DICTIONNAIRE j DES SCIENCES NATURELLES, DANS LEQUEL ON TRAITE MIÉTHODIQUEMENT DE» DIFFiftENS ÊTRES DE LA NATURE , CONSIDÉRÉS SOIT EN EUX-MÊMES, d'aPRÈS l'ÉTAT ACTUEL DE NOS CONNOISSANCES , SOIT RELATIVEMENT A L'oriUTB QU'eN PEUVENT KETIREa LA MÉDECINE, t'AGaiCULTURE , LE COMMERCE ET LES ARTS. SUIVI D'UNE BIOGRAPHIE DES PLUS CÉLÈBRES NATURALISTES. PAR Plusieurs Professeurs du Jardin du Roi , et des prindpales Écoles de Paris. TOME VINGT-SIXIÈME, LEP-LIN. F. G. Levrault, Éditeur, à STRASBOURG, et rue des Fossés M. le Prince, N.° 3i , à PARIS. Lb Normamt, rue de Seine, N."* 8, à PARIS, 1825. ^ LIBRARY OF 1865-1056 DICTIONNAIRE DES SCIENCES NATURELLES. TOME XX VL LEP = LIN. Le nombre d* exemplaires prescrit par la loi a été déposé. Tous les exemplaires sont revêtus de la signature de P éditeur. DICTIONNAIRE DES SCIENCES NATURELLES, DANS LEQUEL ON TRAITE MéTHODIQUEMENT DES DIFFÉRENS ÊTRES DE LA NATURE, CONSIDÉRÉS SOIT EN EUX-MÊMES, d'aPRÈS l'ÉTAT ACTUEL DE NOS CONNOISSANCES , SOIT RELATIVEMENT A l'uTILITÉ Qu'eN PEUVENT retirer LA MÉDECINE, l'aGRICULTURE , LE COMMERCE ET LES ARTS. SUIVI D'UNE BIOGRAPHIE DES PLUS CÉLÈBRES NATURALISTES. Ouvrage destiné aux médecins, aux agriculteurs, aux commerçans, aux artistes, aux manufacturiers, et à tous ceux qui ont intérêt à connoître les productions de la nature, leurs caractères génériques et spécifiques, leur lieu natal, leurs propriétés et leurs usages. PAR Plusieurs Professeurs du Jardin du Roi , et des principales Écoles de Paris. TOME VINGT-SIXIÈME. F. G. Levrault, Éditeur, à STRASBOURG, et rue des Fossés M. le Prince, N.° 3 i , à PARIS. Le Nokmawt, rue de Seine, N.° 8 , à PARIS. 1823. Liste des Auteurs par ordre de Matières. Physique générale. M. LACROIX, membre de l'Académie des Sciences et professeur ' au Collège de France. ( L- ) Chimie. M. CHEVREUL, professeur au Collège royal de Charlemagne. (Cb.) Minéralogie et Géologie. M. BRONGMART, membre de l'Académie des Sciences, professeur à la Faculté des Sciences. ( B. ) M. BROCHANT DE VILLIERS, membre de l'Académie des Sciences. ( B. ck V.) M. DEFRANCE, membre de plusieurs Sociétés sava (D. F.) Botanique. M. DESFONTAINES, membre de l'Académie des Sciences. ( Uesf. ) M. DE JUSSIEU, membre de l'Académie des Sciences, prof, au Jardin du Roi. (J.) M. MIRBEL, membre de l'Académie de> Sciences , professeur à la Faculté des Sciences. (B. M.) M. HENRI CASSINI, membre de la Sociéré philomatique de Paris. ( H. Cass. ) M. LEMAN , membre de la Société pbilo- matique de Paris. (Lem.) M. LOISELEUR DESLONGCHAMPS, Docteur en médecine , membre de plusieurs Sociétés savantes. ( L. D. ) M. MASSEV. ( Mass. ) M. POIRET, membre de plusieurs Sociétés savantes et littéraires, continuateur d l'Encyclopédie botanique. (Po;r.) M. DE TUS SAC, membre de plusiem Sociétés savantes, auteur de la Flore des Antilles. (De T.) Zoologie générale, Anatomie et Physiologie. M. G. CUVIER , membre et secrétaire per- pétuel de l'Académie des Sciences, prof.au Jardin du Roi , etc. ( G. C. ou CV. ou C) Mammifères. M. GEOFFROY , membre de l'Académie des Science» , professeur au Jardin duRoi. ( G. ) Oiseaux. M. DUMONT, membre de plusieurs Sociétéi savantes. (Cb. D.) Reptiles et Poissons. M. DE LACÉPÉDE , membre de l'Académie des Sciences , professeur au Jardin du Roi. (L. L.) VJ. UUMERIL, membre de l'Académie des Sciences, professeur à l'Ecole de méde- cine. ( C. D. ) M. CLOQUET, Docteur en médecine. (H.C.) Insectes. M. DUMERIL , membre de l'Académie des Sciences, professeur à l'École de médecine. (C. D.) Crustacés. M. W. E. LEACH, membre de la Société royale de Londres, Correspondant du Mu- siura d'histoire naturelle de France. (W. E. L.) Mollusques, Fers et Zoophytes, M. DE BLAINVILLE, professeur U la Faculté des Sciences. (De B.) M, TURPIN, n.ituraliste , est chargé de l'exécution des dessins et de la direction de la gravure. MM. DE HUMBOLDT et RAMOND donneront quelques articles sur les objets nouveaux qu'ils ont observé» dans leurs voyages, ou sur les sujets dont ils se sont plus particulièrement occupés. M. DE CANDOLLE nous a fait la même promesse. M. F. CUVIER est chargé de la direction générale de l'ouvrage, et il coopérera attS articles généraux de zoologi* et » l'histoire des mammifères. (F. C, ) DICTIONNAIRE DES SCIENCES NATURELLES. LEP LePACHYS. (Bot.) Le Journal de Physique d'août 1819 contient un Mémoire de M. Rafinesque, intitulé Prodrome des nouveaux genres de plantes observés en 1817 et 1818, dans l'intérieur des Etats-Unis d'Amérique j et dans ce Mémoire nous trouvons un genre Lepachys , décrit de la manière suivante : « Périanthe double, chacun 8-phylle. Phoranthe oblong, ^ç paléacé. Paillettes à base concave, trifides, lobe du milieu « épais, trigone, tronqué, tomenteux. Calice entier, mem- « braneux. Fleurons tubuleux, 5-dentés ; cinq étamines « courtes, stigmate bifide. Rayons neutres environ huit- « bidentés. Semences obovées , comprimées, lisses, entières. « lyP^ lepachys pinnatifida , qui est la rudbeckia pinnata « des auteurs. *^ Nous avons copié très-servilement le texte même de M. Ra- finesque, parce que nous avons rarement le bonheur de bien comprendre ses expressions, et qu'en traduisant son langage dans le nôtre nous risquerions de commettre des erreurs. Par exemple, ici, nous avouons ne pas comprendre ce que c'est que le calice entier , membraneux, et les semences entières. Dans la Florula Ludoyiciana du môme auteur, publiée en 26. 1 LEP 1817, c'cst-à-clire , deux ans avant le Prodrome dont il s'agit , nous voyons qu'à cette époque M. Ralii'.escjue noinnioit autre- ment son genre Lepachys; car il disoit alors que fontes les espèces de rudheckia ayant les semences nues, comme lu rud- heckia-pinnataet autres, dévoient former son genre Obclistcca. Mais dans les Annals of nature ( 1" numéro de Tannée 1820) , il paroft que ce botaniste conserve Vobelisteca et le Icpachjs, et il semble ne plus attribuer des semences nues au lepaohjs. Nous laissons à d'autres lesoifi de concilier ces conti'adictions, si elles sont moins réelles qu'apparentes. Au reste, ce nescroit pas le seul exemple des changemens successifs que M. Ilafi- nesque fait subir à ses propres genres, et qui contribuent avec d'autres causes à les rendre fort énigmatiqucs.- Il peut être utile de décrire ici les caractères génériques que nous avons observés sur un individu vivant de ruàhcchia pin- nata, cultivé au Jardin du Roi. Calathide radiée : disque multidore, régulari flore, androgy- niflore; couronne unisériée, ligulillore, neutri/Iore. l'éricline supérieur aux fleurs du disque: formé de squames pancisc- riées, à peu près égaies, diffuses , ina})pliquées, linéaircs-su- bulées, foliacées. Clinanthe cylindrique, très-élevc; garni de squamelles inférieures aux fleurs, demi-embra«santes, élargies de bas eti haut, arrondies et voûtées supérieurement, bordées sur cliaque côté par uu gros vaisseau plein de suc propre. Fleurs du disque • Ovaire obovale, comprimé, glabre, lisse, .absolument privé d'aigrette: corolle à tube nul ou presque nul. Fleurs de la couronne : Faux ovaire stérile; style nul; des rudimens d'étamines avortées j corolle à tube très-court, à languette très-longue, bi-tridenlée au sommet. M. Rafinesque ayant dit, dans la Florula Ludoviciana , qu'il falloit rapporter à son genre llalibida toutes les espèces de rudheckia a. périanllie simple, c'csl-à-dire , à périclioe unisé- rié, comme la rudheckia columnaris de Pursh, nous ajoutons la description des caractères génériques que nous avons observés sur une jjlante vivante, cultivée au Jardin du Roi , où elle étoit étiquetée rudheckia amplexicaulis. Calalhide radiée: disque multiflore , régulariflore, an- dro"yuiUore ; couronne unisériée, liguliflore , neutriliore. Péiicline orbiculaire, supérieur aux fleurs du disque; formé LEP 5 de squames unisériées, à peu près égales, linéaires-aigucs , foliacées. Clinanthe cylindrique, élevé; garni de squamelles inférieures aux fleurs, demi embrassantes , élargies de bas en haut , voûtées, arrondies et apiculées au sommet^ bordées sur chaque côté par un vaisseau plein de suc propre. Fleuri du disque: Ovaire oblong , un peu comprimé, subtétragone- arrondi , glabre, lisse, privé d'aigrette: corolle à tube assez long. Fleurs de la couronne : Faux ovaire privé d'ovule; style nul; corolle à tube très-court, à languette large, elliptique, tridentée au sommet. En comparant cette seconde description générique avec la première , on ne trouve qu'une seule diSerence notable, c'est que le péricline est paucisérié dans la première plante, et unisérié dans la seconde, en sorte que celte dernière semble- roit devoir appartenir au genre Ratibida de M. Rafinesque, tandis que l'autre est son lepachjs. Mais 'û est évident pour nous que les deux plantes sont congénères, et qu'il faut attribuer au genre qui les réunit un péricline unisérié ou paucisérié. Nous pensons que le genre Rudbeckia peut être divisé en deux sous-genres : l'un, nommé rudbeckia, seroit caractérisé par la présence d'une petite aigrette stéphanoïde ; l'autre nommé, si l'on veut, lepachjs ou obelisteca , mais qu'il seroif mieux d'appeler obeliscotheca ou oheliscaria , différeroit de l'autre par l'absence de l'aigrette. (H. Cass.) LEPADITE ou PATELLITE. (Foss.) Les oryctographes ont donné ce nom aux patelles fossiles. (Desm.) LÉPADOGASTERE, Lcpadogasterus. {Ichthjol.) On donne ce nom à un genre de poissons cartilagineux , à branchies com- plètes, de l'ordre des téléobranches et de la famille des plé- coptères de M. Duméril , ou de celle des discoboles de M. Cu- vier. On reconnoît les espèces qui le composent aux cai'ac- tères suivans : Nageoires pectorales doubles ; catopes réunis en forme de disque concave ; os de l'épaule formant en arrière une légère saillie , qui complète un second disque, à laide d'une membrane qui unit les nageoires pectorales. Ce genre, créé par Gouan , et adopté depuis par tous les ichlhyologistes , est très-facile à distinguer des cycloptères et des cyclogastcres, qui appartiennent à la même famille que 1. 4 LEP lui, niais qui ont les nageoires pectorales simples. (Voyez Cy- CLOGASTÈRB , CyCLOPTÈRE, DiSCOBOLES Ct Pl.I^XOPTKRES. ) Le nom de lépadogastèrc , par lequel on le désigne , est tiré dugrecAêTï-aç (coquille), et >ao-7«^ (ventre) , et indique la dis- position des catopes qui loruienl uiit- suite de conque, à la partie ini'cricure du corps. Les espèces connues dans ce genre peuvent être partagées en deux sections. §. I. Nageoires dorsale et anale distinctes de la caudale. Le Lépadogastère Gouanj Lepadogaslerus Gouanii, Lacép. Deux filamens déliés ct noirâtres auprès des narines; corps ver- dàtre, couvert de petits tubercules bruns; tête plus large que le corps, marquée de deux taches brunes en forme de croissant; yeux gros, à iris verdâtre, à prunelle noire: museau pointu et strié; mâchoire supérieure avancée ; bouche ample , garnie de deux sortes de dents, les unes mousses et comme granu- leuses, les au très aiguës, bicuspidées et recourbées en arrière ; langue lisse; nageoire caudale arrondie. Taille de dix à douze pouces. On trouve ce poisson dans la mer Méditerranée, et surtout sous lesgalets calcaires du rivage de JNicc. Bonnaterre l'a figuré sous le nom de ^owc/zerpo7'fe-cc«c/Zi'; on l'a aussi nommé barbicry fl âiins le déparlement des Alpes-Maritimes, on l'appelle pei- jjoiirc, suivant M. Risso. M. Cuvier le regarde comme étant le même animal qce le lepadogaster roslratus de M. Schneider. Le Lépadogastère Balbis; Lepadogastcrus Balhis , Risso. Mu- seau prolongé et aplati, marqué de trois sillons lorgitudinaux. Louche ample; mâchoires égales, garnies de pclifcs dénis toutes aignè's ^yeux grands, à prunelle rouge et à iris bleuâtre, ct garnis sur les côtés de deux appendices bruns: dos d'un rouge violet, avec des taches foncées d'un rouge vif et des points noirs ; disque etabdomen d'une teinte aurore ; nageoires lisérées et tachetées derouge ; deux appendices aux narines. Ce poisson habite la mer de Villcfranche , aux environs de Nice. Sa taille est de trois à quatre pouces. Il a été décrit d'aborl par M. Risso. M. Cuvier pense qu'il pourroit bien être le même que le cjcloiJlerus cornubiciis de Shaw,ouque le jura sucher de l'ennant. LEP 5 Le Lûp ADOGASïÈREDECATSiTiou.F. ; Lepadogasteriis Candolii ,Risso. Têfe Irès-large; museau alongé et arrondi; bouche ample, mâchoires égales, garnies de petites dents; yeux à iris doré, à prunelle améihyste; corps d'un brun roussàtre , couvert de poin(s jaunes; opercules ornées de plusieurs raies et de taches rondes d'un rouge vif; nageoire dorsale obscure , tachetée de points blancs; anale rose; caudale pointillée de rouge; point d'appendices sur les narines. On trouve ce poisson, de la taille de trois, pouces environ aussi, dans les profondeurs sablonneuses de la mer du Saint- Hospice, encore auprès de Nice. Il offre plusieurs variétés, qui toutes, dans le pays, portent le nom depeiS. Peire. M. Risso l'a dédié au savant botaniste Decandolle, comme il a dédié le précédent au professeur Balbis de Turin. §. II. Nageoires dorsale, anale et caudale réunies. Le Léi^adogastère Willdenow; Lep ado g as ter us Willde9,owii, Risso. Museau arrondi, aussi large que la tête; bouche ample; dents aiguës ; langue rude; yeux bruns, à prunelle noire. Dos d'une couleur feuille-morte, nuée de brunâtre avec des points rouges très-fins; taille de trois pouces à peu près; point d'ap- pendices aux narines. Ce lépadogastère est encore de la mer de Nice. M. Risso l'a dédié au botaniste Willdenow, et en a donné une bonne figure. (H. C.) LLPANTHE, Lepanthes. (Bot.) Genre de plantcsmonocotylé < dones, à fleurs irrégulières, de la famille des orchidées, de la gjnandrie monandric de Linnaeus, offrant pour caractère essen- tiel : Une corolle à cinq pétales étalés; les extérieurs conni- vens à leur base ; les intérieurs irréguliers; pointdelèvreou de sixième pétale , mais un style ailé à sa base ou à son sommcl ; point de calice ; une anthère operculée et caduque. Les espèces qui composent ce genre avoient été d'abord pla- cées par Swartz, parmi les epidendrum. Depuis, le même auteur en a fait un genre particulier sous le nom de lepanthes : elles sont toutes originaires des contrées chaudes de l'Amérique , et croissent sur le tronc des arbres. Lbiuisïjie a pétales ronds : Lepanthes eoncinna, Swartz, 6 LEP Now. Ae. Vps., G, p. 85 ; WillfK, Spec , 4 , p. 140; Epiden- drum ovale, Sw., Prodr. , laS. Ses racines sont filiformes et rampantes; ses trges grêles, agrégées, garnies dans leur lon- gueur dégaines distantes, concaves, obliques, étalées, ciliées à leurs bords ; une seule feuille ovale , un peu plane , obtuse, quelquefois purpurine ; les fleurs jaunes , petites, pe- dicellées; une bractée en cœur sous chaque pédicelle; les trois pétales extérieurs arrondis, jaunes, connivensà leur base; les deux intérieurs plus petits , lancéolés , aigus , d'un rouge écar- late; le style en forme de colonne droite , un peu cylindrique, muni, vers son sommet, de deux petites ailes linéaires, de couleur écarlate, soutenant une anthère ovale, à deux loges; 'une capsule ronde, de la grosseur d'un poi , longuement pédicellée, à six angles saillans, membraneux. Cette plante croît sur les hautes montagnes , à la Jamaïque. LéPANTiiE ÉLÉGANT : Lepanûies pulchella, Swartz, loc. eit. j Epidendrum pulchelLum, Swartz, Prodr. On distingue cette plante de la précédente par ses feuilles plus arrondies, par ses grappes moins garnies, par ses fleurs plus grandes, subu- lées à leur sommet avant leur entier épanouissement, par les pétales ciliés. La corolle est entièrement jaune; le style d'un rouge de sang, muni de deux petites ailes purpurines et ciliées; les capsules médiocrement pédicellées, arrondies et trigones. Cette plante croît à la Jamaïque , sur les montagnes. Lépanthe TRiDEtijÈ -.Lepanthes tridentala, Swartz, Le; Epi' dendrum tridentatum. , SAvartz, Prodr. Cette espèce a des tiges filiformes, longues de deux ou trois pouces, accompagnées à la base d'une seule feuille ovale, un peu alongée, aiguë à ses deux extrémités , souvent munie de trois dents au sommet. Les fleurs sont disposées en grappes capillaires , souvent soli- taires, plus longues que les feuilles; la corolle petite; le pé- tale supérieur en co3ur, acuminé; les deux inférieurs aigus, point ciliés; les intérieurs très-petits, courbés en faucille ; le style d'un rouge de sang, ailé à sa base; la capsule pédicellée, arrondie, fort petite, à trois cannelures. Cette plante croit à la Jamaïque , sur les hautes montagnes. Lépanthe a feuilles de cochleaivia : Lepanthes cochlearifolia , Swartz, h Ci Epidendrum cochlearifoliiim .^ Sw, , Prudr. Très- LEP 7 belle espèce dont (es racines sont filiformes, blanchâtres; les tiges nombreuses, cylindriques, longues de deux ou trois pouces, munies de gaines rapprochées, hérissées et ciliées à leurs bords; une l'euille inférieure orbiculatre, concave, quelquefois purpurine. Les fleurs sont fort petites, d'un rouge de sang; les pédicelles très-courts; les nétaies extérieurs ovales, concaves, élargis, étalés, acuminés, de couleur purpurine; les intérieurs très-petits, linéaires, d'un rouge de sang, capillaires à leurs deux extrémités, bidentés , ciliés ; les capsules arrondies, fort petites. Cette plante croit à la Jamaïque , sur les rochers et le tronc des arbres. (Fom.) LEPAKIS. {Bot.) Voyez Liparis. (L. D.) I.EPAS. ( Concliyl.) Ce nom qui en grec veut dire écaille, est employé par quelques conchyliologistes, pour désigner, avec Aristote , les animaux que l'usage fait maintenant désigner sous la dénomination de patelles, parce que leur coquille a quel- que chose de la forme d'une écaille, ou que les rochers, lors qu'ils en sont couverts en grande quantité, semblent couverts d'écailles.Adanson est, par exemple, au nombre de ces auteurs, mais Linnœus, ayant, avec les traducteurs d'Aristote , appelé la coquille de ces auimaux patella, à cause d'une sorte de res- semblance avec un petit plat, a transporté le nom de lepas à des animaux extrêmement dilFérens, et chez lesquels , en effet , les pièces de la coquille sont disposées sur le corps de l'animal , à la manière des écailles. Ce sont Its animaux que nous nommons en françois Anatifes. Voyez ce mot et Vx- TELLK. ( De B. ) LEPAS EN BATEAU. (Conchj-l.) , nom marchand de la pa. telle rustique, patctla rustica, Linn. (De B.) LEPAS FENDU. {Conckyl.) Voyez Emauginulë. (Dfsm.) LEPAS DE MAGELLAN {ConchjL) , de Davila. C'est la fissurelle radiée de Lamarck. (Desm.) LEPAS STRIÉ DE BRETAGNE. {ConchjL) C'est la patelle granulaire, -patella granularia , Linn. (De B.) LEPAS EN TREILLIS. {ConchjL) C'est la patelle grecque, yatella grœca, Linn. (De B.) LEPAS TUILÉ ET ÉPINEUX (ConchyL), Falella oyanatma , Linn. (De B,) 8 LEP LEPÉCHIN. ( Ichthfol.) On a donné le nom du voyageur Lepéchin à un poisson de Sibérie qui appartient au genre Saumon , et qui doit être placé près des truites. Voyez Saumon et Truite. (H. C.) LEPECHINIA. (Bot.) Genre de plantes monocotylédones, à fleurs complètes, monopétalées , irréguliéres , de la famille des labiées, de la didjnamie gjmnospermie de Linnœus, offrant pour caractère essentiel: Un calice presque à deux lèvres, la supérieure tridentée, l'inférieure bifide: les divisions subulécs, aristées: une corolle labiée, à peine plus longue que le calice; la lèvre supérieure échancrée, à deux lobes, l'inférieure tri- fide : la découpure du milieu plus grande ; quatre étamines didynames, distantes; un ovaire supérieur; un style; quatre semences au fond du calice, Lepechinia en épi : Lepechinia spicata, "Willd., Hort. BeroL, tab. 2 1 ; Horminum cauleseens , Orteg. , Dec, p. 63. Ses tiges sont herbacées, droites, glabres, quadrangulaires, hautes d'un demi-pied à un pied, garnies dans toute leur longueur de feuilles opposées, pétiolées, ovales-oblongues, obtuses, vertes, presque glabres, un peu crénelées ou dentées en scie, arron- dies et presque tronquées à leur base , longues d'un pouce et plus. Les fleurs sont terminales, verticillées, d'un jaune pâle, accompagnées de bractées ovales-acuminées; les calices gla- bres, terminés par cinq pointes en forme d'épines. Celte plante croît au Mexique, On la cultive au Jardin du Roi. (POXR.) LEPELAER. {Omith.) Voyez LEEPEr.AER. (Ch. D.) LEPEL-GANZ (Ornith.) , un des noms allemands du canard morillon , anasfuligula. Linn. (Ch. D.) LEPIA. (Bot.) Hill, botaniste anglois, nomme ainsi le zizania de Linnagus. Le même nom est donné par M. Desvaux à quelques tjilapsi, qui sont des lasioplera de M. Andre\vs; et M. Decandolle l'emploie aussi pour désigner une des sections de son genre Lepidium. Voyez Lasioptera. (J.) LÉPlC AUNE , Cafonùi. {Bot.) [Chicoracécs, Juss.^^Srngéné- sic polygamie égale, Linn.] Ce genre de plantes appartient à l'ordre dessynanthérées, à la tribu deslactucées, ef à notre sec- tion naturelle des lactucées-crépidées , dans laquelle nous l'avons placé entre les deux genres Barkhausia et Crépis. Voici LËP 9 les caractères que nous proposons d'assigner nu genre Calouia, et que nous avons observés sur la ealonia hlattarioidrs. Calathide incouroniiée, radiatiformc, mullinore, fissiflore, androgyiiiilore. Péricline inférieur aux fleurs extérieures, double : l'extérieur égal à l'intérieur, formé de squames égales, subunisériées, inappliquées, dressées, un peu arquées en dedans, oblongues, étroites, presque linéaires, aiguës, foliacées, uninervées, presque carénées, garnies de longs poils charnus sur la nervure et sur les bords; l'intérieur formé de squames égales, unisériées, appliquées, oblongues, obtuses au sommet, subfoliacées, un peu membraneuses sur les bords, ca- rénées, trcs-épaissics eu dehors à la base, hérissées sur la ca- rène de longs poils charnus très-nombreux. Clinanthe plan , garni de courtes fimbrilles piliformes. Ovaires longs, minces, subcylindracés ou subtétragones, nullement amincis à la base, très peu amincis de bas en haut, privés de col, glabres , lisses, rayés longitudinalement , pourvus d'un bourrelet apicilaire; aigrette longue, blanche, composée de squamellulcs nom^ breuses, inégales, filiformes, grêles , très-peu barbellulées. Co- rolles glabres. Lépicaune a feuilles de BLATTAiRE : Catonia biatlarioides, H. Cass.; Lépicaune multicaulis , Lapeyr. , Hist. abr. des PI. des Pyr. , pag. 478; Catonia sagiltata ,Mœnch , Methodas, p. 63G; Hieraciurn blattaroides, Linn., Sp.pl,., edit. 3, p. 1 i29;Dccand., 1"1. Fr., tom. IV, pag. 33. C'est une plante herbacée, à tiges hautes d'un pied et demi, dressées, rameuses, anguleuses, presque glabres ou garnies de quelques poils épars; les feuilles, longues d'environ quatre pouces, larges d'environ u.n pouce et demi, sont alternes, sessiles, embrassantes, lancéolées, sa- gittées cà la base, inégalement et irrégulièrement dentées sur les bords, un peu poilues en dessus, très-poilues en dessous, vertes des deux côtés; les feuilles supérieures graduellement plus petites; les calathides , larges de quinze lignes, et com- posées de fleurs d'un beau jaune, sont paniculées en haut de chaque tige; mais chacune de ces calathides est solitaire au sommet d'un pédoncule axillaire, long de deux pouces, poilu, aphylle ou garni seulement de quelques petites fcTjilles. Nous avons fait cette description spécilique, et celle des carac- tères génériques, sur un individu vivant, cultivé au Jardin du »o LEP Roi , où il flcurissoit an mois de juin. Cette plante , vivace par sa racine, habile les prairies pierreuses des Alpes et des Py- rénées, où elle fleurit en juin et juillet. Les catonia sont attribués par la plupart des botanistes au genre Hieracium , et par quelques uns au genre Crcpis. Mœnch , en J794, a proposé, dans sa M ethodus plantas describeadi , de faire pour ces plantes un genre particulier, dédié à Caton , auteur d'un traité d'agriculture. Le calonia placé par Mœnch entre le Crépis et le Ficris , est, selon lui, caractérisé par le péricline obiong, double, l'intérieur à'folioles lancéolées-li- néaires, aiguës, un peu squarreuses, l'extérieur à folioles très- làches, presque égales, les fruits oblongs , anguleux , lisses, l'aigrette persistante. L'auteur admet dans ce genre les hie- racium blattarioides el amplexicauLc di; LinnseuSj qu'il nomme catonia sagittata et cordifolia , et il remarque que ces deux plantes diffèrent des hieracium ^ar le clinanthe et la figure du péricline, et des crcpis par la figure du péricline et l'uigrctJe persistante. M. de Lapeyrouse , en i8i3, dans son Histoire abrégée des plantes des Pyrénées, a reproduit, sous le nom de lepicaune , le genre Catonia de Mœnch, dont sans doute il ignoroit l'existence. Le nouveau nom générique est composé de deux mots grecs, qui signifient écailles lâches. L'auteur place le genre dont il s'agit entre Vhieracium et le crépis , et il lui attribue pour caractères, le péricline formé de sifuamcs lâches, larges, un peu carénées, les fruits acuminés aux ueux bouts et striés, l'aigrette très-blanche, soyeuse, plus longue que le fruit et que le péricline. Aux deux espèces admises par Mœnch dans le catonia, M. de Lapeyrouse en adjoint sept autres, en sorte qu'il compte neuf espèces de lepicaune., savoir.- 1.° lepi- caune ialsamca, qui est Vhieracium amplexicaule de Linnœus ; ■j." lepicauneintjbacea, qui Vhieraciunialbidum deViUars ; 3.° lepi- caune grandijlora , qui est VJiicracium s^randijlorum d'Allioni ; 4.° lepicaune muUicaulis , qui est l'iiieracium blattariuides de Lin- iia;us; 5." lepicaune turbinata; 6." lepicaune spinul osa; 'j .° lepicaune prunellœfolia , qui est Vhieracium pruncllœfolium de Gouan ; y.° lepicaune albida , qui est le crépis albida de Villars; 9." lepi- caune Lomenlosa , que M. Decaudolle soupçonne d'être une va- riété du senecio doronicurn, JNous avons iioi^neu ajutnt ub.ervé les liiaacium blatlurioi- LEP des, grandijlorum , amplexicaule (i) , ainsi que le crcpis albida-^ nous les avons comparés à plusieurs espèces des genres Hicra- cium et Crépis, et nous avons obtenu les résultats .suivans. Les hieracium blattarioides et grandi/lorum sont parfaitement congénères; ils ont la plus grande affinité avec les crcpis ; ils appartiennent à la section naturelle des lactucées-crépidées; ils n'ont point d'affinité avec les hieracium, qui appartiennent à une autre section. (Voyez notre article Lactuckes.) Uliiera- ciùm amplexicaule n'est point congénère des denx autres ; il n'a point d'affinité avec les crépis; il n'appartient point à la section des crépidées , mais à celle des hiéraciées, et il ne peut pas être séparé du genre Hieracium. Le crcpis albida est un barkliausia. Vhieracium blattarioides est le véritable type du genre Cafo- nia, qui doit conserver ce nom, puisque celui de lepicaune est beaucoup plus moderne. Le seul caractère qui puisse distin- guer ce genre du crépis, consiste en ce que le péricline exté- rieur est aussi long que le péricline intérieur, et que les squames dont il est composé sont égales entre elles , disposées sur un seul rang circulaire, dressées., un peu arquées en dedans. Le crépis sibirica (2) et même le crépis biennis offrent une disposition presque semblable , en sorte que nous étions fort tenté d'attri- buer ces deux plantes au genre Catonia; et il n'est pas douteux qu'elles forment une nuance intermédiaire entre les vrais ca/o- n/a et les vrais crepï5. On pourroit donc très-bien, à l'aide decef te nuance, fondre ensemble les deux genres, en supprimant le catonia,; et si on le conserve, ce ne doit être qu'à titre de sous- genre du crépis. Mais il faut bien se garder de le réunir, comme on a coutume défaire, au genre Hieracium, qui a le péricline imbriqué, les ovaires un peu amincis à la base, tronqués au sommet, l'aigrette roussâtre, de squamellules peu nombreuses, subunisériées, fortes, roides, cassantes, très-barbeîlulées. L'/ue- (1) Les trois plantes que nous désignons ainsi . sont hien certainement identiques avec celles qui se trouvent décrites sous les mêmes noms, dans la Flore Françoise de M. Decandolîe. (2) Si "Willdenow et Persoon avoient eu quelque ét;ard pour les affi- nités naturelles, ils ne se seroieat point avisés de transforer le CRcris siBiuiCA dans le genre Hiekacium. LEP raaium amplexicaule, adjoint mal à propos parMœnch et Lapey- rouse, au cafonm ou /ep/càwrae, nous a olFert tous ces caraclères du genre Hieracium. Il est vrai que les squames extérieures de son péricline sont inappliquées : mais nous avons reconnu que ce caractère n'a aucune importance chez les liieracium, et ne peut servir tout au plus qu'à distinguer des espèces, parce que les squames du péricline sont appliquées, demi - appli- quées, ou ina;;pliquées, chez des espèces évidemmentinsépa- rables. C'est pourquoi il est impossible d'adopter le genre Hieracioides de Mœnch , composé des hieracium sabaudum et umbellatum , et distingué de Vhieracium par le péricline squar- reux. Le crépis albida de Villars, dont M. de Lapeyrouse fait un lepicaune ou catonia, est rapporté par M. Decandolle au genre Picridiuin. [,es caractères génériques de cette plante paroissent avoir été fort mal étudiés jusqu'à présent, et ils présentent quelques difîicultés, qui rendent assez problématique la déter- mination du genre auquelil convient d'atlribuerla plante dont il s'agit. Nous croyons donc faire une chose utile, en décrivant ici les caractères génériques de cette plante , tels que nous les avons observés sur un individu vivant, cultivé au Jardin du Roi. Barkhausia albida, H. Cass. {Crépis albida, Vill.) Calathide incouronnée, radiatiforme, mulliflore, fissiflore, androgyni- flore. Péricline campanule, inférieur aux fleurs extérieures, double : l'extérieur formé de squames longues, inégales , plu- riscriécs, cOrame imbriquées, presque entièrement appliquées, ovales-lancéolées ; l'intérieur plus long, formé de squames égales, unisériées, appliquées, oblongues-lancéolées. Clinanthc plan, alvéolé, à cloisons épaisses, charnues, dentées, bordées de poils courts. Ovaires oblongs, alongés, subcylindracés, striés ; fruits mûrs cylindracés, striés, surmontés d'un col presque aussi épais que la partie inférieure séminifère , et d'autant plus long qu'il appartient à un fruit plus voisin du centre de la cala- thide; aigrette longue, blanche, composée de squamellules nouibreuscs, inégales, plurisériées, filiformes, menues, bar- bellulées. Corolles glabres. II est bien clair, d'après cette description, que notre plante ne peut pas ttre un i>icridium. 1! est moins évide'it que ce n'est LEP i3 ni un crépis, ni un catonia, mais un harhliausia. Les caractères ambigus, équivoques, du péricline et du fruit, peuv-ent inspi- rer des doutes à cet égard. Au premier aperçu, le péricline paroit imbriqué, parce que les squames formant la rangée inférieure sont entourées d'autres squames longues , inégaies, disposées sur plusieurs rangs, presque entièrement appliquées, et d'autant plus longues qu'elles sont moins extérieures. Ce péricline, très-analogue à celui du crépis sibirica, est comme lui intermédiaire entre le péricline imbriqué et le péricline double ou accompagné de squames surnuméraires, et il prouve qu'en certains cas, ces deux sortes de périclincs peuvent se confondre par des nuances. Mais l'analogie, à laquelle il faut recourir dans les cas douteux, démontre qu'ici , de même que chez toutes les au très crépidéeSjOn doit considérer la rangée inté- rieure des squames comme formant un péricline intérieur, et toutes les autres squames comme des squames surnuméraires ou formant un péricline extérieur. La structure du fruit n'est guère moins ambiguë que celle du péricline , parce que le col formé par le prolongement de sa partie supérieure est presque aussi épais que la partie inférieure séminifère, d'oii il résulte que ce col est peu distinct et peu reconnoissable extérieure- ment. Mais son existence n'en est pas moins certaine, et en conséquence nous attribuons la plante dont il s'agit au genre Barkhausi a ou Hostia. (Voyez notre article Hostie, tom. XXI, pag. 442.) La barkhausia albida, offrant un mélange des carac- tères propres au barkhausia, à Vhostia, au catonia, au crépis, est un exemple de ces espèces qui forment la nuance entre les genres voisins, qui déconcertent toutes les définitions généri- ques les mieux combinées, et qui prouvent que les genres, comme tous les autres groupes improprement dits naturels , sont réellement artificiels, et se réduisent à des abstractions créées par l'esprit de l'homme. Il faudroit avoir bien peu de philosophie pour en conclure qu'il faut renoncer à faire des genres, ou qu'il faut en faire le moins possible, et que les groupes dits naturels ne sont pas préférables aux groupes dits artificiels. Il est plus philosophique d'en conclure qu'un geni-e n'est pas nécessairement mauvais, par cela seul qu'il peut se confondre avec d'autres genres aumoyen de certaines espèces ambiguës ; car il n'y a presque pas de genres qui ne soient dans u LE? ce cas-là; il faudroît donc les supprimer (ous, c'est-A-dire , rendre impraticable l'étude des êt^cs naturels. Les caractères équivoques du péricline, chez le harkhausia alhida et le crei)ls sibirica, nous fournissent l'occasion de pro- poser quelques idées nouvellessur la structure du péricline des synanthéiees. Selon nous, l'étal naturel ou ordinaire de ce péricline est d'être imbriqué, c'est-à-dire, composé de squames disposées sur plusieurs rangées circulaires concentriques, immédiate- ment contiguës, etdont les bases, rapprochées jusqu'au contact, couvrent , sans aucun intervalle ni interruption , toute la sur- face de la partie inférieure ou extérieure du clinanthe. La coupe longitudinale d'une calathide de centaurée est très- propre à bien faire concevoir cette disposition. Maintenant, supposez que toutes les squames de ce péricline imbriqué avor- tent complètement, à l'exception de celles qui forment la rangée intérieure , vous aurez le péricline unisérié, dont notre emiliajlammea, figurée dans l'Allas de ce Dictionnaire, offre un exemple où l'on voit bien clairement que la partie extérieure ou inférieure du clinanthe est nue. Enfin , supposez un péri- cline imbriqué, dont vous laisserez subsister la rangée la plus intérieure, ainsi qu'une ou quelques unes des rangées exté- rieures, mais dont vous ferez avorter complètement les ran- gées intermédiaires ; vous obtiendrez de cette manière le pé- ricline double ou accompagné de squamules surnuméraires, tel que celui des séneçons, jacobèes, cacalies, etc., où l'on peut remarquer, sur la face extérieure ou inférieure du cli- nanthe , un intervalle nu , entre le péricline et les squamules surnuméraires. Remarquez qu'il n'y a aucune différence essen- tielle entre le péricline double et le péricline accompagné de squamules surnuméraires • nous disons le péricline double , quand les squames extérieures sont grandes et disposées de ïuariière à former un ensemble plus ou moins symétrique et régulier, comme danslecfl^onja; nous disons le péricline accom- pagné de squamules surnuméraires, quand les squames exté- rieures sont petites et disposées sans aucunesymètrie ni régula- rité, comme dans le séneçon. Il y a au contraire une différence essentielle entre le péricline bisèrié et le péricline double ou accompagné de squamules; car le péricline bisèrié n'est autre LEP i5 rhose qti'un pcrlcline imbriqué réduit à deux rangées de squames immédiatement contiguës , et par conséquent il ne doit y avoir aucun intervalle à la base entre ces deux rangées, cet intervalle ne pouvant résulter, suivant notre hypothèse, que de l'avortement d'une ou plusieurs rangées intermédiaires. INous ne parlons point ici de la distinction entre le péricline extérieur et l'involucre, parce que nous l'avons déj<à claire- ment établie, tom.X, pag. i5o. Il résulte de notre théorie que pour rcconnoître , dans les cas douteux, si un péricline est im- briqué ou s'il est double , il faut couper la calalhide longitudi- nalement, suivant son axe , et observer s'il n'y a pas le moindre intervalle à la base, entre l'origine de la rangée intérieure des squames et l'origine des autres rangées, auquel cas le péricline est imbriqué; ou bien, au contraire, s'il y a un intervalle quelconque , auquel cas le péricline est double. (H. Cass.) LÉPICÈNE {Bot.), nom que Richard donnoit à la glume des graminées. Voyez Glume. (Mass.) LEPIDAGATHIS. (Bot.) Genre de plantes dicotylédones, à fleurs complètes, monopétalées , irrégulières, delà famille des acanthacées , de la àidjnamie anf^ymnospermie de Linnaeus, offrant pour caractère essentiel : Un calice accompagné de plusieurs foliolesimbriquées, en forme {le bractées ; une corolle labiée; la lèvre supérieure très-petite, l'inférieure à trois lobes; quatre étamines didynames; un ovaire supérieur; un style; une capsule à deux loges. Lepidacathis a CRÊTES; Lepidugatliis cristata,yVi]UL, Spec, a, p. 400. Cette plante a des racines dures, noueuses, tortueuses; elles produisent des tiges ligneuses, diffuses, rameuses, hautes d'un à deux pieds, garnies de feuilles sessiles, opposées, roides, linéaires, obtuses, très-entières, glabres à leurs deux faces, rudesàleursbords, longues d'un à deux pouces. Ses fleurs sont agglomérées, réunies en une tête de la grosseur du poing; celles des rameaux éparses , beaucoup plus petites, de la grosseur dune noisette; les bractées imbriquées, en forme d'écaillés mucronées , les intérieures pubescentes ; la corolle à deux lèvres très-inégales ; l'inférieure fort petite; la supérieure tri- lobée. Les capsules se divisent en deux loges semblables à celles de Tacanthe. J'ai cru devoir donner le nom de bractées à la 16 LEP partie que Willdcnow nomme calice: il est probable qu'il lui sera échappé, cache parses bractées : c'est du moins ce qui est à croire, si l'on fait attention à l'analogie que ce genre doit avoir avec ceux de la famille à laquelle il appartient. Cette plante croît dans les Indes orientales. (Poii;.) LÉPIDAPLE, Lepidaplou. (Bot.) [Corynibifères, Juss. = Sjn- gcWsie polygamie égale , Linn.] C'est un sous-genre que nous avons proposé dans le Bulletin des Sciences d'avril iGjy (pag. GG); il appartient à l'ordre des synanthérées, à notre tribu naturelle des vernoniées, et au genre Vernonia.Voici ses ca- ractères. Calathide incouronnée, équaliflore, multiflore, régulafi- flore , androgynillore. Péricline formé de squames régulière- ment imbriquées, appliquées, subcoriaces, lancéolées, acumi- nées et presque spinescentes au sommet; les intérieures étré- cics de bas en haut, terminées en pointe , nullement élargies, arrondies, ni colorées au sommet. Cliitanthe plan, fovéolé. Ovaires cylindracés, striés, velus, pourvus d'un bourrelet b.isilaire cartilagineux; aigrette double : l'extérieure courte, composée desquamellules unisériées, plus ou moins laminées, linéaires ou subulées; l'intérieure longue, composée de squa- mellules filiformes, barbellulées. Lépidaple scorpionne : Lcpidaploa scorpioides , H. Cass. ; Yernonia scorpioides , Pers. , Sj'u. pZ. , pars 2 , pag. 404. Cette espèce est remarquable par ses épis imitant la queue de scor- pion. L'axe de l'épi est un rameau pédonculiforme , simple , dénué de feuilles et de bractées, grêle, velu, roulé en crosse vers le sommet; les caiathides , presque immédiatement rap- prochées les unes des autres, et absolument sessiles, sont dis- posées sur une seule rangée longitudinale, et elles sont toutes situées sur le côté convexe de leur support commun. Le pé- ricline est velu, parsemé de glandes ; ses squames extérieures sont ovales et un peu plus larges que les intérieures ; le cli- nanthe est alvéolé, a cîoi&ons membraneuses, découpées en lanières subulées : les aigrettes sont blanches, les corolles pur- purines. Nous avons observé cette plante dans l'herbier de M. Deslbntaines. Lépidaple a épis feuilles : Lepidaploap}ijllostach.ya, H. Cass. ; Vernonia arhorescens , Pers., Sjn. pL, pars 2 , pag, 404. Les ca- LEP 17 lathides sont disposées d'une manière analogue à celle qui a lieu dans l'espèce précédente; l'axe de l'épi est simple, grêle velu , arqué , et il perle un seul rang de calathides sessiles sur son côté convexe : mais ces calathides sont écartées les unes des autres, et chacune d'elles est accompagnée d'une petite feuille presque sessile, ovale, très-entière, à face inférieure extrême- ment velue, presque tomenteuse ou laineuse, à face supé- rieure parsemée de poils supportés chacun par un petit tu- bercule glanduliforme ; chaque calathide est haute de trois lignes; les corolles sèches nous paroissent être jaunes- elles sont longues, grêles, droites, à limbe pas distinct du tube et divisé profondément en lanières linéaires; le péricline est glabre, cylindracé, presque égal aux fleurs, et ses squames sont intradilatées, c'est-à-dire que les intérieures sont nota- blement plus larges que les extérieures; les aigrettes sont roussàtres ou grisâtres. Nous avons observé cette plante dans les herbiers de M. de Jussieu , sur des échantillons recueillis dans l'île de Porto-Rico. Lépidaple aristée : Lepidaploa aristata, H. Cass. Ses feuilles sont pétiolées, lancéolées, apiculées ou terminées au sommet par une pointe remarquable ; leurs bords sont irréguJiers, un peu sinués, munis de quelques dents spinuliformes; leur face supérieure est parsemée de longs poils à base glanduliforme- l'inférieure , d'un vert pâle, est parsemée de longs poils et de petitesglandesjaunesbrillantes. Les calathidessont disposées en épis composés, irréguliers; elles sont toutes dirigées d'un même côté de l'axe commun qui les porte; mais elles sont rassemblées en paquets de deux ou trois, les unes sessiles les autres courteraentpédonculées, et accompagnées de quelques feuilles inégales; le péricline est vert, très-pubescent et ses squames extérieures surtout se prolongent au sommet en une longue arête subulée , presque filiforme , roide ; les aii^rettes sont blanches. Nous avons observé cette espèce dans l'herbier de M. Desfontaines, où elle est étiquetée conjza arborescens • mais elle est fort distincte de la précédente. Lépidaple a tige blanche : Lepidaploa albicaulis, H. Cass. • Vernonia albicaulis , Vers., Sjn. pi., pars 2, pag. 404. Les feuilles sont pétiolées, ovales, obtuses, très-entières, minces parsemées sur les deux faces de glandes et de petits poils- le 26, i8 LEP péricline , très-inférieur aux ilcurs, est velu, blanchâtre, comme tomenteux; les aigrettes sont blanches; les corolles purpurines, très-profondément divisées en cinq lanières très- longues, très-élroites , linéaires. Nous avons observé cette plante dans l'herbier de M. de Jussieu , sur un échantillon re- cueilli dans l'île de Saint-Thomas. Lépidaple LANCKOr.ÉK : Lcpidaploa laiiceolata, H. Cass.; Aa? Vernonia longifolia, Vers., Sjn. pL, pars 2, pag. ZiO/,. Tige droite, tomenteuse; feuilles alternes, courtement pétiolées, longues de trois pouces, larges d'un pouce, lancéolées, très- entières, parsemées sur les deux faces de petites glandes etde poils fins et courts; calathides eu corymbe, terminant la lige et les branches. Chaque calathide est multiflore, haute de trois à quatre lignes, à corolles jaunes, très -profondément divisées en cinq lanières longues, étroites , linéaires , glandu- leuses au sommet; le péricline est très-inférieur aux ileurs , arrondi , velu , formé desquames intradilatées; les ovaires sont très-velus; l'aigrette extérieure est blanchâtre, l'inté- rieure grisâtre. Nous avons observé cette espèce sur un échan- tillon innommé de Therbier de M. Desfontaines. Lévidapleblanchatke: Lepidiiploacnnescens, H. Cass.; Verno- nia canesccns, Kunth, Nov. Gen. et Sp. pi., tom. IV, pag. 55 (edit. in-4°), tab. 517. Cette plante, trouvée au Pérou par IMM. de Hnmboldt et Donpland , est herbacée ou ligneuse, vo- lubile; à feuilles oblongues-lancéolées, acuminées, étrécies à la base, très-entières, un peu ridées, roides, pubescentes en dessus, poilues, soyeuses et blanchâtres en dessous; à cala- thides disposées à peu près unilatéralement en épis termi- naux et axillaires, à corolles violettes. LririDAPLE A FEUILLES DE BUIS; Lepidaplou buxifolia, H. Cass. Arbuste- rameux, presque entièrement glabre; rameaux plus oa moins tortueux, cylindriques, un peu anguleux, un peu 5)ubcsc^B«s et grisâtres; feuilles alternes , très-courtement pé- tiolées, longues de six lignes, larges de quatre lignes, obo- yaks, très-entièrts, roides, coriaces, glabres, lisses et luisantes en dessus, parsemées en dessous de petites glandes et de petits poils ; calathides presque sessiles, rapprochées à l'extrémité des rameaux. Chaque calathide est haute d'environ cinq lignes, et composée d'an moins dix fleurs, à corolle rouge, grande, ayant LEP ,rj les divisions longues. Le péricline turbiné, très-inférieur aux fletirs et aux aigrettes, e.'^t formé de squames régulièrement imbriquées, appliquées, coriaces, glabres, parsemées de glandes sur le dos de leur partie supérieure; les squames ex- térieurrs ovales, un peu obtuses ; les intérieures lancéolées. 31 y a immédiatement sous la base du péricline, un assemblage d'écaillés courtes , arrondies, imbriquées, couvrant la som- mité pédonculiforme du rameau qui porte la calathide. Le clinanthe est petit, plan et nu. Les ovaires sont cylindracés cannelés, glabres, parsemés de glandes, pourvus d'un bourre- let basilaire cartilagineux-, leur aigrette est roussâtre, double: l'extérieure courte , peu distincte , composée de squamellules inégales, filiformes -laminées, subulées, denticulées; l'inté- rieure longue, de squamellules filiformes, épaisses, très-bar- bellulées. Nous avons observé cette plante dans l'herbier de M. Desfontaines, sur un échantillon innommé, recueilli dans Tile de Saint-Domingue; elle s'éloigne un peu des Zep/dap/oa, pour se rapprocher des ^ymnanthemum , et est intermédiaire entre ces deux genres. Nous avions fort mal défini, dans le Bulletin des Sciences d'avril 18*17 (p^o- ^'^)' If s sous-genres Vernonia etLepidaploa, en attribuant au premier le péricline formé de squames surmon- tées d'un appendice subulé , spinescent au sommet; et au se- cond les squames non appendiculées. Le véritable caractère distinctif consiste en ce que, dans le sous-genrc Vernonia, com- prenant les vernonia novehoracensis ^pra-alta, etc., les squames intérieures du péricline ont le sommet large, arrondi , coloré • tandis que, dans le sous-genre Lepidap/oa, les squames inté- rieures du péricline ont le sommet étréci, subulé, nullement coloré. Dans ces deux premiers sous-genres , l'aigrette inté- rieure est composée de squamellules inégales, mais filiformes, cylindracées, point laminées, barbellulées tout autour, et fort différentes de celles de l'aigrette intérieure , qui sont toujours beaucoup plus courtes, laminées et dentées sur les bords. U Ascaricida, qui est un troisième sous genre, ayant pour type la vernonia anthelmintica, a l'aigrette intérieure composée de squamellules très-inégales , bisériées, laminées, linéaires , bar- bellulées sur les deux bords et sur la face extérieure con- vexe, et le péricline formé de squames régulièrement im- 2. LEP briquées, appliquées, oblongues, surmontées d'un appendice très-distinct , foliacé, largement linéaire, subspathulé, très- long sur lus squames extérieures, presque nul sur les inté- rieures, et fort différent de l'appendice subulé, spinescent, plus ou moins long, qui existe chez quelques espèces des deux autres sous-genres. On pourroit encore, si l'un vouloit , considérer coaime de simples sous-genres du vcrnonia, nos genres Disteplianus , Gymnantlieinum , Cenlrapalus , Centra- iherum. Ce dernier, que nous avions d'abord proposé dans lo Bulletin des Sciences de février 1817 (pag. 5i), et que nous avons bientôt après plus amplement décrit dans le tome VII de ce Diction- naire , publié en mai 1817, a été reproduit beaucoup plus tard par M. Kunth, sous le nom d'amphercphis, dans le 4* volume de ses Nova Gênera etSpecies plantarujji, publié en 1820. M. Kunth prétend (pag. 3o8, édit. in-l^") qu'il avoit anciennement écrit avec du crayon le nom générique (Vampherephis , dans l'herbier de M. de Jussieu , sur l'étiquette de la plante à laquelle nous avons donné le nom générique de cen.tr allier um. Nous af- firmons sur notre honneur , qu'à l'époque où nous avons étudié cetteplanJe dans l'herbierdeM. de Jussieu, ctmême à'I'époque où nous avons publié sa description en la proposant comme un nouveau genre , elle n'étoit accompagnée que d'une seule éti- quette, qui ne portoit aucun autre nom que celui de jacea pa- namensis. Des vingt espèces de vcrnonia décrites par M. Kunth , dans l'ouvrage que nous venons de citer, il n'en est guère plus que sept qui nous semblent, d'après les descriptions, devoir appar- tenir à notre sous-genre V ernonia : ce sont celles nommées par ce botaniste scrratuloidcs, ruhricaulis , suaweolens , Jloribunda , a/finis, baccharoides , odoratissima , auxquelles il faut peut-être ajouter Velcvagnoides. Celles que M. Kunth a désignées par les noms de graci/is, Tourneforlioides , canescens , geminala, mollis^ pelUta, micrantha, frangulœfolia, sont pour nous des lepidaploa presque indubitables. Lu vernonia triflosculosa du même auteur est bien certainement notre gjinnanthemum congestum , décrit dans ce Dictionnaire, tom. XX, pag. 1 10, et qui, ayant l'aigrette composée de squamellules toutes filiformes, ne peut appartenir au vernonia, mais bien au gymnanthemum. LEP M Les espèces offrant un caractère précisément inverse de celui qui est propre aux symnanthcmum, c'est-à-dire, ayant l'aigrette composée de squamellules foutes laminées, ne peuvent pas non plus être attribuées avec exactitude au vernonia, mais bien à Vascaricida , au distephanus , ou à Vachjrocoma. Ce dernier sous-genre, que nous n'avions point encore publié, a pour type une plante, dont un échantillon sec en très-mauvais état, nous a été donné par Palisot de Beauvois, et dont voici la des- cription. Achjrocoma tomentosa, H. Cass. Plante herbacée. Tige droite, rameuse, épaisse, striée, tomenteuse. Feuilles alternes, presque sessiles, longues de plus de trois pouces, larges d'environ un pouce, oblongues ou lancéolées, élrécies vers la base qui est presque pétioliforme , tantôt aiguës , tantôt obtuses ausommet , dentées en scie sur les bords, à face inférieure extrêmement tomenteuse et roussâtre , à face supérieure glabre , mais parois- sant avoir été , dans le premier âge, munie d'un duvet laineux , blanchâtre , caduc. Calathides pédonculées , à pédoncule long , grêle, cylindrique, tomenteux, pourvu d'une bractée squami- forme. Chaque calathide composée d'environ dix-sept fleurs. Péricline en partie tomenteux ou laineux , formé de squames régulièrement imbriquées, appliquées, coriaces, interdilatées, parsemées de glandes vers le sommet : les extérieures étroites , lancéolées; les intermédiaires larges, ovales, àsommetarrondi, un peu scarieux, roussâtre ; les intérieures oblongues, arrondie^ au sommet. Clinanthe plan, absolument nu. Ovaires oblongs, cylindracés, striés, velus, pourvus d'un très-petit bourrelet basilaire; aigrette roussâtre, luisante, composée de squamel- lules plurisériées, nombreuses, très-inégales, toutes laminées, linéaires , presque membraneuses, lisses sur les deux faces, fin e- ment denticulées en scie sur les deux bords, et paroissant munies d'une nervure médiaire peu manifeste, les extérieures plus courtes, étrécies et subulées vers le sommet, les intérieures plu3 longues, à sommet un peu élargi et presque arrondi. Corolles à divisions couvertes de glandes au sommet. Nous n'avons pas pu reconnoître leur couleur altéi'ée par la dessiccation : il nous est également impossible de décrire la disposition des cala- thides , qui sont détachées de leur support dans notre échan- tillon incomplet et brisé. Palisot de JJeauvois croyoit, sans poii" aa LEP voir rafTirmer, que cet échantillon avoit été recueilli dans l'Amérique septentrionale. Si l'on compare les caractères génériques de Vachjrocoma , avec ceux du distephanus , décrits dans le tome XIII de ce Dic- tionnaire (pag. 36i ), on reconnoitra qu'indépendamment de quelques différences dans la structure du péricline, dont les squames sont appendiculées chez le distephanus, inappendi- culées chez Yachyrocoma, et dans le clinanthe hérissé de papilles chez l'un , absolument nu chez l'autre , il existe des différences plus notables dans les aigrettes des deux plantes. Celle du distephanus est vraiment double, composée de squamellules co- riaces, très-régulièrement disposées, et en nombre déterminé, les extérieures larges , les intérieures longueme t barbellulées. L'aigrette de ïachyrocoma n'est point, à proprement parler, double, ses squamellules étant très-inégales et disposées sur plu- sieurs rangs, sans symétrie ni régularité; elles sont en nombre indéfini, presque membraneuses, les extérieures étroites, les intérieures finement denticulées en scie et uninervées. Vachy- rocoma diffère très-peu de l'ascar/ciVia par l'aigrette; mais il s'en distingue bien suffisamment par le péricline. Dans notre Mémoire sur une monstruosité de cirsium tricc' phalodes , inséré dans le Journal de Physique de décembre 1819, nous avons démontré (pag. 411) l'analogie qui existe entre l'aigrette et le péricline , sous le rapport de la structure. Nous ne craignons donc pas d'appliquer à l'aigrette la théorie que nous avons exposée, dans notre article Lépicaune, sur la struc- ture du péricline. Ainsi , nous disons que l'état naturel ou ordi- naire de l'aigrette est d'être imbriquée, c'est-à-dire composée de squamellules disposées sur plusieurs rangs circulaires con- centriques. L'aigrette de beaucoup de centaurées offre cette dis- position delà manière la plus manifeste. Cela posé, l'aigrette unisériée résulteroit de l'avortement de toutes les squamellules, à l'exception de celles formant la rangée intérieure; et l'aigrette doubleseroit celledontla rangée intérieure etl'extérieure sub- sisteroient seules, tandis que la rangée intermédiaire seroit com- plètement avortée. Remarquez que, dans l'aigrette imbriquée, comme dans le péricline imbriqué, il y a presque toujours une différence plus ou moins sensible, mais graduelle, entre les squa- mellules des diverses rangées, sous le raj)port(lc leur longueur LEP et de leur largeur. Quant à hi longueur, les extérieures sontles plus courlcs, les intérieures sont les plus longues, et les inter- inédiairessont d'une longueur moyenne : eette disposition très- habiluelle constitue ce que nous nommons l'imbrication régu- lière. Quant à la largeur, on peut observer trois dispositions différentes, selon que les squames du péricline , ou les squa- mellulesde l'aigrette, sont plus larges dans la rangée extérieure, ou dansune rangéeintermédiaire, oudansla rangée intérieure. C'est ce que nous exprimons en disant que les squames ou les squamellules sont cxtradilalées, ou iuterdilalées, ou intradila- tées. Ces remarques donnent le moyen de distinguer bien net- tement l'aigrette double de l'aigrette imbriquée, et de ré- soudre les diflîcultés que présentent certains cas douteux. Eu effet, puisqu'il y a une différence graduelle de longueur et de largeur entre les squamellules des diverses rangées com- posant une aigrette régulièrement imbriquée, il s'ensuit que si les rangées intermédiaires viennent à manquer, ce qui constitue l'aigrette double, on observera une différence non pas graduelle ou nuancée, mais brusque , subite , bien tran- chée, entre les squamellules extérieures et les intérieures. Si, au contraire, la différence entre les extérieures et les in- térieures ne se manifeste que par une suite non interrompue de nuances, on ne peut pas admettre que l'aigrette soit double , ce qui supposeroit qu'il y manque les squamellules de degrés intermédiaires; mais il faut dire que celte aigrette est bisériée ou imbriquée, selon qu'elle est composée de deux ou d'un plus grand nombre de rangées concentriques. En appliquant ces principes aux genres ou sons-genres dont il a été traité dans cet article, on reconnoit facilement que l'ai- grette est double chez les vcrnonia, lepidaploa, distephanus, et qu'elle est imbriquée chez les gjymnanthemum , achyrocoma , ascaricida. Nous avons remarqué que lescalathides, composant l'épi du lepidaploa scorpioides , et celui du lepidaploa pUjlloslachya, s'épanouissoient très-régulièrement l'une après l'autre, de bas en haut, c'est-à-dire, en commençant par la plus inférieure. Cela est contraire à la loi de M. R. Brovvn , sur l'ordre d'épa- nouissement des épis composés ; car chaque calathide étant un- épi simple, l'épi de nos deux Lepidaploa, qui est formé de la M LEP réunion de plusieurs calathides, est un épi composé, et par conséquent cet épi devroit , selon la loi de M. Brown, suivre un ordre d'épanouissement absolument inverse de celui que nous avons observé sur ces plantes. Dans notre premier Mémoire sur la Graminologie, publié dans le Journal de Physique de novembre et décembre 1820, nous avons osé dire (page 423): En botanique , la seule règle sans excepLion , est quil ny a point de règle sans exceptions. Ce principe ainsi énoncé a beaucoup scandalisé certains botanistes, et pourtant il se trouve confirmé à chaque instant par toutes nos observations. (H. Cass.) LEPIDIE, Lepidia. (Entomoz.) M. Savigny, dans son Système général des Annelides, a indiqué, comme pouvant former un genre distinct , le nereis stelllfera de Mu lier , et il lui a préparé le nom de lépidie : malheureusement il n'a pas vu cet animal , en sorte qu'il n'ose même assurer dans quelle famille il devra être rangé: il lui trouve cependant quelque ressemblance extérieure avec les aphrodites. Voyez Néréide. (De B.) LÉPIDIER ou PASSERAGE( Z?of.), Lepidium, Linn. Genre de plantes dicotylédones, de la famille des crucifères, Juss. , et de la. tétradj'namie siliculeuse , Linn., dont les principaux ca- ractères sont les suivans : Calice de quatre folioles ovales, concaves, ouvertes, caduques; corolle de quatre pétales égaux, opposés en croix; six étamines ,dont deux plus courtes; il y en a quelquefois deux ou quatre qui avortent ; un ovaire supé- rieur, ovale, surmonté d'un style assez court, ou terminé par un stigmate sessile -, silicule ovale , entière au sommet, s'ouvrant en deux valves carénées dont la grande largeur est opposée à la cloison, et divisée en deux loges qui ne contiennent ordi- nairement qu'une à deux graines. Les lépidiers sont des plantes herbacées, à feuilles entières ou découpées, et à fleurs petites, disposées en corymbe ou en grappe au sommet de la tige ou des rameaux. On en connoît vingt et quelques espèces , parmi lesquelles huit croissent naturellement en France. Nous nous bornerons à parler des suivantes: Lépidier des pierres: Lepidium petrœuni, Linn., Spec, 899 • Jacq., FI. Aust., t. 101. Sa racine est menue, annuelle; elle produit une tige rarement simple et droite, le plus souvent divisée dès sa base en plusieurs rameaux étalés, fouillés, glabres LEP 25 comme toute la plante, s'élevant à deux ou quatre pouces ou un peu plus. Ses feuilles sont toutes pinnatifirles , composées de plusieurs paires depinnules ovales ou oblongues, et même lan- céolées-linéaires. Ses fleurs sont blanches, très-petites, pédon- culées, terminales, disposées d'abord en corymbe, et s'aion- geant ensuite en grappe; leurs pétalessont trés-éiroits, cà peine aussi longs que le calice. Cette plante fleurit en février, mars et avril; elle croît dans les lieux incultes et pierreux. LÉPiDiEa VES Alves : Lepidium alpinum, Linn., Spec, 8g8; 3acq.,FLAust., 1. 137. Sa racine est demi-ligneuse, vivace; elle produit plusieurs tiges courtes, étalées sur la terre et for- mant un gazon irrégulier. Ses feuilles sont pinnatifides , glabres comme toute la plante, rassemblées en rosette à la base des rameaux florifères qui sont redressés, nus, hauts d'un à trois pouces, terminés à leur sommet par une grappe de douze à vingt fleurs assez grandes pour la petitesse de la plante, et dont les pétales sont blancs, entiers, arrondis, moitié plus grands que le calice. Cette espèce fleurit en juin, juillet et août; elle croît sur les sommets des Alpes, des Pyrénées, des montagnes d'Auvergne, etc., aux lieux arrosés par les neiges fondantes. LÉPiDiEa A FEUILLES LARGES : vulgaircmcnt Grande passeuage; Lepidium latifolium , Linn., Spec, 89g; FI. Dan., t. 667. Sa racine est alongée, rampante, vivace; elle produit une tige glabre ainsi que toute la plante , droite , rameuse , haute d'un à deux pieds ou plus, garnie de feuilles ovales-laucéolécs, d'un vert pâle et même glauque , un peu denticulées en leurs bords. Ses fleurs sont blanches, petites, très-nombreuses, dis- posées dans la partie supérieure des rameaux en grappes ra- meuses, formant dans leur ensemble une large panicule. Cette espèce croît dansles lieux un peu humides, ombragés, et sur les bords des rivières; elle fleurit en mai, juin et juillet. Toutes ses parties ont une saveur acre et aromatique. Dans quelques pays ses feuilles sont employées comme assaisonnement, et leur suc, mêlé avec du vinaigre , sert pour mettre dans les sauces. Le nom vulgaire que porte cette plante paroît indiquer qu'on en faisoit autrefois usage contre la rage. Avec plus de raison on l'a employée comme antiacorbutique, mais uujour- 26 LEP d'htii elle est peu usitée même sous ce dernier rapport, quoi- qu'elle soit une des espèces de la famille des crucifères dans laquelle les propriétés paroissent être le plus développées. LÉi'iDiEaicÉmnE: vulgairement Petite passer ace, Chasserage, Nasitort sauvage; Lepidium iheris , Linn. , Spec. , 900; Iberis , Docl., Pempt., 714. Sa racine est pivotante , demi-ligneuse, vivace; elle produit une tige droite, roide, haute d'un à deux pieds, très-rameuse dans sa partie supérieure. Ses feuilles ra- dicales sont pétiolccs, lancéolées; dentées et même incisées- pinnatifides; celles de la tige sont linéaires, très-entières. Les ileurssont très-petites, blanches, avec le calice un peu rou- gcàtre ; elles forment , à l'extrémité des rameaux , des grappes quis'alongent beaucoup. Cette plante croît dans les décombres et sur les bords des chemins; elle fleurit en été. Toutes ses par- ties ont une forte odeur de cresson, et la plante est antiscor- butique comme la précédente, mais elle est de même à peu près hors d'usage. Sa racine fraîche et pillée s'appliquoit autre- fois pour rubéfier la peau comme on lait aujourd'hui plus communément avec la farine de moutarde. En Espagne on as- socie, suivant Peyrilhe, l'infusion de cette plante au quinquina dans le traitement des fièvres intermittentes. Le lepidium saliv'uni de Linnœus, n'ayant pas les caractères du genre, doit être reporté aux thlalpi ou tabourets. Voyez Tabouret CULTIVÉ. ( L. D.) LLPIDION. {Ichthj'ol.) M. Risso a donné ce nom à une nou- velle espèce de poisson du grand genre des gades. Voyez Gade et Morue. (H. C.) LÉITDIOPTERES. ( Eatom. ) M. Clairville , dans son En- tomologie Helvétique, avoit proposé de substituer ce nom à celui de lépidoptères. Il n'en donne pas de bonnes raisons. On est même étonné qu"il ait fait cette faute d'étymologie. (CD.) LEPIDIUM. {Bot.) Quelques auteurs ont cru , suivant C. Bau- hin, que la plante nommée ainsi par Dioscoride étoit le coq des jardins, lanacctumbalsamitadeLinngeus^balsamitasuaveolens de M. Desfontaines; mais il ajoute que ce halsawita est plutôt, selon Césalpin, le mclilot de Dioscoride, de Pline et d'Avi- cenue. Cordus, dans ses Commentaires sur Dioscoride, assi- mile ce lepidium au cardaminè pratensis. Maltliiole . Dalécliamps, LEP *7 Césalpin croient que ce nom ancien appartient à la passe- rage , qui l'a conservé jusqu'à présent. On est étonné de voir que C. Bauhin ait rapporté à ce dernier genre, d'après JEgi- iieta, la dentelaire, plumbago, qui en diffère par des carac- tères très-tranchés. Voyez Léi'Idier. (J. ) LEPIDOCARPODENDRUM. {Bot.) Le genre fait sous ce nom par Boerhaave, et ensuite sous celui de lepidocarpus par Adanson, avoit été réuni parLinnœusà son protea, genre très- nombreux en espèces , qui présentent des différences sullisantes pour en former plusieurs genres très-dislincts. Cette sépara- tion a été faite par M. R. Brown dans son beau travail sur les Protéacées, et il a donné au genre de Boerhaave le nom de Leucospeumuji. (Voyez ce mot.) Celui de Icucadendrum , donné par M. Salisbury, a été employé par M. Brown pour un autre genre de la même famille. (J.) LÉPIDOKROKITE. (Min.) Nous n'avions de notions sur le minéral désigné parce nom que par ce qu'en avoit ditUllnian dans ses Tables minéralogiques , publiées à Cassel et a Mar- burg, en 1814, et par l'extrait que M. Léonhard en a donné dans son Taschenbuch. C'est UUman qui lui a assigné le nom de lépidokrokitc ; il en fait une espèce particulière, et cependant on ne voit dans les descriptions qui en ont été données successivement et jusque dans ces.derniers temps, que des caractères vagues, qui peuvent convenir à bien des variétés de minerai de fer, mais qui ne présentent aucune propriété physique, chimique ou géo- métrique propre à établir une espèce, d'après des principes iidmis. Premièrement, point de forme régulière et particulière qui fasse connoître, qui fasse même soupçonner son caractère cristallographique; mais de nombreux et insignifians carac- tères extérieurs. C'est, suivant l'auteur de ce nom singulier, un minerai solide, d'un brun tirant sur le mordoré, se pré- sentant en masse réniforme , quelquefois même uviforme, avec un éclat demi-métallique, une structure fibreuse, rayon- née, une rayure brun- rougeàtre , et enfin une pesanteur spécifique de 3,oii5. Secondement, point d'analyse complète, ce qui étoit cepen- dant le seul moyen d'établir une espèce minéralogique , au 28 LEP défaut d€ la forme; mais quelques caractères chimiques qui en disoient assez, quoique présentes d'une manière absolue, pour faire voir que c'étoit un minerai de fer oxidé , qu'il tenoit le milieu entre le fer oxidé rouge et le fer oxidé brun ou hydraté , comme c'est le cas de tant de minerais mélan- gés; mais aucun de ces caractères ne faisoit voir en quoi ce minerai difïéroit essentiellement des autres oxides de fer. On a cru néanmoins assez bien connoitre ce minéral pour lui assigner un nom particulier, et pour lui donner une place dans la série des espèces, entre le stilpnosidérite et la terre d'ombre. MM. Haussman, Blode , etc. ont suivi cette déter- mination , et c'est tout ce que nous avons su sur ce minéral, jusqu'au moment où M. John a mis en doute son titre comme espèce particulière , et où M. Nciggerath , rassemblant tout ce qui a été fait sur ce minerai de fer, nous a présenté en 1822 une Histoire complète du lépidokrokite, en appuyant sa spé- cification sur l'analyse chimique faite par M. Brandes , et discutée savamment par M. Bischof. C'est par ce caractère que nous devons commencer; car c'est la composition qui en fera une espèce particulière, si elle y montre des principes ou des proportions fixes qu'on n'ait encore reconnus dans aucun autre minerai de fer. D'après les observations et les travaux de M. Brandes, le lépidokrokite est composé de Fer oxidé 88,00 Manganèse oxidée o, 5o Silice o,5o Eau 10,^5 99,75 M. Brandes donne pour formule de composition de ce mi- nerai F 4" aq. , et M. Bischof 2 F -|- 3 aq. Or, je demande si la petite dilFérence dans la proportion de l'eau entre ce minerai et le fer oxidé hydraté , dit hématite brune, diffcrenee qu'un dessèchement antérieui' j lus ou moins complet, qu'un mélange si ordinaire de fer oxidé rouge, peut LEP 29 rendre beaucoup plus grande, je demanderai, dis-je, avec M. John , et peut-être avec M. Bischof , si une telle différence peut suffire pour élever au rang d'espèce un minéral qui n'a d'ailleurs aucune forme cristalline propre, et pour lui méri- ter un nom distinctif. Je crains que cet abus dans la multipli- cation nominale des espèces ne retarde les progrès de la miné- ralogie, en lui faisant suivre une route incertaine, embar- rassée, et dont les ramifications n'ont plus de bornes. J'insiste sur ces principes, à l'occasion du lépidokrokite , parce qu'on a déjà écrit sept à huit articles sur cette variété presque indistincte de fer oxidé hydraté, parce que, probable- ment ébloui par un nom si remarquable, on a cru devoir en discuter et en étendre l'histoire, et que M. Noggerath lui a consacré quinze pages dans son recueil intitulé : Das Gebirge in Kheinland-lV eslphalien , etc. On cite un grand nombre de lieux où s'est trouvé ce minerai de fer. Ullman avoit déjà indiqué la mine d'Euel d'Hollerterzug, dans le canton de Sayn , au pays de Nassau ; celle de Knorren- berg, à deux lieues de Kirchen; les mines d'Eisenzeche et de Hirzhorn , près d'Eiserfeld et d'Altebirke , dans le pays de Nassau-Siegen. M. Noggerath l'a reconnu dans la mine de Nordhelle, près Silbach , dans le duché de Westphalie. On le trouve tantôt dans les filons, tantôt dans des couches ou dépôts d'autres minerais de fer. Il se présente comme minerai de fer oxidé hydraté, dit M. Schmidt , dans les cavités drusiques des filons où l'eau a influé et indue encore sur sa formation (nous rapportons cette opinion de M. Schmidt sans oser la partager), et ce natura- liste en conclut que le lépidokrokite est de formation nou- velle. Il est accompagné dans les cavités, ou druses de filons, de minerai noir de fer et de minerais divers de manganèse. On l'a trouvé dans des couches de minerai de fer accompa- gné de manganèse et de zinc interposés dans un calcaire de sédiment moyen , près d'Oberkaltenbach , dans le grand-duché de Berg ; avec des minerais de fer brun , à Bieber, dans le pays d'Hanau ; dans des lits de minerai de fer , qui forment des amas dans un calcaire de transition, près de Marmagen , dans l'Eifel, etc. (B.) 3o LEP LEPIDOKRO LITE. (IVrirt.) Voyez Lepidokroktte. (B.) LÉPIDOLÈPr.R,Le/)Kio/rpn/5.(7c/t//tjo/.) M. Rissoadonnéce nom à un nouveau genre de poissons voisins dcsgades, cl qui appartiendroient, comme eux, à la famille des auchénoptères de M. Duméril, si leurs catopes n'étolent point un peu thora- ciques. Le genre Lépidolèpre se reconnoît aux caractères suivans: Corps et tète couverts d'écaillés carénées et rudes ; museau déprimé, s'' avançant au-dessus de la bouche, et formé par la réu' nion des sous - orbitaires et des os du nez; catopes petits, autant jugulaires que thoraciques; deux nageoires dorsales; la seconde de celles-ci unie en pointe avec V anale à la caudale; dents très-fines et très-courtes. La position des catopes suffit pour distinguer ce genre de tous ceux avec lesquels on le pourroit confondre. (Voyez AuCHÉNOVTÈRES.) M. Cuvieranommé grenadiers leslépidolèpres, dont le nom, tire du grec XiTriQ [écaille), et XiTrpot; (rude), indique la nature des écailles. (Voyez Grenadier.) Deux espèces composent ce genre. Le LÉPtnoLÈPRE tkachyrinquev Lepidoleprus trachyrinchus , Risso. Corps très-prolongé , et comprimé en arriére en lame de sabre; écailles rudes, osseuses, hérissées de tubercules, for- mant sur la tête des crêtes à plusieurs pointes qui se prolongent sur un museau terminé en pointe triangulaire; tète grosse, déprimée; bouche ample, arquée en dessous; dents très-fines, courbées, aiguës, sur plusieurs rangs; trois osselets garnis de pointes de chaque côté du pharynx; langue et palais lisses, d'un bleu noirâtre; yeux grands, ovales, argentés, avec des points rouges, et comme couverts par une membrane trans- parente, iris doré; prunelles bleues: narines arrondies, à deux orifices chacune; ouverture des branchies semi-lunaire et sur- ïnontée d'une sorte d'évent; nageoires du dos et de l'anus reçues dans unsillori garni de chaque côté d'un rarîg de forts piquans dentelés à leur base; dos d'un gris blanchâtre, qui jjasse au violet vers la queue; première dorsale noirâtre, la seconde grise, lisérée de noir; catopes très -étroits, à premier rayon très-délié et prolongé en une sorte de filament; taille d'un pied à dix-huit pouces. LEP 3i On pt'che ce poisson dans les mers de Nice, vers les mois de juillet et d'août. M. Gio nia l'a décrit et figuré dans les Mémoires de rAcadémie de Turin, mais d'après un exemplaire mutilé. C'est à M. Risso qu'on en doit la première description complète. Le Lépidolèpre cœlorhinque ; Lepidoleprus calorhinchus^ Risso. Museau festonné et surmonté d'une protubérance ; nuque enfoncée ; préopercule portant une longue protubérance osseuse; opercfule finement dentelée; première dorsale très- haute, en forme de harpe; caudale pointue; teinte générale grise, nuancée de rouge violâtre; nageoire anale, lisérée de noir; taille de six à neuf pouces. Il est plus rare que le précédent, mais il habite les mêmes lieux. (H. C.) LÉPIDOLITHE ou LILALITHE. {Min.) Ce minéral ne s'est présenté pendant long-temps qu'en masses composées d'une infinité de lamelles ou paillettes disposées en tout sens et qui brillent d'un éclat argentin, à travers une teinte de lilas ou de citron, qui passent, en se dégradant, au blanc verdàtre et au blanc nacré. Telles sont les variétés de Suède et de Moravie. Depuis lors, on a rencontré la lépidolithe en lames plus larges et moins confuses, et enfin en cristaux foliacés hexagones. La lépidolithe en masses est translucide et assez tendre pour se laisser couper avec le couteau -, mais, quand elle est lami- naire, elle peut rayer le verre par le tranchant de ses lames, et cela, comme le mica, qui se laisse attaquer sur sa grande face par une pointe de fer, et dont les bords rayent également le verre, et même le quarz. Soumise à l'épreuve du chalumeau, la lépidolithe se bour- soufle et se réduit en un émail d'un blanc de cire. Klaproth ajoute que, placée sur un simple charbon ardent, elley devient opaque, d'un blanc terne, et se boursoufle aussi en forme de branche. M. de Bournon insiste sur celte grande fusibilité, et dit en propres termes : /;< J'ai fait souvent fondre la lépido- « lilhe, en la plaçant simplement dans mon feu; en la reti- « rant , elle couloit en produisant de petites fibres de verre elu; à quatre ailes écailleuses; à bouche sans mâchoires, qui sont transformées en une sorte de langue ou de trompe de deux pièces roulées en spirale, cachées dans l'état de repos, entre deux palpes velus; à tète munie^ d'antennes alongees; et privés le plus souvent de stemmates , ou d'yeux lisses. Tous les lépidoptères proviennent d'œufs dont il sort des 40 LEP larves qu'on nomme chenilles, et qui sont absolument diffé- rentes de l'insecte parfait qu'elles doivent produire. Ces larves ont le corps alongé , ras ou velu , formé de douze articulations ou anneaux, sans compter la tête. Neuf de ces anneaux sont percés latéralement d'une paire de trous qui sont les orifices des frachées ou des vaisseaux à air, destinés à l'acte de la res- piration : on les nomme stigmates. On remarque dans toutes ces chenilles trois paires de pattes courtes , mais articulées et à crochets simples , situées sur les trois anneaux qui suivent la tête, et qui correspondent aux véritables pattes que doit avoir par la suite l'insecte dans son état de perfection. Les chenilles ont en outre, pour la plupart, un nombre variable d'autres fausses pattes qui servent également au transport du corps. Ce sont des tubercules munis de cercles ou de couronnes de crochets rétractiles.aveclesquels l'insecte s'accroche et adhère sur les plantes qui font sa nourriture principale. Ce nombre des fausses pattes varie beaucoup dans les che- nilles. Cependant il est à peu près constant dans chacun des groupes qui doivent donner des insectes parfaits semblables. Jamais d'ailleurs il ne dépasse le nombre de seize. C'est ainsi , par exemple, que dans les phalènes dites géomètres, ou ar- penteuses, ces tubercules sont placés à de grands intervalles les uns des autres , de manière que l'insecte , lorsqu'il se meut , semble mesurer l'espace qu'il parcourt. D'autres chenilles, telles que celles qui doivent produire les teignes, et qui se filent des étuis auxquels elles attachent des corps étrangers, ou les débris des matières dont elles font leur nourriture, n'ont que deux de ces fausses pattes, dont l'animal se sert pour s'accrocher dans l'intérieur de sa demeure portative. Nous avons indiqué à l'article Chenilles, tome VIII , pages 400 et suivantes, les principales différences que les larves des lépidoptères présentent, relativement à leurs formes variées, à leur nourriture, à leurs mœurs, à leur change- ment de peau et de couleur, dans leurs diverses mues, et à leurs habitudes, soit qu'elles vivent isolées dans toutes les époques de leur existence sous cette première forme, soit qu'elles restent constamment réunies en société, comme cela arrive à un très-grand nombre. II en est à peu près de même de ce que nous aurions à dire LEP 41 sur les nymphes des lépidoptères ; car ces insectes subissent une métamorphose complète; et, lorsque la chenille a changé huit à douze fois de peau , elle finit par se métamorphoser en chrysalide, après avoir pris ses précautions pour mettre son corps à l'abri de tout danger, soit en se retirant dans un lieu commode pour s'y suspendre ou s'y accrocher solidement à l'aide de fils entrelacés, soit en se filant un follicule ou cocon disposé avec plus ou moins d'art et d'astuce. Ces ChrysaliiiES (voyez ce mot tome IX, page 14B) sont pour la plupart immobiles, à moins qu'on ne les touche ou qu'on ne les irrite; elles sont aussi plus grosses du côté de la tête, et pointues à l'extrémité opposée. Elles représentent à peu près les formes de l'insecte parfait qu'elles renferment; mais toutes les parties en sont resserrées, rapprochées les unes des autres, dans une sorte de contraction, recouvertes d'une peau solide qui semble comme les emmaillotter. En examinant les diverses parties du corps des lépidoptères sous l'état parfait, voici les conformations les plus remar- quables qu'elles nous offrent, si nous les comparons avec les autres insectes. D'abord on ne distingue bien, au premier aperçu, que la tête, le corselet, l'abdomen, les ailes et les pattes; et toutes ces parties sont plus ou moins velues, ou couvertes de poils aplatis, ou d'écaillés qui se détachent facilement. La tête est en général petite, relativement au corselet; elle est velue ou poilue, presque sessile et accolée au tronc chez le plus grand nombre. Les yeux sont en général fort gros, convexts, taillés à facettes nombreuses, brillans , surtout dans les espèces qui volent la nuit; la bouche consiste, comme nous l'avons dit, en deux mâchoires excessivement prolongées dans un grand nombre de genres , formant une sorte de langue ou de trompe qui se roule en spirale sur elle-même, de ma- nière que l'extrémité libre est dans l'intérieur de la spire, et que la base l'enveloppe. On voit sur les côtés les rudimens des mandibules, et deux palpes fort développés et velus, entre lesquels cette trompe se trouve cachée, dans l'état de repos. Les antennes varient beaucoup pour la forme, et c'est d'après les diverses conformations qu'elles présentent, que nous avons divisé cet ordre des lépidoptères en quatre familles princi- 42 LEP pales, comme nous le dirons plus bas. En général les antennes sont alongées et composées d'une série nombreuse de petits articles souvent fort composés. On ne distingue pas facilement dans le corselet de ces in- sectes, les trois pièces qui composent le thorax, à cause des poils qui les recouvrent. L'abdomen, qui est aussi composé de six ou sept anneaux, ne semble cependant former qu'une pièce unique, qui, dans les femelles de quelques espèces, se prolonge par des bou- quets de poils , ou par une sorte d'oviducte protractiie dont l'insecle se sert pour arranger, disposer et déposer ses œufs en lieux convenables. Les ailes, au nombre de quatre, varient pour la forme, l'étendue et la disposition dans les différens genres. On re- marque, par exemple, dans les sphinx et dans beaucoup de phalènes et de noctuelles, sur le bord externe de l'aile infé- rieure, une sorte de cil ou de soie roide, pointue, qui s'ac- croche dans une espèce d'anneau, de boucle ou de crochet, qui se voit sous le bord mince , postérieur ou interne de l'aile de dessus, pour former ainsi un seul et même plan inflexible dans l'action de voler. Dépouillées des écailles ou des petits poils aplatis qui les recouvrent, ces ailes offrent des nervures longitudinales plus ou moins apparentes, et qui, dans certaines espèces, sont très-visibles par la rareté des écailles, comme dans les papil- lons dits le gnzé , Vapollon, etc. Les pattes, au nombre de six, oflrent dans quelques espèces de papillons, par exemple, une telle brièveté et si peu de développeniens dans les tarses, au moins dans la partie anté- rieure, qu'on les a nommés papillons à quatre pattes (telrapi). Les deux pattes antérieures sont alors très-velues : aussi Geof- froy les a-t-il comparées à une sorte de fourrure que les dames portoient de son temps, et qu'on nommoit palatine, telle que l'insecfe en présente une en effet au-dessous du col. La plupart des lépidoptères ont cinq articles aux tarses. Beaucoup d'espèces, comme les phalènes, les plérophores, les pyrales, les teignes, les alucites, ont les jambes et les tarses garnis d'épines ou de soies roidcs colorées diversement. Pour la comuiodité de l'étude, on a divisé les lépidoptères, LEP 43 d'après la conformation des antennes, en quatre familles natu- relles, qui comprennent en elfet des genres d'insectes fort différcns sous leur dernière forme, et sous celle de larves ou de chenilles, comme nous allons l'indiquer. On a remarqué d'abord que les antennes des lépidoptères offroient cette grande différence que tantôt elles étoient ren- flées ou plus grosses, soit à l'extrémité, soit dans la partie moyenne, et que tantôt, au contraire, elles n'offroient pas de renflemens, soit qu'elles ressemblassent à une soie de cochon, c'est-à-dire qu'elles fussent plus grêles à l'extrémité libre qu'à la base, soit que les articles, à peu près égaux dans toute la longueur, fussent simples ou en fil, ou garnis chacun de barbes oo de plumes latérales, ce qui leur donne la forme de peignes simples ou doubles : on les dit alors plumeuses ou peclinées. Il résulte de là cette sorte de tableau synoptique que pré- sente l'analyse. SIXIEME ORDRE. — Lépidoptères. Insectes à quatre ailes écailleuses , à bouche munie d'une trompe roulée en spire entre des palpes velus ou éeailleux. 1à l'estrcinité, en masse. Ropalocères. au milieu ou en fuseau. ClostéhocÈris, I fil, souvent pectinées. Néwatocères. non renflées, et en < (soie, grêles à l'extrémité. CnÉTOcèRES. Les ropalocères ou glohulicor nés comprennent les espèces que Linnaeus avoit rangées dans son genre Papillon; mais ce groupe éfoit si nombreux qu'il a fallu 1-e subdiviser et considérer la forme des antennes et des ailes chez les insectes parfaits, et parce qu'on a reconnu qu'avec ces particularités il s'en réu- nissoit d'autres tirées de la considération, des habitudes et de la conformation des chenilles. C'est ainsi qu'on a établi d'abord les genres papillon, hespérie et hétéroptère ; que le premier genre a été subdivisé ensuite, d'après Linnœus, en groupes ou sous-genres, sous les noms de njmpliales, dedanaides. 44 LEP dlieliconiens, de parnassiens , de piérides; que les hespéries ont été partagés en polyommates et en uranies. Les clostérocères ou fusicornes correspondent aux sphinx de Linnœus, qu'on a encore nommés les crépusculaires, parce que la plupart ne volent que le soir, ou dès le grand matin. Ils comprennent les sphinx, les smérinthes , les sésies et les zj gènes. Sous les noms de néniatocères , ou filicornes, sont rapprochés les genres que Linnaeu^ avoit compris sous le nom de bombjces , et que l'on a depuis sulidivisés en cossus et en hépiales. Enfin on a appelé chétocères ou séticornes la dernière famille qui comprend tous les autres genres des lépidoptères, tels que les noctuelles , les lithosies , les crambes , les galléries, les pj-rales , ou chappes , les phalènes, les alucites , les yponomeutes et les teignes. Voyez chacun des articles corrcspondaiis aux familles et aux genres dont les noms sont en italique. ( C. D.) LÉPIDOSPERME, Lepidosperma. (Bot.) Genre de plantes mo- nocotylédones, à Heurs glumacées, de la [amille des cjpénicées , de la Iriandrie monogynie de Linnœus, offrant pour caractère essentiel : Des paillettes simples, diversement imbriquées, les inférieures stériles; les supérieures contenant chacune trois étamines; un ovaire supérieur; un style trigone , quelquefois trifidc, à trois stigmates; une semence osseuse, accompagnée d'une écaille subéreuse, médullaire, à cinq ou six décou- pures. Ce genre a été établi par M. de Labillardière pour quelques plantes de la Nouvelle-Hollande, trés-rapprochées des schœ-- nus, dont elles diffèrent principalement par l'écaillé particu- lière située à la base de la semence, d'où lui vient son nom composé de deux mots grecs , lepidotos , écailleux , et spcrma, semence. Il comprend des herbes à tiges cylindriques, ou comprimées, anguleuses; les feuilles graminiformes ; les fleurs disposées en une panicule terminale, quelquefois en épi. LÉPIDOSPERME A HAUTE TIGE: Lepidospenua elaliov, Labill., Noi'. Holl. , 1 , pag. 1 5 , tab. 1 1 ; Vaginelle , Encycl. Cette plante a des tiges hautes de trois cà quatre pieds, épaisses, comprimées, munies, à leur partie inférieure, de longues feuilles larges, linéaires, aiguës, finement dentées en scie, vaginales à leur base : les fleurs disposées en une panicule terminale, un peu LEP 45 lâche, longue d'environ un pied, composée de grappes par- tielles, sortant de plusieurs spathes très-inëgaîes ; les épillets alternes, ovales, acumincfi, composés de cinq à six écailles; les deux supérieures seules fertiles; l'ovaire ovale; le style Iri- fide. Le fruit est nne noix osseuse, roussàtre, à une loge, ac- compagnée d'une écaille blanchâtre , à cinq ou six découpures acuniinées. Cette plante a été découverte par M. de Labillar- dière au cap Van-Dièmen. Lépidospermeécailleuse rLepidoiperma squamata, Labill., Le, tab. 16; Poir. , III. gen,, SuppL, tab. goS , fig. 1. La racine de cette plante est composée de fibres épaisses , charnues, à peine rameuses; il en sort plusieurs rejets couverts d'écaîlles ovales , scarieuses. Les tiges sont hau'es de sept à huit pouces, droites, comprimées, garnies à leur base de feuilles nombreuses, assez semblables aux tiges, étroites, linéaires, finement dentées; les fleurs disposées en panicules très-courtes, épaisses, formées de grappes inégales, fasciculées; huit à dix paillettes sur les épillets. Cette plante croît à la Nouvelle-Hollande-, Lepidosperme tétragone : Lepidosperma tetragona , Labill. , l. c. , tab. 17; Poir., III. gen., SuppL., tab. 906, fig. 3. Ses tiges sont droites, grêles, un peu tétragones, enveloppées à leur base de plusieurs gaines alongées, concaves, aiguës; les feuilles étroites , linéaires , à quatre angles , longues d'un pied. Les fleurs sont réunies en une petite panicule terminale, com- posée de grappes touffues, fasciculées ; les épillets munis de six paillettes. Le fruit est une noix ovale , rétrécie et accompa- gnée à sa base d'une très-petite écaille subéreuse , médullaire , à cinq ou six découpures. Cette plante croît dans la Nouvelle- Hollande, au cap Van-Diémen. Lepidosperme EN glaive; Lepidosperma gladiata , Labill., /. c. , tab. 12. Cette espèce, rapprochée du lepidosperma elatior, en diffère par sa panicule plus serrée, plus courte, et par ses feuilles non dentées , très-longues , en forme de lame d'épée. Les tiges sont hautes d'un à deux pieds, comprimées; une spathe d'une seule pièce enveloppe la tige, et y forme deux angles courans et opposés; la panicule est composée de grappes nombreuses, inégales ; les épillets sont ovales , oblongs , chargés de huit paillettes scarieuses ; les inférieurs stériles. Cette plante croît au cap de Van-Diémen. 46 LEP LtîPiDOsi'ERME GLOBULEUX; Lcpidospemia globosa Labill., l. c. , tab. i/|. Espèce remarquable par la forme presque glo- buleuse (le SCS épillets, par ses feuilles étroiles, longues , très- aiguës , finement denticulées ; les tiges sont comprimées , hautes d'un pied et plus-, les fleurs terminales, sortant par petits paquets de l'aisselle des spathes; les épillets munis de quatre ou six paillettes un peu lâches, ovales, concaves, ai- guës; les stigmates tomenteux. Cette plante croit à la Nou- velle-Hollande. M. de Labillardière cite encore du même pays le lepidosperma filiformis , tab. i5. Ses tiges sont filiformes, cylindriques, un peu comprimées; quelques unes terminées par des filets sétacés ; les fleurs disposées en un épi terminal , très-court. Le lepido- sperma longitudinalis , tab, i3, dont les feuilles linéaires sont remplies d'une moelle renfermée dans six ou huit cloisons longitudinales. Les fleurs forment une panicule lâche , étroite, alorigée; le fruit est triangulaire. (Poir.) LEVIDOTE, Lepidotus. (Ichthjol.) Les anciens Grecs , au rapport d'Athénée, nommoient XiTreS'aloç un poisson d'eau douce remarquable par la beauté de ses écailles, et qui passoit pour sacré dans l'ancienne Egypte. Il paroit évident que c'est le binny du Nil. Voyez Barbeau, dans le Supplément du IV* volume de ce Dictionnaire. (H. C.) LÉPIDOTES ou LÉPIDOTIS. (Mm.) Pierre mentionnée par Pline, par cette unique phrase : Lepidotes squamas pisciumva- riis coloribus imitatur. On peut, sur une telle indication, se livrer à bien des conjectures. M. Delaunay suppose que cela pouvoit être un felspath, pierre à structure laminaire , mais non écailleuse. M. Léman présume que l'auteur a voulu dési- gner un mica en masse, ou un quarz aventuriné. On peut aussi y rapporter la lumachelle opalissante, dans laquelle des écailles de coquilles imitent assez bien par leur forme et par leur couleur les écailles des poissons, mais n'est-ce pas perdre un temps précieux en vaines conjectures que de vouloir trou- ver le mot d'une énigme qui peut convenir à tant de choses? (B.) LEPIDOTIS, Lépidote.{Bot,) Le caractère essentiel de ce genre , établi aux dépens ùesljcopodium , par Palisot-Beauvois, est donné parles fleurs mâles ; elles sont réniformes, sessiles, LEP 47 bivalves , éparses dans des épis distincts et terminaux, et ca- chées sous des bractées jaunâtres, différentes des feuilles. Un très-grand nombre d'espèces de lycopodium rentre dans ce genre : les tiges sont couchées, traçantes ou rampantes, simples, dichotomes ou rameuses; les feuilles éparses, les épis sessiles ou pédoncules, simples ou géminés, à bractées lancéo- lées, ovales, aiguës, souvent finement dentelées en scie. Les fleurs femelles sont inconnues. Les espèces se partagent en quatre sections .- L Épis sessiles, simples. Exemples : Lycopodium annotinum , cernuum etobscurum, Linn. , etlepidotis diaphana et convoluta, P. B. II. Epis sessiles , divisés. Exemples : Ljcopodium Jlegmaria, Linn. ; lepidotis longifolia et obtusifalia, P. B. III. Epis pédoncules, simples. Exemples -.Lycopodium caroli- nianum et radicans, Linn., et lepidotis magellanica et repenSf P. B. IV. Epis pédoncules, doubles ou géminés. Exemples: Ly- copodium, elayatum , alpinum, complanatum, Linn. ; lepidotis, tri- quetra, ciliata, injlexa, P. B., et lycopodium funiculosum, Lamarck. Ce genre n'a pas été adopté. Voyez Lycopodium. (Lem.) LEPIMPHIS, Lepimphis. {Ichthyol.) M. Rafinesque Schmaltz a donné ce nom à un genre de poissons voisin des coryphènes, et remarquable par les caractères suiVans: Corps conique et comprimé; tête comprimée et anguleuse en des- sus ; une seule nageoire dorsale; catopes falciformes et réunis à leur hase par une lame écailleuse. L'auteur place deux espèces dans ce genre. Le Lepimphis hipfuroïde, Lepimphis hippuroides , R. S. Na- geoire dorsale commençant sur la tête: corps tacheté de bleu; ligne latérale courbe à sa base; nageoire caudale fourchue; teinte générale argentét. Taille de dix-huit pouces. Ce poisson s'appelle vulgairement en Sicile, pesce Capone, et paroît fort abondant dans le golfe de Palerme, vers la fin de l'été et en automne, nageant en troupes nombreuses, à la surface de la mer. Le Lepimphis rouge, Lepimphis ruher, R. S. Nageoire dorsale commençant derrière la tête; corps roux et sans taches; na- geoire caudale entière. Taille d'un pied au plus. /,8 LEP Les pêcheurs de Palerme appellent ce poisson munacada mascula. Le genre Lepiinphis n'est point encore adopté par les icht/.yologistes. (H. C.) LEPIOTA. [Bot. ) Nom de la onzième section du genre Aga- ricus. (Voyez Fonce.) Cette dénomination a été introduite par Hill, pour désigner le genre Agaricuslai-mème, et par Pierre Browne. (Lem.) LEPIfiONIE , Lepironia. (Bot.) Genre de plantes monoco- tylédones , à fleurs glumacées, de la famille des cjpéracées , de la. triandrie monogynie de Linnaeus , offrant pour caractère essentiel : Des épillets composés d'écaillés orbiculaires, carti- lagineuses ; quatre à six étamines; un ovaire supérieur; un style ; la semence enveloppée d'un involucre composé de seize paillettes. Ce genre, très -rapproché des fuirena , a été établi par M. Persoon (Sjnops. plant. , i, pag. 70), pour une plante de Madagascar, lepironia mucronata , dont les tiges sont noueuses, herbacées, mucronées , dépourvues de feuilles, soutenant, un peu au-dessous de leur sommet, des fleurs hermaphro- dites, réunies en un seul épi ovule, alongé. (Poir.) LÉPISACANTHE, Lepisacanthus. {Ichlhyol.) M. de Lacépède a créé, sous ce nom , un genre de poissons qui appartient à la famille des atractosomcs de M. Duméril , et que M. Cuvier place dans la troisième tribu de celle des persèques. Les caractères de ce genre, qui répond au genre Monocentris de M. Schneider, sont les suivans : Corps épais, court, gros, entièrement cuirassé (Ténormes écailles anguleuses , âpres et carénées; une seule nageoire dorsale , précédée de quatre ou cinq grosses épines libres; catopes remplacés chacun par une énorme épine, dans l'angle de laquelle se cachent quelques rj-jons mous, presque imperceptibles ; quelques dentelures au préo- percule; point défausses nageoires à la queue. Le mot Lépisacantlie, tiré du grec Ae^r/ç (écaille), et oLKctvô» (épine), indique le caractère le plus évident de ce genre, que l'on ne confondra pointavec les Gastérostées, qui ont les écailles lisses; avec les Scombres, les Scombéroïdes, les Trachinoxes et lesScoMBÉROMOREs, qui ont de fausses nageoires derrière celles du dos et de l'anus;avec les Pomatomes, les Centropodes, qui ont deux nageoires dorsales. Voyez ces différens mots, et LEP 49 Atractosomks , dans le Supplément du tome HT de ce Diction- naire. On ne connoît encore qu'une espèce de lépisacanthe. Le Lépisacanthe jafonois -. Lepisacanlhus japonicus, Lacép.; Gasterosteus japonicus, Houltuyn et Gmel.; Monocentris cari- nata, Schneider. Ecailles du dos grandes, ciliées, terminées par un aiguillon; opercules alépidotes; tête grosse, cuirassée; front bombé; bouche grande; mâchoires garnies seulement d'un velours très-ras; teinte générale jaune. Taille de six à sept pouces. Honttuyn, le premier, a fait connoître ce poisson , qui vit dans les mers du Japon , et que l'on a plus d'une fois rangé parmi les gastérostées. (H. C.) LÉPISCLINE, Lepiscline.{BoL) [Corymbif ères , Juss. = Sjn- génésie polygamie égale, Linn.] Ce genre de plantes, que nous avons proposé, dans le Bulletin des Sciences de février 1818 ( pag. 3i) , appartient à l'ordre des synanthérées, à notre tribu naturelle des inulées, et à la section des inulées-gnaphaliées, dans laquelle nous l'avons placé entre les deux genres Ixodia et Anaxelon. Voici les caractères du genre LepiscUne. Calathide oblongue , subincouronnée , équaliflore, pluri- flore, régulariflore , androgyniflore; offrant très-souvent à la circonférence une ou deux fleurs femelles à corolle plus grêle. Péricline ovoïde-cylindracé, à peu près égal aux fleurs; formé de squames imbriquées, appliquées, les extérieures ovales, scarieuses, les intérieures ayant la partie inférieure oblongue, coriace, et la partie supérieure appendiciforme, dressée, oblongue, arrondie, concave, scarieuse , colorée. Clinanthe petit, plan, garni d'appendices irréguliers, supé- rieurs aux ovaires, squamelliformes, oblongs, larges, obtus, tronqués ou dentés au sommet. Ovaires oblongs , glabres , pourvus d'un bourrelet basilaire ; aigrette composée de squa- mellulcs égales, unisériées, contigués , libres, caduques, fili- formes, à partie inférieure très-barbellulée , à partie supé- rieure presque nue et point épaissie. Corolles à cinq divisions. Anthères munies d'appendices basilaires longs , filiformes- subulés. Styles d'inulée-gnaphaliéc. LÉPISCLINE EN CYME : Lepisc/ine cymo5a, H. Cass. ; Gnaphalium cjmosum, Linn., Sp. pL, edit. 5, pag. iiyS; Pers., Syn.pl.^ 26. 4 ^o LEP pars 2 , pag. 418. C'est un arbuste haut de deux à cinq pieds, à liges ligueuses, rameuses; ses rameaux sont cylindriques, j)lusou moins tomentcux , blanchàti'es, très-garnis de feuilles ; celles-ci sont rapprochées, alternes, étalées, sessiles, scmi- amplexicaules, paroissant un peu décurrentes , longues de six à douze lignes, larges d'environ deux lignes, oblongues- lancéoiëes, trincrvées, un peu coriaces, abords très-en tiei-s , à sommet terminé par une petite pointe roide , à face supé- rieure glabre et verte , à face inférieure plus ou moins tomen- teuse et blanchâtre; la partie supérieure des rameaux est gar- nie de feuilles moins rapprochées et plus petites, etleur som met porte une c^me, ou fausse ombelle corymbée, arrondie,, composée de calathides très -nombreuses; tous les rayons de cette cyme naissent à peu près du même point , puis se di- visent et se subdivisent irrégulièrement en plusieurs pédon- cules; la base de la cyme est entourée d'unesotte d'involucre , formé par environ cinq petites feuilles verticilices, inégales , lancéolées ; et il y a de petites bractées lancéolées a la base des ramifications de la cyme ; chaque calathide est haute de près de deux lignes, et composée de huit ou dix fleurs, dont quel- quefois une ou deux sont des fleurs femelles; le péricline est inférieur aux Heurs, et d'un jaune doré; les corolles sont vertes à la base, rougeàtres en leur partie moyenne, jaunes be composé ; leur péricline est d'un jaune doré; le clinanthe est , suivant Bergius, garni d'appendices lancéolés, comme échancrés, scarieux, un peu plus longs que les ovaires. Nous n'avons point vu cette seconde espèce, que nous attribuons avec quelque doute à notre genre Lepiscline, parce que Linnaeus dit qu'elle a le clinanthe nu. Nous avons lieu de croire que l'on confond, sous le nom de gnaphalium cjmosum, plusieurs espèces de lepiscline. En effet, nous avons remarqué, dans l'herbier de M. de Jussieu, deux échantillons qui nous ont paru différer notablement l'un de l'autre. L'un a les calathides épaisses, longues d'une ligne, composées chacune de douze à quinze Heurs, dont deux sont ordinairement femelles, le péricline égal ou même un peu supérieur aux fleurs, et d'un jaune doré très-foncé. L'autre a les calathides minces, longues de deux lignes , composées cha- cune de cinq fleurs, dont une est ordinairement femelle, le péricline presque égal ou un peu inférieur aux fleurs , et d'un jaune très-pàle. Les deux individus vivans que nous avons ob- servés , nous ont offert aussi quelques différences assez no- tables. On peut nous demander pourquoi, dans notre tableau des inulées-gnaphaliées (tom. XXIII, pag. 56o) , le genre Lepiscline ne se trouve point compris dans le petit groupe des gnapha- liées à clinanthe squamellifère. Nous répondons que les appen- dices, garnissant le clinanthe du lepiscline, ne sont point, mal- gré les apparences , de véritables squamelles,.c'esl-à-dire, des bractées analogues aux squames du péricline ,. et dont chacune accompagne extérieurement une fleur, (Voyez tom. X, p. 146.) Les appendices en question sont analogues à ceux de nos ed- mondia (tom. XIV, pag. 262), et à ceux des leysera et Icplophy- tus , que nous nommons paléoles , car leur concavité est sou- vent tournée en dehors. Il ne seroit point inexact de considé- rer le clinanthe du lepiscline comme étant tres-profondétnent alvéolé, les cloisons des alvéoles s'élevant plu* haut que les ovaires, et se trouvant presque entièrement disjointes. Comme on pourroit nous reprocher d'avoir reproduit , sous le nom de lepiscline , un genre établi long-temps avant nous par 4. 52 LEP Gœrtticr,sous le nom û'anaxeton, iioiis devons donncrlà-dessus quelques explications. Gartner attribue à son genre Anaxeton le clinanthe velu , ou paléacé au moins.vers ia circonférence; et il présente comme type dece genre le gnaphaliumfcvtidum de Linna-us, enavouant que cette piaule n'appartient pourtant pas au genre Anaxeton, mais qu'elle lui en a offert par hasard les caractères, sur uti individu affecté d'une sorte de monstruosité accidentelle, et dont le clinanthe étolt parsemé, vers la circonférence, de quelques paillettes linéaires. Il noussemble que cette manière d'établir un nouveau genre, est très-bizarre et peu digne de l'illustre auteur. Quoi qu'il en soit, Gaertner admet dans son genre Anaxelon , à la suite du faux type de ce genre, trois espèces qu'il n'a point vues, et dont les caractères génériques, qu'il emprunte à Dergius, lui paroissent plus ou moins dou- teux. La première (^anaxeton arboreuin) aie clinanthe laineux; la seconde ( anaxetua crispum) a le clinanthe nu , à l'exception de ses bords qui portent des squamelles analogues aux squames intérieures du péricline, et son aigrette est crépue; la troi- sième {anaxeton nudifolium) a, selon Bergius, le clinanthe garni de paillettes lancéolées, presque échancrées, scarieuses, un peu plus longues que les ovaires; mais Gœrtuer observe que Linuasus attribue expressément à cette plante le clinanthe nu. Des quatre anaxeioa de Gartner, il faut nécessairement exclure le premier, puisqu'il est évidemment et de son aveu , étranger à ce genre. Les trois autres doivent, selon nous, d'après les caractères qu'on leur attribue, appartenir indubi- tablement à trois genres dilïtrens ; et il nous semble parfaite- ment convenable, sous tous les rapports, de conserverie nom générique A'anaxetoti au premier [anaxeton arboi-euni), qui deviendrojt ainsi le vrai type d'un genre nommé anaxeton, et caractérisé par la calathide composée decinqfleurshermaphro- dites, le péricline petit, presque turbiné, le clinanthe laineux, l'aigrette composée de squamellulis peu nombreuses , (ili- foraies. Vaaaxeton crispuin de Gœrtaer, qui n'est assurément «:t»ngénère ni du précédent ni du suivant, deviendra sans doute par la suite, le type d'un genre particulier, lorsque ses caractères génériques auront été mieux étudiés. Enfin, Vana- xe on nudifoUinn . dont Ga^rtncr avoit fait la dernière espèce LEP 5-. de son genre, comme étant àst sycdx la pliisrloiiteiisc, devient, avec peu de doute, laseconiîe esi)ccc de notre genre Lcpisc/me, malgré l'observation de Linnîcus , qui nous inspire moins de confiance que celle de Bergius, C'est eu considérant Varuixelon arboreum comme le type du genre Anaxeton , que nous avons placé ce genre entre le lepis- cLine et Vedmondia, dans la sixième division des gnaphaliées. Mais il iaudroit sans doute le placer dans la cinquième divi- sion , caractérisée par le clinanthe vraiment squamellifère , si l'on se décidoit à premlre Vanaxçton crispuia pour type du genre. Nous faisons cette remarque, parce que Nccker ayant publié, en même temps que Gôertner, un genre qui paroît avoir pour type Vanaxeton arboreum, on jugera peut-être plus con- venable de choisir Vanaxeton crispitm pour le véritable type du genre Anaxeton. Dans ce dernier cas, les quatre anaxetoii de Gaïrtner se trouveroient employés de la manière suivante : 1." Vanaxeton fuHiduin est notre helichrfsum fœliduin, décrit dans l'article Leontonyx; 2° Vanaxeton arboreum seroit le type du genre Argyranthus de Necker, qu'il faudroit adopter sous ce nom, en le limitant et le caractérisant avec plus d'exacti- tude ; 3." Vanaxeton crispum deviendroit le type du genre Ana- xeton de Gsertner; 4." Vanaxeton nudlfolium est une espèce dou- teuse de notre genre Lepiscline, lequel genre a pour type le gnaphalium cjmosum. Le nom générique de lepiscline est composé de deux mots grecs qui signifient écaille et lit, parce que le clinanthe , osu le lit des fleurs, est écailleux, c'est-à-dire, garni d'appendrces imitant des écailles. ( H. Cass.) LEPISME , Labrus lepisma {IchthyoL), nom d'une espèce de labre décrite dans ce Dictionnaire, tom.XXV, pag. 36. (H. C.) LEPISME. Lepisma. (Entom.) Nom donné, par Fabricius, à un genre d'insectes déjà établi par Geoffroy sous le nom de Forbicine. Ce sont des insectes aptères, de la famille desNÉMA- xooRES, OU séticaudes.Ce nom de lépisme, tiré du grec XiTriç, écaille, indique en effet une particularité des espèces de ce genre dont le corps est couvert d'écailles semblables à celles des papillons. Telle est en particulier la lingère ou la forbicine plate argentée, que l'on trouve souvent dans nos habitations. Nous avons décrit les lépismes à l'article I'orbicine, et dans l-a §4 LEP zoologie analytique nous avions proposé de conserver cette dénoaiinatiori pourdésignerungenre danslequel devoitenfrer, entre autres espèces, celle que Geoffroy a nommét.' la sau- teuse, ou la polypode. M. Latreille en ayant fait le genre Maciiile , pour éviter la confusion , nous adopterons ce nom. (C. D.) LEPISMENES, Lepismence. (Enlom.) M. Latreille a désigné sous ce nom defamille les genres d'insectes de son ordre des thy- sanourcs, qui correspondent à la famille que nous avons nom- mée Némaïourbs , ou séticaudes, parce que ce sont des insectes aptères, à mâchoires, à six pattes, dont l'abdomen distinct du corselet est terminé par des soies. Voyez Nématoures. (C. D.) LEPISOSTEE, Lepi505/eu5.(Ic?if/?;)oZ.)DepuisM.de Lacépède, les ichthyologistes donnent ce nom à un genre de poissons holo- branches abdominaux, de la famille dessiagonotes de M. Du- méril , et de celle des cliipés de M. Cuvier. Ce genre est recon- noissable aux caractères suivans: Mâchoires Irês-prolongces , ponctuées; nageoire dorsale unique, et très-portée en arrière; écailles osseuses , d'une dureté pierreuse , et comme articulées; nageoire anale au-dessous de la dorsale , et ayant, comme les autres nageoires, son premier rajon hérissé de petites écailles. Les lépisostées ont, d'ailleurs, le corps et la queue très- alongéi-, la bouche grande, dépourvue de barbillons, mais armée de dents en râpe sur toute la surface intérieure des inàchoires, et d'une série de longues dents pointues sur le bord de celles-ci. Leur estomac se continue avec un intestin mince, deux fois replié, et est garni, au pylore, d'un grand nombre de cœcums courts. Leur vessie natatoire est celluleuse, et occupe la longueur de l'abdomen. Leurs ouïes sont réunies sous la gorge par une membrane commune et à trois rayons de chaque côté. On les distinguera facilement des Polyptères , des Si'HyaiiNBS et des ScoMBRF.socEs. qui ont plus d'une nageoire dorsale; des EsocEs et des. Mégai.oi'es, dont les écailles sont simplement cor- nées. (Voyez ces mots, et Siagonotfs.) Le Lépisostée GAVIAL : Lepisosteus ga^'ial, Lacép.; Esox osseus, Linn. Premier rayon de chaque nageoire et le dernier de la sandale très-forts et dentelés; mâchoire supérieure plus avan- LEP H céc que l'inCérieurc; longueur de la tOte à peu près égale à celle du corps; quelques unis ries dents plus fort<"s, j>lus longues, plus pointues que les autres, et crochues. ïaillc de trois pieds environ. Ce poisson a les plus grands rapports de ressemblance exté- rieure avec le reptile saurien dont on lui a donné le nom, et que rappellent immédiatement à l'esprit de l'observateur la forme de sa tête, le très-grand alongement de ses mâchoires, leur peu de largeur, le sillon longitudinal creusé de chaque côté de la mâchoire d'en haut, les pièces osseuses irrégulières, ciselées, rayonnées, et fortement articulées les unes avec les autres, qui enveloppent sa tête, ou composent ses opercules; la quantité, la figure, l'inégalité des dents; la position des ori- fices des narines, au bout du museau; la situation des yeux très-près de l'angle de la bouche; les écailles osseuses qui cons- tituent sur tout le corps une cuirasse impénétrable à la drnt des autres hahitansdes eaux, et contre laquelle vient échouer le choc des balles de fusil elles-mêmes. Ces écailles forment d'ailleursdessériesobliques, etsonttaillées en losanges, siriëes, relevées dans leur centre, et comme composées chacune de quatre pièces articulées et triangulaires. 1,'anus est deux fois plus voisin de la nageoire caudale que de la tête. Le lépisoslée gavial a une teinte génériile verte; sou ventre est d'un violet clair; ses nageoires sont rouge.àtres, sans taches, ou avec des taches foncées; la caudale est obliquement arrondie. On le trouve dans les lacs et les rivières des parties chaudes de l'Amérique seulement; car il paroi t bien démontré, ainsi que le pense M. Cuvier, contradicloiremeut à tiloch, que le poisson des Indes orientales figuré par Renard (VIII, 66) est plutôt une espèce d'orphie que ïesox osseus du naturaliste suédois. La chair de ce lépisostée est grasse, et d'une saveur très- agréable. Le Lépisostée spatule: Lepisosleus spaiula, Lacép. ; Esox cliilensis , Gmel. Bout du museau plus large que le reste des mâchoires; longueur de la tête égale, ou à peu près , à la lon- gueur de la moitié du corps; opercules rayonnées, et compo- sées de trois pièces; deux orifices a chaque narine; palais hérissé de petites dents; mâchoires garnies de deux rangées de BB LEP dents courtes, inégales, crochues et serrées; œil (rès-près de l'angle rie la bouche. Indépendannnent des deux rangs de dents que nous avons indiqués pour chacune des mâchoires de ce poisson , on observe que celle d'en haut est armée de deux séries de dents longues , sillonnées, aiguës, éloignées les unes des autres, et distribuées irrégulièrement. L'inférieure n'offre qu'une seule de ces séries, laquelle répond à l'intervalle longitudinal qui sépare les deux séries supérieures. Toutes ces dents, plus longues, sont reçues dans une cavité de la ntàchoire opposée à celle dans laquelle elles sont implantées. En outre, au-devant des orifices des narines, deux de ces dents de lamàchoire inférieure traversent la supérieure, lorsque la bouche estfermée, et montrent leur pointe au-dessus du museau. Les écailles du lépisostée spatule sontlosangiques, rayonnées et dcjitelées. Il est également d'Amérique. Le Rop.oLO; Lepisosteus robolo , Lacép. Mâchoires égales; dents très-petites et serrées; langue et palais lisses; nageoires courtes; écailles anguleuses, osseuses, mais foiblement atta- chées, dorées en dessus, argentées en dessous; ligne latérale bleue; yeux grands. Taille de trois pieds. On pêche ce poisson dans la mer qui arrose le Chili, et l'on estime particulièrement, dans le pays, lesrobolos de lacôte des Arauqiies, qui pèsent quelquefois jusqu'à huit livres. Leur chair est blanche, transparente, un peu lamelleuse, et d'une saveur des plus agréables. Les insulaires de l'Archipel de Chiloé font sécher à la fumée une grande quantité de ces robolos, et en font un commerce étendu. Le mot lépisostée, par lequel on désigne générîquement les poissons dont nous venons de faire l'histoire, est tiré du grec XiTTtç {écaille), et ojliov (os), et indique un des principaux carac tères qui les distinguent. (H. C.) LEPISURE [IcliUij'ol.) , nom spécifique d'un poisson que M. de Lacépède a rangé parmi les spares, et que nous avons décrit dans ce Dictionnaire , tom. XIII , p. 1 56 , sous le nom de Diacope lépisure. (H. C.) LÉPOCERE, Lepocera, (Polyp.) Genre de polypiers fossiles? LEP 57 trés-voisin, à ce qu'il paroit, clés caryophyllécs, et qui 'of.) Ce genre, de la famille deslichens, établi par Wiggers et Ehrardh, a été adopté par les botanistes. Decan- dolie lui conserve ce nom , mais Acharius lui a d'abord substi- tué celui de Icpraria créé par Hoffmann, et qu'il a fait pré- valoir. C'est aussi le genre Pulina d'Adanson, dont le nomau- roit dû être conservé comme plus ancien. Il comprend des lichens qui tirent leurs -caractères de leur forme semblable à celle d'une croûte étalée, irrégulière, composée de petits globules puivérulens. Il n'offre point d'organes qui puissent être pris pour les réceptacles fructilères. Ces lichens forment sur les roches, les pierres et les écorccs d'arbres desplaques pulvérulentes de diverses couleurs, grises ou blanches , jaunes ou rougeâtres, etc. Il est aisé de les con- fondre avec des lichens naissant d'autres genres; ce sont eux 58 LEP que r.înnœus aA-^oîtconsidércs comme dcsbyssuspulvérulens. On en conrioît quinze espèces; elles sont toutes d'Europe; les deux tiers croissent en France; nous ferons remarquer les sui- vantes: Lepra VERT-JAUNATRE; Leprdria chlorina, Decand., FI. Fr. , n.° 878; Lepraria chlorina, Ach. , Syn.; Pulveraria chlorina, ejusd., Meth. lich., tab. 1, fig. 1: Sow., Engl. Bot.,n.'' 2o58. Croûte épaisse, pulvérulente, d'un vert-Jaunâtre, formée par une agglomération de petits globules un peu velus. On la trouve aux environs de Paris, et partout sur les roches et dans leurs fentes, en large plaque d'un beau jaune citron. Lepra jaune : Lepraria Jlava , Ach.; Lichen Jlavus, Engl. Bot., n." i35o; et FL Dan. , tab. 899 , fig. 2. D'un jaune vif, croûte mince, grenue, souvent gercée, formée de petits globules nus et agglomérés. Cette espèce, très-facile à distinguer de la précédente, s'en éloigne encore parce qu'elle croît sur les écoi'ces des arbres et sur les vieilles planches; elle est commune, et se confond souvent avec le patellariajlavescens naissant, qui en diffère toutefois par sa couleur orangée. Lepra botryoide: Lepra botryoid.es .^ Ach.; Lichen hotryoides , Hoffm., Enuin., t. 1 , fig. 2; Bjssus hotryoides , Linn.; Dillen., Musc, tabl. 1 , fig. 5. Croûte uiince, irrégulière, pulvérulente, d'un vert plus ou moins foncé, ou jaunâtre , selon l'âge et la saison; composée, selon Acharius , de globules disposés presque en forme de chapelet. Cette espèce forme sur la terre, au bas des mnrs et au pied des arbres, des plaques vertes, quelquefois très-étendues. Il est possible qu'elle doive être rejetéc de la famille des lichens, pour être reportée dans celle des algues, et placée dans l'un de ces genres, si peu cormusde cette famille, tels que les conferva et les oscillaloria. Déjà le hyssusjoli'hiis de Linnœus, voisin du lepra odora/a, Wiggers, est réuni, ainsi que ce dernier, au genre Conferva des bota- nistes actuels. On doit dire cep en laut que M. Persoon croit avoir vu et observé des scutelles sur le lepra lotryoides c[ui, par conséquent, resteroit dans la famille des lichens, et chan- geroit seulement de genre : au reste, les espèces de lepra peuvent fort bien être des lichens dont la fructification n'est pas connue, et qui rentreront dans d'autres genres lorsque celle-ci aura été observée. C'est ainsique déjàle lyssus antiqiii- LEP 59 tatis , Lînn., ou lepra antiqtiitatis , Dccand., a été reconnu pour être le coUema nigrum , Ach.; que le hyssus incnna, Linri., ou lepra incana, Ach. , Lie/?., est une espèce de iccidea, ayant offert desscutelles de couleur brune; que le lepra lactea est aussi du même genre-, que le lepra obscura d'Ehrarhd, est un isidium (isidium coccodes) , etc. Ces exemples suffisent pour démontrer que le genre Lepraria pourra un jour être supprimé. Voyez PULVERARIA. ( LeM.) LEPRARIA. (Bot.) Voyez Lepra. (Lem.) LEPRE. (Mamm.) Nom italien du lièvre. (F. C. ) LEPRONCUS. (Bot.) Ce nom, dérivé du grec, signifie tu- bercules lépreux ; il est celui d'un genre de la famille des li- chens, établi parVentenat, sur une des divisions du genre Lichen de Liunajus, qu'il caractérise ainsi : Poussière éparse sur une croûte lépreuse (organe màle, selon quelques natu- ralistes ) ; tubercules ordinairement convexes-sphéroïdes , raremenl linéaires-oblongs (organes femelles ). Ventenat cite pour exemples les lichens représentés p!. 18, fig. 1, 2, 3, 4, 5, 8, g , 11,14, *^^^' ^^ VHistoria muscorum de Dillenius, qui sont des espèces des genres Opegrapha^ Graphis , Patellaria , Variolaria, Verrucaria , Rhizocarpon , etc., ce qui démontre combien le genre Leproncus est artificiel. ( Lem.) LEPROPINACIA. (Bol.) C'est le nom d'un genre de la fa- mille des lichens, établi par Ventenaf. Il est dérivé de deux mots grecs qui signifient lèpre et sculelle. Les lichens qui le composent sont formés d'une croûte lépreuse qui porte des scutelles en forme d'écusson , munies d'un rebord rarement entier. Ils rentrent dans le genre Patellaria. Le plus remar- quable est le patellaria parella. (Lem.) LEPTA. (Bot) Ce genre de plantes de Loureiro paroît avoir à peu près les caractères du sfc/mmia de M. Thunberg, le même nombre et la même disposition des parties de la fructification. "Willdenow lui trouve plus d'affinité avec l'of/zeradeThunberg, que quelques personnes confondent avec Yorixa .- d'où résulte- roit entre ces quatre genres une affinité qui a besoin cependant d'un nouvel examen pour être confirmée. (J.) LEPTADENIA [Bot.) Genre de plantes dicotylédones de la famille des asclépiadées , et de la penlandrie monogynie de Linnœus, établi par Robert Brown, et caractérisé ainsi par lui: ^o LEP Corolie presqu'en roue; à tube court, et à gorge munie d'ë- caillcs placées aux échancrurcs d'un limbe barbu; couronne staminifère nulle ; anthères libres , à sommets simples : masses du pollen droites, fixées par la base et rétrécies à l'extrémité supérieure; stigmate mutique: follicules inconnus. Ce genre contient trois espèces couvertes d'un duvet cendré très-fin, à tiges volubles. garnies de feuilles planes opposées, et portant des ileurs disposées en ombelles ou corymbes inter- pétiolaires. Elles croissent en Afrique ou dans les Indes orien- tales. (Lem.) LEPTALEUM. (Bot.) Genre de plantes dicotylédones, à ileurs complètes, polypétalées, régulières, delà famille des crucifères , de la tétradjnamie siiiqueusc de Linnatîus , offrant pour caractère essentiel : Un calice fermé, sans renûement à sa base, à quatre folioles linéaires; quatre pétales une fois plus longs que le calice ; quatre étamines alternes avec les pétales: dont deux plus longues, quelquefois soudées et n'en formant qu'une; un ovaire supérieur, alongé ; d'eux stigmates aigus, connivens; une silique presque cylindrique, un peu dure, à deux loges, à deux valves; la cloison étroite; plu- sieurs semences placées sur un seul rang. Genre établi par M. Decandolle, très-rapproché des sisym- Irium , qui en est distingué par son port , par ses étaniincs et ses stigmates. Il renferme de petites plantes grêles , herbacées ; les feuilles glauques, presque filiformes, simples ou un peu ailées; les fleurs peu nombreuses, disposées en grappes ter- minales. Leptaleum a feuilles FiLivORMES : Leptaleum filifolium , De- cand., Sjst. Veg., 2, pag* 5ii; Sisjmbrium fdifolium , WiUd., Sp., 3, pag. 496. Plante herbacée, fort petite, dont les tiges sont à peine longues de deux ou trois pouces; les feuilles simples, alternes, presque sessiles , filiformes , longues d'en- viron un pouce, munies quelquefois d'un ou deux lobes laté- raux. Les fleurs sont fort petites, axillaires, presque sessiles ; à corolle blanche, et apétales liréaires, obtus; les siliques sont un peu dressées, couvertes de poils courts, courbées en crochet, longues de huit à dix lignes. Cette plante croit dans la Sibérie, sur les bords du fleuve Kuma. Leitaleuji pyGMÉ, Leptaleum pygmœum . Decand. , .Si st. Veg. , LEP 6i ■■i , pag. 5i). Très-rapprochée de l'espèce précédente; en difTère par ses tîges presque nulles , par ses l'euilles presque pinnalilides, divisées en deux ou trois paires de folioles dis- tantes, filiformes; par les siliques glabres , presque rabattues, légèrement hérissées. Cette piaule a été découverte dans la Perse, par André Michaux. (Poxr.) LEPTANDRA. {Bot.) Nuttal {Amer. Sept., i, pag, 7) a pro- posé ce genre pour séparer des véroniques les veronica virginica et sibirica de Linnœus. Il le Cfiractérise par un calice à cinq divisions acuminées; une corolle tubuleuse, campanulée, pres- que ringente , à quatre lobes inégaux, dont deux plus petits, plus étroits-, deux étamines plus longues que le pistil; le tube de la corolle et les tilamens pubescens à leur base; une cap- sule ovale , acuminée, polysperine. Il est douteux que ces caractères soient regardés comme suf- fisans pour retrancher d'un genre très-naturel les deux plantes ci-dessus mentionnées. Voyez Véronique. ( Poir.) LEPTANÏHUS. {Bot.) Genre de plantes monocolylédones , de la triandrie monogynie, qui olFre pour caractères: Spathe uniflore; corolle monopétale, à tube long, grêle, et à limbe partagé en six divisions oblongues ; trois étamines fixées sur la gorge de la corolle; un ovaire supérieur surinonté d'un style de la longueur du tube, et terminé par un stigmate frangé; une capsule oblongue , trigone, triloculaire, polysperme. s'ou- vrant par les angles, et close dans la spathe. Voyez Hét^ran- THÈRE. (LeM.) LEPTASPIS. {Bot.) Genre de plantes raonocotylédones, de la famille des graminées. Ses caractères sont ceux-ci : Epillets dissemblables, uniflores, unisexuels. Mâles -. balle calicinale de deux valves courtes, membraneuses; l'infé- rieure ovale, concave; la supérieure linéaire, plane. Feme//es: balle calicinale comme dans les epillets mâles; balle florale à deux valves; l'inférieure ventrue, presque globuleuse; la su- périeure très-petite et linéaire. Ce genre ne contient qu'une seule espèce, le leptaspis Banksii^ qui croit à la Nouvelle-Hollande. (Lem.) LEPTEMON {Bol.) , nom proposé par Rafinesque pour dési- gner le gciire Crotonopsis de Michaux. (Lem.) LEITE, Leptus. [Entom.) M. Latreille a désigné sous ce nom ^'•^ LEP de genre une très-petite mltfe qui n'a que six pattes, dont la couleur est rouge, et qui est très-commune dans les environs de Paris et dans presque toute la France où on la connoit sons le nom de rouget, de bèîe-d'août, bec-d'août, pique-août, à cause des dém;ingeai.soMS irisupporlables que sa présence déter- mine sur la peau, à l'endroit où l'insecte se fixe, et ordinai- rement vers le mois d'août. Ce nom de lepte est évidemment tiré du mot grec Xîtttoç, lenuis , subtilis , minutas, comme pour indiquer son extrême petitesse; cari! faut avoir l'œil bien exercé pour l'apercevoir à la vue simple, à moins qu'il n'y en ait plusieurs réunis dans un même point , comme autour d'un poil , ce qui arrive souvent. Cet insecte sans ailes appartient à la famille des rhinaptères, car sa bouche consiste en une sorte de bec ou de suçoir , et il n'a pas de mâchoires. Ses pattes, qui sont au nombre de six, l'éloignent du genre des mittes, des smaridies, des ixodes; et comme ces pattes sont de longueur inégale, il diffère par là du genre des poux avec lesquels il paroîtroit que Scopoli au- roil rangé cette espèce. Nous avons fait dessiner avec soin cet insecte dont la figure se trouve à la planche lo de la dix-huitième livraison de l'At- las de ce Dictionnaire, sous les n.