LIBRARY OF THE GRAY HERBARIUM HARVARD UNIVERSITY BOUGHT DICTIONNAIRE DES SCIENCES NATURELLES, DANS LEQUEL ON TRAITE ftlÉTHODIQUEMENT DES DlfFERENS ETRES DE LA NATURE, CONSIDÉRÉS SOIT EN EUX-MEMES, d’aprÈs l’État actuel de nos connaissances , SOIT RELATIVEMENT A l’utilité QU’EN PEUVENT RETIRER LA MEDECINE, l’AGRICULTURE , LE COMMERCE ET LES ARTS ; BIOGRAPHIE DES PLUS CÉLÈBRES NATURALISTES, PAR PLUSIEURS PROFESSEURS DU JARDIN DU ROI et des principales Écoles de Paris. TOME SOIXANTE-UNIÈME. SVPPLÉMENTM BIOGRAPHIE ï-ô-s-'a PARIS, JILES REiVOlARD ft C , ttaîes. Digitized by the Internet Archive in 2017 with funding from BHL-SIL-FEDLINK https://archive.org/details/dictionnairedess61 DICTIONNAIRE DES SCIENCES NATURELLES. TOME LXI. SUPPLÉMENT. — BIOGRAPHIE. Corbeil, imprimerie deCnÉTE. piCTIONNAmE DES SCIENCES NATURELLES, DANS LEQUEL ON TRAITE MÉTHODIQUEMENT DES DIFFÉrENS ETRES DE LA NATURE, CONSIDERES SOIT EN EUX-MÊMES, d’aPrÈs l’ÉtAT ACTUEL DE NOS CONNAISSANCES, SOIT RELATIVEMENT A l’uTILITÉ QU’eN PEUVENT RETIRER LA , MEDECINE, l’agriculture, LE COMMERCE ET LES ARTS. 1 SUIVI d’une BIOGRAPHIE DES PLUS CÉLÈBRES NATURALISTES. Ouvrage destiné aux médecins, aux agriculteurs, aux commerçans, aux artistes, aux manufacturiers, et à tous ceux qui ont intérêt à connaître les productions de la nature , leurs caractères génériques et spécifiques, leur lieu natal , leurs propriétés et leurs usages. PAR Plusieurs Professeurs du jardin du Roi , et des principales Écoles de Paris. TOME SOIXANTE-UNIÈME. PARIS. L. HACHETTE, | Jules KENOUARD et Cv Rue Pierre-Sarrazin, 12. j Rue de Tournon, 6. 1845 lIAUVAIil) UNIVEÜSITY IIERRAUIUM. LISTE DES AUTEURS PAR ORDRE DE MATIÈRES. Physique générale. M. LACROIX , membre de l’Académie des •Sciences et professeu au collège de France. [L.\ Chimie. 1 Mammifères. { M. GEOFFROl, membre de l’Académie des j Sciences, professeur au Jardin du Roi (G.) j Oiseaux. M. CHEVREÜL, professeur au Collège royal de Charlemagne (Ch.) Minéralogie et Géologie. M. BRONGNIART, membre de l’Académie des Sciences, professeur à la Faculté des Sciences (B.) M. BROCHANT DE VILLIERS, membre de l’Académie des Sciences (B. db V.) M. DEFRANCE, membre de plusieurs So- ciétés savantes (D. F.) Botanique. M. UE JUSSIEU, membre de l’Académie des Sciences, professeur au Jardin du Roi (J.) M. MIRBEL , membre de l'Académie des Sciences, professeur à la Faculté des Sciences i (B. M.) j ÎM. HENRI CASSINI, membre de la Société ; • philomathique de Paris (H. Cass.) j M. LEMAN, membre de la Société philoma- j thique de Paris (Lbm.) 1 -M. LOISELEUR DESLONGCHAMPS , Doc-! teur en médecine, membre de plusieurs | Sociétés savantes (L. D.) M, MASSEY (Mass.) j M. POIRET, membre de plusieurs Sociétés j savantes et littéraires, continuateur de TEn- | cyclopédie botanique (Poir.) j - DE TUSSAC, membre de plusieurs So- j ciétés savantes , auteur de la Flore des | Antilles (De T.) | Zoologie générale , Anatomie et j Physiologie. j M. G. CUVIER , membre et secrétaire per- ! pétuel de l’Académie des Sciences, prof, au j .fardin du Roi, etc. (G. C. ou CV. ou C.) I ' M. DUMONT, membre de plusieurs sociétés ! savantes (Ch. D.) Reptiles et Poissons. I M, DE LACÉPÈDE, membre de l’Académie des Sciences, professeur au Jardin du Roi (L. L.) ! M. DUMERIL , membre de l’Académie des ! Sciences, professeur à l’École de médecine I (C. D.) i M. CLOQUET, Docteur en médecine (H. C.) Insectes. M . DUMERI L , membre de l’Académie des Sciences, professeur à l’École de médecine (C. D,) Crustacées. M. W. E. LEACH, membre de la Société royale de Ix)ndres, l’un des conservateurs du Musée britannique (W. E. L.) Mollusques, Vers et Zoophytes. M. DE BL.AINVILLE, professeur à la Faculté des Sciences (De B.) Biographie. M. GILLETTE, Docteur en médecine (G.) . TURPIN , naturaliste, a été chargé de l’exécution des dessins et de la direction de la gravure. MM. DE HUMBOLDT et RAYMOND ont donné quelques articles sur les objets nouveaux qu’ils ont observés dans leurs voyages, ou sur les sujets dont ils se sont particulièrement occupés. M. F. CUVIER a été chargé de la direoiiou générale de l’ouvrage, cl a coopéré au articles généraux de zoologie et à l'hisloire des mammifères (F. C.) AYIS. Le soixante-unième volume, en complétant le Dic- tionnaire des Sciences Naturelles, et remplissant quelques lacunes qu’on pouvait s’étonner d’y ren- contrer, termine ce magnifique ouvrage dû à la col- laboration des hommes les plus éminens dans les sciences. Un assez bon nombre de planches de Botanique, étaient dépourvues de texte. Ce texte a été rétabli dans un supplément, et autant que possible, d’après les ouvrages mêmes auxquels les planches avaient été empruntées. La Biographie des plus célèbres naturalistes occupe le reste du volume. Nous eussions pu, nous en te- nant strictement au titre, nous arrêter à l’histoire de quelques hommes qui ont mérité le nom de très- illustres. Nous avons ei u plus utile de l'aire counaî- VI tre les savans , anciens ou modernes , qui ont contribué aux progrès des sciences naturelles, soit par leurs découvertes , soit par leurs méthodes , les voyageurs célèbres qui , souvent au péril de leur vie , ont rassemblé des (îollections . et même les simples compilateurs, quand leurs ouvrages résument les connaissances de toute une épo- que ou offrent quelque monographie importante. Nous avons pris soin de joindre à chaque article la liste des principaux ouvrages de chaque auteur. La réunion de ces notes bibliographiques, peut former comme le cadre d’une bibliothèque, qui contiendrait les ouvrages de quelque valeur, concernant l’histoire naturelle. (G.) SUPPLÉMENT SUPPLÉMENT. AGACIE A LONGUES FEUILLES;, Acac'm tongifolîa (Willcl.) Andr.Bot. rep.tab. 107. Famille des Légumineuses. Les feuil- lesnesontquedespe'tioles dilatés, lancéolés très-entiers à deux ou trois nervures plus saillantes et à beaucoup de nervures fines; fleurs en épis axillaires, géminés, subsessiles, plus courts que les pétioles; calice quadridenté; pétales cohérents par la base. Cette espèce, remarquable par sa beauté, croît sur les côtes orientales de la Nouvelle-Hollande. ACHIT CAUSTIQUE, Cissus caustica (Tuss. flore des ant.) famille des Ampélidées. Arbrisseau sarmenteux à rameaux arrondis, genouillés, succulents, portant des feuilles trifoliées, à folioles ovales, obtuses, dont les pétioles sont canaliculés; les fleurs en corymbe sont couleur rouge de sang. On le trouve dans les îles des Caraïbes. AGAVE A FLEURS GÉMINÉES, Agave gemîniflora (Desfont.) famille des Narcissées, le meme que le Bonapartæa juncea. (Willdenow, enumer. suppl. p. 18.) Se distingue des autres Agaves par ses feuilles jonciform es et ténaces, et surtout par son périanthe à segments révolutés. Ses fruits forment deux capsules géminées. AGROSTIS CHEVELU, Agrostis capillaris (L.) famille des Graminées. Sa racine blanche et fibreuse pousse trois à quatre tiges presque entièrement droites, hautes d’un pied à peu près, munies d’une ou deux feuilles, glabres, assez étroi- tes. Les fleurs sont très-petites, nombreuses, verdâtres au commencement de la floraison , rougeâtres ensuite et dispo- 6î I 2 ALT sées en une panicule longue de quatre à six pouces, éten- due, finement divisée et composée de rameaux capillai- res. On trouve cette plante sur le bord des champs et des chemins. ALLIONE INCARNATE, Allionia incarnata (L.) famille des Dipsacées. Plante herbacée à racine fibreuse qui pousse plusieurs tiges faibles presque couchées , diffuses, articulées et pubescentes. Ses feuilles sont opposées, pétiblées, ovales, oblongues, pointues, et de grandeur un peu inégale à chaque paire; les supérieures sont les plus petites et presque sessiles. Les fleurs sont rouges ou d’un pourpre pâle, axillaires, soli- taires, aussi longues que leurs pédoncules, et ont leur calice commun composé de trois folioles ovales et concaves. Cette espèce croît dans l’Amérique méridionale. ALTERNANTE SESSILE, Àlternanthera sessüîs ALTER, Tnandra (Forskal), famille des Paronychiées. Tige rampante, munie de rameaux opposés; feuilles opposées, lancéolées et sessiles. Fleurs naissant ramassées par petites têtes axillaires sessiles et d’un blanc-roussâtre; _^elles ont la forme des fleurs de Cadélari; mais, au lieu d’avoir comme celles-ci cinq étamines fertiles, elles ont six filaments dont trois, alternes avec les autres, portent des anthères, et trois sont stériles. On ne trouve point, d’ailleurs, dans les fleurs de cette plante, de petites écailles interposées entre les fila- ments des étamines et environnant l’ovaire, comme on en voit dans les fleurs de Cadélari. Cette plante croît dans l’A- rabie et aux environs de Rosette en Égypte. Telle est la description donnée par Forskal, mais elle ne concorde pas avec la gravure donnée dans l’atlas qui repré- sente [’lllecebrum sessile de Linné. Celui-ci,que Lamark décrit sous le nom de Cadélari ficoïde a des feuilles moins larges que dans les autres espèces, glabres, lancéolées, rétrécies en pétiole vers leur base, presque spatulées, et souvent finement ondulées sur leurs bords; les tiges sont menues, rameuses, étalées sur la terre, verdâtres ou quelquefois purpurines, peu velues ; les fleurs sont en paquets un peu allongés. Cette plante croît dans les Indes. AMA 3 ALYSPHÉRïE, Alysphœria (Turpin), /epm des auteurs. L’alysphérie est, selon M. Turpin, un des premiers degre's de l’organisation végétale; elle est composée de globulines (voir ce mot dans ce volume) enchaînées les unes aux autres. Ces vésicules, semblables d’ailleurs à celles de la glo- buline solitaire, pouvant comme elle présenter toutes sortes de couleurs, paraissent liées entre elles par de petits thalles, ou tiges horizontales. Chacune de ces tiges donne nais- sance à la vésicule qui en émane directement. L’alysphérie se compose d’espèces classées sous le genre lepra. Alysphérie DES MOUSSES, Lepra muscorum ^ CYOûte mixiCQ^ presque pulvérulente, blanchâtre, couvrant la terre et les mousses. Alysphérie des antiques, Lepra antiquitaüs. Cette es- pèce apparaît à l’œil comme une croûte noire fendillée, qui adhère fortement aux pierres , aux rochers, aux statues an- ciennes qu’elle recouvre quelquefois entièrement. Alysphérie jaune, Lepra candelaris^ croûte jaune, pou- dreuse, ayant l’aspect d’un lichen naissant. Elle se trouve sur les vieux murs, sur l’écorce des arbres et sur les poutres qui sont à l’exposition du vent et de la pluie. Alysphérie vert-jaunatre, Lepra glaucella^ croûte d’un vert-jaunâtre, rugueuse, grenue,, inégale, blanchissant dans les points les plus élevés en vieillissant, composée de globules plus petits que ceux du lepra botryoïde. Elle croît sur la terre et les troncs d’ai’hres. AMARANTHE PANICULÉ, Amaranthus panîculatus (L.), famille des Amaranthacées ; tige dressée, rameuse, haute de 4 à 6 pieds, feuilles ovales, ou ovales-lancéolées, ou ohlon- gues-lancéolées, acuminées, cunéiformes à la hase, pubéru- les en dessous aux nervures, longues de 2 à 12 pouces, larges de I à 4 pouces, d’un vert-pâle, à pétiole plus court que la lame; panicules dressées, épis latéraux horizontaux un peu lâches; gloméruîes pauciflores, sub-dichotomes, subsessiles; fleurs à cinq étamines d’un pourpre violet; bractées lan- céolées, subulées, piquantes. 4 aza Espèce indigène aux États-Unis d’Amérique, se cultivant facilement dans les jardins. AMARYLLIS RÉTICULÉE, Amaryllis retlculata (Aiton, Hort. Kew.), famille des Amaryllidées. Cette plante présente des hampes comprimées, munies a leur base de feuilles oblongues, rétrécies à leur partie inférieure. I.a spathe ne renferme guère que deux fleurs; la corolle est tubuleuse et inclinée à sa base, glabre à Torifice de son tube ; les décou- pures en sont marquées de veines transverses réticulées. Cette plante croît au Brésil. ANCOLIE DU CANADA, Aquilegia canadensis (Lmn.), famille des Renonculacées. Plante tantôt glabre, tantôt pu- bérule, haute de j/2 pied à 3 pieds; tiges très-gréles, dres- sées, cannelées, fistuleuses, paniculées, feuillées, tantôt pauciflores, tantôt pluriflores; rameaux un peu divergents, médiocrement feuillés ; feuilles semblables à celles de l’An- colie commune, folioles d’un vert- glauque en dessus , très- glauc|ues en dessous, cunéiformes, ou cunéiformes-oblon- gues, ou flabelliformes, ou sub-orbiculaires, ou rbom- boîdales, 2 ou 3 fides; lobes ou segments cunéiformes, ou oldongs, ou arrondis, laciniés ou crénelés; sépales longs de 6 à 8 lignes, ovales ouoblongs, pointus, un peu connivents, sub-carénés au dos, finement veinés , rouges ou panachés de rouge et de jaune; pétales, y compris le cornet, longs de 10 à i5 lignes; lame elliptique, arrondie ou tronquée au som- met, à peu près de moitié plus courte que les sépales, 3 à 4 fois plus courte que l’éperon; lame jaune, éperon rouge: étamines de moitié à deux fois plus longues que les sépales, longuement débordées parles styles; filets blanchâtres, styles glabres presques capillaires, 2 fois plus longs que les ovaires à l’époque de la floraison, ovaires glabres ou pubescents; follicules longs de 6 à 8 lignes, glabres ou pubérules, plus petits que ceux de l’Ancolie commune. Cette espèce élégante croît dans l’Amérique Septentrionale; on la cultive comme plante de parterre. AZALÉE DE L’INDE, Azalea îndîca J(Linn.), famille des Rbodoracées. Arbrisseau d’environ 3 pieds de hauteur, BAC 5 toujours vert, et dont le tronc qui a un pouce de diamètre est muni d’une écorce rude, inégale et d’un brun-grisâtre. Son bois est dur et d’une couleur pâle; ses rameaux sont courts, tortueux et sans ordre; ils sont garnis à leur som- met de feuilles ovales lancéolées, velues, coriaces et rappro- chées les unes des autres, formant des touffes ou des rosettes terminales. Les fleurs viennent dans ces touffes de feuilles qu’elles terminent ; elles sont presque solitaires, à peine pé- donculées, grandes et communément d’un rouge écarlate éclatant et très-vif. Les sépales du calice sont oblongs, pe- tits et velus. La corolle est carnpanulée et à cinq divisions ouvertes ; les filets des étamines sont courbes et d’un rouge- pâle; elle fleurit vers le milieu de Tété et porte ses -fleurs en si grande abondance, qu’elle semble alors couverte d’un voile rouge. Cette belle plante croît dans les contrées orientales de l’Asie; au Japon où elle est très-commune, elle fait l’orne- ment des jardins. BACILLAIRE de LYNGBYE, Bacülaria Lyngbyi (Bory), ecliinella obtusa (Lyngbye). — Végét. microscopique. Un peu moins large que la Bacillaire é/?«ùse, elle l’est beaucoup plus que les espèces suivantes. — Formée de deux tubes juxta- posés comme les deux canons d’un fusil à deux coups, tron- quée aux deux extrémités , elle paraît simple, transparente, un peu trouble cependant quand on la voit par un de ses côtés; on dirait un tube de verre dans lequel une matière co- lorante d’un brun-verdâtre et homogène formerait une tache centrale; quelquefois cette tache se divise ou se porte sur l’une des extrémités en laissant le reste des tubes absolument vide. Cette espèce ordinairement isolée, se groupe dans certains cas en masses informes, visibles a l’œil nu ; elle se rencontre sur les conferves d’eau douce. Bacillaire y itrée^ Bacillan a v/Vrea (Bory); Linéaire, tron- quée carrément aux deux extrémités, double comme la pré- cédente; elle est assez communément munie dans son milieu d’une articulation ou section qu’indique un trait noir souvent trés-vif, mais quelquefois à peine distinct. 6 BEG Parfaitement transparente, comme un tube de cristal, elle semble entièrement vide. De nombreux individus, en se réunissant, forment des amas hérissés, qui ressemblent aux rayons d"une demi-sphère; ainsi accumulés, ils prennent une teinte fauve très-pâle. Cette espèce, assez commune, couvre souventles conferves d’eau douce. Bacillaire verte. Bacülaria viridis (Turp.), à corps droit, linéaire, formé de deux tubes comme la Bacillaire de Eyng- bye, transparente dans son milieu et aux deux bouts ; dans tout le reste de son étendue, colorée en vert, probablement par de la matière verte absorbée; tronquée à ses deux extré- mités. BALISIER FLASQUE, Canna ^âfccîc/a(Salisb.), famille des Amomées. Cette belle espèce qui pour le port se rapproche du Canna Glauca, est couverte de magnifiques fleurs d’un jaune aurore; elle a été découverte par Bartram, dans la Caroline du Sud. BALSAMIER POLYGAME, Amyris po/j^am«(Ga vanilles), famille des Burséracées. Arbre de i5 à i8 pieds, revêtu d’une écorce brune, chargé de rameaux; feuilles éparses, abondantes, simples, à pétiole médiocre, un peu coriaces, ovales-lancéolées, luisantes, très-entières. Fleurs polygames, disposées en grappes simples, nombreuses, axillaires ; pédi- celles capillaires. Calice hémisphérique à 4 dents. Corolle d’un jaune pâle, à quatre pétales ovales, rétrécis à leur base; un corpuscule central, plane, orbiculaire à huit crénelures dans les fleurs mâles; huit étamines, dont quatre plus lon- gues, alternes avec les pétales. Dans les fleurs femelles, un ovaire libre, globuleux; style presque nul; stigmates com- posés de trois ou quatre corpuscules globuleux; filaments plus courts que dans les fleurs mâles, munis d’anthères, à ce qu’on croit stériles. Le fruit est une drupe sphérique, contenant un noyau so- litaire monosperme. Cette plante croît au Chili. BÉGONE à feuilles de deux couleurs. Bégonia discolor, BIC 7 (Hort. Kew.). Évansiana (Curtis) , famille des Bégoniacées. Tige rameuse, articulée, d’un rouge très-vif, surtout vers les articulations, feuilles cordiformes , obliques, aiguës, dentées, d’un vert lisse à la face supérieure, d'un rouge in- carnat à la face inférieure. Fleurs en panicules terminales, grandes, roses. Ce sous-arbrisseau, qui se cultive dans les serres, est origi- naire de la Chine. BERMüDIENNE A RÉSEAU, Sisyrinchîum striatum^ (Smith), famille des Iridées. Tiges simples ou rameuses comprimées, membraneuses à leur bord, un peu cylindri- ques à leur partie supérieure, garnies de feuilles dans toute leur longueur. Les feuilles sont droites, larges, pliées en deux, ensiformes , aiguës. Les fleurs sont disposées à la partie supérieure des tiges en un long épi droit ; elles sont ramassées par paquets alternes dans l’aisselle d’une feuille très-ouverte, ovale, concave, plus ou moins acuminée, spa- thiforme; les spathes propres sont bivalves, scarieuses. La corolle est grande, bleuâtre ; les pétales sont ovales, un peu cunéiformes à leur base, traversés par des stries un peu jaunâtres, avec d’autres en réseau ; les capsules sont presque globuleuses. Cette belle espèce, qui s’élève jusqu’à la hauteur de deux pieds, paraît originaire du Mexique. BICHATIE VÉSICULINEUSE,R/c/iat/a vesîculînosa (Tur- pin,mémoiresdu muséum i8).Turpin donne ce nom à l’agglo- mération des vésicules primitives, associées pour composer les premières traces de tissu cellulaire. C’est aux parois internes des vitres des serres chaudes et très-humides qu’il a observé cette production, particulièrement aux temps de pluie. Elle se présente en masses informes d’une substance fugace très- aqueuse, d’un vert-tendre jaunâtre, qui approche delà cou- leur d’un grain de raisin blanc. Cette masse se compose d’une agglomération considérable de vésicules sphériques quand elles sont isolées, ou hexagones quand elles sont sou- dées. Toutes ces vésicules sont blanches, d’une transparence extrême, et leurs parois sont d’une telle ténuité, qu’au 8 BLE moindre toucher elles se crèvent presque aussi facilement que de petites bulles de savon. Dans l’intérieur de chaque vé- sicule sont depuis i jusqu’à 7 grains verts de globuline (Voir page 18 de ce volume), petites vésicules futures qui, en gros- sissant et en se dilatant , donnent naissance à une nouvelle génération de globulines. Ces vésicules sont: les unes libres, les autres soudées par deux ou par quatre; d’autres agglomé- rées et soudées en masse de tissu cellulaire, ont dans ce cas échangé leur forme sphérique contre l’hexagonale. Pour être observée sous le microscope, la Bichatie exige quelques précautions, sans lesquelles les vésicules se crèvent. Alors on n’a plus que la globuline verte, éparse et sans ordre parmi les restes membraneux des vésicules-mères; c’est cette globuline qui, en séchant sur les vitres, présente -les taches vertes, jaunes, aurores, roses et pourpre-noires que l’on y aperçoit. La Bichatie ne se trouve qu’aux surfaces de verre où ne se développe aucune autre production végétale. BIGNONE BLANC DE LAIT, Bîgnonia lactiflora (Wahl ), famille des Bignoniacées. Tiges grimpantes , rameaux gla- bres, striés ; feuilles pétiolées, conjuguées, longues de deux pouces et plus, glabres, ovales, cordiformes, acuminées, très- entières, traversées de veines réticulées; vrilles trifides seu- lement aux feuilles inférieures, grappes terminales quelque- fois géminées. Les pédicelles opposés, uniflores; les infé- rieurs à 3 fleurs; une feuille florale oblongue, pétiolée de chaque côté de la base des pédicelles. Le calice glabre, court, entier, campanulé. La corolled’un blanc de lait, longue d’un pouce et demi, tomenteuse ou légèrement velue en dehors dans sa jeunesse. Capsules glabres, lancéolées, longues de deux pouces, aiguës à leurs deux extrémités. Cette plante se trouve à l’île Sainte-Croix. BLETTE EFFILÉE, Blitum virgatum (L.), famille des Chénopodées. Vulgairement Tiges hautes de I à 2 pieds ; glabres comme le reste de la plante, dressées , anguleuses, simples ou rameuses, effilées supérieurement, portant des fleurs presque à leur origine. Feuilles assez sem- blables à celles des épinards, triangulaires, hastiformes. BOE 9 pointues, sinue'es, dentées-cunéiformes ou échancrées à la î)ase, d’un vert foncé; les radicales longues de 2 à 4 pou- ces, larges de i à 4 pouces, ayant un pétiole long de 3 à 6 pouces; les caulinaires en ont un beaucoup plus court; Les feuilles des extrémités sont longues de 2 à 3 lignes, sub“sessiles, dentées de chaque côté. Calices fructifères en- tre-greffés, formant un fruit composé sub-globuleux écarlate, assez semblable à une petite fraise. Glomérules sessiles, tous axillaires; graines lisses, canaliculées aux bords. Cette espèce est commune dans le midi de la Russie et de la Sibérie. L’aspect curieux de ses fruits écarlates disposés en longs épis, la fait cultiver comme plante d’agrément. BOEHMER EN CHATON, Bœhmeria caudata (Bonpland), famille des Urticées. Plante ligneuse haute de 4 à 5 pieds, produisant, dès le collet de sa racine, plusieurs tiges droites, glabres et cylindriques inférieurement feuillues et pubes- centes vers leur sommet. Feuilles opposées, ouvertes, réflé- chies, longues de 4 à 6 pouces, ovales, membraneuses, légère- ment échancrées à leur base, acuminées au sommet, également dentées sur les bords, marquées en dessous de 3 nervures saillantes et parsemées sur l’une et l’autre face de poils courts. Pétioles longs de 1/2 pouce, pubescents, légè- rement sillonnés en dedans, convexes en dehors. Epis pendants très-longs, disposés un à un dans les ais- selles des feuilles et composés de fleurs mâles ou de fleurs femelles seulement, ou quelquefois de fleurs mâles mêlées avec des fleurs femelles. Fleurs mâles en épi très-long rap- prochées les unes des autres; périanthe de 4 folioles ovales marquées en dehors de 3 nervures saillantes; 4 étamines pluslonguesque le calice, et fixées autour d’un corps charnu central; filets droits; anthères ovales droites, s’ouvrant lon- gitudinalement sur les côtés. Fleurs femelles disposées par petits groupes sur un épi très-long, et munies d’une bractée, lancéolée aiguë, pubescente. Ovaire très-petit terminé par un style droit; stigmate aigu; graines ovales, comprimées, pubescentes surmontées du styie qui persiste et marquées sur les côtés par les bords saillants devenus comme charnus. 10 CAC Cet arbrisseau croit dans les Antilles. BRÉSILLET A CALICE DÉCOUPÉ EN PEIGNE, Cœsa(- pinia peclinata (Cavanilles). Cette espèce a été séparée par Kuntli etDeCandolle des Cæsalpinia et fait partie d’un genre particulier sous le nom de Coultéria (Voir ce mot, pag. i4)* BRUNIE A FEUILLES sétacées, Brunia lanuginosa (I/.), famille des Bruniacées. Cette plante, malgré le nom que lui a donné Linné, bien différente d’autres Brunies qui ont leurs têtes de fleurs très-laineuses, les a presque entièrement gla- bres, ainsi que ses feuilles, sa tige et ses branches. C’est un sous-arbrisseau, dont les rameaux sont garnis dans toute leur longueur de feuilles linéaires, très-menues, glabres, terminées chacune par un point noir, éparses, ouvertes, nombreuses et fort rapprochées les unes des autres; elles ont deux à trois lignes de longueur. Les fleurs en têtes sont blanches, globuleuses, petites, nombreuses , et ramassées aux sommités des rameaux supé- rieurs. Les têtes de fleurs sont portées chacune sur un petit rameau très-court et feuillé. L’ovaire faisant corps avec la base turbinée de la fleur, porte un style en alêne un peu saillant hors de la fleur, à stigmate simple. Cette plante est indigène du cap de Bonne-Espérance. BRUYÈRE A LONGUES FLEURS, Erica nivenîa iongi- flora (Andre^vs, monographie des Bruy. 189,) famille des Éri- cinées. Sous-arbrisseau à rameaux nombreux, garnis de feuil- les disposées trois par trois, linéaires à bords renversés, bor- dées de poils. Fleurs terminales pédonculées. Trois petites bractées attachées au pédoncule, calice à 4 divisions glan- duleuses à leur extrémité; corolle renflée au sommet, d’un rouge de pourpre, noire vers son ouverture, à divisions obli- ques, renversées; anthères droites, cohérentes, sortant de la corolle. Cette plante habite le cap de Bonne-Espérance. CACTIER ÉLÉGANT, CacfM5>çpec?b5W5(Bonpl. Tard. Malm.), famille des Crassulariées.Tige composée d’articulations très- comprimées, allongées, obtuses, denses latéralement, glabres et dépourvues d’épines. Fleurs d’un beau rose, plus grandes CAL 1 1 que celles du Cactier flagelliforme, naissant solitaires des angles rentrants qui occupent le bord supérieur des articu- lations de la tige. Cette espèce a été trouvée par Bonpland près du petit village de Turbaco, à quelques lieues au sud de Carthagène. Elle y vit en parasite sur le tronc des vieux arbres. Elle a fleuri pour la première fois en France, dans les serres delà Malmaison, en i8ii. CADÉLARI FICOIDE, Achyranthes ficoïdeum (Lam.), fa- mille des Paronychiées. La description que donne liamark de cette plante, se rapporte hVlllecebrum sessile (Voir, page 2, Alternante sessile); mais la planche de l’atlas représente plutôt la plante décrite par Linné sous le nom d’///e- cebnim achyranthe , qui a les tiges rampantes, garnies de poils, les feuilles ovales mucronées, pétiolées, opposées, avec Tune des deux plus petites, les têtes de fleurs presque globu- leuses, un peu épineuses. CALYXHYMENE VISQUEUX, Calyxhymenia viscosa (Pvuiz.). Oxybaphus uwco5M5(Lhérit.) Mirabilis viscosa (Cavan.). Nyctage visqueuse (Lam.), famille des Nyctaginées. Tiges molles, herbacées , velues, couchées et rampantes, à moins qu’on ne leur donne un appui. Elles sont très-fortement glu- tineuses, comme toutes les autres parties de la plante. Les feuilles sont grandes , en cœur, opposées, pétiolées, molles, tomenteuses, et velues des deux côtés; elles ont les deux lobes de la base larges et arrondis, et se terminent à leur sommet en pointe. Les fleurs, plus petites que dans les autres espèces, vien- nent en grappes à l’extrémité des branches. Elles sont axil- laires, inégalement pédonculées, et souvent réunies en pe- tits paquets; elles sont enveloppées d’abord par deux larges bractées. Le calice est d’une seule pièce, plane, plissé, divisé en cinq dents, velu et remarquable par cinq nervures vertes et épaisses. La corolle est purpurine , fort petite ; son tube est à peine de la longueur du calice; elle n’a ordinairement que trois ou quatre étamines dont les filaments sont pour- prés, beaucoup plus longs que le limbe, terminés par de 12 CIR petites anthères jaunâtres. Le fruit est renfermé dans le fond du calice qui s’agrandit considérablement, devient membra- neux et à cinq plis. La semence a quatre ou cinq côtés tres- saillants ; elle est ovale et ridée comme dans les autres es- pèces. Cette plante est originaire du Pérou. CAPRIER D’ÉGYPTE, Capparis œgyptîa (Lippi) , famille des Capparidées. Arbrisseaux à rameaux roides, grêles, cylin- driques, glabres et garnis d’épines géminées, crochues et de couleur jaune d’or. Les feuilles sont petites, pétiolées, ar- rondies, cunéiformes avec une pointe à leur sommet ; elles sont glauques ou bleuâtres , et ont environ 6 lignes de lon- gueur sur 5 lignes dans leur plus grande largeur. La fleur est d’un blanc sale à étamines gris-de-lin tendre, et à pédon- cule glabre plus long que la feuille qui l’accompagne. Le fruit est une silique en massue, qui a environ 3 pouces de longueur sur quelques lignes de diamètre. Ce Câprier a été observé par Lippi en Egypte. CIRIER A DENTS' AIGUES, Myrica arguta (Kunth); Gale arguta (Lam.) , famille des Myricées. Arbrisseau à ra- meaux épars, arrondis, rugueux, pubescents , de couleur brune; feuilles éparses, pétiolées, oblongues, lancéolées, ai- guës, rétrécies à la base, à dents de scie, réticulées, résistan- tes, glabres en dessus, vertes et abondamment couvertes de petits points blancs; en dessous plus pâles, pubescentes, pré- sentant de très-petits points résineux, longues de 4 pouces, larges de i5 à i6 lignes ; pétioles d’un demi-pouce, canali- culés, pubescents. Chatons axillaires, disposés trois par trois, quelquefois géminés ou solitaires, à fleurs lâches mâles et femelles ; les fleurs mâles dans la partie inférieure, les femelles dans le reste de l’étendue. Les fleurs mâles portent une bractée ovale-lancéolée, vil- leuse à l’extérieur, longue d’une ligne et demie. Deux brac- tées, linéaires, villeuses, opposées, plus petites que la précé- dente, et placées en sens contraire, tiennent à la colonne qui supporte les filets; 5 à 6 étamines deux fois plus courtes GLA i3 que la grande bractée, à filets glabres, connés à leur base, inégaux, à anthères presque globuleuses, didyrnes à deux loges. Les fleurs femelles ont une bractée lancéolée, linéaire, ai- guë, pubescente, longue de deux lignes, uniflore, deux fois plus longue dans le fruit; trois autres petites bractées ovales, pubescentes, plus longues que fovaire ; l’ovaire globuleux, villeux, est surmonté d’un style profondément divisé en deux; les stigmates en sont simples. On observe à la partie supérieure du chaton plusieurs drupes sessiles, globuleuses, de la grosseur d’un grain de poivre, couvertes à l’extérieur de petites granulations , et sur lesquelles persiste le style. La graine est droite, ovale, aiguë. Cette plante se trouve dansla nouvelle provincedeGrena- de, à une hauteur de i48o toises; elle fleurit en septembre. CLAVATELLE, Clavatella, cryptogame de la famille des Chaodinées de Bory Saint-Vincent, confondue par Lyng- bye, dans les Choetophores. GeJire. Filaments qui se développent du centre à la circon- férence; mucosités qui deviennent bientôt de petites ex- pansions membraneuses, globuleuses, vides, élastiques, co- riaces, imbriquées. Les filaments sont articulés par sections transverses et non par globules comme dans les Choetophores. Ils sont entièrement hyalins, et ne contiennent point de ma- tières colorantes. Ils se terminent en massue, au moyen de renflements dus au développement de la fructification qui est parfaitement sensible. Espèces. C. nostoc-marin, chœtophora marina (Lyngbye). Cette espèce a l’aspect d’un petit nostoc ordinaire , mais sa consistance est membraneuse et sa couleur d’un brun- jaunâtre; elle abonde sur les rochers parmi les fucus, à Saint- Jean-de-Luz, à Biaritz, et se retrouve dans le Nord. C. Très-verte. CL viridlssima, (B.) Elle se présente sous la forme de membranes qui ont un peu la consistance du cuir, et se contractent avec élasticité. Ces membranes sont du plus beau vert, tirant sur le bleu dans leur transparence. Elle croît aux mêmes lieux que la précédente. i4 CYG COULTERIA (Voir page lo : Brésillet), famille des Césalpiniéès, sous-ordre des Le'gumineuses. Genre e'tabli par Kunth, adopté par De Candolle, ayant pour caractères; Calice turbiné, quinquéfide, les 4 lobes supérieurs petits, presque égaux ; l’inférieur plus grand concave, bordé de dents glan- dulifères. lo Etamines; filets barbus inférieurement, style court; stigmate glanduleux, légume spongieux, aplati, indé- hiscent, à 4 ou 6 graines, partagé par des cloisons transver- sales. Cette famille se compose d’arbres ou d’arbrisseaux pro- pres à l’Amérique équatoriale, et qui possèdent des proprié- tés tinctoriales plus ou moins prononcées. CouLTERfA DES TEINTURIERS, Coultevia tînctoHa (Kunth). Cœsalpinia pecünata (Cavanill.), grand arbrisseau à ramules anguleux, couverts d’un duvet roux et armés d’aiguillons; feuilles glabres, oblongues, ayant 2 à 5 paires de pennules, 6 à 8 j liguées; pétioles sans aiguillons; grappes solitaires, termi- nales, densiflores, longues de près d’un demi-pied ; pédicelles articulés au sommet; pétales ponctués, ob-ovales, oblongs, fleurs jaunes ; légume de 3 à 4 pouces. Cette espèce croît aux environs de Carthagène. CoüLTERiA HÉRISSÉ, Coulterîa horrida (Kunth), feuilles à deux paires de pennules, 4^7 juguées, folioles oblongues, glabres, arrondies aux deux bouts, échancrées, mucronées ; pétioles armés d’aiguillons ; calices hispides ; légumes gla- bres, oblongs, obliques. Cette espèce croît dans les mêmes localités que la précé- dente avec laquelle elle a beaucoup de ressemblance. CYCLAKTHÉES , famille voisine des Aroi- dées créée par M. Poiteau (Mémoires du muséum, vol. 9), pour son genre Gyclanthus. Cyclanthe, Cyclayithus ; genre de plantes fort singulières, dont les fleurs sont portées sur un spadice comme celles de beaucoup d’aroïdées, mais dont la disposition présente un aspect fort différent. Qu’on se figure deux rubans creux rou- lés en spirale autour d’un cylindre, l’un rempli d’étamines, l’autre d’ovules , on aura l’idée de la situation des fleurs du DRÉ i5 Cyclanthe sur le spadice; rien ne les sépare, rien n’en fait des fleurs distinctes. De plus, le calice des fleurs mâles adhère dans presque toute son étendue avec celui des fleurs femelles ; au fond sont les étamines à filet court, à anthère allongée et biloculaire ; le calice des fleurs femelles, plus grand que celui des mâles, est, par son côté interne, soudé avec l’ovaire qui paraît infère. Ce dernier porte un stigmate bifide et con- tient un grand nombre d’ovules qui occupent sa partie interne. On ne paraît pas connaître le fruit mûr du Cyclanthe. On a décrit deux espèces de Cyclanthe : L’une, Cyclanthus P lumîerii, décrite par Plumier dans ses manuscrits, a des feuilles marquées de nervures et bifides à leur sommet. L’autre, Cyclanthe à deux feuilles, Cyclanthus bi-partititus, vue pour la première fois par M. Poiteau, a été ainsi nom- mée, parce que ses feuilles sont fendues jusqu’à leur base. Cette plante croît dans les lieux les plus humides de la Guyane, où on l’appelle vulgairement Arouma-Diable. Elle atteint jusqu’à 5 pieds de hauteur. DORADILLE RADICANTE, Asplénium rinzophyllum (Lin.), famille des Fougères. Feuilles pédiculées, étroites, lan- céolées ou ensiformes, entières, un peu en cœur à leur base où se trouve leur plus grande largeur, qui n’excède guère 6 lignes; elles sont terminées en une pointe fort longue, fili- forme, qui se courbe vers la terre, y prend racine et produit nn nouvel individu. Elle croît dans la Virginie et le Canada. DRÉPANOPHYLLE FAUVE, Drepanophyllum fulvum, (Flooker, Musc. exot. i45), famille des Mousses. Ces petites mousses forment des individus de deux formes différentes . habitant sur les memes troncs d’herbes, mais dans des siè- ges différents; les uns, selon Hedwig, sont mâles; les autres femelles. Les individus mâles se terminent par un faisceau de corps filamenteux, droits, serrés les uns contre les autres, et présentant à l’œil une espèce de pinceau de couleur pour- pre. Chacun de ces corps a 12 à i6 articles, dont le plus bas FRA i6 placé est le plus long et persiste après la chute des autres. Les individus femelles portent des capsules ovoïdes dont l’opercule conique, convexe, est déprimé à la pointe , et le péristome nu. Elle se trouve dans les forêts de la Guyane française. FICOIDE BLANCHATRE , Mesembryanthemum albidatn (L.), famille des Ficoïdées. Plante acaule, lisse, blanchâtre ; feuilles suhulées, trièdres, obtuses, semi-cylindriques à la base, très-entières. Fleurs grandes, jaunes, odorantes, so- litaires, pédonculées ; 1 1 stigmates. FISSILIER SERRÉ , Olax stricta (Brown), famille des Santoîacées. Nouveau genre sous le nom de Spermaxyrum, fondé par Labillardière, adopté par De Gandolle dans son Prodromus. Spermaxyrum — genre , de la famille des Olacinées (De Cand.) , — calice petit, entier, ne se développant point après la floraison. Pétales dont quatre unis par paires aux filaments des étamines, et présentant une apparence bifide, le cinquième libre, entier. Appendices filiformes, simples. Trois étamines dont deux adhérentes aux pétales réunis, la troisième libre. Ovaire à une seule loge contenant trois ovu- les ,supendus au sommet de Taxe central. Le fruit est une drupe sèche monosperme. Les feuilles sont distiques et disposées le long des ra- meaux à peu près comme les folioles des feuilles pinnées le long du pétiole commun ; quelquefois nulles. Les fleurs par avortement sont polygames. Spermax. stnctum,se distingue par ses feuilles linéaires, oblongues, mucronées. Cette plante se trouve à la Nouvelle-Hollande, près du port Jackson. FRAGILAIRE DES MURAILLES , Fragilarîa muralis (Turpin), Lyngbya muralis (Agardh). Cette Oscillariée se com- pose de tubes membraneux seulement distincts au microscope, diaphanes, et contenant la matière verte en segments ou en tranches superposées, qui deviennent, selon la plupart des auteurs, les séminules, et qui, selon Turpin, sont des inodifi- GIR 17 cations de la globuline captive. Elle se trouve à terre , sur les murs et les bois humides où elle forme une couche ver- dâtre. GAILLARDOTELLE, Gaillardotella y de la famille des Chaodinées de Bory Saint-Vincent. Genre: filaments micros- copiques, simples, atténués en cils muqueux et divergents, munis à leur base d’une sorte de bulbe ou article globuleux. Gaillardotelle flottante, Gaillardotella naians (B.), Linckia natans (Lyngbye), Rivularîa natans (Roth.) : figure globuleuse; grosseur d’un petit pois, et même d’une noi- sette. Elle croît au fond des eaux, sur la terre ou sur les plantes inondées, d’où elle se détache avec l’âge et vient flotter à la surface des mares, en y présentant l’aspect d’une trémelle. GANITRE AZURÉ , Elœocarpus cyaneus (Sims), famille des Elæocarpées. Arbrisseau à feuilles oblongues, lan- céolées, dentées en scie, réticulées, à grappes florales, axil- laires, serrées. Les fruits sub-globuleux contiennent un noyau poli ; ce sont des drupes de couleur azurée. Les fleurs sont blanches. J Cette plante croît à la Nouvelle-Hollande. GIRODELLE COM01DE,&irode//acomo?de5(Gaillon),Co/2- fervacomoideSyïo.m.àes Conferves.Ce genre de conferve se re- connaîtà l’extrême ténuité de ses rameaux età sa belle couleur brune. A la mer basse elle forme d’immenses prairies sur les roches calcaires, sur les cailloux, sur les coquilles, où elle se fixe au moyen d’un petit épatement qui lui tient lieu de racines. Dilhven, qui l’avait rangée avec assez de raison dans les Conferves, lui donna son nom spécifique, en raison de la ressemblance de ce végétal avec la chevelure couchée et roussâtre d’un enfant qui sort du bain. Dans cette plante, comme dans les Vaucheria, les filaments examinés au mi- croscope forment des tubes composés d’un long article simple ou rameux dépourvu de toute espèce de cloisons. Les globules qui s’y développent prennent en s’allongeant la forme naviculaire. Ces filaments sont composés d’une sub- stance muqueuse, blanche et diaphane, qui, commedans les 61 2 i8 GLO autres productions confervoïdes, précède la formation de tout org^ane intérieur. Les navicules qui existent dans la Girodelle comoïdes y sont dirigée confusément dans le sens longitudinal. GLOBULINE, Globulina (Turpin). La globuline est le nom donné par Turpin à Télément essentiel de l’organisation végétale. Cet organe fondamental, dit l’auteur (observations sur quelques végétaux microscopiques^ etc., Académie des Sciences, 12 juin 1834), véritable corps reproducteur de toutes les masses organiques du règne végétal, ayant été méconnu dans ses analogies, a reçu les dénominations suivantes, selon qu’il s’est présenté sous divers aspects ou en des lieux diffé- rents; matière verte, croûtes pulvérulentes, séminules ou gongyles, aura seminalis, chlorophylle, amidon ou fécule, etc. La globuline apparaît partout où il y a de l’humidité, de l’air, de la lumière. Elle est susceptible de se présenter sous toutes les couleurs. Gomme tout végétal, la globuline naît, vit, croît et se re- produit toujours la même, sans jamais passer par juxtaposi- tion, de l’état de globuline, à celui d’un végétal un peu plus compliqué, d’une oscillaire ou d’une conferve. Une erreur d’optique a pourtant répandu cette opinion ; c’est qu’on a confondu avec la globuline les matières vertes qui pren- nent naissance dans les eaux croupissantes ou dans les infu- sions de viandes ou de végétaux, et qui ne sont autre chose que des amas considérables d’infusoires verts, à' enchélidcs ^ de cercaires , et d’autres moins connus; à mesure que le li- quide s’évapore , ces animaux se serrent les uns contie les autres; la dessiccation achevée, ils meurent, et leurs cada- vres rapprochés offrent quelque ressemblance avec l’organisa- tion vésiculaire d’une ulva ou d’une feuille de jungermane. La globuline n’est pas une production spontanée; elle contient en elle un grand nombre de globulins attachés à ses parois intérieures et destinés à la reproduire. On voit, quand on examine une masse de ces globulines à divers états, quelques vésicules se crever, et lancer au dehors leurs globu- lins absolument de la même manière cju’une vésicule polli- GLO ig nique expulse ceux 'qu’elle renferme. Ce petit ve'gétal peut donc être considéré comme une sorte d’ovaire isolé. Il ar- rive assez souvent qu’un globule favorisé se développe outre mesure; alors la vésicule, devenue transparente, permet d’a- percevoir dans son intérieur les globulins reproducteurs; d’autrefois elle semble offrir une espèce de germination. Le genre globuline se compose d’êtres qui marquent le premier degré visible du règne végétal; ces êtres ne pré- sentent aucun signe d’animalité; ils sont fixés sur les corps où ils ont pris naissance et toujours immobiles. Jamais une vésicule de globuline végétale n’acquiert, par l’effet de son isolement, la faculté du mouvement volontaire, comme plu- sieurs auteurs l’ont annoncé. Ce qu’on a écrit sur la ma- tière verte ne s’applique qu’en partie à la globuline. Comme corps distinct, cette matière verte n’existe pas; c’est une dénomination collective attribuée à des choses fort dif- férentes. La globuline se présente sous trois états différents : soli- taire, enchaînée, captive. Solitaire. Elle forme le genre que nous décrivons spéciale- ment dans cet article. Elle affecte le plus souvent la couleur verte; mais elle peut se présenter sous toutes les couleurs, et si on l’examine sur des verres suspendus dans une serre, on la voit passer successivement au jaune, à l’aurore, au pour- pre. Ces diverses couleurs, semblables à celles que produit le prisme, paraissent dues à la réunion des globulins dans l’intérieur des vésicules-mères ; elles s’évanouissent dès qu’on isole les globulins et qu’on les soumet à un très-fort grossis- sement de microscope; ils deviennent alors blancs et dia- phanes. Enchaînée. Le globule au lieu de se développer soliiaire- ment, est toujours précédé par un thalle fibreux légèrement aplati ou corallo'ide, dont il émane directement. (Voir Alysphérie, page 3 de ce volume. Captive. Elle constitue l’organisation végétale compliquée, le tissu cellulaire qui résulte de l’allongement des vésicules, nées bout à bout; ainsi déformée elle produit les mailles dece 20 GLO tissu ; se déposant sous sa forme globuleuse dans les mailles du même tissu, elle donne les couleurs si riches, si variées, dont se parent les feuilles et les fleurs. Nous avons déjà vu, en effet, que, dès l’origine du règne végétal, la nature accorde à la globuline solitaire toutes les couleurs qui doi- vent ensuite se manifester dans le reste des végétaux. Si les tissus qui composent les grandes masses des végé- taux ont perdu toute couleur, c’est que les vésicules qui les forment, globulines de diverses ^couleurs à leur origine, sont devenues blanches et diaphanes par leur grande exten- sion. Cette masse toutefois n’est qu’une agglomération plus ou moins considérable de plus petits végétaux globuleux, univésiculaires , ayant leur principe vital d’action, d’orga- nisation et de reproduction, accrus par extension des parois intérieures, nés par accouchement de pareils végétaux qui les ont précédés. Tous ces êtres composants, quoique jouissant d’une vie propre, n’en restent pas moins assujettis aux li- mites des contours qui produisent les diverses formes, et à la durée de la vie d’agrégation du végétal composé. Les globules des sucs laiteux des végétaux, les globules du sang et ceux du lait chez les animaux, ont la plus grande ana- logie avec la globuline, et semblent devoir être soumis au meme mode de reproduction et de multiplication : dès que la matière commence à s’organiser elle se globulise. Tout globule plein est composé d’une foule de plus petits globu- les ; ce globule composé, en obéissant à une force vitale intérieure et expansive, se creuse insensiblement, s’étend et devient une vésicule. GLOBULINE VÉSICULAIRE SOLITAIRE. Organisation végétale simple. Espèces comprises vulgairement sous le nom de Lepra. Globuline botryoïde , Lepra botryoïdes. La première, qu’observa M.Turpin, présente des amasdegiobulinesdecou- leuretde grosseur différentes. Cette espèce est très-commune et ressemble à une poudre verte répandue sur l’écorce des arbres, sur les pierres et sur la terre, dans les lieux obscurs et un peu humides. 21 GLO Globuline blanche, Lepra lactea, se développant sur récorce des arbres et sur les mousses où elle forme une croûte très-blancbe, spongieuse, farineuse, ou qui ressemble à de la chaux. Globuline noire, Lep, atra^ croûte peu épaisse, fendil- lée, très-noire, se trouvant sur les troncs des vieux arbres. Globuline couleur de soufre, Lep. sulfurea, vivant sur les écorces, principalement sur celles des chênes et des bouleaux. Globuline bleue, Lep. cœrulea, vivant sur les vieilles planches à demi-pourries. Elle forme une croûte mince, large, presque poudreuse ou finement veloutée, et d’un bleu tirant sur la couleur de l’indigo ; elle devient un peu grisâ- tre en se séchant. Globuline rouge , Lep. rubens odorata , vivant sur l’écorce du bouleau, sur les pierres, dans les fentes des ro- chers où elle forme une croûte large , très-rouge dans sa jeunesse , et qui devient d’une couleur pâle ou jaunâtre, à mesure qu’elle vieillit et qu’elle se sèche. Elle a une odeur d’iris de Florence. Globuline sanguine, Profococcu^ w/uafii, vivant au bas des murs très-humides où elle forme comme de grandes taches de sang plus ou moins noirâtres. Vue au microscope, elle ressemble assez bien aux globules du sang des mammifères. Globuline visqueuse, GlobuUna viscosa, amas de vésicu- les de différentes grosseurs. Celles-ci offrent habituellement un phénomène déjà signalé. La vésicule unique, qui constitue lepetit végétal, se dilate; les globulins en font autant, et don- nent naissance à une deuxième génération de globulins. On observe un emboîtement semblable dans les volvoces. Globuline du vin, de la bière. La découverte des glo- bules vésiculeux dont est composée ia levure ce uiel'e, et de l’organisation végétale de ces globules remonte à Leu- wenhœck; mais il pensait que ces globules tiraient leur ori- gine de la farine d’orge ou d’avoine employéè. Ces observa- tions furent reprises avec le plus grand soin par MM. Ca- gniard Latour et Turpin. Ces savants suivirent toutes les 22 GLO époques de la formation de la bière; ils reconnurent d’abord avec Leuwenhœck que la levure, matière qui s’isole du moût de la bière pendant la fermentation sous forme d’é- cume, est une agglomération de petits individus globuleux ou légèrement ovoïdes, vésiculeux, transparents, remplis deglo- bulins, les plus gros ayant i/ioo de millimètre, sans mou- vements spontanés, et par conséquent végétaux. Si plusieurs de ces globules se trouvent emprisonnés dans une bulle d’air, ils se gênent mutuellement et deviennent polygones. Une heure après la mise du levain, la fermentation étant commencée, on voit ces globules ayant poussé un et quelque- fois deux petits bourgeons plus transparents que le globule maternel. En continuant à les examiner pendant tout le temps que l’on prolonge dans les brasseries la fermentation du liquide, on suit l’accroissement progressif de leurs arti- cles, et on voit se former des individus moniliformes, com- posés pour la plupart de quatre à cinq articles vésiculeux qui se terminent par un bourgeon naissant. Les petits végé- taux non arrêtés dans leur développement, constituent en s’achevant le mycoderma cervîsiæ (Desmaz.). Mais ordinaire- ment, la fermentation de la bière est suspendue avant qu’ils soient arrivés à cet état. Troublés dans leur végétation, ils se désarticulent et paraissent sous forme de levure nouvelle. Dans la bière en bouteille, ces végétaux, auxquels Turpin donnait le nom de torula ceruisîœ ^ continuent à s’accroître; ils deviennent plus robustes et plus rameux. Leurs articles légèrement verdâtres sont ovoïdes, pyriformes et quelque- fois remarquablement allongés; ils contribuent à donner à la bière la qualité nutritive et l’onctuosité; quand elle mousse, ils montent à la surface. L’on ne doit plus s’étonner que chaque cuvée de bière produise 5 à y fois plus de levure que celle employée dans la mise en levain. Le liquide en fermentation est un milieu où s’opère cette multiplication végétale, comme celle du grain de blé déposé dans un terrain convenablement préparé. D’après cette idée, Turpin prépara un mélange d’eau et HÉD 23 de sucre. Il y sema des globules de la levure de bière, exposa le tout à une tempe'rature de 25 degre's ; deux jours après la plupart des globules commençaient à germer. GYROSTÈME , Gyrostemon , genre établi par Desfon- taines (Mémoires du muséum, t. 6 et 8), famille des Tiliacées. Fleurs dioïques à calice découpé supérieurement en 6 ou y lobés courts et étalés, point de corolle dans les fleurs mâles; anthères nombreuses, rapprochées, sessiles, disposées en cercles concentriques , tétragones, obtuses au sommet, à 2 loges s’ouvrant longitudinalement sur les côtés; dans les fleurs femelles, 20 à4o styles aigus, un peu charnus, disposés en cercle sur un seul rang; ovaire libre, ovoïde avec 2oà 4o côtes un peu saillantes dont chacune est marquée d’un lé- ger sillon : autant de loges renfermant un ovule oblong placé près de leur bord interne et attaché à un placenta cen- tral. Le fruit mur se compose de capsules en meme nombre, rapprochées circulairement les unes des autres autour d’un axe central, très-comprimées , minces, s’ouvrant en deux valves uniloculaires , monospermes ; graine recourbée , ru- gueuse, marquée de stries transversales, attachée par sa base vers le sommet de la loge à l’axe central ; embryon grêle à cotylédons accombents, à radicule infère, fortement arqué et enveloppé dans un périsperme charnu. Deux espèces originaires de la Nouvelle-Hollande. Gyrostème a feuilles de Füstet, G.cotinifolium] arbuste de 5 à 6 pieds, garni de feuilles alternes , ovales, entières, lisses et glabres, et de fleurs disposées en grappes. Gyrostème rameüx, Gyrostemon rarnulosum (Desfontai- nes). Arbrisseau divisé en un très-grand nombre de rameaux grêles, verts, glabres, inégaux, un peu fragiles, sans feuilles et sans nœuds; à Faisselle des rameaux naissent des fleurs solitaires , soutenues par un pédicelle court et grêle. HÉDYOSMÉE DE BONPLAND,Hec(yosm?