu du corps , et on en vend les cuisses à Paris pour des cuisses de grenouilles. Il est re- connu maintenant qu'on vend aussi souvent dans les marchés de cette ville, à l'usage de la table, des cuisses de crapauds que des cuisses de grenouilles. Le Crapaud spinipède {Bufo spinipes , Schneider; Rana aus- tralensis ^ Shaw ) , qui vient des lies autour de la Nouvelle- Hollande, et qui est conservé dans le Muséum de Londres, est trop mal décrit pour que nous puissions en parler ici. (H. C.) CRAPAUD {Conchyl.) . nom françois du genre Bujfo , établi par M. Denys de Montfort pour une coquille du genre Murex de Linnaeus. Voyez Buffo , au Supp. du 5.* vol. (De B.) CRAPAUD AILE {Conchyl.) , nom marchand d'une espèce de strombe , strombus lalissimus , Linn. ( De B. ) CRAPAUD DE MER. {IchthyoL) On appelle ainsi vulgai- rement un poisson de la mer des Indes, que Linnaeus avoit nommé scorpœna horrida, et que nous décrirons dans le genre Syn-ancée. Voyez ce mot. (H. C. ) CRAPAUDINE; Sideritis, Linn. {Bot.) Genre de plantes dicotylédones, polypétales hypogynes, de la famille des labiées , Juss. , et de la didynamic gymnospermie , Linn. , dont les principaux caractères sont les suivans : Calice mono- phylle , tubuleux , à cinq dents; corolle monopétale, à deux lèvres, dont la supérieure droite, entière ou échancrée , l'inférieure à trois lobes , dont le moyen plus large et arrondi; quatre étamines cachées dans la corolle , dont deux plus courtes ; quatre ovaires supérieurs , surmontés d'un siyle simple , saillant hors du tube de la corolle , et terminé par 352 CR deux stigmates înëgaux , dont l'un est comme engaînë par l'autre ; quatre graines ovoïdes au fond du calice persistant. Les crapaurlines sont des plantes herbacées ou suffrutes- centes, à feuilles simples et opposées, à fleurs disposées par verticilles. On en connoit aujourd'hui trente et quelques espèces, dont une seule, particulière au Nouveau-Monde, croit au Pérou; toutes les autres sont naturelles à l'ancien continent, et se trouvent principalement dans le midi de la France, les contrées australes de l'Europe, et dans le Levant. Crapaudine des Canaries : Sideritis canariensis , Linn. , Spec, 801 : Jacq. HorA. Vind., vol. 5 , t. 5o. Cette espèce est un arbrisseau dont la tige , haute de trois à quatre pieds , se divise en plusieurs rameaux tétragones , cotonneux , garnis de feuilles cordiformes , pétiolées , veloutées , blanchâtres , molles au toucher. Ses fleurs sont blanches , verticillées six à douze ensemble, et disposées en épis placés à l'extrémité des rameaux ; leur calice est laineux , à cinq découpures courtes et pointues. Cette plante croît dans les lies Canaries. Crapaudine de Syrie: Sideritis syriaca , Linn. , Spec, 801 ; Stachys Ijchnoides, etc., Barrel. , Icon. , 1187. Sous-arbrisseau dont la tige, ligneuse à sa base, se divise en rameaux tétra- gones, hauts de deux à trois pieds, chargés d'un duvet lai- neux, et garnis de feuilles ovales-oblongues , à peine cré- nelées, cotonneuses, blanchâtres, ridées, les inférieures pétiolées, les supérieures sessiles. Les fleurs , d'un blanc jau- nâtre , sont disposées six ensemble par verticilles, formant de longs épis interrompus et terminaux ; elles ont leur calice Laineux, à découpures très-pointues. Cette espèce croît dans le I>evant et en Italie. Crapaudine de Rome : Sideritis romana', Linn., Spec, 802 ; Cavan., Icon., rar. 2, t. 187. Cette espèce est une plante annuelle , dont la tige, souvent rameuse dès sa base , est par- tagée en rameaux tétragones , velus , couchés à leur base , ensuite redressés , longs de six à dix pouces , garnis . dans toute leur longueur, de feuilles ovales-oblongues, dentées à leur sommet et rétrécies en pétiole à leur base. Ses fleurs , blanches , disposées six ensemble par verticilles occupant presque toute la longueur des tiges , sont remarquables par leur calice à cinq dents roides et épineuses, dont une supé- CRA 555 rieure beaucoup plus large que les autres. Cette plante croît dans les parties méridionales de la France , en Espagne et en Italie. Crapaudine de MOtiTAGSB: SiJevitis montana, Linn., Sfec. 802 ; Jacq., FI. Aust., t. 434. Cette espèce est annuelle, comme la précédente , et sa tige se partage de mt-me , dès sa base, en plusieurs rameaux , souvent simples , velus, longs d'un «pied ou environ, garnis de leuilles ovalcs-oblongues , velues, ré- trécies en pétiole, un peu dentées à leur sommet. Les Heurs sont jaunes, tachées de pourpre ou de violet brun, disposées six ensemble par verticillcs axillaires et lâches; leur corolle est plus courte que le calice, dont les cinq dents sont épi- neuses. Elle croit en Italie et dans les départemens méin- dionaux de la France. Crapaudine PERFOLiKE ; Sidéritis perfoliata, Linn., Spec. 802. Une racine vivace donne naissance à une tige herbacée, té- tragone, rameuse, très-velue, blanchâtre, haute d'un pied et demi à deux pieds, garnie, à sa base, de leuilles ovales- oblongues, pétiolccs , très -velues, j)ortant, dans sa partie supérieure , des leuilles lancéolées , amplexicaules et comme counécs. Ses fleurs sont blanches, marquées de quelques veines roussàtres , disposées cinq à six ensemble par verti- cillcs accompagnés de deux bractées cordiformes , acumi- nées , ciliées en leurs bords. Cette plante croît dans les sables des bords de la mer aux environs de Montpellier. Crapaudine blanchâtre: Sidéritis incana, ÏÀnn. ,Spc.c. b02 ; Cavan., Icon., 2 , p. 6g , t. i8fi. La partie inférieure de sa tige est une souche ligneuse qui donne naissance à plusieurs rameaux grêles , cotonneux , hauts de six à dix pouces . garnis de feuilles linéaires-lancéolées, cotonneuses et blan- châtres. Ses fleurs sont jaunes, verticilléts, remarquables par la lèvre supérieure de leur corolle, qui est longue, étroite', redressée , et munies à leur base de bractées plus courtes que les calices. Cette plante croit en Csjjagne, dans les Pyré- nées et en Piémont. Crapaudine lainelsr : Siderilis lanala, Linn., Spec. 804. Sa tige est simple , droite, haute de six à huit pouces, entiè- rement revêtue d'un duvet laineux, garnie de feuilles cor- tliformes, légèrement crénelées, obtuses , presque sessiJes. 11. a3 554 CKA Ses fleurs, d'un violet foncé, n'ont point les dents de leur calice épineuses; elles sont disposées, environ six ensemble, par verticiUis distans, laineux, et accompagnés de bractées ovales , légèrement dentées, cotonneuses , formant un épi interrompu dans la partie supérieure de la tige , et plus long que celle-ci. Cette plante se trouve en Egypte et en Palrstine: elle est annuelle. ( L. D.) CRAPAUDINE, Bufoniti. \Foss.) On a donné autrefois ce nom à celles des dents fossiles de poissons qui sont rondes ou ovales. (Voyez le mot Glossopèthes.) Le nom de crapaudine est venu d'une erreur des anciens, qui croyoient que ces pierres se trouvoient dans la tête ou dans le cou des crapauds. (D. F.) CRAPAUDINE. {Ichtlijol.) , nom vulgaire de Fanarrhique commun ou loup de mer. Voyez Anarrhi^ue. (H. C.) CRAPAUDINE. {Min.) M. Galitzin donne ce nom à un minéral que le docteur Withering a décrit dans les Trans- actions philosophiques, et qui est d'un gris foncé brunâtre avec le tissu grenu : il est moins dur que Facier , et ne fait aucune effervescence avec les acides. Le docteur Withering lui attribue pour composition Silice 63 Alumine 14 Chaux 7 Fer oxydé 16 Il paroit que ce minéral, que M. Galitzin rapporte à la Avake , est la base de la variolite nommée toadstone en Angle- terre. Voyez Variolite. (B.) CRAFAULT. (TchthyoL) Suivant Gesner, dans l'ancienne langue françoise, on écrivoit ainsi crapaud. (H. C.) CRAPULA. (Bol-.) Dalechanips di; que Fline donnoit ce nom à une préparation particulière de la térébenthine. ( J.) CRAQUES. {Min.) On désigne quelquefois sous ce nom les cavités qui se rencontrent dans les roches et qui sont tapissées de cristaux. Ce mot est synonyme de druse et de poche. ( B. ) CRASPEDARIUM. {ConchyD HiU, Hist.anini., donne ce nom de genre a la verticille subcarrée, veri. subquadrata, Linn. ( De B. ) CRA S55 CRASPÉDIE, Craspedia. {Bot.) [Corymbifêres, Juss. ; Sjngé- nésie polygamie séparée, Linn.] Ce genre de plantes, de la famille des synanthérées , appartient à notre tribu naturelle des inulécs. Voici les caractères que nous avons observés sur un individu de richea glauca, dans l'herbier de M. de Jussieu : ils ne s'accordent parfaitement ni avec ceux de Forster, ni avec ceux de M. Labiilardière , ni avec ceux de M. R. Brown. Calathide incouronnée , équaliflore , pauciflore , régula- riflore, androgyniflore, subcylindracée; péricline inférieur aux fleurs, formé de cinq squames unisériées, à peu près égales, elliptiques, membraneuses, scarieuses, diaphanes; clinanthe petit, convexe, squamellifère seulement à la cir- conférence, de sorte que les fleurs du centre sont nues, tandis que chaque fleur extérieure est accompagnée d'une squamelle analogue aux squames du péricline; ovaire oblong., velu, muni d'un bourrelet basilaire ; aigrette composée de squamellules unisériées , égales, filiformes, barbées; corolle à lobes larges , papilles intérieurement ; anthères munies d'appendices basilaires membraneux, laciniés. Les calathides sont rassemblées en grand nombre, de manière à former un capitule globuleux; elles sont toutes réunies sur un cala- thiphore commun cylindracé, garni de longs poils laineux; et en outre chacune d'elles est si^portée par un pédoncule particulier très-manifeste , également garni de longs poils laineux. Chaque calathide est accompagnée d'une bractée squamiforme, foliacée, scarieuse sur les bords, située au sommet du pédoncule sur le côté extérieur du péricline. Le capitule est dépourvu de véritable involucre ; car l'involucre apparent n'est que le résultat du rapprochement des bractées qui appartiennent oux calathides inférieures du capitule. La Craspédie richbe [Craspedia richea; Ricliea glaiica ^ Labill. ) habite le cap Van-Diemen. Sa tige est herbacée, haute d'un pied, dressée, presque toujours simple, cylin- drique; ses feuilles sont glauques; les radicales entassées, oblongues, rétrécics inférieurement ; les caulinaires en petit nombre, lancéolées, plus courtes à proportion qu'elles sont situées plus haut; le capitule est terminal. C'est M. R. Brown qui a reconnu que le craspedia de porster et le richea de M. Labiilardièi:e n'étoient qu'un seul 556 CRA et même genre, que Solander avoit fait avant Forstcr sous le nom de cartodium ; et comme le craspcdia avoit été publié avant le ricliea , il a adopté i)Our ce genre le nom donné par Forstcr, de préférence à celui que M. Labillardière a proposé. Cela nous paroît extrêmement injuste : Forster avoit si mal caractérisé .son craspedia qu'il eût été impossible de le reconnojtre sans confronter dans son herbier l'échan- tillon original, comme xi fait M. Bro^vn. C'est donc M. Labil- lardière qui le premier a fait connoitre ce genre aux bota- nistes, et il doit être considéré comme son véritable auteur. M. R. Brown, dans ses Observations sur les composées, publiées en 1817, annonce qu"il a observé d'autres espèces de ce genre à la Nouvelle-Hollande , et qu'il y a trouvé deux nouveaux genres très-voisins de celui-ci. Le premier , qu'il nomme calocephalus , diffère du craspedia ou richea, en ce que les calathides du capitule ne sont point accompagnées de bractées, que le clinanthe de chacune d'elles est inap- pcndiculé, et que les squamellules de l'aigrette ne sont bar- bées que dans leur partie supérieure. Le second , qu'il nomme leucophjla , sera décrit en son lieu. ( H. Cass. ) CRASPÉDOSOME. ( Crustacés. ) M. le docteur Leach a décrit sous ce jiom de craspr-dosoma , des espèces de petits iules ou de polydesmes , dont elles di%rent en ce qu'on leur reconnoit des yeux ; d'ailleurs leur corps est linéaire , déprimé. Voyez MvilIArODES. (C. D.) CRASFEDUM. (BoL) Loureiro avoit établi sous ce nom, dans sa Flore de la Cochinchine, un genre que Willdenow croit appartenir au genre Dicera de Forster , dont il ne diffère que par ses anthères qui ne sont point terminées par deux soies. Le dicera est réuni au genre ELœocarpus. Voyez Ganitre. (PoiR.) CRASSATELLE, Crassatella. (Conchjl.) Genre de coquilles bivalves, qui a été long -temps connu à l'état fossile seule- ment, et dont M. Feron et le Sueur ont rapporté deux espèces vivantes, trouvées dans les mers de FAustralasie. M. A. Roissy lui a donné le nom de Papiiie, dénomination imaginée par M. de Lamarck pour les espèces de coquilles qui, avec les mênies caractères, offrent la fossette du ligament à côté des deux dents de lu charnière , et non entre elles. M. de Lamarck. CRA 3^ qui a établi ce genre, le range dans la famille des mactracées; et en effet Bruguières en faisoit des martres, tandis que Linnaeus les plaçoit en partie au nombre des venus. Ses ca- ractères sont : Coquille équivalve, inéquilatérale , dose, à sommets dorsaux et antérie^irs , avec une lunule; charnière dissimilaire, formée sur la valve gauche de deux dents car- dinales coiitigués , séparées par une excavation moyenne, dans laquelle pénètre une seule grosse dent, accompagnée de deux fosseftes sur la valve droite; dents latérales nulles ou peu apparentes; ligament simple , interne, s'insérant dans une fossette arrondie un peu postapiciale ; deux impressions musculaires. On en connoît cinq à six espèces vivantes, qui sont dé- crites par M. de Lamarck. dans le vol. VI des Annales dir Muséum, et dont nous citerons: 1." La Crassatelle ONDULÉE : C. iindulata , Lmck. ; Venus divnricata , Linn. , Chemn. , 6, tab. 3o , fig. 3i6. Cette espèce, très-rare dans les collections, et dont on ignore jus- qu'ici la patrie , est réticulée par des stries longitudinales Unes , croisées par des lignes verticales s'écartant vers les bords, qui sont crénelés intérieurement ; la lunule est ovale. 2.° La Crassatelle sillonnée; C. sulcata , Lmck., Ann. du Mus. , vol. VI, p. /log , n." 2. Coquille assez peu épaisse, triangulaire, marquée de sillons transversaux réguliers sur toute sa surface ; l'extrémité antérieure trés-arrondie et plus courte que la postérieure, tronquée. Cette espèce, qui se trouve fossile aux environs de Beauvais, a, suivant M. de Lamarck , son analoîrue parfait dans une coquille rapportée des mers de la Nouvelle -Hollande par M. Pcron et le Sueur. (DeB.) CRASSATFXLE. [Foss.) Les espèces de ce genre, qu'on rencontre si rarement à l'état vivant, et qu'on n'a trouvées jusqu'à présent que dans la mer du Sud , se présentent très- communément à l'état fossile, mais seulement dans les cou- ches qui sont au-dessus des craies. Voici les principales es- pèces. 1." La Crassatelle renflée: Crassatella tumida, Lam. , Ann. du Mus., tom. 9, pi. 20, fig. 6; Encyclop., pi. 269, tig. 3. Cette belle coquille n'est pas rare à Grignon. Elle est de 35S CRiV la grosseur du poing. On trouve souvent les deux valve» jointes ensemble avec le ligament qui s'est conservé dans sa fossette. Elle est renflée, ovale-arrondie , ayant les crochets munis de sillons transverses; le disque est lisse, et elle est un peu sillonnée sur ses bords par ies vestiiies us graculus, Linn.; Coracia erjthro- rawphos , Vieill. ; Fregilus erjthroramphos , Dum. Cet oiseau, qui est représenté dans les planches enluminées de Buffon , n.° 205 , sous le nom de coracias des Alpes, a environ quinze pouces de longueur. Son bec , long de deux pouces, est d'un beau rouge, et ses pieds sont de la même couleur, à l'exception des ongles , qui sont noirs ; ses ailes , pliées , s'é- tendent à neuf lignes au-delà du bout de la queue , qui est carrée ; son plumage est en entier d'un noir brillant , à reflets verts , violets et pourprés ; l'iris est brun , et la lan- gue d'un jaune de safran. Les plumes des jeunes n'ont point de reflets , et avant la première mue leur bec et leurs pieds sont noirs. Tel étoit sans doute l'individu dont Gerini fait mention, tom. 2.*, pag. 38, de son Histoire des oiseaux. Le crave, qu'on a souvent confondu avec le chocard ou choucas des Alpes, corvus pjrrhocorax , Linn., est d'un na- turel vif, inquiet et turbulent. Son cri est aigu , quoique assez sonore , et il le fait entendre presque continuellement. Les Alpes et les hautes montagnes de la Suisse, de l'Italie, du Tyrol , de la Bavière , de la Garinthie , sont les lieux que ces oiseaux habitent ordinairement; dans les hivers rigoureux on les trouve sur des montagnes moins élevées, telles que le Jura, les- Vosges; et partout ils se plaisent sur les rochers, où ils nichent, ainsi qu'au sommet des vieilles tours aban- données. La ponte de la femelle est de quatre ou cinq œufs, qui, suivant Montbeillard , sont blancs avec des taches d'un jaune sale, mais que Lewin a fait représenter comme étant 574 CRA tachetés de brun sur un fond bleuâtre, dans la planche lo , n."' 5 , de son Histoire naturelle des oiseaux d'Angleterre, pays où l'auteur prétend que cette espèce est assez com- mune, surtoufdans les rochers de Douvres , et dans ceux des comtés de Devon et de Cornouailles. BeJon a vu des craves sur les montagnes de Crète, et, suivant Hasselquist , ils arrivent en Egypte lorsque le IS'il, débordé et prêt à rentrer dans son lit, leur offre d'abon- dantes ressources pour leur nourriture, qui consiste en insectes, en baies et en graines ramollies par le premier travail de la végétation. On peut élever ces oiseaux en domesticité : on les nourrit, dans les commencemcns, d'une pâtée faite avec du lait, du pain, etc., et bientôt ils s'habituent aux mets que l'on sert sur la table. Ils sont, comme les corneilles et les pies, attirés par tout ce qui brille, et ont l'habitude d'enlever des pièces de métal et d'autres objets luisans. On en a même vu qui ont occasioné des incendies , en transportant hors du foyer des morceaux de bois allumés; et Aldrovande en cite un qui, probablement par suite du même instinct, cassoit les vitres, et rentroit à la maison par les fenêtres, M. Picot de la Peyrouse parle, dans ses Tables méthodiques d'oiseaux observés dans le département de la Haute-Garonne, pag. 17, d'un individu qui éfoit tout-à-fait blanc ; mais c"éloit vraisemblablement une variété accidentelle. Gesner ayant décrit et figuré, sous le nom de corvus syiva- Licus , pag. 537 de l'édit. de 1 555 , un oiseau portant à l'occiput des plumes alongées qui formoient une sorte de huppe, et dont le bec étoit long , effilé , presque droit , et rouge , comme ses pieds, la plupart des naturalistes en ont fait un coracias huppé, et lui ont aussi donné le nom de sonneur , qui pouvoit également convenir au crave d'Europe, à cause de son cri sonore : c'est le corvus eremita de Linnœus et de Latham. Mais, malgré les détails dans lesquels Gesner est entré sur cette prétendue espèce , qu'on n'a pas revue de- puis, les auteurs modernes ont pensé avec raison que le naturaliste suisse avoit été dupe du charlatanisme de quelque empadleur. Certains traits de la mauvaise gravure y ont fait trouver des rapports avec quelques courlis ; on aurdit pu , ÇRA 375 'TREs, qui ont des épines marquées aux opercules et aux préopercules : des Sciènes , des Centropomes et des Perches, qui ont deux nageoires du dos: des Lutjans, qui ont la gueule armée de dents en cro- chets, peu régulières; sept rayons à la membrane des bran- 38. CRE chies; des dents pharyngiennes nulles, des lèvres charnues nulles aussi : des Bodians , dont le préopercule n'est point dentelé; etc. (Voyez ces différcns mots, Acanthopomes dans le Supplément du premier volume, et Labre.) Les crénilabres réunissent à la surface de leur corps les couleurs les plus brillantes. C'est principalement au prin- temps, vers l'époque de leurs amours, qu'elles sont éblouis- santes. Leurs dimensions sont, en général , petites. Us fré- quentent les fentes et les cavernes des rochers, et ils n'en sortent que lorsque la mer est calme et paisible. Us sont vifs et légers, et se nourrissent de plantes marines et de petits crustacés. Ils pullulent beaucoup. Le CrÉnilabre deux-dents , Crenilabrus hidens : Lutjanus hi- dens, Bloch, 261 , fig. 1 ; Labriis hidens , Schneider. Mâchoires égales; nageoire caudale arrondie; deux dents seulement, presque horizontales, à la mâchoire supérieure; une rangée de dents courtes et arrondies à l'inférieure; écailles unies; ligne latérale interrompue; dos rouge, ventre argentin, na- geoires et menton A^erts. Des mers du Nord. Le CrÉnilabre de Norwège , Crenilabrus norvégiens ; "Lut- janus norvegicus , Bloch, 266; Labrus norvegicus , Schneider. Nageoire caudale arrondie ; mâchoires égales et garnies cha- cune d'un rang de petites dents très-serrées ; une petite membrane au-dessus de chaque œil; un seul t>rifice à chaque narine; plusieurs pores autour des yeux; la dernière pièce de l'opercule terminée par un appendice arrondi ; écailles dures, dentelées et fortement attachées à la peau; nuque et dos violets; côtés et ventre jaunes et tachetés de violet; rayons aiguillonnés de la nageoire dorsale garnis chacun d'un fila- ment ; les nageoires pectorales et les catopes sont bleus; l'anale et la caudale sont violettes à leur extrémité. Des mers du Nord. Le CrÉnilabre Geoffroi , Crenilabrus Geoffrojus ■ Luljanus Geoffrojus , Risso , tab. VllI , fig. 26. Museau échancré , mâ- choires garnies de petites dents; ligne latérale courbe vers la queue ; partie supérieure d'un brun doré: ventre de la couleur d'argent la plus éclatante; une légère tache ronde, noirâtre sous les ouics et à la base de la queue; yeux dorés. CRE 383 verdâtres; catopes azurés j nageoires pectorales d'un jaune foncé; la caudale rougeàtre, pointillée de bleu. Taille d'un pied environ. Ce poisson est très-commun en hiver sur la cAte de Nice. M. Risso, qui l'a décrit le premier, l'a dédié au prolesseur Geoffroy S. Hilaire. Le Crénilabre lapine, Crenilahrus lapina : Labrus lapina, Linnaeus; Lutjanus lapina, Lacépède. Museau pointu, ondulé de bleu: une petite bosse , pointillée de rouge, au-devant des narines; ligne latérale courbe; dernière pièce de chaque opercule échancrée; nageoire caudale arrondie ; corps ver- dàtre avec trois lignes de taches rouges disposées en zigzag; dos brunâtre; yeux éméraudes, avec l'iris doré et la pru- nelle bleue ; nageoire dorsale marbrée de jaune et de rouge , et parsemée de points d'un bleu céleste; anale et caudale bleuâtres, marquetées de rouge; catopes d'un bleu foncé; nageoires pectorales jaunes. Taille d'un pied à dix -huit pouces. M. Risso a trouvé ce poisson sur la côte de Nice. Il habite particulièrement la Propontide , et est très-commun à Cons- tantinople. Forskaël Ta décrit dans sa Faune d'I^gypte et d'A- rabie. Les Arabes le nomment hassun; et les Grecs moder- nes, ainsi que les Turcs, lapina. Son épine vertébrale acquiert une teinte verte par l'effet de l'ébullition. Le Crénilabre palloni , Crenilahrus palloni : Luljanus pal- loni , Risso. Corps oblong, aplati; museau alongé, lèvres peu épaisses; mâchoires égales; nuque couverte de petits pores; opercules composées de deux pièces: la première, dentelée par de longues épines; la seconde, lisse et arrondie. Teinte générale d'un rose pâle , avec quelques écailles dorées; gorge et ventre d'un blanc mat; yeux argentés, avec une lunule noire en-dessus ; ligne latérale jaune; nageoire dorsale d'un vert jaunâtre, varié d'obscur; anale blanche; catopes roses; pectorales jaunâtres; caudale arrondie, marquée a la partie supérieure de sa base d'une grande tache noire. Taille de huit à dix pouces. Pris dans la mer d'Eza, au mois d'Août. Le Crénilabre écriture , Crenilahrus scriptura .- Lutjanus 584 CRE scriptura^ Lacé])ède ; Perça scriba , Linnseus. Nageoire cau- dale arrondie; yeux saillans, rouges, à iris argenté; ligne latérale courbe; des filamens aux rayons aiguillonnés de la nageoire du dos; des traits semblables à des lettres sur la tête; le dos roussâtre; des bandes transversales brunes; les nageoires parsemées de points rouges qui se fondent dans des taches bleuâtres ; les pectorales et la caudale jaunâtres. Taille de huit à dix pouces. Ce poisson, dont on ignoroitla patrie , a été trouvé récem- ment, dans les mers de Nice par M. Risso : on le nomme perco dans le pays. Le Crénilabre mélovs , Crenilahrus melops : Lutjanus melops , Risso ; Lahrus melops, Linnœus. Corps ovale -oblong , d'un rouge de corail, orné de lignes bleues qui s'étendent jusqu'à la nuque. Tête traversée en-déssous débandes d'outre-mer; un croissant brun derrière les yeux; des filamens aux rayons de la nageoire du dos: bouche petite; lèvres d'un blanc ver- dâtre ; les deux dents moyennes, de la mâchoire supérieure, très-longues; yeux verdàtres, avec des lunules bleues; ligne la- térale courbe ; nageoire caudale arrondie , parsemée de points bleus et violets; pectorales garnies, à leur base, d'une tache noire, cerclée de jaune; catopes bleus. Taille de cinq à six pouces. La couleur rouge du mâle varie pendant l'hiver ; la femelle présente toujours une teinte noisette , traversée par des lignes bleuâtres. * On prend ce poisson sur la côte de Nice , où on le nomme fournie , ainsi que le suivant. Le Crénilabre cendré , Crenilahrus cinereus .• Lutjanus cine- reus , Risso; Labrus griseus , Gmelin , Lacépède , Brunnich. Museau avancé, bouche petite, nageoire caudale arrondie; corps grisâtre , marqué de points obscurs, et traversé sur l'abdomen par de légères lignes bleues ; yeux verdâti'es ; iris doré; ligne latérale courbe : nageoires rougeâtres; la caudale aurore à sa base, avec une tache obscure. Taille de cinq à huit pouces. On le prend en Mars et en Avril sur les côtes de la mer Méditerranée. Le Crénjlabre cornubien . Crenilahrus cornuhicus : Lutjanus CRE 365 tornuhicas, Risso ; Lahrus cornuhius , LinnSDus. Museau en forme de boutoir; nuque enfoncée; bouche étroite, ligne latérale courbe; nageoire caudale rectiligne; yeux d"un rose pâle, iris argenté; les premiers rayons de la nageoire dor- sale tachetés de noir; une tache noire sur la queue; dos d'un jaune verdàtre , nuancé de rouge; côtés tachetés de blanc; ventre argenté; nageoire caudale parsemée de points rouges. L'anus de la femelle est d'un gros bleu. Taille de cinq à six pouces. Ce poisson est commun sur les côtes de la Grande-Bre- tagne , où il a été observé par le savant Pennant. M. Risso dit qu'on le prend , en Janvier , sur la plage de Nice. Sa chair est molle et fade. Le Crénilabre TACHETÉ, Crenilalrus guttatus : Lutjanus gut- tatui, Risso; Labrus guttafus, Linnseus. Museau avancé, bouche petite, ligne latérale courbe ;^corps rougeàtre , pointillé de blanc, parsemé d'écaillés noires; une tache obscure au milieu de la base de la queue; deux traits noirs et obliques au-des- sus des yeux : toutes les nageoires rousses; les catopgs et l'anale verts chez quelques indiviJus; cette dernière toujours ponctuée de blanc, la caudale entière. Taille de six à sept pouces. De la mer Méditerranée. A Nice, on l'appelle rouquié , comme le précédent et le suivant. Le Crénilabre maillé, Crenilabrus reliculatus : Lutjanus ve- nosus , Risso ; Labrus venosus , Linnaeus ; Labrus reliculafus , Lacé-- pède. Museau alongé ; nageoire dorsale ornée de bandes et de lilamens rouges; caudale arrondie ; corps d'un beau vert, avec de petites veines rouges réticulées, et plusieurs écailles noires; yeux verts, à iris doré; une tache noire sur les oper- cules et sur la nageoire dorsale. Anus de la femelle d'un bleu foncé. Taille de trois à quatre pouces. Brunnich , le premier, a fait connoître ce poisson , qui vil sur les rochers sous-marins de la mer Méditerranée , et qui pond, en x\vril, des œufs verdàtres. Le Crénilabre œillé , Crenilabrus ocellaris : LutjttnVs ocel- laris , Risso ; Labrus ocellaris , LinnîEus. lèvres avancées; bouéhè petite; dents égales; nuque d'abord plane et se relevant en- suite en bosse; dos d'un rouge brunâtre; ventre d'un gris 386 CRE argenté; une tache noire, enloiirée d'un cercle, sur la partie dorsale de la base de la queue : yeux veris, iris doré; ligne latérale droite ; nageoire dorsale variée de Lieu, de rouge et de jaune; quatorze de ses rayons sont ciliés; anale marquetée de points bleu?: cafopes d'un rose pâle; caudale rouge, pec- torales jaunes. Taille de six à huit pouces. On ignoroit la patrie de ce poisson. M. Risso l'a trouvé habityellement sous les rocliers du lazareth de Nice, où on le nomme rouquairon. Le Crénilabre tancoïde, Crenilahrus Linca : Lutjanus linca, R\sso ; Labrus tinca , Linneeus; Labre tancoïde , Lacépède. Mu- seau recourbé vers le haut ; nageoire caudale arrondie en arc ; corps coloré d'un rouge tendre; dos nuageux; côtés traversés par plusieurs raies obscures et bleuâtres ; ventre argenté ; anus d'un bleu foncé; ligne latérale courbe vers la queue; nageoire caudale ponctuée a la base. Taille de trois à quatre pouces, quelquefois de neuf à dix. On a quelquefois donné à ce poisson le nom de tanche de mer , ^ cause de sa ressemblance avec la tanche de nos rivières. Il habite pendant une grande partie de l'année dans les pro- fondes anfractuosités des rochers qui ceignent les rivages britanniques. On le trouve , mais rarement , à Nice , où il ne paroit que dans les belles journées d'hiver. Au rapport de VVillughby , sa chair n'est ni délicate, ni saine. Le Crénilabre rougeatre , Crenilahrus ruhescens ; Lutjanus ruhescens , Risso. Bord du ventre décrivant une courbe ob- longue; dos droit; museau avancé, couvert de petits pores ; bouche petite; nuque plane; denfs ég;.les, les inférieures pluslongues que les supérieures : dos rose, parsemé d'écaillcs d'un brun obscur et d'un bleu d'oufre-mer; gorge et ventre d'un hlanc argenté, aA^ec quelques taches foncées; caudale variée de rouge. Taille de huit à dix pouces. Il est commun sur les plages des Alpes maritimes en Sep- tembre. Il a été décrit pour la première fois par M. Risso. Le Crknilaere jiÉnrrERRANÉEN , Crenilabrus mediterraneus : Lutjanus- mtdit''rraneus , Lacépède; Pcrca wcdilerranea , Lin- na-vîs. Tê(e dénuée d'éVailles; bouche petite, ovale; les rayons de ta nageoire du dos garnis de filamens; dents fines et ser- rées, les deux moyennes d'cn-liaut plus longues; ligne laté- GRE 58; raie courbe , formée de lignes relevées placées en angle rentrant. Corps verdâtre , nuancé de brun sur le dos, avec une tache noire sur la queue ; tête et abdomen traversés de lignes tortueuses d'un bleu indigo; yeux bleus, iris jaune ; nageoire dorsale ondée de bleu, de rouge et de jaune; anale d'un jaune verdâtre, avec des teintes lieues et rouges; pec- torales roussàtres ; caudale d'un bleu jaunâtre avec des points rouges. Taille de huit à dix pouces. On le prend en Janvier au lazareth de Nice. Le Crkmlabre BivtiNNrcH , Crenilabrus Brunnichii : Lul-janus Brunnicliii , l /dcépè^ e ; Labrus fuscus, LinnHPus. Tête pointue; bouche [:elife; corps alongé et un peu couipriuié; les deux dents moyennes de la mâchoire supérieure pluslongues; ligne latérale courbe : teinte générale d'un brun rougeàtre ; des raies bleues et tortueuses sur la iète , la gorge et le ventre; iris argenté; nageoire dorsale colorée de bleu et de brun; les pectorales roussàtres, tachetées de noir à leur base, et bleuâtres à l'extrémité; une tache d'un bleu foncé sur la caudale, qui est arrondie. Taille de trois à quatre pouces. Brunnich a le premier observé ce poisson à Marseille. Il fréquente en hiver la cAle de Nice, où on le nomme suhlaire , aiitsl que le crénilabre méditerranéen. I,e Cri;nilabre Massa, Crenilabrus Massa; Liitjanus Xassa, Risso. Bouche petite; dents égales; nuque plate; ligne laté- rale courbe; dos d'un vert brunâtre; ventre jaune doré; une grande tacJie triangulaire bleue, bordée de noir, à la base de la queue; tête traversée par des lignes d'un ])leu d'outre-, mer; yeux orangés, prunelle améthyste, iris dofé ; dorsale tachetée de noir à son origine, traversée d'une bande verte ondulée; anale liseréc de bleu; catopes bleuâtres; pectorales d'un jaune doré. Taille de cinq à sept pouces. On trouve ce poisson, au mois de Mai, dans les environs de Nice. M. Risso, qui l'a décrit le premier, l'a dédié à M- Massa de Menton , connu par ses notes sur Bcccaria. Le Crénilarre vert-tendre, Crenilabrus clilcrosochrus ; Lut- janus chlorosochrus, Risso. Forme (]u crénilabre méditerranéen; Icte aiguë: nuque large, diaphane, avec une petite éléva- tion; bouche petite ; mâchoire inférieure garnie de den(s fines et serrées; deux dents longues et isolées sur le devant de ■>ii8 GRE la mâchoire supérieure ; ligne latérale courbe ; corps verdà- tre , nuancé de rouge et traversé par de petites lignes longi- tudinales obscures; une tache noire vers la partie dorsale de la queue: yeux verts ; iris doré; nageoires variées; la cau- dale, qui est arrondie , traversée d'une bande noire à sa base et pointillce de rouge à l'extrémité. Taille de cinq à sept pouces. On trouve en automne ce poisson dans les rochers de Nice, où les pêcheurs le nomment langaneo. Le mot grec ^X(i)PO(TU^Poç signifie vert tendre, et M. Risso en a tiré le nom spécifique chlorosochrus. Le Crénilabre Roissal, Crenilabriis Roissali; Lutjanus Rois- sali , Risso. Corps ovale -oblong; museau avancé; dents pe- tites, serrées sur les côtés; deux plus grandes, isolées, sur le devant; ligne latérale courbe, formée de petits traits; les_ 3ieuf premiers rayons de la nageoire dorsale ciliés ; deux taches noires, cerclées de fauve et entourées de points rouges, dans les femelles, sur cette même nageoire; teinte générale d'un bleu d'outre-mer , avec des lignes sinueuses d'un vert jaunâtre foncé qui bordent presque toutes les écail- les ; gorge et abdomen argentés, avec des reflets azurés et orangés; lèvres rougeàtres; catopes orangés et azurés; pec- torales d'un vert jaunâtre , avec une lunule bleue à leur base; caudale arrondie. Taille de dix pouces environ. On prend ce poisson à Nice pendant les mois de Novem- bre et de Décembre. Sa chair est délicate. Le Crénilabre varié, Crenilabrus varias; Lutjanus varius, Risso. Couleurs non constantes et variant d'après làge , le sexe et les saisons : le plus ordinairement, corps marbré de vert, de rouge, de bleu; tête traversée de lignes sinueuses verdàtres; yeux d'un A^ert rougeàtre ; iris doré; deux taches noires inégales , cerclées de rouge, sur la nageoire dorsale; la caudale rougeàtre , arrondie , aA ec des reflets bleus. Taille de six à huit pouces. On trouve, en Mars et en Novembre, ce poisson dans les mers de Nice. Je crois qu'il ne fiiut pas le confondre avec le labre varié , lahrus variegatus , Linna»us. Le Crknilarre Alberti , Crenilabrus Alberti ; Luijaiws Al~ lerti , Risso. Tête inclinée ; bouche ample: dents égales; ligne CRE 389 latérale courbe, à petits traits; opercules marquées d'une tache noire, bordée de fauve; écailles d'un vert tendre, varié de jaune; yeux d'un rouge de cinabre, et entourés de petits pores; deux grandes taches noires, irisées de jaune, à rex'trémité de la nageoire du dos ; pectorales jaunâtres ; caudale rouge sur les côtés , avec une petite tache noire à sa base. Taille d'environ quatre pouces. De la mer de Nice , où il a été découvert par M. Risso. Le CRÉNILA.BRE OCELLÉ, Crcnilahrus ocellatus -. le Lutjan aillé, Lacépède; Labrus ocellatus, Linna-us. Corps ovale-oblong , d'un brun janucître, ondulé de reHets rougeàtres et bleus; tête traversée de raies bleues ; nuque diaphane ; bouche pe- tite ; dents égales ; yeux d'un rouge azuré; opercules ornées d'une tache bleue, bordée de rouge, qui se prolonge en ligne vers les yeux ; ligne latérale courbe ; nageoires rou- geàtres ; caudale pointillée de rouge avec un point noir à sa base. Taille de quatre pouces environ. On pêche ce crénilabre dans les rochers de Saint-Hospice près de Nice, où on l'appelle vachetto. Forskaël l'a égale- ment décrit dans sa Faune d'Arabie. Le Crénilapre olivâtre, Crenilabrus oli^aceus ; Lutjanus ali- vaceits, Lacépède; Labrus olivaceus^ Linnaeus. Corps d'un vert olivâtre, argenté sous la gorge et l'abdomen, qui sont tra- versés par des lignes bleuâtres; bouche petite; dents fines, les antérieures aiguës et isolées; yeux roussàtres, à iris doré; tache bleue à l'extrémité des opercules ; ligne latérale courbe; nageoire caudale tachetée de noir à sa base. Taille du pré- cédent. De la mer Méditerranée ; des environs de Nice en parti- culier. Le Crénilabre Cotta , Crenilabrus Cotta ; Lutjanus Cotta , Risso. Museau avancé et arrondi; bouche petite; mâchoire inférieure plus longue; dents petites; caudale coupée en ligne droite ; teinte générale d'un blanc d'argent ; écailles bordées de petits points obscurs qui semblent se renforcer en une teinte brune sur le dos; yeux d'un rose pâle; prunelle bleuâtre; gorge traversée de lignes brunes; opercules pointillées; anus d'un beau bleu; nageoire dorsale tachetée de roussàtre; anale couverte de points ilancs. Taille de trois pouces an plus. 590 CRE M. Risso , qui a trouvé ce poisson dans la mer de Nice, Va décoré du nom du. poëte Cotta de Tende. Le CRÉNiLABaF. (^>i.KUE-N0iaE, Crenilabrus melanocercus ; Lut- janus tnelanocercus , Kisso. Museau arrondi : mâchoire supé- rieure plus courte; dents petites; opercules composées de deux pièces, la première bordée d'une dentelure aiguë . et la seconde terminée en pointe ; ligne latérale suivant la courbure du dos; corps aphiti, couvert d'écaillés d'un rouge brunâtre , entremêlées d'autres d'un bleu d'outre-mer écla- tant; yeux argentés; nageoire dorsale d'un rouge obscur à reOets bleuâtres; pectorales d'un jaune rougeàtre ; caudale arrondie, noire, bordée de blanc. Taille de deux pouces et demi à trois pouces. De la mer de Villefranche (Alpes maritimes). Les rochers de Saint-Hospice en nourrissent une variété d'une belle cou- leur doutre-mer , a reflets rougeàtres , avec l'abdomen orangé. Le Crénilabuemarseillois, Crenilabrus massiliensis : Liitjanus massiliensis , Lacépède; Lahrus unimaculatus , Linna'US; Lahrus erythrophthalmus , Walbaum. Corps ; omprimé ; museau alongé; dents antérieures plus longues ; ligne latérale courbe, d'un vert tendre à la partie supérieure , d'un vert argenté sur le ventre . avec quelques écailles d'un rouge foncé qui semblent former un réseau, le tout traversé par de petites raies lon- gitudinales obscures ou bleuâtres; museau brun ; yeux rouges; iris doré; nageoires A'erdàtres; une tache noire au milieu de la base de la caudale. Taille de quatre à cinq pouces. Brunnich a observé ce petit poisson dans les environs de Marseille; M, Risso l'a rencontré sur la côte des Alpes ma^ ritimes, Le CiiÉMLAiiRE œil-d'ou , CrenU^hms cluysops; Liitjaniis chrf- sops, Bloch, 248. Nageoire caudale en croissant; ligne laté- rale voisine du dos et interrompue; mâchoires égales; dents petites, aiguës et séparées les unes des autres; iris large et doré', teinte générale argentée; dos violet; catopes, nageoires pectorales et anale, d'un jaune mêlé de violet; dorsale et cau- dale brunes. Bloch en a observé un individu dans la collection de Linke, à Leipsic. Il vient probablement des mers des pays chauds. CRE 59^ Le CaÉNitABRE isaYTHROPTÈRE , Crenilahrus eiythropterus ; Lufjanus erythropterus , Bloch , 249. Nageoire caudale en crois- sant; mâchoires égales; les deux dénis antérieures de la mâ- choire supérieure plus longues et plus grosses que les autres j de très-petites dents à la partie antérieure du palais; un seul oritice à chaque narine; teinte générale argentée; dos brun; nageoire d'un rouge de vermillon; yeux gros; un sillon lon- gitudinal peut recevoir la nageoire du dos; de petites écail- les occupent la base des nageoires caudale et anale. Ce poisson est des mers du Japon. Le mot érjthroptère , par lequel on le désigne , signifie nageoires rouges , et vient du grec, s^vâ^or, ruber , eiim^ov, pinna. Le Crénilabiik makqvb, Crenilabriis notatus; Lutjaniis no- ta'us, Blocli, 261 , fig. 2. Nageoire caudale en croissant, suivant Schneider; arrondie, suivant M. de Lacépède : une rangée de pores au-dessous de chaque œil ; écailles molles et lisses; dents serrées et pointues, les antérieures plus longues ; mâchoires égales; langue et palais lisses; un seul orifice à chaque narine ; teinte générale jaunâtre; plusieurs taches brunes et irrégulières; une tache noire sur chaque côté de l'extrémité de la queue; quelques rayons de lu nageoire dorsale prolongés en filamens. Des mers de Tranquebar. LeCrénilabre de Linke, Crenilahrus Linkii : Lutjanus Linkii, Bloch, 262; Labrus violaceus , Schneider. Mâchoires égales; dents petites et aiguës; palais et langue lisses; un seul orifice à chaque narine ; teinte générale d'un blanc violet ; tcte grise ; museau violet; écailles grandes; nageoire caudale arrondie. On ignore quelle est la patrie de ce créiiilabre. Bloch l'a vu dans la collection de Linke , auquel il l'a dédié. Le Crénilabre verdatre, Crenilabrus virescens .