° 2,2 a, 2 b. Celte figure est la meilleure que nous connoissions. Shaw en a donné une h la planche 42 du second volume de ses Naturalist Miscellanj. Elle représente peut-être mieux , ou plutôt elle indique les plis du dessus du corps, mais les pattes sont grossièrement expri- mées. Les palpes y sont étendus parce que l'insecte a été des- siné vivant, et que ceux que nous avons procurés à M. Prêtre, rntre habile dessinateur, étoient morts lorsqu'il les a observés à la loupe pour les peindre. Notre ami, M. Defrance, qui a observé cet insecte avec nous , a remarqué que les rougets commencent à paroifre , ou plutôt <à faire sentir leur présence sur la peau, vers la mi-juil- Jet , qu'ils paroissent cesser d'exister vers la mi-septembre , et qu'ils sont plus communs dans les années de sécheresse et de grandes chaleurs. Il les a souvent observés dans 1rs jardins, au sommet des mottes de terre, au haut des échalas , sur les coins arrondis LEP 63 ou sur les pommes des caisses d'oranger, probablement dans l'atlente de l'occasioa de pouvoir s'accrocher , comme les ixodes, aux poils ou aux autres parties des animaux qui passeront près d'eux. Le même M. Defrance a observé qu'ils s'attachent par pa- quets aux oreilles des chiens, dans leurs sourcils, sous le ventre; qu'ils attaquent également les chats, mais qu'ils ne paroisseut pas occasionner a ces animaux de vives déman- geaisons, car ils n'en semblent pas affectés, quoiqu'ils en soient couverts. C'est ce qui n'a pas lieu pour les hommes. J'en ai été moi- même fort souvent atteint , et j'ai un jour trouvé, à la base d'un cheveu d'un petit enfant ,plus de douze de ces rougets que j'en ai détachés, et qui tous étoient vivans. 11 faut qu'ils che- minent très-vite sur la peau , car on les voit monter des jambes vers la tête. lisse trouvent souvent arrêtés sur la route parles jarretières, les ceintures des caleçons ou des autres vêtemens, autour du cou, et là ils s'arrêtent et s'accrochent , le plus souvent en formant ainsi des ceintures d'ampoules , qui cessent si on n'y touche pas, mais qui s'écorchent et sup- purent, et durent ainsi plusieurs jours, si on les irrite en grattant la place. J'ai remarqué que l'alcool pur très-concen- tré, le vinaigre très-fort, comme l'acide acétique tiré du bois, font périr bientôt ces insectes, et je me suis préservé de leur piqûre par ce procédé qu'il ne faut employer que quand la peau n'est pas entamée. Je présume que cet insecte produit un effet semblable à celui que détermine le sarcopte ou ciron de la gale ; qu'il se fixe par les ongles , qu'il insinue sa trompe sous l'épiderme, mais que ce sont principalement les mouvemens des pattes et des ongles qui appellent l'irritation, et par suite l'inflamma- tion. Sliaw a pris les deux palpes pour deux pattes, puisqu'il cite le caractère que Linnaeus a assigné au genre Acarus , qui est : Pedes octo ; tentacula duo articulata pedi/ormia ; oculi dua ad latera capitis. Cependant la figure qu'il donne ne présente que six pattes, avec les deux palpes ou tentacules articulés. 11 a indiqué, dans sa description que le suçoir ou bec, rastruniy càt protractile , ou, ce qui revient au même, rétractile. Il 64 LEP cite la figure que Backcr en a donnée dans son ouvrage sur l'usage du microscope; nous ne l'y avons pas trouvée. Degéer ne Ta pas décrit ; de Villers, dans son Entomologie, indique , sous le n.° 84, tom. IV, pag. 77, une espèce d'acarus, ou de ciron , qu'il riomme l'ccarlate , dont le caractère conviendroit à notre lepte , car le voici : Ovatus . coccineus; pedibus sex ; corpore simpUci; et il cite comme synonyme le pediculus cocci- neus de Scopoli, n." io53 de rEntomologie de la Carniole , qui vit, ou se trouve sur les autres insectes. Ce nombre de pattes ne seroit-il dépendant que du jeune âge de l'insecte? On sait que les mittes n'ont pas huit pattes dans les premiers temps de leur existence , et le sarcopte lui- même est dans ce cas. (C. D.) LEPTÉRANTHE, Lepteranthus. {Bot.) [Cinarocéphales, Juss. ^=:Synirénés.icpoly garnie frustranée, Linn.] Ce genre de plantes, proposé par Necker, en 1791, dans ses ELementa Botanica, ap- partient à l'ordre des synanthérées, à la tribu naturelle des centauriées, et à la section des centauriées-protolypes , dans laquelle il est voisin du genre Jacea. Voici les caractères que nous lui attribuons, d'après nos propres observations sur le Lepteranthus liygrornetricus , et sur quelques autres es2)èces du même genre. Calathide radiée : disque pluri-multiflore , subrégulariflore , androgyniflore; couronne unisériée, anomaliflore, neutriflore. Féricline ovoïde, inférieur aux fleurs du disque; formé de squames régulièrement imbriquées , appliquées, coriaces; les intermédiaires ovales-oblongues, surmontées d'un long appen- dice coriace-scarieux, hygroméirique, linéaire-subulé , muni sur les deux côtés de longs filets distancés, subulés , pourvus de petites spinuies. Clinanthe épais, charnu, planiuscule, garni de fimbrilles nombreuses, inégales, libres, filiformes- laminées. Fleurs du disque : ovaire garni de poils capillaires; aigrette semi-avortée , ou quelquefois nulle ; corolle un peu cbiingente; étamincs à filet velu, à anthère pourvue d'un long appendice apicilaire. Fleurs de la couronne : (aux-o\ aire grêle, inaigretté; corolle anomale, à limbe quinquélobé , comme pinnalifide , ou à deux languettes, l'extérieure plus longue et ph:s large, profondément trilobée, l'intérieure bifide jusqu'à la base. LEP 65 On connoît environ douze espèces de Icpteranthus , dont trois ou quatre sont indigènes en France. Nous allons décrire celle qu'on peut considérer comme le type du genre. Leptéranthe HYGROMÉriiiQUE : Leptercinthus hjgronietricus , H. Cass. ; Centaurea phrygia, Linu. , Sp. pi. , edit. 5, pag. 1287. C'est une plante herbacée, à racine vivace; ses tiges, hautes d'un pied et demi, sont dressées, anguleuses, striées, pubes- centes, presque simples ou un peu rameuses vers le sommet; les feuilles radicales sont longues , ovales-lancéolées, élrécies en pétiole à la base, dentelées sur les bords, un peu rudes au toucher, munies d'une nervure médiaire blanche ; les feuilles de la tige sont courtes, embrassantes, dentées et comme oreillées à la base; les caiathides peu nombreuses sont termi- nales, et composées de fleurs purpurines ou quelquefois blanches; les appendices de leur péricline, fortement arqués en dehors tant que l'atmosphère est plus ou moins sèche, se redressent quand elle devient très- humide. Cette es,)èce habite les prairies des hautes montagnes de France, où elle fleurit en juillet et août. MM. Thuillier et Loiseleur-Dcs- îongchamps prétendent qu'on la trouve aux environs de Paris, dans le parc de Versailles, du côté de Saint-Cyr : mais MM. De- candolle et Mérat n'adaiiÇttent point cette plante au nombre de celles qui composent la Flore Parisienne. Les lepteranthus étoient attribués par Linnaeus à la seconde section, intitulée Cjani , de son grand genre Centaurea. M. de Jussieu les confondoit dans son genre Jacea. Necker a proposé de distinguer, sous le litre de lepteranthus, les espèces lin- néennes de centaurées, dont les squames du péric ine sont recourbées, plumeuses des deux côtés, et dont les graines fertiles sont pourvues d'une aigrette sétacée. M. Persoon a un sons-genre Phrygia, qui semble, au premier aperçu , corres- pondre au lepteranthus de Necker, mais qui est autrement dé- fini et beaucoup moins restreint. M. Decandolle, dans sou premier Mémoire sur les Composées, publié dans le tome XVf des Annales du Muséum d'Histoire naturelle, admet le lepte- ranthus de Necker, mais seulement comme sous-genre, ou section , d'un genre nommé Cyanus. Si l'on compare les caractères génériques ûii leptcranllms avec ceux que nous avons attribues a;i Jacca ( toni. XXIV '^6. ^ 5 ' 65 ' LEP pag. 8(j), on rcconnoîtra que ces deux groupes ne diiTèrent que par la structure fie l'appendice des squames du péricline. Dans le Jacea, cet appendice est arrondi ou ovale, concave, découpé sur les bords. Dans le lepteranlhus , il est long, linéairc- subulé, arqué en dehors, et muni sur les deux côtés de filets distancés. Sans doute ces différences peuvent Irès-rbien être considérées comme se réduisant à des modifications en plus ou en moins : mais il en est à peu près de même de toutes les différences qui existent entre les êtres organisés; et nous pensons que le grand nombre des espèces doit déterminer à admettre le lepteranlhus et le jacea, comme deux genres im- médiatement voisins et suffisamment distincts, quoique peu différens. Il paroît qu'il existe dans le genre Leptcranthus , comme dans le genre Jacea , une espèce absolument privée de la cou- ronne neutriflore propre à presque toutes les centauriées : cette espèce est la centaurea Jlosculosa de Willdenovv, qu'il fandroit nommer lepteranlhus incoronatus, (H. Cass.) LEFTÈRE, Lepterus. {Ichlhjol.) M. Rafinesque-Schmaltz a donné ce nom à un genre voisin de celui des holocentres, et reconnoissable aux caractères suivans : Tct& tronquée, alépidole; des dents à la mâchoire inférieure seulement; deux pièces à Vopercule; fexterne épineuse, l'interne dentelée seulement; base des nageoires dorsale, anale et caudale recouverte d'écaillés. Le Levtèse fétvle , J^epterus fetula. Noir en des&us , blanc en dessous; ligne latérale courbée au milieu; nageoire cau- dale fourchue. Taille de six pouces. Ce poisson est rare et peu estimé. Il habite la mer de Sicile , où les pêcheurs le nomment/ef«/a. (H. C.) LEFTINELLE, Leptinella. (Bot.) [Corjmhifères, Jnss. =:zSjn- génésie polygamie nécessaire , Linn.] Ce genre de plantes, que nous avons proposé dans le Bulletin des Sciences d'août 1822 (pag. 127) , et que nous avons nommé leptinella , parce que les deux espèces qui le composent sont- des plantes très-menues, appartient à l'ordre des synanthérées , et à notre tribu natu- relle des anthémidées, dans laquelle il est voisin des genres Hippia, Colula et Cymnostjles. Voici si^s caractjjres, Calathide tantôt unisexuelle, tantôt bisexuelle et discoïJe: LEP Gi disque multiflore, rëgularinore, masculiflore; couronne pau- ciséricc,liguliflore, féminidore, nullement radiante. Péricline hémisphérique, égal aux lleurs; formé d'environ dix squames à peu près égales, bi-trisériées , appliquées, très-larges, subor- biculaires , presque membraneuses , veinées , scarieuses sur le bord supérieur. Clinanthe nu, subconoïdal. Fleurs mâles: faux ovaire petit, oblong, inaigretté ; corolle continue au faux ovaire , élargie de bas en haut , à quatre divisions grandes, semi-ovales, divergentes; anthères entre -greffées, exsertes; ^sfyle long, simple, terminé au sommet par une troncature orbiculaire. f7e«7's /eme/^es : ovaire grand, obcomprimé, ob- ovale, inaigrelté , pourvu d'une bordure sur ses deux côtés; corolle articulée sur l'ovaire, à tube très-large, enflé, ovoïde, à limbe très-court, étroit, fendu sur la face intérieure et tri- denté au sommet; style long, à deux stigmatophores très- courts, tfès-larges , divergens. Leptinelle scarieuse; Leptinella scariosa, H. Cass. , Bull, des Se, aoûtiBaj, pag. 127. Petite plante herbacée, probable- ment dioïque. ïige couchée, cylindrique, glabre , produisant çà et là de longues racines filiformes, et des touffes irrégu- lières de feuilles rapprochées, inégales, portées par un rameau raccourci, velu, etaccompagnéesd'une hampe.Feuilles longues de près d'un pouce, larges de deux ou trois lignes , oblongues- obovales, presque glabres, ou, parsemées de quelques poils; à partie inférieure pétioliforme, linéaire, très-élargie et mem- :braneuse à la base ; à partie supérieure élargie de bas en haut , pinnatifide, comme lyrée, à divisions ovales, entières, ou quelquefois tridentées. Hampe, ou pédoncule radical, long de sept lignes, grêle, cylindrique, velu, pourvu près de sa base d'une feuille bractéiforme, longue, très-étroite, linéaire, ■ obtuse, et terminé au sommet par une calathide subglobu- leuse, de deux ou trois lignes de diamètre, à corolles jaunes. Nous ne possédons qu'un seul échantillon sec de cette espèce, et il ne porte qu'une calathide , dont les fleurs, extrêmement petites et défigurées ou altérées par la dessiccation et la com- pression, sont dilliciles à observer. Nous avons trouvé dans cette calathide, qui paroît être unisexuelle , vingt -deux lleurs toutes femelles, car aucune ne nous a offert des éta- mincs. Leur ovaire est obcomprimé, obovale-oblong, inai- 5. grtttc , parsemé de glanJes , el pourvu sur ses deux cMvs d'une petite Lordurc linéaire, membraneuse. La corolle (.st articulée sur l'ovaire, parsemée de glandes, à tube long, très- large, enflé, à langi^tte tubuliforme, très-courte, plus étroite que le tube et tridentét. Le péricline est glabre , hémisphé- rique 5 égal aux fleurs, formé d'environ dix squames à peu près égales, bi-trisériées, appliquées, très-larges, suborbiculaires , membraneuses, parsemées de glandes, munies d'une nervure ïuédiaire très-ramifiée latéralement , et pourvues au sommet d'une bordure scarieuse, colorée, brune, irrégulièrement et inégalement denticulce. Le clinanthe est subhéraisphérique , et ne porte point de stijjcs, comme celui des vrais colula. Leptinelle piNNBE ; Lcptinella pinnata , IL Cass. , Bull, des Se. , août 1822, pag. 128. Très-petite plante herbacée. Tige très- courte, presque dressée , couverte de feuilles très-rappro- chées, alternes, longues d'environ six lignes, larges de deux lignes, parsemées de longs poils; pétiole long, extrêmement élargi en sa partie inférieure qui est engainante, ovale , mem- braneuse ; limbe pinné , à folioles distantes, dont la plupart sont divisées profondément en trois lobes ou lanières lancéo- lées, et dont quelques unes sont pinnalilidcs. Pédoncule axil- laire, long de huit ou neuf lignes, grêle, giabriuscule, j^ourvu près de sa base d'une petite feuille bractéiforme, subulée, et terminé au sommet par une calathide globuleuse, de deux lignes de diamètre, à corolles probablement jaunes. La calathide de Téchantillon incomplet que nous possédons est bisexuelle et discoïde .• son disque est composé de trente ileurs mâles ; sa couronne est composée d'environ dix-sept fleurs femelles, qui paroissent disposées à peu près sur deux rangs concentriques, et qui ont la corolle arxomale, ambiguë, un peu articulée sur Tovaire, très-courte, très-large, enflée , subconoïdale, à peine ou point fendue sur la face intérieure, à peine bi-tridentée au sommet. L'ovaire est (rès-grand , ob- comprimé , obcordiforme , échancré au sommet, paroissaiit muni sur chaque côté d'une bordure épaisse , peu distincte. Le clinanthe est subconoidal.Le péricline est giabriuscule, hé- misphérique, égal aux fleurs, formé d'environ dix squames à peu près égales, trisériées, appliquées, très-larges , su borbi- culaires , submembrancusts , un peu coriaces, veinées en LEP ^'9 réseau , un ])C'u srarii-uscs sur le bord supérieur , qui n'est point coloré comme il.ins l'espèce précédente. Nous ignorons l'origine des deux plantes que nous venons de décrire , et que nous avons trouvées parmi d'autres planlcï sèches qui nous ont été données par M. Godefroy. Le genre Leptinella dinôre du cotula par les fleurs du disque qui sont mâles au lieu d'être hermaphrodites , par les Heurs de la couronne pourvues d'une corolle manifeste et distincte de l'ovaire , par le péricline membraneux, et par le clinanthe dépourvu de slipcs. Il diffère du gymnostylcs ytar les Heurs de la couronne pourvues d'une corolle, par la forme dessquames du péricline, par le clinanthe dépourvu de tinibrillcs et de stipes, et par la structure du style féminin. II dilTcre de Vhip- pia par ses corolles femelles articulées sur l'ovaire, et ligulées, c'est-à-dire, fendues supérieurement sur la face intérieure , par les squames du péricline, et par les corolles mâles à quatre divisions. Cependant la /epf/ne/ia pinna/a se rap[)rocIic de Vhippia par ses caractères, mais la leptinella scariosa s'en éloigne beaucoup. (Voyez nos articles Cotule, tom. XI, p. 67; Gymnostyle, tom. XX, pag. 162; Hippie, tom. XXI, pag. lyo.) Les hippia peduncularis et hogotensis de M. Kunth appar- tiennent peut-être à notre genre Leptinella. (H. Cass.) LEPTIS. [Entom.) M. Fabricius a cru devoir adopter ce nom, au lieu de celui de rhagio qu'il avoit d'abord employé pour indiquer un genre de diptères, de la famille des aplo- cères ou simplicicornes, alin d'éviter, dit-il, la méprise que cette dénomination pourroit occasionner entre les rhagies, en latin rhagium , qui sont des coléoptères lignivores , et les rha- gions, en latin rhagio. Nous ne voyons pas cet inconvénient en françois, et nous conserverons le nom de Riiagion. Voyez ce mol. (G. D.) LEPTOCARPE, Leptocarpus. (Bot.) Genre de plantes mono- cotylédones, à fleurs glumacées, de la famille des resliacées , de la dioécie Iriandrie de Linnasus , dont le caractère essentiel consiste dans des fleurs dioïques; le calice à six valves; point de corolle; trois étamines; les anthères simples, pcltées : dans les fleurs femelles , un ovaire monosperme ; un style; deux ou trois stigmates; une noix crustacée couronnée par le style. Plusieurs espèces de restio doivent rentrer dans ce genre, 70 LEP établi par M. Rob. Brown , telles que le rcstio imlricalus de Thunberg, le restio distachios de Roth , et le sclurnoduin lenax de Labillardière. Leptocarpe tenace : Leplocarpus Lenax , Rob. Brown , ISoif.- Holl. , 1, pag. -jSo ; Schœnodum lenax, Labill., Nov. HolL, 2, tab. ^29; ViRAGiNE , Encycl. Plante découverte par M. de La- billardière, au capVan-Diémen , dont les racines sont simples, entourées d'une écorce fongueuse, médullaire, d'où sortent des tiges très-simples, cylindriques, dépourvues de feuilles, garnies dans toute leur longueur de gaines ovales-oblongues , obtuses, brunes, coriaces, terminées par un« pointe roide. Les fleurs sont dioïques-, les mâles disposées en un épi termi- nal , simple , long de trois pouces , composé d'épiilets ellip- tiques, sortant d'une spathe coa<;ave ; chaque épillet conte- nant six à huit fleurs fasciculées , chacune d'elles séparée par une écaille plus longue que le calice; les trois filamens des étamines réunis en un seul corps , soutenant des anthères vacillantes, à deux loges, fendues à leurs deux bouts. Selon M. Brown , cet individu mâle appartient à un autre genre quïl nomme Ijginia. Les fleurs femelles sont disposées en une panicule terminale, resserrée, longue de trois ou quatre pouces; les épillets ob- longs, sessiles ou pédoncules, munis d'écaillés mucronées entre chaque fleur; le calice à six folioles inégales; l'ovaire oblong; le style trifide, papilleux à sa partie supérieure ; les stigmates obtus. Le fruit est une noix membraneuse, conte- nant une semence ovale. Leptocarpe simple : Leptocarpus simplex , Brown , Noif. HolL, l. c; Restio simplex, Forst. , Prodr., n.° 36j. Ses racines pro- duisent plusieurs tiges simples, filiformes, très-gi'êles , striées, articulées, garnies de trois gaines, terminées au sommet par une feuille filiforme , canaliculée , à peine longue d'un demi- pouce. Les fleurssont disposées en épis composés de trois à cinq grappes courtes, alternes , dont une terminale ; les autres in- férieures , distantes; les supérieures sessiles, l'inférieure pé- donculée ; les écailles glabres, ovales, concaves, en carène, acuminéesau sommet-, les divisions du calice lancéolées, très- profondes. Cette plante croit à la Nouvelle-Zélande. Leptocarpe aristé j Leptocarpus arislatus , Brown , Nov. HolL. • LEP 71 l. c. Cette plante a des tiges trô'>-ùmples ; elles se terminent ])ar des épis composés de grappes fasciculées, alternes: les su> pirieures agrégées; sous chaque écaille existent deux fleurs, rarement une seule; le calice de la fleur femelle a les trois divisions extérieures subulées , cartilagineuses; les trois inté- rieures plus courtes, mutiques, oMongnes, linéaires. Cette plante croît sur les côtes de la Nouvelle-Hollande. Leptocarpe ÉLEVÉ: Lcftocarpus elatior , Brovvn , l. c. Les tiges de cette espèce sont simples, cylindriques-, elles se terminent par des fleurs disposées en une panicule dont les ramifiralions sont divisées, portant des épis fascicules, en fête , accompa- gnés de bractées ovales , acuminées; le calice, dans les fleurs femelles , est profondément divisé en six découpures presque égales, un peu pubescentcs à leur contour. Dans le leptocarpus ramosus, Brown , /. c. , la tige est rameuse-, les divisions inté- rieures du calice très-lanugineuses à leurs bords. Leptocarpe spathacé ; Leptocarpus spathaceus , Brown , /. c. Cette plante a des tiges médiocr^ement rameuses, un peu cylin- driques, dépourvues de feuilles , garnies, dans leur longueur, de -gaines subulées, mucronées. Les fleurs sont disposées en épis un peu rameux ou paniculés; les divisions du calice pro- fondes, nues, glabres, mucronées. Le leptocarpus scariosus , Brown, L c. , se distingue par ses tiges simples, portant une panicule simple, resserrée , composée d'épis en forme de cha- tons ovales, presque imbriqués, munis d'écaillés amincies, barbues dans leur aisselle ; les divisions intérieures du calice lanugineuses à leurs bords. Ces plantes croissent sur les côtes de la Nouvelle-Hollande. ( Poia.) LEPTOCÉPHALE, Leptocephalus. {Ichthjol.) Gronow, le premier en 1764, a donné ce nom à un genre de poissons de la famille des péroptères de M. Duméril , et de celle des anguil- liformesde M. Cuvier. On reconnoît les leptocéphales aux caractères génériques suivans: Point de catopes, ni de nageoires pectorales et caudale; ouverture de; branchies située de chaque côté en partie sous la gorge; nageoires dorsale et anale a peine visibles, et alunissant à la pointe de la queue ; corps comprimé comme un ruban; tète extrêmement petite ; museau « pointu. 72 LEP On (lisliiigucra facilement ce geiirfcîc relui clesAnÉiircnrHE.v qui n'ont point de nageoires du tout; de ceux des Noiopikiii-s , desOPHisunF.s, desTivicniuKES, desGY.MNOxoTES. des AviÉnONOTES^ qui ontdesnageoirespectorales; de celui enfin des Monopikkes, qui ont une nageoire caudale. (Voyez ces diflércns mots et l'iî- ROPTÈRES.) On ne conrioit encore qu'une espèce dans ce genre. Le Leptocéfhale MouRisiEx : Leptocephalus Morrisii, Gmel. Nageoires dorsale et anale très -longues , très-étroites, l'une occupant presque toute la partie supérieure de l'animal, l'autre s'étendant de l'anus à l'extrémité de la queue. Corps demi- transparent, à cause de son peu d'épaisseur; yeux gros ^ dénis très-petites. Taille de cinq pouces au plus. Ce poisson, qu'on appelle vulgairement hamrçon de mer, a été pris auprès de la côte de Holyhead, dans la Grande-Bre- tagne, et dédié par les naturalistes au savant Anglois Morris , qui l'a observé avec soin. Le Lepiocéphale Spallanzani, Leptocephalus Spallanzani de M. Risso, est un véritable Sphagebranche. (Voyez ce mot.) On a encore donné ce nom de leptocépliale à une espèce de cyprin , décrite par Pallas. (H. C.) LEPTOCHLOA. (Bot.) Genre de plantes monocotylé- dones , de la famille des graminées, et de la triandrie mono- gynie, établi par Palisot de Beauvois. Il est voisin des genres Chloris, Cynosurus, Poa et Fesfuca, dans lesquels on avoit placé les espèces qui le composent. Ses caractères génériques sont : Epillets latéraux; balle calicinale; 3-5 flore cà deux valves lancéolées, presque delalongueur des fleurs; chaque fleur mu- nie d'une balle florale à deux valves, l'intérieure naviculairc, aiguë, la supérieure bidentée. Ce genre contient quatre à cinq espèces à epillets disposés en panicule simple , à ramifications alternes. Les plus remar- quables sont les trois suivantes .- Leptochloa cynosuroides , Roem. , 5^5/. Veg,, 2, pag. 679; heptochloa Jiliformis , P. Bauv. : Chloris filiformis, Poir., Encycl. Ses epillets forment un épi solitaire, distique, et contiennent chacun trois fleurs, dont la terminale est stérile et mutique. Les balles calicinales sont subulées. Cette petite graminée rampante et très i'amcuse , croit dans l'Inde. Roeniers et LEP 7> Scliultfs jursent qu'on ne doit pas la coiifoiidre avec Velcusins filiformis, l'ers., ni le festuca fdiformis , Lamk. , qui scroiciit des espèces différentes contre l'opinion de Beauvois, mais que le cynosurus filiformis de Vahl et de Wi'Uenow est la même plante. hep to Mo a filiformis , Roem.; Eleusine filiformis, Vers., Syn.; Jacq. , Eclog. Gram. Fasc, tab. .4. La panicule est très-rameuse , recourbée, à rameaux simples, filiformes, à épillèts alternes, purpurins, à deux ou trois fleurs. Cette espèce crqit dans l'Amérique méridionale. Leptochloa virgata, P. Bauv.; Cynosurus virgatus, Linn.; Fes- tiica virgata, Lamk.; Eleusinevirgata, ?ers., Syn.- Cliloris poœ- formis, Humb. et Bonpl., JVoi'. Geti. et Sp., 1, p. i56. La pa- nicule est rameuse, à i-ameaux simples. Les épillèts cori- tiennenj six fleurs, dont une terminale, stérile, et les infé- rieures un peu aristées. Cette plante annuelle, haute de deux pieds et plus, croit à la Jamaïque, à Guayaquil. (Lem.) LEPTOCARPOIDES. (iio/.) Suivant M. Bosc, ce genre a été établi par Rob. Brown ))onr placer une plante de la Nouvelle Hollande. Ce genre appartient à la dioecie et à la famille des joncs- Ses caractères consistent en «es fleurs femelles munies, 1° d'un calice de six valves dont les trois intérieures paléacées, très-courtes ; -2° d'un ovaire surmonté d'un style. Le fruit est une noix environnée du calice qui s'est accru. (Lem.) LEPTOCARYA. (Bot.) Nom grec sous lequel Dioscoride désigne le noisetier ou son fruit. (J.) LEPTOCERAS. (Bot.) Voyez Caladénie. (Poir.) LEPTOCRAMBE. {Bot.) Nom donné par M. Decandolle à une section du genre Crambe, caractérisée par l'articulation inférieure de la silicule, qui est alongée et cylindrique: le crambe hispanica fait partie de cette section. ( J.) LEPTODON. (Bot.) Voyez Lasia. (Lem.) LEPTOGASTRE , Leptogaster. ( Entom. ) On a proposé ce nom pour désigner le genre Fœne ou Gasteruption, parmi les hyménoptères de la famille des entomotilîes. Cette dénomi- nation, tirée des mots grecs yx^lnp , ventre, et AsttJoç, aminci, étoit propre en effet à indiquer que l'abdomen de ces insectes est excessivement mince , alongé , étroit et comme porté à l'extrémité d'un pétiole. Le nom de fane, employé par Fa- 74 LEP briciiis, n"a aucun sens. Celui de gasteruption, inventé par M. Lafreille , signifie ventre recourbe, l'enfer resupinus. (Voyez Fœne. ) M. Meigen a aussi employé le nom de leptogastre pour dé- signer un genre d'insectes diptères qui comprend en particu- lier les gorypas deM. Lalreille, ou TAsile à pattes fauves alon- gées de Geoffroy. Voyez dans ce Dictionnaire les mots Go- M-PE, tome XIX, et Asile tipuloïde, tom.III, pag^, 209 , n.° 6. (CD.) LEPTOGIUM. {Bot.) , nom d'une des sections du genre Col- LEMA. (LeM.) LEPTOLÈNE, Leptolana. {Bot.) Genre de plante* dicoty- lédones, à fleurs complètes, polypélalées, régulières, de la famille des clénacées ^ de la dccandrie monogynie de Linnasus, olfrant pour caractère essentiel : Une enveloppe charnue , ur- céolée; un calice à trois folioles, cinq pétales réunis en tube à leur base; dix étamines insérées à la base d'un tube inté- rieur; un ovaire supérieur ; un style ; un stigmate à trois lobes, une capsule à trois loges , réduites à une seule par avortemcnt ; renfermée dans l'enveloppe extérieure et charnue. Leptolène a fleurs NOiMBREuSES; Lcptolana multijlora, Petit- Thouars, Yé^ét. des îles d'Afrique, p. 41 , tab. 1 1. Arbrisseau de forme élégante qui s'élève à la hauteur de huit à douze pieds sur un tronc d'un demi-pied de diamètre, surmonté d'une cime touffue. Les rameaux sont grêles , raboteux, garnis de feuilles éparses, pétiolées, alternes, glabres, ovales, très - entières , ondulées à leur surface, terminées par une pointe mousse, longues d'environ trois pouces; les fleurs réunies en une pani- cule terminale et touffue , presque en corymbe ; les pédoncules trois et quatre fois bifurques; les pédicelles uniflores; un invo- lucre plus court que le calice, persistant, en forme de baie avec les fruits ;. le calice a trois folioles concaves et velues; les pétales sont lancéolés; l'ovaire est velu ; le style épais, plus long que les étamines; le stigmate en tète, à trois lobes. Le fruit est une capsule renfermée dans l'involucre , ordinairement à une seule loge et une semence ridée, un peu comprimée, attachée latéralement, munie d'un périsperme corné, d'un embryon renversé, d'une radicule cylindrique, et de cotylédons plans, minces, courbés à leur sommet. (Poin.) LE? 7-'^ r.EPTOMÈRE. [Criisf.) Voyez Pnoio. (Dksm.) LEPTOMÉRIE, Leptomeria {Bot.) Gcnvc de plantes dico- tylédones, -à fleurs incomplètes, de la famille des cLéagnécs , Juss. , des santalacées, Brow. , de la télranirie monogynie de Linnœus, offrant pour caractère essentiel : Un calice persis- tant, presque en roue, à quatre ou cinq divisions; point de corolle: quatre ou cinq étamines: un ovaire inférieur, place sur un disque à quatre ou cinq lobes ; un stigmate à divisions ou à deux lobes échancrés , un drupe ou une baie couronnée par le calice. '^ Drupe en haie ; un stigmate à cinq rayons ; les Jleurs en épi , a cinq di^'isions- bractées caduques. Leptomékie DE Labillardière : Lppfomeria L'i/irtrdierj, R.Brown, Noi>. HolL, 1, pag. 553; Thesium drupaceum, Labill., rVoç-. Hall., 2, tab. gS. Arbrisseau de cinq à six pieds de haut, dont lesbranches sont droites, cylindriques-, les rameaux strié;;, anguleux; dépourvus de feuilles que remplacent quelques petites écailles ovales , alternes , appliquées contre les rameaux. Les fleurs sont disposées en épis latéraux et termi- naux, munies de petites bractées ovales, lancéolées, caduques; les découpures du calice ovales, épaissies au sommet; dix éta- mines, dont cinq stériles, alternes avec les divisions du calice; cinq autres opposées et fertiles-, les anthères globuleuses, à deux loges ; l'ovaire ovale ; le style à peine sensible ; le stigmate pelté, à cinq rayons. Le fruit est un drupe ovale, à une seule loge monosperme, l'embryon fort petit, placé à la base d'un périsperme charnu; la radicule supérieure; les cotylédons très-courts. Cette plante croît au cap Van-Diémen. Dans le leptomeria acida , Brown , l.c, les rameaux sont an- guleux, presque sans feuilles; les fleurs en épis; les bractées lancéolées; les divisions du calice munies d'une dent à chaque J)ord ; les lobes du disque à demi-adhérens. Le leptomeria aphjlla, Brown, /. c. , a ses branches et ses rameaux cylin- driques, entièrement privés de feuilles; les bractées eu ovale renversé; les lobes du disque totalement adhérens. 76 LEP ^''^'^ Drupe en baie; stigmate à deux lobes obtus : Jleurs à quatre dii'isions. Cette division ne renferme qu'une seule espèce , qui est le leplomeriaacerba , Kob. Bi own, /. c. Ses branches etses rameaux sontstriés, cylindriques, toiit-à-fait privés de feuilles; les fleurs agglomérées ou solitaires : elles se divisent en quatre et non en cinq parties; le stiginrite est à deux lobes. **■'' Drupe sec; stigmate échancré , obtus; Jleurs à cinq dii/isions. M. Robert Browii cite, pour cette division , les espèces sui- vantes: i." leptomeria scrohieulata. Ses épis sont filiformes, char- gés d'un grand nombre de fleurs, accompagnées de bractées c:iduques; les épillets sessiles, h demi enfoncés dans les fos- settes du rachis. 2." Leptomeria paucijlora. Ses épis sont peu garnis de fleurs; les branches caduques ; les épillets sessiles ; point enfoncés. 3." Leptomeria squarrulosa. Les bractées et les rameaux sont roides ; les feuilles petites , étalées , en forme de dents; les fleurs axillaires, plus longiies que les feuilles. 4." Leptomeria aj-illaris. Les rameaux sont un peu lâches; les feuilles subulées; les fleurs pédicellées , axillaires, une fois plus courtes que les feuilles. , Toutes ces plantes croissent sur les côtes de la Nouvelle- Hollande. (POIH.) LEPTON. (Bot.) Pline parle d'une plante de ce nom appelée aussi libadion , parce qu'elle habite le voisinage des fontaines. Il la regarde comme une espèce de centaurée, ayant le port de l'origan, les feuilles plus étroites et plus longues, la tige anguleuse, les fleurs du i-ychnis, la racine menue. Il ajoute qu'on la nomme fiel de terre, à cause de sa grande amertume. Ces diverses indications paroissent s'appliquer cà la petite cen- taurée, nommée maintenant erjthrœa. (J.) LEPTONIA. {Bol.) C'est, dans \e System a Mycologicum de l'ries, le nom qu'il donne à la quinzième division ou tribu de son genre Agaricus ; elle rentre dans la division des gjmnopus de Persoon. Fries la caractérise ainsi ; Stipe distinct du cha- peau , floconneux intérieurement dans sa jeuriesse, ensuite LEP 77 creux, égal, fluet, assez ferme bleuissant P Chapeau charnu- membraneux, campanule ou convexe et dilaté , sec, jamais strié, à surface fibrillifère ou écaillcuse , se creusant avec l'âge. Chair mince, mais assez ferme; feuillets presque obtus en arrière, libres ou adhérens, point décurrens, inégaux, assez larges et incarnats; couleur habituelle le bleuâtre ou le gris. La plupart des espèces sont petites, comme on a voulu l'indiquer parle nom de teplonia [leptos , petit , en grec). Pries n'en indique que neuf espèces; ou les trouve à la fin de l'été; on ne les mange pas. (Lem.) LEl'TOPE, Leptopus. {Entum.) M. Latreille désigne, sous ce nom , un petit genre d'hémiptères , qui comprend les saldes de Fabricius , dont le bec est court et arqué , et dont les antennes sont en soie, par conséquent de la famille des zoadelges. Voyez Salde. (C. D.) LEPÏOPHYÏE, Leptophytus. {Bot.) C'est un sous-genre, que nous avons proposé, dans le Bulletin des Sciences de janvier 1817 (pag. 11): il appartient à l'ordre des synanthérées , à notre tribu naturelle des inulées, à la section des inulées-gna- phaliées, et au genre hejsera. Voici ses caractères. Calathide oblongue , cylindracée , discoïde : disque multi- flore , régulariflore, androgyniflore; couronne unisériée, li- guliflore, féminiflore. Péricline oblong, cylindracé, supérieur aux fleurs du disque et de la couronne; formé de squames plu- risériées, imbriquées, dressées, entièrement appliquées, mem- braneuses-scarieuses , diaphanes, à l'exception du milieu de leur partie inféx'ieure qui est coriace et vert : les squames ex- térieures ovales, très-aiguës; les intermédiaires oblongues-lan- céolées, submucronées; les intérieures oblongues, aiguës, un peu colorées vers le sommet. Clinanthe plan, pourvu d'une seule rangée circulaire de paléoles situées entre le disque et la couronne, courtes, larges , dentées, concaves en dehors, chaque paléole accompagnant intérieurement la base d'une fleur femelle. Fleurs du disque .- Ovaire pédicellulé, long, grêle, cylindrique, hispide; aigrette composée de cinq squamellules longues, égales, filiformes, barbellulées inféricurement , bar- bées supérieurement , et de plusieurs squamellules très- 78 LEP tourtes, inégales, irrégullcrcs, paléiformcs-laminées, linéaires, alternant avec les autres; corolle à tube long, hispide, à limbe court, quinquédentc; filet des étamiues jaune; article anthéri- fère blanc, très-long, filifornie; tube anthéral pourvu d'appen- dices apicilaires larges, très-obtus, arrondis ou presque tron- (jués au sommet, et d'appendices basilaires très-peu mani- festes; style d'inulée-gnaphaliée. Fleurs de la couronne: Ovaire pareil à ceux du disque; aigrette très-courte, composée de .squamellules unisériées, inégales, laminées, linéaires, souvent cntre-grefFées à la base ; corolle très-peu plus longue que celles du disque, à tube très-long, hispide, à languette entière ou bidentée au sommet, longue au plus comme la moitié du tube, ordinairement dressée et cachée parle pé- ricline. Leptophyte FAUSSE- LEYSÈRE : Leptoplijtus lefseroides,ïl. Cass,; •Gnaphalium leyseroides , Desf. , Flor. Allant. Plante herbacée, atinuelle, basse, à tige grêle, roide , cylindrique, pubesccnte , très-rameuse dès la base, à rameaux très- divergens, étalés horizontalement, garnis de poils capités; feuilles très-irrégu- lièrement et diversement disposées , alternes , opposées , verticillées ou fasciculées , sessiies , semi -amplexicaulcs , longues de cinq à dix lignes, très-étiH)ites, linéaires- subu- lées, épaisses, un peu charnues, vertes, très-peu laineuses en dessous, garnies de poils capités sur les bords et la face supérieure; calathides longues de quatre ligues , étroites , solitaires au sommet de pédoncules terminaux et latéraux, longs d'environ un pouce et demi, nus, très-grêles, tiès-roides, très-glabres et lisses, rougeàtres ou bruns, crini- formes; péricline glabre et lisse, roussàtre vers le sommet.; corolles jaunes: celles de la couronne au nombre de quinze environ, dont souvent quelques unes ont la languette dégagée du péricline et arquée en dehors. Nous avons fait cette des- cription spécifique et celle des,caractères génériques, sur des individus viyans , cultivés au Jardin du Roi, où ils fleurissent T3 '-3 O « 'S "^ r._ s- Q. B - = o p- - ï- g o |;]- o g; O C o 5 C '- 5 O 1 HîiiiP muwi d H 2 LEP 85 Voyez ces dilVérens noms de genres et Thoraciques. (H. C.) LEITOSOMUS. {Orniih.) M. Vieillot, en faisant un genre du coucou de Madagascar, appelé vouroudriou , lui a appliqué ce nom, que M. Duméril avoit déjà employé pour désigner une famille nombreuse de poissons. (Cii. D.) LEPTOSPERME, Leptospermum. {Bot.) Genre de plantes di.- cotylédones, à fleurs complètes, polypétalées, régulières, de la famille des myrtées , de Vicosandrie monogjnie , dont le carac - tère essentiel consiste : Dans un calice à cinq dents ; cinq pétales; desétamines nombreuses, libres, attachées au calice ; un ovaire à demi inférieur ; un style ; une capsr.le ombiliquée , à trois, quatre ou cinq loges contenant des semences nom- breuses. Ce genre comprend des arbres ou arbrisseaux très-voisins desmelaleuca et desmelrosideros , d'un port élégant, d'un aspect très agréable , lorsqu'ils sont en fleurs. Tous exhalent, pendant les chaleurs, ou lorsqu'on les froisse entre les doigts, une odeur aromatique. Leurs feuilles sont simples, persistantes, nombreuses, opposées on alternes; les fleurs communément latérales et presque scssiles. Ils sont presque tous originaires de la Nouvelle-Hollande. On en cultive un assez grand nombre d'espèces dans les jardins ; ils réussissent bien dans du terreau de bruyère mélangé avec de la terre franche. Leurs fleurs s'épa- nouissent au printemps et en été. Quoique ces plantes craignent peu le froid, elles exigent d'en être abritées pendant l'hiver. Ou les renferme alors dans une serre d'orangerie ; l'hu- njidité, un air stagnant, trop concentré, leur sont funestcs- On les multiplie de graines qui ne sont bien mûres qu'après être restées environ dix-huit mois sur l'arbre. Comme elles sont très-fines, on les répand à la surface du terreau, et on lés y enterre par un simple arroscment. On les multiplie encore par marcottes qui prennent toujours racine dans l'année, ou par boutures placées dans des pots sous châssis et sur couche. L'automne est la saison la plus favorable pour leur réussite. Lei'tosperme a balais : Leptospermum scoparium, Forst., Gen. , lab. 36;Cook, Itin., 2, pag. 1 00, Icon.; Andr. , Bot. Repos., tab. 622 ; Melaleuca scoparia, Linn, Siipp. , 3/|.3. Arbrisseau (rès-rameux, de trois à quatre pieds de haut. Les feuilles sont îjetitcs. alternes, presque semblables à celles du myrte, plants. 8« ' LEP ovales- oblongues, aiguës, longues au moins de trois lignes ^ parsemées de points résineux à leur face inférieure: les fleurs blanches, terminales, solitaires et sessiles; les étamines nom- breuses, à peine plus longues que les pétales. La capsule est hé- misphérique , à cinq loges. Cette plante croit à la Nouvelle- Zélande. On la cultive au Jardin du Roi. On soupçonne que le leptospermum squarrosum, Gaert. , et Lamk., lU. gen. , tab. 420 , iig. 2 , est une variété de l'espèce précédente. Les feuilles de cette plante , ainsi que celles du leptospermum //lea, se prennent en infusion comme le thé. Le capitaine Cook, da^sson voyage à la Nouvelle-Zélande , fit prendre à son équi- page les jeunes feuilles et les sommités fleuries de cet arbris- seau en infusion théiforme : cette boisson, qui est aromatique avec un peu d'amertume, et d'une odeur agi-f'able, fut très- utile pour rétablir la santé et les forces de ceux qui étoient attaqués du scorbut : il les employa également en guise de houblon, à la fabrication de la bière, et s'en trouva très-bien. Leptospekme thé: Leptospermum thea, WiHd., Spec, 4, pag. 949; Poir., Encycl., SuppL; Melaleuca thea, Wendl. et Schrad., Sert. Hann., pag. 24, tab. 14. Cet arbrisseau a des rameaux grêles, élancés, glabres, cendrés, souvent renversés, garnis de feuilles nombreuses, sessiles, éparses , très-rappro- chées, linéaires-lancéolées, un peu rétrécies à leur base, gla- bres, entières, longues d'un demi-pouce, un peu mucronées au sommet. Les fleurs sont solitaires, latérales, à peine pé- donculées; les calices glabres, à cinq dents membraneuses et colorées. Cette plante croît à la Nouvelle-Hollande. On la cul- tive au Jardin du Roi : elle jouit des mêmes propriétés que la précédente. Leptosperme lanugineux : Leptospermum lanigerum , Smith , Trans. Linn,, 3 , pag. 260 ; Leptospermum Irinerve , White , Itin., pag. 229, Icon. Ses rameaux sont nombreux, cylindri- ques, divisés en beaucoup d'autres plus courts , un peu rou- geâtres, glabres ou légèrement pubescens, garnis de feuilles presque sessiles , petites, ovales, un peu lancéolées, presque glabres en dessus, velues et cendrées en dessous, quelquefois entièrement glabres. Les fleurssontsessiles, solitaires, axillaires. Lesfruitssontdes capsules globuleuses, de la grosseur d'un pois, environnées parle calice qui est chargé d'un duvet laineux LEP 87 très-abondant et à divisions assez grandes, presque folia- cées; l'inlérieur des capsules esta cinq loges contenant des semences très-petites, roussàtres, entourées d'un rebord épais. Cette plante, originaire de la Nouvelle-Hollande, est cultivée au Jardin du Roi , ainsi que le leptospermum pubescens , Willd. , qui en est très-rapproché , qui en diffère par ses feuilles lan- céolées, oblongues, pileuses, un peu obliques, réfléchies à leur sommet. Leptosperme a feuilles de genévrier : Leptospermum juniperi- num , Vent., Hort. Mnlm., tab. 89; Cavan., Icon. rar. , 4, fab. 53 1 , fig. 2; Melaleuca tenuifolia, Wendl., Ohs., 5o. Cette espèce a des tiges droites, rameuses; ses rameaux sont un peu anguleux, soyeux et blanchâtres ; ses feuilles éparses, sessiles, très-étroites, linéaires-lancéolées, piquantes à leur sommet, parsemées en dessous de quelques poils , longues d'un demi- pouce et plus; les fleurs sont sessiles , solitaires, d'un blanc de lait, entourées de bractées ovales, pubescentes, membraneuses; les pétales arrondis, deux fois plus longs que le calice glabre, blanchâtre, à divisionsarrondies.il y a trente étamines opposées quatre à quatre aux divisions du calice , et deux à deux à celles de la corolle. La capsule est d'un brun cendré, à cinq loges. Cette plante croit à la Nouvelle-Hollande ; on la cultive au Jardin du Roi. LiG leptospermum arachnoideum , Smith; Lamk., IlLgen.^ tab. 4.i3, fig. 5 ; Gaert., de Fruct. , tab. 35, a ^.distingue de l'espèce précédente par ses feuilles en alêne, tiès piquantes, par ses rameaux hérissés, par les calices velus ainsi que leurs divisions. Leptosperime a trois LOGES; Lcptospcrmum triloculare, Vent. , Hort. Malm. , -j , tab. 88. Cette plante , malgré ses rapports avec le leptospermum arachnoideum , s'en distingue par ses étamines au nombre de quinze, par ses capsules à (rois loges. Ses tiges sont hautes de trois pieds : ses rameaux velus , de couleur pur- purine; ses feuilles semblables à celles du genévrier, rou- geàtres à leur sommet, bordées de cils rares ; le calice est soyeux, de couleur purpurine; les pétales sont d'un blanc de lait, ar- rondis; la capsule est globuleuse, velue, de couleur cendrée. Cette plante croît à la Nouvelle - Hollande : on ia cultive au Jardin du Roi. Leptosperme SOYEUX ; Leptospermum sericcum . Lubill. , Aoi^. »R LEP HolL, 2 , tab. 147. Arbrisseau de cinq à six pieds, dont les ra- meaux sont soyeux; les feuilles très-peu pé[iolées, ovales, pi- leuses, un peu mucronées,parseméesdepoints glanduleux; les Heurs solitaires, axillaires, terminales, à peine pédonculées; le calice turbiné et soyeux , à divisions un peu air^uës , per- sistantes; les pétales orbiculaires, un peu mucronées, soyeux en dehors à leur base; les étamines nombreuses; les anthères globuleuses, à deux loges. L'ovaire est soyeux et globuleux-, la capsule à cinq loges, à semences oblongues,- comprimées, anguleuses. Cette plante croît au cap Van-Diémen. Leptosperme BORDÉ; Leptospemium marginatum , Labill., Noi'. HolL, 2, tab. 148. Cet arbrisseau s'élève àla hauteur de cinq à six pieds. Ses rameaux sont cylindriques et pileux; ses feuilles à peine pétiolées, un peu alongées , en ovale renversé, longues . HolL, i , pag. 207; Rottbollia repens, Forst., Prodr.,n.° i5i. Ses tiges sont rampantes, rameuses, articulées; ses rameaux ascendans; ses feuilles disposées presque sur deux rangs opposés, roides, linéaires, unpeu roulées àleurs bords, velues à l'orifice de leur gaine , munies d'une petite membrane peu apparente. Les épis sont filiformes, glabres, cylindriques, se séparant facilement à leurs articulations, ne recevant dans chaque cavité qu'un seul épillet fort petif; la valve calicinale acuminée, pins longue que l'articylation , renferme une ou deux fleurs hermaphro- dites, une troisième stérile, pédicellée, est placée entre les fleurs hermaphrodites., ou latérale lorsqu'il n'y qu'une seule Jleur hermaphrodite : les valves corollaires sont membra- neuses, mutiques, renfermées dans la valve calicinale; deux petites écailles sont à la base de l'ovaire. Cette plante croît sur les côtes maritimes et sablonneuses delà Nouvelle- Hollande. (POIR.) LEPTURE, Leptura. (Entom.) On a désigné, sous ce nom, depuis Linnaaus, un genre d'insectes coléoptères, à quatre articles à tous les tarses et à antennes en forme de soie, par lonséquent du sous-ordre de ceux que l'on dit tétramérés, et que l'on a rangés dans la famille des mauge-bois , appelés iignivorcs ou xylophages. Cette dénomination de lepture, emiiruntée du grec , indique la forme particulière de ces insectes, dont en général les LEP 95 parties postérieures des élytrcs et de l'abdomen sont amin- cies et se terminent en pointe, de deux mots grecs, XiTi-roc, , aminci, rétréci, et de Spa, queue , ou partie postérieure. A la vérité, ce genre n'est plus maintenant aussi nombreux en espèces, que Linnaeus l'avoit indiqué; car il y comprenoit les stencores, les rhagies, les molorques, les eallidies, et même les donacies; on Pa beaucoup plus circonscrit maintenant par les caractères que l'on a assignés au genre Lepture , tels que nous allons les faire connoître dans cet article. Les leptures sont de très-jolis insectes à longues antennes , en forme de soie , dont les articulations sont alongées et bien distinctes, au nombre de onze, rapprochées à leur insertion qui a lieu sur le front, entre les yeux : leurs élytres sont en général beaucoup plus larges à la base que le corselet où il est un peu conique et plus étroit à sa partie antérieure qui reçoit la tête, qui , malgré la saillie que font les yeux sur les côtés, se trouve cependant encore plus étroite que la base du corse- let. En général, le corps sur sa longueur paroît comme arqué ou voûté, plus étroit et caréné en dessous, plat en dessus, arrondi sur les flancs. Les patte? sont liongées; les cuisses plus grosses vers l'articulation jambière; les tibias portent ordinai- rement deux épines tai'siennes. Des quatre articles des tarses , ceux qui composent les pattes postérieures sont presque cons- tamment plus alongés que ceux des deux paires antérieures; en général , le second article est plus grêle, le pénultième a deux lobes, et le dernier alongé , courbé, plus gros à son extrémité libre, porte une paire de crochets simples et courbés. En comparant les espèces de ce genre avec celles qu'on peut rapporter à la même famille, voici comment, à l'aide de l'analyse, on parvient aisément à les rapprocher. D'abord les élytres, quoique rétrécles , recouvrent presque toute la partie supérieure de l'abdomen et cachent les ailes en entier, ce qui n"a pas lieu dans les molorques ; ensuite ces élytres sont sensiblement plus étroites et amincies à leur extrémité libre, ce qui ne s'observe dans aucun des autres genres, excepté parmi les rhagies, qui ont le corselet épineux sur \qs côtés, tamlis que dans les leptures les bords du thorax sont arrondis comme dans ks eallidies et les saperdes, dont les étuis des ailes sont 94 LEP crailleurs arrondis et h peu près de même largeur dans toule leur étendue. Enfin les capricornes, les priones et les lamies, don.t les leptures se distinguent par plusieurs autres caractères , diffèrent essentiellement de ce dernier genre parce que leur corselet est muni sur ses côtés d'une ou plusieurs pointes ou épines distinctes. Sous l'état parfait, on trouve les leptures sur les fleurs, principalement sur celles des ombellifères, des rosacées, des liliacées, et surtout des orchidées. Elles volent de jour, même à l'ardeur du soleil; mais leur vol est lourd et lent. Elles courent mieux en général qu'elles ne volent; aussi, quand on les surprend, préfèrent-elles ou s'enfuir promptement, ou se laisser choir en contractant leurs membres et en simu- lant, par leur immobilité , une mort subite. Quand elles sont saisies, elles produisent, comme la plupart des xylophages, un petit bruit, en faisant vibrer toute la masse de leur corps et en communiquant même ce mouvement à ceux des objets sur lesquels elles adhèrent. On voit que ce mouvement est prin- cipalement déterminé par un frottement que 1 insecte produit entre le corselet et la base des élytres. La plupart des leptures ont le corps légèrement velu et coloré; leurs élytres varient pour la teinte. Il est quelquefois d'une seule couleur jaune , rougeàtre ou bleue; mais, le plus souvent , le fond en est d'un jaune testacé , avec des taches, des traits ou des points noirs. On trouve les larves des leptures dans le bois qu'elles rongent ; la plupart attaquent les racines ou les branches, sousl'écorce desquelles elles se creusent des galeries ou des sinuosités dans chacune desquelles on ne trouve qu'un seul individu dont la croissance successive est indiquée par le diamètre du can:il danslequelon observe cette larvequi s'y transforme en nymphe, Je plus ordinairement à la fin de l'automne, pour passer l'hi- ver sous cette apparence de sommeil léthargique : aussi la jilu- part des lepturts se font-elles remarquer dans les premières (juinzaines du printemps. Ces larves ont à peu près la forme que nous offrent celles de la plupart des coléoptères lignivores. Elles sont blanches-jaunâtres , à tête brune, à peu près qua- (Irangulaires , plus grosses du côté de la tête, à pattes très- courtes, munies sur le dos de tubercules, sortes de mamelons LEP 95 <îont l'insecte se sert pour s'appuyer dans les galeries ou che- minées qu'il se creuse en pourvoyant à sa nourriture. Les leptures forment un genre très-nombreux et fort natu- rel. Fabricius, dans son Système des Eleuthérates, y a inscrit plus de soixante-dix espèces, et Olivier avoit figuré cinquante espèces dans sa grande Entomologie, en y consacrant quatre planches. Il seroit commode, pour l'étude, de distribuer ces espèces en groupes, d'après la disposition des couleurs sur les élytres; mais ce travail n'a pas encore été fait, et il seroit déplacé dans ce Dictionnaire où nous ne voulons indiquer que quelques espèces seulement, et non en faire une monogra- phie. Nous allons donc nous contenter d'indiquer celles qui sont les })lus connues aux environs de Paris. Nous rappellerons d'abord que nous avons fait figurer dans l'atlas de ce Dictionnaire, sous le n.° 2 de la planche XI, de la Vlir livraison, famille des Xylophages, parmi les coléoptères Ictramérés, l'espèce qne l'on nomme cotonneuse ou tomen- tcuse, dont nous allons de suite donner la description. 1. Lepture cotonneuse; Leptura tomentosa. Car. Corps noir; corselet à duvet jaune doré ; élytres d^ un jaune rougeâtre testacé, noires à V extrémité. C'est le stencore noir à étuis jaunes, de Geoffroy, tom. I, pag. 227, n." 8. Elle est figurée dans Olivier, n.° 7 3, pi. 11 , fig. i3,c. 2. Lepture testacée; Leptura testacea. Car. Noire; à palpes , jambes, tarses de couleur pâle; élytres entièrement d'un rouge testacé. Geoffroy en a donné la figure tom. I, pi. 4, fig. 1 , sous le nom de stencore à étuis rougeâtres. On lai trouve communément sur les fleurs de la ronce-, elle est un peu plus grosse que la précédente : peut-être n est-elle qu'une variété de sexe; c'est l'opinion de Geoffroy. 3. Lepture sapeur ; Leptura hastata. Car. ISoire ; à élytres rouges, noires à la pointe et offrant une grande lâche triangulaire noire formée en commun sur la suture. Olivier Ta figurée pi. 70, n.° 1 , fig. 5, c. b. c. C'est le stencore bedeau de Geoffroy, qui l'a très-bien décrit. La couleur rouge des élytres pàlit beaucoup par lu dessiccation. Quelques auteurs l'ont décrit sous le nom de stencorus lamcd. 96 LEP 4. Lei'tuke queue NOIRE; LcpLurci rnelanura. Car. ]>ioirc; eljtres soyeuses d'un jaune rougeàtre, à suture et extrémité noires. C'est une petite espèce commune au printemps sur les fleurs de la carotte, du sureau et autres ombclliféres, 6. Lepture ÉCU50NNÉE; Leptura scutellata. Car. Toute noire avec Vdcusson blanc. Elle est figurée dans Panzer, cah. LXIX, pi, i5. Nous l'avons trouvée sur les fleurs d"un rosier sauvage à Fontainebleau. G. Lepture éperonnée ; Lepfwi-a ca/carafa. Stencore jaune à bandes noires de GeoEfroy , pag. 224, n." 5. Car. Noire; à éljtres jaunes avec quatre bandes noires : la première ponctuée , la deuxième interrompue; jambes postérieures à longues épines ; les cuisses postérieures dans les mâles ont aussi une sorte d'épine. Cette espèce est très-commune, dans les bois, sur les fleurs de ronce. 7. Lepture a quatre bandes; Lepiwra quadrifasciata. Car. Noire; à élytres jaunes avec quatre bandes ondulées ou dentelées en travers; une tache jaune sur le corselet; pattes noires. S. Lepture amincie; Leptura attenuata. Car. Noire; élytres très- alongées et rétrécies , de couleur fauve avec quatre bandes noires]; pattes pâles. Schasffer la figure dans ses Icônes, pi. XXXIX, fig. 6. g. Lepture noire; Leptura nigra. C'est le stencore noir à ventre rougeàlre de GeoITroy, n.^g. Car. Noire; très-amincie, à abdomen rougeàlre. Elle na gucres que quatre lignes de long. Ou l'observe fréquemment sur les fleurs de l'aubcpinc. jo. Lepture a collierj Leptura collaris , hinn. C'est aussi le stencore à corselet rouge de Geoffroy, pag. 228 du tome XI, n." 11. Car. Noire; élytres d'un bleu foncé; abdomen et corselet rou- geâtres. ji. I-epture SIX GOUTTES: Leplura sex ^ultala. LEP 97 Car. Toute noire; trois taches jaunes arrondies sur clia.jue élytrc. 12. Lf.pture livide; Leptura livida. Car. Noire; éljtres d'un jaune très-pàle; pattes noires. (CD.) LEPTURUS. (Ornith.) Brissoii a donné ce nom, comme gé- nérique, au paille-en-queue ou phaéion , phaeton ccihereus ^ Linn. (C. D.) LEPÏYNITE. {Min.) M. HaUy a senti la nécessité de dési- gner par des noms univoques les masses minérales qui cou- vrent de grandes étendues de terrain, qui entrent pour une grande portion dans la structure de l'écorce de la terre, et qui, lorsqu'elles sont hétérogènes, sont composées assez cons- tamment des mêmes minéraux mélangés dans des proportions toujours à peu près les mêmes. Ces masses doivent recevoir des noms distinctifs , jêtrê con- sidérées d'une manière particulière et absolument indépen- dante, et des espèces minérales qui y sont quelquefois domi- nantes, et de l'époque d'origine des terrains dans lesquels on les trouve. M. Haiiy n'a pas toujours adopté ces principes dans toute leur rigueur, et c'est en cela seulement que nous avons aif- féré un peu de l'opinion de ce célèbre minéralogiste. C'est néanmoins d'après eux qu'il a établi, dans les galeries du Muséum royal de minéralogie , l'espèce de roche composée à laquelle il a donné le nom de leptinite : espèce et nom que nous nous sommes empressé d'adopter dans notre Essai de classification des roches mélangées, publié en i8i3. Le leptynite est une roche de cristallisation, dont la base est du felspath grenu, et dont les parties constituantes essen- tielles sont du mica et du quarz disséminés. Sa structure est grenue. Il est entièrement fusible en émail blanc, picoté de points roussàtres. Cette roche a beaucoup de rapports avec- le granité, le gneiss, l'eurite, l'hyaîomicte, et même quelques psammites. Voici en quoi elle s'en distingue. Elle diffère , Du granité : parce que les parties de celui-ci sont en pro- portions à peu près égales, qu'il n'y en a aucune d'essentiel- lement dominante, et que le felspath est en cristaux à struc- ture laminaire. .6. 7 98 LEP Du gneiss : parce que les parties y sont disposées })ar lits ou feuillets minces d'une ép,aisseur à peu près égale, tt que le mica est presque dominant. De l'hyalomicte : parce que c'est le quarz qui est dominant dans cette roche ; à peine y a-t-il quelquefois un peu de felspath. Aussi est-elle infusible. Du psammite granitoïde , et micacé : parce que, dans le premier, les parties sont très-distinctes, et qu'aucun des deux n'est grenu ; et que, dans tous deux, la structure, examinée avec l'attention convenable , indique une formation principale par voie mécanique, et non pas une roche de complète cris- tallisation. C'est de l'eurite qu'il est le plus difficile de distinguer le leptynite , et nous convenons même que , si de nouvelles observations ne contribuent pas à établir d'une manière bien nette la distinction de ces deux sortes de roches, il faudra les réunir sous un seul nom. Pour nous, la base des eurites est un felspath compacte, ou un pétrosilex, ou, ce qui n'est pas tout-à-fait la même chose, une roche qui ne présente pas une ressemblance assez évidente et assez complète avec le felspath, pour la regarder comme cette espèce minérale en masse. (Voyez l'article Ec- rite, où ces caractères sont très-développés. ) Le leptynite ne diflTèreroit donc de l'eurite, roche compo- sée, que par la texture de sa base, différence qui n'est peut- être pas suffisante pour étaiîlir deux sortes de roches. Aussi est -il assez difficile de donner des exemples nombreux et tranchés de la roche qui fait le sujet de cet article. Elle ad- met comme parties accessoires les mêmes minéraux que l'eu- rite, c'est-à-dire, des grenats et du disthène. Elle paroit offrir à peu près les mêmes variétés principales de structure en grand = il y a des leptjnites compactes et des Icptjnites schistoïdes. Enfin, il paroit qu'elle fait partie des mêmes terrains que certains eurites, mais non pas que tous: car les eurites porphy- roïdes et phonolites appartiennent quelquefois à des terrains d'origine probablement volcanique, et nous ne connoissonspas encore de leptynite qu'on puisse rapporter à cette origine. Aussi cette roche doit-elle recevoir la même indication de LEP 99 synonymie. Elle offre une subdivision, ou plutôt elle fait partie, comme les eurites , des terrains composés de wcisstein, d'hornfeb, etc. Ces roches viennent d'être encore divisées, et de rece- voir des noms nouveaux, par M. Gerhard. Il subdivise les wcisstein de l'école de A'V'erner en amausile , granulite et fclsite. Mais ces divisions sont fondées sur des principes diffc- rens de ceux que nous avons adoptés pour la spécification des roches mélangées, puisque Fépoque de formation y entre comme caractère. Il est assez ditîicile de faire coïncider ces espèces avec celles que nous avons établies sur des caractères purement minéralogiques. Nous reviendrons sur ces considé- rations et sur ces nouvelles spécifications au mot Roche. (B.) LEPUS (Mamm.), nom latin du lièvre. (F. C. ) LEPUS AQUEUS. (Ornith.) I/oiseau auquel ce nom est donné par Niéremberg , est le gr^fje cornu, cclj'mbus cornutus, Gmel. ; podiceps cornutus , Lath. ( Ch. D.) LEPYRODIA. (Bot.) Genre de plantes monocotylédones, hermaphrodites ou dioïques, de la famille des restiacées , de la dioécie triandric de Linnaeus, offrant pour caractère essentiel : Un calice à six folioles glunaacées, accompagnées à la base d'une ou de deux écailles en forme de bractées; point de co- rolle; trois étamines : les anthèrjs peltées: un rudiment d'o- vaire. Le fruit, dans les Heurs femelles, est une capsule à trois lobes, s'ouvrant par ses angles; les semences sont solitaires. Ce genre renferme des espèces jusqu'à présent peu connues, toutes découvertes sur les côtes de la Nouvelle-Hollande ; elles se rapprochent beaucoup du reslio, et surtout du calo- rophus de Labillardière, parmi lesquelles M. Rob. Brown en a décrit plusieurs espèces. 1.° Lepyroria GaACiLis; R. Brown, Prodr. Noi'. Hall., i , pag. 247. Ses tiges sont médiocrement rameuses, munies de gaines serrées; les fleurs disposées en épis rameux; les rami- fications inférieures un peu distantes; les folioles extérieures du calice plus courtes que les intérieures. 2.° Leptrodia stricta , Brown, /. c. Ses tiges sont très^ simples; les gaines roides; les fleurs disposées en épis, dont les rameaux sont un peu rapprochés; les lolioles du calicf presque égales. (Potr.) lee LEQ LÉQUÉE, LFCHEA ou LEKEA. (Bot.) Genre de plantes dicolylédones, à fleurs complètes, polypétalées, de la fa- mille des cariophj'llées, de la Iriandrie trisj'nie de Linnœus , offrant pour caractère essentiel : Un calice persistant, à trois folioles; trois pétales linéaires; trois étamines (quel- quefois quatre ou cinq); un ovaire supérieur; point de style; trois stigmates. Le fruit est une capsule à trois loges, à trois valves, à trois semences. Les cloisons, en se désu- nissant quand la capsule s'ouvre, forment comme trois au- tres valves intérieures. Léquée a fe€Ii.les ovales: Lechea major, Linn., Amccn. ecad., 3, pag. lo, tab. i , fig. 4; Mich., Amer., i, pag. 76. Ses tiges sont droites, fermes, un peu rougeàtres, hautes de deux ou trois pieds, rameuses, très-velues; les rameaux nombreux, paniculés , chargés de poils blanchâtres; les feuilles alternes, médiocrement pétiolées, ovales, un peu lancéolées et pubescentes, velues à leurs bords, longues de six à huit lignes; celles des rameaux presque sessiles , plus petites; les Heurs petites, nombreuses, un peu velues, pédicellées, presque fasciculées, disposées en petites grappes courtes le long des rameaux. Cette plante croît en larges touffes épaisses, dans le sable et aux lieux arides, dans la Caroline. LÉyuÉE A FEUILLES DE THYM: Lechea tlvymifoUa , Mich., ^mer. , /• c. ; an Lechea minor? Linn., Aman,, l. c. Ses tiges sont droites, cylindriques, un peu rudes, d'un brun pourpre; les rameaux droits, paniculés à leur sommet et un peu pubescens; les feuilles alternes, presque sessiles, linéaires, quelquefois presque opposées ou ternées, glabres, un peu aiguës, légèrement pubescentes à leurs bords. Les fleurs sont très-petites, pédicellées, presque fasciculées en petites grappes axillaires et terminales. Cette plante croit en gazon, aux lieux stériles et arides, dans la Caroline. (Poir.) LEQUILLA. {Ornith.) Ce nom Uapolitain, qui s'écrit aussi avec une seule l, désigne le veuturon , fringilla citrinella, Linn. (Ch. D.) LERCHEA. (Bot.) Il ne faut pas confondre avec le genre faitpar Linnœus sous ce nom, un autre fait par Haller, dont les caractères sont très-différens , et que Linnaeus lui-même réunit à son genre Salsola. (J.) LER 101 LERE (Mamm.), nom que Marcgrave donne à une espèce âe chauve-souris du Brésil. ( F. C.) LEREAMOUCAIRI (Bot.), nom galibi du paulliniajîbulata de M. Richard, que nous avons cité dans les Ann. du Mus. d'Hist. nat., vol. IV, p. 049. (J.) LEREOU. (Mamm.) Les Nègres Jolofs donnent ce nom au Lamantin du Sénégal. (Desji.) LERIA. (Bot.) C'est sous ce nom qu'Adanson cite les espèces de marrubiastrum de Tournefort, réunies par Linnaeus à son genre Sideritis , dont elles se distinguent par une corolle qui ne déborde pas le calice. ( J. ) LÉRIE, Leria. (Bot.) Ce genre déplantes, publié en 1812, dans le Mémoire de M. De Candolle sur les labiatitlores, ap- partient à Tordre des synanthérées , et à notre tribu natu- relle des mutisiées, dans laquelle il est voisin des genres C/iap- talia et Leibnitzia. Voici les caractères génériques du Leria, tels qu'ils résultent de nos propres observations, faites sur la leria Ijrata et sur la leria integrifolia. Calathide bicouronnée, discoide-radiée : disque multiflore , équalillore , diversiflore , androgyniflore ; couronne intérieure non radiante, plurisériée , multiflore, tubuliflore , fémini- flore ; couronne extérieure radiante, subunisériée , multiflore, liguliflore, féminiflore. Péricline subcampaniforme , ou sub- cylindracé , tantôt un peu supérieur aux fleurs radiantes, tantôt égal aux fleurs du disque ; formé de squames nom- breuses, plurisériées, inégales, régulièrement ou irréguliè- rement imbriquées, étroites, linéaires-aiguës, merr.braneuses sur les bords et au sommet. Clinanthe plan, absolument nu. Fruits pédicellulés , oblongs, amincis aux deux bouts, par- semés de petits poils papilliformes , munis de cinq nervures, et surmontés d'un col très-long, très-gréle , filiforme, glabre et lisse; aigrette composée de squamellules nombreuses, iné- gales, filiformes, très-fines, à peine barbellulées. Fleurs du disque : Corolle variable, à cinq incisions inégalement pro- fondes, formant ordinairement deux lèvres plus ou moins distinctes, Fintérieure bifide jusqu'à la base, Fextérieure inégalement et irrégulièrement tridenlée, trilobée ou trifidej tube anthéral pourvu de cinq appendices apicilaires entre- greffes , longs, linéaires, arrondis ou tronqués et quelquefois LER comme denticulés au sommet, et de dix appendices basilaires libres, très-longs, filiformes; style de mutisiée. Fleurs de la couronne intérieure : Corolle très-inférieure au style, courte, très-grêle, tubuleuse , irrégulièrement et variablement ter- minée au sommet, qui est ordinairement oblique et simule fort souvent une très-petite languette; point de fausses éla- inines. Fleurs de la couronne extérieure : Corolle très-supérieure aux stigmatophores. à tube long, étroit, à languette longue, étroite, linéaire , irrégulièrement tridentéc au sommet; point de languette intérieure , ni de fausses étamines. Lérie a feuilles lyrées : Leria Ijrata, H. Cass. ; An ? Leria nutans , Kunth, Noi'. gen. et Sp. pL, lom. IV, pag. 5 (édit. in -4.") ; An ? Tussilago (Chaptalia) Ijrata, Pers. , Syn. pi. , pars 2 , pag. 456; An ? Tussilago nutans, S\vartz , Obs. bot., pag. 5o5. Une racine oblique, presque horizontale, proba- blement vivace , produit une multitude de fibres très-lon- gues, verticales, descendantes, et son e:j;trémité supérieure porte un assemblage de fouilles et de hampes. Les feuilles sontinégales, les plus grandes longues d'environ neuf pouces, y compris le pétiole, larges d'environ deux pouces, glabres et vertes en-dessus, tomenteuses et blanchâtres, grisâtres ou rougeàtres en-dessous; leur pétiole est long et bordé ; le limbe est lyre : sa partie supérieure est large, ovale-oblongue , si- nuée ou bordée de très-larges crénelures arrondies, et de très-petites dents spinuliformes ou tuberculiformes, irrégu- lièrement éparses, distantes, saillantes, dirigées un peu en arrière; si partie inférieure, qui dégénère insensiblement en pétiole, est étroite, sinuée , découpée sur les deux côtés, à lobes arrondis, et à petites dents spinuliformes. Les hampes, longues d'environ un pied à l'époque de la fleuraison, lon- gues d'environ deux pieds à l'époque de la dissémination, sont simples, grêles, cylindriques, absolument privées de feuilles et de bractées, tomenteuses ou laineuses, grisâtres, et chacune d'elles se termine par une calathide , dont le pé- ricline est laineux, subcampaniforme , un peu supérieur aux fleurs radiantes, et dont toutes les corolles sont jaunes, mais souvent plus ou moins colorées en rouge au sommet; les squames du péricline ont souvent aussi le sommet rougeàtre. Une de ces calathides nous a offert cnvii-on trente fleurs LER io3 hermaphrodites, environ trente fleurs femelles radiantes , et plus de deux cent cinquante fleurs femelles non radiantes! mais, dans une autre calathlde, nous n'avons trouvé qu'en- viron seize fleurs hermaphrodites, et environ vingt fleurs femelles radiantes, outre les fleurs femelles non radiantes, dont nous avons négligé de compter le nombre. Nous avons fait cette description sur plusieurs échantil- lons secs de l'herbier de M. Desfontaines, recueillis, les uns dans l'île de Saint-Domingue par M. Poitcau, les autres dans l'ile de Porto -Rico par M. Riedlé. LÉr.iE A FEUILLES ENTIÈRES ". Leriu iiitegrifolia , H. Cass. ; Jn? Tussilago alhicans, S\vartz, FI. Ind, occ, lom. 3, pag. i5/)8. Les racines sont filiformes. Les feuilles, toutes radicales, sont inégales, longues d'environ trois pouces, larges d'environ dix lignes, un peu coriaces, étrécies inférieurement en pé- tiole; leur limbe est ovale-lancéolé, un peu aigu, presque entier, ou bordé seulement de denticules spinuliformcs ou tuberculiformes , un peu dirigés en arrière; la face infé- rieure est tomenteuse et blanche^ la supérieure est d'abord laineuse, puis glabre et verte. La hampe, haute de six à huit pouces, est simple, nue, cylindrique, tomenteuse, blanche, terminée par une calathide qui paroît être penchée, et com- posée de fleurs jaunes; le péricline est tomenteux, subcylin- dracé , égal aux fleurs du disque ; les appendices apicilaires du tube anthéral sont tronqués et comme denticules au sommet. Nous avons fîiit cette description sur deux échantillons secs de l'herbier de M. de Jussieu, recueillis par Cominer- 6on dans les environs de Montevideo ; l'un de ces deux échantillons porte des fleurs, et l'autre des fruits mûrs: ce dernier, étant plus grand que l'autre dans toutes ses parties,' nous fait présumer que la plante acquiert de l'accroissement après la fleuraison. Le genre Tussilago avoit été fort bien défini et limité par Tournefort, qui n'y admettoit que le Tussilago farfara, et qui lui attribuoit pour caractères la calathide radiée et le péricline unisérié. Vaillant a gâté ce genre, en associant à l'espèce qui en est le type primitif, d'autres espèces non congénères, appartenant au Geiberia, et en supposant que le péricline des tussilago pouvoit être imbriqué. Linné a 104 LER mal à propos réuni au genre Tussilago les petasites de Tour- nefort et de Vaillant; et, par une bizarrerie singulière, il a placé à la tête du genre quatre espèces qui n'appartiennent réellement ni au vrai Tussilago ni au vrai Petasites : la pre- mière (Tussilago anandria) est une Leihnitzia; la seconde (Tussilago nutans) est une Leria; la troisième (Tussilago den- fata) est une Chaptalia' ; la quatrième (Tussilago alpina) est une Homogène. Un genre ainsi composé d'espèces hétéro- gènes ne pouvoit être que fort mal caractérisé. Linné, dans son Gcnera plantarum , attribue au genre Tussilago le péricline formé de squames égales, le disque androgynitlore , et l'aigrette slipitée , c'est-à-dire, le fruit collifère. Aucune des espèces linnécnnes de Tussilago ne réunit ces trois ca- ractères, dont l'auteur n'a pu concevoir le, monstrueux as- scmbl<)ge qu'en forgeant un t3'pe imaginaire, auquel il a gratuitement accordé le péricline du vrai Tussilago, du Pe- tasites, de VHomogyne, le disque de VHomogyne , du Leria, du Leihnitzia, et les fruits du Leria. Le péricline est formé de squames inégales, plurisériées, imbriquées, chez \cs Leih- nitzia , Leria , Choptalia; le disque est masculiflore chez les vrais Tussilago et Petasites , androgyni- masculiflore chez le Chap- talia; l'aigrette est sessile, ou plutôt le fruit est privé de col, chez les vrais Tussilago, Petasites, Honiogjne, Chaptalia. Adanson a rétabli les deux genres Tussilago et Petasites de Tournefort. M. de Jussieu, réunissant, comme Linné, les Petasites au vrai Tussilago , a aussi, comme lui, admis pour caractères de ce genre le péricline de squames égales, uni- sériées , et les fruits collifères. Gœrtner a distingué de nouveau les Petasites du vrai Tussilago , et il a reconnu , avec son exac- titude accoutumée, que, dans ces deux genres, les fruits éloient privés de col, et que le péricline éloit unisérié; mais il est tombé dans la même erreur que Linné et tous les au- tres botanistes , à l'égard du sexe des fleurs du disque. Neckcr 1 Nous avons très -soigneusement analysé la calathide d'une plante sèche, étiquetée tussilago àentata, Linn., dans l'herbier de M, de Jus- si"u,et cette calathide nous a ofTert tous les caractères propres au genre Chaptalia de Ventenat. Si donc l'étiquette est exacte, il est certain que le iussilai^o dentata de Linnaeus est une véritable espèce de chaptalia , ^u'il faut iiomuier (haptalia dentata. LER io5 a divisé le genre Tussilago de Linné en quatre genres, qu'il a nommés Thjrsantl>ema , Petasites, Atasites, Tussilago. Il est assez vraisemblable que son Thjrsantliema correspond au Leria de M. De Candolle ; il est plus douteux que son Atasites cor- responde à notre Gerheria; et l'on doit croire que les Petasites et Tussilago de Necker sont en concordance avec les Petasites et Tussilago de Tournefort et Gaertner. Mais, ce qu'il y a de plus clair, c'est que les quatre genres de Necker sont des énigmes impossibles à deviner avec certitude, parce que l'auteur, suivant sa coutume, n'a indiqué aucune des es- pèces qui les composent, et que les descriptions caractéris- tiques de ces genres contiennent les plus grossières absur- dités. Pour justifier une critique aussi dure, il nous suffira de dire que, d'après les descriptions de Necker, le caractère unique distinguant le Thyrsanthema 'de VAtasites et le Pela- sites du Tussilago consistcroit en ce que la calathide du Thyrsanthema et celle du Petasites sont composées de fleurs nombreuses, tandis que la calathide des deux autres genres ne contient qu'une seule fleur ! et ce qu'il y a de plus cu- rieux, c'est que ces calathides, dites uniflores, deVAiasites et du Tussilago ont pourtant, selon Necker, un disque com- posé de plusieurs fleurons et une couronne composée de plusieurs demi-fleurons. La calathide multiflore du Thyrsan- thema et la calathide uniflore de VAtasitis ont le péricline imbriqué; tandis que la calathide multiflore du Petasites et la calathide uniflore du Tussilago ont le péricline uni- sérié. Mœnch a suivi l'exemple de Gaertner, en adoptant le Tussilago et le Pétantes de Tournefort. Ventenat, dans sa Description du Jardin de Gels, a établi le genre Chaptalia sur une seule espèce, que Willdeno\v et Michaux attribuent au genre Tussilago, dont elle est pourtant bien distincte. Ce genre Chaptalia revendique aussi , selon nous, le Tussilago dentata de Linné. M. De Candolle, dans la Flore Françoise, distribue les espèces indigènes du genre Tussilago de Linné en trois sections qui, selon lui, doivent peut-être former trois genres distincts. La première section, qu'il intitule Farfara, est le vrai Tussilago de Tournefort et Gaertner; la seconde, qu'il intitule Ifussilago , correspond à notre genre Homogjme; la troisième, intitulée Petasites, correspond au îc6 LER ^etasites de Tournefort et de Gœrtner. M. Persoon, dans son Synopsis plantarum , admet dans le genre Tussilago un sous- genre , qu'il intitule Chaptalia, et à la ttte duquel il place l'espèce sur laquelle Ventenat a fondé le genre ainsi nommé : mais, au lieu d'attribuer à ce groupe l'aigrette sessile, ex- pressément assignée par Ventenat à son Oiaptalia , M. Per- soon lui attribue, en général et sauf exceptions, l'aigrette stipitée- Les sept espèces qu'il comprend dans ce groupe doi- vent, selon lui , être séparées du genre Tussilago, pour être réunies au genre Perdicium, ou pour former un genre par- ticulier, distingué par le port et surtoutpar l'aigrette stipitée. La première de ces sept espèces est le type du vrai genre Chaptalia de Ventenat, qui a l'aigrette sessile; les deux sui- vantes appartiennent au genre Leria de M. De Candolle , qui a l'aigrette stipitée ;1a quatrième est une véritable Chapta- lia-, les cinquième et sixième nous ont offert certains carac- tères qui nous paroissent suffisans pour constituer deux genres ou sous-genres distincts ; la septième et dernière est le type de notre genre Chevreulia. M. De Candolle a proposé le genre Leria dans son Mé- moire sur lesLabiatiflores, publié d'abord, en 18 12, -dans le tome ig des Annales du Muséum d'histoire naturelle. Ce genre, dédié à Léri, ancien voyageur françois, qui visita, dès le quinzième siècle, l'Amérique méridionale, est placé par M. De Candolle à la iin de ses Labiatiflores douteuses et fort loin du Chaptalia de Ventenat. L'auteur du Leria le caractérise ainsi : Involucre à folioles disposées sur un seul rang; fleurons très-menus; les extérieurs ligules, probable- ment femelles; les intérieurs hermaphrodites, probablement bilabiés ; aigrette pileuse, stipitée; réceptacle nu; herbes à feuilles radicales, entières, ou sinuées-lyrées , à hampes unitlores. M. De Candolle altribue à ce genre le Tussilago nulans de Linnaeus, les Tussilago pumila , alhicans et Ijrata de Swariz, et avec doute les Tussilago exscapa et sarmentosa de Persoon. Enfin, il remarque que son Leria est certainement distinct du Tussilago par le port et l'aigrette stipitée ; mais il avoue n'avoir pu reconnoître sur le sec la véritable struc- ture des fleurons. Le genre Leria de M. De Candolle n'est donc pas autre LER 107 chose que le sous- genre Chaptalia ^ antérieurement publié par M. Persoon , et dont M. De Cundolle a éliminé deux es- pèces qui, ayant l'aigrette sessile, appartiennent au genre Chaptalia de Ventenat. Mais il y a beaucoup moins d'erreurs dans la description caractéristique de M. Persoon , que dans celle de M. De Candolle. Ce dernier, en attribuant au Leria le péricline unisérié et l'aigrette stipitce, semble avoir calqué les caractères attribués par Linné au Tussilago. Ce qui n'est pas moins étonnant, c'est que M. De Candolle paroit n'avoir pas même soupçonné l'affinité si intime et si évidente qui existe entre son Leria et le Chaplaliu de Ventenat, quoi- qu'elle lui fût indiquée par M. Persoon, qui avoit réuni les deux genres sous le titre commun de Chaptalia. Des six espèces admises par M. De Candolle dans le genre Leria, il n'y en a, selon nous, que deux qui lui appartiennent bien certainement : ce sont les Tussilago nutans de Linné et albi- cans de Swartz, Nous nous sommes déjà expliqué sur les Tussilago purnila, exscapa et sarmentosa. Quant à la citation faite par M. De Candolle d'un Tuscilago Ijrata de Swartz, c'est sans doute une erreur ; car nous ne trouvons dans les Ohsenationes botanicœ de Swartz que le Tussilago nutans, et dans sa Flora Indice occidenLalis que les Tussilago albicans et pumila. Il est probable que M. De Candolle a voulu parler du Tussilago (Chaptalia) Ijrata de M. Persoon; mais alors c'est un double emploi , car cette espèce est la même que le Tussilago nutans. Cela nous fournit Poccasion de faire re- marquer que M. Persoon a , par inadvârtance , admis le même nom spécifique de lyrata pour deux espèces bien différentes de son genre Tussilago ; Pune', numérotée 2 , est notre Leit- nitziu phœnogama; Pautre, numérotée 18, est notre Leria Ij- rata. Le même auteur a commis une faute semblable dans le genre Conjza , où il admet deux fois le nom spécifique de Chinensis. M. Kunth a décrit, dans ses Noi'a gênera et spccies plan- larum , sous le nom de Leria nutans, une plante qu'il croit être le Tussilago nutans de Linné, et qui est peut-être aussi notre Leria Ijrata. Cependant nous remarquons entre sa des- x-rijjtion et la nôtre plusieurs différences qui nous inspirent àes doutes. En effet, ce botaniste ne trouve, dans la cala- 'oS LER fhide de son Leria , que deux sortes de fleurs, dont vingt ou trente femelles, à corolle presque biligulée, forment une couronne radiante; toutes les autres, en très-grand nombre, sont hermaphrodites, à corolle presque labiée, et forment le disque; les corolles de la couronne sont purpurines, et ont deux languettes, dont l'intérieure est peu manifeste, très-petite et bipartie; les corolles du disque sont très-grêles, élargies supérieurement, et elles ont deux lèvres, Texté- rieure tridentée, l'intérieure bifide ; les ovaires et les fruits mûrs sont glabres. Si la plante décrite par M. Kunth étoit de même espèce que celle décrite par nous, on ne conce- vroit pas comment un aussi habile observateur auroit pu ne pas apercevoir dans la calathide du iLeria la couronne in- térieure non radiante, disposée sur plusieurs rangs, et com- posée de plus de deux cent cinquante fleurs femelles, à corolle tubuleuse. Ajoutons que, dans notre plante, les co- rolles de la couronne radiante ne sont point purpurines, mais jaunes, avec le sommet quelquefois plus ou moins rou- geàfre , et surtout qu'il n'y a aucun vestige de languette intérieure; enfin, les ovaires sont hérissés de poils courts, et les fruits mûrs eux-mêmes ne sont point glabres. Quoi qu'il en soit sur l'identité ou la diversité des deux plantes, les caractères génériques attribués par nous aux Leria ne s'accordent ni avec ceux décrits en détail par M. Kunth, ni avec ceux légèrement esquissés par M. De Candolle. Nous ne pouvons pas prétendre que nos observations soient pré- férées à celles de deux savans infiniment supérieurs à nous par le crédit dont ils jouissent; mais il nous sera permis de dire que nous avons apporté l'attention la plus scrupuleuse dans l'étude assez difficile des caractères en question. Maintenant, si nous comparons notre description de la "Leria lyrata avec celle du Tussilago nulans, faite par Swartz dans ses Ohservaiiones bolanicœ , nous trouvons aussi plusieurs différences; car, selon Swartz, sa plante est annuelle, le pé- ricline est plus court que les fleurs radiantes, et ses squames sont lancéolées-ovales, les corolles du disque sont blanches, celles de la couronne radiante sont bifides et purpurines. La desci'iption du Tussilago allie ans , faite par le même botaniste, dans sa Flora Indiœ occidentalis, ne s'accorde pas LER it^g non plus entièrement avec notre description de la Leria in- legrifolia, puisque Swartz attribue à sa plante une racine simple, verticale, la hampe de couleur rouge, ordinaire- ment haute d'un pied, et les cordUes blanches. Quant à la couleur des corolles , nous devons faire remar- quer que nous n'avons étudié nos deux espèces de Leria que sur des échantillons secs, oîi cette couleur pouvoit être altérée. Tout ce que nous pouvons afïirmer à cet égard , c'est que , dans l'état sec , les corolles sont très-manifeste- ment jaunes chez les deux espèces. Au reste , quand même il seroit bien prouvé que nos Leria Ijrata et integrifolia sont parfaitement identiques avec les Tussilago nu tans et albicans de Swartz , il n'en seroit pas moins évident que les noms spécifiques de hyrata et integrifolia, qui caractérisent exactement les deux espèces, sont très-préféra- bles à ceux de nutans et albicans, qui ne les distinguent point du tout. Le genre Leria est, comme notre Lasiopus et plusieurs autres genres de la tribu des mutisiées, remarquable par la diversité des corolles de la calathide. Les corolles de la cou- ronne extérieure radiante sont un peu inégales et un peu dissemblables; celles de la couronne intérieure non radiante sont encore plus variées, quelques-unes d'elles étant ambi- guës et imitant plus ou moins, soit les corolles de la cou- ronne extérieure , soit les corolles du disque. Enfin , le disque offre toutes les nuances qu'on peut concevoir entre la corolle labiée et la corolle régulière. Il ne faut pas en conclure , comme M. Kunth , que la labiation de la corolle mérite peu d'attention, et qu'une tribu fondée sur ce caractère ne peut pas être naturelle; mais il faut dire que, la labiation de la corolle étant souvent peu manifeste et quelquefois même entièrement effacée, il faut fortifier ce caractère par l'ad- jonction de ceux que peuvent fournir les autres organes flo- raux. C'est ce que MM. Lagasca et De Candolle avoient im- prudemment négligé de faire pour leurs Chénantophores ou Labiatiflores; mais nous avons eu grand soin de procurer cet avantage à nos Mutisiées et Nassauviées. (Voyez tom. XX, pag. 078 et 579.) Au surplus, toutes les anomalies de la la- biation, daiîs le disque des Leria, résultent de ce que les ^^o LER deux incisions qui forment les trois divisions de la lèvre ex- térieure sont très-souvent profondes et inégales. Le col qui surmonte l'ovaire des Leria, est déjà bien ma- nifeste et d'une longueur remarquable à l'époque de la fleuraison: mais il est alors épais, cylindrique : c'est en mû- rissant qu'il devient filiforme en s'alongeant et s'amincissant considérablement. Les squames du péricline , chez la. Leria ly rata, sont-elles entièrement appliquées, ou bien leur partie supérieure est- ellc inappliquée et appendiciforme ? N'ayant vu que des échantillons secs, nous ne poTivons rien aHirmer sur cette question : cependant nous soupçonnons que la partie supé- rieure des squames est appendiciforme et inappliquée , parce que nous avons remarqué que cette partie supérieure avoit, comme le limbe de la feuille , une seule nervure ramifiée sur les côtés, tandis que la partie inférieure avoit, comme le pétiole, plusieurs nervures simples. Or, nous avons établi (tom. X, pag. 1/(8) que la squame proprement dite est On rudiment de pétiole, et que son appendice est un rudiment du limbe de la feuille. Il paroît, d'après les descriptions de Swartz, que son T/.'s- sUago nutans, qui est probablement notre Leria lyrata, n'a la calathide penchée que durant la fleuraison; tandis qu'au contraire son Tussilago alLicans, qui est probalilement notre Leria integrifolia , n'a la calathide penchée qu'après la fleurai- son. On peut trouver quelque intérêt à comparer ces obser- vations de S^vartz avec celles que nous avons faites sur le Tussilago farfara,, et qui se trouvent consignées dans notre Mémoire sur la dissémination des Synanthérées, inséré au Bulletin des Sciences de 1821, pag. 92. Dans l'étal de préfleu- raisonetdans l'état de fleuraison , la hampe monocalathide du Tussilago farfara est parfaitement droite d'un bout à l'autre • mais, après la fleuraison, la partie supérieure de cette hampe se courbe peu à peu avec rigidité, jusqu'à ce qu'elle devienne parallèle à la partie inférieure, en sorte que la base de la calathide se trouve tournée vers le ciel, et son sommet vers la terre ; en même temps la harnpe s'alonge considérablement. Nous avons remarqué que sa courbure étoit hygrométrique, de manière que la calathide se rcdressoit presque horizonla- LER iij lemenî pendant la nuit et dans les temps humides, et qu'elle s'abaissoit complètement pendant le jour et quand le temps étoit sec. Au bout d'un assez long temps, la hampe cesse d'être courbe et reprend sa rectitude primitive; et quelque temps après cette révolution le péricline se renverse ou se réfléchit parallèlement à son support; le clinanthe, de plan qu'il étoit, devient convexe; les aigrettes s'étalent par la divergence de leurs rayons et forment ensemble un globe , comme dans le pissenlit. Nous avouons franchement que nous ne pouvons expliquer ni la cause efficiente ni la cause finale de la courbure de la hampe, qui suit la fleuraison et qui précède la dissémination; mais l'élongation de cette hampe a un but facile à comprendre, puisqu'en élevant la calathide au-dessus du sol, elle l'expose d'autant plus à l'action de l'air et des vents. / vant de finir cet article , nous devons noter les différences qui distinguent le genre Leria du genre Chaptalia de Vente- nat , et celles qui le distinguent de notre genre Lcibnitzia. (Voyez nos articles Chaptalie, tom. VIII, p. 161 ; et Leiiî- MTZiE, tom. XXV, pag. 420.) Le Leria diffère du Chaptalia en ce que le disque est androgyniflore , que la couronne intérieure non radiante est plurisériée, et que les fruits sont coilifères, chez le Leria; au lieu que le disque est androgyni- masculitlore , que la couronne intérieure non radiante est nnisériée, et que les fruits ne sont point colUlères, chez le Chaptalia. Le Leria diffère du Leibnitzia, en ce qu'il y a deux couronnes féminiflores, distinctes par la situation et par la structure des fleurs qui les composent, que les corolles radiantes n'ont point de languette intérieure, que le cli- nanthe est absolument nu , que les fruits ont un col très- long, très-grcle, filiforme, que les appendices apicilairrs du tube anthéral sont arrondis ou tronqués au sommet, et que ses appendices basilaires sont très-longs, chez le Le/m; tandis qu'il n'y a qu'une seule couronne féminiflore, que les corolles radiantes ont une très -petite languette inté- rieure, que le clinanthe est profondément fovéoié, que la partie supérieure des fruits forme un large col vide, peu distinct extérieurement de la partie inférieure séminifère, que les appendices apicilaires du tube anthéral sont aigus, 1^2 LEÎl et que ses appendices basilaires sont courts, chez le Leib' nitzia. Les Leria, Chaptalia, Leibnitzia démontrent l'affinité qui existe entre les Mutisiées et les Tussilaginées , ce qui justifie le rapprochement immédiat de ces deux tribus naturelles, et la place que nous leur avons assignée dans notre classi- fication. Le genre Leria appartient aux corymhifères de M. de Jussieu , et à la sjngénésie polygamie stipeijlue de Linné. ( H. Cass. ) LERLICHIROLLO. (Ornith.) L'oiseau qu'on nomme ainsi àBcllinzone, est le merle d'eau ou ciacle , sturnus cinclus , Linn. , turdus cinclus, Lath. (Ch. D.) LER-MUR {Bol.), nom arabe de la myrrhe, selon Dalé- champs. (J.) LERNÉE, Lcj-n^rfl. (Entomoz.) Genre d'animaux tellement bizarres, au premier aspect , que les zoologistes sont encore fort peu d'accord sur la place qu'ils doivent assigner à ce groupe dans la série animale. Linnœus , qui le premier Ta établi , en faisoit des animaux mollusques , quoique la détini- tion qu'il donne de cette classe, ne lui convienne guère : ce qu'ont imilé successivement Bruguière , dans les Tableaux de l'Encyclopédie méthodique, MM. Blumenbach, G. Cu- vier et de Lamarck, dans la première édition de leur ou- vrage sur le règne animal, et tous les éditeurs et conti- nuateurs de Liniiœus. M. Bosc avoit admis le même rap- prochement, mais en faisant l'observation que, par leurs habitudes, les lernées se rapprochoient des vers intestinaux. M. Duméril , ne sachant probablement qu'en faire , les a passées sous silence. En 1809 , M. de Lamarck, dans la distri- bution générale des animaux qui fait partie de sa Philoso- phie zoologique , fut le premier qui eut l'idée de rapprocher les lernées des sangsues, des lombrics : en effet, il les plaça dans son premier ordre des annelides. Plus tard, dans le Prodrome de son cours, il crut devoir en former une classe distincte sous la dénomination d'épizoaires. M. Ocken , qui le premier a senti la nécessité de mettre un peu d'ordre dans ce groupe en le partageant en plusieurs petits genres, et qui en outre a aperçu ses rapports avec les caliges, en fait LER ii5 cependant encore une famille de sa classe des mollusques, et il la place entre celle qui renferme les térébratulcs et celle des balanes. Dés 1814, pendant mon voyage en Angleterre , j'étois arrivé presque aux mêmes résultats que M. Ocken , c'est-à-dire , à l'établissement de plusieurs petites coupes gé- nériques, et aux mêmes rapprochemens avec les caliges et genres voisins; mais j'en concluois que ces animaux dévoient être rangés dans le type des entomozoaires ou animaux arti- culés, et non dans celui des malacozoaires , avec lesquels ils n'ont en effet aucune sorte de rapports. C'est ce que j'indi- quai dans mon Prodrome d'une nouvelle classification du règne animal, publié en 1816, époque à laquelle j'étois bieu loin de connoitre le Traité de zoologie de M. Ocken , qui venoit de paroitre. C'étoit dans ma manière de voir un groupe de vers anomal, intermédiaire aux hétéropodes et aux tétradécapodes, mais devenu tel par une habitude constante de l'espèce , et peut-être même des individus. Cependant M. de Lamarck, dans la même année, publioit la nouvelle édition de ses Animaux sans vertèbres, où, sans circonscrire aussi rigoureusement la classe des épizoaires qu'il avoit éta- blie précédemment, il l'adoptoit cependant, comme l'indica- tion provisoire d'une coupe existant dans la nature, et qui doit servir à lier les vers et les insectes. Il établit une petite section générique pour les espèces qui offrent des rudimens d'appendices, sous le nom d'entomode ; mais il n'eut pas ridée de rapprocher ces singuliers animaux des caliges j et cependant il range parmi les entomodes la lernée pectorale de Muller , qui en est si voisine. C'est ce qu'a justement senti M. G. Cuvier dans son Règne animal, du moins dans une note supplémentaire du dernier volume de son ouvrage pu- blié en 1817. Aussi range-t-il les véritables lernées parmi les vers intestinaux cavitaires , pensant que les autres doivent aller dans celle des crustacés branchiopodes. Quoi qu'il eu soit de ces différens rapprochemens, aucun des auteurs que nous venons de citer n*a cherché à résoudre la question par desrecherchesapprofondies et en s'aidant de Tanatoiuie , aucun même n'a caractérisé les espèces. Je vais donner l'extrait de mon travail au point où il est parvenu en ce moment. Nous savons encgre assez peu de choses sur l'organisation ■j6. $ n4 LER des lernées. Leur enveloppe exttncnre , ordinairement d'un blanc jaunâtre transparent, est aussi quelquefois d'un brun rougeàtre foncé. Elle est le plus souvent molle et flexible , en-dessous surtout : mais il arrive aussi quelquefois qu'elle est dure, comme cartilagineuse, dans diffcrens points de son étendue, et surtout à la partie supérieure de la première division du corps. Le corps des lernées , constamment bien symétrique, mais du reste de forme assez variable, quel([ue- fois très-alongé, d'autres fois large, ovale et aplati , estsou- vcnt divisé dans sa longueur, par un étranglement plus ou moinsprofond , en deux parties. L'une , antérieure, plus petite , plus étroite, qui réunit la tête et le thorax, est quelquefois un peu subdivisée, de manière que la tête est aussi un peu distincte : c'est cette partie qui offre les premières traces de véritables appendices dans les crochets dont la bouche paroit constamment armée, et même dans des rudimens d'antennes. L'autre partie du corps est l'abdomen ; presque toujours plus large que la première, sa forme varie également beaucoup : c'est celle dont la peau est la moins dure , la moins cornée ; elle offre assez souvent des prolongemens appendiculaires , pai- res, placés de chaque côté, mais inarticulés ou immobiles, et quelquefois de simples incisures. Quelques espèces m'ont olfert des traces d'yeux sessilcs ou de stemmates ; plus souvent on trouve des indices d'antennes , même quelquefois subarti- culées. Quant aux appendices, dans toutes les espèces que j'ai pu examiner avec soin , j'ai trouvé que la bouche étoit cons- tamment pourvue d'une paire de crochets mobiles conver- gens, quelquefois de deux, et même d'une sorte de lèvre inférieure. Quant aux appendices véritables qui se joignent au thorax, ils sont généralement peu nombreux. Dans les espèces que leur grandeur m'a permis de disséquer, j'ai trouvé que la couche musculaire qui double l'enveloppe ex- térieure, le plus ordinairement fort simple et composée de fibres longitudinales soyeuses , se subdivise en portions la- térales pour les subappendices et les appendices. Le canal intestinal est complet, c'est-à-dire, étendu de la bouche h l'anus ; il paroît même qu'il fait quelquefois des replis ou circonvolutions. La bouche, médiocre , située ordinairement à la partie inférieure du céphalo-thorax, est au milieu d'un LER 1 15 espace dont la peau est molle : elle est constamaient accompa- gnée, à droite et à gauche , d'un crochet court, aigu et corné; mais on ne le voit souvent qu'à l'aide d'une très-forte loupe. Le canal intestinal se termine en arrière dans un tubercule ou mamelon plus ou moins saillant et médian. Je n"ai jamais pu disséquer le système circulatoire; mais il est certain qu'il existe , ou du moins les auteurs qui ont observé ces animaux vivans, en parlent d'une manière certaine. On ne peut ce- pendant pas dire qu'il y ait d'autres organes de respiration que les subappendices de la peau. Les organes de la généra- tion ne me sont peut-être pas connus complètement. On sait seulement que , dans toutes les espèces de ce groupe , il existe de chaque côté du tubercule anal une sorte de sac, de forme un peu variable, et qui est rempli par une infinité de cor- puscules quelquefois ronds, d'autres fois subanguleux et même discoïdes, qui font indubitablement des œufs, commi- nous l'apprend une observation curieuse du docteur Suri'iray, du Havre. D'après cette observation, ces animaux naissent sous une forme qu'ils perdent par la suite en avançant eu âge; et cette forme est beaucoup plus parfaite, moins ano- male que celle qu'ils acquièrent , en sorte que c'est une mé- tamorphose en sens inverse de ce qui a lieu ordinaire- ment. Nous ignorons du reste s'il existe des sexes distincts dans ces animaux. La place que nous croyons devoir leur assigner dans la série porte à le croire, tandis que leur adhé- rence parasite conduit à une opinion contraire. On trouve quelquefois des individus qui ne .«ont pas pourvus de sacs ovi- fères. Cela tiendroit-il à ce que ce sont des individus mâles , ou à ce que ces organes sont tombés par accident ? c'est ce que je n'oserois affirmer. Je ne puis non plus rien dire sur le sys- tème nerveux des lernées ; mais il paroit qu'il doit exister, puisqu'il y a des muscles distincts, et sa place ne peut être ailleurs qu'à la partie inférieure du corps. Si l'organisation des lernées est encore si incomplètement connue, il en est à peu près de même de leurs mœurs, de leurs habitudes. Jusqu'ici on ne les a trouvées que sur der. poissons de mer ou d'eau douce, quelquefois sur toutes les parties du corps, entre les écailles ; mais surtout autour des yeux , au pli des nageoires, où la peau est plus fine, dans ii6 LER la bouche et la cavité branchiale. C'est dans cette partie du corps qu'on les rencontre plus fréquemment, et souvent plusieurs individus à la fois. Ces animaux s'enfoncent plus ou moins dans le tissu des parties, et quelquefois assez pour que l'on n'aperçoive presque plus de l'animal autre chose que les filamens ovifères. Ils adhèrent soit par la bouche, au moyen des crochets dont elle est pourvue, soit par quelque autre partie de leur corps, et souvent au point qu'il est plus aisé de les rompre que de les détacher, surtout lorsqu'il y a quelque renflement en forme d'arrêt de la partie anté- rieure du corps. D'après cela il est difficile de concevoir com- ment les animaux sortis des œufs sont fixés sur les poissons, à moins que d'admettre que dans leur jeune âge ils peuvent se mouvoir un peu ; ce qu'il y a de certain, c'est que chaque espèce n'appartient pas nécessairement à une seule espèce de poisson. Passons maintenant à l'exposition des genres et des espèces que je crois pouvoir établir dans cette famille , en les dispo- sant suivant la gradation de l'organisation et le plus de rap- prochement des caliges. Genre Lernéocere ; Lerneocera , Bv. Car. Corps plus ou moins alongé , renflé dans son milieu ou ventru, droit ou contourné, couvert d'une peau lisse et presque corné antérieurement ; terminé en avant, à la suite d'un long cou , par un renflement céphalique bien distinct, armé de trois cornes immobiles, branchues à l'extrémité, deux latérales et une supérieure. Trois petits yeux lisses à la partie antérieure de la tête; bouche inférieure en suçoir : aucune trace d'appendices au corps. 1." La L. branchiale; L. branchialis , Linn., Gmel. : de la grosseur d'une plume d'oie ; le corps courbé de manière que le ventre est inférieur; les sacs ovifères naissant bien avant l'extrémité postérieure du corps et très-entortillés. Cette espèce, dont la couleur est d'iin blanc sale, quelque- fois d'un brun rougeàtre , à cause du sang contenu dans l'estomac, se trouve implantée dans les lames branchiales de plusieurs espèces de gades, et entre autres des gadus barbatus et œglejinus, à l'aide des cornes de sa tête. Cette implanta- tion est quelquefois si forte, que l'on ne peut enlever l'ani- mal sans le mutiler. LER 117 Les Groè'nlandois , dans la mer desquels elle est assez com- mune, la mangent volontiers. 2.° La L. cvcloptérine; L. cyclopterina , MuU. Cette espèce, que je n'ai pas vue , paroit ne difierer de la précédente qu'en ce que le cou filiforme se recourbe en haut, et qu'à l'extrémité du museau , en-dessus, il y a deux orifices tubu- leux, courts et opposés. La queue est aussi plus grêle; son extrémité n'est pas courbée ; l'anus est transversal , et de chaque côté il y a deux lobes convexes. Elle se trouve, dit O. Fabricius, dans les branchies du cycloptère épineux , et une variété plus petite, à ovaires ver- dàtres, dans celles du cycloptère liparis. 3." La L. deSurriray; L.siirrlrensis ,'Bv. Corps droit, subCy- lindrique , appointi en arrière et surtout en avant , où il se joint, par une aorte de cou distinct, avec un rétrécissement postérieur du renflement céphalique ; celui-ci armé de trois cornes simples; la bouche inférieure, pourvue de trois es- pèces de dents disposées en triangle , et au milieu d'une sorte de bourrelet labial; les ovaires cylindriques et tout-à- fait droits, naissant à peu de distance de l'extrémité posté- rieure. On doit la découverte de cette espèce à M. le docteur Surriray, du Havre, qui a eu la complaisance de m'en en- voyer un individu trouvé sous la nageoire pectorale d'un petit poisson , qu'il ne nomme pas , avec des observations faites sur le vivant. Le viscère dorsal, de la forme de l'ab- domen, se contractoit fréquemment et par ondulations, et ces contractions se propageoient jusqu'à la tête. Au moment où l'animal fut détaché, ce viscère étoit rempli d'un liquide très-rouge ; mais le lendemain il necontenoit plus qu'un liquide grisâtre, balloté par les mêmes contractions. Les autres parties du ventre étoient devenues rouges, de grises qu'elles éioient auparavant. L'animal n'exécuta plus aucun mouvement après qu'il fut détaché ; cependant l'organe dorsal continuoit encore ses contractions vingt-cinq heures après sa mort apparente. M. Surriray, qui regarde cet organe comme un estomac, dit qu'en outre on voyoit quelque apparence d'intestins sur les côtés. Les ovaires craquoient sous la pointe d'un instrument; mais il ne put y reconnoîlrc de traces de fœtus : ils n'étoient ^ « LER pas assez avancés. Il fut plus heureux dans un autre individu, trouvé dans Fœil et la cavité orbitaire de petits poissons dont il ne désigne pas respèce. Il observa que les ovaires ex- térieurs ressembloient à certaines antennes filiformes des crevettes, et qu'ils contenoient une série d'un grand nom- bre d'œufs rangés a la suite Tun de l'autre. En extrayant quelques-uns de ces lœtus qui lui parurent enveloppés par une membrane transparente , il y reconnut une espèce de monocle (ce sont ses termes), ayant six pattes très -larges, et sur le dos trois taches noires, dont une longitudinale en avant et deux en arrière ; en sorte , ajoute-t-il , que ces fœtus ne ressemblent pas plus à leur mère que ceux du calige alongé. ^'^ Le L. DES CYPRINS ; L. cjyrinacea , Linn. , Faun. Suec, fab. 11 , fig. 1. Corps subcylindrique, droit, pellucide, di- visé par un étranglement en un abdomen claviforme avec trois tubercules dont un est plus grand , et en céphalo-thorax cylindrique dont l'extrémité est pourvue de trois espèces de cornes molles, chacune en forme de croissant. Je n'ai vu de cette espèce , dont on doit la découverte à LinnEEus, que la figure qu'il en donne et qui a été copiée partout. 11 ajoute que l'abdomen est pourvu à sa base d'une tunique blanche , formant comme une espèce de prépuce. Le céphalo- thorax est aussi couvert d'une tunique blanche. Comme Linnseus ne parle pas de sacs ovifères , il faut penser ou qu'ils étoicnt tombés, ou qu'ils n'étoient pas sortis et qu'ils étoient représentés par les tubercules accompagnant l'anus, ou enfin que c'étoit un individu mâle. Elle a été trouvée sur une espèce de cyprin [cjprinus carassus). Genre LERNÉorENNE; Lcrneopenna, Bv. Corps alongé, cylindrique, subcartilagineux, terminé an- térieurement par un renflement céphalique , circulaire , tronqué, garni dans sa circonférence d'un grand nombre de mamelons, au milieu desquels est probablement la bouche, et pourvu d'une paire de cornes courtes, obliques en arrière ; posiérieuremcnt appointi et ayant de chaque côté des filets coniques creux, bien rangés et imitant les barbes d'une j îumc , à la partie antérieure et supérieure de la série des- LER ng quels sont deux filamens très- fins et très-alongés , servant probablement d'ovaires. 1." La L. deBoccone, L. Bocconica : PennaLula, Lamartin, , Voy. de Lapeyrouse, t. IV, pi. 20; Cop., dans l'Enc. méth. , sous le nom de Lern. sétifére. Ce singulier animal paroît avoir été décrit pour la première fois par Paul Boccone , dans les Trans. phil., n." 99, art. 111 , et depuis dans un petit recueil de ses observations, imprimé àAnisterdam, en 167/1. Il l'avoit observé sur Fépée de mer, poisson si commun dans les mers de Sicile , dans la chair duquel il se tient, dit-il, aussi ferme qu'une tarière dans un morceau de bois. Boccone en faisoit une sorte de sangsue , car il le nommoit hirudo SiVe acus cauda ulrinque pennata. Depuis ce temps, il paroît que Lamarlinière a observé la même espèce ou une espèce fort voisine dans des mers fort éloignées, aux environs de Nootka, implantée à plus d'un pouce et demi dans le corps d'un diodon. Voici la description qu'il en donne sous le nom de pennatula , que M. Ocken a contracté en celui de pennella. Le corps , de substance cartilagineuse , est cylin- drique ; la tête, bien distincte et plus large que le corps, est pourvue en arriére de deux petites cornes de même subs- tance; elle est aplatie à son extrémité et couverte de petits mamelons, qui sont, dit-il, autant de suçoirs, ce qui n'est pas probable. L'extrémité postérieure du corps a la forme d'une lame de plume; les barbes, qui sont de la même subs- tance que le reste du corps , servent de filets excréteurs : en effet, en pressant légèrement le corps de l'animal, la plupart lancent une liqueur très -limpide et fluide par filets; à leur base, c'est- cà- dire , en avant et sur le dos, sont deux grands filets cartilagineux, qui n'existent pas dans tous les individus, et dont il ignore l'usage. P. Boccone dit qu'ils servent à Panimal pour se cramponner aux pierres et même sur le corps du poisson auquel il s'attache. Je sup- pose plus volontiers que ces organes sont analogues aux longs filamens du genre précédent, et l'observation de Lamarti- nière prouveroit que les sexes sont séparés. Il ajoute que l'eu aperçoit bien la circulation dans cet animal. MM. de Chamisso et Eysenhardt, dans le tome X des Nouveaux Actes des Curieux de la nature, pi. 24, fig. 3, '^° LER ont donné une bien meilleure figure de cette espèce de Icr- néide, qu'ils regardent comme devant être placée parmi les annelides de M. de Lamarck. L'individu figuré avoit été trouvé par M. Eschscholz dans les branchies d'un dlodon mola, pris dans la mer Pacifique. La moitié antérieure du corps étoit enfoncée dans le poisson , et sur la partie caudale libre adhéroit un anatife. Les observateurs que nous venons de citer, trouvent du reste que la figure de Lamartinière est très-grossière. Ils n'ont pas vu à la bouche les espèces de ma- melons tentaculaires dont parle celui-ci , et le corps est moins rigide et sub-annelé. 2." La L. d'Holten : L. Holteni; Lern. erocœti , Holten., Acta Danica, hlolm., 1802. Cette espèce, dont je n'ai vu ni la description ni la figure , est citée par MM. de Chamisso et Eysenhardt ; elle difl'ère de celle de Lamartinière par l'ab- sence des tentacules de la bouche et des cirrhes plus longs de la tête. 5.° La L. FLÈCHE: L. sagitta , EUis, Trans. phil., ann. lyCS, tom. 55 , fig. 16. Corps filiforme, d'un pouce de long, à peu prés cylindrique, coriace, terminé antérieurement par la bouche et postérieurement par une double série de seize espèces de plumules presque égales , renflées et percées à leur extrémité. Cet animal, que je rapproche de la lernée de Lamartinière, sans être absolument certain que ce rapprochement soit juste, a été trouvé implanté assez profondément dans la peau d'une espèce de lophie , dans les mers de la Chine. Linna?us en faisoit une espèce de pennatule, sous le nom de pennatula sagitta, ce qu'ont imité Ellis, Solander , Esper et même M. de Lamarck. M. G. Cuvier pense qu'il doit être considéré comme appartenant au genre Calige, et qu'il tient en partie de ces animaux et en partie des lernées. Enfin tout récem- ment, M. Dekay, dans le Journal des sciences américain, ayant eu l'occasion d'observer un individu trouvé adhérent à la peau du diodon pilosus de Mitchill , critique ces diffé- rentes manières de voir, et propose de regarder cet animal comme appartenant à l'ordre des polypes tubifères , ce qui me semble bien hasardé. Quoi qu'il en soit, car M. Dekay pense lui-même que ce rapprochement ne sera certain que LER 121 lorsqu'on connoitra son organisation , nous en avons extrait les caractères de Tespèce. Nous devons cependant ajouter que, d'après la ligure et la description que M. Dekay donne de cet animal, il est évident qu'il ne l'a pas observé tout en- tier, et que la partie antérieure est restée dans le poisson. Il dit en effet que la bouche étoit irrégulière et présentoit un aspect granuleux, avec plusieurs petits trous, ce que sa figure fait encore mieux apercevoir. 11 ajoute que toute la partie du corps hors de la peau du poisson étoit de couleur pourpre, tandis que ce qui étoit intérieur avoit une couleur blanche. Les tégumcns etoient composés de deux membranes, l'exté- rieure pourpre, épaisse et coriace, l'intérieure pâle et mince. Du reste il n'a pu apercevoir à l'intérieur ni estomac ni ovaires, mais seulement quelques fibres blanchâtres conver- gentes vers l'extrémité supérieure. La figure donnée par Ellis dans les Transactions philosophi- ques me paroît appartenir à la même espèce que celle de M. Dekay, Genre Lernée, Lemea. Corps peu alongé, subcylindrique ou déprimé, sans trace de divisions ou de rudimens d'appendices sur les côtés ; un renflement céphalique plus ou moins distinct; la bouche in- férieure pourvue d'une paire de crochels; l'abdomen ter- miné par deux sacs ovifères plus ou moins prolongés. Je conserA^e sous ce nom les espèces de Icrnées qui n'ont aucune trace d'appendices ni au corps ni à la tête , c'est-à- dire , les espèces les plus informes. ]." La L. EN MAssLE ; L. clavata, Mull. , Z. D. , t. i , p. 33. Corps cylindrique, terminé antérieurement par une sorte de rostre crochu , ayant en-dessous une bouche à trois plis; les deux sacs ovifères cylindriques et de la longueur du corps. Cette espèce, observée par Muller sur les nageoires, les. yt\-- dans la bouche et les branchies de la perche de Nor- wé(e, paroît avoir une organisation assez semblable à celle de nos lernéocères. Muller dit en effet avoir observé le canal intestinal et une circulation. 2." LaL. deBaster; L. Basteri , Bast., Opusc. suhs.,U ,p, i38, t. 8, fig. 2. Le corps blanc, séparé en deux par un étrangle- ment ; l'abdomen beaucoup plus gros, ovale ; le renflement ^" LER céphalique globuleux; bouche inférieure et pourvue d'une double paire de crochets , au moyen desquels l'animal adhère. Je ne connois cette espèce que d'après Baster , qui fait observer que cet animal a beaucoup de rapports avec celui que Gisler a figuré, Acfa Holm., 1761 , p. 90, tab. 6, tig. 1 — 5, et que Gmelin cite à larticle de sa L. salmonea : il ne parle pas de sac ovifère. 3.° La L. cyclophore; L. cjclophora , Bv. Corps fusiforme, portant à son extrémité antérieure un renflement discoïde , au milieu duquel est la bouche. Les sacs ovifères sont longs et cylindriques. Je ne connois cette espèce, qui me paroitbien distincte, que d'après une figure manuscrite du Voyage des Anglois au Congo. Genre Lernéomyze ; Lerneomjyzon , Bv. Corps ovoïde ou déprimé, avec une sorte de céphalo- thorax en forme de cou étroit, cylindrique, terminé anté- rieurement par une bouche bilabiée, pourvue en effet de mandibules en crochets et d'une lèvre inférieure; un suçoir plus ou moins protractile à la racine inférieure de l'abdo- men ; deux sacs ovifères peu alongés. Ces espèces de lernées n'ont aucun appendice au corps , mais seulement à la bouche. Elles adhèrent aux poissons au moyen d'une espèce de suçoir , en sorte que l'on peut con- cevoir qu'elles peuvent, sinon cesser leur adhérence à volonté, du moins tourner sur cette espèce de pivot, pour porter la bouche à différens endroits. 1.° La L. A crochet; L. uncinata , Muller , Z. D., tab. XXXIII, fig. 2. Corps oblong, subdéprimé , mou , blanchâtre, avec un sillon longitudinal sur le milieu du dos et deux latéraux se réunissant sous le ventre ; la bouche terminale et bifide; la ventouse abdominale très -peu saillante; les ovaires claviformes. Cette espèce, qui paroîtêtre assez peu vivace, a été trouvée par Othon Fabricius sur les branchies et les nageoires de plusieurs espèces de gades. Muller a pu observer, même à l'œil nu, dans cette espèce, la marche du sang , qu'il dit se faire le plus souvent d'arrière en avant et quelquefois en sens inverse. Il dit aussi avoir vu un autre intestin dans un mou- LEPt 123 vement péristaltique, et en outre deux filets dans la partie cylindrique, où l'on pouvoit aussi apercevoir un mouvement de fluide. 2." La L. DES nageoires; L. pinnarum , S. Ch, Fab. , Iter Nonveg., p. 282. Corps déprimé, plan, charnu , arrondi , le dos (p) canaliculé; un appendice médian à sa partie an- térieure, et pouvant se loger dans ce canal; la tête cylin- drique, terminée par un rostre avec deux tentacules linéaires- bifides à l'extrémité; deux sacs ovifères alongés, cylindriques. Je rapporte cette espèce, que je n'ai pas vue, a cette sec- tion avec quelque doute; en effet, Fabriciusdit que l'organe dont je fais le suçoir est au dos, ce qui seroit fort singulier. Il ajoute en outre qu'elle s'attache aux nageoires, en faisant entrer sous leur peau toute la partie antérieure du corps, ce qui dilfère des véritables lernéomyzes. 3." La L. pyriforme; L. pjrifurmis , Bv. Abdomen renflé , pyriforme , terminé en avant par un su- çoir conique fort saillant à la racine du céphalo-thorax, qui est arqué, cylindrique et recouvert en avant d'une sorte de plaque ovale écailleuse; bouche bilabiée ; la lèvre supérieure plus longue et pourvue de mandibules cornées ; l'inférieure avec une paire de palpes; le tubercule anal fort saillant. Cette espèce, dont je ne me rappelle pas l'origine , existe dans ma collection. J'ai pu y reconnoître aisément que le canal intestinal fait quelques inflexions dans l'abdomen, et que les ovaires situés au dos de l'animal se continuent avec les sacs ovifères. L'adhérence du suçoir se fait d'une manière si intime, qu'il semble qu'il y ait continuité de l'animal pa- rasite avec celui sur lequel il vit. Les œufs contenus dans le sac sont gros et arrondis. Je joindrai à cette section deux espèces un peu différentes des précédentes , en ce que tout le corps est cylindrique et pourvu de quelques rudimens d'appendices, et entre autres d'espèces de corps alongés, mous, flexibles, formant en arrière un faisceau avec les ovaires (peut-être sont-ce des rudimens d'organes respiratoires analogues aux fausses - pattes des cyames), mais qui adhèrent toujours par une sorte de fila- ment ventral. Ce sont: 4.° La L. DE Ternetty; L. Pernctticma , Pernetty, Voy. aux ^^4 LER îles Malouines, tom. i , p. gS, pi. i , fig. 5, 6. Corps cylin- drique dans toute son étendue, et terminé en arrière par une paire de longs appendices qui accompagnent les sacs ovifères ; deux paires d'appendices au milieu du corps , et dont l'in- férieure, beaucoup plus grosse, sert à attacher l'animal; deux petits points noirs au-dessus de la bouche , et que Per- netty dit être des yeux. Trouvé sur les opercules d'u^i thon. 5.° La L. alongée; L. elongata, Bv. Dans cette espèce, comme dans la précédente, le corps en totalité est étroit, alongé, presque cylindrique; la tête, à peine un peu plus renflée que le reste, est subécailleuse en- dessus, et offre en -dessous une bouche bordée en avant d'une paire de cro- chets cornés et bien mobiles (ce sont de véritables mandi- bules), et en arrière d'une lèvre inférieure avec une paire de palpes ou d'appendices en crochet, également mobiles. Au point de jonction du thorax avec l'abdomen est le filet médian d'attache dans le tissu animal ; et en arrière de celui- ci, les sacs ovifères, qui sont cylindriques et fort gros, sont accompagnés d'un faisceau de deux paires d'appendices iné- gaux, mous , flexibles , peut-être subbranchiaux, et d'une pièce médiane supérieure plus courte. J'ai observé cette espèce vivante , attachée à des masses celluleuses contenant des vers intestinaux, dans un cheilodip- tère-aigle au Havre. Genre Lernentome : Lernenfoma, Bv. ; Entomode , Lam. Corps en général carré, subdéprimé, avec des espèces de bras ou d'appendices de forme variable et inarticulés de chaque côté ; la tête plus ou moins distincte , pourvue de cornes et de crochets à la bouche ; les sacs ovifères le plus souvent claviformes. C'est un groupe fort raipproché du suivant, et qui renferme les espèces les plus bizarres sous le rapport des singuliers appendices qui hérissent le corps. Ils servent à fixer l'animal d'une manière presque immobile. 