A À FR. 25 C. LA LIVRAISON. de 40 feuilles et 10 gravures NOIRES. . TOME AVIS IMPORTANT. Ge Dictionnaire, œuvre d'un assez grand nombre de collaborateurs , chacun pour sa spé- cialité, est enfin achevé ; ce grand travail, fruit de recherches et d’études consciencieuses et qui a mérité plusieurs rapports flatteurs a l'Institut de France , a été dirigé pour la partie scien ütique par M. Guérin Meneville, l’un de nos plus savans zoologistes ; nommer M. Guérin, c’est dire quels soins , quelle sollicitude , quelles démarches ont été faites pour réunir tant et de si précieux matériaux , pour les mettre en œuvre , les classer, choisir les savans spéciaux dans “abs branche des sciences naturelles , indiquer les meilleurs et les plus sûrs renseignemens, les dessins les plus exacts ; puiser les, faits les plus certains et les plus récens dans les travaux des savans , dans les voyages et dans tous les ouvrages nouveaux; réunir des écrivains dont le style concis , et dégagé des abstractions de la science , puisse rendre l'histoire naturelle ac- cessible à toutes les classes de lecteurs. Aussi ce livre , qu'on pourrait avee raison appeler une vraie encyclopédie d'histoire naturelle, contient ce qui a été décrit dans Buffon , Lacépède, Cu- £ vier et tous les auteurs qui ont traité de l’histoire naturelle, et se trouve ainsi complétement E à au courant des nouvelles découvertes et des progrès de la science. Commencé en 1834 et continué , pendant les six années qu'a duré sa publication, avec une exactitude et une ponc- tualité peu communes, et malgré les obstacles sans nombre que les éditeurs ont dû renconter près des auteurs, des dessinateurs , des graveurs et de tous les collaborateurs d’un travail aussi considérable ; ce livre a été accueilli avec une telle faveur, que dès le deuxième volume à il comptait 10,200 souscripteurs ; maintenant que l’ouvrage est achevé , une souscription Sera £ # ouverte à partir du 29 février prochain, sur des bases nouvelles, et qui sans diminuer lé prix & de l'ouvrage, déjà très-exigu, présentera cependant des conditions faciles à remplir et de & À telle nature qu’on pourra solder le prix du livre avec des termes de paiement faciles à remplir. Il est inutile de s'étendre davantage sur le mérite de ce Dictionnaire ; le rapport quien a été fait à l'Institut par l’un de ses membres dans la séance du 19 février 1838, a dü le faire À apprécier. Ÿ 5 Conditions d’une nouvelle Souscription. L'ouvrage complet, texte et planches, formant 9 vol. in-4°, avec grav. en noir, est de 90fr. grav. coloriées. , , 9216 fr. Pour en faciliter l'acquisition, le Dictionnaire sera divisé en 72 livraisons de ehacune j 10 feuilles de texte et 10 gravures. $ f { Le prix de chaque livraison, planches noires, est de, 3... ,...,,. €. Afr.25c. planchescoloriées, 42" es sum di 3 5 Ou par demi- volume de 40 feuilles et 40 gravures en noir. « . « « . «+... 5fr. figures coloriées. . . . . . . . . | , 12fr, JI paraîtra une livraison tous les samedis à partir du 29 février 1840. À Là fn de chaque volume il sera donné aux souscripteurs une couverture imprimée. ; Il sera accordé aux personnes évidemment solvabies , et qui voudraient retirer l'ouvrage entier tout à la fois, la facilité de se libérer par des bons payables de mois en =. ON SOUSCRIT : Chez tous les Libraires de Paris et des Départemens , et cheztous les Directeurs de poste, } À PARIS, AU BUREAU PRINCIPAL DE SOUSCRIPTION, Place Saint-Germain-des-Prés, n°9; _« VE Len S à FEVRIER 1840, Paris. — CCSSON, imprimeur de l'Académie royale de Médecine, rue Saint-Germain-des-Prés , O. Fr cé 1» Ut x LU MU . à # 1 te. 4 4. R Pt] ÿ 4 + L î 0 ÉNOMÈNES S'DE LÀ N ATURE. re Li nu ne rl Feu 4 te dd [ae COL TRE CON er ru A Fe Ai Dee 2 DICTIONNAIRE PITTORESQUE D'HISTOIRE NATURELLE ET DES PHÉNOMÈNES DE LA NATURE. TOME PREMIER. Æ | A | NE 2 | | 5 4e ; | ° Li : A ATAMOMROIG | HJOP2AA0TTIT { : ; : pe | | RTE | MUR PE HELENE QT FRENTANE MCE") TT | H # ‘“ - Le, 2 d à = =“ | L 2 » keme } ER Fr 5 rt œn: FFE, Î \ | sage | L + | PR À —— Ft CRE hareng ne | ange Le 4 1 ». < | SR, 7 prérêère LESC | pes sd \ fred (ae r a LI » - L. 4 - F S LA ‘ RUE si: _IMPRIMERIE DE COSSON, NA Rue Saint-Germain-des-Prés, n, g. DICTIONNAIRE PITTORESQUE | D'HISTOIRE NATURELLE ET DES PHÉNOMÈNES DE LA NATURE, CONTENANT \ L'HISTOIRE DES ANIMAUX, DES VÉGÉTAUX, DES MINÉRAUX, | DES MÉTÉORES, DES PRINCIPAUX PHÉNOMÈNES PHYSIQUES ET DES CURIOSITÉS NATURELLES , AVEC DES DÉTAILS SUR L'EMPLOI DES PRODUCTIONS DES TROIS RÈGNES DANS LES USAGES DE LA NIE, LES ARTS ET MÉTIERS ET LES Re TO MURS A tal a” RÉDIGÉ PAR UNE SOCIÉTÉ DE NATURALISTES, +$ MEMBRE DE LA SOCIÉTÉ D'HISTOIRE NATURELLE DE PARIS ET DE DIVERSES AUTRES SOCIÉTÉS SAVANTES NATIONALES ET ÉTRANGÈRES ; AUTEUR DE L'ICONOGRAPHIE DU RÈGNE ANIMAL DE CUVIER ET DU MAGASIN DE ZOOLOGIE; L'UN DES AUTEURS DU DICTIONNAIRE CLASSIQUE D'HISTOIRE NATURELLE, DE L'ENCYCLOPÉDIE MÉTHODIQUE DU VOYAGE AUTOUR DU MONDE PAR LE CAPITAINE DUPERREY; DE IEXPÉDITION SCIENTIFIQUE DE MORÉE, DU VOYAGE AUX INDES ORIENTALES PAR Me BÉLANGER » ETG3 ETC» AVEC PLANCHES GRAVÉES SUR ACIER PAR M. BEYER; SUR LES DESSINS DE M. DE SAINSON; DESSINATEUR DU VOYAGE DE L’ASTROLABE, TOME PREMIER A SAINT-OMER , chez E. LEGIER , Libraire-Papetier, Place Royale, 45. PARIS, AU BUREAU DE SOUSCRIPTION. Rue Saint-Germain-des-Prés, n° 4. =: 4853 — 183% cESARAE era xmiié exa' 2 PCT EIEUIAS SIC ‘TA éRJDBTUT | ER ETHDÏE SLOAT EG ETOITOT AA à FN be out GBA TA à st) 4 * . een l AUTAM 3 MAUR 59. A A ac. A0) * anis RSR LE ratyavas Fra erreur, sa 4 ‘AN «#190200% wu ADO VOA | y # 2OI RON strong a CCM Te Si “ «ras 8 rider er gs Aa ao ue _s sr Lu d Va OT RécTaute 06 #44 M nat aa | tu * , = bu Le: Ÿ Æ A “y gs à Re a aa eee CE CRAN TER f EL SES] | es à DICTIONNAIRE PITTORESQUE D'HISTOIRE NATURELLE ET DES PHÉNOMÈNES DE LA NATURE. INTRODUCTION, Depuis que la France jouit d’une sage liberté, que - les sectes religieuses ne peuvent plus empêcher la propa- gation des lumières, et que le gouvernement n’est plus _intéressé à tenir les peuples dans l’ignorance, les études positives ont pris une extension immense; les sciences pénètrent avec rapidité dans toutes les classes de ‘la société, et tout le monde sent vivement le besoin de s’instruire. Nous avons pensé, avecles éditeurs de cet ouvrage, que -le moment était venu, pour l’histoire naturelle, de coopé- rer à ce grand mouvement de la civilisation, etnous venons apporter notre tribut, en cherchant à faire participer les -masses aux belles découvertes que les savans ont faites . dans Les sciences naturelles. Nous voulons faire connaître aux gens du monde les phénomènes généraux delanature, les lois qui les régissent, les propriétés et les usages des corps qui composent les trois règnes, l'influence qu’ils exercent les uns sur les autres, et surtout les applica- tions que l’homme est parvenu à en faire pour ses be- soins ou ses plaisirs. Nous ne présenterons pas la science, comme on l’a fait trop souvent, d’une manière ab- straite , hérissée de mots techniques et barbares, in- compréhensibles pour ceux qui ne sont pas déjà savans, et capables de les rebuter en les dégoûtant de l’étude. Nous chercherons, au contraire, à exprimer nos idées en langage ordinaire , afin que chacun puisse nous com- «prendre facilement. L'ordre alphabétique nous a semblé le plus convenable et le plus commode pour présenter les faits d’une manière variée; nous l’adoptons donc afin que nos lecteurs puissent arriver plus promptement aux articles qu'ils voudraient étudier de préférence. Nous ne connaissons aujourd’hui que deux sortes de dictionnaires d'histoire naturelle ; les uns, composés de -peu de volumes, mais surannés, remplis d'erreurs et n'étant pas au courant de la science, tels que ceux de Valmont de Bomare , de Lachenès-Desbois, de Favart d’Herbigny , ete.; les autres, au contraire, très-étendus, ayant de 18 à 75 volumes , remplis des mots et des défi- nitions les plus élevées de la science, et par cela même hors de la portée des gens du monde et des étudians, qui ne tiennent pas à savoir, par exemple , si tel ou telau- teur a divisé le genre mouche, que tout le monde connaît, en 2,000 pelits groupes , basés sur la présence d’un poil de plus ou de moins aux mâchoires , mais qui appren- draient avec intérêt, au contraire, comment les mouches se multiplient, quels sont leurs habitudes, les ruses qu’elles emploient pour se soustraire à leurs ennemis, les moyens que nous avons de les détruire, ete., etc. Un dictionnaire spécialement destiné à faire connaitre l’histoire naturelle sous ce point de vue, deviendrait bientôt populaire , aujourd’hui surtout que cette belle science n’est plus reléguée dans le cabinet d’un petit nombre de savans , mais qu’elle forme une partie essen- tielle de l'instruction de la jeunesse , depuis que l’uni- versité a attache à chaque collége un professeur d’histoire naturelle. Nous avons donc pensé que l’ouvrage que nous pu- blions serait accueilli par tout le monde si nous le met— tions à la portée des personnes qui, sans vouloir faire leur profession de l’étude de l’histoire naturelle, dési- reraient cependant connaître les principes, la partie philosophique et les applications de cette science. Notre Dictionnaire ne sera pas néanmoins un simple abrégé ; il présentera l’état actuel de la science, avec les découvertes qui ont été faites dans cés der- niers temps, et offrira même beaucoup d’observalions neuves qui n’ont pu faire partie des dictionnaires les plus étendus, dont la publication date déjà de plu- sieurs années ; ces articles seront,indiqués par des asté- risques. Tousles articles généraux seront traités à fond, et pré- senteront assez de détails pour mettre au courant de celle science les personnes les plus étrangères à l’histoire naturelle. Les mots de détail ne seront pas négligés quand ils nous paraîtront d’une importance réelle : quoi que traités brièvement, ils nelaisseront rien ignorer dece qu’il est nécessaire de connaître pour étudier dans la suite les traités spéciaux dont un dictionnaire ne doit contenir que la substance et souvent même que l’indi- cation. Nous avons la confiance que notre Atlas pourra riva- liser avec tous ceux qui ont été publiés jusqu’à ce jour, soit par la manière originale dont les objets seront re- présentés, soit par le choix des sujets. La réputation justement méritée de M. de Sainson , qui est à la tête de la partie iconographique , est un sûr garant de la per fection des planches que nous joindrons à notre ou- vrage. Quant au choix des figures , il sera fait dans le même esprit qui nous dirige pour la rédaction des articles , c’est-à-dire que nous n’irons pas figurer une petite plante inconnue trouvée dans quelque coin de la Nouvelle-Hollande, et offrant, aveç nos végétaux euro- a ————_—_—_—_— ——— ÿ INTRODUCTION. RAGE LT ri. F | péens, une légère différence dans le pistil, Povaire-etc., + mais nous ferons graver les espèces qui donnent des pro- duits importans ou remarquables, telles que les arbres _ . a , qui produisent les gommes, le sagou , l’encens, et-un” grand nombre d’autres substances, dont peu de per- sonnes connaissent bien l’origine. Nous aurons soin de montrer, par des figures à l’appui des articles généraux , les phénomènes de la cireulation dans les animaux et dans les végétaux, les organes de la fécondation et de la génération , qui offrent des circonstances si curieuses; la composition des organes principaux , tels que le sys-: tème nerveux , les yeux, les trachées des plantes, leurs tissus, etc., etc..Il en-sera desmême pour les mi- néraux , dont la cristallisation offre des particularitéstsi remarquables ; enfin des coupes systématiques et locales serviront à éclairer les notions de géologie et l’his- toire des principales révolutions de l’écorce de notre globe. Nous suivrons, pour la classification, les méthodes les plus célèbres de notre époque. En zoologie, nous adop- terons la méthode si belle et si simplede Guvier ,-et nous mettrons à profit Les publications importantes de MM. Lamarck, Latreille, Geoffroy - Saint-Hilaire père et fils, Daméril, Savigny , Serres, Blainville, etc. En botanique, nous prendrons pour guides MM. Des- | fontaines , De Candolle , Robert Brown , Mirbel, Richard, et surtout Jussieu, dont nous adopterons spécia- lement la méthode; en minéralogie , Haüy, Werner, et MM. Brochant , Beudant, Dufresnoy et Delafosse. Pour la géologie, science toute nouvelle et qui offre -matière à tant d’hypothèses, on suivra les vues ingé— nieuses de MM. de Hümboldt , Ramond, Élie de Beau - mont, Constant Prévost, Cordier, Brongniart; etc., etc. ‘Eafin pour la physiologie, la chimie, la physique, l’a- “griculture et la géographie physique, les meilleures ‘sources aussi seront consultées. Tout en suivant ces mé- thodes, nous aurons soin de faire connaîtresommairement à nos lecteurs celles des autres savans qui ont contribué aux progres de la science par des publications partielles. Les noms des naturalistes qui se sont empressés de «coopérer avec nous à la publication de ce Dictionnaire, ôffrent au public une garantie du soin qu’on apportera ‘à sa rédaction. Plusieurs ont déjà fait leurs preuves d’une manière brillante, soit par la publication de mémoires originaux et d'ouvrages importans , soit par eur collaboration au’ Dictionnaire classique dlhistoire naturelle ; les autres, initiés plus récemment à lascience, “ont étudié sous l'influence des premiers savans de notre ‘époque, et sont destinés à suivre un jour leurs traces d’une mauière distinguée et digne de leurs célèbres ‘maîtres. Ainsi, la physiologie et l’histoire de l’organisation de l’homme et des animaux seront traitées par le docteur Marrin-SainT-ANGE, si connu par ses belles recherches sur la circulation chez les'animaux et sur les métamorphoses des reptiles ; ouvrages qui lui ont mérité deux prix à l’Académie des Sciences. M. le docteur GENTIL, au- quel on doit des recherches physiologiques sur la cha- Jeur animale , et plusieurs autres mémoires publiés dans divers recueils, veut bien aussi coopérer, pour l’anato- mie et la physiologie , à cette publication. Les mammifères et les oiseaux seront traités par M. Dovère , auquel M. I. Gcoffroy-Saint-Hilaire a promis de communiquer un grand nombre de maté Tiaux inédits. Les articles ‘relatifs aux reptiles seront faits par M. le docteur CocrEavu, qui s’est déjà fait connaître de- puis plusieurs années des zoologistes, par la publica- “tion de mémoires relatifs à celte partie de la science. Les-poïissons auront*pour auteur M. Brsrox , aide naturaliste du professeur Duméril, au Jardin des Plantes, et dont plusieurs voyages zoologiques , exé— cutés dans l'Italie méridionnale et la Sicile, ont déjà rendu le nom