- Lutjanus lirescens , Bloch, 2 54, ^g* M Labrus virescens , Schneider. Cau- dale arrondie; mâchoires égales; dents aiguës et serrées; pa- lais et langue lisses ; quelques dents arrondies dans le voisi- nage du gosier; un seul orifice à chaque narine; écailles lisses et minces; ligne latérale interrompue ; teinte générale jaunâtre; nageoires vertes; des raies violettes sur la tête, les côtés, la dorsale et l'anale; deux raies violettes et trans« versales sur la caudale. 593 CRE Il ne faut point confondre ce poisson avec le lutjan ver- dàtre de M. Risso. (Voyez Slpi.et. ) Le Crénilabre VERRAT, Crenilahrus verres : Lutjanus terres, Bloch , 255; Labrus verres , Schneider. Caudale bilobée; mu- seau saillant; mâchoire inférieure tivancée ; quatre grandes dents, recourbées et pointues, sur le devant de chaque mâ- choire; dos violet; ventre argenté: palais revêtu de dents petites et arrondies; un seul orifice à chaque narine; écailles fortes et dentelées; biise des nageoires dorsale, anale et cau- dale, écaiîleuse ; anale , caudale, base des pectorales, der- nière portion de la dorsale, d'un beau rouge. Des mers du Japon. Le Crénilabre cinq -taches, Crenilahrus quinquemaculatus ^ t-alrus quinquemaculatus , Bloch, 291 , fig. 2. Caudale arron- die; tête couverte d'écaillés pareilles à celles du dos; un demi -cercle de pores muqueux au-dessous de chaque na- rine: teinte générale d'un jaune mêlé de violet; une tache noire au museau, une sur chaque opercule, une à la na^ geoire anale, une sur la dorsale ; ligne latérale interrompue. Des mers de la Norwége. Le Créniiabre merle, Crenilahrus merula; Lahrus merula, Linnseus. Caudale rectiligne ; bouche médiocre; dents gran- des; mâchoires égales; écailles larges; teinte générale d'un bleu tirant vers le noir et chatoyant; yeux d'un rouge vif ; iris doré. Taille d'environ un pied. Ce poisson habite la mer Méditerranée; la couleur noire qui le caractérise, lui a fait donner le nom de merle dès les temps les plus anciens. Aristote, Oppien et Élien l'ap- pelloient KOTTi^cpoç, et Columelle et Pline, merula. A Nice on le nomme aujourd'hui tourdo d'Argo. Aristote a écrit que le poisson-merle se montroit au printemps, après avoir passé Thiver dans les antres sous-marins ; qu'il étoit alors noir , et que , pendant le reste de l'année , il devenoit blanc ; que ses œufs pouvoient être fécondés par des poissons d'es- pèces voisines, et que lui-même pouvoit féconder les leurs. Oppien l'a regardé, par suite, comme le mâle du Tourd. (Voyez ce mot.) Au raj.port de Rondelet, il se nourrît d'herbes piarines et de petits crustacés. Les anciens, si l'on en croit Pline, fai^ CRE 393 soient grand cas de sa chair, et la recommandoient dans certaines maladies. Galien et Athénée en parlent également. Si Ton est curieux de connoître toutes les fables qu'Op- pien a débitées sur le poisson qui nous occupe, on les trou- vera réunies dans le quatrième livre de ses Halieutiques. Le Crénilabre vert , CreniUibrus viridis ; L.ahrus liridis , Eloch , 282. Nageoire caudale trilobée, à premier et dernier rayons très-prolongés ; les deux dents antérieures de chaque mâchoire plus longues que les autres; écailles vertes, bor- dées de jaune; presque toutes les nageoires jaunes , bordées de vert. De la mer du Japon. (H. C.) CRÉNIROSTRE. {Ornith.) Ce terme qui , dans l'acception la plus générale, signitîe bec crénelé, désigne, dans une acception plus restreinte , les passereaux dont le bec a vers sou extrémité une ou deux échancrures. ( Ch. D. ) CRÉODUS {Bot.), genre établi par Loureiro, dans sa Flore de la Cochinchine. Il nous a paru être le même que le chlo- ranthus de l'Héritier, ou le nigrina de Thunberg. Voyez Chlo- RANTHE. (POIR.) CRÉOPHAGES. {Entom.) C'est le nom sous lequel nous avons désigné la première famille des insectes coléoptères, pentamérés ou à cinq articles à tous les tarses , dont les élytres sont dures, recouvrant le ventre; les antennes en soie non dentées, le corps légèrement déprimé, et les tarses simples, non aplatis en nageoires. Ces divers caractères dis- tinguent successivement cette famille de toutes celles qui comprennent des coléoptères à cinq articles à tous les tarses, ainsi qu'on peut le voir au mot Coléoptères. Nous avons formé ce mot de créophages de deux termes grecs, jt^g'wç, chair vivante, et (Çctyoç, mangeur, que nous avons cherché à rendre en françois par le nom de car- nassiers , parce qu'il désigne d'une manière expresse les mœurs des insectes de cette famille qui, sous leurs deux états agiles, font leur nourriture principale de petits animaux qu'ils dévorent tout vivans, *e groupe correspond aux deux premières tribus de la première famille des coléoptères entomophages de M. La- treille , qu'il nomme les cicindelctes et les carabiques , d'après ?94 CRE les principaux genres qu'il y a réunis. Outre les particularités que nj^us avons déjà indiquées, les créophagrs sont carac- téris(|^ par l'existence de six palpes ou antennules à la bouche, dont deux paires garnissent les mâchoires, et par la présence d'une éuiinence notable a la base de la cuisse postérieure, que, par comparaison. Ton a désignée sous le nom de trochanter. En outre , chez la plupart des niàles les tarses antérieurs sont dilatés ou élargis. Les crcophitges proviennent de larves alongées, molles, formées de douze articulations, outre la tête, qui est grosse, ccaiileuse, munie de deux mandibules fortes, arquées, poin- tues et courbées, avec deux antennules ou barbillons très- mobiies : elles ont six pattes, et le corps généralement mou , excepté dans quelques genres, où les larves offrent en-dessus une sorte de plaque écailleuse et garnie d'épines. Chez d'autres, qui Avivent dans de longs tuyaux ou dans des galeries verticales qu'elles se creusent dans le sable, on voit vers le huitième anneau en -dessus deux tubercules ou mamelons, lesquels deviennent deux sortes de pattes dorsales, qui donnent à ces animaux la faculté de se plier en Z, et de descendre et de monter verticalement avec une grande prestesse, à. la manière des ramoneurs dans nos cheminées. Leur chrysalide se durcit et se forniesors la terre dans des cavités pratiquées d^avance , où linsecte , après sa dernière mue, prend la forme qu'il doit avoir; mais il est alors dans un état de grande mollesse, de contraction , et couvert d'un épiflerme, dont il doit se dépouiller pour prendre la forme sous laquelle il peut propager son espèce. Nous allons présenter ici un tableau analytique , à l'aide duquel il deviendra facile de reconnoitre le genre auquel devront se rapporter les espèces appartenant à cette fa.iiille , qui se divise naturellement en deux groupes: ceux chez les- quels le corselet est plus étroit que les élytres et la tête, et ceux dans lesquels les élytres sont aussi larges que le corselet. Chez les premiers, à tête plus large que le corselet, et4}uî «•orrespon.îeiit au genre Cicindela de Linnseus, le dernier ar- ticle des tarses est : simple , cn- ur, et les ailes 'nulles; elj'lrcs distinctes; à crf: soudéps l'.'s- épineux, velus , nus ; pattes échanc antérieures ) entièi< lu à tie'îx lobes tète , Manticore, Cicindele. Bemhidion. Èlaphre. Diypte. Colliure. palpes |de la longueui- du corselet plus courte, que le corselet (Voyez la planche de l'Atlas de ce Dictionnaire.) Le second groupe, qui correspond aux carabes , chez les- quels la tête est aussi large que les él3tres , offre , i." tantôt Ja tùic engagée dans le corselet, dont elle est à peine dis- tincte A corps et tantôt, au contraire, tout-à-fait distincte. licniispliérique ( alon"c5; corselet ovale 16. Omophron. f carré, accolé l'i. Notiophile. ) , ( elobuleus . i3. Clh-ine. ( non car-" ' ht, rond ; bouche. en croissant 14. Scarite. x\ , carré, accolé 4. Carabe. en bec . . 2. Cychrc. simple . . . 5. Ca.'osoine. d,l- f^yii^g. ja,„.|cchancrées. x.yinthie. lies anlér.'* [entières .. 3. T^^chj'pe. distinctes; clytres courtes. 6. Brachin. Voyez chacun de ces noms de genre et les planches de l'Atlas de ce Dictionnaire. (C. D.) CPiEPANELLA (Bot.), nom donné, selon Camerarius , cité par C. Bauhin, à la dentelaire, plninbago , qui est la même plante que le moljbdana de Pline. (J. ) CREPELIA. {Bot.) Schrank sépare sous ce nom du genre r.olium l'ivraie , lolium temulentum , qui cependant ne diffère du loliuni perenne que par sa glumeplus longue que le locuste ou Passeniblage des fleurs. (J. ) CREPIDE, Crépis. (Bot.) [Chicoracées, Juss. ; Sjngénésic poljgamie égale, Linn.] Ce genre de plantes, de la famille des synanthérées , fait partie de la tribu naturelle des lac- tucées. La calathide est incouronnée, radiatiforme, multiflore , fissiflore , androgyniflore. Le péricline inférieur aux fleurs centrales est double ; l'extérieur plus court, formé de squa- mes unisériées, égales, inappliquées, linéaires, foliacées; l'intérieur plus long, formé de squames unisériées, égales. 396 CRE appliquées, amplexiflores , linéaires, charnues inférieure- meiit. Le clinanthe est plane, muni de quelques fimbr.'Ues éparses, courtes, filiformes, charnues. La cypsèle , cyliu- rlracée, striée, incollifère, porte une aigrette de squaniel- lules inégales, filiformes, barbellulées. La corolle a des poils épars sur le tube et sur la partie inférieure du liuibe. Le genre Crépis est immédiatement voisin de Vhieracium et du harkhausia; mais, dans Vhieracium , le péricline est formé de squames paucisériées , inégales, irrégulicreuient imbri- quées, et dans le harkhausia la cypsèle est coliifère. On a décrit une trentaine d'espèces de crépides, toutes herbacées, à fleurs jaunes, et presque toutes européennes: la France en possède huit, dont quatre croissent dans les environs de Paris. La distinction des espèces, qui est extrêmement difficile, pourra être facilitée par l'observation de M. Decandolle, qui a remarqué que chez les unes les côtes de la cypsèle sont lisses, et que chez les autres elles sont munies d'aspérités. La Crépide bisannuelle (Crépis Hennis, Linn. ) a la tige haute de deux à quatre pieds , dressée , rameuse, sillonnée, hispide inférieurement ; les feuilles profondément pinnati- fides , hispides ; les calathidcs disposées en corymbe terminal, et portées sur des rameaux hispides; les périclines d'un vert noirâtre, hispides, non farineux; les cypsèles très-lisses. Cette plante est commune dans les prés, oîi elle fleurit en Mai et Juin. La CnÉPiDE VERDATRE {Crepis virens, Linn. P Decand. , FI. fr. Supplém. , n.° 2942 ) est annuelle, et croit dans les prés, sur les pelouses, au bord des chemins. Sa tige est dressée , rameuse , un peu hispide à la base : ses feuilles sont lancéolées, roncinées , glabres; les supérieures plus étroites, linéaires, dentées, sagittées: les calathides, plus petites que dans l'es- pèce précédente, sont disposées en corymbe irrégulier ; leur péricline est pubescent, renflé à la base, l'extérieur dressé et appliqué : les cypsèles ont les côtes lisses ; les corolles extérieures sont un peu rougeàtres en-dessous. La Crépide des toits ( Crepis tectorum , Linn. ; Decand., FL fr., Supplém. , n.°2943'') difTère de la précédente par les caractères suivans : La tige est un peu grisâtre, ses rameaux sont divergens; les feuilles supérieures ont les bords entiers CRE 397 et roulés en-dessous ; les calathides sont un peu plus grandes; leur péricHne est conique à la maturité, l'extérieur étalé ; les cy|:sèles sont nciiràtres, et munies d'aspérités, surtout vers le sommet ; les branches du style sont ua peu brunes. Cette plante annuelle croit dans les champs, les prés et les terrains incultes. (H. Cass.) CRÉPIDULE. (Foss.) Ce genre de coquilles ne se présente à l'état fossile que dans les couches les plus nouvelles. Voici celles que je connois. ]." La Crépidule de Hautevîi.le , Crepidula altaviUensis, Def. La longueur de cette espèce est de cinq lignes, et sa largeur de deux lignes et demie. Elle est épaisse, unie en-dessus et un peu élevée vers son sommet, qui est subcentral. L'ou- verture en-dessous est petite, arrondie et opposée au sommet. Le dessous est très-peu concave. On trouve cette espèce dans le falun de Hauteville près deValognes. Il est pourtant douteux qu'elle appartienne au genre Crépidule, à cause de son sommet subcentral. 2." La Crépidi I.E BOSSUE; Crepidula gihlosa, Def. On trouve cette espèce dans le falun de la Touraine et à Laugnan près de Bordeaux. Sa longueur est de sept à huit lignes. Les dif- férentes formes sous lesquelles on la trouve, prouvent qu'elle s'attache sur differens corps; mais le dessus est constamment arrondi et couvert de petites aspérités irrégulières. Le des- sous est très-concave. Le sommet est contigu au bord. 3.** La Crépiudle d'Italie; Crepidula italica, Def. Cette es- pèce, allant se fixer pour vivre et prendre son accroissement dans l'intérieur des coquilles univalves abandonnées, prend toutes sortes de formes. Elle est plate, très-lisse en-dessous : dans quelques individus elle est retroussée en-dessus, ce qui doit provenir du lieu concave où elle a vécu ; dans d'autres le dessus est convexe. Sa grandeur varie beaucoup ; les plus grandes ont un pouce de longueur et un peu moins de lar- geur. Le sommet est contigu au bord. On la trouve dans le Plaisantin , et je possède des coquilles de ce pays dans la bouche desquelles elle est encore en place. Je la regarde comme l'analogue fossile de la coquille qu'on appelle vul- gairement la sandale. (D. F.) CRÉPIDULE, Crepidula. (Malacoz.) Genre d'animaux con- 598 CRE cliylifères céphalophores chismobranchcs . de la famille des mégastonics, proposé par plusieurs anciens conchyliologistes. et entre autres par da Costa, mais établi d'une manière défi- nitive par INI. de Lamarck pour des animaux dont les co(|uilles étoicnt confondues avec les véritables patelles par Linnaus et scssectateurssousle nom de patelles chambrées. Les caractères peuvent être exprimés ainsi : Animal mollusque, assez analogue avec celui des patelles, ayant le corps ovale déprimé^ plane en-dessous, et pourvu d"un large pied abdominal de forme un peu variable ; gibbeux en -dessus; tête et tentacules comme dans les patelles; les yeux un peu au-dessus de la racine de ces derniers; ouverture des organes de la génération adroite; organes de la respiration à la partie antérieure du dos, non symétriques et formés d'une série transversale de longs filamens attachés au bord antérieur de la cavité; coquille recouvrante, non sj-métrique , ovale ou oblongue , à sommet incliné obliquement sur le bord postérieur; ouA^crture aussi grande que la coquille , à bords tranchans , plus ou moins irréguliers; la cavité partagée plus ou moins inégalement en deux, au moyen d'une lame ou diaphi-agme horizoïital, qui supporte la masse viscérale. Ce genre, ainsi défini , difFèrc des autres patelles chambrées, qui constituent le genre Calyptrée , en ce que la cloison n'est pas recourbée en languette, et des entonnoirs ou infundi' buliim , en ce que cette languette n'est pas spirale ou décur- rcnte. D'après ce que dit Adanson de trois espèces de ce genre, ce sont des animaux qui adhèrent aux corps marins aussi fortement que les patelles véritables , et dont les autres ha- bitudes sont à peu près semblables. 1.° CaKPinrLE sulin ; C. porcellatia [Lnû.) , vulgairement la Sandale, Adanson , Sénég. , tab. 2 , fig. 8. Coquille ov.de, con- vexe, rouge en dehors et Avariée de taches écailleuses blanches et de lignes transverses ondidées, bleues, entièrement blanche en dedans. L'animal qu'elle recouvre a son manteau bordé de vingt-cinq crénelures découpées en znanière de croissant, du milieu duquel on voit s'élever un petit point blanc; son pied est elliptique, et sa ])artie antérieure se ter- Tnme de chaque côté par une ojcillettc triangulaire, qui CRE 399 s'élend sur les côtés de l'animal quand il marche ; sur la droite , dans le slinis qui sépare le pied du manteau , est un petit cor])s Jdanc, semblable à une petite la. nette triangulaire, ordinairement roulé en bas.- c'est probablement la verge. Cette espèce, commune sur la côte du Sénégal, se trouve aussi, à ce qu'il paroit, dans les Indes orientales. 2." Crépidile jenac; C. goreensis ^ Adans. , Sénég. , tab. 2, fig. )o. Trè^-petite coquille ronde, de cinq à six lignes de dia- mètre , extrêmement comprimée, fort mince, entièrement blanche, et cachée au dehors sons un périoste composé de plusieurs lames en recouvrement : ce qui, suivant Adanson , la fait beaucoup ressenil.ler à celle d'une espèce de lajjlysie. L'animal, d'un blanc de neige , a les tentacules terminés par un petit nombre de tubercules blancs, qui les rendent comme chagrinés ; son pied est arrondi sans oreillettes , et cha- griné; le manteau l'rst aussi, et il est bordé à sa gauche, der- rière la têie , de huit filets cylindriques assez longs, proba- blement les branchies. Elle est très-rare sur les rochers de File de Corée. 5." Crkpidilf. garnot; C. crepidula , Adans., Sénég., tab. 2 , fîg. q. Coquille navicnlaire , transparente , d'un pouce environ de long, brune ou blanche, avec dix raies brunes qui par- tent du sommet, recouverte d'un épidémie brun, membra- neux et très-fin. L'animal est très-rapproché de celui delà première espèce j les oreillettes sont peu semblables; il vit sur les coquillages enfoncés dans le sable. ^."Crépidile VOUTEE; C. forilicata, Martini, Conchy!. i,t. lo, fig. 129, 100. Petite coquille ovale, recourbée obliquement en arrière, quelquefois rongeàtre ou fauve, mais le plus souvent blanche sur les bords , fauve ou tachetée de cette cou- leur; rintérieur trcs-blanc , la cloison excavée en avant. De la mer Méditerranée. 5." Crépidule épineuse : C. aculeata, Chcmnitz , Conchyl. 10, p. 334, talu 168, fig. 1624, 1625. Très-rapprochée de la précédente, dont elle ne diffère essentiellement que par sa couleur presque toujours fauve, et parce qu'elle est cou- verte de stries aiguillonnées du sommet à la base. Des lies d'Amérique, 400 CRE 6° Ckûvidvle SANDALE; C. solea, Mensch. Naturfor. 18 , p. i/, , tab. 2, fig. i5 et i5 b. Coquille d'un demi-pouce de long, un peu tortueuse, transparente, tachetée de Lrun, finement plissée et sillonnée transA'ersaiement en-dessus : patrie ignorée. (DeB.) CREF'INETTE (Bot.), nom vulgaire ancien de la renouée, poljgonum avicuUire ^ cité dans le Théâtre d'agriculture d'Oli- vier de Serres. (J. ) CRÉFINIÈRE {Bot.) , nom. sous lequel on a désigné le vinettier de Crète , Berbcris cretica , Linn. ( L. D. ) CREPIS. (Bot.) Selon Césalpin , la plante -que Pline et Théophraste nommèrent ainsi, est le terracrepulus des Tos- cans, que C. Bauhin et Tournefort rangent parmi les sonchus^ dont Linnaeus fait son scorzonerapxcroid.es, et qui est mainte- nant le picridium vulgare de M. Desfontaines. Le nom de cré- pis a été depuis appliqué par Linnœus à un autre genre delà même famiile, qui l'a conservé. (J.) CREFITAAN. (Bot.) Voyez Corioo. (J.) CREPITUS LUPI. (Bot.) Ruellius, botaniste du commen- cement du seizième siècle , fixa le premier ce nom , adopté par les botanistes qui écrivirent après lui , pourles vesse-loups , Ij'coperdon. Il a été étendu néanmoins aux clathres de I,in- nseus , qu'on désignoit alors par vesse-loups effiorescenles. (Lem.) CRÉPUSCULAIRES. {Entam.) M. Cuvier, dans son ouvrage intitulé le Règne animal, etc., partage l'ordre des insectes lépidoptères en trois familles, les diurnes, les crépusculaires , et les nocturnes. Les insectes compris dans ces deux derniers groupes ont les ailes unies, de l'un et de l'autre côté, au moyen d'une sorte de boucle ou d'anneau formé par un crochet de la supérieure, dans lequel pénètre un ardillon, une sorte de crin ou d'épine roide de l'aile inférieure; mais de plus leurs antennes sont en massue : ainsi cette famille coi^respond à celle que nous avons appelée les fusicornes ou CLOsTftRocKRKs , elle comprend les sphinx , sésies , zjgcnes , etc. (CD.) CRÉPUSCULE. (P'ijs. ) Voyez, au mot ArMosrHiifiE , la page 278 du Tome 111. (L.) CREQUIER. (Bot.) Dans quelques cantons le prunier sauvage porte ce nom. ( L. D. ) CRE 401 CRESx\NE (Bol.) Espèce de poire. Voyez Poirier. (J.) CRESCENTIA. (Bot.) Voyez Calebassier. (Poir.) CRESCIONE (Bot.), nom italien du cresson. On le donne encore au veronica becahunga, que Césalpin nommoit anagal- lis aquatica , et à une espèce de berle, siiim angustifolium. (J.) CRESPINO. (Bot.), nom italien de Pépine-vinette, berhe- ris , suivant Clusius. C'est le crespinus de Césalpin, qu'il ne faut pas confondre avec le crespinus ou crispinn queTabernœ-' montanus cite comme le même que son «va crispa, espèce de groseillier épineux. (J.) CRESPINLJLUS. (Bot.) Césalpin dit que, dans quelques lieux de Pltalie, on nomme ainsi le laitron , sonchus; il dit encore, avec Dalechamps , que chez les Romains, et de son temps dans la Toscane, la mOme plante étoit nommée cicer- hita. Adanson attribue ce dernier nom à Pline, dans l'ouvrage duquel on ne le trouve point cité à l'article du sonchus. Dans quelques autres parties de Pltalie, le laitron est nommé crespine, cripini , suivant Taberna-montanus cité parMentzel, et celui-ci dit encore qu'il est mentionné par Pline sous les noms àe cicerbita et lactiron, d'où provient peut-être son nom françois. (J. ) CRESPOLINA (Bot.), nom toscan d"unc santoline , santo" lina chamœcyparissus , suivant Césalpin. (J.) CRESSA." ( Bot. ) Voyez Cresse. ( L. D. ) CRESSABOUS. (Bot.) Dans les montagnes d'Auvergne ou nomme ainsi le cucubale behen. ( L. D. ) CRESSE; Crcssa, Linn. (Bot.) Genre de plantes dicotylé^ dones , monopétales hypogynes , de la famille des convoi-' vulacées, Juss. , et de la pcntandrie monogynie, Linn., dont les principaux caractères sont les suivans : Calice de cinq folioles ovales, persistantes; corolle monopétale, hypocra^ tériforme, à limbe partagé en cinq découpures ; cinq étamines à filamens insérés sur le tube de la corolle et portant des anthères arrondies; un ovaire supérieur ovale, surmonté de deux styles égaux aux étamines , et terminés par des stigmates simples; capsule uniloculaire , bivalve, environnée parle calice persistant, et contenant une à quatre graines. Les cresses sont de petites plantes herbacées, à feuilles alternes, et à fleurs ramassées en tête à Pexfrémité des ra- 11. aS ' ]o, CllE meaux. On en connoît deux espèces, qui croissent dans îei lieux humides des bords de la mer. Cresse de Crète : Cressa cretica, Linn. , Spec. 325; Lam. lllust. , t. 182. Sa tige est divisée en un grand nombre de rameaux étalés et couchés sur la terre , longs de quatre à six pouces, garnis de petites feuilles ovales, pointues, sessiles , velues et blanchâtres. Ses fleurs sont jaunes, ramassées en bou- quets serrés et terminaux. Ses capsules ne contiennent qu'une seule graine. On trouve cette plante dans les lieux maritimes du midi delà France , en Italie , dans l'ile de Crète, dans le Levant et même en Chine. Cresse des Indes : Cressa indica , Retz. 0^5,, 4, p. 24. Cette espèce , qui croît dans les Indes . a le port et les principaux caractères de la précédente ; mais elle en diffère par ses corolles barbues à leur sommet, et par ses capsules contenant quatre graines. (L. D. ) CRESSERELLE. {Ornilh.) Cet oiseau de proie est lefalco linnunculus , Linn. Voyez Faucon. ( Ch. D. ) CRESSON {Bot.), nom François du genre Cardamine, avant que les botanistes eussent francisé ce dernier mot. Voyez Cardamine. (L. d.) CRESSON ALÉNOIS, CRESSON DE JARDIN , NASI- TORT {Bot ), noms vulgaires du lepedium satiiiim de Lin- naeus, que plus récemment M. Decandolle a nommé thlaspi salii'um (J.) CRESSON D'EAU, DE FONTAINE, DE RUISSEAU. {Bot.) La plante connue sous ces différens noms , parce qu'elle croit de préférence dans les lieux humides et aquatiques, est le sisymbrium nasturlium de Linnaeus, cardamine fontana de Lamarck. Gouan , dans sa Flore de Montpellier, cite le cresson de fontaine comme le nom vulgaire du vcronica heccubunga. Voyez Cresson. (J.) CRESSON D'INDE {Bot.), traduction du nom nasturtiuin indicum , donné par Lobel et C liauhin à la capucine, tropœolum, (J.) CRESSON DE L'ISLE- DE- FRANCE. {Bot.) Le sisymbrium nasiurtium , transporté depuis long-temps et naturalisé dans nos îles africaines, y est, comme chez nous, appelé cresson : mais ce nom ne lui est pas exclusivement réservé; quelque- CRE 4o3 fois aussi, quoique plus rarement, il désigne l'acmelle, spU lantiis acmella de Linnaeus, qui forme maintenant le genre Acmelle, distinct du spilan^he. (J.) CRESSON DE PARA. [Bot.) On cultive sous ce nom à Cayenne le 5pz7an-.'7iMs olcracea, suivant Aubiet. Cette plante, mâchée, dit-il, irrite la langue et les parties internes de la houche, d'où résulte une abondante sécrétion de salive. (J. ) CRESSON DE RIVIÈRE ( Bot. ) , nom vulgaire du sisymbre sauvage. (L. D. ) CRESSON DE ROCHE. (Bot.) C'est la même plante que le cresson doré. ( E. D.) CRESSON DE SAVANE. ( Bot. ) Dans les Antilles on donne ce nom à diverses plantes qui croissent dans les savanes ou praiz'ies : telle est une conyze à feuilles de linaire , ainsi désignée par Desportes et Nicolson , et qui pourroit être plu* tôt un chrysocoma ou un peclis; celle encore qu'ils nomment thlaspi nasturtii sapore, qui doit être une espèce de lepidium. Des habitans de S. Domingue ont aussi dit à M. Bosc que ce nom , dans leur île, est donné au lepidium didj^mum de Lin- nasus, réuni maintenant au genre Senebiera. (J.) CRESSON DES PRÉS (Bât.), nom vulgaire du cardamine pratensis. (J.) CRESSON DES RUINES. iBot.\ C'est le lepidium ruderale , Linn. , que nous rapportons au genre Tabouret. (L. D.) CRESSON DE TERRE. {Bo^. ) On nomme ainsi , dans quel- ques cantons , le vélar Sainte-Barbe. ( L. D. ) CRESSON DORÉ, CRESSON DE ROCHE. (Bot.) On nomme ainsi le chrysosplenium^ genre voisin des saxifrages, mais différent par l'ovaire non libre et Pabsence des pétales. Il a été aussi connu anciennement sous le nom de saxifrage dorée. (J.) CRESSON SAUVAGE, AMBROSÎE SAUVAGE. (Bot.) C'est sous ce nom que l'on désigne le cochlearia coronopus de Linnœus , dont Gnertner a formé son genre Coronopus, suffi- samment distingué du coclilearia. Voyez CoRo^opE. ( J. ) CRÈTE. (Ornith.) Ce nom est donné particulièrement à la caroncule charnue qui s'élève sur la fête du coq, et qui tantôt est simple et tantôt double, tantôt se tient droite eÉ tantôt retombe d'un côté par son propre poids. Dans le coq 4o4 CRE huppé, la crt-te est beaucoup plus foible et même quelque- lois nulle. Cet effet provient de ce que la plus grande partie de la nourriture est absorbée par raccroissement des plumes surabondantes. (Ch. D. ) CRÈTE DE COQ (Bot.), nom vulgaire de la cocrête des prés, rhinanlhus crisia gain. C'est aussi celui du celosia cristata . à ce qu'on lit dans la Flore de Montpellier, de Gouan. De plus, suivant Aublet, Yheliotropium indicum est ainsi appelé par les habitans de la Gniane, qui emploient ses fleurs en in- fusion pour arrêter les pertes de sang chez les femmes. On donne aussi ce nom, dans quelques endroits, à la clavaire coralloïde. Voyez au mot Clavaire. (J. ) CRÈTE DE COQ (Condijl.) , nom marchand de plusieurs espèces d'huîtres plissées, dont la forme a quelque ressem- blance avec certaines crêtes de coq. (DeB.) CRÊTE DE PAON. Le nom de crista pavonis a été donné à deux espèces de bonduc , quilandina bonducclla et panicuiata: au sappan, cœsalpinia sappan; au condori, adenanthera pavo- nina; au pongam, pongamia, et à la poinc illade , poinciana pulclLcrrima . Cette dernière est nommée //o5pai^oj7î.s par Sibylle Merian , qui a donné un grand ouvrage sur les plantej et les insectes de Surinam. Elle dit qu'on donne ses grains aux femmes eu mal d'enfant ^our favoriser l'accouchement , et que, d'après cette propriété qui leur est attribuée, les né- gresses esclaves s'en servent pour se faire avorter quand elles sont traitées durement par leurs maîtres, pour ne pas donner naissance à des enfaiis condamnés au malheur. Ce fait est répété , d'après Sibylle Merian, dans l'Abrégé des voyages par Laharpe. ' J.) CRÈ:TE-MARINE. voyez Bacile. (J.) CRETELLE ou CYNOSURE (Bot.); Cjnosurus , Linn. Genre de plantes monocotylédones , hypogynes, delà famille des graminées, Juss. , et de la triandrie digynic , Linn., dont les principaux caractères sont , d'avoir un calice de deux glunies multiflores ; une corolle de deux balles linéaires lancéolées, entières, l'extérieure niutique ou aristée; trois étaniines; un ovaire supérieur, surmonté de deux st}lesi une bractée découpée en divisions distiques , placée au- dessous- de chaque épillet. CRE 4o5 Les cretelles sont des plantes herbacées , annuelles ou vivaces, dont les fleurs sont accompagnées de bractées uni- latérales , et" disposées en grappes resserrées en épi. On e.n connoit huit espèces, dont deux indigènes de l'Europe; les autres sont naturelles à l'Afrique ou à l'Asie: nous ne par- lerons que des deux premières. Cretelle des pkésouCynosure en crête: Cjnosurus cristatus , Linn., Spec. io5 ; Host, Grain. 2, p. 68 , t. 96. Ses chaumes sont minces , hauts d'un pied à un pied et demi, garnis de feuilles linéaires, glabres. Ses fleurs sont verdàtres, disposées en une grappe resserrée en épi et tournée d'un seul côté : les glumes calicinales contiennent trois à cinq fleurs, et les bractées sont ailées en forme de peigne. Cette plante est vivace; elle croît dans les bois, les prés et sur les bords des champs, enFrance et dans la plus grande partie de l'Europe. Cretelle d'Espagne: Cynosurus Lima, Linn., Spec, io5 ; Desf. , FI. Atlant. , 1 , p. 83 , t. 19. Ses chaumes sont grêles , munis de deux ou trois articulations, hauts de cinq à sept pouces , garnis de feuilles très- étroites , terminées par un épi ovale-oblong , de couleur glauque, composé de deux rangées d'épillets sessiles, serrés les uns contre les autres, tournés tous d'un seul côté , et contenant quatre à huit fleurs. Cette plante croît en Espagne et en Barbarie. ( L. D. ) CRETHMOS AGRIOS. {Bot.) La plante désignée sous ce nom par Pline paroît être celle que Césalpin nomme cnthmum sjhestre , et qu'il distingue du critliinum de Dioscoride, qui est celui des modernes, celui qui étoit le bâtis ou baticula cité par Césalpin , le baciucco des paysans de la Toscane. La plante de Pline paroît être le crithamus agres'is de Tragus, le crithmum quartum de Matthiole , dont C. Bauhin faisoit un eryngium, Tournefort un ainiiii, et qui est maintenant le sium falcaria. (J.) CRETOIS, (ichthjol.) On a donné ce nom à un scare que Linneeus a appelé scams cretensis. Voyez Scare. (H. C.) CREUSET. {Chim.) On donne ce nom à des vaisseaux des- tinés à contenir les matières que l'on veut exposer à des tem- pératures très-élevées. On fait des creusets en terre, en argent, en platine, en or, etc. Parmi les creusets de terre on distingue les creusets de 4o6 CRE Hesse, les creusets de grès et les creusets de porcelaine. Les premiers sont poreux : c'est pour cette raison qu'ils ne peu- vent être employés dans les opérations où l'on chauffe des matières qui acquièrent une grande fluidité par l'action de la chaleur, et qui ont en outre la propriété de mouiller la pâte du creuset; à plus forte raison ne doit-on pas chauffer dans des creusets de terre des corps qui, comme la potasse, la soude, les oxidcs de plomb , de bismuth , ont la propriété de vitrifier les substances terreuses. Les creusets déterre sont particiilièrcment employés dans les laboratoires, pour la dé- composition de plusieurs sulfures métalliques fixes, pour la réduction en sulfure de plusieurs sulfates chauffés avec du charbon, pour la fabrication des fleurs de zinc et d'antimoine, pourla réduction desoxides réfractaires au moyen du charbon. Dans ce dernier cas, lorsqu'on opère sur de petites quan- tités d'oxides, ou renferme le mélange dans une cavité que l'on a pratiquée dans un cylindre de charbon; on ferme la cavité avec un disque delà même substance, et on place le tout dans un creuset de Hesse, dont on remplit le vide avec du sable ou une poussière terreuse. Les creusets de grès et de porcelaine sont d'un usage moins fréquent que les creu- sets de Hesse ; ils sont beaucoup moins poreux et un peu moins attaquables qu'eux : mais ils sont très-faciles à se fendre par l'action de la chaleur, ce qui en rend l'emploi peu éco- nomique, Les creusets de plombagine sont fabriqués avec de l'argile mêlée de plombiigine. Les creusels de terre sont en général beaucoup plus hauts que larges, plus étroits au fond qu'à l'orifice; celui-ci est circulaire ou triangulaire. On ferme les creusets de terre avec un couvercle de la même matière que celle qui a servi à le fabriquer, ou simplement avec une brique. Les creusets de métal sont cylindriques jusqu'à une petite distance du fond, où leur diamètre va un peu en diminuant jusqu'au fond. On les ferme avt c un disque de métal , garni, sur la surface qui regarde l'intérieur du creuset, de trois pe- tiies ^.ointes qui, en entrant dans le creuset lorsque celui- ci est couvert, empêchent le disque de glisser. Ce disque porte en outre sur son autre surface un petit cylindre de métal. CRE 40; Les creusets d'argent et les creusets d'or sont particulière- ment destinés à traiter les substances pierreuses par les al- calis, lorsqu'il ne faut pas une température rouge très-élevée. Les creusets de platine peuvent servir au même traitement} mais ils sont plus attaquables par la potasse et par la soude que les creusets d'argent et d'or: d'un autre côté, ils ont sur ceux-ci l'avant 'ge de supporter la température la plus éle- vée de nos fourneaux de réverbère , et de ne pas être atta- qués, comme ceux d'argent, par la plupart des acides miné- raux. Les creusets de platine, d'or et d'argent ne doivent jamais servir lorsqu'on opère sur des métaux ou des oxides qui pourroient être revivifiés, et dont les métaux sont sus- ceptildes de s'allier au platine, à l'or et à l'argent. (Ch.) CREUSIE, Creusia. (Molluscart.) M. le D.' Leacli établit sous ce nom un petit genre de la famille des balanes, par conséquent pourvu d'une base calcaire régulière, et dont le têt, divisé en quatre parties, est fermé par un opercule dont chaque valve est d'une seule pièce. 