1." La L. RAYONNÉE; L. radiata, Millier, Z. D., i , tab. 58, fig. 4. Corps carré, déprimé, convexe et garni d'espèces de plaques dures en -dessus, concave en -dessous ; trois paires de bras, dont un à chaque angle et deux en-dessous; la tête LER 125 distincte, armée de deux paires de cornes molles; des cro- chets à la bouche. Celte espèce, qui a un pouce de longueur sur trois lignes de largeur, a été trouvée dans la cavité buccale du coiy- phœna rupestris. 2.° La L. coBiEN ; L. gohina , Muller , Zool. Dan,, i , p.og, lab. 33, fig, 3. Corps déprimé, rhomboidal, ayant à chaque angle une sorte de bras noueux et coudé à l'extrémité ; tête très-dis- tincte , avec une paire de cornes arquées en dedans; la bouche à trois lèvres ; les appendices ovifères cirrheux et entortillés. On l'a trouvée sur les branchies du cotte-gobie. 3.° La L. NOUEUSE ; L. nodosa, Mull. , Z. D., i, p. i23, t. 33, fig. 5. Le corps subcarré, convexe en-dessus, concave en-dessous, avec cinq dents de chaque côté, dont la première se prolonge en-dessous et forme un bras très-court ; la tête assez distincte, avec deux tubercules de chaque côté; les ovaires claviformes; la bouche armée de crochets. Elle se tient à l'entrée de la bouche de la perche de Norwége. 4.° La L. ASELLiNE; L. asellina, Linn., Iter TVestrog. , i'ji, t.3,fig.4. Abdomen déprimé, cordiforme, séparé du thorax, qui est semi-lunaire; la tête à l'extrémité d'une sorte de cou, et pourvue d'une paire d'appendices obtus ; une autre paire au-dessous, à la racine de l'abdomen; les ovaires courts, claviformes. On Ta trouvée sur les branchies de plusieurs espèces de gades de la Mer du Nord. 5." La L. DU TRiGLE ; L. Triglœ , Bv. Abdomen aplati, carré, surtout en avant, convexe en- dessus, concave en -dessous, bordé en avant d'une paire d'appendices transversaux , digités, et sur les bords de quatre dents, dont la postérieure est la plus longue. La tête élargie transversalement et portée sur une sorte de cou long et cy- lindrique. Les sacs ovifères cylindriques et médiocres. Deux paires de crochets très-petits à la bouche. Cette espèce, sans doute voisine de la précédente, dont ^26 LER elle est cependant Lien distincte, a déjà été trouvée dcu"^ fois enfoncée dans les brancliics du trigle ordinaire, jusqu'à la racine de l'abdomen , et fixée par les crochets de la bouche. 6.° La L. cor.NUE : L. cornuta , Mull. , Z. D. , pag. 124 ; Zoega , tab. 53 , fig. 6. Corps oblong ; le thorax avec deux paires d'appendices droits et bifides à l'extrémité; la tête subovale et pourvue de trois cornes, dont une frontale; deux crochets à la bouche ; les sacs ovifères cylind'-iques et arqués. Ellevitsur lesbranchies des pleuroneclesplatessa et linguatula. 7.° La L. DE Dukresne; L. Dufresnii, Bv. Corps blanc, mou , assez alongé, comme formé de quatre divisions ayant chacune une paire d'appendices rudimcn- taires ou de bras, les antérieurs et inférieurs doubles; tctc distincte, à quatre petites cornes; bouche inférieure ronde, armée de crochets; les ovaires fort longs, cylindriques et entortillés. Cette espèce, dont M. G. Cuvier fait un chondracanthe , est molle, quoique un peu hérissée de tubercules comme le chondracanthe, mais qui sont obtus, sans divisions, et extrê- mement mous. En général, l'animal semble n'être formé que d'une peau molle, transparente, remplie d'un tissu comme hépatique. Les œufs sont ronds et excessivement nombreux. Genre Lernacantke .- Lemacanllia , Bv. ; Chondracanthe, Delaroche. Corps gros, court, assez déprimé, pourvu de chaque côté d'appendices rudimentaires, aplatis, digités et cartilagineux; la tête séparée du tliorax par un sillon, et portant de chaque côté un rudiment d'antennes ; bouche inférieure accompagnée d'une paire de mrchoires ou de palpes ; les sacs ovifé-res gros , courts et aplatis. 1." La L. DE Delaroche : L. Delarochiana ; le Chondracax- TiiE DU Thon , Delaroche, Bull, des se. par la soc. phil. Le corps formé de quatre zones hérissées de tubercules pointus en-dessus, et pourvues en-dessous d'appendices d'au- tant plus larges et digités qu'ils sont plus postérieurs. Cette espèce, qui est le type de cette petite section géné- rique, a été trouvée pour la première fois dans la Méditer- ranée par Delaroche, sur lesbranchies du thon. Depuis, elle LER 127 a été rencontrée sur celles de squales et d'autres poissons. L'adhérence n'a lieu que par les crochets de la bouche. Genre I.ernéopode ; Lerneopoda, Bv. Corps lisse, assez alongé, divisé en abdomen ovale et en cé])halo- thorax aplati et couvert d'un bouclier crustacé ; une paire de palpes courts, gros, coniques et subarticulés, accompagnant la bouche; deux paires de pieds articulés, siibonguiculés sous le thorax; des sacs ovifères courts et sub- cylindriques. }.° La L. DE Brongmart ; L. Brongniartii , Bv. Des deux paires de pieds, l'antérieure courte estformée de deux articulations et d'un crochet; la postérieure, beaucoup plus longue, grtle , cylindrique, avec un crochet terminal. J'ai observé cette espèce dans la collection de M. Brongniart , qui ignoroit où et sur quel poisson elle avoit été trouvée. Son corps, d'un demi-pouce de long à peu près, est cjuvert d'une peau d'un brun rougeàtre, assez épaisse, surtout sur le céphalo-thorax , qui ressemble assez bien au bouclier de quel- ques insectes. Coupé carrément en avant, on y voit très-bien deux espèces d'antennes ou de palpes coniques, avec des traces de cinq articles accompagnant la bouche. L'article ba- silaire m'a paru denticulé à son côté interne. Sous le milieu du thorax est une première paire de pattes , qu'on ne sau- roit mieux comparer qu'à celles des cyames : elle est courte, forte , et courbée en dedans ; le crochet terminal est aigu. L'autre paire de pattes est formée de chaque côté par un long article grêle, cylindrique, un peu renflé à son extré- mité, et terminé par un petit crochet aplati triangulaire. Dans la séparation du thorax et de l'abdomen, en -dessous et dans la ligne médiane, est un orifice évident. L'abdomen n'offre rien de remarquable; il est ovale, un peu aplati. Les deux sacs par lesquels il se termine en arrière , sont couverts d'une enveloppe cornée, un peu transparente, ce qui permettoit de voir que leur intérieur étoit rempli d'une substance comme hépatique , et entièrement semblable a celle qui étoit dans l'abdomen. Les longs pieds étoient composés à peu près de même. 2." La L. DU SAUMON, L. salmonea. La bouche pourvue de deux lèvres horizontales, dont Lt 1^8 LER supérieure est armée de deux crochets mobiles et durs, l'in- férieure biKde. Le thorax plus large que la tête, et ayant à sa base deux appendices linéaires, cylindriques, assez longs, réunis à leur sommet par un cartilage orbiculaire ; une émi- nencc transversale entre eux. L'abdomen ovale, plus large et plus convexe, avec un sillon orbiculaire en-dessus et deux longitudinaux en-dessous. Les ovaires droits et longs. Cette espèce, que je n'ai pas vue, n'appartient peut-être pas à ce genre. Elle se trouve sur les branchies du salmo carpionis et sur le corps des gades. La figure qu'en donne l'Encyclopédie, d'après Basfer, est si grossière, qu'on peut diflicilement se faire une idée des rapports de cette espèce. Genre Lernanthrope; Lernanthropus , Bv. Corps ovale, assez peu alongé, divisé en deux parties; un bouclier céphalo - thoracique , et un abdomen prolongé en arrière par une large écaille débordant l'extrémité du tronc; deux très-forts crochets verticaux sous le front; trois paires de très-petits appendices crochus et transverses sous le thorax proprement dit; une paire de bras simples, renflés, et une seconde bifide et comme branchiale sous l'abdomen. Les sacs ovifères longs et cylindriques. J'ai établi cette petite coupe générique pour une espèce de Icrnée qui Se rapproche encore plus que les autres des ca- liges et des branchiopodes , et que je nomme LERNANTHr.oiE MOLCHE, L. musca, parce qu'elle a une ressemblance grossière avec le corps de l'homme, et avec une mouche dont les ailes seroient réunies sur le dos. La phrase caractéristique du genre snflira pour la faire reconnoitre , en ajoutant que sa couleur est d'un blanc jaunâtre , si ce n'est l'extrémité des crochets qui est brune, et un globule saillant, d'un beau noir, de ciiaque côté de la pointe de l'abdomen. Dans un individu des deux tiers plus petit que les quatre autres que j'ai trouvés enfoncés dans la peau d'un petit diodon de Manille, les crochets frontaux étoient proportionnelle- ment beaucoup plus forts : il en étoit de même des appendices de la partie postérieure du bouclier thoracique, qui étoient beaucoup plus larges ; ceux de la première paire de l'abdomen étoient aussi plus longs, mais bien plus grêles. Il n'y avoit jîi ovaires ni points noirs. En général, l'auimal étoit évi- demment moins difforme. LER 129 On arrive ainsi par une gradation pour ainsi dire insen- sible, et an moyen des genres Dichelestion d'Hermann , An- thosome et Cécrops de Leach, aux Caliges et genres voisins, dont chaque espèce offre une disposition d'appendices parti- culière, et qui ont une telle ressemblance avec certaines 1er- nées , que l'une d'elles, la Lernea pectoratis de Muller , adop- tée comme telle par Gmelin, MM. Bosc, deLamarck, Ocken , etc., appartient indubitablement à la famille des caliges. De celle-ci on passe ensuite par les argules aux branchiopodes ; ainsi il nous semble que la place que nous assignons au singulier groupe d'animaux que Linnaeus a désignés sous le nom de Lernées , n'est pas aussi mauvaise que M. le docteur Leach veut bien nous l'accorder yrflrîc?icîaen£ dans son excel- lent article Entroimostracés , auquel , du reste , je renvoie pour les mots que je viens de citer, Dichelestion, Antho- soME et CiécROPs, et qui sont pour nous des lernéides et peut- être même des caligides. Dans cette division des espèces de lernées, je n'ose parler des suivantes , parce qu'elles me sont beaucoup trop incom- plètement connues : 1." la L. du huchon, L. huchonis , dont le corps, très-blanc, cartilagineux et noueux, a, dit-on, deux tentacules, et qui a été trouvée par Schrank (Iter Bavar. , p. 9g, tab. 2, fîg. A, D) en grande quantité sur les bran- chies du salmo hucho : 2.° la I,. de la lote, L. Iota, Herm. [Natitrf,^ if), p. 44, t. 2 , fîg. 6), qui a deux petits crochets à la bouche et quatre ovaires inégaux ; il est probable qu'on confond quelque appendice avec les véritables ovaires : 3." la L. CROCHUE, L. adunca , Strom. [Sonderm., 1 , p. 167, t. 1, fig. 7, 8), qui a le corps ovale et dont la corne du rostre descend en ari'ière. Elle a été trouvée sur le gadus callarius. J'ai encore moins osé assigner une place déterminée à un animal trouvé sur les branchies de l'orphie {Esox bellone, L.), et dont M. Ocken a fait un genre de lernéide sous le nom d'Axine. Voici cependant les caractères qu'il lui assigne : Corps cylindrique , terminé en arrière par un élargissement cutané, bordé d'un double rang de nœuds; deux nodosités à l;i bouche. Le corps de cette axine bellonis a un demi-pouce de long et est courbé vers l'extrémité antérieure. Je ne sais non plus trop que faire de l'animal que Gesner a 26. 9 i3o LER décrit et figuré sous le nom à'Œstrus sive asellus [Aqual. , lib. V, cap. 8). Il me semble cependant encore appartenir à la famille des lernéides, et devoir y former une petite coupe distincte. C'est à tort évidemment que Linnœus en a fait un onisc us asellus, d'où il a passé parmi les cymothoadées des auteurs modernes ; car la description, et encore moins la figure, ne rappellent un tétradécapode véritable: ce ne peut être non plus un cyame. L'animal dont Baker a donné une description probable- ment erronée, et une mauvaise figure, dans les Transactions philosophiques pour l'année 1744? sous le nom de suçoir de l'ail, est encore un de ces êtres qui , peut-être, appartiennent à la famille des lernéides ; mais cela ne m'a point paru certain. Pallas pense cependant que cet animal doit être très-voisin de la sangsue de Eoccone [Pennatula Jilosa , Linn.), que nous avons rangée au nombre des lernées. (De B. ) LEROT (Mamm.), nom d'une espèce du genre Loir, ti- rant son origine du vieux nom françois liron, donné à cette espèce et au loir. (F. C.) LEROT A QUEUE DORÉE. {Mamm.) Nom d'une espèce de rongeur qui avoit été réuni aux rats proprement dits par Boddaërt, sous le nom de mus chrysuros , et dont M GeoiFroy Saint-Hilaire a fait le genre Echimis. Nous ferons connoitre les caractères de ce genre au mot Rat épineux, qui est la traduction (Vecliimis. (F. C.) LEROT VOL.\NT. [Mamm.) Daubenton donne ce nom, dans l'Encyclopédie , à une espèce de chéiroptère. V.Taphien. (F. C.) LEROUXIE, Lerouxia. (Bol.) M. Méral, dans sa Flore des environs de Paris, a établi un nouveau genre sous ce nom avec la lisimaque des bois : ce genre n'a pas été adopté. (L. D.) LERQUE, Lercliea, [Bot.) Genre de plantes dicotylé- dones, à fleurs complètes, monopétalées, régulières, dont la famille n'est pas encore reconnue, qui appartient à la monadelphie pentandrie de Linnœus , oflrant pour caractère essentiel: Un calice persistant, tabulé, à cinq deuts; une corolle infandibnliforme , le limbe à cinq divisions : cinq étaniines monadelphes; un ovaire supérieur; un style ter- miné par deux ou trois stigmates. Le fruit est une capsule LES i3x à deux ou trois loges, renfermant, dans chaque loge, des semences nombreuses. Lerque a longue queue; Lercliea longicauda, Linn., Mant., 256. Arbrisseau des Indes orientales, d'un port rustique, dont les rameaux sont diffus, comme articulés, garnis de feuilles opposées, pétiolées, lisses, lancéolées, très- entières , longues d'un pied, accompagnées de stipules ensiformcs , plus courtes que les pétioles. Les fleurs sont disposées en un épi termina', très-long, filiforme, toutes ces fleurs pe- tites, cparses, distantes entre elles; leur calice est d'une seule pièce, à cinq dénis ; la corolle monopétale, en forme d'en- tonnoir : le tube plus long que le calice ; le limbe droit , à cinq divisions; les filamens des étamines réunis en un tube soutenu par l'ovaire, portant cinq anthères oblongues et sessiles; un ovaire supérieur, presque ovale, muni d'un style renfermé dans le tube des filamens, terminé par deux ou trois stigmates obtus. Le fruit est une capsule presque glo- buleuse, toruleiise , à deux ou trois loges avec des semences nombreuses. ( Poir. ) LERVEE. (jV/amm.) Sliaw le voyageur parle sous ce nom d'une espèce d'antilope de Barbarie, dans laquelle Pallas a cru rcconnoitre le kob de Bulfon ; mais Lexactitude de ce rapprochement est douteuse. (F. C.) LESAN-ALHAMEL. {Bot.) Voyez Lise.v. (J.) LESAN-EL-xVSFOUR. (Bot.) Suivant Delile, on donne ce nom, au Caire, aux fruits du frêne à la manne [fraxinus ornus). ( Lem.) LESAN-EL-TOUR. (Bol.) Nom arabe signifiant langue de bœuf, donné à la bourrache ordinaire, suivant M. Delile. Cette plante est, dansDaléchamps, sous le nom de lesan-altliaur, dans Forskal sous celui de lissan-ettor , dans Mentzel sous celui de lag-'naga. ( J. ) LÉSARD. {Erpét.) Voyez Lézard. (Desm.) LESCARINA {Ornith.), nom de la fauvette effarvate, sylvia strepera , Vieill., a Turin. (Ch.D.) LESCEN (Bot. ), nom africain du géranium, suivant Ruellius, commentateur de Dioscorlde. (J.) LESKE. {Ornith.) L'oiseau ainsi nommé eJiSilésie, est le gi'os bec, loxia coccothrausles. {Cu. D. ) iS2 LES LESKEA: Lesha, Bridel. (Bot.) Genre de plantes crypto- games, de la famille des mousses, institué par Hedwig et adopté par les botanistes. 11 a beaucoup d'affinité avec le genre Hypnum , avec lequel il avoit été confondu. 11 est caractérisé par son péristome double: l'extérieur à seize dents subulées; l'intérieur membraneux, divisé en seize lanières égales, entre lesquelles on ne voit pas de cils, comme dans le genre Hjpnum; coiffe lisse, cuculiforme. Les espèces de leskca sont assez nombreuses : on en compte une cinquantaine ; mais on peut en compter davantage , si Ton n'admet pas le genre Pterigophjllum de Bridel, qui répond à Vhookeria de Smith, et au cjatopliorum de Pa- lisot-Beauvois, et si l'on y laisse réuni le chcptophora de Bridel, fondé sur le leskea cristata d'Hedwig , qui diffère par sa coiffe en forme de mitre velue et filamenteuse. Le climacium a aussi fait partie des leskea, ayant été formé sur le leskea dendroides , Vahl. , ou hj'pnum dendroides , Linn. Ces plantes ont le port des hypnum ; elles offrent aussi les mêmes habitudes : elles croissent presque toutes en Europe ou dans l'Amérique septentrionale. Ces mousses sont monoïques ou dioïques , et leurs fleurs sont latérales, comme dans les hypnum. Les lanières du péristome externe se replient en dedans; c'est le contraire dans les hyp- num. L'urne ou la capsule est toujours libre ; elle n'est jamais cachée par \e perichœtium , comme cela s'observe dans l'uine du neckera, dont les leskea diffèrent encore par la présence d'un anneau, et par la coiffe , qui se fend toujours de côté et se détache obliquement. Nous ferons remarquer les espèces suivantes. §• 1." Feuilles distiques, rameaux aplatis. Leskea aplatie : L. complanata , Brid. : Decand., FI. fr. ; Hjpnum complanalum , Linn.; Hook. , Musc. Brit., tab. 24. Dillen., Musc, tab. 04, fig. 7. Tige couchée, filiforme, divisée en ramifications divergentes, disposées sur deux, rangs opposés, et une ou plusieurs fois ailées, filiformes à leur extrémité; feyilles d'un vert clair, distiques, ovales-oblon- gues, terminées par une pointe, les supérieures lancéolées- aiguës: capsule ovale, droite, portée sur un pedicelle rou- LES i33 geàfre,long de huit à douze lignes; opercules coniques, légèrement obliques. Cette plante croit partout en Europe, sur les arbres, ou plus rarement sur les pierres et à terre. On l'a rencontrée également à la Guiane, où, sans doute, elle aura été transportée. Leskea TRiCHOMANE : L. Irichomanoides , Bridel, Musc; Hypnum trichoinanoides , Linn. ; Hook. , Musc. Brit. , tab. 24; Dillen., Musc, tab. 34, fig. 8; Vaill. , Bot., tab. 20, fig. 4. Tige couchée, rameuse; rameaux concaves en -dessous; feuilles distiques, oblongucs, arrondies, munies d'une ner- vure; capsules droites, ovales, garnies d'un opercule long et courbé. Cette espèce ressemble beaucoup à la précédente, avec laquelle elle est souvent confondue; elle s'en distingue principalement par ses rameaux plus courts et concaves en- dessous, à cause de l'inflexion des feuilles. Elle est extrême- ment commune partout en Europe, sur le tronc des arbres, les arbrisseaux, et même quelquefois sur les terres en pente. Elle ressemble à une jungermannia par son feuillage aplati, et à une espèce de trichomanes par la transparence de ce même feuillage. §. 2. Feuilles imhriquées , distiques ; rameaux com- primés, Leskea comprimée; L. compressa, Hedw. , 5p. musc, tab. 56, fig. 1, 7. Tige couchée, rameuse; rameaux lâches, les derniers plus courts, comprimés, arqués, disposés sur deux rangs opposés. Feuilles imbriquées, les unes appliquées sur la tige, les autres étalées presque sur deux rangs, ovales, lancéolées, sans nervures, très-entières; capsule oblongue, droite, à opercule conique, oblique. Cette espèce, comme toutes celles de cette division, croît en Amérique. Elle se trouve en Pensylvanie , sur les troncs d'arbres. §. 3. Feuilles imbriquées, éparses ; rameaux cylin- driques. Leskea soyeuse : L. sericea , Hedw. , Musc frond. , 4 , tab. 17; Hypnum sericeum , Linn.; Hook., Musc Brit., tab. aS; DiU. , Musc, tab. 42, fig. 69; Vaill., Bot., tab. 27, fig. 3. Tige rampante, rameuse : rameaux simples ou divisés, re- ï34 LES dressés, rapprochés, souvent courbés, garnis de feuilles nom- breuses, d'un vert jaunâtre ou soyeux, imbriquées, lancéo- lées, pointijes, marquées de trois nervures à leur base; capsules droites, presque cylindriques; opercules coniques, pointus, un peu crochus. Cette mousse est commune partout en Europe : elle se rencontre aussi en Asie et sur la cAte d'Al'rique. Forskal Ta recueillie dans lile d'Imros, Tune des îles de l'Archipel , et Seezen sur les monts Hémus et Olympe. Elle croît sur les troncs d'arbres, les rochers et la terre, et forme des gazons qui fructifient au printemps. Les pédi- celles ont huit à dix lignes environ de longueur; ils sont axillaires, rougeàtres, brillans : les capsules sont brunes. Il ne faut pas confondre cette plante avec Vhypnum Lulescens , Linn. ( Voy'cz Hvfnum, vol. 2-2 , p. 36o.) §• 4. Feuilles lâches ; rameaux filiformes. Leskea déliée ; L. suhtilis , Hedw. , Musc, frond. , 4, tab. g. Tige grêle, rampante, rameuse; rameaux simples, filiformes, un peu redressés et rapprochés, en touffes; feuilles lâches, écartées, linéaires, lancéolées; pédicelles droits, longs de quatre à huit lignes ; capsules un peu penchées ou droites , cylindriques, à opercules coniques, pointus. Cette espèce, remarquable par ses rameaux capillacés, se trouve dans les parties tempérées et septentrionales de l'Europe. Haller en fit le premier la découverte en Suisse; puis elle a été trouvée dans diverses parties des Alpes, de FAUemagne, en Zélande, en Ecosse et en Angleterre. Elle nait sur les troncs des arbres et fructifie en été. §. 5. Feuilles rejetées ou presque rejetées d'un seul côté; rameaux crochus à leur extrémité. Leskea miji.tulore : L. poiyanlha , Hedw., Musc, frond., 4, tab. 2; Dillen., Musc, tab. 42, fig. G2. Tige rampante, rameuse ; rameaux simples, grêles, un peu courbés, rappro- chés, en touffes; feuilles imbriquées dans l'état sec, étalées dans l'état humide, lancéolées, pointues, sans nervures, d'un vert clair; pédicelles nombreux, droits, d'un rouge ])à!e, longs de huit à douze lignes; capsules ovoïdes, rouges ou brunes, droites, ovales; opercules coniques, aigus, d'un LES i35 rouge vif, un peu courbés. On trouve cette mousse partout en Europe, au pied des arbres. Elle fructifie au printemps. Leskea a plusieurs fruits; L. poljcarpa , Brid. , Musc, 5, tab. 3, fig. 3, et tab. 6, fig. 3. Tige rameuse, rampante; rameaux simples, entrelacés; feuilles ovales - lancéolées , aiguës, nerveuses; pédiceiles nombreux; capsules droites, cylindriques ; opercules coniques. Cette mousse croit dans les vergers, les bois, les prés ombragés, au pied des arbres et à terre. On la rencontre partout en Europe et dans l'Amérique septentrionale. Elle est indiquée aux environs de Paris. ( Lem.) LESNYI BYK (Mamm.) , nom russe de l'aurochs. (F. C.) LESPEDEZA. {Bot.) Genre de plantes dicotylédones, à fleurs complètes, papillonacées, de la famille des légumi- neuses , de la diadelphie décandrie de Linnseus , dont le ca- ractère essentiel consiste dans un calice à cinq divisions presque égales, linéaires-lancéolées ou subulées; une corolle papillonacée ; la carène obtuse; dix étamines diadelphes; un ovaire supérieur, médiocrement pédicellé; un style; un stigmate en tête conique; une gousse non articulée, à une seule loge, monosperme. Ce genre, dédié par Michaux à M. Lespédéze, gouver- neur de ta Floride, est distingué des hedysarum (sainfoin) particulièrement par le caractère de ses fruits. Il devient une subdivision de ce genre très-nombreux en espèces. On peut ajouter que ses feuilles, rarement simples, sont com- posées de trois folioles. Les tiges sont plus ou moins li- gneuses. Le3?edeza a fleurs sessiles : Lespedeza sessUiflora , Mich. , FI. Bor. Amer., 2, pag. , 70; Medicago virginica? Linn. Cette plante a des tiges très-rameuses, un peu ligneuses : ses ra- meaux sont droits, alternes, garnis de feuilles pétiolées , composées de trois folioles oblongues, elliptiques, vertes, glabres, réticulées, munies de bractées sétacées. Les fleurs sont nombreuses, disposées par fascicules sessiles dans Pais- selle des feuilles : le calice petit, velu, caduc, à cinq dents profondes, preque égales, aiguës; les gousses petites, ova- les, à une seule semence. Cette plante croît dans la Caro- line et la Virginie. ^36 LES Lesfedeza effili5 : Lespedeza jnncea , Poir. ; Hedj'sarum jun- ceum , Linn., Dec, i , tab. 4- Cette espèce a le port d'un genêt; ses rameaux sont souples, alongés, pubescens, striés; les feuilles alternes, à trois folioles linéaires, oblongues, obtuses, pubescentes et réticulées en - dessous ; le pétiole velu: les stipules sétacées. Les fleurs sont nombreuses, dis- posées en petites grappes axillaires , presque en petites om- belles; les pédoncules pubescens ; de petites bractées cour- tes, ovales; le calice velu ou cendré; la corolle blanche; l'étendard marqué de lignes purpurines; les gousses petites, monospermes, à peine de la longueur du calice. Cette plante croît dans la Sibérie et la Tartarie. Lespedeza tombant ; Lespedeza procumbens , Mich. , Le, pag. 71 , tab. 39. Ses tiges sont couchées : elles produisent des rameaux presque simples, pubescens, filiformes, garnis de feuilles ternées; les folioles petites, ovales, glabres , en- tières, un peu pileuses en-dessous, réticulées, mucronées ; les stipules sétacées. Les pédoncules sont capillaires, axil- laires, très-longs, soutenant deux ou trois petits épis de fleurs presque sessiles; leur calice est blanchâtre et pubes- cent; la corolle petite, purpurine; les gousses glabres, ova- les, petites, non recouvertes par le calice, un peu aiguës, ne renfermant qu'une seule semence. Cette plante croît dans la Caroline et la Virginie. Lespedeza a fleurs violettes : Lespedeza violacea. Poir. ; Hedysarum violaceiim , Linn., Spec. Ses rameaux sont pres- que filiformes, pubescens, garnis de feuilles ternées, com- posées de trois folioles presque égales, à peine pédicellées, arrondies à leurs deux extrémités, glabres en-dessus, un peu pubescentes en-dessous ; les stipules sétacées. Les pé- doncules sont axillaires, sétacés, très-longs, soutenant en- viron deux fleurs presque sessiles, plus nombreuses aux pé- doncules inférieurs ; leur calice pubescent, fort petit ; la corolle violette; les gousses deux ou trois fois plus longues que le calice, glabres, comprimées, rhomboidales. Cette plante croît dans la Caroline et la Virginie. Lespedeza A plusieurs épis : Lespedeza polystachia, Mich. l. c, tab. 40; Hedysarum hirtum, Linn., Spec Arbrisseau dont les tiges se divisent en rameaux cylindriques, un peu angu- LES i37 leux, légèrement pubescens, garnis de feuilles à trois fo- lioles elliptiques , velues dans leur jeunesse , longues d'en- viron un pouce, larges d'un demi-pouce; les deux folioles latérales plus courtes , un peu pédicellées : les Heurs dispo- sées en plusieurs épis axillaires , simples ou rameux; leur calice est blanchâtre ou de couleur purpurine, velu, h. cinq découpures roides, très-aiguës; la corolle blanche, au moins une fois aussi longue que le calice; les gousses ova- les, comprimées, aiguës, couvertes de poils hlanch;itres, renfermées dans le calice persistant. Cette plante croit dans les contrées septentrionales de l'Amérique. Lespedeza pied-de-lièvre : Lespedeza lagopodioides , Poir. ; tJedjsarum lagopodioides, Linn., Syst.veg.; Burm., FLlnd., pag. 68, tab. 53. Ses rameaux sont velus et tomenteux; ses feuilles composées de trois folioles inégales, ovales, ob- tuses, presque sessiles, pubescentes en-dessous : les fleurs disposées en un épi terminal, ovale-obtus, muni à sa base d'une bractée ovale, subulée ; les calices très-courts, abon- damment velus; la corolle fort petite; les gousses monos- permes. Cette plante croit dans les Indes orientales. (Poir.) LESSERTIA. {Bot.) Genre de plantes dicotylédones, à fleurs complètes, papillonacées, de la famille des légumi- neuses, de la diadelphie décandrie de Linnœus, offrant pour caractère essentiel ; Un calice campanule, un peu pédicellé, à cinq dents courtes ; une corolle papillonacée ; la carène obtuse; dix étamines diadelphes; un ovaire supérieur, ob- long, pédicellé; le style courbé en arc; le stigmate en tête. Le fruit est une gausse membraneuse, comprimée, point vé- siculeuse. Ce genre faisoit partie des colutea de Linnaeus , mais il s'en distingue par son port, par une tige herbacée, par une gousse non vésiculeuse ; ces caractères ont déterminé M. De Candolle à en former un genre particulier, qu'il a dédié à M. De Lessert, sous le nom de Lessertia. Lessertia annuel: Lessertia annua , Decand., Astrag., p. 45 ; Colutea herbacea , Linn. , Spec. ; Lamk. , III, gen. , tab. C24 , bg. 5 ; Commel., Mort., 2, tab. 44. Cette plante a des tiges herbacées, rameuses, hautes d'un à deux pieds, chargées de poils fort courts. Les feuilles sont ailées avec une im- i58 LES paire, composées de quinze à dix-sept folioles verdàtres, linéaires, presque glabres, obtuses ou échancrées : les fleurs petites, d'un violet -brun à l'extrémité de leur carène et de leurs ailes, finement rayées sur leur étendard, disposées en grappes axiliaires sur des pédoncules plus longs que les feuilles : elles produisent des gousses comprimées latérale- ment, plus larges et un peu arrondies vers leur sommet, terminées par une petite pointe en crochet. Cette plante croit au cap de Bonne-Espérance; on la cultive au Jardin du Roi. Lessertfa vivace : Lesscrtia perennans , Decand., Astrag., pag. 43; Col uLca perennans, Jacq. , Vind. et Hort., 3, tab. 5, Ses tiges sont droites, médiocrement rameuses, à peine pu- bescentes, striées; ses feuilles ailées, composées de six à huit paires de folioles petites, ovales-oblongues, pédiceilées, puboscentes, obtuses à leurs deux extrémités. Les fleurs sont blanches ou légèrement purpurines, presque unilaté- rales, disposées en grappes simples, alongées; le calice cam- panule, à cinq dents aiguës, inégales; la corolle petite; les ailes onguiculées; les gousses petites, glabres, ovales, comprimées, renfermant quatre à cinq semences réniformes. Cette plante croît au cap de Bonne -Espérance ; on la cul- tive au Jardin du Roi. (Foir.) LESSIVE, LAVAGE, LESSIVER, LAVER. {Chiw.) Dans le langage vulgaire, la lessive est de leau qui a digéré sur la cendre du bois, et qui en a dissous la potasse. Dans les laboratoires de chimie on applique quelquefois le môme mot à un liquide quelconque qu'on a mis en contact avec une matière solide, dans le dessein d'en séparer un ou plu- sieurs corps que le liquide dissout à lexclusion d'une autre portion de la matière : plus souvent on emploie dans le même sens le mot lavage. Quant aux verbes lessiver et laver, qui expriment l'acte de faire une lessive, un lavage, on les emploie l'un pour l'autre ; cependant le second nous paroît être plus usité. (Ch.) LESTES. [Iclith-yoL) Chez les Lettes , on donne ce nom au Flez. ( H. C. ) LESTEVE , Lesteva. [Entom.) Dénomination employée par M. Latreille pour désigner un petit genre d'insectes de la LES j39 famille des brachélylres ou brévipennrs de Tordre des co- Jéoplères et du sous-ordre des pentamérés. Ce nom , qui ne nous paroît ni grec ni latin, à moins qu'il ne soit pris du mot lesle , en grec Xicrjiç-, un voleur habile. prœdo, grassalor , avoit été employé , comme nous venons de le dire, avant que M. Gravenhorst publiât son Histoire des iiiicroptères, où il établit le même genre sous le nom d'an- thophagiis^ qui signifie mangeur de fleurs; et on trouve en effet ces insectes sur les fleurs, et non sur les matières ani- males comme la plupart des staphylins. Voici les caractères assignés ù ce genre par M. Latrcille, qui le range dans sa troisième section des staphylins, qu'il nomme aplatis, dont la tête est découverte, la lèvre supé- rieure entière, non échancrée , les palpes plus courts que la tète : division dans laquelle il rjinge aussi les orytèles , les omalies , les protéines et les alcochares, d'après l'insertion des antennes et la forme des pattes. , D'après l'analyse , ce genre se distingue de celui des stènes , parce que ces insectes ont les yeux globuleux et la fête très- large ; des oxypores , des padèrcs et des fongi\'ores , parce que ces derniers ont les palpes alongés, renflés, avancés; et enfin de la plupart de ces insectes brachélytres , parce que les ély- tres recouvrent au moins la moitié ou les trois quarts do l'abdomen , circonstance qui a fait placer la plupart des espèces avec les pedts carabes • tel est en particulier le ca- rabus dimidiatus de Panzer. Olivier a figuré plusieurs espèces de ce genre, entre au- tres n." XLII , Tp\. 2 , fig. 12 , a, b , c , d, une espèce de les- lève sous le nom de staphjdin échancré : nous avons donné nous-mêmes un dessin très-exact de l'espèce que nous avons indiquée sous le nom de Lestève ciMicnoRME, ou semblable à une punaise. (Voyez Atlas de ce Dictionnaire , 4.*" livraison , n." XI, 5.) 1." Lest£:ye alpine; hesteva alpina. Olivier, Coléopt. , n. li-j , pi. VI, n." 55, a, h. Car. Noirâtre ; à élytres , corselet et pattes testacés. 2" Lestève échancrée; hesteva emarginata. Car. D'un fauve obscur; corselet rebordé; éiytres échan- crés testacés; tête noire. Mo LES 3." LesïÈve cimiciforme ; Les/e^-a eimiciformis. C'est l'espèce que nous aA^ons fait peindre. Elle a h peu près trois lignes de longueur et ressemble beaucoup à Tin- secte précédent, excepté que sa tête et ses clytres sont de la même couleur que le corps, d'un brun ferrugineux. (CD.) LESTIBOUDOISE, Lestibudesia. {Bot.) Genre de plantes dicotylédones, à fleurs incomplètes, hermaphrodites, de la famille des amaranthacées et de la pentandrie tétragjynie de Linnseus, offrant pour caractère essentiel : Un calice à cinq folioles concaves; point de corolle; cinq étamines réunies en un urcéole à cinq dents ; un ovaire à quatre lobes ; quatre stigmates sessiles; une capsule à une loge poly- sperme. Ce genre, établi par M. Du Petit-Thouars, est tellement rapproché des celosia , que quelques auteurs l'y ont réuni. Il s'en distingue principalement par ses quatre stigmates sessiles. L-ESTiBonDOisE EN ÉPI; I^estibiidesia spicala , Petit-Thouars, Vég. des lies d'Afrique, pag. 55, tab. 16. Arbrisseau décou- vert par M. Du Petit-Thouars à l'Ile de Madagascar, dont les tiges ligneuses se divisent en rameaux foibles , herbacés, étalés, garnis de feuilles pétiolées, alternes, glabres, dis- tantes, ovales, entières, aiguës ou acuminées , longues d'un à deux pouces et plus, larges d'un pouce. Les fleurs sont petites, herbacées, disposées en petits groupes sessiles le long d'un épi grêle, alongé, terminal; leur calice est per- sistant, accompagné à sa base de trois petites écailles; il n'y a point de corolle; les étamines sont réunies en un ur- céole à cinq dents opposées aux folioles du calice, portant chacune, à leur sommet, une anthvre qui s'ouvre latérale- ment: Povaire est supérieur, presque tétragone , comprimé, surmonté de quatre stigmates sessiles, tomenteux. Le fruit consiste en une capsule uniloculaire , un peu renflée , ren- fermant des semences fort petites, noires, très-lisses, pres- que réniformes, attachées au fond de la capsule par un cordon ombilical ; Fembryon courbé autour d'un périsperme farineux. (Potr. ) LESTlBUD^ïIA. (Bot.) Necker sépare du genre calendula, sous ce nom , le calendula graminifolia , qui a des hampes uni- LET 14^ flores, des graines comprimées ou anguleuses, bordées sur le côté. Ce genre , de la famille des corymbifères , qui n'a pas été adopté, ne doit point être confondu avec le lestibu- desia de M. du Petit- Thouars , qui appartient aux aniaran- thacées. (.7.) LESTRIS (Ornith.) , nom générique donné par llliger au labbe ou stercoraire. (Ch. D.) LETAGA (Mamm.), nom moscovite du polatouche , écu- reuil volant de ces contrées. (F. C.) LET-CHI. (Bot.) Voyez Lit-chi. (J.) LÈTHRE, LeLhrus. (Entoin.) Nom d'un genre d'insectes coléoptères, à cinq articles aux tarses, établi par Scopoli pour y ranger une espèce de scarabée , voisine des bousiers, mais dont les antennes, au lieu d'être en masse feuilletée, sont au contraire terminées par une sorte de bulbe tronquée , ce qui l'a fait nommer aussi hulhocerus. Olivier croit que ce nom, qui a l'apparence d'être tiré du grec, Knùn , signifie oubli, et j)ar suite mort, le fleuve Lethe. Il cite aussi Pline et Jonston, qui emploient le nom de cantharoletlirus pour indi- quer un endroit de la Thrace, près d'Olynthe, où les scara- bées meurent. Ce genre d'insectes est tout-à-fait anomal : voilà pourquoi, dans la méthode qui a présidé à la confection de nos tableaux analytiques, nous avons été obligés de placer cet insecte dans une autre famille que celle des pélalocères, avec lesquels il a cependant les plus grands rapports pour les formes et les habitudes, et nous l'avons rangé, à cause de la forme de ses antennes, dans celle des stéréocères, auprès des anlhrènes et des escarbots. (Voyez dans la sixième livraison de FAtlas de ce Dictionnaire, planche lo, n." i.) Le genre Lèthre ne renferme encore qu'une seule espèce, qui se trouve en Autriche, en Hongrie, dans les champs incultes de la Tartarie et de la Russie méridionale. Le niàle et la femelle se rtncontrent souvent ensemble, d'après l'ob- vation de Scopoli, et elles se creusent, dans la terre, à l'aide des pattes antérieures qui sont dentelées, des trous ver- ticaux et cylindriques probablement pour y déposer leurs œufs, comme les géotrujîes et les bousiers. Le caractère distinctif de ce genre consiste dans la forme 142 LET singulière du neuvième article des antennes , creusé en une sorte de petit cône qui reçoit les deux derniers. L'espèce décrite par Scopoli , par Pallas , et depuis par un grand nombre d'auteurs, est nommée LÈTHRE GROSSE TÈTE, Lcthrus ccplialotes : semblable à un bou- sier, d'un noir mat et com.me de la poix. Sa ttte aplatie est presque de la longueur du corselet, à chaperon dilaté en croissant, à corselet plus large que les élytres , et à tête un peu bossue, échancrée en devant fortement. Il n'y a pas d'écusson; les élytres sont soudés et enveloppent l'abdomen. L'insecte est aptère ou sans ailes membraneuses. Tout le reste du corps ressemble à un bousier. Les màlcs ont les mandibules beaucoup plus développées que les femelles (c'est une de celles-ci que notre dessin représente); elles sont arquées et fourchues à l'extrémité : c'est probablement à cause de cette particularité que Pallas et Haxman ont placé cet insecte dans le genre Lucane ou Cerf-volant. 11 y a d'au- tres espèces rapportées à ce genre. Voyez Lampri.me et Sté^ RÉOCÈRES, (CD.) LETSCH. (Ichthjol.) Nom russe de la Brème. Voyez ce mot dans le supplément du cinquième volume de notre Dic- tionnaire. ( II. C.) LETTRE HÉBRAÏQUE VERTE. {Eatom.) Geoffroy a dési- gné sous ce nom une espèce de mouche à scie dont le cor- selet est marqué de lignes noires transversales sur une raie longitudinale, ce qui imite un caractère hébreux. C'est la tenthrède verte, tenthredo viridis de Linna-us et de Fabricius. (CD.) LETTRES. ( Bo^ ) Voyez Bois de lettres. (J.) LETTSOMIA. (Bot.) Genre de plantes dicotylédones, à fleurs complètes, polypétalées, de la polyandrie w.onogjnle de Linnaeus, offrant pour caractère essentiel : Un calice divisé en sept folioles ; une comlle composée de plusieurs pétales qui se recouvrent à leurs bords; les pétales intérieurs plus étroits; un grand nombre d'étamines insérées sur le réceptacle; un style; trois à cinq stigmates. Le fruit est une baie ou une capsule à trois ou à cinq loges polysperuies. Ce genre a été établi par les auteurs de la Flore du Pérou, pour quelques arbrisseaux du même pays, encore LEU 143 peu connus. Ils en ont mentionné deux espèces : i." Lett- somia tomentosa , Ruiz et Pav. , Prod. Sjst, veget. FI. Ver. , pag. i35. Arbrisseau de quinze à dix-huit pieds, dont les feuilles sont lancéolées, très-entières, touienteuses et soyeu- ses à leur face inférieure. Le fruit consiste en une baie à cinq loges polyspermes. 2.° Lcttsomia lanata. Cet arbrisseau se distingue du précédent par ses feuilles lancéolées, un peu dentées en scie à leur contour, et par ses baies à trois loges. Ces deux plantes croissent dans les grandes forêts du Pérou. (PoiR.) LEUCACANTHA. (5oi.)Cenom, qui signifie épine blanche, a été donné à plusieurs chardons, tels que le carduiis tubevosas , une espèce de carllne, Vonopordum; le chardon-marie , cardans marianus , maintenant établi genre sous le nom àe silyùum , et le centaitrea sclslilialis , faisant partie du calcitrapa. (J. ) LEUCADENDKON, Leucadendrum. (Bot.) Genre de plantes dicotylédones, à Heurs souvent dioïqucs, de la famille des protéacées , de la télrandrie inonosjnie de Linnseus, offrant pour caractère essentiel .- Des fleurs réunies en tctc , dans un involucre commun, écailleux; une corolle à quatre pé- tales connivens (calice, Juss. ) ; point de calice; quatre éta- mines placées dans la concavité supérieure des pétales ; un ovaire supérieur: un st)le filiforme; un stigmate en massue, oblique, échancré , un peu hispide ; une noix monosperme, renfermée dans les écailles de finvolucre. Ce genre, réuni d'abord par Linnœus au genre très-étendu des Protea, en a été séparé par M. Robert Brown , d'après les caractères particuliers que je viens d'exposer. Il renferme des arbres ou arbrisseaux souvent tomenteux et soyeux ; les feuilles sont entières; les têtes de fleurs solitaires, ter- minales, entourées d'un involucre composé de bradées im- briquées, ou de feuilles vcrticillées, quelquefois colorées. La plupart des espèces sont très -élégantes par le soyeux brillant et argenté répandu presque sur toute- leurs parties. On en cultive quelques espèces da'is les jardins botani- ques de lEurope. Elles ne craignent pas beaucoup le froid, et il suffit de les abriter dans la serre tempérée pendant l'hiver; mais leur culture exige beaucoup de précautions: elles veulent un terreau léger , et réussissent assez bien U4 LEU dans celui de bruyère qn'il faut tenir un peu à l'ombre, parce que l'ardeur du soleil leur est nuisible. Dumont- Courset conseille de ne les dépoter que quand leurs raci- nes ont tapissé la surface intérieure du vase où elles sont plantées, et lorsqu'on les met dans un autre, il faut que sa dimension soit telle que les racines puissent en attein- dre les parois l'année suivante. Si, par exemple, on trans- porte le leucadendron argenté dans une caisse ou dans un vase d'une trop grande capacité, il pousse vigoureusement pen- dant l'été, et périt l'hiver. On sème les graines sur couche, dans du terreau de bruyère; plusieurs ne lèvent que la seconde ou la troisième année. Ces arbrisseaux se multi- plient très-diflicilement de marcottes, et il ne faut pas les arroser beaucoup. (Desfont. Arbr.) Leucadendron argenté : Leucadendrum argenteum , Rob. Bro\vn, Trans. Linn., lo, pag. 62 ; Protea argentea, Linn. , Spec. ; Lamk., III. gen., tab. 64, fig. 1 ; Commel. , Hort. , 2, tab. 26; Pluken., Almag., tab. 200, fig. 1 : vulgaire- ment Arbre d'argent. Arbrisseau d'une grande beauté, re- marquable par ses feuilles soyeuses d'un blanc argenté très- brillant, et par ses têtes de fleurs globuleuses, également soyeuses, de la grosseur d'une orange; il s'élève à la hauteur de sept à huit pieds. Ses tiges se divisent en rameaux noueux, un peu velus et flexueux dans leur jeunesse, gar- nis de feuilles très -nombreuses, éparses, sessiles , assez grandes, lancéolées, aiguës, semblables à celles du saule, calleuses à leur sommet. Les fleurs sont réunies en une tète arrondie, composée de larges écailles imbriquées, obtuses, presque ligneuses, tomenfeuses et argentées; les corolles éga- lement tomenteuses: les 'noix environnées de poils en ai- grette. Cette plante croit au cap de Bonne-Espérance; les habitans de ce pays formeut avec cet arbrisseau des bos- quets très -agréables sous lesquels ils vont chercher l'ombre et la fraîcheur, si désirables surtout dans des contrées où les grands arbres sont rares. Leucadendron plumeux : Leucadendrum plumosum , Brown, l. c. ; Protea parvijlora, Thunb. . Diss. de Prot. , tab. 4 , fig. 1 (mas); Prolea obliqua, Thunb., /. c. (fœmina). Arbrisseau de deux ou trois pieds, dont les rameaux sont épars, flexueux. LEU 145 divisés eu d'autres beaucoup plus nombreux , garnis de feuilles alternes, sessiles, lancéolées, quelquefois un peu obliques, glanduleuses et obtuses à leur sommet, longues de cinq à six pouces, un peu tomenteuses dans leur Jeu- nesse. Les fleurs sont dioïques; les mâles forment de petites létes, de la grosseur d'un grain de poivre, solitaires et ter- minales sur chaque rameau ; les femelles sont sessiles, globu- leuses , composées d'écaillés imbriquées, courtes, glabres, ovales, aiguës; les intérieures plus alongées. Cette plante croit au cap de Bonne-Espérance. Leucadendron lévisan : Leucadendruin levisanus , Brown , /. c; Protea levisanus, "VViUd. , Spec; Burm., Jfr.? tab. 100, fig. 2. Petit arbrisseau, d'un port agréable, qui s'élève à la hauteur d'un pied sur une tige grêle, pubescente ou pres- que glabre, dont les rameaux sont nombreux, presque ver- ticillés , quelquefois prolifères, garnis de feuilles lisses, éparses, charnues, sans nervures, ovales, obtuses, un peu mucronées, rétrécies à leur base, longues de deux ou trois lignes. Les fleurs forment de petites têtes terminales , soli- taires et sessiles, très -velues ; les écailles de l'involucre sont linéaires, lanugineuses, un peu plus courtes que la corolle. Cette plante croit dans les plaines sablonneuses au cap de Bonne -Espérance ; elle est cultivée au Jardin du Roi. Leccadendron a corymbes : Leucadendrum coiymbosuni , Brown, /. c; Andr. , Botan. repos., tab. 495 (fœmina); Pro- tea corjmhosa, Thunb. , l. c, tab. 2, fig. 1. Arbrisseau à tiges droites, rameuses, hautes de quatre à cinq pieds : les rameaux courts, inégaux, distans, presque verticillés, gar- nis de feuilles droites, imbriquées, convexes, linéaires, su- bulées, longues de quatre à six lignes; chaque l'ameau est terminé par une petite tête de fleurs, dont l'ensemble forme à chaque verticille une sorte de corymbe. Le calice est composé de plusieurs petites écailles, plus courtes que la corolle, quelquefois tomenteuses. La corolle est jaune, fort petite; les noix ovales, comprimées, ariguleuscs à leurs bords, velues , obtuses à leur sommet, rétrécies en pointe à leur base. Cette plante croît au cap de Bonne-Espérance, dans les plaines arides et sablonneuses, 26, jo 146 LEU Leucadendron a fruits coniques : Leuoadendrum conocarputn , Bro\vn , loc. cit.; Protea conocarpa , 'Ih.unh., loc. cit.; Lamk. , m. g&n. , tab. 53, fig. 3. Dans cette espèce, les tiges sont épaisses, velues, rameuses, hautes de trois à quatre pieds; les feuilles sessiles, imbriquées, épaisses, ovales-oblongues, aiguës ou munies au sommet de deux à cinq dents calleu- ses, velues à leur insertion, les supérieures ciliées à leurs bords; les fleurs réunies en une tête conique, terminale, de la grosseur d'une poire; les écailles courtes, ovales, ci- liées, acuminées ; la corolle longue de plus dlm pouce, filiforme, hérissée de poils roussàtres et lanugineux; le style glabre, fistuleux; le stigmate ovale, aigu; le réceptacle garni d'un duvet tomcnteux. Cette plante croît au cap de Bonne-Espérance; on la cultive au Jardin du Roi. Leucadendron a feuilles de saule : Leucadendrum salignum , Brown , loc. cit.; Protea saligna, Thunb., loc. cit.; Boerhaav. , Ind. Plant., tab. 204. Ses tiges sont droites, purpurines, striées, hautes d'environ quatre pieds, munies de rameaux alternes, inégaux, effilés, garnis de feuilles sessiles, étroites, lancéolées, aiguës, glanduleuses au sommet, médiocrement blanchâtres et soyeuses à leurs deux faces , longues d'envi- ron deux pouces; les fleurs sont terminales, environnées de feuilles colorées, réunies en une tcte ovale, de la grosseur d'une prune, munies d'écailles larges, obtuses, imbriquées, noirâtres à leur sommet, couvertes d'un duvet fin, argenté. Cette plante croît au cap de Bonne-Espérance; on la cul- tive au Jardin du Roi. Leucadendron conifÈre : Leucadendrum coniferum , Bro^vn, /. c. ; Protea coni/era , Linn. ; Andr. , Bot. Repos., tab. 5/(1 (mas). Arbrisseau de trois à quatre pieds, muni de rameaux un peu flexueux, glabres, presque verticillés , garnis de feuilles éparses, sessiles, glabres, étroites, lancéolées, con- caves, coriaces, ridées ou striées, aiguës et calleuses à leur sommet, longues d'environ deux pouces; les fleurs dispo- sées en un cône solitaire, terminal, ovale, tomenteux, de la grosseur d'une noisette, environné de longues et larges feuilles en forme de bractées glabres, colorées; les écailles de l'involucre élargies, pubescentes , obtuses, de la lon- gueur de la corolle: les noix et le réceptacles nus. Cette LEU 147 plante, cultivée au Jardin du Roi, est originaire du cap de Bonne-Espérance. Leucadendron de Wendland : Leucadendrum TVendlandi , Browo, l. c. ; Protea imbricata , Wendl. , Hort. hier., tab. 14, excl. Sjnon. Arbrisseau trés-rameux, à tige droite, dont les rameaux sont tomenteux, disposés en ombelle, garnis de feuilles nombreuses, sessiles, imbriquées, redressées, un peu concaves, ovales, lancéolées, épaisses, longues de trois lignes; les supérieures un peu pubescentes; les florales plus étroites; les fleurs mâles, réunies en une tête sessile , de la grosseur d'un pois; la corolle soyeuse à sa base; quatre écailles linéaires sur le réceptacle; la tête des fleurs femelles un peu plus grosse, la corolle entièrement soyeuse; point d'écaillés sur le réceptacle; celles de l'involucre soyeuses, dilatées, cunéiformes; les noix ovales, très-velues, mucro- nées par la base du style. Cette plante croit au cap de Bonne-Espérance. Leucadendron polysperme ; Leucadendrum poljspermum , Brown, l. c. Arbrisseau glabre sur toutes ses parties : ses feuilles inférieures filiformes, canaliculées, longues d'un pouce et demi; les supérieures planes, linéaires-spatulées , obtuses, calleuses à leur sommet: le chaton des fleurs mâles ovale; les bractées soyeuses, lancéolées; le limbe de la corolle glabre; le cône des fleurs femelles alongé ; les écailles gla- bres, conniventes, tracées de lignes à demi circulaires; le stigmate oblique, dilaté, mamelonné; la corolle velue sur ses onglets, glabre sur le limbe; les noix ou samares lisses, cendrées, une fois plus larges que longues. Cette plante croit au cap de Bonne-Espérance. Leucadendron a feuilles de bruyère ; Leucadendrum eri- cifolium, Brown, /. c. Ses tiges sont droites, très - rameuses ; les rameaux rougeàtres , légèrement tomenteux dans leur jeunesse; les feuilles glabres, nombreuses, imbriquées, acé- rées, un peu concaves, mutiques , longues de trois lignes; les têtes de fleurs un peu pédonculées, en corymbes peu garnis ; l'involucre court et soyeux; la corolle tomenteuse; le tube grêle ; point d'écaillés entre les corolles ; poinfc d'ovaire ; un style glabre ; un stigmate en massue. Cette plante croit naturellement au cap de Bonne-Espérance. M8 LEU Leucadendron rétréci ; Leucadendrum angustatum , Brown, /. c. Arbrisseau dont les tiges se divisent en rameaux gla- bres, droits, ramifiés, garnis de feuilles nombreuses, épar- ses, droites, linéaires, spatulées, longues de huit à neuf lignes, très-obtuses, à peine calleuses au sommet. Les fleurs forment un cône presque globuleux , muni d'écaillés ova- les, conniventes, les extérieures plus larges. Le fruit con- siste en une noix de la grosseur d'une graine de vesce, un peu comprimée, pubescente, recouverte par la corolle plumeuse, partagée en quatre jusqu'à sa base. Cette plante croit au cap de Bonne-Espérance. Ledcadendbon faré ; Leucadendrum coccineurn, Brown, l. c. Arbrisseau d'environ dix pieds de haut , dont les rameaux sont roides, très-glabres; les feuilles droites, nombreuses, un peu imbriquées, très-glabres, alongées, lancéolées, un peu obtuses, longues dun pouce, calleuses au sommet; les feuilles florales de moitié plus courtes, à demi colorées ; les écailles du cône ovales, tomenteuses, argentées; les fruits ailés, échancrés. Cette plante croit au cap de Bonne- Espérance. Beaucoup d'autres espèces sont mentionnées par les auteurs modernes, particulièrement par M. Rob. Brown, dans les Transactions de la société linnéenne de Londres. (Poir. ) LEUCAERIA. (Bot.) Voyez Lecchérie. (H. Cass.) LEUCANÏHEMUM. (Bot.) Ce nom, qui signifie fleur blanche, avoit été donné, par quelques auteurs anciens, à la camomille romaine. Tournefort l'avoit adopté pour désigner la marguerite des prés et ses congénères , dont les demi- fleurons blancs lui servoicnt à distinguer ce genre du cli-ry- santheinum , ainsi nommé parce que ses demi- fleurons sont jaunes ou dorés. Linnœus, trouvant insuffisantes ces distinc- tions génériques tirées de la couleur des fleurs^ les a réunies sous le nom du dernier, sans songer que l'expression chry. sanihemum ne peut s'appliquer aux espèces du premier, et qu'il eût mieux valu choisir un nom nouveau, applicable aux deux. Ce genre a été réduit plus récemment aux espèces dont la graine est nue, non couronnée par un rebord denté propre au pjretkrum ; et quoique les espèces à graines nues iiienl la plupart des demi-fleurons blancs, on leur a encore LEU 149 conservé le nom de cliiysanthemuui , qui n'est pas heureuse- ment choisi. (J. ) LEUCAS. {Bot.) Ce nom a été donné à diverses plantes. Le leucas monlana de Césalpin est une plante labiée, galeopsis ga- leobdolon; un autre leucas du même est le lamium lœvigatum. C. Bauhin cite, comme synonyme du potentilla acauUs , une plante que Lobel soupçonne être le leucas de Dioscoride. On trouve dans le Flora Danica d'Œder, sous le nom de leucas, le drjasocfopelala, qui, comme la précédente, est dans les rosa- cées; et le même nom est donné par Burmann, dans son Thés. Zejl., au nepeta indica , autre labiée. (J.) LEUCAS. (Bot,) Genre de plantes dicotylédones, à fleurs complètes, monopétalées, irréguliéres, de la famille des labiées, de la dldjnamie gjmnospermie de Linnœus, offrant pour caractère essentiel : Un calice tubulé, à dix stries; l'orifice quelquefois oblique, à huit ou dix dents : une co- rolle labiée ; la lèvre supérieure en casque, entière , barbue ; l'inférieure à trois lobes, celui du milieu plus grand; qua- tre étamines didynames; les anthères à deux lobes diver- gens; quatre ovaires supérieurs ; un style; quatre semences au fond du calice. Ce genre est composé d'espèces placées d'abord parmi les plilomis , et dont M. Robert Brown a fait un genre parti- culier. Leucas Indica : Leucas des Indes, Rob. Brown, Nov.HolL, 1 , pag. 5o4 ; Phlomis indica, Linn. , Spec. Plante des Indes orientales, dont les tiges sont tétragones, un peu pubescen- tes; les feuilles ovales, pileuses, dentées en scie, rélrécies à leur base ; les rameaux sont terminés par deux ou trois verticilles rapprochés, épais, munis de bractées linéaires, un peu velues ; les calices oblongs, tubulés ; l'orKice obli- que, à dents très-ceurtes, terminées par une petite pointe spinuliforme : la corolle blanchâtre, un peu purpurine; la lèvre supérieure alongée, creusée en casque, chargée de poils blancs et tomenteux ; l'inférieure à trois divisions, celle du milieu du double plus longue que les deux latérales, Leucas de la Martinique : Leucas Martinicensis , Brown, l, c; Phlomis Martinicensis , "Willd., Spec; Phlowis Caribœa, Jacq., Icon. rar., i, tab. iio. Ses tiges sont pubescentes, î5o LEU divisées en longs rameaux garnis de feuilles ovales-oblon- gues, presque en cœur à leur base, un peu pubescentes, crénelées en dents obtuses: les supérieures lancéolées, plus étroites, à crénelures distantes. Les fleurs sont disposées en verticilles globuleux, très-serrés, gros et velus, placés le long des tiges et des rameaux ; les involucres sétacés, velus, spinuliformes; le calice tubulé, velu, fortement recourbé à sa partie supérieure, garni de huit dents à son orifice : la corolle petite, blanchâtre ou un peu purpurine; la lèvre supérieure couverte d'un duvet blanc. Cette plante, origi- naire de la Martinique et de plusieurs autres contrées de l'Amérique, est cultivée au Jardin du Roi. Leucas de Ceylan : Leucas Zeylanica, Brown , Z. c; Phlo- mis Zej'lanica, Linn. , Spec; Jacq. , Icon. rar. , i, lab. iii ; Pluken., ALmag., lab., 1 18, fig. l^;Herha admiralionis, Rumph , Amb., 6, tab. 16, fig. 1. Cette plante a des tiges hautes d'environ deux pieds; des rameaux un peu hispides ; les feuilles sont étroites, lancéolées, légèrement tomenteuses en-dessous, entières ou médiocrement crénelées; deux ou trois verticilles terminaux épais, serrés; les involucres com- posés de bractées subulées, ciliées, un peu aiguës; le calice un peu pubescent, à huit petites dents aiguës : la corolle petite et blanchâtre ; la lèvre supérieure tomenteuse et fermée; l'inférieure plus grande, à trois divisions ; celle du milieu ample, plissée, presque à trois lobes; les anthères noirâtres; le stigmate à deux découpures filiformes, inégales. Cette plante croît dans les Indes orientales; on la cultive au Jardin du Roi. Parmi les propriétés dont elle jouit chez les naturels des contrées où elle croît, Rumph rapporte entre autres, que son suc, mêlé à l'eau, apaise l'ardeur de la fièvre, lorsqu'on s'en lave les yeux; que son odeur forte pénètre jusque dans le cerveau et le soulage : les soldats s'en frottent les yeux pour exalter leur courage. Malgré son âcreté et son amertume, on la mêle quelquefois aux légumes comme assaisonnement; le suc vert de ses feuilles, respiré par le nez, en fait couler des eaux, excite la pituite et provoque la salivation. Les femmes envoient cette plante, comme témoignage de leur admiration, aux personnes qui excitent en elles ce sentiment. LEU i5i Leucas a dix; den'ïs : Leucas decemdendata, Brown , /. c; Piilomis decemdentata , "YVilld. , Spec; Stachys decemdeiiLata, Forst., Prodr., n." S26. Ses tiges sont herbacées, pubescen- tes; ses rameaux garnis de feuilles oblongues, aiguës à leurs deux extrémités, dentées en scie; les fleurs réunies en ver- ticilles dépourvus d'involucre ; le calice pubescent, marqué de dix stries, terminé par dix dents subulées, alternative- ment plus petites; le tube de la corolle un peu plus long que le calice; la lèvre supérieure droite, en casque, très- velue; l'inférieure glabre, à trois lobes. Cette plante croît dans les îles de la Société. Leucas biflore : Leucas hijlora , Brown , L c. ; Phlomis li/lora, Vahl, Sjmb., 3, pag. 77; Burm., ZejL, t. 63 , fig. 1. Ses tiges sont profondément canaliculées à chacune de leurs faces, un peu rudes, rameuses; les feuilles pétiolées, courtes, ovales, un peu arrondies, glabres, dentées en scie. Les fleurs sont axillaircs, opposées deux à deux ou solitaires, peu pédonculées ; leur calice tubulé , à dix dents courtes; la corolle blanche; la lèvre supérieure redressée: l'inférieure assez petite, à trois lobes. Cette plante croît dans les Indes orientales. M. Rob. Brown ajoute à ce genre le Leucas Jlaccida, de la Nouvelle - Hollande , à feuilles ovales, membraneuses, très-glabres ; les calices un peu glabres, à dix dents égales; les fleurs nombreuses à chaque vcrticille. 11 faut encore rapporter à ce genre le phlomis urticifolia, Vahl; le phlo- mis sinensis , Retz; \e phlomis glahrata, Vahl, etc. Voye^ Leonotis. (PoiK. ) LEUCENA. {Bot.) Nom donné, suivant Daléchamps, au châtaignier, à cause d'un canton de ce nom sur le mont Ida, en Crète, où cet arbre fournit de bons fruits. Il dit encore qu'on le nomme ailleurs lopima ^ à cause de son écorce épaisse , que l'on peut enlever, comme l'exprime le mot grée lopimos. (J.) LEUCEORUM. {Bot.) Voyez Dorypetron. (J.) LEUCHÉRIE, Leucheria. {Bot.) Ce genre de plantes, pu- blié, en 1811, dans la Dissertation de M. Lagasca sur les Chénanthophores , appartient à l'ordre des synanthérées et à notre tribu naturelle des nassauviccs. Voici ses caractères, î52 LEU tels qu'ils nous paroissent résulter de la description faite par l'auteur. Calathide incouronnée, radiatiforme , multiflore , labiati- flore, androgyniflore. Péricline subhémisphérique, formé de squames probablement subunisériées. Clinanîhe plan , ponctué, un peu fovéolé, portant prés de ses bords une rangée circulaire de squameJles analogues aux squames du péricline, et séparant les fleurs marginales des autres fleurs. Fruits non colUfères , pourvus d'une aigrette molle, com- posée de squamellules filiformes , barbellulées. Corolles à deux lèvres, l'intérieure bipartie et roulée en spirale. Les leuchéries sont des plantes herbacées, ordinairement tomenteuses, blanchâtres, à feuilles alternes, sessiles , pin- natifides, à calathides pédonculées , terminales, souvent corymbées, composées de fleurs purpurines ou jaunâtres. M. Lagasca n'a indiqué ni le nombre, ni les noms, ni les caractères, ni les habitations des espèces qu'il attribue à son genre Leucheria. Il place ce genre entre le Perezia et le La- siorrhiza, dans une section caractérisée par le clinanthe nu, parce qu'il considère les squamelles du clinanthe comme éiant les squames intérieures du péricline. M. De Candolle , dans son Mémoire sur les Labiatiflores , publié en 1812, a présenté, sous le nom de Leucaeria, le genre Leucheria de M. Lagasca , et il l'a placé entre le Cla- rionea et le Chaptalia. Nous avons déjà plusieurs fois fait remarquer que, bien que les squames du péricline et les squamelles du clinanthe soient absolument de même nature, et qu'elles doivent être confondues ensemble par le physiologiste sous la dénomina- tion commune de bractées, il est néanmoins indispensable pour la botanique descriptive de les distinguer nettement ; et que le seul moyen d'établir convenablement cette distinc- tion, c'est de nommer squames du péricline toutes les brac- tées qui se trouvent situées plus en dehors que les fleurs les plus extérieures de la calathide, et squamelles du clinanthe toutes les bractées qui se trouvent situées plus en dedans que ces mêmes fleurs. C'est pour nous conformer à cette règle que nous avons présenté la description générique du Leucheria tout autrement, en apparence, que l'auteur de ce genre. LEU i53 Le nom générique est composé de deux mots grecs qui signifient laine blanche, parce que les leuchéries sont to- menteuscs et blanchâtres. (H. Cass.) LEUCICHTHE (Ichthj'ol.) , nom spécifique d'un corégone, que nous avons décrit dans ce Dictionnaire , t. X,p.56/t. (K.C.) LELîCJSCUS. {Ichthfol.) Nom latin du genre ou du sous- genre desAbles. Voyez Aele, dans le supplément du premier volume de ce Dictionnaire. (H, C. ) LEUCITE. (Min.) C'est le nom univoque que les minéra- logistes de l'école de \Yerner ont donné au minéral sans couleur ou quelquefois blanc, ayant la forme d'une variété de grenat, et qu'on trouve si abondamment dans les produits des volcans d'Italie. On l'a appelé d'abord , et pendant assez long-temps, grenat blanc ; mais, ayant remarqué qu'il consti- tuoit une espèce différente du grenat , on lui a donné un nom univoque, mal choisi, nous en convenons, puisqu'il dé- signoit une propriété commune à presque toutes les pierres pures; mais enfin il falloit oublier ce que ce nom vouloit dire, le lui laisser, et non pas lui donner celui d'amphigène, qui , consacré par un des pères de la science , a prévalu. Voyez Amfhigène. (B.) LEUCOCHRYSOS. ( Min. ) Il n'y a rien d'assez caracté- ristique dans ce que Pline dit des leucochryses à veine blanche ( intervenienle candida vena ) , et des leL!Cochr)fses enfumées (leucochrysos capnias) , pour qu'on puisse indiquer avec quelque probabilité la pierre dont il a voulu parler. I,a plupart des minéralogistes qui ont examiné cette ques- tion, et M. de Launay principalement, croient que le natu- raliste romain a eu en vue des variétés, jaune d'or et enfu- mées, de quarz hyalin. Cela peut être; mais le quarz jaune d'or, si commun au Brésil, est bien rare en Europe, si même on l'y trouve : la leucochryse auroit donc pu être tout aussi bien ou une topaze, comme de Born l'a soupçonné, d'autant plus que Pline paroit la regarder comme une variété de la chrysolithe qui est elle-même considérée comme étant une de nos topazes, ou le silex résinite blanc à reflets dorés, qu'on nomme girasol ; c'est du moins l'opinion de M. Dutens. D'autres, enfin, croient que c'est l'hyacinthe (probablement le zircon hyacinthe) d'un jaune clair. (B.) ^54 LEU LEUCODON [Blanchette]. {Bot.) Genre de la famille des mousses, établi par Schwaegrichen et adopté par Bridel. Voici ses caractères : Péristome simple , externe , membra- neux, à seize dents fendues en deux; coiffe cuculiforme. Ce genre, voisin des Pterigjnandrum et Nechera, renferme un petit nombre d'espèces, dont plusieurs même sont dou- teuses. Ce sont des mousses rameuses, à rameaux cylindri- ques , qui se courbent par la sécheresse. Les folioles du péri- cJiœtium sont longues, engainantes; la capsule est droite, pédicellée; le péristome est remarquable par ses dents blan- ches: c'est ce qu'on a voulu rappeler par le nom de leucodon {dent blanche, en grec) donné à ce genre. Ces espèces croissent sur les arbres, en Europe, aux Cana- ries et dans l'ile Bourbon. Elles faisoient partie des genres Dicranum , Hj'pniiin , Pterigjnandrum et Neckera. L'espèce la plus importante à connoitre est la suivante. Leucodon a queue d'écureuil ; L. sciuroides , Schwaegr. , Suppl.; Brid. . Musc, suppl.., 4, p. i54 ; Dicranum sciuroides , Decand. , FI. fr. , n." 1264; Fissidens sciuroides, Hedvv. , Fund., 2, tab. 8, fig. 45, 4*^ ; Hjpnum sciuroides, Linn. ; Triclwsto- mum. sciuroides, Schkuhr, DeuLs. Moos., tab. 34 ; Pterogonium sciuroides, Engl. Bot., fîg. igoS. Tige rampante, rameuse; rameaux alongés, fascicules, redressés et arqués; feuilles imbriquées, très -serrées, dirigées d'un seul côté, ovales- pointues ; capsules ovales-oblongues. Cette mousse est commune en Europe sur les troncs d'arbres : elle est plus rare dans les pays froids et dans le Nord, en Laponie, 011 jamais elle n'a été vue en fructifica- tion; mais, en France, en Suisse, en Hongrie et en Italie, où la température est plus douce, on la rencontre très- souvent en fructification, et ordinairement au printemps. On peut juger, par la synonymie que nous avons rapportée, de l'embarras qu'éprouvent les botanistes dans le placement de cette mousse, qui a avec d'autres genres des rapports que d'autres caractères modifient. Les capsules sont portées sur des pédicelles latéraux, orangés et tortillés, d'abord orangés, puis bruns ; l'opercule est conique, rouge -clair, et la coiffe blanche, brune au sommet; les dents du péri- stome sont perforées. On observe dans les aisselles des feuilles LEU i55 <îe pefifs bourgeons solitaires ou agrégés, très- petits, hruns, verdàtres ou roussàtres, et remarquables par leur base pres- que charnue. Il y a encore le Leucodon canariensis , Sw. ; le Leucodon alopecurus , Brid. ; le Leucodon morense, SchAV. , et le Leucodon Kamondi, Brid., qui est le Pterigjnandrum Ramondi, Dec. (Lf.m.) LEUCODRABA {Bot.), nom donné, par M. De Candolle, à une des cinq sections de son genre Draba (J. ) LEUCOGKAPHIS. (Po^) La plante que Pline nommoit ainsi, à cause de ses taclies blanches, est, selon Anguillara, une es- pèce de verge d'or, solidago ; selon Daléchamps , avec plus de raison, c'est le chardon-marie, carduiis niarianus de Linnneus, sjlihum de Vaillant et des auteurs récens , remarquable par les tachesblanches de son feuillage. On trouve encore les mêmes taches sur le carduus Icucographus de Linnxus, maintenant rapporté au cirsium. (J.) LEUCOGRAPHIS {Min.), et aussi MARACUS et GALAXIE dans Dioscoride. C'est, suivant cet auteur, vme terre à fou- lon, qui forme, avec l'eau , un lait ou une bouillie dont on Vanfoit les propriétés médicinales. ( B, ) LEUCOIUM. {Bot.) Ce nom étoit donné, par Thcophrasfe, à une plante bulbeuse, que d'autres après lui ont nommée leu- coium bulbosum, viola alba , narcissus candidiis, leuco-narcisso- lirion. C'étoit le narcisso-leiicoium de Tournefort , dont les espèces ont été réparties par Linnœus entre deux genres, Ga- tanthus et Leucoiurn, tous deux, surtout le premier, connus sous le nom François de perce-neige, appartenant à la famille des narcissées. Dioscoride a nommé leucoiurn d'autres plantes de la famille des crucifères, laplupart du genre de la giroflée, à laquelle Tournefort avoit conservé ce nom. 11 lui étoit donné, non à cause de la couleur blanche des fleurs d'une espèce cultivée, mais, suivant C. Bauhin , à cause du duvet blanc ou cendré qui couvre les feuilles de plusieurs espèces. On les distinguoit anciennement des perce-neiges sousle nom de leucoiurn non bul- bosum. h'' espèce la plus ordinaire, la giroflée jaune, nommée Iceiri ou cheiri, a déterminé Linnaeus à donner au genre entier le nom de cheiranthus, fleur de cheiri, sous lequel il est maiiï- ï5<5 LEIJ tenant désigné. C. Bauhin avoit réuni par erreur, à ce leucoium., desalysson qui appartiennent à une autre section de la même famille, et ïnvme un rerbassum de la famille des solanées. (J.) LEUCOIUM. (Bot.) Voyez Nivéole. (L. D.) J>EUCOLITHE. (Min.) Ce nom a eu quatre applications différentes. 3.° Les auteurs grecs, dit M. Mongez , appellent leucolithe une pyrite blanche qui, étant calcinée, fournissoit un re- mède contre les maux d'yeux. Etoit-ce un sulfure de zinc , ou un autre minerai de ce métal? 2.° M. Napione a donné le nom de leucolithe, au lieu de celui de Ledcite, à I'Amphigène. (Voyez ces deux mots.) 5." On a nommé pendant long- temps, et on nomme en- core dans beaucoup d'ouvrages de minéralogie étrangers, leucolithe d'Altenherg , le minéral auquel M. Haiiy a trouvé des caractères assez tranchés pour en faire une espèce sous le nom de pycnite, et qui a été reconnu depuis pour n"être qu'une variété de Topaze. (Voyez ce mot.) 4." De la Métherie appliqua, par un faux rapprochement, le nom de leucolithe de Mauléon à l'espièce que nous avons décrite sous le nom de dipyre , et qui s'est trouvée pour la première fois à Mauléon dans les hautes Pyrénées. Voyez Dipyre. (B.) LEUCO-NARCISSO-LIRION. {Bot.) Voyez Leucoium. (J.) LEUCO-INARCISSUS. ( Bot. ) C. Bauhin , dans son Prodromus, nomme ainsi V anthericum scrofinuin (J.) LEUCO-NYMPHtEA. (Bot.) Boerhaave nommoit ainsi le nénuphar blanc , dontilfaisoit un genre distinct du jaune. Des auteurs modernes, adoptant cette distinction, ont laissé au blanc le nom de njwphœa, et le jaune a été nommé nj'wphosaji- thus par Richard, nuphar par MM. Smith, Aitone, Pursh et De Candolle. (J.) LEUCOP^CILOS. (Win.) C'est une de ces pierres que Pline traite encore plus superficiellement que les autres. Il dit simplement qu'elle se distingue par une blancheur relevée par des lignes couleur d'or. Il nous est impossible de pré- sumer à quelle espèce connue on peut rapporter cette cita- lion. (B. ) LEUCOPHRE, Leucophra. (Ainorphoz.) Genre d'animaux LEU ^57 microscopiques, infusoires, établi par MuUer et adopté par presque tous les zoologistes subséquens, pour un assez grand nombre de petits corps, de forme variable, transparens et hérissés partout de cils. On les trouve dans les eaux douces ou salées, pures ou putréfiées, dans les infusions végétales. On dit qu'ils nagent avec rapidité, en décrivant des lignes circulaires. Muller en décrit et figure vingt-six espèces, qui ont été toutes adoptées dans l'Encyclopédie méthodique , pi. 1 o et 1 1. La L. conspiratrice , L. constrictor , est sphérique, pres- que opaque, avec des molécules internes, très-mobilcs: elle se trouve dans l'eau des fumiers. On trouve dans l'eau des marais la L. ÉTiNCELANTE , L. scinUllans , qui est ovale - arrondie , opaque et verte ; la L. globulifere , L. globulifera, qui est ovale- cristalline, avec trois globules dans l'intérieur; la L. pustu- leuse, L. puslulata, dont la forme est la même, mais qui est tronquée obliquement à une extrémité; la L. triangulaire, L. triangularis , épaisse, anguleuse et jaune : quelquefois elle n'est pas ciliée. Dans l'eau des moules Muller en a observé trois espèces: la première, qui est cylindrique ou courbée en forme d'anneau , et qu'il nomme à cause de cela L. bra- celet, L. armilla; la seconde, qui est sinueuse, jaunâtre et réniforme, c'est la L. versante, L.Jluxa; et la troisième, qui est en général ventrue, mais qui est très -variable de forme, d'où le nom de L. fluide , L. Jluida , sous lequel elle est désignée. Dans l'eau de mer , la plus commune est la L. SIGNALÉE, L. signala, oblongue , comprimée, noire sur les Lords; la L. marquée, L. notata , ainsi nommée, parce qu'elle est marquée d'un point noir près de l'extrémité antérieure : la L. turbinée, L. turhinala , en forme de cône renversé; la L. DILATÉE, L. dilalala, qui est membraneuse, très - varia- ble, sinueuse, et pourroit bien être une espèce de planaire marine. La L, dorée, L. aurea, qui est ovale et fauve, est aussi marine , ainsi que la L. percée , L. pertusa ; verte , viridis ; YERDATR.E , viridiscens ; mamelle, mamilla, dont le nom indique le caractère le plus saillant, (De B.) LEUCOPHTHALMOS. (Mm.) Cette pierre est rousse, dit Pline, et renferme une espèce d'œil noir et blanc. Tous les érudits qui ont examiné ce passage, s'accordent à rapporter cette description à une calcédoine œillée. Nous adoptons i58 LEU cette opinion , en la spécifiant même davantage el en rap- portant le leucophthalme de Pline à une sardoine œillée, pierre à fond roussàlre, dans laquelle nous avons en effet eu occasion de voir des cercles blancs concentriques à un point noir. (B.) LEU COVHY LLE, ' Leucophjllum. {Bot.) Genre de plantes dicotylédones , à fleurs complètes , monopétalées , irrégu- lières, de la famille des personnées, de la didjnamie angio- spermie de Linnseus ; offrant pour caractère essentiel : Un calice à cinq divisions égales; une corolle alongée, campa- nulée, à deux lèvres, la supérieure à deux lobes, l'infé- rieure à trois divisions, celle du milieu plus large; quatre éfamines didynames; les anthères à deux loges écartées; un ovaire supérieur; un style; un stigmate en tête; une capsule à deux loges polyspermes. Ce genre, établi par MM.de Humboldt et Bonpland, a des rapports avec le maurandia. La grande blancheur des feuilles a donné lieu à son nom, composé de deux mots grecs, leu- cos (blanc), phullos (feuilles). 11 renferme des arbrisseaux entièrement blancs et tomenteux , à feuilles alternes ; à fleurs axillaires, solitaires : on n'en cite qu'une seule espèce. Leucophylle ambigu : Leucophylliim ambiguum , Humb. et Bonpl., PL œquin., 2, pag. 96, tab. 109; Kunth in Humb., ISov. gen. , 2, pag. 061 ; Poir. , III. gen. , SuppL , Cent. 10. Arbrisseau de huit à quinze pieds , un peu tortueux , chargé de rameaux diffus, blancs et tomenteux, garnis vers leur extrémité de feuilles alternes, médiocrement pétiolées , ovales ou arrondies, à peine longues d'un pouce, très -en- tières, blanches et lomenteuses à leurs deux faces. Les fleurs sont solitaires, axillaires, à peine pédonculées ; le calice tomenteux, à cinq découpures lancéolées, aiguës; la corolle violette, trois fois plus longue que le calice; les étamines plus courtes que la corolle; les anthères à deux loges ovales, divei-gentes à leur extrémité inférieure; le style un peu arqué; le stigmate entier. Le fruit consiste en une capsule ovale, à deux loges séparées par un réceptacle central, chargé de semences nombreuses, fort petites. Cette plante croit à la Nouvelle-Espagne. (Poir.) LEUCOPHYTE, Leucophjta. {Bot.) Ce genre de planh 1rs. LEU iSq indiqué, en 1817, par M. Robert Brown, dans ses Observa- tions sur les Composées, appartient à l'ordre des synanthé- rées, à notre tribu naturelle des inulées, et à la section des inulées-gnaphaliées. Voici ses caractères, tels qu'ils résul- tent de nos propres observations. Calathide obîongue, obovoïde, incouronnée, équaliflore, triflore, régulariflore, androgyniflore. Péricline à peu près égal aux fleurs ; formé d'environ dix squames paucisériées , à peu près égales, appliquées, obovales-oblongues, membra- neuses-scarieuses, non colorées, coriaces dans le milieu de leur largeur, laineuses au sommet sur leur face externe. Clinanlhe ponctiforme et nu. Ovaires pédicellulés, obovoi- des, couverts de glandes; aigrette longue, égale à la corolle, blanche, composée de squamellules unisériées, égales, libres ou entregreffées à la base, filiformes-laminées , linéaires, flexueuses, nues à la base, garnies du reste sur les deux côtés de longues barbes épaisses. Corolles à cinq divisions. Anthères pourvues de longs appendices basilaires subulés. Styles de gnaphaliée. = Capitule globuleux, composé de ca- lathides nombreuses, sessiles. Involucre court, composé de bractées foliiformes , subunisériées, à peu près égales, ap- pliquées. Calathiphore conoïdal ou ovoïde, nu. Leucophyte de Brown; heucophjta Brownii, H. Cass. Ar- buste entièrement tomenteux et blanc ou blanchâtre. Tige ligneuse, haute d'un pied (dans l'échantillon incomplet que nous décrivons), très-rameuse, très-garnie de feuilles, ainsi que ses branches. Feuilles rapprochées, alternes, sessiles, dressées, longues de quatre lignes, larges de deux tiers de ligne, linéaires, obtuses,' un peu spatulées, très-entières, épaisses. Capitules terminaux, globuleux, ayant trois ou quatre lignes de diamètre. Corolles jaunes. Nous avons fait cette description spécifique, et celle des caractères génériques , sur plusieurs échantillons secs qui se trouvent dans l'herbier de M. de Jussieu. Ces écliantillons, recueillis sur la côte occidentale de la Nouvelle-Hollande, près le port du Roi George, et sur la côte australe, près le détroit de Bass, nous ont offert quelques différences: en ef- fet, il y a des échantillons qui sont verdàtres, au lieu d'être blancs ; il y en a dont les feuilles sont courtes, squaniiformes, ïSo LEU étiécies de bas en liaut; il y en a dont les feuilles sont dis- tantes les unes des autres. Si, comme nous le croyons, toutes ces différences ne constituent que de simples varié- tés, il faut en conclure que la Leucophjta Brownii est une espèce très-variable. M. Rob. Brovvn , dans ses Observations sur les Composées, après avoir parlé du genre Craspedia ou Ricliea , ajoute ce qui suit : «J'ai trouvé à la Nouvelle-Hollande un genre voi- « sin (Calocephaliis), qui diffère du Craspedia ou Richea « par l'absence des bractées, par les réceptacles partiels dé- « nues de paillettes, et parles rayons de Taigretle plumeux « seulement dans la partie supérieure. J'ai aussi un autre « genre (Leucoplijta) , de la même tribu et de la même vc contrée, qui diffère du Calocephalus , parce qu'il y a un « involùcre général composé d'un petit nombre de bractées « courtes, que les écailles des involucres partiels sont con- « caves et barbues au sommet , et que les rayons de l'aigrette -!c sont plumeux d'un bout à l'autre, comme dans le Craspe- er et coucher achroniques , ceux qui arrivent avec le coucher et le lever du soleil , c'est-à-dire , en ordre inverse. Ces derniers sont peu intéressans, puisque l'astre, enve- loppé alors dans les rayons du soleil , ne peut être aperçu. (L.C.) LEVIATHAN. (Mamm.) Nom d'un animal mentionné dans le livre de Job , et que des auteurs ont rapporté à quelque espèce de cétacé. Le fait est qu'on ne peut rien conclure de raisonnable, en fait d'histoire naturelle , des paroles vagues et insignifiantes de l'écrivain arabe. (F. C. ) LÉVIGAÏION. (Chiin.) Ancien mot qui désiguoit Topéra- tion par laquelle on réduit un corps dur en poudre très-fine, en le broyant sur un plan de porphyre. (Ch. ) LEVINA. (i5o/.) Adaiison donnoit ce nom au genre Prasium de Linnœus. (J. ) LEVISANUS. (Bot.) Petiver donnoit ce nom à un arbrisseau dont Linnœus a fait son brunia abrotanoides , et qu'x'Vdanson a nommé barreria, en lui attribuant cinq styles, que Linnœus réduit à un seul échancré. Linnœus nomme une autre espèce brunia levisanus. 11 avoit ensuite rapporté au même genre deux plantes, Irunia radiata et glulinosa, remarquables par la réu- nion de plusieurs fleurs dans un calice commun ou involucre, dont les écailles intérieures, plus longues et colorées, imitent les demi-fleurons d'une fleur radiée. Dabi les a séparées sous le nom de stavia, qui leur est resté, malgré Schreber, qui lui avoit substitué celui de levisanus. (J.) LÉVISILEX. [Min.) C'est encore un de ces noms dont De la Métherie (Journ. de phys. , tom. 55) a voulu surchar- ger la nomenclature de la minéralogie, sans motifs, comme si le nom de quarz nectique , donné avant lui par ]\I. Ilaiiy à la pierre légère, poreuse et entièrement siliceuse, qu'on trouve àSaint-Ouen près Paris et dans d'autres lieux, n'étoit passufli- sant et bon. 11 paroit cependant qu'il a abandonné ce nom dans Pédition de sa Minéralogie de i8i i. Voyez Silex nkcîiqi;e.(B.) LEVISTICUM. (Bof.) Brunsfels , Lobel et Morisondonnoient ce nom et celui de ligusticum aune ombellifère , qui est la li- vêche : c'est maintenant le ligusticum Ui'isticum de Linnaeus, que C. Bauhin regarde avec doute comme un des libanolis de Théophraste. (J.) î84 LEV LEVISTONA. (Bot.) Voyez LjvisroNE. ( Poir. ) LEVRATIN. (Ornilh.) On donne, en Piémont, ce nom et celui de levraseul au pluvier gris, qui est le vanneau suisse, Iringa heUetica, Lath., en habit d'hiver. (Ch. D.) LEVRAUT ( Mamw.), nom françois du jeune lièvre. (F. C.) LEVRE, Lahiuw. (EnLoin.) On nomme ainsi dans les in- sectes les pièces uniques et impaires qui ferment la bouche en devant et en arrière, du côté du front et de la ganache. La lèvre supérieure prend le plus souvent le nom de labre, lahrum , labium superius , et l'inférieure garde le nom de LKVRE, labium inferius. Nous avons décrit à l'article Bouche dans les insectes, et au mot Insecte, en parlant de la struc- ture, le mode d'articulation et la nature des mouvemens et des usages de ces parties : qu'il nous suiiise de rappeler ici, que les lèvres ne s'observent que dans les insectes mà- cheurs; qu'elles sont surtout très-distinctes dans quelques orthoptères, et particulièrement chez les grylliformes ; que la lèvre supérieure ne porte pas de palpes , et que Pinférieure en présente ordinairement deux; que celle-ci porte sur la ganache, qu'on nomme aussi le menton, et que la portion libre et la plus mobile se nomme quelquefois la languette (Ugula). (C. D.) LÈVRE DE VÉNUS {Bot.), un des noms vulgaires de la cardère cultivée. ( L. D.) LÈVRES. (Bot.) On donne ce nom au limbe des corolles labiées et personnées , parce qu'il se divise en deux lobes principaux, disposés de manière à former deux espèces de lèvres, Pune supérieure et Pautre inférieure, comme les lèvres des animaux (sauge, mufle de veau, etc.). (Mass.) LEVRETTE. {Enlom.) Geoffroy décrit sous le n.° i." une espèce de coléoptère de son genre Becmare ou Rhinomacre , qu'il est fort difficile de déterminer, soit comme un atté- labe, soit comme un anthribe : il est noir, avec les élytres striés, marqués de quatre lignes blanches formées par des poils. (CD.) LEVRETTE (Mamm.), nom de la femelle du chien lévrier. (F.C.) LEVRIER (Mamm.), nom que Pon donne à une race de Pespèce du chien, à cause de ses formes élancées et de sa LEY i85 légèreté, qui la rendent particulièrement propre à la chasse du lièvre; elle peut être aussi dressée à la chasse du loup. En effet, les lévriers sont très-musculeux , très-agiles, et leur mâchoire est très-forte. Ils attaquent le loup avec cou- rage, et le mettent en pièces; mais ils ne suivent point leur proie à la piste : sans avoir fodorat grossier, ils ne chassent qu'à la vue, qu'ils ont excellente; ils aperçoivent les objets dans le plus grand éloignement, et ils voient même très-dis- tinctement la nuit. Il est une variété du lévrier, très-petite, qui ne sert point à la chasse : ces petits chiens , remarquables par leur élé- gance et leur grâce, nommés plus particulièrement levrons , ne sont que des animaux de fantaisie. Voyez Chien. (F. C.) LEVRON {Mamm.), nom particulier des lévriers de petite race. (F. C.) LEVURE DE BIÈRE. {Chim.) Matière qui se sépare , pen- dant la fermentation du moût de bière , sous la forme d'écume ou de sédiment, et qui a la propriété de convertir le sucre en alcool. Elle est insoluble dans l'eau , et formée d'oxigène, d'azote, de carbone et d'hydrogène. Voyez Feraient et Fer- mentation ALCOOLIQUE, tom. XVI, pag. 440 et suivantes. (Ch.) LEWISIA. (Bot.) Ce genre a été établi par Pursh ( Trans. 'Linn. , vol. 11 , et Flor. Amer., 2, pag. 368) pour une plante de l'Amérique septentrionale, à laquelle il assigne pour caractère essentiel : Un calice raboteux , à sept ou neuf folioles; une corolle composée de quatorze à dix-huit pé- tales; un grand nombre d'étamincs insérées sur le réceptacle; un style ; une capsule à trois loges polyspermes; les semences luisantes. Cette plante appartient à la polyandrie monogynie de Linnseus. Pursh n'en a mentionné qu'une seule espèce, SBus le nom de lewisia redivu-a. (Foin.) LEYMOUN (Bot.), nom arabe du limon, citrus medica. (J.) LEYON. (Mamm.) Lion en suédois. (F. C. ) LEYSÈRE, Leysera. {Bot.) Ce genre de plantes appartient à Tordre des synanthérées , à notre tribu naturelle des inu- lées, et à la section des inulées-gnaphaliées. Voici ses carac- tères , tels que nous les avons observés sur la Lejsera gna- phalodes. Calathide radiée : disque muldflore , régulariflore , an- i86 LEY drogyniflore ; couronne subunisériée , liguliflore , féminî- flore. Périciine campanule , presque égal aux fleurs du disque: formé desquames nombreuses, muUisériées, régu- lièrement imbriquées, appliquées, ovales ou oblongucs, co- riaces , uninervées, vertes seulement auprès de la nervure, pourvues d'une bordure membraneuse, et d'un appendice confluent avec la bordure, inappliqué, membraneux-sca- rieux, incolore : l'appendice des squames extérieures ovale, obtus au sommet; l'appendice des squames intérieures ob- long, arrondi au sommet, roussàtre sur les bords. Clinanthe large, plan, pourvu d'une seule rangée circulaire de paléoles situées entre le disque et la couronne, courtes, inégales, irrégulières, laciniées , membraneuses , concaves en dehors, chaque paléole accompagnant intérieurement la base d'une fleur femelle. Fleurs du disque : ovaire longuement pédicel- lulé , long, grêle, cylindrique, glabriuscule ; aigrette com- posé de dix squamellules subunisériées , libres, dont cinq très-longues, arquées en dehors, un peu laminées et inap- pendiculées inférieurement , filiformes et barbées supérieu- rement, les cinq autres courtes, inégales, irrégulières, la- minées ou paléiformes, oblongues, variablement découpées, alternant avec les précédentes ; corolle à tube hérissé de poils spinuliformes ; anthères pourvues de longs appendices basi- laires; style de gnaphaliée , à stigmatophores comme tron- qués au sommet, qui est garni d'une toufTe de collecteurs. Fleurs de la couronne ; ovaire long , grêle , cylindrique , velu ; aigrette courte , stéphanoïde , divisée presque jusqu'à sa base en lanières inégales et irrégulières; corolle à tube hérissé de poils spinuliformes, à languette elliptique-oblongue , tri- dentée au sommet. Leysère faux-gnaphale ; Lej'sera gnaphalodes , Linn., Sp. , pl., cdit. 3, page 1249. Les tiges de l'individu que nous décri- vons sont hautes de dix pouces, peu épaisses, ligneuses, ra- meuses, plus ou moins tomenteuses et blanchâtres, entière- ment couvertes depuis la base, ainsi que les rameaux, de feuilles très-rapprochées ; chaque tige ou branche se ramifie autour de la base du pédoncule qui la termine. Les feuilles sont alternes, sessiles, longues de neuf lignes , extrêmement étroites, presque filiformes, linéaires, un peu charnues, LE Y 187 iiiiinervces, blanchâtres et laineuses dans leur jeunesse, ci- liées sur les bords et velues en dessous dans un âge avancé. Chaque tige ou branche se termine par un pédoncule nu, long d"un à deux pouces, très-grêle, roide , un peu tor- tueux , rougeâtre ou brun , un peu laineux , portant au sommet une calathide solitaire, haute de quatre à cinq lignes, large de huit à neuf lignes, et composée de fleurs jaunes; son disque est large de près de cinq lignes; les lan- guettes formant sa couronne sont longues de deux à trois lignes , et pâles en-dessous. Nous avons fait cette description spécifique , et celle des caractères génériques , sur un individu vivant , cultivé au Jardin du Roi, où il fleurissoit vers la fin du mois d'Août. Ce petit arbuste est indigène au cap de Bonne-Espérance. La Leysera gnaphalodes étoit confondue par Tournefort dans son genre Aster. Vaillant, toujours plus exact, a con- sidéré cette espèce comme le type d'un genre particulier, qu'il a nommé Asteropterus , et qui , selon lui , ne diffère des genres Aster et Initia que par les aigrettes plumeuses. Linnaeus, en adoptant le genre de Vaillant, a eu le tort de changer son nom en celui de Lejsera ; mais il a décrit les caractères génériques bien plus complètement et plus exactement que Vaillant ne l'avoit fait. Linnaeus n'admettoit alors dans ce genre que la Leysera gnaphalodes. Burmann décrivit ensuite une seconde espèce , dont il crut pouvoir faire un genre nouveau , sous le titre de Callicornia , mais que Linnaeus réunit avec raison au genre Lejsera, en la nommant hejsera calli- cornia. Enfin , Linnaeus ajouta encore au genre Lejsera une troisième espèce, nommée Lejsera paleacea , mais qui n'est point du tout congénère des deux autres, et qui est deve- nue l'une des espèces composant le genre Relhania de l'Hé- ritier. Adanson avoit déjà voulu rendre au genre Lejsei-a son ancien nom d^ Asteropterus. Gsertner, ayant le même désir, nomme aussi Asteropterus le vrai genre Lejsera deLinnœus, et il applique exclusivement le nom générique de Lejsera à la Lejsera paleacea dont nous avons déjà parlé. Cet arrangement ne nous paroît pas admissible , 1.° parce que, malgré la jus- tice qui sembleroit souvent l'exiger , Lancienne nomen- clature ne peut plus être substituée à la nomenclature lin- 188 LEY néenne , sans de trop graves inconvéniens ; 2." parce que la Leysera paleacea fait partie du genre Rdhania de l'Héri- tier, publié avant l'ouvrage de Gasrtner, et que celui-ci a mal à propos divisé en deux genres , nommés Leysera et Eclopes. Neckcr, dont l'ouvrage a été publié en même temps que celui de Ga?rtner , conserve le nom de Lejsera aux vrais Lejysera deLinnspiis, et il nomme MichauxialaLejscrapaleQcea, qui est une Relhania de l'Héritier et la. Lejsera de Gaertner. Tliunberg a introduit plusieurs nouvelles espèces dans le genre Lejsera de Linnaeus ; mais ce botaniste , en général peu exact , mérite ici d'autant moins de confiance qu'il attribue au Lej- sera une plante connue depuis long-temps, qui n'a point du tout les caractères de ce genre , et dont M. De Candolle a fait son genre Syncarpha. Nous ne pouvons donc jusqu'à présent rapporter avec certitude au vrai genre Leysera que deux espèces, savoir: 1.° la Lejsera gnaphalodes , qui est le type primitif du genre, et que nous avons observée nous- mémc ; 2.° la Lejsera callicornia , que nous n'avons point vue, mais dont les caractères génériques ont été décrits et figurés par l'excellent observateur Gaertner , qui cependant n'a pas clairement exprimé, dans la description ni dans la figure , la véritable disposition des paléoles du clinanthe. Nous connoisso'is une troisième espèce de Lejsera; c'est le gnaphalium lejseroides de M. Desfontaines , qui seroit très- bien nommé Lejsera discoidea. Mais nous avons cru pouvoir considérer cette plante comme le type d'un sous-genre par- ticulier, nommé Lepfophjtus , et appartenant au genre Lej- sera. Nous renvoyons sur ce point le lecteur à notre article Leptophyte , dans lequel il trouvera de plus quelques remar- ques, que nous ne répétons pas ici , concernant les paléoles du clinanthe. Les Lejsera et Leptophjtus ont de l'affinité avec nos Pha- gnalon ; néanmoins, d'autres considérations prépondérantes nous ont forcé de les éloigner un peu de ce dernier genre , dans notre tableau des Inulées-gnaphaliées (tom. XXIII, p. 56o), où le genre Lejsera se trouve au centre d'un petit groupe naturel, caractérisé par la structure de l'aigrette. Le genre Lejsera appartient aux corymbifères de M. de Jussieu , et à la syngénésie polygamie superflue de Linnaeus. LEZ 189 Nous ignorons l'étymologie de ce nom générique. Celui A'As- leropterus vouloit dire Aster à plumes, parce que Vaillant croyoit que ce genre étoit immédiatement voisin de ïAster, et qu'il n'en différoil que par l'aigrette plumeuse ; ce qui est une erreur sur les alïïnités , car V Aster et le Lejsera ne sont point de la même tribu naturelle. (H. C\ss.) LEYTUN. (Bot.) Rumph cite sous ce nom un arbre des Mo- luques qui a le port et le fruit d'un laurier , et qu'il nomme pour cette raison lauraster ; mais, comme il ne décrit pas la fleur, on ne peut déterminer son genre avec certitude. (J.) LÉZARD , Lacerta. (Erpétol.) On donne ce nom à un genre de reptiles sauriens, de la famille des eumérodes de M. Du- méril , et de celle des lacertiens de M. Cuvier. On reconnoit les animaux qui le composent aux caractères suivans : Langue mince , extensible , terminée en deux longs Jilets ; pa- lais armé de deux rangées de dents ; un collier sous le cou , formé par une rangée transversale de larges écailles, séparées de celles du ventre par un espace où il n'y en a que de petites comme sous la gorge; corps alongé , sans ailes; pas de goitre; tous les pieds munis de cinq doigts armés d'ongles, non opposables, séparés, arrondis, inégaux; écailles disposées par bandes parallèles et trans- versales sous le ventre et autour de la queue, qui est au moins aussi longue que le corps , grosse, cylindrique, sans crête ni carène en- dessus; anus en fente transversale; une partie des os du crâne s'avançant sur les tempes et sur les orbites , en sorte que tout le dessus de la tête est muni d'un bouclier osseux, ou couvert de grandes écailles : tympan àjleur de tête et membraneux ; paupière d^une seule pièce, fendue longitudinalement et formée par un sphincter; sous chaque cuisse, une rangée de peti's grains ou de tubercules formés d'écaillés, rudes au toucher et poreux; des pla- ques transversales sous le ventre; des écailles carénées, mais non imbriquées sur le dos. A l'aide de ces notes et du tableau que nous avons donné à l'article Eumérodes, on distinguera facilement les lézards proprement dits des Tachydromes , qui n'ont point une rangée de pores sous chaque cuisse; des Caméléons, dont les doigts sont opposables; des Anolis et des Geckos, qui ont les doigts aplatis en-dessous; des Agames qui, au lieu de plaques, ont des écailles sur la tête; des Dkagons , qui ont les flancs ^9° LEZ garnis d'ailes; des Iguanes, qui ont un goitre dentelé sous la gorge; des Améiva et des Sauvegardes, qui n'ont point sous celle-ci un collier d'écaillés ; des Monitors et des Dra- GONEs, qui ont le palais sans dents; des Stellions et des Cor- DYLEs, qui ont la queue épineuse; des Basilics et des Lophyres. qui ont une crête sur la queue. (Voyez ces différens mots , qui indiquent des genres dont la plupart rentrent dans celui des Lézards de Linnaeus; voyez aussi Eu méro des, Erpétologie, Rep- tiles et Sauriens. ) La queue des lézards est composée d'articulations qui se séparent au moindre effort, et est susceptible de se repro- duire lorsqu'elle a été rompue par quelque violence exté- rieure ; phénomène que nous ferons connoître en détail aux articles Reptiles et Sauriens, en traitant de l'organisation de ces animaux. Tous ont la vie très-dure, et peuvent passer un long temps sans manger. Il paroît aussi prouvé qu'ils vivent un grand nombre d'an- nées. Aucun d'eux n'est venimeux ; mais il en est plusieurs qui mordent avec violence quand on les attaque. Les lézards sont très-nombreux , et habitent les diverses parties des deux continens , se plaisant à peu près également dans les régions chaudes et dans les contrées tempérées. Leurs mouvemens sont vifs et légers , et ils s'engourdissent durant l'hiver au fond de leurs retraites. Ils sont monogames et ne vivent que par paires. Jamais ils ne vont dans l'eau, comme plusieurs autres reptiles appartenant, comme eux, à l'ordre des sauriens. Le genre des lézards est loin de renfermer aujourd'hui toutes les espèces que Linnaeus et la plupart des auteurs sys- tématiques y ont fait entrer. Laurenti , le premier, mais sans beaucoup de succès, a tenté de le réformer ; entre[)rise qu'ont plus heureusement exécutée nos contemporains, MM. de Lacépède, Alexandre Brongniart , Cuvier , Daudin , Du- méril, etc., dont les travaux nous guideront dans la rédac- tion de cet article. Notre pays en fournit plusieurs espèces, qui paroissent avoir été confondues par Linnseus sous le nom deLacerfa agilis. LEZ 191 Nous citerons, parmi les lézards indigènes ou exotiques, les espèces suivantes. Le GRAND l.tzARD VERT OCELLÉ; 1 Mcerta occUata , Daudin, tom. III, pi. XXXIII. Dos, dessus du cou et des membres, noirs, parsemés de lignes en zigzag, de points et de petits cercles d'un beau vert et irrégulièrement disposés; ventre d'un jaune clair, sans taches; flancs verts, luisans , avec huit à dix bandes transversales noirâtres et doubles ; corps et membres gros et trapus; doigts courts; ongles pe- tits; quinze grains poreux, brunâtres et assez volumineux sous chaque cuisse : taille d'un pied à dix-huit pouces. Ce reptile est un des plus brillans, des plus éclatans de ceux de l'ordre des sauriens; il est d'ailleurs le plus gros des lézards connus. On le trouve dans le Midi de la France, dans l'Espagne, l'Italie et les autres contrées méridionales de l'Europe, dans les lieux arides, parmi les rochers exposés au soleil et sur la lisière des bois. Nombre de fois , autour de Montpellier, je l'ai vu fréquenter les buissons et les haies, grimper même sur les arbustes, sur les grosses pierres, pour y faire la chasse aux insectes. Notre collaborateur , M. Poiret, l'a rencontré plusieurs fois en Afrique, vers les bords de la Méditerranée. Il paroit que ce n'est pas seulement dans les climats chauds qu'on trouve ce saurien. Selon Ray et Linna-us, il habite aussi des contrées fort septentrionales , comme la Suède et le Kamtschatka. Dans ce dernier pays même il inspire l'effroi , et passe pour un envoyé des puissances in- fernales, ainsi que Cook a pu s'en convaincre pendant son séjour dans cette contrée reculée. On assure que ce reptile ne se nourrit pas seulement d'in- sectes, mais qu'il avale aussi des grenouilles, des souris, des musaraignes et d'autres petits animaux vertébrés. Il re- cherche les vers, se jette avec avidité sur la salive que l'on vient de cracher, et s'empare également des œufs des passe- reaux. M. Poiret a trouvé dans Pestomac d'un lézard vert, qu'il a disséqué sur les côtes de l'ancienne Numidie, un petit lézard tout entier. Suivant M. de Lacépède , on le voit même souvent atta- quer des serpens ; mais il ne sort que bien rarement vain- '92 LEZ queur de ce combat. Il n"a point l'air de redouter beaucoup la présence de l'homme, et, en Languedoc, j'en ai vu un mordre avec une sorte d'acharnement le bout d'un bâton avec lequel je le harcelois. 11 ne court pas seulement avec vitesse, il saute aussi très-haut, et, plus hardi que le lézard gris, il se défend contre les chiens qui l'attaquent, se jetant à leur museau, et aimant mieux se laisser tuer que de lâcher prise. C'est à tort, au reste, qu'on a regardé les morsures du lézard vert comme venimeuses et mortelles. Laurenti a fait a cet égard des expériences tout-à-fait concluantes. Si l'on en croit Gesner, les Africains mangent la chair des lézards verts , que la plupart des naturalistes ont d'ail- leurs regardés comme une variété du lacerta agilis de Linnœus. MM. de Lacépède et Latreille, les premiers, ont su les en distinguer. Le Lézard vert piqueté : Lacerta viridis , Daudin , III, pi. 34 ; Seps varias, Laur. Teinte générale d'un beau vert brillant; dessus du cou, du corps, de la base de la queue, des mem- bres et même des flancs, couvert d'un nombre égal de petites écailles vertes et d'un noir brunâtre , toutes mélangées sans aucun ordre entre elles et disposées sur des lignes transver- sales ; joues et crâne couverts de plaques brunâtres, mar- quées chacune d'un à trois points d'un vert clair ; une grande partie de la queue d'un gris légèrement brunâtre ; quinze ou seize grains poreux sous chaque cuisse et disposés sur une série longitudinale : taille de huit à neuf pouces au plus. Le lézard vert piqueté se rencontre dans toutes les parties tempérées de l'Europe. 11 fréquente les bois peu élevés et exposés au soleil. Laurenti en a fait un seps, sous le nom de seps varias , et M. Latreille le considère comme une variété de son lézard vert. Le Lézard vert de la Jamaïque ; Lacerta jawaicensis , Daud. Tête, jambes, flancs et dessous du corps d'un beau vert; tout le dos jusqu'à la base de la queue brunâtre, avec un réseau large , irrégulier, jaunâtre et marqué d'un point jaune au milieu de chaque maille ; sur chaque flanc deux rangées longitudinales de taches ovales d'un beau bleu clair, entou- rées par une teinte noirâtre; queue d'un brun verdàtre - langue noire et très-fourchue : taille d'environ un pied. LEZ 193 George Edwards, dans l'ouvrage sur l'histoire naturelle desoiseaux (pi. 1)02) , a figuré ce lézard , qui a les plus grands rapports avec l'améiva par la forme de sa tête et de son corps, et qu'il a vu vivant à Londres, où il avoit été ap- porté de la Jamaïque. Dans son Gazophjllacium (pi. ()2, fig. 1) Pétiver l'a également représenté, mais sous le nom de lézard de Gibraltar. Le Lézard vert a deux raies; Lacerta bilineala , Dnudin, Queue deux fois aussi longue que le reste du corps . qua- drangulaire à sa base, ensuite cylindrique, et composée de quatre-vingt-seize anneaux formés d'écaillés carénées, carrées et oblongufs; taille svelte ; tête amincie; teinte générale d'un beau vert brillant, plus clair sous le ve.'itre et uiême un peu bleuâtre sur la gorge; de chaque crtté du corps et de la base de la queue, une ligne longitudinale blanche, bordée en-dessus de taches brunes presque contigiiës entre elles; plusieurs autres petites taches brunes, irrégnîières et transversales, et une rangée longitudinale de points blancs écartés sur les côtés du cou et les flancs; treize ou quatorze grains poreux sous chaque cuisse : taille de neuf pouces en- viron. Ce saurien a été trotivé aux environs de Paris par M. Alexandre Brongniart ; M. Latreille paroit l'avoir regardé comme une variété du lézard vert. Le Lézard DES SOUCHES , Laceria5^jfpi«/n, Daudin, III, jil. 35, fig. 2. Dessus de la tête couvert de onze plaques écaiJieuses à quatre ou cinq angles; des plaques plus petites sur les joues et autour des mâchoires; museau court et obtus : écailles de la nuque, du dos et du dessus des membres pe- tites, hexagonales ou arrondies et comme réticulées; sous chaque cuisse, une rangée de quatorze grains rudes, roussà- trcs et rapprochés; anus très - fendu ; queue cylindrique, verticillée ou annelée , pointue et un peu plus longue que le reste de l'animal ; ongles pointus : taille de six pouces. Ce lézard habite dans les bois, sous les souches, en l'rance et en Allemagne. Il est assez commun, en particulier, dans les bois de Boulogne et de Vincennes près Paris. Il a le dessus de la tête, le dos et la queue bruns, avec les flancs et le ventre d'un vert clair; les côtés du dos et de la queue cen- 26. i3 Î94 LEZ drés et marqués de quelques points blanchâtres; sur chaque flanc, deux rangées longitudinales de taches noirâtres, mar- quées d'un point blanc et comme ocellées; toutes les écailles du dessous du corps et de la queue marquées d'un point noir. Il est très-agile, peu craintif, et se glisse parmi les feuilles sèches lorsqu'on veut le prendre. Pendant les jours les plus chauds du printemps et de l'été, il quitte sa retraite et va se promener au soleil, faisant la chasse aux moucherons, aux fourmis et aux autres petits insectes. Il vit ordinairement par paires. Presque tous les naturalistes ont regardé le lézard des sou- ches comme une variété du lacerta agilis de Linnaeus, et M. Latreille en a fait une variété du lézard vert de M. de Lacépcde. Il paroit assez que c'est celui qui a été décrit par Séba ( tcm. i , tab. 97, fig. 1 ) sous les noms de laletec et de tamacoUn de la Nouvelle-Espagne. M. Ruiz de Xelva a trouvé dans les bois de la Toscane une variété de ce reptile qui ne diffère de celui des en- virons de Paris que par sa taille un peu plus grande , et par la couleur de son ventre et de ses flancs, qui sont d'un vert plus vif et dépourvus de points noirs. Auprès de Paris il en existe encore une autre variété, ayant seize tubercules calleux sous chaque cuisse, le dos d'un vert bleuâtre, avec des lignes blanches longitudinales et des taches noirâtres. Razoumowski . dans son Histoire naturelle du Jorat, en a décrit une troisième, qui vient de Suisse, et qui a le dessous de la queue couleur de chair; les côtés du corps verts, ta- chés de noir; une bande de taches brunes le long du dos et de la queue. Enfin, Daiidin en a pris, dans le bois de Boulogne, une quatrième variété, dont le dos est entièrement d'un roux brunâtre et sans taches, et qui est évidemment, selon lui; le même animal que le seps rouge de Laurenti. Le Lézard verdelet; ÎMcerta viridula. Latreille. Dessus de la tête couvert de sept plaques: corps d'un vert clair en- dessus, tirant sur le jaune en-dessous ; queue verticillée, trois fois plus longue que le corps et à extrémité noire : taille de cinq pouces, en y comprenant la queue. LEZ 195 Ce lézard ressemble beaucoup par sa forme au lézard des souches. Il a été découvert, par le naturaliste espagnol Ruiz de Xelva , dans la partie du Mexique la plus voisine de l'isthme de Panama, où il vit dans les fentes des rochers et au milieu des tas de pierres près des bois. On peut distinguer le mâle à une tache orangée, entourée de noirâtre, qu'il porte sur l'occiput et le cou. Le Lézard tiliguerta; Lacerta tiliguerta, Gmelin. D'un vert éclatant, relevé par des taches noires et par des raies de la même couleur qui s'étendent le long du dos; queue deux fois aussi longue que le corps et verticillée : longueur totale de sept à huit pouces. Ce saurien n'a été décrit encore d'après nature que par le naturaliste Cetti. On le trouve en tout temps parmi les gazons, dans les champs et sur les murs en Sardaigne, où on le connoît sous les noms de liliguerta et de cali-certulu. M. de Lacépède regarde le tiliguerta plutôt comme une simple variété du lézard vert ocellé que comme une espèce distincte, et M. Cuvier pense qu'il n'est qu'un mélanî^e d'un améiva d'Amérique avec le lézard vert de Saruaii^ne, mal décrit par Cetti. Le Lézakd des buissons ; Lacerta dume'ormn. Dandiu. Tête alongée en pyramide à quatre faces; museau obtus; yeux un peu saillans ; écailles du collier faisant de petites dentelures en scie; anus recouvert en devant par trois écailles demi- circulaires, imbriquées latéralement l'une sur l'autre ; queue à peine aussi longue que le reste du corps; onze tubercules poreux sous chaque cuisse .- taille de quatre à cinq youces. Ce lézard, d'un beau vert clair et brillant en-dessus, est d'un gris d'acier en-dessous. 11 a le dessus du cou et de la queue, ainsi que son collier écailleux, d'un beau violet à reflets bleus. Sa forme svelte et agréable se rapproche de celle du lézard des souches. 11 vient de Surinam, d'où il a été envoyé à Daudin par le médecin Marin de Bèze. Le Léz\rd yéloce; Lacerta velox , Pallas. Cendré en-dessus, avec cinq lignes longitudinales un peu plus pâles, nuliingées de petits atomes bruns et nombreux; ligne du milieu moins prolongée que les autres; sur les flancs, des taches noires. Î96 LEZ longitudinales, assez grandes, et des points d'un bleuâtre lui- sant ; des auréoles arrondies et paies sur les pieds postérieurs. Ce lézard est beaucoup plus petit et plus mince que le lézard gris, auquel il ressemble d'ailleurs beaucoup. Pallas, le premier, nous l'a fait connoitre, et nous apprend qu'il vit parmi les rochers autour du lac Juderskoï et dans les lieux les plus chauds du désert voisin. 11 y est vagabond , et a la vi- tesse d'une flèche. M. Marcel de Serres croit l'avoir trouvé dans les environs de Montpellier. M. de Lacépède le regarde comme une simple variété du lézard gris, et M. Latreille le place à côté du tiliguerta de Sardaigne. Le LézARD BosQUiEN ; Laceria Boslciana . Daudin , III, pi. 56, fig. 2. Vingt grains poreux sous chaque cuisse, où ils sont disposés sur un seul rang; queue deux lois au moins aussi longue que le corps : longueur totale de trois à quatre pouces. M. Bosc a reçu ce saurien de l'ile de Saint-Domingue; c'est lui qui l'a communiqué à Daudin. M. Cuvier pense qu'il faut le rapporter au lézard véloce de Pallas. Le Lézard teyou ; Laceiia tejou , Daudin. Museau un peu aminci et recourbé; cinq doigts aux pieds de devant, quatre seulement à ceux de derrière; ongles forts et aigus, côtés et dessus de la tête d'un vert terne ; une raie verte le long de la partie moyenne du dos qui est violet, et qui présente de chaque côté six autres lignes blanches ; jambes violettes ; ventre d'un blanc argentin : taille de neuf à dix pouces. Félix d'Azara prétend que ce saurien est commun entre les buissons et les chacras du Paraguay, où on le nomme téyoïi hobi , ce qui signifie lézard vert. 11 se cache dans les trous pendant l'hiver , et court du reste avec une grande vélocité. Le Lézard du désert ; Lacerta deserti, Gmelin. Noir en- dessus, avec six lignes ou bandes blanches, longitudinales, un peu en zigzag et interrompues; venfre blanc sans taches; tête et mâchoires couvertes de plaques: longueur totale de deux pouces et demi. IvanLépéchin a trouvé ce lézard dans le Pérémiot en Russie. Le Lézard gentil; Lacerta lepida, Daudin, III, pi. 5i, fig. i. LEZ 197 Des points blancs et ronds, larges comme une tête d'épingle, et disposés au nombre de huit à douze sur neuf ou di)c bandes noires étroites, transversales, irrégulières et placées sur le cou et le corps; couleur principale d'un bleu verdàtre , légèrement ardoisé et très-luisant; ventre d'un blanc légère- ment verdàtre; un point noir sur la paupière supérieure; quatorze grains poreux sous chaque cuisse; queue verticillée et un peu plus longue que le reste de l'animal : taille de trois pouces environ. M. Marcel de Serres a découvert ce lézard aux environs de Montpellier, où on le nomme pefi^ langrola. Il a, par sa forme et par sa taille, beaucoup de ressem- blance avec le lézard gris des murailles ; sa tête est seulement un peu plus grosse et son corps plus cylindrique. Le Lézard TACHETÉ ; Lacerta maculata, Daudin. Tête courte , museau aminci ; dessus du corps et des membres d'un noir bleuâtre foncé, marqué d'un grand nombre de petites taches arrondies, violettes sur le dos ou d'un gris verdàtre sur les flancs ; queue verticillée, une fois et demie aussi longue que le corps, bleuâtre, ardoisée, avec quelques petites taches noires à sa base en-dessus; dessous du corps, des membres et de la queue d'un blanc assez pur ; vingt-deux grains poreux sur un seul rang sous chaque cuisse : taille de cinq pouces. M. Bosc a trouvé en Espagne ce lézard , qu'il a regardé comme une simple variété du lacerta agilis de Linnaeus, et que M. Cuvier considère comme n'étant peut-être aussi qu'une variété de l'espèce précédente. Le Lézard gris des murailles ; Lacerta agilis, Linnaeus. Tête triangulaire, déprimée; museau obtus; mâchoires armées de petites dents fines, un peu crochues et tournées vers le gosier; cou presque aussi gros que le corps et , de même que celui-ci, aplati sur ses quatre côtés; queue cylindrique, ver- ticillée , prolongée en pointe et un peu plus longue que le reste de l'animal ; écailles de la partie supérieure et des flancs très-petites, hexagonales, non imbriquées et carrelées ; dix-sept tubercules poreux sous chaque cuisse ; ongles recour- bés ; six rangs de plaques sous le ventre. Ce saurien a le dessus de la tête d'un gris cendré ; il en est de même du dos, qui est en outre régulièrement marqué ^96 LEZ de points et de traits brunâtres. Il présente sr.r les flancs, depuis l'angle postérieur de chaque œil jusqu'à la base des cuisses, une large bande brune, formée de traits réticulés et finement dentelée sur ses bords, qui sont blanchâtres ; son ventre et le dessous de sa queue sont d'un blanc luisant verdàtrc , et quelquefois piquetés de noir. Sa taille est de cinq à six pouces. Le lézard gris des murailles est le reptile saurien le plus commun en France et dans tontes les parties tempérées de l'Europe, où il habite les murs des jardins, sur lesquels il grimpe avec une agilité surprenante. On le trouve aussi dans mie partie de l'Asie et de l'Afrique. Il se nourrit de mouches, de fourmis et d'autres insectes. La vivacité de ses mouvemens, la grâce de sa démarche rapide, sa forme agréable et déliée, le font généralement re- marquer. Il est susceptible de s'apprivoiser, et beaucoup de personnes le considèrent comme l'ami de L'homme. 11 est tellement commun aux environs de Vienne en Au- triche, qu'il pourroit, dit Laurcnti , servir, durant tout l'été, à la nourriture d'un grand nombre de pauvres : car sa cliair, saine et appétissante , suivant cet observateur, pourroit être cuite ou frite, comme celle des petits poissons. Autrefois on a aussi beaucoup vanté les propriétés de cette chair contre les maladies cutanées et lymphatiques, contre les cancers, la syphilis , etc.; mais l'usage en est aujourd'hui abandonné sous ce rap])ort. Cet animal passe l'hiver au fond de sa retraite dans un état d'engourdissement, et s'accouple dès les premiers beaux jours du printemps. Il est monogame et ne vit que par paires. Le mâle et la femelle demeurent dans une parfaite union pen- dant plusieurs années, se partageant l'arrangement du mé- nage, le soin de faire éclore des œufs nombi-eux, de les porter au soleil, de les mettre à l'abri du froid et de l'hu- midité. Ces œufs sont, du reste, arrondis, du diamètre de trois à quatre lignes et recouverts d'une enveloppe calcaire. Le lézard gris des murailles est sujet à varier dans ses cou- leurs, suivant Tàge , le sexe, et surtout le pays qu'il habite, ce qui n'a rien d'étonnant , puisqu'on le rencontre à la fois dans le Nord et dans le Midi de l'Europe. LEZ 19g Le Lézaîid de Brongniart ; Lacerta Brongniarlii , Daudin. D'un cendré bleu-clair en-dessus, presque blaiicluMie en- dessous ; de pelites taches noires, oblongues, irrégulicres sur le dos et la base de la queue ; un gros point noir arrondi sur chacune des plaques latérales du ventre; trois rangées longitudinales de petites taches noires à la région supérieure de chaque flanc ; dix-huit grains poreux sous chaque cuisse ; queue un peu plus longue que le reste du corps. Cet animal a été découvert à Fontainebleau par M. Alexan- dre Brongniart. Le LiizARD soyeux: Lacerta sericea , Daudin; Seps sericeus, Laurenti. Queue deux fois aussi longue que le corps, cylin- drique et très-amincie ; occiput dépourvu d'écaillés; thorax garni d'une peau très- mince et légèrement écailleuse ; dos d'un brun foncé; collier et ventre rougeàfres, avec des reflets \erts ou argentins , comme ceux des étolTes de soie; dix-huit grains poreux, sur deux rangs, sous chaque cuisse : taille de trois pouces et demi. Ce saurien a été découvert par Laurenti, en Allemagne, dans des tas de pierres auprès des eaux. M. Brongniart l'a retrouvé depuis s«r les Pyrénées. La description de Laurenti est du reste assez inexacte pour que son seps sericeus nous paroisse encore une espèce dou- teuse. Le Lézard arénicole: Lacerta arenicola , Daudin; Seps cœ- riilescens, Laurenti; Lacertus pardiis , Razoumowski. Tête en pyramide à quatre faces régulières; quinze grains poreux sous chaque cuisse ; queue verticillée , deux fois plus longue que le reste de l'animal ; teinte générale d'un gris jaunâtre uniforme, plus pâle et sans taches sous la tête, le corps et la queue, plus foncé et brunâtre en-dessus, avec une double rangée longitudinale de petites taches brunes bordées de blanc jaunâtre sur le dos et la base de la queue, et une rangée de points blanchâtres sur chaque flanc: taille de six à sept pouces. Ce lézard vit en Europe, loin des lieux habités, au fond des hois, dans des trous assez profonds qu'il se creuse dans le sable durci. Il est assez commun aux environs de Paris, de Vienne en Autriche , et de Lausanne. 200 LEZ Le lézard arénicole est très- vif, très -alerte, très-sauvage et difficile à apprivoiser; le moindre bruit l'épouvante, et lorsqu'il est poursuivi, il cherche à mordre. Il se nourrit principalement de fourmis. La femelle pond jusqu'à seize oeufs blancs dans un trou particulier. Le Lézard de Lai;renti : LacerLa Laurentii , Daurlin ; Seps argus, Laurenti. D'un cendré brunâtre, avec de petites taches ocellées , jaunes dans le centre et noires à la circon- férence ; qaeue verticillée , un peu plus longue que le reste de l'animal : longueur totale de trois pouces seulement. Ce reptile est le plus petit des lézards connus; il a , par sa forme et par ses habitudes, beaucoup d'analogie avec le lé- zard gril, ordinaire -, de même que lui , il grimpe sur les mu- railles verticales et est très-familier. Cette espèce est encore douteuse et réclame une descrip- tion plus exacte que celle que nous en avons. 11 en est de même de la suivante. Le Lézard brun : Lacerfa fusca , Daudin ; Seps terrestris , Laurenti. Queue verticillée , couverte en-dessous décailles aiguës et en-dessus d'écaillés linéaires; corps alongé; forme élancée; toutes les parties supérieures d'une couleur brune, plus pâle sur les flancs; ventre d'un blanc jaunâtre ; collier nacré: au - dessus de chaque flanc une rangée longitudinale de taches noires, comme efTacées. Le lézard brun est très -agile, et d"un naturel craintif et farouche. On le trouve en Allemagne, dans les terrains plats et pierreux. (H. C. ) LÉZARD AMÉIVA. (Erpétol.) Voyez Monitor et Sauve- garde. (H. C. ) LEZARD ARGUS D'AMÉRIQUE. (Erpef. ) Daudin , d'après Séba , a décrit sous ce nom un reptile qui n'est que le mo- jiitor cépédien. Voyez Momtor. (H. C.) LÉZARD DRAGON. (Erpét.) Voyez Dragon. (H. C.) LÉZARD D'EAU. (Erpét.) Voyez Salamandre. (H. C.) LÉZARD ÉCAILLEUX. {Marnm.) Nom par lequel on a quelquefois «îésigné les pangolins. (F. C. ) LÉZARD EXANTHEME. (Erpef.) Voyez Tupinambis. (H. C.) LÉZARD GALONNÉ, Laccrta Icmniscata. (Erpét.) Voyez Monitor et Sauvegarbe. (H. C. ) LEZ 20I ' LÉZARD GOITREUX. (Erpét.) Voyez Anous et Lkzarp VKRT A TRAITS NOIRS. (H. C ) LÉZARD GRAPHIQUE. {Erpélol.) Le reptile décrit par Daudin sous ce nom est le monitor piqueté. Voyez Monitor. (H. G.) LÉZARD DE MER. {Ichthyol.) Un des noms vulgaires du callionyme dragouneau. Voyez Caf.uonyme; voyez, aussi Llope et Saure. (H. G.) LÉZx\RD A GINO RAIES. (Erpét.) Le reptile décrit par Daudin sous ce nom est un améiva. Voyez Monitor et Sau- vegarde. ( H. G.) LÉZARD A six RATES. (Erpét.) Ce reptile, figuré dans Gatesby , est un Seps. Voyez ce mot. (H. G.) LÉZARD TARAGUIRA. (Erpét.) Voyez Marbré. (H. G.) LÉZARD TEGUIXIN. (Erpét.) Voyez Sauvegarde. (H.G.) LÉZARD A TÊTE BLEUE, Lacerta caruleocephala. (Erpét.) G'est encore un améiva. Voyez Monitor et Sauvegarde. (H. G.) LÉZARD TUPINAMBIS. (Erpét.) Voyez Monitor. (H. G.) LÉZARD VERT A TRAITS NOIRS , Lacerta litterata. (Erpét.) Daudin, sous ce nom, a décrit , comme venant d'Allemagne, un reptile d'Amérique qui est un améiva, et qui ne diffère nullement de son lézard goitreux. Voyez Monitor et Sauve- garde. (H. G.) LÉZARDE. (Erpét.) Nom vulgaire de la femelle du lézard. (H.G.) LÉZARDELLE, Saururus. (Bot.) Genre de plantes mono- cotylédones, à fleurs incomplètes, de la famille des sawrt/rees, de Vheptandrie tétragjnie de Linnaeus; offrant pour caractère essentiel .