recommandable. M. Duccos, membre de diverses sociétés savantes ; auteur de plusieurs mémoires.sur leswméllusques, qui ont été le sujet de rapports tres-favorables à l’Académie des Sciences, s’est chargé de rédiger les articles qui trai- teront des mollusques. Nous nous sommes adjoint , pour rédiger les articles relatifs aux Annélides crustacés, Arachnides, Insectes et Zoophytes, M. Achille PereErox., .entomologiste déjà bien connu par plusieurs mémoires importans ; M. Gursraumé et MM. Lucas et L. Rousseau, remplis- sant l’un ct l’autre les fonctions d’aides naturalistes au Muséum, pour la zoologie des animaux invertébrés, La botanique sera traitée par M. Francois For, docteur en médecine de la Faculté de Paris, chevalier des ordres de la Légion-d'Honneur et du Mérite mili- taire de Pologne , pharmacien de l’École de Paris, pro- fesseur de chimie et de pharmacologie, un des médecins envoyés en Pologne, membre de plusieurs sociétés sa— vantes , etc., etc. Genaturaliste traitera surtoutla partie des Cryptogames et quelques genres qui donnent les produits employés en pharmacie: MM. Gzavé et Lar— LEMENT, botanistes pleins d'instruction, feront ‘pres- que tous les articles relatifs aux végétaux phanérogames. L'agriculture , cette partie si essentielle deila: science des végétaux, seratraitée par M. Tarésaur ve BerNEau», connu par un grand nombre de travaux estimés-sur cétte branche. La minéralogie aura pour auteur M. Cnarzes D'Or BIGNY , membre de plusieurs sociétés savantes , agent général de la Société géologique de France, etc. La géologie et la géographie physiqueseront traitées par M. Borar, Ingénieur civil, membre des Socié- tés géologique et des sciences naturelles de France ; auteur d’une description géologique de la France cen- trale, ete.; par M. Huor, membre! des mêmes Sociétés; bien connu par divers travaux de géologie etpar-sa continuation de la géographie de :Malte-Brun; par M. Jusé DE La PÉREL£zE, membre de diverses sociétés savantes , et par M. P. Bosraye , membre des Sociétés des sciences naturelles et géologique de France, capi- taine au corps royal des Ingénieurs géographes, membre de la Commission scientifique de Morée , etc. , etc. Enfin , la physique et la chimie auront pour auteur M. le docteur For. Nous emploierons quelques abréviations pour me pas répéter certains mots qui se présentent très-fré- quemment ; néanmoins nous les multiplieronsle-moins possible , afin d'éviter de devenir obseurs. Comme il pourrait arriver que les personnes aux— quelles nous destinons cet ouvrage , ne:se fissent:pas une idee exacte de l’histoire naturelle, nous avons jugéiné- cessaire de définir préalablement cette science, de faire connaître ee qu’on entend 'par méthode et système , et de présenter sommairement les classifications des prin- cipaux auteurs dont nous avons parlé plus haut ; afin que le lecteur, pour l'intelligence de nos articles, ne soit pas obligé d'attendre la publication des mots, His— rome Narurecre, MéÉtaonE, SysTëme, ZooLectE, BoraniQue , MINÉRALOGIE , etc., cte. | L'histoire naturelle , prise dans le sens le plus étendu de ce mot, est la connaissance de la nature et: de ses lois ; mais comme elle comprendrait l’ensemble des connaissances humaines, et qu’ainsi, la physique, L'as- po INTRODUCTION. vi} oo oi tronomie , læ météorologie et: même les mathématiques || espèces de.classificalions, el dont nous devons faire con devraient’en faire partie, on a dû-la restreindre à l’é-. tude-des eorps bruts: appelés minéraux, et de tous les êtres vivans. = Gette- belle science n’a pas seulement pour but de satisfaire une juste curiosité. L'homme anécessairement cherché, dès: le principe, à connaître d’une manière approfondie les êtres qui l’entourent, pour les éviter ou les: rechercher suivant leur nature, et plus Ja civilisa- tion augmente ses besoins,’ plus elle lui fait sentir la nécessité d'étendre ses connaissances pour découvrir de nouveaux moyens de les satisfaire. Il n’est point d’art qui n’ait ses bases prises dans l’histoire naturelle, puisqu'il n’est aucun corps qui ne rentre dans l’un des trois règnes dont elle eomprend l'étude. Enfin, outre cette utilité toute pratique, l’histoire naturelle , science essentiellement positive, éclaire d’une vive lumière l'esprit de ceux qui se livrent à son étude , les forme à l’art d'observer et deraisonner, et, devant ses progrès , tombent rapidement ces préjugés, qui ont si long- temps été la honte de l’esprit humain, et dont trop de vestiges subsistent encore. Les voies par lesquelles-on peut arriver au but auquel tendent les recherches des naturalistes, sont l’obser- vation, l'expérience , le raisonnement et le caleul. Ces quatre voies peuvent être employées avec succès en his- toire naturelle; mais l’observalion tient le premier rang, et le calcul n’a été jusqu’à présent que peu usilé, si ce n’est dans quelques branches spéciales. L'observation des faits étant la-meilleure voie pour arriver à la connaissance des vérités naturelles , il était nécessaire d’inventer un moyen de les classer pour se reconnaître au milieu de l’innombrable quantité d’êtres et de corps dont se compose le domaine de Phistoire naturelle. On a donc imaginé des elassifications ou des méthodes , afin de rapprocher ces êtres et ces corps, selon les ressemblances qu’ils présentent, de les di- viser en un certain nombre de groupes , d’après les ca- raclères qui leur sont communs, et de soulager ainsi la mémoire qui n’aurait pu retenir leurs noms et les-parti- cularités principales de leur histoire. On emploie en histoire naturelle deux sortes de clas- sifications, qu’on désigne sous les nomsde méthodes ar- tificielles ou systèmes ; et méhodes naturelles où sim- plement méthodes. Leur but est tout-à-fait le même, puisqu'elles sont destinées à disposer les objets dans un ordre méthodique et régulier dans le grand catalogue de la nature, et à offrir un moyen facile de retrouver au besoin chacun de ces corps ; mais elles diffèrent es- sentiellement dans l'esprit qui a présidé à leur forma- tion. Ainsi, une méthode artificielle est basée sur les modifications d’un petit nombre d’organes très-ap- parens ou même d’un seul, comme la bouche, les organes du mouvement, les étamines, etc. Elle ne fait envisager les êtres que sous un seul point de vue, et doit être nécessairement incomplète : deux ani- maux , par exemple , peuvent être semblables par leurs dents, et différer d’une manière frappante par tous les . autres points de leur organisation. Dans une méthode naturelle, au contraire, c’est l’ensemble des organes nécessaires à la vie ou à la composition des corps qui doit servir de signes caractéristiques ; ainsi ces êtres ou ces corps doivent avoir en commun les traits les plus saillans de leur organisation; ils sont envisagés sous tous les rapports possibles et d’une manière telle que nous les connaissons réellement. Quoique les principes d’une méthode varient sui- vant les parties de la science auxquelles on les applique, il est certains termes qui doivent exister dans toutes les | naître l’acception; ces termes sont ceux d’Innimpur;,, Esrice, Variéré, Genre , Orne et Crassg. Un Ixprvvou est un être pris parmi une réunion: d’è tres semblables sous tous les points de vuc. Ainsi, dans “une réunion d'hommes, danstune forêt de chênes , ete., ! chaque homme, chaque ‘arbre, pris’ isolément, est un : individu: Une réunion de plusieurs individus offiant les mêmes caractères et se reproduisant avec lesmêmes propriétés essentielles , est ce qu’on appelle une Esrkce; tous les individus d’unemême espèce, dans le règne organique, jouissent également de la propriété de se reproduire par la génération; ceux d’espèces différentes sont en gé- néral privés de celte faculté, et s’il arrive quel- quefois que des espèces diverses se fécondent, elles ne produisent que des hybrides ou des mulets qui sont le plus souvent privés de la faculté de perpétuer leu race. On appelle Variétés des individus d’une même es- pèce qui s’éloignent du type primitif par des caractères de peu d’importance. Un Genre est la réunion d’un certain nombre d’es= pèces qui ont entre elles. une ressemblance évidente dans leurs caractères intérieurs et leurs formes exté- rieures. Plusieurs genres sont réunis par les mêmes prin- cipes, et constituent un Orne; enfin plusieurs ordres forment ce qu’on appelle une CLasse, ou le premier degré de division dans une classification. L'histoire naturelle , ne considérant que les diverses sortes d’êtres vivans ct les corps bruts appelés, miné- raux , à été partagée en Lrois grandes divisions qu’on nomme Rëexe AniMaz, RÈGNE VÉGÉTAL et RÈGNE MiNÉRAL. UOgAL Le RÈGNE AnimaL est composé d’êtres animés, c’est- à-dire sensibles et mobiles. L’immortel Cuvier, dont la méthode servira long-temps de règle à tous les natura- listes, range les êtres qui composent ce règne dans quatre divisions prinerpales , les ANIMAUX VERTÉBRÉS , les ANr— MAUX MOLEUSQUES, les ANIMAUX ARTICULÉS et les ANr— MAUX RAYONNÉS. Les Animaux VERTÉBRÉS sont divisés en quatre clas- ses, les Mamwirbres, les Oiseaux, les Reprires et les Porssons. Les Animaux MoLzusQuESs renferment six classes : ce sont les CÉPHALOPODES , PTÉROPODES , GasrÉROPODEs , AcÉPaLes, BracHioropes et CIRRHOPODESs. Les AnIMAUx ARTICULÉS forment quatre classes, sa- voir : les Annéuipes, les Crusracés , les ArAcanipes et les Insecres. Enfin,les Animaux RAYONNÉS ou zoophytes sont ran- gés dans cinq classes qui sont : les Ecxivonermes, les Vers INTESTINAUX , les AcaALërHEs, les Pozyres et les InrusoiREs. À Le R£enEe vÉGÉrAL est composé d’êtres vivans, mais inanimés ; ils ne sont ni sensibles ni mobiles, et sont réduits à la faculté commune de végéter. Dans la mé- thode de Jussieu ils forment trois grandes sections , les VécÉraux AcOTYLÉDONÉS , les VÉGÉTAUX Monocoryré— DoNÉs, et les VÉGÉTAUX DICOTYLÉDONÉS. Les VÉGÉraux AcOTYLÉDONÉS n’ont pas été divisés ; ils ne forment qu’une classe , l’AcorYLÉDONIE. Les VÉGÉTAUX MONOCOTYLÉLONËS sont parlagés en trois classes , savoir : MonouyPocyniE | MoNoPÉRiGYNIE et MoNoËPiGyNie. Enfin, les VÉGiraux picoryLÉbonés forment d’abord les quatre divisions auxquelles on a donné les noms d’'APÉTALES, MonoPÉTaLEs , PoLyPÉTALES et Dicuinwrs ; ces divisions renferment les onze classes suivantes : vi | INTRODUCTION. EpisTamiNtE, PÉRISTAMINIE, HyPOSTAMINIE , Hypoco- ROLLIE,; PÉRICOROLLIE , SYNANTHÉRIE, CORISANTHÉRIE, ÉPrPÉTALIE, PÉRIPÉTAUE , Hyroréraute et Dicuni. Dans le système de Linné, les végétaux sont par- tagés en deux grandes divisions , ce sont les Crrrro- GAMES qui correspondent assez exactement aux ACOTy— LÉDONÉS de Jussieu , et les PHANÉROGAMrS. Eufin le RÈGNE MINÉRAL cst composé des corps bruts formés naturellement , et que l'on rencontre à la surface de la terre. C’est au célèbre Haüy que l’on doit la classification minéralogique suivie aujourd’hui le plus généralement; dans cette méthode, qui a été modifiée depuis par des savans du premier ordre , il divise l’ensemble du règne minéral en quatre grandes classes ; la première comprend les Acipes trouvés libres dans la nature ; la seconde classe est formée des Méraux HÉTÉROPSIDES ; la troisième des MÉTAUx AUTOPSIDES ou. métaux proprement dits ; et la quatrième des Corrs COMBUSTIBLES NON MÉTALLIQUES. La GÉoLocie étudie le règne minéral sous un autre point de vue, et complète la minéralogie en faisant con- naître l’écorce de la terre, et en déduisant de la masse des faits observés, des conséquences plus ou moins pro- bables, relativement à la formation de l'enveloppe extérieure du globe , et aux différentes causes qui l'ont successivement modifiée. (Guérin.) LISTE DES ABRÉVIATIONS EMPLOYÉES DANS CET OUVRACE. ACAL. Acalèphes. AGRIC. Agriculture. ANAT. Anatomie. ANNÉL, Annélides. ARACH. Arachnides. Borax. Botanique. Cum. Chimie. Cnusr. Crustacés. Cryr. Cryptogamie. Écninon. Échinodermes. GÉocr. Géographie. Géo. Géologie. Invr. Infusoires. Ins. Insectes, INTEST. Intestinaux. Man. Mammifères. Miréor. Météorologie. Mix. Minéralogie. Mozz. Mollusques. Os. Oiseaux. Pan. Phanérogamie. Puysios. Physiologie. Porss, Poissons. Pozre. Polypes. Rep. Reptiles. TÉRAT. Tératologie. Zoo. Zoologie. Zoorr. Zoophytes. LISTE DES AUTEURS AYEC L'INDICATION DES LETTRES INITIALES DONT LEURS ARTICLES SONT SIGNÉS. MM. Boscaye. — B. AMÉDÉE Burat. — A. B. GABRIEL BisroN. — G. B. CLAVÉ. — C. É. Tuéonore Cocteau. — T. C. Doxkre. — D. x,Rr. Duccos. — Duc. François Fox. — F.F. Pauz GENTIL. — P. G, Épouarn Guérin. — GuEr. Henry Guiauué. — H, G, MM. Hvor. — H. Mazepreyre. — M. Canizce JuBÉ DE LA PÉRELLE. = C, J. LaLLeMENT, — L. Hippozyte Lucas. — H. L. Martin-SarNT-ANGE. — M.S. A. CuarLes D'OrBiGNy. — p’O. ACHILLE PERCHERON. — À. P. Louis Rousseau. — L. R. Tuiésaur DE BErNEAUD. = T, D. B. D'HISTOIRE ET DICTIONNAIRE (* PITTORESQUE NATURELLE DES PHÉNOMÈNES DE LA NATURE. À. ABAJ AAL. (mor. PHAn.) On nomme ainsi un arbre de l'Inde, que le naturaliste Rumphe a décrit très-imparfaitement : toutefois les botanistes s’ac- cordent généralement à le ranger dans la famille des T'érébinthacées. I] y en a deux espèces : l’Aal à petites feuilles , et l’Æal à grandes feuilles, dont l'écorce donne un goût fort agréable aux légumes dans lesquels on la ai Ha On s’en SC f spé- . cialement pour aromatiser le vin de sagou. (C.