11 ne contient qu'une seule espèce, la Creusieéi'ineuse, C. spinulosa, Leach , Edimb. Encycl. , qui me paroit avoir beaucoup de rapports avec le balane des madrépores de M. Bosc, mais dont M. Leach ne nous a pas encore donné de description. ( De B. ) CREUX. ( Bot. ) Les feuilles sont creuses dans l'oignon commun, l'aldrovanda, le lobeiia dortmanna , le juncus articu- latus, etc. Les feuilles de l'aldrovanda sont renflées comme une vessie ou une petite outre ; celles du [obelia dortmanna sont divisées en deux loges par une cloison longitudinale; celles du juncus articulatus sont divisées en plusieurs loges par des cloisons transversales : la prêle , la plupart des gra- minées, l'angélique , les pétioles de Veryngiuin corniculatum, sont aussi dans ce dernier cas. Le périsperme est creux dans le cocotier. Dans le rosier, le réceptacle est également creux, et c'est dans cette cavité que sont contenues les ovaires, (Mass.) CRÉVALE. (Ichfhj-ol.) A la Caroline on donne ce nom à un poisson qui paroit appartenir au genre Centronote , et que M. de Lacépède a décrit sous le nom de centronotus carn- linus. Linnasus en avoit fait son gasterosleus carolinus. Voyez Centronote. (H. C ) 4o8 CRE CREVALLE. ( Ichthyol.) Voyez Crlvai.e. ( H. C ) CREVASSE, Rimosus. (Bot.) L'orme, le eliàtaignier offrent des exemples de tige crevassée. L'uvaria, rage d'un même minéral. (§§. 53 à 64.) 4.'' Des différens genres de modifications que subissent les formes dominantes des cristaux. (§§. 65 à 69.) 5.'' Lois symétriques observées dans la disposition des modifications que subissent les diverses formes dominantes. (§§.70 à 83.) 6.^ Passages d'une forme à plusieurs autres, produits néces- sairement par la symétrie des modifications, ce qui explique les formes dominantes diverses observées dans un même minéral. Conséquences qui en résultent pour la détermina- tion du système cristallin de chaque substance minérale : utilité de choisir une forme fondamentale. ( §§. 84 à 92.) 7." Théorie de Id structure des cristaux, ou moyens d'as- signer les rapports géométriques de toutes les formes cris- 1 Tels que M. le comte Je Boiiruoii, M. Weiss et autres, dont les travaux ont aussi enrichi la cristallographie ; on sent bien qu'il noue est impossible de donner ici uue histoire complète de cette science. 11. 28 45^ CRI tallines d'un même minéral avec une seule forme primitive.' (§§.93 à 1J2.) 8/ Des cristaux hémih-opes ou maclés, et groupés régulière- ment : lois symétriques auxquelles ils paroissent assujettis. (§. 1 15 à 124.) PREMIÈRE SECTION. Idées générales des formes cristallines , et de la cassure lamelle use ou du clivage des cristaux. Nous réunirons clans cette section les faits généraux relatifs à la structure symétrique de toutes les formes cristallines, sans entrer dans les détails nécessaires pour donner nue idée précise de cette symétrie dans les diflérens cas ; ce qui sera l'objet de la 3." section et des suivantes , auxquelles celle-ci sert pour ainsi dire d'introduction. §. I .'"'' Lc5 cristaux sont des solides polyédriques sjymétriques , terminés par des plans. Il y en a cependant quelques-uns qui présentent des surfaces convexes; mais cette disposition est assez rare et n'appartient qu'à un petit nombre de substances : d'ailleurs on peut toujours , ou ramener ces cristaux convexes à des cristaux à faces planes, connus et déterminés, dont les faces auroient subi un contournement; ou, dans d'autres cas, considérer ces surfaces convexes comme n'étant que l'assemblige de plusieurs faces planes qui se i-éunissent sous des angles très-obtus. §. 2. ^ V exception du tétraèdre régulier ( §. 35), les formes 1 C'est la tliéorie de M. llaiij'. En la voyant ainsi rejetée à la fin de cette description géométrique des cristaux , il senibleroit que tout ce qui précède est étranger aux découvertes dont ce savant célèbre a enrichi la science. Cela tient à l'ordre que nous avons cru devoir suivre: nous avons jugé que les faits relatifs à la symélrie des formes cristallines dévoient être exposés d'abord isolénjent et sons y joindre aucune idée théorique. Il nous a semblé que l'exposé de cette théorie deviendroit par là plus simple et plus facile à comprendre. Mais presque tous les faits qui seront développ-'s dans les six premières sections ne nous sont connus que par M. Haiiy, et par suite des applications qu'il a faites de sa théorie à toutes les substances cristallisées. CRI 4^5 polyédriques des cristaux ont ordinairement leurs faces parallèles deux à deux. , Cette disposition symétrique poiuToit être regardée comme générale, malgré un petit nombre de cas particuliers d'ex- ceptions où la nature paroît s'être écartée de cette règle, et que nous allons faire connoître. Il est -presque superllu d'annoncer que nous ne rangerons jr95 dans ces cas d'exception ce grand nombre de cristaux implantés, en groupes, en druses , et dont nous ne voyons qu'un seul sommet : il est évident que nous ne pouvons ob- server ici qu'une moitié de cristal; et la nature s'est si peu écartée dans ce cas du parallélisme symétrique que nous an- nonçons, qu'il n'est presque point de cristaux implantés qui n'aient été trouvés au moins quelquefois isolés et complets, sinon en totalité, au moins par parties, et qu'alors chaque face avoit sa parallèle. On est donc fondé par analogie à. supposer qu'il en seroit de même des autres cristaux s'ils n'étoient pas implantés , et à les représenter habituellement complets avec leurs faces parallèles deux à deux. Nous voulons parler d'autres cas qu'on pourroit croire former des excep- tions en apparence plus réelles. On peut distinguer dans un cristal deux sortes de faces: d'abord les faces principales ou dominantes , c'est-à-dire , celles qui sont les plus étendues , et dont l'ensemble détermine la forme; et ensuite les faces plus petites ou les facettes, qu'on peut regarder comme additionnelles , parce que la forme n'est pas sensiblement altérée par leur présence'. Re- lativement aux faces principales, on connoît quelques exem- ples où le parallélisme des faces deux à deux n'est pas com- plet ; les cristaux dits hémitropes sont dans ce cas (voy. les fig. i5o et 134) : mais, ces cristaux n'étant réellement que des réunions de deux cristaux en sens inverse (comme on le .1 Cette distinction des faces dominantes sera plus complètement dé- finie au §. 33 : par exemple, dans la figure 72 , les plans triangulaires o, qui sont les plus larges, sont les faces dominantes , et les plans hexa- gones alongés «Zsont les facettes additionnelles , dont la présence n'altère pas d'une manière notable le polyèdre qui résulte de l'ensemble des autres et dans lequel on reconnoît un octaèdre. 456 CRI verra dans la 8.*' section ) , ou des doubles cristaux, il n'y a là aucune exception, e^d'autant plus qu'on connoit presque toujours des cristaux simples appartenant à la même variété et qui ont leurs faces disposées parallclemenl deux à deux. Il y a aussi des cristaux simples qui présentent la même ano- malie; mais ils sont très-peu nombreux , et comme il est rare de ne pas trouver d'autres cristaux semblables entièrement réguliers, on peut dire que, l'anomalie observée n'étant pas constante , ces cristaux ne peuvent point servir à infirmer la règle générale. ' Quant aux facettes additionnelles, les exemples de non- parallélisme ou de l'absence de l'une de deux faces paral- lèles sont moins rares; cependant elles ne peuvent renver- ser le principe. D'abord il y a des cristaux où cette irré- gularité n'est point constante , et alors elle doit être regardée, de même qu'on vient de le dire pour les faces principales, comme une déviation accidentelle , produite dans certains cas par des causes jusqu'ici inconnues; il y a aussi d'autres cristaux dans lesquels une ou plusieurs facettes , situées vers une des extrémités de la direction qu'on peut regarder comme l'axe du cristal , n'ont pas leur parallèle à l'extré- mité opposée , et dans lesquels cette irrégularité est cons- tante ( voyez les figures 65 , tourmaline ; et 86, magnésie bo- ratée). Mais ces cristaux sont électriques par la chaleur et donnent les deux genres d'électricité en deux points opposés. Ici on peut d'abord présumer avec quelque probabilité que l'anomalie de forme est un résultat de la propriété électrique, et cette conjecture est confirmée par l'observation que l'on a faite, qu'il y avoit dans une même espèce de ce genre (le titane silicéo - calcaire ) des cristaux électriques et des cristaux non électriques : dans les premiers, les deux som- mets sont différens ; dans les autres , ils sont semblables. 1 La tourmaline , par exemple , qui cristallise souvent en prisjne hexagonal régulier, se présente aussi quelquefois sous la forme princi- pale ou dominante d'un prisme triangulaire équilatéral, parla dispari- tion de trois des faces du prisme (voy. la fig. G6); mais cette exception, qui, comme on le voit, n'a pas toujours lieu dans cette substance, paroît tenir à sa propriété électrique, conuui; ou va le dire. CRI 437 Toutes ces exceptions ne peuvent donc pas détruire la règle générale; tout au plus pourroient-elles conduire à la modifier, en disant que dans les cristaux la nature a cons- tamment une tendance à produire des faces parallèles deux à deux , et qu'elle ne s'en est écartée que dans des cas très-rares , qui sont eux-mêmes sujets à exception dans la même espèce. C'est par suite de cette tendance générale à produire tou- jours deux faces parallèles, que dans les cristaux on ne trouve point de pyramides complètes, à l'exception du tétraèdre, mais des doubles pyramides , etc. §. 3. hes plans qui composent les cristaux sont en général ordonnés symétriquement , soit tous ensemble, soit par parties , par rapport à une ligne qu'on peut considérer comme l'axe. Tantôt la plupart de ces plans , ou au moins les prin- cipaux et les plus étendus , sont parallèles à l'axe , et alors le cristal a réellement la forme d'un prisme ( voy. fig. 10 à 18 , 55 , 56 , etc.) ; tantôt tous les plans ou seulement une partie sont également inclinés à Taxe (voy. les fig. 21 à 26, 08,47, etc.), et alors chacun des sommets du cristal a la forme d'une py- ramide plus ou moins régulière. Il y a aussi des cas où deux faces seulement sont inclinées à l'axe (biseau, §. 67 , fig. 55, 64, etc.), ou bien dans les- quels plusieurs faces ont deux à deux la même inclinaison ( fig. 63) ; ou , enfin , d'autres où plusieurs faces ont, trois à trois ou quatre à quatre , vers une même extrémité de l'axe ^ la même inclinaison à cet axe. Mais ce n'est pas ici le lieu d'entrer dans ces détails, dont on trouvera des exemples fréquens dans tout ce qui va suivre. Il est également inutile de mentionner le peu de cristaux qui font exception à cette règle , comme , par exemple, dans les prismes terminés par deux faces inégalement inclinées à l'axe , ce qui a lieu dans une variété de feldspath (fig. 55). Nous nous contenterons d'observer que les formes prisma- tiques et pyramidales dont nous avons parlé, sont très-fré- quemment combinées ensemble dans le même cristal , et que, dans ce cas, le plus souvent les faces qui tendent à for- mer le prisme, et celles qui tendent à former la pyramide , sont coordonnées au même axe (voy. fig. ôg , etc.). Cependant il y a des cas qui paroitroient au premier 455 CRI coup d'oeil faire exception à cette règle, comme, par exem- ple, le cristal représenté figure 81. Cela tient à ce que , dans ces cristaux . l'arrangement des faces est tellement symétrique qu'on peut choisir à volonté une, deux, trois et même quatre lignes pour axe. Le dernier cas de quatre axes a lieu dans le cube (v. §. 07 ). Ces indications générales de la symétrie des cristaux seront développées dans la 3.* section. §. 4- On olserve plusieurs formes différentes dans les cristaux d'un même minéral, quoique y dans ces dijjerens cas, les autres caract res de ce minéral, et notamment sa composition chimique, ne présentent aucune différence appréciable. Ainsi le plomb sulfuré crisfallisc en cube et en octaèdre régulier; la chaux carbonatée se rencontre également en prisme hexagonal régulier , en une espèce particulière de prisme quadrangulaire obliquangle (rhomboèdre), ( §. zp , Hg. 19), et en double pyramide à 6 faces symétriques , etc. (dodécaèdre triangulaire scalène, §. 58, fig. /(S ). Mais il y a plus, c'est que beaucoup de minéraux affectent plusieurs espèces différentes d'une même forme : ainsi la chaux carbonatée présente au moins six rhomboèdres differens et trois doubles pyramides à six faces symétriques; le corindon , plusieurs doubles pyramides à six faces régulières ; le schéelin calcaire, deux octaèdres symétriques , etc. Cette diversité de formes cristallines dans une même subs- tance est connue depuis long-temps des physiciens et des minéralogistes , et elle a dû nécessairement effrayer ceux qui ont voulu se livrer à l'étude des cristaux, tant qu'on n'a pas su si elle avoit, ou non, des limites. M. Haiiy est parvenu à découvrir que ces foriîics différentes étoient tou- jours liées entre elles par des rapports géométriques, et qu'elles n'étoient que des résultais differens d'un même système cristallin. On exposera plus bas ( §. 17) d'une ma- nière plus précise ce qu'on doit entendre parce mot; mais ce que l'on vient de dire suffit déjà pour faire concevoir que cette multiplicité de formes d'un même composé chi- mique, quoique souvent très -grande, a néanmoins des limi- tes invariables pour chaque substance ; et on verra par la suite que souvent il suffit de connoîtrc un très-petit nombre CRI 45^ de cristaux d'un minéral, pour pouvoir à priori déterminer non-seulement les iiutres formes quil affecte ou qu'il peut affecter, mais aussi celles qui lui sont nécessairement étrangères. §. 5. Les dijférens angles des cristaux sont toujours constans et invariables d :ns chacune des formes d'une même substance. On entend ici par angles des cristaux , non-seulement les angles dièdres que forment entre eux les faces qui consti- tuent ces solides polyédriques, mais aussi les angles plans que forment entre elles les lignes d'intersection de ces plans , ou les arêtes des cristaux. JNous nous contentons de donner ici ces indications; on trouvera dans le §. -Jà des détails plus étendus sur les différentes espèces d'angles des cristaux. Cette constance des angles des cristaux est généralement reconnue depuis les travaux de Rome de Lisle ; néanmoins ce princip% fondamental demande quelque explication pour détruire la contradiction qu'il semble présenter avec ce qui a été dit , dans l'article précédent , de quelques minéraux dont les cristaux ai\'eclent plusieurs espèces différentes d' une même forme. Sans doute ces différentes espèces d'un même genre de forme présentent des angles différens ; mais dans chacune d'elles les angles sont constans et invariables, et ces chan- gemens d'une forme à une autre dans la mesure des angles ne sont nullement graduels. En outre, les rapports géométri- ques qui ont été reconnus entre ces différentes espèces d'une même forme, comme on l'a déjà indiqué , les rame- nant toutes à une seule forme fondamentale \ ainsi qu'on le verra par la suite , il est évident que toutes ces mesures d'angles différentes ne sont que la conséquence nécessaire d'un premier angle déterminé par la nature : dès-lors la constance et l'invariabilité que nous avons annoncées sont entièrement conservées. §. 6. Les cristaux ont toujours des angles saillans et jamais d'an- gles rentrans. Les seuls cas où la nature paroitroit s'écarter de cette règle, sont les cristaux qui présentent ce que l'on appelle une hémitropie ( voyez §. 1 1 3 , fig. 1 3o et 1 32 ) , et aussi les groupemens ou croisemens réguliers des cristaux (§. 121 , fig. 141 , 142 et 145) ; mais, ces derniers n'étant qu'une réunion symétrique de formes simples à angles saillans , et les hémi- tropies n'étant que le résultat de l'accolement de deux moitiés 44o CRI de cristaux en sens inverse, on voit qu'il n'y a là aucune exception à la règle générale qui vient d'être posée. §. 7. Les corps cristallisés présentent souvent dans leur cassure des surfaces planes ; et comme cette sorte de cassure peut être répétée sur les fragniens successivement obtenus du cristal , et toujours parallèlement , il en résulte que deux cassures successives parallèles forment une plaque ou lame : d'après cela on a donné à ce genre de cassure le nom de cassure lamelleuse. Les lapidaires connoissent depuis long-temps cette pro- priété dans plusieurs des pierres qu'ils emploient, surtout dans le diamant, qui présente une cassure lamelleuse dans (qua- tre sens dilférens , et ils profilent de cette propriété pour abréger considérablement le travail de la taille du diamant , en en séparant par la cassure les parties nuageiftes ou mal Colorées. Ils appellent cette opération, c/iver le diamant , et clivage du diamant. Beaucoup de minéralogistes ont adopté cette dénomination de clivage pour indiquer cette propriété d'uji grand nombre de minéraux à l'état cristallin de se laisser divisrr dans des directions planes, ou, comme on le dit, en lames ; et nous nous en servirons ici. M. Haiiy l'a désignée sous le nom de division mécanique. Mais on a donné encore une extension un peu plus grande à ce mot de clivage, en l'employant à désigner aussi les fissures planes que l'on observe dans un cristal , sans p'ourtant que la cassure en suive les directions.^ On dit alors qu'il y a des indices de clivage; et cette déno- mination est très-exacte, puisque cette structure est au fond la même que celle qui donne la cassure lamelleuse : elle n'en diffère qu'en ce qu'elle est beaucoup moins pro- noncée. §. 8. 11 y a donc des cYivages faciles et des clivages diffi- ciles, ce que nous exprimerons en disant qu'il y a de grandes différences de netteté dans les clivages. Les uns sont très-fa- ciles à constater par la cassure , même dirigée au hasard ; d'autres demandent plus de précaution , et on ne les obtient que plus ou moins imparfaitement : il en est dont on ne peut s'assurer que par des lignes tracées naturellement sur les faces des cristaux, et qu'on voit se continuer dans des direc- CRI 441 tions planes sur plusieurs faces adjacentes, mais qui ne sont jamais mises à découvert par la cassure ; d'autres , enfin , dont les indices sont si foibles et si peu distincts, qu'on ne peut les déterminer que par quelques reflets qui s'aperçoivent en présentant le cristal à une lumière vive. §. 9. Un cristal présente le plus ordinairement plusieurs clivages, soit prononcés, soit seulement indiqués. Le nombre en est quelquefois très-considérable .- lanlimoine fondu en a jusqu'à dix. Quelques observations tcndroient même à en faire reconnoître davantage dans certaines substances, en tenant compte de tous les indices les plus foibles. Le plus souvent il n'y en a que 3 , 4 , 6 ou C ; d'autres cristaux n'en présentent qu'un ou deux, et, enfin, quelques-uns n'en ont pas même un seul (le plus grand nombre des métaux natifs, le cobalt arsenical , etc. ). §. 10. Dans un même cristal les clivages qu'il présente donnent lieu à plusieurs observations très-importantes. Quelquefois ils ont tous le même degré de netteté, c'est- à-dire que chacun d'eux est aussi facile ou difficile à obte- nir que les autres : c'est ce que l'on observe dans le clivage quadruple (octaèdre régulier) de la chaux fluatée , dans le clivage triple (cubique) du plomb sulfuré. D'autres ont des degrés de netteté diflérens : ainsi la chaux sulfatée a trois clivages , dont un est extrêmement facile , puisqu'on peut l'obtenir avec un couteau, sans choc, et qu'il développe une surface plane miroitante , tandis que les deux autres sont beaucoup moins faciles et que leurs sur- faces ne sont point éclatantes. §. 11. Dans les substances qui ont des clivages nombreux , on remarque souvent que les clivages sont comme partagés en ordres différens , par rapport à leur degré de netteté. Ainsi, par exemple, dans le corindon on observe trois cli- vages inclinés à l'axe des cristaux, également faciles, et un autre clivage perpendiculaire à l'axe , d'une netteté moins grande que les premiers; dans la chaux carbonatée on remarque d'abord un clivage triple très-facile, et plusieurs autres or- dres de clivage triples ou sextuples, tous beaucoup moins faciles que le premier. On a quelquefois désigné ces der- niers ordres de clivage sous le nom de clivages surnuméraires. 442 CRI §. 12. On a vu (§.5) que les angles des cristaux sont constans et invariables dans chacune des formes d'une même .substance: il en est en général de mcuie des clivages, dans tous les cristaux d'une même espèce minérale , c' est-a-dire que dans une même substance les cliy'a^es sont toujours semblable- rnent disposés et forment toujours les mrmes angles , soit entre eux, soit avec les faces du cristal. Il en résulte que le clivage ou le tissu lamelleux des ci-istaux peut être regardé comme étant, pour les substances minérales, une sorte iVorgunisa- tion constante et invariable. §. i3. Lorsque les cristaux présentent plusieurs sens de clivage ( voyez §. 9 ) , la réunion des pians de clivage peut être considérée comme constituant réellement une forme géomé'rique intérieure constante, que l'on peut appeler en général solide de clivage. On verra par la suite combien il est utile de bien con- noître ces solides de clivage , qui sont le fondement principal de la détermination des formes primitives des cristaux, ou en général des systèmes cristallins. (Voyez la 7." section.) Dans les cristaux où il existe plusieurs ordres de clivage , il arrive souvent que l'on est naturellement conduit à con- sidérer séparément chacun des solides que peut former l'ensemble des clivages d'un même ordre; et cette abstraction est d'autant plus naturelle que les divers solides qu'on peut ainsi considérer dans un même cristal , ont toujours entre eux des rapports géométriques remarquables et analogues à ceux qui lient entre elles les diverses formes cristallines d'un même minéral (voy. §. 4). Nous décrirons à la fin de la 5." section les différentes formes observées dans les solides de clivage (voy. §§. 62 et 63). §. i/|. Le plus souvent les plans de clivage sont parallèles à différentes faces qui existent, soit dans le cristal même, soit dans d'autres cristaux de la même substance. Lorsque cela n'a pas lieu, on remarque que la face que représente un des plans de clivage, est du nombre de celles dont on est fondé à présumer que l'existence est possible d'après les lois ordi- naires de symétrie observées. (Voyez ce qui a été dit §. 4, et la 5.*^ section. ) §. i5. On a vu (§. 12) que les clivages sont constans CRI 445 dans leur position; on peut dire en général qu ils sont aussi ordinairement constans dans leur degré de netteté. Cependant il n'est pas rare d'observer à cet égard des variations qu'il est essentiel d'indiquer. Dans les espèces qui n'ont qu'un seul ordre de clivage, il y a des cristaux où ce^ clivage est très -prononcé , d'autres oïl il est peu sensible , et même d'autres où il est tout-à-fait indistinct. Le corindon , par exemple , dans les gros cristaux presque opaques de l'Inde et de la Chine, présente très -nettement le clivage triple rhomboïdal qui est propre à cette substance , tandis que ce clivage est à peine indiqué dans les cristaux diaphanes du Pégu , etc. , et qu'il est entièrement nul dans les cristaux trouvés près de Sella en Piémont. Parmi les clivages de différens ordres que l'on a olservés dans une même substance^ il y ère a qui n'existent que rarement et dont la présence paroit dépendre de circonstances particulières. Ainsi , dans la chaux carbonatée , le clivage triple , parallèle- ment aux faces de la forme qu'on a nommée le rhomboèdre primitif, est toujours d'une netteté constante et invariable; mais les autres ordres de clivage qu'on a observés dans la mêuie espèce , toujours moins distincts que le premier (comme celui parallèle aux faces du rhomboèdre équiaxe , un autre parallèle à celles du rhomboèdre inverse, etc.), sont assez rares et n'existent que dans les cristaux de certaines localités. Le défaut de constance de ces clivages est un des motifs qui les ont fait nommer clivages surnuméraires. Dans tous ces exemples, les clivages d'un même ordre ont subi ensemble les mêmes variations, et les clivages d'ordres différens ont conservé entre eux les mêmes rap- ports de netteté; celui qui étoit moins sensible que les au- tres n'est jamais devenu le plus distinct. 11 y a cependant un petit nombre de cas où cette dernière variation a été observée. Ainsi, dans le p'yroxène , qui a cinq sens de clivage dont un seul est incliné à l'axe, les quatre premiers sont toujours plus ou moins sensibles ; mais le dernier, qui est presque toujours indistinct et invisible dans les cristaux de pyroxène volcaniques, non-seulement devient très-net dans les pyroxèncs de Norwégc (sahlite) et du Viémont (mussite) , mais y est beaucoup mieux prononcé que ne le sont les 444 CRI autres clivages du pyroxène , soit clans ces variétés , soit dans aucune autre. On doit donc reconnoître qu'// j a quelquefois des varia- tions dans les rapports de netteté des clivages ; jaxais il est très- important de remarquer que cette exception à la règle générale est extrêmement rare , et qu'elle n'a jamais lieu qu'entre les clivages qui sont situés différemment par rap- port à l'axe i]es cristaux. Les clivages . au 'contraire , qui sont parallèles à l'axe, ou qui sont coordonnés à Taxe sui- vant une même loi , paroissent conserver constamment la même netteté relative. En général, on peut dire que les différens genres de va- riations qui viennent d'être indiqués sont très -peu fré- quens, et que le plus grand nombre des espèces minérales (qui ont des clivages) présentent constamment dans tous leurs cristaux le même nombre de clivages avec les mêmes différences re- latives de netteté. Aussi ces différences relatives constantes , qui viennent très-bien à l'appui de cette idée d'organisation minérale que nous avons attachée ci -dessus aux clivages (§. 12), ont- elles servi de base pour déterminer approxi- mativement les dimensions relatives des formes primitives ou fondamentales (comme on le verra dans les 5.* et 7.'' sections), d'après des considérations physiques qui sont d'au- tant plus fondées que ces différences de netteté de plu- sieurs sens de clivage se trouvent en rapport avec des dif- férences que l'on observe entre les faces qui correspondent à chacun d'eux. §. 16. On a vu (§./() que les formes cristallines diffé- rentes d'un même minéral étoient toujours liées entre elles par des rapports symétriques. Nous nous sommes contentés d'exposer ce fait important, qui sera développé dans la suite (voyez les 5.", 6.* et 7." sect. ). De même, dans un minéral, les divers solides formés par la réunion des clivages de dijférens ordres ont entre eux des rapports géométriques analogues. D'après ce qui a été dit ( §. 14) du parallélisme fréquent des plans de clivage avec des faces cristallines, on conçoit facilement que les rapports annoncés sont une conséquence de ceux qu'on a dit exister entre les formes des cristaux d'une même espèce. Ainsi on voit fréquemment deux sens CRI 445 de clivages (qui constituent le prisme à quatre faces) situés diagonalement à deux autres sens de clivages (formant un autre prisme à quatre faces); un clivage quadruple, repré- sentant un octaèdre symétrique , traversé par un clivage double passant par son axe et les deux diagonales de la base , etc. §. 17. D'après ce qu'on a vu jusqu'ici, on doit déjà re- connoître que les formes cristallines et les clivages de chaque substance ne sont point des résultats accidentels , mais que ces polyèdres sont constamment assujettis à des lois symé- triques particulières et invariables dans chaque substance. Nous désignerons ici par le mot de sjstème cristallin d'un minéral , l'ensemble des lois symétriques principales aux- quelles les différentes parties de ses formes cristallines pa- roissent être assujetties. 11 y a des substances cristallines dont les formes, quoique souvent assez variées , sont tellement coordonnées entre elles qu'on peut saisir très- facilement les rapports qui les unis- sent; d'autres, qui dépendent de lois plus compliquées et plus nombreuses ; d'autres , enfin , dans lesquelles nous n'avons pu encore reconnoître que bien peu de symétrie. Il y a donc nécessairement des systèmes cristallins très - simples , d'autres plus ou moins composés. La chaux fluatée, la chaux carbonatée, ont des systèmes cristallins simples et faciles à définir, de manière à rendre facilement raison , au moins en général, de toutes les varié- tés et modifications de formes qu'elles présentent. Le feld- spath, le pyroxène, ont des systèmes cristallins plus compo- sés ; ceux du plomb carbonate, de l'épidote, le sont encore davantage. §. 18. La plupart des corps inorganiques cristallisent , et on est fondé à présumer que tous peuvent cristalliser. Les miné- raux cristallisent donc également. Sans doute, il y a dans la na- ture une grande abondance de minéraux compactes; mais il n'en est qu'un très-petit nombre qui ne puissent pas être rap- portés à des minéraux cristallisés, et regardés comme en étant des variétés; et ces rapprochemens sont fondés, soit sur l'identité de composition chimique , soit sur des rapports ëvidens dans l'ensemble des caractères. Il en résulte déjà 446 CRI que la cristallisation , pouvant être considérée comme appar- tenant généralement à tous les minéraux . mérite une atten- tion particulière, surtout en raison des lois symétriques . cons- tantes dans chaque espèce, auxquelles elle paroft être assu- jettie, ainsi qu'on doit déjà s'en former une idée générale d'après tout ce qui précède. En effet, dans nos laboratoires on a reconnu que les subs- tances que nous pouvons composer et décomposer à volonté, et dont nous sommes assurés de bien connoitre les principes , dans leur nature et leurs pro/^ori/oras définies, affectoient tou- jours , en cristallisant , ou les mêmes formes . ou une série de formes liées entre elles par des rapports déterminés, chacune d'elles avec des angles constans; qu'en un mot, une compo- sition chimique bien identique produisait toujours des cristaux faisant partie d''un même système cristallin. Parmi les produits de nos laboratoires, il ne paroît pas qu'on ait encore pu assigner un seul cas d'exception à cette règle. On y a également reconnu que des compositions chimiques essentiellement différentes , et en proportions définies , donnaient lieu à des systèmes cristallins essentiellement différens , en exceptant toutefois les systèmes cristallins qui ont pour type un des corps réguliers (le tétraèdre, le cube, l'octaèdre) , ou le dodé- caèdre rhomboïdal , que nous verrons en être un dérivé: ce que M. Haiiy a appelé les formes limites. A cette excep- tion près, on n'a pas encore trouvé dans deux substances, reconnues chimiquement différentes, des systèmes cristallins semblables. ' La proposition réciproque de celle que nous venons d'ex- poser paroitêtre également vraie , au moins dans les produits 1 Quelques expériences qui ont été faites sur des sels doubles, sem- bleroifnt présenter des eiceptionsà cette règle. Mais on ne peut encore, à cet égard, prononcer en aucune maniôrej d'abord , parce qu'on n'a pas suivi assez ces expériences pour constater rigoureusement la composition chimique de chaque sel double dont on a obtenu des cristaux, et eu outre parce que les ressemblances qu'on a cru trouver entre ces cristaux et ceux d'un autre sel différent des sels qui composent le sel double , n'ont pas été assez vérifiées pour qu'où ne puisse pas présumer que I» ressemblance n'étoit qu'apparente. CRI 447 de nos laboratoires , c'est-à-dire , que des systèmes cristallins identiques ou différens (sauf toujours rexception des foruics limites) indiquent constamment des comiwsi ions chimiques csscniiellemcnt identiques ou dijf'érentes dans leur nature ou leurs proportions. Les chimistes ont reconnu la vérité de ce dernier prin- cipe : aussi se servent-ils souvent de l'observation des cris- taux pour déterminer la nature d'une substance, ou au moins pour confirmer cette détermination. Souvent dans une analyse, pour reconnoitre la présence d'une terre ou d'un alkali , ils se contentent d'examiner les cristaux qu'elle forme avec un acide , etc. §. 1 9. On est conduit par analogie à appliqirer tous ces prin- cipes, et par conséquent le dernier , aux substances minérales que nous trouvons à la surface et dans l'intérieur du globe. En cfl'et. on est d'abord porté à présumer que la nature a dû suivre, dans ses grandes et anciennes opérations, les mêmes lois auxquelles nous la voyons s'assujettir dans nos labora- toires. 11 est vrai que cette présomption pourroit être erro- née ; car si (comme on le verra dans la seconde partie) nos cristallisations artificielles sont influencées dans leurs modi- fications par diverses circonstances accompagnantes, rien ne nous assure que les circonstances dans lesquelles les mi- néraux ont cristallisé , soient toutes analogues à celles dans lesquelles nous opérons dans nos laboratoires : il ne seroit pas impossible que différentes causes fussent capables, non- seulement de modifier les formes d'une substance sans changer son système cristallin , mais même de lui en donner un autre, sans pour cela que sa composition chimique fût altérée. Cependant cette présomption acquiert un grand degré de probabilité, se trouvant confirmée par la chimie, pour les espèces minérales dont nous pouvons déterminer la compo- sition chimique essentielle, en proportions constantes et ri- goureusement définies , c'est-à-dire , dans toutes celles de la classe des substances acidifères et la plupart des espèces mé- talliques. On peut dire de ces minéraux, qu'ils présentent, comme les produits de nos laboratoires, des rapports constans entre l'identité ou la différence de leurs formes cristallines 448 CRI et ridentlté ou la différence de leur composition chimique esseiHielle. ' Il est vrai que dans la classe nombreuse dite des substances pierreuses non acidifères , qui renferme environ le tiers des espèces minérales, l'analyse ne peut pas nous fournir la preuve des mêmes rapports. Tantôt des analyses de deux substances évidemment identiques , quant à leurs formes et à tous leurs autres caractères, sont très -différentes l'une de l'autre : tantôt des analyses de substances entièrement distinctes sont tout-à-fait semblables, sans que toute la saga- cité des chimistes puisse, dans l'un et l'autre cas, rectifier les résultats obtenus, par suite de l'impossibilité où l'on est encore prcsqu» toujours de distinguer les principes essen- tiels définis, des principes accidentels variables que l'on sait exister très-fréquemment. De plus , les substances pierreuses sont toutes des composés des différentes terres; et non-seu- lement nous ne pouvons, dans nos laboratoires , recomposer ces substances pierreuses , mais nous ne connoissons pas encore, par la synthèse , les limites précises des diverses combinaisons que ces terres sont susceptibles de former entre elles. La chimie, malgré ses immenses progrès, n'est donc pas encore assez avancée pour pouvoir assigner , d'une manière rigou- reuse et invariable , la véritable composition de cette classe de minéraux , et par conséquent nous ne pouvons leur appli- quer avec une certitude entière les principes que nous venons de reconnoître pour les produits de nos laboratoires : mais, en raisonnant par analogie , il est permis d'établir , comme 1 L'arragotiite est jusqu'ici la seule exception à cette règle dans les classes lie minéraux que nous venons de citer. On sait qu'elle contient rigoureusement les mêmes proportions de chaux et d'ucjde carbonique que la chaux carbonatée, et que cependant so|i système cristallin est tota- lement difTérent de celui de cette substance. Ce nVst pas ici le lieu de discuter ce fait remarquable: nous nous bornerons à observer que la conséquence la plus forte que Ton puisse en tirer, est que les principes qui terminent ce paragraphe et le suivant ne sont pas entièrement généraux; mais leur constance, dans le très-grand nombre des cas, suffit pour qu'on puisse s'en servir dans la détermination des espèces miné- rales , au moins avec une très-grande probabilité d'exactitude. Nous reviendrons sur cette exception que présente l'arragonitc (voy. §.93). CRI 449 étant au moins très -probable, que les mindraùx dont l'ana^ îyse n'est pas encore sufïlsaminent fixée , doivent avoir une composition essentielle, identique ou différente, suivant qu'ils présentent des systèmes cristallins semblables ou diffé- rens; et, pour parler généralement de toutes les substances minérales, nous dirons que dans beaucoup de minéraux ^ et très-probablement dans le plus grand nombre, des systèmes cristal- lins essentiellement identiques ou ' dijf'érens (à l'exception des formes limites , voy. §. 