- Un chaton en forme d'épi, garni d'écaillés à une seule fleur ; point de corolle ; six ou sept étamines sous chaque écaille : quatre ovaires surmontés de quatre stig- mates sessiles , adnés vers le sommet des ovaires à leur côté intérieur; quatre baies nionospermes. Lézardelle inclinée : Saururus cernuus , Linn.; Lamk., IlL geri. , tab. 276; Pluken. , Almag., tab. 117, fig. 5 et 4 ; l\'at- tuschliia aquatica, Walth., Carol. , 129. Plante aquatique, dont les racines sont fibreuses, très-traçantes , qui produi- sent plusieurs liges redressées , grêles, herbacées, longues d'un à deux pieds, un peu anguleuses, flexueuses, légère- 202 LEZ ment velues vers leur sommet ; les feuilles sont alternes , pé- tiolées , ovales en cœur, glabres, vertes, un peu velues sur leurs nervures; leur pétiole presque ailé ou membraneux, embrassant la tige par sa base; les fleurs sont disposées en un chaton ou épi pédoncule, solitaire, axillaire , long de six à sept pouces, cylindrique, un peu subulé, courbé vers son sommet , chargé d'un grand nombre de petites fleurs sessiles d'un blanc jaunâtre ; à étamines saillantes. Il n'y a point de corolle: le calice est remplacé par une écaille ovale- oblongue, latérale, persistante, un peu velue et colorée; les étamines sont au nombre de six ou sept; les fiiamens capil- laires, plus longs que l'écaillé florale; les anthères droites, dblongucs; quatre ovaires ovales, dépourvus de styles, chargés chacun d'un stigmate acuminé, adné au côté intérieur du sommet. Le fruit consiste en quatre baies petites, ovales- arrondies, uniloculaires ; chaque loge renfermant une se- mence ovale. Cette plante croit à l'ombre aux lieux humides ou inon- dés de la Virginie, de la Caroline, etc. On la cultive au Jardin du Roi : on la multiplie par graines, ou par le déchi- rement des vieux pieds: les graines doivent être mises en terre aussitôt qu'elles sont mûres, et les vieux pieds déchirés pendant l'hiver. Dans les fortes gelées il faut ou rentrer dans l'orangerie les pots qui contiennent cette plante , ou les enfoncer dans l'eau bien profondément, et au printemps les rapprocher de sa surface, à peine recouverts de six pouces d'eau. Quelques pieds de cette plante, sur le bord des lacs, dans les jardins paysagers, produisent un effet assez agréable à la fin de l'été, époque de leur floraison. Il leur faut une terre très-substantielle , que l'on renouvelle tous les ans en automne. (Poir.) LÉZARDET. (Erpét.) Voyez Sauvegarde. (H. C. ) LÉZARDS. (Erpét.) Voyez Lacertiens. (H. C. ) LHAMA (Afamm. ), une des manières d'écrire le nom du lama. ( F. C. ) LHERZOLITE. ( Min.) M. de la Métherie a cru établir une espèce, parce qu'il a donné le nom de Iherzolite à un minéral que M. Le Lièvre rapporta, en 1787, de la vallée de Lherz dans les Pyrénées. Les caractères des échantillons rapportés LIA 2o3 alors , n'étant point assez tranches et assez nets pour qu'on pût reconnoître si c"étoit la variété d'une espèce connue ou une nouvelle espèce, il eût fallu s'abstenir de la nommer. C'est M/ J. de Charpentier qui a fait réellement counoifre ce minéral, et si quelqu'un devoit lui donner un nom par- ticulier, c'étoit lui seulquiavoiile droit de le faire, puisque c'est lui qui nous a appris que ùe minéral n'étoit que du pyroxène en masse, qu'il en avoit les caractères essentiels, ceux qui sont tirés du clivage, de la dureté, de la pesanteur spécifique, etc. M. de Charpentier l'a désigné sous le nom de pyroxène en roche. Nous parlerons de cette variété de pyroxène à l'article de cette espèce minérale. Voyez Pv- ROXF.^F.. (B.) LIA VERT. (Bot.) Un des noms vulgaires de l'iris pseudo- acorus dans quelques cantons. ( L. D.) LIABOJN , Liabum. (Bot.) Ce genre de plantes, proposé en 1763 parAdanson., appartient à l'ordre des synanthérées, et à notre tribu naturelle des vernoniées. Voici ses carac- tères , tels qu'ils résultent de nos propres observations sur les Liabum Brownei et Jiissiei. Calathide radiée : disque multiflore, régulariflore , andro- gynillore; couronne uuisériée, liguliilore, féiuinillore. Péri- cline égal ou inférieur aux fleurs du disque ; formé de squames imbriquées, ovales ou subidées. Clinanthe hérissé de fimbrilles subulées , membraneuses. Fruits cylindracés , striés, pourvus d'un bourrelet basilaire : aigrette longue, composée de squamellules nombreuses, inégales, filiformes, barbellulées. Corolles de la coiirnnne à languette très-longue, linéaire. Corolles du disque à cinq lanières longues , linéaires. Styles de vernoniée. LiAHON DE Br.OAVNF. : Lial'um Brownei , H. Cass. , Dict. : An- dromacliia Poiteaii , H. Cass. , Bull, des se, Novembre 1817, pag. 184; Starlea umhellata , Willd. ; Pers. , Sjn.pi., pars 2, pag, 470; Liabum, Adans., Fam. des pi., 2.* partie, pag. i3i ; Amelliis ? vmbellatus , lànn. , Sp. pi. , édit. 5, pag. 1276; Swartz, Ohs. bot., pag. nio; Solidago villosa , incàna, etc., Browne, Jam., pag. 020, tab. 53 , fig. 2. C'est une plante herbacée, probablem.cnt vivace par sa racine. La tige , haute de deux pieds, est dressée, presque simple ou peu ra- 204 LIA meuse, droite, cylindrique , striée, tomenteuse ou laineuse, blanchâtre. Sa partie inférieure est garnie de feuilles rap- prochées , comme radicales, opposées, privées de stipules, longues d'environ huit pouces; leur pétiole, long d'environ quatre pouces, est ailé en s^ partie supérieure par la décur- rence de la base du limbe ; ce limbe est long de quatre pouces, large d'environ deux pouces, ovale-oblong ou ovale- lancéolé, aigu au sommet, inégalement et irrégulièrement sinué-denticulé sur les bords, à dents spinuliformes, vert et parsemé de poils en -dessus, tomenteux et blanchâtre en- dessous. La partie supérieure de la tige est scapiforme , et elle porte seulement, vers le milieu de sa hauteur, deux petites feuilles opposées, pétiolées , non stipulées, et deux rameaux simples nés dans les aisselles de ces feuilles. I-e sommet delà tige se ramifie en une fausse ombelle corymbée, ou cyme, composée d'environ six pédoncules longs de quatre pouces, simples ou biTarqués , rarement trifurqués, laineux et blanchâtres : la base de cette ombelle est entourée d'une sorte d'involucre formé de bractées subulées ; les calathides , qui terminent les pédoncules de l'ombelle, sont larges d'en- viron un pouce, et composées de fleurs jaunes très-nom- breuses. Leur péricline , tomenteux et blanchâtre , est égal aux fleurs du disque, et formé de squames nombreuses, plu- risériées, irrégulièrement imbriquées, subulées, foliacées, un peu lâches; le clinanthe est hérissé de fimbrilles subulées, membraneuses, plus courtes que les fruits; ceux-ci sont cy- lindracés, multistriés , hispidules, pourvus d'un bourrelet basilaire cartilagineux, annulaire ; leur aigrette est longue, et composée de squamellules un peu nombreuses, inégales, filiformes, à peine barbellulées ; les fleurs de la couronne sont très-nombreuses; la languette de leur corolle est très- longue, très-étroite, linéaire, aiguë et indivise au sommet; les corolles du disque sont droites, à tube très-long, très- grêle, subfiliforme, à limbe notablement plus large, cylin- dracé, profondément divisé en cinq lanières longues, étroites, linéaires , hérissées de poils au sommet ; les appendices api- cilaires du tube anlhéral sont arrondis au sommet; le style, peu garni de collecteurs piliformes , est divisé en deux stig- matophores très-longs et très- grêles. LIA 2o5 Nous avons fait cette description sur un échantillon sec recueilli dans l'ile de Saint-Domingue par M. Poiteau, et qui se trouve dans l'herbier de M. Desfontaines , où il étoit innommé. LiABON DE Jdssteu : Liabum Jussiei , H. Cass. , Dict. ; Andro- machia Jussievi, H. Cass, , Bull, des se, Novembre 1817, pag. 184; Conyza stipulata , Vahl , Mss. in Herb. Juss. Tige herbacée, haute de plus d'un pied (dans l'échantillon très- incomplet que nous décrivons), épaisse, un peu anguleuse, glabriuscule , très-ramifiée supérieurement en une grande panicule ; jeunes rameaux snbtomenteux , a poils frisés, roussàtres , probablement glutineux. Feuilles opposées, pé- tiolées, à limbe long d'environ quatre pouces, large d'en- viron deux pouces, ovale , glabre en -dessus , tomenteux en- dessous, comme triplinervé , irrégulièrement et inégalement denté ou lobé, à dents ou lobes terminés chacun par une callosité, à sinus arrondis ; chaque feuille accompagnée à sa base de deux petites stipules ou oreillettes libres, arrondies, très-entières ; les feuilles supérieures graduellement plus petites. Calathides larges probablement d'environ un pouce, très-nombreuses , disposées en une très-grande panicule corymbiforme, étalée, terminale, dont les ramifications sont privées de feuilles, et pourvues seulement de petites bractées squamiformes , situées à la base de ces ramifications. Péri- cline oblong , inférieur aux fleurs du disque, formé de squames imbriquées , ovales , subtomenteuses , parsemées de quelques glandes; clinanthe hérissé d'une multitude c!e fim- brillcs plus courtes que les fleurs , inégales , irrégulières , linéaires-subulées , laminées, membraneuses, entregreffées à la base; fruits cylindriques, striés, pourvus d'un bourrelet basilaire ; aigrette longue, composée de squamellules nom- breuses, inégales, fortes, filiformes, barbellulées ; corolles probablement jaunes; celles de la couronne à languette ex- trêmement longue , linéaire ; celles du disque très-profon- dément et inégalement divisées en cinq lanières longues, linéaires; styles de la couronne glabres, à deux stigmato- phores très-lougs. Nous avons fait cette description sur un échantillon sec , en très -mauvais état, recueilli au Pérou par Joseph de Jus- 206 LIA sien, et qui se trouve dans l'herbier de son illustre neveu; il y porte le nom de Conjza slipulata, que Vahl lui a donné, et qui prouve que ce botaniste ne l'a examiné que bien su- perliciellement et avec peu d'attention. LiABON DE BoNPLAND : Liabum Bonplandiy H. Cass. ; Andro- machia igniaria, Bonpl. , Pi. œq. 2 , p. 104, t. 11a; Kùnth , JVo^'. gen. et sp. pi. , t. IV, p. 100 (édit. in-4.°). Cette plante, découverte par MM. de Humboldt et Bonpland , près la ville de Quito , a la racine vivace , la tige herbacée, haute de trois à cinq pieds, rameuse, les rameaux un peu hexa- gones et couverts d'une laine blanche très- épaisse ; les feuilles sont opposées ; leur pétiole, long d'un pouce ou d'un pouce et demi, est cylindrique, laineux, pourvu à sa base d'oreillettes connées , grandes, arrondies, denticulées, on- dulées, laineuses en-dessous ; le limbe est long de cinq à six pouces, large d'environ trois pouces et demi, ovale, denfi- culé , triplinervé , glabre et vert en - dessus , laineux et blanc en - dessous ; les calathides , longuement pédiccllées, fasciculées , sont disposées en corymbes terminaux, tritides, et leurs corolles , de couleur jaune , exhalent une odeui- agréable ; le disque contient un grand nombre de fleurs, et la couronne en a environ A'ingt ; le péricline est hémisphé- rique , formé de -squames nombreuses, imbriquées, appli- quées, ovales-lancéolées, aiguës, coriaces-scarieuses , uni- nervées , puliescentes, rougeâtrcs ou brunâtres ; le clinanthe est plan, foveoîé, et les bords des fossettes sont irrégulière- ment laciniés , scarieux. Cette description, calquée sur celle de M. Kunîh , a"a point été vérifiée par nous. La première espèce du genre Liahum fut découverte dans l'île de la Jamaïque, par Wtrice Browne , qui l'attribua au genre Solidago, et qui publia, en 3736, une description et une figure de cette plante, dans son Histoire civile et natu- relle de la Jamaïque. La même plante fut ensuite attribuée par Linnaeus, mais avec doute , à son genre Ame'liis, qu'il avoit fondé sur V A melht s lychnitis , et qu'il avoit caractérisé par le clinanthe paléacé , c'est-à-dire squamcUifère. Ce botaniste, reconnoissant que les deux espèces n'ont aucune analogie, mais ne remarquant point la très-grande différence qui LIA 207 existe entre les squamelles et les fimbrilles, s'excuse de rapporter au genre Amellus la plante de Browne , en alléguant qu'elle a le clinanthe paléacé , comme V Amellus lychnitis , ce qui est inexact, et que d'ailleurs il n'aime point à multi- plier les genres, ce qui est, selon nous, un bien mauvais prétexte. La réunion des deux Amellus de Linnasus en un seul et même genre est une association monstrueuse, comme on peut facilement s'tn convaincre en comparant nos carac- tères génériques du Liabum avec ceux des vrais Amellus , que nous décrirons à la fin du présent article. Adanson, dans ses Familles des plantes, a considéré la plante de Browne comme le vrai type d'un genre qu'il a nonwné Liabum, et qu'il a caractérisé ainsi : Feuilles opposées, entières; cala- thidcs tantôt solitaires et terminales, tantôt disposées en corymbe ; péricline formé de squames imbriquées, menues; clinanthe garni de poils courts; aigrette longue , barbellulée ; corolles du disque à cinq dents ; corolles de la couronne à deux ou trois dents ; styles du disque et de la couronne à deux stigmatophores. Adanson croyoit que Y Amellus lychnitis pouvoit être associé génériquement avec son Liabum , et c'est par suite de cette supposition erronée qu'il a dit que le genre Liabum avoit les calathides tantôt solitaires et termi- nales, tantôt disposées en corymbe. Il n'en faut point con- clure que le genre Liabum d'Adanson n'est pas autre chose que le genre Amellus de Linna>us : car VAmellus a pour type VAmellus lychnitis, sur lequel lànna?us a décrit les caractères du genre ; tandis que le Liabum a pour type la plante de Browne , sur laquelle Adanson a décrit les caractères géné- riques. Ainsi, ï Amellus et le Liabum sont deux genres bien distincts, et qui doivent subsister tons les deux, en conser- vant les noms d^Amellus et de Liabum ; mais il faut exclure du genre Amellus VAmellus umhellatus, et il faut exclure du genre Liabum VAmellus lychnilis. Adanson plaçoit le Liabum dans sa section des bidents, entre le detris , qui correspond à notre agathœa , et le seala , qui correspond au pectis ou à notre chtlionia. 11 seroit difficile d'imaginer une disposition qui fût plus contraire aux affinités naturelles. Swartz, en 1791 , a donné, dans ses Obser^ationes botanicœ, une description complète et détaillée du Liabum Brownei , 2o8 LIA qu'il nomme, comme Linnseus , Amellus umhellatus. En compa- rant cette description avec la nôtre, nous trouvons quelques différences ; car Swartz dit que les feuilles sont obtuses, que les pédoncules sont longs d'un pouce , que les languettes de la couronne sont obtuses, bifides, que les fruits sont obco- niques. Malgré cela, nous ne pensons pas que sa plante dif- fère spécifiquement de la nôtre. Willdcnovv, ignorant sans doute l'existence déjà ancienne du genre Liabum, a reproduit ce même genre, comme nou- veau, sous le nom de Starkea, en le distinguant de l'Amellus parle clinanthe hérissé au lieu d'être paléacé, et en ne lui at- tribuant que le seul Amellus umhellatus. Le genre Liabum d'A- danson, ou S^ar/ceade Willdenow , a été reproduit plus tard, sous un troisième nom , par M. Bonpland , qui , dans sa description des plantes équinoxiales , l'a présenté encore comme un nouveau genre, et l'a nommé Andromachia. Cette fois, à la vérité, il ne s'agissoit plus de la même espèce, mais d'une espèce nouvelle , évidemment congénère de la plante d*^ Browne : c'est notre Liabum Bonplandi. M. Bonpland l'offrit comme type, et même, en apparence , comme espèce unique , de son genre Andromachia , auquel il attribua les caractères suivans: Péricline coloré, formé d'environ soixante squames imbriquées, linéaires-subulées, foliacées; calathide radiée ; disque composé de nombreuses fleurs hermaphro- dites, à corolle régulière, divisée en cinq lanières linéaires ; couronne composée de plus de vingt fleurs femelles, à co- rolle ligulée , un peu plus longue que le péricline , recourbée , terminée par trois petites dents; fruits obovoïdes , à aigrette simple; clinanthe paléacé, à paillettes très- nombreuses , courtes, scarieuses. Nous avions négligé, comme M. Bonpland, de porter notre attention sur le Liabum d'Adanson et sur le Starkea de Willdenow , lorsque nous publiâmes, dans le Bulletin des sciences, de Novembre 1817 (pag. i85), la description du Liabum Brownei , sous le nom d^ Andromachia Poiteai'i , et celle du Liabum Jussiei sous le nom d' Androma- chia Jussievi. Dans le quatrième volume des Nova gênera et species plan- tarum , publié en 1820, M. Kunth place le genre Androma- chia entre son Diplostephium , qui est notre Diplopappus , et le LIA 209 Solidago , dans un groupe intitulé Astérées, et faisant partie d'un groupe plus étendu, intitulé Carduacées. Cette dispo- sition, très-peu conforuie, selon nous, auK véritables afii- iiités, paroit si naturelle à M. Kunth , qu'il déclare ne con- noitre aucun caractère qui puisse distinguer les Androma- chia des Solidago. Ensuite il caractérise le genre Andrornachia de cette manière : Péricline hémisphérique, polyphylle, im- briqué ; clinanthe scrobiculé, alvéolé ou écailleux ; fleurs du disque tubuleuses , hermaphrodites ; celles de la cou- ronne ligulées , femelles ; fruits subcylindracés ; aigrette pileuse , sessile , les poils extérieurs ordinairement très- courts. M. Kunth décrit dix espèces d^Andromachia , qu'il distribue en trois sous-genres : le premier , nommé Chrjsac- tinium , comprend deux espèces herbacées , ayant le port des hieraciâm , les feuilles laineuses en-dessous, les pédon- cules très-longs, monocalathides , les fleurs de la couronne nombreuses , d'un jaune doré ; le second , intitulé Andro- machies vraies, comprend cinq espèces herbacées, rameuses, à feuilles opposées , tomenteuses et blanches en-dessous , à calathides corymbées , multiflores , à languettes nombreuses, d'un jaune peu foncé ; le troisième sous-genre , nommé Oligactis , comprend trois espèces ligneuses, à feuilles op- posées, tomenteuses et blanches en-dessous, à corymbes ou panicules terminaux ou axillaires , à calathides pauciliores. à couronne de trois à sept languettes blanchâtres. La juste crainte de trop alonger cet article nous défend d'établir ici une discussion sur la fausse affinité de VAndrowachia avec le Solidago et les autres Astérées , sur les caractères géné- riques attribués par M. Kunth à VAndromachia, sur les trois sous-genres qu'il y a formés, et sur quelques-unes des espèces qu'il y comprend. Boxnoïis-nous à dire que la troisième sec- tion de M. Kunth , intitulée Oligactis, nous paroit devoir former un genre particulier, bien distinct de VAndromachia, Dans noire Analyse critique et raisonnée , publiée dans le Journal de physique de Juillet 1819, nous avons remarqué (page 26) que le genre yirirfromacJiïa deBonpland ne difi'éroit point du genre Starkea de Willdenow, qui étoit lui-aiéme identique avec le genre Liahurn d'Adanson : d'où nous avons conclu que le genre dont il s'agit n'appartient légitimement xd 26. 14 210 LIA à Bonpland ni à WiUdenow , qu'Adanson en est le véritable auteur , et que le nom générique de Liahiim doit seul être conservé. Nous avons en même temps annoncé que notre Andromacliia Poiteavi étoitle Starhea umbellata de Willdenow. On a substitué le nom de Tolpis à celui de Drepania , par le seul motif que le genre d'Adanson est plus ancien que celui de M. de Jussieu ; et cela est extrêmement injuste , parce que le Tolpis d'Adanson est caractérisé et désigné d'une manière tellement inexacte et tellement obscure, qu'il est même très- douteux qu'il corresponde au Drepania, comme on le croit beaucoup trop légèrement. Nous pourrions en dire autant sur le nom âeDetris, qu'on veut substituer à celui d'Jgathœa , dans le seul but de nous enlever nos droits sur ce genre. Mais, à l'égard du LIabum , tous les motifs de raison et de justice, toutes les règles applicables à cette matière, sfe réunissent en faveur d'Adanson : d'où nous concluons qu'infaillible- ment, et malgré nos réclamations, ou peut-être à cause d'elles , le nom d'' Andromacliia continuera d'être préféré par tous les autres botanistes. 11 est vrai que le nom de Liabum, dont nous ignorons Tétymologie, n'a peut-être pas d'autre origine que la fantaisie de l'auteur, qui assembloit presque au hasard des lettres et des syllabes pour former la plupart de ses noms génériques. Cette méthode , condamnée on ne sait pourquoi, est, à notre avis, aussi bonne et souvent meilleure que toute autre. Le genre Liabum se rapporte aux corymbifères de M. de Jussieu , et à la syngénésie polygamie superflue de Linnaeus. Le genre Amellus , dans lequel le Liabum a été si long-temps confondu , n'appartient pourtant pas à la même tribu natu- relle, mais à celle des astérées ; et il résulte de nos obser- vations sur des échantillons secs dAmellus Ijchnitis et d''A- mellus annuus, que les vrais caractères de ce genre, mé- connus en partie jusqu'à présent, doivent être décrits de la manière suivante. Calathide radiée: disque multiflore , régulariflore , andro- gyni-masculiflore ; couronne unisérlée, liguliflore, fémini- flore. Péricline hémisphérique , à peu près égal aux fleurs du disque; formé de squames paucisériées, inégales, irré- gulièrement imbriquées, appliquées, linéaires -aiguës, fo- LIA 21% liacëes. Clinanthe large, conique, peu élevé , garni de squa- melles analogues aux squames du péricline, à peu près égales aux fleurs, demi- enveloppantes , linéaires-aiguës, membraneuses, uninervées, glandulifères. Fruits comprimés bilatéralement, obovales, hispidules, bordés d'un bourrelet sur chacune des deux arêtes extérieure et intérieure ; ai- grette double : l'extérieure très-courte, stéphanoide, mem- braneuse, irrégulière, interrompue, découpée ; l'intérieure composée de deux à cinq squamellules courtes, variablement disposées, ordinairement distancées, caduques, filiformes- laminées, submembraneuses, épaisses, un peu difformes, aiguës, longuement et irrégulièrement barbellulées, blanches. Corolles de la couronne à languette longue, largement li- néaire , un peu tridentée au sommet. Corolles du disque à limbe pourvu de grosses glandes alongées , et à cinq divi- sions très-courtes. Anthères exertes. Style d'astérée, inclus. Le lecteur trouvera , dans notre article CHiLioTRicnuar (tome VllI , page 676), le complément des notions qu'il peut désirer d'acquérir sur le genre Amellus. (H. Cass. ) LIAGORE , Liagora. (Poljyp.P) Genre établi par M. La- mouroux pour des corps organisés, sur la nature végétale ou animale desquels les auteurs ne sont pas d'accord; les uns, et c'est la plus grande partie, en faisant des espèces de fucus, et les autres des polypiers. J'avoue que , ne les ayant observés qu'incomplètement, je suis bien loin d'avoir une opinion arrêtée à ce sujet : je me bornerai à dire que les personnes qui en ont fait des thalassiophytes, les ont observés frais et vivans , comme MM. Forskal , Desfontaincs, Poiret, etc. • tandis que celles qui en font des polypiers , comme MM. de Lamarck et Lamouroux, et avant eux Gmelin et Esper , ne les ont vus que desséchés et conservés depuis un temps plus ou moins long dans les herbiers. Il est bien vrai que M. La- mouroux dit positivement que les polypes sont situés à l'ex- trémité des rameaux et de leurs subdivisions; mais il est pro- bable que c'est par analogie qu'il avance ce fait. M. de Lamarck, qui range ces corps sous la dénomination de dicho- tomaires, dit, au contraire, que les polypes, qu'il avoue ne pas connoître, ne sortent pas par les extrémités, même de celles qui sont éminemment fistuleuses. Quoi qu'il en soit. 212 LIA les caractères que M. Lamouroux assigne à ce genre, qu'il place dans sa famille des tubulariées , sont les suivans : Poly- pier pliytoïde , rameux , fistuleux , lichénoide , encroûté d'une légère croûte de matière crétacée. 11 diffère donc des sertulaires par l'absence totale de cellules; des corallincs, parce qu'il n'est pas articulé, et, enfin, des tubulaires , par la résistance du tube. En général, il paroit que les liagores ont beaucoup de ressemblance de forme, de faciès et de couleur avec certaines espèces de lichens. Leur substance est membraneuse, un peu ridée ou rugueuse par la dessic- cation , et quelquefois couverte d'une légère croûte crétacée. Les tiges et les rameaux sont creux, et leur couleur est ex- trêmement variée. On trouve des liagores dans les mers équatoriales , et surtout dans la Méditerranée. M. Lamouroux compte sept espèces dans ce genre. 1." La L. A PLUSIEURS couleurs: L, versicolor , Lamx.; Fucus lichenoides [auctorum] ; Esper, Icon. fucorum , p. 102, tab. 5o. Dans cette espèce, dont la couleur varie beaucoup du blanc au jaune, au rouge et au vert, la tige est très-rameuse, les rameaux comprimés, divergens et simples ou bifurques au sommet. Elle offre trois variétés, déterminées par la disposi- tion des rameaux , qui sont épars dans la première , compri- més, très-flexibles et souvent dichotomes dans la seconde, et constamment dichotomes, assez roides et presque cylin- driques dans la troisième. Toutes viennent des mers d'Europe. M. de Lamarck la nomme Dichotomaire corniculée, D. cor- niculata. 2° La L. cÉRANOÏDE ; L. ceranoides , Lamx. Tige composée d'un grand nombre de subdivisions dichotomiques, très-rap- prochées, de la grosseur d'une soie de sanglier et bifurquées à l'extrémité. Des côtes de l'île Saint-Thomas. 3.° La L. PHYScioÏDE ; L. phjscioides , Lamx. Rameuse, lisse, brune; les rameaux épars et peu nombreux. De la Méditerranée. 4.° La L. orangée; I. aurantiaca , Lamx. Couleur oran- gée; les rameaux nombreux, épars et garnis de petits tila- mens subépineux. De la Méditerranée. 6." La L. farineuse; L.faruiosa, Lamx. Tige très-rameuse, comme épineuse ; les petits rameaux de couleur olivâtre et LIA 2i5 couverts d'une poussière blanchâtre. Cette poudre ne pro- viendroit-ellc pas de la dessiccation ? De la mer Rouge. 6." La L. BLANCHATRE; L. alMcons , Lamx., Polyp. flex. , pi. 7 , fig. 7. Tige avec des rameaux épars et d'un blanc grisâtre uniforme. Indes orientales. C'est la dichotomaire alterne , D. alterna, de M. de Lamarck. 7.° La L. ÉTALÉE : L. distenta, Lamx.; Fucus distentus , Roth , Cat. bot., III, p. 100, tab. 2. Tige cylindrique , filiforme, très-rameuse ; les ramifications étalées et à sommet bifurqué. Baie de Cadix. M. de Lamarck n'adopte pas ce genre; il met les espèces que M. Lamouroux lui rapporte dans la seconde section de celui qu'il nomme dichotomaire, et sur lequel il sera sans doute convenable de dire quelque chose, n'ayant pu en parler à son article , la nouvelle édition des animaux sans vertèbres n'ayant pas encore paru lorsque la lettre D a été imprimée. M. de Lamarck définit ce genre : Polypier phytoide, à tiges tubuleuses, subarticulées, dichotomes, enduites d'un encroû- tement calcaire; les cellules des polypes non apparentes; et il le place assez loin des tubulaires. Il subdivise ensuite les espèces de dichotomaires en deux sections: dans la première sont celles qui sont subarticulées et tubuleuses , comme les corallina tubulosa de Pallas , ohlusata , rugosa et lapidescens de Solander et EUis ; dans la seconde, qui correspond au genre Liagore de M. Lamouroux, il place les espèces liché- noides non articulées, qui sont au nombre de huit, savoir: les D. alterna et corniculata , dont il a été parlé plus haut; les D. marginata et fruticulosa , qui sont les corallina mar- ginata et fruticulosa de Solander et Ellis; enfin , les six autres sont nouvelles. (De B.) LIAIS [Pierre de]. (Min.) C'est le nom que les carriers, les tailleurs de pierre et les autres artisans qu' concourent aux constructions, à Paris et dans ses environs, donnent à une qualité de calcaire grossier remarquable par sa compa- cité, sa dureté, la finesse de son grain, et surtout par son homogénéité et sa solidité, ce qui permet d'y produire par la taille des moulures nettes et des arêtes vives et assez du- rables. Elle forme, dans le terrain de calcaire grossier du bassin ^U LIA de Paris, des bancs de moyenne puissance, qui dépendent ordinairement des assises supérieures et voisines de celle qu'on nomme la roche. (B.) LIAMA. (Mamm.) Voyez Lama. (Desm.) LIAMAHEU. [Bot.) Nom caraïbe du pignon d'Inde ou ricin, cité par Nicolson. (J.) LIANE. (Bot.) Dans les colonies françoises de l'Amérique, et par suite dans celles de l'Inde, on donne ce nom à des plantes dont les tiges longues et flexibles, grimpant sur les arbres ou rampant sur terre, sont souvent employées pour faire des cordes et des liens. Semblables à la clématite, elles peuvent, jetées d'un arbre à un autre, former des guirlandes plus ou moins agréables. S'élevant autour d'uo tronc, elles le serrent étroitement, à mesure qu'elles gros- sissent, et finissent par le comprimer tellement qu'elles empê- chent son accroissement, interceptent le cours de la sève, et font mourir cet arbre , qui leur servoit de support. Les genres B/gMoraia, Banisteria, Paullinia, Serjania, Aristolochia , Cissawpelos , etc., sont ceux qui fournissent beaucoup de lianes, distinguées les unes des autres par des surnoms parti- culiers : nous en citerons quelques-unes des plus connues. (J.) LIANE A L'AIL. (Bot.) Le bignonia alliacea est ainsi nommé dans les Antilles et la Guiane, parce qu'il exhale une odeur d'ail. (J.) LIANE AMÈRE. {Bot.) Nom de Vahuta candicans a Cayenne , suivant M. Richard. (J.) LIANE A L'ANSE, LIANE PAPAYE. {Bot.) On connoît à Cayenne sous ces noms Yomphalea diandra, suivant Aublet. (J,) LIANE D'ASIE JAUNE. {Bot.) Voyez Liane vulnéraire. (J.) LIANE AVANC ARE. {Bot.) Voyez Avancaré. (J.) LIANE A BARRIQUE. (BoL) Nicolson cite ce nom comme employé à Saint-Domingue pour le rivinia octandra , dont les rameaux flexibles servent à lier les barriques, A la Marti- nique on nomme de même Vecastaphjllum , auparavant réuni au pterocarpus. (J. ) LIANE A BATATE. {Bot.) Voyez Liane a patate. (J.) LIANE A BAUDUIT. {Bot.) Voyez Liane purgative. (J.) LIA .i5 LIANE BLANCHE. (Bot.) A la Martinique c'est un rhi- nia qui porte ce nom, suivant Chanvallon (J. ) LIANE A BOITE A SAVONNETTE. (Bot.) Voyez Liank CONTRE- POISON. (J. ) LIANE A BŒUF. (Bot.) Nom vulgaire de l'acacia cœur de Saint-Thomas , acacia scandens , dont la gousse, bien figurée dans ÏHort. Malabar., est longue de trois pieds et large de .deux à trois pouces. (J. ) LIANE A BOUTON. (Bot.) C'est le bonda-garçon des Ca- raïbes, nommé aussi castor, suivant Nicolson , qui dit que son fruit noir et luisant est semblable à un bouton d'habit. C'est peut-être le duranta de Linnaeus , nommé auparavant castorea par Plumier. ( J. ) LIANE BRULANTE. {Bot.) Elle est ainsi nommée , parce que son suc acre, reçu sur la peau, y occasionne une sensa- tion très- vive et peut l'entamer. Il paroit que c'est un dracon- tium , ou quelque autre plante de la famille des aroïdes. (J.) Aux îles on donne le nom de Liane brûlante à la tragie grimpante. (Lem.) LIANE BRÛLÉE. ( Bot. ) Nom vulgaire du gouania domin- gensis dans les iles d'Amérique. (J. ) LIANE A CABRIT. {Bot.) Nicolson dit qu'un tahernœmon- tana est ainsi nommé à Saint-Domingue. { J. ) LIANE A CACONE. {Bot.) A Saint-Domingue, suivant Nicolson, c'est le grand pois pouilleux , dolichos iirens, qui est ainsi nommé; selon M. Turpin, c'est le passiflora mali- formis. ( J. ) LIANE A CALEÇONS. {Bot.) Ce nom est donné à deux plantes, dont les feuilles sont partagées en deux lobes alon- gés, Varistolochia bilobata, et le passiflora rubra. Desportes cite aussi le passijlora murucuia de Linnaeus. (J. ) LIANE CARRÉE ou SILLONNÉE. {Bot.) Le paullinia pinnata est ainsi nommé à Cayenne, suivant Aublet, et à Saint-Domingue, suivant Nicolson. Desportes cite aussi un serjania sous ces noms. (J. ) LIANE A CERCLES. {Bot.) Nom du petrœa volubilis à Cayenne , suivant M. Richard. Voyez aussi Liane vulné- raire. (J. ) LIANE A CHAT. {Bot.) Voyez Liane griffe-de-chat. (J.) 2it> LIA LIANE A CHIQUES. {Bot.) C'est, suivant Nicolson, la même plante, à Saint-Domingue, que l'herbe à chiques, tour- nefortia nitida. (J.) LIANE A CITRON. {Bot.) Suivant Adanson , les Nègres du Sénégal donnent le nom de tohl à une plante grimpante , qu'il (iésigne par liane à citron , dont le fruit, très-voisin de celui du manguier de l'Inde, a la forme et le goût acide du citron. fLEM.) LIANE A COCHON. {Bot.) Nicolson désigne ainsi une plante de Saint-Domingue, qui ne nous est pas connue. ( Lem. ) LIANE A CŒUR. {Bot.) La plante de Saint-Domingue citée sous ce nom par Nicolson et Desportes est le cissam- pelos parelra, suivant M. Poiteau. (J.) LIANE CONTRE -TOISON. {Bot.) Le fe^ilLea scandens est ainsi nommé à Saint-Domingue, suivant Nicolson. M. Turpin dit qu'on la nomme aussi liane à savonnette , ou liane à boile à savonnette. ( J. ) LIANE CORAIL. {Bot.) Surian , dans son herbier des Antilles, nomme ainsi un cissus , figuré par Plumier sous le nom de vilis cjclaminis folio. (J.) LIANE A CORDES, LIANE JAUNE. {Bot.) Nicolson et Desportes citent sous ce nom un bignonia grimpant, à siJiques très-longues. ( J. ) LIANE A COULEUVRE. {Bot.) C'est, aux jles, la même plante que la Liane contre-poison. Voyez ce nom. (Lem.) LIANE COUPANTE. {Bot.) Les habitans de Cayenne nomment ainsi un roseau, qui est Varundo farda d'Aublet. Il dit que &es feuilles sont très-coupantes, et que lui-même l'a éprouvé. (J. ) LIANE A COUREUX. {Bot.) On lit dans le premier vo- lume des Mémoires de la Société royale de médecine, p. 341, que la racine d'une plante portant à Saint-Domingue ce nom et celui de timac a été employée avec succès pour le traitement des hydropisies. On soupçonne que cette plante ligneuse appartient à la famille des térébintacécs, ou à celle des aurantiacées. (J.) LIANE A CRABES. {Bol.) C'est le bignonia œquinoclialis. Voyez Herbe a malingres. (J. ) LIA 217 LIANE A CRÈTE DE COQ. (Bol.) Le heslaia cristala est sous ce nom dans l'herbier de Surian. (J.) LIANE A CROC DE CHIEN. (Bot.) Nom d"iin jujubier, ziziplius iguaneus, à Saiut-Domingiie , suivant Nicolson. (J.) LIANE A CROCHETS. (Bot.) C'est à Cayenne roi/roj/pana d'Aublet, arbrisseau sarmenteux , remarquable par des cro- chets sortant de la tige au-dessus des feuilles. Il est réuni au nauclea de Linnseus parmi les rubiacées , ainsi que le f uni s uncatus de Rumph , qui, dans l'Inde, méritcroit le même nom. ( J. ) LL\NE A EAU. [Bot.) Nicolson se contente de dire qu'elle croit dans les bois , qu'elle est remplie d'une eau très-lim- pide . et que les chasseurs la sucent pour se désaltérer. Il est aisé de reconnoitre que c'est la même plante que la vigne «les boucaniers, cissus cordifoUa , employée par eux au même usage. Barrére cite àCayennc, sous le même nom, un arum grimpant, dont la tige coupée rend J)eaucoup d'eau propre à désiiUérer les voyageurs. Il est nommé akatate par les Ga- libis. (J.) LIANE A ENIVRER LE POISSON. {Bot.) Aublct dit qu'on nomme ainsi à Cayenne son rohinia nicoti. (J.) LIANE ÉPINEUSE. (Bot.) Surian, dans son herbier, nomme ainsi le pisonia aculeata, ( J.) LIANE FRANCHE. {Bot.) A la Martinique, suivant un manuscrit de Chanvallon , ce nom est donné au sccuridaca i;oltibilis. A Cayenne c'est une plante aroïde grimpante, telle que le dracontium pertusum , ou une espèce du carludovica de la Flore du Pérou. Dans la même colonie, suivant Bai-rère , c'est le Iceréré des Galibis , bignonia kercre d'Aublet, dont on fait des liens et des paniers. (J.) LIANE A GELÉE, LIANE A GLACER L'EAU. (Bot.) Une espèce de pareire , cissampelos , porte ces noms aux îles. (Lem.) LIANE A GRAND BOIS. {Bot.) Voyez Liane vui-néraire. (J.) LIANE A GRAND CERF. {Bot.) Le pa^vnia spicata de Cavanilles est inscrit sous ce nom et sous celui de petit maliot dans l'herbier de Surian. (J.) LIANE A GRIFFE DE CHAT. {Bot.) Ncm du bignonia unguis cati à Saint-Domingue et à Cayenne, suivant Nicolsoa et Aublet. (J.) ^'8 LIA LIANE JAUNE. (Bot.) Uipomœa tuberosa est indiquée sous ce nom dans l'herbier de Vaillant. Voyez aussi Liane a CORDES. (J.) LIANE A LAIT. (Bot.) C'est sous ce nom qu'est connu a Cayenne, suivant Barrére , son echinus scandens , qui est Voj'elia d'Aublet, ValLamanda de Linna^us , et qui rend un suc laiteux abondant lorsqu'on l'entame. (J. ) LIANE LAITEUSE. (Bot. ) Nom donné à des arbrisseaux grimpans , desquels découle un suc laiteux lorsqu'on les coupe : tels sont aux Antilles les cynanchum Inrtum et suberosum, une espèce d'apocin et quelques autres plantes de la même fa- mille. (J.) LIANE MANGLE. (Bot.) Nom donné dans les Antilles, suivant Jacquin , k son echi tes bijlora. (J.) LIANE A MÉDECINE. (Bot.) Voyez Liane purgative. (J.) LIANE MIBIBAL. (Bot.) Nom du banisteria convolvulifolia, dans les Antilles, cité dans l'herbier de Surian. (J. ) LIANE MIBIPI ou MIBI. (Bot.) La plante citée sous ce nom par Nicolson , est peut-être le Mibih de Surian. Voyez ce mot. ( J. ) LIANE MINCE. (Bot.) Le rajania scandens est ainsi nommé à Saint-Domingue, suivant Nicolson. (J.) LIANE A MINGUET. (Bot.) La plante de Saint-Domingue citée sous ce nom par Nicolson est le cissus sicyoides , suivant M. Turpin. (J.) LIANE A OUARIT. (Bot.) C'est la même que la Liane a MINGUET. Voyez ce nom. (Lem.) LIANE PALETUVIER. (Bot.) Nom de ïechites bijlora à Cayenne, suivant M. Richard. (J.) LIANE A PANIER. (Bot.) Ce sont celles dont les jeunes ra- meaux sont employés à faire des paniers à Cayenne : suivant Barrère, c'est le bignonia œquinoctialis. ( J. ) LIANE PAPAYE. (Bot.) Voyez Liane a l'anse. (J.) LIANE DE PAQUES. (Bot.) Le securidaca volubilis porte ce nom à la Martinique. (Lem.) LIANE A PATATES. (Bot.) Surian, dans son herbier, inscrit sous ce nom, soit un igname, dioscorea, soit un lise- ron nommé liane à batate. (J. ) LIANE PERCÉE. (Bot.) Nicolson dit que les feuilles de LIA sig cette plante de Saint-Domingue sont percées de deux trous ovales aux deux côtés de la côte moyenne. Ce caractère se retrouve dans celles du dracontium pertusum. (J. ) LIANE A PERSIL. (Bot.) La plante citée sous ce nom parNicolson, et sous ceux de mamrnarou et coulaboulé chez les Caraïbes, est le serjania tritemata, de la famille des sa- pindées. Dans un herbier de la Martinique le même nom est donné au kolreutera triphjila. (J. ) LIANE PIQUANTE. {Bot.) Plumier, dans ses Plantes iné- dites des Antilles, figure sous ce nom une plante grimpante à feuilles alternes, simples, ovales, couvertes en -dessous de poils blancs nombreux, fourchus et très-piquans. Les pédoncules dichotomes supportent des fleurs qu'il ne décrit pas, et il paroît n'avoir pas vu le fruit; la racine est longue, charnue et très-grosse. Il a trouvé cette plante dans Pile de la Tortue. ( J. ) LIANE A PISSER. (Bot.) Surian cite sous ce nom un rivinia. (J.) LIANE A PUNAISES. {Bot.) Plante de la Guyane qui n est pas encore déterminée. (Lem.) LIANE PURGATIVE, LIANE A MÉDECINE. {Bot.) Ni- colson cite à Saint-Domingue, sous ce nom, une espèce de liseron , qu'il nomme simplement convolvulus americanus. Il dit qu'on la nomme aussi liane àBauduit, et chez les Caraïbes arepeca. 11 cite encore un autre liseron, convolvulus , sous le nom de liane purgative du bord de la mer, que M. Poiteau dit être le convolvulus hrasiliensis. ( J. ) LIANE QUINZE-JOURS. (Bot.) Ce nom se donne, à la Martinique, au cissampelos carapeba. (Lem.) LIANE A RAISIN. {Bot.) La plante de Saint-Domingue citée sous ce nom parNicolson paroît, d'après la descrip- tion de ses feuilles et de son fruit, devoir être une espèce de raisinier, coccoloba , dont la réunion des fruits ressemble à une grappe de raisin. ( J. ) LIANE RAPE. {Bot.) A Cayenne on donne ce nom, sui- vant M. Richard, au hignonia echinata , dont le fruit est chargé d'aspérités comme une râpe. (J.) LIANE A RAVES. {Bot.) Nom donné dans les Antilles, suivant Surian, à l'igname cultivé, dioscorea sativa, proba- 220 LIA blement à cause de sa racine, qui a la forme et le volume d'une rave. Il l'indique aussi pour un banisteria. (J.) LIANE A RPXtLISSE. (Bot.) Nicolson cite sous ce nom, à Saint-Domingue, ïabrus precatorius , nommé aussi réglisse des lies. ( J.) LIANE ROUGE. (Bot.) Desportes et Barrère donnent ce nom à un bignonia qui se trouve à Cayenne et à Saint-Do- mingue , et qui est, selon eux, grimpant, flexible et rou- geàtre. Nicolson cite le même, et ajoute une description incomplète , qui fait présumer que celui-ci a beaucoup de rapport avec le bignonia aUiacea. On trouve à la Louisiane une autre liane rouge, dite du Mississipi, qui est le ziziphus volubilis de Willdenow. Une troisième liane rouge, citée à Cayenne par Aublet, est son tigarea aspera, maintenant réuni au tetracera , dans la famille des dilléniacées. (J.) LIANE RUDE. (Bot.) Voyez Fleur de Pâques. (J.) LIANE SAINT-JEAN. (Bot.) C'est, aux Isles , la pétrée grimpante. (Lem.) LIANE A SANG. (Bot.) Nicolson parle d'une plante de ce nom à Saint-Domingue, qui croît dans les montagnes, et qui est remplie d'un suc rouge comme du sang. C'est peut- être un millepertuis, approchant de la toute-saine , androsœ- mum , qui contient un suc pareil, ou quelque plante de la famille des guttifères, ou quelque sangdragon. (J.) LIANE A SAVON. [Bot.) C'est, à Saint-Domingue, le mo- mordica operculata , suivant M. Turpin ; le gouaniaDomingensis, suivant M. Poiteau ; un banisteria , suivant Vesportes. (J.) LIANE A SAVONNETTE. {Bot.) Voyez Liane contre- poison. ( J. ) LIANE A SCIE. {Bot.) Desportes cite, à Saint-Domingue . sous ce nom, le paulUnia curassavica, en ajoutant qu'il peut également être donné aux autres espèces du même genre. (J.) LIANE A SERPENT. {Bot.) Barrère, dans son Histoire naturelle de la Guiane , cite sous ce nom Varistolochia trijida, dont il dit que les habitans de cette contrée usent contre la morsure des serpens, et dans les cours de ventre invétérés. Une autre aristoloche , observée par Jacquin à Carthagène en Amérique, est nommée par lui aristolochia anguicida, parce que plusieurs gouttes de son suc, versées dans la bouche LIA 221 d'un serpent , le tuent promptement , et qu'une seule goutte l'étourdit pour quelques heures, au point qu'on peut, pen- dant ce temps, le manier sans danger. Il ajoute que les char- latans et bateleurs de ce pays savent en tirer avantage pour tromper le public. Le Caapeba (voyez ce mot) est une autre liane , réputée bonne pour guérir la morsure des serpens. (J.) LIANE SILLONNÉE. [Bol.) Voyez Liane carrée. (J.) LIANE A TÊTE DE SERPENT. [Bot.) C'est une espèce de pareire, cissawpelos. (Lem.) LIANE TIMBO ou TUE- POISSON. (Bot,) Cette pbnte du Brésil est probablement aussi la liane à enivrer. (Lem.) LIANE TOCOYENNE. (Bot.) C'est à la Guyane le nom d'une liane employée par les Tocoyens, tribu indigène, pour faire des paniers, etc. : c'est sans doute le biguenia œquinoc- tialis. (Lem.) LIANE A TONNELLES. (Bot.) C'est aux Antilles Vipomœa tuberosa, employé à couvrir des tonnelles. ( J.) LIANE A VERS. (Bot.) C'est une espèce de cierge ou cacte, cactus triangularis, nommé aussi cierge lézard, qui grimpe le long des arbres les pliis élevés; il produit une fleur blanche très-grande, d'une odeur très-agréable, laquelle se fane très -promptement. Nicolson dit qu'à Saint-Domingue on emploie comme vermifuge le suc blanchâtre qui découle de ses branches coupées. Suivant Beauvois , ce nom est donné, dans la même île, à la plante qui porte la vanille, et que l'on emploie pour les chevaux. ( J. ) LIANE VULNÉRAIRE, LIANE D'ASIE JAUNE. (Bot.) Surian , dans son herbier des Antilles, inscrit le tetrapteris inœqualis de Cavanilles sous ces noms, et sous les noms caraïbes himeti et patamibi ; celle qu'il nomme ailleurs liane à grand lois, liane à cercle, paroit être la même. L'herbier de Surian offre une autre liane vulnéraire, qui est une espèce de mi- lania, ayant quelque rapport avec Vajapanna célébré il y a quelque temps. (J.) LIANE AUX YEUX. {Bot.) Cette plante des îles n'est pas encore déterminée. (Lem.) LIARD. [Bot.) Dans quelques cantons on donne vulgai- rement ce nom au peuplier noir, ( L. D.) LIAS. {Min.) C'est pour les géologues anglois le nom par- 222 LIA ticulier d'une sous-formation qui a une position assez bien déterminée, et des caractères minéralogiques et zoologiques assez constans et assez tranchés. Ce n'est pas ici le lieu de les développer; nous nous contenterons d'eu indiquer la po- sition principale et les caractères les plus saillans. Le lias est un terrain généralement calcaréo-argileux , appar- tenant à la série de roches que nous avons réunies sous le nom de terrain de sédiment moyen, et faisant pour ainsi dire le passage inférieur de ce terrain au terrain de sédi- ment inférieur. Tous les géologues anglois , françois et alle- mands, qui admettent cette sous- formation , la placent au- dessus des terrains houilliers et même des terrains alpins, au-dessus des psammites rougeâtres qui recouvrent ces terrains , mais au-dessous du calcaire oolithique du Jura. Les uns la regardent comme formant la base de ce calcaire, et apparte- nant par conséquent à la formation jurassique , et bien certai- nement alors au terrain de sédiment moyen; les autres, comme offrant une époque déformation distincte, plutôt liée avec les inférieures qu'avec les supérieures , comme appar- tenant au calcaire alpin , dont elle constitue les dernières assises, et comme faisant alors partie de la formation de sédiment inférieur. Le lias est principalement composé de roches calcaréo- argileuses, d'une couleur gris-bleuàtre : les roches calcaires sont compactes et dures ; les argileuses ou plutôt la marne argileuse qui les sépare ou les enveloppe , est aussi bleuâ- tre, tendre, très-désagrégeable et très-délayable par l'eau. Il renferme quelques métaux, notamment, et souvent en grande abondance, du fer sulfuré soit en nodules soit dissé- miné, et aussi du plomb et du zinc sulfurés , de la baryte et de la strontiane sulfatées, etc. Ily a quelques concrétions sili- ceuses, quelques restes organiques silicifiés ; mais, en géné- ral, la silice à l'état de silex en bancs ou en nodules, de quarzite, de grès ou de sable, y est peu abondante. Enfin, on y voit du lignite terne et solide en morceaux épars, rare- ment en amas notables. Cest un des terrains les plus riches en débris organiques de beaucoup de classes différentes, depuis les animaux verté- brés, reptiles et poissons , jusqu'aux mollusques conchylifères. LIA 223 Parmi les reptiles on remarque les genres singuliers nom- més par les zoologistes anglois Ichthjosaurus et Plesiosaurus ; les poissons ne sont pas distingués d'une manière assez remar- quable pour être indiqués ici. Parmi les mollusques conchylifères on y voit un nombre considérable d'espèces d'ammonites, beaucoup debélemnites particulières à ce terrain et distinctes de celles de la craie ; destrochus, des modioles ; beaucoup de tcrébratules, d'huî- tres, degryphées, de plagiostoma giganlea , de pernes, un assez grand nombre d'espèces d'encrinites , mais très- peu de coraux ou de madrépores. Si nous n'avions considéré le mot de lias que comme le nom local d'une formation bien déterminée ailleurs, nous ne nous y serions pas arrêtés; mais, quoiqu'il s'applique à un terrain bien caractérisé par tous les moyens que donne la géognosie , il n'a reçu de nom certain dans aucune langue. Le nom de lias est court , insignifiant , assez facile à prononcer ( quoique nous l'altérions dans notre prononciation françoise, car les Anglois disent layasse). Nous l'adopterons donc dans la série générale des terrains, comme désignant une sous- formation que nous croyons avoir reconnue dans le Jura et dans diverses parties de la Bourgogne (notamment aux environs d'Autun et d'Avalon). Enfin il nous semble que cette formation se rapporte à celle que les géologues allemands ont désignée sous le nom de Muschelkalk ; nom impossible à introduire dans le langage universel de la science , à cause de sa con- texture et de sa signification tout-à-fait erronée pour nous, si on vouloit le traduire. Nous examinerons cette question dans un autre lieu , et lorsque nous reviendrons sur la série générale des formations et sur leurs caractères essentiels ou comparatifs, au mot Ter- rains (Géognosie). (B. ) LIATRIDÉES. {Bot.) Louis-Claude Richard donnoit ce titre à une sous- division formée par lui dans l'ordre des synan- thérées. Le catalogue des plantes du Jardin médical de Paris, publié par le jardinier Marthe, en l'an IX, est, je crois, le seul livre où M. Richard ait consigné sa méthode de classification des synanthérées : mais on n'y trouve que des notions incora- 224 LIA plètes et insuffisantes sur cette méthode. Nous avons assisté, en 1810, aux leçons de botanique du savant professeur, et nous avons, à la même époque, rédigé pour notre usage l'analyse exacte de toute sa doctrine, d'après les notes re- cueillies par nous pendant les leçons. Cela nous procure le moyen de bien faire connoître ici la méthode de M. Richard. 11 nomme synantherie une classe de plantes ayant pour caractères essentiels, les étamines réunies par les anthères seulement, et l'ovaire infère, monosperme. 11 divise ensuite la classe de la synantherie en deux ordres, qui sont 1.° la monostignialie , 2.° la distigmatie. La monostigmatie est carac- térisée par l'unité du stigmate; et l'auteur lait observer que,* dans cet ordre , tantôt le style est terminé au sommet par un stigmate al)solument indivis, comme dans beaucoup de carduacées ; tantôt le stigmate est échancré , ou fendu au sommet, ou même profondément biparti, comme dans le liatris : mais, dans tous les cas, la substance glanduleuse du stigmate se jirolongeant plus bas que l'incision dénote tou- jours l'unité du stigmate. La distigmatie, caractérisée par la duplicité du stigmate, n'a lieu que quand l'incision dépasse, ou au moins atteint, le sommet du style dépourvu de glandes. S'il faut en croire M. Richard , cette division ordinale de la classe des synanthérées a l'avantage de ne rompre nulle- ment les affinités naturelles. Quoi qu'il en soit, le premier ordre, ou la monostigmatie , comprend trois sections : i.^les échinopsidées , 2." les carduacées , o.° les liatridées. Les échi- iiopsidées sont la polygamie séparée de Linnaeus : leur carac- tère est d'avoir chaque ffeur entourée d'un petit involucre propre , ou bien quelques tleurs réunies dans un même invo- lucre , et tous ces involucres rapprochés les uns des autres en un seul et même groupe. Les carduacés sont les cinaro- eéphales de M. de Jussieu; leui's caractères essentiels sont : 1." toutes les fleurs flosculeuses ; 2.° le réceptacle commun couvert de soies roides, beaucoup plus nombreuses que les jleurs. Les liatridées, présentées par M. Richard comme une famille toute nouvelle, ont pour caractères : 1." un seul stigmate, 2.° toutes les fleurs flosculeuses, 3.° le réceptacle commun nu. Le second ordre, ou la distigmatie, comprend deux sections: 1.° les coiymbifèves , 2." les chicoracées. Les LIA 225 corymbifères comprennent : i ." toutes les synanthérées ayant la flevir radiée; 3.° toutes les synanthérées à tleur tlosculeuse, ayant le réceptacle commun chargé de paiileUes en nombre égal à celui des fleurs; 5." toutes les synanthérées distigma- tiques, à fleurs flosculeuses, ayant le réceptacle nu. 11 est bon aussi de remarquer, ajoute M. Richard, que ce n'est que chez les corymbifères qu'on trouve des fleurs flosculeuses ayant à la circonférence des fleurons femelles liliformcs . dont le limbe de la corolle est indivis. La section des corymbi- fères se divise en deux sous-sections, dont l'une est carac- térisée par le réceptacle nu, et l'autre par le réceptacle pa- léacé. Les chicoracées ont pour caractère d'avoir toutes les fleurs demi-fleuronnées et hermaphrodites. Nous aflirnions que ce qu'on vient de liie est un extrait fidèle de la leçon sur les synanthérées, faite publiquement par M. Richard, à l'amphilhéàtre de l'Ecole de niédecir(e5 le 2 Août î8io. Cependant ce botaniste, dans son Mén;oire sur les calycérées , publié, en 1820, dans le sixième volume des Mémoires du muséum d'histoire naturelle, se plaint de ce que nous l'aurions, suivant lui, fai s.emenf supposé l'au- teur d'un caractère des échinopsidées , qu'il n'a , dit-il , établi ni publié nulle part. Ce reproche, qui inculpe notre bonne foi , peut heureusement être repoussé par un témoignage non suspect. En effet, M. Desvaiix, dans ses Olxservatious sur le genre Lagasca , publiées , en j {3o8 , dans le tome I." du Journal de botanique, dit que le lagasca appartient à la monosfig- matie de M. Richard, parre que les glandes stigmatiques re- couvrent une partie du style jusqu'au-dessous de l'incision-: et qu'il appartient aux échinopsidées du même auteur, ayant les fleurs distinctes les unes des autres par des involucelies. Le catalogue du Jardin médical atteste (page 89) que Richard atlribuoit à ses liatridées les trois genres Tarcho- nanthus, Vernonia et Liatris. Nous ne voulons produire ici aucun des argumens par lesquels on peut, selon nous, démon- trer avec évidence que tout le système de ce botaniste sur la classification des synanthérées est fondé sur une erreur capitale , et que ses liatridées surtout sont absolument inad- missibles. Cela nous entraineroit dans une trop longue dis- cussion, et d'ailleurs nous avons déjà plusieurs fois réfuté le 26. i5 226 LIA système dont il s'agit. (Voyez tom. VII, pag. i4y; tom. X, pag. i54; tom. XIII, pag. 563 ; tom. XIV, pag. 2o3.) Au reste, il n'est pas douteux que M. Richard avoit fini par condamner lui-même le système en question; car, dans son Mémoire sur les calycérées , il propose un autre système de classification des synanthérées, lequel seroit fondé sur la présence où l'ab- sence du nectaire et sur la structure de cet organe. Nous démontrerons ailleurs que ce second système de M. Richard est encore moins soutenable que le premier. Le nom de liatridécs a reçu de nous un autre emploi que celui auquel feu M. Richard l'avoit destiné; car il nous sert à désigner une section de notre tribu naturelle des eupato- riées. Il faut profiter de cette occasion pour présenter le tableau méthodique des genres de cette tribu, qui auroit dû se trouver dans notre article Eupatoriées , tom. XVI, pag. g ; et nous offrirons en même temps le tableau des genres d'une autre tribu immédiatement voisine de celle-ci. XVIII." Tribu. Les Adénostylkes {Adenostjtecc). (Voyez les caractères de cette tribu, tome XX, page 582.) I. Calathidc radiée. 1. t ? Senecillis. = Solidaginis sp. Gmel. — Cincrarix sp. Lin. — Seneciltis. Gaertn. ( 1791 ). 2. * LiGULARiA. = Jacobœœ sp, Tourn. — Jacohœoidis ap. Vaill. — Jacobœastrum. Amman. — Othonnœ sp. Lin. (1748) — Solidaginis sp, Gmel. — Cinerariœ sp.Lïn. (1753) — Ligularia, H. Cass. Bull. déc. j8i6. p. 198. Dict. S.''" Celmisia. = Celmisia. H. Cass. Bull. févr. 1817. p. 32. Dict. V. 7. p. 556. II. Calathide discoïde. 4. * HoMOGYNE. = Tussilaginis sp. Lin. — Jacq. — Tussilage, Decand. FI. fr. v. 4. p. i58 — Homogjyne, H. Cass. Bull. déc. 1816. p. 190. Dict. V. 21. p. 412. III. Calathide incouronnée. 5."' Adenostyles. = Cacalia, Tourn. — Vaill. — Adans. — Cacaliœ sp. Lin. — WiUd. — Adenostjles, H. Cass. (1816) Dict. V. 1. suppl. p. 69. Bull. déc. 1816. p. icjQ. 6.* Taleolaria. = Ageratum lineare. Cavan. (1794) — Stevia LIA 227 linearis. Cavan. (1802) — Pa/eoiaria. H. Cass. (181 G) Dict. v. 1, suppl. p. 59. 60. Bull. déc. 1816. p. 198. Bull, mars 1818. p. 47. — Palafoxia. Lag. ( 181C). XIX." Tribu. Les Eufatoriées {Eupatorieœ). An? Eupatoria. Juss. (1789 et 1806) — Les Eupa^oires. IL Cass. ( 1812) — Les Eupatoriécs. H. Cass. (1814) — Eupato- rieœ. H. Cass. (18)9) — Eupatoreœ. Kun(h ( iSuo). (Voyez les caractères de la tribu des Eupatoriées, tome XX, page 383.) Première Section. Eupatoriées- Agératées (Eupa'oriecv - Ag^erateœ). Caractères ordinaires. Fruit pentagone ou à peu près pen- tagone, glabre ou presque glabre; aigrette tantôt composée de squamellules paléifornies ou laminées , tantôt stéphanoïde, tantôt nulle. Feuilles ordinairement opposées. 1 . * Stevia. :=:Stevice sp. Cavan. (1 797) - — A<^erati xp. Ortega. — Jacq. — MusLelia. Spreng. — Sie^ia. Lag. ( 1816) — Kuntli (1820). 2.* Ageratum. — Carelia. Ponted. (1720) — Adaiis. — Ageratuni. Lin. (1737}. 3. * Cœlestina. ^= ? Ageratum corymbosum. Pers. — Calestina. H. Cass. Bull. janv. 1817. p. 10. Dict. v. 6". suppl. p. 'ô. atl. cah. 3. pi. 4 — Kunth (1820). 4. t ALoniA. = ALomia. Kunth (1820). 5.* ScLEROLEPis. — Ethuliœ sp. Walt. — Willd. — Sparga- nopliorus verticillatus. Michaux. — Pers. — Nuttal — Sclcrolepis. H. Cass. Bull. déc. 18)6. p. 198. Dict. v. 26. p. 365. 6. '"■ Adenostemma. = Eupat^riophalacri sp. Vaill. — Verbesina- et Cotulœ sp.Lin. — Adenosienima, Forst. (177G. benè.) — Juss. — H. Cass. Dict. V. 26. p. 56o — Lavenia. Soland. inéd. — Swartz ( 1788) — Schreb. — Spilanthi sp. Lour. — Lavenia el Verbesinœ sp. Pers. 7.* TiqvERîA.=^ Flavcriœ sp. Juss. (1789) — Piqueria. Cavan. (1794) — H. Cass. Bull, août 1819. p. 127 — Kunth ( 1820). Deuxième Section. EuPATORiÉEs-PROTOTypES ( EuputoriecE - Archetjpœ ). Caractères ordinaires. Fruit pentagone ou à peu près pen- tagone , glabre ou presque glabre: aigrette conij/osée de 228 LIA squamellules filiformes , barbellulées. Feuilles ordinairement opposées. 8.t ? Art^oglossvm. = Arnoglos!nim, Rafin.(i8i7) Flor. ludov. g.* MiKANiA. — Eupatorii sp. Lin. — ? TVUlugbœj'a. Meck. (lycji)— Mifcanuc sp. WiHd. (i8o3) — Mikania. H. Cass. Dicl. V. 16. p. 5. — Kunth. 10. '!• Batschia. = Eupatorii sp. Lin. ( 1707 et 1748) — Lin. fil. (1781) — Agerati sp. Gronov. (1743) — Lin- (i7^5) — pK^ri.'ema. Neck. (1791) — Batschia. Mœnch (1794) — H. Cass. Dict. V. 4, suppl. p. 49. V. iG. p. 3. 11."-'' Gyptis. = Gyptii. H. Cass. Bull. sept. 1818. p. 109, Dict. V. 20. p. 177. i2.''' EvTATOKiVM. = Eupatorii sp. Tourn. (1694. bcoè.) — Vaill. (1719. malè.) — Lin. (1757. nialè.) — Juss. (1789. malè.) — Ga-rtn. (1791. benè.) — ? Dalea aut Critonia. P. Browne {1756) — Eupatorium. Adans. (1765. benè.) — Neclu (1791. malè.) — Mœnch (1794. benè.) — H. Cass. Dict. v. iG. p. 2. V. 25. p. 43j. Troisième Section. EarATORiÉES- LiATRiDKEs ( Eiipulorieœ - Lialride'v). Caractères ordinaires. Fruit cylindracé ou à peu près cylin- dracé, plus ou moins poilu, muni d'environ dix nervures; aigrette composée de squamellules filiformes, barbées, bar- bellées, ou barbellulées. Feuilles ordinairement alternes. i3.* CoLEOf^A.[ composés d'un grand nombre de petits péridiums (rès-serrés, s'ouvrant en travers, mais un peu irrégulièrement, et con- tenant une poussière jaunâtre ou blanchâtre. On trouve cette espèce sur les écailles des cônes pourris du sapin ; elle croît 252 Lie sur la face interne des écailles. Après rémission de la pous- sière elle a quelque ressemblance avec un guêpier. Nous citerons encore le l.icea flexuosa, Pers. , qui se ren- contre sur l'écorce du pin. Le I icea slipituta , Dec, qui est le diderma sqtiammulosum d'AJbertini et Schweinitz, ne paroit pas devoir appartenir à ce genre. (Lem.) LICEA. (Iclithjol.) Nom nicéen du Centronote lvzan, suivant M. Risso. (Desm.) LICETTE. {Ichthyol.) A Venise, selon La Chesnaye des Bois, on appelle ainsi la fiatole. Voyez Stromatée. (H. C.) LICHANOTUS. (Mamm.) Nom générique donné par llli- ger au quadrumane de la famille des makis, que M. de Lacépède avoit décrit long- temps auparavant sous le nom d'iNDRi. Voyez l'article Maki. (Desm.) LICHE. {Ichthjol.) Poisson du genre des S(juales, dont M. Cuvier forme un groupe particulier. (Desm.) LICHE, Lichia, ( Ic/iZ/iyo/. ) M. Cuvier a retiré, sous ce nom, des scombres et des gastérostées de Linnaeus et des centronotes de M. de Lacépède, un genre de poissons recon- noissable aux caractères suivans : Des épines libres en avant de la nageoire du dos; point de fausses nageoires ; écailles lisses ; plus de quatre rayons aux ca- topes ; ni carène, ni armure à la ligne latérale; une ou deux épines libres au devant de la nageoire anale; corps généralement assez élevé et comprimé. Le genre Liche appartient à la famille des atractosomes de M. Duméril, parmi les poissons holobranches thoraciques, et a la deuxième tribu de la famille des scombéroïdes de M. Cuvier, parmi les poissons acanthoptérygiens. A l'aide des caractères indiqués, on le distinguera facile- ment des Centronotes, dont les côtés de la queue sont sail- lans en carène; des Scombres, des Scombéroïdes , des Scombé- ROMOREs et des Tkachinotes , qui ont de fausses nageoires derrière celles du dos et de l'anus ; des Gastérostées, qui n'ont que deux rayons aux catopes ; des Lépisacanthes , qui ont les écailles très-épineuses; des C/esions et des Caranxo- MOREs , qui n'ont point d'aiguillons au devant de la nageoire dorsale; des Caranx, des Centropodes, des Pomatomes, qui Lie 255 ont deux nageoires dorsales. (Voyez ces divers noms de genres, et Atractosomes, dans le Supplément du second vo- lume de ce Dictionnaire.) Ce genre est d'ailleurs assez peu abondant en espèces, à moins que, à l'exemple de M. Cuvier , on n'y fasse entrer, dans une division à part, les scombén/ides de M. de Lacé- pède. Tous les poissons qui le composent, ont un large sac pour estomac et beaucoup de cœcums. Parmi eux nous signale- rons les espèces suivantes : La LiCHE VULGAIRE : Lichiu vulgaris , N. ; Scomher amia, Bloch ; Centronotus vadigo , Lacép. Huit aiguillons au devant de la nageoire du dos; ligne latérale tortueuse : nageoires du dos et de l'anus falciformes ; nageoire caudale fourchue ; première épine dorsale couchée en avant et immobile; corps alongé et comprimé ; museau arrondi; mâchoires garnies de petites dents isolées ; yeux grands , à iris nacré ; nuque transparente; opercules lisses. Ce poisson a le dos couvert d'un manteau bleu chatoyant, dont les bords descendent en festons sur les côtés, qui resplen- dissent de l'éclat de l'argent. Son ventre est blanc ; le dessus de sa tête, d'un beau bleu d'outre-mer; sa nageoire dorsale blanchâtre; celle de l'anus blanche et pointillée de noir. La liche habite la mer Méditerranée, sur les côtes de la- quelle on la nomme derbis , lampuga, lecia , luzia, suivant les lieux. Il paroit bien qu'elle est le poisson nommé yXoLunoç par Aristote. Rondelet en a parlé sous le nom de seconde espèce de glaucus , dans le i6.'' chapitre de son 8." livre; et quoique Bloch en ait traité sous la dénomination de scomber amia, elle ne se rapporte aucunement au poisson que Lin- naeus et Artédi ont ainsi appelé. Elle vit de petites espèces de dupées, et pèse de quatre à quarante livres. Sa chair est, dit-on, préférable à celle du thon. La Liche ÉPERON : Lichia calcar, N. j 5comZ'er ca/car , Bloch , 33G, fig. 2 ; Centronotus calcar, Lacépède. Quatre aiguillons au devant de la nageoire du dos; corps et queue presque alépidotes ; mâchoire inférieure plus longue que la supé- rieure ; ligne latérale presque droite 5 catopes couchés dans ^54 Lie un sillon pendant le repos; teinte générale argentée, avei" des reflets noirs sur le dos; nageoires bleuâtres. Ce poisson, de la taille du maquereau , est fort abondant sur la côte de Guinée. Sa chair est d'une saveur agréable. Lecentronote argenté, des rivages de l'Amérique, et qui est regardé par Gmelin comme un gastérostée, est rapporté au genre Liclie par M. Cuvier. Voyez Centronote , Scomeé- ROÏDE et Leiche. (h. C.) LICHEN. {Bot.) Ce nom étoi't donné, par les anciens, à nne plante en usage pour guérir les dartres et d'autres affec- tions cutanées. Dioscoride, Pline, Galien , etc. , ne la décri- vent pas d'une manière satisfaisante , de sorte que l'on est réduit à des conjectures sur son espèce. Dioscoride nous ap- prend que le lichen étoit aussi nommé bryon , qu'il croissoit habitueileinent sur les pierres humides et souvent arrosées. Les commentateurs de ces auteurs sont la plupart du sen- timent que le lichen des anciens est notre marchanlia polj- morpha. ou même le marchanlia conica : ils se fondent sur ce que , de leur temps , ces deux plantes hépatiques s"em- ployoient dans les pharmacies aux mêmes usages que le lichen, et qu'elles croissent effectivement dans les mêmrs circonstances. Cependant quelques-uns d'eux soupçonnent et pensent même que le lichen ancien peut très -bien être une de nos espèces de lichen , par exemple, le lichen pulmo- narius , Linn. (voyez Lobaria), ou le lichen parieiinus. Linn. (voyez Imbricaria). On doit encore faire remarquer que Pline distingue deux espèces de lichen. La première est, selon lui , une herbe qui pousse, une à une , des feuilles élargies à la base, dont la tige est solitaire et garnie de feuilles pen- dantes. Cette herbe se plaisoit dans les lieux pierreux. C. Bauhin pense que ce peut être une plante grasse , et même le saxifraga cuneifolia , ce qui est bien hasardé. La sccoiide espèce de Pline croissoit sur les pierres, comme la mousse, et est rapportée au lichen de Dioscoride. Jusqu'à Michéli les botanistes ont désigné par lichen des plantes diverses. Dans le Pinax de C. Bauhin on trouve réunis, sous ce nom, les hépatiques des getires Marchanlia , Targionia et quelques espèces de .îungermannia. C'est aussi la même application de cette dénomination qu'on retrouve dans quel- Lie 255 ques botanistes contemporains ou postérieurs aux Bauhin. Plus tard Rai s'c^t serA'i de ce nom pour un de ses genres, qui comprend les Marclianlia, Vlîepalica de plusieurs autres botanistes, et une partie de nos Jungerwannia. Dillen , qui a aussi un genre Lichen, y rapporte les genres Marclianlia, Riccla, Guentheria, Targionia et Sphœrocarpi/s ; il en exclut toutes les Jungern:annia etVAndtœa, qui sont ses Lichenastruni , expression par laquelle il a voulu rappeler que ces plantes ont beaucoup d'analogie avec les précédentes. D'après cela on peut dire que la famille des hépatiques réunit les lichens de ces botanistes. D'une autre part, Tournefort et Michéli réservèrent le nom de Lichen à un genre très-différent des précédens, adopté par Linnapus, et tellement riche en espèces très-variées, que , dès son adoption par Linngeus , les botanistes ont cher- ché à le diviser: maintenant il forme, à lui seul, une famille contenant un grand nombre de genres. Nous en donnons les caractères et l'histoire dans notre article Lichens. Les plantes de ce genre méritent d'autant mieux le nom de Lichen, qui signifie dartre, en grec, que beaucoup d'entre elles forment, sur les rochers, les pierres et les écorces d'arbres, des croûtes lépreuses, comparables à cette ma- ladie de la peau, à la guérison de laquelle plusieurs ont é(é employées. ( Lem. ) LICHEN- AGx\RÏCUS. [Bot.) Michéli donnoit ce nom à un genre de la famille des hypoxylées , que depuis on a adopté sous le nom de Sphœria. Il trouvoit que les végétaux qui le composent, tiennent à la fois des champignons, surtout dans leur éfat de fraîcheur , et des lichens par leur nature. Actuellement ils font partie de l'ordre intermédiaire des hypoxYlées , établi par M. De Cai:dol!e. Michéli en a décrit un petit nombre d'espèces, qu'il disposoit en trois sections, qu'il nomme ordres. La première renferme les espèces droites, ra- meuses ou simples, qui comprend les sphœria hrpoxylon , digitata, milifaris ; dans la deuxième sont 1rs espèces crnsfacées ou tubéreuses, qui portent leurs conceptacles à la surface su- périeure ou inférieure : la troisième confient quelques es- pèces qui ne sont point crustacées , et dont les séminule.s sont à la surface. Les espèces de ces sections sont fort difïîciles ^56 Lie à déterminer, parce qu'elles rentrent dans des sections da genre Sphœria , extrêmement nombreuses en espèces, qui ^ pour la plupart, sont elles-mêmes très-mal définies. Michéli considère les conceptacles de ces végétaux comme des fleurs apétales, stériles, sans étamines ni pistil ni calice, et adhé- rentes à des masses gélatineuses. (Lem.) LICHEN DE GRÈCE. (BoL) Voyez Orseiixe. (Lem.) LICHENASTRUM. {Bol.) Dillcn , dans son Hist. musc, désigne ainsi un genre que Michéli et Linnaeus ont nommé jungermannia. Voyez Lichen. (Lem.) LICHENÉES ou LIKENÉES. {Enlom.) Geoffroy a désigné sous ce nom, avec les épithètcs de rouge et de bleus, deux noctuelles (dociua sponsa, fraxini) , dont les chenilles se nour- rissent principalement de lichens, ou parce que leurs ailes supérieures sont grises et peuvent faire confondre au pre- mier coup d'œil ces insectes avec les lichens. Voyez Noctuelle. (CD.) LICHENOIDES. {Bot.) Nom de l'un des trois genres qui représentent les lichens dans VHistoria muscorum de Dille- nius : il comprend les lichens crustacés ou à expansion mem- braneuse , plane ou rameuse , qui composent les genres Opegrapha , Grapliis , Verrucaria, Pertusaria, Rhizocarpon , Pa- tellaria, Psora, Urceolaria, Squammaria , PLacodium , Imbricaria , Collema , Phjscia, Lobaria, Sticta , Peltigera , Uinbilicaria. Rai avoit employé cette dénomination de Lichenoides dans le même sens qiie Dillenius: mais, avant lui, Michéli le restrei- gnoit au genre Verrucaria , le Korkir d'Adanson. Enfin le Lichenoides d'Hoffmann représente le genre Phjscia , ou mieux le Borrera, qui n'est qu'une division du Phjscia. (Lem.) LICHENOPORE. {Foss.) On trouve dans les couches du calcaire coquillier, ainsi que dans les craies, de petits poly- piers qui adhèrent quelquefois à des coquilles, et qui pa- roissent n'avoir point encore été décrits. Ils sont pierreux, orbiculaires, parsemés de pores à leur partie supérieure, sur laquelle on trouve des crêtes élevées ou de petits tubes qui rayonnent du centre à la circonférence , sans former unç étoile , comme dans les polypiers à cellule lamellée en étoile. Je propose d'en former, sous le nom de lichénopore, un genre dont voici les caractères : Poljpier pierreux , fixé , orbi- Lie 257 culaîre , avec ou sans pédicule , poreux à sa partie supérieure , où se trouvent des crêtes ou des rangées de tubes rayonnantes. Espèces. LicHÉNOPORE TURBINÉ, Lichenopora turbinata. (Def. ) Cette jolie espèce , figurée dans l'Atlas de ce Dictionnaire , a la forme d'un verre à patte. Elle est lisse extérieurement et sur ses bords; ses pores sont larges et très-rapprochés les uns des autres. Diamètre trois à quatre lign. ; hauteur à peu près égale. LicHÉNOPORE CRÉfv , Lichenopora crispa. (Def.) Cette espèce s'attache sur les corps par toute sa surface inférieure. Elle est un peu moins grande que la précédente, et sa surface supérieure est couverte de petites aspérités formées par le prolongement des pores, qui sont tubuleux. Les bords sont quelquefois relevés et forment un encadrement autour du polypier. Les deux espèces précédentes se trouvent dans les falu- nières de Hauteville et d'Orglandes , département de la Manche. LicHÉNOPORE DES CRAIES, Lichcnopora cretacea. (Def.) Cette espèce forme de jolies rosaces sur les échinites et autres corps qu'on rencontre dans les craies. On trouve souvent dans la même substance ces petits polypiers qui ne sont adhérens sur aucun corps; mais, comme ils portent des traces de leur adhérence , il est très-probable que les corps sur lesquels ils ont vécu ont disparu. Les polypiers de cette espèce diffèrent de ceux des espèces précédentes, en ce que les crêtes dont ils sont couverts, sont plus petites et ne présentent point de petits tubes. Diamètre deux à trois lignes. On les trouve dans les couches de craies de Meudon , de Maestricht et de Nehou ,, département de la Manche. (D. F.) LICHENOPS. {Ornith.) L'oiseau désigné sous ce nom dans les manuscri(s de Commerson se rapporte au clignot ou traquet à lunettes, motacilla perspicillata , Ginel. (Ch. D.) LICHENS et HERPETTES, Ljc/ien5s.(BoL) Famille de plantes cryptogames, intermédiaire entre les hypoxylées et les hépa- tiques, avec lesquelles elle a des affinités, surfout avec les premières, et que Linnaeus et ses imitateurs placent dans la famille des algues. 2G. 37 rî58 Lie Ce sont des plantes terrestres ou adhéren les aux arbres et aux pierres, fixées par des fibrilles très-déliées, situées à la partie inférieure d'un thallus, ou exTpansion (réceptacle unii'ersel, Ach.), crustacé ou grenu , ou corné ou coriace , ou membraneux ou foliacé, horizontal ou redressé, sinué, lobé, découpé, ramifié, branchu , coralloïde ou filamenteux, ordinaire- ment subéreux, ou cotonneux, ou spongieux , ou semblable à de l'étoupe à l'intérieur, et recouvert d'une écorce mince plus tenace; portant: i." des conceptacles ou apotheciuin [ré- ceptacle propre ou particulier , Ach.), épars ou agglomérés, sessiles ou portés sur une tige ou pédicule propre (podecium et podicellum , pjxis , bacilliis), variables dans leur figure (d'où les noms suivans pour les désigner, scutella, patellula, lirella, pilidia, orhilla , pelta, trica , thalamia , tubercula, cistula, ce- plialodia, capitula, globulus, verruca) , communément en forme d'écusson ou de scutelle , composés d'une écorce ou peau extérieure et souvent d'un rebord, produits tous les deux par le thallus , dont ils ne différent pas; d'un disque, d'une couleur différente que le thallus, formé par une peau colorée [lamina proli géra , Ach.) qui recouvre un noyau (nucleus proligerus, Ach.) dans la substance duquel sont les corps reproducteurs ou séminules, renfermés dans des élytres [gongjli, sporulœ , thecœ, etc.) : 2.° des corps tuberculiformes ou faux concep- tacles (cephalodia, cjphella, pulv'inelus , soredm) , farineux ou poudreux, ou fibreux, ou déchiquetés , ou frisés, de même nature que le thallus, qui, comme les vrais conceptacles, concourent à la multiplication de la plante, et que l'on a regardés comme des organes mâles ou des efflorescences dues à la rupture des cellules extérieures du thallus. Tels sont les caractères de cette famille, qu'Acharius con- centre dans un plus petit nombre de lignes. Suivant lui, on peut définir ainsi les lichens. Kéceptacle universel , ou thallus polymorphe , sans racine, sans tige , vivace , contenant des corpuscules infiniment petits ou gongyles, servant à la multiplication de la plante, et épars ou nichés à la surface ou dans la propre substance du thallus , contenus aussi à la fois dans des organes propres, colorés: réceptacles partiels ou apolliecium , semblables à des organes fructifères. Lie 2 5g ' Cette définition tient à ce que ce célèbre lichénographe a été conduit, par des observations multipliées et par un examen sévère de toutes les parties des lichens, à les considérer comme formés d'une seule et même substance diversement modifiée, renfermant, cachées dans toutes ses parties, les séniinules reproductrices. L'on doit avouer que les raisons qu'il donne ne sauroient être réfutées. Nous pensons donc avec lui que les lichens n'ont point de fructification bien reconnue, puisque toutes leurs parties servent à la multipli- cation; et, en outre, que les conceptacles ne sauroient être considérés comme des organes femelles, et les corps tubercu- leux ou faux conceptacles comme des organes mâles : opinion émise par des naturalistes plus par système que par conviction. C'est à la Lichénographie universelle d'Acharius que nous renvoyons le lecteur qui désireroit prendre une connoissance plus particulière de la structure et de la nature des diverses parties des lichens, et étudier plus profondément l'histoire de ces êtres singuliers, qu'on a été tenté de rapprocher du règne animal. Les lichens offrent sur le même pied des con- ceptacles de structure différente; c'est ce qui établit, selon Acharius, la distinction de cette famille d'avec celles des algues, des champignons et des hépatiques. On peut ajouter encore que le tissu spongieux et blanc des lichens verdit à l'air, ce qui est dû sans doute à un suc propre décoloré par l'action de l'air ; enfin , qu'ils donnent de l'oxigène, lorsque , mis sous l'eau , on les soumet à l'action du soleil. I>es genres que nous rapportons à cette famille avec M. De Candolle, ont été d'abord institués ou adoptés par Acha- rius, et ensuite modifiés par lui, ainsi qu'on va le voir par l'exposition suivante. Nous avons cru devoir ajouter quelques synonymes à la suite de chaque genre, pour faciliter l'intel- ligence de ce qui a été dit sur chacun d'eux dans ce DiC" tionnaire. Genres de la famille des lichens. * Conceptacles pulvéruiens placés sur une croûte peu adhérente. 1. Lepra, "Wigg. ; Lcpraria, Ach, 5 PulycTaria , Hoffm, , Ach. 3 Ccnia, Yent, 26o Lie 2. CoNiocARPON, Decand. ; Spiloma, Ach. 3. Variolaria , Fers. , Ach. ** Conceptaclçs en tubercules ou en écussons insérés sur des tiges. 4. IsiDiuM , Ach. 5. Sph^ï^rophorus, Ach., Decand. 6. Stereocaulon , Ach. 7. CoRNicuLARiA, Decand. ; Cornicularia , Setaria et Alec- toria, Ach., Lichen. 8. UsNEA , Ach., Decand.; Everniœ, Sp., Ach. 9. RoccELLA 5 Decand. 10. Cladonia, Hoffin., Ach., Prod. : Decand.) ^ ' » I Cenomyce, 11. ScYPHOPHORUs , Vent. , Ach. . , ,. , TT I u n j 1^ j Ach., Lichen, 12. Helopodium, Ach., Frodr.; Decand. ) *** Conceptacles en tubercules ou en écussons sessiles ou pédoncules , insérés sur une simple croûte grenue. i3. B^MYCEs, Ach., Decand.; Tubercularia, "VN'igg., Hoffm. ; Bœomjces et Lecideœ , Sp., Ach., Lich. 14. Calycium , Fers.; Limboria , Calicium, Cj'phelium et Co- niocjhe , Ach., Act. Acad. Hol. i5. Fatellaria, Ach., Decand.; Scutellaria, Hofifm. ; Leci- deœ, Sp., Ach.; Lecanorœ , Sp., Ach. *"■** Conceptacles en écusson , placés entre ou sur des écailles foliacées. 16. Rhizocarpon , Ramond; Lecanorœ, Sp. Ach. 17. PsoRA , Hoffm., Sp. , Ach., Decand.; Psoroma et Le- canorœ, Sp. , Ach. a8. Urceolaria, Decand.; Urceolaria et Gjyalecta, Ach. 19. VoLVARiA , Decand.; Thelotrema, Ach. 20. SyUAMMARiA , Decand. ; Psorœ , Sp. , Hoffm. ; Psoromœ . Placodii , Sp. , et Lecanorœ , Sp., Ach. *''■*** Conceptacles insérés sur des feuilles. 21. Flacodidm, Ach. ; Lecanorœ , Sp. , Ach. 22. CoLLEMA, Hoffm., Ach. 23. Fhyscia , Ach., Decand. ; Lichen, Hoffm.; Borrera , Ramalina, Cetraria et Evernia , Ach. 24. Imbricaria, Ach.: Parmelia, Ach,; Lichen, Hoffm. Lie 261 20. LoBARiA , Ach. , Hoffm. , Sp. 26. Sticta, Ach. 27. Peltigera, Decand.; Peltidea, Nephroma et Solorina, Ach. 28. U.MBiMCARiA , Hoffm., Ach. ; Gjrophora, Ach.; Gjro- mium, Vahlenb. 2g. Endocarpon, Hoffm., Ach. 00. Plocaria, Nées. Acharius dispose ainsi les genres de cette famille dans son dernier ouvrage sur les lichen , son Synopsis methodica. CLASSE I.'* Idiothalames. Conceptacles d'une substance et d'une couleur différentes de celles de la croûte ou expansion du lichen. Ordre I." Homogènes. Conceptacles simples, entièrement pulvérulens ou cartilagineux. '^ Conceptacles sans rebord. 1. Spiloma. 2. Arthonia. 3. Solorina. ''■'^ Conceptacles munis d'un rebord, c'est-à-dire, bordés. 4. Gyalecta. 5. Lecidea (ici le Ccenogonium ,EhT.). 6. Calicium (depuis divisé par Acharius en quatre genres, et formant une famille, les calycioïdes .- LimZ>or/a (Schizoxylon, Fers.), Cypheliuin , Calicium, Coniocybe). 7. Gjyrophora. 8. Opegrapha. Ordre II. Hétérogènes. Conceptacles presque simples, soli- taires, contenant un noyau renfermé dans un perithecium. =*■ Conceptacles bordés. 9. Graphis. 10. Verrucaria. 11. Endocarpon. Ordre III. Hypérogènes. Conceptacles composés , c'est-à-dire, réunis plusieurs dans un tubercule ou une verrue de même nature. 12. Trjpethelium {Bathelium, Ach., Meth.). i3. Glfphis, 14. Chiodecton, 2^2 Lie CLASSE II. Cœnothalames. Conceptacles en partie de numc nature que leur base. Ordre I.*' Phvmatodes. Conceptacles dans des verrues for- mées par le thallus. i5. Porina. 1 6. Thelolrema. 17. Fyrenula. 18. Variolaria. ig. Sagedia. 20. Polistroma. Ordre II. Discoïdes. Conceptacles scutelliformes , c'est-à-dire, en forme d'écusson, ayant leur disque d'une nature propre, colorée , et leur bord de couleur différente et de même nature que le thallus. 21. XJrceolaria. 22. Lecanora. 20. Parmelia. 24. Borrera. o^.Cetraria. 2G. Sticta. 2j. Peltidea. 2S. Nephroma. 2^. liocclla. 3o. E^ernia, 3 1 . Dufourea. Ordre III. Cbphaloïpes ouCAriTOLés. Conceptacles presque glo- buleux, placés aux extrémités des ramifications du thallus, ou portés sur des pédicules ou podetiums, ou , enfin, épars, Sessiles, sans rebord , formés en- dessus et en -dessous par le thallus. * Conceptacles recouverts en-dessus par une lame proligère. 32. Cenomjce {Capitularia, Flœrke). 35. Bœomjces. 54. Isi- dium. 55. Stereocaulon. *''■ Conceptacles revêtus d'une substance analogue à celle du thallus, et contenant une masse pulvérulente. 36. Sphœrophoron, Zj. Rhizomorpha. CLASSE III. HoMOTHALAMEs. Conccptacles de même couleur et entièrement de même nature que le thallus. Ordre I." Scutellés. Conceptacles scutelliformes , munis d'un rebord, sessiles. 38. Alectoria. 3g. Ramalina. 40. Collema. Ordre II. Peltés. Conceptacles terminaux peltés, c'est-à-dire, en forme de bouclier, à peine rebordés. 41. Cornicularia. 42. Usnea. CLASSE IV. Athalames. Lichens dont les conceptacles sont inconnus ou nuls. 43. Lepraria, Lie 263 Nous devons faire remarquer : 1." Que les genres Artlionia, Graphis , Opegrapha , Verru- caria, Tiypetheliuni , Gtjpliis , Chiodecton, Porina {Pertusaria, Decand,), appartiennent ou peuvent être rapportés à la fa- mille des hypoxylées ; 2." Que les genres RJdzom^rpha et Calicium , placés ici par Acharius, sont rapportes aux champignons par M. Persoon , et que le premier paroît plus convenablement placé dans la famille des hypoxylées; 3." Que les genres Pjrenula, Sagedia, Polistroma et Dufou- rea, ne sont pas très - distincts , et qu'il faudra peut-être les réunir aux genres Verrucaria , Variolaria et Stereocatilon; 4.° Que le genre Biatora , établi par Acharius dans sa Methodus, ne figure plus dans cette famille. L'auteur a re- connu que l'espèce sur laquelle il l'avoit fondé, n'est qu'une variété de son Lecidea turgida. Pries propose actuellement (Act. Stochh., 1821 ) une nou- velle classification des genres de cette famille ; mais elle ne nous paroît point aussi heureuse que celle d" Acharius : selon l'usage des cryptogamistes actuels, tous les noms des divi- sions sont changés et de nouveaux genres se présentent à côté des anciens, aux dépens desquels ils sont formés : ces chan- gemens , comme on le conçoit bien, peuvent augmenter la célébrité de l'auteur, mais n'éclaircissent point l'étude de la science. Voici un extrait de ce travail. I. CoNiOTHALAMEs. §. 1. Lcpraircs : Lepraria ; PuWeraria; Pitjria, Pries; Isidium. §. 2. Variolaires: Spiloma; Co7iioloma ,Flœrke ; Coniangium , Pries; Variolaria. II. Mazédiates. §, 1. Calicium : Pjrcnotea , Pries; Calicium; Strigula, Pries; Coniocyhe. §. 2. Sphérophores : Rhizomorplia ; Thamnomyccs , Ehr. ; Spliœrophoron , Fers. ; Rocella. III. Gastbroïhalames. §. 1. Verrucaires : Verrucaria; The- lotrema; Trjypethelium , Spreng. ; Endocarpon. §. 2. Lecidées : Trachjlia, Lecidea, Opegrapha, Gjrophora. = Graphis. IV. Hymenothalames. §. i. Discoïdes : Biatora. , Tries i CoU Uma, Parmelia, Peltidea. 564 Lie §. 2. Céphaloïdes : Bœomjces , Cenomyce , Slereocaul&n , Vsnea. Les genres Gljphis, Sagedia , Graphis , Porina et Dufourea (Siphoria, Pries), d'Acharius , n'ont pas de places détermi- nées, à cause des affinités qu'ils offrent avec plusieurs sections. Enfin les genres Gyalecta , IJrceolaria , Lecanora , Physcia , Borrera , Evcrnia^ Sticta , Cetraria, Cornicularia et A(ectoria sont supprimés ou réunis au Parmelia. L'on peut porter le nombre des espèces de lichens à douze cents environ ; mais ce nombre est loin de la réalité, si l'on fait observer que Ton connoît à peine les espèces étrangères à l'Europe, et que les contrées équatoriales ou australes en sont aussi pourvues que les parties boréales. En général, on n'a bien décrit que les espèces d'Europe, et encore chaque jour en découvre- t- on de nouvelles. Ainsi il est probable que cette famille est destinée à voir augmenter ses genres et ses espèces. Les lichens se plaisent sur les pierres, les rochers , même les plus durs , sur les arbres et sur la terre stérile ou recouverte de végétaux morts ou de leurs débris. Ils forment la dernière limite de la végétation sur les montagnes alpines et vers les pôles : les espèces crustacées sont celles qui résistent davan- tage au froid. On ne peut pas dire que chaque espèce affecte particulièrement une même manière de croître ; car un grand nombre viennent indifféremment sur les pierres et sur les arbres , ce qui est un argument très-fort contre ceux qui prétendent que les lichens ont de vraies racines. Les fibrilles qui servent à les fixer, ne sont pas des racines, mais des sortes de crampons ou de crochets. Les lichens ne sont donc pas des végéfaux parasites; ils reçoivent leur accroissement par l'humidité qu"i!s pompent par tous les points de leur surface : aussi les vallées profondes, les montagnes, les bois, les lieux ombragés et humides sont leur domaine , et par conséquent les temps de pluie, l'automne, l'hiver et le prin- temps, sont les époques où ils attirent particulièrement nos regards par les belle* plaques ou touffes diversement colorées qu'ils forment sur les rochers, les murailles, hi terre, les arbres de nos routes et de nos vergers, et que l'agriculteur se hâte de détruire, sans réiléchir que la nature a cherché à Lie ^65 nous cacher ]a nudité des troncs d'arbres ou l'aridité des rochers, en les revêlissant d'une parure aussi singulière que variée, destinée à devenir un jour le principe d'une végé- tation successivement plus brillante encore , celle des hépa- tiques, des arbustes et des végétaux phénogames. Mais, il faut l'avouer , la trop grande multiplication des lichens sur les arbres leur nuit; aspirant sans cesse l'humidité de l'air, ils mettent ainsi un obstacle à la transpiration nécessaire à l'existence de ces grands végétaux. Les lichens ont une existence variable. Ils sont généralement vivaces. Comme l'humidité est leur élément , on pourroit pen- ser que les chaleurs de Tété ou la grande sécheresse seroient le terme de leur vie ; c'est une erreur : ils se dessèchent, il est vrai , ils deviennent fragiles , ils se réduisent même en poudre si on les froisse ; mais la moindre pluie leur rend toute leur fraîcheur et ils continuent à végéter. On a remarqué que des lichens, conservés pendant bien des années en herbiers, ont végété de nouveau, ayant été replacés dans des conditions favorables. Les lichens naissans ressemblent à de petites ta- ches, qui s'étendent insensiblement : on aperçoit bientôt dans le centre des tubercules poudreux très -petits, ou bien les premiers conceptacles ; ils prennent successivement du dé- veloppement jusqu'à l'état parfait. Ils offrent alors des as- pects différens, qui peuvent induire en erreur et conduire à admettre plusieurs espèces différentes. Quelques lichens sont rarement en fructification , et cependant tellement mul- tipliés , qu'on ne sauroit concilier ces deux faits , si l'on vouloit que les conceptacles seuls produisissent les séminules ou les corps reproducteurs : le phjscia prunastri est dans ce cas. D'autres lichens, qui croissent indifféremment sur les arbres et sur les rochers, ne développent de préférence leurs scu- telles que dans cette dernière circonstance [plijscia cape- rata, perlata , etc.). Le contraire s'observe aussi pour d'autres espèces. Ainsi tout prouve que dans cette famille il existe une grande variation dans les espèces et beaucoup de diHi- cullés pour les caractériser. Les lichens ont ofiert à l'analyse une grande quantité de fécule ou gelée, et plusieurs autres principes. M. Berzelius a analysé particulièrement le phjscia islandica ; il dit y 2^6 Lie avoir retrouvé les mtmcs principes dans les usnea barhala, pliyscia fasligiata et fraxinea. II a reconnu dans le ph/yscia islandica : 1.° Sirop = 5,6 2." Bilartrate de potasse avec un peu de tartrate de chaux et phosphate de chaux 1,9 3." Principe amer 3 4." Cire verte 1,6 5.° Gomme 3,7 6.° Matière colorante extractive 7 7." Fécule ov gelée 44,6 8.® Idem insoluble 36,6 Les Nonvégiens et les Lapons mangent les lichens dans les temps de disette : ils en composent une pâte en les mélan- geant avec les pommes de terre ou d'autres alimens. Cette nourriture n'est pas, dit-on, aussi désagréable qu'on pour- roit le croire. Les lichens sont la ressource et la nourriture d'une multi- tude d'animaux : en quoi il faut admirer l'économie de la nature. Les bêtes fauves se nourrissent en hiver avec les lichens foliacés ou branchus. Qui ne sait que c'est là la nour- riture des rennes dans les régions glacées de la Laponie et de la Sibérie? régions qui , pendant la longue durée de la saison des frimas, n'offrent pas d'autre ressource à ces ani- maux, qui savent très-bien écarter la neige pour se la pro- curer. Ces lichens utiles sont les principales espèces des genres Cladonia, Phjscia, Stereocaulon , Usnea. Les hommes ont su tirer parti de ces plantes pour eux-mêmes; quelques espèces sont employées comme aliment : tel est le physcia islandica, également en usage dans l'art de guérir, ainsi que le lobaria pulmonaria , particulièrement dans les affections pulmoniques, hépatiques et cutanées. Les lichens ont géné- ralement une saveur amère plus ou moins marquée, qui en place plusieurs au rang des médicamens astringens, drasti- ques, vermifuges, hystériques, antivénériens, utiles contre les graviers des reins et de la vessie, les ulcères, les aphtes, les hémorragies, les affections cutanées, pour arrêter les excoriations, raffermir les hernies, etc. Les arts tirent de presque tous les lichens , par la macéra- Lie =67 tion dans la chaux ou l'urine, une couleur propre à la tein- ture en rouge ou en brun, surtout de Vorseiile et de la pa- relle, deux espèces, l'une foliacée , l'autre crustacée , objets d'un commerce assez important. Les lichens conservés long- temps en herbier, ou lorsqu'ils se décomposent, rougissent un peu. En Egypte , on emploie le phjscia prunasLri pour faire lever le grain et la bière. En Europe, on se sert quelquefois pour ce dernier usage du lohariapulmonaria, etc. Il nous reste à exposer en peu de mots l'histoire de ces végétaux. Quoique extrêmement abondans , et qu'ils aient dû fixer l'attention des anciens, on ne trouve rien dans leurs écrits qui nous atteste qu'ils les aient remarqués autrement que comme des dégénérescences, ou comme nuisibles à la végétation des arbres. Nous avons exposé, à l'article Lichen, ce qu'il faut penser de la plante qu'ils désignoient par ce nom. Les botanistes du moyen âge n'en ont signalé qu'un très-petit nombre , confondant sous des dénominations im- propres beaucoup d'espèces, de genre et de familles diffé- rentes, par exemple, sous les dénominations de /««scws , usnea, pulmonaria , et même lichen. Plus tard , après les Bauhin , le nom de lichen fut plus généralement employé pour les désigner, et Tournefort (1700) le fixa d'une manière irré- vocable, puisque depuis on s'en est servi dans cette ac- ception. Trente ans après, Dillenius adopta le genre de Tournefort, sous le nom de Lichenoides , en renvoyant tou- tefois aux eonfcrves les espèces filamenteuses {Hort. Gies.). Il le blàma d'avoir refusé des Heurs à ces plantes; mais dans son Historia muscorum il fait trois genres des lichens: usnea, ou les lichens filamenteux ; coralloides ou lichens droits et rameux, et lichenoides, ouïes lichens crustacés et foliacés. Presque dans le même temps, et avant la publication de VHistoria muscorum de Dillen , Michéli publia son A'oia gê- nera plantarum, excellent ouvrage, oii il a figuré un très-grand nombre de lichens, qu'il présente sous les noms génériques, 1." de Lichen , Tourn. , où se rangent presque toutes les plantes de cette famille, d'après Acharius, quelques sphœ- ria, hj'sterium , etc., et 2.° de Lichenoides, type du genre actuel Verrucaria. Michéli pensoit que les scutelles ou coH'- 268 Lie ceptacles étoient les organes femelles , et que les tubercules poudreux, ainsi que la poussière qui saupoudrent le thalius, faisoient fonctions d'organes mâles. Linnœus , adoptant le travail de Michéli , présenta les lichens en un seul genre , qu'il divisa en plusieurs sections, que Ven- fenat proposa d'adopter comme genres, avec les noms suivans: CoNiA, Leproncus , Lepropinacia, Geissodea , Platyphvllum , DerMATODEA , CaPNIA , SCYPHIPHORUS , ThAMNIUM Ct UsNEA. (Voyez ces mots. ) Adanson, avant Ventenat, réunit les lichens aux champi- gnons; mais, avecHill, P. Browne, etc., il les présente sous les genres Gabora , Cladona, Usnea, Platisma, Lichen. Mich., KoLMAN , KoRKiR, Mart. , et Graphis. (Voyez ces mots.) Wigger et Hoffmann procédèrent aussi, avant Ventenat, à la division du genre Lichen en plusieurs autres, qui repré- sentent également plus ou moins les divisions de Linnaeus avec des noms propres. On a pu s'en apercevoir dans la synony- mie des genres placés plus haut (voyez aussi Platisma, Td- bercularia, Lobaria , Lichenoides). Mais leur travail ne fut point adopté par les botanistes, non plus que celui de Ven- tenat. Acharius vint, qui, plus heureux, réussit à faire adopter un changement devenu absolument nécessaire. Il pré- senta dans son Prodrome le genre Lichen divisé en vingt-sept tribus, auxquelles il assigna des noms génériques, et dont M. De Candolle lit autant de genres distincts dans la Flore française. Acharius, dans sa Metliodus , en fit aussi des genres , qui, dans sa. Lichenographi a et son Synopsis, reparurent, mais modifiés ou même changés. Son premier travail montroit ces genres dans un ordre naturel , qu'il a tellement modifié en- suite, que sa disposition est devenue totalement systématique et qu'elle offre des rapprochemens qui ne sont pas avoués par la nature, par exemple, celui du gyrophora auprès des cpegraplia et des caliciiim. Mais on doit dire que ses genres sont mieux caractérisés qu'ils ne l'étoient auparavant, étant fondés sur les caractères fournis par les organes qui repré- sentent la fructification. Maintenant les naturalistes s'accor- dent généralement , comme Acharius, sur la nécessité de di- viser les lichens en genres ; plusieurs même ont proposé des modifications qui ont été adoptées. Lie ^69 Les ouvrages d'Acharius, comme ceux d'Hoffmann , de Dillen et de Michéli , sont indispensables à ceux qui veulent étudier avec profit la famille des lichens. Les ouvrages de Schmiedel, de Roth , de Leers , de Dickson, de Persoon , de Link, de Flœrke , d'Ehrenberg, de Pries, leur offriront en- core des ressources et des occasions de se convaincre qu'il reste beaucoup à faire pour bien counoître ces végétaux cu- rieux. (Lem. ) LICHESTEN. (Ornith.) Nom danois du grimpereau d'Eu- rope, certhia familiaris , Linn. ( Ch. D.) LICHI. (Bot.) Voyez Lit-chi. (Lem.) LICHINA (Bot.) Une petite espèce de plante marine, déjà décrite dans ce Dictionnaire, à l'article Chondre, forme le genre Lichina d'Agardh ou Pygmœa de Stackhouse. Cette plante est le chondrus pygmceus , Lamx. ou fucus pjg'iiœus de la plupart des botanistes. Elle ressemble beaucoup à un lichen rameux , d"où lui vient le nom que lui a imposé Agardh. Cette ressemblance est telle que le célèbre Acharius, sur l'autorité d'Hoffmann , avoit placé ce végétal dans la fa- mille des lichens. C'est le lichen confinis et le stereocaulon confine de son Prodrome et de sa Méthode, qui ne reparois- sent plus dans sa Lichénographie ni dans son Synopsis. Agardh et Stackhouse assignent pour caractère, au genre Lichina, d'avoir des tubercules fructifères, d'abord percés au sommet, puis développés en forme de godet ou de scutelles. Stackhouse ajoute : fronde coriace, roide, très-raccourcie, à extrémité dilatée et palmée. L'espèce est nommée lichina pygmœa par Agardh. {Syn. alg. , p. g.) C'est le pj-gmcra lichenoides de Stackhouse, et le gelidium pygmœum de Lyngbye , que nous avons dit, mais à tort, être le gigartina pygmœa de Lamouroux. 11 est possible que ce ne soit pas le fucus pygmœus , English Bot., 1002. Voyez Chondre. ( Lem. ) LICHTENSTEINIA. (Bot.) Il existe deux genres de plantes qui portent ce nom : l'un, établi par Wendland, est réuni par quelques botanistes au genre Loranthus. Voici ses carac- tères : Calice double; l'extérieur, comme l'intérieur , 3 — 5 dentées; corolle monopétale , tubuleuse; étamines cinq , réu- nies à leur sommet et plus longues que la corolle ; nectaire 270 .Lie inséré sur le calice ; ovaire supérieur, à un seul sfyie; baie à cinq semences. L'espèce sur laquelle est fondé ce genre, croît au cap de Bonne -Espérance. C'est un arbrisseau à feuilles opposées, ovales, grisâtres, et à fleurs de couleur rouge, formant de petits bouquets axillaires. Le second genre Lichtensteinia a été décrit par "VVilldenow dans le premier volume du Magasin des curieux de la nature de Berlin. 11 offre pour caractères génériques : Point de ca- lice; six pétales canaliculés et ondulés; six étamines insérées sur le réceptacle ; ovaire supérieur portant trois styles; cap- sule à trois loges , s'ouvrant à demi ; plusieurs graines atta- chées à la jonction des valves. Deux espèces sont mentionnées par Willdenow : ce sont deux plantes vivaces qui croissent également au cap de Bonnr- Espérance. Voyez Mém. cur. Berl. I, pi. i. (Le.m.) LICI, LICHl. (Bot.) Voyez Lrr-CHi. (J.) LICIET. (Bot.) Voyez Lyciet. ( L. D.*) LICINE, Licitius. [Entom.) M. Latreille a indiqué sous ce nom de genre un groupe de petits carabes, tels que le cas- sideus , ïemarginatus, le depressus, le silphoides , dont le der- nier article des palpes antérieurs est en forme de hache. (CD.) LICOCHES. (Malacoz.) Nom vulgaire des limaces dans quelques provinces de la France. (De B. ) LICONDO. {Bot.) Arbre du Congo, cité dans le Recueil des voyages par Théodore Debry. Son tronc est si gros que six hommes ont peine à en embrasser le contour, et que deux cents hommes armés peuvent se mettre à l'abri sous son feuillage. Dans le pays on creuse ce tronc pour en faire des canots. ( J. ) LICOPHRE, Ljcophris. {Conchjl.?) Le petit corps crétacé qui sert de type à ce genre avoit été confondu d'abord avec les nummulites. MM. von Fichtel et von MoU en firent une espèce de nautile, on ne sait trop pourquoi. Enfin , M. Denys de Montfort en a fait un genre distinct, qu'il caractérise à sa manière : il le nomme licophre lentille , ljcophris lenticu- iaris. Le fait est que c'est un petit corps lenticulaire , dia- phane ; les deux surfaces sont également criblées de petits Lie ^7» trous ou cellules rondes. Il conviendroit donc mieux qu'il fût placé près des alvéolites, parmi les polypiers foraminés de M. de Lamarck. Quoi qu'il en soit , ces licophres se trouvent en grande quantité dans les bancs calcaires de la Transilvanie. Von Fichtel figure cette espèce , Test. mie. , tab. 7, fig. a, h. (De B.) LICOPHRE. {Foss.) Dans sa Conchyliologie systématique M.Denys de Mcntfort a donné le nom de Licophreà un genre de coquilles microscopiques fossiles, auquel il a assigné les ca- ractères suivans : Coquille libre, univalve, cloisonnée et cel- iulée, lenticulaire; test extérieurement tubercule ou criblé, sans rides ou rayons, recouvrant la spire intérieure; bouche inconnue; dos ou marge caréné; centres bombés et relevés. La figure qui accompagne la description de l'espèce que cet auteur a décrite pour servir de type à ce genre, et à laquelle il a donné le nom de licophre lentille, lycophris lenticularis, est si mauvaise qu'il est presque impossible de reconnoftre qu'elle est celle d'une coquille. On trouve, dit cet auteur, les coquilles de cette espèce en très-grande quantité dans les bancs de la Transilvanie. Elles sont diaphanes et criblées pour ainsi dire à jour, ce qui rend leurs cellules rondes, et on pourroit regarder chaque trou comme une bouche, d'autant plus qu'elles paroissent s'être fermées successivement. Diamètre, 3 lignes. D'après cette description on est tout aussi embarrassé que d'après la figure, pour savoir à quelle coquille ces caractères doivent appartenir; mais, comme M. Denys de Montfort in- dique qu'elle a été figurée dans l'ouvrage de Fichtel et de Moll , Testac. microsc. , tab. y , fig. A B, deuxième variété , nous avons cru reconnoître dans cette figure un genre de coquilles que l'on trouve daus des couches qui paroissent appartenir à la formation crayeuse à Maestricht , à Mirambeau ( Charente in- férieure ) et à Mérignac près de Bordeaux. L'espèce que l'on rencontre dans cette dernière localité , paroît identique avec celle qui se trouve représentée dans l'ouvrage de Fichtel et de Moll , que Montfort a nommée licophre lentille. Celles qui se trouvent à Maestricht , que Fortis a nommées discolithe lentiforme, et qui ont été figurées dans l'ouvrage de Faujassur les fossiles delà montagne de Saint-Pierre , pi. 34, fig. i — 4, ^72 Lie diffèrent de celles de Mérignac et delà Transilvanie, en ce que les tubercules qui les couvrent sont beaucoup plus petits. Ce genre de coquilles, qui ont dû être recouvertes en en- tier par les animaux qui les ont formées, ne ressemble pas in- térieurement aux nummulites. Au lieu de cloisons, on y trouve, comme sur les orbulites, de petits porcs, qui ne forment point une rangée spirale, mais qui sont régulièrement dispo- sés, et chacun d'eux semble occuper la maille d'un treillis. L'espèce de ces coquilles que l'on trouve à Mirambeau dans une couche analogue, parles fossiles qu'on y rencontre, avec la montagne de Maestricht, au lieu de tubercules, est cou- verte de très-petits points creux, et est un peu plus grande que les précédentes ; nous lui avons donné le nom de Lico- phre de Faujas, Licophris Faujasiit (D. F, ) LICORNE, Unicornus. {Conchjl.) M. Denys de Montfort, Conchyl, systém., tom. 2, pag. 455, est le premier qui ait cru nécessaire de séparer du genre I^ourpre de M. de Lamarck les espèces qui ont, à l'extrémité antérieure du bord droit, un prolongement considérable en forme de corne, dont on ignore l'usage et le mode de formation, et qui, à cause de cela, sont connues depuis long-temps dans le commerce sous le nom de licorne. M. de Lamarck, depuis la publication de l'ouvrage de M. Denys de Montfort, paroit avoir adopté ce genre , qu'il nomme monoceros , en latin. Ses caractères sont : Coquille subglobuleuse, rugueuse; la spire courte ; le dernier tour beaucoup plus grand que tous les autres ensemble : ouverture ovale , échancrée antérieurement ; les bords très- évasés , réunis; le droit ayant une sorte de corne ou de dent très-longue, recourbée près de l'échancrure; le gauche formé par une large callosité recouvrant la columelle et l'ombilic. D'où l'on voit que ce genre est très-rapproché des Pourpres et des Nasses. M. Denys de Montfort regarde comme le type de ce genre la pourpre-licorne qu'il nomme licorne type, unicornus typus , Martini , 3 , tab. 89, tig. 761. C'est une coquille qui a quelque- fois deux pouces de hauteur ; elle est épaisse , de couleur brune ou roussàtre en- dessus, blanche en dedans; toute sa surface extérieure est rendue rugueuse par un assez grand nombre de cordons tuberculeux, quelquefois un peu squameux, qui Lie 273 descendent du sommet au bord droit, de manière que celui- ci est comme dentelé à sa lèvre externe. Elle vient de -l'ex- trémité de l'Auiériqiie méridionale. C'est l'espèce que M. de Lam.irck nomme monoceros inihricatum. Ce dernier zoologiste iigure, dans rEncyclopédie méthodique, pi. 096 , n."' 1 , 3 , 4, 5 et 6 , quatre autres espèces de ce genre, dont nous igno- rons la patrie : 1." la licorne striée, qui semble assez rap- prochée de la précédente, mais dont la spire est encore pro- portionnellement plus petite ou l'ouverture plus grande, et dont les cordons décurrens ne sont pas tubercules et encore moins squameux ou imbriqués ; 2.° la licorne cerclée, dont la spire est, au contraire, plus élevée et les tours sillonnés de cordons aplatis, séparés par des sillons profonds, le bord droit étant tranchant ; 3.° la licorne glabre, qui est presque lisse, comme certaines ancilles, seulement avec les stries d'accrois- sement indiquées, dont l'ombilic est plus découvert et le bord tranchant; 4." enfin, la licorne lèvre épaisse, qui me paroit avoir beaucoup de rapports avec la précédente, dont elle pourroit bien n'être qu'un individu plus âgé, et dont en effet elle ne diffère guère que par une plus large callosité sur le bord columellaire , et une épaisseur plus considérable , avec des dents intérieures sur le bord droit. (De B. ) LICORNE. (Foss.) On trouve dans la vallée d'Andone, en Piémont, une espèce de ce genre, à laquelle Brocchi a donné le nom de Buccinum monacanlhos , Concli. foss, Subap. , tab. 4, fig. 1.2. Voici les caractères que cet auteur lui as- signe : Coquille épaisse, raboteuse, garnie de côtes longitu- dinales, noduleuses, à columelle ombiliquée ; à bord droit crénelé intérieurement et garni d'une épine conique , à co- lumelle aplatie et portant un sillon transversal à sa base : longueur deux pouces, diamètre quatorze lignes. Je possède deux coquilles du même genre, qui ont été trouvées dans le Plaisantin : mais elles sont moins grandes, leur forme est plus globuleuse ; elles sont striées transversa- lement , et elles n'ont point de côtes longitudinales. Cette espèce paroit avoir beaucoup de rapport avec celle à la- quelle M. de Lamarck a donné le nom de licorne striée ( Anim. sans vert. , tome 7 , page 25 1 ) , et dont on voit une figure dans PEncyclop. , pi. 5tj6, fig. 3. (D. F.) 26. 1^ 274 LIG LICORNE. {Mamm.) Les anciens ont parlé de la licorne. Aristote, Pline, TËlien croyoient à son existence, et en ont écrit comme d'un animal de l'Inde et de l'Afrique; mais ils ne l'avoient point vue. Depuis on a publié de nombreux volumes pour démon- trer que ce n'est point un animal imaginaire , et le peu de résultiits de tant d'efforts n'a fait qu'augmenter l'incrédulité. Jusqu'à présent, en effet, tout ce qui concerne l'existence de la licorne, ne repose que sur des rapports obscurs, des ob- servations imparfaites ou sans autlienticité, des raisonnemens superficiels, des conjectures hasardées. Nous ne répéterons donc pas plus ce qui en a été dit, que nous ne l'avons fait pour les centaures et les hippogriffes. Nous nous bornerons à rappeler qu'on a dépeint et représenté la licorne sous l'appa- rence d'un cheval ou d'une grande antilope, ayant au milieu du front une corne longue, droite et aiguë, qui étoit une arme puissante et dangereuse. (F. C.) LICORNE [Petite]. {Ichthjol.) On a quelquefois donné ce nom au baliste velu. Voyez Bauste et Monacanthe. (H. C.) LICORNE DE MER {Mamm.), un des noms du narval. (F. C.) LICORNE SANS CORNES. [Conch.jl.) Nom que donnent quelquefois les marchands de coquilles à une petite espèce de buccin , ou mieux de pourpre , très-commune sur nos côtes septentrionales, le buccinum lapillus de Linnaeus. (De B.) LICORNET. [JchtliJ^'ol.) Nom spécifique d'un poisson du genre Nason. Voyez ce mot. (H. C.) LICUALE, Licuala. (Bot.) Genre de plantes monocotylé- dones, de la famille des palmiers, de Vhexandrie monosjnie de Linnœus, très-rappoché des corjpha; offrant pour carac- tère essentiel : Des fleurs hermaphrodites; point de spathe universelle ; un calice à six divisions pileuses en dehors; six étamines ; les filamens réunis en un tube court ; un style; deux stigmates; un petit drupe oblong à une seule loge, contenant une noix osseuse, monosperme. LicuALE ÉPINEUSE : Licuala spinosa, Thunb. , Act. Holm., 1782, pag. -84, et Nok'. plant, gen. , 5, pag. 70; Willd. , Spcc, 2, pag. 201; Licuala arlor, Runiph., Amhoin., 1, pag. 44, tab. 9. Ses tiges sont droites, ligneuses, très-sim- LïD 275 pies, de la grosseur du bras, hautes d'enA'iron six pieds, soutenant, au sommet, des feuilles longuement pétiolées, palmées, à découpures profondes, glabres, éhoites, inéga- les, tronquées, déniées à leur sommet; les pétioles droits, très-longs, triangulaires, épineux sur leurs angles à leur partie inférieure : du centre des feuilles sortent plusieurs pédoncules droits, soutenant une grappe droite, presque en épi. dépourvue de spathe universelle, garnie de spathes partielles, alternes, aiguës. Les fleurs sont petites, alternes, pédicellées, Irès-rapprochées ; le fruit est un drupe peu charnu, ovale, de la grosseur d'un pois, monosperme, ac- compagné, à sa base, du calice persistant: l'embryon dorsal. Cette plante croit aux iles Moluques. (I'oir.) LIDBECKIE, Lidbeckia. (Bot.) Ce genre de plantes, pro- posé, en 1767, par Bergius , appartient à l'ordre des synan- thérées, et à notre tribu naturelle des anthémidées. V^oici les caractères que nous lui attribuons, d'après nos propres observations, faites sur la Lidbeckia pectinata, qui est le type du genre. Calathide longuement radiée ; disque multiflore, régulari- flore, androgyniflore; couronne unisériée, ligulitlore , neu- triflore. Péricline probablement hémisphérique, un peu su- périeur aux lleurs du disque ; formé de squames un peu inégales, irrégulièrement trisériées, appliquées, oblongues- lancéolées, uninervées , coriaces, glabres sur les deux faces, mais bordées par de longs poils mous en forme de cils : les squames intermédiaires plus grandes que celles des deux au- tres rangs ; les intérieures notablement plus petites. Clinanthe pianiuscule , hérissé de (imbrilles inégales, piliformes. Fleurs du disque: ovaire oblong , très -probablement cylindracé , muni de côtes longitudinales, et de deux bourrelets , l'un basi- iaire, l'autre apicilaire ; aigrette nulle; nectaire très-élevé, épais, cylindracé, interposé entre l'ovaire elle style; corolle d'anthémidée, articulée sur l'ovaire, à quatre divisions ex- trêmement courtes ; anthères pourvues d'un appendice api- cilaire arrondi ; style articulé par sa base sur le sommet du nectaire. Fleurs de la couronne : faux- ovaire long, oblong, membraneux, quelquefois surmonté d'un style neutre; co- rolle à tube très-court, parfaitement continu avec le faux- 376 LID ovaire, à languette entière au sommet, parsemée de glandes; point de fausses-étamines. LiDBECKiE FECTiNÉE : Liclbcc^iu pectinuta, Berg. , Descr.pl. ex Cap. B. Sp., pag. 3o6, tab. 6, fig. 9 ; CoLula stricla , Linn. Maht. Tige herbacée, haute d'un pied (dans l'échantillon in- complet que nous décrivons), dressée, presque simple ou peu rameuse, cylindrique, striée, glabre, garnie de feuilles. Feuilles altei-nes, sessiles, longues d'environ un pouce , larges d'environ six lignes, oblongues, pinnatifides, glabres, par- semées de petites glandes , comme presque toutes les autres parties de la plante; à base subpétioliforme , à sinus arrondis, à divisions très-entières, oblongues, arrondies au sommet, qui est surmonté d'une petite pointe. Calathide ressemblant exté- rieurement à celle du Chrysanthemum leucaiithernum , large de plus de quinze lignes, solitaire à l'extrémité de la tige, dont la partie supérieure est nue, pédonculiforme , grêle, point renflée au sommet. Corolles du disque probablement jaunes; celles de la couronne probablement blanches, à languette longue de six lignes, large de deux lignes. Nous avons fait cette description spécifique, et celle des caractères généri- ques, sur des échantillons secs de l'herbier de M. de Jussieu et de celui de M. Desfontaines. La Lidbeckie pectinée habite le cap de Bonne-Espérance. Lidbeckie quinquétobée : Lidbeckia quinqueloba ; Cotula qitin- queloba, Linn. fil. Suppl. ; Lidbeckia lobata, Willd. Sp. pi. Cette seconde espèce a beaucoup d'analogie avec la pre- mière, et habite la même contrée. Ses tiges sont presque dressées, simples, un peu pubescentes ; les feuilles sont al- ternes, pétiolées, divisées en cinq lobes égaux, semi-ovales, mucronés ; leur face inférieure est un peu tomenteuse et blanchâtre ; il y a un ou deux pédoncules louiïs, dressés, pourvus d'une petite bractée lancéolée , et terminés par une calathide grande comme celle de la matricaire ; le péricline est composé de squames égales entre elles. Nous n'avons point vu cette plante, dont la description est empruntée à Linné fils ; mais sa ressemblance extérieure avec la précédente nous persuade qu'elle offre les caractères génériques que nous avons observés sur l'autre, et qu'ainsi elle peut être at- tribuée avec confiance au genre Lidbeckia. LID 277 Thunberg a indiqué , dans son Prodromus plantarum capen- sium, une troisième espèce de Lidbeckia, qu'il nomme bipin- nata. Mais l'autorité de Thunberg sufïit-elle pour établir que cette plante appartient réellement au genre dont il s'agit? Touniefort avoit fait un genre Co/^«/a, ayant pour type VAn- Ibemis valenlina de Linné, et pour caractères la calathide tantôt radiée, tantôt non radiée, le péricline ordinairement imbriqué, les fruits plans, cordiformes et comme ailés. Il attribuoit à ce genre V Anthémis valenlina, les Anacyclus va- lentinus et creticus , la. Cotula turlinata de Linné, et deux au- tres espèces. Ainsi le genre Cotula de Tournefort correspond à peu près au genre Anacjclus de Linné. Vaillant nomma Santolinoides un genre correspondant à peu près au Cotula de Tournefort et à VAnacyclus de Linné, et il créa, sous les noms de Cotula et d'Ananthocjclus , deux genres qui méritent d'être ici remarqués. VAnanthocjclus , composé de deux espèces, qui sont les Cotula coronopifolia et antliemoides de Linné, a pour caractères, selon Vaillant : la calathide à disque composé de fleurons hermaphrodites, et bordé d'un ou plusieurs rangs circulaires de fleurs efîleurées , c'est-à-dire d'ovaires sans fleurons; les ovaires oblongs, un peu aplatis, sans aigrette, bordes de deux ailes ; le clinanthe nu ; le péricline écailleux, c'est-à-dire, imbriqué; les cala- thides terminales: les feuilles alternes, découpées. Le genre Cotula de Vaillant, composé aussi de deux espèces, dont la première est la Cotula turbinata de Linné, qui a servi de type, a pour caractères : la calathide à disque composé de fleurons hermaphrodites, et entouré de fleurons femelles à pavillon irrégulier, qui se découpe ordinairement en quatre quartiers, dont trois fort courts, presque égaux et disposés en trèfle , le quatrième beaucoup plus grand , étendu en dehors pour former avec ses semblables une couronne rayon- nante, qui donne à cette calathide l'apparence d'une cala- thide radiée ; les ovaires en cœur, un peu aplatis, bordés d'un ourlet, privés d'aigrette ; le clinanthe nu : le péricline simple, évasé, découpé en plusieurs lobes. Les genres Cotula et Ananthocjclus de Vaillant furent éta- blis en 1719. C'est aussi dans cette même année que Ponte- dera proposa son genre Lancisia. Gsertner et la plupart des 278 LID autres botanistes modernes paroissent être persuadés que l'espèce unique sur laquelle Pontedera a fondé son genre Lancisia, est la Cotula ttirhinafa, et qu'ainsi ce genre Lancisia diffère du Cotula de I.iiiné par la radiation de sa calathide. Si cela étoit vrai , le Lancisia de Pontedera correspoudroit exactement au Cotula de Vaillant ; mais c'est, selon nous, une erreur grave de synonymie générique": car il nous sem- ble évident que le genre Lancisia de Pontedera est fondé sur la Cotula coronopifolia de Linné, que ce genre n'a point du tout la calathide radiée, et qu'il correspond exactement à VAnanthocjclus de Vaillant. Quoique la description de Pon- tedera soit extrêmement obscure , nous y trouvons exprimés en d'autres termes les caractères génériques suivans : Disque composé de fleurs hermaphrodites, régulières, quadrifîdes, à ovaire comprimé, nu ; couronne composée de fleurs femelles, petites, tubulées, comprimées, stipitces , à ovaire oblong, aminci aux deux bouts, nu ; péricline formé de squames inégales, imbriquées; clinanthe nu. Linné n'avoit rien de mieux à faire que d'adopter sans aucun changement les deux genres Cotula et Ananthocjclus de Vaillant, exactement caractérisés, bien composés, et con- venablement nommés par cet habile synanthérographe. Mais, au lieu de prendre ce sage parti, Linné, après avoir un peu modifié et abrégé le nom cVAnanlhocjyclus , s'en servit pour désigner un genre qui correspond à peu près au Cotula de Tournefort et au Santolinoides de Vaillant; et il réunit en un seul genre , sous le nom de Cotula, les deux genres Anantho- cjclus et Cotula de Vaillant. Les caractères attribués par Linné au genre Cotula, sont : le péricline convexe, égal aux fleurs, divisé en seize parties ovales , dont huit extérieures et huit intérieures ; le disque un peu convexe, composé de fleurs hermaphrodites nombreuses, cà corolle quadrJfide, ayant la i Cette erreur est fondée sur une fausse interprétation des expres- sions de Pontedera, qui dit que la couronne de son Lancisia est com- posée de fleurs semi - flosculeuses. On n'a pas remarqué que, sous la plume de Pontedera, le nom de demi -fleuron ncst pas toujours syno- nyme de fleur ligulée, et qu'il exprime seulement l'absence des éta- mincs. D'ailleurs Pontedera dit positivement que les demi -fleurons de son Lancisia sont tabuleux. LID 279 division extérieure plus grande, à fruit petit, ovoïde-trigone, portant une aigrette stéphanoïde ; la couronne composée de plus de vingt fleurs femelles, à corolle presque nulle, à fruit grand, cordiforme, plan sur une face, convexe sur l'autre, entouré d'une bordure obtuse, et portant une aigrette sté- phanoïde ; le clinanthe plan, presque nu. Les caractères qu'on vient de lire ne peuvent convenir qu'aux ylnanthocfclus de Vaillant, et non à son Cotula, que Linné y a réuni. Néanmoins, comme il existe une ti'ès-grande affinité entre ces deux genres , leur réunion seroit tolérable sous beaucoup de rapports. Mais ce qu'on ne peut tolérer, c'est que Linné et ses successeurs aient admis en outre dans le genre Cotula une collection d'espèces qui n'ont aucune analogie avec le type de ce genre. Dans la troisième édition du Species plantarum de Linné nous trouvons sept espèces de Cotula, dont deux ou trois seulement appartiennent réellement à ce genre ; ce sont la première {Cotula anthewoides ) , la troi- sième [Cotula coronopifolia) , et probablement la quatrième {Cotula aurea) : mais la seconde {Cotula grandis) est une Balsamila de M. Desfontaines; la cinquième {Cotula viscosa) , qui n'est pas suflisamment connue, et que nous ne savons h. quel genre attribuer , n'est certainement pas une véritable Cotula ; la sixième ( Cotula t»rbinata) constitue le genre Cenia de Commerson ; la septième ( Cotula verlesina) appartient au genre Adenostcmma de Forster. Adanson acioptoit le genre Lancisia de Pontedera , en re- connoissant que ce genre avoit pour type la Cotula coronopi- folia de Linné, et pourtant il paroit croire que sa calathide est radiée, puisqu'il le place dans sa section des soucis ayant ce caractère. Quoiqu'il en soit , Adanson caractérise ainsi le Lancisia: Feuilles entières; calathides solitaires, terminales; péricline presque simple, formé de squames obtuses ; clinanthe nu, hémisphérique; aigrette nulle ; corolles du disque à cinq dents, celles de la couronne entières. En 1767, Bergius proposa, dans ses Descriptiones plantarum ex Capite Bonœ Spei , le genre LidbecUa , dédié à Gustave Lidbeck, botaniste suédois, et fondé sur une seule espèce nommée Lidbeckia pectinata. L'auteur attribue à cette plante les caractères génériques suivans : Péricline hémisphérique, 28o LID divisé en segmens nombreux, presque égaux , imbriqués, parallèles, appliqués, linéaires-lancéolés, aigus, ciliés; cala- thide radiée; disque composé de Heurs hermaphrodites, à co- rolle quadrifide ; à oviiire subcylindrique, strié - octogone , tronqué aux deux bouts; à style divisé transversalement en deux articles par une articulation située au-dessous du milieu de sa longueur; couronne composée de fleurs femelles, à co- rolle ligulée, ayant la languette un peu plus longue que le disque, sessile, ovale -oblongue, obtuse, échancrée, ner- veuse; à ovaire filiforme , tronqué, un peu scabre ; à style et stigmate presque nuls; fruits un peu turbines, striés- octo- gones , lisses , portant l'article inférieur persistant du style ; clinanthe nu, Bergius remarque que le caractère essentiel de son genre Lidbeckia consiste en ce que le style est articulé , et que l'article inférieur persiste sur le fruit. Linné, dans son Mantissa plantarum , a rapporté au genre Cotida la Lidbeckia pecLinala de Bergius, en la nommant Co- lula stricta. On trouve encore, dans le Mantissa, trois autres plantes attribuées à ce même genre, et nommées Cotula spi- lanthus , Cotula pj'rethraria, Cotula capensis. Il est bien évident que la Lidbeckia ne doit pas être confondue avec le genre Co- tula. La Cotula spilanthus appartient au genre Spilanthes de Jacquin. Quoique nous ne cormfWssions pas la Cotula pjrethra- ria , nous ne craignons pas d'aflîrmer que c'est une hélian- thée , et qu'elle n'a point d'affinité naturelle avec le genre Cotula, qui est de la tribu des Anthémidées : il nous paroît presque indubitable que c'est un spilanthus , ou plutôt une isocarpha ; et nous croyons pouvoir, sans trop de témérité, l'introduire comme une quatrième espèce dans le genre Isocarpha. de M. Brown, en la nommant isocarpha pyrethraria.' 