£.) ABACATUAIA ou Agacarura. (porss.) Nom donné au poisson que Linnæus a décrit sous le nom latin de Zeus gallus, et que Daubenton a rangé dans son neuvième genre de poissons pecto- raux, sous la dénomination de Dorégal. Marcgrave , dans son ouvrage sur l’histoire naturelle du Brésil , prétend que ce poisson est nommé Abacatuaia par les habitans de cette partie de l'Amérique méri- dionale où le Zée gal est assez commun. Le même auteur ajoute que les Portugais du Brésil l’appellent Peixe-Gallo, ce qui signifie poisson-coq. (H. G.) ABAJOUES. (maw.) Poches situées aux deux côtés de la bouche dans plusieurs genres de mam- mifères. Elles sont for mées par T extension des muscles de la joue, s'ouvrent le plus souvent en dedans , et servent à conserver les alimens pendant quelque temps et à les transporter à des distances plus ou moins considérables. Presque tous les singes de l’ancien continent en sont pourvus. Prévoy ans au sein même de la gourmandise, lé premier soin de ces animaux, lors- qu'ils vont au pillage , est de remplir ces magasins que leur a donnés la nature, et souvent ils le font avec tant d’excès qu'ils ne peuvent les vider qu'à l’aide de coups fortement appliqués sur les joues. Quelques rongeurs, et entre autres les ham- sters, dont une espèce se trouve en Alsace, sont pourvus d’Abajoues beaucoup plus vastes, en- core , puisqu'elles s'étendent sur.les côtés du cou - ct jusqu'aux épaules. Les nyctères, parmi les chauve-souris, portent , d'après les observations de M. Geoffroy-Saint-Hi- laire, des Abajoues fort remarquables : au fond. se trouve une ouverture étroite par où l'animal peut à son gré introduire l’air dansle tissu cellulaire très- lâche qui , chezlui, unit à peine la peauet les muscles Tome I. ABDO sous-jacens ; ilse rend ainsi plus volumineux et par conséquent plus léger. Enfin il existe des ron- geurs américains chez lesquels ces sortes de sacs s'ouvrent en dehors, sur les côtés de la bouche. On les nomme pour cette raïson Diplostomes (animaux à double bouche). (D.x.n.) ABDOMEN ou Ventre. (ANAT. comp.) Mot dé- rivé du latin abdere, qui veut dire cacher. Il s’em- ploie tour à tour pour désigner les parois , la ca-- vité ou des organes placés VE une partie limitée du corps, que 7 nomme région abdominale. Dans l’homme, cette grande région du tronc est située au dessous de la poitrine, limitée en haut par le diaphragme (o..ce mot) , en bas par le bassin, en arrière par une partie de la colonne RE des muscles, des aponévroses , des li- gamens (v. ces mots); sur chaque côté et en haut par les dernières côtes; en bas par l'os iliaque (7. Bassin) , et dans l'intervalle par trois muscles larges qui, en se portant en avant vers la ligne médiane, concourent, avec deux autres le À la peau, la graisse, ete. à former la paroi anté- rieurc de l’Abdomen. De toutes les parties du corps le ventre est le premier dessiné lors de la formation de l’enfant : aussi conserve-t-il pendant les premières années de la vie des traces de son apparition prématurée; son volume reste, pro- portionnellement à celui des autres régions du corps , plus considérable que dans l’âge adulte. L’Abdomenest sujet à beaucoup dé variations ; il est plus volumineux chez la femme que chez l’homme; l’ovoïde qu’il représente a sa grosse extrémité en bas; c’est l'inverse chez l’homme. La grossesse , certaines maladies, et surtout l’hy- dropisie , ont porté quelquefois la distension des parois abdominales à un point excessif, sans qu'il en soit résulté d’autres accidens que la forma- tion de cicatricules sur la peau du ventre , et surtout sur celle du pli des aines. Ges petites cicatrices de la peau sont blanches, longues et étroites, comparables aux marques que Iissené des brûlures ; comme elles, on les aperçoit pendant toute la vie, et elles deviennent l'indice certam que le ventre a été fortement distendu. La cavité abdominale sert de réceptacle à la Irc Livraison. 1 oo ABDO principale portion du tube digestif, aux organes urinaires et à ceux de la génération. Une enveloppe . séreuse, le péritoine (v. ce mot), renferme> là plupart de ces viscères, en recouvre seulement quélques uns, les isole tous, les assujettit/en quel- que sorte aux parois abdominales, pour s'opposer à leur déplacement. Malgré cela, les viscères du ventre peuvent changer de place pendant certaines attitudes que prend le COrpS; c'est ainsi que le foie, par exemple , comprime l'estomac si l’on se couche sur le côlé gauche, et détermine, danse beaucoup de circonstances, ce que l’on nomme le Cauchemar ; aussi doit-on en général préférer se coucher sur le côté droit. Le déplacement d’un ou de plusieurs organes à la fois peut être porté si loin que , dans certaines circonstances, l'estomac , - les intestins, le foie,,la rate, la vessie, l’uté- rus , etc., peuvent abandonner la cavité abdomi- nale, ce qui constitue une hernie, descente ou effort. Le lieu où l’on remarque le plus fréquem- ment les: tumeurs herniaires s’observe dans dif- férens:points de la région abdominale; mais c'est surtout au pli de laine , à l'ombilic, etisurlaligne médiane du ventre, qu'elles sont fréquentes. Les causes qui prédisposent aux hernies sont’: l'amai- grissement extrême, l’hydropisie, la grossesse, ies plaies, lescontusions à l’Abdomen, la vieillesse et surtout la mauvaise conformation de la région abdominale. Les causes qui peuvent déterminer la formation d’une hernie sont. les efforts pour lever de pesans fardeaux, les-sauts, la course, le chant forcé, .la danse, les:‘cris', les vomissemens, lutoux:, l'accouchement, ladéfécation:, l'exercice du cheval, etc. Il'est aussi une-autre circonstance qui favorise la formation des hernies ; c’est le dé- faut où arrêt de développement des parois qui doivent: former la cavité du corps; les exemples de: ce genre sont nombreux ettrès-variés ; il suf- fiva d'en: citer un des plus remarquables. que j'ai eu occasion de rencontrer, etquiaété publié dans le journaldes difformités. (Maisonab., ann, 1855.) Le cas dont'il s’agit est relatif à une petite fille âgée de quinze jours seulement. Rien à l’extérieurne faisaibprésumerqu'ily avaitdéplacement d'organes; elle yomissaitrarement, peu à la fois, se plaignait à peine , et exécutait: régulièrement ses fonctions. Une: maladie aiguë: de: poumons fit’ succomber cette fille. À l'ouverture du corps se présenta un phénomène inattendu:la plus grande partie des intestins: était: située: dans la cavité droite dela poitrine, ainsiqu’une portion assez volumineuse du foie; lepoumon droit était devenu inaccessible à l'air, faute de pouvoir: se dilater, etile. cœur se trouvait fortement-:déjeté à gauche: [Lise présentait chez cet enfant quelque chose de bien remarquable sous lerapport dela digestion; les alimens, après être arrivés dans l'estomac; qui est situé dans Ab domen:, devaient:remonter dans la poitrine pour parcoutirles intestins:et:se-porter de:nouveau dans leventre, afin d’enêtreexpulsésparl’anus: La cause qui avait produib.ce: singulier: déplacement d’or: ganes tenait àune: ouverture: insolite-existant : au centre droit: du muscle diaphragme ; ouverture qu'un arrêt de développement avait seul favorisée, L'’Abdomen, considéré chez les animaux, ne présénte pas chez tous une cavité, des parois et des viscères dans l’ordre établi pour l'homme; par conséquent ce mot n’est pas,. sous tous less rap- ports , susceptible d’une application rigonreusetet à : Sn générale, bien qu'il ait été employé dans un grand nombre de cas. £ Dans les mammifères (v. ce mot), l'Abdomen ne diffère point, sous les rapports anatomiques et physiologiques, de celui de l’homme ; la grande analogie de formes établit ici celle des fonc- tions ; toutefois il importe de savoir que, parmi les mammifères herbivores et les carnassiers, il y à une distinction remarquable à faire : les ‘premiers ont les intestins plus étendus que les seconds ; leur bas -ventre: est plus gros, plus bombé ; celui des carnassiers est au contraire plus mince et moins saillant. Dans lés oiseaux labdo- men n’est pas séparé de la poitrine aussi absolu ment que dans les mammifères, parce que les poumons communiquent avec lui par plusieurs trous, percés dans une membrane qui tient lieu de: diaphragme. Dans les reptiles, il n’y a le plus souvent aucune séparation entre ces deux cavités ; les poumons et lé-cœur -sont en’ contact immédiat avec le foie, l'estomac , etc., et situés dans la même cavité qui contient tous les autres organes. abdominaux. C’est’ surtout dans la grenouille et le serpent que les deux’ cavités sont parfaitement confondues en une seule ; chez ce dernier, l'estomac, le poumon et le-foie: sont situés l'un à côté de l'autre, et ‘parcourent ensemble le-tiers environ de là longueur totale de: l'animal. ILexiste aussi une particularité très-remarquable chez’ certains reptiles. La cavité du péritoine à une’ issue: à l'extérieur dans les crocodiles et certaines* espèces de tortues. Deux conduits , que M. Isidore Geoffroy-Saint-Hilaire et moi avons fait connaître’ etnommés canaux péritonéaux (”. P£rrrone), éta= blissent’ cette communication; l’un des orifices, celui qui s'ouvre dans le ventre, est disposé en entonnoir et situé dans le bas-fond de la cavité abdominale; l’autre s'ouvre dans-le cloaque (v. ce mot). L'utililé de ces canaux péritonéaux n’ést pas encore bien déterminée ; les tortues que nous’ avons. examinées y font entrer de l’eau qu’elles: lancent assez loin , et sous forme de jet. M. Geof- froy-Saint-Hilaire a déduit de ce fait et de l’analo- gie de structure, que les canaux péritonéaux pou- vaient avoir chez les crocodiles une’ utilité impor- tante. L'entrée et'la sortie: de l’eau de la cavité péritonéale:, a semblé à ce célèbre zoologiste être: une condition favorable à une espèce de respira= tion abdominale: respiration qui seule semblerait: remplacer celle des poumons; lorsque le eroco- dile passe-un certain temps sous l’eau. Dans tous les cas, les animaux pourvus de ca- naux péritonéaux sont à l’abri de toute accumula= tion de liquide dans la cavité abdominale. Les:poissons qui'n’ont pas. dé poumons n’ont | point de: cavité pectorale proprement dite; leur ABDO ABEI cœur est cependant séparé de l’Abdomen parune forte membrane qu'on pourrait nommer. dia- phragme. Les poissons cartilagineux , tels que les raies, les squales, etc, ont deux cavités distinctes, ‘l'une abdominalepour les organes de la-digestion, : de la génération et de la sécrétion urinaire; l’autre, véritablement thoracique, pour les organes circu- latoires et respiratoires; seulement .celte dernière :cavité,, au lieu de renfermer des poumons, contient des branchies (v. ce mot). ‘Les raies et quelques autres poissons ont aussi deux canaux périto- néaux qui s'ouvrent sur les côtés de l'anus. Dans Jes mollusques, on peut nommer abdemen la cavité qui contient les principaux organes diges- tifs; mais sa position n'est pas constante, Elle est tantôt au milieu du corps, comme dans la Jlimace, tantôt à sa partie postérieure, comme ‘dans la seiche, tantôt sur le dos et remplissant le fond de la coquille, comme dans le colimaçon et les autres coquillages semblables. Les vers et leslarves d'insectes à métamorphose ! complète, comme les chenilles, etc., ne peuvent être-divisés en cavités analogues aux nôtres, parce que. leurs organes sont répartis pêle-mêle dans | unemême cavité. Il y a cependant , dans certaines ! espèces de larves (v. ce mot), celles qui présen- : tentun moindrenombre depattes , disposées diffé- recemment que chez les larves à métamorphoses, une région que l’on a nommée .abdomen : c’est . cette. partie:du corps qui ne porte point les pattes, et.qui vient immédiatement après la poitrine. Dans les:insectes ordinaires, le corps.se partage en trois parties par des étranglemens; ona nommé celle du milieu thorax ou :poitrine , et celle de derrière Abdomen; la forme ou la figure de l’Ab- domen varie beaucoup, ainsi que. toutes les autres régions du corps de l'insecte : en proportion du reste du tronc, il est court, allongé, large, étroit, cylindrique, déprimé, comprimé, sphérique, ovale, conique, en massue, en faux , linéaire, renflé, courbé, recourbé, etc, Dans les crustacés, la même cavité contient le | cerveau, Je cœur, les viscères de la digestion | et de la génération, et porte à ses ;côtés ceux dela respiration ::les zoologistes ont nommé cette | partie-céphalo-thorax. La queue, qui vient après, et: qui contient la dernière portion de l'intestin, -a été aussi désignée sous le nom d'Abdomen. | Dans les arachnides, on a nommé. Abdomen Ja partie du corps qui fait suite au ‘thorax , de même. qu'on l'a fait pour les insectes; malgré la différence:qui peut exister dans la disposition ana- tomique de l'Abdomen et duthorax chez les uns etchez.les autres. L’Abdomen des araignées, ou des fileuses, est suspendu au thorax au moyen d’un pédicule court; ikest mou, très-mobile et muni, au dessous de Janus, de quatre à six mamelons ! très-rapprochés les uns des autres , et percés à Jeur extrémité d’une infinité de petits trous pour Je passage des fils soyeux partant des réservoirs situés dans l’Abdomen. Enfin les zoophytes (». ce amet) n’ont pas d'Abdomen proprement dit; leurs czganes .de la : digestion occupent la partie cen- trale du corps, et sont souvent des :seuls qu’ils possèdent. (Man nN-Sr-ANGE.) ABDOMINAUX: ( poiss. ) On à désigné ainsi une grande division qui forme, pour Cuvier. Je deuxième ‘ordre des Malacoptérygiens ; dans -ces poissons les nageoires: ventrales sont, suspendues sous l'abdomen , en arrière des pectorales,, sans êtreattachéesauxos de l’épaules. Get ordreest très- nombreux et comprend une grandepartie des pois- sons d'eau douce. {lrenferme cingfamilles, savoir : les Cxrnioïnes, .Esoces, Sinuroïnes,, SALMoNEs et Caurss. V. ces motset MaLacorrérvarens. (Gu£n.) ABEILLES , Æpis, (Ixs.) On désigne vulgaire- ment ainsi.presque'tous les insectes ailés suscepti- bles de piquer au moyen d’un aiguillon venimeux, Linné réunissait sous ce nom un grand nombre d'hyménoptères. qui ont donné matière à l’éta- blissement dedifférens genres, à cause des grandes différences qu’on a remarquées dans leur organi- sation ou leurs mœurs. Actuellement le genre Abeille n’est plus composé que de peu d’espèces, ayant toutes des formes à peu près semblables à celles de l’insecte que tout le.monde connaît sous le nom de mouche à miel : ce genre appartient, dansla méthode de Latreille, à l’ordre des Hyménoptères, et fait partie de la famille des Mellifères «dans ls section des Apiaires ;.il se compose, tel. qu'il. est caractérisé actuellement, d'environ huit ou dix espèces , très-analogues entre elles par da taille et les habitudes, Nous nous attacherons spécialement à faire connaître à nos.lecteurs.le caractère de l’industrie de l’Abeille mellifique (Apis mellifica) , vulgaiwe- ment nommée mouche a miel, de couleur brume, à duvet plus clair, avec l'abdomen d’un brun uniforme. L'ordre qui-règne dans les différentes fonctions de ces.insectes, leur gouvernement , leur indus- trie , tant d’art dans leurs ouvrages, tant d'utilité dans leurs travaux , leur ont attirél’attention des hilosophes anciens et modernes. L’Abeille provient d’une larve sans pattes, qui éclot d’un œuf déposé par une femelle dans une cellule ou petite loge construite exprès. La figure et la substance ‘de cette cellule varient selon les espèces. La larve est formée de treize à quinze segmens, à l'extrémité desquels on voit d’un côté la tête, dont dla couleur est un peu plus foncée et même souvent noirâtre. On y remarque une petite lèvre, des mandibules très-courtes,, et une lèvre inférieure, dont Ja langue porte une filière et deux palpes forts courts. Toute cette bouche rentre dans l’intérieur du second seg- ment àla volonté de l’animal. À l’autre extré- mité du corps est l'anus, et sur les côtés ; il y a autant de stigmates que de jonctions d’anneaux. Sur le dos, on observe le vaisseau longitudinal supérieur , et sur les côtés, au travers de :la peau , les ramifications des vaisseaux aériens, ou trachées. Ce ver change plusieurs fois de peau ; mais on ne peut indiquer le nombre de cesmues. Quandilse dispose àen opérer une , il s'étend et file une. coque - + ABEI