^m num (Kunth) , famille des Chloranthées. Arbrisseau à ra- meaux arrondis, glabres; feuilles opposées, pétiolées, oblon- gues, aiguës, cunéiformes à leur base, dentées en scie, vei- nées, glabres, longues de 3 à 4 pouces; pétioles réunis in- 24 hél fërieurement dans une gaine lâche; stipules place'es entre les pétioles, géminées, petites; pédoncules portant les fleurs mâles, axillaires, naissant deux par deux, opposés, portant, l’externe un seul épi plus court, l’interne trois épis, dont deux inférieurs et garnis de bractées; les fleurs mâles sont sessiles, formées d’une étamine nue, rapprochées les unes des autres. L’anthère se compose d’un corps épais, con- vexe terminé par une espèce de renflement, aux deux côtés duquel sont attachées les loges polliniques; les pédon- cules des fleurs femelles sont axillaires, solitaires , opposés, terminaux, naissant par 3 ou 5 rameaux, accompagnés de bractées. Les fruits sont solitaires, épars, sessiles, recouverts parle calice, oblongs, enfermés dans un involucre cupu- liforme. Cet arbrisseau croît sur le mont Quindiu, dans la Nou- velle-Grenade, à une hauteur de 12 à i4oo toises. Il fleurit en octobre. HERMANNE A CALICES ENFLÉS, Hermanma înflata. Famille des Hermanniées. Arbrisseau à tige légèrement recouverte de duvet ainsi que les rameaux; feuilles de cou- leur roussâtre, profondément incisées, terminées en pétioles, trifides à leur sommet, bidentées latéralement , glabres ; stipules lancéolées, pointues ; pédoncules biflores penchés, fleurs en grappes terminales; calices vésiculeux, globu- leux, villeux ; pétales un peu plus longs que le calice ; fleurs jaunes très-abondantes; le fruit est une capsule globuleuse, de la grosseur d’une petite cerise à cinq sillons profonds ; les loges contiennent trois graines. Les graines réniformes sont attachées à la colonne centrale. Cette plante croît au cap de Bonne-Espérance. HÉLIÉRELLE, Helîerella (Bory), végét. microscopiques. Genre. 8, 12, 16, vésicules de formes variables, vertes, trans- parentes sans granulations ou avec granulations propagatri- ces, soudées immédiatement ou liées entre elles au moyen d’une membrane muqueuse et incolore ; disposées diverse- ment, mais toujours de manière à former une figure rayon- nante et symétrique. HÉL 25 Héliérelle a vesicüles en forme de rein, Helierella renicarpa (Turpin). 8 vésicules en forme de rein avec un sinus profond, vertes, transparentes, sans granulations ap- parentes, soudées ensemble et disposées dans l’ordre sui- vant : une au centre, 7 autres placées autour, ayant leurs sinus dirigés vers l'extérieur , de telle sorte que le dos de l’une de celles-ci correspond toujours avec le sinus de la vé- sicule centrale. Dans l’espace qui sépare la vésicule centrale des 7 autres de la circonférence , on remarque 7 points lu- mineux. Elle habite dans les eaux douces et pures parmi les conferves. Héliérelle de Napoléon, Helierella Napoleonis [Turpin). Six vésicules, bicornées, vertes, vitrées , scintillantes , sans granulations apparentes, terminées par une petite portion de substance blanche et muqueuse ; ces vésicules soudées côte à côte forment une étoile régulière. Au centre de cette étoile à 12 branches, est un trou rond autour duquel se trouve un champ granulé et orné par une sorte de petite couronne formée de 6 trous, entre chacun desquels sont 2 aréoles. En dehors de cette couronne on obswve encore 6 autres aréoles situées au point du sinus des vésicules bi- cornées. Elle se trouve dans les eaux douces et pures parmi les conferves. Héliérelle de Bory, Helierella Boryana (Turpin). 16 vésicules de diverses formes, vertes, vitrées, scintillantes, contenant chacune 4 à 5 globules propagateurs, d’un vert- émeraude très-brillant, et liées par une membrane commune, muqueuse, blanche ou légèrement irisée, très-diifficile à apercevoir à cause de sa grande transparence. Celle mem- brane, susceptible de s’étendre ou de se contracter , de ma- nière à ce que les vésicules paraissent tantôt distantes les unes des autres, et tantôt contiguës, constitue avec les 16 vésicules cette brillante espèce. Les 16 vésicules composantes ont la disposition suivante : au centre une vésicule penta- gone entourée de 5 autres à peu près semblables. 10 au- tres dont 5 opposées à celle du centre, et 5 alternes avec elle. 26 HET forment la circonférence. Celles-ci ont une base tronquée , et des côtés dans lesquels on retrouve la forme pentagonale ; mais elles diffèrent de celles du centre, en ce que leurs côtés extérieurs se divisent en 2 mamelons coniques, terminés chacun par une corne blanche, muqueuse et renflée en glo- bule à l’extrémité comme la corne d’un limaçon. Lorsqu’on observe cet être dans un lieu chaud, il n’est pas rare de voir plusieursdes cornes muqueuses lancer deleurs extrémi- tés une poussière de globules de la même manière que les vésicules polliniques. Cette espèce habite dans les eaux douces et pures parmi les conferves. Héliérelle tronquée (Turpin). 7 vésicules irréguliè- rement disposées par rapport les unes aux autres. Chacune d’elles contient 5 globules, et semble être la première moitié d’un cône qui aurait été tronqué au milieu de sa hauteur, HÉTÉROCARPELLE , Heterocarpella^ genre de] végét. microscop. de la famille des Chaodinées , établi par Bory Saint-Vincent. Commencement d’une organisation un peu compliquée ; vésicules soudées 2 à 2 ou 4 à 4» sphériques, triangulaires ou carrées, marquées dans leur centre, d’une aréolé de couleur verte. Les espèces ont été établies d’après la diffé- rence de ces formes. HÉTÉROCARPELLE A DEUX VÉSICULES , Helerocarpella gemî- nata (Bory), H, Binaiis (Turpin). Vésicules carrées munies de deux gibbosités extérieures, et au centre, d’une aréole ovale, unies deux à deux. Cette espèce, ainsi que la suivante, habite les eaux douces et pures, parmi les conferves. HÉTÉROCARPELLE quadrijugée , Heterocarpellu tetracarpa. Vésicules de 6 à 20 fois pi us. considérables que celles de l’es- pèce précédente, ovoïdes ouob-rondes, paraissant divisées en quatre quartiers par deux sections en diamètre; chacun de ces quartiers contient un plus petit globule. HÉTÉROCARPELLE AMERE , Hetewcarpella amara (Turpin). Quatre vésicules dépourvues d’aréoles, liées entre elles au JON 27 moyen d’une espèce de plateau percé d’un trou au milieu, couleur vert-olive. Observée par Turpin dans du vieux fiel de bœuf, cette pro- duction, comme tous les êtres organisés, commence par un globule blanc et muqueux qui, à l’époque de sa formation, est doué d’un mouvement de trépidation assez vif. Ce mou- vement est probablement dû au déplacement des molécules d’eau qui se séparent et s’élèvent dans l’atmosphère pendant l’évaporation; à mesure que les globules de l’Hétérocarpelle amére se développent pour devenir des individus composés, ils perdent la faculté du mouvement et deviennent inertes. HYPNÜM DÉLICAT, Hypnum delicatulum (Lin.), leskea subtüis^ famille des Mousses (Hedwig). Tiges rameuses, à ra- meaux très-dcliesj cylindriques, couchés, assez longs;' feuilles imbriquées également tout autour de la tige, lancéolées, li- néaires, écartées au sommet, très-aiguës, sans nervure; pédi- cules latéraux, longs de 6 lignes environ. Urne cylindrique, droite ou peu inclinée ; opercule terminé par une pointe assez longue, oblique: cette jolie mousse croît au pied des arbres. On la trouve aux environs de Paris, à Mention, Ver- rières, etc. JONCINELLE DENDROIDE , Eriocaulon dendroîdes (Kunth), famille des Ériocaulées. Tiges fouillées, droites, simples, longues d’un pouce; feuilles sessiles, lancéolées, li- néaires, trés-étalées, planes, glabres; longues d’un pouce; pédoncules terminaux en ombelle, longs d’un à trois pou- ces; gaine aiguë, ciliée au sommet, longue de 6 lignes. Tête à demi globuleuse de la grosseur d’un pois ; écailles en forme d’involucre, ovales, aiguës; les intérieures lancéolées, obtuses, pileuses et ciliées; le réceptacle convexe et pileux. Dans les fleurs mâles un calice extérieur à 3 découpures profon- des, ovales, oblongues, obtuses, pileuses et ciliées ; un calice intérieur tubulé, glabre, élargi vers son sommet, entier, plus court que l’extérieur; trois étamines insérées sur le calice interne. Dans les fleurs femelles , le calice intérieur a 3 dé- coupures profondes, ovales, spatulées, égales, obtuses, pi- leuses. Un ovaire glabre, presque globuleux à 3 sillons, sur- 2 8 LOR monté d’un style qui se divise en 3 branches bifurquées ; une capsule à 3 loges. Cette plante croît sur les plaines des montagnes de Bo- gota, à la hauteur de i34o toises. JOUBARBE DES MONTAGNES, Sempervîvum monta- numÇL.), famille des Crassulacées. Tige haute de 3 à 6 pou- ces, ordinairement rougeâtre, hérissée de poils glanduleux; feuilles oblongues, courtement acuminées, mucronées, ci- liées ; celles des rosettes glabres aux deux faces, celles delà tige, pubérules aux deux faces; vertes ou rougeâtres, 3 à 4 fois plus petites que celles delà joubarbe commune; rosettes sub- globuleuses; cime sub-tri radiée, calice à 12 profondes divi- sions (il peut y en avoir 10 ou i4); pétales linéaires, ou li- néaires-lancéolés, acuminés, 3 fois plus longs que le calice, d’environ 4 lignes, d’un rose vif avec une ligne pourpre au milieu ; filets pourpres de moitié plus courts que les éta- mines; anthères jaunes. Cette espèce croît sur les rochers des Alpes. LÏNAIGRETTE A FEUILLES ÉTROITES, Erîopho- rum angustifolium (Roth.), famille des Gypérées. Ayant beaucoup de ressemblance avec VEriophorum polystachyon^ cette plante s’en distingue par ses feuilles plus étroites, plus longues que les tiges, trigonesà leur sommet, pliées en ca- rène; par ses épis, que soutiennent des pédoncules un peu rudes, toujours simples, plus longs et plus redressés, ac- compagnés à leur base d’un involucre de 2 à 3 folioles iné- gales, plus longues que la panicule, dont une plus grande, souvent longue de 3 pouces ; les écailles scarieuses d’un gris- blanchâtre, sont bordées de blanc; les aigrettes allongées. Les racines sont rampantes. Cette plante croît dans les prés marécageux en France, en Allemagne, en Angleterre. LORANTHE a petites fleurs , Loranthus parvîflorus (Lam.), (Lin.), famille des Loranthées; plante li- gneuse, parasite , à rameaux ouverts et fragiles , elle végète sur les arbrisseaux, et ses racines en embrassent étroitement les branches. MET 29 Les feuilles sont opposées, pe'tiolées, presque ovales, ob- tuses, légèrement mucronées, entières, coriaces, très-glabres et marquées de nervures latérales, partant de la côte moyenne. Les feuilles ont souvent les formes altérées. Les pédoncules sont axillaires et terminaux, solitaires, à peu près de la lon- gueur des feuilles, et sont chargés vers leur extrémité de qua- tre ou six fleurs pédicellées, presque disposées en corymbes. Les fleurs sont petites et inodores; le calice est partagé en trois divisions ovales, concaves, aiguës, droites; les pétales sont purpurins, obtus, très-ouverts, de la longueur del’ovaire. Les filets des étamines sont une fois plus courts que les pé- tales; trois d’entre eux ont un peu plus de longueur que les autres, et soutiennent chacun, au lieu d’anthère, un petit corps qui en a la forme, mais qui n’a pas la même couleur, et qui ne renferme pas de pollen. La baie est cylin- drique, un peu aplatie, recouverte d’une écorce noirâtre ; la pulpe en est glutineuse et laiteuse. Cette espèce croît naturellement dans les bois à Saint-Do- mingue. LYCOPODE DENTÉ, I/jcopoc/mm serratum^ (Thunberg)^ famille des Lycopodiacées. Tige couchée à la base, mon- tante et redressée dans sa partie supérieure, qui est bifur- quée ou dichotome ; elle a plus de six pouces de longueur et est garnie de feuilles dans toute son étendue ; les feuilles sont quaternées, nombreuses, rapprochées les unes des autres, linéaires, lancéolées, dentées sur les bords, glabres, ouvertes ou même recourbées. Les capsules viennent dans toute la lon- gueur de la tige, et sont sessiles dans les aisselles des feuilles. Cette plante est indigène du Japon. METROSIDEROS GLÎàUQüE , Métrosideros gLauca (Bonpl.). — Ca///5temon (de Cand.), famille desMyr- tinées. Arbrisseau à branches longues, flexibles; feuilles éparses lancéolées, veinées, mucronées. Les jeunes pubes- centes, les adultes glabres, longues de 2 à 3 pouces, larges de 4 à 5 lignes. Épis couronnés, denses, ovales, oblongs, longs de 3 à4 pouces. Dents calicinales obtuses, velues; filets très- longs, d’un pourpre écarlate fort brillant. 5o NAV Cette espèce, comme ses congénères , est indigène de la Nouvelle-Hollande. Elle s’élève bien dans les serres, dans un mélange de terreau de bruyère et de terre franche. MOUREILLER a grandes feuilles , Malpighîa macro- phylla (Desfont. Catal. hort. par.), famille des Malpighiacées. Feuilles elliptiques, ou elliptiques-oblongues, arrondies aux deux bouts, glabres en dessus, bispides en dessous. Ombelles axillaires sessiles ; pédicelles grêles, trois fois plus courts qne les feuilles. Feuilles longues de 1 1 à 1 5 centimètres, sur 3 à 6 de large. Fleurs petites, roses. Ce petit arbre croît aux Antilles; son fruit, qui peut atteindre le volume d’un œuf, est d’une saveur agréable. MYOPORE A PETITES FEUILLES , Mjoporum parvifoliiim (Brown), famille des Myoporinées. Petit arbrisseau dont les rameaux sont grêles, tombants; à feuilles éparses, sessiles, linéaires, spatulées, très-étroites, obtuses, couvertes de petites verrues, quelquefois dentées au sommet. Les fleurs sont blanches, solitaires ou géminées; les pé- doncules axillaires, filiformes, quelquefois bifurqués, sont plus longs que les feuilles; les poils de l’orifice de la corolle sont peu nombreux; les étamines sont peu saillantes. Cette plante croît à la Nouvelle-Hollande. NAVICULE A UN POINT, Navicula unîpunctata (Bory). Végét. microsc. Petite espèce de forme variable, présentant tantôt celle d’un grain de riz , tantôt s’allongeant en pointe mucronée à chacune de ses extrémités; elle est par- faitement transparente. Un seul point en globule, de cou- leur ferrugineuse, se voit au centre. Elle se trouve parmi les filaments de VOscillaria investiens (Moug.), dans les eaux qui descendent des Vosges. Navicule obtuse, Navicula obtusa (Bory), une des plus grandes espèces, presque arrondie à ses extrémités. Elle est decouleur bistre tirant sur le blond. Outre un globule hyalin placé au centre, on distingue dans toute la longueur une pe- tite ligne longitudinale également transparente. Elle nage N AV 3i très-lentement entre les conferves des marais, où Bory l’a observée plusieurs fois dans le mois d’octobre. Navicule grammite , Navicula grammitis (Bory). Forme plus allongée et parfaitement linéaire; 3 globules intérieurs dont le central plus gros que ceux qui occupent les extrémi- tés. Couleur blonde surtout autour du globule central qui en paraît plus brillant. Cette espèce nage plus vite que les autres, et s’allonge sensiblement quand elle est pressée d’avancer. Sa longueur lui permet alors de légers mouvements de flexion qu’on n’observe dans aucune autre espèce. Observée parmi les conferves au mois d’octobre, dans les fossés de Bruxelles. Navicule amphisbène, JSavicula amphishœna (B.). Ovale, large, présentant au centre un organe comme vibrant, quoi que l’ensemble de l’étre soit immobile. Une ligne, souvent fort marquée, coupe toute la navicule longitudinalement comme si elle était bivalve; et vers les extrémités, à l’endroit où cette section apparente atteint le limbe, s’étendent deux corps ovoïdes, transparents, distingués par un étranglement. Le reste de la navicule est de couleur bistre, si ce n’est deux globules hyalins qui sont alternes dans l’intérieur aux deux extrémités, et en dehors par conséquent de la ligne centrale. Trouvée au milieu de conferves, dans la Marne sous le pont de Charenton. Navicule bitronqûée, Navicule fuseau, Navicula bîtrun- cata (Bory). Ovale, oblongue, tronquée aux deux extrémités, marquée d’une ligne longitudinale flexueuse , elle paraît comme cylindracée; elle est hyaline, mais la décom- position des rayons lumineux la fait paraître souvent bleuâtre. On la trouve errante dans les eaux les plus pures. Navicule de Gaillon, Navicula Gaîllonii (Bory) . Linéaire, très-aiguë à ses deux extrémités, parfaitement vitrée, quel- quefois un peu teinte en brun-pâle, contenant 2 à 8 globules transparents, disposés longitudinalement. On voit un grand nombre d’individus se réunir par l’une de leurs poin- 32 tes comme la plupart des Bacillariées pour former un petit faisceau , dont les pointes extérieures divergent. Trouvée en abondance sur les ulves et les achnantes des côtes du Calvados. , N VVICULE OBLIQUE (Turpin). Corpuscules semi-obliques contenant plusieurs petits globules dans leur intérieur, un peu amincis vers leurs extrémités qui sont complètement transpareuies. Navicule tranchet, Navicula scalprum (GaïUon). Vé- sicule allongée en forme denavette detisserand, uniloculaire, à pointes arrondies ou émoussées, blanche et diaphane, le plus souvent légèrement contournée en S ou en tranchet, quelquefois droite, non cylindrique, de maniéré a o- frir, selon le côté sur lequel elle se montre, tantôt la forme naviculaire, tantôt la forme d’un petit bâton tronque aux deux extrémités, sans contractions apparentes, ayant un mouvement lent de locomotion. Dans l’intérieur de cette vésicule-mère naissent une foule de plus petites vésicules d’un jaune d'ambre, et qui affectent diverses formes selon le jour sous lequel on les observe. Chacune de ces vesicu- les-mères peut être regardée comme l’analope dun arti- cle de conferve ; les vésicules intérieures représentent la gm- buline colorée captive. Quand on observe longtemps ces „avicules,on saisit l’instant où des individus lancent par l’une de leurs extrémités une foule de petits globules vésicu- laires blancs' et diaphanes. Ces globules acquièrent au bout de quelques jours la faculté de changer de place; i s gros- sissent, se colorent, et .tendent à se rappocher; on les voit ensuite en s’allongeant, par deux points opposés, devenir peu à peu une vésicule-mère. Cette production fut considérée par M. Gaillon, qui la découvrit, et ensuite par Bory , comme animale; mais Tur- nin et M. de Blainville lui contestent complètement cette propriété, et pensent qu’elle doit être rangée ainsi que les espèces précédentes, parmi les premières organisations ve- stales. Rien, en effet, ne démontre leur contractilité, et quant !à leurs mouvements, ils sont trop incertains pour ORM 33 qu’on puisse en tirer un caractère d’animalité. C’est un assemblage de ces navicules qui constituent la matière, brun-chocolat et d’un aspect huileux^ que l’on voit recou- vrir la vase dans les bassins des ports à la mer basse. A mesure que la mer monte, elle de'tache quelques por- tions de cette matière qui vient flotter à la surface comme des amas d’oscillaires. Cette matière, séche'e à Tair, perd sa couleur brune, et devient d’un vert tendre, brillant. NÉL13MBO A FLEURS JAUNES, Nelumbium luteum (Wild.), famille des Nymphéacées. Feuilles orbiculaires, mu- cronulées, etle'gèrementéchancréesau sommet, très-entières, ondulées, lisses, un peu glauques, à nervures nombreuses, ombiliquées, plus ou moins concaves en dessus; les jeunes flottantes, les adultes s’élevant au-dessus de la surface de l’eau; pétiole scabre à la surface, fongueux à l’intérieur; fleurs grandes; pétales d’un jaune pâle , réceptacle fruc- tifère ligneux, de 3 à 4 pouces de diamètre; nucules ellip- soïdes du volume d’un gland. Cette espèce croît dans le midi des États-Unis d’Amérique; ses feuilles se développent à la fin du printemps, et ses fleurs ne paraissent qu’au milieu de l’été. Il paraît qu’on mange les tubercules des racines, ainsi que l’amande des graines. OROBANCHE UNIFLORE, Orobanche unijlom (Lin.), fa- mille desOrobancbées. La meme racine porte plusieurs tiges grêles, très-simples, sans rameaux, nues, n’ayant qu’à leur base quelques feuilles ou écailles, ovales, aiguës, imbriquées. Il n’y a qu’une seule fleur terminale, sans bractées ; le ca- lice est à 4, 3 divisions ovales, aiguës, un peu élargies à leur base. La corolle, d’un bleu pâle, est tubulée, rétrécie au-dessus de l’ovaire, divisée à son orifice en 4? 3 lobes ar- rondis; l’ovaire est globuleux. Cette plante est indigène de la Virginie. ORME DE CHINE , Ulmus Chinensis (Pers. Encb.) , Ul- mus parvifotia, planera parvifolîa^ microptelea parvifoUa^ Ul- mus pumila; famille des Ulmacées. Petit arbre à écorce lisse comme celle du platane. Les couches extérieures se déta- chent chaque année sous forme de plaques dures, irrégu- 6i 3 34 ose lières ; rameaux étale's, ramules grêles, flexibles, souvent plus ou moins inclinés, jeunes pousses finement pubérules, feuil- les longues de 4 lignes à 2 pouces, luisantes, d’un vert foncé, et rugueuses en dessus, d’un vert pâle et réticulées en des- sous, lancéolées ou oblongues, ou ob-ovales, sub-obtuses ou courtement acuminées, plus ou moins inéquilatérales, à base tantôt presque égale, tantôt plus ou moins fortement iné- gale, arrondie ou tronquée; dents égales ou presque égales, obtuses , contiguës , cartilagineuses aux bords ; pétiole long de I ligne à 3, cylindrique, grêle, finement pubérule, de même que les jeunes feuilles; stipules petites, étroites, linéaires. Bourgeons floraux sub-globuleux, rougeâtres, plus courts que le pétiole: périanthe long à peine de i ligne, d’un rose vif ; segments oblongs, obtus, ciliolés ; pédicelles florifères, inégaux, filiformes, un peu plus longs que le périanthe; an- thères pourpres ; samare ovale, d’un jaune verdâtre, un peu scabre, longue de 4 à 5 lignes, à aile échancrée en 2 lobes den- tiformes, obtus ; pédicelles fructifères, nutants, longs d’en- viron deux lignes. Cette espèce est originaire de Chine. Elle réussit assez bien dans les départements méridionaux de la France, mais elle ne peut résister, en plein air, aux hivers du nord. Cet ar- brisseau fut apporté sous le règne de Louis XV, par un abbé Gallois, qui voulut le faire passer pour le thé. De là le sur- nom ironique de thé de Cabbé Gallois, OSCILLAIRE TOURNANTE, Oscülaria ^jro5a (Oscillai re crépue de Bory-Saint-Vincent), famille des Oscillariées. Elle atteint son entier développement durant l’automne, et nage à la surface de l’eau en formant de grands tapis noirâtres qui s’attachent aux corps tombés dans les mares. Quand l’eau est en repos, les filaments qui la composent, très-fins, onctueux au toucher, s’allongent jusqu’à 6 et 10 lignes en se frisant de manière à former sur les bords des rosettes et des touffes cré- pues et comme de petites mèches chevelues qui convergent vers le centre oùl’osciilaire s’épaissit en une masse compacte OXA 35 d'un noir brillant tirant sur la couleur d’indigo. Au micros- cope, ces filaments paraissent diaphanes et à peine bleus; les articles en sont assez rapprochés et peu marqués. On la trouve sur les eaux froides et stagnantes, particu- lièrement dans les rigoles pratiquées pour l’arrosement. Oscilla IRE élégante, Oscillaria formosa. Trouvée par Bory près de Liège, le long de la rivière de Vesdre, elle forme sur les pierres et la vase , aux endroits rapides des petites chutes, des tapis en touffes du vert de gris le plus brillant avec des parties plus foncées. Ces tapis se compo- sent de membranes superposées, pénétrées de bulles d’air, remplies de limon, et d’autant plus décolorées et jaunâtres, qu’elles sont plus inférieures. Hors de l’eau elle paraît presque noire. Au toucher elle est douce et onctueuse. Les filaments très-transparents ont à peine une teinte pâle d’émeraude; les segments, difficiles à distinguer, laissent entre eux des espaces carrés. L’extrémité paraît tantôt obtuse, droite et vitrée, tantôt courbée en crochet latéral. On distingue dans la longueur de certains filaments des interruptions de matière colorante qui forment des espaces parfaitement vitrés. Leurs mouvements sont rapides, ont lieu en tous sens, et rappellent ceux des dragoneaux. On voit de ces fila- ments ramper spiralement autour d’un filament voisin, ou se replier sur eux-mêmes pour former des nœuds d’enla- cement. OXALIS VIOLETTE , Oxalis uio/acea (Lin.), famille des Oxalidées. Plante acaule ; feuilles à 3 folioles ob-cordi- formes, pubescentes sur les bords ; hampes ombellifères de 3 à 9 fleurs; ombelle simple ou bifurquée; fleurs nutantes, étamines hérissées, les intérieures gibbeuses à la base. Les folioles sont longues de 8 lignes, les pétioles poilus, grêles, longs de 3 à 6 pouces; les sépales lancéolés, pointus, velus. La corolle campannlée, 3 fois plus longue que le ca- lice; divisions ob-ovales striées d’un pourpre violet; onglets jaunâtres; styles pubérules plus courts que les étamines. Bulbe sub-globuleux prolifère, de la grosseur d’une noi- sette. 36 FIT Cette espèce se rencontre dans les États-Unis d’Amérique. PARISIOLE RHOMBOIDALE, Tri Ilium rhomboïdeum (Mi- chaux)}, TriUium erectum (L.), famille des Trilliées. Racine of- frant un bulbe arrondi, garni à sa surface de quelques fila- ments courts, capillaires. Chaque tige, assez élevée, est simple, garnie à sa partie supérieure de 3 feuilles grandes, ovales , verticillées, aiguës à leur extrémité. Il sort du centre du verticille un pédoncule allongé, droit, que termine une fleur dont le calice a les sépales presque égaux, ovales, aigus. Les trois extérieurs sont de couleur verte, les intérieurs colorés. L’ovaire est arrondi à 3 angles mousses; les styles sont plus courts que les anthères. Cette plante se trouve à la Virginie. PARMELIA CHLOROPHANE, Parmelia cfiloropliana , hecaphorîa chL (Acharius), famille des Lichens. Ce Lichen s’offre sous forme d’une croûte rugueuse , plissée, à aréoles saiHantes, glabres, d’un jaune très-marqué. Le contour en est rayonné, à lobes convexes, incisés. Le disque des cupules est de meme couleur, convexe, flexueux, et termine le bord de la fronde. Ce Lichen croît sur les rochers, dans laNorwège, la Suède, les Alpes. PITTOSPORUM TOMENTEÜX, Piltosporum tomento- sum (Bonpl.), famille des Pittosporées. Arbrisseau haut de 2 à 3 pieds, à rameaux alternes, droits, peu feuillus, cylin- driques, dont les plus jeunes sont couverts d’un duvet to- menteux, grisâtre; feuilles alternes, très-ouvertes, entières, longues de 2à4 pouces, aiguës inférieurement, terminées au sommet par une pointe, glabres, d’un vert foncé en dessus, recouvertes en dessous d’un duvet tomenteux, recourbées sur leur bord. Les pédoncules sont réunis en faisceaux aux extrémités des jeunes rameaux. Calice de 5 folioles verdâtres, ouvertes, lancéolées, scarieuses sur les bords et légèrement découpées. Corolle formée de 5 pétales réfléchis au sommet, réunis par leurs bords, obtus; 5 étamines plus courtes que la corolle; filets blancs, droits, aigus; au sommet, anthères à 2 loges ovales, attachées par le milieu, aiguës au sommet. POL 3; bifurquées à la base; ovaire supère, ovale, couvert de poils longs; style droit, stigmate obtus. Cette plante croît à la Nouvelle-Hollande. POIVRlEPi REV OhlJTlJM. , Piper revolutîim (Rich); Pi- per reflexum, famille des Pipéritées. Cette plante s’élève à la hauteur d’un pied, sur une tige droite, simple, charnue, glabre, très-grêle. Les feuilles inférieures sont sessiles et qua- ternées ; les supérieures opposées sont médiocrement pédi- cellées et réfléchies; les terminales sont alternes, étalées, lan- céolées, acuminées, longues de 8 lignes, glabres, charnues, à 3 nervures peu sensibles. Les épis solitaires, terminaux, sont longs de 2 pouces, quelques-uns axillaires, géminés et plus courts; les pédoncules sont longs d’un demi-pouce, les fleurs serrées. Une écaille très-petite à chaque fleur ; deux filets très-courts terminés par des anthères globuleuses à 2 loges ; ovaire ovale, sans style ; stigmate velu. Cette plante croît sur les bords du fleuve des Amazones , dans les vallées humides. Poivrier lisse. Piper lœvigatiim (Kunth). Tiges s’élevant à la hauteur de 6 pieds et plus, munies de rameaux glabres, striés, et de feuilles longues d’un pied, ovales, allongées, ar- rondies à leur base, longuement acuminées, un peu coriaces, glabres, luisantes, à cinq nervures. Les pétioles longs d’un demi-pouce; les épis cylindriques presque longs de 3 pouces; les pédoncules longs de4à 5 lignes. Baies ovales, elliptiques, séparées, de la grosseur d’un grain de chenevis, portant le stigmate persistant ombiliqué, à 4 lobes. Cette plante croit sur les bords du fleuve de la Madeleine, près Saint-Barlholomé et la montagne Barbacoa. POLYPODE A FEUILLES DE PILOSELLE, Polypo- diuni piloselloïdes (L.), famille des Polypodiées. Les racines sont velues, grêles, rampantes, assez ordinairement chargées de petites mousses ; elles se divisent en rejets longs et nom- breux qui couvrentune grande étendue de terrain; les feuil- les sont simples, les unes stériles, les autres fertiles. Les pre- mières sont ovales, longues d’environ un pouce, quelquefois un peu lancéolées, vertes, épaisses, couvertes de poils courts 38 PRO et roussâtres; les autres plus e'troites,plus allonge'es, lancéo- lées, approchant de celles des saules, rétrécies à leurs deux extrémités, garnies en dessous de globules solitaires de la grosseur de petites lentilles, très-rapprochés, disposés lon- gitudinalement sur deux rangs, velus et roussâtres. Cette plante croît à Saint-Domingue et à la Martinique, dans les forêts humides, au pied des arbres et sur les ro- chers parmi les mousses. PoLYPODE A FEUILLES EPAISSES , Poljpodiiim crassifolîum (Lin.). Cette fougère a des racines très-grosses , tortueuses, inégales, écailleuses, chargées de mamelonstuberculeux,d’où s’élèvent plusieurs feuilles épaisses , membraneuses, lisses, d’un vert tendre, lancéolées, entières, longues d’environ 3 pieds, sur 4^5 pouces de large, rétrécies à leurs deux extré- mités, à peine pétiolées, épaisses à leur hase, traversées lon- gitudinalement par une grosse nervure noirâtre ou brune qui se divise en d’autres plus fines, simples, latérales, pa- rallèles, et entre lesquelles sont placés une suite de globu- les en lignes droites, latérales, à un seul rang entre deux ner- vures, de couleur fauve, et de la grosseur d’une petite lentille. Cette plante se trouve dans les forets de l’ile Saint-Do- mingue. PROTÉE COURONNÉ, Protea coronata (Lam.), famille des Protéacées. Arbrisseau qui s’élève à 6 ou 8 pieds, dont le tronc est droit, divisé en rameaux velus, cendrés , garnis de feuilles éparses, sessiles, étroites, lancéolées, un peu ai- gués, presque glabres, la plupart lanugineuses à leur base, à nervures fines , latérales et rameuses, longues d’environ 6 pouces, larges d’un demi-pouce, quelquefois tachetées de noir, particulièrement à leur sommet. Les fleurs sont réunies en une tête ovale, presque de la grosseur du poing, munies d’écailles imbriquées de formes très-différentes; les extérieures linéaires ou lancéolées, acu- minées, élargies à leur base, velues, se confondant presque avec les feuilles ; les intermédiaires, très-étroites, fortement élargies en spatule à leur sommet, très-velues aux bords de la spatule; les intérieures quelquefois confondues avec les PRO 39 intermédiaires sont concaves, allongées, très-glabres; les di- visions de la fleur sont velues et filiformes; les semences sont surmontées d’une aigrette roussâtre. Cette plante croit sur la montagne de la Table, au cap de Bonne-Espérance. PROTONÈME (Turpin), origine du tissu fibreux des vé- gétaux (voir Protosphérie). PROTOSPHÉRIE (Turpin, Mémoires du Muséum, t. 16). Dans le sein des eaux pures et tranquilles, douces ou salées , naturelles ou distillées, exposées à l’action de l’air et de la lu- mière, ou presque privées de ces deux agents, se développent deux productions végétales, microscopiques et des plus sim- ples possibles. L’une de ces productions consiste en des individus glo- buleux, muqueux, peut-être vésiculaires, blancs, diaphanes, sans granulation propagatrice visible, du diamètre d’environ i/5oo de millimètre. L’autre se compose de longs filaments également muqueux, peut-être tubulaires, blancs, diaphanes, sans cloisons, sans granulations propagatrices visibles, et tellement ténus qu’on nepeuten comparerlediamètre qu’au pédicule des vorticelles. Ces deux productions sont complètement inertes; elles pa- raissent à Turpin le premier essai dans l’organisation de la matière, et probablement les seules productions qui, dans la nature, soient spontanées, l’une n’étant que la substance mu- queuse organisée sous la forme globuleuse, et la second^ probablement la première allongée. Turpin donne à la première de ces organisations le nom de Protosphérie simple, et à la seconde le nom de Protonèinr simple. Ces deux genres de végétaux, premier degré visible du règne organique, forment des individus élémentaires tout à fait analogues à ceux qui composent par agglomération les tissus cellulaires, les tissus fibreux et les tissus membraneux des végétaux et des animaux. Une masse d’individus vésicu- laires de protosphéries représente les éléments épars d’un tissu cellulaire végétal ou animal. En soudant par approche 4o SAN tous ces individus, on forme réellement le tissu cellulaire, preuve que les nombreuses modifications présentées par les êtres organisés, n’ont jamais lieu qu’au moyen de sur-ajou- tement de parties. Si dans le tissu cellulaire, les vésicules apparaissent sous forme polyédrique , cette forme ne doit être attribuée qu’à la compression qu’exercent les unes sur les autres les vésicules associées. Les Protosphéries diffèrent des Globulines (voir ce mot, même vol.), en ce que celles-ci, plus volumineuses ordinaire- ment, présentent déjà dans leur intérieur les globulins repro- ducteurs. RAMONTCHI DES HAIES, Flacourtia sepiaria ( Rox- burgb) , famille des Flacourtiées. Buisson irrégulièrement rameux; écorce lisse d’un brun ferrugineux, branches va- gues ou diffuses. Épines axillaires ’très-nombreuses, solitai- res, fortes, subulées au sommet, presque horizontales, sou- vent feuillues et florifères ; rarnules courts, feuillus, tantôt garnis, tantôt dépourvus d’épines. Feuilles lancéolées, ou lancéolées-oblongues, pointues, dentelées, subsessiles , longues de 4 à 12 lignes, lisses, d’un vert agréable; celles des jeunes pousses éparses: celles des vieux rarnules subfasciculées; pédicelles filiformes ordinai- rement plus courts que les feuilles; fleurs petites, les fe- melles à 3 ou 4 styles, jaunâtres; sépales lancéolés, oblongs, sub-obtus, cotonneux en dehors; étamines plus longues que le calice ; baie globuleuse, brunâtre, du volume d’un gros pois, 4 à 6 graines. Cet arbrisseau est indigène du Bengale, où ses fruits esti- més des naturels, se vendent dans les marchés. Ses fortes et nombreuses épines le font employer pour former des haies. SANGUISORBE MOYENNE, Sanguisorba media (Lin.), famille des Rosacées. Cette espèce est ainsi nommée parce qu’elle tient le milieu, pour la longueur de ses épis, entre la Sanguisorbe officinalis et la Sanguisorbe canadensis. Tiges glabres, droites, très-lisses, cylindriques, point an- guleuses, légèrement striées, longues d’environ 2 pieds, ra- meuses; les feuilles alternes, pétiolées, ailées avec impaire, SOL 4i composées de 9 à i5 folioles ovales, lancéolées, obtuses, gla- bres à leurs 2 faces, vertes en dessus, plus pâles et un peu blan- châtres en dessous , crénelées, ou profondément dentées en scie à leur contour, pédiculées, opposées; pédoncules simples, droits, allongés, terminaux, striés, supportant un épi cylindrique, obtus, rougeâtre, long d’environ 1 pouce, fleurs sessiles très-serrées, dont le calice se partage en 4 dé- coupures légèrement ciliées à leurs bords, ovales, presque obtuses. Les étamines sont au moins une fois aussi longues que la corolle, munies d’anthères, petites, globuleuses. Cette plante se trouve au Canada. SARCOLÈNE A FLEURS NOMRREUSES, Sarcolœna multiflora (Petit-Thouars , Histoire des végétaux de l’Afri- que australe), famille des Chlénacées. Feuilles oblongues, ou oblongues-lancéolées, pointues, glabres en dessous excepté aux nervures ; cimes trichotomes, multiflores, termi- nales ; fleurs nombreuses, petites; involucre fructifère, sub- globuleux, trilobé, hérissé en dedans , verdiâtre, de la gros- seur d’une cerise. Cette espèce se trouve à Madagascar; c’est un petit arbre élégant, à rameaux réclinés, à feuilles longues de 4 ^ ^ pouces. SOLANDRE, genre de la famille des Solanées. Calice tubu- leux, tri-ou quadri-fide, persistant; corolle infundibuliforme, ventrue, plissée, à 5 lobes ondulés ; 5 étamines ascendantes, insérées au tube de la corolle ; anthères versatiles, longitudi- nalement déhiscentes; ovaire biloculaire au sommet,quadri- loculaire inférieurement; style filiforme, stigmate capitellé; baie quadriloculaire, pulpeuse , polysperme, entourée du calice fendu d’un côté; graines réniformes ; embryon arqué. Arbrisseau sarmenteux ; feuilles rapprochées à l’extrémité des ramules, alternes, très-entières, charnues ; fleurs termi- nales, solitaires, très-grandes. SoLANDRE A GRANDES FLEURS, Solaudru graudiflora (Swartz). Tiges radicantes, grimpantes, longues de 3o à 4o pieds; feuilles grandes , ovales-oblongues , acuminées ; corolle d’un jaune lavé de vert, de blanc et de pourpre ; tube 42 STE long de près d’un pied; filets beaucoup plus courts que le style; baie ovale-conique, acumi née, lisse , remplie d’une pulpe rougeâtre. Cette espèce, indigène des Antilles, se cultive dans les serres comme plante d’ornement. SPIRÉE A FEUILLES ARGENTÉES, Spirœa argentea (L.), famille des Rosacées. Tiges ligneuses divise'es en ra- meaux droits, striés, qui en produisent d’autres beaucoup plus courts; feuilles alternes, pétiolées, lancéolées, rétrécies en coin à leur base, dentées en scie à leur sommet, couvertes sur leurs deux faces d’un duvet blanchâtre et soyeux. Fleurs réunies à l’extrémité des rameaux en panicules al- longées, composées de grappes nombreuses; corolle petite à 5 pétales ; elle renferme cinq ovaires velus et un très-grand nombre d’étamines. Cette plante se trouve à la Nouvelle-Grenade. STERCÜLIER-CHIGHA, Sterculia cliicha , famille des Sterculiacées. Arbre haut de lo à i4 mètres, tronc droit, écorce grise, presque lisse; rameaux glabres, feuillés aux ex- trémités; feuilles cordiformes, arrondies, profondément tri- lobées, glabres en dessus, cotonneuses en dessous ; lobes ova- les, arrondis, inégaux; les feuilles sont longues de 5 à lo pouces, larges de 9 à 18 pouces, ferrugineuses en dessous, à 3 nervures veinées; le pétiole est long de 4 à 7 pouces ; pani- cules terminales, tbyrsifornies, veloutées, décomposées, lon- gues de 5 à 8 pouces ; axe, pédoncules , pédicelles et calice couverts d’un duvet ferrugineux disposé en étoiles. Fleurs rapprochées, campanulées, de couleur jaune mêlée de rougeâtre, d’un demi-pouce de diamètre; lanières calici- nales, ovales, pointues; 12 à i5 étamines sub-sessiles ; gy- nophore plus court que le calice. Follicule (solitaire par avortement) ovoïde, un peu com- primé, gommeux, du volume de la tête d’un enfant ; graines elliptiques, obtuses, de la grosseur d’un œuf de pigeon. Cet arbre croît au Brésil, dans la province de Goyaz. Les habitants du pays où croît le cliicha, dit Auguste de Saint- Hilaire {Plantes usuelles du Brésil), en mangent les semences qui SYM 43 sont d’un goût agréable. C’est un de ces nombreux végétaux qui, sans culture, fournissent aux Brésiliens des fruits co- mestibles, et il est fort vraisemblable qu’avec quelques soins, ces fruits deviendraient encore meilleurs. STYLIDIE A FEUILLES DE MÉLÈSE, Styiîdium larici- /o/mm (Rich.); Styl. tenuifoUum (Brown), famille des Styli- diées. Tige suffrutescente, couverte d’un léger duvet ; feuil- les étroites, linéaires, sessiles, rapprochées, aiguës, presque glabres ; fleurs formant une grappe pubescente, glanduleuse, presque paniculée, nutantes avant la floraison. Calice tubu- leux à cinq dents lancéolées, couvertes de poils glanduleux. Corolle monopétale, tubuleuse, filiforme, à gorge blanche et nue, à limbe hlanc, à divisions violettes. Appendice en formede lèvre à 3 divisions brunes dont la moyenne est la plus grande; colonne staminifère longue, terminée par 4 an- thères au centre desquelles paraît le stigmate. Capsule oblon- gue, biloculaife. Cette plante croît à la Nouvelle-Hollande, au port Jackson . SYMPHORINE A GRAPPES , Symphoria mcemosa (Pursch). Symphon-carpos leuco-carpa. (Desfont. Hort. P.), famille des Caprifoliées. Arbuste haut de 2 à 5 pieds, très- rameux , touffu; tiges dressées; rameaux sub-verticaux; jeunes pousses grêles, effilées, dressées, glabres, cylindri- ques, en général paniculées vers leur sommet, atteignant jusqu’à 3 pieds de long; ramules simples, florifères seule- ment au sommet ; feuilles ovales, pointues ou obtuses, très- glabres, non persistantes, fermes, lisses, d’un vert glauque en dessus, très-glauques en dessous; celles des rameaux longues de 2 à 3 pouces, larges de i5 à 3o lignes: celles des ramules longues de 6 à i5 lignes: pétiole canaliculé en dessus, long de i ligne à 4- Inflorescence extrêmement variable ; fleurs tantôt glomé- rulées, tantôt en grappes soit lâches, soit denses, souvent unilatérales, quelquefois garnies de bractées foliacées; pé- doncules axillaires de i à 3 fleurs, à peu près aussi longs que les pétioles; limbe calicinal très-court à dents triangulaires, pointues, dressées, presque égales; corolle d’un rose plus ou 44 tes moins vif à l’extérieur, blanchâtre à l’intérieur; à la gorge des poils blancs ; lobes ovales, elliptiques , un peu plus courts que le tube; filets glabres, très-courts, à peine sail- lants hors du tube de la corolle; anthères oblongues, ob- tuses, bifides à la base, plus longues que les filets; style plus court que le tube de la corolle. Baies du volume d’un gros pois, luisantes, d’un blanc de lait tant à l’extérieur qu’à l’intérieur, les terminales tantôt glomérulées, tantôt disposées en grappes, les axillaires en général solitaires ; graines longues de i ligne à 2, jaunâtres, elliptiques. Cette espèce est originaire du Canada. Elle fleurit du mois de juin à l’automne ; les fruits, dont ses rameaux se couvrent dès le mois de juillet, persistent jusqu’à la fin de l’hiver. TERNSTROME A FEUILLES ELLIPTIQUES, Tern- stromia e//ipfica (Vahl) , famille des Ternstromiées. Arbre à rameaux simples, glabres, roides. Ces rameaux sont chargés de feuilles alternes, très-glabres à leurs deux faces, très-en- tières, point échancrées, lancéolées, elliptiques, à peine ai- guës à leur sommet, rétrécies en un pétiole court à leur base; les fleurs sont solitaires, latérales, axillaires; les pédoncules -simples, uniflores, plus courts que les feuilles. Le calice à 5 ou 6 divisions, est roide, presque cartilagi- neux. Il existe deux petites écailles concaves, aiguës à la base du calice. La corolle blanche, d’abord globuleuse avant son entier développement, puis campanulée, offre 5 à 6 dé- coupures profondes. Le fruit est une baie sèche, capsulaire, à une seule valve, à 2 loges , contenant environ 8 semences convexes d’un côté, planes de l’autre, d’un rouge sanguin, soyeuses. Cet arbre croît dans l’Amérique Méridionale. TESSARTHONIE EN CHAPELET, Tessarthonia monili- formis (Turp.), végétal microscopique composé de 4 globules vésiculaires soudés bout à bout pour former l’individualité composée de cet être, dont la longueur est de i/5o de milli- mètre. Le diamètre d’un globule est de 1/200 de millimètre. Mode de propagation inconnu. VAÜ 45 Il habite dans les eaux douces et pures parmi les conferves. TINÉLIER A FEUILLES CORIACES, Jrdîsia coriacea (Swartz), famille des Ardisiacëes. Arbrisseau dont toutes les parties sont glabres, à feuilles ob-ovales, très-entières , co- riaces, obtuses, se rétrécissant à leur base en pétiole. Ces feuilles sont longues de 4 à 5 pouces, larges de i à 2, réflé- chies sur leur bord, ponctuées, à nervures peu distinctes. Les fleurs sont en panicule terminale pyramidale, un peu plus longue que les feuilles, avec des pédicelles alternes de la longueur des fleurs. Les lobes du calice sont ovales, un peu ciliés; la corolle est à 5 lobes lancéolés, obtus, réfléchis, 4 fois plus longs que le calice. Les lobes de la corolle sont 4 ou 5 fois plus longs que le tube. Les étamines sont droites, plus courtes que la corolle. Les filaments, élargis à leur base, sont insérés au tube de la corolle. Les anthères sont ovoïdes, et 4 à 5 fois plus courtes que le tube. Cette plante croît aux Antilles, à Porto-Ricco, Saint- Thomas. VAUCHERIE A HAMEÇON, Vaucheria hamata (De Cand.); Ectosperma hamata (Vaucher). Les pédoncules qui soutiennent les graines sont fort allongés ; ils portent à leur extrémité deux petits filets; l’un recourbé et qui sert d’an- thère , l’autre plus court et plus droit qui porte la graine ; ces graines, fort nombreuses, sont d’un vert foncé, un peu plus aplaties et beaucoup plus petites que celles de la vaucherie ovoïde. Cette conferve répand ses graines au commencement du printemps; elle se rencontre fréquemment dans les en- virons de Genève. Vaucher l’a reconnue deux années de suite dans les fossés du marais de Bossey où elle se multi- plie. Elle forme au fond de l’eau des tapis d’un vert jaune. Vaucherie en gazon, Vaucheria cespitosa{De Cand.); Ec- tosperma cespitosa (Vaucher).Elle se distingue par ses graines terminales, deux à deux, séparées par une corne qui fait les fonctions d’étamines. Ses filets sont courts, très-nombreux, et forment un gazon d’un vert noir. On la rencontre fré- quemment auprès des fontaines et des eaux pures, dans les sources du pied du Jura, et surtout dans celle de la Versoix. -46 VIP Quand elle commence à gfermer en été, les filets prennent une couleur blanchâtre et se décomposent. Vaucherie a bouquets V aucherîa racemosa (De Cand.); Eclosperma racemosa (Vaucher). Cette espèce, une des plus communes, est chargée de petits bouquets que l’on peut apercevoir à l’œil simple, et qui, au microscope, sont formés d’un pédoncule commun subdivisé en pédicules qui portent chacun à leur sommet un corps sphérique, plus petit de moitié que les graines des autres espèces. Au milieu de ce bouquet est la corne, prolongement du pédoncule, et qui semble remplir l’office d’anthère. Le nombre des graines est ordinairement de 4? mais il varie de 5 à 7. On remarque sur cette espèce un grand nombre de gros grains qui sont l’ha- bitation du Cyclops lunula. On la rencontre prés de Genève dans tous les fossés, principalement au printemps. Vaucherie aquatique, Vaucheria marina (Agardh). Fila- ments droits, rameux, très-ténus. Graines latérales, soute- nues par un très-court pédicelle, ovales, ou un peu allongées en massue. Cette vaucherie forme au fond de la mer, sur les limites du reflux, un gazon attaché aux rochers. On l’a ob- servée près de Féroé. VIOLETTE A FEUILLES DIGITÉES, Viola pedaia (Lin.), famille des Violacées. Plante herbacée, basse, acaule, à racines fibreuses; feuilles radicales longuement pétiolées, larges, ouvertes en éventail, divisées jusqu’à leur base en 5 à 7 découpures inégales, linéaires, lancéolées, étroites, rétré- cies à leur base, à peine aiguës à leur sommet, entières, quel- ques-unes munies de 2 ou 3 dents à leur partie supérieure. Du collet des racines partent des pédoncules droits, simples, allongés, terminés par une seule fleur assez semblable à la Pensée. Les divisions du calice sont linéaires, aigues. Cette plante croît sur les montagnes en Amérique, de- puis la Nouvelle-xângleterre jusqu’en Caroline. VIPÉRINE LIGNEUSE, Echmm fruticosum (Lin.), fa- mille des Borraginées. Arbuste à tiges droites, cylindriques, presque glabres, de couleur brune , se divisant en rameaux épars, allongés, un peu rudes, pubescents; feuilles nom- WEI 47 breuses, éparses, sessiles, lancéolées, très-fauves, épaisses, sans nervures apparentes, rétrécies à leur base, velues à leurs deux faces; celles des rameaux longues de i à 2 pou- ces, larges de 6 lignes, plus ou moins aiguës à leur sommet, rudes, entières à leurs bords, les plus jeunes et les supérieu- res blanchâtres, douces au toucher, presque soyeuses , plus courtes, ovales, aiguës, presque acuminées. Fleurs de couleur purpurine, presque solitaires dans l’ais- selle des feuilles supérieures, à peine pédoncuîées, formant par leur ensemble des épis droits, feuillés; le calice est pu- bescent, cendré, partagé en 5 découpures, roides, lancéolées, aiguës; la corolle une fois plus longue que le calice a le tube court. Son lobe est campaniforme à 5 lobes inégaux , courts, obtus; les étamines sont à peine de la longueur de la corolle; le style est saillant, droit, pileux; le stigmate simple, aigu. Cette plante croît au cap de Bonne-Espérance. WEINMANNE PüBESCENTE, Weînmannia pubescens (Kunth), famille des Gunoniacées. Rameaux arrondis, de couleur brune, couverts de poils; feuilles opposées, longues de 3 à 4 pouces, avec 4^6 paires de folioles opposées, terminées par impaire; ces folioles aiguës, dentées, sont couvertes sur- tout en dessous de duvet; la nervure médiane, proémi- nente en dessous, est tomenteuse. La foliole terminale est oblongue, aiguë à sa base, longue de 18 à 20 lignes; les fo- lioles latérales sont longues de 1 1 à 1 3 lignes, elliptiques, i né- gales et obtuses à la base, larges de 6 à 7 lignes; le pétiole commun est ailé dans toute sa longueur; seulement, à l’in- sertion des folioles, les ailes se resserrent; à l’origine des jDétioles communs sont deux stipules, un peu arrondies, en- tières, glabres en dedans, hérissées en dehors, longues de 2 lignes, caduques. Les ramules qui portent les fleurs naissent trois par trois à l’extrémité des rameaux ; longs de 5 à 6 lignes, couverts de duvet, ils sont garnis à leur extrémité de deux petites feuilles simples et d’autant de stipules; ils donnent nais- sance aux grappes florales, géminées, dressées, longues d’en- 48 . WEI viron 3 pouces. Le calice persistant est partagé en 4 divisions ovales; les capsules, de la grosseur d’un grain de chenevis , sont supportées par de courts pédicelles, rassemblés en fais- ceaux; elles sont surmontées des deux styles persistants, et munies à leur base du calice et d’un disque; elles sontbi- loculaires et contiennent le plus souvent, dans chaque loge, 4 graines petites, elliptiques, brunes, armées de longs poils. Cet arbrisseau croît sur le mont Avila, prés Caraccas, à une hauteur de 8oo toises. Il fleurit en janvier. FIN. BIOGRAPHIE DES PLUS CÉLÈBRES NATÈRAIISÎES. 