1 Ne pourroil-on pas attribuer encore au genre Isocarpha les spilanthus exasperaius et a/ii/J, dont les corolles sont blanches P II faudroit peut- être substituer le nom d'isocarpha tricephala à celui d'isocarpha oppo- sitijolia, que nous avons donné à la première espèce du j^enre. Ce genre nous paroît avoir de l'affinité avec le Melananthera et avec le Spilanthus : mais nous avons des doutes sur ses caractères , sa composi- tion , sa distinction et sa classification, parce que nous n'avons vu au- cune des espèces de ce genre, et que M. Brown a négligé d'indiquer ses affinités naturelles, et d'analyser les ressemblances et les différences qu'il peut avoir avec les genres voisins. XID 281 (Voyez notre article Isocarfhe, tom. XXIV, p. 18.) La Co- tula capensis doit faire partie du genre Malricaria. Linné fils, dans le Supplementum plantarum , a introduit dans le genre Cotula quelques nouvelles espèces, dont une au moins n'appartient point à ce genre, car c'est la Lidbecha quinqueloba. Depuis cette époque, WiUdenow et d'autres botanistes ont encore augmenté la confusion qui régnoit dans le genre Cotula, en y admettant les Grangea et Centipeda. (Voyez notre article Grangée, tom. XIX, pag. 004.) M. de Jussieu a publié, en 1789, dans ses Gênera plantarum , le genre Cenia, fait antérieurement par Commerson , mais resté jusque-là inédit. Ce genre, fondé sur la Cotula lurhi- nata de Linné, a pour caractères, selon Commerson et M. de Jussieu : la calathide radiée , à fleurons quadrifides, à envi- ron vingt languettes très-courtes ; le péricline turbiné, vide sous le clinanthe, à limbe court, octofide ; les fruits com- primés , non aigrettes ; le clinanthe convexe , nu. Ce genre Cenia n'auroit pas dû être présenté comme nouveau, car il n'est que la répétition du genre Cotula de Vaillant. Néan- moins le nom de Cenia doit lui être conservé , parce que le nom générique de Cotula se trouve plus particulièrement affecté à d'autres plantes , par suite d'un long usage qu'on ne peut plus changer. M. de Jussieu admet, avec raison, comme trois genres distincts, le Cotula, le Cenia et le Lid- beckia. (j3?rtner réduit ces trois genres à deux, dont l'un , nommé Cotula, a pour type la Cotula coronopifolia; l'autre, nommé Lancisia, a pour type la Cotula turbinata , et n'est distingué du premier que parla calathide radiée. Gaertner attribue au Lancisia les Cotula turbinata, capensis, stricta et viscosa de Linné. Nous avons déjà établi que le genre Lancisia de Pon- tedera n'étoit point fondé sur la Cotula turbinata, comme le croit Gsertner, mais bien sur la Cotula coronopifolia; d'où il suit qu'il correspond exactement au genre Colula de Gasrtner, et point du tout au Lancisia du célèbre carpologiste. Ce Lan- cisia de Gsertner est le Cenia de Commerson, avec cette dif- férence que Gasrtner veut y introduire trois plantes qui ne sont point congénères entre elles , et dont aucune n'est con- génère du vrai type de ce genre. Ainsi, le genre Lancisia de 28^ LID Gœrtner doit être rejeté, comme étant mal nommé, mal composé et mal caractérisé. Nccker disperse les Colula de Linné dans quatre genres , nommés Atiironia, Lidbechia, Baldingeria et Cotula. VAthro- nia, composé, dit-il, de certaines espèces linnéennes de co- tula et de spilanthi/s , nous semble correspondre à peu près au genre Acmclla de Richard. Le Lidbeckia de Necker est sans doute le genre ainsi nommé par Bergius. Le Baldingeria Jious paroît être en rapport avec le véritable genre Cotula, restreint dans de justes limites. Enfin , le Cotula de Necker, dans lequel ce botaniste admet certaines espèces linnéennes de Tanacetum correspond évidemment au genre Balsamita de M. Desfontaines. M. de Lamarck, dans ses Illustrationes generum , réunit, comme Gasrtner, sous le titre de Lancisia, les deux genres Cenia et Lidbeckia, qu'il attribue à la syngénésie polygamie frustranée, quoique le Cenia ait la couronne vraiment fé- miniflore. Wj(lldeno\v confond aussi en un seul genre le lidbeckia elle Cenia; mais il nomme Lidbeckia le genre formé de leur réunion , et il le caractérise ainsi : CHnanthe nu ; aigrette nulle ; fruits anguleux ; article inférieur du style , persistant ; corolles de la couronne nombreuses ; pérlcline divisé en seg- mens nombreux. 11 admet dans ce genre : i." la Cotula quin- queloba âe Linné fils, dont lafiinité avec l'espèce suivante avoit été précédemment reconnue par M. de I,amarck dans le Dictionnaire encyclopédique et dans les Illustrations ; 2." la Lidbeckia pectinata de Bergius, que WiUdenow dit avoir ob- servée vivante, et qui, selon lui, auroit la tige ligneuse, haute de cinq pieds, et le péricline monophylle , divisé en segmens nombreux; 3." la Cotula turbinât a de Linné; 4.° la Lidbeckia blpinnata de Tliunberg : mais, à l'égard de cette der- nière espèce, "VVilldenow remarque, qu'ayant le péricline imbriqué, elle est à peine congénère des trois autres qui, selon lui, ont le péricline monophylle. M. Persoon distingue, comme M. de Jussieu , les deux genres Cenia et Lidbeckia , confondus par Ga*rtner, Lamarck et WiU- denow : mais il applique au vrai genre Lidbeckia le nom de Lancisia, qui certes ne peut aucunement lui convenir; et, ce LID 283 qui n'est pas moins bizarre, il emploie le nom de Lidbeckia pour désigner un sous -genre fondé sur la LidbecUa bipinnata de Thunberg, et distingué par le péricline imbritpié. Nous considérons le Cotula, le Cenia et le Lidbeckia comme trois genres distincts, appartenant à notre tribu naturelle des Anthémidécs. I-e genre Cotula, qui est VAnanthocjclus de Vaillant, est fondé sur les Co/«/a coronopifolia et anthemoides , que nous avons observées vivantes, et qui nous ont offert les carac- tères génériques suivans. Ciilathide discoïde : disque multiflore , régulariilore , an- drogyniflore; couronné unisériée ou plurisériée, apétalifiore, feminiflore. Péricline subhémisphérique, égal aux fleurs; fofmé de squames h peu près égales, paucisériées, appliquées, ovales-oblongues, subfoliacées. Clinanthc convexe, stipifère, c'est-à-dire, ayant ses aréoles ovariféres élevées sur des sti- pes, ou petites colonnes charnues, très-courts dans le milieu de ia calathide, et d'autant plus longs qu'ils s'éloignent da- vantage du centre. Fleurs du disque: ovaire petit, oblong, privé d'aigrette ; corolle ordinairement à quatre divisions. Fleurs de la couronne : ovaire très-grand , elliptique, obcom- primé, quelquefois pourvu en apparence d'une petite ai- grette stéphanoïde, qui n'est réellement qu'un vestige de corolle avortée et continue à l'ovaire ; corolle tantôt absolu- ment nulle, tantôt réduite à un simple rudiment. Le genre Cenia, qui est le Cotula de Vaillant, est fondé sur la Cotula turbinala de lànné, que nous avons observée sèche , et qui nous a offert les caractères génériques suivans. Calathide courtement radiée : disque multiflore, régula- riflore, androgyniflore ; couronne unisériée, biliguliflore, fé- miniflore. Péricline supérieur aux fleurs du disque ; formé de squames égales, unisériées, libres, contiguës, courtes, larges, subrhomboïdales , obtuses, foliacées, membraneuses sur les bords, munies de nervures rameuses. CUnanthe co- nique, peu élevé, nu, stipifère seulement vers ses bords; les slipes marginaux courts, épais, coniques, étant seuls bien manifestes, et les autres s'abaissant graduellement de la circonférence au centre, et devenant bientôt presque insen- sibles, puis tout-à-fait nuls. Fleurs du disque: ovaire obcom- = 84 LID primé, obovale , glabre, pourvu d'un très-petit bourrelet sur ses deux côlés , prvé d'aigrette ; corolle articulée sur l'ovaire, ordinairement à quatre divisions. Fleurs de la cou- ronne: ovaire stipité, obcomprinié, obovale, parsemé de pa- pilles, pourvu d'une bordure assez large sur ses deux c6tés, j>rivé d'aigrette; corolle articidéc sur l'ovaire, biligulée , contenant des rudimens d'étamines, à tube court, à limbe dilaté, obconique et entier à sa base, divisé du reste en deux languettes, l'extérieure beaucoup plus longue, radiante, large, elliptique, entière, l'intérieure beaucoup plus courte, divisée jusqu'à sa base en trois lobes ovales-lancéolés. Le genre Lidbeckia de Bergins a pour type la Lidbeckia pec- tinata, que nous avons observée sèche, et qui nous a offert les caractères génériques exposés au commencement du pré- sent article. En comparant les caractères attribués par nous aux trois genres dont il s'agit, on reconnoît facilement que le Cotula et le Ce/lia sont immédiatement voisins; mais que le Lidbeckia s'éloigne beaucoup des deux autres pour se rapprocher du Chrj'santhemiim , et que sa réunion avec le Cotula et le Cenia éloit monstrueuse, tant sous le rapport des caractères tech- niques que sous celui des affinités naturelles. Le genre Cotula présente deux caractères remarquables , qui sont la couronne apétaliilore et le clinanthe slipifère : le premier de ces deux caractères avoit été signalé par l'ex- cellent observateur Vaillant ; le second avoit été entrevu par Pontedera, dont la description est du reste fort mauvaise. Linné a comnùs une erreur en attribuant à ce genre une aigrette stéphanoïde (pappus marginatus). Le même botaniste croyoit que le caractère essentiel du genre Cotula consistoit en ce que les corolles du disque n'avoient que quatre di- visions; mais ce caractère, d'ailleurs peu important, n'est pas toujours bien constant chez les Cotula et Cenia. Le genre Cenia offre le clinanthe stipifère , à peu près comme celui du Cotula. Les corolles de sa couronne, fort exactement décrites par Vaillant, dont on a négligé les ob- servations, méritent d'être remarquées; mais leur structure singulière s'explique aisémejit en les considérant comme des corolles analogues à celles du disque, et dont la division ex- LID 285 térieure sest prodigieusement accrue. Commerson et M. de Jussieu donnent à ce genre, pour caractère, le pé-icline turbiné, vide sous le clinanthe , à limbe court, octufide. Cela est inexact sous ])lusieurs rapports : en effet, c'est la circonférence extérieure du clinanthe qui donne naissance au péricline, et qui lui sert de base ; d'où il suit que la par- tie qui se trouve au-dessous du clinanthe, et qui le supporte, ne peut pas appartenir au péricline. mais bien au pédoncule. Ce n'est donc pas le péricline, mais le pé;Ioncule du Cerna, qui est enflé ou très-élargi . et turbiné ou obconique; mais la forme du pédoncule n'est jamais admise comme caractère gé- nérique cliez les synanthérées. C'est en prenant le pédoncule pour le péricline, que les auteurs du Cenia semblent croire que ce péricline est d'une seule pièce et divisé seulement au sommet, tandis qu'il est réellement composé de plusieurs squames libres. Willdenow paroît avoir commis une autre erreur bien plus grossière ; car il décrit un réceptacle tur- biné, fistuleux, portant sur ses bords les folioles calicinales , ce qui semble indiquer qu'il prcnoit le pédoncule pour le clinanthe. Le genre Lidbeckia n'avoit pas été jusqu'à présent caractérisé avec exactitude, et c'est pourquoi notre description diffère beaucoup de celles des autres botanistes. Les fleurs de la couronne, qu'ils croient être fenjelles, sont certainement neutres, n'ayant qu'un faux- ovaire membraneux, continu avec la corolle, ordinairement sans style et toujours sans stigmate. Le péricline, que A'Villdenow afiirme avec tant d'assurance être monophylle, est cependant composé de plu- sieurs squames distinctes, libres, un peu inégales, disposées irrégulièrement sur trois rangées circulaires concentriques. Le clinanthe, que Bergius et tous les autres disent être nu, est réellement hérissé de bmbrilles très-manifestes. Enbn , Bergius et ceux qui font servilement copié, admettent que le style est divisé par une articulation transveisale en deux articles qui se séparent spontanément, et dont l'inférieur, plus court, persiste sur le fruit: cette structure, qui seroit fort extraordinaire et même unique dans tout l'ordre des synan- thérées, est présentée par Bergius comme le cai-actère essen- tiel du genre. Mais tout cela se réduit à ce que le nectaire 286 LID interposé entre l'ovaire et le style , étant plus grand chez la Lidbeckia que chez beaucoup d'autres synanthérées, a été remarqué sur celle-ci par Bergius, qui ne connoissant pas cet organe, négligé avant nous dans cet ordre de plantes par tous les botanistes, a cru qu'il faisoit partie du style et qu'il eu constituoit l'article inférieur. 11 n'est peut-être pas tout-à-fait hors de propos de noter ici une autre erreur commise par Bergius, Linné, M. De Candolle, M. Desfontaines, relative- ment au nectaire du Tarchonanthus , et que nous avons ré- futée dans notre Mémoire sur cet arbrisseau , lu à la Société philoHiatique le i3 Juillet i8i6,^publié par extrait dans le Bulletin des sciences d'Août 1816 (pag. 127) et en totalité dans le Journal de physique de Mars 1817. 11 est, en effet, assez remarquable que le nectaire, considéré par Bergius, dans le Lidheckia, comme étant l'article inférieur du style , soit considéré par le même botaniste, dans le Tarchonanthus , comme étant un ovaire supère. Le genre Liclbecl-ia appartient aux Corymbifèrcs de M. de Jussieu, et à la Syngénésie polygamie frustranée de Linné. (H. Cass.) LIDMEE. {Mamw.) Nom que l'on donne en Barbarie, sui- vant Shaw le voyageur, à une espèce d'antilope, presque semblable à la gazelle , si ce n'est qu'elle est plus petite et qu'elle a des cornes quelquefois très-longues. (F. C. ) LIÉ [Pollen]. [Bot.) Ordinairement les grains qui com- posent le pollen, sont libres. Dans les orchis, etc., ils sont unis de manière à former une pâte; dans Vazalea vise osa, la balsamiue, Yanothera , etc., ils sont liés par des fils. (Mass.) LIEBERKUHNE, Lieberkuhna. {Bot.) Ce nouveau genre de plantes que nous proposons, appartient à l'ordre des sy- nanthérées, et à notre tribu naturelle des mutisiées, dans laquelle il est intermédiaire entre les deux genres Leria et Leibnitzia. Voici les caractères génériques du Lieberkuhna, tels que nous les avons observés sur des échantillons secs de Lieberkulina bracteata, Calathide radiée : disque pauciflore, labiatiflore , andi-o- gyniflore ; couronne subunisériée , liguliflore, féminiflore. Péricline très-supérieur aux fleurs de la couronne; formé de squames plurisériées, imbriquées, oblongues-lancéolées , fo- LIE ^^7 liacées-membraneuses, à partie supérieure inappliquée. Cli- nanthe plan et nu. Fruits très-alongés , un j;eu amincis gra- duellement (Je bas en haut, cyiindracés on obclavés, glabres, sauf la partie inférieurr plus courte, hérissée de poils courts, gros et charnus; aigrette composée de sqname!!ules très- nombreuses, inégales, filiformes . barbellulées. h leurs du dis- que: corolle un peu variable, ordinairement labiée, à lèvre intérieure divisée en deux jusqu'à sa base, à lèvre extérieure divisée en trois au sommet ou jusqu'à moitié; (ubc atii!,éral pourvu d'appendices apicilaires entregreffés, longs, linéaires, obtus, et d'appendices basilaires libres, longs, subtiliformes; style de mutisiée. Fleurs de la couronne ; corolle un peu va- riable, à tube loug, à languette longue, large, elliptique, entière, bidentée ou tridentée, radiante et très-supérieure aux stigmatophores dans presque toutes les fleurs, demi- avortée, non-radiante et très-inférieure au style dans quel- ques fleurs situées sur un rang intérieur; point de languette intérieure , ni de fausses-é lamines. Nous attribuons au genre Lieberhuhna les deux espèces sui- vantes. • LiEBERKUHNE BRACTÉiFERE : Lii'berkuhna hracteata, H. Cass. ; Perdicium piloselloides , Vahl, Act. soc. nat. Hafn., t. 2, p. 58, tab. 5 {Auct. Jicrb. Juss.) ; Tussilago (Chaplalia sinuata) pi- loselloides , Fers., Sjn. pL, pars 2, pag* 466. C'est une petite plante herbacée, dont la racine, peut-être vivace, est com- posée de plusieurs fibres cylindriques, épaisses, noirâtres. Les feuilles sont radicales, nombreuses, longues d'environ deux pouces, y compris le pétiole, larges d'environ quatre lignes; leur pétiole est long, très-large, surtout à sa base, linéaire , membraneux , scarieux , roussàtre , plurinervé , glabre sur ses deux faces ; le limbe est ovale-étroit ou oblong- lancéolé, entier ou bordé de larges crénelures distantes, peu saillantes, dirigées un peu à rebours, chacune d'elles offrant à sa base une saillie pointue : la face sujjérieure est glabre et verte; la face inférieure est tomenteuse et blanche, à l'exception de la nervure médiaire, qui est très-glabre. Les hampes, hautes d'environ un ou deux pouces, sont amples, droites, cylindriques, tomenteuses, blanches, garnies, sur- tout en leur partie supérieure , de quelques bractées éparses, 288 LIE longues, linéaires- subulécs, squamiformes, membraneuses, glabres. Chaque hampe est terminée par une calathide dont la grandeur est variable, et qui nous a paru varier aussi plus ou moins sous d'autres rapports, tels que le nombre des Heurs, la longueur des aigrettes, les caractères des co- rolles, ceux des ovaires ou des fruits; le péricline est cons- tamment glabre, et dans les plus grandes calathides ses squames intérieures sont longues de neuf lignes; le disque est composé ordinairement d'environ sept ou huit fleurs jau- nes, quelquefois un peu rougeàtres au sommet, dont la plu- part sont bien labiées, mais dont une ou quelques-unes, pro- bablement centrales, sont souvent presque régulières; la couronne est composée d'environ quinze ou seize fleurs, dont douze ou treize, un peu inégales, ont la languette radiante, jaune , orangée, rougeàtre au sommet, ou entièrement rouge, et dont trois, probablement intérieures, ne sont point ra- diantes, leur languette étant demi-avortée ; les aigrettes sont rougeàtres, roussàtres, ou rousses; les stigmatophores du disque sont plus courts, plus gros et moins divergens que ceux de la couronne. Nous avons fait cette description spécifique, et celle des caractères génériques, sur plusieurs échantillons secs, re- cueillis par Commerson aux environs de Montevideo, et qui se trouvent dans les herbiers de MM. de Jussieu et Desfon- taines sous le nom de Perdicium piloselloides. LiEBERKUHNE A HAMPE NUE : Lieberkuhna nudipes , H. Cass. ; Tussilago pumila, Swartz, Flor. Ind. occid. , tom. 3 , p. i35o ; Tussilago [Chaptalia) sinuata, Pcrs. , Sjn. pi. , pars 2, p. 456. Petite plante herbarée, annuelle, sans tige, à racines fili- formes. Feuilles radicales, étalées, à pétiole engainant à la base, et comme ailé par la décurrence du limbe; à limbe lyre, denticulé à rebours, aranéeux et vert en-dessus, to- menteux et blanc en-dessous, ayant son lobe terminal oblong, obtus, incisé, et ses lobes inférieurs petits, arrondis; les feuilles extérieures longues d'un ou deux pouces, celles qui entourent la hampe trois fois plus petites. Hampe ordinai- rement solitaire, dressée, lojigue de trois à six pouces, filiforme, tomenteuse, blanche, rougeàtre inférieurement , dénuée de bractées, terminée par une petite calathide pen- LIE 2S9 chée, à fleurs blanches. Péricline presque imbriqué, étalé, formé de squames lancéolées-linéaires, aiguës, membraneu- ses, presque vertes, les extérieures plus courtes, subulécs. tomentenses ; clinanthe ponctué; disque composé de huit ou dix fleurs hermaphrodites, à corolle lubuleuse, ayant le limbe très-petit, dressé, quinquéfide, à style bifide, ayant les stig- matophores inclus ; couronne composée de quatorze ou seize ileurs femelles, à corolle ligUlée , ayant la languette un peu dressée, linéaire, entière, à style bifide, ayant les stigmato- phores étalés; fruits linéaires, acuminés, à aigrette stipitée , blanche, composée de squamellules nombreuses, filiformes. Cette plante, que nous décrivons d'après Sw.lrtz, habite les terrains calcaires des hautes montagnes de la Jamaïque australe, où elle fleurit en été. Quoique nous ne l'ayons point vue, et que la description de Swartz ne nous offre pas tous les documens dont nous aurions besoin, il nous pa- roît presque indubitable que c'est une seconde espèce de notre genre Lieberkuhna. Ce nouveau genre diffère du Leria : i.° en ce que sa cala- thide n'a qu'une seule couronne, laquelle est radiante et analogue à la couronne extérieure du Leria, et que les troi« fleurs non radiantes qui s'y trouvent ordinairement, ne peu- vent pas constituer un ensemble comparable à la couronne intérieure, non radiante, plurisériée, multiflore, du Lerla; 2.° en ce qUe son disque est pauciflure ; 5." en ce que sou péricline est très-supérieur aux fleurs radiantes, et que ses Squames sont inappliquées; 4.° en ce que ses fruits, au lieu d'offrir, comme ceux du Leria, un col très-grêle et bicjj distinct de la partie séminifère, sont seulement très-alongés et un peu amincis graduellement de bas en haut. (Voyez notre article Lkrie.) Le Lieberkuhna diffère du Lcibiiitzia ■ 1." en ce que son disque est pauciflore; 2." en ce que les fleurs de sa couronne sont simplement ligulécs, et non biligulces; 5." en ce que les squames de son péricline sont subloliacées et inappliquées; i^f en ce que les appendices apicilaires du tube anthéral sont obtus, et que les appendices basilaires sont longs. (Voy. notre article Lexbnitzie, t. XXV. p. 420.) On ne doit pas confondre le Lieberkuhna avec le Chaptalia ^ dont le disque mulfiiJnre est masculiflore intérieurement j 26. 19 290 LIE qui a deux couronnes, dont linlcrieure n'est point radiante , qui a le péricline égal aux fleurs du disque : et dont les fruits ne sont pas très-alon^és ni amincis de bas en haut, comme dans le Lieherkuhna. (Voyez notre article Chaptalie, t. VllI , pag. 161.) Lieberkuhn , à la mémoire duquel nous consacrons le genre dont il s'agit, est un anatomiste connu surtout par ses recherches microscopiques sur la structure élémentaire des intestins, et qui a inventé ou perfectionné une espèce de microscope dont l'usage est très-commode pour les bota- nistes. Le genre Lieherhuhna appartient aux corymbifères de M. de Jussieu , et à la syngénésie polygamie superflue de Linné. (H. Cass.) LIEBRE. (Mamm.) Lièvre en espagnol. (F. C.) LIEBRECILLA. (Bot.) Nom du bluet, centaurea cjanus , Linn., en Espagne. (Lem.) LIÈGE. {Bol.) Espèce de chêne, quercus suher , dont l'é- «orce , très-épaisse et fort légère , est employée à divers usages économiques. Voyez Chène-liége. (J. ) LIE^GE. (Chim.) L'épiderme du quercus suher, doit être considéré comme un tissu cellulaire qui est enduit d'un assez grand nombre de substances. 100 parties de liège sec, chauffées à 100 degrés, perdent /] parties d'eau acide et odorante. Nous avons analysé le liège , en le traitant successivement par l'eau et l'alcool dans le digesteur distillatoire, 20 gr. de liège, séché à 100 degrés, ont été soumis à vingt lavages aqueux; dans chaque lavage on employoit 0,8 litre d'eau : le liège a perdu 2,85 gr. de matières solubles. L'eau volatilisée contenoit un acide et un principe odo- rant. Les deux premiers lavages ont déposé, par le refroi- dissement, une matière cristallisée, qui nous a paru analogue à la matière jaune volatile que nous avons découverte dans la noix de galle. (Voyez Substances astringentes natur elles.) Les lavages ont été concentrés : ils ont déposé des flocons d'un beau pourpre, formes de gallate de fer , et d'une com- binaison de matière astringente , de matière azotée et de chaux, I/extrait aqueux a été épuisé par l'alcool. LIE 2g\ «T. Partie soluhle dans l'alcool. Cette solution concentrée s'est réduite, i.° en un liquide aqueux; 2.° en un liquide orangé, d'apparence huileuse, quiétoit au-dessous du premier. Liquide aqueux. Il étoit odorant, brun -orangé, acide et astringent. Il tcnoit en dissolution un principe jaune , un prin- cipe rouge, une matière astringente , une matière azotée, de V acide gallique, et un acide hire organique , que nous n'avons pas déterminé. Matière d'apparence huileuse. Elle n'a pas été dissoute par l'eau bouillante. Elle Ta été presque en totalité par Talcool. Cette solution a présenté à l'analyse du principe colorant jaune, de l'acide gallique, de la matière astringenle , de la matière azotée, de la chaux. Nous avons tout lieu de croire qu'elle contenoit en outre un peu d'une substance résineuse; mais, tout en ad- mettant la présence de cette substance, on ne peut pas y rapporter la cause de l'aspect huileux de la combinaison dont nous parlons. b. Paitie indissoute par l'alcool. L'eau l'a dissoute en partie seulement. Solution. Elle étoit d'un jaune roux : on y a trouvé, 1." un acide organique, qui n'a pas été déterminé; il étoit en partie saturé par la chaux et par des atomes de magnésie et d'oxide de fer ; 2.° une matière organique, non azotée , insoluble dans l'alcool; 3.° du principe colorant jaune ; 4.° du principe colorant rouge ; 5.° de Vacide gallique et de la matière azotée. Matière indissoute. Elle étoit analogue aux Jlocons d'un beau pourpre qui s'étoient déposés par la concentration des lavages aqueux du liège. Le liège, traité par l'eau , a été soumis à cinquante lavages alcooliques: il a cédé à ce liquide 3^"^, i5 de matières solubles, qui étoient, 1.° une substance qui a de l'analogie avec la cire, mais qui nous a paru en différer; c'est pourquoi nous l'avons nommée ceVine; 2.° du principe colorant jaune; 3.°du^ principe colorant rouge; 4.° de Vacide gallique; 5." delà ma- tière astringente; 6." de la matière azotée; 1 ." une matière rési- neuse molle. 29^ LIE Les trois premiers lavages alcooliques ont dépose, par le refroidissement, de la cérine impure; ces lavages, filtrés et concenf rés au sixième de leur volume , ont déposé par un re- froidissement lent de !a cérine cristallisée pure ou presque pure. Les liqueurs du quatrième au quatorzième lavage inclusi- vement ont donné , après la concentration , de la cérine impure. Les liqueurs provenant des quatorze lavages, séparées de leur cérine , ont été réunies aux lavages suivans ; on les a distillées, et on a ajouté de l'eau à la fin de l'opération. On a obtenu un liquide aqueux pour résidu , qui contenoit en dis- solution, 1.° '.es principes colorans , de Vacide gallique, de la matière astringente et de la matière azotée; 2° un dépôt de ma- tière résineuse ; 0° un dépôt de matière azotée. Par la filtration on a séparé le liquide aqueux , et par l'alcool on a séparé ensuite la matière résineuse de la matière azotée. La matière résineuse étoit formée de cérine, de principes co- lorans, diacide, et probablement d'une matière grasse, ana- logue à la résine verte des plantes altérée. Nous croyons qu'un grand nombre de résines ont une composition analogue à celle dont nous venons de parler. Nous allons examiner les propriétés de la cérine ^ et celles du tissu du liège, que nous appelons suhérine. Cérine. Elle est sous la forme de petites aiguilles blanches ; lors- qu'elle n'a pas été dissoute plusieurs fois dans l'alcool , elle retient du principe colorant jaune, qui devient sensible quand on la liquéfie. La cérine, mise dans l'eau bouillante , se précipite au fond du liquide, se ramollit, mais ne se liquéfie pas: en cela elle diffère beaucoup de la cire , qui se fond à 62,75 , et qui alors reste à la surface de l'eau. La cérine , chauffée suHisanjment, se fond , se volatilise, en répandant une légère odeur. Distillée dans une petite cornue, elle se fond, jaunit, donne de l'eau acide et de la cérine inêlée à un produit gras empyreumatique, jaunâtre : il reste du charbon. Elle est un peu plus soluble dans l'alcool bouillant que la LIE .95 cire. Far le refroidissement la liqueur dépose de petites ai- guilles. La solution de cérine n'a aucune action sur la tein- ture de tournesol. La cérine, chauffée dans l'acide nitrique à 32 degrés, se fond, se rassemble à sa surface en gouttes huileuses. Peu à peu elle est dissoute ; il y a dégagement de gaz nitreux et dissolution de la cérine. L'acide se colore en jaune , et, si l'on y ajoute de l'eau , il se produit un précipité de cérine altérée et il reste un peu d'acide oxalique dnns la liqueur. La cérine ne paroît pas susceptible d'être dissoute par l'eau de potasse. Siibérine. Elle a la forme du liège. Lorsqu'on la distille , elle donne, 1.° un peu d'eau; 2.° un liquide incolore huileux: 3." une huile citrine. Ces produits sont acides: le dernier paroît tout formé dans la subérine, ou provenir d'une huile qui n'a éprouvé qu'une légère alté- ration ; car pendant l'opération on la voit suinter du liège même. 4.° Une huile d'un rouge brun; 5.° un peu d'ammo- niaque ; 6." une substance grasse, cristallisable , insoluble dans l'eau de potasse; 7." des gaz ; 8.° un charbon qui con- serve la forme de la subérine, et dont le poids est le quart de celui de la subérine, La subérine est insoluble dans l'eau et l'alcool, comme le prouve le traitement du liège dans le digesteur. 5 gr. de subérine, traités par 60 d'acide nitrique à 52*', jaunissent et se réduisent, 1.° en une matière insoluble dans l'eau, formée d'une substance résineuse soluble dans Talcool , et d'une substance qui ne s'y dissout pas et qui m'a paru de nature ligneuse; 2." en matière soluble dans L'eau, qui con- siste en acide oxalique , en acide subérique , et en une subs- tance jaune amère. La subérine, telle que nous l'avons obtenue, contenoit certainement encore une quantité notable de matières qui se trouvent dans le liège. Nous pensons que c'est à la cérine qu'elle retient, que la subérine doit la propriété de donner la substance grasse cristallisable, lorsqu'on la distille, et la matière résineuse qu'on en obtient lorsqu'on la traite par l'acide nitrique. 'e naturel. Liège lavé à 1' eau. SuLérine. 0,009 . . . 0,045 . . . . o,o5o 0,736 . . . 0,875 . . o,5oo 0,800 . . . o,53o . . . . o,58o 0,720 . . . 0,980 . • . . 1,120 :.>94 LIE L'acide subérique est le produit qui caractérise la subé- rine comme corps particulier ; car il s'en forme d'autant plus que le liège a été soumis à un plus grand nombre de traitemens à l'eau et à l'alcool : c'est ce qu'on voit par le ta- bleau suivant, formé des résultats obtenus en traitant par l'acide nitrique, 1° 5 gr. de liège naturel sec ; 2.° 5 gr. de liège lavé à l'eau ; 5 gr. de subérine. Résidu ligneux. . Résine Acide oxalique. . Acide subérique . Eau-mère jaune, amère x , . . x .... x Le tissu de l'épiderme de bouleau, de cerisier, de pru- nier, etc., est formé de subérine j car nous avons obtenu de tous ces épidermes de l'acide subérique, et en d'autant plus grande quantité qu'ils se rapprochoient davantage de l'état de pureté. Cette analogie de nature avoit été soup- çonnée par Fourcroy, avant qu'elle eût été démontrée par l'expérience. L'épiderme du bouleau, outre des principes colorans jaune et rouge , nous a présenté une substance résineuse , dont nous avons exposé les propriétés principales dans une note jointe à un mémoire lu à l'Institut le lo Janvier i 814. Cette substance, que nous avons nommée depuis hétuline , se volatilise en fumée blanche , douée d'une odeur balsamique. Chauffée convenable- ment , elle se sublime en aiguilles. Lorsqu'on la distille dans une cornue , elle se volatilise en partie seulement , parce qu'une portion s'altère par le contact de l'air : le produit a l'odeur du cuir de Russie; et, en effet, nous nous sommes assuré depuis que c'est cette substance qui donne au produit de la distillation de l'écorce de bouleau , l'odeur qu'on re- cherche dans le cuir de Russie, cuir que l'on prépare avec ce produit. 5 gr. d'épiderme de bouleau , préalablement traités par l'eau et l'alcool , soumis à l'action de 60 gr. d'acide nitrique, ont donné ; LIE 2g5 Matière ligneuse 9,04 Matière résineuse 0,68 Acide subéri(jue i,43 L'eau -mère de cet acide ëtoit jaune, visqueuse, amèrc; elle necontenoit pas d'acide oxalique, car elle ne précipitoit pas par Teau de chaux. La moelle de sureau, que M. Link a dit se convertir en acide subérique par l'acide nitrique, ne nous en a pas donné de traces sensibles, quoique nous l'ayons soumise au même traitement que le liège. (Ch.) LIEGE DES ANTILLES. (Bot.) Voyez Liège de Saint- DOMINGUE. (LeM.) LIEGE DE SAINT-DOMINGUE. (Bot.) Cet arbre, décrit précédemment sous les noms de bois de fléau ou cotonnier siflleux, avoit été rapporté au genre Fromager, Bombai; mais sa description , faite par Nicolson , quoique très-incom- plète, convient beaucoup mieux à Vochroma lagoptis deSwartz, qui, en effet, dit que sa plante est le cotonnier siffleux. (J.) LIEGE FOSSILE et LIEGE DE MONTAGNE. {Min.) Voye^ Asbeste entrelacé. (B.) LIE- HAST. (Ornith.) Un des noms que porte en Nor- •wége le grand pic noir, picus martius , Linn. (Ch.D.) LIEN. (Erpét.) Nom spécifique d'une couleuvre de la Ca- roline, coluber constrictor , que nous avons décrite dans ce Dictionnaire, tom. XI, pag. 181. (H. C.) LIÈRE. [Ornith.) On nomme ainsi , en Norwége, le pé- trel puffin, ou pufîin cendre, proceLlaria pujfmus, L. (Ch.D.) LIERNE. {Bot.) Nom vulgaire de la clématite des haies. (L. D.) LIERRE; Hedera, Linn. (Bot.) Genre déplantes dicoljk'do- nes , delà famille des caprifoliacées , Juss. , et de la pentaii- drie monogjnie^ Linn., dont les principaux caractères sont les suivans : Calice campanule, adhérent à l'ovaire, terminé par cinq petites dents; corolle de cinq pétales élargis à leurb^e; cinq étamines; ovaire turbiné, surmonté d'un style court, et terminé par un stigmate simple; baie globuleuse, à cinq loges monospermes. Les lierres sont des arbrisseaux à feuilles alternes , et à fleurs disposées en ombelle ou en grappe. On en compte aujour- 296 LIE rl'hui six espèces, qui , excejilé une, sont toutes exotiques; nous ne parlerons ici que de celle qui est indigène , les au- tres étant encore peu connues. LiEHRE QRiMi'ANT : Hcdcra heliv , Linn. , Spec, 292; Hcdera cor^ mhosa communis , Lob. , Icon. , 6ïl\. C'est un arbrisseau sar- menfcux, dont la tige principale peut acquérir avec le temps un pied et plus de circonférence : cette tige rampe à terre ou le plus souvent grimpe et s'étend fort loin, ainsi que les nombreux rameaux qu'elle produit , en s'appuyant sur le tronc des arbreç, sur les rochers, les murailles, et en s'y atta- chant par des vrilles très-nombreuses, d'une nature particu- lière, ressemblant à de petites racines et naissant du corps même de la tige ou des rameaux, sur le côte qui s'appuie aux corps environnans. Les feuilles sont alternes, pétiolées, per- sistantes, glabres, luisantes, d'un vert foncé, d'une forme Irès-variable; celles qui \iennent sur les jeunes pieds ou sur les rameaux rampans et stériles des vieux, sont échancrées à leur base et partagées en trois ou cinq lobes, tandis que celles qui accompagnent les rameaux qui doivent donner des ileurs, sont entières, à peu près ovales ou ovales-lancéolées. Ces variations dans la forme des feuilles ne peuvent nulle- ment caractériser des variétés distinctes, comme quelques bo- tanistes les ont établies , puisque le même pied de lierre porte souvent en même temps de toutes ces différentes feuilles. Les Heurs sont petites, verdàtres , disposées à l'extrémité des ra- meaux sur plusieurs ombelles globuleuses, portées sur des pédoncules particuliers et assez écartés les uns des autres. Ces ileurs paroissent en Septembre et Octobre, et ellessont rempla- cées par des baies peu succulentes , d'un vert très-foncé, pres- que noirâtres, qui mûrissent au printemps: elles devroient être partagées en cinq loges, contenant chacune une graine; mais le plus souvent une ou deux des loges avortent et on n'en trouve plus que trois ou quatre. Le lierre croit spontanément dans presque toute l'Europe et dans plusieurs parties de l'Asie et de l'Afrique. On le trouve dans les bois et dans les haies, surtout aux lieux frais, om- bragés et exposés au nord. On en cultive dans les jardins une variété à feuilles panachées de blanc, une autre à feuilles panachées de jaune, et une dont les baies sont jaunes. LIE 297 Le lierre a été célébré et honoré dés la plus haule anti- quité : en Egypte il étoit consacré à Osyris, et en Grèce à Bacchns ; on en coiironnoit le dieu des jardins comme celui des buveurs, et ce fut, selon Plutarque, ce dernier qui enseigna à ceux qui étoient pris de fureurs bachiques, à sVn faire des couronnes, parce qu'il avoit la propriété d'empêcher de s'enivrer. Le lierre partage avec le laurier l'honneur de servir de prix aux talens poétiques : Accipe jussis Carmina cœjita tuis j atque haiic sine tempora circinn Inlcr viclrices edcram tibi serpcre lauros. ViRC, EcloQ. FI IL Le bois du lierre est grisâtre, léger, poreux, quoique ses libres soient serrées et qu'il ait assez de dureté. Il est rare d'en trouver de gros morceaux; on en cife un de sept pouces de diamètre comme quelque chose de peu ordinaire. Les anciens croyoient, et on Ta souvent répété d'après eux, que les vases faits de bois de lierre avoient la singulière propriété de sépa- rer l'un de l'autre l'eau et le vin qu'on y versoit. Selon Caton et Pline, l'eau est retenue dans le vase, et le vin seul trans- sude à travers les pores du bois; selon d'autres, c'est le vin qui demeure dans le vase. Wormius , ayant répété cette expé- rience , vit les deux liquides rester mêlés et sécouler en- semble à travers les pores du bois. Dans les pays chauds, les vieux troncs de lierre donnent par incision ou naturellement un suc gouïmo-résineux, qui se durcit à l'air et qui est connu sous le nom de gomme de lierre. Cette substance est d'un rouge brunâtre, demi-trans- parente , d'une saveur amère, un peu astringente. Presque inodore dans son état ordinaire, elle répand, quand on la brûle, une odeur assez analogue à celle de l'encens. Dans ces derniers temps les chimistes lui ont donné le nom d'hé- dérée. Elle a été quelquefois employée en médecine comme résolutive, cmménagogue et astringente ; elle a aussi passé pour dépilatoire. Aujourd'hui elle est à peu près inusitée, si ce n'est dans quelques onguens et emplâtres. Dans la pein- ture on s'en sert pour la fabrique des vernis. C'est de l'Orient -'9S LIE que nous vient la plus grande partie de la gomme de lierre qui est dans le commerce. On a emplo3é autrefois la décoction des feuilles de lierre dans l'eau ou dans le vin, et en lotions, contre les maladies de la peau et les ulcères anciens. On a aussi attribué à cette décoction la vertu de noircir les cheveux. On faisoit encore avec ces mêmes feuilles des cataplasmes qu'on regardoit comme propres à dissiper les engorgemens laiteux. Sous tous ces rapports , les feuilles de lierre sont à peu près hors d'usage maintenant; mais on en emploie une grande quan- tité pour le pansement des cautères et des vésicatoires : en- tières, ainsi qu'on s'en sert, il ne paroit pas qu'elles contri- buent à augmenter la suppuration ; elles entretiennent seule- ment les parties dans un état de fraîcheur salutaire. Les fruits du lierre passent pour être émétiques, purga- tifs, et même pour agir avec assez de violence; mais on manque d'expériences positives pour les apprécier sous ce rapport. Plusieurs espèces d'oiseaux les mangent. Le lierre se multiplie de graines, de drageons et de mar- cottes ; mais lu facilité avec laquelle on peut se le procurer en arrachant de jeunes pieds dans les bois ou dans les haies, fait que les jardiniers se donnent rarement la peine de l'élever de graines ou autrement; il n'y a que ses variétés, soit celle à baies jaunes, soit celle à feuilles panachées, qu'on propage par la -voie des marcottes. La verdure perpétuelle de cet arbrisseau le rend d'un eff'et très-pittoresque dans les jardins paysagers : il est propre à ta])isser les grottes, les rochers, les vieilles murailles ; souvent aussi on peut le placer d'une manière très- agréable en associant ses rameaux à de vieux troncs d'arbres. Lorsque le lierre est d'un certain âge, et qu'on a eu le soin de le tailler et de supprimer une partie de ses rameaux, il peut se soutenir seul et former une sorte de petit arbre. Le lierre n'épuise point les arbres sur lesquels il s'attache: ses vrilles, en se fixant dans les fentes de leur écorce, n'en tirent aucune nourriture; mais, lorsqu'il embrasse étroite- ment de ses nombreux rameaux les tiges des autres arbres, celles-ci se trouvent avec le temps trop resserrées, étran- glées, comme étouffées, et alors elles périssent par suite de cet étranglement. (L. D.) LIE =90 LIERRE DES ANTILLES. ( Bot.) On donne dans les Antilles ce nom au marcgravia, arbrisseau grimpant, qui s'élève le long des grands arbres 'jusqu'à leur sommet, et laisse ensuite retomber ses rameaux chargés de fleurs. (J.) LIERRE AQUATIQUE. {Bot.) C'est une espèce de lenti- cule, Icmna Irisulca. ( L. D.) LIERRE EN ARBRE. {Bot.) Voyez Lierre. ( L. D.) LIERRE DU CANADA. {Bot.) C'est une espèce de sumac, rhus toxicodendron. ( L. D.) LIERRE D'EUROPE, LIERRE GRIMPANT. {Bot.) C'est le lierre commun. ( L. D.) LIERRE TERRESTRE. {Bot.) Nom vulgaire du glecoma hederacca, qui est aussi la terrête, l'herbe de Saint-Jean. (J.) LIEU. {Ichthfol.) Un des noms vulgaires du merlan jaune, gadus pollachiits de Linnaeus. Voyez Merlan. (H. C. ) LIEURE. {Ornith.) Nom que porte en Norwége le grand coq de bruyère, tetrao urogallus , Linn. (Ch. D.) LIÈVRE. {Entom.) On a donné ce nom vulgaire à la che- nille de Pécaille martre ou hérissone {bomhyx caja) , et à celle du Zio)7!^}'.T lubricipeda, qui vit sur le pommier. V.Bombyce. (CD.) LIÈVRE ou LEVREAU. {Conchjl.) C'est une espèce de porcelaine , cyprcva tesiitudinaria ou caurica. Voyez Porce- laine. (De B.") LIÈVRE, Lepus. {Mamrn.) Ce nom, dérivé du nom latin du même animal, de particulier est devenu commun , et sert non-seulement à désigner le lièvre d'Europe , mais encore le groupe dont cet animal peut être considéré comme le type. Le genre Lièvre, l'un des plus naturels de la classe des mammifères , est remarquable par la fixité de certains ca- ractères secondaires, qui, ]»ar cela même, s'assimilant aux caractères génériques, laissent peu de points propres à dis- tinguer les espèces entre elles, et font que la détermination de celles-ci offre les plus grandes difficultés : tout le monde connoît en effet le lièvre et le lapin, et Fembarras que Ton éprouve à les distinguer Fun de Pautre; or, il en est à peu près de même de toutes les autres espèces. Ces animaux ont des molaires sans racines, six de chaque côté à la mâchoire supérieure, et cinq à l'inférieure; leurs 3oo LIE incisives inférieures sont au nombre de deux , comme chez les autres genres de cet ordre, larges, plates à leur face antérieure , et taillées en biseau à la face postérieure ; les supérieures sont au nombre de quatre chez l'adulte , deux antérieures, larges, divisées, à leur face externe, par un sillon assez profond , en deux faces arrondies , et taillées en biseau à leur partie interne ; viennent ensuite deux posté- rieures, petites, cylindriques, un peu comprimées en avant et en arrière, et à couronne plate. A la mâchoire supérieure , les molaires sont en ovale trans- versal et à peu près d'égale grandeur, excepté la dernière , qui est très-petite. La première de ces molaires a la cou- ronne simple et seulement garnie à son bord antérieur de trois festons formés par deux replis de l'émail a moitié remplis de cortical. Les quatre suivantes ont leur couronne divisée en deux parties par une arête transversale , formée par deux replis de l'émail qui enveloppe toute la surface delà dent; l'interne est le plus profond et va sans doute se joindre à l'externe un peu au-dessous de la couronne, puis- qu'on n'aperçoit plus sur celle-ci le signe de séparation qui devoit se trouver entre eux. L'émail s'usant moins vite que la substance corticale, il en résulte que ses bords sont relevés en crête comme le milieu. La dernière niolaire diffère des précédentes par l'absence des crêtes et des replis. A la mâchoire inférieure les molaires sont à peu près aussi longues que larges : toutes ont la couronne divisée en deux parties inégales par une crête formée , comme dans les mo- laires supérieures , par deux duplicatures de l'émail , mais dont l'externe est beaucoup plus profonde. La première mo- laire diffère des autres, en ce que sa partie antérieure est échancrée au bord externe par un sillon presque aussi profond que le second ; ce qui fait que la face externe de celle dent, au lieu de n'avoir qu'un sillon comme les autres, en porte deux. Dans les trois suivantes la couronne n'est divisée que par une crête formée par deux replis, dont l'externe forme un sillon beaucoup plus profond que l'interne. La dernière molaire, plus petite que les autres, a sa couronne composée de deux parties elliptiques, inégales; la postérieure est beau- coup plus petite que l'antérieure. LIE 3oi Dans le très -jeune âge les dents ne diffèrent de celles de l'adulte quVn ce que , au lieu de quatre incisives supérieures, il s'en trouve six, disposées par paires l'une derrière l'autre ; mais les plus internes tombent bientôt par l'accroissement des quatre antérieures, de sorte que l'adulte ne conserve , comme nous Tavons vu plus haut, que ces quatre dernières incisives. Les membres antérieurs, beaucoup plus courts que ceux de derrière, sont grêles et terminés par cinq doigts, courts, forts, entièrement libres et armés d'ongles cylindriques, robustes et légèrement arqués; le troisième est le plus long ; le second et le quatrième, plus courts que celui-ci, sont d'égale longueur ; le premier ou l'externe est moins long que ces derniers, et l'interne ou le pouce est petit, placé vers le haut du métacarpe et peu apparent. Aux pieds de derrière le pouce manque, et il ne reste plus que quatre doigts semblables aux analogues des pieds de devant. Ces doigts sont velus, ainsi que la paume et la plante, qui sont entièrement recouvertes d'un poil soyeux , mais plus dur que celui des doigts; et les ongles sont protégés et cachés par un pinceau de longs poils naissant du dessous des doigts. La queue est très-courte, très-velue et ordinairement re- levée. Les yeux ont une pupille susceptible, en se contractant, de prendre une forme légèrement ovale ; la paupière interne est assez développée , et les externes sont garnies de cils nom- breux et serrés. Les narines sont étroites, plus larges en de- hors du museau que vers le point où elles se rapprochent, sansmuffle proprement dit , mais à peu près nues à leur con- tour et garnies à leur bord interne ou cloisonnaire de deux bourrelets ou saillies, qui paroissent glanduleuses; elles ont au-dessus d'elles un fort repli transversal, déterminé par le museau , qui forme une large surface convexe , velue , suscep- tible de recouvrir les narines en s'abaissant , et jouissant d'un mouvement vif, précipité et presque continuel de haut en bas. La lèvre supérieure est entièrement fendue, et la lan- gue est épaisse et douce. Les oreilles sont très-mobiles, gran- des, alongées en cornet, très - ouvertes , simples et remar- quables seulement par une cavité en forme de cul -de- 5o2 LÎE sac, placée au-dessus du conduit auditif: elles sont presque nues en dedans, et revêtues de poils courts et ras en-dessus. Le pelage est frès-fourni et se compose en général de longs poils soyeux très-nombreux, et de poils laineux, plus courts, plus nombreux encore et d'une très-grande finesse. Ces deux sortes de poils sont mêlées sur la phis grande partie du corps; mais le tour du museau n'a ordinairement que des poils courts, ras et soyeux : la tête en général a plus de poils soyeux que de laineux, et ces poils sont moins longs que ceux du corps ; la nuque et le dessus du cou, à partir d'entre les deux oreilles, ne sont couverts que de poils laineux, très-doux et très-épais ; le dessus de l'oreille n'a que des poils très -courts et soyeux, et le bord anté- rieur est garni de longs poils soyeux assez rudes, et disposés sur une ligne parallèle et serrée, tcjndis que le bord posté- rieur a un liséré de poils soyeux, ras et très-courts ; les poils des membres sont courts et soyeux , et ceux de la queue sont très-épais, longs et presque tous laineux, principale- ment en-dessous. Les diverses teintes du pelage semblent elles-mêmes par- ticipera cette tendance vers un type commun, et les diffé- rences qui les distinguent ne sont presque que le résultat des diverses modifications d'un même fond de couleurs. La tête et le corps sont toujours d'une teinte de gris-brun ou roussàtre, tiquetée ou lavée, c'est-à-dire, variée ou de points ou de lignes interrompues , entrecoupées, et comme hachées de diverses teintes de gris, de brun et de roussàtre, résultat du mélange des couleurs des poils soyeux qui pré- sentent un anneau de chacune de ces teintes; le dessous du corps est d'une couleur uniforme; la région labiale, sur la- quelle sont placées les moustaches, est ordinairement en tout ou en partie d'une teinte particulière. L'œil est toujours placé dans une région plus pâle que le reste des parties environnantes ; les oreilles ont le bord antérieur de leur partie postérieure plus foncé que le reste du derrière de l'oreille, et il est tiqueté; le bord de l'oreille est ordinai- rement d'une teinte foncée , et les lisérés de ses bords sont plus pâles; la partie laineuse de la nuque est toujours d'une couleur pure et différente de celle des parties voisines. Les LIE 3oS membres ont une teinte uniforme , et la queue est plus foncée en-dessus qu'en -dessous. La verge, dirigée en arrière, se termine par un gland coni- que; chaque testicule a un petit scrotum par4iculier et peu saillant, et dans l'espace qui se trouve entre eux ei la verge se remarque un enfoncement dans lequel il se verse une sécrétion épaisse , jaunâtre et fort puante. Les femelles sont sujettes à une sorte de superfétation , ce qui tient à ce que, les deux cornes de la matrice ayant cha- cune un orifice particulier dans le vagin , il arrive que l'une peut être fécondée après l'autre, et qu'alors la femelle met bas les fœtus qui se sont développés dans l'un de ces or- ganes, tandis que ceux de l'autre corne restent encore en gestation. Les petits naissent couverts de poils et les yeux ouverts. Les lièvres sont tous des animaux presque nocturnes et chez lesquels Fouie paroît être le sens le plus développé; ils sont extrêmement craintifs et fuient au moindre danger. Leur marche consiste en une suite de sauts, et leur course n'en diffère que par plus de rapidité. Ils habitent les bois, les taillis, les rochers, viennent quelquefois dans la plaine, et se nourrissent de substances végétales qui modifient le goût de leur chair, selon qu'elles sont plus ou moins aromati- ques : Ton sait en effet que telle est la cause de la différence que l'on remarque entre la saveur d'un lapin élevé en do- mesticité et celle d'un lapin qui, dans les bois, s'est nourri de thym , de serpolet, etc. Les uns pourvoient à leur sûreté personnelle et à celle de leurs petits, en se creusant de pro- fondes retraites, ou en habitant les fentes et les creux des ro- chers; tandis que d'autres se contentent d'un sillon, d'une souche, d'un taillis, ou d'un tronc d'arbre excavé. Les lièvres sont communs dans l'ancien et dans le nouveau monde, et partout, ils peuplent les contrées froides comme les parties chaudes du globe; mais partout aussi ils se mon- trent, comme nous l'avons dit, avec des caractères spécifi- ques si constans qu'il est très -difficile de distinguer nette- ment leurs espèces : l'on peut cependant, en s'aidant de l'examen des têtes osseuses, trouver des caractères assez cer- tains > quoiqu'en général peu saiilans, et l'on est déjà parvenu So4 LIE à en caractériser dix espèces ; mais il est probable qu'il eu reste encore beaucoup d'inconnues. Le Lapin: Lepus cuniculus , Linn. ; Buffon, fom. VII. Cette espèce, connue de tout le inonde, est en général d'un gris brun- jaunâtre pâle; la tête est d'un gris roussàtre tiqueté, le menton et le dessous de la gorge sont blancs ; les yeux sont placés au milieu d'une tache d'un gris fauve -pâle , et entourés d'une teinte d'un blanc grisâtre ; le bout du mu- seau et la région labiale sont roussâtres ; le dessus des oreilles est d'un gris pâle avec le bord antérieur d'un gris brun pointillé ; le bord supérieur légèrement bordé de noir , et le tour de l'oreille liséré de blanchâtre ; la région laineuse de la nuque et du dessus du cou est d'un fauve pâle et pur; le corps est d'un gris brun Jaunâtre lavé, résul- tant de lignes hachées de fauve pâle, de brun et de noi- râtre; le dessous du corps est blanc ; les membres sont rous- sâtres et d'une teinte uniforme ; le dessous des doigts est d'un jaune fauve; la queue est noire en-dessus et blanche en-dessous. Cette espèce, originaire d'Espagne, et réduite en domes- ticité, offre des variétés assez nombreuses, parmi lesquelles on distingue plus particulièrement le lapin d'Angora, à cause de ses longs poils soyeux, .et le riche, remarquable par la belle teinte d'un gris argenté de ses poils. Le lapin domes- tique ordinaire ne diffère du sauvage que par des couleurs plus pâles; mais il a beaucoup varié dans ses teintes, et il s'en trouve qui sont entièrement d'un beau blanc de neige, avec l'iris ronge, et les parties à demi nues de la peau . telles que le museau et les oreilles, d'un rose pâle, ce qui est un effet de la maladie albine. Cette espèce se creuse, dans les terrains secs, un profond terrier, à une ou plusieurs issues, où chaque famille se re- tire et dans lequel les femelles élèvent leurs petits. La ges- tation est d'environ un mois, et la portée de quatre à huit petits , qui ne sortent du terrier commun qu'au bout de deux ou trois mois, lorsqu'ils sont en état de chercher seuls leur nourriture, de se creuser une retraite et bientôt après d'é- lever une autre famille ; mais ils s'établissent le plus souvent auprès de leur première demeure , et cette habitude . jointe LIE 3o5 à la fécondUé de ces animaux, fait que, si l'on n'y apporte aucun obstacle, le terrain dans lequel ils se sont établis est bientôt excave de toute part. A Tctat domestique les lapins sont beaucoup plus féconds, et deviennent des objets d'éco- nomie aussi imporlans par leur pelage , dont on fabrique le feutre, que par la consommation qui se fait de leur chair. Quoiqu'ils aient entre eux. les plus grands rapports, les liè- vres et les lapins ne peuvent produire ensemble, et ils pa- roissent même avoir l'un pour l'autre un éloignement tel qu'on ne trouve point ou presque point de lapins dans les lieux ou les lièvres se sont établis, et que ces derniers évi- tent les cantons peuplés par les lapins. Le Lièvre: Leptis timidus, Linn.; Buffbn, tom. VI, pi. 38. Il est en général d'un gris roussàtre. La tête est d'un gris brun, plus foncé à son sommet et sous l'œil, et plus pâle sur les joues : le menton et le dessous de la gorge sont d'un blanc roussàtre ; les yeux sont placés dans une tache blanchàîre, qui, partant du bout du museau, se continue jusqu'à l'origine de l'oreille ; la région labiale est d'un fauve pâle; le dessus des oreilles est d'un gris jaunâtre, avec le bord antérieur d'un gris brun, la pointe noire, et les bords de l'oreille lisérés de blanchâtre; la région laineuse de la nuque et du dessus du cou est d'un fauve pur. Le corps est d'un gris roussàtre, lavé de brun, résultant de lignes ha- chées de gris , de noir et de fauve ; il prend une teinte plus fauve sur les épaules et les côtés ; la partie antérieure de la poitrine est fauve , le reste du dessous du corps d'un blanc roussàtre ; les membres sont d'un fauve roussàtre uni- forme; la queue est noire en-dessus et blanche en-dessous. Quoique le lièvre ait en général les mêmes besoins que le lapin , il les satisfait d'une manière toute différente: il ne se creuse point de terriers, et se contente d'un gite , dont il change la position selon les saisons. La portée dure trente jours et se compose de deux à cinq ou six petits. Dès qu'il ne tette plus , le levraut cherche un gite ; mais il n'établit pas sa demeure, comme les jeunes lapins, auprès de celle qu'il vient de quitter. Le lièvre est solitaire ; il vit dans l'iso- lement , et ne recherche la compagnie des individus de son espèce qu'au temps du rut , qui se fait sentir en Février et en 26. 20 3o6 LIE Mars. C'est peut-être à cet instinct que Ton doit attribuer la liberté dont jouit son espèce entière , tandis que le sociable lapin est devenu partout domestique. Il dort le jour, ne prend sa nourriture que la nuit, et habite, comme le lapin, toutes les contrées tempérées de l'Europe; mais il paroît s'avancer plus au nord que ce dernier. Les voyageurs ayant presque tous appelé lièvres les diverses espèces de ce genre qu'ils observoient , l'on a beaucoup trop étendu les limites delà demeure du lièvre ordinaire ; ce qui explique l'erreur d'Erxleben et de Gmelin, qui le donnent comme propre à l'Europe, à l'Asie, à Ceilan , à l'Egypte, à la Bar- barie et à l'Amérique septentrionale. On a débité plus d'une fable sur cette espèce , que l'on a regardée tour à tour comme hermaphrodite, ruminante et susceptible d'acquérir des cornes. Lièvre xARiAhLZ : Lepus lariahilis , Pall. ; Schreb. , 204, B. Le dessus de la tête est d"un brun fauve; la partie supé- rieure des côtés de la tête est canescente , tandis que la partie inférieure, le menton et le dessous de la gorge sont blancs; l'œil est bordé en -dessus d'une ligne blanche; la région labiale et le dessus du museau sont d'un blanc roux ; le derrière de l'oreille est blanchâtre, avec le bord anté- rieur d'un gris jaune et le bout noir ; les bords de l'oreille sont garnis, jusqu'à la moitié de leur longueur, d'un liséré blanc; la région laineuse de la nuque et du dessus du cou est d'un roux blanchâtre pur; les côtés du cou sont d'un gris roussâtre clair . et le dessous d'un blanc roussàtre ; le dessus du corps est d'un brun fauve, résultant de ligues hachées de noir, de brun et de fauve jaunâtre ; les côtés et les cuisses sont d'un gris roussàtre clair ; le dessous du corps est blanc les membres sont d'un roux pâle uniforme ; le dessous des doigts est jaunâtre , et la queue blanche en-dessous et noire en- dessus. Il est plus fort que notre lièvre ordinaire, et, dans son pe- lage d'hiver, le corps, la tête, les oreilles, les membres et la queue sont blancs, avec seulement le bout des oreilles noir. Telle est la description de deux indÏAàdus conservés dans les galeries du Muséum ; mais, selon les auteurs, le lièvre variable diffère du premier individu que nous avons décrit. LIE 5o7 en ce qu'il a la queue entièrement blanche pendant toute l'année: du reste la description que Pallas en donne s'accorde en tout point avec la nôtre. Un individu du Muséum, indiqué comme venant de la Valachie , différoit du premier en ce qu'il avoit la tête roussàtre , la gorge et le menton blancs, le tour des yeux d'un blanc fauve pâle , les oreilles blanches avec la pointe noire , le dos d'un roux vineux très-pàle , et les côtés et le dessous du corps d'un blanc roussàtre. Cette espèce habite tout le Nord de l'Europe, la Sibérie et le Groenland ; on la trouve aussi en Pologne , dans les mon- tagnes d'Ecosse, et même , dit -on, dans nos Alpes. Pallas a de plus trouvé dans la partie méridionale de la Russie un lièvre qu'il nomme lepus lijbridus , et qu'il regarde comme une race particulière, ou même comme le produit de l'ac- couplement de notre lièvre et du lièvre variable ; ce qui pourroit porter à penser que ces deux espèces n'en font qu'une. Quoi qu'il en soit, cette race ne diffère du lièvre variable, tel que Pallas l'a décrit, qu'en ce qu'elle ne blan- chit qu'incomplètement en hiver et que le dessus de sa queue est noir. Le Moussel; Lepus nigricollis, (Cab. du Mus.) Cette espèce, due aux recherches de MM. Leschenault, Diard et Duvaucel dans l'Inde, est la plus remarquable et la mieux caractérisée de ce genre. Le dessus de la tête est d'un fauve roux tiqueté, et ses côtés sont d'un gris aussi tiqueté; le dessous du menton et la gorge sont blancs ; une bande d'un blanc grisâtre , allant du mu- seau à l'oreille , passe sur l'œil et s'y teint de jaunâtre ; la région labiale est d'un fauve uniforme; la base de la partie posté- rieure des oreilles est blanche ; le derrière de l'oreille est d'un gris roux blanchâtre , avec la partie antérieure d'un brun pâle et la pointe noire; le bord antérieur est liséré de rous'- sàtre , et le postérieur de blanc ; la région laineuse de la nuque et du dessus du cou est d'un beau noir, descend sur les côtés du cou presque sous la gorge, et se termine en pointe sur l'épaule; les côtés et le devant du cou sont d'un fauve pâle; le dessus du dos est d'un roux fauve lavé, provenant du mé- lange de lignes hachées de fauve et de brun; les parties supé- rieures et latérales des épaules, les côtés du corps, la croupe S"8 LIE et la cuisse sojit d'un gris de perle roussâfre , résultant d'une liqueture de gris, de noirâtre etde jaunâtre, où le gris perlé est la couleur dominante; le dessous du corps et l'intérieur des membres postérieurs sont d'un beau blanc ; le bas de lépaule est d'un fauve gris tiqueté ; les membres antérieurs sent d'un fond uniforme, et les postérieurs d'un fauve très- pâle; les quatre pieds sont roux , et le dessous des doigts est marron; la queue est blanche en-dessous et brune en- dessus. Ce lièvre est delà grandeur d'un lapin. M. Leschenault l'a le premier indiqué, en i Si 8 , dans son catalogue manuscrit des animaux du Malabar, et en a donné une courte description sous le nom malabar inoi/s5e/, et M.Diard l'a depuis envoyé de Java. Lièvre d'Egyhe; Lepus œgyptiaciis, GeofT. (Mémoires sur l'Egypte). D'un roux grisâtre; la tête est roussàlre-tiqueté ; le bout du museau est teint d'un fauve uniforme; le menton et le dessous de la gorge sont d'un blanc légèrement teint de fauve ; une large bande d'un blanc fauve très-pâle va des côtés du museau à l'origine de l'oreille et passe sur l'œil ; la région labiale est fauve en arrière et blancMtre en avant; le derrière des oreilles est d'un roussâtre brun tiqueté , avec le bord antérieur un peu plus foncé et la pointe brune; le bord antérieur de l'oreille est liséré de roussâtre et le postérieur de blanchâtre; la région laineuse de la nu- que et du dessus du cou est d'une pure teinte de roux pâle ; le devant du cou est d'un roussâtre pâle ; le corps est d'un roussâtre gris , résultant du mélange de lignes confuses d'un brun pâle et d'un roux pâle ; le dessus du corps est un peu plus foncé que les côtés, le dessous est d'un blanc roussâtre; les jambes et l'intérieur des membres sont d'un roux pâle uniforme ; le dessous des doigts est brun ; la queue rst blanchâtre en-dessous et d'un brun noir cn-dcssus. 11 est delà grandeur d'un lapin et habite l'Egypte, d'où il a été rapporté par M. Geoffroy Saint-Hilaire. LiÈVRF nu Cap; Lepus capensis , Linn. Il est en général d'un gris roux; la tête est d'un gris roux tiqueté, avec le dessus du museau d'un gris roux pur; le menton et la gorge sont roussàtrcs ; l'oreille est placée dans une bande d'un blanc roussâtre, et une bande brunâtre se trouve au-dessous: la LIE *G9 région labiale est d'un roux uniforme; la partie postérieure des oreilles est roussàtre , avec le bord antérieur d"un gris brun tiqueté, et la pointe d'un brun noir; le bord anté- rieur est liséré de roux, et le postérieur de blanc pur: la région laineuse de la nuque et du dessus du cou est d"uno teinte pure de gris-brunàtre , et divisée en deux par une ligne de poils soyeux, d'une teinte lavée et plus foncée; le devant du cou est d'un gris roux uniforme; le dessus du corps est d'un gris brun lavé, provenant du mélange di' lignes interrompues de brun, de gris et de roussàtre, et plus foncé que les côtés du corps, qui sont, ainsi que la croupe et la cuisse, d'un gris lavé pl\is roussàtre; Tarrière-poitrine et le ventre sont blancs, tandis que les jambes , Finlérieur des membres et la partie antérieure de la poitrine sont d'un roux fauve vif et uniforme; le dessous des doigts est d'un brun foncé, et la queue est blanche en -dessous et noire en-dessus. Quelques auteurs ont pensé que ce lièvre ne différoît pas du précédent. II est aussi grand, mais moins fort, que le lièvre variable, et se trouve en grand nombre dans les dunes duCap et dans le pays des Hottentots. Linnaeus, d'après Burrmann, o- LIE pur, et le dessous du cou est d'un gris brun lavé ; le dessus du corps et la croupe sont d'un gris brun lavé, résultant de lignes hachées brunes, rousses et noires, et plus foncé que sur les côtés du corps, qui ont une teinte plus grise; le dessous du corps et l'intérieur des membres sont blan- châtres; les membres sont d'un gris roux uniforme; le des- sous des doigts est d'un marron foncé; la queue est blanche en-dessous et d'un noir brun en-dessus. Cette espèce est de la grandeur du lapin , et habite les montagnes du Cap , où elle se trouve rarement, selon M. de Lalande , qui l'en a rapportée avec la précédente. Le Tapeti : Lepus brasiliensis ; Tapiti d'Azara , Quadrupèdes du Paraguay. Il est en général d'un brun fauve ; le dessus de la tête est d'un roux i'oncé presque uniforme , et les côtés sont d'un brun fauve ; le menton et la gorge sont d'un beau blanc, et cette couleur, se prolongeant jusque sous l'oreille, forme un demi -collier blanc sous la gorge; le tour des yeux est roussàtre; la région labiale es,t d'un blanc fauve-pàle; le derrière de l'oreille est d'un brun gris chez l'adulte, et tout noir chez le jeune; la région laineuse de la nuque et du dessus du cou est d'un roux uniforme; le devant du cou est d'un brun fauve-pàle; le corps est d'un brun fauve lavé, résultant de lignes entrecoupées de fauve et de brun foncé; le dessous du corps et l'intérieur des membres sont blancs; les membres sont d'un roux uniforme; la queue est si courte qu'elle paroît nulle et se confond avec le poil des cuisses; elle est blanche en-dessous et brunâtre en-dessus; les oreilles sont assez courtes. Il est plus petit qu'un lapin, habite l'Amé- rique méridionale, où il demeure dans les bois et gîte, sans se faire de terriers, sous les troncs darbres et entre les débris de végétaux. Le Lièvre d'Amérique; Lepus hudsonius , Pallas, GL , p. 5o. D'un roux brun; la tête est d'un roux b]un tiqueté; les côtés inférieurs de la tête, le menton et la gorge sont d'un gris blanc; l'œil est placé dans une région blanchâtre; la région labiale est d'un blanc roussàtre ; la face externe des oreilles est brune , avec l'extrémité noire , et leurs bords sont lisérés de blanc-roussàtre; la région laineuse de la nuque et du dessus du cou est d'un roux vif et pur: les côtés du cou LIE 3ii sont d'un roux fauve tiqueté, tandis que le dessous est d'un blanc roussàtre ; le corps est d'un roux brun , résultant de lignes entremêlées de roux et de brun, et plus foncé sur le dos et Ja croupe que sur les autres parties ; le dessous du corps et rintérieur des membres sont d'un blanc roussàtre; les pattes antérieures sont d'un roux uniforme, et les posté- rieures ont une teinte plus pâle ; le dessous des doigts est d'un jaunâtre pâle ; la queue est blanche en-dessous et d'un brun roux en- dessus; les oreilles sont un peu plus courtes que celles du lapin. Cet animal blanchit en hiver. Cette espèce, de la grandeur d'un lapin de moyenne taille., habite l'Amérique septentrionale, et on la voit quelquefois, selon Forster, dans le Nord de l'Europe, principalement en hiver : elle recherche les lieux secs, et habite sous les souches et dans les arbres excavés , sans se creuser une retraite comme le lapin. Nous avons observé les neuf espèces précédentes au Mu- séum , et c'est d'après leurs dépouilles que nous avons com- posé nos descriptions; mais, n'ayant pu rien voir du tolaï^ et Pallas étant le seul auteur qui ait parlé d'une manière com- plète de cette espèce , nous nous sommes servi de son travail pour la description suivante. Le ToLAÏ rLepus /o/ai, Gmel. , Pall.; Schreb. , pi. 234. La tête et le dos sont mêlés de gris pâle et de brun ; le dessous du corps et la gorge sont blancs ; le dessous du cou est jaunâtre , ainsi que la nuque et les oreilles , qui ont leur bord supé- rieur noir; il y a du blanc autour de l'œil et du museau, et les membres ont une teinte jaunâtre ; la queue est blanche en-dessous et noire en-dessus. Cette espèce ne change point très-sensiblement en hiver. Elle habite la Sibérie, laTartarie, la Mongolie et la Daourie. Sa taille égale au moins celle du lièvre changeant. Elle aime les lieux découverts, et recherche les saules et les robinia qui font sa principale nourriture, ne creuse point de terriers, et se réfugie au moment du danger dans les fentes des rochers. On a encore rapporté au genre Lièvre quelques animaux d'une tout autre nature, et qui paroissent être des animaux peu connus. La ViscACHE (voyez ce mot), et 5i2 LTE Le Cly qui, avec la grosseur dun petit rat, de petites oreilies pointues et velues, a un museau alongé et des dents de lapin , quatre doigts aux pieds de dcA^ant et cinq à ceux de der- rière, et une queue presque nulle. Selon MoHna, il scroit domestique au Chili, et par conséquent de couleur variable. La seule conjecture qu'on puisse se permettre, tant qu'on ne connoîlra pas mieux ce rongeur, est de le rapprocher des lagomys. Aux lièvres proprement dits Erxleben et Gmelin joigni- rent trois animaux très-remarquables, dont Pallas, à qui en est due la découverte, avoit fait une section particulière du genre sous le nom de Lepores ecaudati : M. G. Cuvier donna à ce nouveau genre, dans son Tableau élémentaire du règne animal, le nom de Lagomys (licvrc-rat). Ces trois espèces forment un petit groupe très-rapproché de celui des lièvres; cependant leurs caractères sont assez tran- chés et reposent sur des points d'organisation dun ordre assez élevé. Les Lagc.mys, quoique ayant en général les mêmes organes de mastication que les lièvres, en diffèrent cependant sous ce point de vue par quelques modifications. Ils ont, à la mâchoire supérieure , quatre incisives comme les lièvres, deux antérieures, et deux autres placées immédiatement derrière celles-ci ; mais les premières sont divisées par un sillon en deux parties si distinctes que chacune d'elles p.nroit double et se trouve bifide à la pointe : les postérieures sont petites , comprimées sur les côtés , et leur couronne est plate , en elli])se très-alongée et longitudinale; les molaires de cette mâchoire ne sont qu'au nombre de cinq' de chaque côté, et semblables à celles des lièvres, si ce n'est que le sillon interne est beaucoup plus profond que l'externe et que la dernière a sa face interne marquée de deux sillons au lieu d'un seul. C'est la petite dent postérieure des lièvres qui manque ici. Les dents de la mâchoire inférieure diffèrent 1 Illiger et M. Dcsmarest (Nouv. Dict. , art. Pika) disent six. Nous n'avons, il est vrai, observé que le crâne de l'ogolou ; mais nous pou- vons assurer (ju'il n'a que cirni molaires de chafjue côté à la niàthoire supérieure. LÎK 3 3 seulement en ce que les crêtes de la couronne sont plus mar- quées et plus tranchantes, et en ce que la dernicre molaire postérieure ou la cinquième n'a sa couronne formée que d'une seule surface elliptique et qu'elle est simplement pris- matique, sans aucun sillon. Les njembres sont plus courts, plus épais, que ceux des lièvres, et les postérieurs ne sont pas plus longs que les anté- rieurs : les pieds de devant sont terminés par cinq doigts, armés d'ongles grêles, arqués et aigus, presque entièrement cachés par des poils; ceux de derrière n'en ont que quatre, munis d'ongles semblables. La queue est nulle. Les organes génitaux sont en général semblables à ceux des lièvres; la verge est dirigée en arrière , et le scrotum est simple et saillant. Les yeux sont petits et saillans. Le nez est velu ; le bord cloisonnaire des narines est nu, et la lèvre supérieure e^t profondément fendue. La langue est courte et épaisse. Les oreilles sont courtes, larges, arrondies, assez simples et à grande ouverture, et la paume, ainsi que la plante, est cou- verte d'un poil doux , épais et serré. Les moustaches sont de longueur moyenne et peu épaisses, et le pelage est long, lisse et fourni. En résumant ces caractères , nous trouvons que les lagomys dittèrent principalement des lièvres par la forme des petites incisives supérieures, par le nombre des molaires supérieu- res, par les deux sillons de la face interne de la dernière de ces dents, et par la composition de la dernière molaire inférieure; par l'égalité de longueur des quatre membres, par la forme des ongles et par le peu de longueur des oreilles : ils en diffèrent encore par la présence de clavicules parfaites, tandis que les lièvres n'ont que des os claviculaires rudimen- taires. Ils en diffèrent aussi par les mœurs et les habitudes. L'Ogoton ; Lepus ogotona , Pallas, Glires , p. 5, 5g, pi. 3. D'un gris pâle; oreilles ovales, légèrement pointues, uni- colores. Le pelage est lisse et composé de poils longs, fins et épais. La couleur du corps est en-dessus d'un gris pâle, les poils étant bruns à la base, d'un gris fauve au milieu, et blan- châtres vers la pointe , entre-mélés de poils légèrement fauves , 3i4 LIE en plus grand nombre le long du dos; le dessous du corps est blanc ; les membres sont d'un blanchâtre fauve ; les cuisses sont bordées de fauve, ainsi que le talon; il se trouve une tache triangulaire de même couleur sur le nez; le cou est légèrement cendré en-dessous; le tour delà bouche est blanc et la base des oreilles est garnie de poils blanchâtres. La lon- gueur est de six pouces sept lignes. Pallas, dont nous avons emprunté cette description , ainsi que les suivantes, nous apprend que cette espèce se rencontre dans les contrées montagneuses au-delà du lac Baïkal , où elle est assez commune, ainsi que dans les déserts de la Mon- golie , mais que nulle part on ne la trouve aussi répandue que dans les montagnes pierreuses de la Selenga. L'ogoton aime les lieux sablonneux; mais il établit sa de- meure dans les rochers et les tas de pierres : son terrier se compose de deux ou trois entrées, qui conduisent à un canal oblique, terminé par un nid de graminées, sur lequel la femelle met bas en Avril, et ses petits sont déjà bien for- més à la fin de Juin. 11 ne sort guère que la nuit : il mange des écorces d'aubépine et de bouleau nain ; mais sa principale nour- riture consiste dans les plantes qui croissent dans le sable et en une espèce de véronique qui végète même sous la neige, dont il emplit son terrier, et dont il sait aussi former despro- A'isions pour l'hiver. Il entasse celte plante avec des graminées et d'autres herbes, après les avoir coupées, et en avoir fait de petits amas hémisphériques hauts et larges d'un pied , qu'il place aux environs de sa demeure, et auxquels il a recours lorsque la provision qu'il a cachée dans son terrier se trouve consommée. Son cri est un sifflement très-aigu, mais qui cependant n'égale pas pour la force celui du lagomys sulgan. Ce petit animal est souvent la proie des petites espèces d'oi- seaux carnassiers diurnes, qui l'épient de dessus les arbustes placés aux environs de sa demeure , et des chouettes , qui s'en emparent sur le soir; il fait de plus la principale nourri- tures du chat manul de Pallas , qui est très -commun dans les déserts de la Mongolie, et il a encore pour ennemis les petits carnassiers de la famille des martes. Le Sulgan : Lepus pusillus, Pall. , G/. , pi. i , p. Sy; Sulgan, LIE 3.5 Viq d'Az. , Syst. anat. des anim., p. 684. Mélange de brun et de gris: oreilles à peu près triangulaires, bordées de blanc. Le pelage est composé de poils très-doux, épais, lisses et assez longs; sous la première couche des poils se trouve une laine épaisse, longue, droite, très -fine et d'un fauve gri- sâtre ; les poils sont de cette couleur sur la plus grande partie de leur longueur, puis gris avecla pointe noire, de sorte que les teintes du dessus delà tête, du dos et des membres, sont semblables à celles d'un jeune lièvre, seulement un peu plus noires; l'extrémité des pieds est d'un fauve pâle; le dessous du corps est d'un blanc grisâtre, et la gorge, le nez et la bouche sont blancs. Sa longueur est de six pouces neuf lignes. Il vit solitaire et retiré dans les parties australes de la chaîne des monts Ourals, sur les collines fertiles et dans les vallées découvertes; il aime la lisière des bois, et se trouve de préférence dans les régions découvertes , où croissent le cyste couché, le robinia frutescens et le cerisier nain, dont il mange les fleurs, les feuilles et l'écorce. Il creuse, dans des terrains secs et ombragés d'arbrisseaux , un terrier obli- que, à une ou plusieurs ouvertures, si bien caché qu'on auroit peine à le découvrir s'il ne se déceloit lui-même par une voix particulière qu'il fait entendre après le coucher du soleil et à la première aurore ; voix aiguë qu'on ne peut comparer qu'à celle de la caille, et si forte qu'elle peut s'entendre à un demi-mille. Du reste c'est un animal à peu près nocturne et de la plus grande timidité. Le PiKA; Lepus alpinus , Pall. , dires, pi. 2, p. 46. Rous- sâtre , à plante brune et oreilles rondes. Le pelage est assez long et un peu rude; il est fauve sur la tête et le dos, mêlé de longs poils noirs, plus obscur sur le sommet de la tête; les côtés de la tête et du corps sont, ainsi que les cuisses, d'un roux fauve sans mélange ; le dessous du corps est d'un fauve pâle et le tour de la bouche cendré. Sa longueur est de neuf pouces sept lignes. Cet animal , très-commun dans toutes les montagnes escar- pées de l'est de la Sibérie , habite les trous des rochers et ne Kort que la nuit, ou dans les temps sombres et débrouillard : il se trouve dans les parties les plus élevées et les plus froides des montag.iies sur lesquelles la neige ne reste pas toute 3i6 LIE l'année; il habite le plus souvent, solitaire , les lieux les plus sauvages et les environs des torrens , se creuse un ter- rier, ou se contente d'une retraite pratiquée dans les fentes des rochers, et se fait surtout remarquer par l'instinct qui le porte à former, vers le milieu d'Août, un amas d'herbes qu'il a eu d'avance la précailtion de faire sécher au soleil , après les avoir coupées. Cet amas , pour la formation du- quel il s'associe quelquefois un ou deux individus de son espèce, plus ou moins gmnd selon le nombre des coopéra- teurs, et qui a de trois à sept pieds de diamètre, est com- posé du foin le plus pur; placé sous quelque abri à portée du terrier, il lui sert l'hiver, lorsque la neige ne lui permet plus d'aller chercher une nourriture fraîche et nouvelle. Sa voix est un sifflement très -semblable à celui du moineau. Lièvre des Alpes. Vo)fez Lièvre pika , p. 3i5. Lièvre blanc. Variété du lièvre d'Europe, qui diffère du lièvre variable en ce qu'il n'a point les oreilles noires. Lièvre du Brésil. Voyez Lièvre tapeti , p. 5io. Lièvre cornu. Voj^cz Lièvre commun, p. 3o5. Lièvre fossile. On a trouvé dans des brèches en Corse, à Gibraltar, à Cette, à Nice, etc., des débris fossiles qui ont été rapportés au lagomys pika. Lièvre des Indes. Aldrovande parle sous ce nom du Gerbo. Voyez Gerboise. Lièvre des montagnes. Voyez Lièvre pika , p. 5i5. Lièvre nain. Voyez Lièvre sulgan, p. 3i4« Lièvre koir. Variété du lièvre commun ou du lièvre va- riable. Lièvre [Petit]. Voyez Lièvre sulgan, p. 3 14. Lièvre- RAT. Voyez Lagomys, p. 012. Lièvre sauteur. Voyez Helamis. Lièvre volant. On a donné ce nom à lalagtaga. Voyez Gerboise. (F. C.) LIEVRE D'EAU. {Ornith.) Voyez Lepus aqueus. (Ch. D.) LIEVRE MARIN, Lepus mar'tniis. (Malacoz.) C'est le nom que les anciens et la plupart des auteurs modernes depuis la renaissance des lettres ont employé pour désigner des ani- maux mollusques fort gros, qui se trouvent assez communé- ment sur nos côtes de l'Océan et de la Méditerranée, oîi LIK S. 7 le peuple le leur a encore conservé, et que les auteurs sys- tématiques appellent aujourd'hui Laplysies ou mieux Aplv- siEs, dont il eût été, par conséquent, plus convenable de faire l'histoire à l'un de ces mots. Linné les désigna, dans les huit ou neuf premières éditions de son Sjstema naturœ, sous la dénomination de lernœa ; aussi est-ce sous ce nom que Bohadsch a donné une anatomie aussi détaillée qu'exacte de l'une des espèces les plus communes, dans son Traité sur quelques animaux marins. Plus tard, c'est-à-dire, dans sa dixième édition , lÀnné en fit une espèce de théthys. Enfin, dans la dernière édition. Gmelin a préféré le nom d'Aph- sia, mot grec, qui veut dire ce qu'on ne peut laver, et qui a été adopté par plusieurs zoologistes modernes , entre au- tres par M. G. Cuvier, tandis que d'autres, par une raison assez ditîicile à concevoir, comme Bruguièrc, MM. Bosc, De Lamarck, etc., ont employé la dénomination de laplysia , laplysie. Ce genre d'animaux, comme il sera possible d'en juger d'après ce que nous allons dire de leur organisation, appartient à l'ordre des monopleurobranches, section des hermaphrodites, dans la classe des malacozoaires céphalo- phores. M. G. Cuvier, qui a publié une anatomie nouvelle de ces animaux, en fait le genre principal de sa famille des tectibranches dans l'ordre des gastropodes. Pour M. de Lamarck c'est le type d'une petite famille, les laplysiens, de la division des gastéropodes. Les caractères du genre de Mol- lusques que forment les laplysies, peuvent être exprimés ainsi : Corps épais, charnu, ovale, pourvu eu-dessous d'un pied ovale, assez mince; d'un appendice membraneux nata- toire de chaque côté ; en-dessus et en arrière , d'une sorte de bouclier operculaire, soutenu par une pièce membrano- calcaire, recouvrant une seule grande branchie située sur le côté droit. Deux paires de tentacules fendus et auriformes, l'une labiale et l'autre occipitale; les yeux sessiles en avant de celle-ci ; Panus très-reculé et à Pextrémité postérieure de la fente branchiale; les orifices du double appareil de la gé- nération très-distans, et communiquant entre eux par un sillon extérieur. D'après ces caractères, il est évident que c'est un genre extrêmement voisin des Dolabelles , dont il ne diffère guères que par la forme du bouclier qui recouvre 5i8 LIE les branchies, et par celle de l'ouverture de la cavité brai^ chiale. Le corps des apl)'sies est ordinairement ovale et fort épais , mais dans la marche de l'animal il s"aIonge et s'aplatit : dans l'état de grande contraction, il ressemble à une masse char- nue assez informe; dans l'extension, la partie qui joint la tête à Tabdomen s'alonge beaucoup, et simule une espèce de COU; il en est de même de la postérieure, qui forme une petite queue par l'extension du pied. La peau qui enveloppe le corps des aplysies est comme gélatineuse, du moins en dehors; car, à l'intérieur, elle est toujours tapissée par une couche de libres musculaires diri- gées dans tous les sens : à l'extérieur elle est quelquefois parsemée, sur les appendices surtout, d'espèces de petits tu- bercules arrondis, très-saillans dans l'état de vie, mais qui s'effacent, à ce qu'il paroît , presque complètement après la mort. Bohadsch dit qu'il en sort une sorte d'humeur blan- châtre. Le même auteur ajoute que les aplysies rejettent de toutes les parties de la peau une quantité considérable d'une humeur limpide, aqueuse, quand elles sont abandon- nées tout -à- fait à elles-mêmes, et qui est beaucoup plus épaisse, glaireuse, filante, quand elles se contractent, par irritation surtout. Dans l'épaisseur du bouclier dorsal on trouve une véritable coquille libre, si ce n'est à un endroit où s'attache une sorte de muscle de la columelle. Cette coquille est en grande par- tie membraneuse, transparente; on trouve cependant que quelquefois elle est solidifiée en-dessous par une couche cal- caire fort mince et qui ne s'étend pas jusqu'aux bords. Sa forme est aplatie, plus ou moins ovale, le bord gauche étant plus long que le droit, qui offre à sa partie postérieure une échancrure, plus ou moins large, se terminant au sommet : celui-ci, assez peu évident, l'est cependant assez pour indi- quer que l'enroulement de la spire est normal ou de gau- che à droite. Cette coquille, quoique fort mince, laisse très- bien voir les stries d'accroissement transverses et longitudi- nales : sa couleur est d'un blanc jaunâtre , du moins en dehors . car en dedans la partie calcaire est un peu nacrée ; Bohadsch y a même observé des rudimens de perles sur un individu. LIE 3i9 Les deux paires de tentacules dont la iête est pourvue, sont trés-disseniblables et très-protéiformes. Les antérieurs ou labiaux composent une espèce de crête dirigée verticale- ment et qui borde de chaque côté l'orifice buccal : ils sont plus épais dans leur bord supérieur : les postérieurs sont les véritables tentacules; ils sont plus coniques, assez courts, et fendus plus ou moins profondément à leur bord externe et antérieur. Les yeux sont tout-à-fait sessiles, et situés au fond d'un petit enfoncement placé au milieu de l'espace qui sépare les deux paires de tentacules. Les aplysies, dont toute la peau est extrêmement contrac- tile, se meuvent assez peu en rampant; aussi le derme qui forme la partie inférieure du corps, a-t-il moins d'épaisseur qu'en d'autres endroits; le pied est cependant bien circons- crit, plus large en avant, rétréci en arrière, et l'on y voit des faisceaux musculaires longitudinaux, comme dans les vrais gastropodes. La petitesse du pied de ces mollusques est compensée par le développement de deux larges expansions musculo -cuta- nées qui se portent sur les parties latérales du corps, de- puis le cou jusqu'à la queue, à la région supérieure de la- quelle elles se réunissent plus ou moins entre elles. Celle du côté droit m'a toujours paru moins large que celle du côté gauche : on y remarque des faisceaux musculaires trans- verses assez considérables, et en outre la structure ordinaire des autres parties de l'enveloppe. L'appareil de la digestion diffère assez peu de ce qu'il est dans les autres mollusques hermaphrodites. La bouche, située au milieu de la racine des tentacules labiaux, est formée par un orifice très-grand, à plis convergens, mais cependant à peu près vertical ; elle conduit dans une cavité buccale assez étroite, mais qui est entourée de muscles puissans : ce qu'ils offrent de plus singulier, c'est qu'une couche des fibres transverses est de couleur rouge, tandis que les autres sont blanches; c'est du moins ce que dit Bohadsch de l'espèce qu'il a disséquée toute fraîche sur les bords de la mer. A la partie supérieure de la cavité est un follicule médian, mem- braneux, enveloppé de vaisseaux, et contenant une humeur 3^o LIE blanche, salée et un peu épaisse: ïioliadsch eu fait une glande salivaire, tandis qu'il regarde comme de simples liga- niens deux longs filamens bruns qui, de chaque côté de In masse buccale, se portent en arrière, le long du canal in- testinal, jusqu'à restomac , où ils se terminent. Sont- ce les véritables glandes salivaires,. comme le pense M. CuvierP A la partie inférieure de la cavité buccale est la masse lin- guale ; c'est une petite saillie, ovale ou cordiforme, partagée en deux par un sillon longitudinal, et dont la surface est garnie de très-petites dents cornées dirigées en arrière. L'œsophage, qui naît de la partie supérieure de la masse buccale, est assez long et fort mince ; il se renfle bientôt en un premier estomac longitudinal, ou en une espèce de sabot considérable, et dont les parois sont très-peu épaisses: vient ensuite une sorte de gésier ou un second estomac court, de la même grosseur à peu près que le jabot, mais dont les pa- rois, formées de fibres annulaires, sont extrêmement épaisses. I.a membrane qui le tapisse intérieurement est subcartila- glneuse, et elle est en outre armée de douze à quinze petits corps cartilagineux, tétraèdres, croissant par couches comme les coquilles, et assez peu adhérens à la membrane. On peut regarder comme un troisième estomac une autre partie, peu distincte à l'extérieur, et qui, à l'intérieur, est garnie d'une zone de petits crochets dirigés en avant ou vers le gésier. I,e canal intestinal, qui suit la série des estomacs, est d'un diamètre beaucoup moins considérable que le leur; il forme d'abord une sorte de duodénum distinct. C'est dans cette partie que le foie, qui est fort volumineux et partagé eu un grand nombre de lobes, verse la bile par plusieurs pores ])iliaires, au moins quatre ou cinq. Le reste du canal intes- tinal est assez peu compliqué ; il fait trois circonvolutions enveloppées par les lobes du foie, et il se rend à l'anus, que nous avons dit plus haut être situé à la partie postérieui'e de la cavité branchiale , sous une espèce d'élargissement membraneux qui termine le bord opcrculaire au-delà de la pièce calcairg. Le système circulatoire est aussi à peu près disposé comme dans les autres mollusques gastropodes. Les ramifications veineuses rapportant tout le sang des diverses parties du LIE 021 corps, et celles qui proviennent du foie et de tous les au- tres viscères (et qui offrent cela de remarquable que leurs parois sont percées d'ouvertures ovales assez grandes, du moins dans l'état de mort, et béantes dans la cavité abdo- minale), aboutissent dans deux gros troncs qui interceptent entre eux une espèce de triangle fibreux situé à la racine de la branchie. Ceux-ci sont évidemmemt entourés de fibres musculaires, appartenant à l'enveloppe cutanée; leur point de réunion en arrière du triangle forme une sorte d'oreil- lette ou de ventricule pulmonaire, d'où sort l'artère de ce nom : celle-ci se porte ensuite d'arrière en avant tout le long de la racine de la branchie, et se subdivise dans les ramifications de celle-ci. La branchie est attachée de chaque côté d'une sorte de diaphragme ou cloison triangulaire, qui se porte horizon- talement du bord antérieur de la cavité à son bord posté- rieur ; c'est sur les deux faces de cette cloison que sont appliquées les lames branchiales, qui sont triangulaires et groupées deux à deux. Chacune d'elles est composée , comme àl'ordinaire, de lamelles ou plis parallèles , disposés oblique- ment et décroissant de la base au sommet. L'ensemble de ces lames branchiales adossées forme une masse fortement re- courbée, la concavité en arrière, dont une pointe est en de- dans, et dont l'autre peut dépasser en dehors le bouclier operculaire et saillir plus ou moins en arrière. Des lamelles branchiales naissent des veinules qui s'ouvrent successivement dans une grosse veine qui suit le bord d'at- tache de la branchie et se termine dans l'oreillette du cœur, située à la partie postérieure du ventricule. Le cœur lui- même est piriforme ; il est contenu dans une cavité parti- culière plus grande que lui. Du cœur nait, en se recourbant, une aorte fort considé- rable, qui, après une sorte de renflement bulbeux, est garnie de chaque côté de crêtes vésiculeuses fort singulières et dont l'usage est inconnu ; après quoi elle se porte en avant , forme des rameaux qui se recourbent en arrière le long du pre^ mier ventricule, et se termine en se subdivisant aux difïe"= rentes parties de la tête; une autre branche aortique pos- térieure fournit des rameaux au foie, au testicule j etc^ 26. ^1 022 LIE L'appareil de la dépuration urinaire ne diffère pas non plus beaucoup de ce qu'il est dans les animaux de la même classe ; il est rependant dans une connexion moins immédiate fivec la terminaison du canal intestinal. L'organe sécréteur forme une petite masse rénifonne située à droite, au milieu environ de l'espace qui sépare l'anus de la vulve : il est composé d'un très-grand nombre de follicules piriformes, dont le fond regarde la face externe de l'organe, et dont le sommet intérieur se prolonge en un petit canal excréteur. C'est de la réunion de tous ces petits canaux particuliers que résulte le canal excréteur commun ; il est fort court et s'ouvre par un orifice arrondi ta peu près à la même place. L'hu- meur que cette glande fournit, est blanchâtre et paroit être venimeuse, d'après Bohadsch. Quant aux organes de la génération, les deux sexes sont distincts, mais réunis sur le même individu. L'ovaire est tout-à-fait à la partie postérieure de la ca- vité viscérale; il est subglobuleux : il en naît un oviducte très-replié, qui s'élargit d'abord, pour se rétrécir ensuite, quand il entre en connexion avec le canal déférent de l'ap- pareil mâle. Celui-ci est composé de plusieurs tours d'un corps glan- duleux entièrement composé de vaisseaux extrêmement fins, tous parallèles entre eux, et aboutissant dans un canal com- mun ou déférent, qui fait le tour du testicule : il y a une espèce d'épididyme dont le canal se réunit à celui de l'ovaire. Au point de leur réunion est une petite vésicule formée par une membrane extrêmement mince, qui s'ouvre par un canal plus gros et court. Bohadsch dit qu'elle est remplie d'une quantité innombrable de petits corps bruns, oblongs, nageant dans une liqueur verdàtre. Le canal commun fait ensuite quelques flexuosités sur la vessie, et s'ouvre à l'extérieur par un petit orifice arrondi, situé à droite , presque au bord antérieur de l'ouverture branchiale. De là il part un sillon extérieur, bordé par deux lèvres cutanées assez saillantes, et qui, se prolongeant le long du côté droit du cou, se termine à la racine de l'organe exci- tateur: celui-ci est formé par une masse épaisse, contractile, LIE o->3 assez alongée , amincie à son extrémité antérieure, et creu- sée dans toute sa longueur par un sillon extérieur; il sort par un orifice approprié , immédiatement au côté externe de la racine du tentacule labial du côté droit, d'une sorte de gaine formée par une membrane musculaire, épaisse, glabre en dehors, en partie lisse et en partie granuleuse et glandu- leuse en dedans, et cfui a à sa base deux muscles rétrac-^ teurs, assez courts, mais épais, qui viennent des parties laté- rales du cou. Ce pénis, dont la couleur générale est brune, si ce n'est à l'extrémité, qui est d'un beau jaune, a oiTert à Bohadsch un phénomène bien remarquable : c'est qu'après la mort de l'animal, quand le cœur n'avoit plus aucun mou- vement, non plus qu'aucune autre partie du corps, le pénis en conservoit encore; bien plus, arraché de l'animai mort, il se contractoit au contact d'un corps quelconque. Le cerveau des aplysies se compose de quatre petits lobules rougeàtres, enveloppés de tissu cellulaire Lhinchàtre : il en. part deux filets qui vont se réunir à un ganglion placé sur la bouche, deux autres filets qui A'ont aux ganglions sous- œsophagiens, et enfin un autre inférieur qui se porte an ganglion abdominal ; celui-ci est fort gros et fort évident. C'est de ces difïercns ganglions que sortent les nerfs qui vont animer les parties, et qui sont toujours proportionnés à leur développement. hes aplysies ont à peu près les mêmes habitudes , les mêmes! mœurs, que les autres mollusques: leur sensibilité de toucher est exquise. Nous ne savons rien sur leur faculté d'odorer . mais il est probable que leur goût est assez développé; leur vision doit être plus obtuse. Elles rampent assez lentement sur les corps sous- marins, à la manière des limaces et à l'aide du disque abdominal ; mais elles nagent fort bien , et surtout les véritables aplysies, à l'aide des appendices loco- moteurs ou des espèces de nageoires dont leurs flancs sont pourvus, à peu près sans doute comme le font les bulles et les buUées, c'est-à-dire, le dos en bas et le pied en haut: dans l'état de repos, elles relèvent sur le dos les expansions latérales, de manière à en être enveloppées, comme dans les deux pans d'un manteau. Leur nourriture consiste^ suivant la plupart des auteurs, en thalassiophytes ou plantes aiaHnes, 324 LIE Bohadsch dit cependant qu'elles mangent de petits mollus- ques, et M. Bosc, de petits crustacés. Ce sont des animaux littoraux, c'est-à-dire, qui se tiennent sur les rivages, et surtout sur ceux qui sont rocailleux. Quelques auteurs disent qu'ils recherchent les lieux vaseux , ce qui me paroît peu probable. On ne sait rien de leur mode d'accouplement; il est cependant fort probable , comme l'a fait observer Bo- hadsch, que, pour se réunir, les deux individus doivent se placer tête à queue, afin que les sexes différens se corres- pondent. Je n'ai trouvé , dans les auteurs qui sont venus jusqu'ici à ma connoissance, aucun détail sur le produit de la génération des aplysies. Ces animaux , quoiqu'ils forment une masse charnue sou- vent assez considérable , ne sont pas employés à la nourri- ture de l'espèce humaine, et cela, à ce qu'il paroit, surtout à cause de l'odeur extrêmement fétide qu'ils répandent. On ne peut même douter, d'après ce que dit Bohadsch de l'aplysie dépilante, que l'humeur qui sort des tubercules de la peau et surtout de l'organe de dépuration urinaire, ne soit assez fétide pour déterminer des nausées et même le vo- missement. L'auteur que nous venons de citer regarde la matière de l'organe dépurateur comme venimeuse, et en effet, toutes les fois qu'il avoit observé attentivement ou manié de ces animaux vivans, les mains et les joues lui, en- flèrent; mais il n'ose affirmer si cet effet a été produit par une simple exhalation de Thumeur venimeuse , ou bien par un contact immédiat : ce qu'il assure, c'est que quelques poils de sa barbe tombèrent après qu'il eut touché volon- tairement son menton avec le doigt humecté de l'humeur blanche. Aussi Bohadsch, convaincu par ces expériences, pa- roît fort porté à croire tout ce que plusieurs anciens au- teurs, et entre autres Dioscoride et Aétius, ont rapporté sur les qualités extrêmement mal-faisantes de l'aplysie . et il lui semble même peu douteux que l'humeur qu'elle produit ne puisse empoisonner; tt ce que quelques historiens ont dit, que Domitien et Néron s'en servoient en effet comme poi- son , et que Titus a péri par la même cause , lui paroit égale- ment probable. Les aplysies paroissent ne pas exister dans les mers de la LIE 325 zone boréale, ni en Europe, ni en Amérique ; on en trouve sur nos côtes de l'Océan, et principalement sur tout le littoral de la Méditerranée : je n'en ai pas encore vu qui auroient été rapportées de l'Amérique. Dans l'Inde, il semble que les aply- sies véritables sont représentées par les dolabelles, qui en sont, il est vrai, fort voisines ; ce qui me fait supposer que ce sont aussi des dolabelles qui existent sur les côtes du Brésil. Les espèces d'aplysies ont été jusqu'ici fort mal détermi- nées. Les caractères qui peuvent servir à les distinguer entre elles, me paroissent devoir être tirés de la proportion, de l'origine et de la terminaison postérieure des expansions la- térales; de la forme et peut-être de la nature du rudiment de coquille, et du bouclier operculaire de la cavité bran- chiale; enfin, il paroit que la considération de la couleur peut aussi fournir quelques caractères spécifiques assez bons, quoique moins importans que les précédens. En ayant égard à ces considérations , on voit que les espèces d'aplysies peu- vent être partagées en deux sections, aussi distinctes entre elles que les dolabelles le sont réellement des aplysies, et qui paroissent en effet jouir de propriétés différentes : je nom- merai les unes les aplysies ordinaires, et les autres les aply- sies venimeuses. Sect. A. Espèces dont le corps est en général plus alongé, plus limaciforme, surtout en arrière, à cause de la prolonga- tion pointue du pied ; dont les expansions latérales sont très-grandes, la gauche plus que la droite, et presque sé- parées l'une de l'autre en arrière au-dessus de celle-ci, en sorte qu'elles peuvent s'abaisser de chaque côté de l'animal dans sa locomotion, recouvrir complètement le bouclier dans le repos; enfin , celui-ci étant plus grand et pourvu, en avant et en arrière, d'une sorte d'oreille arrondie. (Les Aplysies ordinaires.) Les espèces de cette section nagent très-bien à l'aide de leurs expansions latérales ; elles n'ont rien de vireux ni dans l'odeur ni dans l'action de l'humeur qu'elles rejettent. L'A. commune; a. vulgaris. D'un brun presque noir, uni- forme sur toutes les parties du corps ; le lobe gauche du manteau beaucoup plus large que l'autre. Quoique la plus 3^t LIE commune des espèces de ce genre, du moins sur nos côtes de l'Océan , je ne la crois pas indiquée par les auteurs : elle atteint une grande taille ; j'en ai vu des individus qui avoient près de cinq pouces de long. 11 se pourroit que ce fût celle que M. G. Cuvier a nommée A. Chx\mead 5 A. camelus , figurée dans les Ann. du Mus. t. 3 , p. 296, pi, 1 , et dont il ne parle plus dans son Règne ani- mal : c'est très-probablement la seconde espèce de lièvre marin de Rondelet. L'A. FASCiiiE; A.fasciata. Gmrl. , d'après M. Foiret, Voyage en Barbarie, tome 2, pag. 2. Toute noire; les tentacules, la bouche et les expansions latérales , bordés d'un liséré rouge-carmin : de la grandeur de la précédente, puisque M. Poiret dit que, quand les lobes de son manteau étoient étendus, elle auroit eu peine à entrer dans son chapeau. Elle a été vue sur les côtes de la Barbarie. L'A. MARGiNÉE ; A. marginata , Bv. Corps ellipsoïde , du moins dans l'état de contraction ; les expansions latérales aussi longues que dans les espèces précédentes, mais beau- coup plus étroites; couleur générale d'un blanc jaunâtre, par- semé de quelques taches rondes, rares, ocellées, d'un brun noirâtre; le bord supérieur des expansions orné d'une série de taches carrées , régulières et alternativement brunes et blanchâtres. J'ai vu de cette espèce plusieurs individus , de deux à trois pouces de long, dans la collection du collège des chirurgiens k Londres : on en ignoroit la patrie. L'A. MARBRÉE; A. marmorata , Bv. Le corps ovale, à peu près de la grosseur de ctlni de la précédente ; le pied assez épais; les lobes du manteau assez largement réunis en arrière, mais ne bridant pas le bouclier ; l'oreille postérieure du bouclier formant un tube bien évident ; la coquille ovale, alongée. Couleur générale d'un brun noirâtre^ marbrée, sur- fout sur le bord des appendices jialatoires, de taches irrégu- lières d'un blanc verdàtre. Cette espèce se trouve dans la mer océane. J'en ai vu , dans la collection de M. Brongniart, un individu qui venoit de Bayonne , et MM. Adolphe Brongniart et Audouin en ont rapporté deux autres des côtes de la Rochelle. Ces derniers LIE 327 avoient fort bien distingué cette espèce des aplysies com- mune et dépilante, qu'ils ont aussi trouvées dans la même lo- calité. Elle est, d'abord , toujours plus petite , et ensuite, dans l'état frais, les lobes du manteau sont couverts d'une grande quantité de petits tubercules sphériques qui disparoisserit dans l'état de conservation. Sect. B. Espèces dont le corps est moins alongé, comme tronqué obliquement à sa partie postérieure; le pied plus large , plus obtus en arrière ; les lobes du manteau beau- coup plus courts, plus étroits, réunis largement derrière le bouclier, qu'ils entourent d'une manière serrée ; le lobe droit un peu plus grand que le gauche ; le bouclier plus pointu en avant, sans auricule antérieure; le postérieur se repliant en canal de la cavité branchiale; la ro(juille plus ou moins à découvert au milieu du dos. ( Les Aply- SIES DÉFILANTES.) L'A. défilante:^, depilans , Linn. , Gmel. ; Lernœa, Boh. La première espèce de lièvre marin de Rondelet. Le corps lisse, de couleur d'un brun rougeàtre , uniforme, quelque- fois presque rouge. C'est cette espèce qui a fait le sujet des excellentes ob- servations de Bohadsch ; elle se trouve communément dans la mer Méditerranée et sur les côtes de l'Océan. L'A. fonctuée; a. punctata, G. Cuvier, Ann. du Mus., 3, pag. ■2C)S , pi. 1 , lig. 2. Le corps est orné de petites taches pâles, arrondies, sur un fond noir pourpré. Cette espèce, qui n'est peut-être qu'une variété de la pré- cédente, a été trouvée sur les bords de la Méditerranée près de Marseille. L'A. uNicoLORE, A. unicolor , Bv. Le corps épais, gibbeux , de couleur uniforme blanc-roussàtre ; les lobes du manteau entourant d'une manière assez serrée le bouclier, qui est plus antérieur que dans les autres espèces, et dont la co- quille est mieux formée, plus large, plus arrondie et sur- tout beaucoup plus bombée. J'ai vu de cette espèce, qui paroît n'avoir guères que dix- huit à vingt lignes de longueur, plusieurs individus dans la collection de M. Brongniart : l'un venoit de Bayonne et les 528 LIE autres de Toulon. La forme de sa coquille la dislingue très- bien. L'A. limacine; a. limacina , Bv. Corps limaciforme , plat et large en-dessous, convexe en-dessus, et qu'on ne sauroit mieux comparer qu"à celui de la testacelle ; le pied par conséquent fort large , débordant: les branchies sans opercule ou bouclier, mais à découvert dans l'excavation formée par les deux lobes du manteau, qui sont courts, serrés, de ma- nière à offrir une fente latérale par oîx entre l'eau dans la cavité branchiale .- coulejir tonte blanche. Cette espèce, qui atteint à peine la longueur d'un pouce et qui pourroit fort bien être le type d'un nouveau genre, m'a paru du reste offrir tous les autres caractères des aply- sies ; les tentacules labiaux sont cependant plus cylindriques. J'en ai vu cinq à six individus de la même taille dans la col- lection de M. Brongniart. qui les avoit rapportés de Toulon. L'A. BLANCHE ; A. alha , G. Cuv. , Ann. du Mus. , Le, fig. 6, me paroît aussi appartenir à cette section. Elle est toute blanche, comme l'indique son nom. Mais cela ne dépendroit- il pas de l'état de conservation prolongée dans l'esprit de vin P L'A. verte; a. viridis, Bosc, Hist. nat. des vers, et Nouv. Dict. d'hist. nat., pi. 6, fig. 20. Les lobes du manteau de couleur verte, finement ponctués de rouge, et toujours re- pliés en -dessus. M. Bosc ajoute que ce mollusque n"a que deux tentacules, et cependant il décrit deux membranes transversales à la tête et deux tentacules auriformes en arrière. Le dos n'a pas de pièce cartilagineuse. Les yeux sont en arrière des ten- tacules. Toutes ces différences porteroient à penser que cet animal n'est pas une véritable aplysie ; aussi M. Bosc dit-il qu'il lie ce genre à celui des Doris. La description et la figure sont trop incomplètes pour qu'on puisse rien décider. Ce mollusque a été trouvé dans la baie de Charleton , Amérique septentrionale. (DeB.) LIÈVRE DE MER. {Ichthj'ol.) On a quelquefois donné ce nom au cycloptère lump. Voyez Cycloptère. (H. C. ) LIÉVRITE. ( Min. ) M. Le Lièvre , en voulant associer aux sciences une circonstance glorieuse, mais d'une gloire passa- LIG 3^9 gère et qui leur est très -étrangère, a donné à une espèce minérale qu'il a découverte, le nom àyénile. 11 devoit être à peu -près impossible que les minéralogistes allemands adop- tassent un nom qu'ils pouvoient regarder comme propre à perpétuer un souvenir qu'il étoit peu convenable de leur rappeler. En se mettant à leur place, on voit quon auroit fait comme eux: ils ont donc changé ce nom, les uns en celui d'ih'aïte , et les autres en celui de Liévrite: dédicace noble et convenable, que les minéralogistes les plus distingués, Wer- ner, Hoffmann, Jameson , Léonhard , se sont empressés d'a- dopter. C'est aussi sous ce nom que nous décririons cette espèce, si elle ne l'avoit déjà été à l'article Fek , sous celui de Fer siiicéo-calcaire, que M. Hauy lui avoit donné. Voyez Fer, tome XVI, p. 406. (B.) LIFT. (Bol.) Nom arabe du navet, cité par M.Dclile. (J.) LIGAMENS. (CJûm.) Organes composés de fibres réunies en faisceaux , qui se trouvent autour des articulations os- seuses ou cartilagineuses. Ils paroissent avoir une composition chimique analogue à celle des tendons; cejiendant , pour les convertir en gélatine par l'action de l'eau bouillante, il faut un temps plus long , et toute leur substance ne paroit pas susceptible d'éprouver ce changement. Les ligamens doivent leur flexibilité à l'eau qu'ils con- tiennent : celle-ci fait un peu plus des trois quarts du poids des ligamens frais. ( Ch. ) LIGAN. [Entom.) ?yom donné à une abeille à miel, aux Philippines. (C. D.) LIGANS. (ErpëL.) Barbot nomme ainsi un saurien d'Afri- que, long d'environ quatre pieds, et dont les Nègres re- cherchent avidement la chair, la préférant à leur meilleure volaille. 11 est difficile de déterminer au juste à quel ani- mal ces détails se rapportent. (H. C.) LIGAR. (Concliyl.) Adanson , Sénég. , pag. i58, pi. 10, nomme ainsi l'espèce de coquille dont Linnauus fait son turbo terebra, qui est une espèce de vis. Bruguière la rapporte au lurbo variegatus , du même genre, des conchyliologistes mo- dernes. Voyez Vis. (De B. ) LIGATULE , Desmatodon. (Bot.) Genre de la famille des 33o LIG mousses , établi par Bridel , dont les espèces ont été considérées par Hedwig , Weher. Mohr, etc., comme des espèces de dicranum; par Smith et Schwaegrichen , comme des espèces de trichostomnm ou de harhula , mais qui en diffèrent par leur péristome à seize dents , fendues jusqu'à la base et rapprochées ou enchaînées par une membrane mince basilaire , comme l'exprime le nom de Desmatodon , en grec. La coiffe est cu- culiforme. Ce genre ne comprend que trois espèces, dont voici les deux les plus connues. Le Desmatodon a larges feuilles : Desm. lafifolius , Bridel, Suppl. , 4, p. 86; Dicranum latifolium , "VA'eber et Mohr, Ta- schenh., tab. 7 , fig. 14. Il est caulescent , presque simple ; ses feuilles sont ovales, spathulées , concaves, munies d'une pointe, e( sa capsule est cylindrique , droite. On le rencontre partout en Europe, selon Bridel, et en Amérique, selon Hedwig. Le Desmatodox a tige courte : D. hrevicaulis ? Brid. ; Tri- chostomum piliferum , Smith ? Sa tige est fort courte , très- simple ; ses feuilles sont ovales , concaves et pilifères ; sa capsule est ovale et droite. On le trouve en Suisse. (Lem.) LIGHTFOOT, Lightfootia. {Bot.) Genre de plantes dico- tylédones, à fleurs complètes, de la famille des campanula- cées , de la pentandrie monogynie de Linnaeus, offrant pour caractère essentiel : Un calice à cinq divisions; une corolle à cinq divisions très-profondes, presque à cinq pétales; cinq étamincs portées sur cinq écailles au fond de la corolle ; un ovaire inférieur ; un style ; un stigmate à trois ou cinq divi- sions. Le fruit est une capsule à trois ou cinq loges, et au- tant de valves'; les semences sont nombreuses. Ce genre , confondu d'abord avec les campanules, en a été séparé par l'Héritier, à cause de sa corolle presque poly- pétale , et quelques autres caractères moins importans. On trouve dans Vahl et S^vartz un autre genre de ce nom, qui appartient aux prolia. Quelques auteurs l'ont encore em- ployé pour le crambe aspera, LiGHreooT oxicoccoÏDE: Lightfootiaoxicoccoides jïHérit. , Sert, angl. , tab. 4 : Smith , Bot. cxot., tab. 6n ; Lobelia tenella, Linn. , Mant, Ses tiges sont grêles, filiformes, couchées, un peu LIG 55 1 ligueuses , légèrement pubescentes ; les rameaux simples , alternes, nombreux; les feuilles petites, ovales -lancéolées, aiguës, presque sessiles, glabres, pourvues rlc deux dents ; les fleurs terminales, pédicellées; les pédicellcs d'abord à peine plus longs que les feuilles, puis alongés et presque dichotomes ; le calice a cinq dents droites, subulées , aiguës; les pétales sont lancéolés ; l'ovaire est à demi inférieur ; le style plus long que la corolle ; le stigmate à trois divisions ; la capsule à trois loges, à trois valves, contenant un grand nombre de semences ovales, obtuses. Celte plante croit au cap de Bonne -Espérance. LiGHTFOOT suBtLÉE : Liglitfoctia siihulûta , rilérit. , 5e/'/. angl. , 4, tab. 5: Campanuta capillacea , Linn. fil., Si/pp/. iSg. Otte espèce, également originaire du cap de Bonne -Espé- rance, paroît être la même que le campanula capillacea de linnœus fils. Ses racines sont vivaces ; ses tiges droites, her- bacées, garnies de feuilles alternes, sessiles, subulées, gla- bres à leurs deux faces , très-entières ; les fleurs sont alternes , disposées en une sorte de panicule terminale ; le calice est glabre, à cinq divisions; la corolle composée de cinq pétales linéaires. (Poir. ) LIGHTFOOTIA. (Bol.) Sous ce nom rHéritier a fait un genre du campanula tenella de Linna-us fils, dont la corolle est divisée profondément , et l'ovaire adhérent seulement par le bas. Un autre tighffoulia est celui de Schreber, qui est réuni au rondeletia dans les rubiacées. Un troisième , établi par Swartz , a la plus grande aifinité avec le procha , dont il diffère cependant par l'absence d'un style , existant dans ce dernier. Le genre de Swartz sera probablement adopté. (J.) LIGHVAL (Mamm.), nom norwégien du narwai. (F. C.) LIGIE , Ligia. (Crust.) Voyez l'article Malacoîtracés, (Desm.) LIGNE (Géogr.phj's.) , c'est-à-dire, ligne équinoxialc , déno- mination équivalant à celle d'EQUATEUR. Voyez ce mot, (L.C.) LIGNEUX. (Chim.) Nom que Fourcroy a donné au prin- cipe immédiat qui forme la plus grande partie de la masse du bois des différentes espèces d'arbres. 332 LIG Composition. MM. Gay-Lussac et Thénard ont trouvé le bois de chêne , de hêtre formé d'oxigène Ai^yS 42,73 de carbone 52,53 5i,45 d'hydrogène ^î'^g 5,82 ou de carbone 52,53 5 1,45 d'eau 47j47 48,55; composition que M. Gay-Lussac considère comme étant la même que celle de l'acide acétique. Il pense qu'un arran- gement de particules différent dans les deux corps est la cause des propriétés qui les distinguent l'un de l'autre. Propriétés physiques. Le ligneux est incolore , insipide, inodore. Il est en fila- mens ou fibres, plus ou moins ténues, qui sont très-flexibles. Il tsi plus dense que l'eau. On ne l'a jamais observé sous forme de cristaux. Il a beaucoup de ténacité: c'est pourquoi il est propre à un grand nombre d'usages. Propriétés chimiques. a) Cas où le ligneux n'est pas altéré. Il est insoluble dans l'eau froide et dans l'eau chaude. C'est une substance très- hygrométrique , et pour le dessécher à l'extrême on éprouve de grandes difficultés. Il est insoluble dans l'alcool, dans l'éther hydratique, dans les huiles fixes et volatiles. Il est insoluble dans les alcalis foibles, au moins quand il est privé du contact de l'air. Le chlore foible ne lui fait éprouver aucune altération. b ) Cas où le ligneux est altéré. Le ligneux humide, exposé dans un air humide , se couvre de moisissure. Quand le chlore en excès est en contact avec l'eau et le ligneux, celui-ci perd beaucoup de sa ténacité. LIG 333 Action de l'acide sulfurique. L'acide sulfurique concentré convertit le ligneux en une matière soluble dans l'eau et insoluble dans l'alcool, et cette matière peut être convertie ultérieurement, par l'action du même acide, en sucre de raisin : c'est ce qui résulte des observations de M. Braconnot, que nous allons rapporter. Ce chimiste a mis dans un mortier de verre 24 gr. de chiffons de toile de chanvre desséchée et coupée en petits morceaux. Il a versé peu à peu dessus 04 gr. d'acide sulfu- rique concentré, et continuellement il agitoit la matièr£ avec une forte baguette de verre : de cette manière il a évité l'effet qu'un vif dégagement de chaleur auroit produit. Il ne s'est pas manifesté d'acide sulfureux. Un quart d'heure après que le mélange fut fait, il l'a broyé avec un pilon de verre, et il a obtenu une masse mucilagineuse , tenace, qui ne paroissoit pas contenir de matière charbonneuse , et qui a été dissoute dans l'eau , excepté 2, ^'5 de ligneux légèrement altéré. 11 a ensuite neutralisé l'acide sulfurique parla craie, séparé le sulfate de chaux au moyen de la filtration et de l'évaporation. La liqueur, évaporée à siccité, a laissé 26°',2o d'un résidu formé de Matière soluble dans l'eau 21^^,9 Acide et chaux 4,3 2i»',4 de ligneux, en fixant o^'^,6 d'eau, ont donc produit 2i^'^,9 d'une matière soluble dans l'eau, que M. Braconnot appelle gomme artificielle , mais à laquelle nous ne pouvons donner ce nom , par la raison qu'elle ne produit pas d'AcioE SACHOLACTiQUE. ( Voyez ce mot. ) Pour avoir cette matière aussi pure que possible, M. Bra- connot conseille de neutraliser l'acide sulfurique, non par la craie, mais par la lltliarge ; de soumettre ensuite la li- queur filtrée à un courant d'acide hydrosulfurique , puis de la faire évaporer à siccité. Cette matière, à l'état sec, ressemble à la gomme ara- bique; elle est inodore, fade, légèrement acide au tourne- sol; elle brûle en donnant de l'acide sulfureux, parce qu'il 354 LIG est impossible de la dépouiller d'un acide du soufre que M- Tliénard soupçonne être l'hyposulfurique. Sa dissolution dans l'eau ne précipite pas le nitrate de baryte. L'acide nitrique la convertit en acide oxalique. La matière dont nous parlons, bouillie pendant dix heures dans l'acide sulfurique étendu, se convertit en sucre de raisin, et en un acide que M. Braconnot a appelé végéto-sulfurique et que M. Thcnard présume être de l'acide hyposulfui'ique uni à une matière organique. Pour isoler le sucre de l'acide végéto-sulfurique, on neutralise par la litharge la liqueur qui la tient en dissolution ; on filtre , afin de séparer le sulfate de plomb; on fait passer de l'acide hydrosulfurique dans le liquide filtré, pour précipiter l'oxide de plomb qui a été dissous. Le liquide évaporé laisse un résidu sucré : en le traitant par l'alcool déphlegmé, on dissout seulement l'acide végéto-sulfurique avec un peu de sucre. On fait évaporer la solution alcoolique en consistance de sirop ; on l'agile avec de Téther, on décante: ensiiite l'acide est dissous ; le sucre ne l'est pas : Téther évaporé laisse un acide déliquescent, incristallisable, qui est l'acide végéto- sulfurique. A. Acide végéto-sulfurique. Cet acide brunit à une tempé- rature peu élevée au-dessus de la moyenne. A loo degrés il est noir ; alors, si l'on y met un peu d'eau, des flocons d'une matière organique charbonneuse se déposent , et la liqueur précipite le nitrate de baryte. Au-dessus de loo degrés il se produit de l'acide sulfureux. L'acide végéto-sulfurique ne précipite pas le nitrate de baryte, ni le sous-acétate de plomb ; il paroît former des sels insolubles dans l'alcool, incristallisables , déliquescens avec tous les oxides métalliques. Il dissout le fer et le zinc avec dégagement d'hydrogène. Cet acide nous paroît avoir les plus grandes analogies avec l'acide que nous avons obtenu dans le traitement du cam- phre par Pacide sulfurique. (Voye^; Substances astkingentes ARTIFICIELLES. ) B. Sucre. Il est fusible à loo degrés; il est cristallisable en petites lames réunies en globules ; il a une saveur fraîche et franche; il i.e dissout dans l'alcool bouillant,, et cristallise LIG 535 par le refroidissement ; il se dissout dans l'eau ; il se con- vertit en alcool par l'action de la levure : il a , en un mot, toutes les propriétés du sucre de raisin. 11 nous semble que la matière soluble dans l'eau que M. Braconnot a prise pour une gomme , a beaucoup d'analogie avec la matière insoluble dans l'alcool que donne l'amidon traité par l'acide sulfurique foible , avant d'être converti en sucre de raisin. 1 GO parties de ligneux en donnent ii4?7 de sucre. Suivant M. Braconnot, l'acide sult'urique, étendu de la moitié de son poids d'eau, produit avec le ligneux, à une douce chaleur, une pâte très-homogène, qui , délayée dans l'eau, donne une bouillie blanche, semblable à l'empois. Cette bouillie , étendue d'eau , forme une émulsion qui dé- pose une substance blanche cristalline, représentant presque la totalité du ligneux. 11 reste dans la liqueur un peu de cette substance que M. Braconnot appelle gomme. Action de l'acide nitj^ique. M. Braconnot a vu que le ligneux, imbibé d'acide nitrique et exposé dans un bain d'eau bouillante jusqu'à ce qu'il y ait dégagement de gaz nitreux, se convertit en une substance blanche, insoluble dans la potasse, et qui ressemble à la pré- cédente. J'ai observé que l'acide nitrique , à 45 degrés , gardé, pen- dant un mois, à la température de i5 à i8 degrés, sur le ligneux, le convertit en une matière gélatineuse transpa- rente, légèrement jaunâtre. J'ai vu encore, que par la cha- leur towte la matière est dissoute, et qu'alors, en faisant concentrer , on n'obtient que de l'acide oxalique , mais beau- coup moins qu'on n'en obtient avec le sucre et l'amidon. L'acide hydrochlorique a de l'action sur le ligneux, car on sait qu'il perce la toile sur laquelle on en a versé. Action de la potasse. Si l'on chauffe , dans un creuset d'argent, parties égales de potasse caustique et de sciure de bois avec un peu d'eau, et que l'on ait soin d'agiter continuellement le mélange, il y 336 LIG a un moment où la sciure se ramollit, et se dissout presque instantanément, en se boursouflant beaucoup. La matière refroidie se dissout en totalité dans l'eau , excepté des traces de matière organique, de silice, de sous -carbonate et de sous-phosphate de chaux. La liqueur filtrée est brune. Elle confient, suivant M. Braconnot, de Vulmine artificielle et de Yacide acétique, en combinaison avec la potasse. Si on verse de l'acide sulfurique dans cette liqueur, on précipite Vulmine artificielle ; et si on fait évaporer la liqueur filtrée , après avoir neutralisé par le sous-carbonate de potasse l'excès d'a- cide qu'elle pourroit contenir, et qu'on applique l'alcool au résidu , on dissout de l'acétate de potasse. L'ulmine artificielle, bien lavée, puis séchée , est noire comme le jayet : elle est très-fragile ; elle est peu sapide , inodore ; elle est insoluble dans l'eau froide, quoiqu'elle soit légèrement soluble lorsqu'elle vient d'être précipitée de sa dissolution alcaline. L'ulmine artificielle, fraîche, traitée par l'eau bouillante, se colore en brun foncé. Cette solution précipite les nitrates de plomb et de mercure. Elle précipite également, mais à la longue , le nitrate d'argent , le sulfate de peroxide de fer, le nitrate de bar)fte, l'hydrochlorate de chaux, le chlorure de sodium. Enfin l'ulmine artificielle se conduit avec les bases salitiables comme un acide foible ;'quand elle est fraîche , elle rougit le tournesol. Elle est dissoute parla potasse, la soude et l'ammoniaque. Elle est soluble dans l'alcool concentré : la solution se trouble par l'eau. L'acide sulfurique concentré la dissout; mais l'acide sulfu- rique foible ne la dissout pas. L'acide nitrique, à 38 degrés, convertit Fulmine , i.'' en une matière soluble dans l'eau froide, qui paroît tenir de l'acide nitrique en combinaison; 2." en acide oxalique; 5." en une matière soluble dans l'eau froide, qui précipite la gélatine. M. Braconnot a obtenu 1 partie d'ulmine artificielle sèche de 4 parties de ligneux. Il pense que le ligneux se convertit en ulmine, en perdant de l'oxigène et de l'hydrogène, dans la proportion 011 cesélémens forment de l'eau ; mais, d'après ce que j'ai reconnu, qu'un grand nombre de substances orga- LIG 33; niqiiCi', mises en contact avec la potasse, absorbent très* rapidement l'oxigène atmosphérique, j'ai été conduit à faire les expériences que je vais rapporter. J'ai chauffé dans une cornue, dont le bec plongeoit dans une cloche pleine de mercure, parties égales de sciure de bois blanc et de potasse à l'alcool préalablement fondue ; il s'est dégagé beaucoup d'hydrogène carburé, et la sciure altérée s'est unie à la potasse. Cette combinaison étoit jaune ; mise en contact avec l'eau bouillie, elle a coloré ce liquide en jaune , et dès que la dissolution a eu le contact du gaz oxigène, elle est devenue brune, en absorbant ce gaz : ce n'est qu'après cette absorption que le ligneux, déjà altéré par le contact de la potasse, a été converti en iilmine. Le ligneux s'unit à beaucoup d'oxides métalliques, notam- ment àl'oxide de fer. Il s'empare de l'alun qui est dissous dans l'eau froide; mais il cède ce sel à l'eau qui est bouillante. Action de la chaleur. Le ligneux, distillé dans une cornue , donne, }." beaucoup d'eau, dont une quantité notable étoit à l'état d'eau hygro" métrique; 2.