d’un tissu soyeux, si serré dans quelques espèces, qu'il ressemble à une membrane desséchée. La nymphe qui en provient est nue ; les ailes sont por- tées, ainsi que les antennes, du côté despattes, qui sont allongées , dirigées en arrière ; et au milieu desquelles on aperçoit la trompe. Toutes ces par- ties, molles d’abord , acquièrent de la consistance et changent leur couleur blanche primitive contre celle que la nature leur a dévolue. Les parties qui se colorent les premières sont les yeux, le poil, puis la poitrine, le corselet , les pattes, les antennes, et enfin l'abdomen. La tête de l’'insecte se trouve placée ordinairement du côté où il a le moins de chemin à faire pour parvenir hors de la cellule. Il brise son cou- vercle avec les mandibules , et en sort encore hu- mide. Bientôt son corps se dessèche, et il jouit de toutes les facultés de l’insecte parfait. Lasociété des Abeilles est composée detroissortes d'individus : les mâles , les femelles et les neutres ou ouvrières. Voici les caractères généraux qui distinguent les Abeilles’ des autres Hyménoptères. Leur tête est triangulaire, comprimée , verti- cale, à peu près de la largeur du corselet, et porte deux antennes filiformes, coudées , courtes, de douze à treize articles, deux yeux grands, ovales et entiers , et trois pelits yeux lisses , disposés en triangle sur le vertex. La bouche est composée d’un labre transversal, de deux fortes mandibules, resserrées vers le milieu, s’élargissant ensuite triangulairement ; de deux mâchoires ct d’une lèvre , longues, grêles et coudées; de quatre pal- pes, dont les maxillaires très-petits , presque cy- lindriques et pointus ; les labiaux sont longs , en forme de soie écailleuse comprimée, allant en pointe et composés de quatre articles : les deux premiers sont beaucoup plus grands, surtout l’inférieur, et les deux derniers forment une très-petite tige, insérée obliquement sur le côté extérieur du se- cond et près de son sommet. La lèvre se termine par une languette longue, linéaire , un peu plus grêle vers le bout, striée transversalement, velue, avec l’extrémité tronquée et un peu dilatée en forme de rouc ; cette languette sort d’une graine écailleuse et demi-cylindrique ; elle a, de chaque côté de sa base , ou au dessus du tube qui ren- ferme sa partie inférieure , deux écailles très- courtes, qu'on désigne sous lenom de paragloses. Le pharynx est situé comme dans les autres apiaires. Le corselct , ou plutôt le tronc , est court, ar- rondi et très obtus en arrière. L'abdomen est presque conique , tronqué en devant, arrondi ou convexe en dessus, comprimé de chaque côtéen dessous, avec une faible arête lon- gitudinale au milieu du ventre ; ilest composé de six à sept anneaux, et suspendu à l'extrémité posté- rieure du thorax par un petit filet ou pédicule. Les pieds, surtout au côté extérieur, sont bien moims velus que ceux des autres apiaires. Les deux jambes postérieures n’offrent point, à leur extrémité, ces deux pointes en forme d'épines, qui terminent celles des autres Hÿménoptères. Le premier. ar- ABEI ticle des tarses qui leur sont annexés est grand, aplati , en forme de palette carrée, un peu plus longue que large. Les ailes supérieures ont une cellule radiale , étroite et allongée; trois cellules cubitales com- plètes, dont la première carrée , la deuxième trian- gulaire , qui reçoit la première nervure récur- rente , et la troisième oblique , linéaire , et rece- vant la deuxième nervure récurrente, qui est éloignée du bout de l'aile. Nous avons dit que l’Abeille mellifique est di- visée en trois variétés, d’abord le mâle ou faux bourdon , qui, sans partager aucun des trayaux des ouvrières, n’en recoit pas moins sa nourriture, jusqu’à ce qu'il ait fécondé la femelle ou reine. C’est la seule fonction qui lui soit dévolue par la nature : après son accomplissement il meurt , laissant dans la vulve de la reine ses parties géné- ratrices. C’est ordinairement pendant les mois de juin, juillet et août , époque à laquelle leur mis- sion créatrice est remplie, que ceux qui n’ont pas été appelés à la satisfaire, sont rejetés hors de la ruche, et sacrifiés par l’aiguillon des ouvrières, qui ne reconnaissent pas de membres parasites. Les femelles, aussi impropres que les mâles à toute espèce de travail, ne sont nécessaires que pour perpétuer lespèce. Aussi, six jours sont à peine écoulés depuis leur naissance, et un seul consacré à leur établissement dans une nouvelle co- lonie, qu’elles s’empressent de voler à la recherche du mâle , les mœurs ou la nature de ces insectes ne permettant cette jonction que hors de la ruche. Elles reviennent presque toujours fécondées : ri- ches alors de ce précieux gage d’avenir, elles re- coivent de la part des ouvrières des hommages et des soins empressés qu’on ne leur avait pas encore accordés. La ponte, quis’opère quarante-six heures après l’acte de copulation , se continue jusqu’au printemps sans que la femelle ait été f£condée de nouveau; Car, ainsi que nous l'avons dit plus haut, à dater du mois d’août on ne rencontre plus de mâles ; ce terme pour la ponte n’est pas le plus éloigné : Huber nous apprend qu'un seul ac- couplement peut rendre une femelle féconde pen- dant deux ans, et cette fécondité est même telle- ment considérable qu'une Abeille qui avait déjà pondu 28,000 œufs, offrit à Réaumur son abdo- men encore plein de plusieurs milliers de ceux-ci. La nature, dans son admirable prévoyance, à di- visé en trois parlies la ponte des Abeilles : la pre- mière ne se compose que d'œufs d’ouvrières , la deuxième d'œufs de mâle, et la troisième , mais à un jour d'intervalle, de ceux des reines, afin que celles-ci, destinées à diriger les nouvelles colo: nies ;, ne naissent pas en même temps. Les ouvrières ne diffèrent des reines que par un moindre développement des organes géni- taux : c’est à cette privation présumée de l'ovaire qu'il faut attribuer les dénominations de mulets . ou neutres, sous lesquelles on les désigne égale- ment. De nombreuses observations ont cependant prouvé que les ouvrières pouvaient être converties en femelles. Voici par quels soins les Abeilles pax= À D ABEI ABEI 2 oo viennent à obtenir cette transformation ou plutôt cet entier développement. $ Lorsqu’une ruche se trouve privée d'unereine, les Abeilles s’empressent, s’il existe du couvain d’ouvrières qui ne soit pas âgé de plus de trois jours , d'agrandir les cellules de quelques unes de ces larves; elles leur préparent une pâtée sem- blable à celle destinée aux larves femelles, les en nourrissent, et, à force de soins et de travaux, par- viennent à remplacer la reine perdue. On peut conclure de là que si toutes les ou- vrières ne sont pas propres à se reproduire , c’est que, dans l’état de larve, elles n’ont recu qu'une | petite quantité d’une pâtée beaucoup moins active que celle des femelles , et qu'elles ont été logées dans une cellule trop étroite; causes qui influent tellement sur elles, qu’elles empêchent le déve- loppement de leurs ovaires. $ Le Dans l’état ordinaire, leurs fonctions princi- pales sont d’aller à la récolte du mielet du pollen, de bâtir les cellules, de soigner les larves, de faire la police extérieure de la ruche et de la dé- fendre contre ses ennemis. Réaumur attribuait à une quantité plus ou moins grande de matières contenues dans les intestins des ouvrières la différence de grosseur qu'il avait ob- servée entre elles ; mais Huber a déterminé le mo- tif de cette différence en découvrant qu’elle con- stituait deux variétés distinctes par les fonctions que ces Abeilles étaient appelées à remplir. Il a nommé cirières celles dont l'abdomen est plus dilaté , et qui s'occupent exclusivement de la con- struction des gâteaux ; et nourrices, celles dont cette partie est moins étendue , et dont la fonction spéciale est de soigner la larve jusqu'à son com- plet développement. | Après avoir décrit l’Abeiïlle, nous allons tracer son histoire. Supposons d’abord qu’une ruche, dont le nombre d'habitans peut s’élever , d’après Réau- mur, jusqu’à 26,426 ouvrières, 700 mâles et une femelle, sans compter un grand nombre d’in- dividus répandus dans la campagne , ne puisse plus contenir denouveaux habitans, une émigration de- venant alors nécessaire, un grand nombre d’Abeil- les, ayant leur reine à leur tête, abandonnent l’habi- tation; cette réunion forme alors ce qu’on nomme un essarm ; les insectes qui le composent ne tardent pas à s’arrêter sur une branche d’arbre ou quel- que partie avancée d'un mur; là ils forment une sorte de grappe où de cône en se cramponnant les uns aux autres au moyen de leurs pattes. La fe- melle, d’abord errant dans le voisinage, ne vient que quelque temps après se réunir à la masse, Bientôt quelques unes s’en détachent ; toutes alors s’agitent et s’envolent vers une cavité de tronc d'arbre , de rocher ou de muraille, choisissant de préférence l'ouverture la plus étroite. Si l'émigration s’est opérée par un temps calme, et que le soleil soit assez élevé pour leur promettre quelque temps encoresa douce influence, peu de temps après leur prise de possession , un grand nombre d’ouvrières sortent’, et ne rentrent à la ruche que chargées de butin. La matière qu’elles apportent , fixée dans la cavité des jambes et des tarses, est tellement adhérente que d’autres ou- vrières sont obligées de leur enlever avec les mä- choïres , et par petites parties , cette substance te- nace dont elles vont enduire la ruche et tous les corps qui forment saillie. Cette matière résineuse, ductile et odorante, d’une couleur brune plus ou moins foncée, d’abord très-malléable , et qui forme par letemps un corps dur, a recu, à cause de l'application qu’en font nos ouvrières, le nom grec de Propolis, qui signifie au devant de la ville. | Pendant qu’une partie de ces laborieux insectes enduit de propolis l’intérieur de la ruche, d’autres commencent les constructions intérieures , et élè- vent les alvéoles destinés À contenir les œufs et à servir de magasin pour l’approvisionnement gé- néral. Pour recueillir la cire, l’Abeille se roule dans l'intérieur des fleurs. Son mouvement détache le pollen, qui, en s’échappant des anthères, vient s'attacher aux poils dont leur corps est couvert. Les Abeilles se servent des brosses qui garnissent leurs longues pattes postérieures, pour senettoyer etrassembler cette poussière en deux petites bou- les, qu’elles placent dans les cuillerons de la jambe et du premier article des tarses postérieurs. C'est alors que , les pattes chargées de cette pous- sière de diverses couleurs, suivant la nature des plantes dont elle provient, elles s’envolent vers la ruche. Arrivée dans la demeure commune, chaque Abeille va déposer son butin dans un endroit dé- terminé, souvent même d’autres individus vien- nent aussitôt pour l’avaler, et, ne lui laissant pas le temps de le déposer, mangent sur ses patles le produit de la récolte. Lepollen des végétaux, pour être changé en vé- ritable cire, a besoin de subir l’action de l’esto- mac; car, quelque temps après que les Abeilles l'ont mangé , elles le dégorgent par l'extrémité de la trompe, sous une forme ductile et très-molle , et c’est alors qu’elles construisent les parois des cellules dont nous allons parler, et dont l’ensem- ble porte le nom de gâteaux ou de rayons. Chaque rayon se compose de deux ordres d’al- véoles opposés l’un à l’autre, et dont la base commune est formée de trois pièces qui font par- tie des bases de trois alvéoles de l’ordre opposé. Ces rayons, placés dans une direction verticale, ne laissent entre eux que l’espace nécessaire au passage de deux Abeilles; elles pratiquent, pour s'abréger le chemin, des trous qui traversent chaque rayon, dont l’épaisseur n’a pas tout-à-fait 12 lignes, ce qui donne 5 lignes environ de pro- fondeur pour chaque alvéole d’ouvrière , et tou- jours 2 lignes deux cinquièmes en largeur: Les alvéoles de faux bourdons sont un peu plus grands et plus profonds, leur diamètre est toujours de trois lignes et demi. C'est dans la partie supérieure de la ruche que les Abeilles commencent à établir Ja base de l’édi- fice, travaillant à Ja fois aux cellules des deux fa- ces. Lorsqu'elles sont pressées par l’époque de la 1. ponte, elles Jaissent leurs travaux imparfaits,, ne donnent aux.alvéoles qu'une parhiede leur profon- deur, «et .ajournent la fin du travail jusqu’après J’entier -bauchement de toutes les cellules dont elles-ont besoin. Elles apportent une si grande délicatesse etun fini.si. admirable dans les côtés etles bases des al- véoles, que trois ou quatre de £es-côtés n’ont pas, superposés, plus d'épaisseur qu'une feuille de pa- ier ordinaire. Les cellules des reines, en beaucoup plus petit nombre que les autres, sont construites sur ‘une plus large échelle ; pour elles, les Abeilles aban- donnent l’ordre habituel .de leur architecture et l’économiequipréside à leur construction ; la cire y est employée avec profusion, les dehors en sont guillochés , tout y est vraiment royal. Ces cellules ont une forme :oblongue et arrondie ,.et pèsent autant que cent et cent cinquante .cellules.ordi- maires. Nousne nous sommes.occupés que de l’une des parties du travail des Abeilles; 11 nous reste à dé- signer deux.de leurs occupations Jes,plus impor- tantes : la nourriture, l’éducation.des larves et la récolte du nuel. Quelques unes,des cellules sont à peine prépa- rées , que l’Abeille femelle , pressée par le besoin de pondre, se hâte d'aller déposer un œuf dans chacune:des cellules, souvent. même elle n’est.en- core qu'à peine ébauchée. Prête à déposer son œuf, elle se promène lentement à la surface du rayon, introduit sa, tête dans chacune des cellu- les pour s'assurer de la solidité et de la conve- nance dela construction, et observe :si.elle.est entièrement vide; bientôt après, elle introduit l'extrémité de son abdomen dans l’espèce:de cul- de-sac qui termine cette cellule, et y fixe un œuf | dans la partie supérieure, au moyen du.suc vis- queux dont il.est enduit au moment,de.sa sortie, | … Get œuf est allongé, plus gros à une extrémité | qu'à l’autre , d’un blanc opalin; il, reste dans:cet | état deux ou trois jours, au bout desquels la.larve éclot. À peine née, elle se roule.en cerele , «et.se nourrit d'une espèce de pâtée-ou,bouillie:de :cou- ! leur blanche et d’une saveur d’abord. insipide , puis un peu sucrée, dont nous avons parlé au commencement de cetarticle. La larve ne vit dans cet état que cinq à six jours. Au bout de ce temps, elle a acquis assez d’accrois- sement: pour se filer une.coque presque membra- meuse , et se métamorphoser en nymphe. Aussitôt que les ouvrières s’apercoivent que la larve file, elles ferment,sa cellule avec:un petit couverele de cire , arrondi et légèrement