6i 4 Corbeil, imp. de Crété, BIOGRAPHIE DES PLUS CÉLÈBRES NATURALISTES. ADAIVSON (Michel), Né à Aix (Bouches-du-Rhône), le 7 avril 1727; Mort à Paris, le 3 août 1806. Botaniste. Amené à Paris dès Fâge de trois ans, le jeune Adan- son y fut élevé et obtint, dans les concours de TUniver- sité, de brillans succès. Peut-être le Pline et FAristote, qui lui furent donnés en prix ,décidèrent-ils^sa vocation pour l’histoire naturelle. Il s’y livra avec la plus grande ardeur, s’aLtachant particulièrement aux leçons de Réaumur et de Bernard de Jussieu. C’était l’époque où le système de Linné commençait à se propager. Adan- son , encore enfant, se préparait à la lutte qu’il devait soutenir contre les opinions du naturaliste suédois, et, dès Fàge de quatorze ans , il avait esquissé sur d’autres bases quatre nouveaux systèmes de classification. A Fâge de vingt-un ans, il entreprit, à ses frais , un voyage au Sénégal , et y sacrifia la plus grande partie de son patrimoine ; il n’en revint qu’au bout de cinq ans, rapportant d’immenses collections, de nombreuses observations météorologiques, des plans détaillés et les vocabulaires de divers idiomes des peuplades nègres. BIOGRAPHIE 52 Aide des conseils et des secours de M. de Bombarde, riche amateur des sciences, il fit paraître, en lySy, son Histoire naturelle du Sénégal (i vol. in-4® avec une carte). Cet ouvrage im.portant , un remarquable mé- moire sur le Baohad , géant végétal dont il fit con- naître l’accroissement progressif et qu ’il rangea parmi les Malvacées, un autre travail sur les arbres gui produisent la gomme dite d’Arabie (mémoires de l’Académie) , méri- tèrent à Adanson, en i 769, le titre de membre de l’Aca- démie des sciences. Cet honneur ne fit que redoubler son incroyable activité. Bientôt on vit paraître sa mé- thode nouvelle pour apprendre à connaître les familles des plantes (i 768, 2 vol. in-8® avec fig.)> ouvrage dans le- quel l’auteur cherchait à faire prédominer la méthode naturelle, et où l’on trouve le cachet d’une vaste science et même du génie , mais qu’une nomenclature barbare empêcha peut-être de contre-balancer les succès du système linnéen. Pour Adanson, tous ces travaux n’é- taient encore que des essais par lesquels il préludait à une vaste encyclopédie, dont le plan, soumis à l’Acadé- mie, parut chimérique , parce que l’auteur, pour l’exé- cuter, manqua des secours qu’il avait d’abord espérés du gouvernement ; mais l’immense quantité de ma- nuscrits qu’il a laissés prouve bien que c’était une idée sérieuse. Dévoué à son pays, philosophe pratique , il refusa les offres brillantes qui lui furent faites successivement par l’empereur d’Autriche , par Catherine II et par le roi d’Espagne, de venir se fixer dans leurs États. La révo- lution vint troubler la condition modeste où il se plai- sait, et il tomba dans le dénûment le plus complet. Lors de la création de l’Institut, il lui fut accordé une pen- sion d’autant plus nécessaire, que sa santé, usée par le DES PLUS CÉLÈBRES NATURALISTES. 53 travail et par son long séjour dans les contrées mal- saines du Sénégal, s’altérait sensiblement. Bientôt plongé dans un état de langueur, forcé de garder le lit , mais conservant toujours son activité intellectuelle, il succomba en 1806. L’année suivante, Georges Cuvier prononça son éloge académique. A l’époque où avait paru le mémoire sur le Baobad, Bernard de Jussieu avait voulu donner le nom d’Adan- sona à ce genre de végétal. Mais Adanson, qui, au con- traire de Linné, tenait à conserver avant tout les noms de pays, repoussa cet honneur. Outre les ouvrages déjà cités, on a de lui différens mé- moires sur les plantes hybrides ; sur Les TrémelleSj dont il indi- que les mouvements spontanés; sur les tarets; sur la torpille^ et le gymnote électrique ; sur la Tourmaline, chez laquelle il signala la propriété de double réfraction; sur les ravages de t hiver de 1766. Il composa en outre, pour le supplément de l’Encyclopédie, des articles remarquables par l’érudition , curieux par l’idée qu’ils donnent de sa méthode. AGRIGOLA ( George ) , proprement BAU£R , Né à Glauchen en Misnie (Saxe) en 1494 ; Mort en 1555 à Ghemnitz. Médecin, minéralogiste. 4 Il abandonna la pratique de la médecine pour se li- vrer uniquement à l’étude des métaux. C’est dans ce but qu’il vint se fixer à Chemnitz, près des mines qui ap- partenaient aux électeurs de Saxe, s’enquérant auprès des ouvriers de tous les procédés métallurgiques et vivant familièrement avec eux. Aussi rencontre- t-on dans ses ouvrages des connaissances pratiques fort étendues, mêlées de quelques superstitions populaires BIOGRAPHIE 54 sur les esprits follets. Il n avait, du reste, négligé ni les naturalistes anciens, ni les livres des alchimistes. Son principal ouvrage est intitulé : De Re metallîcâ, en i^liv. Bâle, i546, i556, i558 eti56i, in-fol., fig. Éditions également estimées. De plus : de Anîmajitibus subterraneîs, en 5 liv., joint aux dernières éditions. De orlu et causis subterraneor. en 5 liv. De nalurâ eorum quœ effluunt ex terrâ, en 4 liv. De naturel fossUium, en loliv., etc. Bâle, i546 et i558, in-fol. ALDROVANDE (Ulysse), Né en 1527 à Bologne ; Mort le 4 mai 1605. Professeur de philosophie^ Naturaliste. L’un des plus zélés naturalistes du xvf siècle. Il con- sacra sa vie et sa fortune tout entière aux recherches d’histoire naturelle, voyageant en différentes contrées de l’Europe, entretenant à ses frais des peintres et des graveurs. On ne sait si, comme la tradition le rapporte, il mourut aveugle à l’hôpital de Bologne , victime de sa noble passion pour la science , ou si le sénat de cette ville, à qui il laissa son cabinet et ses médailles, soutint sa vieillesse par quelque faible pension. On ne peut considérer ses livres, dit Cuvier, que comme une énorme compilation sans goût et sans génie , mais on doit encore consulter ses ouvrages pour quelques figures et quelques détails qui ne se trouvent pas ailleurs. Opéra onmîa. Bologne, i3 vol. in-fol. fig. Aldrovande n’a écrit que les cinq premiers volumes de cette collection : de 1699 à 1606. Ornitlwlogiai de insectis;de reliquis anmalibus exsanguibus. DES PLUS CÉLèfiRES NATURALISTES. 55 Les livres suivans, de i6i3 à 1668, furent compose's par diffe'rens auteurs, ses successeurs dans le professorat. De quadrupedibus, solîdiped., quadrupedum bisutc . hîstorîa. De qiiadruped. digitatîs viviparis et oviparis, Serpentum et draconum histor. Monstroram hist. Musœum meiaUicum. Dendrologiæ natur. 1. ii. ALPINI (Prosper), Né le 23 nov. 1553 à Marostica (État de Venise); Mort à Padoue le 7 janv. 1617. Médecin, professeur de botanique. En i58o, la république de Venise ayant envoyé en Égypte un consul , Prosper Alpini Ty suivit, et pendant les trois années qu’il y demeura , il observa avec beaucoup de sagacité tout ce qui avait rapport à l’histoire natu- relle, à la médecine et aux usages domestiques. Au bout de ce temps , il fut attaché comme médecin à la flotte d’Espagne par André Doria;puls il fut nommé professeur de botanique à l’université de Padoue. Il est le premier qui ait fait connaître en Europe le café. Il décrivit aussi l’arbrisseau qui produit le baume de la Mecque. Ceux de ses ouvrages qui se rapportent à l’his- toire naturelle sont : De plantis ÆgyptL Venise, 1592; Padoue, i64o. Deplantis exoticîs^Wh. ii. Venise, 1627, i629,in-4°, publié par les soins d’un de ses fils. Historia Ægyptî naturalis, Leyde, 1735. Medicina Ægyptiorum ; liber de balsamo. Leyde, 1745. 56 biographie ARISTOTE, Né à Stagyre, en Macédoine, 384 avant J. -G. ; Mort l’an 322. Philosophe , naturaliste. Il appartenait, par son père Nicomachus, à la famille des Asclëpiades, chez lesquels la profession de médecin était héréditaire. Aussi son père avait-il été médecin du roi Amyntas, père de Philippe, et lui-même fut destiné à cette carrière. Mais, ayant perdu ses parens à l’âge de dix-huit ans, il se rendit à Athènes pour suivre les le- çons de Platon , alors dans toute sa gloire. Il y séjourna vingt ans, et commença bientôt sa réputation. Plu- sieurs auteurs affirment , que vers la fin de sa vie , Platon marqua sa jalousie contre un disciple dont la renommée allait toujours croissant, et qui s’engageait dans une autre route que celle qu’il avait tracée. Les Athéniens ayant déclaré la guerre à Philippe, Aristote quitta leur ville et se retira chez Hermias, petit prince de Mysie, dont il épousa , après la mort de celui-ci, la sœur nommée Pythias. Vers l’an 343, il fut appelé par Philippe pour se char- ger de l’éducation d’Alexandre , alors âgé de treize ans. Ce choix fit honneur au philosophe qui l’avait mérité, et au prince qui avait su le distinguer. On ne peut dou- ter qu’il contribua à développer les grandes qualités d’Alexandre, et peut-être à l’encourager dans ses projets contre le roi de Perse, que la mort de son ami Hermias, massacré par un des lieutenans de Darius, lui avait rendu odieux. L’influence du maître sur son élève était telle , qu’un des premiers actes d’Alexandre, à son avènement au trône, fut de rétablir la ville de Stagyre , détruite par Philippe, souvenir que consacra une fête solen- DES PLUS célèbres NATURALISTES 67 iielle. On est incertain si Aristote quitta Alexandre lors de son expédition en Perse, ou s’il le suivit jusqu’en Égypte. Ce qui est certain , c’est qu’ Alexandre mit à sa disposition des sommes énormes pour faciliter ses étu- des en histoire naturelle. Aristote était revenu à Athènes; il établit son école au Lycée. C’est là qu’il se promenait entouré de ses disci- ples ; et ces promenades firent donner à sa secte le nom de péripatéticienne. Son immense réputation, la faveur dont il n’avait cessé de jouir auprès d’Alexandre, lui avaient suscité un grand nombre d’ennemis. Ceux-ci profitèrent des soulèvemens qu’amena la mort d’Alexandre , arrivée en 3^4 , pour faire éclater publi- quement leur haine. Elle se produisit sous la forme qui avait déjà servi à perdre Socrate. On l’accusa d’im- piété. Aristote n’avait point cet enthousiasme , qui poussa le fils de Sophronisque au martyre, il se réfugia à Chalcis en Eubée, où il fut suivi de la plupart de ses disciples , parmi lesquels son amitié avait distingué Théophraste. Il mourut l’année suivante. Son testa- ment, qu’a conservé Diogène Laerce, est un témoignage de la bonté de son cœur. Parens, amis, esclaves, tous ont des marques de son souvenir et de sa générosité. Nous n’avons à nous occuper ici ni de ses ouvrages de rhétorique, ni de ses traités de philosophie; on sait que ces derniers ouvrages, bientôt oubliés par les Grecs, re- mis quelque temps en honneur par les Romains, étudiés par les Arabes, devinrent, au moyen âge, articles de foi, comme des livres sacrés. Ramus paya de sa vie la té- mérité qu’il avait eue de les combattre. Peut-être faut-il attribuer ce succès incroyable aux formules éminem- ment affirmatives , sous lesquelles Aristote , le fonda- teur de l’analyse et de l’observation , résumait ses opi- BIOGRAPHIE 58 nions. Elles imposaient facilement à des hommes avides de croire. Les premiers chrétiens, plus éclairés et foi niés aux doctrines platoniciennes, avaient, au con- traire, reconnu dans Aristote l’esprit de doute et d’exa- men, et l’avaient condamné. Aristote mérite ici notre attention , comme créateur des études d’histoire natu- relle. Sa gloire, comme philosophe , a éclipsé celle-ci ; on parle beaucoup de sa Dialectique subtile, de son Ana- lyse des facultés et des sentimens humains; on méconnaît le naturaliste. Et cependant, qu’existait-il avant lui? des discussions obscures sur les principes des choses, quel- ques idées générales , cachées sous des formes mysti- ques ; mais rien qui ressemblât à l’observation scien- tifique. Alexandre fournit à Aristote des élémens immenses pour une étude de ce genre; mais l’eût-il fait, si son maître n’avait su lui faire comprendre l’illustra- tion que jettent sur un règne les découvertes scienti- fiques ? Aristote, comme il le dit lui-même, fut le premier qui, laissant de côté les études des causes , dont s’étaient préoccupés Démocrite et Empédocle, ses prédéces- seurs, dirigea son attention sur la forme et la structure des corps. Il ne commença point, comme on le faisait avant lui , par établir un système pour en appliquer d’une manière forcée les conséquences à toute chose; il étudia, avant tout , les objets séparément. C’est ainsi que d’abord il examine les parties du corps dans toutes les classes d’animaux, et décrit les diverses formes qu’elles présentent; après quoi il tire ses conclusions. Il disséqua un très-grand nombre d’animaux; est-ce par le même moyen qu’il acquit sur la structure du corps de l’homme des connaissances plus précises qu’on n’en avait avant lui? c’est probable. Mais les préjugés, qui DES PLUS CÉLÈBRES NATURALISTES. 69 de son temps faisaient regarder les cadavres humains comme inviolables, ne durent lui permettre cet exa- men que bien rarement, et à la dérobée; cependant, il établit quelques faits importans : la prédominance du volume du cerveau humain sur celui des autres ani- maux, et la distinction des nerfs encéphaliques , qu’il appelait les conduits de r encéphale: l’origine de tous les vaisseaux dans le cœur. Le premier , il fit des dessins anatomiques, auxquels il renvoyait dans ses ouvrages , mais dont aucun n’est parvenu jusqu’ànous. Le premier, il décrivit les quatre estomacs des ruminans, et expliqua le phénomène de la rumination. Ses travaux sur l’orga- nisation de l’éléphant concordent, d’une manière re- marquable, avec ceux de plusieurs naturalistes moder- nes. Il indiqua différentes variétés de mammifères, in- connues j usqu’à lui, et, entre autres, le cochon à un seul sabot, observé depuis par Linné. Il démontra l’absur- dité de beaucoup de fables répandues, tout en en admet- tant encore quelques-unes. Dans l’histoire naturelle des oiseaux, il rassemble une multitude de faits curieux , fixe les caractères qui distinguent les genres, et transmet sur le développement du poulet dans l’œuf des observations remarquables par leur exactitude. Il établit une classification des poissons , fondée sur ce que les uns ont le corps couvert d’écailles , et les au- tres ont une peau et de simples cartilages en place d’arè- tes. Il présente sur les branchies des notions fort avan- cées.Lesserpens, les tortues, les crabes, les insectes, ont également fixé son attention. Enfin, pénétrant jusqu’aux extrémités du règne ani- mal, il reconnaissait des êtres, animaux par rapport aux plantes , plantes par rapport aux animaux. Ses tra- 6o BIOGRAPHIE vaux sur la botanique ont disparu ; mais nous verrons plus loin Théophraste, son disciple chéri , portant dans 1 étude des plantes le même esprit d’investigation et d analyse qui distingue la Zoologie d’Aristote. Les ouvrages d’Aristote sur l’histoire naturelle, qui sont parvenus jusqu’à nous, sont : Ajiimalium historia. Il en existe une traduction latine pu- bliée par Scaliger, avec des notes, Toulouse, 1619, et une traduction française par Camus, 1783, 2 vol. in-4®. De anîmalium partibus. — De generatione et conceptione. On trouve aussi des détails curieux dans les Problèmes. (Voir 1 édition de toutes ses œuvres, par Becker, i835, 4 vol. in-4°.) AUDOUIN (Jean -Victor), Né à Paris, le 27 avril 1797 ; Mort le 9 nov. 1841. Médecin, entomologiste. Sa famille le destinait au barreau ; mais sa vocation le portait vers la zoologie ; aussi ne prit-il la carrière mé- dicale que comme un acheminement à son étude favo- rite, et il composa sa thèse sur V histoire naturelle et mé- dicale des cantharides. Cependant il s’était appliqué for- tement à l’anatomie humaine, et cette préparation fon- damentale aux études zoologiques lui fut d’une grande utilité dans les recherches comparatives qu’il fit sur l’organisation des annétides, des insectes et des crusta- cés. Ses travaux pleins d’aperçus neufs, et d’une obser- vation fine et sûre enméme temps, lui valurent l’hon- neur d’être appelé avant trente ans à la suppléance de Lamarck et de Latreille; enfin, en i833, il fut nommé professeur titulaire au muséum d’histoire naturelle. En i838, ses recherches sur les insectes nuisibles à l’agri- des plus célèbres naturalistes. 6i culture lui ouvrirent les portes de l’Académie des scien- ces. Il venait de parcourir le midi de la France en 1841 pour reconnaître les insectes qui attaquent l’olivier, lorsqu’il fut enlevé rapidement à la science qu’il cul- tivait avec tant d’ardeur, et dans laquelle son âge semblait lui promettre de nombreuses découvertes. On trouve plusieurs mémoires de lui dans les Mémoires de la Société d’histoire naturelle de Paris, tom. i; et dans les Annales des Sciences naturelles , tom. 2, tom. 3, tom. 9. BANKS (Joseph), chevalier baronnet. Né à Londres, le 13 décembre 1743 ; Mort le 19 mai 1820. Voyageur naturaliste. Né d’une famille riche, d’origine suédoise, il devint à 18 ans, par la mort de ses parens, maître d’une belle fortune. Mais il ne songeait à l’employer que dans les intérêts de sa passion favorite, l’étude de l’histoire na- turelle. Il méditait les ouvrages de Buffon et de Linné dont la gloire, à cette époque, remplissait toute l’Eu- rope; il formait une bibliothèque importante, et, surtout poussé vers la praticjue et le goût des collections, pas- sait une partie de ses journées à herboriser; chose si nouvelle alors, qu’un jour le jeune gentleman se vit ar- rêté comme vagabond et conduit bien garrotté devant le juge de paix du canton. En 1 768, il fit un voyage au- delà de l’Atlantique et alla visiter les plages, alors pres- que inconnues, du Labrador et de Terre-Neuve. Mais ce n’était pour lui qu’une espèce de noviciat aux longues entreprises qui déjà le préoccupaient; c’était l’épo- que des voyages de découvertes : il s’agissait aussi d’o])server le passage de Vénus sur le disque du soleil. BIOGRArHIE 62 passage qui avait eu lieu en 1761, et qui devait se re- nouveler en 1769. Bougainville allait partir avec Com- merson; Catherine II ordonnait les grands voyages ac- complis parPallas en Sibérie. L’amirauté anglaise don- nait à Cook le commandement de VEndeavour pour al- ler visiter les vastes archipels entrevus dans le Grand- Océan.Banks demanda à faire partie de cette expédition, et il dépensa une somme considérable en apprêts de toute espèce : achats d’instrumens de physique et d’as- tronomie, d’outils aratoires, de graines, d’animaux uti- les. Il emmenait, à ses frais, un secrétaire, deux dessi- nateurs et le docteur Solander, suédois, lié avec lui par une communauté de goûts et d’étude. Jj Endeavoiir mit à la voile le 26 août 1768. Le long de la route, chaque point où pouvaient aborder les deux amis était l’objet de leurs explorations, quand la sottise et l’ignorance ne s’y opposaient point,comme à Rio- Janeiro,où le vice-roi leur fit défense de mettre pied à terre. Nous ne le suivrons pas au milieu des périls, des émotions sans cesse re- naissantes, des mille incidens de cette Odyssée scien- tifique ; mais nous devons signaler l’influence, toute due à ses qualités morales, qu’il exerçait et sur les marins et sur les sauvages, son activité et son courage à toute épreuve, la facilité avec laquelle il savait se faire aimer et respecter de ceux qui l’entouraient. Ce fut dans cette expédition que Botany-Bay reçut son nom de la multi- tude de végétaux quelle avait fournis à notre illustre voyageur. Malheureusement, les magnifiques collections qu’il rapportait furent grandement endommagées lors- que le navire manqua de s’engloutir sur les bancs de corail. Au retour de l’expédition ( 1 2 juin 1771) Banks fut accueilli avec un enthousiasme général. Georges III voulut le voir, et reçut avec plaisir des échantillons de DES PLUS célèbres NATURALISTES. 63 graines rares et déplantés qui pouvaient être naturalisées en Europe. Cependantil était prêt l’année suivante, à sui- vre de nouveau Cook. On dit que la méfiance, peut-être même la jalousie de celui-ci, mit obstacle à tout arran- gement. Banks nolisa un vaisseau à ses frais, et entre- prit avec Solander un voyage, dans le nord de l’Europe. Dans ce dernier voyage, il fit connaître la grotte basalti- que de Staffa, et rassembla sur l’Islande fort mal connue alors des documens précieux. Revenu dans sa patrie, pourquoi n’a-t-il pas utilisé le fruit de ses immenses re- cherches , en publiant quelque ouvrage important au- quel sa fortune lui eût permis de donner tout le luxe de gravures désirable ? Ce point de son histoire n’a pas été suffisamment éclairci; ce qu’il y a de certain, c’est que ces richesses scientifiques ne furent point perdues. Sa générosité les mità la disposition des savans, ses contem- porains : — Gaertner put consulter son herbier en toute liberté; — Fabricius disposa de ses insectes; — Brous- sonnet reçut pour son ichthyologie des échantillons de poissons. Sa maison était le rendez-vous des naturalis- tes et des savans de toutes les nations. Il faisait aussi un nohle emploi de sa fortune et de son influence : deux fois les Irlandais, pressés par la famine reçurent de l’illustre voyageur des cargaisons de grains. Brousson- net dans son exil était soutenu par lui. Ses secours al- laient trouver Dolomieu jusque dans les cachots de Messine; il rachetait, pour M.deHumboldt, les caisses ravies par des corsaires ; il se faisait remettre les col- lections de la Billardière tombées au pouvoir des An- glais, et les lui renvoyait sans y avoir touché : au fort delà guerre, il envoyaità l’Institut la liste de ceux de ses compatriotes qui, prisonniers en France, pouvaient être recommandés par quelque titre scientifique, et l’Insti- BIOGRAPHIE 64 tut, répondant à sa demande, faisait les démarches pour leur élargissement. Banks fut nommé, en 1778, à la place du médecin Pringle qui venait de donner sa démission, président de la Société royale de Londres. Cette nomination lui suscita des attaques violentes, surtout de la part d’un théologien fougueux qui aspirait au fauteuil ; mais la société n’en continua pas moins à le réélire pendant trente-huit années consécutives. Georges III, qui ne cessa d’avoir pour lui une haute estime, le nomma son conseiller, mais Banks n’usa de cette position que pour diriger les affaires scientifiques, et négligea tout ce qui tenait à la politique. Il fut un des fondateurs de la société d’horticulture de Londres et du bureau d’agriculture, et un des membres les plus actifs de la société africaine: il a inséré plusieurs arti- cles dans les Transactions philosophiques, et a légué son immense bibliothèque au Musée britannique. BAUER. — • Voyez : Agricola. BAUHIN (Jean), Né à Bâle en 1541 ; Mort à Montbéliard en 1613. Médecin, botaniste. Fils aîné d’un médecin français distingué, qui, ayant adopté les principes de la réforme, avait été obligé de se réfugier à Bâle, il embrassa la carrière de son père. Quoique versé dans toutes les parties de la médecine, Jean Bauhin s’occupa spécialement de la botanique pour laquelle il avait montré sa voca- tion dès son plus jeune âge. Il fit de nombreux voyages dans les Alpes , l’Italie, la France, les Pyrénées; il étu- DES PLUS CÉLÈBRES NATURALISTES. 65 ciia SOUS les maîtres les plus célèbres , et particulière- ment sous Conrad Gessner. En 1 670, il fut choisi comme médecin par Ulrich, duc de Wirtemherg-Mont-Beliard, qui se plaisait lui-méme à rassembler dans ses jardins les plantes les plus rares. Cette position permit à Bau- hin de se livrer en paix à son étude favorite. Traicté des animaulx aians aîsles qui nuisent par leurs pi- queuresou morsures^ Montebéliart, petit in-8°. De plantis à divis sanctisque nomen habentibus, iSgi, in-S®, en commun avec son frère Gaspard. Ve plantis absintliii nomen habentibus , Montbéliart, iSgS et 1699, in-8°. De aquis medicalis nova metliodus , quatuor Libris com- preliensa, i6o5, 1607 et 1612, in-4°, ouvrage dans lequel il donne la description d’une source d’eau mine'rale re'cem- ment découverte, et où se trouvent les planches représentant un grand nombre de variétés de pommiers et de poiriers cultivées dans le pays. Hisioria universatis plantarum , Yverdun, i65i, 3 vol. in-fol., fig., publiée par Louis de Graffenried, baillifd’Yver- dun, qui fournit les frais de l’entreprise, et Chabrie, méde- cin à Yverdun. BAUHIN (Gaspard), frère puîné du précédent, Né à Bâle le 17 janvier 1550 ; Mort dans la nmême ville le 5 décenabre 1 624. Médecin, botaniste, anatomiste. Avant d’être reçu Docteur en médecine , il parcou- rut trois ans Tltalie suivant les leçons des plus grands maîtres surles diverses branches de la médecine; mais, comme son frère , attiré vers l’étude des végétaux ; il séjourna ensuite à Montpellier pendant un an. En 1 58o, il fut rappelé à Baie par son père, qui était sur le 61 5 BIOGRAPHIE 66 point de mourir , et il s’y fixa. En 1 588 , il obtenait les chaires de botanique et d’anatomie; en 1696, il succé- dait à Félix Plater, premier professeur de médecine, dont il occupa la chaire jusqu’à sa mort. Ce ne fut pas un génie inventeur, mais il montra une aptitude remarquable à coordonner les connaissances acquises, et il rendit un véritable service en cherchant à établir la concordance de tous les noms que les divers auteurs avaient donnés à la même plante, et en renfer- mant les caractères de chaque espèce dans une phrase très courte. Aussi les définitions de Gaspard Bauhin, tout imparfaites quelles étaient furent-elles généralement conservées jusqu’à la réforme de Linné. C’est dans son Phytopiriax qu’on trouve la première description de la pomme de terre, déjà cultivée en Ita- lie pour ses tubercules ; il fut le premier qui la rangea parmi les Solanées. Gasp. Bauhin est le premier aussi qui ait donné une description exacte de la valvule qui sépare l’intestin grêledes gros intestins; aussi a-t-elle reçu sonnom mal- gré les diatribes de Riolan . Il a écrit sur la botanique : PhytopinaXf Bâle, 1696; Prodromus theatii âotoaicî, Franc- fort, in-4'’- Pinax theatri botanici; Bâle, 1628, in-4°. Theatri botanici liber primus, i658, in-fol., publié après sa mort par son fils Jean Gaspard. Et sur l’anatomie : Inslitutiones anatomicœ; Bâle, i6o4, in-8°. Tlieatrum anatomîcum injinitis locis auctum; Francf. 1621, in-4°« De Hermaphrodîtoriim monstruosorumque partuumnaturâ, lih. Il, Oppenhein, i6i4, in-8®. DES PLUS CÉLÈBRES NATURALISTES. 67 SELON (Pierre), Né au hameau de la Souletière, dans le Maine, en 1518 ; Assassiné dans le bois de Boulogne en 1564. Médecin y naturaliste. Sorti d’une famille obscure, sans fortune, il sut se concilier de riches protecteurs. Réné du Bellay, évê- que du Mans, Guillaume Duprat, évêque de Clermont, le cardinal de Tournon et celui de Touraine. Leurs bienfaits lui permirent de faire de bonnes études , d’en- treprendre de longs voyages , et de publier les résultats de ses observations. Il parcourut successivement, et dans le seul but d’étudier les diverses productions de la nature , l’Allemagne , la Bohême , l’Italie , la Grèce , l’Égypte, la Palestine, l’Asie-Mineure. Revenu de ses longs voyages, et après avoir publié plusieurs ouvrages remarquables , il avait obtenu de Charles ix un loge- ment au petit Château de Madrid, et s’y occupait à tra- duire Dioscoride et Théophraste, lorsqu’une fin tragi- que vint terminer sa carrière à l’âge de quarante-cinq ans. La calomnie s’est attaquée à sa mémoire; on a voulu le représenter comme un plagiaire des manuscrits de Gilles d’Alby ; mais tout semble démentir cette accusa- tion accueillie par de Thou. On a (le lui : Histoire natur. des estranges poissons marins^ etc., Paris , i55i, in-4% fig* Observations de plusieurs singularités et choses mémorables trouvées en Grèce, etc., Paris, i553, in-4°, fig. La nature et la diversité des poissons, avec leurs pourtrails représentés au plus près du naturel, Paris, j555, fig. Traduction de son propre traité De aguatilibus, etc. Paris, i553, in-8°. Histoire de la nature des oiseaux, avec leurs descriptions et naïfs portraits. Paris, i555, fig. 68 BIOGRAPHIE De arborîbus conîferls^ resiniferis alüsque sempilernâ fronde virentibus, cum earumdem iconibus ad vivum expressis; item de mette cedrino^ cedriâ, agarico, resinis^ et iis quœ ex coniferis proficiscuntur, Paris, i553, in-4°, Portraits (f oiseaux, animaux, serpens, herbes, arbres, hom- mes et femmes d’Arabie et dÉgypte, etc., avec Ja carte du mont Athos et du mont Sinai. Paris, i557, in-4°. Les remontrances sur te défaut du tabour et cutture des ptantes et ta cognoissance d’icettes. Paris, i558, petit in-S^*. BLC7M£BÏBACH (Jean-FrédÉRIC), Né à Gotha, le 11 mai 1752 ; Mort en 1840. Médecin j naturaliste. Peut-être son goût pour les sciences naturelles lui fut-il inspiré par Texempiede son père, fort studieux de tout ce qui se rattachait à l’iiistoire de la nature. Il fit ses études àTuniversitédeGoettingue, et, après avoir ob- tenu iediplômedemaître en philosophie et dedocteuren médecine , il devint professeur de cette même univer- sité, et inspecteur du cabinet d’histoire naturelle. Les nombreux ouvrages qu’il a publiés en allemand, en anglais et en latin, ont répandu son nom dans toute PEurope et l’ont placé au premier rang des savans d’Allemagne. L’Anatomie, la Physiologie comparées, l’Histoire naturelle, la Aiédecine, la Littérature médicale l’ont tour à tour occupé; et, dans toutes ces parties, il a porté un esprit observateur, un style précis, la con- naissance approfondie des auteurs des siècles passés, et de ceux de son temps. Ses principaux ouvrages sur l’histoire naturelle sont : Dissertatio de generis humani varietate nativâ, Gœttingue, 1775, in-4% 1795, in-8°. DES PLUS CÉLÈBRES NATURALISTES. 69 Manuel d’histoire naturelle (en allemand), 2 vol. 1779, 1790. Cet ouvrage classique a eu le plus grand succès; c’est là que l’auteur divise le genre humain en cinq races ( cauca- sienne^ mongole, éthyopîenne , malaie, américaine). Après avoir exposé les caractères de chacune d’elles, il termine en présentant le portrait d’un homme célèbre de chaque race. Cet ouvrage a été traduit en français par Artaud, Metz, i8o3. Specimen physiologîæ comparatœ inter anîmantîa calidi et frigidi sangiiinis, 1787, in-4°. Nuperœ observationes de nîsii formativo et generationis ne- gotio, 1787. Décades collectionîs suœ cranionim diversarum gentium îl- lustratœ, 8 cah., 1790 à 1800. Il avait étudié comparativement les crânes des diverses races humaines, et y avait trouvé des caractères distinctifs qu’il présenta avec beaucoup de soin, et de la manière la plus propre à frapper tous les yeux. BOCK (Jérôme), en français lE BOUCQ, et en grécisant son nom, selon l’habitude de son siècle, TRAGUS, Né à Heidesbach en 1498 ; Mort à Hornbach, en 1554, Médecin, pasteur de l’Église réformée, botaniste. Un des hommes qui ont le plus contribué, en Alle- magne,à constituer la botanique comme science, en la sortant de la routine et de la tradition pour la ramener à l’observation de la nature. Il parcourut l’Allemagne dans tous les sens, faisant des collections déplantés, surtout de celles qui étaient de l’usage le plus général , tandis que ses prédécesseurs s’attachaient de préfé- rence aux végétaux les plus rares et les plus singuliers. Dans son exposition, il rejeta l’ordre] alphabétique. BIOGRAPHIE 70 employé jusqu’alors, pour essayer une classification d’après les affinités. Cette classification était bien im- parfaite, mais elle indiquait la marche à suivre. Il com- mença par l’ortie, pour deux motifs : i® Pour se moquer des apothicaires, qui dédaignaient les plantes commu- nes; 2® parce que sa famille avait pour armes une feuille d’ortie. Les figures des plantes qu’il avait recueillies fu- rent faites avec plus de soin qu’on n’en mettait géné- ralement alors. Seulement aux figures des arbres sont jointes des figures d’hommes et d’animaux, qui rappel- lent quelque trait d’histoire. Par exemple : au pied du mûrier sont Pyrame et Thisbé; auprès de la vigne Noé et ses trois fils, etc. Son livre, d’abord publié en alle- mand, fut ensuite traduit en latin. Hieronymi Tragi, de stirpium , maxime earum quœ in Ger- maniâ nostrâ nascuntur, libri très in iatinam linguam conversî, interprète David Kyber argejiiinensL — Strasb. i552, in-40, fig. Plumier a consacré à sa mémoire, sous le nom deTragia, un genre d’ Euphorbes dont les espèces ressemblent aux Orties par le port et par leurs poils piquans. BONAMI CFrançois), Né à Nantes en 1710 ; Mort dans la même ville en 1786. Médecin, recteur de l’université de Nantes. Botaniste* Ce savant modeste mérite d’être mentionné à côté des plus célèbres , pour le zèle constant et le désinté- ressement avec lequel il travailla à répandre parmi ses concitoyens l’étude de la botanique. Pendant cinquante ans, il fit des cours gratuits à Nantes; un jardin de bota- DES PLUS CÉLÈBRES NATURALISTES. 7I nique avait été promis à cette ville; mais les fonds man- quaient pour Fexécution. Bonami en entretint un à ses dépens. H fut aussi Tun des fondateurs de la société d’agriculture de Bretagne , la première qui ait existé en France. On a de lui un ouvrage intitulé: Florœ Nannetensis prodromus^ 1782, in-12. Nantes. Trois ans après il y ajouta un supplément. Cet ouvrage peu étendu fait connaître les végétaux d’une partie de la Bretagne, et indique 60 espèces qui n’avaient pas encore été rencontrées en France. Bonami fut aidé dans ses recherches par le frère Louis, capucin de Nantes. BONNET (Charles), Né à Genève, le 13 mars 1720 ; Mort dans la même ville, le 20 mai 1793. Philosophe j naturaliste. Né au sein de la richesse , libre des soucis d’une profession , Bonnet consacra sa vie à fétude de fhis- toire naturelle et aux méditations philosophiques et religieuses qu’inspire la contemplation de la nature, vue dans son ensemble et dans sa majesté. Jamais il ne voyagea, et les divers traités qu’il a com- posés se font plutôt remarquer par l’esprit de générali- sation , par l’habileté des déductions, par l’observation philosophique, que par les recherches pratiques. Ce- pendant, telle n’était point la première direction que Bonnet avait donnée à ses travaux; dans sa jeunesse, il s’était beaucoup appliqué à l’usage du microscope ; et ses mémoires sur la fécondation des pucerons, sur la reproduction de quelques animaux inférieurs par inci- BIOGRAPHIE 7a sion, sur la physique végétale , prouvent qu’il eût pu être, non moins renommé comme habile et conscien- cieux observateur ; mais sa vue s’étant considérable- ment affaiblie , l’activité de son esprit le poussa vers la philosophie générale. Quoique ses habitudes d’analyse l’aient rapproché, sous certains rapports, de l’école sen- sualiste, Bonnet fut très-religieux, et il repoussa bien loin tout soupçon de matérialisme ou de fatalisme. Ceux de ses ouvrages qui se rapportent à l’histoire natu- relle sont : Traité d'inseclologie^ Paris, 1745, in-8°. Recherches sur Ihisage des feuilles dans les niantes, etc., Gottingue, 1754, in-4°- Considérations sur les corps organisés, Amst., 1762 , 2 vol. in- 18. Contemplation de la nature, 176401 1765,2 vol. in-8°. Il fournit en outre plusieurs mémoires aux Transactions philosophiques et au Recueil des savans étrangers de l’Aca- démie des sciences. On trouve dans ce dernier recueil : 1° Expériences sur la végétation des plantes dans d’autres matières que la terre ( tom. I, 1760); 2® dissertation sur le ver tœnia (I6ic/.); 3^^ sur une nouvelle partie commune à plu- sieurs espèces de chenilles (tom. II, 1755); 4‘’ sur la grande chenille à queue fourchue du saule, etc. (ilnd.) ; 5° recher- ches sur la respiration des chenilles (tom. V, 1768). OEuvres complètes, 1773-83. Berne, 10 vol. 10-4°, ou i8vol. in-8°. BONTIUS (Jacques), Né àLeyde vers 1570; Mort à Batavia en 1631. Médecin^ naturaliste. Un des trois fds de Gérard Bontius, qui avait contri- bué à la fondation du jardin de botanique de Leyde. A DES PLUS CÉLÈBRES NATURALISTES. yS l’exemple de Prosper Alpini, Jacques recueillit de nom- breux matériaux sur l’histoire naturelle et médicale des divers pays qu’il parcourut ; il voyagea dans la Perse et les Indes, et se fixa, en 1625, à Batavia , où il exerça la médecine jusqu’à sa mort. Il avait laissé de nombreux manuscrits qui furent publiés après sa mort; il en parut d’abord une partie : De Medicmâ Indorum , lib. IV, in- 12, Leyde, 1642. Puis, plus tard, ils furent rassemblés par Pison, d’une manière plus complète sous le titre de : De Indice utriusque re naturali et medicâ, lib. XIV. Amst. Elzevir, i658, in-f°. BORSJ (Ignace, baron de), Né à Carlsbourg (Transylvanie), le 26 décembre 1742; Mort à Vienne, le 28 août 1791. Minéralogiste. Au sortir de ses études, il voyagea en Allemagne, en Hollande, en France et dans les Pays-Bas, s’occu- pant d’histoire naturelle , et spécialement de mi- néralogie. Ses connaissances fort étendues le firent nommer de bonne heure conseiller aulique au dépar- tement des mines et des monnaies de l’empereur. Il fit de nombreuses observations météorologiques dans les mines de Hongrie et de Transylvanie; il faillit même périr d’asphyxie dans une des mines de Felsô- Banya. En 1 776, l’impératrice Marie-Thérèse le char- gea de classer et de décrire le cabinet impérial d’his- toire naturelle de Vienne. Les places lucratives que sa position scientifique lui procura, lui permirent de sa- tisfaire sa générosité naturelle et son amour pour la 74 BIOGRAPHIE science; il consacra son revenu à des expériences mi- néralogiques , et à des actes de bienfaisance. On a de lui : V oyage minéralogique en Hongrie et Transylvanie; alle- mand, 17745 in-8°, traduction française par Monnet, 1780. Lithophylacium. Bornianum, Prague, 1772 et 1776, 2 vol. in-8% premier ouvrage qui ait fait remarquer le baron de Born. Effigies virorum eruditorum atque artificum Bohemiæ et Moravîœ, Prague, 1778 et 1775, 2 vol. in-80, fig. Mémoires d’une société de savans établie à Prague pour les progrès des mathématiques, de l’histoire naturelle., etc. Prague, 1775, 1784. Méthode d extraire les métaux parfaits des minerais, par le mercure. Vienne, 1788, in-8®. Ouvrage qui fait connaître les procédés d*amalgamation ernployes en Amérique par les Espagnols, importés en Hon- grie et perfectionnés par Pauteur. Catalogue méthodique de lai collection des fossiles de made- moiselle E. de Raab,\ienne, 1790, 2 vol. On lui attribue un ouvrage satyrique qui eut l’approba- tion de 1 empereur Joseph II, et que nous ne citons que parce qu’on y a imité plaisamment la nomenclature de hinnéy Joannis physiophili specimenmonachologiœ. Au^shour^, 17^3, in-4®. Broussonnet en a donné une imitation sous ce titre : Essai sur ^histoire naturelle de quelques espèces de moines , par J. d’Antimoine, 1784, in-8°, fig. BOSC (Louis-Aügustin-Güillaume), Né à Paris, le 29 janvier 1759 ; Mort le 10 juillet 1828. Naturaliste. Ce fut un de ces hommes qu’une vocation irrésisti- ble entraîne vers l’étude de la nature ; avant de savoir des plus célèbres naturalistes. 75 lire il rassemblait des plantes, des minéraux, des insec- tes. Destiné par son père, médecin de Louis XV, aux études mathématiques, il s’occupait avant tout du sys- tème de Linnée pour lequel il garda une prédilection toute particulière. Nommé en 1778, par suite de sa conduite et de son aptitude aux affaires, secrétaire de l’intendance des postes, il employait ses heures de loi- sir à suivre le cours de Jussieu-, il se liait avec des sa- vons, il était un des fondateurs de la société linnéenne, il prenait part aux publications de la la société philoma- thiqiie. Vers la fin de la révolution, ses relations avec un des directeurs qu’il avait accueilli à une époque de proscription, le firent nommer consul àNew-York.Mais la mésintelligence qui régnait entre les États-Unis et la France l’ayant empêché de remplir ses fonctions, il utilisa plusieurs années d’oisiveté diplomatique à re- cueillir un grand nombre d observations sur les plan- tes et les animaux.En 1 800, forcé par les éyénemens poli- tiques de revenir en France, il passa par l Espagne pour y étudier la culture. Après un autre voyage en Suisse et enitalie, d’oùil rapporta une magnifique collection de poissons pétrifiés offerts parla ville de Vérone, nommé inspecteur des pépinières de l’État, il s’occupa d’écono- mie agricole avec succès. En 1 806 il fut reçu à 1 Insti- tut; en 1 825 il succéda à Thouin comme professeur de culture au Jardin des plantes; mais le mauvais état de sa santé ne lui permit point de remplir ces fonctions dans toute leur étendue; hors d’état de professer, il ne put que donner ses soins à l’administration. La vie de Bosc fut honorable. Elle a marque et par un noble désintéressement et par un dévouement héroï- que. Pendant la terreur, retiré dans l’ermitage de Saiiite- Radegonde , à Montmorency , y exerçant les travaux BtOGRAPHlE. 76 les plus rudes d’un pauvre cultivateur, il put y rester ignoré, et offrir même un asile à plusieurs proscrits. Le ministre Roland et son héroïque épouse l’avaient servi pendant leur grandeur passagère; il leur donna les preuves les plus actives d’amitié; aussi fut-ce à lui que madame Roland confia sa fille et remit le manuscrit de ses mémoires. R a laissé sur les diverses parties de l’histoire naturelle de nombreux articles dans : Les Mémoires de l’Institut, les Bulletins de la société Philo- mathique et de la société d’Encouragement pour l’industrie; dans le Nouveau dictionnaire d’Histoire naturelle, etc., de Déterville, dans les Annales de la Société d’agriculture, dans le nouveau Cours complet d’Agriculture théorique et pra- tique. Histoire naturelle des coquilles^ contenant les mœurs des animaux qui les habitent. Paris, i8or, 5 vol. in-80. Histoire naturelle des vers, 1801, 2 vol. in-i8. Histoire naturelle des crustacées, 1802, 2 vol. in-18. BKÉMONTIEK (Nicolas), Né en 1738 ; Mort à Paris, août 1809. Physicien. S’il n’a point mérité le nom de naturaliste par des travaux spéciaux sur l’histoire naturelle, il ne doit pas moins être cité avec honneur pour avoir fait une des plus heureuses applications qu’ait pu fournir l’obser- vation d’un fait naturel , en fixant , au moyen de plan- tations , les sables des dunes de Gascogne. « Des mon- tagnes mobiles de sable, dit du Petit-Thouars , avaient couvert, depuis plusieurs siècles, une vaste étendue de DES PLUS CÉLÈBRES NATURALISTES. 77 territoire, et enseveli les habitations, les villages et les plus grands édifices sur les côtes de l’Océan , entre remboucliure de l’Acteur et celle de la Gironde ; leur marche progressive menaçait d’envahir de proche en proche tous les champs cultivés, et d’arriver un jour jusqu’aux murs de Bordeaux. Brémontier a trouvé le moyen d’en arrêter les funestes effets par des procédés ingénieux. Il a fait plus, il a rendu à la France une contrée devenue déserte. On voit aujourd’hui avec ad- miration de superbes forêts de pins maritimes s’élever sur l’espace de plusieurs lieues où l’on ne voyait aupa- ravant que des sables arides. » Il était inspecteur gé- néral des ponts et chaussées. Mémoire sur les dunes et particulièrement sur celles qui se trouvent entre Bayonne et la pointe du Grave , à l’embouchure de la Gironde. Paris, 1796, in-8®. Voir aussi le rapport fait à la société d’agriculture du dé- partement'de la Seine (année 1806, toin. IX). Il a coopéré aussi à un rapport sur l’existence des mines de fer dans le département de la Seine-Inférieure (Magasin Encyclopédique, V année, tom. VI). BREMSER (Jean-Godefroi), Né à Wertheim-sur-le-Mein , le 19 août 1767; Mort à Vienne, le 21 août 1827. Médecin^ helminthologiste. A partir de i8o6, ce médecin apporta une attention toute spéciale à l’étude des vers intestinaux. Chargé par Schreiber, directeur du Muséum d’histoire naturelle de Vienne, de classer et d’augmenter la collection de vers intestinaux, il donna à cette collection une grande extension, et fut nommé un des conservateurs du Mu- BIOGRAPHIE 78 séum. Il ne s’occupait pas ni oins des moyens de combat- tre les vers intestinaux que de leur histoire naturelle ; et il donnait ses soins à un grandi nombre de malades pauvres atteints de cette affection. Il succomba à une hydropisie qui se prolongea pendant deux ans. Il a publié : Traité zoologique et physiologique sur les vers intestinaux de f/zomme, traduit par Grundler avec notes de Blainville, 1824. Paris. Icônes helminthum , systema Rudolfii entozoologicum illus- Vienne, 1824, in-folio. BROCCHI (Jean-Baptiste), Né à Bassano, le 18 février 1772; Mort à Ghartlium (Sennaar), le 17 septembre 1826. Géologue. Il s’occupa, dans sa jeunesse, de littérature, de droit, de minéralogie et de botanique. Lorsque par suite de la conquête d’Italie, des lycées furent établis en 1802, il fut appelé à la chaire d’histoire naturelle fondée à Bres- cia; de cette époque commence sa carrière scientifique. S’il ne négligea point les autres parties de l’histoire de la nature, il s’appliqua plus particulièrement au règne minéral ; aussi fut-il appelé à faire partie du conseil des mines établi à Milan; il remplit ces nouvelles fonctions avec un zèle et une activité dignes d’éloges, et il fit plu- sieurs voyages géologiques dansleTyrol et l’Italie. Il avait rassemblé un grand nombre de matériaux qui lui permirentdepublier son plus bel ouvrage, Conchyologia fossile subapennina, x8i4; Milan, 2 vol. in-4. Dans cet ouvrage, Brocchi avait modifié les idées trop exclusives de neptunisme qu’il professait auparavant, pour ne plus DES PLUS CÉLÈBRES NATURALISTES. 79 refuser aux volcans sous-marins le rôle important qu’ils ont joué dans les révolutions du globe. En 1 8 1 1 il fut nommé membre de Flnstitut. Cependant la chute de l’empereur entraîna la destitution de Brocchi. Il recou- rut aux études naturelles pour se consoler de sa dis- grâce; le voici parcourant de nouveau l’Italie, la Sicile, étudiant, avec tout le fruit que lui donnaient l’habitude d’une longue observation et les connaissances acquises, la constitution géologique de ces diverses contrées ; ce ne fut qu’à partir de ses travaux, que l’on connut la géologie de l’Italie méridionale. Mais l’époque où il vivait, toute livrée aux dissensions politiques, ne. lui permit de retirer aucun fruit de tant de zèle et de per- sévérance. Des offres lui furent faites d’entrer au ser- vice du vice-roi d’Égypte; il les accepta, et le 9.3 sep- tembre 1892 il quitta l’Italie qu’il ne devait plus revoir. Après s’être perfectionné dans l’étude de la langue arabe dont il connaissait les élémens , il fut envoyé successivement en Nubie et au mont Liban pour y ex- • plorer les mines qui pouvaient s’y rencontrer. Le pre- mier voyage en Nubie n’avait pu amener aucun résultat faute de combustibles. Il repartit en 1 826 ; et après un voyage très long et très pénible, épuisé par la fatigue et la mauvaise nourriture, malgré sa robuste constitu- tion; il fut enlevé par la fièvre à Charthum, ville du Sen- naar. Il a laissé de nombreux manuscrits, mais ses collec- tions furent presque entièrement perdues par suite de négligence. Ses principaux ouvrages, outre la Conchyologie déjà citée, sont : Trattato mînemlogîco e chimico suite minière di ferro det dipartimento det Mella, cotl* esposizione detta costituzione BIOGI’.APHIE 8o fisica dette montagne metaltifere detla Vatlrompia; Brescia, i8ü8, 2 vol. in-8®. Catatogo raqionato dl. una raccolta di rocce ^ disposto con ordine geogmjico per servire atta geognosia d'Itatia. Milan , iSi-j, in-S". Detto stato fisîco det suolo di Roma, etc. Rome, 1820, in-8°. Et de nombreux mémoires dans le Journat de Brugnatelli, tom. VIH (i8i4), torn. X(i8i7),tom. IV (1821), tom. VI '1823), tom. VII (1824) , et dans la Bibliothèque italienne de i8i6à 1823. BROSSE (Guy de la), Né à Rouen ; Mort à Paris en 1641. Médecin y fondateur du Jardin royal des Plantes à Paris. Passionné pour l’étude de la botanique, G^y de la Brosse sut mettre à profit sa position de médecin du roi Louis XIII, pour obtenir de Richelieu les premiers fonds destinés à établir un jardin royal ; il ne se contenta point de solliciter, il y contribua beaucoup lui-même en donnant au rot le terrain sur lequel commença cet éta- blissement, qui depuis a reçu de si vastes accroisse- ments. Cette fondation date de l’année 1626. Il en fut nommé le premier intendant, et son zélé ne faisant qu’augmenter, il rassembla de tous côtés des plantes dont le nombre se trouva assez considérable, dès i633, pour qu’il crût devoir en publier la des- cription. On a de lui : Dessin du Jardin-Royal pour la culture des plantes médici- nales^ avec l’édit du roi touchant l’établissement de ce jar- din. Paris, 1628, in-8". De ta nature^ vertu et utilité des plantes et dessin du jardin royal de médecine, 1628, in-8^. DES PLUS CÉLÈBRES NATURALISTES. 