18) indiquent constamment des compo- sitions chimiques essentiellement identiques ou dijf'érentes , soit dans leur nature, soit dans leurs proportions. L'expérience nous a déjà fourni plusieurs exemples de la certitude des conjectures qu'on a fondées sur cetfe proposi- tion. Ainsi M. Haiiy avoit reconnu une différence essentielle entre les cristaux de baryte sulfatée et ceux de strontiane sulfatée de Sicile (regardés alors comme étant de la baryte sulfatée) , avant que M. Vauquelin eût découvert leur diffé- rence chimique essentielle. On sait aussi que cet illustre cristallographe avoit constaté l'identité d'espèce dn béril et de l'éméraude par la ressemblance de leurs cristaux, et qu'il a annoncé d'avance à M. Vauquelin qu'il retrouveroit dans l'éméraude la terre particulière du béril (la glucine) : ce qui, en effet, s'est vérifié par de nouvelles recherches. Ce rapport que l'on vient d'annoncer entre l'identité ou la différence essentielle de cristallisation , et l'identité ou la différence de composition chimique essentielle et définie, est d'autant plus vrai qu'il se trouve confirmé par des rap-* ports semblables dans tous les autres caractères les plus im- portans. On reconnoit constamment que les substances qui ont le même système cristallin, ne présentent aucune diffé- rence notable dans leur dureté , leur pesanteur spécifique et leurs autres caractères essentiels; que souvent même ils ont de grands rapports dans leur ccloration et autres carac- tères, qu'on sait être les plus variables dans une même espèce. §. 20. I,a proposition précédente conduit nécessairement à accorder une très-grande importance aux caractères tirés de l'observation des cristaux, ou, pour parler plus exactement , des systèmes cristallins des minéraux. Ce n'est pas ici le lieu de discuter l'importance relative 1 1. JÇ) •46o CRI des caractères minéralogîques dans la con;)titution des espèces j il en sera traité à l'article Minéralogie: nous nous conten- terons de rappeler que tous les savans se sont accordés à reconnoitre en principe , que les corps inorganiques dévoient être classés d'après les dillérences essenlielles qu'ils présentent dans leur composition chimique , ou, autrement, que l'ana- lyse devoitttre la base d'après laquelle on doit constituer les espèces minérales. Mais l'application de ce principe suppose que la composition d'un minéral est bien connue, tant dans la nature de ses parties constituantes essentielles, que dans leurs proportions constantes et définies, et qu'elle établit des différences positives entre ce minéral et tous les autres ; or, comme on sait que cette condition n'a pu mallieureusc- nient être encore remplie pour un assez grand nombre de substances, il s'en suit que les espèces sous lesquelles on doit les réunir ne peuvent être déterminées et circonscrites par la considération de leurs analyses, et qu'il faut trouver des moyens de suppléer à ce caractère fondamental. On est donc naturel- lement conduit, d'après la proposition qui termine le para- graphe précédent, à reconnoître que les caractères tirés de l'observation du sjstèmc cristallin d'une substance minérale sont, ai^ec V analyse chimique , ou à son défaut, le moyen le plus sûr de déferrniner [espèce à laquelle elle doit appartenir. §. 21. Mais l'emploi de ce caractère demande à être fait avec une grande attention. L'observation du svstèwe cristallin ne peut être vraiment spécifique que lorsqu'elle est com- plèle , lorsqu'on a pu vérifier les premières observations par d'autics souvent d'un autre genre, et que toutes se sont trouvées d'accord entre elles. Aussi, peur réussira obtenir des résultats exacts dans ces recherches délicates, il est essentiel de cornu. encer par bien connoitre la niarche géné- rale de la cristallisation , et les lois symétriques auxquelles les divers polyèdres cristallins observés paroissent être assujettis: c'est ce qui sera exposé dans les sections suivantes. TNous terminerons celle-ci par quelques détails sur des formes cristallines qui n'appartiennent pas proprement au minéral, au composé chimique, qui les présente; ce sont les cristaux épigènes et les pseudocristaux : leur description trouve ici naturellement sa place pour compléter les idées CRî 45i générales que nous avons voulu donner des formes cristal- lines. §. 22. 11 y a des minéraux cristallisés qui , depuis leur cristal- lisation , ont subi spontanément des changemeus d e nature chi- mique, sans que leur forme ait été altérée. Ils ont perdu ordi- nairement un de leurs principes et en ont reçu un nouveau; quelquefois ce dernier cas seul a eu lieu. C'est un phénomène que Ton peut comparer, quoique assez imparfaitement , à celui de la pétrification des bois, ou du remplacement de leur matière végétale par une substance minérale, sans que leur tissu soit effacé; avec cette différence néanmoins, que le bois pétrifié ne conserve plus rien de sa matière végétale , tandis qu'ici le cristal conserve un de ses principes coustituans. M. Haiiy a imaginé le mot cpigénie pour désigner ce qui se passe dans ce phénomène , parce qu'en effet c'est une substance qui a été produite après coup sur la forme d'une autre. On donne alors au minéral le nom de l'espèce dont il a la composition chimique, en y ajoutant l'épithète e'pig'ne. Ainsi on connoit un plornb sulfuré épigêne , qui n'est autre chose que du plomb phosphaté cristallisé, dans lequel l'acide phosphorique a disparu et a été remplacé par du soufre; de même il existe une chaux sulfatée épigène, qui est une chaux anhydro-sulfatée lamelleuse qui , postérieurement , a reçu de l'eau , etc. Les cristaux dans lesquels on reconnoit que ces épigénies ont eu lieu, sont nommés cristaux épig nés. On sent bien qu'on n'a pu déterminer l'existence de ces épigénies qu'entre deux espèces dont la composition chimique essentielle et définie étoit bien connue. Il n'est peut-être pas impossible qu'il en existe plusieurs autres dans la nature, entre des espèces dont la composition chimique n'est pas encore assez déterminée; et si cela étoit quelque jour constaté, on expliqueroit peut-être par là u:ie partie des incohérences observées dans les résultats d'analyse. Quant à la place que les cristaux épigènes doivent occuper, on les range ordinairement à la suite de l'espèce dont ils ont la forme ; mais nous pensons qu'il convient de leur donner une double place dans la méthode , de même que dans les collections , «v'est-à*dire , de les placer à Ja foi»; » h'^ CRI Ja sujfe de l'espèce dont ils ont la composition et dont on leur a donné le nom, et à la suite de l'espèce dont ils ont la forme, ces cristaux étant également liés à la con- noissance complète de l'une et de l'autre. D'après ce mode de classement, les cristaux de plomb sulfuré épigène que nous venons de citer , doivent être mentionnés par appen- dice à la suite du plomb sulfuré et à la suite du plomb phosphaté. §. '2?). On entend par pseudocristaux (faux cristaux) des formes cristallines qui appartiennent encore, comme les cristaux épigènes, à un autre minéral que celui dont ils sont formés. Mais il y a cette différence entre eux et les cristaux épigènes . que dans les pseudocristaux tous les principes du minéral qui a donné la forme ont disparu et ont été remplacés par un autre minéral, et qu'en outre tout fait présumer que ce rempla- cement, au moins dans la plupart des cas, s'est opéré par un moulage. C'est le quarz-agathe qui est presque toujours la matière de ces pseudocristaux. Ce qui conduit naturellement à cette idée de moulage. c'est que la matière de ces pseudocristaux a le plus souvent une structure plus ou moins évidemment concrétionnée, pa- rallèlement aux faces du cristal, et jamais une structure la- melleuse ; que l'inférieur est très-souvent creux et tapissé de petits cristaux de quarz ; enfin, que les arêtes sont fréquem- ment arrondies. On peut concevoir, i.° que les cristaux, après s'être for- més, ont été enveloppés d'une autre matière minérale qui a reçu leur empreinte; 2." que ces cristaux ont été ensuite détruits et entraînés par une cause quelconque qui n'a pas attaqué leur enveloppe, laquelle a conservéleurs empreintes vides: 3.° que ces cavités ont été postérieurement remplies par un nouveau dépôt, qui a pris complètement la forme dcsmoules abandonnés par les cristaux primitivement formés. Cependant il y a quelques pseudocristaux dans lesquels aucun caractère ne peut autoriser cette conjecture d'une origine par moulage, sinon l'analogie tirée de ceux 011 elle paroit évidente, et qui sont bien plus fréquens. Il n'est pas abso- lument impossible que le remplacement de la matière origi- CRI 455 naire de ces cristaux par celle qui les constitue aujourd'hui, ait été successif dans plusieurs cas, comuie on a lieu de le pré- sumer dans la pétrification des bois ; et alors ce changement de nature participeroit de celui qui a lieu dans les épigénies: mais nous n'avons pas assez de données pour établir à cet égard une opinion. Les divers pseudocristaux qui se rencontrent dans la stéa- tite de Bareith , et qui sont eux-mêmes composés de stéatite, rentrent dans ceux dont nous venons de parler. On a présumé d'abord qu'ils pouvoient être de véritables cristaux de quarz et de chaux carbonatée, espèces auxquelles leur forme se rap- porte évidemment; et que ces substances, en cristallisant, auroient entraîné avec elles, et empâté dans leurs cristaux , une grande quantité de stéatite, d'une manière analogue à ce qui a lieu pour les particules de grès que contient la chaux carbonalée quarzifère de Fontainebleau. Néanmoins l'absence totale de chaux carbonatée dans les pseudocristaux de stéatite qui en ont la forme , et le défaut absolu de dureté dans ceux qui se rapportent au quarz, ont forcé de renoncer entière- ment à cette opinion, et de revenir à les regarder comme des pseudocristaux; mais on n'a pas encore pu donner une explication satisfaisante de la manière dont ils se sont formés^ 2.® SECTION. Moyens employés pour mesurer les angles des cristaux. §. 2/(. D'après les idées générales qui ont été données dans la première section , des formes des cristaux , de la constance de leurs angles et de ce qu'on appelle syslème cristallin, on. conçoit qu'il est indispensable, pour bien connoitre les cris- taux , d'avoir des moyens de mesurer leurs angles le plus rigoureusement possible. On distingue en général dans les cristaux , comme nous avons déjà eu occasion de le dire (§. 5), les angles que forment entre elles les différentes faces prises deux à deux, ou leurs angles d'incidence réciproque, ce que nous appellerons angles dièdres, et les angles que forment entre elles deux arêtes qui se rencontrent. Lorsque nous aurons à comparer ceux-ci avec 454 CRI ïes angles dièdres, pour les distinguer, nous leur donnerons le nom d'angles plans. Il y a encore une troisième espèce d'angles dans les cris- taux : ce sont les angles solides , lesquels sont le résultat de la réunion d'ju-moins trois plans en un seul point commun. Nous appellerons angles solides, triples ^ quadruples, etc. , ceux qui sont formés par trois plans, quatre plans, etc. Mais il y a cette différence entre les angles solides et les deux premières espèces d'angles, que les angles dièdres expriment la quantité plus ou moins grande dont deux plans se sont écartés l'un de l'autre par une sorte de révolution autour d'une ligne qui est leur intersection; que,denîêuie, les ong/es p/ans expriment l'écartement de deux lignes par une révolution dans un plan autour du point où elles se coupent; qu'ainsi les angles ditdres et les angles plans peuvent, tous deux également, ttre me- surés par une circonférence de cercle, tandis qu'il n'en est pas de même des angles solides. Leur véritable mesure seroit la portion de surface sphérique comprise entre leurs côtés ou les plans qui les forment, cette surface sphérique ayant pour centre le sommet de l'angle solide. Mais, comme on ne mesure ce polygone sphérique qu'en le parti^igeant en triangles sphériques, et qu'un triangle sphérique est déter- miné quand on connoît ou ses trois angles ou sts trois cAtés, il s'en suit en général qu'on peut déterminer un angle solide triple d'un polyèdre ou d'un cristal par le moyen des angles dièdres ou des angles plans qui le composent, les premiers étant les angles et les seconds les côtés du triangle sphérique, qui est sa véritable mesure : il en est de même des angles quadruples et autres. §. 25. Pour mesurer les angles plans, il scmbleroit qu'on pourroit y parvenir, au moins approximativement, par le rapporteur ordinaire. Mais , d'une part , les cristaux sont presque toujours trop petits pour permettre l'emploi de cet instrument, et même dans les cristaux d'une grande dimen- sion on seroit souvent arrêté par le défaut fréquent de con- tinuité des arêtes; d'ailleurs on obtiendroit bien rarement une application exacte du rapporteur, à cause des inégalités qu on rencontre presque toujours sur quelque ])oint d'une lace, et par suite du groupement des cristaux. On ne me- CRI - 455 sure donc pas ordinairement les angles plans, on les conclut par le calcul de la mesure de plusieurs angles dièdres adja- cens : ou , si Ton veut les mesurer directement, on peut y parvenir approximativement, au moins dans plusieurs cas, avec le goniomètre ordinaire dont nous allons parler. §. 26. On mesure un angle dièdre d'un cristal avec divers instrumens, qu'on nomme goniomètres. On peut les diviser en deux classes. Les uns consistent principalement en deux lames métalliques , réunies entre elles par un axe autour duquel elles peuvent tourner : on applique ces lames par leur tranche sur les deux faces qui composent l'angle dièdre , perpendicu- lairement à leur intersection; elles en prennent l'ouverture ou l'angle , que l'on mesure ensuite avec un rapporteur. Les autres sont des demi-cercles, ou des cercles entiers, gradués, disposés de manière à observer l'angle dièdre au moyen de la réflexion d'un objet sur l'une et l'autre des faces qui com- posent cet angle dans le cristal. On sent bien que ce moyen ne peut convenir qu'aux cristaux dont les faces sont suffisam- ment polies pourréfléchir les objets ; ce qui n'a pas toujourslieu. Les figures 1 , 2 et 5 représentent deux goniomclres de la première classe , que l'on pourroit appeler goniomètres par applicadon. Dans l'une ( fig. 1), le demi-cercle ou rapporteur est fixé aux deux lames métalliques :' dans l'autre (fig. 2 et 3), il en est séparé. Les figures 4 et 8 représentent des gonio- mètres à réflexion. §. 27. Le goniomètre (fig. 1) a été inventé par Carangeot, il y a environ quarante ans. Le demi -cercle gradué str, en cuivre ou en argent, n'est pas, comme à l'ordinaire, fermé entièrement par un diamètre; celui-ci ne se prolonge que jusqu'au centre, de r en c , afin de supporter l'axe c autour duquel se meut l'alidade mobile df. Cette alidade peut s'a- longer ou se raccourcir au moyen de la rainure Im qui y est pratiquée. Deux semblables rainures, g h-, ik, existent sur l'alidade fixe ab , afin qu'elle puisse de même être avancée ou reculée le long des deux points fixes c et e. Ces deux ali- dades sont en acier. On conçoit que, par cette disposition, on a la faculté d'appliquer une longueur assez considérable des alidades sur les deux faces de l'incidence à mesurer , si ces faces sont 456 CRI grandes, ou de n'en appliquer que les extrémités, si les faces sont petites. Dans l'un et l'autre cas. le nombre de degrés de l'angle est marqué sur le cercle par le bord fn de l'alidade mobile, lequel se dirige vers le centre du cercle. 11 faut, comme on l'a dit ci-dessus , que les alidades soient appliquées par leur tranche perpendiculairement à l'intersection des deux faces de l'angle dièdre à mesurer. Il arrive assez sou- vent que, le cristal se trouvant engagé, soit avec d'autres cristaux, soit sur une gangue, l'extréniité s du demi-cercle empêche l'application exacte des alidades : pour remédier à cet inconvénient, le demi-cercle est coupé en t en deux parties réunies à charnière. On peut donc, quand cela est nécessaire, replier la partie st du demi -cercle sur l'autre; on la remet en place lorsque l'application des alidades sur le cristal a été faite, afin d'observer les degrés de l'angle mesuré. Pour que cette partie du demi-cercle, qui est mo- bile, soit solide, elle est maintenue par une petite branche d'acier co, fixée au centre, qui vient s'accrocher en o dans un bouton sous le demi-cercle. Lorsqu'on veut replier cette partie mobile, on décroche cette petite branche d'acier, et on l'écarté vers la partie fixe du demi -cercle en la faisant tourner autour du centre. §. 28. Dans le goniomètre à demi-cercle libre (fig. 2 et 3), le système des alidades est le même. Quand on a pris avec elles l'ouverture de l'angle, on les pose sur le demi-cercle pour observer les degrés. Mais on conçoit qu'il est absolu- ment essentiel d'être bien assuré de placer exactement le centre des alidades au centre du demi -cercle, et une îdidade sur son diamètre. Une construction particulière de l'instru- ' ment donne les moyens d'obtenir toujours cette exactitude sans tâtonnement. On a pratiqué au centre du demi-cercle un point c saillant en avant, et à Tentour un enfoncement cylindrique k\ puis sur le côté du diamètre une petite rai- nure jy' y"' En outre l'axe fc des alidades (fig. 2) est cylin- drique et saillant, et il porte à son centre une petite cavité ronde c; il y a aussi sur une des alidades une saillie^. Les alidades sont représentées ici \ucs en-dessous, c'est-à- dire, en sens inverse de la position qu'elles occupent quand .-elles sont placées sur le demi-cercle tel qu'il est représenté CRI 457 dans la figure 3. Ainsi, pour appliquer les alidades sur le demi-cercle, on les retourne; on fait entrer la saillie j dans la rainure jj'' y "; ^^ cylindre t dans renfoncement cylindrique h', et la saillie c' dans la petite cavité c. De cette manière on est assuré que les deux centres sont bien identiques, et qu'une des alidades correspond au diamètre. Avec ces goniomètres on peut, avec de l'habitude, parvenir à mesurer les angles des faces des cristaux à un quart de degré près. Pour avoir encore plus d'exactitude, on a imaginé de se servir d'un demi -cercle plus grand , environ du double de la figure , et de le diviser de dix en dix minutes, ou même de cinq en cinq minutes, au moyen de plusieurs cercles concentriques (disposés à des distances convenables) , coupés par les rayons qui marquent les degrés, et par des lignes diagonales menées entre les deux cercles extrêmes d'un degré ù l'autre, comme cela se pratique dans d'autres instrumens. Mais la plus grande cause d'erreur provient, soit de ce que l'application des deux lames aux faces n'a pas été rigou- reusement exacte, soit de ce qu'on ne les a pas placées bien perpendiculairement à Tintersection des deux faces à mesurer. Il faut pour cela beaucoup de soin et d'attention , et surtout une grande pratique. Ce n'est que de cette ma- nière qu'on peut parvenir à obtenir des mesures d'angles aussi approchées que celles que nous avons indiquées. §. 2g. Goniomètres à réflexion. La figure 4 représente un cercle entier gradué, que l'on dispose horizontalement. Il est muni d'une alidade mobile a J. Au centre c de cette alidade on fixe (avec de la cire) le cristal def dont on veut déter- miner les angles dièdres; par exemple, l'angle entre la face ef et la face df. Il faut avoir soin de placer ce cristal de manière que l'intersection /g de l'angle dièdre soit à peu de distance du centre de rotation de Falidade , et en même temps verticale. Cette dernière position doit être rigoureuse; on va voir comment on parvient à s'en assurer. On choisit dans la campagne un objet assez éloigné et ver- tical, tel qu'un clocher, etc. On observe, avec la lunette fixe m n, l'image de cet objet réfléchie successivement sur chacune des faces e/ et d/, en tournant l'alidade, et on mo- difie la position du cristal jusqu'à ce que cette image réfléchie /i63 CRI 5oit, dans l'un et l'autre cas, verticale; ce dont on s'assure au moyen d'un til vertical qui est placé dans la lunette. Lors- que Ton a obtenu celte verticalité pour Tune et l'autre image, on est parfaitement certain qiie les deux faces sont verticales, et par conséquent leur intersection. Dès-lors il est évident que les^ deux faces, par le mouvement de l'alidade, décri- ront le même angle qu'elle. H ne s' .git plus maintenant que de répéter l'observation de l'image réiléchie sur chienne des deux faces e/ et df; de noter le nombre de degrés que marque l'alidade , lors- que l'image réfléchi-e par la face ef est vue par la lunette et a son centre; de compter ensuite le nombre de degrés marqués par l'alidade , lorsque la même intage , réfléchie par la face df, est vue par la lunette. La ditîerence entre ces deux nombres est, non pas la mesure de l'angle, mais celle de son suj.plément. En elfct, si on suppose que l'angle efd (fig. 5) représente la position de l'angle dièdre cherché lors de la première observation de l'image réfléchie sur la face ef, on conçoit que sa position sera e'fd'\ lors de la seconde observation ( celle de l'image réfléchie sur la face df) : il est donc évident que, pour Tauiener a cette position, il faut que la (ace fd ait parcouru l'angle dfd\ qui est le supplément de l'angle cherché efd. ^i on veut obtenir une plus grande exactitude, il faut répéter la mesure de l'angle, comme on le fait ordi- nairement, avec les cercles répétiteurs, ce que nous ne dé- crirons pas iri. §. 5o. heu M. Malus , qui a enrichi l'optique de plusieurs découvertes im])ortanles , ayant eu besoin de mesurer par rédexion des angles dièdres de surfaces réfléchissantes, s'est servi du cercle répéiileur ordinaire. 1 Cela n'esl p s rigoiireusenient exact, puisque, si le point y étoit le contre de rotation, on ne pourroit pas, la lunette étant fixe , voir l'image réfléchir successivement sur l'une et sur l'autre face; pour cela il faut que le centre de rotation soit entroyet e. Mais on Ta repré- senté tel qu'il est dans la figure, pour faire mieux concevoir la mesure de l'angle chrché. C'est un inconvénient de ce goniomètre que la difTicullé de trouver le centre de rotation convenable. CRI 459 Dans ce mode de mesure par reflexion. , on opère dans un iicu découvert d'où l'on puisse apercevoir deux oiîjets ver- ticaux, p et q (fig. 6) , éloignés du lieu d'où l'on observe d'en- viron 1000 à 1200 mètres, et qui soient dans des directions opposées; le cristal est placé en a d b sur un support quel- conque , où on le fixe avec de la cire , en donnant à Tinter- section d des deux plans ad et bd, dont on veut mesurer l'angle, une position verticale, ce dont on s'assure dans le cours de l'opération par les mêmes moyens que ceux indiqués ci-dessus (§. 29). Le cercle répétiteur est placé d'abord en m, à 2 ou 5 dé- cimètres de distance du cristal. 11 doit être disposé horizon- talement, et de manière qu'avec ses lunettes on puisse ob- server l'image de l'objet p réfléchie dans la face du cristal qui lui est opposée. On mesure alors successivement les an- gles qmp etpme; on dérange ensuite un peu l'instrument, pour le placer en n, avec les mêmes précautions que dans sa première position, et on observe les angles qnp et qng. Au moyen de la mesure de ces quatre angles, que l'on peut avoir répétée plusieurs fois, on peut conclure la valeur de l'angle cherché adb. En effet , d'après la petite distance entre les deux positions m et n de l'instrument, et le grand éloignement des objets p et ^, on conçoit que les deux angles mesurés qmp et qnp seront bien peu différens l'un de l'auti't : on peut donc pren- dre la moitié de leur somme, et supposer que toutes les opé- rations ont été faites d'un même point m; ce qui change la figure G en la figure 7, dans laquelle l'angle qmp sera cette valeur moyenne des deux angles qmp et qnp (fig. 6). Les deux angles qmg et pme (fig. 7) seront aussi dans ce cas sensiblement les mêmes que les angles qng et pme (fig. 6). D'après la position relative, indiqiiée, des points p et m, relativement au cristal, les lignes pe et pm forment entre elles un angle extrêmement petit; on peut le regarder comme nul , et supposer les lignes p e et p m parallèles. De l'autre côté on peut également supposer le parallélisme des lignes qg et qm. Si maintenant on mène du point m les lignes mr et mt, parallèles aux côtés de l'angle cherché adb, l'angle l m r 46o CRI sera égal à cet angle a db. Or, d'après l'égalité entre l'angle de réflexion et l'angle d'incidence d'un rayon visuel, et les propriétés des parallèles, on trouve que cet angle tmr, c'est-à-dire l'angle cherché, est égal a l'angle qrnp moins la moitié de la somme des deux angles p m e et qmg.' Sans doute les suppositions qui ont été faites amènent né- cessairement des inexactitudes dans la mesure de l'angle; mais M. Malus a calculé qu'en opérant sur des objets situés au moins à la distance indiquée , le maximum d'ei'reur dans la valeur de l'^ingle cherché ne pouvoit être que d'environ quin/e secondes. Pour éviter les petites anomalies résultantes de la courbure légère qu'ont fréquemment les faces des cristaux, M. Malus avoit imagijié de noircir les deux faces de l'angle dièdre à mesurer , en ne laissant sur chacune d'elles qu'un espace éclatant très-étroit, et de répéter plusieurs fois l'épreuve sur d'autres points à dillérenfes distances de l'intersection. Les résultats obtenus différoient, à la Aériïé, entre eux, mais extrêmement peu., et il en prenoit la valeur moyenne. On voit que l'on ne peut faire usage de cette méthode de mesurer les angles par réiiexion que dans des circons- 1 En effet, on a, daprcs les supposiiions, pein^:=- 180° — pine et pem-=-\oo ~ ( dem -\- h e r)\ àowc p m e =^ d e m ■\- ber: et comme deni = ber, on & pme = 7.d em ; mais dem = cmr; ôonc pnie = 2 e mr : donc l'angle rnip=\pme. On prouveroit , par un raisonnement toul-à-fait analogue , que de l'autre côté l'angle t niej =^ ij m g. Mais la somme des deux aiit^les rmp et trn/j est précisément la diffé- rente entre le grand anyle q r" p observé et l'angle tmr, ou son égal l'angle cherché fldi; donc a db = q mp — (^rmp -\- t mt^), ou adb = pme +qin g qmp — L 2 Ou , en général, si on nomme X l'angle dièdre à déterminer sur le crist.l, A le grand angle observé entre les rayons visuels dirigés vers les deux objHs, B l'angle observé entre le rayon visuel dirigé vers un objet et celui dirigé vers son image réfléchie dans une des faces de 1 angle X, et C l'angle semblable pour le second objet; on a CRI 461 lances particulières qu'on n'a pas toujours à sa disposition; mais, d'un autre cAté, comme on a souvent un cercle répéti- teur pour d'autres usages, on peut s'en servir à défaut de rinstrument suivant. §. 5i. Le goniomètre à réjlexlon du D/ TVoIlaston est d'un usage beaucoup plus général. 11 est représenté ligure 8. 11 con- siste en un cercle entier, divisé en degrés sur sa tranche, dis- posé verticalement sur un axe horizontal mobile ik, qui est assujetti par un support m n, reposant sur un pied horizontal gh. Ce cercle e$.t muni d'un vernier g, qui est fixe et adapté au support m n. L'axe i Jr est creux et traversé par un second axe tf; l'un et l'autre peuvent tourner sur eux-mcmes au moyen des viroles v et s , avec cette différence que la petite virole s ne fait tourner que l'axe intérieur, Taxe extérieur et le cercle restant iniuio])iles , au lieu que la grande virole v fait tourner à la fois Taxe extérieur et le cercle qui lui est adapté, et aussi Taxe intérieur. Cet axe intérieur est prolongé en/, d'abord par une bran- che circulaire// qui est brisée et peut se mouvoir en d. 3on extrémité l est creuse et traversée par une tige ronde ep, qui peut s'avancer ou se reculer, et en même temps se mouvoir circulairement au moyen de la virole u. L'extrémité p est fendue de manière à recevoir une petite plaque de cuivre c. C'est sur cette plaque c, ou à l'extrémitép de la tige ep, que l'on fixe, avec de la cire, le cristal AB sur lequel on veut mesurer un angle dièdre ; et c'est pour pouvoir donner à volonté au cristal toutes les positions nécessaires que l'on a imaginé tous les mouvemens que l'on vient de décrire dans le prolongement fe. On conçoit qu'il faut placer le cristal de manière que l'intersection des deux faces dont on veut mesurer l'angle, soit d'abord à peu près parallèle à l'axe de rotation. On ob- tient ensuite ce parallélisme rigoureusement par des moyens que nous allons décrire. Pour observer avec ce goniomètre , il faut le placer sur un plan horizontal , et diriger le plan du cercle à peu près perpendiculairement à la face d'un bâtiment peu éloigné, et offrant, comme cela est ordinaire, plusieurs lignes hori- ,6:2 CRI zontales parallèles, telles, par exemple, que la ligne exlrémf du toit et une ligne de balcons d'un même étage. On tourne alors le cristal par le moyen de la virole 5, de manière rimHive d'un minéral est toujours, ou une de ses formes dominantes existantes, ou une autre forme qui peut ttre le résultat de certaines modifications de ses formes doniinant.s existantes, d'après la symétrie ordinaire qu'on observe dans ces modifications , etc. , comme on le verra dans la 7.' section. IVous avons pensé qu'il convenoit mieux de déterminer ainsi d'avance les élémens des différentes formes des cristaux, uiiiqurment d'après l'observation de la nature, et abstraction faite de toute considération théorique. Cette description des formes dominantes, et le développement de la symétrie observée dans leurs modifications dans la 5.* section , serviront comme d'introduction à l'exposition de la théorie de M. Haùy , et il nous a semblé qu'elles dévoient eu rendre l'inlelligence plus facile. CRI 469 formé par la réunion de quatre plans triangulaires : on ne connoit, dans les formes dominantes dts cristaux, qu'une seule forme de ce genre; c'est le télraèdre régulier de la géo- métrie, dont toutes les faces sont également inclinées entre elles sous l'angle dièdre de 70° 3i' 44", et qui , par consé- quent, est composé de 4 triangles équilatéraux. Il est repré- senté, figure 9, en projection verticale et horizontale. Otte forme dominante appartient aux cristaux de cuivre gris et à quelques-uns de ceux du zinc sulfuré. Dans ce dernier, il y a douze sens de clivages, également faciles et parallèles deux à deux , qui sont disposés trois à trois sur chaque angle (comme on le voit fig. 69), en faisant un angle égal avec la face adjacente, identité qui confirme l'identité des quatre angles. Dans le cuivre gris il n'y a point de clivage sensible ; mais dans les tétraèdres de cette substance la dispo- sition des modifications confirme entièrement la régularité rigoureuse que nous avons donnée à cette forme , et par conséquent l'angle dièdre exact que nous avons indiqué. Il résulte de la définition seule du tétraèdre régulier, que toutes ses faces sont également distantes d'un point intérieur, qu'on peut regarder comme le centre du solide, et qu'il en est de même de toutes ses arêtes et de tous ses angles. §. 36. Parallétipipède. On entend par ce mot, en géométrie, un solide composé de six faces parallèles deux à deux, et qui sont des parallélogrammes; ou un prisme quadrangulaire ayant pour base des parallélogrammes. Cette dernière dénomi- nation suppose que l'on a choisi deux des faces pour bases. Dans un parallélipipède, en général, considéré géométriquement, on peut prendre pour bases indifféremment telles faces que l'on veut; mais il n'en est pas de même dans les cristaux dont la forme dominante peut être rapportée au parallélipipède ou au prisme quadrangulaire, excepté dans deux cas très-remar- quables quenousferons connoitre (lecwèe, §. Sy , 1.°, etlerh.om- ioèdre,§. 42 et 43), et quisontassez fréquens. Les modifications que subissent les formes dominantes de ce genre , sont cons- tamment ordonnées, soit toutes ensembles, soit par groupes, d'une manière semblable par rapport à une ligne passant par le centre de deux faces opposées, et parallèle aux arêtes d'intersection des quatre autres faces entre elles : ^ette ligne 470 CRI doit donc être prise pour Taxe du jirisme , ces quatre faces pour les faces latérales, et les deux premières pour les bases. II est donc plus convenable de rejeter ici la dénomination de paraliélipipide , et d'adopter celle de prisme quadrangulaire : pour plus d'exactitude nous devrions ajouter, à hase parallé- logranimique; mais, comme nous avons dit ci-dessus, §. 2 , que les cristaux avoient en général leurs faces parallèles deux à deux , et que les exceptions que nous avons mentionnées n'ont jamais lieu dans des cristaux en prismes qiiadrangn- laires , nous n'exprimerons pas, en parlant de ces prismes, cette condition des bases, et nous dirons simplement p7'/smes quadr angulaires. Il arrive assez souvent que les bases ne sont pas visibles , étant entièrement remplacées par les facettes qui moditient la forme. Néanmoins, les quatre faces latérales suffisant pour constituer un prisme quadrangulaire , nous considérerons ces rristaux comme tels. Les figures 10 à 18 représentent dilTérens cristaux en pr/sme.? r,uadr angulaires. Il y a, en effet, dans cette espèce de formes dominantes, plusieurs variétés qu'il est important de définir. On conçoit d'abord que ces prismes sont différens, suivant que les angles dièdres latéraux sont, ou tous égaux et par conséquent de 90° (prisme quadrangulaire rectangle, ou prisme rectangulaire , fig. 10, 1 1 et 12 ), ou inégaux et de deux espèces, l'un aigu , et l'autre obtus supplément du premier (prisme quadrangulaire ohliquangle , ou prisme rhomhoïdal , fig. i3, 14, 16, 17 et 18). Ensuite , dans chacun de ces prismes quadrangulaircs la base qui le termine peut être perpendiculaire à l'axe et par con- téquent aux arêtes (prisme rectangulaire droit, fig. 10 , 11, 12 , prisme rhomloïdal droit, fig. i3 1, ou inclinée à l'axe et aux arêtes (prisme rectangulaire oblique, prisme rhomboïdal oblique, ou à base oblique à l'acre; fig. 14, i5, 16, 17 et ]8). Lorsque les bases n'existent pas sur le cristal observé , comme on a dit ci-dessus que cela avoit lieu assez souvent, on ne peut pas, au moins d'abord, dé;.erminer ces dernières conditions dépendantes de la position de la base: mais Lob- î-ervation des modifications sert très-bien, par analogie, à les déterminer. Cependant, dans ce que nous dirons de ces CRI .,71 prismes obliques, nous ne nous occuperons, autant que pos- sible , que de ceux dont la base est visible. §. 37. Dans le prisme rectangulaire droit tous les angles diè- dres sont de 90". Il sembleroit donc que ces prismes devroient être nécessairement tous d'une même espèce; mais, si l'on ob- serve les clivages, on rcconnoit bientôt qu'il peut se présenter trois cas très-différcns. Pour les distinguer , il faut examiner la position des trois faces (deux faces latérales et une base) par rapport aux diflférens plans de clivages : pour plus de simpli- cité nous supposerons qu'ils sont au nombre de trois et par rallèles aux trois faces; le raisonnement seroit le même, si le nombre des clivages et leur position étoient différcns. ' 1." Si les trois sens de clivage sont tous également nets et distincts, comme dans le plomb sulfuré, il est évident que chacune des trois faces du prisme est alors dans le même rap- port avec le clivage qui lui correspond : toutes sont donc identiques dans le cristal ; toutes peuvent être regardées comme étant à égale distance d'un point central, comme dans le solide régulier que les géomèti-es appellent cube. Ce prisme quadrangulaire droit doit donc, dans ce cas, être appelé cube (fig. lo). Si, dans un cube, on veut considérer un axe (voy. §. 5), on reconnoît qu'il en a quatre, qui sont les lignes joignant deux angles solides opposés, telles que as, en, etc. (fig. 10). Il n'y a aucune raison pour adopter plutôt l'un que l'autre. 2." Si deux sens de clivage sont également nets et distincts, et le troisième plus ou moins distinct que les premiers, ou 1 Pour le faire concevoir, on peut citer pour exemple des cristaux «lont la forme dominante est rapportée au cube. Le ploml) sulfuré eu- hiijue présente un clivage également net parallèlement à toutes ses faces : il n'en est pas de même dans la chaux fluatée cubique; mais on y observe quatre clivages également faciles, parallèles à des plans passant par trois diagonales de trois faces adjacentes à un même angle solide, ou tronquant cet angle solide. Les facettes triangulaires sur les angles du cube (fig. 77) représentent ces plans de clivage. Chaque face se trouve ainsi entourée sur ses angles par quatre clivages également nets et également inclinés sur clic. Toutes sont donc dans une position identique par rapport aux clivages : le solide i)Cut donc encore ètr© représente par un cutie. 