bombé , qui part .de chacune des lignes de la cellule. La métamorphose de la nymphe dure trois jours; peu à peu les parties de l’insecte prennent de la consistance, et, au bout de huit jours , l’A-! beille brise, avec ses mâchoires,, le couvercle qui #evmaït.sa cellule ;.elle en sort encore humide, se | place sur le'bord du gâteau, où bientôt d’autrés neutres viennent!l’entourer, lui 6ffcir de la nourri- ‘ure,endégorgeant par Jalangue une pctitequantité ABEI de miel, eticherchent à .absorber l'humidité qu Ja pénètre. : Aussitôtique l’Abeille-croit pouvoir se confier à sespropres forces , elle se-hâte desortir deda ru- che, accompagneles autres à.Ja récolte du amiel et dela cire, partage tous leurs travaux, auxquels elle se livre pour la première fois avec cet instinck de da nature, qui.ne Jui laisse sentir le besoin d'aucun guide. Les Abeillesneutrestravaillent avecunesigrande activité dans les commencemens dela ,fondation , que Réaumur à vu se construire sous ses yeux, dans unemême journée ua rayon qui: avait sur ses deux faces plus de deux décimètres de Jongucur. Par une conséquence de.cette admirable prévi- sion qu'on ne-saurait nier dans toutes les œuvres du Créateur, les œufs qui doivent donner des :fe- melles sont toujours en raison .du membre .des cellules qui ont été préparées, comme s'il était donné aux:ouvrières de ,connaître : à J’arance le nombre d'œufs de cette espèce quiont été fécondés dans l’intérieur du.corps de Ja mère. Ces, ouvrières prennent un soin tout particulier deslarves qui en éclosent ; lxpâtée qu’elles leur apportent , toujours en grande quantité et presque avec profusion, est d’une autre nature que celle des ouvrières-et des faux bourdons; elle est beaucoup plus .odorifé- rante ét-douée de plus de saveur. C’est principalement dans certaines glandes des fleurs, désignéespar lesbotanistessons lenom,géné- raldenectaires, quelles Abeilles vontrecueillir l'hu- meursucrée qui doit former lemie]. Elles avalent d’abord celiquide,quiparaît-éprouverdans leur es- tomac une sopération particulière, «et être .ainsi dépouillé d’une partie de son-arôme, et de fla ma- tière visqueuse à laquelle il était uni;tce:qui li donne la propriété de ponvoir être-exposé à l'air sans fermentation. En effet, lorsque l’Abeille dé-- gage :ce suc, ilest tout-à-fait changé de mature, c'est un véritable miel,.dont les femelles , les :mâ- les et-les neutres se nourrissent suivant Jeurs.be- | soins ; l’excédant-est déposé dans les alvéoles vides ; malgré la fluidité, du miel et la pente renversée.des alvéoles ;-ces industrieux insectes panvienment à les remplir. Quelle que soit la quantité de miel que l’al- xéole -contienne , il est toujours recouvert d'une petite couche compacte qui empêchetqu'il ne s'é- coule au dehors, Lorsqu'une Abeille vient ajouter à la provision, elle perce (cette Jégère pellicule avec ses jambes antérieures, et, par cette ,ouver- ture , lance et dégorge Ze miel.dont son -estomac est plein. Elle raccommode en se retirant d'ou- verture qu'elle à pratiquée, et,-chacune agissant avec le même soin, la-cellule se trouve remplie de miel fluide sans danger d’en rien perdre. Le miel destiné à la nourriture journalière reste découvert et constamment à la disposition-detoutes les mouches ; mais elles ferment avec.soin, {par un couvercle decire, celui qu’elles conservent pour l'hiver et -qu’élles placent toujours dans la partie supérieure de la ruche. | Îl arrivesouvent qu’au lieu de déposer leur ré- colte dans une cellule, on voit quelques Abeilles ABEI j ABIM seréndre au quartier des travailleuses, et leur offrir |! industrieuses ouvrières. Elle: y établissent: leur leur miel:en alléngeant là trompe, pour empêcher que-celles-ei. ne soient obligées de-quitter leurs travaux pour ‘en aller chercher. Lés essaims pèsent ordinairement de 5 à 8 livres; et:chaque: once:, d’après-Réaumur, ne pent: être le-poids que de 336 mouches, ce qui ferait;"d’a- près ce calcul, 26,880 individus dans‘un essaim de 5-livres., et 43,008 abeilles dans celui de 8 livres. pèsent guère qu’une livre ou une livre et demie. On peut: souvent en été remarquer les combats que se livrent les mouches: entre: elles: se saisis=: sant réciproquement les pattes, elles se tiennent corps cônmps:, de manière xne former, pour ainsi dire;.qu'un! seul:individu ;-elles pirouettent ainsi cherchant à faire pénétrer leur aiguillon dans le corps deleurrivale. Quelquefois; harassées sans être parvenues à-se blesser , elles sont obligées.de cesser le:combat; mais souvent aussi l’une d’elles plonge son dard empoisonné dans le corps de-son adver- saire,.et, privée. de son aïiguillon , tombe bientôt elle-même victime de sa victoire. OnpeutprésumerquelesAbeilles ne vivent qu'un antot deux , bien que quelques auteurs prétendent que: leur existence est de! 7 ansiet plus. Deux sai- sons ; l'automne et. le: printemps, en moissonnent uneigrande partie; dans chacune de-ces saisons on voitmouriraumoins le tiers d’une ruche. Outre ces cas! de mortinaturelle , elles-ont, de plus, hors de leur: domaine, un grand nombre d’ennemis qui exercent sur elles beaucoup de ravages. Plusieurs oiseaux sen nourfissent', les hirondellés,, les mé- sanges en: détruisent. beaucoup ; mais leur plus grand ennemi est. le moineau; quelquefois il en porte jusqu'à trois à ses petits ; une dans:son bec , eb les deux autres.à ses pattes. La guêpe et le fre- lon:les détruisent: aussi pour sucer le sucre que leur ventre contient. Leur ennemi le plus redou- table pendant l'hiver est le mulot; dans une nuit de, cette saisont, lorsque les mouches sont engour- dies par le froid, il peut détruire la ruche la mieux peuplée. Son-goût ne le porte qu'à manger la tête etle corselet. Les Abeilles ont encore dans lâteigne de lacire, petite chenille délicate , sans armes, sans défenses, un-ennemi non moins dangereux que le mulot ; le papillon qu’elle produit profite de la nuit pour s’in- troduire dans, la ruche, dépose ses œufs dansle coin d'une cellule., oivilstéclosent.; bientôt les-chenilles qui en proviennent détruisent, mangent et boule- versent.tous les-travaux. Lesruchessont construites.de diverses manières, suivantlespays. Les'unes ne sont formées que d’un tronc d'arbre: creux:, d’autres: sont faites. soit d'o- sier , de paille tressée , ou de quelque-bois pliant. Presque toutes ont la figure d’une cloche. Celles , de paille de seigle sont les meilleures , parce * qu’elles:sont propres à défendre les Abeilles contre Ja rigueur dufroid.et.contre les:trop grandes. cha: leurs en.été:;celles: faites d’écorces. de liége sont excellentes, Ges: logemens :simples.suflisent, à) ces: actives: et Mais il-en est quelquefois de:si faibles, qu’ils ne- république ; et.y travaillent, à la production dui miel et; de la cire , dont notre commerce tire un si grand’ avantage: La planche première de notre: Atlas offre plu-+ sieurs figures représentant! l'Abeiïlle domestique ;: le mâle ;, la femelle -et le:meutre sont figurés sous les n* 2, 3 et 4 Lafig 7 ‘offre un: essaim qui vient d’émigrer; on voitiaux n* 5 et G: deux ruches dont l’une est renversée pour montrer les gâteaux. d’alvéoles;: enfin les fig. 8, 9 et 10 montrent des gâteaux d’alvéoles plus où moins: grossis avec une larve au fond'de l’un d’eux, On nomme Abeilles charpentières , menuisières, perce-bois, tapissières, plusieurs espèces de Xx1o copss.et d'Osures. (77, ces mots.) (H. G.) ABEL-MOSCH. (sor: Pmax.) Mot arabe qui: signifie Graine.de musc( c’estle nom qu’on donne : en Orient aux graines de la Ketmie odorante ( Hi- biscus Abelmoschus de Linné): Le parfum agréable qu’elles répandent en a fait un des attributs essen- tels de l’art du perruquier ; long-temps elle fut en usage pour embaumer la poudre x blanchir les: cheveux, et nous avons tout liew de:croire qu'au: train dont y vont nos élégarites:, elle sortira bien» tôt. de: l'oubli où on l’a laissée quelque temps. : Est-ce à désirer? est-ce à craindre ? Un botaniste: nepeut prononcer dans-cette affaire. (G. £.) ABIME ou asyme. Mot dont :se:servaient les an-» ciens géologues pour désigner d'immenses cavernes placées: dans le sein de-la‘terre: et en communi-- cation‘avec l'Océan, dans lesquelles ils supposaient; que les eaux s'étaient retiréessaprès le déluge. Au- jourd’hui le mot: Abime n’a plus d’acception pro- pre dansla science; on s’en sert vulgaïrement pour: désigner un gouffre, une ouverture dans le-sen-de: la terre:ou bien les profondeurs de l'Océan. Dans: un sens plus restreint, on donne ce nom à quelques: cavités placées à la surface du globe, et donton n’a: pas encore reconnu le fond, La plupart de ces ca+- vités ont pris naissance à la suite des bouleverse mens dont la terre a-été le théâtre à diverses épo- ques; d’autres ont été creusées depuis le séjour de l’homme sur la terre par l’action des eaux ou des: feux volcaniques. Ainsi ces prétendus Abîmes. ne sont que des excavations verticales dues au redres- sement des çouches géologiques. de la croûte ter restre, à des:cratères d'anciens volcans éteints: ow bien ils sont le lit desséché de quelques lacs dont les eaux se sontécoulées par des-ouvertures souterrai- nes qui subsistent encore. Des vides: laissés dans les couches terrestres. par l'infiltration des eaux: qui ont entraîné les parties solubles du sol, des excavations semblables aux Æatavotrons de la. Morée décrits par M. Virlet, sortes de gouflres ou canaux souterrains par où s’écoulent les eaux des grandes:plaines fermées de là Grèce et qui donnent à ce pays une physionomie toute particulière ; ow enfin des,sortes. de puisards naturels où disparais- sent les:eaux, des- ruisseaux‘ ou des: rivières , tels que: celui où, s’engloutit. la rivière d'Hyères près Paris , celui placé près-du village de Gercottes sur la route de Paris à Orléans, où se perdent les eaux PS EEE SE PTE PSS Re Re) ABLE de là forêt d'Orléans; le gouffre près de l’étang du bois Ballu, commune de Bampierre sur port ut ABLANIA. (mor. rnax.) Espèce unique. 4 bla- ni des Galibis. (Ablania guyanens's. Lin.) Arbre de la Guyane dont la tige est de quarante à cin- quante pieds, surun diamètre d'environ deux pieds et demi. Aublet, qui l'a observé et décrit le pre- mier , lui assigne des caractères d’après Jesquels ik est-impossible de déterminer sa famille. Les feuilles sont simples ct alternes, le calice de sa fleur est monocépale, à cinq divisions profondes , sans corolle ; soixante ou soixante-dix étamines hypo- gynes. Son fruit est renfermé dans des capsules ve- lues à une seule loge, qui se sépare, à sa maturité, en quatre valves, où se groupent autour d’un tro- phosperme central une quantité de graines enve- loppées d’une membrane visqueuse. (G. É.) ABLAQUE. (mozr.) Nom vulgaire quel’on donne à une espèce de soie produite par le byssus de la Pinne marine. (V. Pinne.) Lorsque la soie était inconnue ou rare, | ÆAblaque en a long-temps tenu licu. Plusieurs naturalistes ont prétendu que c’é- zait avec ce byssus qu’ étaient faits les habits sa- cerdotaux des prêtres hébreux ; cette assertion est tout-à-fait dénuée de fondement. Quoi qu'il en soit, TA blaque était fort connue des anciens , et chez nous-mêmes , dans lemoyen-âge , il s’en faisait un commerce assez considérable. (G. £.) ABLE. (rorss.) Cuvier a formé ce sous-genre pour réunir quelques espèces. Elles diffèrent un peu de celles qui composent le grand genre Cyprin de Linné. Ces poissons abondent dans les lacs et les rivières d'Europe, et l’on en connaît une quinzaine d'espèces toutes assez petites ; mais la plus inté- ressante est celle qu’on appelle ÆAblette ou Ablet (Cyprinus alburnus. Lin., Bloch. j, dont nous don-- nons la figure pl. 1, fig. 1. Elle a rarement plus de six pouces de longueur; ses écailles sont minces, peu adhérentes, argentées sousle ventre,et d’un bleu verdâtre foncé sur le dos. Sa chair est molle , peu savoureuse, n’offre aucun avantage au luxe culi- maire; mais ce poisson est très-recherché pour la matière nacrée , appelée essence d'Orient, qui en- toure la base de ses écailles, et avec laquelle on fabrique les fausses perles. Cette liqueur se trouve encore dans la capacité de sa poitrine et de son ventre ; son estomac et ses intestins en sont entiè- rement couverts. C’est dans l’'Ammoniaque, ou Al- kali volatil , qu’on la conserve ; car elle est suscep- tible , surtout pendant les chaleurs , de passer très- rapidement à Ja fermentation putride ; elle com- mence alors par devenir phosphorique, et se résout ensuile en une Jiqueur noire. La pêche de PAble se fait toute l’année , soit à l'hamecon , soit au filet ; mais c’est principalement au printemps , lorsqu'elle fraie, qu’on en prend une grande quantité. Ce poisson préfère toujours le courant le plus fort et l’eau la plus agitée. L’Able multiplie beaucoup. Petite elle sert de nourriture aux poissons voraces et aux oiseaux d’eau. Les bro- chets, truites et autres poissons en sont très- friands. SE ABRA Pour obtenir l’essence d'Orient, il suffit d’écailler les Ables avec un couteau peu tranchant, au dessus d'un baquet plein d’eau bien pure.On jette la pre- mière cau, ordinairement salie par le sang et les liqueurs muquéuses qui sortent du corps des pois- sons ; ensuite on lave les écailles à grande eau dans üun tamis très-clair, au dessus du même ba- quet ; l'essence d'Orient passe seule et se précipite au fond. On frotte une seconde etmême une troi- sième fois les écailles pour en retirer toute l'essence. Le résidu présente une masse boueuse d’un blanc bleuâtre très-brillant , couleur parfaitement en rapport avec celle des perles les plus fines, ou de là nuance la plus pure. Le fabricant de perles doit ,pour utiliser l’essence d'Orient, lorsqu'elle cst purifiée par les diverses lotions ci-dessus indiquées , la suspendre dans une dissolution bien clarifiée de colle de poisson ; en mettre une goutte dans la bulle de verre qui doit lui servir de moule, et l'y étendre en l’agitant dans tous les sens. On la fait ensuite sécher rapidement au dessus d’un poêle, et, lorqu'elle est bien sè- che, on remplit la bulle , en tont ou en partie, avec de la cire fondue qui consolide le verre et fixe l'essence contre sa paroi intérieure. (H. G.) ABLEÉPHARIS. (repr.) Nom d’un genre de Sau- riens de la famille des Scincoïdes, qui a pour ca- ractère d'avoir les yeux dépourvus de paupières. On n’en connait jusqu’à présent que deux espèces : L’Ablepharis Pannonticus , découvert par M. Ki- taibel en Hongrie , et qui depuis s’est retrouvé assez communément en Morée ; L’Ab'epharis Leschnault, qui a été trouvé à l'ile de Java par le laborieux voyageur dont il porte le nom. (Figuré, Magasin zoologique de M: Guérin, 1852 , el. IIT, n° 1.) (T. C.) ABLETTE. (poiss,) On donne ce nom à plu- sieurs poissons diflérens , savoir : 1° à une espèce d’Able, 2° aux Épinoches qui , ainsi que les Ables, vivent dans les eaux douces. (H. G.) ABLETTE DE MER. (rorss.