8l Avis défensif du Jardin royal des Plantes médicinales. Paris, i636, in-4°. Ouverture du Jardin royal des Plantes médicinales. Paris, 1640, in-4°. Description du Jardin royal, etc., contenant le catalogne des plantes qui y sont à présent cultivées, ensemble le plan du Jardin, i636, i64i, i665,in-4°. Recueil des plantes du Jardin du Roi. Un grand nombre de planches gravées devaient repré- senter les plantes les plus rares qui étaient élevées dans le Jardin. Déjà 4ûo planches étaient achevées à la mort de Guy de la Brosse. Ses héritiers, gens ignorans, les livrèrent à un chaudronnier au prix du cuivre. Fagon, le célèbre médecin, son neveu maternel, en découvrit plus tard 5o; Vaillant et Antoine de Jussieu en ont fait tirer iL\ exemplaires. BROUSSONSTET ( Pierre-Marie- Auguste) , Né à Montpellier, le 28 février 1761; Mort dans la même ville, le 27 juillet 1807. Médecin^ naturaliste. Le premier ouvrage qui le fit connaître, fut sa thèse pour le doctorat en médecine, qu’il soutint avec éclat à l’âge de i 8 ans. Fils de médecin, son éducation avait été dirigée de bonne heure vers l’étude de l’histoire natu- relle ; venu ensuite à Paris, il s'appliqua à transporter la nomenclature linnéenne à la zoologie. En 1782 il fut nommé membre de la Société royale de Londres , à la suite d’un séjour de trois années qu’il avait fait' en An- gleterre. En 1783 il fut choisi comme suppléant par Daubenton à la chaire du college de France ; les nom- breux travaux qu’il ne cessait de publier lui méritèrent bientôtl’honneur d’être admis à l’Académie des sciences. Secrétaire de la société d’agriculture, il contribua à lui imprimer une impulsion d’activité et de recherches 61 6 BIOGRAPHIE 82 Utiles. Sa vie jusqu’alors avait été heureuse, calme, et toute consacrée à la science; mais les orages de la ré- volution vinrent y porter le trouble et les dangers. Il s’était retiré à Montpellier ; les opinions du parti Giron- din qu’ilavait adoptées l’y firent poursuivre, il n’eutque le temps de s’échapper et dépasser en Espagne. Il était arrivé à Madrid dans le dénûment le plus complet; ses compatriotes, les émigrés royalistes, loin de lui tendre une main secourable,le firent expulser ; heureu- sement pour lui Banks ayant appris sa position lui en- voya un crédit de mille louis. Après avoir couru de nouveaux dangers en Portugal où une tempête l’avait forcé d’aborder, il retrouva la tranquillité et l’étude en se faisant attacher comme médecin auprès de l’ambas- sadeur des États-Unis à la cour de Maroc. Il passa en Afrique, et rassembla quelques collections de plantes qu’il fit passer à Banks. Lorsque le calme fut rétabli en France, il fut nommé consul à Mogador et voyageur au nom de l’Institut, qui malgré les poursuites dont il était robjetl’avait honorablement maintenu sur sa liste; bientôt il fut placé à l’école de Montpellier, dans la chaire de botanique. Mais une mort prématurée l’arracba au bout de quelques années à cette carrière qu’il avait préférée à toute autre. Il succomba à une affection cé- rébrale, qui eut pour premier effet de lui faire perdre la mémoire des noms propres et des substantifs. Voici les principaux ouvrages qu’il a laissés: Varice positiones circa respiratlonem. Montpellier, 1778, Ichthyologia sistens piscium descriptîones. Decas prima. Londres, 1782, fig. Ouvrage inachevé, commencé chez Banks. Elenchusplantarum hortî MoiiipeliensiSy iSo5. \ ■ DES PLUS CÉLÈBRES NATURALISTES. 83 Il a travaillé de plus, aux Mémoires de la Société royale dJa- griculture; à la Feuille du Cultivateur; On a de lui : Dans les Mémoires de l’Académie des scien- ces : Anarrichus lupus, année lySS. — Sur les dents en gé- néral et sur les organes qui en tiennent lieu (1789). — Com- paraison des mouvemens des plantes avec ceux des animaux. 1787 {hedysarum gyrans). Dans le Journal de Physique : Du silure trembleur (tom. 27). — Sur la régénération de quelques parties du corps des poissons (tom. 35). — Sur les vaisseaux spermatiques des poissons épineux (tom. 3i). BRUCKMAMTBJ (François-Ernest), Né à Marienthal, près de Helmstadt, le 27 septembre 1697 ; Mort à Wolfen-Büttel, le 21 mars 1753. Médecin , botaniste. Il recueillit, dans un voyage en Hongrie , une collec- tion précieuse de pierres et de minéraux. Il paraît être un des premiers qui aient remarqué que les végétaux laissent échapper, par l’extrémité de leurs racines, une matière excrémentielle nuisible aux plantes voisines. Il a laissé : Specimen botanicum exhibens fungos subterraneos vulgb tuberaterrœ dictos. Helmstœdt, 1720, in-4°, hg. Specimen physicum exhibens historiam naturalem oolithi , 1720, in-4®. Historia naturalis curiosa lapidis toO «o-Séo-rou. Leipzig, 1727, in-4°. Plusieurs exemplaires furent tirés sur du papier fait avec de l’amiante. Bibliotheca animaUs;\je\pz\^, et Magnalia Dei in locis subterrancis. Helmst., 1727, in-F, En outre plusieurs traductions et mémoires, insérés dans les Ephémérides des Curieux de la nature. 84 BIOGRAPHIE BRUNFELS ou BRUIffSFELD (Othon), Né à Mayence ; Mort à Berne, en 1534. Médecin, botaniste. Il quitta la chartreuse de Mayence , où il avait pris l’habit religieux , pour se livrer à l’étude des sciences naturelles et pratiquer la médecine. Il s’appliqua sur- tout à la botanique, et fut le premier qui ait publié des figures exactes. On a de lui : Herbarumvivœ Eicones, ad naturœ imitationemsummâ dili- gcntiâ et artificio effigîatœ unà cum effeclibus earumdern^ etc. Strasbourg, i53o, i53i, 3 vol. in-fol. Onomasticon medicum, continens omnia nomnîa herbarum , fruciuum, arborum, semmum, Jïorurn, lapidum preciosorum ^ morborum, imtrumentorum medicinæ^ etc. Strasbourg, i534t in-fol. BUFFON (Georges-Louis-Leclerc, comte de). Né à Monlbard, en Bourgogne, le 7 septembre 1707 ; Mort à Paris, le 16 avril 1788. Naturaliste. Son père, conseiller au parlement de Bourgogne, jouissait d’une fortune qui lui permit de laisser ses en- fans choisir le genre de vie qui leur plaisait. Buffon était porté par goût vers les sciences ; ayant étudié la langue anglaise, il traduisit la Statique des végétaux^ de Haies, et le Traité des fluxions^ de Newton. Chacune de ces traductions est précédée d’une préface où déjà se révèle l’écrivain et le penseur. Cette publication fut suivie de divers mémoires sur la géométrie , la physi- que et l’économie rurale , qu’il présenta à l’Académie des sciences : Expériences sur la force des bois, Bisser- DES PLUS CÉLÈBRES NATURALISTES. 85 talion sur la cause du strabisme^ Invention des miroirs pour brûler h de grandes distances, etc. Ces travaux l’en- traînaient loin de la route qu’il devait parcourir avec tant de gloire, lorsqu’il vint à être nommé intendant du Jardin royal des Plantes. La surintendance de cet éta- blissement, enlevée depuis 1782 aux médecins du roi qui l’avaient complètement négligée, avait été confiée à un directeur spécial, Dufay. Celui-ci, académicien uni- versel, administrateur habile, avait commencé à y ap- porter de grandes améliorations, lorsque la mort vint le frapper. Près de mourir, il eut l’heureuse inspiration de désigner pour son successeur Buffon , qui venait d’être appelé au sein de l’Académie des sciences (1739). Ce choix parut tellement bon , que le roi se hâta de le confirmer. Buffon , dès ce moment , comprit tout le parti qu’il pouvait tirer de sa position , et embrassa , avec le coup d’œil du génie , le plan le plus vaste qui jamais eût été conçu depuis Aristote. Seul, il ne pou- vait le remplir ; il résolut d’associer à ses travaux un de ses compatriotes, Daubenton, avec lequel il était lié depuis longtemps. L’un rassemblait les matériaux, l’autre les mettait en œuvre. Cette association dura de 1749 jusqu’en 1767, époque pendant laquelle parurent les quinze premiers volumes de l’histoire naturelle. Mais Buffon, ayant laissé publier une édition de l’histoire des quadrupèdes , dans laquelle la partie anatomique avait été retranchée, Daubenton refusa de donner ses soins à l’histoire des oiseaux qui se préparait, et fut remplacé, dans sa coopération, par Gueneau de Montbeillard et l’abbé Bexon. La réputation de son livre fut universelle ; les sa- vans de toutes les nations rendirent hommage à fau- teur. Louis XV érigea sa terre de Buffon en comté. BIOGRAPHIE 86 On lui cleva de son vivant une statue. Du reste, quelle que fût la complaisance et la satisfaction peut- etre trop apparente avec laquelle Buffon acceptait les hommages, il ne cessa de conserver dans ses écrits la dignité d’un homme dévoué à la science. Quoique ab- sent pendant les deux tiers de l’année, et confiné dans sa terre de Montbard, où furent écrites tant de pages immor- telles, il veillait à la prospérité de l’établissement qui lui avait été confié. Il savait faire servir la faveur dont il jouissait auprès des ministres et les relations que lui pro- curait sa renommée, à l’embellissement du Jardin du Roi et à l’agrandissement des collections. Les derniers momens de sa vie furent empoisonnés parles horribles souffrances de la pierre, auxquelles il succomba. Buffon était d’une taille élevée , d’un aspect imposant, qu’il se plaisait encore à relever par les soins d’une toilette recherchée. Mais sa conversation , d’une simplicité presque triviale, ne répondait nullement à l’i- dée que donnait de lui la lecture de ses écrits; ceux-ci étaient extrêmement travaillés et retouchés continuelle- ment. On assure qu’il fut obligé de faire recopier onze fois le manuscrit de ses Epoques de la nature. Sans cesse dirigé vers les grands objets de la nature , comme il le dit lui-même, Buffon évita avec le plus grand soin toute dispute littéraire ou philosophique ; il méprisait les attaques parties du vulgaire, il savait céder aux puissans. La Sorbonne lui suscita une que- relle ridicule , il se hâta de faire une espèce d’amende honorable. Dans un moment de mauvaise humeur il avait plaisanté sur cette opinion de Voltaire : que les coquilles fossiles ont été rapportées par des pèlerins ve- nant de Terre-Sainte ; il ne tarda point à « avouer que M. de Voltaire devait être traité sérieusement. » DES PLUS CÉLÈBRES NATURALISTES. 87 Nous ne nous arrêterons point sur le style deBuffon; ce style que dédaignait d’Alembert, qu’admirait J. J. Rousseau, a fait sa plus grande gloire; il fut aussi sa plus grande préoccupation ; les ouvrages bien écrits , a-t-il dit dans son discours de réception , seront les seuls qui passeront à la postérité. Mais nous devons exposer les principales idées qui ont présidé à la composition de ses ouvrages ; Buffoii n’a jamais compris nettement ce qu’était la méthode en his- toire naturelle ; aussi se posa-t-il en antagoniste de Lin- né. Dans ses premiers volumes, il veut bien qu’on établisse une sorte de classification générale ; mais il repousse l’idée des relations qu’ont entre eux les diffé- rens êtres naturels, et il trouve plus agréable et plus fa- cile de s’occuper seulement des rapports que les objets ont avec nous. Il est peintre avant tout. Selon lui, il n’existe que des individus dans la nature; les genres, les ordres et les classes sont le fruit de notre imagina- tion. Mais cette prévention contre la méthode prit sur- tout sa source dans la manière dont travaillait Buffon ; quand il commença à écrire son grand ouvrage , il n’a- vait étudié que des individus et n’avait pu entrevoir l’en- semble ; à mesure qu’il avançait, il fut forcé de se soumettre lui-même à ces vues générales qu’il avait d’a- bord repoussées parce qu’elles n’étaient point le résul- tat de son observation personnelle, et arrivé à l’histoire des oiseaux, il forma des groupes réguliers, des familles, des genres, et il les fonda sur des caractères communs. Les idées chez Buffon furent donc progressives ; il ne voulut croire qu’en lui-même, mais il ne craignit point de modifier ses opinions , quand l’étude lui révéla des vérités dont il avait jusqu’alors douté. Nous en trouvons une nouvelle preuve dans ses Études sur la formation 88 BIOGRAPHIE du globe. Dans sa théorie il établit que la terre est l’ou- vrage des eaux; dans son système il ne la voit que l’ou- vragedujeu; dans ses époques de /a notwre il complète ses idées et accorde dans la formation, une part aux eaux, une part au feu. Buffon s’occupa fort peu d’ana- tomie manuellement; mais il eut le grand mérite d’en comprendre la nécessité, de joindre toujours la descrip- tion anatomique à la description zoologique, et de sai- sir par là l’uniformité de plan que la nature avait mise dans la structure du corps des animaux qu’il étudia spécialement, des vertébrés. Cette vue profonde le con- duisit à séparer des organes les forces qui les mettent en mouvement et qui président à leur formation. Il fut moins heureux quand il chercha à voir par lui- même, que quand il travailla sur les faits qui lui étaient rassemblés par Daubenton ; on connaît ses erreurs sur les zoo-spermes qu’il prit pour des particules organiques vivantes. Tout son système sur la génération n’est qu’une suite de rêveries; il étaitsorti des formes qu’il sa- vait si parfaitement dépeindre; il crut qu’à force de gé- nie on pouvait deviner le secret de la nature; il se trompa. La comparaison des faits, au contraire, le conduisit à d’admirables résultats. Telles sont les considérations qu’il a présentées sur le caractère positif de l’espèce, la fécondité continue; sur les rapports de la fécondité avec la taille, sur l’accroissement de la fécondité par la domes- ticité, sur la distribution géographique des animaux. Partisan des opinions de Descartes , il voulut hien accorder aux animaux supérieurs, que si souvent dans ses descriptions animées il avait doués de nos senti- mens et de nos idées , quelque chose de plus qu’une mécanique grossière ; mais il y ramena les animaux in- DES PLUS CÉLÈBRES NATURALISTES. 89 férieurs, et voulut expliquer les hexagones des cellules des abeilles , par la compression réciproque. C’est à Buffon que l’on doit d’avoir posé, dans le Rè~ gne animai, l’homme comme espèce, et d’y^voir rat- taché comme simples variétés ces races que la politique, l’usage, la cupidité voulaient faire regarder comme infé- rieures. Mais celle de ses productions où son génie atteint à la plus grande hauteur, où l’élévation et l’étendue des pensées domine la richesse de l’expression, c’est sans contredit son livre des Epoques de La nature. Le premier il osa « fouiller les archives du monde, tirer des entrailles de la terre les vieux monumens, recueil- lir leurs débris , et rassembler en un corps de preuves tous les indices des changemens physiques qui peuvent nous faire remonter aux différens âges de la nature.» Il put se tromper dans les détails; mais il ou- vrit et traça la route. La première des éditions de Buffon est encore la meilleure : Histoire naturelle, générale et particulière avec la descrip- tion du cabinet du roi. Imprimerie royale, Paris , 36 vol. de 17493 1789. Parmi les éditions modernes, la meilleure est celle de La- mouroux. 4o vol. in-8°; de 1824 ^ i83o. Sur la vie et les ouvrages de Buffon, on consultera avec fruit : Le voyage à Montbard, par Hérault de Séclielles , an IX (1801) ; in-8®. L’article de la Biographie universelle, par Cuvier; et sur- tout un ouvrage de M. Flourens ; Buffon. Histoire de ses travaux et de ses idées. Paris, i844)iti"i2. 90 BIOGRAPHIE BULI.IARD (Pierre), Né à Aubepierre en Barrois, vers 1742; Mort à Paris, en septembre 1793. Botaniste. Ce fut un de ces hommes qui , sans se placer au pre- mier rang par un génie inventif ou par de grandes dé- couvertes, n’en méritent pas moins la reconnaissance de la postérité, pour le zèle et la constance avec les- quels ils ont travaillé à populariser une science et à en étendre le domaine. Une vocation irrésistible l’entraînait vers la botani- que. Au milieu de ses études classiques , il recherchait les auteurs anciens qui traitaient de l’histoire naturelle, et composait un herbier. Ses études terminées, il vint à Paris , et apprit le dessin et la gravure , pour pouvoir rendre plus fidèlement les végétaux dont il voulait pu- blier les figures. Le premier il employa le procédé plus économique d’imprimer les plantes en couleurs. A ses connaissances en botanique , il en joignait d’autres as- sez étendues sur l’histoire des oiseaux et des insectes. Il a laissé: Flora parlsiensiSf 1774, fi vol. in-8°, fig. Aviceptologie française. Traité général de toutes les ruses dont on peut se servir pour prendre Les oiseaux. Paris, 1778 et 1796. Herbier de la France ou collection des plantes indigènes de ce royaume. 1780 à 1798, en 12 parties, renfermant 602 plan- ches coloriées. Dictionnaire élémentaire de botanique, 1781, in-fol. Histoire des plantes vénéneuses et suspectes de la France, 1784, 5 vol. in-8°. Histoire des champignons de la France, 1791-1812, in-P , avec planch. C’est le plus bel ouvrage de fauteur; il y a décrit et figuré un grand nombre d’espèces nouvelles ou peu connues. DES PLUS CÉLÈBRES NATURALISTES. QI CAMÉRARIUS (Joachim II), Né à Nuremberg, le 6 novembre 1534; Mort dans la même ville, le 1 1 octobre 1598. Médecin, botaniste. La famille des Camérarius est une de celles qui ont illustré l’Allemagne dans le xvt® et le xvit® siècle. Les titres d’illustration scientifique s’y transmirent pendant plusieurs générations , comme chez d’autres les titres de noblesse. Leur véritable nom était Liebbard. Mais il fut changé en celui de Camérarius , parce qu’un de leurs ancêtres avait exercé à la cour la charge de cham- bellan. Le premier de cette race fut Joachim Ph litté- rateur, savant universel, qui donna un grand nombre d’éditions et de versions d’auteurs latins et grecs. Joachim II , son fils , exerçant avec éclat la méde- cine, eut un goût particulier pour la botanique. Il avait établi, aux portes de Nuremberg, un jardin où il cultivait un grand nombre de plantes rares , dont les graines lui étaient envoyées par les botanistes célèbres de cette époque , avec lesquels il était en correspon- dance : il entretenait près de lui plusieurs jeunes gens qu’il reconnaissait aptes à son étude favorite. Il acheta la bibliothèque botanique de Conrad Gesner, ainsi que les manuscrits et la collection de toutes les figures de plantes gravées sur bois, au nombre de plus de quinze cents, laissés par ce savant. Ces matériaux lui furent très utiles pour ses publications. Tournefort même l’a accusé de n’avoir fait que copier Gesner; mais ces reproches sont sans contredit exagérés. Camérarius observa beaucoup par lui-même, et onluidoitplusieurs descriptions et plu- sieurs figures importantes, entre autres, celle fort exacte de la germination du palmier-dattier. Plusieurs princes 02 BIOGRAPHIE voulurent se l’attacher comme médecin; ilrésistaàtoutes les sollicitations pour ne pas être distrait de ses travaux habituels. Il ne céda qu’aux instances de Guillaume , landgrave de Hesse-Cassel, qui l’appela dans sa capi- tale pour diriger l’établissement d’un jardin botanique. On a de lui : Epitome utilissima Pelri Jnclreœ Matthioli, novis iconibus^ descriptionibus plurimis diligenter aucta. Francfort, 1 588, in-4°* 1600 figures environ, pour lesquelles il s’est beaucoup aidé de celles de Gesner. Hortus medicus et pliilosophicus^etc., Francfort, i588, et Nu- remberg, 1654, in-4°. Catalogue des plantes de son jardin. On y trouvela planche du dattier et la première figurede l’agave. Symboiorum et emblematum centuriœ. Ex lierbîs et animali- bus centuriœ 111. Ex herbis et stirpibus 1. Ex animalibus cpia- drupedibiis IJ. Ex volatilibus et însectis , ex aquatilibus et in- sectis IV. Nuremberg, i6o5, 111-4°* Eclecta Georgica. Nuremberg, 1577. Catalogue d’auteurs qui ont écrit sur la botanique. Un autre Camérarius (Rodolphe-Jacques), né le 17 février i665, à Tubinge, mort le ii septembre 1721, médecin-botaniste, a écrit avant Linné sur la féconda- tion des plantes : De sexîi plantarum epistola. Tub. 1694, in-4°. De convenîentiâ plantarum in fructificatione et viribus.Tüh. 1699. — Specimen experimentorum circa generationem liomi- nis et anùnalium ^ Tubinge, in-4‘’* CAMPER (Pierre), Né à Leyde, le 11 mai 1722; Mort le 7 avril 1789. Médecin) naturaliste. Élevé sous les yeux de savans distingués, amis de son père, et parmi lesquels on distinguait Boerhaave, DES PLUS CÉLÈBRES NATURALISTES. gS le jeune Camper fut de bonne heure versé dans Té- tude des sciences. Après la mort de ses parens, en 1748,11 voyagea en Angleterre, en France , en Alle- magne , accueilli avec faveur par les savans les plus distingués de cette époque. Revenu dans sa patrie, il occupa successivement les chaires de philosophie, d’a- natomie et de chirurgie à Franeker, Amsterdam, Gro- ningue, et s’y fit remarquer. Les prix nombreux qu’il remporta dans les diverses académies de l’Europe ac- crurent sa réputation , mais le portèrent plutôt à écrire des mémoires que des ouvrages étendus. Il fut nommé membre correspondant des académies de Berlin, de Pé- tersbourg, de Paris, etc. Cette haute position scien- tifique le conduisit aux honneurs; il fut membre du conseil d’état des Provinces-U nies. Lors de la révolution de 1787, il resta attaché au parti du stathouder. Tou- tefois, on prétend que des chagrins politiques abré- gèrent ses jours. Camper fit faire quelques progrès à l’ostéologie. Le premier il découvrit la présence de l’air dans les cavi- tés intérieures du squelette des oiseaux : il chercha à établir que plusieurs fossiles sont les traces d’animaux dont l’espèce est perdue aujourd’hui; mais son travail le plus remarquable est celui qu’il publia sur les varié- tés de l'espèce humaine. C’est là que sont consignées ses observations sur la ligne faciale : en dessinant , les unes à côté des autres , des têtes d’homme blanc , d’homme noir, d’orang-outang, etc., il vit qu’une ligne menée du front à la mâchoire supérieure et tombant sur les dents incisives , s’inclinait de plus en plus en ar- rière, à mesure qu’on descendait dans l’échelle des ver- tèbres. C’était sans contredit un fait curieux ; mais on s’empressa d’en tirer les conséquences les plus exagé- 94 BIOGRAPHIE rées et l’on en vint à vouloir mesurer les degrés d’une intelligence comme les degrés d’un angle. On a de lui : Sur l’organe de l’ouïe des poissons^ ^774 (7* volume des Mémoires de mathématique et de physique présentés à l’Aca- démie des sciences). Dissertation stir les variétés naturelles qui caractérisent la physionomie des hommes des divers climats et des divers âges. Paris, 1791, in-4®. Description anatomique et un éléphant ma/e (ouvrage pos- thume), 1 802, in-fol. Observations anatomiques sur la structure intérieure et le squelette de plusieurs espèces de cétacés, 1820, avec planches, et notes de Cuvier, in-4^. OEuvres qui ont pour objet l’histoire naturelle, la physiologie et l’anatomie (trad. par Jansen), i8o3, 3 vol, in-8®. CATESBT (Marc), Né en Angleterre en 1680 ; Mort le 3 janvier 1750. Naturaliste. Il séjourna pendant près de douze ans en Améri- cpie , dans la Virginie, la Caroline , la Floride , les îles Bahama. Il rapporta en Europe de riches collections, et publia dans un magnifique ouvrage dont il composa lui- même les dessins et dont il grava les planches, le fruit de ses longues recherches. Il y a donné beaucoup plus de place à la botanique qu’aux autres parties de l’his- toire naturelle , et a fait connaître plusieurs plantes in- connues jusque-là en Europe. Il fut nommé membre de la Société royale de Londres. Il a publié : Histoire naturelle de la Caroline, de la Floride, des îles de Bahama (en français et en anglais). Londres, 173 1-43-48, 2 vol. in-fol. 220 planches coloriées et une carte. DES PLUS CÉLÈBRES NATURALISTES. gS Hortîis britanno-americanus, or a collection of^Z trees and shrubsy ihe produce of North-America^ adopted to the c limâtes andsoîls of Great-Britain. Londres, 1767, in-4°, 17 planches (ouvrage posthume). Mémoire sur les migrations des oiseaux de passage {mséré dans les Transactions philosophiques, vol. 44)* CAVANILIiES (Antoine-Joseph), Né à Valence (Espagne), le 16 janvier 1745 ; Mort à Madrid en 1804, Prêtre, botaniste. Nommé gouverneur des enfans du duc de Tlnfan- tado , ambassadeur à Paris , il vint dans cette ville en 1777 et y demeura douze ans, pendant lesquels il se livra avec la plus grande ardeur à l’étude de la bolani- ({ue , et y publia même un ouvrage en latin : Monadetphiœ classîs dîssertationes decem. Paris, 1785, in-4°. De retour dans sa patrie , il ne tarda pas à faire pa- raître un ouvrage enrichi de 601 planches supérieure- ment dessinées par lui-même : Icônes et descrîptiones plantarum quœ aut sponte in Hîspa- nîâ crescunty aut in hortis hospitantur, 1791-99, 6 vol. in-fol. Il composait cet ouvrage remarquable , lorsqu’il re- çut de son gouvernement l’ordre de parcourir l’Es- pagne et de rechercher les plantes quelle produit. Il ne s’en tint point aux végétaux, mais il fit de nom- breuses observations sur les minéraux , la géographie et l’agriculture de sa province qui furent consignées dans un ouvrage publié en espagnol et aux frais de l’état, sous ce titre : BtOGRAPHIE 96 Observaciones sobre la Instoria natural, geograjia, agricuf tara, poblacion y frutos del regno de Valencia, Madrid, 1795-97, 2 vol. in-fol. fig. On a reproché à Cavanilles une extrême vanité, et uu caractère irritable, qui le poussèrent à des disputes très vives avec Lhéritier et ses collaborateurs, au- teurs de la Flore du Pérou. CELSIUS (Olaüs) , Né en Suède en 1670 ; Mort en 1756. Ministre évangélique^ botaniste. Il était fils de Magnus-Nicolas Celsius, qui, lui- même, a publié sur l’histoire naturelle : De planiis Upsaliæ. Upsal, 1647, in-8®. Dîssertatio de naturâ pîscîum in genere et piscaturâ. Stock- holm, 1676,10-4®. Mais il a été beaucoup plus célèbre que son père, par l’universalité de son savoir, étant versé tout à la fois dans la théologie, les langues orientales et la bota- nique. Ses connaissances spéciales le conduisirent à déterminer les plantes dont il est parlé dans la Bible, surtout celles que les interprètes désignaient par le nom Hébreu, n’ayant pu leur trouver un nom ni en grec, ni en latin. Mais son plus bel ouvrage est l’éducation de Linné. Ce grand homme encore fort jeune, était sans fortune; Celsius l’accueillit, le logea dans sa maison, lui ouvrit sa bibliothèque, le dirigea et l’encouragea dans ses pre- mières tentatives de réforme. Linné a voulu lui en té- moigner sa reconnaissance, en donnant le nom de des plus célèbres naturalistes. gy celsia à une plante de Fîle de Crète qui a beaucoup d’a- nalogie avec les verbascum. Il l’a qualifiée diOrientalis^ moins par souvenir du climat où on la rencontre, que par allusion à la connaissance des langues orientales que possédait son maître. Il a publié : Hiero-botanîcon^seii de plantis sanctæ Scripturœ disserla- tiones brèves. Upsal, 1745. Et aussi, à l’imitation de son père, un Catalogue des plantes gui croissent aux environs d'Upsal. CÉSALFIN (André) ; Né en 1519 à Arezzo en Toscane ; Mort à Rome, le 23 février 1603, Médecin, botaniste. Grand partisan de la philosophie d’Aristote qu’il avait profondément étudiée et peut-être mieux com- prise que ses contemporains, il lui dut et ses succès, et les violentes attaques auxquelles il fut en butte. Les accusations dirigées contre son orthodoxie partirent d’Angleterre et de France, mais elles n’obtinrent point grand crédit en Italie, car il y resta fort tranquille, et même, après avoir enseigné longtemps la médecine et la botanique à Pise , il fut appelé à Rome et nommé premier médecin du pape Clément VIII. Ses ouvrages de médecine sont tombés dans l’oubli; il n’en est pas de même du traité qu’il écrivit sur la botanique. Dédaignant l’ordre alphabétique ou une classifica- tion fondée sur des propriétés arbitraires, il chercha dans l’observation de la nature une marche plus cer- taine, et fut le premier inventeur d’une méthode fon- dée sur les caractères tirés de l’examen de la plante, sur la fleur , le fruit , le nombre des graines qu’il compara 6i 7 gS BIOGRAPHIE aux œufs des animaux. On peut lui reprocher de n’avoir pas joint de figures à ses descriptions, et, ce qui est beau- coup plus grave, de n’avoir établi aucune synonymie, et d’avoir fait connaître les plantes par des noms vul- gaires, usités seulement dans quelques points del’Italie. La préface de ce livre dédiée à Médicis est un morceau de haute philosophie scientifique. Les principes qu’il y expose ne furent de longtemps compris ; ih fallut près d’un siècle pour qu’on en revînt à l’observation naturelle. On trouve aussi dans ses ouvrages quelques notions générales sur la circulation du sang. On distingue parmi ses écrits : De planlis libri i6. Florence, ï583, in-4o. — Jppendix ad Ub. de Plantiset quœstiones peripateticas. Rome, i6o3, in-4®. De metaUicis libri très. Rome, iSgfi, in-4®. CÉSI (Frédéri6, duc de Aqua-Sparta, prince), Né à Rome en 1585 ; Mort en 1639. Naturaliste. Honneur aux hommes qui font servir leur puissance et leurs richesses à soutenir et à propager l’amour de la science; leur nom doit être placé à côté des plus illustres. Tel fut le prince Cési. Dès sa plus tendre jeunesse, il fît éclater ces nobles sentimens; en vain sa famille les com- battit et persécuta même Jean Eckius, médecin hollan- dais qui les lui avait inspirés. A dix-huit ans il institua l’Académie des Lyncœi, la première académie d’Italie, dont le but ne fût pas littéraire. Celle-ci, qui prenait pour devise un lynx, avait pour objet de travailler aux découvertes d’histoire naturelle; elle compta parmi ses membres Galilée ; le prince la réunissait dans son pa- lais et fournissait à toutes les dépenses. Elle ne survécut des plus célèbres naturalistes. 99 que vingt ans à la mort de son fondateur. Le prince Cési découvrit le premier les graines de la fougère. On a de lui : Jpiarium. Rome, 1626, in-fol. — Metallo-pfiytum (bois fossiles). — Pi odigiorum omnium physica expositîo.^\5ne e'di- tion de f Abrégé de t Histoire naturelle du Mexique de Her- nandez, suivi de Tabulœ phytoscopicœ ; qui offrent d"une ma- nière très méthodique une classification des plantes. CIRILLO (Dominique), Né en 1734 à Grugno (royaume de Naples) ; Décapité en 1799. Médecin) botaniste. Il cultiva avec un égal succès la médecine et This- toire naturelle, et obtint très jeune encore, au con- cours, une chaire de botanique. Attaché plus tard à lady Walpole , il la suivit en France et en Angleterre, et se mit en rapport avec les savans les plus distin- gués de ces deux pays. De retour dans sa patrie , il fut nommé professeur de médecine et médecin de la cour ; mais les pauvres ne fen trouvèrent que plus empressé à les soulager et à les secourir. En 1779 il fut nommé pensionnaire de l’Académie des sciences et belles-let- tres de Naples. Pouvait-on croire qu’une vie tout en- tière consacrée à l’étude de la science et à la pratique de la bienfaisance dût être tranchée par la main du bourreau. Les armées françaises entrées dans Naples le 23 janvier 1 799, y avaient proclamé la république. H dut à ses vertus d’être nommé président de la commission législative. Dans cette haute position qu’il n’avait ac- ceptée qu’avec répugnance, il montra et le même désin- téressement et le même zèle pour le bonheur de sescon- 100 BIOGRAPHIE citoyens. Obligé de renoncer à sa clientèle, il refusa tout émolument, et s’occupa constamment à faire le bien et à empêcher le mal. Mais le 1 3 juillet de la même année, Ferdinand était ramené en vainqueur à Naples, et les supplices signalèrent son retour. Au mépris d’une ca- pitulation, Cirillo fut arraché du vaisseau qui l’emme- nait et condamné à mort. Deux Anglais, lord Nelson et Guillaume Hamilton, intercédèrent activement, et obtin- rent pour lui la vie à condition qu’il la demanderait hum- blement. Cirillo s’y refusa, il ne voulut point ternir une vie sans reproche par une rétractation humiliante; sa mort mit le comble aux crimes de la contre-révolution. Il a publié entre autres ouvrages : Jd botanîcas institutiones introduclio. Naples, 1771, in-4°. Fundamenia botanica. Naples, 1787, 2 vol. in-8. Excellent commentaire de la philosophie botanique de Linné. De essentialibus nonnullanun plantarum characteribiis.lSa.- ples, 1784,10-8®. Plantarum rariontm reyni Neapolitani fasciculi. 1788- 1793, in-f». Le virlii morali deli asino , discorso accademico. Nice, 1789, in-8°. COE,ONNA (Fabio). Nom latinisé : Fabius COLUMSJA, Né à Naples en 1567 ; Mort dans la même ville en 1650. Botaniste. Descendant de la famille du cardinal Pompée Co- lonna, vice-roi de Naples, il fut destiné à la carrière du droit, et commença par faire de brillantes études, réus- sissant à la fois dans les langues anciennes, les mathé- matiques, la musique, le dessin, la peinture. Malheu- reusement il était sujet à des attaques d’épilepsie. Après avoir employé sans succès les remèdes usités alors DES PLUS CÉLÈBRES NATURALISTES. 10 1 contre cette terrible maladie, il se mit à rechercher dans les anciens auteurs ce qu’ils avaient écrit à ce su- jet. Dioscoride recommandait une plante à laquelle il donnait le nom de Phu. Colonna, en comparant les ca- ractères donnés par Tauteur grec avec ceux des plantes qu’il observait lui-même, constata que cette plante était la valériane, et lui dut, sinon une guérison, au moins une grande amélioration. Dès ce moment, il consacra son temps à établir la concordance des noms donnés par les anciens avec les noms modernes, et à l’âge de vingt-cinq ans il publiait son Phyiohastane, livre où ce but était plutôt indiqué qu’atteint , mais qui se recom- mandait par l’exactitude des descriptions, et la beauté des figures gravées pour la première fois sur cuivre. Dès lors sa réputation fut établie ; aussi fut-il un des fondateurs de l’académie des Lyncæi (voir Cési ). Le premier dans des notes placées à la suite de Y Abrégé de V Histoire naturelle du Mexique d’Hernan- dez, il proposa de se servir du mot Pétale au lieu du mot feuille, qui, employé pour désigner plusieurs or- ganes divers, faisait équivoque. On croit aussi qu’il tra- vailla aux tables phytoscopiques qui se trouvent à la suite de cet ouvrage. Vers 1628, ses attaques d’épilep- sie le reprirent avec une violence que ne put apaiser la valériane ; ses facultés intellectuelles finirent par en être altérées, et il passa les dernières années de sa vie dans un état d’imbécillité. Il a publié : ‘î'UToêàcTavoç, sîve Plantarurn aliquot historia, in qiià descri- buntur diversi generis plantœ veriores, ac magis f acte , viribus responde.ntes antiquorum Tlieophrasti , Dioscoridîs , Pliniû Galenî, aliorumquc delineatîonibus, ab aliis hue iisque non animadversœ ; accessit insuper piscium aliquot plantarumque novarum hîstoria. Naples, 1692. — Florence, 1614, in-4°. BIOGRAPHIE I Ü2 Mmus cognitarum rariorumgue nostro cœlo orîentmm stirpium ’i-^fpa(7iç. Item de aquatilibus conchis^ aliisque anima* libus Libellus. Rome, 1616, iïi-4°. De purpurâ, ab animali testaceo fusa^de hoc ipso animali, aliisque rarioribus teslaceîs quibusdam tractatus» Rome, 1616, De glossopeiris. Kiel, i675,in-4®* CROSTSTEDT ( Axel-Frédérig de), Né en 1722, en Suède, dans la province de Sudermanie; Mort le 19 août 1765. Minéralogiste. Fils d’ un lieutenant-général directeur des fortifica- tions, il fit des progrès 'rapides dans les sciences phy- siques et mathématiques. C’est lui qui parvint à isoler le nickel de la substance qui était connue sous le nom de Kupfer-nickel. II a publié dans les Mémoires de l’académie de Stock- holm une dissertation sur le zéolithe. Son principal ouvrage est un Essai de minéralogie cpxx a été traduit en allemand par Werner, Leipzig, 1780. Une autre traduction allemande avait été donnée en 1760 par Wiedmann, elle fut reproduite en français par Dreux, sous ce titre : Essai dune nouvelle minéralogie^ traduit du suédois et de l’allemand. Paris, 1771, in-S». CUVIER (Léopold-Chrétien-Frédéric-Dagobert, baron Georges) Né le 23 août 1769, à Montbéliard (alors appartenant aux ducs de Wurtemberg) ; Mort à Paris, le 13 mai 1832. Naturaliste. Son père issu d’une famille de protestans réfugiés, n’avait pour toute ressource, après quarante ans de services dans l’un des régimens Suisses à la solde de la France, qu’une modique pension de retraite. Cepen- DES PLUS CÉLÈBRES NATURALISTES. I03 dant son éducation ne fut pas négligée. Sa mère, femme d’un esprit distingué, contribua, comme le fit la mère de Buffon, à développer en lui cette intelligence pré- coce, qui, déjà au milieu des jeux de Tenfance, prélu- dait à ses glorieux travaux. Le jeune Cuvier montrait pour le dessin une facilité toute spéciale , et il l’em- ployait à copier les figures d’un Buffon, qu’il enlumi- nait ensuite avec soin et d’après la description. Aussi, grâce à cet exercice sans cesse répété et à sa vaste mé- moire, connaissait-il dès l’âge de douze ans un bon nombre de quadrupèdes et d’oiseaux. A quatorze ans et demi il avait terminé les ét||jies de collège, et poussé par la nécessité il concourut pour une des bourses que la ville de Montbéliard possédait à Funiversité de Tu- bingue. Une injustice lui ravit la place qu’il méritait; s’il l’eût obtenue il fût devenu pasteur protestant. Cette disgrâce lui valut la protection du duc de Wurtemberg, qui le plaça gratuitement à Facadémie de Stuttgard. Là, après une année de philosophie et d’étude de la langue allemande, il suivit le cours de droit; mais il ne cessa de cultiver les sciences naturelles, herborisant, visitant les collections , et dessinant des insectes avec une rare perfection. A l’académie comme au collège , il s’était placé au premier rang ; il ralliait autour de lui ses camarades, et formait avec eux des conférences dont il était tou- jours nommé le président. Cependant les études du jeune homme étaient terminées, il s’agissait de les uti- liser ; il avait dix-neuf ans, et la position de son père ne lui permettait point de courir les chances d’une pro- fession incertaine dans ses résultats. Il accepta donc avec empressement l’offre qu’on lui fit d’une place de précepteur dans une famille protestante de la Nor- BIOGRAPHIE io4 mandie. Les sept années que Cuvier passa dans la fa- mille du comte d’Héricy au château de Fiquainville sur les bords de la mer, furent employées en recher- ches sur les vers, les mollusques et les poissons. Il s’y façonna en outre aux bonnes manières d’une société d’élite, et y trouva un abri constant contre les orages de la révolution qui ne vinrent point troubler ses étu- des. S’il se mêla au club populaire qui s’était formé dans sa commune , ce fut pour lui imprimer une ten- dance vers les améliorations d’agriculture. Cependant l’abbé Tessin, auteur des articles d’agriculture du dic- tionnaire d’Encyclopédi||^nétbodique, était venu cher- cher vers 1794 un refuge dans le voisinage du château qu’habitait Cuvier. Les mêmes goûts eurent bientôt établi entre eux des rapports intimes. L’agronome fut étonné des vastes connaissances, des vues profondes de son jeune ami. Il en parla souvent avec le plus grand éloge dans ses lettres à Jussieu, à Parmentier, à Geof- froy. Deux mémoires, l’un sur V anatomie du poulpe et de [escargot avec des dessins, l’autre sur la classifica- tion des quadrupèdes, achevèrent de le faire connaître avec avantage des membres de la société d’histoire na- turelle. Sur les espérances qui lui furent données. Cu- vier quitta les fonctions de précepteur pour lesquelles il n’était point fait, et vint à Paris en i ypJ. Dès ce mo- ment sa fortune et sa réputation s’accrurent avec une rapidité prodigieuse. Un vieillard octogénaire, Mertrud, était nominalement professeur d’anatomie comparée au muséum; Cuvier, sur la recommandation de Geoffroy, fut nommé son suppléant. Le voici au milieu des plus riches collections qui exis- tassent alors; avec une activité incroyable il se met à les coordonner, aies compléter. Buffon assez peu soucieux DES PLUS CÉLÈBRES NATURALISTES. Io5 d’anatomie, avait relégué dans les greniers du Muséum les squelettes que Daubenton avait fait préparer. Cu- vier, aidé de son frère, les tire de l’oubli, les range mé- thodiquement, et, le premier, commence cette galerie d’anatomie devenue par ses soins une des plus impor- tantes parties du Muséum. Mais à peine si pendant quelques années il se consacre tout entier aux travaux scientifiques, bientôt viennent s’y joindre les emplois publics. A la fin del’année 1 798, il avait éténommémembrede l’Institut, il ne tarda pas à être secrétaire annuel, puis secrétaire perpétuel de cette compagnie. En 1800 il succédait à Daubenton au collège de France. En 1802 il fut un des six inspecteurs généraux nommés par Na- poléon pour reconstituer l’Université; peu de temps après, devenu conseiller, il fut chargé d’organiser les académies d’Italie, de Hollande. A son retour il entra au conseil d’état en qualité de maître des requêtes; en 1812, il était conseiller. Celui qui devait être choisi comme un nouvel Aristote, pour l’éducation du futur empereur, ne fut pas moins bien partagé par la restau- ration. Outre les places qu’il possédait et qui lui fu- rent confirmées, il fut successivement créé directeur des cultes dissidens, baron et grand officier de la Lé- gion d’honneur. Ces derniers titres furent-ils accordés au savant dont le nom remplissait l’Europe , ou au com- missaire du roi qui avait soutenu des lois déplorables? Laissons de côté les faiblesses d’un grand homme pour nous occuper de ses glorieux titres à l’immortalité. Cuvier avant son arrivée à Paris, s’était surtout oc- cupé de quelques descriptions d’insectes et de mollus- ques, mais déjà, il avait composé presque entièrement son mémoire sur le larynx inférieur des oiseaux. Ces BIOGRAPHIE io6 sujets, bien limités sans doute, étaient présentés par lui avec d’autant plus d’originalité que dans son séjour à la campagne , privé de livres, il avait été réduit à sa seule observation. En 1798 il publia pour ses éditeurs à l’école centrale du Panthéon son Tableau élémentaire des Animaux. La se trouvait l’ébauche de sa belle loi de la subordination des caractères zoologiques. En 1808 il fit paraître deux importans mémoires : l’un sur la nutrition des insectes , l’autre sur le sang rouge de certains vers, et spécialement des sangsues. Ces divers mémoires indiquent un observateur intelli- gent, mais ce ne sont pas des œuvres de génie. Le génie n’éparpille pas ses forces, il les concentre au contraire sur un point, et pour y atteindre il procède avec per- sévérance, quelquefois même avec lenteur. La patience, a dit Buffon, est la compagne et l’auxiliaire du génie. Aussi ne doit-on considérer ces essais que comme une préparation à des travaux plus importans. Bientôt nous allons voir un but unique poursuivi avec tous les efforts d’une observation minutieuse et patiente, puis atteint au moyen d’inductions hardies , mais qu’autorise une logique sévère. Dès 1796, dans un mémoire sur les éléphans fossiles, lu à la séance publique de l’Institut, il avait émis cette pensée : que « les débris d’animaux enfouis dans laterre, appartiennent à des espèces perdues. » La comparaison qu’il avait faite de plusieurs fossiles avec les sque- lettes de sa collection, venait en effet corroborer ce qui n’était encore qu’une opinion ; pour la transformer en vérité , il fallait s’assurer des caractères des espèces existantes, et principalement de leur structure. Aussi commença-t-il, en 1800, par ses leçons d' anatomie com parée. Du reste, il n’y a que l’introduction, la première DES PLUS CÉLÈBRES NATURALISTES. IO7 leçon et les généralités en tête des autres qui soient de là main de Cuvier, le reste, seulement revu par lui, fut rédigé par MM. Duméril et Duvernoy, sur des notes prises à son cours. En même temps un pros- pectus qu’il envoyait au nom de l’Institut, appelait tous les savans des pays civilisés à rechercher les fossiles et à lui en transmettre des copies exactes. L’é- mulation de recherches s’établit même parmi les gens du monde; et bientôt Cuvier fut possesseur de la plus riche collection de fossiles qui existât. Mais comment avec ces débris incomplets reconstituer l’animal perdu? Cuvier osa le faire ; il osa même décrire ses mœurs-, ses habitudes, ses lieux d’habitation , et chacun écouta avec admiration ces révélations des temps passés. Le fil qui le guidait dans cette voie inconnue était la subordina- tion des caractères, loi établie par lui d’une manière si lumineuse, et qui, de l’examen d’une dent , d’un pied conduit à connaître si l’animal est carnassier ou her- bivore , pachyderme ou ruminant, agile ou lourd dans ses mouvemens, etc. En même temps qu’il préparait tant d’immenses ma- tériaux , il publiait dans les Annales du Muséum une suite de monographies sur V anatomie des mollusques ; de nombreux mémoires sur les ossemens fossiles. Il entreprenait avec son ami Al. Brongniart un travail sur la constitution géologique des environs de Paris, tra- vail qui devint le point de départ et le modèle de tous ceux qui furent faits depuis. Il utilisait les voyages que lui imposaient ses fonctions publiques, à recueillir de nouveaux documens, à vérifier ceux qu’il avait acquis. Enfin en 1 8 1 2 il était arrivé à pouvoir résumer et coor- donner ses vues et sur les espèces perdues et sur les espè- ces existantes. C’est alors, que publiant le recueil de ses BIOGRAPHIE I08 mémoires siirlesossemensfossiles, il y ajouta ce discours 'préliminaire sur les révolutions de la surjace du globe, magni- fique introduction à l’histoire du monde. Dès lors aussi il fit pressentir sa nouvelle classification des animaux en quatre einbranchemens. Mais ce ne fut qu’en 1817 qu’il publia la première édition du Règne animal, où se trouve l’application détaillée de ces nouveauxprincipes qui nous montraient la nature jetant la matière animale dans quatre moules différens , celui des vertébrés, celui des mollusques, celui desinsectes etcelui des zoopbytes. En 1828, pour utiliser l’immense collection de pois- sons décuplée par ses soins, et d’ailleurs attiré par un goût particulier qu’il devait à son long séjour sur les côtes de l’Océan, il commença une Idstoh^e des pois- sons pour laquelle il s’adjoignit M. Valenciennes. Cuvier fut un administrateur actif et éclairé, un pro- fesseur habile. Pour excuser l’ambition qui le poussait à rechercher les places , on a dit, mais à tort, que les emplois dont il était surchargé n’avaient point nui à ses travaux scientifiques. Nous ne citerons pour preuve du contraire que ces paroles recueillies à son lit de mort : « Et tant de choses cependant qui me restaient à « faire ; trois ouvrages importans à mettre au jour. Les rt matériaux préparés, tout était disposé dans ma tête, « il ne me restait plus qu’à écrire !... » Il ne fit son cours d’anatomie que quinze années sur trente-sept, et celui du collège de France que seize sur trente-deux, et cependant ces cours ont grandement contribué à sa gloire; celui qu’il fit au collège de France sur Vhistoire des sciences naturelles dans ces derniè- res années eut surtout un immense retentissement. Le 8 mai 1 832,il avait rouvert ce cours par un discours rem- pli d’aperçus magnifiques sur l’état présent du globe, ses DES PLUS CÉLÈBRES NATURALISTES. lOQ révolutions et sur la puissance créatrice, mais empreint d’une mélancolie prophétique. Au sortir de la séance il éprouva des symptômes de paralysie. Le mal fit des progrès rapides, qu’il suivait avec la présence d’esprit d’un profond anatomiste, qu’il supportait avec le cou- rage d’un philosophe. Le i3 il avait cessé de vivre! Sa perte fut universellement sentie; ses funérailles furent dignes de sa renommée. Elles furent accomplies avec un immense concours de citoyens que n avait pu dé- tourner de ce pieux devoir la crainte du choléra qui sévissait alors dans Paris. Cuvier possédait une variété de connaissances très étendues, plusieurs langues vivantes : sa mémoire était prodigieuse. Il était naturellement affable, assez porté au sarcasme, et très irritable; mais s’il se livrait facile- ment à des mouvemens d’impatience, il cherchait aussi- tôt à les faire oublier par des paroles affectueuses. D’une stature moyenne , sa tête énorme était en disproportion avec sa taille. Sa figure était im- posante, son menton proéminent ; son nez était fort grand et recourbé, la voix s’y engouffrait quelquefois désagréablement. Il avait épousé la veuve d’un fermier général. Cette union eût été fort heureuse s’il n’avait vu mourir avant lui et les enfans issus du premier mariage, et une fille chérie âgée de vingt-deux ans. L’ébranlement moral que lui causa cette perte, contribua sans doute à affai- blir chez lui les ressorts de la vie. On fit l’autopsie de son corps. Aucune lésion ne révéla la cause organique de la paralysie qui l’avait frappé. Son cerveau extraordinaire par son volume et ses pro- fondes circonvolutions pesait environ 1 8 1 5 grammes, à peu près un tiers de plus que les cerveaux ordinaires. IIO BIOGRAPHIE Voici les principaux ouvrages qu’il a laissés : Tableau élémentaire de l’ histoire des animaux, 1 798-99, in-8®. Leçons d' anatomie comparée. 5 vol. m-8°, i8oo--i8o5. Rapport historique sur les progrès des sciences naturelles, 1810, vol. in-8“. Recherches sur les ossemens fossiles, 1812, 4 ^^1. in-4®* — 2^ édit. 1821 à 1824. — 3® édit. i834, 7 vol. Le règne animal distribué diaprés son organisation. 1817, 4 vol. — 2^ édit. 1 829 à 1 83o, 5 vol. Recueil des éloges historiques lus dans les séances publiques de l'Institut. 