472 CRI même nul, comme dans l'idocrase, les deux faces, et par con- séquont les quatre qui correspondent aux deux premiers sous des clivages identiques , sont semblables et ordonnées sembla- blement par rapport à la ligne qui joint les centres des deux autres; cette ligne doit donc être considérée comme l'axe, et alors , pour représenter l'identité de position des faces latérales par rapport à cet axe , on doit considérer la base , c'est-à-dire, l'autre face comme carrée : le solide peut donc être désigné sous le nom de prisme rectangulaire droit à base carrée, ou prisme droit à base carrée (fig. i i). Si deux clivages, qiioique parallèles à l'axe, n'étoient pas parallèles aux faces, il faudroit , pour que le cristal pût toujours être rapporté au prisme droit à base carrée, que chaque face latérale fût également placée par rapport aux deux plans de clivages latéraux, et que ceux-ci, par consé- quent, fussent perpendiculaires entre eux. 5." Si les. trois sens de clivages , toujours supposés paral- lèles aux faces , sont différemment distincts , comme dans le péridot, alors chacune des trois faces du prisme, considérée avec le clivage qui lui correspond , peut être regardée comme différente des autres : ce que l'on exprime très-bien en con- sidérant le prisme comme un prisme rectangulaire droit à base rectangle, ou prisme droit à base rectangle (fig. 12). On doit encore rapporter la forme à ce prisme, si deux sens de clivage parallèles à l'axe ne sont pas parallèles aux faces, lorsqu'ils ne sont pas perpendiculaires entre eux. On sent bien , comme on l'a déjà dit, que ces désignations de base carrée et de base rectangle ne sont pas absolues , et qu'elles ne sont adoptées ici que pour indiquer brièvement les rapports qui existent entre les différentes faces et les clivages, et aussi entre elles et les différentes modifications, lesquelles, comme on le verra, confirment toujours cette idée géométrique de la forme dominante par des disposi- tions symétriques analogues, (Voy. la fin du §. 54.) Mais, en disant ainsi qu'une base est rectangle, c'est-à-dire, un carré oblong ou à côtes inégaux , il reste à déterminer quel est le côté le plus long. Nous ne pouvons avoir à cet égavd que des conjectures probables : en général , la face qui correspond au clivage le plus distinct, est regardée comine la CRI 473 plus petite, et celle qui correspond au clivage le moins dis- tinct , comme la plus grande , parce qu'il est naturel de sup- poser qu'une adhérence plus forte est produite par une sur- face plus grande, et réciproquement." Si les clivages parallèles à l'axe sont inclinés aux faces la- térales, et non perpendiculaires entre eux, la face du prisme qui correspond à l'angle obtus que les clivages font entre eux, est regardée comme plus grande que celle qui corres- pond à leur angle aigu. On voit que ces distinctions de diverses variétés de prismes rectangulaires droits ne sont fondées que sur l'observation des clivages et sur leurs rapports avec les faces du prisme; aussi, quand on n'a pas pu les observer suffisamment , on doit dé- crire le cristal en général comme un prisme rectangulaire droit, en se bornant au résultat de la mesure des angles. §. 38. Dans les prismes rliomboïdaux droits , si l'on veut ob- server les clivages, que nous supposerons encore ici parallèles aux faces comme dans l'article précédent, on n'est pas con- duit à des distinctions aussi nombreuses. D'abord, il est évi- dent que la face qui est perpendiculaire aux deux autres, est seule de son espèce, et doit être la base du prisme; et, en effet, elle est toujours placée, par rapport aux plans de clivage quelconques, diiféremment des autres. Il n'y a donc que deux cas qui peuvent se présenter : celui où les deux faces latérales (celles qui ne sont pas perpendiculaires entre elles) présentent des clivages identiques, et celui où elles présentent des clivages diflerens. Dans le premier cas , on peut considérer le solide comme un prisme rliomhoïdal droit à base isocèle; dans le dernier, qui est assez rare et qui ap- partient àl'épidote, la forme dominante peut ùtre distinguée sous le nom de prisme rhomboïdal droit à base oblongue. Il faut appliquer ici l'observation faite à la fin de l'article 1 On verra dans la 7.' section (§.111), que M. Ilaiiy est parvenu, au moyen de sa théorie, à déterminer approximativement les valeurs rela- tives des dimensions de ses formes primitives, en général, et par con- séquent de celles qui se rapportent au prisme droit à base rectangle dont il est ici question. 474 CRI précédent sur ces désignatioiîs de rapports entre les dimen- sions de la base. §. 5g. Le prisme reclangrtlaire oblique ne diffère du prisme rectangulaire droit , et le prisme rhomhoidal oblique du prisme rhomboïdal droit, qu'en ce que la base ne fait pas un angle droit avec l'axe. Nous les considérerons ici ensemble sous le nom général de prisme quadr angulaire oblique. La base oblique d'un prisme , quelle que soit son inclinai- son , peut être disposée sur le prisme de plusieurs manières différentes, qu'il est essentiel d'indiquer, parce que, comme on le verra par la suite , elles donnent au prisme des pro- priétés symétriques différentes. Pour mieux faire juger de ces différentes positions d'une base oblique, on a tracé, vers le milieu de chaque prisme, dans les figures 1 4 , 1 5 , 1 6 , 1 7 et 1 8 , un plan xjy t' :: , qui est une coupe perpendiculaire aux arêtes ou à Taxe. La projection Iioriznntale qui est au bas de la figure , représente ce plan sTiivant sa véritable grandeur. On conçoit que les rapports de longueur entre les parties supérieures a.v , cz , ij, oi', des arêtes latérales au-dessus du plan horizontal xyyz, peuvent servir à faire reconnoî(rc les différentes positions de la base que nous aurons indiquée. En considérant géométriquement et d'une manière générale cette position oblique de la base , il se présente beaucoup de cas différens: mais nous nous bornerons à ceux qui ont été observés dans les cristarx et qui se réduisent à trois, aux- quels nous en ajouterons ensuite un quatrième, lequel donne naissance à un solide d'un genre très-différent , qui mérite d'être considéré à part. 1.° La base oblique peut être disposée de manière qu'elle ne fasse avec aucune des faces latérales un angle égal à celui qu elle forme as'ec l'axe, et que les angles qu'elle forme avec deux faces adjacentes soient différens. Ce genre de prisme oblique est représenté figure 14; la projection verticale est entièrement droite, en sorte que la coupe transversale x y v z n'y est représentée que par une ligne. On voit que, dans le cas dont nous parlons, les portions supérieures des quatre arêtes latérales du prisme au-dessus du plan X y V z sont toutes inégales, comme il seroit facile de démontrer que cela doit être. CRI 475 Cette l'orme dominante appartient au cuivre sulfaté. Vaxinite en présente une semblable. On peut l'indiquer sous le nom de prisme qiiadrangulaire, à base oblique non symétrique. §. /|0. 2.° La position de la base peut être telle qu'elle forme avec deux faces latérales parallèles opposées, a e r m , cl i 0 sn ( fig. 1 5 ) , deux angles obtus et aigus , égaux à ceux qu'elle forme avec l'axe, ou, ce qui est la même chose, avec les arêtes. On reconnoît cette position dans la ligure par l'égalité des parties supérieures des arêtes adjacentes deux à deux, ax = ez, ij' — ov. Dans le cas particulier que représente la figure et qui appartient au feldspath, la coupe xjvz du prisme est rectangulaire; alors la face e r s o et sa paral- lèle sont perpendiculaires à la base : mais cela n'auroit pas lieu si la coupe n'eût pas été rectangulaire. Nous indiquerons cette forme sous le nom de prisme quadrangulaire , à base obli- que, reposant sur une face latérale.' §. 41. 3." Enfin, la base oblique d'un prisme quadrangu- laire (fig. iG) peut être placée de manièie qu'elle forme un angle égal avec deux faces adjacentes , telles que a e m r, et eors. La figure représentant un prisme isocèle , comme cela a lieu ordinairement, on reconnoît l'existence de cette condi- tion de la base par l'égalité entre les parties ax etov de deux arêtes opposées au-dessus de la coupe perpendiculaire xjwz. Dans ce cas l'inclinaison de la base à l'axe est égale, en gé- néral, à l'angle que l'arête e r fait avec une ligne e i , qui sépareroit en deux parties égales l'angle e de la base; ou à l'angle que la base fait avec un plan amso, qui partageroit l'angle a du prisme en deux parties égales ; ou , enfin , ce qui est la même chose , à l'angle de la base avec un plan appliqué 1 Nous avons imaginé cette expression reposant sur une face latérale, parce qu'en effet la base est avec cette face latérale dans le niêine rap- port qu'un toit avec le mur sur lequel il est appuyé ou sur lequel il repose. Cette comparaison nous a paru plus exacte que toute autre indi- cation également abrégée. JVous ne nous dissimulons pas que celte expression peut ne pas cire approuvée; mais, la géométrie n'en ayant aucune consacrée pour rendre cette disposition, nous avons cru pouvoir nous servir provisoirement de celle-ci, n'ajant pu, ni par nous-mêmes, ni par le secours de difiercntcs personnes que nous avons consul lées, en imaginer une meilleure, à moins d'adopter une plirase. 476 CRI sur Tarêfe er, et faisant un angle cgal avec chacune des deux faces latérales adjacentes (plan langent à cette arête; voyez §. (M. Dans le cas particulier représenté par la figure, et qui appartient au pyroxène , le prisme étant isocèle, le plan amso est un plan diagonal du prisme, et la ligne e i est une diagonale de la base. JNous indiquerons cette forme dominante sous le nom de prisme quadrangulaire , à base oblique reposant sur une urêie.' Si le prisme est obliqiiangle, comme cela a lieu dans la figure, il faut indiquer si la base repose sur une arête obtuse, ou une arête aiguë, §. l[2. Mais cette position d'une base oblique reposant sur une aréle, peut donner lieu à un cas particulier très-remarquable , que nous allons faire connoître. On conçoit que ces angles égaux de la base avec deux faces latéral-^s adjiicentes, sont < ssenticllement dépendans de celui qu'elle forme avec l'axe dans un rapport trigonométrique constant; que, par conséquent, ilspeuvent, connue cet angle, varier à l'infini : d'après cela, il peut arriver que ces deux angles égaux de La base avec deux faces latérales adjacentes soient égaux à celui que ces deux mêmes faces font entie elles, et cette limite, qui est représentée par les figures ly et 18, oîilabase oblique repose sur larête a m, donne au solide, comme on va le voir, des propi'iétés syniétriques particulières, qui dé- terminent à ne plus le considérer comme un prisme, mais comme un solide d'un autre genre, auquel on donne le nom de rliomboèdre. En effet, il en résulte nécessairement que, dans l'une et l'autre figure, l'angle solide a, et de uiême son opposé s, sont composés de trois angles dièdres ou, ce qui est la même chose, de trois angles plans égaux, obtusdans la figure 17 , aigus dans la figure 18; tandis que toi. s les autres angles solides sont, dans la figure 17, con;posés de deux angles aigus et d'un angle obtus, supplément de chacun des deux autres, et dans la figure 18 de deux angles obtus et d'un angle aigu. De Li il est évident que le système du solide est devenu bien t Voyez, la note précédente. CRI 477 plus symétrique. Dans un prisme qundrangulaire, considéré en général , les quatre faces latérales sont, à la vérité, scnibla- blement pUicëos par rapport à l'axe rhi prisme; mais les bases ne sont nullement (lc(erminées dans lenr position à Taxe , laquelle est variable et indépencianle de ce'le des faces: or, dans le prisme dont nous parlons, et par suite de la con- dition que nous y avons établie, toutes les faces, y compris les bases, sont semblablement placées par rapport à la *if;' e qui joint les deux anglt s solides opposés égaux, a et s. Cette ligne as doit donc bien plus naturellement être reg.irdée comme l'axe du cristal , et il convient de ne plus considérer le solide comme un prisme, ce qui n'exprimeroit pas assez sa nature , mais comme un solide bipyramidal. C'est ce solide qu'on désigne sous le nom de rhomhocdre ', et on le représente beaucoup mieux en plaçant sou axe ver- ticalement, comme dans les figures ig et 20, qui sont les mêmes solides que ceux des figures 17 et 18. Nous avons pensé qu'il étoit utile de commencer par ex- pliquer comment ce solide peut s'engendrer sur un prisme quadrangnlaire par une condition particulière dans la posi- tion de la base, pour le rattacher d'abord à une forme plus généralement connue, dont, en effet, il n'est rigoureuse- ment qu'une variété, qu'une sorte de limite; mais mainte- nant nous allons en donner une définition géométrique plus simple et en même temps plus propre à faire ressortir les propriétés symétriques qui le distinguent. §. 43. Si l'on conçoit un triangle équi'atéral horizontal, tra- versé à son centre pa»* un axe vertical, et que sur chacun des côtés de ce triangle on applique un plaii incliné à l'axe vers sa partie supérieure, ces trois plans étant également inclinés; qu'à un autre point de l'axe, dans sa partie infé- rieure, on place trois autres plans parallèles aux premiers: le solide compris entre ces six plans sera un rhomhocdre. 1 Nous avons préféré, avec M. \A''eiss , la dénomination do rhomloedre , au lieu de celle de rhomboïde ( qui a été d'abord adoptée par M. lla^^, par analogie avec les noms depuis long-temps reçus d'octaèdre, tétraè- dre, etc. 478 CRI ■ Un rhomboèdre est donc composé de six plans rhombcs égaux, qui sont semblablement et symétriquement disposés autour d'un axe, trois à chaque extrémité, et qui forment entre eux des angles égaux. On peut ajouter que ces six plans, d'après cette identité de position sur l'axe, se trouvent sem- blablement placés par rapport au milieu de cet axe, qui peut être regardé comme le centre du solide. On l'a encore quelquefois considéré comme étant une double pyramide triangulaire , ou un solide composé de deux pyramides triangulaires égales et régulières, ayant le même axe et opposées base à base, mais de manière que chaque arête de Tune corresponde dais l'autre à la ligne qui partage en deux parties égales l'angle au sommet. Nous rappellerons ici ce qui a été dit , §. 54 , que, pour re- garder une forme dominante cristalline comme un rhom- boèdre , il faut que l'identité d'angles dièdres des faces adja- centes au sommet, donnée par le goniomètre, se trouve confirmée par une position identique des faces par rapport aux sens de clivages, qui doivent être au moins au nombre de trois et tous également faciles. D'après ces définitions on concevra facilement les rapports qui existent entre les différens angles et arêtes d'un rhom- boèdre. Quant aux angles solides , nous les avons déjà décrits dans l'article précédent. Les deux angles solides opposés a et 5 (iig. ly et 20), situés aux deux sommets de l'axe, seuls de leur espèce, sont dis- tingués sous le nom à'' angles au sommet, ou angles supérieurs. Les six autres angles solides, tous égaux, peuvent être ap- pelés angles latéraux. Les arêtes a m , ae et ai, pour le sommet c, et les arêtes sn, sr et so, pour le sommet i, sont appelées arêtes supérieures, ou arêtes culminantes. Les six autres arêtes, mr, re, eo, oi, inetnm, sont les arêtes inférieures ou latérales. D'après la définition du rhom- boèdre , ces six arêtes latérales étant toutes semblablement placées par rapport à l'axe, et les plans dont elles sont les intersections étant tous semblablement disposés autour d'un triangle équilatéral, il est facile de concevoir que la projec- CRI 479 lion horizontale d'un rhomboèdre quelconque dont l'axe est vertical, est toujours un hexagone légulier, comme le repré- sentent les deux ligures 19 et jo, et comme il seroit facile de le démontrer. Nous nous contentons d'indiquer ici ces dénominations. On verra par la suite que ces différens angles ou aictes ont des pro- priétés symétriques différentes, dépendantes de leur position. On conçoit qu'un cube considéré par rapport à une quel- conque de ses diagonales intérieures qui seroit prise pour axe, peut être regardé comme étant un rhomboèdre dont les faces sont des cari'és et les angles dièdres de go degrés. Par un calcul trigonométrique très-simple on trouveroit que linclinaison de chaque face à l'axe est de 35" i5' 5i|". Mais, comme cette inclinaison des faces à l'axe dans un rhomboèdre peut varier à l'inlini , soit au-dessous de cette mesure et jusqu'à o, soit au-dessus jusqu'à 90 degrés; ou, ce qui est la même chose, comme dans chacun des rhombes d'un rhomboèdre l'angle au sommet, qui dans le cube est de go degrés, peut devenir aigu et successivement jusqu'à o, ou obtus jusqu'à 120" (voyez ci-après) : il en résulte qu'il y a entre ces limites une infinité de rhomboèdres. On appelle rJwmboèdre aigu celui dont l'inclinaison des faces à l'axe est moindre que 55° i5' 5i", et l'angle au sommet de chaque rhombe moindre que go°; et rhomboèdre obtus , celui dans lequel ces mêmes angles sont au contraire plus forts que les mesures indiquées. Le rhomboèdre le plus aigu est celui dont l'inclinaison des faces à l'axe seroit =0. Les faces seroient alors parallèles à l'axe. Le prisme hexagonal régulier est donc la limite des rhomboèdres aigus. Le rhomboèdre le plus obtus est celui dans lequel l'inclinaison des faces à l'axe seroit ^ go". Toutes les faces seroient donc alors dans un même plan hexagonal , qui est en effet la limite extrême des rhomboèdres obtus. Voilà pourquoi on a dit ci- dessus que l'angle formé par deux arêtes au sommet ne pouvoit pas être plus grand que 120". Nous nous sommes un peu étendus sur le rhomboèdre , parce que ce genre de solide est la forme dominante d'un grand nombre de cristaux. §. z,4. Voctacdre est, en général, un solide terminé par huit 48o CRI plans, quelle que soit leur position; mais on restreint ordi- nairement cette acception à un solide composé de huit plans disposés symétriquement autour d'un axe, qu'ils rencontrent, quatre dans un sens, quatre en sens inverse parallèlement aux premiers. Ces plans sont tous des triangles, si les faces se réunissent quatre à quatre en un point, à moins qu'une face ne soit beaucoup plus étendue que les autres (§. 5i). (Voyez les figures 21 , 22 , 23 , 24 , 26 , 26 et 27. ) On peut aussi considérer ce solide comme formé par la réunion de deux pyramides à quatre faces, semblables, régu- lières ou symétriques, opposées base à base et arête contre arête. Il s'en suit que les quatre ai-êtes ce, ef, fd, de, de la jonction réciproque des deux pyramides , sont dans un même plan, et forment entre elles un parallélogramme c efd, qui est la hase commune. Ces arêtes ce, ef, fd, de sont appelées arêtes de la base ou arêtes inférieures. Les quatre angles solides c , e, f et d, qui sont adjacens, sont appelés angles de la base; les deux autres angles solides opposés a et b , angles-sommets ou angles supérieurs ; et la ligne intérieure ab qui les joint, est ïaxe. Les arêtes qui joignent les angles -sommets avec la base, sont appelées arêtes supérieures ou arêtes culminantes. Dans chacune des figures que l'on vient d'indiquer, on a tracé en bas la projection horizontale de la base commune, et même cette projection représente cette base suivant sa véritable grandeur , les solides ayant été disposés de manière que la base soit horizontale. A côté de cette projection de la base on a tracé, suivant sa véritable grandeur , un des triangles qui composent l'oc- taèdre, et même deux dans la figure 26 , où ils ne sont pas tous égaux. Les huit arêtes culminantes sont aussi quatre à quatre dans un même plan, et ces deux nouveaux plans aehd et afb e sont encore des parallélogrammes. 11 y a donc dans un octaèdre trois plans diagonaux ou trois coupes parallé- logrammiques, cefd, aehd et afbc; et on conçoit que des rapports de figure et de position existant entre ces trois plans doivent dépendre différentes variétés d'octaèdre. On conçoit aussi qu'on peut indifféremment choisir pour base un quelconque de ces parallélogrammes, et par suite, CRI 4SI |)our axe , lu ligne qui joint les deux angles opposés non compris clans la base adoptée. Il y a donc, en général, trois bases et trois axes dans un octaèdre; mais, dans les cristaux, les modifications fournissent presque toujours des motifs pour adopter un axe et une base de préférence aux deux: autres, excepté dans un très-petit nombre de cas, notam- ment dans l'octaèdre régulier de la géouwilrie , dont nous allons bientôt parler. Il est aisé de sentir que, chaque plan triangulaire d'un octaèdre rencontrant les trois axes, les différentes variétés d'octaèdre doivent également dépendre des rapports entre les inclinaisons des plans à chacun des axes. Enfin, on conçoit que, dans les diHéreiis cas qiii doivent se présenter , les triangles peuvent vat-ier dans la propor- tion relative de leurs angles, et par conséqiient dé leurs' côtés, équitatéraux , isorèlcs , scalènes , et être, où tous d'une mûme espèce, ou de plusieurs, être égaux ou inégaux. Toutes ces variations de rapports^ soi t entre les trois coupes ou bases, soit entre les différentes inclinaisons des plans à Taxe, soit enfin entre les triangles, lesquelles sont des conséquences les unes des autres, seront exprimées dans les descriptions des ditlérentes variétés d'octaèdre que nous allons donner, en nous bornant à celles qui ont été observées dans les formes dominantes des cristaux. En les décrivant, nous nous con- tenterons de faire remarqtier, entre les mesures de leurs an- gles, des rapports qui sont la donnée fondamentale servant à les distinguer; mais nous supposerons toujours que ces rap- ports sont confirmés par des rapports analogues dans îa posi- tion et la netteté des clivages, et dans la symétrie des mo- difications. (Voy. §. 54.) §. 45. Voctaèdre régulier: c'est celui qui est formé par huit triangles équilatéraux égaux j ou l'octaèdre régulier de là géométrie. Les trois coupes sorit rectangulaires et perpendiculaires l'une sur l'autre, et par conséquent des carrés : si le som- met est un point , comme dans la figure 2 1 , et non une ligne , comme dans les figures 5o et 3-2, ainsi qu'il sera dit pluâ bas (§. 5i), les trois axes sont egfux et perpendiculaires entre eux , et on peut choisir indifféremment l'un ou l'autre. 45^ CRI Chaque plan- fait un angle égal avec chacun des plans qut lui sont adiacens sur une arêlc : il s'en suit que cet angle est .'técessairenient de log'aS' 16", comme dans la géométrie, et que «on suj.plpment, ou l'angle des deux faces quisont op- posée? Tune à l'autre à une des extrémités d"un même axe, est de 70° 3i' 44', le même que l'angle entre deux plans adj.i-'ens du tétraèdre régulier (voyez §. 55^. Chaque plan fait aussi un angle égal a^ec chacun des trois axes, et cet anijle, qui est le même pour tous les plans, est de 55" i5' 5i|", précisément le nicme que celui de l'inclinaison à l'axe des faces du cube considéré comme rhomboèdre (voyez ci-dessus §. 43 . D'après cette identité de position des faces par rapport ayx axes , on peut conclure que toutes les faces sont sem- Llablcment placées par rapport au point qui est commun aux tro'S axes, ce point pouvant être considéré comme le centre du cristal. LoctaèJre régulier est une forme dominante qui appar- tient à la chaux lluatée , au spinelle , etc. , et notamment à beaucoup d'espèces de la cbsse des substances métalliques, §. zj6. Voclaèdre syméirique a hase carrée. Cet octaèdre est composé de huit triangles isocèles égaux. ( Voyez les figures 22 et 25.) La coupe cefd, qui est ici prise pour base, parce qu'elle est seule de son espèce , est un rectangle, et les deux autres aebd et afbc sont des rhombes et sont égalci; d'où il résulte que la première est un carré. Ces trois coupes sont perpendiculaires entre elles. Des trois axes qui sont néces- sairement perpendiculaires entre eux , deux, de, cf, sont ég; ux , le troisième ab, qui est ici préféré, est plus grand dans la figure 22^ qui appartient à l'anatase , et plus petit dans la figure 23 , qui appartient au zircon. Chaque face fîiit deux angles égaux avec les deux axes de et cf, et un angle difTérent avec l'autre axe ab , plus petit que les premiers dans la figure 22, où l'octaèdre est appelé aigu, et plus grand dans la figure ^5 , où l'octaèdre est appelé obtus. 1 lus généralement, (tens toutes les variétés d'octaèdre qui se rencontrent dans les formes cristallines , on dit que l'oc- CRI 4ÔÔ iaédre est aigu, lorsque les quatre angles lîncaîres qui viennent se réunir au sommet que Ton a choisi, ou au moins deux d'entre eux opposés, sont plus petits que 60", qui est l'angle des triangles de Toctaèdre régulier; ou bien, ce qui est la même chose, lorsque rinclinaison des quatre plans à l'axe, ou au moins celle de deux plans opposés, est moindre que 35° i5' 5i|", angle indiqué ci-dessus dans l'oc- taèdre régulier. Si ces différens angles sont au contraire plus grands que les mêmes limites, on dit que l'octaèdre est oht:,s. §. 47. Octaèdre sjmétrique à triangles scalines. C'est un oc- taèdre composé de huit triangles scaltnes égaux (vojcz lig. 24 et 2 5). # Les trois coupes cefd, aebd et acbf, sont perpendicu- laires entre elles; elles sont tontes des rhomlies et toutes inégales. Il en résulte que dans cette fofme, qui appartient au soufre, il n'y a en général aucun moîif pour adopter plutôt l'une que l'autre pour Lase , comme on peut en juger par la ligure 25, qui représente le même solide que la figure 24, mais sur une autre base: dans la figure 24 l'octaèdre est aigu, et il est obtus dans la figure 2 5. Les trois axes sont tous perpendiculaires entre eux , mais inég;iux. Chacun des plans est également incliné au même axe, mais en faisant un angle différent avec chacun des trois axes. §. ii8. Octaèdre sjmétrique à base rectangle. Dans cet octaèdre les faces sont toutes isocèles, mais de deux espèces dans chaque pyramide, les quatre d'une même espèce étant égales (voyez la figure 26, qui appartient au plomb sulfaté). Des trois coupes, deux afbc et aebd sont des rliombes égaux; elles sont perpendiculaires à la troisième, mais in- clinées entré elles. La troisième cefd est un rectangle; mais elle est nécessairement ohlongue , d'après l'oh'liquité entre les deux autres. Des trois axes , deux , cf, d e , sont égaux , et non perpendiculaires entre eux ni à la base correspondante ; le troisième ab est, ou plus petit (comme dans lu figure), o#phis grand , et il est perpendiculaire aux deux autres et à la base cefd qui lui correspond. Les deux faces opposées. adf, ace, d'une même pyrami(ie, sont également inclinées à Taxe. c( de même les deux autres faces opposées acd. /i84 CRI aef; mais l'inclinaison à l'axe des premières est plus petiK? que celle des deux autres. ^. 49. la figure 27 représente un rristîil qui a encore les caractères d'un octaèdre, et qui a été considéré comme tel dans ])lusienrs ouvrages ; c'est ce qui nous détermine à le mentionner ici , quoiqu'il soit bien plus naturel , comme on va le voir, de le rapporter à une autre forme, dont il n'est qu'une modification. Les faces sont de deux espèces: ace et hdf, qui lui est pariillcle , sont deux triangles équilatéraux ; toutes les autres sont des triangles isocèles égaux ; aef cl acd, opposées, sont également inclinées à l'axe; nuiis, des deux autres opposées, adf est plus inclinée^ Taxe que ac e. Les trois coupes sont rectangulaires et toutes inclinées entre elles; les trois axes ne sont point perpendiculaires entre eux. Cependant, malgré ces irrégularités ^pp^reutes. le solide est extrêmement symétrique. La S3métrie consiste en ce que les trois coupes sont égales et se.rnblalles , et t'g lemenf inc'inées entre elles , ou , ce qui est la même chose , que les trois axes sont égaux et également inclinés l'un sur l'autre; à'où il résulte que les trois faces isocèles adc, afe et b c e sont également inclinées sur la face équila- térale ace, et que les trois autres faces isocèles bef, b c d et fl rf/ forment aussi le même angle avec l'autre triangle équi- latéral b df. Mais cette inclinaison égale de trois faces à un triangle équi- latéral est la condition fondamentale d'un rhomboèdre , comme on la vu f §. 40 \ Cette forme est donc un dérivé d'un rhomboèdre. La ligure 28 représente le même solide que la figure 27 . mtiis disposé de manière que les triangles équila- téraux ace et bdf sont horizontaux, et que la ligne qui joint leurs deux centres, et qui est ici l'axe du solide, est verticale. L'identité des lettres fait reconnoitre la position des difïf rentes faces dans l'une et l'autre figure ; de plus, les lignes ponctuées 7- a, rc. re, vers le haut, etld, tb, tf vers le bas, complètent le solide . qui redevient semblable en tout, s.'iuf les dimensions, aux rhomlîoèt'res figures i^et 20. C'cf-t .ionc un rhombordre tronqué sur ses angles -sommets, par deux plans perpendiculaires à l'axe passant par ses an- gles latéraux. CRI 485 Cctfc forme appartient au corindon ; plusieurs autres espèces en présentent d'analogues. §. 5o. Il n'est pas inutile d'observer que cette propriété, qui nous a servi à ramener l'octaèdre (iig. 27 ) dont nous venons -de parler au rhomboèdre {iégulité entre les trois ares ou les trois coupes, et leur ideniité d'inclinaison réciproque)^ existe aussi dans l'octaèdre régulier , où les trois axes sont égaux et perpendiculaires entre eux, etc.: il s'en suit donc que l'oc- taèdre régulier pourroit aussi être considéré comme un rhomboèdre tronqué sur ses deux angles - sommets , dont l'axe seroit à volonté une des quatre lignes qu'on peut mener entre les centres de deux faces pafallèles ; ce qui , à la vérité , donneroit une idée peu nette de sa régularité. Mais, si on rejette avec raison cette manière de représenter ce solide , elle peut servir à fai»e concev oir que l'octaèdre régu. lier peut devenir un rhomboèdre par la suppression de deux faces parallèles, opérée par le prolongement des six autres. La figure 29 représente un octaèdre régulier, que l'identité des lettres permet de comparer avec celui de la figure 21. Cet octaèdre est projeté de manière que les deux faces parallèles ace et Jd/sont horizontales, et les lignes ponctuées, ra, rc, re, d'un côté, cttb, ff, td, del'autre, quelon a ajoutées, complètent un rhomboèdre. D'après ce qui a été dit (§J'. 55 et 45) de la mesure des angles du tétraèdre régulier et de l'o'^taèdre régulier, on rccoiinoît facilement que les parties solides, race et tbdf, ajoutées, sont des tétraèdres réguliers; par conséquent la propriété que nous venons d'indiquer, peut s'exprimer en disant que l'octaèdre régulier peut cire changé en rhomboèdre , en ajoutant sur deux de ses faces parallèles un télraidre régulier dont les triangles cquilatéraux ont la même dimension^ Cette va- riation remarquable de l'octaèdre régulier a été observée dans des cristaux de bismuth natif. 5. 5i. Dans le §. 44, en décrivant les octaèdres en général, et dans le §. 45, en décrivant l'oct.ièdre régulier, nous avons supposé que les faces étoient également étendues, de manière à se réunir, quiitre à quatre, en un seul point de l'axe : d'où il résulte qu'elles sont toutes triangulaires. Ce cas est le plus ordinaire ; mais il y a aussi des exceptions, lesquelles don^ 486 CRï nent au solide une apparence toute difTérente , qu'il tst utile de faire coniioître. L'octaèdre cunéiforme (fig. 3o) est Foctaèdre régulier (fig. 21) qui a subi un alongcinenf piinillèlenient à deux arêtes parallèles cd et ef; d'où il résulte que les deux faces aef et adc, et de même leurs parallèles, ne se rencontrent plus en un point a, mais en une ligne aa et b h', et ne sont plus des triangles, mais l'es trapèzes, comme les deux côtés d'un coin : (\e là le nom d'octaèdre cunéiforme qu'il a reçu. La n.êwe Aariation ptut arriver sur les autres octaèdres que nous avors décrits. La figure 5^ représente l'octaèdre ligure 26, ainsi aloiigé. Si cet alonacment de l'octaèdre est considérable, le solide peut, f!u premier abord, ctre considéré comme un prisme rhomboidal dont la Ii^se scroit reni{)lacée par deux faces: et les fleures 3i et 53 ne sont autre chose que les figures 3o et 32 disposées de manière que l'axe de chacune de ces formes prismatiques soit vertical. Dans le cas de l'octaèdre régulier, on donne toujours à ces cristaux alongés le nom d'octaèdre cunéiforme; mais, dans les autres cas, il arrive quelquefois qu'il convient mieux de les considérer comme des prismes, d'après des motifs tirés des modifications que subit la forme dominante. §. 62. Si Talongement a lieu à la fois dans trois sens , ou, ce qui est la même chose, si ïes deux faces parallèles aef et Idc (fig. 2]) sont très-larges, et les six autres faces très- étroites, il résultera de cet aplatissement de l'octaèdre, que les deux premières faces deviendront des hexagones régu- liers (au moins par l'égalité de leurs six angles entre eux), et les six au.tres des trapèzes. C'est ce que représentent les figures 04 et 35 : dans la preniièi'e, le solide est représenté tians la même position que dans ly figure 21 ; dans la seconde, il est disposé de manière que ses faces a'a ff e'e' et ï'b' ce' d'à' sont verticales et représentées suivant leurs véritables dimensions. Ce soli'ie. pouvant être évidemuient considéré comme le résultat de deux sections faites dans un octaèdre par deux plans parallèles entre eux et à deux de ses faces, est réelle- ment un segment d octatdre ; aussi lui a-t-on donné le nom d'ocLoédre se^miniforme. CRI '487 On conçoit qu'il peut arriver que l'une des deux faces in- diquées soit seule élargie; alors l'autre conserveroit sa forme triangulaire équilatérale. §. 55. Ces solides aplatis, analogues à ceux dont nous ve- nons de parler, peuvent aussi être le résultat d'un aplatis- sement semblable dans d'autres octaèdres, et par conséquent dans celui représenté fig. 27, c'est-à-dire, dans le rhomboè- dre tronqué (fig. 28) : l'aplatissement a lieu sur les triangles équilatéraux ace et dbf, et ce rhomboèdre tronqué segrviniforme est encore parfaitement représenté par les figures 04 et 35, sauf les différences des angles entre les faces. §. 54. Prisme hexagonal. C'est en général un prisme qui a pour base un hexagone , ou qui a 6 faces latérales. On dis- tingue: Le prisme hexagonal régulier (fig. 36). C'est celui dont la coupe perpendiculaire à l'axe est un hexagone régulier ^ ou dont deux faces latérales adjacentes quelconques sont incli- nées entre elles de 120°. On sent bien que chacune des faces du prisme doit aussi être semblablement placée par rapport aux clivages (voyez le §. 54). Le prisme hexagonal symétrique (fig. 37). C'est celui dont la coupe perpendiculaire à l'axe est un hexagone qui n'est pas régulier, mais seulement symétrique. Dans les cristaux, la symétrie de ce genre de forme consiste presque constamment en ce que, parmi les six angles que font entre elles les faces latérales adjacentes, deux opposés a et h sont égaux et d'une mesure diflérente de celle des quatre autres, lesquels sont aussi égaux entre eux. Nous ne voyons que les cristaux d'épidote qui fassent ex- ception à cette règle. Dans les prismes hexagonaux qu'on y observe, les six angles sont de trois espèces; aussi on ne les considère pas comme des prismes hexagonaux, mais comme des prismes rhomboïdaux tronqués latéralement.. On cont,oit que la position de la base, perpendiculaire ou oblique, mérite aussi d'être considérée dans le prisme hexago- nal, comme nous l'avons fait dans le prisme quadranguîaire; et, dans le cas d'une base oblique , on doit distinguer égale- ment si elle repose sur une arête ou sur une face (voy. ci-dessus, §§. 40 et 41J. 488. CRI Un cristal ayant la forme crnn prisme liexagonal régurier- q (oujonrs.sa base iicrpcndiculaire a Taxe; cependant, dan$ les cristaux de feldspath, eJle est oblique et repose sur une arête : aussi cçs cristaux ne devroient i)as , rigoureusement, être considérés comme tels, quoique leurs angles dièdres latéraux paroissent être tous de iao° d'après le goniomètre, leurs faces latérales n'étant pas semblablenient placées par rapport aux plans de clivage ( voy. §. 34). Dans un prisme hexagonal symétrique, il faut détemniner sur quelle espèce de face ou d'arête repose la base oblique (voy. la note au §.40) : ainsi, par exemple, dans le p^roxène périhcxaèdre de M. Haiiy, elle repose sur une face comprise entre deux angles ég^.ux. §. 55. J-e dodécaèdre rliomloïJal est un solide composé de douze plans rhombcs. Si les douze rhombe^ ont tous les mêmes angles ou sont égaux et semblables , il en résulte nécessairement que chacun d'eux forme le même angle avec chacun de ceux qui lui sont adjacens : c'est le dodécaèdre rhomboïdal régulier. 