\ On a donné ce nom à la Perche ablette , Perca alburnus , Lin., qu'on trouve sur les côtes d'Amérique. (H. G.) ABOIEMENT. (uam.) C'est moins le cri naturel du chien qu’une sorte de langage acquis, que l’on rencontre plus ou moins parfait suivant que les races sont plus ou moins intelligentes , et, si l’on peut s'exprimer ainsi, plus ou moins civilisées. Les chiens des peuplades sauvages, montrent peu d'in- telligence, et n’aboient point. Ceux que l’on a transportés d'Europe , et perdus dans les iles de la mer du Sud, ont promptement dégénéré, et n’ont plus fait entendre qu’un hurlement plain- tif ct prolongé, analogue à celui que poussent les nôtres lorsqu'ils sont renfermés ou soumis à quel- que épreuve douloureuse. Tout semble donc dé- montrer que c’est là le cri du chien dans l’état naturel. (D.x.r.) ABRASIN. (zoT. Pran. ) Nom japonais du Dryandra cordata. C’est un petit arbre de Ja fa- mille des Euphorbiacées : on l’appelle, en Chine, ton-chu. En exprimant sa graine , on obtient une grande quantité d'huile grasse qui sert aux mêmes usages 1 male fertelle Z Abeille were sou ordinaire à. 0. Auehes =. Portion d'Esratm = À. Cucrin direr HUE PC ls ME # \ j 4 ortion d'un, gateaurd Moeotes _Ilveotes Coupe d'une lpeale ” ” .) \beille male Jétrrlle Z Aboille were où opdoneire o. 0. Auches -, Portion d'Eva : L Guérin direr. RUE ; EN , tion d'un gatertitai Mens. o #” /. 9. -llventes so. Coupe d'une locale BE ABRI ABRO usages que cheznous l'huile de noix. Mêlée à d'autres ingrédiens , elle est utile comme enduit pour con- server des pièces de bois exposées à la pluie, pour peindre les parquets, etc.; elle sert aussi à l’éclai- rage. Dans les colonies de l'Inde, on. appelle cette liqueur hœile de bois, et l'arbre qui la produit arbre d'huile. (GC. É.) ABRANCHES. (anxez.) C’est, dans la mé- thode de Cuvier , la dernière des trois grandes * divisions établies dans les Annélides , ou vers à sang rouge. Ce groupe renferme , entre autres genres, les Lombrics, ou vers de terre, et les Sang- sués. Son nom vient de ce que les animaux qui le composent n’ont pas de branchies apparentes. (Guer.) ABREUVOIR. ( 8or. et zoo.) C’est un réser- voir où se conservent les eaux pluviales pour ser- vir à désaltérer les animaux. L'homme en creuse de sa main auprès des champs où les bœufs labou- rent, des prés où paissent les troupeaux : tous les animaux qui lui prêtent leur secours trouvent en lui leur providence , providence intéressée , qui ne rend que ce qu’on lui donne. Mais l'oiseau qui vole dans les airs, la biche qui parcourt les bois, le voyageur égaré dans les plaines sablonneuses où nulle source ne jaillit, où nul ruisseau ne mur- mure, doivent-ils mourir de chaleur et de soif ? La nature, mère prévoyante , a mis la fontaine dans le rocher, et sur les sables des déserts, la plante qui recueille la rosée du matin dans sa feuille, pour la porter, coupe salutaire, aux lèvres ardentes du passant. Ici, c’est la népente aux cor- nets allongés; là, c’est le ravenal et la cardère sylvestre aux spatules creusés comme de frais dassins ; ou bien c’est l’insecte curieux qu’on vient de découvrir à Madagascar, et qui laisse suinter de son corps une eau limpide et assez abondante pour être recueillie. Partout l'eau qui désaltère à côté du feu qui dévore , partout la vie à côté de la mort. (//oy. CanDère , Nérexte, Ravenaz et CErcoPE.) (GC. £.) i ABRICOTIER, Ærmeniaca. (mor. pan. } Ce genre qui, selon Richard, doit être rapporté au genre Prunier, a été établi par Tournefort : il fait partie de la famille des Drupacées , et, comme indique son nom scientifique, il est originaire d'Arménie. Cependant plusieurs botanistes , entre autres Æ{liont , prétendent en avoir observé de sauvages dans certaines contrées de l’Europe mé- ridionale ; ce qui tendrait à faire croire que l’A- -sie n’a pas seule le droit de le revendiquer comme une de ses productions. Quoi qu’il ens oit, l’Abri- -cotier est un des ornemens de nos jardins, et nous ‘lui devons un des fruits les plus agréables dont se couronnent nos tables. - ! Sa fleur, blanche comme de l’albâtre , s’ouvre ‘avant le développement des feuilles ; elle se répand irrégulièrement le long des branches , plus serrée sur les plus courtes, plus rare sur les plus allon- ‘gées. Gomme tout ce qui est tendre et délicat, elle p’a qu'un jour; mais ce jour suflit pour donner à nos polagers un air de fête : c’est le premier jour de printemps. L’Abricotier se cultive de deux ma- TouE I, _nières , en espaliers ou enplein vent :en espaliers, ses fruits sont abondans , gros, agréables à l'œil, mais moins au goût; en plein vent, aucontraire, quoique petits et moins nombreux, les abricots sont d’une saveur préférable ; aussi voit-onle cul- tivateur gastronome écarter de ses murailles les tiges tortueuses de l’Abricotier. Get arbre n'aime pas non plus les terres trop chargées d'engrais, celles des pépinières, par exemple ; il faut avoir soin de le mettre dans un sol léger ; et, comme ses fleurs se développent sans attendre l'abri des feuil- les , il faut le garantir des gelées tardives qui nous priveraient de ses fruits. Les variétés d’Abricotiers sont très-nombreuses, etse reconnaissent à leurs fruits; les principales sont : l’Abricotier-pêche ou de Nanci, Abrico- tier de Hollande ou aveline, V Abricotier angoumois, l’Abricotier alberge, etc. L’amande de l’abricot sert À faire du ratafia, et l’on trouve sur les ra- meaux de cet arbre une gomme assez semblable à celle que l’on recueille sur le cerisieret le pru- nier. Plusieurs naturalistes prétendent qu'elle peut remplacer avantageusement la gomme arabique. Dans un temps où les rébus étaient fort à la mode, l’Abricotier fut plus d’une fois appelé à y jouer un rôle. Sous la régence de madame de Beaujeu, Cotier, médecin du feu roi Louis XI, d'hypocrite mémoire, fut disgracié par la régente ; parvenu à fuir cette cour orageuse, l’Esculape ft sculpter sur la porte de son château un Abricotier, avec cette inscription au dessous : 4 l’abri, Co- tier. (G. £.) ABROME , Abroma. (BoT. rHan. ) Ge genre, très-voism du T'héobroma , peut être classé dans la famille des Malvacées de Jussieu , Monadelphie décandrie de Linné. Ses espèces sont peu nom- breuses; l’une d'elles, petit arbrisseau fort élé- gant , aux feuilles larges et anguleuses, aux fleurs d’une belle couleur pourpre, réunies en bouquet: à la partie supérieure, est assez cultivée dans nos jardins : Lamarck l'appelle ÆAbroma angulata. Le fruit de l’Abrome est sec et sans la moindre sa- veur; c’est ce qu'exprime son nom, formé de deux mots grecs qui signifient impropre à lanour- riture. Il est originaire des contrées chaudes de l'Inde ; il craint nos hivers, et ce n’est qu’au- tant que nous lui ménageons un abri etune douce température dans nos serres, qu'il consent à nous faire jouir des superbes bouquets qui couronnent ses tiges. ; (C. £.) ABRONIE, Æbronia. (mor. Pan.) Un vif intérêt se rattache à cette plante, à cause des cir- constances qui nous l'ont fait connaître ; c’est un des fruits de l’expédition du malheureux Lapey- rouse. Tel est l'héritage que nous a laissé l’un de ses compagnons de gloire et d’infortune. Colignon, jardinier-botaniste qui suivait l'expédition , nous envoya de Californie les premières graines de cette plante. L’Abronie se rapproche par ses fleurs de la primevère, et par sa tige des valérianes ; on peut la classer parmi les Nyctaginées de Jussieu, à côté de la belle-de-nuit. Fleur mélancolique comme le présage de la mort, Colignon ne se doutait pas, Ile Livraison. 2 en nous l’envoyant , que l’on dût sitôt la semer sur sa tombe ! (G. Ë.) ABRUS. (nor. rrax.) Légumineuses , Jussieu. (Diadelphie décandrie, L. )Gette planteest originaire de l’Inde ; on n’en connaît qu'une espèce (Abrus precatorius). Son fruit est une gousse allonge, comprimée, à une seule loge, Gù se cachent plu sieurs graines d’un rouge éclatant et marquées d’une grande tache noire. Les femmes américai- nes , plus coquettes, dit-on ; que nos Européen- pes, se plaisent à se faire des colliers et des bra- celets de ces petites perles rouges et noires. On s’en sert aussi pour faire des chapelets. Les feuilles de l’Abrus, infusées dans de l’eau, donnent une liqueur très-sucrée, connue dans l'Inde sous le nom de Vati, et qui sert dans cer- taines parties de l'Amérique aux mêmes usages que chez nous la réglisse. (CG. 6.) ABSINTHE, Absinthium: (8or. PHAN.) Genre établi aux dépens des Artemisia (Syngénésie poly- gamie superflue, L.—Famille des Synanthérées de Richard). Les anciens attribuaient des propriétés merveilleuses aux trois espèces principales, qu'ils nommaient ponticum , maximum €eb santoni- cum. Cette dernière était ainsi nommée, parce qu'elle croïssait en abondance dans les pâturages dé la Saintonge. Pline prétend que les brebis qui en mangeaient n'avaient pas de fiel. Aux courses de chars qui avaient lieu pendant les féeries lati- nes ; le vainqueur buvait de l’Absinthe. Les uns disent que c’est parce que l’Absinthe, symbole de la santé, était le prix le plus honorable qui pût être décerné ; d’autres , que c'était pour rappeler au vainqueur que le bonheur n’est jamais sans amertume. Les initiés aux mystères d'Isis por- taient des rameaux d’'Absinthe. Les modernes distinguent aussi trois variétés d’Absinthe : la grande, la petite, et lAbsinthe ma- ritime. La première se plaît dans les lieux arides, pierreux et montueux de nos climats. Elle fleurit en juillet et août. Ses tiges sont droites , de deux a quatre pieds de Hauteur, cannelées , Éinieul. ses eb remplies d’une voile blanche : les feuilles sont allernes, larges, molles, d’un vert argenté, profondément découpées ; et lesfleurs sont jaunà- tres, pelites, disposées en grappes. Gette Absinthe est fortement aromatique, sa saveur est chaude ct si puissamment amère, qu’elle communique son amertume au lait des sind qui en ont mangé une grande quantité. La grande Absinthe est d'un usage très-répandu dans l'économie domestique , la médecine, la chi- rurgie et l'art vétérinaire. Elle entre dans la pré- paration de la bière , et, dans certaines contrées de la France, on la fait infuser dans les vins fai- bles pour les conserver plus long-temps. On prépare avec cette pin 1° une eau distil- lée purement aromalique ; 2° une infusion aqueuse (une pincée dans quatre onces d’eau); 3° un vin qu'on fait de deux manières, en mettant une livre d’Absinthe sèche sur vingt livres de moût dans un petit tonneau pour qu'il fermente, ou en faisant nfuser durant vingt-quatre heures, dans deux li- vres de vin blanc, une once et demie d’Absmthe: [le vin préparé par celte dernière méthode est vermifuge , stomachique , diurétique ( la dose est depuis une once jusqu à quatre); 4° ane teinture alcoolique , avec une once des sommités sèches dans six onces d'alcool à vingt decrés, quatre jours d’infusion ; on én prend une cuillerée à thé le ma- tin, une heure avant le r'OPAS ; »° un suc, en pilant la plante fraîche, et l’exprimant à travers des Jin= ges ; 6° un sirop employé à la dose d’une demi-once une once ; 7ic enfin, un extrait dont on administre de six grains à un demi-gros. Les vétérinairesem- ploient, comme vermifuge, une demi-hvre d’Absin- the en poudre dans une ; pinte de vin blanc. La petite Absinthe est particulière au midi de FEurope; elle a les mêmes propriétés que la grande , mais à un degré moins élevé. L’Absinthe maritime est aussi un puissant ver: mifuge, (C. É.) ABSORBANT. (cm) (Du verbe latin absor« bere, absorber.) On appelle ainsi toutes les sub+ stances que l’on croit capables d’absorber où dé neulraliser les acides développés ou introduits dans l'estomac, Telles sont , en général, les matières calcaires , la magnésie , etc. (Fr F.) ABSORPTION, Absorplio. (pmxsioc.) (De ab et de sorbere, avaler, humer.) On entend par Absorp- tion une fonction en vertu de laquelle les êtres or+ ganisés vivans atlirent , dans des pores ow des vaisseaux particuliers , les fluides qui les environs nent ou qui sont exhalés intérieurement, (7, Nu- TRITION.) (M: S. A) ABSTINENCE, Abstinentia. (Pnystoz.) De ab stinere, s'abstenir.) Ce mot indique en général la privation d’une chose quelconque ; ; ici 1] désigne particulièrement la privation absolue des alimens, L’Abstinence exerce sur l’homme et les animaux des effets très-remarquables, et qui varient suivant les circonstances. Amsi l’âge, le sexe, la saison, le climat, l’état de santé ou de maladie, etc., in- fluent singulièrement sur la durée possible d’une Abstinence complète. Il devient donc extrêmement difficile d’assigner le terme qu’un homme adulte, soumis à une Abstinence absolue, peut atteindre sans succomber. Les Tartares et les Arabes peuvent supporter l’Abstinence ] jusqu'au sixième jour. Plusieurs écri- vains rapportent que les Indiens poussent le jeûne - absolu jusqu’au neuvième jour, Un homme en- seveli sous desruines a pu vivre pendant seize jours: des mélancoliques et quelques aliénés ont aussi présenté des exemples d’une longue Abstinence. On cite l'observation d’une femme malade, qui vécut pendant cinquante ans enne prenant que du petit-lait ; mais ce dernier fait (qui d’ailleurs ne doit pas être regardé comme un exemple d’Absti- nence absolue), ainsi que beaucoup d’autres non moins extraordinaires, rapportés par des auteurs avides du merveilleux, sont: au moins douteux. Les expériences que l’on a tentées sur les chiens prouvent que l’Abstimence est supportée plus dif- ficilement par les jeunes et par les individus d’une plus petite espèce, que par les chiens adultes et Z Ace acie qua produt la gorme arabique 2 à. une de ses folles Je une. gousse 1, Cuériw direw ; 4. Acajou 4-Pomumew o. une de ses fleurs , ) , P 6.7.6. son frut nomme 71042 d'acagout FLE 2" ACAC 11 | d’une grande stature, Ces derniers ont véeu trois, quatre, cinq semaines et au delà dans l’Abstinence la plus complète, L'homme qui, par un événement quelconque, se trouve dans l'impossibilité de se rocurer des alimens et des boissons , éprouve à la région de l'estomac des tiraillemens pénibles; en même temps la face est pâle , tout le corps abattu; les mouvemens sont difficiles, il existe -une fai- blesse manifeste; le pouls est petit, peu fré- quent, la respiration lente , la chaleur du corps sensiblement diminuée; les urines sont pâles et moins abondantes. Si l’Abstinence continue, tous les phénomènes précédens augmentent .d’inten- sité; il se joint cependant la faiblesse des sens, la diminution des facultés intellectuelles et morales, l'inaptitude au mouvement, Sila privation des ali- mens se prolonge encore, alors la maigreur géné- rale se manifeste, les yeux s’enfoncent dans leurs orbites, le nez s’allonge et s’eflile, le menton de- vient saïllant , les lèvres pâles et minces; les mem- bres sont gréles et desséchés. L’excitation du cer- yeau se joint bientôt au trouble de tous les autres organes; dans cet état, l'homme méconnaît ses parens, ses amis, et Jes prend souvent pour ses premières victimes. À cette période la bouche du malheureux est ardente, la salive rare, épaisse, quelquefois âcre, une douleur atroce torture l’es- tomac, les urmes sont rares, brunes, troubles, fétides ; les selles sont supprimées, L'action du cœur est de plus en plus faible, le pouls est sans force , presque insensible au toucher ; des bâille- mens fréquens indiquent que la respiration deyient plus difficile et beaucoup plus lente, la chaleur commence à abandonner toutes les parties du Corps, la raison s’égare, il y a transport désor- donné , déliré féroce , mort, dans un accès de convulsions , de délire, où au milieu d'un évanouis- sement. rec EE Co D: A.) ABUTA. (or. PHaN.) C’est ce qu'on appelle à Cayenne Liane amère: on en fait en médecine an très-grandusage sous le nom de Pareira brava; elle calme les coliques néphrétiques. Cette plante appartient à la famille des Ménispermées. (C.f.) * ABUTILON. (or. pxax.) (Malvacées , J.; Mo- dadelphie décandrie , L.) La principale espèce est le Sida Abutilon où Abutilon Avicennie , qui croît aux Antilles , et se trouve aussi dans quelques par- ties de l’Europe; sa feuille est petite, jaunâtre , et né jouit d'aucune propriété particulière. (C.