3 vol. in-8‘’. Plusieurs articles de la Biographie universelle. Plusieurs articles du Dictionnaire des Sciences natu- relles. Et de nombreux mémoires insérés dans le Journal d’his- toire naturelle (1792)^ dans le Magasin encyclopédique (1793); la Décade philosophique (1795); dans le Bulletin de la Société philomathique (de 1796 à 1800); les Annales du Muséum ; le Journal de Physique (1800) ; les Mémoires de l’Académie des sciences. On peut consulter, sur la vie de Cuvier, les mémoires de M*^ Sarah Lee (i833, in-8°); l’article de M. Laurillard dans la Biographie universelle; la Vie de quelques illustres naturalistes, par M. Isidore Bourdon (i 844) j son éloge histo- rique parM. Flourens. CUVIER (Frédéric), Né à Montbéliard, le 28 juin 1773 ; Mort à Strasbourg, le 24 juillet 1838. Naturaliste. Le plus beau titre de Frédéric Cuvier est peut-être d’avoir été le frère de Georges ; mais quand on songea l’amitié qui unit ces deux hommes, plus étroitement encore que les liens du sang, comment les séparer, eux que la mort ne sépara l’un de l’autre que pour quelques années ? III DES PLUS CÉLÈBRES NATURALISTES. La distance qui devait exister entre les deux frères , se marqua dès les premières années. Georges avait brillé dans les études du collège, Frédéric n’y trouva que de l’ennui, et abandonna le collège pour se mettre en ap- prentissage chez un horloger. Son instinct le portait vers la mécanique ; mais son frère au milieu de ses pre- miers triomphes ne l’avait pas oublié, et dès que sa po- sition sembla assurée, il l’appela près de lui (1797). La gloire naissante de Georges rayonnait sur lui ; il voulut s’en montrer digne. Il se mit à refaire son éducation ; il suivit avec ardeur les cours publics de sciences ; et bientôt, en rangeant méthodiquement avec son frère les squelettes qui composaient le cabinet d’anatomie comparée, il devint naturaliste. En 1804, il fut chargé de la direction immédiate de la ménagerie du Muséum. Cette place ne fut pas pour lui une sinécure, et il en profita pour étudier les instincts et l’intelligence des animaux. Il établit les limites qui se trouvent entre l’instinct et l’intelligence, entre l’intelligence de l’homme et celle des animaux , entre l’intelligence de telle espèce et celle de telle autre. Dans les travaux qu’il continua pendant trente ans sur cet intépssant sujet, rien d’hypothétique. Il raconte ce qu’il a vu. Aussi le livre qui contient ses observations contraste singulièrement avec Buffon; l’illustre écrivain ne s’inquiète guère que de la composition artistique de ses portraits; Frédéric Cuvier, scrupuleux observateur, ne prête pas aux animaux les instincts ou l’intelligence de l’homme; il marque à chacun la part que lui a assi- gnée la nature. Inspecteur d’Académie en 1810, il fut nommé in- specteur général de l’Université en 1820, et il travailla beaucoup avec son frère à répandre l’enseignement de II2 BIOGRAPHIE l’histoire naturelle dans les colleges. En 1837, il sortit de la position modeste que depuis si longtemps il avait conservée au Jardin du Roi pour y occuper une chaire de professeur. Mais il ne put en jouir ; quelques mois après, comme son frère, il fut enlevé en peu de jours par une maladie foudroyante, au milieu de sa tournée d’inspecteur. Il avait conservé également la même pénétration d’observation , la même fermeté. Il était membre de l’Académie des sciences , et de la Société royale de Londres. Ses principaux ouvrages sont : Des dents des mammifères considérées comme caractères zoologiques. 1825. Histoire naturelle des mammifères. i8i8 à 1887. Histoire naturelle des cétacés. 1 836. Nombreux articles dans le Dictionnaire des Sciences na- turelles; plusieurs mémoires dans les Annales du Muséum, vol. V1TI,XI, XII, XIV, XVI, XVII, et dans les Mémoires du Muséum, IV, IX, X, XI, XIII, XVI. DALECHAMPS (Jacques), Né à Gaën en 1513 ; Mort à Lyon (Rhône) en 1588. Médecin, botaniste. Il fut reçu docteur en médecine à Montpellier, et vint en 1 552 à Lyon, où il pratiqua jusqu’à l’époque de sa mort. Il y jouit d’une haute réputation. Ses occu- pations médicales l’empêchèrent même de donner tous ses soins aux ouvrages de botanique qu’il avait entre- pris. Très versé dans l’étude des langues anciennes, il montra beaucoup de sagacité à déterminer les plan- tes décrites par les Grecs et les Romains. Voulant réunir dans un seul ouvrage les connais- DES PLUS CÉLÈBRES NATURALISTES. Il3 sances acquises jusqu’alors en botanique, et y ajouter les observations qu’il avait faites, il rassembla un assez bon nombre de plantes quil fit graver, et s’associa dans ce travail J. Bauhin, qui, pour motif de religion, fut bientôt obligé de quitter Lyon. Plus tard , un nommé Desmoulins , médecin de Lyon , fut chargé de mettre en ordre ces matériaux; mais il le fit d’une ma- nière confuse, et l’ouvrage, sans porter le nom de Da- lechamps, parut sous ce titre : Histovia gencralts plantarum in iibros XVIII per certas classes artijiciosè digesta, a vol. in-foL, 1 586. Cette histoire fut attaquée violemment par les deux Bau- hin; plus tard Desin oublis en publia une traduction française, où il fit quelques-unes des corrections qui avaient été indi- quées. Lyon, i6i5. On a encore de Dalechamps une édition estimée de Pline. Lyon, 1687, in-fol. DAUBENTON (Louis-Jean-jVIarie), Né à Montbard en Bourgogne, le 29 mai 1716;- Mort le 1er janvier isoo. M'aturaliste. Destiné par son père à l’état ecclésiastique, il préféra les études médicales et s’appliqua spécialement à Fana- toinie. Buffon, son compatriote, ayant été nommé in- tendant du Jardin du Roi , l’attira près de lui en 1742, et lui fit donner, en 1746? la place de garde et démons- trateur du cabinet d’histoire naturelle. Son caractère était complètement l’opposé de celui de Buffon; tous deux n’avaient de commun que l’amour pour les scien- ces naturelles. Daubenton, esprit timide, positif, grand investigateur des faits , peu soucieux de l’expression, 6î 8 Il4 BIOGRAPHIE se concentrait dans l’examen minutieux des détails , et loin de s’abandonner à la moindre théorie, n’osait même pas tirer les conséquences nécessaires des observations qu’il avaitfaites avec une rare sagacité. Ses travaux jour- naliers ne l’empêchaient pas de veiller aux collections qu’il ordonna avec le plus grand soin. Il obtint qu’une des chaires de médecine du collège de France fût con- vertie en chaire d’histoire naturelle , et le premier il y professa cette science en 1778. La Convention ayant érigé le Jardin du Roi en Mu- séum d’histoire naturelle, il y fut nommé professeur de minéralogie. Il fut aussi membre de l’Académie des sciences et professeur d’économie rurale à l’école d’Al- fort. Vers la fin de 1799, il fut élu membre du sénat; mais il ne jouit pas longtemps de cette dignité qui s’ac- cordait peu avec ses habitudes de vie, simples et uni- formes. A l’une des premières séances, il fut frappé d’apoplexie et mourut quatre jours après. C’est lui qui a fourni les articles de descriptions et d’a- natomie aux quinze premiers volumes de YHistoire natu- relle de Buffon; une grande partie des animaux vertébrés dans V Encyclopédie méthodique ; et de nombreux mémoires dans le recueil de l’Académie des sciences dont les princi- paux sont: Mémoire sur les Musaraignes (1756); sur les chauve- souris (1759) ; sur la situation du trou occipital dans l’homme et les animaux (1772); sur l’animal qui porte le musc (id.); observation sur la disposition de la trachée-artère de dif- férentes espèces d’oiseaux (id.); observation sur le grand os qui a été trouvé en terre dans Paris , et sur la conformation des os de la tête des cétacés (1782). Instruction pour les bergers et les propriétaires de troupeaux, avec d’autres ouvrages sur les moutons et les laines (1782). Paris, ia-8®. DES PLUS CÉLÈBRES NATURALISTES. 1 15 Mémoire sur le premier drap de laine superfin du cru de la France^ 1784? in-8°. Daubenton a beaucoup contribué à propager en France les moutons de race espagnole. Tableau méthodique des minéraux, suivant leurs différentes natures, et avec des caractères distinctifs, apparens ou fa- ciles à reconnaître, 1784, iii-8°. DAUDIN* (François-Marie), Né à Paris en 1774 ; Mort en 1804. Naturaliste. Ayant perdu de bonne heure en grande partie l’usage de ses jambes , il chercha une consolation à ses infir- mités dans l’étude de l’histoire naturelle. Malheureuse- ment il se hâta d’écrire avant qu’il eût pu observer suf- fisamment , et il n’a guère publié que des compilations. Tel est son Traité d[ Ornithologie , 1799-1800, qui de- vait avoir six volumes et dont deux seulement ont paru. Son Histoire naturelle des reptiles, faisant suite à l’édition de Buffon, par Sonnini, sans avoir rien d’original, est un ouvrage fort étendu sur ce sujet intéressant , et mérite d’être consultée. 8 vol. in-8°, 1802, i8o3, avec beaucoup de figures. Histoire imturelie des rainettes, des grenouilles et des cra- pauds, i8o3 ; recueil de figures enluminées. Tableau des divisions, sous-divisions, ordres et genres des mammifères et oiseaux, d’après la méthode de Lacépède, etc. Paris, 1802, in- 18. Il a fourni différons articles dans les deux premiers volu- mes des Annales du Muséum d’histoire naturelle. BIOGRAPHIE Il6 DE CASIDOLIiE (Augustin- Pyrame), Né à Genève, le 4 février 1778 ; Mort le 9 septembre 1841. Botaniste. Descendant d’une famille de Français réfugiés à Ge- nève, et dont plusieurs membres se isendirent dignes d’occuper les premières places dans leur patrie adop- tive, le jeune de Candolle, faible et maladif, fut élevé par une mère distinguée. Aussi, de bonne heure, son intelligence fut-elle développée; mais elle se tournait plutôt vers la poésie que vers les sciences. Il fallut que l’isolement et de nouvelles sensations vinssent éveiller en cettenature impressionnable la vocation qui sommeil- lait. A l’approche de l’invasion de la Suisse en i 792 par les armées françaises, il fut obligé de chercher avec sa famille un asile sur les bords du lac de Neufchâtel. Des sites nouveaux, l’absence des sociétés qu’amusait son imagination précoce, le poussèrent à des promenades auxquelles il n’était pas accoutumé; dans ces prome- nades, une magnifique végétation attira ses regards, et dès lors sa passion pour la botanique se développa dans toute son énergie. Quelques années plus tard, Dolo- mieu , visitant ces contrées, encouragea le jeune natu- raliste, et lui fit comprendre la nécessité de venir à Paris. De Candolle partit, sous prétexte d’étudier la mé- decine; mais les premières études de cette science l eu- rent bientôt rebuté, et le jardin botanique lui fit oublier les amphithéâtres. C’est là que son assiduité le fit remarquer de Desfontaines qui le mit en rapport avec le peintre Redouté. Celui-ci avait fait une collection de dessins de plantes grasses; de Candolle, âgé de vingt ans, en fit la description. Ce livre avait commencé sa ré- DES PLUS CÉLÈBRES NATURALISTES. I putation; son travail sur l’influence que la lumière exerce sur les plantes eut un tel retentissement, que l’Academie, quoiqu’il n’eût que vingt-deux ans, l’inscri- vit sur la liste de ses candidats , et que Lamarck lui confia une nouvelle édition de la Flore française. Cet ouvrage lui demanda plusieurs années de travail; car la France, à cette époque, était bien grande; et ce n’é- tait point dans les livres, c’était dans la nature, au sommet des montagnes les plus abruptes, au fond des précipices qu’il cherchait ses descriptions. Toutefois des succès aussi brfllans ne lui assurèrent point à l’Institut la succession d’Adanson à laquelle il avait tant de droits. On lui offrit la chaire de botanique à l’école de Montpellier ; il accepta. Les leçons qu’il y fit et qu’il a résumées dans ses ouvrages théoriques, lui donnèrent une immense renommée. De Candolle fut doyen de la Faculté des sciences de Montpellier. Pendant les cent jours, il fut nommé recteur de l’Académie. La se- conde restauration survint, et l’esprit réactionnaire qui y présidait n’épargna pas les plus hauts talens ; le rec- teur fut destitué brutalement ; il eut le tort de se venger de la France ; il la quitta et retourna à Genève. Là on se hâta de fonder pour lui une chaire d’histoire natu- relle et de créer un jardin botanique. L’enseigne ment du professeur ne tarda pas à jeter sur Genève un vif éclat. Toute sa vie, dès lors, fut consacrée à faire le dénombrement de cette armée immense de plantes con- nues, multitude qui s’accroissait chaque jour. En effet, en 1817, De Gandolle comptait déjà cinquante-sept mille espèces ; en 1 840, il en portait le nombre à quatre- vingt mille. Pour lui, il avait établi plus de sept mille espèces nouvelles, et près de cinq cents genres nou- veaux. L’histoire de ces plantes devait être d’abord BIOGRAPHIE Il8 consignéedans l’ouvrage intitulé vegetabilis syste- ma wa/wm/e; recommencée sous une forme plus abrégée Prodromus systématisa etc. Elle n’en a pas moins dû pren- dre d’immenses proportions. A la mort de de Candolle, sept volumes avaient paru. M. de Candolle fils a entre- pris de continuer cette œuvre, et déjà a publié le hui- tième volume. Il remplit ainsi le dernier vœu de son père mourant. De Candolle appartint à toutes les académies savan- tes du monde. Il fut un des huit associés étrangers de l’Académie des sciences. Sa conversation était vive, spirituelle ; son caractère aimable provoquait les amitiés ;*son âme douce et sen- sible savait les conserver. Il a laissé sur sa vie des mé- moires qui font estimer l’homme, comme ses ouvrages font admirer le savant. Il est le seul homme, depuis Linné, qui ait embrassé avec un égal génie toutes les parties de la botanique ; il eut l’avantage sur lui de pouvoir donner à cette science une étendue bien plus considéra])le. de pénétrer plus intimement dans l’organisation des êtres, et de se préoccuper plus des rapports naturels que des rappro- chemens ingénieux, mais artificiels. Ouvrages principaux : Histoire des plantes grasses, avec figures par Redouté, 24 magnifiques livraisons, 1799 à i8o3. Expériences relatives à Cinfluence de la lumière sur quelques végétaux, 1800. (Voir les mémoires des savans étrangers de rinstilut, vol. I. Astragalogia. Paris, 1802, avec 5o planches. Essai sur les propriétés médicales des plantes comparées avec leurs formes extérieures et leur classification naturelle. 1 8o4, thèse. Essai élémentaire de géographie botanique. Paris, 1821, in-8° (extrait du Dictionnaire des Sciences naturelles). DES PLUS CÉLÈBRES NATURALISTES. II9 La Flore française, ou Description de toutes les plantes qui croissent naturellement en France, disposée selon une nouvelle méthode d’analyse, etc. 3' édition, i8o3-i8i5, 6 vol. in-80. Théorie élémentaire de la botanique, i vol. in-8'’, 2® édition. Paris, 1819. Mémoires sur la famille des Légummeuses. Paris, 1825, in-4°) avec 70 planches. Organographie végétale, ou Description raisonnée des or- ganes des plantes, etc. 1827, 2 vol. in-8®avec pl. Regni vegetabilis systema naturale ; sive Ordines, généra, et specics plantarum secundum methodi naturalis normas digesta- rum et descriptarum. 1818-1821, 2 vol. in-8°. Prodromus systematis naturalis regni vegetabilis, sive Enu- meratio contracta ordinum, generum specierumque plantarum hiic usqiie cognitarum, juxta methodi naturalis normas dlgesta. 1824 à 1839, 7 volumes continués par M. de C. fils. Recueil de mémoires sur la botanique, etc., i vol. in-4°. Paris, i8i3 avec 54 ph Collection des mémoires pour servir à l’histoire du règne végétal, en 10 liv. in-4°. Paris, 1 828-38. Un grand nombre d" articles àànsXe Dictionnaire des Scien- ces naturelles; et de mémoires de 1798 à i 826 dans les publi- cations suivantes : Bulletins de la Société philomathique, 1798, 1799, 1800, 1801, 1802, i8o3, i8o4, 1808. Journal de Physique, vol. 47» 4^) 54« Mémoires delà Société d’agriculture, vol. 5, ro, ii, 12, i3, i4, i5. Annales du Muséum d’histoire naturelle de Paris, vol. 2, 9, 10, i5, 16, 17, 19. Mémoires de la Société d’Arcueil, vol. 2, 3. Mémoires du Muséum d’histoire naturelle, vol. 2, 3, 7, 9, 10, 17. Bibliothèque universelle de Genève, 6, 7, 20, 36, 4o, 4> , 42, 45, 47. 48, 49. 52, 55, 58. Bibliothèque universelle d’Agriculture, vol. 7, 10. 120 BIOGRAPHIE Mémoires de la Société de physique et d’histoire naturell de Genève, vol. i, 2, 3,4? 5, 6, y, 9. Annales des Sciences naturelles, 1, 4, 7- D Eli AL A ND E (Pierbe-Antoine), Né à Versailles, le 27 mars 1787 ; Mort à Paris, le 27 juillet 1823. Voyageur naturaliste. . Enlevé par une mort prématurée, il n’a pu composer aucun ouvrage de quelque importance ; mais nous de- vons signaler ici son nom , car il est mort victime de son dévouement à la sciance. Il voyagea, par ordre du gouvernement, dans le midi de l’Europe, au Brésil, en Afrique , et rassembla de nombreuses collections qui contribuèrent à enrichir le Muséum. Les fatigues qu’il éprouva pendant son voyage dans le sud de l’A- frique, altérèrent profondément sa santé, et il mourut deux ans après son retour, sans avoir eu le temps de mettre en ordre les notes qu’il avait recueillies. On n’a de lui que : Précis étun voyage au cap de Bonne-Espérance. Paris, 1822, in-4°. DELAUNAV (Louis), Né vers 1740, dans les Pays-Bas ; On ignore l’époque de sa mort; il vivait encore en 1805. Minéralogiste. Il fut avocat à la cour de Bruxelles ; mais il paraît s’être beaucoup plus occupé de sciences que de droit. En 1 7 76, il fut reçu membre de l’académie de cette ville. Il a publié : Essai sur t histoire naturelle des roc/ie^. Bruxelles, 1 786,in-4°* Son principal ouvrage est : Minéralogie des ancienSy ou exposé des substances du rè- DES PLUS CÉLÈBRES NATURALISTES. 121 gne minéral connues dans l’antiquité. Bruxelles, i8o3, 2 vol. in-8o. En outre plusieurs Mémoires dans l’ancien recueil de l’A- cadémie de Bruxelles, Tom. ii : — Sur C origine des fossiles accidentels des provinces belgîgnes , précédé d’un discours sur la théorie de la terre. L’auteur y établit par diverses preuves que la surface actuelle du globe ne date pas d’une époque aussi éloignée que le pensaient alors les géologues. Tome \ .Sur les cristallisations d’eau ou les cristaux de glace. — Sur quelques substances minérales cristallisées par retrait. — Distribution systématique des productions du règne animal. Lettre sur la tourmaline du Tjrol (Journal de Physique de l’abbé Rozier, tom. i5, p. 182). DEIiUC (Jean-André) , Né à Genève en 1727 ; Mort à Windsor (Angleterre) en 1817 ; Physicien, géologue. Fils d’un négociant de Genève, il renonça de bonne heure au commerce pour s’adonner uniquement aux sciences, et prit un rang distingué parmi les physiciens par ses travaux sur l’hygrométrie, le thermomètre et la météorologie, et en imaginant le baromètre portatif. Cette dernière invention lui fut suggérée par l’embar- ras qu’il avait souvent éprouvé, de transporter le baro- mètre ordinaire dans ses excursions géologiques, et par le peu de précision que présentait cet instrument pour la mensuration des hauteurs. C’est ainsi que ses recher- ches sur la physique proprement dite, se liaient à ses observations sur le règne minéral, dont l’étude lui était plus que toute autre attrayante ; c’est lui qui fonda le cabinet minéralogique, futur ornement de sa ville na- tale. A l’âge de dix-sept ans, accompagné de son frère, 122 BIOGRAPHIE qui n’en avait que quinze , et qui l’aida constamment dans ses travaux, il commença, dans les montagnes de la Suisse, ses voyages d’observation géologique. Après avoir longtemps exploré la Suisse et la Savoie, esca- ladé des glaciers que l’homme n’avait jamais atteints, il visita l’Allemagne, le nord de l’Europe, les différens comtés de l’Angleterre. Dans ce dernier royaume , la reine Sophie-Charlotte l’accueillit avec une grande fa- veur, et lui accorda un logement au château de Wind- sor pour y faire ses expériences. Son nom était alors répandu dans toute l’Europe ; aussi l’université de Gœt- tingue créa pour lui une chaire de géologie, qu’elle lui offrit (1797). Deluc accepta, mais comme titre honori- fique ; car l’ignorance de la langue allemande l’empê- chait de faire son cours. Cependant , l’âge n’avait ralenti ni son ardeur pour le travail , ni son amour des voya- ges ; mais il aimait de temps en temps à se reposer dans le calme de la royale demeure de Windsor, et c’est là qu’il termina sa carrière, à l’âge de 90 ans. Comme géologue, Deluc est celui qui, avec Dolo- mieu, a établi l’opinion adoptée depuis par Cuvier, que la dernière révolution subie par le globe, ne remonte pas au delà de cinq ou six mille ans. Ses ouvrages sont nombreux ; voici la liste de ceux qui se rapportent à l’histoire naturelle : Lettres physiques et morales sur les montagnes et sur P histoire de la terre et de Lliomme, La Haye, 1778, 1780, 6 vol. in-8®. Paris, 1798, in-8°. Lettres sur quelques parties de la Suisse. Londres et Paris , 1787, in-8°. Lettres à Blumenbach sur t histoire physique de la terre. Abrégé des principes et des faits concernant la cosmologie et la géologie. Brunswick, i8o2,in-8°. DES PLUS CÉLÈBRES NATURALISTES. 123 Voyage géologique dans le nord de L'Europe. Londres, 1810, 3 vol. in-8®. Voyage géologique en Angleterre.LondreSy 181 1, 2 vol. in-80. Voyages géologiques en France^ en Suisse et en Allemagne , Londres, i8i3, 2 vol. in-8®. Abrégé de Géologie. Paris, 1816, in-S®. DESFONTAINES (Réné-Louiche), Né vers 1751 ou 1752 à Tremblay (Ille-et-Vilaine); Mort à Paris, le 16 novembre ;i833. Botaniste. Né de parens pauvres , il fut envoyé à l’école du village; mais il n’y fit aucun progrès, et le maître le renvoya comme incapable, en lui prédisant un fâcheux avenir. Desfontaines , malgré la bonté de son naturel, ne pardonna jamais ce fâcheux horoscope, et s’en ven- gea avec malice. A chacun de ses nouveaux succès, il ne manquait jamais d’en informer son ancien maître. La médecine qu’il étudia ne fut pour lui qu’un prétexte pour se livrer avec ardeur à l’herborisation et à l’étude des plantes. Les premiers travaux qu’il publia furent assez importans pour lui mériter, en 1783, une place à l’Académie des sciences. Cette position ne fut pour lui qu’un encouragement à poursuivre ses travaux. Se- condé par Lemonnier, médecin du roi, il obtint du gouvernement les fonds nécessaires pour entreprendre un voyage en Barbarie; il y séjourna deux ans, explo- rant, non seulement le littoral , mais encore parcourant les diverses chaînes de l’Atlas, jusqu’à son versant mé- ridional. Il en revint avec un herbier considérable et une découverte importante ; il venait en effet de recon- naître la différence de structure qui existe entre les BIOGRAPHIE I 24 plantes monocotylédonëes et les dicotylédonées. La chaire de botanique au Jardin du Roi était le but de tous ses désirs; Buffon la lui donna, et jamais homme ne dévoua plus que lui son existence à la char^je dont il était revêtu. Qui ne se rappelle ces leçons, que plusieurs générations ont pu entendre, ces leçons, faites avec tant de bonhomie et une complaisance sans bornes pour ses élèves? le temps que lui laissait la préparation de son cours , il l’employait à mettre en ordre les col- lections, à rectifier l’ordre du jardin botanique, à en sur- veiller la culture , à constater de nouvelles espèces ; le Jardin des Plantes était comme son domaine, et il n’en sortait guère ; c’est là qu’au milieu de la tourmente ré- volutionnaire, il s’était tenu à l’abri; et cependant ce caractère, naturellement timide, avait, à cette époque, deux fois montré une énergie qu’on n’aurait pas soup- çonnée, celle que donne une bonne conscience, et l’a- mour du prochain. Il n’avait pas craint de visiter, dans sa prison, le géologue Ramond, et d’affronter les terri- bles puissances du moment pour leur arracher la dé- livrance du botaniste L’héritier. Les deux dernières années de sa vie, il avait perdu la vue; mais toujours passionné pour ses chères plantes, il se faisait conduire dans les serres, et cherchait à les reconnaître au toucher. Les principaux ouvrages qu’il a laissés sont : Flora atlanlica. Paris, 1798, 2 vol. in-4°, 263 pl. Cours de botanique élémentaire et de physique végétale, 1796. Tableau de C école botaîiique du Muséum d'histoire naturelle, i8o4, in-80. 2® édition. Paris, 18 1 5, in-8°. Choix de plantes du corollaire de Tournefort, 1808, in-4®. Histoire des arbres et des arbustes qui peuvent être cultivés en pleine terre sur le solde la France, 1809, 2 vol. in-80. Et beaucoup de mémoires dans les Mémoires de l’Aca- des plus célèbres naturalistes. 125 demie des sciences; le Journal de Physique; les Annales du Musée ; le Journal des Savans, etc. DICKSON (Jean), Né en Écosse (l’époque de sa naissance est inconnue) ; Mort à Londres en 1822. Botaniste. Il commença par être journalier au service d’un pé- piniériste. A force de travail, il devint lui-même jar- dinier. Tout en se livrant à la partie matérielle de sa profession, il cherchait à acquérir les connaissances scientifiques. Banks, qui Tavait distingué, lui ouvrit sa riche bibliothèque. Il a beaucoup contribué à éclairer l’étude des végétaux cryptogames, et il en a décrit plus de quatre cents espèces inconnues avant lui. Plantarum cryptogamicaruni Britanniœ^ 4 foscic., iy85- I Soi. Collection de plantes diverses, 17 fascic. 1789-1799. Divers articles dans les Transactions de la Société linnéenne. DlIiIiEN (Jean-Jacques), connu sous le nom de DILLENIUS, Né à Darmstadt en 1687 ; Mort à Oxford (Angleterre) en 1747. Médecin^ botaniste. Reçu docteur en médecine à ruuiversité de Gies- sen , il se fit connaître de bonne heure par quel- (jues travaux sur la botanique, et particulièrement sur les plantes qui offrent les organes les moins appareils; il joignait à ses publications des planches dessinées et gravées par lui, qui racbetaientpar lafidélitédes détails, ce qui pouvait leur manquer du côté de l’art. Cependant, 26 BIOGRAPHIE Dillen, qui n’avait qu’une position précaire, écouta les propositions de Guillaume Sherard, riche Anglais, ama- teur passionné de botanique, et passa en Angleterre en 1721. C’est le magnifique jardin de Jacques Sherard, frère de Guillaume, qu’il a décrit sous le nom de Jardin d'EUham.JJxm caractère modeste, tout entier au travail, Dillen vécut dans la retraite, et entretint une correspon- dance avec Haies. On peut lui reprocher de n’avoir pas su apprécier Tournefort, ni deviner Linné qui se présenta chez lui sur la recommandation de Boer- haave.Il prit, vers la fin de sa vie, un embonpoint exces- sif, et mourut d’une attaque d’apoplexie. On a de lui : Catalogus planiaruni circa Giessam nascentium^ 17^9» in- 80. Synopsis plantarum Jngliœy 1724, in-8°. Horlus elthamensisj 1782. Ouvrage remarquable, et par les planches et par l’exactitude des descriptions. Historia muscorum, 2® édition, 1768. La première édition fut engloutie avec le vaisseau qui la transportait en Hol- lande. C’est l’ouvrage capital de l’auteur, et il mérite encore d’être consulté par tous ceux qui s’occupent des cryptogames, autant pour l’étendue et la fidélité du texte, que pour la per- fection de détail donnée par l’auteur aux gravures. DIOSCORIDES (Pedanius), Né à Gæsaræa-Augusta (Anazarbe) en Cilicie ; Vécut vers le commencement de Père chrétienne. Médecin, botaniste* Il fait connaître lui-même, qu’entraîné dès sa jeunesse par le désir de s’instruire, il parcourut l’Asie -Mineure, la Grèce, fltalie et la Gaule Narbonnaise. L’ouvrage en cinq livres qui nous reste de lui, traite de ta Matière mé- dicale, Gomme la botanique y tient le rang le plus im- DES PLUS CÉLÈBRES NATURALISTES. I27 portant, l’auteur est habituellement rangé parmi les botanistes. Cependant, il faut convenir que la botani- que y est traitée avec peu de méthode, souvent d’une manière confuse , et que les propriétés vraies ou sup- posées des plantes y tiennent la plus grande place. Cet ouvrage n’en a pas moins été le fondement de la botanique ; et la nomenclature actuelle s’y retrouve en grande partie. Les auteurs de la renaissance, et parti- culièrement Matthiole,Fuchs, Tragus, firent de grands et vains efforts pour déterminer les plantes signalées plutôt que décrites par Dioscorides. Les auteurs plus ré- cens se sont mis plus à l’aise, ils ont appliqué les noms qui s’y rencontrent, sans trop s’inquiéter de l’identité. Ainsi, Tournefort assure que sur les six cents plantes dont parle Dioscorides, et les quatre cents de plus qu’on trouve dans Théophraste, on peut à peine en recon- naître cent avec certitude. Linné a transporté certains noms, celui de strychnos^ par exemple, à des plantes de l’Inde et de l’Amérique. Une des meilleures éditions, la Madère médicale^ est celle de Goupil. Paris, i549, On peut consulter, au sujet de la concordance des noms : Sibthorp, Flora grœca; et Sprengel, Historia rei herba-v riæ, 1807, 2 vol. in-fol. DOLOMIEU (Déodat-Güi-Sylvain-Tancrède, de GRATET de) Né à Dolomieu (Dauphiné), le 24 juin 1750; Mort à Châteauneuf (Saône-et-Loire), le 26 novembre 1801. Géologiste et minéral ogiste* Admis dans l’ordre de Malte dès sa naissance, il paraissait ne devoir remplir d’autre carrière que celle des armes, lorsque, pendant son noviciat, un duel, où il eut le malheur de tuer son adversaire, le fit mettre 28 BIOGRAPHIE en prison. Neuf mois de solitude développèrent chez lui le ^oût des sciences. Plus tard, les leçons d’un pro- fesseur de Metz, le physicien Thirion, imprimèrent une puissante direction à ses études ; et Pamitié du duc de la Rochefoucauld lui fit bientôt obtenir le titre de membre correspondant de l’Académie des sciences. Dès lors. Dolomie U s’adonna tout entier à l’étude de la constitution du globe. Dans ce but, il parcourut le Portugal, la Sicile et les îles qui l’environnent, le ter- ritoire de Naples, la Calabre, les Pyrénées et les Alpes. Dans ces voyages , souvent périlleux, car c’étaient les parties les plus abruptes des montagnes, les pics les plus élevés, les précipices les plus profonds qu’il visi- tait surtout, on le voyait constamment braver les fati- gues, encourager ses compagnons. Cependant, ses re- lations avec son ordre étaient devenues peu amicales. L’envie qu’inspirait sa réputation, peut-être la direc- tion de ses études, lui avaient suscité de nombreux ennemis. Une dernière circonstance vint mettre le com- ble à ces inimitiés. Dolomieu, pendant la terreur, n’a- vait pas émigré ; toutefois, pour se soustraire aux trou- bles politiques, il avait parcouru la France le marteau à la main et le sac sur le dos. En 1796, il avait été nommé professeur à l’école des mines. L’année sui- vante , il fut appelé à faire partie de la commission scientifique qui allait suivre Napoléon en Égypte; mais le vaisseau cpii le portait s’arrêta avec le reste de la flotte devant Malte. L’île fut bientôt au pouvoir de la répu- blique française , et Dolomieu , qui avait cherché inuti- lement à sauver les membres de son ordre par une négociation, se vit signalé dans toute l’Europe par les émigrés, comme un traître et un parjure : il ressentit bientôt l’effet de leur vengeance. Le vaisseau qui le ra- DES PLUS CÉLÈBRES NATURALISTES. 1 29 menait, d’Égypte où il n’avait fait qu’un court séjour, ayant été poussé vers les côtes d’Italie, il fut séparé de ses compagnons d’infortune et jeté dans un cachot. Pendant vingt-un mois, il y subit le traitement le plus indigne; son courage ne se démentit point, et l’étude vint le consoler. On lui avait ravi ses livres, mais il con- servait ses souvenirs. On le privait de papier, de plu- mes et d’encre ; les marges de trois volumes, soustraits a la perquisition de ses geôliers, un morceau de bois et la fumée de sa lampe, remplacent ce qui lui manque ; c’est ainsi qu’il compose son traité de philosophie mi- néralogique et plusieurs autres mémoires. La France, au moins, n’oublia point l’illustre captif. Il fut nommé professeur de minéralogie au muséum d’histoire naturelle, en remplacement de Daubenton, qui venait de mourir; et un des articles du traité que la république fit avec Naples, lui fit obtenir la liberté , en 1 799 ; mais il n’en jouit pas longtemps. H ne fit qu’un seul cours, qui attira un grand nombre d’auditeurs ; l’année suivante, il fut enlevé par une courte maladie. On a de lui ; Voyage aux îles de Lipariy etc. Paris, 1783, in-8". Mémoires sur les îles Ponces, et catalogue raisonné des pro- duits de l’Etna. Vol. in-8., 1788. Dans le Journal de physique, de 1791 à 1794? plusieurs Mémoires où il soutient le peu d’ancienneté des continents. Dans le Journal des mines, de 1798 à 1798, Observations sur différentes mines. Mémoire sur la nécessité d’unir les connaissances chimiques à celles du minéralogiste. Philosophie minéralogique. 1802, in-8. M. de Lacépède lut son éloge historique à l’Institut, le 6 juillet 1802. 61 9 i3o BIOGRAPHIE POMA1IL7 ou DEMmi (Kemal-Eddin-Aboulbaca-Mohàmmed), Mort en 1405 (l’an 808 de l’hégire). Bfaturaliste arabe. Il composa une Histoire des animaux très connue en Orient. Bochard en a fait un grand usage dans son hierozoïcon. Cette histoire a été traduite et commenlée en persan ; la Bibliothèque de Farsenal à Paris possède un superbe exemplaire de cette traduction, enrichi de peintures. DOMBE7 (Joseph), Né à Mâcon (Saône et Loire) le 22 février 1742 ; Mort à Montserrat (Petites Antilles) en 1793. Médecin} naturaliste voyageur. Né de parens pauvres, il parvint, à force de persé- vérance et avec les secours de quelques personnes qui s’étaient intéressées à lui , à se faire recevoir docteur en médecine. Ce ne fut pour lui qu’un titre. La passion de la botanique l’entraînait vers les voyages. Après de nombreuses excursions dans le midi de la France, le Jura, les Alpes, la Suisse, il fut proposé, en 1776, par de Condorcet et de Jussieu au ministre Turgot , pour être envoyé dans le Pérou , avec la mission de recher- cher les végétaux de l’Amérique espagnole qui pou- vaient se naturaliser en France. Ce voyage exigeait l’assentiment du gouvernement espagnol. Celui-ci lui suscita mille embarras. D’abord, on lui adjoignit deux botanistes espagnols ; on ne lui permit pas de se servir des dessins originaux qu’il faisait faire. A son retour, on retint pour le roi d’Espagne la moitié des collections DES PLUS CÉLÈBRES NATURALISTES. l3l qu’il rapportait ; et comme les botanistes qui lui avaient été donnés pour compagnie ne devaient revenir que dans quatre ans, on exigea de lui la promesse de ne rien publier avant cette époque. Cependant, les richesses scientifiques que pendant un voyage de huit ans, soit dans le Pérou, soit dans le Chili, il était parvenu à rassembler, étaient immenses. Son herbier, déposé au muséum d’histoire naturelle , renferme i ,5oo plantes, dans lesquelles il y a soixante genres nouveaux. Il avait envoyé, en outre, une grande quantité de graines, des antiquités péruviennes, des échantillons importans de minéralogie , quelques ani- maux inconnus. Il avait eu plus d’une fois dans ses courses à signaler son courage , et avait donné plus d’une preuve de la générosité qui lui était habituelle. En 1782, il se trouvait à la Conception lors d’une ma- ladie épidémique ; bien loin, comme on le lui conseillait, de quitter la ville, il soigna les pauvres malades gratuitement et leur fournit même, à ses frais, des médicamens , des alimens, et jusqu’à des gardes. Dégoûté par les nombreuses tracasseries auxquelles il avait été en butte, Dombey, qui s’était échappé à grand’ peine de Madrid, avait l’intention de finir paisi- blement sa vie chez un ami, au pied du Jura. La no- blesse de son caractère lui fit refuser des offres faites par des gouvernemens étrangers ; il se contentait de la pen- sion que lui faisait le gouvernement français, et dont il donnait la plus grande partie à sa famille et aux pauvres. Fût-ce une nouvelle recrudescence de sa passion pour les voyages qui le poussa à demander, en 1798, une mission pour les États-Unis ? Le vaisseau qui le portait fut, aux environs de la Guadeloupe, saisi par BIOGRAPHIE i32 des corsaires, et pour lui il périt misérablement dans un cachot. Ses observations ont été utilisées par Lhéritier à qui il les avait confiées. Ruiz et Pavon, ses compagnons de voyage, ont, dans leur Flore péruvienne^ profité de ses travaux sans lui rendre justice. On a de lui, dans le Journal de physique, une lettre sur le salpêtre qui se trouve au Pérou et sur la phosphorescence de la mer. On lui doit la découverte du cuivre muriaté. DUHAMEL DU MOMCEAU (Henri-Locis), Né à Paris en 1700 ; Mort dans la même ville, le 23 aoû 1 17S2. Naturaliste, agronome. A peine sorti du collège^ où il avait fait peu de pro- grès, il vint se loger près du Jardin des Plantes, et se lia avec le dii ecteur Dufay et avec Bernard de Jussieu. Ses travaux le firent admettre, dès l’âge de vingt-huit ans, à l’Académie des sciences. Pendant plus de cin- quante ans il ne cessa de fournir, à la collection de cette illustre société , un nombre de Mémoires qui monte à plus de soixante, il partageait son temps entre Paris et sa terre du Gâtinais, où il séjournait une partie de l’année; cependant, il occupait des places importantes qui l’entraînaient dans de fréquens voyages ; celle surtout d’inspecteur général de la ma- rine , le forçait de visiter les principales forêts de France et les arsenaux. Il eut plusieurs collaborateurs, et particulièrement son frère Demainvilliers, qui habi- tait constamment la campagne, et suivait avec zèle et patience les observations indiquées par son frère. En affet Duhamel, malgré la multiplicité de ses travaux, DES PLUS CÉLÈBPxES NATURALISTES. l33 s’adonnait peu aux compilations et aux spéculations du cabinet, et s’étayait surtout sur l’expérience. Entouré d’une haute considération , il conserva tou- jours une modestie extrême, et ne se départit jamais du principe qu’il avait adopté , de ne parler que de ce qu’il avait étudié ; aussi était-il fort réservé dans les discussions scientifiques. Ses principaux ouvrages sont : Traité de la culture des terres. 6 vol. in-12, de 1751 à >761- , . Abrégé du même, sous le titre de : Élémens d’agriculture. 2 vol. in- 12. Traité des arbres et des arbustes qui se cultivent en France, en pleine terre. Paris, l'joS, in-4. Le Physique des arbres. Paris, 1738, 2 vol. in-4. Traité des arbres fruitiers. 1768, 2 vol. in-4. Plus de vingt parties de Thistoire détaillée des arts et métiers. Parmi les Mémoires du recueil de l’Académie des sciences, on distingue : Explication physique d!une maladie qui fait périr plusieurs plantes dans le Gatinais, et particulièrement le safran. 1728. Mémoires sur la coloration des os des animaux nourris avec la garance. 1739-1742-1743; Et sur la Réunion des fractures des os des animaux. 17 • i. Observations botanico-météréologiques en Gatinais, de à 1781. Recherches sur la formation des couches ligneuses, l'joi. Sur l’insecte qui dévore les grains dans l’Angoumois. 1761. Observations sur C accroissement des cornes des animaux. 1751. 34 BIOGRAPHIE ELIEBT (Claude]. Né à Prénesle (Palestrina), en Italie, vers l’an 220. Naturaliste. Il Vivait à Rome sous les règnes d’Heliogabale et d’Alexandre Sevère, et enseigna la rhétorique à Rome vers ce temps. Quoique latin d’origine, il cultiva la langue grecque avec assez de succès pour mériter le nom de sophiste, nom honorable à cette époque ; il n’a même écrit qu’en grec. Ce fut, si l’on en croit ce qu’il dit de lui-même, un vrai philosophe qui aimait à vivre retiré, et qui préférait à la richesse et aux honneurs de la cour la recherche de la vérité. Nous ne le citons que, parce qu’au milieu de ses di- vers écrits, se trouve une Histoire des animaux^ qui du reste ne paraît être qu’une compilation. La meilleure édition est celle qui fut publiée par Schneider : OElianî de naturâ anîmalîum^ lib. xvii, cum notis J. Gott. Schneider. Leipzig, 1784, in-8. ELLIS (Jean), Né en Angleterre ; Mort à Londres le 5 octobre 1776. Négociant, naturaliste. Au milieu des affaires de son commerce, il s’occupait en amateur d’histoire naturelle, lorsqu’ayant reçu une collection nombreuse de corallines, il se mit à les dis- poser avec ordre. Haies, son ami, lui conseilla d’étendre sa collection et de poursuivre ses recherches à ce sujet. On venait de découvrir que les coraux sont l’habi- tation de polypes ; il s’agissait d’étendre cette dé- DES PLUS CÉLÈBRES NATURALISTES, l35 couverte à d’autres êtres regardés alors comme des plantes. C’est ce qu’entreprit Ellis avec beaucoup de persévérance. Dans ce but il fit plusieurs voyages sur les côtes d’Angleterre, accompagné de bons dessina- teurs, et il adressa plusieurs mémoires à la société royale de Londres qui l’admit dans son sein. Il s’occupa aussi des moyens de conserver aux grai- nes leur faculté germinative, pour rendre plus sûr leur transport à de grandes distances. On a de lui : Essay toward a natural history of corallines. Lond., 1754, in-4, traduction française par Allamand. La Haye, 1756, in-4. Fig. Directions for bringing over seeds and plants. In-4, fig. 1770. An history account gf coffee, wîth botanical description of the tree. Lond., 1774? in-4. The natural history of many curions and uncommon zoo- phytes. Londres, 1786, in-4. Publié après la mort de l’au- teur par les soins de Banks et Solander. FABRICItrS (Jean-Chbbtien), Né à Tundern ( Danemarck ) , en 1742 ; Mort à Copenhague en 1807. Entomologiste. A l’âge de 20 ans, il se rendit à üpsal pour suivre les cours de Linné et fut un des disciples les plus célè- bres de cet illustre maître, auquel il garda toute sa vie une extrême reconnaissance. Mais quoiqu’il eût en bo- tanique des connaissances fort étendues, ce fut surtout vers les insectes qu’il dirigea ses patientes investiga- tions. il conçut le projet de créer, à l’instar de ce que Linné avait fait pour la botanique, un système ento- BIOGRAPHIE l36 inologique ; le caractère fondamental de ce système, il le chercha dans la houchedes insectes. La première bou- che d’insecte qu’il disséqua, dans ce but, fut celle d’un hanneton. Il montra sa dissection à Linné, qui l’en- couragea à persévérer. Quelques années après, nommé professeur d’histoire naturelle à l’université de Kiel, il put donner un libre cours à ses études, et dès 1775,1! fit paraître son système d’entomologie. Ces caractères de classification, quoique trop restreints, imprimaient cependant à l’étude des insectes, jusqu’alors confuse et mal définie, une marche réglée et uniforme. Aussi les ouvrages de Fabricius eurent-ils beaucoup de retentis- sement; du reste il travailla toute sa vie à propager son système, voyageant dans le nord et le centre de l’Eu- rope, visitant les musées, cherchant et décrivant les in- sectes inédits. Mais plus le nombre des espèces aug- mentait, plus les caractères bornés qu’il avait choisis devenaient insuffisans ; car sa classification devait pré- senter les mêmes inconvéniens que celle de Linné. Fabricius vit une multitude de jeunes observateurs s’attachant aux monographies, agrandir la voie qu’il avait tracée; il approuva leurs efforts, ne se montra point jaloux de leurs succès et supporta sans peine leurs critiques. Fabricius aimait la France et il y faisait de fréquens voyages. Il se trouvait à Paris en 1807, loi'squ’il apprit le bombardement de Copenhague par les Anglais. Il voulut partir sur-le-champ et retourner près du roi de Danemarck qui l’aimait et Pavait nommé conseiller d’état. La fatigue d’un voyage précipité, les chagrins que lui causaient les malheurs de son pays, altérèrent sa robuste santé et il ne tarda pas à succomber. On a de lui : DES PLUS CÉLÈBRES NATURALISTES. 13; Sjstema eniomolôgiæ. Flensburg. 1775, in-8. Geiiera însectorum chilonii. Kiel. 1776,111-8. Phîlosophia entomologica, Hambourg, in-8, 1778. Species insectorum. 1781, 2 vol. in-8. Entomologia systematica^ Gopenh. , 1792 à 1796, 7 vol. in-8. Supplementum entom. systemat. Copen., 1798. Il voulait résumer tous les ouvrages précédens, en pu- bliant successivement un species pour chaque classe d’in- sectes, et déjà il en avait publié quatre lorsque la mort le surprit. En outre, plusieurs Mémoires insérés dans le Recueil des naturalistes de Berlin et dans le Nouveau magasin d’histoire naturelle. FAUJAS DE SAINT-FOND (Barthélémy), Né à Montélimart, le 17 mai 1741 ; Mort le 26 juillet 1819, à Paris. . Géologue. Pour complaire au vœu de son père, il s’était fait re- cevoir avocat à Grenoble et y était devenu président de la sénéchaussée. Mais ces occupations il ne les exerçait qu’à contre cœur, tandis que toutes ses pensées, toutes ses études étaient dirigées vers la minéralogie, et sur- tout vers les rapports qu’ont entre elles les diverses espè- ces minérales. Buffon avec lequel il était entré en cor- respondance, vers 1776, accueillit ses travaux avec une grande faveur, et l’appela bientôt au muséum où il en- tra en qualité d’adjoint naturaliste. Cette position, les indemnités qu’il reçut, lui permirent de faire de nom- breuses excursions en France, en Angleterre, dans l’Ir- lande, l’Écosse et les Hébrides, où il visita la grotte de Staffa. Il parcourut également tous les points de l’Italie, BIOGRAPHIE l38 de la Bohème, de l’Allemagne, de la Hollande, qui sem- blaient devoir fournir les résultats les plus avantageux à ses explorations. Il s’appliqua surtout à retrouver le plus grand nombre possible de fossiles, et à examiner la constitution des roches. A la fin delà révolution, il fut nommé professeur de géologie au muséum d’histoire naturelle. Ce ne fut point un de ces hommes qui font époque dans les sciences, mais ce fut un observateur zélé, infatigable qui rassembla d’immenses matériaux pour constituer la science de la géologie, dont il fut comme le précurseur. Ses principaux ouvrages sont : Recherches sur les volcans éteints du Vivaraîs et du Vé- lay, etc. Paris, 1778, in-f°. Histoire naturelle du Dauphiné. 1781, in-8. Minéralogie des volcans, etc. 1784, in-8. Essai sur l’histoire naturelle des roches de Trapp, etc. 1788, in-i2. Voyage en Angleterre., en Écosse, aux îles Hébrides* 1797, 2 vol. in-8. Essai de géologie. 1808, 3 vol. in-8. Un grand nombre.de Mémoires dans les Annales et Mé- moires du Muséum d’histoire naturelle (depuis l’année 1802 jusqu’à 1819). FERUSSAC (Jean-Baptiste-Locis D’AUDEBARD, baron de), Né le 30 juin 1745, à Clérac ; Mort en 1815, près Lauzerte (Tarn-et-Garonne). Naturaliste. Elève de l’École militaire, capitaine d’artillerie à l’é- poque de la révolution, lieutenant-colonel dans l’armée de l’émigration, il ne cessa de s’occuper de travaux de géologie. Mais il mérite surtout d’être mentionné pour DES PLUS CÉLÈBRES NATURALISTES. l39 son ouvrage sur les mollusques qui Favait occupé pen- dant 3o ans, et auquel la mort Tempêcha de mettre la dernière main. Son fils, également naturaliste et fonda- teur du Bulletin universel des sciences et de V industrie, a terminé l’ouvrage inachevé de son père. Histoire naturelle, générale et particulière , des mollusques terrestres et fluviatiles , tant des espèces vivantes que des dé- pouilles fossiles de celles qui n’existent plus. 1 8 j 3, 4 vol. in-4. FONTA9JA (Félix), Né le 15 avril 1730 à Pomarolo (Tyrol) ; Mort à Florence, le 9 mars 1 805. Fhysicieny naturaliste. Les travaux de Fontana ont eu plutôt pour objet les sciences physiques que l’histoire naturelle proprement dite. Il prit beaucoup de part aux recherches sur les gaz, suivant à ce sujet l’impulsion donnée par Caven- dish, Priestley et Lavoisier, et c’est lui qui, le premier, employa dans l’eudiomètre le gaz nitreux pour absor- ber l’oxigène de l’air. Néanmoins comme un certain nombre de ses ouvrages se rapportent plus ou moins directement aux sciences naturelles, comme en sa qua- lité de physicien du grand-duc Pierre-Léopold, il or- ganisa le beau cabinet de physique et d’histoire natu- relle qui fait l’un des ornemens de Florence, nous de- vons ici mentionner son nom. Si ses expériences n’ont point toujours été marquées au coin de l’exactitude et de la précision, il s’y est souvent montré ingénieux. Il fut un des premiers qui chercha à répandre parmi les gens du monde la connaissance de la structure du cops humain. A cet effet, il fit composer, d’après les dessins qu’il fournissait, des pièces en cire coloriée BIOGRAPHIE. i4o représentant en grand détail tous nos organes. Cette nouveauté lui valut peut-être plus de célébrité que tous ses autres travaux. Il avait même entrepris, sur la fin de sa vie, de faire construire une statue en bois dont toutes les pièces, se détachant les unes des autres, pouvaient fournir une dissection artificielle ; c’est cette idée que M. le docteur Auzoux en employant d’autres maté- riaux a réalisée depuis avec tant de perfection. Il a publié : Ricerche filosqfiche sopra la fisica anitnale, Florence, 1775, in-4. Il s’y occupe beaucoup de l’irritabilité animale, selon les principes d’Haller. On trouve aussi, dans le troisième volume des Mémoires de celui-ci, des lettres qu’auparavant Fontana avait publiées sur le même sujet. Ricerche fisiche sopraH veleno délia vipera. Luques, in-8. Le même Traité, plus développé, en français. Florence, 1781, 2 vol. in-4» Son dernier ouvrage est intitulé : Principes raisonnés sur la génération^ FUCHS (Léonard), Né en 1301, à Wembdingen (Bavière) ; Mort à Tubingue, en 1566. Médecin, botaniste. C’est un des hommes du seizième siècle qui ont fait le plus d’efforts pour dissiper l’obscurité qu’avaient ré- pandue dans les sciences les médecins arabes, et pour ramener à l’étude des livres plus méthodiques laissés par les Grecs. Nous n’avons point à examiner les tra- vaux du médecin qui exerça sa profession avec hon- neur. Professeur à Ingolstat, il en fut expulsé par les catholiques , comme partisan des doctrines de DES PLUS CÉLÈBRES NATURALISTES. l/jl Luther et fut accueilli à Tiibingue dont il fit la gloire pendant trente-cinq ans. Anobli par l’empereur Charles- Quint, il refusa une chaire beaucoup plus avantageuse à l’université de Pise, pour ne point abandonner la ville qui l’avait adopté. Fucbs s’est attaché à faire connaître avec exac- titude les plantes usitées en médecine ; il a éclairci l’his- toire de celles qui avaient été connues des Grecs, et en a décrit de nouvelles. C’est lui qui le premier donna de bons caractères de la digitale pourprée et lui imposa le nom qu’elle porte encore. L’ouvrage qui le place parmi les naturalistes célèbres est : De Historiâ stirpium commentarli insignes, maximis itnpen- SIS et vigUiis elabomtî, adjectis earwndem vivis plus qiiàm qmngenüs imaginibus, nmiquam anteà ad naturæ imitationem artificiosius effictis et expressîs. Bâle, 1642, in-fol., fig. FUESSLI { Gaspard ) , Né à Zurich (Suisse) en 1745; Mort en 1786. Entomologiste . « Il était le troisième fils de Jean-Gaspard qui, peintre assez distingué, cultiva surtout la théorie et l’histoire des arts. Fuessli eut deux sœurs qui excellaient dans la peinture des fleurs et des insectes. Lui-même était des- tiné à l’art du dessin; mais il embrassa la profession de libraire, et publia de bons ouvrages sur l’entomologie. Nous citerons : Catalogue raisonné des insectes de la Suisse. i755, in-/|. Magasin ctenlomologie. 3 vol., in-8°., 1778. Archives d'entomologie. 6 cahiers in-4. 