° de l'acide acétique; 3.° de l'huile empyreu- matique jaune, dont une portion est dissoute par l'acide acétique ; 4.° de l'huile empyreumatique brune , épaisse comme du goudron; 5.° du gaz acide carbonique; 6." de l'hydrogène carburé; 7.° un charbon qui a la forme du W- gneux, et dont la quantité, pour 100 parties de ligneux, est de 18 à 19 parties. Pour la conversion du bois en charbon, voyez le môf Charbon. Le ligneux pur, qui est chauffé avec le contact de l'air, se réduit en acide carbonique et en eau, si la combustion est complète : dans ce cas il y a, suivant Rumford , un peu i Telles sont l'acide gallique*^ l'iicmatinc , le carminé j la couleur de bois de Brésil, la couleur jaune des écorccs textiles , la couleur des violettes, la matière colorante du sang, etc. * Quand le gallale est neutre , Toxigène le fait passer an vert , et l'acide gallique est changé en une matière astringente ; quand le gallate est avec excès de base , l'oxigène le fait passer au rouge. 26. ^1 538 LIG plus des deux tiers de la chaleur produite qui proviennent de la combustion du carbone, tandis que le reste provient de celle de l'hydrogène. Etat, préparation , usages. Le ligneux se trouve dans les végétaux sous forme de fais- ceaux fibreux plus ou moins épais, qui, tantôt, sont symé- triquement distribués dans un tisSu cellulaire , tantôt sont adhérens les uns aux autres et forment des espèces de cônes qui s'emboîtent les uns dans les autres. C'est avec les faisceaux de ligneux des plantes herbacées, qui sont longs, flexibles, faciles à séparer du tissu cellulaire au milieu duquel ils se trouvent, que l'on prépare les filasses qui servent ensuite à faire du fil et des cordes. C'est avec des faisceaux ligneux fortement adhérens les uns aux autres, qui constituent le bois des arbres dicotylé- dones , que l'on fait des poutres , des solives , des planches , etc. Les bois sont extrêmement variés dans leurs propriétés : ils sont colorés en jaune, en. rouge, en orangé, en brun, ou absolument incolores ; ils sont odorans ou inodores ; leur dureté, leur densité, leur ténacité, sont très-différentes , suivant les espèces : mais on se tromperoit beaucoup si l'on pensoit que ces différences sont dues à la -lature même des corps ligneux. Les couleurs, les odeurs proviennent de principes immé- diats, qui se trouvent entre les fibres ligneuses, tantôt sim- plement interposés, tantôt unis, au moins en partie, par cette aflinité que j'ai appelée capillaire (tom. XX, p. 627) , parce qu'elle est exercée par des particules contiguës qui forment un corps solide d'une nature définie. Il en est de même des principes résineux. On peut enlever aux bois la plus grande partie des principes colorans et résineux qu'ils peu- vent contenir, en les traitant successivement par l'eau et l'al- cool ; mais on ne parvient jamais par ce moyen à séparer la totalité de ces principes. (Voyez mon analyse du bois de Causpéche, Annales de chimie, etSuppl. du lome V, p. 12.) Les différences de densité que présentent les bois , tiennent au rapprochement plus ou moins grand des faisceaux ligneux : lorsque les interstices qui se trouvent entre les fibres ligneuses LIG 339 sont assez grands, et qu'ils contiennent de l'air, soit natu- rellement , soit parce que les bois ont perdu leur eau de végé- tation pendant leur exposition à l'atmosphère, ceux-ci flottent sur l'eau ; mais, dans le cas contraire, ils sont submergés, parce que la densité du ligneux pur est toujours plus grande que celle de l'eau. Plus les bois sont denses, moins ils présentent de surface â l'air ou à l'humidité, et moins ils contiennent de sels déli- quescens, comme l'acétate de potasse, moins les bois sont disposés à Ira^'ailler par les changemens qui surviennent dans l'état hygrométrique de l'atmosphère oii ils se trouvent. L'eau hygrométrique que les bois peuvent perdre ou acquérir, a une grande influence sur leur volume, et par suite sur leur forme. En effet, leur volume augmente, s'ils acquièrent de l'eau, et il diminue s'ils en perdent. Dès-lors, si une planche mince est exposée à absorber de l'eau par une de ses surfaces seulement , cette surface deviendra convexe, et l'autre surface deviendra concave. C'est en exposant à la chaleur de la flamme la surface des douves qui doivent former la surface intérieure d'un tonneau, qu'on leur donne le degré de courbure convenable pour cet usage. On conçoit, d'après ce que nous venons de dire, combien il est nécessaire d'employer des bois secs pour les ouvrages de menuiserie. On conçoit encore l'utilité des peintures à l'huile appliquées sur le bois sec. Il est évident que cette couche s'oppose au contact de l'humidité atmosphérique, qui pourroit faire gonfler le bois privé de son eau de végéta- tion, surtout si" ce bois est en planches minces. On peut étudier les propriétés du ligneux sur la filasse de l'agave, sur la batiste bien lavée, sur la pâte du papier. Ces matières doivent être préalablement lavées à l'acide hydro- chlorique très-foible et à l'eau , afin d'en séparer de l'oxalate de chaux, du sous-carbonate de chaux , de l'oxide de fer. Le sous-carbonate de chaux ne se trouve jamais dans les bois qui sont en pleine végétation. Le bois est employé comme combustible. Si la <:;ombus- tion étoit complète, il ne se produiroit que de l'eau et de l'acide carbonique ; mais dans nos cheminées et nos four- neaux cette circonstance ne se présente jamais • il se déve-» 340 LIG loppe toujours de l'acide acétique, des huiles empyreumati- ques et du gaz hydrogène carburé. Les cendres qui restent après la combustion , proviennent des principes immédiats inorganiques qui se trouvent dans le bois. Quant aux sous- carbonates de potasse et de chaux des cendres, ils sont le résultat de la décomposition d'acides organiques qui étoient unis à ces bases. (Ch.) LIGNIPERDE. {Eniom.) C'est le nom spécifique d'un petit coléoptère du genre Bostriche. (C. D.) LIGNITE. (Min.) Nous avons appliqué ce nom spécifique à un combustible charbonneux, d'origine végétale, qu'on a confondu très-souvent et pendant long-temps avec la houille , et qu'on n'en distingue encore que difficilement. C'est à M. Voigt que l'on doit la distinction réelle de cette espèce géologique. C'est lui qui, le premier, en a bien fait ressortir les caractères, et qui a par conséquent donné des moyens, aussi précis que le sujet le comporte, de distinguer dans un grand nombre de cas ces deux combustibles , souvent si semblables en apparence, mais si diflerens néanmoins par leur origine , leur position , leur nature et même leur usage. Cette espèce minérale, telle que nous allons la limiter, renferme non-seulement tous les combustibles charbonneux nommés Braunkohle par les minéralogistes allemands , mais encore plusieurs autres charbons bitumineux fossiles [Slein- lolile) , comme nous l'expliquerons à l'article de chaque variété. §. 1." Caractères miner alo glques , divisions et usages des ligniles. Le Lignite, considéré minéralogiquement ' , est quelque- fois noir foncé, brillant, à cassure résineuse, ou conchoïde, I. Cette distinction est très -importante. Le lignite, considéré comnie espèce minérale d'origine organique, ne peut pas avoir d'autres carac- tères que ceux que nous lui assignons et qui dérivent de sa composition actuelle; mais la formation ou le terrain de lignite , c'est-à-dire , le terrain déposé à l'époque et dans les circonstances géologiques où ont paru les lignites, peut renfermer bien d'autres combustibles que le lignite. Comme le terrain gypseux renferme bien d'autres minerais que des gypses; et, pournous borner aux combustibles charbonneux; nous savons LIG 341 ou droite, à texture homogène, tantôt sans aucune appa- rence de structure ligneuse; tantôt cette structure est visible sans que le combustible ait perdu de sa couleur noire ; mais quelquefois aussi il passe au brun, même au brun peu foncé, en conservant une structure fibreuse tellement distincte, qu'on ne peut méconnoître l'origine végétale et ligneuse de ce combustible fossile ; ou bien il perd entièrement cette structure et prend une texture terreuse. Exposées à l'action du feu, à une assez haute température, foutes les variétés de lignite brûlent avec une flamme assez claire, assez longue, souvent peu fuligineuse, sans se bour- soufler ni se coller comme la houille , sans couler comme les ])itumes solides. Lorsqu'on le distille, le lignite le plus com- pacte fait presque toujours reparoitre sa structure ligneuse, et prouve ainsi son origine. Le lignite qui ne renferme pas de pyrites, répand une odeur fétide, acre, piquante, qui n'est point aromatique, comme l'est celle de la houille et du bitume dans la même circonstance de pureté ; car la présence des pj^rites, dans l'un et l'autre combustible, produit une odeur sulfureuse différente et due aussi à une cause différente de celle qui donne à la fumée des lignites l'odeur piquante qui lui est propre. Il reste après la combustion une cendre pulvérulente assez semblable à celle du bois , mais souvent plus abondante, plus terreuse, plus ferrugineuse et par conséquent plutôt rou- geàtre que grisâtre, et qui renferme quelquefois jusqu'à trois pour cent de potasse, suivant M. Mojon. On n'a encore aucune analyse propre à faire connoitre la nature essentielle du lignite, et en quoi ce combustible dif- fère de la houillç et des bitumes. On ne peut donc présumer «léjà que le terrain de lignite renferme de l'anthracite, c'est-à- diip , du charbon sans bitume, du bitume de diverses variétés, du succin, des résines succiniques , du mellife. Il pourroit donc aussi renfermer de la houille, c'est-à-dire, une autre espèce niincraloj;j.|ue ^ d'origine orga- nique, mais d'une composition chimique autre que celle du lignite , brû- lant avec boursouflement , etc. Le terrain de lignite doit donc être soi. gneusement distingué du lignite, espèce miudralogique : c'est de ce der- nier seul qu'il est question dans la preniiéîe partie , ou partie minéra- iugique, de cet article. 14,5 342 LIG ces différences que par ce qu'en dit M. Vauquelin, et par ce qu'indiquent les analyses suivantes : Lignite Lignite Lignite piii- terreux fibreux de forme cumin, de Sriiralpen , Bovev, par de Lobsaun , parKIaproth. Haliliett. par Hecht et Branthome. Charbon 20 46 27 Eau et acide pyroligneux 12 3o s Bitume huileux épais 3o 10, 5 s Gaz hydrogène carboné ^9 po. cub. Gaz acide carbonique 8,5 id. Soufre (provenant des pyrites) 18 Sulfate de chaux 2,5 s s Sable 13,5 Oxide de fer 1 Chaux 2 Alumine o,5 Nous pourrions faire mention de quelques autres analyses: mais elles nous en apprendroient encore moins que les pré- cédentes, parce qu'où n'a eu en vue dans ces analyses, faites sur des variétés impures et mal déterminées, que de connoitre à peu prés la proportion du charbon et des bitumes renfermés dans les échantillons analysés ; tandis qu'il falloit chercher dans quel état de combinaison étoient les principes organi- ques, ou dans quelle proportion étoient les principes éloi- gnés, et par conséquent quels produits ils dévoient donner. Les trois analyses que nous venons de rapporter, faites sur des lignites provenant de lieux très- éloignés, indiquent déjà ces principes, en faisant A'oir que Tun et l'autre ont fourni un acide analogue à l'acide pyroligneux ou pyroacéfeux , et confir- ment les soupçons de M. Vauquelin sur la formation de cet acide par la combustion des lignites. Ces soupçons sont encore confirmés par les résultats des expériences de M. Mac-Culloch sur les propriétés des produits comparés de la distillation du bois, delà fourbe et des lignites connus sous lesnomsde jayet, de hovej-coal et de suturhrand. Tous ces produits renfermoient plus ou moins d'acide pyro-acéteux, tandis qu'on ne recon- noit pas cet acide dans les produits de la distillation des bitu- mes, qui renferment au contraire de l'ammoniaque, etc. Ces LKx 343 analyses font donc voir que, quoique les lignites et les houilles soient composés des mêmes principes éloignés, de. carbone, d'hydrogène, etc., cependant les produits de ces principes, combinés d'une autre manière par l'action de la chaleur, sont différens dans ces deux combustibles, et pourront amener à faire connoitre la véritable difierence minéralogique qu'il y a entre eux. La pesanteur spécifique des lignites s'étend de 1,10 à i,5o; mais on ne doit avoir égard qu'à celle du lignite piciforme jayet, toutes les autres variétés étant ou impures ou impar- faites. La proportion de la partie éminemment combustible, soit le charbon, soit l'hydrogène, avec la masse apparente du combustible , paroît être encore un des caractères distinctifs des lignites et des houilles. Le combustible réel semble être beaucoup moins condensé dans les premiers que dans les secondes, ce qui ne se déduit pas du rapport des pesanteurs spécifiques , qui sont à peu près les mêmes dans les deux com- bustibles, mais des résultats énoncés par M. Voigt. Ainsi il pa- roit qu'un mètre cube de lignite donneroit autant de chaleui' que trois mètres cubes de bois de pin , mais qu'il faudroit sept mètres cubes de lignite de Leipsic pour produire autant de chaleur qu'un mètre cube de houille. On sait que ces résul- tats ne sont que des approximations très-éloignées , et qu'il est telle qualité choisie de lignite qui donneroit au moins au- tant de chaleur que certaines qualités impures de houille; mais il est probable que M. Voigt, qui donne ces rapports, a eu égard à ces circonstances, et qu'il suppose les qualités et les autres circonstances à peu près égales. rj m ÉTÉS. 1. Lignite piciforme'. D'un noir luisant; texture compacte; cassure conchoïde, d'aspect de résine ou de poix; structure tantôt massive , tantôt un peu schistoide , quelquefois fragmen- taire, 1 Pechkohle. Werk. , Bkoch. , Voigt. Celle première variété ren- ferme le jayet comme sous-variélé ; mais elle renferme aussi d'autres sous-variétés auxquelles on ne pourroit appliquer ce nom, qui a, dan^ les arts, une application fixe et qu'on ne doit pas détourner. 544 LIG La structure ligneuse est quelquefois apparente, surtout à l'extérieur des morceaux; plus souvent elle a entièrement disparu. C'est la variété qui brûle le mieux, avec la flamme la plus claire, l'odeur la moins désagréable, et qui laisse le moins de résidu terreux. a. Lignite piciforme commun.' D'un noir luisant; texture d'une densité inégale: structure schistoïde, quelqueTois frag- mentaire; structure ligneuse apparente. Pesanteur spécifique , 1,28. ( Wie n. ) Il forme des bancs souvent assez puissans, susceptibles d'une exploitation facile et avantageuse dans plusieurs cas, et se rapproche tellement de la houille qu'il n'est presque pas possible de l'en distinguer extérieurement; il faut, pour y parvenir, avoir recours aux caractères chimiques que nous avons indiqués, aux caractères techniques de brûler sans se boursoufler et sans se coller, et s'aider même de quelques circonstances géologiques. La plupart des grands dépôts de lignites dont nous don- nerons plus bas rénumération, présentent cette variété. On îa remarque plus particulièrement dans les couches de li- gnites des environs d'Aix , de Marseille et de Toulon en Pro- vence ; de Vaucluse, dans le département de ce nom; de Ruette, dans le département des Ardennes; de Lobsann près Wissembourg dans le Bas-Rhin; d'Ottweiler, bailliage de Lo- wenbcrg, pays de Berg ; de Saint-Saphorin près Vevay; de Paudex près Lausanne, et deKaepfnach, sur la rive gauche du lac de Zurich en Suisse : ces lignites piciformes communs ont tout-à-fait l'aspect de la houille schisteuse ; du Meisner en Hesse; des vallées d'Unstruth près d'Arten enThuringe; du district de l'Inn en Autriche; de Cadibona dans le golfe de Gcnes, et de Sarzane près celui de la Spezzia en Ligurie. Ces lignites sont aussi tellement semblables à la houille , que, sans les circonstances chimiques, techniques et géolo- giques, rapportées plus haut, il seroit presque impossible de 1 Gemeine Braunkohle : Werser , dans Breithaitt, qui cite aussi coiiDue exemple celui du lac de Zurich et du Meisner, ce «jai assure cette synonymie. LîG 345 les en distinguer ; néanmoins la texture ligneuse est souvent apparente dans celui de Sarzane. b. Lignite piciforme. — Jayet. ' D'un noir luisant, pur, tres- foncé; texture dense, d'une densité égale ; susceptible de poli ; structure massive ; solide , mais facile à casser. Pes. spéc. 1,26 Brisson. 1 , 74 ? Leonardi. Le jayet se trouve en lits interrompus, ou en nodules, dans les bancs de la variété précédente et de quelques-unes des suivantes. Il ne constitue jamais de couches ou de dépôts à lui seul, et souvent même il se montre sous un assez foihlc volume, au milieu des lits de lignite terne, ou des troncs de lignite fibreux noir. Son gisement précis n'a pas encore été parfaitement déterminé. Le trouve-t-on dans tous les dépôls de lignites, même dans ceux qui sont au-dessus de la craie? ou ne le trouve-t-on que dans les dépôts qui ont été placés sur des terrains plus anciens que la craie, ou peut-être même au-dessous de ce calcaire? Le jayet , étant très-homogène, d'un beau noir, susceptible de se laisser tailler et polir, a été recherché et exploité comme objet d'ornement. Mais, la mode ayant varié encore plus à son égard qu'à celui des autres minéraux d'ornemens, les mines et les fabriques de jais ont été soumises à des vicissi- tudes encore plus nombreuses que les autres. Nous ne citerons ici que les lieux où on le trouve en quan- tité assez notable pour qu'on les ait mis en exploitation, ou qu'on ait au moins tenté de le faire. Eu France : dans quelques mines de charbon de terre de la Provence, dans les environs de Roquevaire , Marseille et Toulon, notamment dans celle de Peynier; à Belestat dans les Pyrénées ; près le village des Bains, à six lieues au sud de Carcassone, dans le déparlement de PAude, et dans le même département, à Sainte-Colombe , Peyrat et la Bastide près de 1 Gages , WALLEn. — Jayet compacte, ITauy. — Pilili-coal ou jet, James. — ^"/jÇ- Jai , Jais, Jayet, ijucl/jurjois Buccin noir. — Azabaclie, dans les Asturies. Tous les savans s'accordent à dire que le nom de jayet vient de ^ni^at, r-opi d'une rivière ou d'une vLlîc de l'Asie mineure. 346 LIG Quilian ; il est situé à dix ou douze mètres de profondeur, en couches obliques, dans des bancs c!e g. es. Ces couches ne sont ni pures ni continues. Le iayet proprement dit, c'est- à-dire celui qui est susceptible d'être taillé, se montre en masses dont le poids atteint rarement 26 kilogrammes. Le produit de ces mines se tailioit et se polissoit daus le pays même. L'Espagne a offert aussi des mines de jayet assez célèbres dans les provinces des Asturies, de Galice et d'Armgon : on cite particulièrement, dans ce dernier pays, celles d'Utrillas, Escucha et Palomar près Montalban. Elles furent découvertes vers le milieu du 18.* siècle, et leur exploitation étoit très- facile. Le jayet en est pur et ce que les ouvriers appellent doux au travail. Il est transporté en France, dans les dépar- temens de l'Aude et de l'Arriége, pour y être taillé et poli. Nous reviendrons plus bas sur les procédés employés dans cet art. En Allemagne . près de ^^'ittemberg en Saxe, on le taille et on le polit dans cette ville : en Hesse , au mont Meisner; le banc puissant de lignite qu'on y exploite, renferme des masses assez volumineuses de jayet, qui forment quelquefois le centre des troncs de lignite fibreux cylindroide. En Angleterre, près Whitby, dans une argile schisteuse et bitumineuse. En Prusse ducale, dans un gîte oîi se trouve le succin en abondance et depuis un temps très -éloigné, on extrait aussi du lignite-jayet qu'on taille et qu'on met dans le com- merce sous le nom d'ambre ou de succin noir , nom qui n'a aucun rapport avec sa nature, mais qui semble indiquer ime communauté de gisement. On fait avec le jayet , employé comme objet d'orne- ment, des boutons: on le façonne en poires ou grains plus ou moins gros, taillés à facette pour pendans d'oreilles, col- liers, garnitures de robes ou de bonnets et autres ajustemens de deuil; on en fait des rosaires, chapelets et croix. C'est principalement à Sainte-Colombe sur IHers, dans le départe-^ ment de l'Aude, que se font ces différens objets, non-seule- ment avec le jayet tiré des mines de France, mais avec celui qu'on exti-ait des mines d'Espagne. On commence par réduire LIG 347 le jayet en petits morceaux par le moyen d'un gros couteau, avec lequel on donne à ces morceaux à peu près la forme qu'ils doivent avoir; on les perce ensuite au foret aux points où cela est nécessaire, et on les taille à facettes sur une meule horizontale, semblable à celle des lapidaires. Cette meule est en grès assez grossier, et continuellement mouillée. On produit la facette en plaçant la pièce vers la circonférence de la meule, où la pierre est rude et dévore (c'est l'expres- sion technique) le grain de jayet. On polit la facette pro- duite en portant le morceau de jayet vers le centre de la pierre , qui est lisse et tenue constamment dans cet état au moyen d'un silex qu'on y passe de temps en temps avec une forte pression. Ce procédé est ingénieux, en ce que, sans changer de place ni d'outil, l'ouvrier taille et polit de suite la même pièce. Le jayet, étant très-tendre en comparaison de la meule sur laquelle on le travaille, se façonne avec une grande faci- lité : un ouvrier ébauche en un jour de i,5oo à 4,000 pièces, suivant leur grosseur; les perceurs font de 3 à 6,000 trous par jour, et on peut évaluer à i5,ooo le nombre de facettes qu'un lapidaire peut faire dans un jour. Les ouvrages fabriqués se distribuoient en 1806 à peu près comme il suit : un dixième en Allemagne, un dixième en Afrique ou en Turquie, deux dixièmes en France, et six dixièmes en Espagne et dans les Colonies. 11 y a eu dans ce commerce d'objets de mode peut-être encore plus de varia- tions que dans tout autre. En 1806, l'activité des fabriques de Sainte-Colombe employoit i5o ouvriers et un capital d'en- viron 5o,ooo fr. , et dans le milieu du 18.* siècle on éva- luoit l'activité de ces mêmes fabriques à 1,000 et même 1,200 ouvriers et à un capital de 260,000 fr. ' c. Lignite picif orme candelaire.'^ D'un noir brunâtre, lui- 1 La plupart de ces ronseignrniens sont extraits d'un mémoire de M. Thomas Yiviés, fabricant ;i Sainte-Colombe, en 1806. 2 Cannet- coal , Kirw\n, Jameson. — Kennelkohle , TVern. , Broch. Suivant révèque de Llandaff, ce nom vient du mot candie, chandelle, parce qu'il est employé dans quelques endroits par le peuple pour pro- duire de la lumière : on le nomme en Ecosse /;a;Toi-coa/. (Jamesou.) 548 LIG sant ; texture d'une densité égale ; susceptible d'un poli peu brillant; structure massive, solide; assez facile à casser. Pes. spéc. 1 ,23. KiRw. Tant qu'on n'aura pas examiné d'une manière comparative et convenable les caractères chimiques de ce combustible , tant qu'on ne se sera pas assuré de sou véritable gisement et s'il est vrai qu'il se trouve dans les couches du terrain houil- 1er de Newhaven, il ne sera pas possible d'assigner définiti- vement la place du canncl-coal , soit parmi les houilles soit parmi les lignites, et il oscillera d'une espèce à l'autre, comme il a déjà fait. M. Voigt, dont le nom fait autorité dans cette matière, l'a placé parmi les lignites ; nous suivons ici son opinion. 2. LiGNriE TERNE.' D'un noir brunâtre, terne, et quelque- fois d'un noir de velours; cassure raboteuse ou imparfaite- ment conchoïde ; texture compacte ou terreuse; structure massive, schistoïde ou fragmentaire , mais point ligneuse : ses fragmeiis sont généralement cuboïdes ou trapézoïdaux; brû- lant plus ou moins facilement, avec fumée abondante et souvent fétide ; laissant un résidu assez abondant et souvent rougeàtre. Se désagrégeant facilement, et se décomposant en sulfates. a. Lignite terne massif : en masse assez volumineuse, sans structure apparente, provenant de couches assez puissantes. Celui-ci est souvent l'objet d'une exploitation active, parce qu'il se présente en bancs puissans et continus ; il est quelquefois accompagné de lignite piciforme commun, mais il en accompagne plus rarement les bancs. Il paroît même appartenir à des dépôts un peu plus nouveaux, ou formés dans des circonstances un peu différentes de la première va- riété. Nous citerons comme exemples principaux : Sainte-Margue- rite près Dieppe ; celui qu'on emploie en Westphalie sous le nom de terre de Cassel ; celui de l'île de Bornholm; le Soissonnois en général; et notamment Putschern près Carlsbad. b. Lignite terne schisteux, à structure schistoïde imparfaite. Cette modification accompagne souvent la variété précé* i Braunkohle et Moorkohle , ToiCT, LIG- 349 dente et quelquefois la suivante. Ce sont, Tune et l'autre, parmi les lignites qui forment des bancs continus , les variétés les plus communes. Les mines de lignite qui paroissent les présenter en quan- tité dominante sur les autres variétés, et le plus abondam- ment, sont: en France , celles de Piolenc près d'Orange, dans le département de Vaucluse ; de Ruelle, dans les Ar- dennes, avec le lignite piciforme commun : en Allemagne, celles des environs de Leipsic : en Bohème , celle de Tœplitz et celle de Pulschern près Carlsbad ; dans le Groenland , où il ren- ferme des grains de succin ; il se montre enfin dans presque tous les lieux où se trouve la variété précédente. c. Lignite terne friable.' Structure massive ou schistoïde, mais toujours fragmentaire, se divisant en très-petits morceaux. Aspect quelquefois un peu luisant. Il est encore plus facilement décomposable que les autres, et ne se conserve que très-difficilement dans les collections. Les exemples les plus authentiques et les plus remarqua- bles que nous puissions donner de cette variété, sont les dé- pôts très-étendus de lignites du Soissonnois et du Laonois , dans le département de l'Aisne; ceux de Montdidier , dans le dé- partement de la Somme ; ceux de Dieppe, dans le départe- ment de la Seine-Inférieure. On voit que le lignite friable accompagne plus fréquemment les lignites ternes que les lignites piciformes. Les lignites ternes servent à deux usages spéciaiîx : lorsqu'ils sont en masses solides, et assez purs, qu'ils renferment peu de pyrites, on les emploie comme combustibles pour cuire de la chaux, chauffer des chaudières où sont des liqueurs 1 C'est encore plus particulièrement le Moorkohîe , et surtout VErd- kolile , "VVern. La tourbe pyriteuse. Ce n'est pas une tourbe, comme je l'avois cru en 1807 (Tr. de min., t. 2, p. 4^5) avec beaucoup de minéralogistes, et comme le croient encore quelques personnes. J'ai reconnu d«»puis (voyez Bucklanu, sur l'argile plastique du bassin de Londres, Trans. de laSoc. géol. de Londres, 1817 , toni. IV, p. 298 ), que c'ctoit un véri- table lignite, et qu'il n'y avoit pas de tourbe pyriteuse dans l'acception qu'on doit attacher au mot tourbe. Tous les eéoîogistcs conviennent maintenant de cette distinction. 35o LiG destinées, soit à ùtre portées à Tétat d'ébuUition, comme dans les fabriques où l'on dévide les cocons de vers à soie, soit à être évaporées, comme les dissolutions salines de foutes sortes. Lorsqu'ils appartiennent aux variétés schistoïdes et fria- blés, et qu'ils n'ont pas de cohérence, ou qu'ils la perdent aisément, ce qui est ordinairement dû à la présence des pyrites, ils sont trop impurs et trop décomposables pour fournir un combustible avantageux. On y produit, par di- verses manipulations chimiques, des sulfates de fer et d'alu- mine, qu'on en retire par lixiviation , évaporation, etc. : c'est l'usage général qu'on fait des lignites friables dans les lieux que nous venons de citer. d. Lignite terne-terreux.^ Aspect terne et terreux; friable et même pulvérulent; couleur noire brunâtre ou brun de girofle. La variété précédente, en se désagrégeant complètement, passe quelquefois à celle-ci; mais le lignite terreux existe aussi par lui-même et avec des caractères particuliers très- diiférens de ceux que présentent le Hgnite friable tout-à- fait désagrégé. D'abord, il ne renferme presque point de pyrites, n'est susceptible de donner ni alun ni couperose, et fournit au contraire un combustible assez bon et une matière colorante peu employée. Il est brun de girofle ou noir de suie , et se trouve principalement à Brulh près de Cologne. C'est ce dernier qui paroit porter plus particulièrement le nom de terre de Cologne. Il se trouve aussi près Château-Thierry, à Wolfseck en Haute-Autriche, etc. : ceux de ces derniers lieux ne sont pas pulvérulens. 3. Lignite fibreux.^ Noir ou brun; aspect luisant ou terne; structure fibreuse, plus ou moins serrée, faisant toujours voir celle des végétaux dont il tire son origine. a. Lignite fibreux noir: d'un noir pur, d'un aspect luisant, analogue à celui du jayet ; structure serrée. * Cjdindroïde : en tige ou tronc cylindroide ou comprimé; 1 L'Erdkohle , "Werm. , et le braune hituminose HolcrrJe de Voigt> ia terre de Cologne. » Bituminbses Holi, "Werk. ; Broch. LIG 35i assez droit; d'un volume supérieur à celui d'une plume d'oie; le milieu est souvent en lignite piciforme. A Riestaedt en Saxe, à Wolfseck en Haute-Autriche, dans l'ile de Boriiholm. ''"'' Bacillaire : en petites baguettes très-déliées, contournées, entrelacées. A Kaepfnach près d'Horgen, sur la rive occidentale du lac de Zurich. On peut le considérer comme les fibres de la racine d'un arbre de la famille des palmiers." b. Lignite fibreux brun .- d'un brun de girofle plus ou moins foncé; aspect terne ; structure ordinairement lâche , laissant voir parfaitement celle du bois. Peu dur, mais tenace et se laissant entamer par les ins- trumens tranchans plutôt à la manière d'un bois dur que d'une pierre. * Cylindroïde : en tige, ou tronc cylindroïde ou comprimé, assez droit, et d'un volume supérieur à celui d'une plume d'oie. Cette variété est très-répandue et se trouve dans presque tous les gites de lignites. Elle a frappé de tous temps les ou- vriers comme les naturalistes, et est un des indices les plus sûrs de l'origine des lignites : parmi les exemples innombra- bles qu'on pourroit donner, nous citerons Les mines de lignite terreux et brun de Brulh près de Cologne , où le nombre des tiges et des troncs est prodigieux , et où il s'en trouve également de dicotylédons et de mo- nocotylédons. L'Habichtswald et le mont Meisner en Hesse; Wolfseck eu Haute-Autriche. '^''''' Bacillaire. En petites baguettes ou fibrilles très-déliées, à peu près parallèles ou entrelacées. Il n'y a presque point de doute que ce ne soient des tige'5 ou des racines d'arbres de la fadiille des palmiers. Ceux de Cologne ressemblent à ceux d'Horgen, à la couleur près. Ces variétés bacillaires sont assez rares. i Voyez le Mémoire de M. Adolphe Brongniart, sur les végétaux fossiles (Méin. du Mus. d'hist. nat., tom. &). 352 LIG §. 2. Géogitosie et aisément général des lignites. Toutes les variétés de lignites qu'on vient de décrire, se trouvent ensemble, et ont, à très-peu de nuances près, \c même gisement. Seulementquelques variétés sont dominantes dans certains terrains, tandis que les autres sont généralement subordonnées .- tel est le cas des lignites jayet et fibreux, qui se trouvent dans presque tous les gîtes des lignites et ne forment presque jamais à eux seuls, surtout le premier, des couches entières. C'est le LiGMTE terne, massif, schisteux, friable ou 1er-' rcux, qui est toujours la roche principale et dominante de la formation , celle qui se trouve sous le plus d'épaisseur et avec le plus de continuité. Ce lignite se présente : tantôt en lits réguliers d'une épaisseur toujours à peu près la même, mais variant d'un à quinze décimètres au moins; ces lits sont plus souvent horizontaux qu'inclinés ; tantôt en amas qui semblent avoir rempli de vastes cavités ; tel est celui des environs de Cologne : tantôt, enfin, en amas lenticulaires , parallèles aux couches ; à Langenbogcn près Halle, en Saxe. Le lignite, comme roche principale, c'est-à-dire, se pré- sentant en couche puissante et continue sur une grande étendue, ne paroît se trouver que dans un seul terrain. Le lignite, comme minéral subordonné, se présentant pour ainsi dire en échantillons ou même en masses de quelque volume, mais ordinairement en amas interrompus et non en banc continu, se rencontre dans des formations ou terrains asse:i: différens, depuis les terrains houillei^s proprement dits, jus- qu'aux terrains les plus superficiels. INous allons l'examiner dans ces deux positions ou circons- tances, et nous commencerons par son gîte réel et principal. 1.° Le lignite considéré comme roche principale ^ et se présen- tant en banc continu, auquel nous donnerons le nom gcognos- tique de lignite soissonnois', appartient aux terrains de sédi- i On ne peut devenir clair que par des définitions exactes ,c\. précis que par des noms qui soient le signe de ces définitions. C'est par cf moyen que la nomenclature linnéenae a eu, en histoire naturelle. LÎG 353 mens supérieurs, c'est-à-dire, comme je l'ai exposé dahs Un si grand succès et une si grande utilité. Le nom doit être le signe, mais non l'expression «le l'objet en question, parce qu'il doit toujours le représenter, et pour cela ne jamais changer, tandis que la définition doit changer quand elle cesse de convenir uniquement à la chose définie. C'est par ces motifs que la nomenclature chimique, qui a paru si séduisante qu'on a voulu Rappliquer à la minéralogie, a, comme nomenclature, deux graves inconvéniens , celui de changer à mesure que la science fait des progrès , et celui d'être trop longue comme nom, ou trop courte et par conséquent insuffisante comme detînition. Cardons-noUs donc de l'appliquer à la minéralogie : il nous suffira , pour le prouver dans cette digression, de faire remarquer, par exemple, que le sel marin n'a plus de nom. Nous reviendrons sur ce sujet à l'article Minéralogie ; je dois mé borner ici à dire pourquoi je donne au lignite en question le nom de lignite soissonnois. Le lignite, considéré comme terrain oii formation, n'est plus un minéral, mais un assemblage de roches et de minéraux qui ont utie certaine position relativement aux autres roches de l'écorce du globe. Il y a plusieurs de ces assemblages. Aucun n'a de caraclèrj tranché et unique , et, quand il en auroit un, qui est-ce qui pourroit assurer qu'il seroit constant et toujours le plus saillant P II faut donc, par ces deux inotifs , dont le premier suffiroit seiil, se garder de vouloir désigner la formation de lignite par un nom significatif, lors même qu'on seroit assez heureux pour en trouver un qui fût iinivocjue et caractéristique ^ ée qui est presque impossible dans toute méthode naturelle. Et encore fau- droit-il que ce nom pariât bon à la majorité des géologues , noil pas seule- ment aux maîtres de la science, mais surtout à ceux qui n'ont rien de* mieux à faire que de donner des noms. La nécessité de désigner chaque formation de lignite par un signe , c'est-à-dire , par un nom , et dé prendre ce signe indépendamment de toute hypothèse, m'a fait préférer celui qui est tiré des lieux où la formation est la plus claire, où on l'a bien observée, si ce n^est pour la première fois comme lignite , au moins comme lignite supérieur à la craie et inférieur au calcaire grossier; qui puisse par conséquent servir de poitit de comparaison pour les lignitps que je croirai pouvoir rapporter à la même formation. Cette nomenclature géographique univoque et liri- néenne, déjà proposée et employée par M. de Humboldt, â encore cet avantage qu'on peut la changer sans inconvénient, et que, du moment où il sera prouvé, par exemple, que le lignite de l'ile de Shepey^ de Cologne, duMeisner, deWolfeck, etc., sont exactement les mèniés qtie celui du Soissonnois , on pourra toujours s'entendre très - bieil ^ ËW «tonnant ces divers noms de lieu à cette fonuaiioâ 36, 5S 354 LIG d'autres lieux ', aux terrains supérieurs et par conséquent postérieurs à la craie. Sa position précise dans cette formation, qui est elle-même composée de parties ou membres assez distincts , celle qui est le plus généralement reconnue comme la plus commune, si elle n'est pas Tunique, est de se présenter, dans les parties les plus anciennes de ce terrain , toujours au-dessous des cou- ches les plus inférieures du calcaire grossier et dans le dépôt d'argile plastique, de sable, quelquefois de cailloux roulés, qui est, comme lui, postérieur à la craie, et qui sépare pres- que toujours ces deux terrains. Il est possible qu'il y ait un second dépôt de lignite dans les terrains de sédiment supérieurs, entre le gypse et le ter- rain marin, calcaire et sablonneux qui l'a recouvert : cela pa- roit présumable d'après quelques indices de végétaux fossiles observés dans cette position, et d'après certaines circonstances qui accompagnent les dépôts de lignite dans des pays où la distinction de ces sous- formations n'est point claire. Mais ce second dépôt n'est pas encore assez bien prouvé pour être admis et pour être le sujet d'une histoire particulière; nous en parlerons donc seulement à l'énumération géographique, lorsqu'il sera question des lieux où on croit l'avoir reconnu. Ainsi, en revenant au dépôt principal de lignite, la couche la plus ancienne du terrain de sédiment supérieur qui pa- roit lui être constamment postérieure, c'est celle que nous avons nommée glaucome grossière. On ne l'a jamais vue avec tous les caractères géologiques que nous allons y reconnoître au-dessus de cette couche, ni par conséquent au milieu de celles qui ont été déposées sur elle et après elle. Sa position la plus supérieure , ou son époque de formation la plus mo- derne, peut être assez bien déterminée par cette roche. Il n'est donc pas postérieur à la glauconie grossière ; mais il peut être recouvert immédiatement par tous les terrains différens qui lui sont postérieurs. Ainsi on peut le voir recouvert immédiatement par le gypse à ossement et en i Mémoire sur le gisement dei ophiolites dans les Apennins ; Ann. des Min., 1821, tom. VI , p. 177. — Descr. géolog. des envir. dePar!^, édit. de 1822, p. 8, 17 et 107. LIG 35S admettre les débris organiques, par le terrain marin supé- rieur à ce gypse , par le terrain d'eau douce qui le surmonte, enfin par le terrain de transport ; circonstance assez ordi- naire , qui a souvent trompé, et qui a fait regarder ce lignite comme appartenant au terrain de transport et par consé- quent aux formations les plus nouvelles : il est aussi recou- ■vert , et surtout dans beaucoup de parties de l'Allemagne, par le terrain basaltique, et par toutes les roches d'appa^ rence cristalline et ancienne qui font partie de ce terrain. La présence des lignites sous le basalte et dans presque tous les terrains basaltiques, comme on l'observe en Hesse, en Saxe, en Franconie, en Bohème; dans l'Italie septentrio- nale; en France, dans l'Alsace, le Vivarais, l'Auvergne, etc., est une circonstance des plus remarquables : elle contribue à faire rapporter le dépôt du basalte à l'une des dernières révolutions du globe, et nous force de regarder cette roche, en partie cristalline, souvent même accompagnée de roches entièrement cristallisées, comme postérieure à des terrains que l'on considéroit autrefois comme terrain d'alluvion ; mais cette circonstance ne prouve pas, comme l'a voulu une célèbre école, que le basalte ne pouvoit être que d'origine aqueuse ou neptunienne. Nous ne pouvons pas non plus admettre , avec M. de Schlot- heim ', que les lignites appartiennent à la formation des trapp, si on entend par cette dénomination les terrains basaltiques dont nous venons de citer des exemples : nous considérons les lignites, non-seulement les lignites marins de l'Ile d'Aix, mais les lignites soissonnois, comme étant antérieurs à cette formation , et surtout comme en étant absolument indépen- dans , puisqu'il existe un grand nombre de gîtes puissans et étendus de lignites sans aucun indice de terrain trappéen. Sa position la plus inférieure est plus difficile à déterminer, surtout depuis qu'on a eu connoissance d'un autre dépôt de lignite qu'il n'est pas encore possible de distinguer nette* ment, lorsqu'il se trouve indépendant, parce que ce non-- veau lignite, ne s'étant fait voir clairement que dans un seul endroit, n'a pu encore être caractérisé d'une manière générale. i Dans Leonliard's Taschenbuch ^ f^c i 7 ' année,, p. I20 356 LIG La position la plus inférieure ou la plus ancienne du lignite soissonnois est immédiatement postérieure à la craie: on peut néanmoins le trouver placé sur des terrains beaucoup plus anciens; mais, pourvu qu'il ne se trouve pas dans ces ter- rains avec les caractères que nous lui reconnoissons ^ cette position immédiatement sur eux n'infirme pas ce que nous venons de dire sur l'époque la plus ancienne de son dépôt, et nous pouvons établir que le lignite soissonnois n'est pas antérieur à la craie. Ce lignite offre dans cette position les caractères géologi- ques suivans, que nous réunissons tous ici , mais en aver- tissant qu'ils ne se trouvent presque jamais ensemble dans le même lieu. Les roches qui l'accompagnent sont : Le sable quarzeux pur, très-blanc et très-tenu. Le sable ferrugineux, à gros grains anguleux (Paris, val- lon de Sèvre à Bellevue). Les poudingues siliceux, à cailloux de silex pyromaque et de grès, et à ciment de grès ferrugineux. Le grès quarzeux, le grès friable (Soissonnois); l'argile plas- tique jaune , rougeàtre , bleuâtre , brunâtre , noirâtre , presque partout, mais rarement en contact immédiat avec lui : c'est plutôt l'argile sablonneuse (Soissonnois , Meisner); la marne argileuse, beaucoup plus rarement qu'on ne le pense. La glauconie sableuse (grains de fer chlorité, ou fer sili- cate verdâtre et sable), et peut-être aussi la glauconie cal- caire (c'est très-douteux); le calcaire grossier (encore plus douteux.) Les minéraux et minerais qui l'accompagnent, et qui s'y trouvent, ou disséminés, ou en nodules, ou en lits, ou ea druses , sont : Le quarz hyalin cristallisé en druse. Le silex agate , en infiltration dans ses fissures et cavités, mais principalement dans celles qui étoient les canaux per- cés, habités ou parcourus par des larves, des vers ou des moliusques. La strontiane sulfatée en cristaux bleuâtres (Auteuil près Paris). Le calcaire spathigue. LIG 357 Le gypse sélénite (Vernex près Genève , etc.). Le fer sulfuré, disséminé en petites parties souvent à peine visibles, ou en nodules cristallisés: caractère constant, non- seulement pour le lignite soissonnois, mais pour les lignite» inférieurs. Le fer oxidé- hydraté; le fer carbonate lithoïde, dissémi- nés en lits interrompus, en nodules impurs et aplatis. Le zinc sulfuré, disséminé, jusqu'à présent en très-petite quantité, et seulement à Auteuil près Paris. Parmi les minéraux combustibles, de composition analogue à celle des matières organiques, on y trouve : Le succin proprement dit, c'est-à-dire celui qui, renfer- mant de l'acide succinique en quantité notable, a d'ailleurs tous les autres caractères du succin borussique : c'est proba- blement son véritable et unique gisement (le bassin de Paris, Auteuil, Gisors, etc. ; le Soissonnois; les côtes de la Baltique, le Groenland, etc., etc.) Les résines succiniques ou fossiles, jaunes, friables, sans acide succinique (Highgate près Londres). Le mellite (les environs de Halle). Le bitume pétrole P Les corps organisés fossiles qui appartiennent à ce lignite, ne sont pas encore parfaitement déterminés, c'est-à-dire qu'on ne sait pas encore parfaitement distinguer ceux qui vivoient dans le temps oîi ces dépôts se sont formés, de ceux qui y ont été enfouis par des révolutions postérieures, ou qui y ont été amenés par des causes étrangères à sa for- mation. Parmi les végétaux , on remarquera d'abord des tiges de plantes ligneuses provenant d'arbres dicotylédones et d'arbres monocotylédones , offrant très-bien la structure de ces vé- gétaux, et changées tantôt en lignite fibreux brun, tantôt en lignite piciforme, tantôt en silex, et quelquefois partie en silex et partie en charbon fossile. Beaucoup d'empreintes de feuilles de plantes et d'arbres dicotylédones, et de fruits ou semences de ces deux grandes classes de végétaux. Nous ébaucherons une liste de ces végé- taux fossiles d'après les travaux de MM. de Schlotheim , de Sternberg, Parkinson et Adolphe Brongniart. 558 LIG Énumération des végétaux fossiles qui se trouvent dans la forma' tion des lignites soissonnois. NOM SYSTÉMATIQUE. OBSERVATIO>'S. Localité. Ouvrages où ils sont 1 décrits ou figurés. Genres déterminables . Cocos Païkinsonii , Fruit très-voisin du I.sledeShep- Park., Org. rem. , Jià.B. cocos lapideus. pej'. I ,pl. 7 ^ fig. i à3. ■ — J^auiasii , Ad. B. Fruit indique par Liblar p.'ès Faujas, Ann.Mus. ( Carpolithes are- Faujas comme un Cologne. I, pi. 29 ( figure cœformis 1 Schl.) fruit d'arec , mais mauvaise). ayant trois trous à la base, comme les cocos. Parties qu'on ne peut rapporter à aucun genre. Carpolithes Dactj- lus , Ad. B. Carpolithes phani- coides , Ad.B. Carpolithes bactrl formis , Ad.B. Carpolithes euterpe- formis, Ad.B. Carp. Ovulum, Ad.B. Carp. venosus , Ad.B Carpolithes navicula- ris , Ad.B. Carpolithes arecte formis, Schl. Carp. pistaciceformis. Schl. Fruit semblable au noyau de la datte. Paroîtroit apparte- nir à une espèce de dattier. Ressemble au fruit du haclris major. A quelque analogie avec le fruit de Veu- terpe glob. , Csrtn. Peut-être un fruit d'arec' Ressemble aussi un peu à quelques es- pèces à'areca. Peut-être la même chose que le cocos Faujasii. Peut-être la même espèce que le car- polithes thalictroi- .2\, 1 1 %•;• Carp. visiformis , S. Osberg. Lignite de Id., 1. c, p. 421, Id. , Nachtr., tab. — cocoiformis , Sch. . Cologne. 21 , fîg. 1. — rostratus , Schl. Du lignite Id., \. c, fig. 8. d Arzberg, en Bavière. • — vomarius, Schlot. D Osberg. Id. Id., I. c, fig. n. Id., l. c, fig. 12. Stidt, Schloth. •^ Îâ»n1 1 ralni-i z Srl»l — Strolilus. Corvey , sur leWeser; Glucksbrnnn. Phyllites vmltiner- Mont-rouge. Géol. env. Paris vis, Ad.B. p. 369, t. I0,fig.2. PhyllilGs ciîiHQTiioTni- Habicbt- Ib. p. 36 1, tab. 11, fig. 12. folia, Ad.B. wald. PA;'//.fltje/ina,Ad.B. '"■ /i.jtab. ii,fig. 3. Sternb. , fasc. II, (/:> Idem. Lignite de Saint-Paulet (Gard). Thuringe, suivant M. de Schloth. Soissons; Sainte -Marguerite près Dieppe. Soissons. Soissons. Headenhill. z." Coquilles marines du mélange des couches supérieures. Auver prèf? Cerithîum — funatum, Sow — melanoides , Sow AmpuUaria depressa , Lam., var. Ttiinor. Ostrea belloçaca, Lam — incerta , De Fér Bassin d'Epernay Pontoise. Environs de Parisj Sainte-Margue- rite près Dieppe. Ibid. , et Beauvais. Environs de Paris; Headenhill. Bassin d'Epernay, Beauv., Soiss. Bassin d'Epernay, Dieppe. Crustacés et insectes. Débris de silpha et de carabus dans les lignites de Glùcksbrunn , suivant M. de Schlotheim. Les animaux distincts par le milieu qu'ils habitent, dont on vient de donner l'énumération , ne sont ni aussi exacte- ment séparés que ces listes les présentent, ni mêlés sans ordre, comme on pourroit le croire. Le nombre des êtres organisés , terrestres , fluviatiles et la- custres, l'emportant de beaucoup sur celui des animaux ma- rins (quoique généralement ceux-ci, quand ils se trouvent dans leur élément, soient bien plus nombreux en espèces que les autres), et ces êtres non marins indiquant la plupart, par leur nombre, leur nature et leur mode de conserva- tion , qu'ils ont vécu dans la place où on en trouve la dé- pouille , il étoit présumable que le terrain de lignite sois- sonnois n'avoit pas été formé sous la mer, mais sous des eaux douces. 11 falloit donc, sinon expliquer, du moins se rendre un compte exact de la position de ces animaux marins dans les terrains lacustres. 366 LIG C'est flans le bassin de Paris et dans celui d'Epernay que cette association s'est présentée le plus souvent, et qu'elle a é(é le mieux observée par M. Poiret autrefois, et plus ré- cemment par MM. Prévost, Héricart-Ferrand , de Férussac et par nous; c'est donc sur lui que doivent porter nos re- marques, qu'il sera facile d'appliquer ensuite à tous les lieux qui présenteront la même association avec les mêmes cir- constances. Or, on remarquera que c'est dans ces cantons (et c'est même ici une particularité de la structure du sol) que le terrain de lignite, souvent peu épais, ayant été formé cons- tamment par voie de sédiment et même de transport , n'ayant par conséquent ni solidité ni limites supérieures nettes, a été recouvert par des terrains marins également sédimen- teux , grossiers même, dont les roches et les coquilles ont pu se mêler avec les parties spongieuses et pénétrablcs des terrains de lignite, et que c'est dans ce point de contact que le mélange a pu et dû avoir lieu; et c'est en effet ce qui se voit fréquemment , c'est ce que nous avons observé à Sainte-Marguerite près Dieppe, ce que M. Prévost a vu près Bagneux, au sud de Paris, et ce qui s'est vu au contraire très-rarement ailleurs ," parce que rarement aussi un terrain marin aussi riche en débris organiques a recouvert un ter- rain de lignite aussi peu agrégé. Mais, dans quelques parties de ces bassins, il n'y a pas seulement mélange aux points de contact: il y a, suivant M. de Férussac, alternance réelle de lits minces de lignites et de coquilles d'eau douce, et de lits minces de calcaire et de coquilles marines : c'est dans les environs d'Epernay que s'est présentée cette singulière alternance. Sans chercher à expliquer cette disposition qui est peut- être locale, sans chercher même à l'examiner de nouveau, pour en apprécier toutes les circonstances , nous remarque- rons, avec tous les géologues qui ont observé ces terrains , que c'est ordinairement dans la partie inférieure et moyenne des dépôts de lignites que se présentent tous les débris de corps organisés dont l'origine terrestre ou fluviatile n'est pas douteuse ; tandis que c'est aux limites supérieures de cette formation d'eau douce que se montrent le plus ordinairement. LIG 367 le mélange et même l'alternance des animaux marins, et des animaux et végétaux terrestres ou d'eau douce ; et qu'enfin , à mesure qu'on s"éléve dans le mélange, les corps organisés lacustres ou terrestres diminuent en nombre, tandis que les corps marins deviennent tellement dominans qu'ils se mon- trent bientôt seuls : et nous conclurons, avec la plupart des géologues modernes qui se sont occupés de cette question , que les lignites soissonnois sont de formation d'eau douce ou la- custre. Le niveau très-élevé de ce lignite, dans quelques parties de l'Europe, offre une considération assez importante. C'est M. Héricart de Thury ' qui, le premier, a appelé l'atten- tion des naturalistes sur ce sujet, en faisant remarquer qu'on trouvoit du vrai lignite fibreux, comme faisant partie d'an- ciens fonds de marais desséchés, au lieu dit le grand plan de la belle étoile, entre les deux lacs du grand glacier du mont de Lans, sur la rive droite de la Romanche, dans les mon- tagnes de rOysans en Dauphiné, à 2i/|5 mètres au-dessus du niveau delà mer, tandis qu'actuellement la limite des bois, dans ces montagnes, est au plus à 1600 mètres. 2." Le lignite en amas épars et enfragmens , ou considéré comme roche subordonnée, se présente dans les terrains suivans. Le premier terrain dans lequel on croit l'avoir observé, est le terrain houiller ancien ou filicifère , c'est-à-dire qu'on dit avoir rencontré, dans des couches de houilles ou des ter- rains qui font partie de cette formation, des portions de bois dicotylédones ayant l'aspect et les autres propriétés du jayet. Ce fait n'est nullement constaté' : ce qu'il y a de certain, c'est qu'on remarque dans beaucoup de terrains houillers, sur les couches mêmes de la houille, de petits morceaux d'un charbon brillant, friable, même pulvérulent, en tout sem- blable au charbon de bois, mais très- différent du lignite tel que nous l'avons défini. Le fait de la présence du lignite dans la houille est donc encore très-incertain pour nous. 1 Jc.urnal des mines, tom. 33 , n.° ipS , p. 58. 2 M. Gibbs cile du lignite -jayet dans le terrain houiller de South Hadley , en Massachusetts, dans l'Amérique septentrionale. 368 LIG Le terrain le plus profond où il se présente indubitable- ment, est le calcaire marneux, inférieur à l'oolithe , supé- rieur au calcaire alpin, et qu'on peut rapporter au lias des Anglois ou au Muschelkalk' des géologues allemands* Il y est en petits amas disséminés dans les lits de marne argileuse; des coquilles fossiles, propres à ce terrain et bien différentes de celles du lignite soissonnois, y adhèrent souvent: ce sont principalement de grandes huîtres, des ammonites, qui y sont liées par les pyrites communs à ces deux corps, etc. Ce dépôt de lignite s'étend presque sans interruption, depuis le calcaire alpin proprement dit et le grès bigarré qui le re- couvre, jusqu'au-dessous du calcaire jurassique oolithique, comme on l'observe sur les côtes de France, de Honfleur à Dives et au-delà, et sur les côtes d'Angleterre. Le calcaire jurassique, compacte, oolithique, etc., paroit n'en renfermer aucune trace; mais au-dessus, entre ce cal* caire et la craie inférieure , composée principalement de glau- come crayeuse [green sand des géologues anglois), reparoît le lignite , en indices dans certains lieux , en amas assez puissans dans quelques autres. C'est à cette formation que nous rapportons le dépôt de lignite de l'ile d'Aix en face de Rochcfort, reconnu par M. Fleuriau de Bellevue , qui, sans en avoir encore publié la description, l'a fait connoitre àl tous les géologues, et à nous particulièrement, par des ren- seignemens et des échantillons nombreux. Nous désignerons ce lignite par le nom géographique de lignite de l'ile d^Aix~ , 1 Le lias des géologues anglois est une forn^ation calcaréo-argi-' leuse, clairement définie , sur la position et les rapports de laquelle il ne peut plus rester de doute : c'est un nom insignifiant, court, assei facile à prononcer dans toutes les langues. Le Muschelkalk des géologues allemands a encore pour nous une position incertaine, quoique je né doute guère qu'il ne puisse se rapporter au lias: c'est un nom com- plexe, ajant, si on veut le traduire, une signification vague, trop gé' nérale et tout-à-fait impropre, et si on veut le laisser tel qu'il est, ea oubliant ce qu'il veut dire, il devient pour beaucoup de monde très- diilicile à employer. Nous pensons donc qu'on pourroit prendre le nom de lias pour désigner la formation argilo - marneuse que les géologues anglois ont définie suivant touies les règles de la géognosie. 2 C'est le lieu où il se trouve le plus distinctement j on le voit aussJ à la pointe de Fouras , sur la terre ferme LIG 369 et nous en établirons les caractères géognostiques de manière a les rendre comparables avec ceux du lignite soissonnois. Il est inférieur à la craie ancienne ou glaucome crayeuse, et probablement supérieur au calcaire jurassique oolithique. Cette position n'est pas encore clairement démontrée, parce qu'on u"a pas pu voir directement quel est le terrain qui le porte. Il ne paroît pas former de lits ou couches homogènes ])uissantes et continues; mais le dépôt est composé de troncs, de tiges et de rameaux accumulés les uns sur les autres. Les roches qui l'accompagnent sont le sable vert, qui n'est pas la glaucunie craj'euse ; la marne argileuse ; des silex cornés, remplaçant divers corps organisés, etc. Les minéraux qui se trouvent avec lui, sont : Le quarz hyalin en druse ou traversant dans toutes sortes de directions les morceaux de lignite. Le silex agate calcédonieux , infiltré dans les cavités de li- gnite, et surtout dans celles qui ont été pratiquées parles larves et les vers marins. Le fer sulfuré en grande quantité, en nodules, en petits amas, en petits cristaux, disséminés, ec disposant ce lignite à une décomposition prompte et complète. Les résines succiniques en nodules , quelquefois de la grosseur delà tête, souvent pluspetits, bruns, jaune-brun, jaune-orangé, tendres et très-friables, s'y présentent en abondance, dissémi- nées dans l'amas de lignite, principalement dans le lignite tour- beux , et dans les couches sableuses et marneuses qui l'accom- pagnent et le recouvrent. Ces résines ont été examinées par M. Berthier, qui n'y a trouvé que des traces à peine sensibles d'a- cide succinique .- par conséquent il n'y auroit pas de succin pro- prement dit, comme dans les lignitessoissonnois et borussiques. I,es débris végétaux qui s'y trouvent, sont d'abord le li- gnite lui-même, appartenant au lignite fibreux et ne mon- trant que des tiges de dicotylédones. Je ne sache pas qu'on, ait vu, ni dans ces dépôts, ni dans les dépôts inférieurs dont il vient d'être question, de tiges de monocotylédones qu'on puisse rapporter à la famille des palmiers. On y trouve aussi le lignite jayet en morceaux assez volumineux, et de nom- breux et gros troncs d'arbres changés en silex. 26. 24 Syo LIG On y rencontre en outre un grand nombre de débris de végétaux noirs, cassans, en feuilles alongées , etc., qu'il n'est pas possible de méconnoître pour des fucus' , caractère re- marquable de cette formation. Les débris d'animaux qu'on y observe, appartiennent tous, jusqu'à présent, aux mollusques et aux zoopliytes ; mais il est présumable, d'après quelques indices d'ossemens et d'après la position, qu'on en trouvera de la classe des reptiles et de celle des poissons. Les coquilles sont toutes marines et offrent aussi une asso- ciation assez caractéristique. Nous ne pouvons en indiquer que quelques-unes' ; elles sont plutôt dans le terrain supé- rieur au lignite, que dans le lit de lignite lui-même. Bélemnites très-rares et même incertaines : ^autilus triangularis, Bellev. Sphœrulites hellœvisus , A.B. — individus gigantesques et d'une forme qui indique une espèce toute particulière. Les ichthiosarcolites, décrits par M. Desmarest, et qui ne sont que les moules intérieures d'une coquille très-singulière. Caprina opposita ( d'OREiGxv) , également gigantesque. Grjphœa aquila, A.B. Grjphœa columha , Lam. Pecten quinquecostatus , très-grand. Turhinolia , également gigantesque, Spatangus cor-anguinum , Lam. Presque tous ces soutiens d'animaux marins, et notam- ment les sphaerulites , les caprines et les turbinolies, sont changés en silex calcédoine ou en silex corné, et couverts de ces orbicules siliceuses si remarquables par la généralité de leur forme et de leur position , et cependant si peu re- marquées. Tels sont les caractères du lignite de l'île d'Aix , inférieur 1 M. Ado!|ilie BroiiL'iiiart a rémii la descriplion de ces fucus dans une M;>nographie des fucus fossiles qu'il est sui le point de publier. 2 Nous devons à M. Fleuriau de Bellevue, qui a découvert et étudié ce f^îtc curieux, sa description détaillée et celle des fossiles qu'il ren-' ferme. Nous tenons de lui^ comme nous l'avons déjà dit, tout «e que nous en rapportons ici. LIG 371 a la formation entière de la craie, et se distinguant essentiel- lement du lignite soissonnois, non-seulement par sa position et sa manièi'e de se présenter, mais parce que le lignite sois- sonnois est de formation d'eau douce , tandis que celui de l'île d'Aix est entièrement de formation marine. Dans le pre- mier, les corps terrestres, coquilles , arbres, feuilles, fruits , etc., ont été entraînés et amenés dans un lac ou marais d'eau douce, se sont mêlés avec les végétaux et les animaux qui vivoient dans ce milieu. Dans le second, les troncs et par- ties d'arbres et d'autres végétaux terrestres ont été chariés dans la mer, se sont mêlés avec ses liabltans, et ont été en- veloppés avec eux dans le même ciment argileux et siliceux qui les a réunis en altérant si notablement leur nature. On ne connoît pas de véritables dépôts de lignite, ni con- tinus ni en masses isolées, au milieu même des l'ormations crayeuses. La rencontre des lignites dans les filons ne peut établir d'époque précise de formation pour ceux qu'on y découvre. Cependant on doit observer les circonstances dans lesquelles ils se trouvent, parce qu'elles peuvent servir à nous ap- prendre s'ils ont été enfouis à l'époque où le lilon se rem- plissoit des substances minérales cristallines qu'on y observe. Tel est, à ce qu'il paroit, le cas du tronc d'arbre bituminisé qu'on a trouvé dans un amas transversal qui coupe le filon métallifère à Joachims'hal en Bohème. Enfin, une circonstance fort remarquable dans l'histoire géognostique du lignite, c'est la présence de ce charbon fos- sile dans la masse même du sel gemme de Wieliczka, dans celui qu'on nomme Spiza : il y est tantôt à l'état de lignite jayet, tantôt à celui de lignite fibreux, bitumineux; dans ce der- nier état, il répand une odeur très-forte, même nauséabonde, analogue à celle de la truile, et encore plus à celle que ré- pandent certains mollusques marins et notamment les aply- sies en se putréfiant. Les dépôts sableux qui recouvrent le terrain salifère , renferment aussi des lignites qui sont ac- compagnés de mellites. Ces circonstances, rapportées par M. Beudant, lui ont fourni un des argumens dont il s'est servi pour rapporter le terrain salifère du pied des Cai'pathes k 372 LIG la formation de sédiment supérieur, vulgairement nommée tertiaire. On trouve encore des dépôts de lignites en amas assez puissans, sous le rapport de la niasse et de l'étendue, au-des- sus de la formation principale de lignite que nous avons dé- signée sous le nom de lignite soissonnois, et dans des terrains meubles qui paroissent appartenir aux terrains de transport antédiluviens ou diluviens, par conséquent dans des terrains formés ou plutôt déposés bien après les sables marins supé- rieurs au gypse , et après même les terrains d'eau douce , solides, calcaires et siliceux , et par conséquent formés chimi- quement au-dessus de ces sables. Ces amas sont composés de lignites fibreux bruns, de bois à peine altérés, accumulés les uns sur les autres, au milieu d'un terrain meuble, sablonneux et limoneux. Ils sont accom- pagnés de coquilles d'eau douce, de débris d'insectes aqua- tiques et d'animaux terrestres, assez semblables, quelques-uns même parfaitement semblables à ceux qui vivent encore à la surface du sol; cependant ces dépôts paroissent être en- core en tout, ou au moins en grande partie, antérieurs aux temps historiques. On n'a souvent eu aucune connoissance des espèces de vallées ou de bassins dans lesquels sont rassemblés ces amas , ni des cours d'eau qui peuvent les y avoir amenés; mais, bien plus, ils sont accompagnés de dé- bris de grands mammifères, qui non -seulement n'existent plus dans les pays où on en recueille les dépouilles, mais qui, d'après les notions historiques les plus anciennes, n'y ont jamais été connues; et, ce qui établit encore bien plus puis- samment leur existence antédiluvienne, c'est qu'ils diffèrent presque tous des grands animaux du même genre qui sont connus ou ont été connus vivans à la surface du globe dans les climats chauds. Cette circonstance donne à ces li- gnites, modernes en comparaison des autres, un degré d'an- cienneté qui les fait appartenir à fhistoire géognostique du globe. Nous les appellerons lignites superficiels, parce qu'ils ne sont recouverts d'aucune couche solide, et nous en ci- terons des exemples dans lénumération géographique que nous allons donner des gîtes de lignites remarquables par quelques particularités. LIG 373 iNous aurons donc à indiquer, dans ce tableau, deslignites de quatre époques différentes, que nous désignerons par les dénominations suivantes : Lignite du lias ; Lignite de l'île d"Aix, Lignites soissonnois ; Ligniles superficiels. Mais, avant de présenter cette énumération, nous devons faire remarquer la singulière analogie qu'il y a entre les roches et les minéraux qui composent le terrain de lignite , et les roches et les minéraux qui entrent dans la composition des terrains houillers, malgré les différences d'âge et de po- sition de ces deux terrains. Ainsi, en prenant f objet qui nous occupe pour premier point de comparaison, nous verrons le grès quarzeux , les psammites mollasse et micacé, et les poudingues siliceux du lignite, représentés dans les terrains houillers parles psam- mites micacé et granitoïde et par les poudingues quarzeux. L'argile plastique et l'argile sablonneuse et micacée du lignite trouveront leurs analogues dans les argiles schisteuses et les phyllades pailletés des terrains houillers. Les minerais de fer ochreux et argileux, dans le minerai de fer carbonate lithoïde. Les sulfures de fer sont communs aux deux terrains. Le sulfure de zinc , très- rare dans la houille, est aussi très- rare dans la formation de lignite, mais s'y trouve quelquefois. Les débris de végétaux sont très-communs dans les deux formations; mais les familles de plantes auxquelles ils appar- tiennent sont, comme on l'a vu, extrêmement différentes. Les débris d'animaux, assez communs dans les lignites, sont très-rares dans la houille ; mais on ne voit dans la masse de l'un ni de l'autre aucun habitant des eaux marines. Les circonstances essentielles de formation paroissent donc avoir eu beaucoup de ressemblance, et les mêmes phéno- mènes s'être représentés dans le même ordre, mais avec des différences qui tenoient plutôt à celles que présentoit, dans ces deux époques, la surface de la terre, qu'à celles qui pou- voient provenir des causes de formation de ces deux terrains. 374 LIG 5. 3. Géographie et paî^ùcidarilés géognosliques des lignites. En France. Un dépôt de lignite, l'un des plus remarquables par son étendue et la constance des particularités qu'il pré- sente , est cehii qui recouvre immédiatement la craie dans beaucoup de parties desdépartcmensde la Seine, aux environs d'Auteuil, Marly, Bagneux ; de Seine et Oise, près Mantes ; de la Seine-Inférieure, à Dieppe; de la Somme, à Roliot près Montdidier : de l'Oise , dans les environs de Compiègne ; de la Marne, près d'Kpcrnay ; de l'Aisne, près de Château- Thierry ; de Laon , et surtout aux portes de Soissons et dans tous les environs de cette ville , circonstance qui nous a fait donner à ce lignite le nom géologique et géographique de ligniie soissonnois. 11 appartient aux variétés ternes et friables ; il est pénétré de pyrite, et il est exploité sur beaucoup de poiiits de ces départemens (il ne l'est pas néanmoins dans celui de la Seine), non pas comme combustible, mais comme propre à fournir, par la décomposition des pyrites, des sul- fates de fer et d'alumine , et par la combustion, des cendres qui sont regardées comme un puissant amendement. Les lieux 011 on l'exploite plus particulièrement, sont situés dans los communes de Mézy et Passy . près Cliàteau-Thierry , aux en- virons de Beaurieux au S. S. O. de Laon , où l'on a trouvé , il y a long-temps , des ossemens fossiles; au N. O. de Soissons, à Blérancourt et dans la commune de Suzy. Dans le Midi de la France ils ont un autre caractère : ils sont plus puissans, souvent moins abondans en pyrites, lis appartiennent aux variétés piciforuie commun et terne mas- sif; ils sont plutôt employés comme combustible que comme minerai d'alun ou de couperose, et ont souvent une posi- tion qui paroît tellement différente de celle des lignites du Nord, qu'on a regardé la plupart d'entre eux comme de véritables niines de houille. J"ai partagé long-temps cet(e opi- nion, et ce u\si que depuis le voyage que j'ai fait sur les lieux, en i'!2o, que j'en ai pris une toute autre idée et que je les ai reconnus pour de véritables lignites. Parmi ces dépôts puissans de lignites, plusieurs cependant ont été considérés pour tels depuis très -longtemps : ce sont LIG 375 ceux qui se trouvent dans des sables de la foret de Saon près deCrest, dans le département de la Dronie; celui deNyons, en bancs puissans , également dans un terrain de sable ; celui de Piolenc, au S. O. d'Orange, en bancs horizontaux de près d"un njétre d'épaisseur, aussi dans un terrain de sable; aux environs de Sisteron et de Forcalquier, toojours dans des lits de sables, et accompagné ici de véritable succin, qu'on y a autrefois exploité. Tous ces terrains de lignite, bien caractérisés, sur lesquels on n"a jamais élevé aucun doute, sont appuyés sur un cal- caire compacte fin, qui n'est pas la craie, mais qui appar- tient à une formation un peu plus ancienne qu'elle, et qui m'a paru semblable en tout au calcaire compacte etoolithique du Jura .- vérité qui est maintenant généralement reconnue. Je ne me rappelle pas avoir vu aucune coquille dans ces lignites, ni oui dire qu'on en ait trouvé. Mais, de l'autre côté du Rhône, dans le département du Gard, à Saint- Faulet près du pont Saint-Esprit, on exploite un gite de lignite très-abondant et remarquable par la résine succinique qu'il renferme, et par les coquilles qui l'accom- pagnent et qui ont tous les caractères des coquilles lacus- tres : ce sont celles que j'ai désignées sous les noms d'anipul- laria Faujasii, de mélanie et de cyrène.' Il est accompagné d'argile plastique et recouvert de calcaire grossier à cérithes. Le lignite de Cezenon près Beziers, dans le département de l'Hérault, qui a été décrit par M. Marcel de Serre, est situé sous un calcaire grossier à cérithes, accompagné d'argile et de coquilles d'eau douce, et notamment de l'espèce de pla- norbe que ce naturaliste a nommée PL. regularis. Le lignite qu'on a trouvé près de Bordeaux, dans le dé- j>artement des Landes, est dans un sable qxie je crois pou- voir rapporter à celui qui recouvre la craie. Enfin, je rappellerai les dépôts de lignites sous le basalte et sous les autres produits des volcans éteints de l'ancien monde, que j"ai déjà indiqués à Thisfoire générale du gise- 1 \ovcz-iMi L's figures accompagnant le Méiiioive que M. F"aujas a donné sur ce lignite. (Annales du Mus., loni. 3A..ir,<;K. ON LES CONNOIT FOSSILES. Biilanus jju.stuliuis Dfs terr.iins de sédiment supérieurs d'Italie Cri^non. Environs de Bordeaux et de Da,ï. — • tLii'ilalu'i Ltttraria solenoides I/Italic. Maclia deltoïdes Bord- aux et Grigiiou. Crassatella tum'uht Grifjnon. — siniiatii Environs de Bordeaux. — stiiiitiilit Saint - Brieux. — compressa Grii;non et Courtagnon. Ench,a Coj-hula trigonata cardioides. S"''!'-" — t usfosa — striât a , Petricola chainoides y enericardia lœvicosta.. . . — elegaiis .... Cerithium tuherculatani. . — mutuhile . . — petriciilnm. Grignon. Grifjnon et Grignon. Terrains de rvlêiiies teri sotiia. Césalpin nomme le lilas Ligustrum orientale. Le cornouillier sanguin est un ligustrum pour Brunfels. C. Bauhin , d'après quelques auteurs, cite le ligustrum nigrum de Columelle comme nom spécifique du nil des Arabes, ci;nvol\>uluî nil: il auroit peut- être plus d'affinité avec l'indigo, qui est Je nil rie Camera- rius, ou avec le pastel isatis, indiqué counne le nil d'Avi- cenne. On trouve encore le nom ligustrum donné à l'olivier du Cap , à Vophioxvlon et à un volkameria. (j.) LIL 407 LIGUUS. {Conchyl.) C'est le nom latin du genre de coquilles que M. Denys de Montfort a cru devoir établir, avec une espèce d'agalhinc, sous la dénomination françoise de Ruban. Voyez ce mot. (De B.) LIIA. (Bot.) Nom du gattilier, vitex agnus castus , dans l'ile de Crête, suivant Belon. C'est le Ijgos des Grecs et de Dioscoride. (J. ) LIKKA. {Bot.) Adanson cite ce nom américain du savo- nier , sapindus. ( J. ) LIKKA. (Ornith.) Nom que porte, en Laponie , Teider, anas moUissima , Linn. (Ch. D.) LILACÉES. [Bot.) Ventenat, voulant diviser en deux la famille des jasminécs, d'après le fruit charnu ou capsulaire, a donné le nom de lilacécs à la division des capsulaires dans laquelle est compris le lilas. Cette séparation n'a pas été adoptée : on préfèreroit celle de M. R. Brown, en oléinées, qui ont l'embryon à radicule montante , enfermé dans un périsperme charnu, et en jasminées, qui ont la radicule descendante et sont dépourvues de périsperme , auxquelles il ne rapporte que le n/yctanthes , le rnogorium et le jasmiiium , laissant tous les autres genres parmi les oléinées. Mais , comme quelques oléinées manquent de périsperme , et que Gaertner croit en avoir trovivé un dans un jasmin , on peut sans in- convénient laisser dans la même famille les deux divisions, en se contentant d'en former deux sections; ce qui revient au même dans l'ordre naturel. (J.) ULJEA. [Bot.) Voyez Lilée. (Lem.) LILALITHE. (Min.) Nom donné à une variété de lépido- lithe, à cause de sa couleur. Voyez Lépidolithe. (B.) LILAS; Syringa, Linn. (Bof.) Genre de plantes dicotylédones, de la famille des jasminc'ei, Juss. , et de la diandrie monogynie, Linn., dont les principaux caractères sont lessuivans: Calice monophylle, très-petit, persistant, à quatre dents peu sensi- bles; corolle mOnopétale , infundibuliforme, à tube plus long que le calice, et a limbe partagé en quatre découpures ova- les; deux étamines à lilamens très- courts, insérés à l'orilice du tube de la corolle, et portant des anthères ovales; ovaire supère, oblong, surmonté d'un style de la longueur des éta- minc-s, terminé par un stigmate un peu épais et bifide ; une 4o8 LIL capsule alongëe , pointue, comprimée, à deux valves oppo- sées à la cloison , et à deux loges contenant chacune une ou deux graines oblojigues , comprimées , bordées d'une aile membraneuse. Les lilas sont des arbrisseaux à feuilles opposées, et à fleurs disposées en grappes paniculées , d'un aspect fort agréable. On 'en coniioit quatre espèces. Lilas commun : Sjrmga vulgaris, Linn., Spec, ii; Lilac , Matth. , Valgr., laSy; hilac vulgaris , Lamk., Dict. enc.,3, p. 5 12.; Duham., nouv. éd. , 2 , p. 206, t. 61. C'est un grand arbrisseau qui , lorsqu'on le force à pousser sur une seule tige , atteint à la hauteur de quinze à vingt pieds, sur un tronc qui, avec les années, peut acquérir quinze à dix-huit pou- ces de tour ; mais si on le laisse croître en liberté, il pousse du pied une multitude de drageons qui le transforment en un épais buisson , haut de huit a dix pieds tout au plus : dans le premier cas il se ramitie toujours dans sa partie supé- rieure, et forme une tête étalée , garnie d'un beau feuillage. Ses rameaux sont opposés, cylindriques, revêtus d'une écorce grisâtre, et garnis de feuilles pareillement opposées, pétiolées, presque cordiforines, pointues, d'un vert gai et très-glabres. Ses fleurs sont fort nombreuses, agréablement odorantes, pédicellées, disposées, au sommet des rameaux de l'année précédente . en grappes paniculées et pyramidales : ces fleurs sont bleuâtres dans une variété, purpurines dans une seconde connue sous le nom de lilas de Marly, et enfin blanches dans une troisième. Il leur succède des capsules ovales, pointues, un peu comprimées, dépourvues de lignes saillantes sur leur dos et sur leurs côtés. Outre les variétés formées par la couleur des fleurs, on eu connoit plusieurs autres, mais qui sont en général peu répandues : il y en a une à feuilles ternées ; une autre à feuilles panachées de blanc ou de jaune; il y en a une à feuilles couvertes de pustules , et, enfin, dans une dernière variété les fleurs sont doubles. Le lilas commun est originaire du Levant el de la Perse; mais il est aujourd'hui naturalisé dans une grande partie de l'Europe, en France, en Allemagne, en Suisse, etc., où il croît et se propage de lui-même dans les haies elles buissons. Il fleurit en Avril ou Mai. C'est à Augier Ghislen de Busbecq , LIL 4oy ambassadeur de Ferdinand I.", empereur d'Allemagne, au- près de Soliman H, que l'Europe doit ce charmant arbrisseau, dont rintroduction dans les jardins remonte à 1662, époque à laquelle l'ambassadeur de Ferdinand I." quitta Constanti- nople. Ceux qui ne datent l'introduction du lilas que de 1697, se trompent ; car Clusius , dans son Histoire des plantes, im- primée en 1601, en parle comme étant déjà répandu dans la plupart des jardins de l'Allemagne. D'un autre côté, c'est trop l'avancer que de la placer en i566 ou lôôy, Busbecq n'étant parti pour son ambassade qu'en i555 et ayant, selon le témoignagédeMatthiole, rapporté la plante après un séjour de sept ans auprès de l'empereur des Turcs. Au reste, le même Matthiole, dans ses Commentaires sur Dioscoride, en fit le premier mention et en donna la première figure en 1 565. Peu de plantes peuvent le disputer au lilas; à la beauté du feuillage il réunit des fleurs d'une jolie forme, disposées de la manière la plus élégante et douées de l'odeur la plus suave : aussi, quoique commun dans les jardins, il n'y paroit jamais trop multiplié; on ne peut se lasser de le voir, on ne peut assez respirer son doux parfum. D'autres fleurs le de- vancent et nous annoncent le réveil de Flore; mais, lorsqu'il étale enfin à nos yeux Féclat de ses grappes empourprées, déjà les beaux jours du printemps sont arrivés : partout, dans les champs, dans les bois, dans les jardins, la douce haleine des zéphirs fait éclore les corolles de mille espèces diverses, qu'il surpasse toutes ; la rose qui pourroit lui disputer l'em- pire, même le lui ravir, la rose ne doit que plus tard em- bellir les bosquets. On peut multiplier le lilas par ses graines, par marcottes, par la greffe et par drageons; mais la quantité de ces der- niers qui pullulent chaque année sur les racines des vieux pieds, dispense pour l'ordinaire d'avoir recours aux trois pre- miers moyens. 11 est à croire que, si on semoit plus souvent ses graines, on pourroit en obtenir d'autres variétés que celles que nous possédons déjà. Les pieds venus de semis poussent moins de rejets que ceux qui j)roviennent de dra- geons. Le lilas n'est pas délicat sur la nature du terrain : il vient presque également bien partout, dans les terres les plus mau- 410 LIL valses et les plus arides ; nous en avons même vu plusieurs pieds pousser et vivre plus de trente ans dans les fentes des vieux murs d'anciennes fortifications. On peut en faire des palissades, des haies. Ces palissades souffrent bien la taille aux ciseaux ; mais elles fleurissent rarement, car cet arbris- seau ne veut être que très-peu taillé: il ne faut que retran- cher lessomniilës des rameaux qui ont fleuri , sans jamais cou- per ses jeunes pousses, du haut desquelles doivent sortir les fleurs l'année suivante. Les haies de lilas sont de peu de dé- f&nse contre les hommes ; mais elles sont très-bonnes pour arrêter toutes espèces d'animaux, parce qu'elles sont toujours très-touffues. Le lilas commençant à pousser de bonne heure au printemps, il faut, quand on le transplante, que ce soit en automne ou au commencement de l'hiver. Les feuilles du lilas sont très-amères et elles ne sont brou- tées par aucun quadrupède herbivore ; il paroît aussi qu'au- cune larve d'insecte n'en fait sa nourriture : elles ne sont sujettes à être attaquées que par les cantharides , qui parfois les dévorent comme celles des frênes ; mais cela est assez rare. Le bois de lilas est grisâtre, très-dur, susceptible de pren- dre un beau poli, et il répand une odeur agréable quand on le travaille. Il seroit propre à faire de jolis ouvrages de tour; mais il a le défaut de se fendre et de «se tourmenter beau- coup. Les Turcs font des tuyaux de pipe avec les jeunes ra- meaux vidés de leur moelle. La poudre et la décoction des graines de lilas passent pour astringentes; mais on n'en fait pas d'usage. Lilas ^I0YF.^î, vulgairement Lilas varin : Syringa média; Sy- ringachinensis, Willd., Spec. i, p.48 ; Lilac rothoniagensis, Poit. et Turp. , FI. Paris., p. 10, t. 6, inéd. Cette espèce est inter- médiaire entre le lilas commun et le lilas de Perse : elle se distingue de l'un et de l'autre par ses feuilles ovales-alon- gées, et par ses panicules moins serrées que dans le premier et moins lâches que dans le second ; mais si, comme tout sem- ble l'attester, elle est née des graines du lilas de Perse, elle doit plutôt être regardée comme une variété de ce dernier que comme une espèce distincte. Willdenow et plusieurs botanistes anglois la regardent comme originaire delà Chine, d'où, selon les derniers, elle auroit été introduite en Angle- LIL ^.^1 terre en 1796 ; mais il paroît hors de doute /d'après le tc- inoignage de Varin, habile cultivateur, qui fut long-temps chargé du jardin botanique de Rouen , que c'est d'un semis de graines de la variété de lilas de Perse à feuilles découpées, et fait par lui à Rouen, en 1777, qu'est provenu un individu auquel on a donné le nom de lilas Varin. Cette nouvelle espèce fut long-temps rare, parce qu'on ne la multiplioit que par la greffe, et c'est probablement alors que, les Anglois l'ayant reçue, on la fit passer chez eux pour une plante de la Chine, afin de lui donner plus de prix. Mais depuis ce temps le lilas Varin est devenu plus commun , et on le multi- plie facilement, soit de drageons, qu'il pousse abondamment comme les autres lilas, soit de marcottes, qui reprennent facilement. Lilas de Perse : Sjringa persica, Linn. , Spec, 1 1 ; Lilac per- sica, Duham. , nouv. éd., 2, p. 207, t. 62. Cet arbrisseau s'é- lève moitié moins que le lilas commun ; il n'a ordinairement que cinq à six pieds de haut : ses rameaux sont ellilés, revê- tus d'une écorce brunâtre, divergens de toutes parts; ses feuilles sont alongées en fer de lance, moitié moins grandes; ics fleurs sont plus petites, à peine odorantes, disposées en grappes plus courtes, mais plus nombreuses, souvcnl oppo- sées dans la partie supérieure des rameaux; enfin les capsules sont plus étroites, moins comprimées , moins pointues, char- gées de lignes saillantes sur leur dos et sur les côtés. Cette- espèce passe pour être originaire de Perse, d'où elle a été apportée en Europe environ cent ans plus tard que le liias commun : cultivée depuis ce temps dans les jardins, elle n'y est pas encore aussi bien naturalisée; car, lorsqu'il arrive des hivers rigoureux, ses rameaux gèlent quelquefois dans le climat de Paris. Elle ne lleurit qu'en Mai ou au commen- cement de Juin, selon la chaleur de la saison. Les lieu rs du lilas de Perse sont ordinairement de lan:ême couleur purpurine que l'espèce commune ; il y en a une variété à fieurs très-pàles, presque blanches, mais non en- tièrement de cette teinte ; il y en a aussi une dans laquelle Tes divisions des corolles, au lieu d'être étalées , sont un peu roulées en dedans ; mais la plus jolie variété est celle dont les feuilles sont découpées et pinnatifides, à peu prés comme celles du jasmin commun. 412 LIL Le lilas de Perse se cultive et se multiplie comme le lilas ordinaire; il est st-ulement moins robuste et ne s'accommode pas aussi bien de tou[es sortes de terrains . il craint ceux qui sont trop humides. Sa petite taille le rend plus propre a l'or- nement des parterres, et, comme il supporle bien la taille, il est facile de lui faire prendre une forme ré_:^uiière et de lui faire une tête bien arrondie : il produit de cette manière un très-bel effet. Les pieds nombreux de cette espèce qui décorent le jardin du palais du Luxembourg à Paris, peuvent être cités comme des modèles, et tous les ans au printemps ils font pendant quinze jours à trois semaines un effet vrai- ment enchanteur. La quatrième espèce de lilas, Sjn-inga villosa, Vahl, Enum. 1 , p. 58, n'est encore connue que dans les herbiers; elle croît à la Chine. Le Syringa suspema de Thunberg et de Willdenow est aujourd'hui le genre Forsjthia. Vo) ez vol. XVII, p. 255. (L. D.) LILAS DE NUIT. [Bot.) Jacquin dit qu'à Saint-Domingue on donne ce nom à son chiococca nocturna , dont les Heurs exhalent une odeur agréable pendant la nuit. Le lilas des Indes est l'azedarach , azedarach rnelia. (J.) LILAS DE Ti liRE. {Bot.) Les jardiniers donnent ce nom à une variété du muscari chevelu. ( L. D.) LILÉE, Lilœa. (Bol.) Genre de plantes monocotylédones, à fleurs glumacées , monoïques, de la famille des joncées , de la monoécie monaridrie de Linnaeus; offrant pour carac- tère essentiel : Des fleurs monoïques, imbriquées; les mâles séparées des femelles sur des épis particuliers. Chaque fleur munie d'une écaille à sa base; point de calice, point de corolle; une étamine; dans les fleurs femelles, point d'écail- lés ; les unes solitaires, sessiles près de la racine, d'autres réunies sur un épi pédoncule ; un ovaire supérieur ; un style court dans les fleurs en épi , très-long dans les solitaires et sessiles; un stigmate en tête ; une semence entourée d'une enveloppe coriace. LiLÉE suBULÉE : LilcPa suhiilata, Humb. et Bonpl. , PL œquin. , i, pag. 222, tab. 63; Kunth in Humb., JSov. gen. , 1, pag. 244; Poir. , m. gcn. , SuppL, tab. 990. Plante her- bacée , annuelle , sans tige ; ses racines sont simples et LIL 4i5 fibreuses ; ses feuilles, toutes radicales, longues de quatre à huit pouces, droites cylindriques, d'un beau vert, suhu- lées au sommet, vaginales à leur base; les fleurs sont mo- noïques, réunies en épis à l'extrémité de pédoncules radi- caux, un peu plus courts que les feuilles; les épis mâles alongés, compt)sés d'un grand nombre de fleurs imbriquées, munies chacune, à leur base, d'une écaille lancéolée; une étamine plus courte que l'ccaille; une anthère droite, à deux loges, «'ouvrant latéralement; les fleurs femelles dé- pourvues d'écaillés , composées d'un ovaire ovale , com- primé, d'un style court, d'un stigmate en tête; la semence linéaire, aiguë, revêtue d'une membrane mince, renfermée dans un péricarpe coriace, strié, indéhiscent; les fleurs, ses- siles, axillaires, solitaires, ont leur ovaire surmonté d'un style très-long, filiforme; le péricarpe denté au sommet. Cette plante croit sur le bord des fossés et des étangs, à Santa-Fé de Bogota. (Poir.) LILIACEES. {Bot.) Ce nom collectif étoit donné à des plantes dont les fleurs avoient quelque rapport avec celles du lis, et on entendoit par fleur, dans ces plantes, l'enve- loppe unique et colorée , nommée corolle par beaucoup de botanistes anciens, calice par nous, et périgone par M. De Candolie. C'est d'après cette définition trop vague que Tour- nelbrt réunissoit dans sa classe des liliacées beaucoup de plantes rapportées dans les diverses familles de la classe des monopérigynes ou monocotylédones à étamines insérées au ca- lice, fiisant partie de l'une des trois grandes divisions prin- cipales dans la méthode fondée sur les affinités. Cependant, malgré cette définition incomplète, sa classe seroit assez na- turelle, au moyen d'un petit nombre de refranchemens, et du rapprochement de quelques genres reportés ailleurs, parce que ce rapport, indiqué par lui, se lie naturellement à plu- sieurs autres énoncés dans le caractère général des monopé- rigynes. Ces dernières peuvent être subdivisées en plusieurs fa- milles , d'après la considération de l'ovaire libre ou adhé- rent, du nombre des étamines, de la structure du fruit, de la situation des graines, de l'insertion des feuilles, et surtout du développement de l'embryon dans la germination. Ainsi, àu, LIL en rappelant que les plantes rlc cette classe sont monocoly- lédones et par suite dénuées de corolle , et que leurs éta- mines sont insérées au calice, nous ajouterons que l'une des familles, jouissant de ces principaux caractères, renferme les genres qui se groupent autour du lis, et qui, pour cette raison, constituent la famille spéciale des liliatées. On la distinguera des autres familles monopérigynes par la réunion des caractères suivans : Un calice infère, coloré, d'une seule pièce, mais à six divisions profondes, ordinai- rement égales et régulières; six étamines insérées au bas de ces divisions; un ovaire libre et simple; un style simple, manquant quelquefois; un stigmate à trois lobes; une cap- sule h trois loges, s'ouvrant en trois valves qui portent une cloison dans leur milieu ; chaque loge contenant plusieurs graines aplaties et disposées sur deux rangs, insérées sur le bord des cloisons au centre de la capsule ; un embryon situé dans la cavité d'un périsperme corné près de l'ombilic de la graine ; le cotylédon de l'embryon restant , pendant la ger- mination, enfermé dans la coque de la graine, qui est sub- sistante, scssilc, et rejetée sur le côté. Tige ordinairement herbacée. Feuilles radicales sessilcs, ou formant une gaine à leur base: feuilles de la tige sessiles, ordinairement alternes, quelquefois presque verticillées. Fleurs tantôt nues, tantôt acrompagnées d'une spathe ou d'une feuille florale qui en tient lieu. Il faut observer que, dans ces plantes, le style et le stigmate étant souvent beaucoup plus élevés que les étamines. la nature donne à leurs fleurs une direction penchée ou pen- dante, pour faciliter la projection des poussières fécondantes des étamines sur le stigmate; après la fécondation le fruit se relève et prend une direction droite. On réunit dans cette famille les genres TuUpa, Erythro- nium , Methonica (Gloriosa de Linnaius); Uvularia, Fritillaria. Iwp^rialis , Lilium , Yucca. (J.) LÏLIAGO. {Bot.) Cordus donnoit ce nom à une plante désignée par beaucoup d'auteurs, et postérieurement par Tournefort, sous celui de phalangium. Linuc-pus la nommoit antlicricum liliago ; mais la nécessité de diviser Vanthericum eu deux genres de familles probablement différentes, a déter- miné le rétablissement du phalangium de Tournefort (voyez LIM 41 5 Phalangère). Cësalpin nommoit aussi liliago les deux espèces primitives alterner oc allis ou lis-asphodèle. (J.) LILIASTRUiM. {Bot.) Ce genre de Tournefort, réuni par Linnaeus à son anthericum , fait maintenant partie du plia! an- gium de l'auteur François, que nous avons détaché de l'an- theiicitm à cause de ses feuilles planes et non fistuleuses, de ses lilets d'étamines non velus, et surtout de la germination de ses graines semblable à celle des asphodélées, pendant que celle de Y anthericum et de Valoes se développe à peu près comme dans les asparaginées, dont ces genres doivent se rap- procher. Le liliastrum ne diffère du phalangium, que par ses racines rassemblées en faisceau ou botte, comme dans l'as- phodèle. ( J, ) LILIE-HUAL (Mamm.) , nom norwégien de la baleine nord-caper. ( F. C. ) LILIUM. (Bot.) Voyez Lis. (L. D.) LILIUMLAPIDEUM. (Foss.) C'est l'encrine lis- de-mer. Voyez au mot Encrine. (D. F.) LILLAIv et LïLLACH (Bot.) -. noms arabes dulilas. (Lem.) LILLE. (Ornith.) Nom norwégien du petit épeiche, picus minus J Linn. La nonnette cendrée, parus palustris , Linn. , se nomme en danois lille musifit. (Ch. D.) LILLOIS. (Mamm.) Buffon rapporte ce nom à une petite race de chiens domestiques, nommée aussi Chîens issois ou p'Artois, qu'il dit provenir du croisement du roquet et du. doguin. (Desm.) LIMA. [Ichthjol.) En Sardaigne on appelle ainsi la Li- mande. Voyez ce mot. (H. C.) LIMACE, Limez. (Malacoz.) Genre d'animaux mollusques, de la famille des pulmobranches, ordre de la section des her- maphrodites, classe des céphalophores , établi par Linnœus et admis depuis par tous les zoologistes systématiques ou métho- distes. Ses caractères sont : Corps ovale, oblong , plane en- dessous et pourvu dans toute son étendue d'un disque charnu , propre à ramper, convexe en -dessus, et ayant à la partie antérieure une sorte de bouclier charnu, contenant souvent dans son épaisseur un rudiment de coquille ; ttte peu distincte , munie de deux paires de tentacules, dont la postérieure, plus longue, porte les yeux à l'extrémité; la cavité respirar 4i6 LIM toire sous le bouclier s'ouvrant à l'extérieur par un orifice arrondi , percé au bord droit du bouclier ; l'anus du même côté sous l'ouverture pulmonaire ; l'oriHce commun des organes de la génération en avant et au-dessous de la base du tenta- cule antérieur droit. I,e corps des limaces, quoique extrêmement variable par la grande contractilité dont toutes ses parties sont susceptibles, est ordinairement ovale, alongé, plus épais et plus obtus en avant qu'en arrière, où il se termine en pointe carénée ou arrondie. Lapartie supérieure, ouledos, estbombée, arrondie surtout transversalement et en avant , où l'on remarque un espace ovalaire, recouvert par une sorte de bouclier ou de disque ovale , dont le bord est à peine séparé du reste àe la peau, si ce n'est en avant, où il fait une saillie plus ou moins grande, sous laquelle la tête peut se mettre à l'abri. Toute la face inférieure, au contraire, est tout-à-fait plane et forme un plan locomoteur, étendu dans toute la longueur de l'ani- mal, et qui déborde un peu de chaque côté du corps, sur- tout en avant, où un sillon le sépare de la tête propre- ment dite. Celle-ci, quoique peu distincte, est cependant un peu plus renflée que la partie qui la joint au corps, et qui forme ainsi une sorte de cou; elle offre en avant et en- dessous une ouverture infundibuliforme à peu près ronde et dont les bords sont plissés dans tout son contour : c'est la bouche. Au-dessus sont deux paires de tentacules éminem- ment et entièrement rétractiles à l'intérieur par un mécanisme que nous allons expliquer. Ils sont également cylindriques et plus ou moins renflés en bouton à l'extrémité. Ce renfle- ment est translucide aux tentacules antérieurs, qui sont plus courts et insérés un peu plus bas; les postérieurs, plus longs et plus dorsaux, sont terminés par un petit espace circu- laire noir: ce sont les yeux. Au côté droit de la partie anté- rieure du corps se voient trois ouvertures. La plus anté- rieure, petite, comme bordée de blanc, est percée au milieu d'une sorte de bourrelet peu saillant à la base externe du tentacule droit. La seconde, beaucoup plus grande, circu- laire, est percée au fond d'une échancrure au côté droit du bouclier : elle conduit dans la cavité pulmonaire. Enfin , sur le bord antérieur même de celle-ci est la troisième, qui est LIM hil beaucoup plus petite et qui est la terminaison du canal intestinal. L'organisation des limaces a beaucoup d'analogie avec celle des hélices. L'enveloppe dermo-musculaire , fort épaisse, sur- tout en -dessous, forme une longue et unique cavité, dans laquelle sont contenus les viscères. Le derme, qui ne peut être séparé de la couche contractile sous -posée, offre à sa superficie un plus ou moins granc^'nombre de tubercules , ordi- nairement alongés et séparés par des sillons ou rigoles souvent assez profondes, surtout dans les limaces rouges, sur le bord du pied desquelles ils forment une série assez régulière. Le réseau vasculaire et la couche nerveuse doivent y être très- développés. Le pigmentum colorant, qui est à sa superficie, est souvent fort épais ; l'épiderme est , au contraire, fort mince. Si l'on ne peut distinguer les cryptes muqueux de cette peau, on y voit très-bien un grand nombre de pores qui versent une grande quantité de mucosité à sa surface -. elle paroit surtout sortir plus abondamrtient d'une espèce de sinus blanc peu profond, entouré de tubercules, et qui existe à la partie postérieure du dos des limaces rouges. Dans l'épais- seur de cette peau, la dessiccation démontre qu'il entre un assez grand nombre de molécules calcaires ; mais elles s'accu- mulent en plus grande quantité dans le bouclier, de manière à y former, surtout dans les limaces grises, un rudiment de coquille, il est vrai, fort mince. L'extrémité des tentacules antérieurs est renflée, translu- cide et comme gélatineuse. Celle des tentacules postérieurs offre un petit disque tout- à-fait noir, qui forme l'organe de la vision. L'œil, fort petit, est à peu près sphérique ; on y reconnoit évidemment une enveloppe fibreuse, fort mince, et laissant percer à tra- vers, la couleur noire de la choroïde •• en arriére , la scléro- tique est appliquée contre le ganglion nerveux ; en avant elle se continue avec la cornée transparente, qui semble aussi être la continuation de la peau : la choroïde, très-colorée, €st percée par une pupille extrêmement petite, suivant l'ana- logie, et l'observation directe de Swammerdam , qui décrit aussi un crystallin. L'appareil de la locomotion des limaces est, comme dans 26. 37 4i8 LiM tous les animaux du iype des mollusques, en grande partie cutané, c'est-à-dire que les fibres musculaires qui le com- posent sont restées très -adhérentes à la peau, confondues avec le derme et dirigées dans tous les sens. Sous le ventre, cependant, où existe le disque locomoteur, elles sont beau- coup plus épaisses et dirigées suivant la longueur de l'animal ; elles sont du reste fort courtes, et il en naît successivement de nouvelles depuis une extrémité jusqu'à l'autre. On a aussi remarqué qu'elles forment trois bandes longitudinales assez distinctes, une médiane et les autres latérales. Quant aux muscles propres , il n'y a que les muscles de la masse buccale , ceux des tentacules et le rétractateur de la verge. Nous exposerons la disposition des premiers et du dernier, quand il sera question de la bouche et des organes de la génération. Les tentacules sont creux dans toute leur longueur et formés par un prolongement de l'enveloppe der- moïde, d'où il suit que des fibres musculaires tapissent la face interne du cylindre : ces fibres sont en grande partie annulaires, et par conséquent leur contraction suffit pour alongcr l'organe. A l'intérieur de ce cylindre est un muscle longitudinal, au milieu duquel est le nerf optique, ou le nerf olfactif , et qui , de la partie inférieure et postérieure du tnuscle diaphragmatique, se porte à la circonférence du ren- flement terminal du tentacule; une division du même muscle va à la première paire de tentacules, et envoie aussi quel- ques fibres au bourrelet labial. L'appareil de la nutrition est presque en tout semblable à ce qui se remarque dans les hélices. La cavité buccale, qui suit la bouche, forme une petite masse pourvue à son bord supérieur d'une dent arquée, mais non dentée; à la partie inférieure, d'un renflement lingual, assez épais, assez alongé, et dont la surface est garnie d'une plaque épidermique tout- à-fait lisse: de chaque côté est la terminaison du canal excré- teur de la glande salivaire correspondante; elle est beaucoup moins longue que dans les hélices. Enfin , la cavité buccale est entourée de fibres musculaires, épaisses, dont les anté- rieures, très-courtes, se portent de la marge de l'orifice au bord antérieur de la masse. De la partie supérieure de la cavité buccale naît un œsophage fort étroit qui , après avoir LIM 419 traversé le collier nerveux , s'élargit subitement et se pro- longe assez loin en arrière, en conservant une grosseur con- sidérable : ce renflement cylindrique peut être regardé comme un premier estomac; c'est, en effet, à sa terminaison , avant qu'il se continue avec le second renflement stomacal, que trois gros canaux biliaires, provenant des lobes droits du foie , viennent s'ouvrir largement dans le canal intestinal. Cette partie de l'estomac, un peu plus renflée que l'autre, mais beaucoup plus courte , et dont la membrane muqueuse , qui la tapisse, forme des plis longitudinaux assez prononcés, se recourbe de droite à gauche et d'arrière en avant , et donne naissance au véritable intestin qui rcA ient en avant pour se terminer par un orifice fort petit au bord de l'orifice de la cavité pulmonaire. 11 est accompagné, dans presque toute sa longueur, par des lobes du foie qui se collent contre lui, et dont les ciinaux excréteurs, bien visibles, se réunissent en deux autres gros troncs, dont nous venons de parler. Un autre pore biliaire, très- gros, situé au côté gauche, verse la bile provenant des lobes hépatiques gauches, et surtout postérieurs, au milieu desquels se trouve l'ovaire. Les ori- fices de ces canaux biliaires dans l'estomac sont si grands, qu'en insufflant celui-ci , on gonfle tous les lobes hépatiques avec la plus grande facilité. Le système veineux est beaucoup plus difficile à A^oir que le système artériel, d'abord parce que les parois des veines sont beaucoup plus minces que celles des artères, et qu'elles sont translucides. La principale A^eine , qu'il faut considérer comme une veine cave, occupe la ligne médiane supéx'ieure; plus petite en arrière, elle augmente en grosseur à mesure qu'elle devient plus antérieure et qu'elle reçoit les autres ramifications veineuses. Arrivée au bord postérieur du bou- clier h peu près, elle se partage en deux gros rameaux, qui embrassent le péricarde dans leur écartement , et qui se sub- divisent ensuite, en formant le plan supérieur du réseau pul- monaire. Ce réseau occupe le plancher d'une cavité respiratoire, à peu près arrondie et située immédiatement au-dessous du bouclier dorsal conchifère. Sa paroi supérieure est formée par la face inférieure de ce bouclier, et l'inférieure par une 420 LIM sorte de diaphragme ou de cloison musculeuse, qui sépare la cavité pulmonaire de la cavité viscérale. C'est au côté droit, et plus ou moins en arrière de la jonction du bouclier avec le manteau ou le reste de l'enveloppe cutanée, qu'existe l'orifice par lequel cette cavité communique avec le fluide ambiant. Cet orifice, dans le repos, est susceptible d'être complètement fermé ou prodigieusement agrandi par la con- traction ou la dilatation de la peau contractile dans laquelle il est percé, de manière quelquefois à laisser voir la plus grande partie de la cavité. Les veines pulmonaires, qui naissent des artères, forment un réseau à peu près de même forme que celles-ci, mais qui est sur un plan plus inférieur. La veine unique, qui résulte de leurs réunions successives , est assez grosse et courte ; elle se termine à l'extrémité d'une oreillette ovale, qui s'ouvre elle-même dans un ventricule pyriforme, de la pointe duquel sort l'aorte. Le cœur, ainsi composé, est renfermé dans une loge particulière , située entre la lame membraneuse et le bouclier, plutôt que dans un véritable péricarde. L'aorte se porte d'abord en arrière, mais presque aussitôt elle se partage eu deux grosses branches qui se dirigent eu sens opposé ; l'antérieure se recourbe sous l'extrémité du rec- tum et se divise en deux troncs : l'un postérieur, qui envoie des ramifications à l'oviducte et même à l'estomac antérieur, et l'autre , plus gros, qui, parvenu vers la masse buccale, se subdivise de nouveau. Une grosse branche va aux tentacules, à la bouche et aux parties environnantes, et l'autre, après avoir passé sous le canal intestinal, se porte d'avant en arrière, se bifurque, et distribue assez symétriquement ses ramifica- tions à la partie inférieure de l'enveloppe musculo - cutanée et par conséquent au pied. Quant à la bifurcation posté- rieure de l'aorte , elle distribue d'abord quelques petites branches au rectum ; puis elle se subdivise en deux gros troncs : l'un, qui va à l'estomac, en avant et en arrière, et l'autre aux difFérens lobes du foie, ainsi qu'à l'ovaire. On trouve dans les limaces, comme dans les hélices, ce Singulier organe que l'on a successivement nommé le sac cal- caire et l'organe de la viscosité, et que nous pensons appar- tenir à l'appareil de la dépuration urinaire. Il est situé vers LIM 421 le péricarde, où il entoure le cœur, en formant un cercle presque complet : réuni à son intérieur par un grand nombre de lames verticales , son canal excréteur , qui suit la même courbe que Torgane , s'ouvre à l'extérieur par un très-petit orilice arrondi, tout près de celui de la cavité respiratoire. L'appareil de la génération a sans doute beaucoup de ressemblance avec celui des hélices : il y a cependant des différences assez notables. L'ovaire, tout-à-fait granuleux, forme une masse plus ou moins considérable, qui est presque cachée dans les lobes postérieurs du foie. On en voit bien clairement naître, par des ramifications très -fines et nom- breuses, l'oviducte postérieur, d'abord très -petit, et qui se replie sur lui-même un très-grand nombre de fois, en augmen- tant un peu de calibre à mesure qu'il se rapproche du testi- cule ou , mieux , de la seconde partie de l'oviducte : celle-ci , beaucoup plus grosse, a ses parois épaisses, boursouftlées ; sa cavité présente des cellules ou loges un peu irrégulières, pleines de beaucoup de viscosité. Après plusieurs inflexions ou replis assez grands, elle se change presque brusquement en un canal cylindrique, à parois lisses, épaisses, qui se renfle un peu de nouveau , avant de se terminer dans la poche commune de l'appareil de la génération. Peu aupara- vant ce canal reçoit le cou très-court d'une petite bourse ovale à parois épaisses, et qui contient, dans son intérieur, un fluide jaunâtre assez épais. L'appareil du mâle est encore plus compliqué que celui de la femelle : il se compose toujours d'un testicule de grosseur variable , suivant l'époque de l'année à laquelle on dissèque l'animal; son tissu est aussi plus ferme, plus compacte après le temps de l'accouplement qu'avant. Il n'est pas aussi aisé d'y voir les radicules du canal déférent que celles de l'oviducte dans l'ovaire. Arrivé vers le point où la première partie de cet 0 viducte se joint à la seconde , il y a une connexion intime du testicule, du canal déférent , avec l'appareil femelle. L'on commence alors à voir, le long du second oviducte, une bande grésillée blanche , qui lui forme comme une sorte de mésentère en retenant ses plis , et qui augmente d'épaisseur et de largeur à mesure que, en acccompagnant toujours le second oviducte , elle se porte plus en avant» 4-^2 LIM De cette espèce d'épidydyme , qui s'est prolongé au-delà de la partie boursouflflée de i'oviducte , nait un canal cylin- drique assez grêle, qui se recourbe et se porte assez loin en arrière : il se termine à l'origine d'un organe cylindrique considérable, auquel on a donné, je ne sais trop pourquoi , le nom de pénis. Cet organe, plus renflé en arrière qu'en avant et qui s'osl aminci peu à peu, est creux dans toute la longueur et forme un long sac. Ses parois , assez épaisses, sont évidemment musculaires et composées de fibres, surtout annulaires. A l'intérieur, la membrane interne forme un grand nombre de petites rides ou plis transverses , disposés sur plusieui's rangs longitudinaux. A son origine postérieure ce sac est attaché par un muscle épais, mais assez court, à la lame musculaire diaphragmatique dont il a été parlé jilushaut. A son extrémité antérieure il s'ouvre par un orifice arrondi dans le vestibule commun des appareils de la génération, au côté droit, un peu en arrière des tentacules de ce côté. I.e système nerveux dilfère extrêmement peu de celui de l'hélice. Le cerveau est formé d'un ganglion transverse supé- rieur à l'œsophage , se réunissant à droite et à gauche avec le ganglion locomoteur inférieur, de manière à comprendre entre eux celui-là, comme dans un anneau : du cerveau sortent successivement les filets qui vont au bourrelet labial, à la masse buccale, à la première paire de tentacules et à la seconde. Celui-ci ,1e plus gros , forme le nerf optique, qui, après avoir fait plusieurs flexions dans l'intérieur du tenta- cule, se termine au ganglion optique, sur lequel l'œil est immédiatement appliqué. C'est du ganglion sous-œsophagien que sort de chaque côté un gros nerf , qui se porte en arrière en se subdivisant successivement dans le pied et dans le reste du derme. On trouve un petit ganglion viscéral situé sous i'œsophage , et qui communique à droite et à gauche avec le cerveau par un filet assez fin. H y a aussi un ganglion de l'ap- pareil de la génération, formant une sorte de petit plexus, communiquant avec le côté droit du cerveau par un filet, et en envoyant deux ou trois à la gaine de la verge et à cet organe lui-même. Les limaces ont le sens du toucher encore plus délicat peut-être que les hélices , et surtout dans les parties anté- LIM 4^3 rieurcs et sur les bords rlu manteau. Leur goût, leur odorat et même leur vision , doivent ne différer que fort peu de ce qui existe dans les hélices. Elles goûtent et elles odorent, puisqu'elles recherchent et préfèrent certaineineut plusieurs substances à d'autres. Elles ne paroissent pas apercevoir réel- lement les corps, quoiqu'elles soient pourvues d'un organe de ■\ision. Elles sont certainement sourdes. Leur locomotion se fait , à peu près comme celle des hélices, par la contraction successive des fibres musculaires du pied , et surtout de celles de la bande médiane. Mais elle est plus vive , plus rapide, surfout quand elles cherchent à s'échapper d'un lieu où elles étoient retenues. Leur nourriture consiste essentiellement en substances végétales : ce sont surtout les jeunes plantes, les fruits, les champignons, le papier, le bois pourri, que les limaces re- cherchent. Elles se nourrissent assez bien aussi de quelques substances animales, comme de fromage, de viande et de ma- tières en putréfaction. Ce sont des animaux évidemment voraces, qui mangent plus le soir qu'à aucune autre époque de la journée. Leur manière de manger est une sorte de mastication, la plaque linguale s'opposant à la mâchoire supé- rieure et poussant ensuite la matière vers l'œsophage. Comme dans tous les animaux mollusques, la digestion paroit être fort lente ; aussi les limaces peuvent-elles supporter un jeûne très- prolongé. Elles le peuvent cependant moins que les hélices, h moins qu'elles ne se trouvent dans des circonstances très- favorables, à cause de la nudité de leur peau , qui leur rend la sécheresse de l'air, ainsi que l'action solaire, très -perni- cieuses. Ce sont, en effet, des animaux qui ne sortent des trous de vieux murs , de dessous les pierres ou les feuilles à demi pourries, des anfractuosités des écorces , des champignons, et même de l'intérieur de la terre, où ils se retirent habituelle- ment, qu'à l'époque de la journée où il y a en général plus d'humidité dans l'air , c'est-à-dire , le soir et de grand matin. On les voit surtout plus abondamment après les pluies douces et chaudes du printemps et de Tété. Comme les hélices , les limaces craignent le froid ; mais , quoi- qu'elles ne puissent que se mettre très-incomplétement à l'abri 424 LIM sous leur bouclier , elles paroissent le craindre moins que celles-là : aussi entrent-elles plus tard dans l'état de torpeur de l'hibernation; elles s'enfoncent cependant, pour passer l'hiver, dans les excavations de la terre. Elles m'ont paru surtout rechercher pour cela l'humus qui se forme dans le tronc des arbres pourris. En effet, j'ai plusieurs fois trouvé des individus à plus d'un pied de profondeur dans cette substance. Dans cet état de tcvrpeur , les limaces se contrac- tent autant que possible dans le sens de la longueur, en sorte qu'elles sont presque hémisphériques. Leur activité générale s'augmente avec la température : c'est en effet à la fin du printemps et pendant l'été que ces animaux se recherchent dans le but de se reproduire. On n'a pas encore de détails bien certains sur la manière dont ils s'accouplent. D'après les Observations nouvelles de M. Werlich, insérées dans l'Isis de M. Ocken , faites sur la li- mace grise au mois de Juin, les deux individus se placent d'abord de manière à former un cercle, la tête à la queue l'un de l'autre ; la queue s'avance ensuite peu à peu le long du côté droit jusque vers l'orifice de la respiration : alors les deux individus se touchent, se flattent, se chatouillent réci- proquement avec la bouche; toutes les parties antérieures entrent dans une espèce de mouvement convulsif, et l'on voit sortir du cloaque l'organe excitateur sous forme d'une petite corne blanche. Le contact entre les deux individus devient plus grand , plus serré ; la partie postérieure de leur corps s'entortille l'une avec l'autre, en même temps que l'organe excitateur, qui s'est considérablement alongé. L'entortillement de ce dernier organe devient si serré que les deux semblent n'en former plus qu'un. Sa couleur, d'abord d'un blanc bleuâ- tre transparent , devient jaunâtre. Pendant ce rapprochement intime, qui dure à peu près une demi -heure, l'agitation convul§ive, les chatouillemens réciproques continuent d'avoir lieu. Cependant les organes excitateurs ne sont plus entor- tillés, mais seulement fortement serrés l'un contre l'autre. Pénèfrent-ils alors l'un dans l'autre , comme pqroit le supposer M. Werlich , ou bien chacun d'eux dans l'organe femelle de son congénère, comme cela a lieu dans les hélices? c'est ce qui ne paroit pas probable, mais ce qui a besoin d'être LIM 425 éclairci. Cependant l'état convulsif diminue peu à peTi ; les chatoiiillemens réciproques cessent, les parties postérieures du corps se séparent, et enfin peu de temps après les organes excitateurs en font autant. On voit alors qu'ils avoient plus d'un pouce et demi de long. Les deux limaces, dans un état plus ou moins complet d'affoiblissement, se quittent ensuite et s'en vont chacune de son côté. Assez peu de temps après l'accouplement, et généralement aux mois de Mai et de Juin , les limaces pondent des œufs plus ou moins globuleux, et dont la grosseur varie suivant les espèces. Ils sont déposés isolément , par petits tas plus ou moins nombreux , dans des lieux humides et à l'abri des rayons solaires, sous des pierres, dans le fumier , dans des trous de mur, etc. D'abord parfaitement transparens, ils deviennent peu à peu , par l'épaississement de leur enveloppe, opaques et de couleur jaunâtre ; enfin , ils éclosent au bout d'un temps qui paroît un peu varier suivant la température exté- rieure. Les jeunes limaces sont alors extrêmement molles, presque muqueuses; mais elles rampent, les tentacules éten- dus, aussitôt qu'elles sont sorties naturellement ou même arti- ficiellement de l'œuf. On n'a pas encore de connoissances suilisantes sur le temps qu'elles sont à devenir adultes, ni sur la durée de leur vie. Les limaces ne sont presque en aucune manière utiles à l'espèce humaine. Anciennement on a attaché plus ou moins de vertus imaginaires à la petite coquille des limaces grises, à la mucosité qui sort de toutes les parties de leur peau ; maison est, avec juste raison, revenu depuis long-temps de ces idées. Il est malheureusement plus certain que les limaces sont très - nuisibles dans nos jardins, dans nos po- tagers surtout, et même dans nos champs. Ces animaux re- cherchent principalement pour leur nourriture les jeunes pousses des plantes potagères ; aussi s'est-on souvent occupé de trouver quelque mo3'en de les détruire. Les meilleurs sont à peu près les mêmes que ceux que nous avons indiqués pour la destruction des hélices : ne souffrir que le moins possible d'anfractuosités dans les murs des jardins, point d'ar- bres morts, de buis, d'arbres verts en touffe serrée, d'amas de pierres, ni, en général, de tous autres corps qui laissent ^'26 LIM entre eux des interstices assez profonds pour que ces animaux puissent sy mettre à J'iibri du froid et de la sécheresse; ou bien ne conserver qu'un petit nombre de ces dispositions favorables, de manière à les bien connoitre et à y chercher les limaces qui pourroient s'y être retirées, pour les tiier , ou les donner à manj^er à la volaille, qui les aime beaucoup. Tclfes sont les prcci. niions générales à prendre, sinon pour détruire, au moins pour diminuer considérablement lenouibre des limaces dans nos jardins : pour les empêcher de se porter vers un lieu déterminé et circonscrit, comme un semis, une plante, un arbre, il faudra aussi, comme pour les hélices, entourer ce lieu de sable, de poussière, de substances très- agglutinantes, qu'elles ne puissent pas dépasser. Les limaces paroissent se trouver dans toute la zone sep- tentrionale des deux continens, de même que dans toute la zone tempérée : ainsi l'on trouve des limaces en Norwége , dans la Laponie, en Suède, dans toute la Russie, en Danemarck, en Angleterre, dans foutes les parties de l'Allemagne, en Grèce, en Italie, en France, en Espagne, et mêuie dans tout le versant méridional de la Méditerranée. Je ne vou- drois pas assurer qu'il y en eût dans le reste de l'Afrique; dans l'Amérique septentrionale, il paroit certain qu'il existe de véritables limaces, du moins M. Rafinesque en cite. 11 ne me semble pas non plus hors de doute, que les animaux mollusques terrestres limaciformes que l'on trouve dans le versant du golfe du Mexique, dans l'Archipel américain et dans tout le reste de l'Amérique méridionale, soient de vé- ritables limaces ; peut-être son t-ce des espèces de véronicelles. Il me semble aussi que les limaces véritables n'existent pas non plus dans tout le versant de la mer des Indes, ni dans la Polynésie , ni même dans lAustralasie : ce seroit un sujet assez curieux de recherches de s'assurer de ce fait. La distinction des espèces de limaces est extrêmement dif- ficile , et aucun zoologiste n'est encore parvenu à quelque chose d'un peu satisfaisant sous ce rapport. Cela tient à ce que la forme du corps et les couleurs sont extrêmement variables dans les dilTérens individus de chaque espèce. D'après ce que jai pu observer à ce sujet, les différences spécifiques ne pourront être clairement établies que sur la LIM /,27 différence de l'organe excitateur inàle ; iTials malheureuse- ment nous connoissons assez peii raccouplement des dilTc- rentes espèces présumées, et leur anatoiuie n'est pas non plus bien avancée. On les partage très-bien en deux groupes distincts, comme nous l'avons établi d'après Swammerdam, les limaces grises et les limaces rouges, ou les limaces do- mestiques et les litiiaces agrestes, que M. de Férussac a en- core précisées davantage , en leur donnant des dénominations particulières ; mais il n'est pas aussi aisé d'aller plus loin. Nous allons cependant donner les caractères de chaque es- pèce proposée. Les limaces rouges olTrent réellement quelques différences dans plusieurs points de l'organisation avec les limaces grises ou tachetées ; mais , comme ces différences n'offrent pas d'in- dication de dégradation , et qu'elles n'ont qu'une légère in- fluence sur les mœurs et les habitudes, elles ne nous parois- sent pas devoir déterminer la formation d'une coupe géné- rique distincte. Dans le premier groupe de limaces, la peau du corps est en général plus rugueuse, plus profondément sillonnée que dans le second ; à l'extrémité postérieure du dos existe une excaA^ation assez profonde, où la peau n'est pas colorée, et d'où sort une matière ordinairement blanche , mais qui ne se répand pas dans les sillons de la peau : on en ignore la nature et l'usage. Dans les limaces grises, au contraire, la lin du corps est plus ou moins carence. Le bouclier tho- racique est beaucoup moins libre à sa pai-tie antérieure que dans les limaces grises, où il forme une avance souvent considérable ; il ne contient à l'intérieur que quelques grains crétacés, qui ne se réunissent pas en forme de coquille, au contraire de ce qui a lieu dans les limaces grises. Enfin, l'orifice de la respiration est toujours plus antérieur que dans l'autre groupe. On remarque de plus dans les limaces rouges que le disque locomoteur est uniforme dans toute son étendue, et que son bord est comme partagé en un grand nombre de petites crénelures verticales, souvent assez ré- gulières. On trouve aussi quelques différences plus profondes, non pas évidemment dans les appareils de la digestion, de la circulaticu et de la respiration, mais dans celui de la gé- 4^8 LIM nération : ainsi les limaces rouges n'ont pas cette espèce de long tentacule excitateur que nous avons décrit dans les li- maces grises, ce qui porte à penser qu'il y a quelques dif- férences dans le mode d'accouplement. Nous devons ajouter aux différences que nous venons de noter dans l'organisation des limaces, que les unes sont tou- jours à peu près uniformément colorées et souvent en rouge, tandis que les autres sont presque toujours tachetées ou mar- brées de noir sur un fond gris : d'où sont tirés les noms de limaces rouges et de limaces grises, que l'on emploie quel- quefois pour les désigner. 