£.) ABUTUA. (8oT. Pnan.) Plante originaire de la Cochinchine. Elle a été découverte par Loureiro, et l’on prétend qu’elle est très-propre à guérirtoute espèce d’inflammation. (CE) ABYSSINIE. J’. ArriQue. ACACIA. (ror. PHax.) On désigne commu- nément sous ce nom quelques arbres qu’il ne faut pas confondre avec le genre Acacie, dont il va être parlé plus bas. Is appartiennent à un genre tout différent , celui de Rorrnier. (Ÿ. ce mot.) ACACIE, Acacia. (RoT. pan. ) I n’est pas que vous n’ayez rencontré dans lemmonde de ces familles patriarcales ‘où la vertu est héréditaire , et:que le ciel bénit‘enen multipliant les membres | pour le bonheur et la gloire d’un pays : telle est, dans Je règne végétal , la famille des Légumineuses. À elle ont recours sans cesse l’économie domesti- que , la médecine, les arts, les beaux-arts même, La seule nomenclature des espèces et des bien- faits de chacune d'elles formerait un gros vo- lume. Dans cette admirable et intéressante famille, qui appartient à la Diadelphie décandrie de Linné, on doit distinguer particulièrement le genre Aca- cie, qui, comme le soleil, n’aimant pas à s’é- loigner de l'équateur, comme lui fait cependant rayonner ses bienfaits vers les pôles. Mais, dans ce genre , je me trouve environné de 256 espèces de toutes les tailles, de tous les ports, de toutes les couleurs; herbes, arbustes, arbres : auxquelles donnerai-je la préférence ? Chacune d'elles la ré- clame, et nulle ne manque de litres. C’est l’Acacie à fruits sucrés ( Mimosa inga, L.) de Saint- Domingue , qui me présente , comme un aliment délicieux, sa pulpe spongieuse, blanche et sucrée ; c'est l’Acacie mielleuse (Mimosa mellifera) des montagnes de l’Arabie, qui m'invite à venir cueil- lir ses fleurs savoureuses ; c’est l’Acacie à grandes gousses (Mimosa scandens) des parties chaudes de l'Inde et de l'Amérique , dont les rameaux s’é- tendent au loin , et portent des fruits de trois pieds de long, d’un goût de châtaigne, connus vulgaire- ment sous le nom de féves de Saint-Ignace ; c’est VAcacie féroce (Mimosa fera), qui, plantée en haie, défend de ses épines rameuses les propriétés des Chinois et des Cochinchinoïs, et dont les gousses combattent deux terribles maladies , l’apoplexie et la paralysie; c’est l’Acacie pennée, de l'écorce de laquelle on fait, en Cochinchine, de très-bons câbles; c'est l’Acacie saponaire, dont l'écorce froissée-dans l’eau, la fait mousser comme le sa- von, et sert, dans ce même pays, à nettoyer le linge; c'est l’Acacie balsamique du Chili, des branches de laquelle suinte un baume parfumé, excellent pour la guérison des plaies; c’est l’Aca- cie caven du Chili encore , dont les semences sont enveloppées d’un mucilage astringent qui, mêlé avec de l’oxide de fer, fait une encre excellente»; c’est l’Acacie d'Egypte... Ici arrêtons-nous ; VA. cacie d'Egypte, ou gommier rouge, et l'Acacie du Sénégal, ou gommier blanc, nous fournissent cette substance précieuse pour la médecine et pour les arts, et que le commerce va distribuant partout sous le nom célèbre de Gomme arabique. Elles doivent donenous intéresser particulièrement. L’Acacie d'Egypte (Acaciaalbida, Delille, Æca- cia Senegal, Wilden) est épineuse : ses épines stipuliformes divergent de la tige ; ses feuilles sont deux fois ailées, et ont une glande à la base dela foliole ; ses fleurs sont en tête et pédonculées. L’Acacie du Sénégal est aussi épineuse, hépines ternées, l'intermédiaire étant recourbée:; ses feuil- les sont deux fois ailées , mais sans glande, ét ses fleurs sont en épis pédonculés. Gette Acacie , dé- crite pour la première fois par le célèbre Adanson, n'avait pas recu de luiun nom spécifique Linnéen. Elle fut nommée Mimosa senegalensis par La- mark, qui mit en doule si l’Acacia Senegal de ACAC 12 ACAJ SR Wildenow n’était pas la même espèce : MM. Per- rottet, Guillemin et Richard ont reconnu que ces deux espèces sont irès-différentes ; et, pour ne pas les laisser presque sous la même dénomination, ils ont appliqué à l’Acacie du Sénégal le nom spéci- fique de V’erek, qui est celui que les nègres lui donnent. L’Acacia verek a été décrite avec détail dans la Flore de Sénégambie; ce bel ouvrage, fruit de recherches périlleuses faites en Afrique par M. Perrottet , directeur des cultures du gouverne- ment au Sénégal, en offre aussi une magnifique figure que M. Perrottet a bien voulu permettre de faire reproduire dans l’atlas de ce Dictionnaire (v. pl. 2, fig. 1,2,8). Ce savant et laborieux voya- eur nous apprend que le verek est un arbrisseau de quinze à vingt pieds de haut, tortueux , formant des-buissons, et ne croissant que dans les localités sablonneuses et sèches ; tandis que l'Acacia d’E- gypte (4. Senegal, W.), qui se trouve aussi en Arabie et au Sénégal, est un arbre de trente à qua- rante pieds, à tronc presque droit, et qui se plaît dans les lieux inondés par les débordemens des grands fleuves. L’Æcacia verck croit dans les environs de Saint-Louis, dans l’intérieur du pays de Cayor, et dans le pays de Walo, où il n’est pas si abondant que sur la rive droite du Sénégal : il est répandu dans ces contrées en petits groupes épars et clairsemés. Le commerce de la gomme produite par cet arbre est fait par les Maures ; ils l’apportent à ces espèces de marchés qu'on dési- gne en Afrique sous le nom d’Æscales. Pour don- ner une idée de l’activité de ce commerce au Sé- négal , il suflira de citer comme exemple l’expor- tation de gomme faite en France pendant l’année 1827; la quantité de gomme exportée s’est éle- vée à 613,504 kilogrammes. Dans d’autres années elle a été encore plus considérable. Nous ren- voyons, dureste, pour plus de détails, à la Flore de Sénégambie , ouvrage plein d'observations neuves et intéressantes. Les pluies qui tombent périodiquement de juin à septembre , humectent la terre , et développent dans le tissu de la tige et des branches de ce pré- cieux Mimcsa un suc gommeux, qui coule tout le reste de l’année en lames de formes variées , mais plus abondamment dans les premiers mois qui sui- vent ces pluies. Ge suc est pour les Arabes et les Maures qui errent dans l’intérieur de l'Afrique , ce que fut la manne pour les Israélites traversant le désert : ils le recueillent surtout en décembre et en mars; et, malgré la grande consommation qu'ils en font , il leur en reste assez pour en vendre aux diverses nations de l’Europe une quantité sufli- sante à leurs besoins. La médecine accueille cette gomme avec empressement; nos manufactures l’emploient pour donner du corps aux étoffes de soie, à certames étofles de coton, de lin et de chan- vre; le dessin lui doit le papier gommé , et c’est par elle que la peinture peut fixer ses couleurs sur le vélin. Le grand naturaliste que nous avons déjà cité prétendait que cette branche de commerce était plus avantageuse que celle de l'or et la traite des nègres. L’Acacie d'Egypte donne, à ce que l’on croit, par expression des gousses, un suc gommeux connu sous le nom de vrai Acacia, dont on fait usage en médecine, Ses graines servent à la teinture, et son écorce au tannage des cuis. Au reste, le commerce ne distingue point la gomme arabique fournie par l’Acacie d'Egypte de celle qui nous vient de l’Acacie du Sénégal. N'oublions pas l’Acacie du cachou (Acacia ca- techu, Wild.), dont les épines sont stipuliformes , les feuilles deux fois ailées, composées de vingt à trente couples de pinnules, soutenant chacune quarante à cinquante paires de folioles étroites ayant une glande à la base; les fleurs sont disposées en épis axillaires. Cet arbuste de l’Inde donne le ca- chou, suc gommo-résineux d’un brun noirâtre, qui se fond dans l’eau et brûle dans le feu. Il est sans odeur, mais d’une saveur agréable d’iris ou de violette. Il est astringent, et contient plus des deux tiers de tannin, On le retire en frottant dans l’eau les gousses de l’Acacia, après les avoir con- cassées. La médecine en fait usage pour arrêter les vomissemens, les diarrhées; pour faciliter la di- gestion. Le cachou ne se confine pas dans une pharmacie ; il pénètre dans un séjour plus riant, et la beauté l’admet à sa toilette pour parfumer son haleine , et se procurer ainsi un moyen de sé- duction de plus. Pourrais-je passer sous silence l’aimable sensi- tive , l’Acacie pudique, qui, au moindre attouche- ment , replie ses feuilles, et que Roucher a chan- tée dans son poème des Mois? Quand on l’examine avec soin, on s’apercoit que son feuillage suit la direction du soleil. Quelle est la vraie cause de ce double mouvement ? Hill, Mairan, Duhamel, ont perdu Jeur temps à la rechercher: c’est encore, ce sera probablement long-temps, le secret de la Pro- vidence. Æt mundum tradidit disputationibus eorum. Terminons par l’Acacie de Sainte-Hélène (Mi- mosa pendula), aux rameaux pendans comme ceux du saule pleureur, plante pittoresque, plante mélancolique, qui semble pleurer la perte du grand homme sur le tombeau duquel on Ja voit croître. Les Acacies ont le bois dur, mais rarement droit, les racines de quelques espèces ont une très mauvaise odeur. 1 & (Ga) ACAJOU. (or. ra.) Ce nom a été donné à trois végétaux de genres différens:l’un d’eux fournit le bois d'Acajou, il appartient au genre Swisrenie (v. ce mot); l'autre forme de très- grands arbres, dont;le bois est employé pour la construction des vaisseaux. (7’oy. CEnreA.) En- fin le troisième forme le genre Cassuvium de Jus- sieu, composé d’une seule espèce, l’'Acarou 4 Pommes, Cassuv' um pomiferum, Lam., ou Ana- cardium occidentale, Lin. C’est un petit arbre à feuilles simples, grandes, ovales, obtuses au som- met ; à fleurs petites, blanchâtres, munies à leur base d’un grand nombre de bractées. Ses fleurs sont disposées en panicules terminales : chacune » DIVISES EN DEUX ORDRES \ ACALEPHES . 1 Ordre. Acal ephe S vunples 2° Ordre. Acalèphes Aydrostauiques Genres PL 256. [2 bis). Meduses. (Aureha wenata).... Ceste ferte de, Venus | Phys ahe TROP TE IT IBESS TRES LE = PPS Physsophore Daphye Diphye de Bory G= UM” 2 Jedreki G- Acarie Baron el. Acaléphes. LE Crerin dr 7 0 RP Ref REC 2 7 RE AR REP re à ACAJ 13 ACAL EE A EE CR ER 7 es d'elles a un calice partagé jusqu’à la base par einq découpures pointues. La corolle se compose de cinq pétales lancéolés , linéaires et deux fois plus longs que le calice. Au centre s'élèvent dix éta- mines, dont une, un peu plus grande que les autres , porte une anthère qui tombe au moment où s’épanouit la fleur. L’ovaire est arrondi, le style supporte un stigmate simple, le fruit est une noix en forme de rein , lisse , grisâtre à l'extérieur, renfermant une amande blanche, attachée par sa plus grosse extrémité au sommet d'un récepta- cle charnu , ovale, de la grosseur d'une poire moyenne, Ge réceptacle est blanc ou jaunâtre dans une variété, etrouge dansune autre. La substance en est spongieuse , à pores presque imperceptibles, abondante en sucre, acide, un peu âcre, et ce- pendant agréable au goût. On peut se faire une idée de ce bel arbre, sans traverser les mers, en allant voir aux Gobelins un paysage où il est représenté dans toute sa vé- rité et dans toute sa fraîcheur. Cet arbre est un des innombrables bienfaits dont la Providence a gratifié les pays chauds. Tour à tour aliment , boisson, remède, teinture , glu, encaustique, il sert à l’économie domestique, à la médecine ; à la chasse , aux arts. La coque de la noix d'Acajou ne se brise pas en éclats comme celle de nos noix ; elleest coriace, et, pour en retirer l’amande;, on la fait brûler ; mais on a soin , pour cette opération, de s'éloigner des habitations, parce qu'on prétend que la fumée qui s’exhale de ces noix est funeste aux poules, et leur donne une horrible maladie connue sous le nom de Pian. À Saint-Domingue on retire du fruit de l’A- cajou à pommes un suc qui, fermenté, devient vineux ; et qui, distillé, donne un esprit très- ardent. Que l’on coupe un de ces fruits en quatre, qu'on _le laisse tremper quelques heures dans de l’eau fraîche, et l’on a.une boisson spécifique contre les obstructions d'estomac. De la noix on retire une huile caustique et très-inflammable. Si on l'approche d’une bougie allumée , on obtient des jets de flamme très-singuliers et très-amusans. Cette huile teint le linge d’une couleur de fer qu’il est presque impossible de faire disparaitre. Nicholson fait observer qu’elle consume les ver- rues et les cors sans douleur comme sans danger. Les teinturiers la font entrer dans la teinture en noir. On a observé chez les Brésiliens un usage. qui rappelle la simplicité des premiers temps. Ils comp- . tent leur âge par les noix d’Acajou, et n’oublient jamais d'en serrer une chaque année. Quelles doivent être les alarmes de la piété filiale , quand elle en compte un grand nombre dans la cassette d’un père ou d’une mère tendrement chéris !..