1781- 1786* BIOGRAPHIE 142 GAERTNER (Joseph), Né à Calw (Wurtemberg), le 12 mars 1732) ; Mort le 13 juillet 1791. Voyageur) botaniste. Destiné d’abord à l’état ecclésiastique, puis à la car- rière du barreau, il fut attiré par un penchant invinci- ble vers les sciences. Aussi préféra-t-il embrasser la mé- decine, et il soutint sa thèse à Tubingue en 1763. Mais son but n était point la pratique ; il voyagea successi- vement en Italie, en France, en Angleterre et en Hol- lande, et se mit en rapport avec les savans les plus dis- tingués de cette époque. A son retour, il fut nommé professeur d’anatomie à Tubingue. En 1768, il accepta la chaire de botanique à l’université de Saint-Péters- bourg, et fut nommé membre de l’académie de cette ville et directeur du musée d’histoire naturelle ; mais le climat de cette contrée ne convenant point à sa santé, il retourna en 1770 dans sa patrie. Déjà il avait com- mencé son travail sur la carpologie, et en avait rassem- blé les matériaux dans les diverses contrées qu’il avait parcourues. Il retourna encore en Hollande et en An- gleterre, et profita des renseignemens que pouvaient lui fournir Banks et Thunberg, arrivés récemment, l’un de son voyage autour du monde, l’autre du Japon. Gaertner ne se pressait point de publier; aucune re- cherche, aucune fatigue ne pouvait le rebuter. Un trop long exercice du microscope, un travail excessif, altérè- rent profondément sa santé pendant deux ans et failli- rent lui faire perdre la vue. Guéri, il ne s’en re- mit qu’avec plus d’activité au travail. Son premier vo- lume était achevé, il le garda en portefeuille plus de DES PLÜS CELEBRES NATURALISTES. l43 deux ans pour le reprendre à loisir et le corriger après setre reposé par d’autres travaux. Enfin il en publia le premier volume, où se trouvaient 79 planches dessi- nées par lui; le deuxième volume fut achevé deux ans aj»rès, et, la veille de sa mort, il travaillait encore au troisième. Ce fut dans ces livres que Gaertner posa les bases d’une bonne classification des fruits; il fit mieux connaître la position respective de l’ovaire, du pla- centa, de l’embryon et du périsperme qu’il nomme al- bumen. Sa division générale est fondée sur le nombre des cotylédons. Il a laissé ; De fruciibus et seminibus plantarum; accedunt seminum centurîœ quinque priores. Stuttgard, 1 789, in-4, fig. Les cinq centuries suivantes, 1791. GEEBL (Charles, baron de), Né en Suède en 1720 ; Mort à Stockholm, le 8 mars 1778. Entomologiste . Héritier d’une des plus grandes fortunes de Suède, il s’honora par une bienfaisance éclairée, et se plaça au premier rang dans sa patrie par ses travaux scientifiques. Dès son enfance qu’il passa en Hollande, le futur entomologiste étudiait les mœurs des vers à soie, qu’on ne lui avait donnés que comme amusement. Il avait commencé ses études à Utrecht et il les termina à üpsal où il fut un des disciples les plus assidus de Celsius et de Linné. A l’exemple de Réaumur, dont il avait profondément étudié les travaux, il publia des mémoires où l’on reconnaît l’observateur attentif, pa- tient, ingénieux, faisant servir a son instruction toutes BIOGRAPHIE i44 les facilités que donne la richesse. Sectateur de Linné, il se préoccupa plus que le savant français de classer méthodiquement les objets naturels. Il fut membre de l’académie de Stockolm. Il a publié en français : Mémoires pour servir à Cliistoire des insectes. Stockholm, 1752-78 ; 7 vol. in-4, avec fig-. On y trouve la description de plus de i,5oo espèces. Le premier volume est beaucoup plus rare que les autres. De Geer, piqué du peu de succès qu’il avait obtenu, en aurait, disent les auteurs de la Biographie universelle, dé- truit lui-même l’édition. GEOFFRO Y-SAINT-HILAIRE (Etienne) , Né à Etampes, le 15 avril 1772 , Mon à Paris, le 19 juin 1844. Naturaliste. Comme tant d’autres jeunes gens, avant la révolu- tion, il fut destiné aux fonctions ecclésiastiques ; mais le goût pour les sciences se révéla de bonne heure en lui, et les leçons de Brisson sur la physique développè- rent ce goût inné. Reçu pensionnaire libre au collège Lemoine, il rencontra au réfectoire le célèbre Haüy, qui le prit en amitié et le recommanda à Dau- benton. Le jeune naturaliste se faisait remarquer d’ail- leurs par l’originalité de son esprit, l’étendue de ses vues, la hardiesse des problèmes dont il proposait la so- lution embarrassante à Daiibenton, l’homme de l’obser- vation positive. Une circonstance vint bientôt mettre Geoffroy en évidence, et montrer qu’à un esprit élevé il unissait le courage civique. En 1972, Haüy avait été arrêté comme prêtre réfrac- V DES PLUS CÉLÈBRES NATURALISTES. l45 taire. Geoffroi lutta par l’activité de ses démarches contre l’indifférence ou peut-être les terreurs des collè- gues de l’illustre minéralogiste. Sollicitée par lui, l’aca- démie en corps réclama Haüy qui lui fut rendu. Geof- froy-Saint-Hilaire fit preuve du même courage, lors de la capitulation d’Alexandrie et de la reddition du Portu- gal; par ses énergiques représentations il sauva les collections qu’il avait rassemblées pour le muséum, et forcé d’abandonner quelque chose à un ennemi avide, il ne livra que ce qui lui appartenait en propre. Dès l’âge de 2 1 ans il fut promu par Daubentoii à la chaire de zoologie des animaux vertébrés. C’est alors qu’il devina dans les mémoires adressés par G. Cuvier l’avenir de celui qui devait être son rival et son anta- goniste. Plus préoccupé, comme il le fut toujours, de la science que de ses propres intérêts, il se hâta de l’ap- peler à Paris. Pendant deux ans. Cuvier et lui associè- rent leurs travaux et partagèrent la même table. Pour- quoi cette union touchante de d’eux âmes supé- rieures a-t-elle été troublée plus tard par la dissidence d’opinions et de systèmes? C’est que de tels systèmes sont un abîme entre les hommes. En effet. Cuvier fut le représentant de la croyance à l’établissement sur la terre d’un certain nombre d’espèces qui se conservent les mêmes, en vertu de lois dont l’action in- cessante préside à leur renouvellement, en protégeant 1 eur forme inaltérable. La nature ne lui parut point avoir travaillé sur une seule idée ; il établit au contraire qu’elle a, dès l’origine de toute formation , arrêté plu- sieurs modèles distincts sur lesquels se moulent suc- cessivement les différentes classes d’êtres organisés. Geoffroy soutint Vunité typèale. A ses yeux il n’existe pour toute l’organisation animale qu un seul plan gé- 61 10 BIOGRAPHIE i46 neral, qui se modifie, selon les milieux, les circonstan- ces d’air, de lumière, d’aliment, d’habitation, d’habi- tude, de manière à former les espèces. Le naturaliste peut, le plus souvent, suivre ces modifications de- puis la plus simple jusqu’à la plus compliquée, et voir comment elles se surajoutent les unes aux autres; mais en les analysant il retrouve sous ces formes, en quelque sorte accidentelles, le type dominant, l’idée primitive. Les monstruosités les plus bizarres, loin d’ébranler ce système^ viennent au contraire le confirmer, et ne sont plus que les conséquences malheureuses du principe général. Pour s’aider dans ces recherches, l’auteur posa quatre principes secondaires qu’il formula ainsi : i®la théorie des analogues ; 2® le principe des connexions; 3® les affinités électives des élémens organiques ; 4° le balancement des organes. Geoffroy fut un des membres les plus actifs de la commission scientifique qui accompagna l’armée d’É- gypte, et il rasseiîibla d’immenses collections. En 1807, il fut nommé membre de l’institut; en 1810, il fut chargé d’une mission scientifique en Portugal et s’en acquitta comme toujours avec un désintéressement et une moralité dignes de tout éloge, ne s’attribuant rien du droit du vainqueur, mais faisant des échanges utiles aux deux nations. Nommé en 1 8 1 5, membre de la chambre des repré- sentans , il ne prit aucune part aux discussions politi- ques. Il fit pendant longues années, au Jardin du roi, un cours de zoologie philosophique, et à la facul té des scien- ces, un cours de philosophie anatomique. Quoiqu’il ait publié un grand nombre de dissertations spéciales et qu’il y ait peu de points dans l’histoire naturelle du rè- DES PLUS CÉLÈBRES NATURALISTES. \!\'J gne animal sur lesquels il n’ait travaillé à répandre des lumières, son esprit éminemment synthétique le ra- mena toujours vers sa pensée dominante, l’unité ; et cette idée sert en quelque sorte de lien entre la plupart de ses travaux, quelque indépendans qu’ils puissent paraître les uns des autres. Ses principaux ouvrages sont: Histoire naturelle des mammifères y pub. avec Fréd. Cuvier. Philosophie anatomique. Paris, i8i8-23, 2 vol. in-8. Cet ouvrage est séparé en deux parties; l’une sous ce titre: Des organes respiratoires sous le rapport de la détermination et de t identité de leurs pièces osseuses ; l’autre : Traité des monstruosités humaines. Sur le Principe de Cunité de composition organique. 1828, broch. in-8. Système dentaire des mammifères et des oiseaux^ sous le point de vue de la composition et de la détermination de chaque sorte de ses parties, embrassant, sous de nouveaux rapports, les principaux faits de l’organisation dentaire chez l’homme. 1824, in-8. Etudes sur C orang-outan g observé vivant à Paris. 1 836. x\i ticle Chauve-souris J au dictionnaire des sciences natu- relles. Ft un très grand nombre de Mémoires. Nous citerons entre autres : Anatomie comparée des organes électriques de la raie-torpille^ du gymnote engourdissant et du silure trembleur (Annales du Muséum, 1802). Mémoires sur les poissons, où l’on compare les pièces os- seuses de leurs nageoires pectorales avec les os des extrémités antérieures des autres animaux à vertèbres (ibid. 1807). Considérations sur les pièces de la tête osseuse des animaux vertébrés, et particulièrement sur celles du crâne des oiseaux (Ibid.). Des usages de la vessie aérienne des poissons (Ibid., 1809). Des tortues molles (Ibid.). BIOGRAPHIE .48 D\üi squelette chez les insectes, etc. (Journal complément, du Dict. des sciences médicales, 1819). Mémoire pour établir que les monotrèmes sont ovipares (Bul- letin de la société philomatique, 1823). Considérations générales sur la vertèbre (Mémoires du Mu- séum d’histoire naturelle, 1822). GESNER Conrad), Né à Zurich, le 26 mars 1516 ; Mort à Bâle le 13 décembre 1563. Médecin^ naturaliste Peu d’hommes ont réuni autant de connaissances di- verses et ont pu, comme lui, parvenus seulement à l’é- poque moyenne de la vie, laisser en plusieurs genres des ouvrages importuns. Littérature ancienne, bibliogra- phie, médecine, histoire naturelle, l’occupèrent presque également. Il commença par travailler à l’édition du Dic- tionnaire grec de Favorinu5,et par enseigner les lettres grecques pendant trois ans à Lausanne; et cependant il ne s’était instruit qu’à grande peine, obligé de faire quel- ques travaux pour vivre, ou de donner des leçons. En 1 5 4 1 , il fut reçu docteur en médecine à Bâle, et àpartir de cette époque, quoiqu'il ait publié plusieurs éditions grec- ques ou latines, ses travaux prirent surtout une direc- tion scientifique. Les plus importuns furent sur l’bis- toire naturelle: mais nous ne pouvons nous empêcher de citer parmi ses œuvres littéraires sa Bibliothèque uni- verselle, oü il donne les titres de tous les ouvrages con- nus alors, en hébreu, en grec et en latin, avec un juge- ment sur leur mérite et quelques exemples de leur style. Les relations qu'il avait dans toute l’Europe lui pro- curaient des figures, des notices et même des échan- DES PLUS CÉLÈBRES NATURALISTES. l49 tillons des objets qu’il avait à décrire; lui-même fit de fréquens voyages dans la Suisse et en Allemagne. Sa mort fut digne de sa vie; une maladie pestilen- tielle, qui avait éclaté à Bâle, au printemps de 1664, s’était propagée à Zurich. Gesner donna ses soins à un grand nombre de malades et publia même une disser- tation sur la manière de les traiter. L’année suivante, la maladie reparut avec une nouvelle intensité, il finit par en être atteint; un bubon s’était montré sous l’aisselle droite; il pressentit sa fin prochaine et voulut mourir au champ d’honneur. Il se fit porter dans sa bibliothè- que; là, pendant les cinq derniers jours qui lui restaient, il s’occupa à mettre en ordre ses manuscrits qu’il légua à Gaspard Wolf. Il a écrit sur les trois règnes de la nature; mais son ouvrage le plus important est : Son Histoire des animaux, en cinq livres. Zurich, de i55î à i556, quatre livres; le cinquième est posthume et fut pu- blié en 1587. Il ne se contente point d’y copier les anciens; il donne un grand nombre de détails tirés de sa propre observation, particulièrement sur les animaux de la Suisse. Il projetait également une histoire des plantes, pour la- quelle il avait peint plus de i,5oo figures, et dont les frag- ments ont été publiés par Wolf. Il a publié en outre : Traité sur les fossiles , les pierres et les gemmes. i563, in-8 Traduction complète des œuvres d^Elien. i556. OILIBEB.T (Jean-Emmancel), Né à Lyon (Rhône), le 21 juin 1741; Mort le 2 septembre 1814. Médecin, naturaliste. Reçu docteur en médecine à l’école de Montpellier BIOGRAPHIE i5o vers l’age de 22 ans, il s’était établi dans le petit village de Chazay où il s’occupait plutôt de botanique et d’his- toire naturelle que de pratique. Cependant il publia en 1772 un ouvrage où il attaquait avec violence les abus qui déshonorent la médecine. Ce livre singulier {(!A- narchie médicinale , ou la médecine considérée comme nuisible à la société) attira l’attention de Haller sur l’auteur; aussi trois ans plus tard l’illustre physiologiste consulté par la cour de Pologne sur le choix d’un homme capable de fonder une école de médecine, désigna Gilibert. E’école fut d’abord établie à Grodno, puis transportée à Wilna. Gilibert, qui avait commencé par fonder un jardin botanique à Grodno, remplit avec distinction les chaires d’histoire naturelle et de matière médicale. Mais des intrigues et le climat le dégoûtè- rent de ce pays ; il revint à Lyon où, accueilli avec hon- neur, il fut nommé médecin à l’Hôtel-Dieu et professeur au collège de médecine. La haute considération dont il jouissait le fit élire maire pendant la révolution, et lors du siège de sa ville natale il était président de la com- mission départementale. La prise de Lyon par l’armée de la convention l’exposait à une mort certaine ; il y échappa, mais sa fuite fut accompagnée de mille dan- gers. Enfin, lorsque la tranquillité fut rétablie, il obtint la chaire d’histoire naturelle à l’école centrale. Les der- nières années de sa vie furent empoisonnées par d’atro- ces douleurs que lui occasionnaient des calculs vésicaux. On lui doit des travaux importans sur l’histoire na- turelle de Pologne; il a fait connaître quelques minéraux, plusieurs animaux et un très-grand nombre de plantes» Il a publié : Flora Lithuanie a. Grodno, 1781, 2 vol. in-12. Indayatores naturæ in Lithuania. Wilna, 1781, in-8. DES PLUS célèbres NATURALISTES. l5l Démonstrations élémentaires de botanique. Lyon, 1789, in-8. Abrégé du système de la nature de Linné. Lyon, 1802, in~8. Exercitia pliylologica quibus omnes plantæ Europece^ quas vivas invenit in variis herbationibus^ etc. Lugd., 1792, 2 vol. in-8. Histoire des plantes d Europe, ou Élémens de botanique prati- que. Lyon, 1798, 2 vol. in-8. 2®ëclit. Lyon, i8o6,3 vol.in-8°. GIBJANNl (Joseph, comte), Né à Ravenne, en 1692 ; Mort dans la même ville en 1753. KTaturaliste. Ayant parcouru les différens états de l’Italie, pour y rassembler des plantes, des coquilles et autres objets d’histoire naturelle, il en forma une belle collection dont la description fut donnée plus tard par son neveu. Il s’appliqua surtout à faire connaître les productions des bords de la mer Adriatique et en découvrit un assez bon nombre de nouvelles.il fut élu membre de l’acadé- mie des sciences de Bologne et de la société littéraire de Ravenne. On a de lui : Belle uova e de' nidi degli uccelli, con una dissertazione sopra varie spezie di cavallette. Venise, 1787. Produzioni naturali che si ritrovano nel museo Ginanni in Piavenna, metodicamente disposte e con annotazioni illustrate, Lucques, 174^) in-4- Opéré posturne nelle quali si contengono 1 1 4 piafite, che ve- getano nel mare Adriatico, nelle Paludi, e nel territorio di Ra- venna, colC istoria d*alcu7ii insetti. Venise, ij55-5y. i52 BIOGRAPHIE GMELIN. C’est le nom d’une famille de Tubingen (Wurtem- berg) qui, pendant le dix-huitième siècle, a compté plu- sieurs savans illustres; deux sont morts victimes de leur zèle pour les sciences naturelles; nous leur con- sacrerons des notices spéciales : GMELIN (Jean-George), Né à Tubingen (Wurtemberg), en 1709 ; Mort le 20 mai 1755. Médecin^ naturaliste. Fils dlun pharmacien instruit, il fut de bonne heure familiarisé avec les sciences ; aussi put-il, dès l’àge de i8ans, être reçu docteur en médecine. Il partit alors pour la Russie où ses connaissances fort étendues le firent promptement distinguer, et il ne tarda pas à être nommé professeur de chimie et d’histoire naturelle. En 1733, une commission scientifique se préparait, par les ordres de l’impératrice Anne, a partir pour des con- trées qui quoique relevant de l’empire russe étaient presque inconnues; il s’agissait d’explorer la Sibérie dans toute son étendue, et le Kamtschatka. Gmelin de- manda à faire partie de l’expédition. Les voyageurs par- tirent le 8 août 1733; d’innombrables difficultés les at- tendaient; ils ne furent pas toujours bien accueillis par les gouverneurs, que leur éloignement de la métropole rendait fort indépendans, et ils eurent à souffrir plus d’un hiver excessif. Gmelin vit ses livres et une partie de ses collections dévorés par un incendie; enfin ses forces épuisées ne lui permirent point d’atteindre le Kamtschatka ; il fut obligé de solliciter son rappel. DES PLUS CÉLÈBRES NATURALISTES. l53 Dix années entières avaient été consumées dans ce laborieux voyage; et un grand nombre d’observa- tions y avaient été faites malgré les dangers et les obstacles. Gmelin y avait contracté le germe de ma- ladies que son retour en Europe ne put détruire et qu’un travail continu ne fit que développer. En 174?» il avait quitté la Russie pour retourner dans sa patrie où il remplit les chaires de botanique et de chimie; mais avant qu’il eût fini de mettre en ordre toutes les obser- vations qu’il avait faites en Sibérie, il succomba, à l’age de quarante-six ans. On a de lui : Flora Sibirica sive historia planlarum Sibiricœ. St-Pétersb. 1747, 4 vol. in-4. Dans la Préface, Gmelin indique sommairement les prin- cipaux faits de son voyage, et esquisse à grands traits l’his- toire naturelle de cette immense contrée. Voyac^e en Sibérie. Gottingen, 1761, 4 '"oh (allemand). On en trouve un abrégé dans le tome XVITI® de l’Histoire générale des Voyages, de Prévost. OMELIBI (Samüel-Theophile), neveu du précédent, Né à Tubingen, le 23 juin 1745; Mort à Achmetkent (Caucase) le 27 juin 1774. Médecin^ naturaliste. Reçu docteur en médecine à 1 9 ans, il fut lié avec Pallas, qu’il connut à Leyde, avec Adanson, qu’il visita à Paris; et ces relations accrurent encore son ardeur pour la botanique. En i 766 il fut appelé à Saint-Péters- bourg pour y professer cette science. Catherine II, qui régnait alors, ordonna une nouvelle expédition scien- tifique; un Gmelin ne pouvait y man(|uer. L’expédition BIOGRAPHIE i54 cette fois devait se diriger vers les parties méridionales de l’empire, contrées non moins barbares et dont les vastes steppes offraient un champ nouveau à l’explora- tion. Gmelin partit au mois de juin I yôSetpassacinqansà explorer les bords du Don et du Volga, les confins de la Perse, les environs d’Astrakan. Il y avait couru des dan- gers suscités non-seulement par les fatigues du voyage, mais encore par l’avarice et la cruauté des chefs qui dominaient dans ces contrées. Cependant l’année sui- vante il voulut visiter la côte orientale de la mer Cas- pienne, puis revenir par la Perse. En vain Pallas avait cherché à le dissuader de ce projet, il y employa l’an- née 1778. Au commencement de i 774, il fut arrêté par le khân des khaïtakes qui l’emprisonna et mit un haut prix à sa rançon. En vain l’impératrice Catherine, aussi tôt qu’elle eut été informée de cet événement, donna-t- elle les ordres les plus précis pour obtenir sa déli- vrance ; le chagrin et l’humidité de sa prison avaient développé une maladie mortelle ; ses compagnons ne purent tirer du cachot qu’un cadavre. Sa veuve reçut de l’impératrice une riche pension. Il a publié : Historia fucoruin inconîbus illustrata. St- Pétersbourg,, 1768, in-4°. C’est le premier ouvrage qui ait été publié sur les va- rechs. Voyages clans différentes parties de Cempîre de Russie, pour faire des recherches relatives à l’histoire naturelle. St.-Pét., 1770-74, 4 vol. in-4”. Une partie de ces mémoires fut écrite pendant sa capti- vité. Il a publié aussi les tomes III et IV de la. Flora Sibirica de son oncle. DES PLUS CÉLÈBRES NATURALISTES. l55 GOETHE (Jean-Wolfgand), Né le 28 août 1749, à Francfort-sur-le-Mein ; Mort à Weimar, le 22 mars 1832. Eittérateury naturaliste. Quoi ! s’agit-il de rhomme qui pendant les deux tiers d’un siècle a rempli l’univers de sa gloire littéraire; qui fut non moins étonnant par la grandeur de son génie que par la souplesse de son esprit ; l’auteur de Wer- ther, de Faust, d’Hermann et Dorothée, prenant place au milieu des plus célèbres naturalistes ! Sans doute sa biographie détaillée ne doit point se trouver ici, mais tous ceux qui se vouent à l’étude de la nature doivent compter avec orgueil dans leurs rangs la plus vaste in- telligence des temps modernes. Pour Goethe, en effet, l’étude de l’histoire naturelle ne fut pas un simple ca- price ou une distraction à ses innombrables travaux ; ce fut une œuvre sérieuse et dans laquelle il a marqué l’empreinte de son génie. Dès ses plus jeunes années, la botanique avait attiré son attention ; mais ce n’était là qu’une des mille formes par lesquelles se découvrait son insatiable avidité de connaître. Dans son âge mûr et dans sa vieillesse, il consacra aux sciences naturelles beaucoup de temps, il s’y appliqua, non en amateur qui se contente de notions générales, mais en savant qui n’arrive à la généralisation qu’à force de détails. Il fit un bon nombre de recherches spéciales et, entre autres, soutint, contre l’opinion de Camper, l’existence de l’os inter-maxillaire chez l’homme. L’idée qui domine dans ses études de zoologie, c’est l’unité de composition. Gœthe paraît avoir émis un des premiers cette manière de concevoir le travail d’organisation. On doit convenir BIOGRAPHIE l56 qu il enveloppa sa formule de quelque obscurité de lan- gage, et qu’en supposant un type qui contiendrait en quelque sorte toutes les formes il a parlé plutôt en poète qu’en observateur rigoureux. Les différens mémoires qu’il a publiés sur la zoolo- gie, la géologie et la botanique, ont été traduits anno- tés et recueillis en un volume par M.C.-F.Martins,sous ce titre : OEuvres d'histoire naturelle de Goethe. Paris, i835, in-S®, avec un atlas contenant les planches originales de i’au- teur, etc. GŒTZE (Jean-Aüguste-Éphraïm), Né à Aschersleben (Prusse) ; le 28 mai 1731 , Mort le 27 juin 1793. Pasteur évangéliste^ naturaliste. Destiné par son père , qui était pasteur, aux mêmes fonctions , il se résigna aux études théologiques , sans perdre de vue l’histoire naturelle, qui avait pour lui beaucoup plus d’attrait. Mais l’ardeur de controverse , qui agitait autour de lui tous les esprits , et surtout l’exemple de son frère , un des plus fougueux théolo- giens qu’ait produits l’égîise luthérienne , le ramenèrent vers la science plus calme , objet de ses désirs. Tout en continuant avec zèle ses fonctions évangéliques , il pu- blia de nombreux travaux sur l’histoire naturelle. ïl commença par faire des observations importantes sur les polypes d’eau douce, et rassembla de nombreux ma- tériaux sur l’histoire des insectes, selon le système de Linné , qu’il possédait parfaitement. Il avait formé une riche collection de vers, qui lui fut achetée par l’empe- reur Joseph II pour le cabinet de l’université de Pavie. Outre ses travaux sur l’entomologie et les entozoaires , DES PLUS CÉLÈBRES NATURALISTES. 167 il publia un grand nombre d’ouvrages destinés à détruire les erreurs populaires et à donner aux enfans des idées justes sur les sciences naturelles. Ses principaux ouvrages sont : Mémoires entomo logiques, Leipzig, 1777-81, 4 vol. in-8°. Essai cCune histoire naturelle des vers qui se trouvent dans les intestins des animaux. 1782, Dessau, in-4°. Dissertation pour prouver que la ladrerie des porcs léest pas une maladie des glandes, mais que ces boutons sont de véri- tables hydatides. Halle, 1784, in-8°. Faune européenne ou Histoire naturelle des animaux d’Eu- rope, etc., destinée surtout à la jeunesse. Catalogue du cabinet d’ histoire naturelle de Gœtze. 1792, in-8°. GUETTARD (Jean-Étienne), Né à Étampes (Seine-et-Oise) le 22 septembre 1715, Mort à Paris , le 8 janvier 1786. Médecin 9 minéralogiste. On doit le compter parmi les savans qui ont le plus travaillé à développer en France le goût de la minéra- logie. Admis de bonne heure à l’Académie des sciences par l’influence de Réaumur, qui avait su le distinguer, il entreprit, par une série de travaux sur la minéralo- gie, de faire connaître les richesses que la France pos- sède en ce genre. D’une santé robuste, il ne se reposait presque jamais du travail ; d’une nature fort impres- sionnable, il étendait sa commisération jusque sur les animaux. Ce fut un homme droit, ennemi de toute exagération et de toute flatterie. Il fut conservateur du cabinet d’histoire naturelle du duc d’Orléans. Ses Mémoires se retrouvent dans le recueil de l’Académie des sciences de 1744 ^ ^77^* 58 biographie Il a publié : De la nature des terrains qui traversent la France et P An- gleterre. iy46. Observations sur les plantes ; Paris, 1747? 2 vol.iii-i2. Des granits de France, De quelques montagnes de France qui ont été des volcans^ 1752. Histoire de la découverte faite en France de matières sem- blables à celles dont la porcelaine de Chine est composée. Paris, 1765. in-4° ou 1766 in-12. Cette découverte donna lieu à l’établissement de la ma- nufacture de Sèvres. Mémoires sur les différentes parties des sciences et des arts. Paris, 1768-83, 5 vol. in-4“. Mémoire sur la minéralogie du Dauphiné. 1779, 2 vol. Atlas et description minéralogique de la France. Paris, 1780. in-f®. EAXiIiER (Albert de), Né à Berne (Suisse), en octobre 1708 ; Mort le 12 décembre 1777. Anatomiste, botaniste. C’est un de ces hommes rares qui apparaissent sur la terre à de longs intervalles, comme pour marquer jus- qu’où peut s’étendre l’intelligence humaine. La fortune sembla réunir sur lui toutes ses faveurs ; il naquit dans l’opulence ; enfant précoce, et homme de génie, il se vit, dans sa vieillesse, entouré de la plus haute considération a laquelle savant soit jamais parvenu. Sa taille était éle- vée, sa physionomie imposante, ses mœurs austères, sa diction pleine de charmes ; comme écrivain, il put em- brasser les genres les plus opposés avec une égale faci- lité. Rien déplus touchant que ses poésies, rieh de plus clair que ses descriptions anatomiques, de mieux dé- duit que ses considérations physiologiques ; il écrivait avec un égal talent en latin, en allemand, en français ; DES PLUS CÉLÈBRES NATURALISTES. iSq il parlait la plupart des langues vivantes. Dans ses ma- gistratures, il porta la même activité, la même supério- rité que dans ses travaux scientifiques. Avec cette habi- tude de dominer tous les hommes de son temps, doit- on s’étonner qu’il ait été partisan dans son pays de l’a- ristocratie absolue, qu’il l’ait soutenue même au préju- dice de sa fortune. Du reste, personne ne fut plus pro- pre à tempérer les inconvéniens d’un pareil gouverne- ment par une justice impartiale, une affabilité parfaite et une grande libéralité. Les principaux travaux d’Haller appartiennent plus spécialement à la médecine et à l’étude particulière de l’homme ; mais s’il fut le premier de son temps en ana- tomie et en physiologie, il peut encore par ses études sur la botanique, par ses considérations sur les êtres en général, par ses connaissances en anatomie comparée, être placé parmi les naturalistes les plus distingués de son siècle. Pendant dix-sept années, il occupa àGœttin- gue la triple chaire d’anatomie, de chirurgie et de bota- nique. Les honneurs vinrent chercher l’illustre profes- seur; les rois de l’Europe l’appelaient à l’envi dans leurs États; mais il préféra les dignités moins splendides de sa ville natale, qui l’avait nommé, malgré son absence, membre du conseil souverain. A peine revenu dans sa patrie , il se trouva chargé de toutes les dignités qu’une république pouvait conférer; on rendit même, en sa faveur, un décret spécial qui le mettait pour toute sa vie en réquisition pour le bien public. Il termina sa vie à l’âgede soixante-dix ans, entouréd’une nombreuse famille , recevant les hommages de tous les étrangers de marque qui visitaient la Suisse. Lorsqu’il se sentit par sa dernière maladie frappé à mort , il ob- serva jusqu’au dernier moment la marche décroissante BIOGRAPHIE ]6o des forces vitales et indiqua par un dernier signe le moment où son pouls s’arrêta. C’est Cuvier qui a con- signé dans la Biographie universelle ce dernier trait de caractère; quinze ans plus tard , lui-même devait à son tour étudier jusqu’au dernier moment les progrès du mal auquel il succombait. L’énumération de tous les ouvrages d’Haller ne ren- tre point dans notre sujet, et d’ailleurs elle exigerait une étendue que nous ne pourrions lui donner. Ceux qui ont un rapport plus direct à l’histoire natu- relle sont : Historia stirpîum Helvetiœ îndigenarum inclioata. 3 vol. in-folio, 48 pl., Berne; 1768. Elementa pbysîologiæ. Lausanne, 1757-66.8 vol. in-4°. De partium corporis humani prœcipuarum fabricâ et func- (ionibus. Berne, 1777. Opéra minora. Lausanne, 1762-68, 3 vol. in-4°, où Ton remarque ses recherches sur ledéveloppement du poulet dans l’œuf, et des fœtus des quadrupèdes; sur les monstres, etc. HAUY (Réné-Just), Né à St-Just (Oise), le 28 février 1742 ; Mort à Paris, le 3 juin 1822. Prêtre, Minéralogiste. Sa naissance le destinait à être un obscur ouvrier; mais sonintelligenceetsa disposition à la piété dès sa plus ten- dre enfance le firent remarquer du supérieur d’un cou- vent,qui se chargea de sa première éducation. Ses progrès furent assez rapides pour qu’on l’envoyât à la maîtrise d’une église de Paris. Dans l’humble position d’en- fant de chœur, il développa une aptitude remarquable pour la musique. Il passa de là au collège de Navarre, DES PLUS CÉLÈRRES NATURALISTES. l6r OÙ, plus tard, il devint maître de quartier; enfin il ar- riva, après avoir pris ses degrés, à être nommé récent de seconde au collège Lemoine. Ce semblait être le terme de toute son ambition ; jamais il ne s’était occupé d’his- toire naturelle et n’y songeait point; toutefois les rap- ports d’intimité qui s’établirent entre lui et le res- pectable Lhomond , le poussèrent à apprendre un peu de botanique, pour partager les promenades de son ami qui se plaisait à herboriser. Cet essai éveilla chez lui la vocation engourdie par la direction de ses premières études, et il se mit à étudier avec soin cette science dont il ne s’était approché que par complaisance. Il prit sou- vent le chemin du Jardin des Plantes, entra aux cours; les sciences purement physiques l’attirèrent davantage; il devint un des auditeurs les plus assidus du cours de minéralogie de Daubenton. La comparaison des végétaux et des minéraux le conduit à douter que ceux-ci ne suivent aucune règle dans leur formation ; une heureuse maladresse vient féconder le germe de cette pensée, resté jusqu’alors stérile : un groupe de spath calcaire cristallisé en pris- mes, qu’il examinait dans une collection, lui échappe des mains et se brise. La cassure des morceaux l’a frappé par sa régularité ; il ramasse précieusement les débris qu’on repousse et où il aperçoit tout une science, la cristallographie est créée. Haüy avait à cette époque trente-huit ans ; il se met à rapprendre la géométrie, la physique , dont vingt ans auparavant il avait eu quel- ques notions ; il brise tous les cristaux de sa petite col- lection à laquelle il tenait tant; il calcule les angles d’après des méthodes qu’il se crée, les mesure ensuite et trouve les angles précisément de la mesure que lui donnait le calcul ; sous les faces accessoires qui les re- 6i 1 1 BIOGRAPHIE 162 vêtent, il découvre les faces primitives de chaque cris- tallisation , et de celles-ci il déduit sûrement les faces secondaires. Sa découverte se répand ; les plus illus- tres savans , les Lagrange , les Lavoisier , les Laplace , viennent suivre les leçons du modeste régent , et les portes de l’Académie s’ouvrent pour lui. Il avait atteint le temps de sa retraite du collège ; il la demanda et se consacra tout entier à des travaux de minéralogie. Avec la réputation dont il jouissait alors , il fut sollicité pour occuper des places qu’il n’eût point demandées , et fut nommé, même pendant la révolution, membre de la commission des poids et mesures , conservateur du ca- binet des mines , professeur de physique à l’École nor- male , puis professeur de minéralogie au Muséum. Na- poléon le fit chanoine de Notre-Dame , membre de la Légion d’honneur, professeur à la Faculté des sciences; Il accorda,' sur sa recommandation une place à son ne- veu, et à lui une pension de 6,000 fr. La restauration seule ne favorisa point Haüy, prêtre dévoué à son ministère, qui n’avait prêté aucun serment contraire à sa con- science , et n’avait cessé de remplir ses fonctions ecclé- siastiques , même au fort de la terreur. Aussi ne put-il laisser à sa famille d’autre héritage que sa précieuse collection , qui fut achetée par l’Angleterre. Haüy était d’une santé délicate, et cependant il a vécu jusqu’à près de quatre-vingts ans. Sa piété était exem- plaire , mais sa tolérance le fut également ; il aimait les jeunes gens, et semblait rajeunir à leur contact. Son vaste savoir, sa simplicité d’enfant , ses vêtemens, ses habitudes d’un autre temps, en firent un homme à part. On n’eut à lui reprocher qu’une seule faiblesse : l’im- patience de la contradiction. DES PLUS CÉLÈBRES NATURALISTES. l63 Ses principaux ouvrages sur îa minéralogie sont : Essai d’uîie théorie sur la structure des cristaux. Paris, 1784. De la structure considérée comme caractère distinctif des minéraux. 1793, in-8®. Traité de minéralogie. 1801, 4 vol. 111-8“. Seconde édition, revue et augmentée; 1822. Les derniers volumes ont été publiés par M. Delafosse, l’élève préféré de Haüy. Traité des caractères physiques des pierres précieuses. Paris, 1817. Traité de cristallographie. 1822, 2 vol. in-8®. HEDWIG (Jean), Né à Gronstadt, (Transylvanie) en 1730 ; Mort à Leipzig, le 7 février 1799; l^édecin, botaniste* Sa passion pour la botanique se montra dès son jeune fige. Tout en faisant ses études médicales à Presbourg, à Zittau, à Leipzig, il s’adonnait à sa passion pour i’étiide des plantes; à Leipzig, il mit en ordre le jardin botani- que. Établi médecin à Cliemnitz il continua ses travaux; mais la nécessité de s’adonner à la pratique, le défaut de livres et d’instrumens nécessaires , rempêchèrent de publier de bonne heure les observations multipliées auxquelles il se livrait sur les végétaux les moins con- nus et dans leur organisation et dans leurs fonctions. Des observations pleines de justesse, adressées à Sclire- ber, auteur de la Flore de Leipzig , lui concilièrent l’a- mitié de ce savant, qui lui envoya des livres et des mi- croscopes(i 77 1 ), Dès lors il put ajouter à scs observa- tions ce qui leur manquait en exactitude , et , ne trou- BIOGRAPHIE i64 vant point dans la petite ville qu’il habitait des res- sources suffisantes pour ses publications , il se hasarda à venir avec sa nombreuse famille à Leipzig, où il fut bien accueilli et nomme successivement professeur de médecine et de botanique. C’est là qu’en quelques an- nées , il fit paraître les nombreux travaux auxquels toute sa vie avait été consacrée. Ces travaux ont pour objet spécial les plantes cryptogames. Fundamenium historiœ naturalis muscorum frondosorum. Leipzig, 1782, 2 part. in-4°. Theoria geiierationîs et fructifie atîonis plantarwn cryptoga- micarum. 1784. Slirpes cryptogamicœ. 1786, 4 ^ol. in-folio. De Fibrœ vegetalis et animalis ortu. *789, in-8°. HUBER (François), Né à Genève, le 2 juillet 1750 ; Mort à Lausanne, le 22 décembre 1831. Naturaliste. Il trouva inné dans sa famille le goût de l’histoire na- turelle; son père Jean Huber avait publié des Obser- vations curieuses sur le vol des oiseaux de ^ro/e. De bonne heure il se livra à l’étude des sciences naturelles avec une ardeur que rien ne pouvait modérer, et observa beaucoup pari uiinême; il avait hâte en quelque sorte de faire provision pour l’avenir. En effet, dès l’âge de quinze ans, probablement par suite de ses lectures multipliées, sa vue s’était profondément altérée. Les plus célèbres médecins de Paris, qu’il vint consulter, ne purent remédier au mal et eurent à prédire une cécité complète qui ne tarda point à arriver. Aveugle, il ne DES PLUS CÉLÈBRES NATURALISTES. l65 perdit point courage; il résolut de poursuivre les Ob- servations qu’il avait commencées sur les al^eilles. Mais comment voir ces insectes dans tous les momens de leur existence, à chaque heure du jour ? Sur ses instruc- tions, des ruches tout en verre, de forme différente, sont construites pour recevoirles essaims d’abeille. Une femme pleine de dévouement, qui n’avait point craint de l’épouser malgré ses désolantes infirmités , un domes- tique zélé et fidèle, qui devint son secrétaire et son ami, lui prêtent le secours de leurs yeux; Huber les in- terroge à chaque instant, les dirige , recueille et coor- donne ce qu’ils ont vu. Que doit-on le plus admirer, de cet esprit qui commande , perçoit et compare des sen- sations qui ne lui appartiennent point, ou de cette do- cilité intelligente qui persévère pendant tant d’années à fournir les matériaux d’un ouvrage dont elle ne re- cueillera pas la gloire ? C’est avec cette touchante collaboration que fut com- posée l’histoire la plus complète qui ait jamais été pu- bliée sur aucune espèce animale; elle fournit un re- marquable modèle d’observation patiente et ingénieuse. Nouvelles observations sur les abeilles . Paris, J 796, in-12. Deuxième édition, avec de grands développemens. 1814. 2 vol. JACQUEMONT (Victor), Né à Paris, le 6 août 1801 ; Mort à Bombay (Inde), le 59 octobre 1832. V oyageur-Naturaliste. Les ouvrages de Jacquemont ne l’ont point placé aux premiers rangs de la science. Mais comment ne point payer un juste tribut de regrets à ce courageux jeune BIOGKAPIIIE l6G homme, victime de son zèle pour les découvertes scien- tifiques , qui sut se faire aimer de tous ceux qui Ten- touraient , se fit même pardonner ses écarts par l’ori- ginalité de son esprit et son excellent cœur, et porta dignement le nom français jusqu’aux confins de l’Inde. Après avoir fait un premier voyage en 1826 dans l’Amérique du Nord, d’où il rapporta de belles collec- tions de plantes et de roches , il fut chargé par le gou- vernement français de mettre à exécution un plan de voyage aux Indes orientales , qu’il avait lui-même ré- digé. Il parcourut l’Himalaya, le Thibet, pénétra jus- qu’à Lahore , où , grâce au général Allard , il fut parfai- tement accueilli par le roi Runjet-Sing, et visita le Ca- chemire et le Pendjab. Mais les fatigues du voyage, l’in- fluence délétère du climat , développèrent chez lui une inflammation du foie , si fatale et si commune dans ces contrées. Il comprit son mal j mais, conservant toute sa tranquillité, il ne cessa d’écrire à sa famille que quand les forces lui manquèrent , et mourut heureux des soins qui lui étaient prodigués par les amis que lui avaient gagnés la noblesse et la bonté de son âme. On a de lui ; Note sîir le gisement du gypse dans les Alpes (Annales des Sciences naturelles, 1824). Correspondance de Victor Jacqiiemont avec sa famille^ etc. Paris, 1834, 2 vol. in-8°. Voyage dans l'Inde pendant les années 1828 à i832. In- folio par livraisons, i835. JUSSIEU. Nom glorieux dans l’histoire de la botanique, et depuis près d’un siècle et demi porté avec honneur ! Que de DES PLUS CÉLÈBRES NATURALISTES. 167 royautés ont passé ! que de familles nobles ont disparu pendant ces longues années ; mais la dynastie toute scientifique des Jussieu s’est maintenue dans son paci- fique royaume. Le premier de cette race ennoblie par l’étude fut : JUSSIECT (Antoine de), Né à Lyon en 1686 ; Mort à Paris en 1758. Professeur de botanique au Jardin royal des plantes. Il appela près de lui son frère cadet, JUSSIEU (Bernard de), Né à Lyon en 1699 ; Mort à Paris en 1777. Celui-ci étant parti avec son frère, que le Régent en- voyait en Espagne et en Portugal pour y recueillir des plantes , prit goût à la botanique et s’y livra avec ardeur. Cependant il se fit recevoir docteur en médecine à Mont- pellier ; mais il eut de la répugnance pour la pratique, et préféra la place de sous-démonstrateur debotanique, que son frère lui avait fait obtenir. C’est dans cette place modeste, dont il se contenta toute sa vie, qu’il rendit à la science d’éminents services, soit en entrete- nant le jardin botanique, même à ses frais, soit en fai- sant faire aux élèves de nombreuses herborisations , où sa merveilleuse sagacité fut l’objet de l’admiration de Linné lui-même; soit enfin en jetant les bases de la mé- thode naturelle , à l’époque oii le célèbre naturaliste suédois ralliait tous les savansàson ingénieux système. Quelque temps avant sa mort, il avait perdu la vue. Sa modestie, ses fonctions de professeur auxquelles il était tout dévoué , sa vie toute pratique l’empêchèrent BtOGRAPHIE 168 de publier beaucoup de livres; on a de lui quelques mé- moires sur la pilulaire, le lemna, la littorella lacustris, certains corps marins, regardés avant lui comme des vé- gétaux, et qu’il apprit à considérer comme l’ouvrage en commun de petits animaux. Personne n’attachait moins de prix que lui à ses propres découvertes; il n’était oc- cupé que de la pensée de propager les vérités utiles. Les plagiats ne lui arrachaient que cette simple parole: « Qu importe, pourvu que la chose soit connue ! » Ses idées de classification sont simplement indiquées par l’ordre du Catalogue du jardin de Trianon, que Louis XV l’avait chargé d’organiser en école de botanique. Il de- vait à son frère la position qui le rendit heureux; il vou- lut également appeler à sa succession un de ses neveux, et le fit plus grand que lui. JUSSIEU (Antoine-Laurent de), Né à Lyon, le 12 avril 1748 ; Mort à Paris le 17 septembre 1836. Comme ses deux oncles , il était de Lyon , et fils d'un de leurs frères nommé Christophe. \ dix-sept ans, il vint à Paris dans l’intention de suivre les cours de médecine et demeura chez son oncle Ber- nard. Celui-ci, sans le détourner précisément de la médecine , le ramenait sans cesse à l’étude des végé- taux , constant objet de ses pensées. Aussi la thèse qui couronna les études du jeune homme faisait déjà pré- sager sa vocation : an œconomiam animalem inter et ve- getalemsitanalogia. Bientôt son oncle le fit nommer sup- pléant du professeur titulaire, Lemonnier, premier médecin du roi, dont lui-même n’était que le démons- trateur. Antoine-Laurent se trouvait porté à cette chaire DES PLUS célèbres NATURALISTES. 169 par droit de naissance ; il voulut la mériter par son sa- voir. Un Mémoire important sur la famille des Renoncules, publiéen 1 778 le fit nommer à l’Académie des sciences. Dans le même temps, aidé du jardinier en chef André Thouin,il exécutait une nouvelle distribution du jardin botanique, d’après les idées de son oncle Bernard, étendant et perfectionnant les principes qu’il avait pui- sés dans ses longues conversations avec le vieillard aveugle et septuagénaire. Enfin, en 1 778, il commença à publier son grand ouvrage : Généra plantarum secun- dum ordines naturales disposita , etc. Ce fut , on peut le dire , sinon une révolution , au moins un progrès im- mense dans les sciences naturelles : aux vagues déno- minations, aux systèmes artificiels, était substituée une méthode fondée sur l’ensemble des caractères. Adanson l’avait également entrevue ; il en avait développé les avantages, mais il n’avait pas su la rendre populaire. Aussi les travaux d’Antoine-Laurent ont-ils eu un bien plus grand retentissement : car la classification zoolo- gique de Cuvier elle-même, a découlé de celle qui venait de s’établir en botanique. Quand, plus tard, au sortir de la révolution , il eut été nommé administrateur, son premier soin fut de fonder au Muséum une bibliothè- que consacrée spécialement aux sciences naturelles. Il rechercha du reste les places qu’avait dédaignées son oncle , et fut successivement nommé professeur de ma- tière médicale à l’école de médecine et conseiller de l’université. La restauration lui ravit ces deux derniers titres, et, en 1826, presque privé de la vue, il se démit de sa chaire de botanique au Muséum , en faveur de son fils, M. Adrien de Jussieu, qui l’occupe aujourd’hui. Il a publié : Généra plantarum, eic. Paris, 1789. BIOGRAPHIE 170 De nombreux articles dans le Dictionnaire des sciences NATURELLES. Une très-longue suite de Mémoires ^ dans les Annales du Muséum, de i8o4 à 1809. KXAPROTH (Martin-Henri), Né à Berlin, le 1er décembre 1743 ; Mort dans la même ville le 1er janvier 1817. Minéralogiste. Professeur de chimie, membre de FAcadémie des sciences de Berlin , associé de l’Institut de France , il mérita la haute renommée dont il fut entouré pendant sa vie, en contribuant à donner pour base aux classifi- cations minéralogiques, la composition chimique. La multiplicité et l’exactitude de ses analyses le conduisi- rent à reconnaître des élémens nouveaux là où on croyait n’avoir que des corps simples. C’est à lui qu’on doit la découverte du titane , de l’urane et du tellure, du sulfate de strontiane, du molybdate de plomb. Il a publié un Système minéralogique , principalement basé sur les principes constitutifs des minéraux. On a de lui un grand nombre d’analyses dans le Journal de Physi- que^ les Annales de Chimie , le Joiamal des Mines ^ etc. Ses ouvrages toutefois se rapportent plus à la chimie qu’à l’histoire naturelle. KZiEIBJ (Jacques-Théodore), Né à Kœnigsberg en 1685 ; Mort à Dantzig, le 27 février 1759; ZtJaturaliste. Secrétaire du sénat de Dantzig, il profita des loisirs DES PLUS CÉLÈBRES NATURALISTES. I7I de cette place pour se livrer avec ardeur à 1 etude de rhistoire naturelle. Il laissa une des plus riches collec- tions qui existassent alors dans le nord de l’Europe. Ce n’est point un homme qui ait marqué par quelque découverte importante ou par l’exposition d’une nouvelle méthode; mais ses ouvrages, pour le nombre et la variété des sujets qui y sont traités^ l’étendue des descriptions, et les figures qui les accompagnent, méritent d’étre con- sultés par les naturalistes. Le plus important de tous est son Ichthyologie, H fut l’un des fondateurs de la Société des amateurs de l’histoire naturelle à Dantzig. Ses principaux ouvrages sont : Fasciculus plantarum rariorum et exolicarum ex liorto j)ro~ prîo. Dantzig, 1722, in-8°. Descriptiones tubulorum marinorum. Dantzig, 1731, in-4°, 10 pl. Naturalîs dispositlo ec/n'nodei’ma^um. Dantzig, 1734? in-4“, 36 pl. Historiœ piscium naturalîs promovendœ missus V, cum prœ- fatione de piscium auditu. 3740-49. Historiœ aviurn prodromus. Accessit historia mûris Alpini et vêtus vocabuiarium animalium. Lubeck, 1786, in-4°, fig. 8. Tentamen metfiodi ostracologicæ ^ sive dispositio naturalîs cocldidum et concliarum. Leycle, 1753, in-4°. » Tentamen lierpetologiœ. Leyde, 1755, in-4°. Stemmata avium XL tabulis œneis ornata, accédant nomen- clatores polono-latinus et latino^polouus. Leipzig, in-4®- Ulterior lucubratio subterranea de terris et mineralibus^ etc. Pétershourg., 1760, in-4°. Ova avium plurimarum, 21 planches coloriées. Leipz., 1766, in-4°. Specimen descriptionis petrefactoriim gedanensium. Nurem- berg, 1770, in-lol. 172 BIOGRAPHIE IiACEPÈDE {Bernard-Germain-Étienne de-la- Ville-sur-Illon, comte de), Né à Agen, le 26 décembre 1756 ; Mort à Épinay, près Paris, le 6 octobre 1825. ETaturaliste. Les soins les plus tendres et les plus éclairés prési- dèrent à sa première éducation; un précepteur habile, un père dévoué, réunirent leurs efforts pour éloigner de son âme toute impression fâcheuse, toute notion du mal. A treize ans , comme il l’a dit lui-même , il ne con- naissait que le beau. L’isolement dans lequel on le main- tenait dans un château , les livres de Buffon qu’on met- tait entre ses mains, le conduisirent à la méditation et à l’observation des faits naturels. Il avait reçu en outre de son organisation une disposition toute spéciale pour la musique. Cette vocation l’emporta d’abord sur la pre- mière , et il débuta par quelques compositions musi- cales qui eurent un grand retentissement dans sa pro- vince et méritèrent de Gluck des paroles d’encourage- ment. Mais quelques-uns de ces embarras qui ne man- quent pas aux débutans rarrêtèrent bientôt et le firent renoncer à la scène; il se borna à écrire sur la théorie de la musique, et s’appliqua avec plus d’ardeur aux sciences physiques. Déjà il avait communiqué à Buffon quelques recherches qui intéressèrent vivement le grand écrivain. Celui-ci , attiré vers Lacépède par une même manière de concevoir l’histoire naturelle et par la con- formité du style, avait commencé à l’associer à tous ses travaux; et il fallût que cette étude eût bien de l’attrait pour le jeune comte, puisqu’elle le décida, en 1786, à accepter la place très-modeste de garde sous-démon- strateur du cabinet du roi, lui qui d’une excursion en DES PLUS CÉLÈBRES NATURALISTES. 1^3 Allemagne avait rapporté les épaulettes de colonel dans les troupes des cercles de l’empire. En 1788, il commença à publier les suites à Buffon. Ce fut d’abord l’histoire des quadrupèdes ovipares , et l’année suivante celle des serpens. Ces ouvrages of- fraient les défauts et les qualités qui furent propres à ce qu’écrivit Lacépède : l’oubli presque complet de l’or- ganisation intérieure, une grande facilité à croire les récits des voyageurs , peu de rigueur dans la disposi- tion des genres et des espèces , mais aussi plus de mé- thode que Buffon, un style élégant et l’art d’intéresser ses lecteurs. Lacépède, retiré à la campagne, traversa sans dan- ger l’époque la plus difficile de la révolution. Dès que la tranquillité fut rétablie , les honneurs vinrent le trou- ver en foule : professeur au Jardin des Plantes , ses le- çons eurent un grand retentissement; successivement il devint membre de l’Institut, président du sénat, grand- chancelier de la Légion d’honneur, ministre d’Etat, pair de France, acquérant sous chacun des gouvernemens qui se succédèrent quelque nouveau titre. On lui a reproché amèrement sa condescendance à tous les régimes, les flatteries fort contradictoires que lui imposaient ses positions diverses dans l’État ; mais pour être juste envers lui, il faut tenir compte de son caractère fait pour aimer et admirer, et non pour haïr; de son désintéressement, qui lui fit refuser le traitement de chancelier; lui, le plus pusillanime des hommes en fait de politique, il sut plus d’une fois avoir du courage, quand il s’agissait de faire du bien. Son genre de vie était des plus simples; ses affections de famille étaient très vives. Il mourut de la petite vérole qu’il avait con- tractée, dit-on, en serrant la main d’un médecin, son BIOGRAPHIE 174 collègue à rinstitut et au Jardin des Plantes, qui venait de visiter des varioleux. Prévoyant dès l’invasion de la maladie une fin prochaine, il montra une sérénité par- faite jusqu’à ses derniers momens. Le nombre de malheureux qui sans être fastueusement conviés , se pressaient à ses funérailles , témoignait assez des bien- faits que secrètement il répandait autour de lui. Ceux de ses ouvrages qui se rapportent à Fhistoire na- turelle sont : Histoire naturelle des quadrupèdes ovipares et des serpens, 1788-89, 2 vol. in-8“. Histoire naturelle des reptiles. 