11 paroît aussi que les limaces grises recherchent plutôt les habitations que les autres , d*où Swammerdam a tiré leur séparation en limaces domestiques et en limaces agrestes. A. Espèces qui ont Vextrémité du dos avec un sinus aveugle : les L. rouges ou agrestes; Genre Avion de M. de Férussac. La L. RorjGE : L. rufus , Linn. ; A. empiricorum, de Fér., Moll. terrest. et fluv. , pi. i à 3. Le corps épais, assez alongé , de couleur extrêmement variable , depuis le jaune clair pres- que blanc jusqu'au rouge foncé et au brun presque noir; les bords du pied striés verticalement par des lignes noires; les tentacules ordinairement de la même couleur. Cette espèce, qui se trouve communément dans toutes les parties de l'Europe, est tellement susceptible de varier de couleur, qu'il est presque impossible de trouver deux indi- vidus qui soient complètement semblables sous ce rapport. La teinte la plus ordinaire est cependant le rouge brun. Il faut donc rapporter à cette espèce les L. ater , rufus, succineus, luteus, marginellus, subrufus , des auteurs. 11 en est de même, à ce qu'il me semble, du L. alhus de Gmelin, d'après Mujler : elle ne paroit en effet différer de la variété jaune, qu'en ce que la teinte générale est encore plus claire; car il y a toujouis les lignes verticales noires des bords du pied. Je n'ose rien assurer positivement des quatre espèces sui- A'antes ; mais je crois extrêmement probable que ce ne sont également que des variétés de la limace rouge commune. LIM 429 La L. BRUNATRE; L. sulfuscus , Drap., pi. 9, fig. 8. De cou- leur brunâtre, avec une bande brune plus foncée de chaque côté; l'orifice de l'organe respiratoire au milieu du bord du bouclier , ou un peu plus antérieur que dans la précédente. Si ce dernier caractère étoit certain, il est probable qu'il suffiroit pour distinguer cette espèce : mais il est, je crois, permis d'en douter. La L. A TÊTE noire; L. melanocephalus , Faure-Biguet , De Fér. Le corps assez peu profondément sillonné, de couleur jaune citron, et plus souvent jaunâtre, réticulée de gris ; la tête et les tentacules de couleur très-foncée. Cette espèce, qui a été observée par M. Faure-Biguel , ha- bite les montagnes subalpines du Dauphiné : elle paroit moins craindre le froid que les autres espèces, car elle sort et rampe dans les beaux jours de l'hiver. La L. REMBRUNIE; L. /«scfl^/s , De Fér. , MoH. tcrr. ct fluv. , pi. 2 , fig. 7. Couleur générale brunâtre en-dessus, grisâtre sur les côtés ; une ligne plus obscure de chaque côté du bou- clier; les bords du pied blanchâtres avec de petites lignes verticales noires. Elle habite les bois des environs de Paris. La L. DES JARDINS ; L. hortensis, De Fér., MoU. terrest. et iluv. , pi. 12, fig. 4, 6. Le corps subcylindrique, comme tronqué en arrière, de couleur en général noire foncée, avec des bandes longitudinales grisâtres sur le bouclier et le reste du corps ; les bords du pied de couleur orangée. Très- commune aux environs de Paris. Je regarde encore comme appartenant à cette section , et peut-être même comme une simple variété de la L. rouge : La L. p.RUNE ; L. brunneus. Drap., dont la couleur est noi- râtre, le bouclier plus pâle et comme jaunâtre à sa partie postérieure; les tentacules courts; la peau peu ridée; le cou plus long que le bouclier : elle se trouve dans les lieux très-humides de Montpellier. B. Espèces qui ont l'extrémité postérieure du corps carénée et sans sinus aveugle : les Limaces grises ou DOMESTIQUES ; Geiirc Limax , De Fér. Nous ferons la même observation sur les espèces assez. 45o LIM nombreuses, établies dans cette section, que sur celles de la section précédente : il est extrêmement probable qu'on Ic^ a beaucoup trop multipliées; du moins les caractères qu'on a donnés pour les distinguer sont frès-insuffisans. La L. CENDRÉE : L. cinereus , Linn., Gmel. ; L. antiquorum. De Fér., loc. cit., pi. 4. Corps alongé; le bouclier un peu appointi en arrière ; la couleur d'un gris blanchâtre, avec des lignes noires inter- rompues, quelquefois assez serrées pour que l'animal paroisse noir. Cette espèce, qui est commune dans les bois sous lesécorces d'arbres pourris, est celle qui atteint la plus grande taille; c'est sur elle que M. Werlich a fait les observations que nous avons citées plus haut. Je rapporte à cette espèce celle que M. de Férussac a nommée L. alpinus , pi. 5, A, fig. ? qui a été trouvée sous les écorces de vieux sapins des Alpes ; ainsi que la L. marginée, L. marginatus, Mull. et Drap., pi. g, fig. 7. Celle-ci, qui est commune dans le Sorezois , a la couleur générale cendrée, avec de petits points noirs, qui se rapprochent assez sur le bord du corps et du bouclier pour former une sorte de bande. La L. DES CAVES, L. flavus , Linn., Gmel.; L. raricgatus . Drap., de Fér., pi. 5 , fig. 1 — 6. Le corps moins alongé que dans la précédente ; de couleur ordinairement roussàtre , quelquefois jaune ou verdàtre , avec des lignes brunes longitudinales ; le bouclier arrondi posté- rieurement. Cette espèce est très-commune dans nos habitations et sur- tout dans les caves : c'est celle que S\vammerdam a dissé- quée : elle a été trouvée non-seulement dans foute l'Europe septentrionale ou méridionale , mais même encore en y\mé- rique, à Philadelphie , par M. Say. La L. AGRESTE; L. agrestis, Linn., de Fér.. pi. 5, fig. 7 — 10. Très-petite espèce, ordinairement toute grise, rarement roussàtre, avec de très- petites lignes noirâtres, que l'on trouve communément dans les champs, les jardins, et qui re- jette de toute la partie de sa peau et surtout de la posté- rieure une grande quantité de viscosité, à l'aide de laquelle elle se suspend quelquefois à l'extrémité des branches. C'est LIM 45 X cette faculté qui lui a valu le nom de L. filante, L. flans, de la part de plusieurs auteurs anglois, et entre autres de Hox, de Shaw et de Latham. Elle est bien distincte par la forme du tentacule excitateur, qui est assez court et conique. M. De Férussac rapporte à cette espèce le L. re'icidafus de Muller. Je crois qu'il en faut faire autant des espèces sui- vantes : 1.° La L. rilobée; L. bUohatus, De Fér. , pi. 5, fig. 1 1 , établie sur un individu unique trouvé aux environs de Faris, et dont le bouclier étoit inégalement divisé en avant, sans doute par accident. 2.° L. de Valexce ; L. valentianus , De Fér., pi. 8, A, fig. 5,6, qui est de couleur rousse variée de fauve; le dos et le bouclier avec une bande longitudinale noire de chaque côté, et qui a été trouvée dans les jardins de Valence en Espagne. 5." la L. sYLVAXigrE, L. sj'lva'ica , Drap., pi. 9, fig. 1 1 , de couleur violette sans taches. Cette espèce, quoique fort petite , est cependant celle qui nuit le plus à l'agriculture, à cause de sa grande multipli- cation. M. Leechs, qui en a donné une histoire encore plus complète que celle que l'on doit à Schirach, a fait l'obser- vation, que deux individus, après leur accouplement, ont pondu sept cent soixante et seize œufs, et que ces amfs peu- vent être desséchés jusqu'à huit fois de suite sur un fourneau sans perdre la propriété d'éclore. La L. Jayet; L. gagates , Drap., pi. 9, fig. 2, De Fér. Forme générale et grandeur de la limace agreste, dont elle n'est peut-être encore qu'une variété; la carène dorsale se prolongeant plus loin ; le bouclier plus petit, et ayant un sillon marginal qui semble dessiner le rudiment de la coquille : couleur quelquefois toute noire et d'autres fois plus grisâtre. De la France méridionale, de Malte , etc. La L. TENDRE: L. tenellus , Mull. , Drap. D'un pâle ver- dàtre, avec une légère teinte noire en-dessus; la tête noire, ainsi que les tentacules, d'où partent deux lignes longitudi- nales qui se prolongent sur le cou. Elle habite le Danemarck, d'après Muller, et la France mé- ridionale, d'après Draparnaud. La L. A GRAND bouclier: L. megaspidus, Bv. . J. deph., t. qS . pag. 44/1, pi. 11. 432 LIM Espèce qui appartient indubitablement à cette section, et dont le bouclier m'a paru plus grand que celui des autres limaces que j'ai observées, mais qu'il est impossible de carac- tériser assez complètement pour assurer qu'elle est distincte. La L. lisse; L.lœvis, Gmel. , d'après Muller. Le corps très- lisse, de cinq lignes de long, tout noir, en -dessus comme en-dessous, si ce n'est dans la bande médiane du pied. Cette espèce, qui est probablement un jeune individu de la L. ater, variété de la L. rouge, est, dit Muller, toujours plus étroite qu'elle ; elle ressemble à une fasciole terrestre. La L. grêle; L. gracilis , Rafin., Ann. of. nat. i. Le corps grêle, d'un pouce de longj le bouclier d'un brun foncé -; le dos et la queue carénés de la même couleur; la tête et les tentacules inférieurs fauves , les supérieurs bruns. Des bois de Kentucky dans l'Amérique septentrionale. Espèces dont la section est inconnue. La L. BRUNE; L. brunneus, Draparn. Couleur noirâtre ; le bouclier plus pâle et comme jaunâtre à sa partie postérieure ; les tentacules courts; la peau peu ridée; le cou plus long que le bouclier: c'est une limace rouge. Lieux très-humides des environs de Montpellier. La L. brune; L. fuscus , Gmelin, d'après Muller. Couleur roussâtre en-dessus ; une tache oblongue brune de chaque côté du bouclier et du corps; une ligne noirâtre bordant le bouclier; les tentacules noirs. Cette espèce, qui me paroît n'être qu'une variété de la L. rouge, a huit lignes de long. Muller, qui en a trouvé plusieurs individus de la même grosseur dans les bois au mois de Dé- cembre, présume qu'ils étoient jeunes. La L. JAUNE : h. Jlavus immaculatus , Mull. ; L. aureus, Gmel. Elle me paroît encore n'être qu'une variété de la limace rouge , et dont la couleur, surtout celle du bouclier, étoit entière- ment jaune sans aucune tache. Elle a été trouvée dans les lieux frais et ombragés du Da- nemarck et de la Norwége. La L. CEINTE, L. cincta, Gmel. d'après Muller, est proba- blement dans le même cas; sa couleur est d'un jaune de Succin avec une bande cendrée autour du bouclier et du dos. LIM 435 Assez rare : dans les bois ombragés du Danemarck. La L. HYALINE, L. lijalinus , Gmel. , petite espèce, proba- blement une variété de l'agreste, hyaline, avec une ligne brune à la base des tentacules. Trouvée par Scopoli dans les mousses. La L. DES ROCHERS; L. scopulorum, Fab., Voy. en Norwége. Couleur générale cendrée , plus foncée et presque noire sur le bouclier; quatre points noirs ocellés sur la partie anté- rieure du corps : c'est probablement encore une variété de la L. AGRESTE. La L. PHOSPHORESCENTE; L. noctiluca , De Fér. , d'après d'Or- ^^B^y? pl* 11 ) fig- 8. Cette espèce fort singulière n'est con- nue que d'après une description et une ligure assez incom- plètes, données par M. d'Orbigny à M. de Férussac, et que celui-ci a publiées dans son ouvrage sur les mollusques. Elle paroit surtout remarquable, parce que vers Textrémité pos- térieure du bouclier existe un petit disque ou pore couvert d'une matière qui est lumineuse dans l'obscurité : la couleur générale est d'un brun clair, assez uniforme: le bouclier étroit, mais assez long, contient un rudiment de coquille, et cepen- dant l'extrémité du corps n'est pas carénée. Cette liuiace , qui n'a que quinze ligues de long sur sept de large, a été trouvée sous les pierres dans l'île de Ténérifïe. Quant à l'espèce de limace que M. Bosc a décrite et figurée sous le nom de L. caroUnianus dans l'histoire des vers, du Buffon de Deterville, il paroit probable qu'elle appartient à un nouveau genre de limacinés que M. Ralinesque a établi sous le nom de Phylomicus : il paroit, en effet, qu'elle n'a pas de bouclier distinct. (De B. ) LIMACE GORGE-DE- PIGEON. (Bot.) Espèce d'agaric de la famille des glaireux de Pauiet (Traité, 2, p. 193, pi. 86, fig. 1 — 3), qui paroit voisine de Vagaricus cljpeatus , Linn. Son chapeau est un mélange de roux et de bleu ou de violet, confondus ensemble, mais distincts à la partie inférieure; car les feuillets sont roux , et le stipe est lavé de bleu ou de violet. Ce champignon a trois pouces de hauteur sur deux de largeur ; il doit son nom à ses feuillets couleur de limace rousse , et au dessus de son chapeau, qui est de couleur gorge de pigeon. On le trouve dans les bois des environs de ■26. 28 434 LIM Paris; il n'est point mal-faisant. Il offre une variété à feuillets blancs. Voyez Limax. (Lem.) LIMACE DE MER [Limaces marines]. (Malacoz.) Les anciens auteurs d'histoire naturelle, et même aujourd'hui les per- sonnes étrangères à la science, emploient ce nom pour dé- signer les mollusques nus qui rampent au fond de la mer, à peu près comme les limaces : tels sont les doris, les trito- nies, et surtout les aplysies ou lièvres marins, etc. (De B. ) LIMACE A PLANTES. (Malacoz.) On trouve quelquefois cette dénomination employée par plusieurs auteurs, et entre autres par l'abbé Dicquemare, pour désigner les doris, à cause des ramifications de leurs branchies. (De B.) LTMACELLE , Limacella. (Malacoz.) Genre de mollusques de la famille des Limacinés, établi par M. de Blainville pour un'pelit animal qu'il a observé dans la collection du Muséum britannique, et qui lui a paru différer des véritables limaces, dont il a la forme, en ce que le disque locomoteur est séparé du manteau par un sillon qui fait le tour du corps, et sur- tout parce que la terminaison de l'appareil de la génération, femelle est à une extrémité du coté droit, tandis que celle de l'appareil mâle est auprès de la racine du tentacule droit , et que ces deux orifices communiquent entre eux par un sillon. Ce petit genre ne renferme qu'une seule espèce , la L. LACTESCENTE, L. lactesccns , figurée dansle Journ. de phys., tom. 85, pi. 2 : elle est entièrement lisse ; quant h sa cou- leur blanche , elle est indubitablement due à son état de conservation dans l'alcool. On ignore sa patrie ; il est cepen- dant probable que ce mollusque vient d'Amérique. (De B.) LIMACIA. (Bot.) Ce genre, fait par Loureiro dans sa FI. Coch. , et appartenant aux ménispermées, a été réuni par M. De CandoUe à son genre Cocculus. (J.) LIMACINE, Limacina. (Malacoz.) M. G. Cuvier, dans son Règne animal, a formé sous ce nom un genre particulier du clio helicina de Gmelin. M. de Blainville avoit cru devoir également l'établir dans son Mémoire sur les ptéropodes , et il lui a donné la dénomination de Spiratelle. Voyez ce mot. (De b.) LIMACIISÉS, Limacinea. (Malac.) Famille deMAr.ACozoAiaEs céphalophores , he^-maphrodites, de l'ordre des Pui.?ioBKANCHr.,> LIM 435 (voyez ces différens mots), et qui tire sa dénomination du genre principal qu'elle contient. Ses caractères sont : Corps ovale, a longé, très-contractile, avec ou sans coquille, pourvu d'un large disque locomoteur, et de deux paires de tentacules contractiles ou rétractiles, dont les postérieurs portent les yeux à leur extrémité. Elle contient un assez grand nombre de genres, qui peuvent être partagés en deux sections, sui- vant que les tentacules sont contractiles seulement ou com- plètement rétractiles. Dans la première sont les genres On- chidic, Véronicelle et Vaginule ; et dans la seconde , les genres Tcstacelle , Parmacelle , Limacelle , Limace, Phylo- mique , Eumèle et tous les Limacinés recouverts d'une co- quille, qui constituent le genre Hélice et ses subdivisions nombreuses. Voyez Malacozoaires et chacun de ces noms. (De B.) LIMACIUM. (Bot.) L'une des tribus du genre Agaricus de Pries, qui renferme des espèces à voile fugace, visqueux, à feuillets adhérens et décurrens, et à sporidies blanches. Cette tribu rentre dans le gymnopus de Persoon et comprend une douzaine d'espèces. Les unes sont suspectes ou mai-fai- santes, tel csiVagaricus ruhescens , Pers. ; d'autres sont bonnes à manger , par exemple , ïagaricus eburncus , Pers. Les espèces de cette tribu sont terrestres, automnales et de moyenne grandeur. Les feuillets sont ordinairement blancs, rarement jaunes, et très-entiers. (Lem.) LIMAÇON. (Malacoz.) On donne assez souvent dans le lan- gage ordinaire ce nom aux animaux dont nous avons traité sous la dénomination de limaces; mais quelquefois aussi on l'applique aux hélices. Un certain nombre des conchylio- logisfes françois, qui ont écrit sur la fin du dernier siècle, employoient cette dénomination, comme un nom presque classique, pour désigner toutes les coquilles univalves, oper- culées ou non. C'est ce qu'a fait Adanson , par exemple, tandis que d'autres, comme d'Argenville , n'ont compris sous ce nom que les coquilles operculées, ou non, dont l'ouver- ture est entière et sans prolongement tubuleux. ils les divi- soitnt ensuite en espèces terrestres et marines , et celles-ci eu trois genres, suivant que la bouche est ronde, semi- ronde ou ovale. Ce nom provient du mot latin Umax, dérivé lui- 436 LIM même de limus , qui signifie limon, parce qu'on supposoit que ces animaux étoient engendrés dans le limon. (De B. ) LIMAÇON A CLAVICULE RETOURNÉE. (Malacoz.) On a donné ce nom et celui de lampe antique à Vhelix ringens de Linnaeus, dont Denys de Montfort a fait le type de son genre Tomogère, et M. de Lamarck le genre Anostome. (Desm.) LIMAÇONNE ou CHENILLE LIMAÇONNE. (Entom.) La chenille du Bombyce agathe {Bombyx fascelina^ Fab.) a reçu ce nom de Goedaert. (Desm.) LIMAÇONS A BOUCHE APLATIE. {Conchyl.) D'Argen- ville , de Favanue , etc. , appellent ainsi les espèces du genre Trochus de Linna^is. (De B. ) LIMAÇONS A BOUCHE DEMI-RONDE. (Conchjd.) Ce sont les espèces de coquilles du genre Nerita de Linnaeus. (De b.) LIMAÇONS A BOUCHE RONDE. (Conchjl.) Ce sont les espèces du genre Turbo de Linnaeus, et par conséquent des sous-genres que les conchyliologistes modernes en ont séparés. (DeB.) LIMACULE. (Foss.) Luîd a donné le nom de limacule à une sorte de dent fossile marquée de veines. Lifh-op. Britann. , ii.°,487. (D. F.) LIMANDE. (Ichfhyol.) Nom spécifique d'un poisson du grand genre des pleuronectes et de la division des plies. Voyez Pleuronecte et Pue. (H. C. ) LIMANDELLE. (Ichthyol.) Nom spécifique d'un Pleuro- necte. Voyez ce mot. (H. C.) LIMANDOÏDE. {Ichlhyol.) Nom d'un pleuronecte que M. Cuvier rapporte à la division des flétans. Voyez Flétan et Pleuronecte. (H. C.) LIMAS. (Malacoz.) Vieux mot françois , sous lequel on entend le plus ordinairement les limaces rouges , mais quel- quefois aussi Phélice vigneronne, et même les coquillages univalves en général. M. de Férussac le restreint aux limaces grises. (De B.) LIMAX. (Bot.) Sterbeeck figure sous ce nom, qui signifie limace , en latin , deux champignons. Il nomme l'un , grande limace ou pilon de limace, parce qu'il a la couleur et la vis- cosité de la grande limace , et à peu près la forme d'un pilon ; LIM 437 c'est une espèce d'agaric bon à manger , que Paulet rap- porte, peut-être à tort, à Vagaricus hulbosus de Fallas : il ajoute que cette espèce est connue, dans quelques provinces de France, sous le nom de loche ou grande limace. L'autre champignon, ou petite limace, est une espèce de boleius, dif- ficile à déterminer. (Lem.) UMAX. (Malacoz.) Nom latin du genre Limace. Voyez ce mot. (De B.) LIMBARDE, Limbarda. (Bot.) Ce genre, proposé, en 1763, par Adanson, dans ses Familles des plantes, appartient à l'ordre des synanthérées, à notre tribu naturelle des inulées, et à la section des inulécs-prototypes, dans laquelle nous l'avons placé entre les deux genres Inula et Duchesnia. (Voy, notre article Inulées, tom. XXlll, pag. 565.) Le genre Limbarda nous a ofifert les caractères suivans : Calathide radiée : disque multiflore, régulariflore , andro- gyniflore; couronne subunisériée, multiflore, liguliflore , fé- miniflore. Péricline subhémisphérique, inférieur aux fleurs du disque; formé de squames nombreuses, imbriquées, en- tièrement appliquées, nullement appendiculées , linéaires- lancéolées, subcoriaces, uninervées. Clinanthe large, plan, fovéolé ou papille. Ovaires oblongs, cylindriques, hérissés de longs poils; aigrette composée de squamellules inégales, subu=' nisériées, filiformes, barbellulées. Corolles de la couronne à languetle largement linéaire, tridentée. Anthères pourvues de longs appendices basiiairessubulés, découpés. Styles d'inu- lée-prototype. LiMEARDE A TROIS POINTES : Limbarda tricuspis , H. Cass. ; Inula crithmoides , Linn. , Sp. pi. , édit. 3, pag. 1240; Desf., Hist. des arb. , tom. 1, pag. 3o6. C'est un arbuste entière- ment glabre, à très- longs rameaux simples, cylindriques, rougeàtres, garnis de feuilles; celles-ci sont alternes, ses- siles , longues de six lignes, larges d'une ligne, linéaires, épaisses, charnues, très-entières sur les bords, terminées au sommet par trois dents; chacune de ces feuilles a dans son aisselle un faisceau de petites feuilles disposées en rosette, et appartenant à un rameau non développé; les calathides, larges de douze à quinze lignes, et composées de fleurs jau- nes, sont solitaires au sommet des rameaux, dont la partie 438 LIIM apicilaire est dépourvue de feuilles, garnie de petites écailles, et épaissie de bas en haut. Nous avons fait cette description spécifique, et celle des caractères génériques, sur un individu vivant, cultivé au Jardin du Roi, où il fleurissoit au mois d'Août. La limbarde se trouve en France, le long des bords de la mer; elle con- serve ses feuilles en hiver.- elle se multiplie très-facilement de drageons , de boutures et de graines: on mange ses feuilles confites dans le vinaigre; elles sont apéritives. Nous croyons, sans pouvoir l'affirmer, que Vlnula viscosa de M. Desfontaines peut être attribuée au genre Limharda. Ce genre, fondé par Adanson sur Vlnula crilhmoides de Linné, étoit caractérisé par l'auteur de la m;::iière suivante : Feuilles entières; calathides solitaires, terminales et corym- bées; péricline foi-mé de squames imbriquées, droites, me- nues; clinanthe nu, plat; aigrette dentée, longue; corolles du disque à cinq dents, celles de la cou.onne à trois dents ; un seul stigmate dans les fleurs du disque, deux stigmates dans celles de la couronne. Adanson attribuoit ensuite à son Heleniurn , qui est le A'éritable Inula de Linné, les mêmes ca- ractères qu'au Limharda, si ce n'est que les squames du pé- ricline sont larges et divergentes, au lieu d'être droites et menues. Nous avons établi (tom. XXIII, pag. fiSy), dans notre ar- ticle Inule, que toutes les espèces d'inula qui ont les squames extérieures du péricline terminées par un appendice étalé, foliacé, sont congénères de ïlnula hclenium , de sorte qu'en adoptant pour cette plante le nom générique de Corvisartia proposé par M. Mérat, presque toutes les Inula deviendroient des Corvisartia, et le genre Inula se trouveroit réduit au Limharda d'Adanson , ce qui n'est pas admissible. Pour éviter les répétitions, nous renvoyons à l'article précité, en nous bornant à rappeler ici que le genre Limharda. d'Adanson , adopté par nous, diffère du geiire Inula, tel que nous l'avons circonscrit, par le péricline formé de squames absolument inappendiculées , et par conséquent entièrement appliquées, tandis que, dans les vraies Inula, 1-es squames extérieures du péricline sont surmontées d'un appendice étalé, foliacé. (H. Cass.) LIM /.39 LIMBARDE. (Bot.) ]Snm\u\g-dire de ïinula eiithmoidcs dans quelques provinces de France. Adanson en a fait son genre Litnharda, qu'il distingue de l'inula par les écailles du périanthe ou calice commun , menues et droites. Voyez ci-dessus Lim- KARDE. (J.) LIMBE DU CALICE, DE LA COROLLE. (Bot.) Lorsque ces organes sont d'une seule pièce, Li partie inférieure, plus ou moins rétrécic, est le tube, et la partie supérieure, plus mince et étalée, est le limbe. (Mass.) LIMBITE et LIMBILITE. (Min.) Quand on se hâte de faire des espèces de tout ce qu'on ne connoît pas, tandis qu'il ne faut, dans les sciences naturelles, et surtout en minéralogie , ériger en espèce que ce qui est bien connu, on risque d'éle- ver à ce rang des minéraux qui ne sont que des variétés dues <à l'altération d'une espèce déjà déterminée. C'est ce qui est arrivé au péridot , qui, prenant, en se décomposant, des aspects très-différens , a donné lieu d'établir les espèces Chu- sile et Limbilile , et notamment cette dernière. C'est De Saus- sure qui a commis celte faute, et, en nous permettant de le faire remarquer, nous avons pour but de donner une preuve de plus de la nécessité de ne s'écarter jamais des règles établies pour la bonne circonscription des espèces. Lorsque De Saussure nomma ainsi des minéraux presque sans caractères, qu'il observa dans les roches volcaniques du pays de Limbourg, les règles que nous rappelons et qui ont été principalement établies par M. Haiiy, n'étoient pas encore connues ou n'avoient pas eu la sanction de la pra- tique et de l'assentiment d'un grand nombre de minéralo- gistes. Ce célèbre naturaliste avoit donc, par l'époque où il travailloit, une excuse pour les méconnoitre , et par ses nombreux travaux quelques droits pour s'en écarter. Ce n'étoit pas aux minéraux décritspar les autres qu'il donnoit des noms; c'ctoit à ceux qu'il avoit découverts lui-même , et qu'il avoit fait connoitre par tous les moyens qui étoient alors en son pouvoir. Le limbilite de De Saussure paroîtroit donc n'être , d'après les observations de MM. Brard et Laisné , confirmées par celles de M. Cordier, qu'unemoditicationduPÉRinoTaltéré. Voyez ce mot. ( B. ) 440 LIM LIMBORCHIA. {Bot.) Scopoli nomme ainsi le contouhea d'Aublet, genre de la famille des gentianées, qui est le pi- crium de Schreber, et il le rapproche mal à propos du na- cibea , genre de celle des rubiacées. (J.) LIMDORIA. (Bot.) Genre de la famille des lichens, établi par Acharius, très- voisin des genres Calicium , Verrucaria et Sphœria, et qui s'en distingue essentiellement par la forme de ses conceptacles , dont le bord est découpé et irrégulier, semblables à une couronne. Ces conceptacles, généralement noirs ou gris, prennent naissance sur une croûte très-mince, quelquefois un peu membraneuse, plane, uniforme, adhé- rente aux bois et aux écorces des arbres. Ce genre, comme ceux que nous venons de citer, ainsi que le Cjphelium d'Acharius , tient le milieu entre les champignons et les li- chens proprement dits. Ses espèces ont le port des sphœria et des calicium ; plusieurs même ont été placés dans le pre- mier de ces deux genres. Acharius en décrit, dans les Actes de l'académie de Stockholm pour l'an 1814 et suivans, sept espèces , presque toutes du Nord de l'Europe , excepté le limboria constellata, qui croit dans les Indes occidentales, et dont les conceptacles imitent , par leur disposition , des cons- tellations. Nous ne ferons remarquer que les deux suivantes. Limboria des haies ; L. sepincola, Ach., Ac t. Stockh., 181 /i , p. 246, pi. 6 , fig. 2; Schizoxjylum sepincola, Fers, in Act. Vetler. , 1810 , p. ii , tab. 10 , fig. 2. Il consiste en une croûte blanchâtre, à peine sensible, sur laquelle sont épars et enfoncés des conceptacles, d'abord urcéolés, puis d'un gris givreux , s'élevant en se déchirant et s'aplanissant ; munis d'un rebord mince, d'abord entier, puis libre, étalé et fendu çà et là. Cette espèce, dont on avoit fait aussi un calicium, croît sur les planches et sur le bois dont on fait des clôtures à la campagne. Ou la trouve en France. L. FRONCÉ : L. corrugata , Ach., /. c. , fig. 6 ; Lecidea corru- gata, Ach., Syn. ; Liciien granitiformis ; Engl. Bot., tab. 464. Sa croûte est blanchâtre, cartilagineuse , lisse, un peu tuber- culeuse; ses conceptacles sont sessiles , épars, entiers, noirs, luisans ; leur disque est plan , et se fronce ou se ride avec Je temps. Cette espèce croit sur le vieux bois. Les genres Limboria , Cyphelium. , Calicium et Coniocybe LIM 441 d'Achariiis , formoient d'abord le genre Calicium ; à pré- sent Acharius en fait une petite section dans la famille des lichens: comme elle a été publiée par Acharius dans le temps où le volume de ce Dictionnaire renfermant la lettre C étoit déjà publié, nous n'avons pu indiquer les genres Cfphelium et Coniocjhe; nous allons les faire connoitre , afin de ne pas renvoyer le lecteur à un supplément éloigné. Le Cjphelium, comme le Limboria, offre des conceptacles sessilcs, mais en diffère par ces mêmes conceptacles en forme de coupes très -régulières , persistantes, à bord très- entier, noires, remplies par une substance un peu consistante, de même couleur, représentant un disque un peu aplani, re- couvert d'une poussière floconneuse , et de niveau avec le bord. Ce genre comprend les espèces de Calicium à conceptacles sessiles , qui forment la première section du genre Cali- cium, du Synopsis d'Acharius , nommée Acolium. Les espèces pédicellées forment, en partie, le nouveau genre Calicium. d'Acharius, qui en comprend trente-huit, et qui répond à la deuxième section, ou Phacotium. Le Cjphelium ofi're seize espèces, dont neuf sont décrites dans le Sjnopsis lichenum d'Acharius. En voici les noms : Calicium tympanellum , leuco- melas , adspersum , tigillare , cambrinum , strigonellum , turbina- tum, le verrucaria byssacea , et le pjrenula leucocephala, Ach. Les autres sont nouvelles. Le genre Coniocjbe représente la troisième section du genre Calicium du Sjynopsis , ou Strongylium , qui se distingue par ses conceptacles (stipités comme dans le nouveau Calicium), presque globuleux, mous ou subéreux, entièrement recou- A^erts d'une poussière colorée , fixés sur des apophyses petites, dures, dilatées, aplanies , qu'ils couvrent, et situées sur des slipes grêles, filiformes. Acharius en décrit cinq espèces, dont trois se trouvent déjà décrites dans le Synopsis sous les noms de Calicium cantherellum , C. capitellatum , auquel il réunit le C. aciculare; enfin le C. gracilentum. (Lem.) LIME. [Bot.) Nom donné dans les jardins au plialaris as- pera, espèce d'alpiste. Voyez aussi Limon. (J.) Plusieurs variétés de citronniers, ou leur fruit, portent le «om de lime. Voyez vol. 9, pag. 002 et 3o3. ( L. D.) 442 LÎM LIME , Lima. (Malacoz.) Genre de mollusques lainelli- branclies, de la famille des subosf racés , proposé par Bru- guiéres dans les planches de rEncyclopédie métiiodique, niais définitivement établi par M. de Lamarck dans la première édition de ses Animaux sans vertèbres, et qui a été adopté par tous ies zoologistes subséquens. Poli , auquel la science doit Tanatomie de la principale espèce de ce genre , la réunit avec J'avicule ordinaire pour former le genre qu'il nomme Glaucoderme. Linnaus, Gmelin, et la plupart des zoologistes de son école, ne distinguoient pas les limes, non plus que les peignes, du genre des huîtres. Les caractères de ce genre sont lessuivans: Corps médiocrement comprimé , subsymctrique , enveloppé dans un manteau fendu dans presque toute sa cir- conférence, très-finement frangé sur ses bords et sans aucun indice de siphon ; bouche entourée de lèvres frangées, et de deux paires d'appendices labiaux; un appendice abdo- minal, rudimentaire, avec un byssus; coquille subéquivalvc, inéquiiatérale, subauriculée , ovalaire, bâillante inférieure- ment à son extrémité antérieure pour le passage du byssus; charnière sans dents, céphalique; ligament subextérieur; les sommets médians écartés; une seule large impression muscu- laire, subdivisée en trois portions bien séparées. D'après ces caractères et les détails anatomiques donnés par Poli, il est évident que ce genre de mollusques a beaucoup de rapports avec les peignes , et surtout avec certaines espèces qui ont un petit b^'ssus et une échancrure à la coquille pour son pas- sage, et qu'il est intermédiaire à ces animaux et aux avicules régulières : il diffère en effet des peignes, en ce que la bouche est pourvue d'appendices labiaux, et que les bords du man- teau sont au contraire dépourvus des petits tubercules nacrés qu'on voit dans ce dernier genre. La coquille est en général plus alongée d'avant en anière; chaque valve est moins symé- trique , les oreilles sont moins prononcées, moins égales, ce qui lui donne une forme ovale plus ou moins oblique ; enfin , sa surface extérieure est aussi moins régulièrement sillonnée, et les côtes sont le plus souvent un peu hérissées d'écaillés, ce qui rend la coquille rude au toucher, et lui a valu le nom de lime. Quant aux différences qui séparent ce genre des avicules rondes ou régulières , elles consistent essentielle- LIM 443 ment dans la forme plus régulière de la coquille moins squa- meuse, et en ce que l'appendice abdominal est moins déve- loppé et moins byssifère. Les limes paroissent se trouver dans foutes les mers, où elles vivent assez profondément, et cepen- dant aussi sur les rivages. D'après les observations de Drapar- nnud , les filets de leur byssus leur servent à réunir des frag- mens de coquilles, de gros grains de sable, de manière à se former une sorte de loge, dans laquelle cependant l'animal peut se mouvoir un peu. Les espèces sont: 1." La Lime commune: Lima squamosa, Lamk. ; Ost. lima, Linn.; Encycl. méth. , pi. 206, fig. 4; vulgairement la Lime- Coquille de couleur blanche, ayant vingt à vingt-deux côtes assez élevées et hérissées d'écaillés arrondies sur chaque valve. C'est l'espèce la plus commune dans les collections : elle se trouve en effet dans la Méditerranée. Elle a été le sujet des observations anatomiques de Poli. On la mange. 2.° La Ltj!e sueéquilatérale : Lima glacialis , de Roissy ; Osf. glacialis , Linn., List.,tab. 176, fig. ] 5 ; vulgairement la Lime DOUCE. Les valves de cette espèce, remarquable en oe qu'une des oreilles est plissée inégalement, sont sillonnées par cin- quante stries très-fines, relevées par des écailles imbriquées, fort petites. Elle est des mers d'Amérique. 5." La Lime linguatule : Limahians, de Roissy; Ost.hians , Linn.; Schrot. , Einl. in Conch. , 3, tab. g, fig. 4« Coquille très-blanche, d'un pouce et demi de long, sur neuf lignes de large, fort mince, oblique, baillante des deux côtés, ayant les rayons peu marques, avec des stries transverses, arrondies. Mers de Ncrwége. M. G. Cuvier rapporte à cette espèce la figure FFGjtab. 88, de Gualtieri , que Gmelin cite à YOst. fasciata. M. de Lamarck la dit de la terre deDiémeu. 4." La Lime étroite : Lima fragilis; Ost. fragilis , Linn. ; Chemn., Conch., 7, tab. 68, fig. 65o. Petite coquille de quinze lignes de long sur la moitié de large, mince, fragile, équivalve , ayant vingt-cinq rayons à la surface, le bord très- entier, les oreilles aiguës, presque égales. De la mer qui baigne les îles de Nicobar et les Barbades. 5." La Lime excavée : Lima excavata: Ost. excavata , Linn.; Chemn., Conçu., 7, tab. 68, fig. 654. Cette espèce est la plus grande de toutes, puisqu'elle a cinq pouces de long sur 444 LIM trois et un quart de large; elle est épaisse, blanche, avec une seule oreille, ornée destries longitudinales, onduleuses, avec de petites élévations transversales. Elle se trou\e sur les côles de A^nrw ége , où elle est très-rare. M. de Lauiiirck ajoute la L. enflée, L. injlata, qui est oblique, très-boirbée , bâillante des deux côtés, et la L. annei.ée, L. annulata , qui est sub-ovale, avec des stries longitudinales très-fines, traversées par des stries d'accroissement bien mar- quées. La première est d'Amérique , et la dvinièrede l'Ile-de- France. Uostrca fasciata de Gnielin diffère-t-elle de la lime Commune ? (De B. ) LIME. (Foss.) Les coquilles du genre des limes ayant beau- coup d'analogie avec les peignes, non-seulement pour leur forme, mais encore pour leur insulubilwé dans les couches où les coquilles solubles ont disparu, il arrive qu'on en ren- contre avec ces dernières dans les couches antérieures à la formation de la craie, dans cette dernière, et dans les cou- ches plus nouvelles du calcaire coquillier grossier. Celles qu'on trouve dans les couches les plus anciennes étant souvent empâtées dans une gangue qui ne permet pas de saisir tous leurs caractères, il est possible qu'un grand nom- bre de coquilles qui ont été prises pi>ur des limes, doivent entrer dans le genre des plagiostomes. Lime spati!lée ; Lima spathulata. , Lam., Ann. du Mus. d'hist. nat., Vélins du Mus. n.° Sg, fig. /(. Coquille ovale- oblongue, subdéprimé.*, couverte de côtes longitudinales, imbriquées d'écaillés courtes, à bords plissés, bâillante sous l'oreillette antérieure, à charnière droite. Longueur, i/^àiS lignes; lar- geur, 1 G lignes. Les coquilles de cette espèce que Ton trouve à Grignon (département de Seine et Oise), sont un peu inéquilatérales. On trouve dans le même lieu, ainsi que dans la falunière de Hauteville (Manche), une variété delà même espèce, dont l'intervalle entre les côtes est finement treillissé. Dans des couches quarzeuses du département de l'Oise on rencontre une autre variété delà même espèce, ou une autre espèce, qui est un peu plus grande : ses côtes sont plus nom- breuses , et leurs écailles sont plus rapprochées les unes des autres. • LIM 445 Lime bulloïde ; Lima bulloides, Lam. , loc. cit. , Vélins, n." ng , . fig. 9 ; Osirea nivea, Brocchi , Conch. fuss. Suhap., pi. XIV, fig. 14, a, b. Coquille oblongue-ovale, très-reiitlôe, non bâil- lante, à valves minces et transparentes, à oreillettes petites et presque égales, à ligne cardinale à peu près droite. Les cô- tes longitudinales dont elle est couverte, ne sont bien ap- parentes que sur le milieu des valves. Longueur, 3 a 4 lignes. Cette espèce aies plus grands rapports dans ses formes avec la lime étroite, lima fragilis, Lara. (Anim. sans vertèbres , n." 6; Encyolop. . pi. 206, fig. 6) , qui habite aux îles de Ni- cobar; mais celle-ci est beaucoup plus grande. On trouve la lime bulloïde à Grignon et dans la vallée d'Andone enPiémont. Lime oBLiyi'E: Lima obliqua^ Lam., /oc. cii., Vélins, n.''3c), fig. j lOstreastrigillata, Brocchi, loco cit., mêmepl., fig. 1 5 , a, b. Coquille ovale, oblique, enflée, à côté postérieur bombé, très-inéquilatérale, à ligne cardinale oblique. Les stries lon- gitudinales dont elle est couverte, sont très-fines, serrées sur le dos et sur le côté antérieur des valves, mais plus écar- tées vers le côté postérieur. Ses valves sont minces, fragiles et transparentes. Longueur, 4 lignes. Lieu natal, Grignon et la vallée d'Andone. Cette espèce a les plus grands rapports pour la forme avec la lime linguatule, lima linguatula , Lam. (Anim. s.ius vert., n.° 6 ) , qui habite les côtes de la Terre de Diémen ; mais celle-ci a i5 lignes de longueur. Lime plissée ; Lima plicata, Lam. , Anim. sans vert. , espèces foss. , n.° 3. Coquille ovale, inéquilàtérale , tronquée à son sommet , couverte de côtes ou plis longitudinaux un peuécaiU leux. Lieu natal , les faluns dclaTouraine. M. Lamarck regarde la lime obliqne ci-dessus comme une variété de cette espèce. Lime dilatée; Lima dilatata , Lam., loc. cit. , n." 5, Vélins du Mus., n." 39, fig. 7. Coquille inéquilatérale , suborbicuLiire , aplatie, oblique, couverte de stries longitudinales très-fines. Chaque valve est mince, transparente, et ressemble à une écaille ou à un ongle oblique et irrégulier. Les deux oreilles sont petites et inégales. Longueur , cinq lignes. Lieu natal, Grignon et la falunière de Hauteville. Limevitrée: Limavitrea, Lam., Anim. sans vert. , esp. foss., n.° 4; Lima fragilis du même auteur, Ann. du Mus., ^ , p. 464 , 446 LIM n." 5. Coquille oblongue, inéquilatérale, à valves très -peu convexes, minces, fragiles et transparentes, couverte de aS à 28 côtes longitudinales, lâches et très-fines. La ligne de la charnière est oblique; les oreillettes sont inégales. Longueur, 7 lignes. Lieu natal, Grignon. Cette espèce aies plus grands rapports avec le peclcn fra- gilis de Chemnitz (Conch., vol. 7, p. 34g), qui vit dans les mers voisines delà Nouvelle-Hollande, et dont la longueur est de i3 lignes. LiMEMUTïQUF. iLî'ma mulica, l.'dvn., Anim. sans vert., esp. foss., n.° 2. Coquille ovale-oblique, inéquilatérale. bâillante des deux côtés et couverte de côtes longitudinales, lisses et un peu tranchantes. Lieu natal, l'Italie. Lime cunéiforme; Lima affinis , Def. Coquille ovale, dépri- mée, tronquée sur l'un de ses côtés ; à côtes longitudinales pres- que lisses; à bords plissés, à oreillettes petites. Longueur, cinq lignes. Cette espèce, qu'on trouve àThorigner (Maine et Loire), a les plus grands rapports pour les formes avec la lime com- mune, que l'on trouve dans la Méditerranée; mais celle-ci est beaucoup plus grande. Lime voûtée .- Lima arcuata , Def.; Ostrea arcuata, Brocchl, Conch. foss. Suhap., tab. XIV. fig. 11, a, b. Coquille oblon- gue, considérablement voûtée, bossue , à sommets très-recour- bés, couverte de jo côtes longitudinales, à oreilles très-cour- tes et égales, et à bords plissés. Longueur, 10 à 11 lignes. Cette espèce a été trouvée à la Rochetta, près d'Asti , en Pié- mont. Ilparoit qu'elle n'est pas bâillante et qu'elle a beaucoup d'analogie avec les peignes. Liiiz bossue; Lima gibbosa , Sow. , Min. conch. , pi. 1 32 , et Hist. nat. des foss. de la montagne de Saint-Pierre de Maestricht, par Faujas, pl.XXV^II , fig. 2. Cette espèce a de très-grands rapports avec la lime buUoïde; mais elle est inéquivalve et beaucoup plus grande : comme elle, elle porte des côtes lon- gitudinales plus marquées sous le milieu des valves. On la trouve dans une couche à oolithes antérieure à la formation crayeuse, près de Caen, près de Bayeux , à Cotswold en Glocestcrshire et dans la montagne de Saint - Pierre de, Maestricht. Longueur, un pouce. Dans Pouvraiic de M. Sowerbv ci-dessus cité, on trouve la LIM 447 figures et la description de trois espèces de limes. L'une [Lima arifiquata, pi. 214, fig. 2, et que Ton trouve à Fretern en Glncestershire), paroît dépendre du genre de.s limes; mais celle à laquelle cet auteur a donné le nom de Limarudis, que l'on trouve à Calne et dont il a donné une figure, même pi. n.° 1 , et ïaLima proboscidea, que l'on trouve dans les couches anciennes près de Weymoutli et qui est figurée pi. 264, pa- roissent dépendre d'autres genres. La première pourroit être un plagiostome , et Tautre une fridacne ou une peintadine. Je possède une coquille qui paroîtroit se rapporter au genre des limes; mais la gangue dont elle est remplie , ne permet pas de lui assigner sa véritable place : on en voit la figure dans l'ouvrage de Knorr, Petrif. , part. 2, pi. 176, fig.4« Je lui ai donné provisoirement le nom de Lima diibia. Elle est en- flée, inéquilatérale et chargée de côtes longitudinales. Lon- gueur, 5 pouces et demi; largeur, 3 pouces. J'ignore où elle a vécu ; mais il est extrêmement probable qu'elle provient des couches antérieures à la formation de la craie. (D. F.) LIMEBOIS. (Entom.) C'est le nom François du genre Ly- MEXYLON, dont M. Latreille a fait une tribu parmi les coléop- tères pentamérés. (C. -D.) LIMEOLE, Lim<'«(rî. (Bot.) Genre de plantes dicotylédones, à fleurs complètes, polypétalées, régulières, de la famille des portulacées, de Vheptandrie digynie de Linnaeus; offrant pour caractère essentiel : Un calice persistant à cinq folioles; cinq pétales égaux , un peu onguiculés , plus courts que le calice; sept étamines , ou moins ; les filamens dilatés et connivens à leur base; un OA^aire supérieur, chargé de deux styles; les stigmates obtus : le fruit est sphérique, à deux semences conniventes. LiJiÉOLE A FEUILLES OBLONGUEs : Limeum afr'icanum , Linn. fils, SiippL, pag. 224; Gœvtn., de Friict. , pag. 367, tab. 76 ; Lamk. , III. gen., tab. 276. Cette plante a Je port d'un te- lephiuni; ses tiges sont herbacées, foibles, couchées, angu- leuses, nues, longues de sept à huit pouces, persistantes h leur base; les feuilles sont alternes, distantes, petites, un peu pétiolées, oblongues ou linéaires - lancéolées : les fleurs disposées eu corymhes nus, solitaires, terminaux, ramifiés: les pédoncules un peu longs; la corolle plus courJe que le 448 LIM calice; les filamens subulés, plus courts que la corolle ; les anthères ovales; les styles plus courts que les étamines ; les semences scabres en dehors, concaves à leur face inférieure. Cette plante croîtdans l'Ethiopie et au cap de Bonne-Espérance. On cite encore une autre espèce, sous le nom de Limeuni aphjllum, Linn. fils (SuppL, pag. 2i4),queThunberganommée Limeuni capense (Prodr., pag. 68) : ses feuilles sont ovales, sessiles, un peu lancéolées, si petites que la tige en paroît dépourvue; elle croît, comme la précédente, au cap de Bonne-Espérance. Le Limeum humile de Forskal est, sous un autre nom, la même plante que son genre Eraclissa, qui, d'après Vahl, doit être rapporté à Vandrachne telephioides de Linnaeus. (Poir.) LIMETTE, LIMETTIER. (Bot.) Variété de citronnier. (L.D.) LIMEUM. (Bol.) Anguillara et C. Bauhin croient que la plante ainsi nommée par Pline , laquelle passe pour un poi- son actif, est notre ranunculus tliora. Quelques auteurs pen- chent pour le doronicum pardalianches. C. Bauhin rapporte ailleurs Popinion de Guilandinus , qui dit que la plante nommée limeum par les François ne diffère pas de la varaire , veratrum. Linnœus a employé ce même nom pour un genre conservé, qui se rapproche des portulacées. (J.) LÏMIA. (Bot.) Genre de M. Vandelli, qui présente, suivant Richard, les caractères du vitex , dans la famille des ver- bénacées. (J.) LIMICOLtE. {Orniilu) Les oiseaux qui vivent dans les terres limoneuses, comme les courlis, les bécasses, les barges, etc., composent la famille à laquelle llliger a donné ce nom, et qui a pour caractères : Un bec ordinairement plus long que la tête, étroit, grêle, droit ou arqué ; la face emplumée ; les pieds munis de quatre doigts, dont les trois antérieurs sont entièrement séparés, ou réunis par la base, et dont le postérieur est petit, court , et touche à terre par l'extrémité seulement, ou point du tout. (Ch. D.) LIMICULA. (Ornith.) M. Vieillot a substitué, pour le genre Barge, ce nom à celui de limosa, qui lui a été donné par Brisson. ( Ch. D. ) LIMIER. {Mamm.) Nom particulier du chien qui sert au veneur à découvrir ou à détourner le cerf. ( F. C. ) LIM 449 LIMTRAVEN. (Bot.) Flacourt dit que l'arbre de ce nom, qui croit dans l'ile de Madagascar, a les feuilles cinq à cinq et semblables à celles du cbàtaignier, lesquelles sont cor- diales. Cette indication est insuffisante pour déterminer son genre. CJ.) LIMNADlEj Limnadia. {Crusf.) Genre de crustacé lophy- ropes, établi par M. Adolphe Brongniart. Voyez l'article Malacostracés. (Desm.) LIMNANTHEMUM. (Bot.) Voyez Limnanthûs. (Lem.) LIMNANTHUS. (Bot.) Necker nomme ainsi le njmphoides de Tournefort , que Linnfçus avoit réuni au menyanthes , et qu'on a cru devoir en séparer de nouveau et même pbicer dans une famille différente. On n'a pu conserver le nom de njmphoides , contraire aux principes introduits pour la nomen- clature des genres. Gmelin lui a substitué celui de villarsia, adopté par Ventenat, M. De Candolle et plusieurs autres. Ce genre a été encore nommé limnanthemum par Gmelin, lirnnan- thus par Necker, et waldschmidia par Wigg. Il appartient aux gentianées, ou doit du moins en être rapproché, tandis que le menyanthes reste à la suite des primulacées. ( J.) LIMNEE, Limnœa. {Malacoz.) Genre de mollusques, établi par M. de Lamarck pour un assez grand nombre de mala- cozoaires céphalés, hermaphrodites, pulmobranches, dont Linnœus faisoit des espèces d'hélices, et que Bruguières, en ne considérant que la coquille , rangeoit parmi ses bulimes. Klein avoit indiqué cette coupe générique, à sa manière, sous les noms d'auricula et de ner'dostoma , et Mnller beaucoup plus complètement sous celui de huccinum ; mais ils Tavoient à peine caractérisée. Tous les zoologistes modernes ont adopté ce genre, et avec beaucoup de raison; car il en est peu d'aussi naturels et d'aussi nettement circonscrits, surtout en considérant l'animal. Les caractères que nous lui assignons sont les suivans : Animal spiral, trachélipode; la tète pour- vue de deux tentacules aplatis, triangulaires, auriformes , contractiles, avec des yeux sessiles au c6té interne de leur base ; la bouche accompagnée d'appendices buccaux, larges, triangulaires, et armée d'une dent supérieure. L'orifice de la cavité pulmonaire, en forme de sillon, est percé au côté droit, et bordé inférieurement par une sorte d'appendice 26. ^^9 45o LIM auriforme, pouvant se plier en gouttière; les organes de la génération mâle et femelle portés sur le même individu ; la terminaison de l'oviducte dans le fond de la cavité qui sépare le corps du collier, ou du bord du manteau ; celle de l'appareil mâle au côté externe de la racine du tenta- cule droit. Coquille oblongue ou renflée, mince, lisse, à spire pointue; l'ouverture ovale d'avant en arrière bien en- tière, plus large en avant, à bords désunis, le droit toujours tranchant; un pli très-oblique à la columelle , qui est bien loin de former tout le bord gauche ; point d'opercule. Ce genre bien distinct, quant à l'animal, de tous les autres, si ce n'est peut-être des physes, offre pour la coquille quelques rapports, non-seulement avec ce dernier genre, mais même avec les bulimes, les ambrettes et les auricules. 11 se dis- tingue des premiers par le pli oblique de la columelle et parle bord droit, tranchant; des secondes, par ce premier caractère, et parce que la columelle n'est pas arquée; enfin, des troisièmes, parce que le bord est tranchant, et que le pli de la columelle est moins marqué. Quant aux physes, on ne peut nier qu'il y a encore plus de rapports ; cependant l'élévation et l'acuité de la spire, et surtout l'égalité d'avance des deux bords, sutEsent pour les en distinguer. La forme générale des limnées ressemble beaucoup cà celle des mollusques gastropodes : le corps est assez gros pour la coquille, ovalaire, contourné en spirale dans la masse des viscères, et pourvu d'un pied large, ovale, attaché sous le cou ; le manteau qui l'enveloppe se termine autour du pé- doncule, qui joint la masse spirale au pied, en prenant un peu plus d'épaisseur en avant; la tête, large, peu distincte, arrondie en avant , est pourvue en-dessus de deux tentacules triangulaires, aplatis, contractiles dans tous les points et ne se ridant pas dans la contraction. Les yeux sont très-petits, sessiles, et situés au côté interne de la base des tentacules; de chaque côté de la tête, ou mieux de la bouche, est un appendice large , triangulaire, très-extensible. La peau des limnées est comme translucide, de couleur ordinairement foncée, noire ou verdàtre, sans stries ni tu- bercules; elle est très-visqueuse. Les tentacules sont absolu- ment de la même structure qu'elle. Les yeux ne sont que LIM a5i des points qui semblent de peu d'utilité. Les muscles du pied sont comme dans les autres gastropodes. La bouche est tout-à-fait antérienne, trés-mobile, et en forme de T au milieu de ses deux appendices. La masse buc- cale est assez considérable , plus large en arrière qu'en avant : son ouverture antérieure offre supérieurement une dent presque noire, transverse, un peu convexe à son bord inférieur, qui est divisé en deux dents moussespar une échancrure moyenne; de chaque cAté tombe perpendiculai- rement, vers le bord externe de la dent, une lèvre peut-être un peu cartilagineuse et attachée à la moitié supérieure de la dent; enfin, le bord inférieur est transverse : il en ré- sulte que l'ouverture interne de la bouche est, quand elle est ouverte, à peu prés quadrilatère. Dans son intérieur on voit inférieurement un tubercule arrondi, servant de langue, et supérieurement l'ouverture de l'œsophage. La langue est très-épaisse, charnue, et jusqu'à un certain point semblable à celle d'un perroquet; elle occupe les deux tiers inférieurs de la cavité buccale, en formant la plus grande partie de la masse buccale : excavée dans son milieu . ses deux masses latérales sont touf-à-fait musculaires, d'un brun rou- geàtre, au contraire de tous les autres muscles, qui sont d'un blanc satiné; au fond de l'excavation est la véritable langue, aplatie, ovalaire, supportée en arrière par une espèce de pédicule cartilagineux ou osseux. L'œsophage suit la partie supérieure de la masse buccale, et se dilate un peu en ar- rière; il est accompagné, dans la moitié au plus de sa lon- gueur, par les gland es salivaires, qui sont d'un très-beau jaune: leurs canaux excréteurs s'ouvrent sur les parties latérales de la masse buccale. Au-delà, l'œsophage continue son trajet dans plus des deux tiers de la cavité viscérale, et pénètre, sans s'être renflé, dans un petit estomac enveloppé par deux muscles épais, ou dans un gésier formé comme dans les oi- seaux. Le canal intestinal qui en naît, après deux ou trois circonvolutions dans le foie, se recourbe en avant et se ter- mine à l'anus. Le foie, de même couleur que l'ovaire, est composé de petits grains alongés , très-aisés à séparer; il oc- cupe la moitié de la coquille, tant il est considérable. Les vaisseaux biliaires, après s'être réunis, s'ouvrent dans le canal intestinal, tout près du pylore. 452 LIM Les appareils de la respiration et de la circulation n'offrent rien de bien remarquable. Le premier se compose d'une ca- vité pulmonaire, à p^u près formée comme dans les hélices, mais plus reculée, occupant une partie de l'avant-dernier tour de la spire , et précédée par une grande cavité formée par une avance du manteau, comme s'il eût dû y avoir des branchies. La cavité pulmonaire est du reste transversale , dirigée de gauche à droite , et un peu obliquement d'ar- rière en avant : ses parois offrent peu la disposition vascu- laire ; sa communication à l'extérieur se fait par une fente courte, formée par une sorte d'avance au-dessous du man- teau , qui la déborde évidemment. Le système veineux réunit les différens rameaux, qui re- viennent des parties, dans une artère pulmonaire unique, dont les subdivisions se ramifient dans la membrane pul- mouaire -, de leurs radicules naît la veine pulmonaire ou branchiale, qui s'ouvre dans l'oreillette du cœur situé au côté postérieur de la cavité respiratrice ; du ventricule naît en- suite l'aorte, qui se subdivise à peu près comme dans les au- tres mollusques de cet ordre. L'appareil de la dépuration urinaire se compose toujours d'un petit amas glanduleux, situé près de la cavité pulmo- naire, et d'un canal qui s'ouvre par un très- petit orifice près de l'anus. Le fluide qu'il produit paroît jaune, ou du moins je l'ai vu de cette couleur dans le canal excréteur. L'appareil de la génération est presque aussi compliqué que dans les hélices. L'ovaire occupe les premiers tours de la spire en arrière du foie; sa couleur est jaune, comme celle de celui-ci : en enlevant une membrane assez épaisse qui le recouvre , on voit qu'il est composé d'un grand nombre de grains assez gros, plus jaunes que l'ovaire en totalité, et fort adhérens entre eux, au contraire de ceux qui composent le foie. Dans son intérieur naît l'oviducte, qui, d'abord assez large, se rétrécit ensuite, forme quelques zigzags, traverse les lobules du foie, devient extrêmement fin, se colle immédiatement contre le testicule, passe à travers sa substance, en sort et s'ouvre dans va renflement considérable cylindroïde : c'est la partie où les œufs séjournent quehjue temps et se re- LIM 455 couvrent d'une humeur glaireuse. Cet organe semble formé par un grand nombre de rondelles, surtout à son boi'd ex- terne; ce sont des plis qui, sans doute, disparoissent quand les œufs le remplissent. L'extrémité antérieure de ce renfle- ment se prolonge en un canal beaucoup plus étroit, qui, après avoir reçu celui d'une petite vessie ovale à col assez long, s'ouvre à l'extérieur par un orifice situé, comme il a été dit plus haut, peu avant l'orifice pulmonaire, dans la profondeur de la cavité trachélienne, à la réunion du pédon- cule qui joint le tronc au pied. Cette vessie est appliquée à la partie inférieure de la cavité abdominale, et retenu© dans cette position par des libres qui m'ont semblé muscu- laires. Le testicule est assez petit et comme formé de deux par- ties, l'une plus grosse, ovale, dont le canal semble s'ouvrir dans la partie postérieure de l'oviducte, et l'autre qui en- veloppe d'une manière serrée la terminaison de cette partie dans la seconde; on voit à sa surface plusieurs stries : il en nait un premier canal déférent, fort court et assez large, qui se dilate bientôt en une espèce de poche cordiforme, fort grande, plissée, de couleur noirâtre. De cette sorte de vésicule séminale naît la seconde partie du canal déférent, qui est fort longue, fort grêle ; elle se porte d'une manière assez directe vers l'endroit delà sortie de l'organe excitateur pénètre dans l'enveloppe musculo-cutanée du corps, se porte d'avant en arrière en suivant le côté droit, sort de la peau, se recourbe en avant, et vient se terminer à l'extrémité postérieure de l'organe excitateur, dans lequel son orifice fait une petite saillie en foi'me de bouton. L'organe exci- tateur est fort considérable, subcylindrique, placé au côté droit de l'œsophage, la base en avant, le sommet en arrière. Sa couleur est d'un blanc sale, et sa surface striée transver- salement; en le fendant longitudinalement , on trouve que ses parois fort épaisses forment un long canal, bordé de chaque côté par un corps alongé-ovale , strié en travers dans touie sa longueur : à l'extrémité postérieure on trouve ua petit anneau cartilagineux qui semble être la terminaison du canal déférent ; l'extrémité antéi'ieure se termine par un orifice situé à la racine du tentacule droit. Cette espèce de 454 LIM pénis s'alonge par l'action des libres musculaires annulaires qui la composent, et elle est rétractée par trois petits mus- cles proA^enant du faisceau commun. Le cerveau forme une sorte de couronne de ganglions autour de l'œsophage, et tous ces ganglions sont rouges. Les deux supérieurs, symétriques, sont réunis entre eux par une hande transverse; les inférieurs sont aussi divisés chacun en trois. Les limnées paroissent avoir encore un toucher plus sen- sible que les autres mollusques, ce qui tient sans doute à la nature plus gélatineuse, moins tuberculeuse, de leur peau. Elles rampent assez vite à l'aide du disque musculaire fort large dont elles sont pourvues, non-seulement sur les corps solides, immerges ou non, mais encore à la surface de l'eau; dans ce cas, elles sont renversées, la coquille en bas et le pied en haut. II paroit que la contraction du pied prend son point d'appui sur une très -légère couche d'eau qu'elles laissent au-dessus. Leur force ne doit cependant pas être très-grande, et en effet le moindre vent suffit pour accumuler les limnées ainsi flottantes vers le côté opposé à celui où il souflle. Au moindre danger, elles retirent toutes leurs parties dans la coquille , deviennent d'une pesanteur spécitique plus grande , et tombent au fond. Pour revenir à la surface, elles sont obligées de ramper sur le sol jusqu'au Lord, eu bien de suivre la tige des plantes aquatiques. Ce n'est en effet que dans l'eau, et dans l'eau douce seulement, que l'on trouve les limnées; et comme ce fluide ne peut servir à leur respiration, elles sont obligées de venir de temps en temps à la surface pour respirer l'air en nature. Quelquefois on les trouve lout-à-fait hors de l'eau , sur les plantes aquatiques, mais jamais à des dislances un peu con- sidérables. Elles se nourrissent seulement de substances vé- gétales, et surtout de feuilles de plantes aquatiques, qu'elles coupent, à la manière des limaces, avec la dent dont leur bouche est armée. Pendant l'hiver, du moins dans nos cli- mats, elles tombent dans une sorte de torpeur, et s'enfon- cent plus ou moins profondément dans la vase qui est au fond des étangs, des marais, des rivières ou des ruisseaux quYUes habitent. C'est à la fin du printemps que, leur ac- LIM 455 tivité devenant plus gratide , elles s'occupent de leur repro- duction. Quoique portant les deux sexes réunis, comme les limaces et les hélices , le mode d'accouplement n'est cepen- dant pas le même. En eftet, dans celles-ci nous avons vu que deux individus agissent réciproquement l'un sur l'autre, comme mâle et comme femelle ; dans les limnécs, il en faut au moins trois, dont celui du milieu est le seul dont le double appareil soit à la fois en action, le premier individu n'agissant que comme màle , et le dernier que comme fe- melle. Mais, comme de nouveaux individus peuvent se join- dre à ce groupe primitivement accouplé, il en résulte nu cordon souvent fort long dans lequel tous les animaux inter- médiaires au premier et au dernier agissent et pâtissent à la fois comme mâles et femelles. Au bout d'un certain temps d'accouplement, dont on ignore au juste la durée, les indi- vidus fécondés déposent, sur les corps morts ou vivans exis- tant dans l'eau, de petites niasses glaireuses, translucides, ovaiaires , composées d'une plus ou moins grande quantité d'œufs. Ces œufs, d'abord nullement distincts, le deviennent peu à peu ; on distingue très-bien dans chacun le petit ani- mal pourvu de sa coquille, qui, en assez peu de temps, se sépare des autres, et va à la recherche de sa nourriture. On ignore la durée de la vie de ces animaux et le temps qu'ils mettent à devenir adultes. Ils sont dans certaines lo- calités accumulés en grande abondance. l,es limnées ne sont d'aucune utilité directe à l'espèce hu- maine : elles servent à la nourriture des oiseaux aquatiques, et surtout des poissons , qui en font une grande destruction. Les espèces de ce genre paroissent, avec les physes, les planorbes et les cyclostomes paludines et ampullaires, se trouver dans les eaux douces de toutes les parties delà terre. On en connoit , en effet, dans la zone boréale, en Europe, en Asie et en Amérique. La zone tempérée en contient in- dubitablement aussi dans les trois parties du monde. La zone tropicale ou torride en renferme en Amérique, en Afrique et en Asie. Enfin, si nous n'en connoissons pas encore dans la zone antarctique ou méridionale, il est probable que cela lient à ce que les observations directes nous manquent. Les espèces de limnées , de l'aveu de tous les conchyliolo- 456 LIM gués, sont fort difficiles à caractériser : en effet, les carac- tères ne peuvent se tirer que des différences de proportion dans l'ouverture , dans la grosseur et la longueur des tours de spire, et ces différences, qui tiennent souvent à l'âge et a la localité, se nuancent d'une espèce à l'autre, d'une manière presque insensible ; aussi n'est-il pas de genre où l'on crée aussi aisément des espèces fossiles et perdues. Nous allons dis- poser les espèces qui sont décrites et figurées dans les auteurs , dans l'ordre de la dégradation de la spire et de l'augmenta- lion proportionnelle du dernier tour et de l'ouverture, sans penser cependant qu'on doive former des extrêmes des genres distincts. La L. coi.uMNAiBE : L. coluivnaris , Lamrk. , Enc. méth., pi. 45g, fig. 5 ah; HeAix columna , Gmel. Coquille gauche, très- longue, fauve- pâle, ornée de flammes longitudinales plus foncées ; à spire turriculée ; le sommet obtus ; l'ouverture petite ; de fines stries se coupant à angles droits sur les tours de spire, qui sont tous fort grands et aplatis. Cette coquille, fort rare, est terrestre, d'après M. de Fé- russac. et vient de la Guinée, aussi la range-t-il parmi les agathines , ainsi que M. de Lamarck (An. sans vert., tom. 6 , Errât., p. 678), en faisant remarquer que la columelle est en effet tronquée. La L. LEUCosroME: L. leucosloma , Foirct, Prodronu; L. elon- galus, Drap., Moll., pi. 3, fig. 5, 4. Coquille alongée , sub- turriculée, très-finement striée longitudinalement d'un brun noirâtre en dehors; les bords de l'ouverture, qui est petite , épaissis en dedans et de couleur blanche : sept tours de spire. L'animal est noirâtre, avec une tache blanche au de- vant de chaque œil. Cette espèce, qui a 10 à 16 millimètres de longueur sur un diamètre de 4 millimètres , paroit exister dans toute l'Europe , on la connoit du moins dans toute l'Allemagne et dans les diffévpntes parties de la France. La L. BRUiNE : L.fusca, PfeifiTer, Coq. terr. et fluv. d'Ail., pi. 4, fig. 25 ; L, palustris, var. /3, Drap., Moll., pi. 111 , fig. 2. Coquille oblongue, elliptique, sans traces d'ombilic : spire médiocre, aiguë; l'ouverture ovale, elliptique; couleur toute brune. Longueur , six lignes ; diamètre , trois et demie. LIM 457 L'animal est d'un brun noirâtre ; les yeux noirs, entourés d'un petit tubercule blanc. Cette espèce, que l'on trouve en France et en Allemagne, est-elle réellement distincte de la suivante, dont Draparnaud pensoit que ce n'étoit qu'une variété? Cela est assez peu probable. J.a L. DES marais: L. paluslris , Drap., Moll., pi. 2, fig. 40, A'-i ; Hélix fragilis et Hélix paluslris , Linn. , Gmel. Coquille ovale, oblongue, striée par les stries d'accroissement, co- nique, assez solide, à spire aiguë, d'un brun plus ou moins foncé ; l'ouverture ovale , un peu moindre que la moitié de la longueur totale. Spire de six tours. L'animal est noirâti-e , parsemé de petits points d'un jaune pâle. Cette espèce est commune dans les eaux stagnantes et dans les rivières de toute l'Europe. La L. naine: L. minuta, Drap., Moll., pi. 3, fig. 5,7; Hélix truncatula, Gmel. Très-petite coquille ovale, conique, mince , transparente , cendrée ou cornée ; cinq tours de spire convexes; l'ouverture ovale, à peine aussi grande que la moitié de la coquille en totalité, et à bords un peu ren- versés : 5 à 6 millimètres de long , sur 2 à 3 de large. L'animal est noirâtre, ponctué de jaune. Il se trouve dans les ruisseaux , les fossés , les mares de la France et de l'Al- lemagne. La L. STAGNALE : L. stagnalis , Lam., Enc. méth., pi. 4^9, fig. 6 , ai; Drap. , Moll. , pi. 2 , fig. 38 , 3g ; Hélix stagnalis , Gmel. Coquille fort mince , ovale-oblongue , à spire très-aiguë de sept tours, le dernier très -grand, ventru; l'ouverture grande et un peu anguleuse à sa partie supérieure; couleur brun-cendrée = 36 à 40 millimètres de longueur, sur 12314 de largeur. C'est l'espèce la plus commune dans les étangs et les rivières de France, ainsi que la plus grande. L'animal est plus ou moins fauve. La L. VOYAGEUSE : L. peregra , Drap., Moll., pi. 2, fig. 34 à 57 ; Hélix peregra, Gmel. Coquille cornée, ovale-oblongue; la spire médiocre, aiguë, de quatre tours et demi, le der- nier beaucoup plus grand que les autres pris ensemble, l'ou- 458 LIM vcrture ovale, plus grande que la moitié de la coquille, li'oinbilic asser souvent visible. L'aniuial de cette espèce est grisâtre ou brunâtre, marqué de points dorés et de taclies noires, qui paroissent à travers la coquille. 11 habite les rivières , les fontaines de la France et de l'Allemagne. La L. intermédiaire: L. intermedia, Laiiirk , d'après M. de Féi-ussac. Coquille ovale, très -mince, diaphane, très-fine- ment striée, d'un brun corné; quatre tours à la spire, qui est courte et aiguë. Quatre lignes et demie de longueur. Dans les eaux douces du Quercy en France. La L. OVALE ; L. o^ata, Drap., MoU. , pi. 2, fig. 00, 3i ; Bulimus limosus, Foir. ; Hel. teres , Linn. , Gmel. Très-petite coquille de viogt millimètres de longueur , sur dix à douze de largeur, subampullacée , ovale, à cinq tours de spire, dont le dernier est au moins quatre fois plus long que tous les autres; l'ouverture ovale - oblongue , subétalée; l'ombilic assez marqué. L'animal de cette espèce est grisâtre , et sa coquille ordi- nairement couverte de boue. Dans les ruisseaux, en France et en Allemagne. La L. VULGAIRE : L. vulgaris , Pfeiff. , loc. cit. , pi. 4 , fig. 22 ; L. ovatus, var.^, Drap., Moll. , pi. 2, fig. 53. Cette espèce, établie par M. Pfeiffer, ne paroît réellement différer de la précédente, même d'après les caracfères que lui assigne cet observateur, que parce que l'ombilic est peu ou point appa- rent ; elle est aussi généralement plus petite (six lignes de long sur quatre de large), et son dernier tour est un peu moins ampullacé. On la trouve en France et en Allemagne. La L. GLUTiNEL'sE : L. glulinosa , Drap.; Bulim. glulinosus, Poir. ; Uelix gUdinosa, Gmel. Petite coquille ampullacée , d'un jaune pâle, diaphane, luisante, extrêmement mince et fragile; trois tours de spire obtuse au sommet, et dont le dernier est très-grand. L'animal , jaunâtre ou blanchâtre , parsemé de points dorés et de taches noires, offre cela de remarquable que les bords du manteau peuvent se dilater et sortir de la coquille, de manière à la recouvrir presque en entier. C'est ce qui, d'après, l'observation de M. Millet (Moll. terr. et fluv. des LIM A59 dép. de Marne et Loire) , a fait croire qu'elle étoit couverte d'un enduit visqueux. Cette espèce se trouve en France. La L. VENTRUE : L. auricularia, Drap,, Moll. , pi. 2, fig. •j8 , -ji.); Hélix auricularia, Linn. , Guiel. Coquille souvent assez grosse (seize à vingt-quatre millimètres de long, sur dix à quatorze de large), ovale, très-ventrue, fort mince, translucide, de couleur jaunâtre; la spire très-pointue, com- posée de quatre tours, dont le dernier, six ou sept fois plus grand que les trois autres, offre une large ouverture très- évaséc. L'animal est noirâtre, quelquefois gris, tacheté ou non. Dra])arna\id dit qu'il est pourvu de quatre filamens ou tubes rétractiles, qui partent de la partie supérieure du cou , près du manteau , et qu'on ne voit bien qu'à la loupe. Leur sur- face est, ajoute-t-il , ridée et leur extrémité un peu renflée, et l'animal, qui les fait sortir à volonté, un, deux, trois ensemble, les agite et les contourne dans diiférens sens, ce qui les feroit prendre pour de petits vers. Draparn^iud pense que ce sont des espèces de trachées : qu'entend -il par là ? Aucun autre observateur ne parle de ces filamens ; je ne les ai pas vus non plus. Cette espèce de linmée est commune dans les eaux douces de la France et de l'Allemagne : c'est le type du genre A^e- ritostoma de Klein , que M. Den} s de Montfort a nommé Radix. La L. BLONDE ; L. luteola, Lamrk, Anim. sans vert. , tom. 4, 2." part., p. 160. Coquille d'un pouce de long, ovale, ven- true, renflée, extrêmement mince, transparente, d'un jaune d'or, avec trois lignes transverses blanchâtres peu ap- parentes ; cinq tours de spire, dont le dernier est plus long que les autres ; le péristome évasé. Eaux douces du Bengale. La L. xVCUminée; L. acuminata , Lamrk., loc. cit. Coquille de la grandeur de la précédente, et venant du même pays, mais encore plus mince, plus ampuUacée , hyaline, presque blanche; la spire très- pointue et très -courte, de manière que le dernier tour fait presque toute la coquille. La L. ])E Virginie ; L. virginiana , Lamrk., loc. cil. Ovale, ventrue, très-mince, diaphane, marquée de rugosités Ion- 46o LIM gitudinales, de couleur grise ; cinq tours de spire, le der- nier plus long que tous les autres ensemble ; le péristome évasé. Longueur, treize lignes. Eaux douces de Virginie. On trouve , à ce qu'il paroit , un assez grand nombre d'es- pèces de ce genre dans les eaux douces de l'Amérique sep- tentrionale ; malheureusement elles n'ont été qu'indiquées par les zoologisles de ces contrées, et même ils rangent dans ce genre des espèces qui ne lui appartiennent pas, puisque ce sont des animaux operculés : ainsi M. Thomas Say, dans l'édition américaine de l'Encyclopédie de ]Nicholson , me paroit avoir appelé limnées de véritables paludines ou cy- clostomes aquatiques. Il y a peu de doute pour sa L. vivi- para , puisqu'il cite la cochlea vivipara fasciata , tab. 1:26, fig. 26, de Lister. Sa L. decisa doit être quelque mélanie, ainsi que sa L. subcarinata. Je n'ose aussi bien l'aflirmer pour la L. virginica, parce qu'il ne parle pas d'opercule ; mais la forme des tentacules, qui sont sétacés , l'existence d'une sorte de muHc, porte aussi à penser que c'est à un genre voisin qu'elle appartient. Enfin , ses L. catoscopium et heterostropha paroissent plutôt être des physcs que de véritables limnées : il parle rependant de deux tentacules larges, pyramidaux pour la première, et plus longs et sétacés pour la seconde. Il ne resteroit donc que sa L. jugularis , qui seroit une vraie limnée, et, en eff'et , il la rapproche de notre Limnée stagnale : elle a environ six tours à la spire, qui est pointue ; l'ouverture en dedans est souvent brune, les lèvres blanches et la columelle un peu contractée en dedans. M. Rafinesque Schmaltz paroît aussi avoir observé des es- pèces de ce genre : mais il en parle si brièvement, en citant seulement les noms qu'il leur a donnés, sous les subdivisions génériques qu'il a formées , qu'il est impossible de tirer d'autre parti de ce qu'il dit à ce sujet, que d'assurer que l'Amérique septentrionale renferme des limnées. (De B. ) LIMNÉE. (Foss.) L'étude des différentes couches du cal- caire d'eau douce , à laquelle on s'est livré depuis quelques années , a procuré la découverte de différentes espèces de limnées à l'état fossile : c'est surtout dans les ouvrages de M. A. Brongniart sur la géologie , que nous avons puisé une grande partie de cet article. LIM 461 LiMNÉE EFFILÉ: Lymucus longiscatus , Brong. , Ann. du Mus. d'hist. nat. , tome i5, pi. 22, fig. 9 ; Lymnea longiscata , Sovv. , Min. conch. , fab. 545. Coquille composée de cinq tours de spire peu rennt% ; sa bouche est ovale et alongée : longueur, quinze lignes. Cette espèce se trouve aux environs de Paris, â Belleville, à Saint-Ouen , et dans la forêt de Fontainebleau, dans la première formation d'eau douce ; on la trouve aussi sur la colline de Headon en Angleterre. LiMNÉE ÉLANCÉ : Ijymneus strigosus ; Brong. , loc. cit. , pi. 22 , fig. lo. Cette espèce a beaucoup de rapports avec la précé- dente ; elle en diffère cependant, parce qu'elle est moins alongée, et parce qu'il se trouve sur la columelle un petit renflement qu'on ne voit pas sur l'autre. On la trouve à Pantin , département de la Seine , dans le terrain d'eau douce de première formation. LiMNÉE POINTU ; Ljmneus acuminatus, Brong. , loc. cit. , pi. 22 , fig. 11. Coquille dont la spire, composée de six tours, est alongée et pointue ; mais dont le dernier tour est très-renflé, et le pli de la columelle fort marqué. On trouve cette espèce à Pierrelaie, département de Seine et Oise, dans le sable qui recouvre le grès marin inférieur, et il est quelquefois mêlé avec des coquilles marines. M. Brongniart soupçonne que ce lymnée appartient à la première formation d'eau douce. LiMNÉE CORNÉ; Lj'mneus corneus, Brong., loc. cit., pi. 22, fig. 12. Coquille composée au plus de cinq tours de spire: le dernier est très -grand et renflé ; son bord antérieur est un peu dilaté et légèrement recourbé extérieurement. On le trouve dans les hauteurs de Milon , près de Versailles, à Palaiseau , département de Seine et Oise, avec beaucoup d'autres coquilles deau douce et terrestres, et à Louastre, près de Soissons. 11 appartient à la deuxième formation d'eau douce. LiMNÉE ovoïde; Lymneus ovum , Brong., loc, cit. , ^pX. 212, fig. i3. Coquille ovale, un peu ridée, à six tours de spire. Il ressemble un peu au lymneus pereger de Drap. ; mais il est moins renflé et a plus de tours que lui. On trouve cette es- pèce dans le sable de Pierrelaie. LiMNÉE DES MARAIS ANCIEN ; Ljmneus palustris antiquus , 462 LIM Brong., loc. cit. Il n'y a entre cette coquille et le Ijmneus paliistris , actuellement vivant , qu'une légère différence de forme, et elle n'est peut-être pas réellement fossile, quoi- qu'elle soit blanche et remplie de sable de Pierre'.aie. LiMNÉE FÉVEROLE ; Lymneus fabulum , Brong. , loc. cit. , pi. 22, fig. 16. Coquille qui n'a que quatre tours de spire, dont le dernier est très-grand ; la spire est courte et pointue ; Touverture n'a pas les deux tiers de la longueur de la co- quille : longueur, dix lignes. Elle a beaucoup de rapport avec le lymneus pereger, Drap. On la trouve dans les meulières de la deuxième formation d'eau douce, dans la forêt de Mont- morency, et au-dessus de Saint-Leu , département de Seine et Oise. Ltmnée ventru ; hymncus ventricosus , Brong. , loc. cit. , pi. 22 , fig. 17. Cette espèce ne diffère de la précédente que parce que la spire est beaucoup plus courte ; Touver- ture est plus grande que les deux tiers de la coquille. Je l'ai trouvée sur la colline de Maurepas, près de Pontchartrain , département de Seine et Oise. Limni^;e renfle; lymneus injlatus, Brong., loc. cit., pi. 22, fig. 18. Coquille dont les tours de spire sont très-arrondis : longueur, dix lignes. Elle ressemble beaucoup au limnée ovale de Draparnaud, fig. 35. L'ouverture est à peine plus grande que la moitié de la longueur de la coquille. Elle est très-commune dans les meulières du terrain d'eau douce, au-dessus de Saint-Leu et à Sanois , département de Seine et Oise. Dans l'ouvrage ci-dessus indiqué, M. Sowerby a donné la description et la figure (pi. 169) de deux espèces de Humée qui ont été trouvées dans la formation d'eau douce de file de Wight: l'une, à laquelle il a donné le nom de Lymnea minima, n'a que quatre à cinq lignes de longueur, et l'autre , qu'il a nommée Ljmnea fusiformis , a plus de dix -huit lignes de longueur. M. d'Audebard de Férussac a annoncé, dans un Mémoire inséré dans les Ann. du Mus. d'hist. nat. , tome 19 , p. 242 et suivantes, que dans le calcaire secondaire du Quercy et de l'Agenois il a trouvé six espèces du genre Limnée à l'état fossile, dont il n'a point donné la description : 1. L. Auri- LIM 453 cularius , var. ; 2. L. intermedius ^ d'Audeb. ; 3. L. peregruni , Miill. ; /|. L. rivale, d'Audeb. ; 5. L. amphibius sive triuicatu- lum, MuU. ; 6. L. Geofrasti , d'Audeb. On trouve des limnées fossiles dans presque tous les en- droits où l'on trouve le terrain d'eau douce, et entre autres à Beauchamp , près de Pontoise ; dans le Bastberg, dépar- tement du Bas- Rhin; près d'Alaire , département du Gard ; prés de Bruyère, département du Cher; à Béard et àThiaux, département de la Nièvre ; auprès de Neufchàtel , en Suisse} à Oeningen, à Miranda deDuero et Pancorvo en Espagne, etc. (D. F.) LIMNÉENS. (Malacoz.) M. de Lamarck forme, sous cette dénomination, une petite famille du sous -ordre des traché- lipodes, qui comprend les genres Planorbe, Physe et Limnée, à laquelle il assigne pour caractères d'avoir une coquille uni- valve , le plus souvent lisse , ayant le bord droit toujours aigu , et d'être trachélipodes, amphibiens , sans opercule, et, par inadvertance sans doute , d'avoir les tentacules aplatis ; car il n'y a que les limnées véritables qui les aient ainsi. (DeB.) LIMNESIUM. {Bot.) Suivant C. Bauhin, ce nom est donné par Cordus à la gratiole , gratiola officinalis , probablement parce qu'elle habite des terrains marécageux. Daléchamps cite les noms de lininesion , limnœum et limnites pour la petite centaurée, eiythrœa, qui paroit être aussi le Lepton de Pline (voyez ce mot). Un limncsium plus récent est celui de Siges- beck, qui substituoit ce nom à celui de lYcnni-scahlosa, donné par Boerhaave à une plante, voisine de la scabieuse , qui est maintenant le hnautia de Linnfeus. (J. ) LIMNETIS. (Bot.) Ce genre de plante graminéc de M. Persoon est le même que le trachynotm de Michaux et le spartina de Schreber. (J. ) LIMNIA. {Bot.) La plante décrite sous ce nom dans les Actes de Stockholm, année 1746, est le clajtonia sibirica de Linnapus, ( J. ) LIMNIAS. {Poljp.) M, Ocken , tom. 1, pag. 47 de son Système de zoologie, établit sous ce nom un petit genre de polypiaires. Ses caractères sont : Corps pourvu de deux roues, et contenu dans une longue cellule opaque et mince. La seule espèce quïl place dans ce genre, et qu'il nomme la Limnie j»f, 464 LIM LA coRNîFLE, L. ceratophjllœ , est constituée par un petit ani- mal brun, qui, à la vue simple, a un quart de ligne de long, et qui se trouve dans les eaux douces sur la cornifle [cera- lophylliim). (De B.) LIMNITES. {Min.) Pierres sur lesquelles sont des dendrites noires, qui, par leur direction sinueuse, imitent les lignes d'une carte de géographie (Léman, Dict. d'hist. natur.); nous ignorons par qui et dans quel ouvrage ce nom a été em- ployé. (B.) LIMNIUM. {ConchyL) M. Ocken (Syst. gén. de zool., t. i, p. 236) distingue sous ce nom générique une espèce d'unio, ru. pictorum , la Moulette des peintres, des autres espèces de ce genre, et lui donne pour caractère principal d'avoir les dents de la charnière plus petites que les autres, ce qui paroît faire un passage aux anodontes. Voyez Mollette. (DeB.) LïMNOBION. (Bot.) Genre de plantes monocotylédones , à fleurs incomplètes , monoïques ou dioïques, delà famille des liydrocharidées , de la monoécie dodécandrie de Linnfçus ; offrant pour caractère essentiel : Des fleurs à sexes séparés , renfermées dans une spathe : les mâles composées d'une co- rolle à six divisions; les trois intérieures plus larges, péta- liformes ; point de calice ; environ neuf étamines attachées à une colonne charnue. Dans les fleurs femelles, une corolle peu différente: trois filamens extérieurs; un ovaire infé- rieur, court, surmonté de six stigmates; une capsule ovale, alongée, à six loges, renfermant un grand nombre de se- mences nichées dans une pulpe gélatineuse. Ce genre a été établi par Richard pour une plante que Bosc avoit rapportée aux hj'drocharis. J"ai présenté les carac- tères que le premier lui attribue; ils diffèrent, en quelques parties, de ceux observés par Bosc. Je les ferai connoitre dans la description de l'espèce suivante. 11 est possible, ou que ces caractères varient, ou qu'il soit question, dans Ri- chard, d'une plante un peu différente. LiMNOBiON A ÉPONGE : Limnobium spongia , Rich., Mém. de rinst. , an 1 8 1 1 ; Hj'drocharis spongia , Bosc , Annal. Mus. Par. , vol. 9, pag. 336 , tab. 3o. Plante très-remarquable par la sur- face inférieure de ses premières feuilles, garnies d'une espèce LIM 4G5 de coussinet spongieux , formé par le tissu cellulaire plus dilat^ , évidemment destiné à soutenir les feuilles au-dessus de l'eau. Ses racines sont fascicuîées ; ses tiges rampantes, stoloiiifères , spongieuses; les feuilles sont toutes radicales, à longs pétales, ovales, presque rondes, en cœur; les pre- mières, qui poussent dans Thiver et au printemps, sont na- geantes, garnies en-dessous d'une saillie spongieuse; les au- tres en sont dépourvues. D'après Bosc , les fleurs sont monoïques; les mâles, au nombre de sept à huit, renfermées dans une spathe à quatre folioles inégales dont les deux antérieures longues de plus d'un pouce, souvent striées en rouge ; le pédoncule radical est mince et fragile; chaque fleur offre un calice à trois folioles, d'un vert pâle; une corolle blanche, petite, à trois pétales; huit à douze étamines, insérées sur une colonne formée par la réunion des filamens. Les fleurs femelles sont solitaires, renfermées dans une spathe à deux folioles ; à pédoncule radical, courbé dans l'eau après la fécondation, et formé par un ovaire surmonté de six styles profondément bifurques et velus. La capsule est ovale, striée en rouge, à six loges; les semences sont ovales, nombreuses , logées dans une pulpe gélatineuse. Cette plante croit dans les fossés bourbeux de la Basse -Caroline. (Poir.) LIMNOCHARE. {Entom.) M. Latreille désigne sous ce nom de genre quelques espèces d'aptères rhinaptères, qui diffè- rent des hydrachnes, parce que leurs palpes sont simples ou qu'ils n'ont pas d'appendice mobile: tel est le Irombidium aqua- Licum d'Hermann fils. (C. D.) LIMNOCHARIS. [Bot.) Genre de plantes mçnocotylédo- nes, à fleurs complètes, polypétalées, de la famille des alis- macées (butomées, Rich. ) , de hi poljandrie poljgjnie de Lin- nœus ; offrant pour caractère essentiel : Un calice à trois folioles; trois pétales; des étamines nombreuses, dont plu- sieurs stériles; un grand nombre d'ovaires; autant de styles, de stigmates et de capsules uniloculaires, polyspermes. LiMNOCHARis A FEUILLES ÉCHANCRÉES : Limnochavis emargi- nata, Humb. et Bonpl., Plant, œquin., tab. 04; Alismajla^a, Linn. ; Limnocliaris Plumieri, Rich., Mem. mus., 1, pag. 074; Damasonium maximum , L c, Burm. , Amer., tab. 11 5. Cette 26. 3o 466 LIM plante est pourvue d'une racine composée de fibres blan- châtres, menues; elle pousse de son collet plusieurs pé- tioles longs d'environ un pied et demi, fongueux, angu- leux, ovales en cœur, légèrement échancrés au sommet, longs au moins de six pouces, munis de nervures longitu- dinales qui se réunissent au sommet en un point ombiliqué et noirâtre : les hampes sont nues, de la même forme et de la même grandeur que les pétioles ; elles se terminent par une ombelle simple, composée de huit à dix fleurs pé- dicellées , larges au moins d'un pouce : les trois folioles du calice vertes et concaves; les pétales jaunes, d'une odeur de bouc; les semences réniformes, roussàtres et velues. Cette plante croît sur le bord des ruisseaux, à Saint-Domin- gue et autres lieux de l'Amérique méridionale. LiMNOCHARis DE HuMBOLDT : Limnochoris Humboldtii, Rich., Mem. mus., i, pag. 069, tab. 19 ; Kunth in Humb. et Bonpl. , ISov. gen,, 1 , pag. 248; Stratiotcsnjmphoides , Willd., Spec, 4, pag. 821. Ses tiges sont glabres, rameuses, cylin- driques, articulées, garnies de feuilles pétiolécs, ovales en cœur, arrondies au sommet; les pétioles très-longs, arti- culés; les fleurs pédonculées, solitaires, axillaires; une spa- Ihc oblongue, très-mince, trois fois plus courte que le pé- doncule; les folioles du calice lancéolées, un peu aiguës, d'un vert luisant; les pétales une fois plus longs, en ovale renversé; vine fossette à leur base; les filamens pourpres, dilatés; les anthères noirâtres; six à sept stigmates épais, réfléchis; autant de capsules rapprochées, un peu compri- mées, ovales-lancéolées, terminées en bec; les semences nombreuses-, presque planes, attachées à la paroi interne des capsules. Cette plante croît dans les eaux, aux environs de Caracas. (Poir.) LIMNŒUM. {Bot.) Voyez Limnesium. (Lem.) LIMNOPEUCE. {Bot.) Ce nom, qui signifie pin de marais, a été donné par Cordus à la pesse d'eau, hippuris vulgaris. (J.) LIMNOPHILA. {Bot.) Genre de Rob. Brown, qui a été mentionné k l'article HydropitVon. Voyez ce mot. (Poir.) LIMNORIE, Limnoria. {Crust.) Genre de crustacé établi par M. le docteur Leach dans sa famille des Cymothoadi^es. Voyez tome XII, p. 353. (Desm.) LIM A67 LIMODORE, Limodorum. (Bot.) Genre de plantes mono- cotylédones, à fleurs incomplètes, irrégulières, de la famille des orchidées, de la s;ynandrie diandrie de I.innœus ; offrant pour caractère essentiel .- Une corolle à six pétales étalés, ti'ois extérieurs, trois autres intérieurs, dont l'inférieur est concave, prolongé en bosse ou en éperon, non adhérent avec le style; le stigmate placé à la partie antérieure du style; l'anthère terminale, à deux ou quatre loges-, les paquets de pollen globuleux, pédicellés; une capsule ovale, à trois ou six faces. Ce genre, quoiqu'il ait éprouvé beaucoup de réformes, n'en est pas moins très-nombreux en espèces. 11 diffère des epidendrum par ses fleurs munies d'un éperon; des orchisy par son style non adhérent au pétale inférieur; dts cfirihi- dium, par son éperon. Il comprend des plantes herbacées, dont la tige est très-ordinairement garnie de feuilles sim- ples, alternes, vaginales ou amplexicaules; les fleurs dispo- isées en épis ou en grappes terminales. Peu de limodores sont cultivés dans les serres de l'Europe. On y trouve ce- pendant le limodore de Chine et quelques autres, que l'on multiplie par le déchirement des vieux pieds, ou mieux par la séparation des tubercules à l'époque de leur dépote- ment annuel. Ces plantes exigent une terre un peu légère, et des arrosemens fréquens. Limodore de Chine : Limodorum Tankeryillœ , Ait., Hort. Kew., 3, pag. 3o2 , tab. 12; Phajus grandifolius , Lour. , Flor. Cochin. , 2, pag. 647. Cette espèce est une des pjus belles de ce genre : sa racine est composée de longues fibres cylindriques, qui partent d'un collet un peu bulbeux; elle produit de larges feuilles ovales, lancéolées, vaginales à leur base : la hampe est cylindrique , de l'épaisseur du petit doigt, munie de gaines courtes et alternes ; elle sou- tient de grandes fleurs éparscs , pédonculées, formant une belle grappe terminale : les pétales sont lancéolés, d'un brun roux en dedans, d'un beau blanc en dehors; le sixième pétale, d'un pourpre brun, est concave, à bords recourbés en dedans, ondulé ou presque lobé à son sommet, à peine éperonné à sa base. Cette plante croît à la Chine; on Ja cultive au Jardin du Roi. 468 LIM LiMODORE A FEUILLES DE VARAiRE : Limodorum. veratrifoUum , Willd., Spec, 4, pag. 122; Flos triplicatus, Rumph. , Amb. , 6, pag. ]i5, tab. 52, fig. 2. Cette plante a des racines com- posées de fibres charnues et fasciculées ; elles produisent plusieurs feuilles droites, pétiolées, amples, ovales, ner- veuses, aiguës, assez semblables à celles du veratrum. LiMonoRE EN CARÈNE : Limodorum carinalum, "VVilld., Spec, 4, pag. 124 : Katoukaida Mara^'ara ^ Rheed. , Malab., 12, tab. 26. Ses racines sont fibreuses et blanchâtres : les feuilles forment à leur base une sorte de bulbe ovale, dont quel- ques-unes plus alongées , linéaires, presque ensiformes, longues de trois pieds: les hampes sont droites, simples ; elles soutiennent une longue grappe de fleurs assez grandes, d'un vert brun , un jjeu rougeàtres en dehors , blanchâtres ou d'un rouge pâle en dedans, traversées par des veines pur- purines, marquées de taches d'un blanc jaunâtre, d'une odeur agréable; le pétale inférieur concave, spatule, courbé en dehors à son sommet; l'éperon court, épais, courbé en hameçon. Cette espèce croit sur les côtes du Malabar. LiMODORE BiDENTÉ : Limodorum lidenlatum , "VVilld., /. c. , pag. 124; Epidendrum hidentatum , Retz, Obsen"., 6, p. 64. Plante parasite des Indes orientales : elle croît sur les ar- bres. Ses racines sont très-longues, filiformes; elles produi- sent trois ou quatre feuilles ensiformes, longues de trois à quatre pouces, terminées par trois petites dents aiguës : l'éperon cylindrique , plus court que l'ovaire. LiMODORE FAUx-ANGREC : Limodorum epidendroides , Willd., l. c; Serapias epidendracea , Retz, 0^5., 6, pag. 65. Sa bulbe est placée au-dessus de la terre; il en sort plusieurs feuilles linéaires, membraneuses, ensiformes, mucronées, presque longues d'un pied; la hampe est droite, très-simple, ponc- tuée, avec des gaines aiguës; les fleurs disposées en une grappe simple , terminale ; la corolle d'un brun verdàtre , traversée par des stries d'un rouge obscur; les pétales lan- céolés, recourbés à leur sommet; l'inférieur concave, en cœur renversé, replié à ses bords; l'éperon court, comprimé, un peu recourbé. Cette plante croit aux environs de Ma- dras et de Tranquebar, aux lieux arides, sur les mon- tagnes. LIM 469 LiMODORE EN MASSUE : Limodorum clavatum, Willd., l. c. , pag. 126 ; Epidendrum clavatum, Retz, Obs., 6, pag. 5o. Plante des Indes orientales, qui croît sur le tronc des arbres : ses racines sont fibreuses; ses tiges pendantes, cylindriques; ses feuilles étalées, glabres, planes, linéaires, bidentées à leur sommet; les fleurs disposées en grappes ou épis courts, très- étalés, presque opposés aux feuilles; le pédoncule roide, en massue, ponctué; les bractées en cœur; la corolle jaune, pédicellée; les pétales linéaires-lancéolés, presque égaux, connivens à leur base; l'inférieur renflé, en casque, cou- vert de poils blancs; l'éperon droit, alongé; les capsules filiformes, longues de trois pouces. LiMODORE OBSCUR : Limodorum triste, Willd., Spec, 4, pag. 124; Satjrium triste, Linn. Suppl., 402. Cette plante, originaire du cap de Bonne-Espérance, a ses racines pour- vues de bulbes entières, d'où sortent des feuilles droites, ensiformes; la hampe est un peu rameuse; les fleurs dispo- sées en grappes, accompagnées, à la base des pédoncules et des ramifications, d'écaillés en forme de spathe, lancéo- lées, aiguës : les pétales de couleur verte; les deux inté- rieurs plus paies; l'inférieur une fois plus court, concave à sa base munie d'un éperon obtus. LiMODORE CORDEAU : Limodoruin funale, "VViUd., Spec, I\, pag. 127; Swartz, Flor.lnd. occid. , 3, pag. 1621. Ses racines sont simples, épaisses, longues de deux ou trois pieds, ad- hérentes au tronc des arbres sur les montagnes de la Ja- maïque; elles produisent un grand nombre de tiges grêles, filiformes, alongées, souvent radicantes à leur sommet, munies de quelques gaines alternes ; il s'élève des racines un pédoncule portant deux grandes fleurs blanches; les pé- tales lancéolés, réfléchis, longs d'un demi - pouce ; l'infé- rieur à deux lobes arrondis, prolongé en un éperon su- bulé ; les capsules sont cylindriques , un peu anguleuses , longues de deux pouces. LiMODORE BLANC- d'ivoire : Limodorum ehurneum, Willd., /. c, pag. 126; Angrœcum ehurneum, Bory-Saint-Vinc. , Itin. , pag. 359, tab. 19. Très-belle espèce de file Bourbon, re- marquable par la blancheur et la dimension de ses fleurs,* par l'odeur suave qu'elles répandent: les tiges sont grosses, ^7o LIM traînantes, radicantes à" leurs nœuds; les feuilles ensifor- mes, d'un beau vert, longues d'un pied et plus; les hampes longues de deux pieds, chargées de Heurs alternes; les pé- tales un peu réfléchis, quelquefois verdàtrcs; l'éperon fili- forme, très-long. LiMODORE VERDATREj Limodoriim vircTis , Roxb. , Corom., vol. ] , pag. 3i , tab. 38. Cette plante a des bulbes ovales, écail- leuses ; les feuilles sont toutes radicales, concaves, élargies à leur base, puis alongées, linéaires, aiguës; les hampes droites, ponctuées, ramitiées vers leur sommet; les rameaux garnis de fleurs d'un lilanc verdàtre; les pétales lancéolés , aigus; l'inférieur plus court, concave, un peu arrondi, obtus; l'éperon plus court que la corolle. Cette plante croît au Coromandel. Parmi les autres espèces qui complètent ce genre , on peut distinguer le limcdortim Jlexuosum , Willd., /. c, qui est Vhellehorine aphyllos , flore luteo, Plum., Spec. , 9, et Amer., tab. j83, fig. 2. Ses tiges sont dépourvues de feuilles; ses fleurs jaunes, disposées en grappes flexueuses; le pétale inférieur en cœur renversé; l'éperon de la longueur de l'ovaire. Les hampes sont simples, cylindriques, hautes d'en- viron deux pieds, munies de quelques écailles distantes, très- aiguës, soutenant à leur extrémité une grappe de fleurs un peu lâche: chaque pédoncule est chargé de trois fleurs blanches; le pétale inférieur alongé, à cinq découpures iné- gales, prolongé à sa base eu un éperon liliforme. Cette plante croît dans les Indes orientales. (Poir.) LIMODORUM. (Bot.) Suivant C. Bauhin , Théophraste nommoit ainsi l'orobanche , orohanche major. Clusius a em- ployé ce nom pour un orchis, orchis abortiva, et plus récem- ment il est devenu celui d'un autre genre de la famille des orchidées. (J.) LIMON. [Min.) Ce nom ^'applique généralement à un ter- rain principalement marno-argileux, impur, mais à particules fines, susceptible de se délayer facilement dans l'eau, et qui résulte des dépôts opérés par des eaux troubles et bour- beuses. Tous les grands fleuves vers leur embouchure dans la mer ou dans de grands lacs; beaucoup de rivières dans leur confluent avec d'autres rivières, par conséquent dans LIM 471 les parties où la vitesse de leur courant est ralentie par une cause quelconque, déposent une grande quantité de limon, et forment ces vastes étendues, planes et marécageuses, qu'on voit vers leur embouchure , qui l'obstruent au bout d'un cer- tain temps, et qui semblent forcer les fleuves de chercher plusieurs issues pour traverser ces dépôts. C'est ce qui cons- titue le Delta de l'Egypte et tous les atterrissemens limoneux, auxquels on a donné un nom analogue. Le limon est un terrain , et non une roche ; sa position , les causes qui l'ont produit, ses rapports avec les autres terrains, sont ses caractères et varient peu : sa composition, au contraire, est extrêmement variable , et dépend princi- palement de la nature des terrains parcourus par les cours d'eau qui Tout transporté et déposé. Son seul caractère est d"être composé de parties assez fines pour être tenues quelque temps en suspension dans l'eau douée même d'un foible mou- vement ; et comme les matières argileuses et calcaires sont celles qui sont susceptibles de se diviser le plus et d'être portées le plus loin, c'est aussi de ces matières que le limon est le plus ordinairement composé : cependant cette prédo- minance n'est qu'extérieure, c'est-à-dire que les limons par- ticipent généralement plus des caractères argileux que des caractères siliceux, quoique la silice s'y présente toujours en quantité plus considérable. La couleur dominante des limons est le gris plus ou moins foncé, quelquefois un peu bleuâtre, quelquefois aussi pres- que vert. Cette couleur est due à deux causes : les débris organiques, principalement végétaux, fournissent la plus or- dinaire. Le fer oxidulé titanifère, résultant de la destruction des roches trappéennes ou Aolcaniques, donne quelquefois une couleur noirâtre au limon des cours d'eau qui traversent ces terrains.' Le limon ne s'observe pas seulement à l'embouchure des fleuves et des autres cours d'eau, mais dans toutes les parties de leur cours où , par un élargissement , un barrage ou un ap- profondissement, le mouvement de l'eau est ralenti dans la totalité de sa masse, ou seulement dans une de ses parties; etle limon, présent justement aux points de ce ralentissement, indique , pour ainsi dire, les différentes vitesses de ce cours d'eau dans ses diverses parties. 47^ LIM On l'observe dans le fond de la mer, mais généralement près des côtes et surtotit des embouchures de rivières. On le trouve dans le fond des marais et des lacs; mais probable- ment, ])our ces derniers, dans ceux-là seuls qui reçoivent des cours d'eau, et jamais dans ceux qui sont alimentés uni- quement par des sources sortant du sein de la terre, ou par les eaux pluviales tombant dans les cratères des volcans éteints, et y formant ces lacs remarquables assez communs dans les paj-s volcaniques des bords du Rhin, des côtes de Cologne, d'Andernach, etc. Le limon auquel nous avons donné ailleurs le nom de limon d'atterrissement , considéré comme terrain composé principalement de limon et d'autres matières de transport, peut être formé de roches asse? différentes et avoir des posi- tions qui indiquent des époques très-différentes pour sa for- mation. Il contient, enveloppe ou réunit seulement des débris plus volumineux, du gravier, du sable grossier et même des cailloux roulés qui, dans certaines périodes du cours des fleuves, ont été transportés plus loin que les lieux oîi ces gros débris dévoient s'arrêter, et qui se sont mêlés avec le limon déposé antérieurement ou postérieurement à ces cir- constances. En le considérant suivant sa position, il est tantôt placé dans le lit des cours d'eau , et il peut être atteint par eux dans leur plus grande hauteur ; alors on le regarde comme ap- partenant à l'époque actuelle du globe , et comme ayant été déposé depuis l'existence des hommes à sa surface : il ren- ferme souvent des restes de leurs monumens, des débris de leurs ustensiles, et notamment de ces pierres dures, taillées en coins tranchans, qu'on appelle Céraunite. (Voy. ce mot.) Tantôt ou le trouve sur les plateaux ou dans des plaines oîi depuis un temps immémorial on ne connoît aucun cours d'eau qui ait pu l'y déposer; ou dans les vallées où coulent des fleuves, mais à une élévation que, depuis un temps également immémorial, les plus grandes inondations n'ont pu atteindre ou n'auroient pu atteindre sans causer des ca- tastrophes ou des phénomènes dont il seroit resté quelques traces. 11 est alors antérieur aux temps historiques, et proba- LIM 473 blement aux dernières révolutions qui ont donné à nos con- tincns leurs formes actuelles ; on remarque que , dans ce cas, il ne renferme plus, au moins dans ses parties inférieures, aucun débris qui ait pu appartenir aux hommes ou à leurs arts, et qu'au contraire il contient des restes d'animaux, de grands mammifères surtout, qui ne vivent plus dans les con- trées où Ton trouve ces restes, ou même dont l'espèce n'est plus connue sur la terre. On distingue d'après cela le limon, que nous avons nommé d'atterrissement pour indiquer qu'il étoit question d'un ter- rain et non d'une roche, en limon ancien ou antédiluvien, et limon moderne ou postdiluvien , comme l'appelle M. Buckland. On voit que l'histoire du limon, considéré, soit comme roche, soit comme terrain, se lie entièrement avec celle du terrain d'aliuvion et d'atterrissement ; aussi y reviendrons-nous au mot Terrain, pour donner à son histoire tous les déve- loppemens dont elle est susceptible comme article de géo- logie. Voyez Terrains de transport, d'aliuvion et d'atterrisse- ment, au mot Terrain. (B.) LIMON, LIME. [Bot.) Malus limonia des anciens; Limones de Dodoëns. C'est une espèce du genre Cifrus de Linngeus, dont Tournefort faisoit un genre distinct, caractérisé par un fruit ovoïde à écorce mince, terminé supérieurement en mamelon, et par des feuilles dont le pétiole est nu. Il est vendu à Paris sous le nom de citron, et cependant la boisson que l'on en retire est nommée plus justement limonade. C'est la même espèce, ou une variété, qui est nommée lima ou limera dans VHist. plant, de Clusius. (J.) LIMON CIMAROU. (Bot.) Nom du citrosma de la Flore du Pérou, dans le voisinage du mont Quindiii en Amé- rique. ( J. ) LIMON DE MER. {Zoopli.) C'est la traduction des mots purgamenta maris, employés par plusieurs auteurs anciens pour désigner sous un nom très-vague un grand nombre d'animaux marins, qui n'étoient ni des poissons, ni des co- quillages, ni des mollusques, ni des vers évidens, et dont ils ne savoient que faire dans leurs travaux zoologiques encore incomplets. (De B.) ^74 LIM LIMONCILLO. (Bot.) On nomme ainsi dans le Mexique, suivant MM. de Humboldt et Bonpland, leur sjmplocos liwon- cillo. (J.) LIMONELLIER, Limonia. (Bot.) Genre de plantes dicoty- lédones, à fleurs complètes, polypétalées, de la famille des aurantiacées , de la décandrie monogynie de Linnaeus; offrant pour caractère essentiel : Un calice fort petit, à cinq dents ; cinq pétales; dix étamines ; un ovaire supérieur; un style court, épais, presque à trois lobes : le fruit est une baie globuleuse , à trois loges séparées par des cloisons membra- neuses; une semence dans chaque loge. Ce genre comprend des arbres ou arbrisseaux exotiques, la plupart originaires des Indes orientales; épineux, quel- quefois sans épines; à feuilles alternes, simples ou compo- sées , parsemées de points transparens. Les fleurs sont so- litaires ou disposées en petites panicules dans l'aisselle des feuilles ; le nombre des pétales, des étamines et des lobes du calice est variable. Ils sont peu cultivés dans les serres de l'Europe, excepté une ou deux espèces. LiMONELLiER A FEUILLES SIMPLES : LimoTiia monophjUii , Linn. , Roxb., Corom, i , p. 60, tab. 85; Limones pusili, etc., Burm., Zejl. , tab. 65 , fig. 1 ; Catu tsjeru-naregam seu mal-naregam , Rheed. , Malah. , 4, tab. 12. Arbre des Indes orientales et de l'ile de Ceilan, dont les rameaux sont cylindriques, garnis d'épines droites, solitaires, axillaires, et de feuilles simples, entières, ovales-oblongues, un peu aiguës, épaisses, veinées, à pétioles courts; les pédoncules sont uniflores , axillaires, fascicules; les fleurs ont une corolle à quatre pétales, et huit étamines. LiiMONELLiER A TROIS FEUILLES • LiinoTiia frifoUata , Lamk. , III. gen., tab. 353, fig. 2; Andr. , Bepos., tab. 143. Arbris- seau très-rameux; les rameau:: glabres, verdàtres, fléchis en zigzag, garnis de feuilles pétiolées, composées de trois folioles ovales, obtuses, légèrement crénelées; les épines' axillaires , au moins aussi longues que les pétioles ; les fleurs solitaires ou deux ensemble, blanchâtres, pédoncu- léesj le calice à trois lobes: trois pétales oblongs ; six éta- mines : les baies sont rouges, de la grosseur de celles de l'airelle. Cette plante croît dans les Indes orientales; on la LIM 475 cultive au Jardin du Roi : elle reste toute l'année dans la serre chaude; elle exige une terre Ibrte, des arrosemens peu abondans, des dépotemens tous les deux ans. Sa mul- tiplication, autrement que par graines, est très -difficile. Ses fruits sont employés dans l'Inde, comme ceux de Tes- pèce suivante. LiMONELLiER ACIDE : Liiïtonia acidissima, Linn. , Lamk. , I//. , tab. 353, fig. 1; Tsjeru -catu -naregam , Rheed. , Malab., 4, tab. 14 j Anisifolium, Rumph., Amboin. , 2, tab. 43. Les feuilles de cet arbrisseau, et surtout ses fruits, répandent une odeur assez pénétrante qui approche de celle de l'anis; ses tiges sont hautes de sept à huit pieds; ses feuilles ailées avec une impaire , composées de cinq à sept folioles ovales- obtuses, à peine crénelées; le pétiole ailé sur ses bords et articulé; les épines axillaires et solitaires: les Heurs blanchâ- tres , disposées en petites panicules plus courtes que les feuilles; les filamens des étamines élargis et lanugineux à leur base. Cette espèce croit aux Indes orientales, où même elle est cultivée, ainsi que dans les iles de T Amérique, à cause de ses fruits acides, que l'on mange confits au sucre, comme les jeunes citrons : ils sont très-agréables. Sonnerai, dans son Voyage à la Nouvelle-Guinée, pag. 100, tab. 65, a présenté une variété de cette espèce sous le nom de citrus -parva dulcis ; ses rameaux sont dépourvus d'épines; les fruits plus petits, presque point acides. Rox- burg, dans ses Plantes du Coromandel, pense que le syno- nyme de Rheede, rapporté par Linnacus à cette espèce, doit en former une nouvelle, qu'il nomme limonia crenulata. LiMONELi.iER. A FEUILLES DE ciTRONiER; Limonia citrifoUa , Willd. , Enum., 1 , pag. 448. Arbrisseau dépourvu d'épines, cultivé dans quelques jardins sous le nom de limonia trifo- liata, dont les rameaux sont un peu anguleux, les feuilles simples ou ternées; les folioles ovales, alongées, acuminées, très-entières; la terminale longue de deux pouces et plus; les fleurs fort petites, pédonculées, solitaires, axillaires; les pédoncules une fois plus courts que les pétioles; la co- rolle blanche; les baies petites et rougcàtres. Cette plante croît à la Chine. LiMONEJLLlER A CINQ FOLIOLES : Limouia pentaplijdla , WiHd. , 476 LIM Spec, 2, pag. 672; Roxb., Corom., 1 , pag. 60, tab. 8i. Ses rameaux sont dépourvus d'épines, garnis de feuilles alter- nes, composées ordinairement de cinq folioles pédicellées. ovales, entières, aiguës; les pédicelles presque ailés par une membrane recourbée; les fleurs sont fort petites, dispo- sées en grappes courtes, rameuses; le calice pourvu de cinq dents à son orifice. Cette plante croît dans les Indes orientales. LiMONELLiER DE MADAGASCAR ; LimoTiia madagascuriensis , Lamk. , EticycL Cet arbre , non épineux , porte à Madagas- car le nom de bois d'anis , à cause, sans doute, de son odeur aromatique : ses feuilles sont ailées, à quatre ou cinq folioles alternes, glabres, ovales-oblongues ou lancéolées, un peu dentées, longues de trois à cinq pouces; les fleurs disposées en petites panicules serrées, axillaires, plus courtes que les feuilles; les baies globuleuses, grosses comme des baies de raisin. On distingue encore, outre plusieurs autres espèces, le limonia arhorea de Roxburg, Coromand., vol. 2, tab. 85, dont les feuilles sont alternes, composées de cinq folioles linéaires, lisses, dentées en scie. Il croit sur les côtes du Coromandel : Forster en a mentionné quelques autres es- pèces. (PoiR.) LIMONIA. (Bot.) Plusieurs des espèces rapportées à ce genre par Linnaeus et d'autres, en ont été séparées plus ré- cemment pour former d'autres genres dans la même famille des aurantiacées. M. Corréa, qui avoit travaillé cette famille avec soin, a fait du limonia monophjdla son genre yEgle , et des limonia pentaphjlla et arhorea de Roxburg son glicosmis. Le limonia trifoliala est maintenant le triphasia de Loureiro, et le scolopia de Schreber et WiIldeno\v étoit le limonia pu- silla de Gaertner. (J. ) LIMONIASTRUM. (Bot.) Voyez Limonium. (J. ) LIMONIATIS. [Min.) Pline dit de cette pierre, en trai- tant par ordre alphabétique de celles sur lesquelles il n'a presque rien à dire : Limoniatis eadem videtur quœ smaragdus. Cela ne veut pas dire pourtant que ce soit notre émeraude , car on croit que le smaragdus des anciens ne désignoit pas toujours la pierre verte que nous appelons émeraude. On ne sait donc pas réellement ce qu'étoit le limoniatis. (B. ) LIM ' 477 LIMÔNIE, Limonia. (Entom.) Nom d'un genre d'insectes diptères, établi par Meigen parmi les tipules, dont ils diffè- rent par la position des ailes , qui ne sont pas écartées du corps dans le repos; mais couchées dans sa longueur. Nous avons fait figurer une espèce de ce genre, pi. 5i , n." ■^. Voyez TiPULE. Le mot grec XÙfxovaç signiûe prairie. (C. D.) LIMONIER. {Bot.) C'est une espèce de citronnier. Voyez vol. 9 , pag. 3oo. ( L. D. ) LIMONITE. ( Min. ) M. Hausmann a donné ce nom , dans son Manuel de minéralogie publié en i8i3, au minerai de fer que nous avons appelé fer oxydé terreux et fer oxydé limo- neux, et qui est composé de fer oxydé, d'eau , d'un peu de manganèse et toujours d'une proportion assez notable d'acide phosphorique. Si ce mélange est constant, et si par ses propor- tions il indique autre chose qu'un mélange fortuit, il de- mandera à être désigné par un nom univoque, et celui de limonite, donné par M. Hausmann, devra être employé. Voy. Fek oxydé brun limoneux. (B.) LIMONIUM. {Bot.) Dioscoride donnoit ce nom à une plante qui , selon lui , croissoit dans des prés et lieux humides, et avoit les feuilles du heta, mais plus minces et plus longues, au nombre de douze ou plus: la tige, qui s'élevoit au milieu des feuilles, étoit menue et droite comme un lis; elle por- toit beaucoup de graines, qui avoient une saveur astringente, et étoient employées pour arrêter les dyssenteries et les écou- lemens sanguins. Cette description convient en partie au li- monium de C. Bauhin et de Tournefort, qui en diffère cepen- dant par sa tige rameuse et les feuilles plus épaisses que celles de la poirée. Fuchs , Tragus et Lonicer croyoient que la plante de Dioscoride étoit le pjrola rotundifotia , que Cordus nommoit beta syli'eslris , suivant C. Bauhin , et dans une édition de Dioscoride par Ruellius, en i5i6, à l'article du Limonium, nous trouvons le nom beta s_yli'estris , écrit en écriture du temps. Cependant la pyrole a les feuilles plus arrondies , et la tige , à la vérité , simple , mais basse et grêle. La description convient moins encore soit au trèfle d'eau, menjanthus , que Cordus assimiloit au limonion , soit au sene- cio doriuy rapproché par Daléchamps, soit enfin à la bistorte 478 LLVl et à la valériane des jardins, qui étoient des Umonium de Gesiicr. On est obligé d'en revenir , mais avec doute , au Umonium de Tourneforî, qui avoit joint à cette plante beau- coup d'autres espèces. Linnajus a supprimé ce genre pour le réunir au statice , et il nommoit l'espèce principale stalice Umonium. Adanson a rétabli le genre de Tournefort sous son nom primitif. Necker le séparoit également, mais sous le nom de taxanthejnum. WilldenoNv, dans son Horl. BeroL, lui laisse le nom de statice, et nomme armeria le statice de Tour- nefort. Mœnch admet la même séparation, en suivant Tour- nefort. et de plus il fait d'un Umonium, qui est le stalice monopetala de Linnseus , son genre Limoniaslrum, Dioscoride dit que son Umonion est appelé nevroides par quelques-uns, et Ruellius, son éditeur, ajoute que dans divers lieux il portoit les noms de rapioriion , lycosempliyUon . helehorosemata , scjUion; meuda , dans la Syrie ; dacina, chez les Daces ; jumburum , en France ; viartum nigrum, chez les Ro- mains ; mendruta dans la Mysic. Le Umonium peregrinum de C. Bauhin , cité d'après Clusius, qui n'en connoissoit pas la fructification et n'en a figuré que les feuilles, est évidemment le sarracenia purpurea, ( J. ) LIMOSA. ( Ornith.) Nom générique donné aux barges par Brisson. Voyez Limicula. (Ch. D. ) LIMOSELLE ; Limosella, Linn. {Bot.) Genre de plantes dicotylédones, de la famille des primulacées , Jiiss. , et delà didfnamie angiospermie , Linn., dont les principaux caractères sont les suivans : Calice quinquéfide, persistant; corolle monopétale, très-petite, campanulée, à cinq lobes presque réguliers; quatre étamines didynames; un ovaire supère , à style simple, terminé par un stigmate globuleux ; une capsule ovale, à deux valves, à une loge contenant plusieurs graines attachées à un placenta central. Les limoselles sont de très-petites plantes herbacées, à feuilles simples, radicales, fasciculées, et à hampes unitlores et axillaires. On en connoît quatre espèces , dont trois sont exotiques. Comme elles ne présentent aucune espèce d'in- térêt, nous ne parlerons ici que de celle qui est indigène. LiMosELLE AQUATIQUE : Limosella aquatica , Linn. , Spec. , 881 ; PlantagineUa palustris , Moris. , Hist. , 3, p. 6o5 , s. i5, t. LIN 479 '2 , fîg. ]. Sa racine est annuelle, fibreuse ; elle produit un faisceau de l'euilles elliptiques, longuement pétiolées, et des rejets rampans qui donnent naissance à de semblables fais- ceaux de feuilles. Les fleurs sont petites, blanchâtres, por- tées sur des hampes grêles, uniflores , beaucoup plus courtes que les feuilles. La plante entière a rarement plus de deux, pouces de hauteur et s'étale à trois ou quatre pouces en largeur : elle croît en Europe, dans les lieux humides et dans ceux qui ont été inondés pendant l'hiver. ( L. D.) LIMULE , Limulus. {Crust.) Genre de crustacés branchio- podes de la famille des Limulidées. Voyez l'article Entomos- TRACi;s , tome XI V^, page 556, de ce Dictionnaire , où ce genre est décrit. (Desm.) LIMULE. [Foss.) Il est rare de trouver des limules à l'état fossile, et il paroît que jusqu'à présent on n'en a trouvé que dans le calcaire fossile^de Solcnhofen et de Pappenheim. Il existe dans la collection du Musée d'histoire naturelle des dé- bris d'une espèce à laquelle M. Desmarctsa donné le nom de limule de Walch , Limula J-Valchii, Hist. nat. descrustac. fos- siles, pag. 109 , tab. XI , fig. 6 et 7 ; Cancer perversus , Knorr et Walch, Monum. du déluge, tom 1.", page i56, pi. 14, fig. .. Elle a de très-grands rapports avec les espèces vivantes : mais elle en diffère en ce que le rebord intérieur de la pre- mière pièce de la carapace est arrondi , au lieu de former un angle aigu devant la bouche; en ce que les bords latéraux de la seconde pièce ont chacun cinq grandes pointes, entre lesquelles sont de petits aiguillons mobiles, tandis que ce nombre est plus considérable dans les espèces vivantes, et que souvent les pointes du test sont moins grandes que les aiguillons mobiles. (D. F.) LIN; Linum, Linn. {Bot.) Genre de plantes dicotylédones, de la penlandrie digjnie du système sexuel, dont les prin- cipaux caractères sont les suivans : Calice de cinq folioles persistantes; corolle de cinq pétales; dix filamens soudés infé- rieurement en anneau , cinq d'entre eux stériles , les cinq autres portant des anthères sagittées ; un ovaire supère, sur- monté de cinq styles; dix capsules conniventes, paroissant n'en former qu'une seule, s'écartant à l'époque de la malu- 4^0 LIN rite, s'ouvrant longitudinalement par leur partie interne, et chacune d'elles contenant une seule graine. Jusqu'à présent la place que doivent occuper les lins dans l'ordre des familles naturelles n'a pas encore été parfaite- ment déterminée. Linnaeus, dans ses Fragmens de méthode naturelle, les avoit réunis, dans son ordre des succidcntes, à plusieurs genres, avec lesquels ils n'ont presque point de rapports , si ce n"est avec les géranium. Adanson , qui ne publia ses Familles des plantes que quelque temps après le botaniste suédois, plaça les lins avec les amaranthes , rapprochement qui paroitra bien extraordinaire aujourd'hui. Bernard de Jussieu, au contraire, les réunit aux caryophyllées. Mais cette réunion ne fut qu'imparfaitement adoptée par M. A. L. de Jussieu, lorsqu'il perfectionna la méthode de son oncle ; car il ne les plaça qu'à la fin de cette dernière famille, et seule- ment comme ayant des affinités avec les véritables caryo- phyllées. Depuis ces tentatives pour placer plus ou moins convenablement les lins dans l'ordre naturel, M. De Can- dolle, dans la série des familles qu'il publia en ]8i5 (dans sa Théorie élémentaire de botanique) , en forma , sous le nom de linées un ordre distinct à la suite de celui des caryo- phyllées. En adoptant celte nouvelle famille dans notre Manuel des plantes indigènes, nous avions cru d'ailleurs qu'au lieu de placer les linées près des caryophyllées, il convenoit de les rapprocher des malvacées , avec lesquelles elles ont beaucoup de rapports par la connexion de leurs étamines et par la forme de leur fruit; mais depuis lors, ayant fait un nouvel examen des linées, et ayant comparé leurs caractères avec ceux de différens ordres , nous croyons avoir trouvé que c'est avec les géraniacées qu'elles avoient le plus d'affinité; et cette affinité nous paroît même si grande, qu'on pourroit, selon nous, les réunir dans une seule et même famille, qui présenteroit les caractères suivans : Calice de cinq folioles persistantes; corolle de cinq pétales onguiculés: dix tilamens réunis en anneau par leur base, souvent plusieurs stériles; un ovaire supère à cinq styles ou au moins à cinq stigmates ; cinq à dix coques monospermes, conniventes, s'ouvrant à leur maturité par leur angle interne. Les lins sont des plantes herbacées ou suffrutescentes, à LIN 481 feuilles simples, nombreuses, le plus souvent alternes ou éparses, plus rarement opposées ou verticillées; leurs fleurs, souvent assez grandes , d'une jolie couleur et d'un aspect agréable, sontaxillaires et terminales, éparsesou rapprochées en une sorte de corymbe. On en connoît une cinquantaine d'espèces, qui toutes, excepté six, appartiennent à l'ancien continent, et plus particulièrement à l'Europe ou aux pays qui avoisinent le bassin de la Méditerranée; en France seule- ment, on en trouve seize. Nous nous bornerons ici à parler des espèces les plus intéressantes. * Feuilles alternes ; Jleurs bleues ou purpurines. Lin usuel, Lin ordinaire ou Lin cultivé; Linum usifatissi- mum , Linn., Spec, 597; Linum sativum , Blackw., Herb., t. 160. Sa racine est menue, annuelle ; elle produit une tige grêle, souvent simple, haute d'un pied et demi à deux pieds, garnie de feuilles éparses, lancéolées- linéaires, d'un vert un peu glauque. Ses fleurs sont bleues, pédonculées, dispo- sées au sommet des tiges ou des rameaux. On ne sait pas posi- tivement quel est le pays natal de cette plante; Olivier dit l'avoir trouvée sauvage en Perse. Quoi qu'il en soit, elle est depuis un temps immémorial répandue dans une grande partie de l'Europe, de l'Orient et du Nord de l'Afrique, oii elle est cultivée pour dilTérens usages économiques. Le principal produit de la culture du lin est la filasse qu'on prépare avec lécorce de ses tiges : l'huile qu'on retire de ses graines pour s'en servir dans les arts, ces mêmes graines ou la farine qu'on en prépare pour en faire usage en médecine, ne peuvent être considérées que comme des objets secon- daires et beaucoup moins importans. Dans quelques parties du Midi on emploie aussi dans leur jeunesse ses parties her- bacées comme fourrage. Le lin se sème à la volée dans une terre préparée au moins par deux labours , amandéc avec de bons engrais et ordi- nairement disposée par planches bombées pour faciliter l'écou- lement des eaux. Le semis se fait le plus souvent au prin- temps, depuis le mois de Mars jusqu'en Mai ; quelquefois l'automne, en Septembre ou Octobre; et aussitôt que les a6. 