11 est re-. présenté fig. 58, et aussi, dans une autre position, figure 09, avec les mêmes lettres, afin de faire mieux juger de toute la sj^métrie de sa structure , que nous allons faire çonnoître avec quelques détails, à cause des rapports de ce solide avec le cube, l'octaèdre régulier et le tétraèdre ré- gulier. 11 y a vingt-quaire arêtes et quatorze angles solides. Parmi ceux-ci il y en a six {a, c, d,f, e, b) qui sont quadruples et égaux, et huit {l, m , o , n, r , s , t, v) qui sont triples et de même égaux entre eux. L'angJe (iièdre, entre deux fiices quelconques qui se rcni contrent sur ui;e arête, est de 120". Celui de deux facesi quelconques qui sont opposées l'une à l'autre sur un angle. solide quadruple, est de 90". l.'angle plan obtus de chaque. face (fig. 40) est rigoureusement de 109" -iS 16' (le même que l'angle dièdre de l'octaèdre régulier; vo_) . §. 45).' i Ces. ' Le sommet de chaque pentagone est situé à l'extrémité d'une de ces bases : ainsi les deux points i et fc, extrémités de la ligne ik (base commune des deux pentagones gqiku et epikt) sont les sommets des pentagones ipabq et ktcd « , etc. Il en résulte nécessairement que les vingt angles solides (tous triples) du dodécaèdre pentagonal symétrique sont de deux espèces. 11 y en a huit, p,q, s, r, et t, u,x, v , qui sont composés de trois angles plans égaux, lesquels sont tous des angles latéraux du pentagone; les douze autres angles rliomboïdal, l'octaèdre et le télraèdre réguliers et le cube, peuvent être déduites immédiateiuent de Tonseinble de la symétrie de chaque cristal, 1 Dans le cobalt gris, leclivij^e, qui est triple et é::;al' ment distinct dans les trois sens, a lieu parallèlement à ce< trois j'ians; ce qui con- firme Tid. alité de jinsition rehilive dos douïe faces ( voy. §. .^4). Celte disposition fait éijalemciil concfvoir que ce solide a de grands rapport» de symétrie avec le cube, comme on le verra 5- 86. 494 CRI solides sont composés d'un angle- sommet et de deux angles de la bî!se du pentagone. Les huit angles solides p, q, s, r, t, ii , x, v , que nous venons d'indiquer , sont placés entre eux rigoureusement comme les huit angles d'un cube. Nous verrons dans la sixième section (§• Rfî), que ce solide a beaucoup de rapports avec le cube . dont il n'est qu'un dérivé. §. 58. Le dodécaèdre triangulaire est en général un solide composé de douze triangles, parallèles deux à deux, et se réunissant six à six en un point d'un même axe. On diSngue le cas où les triangles sont isocèles , dodé' caèdre triangulaire isocèle ( fig. 4?); et celui où les triangles sont scalènes , dodécaèdre triangulaire scalène (fîg. 48) : l'un et l'autre peuvent être regardés comme étant des solides bipynimidaux, ou composés de deux pyramides ayant le même axe et réunies par leur base. Dans le dodécaèdre triangulaire isocèle ( fig. 47), la jonc- tion conmiune est un pl;in perpendicuLire à raxe,si toutes les faces sont également inclinées à l'axe; il en est de même des arêtes , et il en résulte que la base commune est un hexagone régulier. Ce cas a lieu d^ans le quarz , le plomb phosphaté, etc. Si, au contraire, toutes les faces ne sont pas également inclinées à Taxe , la base commune est un hexagone qui n'est que symétrique : ce cas a lieu dans le plomb carbonate. Dans le dodécaèdre triangulaire scalène (fig. 48), les faces sont égtilement inclinées à l'axe , mais les arêtes sont inéga- lement inclinées. Trois, non adjacentes, ont la inême incli- naison , et les trois autres une inclinaison différente. Les arêtes moins inclinées à l/axe , dans la pyramide supé- rieure, viennent concourir, dans la jonction commune des deux pyramides, avec les arêtes plus inclinées à l'axe de la pyramide inférieure, et réciproquement. Il en résulte né- cessairement que les angles dièdres entre deux faces adja- centes sont de deux sortes, alternativement plus obtus et moins obtus. Les angles dièdres d'une face d'une pyramide sur l'autre sont tous égaux. 11 résulte de toutes ces propriétés que la jonction commune des deux pyramides n'est point un plan , mais une suite de lignes en zigziig, comme on le voit dans la figure , qui représente un cristal de chaux carbonafée. CRI 495 On conçoit que, suivant que l'angle au sommet est plus ou moins aigu , il peut y avoir un grand noml)re de dodéiaèdres (rianguhiires , soit isocèles (à base régulière ou symétrique), soit scalènes; il y en a nicnie quelquefois plusieurs variétés dans une même espèce minérale : en effet, Je corindon pré- sente deux dodécaèdres triangulaires isocèles à base régu- lière ; la chaux cai'bonatce présente plusieurs dodécaèdres triangulaires scalènes. On verra ( §. 90) que le dodécaèdre trian'^'ulaire isocèle ù base régulière est un dérivé du prisme lievagonal régulier, ou, dans quelques cas, du rhomboèdre, comme dc,ns le corin- don ( §. 87, 4."), et que le dodécaèdre trianguhiire scalène est aussi un dérivé du rhomboèdre par des modifications symétriques ( §. 87, 5.°); enfin, que le dodécaèdre triangu- laire isocèle à base symétrique peut être un dérivé du prisme hexagonal symétrique. §. 5c). L'icosaèdre Iriaugulaire, C'est un solide composé de vingt triangles. Si ces triangles sont tous équilatéraux , il en résulte l'ico- saèdre régulier de la géométrie , qui a une identité parfaite entre tous ses angles solides. Dans les cristaux cette forme entièrement régulière n'existe point ; on n'y connoit qu'un seul icosaèdre symétrique (fig. 44), qui appartient au fer sulfuré et au cobalt gris. Ses vingt triangles sont de deux espèces , huit équilaté- raux et douze isocèles. Ils se réunissent cinq à cinq pour composer un angle solide : il y a douze angles solides. Pour mieux indiquer la position symétrique relative de ces deux sortes de triangles , nous allons faire voir comment cet icosaèdre provient du dodécaèdre pentagonal symétrique. D'après ce que l'on a dit ci-dessus (§. 57) de cette dernière forme, les angles solidesp,ç, s, r, et t, «,-t, v (fig. 41), sont com- posés de trois angles plans égaux; par conséquent , et d'après la position relative des pentagones , si l'on mène les diago- nales ib, bg et gi d l'entour de l'angle q, ces trois diago- nales seront égales : si donc on fait passer par elles un i)lan qui tronque Tangle solide q, la face ibg qui le remplacera, sera un triangle équilatéral. La figure 44 , qui représente l'icosaèdre symétrique , n'est autre chose que le dodécaèdre 49^ CRI penlcigonal symétrique (fig. 41 ) qui a subi huit troncatures de ce genre. Ainsi les triangles ibg, Ibh, laf, iae, dans la partie supérieure , et leurs parallèles , dans la partie infé- rieure, sont équilatéraux. Les autres triangle^, gi^, bgh, etc., sont isocèles; un de ces triangles, bgh, est représenté suivant sa véritable grandeur cfans la figure 45 , et Ton reconnoit qu'il est le même que le triangle bgh de la figure 42. Ou y a joint aussi (fig. 46) un des triangles équilatéraux i b g. Dans le triangle isocèle bgh, l'angle b est de 48° 1 1' 20" , et les angles g et h. sont de 65" 64' 20".' §. 60. Le trapézoèdre est un solide composé de vingt-quatre faces quadrilatères symétriques : il n'en existe qu'un seul parmi les cristaux; toutes ses faces sont égales et semblables et semblahlement placées (voyez la figure 49)''' Si les faces sont également étendues, ce qui arrive presque toujours, leur forme est celle que représente la figure 5oi Les deux angles C et y sont égaux (82" i5' 5"); l'angle a est aigu (78° 27' 46"), et l'angle m est obtus (117° 2' 8 ').^ Il y a vingt-six angles solides; savoir: huit angles triples, tn, l, n, o, s, r, v , t, chacun d'eux étant formé de la réunion de trois angles obtus analogues à m ( fig. 5o ) , et dix-huit angles quadruples ; mais ces angies quadruples sont de deux espèces • six, a, fc, c, d, e,/, sont formés par la réunion de quatre angles plans analogues à l'angle a (fig. 60^; et les douze au- tres, désignés par des lettres grecques, sont composés de quatre angles plans , tels que C ou y (fig. 5o). Les huit angles solides triples sont situés quatre à quatre dans tro''s (six) plans égaux et perpendiculaires entre eux , comme les huit angles solides du cube, et disposés comme eux aux extrémités 1 Ces valeurs d'angles sont déduites Je celles données au§. 57. Vcj. la note f|ui y e<.t relative. 2 Nous avons donné à ce solide le non» de trapézoèdre , par analogie avec les noms d'octaûdre, de dodécaèdre, etc. M. Haiiy l'a désigné sous le nom dv- Solide à vingt-quatre fact s trapézoïdales. .■J Ces valeurs rigoureuses d'angles, et les suivante"!, sont déduites de celles des angles du dodécaèdre rhoniboidjl régulier, avec lequel ce •olidc a de grands rapports de sjiuélric, comme ou va le voir. CRI A97 ée quatre axes égaux. De même, les six angles solides qua- druples formés par des angles p'ans a { fig. 5o) sont disposés, deux à deux, aux deux extréniilcs de trois axes égaux, et perpendiculaires entre eux , comme les six angles solides de l'octaèdre; et comme ces six angles solides quadruples com- prennent les vingt- quatre faces, et de même les huit angles solides triples, cela fait voir le mode de symétrie de tout l'ensenihle du solide. Deux faces quelconques, a'^iny, aS"o', qui sont opposées l'une à faufre au même sommet quadruple moins obtus, a, font entre elles un angle de 109" 28 t6 ", précisément comme deux arêtes du dodécaèdre rhomhoidal régulier opposées Tune à l'autre sur un même sommet quadruple ; ces faces sont par conséquent inclinées à cet axe de 64° 44' 8" , comme les arêtes du même dodécaèdre (voy. §.55). Déplus, trois faces quelconques a{'m ;>/,/; m ^ et c'^nit, qui se réunissent sur un angle solide triple m, sont également incli- nées chacune de 70° 3i' 44" à Taxe de cet angle, valeur qui e.st encore égale à linclinaison d'une arête du dodécaèdre rhomboidal régulier sur l'axe de l'angle solide triple auquel elle aboutit (voy. §. 55). Il suit de ce double rapprochement, que la symétrie du trapézoèdre est fondée sur celle du dodécaèdre rhomboïdal ; et comme toutes les arêtes du dodécaèdre rhemboidal régu- lier sont semblablement placées par rapport au centre , il s'en suit que toutes les faces du trapézoèdre sont de même semblablement placées par rapport à un point, qui est l'in- tersection des^trois axes indiqués ci-dessus, et qui peut être regardé comme le centre du cristal. On verra (§. 85) que le trapézoèdre n'est en effet que le résultat de la troncature langente des vingt -quatre arêtes du dodécaèdre rhomhoidal régulier. §. 6i. D'après tout ce qui a été dit dans cette section , on a vu que les neuf polyèdres géométriques principaux que nous avons indiqués ( §. 84) comme comprenant toutes les formes dominantes des cristaux, ont été purlagés en plusieurs variétés. Nous allons résumer ici en un seul tableau toutes ces \ariétés de formes dominantes. 3a /498 . CRI Tableau des formes dominantes des cristaux. Tétraèdre.. Tous les triangles iquilatémix Télrnalre régulier {$. 3S, ^S- g). i clivages idciil^q. sinlcsJ fa.-.'s.. Cube ( fig. lo). d«»x rllvagcs identiques, yar \ Prisme rectangulaire droit à hase r.-ipporl aux Caces latérales, l carrée (§. 3; , «.", ("15 • 1 )■ , ,. ,.,,, [ Prisme rectangulaire droit à bise tous les cl.vages d.H^rens . . . j ^^/^„^„^_^ ^ | 3^ ^ ^ „^ j.^ ,^ )_ iFii-ps latéra- ^ ,. , ., 1 .• i Prisme rhomhoitlal droit à base I CrjT":,. 1 '''"ses latéraux .Uent.ques. . { . ^^ . ,^ ^ ^ ^^ ^^ _ ^ ^_ pendi.ula.reJ ,;„,„ u,,,,,„ différcn, . . } ^'■''"'^ r/-o,«^o„i«/ droit a base centre elles: I \ obivngue §. j8 }. ( Prisme rectangulaire ou rJwmboi- Pabaliélipi- PEUE ou Prisme Angles dièdres, de la base avec lus fa aies, tous inégaux. ( Prisme rectangulaire ou rhomboï- /7c.yr angles dièdres, de la h.nse.ivec deux faces ^,^,^ à base oblique reposant ,ur Base 1 latérales o;;poxeej, e^-m.T. ^ ««e /<«e ( g. 4o, fis , :, ) , , , 1 ( Prisme reclaiigrilaire ou rhomhoï- l'axe. \ Oeux angles dièdres , de la base avec deux ^/_^, ., ^^,^_^ ^^^ _, repora-i( sur faces latérales «,//,^ce».el^3, fig. 1-, .S, .9 et :.«). Octaèdre régulier ( §. 45 , fig. 7. 1 ). I Octaèdre symétrique à base carrée (S 40," fig. 9.7., 1^). IOctaiiIre symétrvjue à triangles scalénesl^.^j, fig ,4, ,5). I Octaèdre symétrique à base reclan- ff/e(§.48,fis 7.6). 1 Prisme hexagonal régulier droit (§ '^4.<^g- 36). 1 Prisme hexiigond régulier oblique '. (§-b4). [ Prisme hexagonal symétrique droit , (§ •.4.'!s. 37)." Prisme hex.igonal symétrique obli- . 7"e ( §• :'4-)- [Tous les argles dièdres égaux, lont les rbombes égaux et 1 Dodécaèdre rhomboidal régulier DoiivcA'roRE I semblables. I ( S 55 , fig . 8 et 39 ). hiioMBoiDAL ) Tous 1 «S auglcs dièdrps n'étant pas égaux, fous \es { Dodécaèdre rhomboidal symétrique ' [ rbombes non semblables. ( (§.56, fig. 38 et 39 ). nnnkc.Vni!» 1 .. i A ix-, •..„.,.«. /„■.!..<, { Dodécaèdrc pontagonal Symétrique •'""^'^'''"'^ î Faces penlagonalcs, non régulières, mais toutes égaies . . ,1. r c > ^ MNTAGONAL. J ^ " l (§■ 5 ; , fig. 4 I > .Toutes les faces étant des triangles isocèles égaux. . ■ ■ \ ^"'f^f''', triangulaire isocèle TKlA^oucA,.,E JT„„,es les faces étant des triangles scalènes égaux . . •[ ^^J'^J^^'^^'f '''*'■' "■"""' tmT.„7.„J """ '"^"Sles équilatér.-.ux: douze triangles isocèles. . ' [^"'l^^^X'ÏÏ')"'" '•"""""''"* TRArtîokoPB. Toutes les faces égales et semblables Trapaoèdie ( g. 60, fig. 49)- CRI 499 Dans beaucoup de traités de minéralogie on voit des cris- taux qui sont décrits sous les noms de tables à quatre faces . rectangulaires, rliomboïdales , ou de tables hexagonales. Ces dénominations servent à désigner des prismes du même nom extrêmement courts : elles peuvent être utiles à conserver dans les descriptions, pour indiquer plus brièvement te rap- port entre les dimensions qui , en effet , est assez constant dans les cristaux de certaines espèces ; mais nous avons pensé qu'il étoit inutile d'en faire mention dans la série des formes dominantes, parce que ces formes aplaties ou tabulaires reu' trent tout-à-fait dans les cristaux prismatiques du même nombre de faces. Nous n'avons pas parlé du prisme triangulaire , quoiqu'il existe dans la tourmaline , comme nous l'avons déjà dit (§. 2 ), parce qu'il y est toujours modifié par un biseau sur chacune de ses arêtes latérales (prisme à neuf faces, voy. fig. 66 ) , et que par conséquent on peut le regarder comme lin prisme hexagonal tronqué sur trois arêtes latérales non adjacentes. Nous avons jugé également ne pas devoir comprendre parmi les formes dominantes le prisme à huit faces, qui est assez fréquent parmi les cristaux , parce qu'il peut toujours être regardé comme un prisme quadrangulaire dont chacune des arêtes latérales est remplacée par, une facette. D'ailleurs, cette manière de le considérer s'accorde mieux avec la sy- métrie des modifications que l'on observe dans ces cristiwix. On a vu, à la fin du §. 33 , que, pour déterminer la forme dominante de quelques cristaux très-composés , il fal- loit se guider d'après les analogies tirées des autres cristaux du même minéral : ce seroit ici le lieu d'en donner des exemples, et de montrer comment on reconnoît ces analo- gies ; mais nous serions entraînés dans de trop longs détails. Nous nous bornerons à citer le cristal représenté fig. 85 , qui doit être rapporté au cube par ses faces M , quoique ces faces soient très-peu étendues par rapport aux autres. On verra (§•79) comment, en effet , ce solide est produit par des modi- fications symétriques d'une forme dominante cubique. Il y a Tnême quelques cas où il convient de rapporter un cristal à une forme qui ne s'y troMve indiquée par aucun» 5oo CRI face , mais seulement par ses arttes et ses angles. Ainsi , par exemple , le x^ristal représenté figure 80 est composé de vingt- quatre triangles isocèles égaux; mais, à l'inspection seule de ce cristal , on reconnoit que ses faces r, r, r, r, se réunis- sent quatre à quatre en six anglessolides quadruples, ce qui donne*six pyramides obtuses à quatre faces égales, et ces pyramides sont associées l'une à l'autre de manière que leurs douze lignes de jonction forment six plans rectangu- laires, a e o i, etc., lesquels sont entre eux dans des posi- tions rectangulaires. Ces douze lignes sont donc entre elles comme les douze arêtes dun cube, et on donne une indication très-exacte et très-abrégée de la symétrie de ce cristal , en le décrivant comme un cube dont chaque face est remplacée par une p\ran;ideou un pointement quadruple obtus (voy. §. G8) : on peiit s'assurer de cette exactitude , en comparant la figure 80 à la figure 79 et au cube figure 10. De même , le cristal représenté figure 71 seroit rapporté au tétraèdre régulier, comme on peut le reconnoître en comparant cette figure à la figure 9. §. 62. Il a été dit (§. 9) que les cristaux présentolent souvent un nombre de clivages sufiisant pour former un solide. Il faut en général au moins quatre plans poiir renfermer un espace ; mais , comme ici les plans sont parallèles deux à deux , il en faut au moins six, c'est-à-dire, trois sens de cliv.'ges. Néanmoins, comme on acquiert toujours une connoissance assez grande d'un système cristallin prismatique, quoiqu'on n'en connoisse que les faces latérales du prisme, il s'en suit qu'on peiit considérer les solides formés par deux plans de clivage, lesquels donnent un prisme quadrangulaire , et d'au- tant plus que l'observation de la symétrie des modifications (voy. la cinquième section) fournit presque toujours des moyens de déterminer par analogie la position de la base , horizontale ou oblique , quoique cette position ne soit don- née en aiicune manière par le clivage. On a vu également (§.11) que l'on remarquoit quelquefois plusieurs ordres de clivage dans wne même substance : si on les considéroit tous ensemble, il en résulteroit àcs solides de clivage en général assez compliqués. On préfère décrire séparément les solides résultans de l'association des plans de CRI 5oi clivage d'un même ordre , ce qui conduit à considérer plu- sieurs sGlid's de clivage dans une même substance ; et cette abstraction est d'autant puis naturelle que ces solides de cli- vage d'une même substance sont toujours liés entre eux par des rapports géométriques, et qu'ils peuvent dériver l'un de l'autre ou passer de l'un a l'autre (voyez §. i3) par des mo- difications s^mélinques ordinaires. L'observation de la position semblable ou dilférente , des plans de clivage également ou inégalemert distincts, par rap- port aux faces de la forme dominante, nous a servi (§. 04) à reconnoitre dans ces formes des identités ou des diffé- rences relatives entre leurs dimensions; et dans le §. 87 nous avons dit que, dans une forme dominante prismatique non isocèle , la face correspondant au clivage le moins distinct pouvoit être regardée comme la plus large. On con- çoit que nous devons à plus forte raison appliquer ces consi- dérations de netteté , égale ou différente , aux divers solides qui nous serviront à représenter l'ensemble des plans de cli- vage (d'un même ordre) du même minéi'al; mais, de même que pour les formes dominantes , nous n'admettrons les résul- tats de ces considérations qu'autant qu'ils auront été confir- més par des rapports analogues dans la disposition symétri- que des modifications. (Voyez g. 54.) §. 65. C'est d'après ces principes que nous allons indiquer les différentes formes des solides de clivages qui ont été ob- servés jusqu'ici. 1.° Cube (fig. 10). Trois clivages également faciles, per- pendiculaires entre eux. Exemples, le plomb sulfuré, le co- balt gris , l'amphigène. Ce dernier minéral présente aussi un second solide de cli- vage , qui se rapporte au dodécaèdre rhomboidal régulier. 2.° Prisme droit à hase carrée (fig. 11 ). Trois clivages, dont deux également distincts, tous perpendiculaires entre eux. Ex. L'idocrase , la paranthine, etc. 3.° Prisme droit à baserectangie (fig. 12). Trois clivages iné- galement distincts , perpendiculaires entre eux. Ex. le péri- dot, le scliéelin ferruginé , etc. 4.° Prisme droit rhomboidal isocèle (fig. i3). Deux clivages non perpendiculaires entre eux , également distincts ; un 502 CRI troisième, perpendiculaire aux premiers. Ex. la baryte sulfa- tée , la stciurotide , etc. 5." Pri. ( faces; I Octaèdre..) ^ ( angles; I Dodécaèdre { , , , j angl. r|uaf!ruples; TrapÉzoÈdreJ angl. quailruples ( moins obtus ; angles 8 ingles; ingl. triples; 8 angles triples; 4 faces. angl. quadruples plus obtus ; D'après ce quia été dit ci-dessus, on conçoit que les faces de chacun de ces solides peuvent nécessairement être produites par la troncature tangente des parties des autres solides, dont le nombre est égal au nombre de ses faces. Ainsi il est évident, i." que les vingt-quatre faces du tra- pczoèdre peuvent être le résultat de la troncature des vingt- quatre arêtes du dodécaèdre (comme dans la figure 87) ; 2." Que les douze faces du dodécaèdre peuvent provenir, soit de la troncature , d, d, . . . des douze arêtes de l'octaèdre (fig. 72), soit de la troncature des douze arêtes du cube (fig. 78); soit, enfin, de celle des douze angles quadruples plus obtus du trapézoèdre ; 5." Que les huit faces de VQctatdre peuvent être le résultat soit de la troncature, 0,0, ... des huit angles du cube (fig. 77), soit de celle des huit angles triples du dodécaèdre (fig. 88), soit de celle des huit angles triples du trapézoèdre; soit, enfin , delà troncature des quatre angles du tétraèdre, avec con- servation des quatre faces de ce solide ( fig. 67 ) ; A-" Enfin, que les six faces du cuhe peuvent provenir de la CRI 5o5 troncature, c, c,... soit des six arêtes du tétraèdre (fig. 68) , soit des six angles de l'octaèdre (fig. yS), soit des six angles quadru- ples du dodécaèdre, soit des six angles quadruples moins obtus du trapézoèdre. Jl n'y a ,,comme on le voit dans ces cinq solides réguliers, que le cube et l'octaèdre qui puissent être produits direc- tement par des troncatures sur des parties semblables de chacun des quatre autres, sans exception : le dodécaèdre pré- sente , il est vrai , le même rapport avec le cube , l'oc- taèdre et le trapézoèdre, mais non avec le tétraèdre. Le trapé- zoèdre ne peut être produit par des troncatures que sur le dodécaèdre; et le tétraèdre ne peut l'être de la même manière sur aucune des autres formes indiquées : on va voir néan- moins que la dérivation est générale entre ces cinq corps réguliers, et que les passages de l'un à l'autre sont réciproques, sinon toujours par des troncatures, au moins par des modifi- cations d'un autre genre , mais également symétriques. En effet, le dodécaèdre peut provenir du tétraèdre par un pointement symétrique à trois faces, d, d,... sur chacun des quatre angles, chaque face de ce pointement étant tournée vers une des trois faces adjacentes (comme dans la figure 69). L'inclinaison d'une face quelconque de ce pointement à l'axe correspondant du tétraèdre est de 54° 44' 8". ' Le trapézoèdre peut être produit sur le tétraèdre par deux pointemens symétriques à trois faces, ayant lieu à la fois; savoir : l'un, t' , t' , ... sur chacune des quatre faces (comme dans la figure 71 ) , et l'autre, t, t, ... sur chacun des quatre angles, chaque face de ce pointement correspondant à l'arête adjacente (comme dans la figure 70); chacBue des faces de l'un et de l'autre pointement étant inclinée de 70" 3i' 44" à un axe joignant un angle solide du tétraèdre avec le milieu de la face opposée. Le trapézoèdre peut être produit sur l'octaèdre par un poin- tement à quatre faces, /, l, ... sur chacun des six angles solides (comme dans la figure 7 6) , chaque face de ce pointement cor- respondant à une face adjacente, et étant inclinée de 54" 44' 8' 1 Cet angle est celui d'une face quelconque du dodécaèdre à l'axe d'un des angles solides triples auquel elle aboutit (voj. §. 55). 5n CRI à l'axe passant par l'angle de l'octaèdre sur lequel ce poin- tement est placé. Le Irapézoèdre peut être produit sur le cube par un poin- tement à trois faces, t, t, . .. sur chacun des huit angles solides (comme dans la figure 81 ), chaque face de ce pointement correspondant à une face adjacente, et étant inclinée à l'axe de 70° 3i' 44". ' Le tétraèdre peut provenir de l'octaèdre par la suppression de la moitié de ses huit faces ( savoir de l'une de deux faces parallèles) au moyen du prolongement des faces adjacentes, comme on peut déjà en juger par la figure 67 , dans laquelle les faces de l'octaèdre qui doivent disparoitre , subsistent encore en partie. Mais la figure 1 1 4 représente un tétraèdre régulier parfait, dans lequel est inscrit l'octaèdre régulier, dont quatre faces prolongées ont pu le produire. On peut juger ainsi de la position relative des deux solides. Le tétraèdre pourroit provenir du cube, du dodécaèdre et du trapézoèdre , au moyen de la troncature de la moitié de celles de leurs dimensions, qui sont au nombre de huit (savoir: par la troncature de l'une des deux qui sont op- posées aux deux extrémités d'une même ligne passant par le centre ). On voit donc que le tétraèdre régulier, le cube , l'octaèdre régulier, le dodécaèdre rhomhoïdal régulier, et le trapézoèdre, peuvent passer de l'un à l'autre par des modifications très-symé- triques. 11 y a, en effet, différentes espèces minérales qui se pré- sentent sous plusieurs de ces formes dominantes. Ainsi la chaux fluatée , Vargent sulfuré, sont cristallisés tantôt en cube , tantôt en octaèdre , tantôt en dodécaèdre rhom- boïdal régulier; Vammoniaque muriatée, l'or natif, le fer sulfuré, nous présentent le cube , l'octaèdre et le trapézoèdre ; le spinellc , le mercure argental , le fer oxidulé, l'octaèdre et le 1 Pour vériCer l'exactitude de ces inclinaisons des pointeniens pour produire le trapézoèdre, il faut consuller ce que nous avons dit de ce soluîe (§. 60), relativement aux inclinaisons de ses faces tant avec l'axe de l'angle solide quadruple, qu'avec l'axe de l'angle solide triple au- quel elles aboutissent. CRI 52& dodëcaèdre ; Vanalcime, le cube et le trapëzoèdre ; le grenat, le dodécaèdre et le trapëzoèdre; le diamant, le cuivre orjdulé, roctaèdre , le cube et le dodécaèdre; le plomb sulfuré, le Cii'u're natif, le cobalt arsenical, le cube et l'octaèdre; le zinc sulfuré, l'octaèdre, le dodécaèdre et le tétraèdre. Le cuivre gris ne présente d'autre forme dominante que le tétraèdre, sinon peut-être le dodécaèdre; mais on retrouve, dans les modifications de ses arêtes ou de ses angles, une tendance fréquente à produire l'octaèdre (voy. fig. C7 ) , le cube ( voy. fig. 68 ), le dodécaèdre ( voy. fig. 69 ) , et le trapë- zoèdre (voyez fig. 70 et 71 ). En général, il arrive très-souvent, pour chacune des formes dominantes régulières dont nous venons de parler , que les modifications qu'elles présentent sont précisément celles qui conduisent à une des autres formes régulières, comme en effet cela doit se conclure d'après la symétrie. On donne alors quelquefois à ces cristaux des noms composés, tels que cuba- octaèdre ( fig. 75 ) , cubo-dodécaèdre ( fig. 78 ), etc. §. 86. D'après ce qui a été dit du cube dans l'article précé- dent, on a vu qu'une troncature tangente sur toutes ses arêtes (comme dans la figure 78), produisoitun dodécaèdre rhom- boïdal régulier (fig. 58). Si la troncature n'étoit pas tangente, il est évident qu'il en résulteroit toujours un dodécaèdre; mais il scroit nécessairement pentagonal. C'est de cette ma- nière qu'on peut concevoir l'origine du dodécaèdre penta- gonal que nous avons décrit ( §. 67, fig. 41), le seul qui ait été observé jusqu'ici parmi les cristaux. Si sur chaque angle solide de l'octaèdre régulier on suppose qu'il y ait un biseau, e, e, ... disposé (comme dans la fig. 74), et que ces biseaux, en s'étendant, fassent disparoître toutes les faces de l'octaèdre, on aura encore un dodëcaèdre qui sera pentagonal. Celui que donneroit la figure 74 e^t le même que celui figure 41 , dont nous venons de parler. Ainsi, le dodécaèdre pentagonal peut provenir de modifi- cations simples et symétriques sur le cube et l'octaèdre. Si on suppose que , dans l'octaèdre régulier ( fig. 74 ) , les bi- seaux placés sur les angles ne fassent pas disparoitre entière- ment les faces de l'octaèdre, mais qu'ils s'étendent seulement jusqu'à intercepter tout-à-fait les arêtes , la portion qui restera è^G CRI de chaque face de roctaèdre sera un triangle équilatéral. Le solide aura donc vingt faces: ce sera l'icosaèdre (fig. 44); et comme déjà (dans le §. 69), pour faire connoîtrc la structure de ce solide, nous avons montré comment il provenoit du dodécaèdre pentagonal (lequel provient lui-même du cube, ainsi qu'on vient de le voir) , il s'en suit que le cube, l'octaèdre, le dodécaèdre pentagonal et l'icosaèdre triangulaire peuvent pro- venir l'un de l'autre par des modifications sjinétriques. Les figu- res 82 et 85 peuvent servir encore à faire mieux concevoir ces différens passages, qui n'existent que dans le for sulfuré et dans le cobalt gris. Nous aurions pu joindre à ces formes le téJraèdre, le do- décaèdre rhomboïdal et le trapézoèdre, puisqu'ils peuvent se rencontrer avec l'octaèdre et le cube dans la mcme subs- tance , ainsi qu'on l'a vu dans l'article précédent : mais , à l'ex- ception du trapézoèdre, qui n'a été observé qu'une seule fois dans le fer sulfuré , ces trois formes n'ont pas encore été trou- vées réunies dans un même minéral avec le dodécaèdre pen- tagonal et l'icosaèdre. Cependant, d'après l'analogie, on con- çoit que cela peut arriver. §. 87. Un rhomboèdre, d'après ce que nous avons dit de sa structure (§. 43, fig. 19 et 20), a six arêtes supérieures ou culminantes semblablement placées par rapport à l'axe, si.i arêtes inférieures ou latérales, aussi semblablement placées entre elles par rapport à l'axe , et de même pour les six angles solides latéraux entre eux et pour les deux angles-sommets. Ses modifications étant toujours semblables et simultanées sur toutes celles dece^ différentes parties qui sont entre elles semblablement placées (comme on l'a fait voir, §. yS), il en résulte que , si les modifications sont assez étendues pour faire disparoitre tout-à-fa-it les faces du rhomboèdre, elles doivent produire en général (puisque les parties semblables sont toutes au nombre de six , à l'exception des deux angles-som- mets), par des troncatures, des solides à six faces, et par des biseaux, des soliflcs à douze faces; chacun de ces solides nouveaux devant avoir toutes ses faces semblablement placées par rapport a l'axe, mais la moitié en sens inverse de l'autre. Ainsi un rhomboèdre peut, par différentes modifications symétriques,, produire d'autres formes dominantes: savoir: CRI 527 1.° D'autres rhomloèdres, par la troncature tangente de toutes ses arêtes supérieures (fig. c)\), ou par la troncature de tous ses angles latéraux (fig. 92), laquelle peut être plus ou moins inclinée vers un sommet ou vers Tautre. 2.° Un prisme hexagonal régulier, d'abord par la troncature tangente des deux angles-sommets (fig. 28) , et en même temps, soit la troncature de chacun de ses six angles latéraux parallè- lement à l'axe (fig. 93), soit la troncature tangente des six arêtes latérales (fig. 97 ). ' 3." Un dodécaèdre triangulaire scalène (§. 58, fig. /(8), par un biseau plus ou moins obtus , soit sur chacune de ses six arêtes latérales (fig. 98), soit sur chacune de ses six arêtes supérieures (fig. 96). 4.° Un dodécaèdre triangulaire isocèle à base régulière (§. 58, fig. 47), par un biseau plus ou moins obtus sur les six angles latéraux (fig. 95), ou par une troncature de chacun des six angles latéraux , ayant lieu sous une inclinaison à l'axe égale à celle des faces du rhomboèdre , avec conservation d'une partie de ces mêmes faces (voyez fig. 1 1 5 ). 5.° Enfin, une sorte d'octaèdre symétrique (§.49, fig. 28), par la troncature des angles-sommets, avec conservation des faces du rhomboèdre. Nous n'avons pas parlé du résultat des modifications par pointement. D'après ce qu'on a vu ( §. 68), les pointemens n'ont lieu qu'à une extrémité d'un axe d'un cristal; ils ne peuvent donc être situés, dans un rhomboèdre, que sur les deux angles-sommets opposés : en outre, comme les pointe- mens ont en général un nombre de faces , ou égal, ou la moi- tié, ou le double des parties adjacentes du cristal, il ne peut y avoir, dans un rhomboèdre, que des pointemens à trois ou à six faces (à moins qu'il n'y ait deux pointemens l'un sur l'autre , auquel cas il faudroitles considérer séparément, §. 69); par conséquent les formes dominantes auxquelles un rhom- i Si , dans ce dernier cas, la troncature des deux angles-sommets u'avoit pas lieu , les six faces du rhomboïde subsistant, elles formcroient avec les sis faces latérales du prisme hexagonal régulier un solide ana- logue à celui d? la figure 3g, un dodécaèdre rlioniboidal sjmétriifue '§. JO, 2.°). 5^8 CRI ioèclre peut passer par des pointemens (fig. 90 et gi), ne peuvent être que des rhomboèdres ou des dodécaèdres triangu- laires, scalènes ou isocèles, formes qui toutes viennent d'être indiquées comme pouvant dériver du rhomboèdre : c'est en effet ce que l'on observe constamment dans la nature. Nous avons dit ci-dessus qu'un rhomboèdre pouvoit pro- duire un autre rhomboèdre par une troncature tangente sur chacune de ses arêtes supérieures (fig. 94). 11 est évident que ce second rhomboèdre , qui est plus obtus , doit jouir de la même propriété, et qu'il peut en produire à son tour un troisième encore plus obtus, celui-ci un quatrième, etc. La chaux car- bonatée nous présente de cette manière quatre rhomboèdres , qu'on peut dire être, d'après leur forme, tangens les uns aux autres '. Dans la tourmaline il y en a aussi trois, mais dont les faces ne sont jamais dominantes.' 1 Ce sont les variétés nommées par M. llaiiy, dans son Traité, con- trastante , inverse, primitive, équiaxe, et représentées par les figures 5, 3, 2, 1 , de sa planche XXllI. Nous n'avons pas représenté ici chacune de ces formes complétcnient: mais , en faisant abstraction des modifications, la figure 91 représente la contrastante ou la plus aiguë; le rhomboèdre, fîg. 94, l'inverse, qui est tangente à la première ; la figure 19, Ia primitive , tangente à l'in verse; et la figure 93, Véquiaxe, tangente à la primitive. 2 On a vu qu'un octaèdre régulier pouvoit être changé en un rhom- boèdre aigu (§. 5o, fig. 29); qu'un cuhe pouvoit être considéré comme un rhomboèdre (§.43): de même, on peut concevoir que, dans un dodé- caèdre rhomhoïdal régulier (fig. 38), les trois faces supérieures conti- guës à l'angle o, et leurs parallèles contiguës à l'angle s , s'étendent et fassent disparaître toutes les faces latérales ; elles formeront évidemment un rhomboèdre obtus : on peut aussi faire la même supposition dans le trapézoedre (fig- 49 ) pour les trois faces contiguës à l'angle triple m et leurs parallèles en t ; on aura nécessairement un autre rhomboèdre encore plus obtus. D'après ce qui a été dit (§.85) des passages de ces quatre formes l'une à l'autre par des troncatures tangentes, on concevra facilement que ces quatre rhomboèdres que nous venons d'indiquer sont tangens les uns aux autres. Le cube est tangent aux arêtes supérieures du rhomboèdre de l'octaèdre; le rhomboèdre du dodécaèdre est tangent aux arêtes supé- rieures du cube, et le rhomboèdre du trapézoedre est tangent aux arêtes supérieures du rhomboèdre du dodécaèdre. On pourroit concevoir de même des séries de solides tangens dans les formes octaèdres. CRI ' 529 Cependant tous les rhomboèdres qu'on observe dans une espèce qui a un système cristallin rhomboédrique, ne font pas toujours partie de cette série de rhomboèdres tangenS que nous venons d'indiquer. Nous sommes entrés dans beaucoup de détails sur les pas- sages qui résultent drs modifications sy;i:étriques des corps réguliers et des rhomboèdres, et pour les mieux faire sai- sir, nous avons multiplié les exemples et les Hgures, parce que ces formes dominantes se rencontrent fréquemment et qu'elles se prêtent plus facilenunt aux considérations de ce genre. Etant forcés de nous restreindre, nous marcherons plus rapidement dans la revue que nous allons faire des antres formes dominantes, pour examiner les nouvelles formes auxquelles leurs moditications symétriques peuvent donner lieu. §. 88. Le prisme rectangulaire dr^it à hase carrée (§. 07, 2.°, fig. 11 ), d'après la symétrie de ses moditications, que nous avonsreconnuesv§. 74 j, doit produire, tantôt un autre prisme rectangulaire à base carrée, par la troncature tangnte, d, d, de ses arêtes latérales (fig. 99), tantôt un octaèdre obtus ou aigu par des troncatures, s, s,... toutes identiques, sur chacune des arêtes ou des angles de sa base, ce que l'on observe dans le zircon (fig. 67 et 58). hc prisme rectangulaire droit à hase ohlongue[^. Zj , 3.