1789, vol. in-4°. Histoire naturelle des poissons, 1798 à i8o5, 5 vol. in-4°. Histoire naturelle des cétacés. i8o4, in-4“. Discours d’ouverture et de clôture du cours d'histoire natu~ relie. 1798 à 1801. Histoire naturelle de l'homme, 1827, in-8°. Les âges de la nature et l'histoire de l'espèce humaine. 1 83o, 2 vol. in-8° (ouvrage posthume). Dans le Dictionnaire des Sciences naturelles, il a rédigé les articles des Poissons et de rjïomme. On a de lui plusieurs Mémoires, dans la Décade philo- sophique, le Magasin encyclopédique, les Mémoires de l’In- stitut, les Annales du Muséum d’histoire naturelle. IiAMARCK (Jean-Baptiste-Pierre-Antoine M0N£T de), Né à Bargentin (Somme), le 1er avril 1744; Mort à Paris, le 18 décembre 1829. Naturaliste. Le dernier des enfans d’une famille noble, il fut, sui- vant l’usage , destiné à la prêtrise et envoyé au sémi- naire. Il fallut, malgré sa répugnance, obéir à la vo- lonté impérieuse de son père; mais à la mort du vieil- DES PLUS CÉLÈBRES NATURALISTES. IjS lard , arrivée en 1760, il ne tarda point à s’échapper du séminaire pour rejoindre l’armée que commandait le maréchal de Broglie. Il s’y distingua par une action d’éclat, qui lui valut le grade d’officier. Toutefois il ne persévéra point dans cette carrière : une longue maladie, le refus que le ministre faisait de lui confirmer son grade, peut-être aussi le désœuvrement d’une vie de garnison , contribuèrent à l’en dégoûter. Il vint à Paris étudier la médecine; mais, en réalité, il ne s’occupa guère que de botanique. Aussi son coup d’essai fut-il sa Flore française, guide commode et sûr, qui, par la méthode dichotomique, conduisait à la détermina- tion des espèces. La nouveauté de ce système de clas- sification, la facilité qu’il donnait pour l’étude, assura à l’ouvrage un rapide succès ; aussi l’auteur fut-il porté à l’Académie des sciences, dans la section de botanique. Buffon, qui l’avait encouragé et avait fait imprimer son livre à l’imprimerie royale, lui procura une com- mission de botaniste du roi, chargé de visiter les jardins les plus célèbres de l’Europe. Il partit donc , accompa- gné du fils de Buffon , auquel il devait servir de mentor. Près de deux ans furent consacrés à ce voyage. A son retour, il composa un nouveau traité de botanique , et finit à grand’peine par être nommé adjoint à la garde des collections ; la révolution , qui avait remué si pro- fondément tous les établissemens publics ou privés, ne fit guère que changer le nom du Jardin du Roi , et maintint les mêmes personnes qui alors y occupaient des places, leur laissant le soin de se distribuer les douze chaires qu’elle instituait. Lamark,le dernier venu, fut obligé de prendre la chaire dont les autres ne voulaient point : c’était celle des animaux inférieurs , confondus alors sous le nom BIOGRAPHIE 176 d’insectes et de vers. Lamark avait à cette époque près de cinquante ans , et il ne s’était occupé que de botani- que ou de physique; mais son courage et son infatiga- ble ardeur ne l’abandonnèrent point, et le système des animaux sans vertèbres, publié en 1 800 , et qui n’était que le prélude d’un grand ouvrage, indiquait les vues profondes d’un esprit éminemment généralisateur. Dès ce moment , il ne cessa de poursuivre avec persé- vérance le nouveau but de ses études, y adjoignant des recherches sur la physique et sur la météorologie. Ses derniers travaux, dans lesquels il s’éloignait souvent des idées des autres savans, lui attirèrent quelques dé- sagrémens, et même, disons-le, quelque ridicule : les lois qui régissent les phénomènes météorologiques ne sont pas encore assez connues pour qu’on puisse es- sayer de subordonner ces phénomènes les uns aux autres , sans s’exposer aux mécomptes des prédictions d’almanach. Cependant, avec les années et l’assiduité du travail, sa vue, qui s’était progressivement affaiblie , se perdit complètement. Lamark, qui avait vécu loin du pouvoir, et avait mis de l’apreté à combattre les systèmes des au- tressavans pour faire prévaloirles siens, avait éloignéde lui les protecteurs; il était à peu près réduit au modique traitement de professeur; mais, malgré les atteintes de la vieillesse et de l’infortune , il trouva une douce con- solation, et dans l’activité de la pensée qui ne l’aban- donnait pas , et dans le dévouement de sa fille aînée qui ne le quittait point d’un instant, travaillait avec lui et écrivait sous sa dictée. Trois ouvrages d’une haute importance ont marqué sa carrière : La Flore française. Paris, 1773, 3 vol. in-8°. ‘77 DES PLUS CÉLÈBRES NATURALISTES. Zoologie philosophique, 1809,2 vol. in-8®. Cet ouvrage, remarquable par Timmensite' du sujet, ne Test pas moins par la singularité des hypothèses. Celle qui domine toutes les autres, est que : l’organisation la plus simple peut se compliquer progressivement sous la seule influence des besoins divers auxquels elle se trouve exposée. Histoire naturelle des animaux sans vertèbres. i8i5-i822, 7 vol in-8°. On a encore de lui : Mémoires sur les cabinets histoire naturelle, 1798. Hydrogéologie, 1802. Dictionnaire de botanique et illustration des genres dans l’Encyclopédie méthodique. IiAMOUKOUX (Jean- Vincent-Félix), Né à Agen, le 3 mai 1770; Mort à Caen, le 16 mars 1825. Botaniste. Destiné par son père à la carrière commerciale, il en fut distrait par son goût pour Thistoire naturelle. Ses études fort étendues en botanique nuisirent à ses succès comme industriel : sa maison ne put se soutenir; il la quitta sans grand regret, et chercha une ressource dans ce qui n avait été pour lui qu un objet d’études. En 1807, il vint à Paris ; quelques mémoires qu’il avait déjà publiés lui servirent de recommandation auprès des savans. En 1808 il fut envoyé professeur de bota- nique à l’académie de Caen. Cette position le mit à même d’étendre et de perfectionner ses recherches sur les plantes marines qui l’avaient jusqu’alors préoccupé. De nouveaux mémoires, où règne un esprit de méthode et de sage observation, établirent sa réputation; on peut croire qu’il l’eût agrandie et consolidée par quelque ou- vrage imporlant dont ses travaux publiés formaient 61 12 1^8 BIOGRAPHIE comme la base, si une attaque d’apoplexie ne l’eùt en- levé à l’âge de quarante-six ans. Il était membre correspondant de l’Institut , et fut le fondateur de la société linnéenne de Caen. Ses principaux ouvrages sont : Mémoire sur le rouissage de ü agave americana (Décade philos., 1802). Description de deux espèces de varechs ( Bulletin de la soc. philomath., i8o3). Dissertation sur plusieurs espèces de fucus peu connues ou nouvelles, Agen, i8o5, in-4®, 36 pl. Mémoires sur plusieurs nouveaux genres de la famille des algues maritimes (Journal de bot. 1809). Mémoire sur la classification des polypiers (Bullet. de la soc. philomath., 1812). Essai sur les genres de la famille des thalassiopliytes non articulés. 18 1 3, in-4° (Annales du Muséum, t. XX). Histoire générale des polypiers coralligènes flexibles^ etc. Caen, 1816, 19 pl. Exposition méthodique des genres de l'ordre des polypiers, etc- Paris, 1821, in-4®, 84 ph Mémoire sur la Lucernaire campanulée. (Mémoires du Mu- séum d*histoire naturelle, t. II, i8i5). Rapport sur le crocodile de Caen (Annales générales des sciences physiques, 1820.) Mémoire sur la géographie des plantes marines (Annales des sciences naturelles, section, t. 7). Il a composé une grande partie du premier volume de l’Histoire des zoophytes, pour l’Encyclopédie méthodique. On trouve de lui un assez grand nombre d’articles dans les seize premiers volumes du Dictionnaire classique d’his- toire naturelle. DES PLUS CÉLÈBRES NATURALISTES. Ijg X.ATHAM (John), Né le 27 juin 1740 à Ellham (comté de Kent); Mort à Winchester, le 4 février 1837. Ornithologiste. Comme son père , il cumulait les fonctions de chi- rurgien el de pharmacien. Mais cette double profession était loin de suffire à l’occuper ; quelque soin qu’il donnât àsaclientelle,la longue durée de sa vie lui permit de con- sacrer beaucoup de temps à l’histoire naturelle, vers la- quelle l’appelait un goût bien prononcé. L’ornithologie étant la partie dont il s’occupait particulièrement , il se mit en rapport avec les savans de son époque, visita les musées et les collections , et finit par réunir, soit en oiseaux préparés , soit en dessins , les matériaux d’un ouvrage fondamental sur cette classe de vertébrés. Son ouvrage commença à paraître en 1780 et ne fut achevé qu’en 1 80 1 , au milieu d’autres travaux du même genre. Lui-même en donna une seconde édition , retouchée , augmentée de toutes les découvertes nouvelles de 1 821 à 1824 : ainsi, lorsqu’il entreprit avec toute l’activité d’un jeune homme cette œuvre de dix volumes, il avait plus de quatre-vingts ans, et il ne succomba que qua- torze ans après. Il fut un des fondateurs de la Société linnéenne, membre de la Société royale de Londres et de plusieurs sociétés étrangères. A yeneral synopsis of tfie birds. Londres, 3 vol. in-4‘^ et deux suppléments, 1780 à 1801. Histoire générale des oiseaux. 1821 à 1824, 10 vol. Index ornithologicus. Londres, 2 vol. in-4°, 1790. Essai sur les trachées de diverses espèces doiseaux dans les Transactions de la Société linn., t. IV. i8o biographie X.at-r-eiï.LE (Pierre- André), Né à Brives (Corrèze), le 29 novembre 1762; Mort à Paris, le 6 février 1833. Entomologiste. Il est peu de savans illustres dont l’existence ait ete plus modeste; celui qu’on a appelé le prince de 1 en- tomologie, qui fut membre de presque toutes les aca- démies de l’Europe, vécut dans un état voisin de 1 in- digence. Dès son enfance, il parut , par une certaine fatalité, comme voué à l’infortune età 1 obscurité. Cette fatalité fut-elle autre que son caractère timide et son amour pour la retraite? , . ■ j La volonté de ses parens le fit prêtre ; il vivait des faibles ressources que lui procuraient ses obscures fonc- tions, lorsque l’époque la plus terrible de la révolution vint lui arracher ces ressources, et créer autour de lui des dangers dont il n’eût point su se garantir, si ami- •tié et l’estime de quelques personnes neussent vei e sur lui. Cependant il lui fallut chercher dansletude, qui jusqu’alors n’avait été pour lui qu’une agréable dis- traction, un moyen d’existence. Grâce à quelques amis, il obtint en 1 798 d’être employé au Muséum d histoire naturelle, où on le chargea de l’arrangement méthodi- que des insectes. Cette position inférieure dura trente L; car ce ne fut qu’en 1829, à la mort de Umarck, qu’il obtint, et seulement par la puissante intervention de Cuvier, une chaire au Muséum. Il ne jouit pas long- temps de cette position, achetée par tant d’annees de travail et de gêne. Sur le tombeau que lui fit élever la Société entomo- lopique dont il était président, on grava une necrobie. C’est un hommage à l’entomologiste, c’est un souvenir DES PLUS CÉLÈBRES NATURALISTES. i8l de sa vie. Détenu dans les prisons de Bordeaux pen- dant la terreur, il fit présenter un insecte rare {necrobia ruficollis) à Fun des commissaires de la Convention, en mission à Bordeaux ; et celui-ci , grand amateur d’in- sectes , lui fit obtenir sa liberté. Il a publié : Précis des caractères génériques des insectes^ disposés dans un ordre naturel. Brives, 1796, in-8®. Essai sur l' histoire des fourmis de la France. Brives, 1798, in-i2. Histoire naturelle des salamandres de France, Paris, 1800. in-8°. Histoire naturelle des singes. 1802, 2 vol. in-8“. Histoire naturelle des fourmis, suivie de Mémoires sur les abeilles, les araignées, etc. 1802, in-8®. Histoire naturelle des reptiles. 1802, 4 vol. in-18. Histoire naturelle des crustacés et des insectes. 1 802-1806, i4 vol. in-8®. Généra crustaceorum et insectorum secundum ordinem na- turalem infamilîas disposita,etc. Paris, 1 806-1 809,4 vol. in-8®. Cest Fouvrage le plus important de Latreille; ouvrage véritablement original, et qui a placé son auteur à la tête des entomologistes. Mémoires sur divers sujets de t histoire naturelle des insectes. 1819, in-8®. De la formation des ailes des insectes. 1820, in-8o. Cours cC entomologie, i83i, in-8“. Et beaucoup d’articles disséminés dans les recueils et les dictionnaires. Z.’ÉCLUSE (Charles de), en latin ClUSIUS, Né à Arras, en tb26 ; Mort à Leyde en 1609. Médecin, botaniste. Ses parens le destinaient à la jurisprudence, et ses premières études furent dirigées dans ce but. Mais son BIOGRAPHIE 182 amour pour les voyages l’entraîna en Allemagne , dans la Suisse et dans le midi de la France. S’étant lié à Montpellier avec Rondelet, il abandonna l’étude du droit pour celle de la médecine , et surtout de la bota- nique ; le voici de nouveau voyageant, soit pour visiter les écoles les plus fameuses de l’Europe, soit pour faire collection de plantes. Parmi ses voyages , celui d’Espagne le mit à même de faire connaître un bon nombre de végétaux peu connus à cette époque. Dans les deux excursions qu’il fit en Angleterre, il se mit en relation avec les marins les plus expé- rimentés , qui lui communiquèrent sur les contrées qu’ils avaient parcourues des notions dont il fit son pro- fit. Pendant quatorze ans, il fut directeur des jardins de l’empereur, à Vienne. En 1 689, il avait abandonné la cour depuis deux ans et vivait fort retiré à Francfort, lorsque l’académie de Leyde lui offrit la chaire de bo- tanique. C’est là qu’il termina sa longue carrière, en- touré de l’estime et de l’amitié de tous. Il fut un des au- teurs de ce temps qui contribuèrent le plus à propager l’amour de la botanique ; ses ouvrages remarquables par l’érudition , par la sagacité d’observation, le sont également par la scrupuleuse probité avec laquelle il rend à chacun ce qui lui appartient, s’inquiétant fort peu de ce qu’il a pu lui-même fournir aux autres. On ne trouve point dans ses livres cet esprit de méthode qui distingue Césalpin ; mais les descriptions y sont d’une précision, d’une exactitude et d’une élégance que personne n’a dépassées. Il a laissé : Histoire des plantes ^ traduite du flamand, de Dodoens. Anvers, iSSy, in-folio. DES PLUS CÉLÈBRES NATURALISTES. l83 Rariorum alîquot stirpiiim per Hispanîas observatarum liis- toria, etc. 1576, in-8°. Rariorum aliquot stîrpium per Pannoniam, Ausiriam, obser- vatarum, etc. i583. Ces deux ouvrages ont été fondus dans le suivant : Rariorum plantarum hîstoria, cui accesserunt ejusdem corn- mentariolus de fungîs, etc. 1601, in-fol. C’est dans cet ouvrage (liv. iv) qu’on trouve la première description exacte et la figure de la pomme de terre. Exoticorum libri decem quibus , animalium , plantarum^ aromatum aliorumque peregrinorum fructuum historiœ descri- buntur, Anvers, i6o5, in-fol. Curœ posieriores. Anvers, 1621. Description de divers objets d’histoire naturelle. X.EUWENHOECK (Antoine), Né à Delft (Hollande), en t632; Mort en 1723. Micrographe. Il s’était fait une réputation comme constructeur de microscopes et de lunettes ; il s’en fit une plus grande par ses recherches en physiologie et en histoire natu- relle. Aucun savant n’a consacré plus de temps à l’ob- servation microscopique , aucun peut-être n’y fit faire plus de progrès par les modifications qu’il apporta aux instrumens, par sa patience ingénieuse; aucun n’en ré'^ pandit davantage le goût par le nombre et aussi par l’é- trangeté de ses découvertes. Ce nouveau monde était connu avant lui, mais il y pénétra plus avant que tout autre et rapporta de ce voyage d’exploration d’un nouveau genre, beaucoup de faits curieux et intéressans, ainsi que beaucoup de ces assertions hasardées ([ui échappent à quiconque raconte les merveilles d’un pays inconnu. On doit particulièrement signaler ses observations sur les globules du sang, sur la continuité des artères et des BIOGRAPHIE i84 veines , sur les animalcules spermatiques , sur la cris- tallisation des sels qui se trouvent dans les humeurs animales. Sa réputation était tellement répandue que le czar Pierre-le-Grand , visitant la Hollande , voulut voir Leuwenhoeck. qui, pour lui témoigner sa reconnais- sance, le rendit témoin de la circulation du sang dans la queue d’une anguille. Ses Mémoires, imprimés sépare'ment en hollandais, ont été réunis dans une traduction latine, sous le titre de : Arcana naturœ détecta. Delft, 1695 à 99, /| vol. in-4° et réimprimés avec les Épîtres de l’auteur, à Leyde , de 1719 à 1722. IflNTUÉ (Charles), Né à Roeshult (Suède), le 24 mai 1707 ; Mort à üpsal, le 10 janvier 1778. Botaniste. Nils Linné , ministre évangélique d’un pauvre village de la Suède , destinant son fils à la même profession que lui , l’envoya vers l’âge de dix ans à Vexioe, pour y 'suivre l’école et apprendre le latin. Mais l’enfant abandonnait les classes pour courir la campagne et re- cueillir des fleurs ; ni les punitions du maître, ni les menaces du père , ne purent changer les dispositions de Charles. Son père irrité le mit comme incorrigible et incapable à l’âge de quatorze ans, en apprentissage chez un cordonnier. Un médecin, nommé Rothman , remarqua l’enfant, lui prêta un Tournefort, et le re- commanda à Stobæus, professeur d’histoire naturelle, qui l’employa comme copiste . Là il put étudier à la dé- robée, et un jour étonna son maître , qui l’envoya géné- reusement à l’Université d’Upsal. Charles y vécut mi- des plus CELEBRES NATURALISTES. 1 85 sérablement de quelques leçons, et se vit obligé de rac- commoder pour son usage les chaussures abandonnées par ses camarades. Mais le professeur de botanique finit par le distin- guer; il lui confia quelque temps après la direction du jardin , se fit suppléer par lui dans ses cours , et la des- tinée de l’apprenti cordonnier fut fixée pour toujours. Cependant, malgré un voyage en Laponie où il avait été envoyé par la ville d’üpsal , malgré le courage et la sagacité qu’il y avait montrés , méconnu , poursuivi par des jalousies de petite ville , il aurait peut-être laissé' son génie s’éteindre dans l’obscurité , si une jeune per- sonne, à la main de laquelle il aspirait , n’eût remis le mariage à trois ans , pour qu’il pût visiter les princi- pales écoles. Tous les regards étaient alors tournés vers Leyde, où régnait Boerrhave. Linné y arriva pénible- ment faute d’argent ; mais il trouva dans Boerrhave un protecteur généreux qui accueillait avec faveur tous les jeunes gens distingués, et qui le mit en relation avec Cliffort, riche propriétaire passionné pour This- toire naturelle, possesseur d’un jardin, d’un cabinet et d’une bibliothèque magnifiques. On peut juger, par les ouvrages que Linné publia en Hollande, si les trois années passées au milieu de toutes ces richesses furent bien employées. Il profita aussi de son séjour dans ce pays pour se faire recevoir docteur en médecine. Après un voyage en Angleterre, où il fut froidement accueilli par Sloane, et un autre à Paris, où il se lia d’une tendre amitié avec Bernard de Jussieu , il repar- tit pour la Suède. Il n’y reçut point d’abord l’accueil que lui méritaient les ouvrages qu’il avait déjà publiés ; mais, par la protection du baron de Geer l’entomolo- giste, et du comte de Tessin, gouverneur du prince BIOGRAPHIE 186 royal, il obtint en 17 38 le titre de médecin de la flotte, et en 1789 celui de médecin du roi. Ces charges lui per- mirent de contracter son mariage avec la jeune fille dont la résolution avait eu sur sa gloire une si favora- ble influence. Enfin, en 1741, il fut promu à la chaire de bo- tanique de l’université d’üpsal. C’est là que, pen- dant trente-sept ans , il se vit entouré d’élèves nom- breux, vénéré par eux; c’est là que vinrent le trouver les honneurs académiques , les décorations et les titres de noblesse ; c’est là qu’affluèrent de toutes les parties de l’univers tous ceux qui voulaient faire des progrès dans les études botaniques. Pour lui, tant de gloire ne put l’éblouir : il fut toujours moins préoccupé des hon- neurs, que des joies de la famille, du plaisir de conver- ser avec ses élèves , et d’une admiration vraie et naïve pour les œuvres de la nature. Vers 1778 , sa mémoire commença à s’affaiblir ; ce fut pour lui un triste aver- tissement des maux qui le menaçaient. Deux attaques d’apoplexie le privèrent de la plus grande partie de ses facultés ; enfin une hydropisie termina sa vie à l’âge de soixante-onze ans. La Suède lui rendit les plus grands honneurs auxquels eût pu prétendre un prince de la fa- mille royale; son' corps fut inhumé dans la cathédrale d’üpsal , et le roi Gustave III composa son oraison fu- nèbre. Linné était petit de taille , d’un visage ouvert , d’un œil vif et gai; sa conversation était pleine de char- mes. Son style précis , mais plein d’images , attache par sa singularité même; l’immensité d’objets naturels et de phénomènes curieux qu’il a décrits prouve son ta- lent pour l’observation. Il sut aussi tirer parti de ses voyages , soit dans sa patrie pendant son professorat. DES PLUS CÉLÈBRES NATURALISTES. 1 87 soit à l’étranger pendant son éloignement , et de sa po- sition qui le mettait à même d’examiner les plus cu- rieuses collections, et de sa renommée qui lui faisait recevoir de toutes les parties du globe une foule d’ob- jets curieux. Dirigeant tout le mouvement scientifique de son pays, il fit confier à bon nombre de ses élèves des missions pour les contrées les plus éloignées et les plus riches en productions naturelles ; il eut soin de consigner dans ses ouvrages les noms de ceux d’entre eux qui n’ont pas publié de relations. A d’autres il donnait des sujets de thèses, et indiquait des recherches que le temps ne lui permettait pas de poursuivre ; cette louable ému- lation entre les disciples de cet illustre maître, a produit des dissertations intéressantes consignées dans les Amœnitates academicœ. Il fut beaucoup plus porté aux découvertes qu’à la discussion, et ne répondit pas aux attaques dont il put être l’objet, même quand elles partirent d’antagonistes tels que Adanson , Buffon et Haller. Il eut un fils qui lui succéda dans sa chaire et trois filles, dont l’une, Élisabeth-Christine, a fait con- naître l’inflammabilité de la vapeur transpirée par quel- ({ues plantes. Les principaux ouvrages de Linné sont ; Hortus Cliffortianus, Leyde, 1786, in-4°. PliÜGSop/iia botanica in qua explicantur fundamenta bota- nzca. Stockholm, 1751, in-8®. On ne pourrait indiquer le nombre d’éditions qu’a eues ce livre; pendant long-temps il a été l’autorité souveraine en botanique; et même, après que la méthode naturelle de de Jussieu eut prévalu, il conserva encore toute son in- fluence sur le mode de description. BIOGRAPHIE i88 Entre les deux ouvrages précédens, se placent de petits Traités moins importans, mais où se révèle l’esprit généra- lisateur du grand naturaliste- Systema naturœ^ seu régna tria naturœ systematice propo- sitaj per classes, ordines, généra et species, Leyde, lySS (trois tableaux). Fundamenta botanica quœ majorum operum prodromî in- star theoriam scientiœ botanicæ per brèves aphorismes tradunt. Amsterdam, 1786, 26 pages. Bibliotheca botanica recensons libres, plus mille de plantis hoc usque editos, secundum systema autoris naturale. Amst. Classes plantarum seu systemata playitarum omnia àfructiji- catione desumpta, Leyde, in-8®, 178 8. Critica botanica in quâ nomina plantarum generica specifica et variantia examini subjiciuntur, etc. Leyde, 1737,10-8®. Généra plantarum secundiim numemm, figuram, silum et proportionem omnium fructifie ationis partium, Leyde, 1787, in-8®. Ce n’est que longtemps après qu’a paru l’énumération des espèces avec les synonymies. Species plantarum. Stockholm, 1758, 2 vol. in-S®. Flora laponica. Amsterdam, 1787, in-S®. Relations de voyages (en suédois), de 1745 k 1781. Fauna suecica. 1761. Flora suecica, 1755. Amœnitates academicœ. De 1749 à 1768, 6 vol. Et, avec additions par Schreber: Erlang, 1788, 9 vol. Le Systema naturœ, dont nous avons indiqué plus haut la première édition, eut, du vivant de l’auteur, onze autres éditions, dont quatre (1740-1748-1757-1766) offrent de nom- breuses additions. Sa classification botanique, encore au- jourd’hui la plus universellement répandue, a eu un tel succès, que nous n’avons pas cru devoir nous y arrêter; la classification des autres règnes de la nature, moins con- nue actuellement, a rendu, selon Cuvier, un service encore plus éminent en zoologie, en ce qu’elle se fondait sur un groupe naturel de caractères. DES PLUS CÉLÈBRES NATURALISTES. 189 XiISTER (Martin), Né à Radcliffe (comté de Buckingham), en 1638 ; Mort à Londres en 1711. Médecin, naturaliste. Médecin médiocre, partisan de doctrines erronées, il a laissé en histoire naturelle des ouvrages recomman- dables par la justesse des vues, et par la sagacité qu'il montra à saisir les rapports naturels. Ses ouvrages ne sont point des compilations ; il avait beaucoup observé par lui-même, et, voulant satisfaire sa passion pour les deux études qu’il préférait , celle des sciences naturelles et celle de l’archéologie , il fit plusieurs voyages dans diverses parties de l’Angleterre et particulièrement dan s le nord. En 1 698, il suivit le comte de Portland envoyé comme ambassadeur en France par le roi Guillaume. En 1709, il fut nommé médecin en second de la reine Anne. lies principaux ouvrages qu’il a publiés sur l’histoire naturelle sont : Historia sive synopsis conchyliorum, libri iv. ibSS-gS , 2 vol. in-fol. Les figures, très nombreuses, d’un grand nombre de co- quilles, y ont été dessinées par ses filles. Historiée animaliiim AngLiœ très tractatus. In-Zf®, 1678. Ces traités sont : sur les araignées, les coquilles terrestres et fluviatiles, et les coquilles marines. Exerciialio analomica in quâ de cochleis agitur, 1694, in-8®. Cochlearum limacum exercitatio anatomica^ ifigS. Conchyliomm bivalvium utriusque aquœ exercitatio anato- mica. 1695. r 190 BIOGRAPHIE MAI.FIGHI (Marcel), Né à Crevalcuore, près Bologne, le 10 mars 1628; Mort à Rome, le 29 novembre 1694. Anatomiste. Connu surtout comme médecin et comme anato- miste, Malpighi ne mérite pas moins une place hono- rable parmi les naturalistes comme un des fondateurs de l’anatomie comparée. Il fut successivement profes- seur d’anatomie à Bologne, à Pise , à Messine. Enfin , en 1691 , le pape Innocent XII l’appela à Rome en le nommant son médecin. Il avait contracté une liaison intime avec le mathématicien Borelli , et l’influence de celui-ci contribua à le porter vers les recherches expé- rimentales. Quoique ses ouvrages aient éclairé plusieurs points d’anatomie transcendante , on lui reprocha avec raison de s’être laissé aller de temps en temps au delà de ce que permettait l’observation : une de ses princi- pales hypothèses fut d’attribuer à tous les organes une structure glanduleuse ; les mémoires qui se rapportent à riiistoire naturelle sont peut-être ceux où l’auteur a déployé le plus de sagacité , et où il s’est aidé le plus heureusement du microscope. Il a publié : Dissertatio epistoUca de formaiione pulLi in ovo. Londres, 1666. Dissert, epist. de bombyce. Lond., 1669, Anatome plantarum. Lond., 1676, 2 vol. in-fol. DES PLUS CELEBRES NATURALISTES. 91 MATTHIOLE (Pierre-Andbé MATTIOM, connu sous le nom de]. Né à Sienne, le 23 mars 1500; Mort à Trente en 1577. Médecin, botaniste. Nommé docteur à Padoue, il exerça la médecine dans les villes de Sienne et de Rome; chassé par les malheurs de la guerre, il se réfugia dans le val Anania, près de Trente , puis habita Goritz. Dans toutes ces villes, il acquit une immense réputation; aussi fut-il appelé àPrague par Ferdinand P^’pour être médecin de l’archiduc son fils. Dans un âge assez avancé accablé d’infirmités, il revint à Trente et y mourut de la peste. L’ouvrage qui a fondé sa réputation et transmis avec honneur son nom à la postérité , est son Commentaire sur Dioscoride, publié d’abord en italien , puis en latin. Cet ouvrage , d’une grande érudition, résume tout ce qu’on savait en botanique à cette époque, et ne manque point de clarté. L’auteur y ajouta un assez bon nombre de descriptions qui lui sont propres; mais il adopta avec une bonhomie surprenante les contes populaires les plus absurdes, et attribua à certaines plantes les propriétés les plus fabuleuses. Commentarîi în sex libros Pedacii Dioscoridis. Venise, i565, publié par Valghrisi. MECKEI* (Jean-Frédéric), Né à Halle, en 1781 ; Mort (lanslamême ville le 31 octobre 1833. Médeciny anatomiste. Il a soutenu dignement et même agrandi Pillustra- tion d’une famille célèbre dans les sciences médicales. BIOGRAPHIE 192 Cependant il ne se livra point à la pratique médicale etil s’est consacré tout entier à Féiudede l’anatomie compa- rée, dontpersonne plus que lui n a, depuis Cuvier, mieux fait sentir l’importance et plus popularisé l’étude. Pro- fesseur d’anatomie et de physiologie à l’université de Halle , il se mit en rapport avec les savans de toute l’Europe dans des voyages scientifiques, auxquels il employait chaque année les mois de vacances. [Il a beaucoup augmenté le musée anatomique fondé par son aïeul et continué par son père. 11 a publié : Traduction allemande de l’Anatomie comparée de Cuvier, Leipzig, 1809-10, 4 vol.in-8®. Matériaux pour servir à L'étude de l'anatomie comparée, Leipzig, 1812-18, 3 vol. in-8°. Manuel d’anatomie humaine. Halle, i8i5-20, 4 in*8°. Traduction par MM. Jourdan et Breschet. Paris, 1824, 3 vol. in-8°. Système d'anatomie comparée. Halle, 1821-25, 2 vol in-8®. Traduction par MM. Schuster et Alph. Sanson, avec des notes; sous ce titre : Traité général d’anatomie comparée, Paris, 1827-38, 10 vol. in-8® MOaiSON (Robert), Né à Aberdeen (Écosse), en 1620; Mort à Oxford, le 10 novembre 1683. Médecin, botaniste. Morison s’était de bonne heure adonné à l’étude des sciences physiques; mais la guerre civile ayant éclaté, il prit les armes pour le roi. La révolution en renversant le trône de Charles força le jeune royaliste, qui avait été dangereusement blessé dans un combat, à se réfu- DES PLUS CÉLÈBRES NATURALISTES. igS gier en France. Il poursuivit ses études dans ce pays et fut, en 1648 , reçu docteur en médecine à Angers. Ce- pendant, comme il avait continué à s’occuper spéciale- ment de botanique, il obtint de Gaston d’Orléans la di- rection des jardins de Blois, qu’il conserva pendant long-temps. Quand Charles II remonta sur le trône , il se rappela Morison qui lui avait été présenté dans une visite faite à Blois , et l’appela en Angleterre avec le double titre de médecin du roi et de professeur royal de botanique. Morison accepta cette position brillante. En 1669, il fut reçu docteur à Oxford; peu après il occupa la chaire de botanique à la même université. Il mourut d’accident , ayant été frappé par le timon d’une voiture en traversant une rue. • Morison acquit une grande réputation en Angleterre par ses cours et par les divers ouvrages qu’il publia. Il fît une étude particulière des fruits et en réunit quinze cents espèces différentes. Il est sans contredit un des botanistes de son époque qui ont le mieux compris l’importance des affinités naturelles , et qui ont le plus insisté sur la nécessité de déterminer les caractères gé- nériques; mais on doit lui reprocher d’avoir méconnu ce qu’il devait à quelques-uns de ses prédécesseurs , surtout à Césalpin, et d’avoir exalté le mérite de sa mé- thode avec une emphase ridicule. Ses principaux ou- vrages sont : HortusBlesensîsauctus. Londres, 1669, iïi“8®. — Plantanint umbeUiferarum distributio nova. Oxford, 1672, in-fol., fig. Dans cette monographie, il fit ressortir, le premier, le parti qu’on pouvait tirer des stries marquées sur la graine, dans la classification des espèces d’ombellifères. Histoire universelle des plantes. Oxford, 1680, in-fol., fig., 2* partie. 61 i3 BIOGRAPHIE 194 La première partie, qui traite des arbres et arbustes, fut publiée en 1699, par Bobart, d’après les idées de Mo- rison. MULIiEB. (Othon-Frédérig), Né à Copenhague, en 1730; Mort en 1784. Naturaliste. Son courage et sa persévérance lui firent surmonter les obstacles que faisait naître sa pauvreté ; le talent qu’il acquérait lui servait à en acquérir un autre. Il donna des leçons de musique pendant qu’il étudiait la théologie. Ses études terminées, il devint précepteur d’un jeune gentilhomme. Les loisirs de cette position et les conseils de la mère de son élève , femme d’un esprit supérieur, le portèrent à l’étude de la nature. Les ou- vrages qu’il publia eurent un tel succès, que bientôt les honneurs vinrent le trouver ; mais ayant fait un riche mariage, il renonça à tout emploi pour se livrer uni- quement à la science. Les premiers ouvrages qu’il publia avaient pour objet la botanique ; et l’esprit méthodique qu’on y reconnais- sait lui valut l’honneur d’être appelé par le roi Frédé- ric V à continuer la Flore de Danemark, commencée par OEder. Mais ce qui a surtout immortalisé son nom, ce sont ses travaux sur les petits animaux, que dédai- gnaient alors la plupart des observateurs; c’est ainsi qu’il fit connaître un grand nombre des animaux com- pris à cette époque sous le nom de vers , et donna des observations curieuses sur leur structure et sur leurs habitudes. Il découvrit aussi un grand nombre d’a?ii- malcules infusoires, et le premier essaya de’ les distri- buer en genres. Ses écrits sur les araignées aquatiques et sur les mouches ne sont pas moins remarquables et DES PLUS CÉLÈBRES NATURALISTES. ig5 ont fait connaître une multitude d’êtres dont l’existence même était ignorée. Les principaux ouvrages qu’il a publiés sont : ^ Sur quelques champignons (en danois). 1763. — Fauna in sectorumfriedrichsdaliuna, et Flora friedrichsdaliana. 1764 et 1767. 3 vol. m-8».- Continuation de la Flore du Danemarck Ouvrage magnifique, dont trois volumes avaient paru de Ilbi a 1782 et auquel il en ajouta deux, qui sont inférieurs aux premiers. — Sur les vers de terre et et eau douce. 1778 a 74, 2 vol. m-4» (en allemand). — Des hydrachnés. 1781 _ Des entomostracés. - Animaux infusoires. 1784, inU» ’ BJüEBHABI (Jean-Türber ville), Né à Londres, en 1713 ; Mort à Bruxelles, le 30 décembre 1781. Pbysicieni naturaliste. Élevé au collège de Douai, il y professa d’abord la rhétorique , après qu’il eut reçu les ordres sacrés. De la il passa à Lisbonne, revint en Angleterre, fit un voyage à Paris, où Buffon l’accueillit avec distinction et lui confia le soin de répéter les observations qu’il fai- sait sur les infusoires. Ses observations microscopiques eurent assez de succès pour le faire nommer associé de 1 Académie des sciences. Il fut appelé en 1 769 à Bruxel- les, pour concourir à l’organisation de l’académie fon- dee en cette ville par l’impératrice Marie-Thérèse, et il en dirigea les travaux jusqu’à sa mort. Il fit faire quel- ques progrès à l’observation microscopique, mais on doit lui reprocher d’avoir trop généralisé, et de n’avoir pas apporte dans ses descriptions la clarté nécessaire Il a publié : Nouvelles observations microscopiques. Paris, 1780, in-12. BIOGRAPHIE (observations sur le pollen, les animalcules anguilliformes, les œufs de la raie, etc.). Et dans le Recueil de l’académie de Bruxelles : tom. II., Observations sur C histoire naturelle de la fourmi. ŒDXR (GeorgeS'Loüis), Né à Anspach en 1728 ; Mort à Oldenbourg en 1791. Médecin, botaniste. Il se fit distinguer à l’école de Gœttingue par l’illus- tre Haller dont il suivait les leçons, et plus tard, en 1762 , sur sa recommandation, il fut appelé à la chaire de botanique à Copenhague. H entreprit dans le Dane- mark et la Norvège plusieurs voyages qui le mirent à même de publier une Flore remarquable; mais il quitta bientôt la voie scientitique qui lui promettait de brillans succès. Le ministre Struensée l’entraîna vers la politique, et désormais il s’occupa de finances, non sans quelque réputation. Ceux de ses ouvrages qui se rap- portent à l’histoire naturelle sont : Icônes plantarum quœ in regnis Danîœ et A'orveglæ^ etc. , sponte nascuntur, ad illustrandum opus cui titulus Flora Da~ nica, jussu regis susceptum, 9 vol. in-fol. Copenhague, 1762- 1814. ^ . Il n’en publia lui-même que les trois premiers volumes. Les plantes n’y sont point rangées méthodiquement ; on y trouve 1620 figures dessinées avec exactitude et élégance. Muller ajouta le 4® et le 5® volume. M^ahl, puis Hornemann terminèrent l’ouvrage. Elementa botanica. Copenhague, 1762, 2 vol. in-8®. iVomenc/ator 6ofamcî/5. Copenhague, 1769, 8°. Enumeratio plantarum Florœdanicœ. Copenhague, 1770,8®. DES PLUS CÉLÈBRES NATURALISTES. 97 OIilVlEB. (Guillaume-Antoine), Né aux Arcs près de Fréjus, le 19 janvier 1756; Mort à Lyon, le l^r octobre 1814. Voyageur, entomologiste. Doue d’une heureuse facilité et reçu docteur en méde- cine de la faculté de Montpellier à l’âge de dix-sept ans, Olivier ne put se contenter de la bourgade obscure où il commençait la pratique ; il vint de bonne heure à Paris où Broussonnet le fit choisir par l’intendance de Paris pour rédiger l’énumération des productions naturelles delà Généralité de Paris. Plusieurs mémoires qu’il pu- blia sur l’entomologie et sur la culture de l’olivier com- mencèrent sa réputation. Un receveur-général des finan- ces, Gigot d’Orey, lui confia le riche cabinet d’histoire naturelle qu’il possédait, et le fit voyager en Hollande et en Angleterre pour le compléter. La révolution vint lui ravir ces paisibles occupations. Aussi accepta-t-il avec empressement l’offre que lui fit le ministre Roland de partir pour la Perse avec Burguière, tant pour explorer ces contrées que pour essayer d’y former des relations avantageuses au commerce de la France. La mort du ministre qui les avait envoyés priva bientôt ces savans des secours qu’on leur avait promis. Ils n’en continuè- rent pas moins, et à leurs propres frais, ce périlleux voyage. Après avoir visité les côtes de l’Anatolie, quel- ques îles de l’Archipel, Alexandrie, ils se dirigèrent vers Téhéran où ils furent bien accueillis. Leur retour fut encore accompagné de plus de dangers et de fati- gues ; Burguière y succomba ; Olivier revint seul plus de six ans après son départ, rapportant de nombreuses collections. Il s’occupa alors de la publication de sou voyage et d’entomologie, et fut nommé membre de BIOGRAPHIE 198 l’Institut en 1800. La considération qui l’entourait, une fortune modeste , une constitution robuste semblaient lui promettre une existence longue et heureuse ; mais après avoir langui pendant quelque temps , il mourut subitement par rupture d’un anévrisme de l’aorte, à l’âge de cinquante-huit ans. On a de lui : Entomologie^ ou Histoire naturelle des coléoptères, 1789- 1 809, 6 vol. in-4°. — Histoire naturelle des insectes, dans l’Ency- clopédie méthodique. 1789-1825, 9 vol. in*4". — Voyage dans l’empire ottoman^ l’Égypte et la Perse, 1801-1807, 3 vol. 10-4°, et atlas. Et plusieurs Mémoires dans les Mémoires de l’Institut et de la Société d’agriculture, le Journal d’Histoire naturelle, les Actes de la Société d’histoire naturelle de Paris. FAIX AS (Pierre-Simon), Né à Berlin, le 22 septembre 1741; Mort dans la même ville le 8 septembre 1811. Voyageur, naturaliste. Il montra dès son enfance la plus grande facilité à apprendre les langues et un goût prononcé pour l’étude de l’histoire naturelle. Cependant son père, chirurgien estimé, qui le destinait à la profession médicale, l’avait envoyé à Leyde suivre les leçons des Gaubius et des Albinus. La vue des superbes collections déjà formées en Hollande et en Angleterre accrut encore sa passion pour les découvertes scientifiques , et il s’y consacra tout entier. Déjà deux ouvrages distingués le plaçaient au premier rang des naturalistes ; mais n’ayant point obtenu dans son pays les encouragemens qui lui étaient dus , il accepta une place que Catherine II lui offrit à l’Académie de Saint-Pétersbourg. Bientôt fut résolue une seconde expédition pour observer en Sibérie le passage DES PLUS CELEBRES NATURALISTES. 109 de Vénus sur le soleil , comme on l’avait déjà fait en 1763. Pallas fut au nombre des cinq naturalistes qui accompagnèrent les astronomes; il partit au mois de juin 1768, s’enfonça dans les plaines qu’arrose le Volga, visita les bords de la mer Caspienne, et par- courut les monts Ourals , étudiant les nombreuses mines de fer qui s’y rencontrent; puis s’enfonçant de plus en plus vers l’est, il arriva jusque sur les confins de la Chine. A son retour, il vit Astrakan , se mêla aux populations nomades dont cette ville est le rendez-vous général, et s’approcha du Caucase. Il était de retour à Saint-Pétersbourg en juillet 1774* Mais quels change- mens ces six années avaient apportés en lui ! Ses che- veux avaient blanchi , sa vue était altérée , son corps épuisé; et cependant il était le moins maltraité et le seul en état de donner une relation de ce voyage. Du reste , l’impératrice le récompensa noblement. Il fut nommé historiographe de l’amirauté et chargé de donner des leçons d’histoire naturelle au grand-duc Alexandre , qui depuis fut empereur ; il fut comblé de titres et de décorations. Mais ses forces s’étaient refaites et le long repos dont il jouissait lui était devenu in- supportable ; Paffluence de visiteurs étrangers qui se pressaient dans sa maison lui faisait regretter les soli- tudes où il avait passé tant d’années; Il profita de l’en- vahissement de la Crimée pour visiter ces nouvelles contrées ( 1 793-94). Il fit un tel éloge de laTauride, ma- nifesta si vivement le désir de l’habitér , que l’impéra- trice, toujours généreuse à son égard, lui fit don de deux villages situés dans le plus riche canton de la presqu’île. Il y passa quinze ans; mais sans trouver le bonheur qu’il avait rêvé et qui n’était point fait pour son âme inquiète. Ses regards se tournaient sans cesse 200 BIOGRAPHIE vers cette Europe dont les éloges arrivaient jusqu’à lui. Ne pouvant vaincre l’ennui qui le tourmentait, il vendit ses terres à vil prix , et revint dans sa patrie après qua- rante-deux années d’exil volontaire. Y eût-il été plus heureux? On peut en douter, puisqu’il projetait encore de nouveaux voyages en France et en Italie; mais la mort ne lui en laissa point le temps , et il succomba une année à peine après son retour , emporté par la dyssenterie dont il avait eu de nombreuses atteintes. Personne n’a bravé avec plus découragé quePallasles fatigues d’un voyage scientifique. Personne n’y a porté plus loin l’esprit d’observation ; sa vie tout entière fut consacrée à la science ; s’il lui dut sa gloire et sa fortune, il s’en montra digne par la générosité de son caractère, et par l’accueil bienveillant qu’il ne cessa de faire à tous ceux qui l’approchaient. Nous citerons de lui : Elenchus zoophytorum. La Haye, 1766. — MisceUa?iea zoo- logîca. 1766. Ibidem. — Voyage daiis différentes provinces de a empire russe (en allemand). St-Pétersb., 1771-1776, 3 vol. Traduit en français, 1788-93, 5 vol. in-4‘’et, 1794,8 vol. in-S». — Observations sur la formation des montagnes et les change- ments arrivés à notre globe (en français). St-Pétersb., 1777, in-8°. Cet ouvrage, selon Cuvier, a donné naissance à la nou- velle géologie; c’est là que se trouve établie, pour la pre- mière fois, la succession des trois ordres primitifs de mon- tagnes, les granitiques au milieu, les schisteuses à leurs côtés, et les calcaires en dehors. Novœ species quadrupedum e glirium ordine cum illustra- tionibus variis complürium ex hoc ordine animalium. Erlangen, 1784, in-4°* Nouveaux essais sur le Nord, pour servir à la géographie physique, à l’ethnographie, à l’histoire naturelle et à l’éco- nomie domestique. Si-Fétersb., 1781-96, 7 vol. in-8°. Flora rossica, seu stirpium imperii rossici per Europam et DES PLUS CÉLÈBRES NATURALISTES. 201 Asîam indigenamm descriptiones et icônes, St-Pétersb., 1784- 85, 2 vol. in-fol. Ouvrage non terminé. De plus, un grand nombre de Mémoires dans les Acta naturæ curiosorum et commentarii petropolitani nbvi. On consultera avec avantagÇj sur ses travaux, l’éloge que Cuvier a prononcé dans la séance de l’Institut du 5 janvier i8i3. . ^ FATRIN* (Eugène-Lodis-Melchior), Né à Morman près Lyon le 3 avril 1742; Mort à St-Vallier en 1815. Minéralogiste. Voici encore un missionnaire de la science , qui , en- touré de la considération que donnent les premiers suc- cès, jouissant d’une fortune suffisante, abandonne ces avantages pour aller dans des contrées sauvages , in- connues, vérifier les hypothèses émises par quelques- uns de ces savans qui ne sortent point de leur cabinet, et faire des découvertes au péril de sa vie. Après avoir parcouru l’Allemagne, la Bohême, la Hongrie , la Po- logne, il pénétra en Russie, reçut un accueil amical dePallas, et obtint, un guide pour s’aventurer dans la Sibérie, sous condition de faire passer à l’académie de Saint-Pétersbourg des échantillons de minéraux. Huit ans il erre dans l’Asie septentrionale, depuis les monts Ourals jusqu’au-delà du méridien de Pékin, sup- portant avec un admirable courage les privations, les fatigues et les dangers de toute espèce, dans le seul espoir de servir la science. Revenu en France au bout de dix ans, il n’obtint que long-temps après un lieu où il pût déposer sa collection de minéraux, la plus con- sidérable qui existât alors. Le Muséum n’avait point de place; enfin l’École des Mines, lors de sa création, s’empressa d’accepter Patrin et ses minéraux. Il y fut 20Î BIOGRAPHIE nommé bibliothécaire. On lui a reproché avec raison de s’être laissé aller trop facilement aux théories, et d’avoir substitué auxhyppthèses anciennes qu’il dédaignaitdes hypothèses aussi incertaines. Il a publié: ' Relation (Tun voyage aux monts cF Altaï en Sibérie. Saint- Pétersb., lySS, in-8®. — Histoire naturelle des minéraux, Pa- ris, i8oi, 5 vol. in-i8. PENK-ANT (Thomas), Né le 14 juin 1726, à Downing (comté de Flint) ; Mort le 16 décembre 1798. Naturaliste. Naturaliste, voyageur, littérateur, Pennant, sans se placer au premier rang dans aucun genre , a publié des livres utiles en histoire naturelle, des voyages faits par lui dans l’intérieur de l’Angleterre et de l’Ecosse, d’autres voyages fictifs où il ne faisait qu’arranger les récits des voyageurs. Il fut en relation avec Buffon et Pallas. Ses ouvrages d’histoire naturelle sont plutôt des compilations assez méthodiques que des travaux origi- naux; les descriptions sont courtes et sèches, mais il y fait entrer un assez bon nombre d’espèces ignorées de Buffon. Il a publié : Zoologie britannique. 1761 ; 2' édit. 1768, 4 vol. in-8“. — Histoire des quadrupèdes. 178 1 , 2 vol. in-4o. — Zoologie arc- ùf/wc». 1784-86-87, 3 vol. in-4°. PÉRON* (François), ; J. . Né le 22 août 1775, à Gérilly (Allier); • • 'd» Mort dans la même ville le 14 décembre 1810. ^ ' Voyageur, naturaliste. Entraîné par un noble élan, le jeune Péron, à dix- sept ans , s’était enrôlé volontairement dans un de ces DES PLUS CÉLÈBRES NATURALISTES. 2oZ bataillons qui couraient à la frontière repousser les ar- mées prussiennes. Bientôt, au combat de Kaïserlau- tern, il fut blessé et fait prisonnier. Près de deux an- nées qu’il passa en captivité à Magdebourg servirent à son instruction. Il employa le peu d’argent qu’il avait conservé à se procurer des livres d’bistoire et de voyage, et les lut avec avidité. Échangé en 1794 et réformé, parce qu’il avait perdu un œil par suite de ses blessures, il entreprit, au profit de la science, une suite de campa- gnes non moins périlleuses. Le gouvernement avait or- donné une expédition aux terres australes. Mais le nombre des savans qui devaient en faire partie était complet ; Péron, par ses pressantes sollicitations et par un mémoire qu’il présenta à l’Institut , y fut admis comme adjoint, chargé spécialement de Phistoire de l’espèce humaine. Mais cette délimitation ne suffisait point à l’ardeur de Péron. De l’année 1800 à 1804, il ne cessa pendant ce long voyage de circumnavigation de faire des observations multipliées sur la température de la mer, sur la météorologie ; il rassembla les collec- tions les plus complètes de mollusques et de zoophytes qui eussent jamais été faites. Les naturalistes qui l’ac- compagnaient avaient aba'ndonné leurs travaux par fa- tigue ou étaient morts; seul il suffisait à tout. Il se met- tait en rapport avec les races sauvages aussi souvent qu’il le pouvait, et séjournait même quelque temps au milieu d’elles. Enfin il arriva en France, rapportant plus de cent mille échantillons d’animaux, dont deux mille cinq cents espèces nouvelles. Il s’agissait de mettre au jour la relation de ses voyages, mais il ne put en publier que la première partie ; les forces lui manquèrent. La fatigue avait déposé dans sa poitrine les germes d’une phthisie pulmonaire, qui fit de lents, mais trop sûrs BIOGRAPHIE 2o4 progrès. La maladie ne détourna point ses pensées de leur cours habituel : on lui avait conseillé de passer Thiver à Nice , il y fit encore une collection des plus précieuses. On a de lui : Observations sur C anthropologie, Varis J an VIII. — Voyage de découvertes aux Terres- Australes. Paris, 1807 ài8i6, 3 vol. in-4®. Le troisième volume est de M. de Fraycinet. — Deux Notices sur les méduses. Il a laissé des manuscrits sur l’histoire des peuplades qu’il avait visitées. FlilNE L’ANCIEN (Caiüs-Plinius-Secdndüs), Né sous Tibère, l’an 23, soit à Côme, soit à Vérone; Mort en 79 ,près de Stabia. Il commença par servir d’une manière distinguée dans l’armée romaine en Germanie , et parcourut ce pays jusqu’aux sources du Danube. Il revint à Rome vers Tâge de trente ans , et y parut avec assez d'éclat au barreau. Envoyé en Espagne comme procurateur , il quitta cette province lors de l’avénement de Vespasien. Cet empereur, qui l’avait déjà connu en Germanie, l’honorait de son amitié ; Pline lui dédia son histoire naturelle. Il commandait la flotte chargée de garder les côtes de la Méditerranée, lorsque arriva la fameuse éruption du Vésuve, qui, sous la première année du règne de Titus , engloutit les villes d’Herculanum et de Pompéïa. Il s’approcha du lieu du désastre pour examiner le phénomène et porter les secours néces- saires sur les divers points de la» côte. Il était descendu à Stabia; des secousses répétées de tremblement de terre, une pluie continuelle de cendres et de pierres, chassaient tous les habitants. Il ne put se retirer à lemps et périt suffoqué par la poussière et les exhalai- sons sulfureuses. DES PLUS CÉLÈBRES NATURALISTES. 