3i 483 LIN graines sont répandues, on passe la herse par-dessus et ensuite le rouleau. La terre qui convient le mieux au lin, est celle qui est légère et en même temps un peu fraîche et substantielle ; mais cela ne doit pas être regardé comme général, car il est des pays où l'on obtient de très-belles récoltes de cette plante dans des terres fortes et argileuses. Les cultivateurs distinguent trois principales variétés de lin : la première nommée lin froid ou grand lin ; la seconde , lin chaud ou têtard , et la troisième connue sous le nom de lin moyen. Il y a encore dans quelques cantons un lin précoce ou de Mars, et un lin tardif ou de Mai. La pre- mière variété, le lin froid, produit des tiges grêles, élevées, et fournit peu de graines; elle mûrit tard : on en retire une filasse longue, fine, avec laquelle on fabrique ces belles toiles, ces superbes batistes, ces magni6ques dentelles, qui font la richesse de la Flandre. La seconde variété, ou le lia chaud, a les tiges peu élevées, rameuses, chargées de nom- breuses capsules : elle est plus propre, par cette dernière rai- son, à être cultivée , lorsqu'on a pour principal but la récolte des graines; car elle ne donne qu'une filasse courte et grossière. Le lin moyen , comme son nom l'indique , tient le milieu entre les deux précédens ; c'est celui qui est le plus généralement répandu. Au reste il est essentiel de ne point mêler les graines de ces différentes variétés, qui ne doivent point, lors des semis, être répandues de la même manière : ainsi la première doit être semée beaucoup plus serrée que les deux autres, tandis que la seconde a besoin d'être plus espacée que la dernière. Ces trois variétés mûrissent d'ailleurs à des époques un peu différentes. Nous avons dit qu'on semoit le lin au printemps ou en automne. Ce qui doit déterminer à avancer ou à retarder cette opération, c'est la nature du sol et celle du climat. Ainsi, dans les terres très-légères etdans les pays secs et chauds, comme le Midi de la France, il est avantageux de semer le lin au commencement de l'auloninc, parce que les pluies de cette saison et celles de l'hiver favorisent la végétation de la plante, et lui font acquérir assez de force pour résister à la sécheresse, lorsqu'il arrive qu'il n'y ait que peu ou point LIN 485 du tout de pluie au printemps suivant. Dans les pays froids et humides, au contraire, et dans les terres argileuses, il faut retar^lcr les semis de lin jusqu'en Mars et même jusqu'en Avril ou Mai , parce que la trop grande humidité est nui- sible à cette plante. Les cultivateurs croient généralement que le lin dégénère, lorsqu'il est semé plusieurs années de suite dans le même canton sans changer la semence : aussi est-on dans l'usage en Flandre de tirer tous les ans de nouvelles graines du Nord de l'Europe, et principalement de Riga, qui passe pour fournir celles de la meilleure qualité. Mais, d'après les expé- riences faites à ce sujet par M. Tessier, la graine de Riga ne donne pas, dans le climat de Paris, de plus beau lin que celle de beaucoup de cantons do la France et des parties méridionales de l'Europe. D'après cela on doit croire que, lorsque l'on voudra faire un choix des graines les plus grosses, les plus lourdes et les mieux nourries parmi celles récoltées dans notre pays, on pourra très-bien se passer de remplacer nos semences indigènes par des exotiques. Pendant la jeunesse des semis de lin et avant que la plante ait cinq à six pouces de hauteur, il est essentiel de la débarrasser des mauvaises herbes par un ou deux sar- clages. On doit surtout veiller à ce qu'elle ne soit pas infectée par la cuscute ; car, lorsque cette plante parasite, que les; cultivateurs connoissent sous le nom d'angure du lin, vient à se répandre dans un champ, elle fait périr un grand nombre de pieds de lin. Le seul moyen de s'en débarrasser est d'ar~ racher toutes les tiges qui en sont attaquées, et de les brûler, dès qu'on peut reconnoître le mal ; car, en laissant la cuscute s'étendre de proche en proche, elle peut envahir le champ entier et anéantir la récolte. La maturité du lin a lieu selon l'époque on la graine a été semée , selon la chaleur du climat et selon la nature du sol, en France depuis le mois de Juin jusqu'en Août : en. général elle s'annonce par la couleur jaune que prennent les capsules et les tiges, et parce que ces dernières se dé- pouillent d'une partie de leurs feuilles. Lorsque l'on juge que la plante est suflisammcnt mûre, on arrache ses tiges à la main , et on les réunit en poignées, dont on fait de petites 484 LIIS bottes liées par le sommet, et qu'on laisse ordinairement debout sur le sol , en les écartant par le bas en trois par- ties, afin d'achever leur dessiccation. Aussitôt que la plante est assez desséchée, on en sépare les graines, soit en battant avec précaution les sommités des tiges sur des draps étendus à terre, soit en les faisant passer entre les dents d'une espèce de peigne de fer fixé sur un banc ou sur une table. De quelque manière qu'on s'y prenne pour séparer les graines, il est important de ne pas déranger les tiges, de ne pas les entremêler, et d'avoir bien soin de les mettre égales par le bas, en en formant de nouvelles bottes, qui, ainsi préparées, sont de suite mises à rouir, parce que, lorsqu'on laisse trop dessécher le lin, il faut plus de temps pour opérer le rouissage. Celte préparation préliminaire, qu'on lui fait subir comme au chanvre , est nécessaire pour dé- composer une sorte port, par ses longues feuilles, avec le plumeria longifolia de M. de Lamarck. 11 est probable que dans cette plante les feuilles, longues et étroites relati- vement à leur largeur, sont rassemblées en tête au sommet d'une tige nue : ce qui a pu lui donner l'aspect d'un pal- mier. (J.) LINDERA. (Bot.) Nom donné par Adanson au chœrophyl- liim coloratum de Linnaeus, dont les involucelles sont corn» posés de sept à neuf feuilles, au lieu de cinq , observées dans les autres espèces de chœmpljdlum. M. Thunberg a donné, dans la FI. Japon., un autre Lindera, qui a été adopté. (J. ) LINDEBE, Lindera. (Bot.) Genre de plantes dicotylédones, à fleurs incomplètes, dont la famille naturelle n'est pas encore déterminée, de Vhexandrie monogynie de Linnaeus ; offrant pour caractère essentiel : Une corolle à six pétales; point de calice; six étaniines (insérées sur l'ovaire, Thunb.); les anthères fort petites; un ovaire supérieur; un style; deux stigmates réfléchis. Le fruit est une capsule à deux loges. LiiXDÈRE A OMBELLES : Lindera umhellala, Thunb., Flor. Jap., pag. 145, tab. 21; Lamk., lit. gen. , tab. 265. Arbris- seau divisé en rameaux lâches, alternes, flexueux , garnis, surtout à leur sommet, de feuilles touffues, pétiolées, ova- les-oblongues, aiguës, glabres en-dessus, velues et d'une LIN 5o5 couleur pâle en-dessous, longues d'un pouce; les fleurs pe- tites, disposées en ombelles simples, terminales, solitaires, portées sur un pédoncule un peu velu, ainsi que les pédi- celles; la corolle jaunâtre; les pétales ovales, obtus, longs d'une ligne; les filamens plus courts que la corolle; l'ovaire glabre, ovale; le style droit, un peu plus court que la co- rolle; le fruit est une capsule à deux loges. Cet arbrisseau a été découvert par Thunberg sur le mont Fa-Kona au Japon; il fleurit en Avril et en Mai. Les naturels du pays font avec son bois des pinceaux souples avec lesquels ils se nettoient les dents. (Poir.) LINDERNIE; Lindemia, Linn. (Bot.) Genre de plantes dicotylédones, de la famille des scrophulariées , Juss., et de la didjnatnie angiospeTmie, Linn., dont les principaux carac- tères sont les suivans : Calice de cinq folioles linéaires, per- sistantes; corolle monop£tale, à deux lèvres, dont la supé- rieure très-courte, échancrée, et l'inférieure à trois décou- pures inégales, celle du milieu un peu plus grande; quatre ëtamines , dont deux, plus courtes, ont leurs filamens termi- nés par une dent et les anthères presque latérales; un ovaire supère, ovale, surmonté d'un style filiforme, terminé par un stigmate écliancré ; une capsule à deux valves , à deux loges, contenant des graines nombreuses. Les lindernies sont de petites herbes annuelles, à feuilles opposées, et à fleurs axillaires. On en compte six espèces, parmi lesquelles la plus commune est la suivante. LiNDERNiE PYxiDAiRE : Lindemia pjxidaria , Linn., Mant., 2l\2 ; Lam., Illust., t. 522 ; Alsinoides paludosa, etc. ; Lindernia Alsat. , 162 , t. 1. Ses tiges sortt menues, couchées, rameuses, glabres, comme toute la plante; longues de quatre à cinq pouces, garnies de feuilles opposées, ovales. Les fleurs sont petites, purpurines, pédoncuiées , axillaires et solitaires. Cette plante est, dit-on, originaire de la Virginie; mais elle est aujourd'hui aussi commune dans certaines parties de l'Eu- rope que si elle étoit indigène : on la trouve dans les ma- rais et les lieux aquatiques, en Alsace, en Bourgogne, en Bretagne; elle croit aussi en Piémont et en Allemagne. (L. D.) Le Lindernia japonica , Thunb., ne doit point être réuni à ce genre, d'après M. Rob. Brown; il paroît plutôt appar- 5o4 LIN tenir au Mazus de Loureiro , et le Undernia dianthera de Swartz est rangé, d'après le même auteur, parmi les Herpes- tis. (Voyez ces deux genres.) Nous devons au même auteiir la connoissance de quelques autres espèces de Undernia dé- couvertes à la Nouvelle-Hollande, telles que : i." le LinJernia alsinoides , Brown , Nov'. HolL, 44i , à tige droite, garnie à leur base de feuilles ovales, presque entières^ ou pour- vues de quelques dents rares; celles des tiges distantes ; les florales très-petites; le tube de la corolle un peu plus long que le calice. 2.° Lindernia scapigera , Brown, l. c. -. les feuilles inférieures sont larges, ovales, presque entières, en touffe; celles des tiges rares, plus petites; les florales très- petites ; le tube de la corolle une fois plus long que le ca- lice. Dans le Lindernia subulata, les l'euilles sont linéaires, subulées, entières. D'après M. de Jussieu, il convien^lroit peut-être de réunir Vainhulia aux lindernia. M. de Lamarck n'en forme qu'un seul genre avec les gratiola. (Poir.) LINDO. (Ornith.) Les oiseaux du Paraguay que M. d'Azara décrit sous ce nom, n.°* 92 à 101 , sont des tangaras. iCh. D.) LINDS^A. (Bot.) Genre de plantes de la famille des fou- gères , établi par Dryander pour placer quelques fougères exotiques , considérées comme des espèces d'adiantutn par Aublet, Forster, Willdenow, Lamarck , Swartz; mais qui en diffère par les fructiBcations formant des paquets ou sores, linéaires, continus, naissant à l'extrémité des veines, près du bord de la fronde, et recouverts par une membrane ou indusium continu , qui s'ouvre de dedans en dehors. Ce genre, adopté par Smith , Swartz, "VN'illdenow, Robert Brown , etc. , renferme environ vingt à vingt-une espèces exotiques, qu'on peut partager en quatre sections, d'après la forme des frondes. §. 1." Fronde simple. LiNDs^A sagittée: Linds. sagittata , Dryand. , Willd.,5p., 5, p. 420; Adiantum sagiUatum, Auh\. , Gi'j. , 2, tab. 366. Ses frondes sont pétiolées , entières , sagittées. Il croît à la Guyane, dans les fentes des rochers, dans les bois. LIN 5o5 §. 2. Fronde ailée. L. LANCÉOLÉE : L. lunceolata , Labill. , Nov. Holl. , 2 , tab. 248 , fig. 1. Ses frondes sont ailées, à frondules lancéolées, presque alternes, cunéiformes à la base, pointues et dentées à l'ex- trcmité. Il a été découvert par M. de Labillardière à la Nou- velle-Hollande , au cap Van-Diémen. §. 3. Fronde presque deux fois ailée. L. cunéiforme: L. cuneata, Willd. , Sp.pl., 5 , p. 423. Fronde ailée , à frondules lancéolées , alongées à la pointe , presque ailées; à découpures cunéiformes, arrondies, très- entières. Cette fougère forme des touffes de huit à dix pouces de hauteur , dans les bois de l'île de Bourbon : elle a été dé- couverte par M. Bory de Saint-Vincent, qui rapporte qu'elle varie beaucoup. §. 4. Fronde deux fois ailée. L. DÉCOMPOSÉE : L. decornposita , Willd., Sp. p/. , 5 , p. 425. Fronde deux fois ailée ; frondules droites , à découpure oblongue , en forme de croissant, cunéiforme à la base; la découpure terminale lancéolée. Cette fougère , d'un pied de hauteur, croît dans les Indes orientales. §. 5. Fronde presque trois fois ailée. L. DÉLICATE : L. tenera, Dryand. , Act. Soc. Linn. Lond, , 3, p. 42, tab. 10. Sa fronde est presque trois fois ailée; à dé- coupures en ovale renversé , ou rhomboïdales et incisées. Cette espèce , remarquable par la délicatesse de son feuil- lage , croit dans les îles Nicobar, dans les Indes orientales. ( Lem. ) LINEAIRE. ( Ichthfol. ) Nom spécifique d'un labre que nous avons décrit dans ce Dictionnaire, tom. XXV, pag. 29. (H.C.) LINEOLE. (Ornith.) Cet oiseau est le bouvreuil-bouveron, loxia lineola, Linn. ( Ch. D. ) LINETTE. [Ichthjol.) Sur quelques parties des côtes de France on appelle ainsi la trigle hirondelle. Voyez Tkigle. (H.C) 5oG LIN LINETTE. (Ornith.) C'est, dans Belon . la linotte com- mune , fringilla linota, Ginel. (Ch. D. ) LIN G. {Ichthjol.) Un des noms que l'on donne, dans le Nord, à la morue longue. Voyez Lingue et Lotte. (H. C.) LTNGALINGAHAN. {Bot.) L'arbre des Philippines cité sous ce nom par Camelli et Rai, indiqué comme fragile, ayant des fleurs à trois pétales, disposées en chatons axil- laires et assez longs, paroît être un acal/ypha, et probable- ment l'acalypha spicijlora , dont on a pris le caiice pour des pétales. (J. ) LINGHIROUTS, VAHON-RANOU. {Bot.) Flacourt cite sous ces noms une herbe de Madagascar dont la racine est un oignon , ou peut-être un gros tubercule , et dont la tige , garnie de belles fleurs , s'élève au milieu d'une touff'e de feuilles. Il dit que la racine râpée est un bon vermifuge , et que les feuilles broyées sont bonnes pour décrasser les têtes des enfans. Cette plante paroit être une monocotylédonc voisine de Valoès ou de ïagave. (J. ) LINGO. {Bot.) Rochon, dans son Voyage à Madagascar, cite sous ce nom une liane qui s"élève en grimpant jusqu'au sommet des plus grands arbres, et dont les Malgaches em- ploient les feuilles pour teindre le til de leurs pagnes en jaune et en rouge. Parmi les plantes de la même île données par Poivre à Bernard de Jussieu , on trouve sous le nom de lingo, bois à teindre, un arbrisseau qui a l'aspect d'un royoc, morinda, et beaucoup d'affinité avec le nauclea citri- folia de M. de Lamarck. C'est la même plante qui est sous le nom de vacheria dans l'herbier que Commcrson a fait à Madagascar, et Ton peut croire que c'est aussi celle qu'a in- diquée Rochon. (J.) LÏNGOADA. {Ichthjol.) Nom portugais d'un pleuronecte ; c'est le pleuronectcs macrolepidotus. Voyez Flétan. (H. C. ) LINGOT. {Chim.) Dans les arts on donne ce nom à un prisme métallique que l'on obtient en coulant de l'or, de l'argent, de l'étain , du plomb , etc. , fondus dans des moules appelés lingotières. (Ch.) LINGOTIERE. {Chim.) Cavité prismatique dans laquelle on coule un métal fondu pour en faire un lingot. Lorsqu'on veut avoir des lingots très-gros , tels que des lin- LIN 5o7 gots de l'on te , on coule la matière métallique dans des ca- vités creusées dans le sol, qui ont ordinairement la forme d'un prisme triangulaire dont Taxe est horizontal. Lorsqu'on veut avoir des lingots d'un moindre volume, on fait usage de lingotières de fonte de fer, ou de fer. Dans les deux cas les moules doivent avoir été parfaitement desséchés ; sans cela l'eau , en se réduisant en vapeur par la chaleur du métal qu'on y coule , projetteroit celui-ci au loin. On enduit les lingotières de fer d'une légère couche de suif, et si la masse de la lingotière est considérable par rapport à celle du lingot, il est nécessaire de la faire chauffer avant d'y verser le métal ; autrement celui-ci se figeroit trop rapide- ment pour qu'on pût obtenir un lingot bien homogène dans foutes ses parties. (Ch. ) LTNGOUM. ( Bot. ) Rumph nomme ainsi \e pterocarpus draco de Linnseus, espèce de sang-de-dragon, qui laisse échapper, des incisions faites à son écorce , un suc rouge comme du sang. Son nom malais est lingoo et lingoa. Rumph en distingue deux espèces ou variétés, dont la première est le Ungo de Ternate, \e pattœne de Macassar, le nalit kiri d'Amboine. La seconde est le lîngo-puti des Malais, le nala-uppur d'Amboine. Cet arbre est employé dans ces divers pays pour fabriquer des meubles , plutôt que comme bois de charpente. On ne le confondra pas avec le Ungo de Madagascar , décrit dans un autre article. ( J. ) ■ ' LINGOUMBAUD. {Crust.) L'un des noms du PIomard en Provence et en Languedoc. (Desm.) LINGUA. (Bot.) C'est ainsi que Pline nommoit la grande douve, ranunculus lingua : plusieurs autres plantes portent le même nom avec un autre additionnel. Ainsi le lingua avis , lingua passeris , lingua anseris , est le fruit alongé et comprimé du frêne; le lingua passerina de Tabernœmontanus est le stel- lera passerina; le lingua cervina est la scolopendre; le lingua major de Daléchamps est le senecio paludosus ; le lingua ser- pcntina de Césalpin ou lingua vulneraria de Cordus est l'ophio- glosse. (J.) LINGUA-BOVINA ou LINGU/E. {Bol.) On trouve, dan§ Césalpin et d'autres botanistes de son temps, notre Langue- dc-bœuf, sorte de champignon, désignée par ces noms. Voyez fiSTUtLXNA. (Lem.) 5o8 LIN LINGUA-CERVINA, c'est-à-dire, Langue de cerf. (Bot.) Ce nom a été employé très-anciennement, et pendant long- temps, pour désigner la fougère scolopendre, Jispleniumscolo- pendrium, L. , ou Scolopendrium ojficinarum , Sw., WiUd., etc. , dont la fronde a été comparée, par sa forme, à la langue du cerf. Gaza, le premier, a employé ce nom pour désigner le Scolopendrion de Théophraste , qu'il croyoit être la même plante. Après lui, plusieurs botanistes, Cordus , Lonicerus , Césalpin , Fabius Columna , etc. , ont continué à désigner par lingua cervina la scolopendre , et deux autres espèces voi- sines, les ScoL sagilfatum et hemionitis. L'on croit aussi que la phj'Uitis de Dioscoride, dont les feuilles avoient la forme de celles de Foseille , étoit notre scolopendre, ce qui paroît très -probable. La scolopendre a conservé très-longtemps, dans les phar- macies et chez les droguistes, le nom de Lingua - cervina , remplacé aujourd'hui par celui de Scolopendre. Nous devons faire remarquer cependant , et d'après Mentzel, que le Lin- gua-cervina des Romains étoit pris, de son temps, pour le pteris aquilina. Enfin , nous voyons dans Bauhin que cer- tains botanistes appeloient le ceterac , scolopendria ou scolo- pendrium : d'où il résulteroit que nous n'appliquons plus exac- tement ce dernier nom. Morison, puis Tournefort, enfin Plumier, ont fait un genre Lingua-cervina , ayant pour base la scolopendre, caractérisé par la fronde simple, et les fructifications en lignes paral- lèles. Linnaeus le réunit à son genre Aplenium ; mais depuis il en a été retiré par Smith , qui en fait son genre Scolopen- drium, adopté par les botanistes, et qu'il ne faut pas con- fondre avec le Scolopendrium d'Adanson , lequel répond à l'Asplenium de Linnœus, un peu modifié. On doit faire renjar- quer ici que Plumier avoit rapporté à son Lingua - cervina quantité de fougères qui n'ont point de rapport avec l'es- pèce type du genre, et qui maintenant sont réparties dans les genres Danœa, Acrostichum, Meiiiscium . Tienitis , Poljpo- dium , Aspidium et Asplenium. ( Lem. ) LINGUA DE GATO. (Bot.) Les Espagnols de Cumana et de la Havane nomment ainsi le lhei>etia de Jacquin. (J.) LINGUA DI NOCE CATTIVA. {Bot.) C'est, dans Michéli , LIN 5o9 le nom italien de I'Oreille de noyer (voyez ce mot), cham- pignon mal-faisant : il a aussi le Lingua di moro buona, qui est bon à manger, et qu'on emploie pour teindre les toiles en jaune. C'est un agaric qui croît sur le mûrier. Michéli in- dique encore diverses espèces de champignons nommés Z/u- gua en Italie. Ainsi il a le Lingua dura ou Slriglia , qui est le Dedalœa lahjrinthiformis ; des Lingua cattiva de l'olivier, des Lingua de chêne , etc. , qui se rapportent à diverses espèces de bolet. Voyez nos articles Oreilles. (Lem.) LINGUA SERPENTINA. (Bot.) Césalpin désigne ainsi l'o- phioglossum serpenfinum , espèce de fougère qui porte encore à présent le nom de Langue de serpent. (Lem.) LINGUADA. (Ichthjol.) En Portugal on appelle ainsi le pleuronecte argus. Voyez Pleuronecte et Turbot. (H. C.) LINGUARD. {IchthjoL) Dans le commerce on appelle ainsi la Lingue. Voyez ce mot. (H. C. ) LINGUATA. (Ichlhy^ol.) Nom italien de la sole. Voyez Pleuronecte et Sole. (H. C.) LINGUATO. {Ichthyol.) Nom espagnol de la sole. Voyez Pleuronecte et Sole. (H. C.) LINGUATULA. {Ichthjol.) A Rome on appelle ainsi la pôle, espèce de pleuronecte de la division des soles. Voyez Pleuronecte , Pôle et Sole. ( H. C. ) LINGUATULE, Linguatella. (Entomoz.) Frœlich est le premier zoologiste qui ait imaginé ce nom générique pour un ver intestinal qu'il avoit trouvé dans le poumon d'un lièvre, à cause de la ressemblance de ce petit animal avec une petite langue. Zeder, dans son Système d'helminthologie, crut devoir changer ce nom en celui de polystoma , en supposant fort à tort que ce ver avoit plusieurs bouches. M. Rudolphi, après avoir employé long-temps le nom pri- mitif, ce qu'avoit fait également M. de Laniarck, crut devoir préférer, on ne sait trop pourquoi , la dénomination de polystome, en y réunissant une nouvelle espèce queTreutkr avoit trouvée sur l'homme, et dont il avoit fait un genre sous le nom d'Hexatheridium , parce qu'il avoit vu six pores à son animal. Sur ces entrefaites , M. de Laroche , qui ne connoissoit probablement pas le travail des zoologistes alle- mands, employa ce nom de polystome pour un autre ver 5io LIJN très-voisin, suivait nous, des sangsues, comme nous le verrons à l'article Polystomi.. Quoi qu'il en soit, M. de La- marck, adoptant le grnre de M. de Laroche, fut encore confirmé dans sa première manière de voir, et conserva tou- jours le nom de linguatelle pour le ver de Frœlich ; et ce- pendant il adopta le genre Tétragule, établi par M. Bosc pour une véritable espèce de linguatelle , car je ne vois pas qu'elle diffère en rien de la linguatule de Frœlich. M. Cuvier sentit bien, et avec raison, les grands rapports qu'il y a entre ce ver, le prionoderme de Rudolphi , quel- ques espèces de polystomes de ce même zoologiste , et même le genre Tétragule de M. Bosc : aussi supprima-t-il le nom de linguatule et adopta-t-il celui de prionoderme ; et cepen- dant il conserva le genre Polystouie de Zcder, en n'y ran- geant pas , il est vrai , l'espèce qui avoit servi à l'établisse- ment du genre. M. de Humboldt avoit aussi, de son côté, sans le savoir, établi un genre de vers intestinaux qui a les plus grands rapports avec les linguatelles, sous la dénomina- tion de porocéphale. Malgré cela, M. Rudolphi, dans son Sjnopsis , n'a pas cru devoir revenir au nom primitif de ce petit groupe : il lui donne au contraire celui de pentastome , réservant celui de polystome à riiexatheridium de Treutler , à son poljstoma integerrimum ; et c'est le polystome de M. de Laroche. Comme cette dénomination de polystome ou de pentastome est erronée, puisqu'elle pourroit faire croire à tort que ces animaux ont cinq bouches; comme il y a une énorme confusion dans son emploi , et qu'enfin elle n'a pas la prigrité, nous suivrons l'exemple de M. de Lamarck , et sous le titre de linguatelle nous entendons un genre de vers intestinaux que nous caractérisons ainsi : Corps alongé, déprimé, plus large en avant qu'en arrière, et traversé par un grand nombre de rides régulières, qui le rendent comme articulé; bouche inférieure, ronde, accompagnée en delior:; de deux paires de crochets rétractiles; l'orifice des organes de la génération à la partie postérieure , ainsi que celui de l'anus, s'il y en a. L'organisation de ces animaux n'est connue que d'après ce que dit M. Cuvier de la linguatelle tajnioïde : le canal intestinal est droit ; près de la bouche sont deux canaux, comme dans les échinorhynques : les oviducles sont longs et entortillés. LIN Bii Les espèces qui appartiennent indubitablement à ce genre , sont les suivantes. 1." La L. dentelée; L. serrata , Frœlich. Le corps plan, subelliptique , élargi et un peu plus épais en avant , plus étroit et mince en arriére ; de deux lignes de long sur trois quarts de ligne de largeur en avant et d'une demi-ligne en arrière. Il faut rapporter à cette espèce, qui a été trouvée pour la première fois par Frœlich dans la substance du poumon d'un lièvre, le petit ver dont M. Bosc a fait un genre sous le nom de tétragule dans le Bulletin de la société philoma- tique, et que M. Legallois avoit observé dans le poumon d'un cochon d'Inde; il paroit cependant encore que ce ver étoit même plus petit que celui de Frœlich. M. Rudolphi en fait une espèce distincte sous le nom de Polyst, emargi- nalum. •2° La L. DENTicuLÉE ; L. dcnticulata , Rudolplii, Entoz. , tab. 12, fig. 7. Corps déprimé, plus convexe en-dessus qu'en- dessous ; élargi en avant, terminé en pointe assez fine eu arrière : une ligne et demie à quatre lignes de longueur sur un quart ou un tiers de ligne de large. Cette espèce, qui a été trouvée à la superficie du foie d'un bouc et d'une chèvre américaine, diffère-t-elle de la précédente autrement que par la forme du corps un peu moins déprimé et plus pointu en arrière? 5." La L. T;Enioïde; L. tœnioidcs, Rudolphi, Entoz., tab. 12 , fig.' 8 — 12 ; Ta;nia lancéolé de Chabert. Corps déprimé, oblong , plus étroit en arrière , à plis transversaux nus , ce qui rend les côtes crénelées, mais sans denticules sur leurs bords. Cette espèce est bien distincte par l'absence des denticules, mais en outre par sa taille; elle a en effet cinq pouces de long sur trois ou quatre lignes de largeur en avant. Elle se trouve dans les sinus frontaux du cheval et du chien; mais il paroit qu'elle n'occasionne aucun accident. 4.° La L. A trompe; L. proboscidea , Humboldt, Obs. zool,, pi. 26. Cette espèce est le type du genre Porocéphale de M. de Humboldt. Son corps est un peu en massue, inarti- culé, et sous une trompe terminale, contractile, sont cinq 5i2 LIN crochets rétractiles et roussàtres. Elle a été trouvée dans un serpent à sonnettes. M. de Lamarck regarde encore comme appartenant à ce genre, ainsi que l'a fait anciennement M. Rudolphi , les Polysfoma integerrimuin et venarum ; mais à tort : ce sont des animaux de la famille des sangsues, du même genre que le polystome de M. de Laroche ; peut-être même le dernier n'est-il qu'une espèce de planaire, comme le fait justement observer M. de Lamarck. Quant au polystoma pinguicola de Zeder et de Rudolphi, dont M. de Lamarck fait sa linguatule des ovaires , elle est aussi très-probablement du même genre. Voyez Polystome et Prionoderme. (De B. ) LINGUE. [Ichthjol.) Nom d'une espèce de Lotte. Voyez ce mot. (H. C.) LINGUELLE, Linguclla. (Malacoz.) Dans un mémoire sur les animaux mollusques de l'ordre des inférobranches, dont un extrait a été publié dans le Bulletin de la société phi- lomatique, M. de Blainville a établi le genre Linguelle pour une petite espèce de mollusques voisine des phyllidies, et qui cependant en diffère notablement. Les caractères de ce genre sont : Corps nu, ovale, très-déprimé, linguiformej le manteau débordant le pied de toutes parts, si ce n'est antérieurement, où la tête est à découvert et pourvue de deux paires de tentacules, dont une supérieure et l'autre labiale; les organes de la respiration, en forme de lamelles obliques, n'occupant que les deux tiers postérieurs du re- bord inférieur du manteau; l'anus inférieur et situé au tiers postérieur du côté droit ; l'orifice des organes de la génération dans le même tubercule au tiers antérieur du même côté. Ce petit genre ne comprend qu'une seule es- pèce, que M. de Blainville nomme la Linguelle d'Elfort , Lingiiella Elforliana : elle a été observée dans la collection du Muséum britannique, grâce à la complaisance de M. le docteur Leach. Son corps , d'un pouce et demi de long en- viron, est ovale, très-déprimé, surtout en arrière, car en avant il est beaucoup plus épais; le dos est entièrement lisse et peu bombé; le ventre est occupé par un large dis- que musculaire, excavé en avant, à bords minces et débor- dant beaucoup son pédicule , mais en totalité dépassé lui- LIN 5i3 même par les bords du manteau : c'est sous la par;ic sail- lante de ce manteau que sont les branchies formées par une série de petites lamelles placées de champ, et fort obli- quement, d'avant en aiTière et de dedans en dehors, ce qui fait assez bien ressembler cette partie au dessous du chapeau d'un champignon. Cette série de lames branchiales ne commence qu'au tiers antérieur du rebord du manteau, ce qui établit déj<à une différence avec les phyllidies, dans lesquelles elles font presque fout le tour du corps. Dans le sillon assez profond qui sépare le pied du manteau , se voit en outre à droite et en avant, à l'endroit où commence la série branchiale, un orifice d'où sort une verge filifori^ie fort alongôe; plus en arrière, au tiers postérieur du même sillon, se trouve une autre ouverture, percée dans une p.-;- pille saillante, et qui est indubitablement l'anus. C'est en- core une différence notable avec les phyllidies, dont l'anus est percé à la partie postérieure et médiane du dos, presque comme dans les doris. Mais une plus grande différence en- core est dans la forme de la tête : elle est en effet très- grosse, bombée en-dessus, limitée par une ligne demi-cir- culaire en avant, et coupée obliquement jusqu'à la bouche, - elle saillit entre le pied et le manteau , comme si elle avoit été poussée en dehors, celui-ci s'arrêtant à sa partie supé- rieure et n'adhérant que dans la ligne médiane. Au point de terminaison du manteau en-dessus est, de chaque côté, un tentacule court, cylindrique, creux à son extrémité et comme pédicule; l'espèce de front qui le porte se termine de chaque côté par une sorte de barbillon ou de tentacule pointu, d'abord comprimé, puis conique, qui est le tentacule labial. Enfin, au-dessons de cette espèce de front se voit la masse labiale, qui est très-saillante; elle est composée supé- rieurement d'une lèvre épaisse , bombée dans la ligne mé- diane, dentelée finement à son bord buccal et comme festonnée au bord postérieur de sa partie latérale externe, qui se prolonge un peu à la base des appendices labiaux. Enfin, la bouche ovalaire transversale est percée au-dessous de cette espèce de lèvre; elle offre de gros plis convergens. On ignore s'il existe une mâchoire, mais cela est fort pro- bable : on ne connoît rien non plus sur l'organisation inté- 26. 35 5i4 LIN rieure de cette espèce de mollusque, ni sur la mer dont elle vient. (De B.) LINGUISUGES. (Enlom.) Nom proposé par M. Latreille ( Hist. nat. des insectes, tom. 2, p. 107) pour être appliqué aux hyménoptères dont la lèvre inférieure est terminée par une partie aplatie en forme de langue. (Desm.) LINGULACA. (Ichthyol.) Ce mot, dans Plaute, paroit désigner la sole. Voyez Pleuronecte et Sole. (H. C.) LINGULACA. (Omith.) Voyez Glottis. (Ch. D. ) LINGULE, Lingula. {Malacoz.) Genre de mollusques acépha- les bivalves, formant, avec un petit nombre d'autres genres , le passage des derniers genres de Céphalés (les patelles) aux premiers de la classe des Acéphales (les ostracés). Linnœus, qui n'avoit vu qu'une A^alve de la coquille, n'y trouvant ni charnière ni aucun indice de ligament, la plaça dans le genre Patelle sous le nom de P. unguis. D'après ce que dit M. G. Cuvier, Rumph et Favannc paroissent l'avoir regardé comme le bouclier d'une espèce de limace ; et cependant on trouve que ce dernier avoit figuré la coquille complète avec son pédicule parmi les glands de mer, pi. 49, fig. C \ ■■ elle avoit également été figurée complète par Séba, t. III, pi. 16, n." 4, et placée de même avec les anatifes. Chcm- nitz en fit une espèce de jambonneau , sous le nom de ipinna unguis; Gmclin, malgré cela, en fit toujours une patelle. Enfin Bruguière se proposoit d'en faire un genre particulier dans l'Encyclopédie méthodique ; mais , la mort l'ayant empêché de continuer son ouvrage, c'est M. de Lamarck qui, le premier, a caractérisé ce genre , d'après la coquille du moins , car îa première connoissance de l'animal est due à M. G. Cuvier. Il en a donné une description extérieure et intérieure, mal- heureusement encore incomplète , dans un Mémoire inséré dans le 1. 1.*^', p. 69 , des Annales du Muséum. J'ai eu Pocca- sion d'observer aussi un individu bien conservé de ce genre dans la collection du Muséum britannique ; mais je n'ai pas pu en faire l'anatomie. La description que je vais donner, est tirée de mes propres observations; elle diffère en plusieurs points de celle de M. Cuvier. J'aurai soin d'en avertir , afin qu'un nouvel observateur puisse s'assurer de la vérité. Le corps de l'animal a tout-ù-fait la forme de la coquille,. LIN 5i5 c'est-à-dire qu'il ressemble assez bien à un grand ongle, pointu à une extrémité et, au contraire , évasé à l'autre, qui est presque droite, avec une pointe courte, obtuse et médiane. La coquille est médiocrement creuse , et n'est pour ainsi dire courbée que dans le sens de sa largeur; du reste, elle est formée, comme toutes les autres coquilles, par couches imbriquées de la pointe à la base ; l'extrémité de chaque couche ou strie d'accroissement est d'autant plus large et occupe d'autant plus de l'étendue de la coquille, qu'on se rapproche davantage du bord libre, où les stries paroissent presque droites. Les deux valves ne son* ^ - complètement similaires, et doivent être divisées en supérieure et en inférieure. La supérieure diffère de l'inférieure en ce que , vers son milieu, elle offre un bourrelet interne assez long et assez saillant, qui correspond à une excavation de celle-ci; à sa base sont deux impressions musculaires. On voit en outre qu'elle est disposée, à son extrémité élargie, de manière à in- diquer un peu la division en trois de certaines espèces de té- rébratules. L'inférieure, un peu plus grande, plus pointue en arrière , donne essentiellement attache au tube ou ligament dans une petite fossette creusée à sa face interne; les impressions mus- culaires sont du reste assez semblables et disposées de même. Le tube est fort élastique, comme transparent, strié trans- versalement dans toute son étendue; il adhère à la valve inférieure par une partie plus mince. Il est creux dans toute sa longueur, et se termine inférieurement par une sorte d'élargissement qui va ensuite en pointe et qui n'est pas creux. 11 contient dans son intérieur un corps mou, pul- peux, de même forme que lui. C'est évidemment l'analogue du ligament des coquilles bivalves. Est-il contractile? c'est ce qui me paroît probable. Il y a un byssus considérable, de la même structure que celui des jambonneaux et des moules ; aussi, quoique je n'en sois pas absolument certain, il m'a paru provenir des mus- cles adducteurs , et non du tube. Le corps de l'animal remplit exactement les deux valves 5i(> LliN de la coquille que Jious venons de décrire, et est placé de manière que des deux valves l'une correspond au dos et l'autre au ventre de l'animal. Vu en -dessus, le corps offre une cavité postérieure ou viscérale, couverte d'une membrane fort mince, transpa- rente, qui naît de tout le contour musculaire ou bord du manteau ; en l'enlevant du dos, ou la soulevant, on aperçoit une sorte de figure régulière, antérieure, entourée de lames branchiales, à la partie où les muscles traversent : il y en a une tout-à-fait semblable de l'autre côté. Le corps proprement dit est compris entre deux lames cutanées formant le manteau, dont toute la circonférence, plus épaisse, plus évidemment musculaire, ne m'a offert aucune trace de papilles ou tentacules. Sur l'individu observé par M. Cuvier, le bord du manteau étoit garni tout autour de petits cils fins, courts, serrés et bien égaux : cette membrane est fort mince et tout-à-fait adhérente sur la masse des vis- cères qu'elle laisse apercevoir, c'est-à-dire, dans presque toute la moitié postérieure du corps; les bords seuls sont libres, mais fort peu profondément. C'est dans toute cette moitié postérieure que sont les faisceaux de fibres muscu- laires qui passent d'une valve à l'autre, et qui sont au nom- bre de cinq, bien symétriquement disposés : l'un impair, postérieur, médian, le plus gros de tous, occupe presque l'extrémité de chaque valve; les quatre autres sont pairs. Les deux premiers, plus antérieurs et plus rapprochés de la ligne médiane , séparent la cavité viscérale de celle que nous allons voir tout à l'heure être branchiale, tentaculaire ou an- térieure. C'est de l'un de ces faisceaux musculaires que j'ai vu probablement naître le grand byssus dont il a été parlé plus haut; tandis que rie l'autre il sortoit aussi des fibres musculaires, mais qui étoient plus grosses, plus courtes, et dont j'ignore la terminaison : l'autre paire de muscles est tout-à-fait latérale, plus étroite, mais plus longue, et se pro- longe assez pour tendre à atteindre à la postérieure, en sorte que, dans tout l'ensemble de ces muscles, il est possible de voir une sorte de fer à cheval, mais qui seroit fort resserré en avant. Au-delà de la première paire de muscles, les lobes du LIN 5i7 manteau, l'un supérieur et l'autre inférieur, bien parfaite- ment symétriques, et qui m'ont paru tout-cà-fait semblables entre eux, sont entièrement libres ou tlottans jusqu'à leur adhérence au tronc; leur forme est tout-à-fait celle de l'ex- trémité de la coquille. Leur face externe ne m'a paru rien offrir de remarquable ; mais à l'interne j'ai vu, d'une ma- nière manifeste, du moins au lobe supérieur, une disposi- tion évidemment branchiale : dune sorte de pointe triangu- laire , mousse, dont le sommet est en avant, partent en s'irradiant les vaisseaux qui tapissent toute la membrane et qui sont très-fins. M. Cuvier a vu la disposition des branchies d'une manière un peu différente. D'abord il en admet sur chaque lobe : « Sur chacun, dit-il, on voit deux vaisseaux « artériels venant de Tintérieur du corps, et formant l'un « avec l'autre une figure de V; chacun d'eux donne de son « bord externe des vaisseaux tous parallèles, qui forment « une belle figure de peigne sur la surface interne du lobe .- « dans les intervalles des premiers, il en revient d'autres « qui entrent dans un vaisseau veineux parallèle au vais- « seau artériel. » En soulevant cette partie importante du manteau d'avant en arrière, on trouve la bouche et l'appareil tentaculaire. La bouche est très-petite, mais bien visible, transversale et à l'extrémité d'une sorte de pointe ou de mamelon aplati, qui proémine entre les deux tentacules ou bras : elle est très- visible en-dessus, mais en-dessous elle est cachée par une^ petite membrane transversale. Il y a réellement quatre tentacules : la première paire, beaucoup plus grande, naît de chaque côté de la paire la- térale des muscles; chacun est formé d'une partie principale, fort longue, conique, comprimée, comme cirreuse, mais nullement articulée, et qui est garnie dans tout son bord externe d'une série de filets ou barbules , décroissant de longueur et de grosseur de la base au sommet. Ce sont les organes que l'on nomme les bras, d'où l'on a tiré la déno- mination de brachiopodes. L'autre paire de tentacules est beaucoup moins grande, et surtout moins évidente; chacua part de la pointe où se trouve la bouche, au-dessus d'elle, se recourbe en dehors du grand, presque collé contre lui. 5i3 LIN et va ensuite former les barbules que Ton voit à la base anté- rieure de celui-ci. Dans ces organes je vois les tentacules ordinaires des mollusques gastéropodes, et en même temps ceux que j'ai nommés buccaux, mais qui commencent à prendre cette forme particulière, comme vasculaire, qui se trouve dans tous les lamellibranches. J'ai encore observé dans cette sorte de cavité antérieure deux orifices qui se trouvent symétriquement placés à la face inférieure du lobe supérieur, en avant delà bouche, et même des tentacules ou lèvres supérieures. Ces deux orifices m'ont paru similaires , l'un à droite et l'autre à gauche d'une espèce de canal médian. Je ne serois pas éloigné de penser que ces orifices sont la terminaison des organes de la génération, qui accompagnent très- probablement celle du canal intestinal; Tnais c'est ce que je ne voudrois pas assurer, parce que, sur l'individu unique que possède la collection du Muséum bri- tannique, il m'a été impossible d'essayer même d'en faire une anatomie, quelque superficielle qu'elle fût. Voici le peu que j'ai vu dans la cavité viscérale, plutôt à travers la membrane qui la forme, qu'autrement. De chaque côté, en dehors d'une masse granuleuse qui occupe tout l'in- tervalle des muscles, se voit, de la pointe de la coquille à la terminaison de la paire de muscles externes, un corps gé- latineux, assez considérable, épais, caché à droite et à gauche dans un repli de la branchie : ce sont probablement les ovaires ; mais je n'en connois nullement la terminaison ni la con- nexion avec les autres organes. J'ai pu observer en outre un autre organe, beaucoup plus petit, placé du côté droit : il est formé d'espèces de petits leuillets joints par un pédicule commun et longitudinal. Est- ce encore un organe de l'appareil de la génération? Enfin, le reste de la cavité viscérale est rempli par une îna.sse subdivisée en deux, et comme composée de grains, qui est très-probablement le foie, et a un des côtés de laquelle se trouve une partie du canal intestinal, peut-être le rectum, dont je n'ai pas vu la terminaison. Je crois que le cœur est placé au milieu de la partie anté- rieure de la masse antérieure des viscères, immédiatement en LIN 5uj arrière de la paire des muscles médians; je crois mémo en avoir vu sortir une sorte d'artère aorte médiane, qui se porte effecti- vement d'avant en arrière, au milieu , pour ainsi dire, du foie. A ce que je viens de dire d'après mes propres observa- tions, je vais joindre quelques détails anatoraiques , ex- traits du Mémoire de M. Cuvier. La bouche ne contient ni dents ni renflement lingual. Le canal intestinal est formé par un simple tube, sans renflement stomachal; de la bouche il se rend directement vers le sommet postérieur des valves , où il fait un repli, revient un peu sur lui-même, fait un arc de cercle, un second repli en avant, et se porte sur le côté, où il s'ouvre au dehors, eu faisant une petite saillie en. cône tronqué entre les lobes du manteau. De chaque côté de l'œsophage est une masse ronde assez compacte, que M. Cuvier pense pouvoir être des glandes salivaires; mais il n'ose l'affirmer. Une autre masse, plus considérable, divisée en lobes et lobules , remplit tous les intervalles des muscles et des circonvolutions de l'intestin : sa couleur est d'un jaune- orangé : c'est probablement le foie. Nous avons vu plus haut que M. Cuvier admet qu'il y a une lame branchiale divisée en deux branches pour chaque lobe du manteau; suivant lui, les deux veines branchiales du même côté, c'est-à dire celui d'un lobe et celui qui lui est opposé dans l'autre lobe , entrent dans un CQjur particu- lier, en sorte qu'il y auroit deux cœurs, l'un à droite et l'autre à gauche. Ils sont très -comprimés et de forme demi- elliptique; leur grandeur est assez considérable, on remarque dans leur intérieur, qui est teint d'un violet noirâtre, dea rides ou colonnes charnues. Les principales branches qui sortent de ces cœurs, se distribuent d'abord dans le foie. D'après ce que j'ai vu, et d'après l'analogie, je serois assez porté à penser que ce que ]\L Cuvier nomme ici des cœurs, ne sont que des oreillettes, une à droite et l'autre à gauche, et que ces oreillettes s'ouvrent dans ua ventricule unique situé dans la ligne médiane du dos, d'où sortent ensuite les aortes : c'est un point important à vérifier. M. Cuvier n'a rien vu des organes de la génération. Le cerveau lui a paru être formé par quelques ganglions qui se font apercevoir vers l'espèce de cou ou d'étranglé- 5:^0 LIN ïiient situé à la racine des bras; mais il lui a été impossible d'en suivre les nerfs. J';ii rapporté ce que j'ai pu voir sur le seul individu que j'ai examiné, fort incomplètement, àla vérité: mais il semble cependant possible de montrer que l'animal de la lingule a plus de rapport qu'on ne le pense avec les patelles, et qu'il établit une sorte de passage entre les animaux univalves et les véritables bivalves. D'abord le corps de l'animal est situé entre les valves qui le contiennent, non pas de manière à ce que celles-ci se pla- cent de chaque côté ou sur les flancs, mais au contraire l'une en-dessus et l'autre en-dessous, comme si une patelle, outre sa coquille supérieure, en avoit une autre inférieure; aussi la supérieure a-t-elle une sorte de petit sommet tout-à-fait mé- dian, postérieur et marginal, que n'a pas l'inférieure. Ces deux valves n'ont aucun rapport direct entre elles, c'est-à-dire, ne se touchent pas. De la disposition du corps entre les valves , il résulte que les muscles adducteurs sont verticaux, c'est-à-dire, di- rigés du ventre au dos comme dans la patelle, et même, en réunissant tous les faisceaux musculaires, on voit que la forme générale est celle d'une sorte de fer à cheval, dont les bran- ches seroient fort peu ouvertes ; mais ils se portent d'une valve à l'autre, au lieu d'aller du pied à la coquille, comme dans les patelles. Dans tous les véritables bivalves, même dans les premiers, qui sont fixés sur le flanc, la direction du muscle est transversale. L'ouverture des valves en avant, et leur rap- prochement en arrière, n'existent jamais dans les véritables bivalves. La direction et la terminaison du canal intestinal en avant ne se trouvent non plus jamais dans ces animaux, chez lesquels le rectum est toujours dorsal, médian et pos- térieur; si, dans les lingules, il est certainement comme le dit M. Cuvier, il seroit antérieur, latéral et à droite, comme dans les patelles. Enfin, la disposition des branchies, même dans la manière de voir de M. Cuvier, a évidemment des rapports avec ce qui a lieu dans les patelles, à plus forte raison, en supposant que j'aie bien vu. La disposition sin- gulière de l'appareil d'impulsion dans la circulation offre aussi quelque chose d'intermédiaire à ce qui a lieu dans les patelles et dans les bivalves. LIN 521 D'après ces considérations, il est évident que le petit groupe dans la composition duquel entre la lingule, qu'on lui donne le nom de brachiopodes , ou celui de palliobranches, comme je Tai proposé, doit être placé au commencement de la classe des mollusques acéphales, de même que les patelles doivent terminer celle des céphalés, parce qu'alors on aura une série. Ce que je viens de dire sur l'animal de la lingule, me con- duit à caractériser ce genre de la manière suivante : Corps déprimé, ovalaire , pourvu d'un long byssus, compris entre les deux lobes d'un manteau fendu dans toute la moitié an- térieure ou céphalique, et portant des branchies pectinées, adhérentes à leur face interne; bouche simple, pourvue de chaque côté d'un double appendice tentaculaire , conique, rétractlle, cilié dans tout son bord externe, et se roulant en spirale sous le manteau ; la terminaison du canal intestinal antérieure et latérale. Coquille subéquivalve , équilatérale , ou symétrique, dorso-ventrale , comme tronquée en avant; le sommet postérieur, sans aucune trace de ligament, mais porté verticalement à l'extrémité d'un long pédoncule fibro- gélafineux , qui adhère aux corps sous-marins; impression musculaire multiple. On ne connoit encore qu'une espèce dans ce genre : la Lingule anatine , L. analina, Lamarck. Elle vient de l'Océan des Moluques : c'est une coquille mince, verdàtre, d'un pouce de long environ, et que sa forme a fait comparer à un ongle ou au bec d'un canard ; le pédicule cylindrique qui la termine a quatre à cinq pouces de longueur. Elle est assez rare, surtout avec son pédicule. (De B. ) LINGULE. (^Foss.) Dans des couches qui paroissent appar- tenir à la formation de la craie inférieure , on a trouvé de pe- tites coquilles extrêmement minces et luisantes, dont la for- me a de si grands rapports avec celle de la lingule, qu'on ne peut douter qu'elles n'appartiennent à ce genre. Dans son ouvrage sur les fossiles d'Angleterre, M. Sowerby en a décrit trois espèces. La Lingule mytiloïde; Lingula mytiloides , Sow., Min.conch, fab. 19, fig. 1 et 2. Coquille ovale, un peu tronquée par le bout antérieur, et à sommet aplati. Longueur, 8 à 9 lignes; îargeuT; 5 lignes. On trouve cette espèce dans une couche 522 LliXj brune à Wolslngham dans le comté de Durhain , et dans une couche bleuâtre à Dursley, Glocestershire, en Angleterre. Un morceau de cette dernière couche, que je possède , est rempli de cette seule espèce de coquille. La Lingule mince ; Lingula tenuis , Sow. , loc. cit., fig. 3. Cette espèce est plus petite que la précédente, et se trouve assez abondamment dans un grès dur à Bognor, comté de Sussex , où elle est accompagnée de pétoncles, dont le test paroît changé en spath calcaire, et dont Tintérieur est ta- pissé de cristaux. La Lingule ovale; Lingula ov'alis, Sow., loc. cit., fig. 4. Co- quille déprimée, oblongue-ovale , à bout antérieur circulaire et à sommet très-court. Longueur, 6 lignes : largeur, 3 lignes. Cette espèce a été trouvée à Pakefield en Angleterre, dans une pierre marneuse. J'ai trouvé sur le moule intérieur d'une modiole ou d'une moule provenant des anciennes couches de Carentan , dé- partement de la Manche, une coquille de ce genre, qui paroît appartenir à cette dernière espèce; mais, les diffé- rences entre les trois espèces ci -dessus étant peu considé- rables et pouvant provenir de modifications occasionées par les localités où vivoient les mollusques qui ont composé ces coquilles, on peut soupçonner que toutes ne sont que des variétés delà même espèce, et d'autant mieux que jusqu'à présent on n'en a trouvé qu'une seule espèce à l'état vivant. (D.F.) LINKE. {Ichthjol.) Nom spécifique d'un crénilabre décrit dans ce Dictionnaire, tome XI , p. 091. (H. C. ) LINKIA. (Bot.) Voyez NosToc. (Lem.) LINRIE, Linkia. (Bol.) Genre de plantes dicotylédones, à fleurs complètes, monopétalées, voisin de la famille des sola- nées , de la pentandrie monogynic de Linna'us ; offrant pour caractère essentiel : Un calice à cinq découpures droites , linéaires, lancéolées; une corolle campanulée; le tube pen- tagone; cinq étamines , les anthères sagittées ; un ovaire supé- rieur; un style. Le fruit est une baie à cinq loges polyspermes. LiNKiE ÉPINEUSE : Linkia spinosa, l'ers., Sjnops., 1 , p. 219; Desfontainia spinosa, Ruiz et Pav. , FI, Fer. 2, tab. 186. Arbrisseau de dix à douze pieds, dont les tiges se divisent LIN 520 en un grand nombre de rameaux étalés, presque articulés, garnis de feuilles opposées, coriaces, pétiolées, ovales, lui- santes en-dessus, épineuses à leur bord, longues de trois à quatre pouces. Les fleurs portées sur des pédoncules axillaires, solitaires, uniflores, plus longs que les pétioles, ont le calice velu, trois fois plus court que la corolle; celle-ci d'un rouge écarlate, longue d'un pouce, à limbe jaune à son intérieur. Le fruit est une baie blanchâtre , de la grosseur d'une petite prune, contenant des semences brunes et luisantes. Cette plante croît au Pérou, dans les grandes forêts. LiNKiE luisante: Liulia splendens , Poir. , Encycl., Suppl. , et III. gen., SuppL, tab. 928; Desfontenia splendens , Humb. et Bonpl.j PL œquin., 1, pag. 167, tab. /|5. Cette espèce diffère de la précédente par ses feuilles plus petites, qui ordinai- rement n'ont que trois dents de chaque côté, rarement quatre, au lieu de sept à neuf; par les divisions du calice glabres et non pubescentes; ses tiges s'élèvent à la hauteur de sept à huit pieds; les feuilles longues d'un à deux pou- ces, arrondies au sommet avec une pointe aiguë; les fleurs d'un beau rouge; les lobes du limbe ovales, obtus. Le fruit est une baie sphérique, de la grosseur d'une cerise, à cinq loges polyspermes. Cette plante croît sur les hautes monta- gnes au Pérou. (Poir.) LINLIBRICIN. {Bot.) Ce nom est donné, dans quelques jardins et quelques livres, à un acacia sans épines, à feuilles bipennées et fleurs en tête, que l'on avoit pris d'abord pour le mimosa arhorea de Linnœus, mais qui est son mimosa juli- hrisin, espèce voisine, maintenant acacia julihrisin àç yV'ûl- denow, nommé aussi arbre de soie. (J. ) LINNÉE ; Linnœa, Gronov. , Linn. (Bot.) Genre d(- plantes dicotylédones , de la famille des caprifoliacées , Juss. . et de la didjnamie angiospermie , Linn. Ses principaux carac- tères sont d'avoir : Un calice monophylle, à cinq découpures égales; une corolle monopétale, campanulée, à limbe quin- quéfide et presque régulier; quati^e élamines didynames ; un ovaire infère, arrondi, chargé d'un style filiforme, à stigmate globuleux ; une baie sèche , ovale , à trois loges contenant chacune deux graines arrondies. Ce genre est consacré à Pun des naturalistes les plus célè- 524 LIN bres des temps modernes, au prince des bofaiiistes, à Linné. II n'est formé que d'une seule espèce. LiNNÉF, BORÉALE : Linnœu borealis, Linn., Spec. , 880 ; FI. Dan., t. 3. Sa racine est vivace ; elle produit des tiges sous- ligneuses, grêles, rampantes, longues d'un pied ou plus, garnies de feuDles toujours vertes , ovales-arroiidics, oppo- sées, pétiolées , un peu velues. Ses fleurs sont blanches ou légèrement purpurines, agréablement odorantes, penchées, géminées sur des pédoncules do trois pouces de longueur ou environ, et redressé?. Cette plante croit dans les bois et lieux ombragés de la Suède, de la Sibérie, du Canada; oa la trouve aussi dans les Alpes delà Suisse, et en France dans les Vosges et les Cévennes. On la cultive dans les jar- dins de botanique. La linnée est amére et un peu astringente : on l'a con- seillée en infusion contre les rhumatismes chroniques et la goutte; mais elle n'a jamais guère été en usage qu'en Suède et en Norwége. (L. D.) LINNET. (Ornith.) Nom anglois de la linotte , /nagî7/a linota, Linn. (Ch. D.) LINOCARPUM. (Bot.) Michéli a fait sous ce nom un genre du linum Tadiola de Linnaîus, qui étoit le radiola de Rai et de Dillen , le chamœlinum de Vaillant, le millegrana d'Adan- son , et qui diffère du linum par la soustraction d'une cin- quième partie dans la fructification. Thalius, auteur ancien, mentionne aussi un linocarpus , qui est notre linum catharti- cum, différant de ses congénères par ses feuilles opposées, qui le rapprochent du radiola. Voyez Lm. (J. ) LINOCIERA, Linociera. {Bot.) Genre de plantes dicoty- lédones, à fleurs complètes, polypétalées, de la famille des jasminées, de la diandrie monogjnic de Linnacus, et très-rap- proché des chionanthus ; offrant pour caractère essentiel : Un calice à quatre dents ; quatre pétales ; deux éfamines ; les anthères sessiles ; un ovaire supérieur ; un style. Le fruit est une baie sèche , à deux loges monospermes. Linociera a feuilles de troène : Linociera ligustrina , Vahl, Enum., 1 , pag. Z|6; Swartz, Flor.: Thouinia ligustrina, Swartz, Prodr., i5. Arbrisseau de la Jamaïque, dont les rameaux sont glabres, parsemés de points saillans, garnis de feuilles LIN 525 opposées, pétiolées, longues de deux ou trois pouces, lan- céolées, obtuses, luisantes, sans nervures sensibles; les fleurs sont disposées en une panicule terminale; les pédoncules partiels deux et trois fois dichotomes; de très-petites brac- tées à la base des pédicellcs ; les dents du calice ovales ; les pétales blancs, linéaires, concaves, obtus, réfléchis et caducs. Cette plante croit aux lieux arides, parmi les buis- sons , à la Jamaïque et à la Nouvelle-Hollande. LiNociERA A LARGES FEUILLES : Linociera latifolia , Vahl , l. c. ; Gaertn. f . , Carpol., tab. 2i5; Chionanlhus domingensis , Lamk., III. i, pag. 3o; An chionanthus incrassata? Svvartz. Cette plante se distingue de la précédente par ses feuilles plus larges, plus fermes, point luisantes, acuminées, ellip- tiques-lancéolées, munies de nervures fines et distantes; les fleurs sont disposées en panicules terminales , presque en cime; les pédoncules plus courts que les feuilles; les bractées subulées, velues et blanchâtres; les calices presque glabres; les pétales plans, élargis, obtus; les anthères alon- gées. Le fruit est un drupe oblong, de la grosseur d'un pois, contenant un noyau à deux loges. Cette plante croît à nie de Saint-Domingue. Linociera pourpre : Linociera purpurea, Vahl, Le; Thoui- nia nutans , Linn. fil., Suppl,; Chionanthus Zeylanica , Linn.j T'ior. Zejl, , non Lamk. , Encjcl. Arbrisseau garni de ra- meaux cendrés, comprimés vers leur sommet, parsemés de points noirâtres et sailians. Ses feuilles sont pétiolées, pres- que ovales, lisses, point luisantes, terminées par une pointe courte, longues d'un pouce et demi : ses fleurs disposées en grappes latérales, solitaires, terminales, opposées, plus courtes que les feuilles, portées sur des pédicelles triflores, inclines ; à bractées courtes, linéaires; à pétales courts, un peu épais, et à anthères linéaires. Cette plante croît à l'île de Ceilan. Le Chionanthus Zeylanica, Lamk., n'est point l'espèce de Linnaeus : c'est le linociera cotinifolia, Vahl, Enum. , auquel il faut rapporter le synonyme de Plukenet, tab. 41, fig. 4. Willemet fils a mentionné, dans son Herbarium mauritianum , sous le nom de thouinia Jlavicans , une autre espèce, nommée par Vahl Linociera Jlayicans : à feuilles ovales , émoussées ,• 5^6 Lire à paniculcs axillaires; à pédicellcs renflés à leur soininet ; à corolle jaunâtre; à pétales ovales, concaves. (Poir.) LINOCIERA. (Bot.) Schreber , et Swartz clans sa Flor. occid., donnent ce nom à un genre que ce dernier avoit au- paravant nommé thouinia dans son Prodromus. Mais ce genre paroît devoir être réuni au chionanthus , semblable pour la fleur, et différant seulement par des anthères plus longues et une baie remplie de deux graines, au lieu d'une subsistant dans le chionanthus , probablement par suite d'un avortement; ce que l'on pourra vérifier en observant l'ovaire avant sa maturité. Voyez Linociera ci-dessus. (J. ) IJNODESMON. (Bot.) Gesner nomme ainsi la cuscute , suivant Adanson. (J. ) LINODRYS. (Bot.) plante mentionnée par Dioscoride , et qui est peut-être une espèce de germandrée. (Lem.) LINOGENISTA. (Bot.) Nom donné autrefois au genêt des teinturiers, dont les feuilles ont quelque ressemblance avec celles du lin. ( Lem. ) LINOIDES. (Bot.) Dillenius a désigné ainsi le linuni ra- diola, qui , suivant plusieurs auteurs, ne doit pas faire partie du genre Linum. Voyez I-inocarpum. (Lem.) LIISOPHYLLUM. (Bot.) Ce nom a été donné à des plantes qui ont des feuilles semblables à celles du lin. Le linopliyllum coUinurn de Pontedera est le thesium alpinum de Linnaeus, qui a employé le même nom, comme adjectif ou spécifique, pour distinguer un autre thesium plus commun, qui est ïano- njmos foliis Uni de Clusius. (J. ) LINOSPARTUM. (Bot.) Théophrasle donnoit ce nom, et Pline celui de spartum, au stipa tenacissima, une des plantes graminées employées pour les ouvrages de sparterie. Deux autres plantes, nommées aussi spartum par Pline , et servant aux mêmes usages, sont le lygeum spartum et ïarundo are- naria, appartenant à la même famille. Le Ijgeum est nommé linospartum par Adanson. (J. ) LINOSYRIS. (Bot.) Nom donné par Lobcl au chrysocoma linosjris de Linnaeus. (J.) LINOT. (Ornith.) Ce nom vulgaire de la linotte propre- ment dite désigne en Normandie, avec l'épithète hrillant, le verdier, loxia chloris, J.inn. Le Unot rnharet des oiseleurs LIN . 527 de Paris est la linotte de montagne , fringiila montium, Gmel. (Ch. D.) LINOTTES et CHARDONNERETS. {Ornith.) On a exposé au mot Fringille, tom. XVII de ce Dictionnaire, que, malgré les difficultés que présentoit la division de ce grand genre, ou plutôt de cette famille, en plusieurs genres particuliers, les espèces qu'on y avoit comprises étoient si nombreuses*, qu'il paroissoit convenable d'y faire provisoirement des cou- pures autres que de simples sections. M. Temminck, qui depuis a publié la seconde édition de son Manuel d'Ornitho- logie , a trouvé qu'il n'existoit point entre les espèces de Gros-Becs et de Fringilles une démarcation suffisante pour y former, à l'exemple de M. Cuvier dans son Règne animal, des genres intermédiaires, que ce savant a, dit -il, plutôt indiqués qu'établis ; et il s'est borné en conséquence à distribuer les Gros-Becs et Fringilles en 3 sections, sous les dénominations de laticônes, bi'évicôncs et longicônes. Nous persistons néanmoins à croire qu'il est bon de profiter des données du naturaliste françois pour isoler dès à présent plusieurs espèces, et que, si les caractères par lui fournis sont encore peu tranchés, l'observation pourra les renforcer quand les nouveaux groupes, détachés du tronc commun, auront appelé plus spécialement sur chacun d'eux l'atten- tion des ornithologistes , habitués à ne les considérer que dans leur ensemble. On tâchera donc de poser dans ce Dictionnaire le type de quelques genres artificiels et subordonnés, si on le veut, aux caractères communs des fringilles, mais qui faciliteront l'arrangement méthodique, si essentiel pour aider la mé- moire, et si propre à faire éviter des confusions, lorsqu'on sera plus avancé dans la connoissance des espèces. Ce seroit à tort qu'on prétendroit trouver ici une contradiction avec les principes qui nous ont portés , dans d'autres circonstances, à blâmer la multiplication indiscrète des genres qu'il n'étoifc pas nécessaire de créer, et dont le moindre inconvénient étoit de surcharger la nomenclature de termes nouveaux : loin de nous, au contraire, toute idée d'innovations, quand nous ne serons pas convaincus de leur utilité. Comme sous le mot ChardoXiNeret on a renvoyé à l'article 5:^8 LIN Linotte, il sera ici question , non-seulement des linottes , mais des chardonnerets, dont l'ordre alphabétique ne permet plus de parler ailleurs, ainsi que des serins et des tarins. Tous ces oiseaux ont le bec exactement conique , sans être bombé dans aucune partie. La pointe, plus longue, plus grêle et plus aiguë dans les chardonnerets que dans les linottes, est chez tous un peu comprimée latéralement. Le bord de la mandibule supérieure offre , dans l'espèce commune du char- donneret et du tarin , un angle en forme de dent obtuse à sa base, oîi le sizerin a deux dents pareilles; et quand cette observation de M. Vieillot aura été étendue à d'autres es- pèces, il pourra en résulter des données intéressantes, les- quelles aideront à déterminer plus positivement la place qui leur convient le mieux. Mais c'est déjà assez pour motiver l'application du mot carduelis aux espèces qu'on va réunir sous cette dénomination commune. Chardonneret ordinaire: Carduelis communis, Linn., Sj'st, nat. , édit. 6; Fringilla carduelis , Linn., édit. lo, et Lath. ; pi. enl. de Buffon n." 4, de Lewin n." yS , de Donovan n." io3, et de G. Graves n." 20. Cet oiseau, plus petit que le pinson, et qui a aussi reçu les noms de chrysomitris , auri- vittis , astragalinus , etc., est long de cinq pouces trois lignes depuis le bout du bec jusqu'à celui de la queue, et de quatre pouces huit lignes jusqu'à celui des ongles. Le sinciput , les joues et la gorge sont d'un rouge éclatant; une petite bande noire s'étend, de chaque côté, depuis l'origine du bec jus- qu'aux yeux; le dessus de la tête et l'occiput sont noirs; le haut du cou et du dos est d'un brun roux qui s'éclaircit sur le croitpion et la poitrine ; le ventre et les plumes latérales et anales sont blancs ; les petites couvertures du dessus des ailes sont noires; les grandes sont de la même couleur jusque vers la moitié de leur longueur, et le reste est jaune, ce qui forme sur chaque aile une bande transversale de cette der- nière couleur. La queue, un peu fourchue, est composée de douze pennes noires, qui, à l'exception de la troisième de chaque côté, ont des taches ou leur bordure blanches. Les pieds sont bruns ; le bec, qui est blanc, a l'extrémité noirâtre, et la langue est divisée par le bout en petits filets. Les couleurs de la femelle sont moins vives que celles du LIN 520 mâle; le rouge est un peu orangé, et le noir est brunâtre. Les jeunes ne prennent leur beau rouge qu'à la seconde année. Le plumage des chardonnerets est d'ailleurs suscep- tible de variations. Le rouge est souvent moins vif, et le reste blanchâtre, quelquefois même tapiré irrégulièrement de plumes blanches. Ceux qui, tenus dans l'obscurité, ont été nourris de graines de chanvre , sont même sujets à de- venir d'un brun noirâtre. Le chardonneret, qu'on trouve dans toute l'Europe jusqu'en Sibérie, et dans quelques parties de l'Asie et de l'Afrique, est fort commun en France, oîi il passe l'année entière, et se nourrit des graines du chanvre, de la chicorée sauvage, de l'éryngium , de diverses autres plantes syngénèses et sur- tout de celles du chardon, d'où son nom a été tiré. Les vergers sont les lieux où il se plait davantage, et c'est sur les arbres fruitiers que, dès les premiers jours du printemps, il fait le plus souvent entendre son chant très-agréable, qui, jusqu'au mois d'Août, n'éprouve d'interruption que pendant qu'il est occupé à élever ses petits. Ces oiseaux font deux ou trois nichées par année. Ils posent ordinairement leur nid sur les arbres, particulièrement dans les vignes, et de préférence sur les branches foibles des pruniers et des noyers, mais quelquefois aussi dans les taillis, sur les lisières des forêts et dans des buissons épineux. Ce nid, d'une forme élégante, est d'un tissu très-solide. Les matériaux qu'ils y emploient sont, en dehors, de la mousse fine, de petites racines, de la bourre des chardons, artiste- meut entrelacés et recouverts de lichens, et, en dedans, des crins, de la laine, des aigrettes soyeuses du saule et du duvet d'autres plantes. La ponte consiste en quatre ou cinq œufs pour la première couvée ; elle est moindre pour la seconde , et de deux seulement pour celle qui, dans le cas où la se- conde ne réussiroit point, a lieu dans les mois d'Août ou de Septembre. Les œufs sont blancs et tachés , vers le gros bout, d'un brun pourpré. Levvin en a donné la figure dans ses Oiseaux de la Grande-Bretagne, tom. 3, pi. 17, n.° 3. La plupart des auteurs, entre autres Mauduyt, disent que les vers et plusieurs insectes sont en tout temps un mets friand pour les chardonnerets, qui savent très-bien, dans 26. 34 53o LIN l'hiver, chercher Jes chenilles sur les haies parmi les toiles sous lesquelles elles se tiennent alors cachées. C'est aussi avec cette sorte de nourriture que, suivant les mêmes auteurs, ces oiseaux élèvent leurs petits; mais M. Vieillot, qui re- garde les chardonnerets comme purement granivores, pré- tend qu'ils ne portent à leurs petits que les graines encore tendres du mouron, du séneçon, de la laitue; et c'est par cette raison, ajoute-t-il, que leur première couvée n'a lieu qu'au mois de Mai, et plus tard que celles des moineaux, des pinsons, des bruants, qui nourrissent leurs petits d'in- sectes et leur donnent la becquée sans dégorger aucun ali- ment , tandis que les chardonnerets et les serins font ramollir dans leur jabot les graines qu'ils leur apportent. L'attachement des chardonnerets pour leur progéniture est si fort, que rien ne peut distraire de l'incubation la fe- melle , qui brave les vents les plus impétueux, la pluie, la grêle, pour garantir ses œufs prêts à éclore. Sonnini cite, à ce sujet, au tome 48 de son édition de Buffon, pag. 142, un fait arrivé en 1787, dans les environs de Nancy, où, malgré le danger imminent de perdre la vie, la femelle est constamment restée dans son nid mis en lambeaux par la tempête. Quoique le mâle ne s'occupe point de la construction du nid ni de l'incubation, il veille à la sûreté de sa compagne pendant les courses qu'elle fait, soit pour se procurer des alimens, snit pour choisir les matériaux dont elle a besoin; et lorsqu'elle couve, il se tient sur un arbre voisin, où il chante jusqu'à ce que la présence d'un objet propre à l'agiter le force à abandonner, pour quelques instans, un poste où il ne tarde pas à revenir. Ces oiseaux, qui ont le vol bas et filé, comme celui des linottes, se rassemblent en automne et vont, pendant l'hivci'. en troupes fort nombreuses. Ils se mêlent quelquefois à d'au- tres oiseaux granivores. Leur vivacité les fait sauvent tom- ber dans les pièges qu'on leur tend, et qui sont l'arbret , le trébuchet, les filets employés pour les alouettes et les rets saillans a petites mailles; mais, afin de rendre ces chasses plus heureuses, il faut avoir, dans des cages, de bons chan- teurs pour appelans. Dans le département de la Meurthe , LIN 53i on pose sur les têtes des chardons et surtout des chardons à foulon, deux plumes de poulet et de pigeon, que l'on a éb'irbées et passées en sautoir Tune dans l'autre, et qui ont été enduites de £:lu. Les chardonnerets, appelés dans cet en- droit par les chants d'un niàle , dont l^. cage est couverte, viennent se poser sans méfiance sur ces pièges. Mais les mêmes oiseaux ne se prennent point à la pipée, et ils savent aussi échapper à l'oiseau de proie en se réfugiant dans les huissons. Ils vivent seize à dix-huit ans, et l'on en a vu qui ^ même en captivité, ne sont morts qu'à -jo ans. Pour élever de jeunes chardonnerels, on ne doit les tirer du nid que quand toutes leurs plumes ont poussé. On peut lés nourrir avec une pâte composée d'amandes et d'échaudés piles avec de la graine de melon ou de noix et de massepain, dont on fait des boulettes de la grosseur d'un grain de vesce , lesquelles se donnent une à une à chaque individu. Cette pâte peut être suppléée par une autre plus simple, et faite avec du chénevis écrasé, de la navette, de la mie de pain et du jaune d'œuf, délayés dans un peu d'eau. Elle se donne avec une brochette et à la becquée, comme aux serins, et quand les petits mangent seuls, le chénevis peut être remplacé par le millet. On prétend que les jeunes qui proviennent des couvées du mois d'Août viennent mieux , et qu'on doit préférer ceux qu'on a tirés des nids ftiits dans des buissons d"épines; mais ces circonstances paroissent peu importantes, et, les dernières couvées étant moins nom- breuses, ce choix entraineroit des inconvéniens manifestes. Au surplus, comme on peut se procurer très-aisément des chardonnerets tout élevés , on a moins d'intérêt à se donner la peine de les nourrir à la brochette, et ils sont en général d'une docilité telle qu'on leur apprend à faire le mort , à mettre le feu à un pétard et à faire izne foule d'autres exercices, parmi lesquels on remarque celui qui est appelé galère et qui exige une sorte de vêtement pour y sus- pendre deux seaux contenant l'un le manger, l'autre la bois- son, et dont le premier descend quand le second monte. Le chardonneret, naturellement laborieux, peut se plier à cette sorte d'éducation ; mais, comme il aime beaucoup la société, cela doit exiger de lui un sacrifice bien pénible. 532 Ll^ Les oiseleurs appellent sixains les jeunes chardonnerets qui ont six pennes caudales terminées de blanc; huitains , ceux qui en ont huit, et quatrains, ceux qui n'en ont que quatre: mais, ces taches variant chez les mêmes individus pendant Tété et après la mue, et disparoissant même en grande partie du mois de Juin au mois de Septembre, pen- dant lequel temps toutes les pennes sont noires, excepté les latérales, ces distinctions n'ont été imaginées par les oiseleurs que dans leur intérêt, et l'on ne doit pas y avoir égard. Le chardonneret s'accouple plus ditlicilement en captivité avec une femelle de son espèce qu'avec une femelle étran- gère , et l'on parvient plus aisément à l'apparier avec une serine ; mais il est très-rare que l'accouplement ait lieu entre un serin mâle et un chardonneret femelle, et si les unions de la première sorte s'effectuent sans beaucoup de peine , tandis qu'on n'en peut attendre de pareilles avec un pinson , c'est à cause de la dissemblance dans la manière dont celui- ci présente la nourriture à sa femelle et à ses petits. Les serins, comme les chardonnerets, dégorgent cette nourriture , après lui avoir fait subir une première prépa- ration , un ramollissement, dans leur jabot ; mais les pinsons la portent tout simplement dans leur bec. D'un autre côté, les mandibules du chardonneret sont si effilées et si pointues, que souvent il blesse sa femelle en lui dégorgeant de la nourriture, et que, pour prévenir cet accident, on est obligé de les émousser avec des ciseaux. Cette opération peut même devenir nécessaire pour le mâle dans les cas , peu rares, où, ])endant sa captivité, ses mandibules s'alongent inégalement et au point de Tempêcher de saisir sa nourri- ture. Quoique les couvées réussissent quelquefois entre une se- rine jet un chardonneret pris au filet, il est convenable de choisir une serine qui n'ait pas encore été accouplée avec un mâle de son espèce, et de les tenir ensemble dans une cage assez grande, où le chardonneret puisse s'accoutumer à la même nourriture, c'est-à-dire au millet, à l'alpiste et à la navette. Celui-ci, plus froid , a besoin d'être excité par les agaceries de la femelle; mais, quand l'accouplement a eu lieu 5 il devient plus complaisant qu'un mâle serin et LIN 53S partage fous les travaux du ménage. Les métis qui proviennent de cette union sont plus robustes que les serins , et leur chant a plus d'éclat; ils ressemblent au mâle par la forme du bec, par les couleurs de la tête et des ailes, et à la fe- melle par le reste du corps. Ces métis sont d'une complexion amoureuse, et s'apparient facilement entre eux ou avec des serins; mais il en résulte rarement des œufs féconds. I,es chardonnerets sont sujets à plusieurs maladies, et sur. tout à l'épilepsie ; souvent même la mue est pour eux une maladie mortelle. Lorsqu'ils sont attaqués de la première, que des auteurs attribuent à l'usage exclusif du chénevis , ils tombent étendus dans leur cage, les deux pieds en l'air et les yeux renversés. Ils périroient bientôt dans cet état, s'ils ne recevoient de prompts secours; et l'on conseille de leur couper alors l'extrémité des ongles, surtout de celui de derrière, et de leur laver ensuite les pieds dans du vin blanc tiède, dont, si c'est en hiver, on leur fait avaler quelques gouttes un peu sucrées. On prétend aussi que, pour les en- tretenir en bonne santé, il est convenable de suspendre dans leur cage un morceau de plâtre , qu'ils prennent plaisir à becqueter. Chardonneret acalanthe ou terroquet : Carduelis psittaceus , D. ; Fringilla psittacea , Lath. Cette espèce, que Forster a trouA'ée dans la Nouvelle-Calédonie, une des îles de la mer du Sud, a été figurée par Latham , tom. 2, pi. 48, de son Synopsis, sous le nom de parrot Jinch, , et ensuite par M. Vieil- lot, pi. 0 2 de ses Oiseaux chanteurs, sous celui d'acalanthe. La dénomination de perroquet n'a vraisemblablement été appliquée à cette espèce qu'à cause de la ressemblance que les couleurs rouge et verte de son plumage lui donnent avec une espèce assez commune du genre Psittacus. M. Vieillot n'a pas exposé les motifs qui ont déterminé l'emploi de la sienne, tirée probablement des mots acalanthis ou acantkis, par lesquels le chardonneret est désigné en latin. Le plu- mage de cet oiseau , qui n'est pas plus grand que le sénégali rayé, consiste en deux couleurs, le rouge écarlate et Iç vert. La première règne sur la tête, les joues, la gorge, le croupion, et elle occupe aussi la totalité des deux pennes interoiédiaires et le côté extérieur de toutes les pennes la^* 534 LIN térales de la queue , qui est cunéiforme. Le reste du eorps est d'un beau vert de perroquet ; le bec et les pieds sont noirs. Ou ne connoît pas le chant de cet oiseau, qu'il ne faut pas confondre avec le gros-bec perroquet, loxia psitta- cea, Lath., oiseau des îles Sandwich, dont le bec ressemble à celui du perroquet, et dont M. Temminck a fait le genre Psiftacin, Psittirostra. CnARDONKEnET VERT: Cdrcluelis melha , D. ; Cardiielis viridis , Briss. ; Fringilla melha , Linn. Cet oiseau du Brésil est de la grosseur du chardonneret commun ; les Portugais l'appellent maracaxao. Edwards a donné, Hist., pi. 128, et Glanures , pi. 272 , les figures de la femelle et du mâle. Celui-ci a entre le bec et l'œil un espace nu qui est bleuâtre ; la gorge et le élevant de la tête sont rouges ; le derrière de la tête et du cou est, ainsi que le dos, d'un vert jauncitrc; les couvertures supérieures et les pennes moyennes des ailes sont verdàtres et bordées de rouge; les grandes pennes sont presque noires; la queue, composée de douze pennes, et ses couvertures su- périeures sont d'un rouge vif; le dessous du corps a des raies transversales brunes sur un fond qui est d'un vert dolive à la poitrine, et devient blanc sous le ventre; son bec est d'un rouge pâle et les pieds sont gris. Chez la femelle le dessus de la tête et du cou est cendré; le dos, le croupion et la base des ailes sont d'un vert jaunâtre; les pennes cau- dales sont brunes et bordées d'un rouge vineux en dehors; le bec est d'un jaune clair et les pieds sont de couleur de chair. Chardonneret écarlate : Carduelis coccineus , D.; Fringilla coccinea , Gmeî. et Lath. Cette espèce, dont le mâle, seul connu , est figuré pi. 5i des Oiseaux chanteurs de M. Vieillot, a le plumage entier d'un orangé foncé très-brillant et ten- dant à la couleur écarlate. La même couleur foraie des franges sur les bords extérieurs des pennes alaires et caudiilcs, qui sont noirâtres: lespiedssontnoirs, et le bec estd'un brun pâle. Chahoonnehet jaune: Carduelis Iristis ^ D.; Fringilla Iristis , Linn. Cet oiseau, représenté dans les PI. enlum. de Buffon, n." 202, fig. 2 5 sous le nom de Chardonneret du Canada, se trouve diins la Virginie, la Caroline, la Nouvelle- York, au Mexique, où on le nomme Coztototl, et en d'autres con- trées de l'Amérique. Il n'a que quatre pouces quatre lignes LIN 555 de longueur totale; sa queue, composée de douze pennes égales, noires dessus et cendrées dessous, dépasse les ailes de six lignes. Le mâle, dont le front est noir, a le reste de la tête, le cou, le dos et la poitrine d'un jaune éclatant; les cuisses, le bas-ventre, les couvertures supérieures et in- férieures de la queue d'un hlanc jaunâtre ; les petites cou- vertures des ailes, jaunes extérieurement, blanchâtres à l'in- térieur, et terminées de blanc ; les ailes noires et traversées de deux raies d'un blanc brunâtre ; le bec et les pieds de couleur de chair. La femelle a le front et tout le dessus du corps d'un A^ert olive, et le dessous blanc. Le jeune mâle ne dilfère de la femelle que par son front noir. Ce chardonneret fait sur les dernières branches des arbres un nid aussi arlistement préparé que celui du nôtre, et dans lequel la femelle pond quatre œufs d'un gris de perle sans aucune tache. Edwards a remarqué qu'une femelle par lui tenue en cage muoit deux fois par an, aux mois de Mars et de Septembre. Fendant Fliiver son corps étoit tout-à-fait brun; mais la tête, les ailes et la queue conservoient la même couleur qu'en été. Suivant M. Vieillot, les oiseaux représentés dans les PI. enlum. de Buffon, n.° 292 , lig. i et 2 , sous le nom de tarins de la Nouvelle- York, sont des mâles de Fespéce ci-dessus en plumage d'hiver. VOlivarez, que Guencau de Montbeillard range parmi les variétés du tarin, et qui a le dessus du corps olivâtre, le dessous citron , la tête noire, les pennes de la queue et des ailes noirâtres, et ces dernières marquées d'une raie jaune, se trouve aux environs de Buenos-Ayres et du détroit de Magellan. Il paroit que c'est de la même espèce que M. d'Azara a donné une description, n." i54, sous le nom de gafarron, et qui est appelée àBuenos-Ayres gilguero et au Pa- raguay parach/. M. Vieillot a placé cet oiseau (fringilla spinus, var., Lath.) parmi les chardonnerets, sous le nom de Char- donneret OuvAREZ , Fringilla rnagellanica, et il en a donné la figure pi. 00 de ses Oiseaux chanteurs. Gueneau de Mont- beillard dit, d'après Commerson, qu'il chante très-bien et qu'il habite dans les bois, qui lui offrent un abri contre 536 LIN Les oiseaux qui, dans l'ordre observé par M. Cuvier, suivent immédiatement les chardonnerets, sont des linottes {linaria, Bechst.) , dont le bec est aussi exactement conique, mais plus court et plus obtus, et qui vivent également de graines de plantain , de lion -dent, de choux, de navette, et surtout de celles du chanvre et du lin. Ce savant ne re- connoît en France que deux espèces de linottes bien carac- térisées, le sizerin ou petite linotte , /n?7gi7/a linaria , et la grande linotte, frins,iUa cannabina, Linn. Il pense que ce sont les variations qu'éprouve le plumage des linottes, selon Tàge ou le sexe, qui en ont fait multiplier les espèces, et il ne lui paroît pas qu'on ait encore de bons caractères pour distinguer le/nngi7/.ay/at'i;o5/ns àufringilla linaria, ni les/n>i- gilla montium, linota et argentoratensis , du fringilla cannabina. Il y a eu des débats entre MM. Vieillot et Temminck sur les mêmes espèces. Tous deux distinguent la linotte com- mune, yr/ng;/ /a cannabina, de la linotte de montagne , yr/n- gilla montium; mais, tandis que le naturaliste hollandois re- garde le sî/^rin, fringilla linaria et fringilla Jlaviroslris , Linn., comme ne formant qu'une seule espèce avec le cabaret, le naturaliste françois établit , sous la dénomination At: sizerin, un genre particulier, qu'il compose de deux espèces, le si- zerin proprement dit ou boréal, et le sizerin cabaret. Linotte commune; Fringilla cannabina et linota, Gmel. et Lath., laquelle, en admettant le genre Carduelis , deviendioit Carduelis cannabinus , D. Cet oiseau, qui a cinq pouces et quel- ques lignes de longueur, est figuré dans les planches 161.* et 486." de BuflTon , n." j , et dans les 77. *■ et 7^.* de Lewin. Ces doubles figures proviennent de ce que plusieurs auteurs ont cru pendant long-temps à l'existence de deux espèces, par la raison qu'ils voyoient des parties rouges sur la tête et la poitrine d'un grand nombre d'individus, tandis que le plu- mage des autres ne présentoit que au gris, et qu'ils trouvoient dans la taille des différences qui n'étoient dues qu'à la saison d'hiver, époque où le duvet est plus épais qu'en été. Gue- neau de Montbeillard a le premier prouvé l'identité des fringilla linota et cannabina, c'est- à -dire des linottes grise et rouge, laquelle est maintenant reconnue. Le vieux mâle, dans son état parfait, a, au printemps, Lm 537 les plumes du front et de la poitrine d'un rouge cramoisi; la gorge et le devant du cou blanchâtres avec des taches lon- gitudinales brunes; le sinciput et l'occiput, ainsi que les côtés du cou, cendrés; le dessus du corps d'un brun châtain, et les flancs d'un brun rougeàtre. Le milieu du ventre est blanc: la queue, un peu fourchue, est noire, ainsi que plusieurs des rémiges, avec une bordure blanche à l'exté- rieur ; les pennes caudales sont aussi terminées intérieure- ment par un large espace de la même couleur. Les pieds sont d'un brun rouge; le bec est d'un bleu foncé, et l'iris brun. La femelle, dont la couleur ne change pas avec l'âge et qui est plus petite que le mâle , a toutes les parties su- périeures d'un cendré jaunâtre et tachetées de brun foncé; les couvertures des ailes sont d'un brun roux; les parties in- férieures, dont le fond est d'un roux clair, sont J)Ianchàtrcs au milieu du ventre, et des taches d'un brun noirâtre régnent sur la poitrine et sur les côtés. La planche enl. de Buffon , n.° 485, fig. 1, représente, sous le nom de grande linotte de vignes, le mâle prenant sa parure; la fig. 2 de la pi. i5i est celle d'un très -vieux mâle sous le faux nom de petite linotte de vignes. Chez, les jeunes mâles, jusqu'au printemps, le sommet de la tête et le dos sont d'un brun roussàtre , avec des taches d'un brun foncé en forme de lance; l'occiput et les joues sont cendrés; tout le dessous du corps est d'un blanc rous- sàtre : on remarque sur le milieu de la gorge et sur la poi- trine des taches longitudinales d'un brun foncé; ces taches sont larges et d'un brun roussàtre sur les flancs, et elles sont noirâtres et lancéolées sur les couvertures de la queue. La base du bec est d'un bleu livide, et les pieds sont de couleur de chair. Enfin, chez les mâles, après la mue d'automne, on voit de grandes taches noires au haut de la tête, et d'autres d'un brun châtain sur le dos, dont le fond est roussàtre. Les plumes qui couvrent la poitrine sont d'un rouge brun , lequel blanchit sur les bords, et il y a des taches brunes sur les flancs: les couvertures supérieures de la queue sont noires, avec une bordure blanche à l'intérieur et d'un gris roussàtre à l'extérieur. Lorsqu'on soulève les plumes du front et de la poitrine, on aperçoit les indices de la belle couleur rouge ^'"8 LIN dont la tcfe et la poiirine seront ornées au printemps. C'est dans cet état la linotte ordinaire , /rni<»i7/a Unola, Gmel., re- présentée dans les pi. enlum. de Buffon , n." jôi , fig. i. Il y a. parmi les linottes, des variétés accidentelles, d'un blanc pur, ou blanchâtres, avec les ailes et la queue de la couleur ordinaire; chez d'autres, tout le plumage est noirâtre : on en voit aussi qui ont les pieds rouges; et tels sont les changemens qui ont fait supposer l'existence d'espèces nou- %'el'es, comme le gyntel de Strasbourg , yr)«gj7/a ari^eiitora- Icnsis , Gmel. On peut remarquer, en général, que les linottes commu- nes sont grises à l'arrière-saison ; que les individus qui , âgés de deux ans, restent gris, sont des femelles, et que les jeunes qu'on élève à la brochette, ou que l'on prend avant leur première mue, n'ont jamais de rouge en cage. La linotte commune se trouve dans les difVérentes contrées de l'Europe, où eile habite les plaines, les taillis et la li- sière des bois, ainsi que les vignobles. Elle fait souvent son rJd dans les vignes, et c'est de là que lui est venu le nom de linotte de A'igtie. Quelquefois elle le por.e par terre ; mais plus fréquemment elle l'attache entre deux perches ou au cep même; elle niche aussi sur les genévriers, les groseil- liers, dans les jeunes taillis, dans les buissons d'aubépine, etc. Ce nid est composé en dehors de petites racines, de feuilles, de mousse, et en dedans d'un peu de plumes, de criu et de beaucoup de laine. La femelle y pond quatre et jusqu'à six œufs, d'un blanc sale , tachetés de rouge brun au gros bout, dont Lewin a donné la tigure pi. ]8, n.°^ j et -j. Quand il n'arrive pas d'accidens aux couvées, elles ne sont qu'au nombre de deux : mais dans le cas contraire ces oiseaux font trois et même quatre pontes. La mère dégorge aux petits les alimens quelle leur a préparés dans son jabot, et M. Vieillot ne pense pas que ces oiseaux soient entomophages. Vers la fin d'Août les linottes se réunissent en troupes nombreuses et continuent de vivre en société pendant tout l'hiver; elles fréquentent alors les champs cultivés et les terres en friche, et, outre les petits grains qu'elles y trouvent , elles piquent les boutons des tilleuls, des bouleaux, des peupliers, pour en manger l'intérieur : elles volent serrées, s'abattent LIN 5o9 sur les mêmes arbres et se lèvent toutes ensemble. Les chênes et les charmes dont les feuilles, quoique sèches, ne sont ]»as encore entièrement tombées, leur servent rrasile pen- dant la nuit; elles marchent en sautillant, et ne volent point ])ar élans répétés, comme les moineaux. Les mâles ont un assez joli ramage , qui commence par une sorte de prélude. Les femelles ne chantent point. Les jeunes mâles, pris au nid, sont susceptibles d'éducation; on les nourrit avec du gruau d'avoine et de la navette broyée «lans du lait ou de l'eau sucrée. On les siffle le soir à la lueur d'une chandelle, et quelquefois on les prend sur le doigt et on leur présente un miroir, oii ils croient voir et entendre un autre oiseau de leur espèce, ce qui est propre à leur donner de l'émulation. Des personnes prétendent qu ils chantent mieux dans une petite cage que dans une grande. La nourriture des adultes en captivité consiste dans la graine de millet, de navette, de pavots, de poirée, etc. : ils cassent les petites graines dans leur bec et rejettent les enveloppes. Le chénevis en trop grande quantité leur serait nuisible. 11 faut à ces oiseaux une petite baignoire , et comme ils sont pulvérateurs, le fond de leur cage doit être garni d'une couche de petit sable. En ayant soin de tenir leur manger, leur breuvage et leur volière propres, Olina dit qu'on peut les faire vivre en captivité cinq ou six années, et souvent ils vivent bien davantage, puisqu'on en a vu à Montbard un qui étoit âgé de dix-sept ans. Ils reconnoissent les personnes qui les soignent, et s'y attachent. Leur mue a lieu dans la canicule et souvent beaucoup plus fard. Le bouton est la maladie la plus dangereuse; on con- seille de le percer promptement et d'étuver la plaie avec du vin. La chasse des linottes se fait à l'arbret, avec une moquette apprivoisée et non en cage, à l'abreuvoir avec des gluaux , aux IJlets d'alouette et aux rets saillans. LiNo'TTE DE MONTAGNE : FritigUla vioutium , Gmel. et Lath. ; Carduelis monlium, D. Cette espèce, figurée pi. lo de Frisch et 80 de Lewin , a environ cinq pouces de longueur. Le màle a la gorge, le devant du cou et le tour des yeux, d'un brun jaunâtre ; les plumes du sommet de la tête, de la nuque et du dos, noires au centre et bordées de roux: les côtés du cou , 54o Li]y la poitrine et les flancs, d'un roux clair, avec quelques taches noirâtres; la partie inférieure du dos et le croupion, d'un rose foncr. Les couvertures supérieures des ailes sont brunes et bordées de roux , ce qui donne lieu à deux bandes trans- versales de cette dernière couleur. Les pennes alaires et caudales sont noirâtres et frangées de blanc à l'extérieur. Le bec est d'un jaune sale ; Tiris est brun .; les pieds sont noirs. Chez les femelles la teinte roussàtre de toutes les parties est plus claire: les taches longitudinales qui occupent le milieu des plumes des parties supérieures , sont d'un brun trés-foncé , et il n'y a point de rose au croupion ; le bec, d'un jaune plus clair, est taché de noir à la pointe. Cet oiseau est assez commun en Ecosse, en Norwége et en Suède, où on le nomme riska. En automne il est de passage périodique dans quelques contrées d'Allemagne et de Hol- lande ; on le trouve en France depuis l'automne jusqu'au printemps. Lewin dit, d'après Willughby, qu'il niche dans les parties montueuses de l'Angleterre , et il donne, pi. 18 , n.°4, la figure de ses œufs. Le même auteur en a rencontré en hiver des volées considérabies qui paroissoient venir de France, et se nourrissoicnt des graines de différentes plantes sauvages qui croissent et mûrissent sur les bords de la mer et des marais, et surtout de celles du chou. Leur chant, sui- vant M. Vieillot, est presque aussi agréable que celui de la linotte commune; cependant Lewin dit qu'ils ne font que répéter brusquement livite. L'auteur françois regarde la li- notte à pieds noirs de Montbeillard comme un individu de cette espèce. SiZERiN. Cet oiseau, qui est le fringilla linaria de Linnaens et de Latham, a présenté à M. Vieillot des caractères suffi- sans pour l'établissement d'un genre particulier. Ces carac- tères consistent dans un bec plus haut que large, garni à sa base de petites plumes dirigées en avant, court, conique, dont le dos est rétréci et anguleux, et la pointe grêle et aiguè' ; la mandibule supérieure entière , l'inférieure bidentée sur chaque bord , vers son origine; les narines rondes, très- petites, cachées par les plumes du sinciput; la langue épaisse et charnue vers son origine, ensuite cartilagineuse et aiguè'. M. Vieillot ne s'est pas borné à établir ces caractères gêné- LIN 541 riques; il a formé deux espèces distinctes du sizerin boréal et du cabaret, sous les noms de linaria borealis et linaria rtifescens , tandis que M. Temminck, qui déclare, dans la se- conde édition de son Manuel d'ornithologie, tom. 1 , p. 573, avoir vu à Turin les individus joints par M. Vieillot à sa dissertation insérée dans les Mémoires de l'Académie de cette ville, année 1816, prétend que ce sont de vrais sizerins, pas tout-à-fait en livrée complète, et que l'oiseau nommé vulgai- rement Cabaret n'est pas une espèce distincte du sizerin. M. Vieillot fonde son opinion sur ce que, suivant lui, le cabaret est moins long et moins gros que le sizerin pro- prement dit; qu'il a le croupion roussàtre et brun, avec une légère teinte de brun rougeàtre vers les couvertures de la queue ; que la couleur roussàtre qui domine sur son plu- mage est presque partout remplacée par du blanchâtre chez le sizerin , sur lequel cette teinte est beaucoup plus pure en été qu'à l'automne et pendant l'hiver; que les phimes du croupion sont constamment blanches et d'un gris rembruni chez ce dernier, qui, d'ailleurs, ne vient que tous les trois ou quatre ans en automne et par troupes nombreuses dans nos contrées septentrionales, et se voit alors aux environs de Paris et dans les départemens voisins jusqu'au mois d'Avril: tandis que le cabaret, qui ne se trouve pas, comme l'autre, en Amérique, et qu'on rencontre rarement en France avec le sizerin, se montre presque tous les ans dans ce royaume, où il reste depuis la fin d'Octobre jusqu'au printemps, et •vit ordinairement en familles composées seulement de dix à vingt individus. Il résulte de la description donnée, par M. Temminck , d'une seule espèce de sizerin, dont la longueur est de cinq pouces, et qui seroit le carduelis horealis , D. , 1.° que les jeunes, après leur première mue, ont un peu de rouge foncé sur la tête, et le dessous de la gorge noirâtre ; que les côtés , le cou , la poitrine , les flancs et les parties supérieures sont d'un roux clair, avec des taches longitudinales brunes ; qu'ils ont deux bandes rousses sur les ailes, dont les pennes et celles de la queue sont d'un brun noirâtre, bordé de cendré roux; que le milieu du ventre et l'abdomen sont blancs, avec le tour du bec cendré : 2.° que le très-vieux 542 LIN màle, au printemps, a le front, l'espace qui sépare l'œil du bec et la gorgcrette , noirs; le haut de la tête d'un cramoisi foncé; les parties latérales de la gorge, le devant du cou, la poitrine, les côtés du ventre et le croupion d'un cramoisi clair, et le milieu du ventre d'un blanc rose, avec des taches ïongitudinales noirâtres sur les flancs et les ])lumes anales, et d'autres plus noires sur les parties supérieures, lesquelles sont d'un cendré roux, couleur qui borde les pennes cau- dales et alaires, dont le fond est noir; qu'il a deux bandes transversales sur les ailes; que le bec, qui est jaune, a la pointe noire, et que les pieds sont bruns : 5.°, enfin, que la vieille femelle, dont le vertex seul est cramoisi, n"a point de rouge sur le croupion ni sur les parties inférieures; que le milieu de sa gorge est noir, et que les parties latérales, la poitrine et le milieu du ventre, sont blanchâtres, et les flancs, ainsi que l'abdomen , roussàtres, avec degrandes taches longitudinales noires. M. Tcmminck cite, dans sa Synonymie, outre le frin(rilla linaria de Gmelin , le sizerin et le cabaret de Bulfon , dont la pi. 485 , fig. 2, représente le mâle; la petite linotte de vignes, de Brisson , dont la description est celle d'un vieux màle; la petite linotte ou cabaret du même, qui, sous ce nom, décrit un jeune màle en hiver ; la pi. lo de Frisch , qui représente le màle et la femelle; la pi. 6 de Naumann . où les n."' i5 et \6 sont les figures exactes de vieux individus màle et femelle. Le même auteur indique aussi, comme ap- plicables au jeune sizerin, avant la seconde mue, \e fringilla Jlaviroslris de Linnfeus, jeune femelle figurée au frontispice de son Fauna suecica , mais non le flavirosli-is de Pallas et de Nilson , qui ont voulu indiquer la linotte de montagne. Ou peut ajouter à ces figures celle de la pi. 21 , tom. 1, de l'Or- uithologie britannique de George Graves, sous le nom an- glois de lesser redpole. L'oiseau dont il s'agit habite ordinairement les régions du Nord, depuis la Suède jusqu"en Sibérie , au Groenland, au Kamtschatka. C'est là qu'il fait dans les aunaics, au mois de Mai, un nid composé, suivant Othon Fabricius, Faim, GroenL, pag. 121 , d'herbes sèches entremêlées de petits ra- meaux, de plumes, de mousse et du duvet de l'eriophorum LIN 545 vagiaatum , Liun. La femelle y pond environ cinq œufs, d'un blanc verdàtre, marqués de taches ronges au gros bout. Le sizerin abandonne ces contrées trop froides, au mois d'Oc- tobre, pour se transporter dans les pays plus tempérés de l'Europe , et il se rend aussi dans l'Amérique septentrionale , mais seulement lorsque la terre est entièrement couverte de neige : au mois d'Avril tous les individus sont de retour dans les contrées du cercle arctique. En hiver ils mangent les bour- geons de l'aune, du chêne, d'où leur est venu le nom de petit-chêne; et dans l'été les fruits de l'aune, du pin, de la ronce, et les graines de la navette, du lin, etc., forment leur nourriture habituelle. M. Vieillot décrit, à la suite de la linotte commune et sous le même nom, cinq autres oiseaux, qui sont; 1." la linotte gris-de-fer, Ioriacj^ala , ou séaégali rouge, pi. enl., n." b-j , fig. 1. 6u LIN Tarin cojMMUiV : Frinsrilla spinus , Linn. : Carduelis spinus , D. , pi. enlum. de Buffon, 486, n.° 3, et pi. 76 de Lewin. Cet oiseau, plus petit que le chardonneret, et qui porte aussi les noms de ligurinus et iVacanthis , a, depuis le bout du bec jusqu'à celui de la queue, quatre pouces neuf lignes , et sept pouces huit lignes de vol ; son bec , un peu plus court que celui du chardonneret, est noir à la pointe ; le sommet de sa tête est de cette dernière couleur; l'occiput et le dos sont d'un vert noirâtre; les joues, la gorge, la poitrine et les plumes anales sont d'un jaune citron; le ventre est d'un blanc jaunâtre, et le croupion d'un jaune olivâtre. On voit au haut de l'aile une large plaque jaune ; les petites cou- vertures sont d'un vert olive , et les grandes sont noires ; les pennes alaires sont noires et bordées de jaune; la queue, qui est fourchue, a les deux pennes intermédiaires noires, ainsi qu'une partie de celles qui les suivent; les pennes ex- térieures sont jaunes et terminées de noir : cette dernière couleur est aussi celle des jambes. Chez la femelle, le dessus de la tête est varié de gris, la gorge est blanche, et le plu- mage est en général d'une teinte moins vive. Ces oiseaux, très-nombreux dans la Russie méridionale, sont de passage dans nos contrées. Leur vol est si élevé dans leur émigration , qu'on les entend même avant de les aperce- voir. Leur passage commence en Octobre, et pendant l'hiver ils se portent vers le Midi , d'où ils reviennent au printemps, pour retourner dans le Nord , et y nicher. On assure que quelques-uns font leur couvée en Franche-Comté, en Suisse, en Hongrie : mais, si le fait est vrai, leur nid est très-dif- licile à découvrir; car les auteurs n'en donnent pas la des- cription , et supposent seulement qu'ils le placent à la cime des pins et des sapins. 11 paroît cependant qu'il a été trouvé de ces nids en Angleterre, où les tarins ne sont pas rares en hiver; car Lewin en a figuré, pi. 17. n." 4, les œufs qui, sur un fond d'un blanc teinté de bleu, sont tachetés de rouge brun. Les fruits de l'aune sont la nourriture habituelle des ta- rins, qui recherchent de préférence les lieux humides où croissent ces arbres, sur les branches desquels ils grimpent en tout sens , comme les mésanges ; ils aiment aussi les graines LIN S43 du houblon, et on reconnoît, en Allemagne, les lieux où ils ont passé, à la quantité de feuilles de cette plante dont ils jonchent la terre. Le chant des tarins n'est pas très-agréable ; mais leur peu de défiance les fait tomber si facilement dans les pièges qui leur sont tendus j^ comme les gluaux, les filets, les trébu- chets, et ils s'apprivoisent si vite, qu'on se plaît à les tenir dans les volières, où ils ne tardent pas à faire des associa- tions, et où ils mangent du chénevis, de la navette, du millet. Leur docilité est telle qu'on leur apprend sans peine à faire aller la galère , comme le chardonneret. Il existe une grande sympathie entre les tarins et les se- rins, et les deux sexes s'apparient très-aisément. A peine le tarin mâle a-t-il plu à une femelle serine, qu'il lui dégorge la nourriture , partage ses travaux , et lui apporte les maté- riaux propres à la construction du nid, à laquelle il coopère lui-même. Le peu de métis qui proviennent de leur union tiennent du père et de la mère ; mais il arrive souvent que les œufs restent clairs. La durée de leur vie en captivité est d'environ dix ans, et lorsqu'on a soin de les habituer à la navette et au millet, ils sont sujets à peu de maladies. Quand au contraire on leur prodigue le chénevis, on en a vu qui étoient exposés à la gras-fondure , et dont le plumage prenoit une teinte noire. * On voit en hiver, dans les plaines de la France méridio- nale, un oiseau nommé tarin de Provence, que l'on regarde comme une race plus grande que le tarin commun : il se retire pendant l'été sur les montagnes. L'oiseau figuré dans les planches enluminées de Buffbn , n." 292, sous le nom de tarin de la Nouvelle- York, étoit aussi considéré comme une variété du tarin; mais on a re- connu depuis que c'étoit le chardonneret jaune dans son plumage d'hiver. W ilson a donné, dans son Ornithologie américaine, la des- cription d'un autre tarin sous le nom de fringilla pinus , que M. Vieillot a traduit par Tarin pimcole, et qui seroit le carduelis pinus, D. Cet oiseau paroit , dans le mois de No- vembre, au centre des Etats-Unis, où il se tient jusqu'au mois de Mars sur les bords des ruisseaux plantés d'aunes noirs , 26. 55 S46 LIN dont il mange le» graines ; mais , quand l'hiver est Irès- rigoureux , il fréquente les pins dits du Canada. Ce tarin , dont la longueur n'est que de quatre pouces, a, suivant la description qu'en a faite l'auteur américain , sous son plumage d'hiver, la tête, le cou et le dos d'une couleur sombre avec des raies noires ; deux bandes transversales d'un blanc jaunâtre sur les ailes, dont les couvertures inférieures sont d'un beau jaune, ainsi que le dessous de leurs pennes; celles de la queue jaunes depuis leur origine jusqu'au milieu; le dessous du corps varié de stries et de taches noires sur un fond de couleur de lin; enfin, le bec de couleur de corne, l'iris noisette , et les pieds d'un brun pourpre. Les naturalistes donnent les noms de tarin du Mexique et de tarin noir du Mexique à des oiseaux de la même partie du monde, dont parle Fernandez sous ceux d'acathechi- chictli et de catototl , que Buffon a adoucis en les écrivant acalhéclnli et catotol. Le premier, de la taille du tarin, vit des mêmes graines, et a le dessus du corps d'un brun ver- dàtre et le dessous d'un blanc nuancé de jaune. Le second, dont toutes les parties supérieures sont variées de noirâtre et de fauve, et les inférieures blanchâtres, habite dans les plaines, chante assez agréablement, et se nourrit des graines d'un arbre que les Mexicains appellent hoauhtli. On a aussi donné le nom de Tarin x-e la Chine, Fringilla sinensis , Gmel. , et Fringilla asialica , Lath. , à un oiseau un peu plus gros que le moineau franc, dont la connoissance est due à Sonnerat , et qui a la ttte noire , le dessus du corps d'un vert olive, avec deux b£^.ndes transversales noires sur les ailes; le dessous jaune; le bec et les pieds noirs. L'oiseau qu'on nomme grand tarin dans le département de la Meurthe , est le bruant commun , et celui que dans le Piémont on appelle tarin de Mars, est le sizerin. Venturon : Fringilla citrinella, Linn. , pi. enl. 658 , n." 2 ; Carduelis citrinellus ^ D. L'auteur des articles d'ornithologie du nouveau Dictionnaire d'histoire naturelle ayant déclaré , au mot Venturon de cet ouvrage, qu'il y rectifioit d'après nature les descriptions fautives données par divers auteurs tant de cet oiseau que du cini , tous deux figurés incor- rectement dans la 668.* planche enluminée de Buffon , on LIN 547 c-roit devoir suivre ici son nouveau texte , d'après lequel l'oiseau dont il s'agit, qui est long de quatre pouces trois li- gnes , a le bec très-court , renflé , brun en-dessus et blan- châtre en-dessous; le front, la place occupée par une sort» de collier entre l'occiput et la nuque, le croupion et toutes les parties inférieures, d'un beau jaune, qui devient moins foncé en approchant de la queue et est coupé sur les côtés par de petites taches longitudinales brunes; le dos tacheté, de brunàire sur un fond jaune ; les petites couvertures des ailes verdàtres ; les moyennes noirâtres et terminées de jaune vert; les grandes terminées de même sur un fond verdàtre, couleur dont les pennes alaires et caudales sont frangées sur un fond brun. La femelle, plus petite que le mâle, a aussi les couleurs moins vives. Cet oiseau , qui est très-commun dans les parties méridio- nales de l'Europe, en Grèce, en Turquie, en Italie, en Es- pagne, en Portugal, en Suisse, dans le Tyrol, est de passage accidentel en Allemagne et en France. 11 habite de préfé- rence sur les montagnes, dans les taillis de pins et de sa- pins , et aussi dans les jardins et sur les cyprès , où il place un nid construit de laine, de crins_et_(ie plumes, dans lequel la femelle pond trois à cinq œufs blanchâtres avec de grandes taches d'un rouge de brique et beaucoup de pe- tites de la même couleur. Il se nourrit des graines de divers arbres et plantes alpestres, et il forme aisément avec la fe- melle du serin des Canaries une alliance dont on est parvenu à avoir des métis qui se perpétuent. M. Vieillot regarde même le venturon et le canari , non comme deux espèces distinctes , mais comme deux races sorties de la même souche , dont l'une se sera fixée en Europe et l'autre aux Canaries , et dont les différences tiennent aux localités. CiNi : Fringilla serinus , Linn., et Carduelis serinus, D., pi. enl., n.°658, fig. i. M. Cuvier place cet oiseau avec les linottes; mais M. Temminck, dans la a.*" édition du Ma- nuel d'ornithologie, pag. SSy , prétend que son bec fort et bombé l'en éloigne. Au reste, le cini, auquel le même au- teur ne donne que quatre pouces quatre à cinq lignes , et qui, suivant M. Vieillot, est plus long de trois ou quatre lignes, a, d'après la description de ce dernier, le bec 54a LUS grêle, aigu et d'un gris brun; le dessus du cou d'un gris verdàtre , un peu cendré sur la nuque, sur les côtés et le devant du cou; les petites couvertures des ailes d'un vert clair, qui termine aussi les moyennes et les grandes, dont le fond est noirâtre; les pennes alaires brunes, avec des franges d'un vert clair, dont les autres sont bordées ; le crou- pion et tout le dessous du corps d'un vert jaunâtre. Selon le même auteur, la femelle seroit un peu plus forte que le mâle, dont elle se distingue par des teintes bien plus pâles : elle a, en automne, IcYlessus du corps nuancé de cendré, et le dessous d'un blanc jaunâtre sale, avec un grand nombre de taches longitudinales. Cette espèce, connue dans nos départemens méridionaux sous le nom de serin vert de Provence, se trouve également en Italie, en Espagne, en Allemagne et en Suisse, où elle vit sur le bord des ruisseaux, dans les saules et les aunes, et souvent aussi sur les arbres fruitiers, sur les chênes et les hêtres, où elle établit son nid, composé de mousse en dehors, de crins et de poils intérieurement, et dans le- quel la femelle pond quatre ou cinq œufs blancs , marqués au gros bout de points et de taches d'un brun rougeàtre. Les graines de séneçon, de plantain, de morgeline, etc., for- ment la nourriture de cet oiseau , qui vit long-temps en cage, et se plaît avec le chardonneret, dont il imite le chant. On unit aisément le cini avec la femelle canari, et cet oiseau, qui est le plus vigoureux et le plus ardent pour la propagation , peut suffire à trois femelles canaris. Serin des Canaries : FrmgiUa canaria, Linn. , et Carduelis canariensis, D. , pi. enl. de Buffon , n." 202, fig. 1. Cet oi- seau, dans l'état de nature et tel qu'on le trouve aux îles Canaries, a le dessus de la tête, le cou et le dos couverts de plumes brunes dans le milieu et grises sur les bords ; le front, les côtés de la tête, le croupion, la gorge, la poi- trine sont d'un vert jaune qui, sur les tlaucs, est varié de traits bruns; la partie inférieure du ventre, les petites cou- vertures des ailes et les plumes anales sont blanchâtres; les grandes couvertures et les pennes alaires et caudales sont brunes, et ont le bord extérieur d'un vert jaunâtre; le bec est d'une couleur de corne plus foncée à l'extrémité, et les LIN 540 pieds sont bruns. Les teintes du plumage sont moins vives chez la femelle. Ces oiseaux se tiennent , dans leur pays natal, sur les bords des petits ruisseaux ou des ravines humides. Des amateurs qui en ont assez récemment élevé en cage, n'ont pu parvenir aies accoupler ni entre eux, ni avec des serins domestiques. Au reste , leur chant naturel n'a rien de fort agréable et qui puisse être comparé à celui du musicien de nos chambres. Parmi ces derniers, le canari jaune - citron ou jonquille est le plus connu , et il y en a un si grand nombre de va- riétés, qu'il est inutile d'en donner la description. 11 suffira de remarquer que le serin , qui à Ténériffe est presque aussi gris que la linotte , suivant Adanson, prend en France une couleur blanche qui provient vraisemblablement de la froideur de notre climat; que tous ceux dont les couleurs sont uniformes, les tiennent aussi des climats divers, tandis que les serins panachés sont des variétés factices plutôt que naturelles, et qu'enfin les individus qui ont les yeux rouges, tendent plus ou moins à la couleur absolument blanche. Avec moins de force d'organe , moins d'étendue dans la voix, moins de variété dans les sons, que le rossignol, le se- rin a plus d'oreille, plus de facilité d'imitation, plus de mé- moire; plus social, il est capable dé connoissance et d'atta- chement : comme il se nourrit de graines, on l'élève plus ai- sément, et on peut lui apprendre à parler comme à siffler. Le serin des Canaries peut s'allier avec le venturon et avec le cini, et il résulte de leur union des métis féconds. Buffon dit même que le mélange des canaris avec les ta- rins, les chardonnerets, les linottes, etc., a de pareils résul- tats. Mais M. Vieillot prétend qu'on ne peut tirer de nou- velles générations de ces derniers métis, les tarins, les char- donnerets, etc., étant de véritables espèces, et non , comme le venturon et le serin proprement dit, des races sorties de la même souche, dont l'une se sera fixée en Europe et l'autre aux Canaries : observation qui est également applicable aux métis provenant de la poule et du iaisan , du coq et de la faisane, de la tourterelle des bois et de la tourterelle à collier, de la cane domestique et du canard d'Inde. Diverses expériences ont prouvé que la femelle du canari 65o LIN peut produire non-seulement avec les oiseaux qu'on vient de nommer, mais avec les bruans, les pinsons, les moineaux; il n'est pas également certain que le serin mâle puisse pro- duire avec les femelles de ces oiseaux. Buffon a donné les principaux résultats du mélange des canaris entre eux ou avec d'autres espèces. La première va- riété, qui paroit constituer deux races distinctes dans l'espèce du canari, est composée des canaris panachés et de ceux qui ne le sont pas. Les blancs et les jaune -citron ne sont jamais panachés; seulement le bout des ailes et la queue deviennent blancs à l'âge de quatre ou cinq ans. Les gris ont des plumes plus ou moins grises, et il s'en trouve parmi eux d'un gris plus clair ou plus foncé : il en est de même des agates et des isabelles, dont la couleur uniforme n'éprouve de changemens que dans les nuances. 11 y des canaris pana- chés dans toutes les couleurs simples qui viennent d'être in- diquées ; mais ce sont les jaune - jonquille qui sont le plus panachés de noir. Quand on apparie des canaris de couleur uniforme, les petits qui en proviennent sont de la même couleur; mais il arrive souvent que, sans employer des oi- seaux panachés, on a des individus, bien panachés, qui ne doivent leur beauté qu'au mélange des couleurs différentes de leurs pères et mères ou de leurs ascendans. Relativement au mélange des autres espèces avec celle du canari, on a remarqué que le cini est celui dont la voix est la plus forte, et qui paroit être le plus vigoureux, le plus ardent pour la propagation : il peut suHire à trois femelles canaris et leur porte à manger ainsi qu'à leurs petits, tandis qu'il n'en faut qu'une au tarin et au chardonneret. Les in- dividus provenant du mélange d'une serine avec un de ces trois oiseaux sont plus forts que les canaris : ils chantent plus long-temps, et leur voix, très-sonore, a plus d'étendue; mais ils apprennent avec plus de difficulté les airs, qu'ils ne sifflent jamais qu'imparfaitement. Un serin mâle , élevé seul et sans communication avec une femelle, vit communément treize ou quatorze ans; un métis provenant du chardonneret, traité de même, vit dix-huit à dix-neuf ans, et un métis provenant du tarin vit, dans le même isolement, quinze ou seize ans : tandis que le serin LIN 551 mâle auquel on donne une ou plusieurs femelles, ne vit guères que dix ou onze ans, le métis tarin onze ou douze ans, et le métis chardonneret quatorze ou quinze. Il faut même, pour cela, les séparer de leurs femelles après les pontes, c'est-à-dire depuis le mois d'Août jusqu'au mois de Mars. On attribue ordinairement à un mauvais naturel l'habi- tude dans laquelle sont certains mâles de casser les œufs de leurs femelles, et de tuer leurs petits; mais il est probable qu'emportés parleur trop grande pétulance en amour, c'est pour jouir plus tôt et plus pleinement de leur femelle qu'ils la chassent du nid et lui ravissent les objets propres à l'y retenir. Les matériaux qu'il convient de fournir aux serins pour faire leurs nids, sont de la charpie bien hachée, du linge fin , de la bourre de vache ou de cerf qui n'ait pas été em- ployée à d'autres usages, de la mousse et du foin sec et très- menu. Les tarins et les chardonnerets emploient la mousse de préférence; mais les serins aiment mieux la charpie et la bourre. Quand ils ont des œufs, on leur donne pour nour- riture trois parties de navette sur deux de millet et une de chénevis ; la veille du jour où les petits doivent éclore , on leur donne de l'échaudé et ensuite des œufs cuits durs, sans salade ni verdure, pendant qu'ils alimentent leurs petits. On peut remplacer l'échaudé par un morceau de pain blanc trempé dans l'eau et pressé avec la main ; on y joint de temps en temps quelques graines d'alpiste , mais pas trop , de peur de les échauffer, et après la naissance des petits on fait bouil- lir la navette, pour en ôter l'àcreté. Quand on veut élever les petits à la brochette , on les retire du nid le huitième four, et on leur prépare une pâte de navette bouillie avec du jaune d'œuf et de la mie d'échaudé pétrie avec un peu d'eau : on donne des becquées de cette pâte toutes les deux heures. Les femelles font ordinairement par année trois pontes, chacune de trois, quatre, cinq, six et quelquefois sept œufs; il y en a même qui font quatre et cinq pontes. Les oiseaux de la même nichée ne muent pas tous en même temps ; la mue n'a souvent lieu chez les plus forts 552 LIN qu'un mois après les plus foibles. Ce changement d'état n'est pas une maladie réelle pour les oiseaux libres, puisqu'il est dans Tordre de la nature; mais fort souvent, chez les oiseaux nourris en captivité et devenus plus délicats, elle a des suites dangereuses lorsqu'elle n'arrive pas dans une saison favorable. La durée de l'incubation des serins est en générai de treize jours, et le froid ou la chaleur de la saison n'accélère ou ne retarde pas l'exclusion de plus d'un jour. En mirant les œufs au bout de huit ou neuf jours, on peut reconnoître ceux qui sont clairs , et en débarrasser la femelle. Les serins se tenant, dans leur pays natal, sur le bord des ruisseaux, on ne doit jamais les laisser manquer d'eau tant pour boire que pour se baigner, et comme le pays est fort doux, on doit les mettre à l'abri des rigueurs de l'hiver, quoique, naturalisés en France depuis long-temps, ils se soient déj<à habitués au Iroid de notre pays. Pour parvenir à distinguer les sexes parmi les jeunes se- rins, on a observé que le mâle avoit les couleurs plus fon- cées que la femelle, la tête un peu plus grosse et plus longue, les tempes d'un jaune plus orangé, et sous le bec une es- pèce de flamme jaune qui descend plus bas que chez les fe- melles ; ses jambes sont aussi plus longues , et il gazouille presque aussitôt qu'il mange seul. Au reste, après la pre- mière mue il n'y a plus d'incertitude, les mâles commen- çant dès -lors à chanter et à manifester ainsi la passion de l'amour, moins vive chez la femelle, qui ne l'exprime que par un petit cri de satisfaction. Les serins élevés en chambre ne tombent guères malades avant la ponte ; il y a cependant des mâles qui s'excèdent et meurent d'épuisement. Quand la femelle devient malade pendant la couvée, on donne à une autre ses œufs, qu'elle ne couveroit plus après son rétablissement. Le premier symptôme de la maladie , surtout chez le mâle , est la tristesse ; il faut alors le mettre seul dans une cage et le placer au soleil dans la chambre où réside sa femelle. La bouffissure est un signe annonçant l'existence d'un bouton sur le crou- pion , que l'oiseau perce souvent avec le bec, mais qu'on peut, lorsqu'il est blanc et que la suppuration tarde trop , ouvrir avec une grosse aiguille, et étuver ensuite avec de LIN 553 la salive, sans y mêler de sel. Le même traitement a lieu, dans un cas pareil, pour la femelle, et Ton peut, à tous deux, souffler, avec un petit tuyau de plume, du vin blanc sous les ailes, et les mettre au soleil. L'abondance ou la trop bonne qualité de la nourriture étant les causes des maladies les plus fréquentes, soit qu'on tienne les serins en cage ou en cabane, il faut prendre des mesures pour tâcher d'obvier à cet inconvénient. La maladie la plus funeste aux jeunes serins est celle qu'on appelle ïava- lure, dans laquelle les boyaux semblent avalés et descendus jusqu'à l'extrémité du corps. La diète étant le seul moyen par lequel on puisse alors espérer de sauver l'oiseau, on le met dans une cage séparée , et on ne lui donne que de l'eau et de la graine de laitue. Une sorte de chancre qui vient au bec, se guérit par le même moyen. Vasthme, qui s'annonce par un petit cri fréquent et paroissant sortir du fond de la poitrine, se guérit en donnant à l'oiseau de la graine de plantain et du biscuit dur trempé dans du vin blanc. Le traitement pour Vexlinction de voix consiste dans de bonne nourriture , comme du jaune d'œuf haché avec de la mie de pain , et de l'eau où l'on a fait tremper et bouillir de la racine de réglisse. La mal-propreté leur occasionne quelque- fois des mites et la gale, qui disparoissent en les nettoyant avec soin, en leur fournissant de l'eau pour se baigner, et en lavant bien les graines qu'on leur fournit. Lorsqu'ils tombent d'épilepsie , on prétend qu'il faut d'abord regarder s'ils ont jeté une goutte de sang par le bec. et qu'il suffit, dans ce cas, de les relever pour qu'ils reviennent d'eux- mêmes, et reprennent, en peu de temps, les sens et la vie. Il est probable qu'un moyen de guérison employé à l'égard des perroquets , et qui consiste dans une petite blessure aux pattes, leur procureroit une excitation salutaire et d'un effet plus certain et plus général. Lorsqu'on veut apprendre aux serins à siffler un air de serinette, ou à parler, on recommande de choisir un mâle fort jeune, dont l'éducation doit être commencée aussitôt, qu'il est en état de manger seul; de le tenir à part dans une chambre où il n'entende ni le chant des oiseaux de son. espèce ni celui d'aucun autre oiseau : de placer sa cage dans \ m ,.j- jp^ .j.^ -ip-j ip.j. ...».T,j|^j||n.,,.^ OUVRAGES NOUVEAUX Q«e l'on iroiwe chez les mêmes libraires à Strasbourg et à Paris : consid;érations gî-nérales sur la classe des INSECTES, par Awdré - Marie - Cokstart DUMERIL, de 1 Académie royale des sciences de l'Institut. Ouvrage orné de soixante planches en taille douce, représentant plus de trois cent cinquante genres d'insectes, x volume in-8." cartonné. Le même, papier vélin, avec les figures coloriées. SYNOPSIS PLA]NTARUM,quas, in ilinere ad plagara œquinoctia- lem orbis novi , collegerunt Al. de Humeoldt et Am. Bonpi-Akd ; auctorc C. S. KUNTH, Prof. reg. Acad. Berol. lustit. 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