°, et 74^ fig. 12 ) produiroit un prisme rhomboidal parla troncature n. de ses arêtes latérales, ou un octaèdre à base rectangle par les troncatures d etk des arêtes de sa base ( fig. 100), etCi Le prisme rlionthoidal droit a hase isocèle {§§> 58 et 74) est susceptible de produire un octaèdre à base rectangle par la troncature t de deux angles opposés (fig. 101 et io3), avec conservation des faces latérales du prisme; un prisme rectan- gulaire à base oblongue par la troncature de ses quatre arê- tes, comme dans le schéelin feriuginé, la baryte sulfatée: un octaèdre à triangles scalènes, comme dans la topaze, parla troncature r des arêtes de sa base (fig. loi ); un prisme hexa- gonal symétrique, par la troncature tangente s de deux arêtes latérales opposées ( fig. io3). ' 1 La figure io3, que nous vexions de ciler, lepicseiite un prisme 11. 54 530 CVA Le prisme rlwmhoïdal^ à lasc oblique reposant sui- une afetc (§. 415 fig- i6)j peut donner un prisuic a six faces symétrique oblique , ou un prisme rectangulaire oblique , a base oblongue reposant sur une face, par la troncature de deux ou de quatre de ses arêtes latérales, comme dans le pyroxène (tij.'. 104); un octaèdre à base rectangle (dont l'axe est hori- zontal}, par une troncature sur Tangle supérieur de sa ba.se, si cette troncature a la même inclinaison à l'axe que la base', etc. Le prisme rectangulaire , à base oblique repo$ant sur une face , peut produire un prisme hexagonal terminé par un biseau, par la troncature très-forte des deux angles supérieurs de sa base, comme dans le feldspath. §. 89. L'octaèdre sjmé'.riquc à base carrée ( '^§. 46 et 7^ , fig. 22 ) peut donner un autre octaèdre à base carrée, par la tronca- ture tangente , n. n, ... de ses aréfes supérieures (fig. 108)^ ou par des biseaux sur les quatre angles de sa base, comme dans le schéelin calcaire. Il produira un prisme rectangulaire à base carrée par la troncature tangente des quatre arêtes ou des quatre angles de sa base : Tun et l'autre cas ont lieu dans le zircon. Si les troncatures des angles de la base ne se coupent deux à deux qu'en un point, auquel nécessairement deux faces de l'octaè- dre aboutissent également, ce qui constitue un i.ngle solide quadruple , on a un dodécaèdre rhomboidal symétrique (§.56,2.°). La figure 58 représente très-bien ce résultat, qui a lieu dans le zircon et le mellite. h'octaèdre symétrique à triangles scalènes ( §§. 47 et 7G , fig. 24 ) peut produire un prisme rhomboidal par la troncature tan- rliotiiboïdal à hase oIjU que ; mais elle peut très -bien servir à donner une idée de plusieurs des modifications du prisme rhomboidal droit. 1 On conçoit que, si dans la figure 16 l'angle i es* remplacé par une face qui coupe CRI 537 lie peut donner matière à aucune objection; car, d'après la porosité reconnue des corps, rien ne s'oppose à ce que l'on admette Tcxistence réelle de vides entre les particules composantes d'un minéral réunies symétriquement. Nous sommes forcés de nous borner ici à cette simple indication de ces réunions de particules avec vides ; ceux qui désireroient une explication plus détaillée , doivent re- courir aux développemens très -étendus qui ont été donnés sur cet objet par M. Haiiy dans son Traité de minéralogie (t. 1.", p. /|G5, et t. 2, p. 249). Nous ajouterons nt'aumoins encore quelques détails qui aideront à concevoir la forme de ces vides. 1." Dans le cas d'une particule composante octaèdre. Sup- posons d'abord que l'octaèdre soit régulier: nous avons fait voir (§. 5o, fig. 29) qu^un octaèdre régulier pouvoit être changé en rhoyibocdre par la suppression de deux de ses faces parallèles, opérée par le prolongement des six autres. Si donc, après avoir ainsi transformé des panticules oc- taèdres, on applique les rhomboèdres produits l'un à l'autre par leurs faces, on formera une masse solide sans vides ; mais, si ensuite, dans cette masse solide, on recherche la position des octaèdres réguliers générateurs, on reconnoîtra qu'ils se touchent par leurs arêtes, et que chacun des vides qui les séparent est exactement mesuré par un de ces deux tétraèdres réguliers, rac e ou thfd, qui ont été ajoutés à l'oc- taèdre , par le prolongement de six de ces faces, poux' obtenir le rhomboèdre. On conçoit facilement que tous les octaèdres symétriques peuvent, par un semblable prolongement de six de leurs faces opposées deux à deux, être changés en parallélipipèdc; et que, dans chaque cas, ce parallélipipèdc ainsi ])roduit ne différera de l'octaèdre générateur que par l'addition de deux tétraèdres symétriques opposés, lesquels sont la mesure des vides qui séparent ces octaèdres dans leur réunion symétrique. 2." Dans le cas d'une particule tétraèdre. Nous avons fait voir (§. 85, iig. 114) comment un tétraèdre régulier se changeoit en octaèdre régulier, en tronquant chacun de ses angles par un plan parallèle à la face opposée. Il est évident 558 CRI que le même changement peut avoir lieu dans tous les té- traèdres. La réunion >! es particules tétraèdres est donc inverse de celle des particules octaèdres, c'esf-a-dire , que les vides. seront octaèdres, comme l'inspection de la figure 114 peut servir à le faire concevoir. 3." Dans le cas d'une particule dodécaèdre triangulaire isocèle. Nous avons montré ( §. 87 }, au moyen de la ligure ii5, comment un rhomboèdre peut être changé en un dodécaèdre triangulaire isocèle : il s'en suit qu'on pc-ut re- venir de cette dernière forme à la première, en faisant disparoîlre la moitié de ses plans par le prolongement des autres. Appliquant l'un à l'autre, par leurs faces, les rhom- boèdres produits, et recherchant dans cette masse les dodé- caèdres générateurs, on reconnoit qu'ils sont séparés l'un de l'autre par des vides, chacun de ces vides ayant la forme d'un des tétraèdres amcd, srdh ou aekf, etc., qui sont tracés d^ns la figure. Nous reviendrons plus bas sur ces transformations, qui ont fourni à M. Haiiy le moyen de simplifier les calculs qu'il a appliqués à sa théorie. §. f)5. Revenons maintenant à l'idée principale, exposée au commencement de l'article précédent, que les pleins de clivage sont les plans d'application des particules polyédriques composantes : il s'en suit naturellement que le solide de cli- vage (voyez §. i3} peut être considéré comme étant la re- présentation de ces particules. M. Haiiy lui a donné le nom de forme primitive. Mais, si l'on se rappelle ce que nous avons dit des clivages (§. 7 à 17), et notamment (§. i5) de l'existence de plusieurs solides de clivage dans une même substance, on reconnoitra qu'il peut se rencontrer plusieurs difîicultés dans la détermination de la forme j)rimitive. ■ Il n'y en a aucune, lorsqu'un minéral ne présente qu'un seul ordre de clivage , et qu'on peut en observer au moins trois sens : la forme primitive est alors le solide de clivage unique que l'on peut extraire du minéral. Mais, lorsqu'il y a plusieurs ordres de clivage, ce qui conduit à considérer séparément plusieurs solides de clivage ( voyez §. i5), on conçoit quq chacun d'eux pourroit être CRI 539 adopté pour forme primitive. On préfère, le plus ordinai- rement, celui qui est formé par les plans de l'ordre de cli- vage le })lus facile et le plus complet; mais quelquefois ou s'écarte de celte règle, afin d'obtenir une dérivation plus siuiplede toutes les formes cristallines du minéral, et faciliter le calcul qu'on y applique. A)i reste, comme, d"après ce qui a été dit §. 16, et d'après tout ce qu'on a exposé dans les 5.'^ et fi." sections, les dillérens solides de clivage qu'on peut considérer séjtarément dans une mênie substance (et par conséquent les diffi rentes formes piùmilives qu'on pour- roit y choisir), sont liés entre eux par des rapports symé- triques, il est aisé de sentir que les considérations symétri- ques que l'on peut appliquer à chacun d'eux doivent con- duire aux mêmes résultats. Il suit également du même principe qu'on auroit encore les mêmes résultats, comme nous l'avons déjà dit ( §. 92), en substituant hypothétiquement, à la forme primitive ou au solide de clivage d'un minéral , une de ses formes domi- nantes (existante, ou même seulement reconnue possible conformément à la symétrie), qu'on adopteroit pour forme primitive. On peut voir dans le Traité de minéralogie de M. Haiiy ( tom. 2, pag. 1 5 ) la démonstration qu'il a donnée de la possibilité de cette substitution. Enfin , lorsqu'il y a moins de trois sens de clivage (aovcz §.9), on n"a aucune donnée directe pour déterminer en» tièrcment la forme primitive; mais on est fondé à com- pléter le solide, en y ajoutant les plans qui lui manquent, d'après de nombreuses analogies tirées des formes cristallines du minéral, et, en général, de la syméirie ordinaire de la cristallisation. 11 en est de même lorsque la substance obser- vée ne présente aucun indice de clivage. §. 96. On voit que, dans les minéraux qui ont plusieurs ordres de clivages, on fait abstraction d'une partie d'entre eux pour déterminer la forme primitive. Mais, si on consi- dérolt à la fois plusieurs ordres de clivages, les plans de l'un de- vant nécessaijement couper ceux de l'autre, leurs intersections doivent sous-diviser la forme primitive en plusieurs petits solides que, d'après la connoissance de tous les solides de clivages connus, on démontre être toujours, ou des tétraèdres y ou des prismes triangulaires , ou des j^arailélipipèdes. 540 CRI On obtient le même résultat dans un minéral qui n'a qu'un seul or c du cube (fig. 224), par deux rangées en hauteur, ou par une demi-rangée en largeur, d'un côté de cette arête, et par deux rangées de l'autre, produit une face kl; et cette face devant naître également sur chacune des douze arêtes du cube, il en résultera , d'abord le solide , figure 82 , où ces, douze faces secondaires sont désignées par les lettres e, et par une plus grande extension de ces faces e ( de manière à faire dispa- roitrp entièrement les six faces du cube), le dodécaèdre pentagonal symétrique (fig. 4^ )• Si le décroissement sur l'angle solide d'un cube (repré- senté par la figure 122) a lieu par une rangée, la face secondaire produite sera également inclinée sur les trois faces ■primiti\'es adjacentes , ainsi qu'on peut en juger par cette figure 122, et aussi par les lignes Ik, hx, Ix, menées dans la figure 12Z; et comme le même décroissement doit se faire sur les huit angles solides en même temps, le résultat doit être, d'abord le solide représenté fig. 77, lequel devient ensuite, comme on l'a déjcà dit, par un accroissement des huit faces secondaires, Voctaèdre régulier (fig. 21 ). La figure 81 présente le résultat d'un décroissement par CRI 549 deux rangées sui' chacun des trois angles plans composant chaque angle solide d'un cube. Cette même figure, par une extension plus grande des vingt- quatre faces secondaires, devient le trapézoèdre (fig. 49 )• Ces exemples suffisent pour faire concevoir comment des cristaux secondaires peuvent êt^e produits par des décrois- semens sur les parties semblables d ui. . <'nrme primitive. §. io3. Dans toutes les considérations contenues dans les deux articles précédens, sur les difierentes manières d'éva- luer les décroissemens suivant les différens cas , et sur leurs résultats, nous n'avons parlé que des décroissemens sur une arête ou sur un angle, et nous avons laissé de côté cette autre espèce de décroissement que nous avons désignée plus haut (§. loo), sous le nom de décroissement intermédiaire. Nous avons dit que la direction des rangées soustraites étoit alors parallèle à une ligne intermédiaire entre une arête et une diagonale: la partie inférieure de la figure 124 servira à éclaircir cette idée. Les lignes su, su, parallèles à la diago- nale opposée à l'angle /, représentent les traces successives d'un décroissement ordinaire sur l'angle / par une rangée en largeur; mais les lignes it, it, opposées à l'angle g, n'étant pas parallèles à une diagonale, représentent les traces d'un décroissement intermédiaire sur cet angle g. Pour déterminer les résultats de ce décroissement, il faut d'abord évaluer pour chaque lame la quantité de molécules, ou plutôt d'arêtes de la base de la molécule , soustraites de part et d'autre de l'angle, sur chacune des deux arêtes adjacentes, ce qui fixe la position de la ligne it; ensuite on indique, comme à l'ordinaire, le décroissement en hauteur et en largeur. Ainsi, le décroissement intermédiaire, tracé dans la figure, est dirigé par deux molécules soustraites sur l'arête fg , et une sur l'arête b g , et il se fait par la soustraction d'une seule rangée en largeur. Nous ne reviendrons plus sur ce genre de décroissement, qui se présente assez rarement', et d'autant plus que M. Haily 1 Ou, plus exactement, qu'on a rarement besoin de déterminer; car, dans tout décroissement sur un angle ( excepté le cas où il n'y a qu'une seule rangée soustraite), des trois sens dans lesquels on peut le con« 56u CRI a démontré qu'il pouvoit toujours ctre ramené à un décrois- sement ordinaire sur les arêtes ou les angles d"unc autre forme secondaire du même minéral, produite elle-même sur la forme primitive par un décroissemcnt ordinaire. §. ioZ|. Pour exprimer, d'une manière abrégée, les diffé- rens modes de décroissemens qui ont lieu dans un cristal secondaire , M. Haily a imaginé une méthode fort simple , qui a quelques rapports avec les signes algébriques. Elle consiste d"abord à désigner, dans chaque forme primifive, chaque arête et chaque angle (d'espèce diffé- rente) par une lettre majuscule ; les premières consonnes de l'alphabet, B ., C , D, F, G, H , pour les arêtes, et les voyelles A , E, I , O , pour les angles. On désigne de même chacune des faces de la forme primitive par une des lettres majuscules P , M , T. D'après ce qui a été dit (§. 97), que toutes les formes primitives pouvoient être ramenées à des parallélipipèdes , on conçoit que le nombre de lettres que nous venons d'indiquer suffit pour désigner toutes les arêtes, angles, ou faces (d'espèce différente) du parallélipipède le moins symétrique, et par conséquent des octaèdres et autres formes primitives les plus irrégulières , au moins pa^x^li celles qui ont été observées. La figure 126 représente un parallélipipède dans le cas le plus compliqué ( celui d'un prisme quadranguUnrc à base sidérer, c'est-à-dire, des trois faces adjacentes auxquelles on peut le rapporter, il y en a toujours au moins deux pour Icstiucllcs il est in- termédiaire. Pour s'en convaincre , que l'on suppose un plan secon- daire passant par trois diagonales de trois faces d'un parallélipipède primitif: ce plan, considéré par rapport à chacune de ces trois faces, sera le résultat d'un décroissemcnt ordinaire sur un angle par une seule rangée ; mais si ce plan ne passe que par une diagonale d'une des faces, il coupera les deus autres faces par une ligne dirigée outre une diagonale et un côté : donc le décroissemeiii ne sera ordinaire que pour la première, et il sera intermédiaire p.nr rapport à chacune des deux autres; mais on conçoit que la délerniination de ces deux derniers décroissemens est nécessairement une conséquence de celle du premier, A laquelle on doit se borner. Ainsi , en disant qu'un décroisseaient iiiieiniédiaire ne se présente pas souvent, cela veut dire qu'il est rare qu un décroissemcnt sur un angle soit intermédiaire, à la fois, pav japi:on aux trois faces ad,jaçcHtes à cet angle, CRI 65i obltque non symétrique [voyez, ^. 09], Ibrme primitive du cuivre sulfaté), dans lequel chaque lace, angle ou arête, d'espèce différente, porte sa lettre distinctive. On sent faci- lement que, plus la forme primitive sera symétrique, plus il y aura de dimensions semblables, et , par conséquent, moins il y aura de lettres distinctives : ainsi , dans la figure 126, qui est un prisme droit à base rectangle (forme pri- mitive du péridot), il n'y a plus qu'une lettre A pour les angles , et trois lettres B, C , G , pour les arêtes. Dans le cube et l'octaèdre régulier , il n'y a qu'une seule lettre P pour toutes les faces, une seule letti'e B pour toutes les arêtes, et une seule lettre A pour tous les angles.' Ou adopte ensuite, pour chaque espèce de face secondaire d'un cristal, une lettre non majuscule , et on décrit ce cristal en réunissant toutes les lettres qui représentent ses faces. Ainsi, le cristal de péridot (tig. 100) , qui présente à la fois des faces primitives et des faces secondaires, étant comparé à sa forme primitive (fig. 126), devra être indiqué par la réunion des lettres M, n, T , d, c, k, P. Maintenant, pour ajouter à cette première indication des faces qui composent le cristal , celle du décroissement qui produit chaque face secondaire, on écrit, au-dessus de la lettre non majuscule qui la représente, la lettre majuscule adoptée pour l'arête ou l'angle de la forme primitive, sur lequel a eu lieu le décroissement qui a produit cette face secondaire, et l'on joint à cette lettre un chiffre exprimant la valeur de n ou de la quantité de rangées soustraites. La position de ce chifl're , à droite , à gauche , ou des deux côtés à la fois, au-dessus ou au-dessous de la lettre, indi- que, d'après différentes conventions, de quel côté (c'est- à-dire, vers laquelle des faces primitives adjacentes à l'arête ou à l'angle) la face secondaire est dirigée, etc. : une com- binaison particulière sert à noter les décroissemens inter- médiaires. 1 Sauf quelques exceptions dans des cas particuliers, comme dan» la forme primitive cubique du fer sulfuré, etc., d'après des considéra- tions qui ne peuvent cire développécB ici. 552 CRI Ainsi, en appliquant cette méthode au cristal secondaire de péridot (fig. loo), déjà cité, on le représentera par la I '— ^ " ) réunion des signes suivans:| G C A B | , laquelle indi- [M nT d e h P\ que : 1.", que la face n est le produit d'un décroissement par une rangée de part et d'autre de l'arête G dans la forme primitive (tig. 126): 2.°, que la face d provient d'un dé- croissement par une rangée sur l'arête C du côté de la base P; 3.°, de même, la face e. . . ., par une rangée sur l'angle A du côté de la base; 4.°, la face h...., par une demi- rangée sur l'arête B du côté de la base: et, 5.°, que les trois faces primitives P, M , T existent sur le cristal. Nous nous contenterons ici de cette indication succincte de l'ingéuieux mécanisme par lequel M. Haiiy a réussi à exposer brièvement, et comme en tableau», ses divers ré- sultats cristallographiques, et à en faciliter la comparaison. Ceux qui voudroient étudier à fond cette méthode repré- sentative des cristaux , doivent consulter l'exposé que M. Haiiy en a donné (Traité de minéralogie, tom. i.*"', pag. 309 à i35). §. io5. Cette idée de la production des faces secondaires, et, en général, des cristaux secondaires , par des décrois- semens des lames cristallines, étant suffisamment établie, il faut maintenant montrer comment , dans chaque cas parti- culier, on parvient à déterminer la valeur numérique du nombre de rangées soustraites ; car on conçoit que c'est cette valeur qui doit fixer le rapport entre une face secon- daire et la forme primitive choisie pour type fondamental dans chaque système cristallin. Pour arriver à ce but, il est évident qu'avant tout il est nécessaire de connoître rigoureusement la forme primitive, non -seulement dans ses angles, mais aussi dans ses dimensions relatives; car on conçoit d'avance que la valeur du nombre de rangées soustraites repose uniquement sur la mesure de l'espèce de gradin ro a (fig. 117) que les rangées de molé- cules soustraites ont laissé vide sur la première lame et de même sur les autres, et que la forme et l'étendue de ce gradin dépendent des dimensions et des angles de la moléçuk. CRI 553 §. 106. Les formes primitives connues sont : le cube, l'oc- taèdre et le tétraèdre réguliers; le dodécaèdre rhomboïdal régulier; le rhomboèdre; différens prismes quadrangulaires, droits et obliques; le prisme hexagonal régulier; différens octaèdres symétriques, et le dodécaèdre triangulaire isocèle. { Voy. ce que nous avons dit des différens solides de clivage, §.63.) Dans les quatre premières , ou les corps réguliers , nous connoissons les dimensions, puisque l'identité des angles et celle des modifications nous les ont fait reconnoitre égales; et cette même identité dans les angles nous a conduits à les obtenir d'une manière rigoureuse. Dans toutes les autres, la mesure des angles et l'observa- tion des modifications ne nous font pas connoître les dimen- sions : elles nous apprennent seulement, dans certains cas, qu'elles ne sont que de deux espèces ; qu'un prisme quadran- gulaire, par exemple, est isocèle : de plus, même pour la mesure des angles, nous sommes forcés de nous en tenir aux résultats du goniomètre, et nous n'avons pas, du moins a priori^ de moyens d'en calculer la valeur rigoureuse. Supposons cependant, d'abord, que les dimensions et les angles sont rigoureusement connus, et voyons comment on peut en déduire la valeur du nombre de rangées soustraites, que nous désignerons en général par n. Toutes les formes primitives, qui ne sont pas des parallé- lépipèdes, pouvant être ramenées à ce solide par une trans- formation qui ne change rien aux résultats de leur réunion symétrique (voyez §.97), il s'en suit que nous pouvons nous borner ici à considérer des formes primitives parallélipi- pèdes; que par conséquent il n'y a que trois dimensions et trois angles dont la connoissance soit nécessaire pour que la forme primitive soit entièrement déterminée. Soit donc m, p, h, les trois dimensions fondamentales: on peut choisir indifféremment comme telles, ou les trois arêtes du parallélipipède, ou des diagonales, ou des perpendicu- laires menées dans le solide dans certaines directions. Soit de même i, o, m, les trois angles fondamentaux du paralléli- pipède, ou plutôt trois lignes trigonométriques qui les repré- seutçnt : ces trois angles pourront être choisis à volonté par- 554 CRI mi les six angles (trois plans et trois dièdres) qui composent un angle solide. On pourroit aussi, au lieu d'une ligne tri- gojiométrique de chaque angle, prendre pour donnée trois diagonales opposées à trois angles pians différens. Pour plus de simplicité, nous supposerons ici que m, p, h sont les trois arêtes, et / , o, u des lignes trigonométriqucs des trois angles plans. Ainsi, dans le parallélipipède P M T (fig. 127) qui représente une forme primitive quelconque, nous ferons Taréle ad— m, ab=p, af:^h, l'angle plan baf ou a/g (c'est-à-dire son sinus, son cosinus ou sa tangente) — », l'angle dab ou adc^o, et l'angle daf ou ade~u. En outre, pour faciliter le calcul qui va suivre et dans le- quel nous serons forcés de faire entrer les angles dièdres, 310US ferons remarquer que la ligne trigonométrique qui ser- viroit à représenter chacun de ces angles, peut être obtenue en fonctions des données i, o, «, qui représentent les trois angles plans'. Soit donc l'angle dièdre de P sur r = i, celui de M sur P=0, et celui de A/ sur T—JJ; chacune de ces quantités J, O et U étant une fonction des données i, o, u. Suivons maintenant jîotre calcul de la valeur de n, d'abord dans le cas d'un décroissemcnt sur une arcte. Soit S (fig. 127) un plan secondaire produit sur l'arête ab du parallélipipède PMl\ du côté de la face P; par un point quelconque x de l'arête ab soit mené un plan perpendicu- laire à cette arête : on aura un triangle qvx, formé parles trois intersections q x , qv ^ et vx de ce plan, 1.° avec le plan primitif P, 2." avec la tranche (parallèle à T) de la première lame décroissante appliquée sur P, 3.° avec le plan S; et il est aisé de reconnoitre que l'inclinaison de la face secondaire S sur la face prinjitivc P sera mesurée par l'angle x de ce triangle qvx, auquel, d'après cette propriété, M. Haiiy a donné le nom de triangle mensurateur. Kous allons chercher dans ce triangle l'expression générale 1 En effet, les trois angles plans donnés, haf, dab, daf, sonl les trois côtes d'un triangle spliérique, a\anl son sommet en a, dont les trois angles sont les trois angles dièdres, P sur T, etc., du parallélipi- pi^Uc ; cl l'on sait qu'on peut toujours, dans un triangle spliérique , déterminer cliacun des trois angles au moren des trois côtéi. CRI 555 du sinus ou de la tangente de cet angle x, en fonction des dimensions et angles donnés, et aussi du nombre n de ran- gées soustraites; nous obtiendrons ainsi une équation dans laquelle nous n'aurons que tang. x et n d'inconnus. Mais , eu mesurant avec le goniomètre l'angle de -S sur T, et retran- chant de cet angle Fanglc dièdre de P sur ï', qui est connu, nous pouvons avoir Fanglc de >S sur P, c'est-à-dire l'angle x, et par conséquent la valeur numérique de sa tangente en parties du rayon, au moyen des tables: substituant cette va- leur de la tangente dans l'équation , on pourra en extraire la valeur générale de n en quantités connues. Dans le triangle mensurateur q v x on connoit l'angle q, qui est égal à l'angle de P sur T, représenté par I; le côté qv est une perpendiculaire menée dans la lame décroissante (dont la hauteur est supposée égale à celle de la molécule), entre deux arêtes parallèles analogues à ab et fg -. sa valeur dé- pendra donc uniquement de l'arête af—li, et de l'angle plan afg=i. La viileur du côté qx doit, par un raisonnement analogue, dépendre d'abord du côté ud^^iu et de l'angle plan adc^^o, mais en outre de la quantité n de rangées sous- traites. Ainsi on connoit, dans le triangle q^x deux côtés et l'angle compris: on peut donc, au moyen de ces trois parties con- nues, calculer l'angle -t, c'est-à-dire une de ses lignes trigo- nométriques; par exemple, sa tangente, dont la valeur, d'après ce qui vient d'être dit, sera une fonction composée des côtés h et m, des deux angles plans i et o , de l'angle dièdre I, et de 71. Ainsi, en supposant que tangente .r := ô , on aura 6 =_/" ( /i , m , i , o , I , n ). Nous avons considéré la face secondaire du côté de la face P; si nous voulions la déterminer du côté de T , nous aurions de même un triangle mensuratcur q v' x , qui nous conduiroit à obtenir pour la tangente de q xv une fonction composée des mêmes élémens connus que celle ci-dessus ; seulement ils seroient combinés entre eux différemment'. Nous pouvons donc regarder cette fonction comme représentant en général 1 I,a seule dii'iércuce scioil que n seroit combinô dircclcnicnt avec h et /; au lieu de l'ctic, conuiic ci-dessus, a>cc m et o. 556 CRI la valeur de la tangente 6 dans tous les cas d'un décroisse- ment sur Farête ab. En appliquant ce raisonnement à une face secondaire qui naîtroit sur une autre arête, telle que ad, on obtiendroit, pour la tangente 6' de l'angle qu'elle forme avec une face primitive adjacente, une valeur absolument analogue qui seroit 6 '=/ (h, p, 0, u, O , n). Enfin , pour une face secon- daire produite sur l'arête a/, on trouveroit B" =f{m, p, V , i , U , n). L'analogie entre ces trois fonctions nous permet de n'en considérer qu'une seule , en nous arrêtant à la première , que l'on peut indiquer généralement en disant que , dans le cas d'un décroissement sur une arête, le sinus ou la tan- gente de l'inclinaison d'une face secondaire à la face primi- tive sur laquelle elle nait, est égal à une fonction composée , 1." des deux arêtes, autres que celle sur laquelle le décroisse- ment a lieu; 2.° des lignes trigonométriqucs représentant les deux angles plans dont cette dernière arête est un côté; et 3.° d'une ligne trigonométrique représentant l'angle dièdre qui a lieu sur cette même arête; 4.", enfin , du nombre n de rangées soustraites. Or, d'après la manière dont n se trouve engagé dans cette fonction , on peut toujours en extraire sa valeur, qui sera n. = F (h, m, i, o, I, ô), fonction dans la- quelle tout est connu, excepté S, puisque I est une fonction de i , o et u. Mesurant l'angle de S sur P avec le gonio- mètre , ainsi que nous l'avons dit plus haut , et prenant , d'après les tables, la valeur numérique de sa tangente 6, on aura la valeur numérique de n. §. 107. Dans le cas d'un décroissement sur l'angle, par exemple sur l'angle d (fig. 127) , du côté de la faceP, on conçoit qu'on auroit de même un triangle mensurateur v" q" d. 11 seroit formé dans un plan mené par le point d , perpendiculairement à la diagonale qui va de a en c, par les intersections de ce plan , 1.° avec le plan secondaire, 2." avec le plan P, 5." avec un plan appliqué sur les arêtes saillantes des molécules de la première lame (telles que st, st, fig. 119). Ce dernier plan est parallèle au plan diagonal ackf. On reconnoitra facile- ment que l'angle d de ce triangle mensurateur est égal à l'inclinaison de la face secondaire sur la face P. CRI 557 Or, dans ce triangle i>" q" d, il est facile, comme ci-dessus, d'avoir les valeurs des deux côtés dq" et y" q", et de l'angle v"q" d, compris entre eux, au moyen des données fondamen- tales du parallélipipède qui ont été adoptées, et du nombre n de rangées soustraites .- par conséquent on peut en déduire l'angle d, en fonctions des mêmes données, c'est-à-dire des dimensions m, p, h des angles i, 0, u, et de n; et par suite on obtiendra la valeur de n. Si on veut suivre ce calcul, on trouvera pour n une fonc- tion qui différera de celle trouvée ci-dessus , pour le cas d'un décroissement sur une arête, d'abord (comme cela doit être) par une combinaison un peu différente des quantités composantes, mais en outre, en ce que cette fonction con- tiendra à la fois les trois dimensions vi, p, h, tandis que ci- dessus il n'y en avoit jamais que deux à la fois dans chaque cas. Cette dernière différence tient à la nature des données que nous avons adoptées. Si, en effet, pour les dimensions, en conservant toujours af—h, nous eussions pris la diagonale J d = m', la diagonale a c =p' ; et si , pour les angles , nous eus- sions fait l'angle entre ces deux diagonales = o', l'angle entre la diagonale ac et le côté af—i\ l'angle entre la diagonale hd et le côté bg = u', et par suite l'angle dièdre entre la face P et le plan diagonal achf—I\ et celui entre P et le plan diagonal bdeg = 0' {!' et O' étant des fonctions de i'o'u'), nous aurions eu , pour le cas d'un décroissement sur l'angle d du côté de P, n.= F {h, m', i', 0', J', 9) , et, pour le cas d'un décroissement sur l'angle a du côté de P, n. = F (h,, p' o' u', O', 6.), fonctions tout-à-fait semblables à celles trouvées (§. 106) pour le cas d'un décroissement sur une arête. II est vrai que cette fonction ne s'applique qu'au cas où le décrois- sement est considéré par rapport à la face P, et qu'il fau- droit, pour obtenir des fonctions semblables dans les deux autres cas, adopter d'autres données analogues. Ainsi, par exemple, en considérant le décroissement du côté de M, les données seroient ab=p, la diagonale df—m', la diagonale ae = h" , etc. Or, comme , en supposant que les dimensions et les angles d'une forme primitive sont donnés à priori , c'est-à-dire. ?58 CRI qu'on connoît leurs rapports numériques, on peut toujours calculer les rapports numériques entre les nouvelles données m\p\ i', o', u , J', O', etc., dont nous venons de parler, il s'ensuit que, dans le cas d'un décroissement sur un angle, on peut toujours représenter la valeur de n par une fonction d'une forme tout-à-fait analogue à celle obtenue (§. 106) pour le cas d'un décroissement sur une artte. ' D'après cela , dans ce qui nous reste encore à dire pour terminer cet aperçu des calculs cristallographiques , nous pourrons nous contenter de nous occuper de cette première valeur générale de n que nous venons de rappeler. Nous terminerons ce qui concerne les décroissemens sur un angle , en faisant remarquer que , dans le cas d'un dé- croissement de ce genre , la hauteur d'une lame étant tou- jours supposée égale à une hauteur de molécule , la valeur trouvée pour n exprime un certain nombre de demi-diago- nales de molécules soustraites, et non pas de diagonales en- tières. On peut se convaincre que cela doit être, en jetant les yeux sur le décroissement de molécules figuré sur l'angle l de la figure 122. Le décroissement se fait ici par une rangée , et on reconnoît, d'après la manière dont nous avons dit ci-dessus que le triangle mensurateur devoit être situé, que sa base doit être égale à une demi-diagonale de mo- lécule. §. io8. Nous ne devons pas oublier qu'en commençant à nous occuper (dans le §. 106) de la détermination de cette valeur générale du nombre n de rangées soustraites que nous 1 Pour peu qu'on soit habitué à la géométrie des cristaux, on recon- noitra aisément qu'en ramenant ainsi la valeur générale de n, dans le cas dun décroissement sur un angle, à celle trouvée pour le cas d'un décroissement sur une arête, par l'adoption de nouvelles données, jious n avons fait Sutre chose que changer un décroissement sur un angle en un décroissement sur une arcte d'une autre forme primitive, dont la substitution ne change rien au résultat, comme il a été dit ($. gS); cette forme substituée, dans le cas d'un décroissement sur l'angle d ou sur l'angle a (fig. 127) du côté'de la face P, seroit composée, i ." du plan P, 2.° d'un plan mené par l'arête af parallèlement au plan diagonal hdeg, et 3.° d'un plan mené par J'arctc h g parallèlement au plan diagonal ackf. CRI 55g venons d'obtenir en fonction des dimensions et angles de la forme primitive , nous avons supposé que ces dimensions et angles étoicnt rigoureusement connus à priori; et comme nous avons fait voir qu'ils ne le sont que dans un très-petit nombre de cas (dans les formes primitives régulières), il s'en suit que cette valeur de n n'est applicable directement qu'aux formes secondaires qui dérivent des formes primitives de Ce genre. Voyons donc maintenant quels sont les résultats qu'on obtient de cette application , et ensuite nous examinerons quel usage nous pouvons faire de la valeur générale de n dans les autres cas. Mais auparavant j^ous ferons , sur cette valeur générale de n-, quelques obsCTl^tions tendantes à la rendre beaucoup plus simple. Cette valeur, n = F {h, 771, i, o,I, ô), (voj^ez la fin du §. 106), considérée en général , se trouve dans chaque cas composée , d'api'és ce que nous venons de dire , de cinq quantités inconnues, savoir: deux dimensions ou côtés h et m, les deux angles i et 0, et aussi l'angle w, puisque I est une fonction des trois angles à la fois. Nous pourrions même encore regarder ô comme inconnu , sa valeur n'étant déduite que d'une mesure par le goniomètre. Mais si , par le concours de plusieurs observations, on peut parvenir à déterminer la valeur d'une ou plusieurs de ces quantités inconnues, ou si, par quelque donnée particulière, on pouvoit réussir à établir un rapport entre une d'elles et une ou plusieurs des autres , on auroit une équation dont le résultat seroit d'obtenir la valeur de cette quantité en fonction des autres; et, cette valeur étant substituée dans la valeur générale de n, celle-ci contiendroit une quantité inconnue de moins. Chaque donnée nouvelle , que l'on pourroit établir de même , élimineroit ainsi une des in- connues. Or, c'est ce qui arrive dans l'application de cette formule générale à tous les cas. Dans les sjstèmes cristallins les plus composés, on trouve toujours à déterminer à priori, d'une manière plus ou moins rigoureuse, trois conditions, desquelles il résulte que les élémens de la forme primitive se réduisent •i trois au lieu de six; (trois côtés et trois angles), et qur- 56o CRI par conséquent les ëlémens inconnus de la valeur de n, dans chaque cas , se réduisent à deux au lieu de cinq.' Ces conditions sont, tantôt des angles dont la mesure est de go° ou de 60", et pour lesquels on est fondé à regarder cette mesure comme rigoureuse (ces angles ayant lieu, soit entre les arêtes, soit entre les plans de la forme primitive, soit entre des lignes ou plans menés dans certaines directions diagonales ou autres); tantôt l'égalité entre certains angles (soit^les angles plans et dièdres des faces, soit d'autres for- més par des lignes ou plans d'une pusition déterminée) ; tantôt, enfin, l'égalité entre deux des côtés ou des dimensions choi- sies, ou même entre les trois, lorsque^ette égalité d'angles ou de lignes, étant confirmée par urlj^dentité symétrique des modifications, devient rigoureuse , etc. Ce sont presque toujours les lignes trigonométriques i, o, 1/ des trois angles qui se trouvent ainsi déterminées à priori^ sinon isolément en partie du rayon, du moins en fonctions des dimensions'; par conséquent nous pouvons, dans la for- mule générale de n , ne plus conserver d'autres élémens in- connus que les deux dimensions ou côtés qui en font partie 1 Cette conséquence, relativement à la valeur de n, n'est pas rigou- reuse, mathématiquement, dans tous les cas. En effet, il peut arriver que la condition qui a fourni une valeur à substituer à l'inconnuç éli- minée, ait introduit dans cette valeur, et par conséquent dans la fonction qui représente n, le troisième côté, qui n'en faisoit pas partie ; mais, comme dans ce cas, qui d'ailleurs est rare, on peut se servir d'abord, dans le calcul des dimensions, de la valeur approximative des angles fournis par le goniomètre, sauf à la modifier ensuite légèrement, suivant les valeurs relatives obtenues pour les dimensions d'après la méthode qui sera indiquée (§. 111 ), nous avons pu avancer que les inconnues qui entrent dans chaque valeur de n se réduisent à deux. 2 Comme, par exemple, si un angle primitif, ou son supplément, ou sa moitié, peut être réputé égal à un angle secondaire formé par une face que sa position tend à faire regarder comme produite par la sous- traction d'une rangée de molécules, etc. Au reste, dans l'application du calcul on suit en général desniétliodes beaucoup plus simples que ne seroit celle de la substitution d'une valeur d'angle en fonction des dimensions, comme nous l'indiquons ici; mais ces diverses méthodes particulières peuvent toujours rentrer dans la méthode générale dont nous parlons. CRI 6Gi dans chaque cas. Cette valeur de ?i deviendra donc , dans le cas d'un décroissement sur l'arête ab (=p), n = (p (li, m, S); ' pour un décroissement sur l'arête ad {—ni), n=^