205 Pline avait écrit sur divers sujets, Part militaire, l’é- loquence , la grammaire. Il ne nous reste que son His- toire naturelle , ouvrage immense, pour lequel il avait consulté plus de deux mille volumes, et qui est pour les modernes un des plus riches dépôts de la langue latine. On peut admirer la patience qui rassembla et coor- donna un aussi grand nombre d’extraits , le style bril- lant qui anime les descriptions , l’originalité des saillies d’un esprit frondeur et chagrin , l’habitude philosophi- que de mettre sans cesse l’homme en rapport avec la nature; mais ces qualités ne suffisent point pour faire ranger Pline parmi les grands naturalistes. Il lut beau- coup plus qu’il n’observa; ayant presque continuelle- ment à ses côtés un lecteur qu’il écoutait, un copiste auquel il dictait des notes , pouvait-il donner beaucoup de temps à la méditation personnelle? Il acceptait tous les livres bons ou mauvais : car, disait-il, il n’en est au- cun qui ne puisse nous apprendre quelque chose. Aussi, avec quelle facilité il copie les rapports les plus étran- ges, les mensonges les plus effrontés de prétendus voyageurs ! Que lui importe qu’un récit soit absurde, s’il lui fournit l’occasion de quelque réflexion découra- geante contre l’homme et la divinité. En effet, les livres de Pline ne sont plus empreints de ce caractère reli- gieux qui distingue la plupart des bons écrits de l’anti- quité. A vivre sous les Tibère, les Caligula, les Néron, il se prit à douter de la Providence; Dieu et la nature sont devenus pour lui synonymes, et de sa hauteur philosophique il croit pouvoir les régenter. Toutefois la noblesse et la gravité de ses sentimens son amour polir la justice, son horreur pour la corruption et la cruauté, commandent l’estime, et son livre n’en reste pas moins un des monumens les plus curieux de l’an- tiquité. BIOGRAPHIE 206 Les principales éditions de Pline sont celles de Jacques Dalechamp, en 1687, in-fol. ; de Jean Hardouin, en i685, 5 vol. in-4®; en 1728, 3 vol. in-fol. de Franzius, 10 vol. in-8 Leipzig. 1778-79 où l’on a conservé les notes de Hardouin, en y joignant un choix de celles de plusieurs autres éditeurs. On consultera avec avantage les Disquîsitiones Plinianœ, de Latour-Rezzonico. Parme, 1768, 2 vol. f. La meilleure traduction française est celle de M. Gueroult; mais elle ne porte que sur des morceaux choisis. 2 vol., 1802. RAY ou plutôt WRAY (Jean), Né à Biack-Notley (comté d’Essex), le 29 novembre 1628 ; Mort le 17 janvier 1705. Théologieni naturaliste. Élevé au collège de Cambridge , où il avait obtenu une bourse , il eut assez de succès pour être chargé de professer à la fois les mathématiques et les humani- tés; mais tous les momens que lui laissaient ses fonc- tions de professeur et de pasteur étaient employés à l’é- tude de l’histoire naturelle, et surtout de la botanique. Lorsque, après la restauration de Charles II, tous les ecclésiastiques durent souscrire à certaines proposi- tions, qui avaient pour but d’écarter les presbytériens, Ray, quoique dévoué à la religion anglicane, préféra perdre sa place de Cambridge que de prêter un serment attentatoire à la liberté religieuse. Un jeune gentil- homme anglais, Willougby, vint à son secours dans cette position embarrassante et lui proposa de voyager avec lui. Trois années furent employées à parcourir l’Angle- terre, la France, l’Allemagne et l’Italie. Les matériaux qu’il avait disposés pendant ce temps lui permirent de publier, en se servant des travaux de Césalpin et de Jun^ius y sa. Plant arum raethodm Lond., 1682, DES PLUS CÉLÈBRES NATURALISTES. 207 in-8. Les plantes y étaient partagées en ligneuses et en herbacées, puis divisées dans un ordre dichotomicpie. Il n accordait le bourgeon qu’aux arbres , mais il an- nonçait que ces bourgeons étaient de nouvelles plantes annuelles, destinées à recouvrir les anciennes. Un nouvel ouvrage qu’il fit paraître en 1 694 , Stir- pium europœarum extra Britannias crescentium sylloge, présenta une esquisse curieuse de la géographie bota- nique en Europe. L’auteur ÿ admet le sexe des plantes, déjà découvert par Grew. Dans une nouvelle édi- tion de sa Méthode il commença à moins s’éloigner des idées de Tournefort, qu’il avait d’abord repoussées, mais avec une modération et des égards dignes d’être remarqués dans ce siècle disputeur. Son ouvrage le plus important de botanique est son Histoire géné^ rate des plantes^ 3 vol. in*fol. de i688ài7o4, livre ce- pendant plutôt remarquable par l’immense travail qu’il a exigé, que par l’originalité des découvertes. On y trouve l’histoire la plus complète des travaux faits en physiologie végétale jusqu’à l’époque où il écrivait. Ces travaux eussent suffi pour illustrer le savant an- glais’; mais il ne s’est pas rendu moins célèbre par ses livres sur la zoologie. Il y fut conduit par un sentiment de générosité ; il s’agissait de publier les notes de son ami Willougby , qui, dans leur voyage commun, s’était surtout occupé de zoologie. Ray publia ces travaux sous le nom de son ami, quoiqu’il pût en récla- mer une bonne part, et on vit paraître successive- ment Y Ornithologie^ 1 676, in-fol.; V Histoire des poissons^ 1 686 , 2 vol. ; X Histoire des insectes^ 1 7 1 o > ouvrage pos- thume. 2o8 BIOGRAPHIE RÉAUMUR (Réné-Antoine FERCHAULT de), Né à La Rochelle, en 1683; Mort au château de la Bermondière, dans le Maine, en 1757. Naturaliste^ physicien. La passion pour les sciences éclata chez lui de bonne heure ; il se prépara aux études de physique et d’his- toire naturelle par une onnaissance approfondie des mathématiques. A l’âge de vingt ans , il vint à Paris , se mit en rapport avec les savans, et, sur quelques mé- moires de géométrie, futadmis quatre ans plus tard à l’A- cadémie des sciences.Maître d’une fortune indépendante, il travaillait avec une ardeur que rien n’égale, et, pen- dant près de cinquanteans, il ne s’écoula pas une année sans qu’il publiât quelque mémoire ou quelque ou- vrage d’un haut intérêt. Réaumur s’était chargé de con- courir à la description des arts et métiers , à laquelle l’Académie travaillait. Une se contenta point d’une sim- ple description, il s’appliqua constamment à trouver des moyens de perfectionnement fondés sur l’applica- tion de principes tirés de l’histoire naturelle et de la physique. C’est ainsi qu’examinant les procédés par les- quels on colore les fausses perles, il étudia la substance singulière qui donne de l’éclat aux écailles des poissons, et rechercha les moyens d’accroître cette matière colo- rante. Il n’est pas jusqu’aux fils de l’araignée dont il n’ait cherché à tirer parti. En physique, nul nom ne se trouva plus populaire que le sien par l’invention du thermomètre divisé en quatre-vingts degrés. Mais , parmi ses innombrables travaux, ceux qui offrent le plus d’originalité et peuvent passer pour des chefs- d’œuvre d’observation fine etexacte, sont sans contredit ceux qui se rapportent à l’histoire naturelle. Il avait commencé par des études sur un grand nombre de DES PLUS CÉLÈBRES NATURALISTES. 200 coquillages, sur les étoiles de mer, sur la reproduction des pattes des écrevisses , sur la torpille , sur la phos- phorescence de certains coquillages ; après tant de re- marques nouvelles, son génie, infini comme la nature, s’attache aux insectes, les surprend dans toutes les va- riétés de leurs instincts, et produit un ouvrage où la vérité présente tout le charme de la fiction. Cet ouvrage est intitulé ; Mémoires pour servir à C histoire des insectes, 6 vol. in-4% de 1734 à 1742. La mort ne permit à l’auteur que d’en publier six vo- lumes : il ne s’y trouve rien sur les orthoptères ni sur les coléoptères. Pour ses autres Mémoires, voir les Mémoires de l’Aca- démie des sciences, de 1711 à 1752. RÉDI (François), Né à Arezzo, le 18 février 1626; Mort à Pise, le 1er mars 1697. Médecin, naturaliste. Il fit ses études à Pise, et y prit ses grades; mais c’est à Florence qu’il pratiqua la médecine avec beau- coup de succès. Nommé archiâtre du grand-duc de Toscane, tout en remplissant les devoirs de sa charge, il cultivait les lettres, la poésie et se livrait à un grand nombre d’expériences physiques. Il communiquait ses découvertes à l’académie del cimento et les répétait en présence de ses confrères , dont il écoutait les avis; sa douceur, son inépuisable bienveillance, lui attirèrent un grand nombre d'amis. Quelques attaques d’épilepsie vinrent attrister la fin de sa vie, sans diminuer son ardeur pour l’étude. Il s’était rendu à Pise pour y trouver du repos et un air plus pur;ily mourutsuhitemeut. Ilcdi est un des savans du dix-sc[)Lième siècle qui ont le plus travaillé a rame- 61 i4 210 BIOGRAPHIE ner les esprits vers l’observation. Comme littérateur, il s’est distingué par la pureté de son style et par sa ré- pulsion contre le mauvais goût de son époque. Ses études en histoire naturelle ont porté spéciale- ment sur les insectes ; il a démontré , contrairement à l’opinion reçue, qu’aucun d’eux n’était reproduit par la pourriture ; il a aussi, par des expériences , prouvé que le venin de la vipère morte , introduit dans le sang peut produire des accidens mortels. On a de lui : Osservazioni întorno alla vipera. Florence, i664, in-4°» Esperîenze întorno alla generazîone degCinsetü. 1668, in-4®. Osservazioni întorno agli animali viventî che si trovano neglî animali viventî. 1684, in-4°. Ses Observations cthistoire naturelle ont été traduites en latin. Amsterdam, 1670-88, 3 vol. in-12; Leyde, 1729. RHEEDE (Henri- Adrien Draakenstein van), Hollandais, du xvii® siècle : on ignore le lieu et la date de sa naissance. Botaniste. S’élevant de grade en grade, il était devenu gouver- neur-général de la côte du Malabar. En parcourant les provinces qui lui étaient confiées il fut frappé d’admira- tion à la vue de cette nature végétale si riche, si variée dans ses formes, ses productions, ses usages, il en- treprit de la faire connaître à l’Europe. Avec des frais immenses qui absorbèrent la plus grande partie de sa fortune, il recueillit de nombreux échantillons de plantes, en fît dessiner un grand nombre dans de grandes proportions, intéressa à son entreprise des jeunes gens auxquels il faisait partager sa passion, et vint à bout d’un ouvrage qui eut le mérite de révéler pour la première fois l’existence de plantes en- core inconnues. Une qualité de Rheede, qu’on ne doit point laisser ignorer, fut sa bonne foi envers ses colla- des plus CÉlÈUUES naturalistes. 211 borateurs. Ame de l’ouvrage , Une cesse de rendre jus- tice à ceux qui l’ont aidé de leur travail et de leurs lu- mières. Le résultat de cette communauté de travaux fut; Hortus Malabaricus. 12 vol. in-fol. publiés de 1678 à i7o3 avec 794 planches. * richard (Loüis-Glaude-Marie), Né à Versailles, le 4 septembre 1754; Mort à Paris, le 7 juin 1821 . Botaniste. Les premiers mots que Richard bégaya furent des noms de plantes. Son père était jardinier du roi à Au- teuil, son oncle avait la direction du jardin de Trianon. C’est là surtout que le jeune Richard, placé au collège de Versadles, passait ses jours de récréation à exami- ner des plantes ; à l’âge de onze ans il avait formé un herbier. Son intelligence avait été remarquée : on vou- lut lui faire suivre la carrière ecclésiastique. Pour échapper aux obsessions dont il était l’objet, il s’en- fuit a Pans, et la, au milieu des privations les plus cruelles, suivit les cours de rhétorique et de philoso- phie au collège Mazarin. Cependant le dessin , auquel il s’était appliqué dès son enfance, et dans lequel il avait atteint un talent distingué, lui devint une ressource précieuse dont il tira bon parti, mais sans discontinuer ses études en histoire naturelle. Toutes les parties l’occupaient éga- lement; car depuis long-temps il nourrissait le projet dun voyage scientifique. En 1781, l’Académie des sciences, a laquelle il avait présenté plusieurs mémoires remarqués par Rernard de Jussieu, le proposa au roi pour un voyage dans la Guyane française et aux An- tilles. Richard entreprit ce voyage avec une ardeur inexprimable, avec une richesse de connaissances qu aucun naturaliste n’avait réunie à un si haut degré, ün le vit a la fois zoologiste, botaniste et minéralogiste, 212 BIOGRAPHIE augmenter chaque jour ses collections, en bravant les périls de toute espèce, et en dépensant ses propres fonds. Enfin, les économies qu il avait acquises avec tant de peine pour accomplir ce voyage étaient épuisées, et la France menacée par la tourmente révolutionnaire ne songeait guère au pauvre savant. Il fallut revenir en 1789, et l’indifférence l’accueillit; nul dédommagement pour ses dépenses, nulle récompense pour ses fatigues. S’étonnera-t-on qu’il en ait ressenti un vif chagrin et que son caractère en ait été profondément aigri? Il vécut dans la retraite la plus profonde, au milieu de sa famille, s’occupant toujours de botanique et com- posant une suite de dessins fort remarquables sur l’a- nalyse des plantes. Cependant , au retour de la tranquillité, il obtint la chaire de botanique à l’École de médecine, et s’y fit re- marquer par son talent d’exposition et son zèle à guider les élèves dans les herborisations. Il n y renonça que quand le mauvais état de sa santé l’eut condamné au repos. Richard , homme d’observation , n’a composé qu’un petit nombre d’ouvrages; mais il a grandement influé sur la marche de la science par la sévérité de ses ana- lyses et sa persévérance à examiner les organisations les plus compliquées. Il a laissé un nombre prodigieux de matériaux inédits. Son ouvrage le plus important est : V Analyse du fruit considéré en général. 1808. — Ce livre, par sa concision et le grand nombre de faits qu’il renferme, est d’une lecture difficile. Plusieurs Mémoires sur les hydrocharidées, 181 1 ; les buto- mées, les calycérées, Les balanophores , etc. Extrait d’une instruction pour les voyageurs naturalistes (Act. de la Soc. d’hist. nat.). DES PLUS CÉLÈBRES NATURALISTES. 2i3 HIVIKTUS (Auguste-Quirin), Né à Leipzig, le 9 décembre 1652; Mort le 30 décembre 1723. Médecin^ botaniste. Le troisième des neuf fils de André Rivinus , méde- cin philologue. Le nom de cette famille était Bachmann; André , selon l’usage du temps , l’avait transformé en un nom latin. Auguste Rivinus perdit son père à l’âge de quatre ans ; mais il dut une brillante éducation à la munificence de l’électeur de Saxe, sonsouverain. Nommé professeur à l'université de Leipzig en 1691 , il occupa les chaires dephysiologie, de matière médical e, de chimie et de botanique. Ses nombreuses occupations l’empê obèrent peut-être de publier aucun ouvrage étendu sur les sujets qu’il était appelé à professer. Mais ses idées méth.odiques en classification, ont placé son nom parmi ceux des botanistes célèbres. C’est à un ouvrage de quelques pages qu’il doit sa réputation : Introductio generalis ad rem herbaï'iam,heipz\Q, *690, in-fol. C’est là qu’il établit la nécessité de perfectionner la nomen- clature , et la meilleure marche qu’on doit suivre pour déterminer le nom de chaque plante : il veut qu’on applique le même nom aux plantes qui se ressem- blent dans la fleur et le fruit. Ce sont là les deux bases qui donnent à sa méthode une simplicité qu’on n’était point accoutumé à rencontrer dans les auteurs qui l’ont précédé. A l’appui de sa méthode , il publia plusieurs spécimens dont le premier porte sur certaines plantes à fleurs irrégulières. La bibÜotiièque qu’il rassembla fut la plus riche en livres de botanique qu’on eût vue jusqu’alors. On a une collection de toutes ses dissertations aca- démiques ou médicales , au nombre de quarante-sept. Dans une de ces thèses, soutenue en 1 722 , la déman- geaison cpie produit la gale est attribuée à une espèce BIOGRAPHIE 2i4 de ciron ; en 1679 , il décrivit deux nonveaux canaux ' excréteurs des glandes sublinguales, placés au-dessus des canaux excréteurs de Warthoii. Linné lui dédia, comme au ^\\xs- florissant botaniste de son temps, un arbuste toujours vert, de la famille des Atriplicées , sous le nom de Rivina. aOStÉ Di: IiISIiE (Jean-Baptiste-Louis), Né à Gray (Haute-Saône) en 1736; Mort à Paris, en 1790. Physicien, minéralogiste. Il avait été envoyé dans l’Inde comme secrétaire d’une compagnie d’artillerie. Fait prisonnier par les Anglais à la prise de Pondichéry, il employa le temps de sa captivité à observer , et , dans les voyages qu’il lit à leur suite , acquit des notions d’histoire naturelle. Revenu en France , il consacra tout son temps à l’étude de la minéralogie. Un des premiers il cessa de regarder les formes régulières comme des jeux du hasard , il s’appliqua à tirer de ces formes toujours les mêmes des caractères distinctifs, il les mesura mécaniquement et fit reconnaître que certains de leurs angles ont une mesure constante. Mais il s’arrêta aux surfaces, et mou- rut sans avoir voulu comprendre l’importance de la dé- couverte de Haüy qu’il appelait un crystalloclaste. Ses travaux, qui méritaient l’estime, furent appréciés par les étrangers et méconnus en France ; on le repoussa de l’Académie des sciences , et il passa sa vie dans un état de gêne, qui eût été de la misère sans le secours de quelques amis généreux. Il contribua à la rédaction du catalogue des collections de Davila. Outre un assez grand nombre de mémoires dans le Journal de Physique, il publia un ouvrage qui contri- bua aux progrès de la minéralogie : Cnstallogmphîe ou Description des formes propres à tous les DES PLUS CELEBRES NATURALISTES. 21 5 corps du règne minéral dans Pétât de combinaison saline^ pierreuse ou métallique. 1783, 4 vol. in-S®. ' B.oM’DEIiET (Gdillaume), Né à Montpellier, le 27 septembre 1509 ; Mort à Réalmont (Tarn) en 1566. Médecin^ naturaliste. Il avait commencé à vingt-deux ans par exercer la médecine au Pertuis en Provence , mais il n’y avait ob- tenuaucun succès, et semblait même obligé de renoncer à une profession qui ne pouvait le faire vivre , lorsqu’il revint à Montpellier, y gagna quelques protecteurs et finit par obtenir une chaire de médecine à Tuniversité. Attaché au cardinal de Tournon en qualité de médecin, il suivit ce prélat dans ses missions en France, dans;les Pays-Bas et en Italie, et utilisa ses voyages au profit de Fhistoire naturelle, dont il s’était toujours occupé. De retour à Montpellier en i55i , il partagea- son temps entre la pratique et l’enseignement de l’anatomie. Ron- delet fut célèbre dans son temps comme médecin ; il serait ignoré aujourd’hui sans son Histoire des Poissons, la meilleure et la plus complète de celles qui parurent à la renaissance des sciences et des lettres. Belon venait de publier son Traité des poissons et Salviani fit paraître son Ichthyologie la même année. Rondelet a publié : De piscibus marînis; lib. xviii, i554. Universœ aquatilium historiæ pars altéra. i555. - SAUSSURE (Horage-Bénédict de), Né à Genève, le 17 février 1740 ; Mort le 22 janvier 1799. Physicien, naturaliste. Élevé par une mère éclairée , qui s’occupait autant de perfectionner son esprit que son corps , Saussure, aux connaissances les plus étendues et les plus variées , joi- 2i6 BIOGRAPHIE gnit une constitution robuste , endurcie aux fatigues et aux privations. Neveu de Charles Bonnet, accueilli par Haller, il contracta dans ces relations habituelles le goût de l’histoire naturelle, et publia, en 1762, des Observations sur Vècorce des feuilles et des pétales. Chose remarquable ! après de nombreux travaux sur la phy- sique et la géologie, il revint encore à la botanique , et, quelques mois avant sa mort, il lut à la société acadé- mique de Genève un mémoire sur la direction constante des racines et des tiges dans les plantes (fui germent. Mais sans parler de ses travaux de physique où il créa une science toute nouvelle, l’hygrométrie, ses plus beaux titres à la gloire sont ses considérations sur la structure des hautes montagnes ; c’est vers ce but que se dirigèrent presque toutes ses études et ses nombreu- ses excursions. Saussure ouvrit une nouvelle voie à la minéralogie, etfitconnaître une quinzaine de minéraux qui avaient échappé jusqu’alors. Il parcourut les princi- pales montagnes du centre de l’Europe, celles de l’Ita- lie et de la Sicile. Mais les Alpes lurent le principal théâtre de ses recherches ; il les traversa quatorze fois par huit passages différons, et il atteignit, dans une en- treprise à jamais célèbre, le sommet du Mont-Blanc. Cependant il s’occupa plus d’observations isolées , mais bien faites, que de systèmes fort hasardeux et si à la mode de son temps : c’est à lui qu’on doit les pre- mières idées saines sur la formation et la succession des couches terrestres; c’est lui en un mot qui a posé les bases actuelles de la géologie. Il a publié : Voyage dans les Alpes. 4 vol., de 1779 à 179b. — Lettre sur des dents déléphans trouvées près de (re/iére ( Biblioth. brit., t. ï ). — Observations sur les collines volca?ii(pies du Brisgau (Journal de Phys., 1794)- DES PLUS CÉLÈBRES NATURALISTES. 217 SCHMlDEIi ou SCHMlEDEIi (Casimir-Christophe), Né à Baireulh, le 21 novembre 1718 ; Mort à Anspach, le 18 décembre 1792. Médeciny naturaliste. Il fut professeur de medecine pendant vingt ans à runiversité d’Erlangen. Ses ouvrages de médecine sont oubliés ; il n’en est point de même de ses ouvrages sur l’histoire naturelle, dans lesquels il fit preuve d’une observation exacte et rigoureuse. Les plantes cryptoga- mes fixèrent particulièrement son observation, et c’est* lui qui découvrit leurs organes de fructification. Ses principaux ouvrages sont : Icônes plantanim et analyses partiumœri incisœ atqiie vins coloribus insignitœ. Nuremberg, et 1782-96, in-f. — Fossilïum metallay et res metallicas concernentium glebæ suis coloribns expressœ. 1762, in-4°. — Dissert. bot. org.Ev- langen, 1784. — Jnstituti mineralogici, bolanîci et liist. arg. cura J. C. B. Schreiber. Erlanger, 1794? in-4°. SCHNEIDER (Jean-Gottlob), Né le 18 janvier 1750, à Kolm, près de Hubertzbourg; Mort à Breslau, le 13 janvier 1822. Philologue, naturaliste. Fils d’un maçon , il fut placé par la libéralité de son oncle dans une institution célèbre d’où son indocilité naturelle manqua d’abord le faire expulser, et où il se distingua bientôt dans l’étude des langues anciennes. A l’université de Leipzig, où il fut ensuite envoyé pour faire son droit , il se lia avec Reiske, Fischer, et aban- donna complètement le droit pour continuer ses études sur les littératures anciennes. Mais il s’appliqua avec une ardeur égale aux sciences naturelles , et arriva ainsi à réunir une vaste érudition à la connaissance ap- profondie de l’anatomie comparée et de la science zoo- logique. Cette position exceptionnelle donne à ses tra- vaux un cachet tout particulier : ce ne sont point ceux BIOGRAPHIE 218 d’un observateur, d’un zoologiste créateur; mais ils sont propres à éclaircir bien des passages obscurs , à lever bien des doutes , à établir le lien entre l’antiquité et les temps modernes. On peut lui reprocher d’avoir mis dans ses discussions une acrimonie plus digne, comme l’a dit Cuvier, du seizième siècle que du dix-huitième. En 1776, il fut appelé de Strasbourg, où il aidait Brunck dans ses publications littéraires , à la chaire de philo- logie de Francfort-sur-l’Oder. L’université de cette ville ayant été transférée en 181 1 à Breslau, il continua à professer le même cours jusqu’en 1816, où il fut nommé bibliothécaire. Ses ouvrages sont nombreux ; nous lais- sons de côté tous ceux qui ont trait à la philologie, pour n’indiquer que ceux qui touchent à l’histoire naturelle. Publication d’ouvrages anciens avec commentaires : Elîen, de la nature des animaux. Leipzig, 1788, in-8®, grec-latin. — Jlexipharmaques de Nicandre. Halle, 1792, in-8®. — Thériaques du même auteur. 1816. — Scriptores rei rusticœ veteres latini. Leipzig, 1794, 4 vol. in-8°. — Histoire des animaux d'Aristote. Leipz., 1811. — Eclogœ physicœ. 1801, 2 vol. in-8“. — OEuvres complètes de Théophraste. Leipz. 1818-1821, 6 v. Principales publications propres à l’auteur: Dictionnaire grec-allemand. 1797, 2 vol. in-8®. Dans cet ouvrage les termes de physique ou d’histoire naturelle sont mieux expliqués que dans aucun autre dictionnaire antérieur. Specîmina aliquot zooligiœ veterum ex hist. nat. piscium sumpla. Francfort, 1781, in-4°. — Ichthyologiæ veterum spe- cimina. Ibid. — Sjnonymia piscium græca et laiina^ etc. Leip- zig, 1789, in-4** — Recueil de divers traités pour l' éclaircisse- ment de la zoologie et de l’histoire du commerce (allemand). Berlin, 1784, in-8°. — Histoire naturelle générale des tortues, avec un catalogue systématique de leurs différentes espèces (allemand). Leipz., 1788, in-8‘>. — Analecta ad historiam me* tallicam veterum. Francfort, 1788, in-4°- — Àmphibiorum physiologîa. Zullichau, 1797, in-4®. — Historia amphibiorum naturalis, léna, 1 799-1801, in-8®. des plus célèbres naturalistes, 219 Voir, pour différents articles en allemand, le Magasin de Leipzig, de 1786 à 1787. SÉBA (Albert), Né en 1663, à Eetzel (en Ost-Frise) ; Mort à Amsterdam, le 3 mai 1736. Pharmacien^ naturaliste. Plusieurs voyages dans les deux Indes , qu’il fit sur des vaisseaux de commerce hollandais , lui fournirent les moyens de rassembler une précieuse collection d’histoire naturelle. Elle avait acquis une telle célébrité que Pierre-le-Grand , dans son second voyage en Hol- lande, l’acheta pour une somme considérable et la fît transporter à Saint-Pétersbourg. Séba qui , comme phar- macien à Amsterdam, avait acquis une grande fortune, entreprit une nouvelle collection qui fînit par surpasser celle de tous les cabinets alors existans en Europe. Il en publia le catalogue sous ce titre : Locupletissimi rerum naturalium thesauri accurata descrip- (îo et iconibus artîficîosissimis expressio , per imiversam phy- sîces fiistoriam; opus cui in hoc rerum genere nullum par extitit, ex toto terrarum orbe, coUegit, digessit, descripsit, et depingendum curavit Jlb. Seba. Amsterdam, 1784 à 1765, 4 vol. in-fol. La beauté, le nombre des planches et la rareté des ob- jets qui y sont représentés, font encore rechercher cet ou- vrage. Mais, sous le rapport de l’histoire naturelle, il y règne une confusion déplorable, et on y rencontre les er- reurs les plus grossières. SLOANE (Sir Hans), Né en 1660, à Killileagh, en Irlande; Mort à Chelsea, en 1752. Médecin y naturaliste. Attaché en qualité de médecin au gouverneur de la Jamaï(|iie, il utilisa les quinze mois qu’il passa dans cette contrée en rassemblant une riche collection d’objets rares, entre autres huit cents espèces de plantes. Ile- 230 BIOGRAPHIE venu à Londres , où il eut une nombreuse clientèle, il employa sa fortune à augmenter son cabinet qui devint le plus riche de cette époque; les magnifiques descrip- tions qu’il en publia et l’impulsion qu’il donna aux re- cherches dans les climats des tropiques rendirent son nom célèbre. Comme médecin, il se fit remarquer par ses efforts pour propager l’usage du quinquina et l’i- noculation. Comme naturaliste, il a sa place parmi les collecteurs plutôt que parmi les savans qui ont fait faire quelques progrès à la science. La réputation de son cabinet fit sa plus grande gloire, Linné entreprit le voyage de Londres en 1736 pour le visiter. Sloane a publié : V oyage aux îles de Madère^ la Barbade, St-Cliristoplie et la Jamaïque^ avec l’iiistoire naturelle des plantes et des ar- bres, des quadrupèdes, poissons, oiseaux, insectes, etc. Magnifique ouvrage, dont le premier volume parut en 1707, le deuxième en 1725. Catalogus plantarum quœ in insulâ Jamaïcd spontè prove~- niunt vel vulgo coluntur. Londres, 1696, 3 vol. in-8°. SFAI.Z.ABJZAm (Lazare) Né le 12 janvier 1729, à Scandiano (duché de Modène); Mort à Pavie, le 3 février 1799. Physiologiste, naturaliste. Peu de jeunes gens reçurent une éducation aussi complète que Spallanzani; bien moins encore purent comme lui briller dans les genres les plus opposés, dans les mathématiques comme clans les langues anciennes. Son début fut un commentaire sur Homère, et celui c|iii devait un jour être célèbre pour les expériences les pi us ingénieuses de physiologie , commença par remplir à Reggio les chaires de logique , de métaphysique et de littérature grecque ; mais son goût dominant le rame- nait vers l’histoire naturelle, et il en fit bientôt l’unique occupation de sa< vie, Lorscpie ses travaux multipliés 221 DES PLUS CELEBRES NATURALISTES. et remarquables par la variété et l’exactitude des expé- riences eurent répandu son nom dans toute l’Europe , plus préoccupé de ses études que de sa fortune , il re- fusa toutes les positions qui eussent pu lui ravir un temps précieux, et se contenta de la place de profes- seur d’histoire naturelle à Pavie. Il ne s’en éloignait que momentanément, pour faire quelque voyage scientifi- que, d’où il rapportait des collections destinées à enri- chir le cabinet qui lui était confié. Dans ces excursions, il montrait l’ardeur la plus vive pour les recherches scientifiques, et une intrépidité qu’aucun obstacle n’ar- rêtait. On le vit, à l’âge de soixante ans, s’approcher comme Pline des laves brûlantes du Vésuve, et, plus heureux que lui, rapporter de ce spectacle des obser- vations intéressantes. Son courage scientifique n’était pas moindre dans le silence du cabinet : il s’y livrait sur lui-même à des expériences physiologiques qui eussent pu compromettre gravement sa vie. Ses productions sont fort nombreuses. Ses observations les plus remar- quables ont eu pour objet la digestion, la génération, la circulation du sang , les animaux microscopiques. On a de lui : Expériences sur la digestion (traduction française par Se- nebier). Genève, 1783, in-8". — Expériences pour servira Niistoirede la génération (traâ. du même). 1785, 10-8". — On y trouve le détail de ses fécondations artificielles opére'es sur les grenouilles et même sur une chienne. — Mémoire sur la respiration (traduction de Senebier); ouvrage posthume. Genève, an XI, in-8®. — Des phénomènes de la circulation^ etc. (traduction française de Tourdes). Paris, 1800, in-8°. De nombreuses lettres scientifiques dans les journaux scien- tifiques^ italiens. — Voyage en Sicile et dans les Apennins (traduction d’Amaury Duval). 1792, 6 vol. in-8®. Du reste, les mémoires disséminés de Spallanzani, et dont il serait trop long de donner la simple énumération, ont été réunis dans ses oeuvres complètes. Bologne, 1822, 16 vol. in-8°. 222 biographie SWAMMERDAM (Jean), Né en 1637, à Amsterdam ; Mort en 1680. Anatomiste, naturaliste. Il était médecin, mais il ne se livra point à la pratique, et s’occupa uniquement de l’anatomie de l’homme, et sur- tout de celle des insectes ; c’est lui qui le premier, pour mieux disséquer les artères et les veines, y poussa des injections avec de la cire liquéfiée; il porta ce procédé à une perfection que Ruysch seul, auquel il con- fia son secret, put atteindre et même surpasser; mais il n’eut point de rival dans la dissection des insectes. L’habileté et la patience qu’il mit à analyser les parties les plus délicates , les découvertes importantes qu’il fit dans cette étude toute nouvelle, ont rendu son nom à jamais célèbre. Est-ce à l’extrême contention de son esprit , à la fatigue prolongée des observations micro- scopiques ou à une prédisposition organique , qu’il faut attribuer les accès de mélancolie qui terminèrent sa vie à quarante-trois ans? Dans un de ses momens de fureur, il jeta au feu tout ce qui lui tomba sous la main de sesmanuscrits, s’imaginant qu’il offensait la Divinité par ses études anatomiques, et cependant, comme l’a dit Galien , quel plus bel hymne peut être célébré en l’honneur de Dieu que le récit des merveilles de l’or- ganisation ! Swammerdam a publié : Tractatus physico-anatomîco-medicus de respimtione usuque pulmonum, thèse inaugurale. Leyde , 1667, in-80. On y trouve des faits intéressans, entre autres la démonstration des valvules des vaisseaux lymphatiques. Miraculum naturœ seu uteri muliebris fabrica, Leyde, 1672. C’est une dissertation sur la génération, dans la- quelle il se prononce pour la préexistence de l’œuf. — His- toire générale des insectes, traduct, française. Utrecht, 1682, in-4“* — Histoire de t* éphémère, traduct. latine. Londres, DES PLUS CÉLÈBRES NATURALISTES. 223 i68i,in-4°. — Biblianatiiræ seu historîa insectorum încertas classes reducta, etc. Leyde, lySy-SS, 2 vol. in-fol. Traduite en français dans les tomes IV et V de la Collection acadé- mique de Dijon (partie étrangère). Cette publication fut faite par Boerhaave, qui avait racheté, pour une somme considérable, des manuscrits vendus par Fauteur à vil prix. THÉOPHRASTE. Né à Érésos dans l’île de Lesbos, Fan 371 avant J. -G.; Mort à Athènes dans un âge très avancé. Philosophe, naturaliste. Ami, disciple, et successeur d’Aristote au Lycée, plus moraliste que lui, recherchant moins les subtilités, Théophraste est un des philosophes les plus dignes de ce nom qu’ait produits la Grèce antique. Son savoir im- mense embrassa toutes les connaissances de son temps : la grammaire , la logique , la rhétorique, la poésie , Fart musical , les sciences mathématiques et physiques, la morale et la politique. Le nombre des titres connus de ses traités s’élève à 229. Son éloquence douce, persua- sive , rassembla autour de lui deux mille disciples dans les temps les plus désastreux delà république athénien- ne. Il eut à subir pour ses doctrines toutes socratiques quelques accusations banales d’impiété; mais il en sor- tit victorieux, et jouit d’un long repos, qui lui permit de se livrer de plus en plus à l’étude des merveilles de la nature. Des ouvrages qu’il avait composés sur l’histoire na- turelle, il nous reste neuf livres d’une histoire des plantes , six livres d’un traité sur les causes de la végéta- tion et un traité des pierres. Théophraste a fait pour ,1a botanique ce qu’Aristote avait fait pour la zoologie : il observa par lui-même et s’efforça de former une science de ce (jui n’était avant lui que de l’herboristerie. Il établit que les caractères BIOGRAPHIE 224 de la vie se retrouvent chez les végétaux comme chez les animaux; dans les analogies qu’il reconnaît entre le règne animal et le régne végétal , il indique la repro- duction par l’union des sexes ; si les deux sexes ne sont point réunis sur la même plante, les vents et les insec- tes apportent le principe fécondateur. Il connut environ cinq cents espèces qu’il partagea en plantes ligneuses et en plantes herbacées. Les meilleures éditions des Traités sur la botanique sont celles de: Jean Bodée de Stapel, i644> in-fol. Amsterdam. John Stackhouse, i8i3, Oxford, 2 vol. in-8°; Schneider, 1818, Leipzig, 4 '"oh — Le Traité des pierres a été publié à Londres, par J. Hill, en grec et en anglais, 174b, in-8°. Une traduction française de cette édition a été don- née en 1754. TOURBJEFORT (Joseph Pitton de), Né à Aix en Provence, le 5 juin 1656; Mort à Paris, le 28 novembre 1708. Médecin, botaniste. Peu de vocations furent aussi marquées que celle de Tournefort. Dès son enfance il se livrait avec ardeur à la recherche des plantes; toutefois cette passion ne lui fit point négliger ses études classiques, et ses ou- vrages portent le cachet d’une.érudition choisie. Quand il eut terminé sa philosophie, il connaissait déjà toutes les plantes de la partie de la Provence qu’il habitait. Cet étroit espace ne lui suffisant plus, il parcourut les mon- tagnes du Dauphiné et de la Savoie, fit un séjour de deux ans à Montpellier pour s’y perfectionner dans les sciences et étudier la médecine, et de là se rendit en Catalogne et dans les Pyrénées , où il herborisa depuis le printemps jusqu’àlafin de l’année, sans être dégoûté par les dangers de toute espèce qu’il eut à courir. Son herbier commençait à devenir considérable, sa réputa- tion était parvenue à Paris. Fagon sut l’y attirer, des plus célèbres naturalistes. 220 et se démit en sa faveur de la place de professeur de botanique au Jardin du Roi ( i (>83). Les cours et les her- borisations du jeune professeur attirèrent une immense quantité d’étudians; mais son amour pour les décou- vertes le poussait h de nouveaux voyages. Il retourna en Espagne , parcourut le Portugal , visita également l’Angleterre et la Hollande. En 1691 il fut nommémem- bre de l’Académie des sciences ; ce fut en 1694 qu’il publia ses Èlémens de botanicjue ou Méthode pour con- naître les plantes , 3 vol. in-8. Ce livre, qui eut un si grand retentissement , avait le tort de ne rien ajouter aux vagues connaissances de physiologie qui existaient avant lui, et de conserver dans la classification, la di- vision des herbes, arbres et arbrisseaux; mais il éta- blissait une méthode plus commode, qui contrariait moins les affinités naturelles, et fondait sur des carac- tères réels un grand nombre de genres. La botanique, si longtemps confondue avec l’herboristerie, puis re- levée, par les travaux des Gessner, des Césalpin, des Colonna , de cet état de dégradation, se posait enfin dans le livre de Tournefort, par l’ordre général et par l’enchaînement des détails, au nombre des sciences exactes. Mais quelle que fût la gloire dont il était envi- ronné, son goût pour les voyages était toujours le même, et il accepta avec empressement une mission fort honorable qui lui fut confiée par le gouvernement, sur la proposition de l’Académie des sciences : il s’agis- sait d’un voyage scientifique dans le Levant. Il y fut accompagné d’un peintre et d’un botaniste allemand. Après deux ans, il revint en France, rapportant une grande quantité de dessins et d’objets naturels des trois règnes. Il mourut à la suite d’une chute, dans sa cin- quarite-troisième année. Oulre ses Eléoiens de bofauhfue^ on lit avec intérêt : 61 i5 226 BIOGRAPHIE Histoire des plantes qui naissent aux environs de Paris; un vol. in-i2, 1698. — Institutiones rei herbariœ ^ Traduction latine de ses Élémens^ 3 vol. in-4°, 1700. La préface con- tient sous le titre de Isagoge ad rem herbariam, une histoire curieuse de la botanique. — Voyage du Levant. 1717, 2 vol. in-4°. TREMBIiXT' (Abraham) Né à Genève, en 1700; Mort en 1784. Naturaliste. Au commencement de ses études, il montra des dis- positions toutes particulières pour les mathématiques. Ses parens le destinaient au ministère évangélique ; mais les sciences avaient pour lui un attrait irrésistible ; et, pouvant consacrer ses loisirs à 1 etude del’histoire natu- relle, il préféra se charger de l’éducation des enfans du résident anglais de La Haye. Ce fut dans les fossés du château qu’ils habitaient à la campagne, qu’il observa le polype à bras, confondu avec les herbes marécageuses. Il en étudia les mœurs, les habitudes, l’organisation, avec une patience que rien ne peut égaler. Ses obser- vations nouvelles, prônées par Réaumur et par Bonnet, eurent un grand retentissement. L’auteur, tout en concentrant son attention sur ce mince sujet, avait été si vrai, si exact, si intéressant, que les suffrages du public et des sa vans lui valurent une renommée au dessus de ses travaux ; il fut nommé membre de la Société royale de Londres , correspondant de l’Aca- démie des sciences. Ajoutons que, partout où il voya- gea, la justesse de son esprit, sa modestie et les charmes de son caractère lui concilièrent l’estime et l’amitié de tous. Rentré dans sa patrie, il s^y montra citoyen zélé et devint membre du grand conseil. Chargé des approvisionnemens, il profita des avantages que lui donnait cette position pour reconnaître les insectes cpii UKS PLUS CÆLEbüUS NATUH A LISTES. 227 attaquent les blés, et rechercher les moyens de les éloigner ou de les détruire. Son principal ouvrage a pour titre : Mémoires pour servir à C histoire d’un genre de polype d’eau douce à bras en forme de cornes. Leyde, i744> io-4^* VAlIiIiANT (François le), Né en 1753, à Paramaribo dans la Guyane hollandaise ; Mort à la Noue, près Sézanne, en 1824. Voyageur) naturaliste. Les voyages que son père, négociant originaire de Metz, était obligé de faire, développèrent chez lui le goût des courses lointaines. De bonne heure, la chasse fut son principal amusement; il porta son attention sur les mœurs des oiseaux, et apprit à préparer leurs dépouilles. Il était à Paris en 1777- La vue des riches cabinets d’histoire naturelle qu’il y examina lui inspira un violent désir d’augmenter, pour sa part, le nombre des êtres connus. Son esprit romanesque et aventu- reux le portait en outre vers les contrées où peu de voyageurs avaient pénétré. Il choisit les parties cen- trales de l’Afrique pour but de ses explorations, et ar- riva au cap de Bonne-Espérance le 29 mars 1781. Nous ne le suivrons point dans ses excursions, qui durè- rent trois ans. Il a su, dans les récits qu’il en a faits, y mettre tout le charme d’un roman; et peut-être son désir de plaire avant tout au lecteur, l’a-t-il empêché de se maintenir toujours dans les limites de la vé- rité. Mais si les détails ont été inventés ou embellis, le fond n’en est pas moins vrai, et il a décrit avec exac- titude les mœurs et les usages des Hottentots ; il a, le premier, fait connaître exactement la giraffe et un grand nombre de mammifères, d’insectes, et surtout d’oiseaux; car c’est l’ornithologie qui s’est le plus enrichie de ses découvertes. Rentré en France, il par- 228 BIOGRAPHIE tagea sa vie entre les soins qu’il donnait à ses ouvrages, et la chasse pour laquelle il conservait la même pas- sion. Il a publié ; Foyayps dans l’intérieur de l’ J frique {réunis) . Paris, i8o3, 5 vol. lu- 8°. — Histoire naturelle des oiseaux d’Afrique. 1796- i8i2, 6 vol. iii-fül. — Histoire naturelle des oiseaux de pa- radis. 1801-1806, 3 vol. in-f". — Histoire naturelle des cotin- gas et des todiers. i8o4, in*fol. — Histoire naturelle des calaos^ In-fol. et in-4“* — Histoire naturelle des perroquets. 1801 i8o5, 2 vol. in-fol. VAIiLISNEELl (Antoine), Né le 3 mai 1661, à Tresilico, État de Modène; Mort à Padoue, le 18 janvier 1730. Médecin} naturaliste. Valiisnéri avait étudié la médecine sous l’illustre Malpighi ; c’est à cette école qu’il prit l’habitude d’ob- server et de chercher les faits plutôt que de discuter des théories ; aussi commença-t-il par répéter les dis- sections de Malpighi sur le ver à soie, et les obser- vations de Rédi sur la génération des insectes, insis- tant sur le fait que tous les insectes naissent d’un œuf. En 1700, il fut nommé professeur de médecine à Padoue ; il profita de cette haute position pour en- seigner les nouvelles découvertes d’anatomie, au grand scandale des professeurs à esprit rétrograde. Les loi- sirs qu’il pouvait avoir étaient utilisés en expériences, en études sur la botanique et sur l’origine des sources, en voyages scientifiques. Sa réputation de savant, l’ori- ginalité de ses recherches lui attirèrent de nombreux honneurs; mais il n’accepta point les places qui fau- raient définitivement éloigné de Padoue. Il fut un des adversaires les pins constans de la génération spon- tanée. Ce fut lui qui découvrit les singuliers phéno- mènes par lesquels s’opère la fécondation d’une plante qui croît dans les fossés marécageux de Florence et de Pise, et qui a reçu son nom, la vallisneria. des plus célèbres naturalistes. 229 Son ouvrage le plus important, qui lui coûta trente an- nées de travail, est l’iiistoire de la génération : Istorîa délia generazione delt uomo e degli animali, etc. Venise, 1721, in-4". On peut lire encore avec avantage : Dîaloghi sopra la curiosa origine di molli insetti. Venise, i-yoo, in-8°. — Istorla del. camaleonte africano e di varii altri animali d 'Italia. 1716, — Lezzione accademica intorno aie origine delle fontane. 1715, — Notomiadello struzzo. Cette anatomie de l’autruche est citée avec beaucoup d’éloges par Buffon. VALMOBJT DE BOMARE (Jacques-Christophe), Né à Rouen, le 17 septembre 1731 ; Mort à Paris, le 24 août 1807. Naturaliste. Encore un de ces hommes qui , sans faire époque dans la science par de grandes découvertes ou par des méthodes nouvelles , ont pai* des écrits instructifs et lus avec plaisir, répandu daus toutes les classes le goût de riîistoire naturelle. C’est vers cette branche des connaissances humaines qu’il fut de bonne heure attiré, comme tant d’hommes illustres dont nous avons cité les noms. Ses progrès, son assiduité, l’avaient fait remarquer de ses maîtres, qui lui firent obtenir le brevet de naturaliste-voyageur du gouvernement. Les nombreux voyages qu’il fit, surtout dans le nord de l’Europe, lui permirent de rassembler une collection riche en minéraux. Revenu en France (i 756), il ouvrit, la même année, un cours public sur l'histoire naturelle, qui obtint le plus grand succès, et donna à l’ensei- gnement de l’histoire naturelle une impulsion qu’il n’avait pas encore eue. Il mit en même temps son cabinet à la disposition de tous ceux qui voulaient étudier la minéralogie. Ses cours, (jui ne lurent in- terrompus que pendant la révolution, et qui se jiro- longèrent jusfju’en 1 806, excitèrent dans tonte l’Europe 23o BIOGRAPH[E une louable émulation , et lui valurent les distinctions les plus flatteuses. Son principal ouvrage, celui qui a popularisé son nom, est : Dictionnaire raisonné universel d'histoire naturelle. Pans, 1-65-68, 6 vol. in-8°-, édit. 1800, Lyon, i5 vol. iu-8«. VICQ-D’AZYR (Félix), Né à Valogne, en 1748; Mort h paris, le 20 juin 1794. Médecin, anatomiste. Les travaux de cet illustre médecin, mort à 4b ans, sont fort nombreux , et appartiennent spécialement à l’anatomie humaine et à la médecine vétérinaire. Néan- moins, son nom doit être inscrit honorablement parmi les naturalistes, parce qu’il fut un des fondateurs de l’anatomie comparée , et le précurseur de Cuvier dans l’enseignement de cette science. Les éloges qu’il eut a prononcer en qualité de secrétaire-général d’une société savante, montrent d’ailleurs d’immenses connaissances dans les sciences naturelles.il avait dirigé ses premières études médicales vers l’anatomie comparée, et il put, à l’âge de 20 ans, ouvrir un cours d anatomie humaine, éclairée par la comparaison avec celle des animaux. L’élégance de sa diction, la clarté de son exposition, lui valurent de nombreux succès. Ces succès mérités lui attirèrent la jalousie de la Faculté et la protection d’Antoine Petit, professeur d’anatomie au Jardin du Roi, qui le choisit pour son suppléant. Cette position semblait lui promettre la survivance de la chaire; mais les titres anatomiques plaisaient peu à Buffon, qui mit Portai en sa place. Vicq-d’Azyr eût été forcé d’inter- rompre ses travaux , si le hasard ne lui eût procure l’amitié de Daubenton, qui facilita ses recherches sur les animaux étrangers. Cependant, les chaires de la fa- culté et du Jardin du Roi lui furent fermées. La Faculté DES PLUS CELEBRES NATURALISTES. 23 l même se montra hostile contre lui ; mais rAcadémie des sciences l’admit dans son sein, et l’Académie fran- çaise le choisit en remplacement de Buffon. Ses ouvrages qui concernent l’iiistoire naturelle sont : Plusieurs Mémoires inse'rés dans ceux de rAcadémie des sciences ; De L’ anatomie des poissons et des oiseaux, 1773. — Des ex- trémités dans Chomme et les quadrupèdes. 1774* — ^e touie. 1777. — Des organes de la voix. 1779. — De quelques singes. 1781 . — Des clavicules et os claviculaires. 178'}. — Deuxième volume du Système anatomique des quadrupèdes, ddoos l’Ency-- clopédie méthodique. WEBJTER (Abhaham-Gottlob), Né le 25 septembre 1750, à Wehlau, dans la Haute-Lusace ; Mort à Dresde, le 30 juin 1817. Minéralogiste. Si un grand nombre d’illustres naturalistes, poussés [)ar une irrésistible vocation., ont eu à triompher de tous les obstacles et sont arrivés, par la seule force de leur volonté, au but qu’ils s’étaient proposé, quelques- uns, plus heureux, ont trouvé dans leur position, et dès leur enfance, les moyens de satisfaire leur noble in- stinct. Tel fut Werner. Son père était directeur d’une forge; aussi, ses jouets furent des minéraux, et il en connut les noms avant de savoir lire. On s’étonnera moins qu’à l’âge de 24 ans il ait publié son premier ou- vrage. Ce n’était qu’un traité de quelques pages ; mais ces pages donnaient, avec tant de méthode et de pré- cision, les moyens d’exposer d’une manière uniforme et constante les caractères des minéraux, qu’elles font époque dans l’histoire de la science. INommé l’année.* suivante (lyyS) adjoint à la chaire de minéralogie de Freyberg et inspecteur du cabinet, cette place le mit à même de perfectionner son système et de le popula- riser dans des cours epii attirèrent un grand nombre d’anditeius. Les écrits de ses nomiireux disciples ont 23s» BIOGHAPHIE DES PLUS CELEBRES NATURALISTES. plus servi à répandre ses vues que ses propres ouvra- ges, car il écrivit peu, ce qui tenait à son caractère systématique, et surtout, assure-t-on, à une répulsion invincible pour l’acte matériel décrire; il aimait au contraire la conversation, et y brillait par une élocution facile, ainsi que par l’étendue et la variété de ses aperçus. Il ne se contenta point d’étudier les miné- raux isolément et d’en rassembler une magnifique col- lection. il s’attacha aussi à établir, d’après les observa- tions qui avaient été faites avant lui et d’après les siennes, les rapports que les roches présentent entre elles; et ses travaux géognosiques paraissent à Cuvier beaucoup plus importans que ceux qu’il fit en minéra- logie. On peut seulement lui reprocher d’avoir exagéré l’importance des formations par dépôt dans un liquide, puisqu’il attribuait cette origine même à la basalte. Il fut donc à la tête du parti des neptuniens , tandis que Desmarets, qui avait observé en Auvergne, était à la tête des vulcaniens . Werner fut dévoué à son pays, et il refusa les offres avantageuses qui lui furent faites par plusieurs gouvernemens étrangers. Le vif chagrin qu’il conçut des malheurs de la Saxe, en 1812, contribua à altérer profondément sa santé; il ne fit plus que languir jusqu’à l’époque de sa mort. On n’a de lui que trois ouvrages de quelques feuilles ; Traité des caractères des minéraux. Leipzig, 1774. — Clas- sification et description des montagnes. 1787. — Nouvelle théo- rie de la formation des filons. 1791. FIN