iues, getfj^ dans ses calculs relatifs au rhomboèdre; ce sont les deus demi -diagonales du rliomljc : il auroit pu prendre également l'axe ou une portion de l'axe, et la perpendiculaire menée d'un angle latéral sur l'axe, ou en général deux lignes différemment inclinées à l'axe. Cette méthode , qui rend le calcul plus facile, est au fond absolument la même que celle dans laquelle nous réduisons à une seule donnée les élémens du rhomboèdre. En effet, nous avons été conduits à supposer que le côlc du rhomboèdre est égal à i. C'est donc en parties de ce Coté que nous devons évaluer la ligne trigonométrique qui représentera l'angle inconnu : nous ne faisons donc en cela autre chose que d'établir un /apport, entre deux lignes du rhomboèdre : ce qui rentre dans la méthode de M. Haiiy. CRI 563 le penser, extrêmement facile. Ici les valeurs relatives de toutes les dimensions, les mesures de tous les angles, sont ri- goureusement déterminées, àpriori, en quantités numéri- ques. Ainsi la valeur générale de n, ( trouvée §. 106), n = F {h, m, i, o, I , ô), n'est plus qu'une fonction numérique de 9, c'est-à-dire, de la tangente de finclinaison de la face secon- daire à la face primitive correspondante. De plus, pour con- noitre cette tangente , c'est-à-dire , pour mesurer l'an^^le ri*, supposé connu, à calculer les rapports entre les dimensions primitives. En effet, cette présomption que n ne peut avoir qu'une valeur numérique simple étant admise , on peut, dans CRI 567 chaque cas, lui substituer un nombre simple entier ou frac- tionnaire dans la fonction générale ci-dessus, qui le repré- sente; et alors il sera possible d'obtenir, entre les deux dimensions primitives qui y sont comprises , un rapport correspondant à cette valeur supposée. Mais, comme on peut à volonté supposer ainsi à n un certain nombre de valeurs simples pour une face secondaire à déterminer, et de même pour chacune des autres , on auroit autant de rapports différens entre les dimensions : il faut donc , en essayant successivement plusieui's valeurs simples pour n, avoir des moyens de distinguer , entre les rapports qui en résultent, quel est celui qu'on doit adopter. Pour faire sentir comment on doit se diriger dans cette re- cherche, rappelons-nous les trois valeurs générales simplifiées , trouvées (§. 108), pour n, dans les trois cas de décroissemens sur les arêtes a Z», ad, af (lig. 1:^7). Ces valeurs sont, pour l'arête ah , ra=(p(h.,m,6); pour ad, n=^(p (h.,p, ô); et pour af, n" = (p ( m , p , 9 "). Or comme , dans chacune de ces équa- tions, les inconnues sont combinées entre elles de manière qu'il est toujours possible d'en extraire la valeur du rapport entre les deux dimensions qu'elle contient, savoir, — , _, _ - m p p on doit avoir, JL=/^{n,ù), ^'=f{n, â') et '!L=/(m",ô'). Mais comme , daprès ce qu'on vient de dire , il n'y a plus dans ces trois équations d'autres inconnues que h., m etp, il est évident que , pour que les équations soient exactes , il faut nécessairement que les valeurs numériques données par deux d'entre elles, par exemple, par les deux premières, pour les deux rapports — et -, soient telles, qu'on puisse en déduire, m p pour le troisième rapport — , une valeur égale à celle que P donne la troisième équation, c'est-à-dire, égale k/{n", ô"). Ainsi, en supposant qu'on ait obtenu des deux premières, ''• a , ^ ^ 1 "I fi , 1 1 -1, — =3, et - = -. , on en conclura que — = t-; des-lors, si 1 on p ' P , est arrivé aux véritables rapports (c'est-à-dire, si les valeurs 5C8 CRI simples supposées a n et n sont convenables), on doit avoir aussi / [n", ô") = I, en donnant également dans ce cas à n" une valeur simple. On voit donc que le but vers lequel on doit tendre, est que les résultats déduits des valeurs supposées pour n, n et n", aient cette relation outre eux. D'après cela on s'occupe à la l'ois, pour un minéral qui pré" sente plusieurs espèces de faces secondaires, de la solution de trois cas différens, c'est-à-dire, de la détermination de la valeur de n pour trois faces secondaires dont chacune est située différeuiment des autres par rapport aux plans de la forme primitive, par exemple, pour trois faces produites sur ses trois arêtes; et on suppose, dans chacun d'eux successi- vement, différentes valeurs simples k n, n et n", jusqu'à ce q-ue les trois rapports qui en résultent entre les dimensions prises deux à deux, soient tels que chacun d'eux soit une conséquence des deux autres. On est obligé presque toujours, pour y parvenir, comme aussi pour simplifier les rapports trouvés entre les dimensions, de uiodilier légèrement la A^aleur de ô , c'est-à-dire, la mesure de langle secondaire obtenue par le goniomètre, ce dont ou a la faculté, au moins dans certaines limites, cette mesure n'étant qu'approximative. ]\I. Haiiy, en exposant dansson Traité de minéralogie (t. II, p. 8) cette méthode de calculer les dimensions d'une forme primitive en supposant n connu, cite pour exemple un cristal de péridot analogue à celui représenté ( fig. loo), et que nous avons déjà décrit ci -dessus ( §. 104). Les faces secon- daires , qu'il considère d'abord , sont les faces et et A^ ; il en obtient des rapports entre les dimensions, et il vérifie ensuite ces rapj)orts en s'occupant de la face n. De cette manière il parvient à conclure que les trois arêtes B, C, G du prisme droit rectangulaire (fig. 126), qui est la forme primitive du péridot, sont entre elles comme v/ 5 , 5, et k^ 8. On voit que cette méthode, quoique fondée sur une sup- position, conduit néanmoins à l'objet principal que M. Haiiy s'ptoit proposé, qui étoit , comme nous l'avons dit ( §. go ) , de déterminer géométriquement la forme primitive d'un minéral, et d'assigner un rapport entre elle et chacune dea faces secondaires, CRI 569 §. 112. On doit se rappeler que, dans le §. 108, povir sim- plifier la valeur de n, nous avons dit que, dans toutes les substances cristallisées on découvroit toujours à priori quel- que condition qui déterminoit les valeurs des angles pri- mitifs, soit directement, soit en les donnant en fonctions des dimensions. Lorsque ce dernier cas a eu lieu, on conçoit qu'après avoir obtenu , par la méthode que nous venons de décrire, les valeurs relatives des dimensions, on peut, au moyen de ces valeurs , déterminer les mesures exactes des angles primitifs. Il est encore nécessaire , pour compléter toutes les déter- minations géométriques relatives aux formes des cristaux , de pouvoir toujours calculer l'ans^le que deux faces secondaires , semblables, ou d'ordres différens, forment entre elles: mais comme, d'une part, on connoit par l'observation la position de cha- cune de ces deux faces sur une arête ou sur un angle, c'est- à-dire, la direction de leur intersection avec une face pri- mitive parallèlement à une arête ou à une diagonale de cette face ; que d'ailleurs le calcul des décroissemens a donné la valeur exacte de l'inclinaison de chacune d'elles à la face primitive cori*espondante , et qu'il est facile d'en déduire leur inclinaison à toute autre face primitive ou à un plan passant par l'axe , afin de pouvoir les comparer à la fois l'une et l'autre à un même plan primitif, on doit concevoir que ce problème se réduit dans tous les cas à la solution de triangles reclilignes ou sphériques , dans lesquels on a néces- sairement , d'après ce qui vient d'être dit, le nombre de données nécessaire. On connoit maintenant sur quelles bases sont fondées toutes les mesures d'angles données rigoureusement, en degrés, minutes et secondes, dans la description des formes cristal- lines de chaque espèce minérale. C'est à M. Haiiy qu'on les doit; et'c'est, comme on vient de le voir, par sa théorie des décroissemens , et par l'application qu'il a faite à cette théorie de la méthode de calcul dont nous venons de donner une idée (et qui est en général très-simple, puisque les équations ne s'élèvent jamais qu'au second degré), qu'il est ainsi par- venu à déterminer et ces angles primitifs et secondaires, et les dimensions de la forme primitive, et, enfin, la loi de 570 CRI dérivation de chaque cristal secondaire , avec une exactitude qui 5 si elle n'est pas entièrement rigoureuse dans tous les cas, est au moins toujours une limite, une approximation bien suffisante. On se tromperoit néanmoins beaucoup, si, d'après cette idée d'approximation, de limites, on croyoit pouvoir élever quelques doutes sur le mérite et la très-grande utilité de cette théorie. Sans doute, les physiciens, pour faciliter leurs recherches sur les lois de la lumière dans les corps trans- parens, et plus généralement pour acquérir des notions plus complètes de la composition solide des corps, peuvent dé- sirer de connoitre, pour tous les cristaux , les mesures d'angles et les rapports géométriques de la nature , avec cette exac- titude rigoureuse qu'on a déjà obtenue pour les cristaux ré- guliers ; mais ce maximum de précision n'est que d'une foible importance pour les minéralogistes. Les mesures d'angles, les rapports, déduits de la théorie de M. Hauy , sont tels, qu'on peut assurer que , lorsqu'on parviendra quelque jour à les modifier en les amenant à cette entière perfection dont nous venons de parler, le résultat minéralogique principal pour chaque espèce, c'est-à-dire, l'idée que cette théorie nous donne aujourd'hui de l'ensemble de son système cristallin , ne sera nullement changé. Cette certitude tient à ce que ce résultat général est essentiellement fondé sur une étude ap- profondie des grandes lois de symétrie auxquelles la struc- ture des cristaux est assujettie , et que ces lois ( du moins le plus grand nombre) nous sont maintenant connues par une assez grande masse d'observations pour qu'on puisse les regarder comme incontestables. Aussi les nombreux chan- gemens que M. Hauy a été conduit à faire par sa théorie dans les espèces minérales, ont-ils été adoptés par tous les savans, parce qu'ils ont été toujours reconnus d'accord avec ces lois symétriques de la nature. La connoissance de ces lois est encore ic fruit des laborieuses recherches de ce savant célèbre, qui les a développées et démontrées avec une sagacité rare qui le met hors de toute comparaison avec tous les autres cristal- lographes; et, certainement, tous ceux qui ne sont pas étrangers à ces belles découvertes, reconnoîtront avec nous que M. Haiiy n'y fût peut-être jamais parvenu sans le secours de sa théorie. CRI 571 8/ SECTION. Des cristaux hémitropes ou macUs , et gj^oupés régu- lièrement. §. ii3. Lorsque nous avons dit (§. 2 ) que les cristaux avoient en général leurs faces parallèles deux à deux, et ( §. 6 ) qu'ils avoient toujours des angles saillans et jamais d'angles ren- trans, nous avons excepté les cristaux maclés ou hémitropes , et les cristaux groupés régulièrement. Nous nous sommes contentés de donner simplement une idée de ce genre de cristaux : il eût été difficile , alors , d'entrer dans tous les détails qui leur sont relatifs, leur expli- cation, pour être faite convenablement, nécessitant la con- noissance de tout ce que nous avons exposé depuis dans les sections précédentes. On dit qu'un cristal est hémitrope , lorsqu'on reconnoît qu'il est formé de deux parties ou de deux moitiés de cristaux réunies entre elles en sens inverse de leur position naturelle. Ainsi , par exemple, si l'on suppose que l'octaèdre régulier que la figure 128 représente posé sur une de ses faoes, soit partagé en deux par un plan m n o p q r, parallèle à deux de îses faces, et à égale distance de l'une et de l'autre; et que, la moitié supérieure ayant été enlevée , comme on le voit ligure 1 29 , elle soit appliquée de nouveau sur la moitié infé- rieure, non comme elle y étoit auparavant, mais de manière que la partie qui étoit à droite se trouve placée à gauche, comme dans la figure 100, où les lettres peuvent servir à faire reconnoître la nouvelle position des dilférens points , on aura un cristal octaèdre hémitrope. On lui donne ce nom , qui expriuie Tidée d'une demi-rcvo' lution, parce que le changement de structure du cristal est exactement le même que si , comme nous venons de le dire , on avoit fait subir une demi-révolution, ou une hémitropie , à la moitié supérieure sur l'inférieure '. Il est presque superflu I Dans le cas d'un octaèdre, dont il est ici question, on parvien- droit au même résultat par un sixième de révolutioa, à cause de la régularité qui existe dans les triangles el par suite dans la coupe hexa- gonale mnojjqr; mais nous avons préféré indiquerune demi-révolution, aiia de rendre cette considcrali'on applicable à tous les cas en général. 572 CRI de dire que ce partage d'un cristal en deux parties, et cette demi-révolution, n'ont pas eu lieu dans la nature; nous ne nous sommes servis de cette supposition que pour mieux faire comprendre la structure de ces cristaux hémitropes. Rome de Lisle leur avoit donné le nom de cristaux maclés; mais le nom de niacle , qui devroit servir d'après cela à dé- signer ce genre de structure, ayant été généralement ap- pliqué à une espèce minérale particulière de la classe des pierres, M. Hauy a jugé devoir lui substituer ici le mot hémi- tropie , et de même ceux de cristaux hémitropes à cristaux maclés. Cependant beaucoup de minéralogistes se servent encore de ces expressions de maclés et cristaux maclés, dans le langage ordinaire. Dans l'octaèdre régulier liémitrope (fig. i5o) que nous venons de décrire, on remarque qu'il y a trois angles rentrans, savoir, un entre le plan c r' m' et le plan/op, un second entre a p' q et h m n , et Le troisième entre e o n et d r q. Cette hémitropie se rencontre dans l'alumine sulfatée, et plus fréquemment encore dans le spinelle. Avant d'établir aucun principe général, nous croyons devoir éclaircir l'idée principale par quelques autres exemples. §. 114. La figure i3i représente un cristal de feldspath: sa forme dominante peut être considérée comme un prisme rectangulaire isocèle, dont la base Y, oblique à l'axe , repose sur la face P (voy. §. 40), sous l'angle de 99° 41'. Les angles supérieurs de chaque base sont remplacés par les facettes T,t, et T ; t' , et les angles inférieurs par Itie facettes o, 0, et o' , 0"; de manière que chacune des bases porte deux facettes o, et deux facettes T et t. Ces cristaux se présentent encore ordinairement avec d'autres facettes , que nous avons supprimées pour plus de simplicité. Les facettes o sont iden- tiques de position , et les facettes T et f sont aussi identiques de position entre elles; mais l'inclinaison des fa>cettes 0 sur l'arête latérale adjacente du prisme est différente de celle des facettes T et t, comme cela doit être d'après la symétrie des modifications. ' 1 Nous avons consiJcié les facettes T et t comme identiques de po- sitiou : cela a lieu, en ellet, relativement à rinclinaison de chacune de CRI 573 Si maintenant, par le milieu de la face latérale M et paral- lèlement à la face latérale P , on mène un plan a b c d, il par- tagera le cristal en deux moitiés ; et si on suppose que la partie postérieure vienne à tourner parallèlement au plan de section et à subir une demi-révolution, tandis que la partie antérieure reste stationnaire, la forme qui en résultera sera celle qui est représentée par la figure i52 , dans laquelle la disposition des mêmes lettres que dans la figure i3i fait reconnoitre la position nouvelle des différentes parties du cristal. Le sommet supérieur, au lieu d'une seule face prin- cipale inclinée à l'axe, présente un biseau symétrique Y Y', dont l'angle est de 160° Sy', et dont les angles inférieurs sont semblablement tronqués par des facettes o, o, o", o' , iden- tiques. Le sommet inférieur, au contraire, présente un angle ou biseau rentrant Y' Y (sous le même angle que le biseau saillant supérieur ), dont les angles extrêmes sont remplacés par les facettes T', t', et T, t, identiques. Lorsque le sommet supérieur à biseau saillant est seul visible, le cristal se présente avec une régularité parfaite , qui peut, au premier abord , faire méconnoitre le système cristallin du feldspath ; mais les lignes de jonction b d', c a et a c', dh', qui se montrent presque toujours sur les deux faces M, font reconnoître le plan de réunion de deux portions de cristal en sens inverse, c'est-à-dire, le plan d'héniitropie. §. ii5. La figure i35, qui appartient à l'amphibole , est un prisme rhomboïdal à base oblique P, reposant sur une arête obtuse ( voy. §. 4i ) ? ( ^^^^ l'angle de 1 04° 67' ) , ayant ses deux bords latéraux aigus remplacés par les faces x, et les deux ces faces par rapport aux plans et arêtes du cristal ; ainsi, par exemple, chacune des faces T, T', et t, t' forme un angle de 120" avec la face M du prisme adjacente. Néanmoins les faces T et T' admettent un clivage qui n'a pas encore été observé sur les faces t et /', ce qui constitue entre elles une différence importante. Voilà pourquoi nous les avons désignées par des lettres différentes , et rigoureusement le solide auroit dû être considéré autrement; mais le mode que nous avons suivi pour rendre la description plus facile, n'entraîne ici aucun inconvénient. 574 CRI bords supérieurs de chacune de ses bases parles faces r, r. et r'r". Si par le milieu de chacune des deux faces .r on mène un plan vertical a tcd( qui sera un plan diagonal an prisme rhomboïrlal) , et qu'on fasse subir une demi-révolution à la moitié antérieure séparée par ce plan , les facettes r' et r" viendront au sommet supérieur, avec une petile portion triangulaire de la base inférieure P, laquelle formera un angle rentrant (de i5o° 6') avec la partie supérieure res- tante de la base supérieure P, etc. Cela a lieu en effet quel- quefois; mais, le plus souvent, cet angle rentrant est effacé parla cristallisation, qui accroît d'un côté les faces r et ?-, et de l'autre les faces r" et r', de manière qu'elles se joignent, comme on le voit représenté dans la figure 104 , où le prisme est terminé d'un côté par un pointement symé- trique à quatre faces r, r, r, r" , et de l'autre par un biseau P P' , dont les faces correspondent aux arêtes latérales obtuses. Nous pourrions multiplier davantage ces exemples. Le feldspath , dont le second de ces exemples a été tiré, nous en fourniroit plusieurs autres, dont un où l'hémifropie a lieu, comme dans le dernier cas, parallèlement à un plan diagonal de la forme dominante et aussi de la forme primitive ; l'étain oxydé en présente un très-remarquable , qui est bien connu des minéralogistes, et dont M. Haiiy est parvenu à déterminer rigoureusement la symétrie depuis l'impression de son Traité: mais nous pensons que ce que nous venons de dire suffit pour faire comprendre le genre de structure que l'on observe dans ces cristaux hémitropes. §. 116. En général, au moins d'après ce qui a été observé jusqu'ici, les hémitropies ont toujours lieu parallèlement à un plan qui est: ou un des plans de la forme primitive . comme on l'a vu dans l'octaèdre hémitrope , et dans l'exemple tiré du feldspath; ou un plan diagonal de cette même forme , comme cela a lieu dans le troisième exemple, tiré de l'amphibole ; ou un plan perpendiculaire à l'axe des cristaux, comme dans la chaux carbonatée métastatique (Haiiy , Traité , t. II, p. i5G) Ou, plus généralement, on peut dire que ce plan dliémitropie est toujours dans un rapport parfaitement sjinélrique avec les plans du solide de clivage, ou de la forme primitive de chaque CRI 575 sulitance'; et, d'après l'idée que nous avons donnée de la forme primitive et de ses rapports avec les cristaux secon- daires, on sent facilement que le plan d'hémitropie doit être également dans un rapport très-sjmélrique avec la forme domi- nante que l'on observe dans le cristal même qui est hémitrope. On observe souvent une face cristalline extérieure paral- lèle à ce plan d'hémitropie , soit dans ces variétés héuiitropes elles-mêmes, soit dans d'autres variétés secondaires du même minéral. §. 117. D'après l'idée que nous avons donnée des hémi- tropies, on a vu qu'elles peuvent dans tous les cas produire un angle rentrant ; mais il arrive aussi , ou que cet angle n'est pas visible, si le côté du cristal où il doit se trouver est en- veloppé dans une gangue , ou qu'il a été effacé par l'accrois- sement du cristal, ainsi que nous en avons déjà donné un exemple dans l'hémitropie décrite §. ii5. Lorsqye cet angle rentrant peut être observé, il suffit pour avertir que le cristal est hémitrope; mais, dans le cas contraire, on a encore, in- dépendamment d'une étude attentive de la forme, plusieurs moyens de constater l'hémitropie , en reconnoissant l'exis- tence du plan intérieur autour duquel elle a lieu. D'abord, ce plan est assez souvent indiqué par des lignes extérieures sur les faces du cristal qu'il coupe, comme nous lavons déjà dit (§. 114) dans l'exemple tiré du feldspath. Mais il y a aussi beaucoup de cas où ce plan est encore dé- terminé d'une manière bien plus positive par la cassure , c'est-à-dire, par la direction d'un ou plusieurs plans de cli- vages , lesquels s'obtiennent dans les deux moitiés en sens inverse , en se terminant exactement de part et d'autre au plan d'hémitropie. Cela a lieu dans ce même exemple ( fig. 1 5 1 et i52 ), lorsque le clivage est sensible dans les faces T et T' (voyez la note du §. 114 ). Ce croisement de clivages au plan d'hémitropie seroit encore bien plus sensible dans l'octaèdre hémitrope (§. 1 15 , figures 1:28 et 100 ), si les substances dans 1 Ce que M. Haiiy exprime en disant que le plan d'hémitropie est toujours situé comme une face qui seroit produite par une loi de dé- croissement. 676 CRI lesquelles on a observé cette forme , avoîent un clivage dis- tinct. Cependant il arrive aussi que, Ihémitropie ne produi- sant aucun changement dans la position des clivages. Ceux- ci ne peuvent servir à la faire reconnoitre : c'est ce qui a lieu dans le troisième exemple ci -dessus tiré de l'am- phibole. Les deux seuls clivages que présente cette substance étant parallèles aux faces M et A/' (iig. i53) , et chacune de ces faces M et M' étant également inclinée au plan d"hémi- tropie abcd, le résultat de Thémitropie se borne, quant à ces faces , à mettre la face M' à la place de la face M, et réciproquement ( voy. fig. 164 ). Les clivages d'une des moitiés du cristal peuvent donc se continuer dans l'autre moitié. Il n'en seroit pas de même si le clivage étoit aussi distinct paral- lèlement à la face P, que M. Haiiy a adoptée avec raison pour la base oblique de la forme primitive. Mais ce clivage paral- lèle à P n'existe pas : aussi les cristaux hémitropes d'am- phibole n'ont-ils pu être reconnus pour tels que par la pré- sence de l'angle rentrant. §. 118. Telles sont les idées géométriques que l'on doit se former des cristaux hémitropes. Il n'est pas également facile d'expliquer leur mode de formation, d'après le peu de con- noissances que nous avons encore sur les causes physiques qui déterminent la cristallisation des corps en général. D'abord il est de toute évidence, comme on l'a déjà dit, qu'il n'y a point eu là de changement de position d'une moi- tié de cristal, ou dliémitropie réelle, et que le cristal a pris, dès le commencement de sa formation , la structure composée que nous lui reconnoissons. On peut présumer que deux petits cristaux de même forme , encore en suspension dfins une solution , se sont approchés l'un de l'autre par une de leurs faces semblables, et se sont réunis; qu'ensuite ils se sont ac- crus simultanément : dès-lors il a pu arriver deux cas. Si les deux faces de réunion se sont appliquées l'une à l'autre dans une position telle, que les autres faces cristal- lines d'un des cristaux composans se trouvent, soit dans le prolongement des faces analogues du second cristal, soit au moins parallèles avec elles, l'accroissement se fera de la même manière sur l'un et sur l'autre des cristaux composans ; chaque CRI 57? paire de faces analogues de chacun d'eux sera donc amenée bientôt à se niveler et à ne plus former qu'une seule face^ et le cristal composé aura une forme entièreuient senibLible à celle des cristaux composans, pourvu toutefois que les circonstances qui déterminent le genre de forme cristal- line ne changent point : il n'y aura donc point d'hémitropie. Mais l'application des faces d'accolement des cristaux peut aussi avoir lieu de manière que les autres faces de l'un des cristaux, ou au moins une partie, ne soient pas paral- lèles à leurs analogues dans l'autre cristal, et se trouvent dans une position directement opposée, c'est-à-dire, avec une inclinaison égale en sens contraire ; ce qui doit avoir lieu si Ton admet, comme cela est naturel à supposer, que deux cristaux soient mus par deux forces identiques dans des directions opposées : alors, l'accroissement se faisant nécfssaircment sur tous les plans que la solution éloit sus^ ceptible de déterminer, et qu'elle avoit déjà formés sur l'un et l'autre cristal , toutes les faces que chacun d'eux avoit avant la réunion seront consi-rvéts ; aucune d!elles ne pourra se réunir avec son analogue, qui aura une autre direction : il y aura donc alors une forme cristalline nou- velle , de la nature de celles que nous avons nommées cris-- taux liémitrcpes. §. 119. Les figures i55 et i56 sont destinées à faciliter Fin- telligence de ces deux cas. Dans l'une et l'autre , on voit un octaèdre régulier, aecfbd, disposé horizontalement sur une de ses faces, comme dans la figure 128. Dans l'une et l'autre on voit éga- lement un second octaèdre , a e c f h' d', posé sur le premier. Mais il y a cette différence que, dans la figure i55 , chacune des six faces af e , ef b' , etc..^ de l'oclaèdre supérieur , adj tcente à la face d'application/' b' d\ est rigoureusement parallèle , et précisément au-dessus de sa face analogue afe, efb, etc., de l'octaèdre inférieur, adjacente à la face d'ap- plication a c e, tandis que, dans la figure i56, ce parallé- lisme, cette correspondance n'existe pas; le triangle a f e, par exemple, se trouve placé à gauche de l'axe et incliné vers lui par sa partie supérieure a e . tajidis que le triangle afese trouve placé à droite et incliné vers lui également ai. 37 57S CRI par sa partie supérieure : ils ne sont donc pas parallèles. 11 en est de même de tous les autres triangles; aucun d'eux (si ce n'est les faces d'application) n"a sa face parallèle dans l'octaèdre inférieur. Si maintenant on suppose que cliacun de ces deux doubles cristaux continue à grossir, le résultat de raccroissement sera très-différent dans l'un et l'autre cas. Dans la figure i55, la face a f c s'accroîtra v.n même temps que la face afe, et toujours parallèlement avec ellej a fc même devra s'accroître davantage, à cause de l'attraction plus grande produite par la partie saillante/'; et peu à peu les deux faces seront ramenées au même plan, et n'en forme- ront plus qu'une seule : il en sera de même des au 1res faces , et le double octaèdre, après un certain accroissement, se présentera comme un octaèdre simple. Dans la figure i5(), au contraire, il est impossible que l'accroissement puisse jamais réunir une face de l'octaèdre supérieur avec une face de l'octaèdre inférieur, puisqu'au- cune face du premier n'a sa parallèle dans celles du second. Le double ei'istal conservera donc toujours sa forme; seule- ment elle pourra être un peu modifiée par une extension plus grande dans certaines parties, notamment aux angles saillansd'e, h'a,fc, où l'attraction moléculaire devra être plus forte : de là vient que ce double octaèdre se présente ordi- nairement sous la forme déjà représentée figure i5o, qui est précis nient la même que celle delà figure i5b. On peut d'ailleurs se convaincre de l'identité de cts deux figures, en remarquant que, si dans la figure i55 on fait subir à l'octaèdre supérieur une demi-révolulion autour d'une ligne verticale passant par le centre de son triangle f h d' , qui est la face d'application, on arrivera nécessairement à la position où il est, figure j 56 : le genre de réunion ou d'accolement de deux cristaux, représenté par cette figure, produit donc rigoureusement la même forme que celle à laquelle nous avons donné le nom de cristaux hémitropes. Dans l'exemple cité (§. 114, fig. i3i et i3i2), il est égale- ment facile de supposer que deux ])etits cristaux simples (fig. 10 ij s'appliquent l'un à l'autre par une de leurs faces P. l'axe étant vertical. Si, dans cette réunion, les bases supé- CRI Ô79 rieures Y de l'un et de l'autre sont inclinées dans le même sens, il n'y aura pas d'hémitropie; mais dans le cas con- traire elle aura lieu. Pour obtenir cette inclinaison inverse des deux bases supérieures, il y a deux moyens qui tous deux conduisent au même résultat. Le premier , qui est hypothétique, est celui que nous avons indiqué (§. 114), de faire subir une demi-révolution verticalement à l'un des deux cristaux, ce qui amène en bas une portion de la hase supérieure Y:lc second est de retourner un des deux cristaux: autour de son axe vertical , de manière qu'il s'applique à la face P' du premier, non plus par sa face P ( cas où il n'y a pas d'hé- mitropie), mais par sa face P'; ou plutôt de supposer, ce qui est tou(-à-fait admissible, qu'ils ont été poussés l'un vers l'autre par deux forces opposées, mais semblables, qui tenoient en avant la même face P' de chacun d'eux. ' Cette manière de concevoir la formation d'une hémitropie par l'accolement de deux cristaux en sens inverse, par une de leurs faces, semble, au premier abord, inapplicable au troisième exemple, tiré de l'amphibole (§. 1 15 , lig. i33 et i34), parce que ces cristaux, comme en général aucun des cristaui? d'amphibole, ne présentent point de face qui soit parallèle au plan d'hémitropie ah c d, et par laquelle on puisse sup- poser que deux petits cristaux se réunissent. Mais on arrive au même résultat en supposant que l'application ait lieu par les faces M et M', de manière que ce soit, non deux faces M ou deux faces M' qui s'appliquent l'une à l'autre, mais une face M avec une face AI'. Il est vrai que, de cette manière, l'association des deux cristaux est disposée obIif|uenient, et que la coupe est un rhombe alongé; mais Taccroissement rétablit I)ientôt l'égalité des faces. §. 120. Pour faire mieux sentir cette hypothèse d'une ma- 1 Dans la figure 1^2 la face postciipure du cristal est marquée P', parce que celte figure servoit à 1 eclairci';?emeiit du S. 114, dans lequel MOUS avons fait naftre l'iiéiiiitropie vn supposant uno demi - rôvoîulioii . En désignant ainsi différemment, l'une par P, l'autre par P' , d.-ux faces qui sont parallèles, nous avons vuulu faire sentir qu'elles diffè- rent en ce que , par rapport ù une ni'me hase, l'une fait un angle «btus, tandis que l'autre f.^i^ un angle aigu. 58o CRI nicre générale, nous ferons remarquer que les hëmitropies n'ont lieu que dans des cristaux, ou plutôt dans des systèmes cristallins dans lesquels deux faces parallèles , quoique égales et semblables par leur forme et par leurs propriétés symétri- ques, ont cependant l'une et l'autre une symétrie inverse à leurs deux extrémités, ou plutôt à celles d'une ligne tracée de la même manière sur le plan de chacune de ces faces. ' Ainsi, par exemple, dans le cristal fig. i5i , la face P, for- mant à son extrémité supérieure un angle dièdre obtus avec la base Y, possède, vers cette extrémité supérieure, une projriété symétrique différente de celle de sa parallèle P' , qui (correspond vers la même extrémité supérieure à un angle dièdre oiau. La même dilTerence de propriété symétrique entre ces deux faces P et P existe aussi à leur autre extrémité, mais en sens inverse. Il y a donc dans ces cristaux une sorte de polarité. Le p6!e supérieur de la face P ( fig. i5i ) est le mêuje que le pôle inférieur de sa parallèle P , et récipro- quement. On conçoit maintenant que, si l'atti'acllon doit tendre à faire appliquer ces faces exactement l'une à l'autre, cette ap- plication peut avoir lieu de deux manières : dans l'une deux pôles diî^ércns seront accolés, dans l'autre ce seront deux pôles semblables; c'est dans ce dernier cas, comme on l'a faitvoir, que l'hémitropie aura lieu. Telles sojit les présomptions qui peuvent aider à concevoir 1 En eiïet, on trouve Jcs cristaux liéniilropcs dans les espèces dont la forme priiiiitlvp rentre dans les solides suivans, les prismes à hase oUiaue . les octaèdres régulier et symétrique, et les rhoiuhoedi es. Les j,:i:iii(S recianj;ulair«s à base perpendiculaire n'en piésciiteiit pas, ou du moins les réunions de cristaux qu on y observe rentrent plutôt dns lH CRI CRISTKLLAIRE , Cristellaria. [Fois.) M. de Lamarck (dans son Prodrome d'un cours au Muséum , et dans rEncyclopédie méthodique, XXIII." partie des planches d'histoire naturelle) indique ce genre , mais sans le définir. Les espèces dont il se compose consistent en des coquilles ou corps crétacés fort petits et presqTie microscopiques, dont M. de Montfort a fait plusieurs genres, qu'il nomme Scortime, Lintiiurie, Péné- ROFiE, Oréade (voyez ces mots), pour les espèces vivantes. Nous ne parlerons, sous le nom de Cristellaire , que des espèces fossiles. La Cristellaire casque; Cristellaria cassis, Lam. Coquille discoïde, multiloculaire , dont le dernier tour, qui enve- loppe tous les autres, est composé de sept à huit cloisons, que l'on distingue aisément au travers du ttt, qui est trans- parent, et par les petites côtes qu'elles forment à l'extérieur. Quelques-unes de ces côtes sont chargées, vers le centre de la coquille, de petits tubercules transparens. Ce qui est bien remarquable dans cette espèce et dans quelques autres du même genre , c'est une carène mince en forme de crête, dont elle est entourée. Je n'ai pu apercevoir s'il y a un siphon qui communique d'une cloison à l'autre , comme dans les nautiles ou les cornes d'ammon , et je soupçonne que les coquilles de ce genre, comme toutes celles qui sont cloisonnées, ont été recouvertes, au moins en partie, par le corps des ani- maux qui les ont formées; car on ne voit aucune loge qui auroit pu le contenir. Le diamètre de celte espèce est de trois lignes: on la trouve en Italie, dans la Toscane, et j'en possède qu'on assure avoir été rapportées avec la sonde du fond de la mer près du pic de Ténérilfe. On en voit une figure dans les planches de l'Encyclopédie, pi. 467, fig. 3, a, B, c. La Cristellaire lisse; Cristellaria lœ'.is, Def. Celle-ci ne diffère de la précédente que parce que ses cloisons ne for- ment point de côtes à l'extérieur, et qu'elle ne porte qu'un assez gros tubercule à son centre. On la trouve avec la pré- cédente , dont elle pourroit n'être qu'une variété. La Cristellaire alongée; Cristellaria producta , Lam. Cette espèce est plus aplatie que les précédentes, et son dernier tour , au lieu d'embrasser tous les autres , s'alonge en s'élar-. CRI 6i5 glssant. L'extérieur des premières cloisons est chargé de pe- tites perles luisantes : du reste elle ressemble aux précédentes, avec lesquelles on la trouve. Elle est figurée dans les plan- ches de l'Encyclopédie, pi. l\&'] , fig. 3 , e , f , g. La Cristellaire éperon; Cristellaria calcar , Def. Cette es- pèce est moins grande et moins aplatie que les précédentes.- ce qui la rend fort remarquable, c'est que la crête dont elle est environnée, est divisée en pointes qui lui donnent la figure de la molette d'un éperon. On la trouve en Italie, et on en voit des figures dans l'ouvrage de Soldani sur les coquilles microscopiques. Quelques naturalistes ont pensé que les espèces ci-dessus n'étoient pas fossiles, parce que quelques-unes avoient été trouvées dans la nier; mais il y a tout lieu d'être assuré qu'elles sont à cet état, parce que presque tous les individus que je possède sont pyriteux ou ferrugineux. (D. F.) CRISTE- MARINE. {Bot.) On trouve dans quelques livres, sous ce nom, la bacile ou crête -marine. (J. ) FIN DU ONZÎEJJE VOLUME. Strasbourg, de l'imprimerie de F. G. Levrault, imprimeur du Roi. ^^^ni^amiMi^'K^ p ' 1 \m m m m 1 @ ^ !i ■ ^ m \Jr 3 m e m ^ m ES m ^ i ^ R Wi m m x^ m m ^ @ & @ 3 s m @ 3 m @ m a m " i m " ^' m 1 m - ^ ï^ E m m h ^ 1 m