…., IL transsude de cet arbre, quand on le taille, une gomme roussâtre, transparente, tenace, qui, - fondue dans un peu d’eau, devient une glu excel- lente. On s’en sert. à Cayenne pour enduire tout -sequ'on veut soustraire à l'humidité et aux in- sectes, ct pour donner du Justre aux meubles. L'écorce de cet arbre est grise; sonbois, blanc, tendre, est recherché pour les ouvrages de me- puiserie et de charpente, surtout pour les dessus d'armoires, les corniches arrondies ; car la nature contourne ses branches d’une manière si gracieuse qu'il n’y a que quelques coups de ciseau à frapper pour leur donner la perfection convenable. Le nonz générique Cassuvium vient, selon Rumphe, du malais Cadjus. Quant au nom Anacardium , il est impropre, puisqu'il signifie en forme de cœur. La figure que nous donnons dans la planche 2 de l’atlas, a été communiquée par M. Turpin. naturaliste, doublement recommandable par ses connaissances étendues en botanique et en phy-- siologie végétale, et par son talent supérieur comme peintre d'histoire naturelle : il l’a faite pendant son séjour à Saint-Domingue. Sous le n° 4 est représenté un rameau de cet arbre chargé de fleurs et de fruits à différens états de maturité. Le n° 5 indique la figure d’une fleur de gran- deur naturelle. On voit sous les n° 6, 7, 8, le pé- doncule charnu coupé, et une des graines qu'on désigne sousle nom de noix d’Acajou. (C.£.) ACALEPHES. (zoopx.) On désigne sous ce nom une classe de Zoophytes , la troisième dans la méthode de Guvier, qui comprend des animaux marins dans l’organisation desquels on aperçoit encore des vaisseaux, que Cuvier croit n’être, le plus souvent, que des productions des intestins creustes dans le parenchyme du corps. Cette classe a été ainsi nommée à cause de la propriété que possèdent quelques uns des zoophytes qui la composent , de causer une urtication ou sensation vive et brûlante quand on les touche. Ces ani- maux ont, en général, une forme circulaire et rayonnante, et leur bouche sert aussi d’anus. Plusieurs sont phosphorescens , et ils offrent au voyageur un spectacle magnifique pendant la nuit, en rendant la mer semblable à un ciel étoilé. Leurs. mouvemens sont très-lents, tous nagent dans les eaux de la mer, et plusieurs ne se trou- vent qu’à des distances considérables des côtes. Cette classe est divisée par Guvier en deux ordres. Dans le premier, ou les Acalèphes simples, il range les zoophytes qui flottent et nagent dans l’eau de la mer par les contractions et les dilata- tions de leur corps, bien que leur substance soit gélatineuse, sans fibres apparentes ; les sortes de . vaisseaux que l’on voit à quelques uns sont creu- sés dans la substance gélatineuse; ils viennent souvent de l'estomac d’une manière visible, et ne donnent pas lieu à une véritable circulation. Ce premier ordre se compose des animaux qui forment, pour Linné, le grand genre Méduse (v. ce mot), et que les auteurs modernes ont divisé en plu- sieurs sous-genres. Les porpites et les velelles, qui, d’après Cuvier, pourraient former une petite fa- mille à cause du cartilage intérieur qui soutient la substance gélatineuse de leur corps, appartien- nent encore à cet ordre. (7707. Porrire et VE- LELLE. ) Dans le second ordre, celui des Acalèphes ACAN ee 14 ACAN hydrostatiques , Cuvier place des zo0phytes qui sont pourvus d’une ou de plusieurs vessies ordi- nairement remplies d'air, au moyen desquelles ils fsont suspendus dans leseaux; ces animaux possè- ‘dent des appendices singulièrement nombreux et ‘variés pour la forme, dont les uns servent proba- lement de sucoirs , les autres peut-être d’ovaires, iet quelques uns , plus longs que les autres , se joi- ment à ces parties, pour composer toute l’or- iganisation apparente de ces animaux. Cet ordre | comprend les grands genres Pnysazre , Puxsso- œnore ct Drpnxe (v. ces mots). (GuËr.) ACAMARCHIS. (zooPn. pozxr.) M. Lamouroux | a donné ce nom àun genre de la seconde famille de J'ordre-des Polypes à polypiers; ces zoophytes diffè- rent des cellulaires de Linné par leurs ramifications “constamment dichotomes et par la forme de leurs cellules ; qui sont unies entre elles, alternes, ter- -minées par une ou deux pointes latérales , avec un “orps vésiculaire en forme de casque, situé à J'ouverture même de la cellule. Ce corps, que La- mouroux considère comme un ovaire , avait 6té pris par Ellis pour la coquille d’un petit animal qui, de polype, se transformait en mollusque , quand il était assez fort pour pourvoir lui-même à sa subsistance. Les Acamarchiss’attachent aux rochers , et se trouvent dans les mers équatoriales et tempérées des deux mondes. On en connaît deux espèces , qui ont été figurées ‘et décrites par M. Lamouroux dans son Histoire des polypiers. (7. Cercurame.) (Guér.) ACANTHACÉES. (or raw.) Cenom vient d’un mot grec qui signifie épine. Il désigne une famille de plantes dicotylédones, dont voiciles caractères : calice découpéen plusieurs parties ; corolle mono- pétale, ordinairementanomale; déux ou quatre éta- mines , unstyle ,‘un ou deuxstigmates ; capsules à deux loges, à deux valves longitudinales , s’ouvrant avec élasticité ; cloison opposée aux valves, se partageant en deux parties adhérentes aux valves, et pourvues de quelques crochets dans les aisselles desquels les graines sont placées. Toutesles plantes de cette famille sont hérbacées et sous-frutescentes , elles sont presque toutes exotiques ,€E proviennent des contrées situées entre les tropiques. On a rangé les genres qui lacomposent dans deux grandes divisions ; dans la première les fleurs n’ont que deux étamines, comme dans le genre Justicia (v. ce mot) et quelques autres; les fleurs de la seconde division ont quatre étamines didynames ; cette division contient le genre Æcanthus et plu- sieurs autres moins COnnUSs. (G. £.) ACANTHE , Æcanthus. (mor. Pnan.) Genre de plante qui donneson nom à la famille des Acantha- cées. Ge quile caractérise, c’est ; 1° un caliceprofond divisé en quatre lobes, deux latéraux courts et les deux autres très-longs , accompagnés de bractées, dont l'intermédiaire ‘est ordmairement dentée , même épineuse ; 2° une corolle à tube très-court et velue à l'intérieur, prolongée inférieurement en une languette longue, large, et se terminant par trois lobes ; 3° quatre étamines couvertes ‘seule- ment par le grand lobe supérieur du calice; 4° des anthères Tongues et velues en forme de brosses; 5° deux semences au plus dans chacune des deux loges de la capsule. Ce genre comprend huit à neuf espèces , dont plusieurs appartiennent à l'Afrique et à l'Inde, et sont de grands arbustes à feuilles opposées. Les deux espèces connues des anciens sont des herbes vivaces, des provinces méridionales de l'Eu- rope et de la France. Elles sont remarquables par leurs grandes feuilles radicales profondément sinuées et leurstiges fleuries , de plus d’un demi- mètre de long. L'une des deux a des piquans à tous les angles saillans des feuilles ; c’est l'Acanthe épineuse (4canthus spmosus ) ; l'autre ( Æcanthus mollis) est dépourvue d’épines : c’est la plus intéressante comme la plus «célèbre. Une fille de Corinthe , dit Vitruve ; étant morte à la fleur de l’âge , sa nourrice , qui la chérissait tendrement , rassembla dans une corbeille les fleurs et les bijoux dont elle avait aimé à se parer pendant sa vie , vint, tout éplorée , déposer cette corbeille sur son tombeau, et, pour préserver ce qu’elle renfermait des injures de l’air, elle la couvrit d’une grande tuile. À cette place même commencait de germer un pied d'Acanthe molle : bientôt les feuilles se développent , et , rencontrant la tuile, se recourbent autour d'elle avec grâce , comme pour seconder l'intention de la tendre nourrice , et former une décoration digne de cette tombe virginale. L'architecte Callimaque vient à passer; il ne peut détacher ses regards de ce tableau char- mant ; son cœurest attendri. L'émotion de l'âme n’est jamais stérile dans l’homme de génie; on l'a observé , les grandes pensées viennent du cœur et c'est du cœur de Callimaque que nous est venue la grande pensée de l’ordre corinthien , le plus beau, le plus riche, le plus gracieux de tous les ordres. Bientôt la corbeille funéraire, avec sa joke cein- ture de feuilles d’Acanthe , apparaît dans les airs, couronnant une colonne dont toutes les propor- tions sont prises de la taille d’une jeune vierge. Faut-il maintenant en croire le jésuite Vilcol- pende , qui revendique l'invention du chapiteau corinthien en faveur des architectes du temple de Salomon ? Suivant Virgile, la beauté célèbre dont l'enlè- vement fit disparaître un empire de l’Asie-Mineure, avait une robe ornée de broderies qui représen- taient des feuilles d'Acanthe. ACANTHIE , Acanthia . (1xs.) On nomme ainsi un genre d'hémiptère de la famille des Cimicides , établi par Fabricius aux dépens des Punaises (C1- mex) de Linné. Latreille le restreignit , etlui as- signa des caractères qui le limitaient, mais qui permettaient cependant de comprendre dans ce genre un assez grand nombre d'espèces : Fabricius les en a séparéees depuis en réduisant encore cette coupe générique, à laquelle il a substitué Je nom de Salda , qui n’a pas été adopté. Dans la mé- thode de Latreïlle, les espèces de ce genre sont des cimicides dont le bec est droit , de trois ar- ticles, les antennes filiformes , le labre saillantrot dégagé , les veux très-grands ; le premier ‘article ACAN. [Sa ACAN des tarses fort court, les deux suivans allongés, pres- que d’une même longueur, etles pattes saltatoires. Les Sulda Zosteræ, Striata, Littoralis, et sur- tout le Lygœus sallatorius de Fabricius, se rap- portent aux Acanthies; la dernière espèce est commune aux environs de Paris. (H. G.) ACANTHOCÉPHALES. (zoorx. rnrEsr.) Ru- delphi a donné ce nom à un groupe de vers in- téslinaux qui forment pour Guvier la première famille du second ordre des vers intestmaux, l’or- dre des Parenchymateux. Ces vers s’altachent aux intestins par une proéminence armée d’épines re- courbées, qui paraît leur servir en même temps de trompe ; leur corps est allongé et arrondi, utricu- laire et élastique. Les mâles et les femelles diffè- rent un peu entre eux; chez les premiers on aper- çoit des vésicules séminales bien circonscrites , tandis que dansles femelles les œufs sont répandus dans la cellulosité du corps. Cette famille ne com- prénd encore qu'un seul genre , celui des Ecur- Nornynques. (Ÿ’. ce mot.) (Guer.) ACANTHOPHIS. (nepr. ) C’est le nom d’un genre de serpens de la famille des Vipères. Les Acanthophis ont des plaques sur le devant de la tête , des écailles rhomboïdales , lisses, égales sur le dos; presque toutes les plaques da dessous de la queue sont simples; il ÿ en a quelquefois de doubles sous son extrémité; mais le caractère par- ticulier est d’avoir l’écaille terminale de la queue prolongée et recourbée en crochet. Comme leurs congénères , les Acanthophis paraissent très-veni- meux. L'espèce la plus commune est V Zcantho- phis ceras'inus (figuré dans lIconographie de M. Guérin, pl. 24, fig. 2), gris pâle en dessus, marqué de taches bleuâtres de la largeur du doigt, allongées transversalément, jetées à des distances presques régulières et parsemées de points noirâ- tres rares; le dessous du corps est blanchätre , l'angle de chaque lamelle est imprimé d’une tache noire en forme de virgule, l’écaille qui les borde est marquée d’un point noir. La longueur de l'Acanthophis cerastinus est de 32 à 4o centim., la queue forme à peu près la neuvième partie de la longueur totale ; sa grosseur est à peu près celle du doigt ; ilvient de la Nouvelle-Hollande. (T. C.) ACANTHOPHORE, canthophora. (roT. crypr.) Genre d’hydrophyte de l’ordre des Floridées, com- posé de trois jolies espèces de plantes marines, re- marquables par des tuberculesépineux , épars sur les tiges et les rameaux ; ces tubercules sontsem- blables, quand on les considère à l’œil nu , à de petites épmes, ou à de gros poils rudes , très-ra- meux, assez éloignés les uns des autres. Les Acan- thophores sont originaires des latitudes équatoria- les; elles sont annuelles, leur port est élégant, et leur couleur est verdâtre, avec de légères nuances de jaune ou de rouge, quand elles sont desséchées. Parmi lestrois espèces connues, nous citerons l’A- canthophore de Thierry, Fucus Acanthophorus. (Lamouroux, dissert,, p. 61, tab. 30 et 31, fig. 1.) Gette plante à une tige cylindrique, filiforme, ra- | meusec, élancée, avec des tubercules épars sur presque toute sa suriace. (GuËr.) ACANTHOPODE. ( rorss.) Lacépède a établi sous ce nom un genre de l’ordre des Acanthoptè- rygiens, auxquel Commerson avait donné le nom de Psettus. Ce dernier nom, ayant l’antériorité, a été conservé par Cuvier .(F. Pserrus.) (Guér.} ACANTHOPTÉRYGIENS. (porss.) Cuvier ap- plique ce nom au premier ordre des poissons or- dinaires , dans la deuxième édition du Regne ani- | mal; cet ordre se reconnait aux épines qui tien- nent lieu des premiers rayons à leur nageoire dorsale, ou qui soutiennent seules leurs premières nageoires du dos, lorsqu'ils en ont deux ; quelque- fois même, au lieu d'une première dorsale , ils: n'ont que quelques épines libres. Leur nageoire anale a aussi quelques épines pour premiers rayons, et il y en a généralement une à chaque ventrale. Les Acanthoptérygiens ont entre eux des rapports si multipliés , leurs diverses familles naturelles offrent tant de variétés dans les caractè.… res apparens que l’on aurait pu croire susceptibles d'indiquer des ordres ou d’autres subdivisions, qu'il a été impossible de les diviser autrement que par ces familles naturelles elles-mêmes , que Cu- vier a été obligé de laisser ensemble ; ces familles, au nombre de quinze, portent les noms de PEr- COÏDES, JOUES CUIRASSÉES, SCIÉNOÏDES , SPAROÏDES, Ménines, Tneuryes, Pranvnerexs, LAByYRINTHI : FORMES, SQUAMIPENNES , SCOMBÉROIDES , TÆNIOÏ- pes, Mucrcoïpes, Gogroipes , PECTORALES PÉDicu- Lies , Laproïnes, et Boucue EN FLUTE. (V7. ces mots. (Guér.) ACANTHURE, Acanthurus. (poiss.) Cuvier conserve ce nom à un genre de l’ordre des Acän- thoptérygiens, appartenant à la famille des Theu- |tyes. Ces poissons ont les dents tranchantes et dentelées ; on voit de chaque côté de leur queue | une forte épine mobile, tranchante comme une lancette , et qui fait de grandes blessures à ceux qui les prennent imprudemment. Cette particula- rité leur a valu le nom de chirurgiens, sous le- quel ils sont désignés en Amérique. On connaît un assez grand nombre d'espèces de ce genre; pres- que toutes faisaient partie du grand genre Chæto- don de Bloch et de Linné. Ce sont des poissons en général très-comprimés , qui habitent les par- ties chaudes des deux Océans, et qui varient assez sous quelques rapports. Ainsi on en connaît qui ont la nageoire dorsale très-haute, comme l_Acan- thurus velifer (Chæt. velifer., BL, 427); d’autres sont remarquables par une sorte de brosse dé poils raides, en avant de l’épine latérale. (Æcanth. scopas. Guv. Renard.) Enfin on en connaît une espèce, nouvellement découverte , qui a les dents dentées profondément d’un côté, comme des pei- gnes ; Cuvier lui a donné le nom d’Æc. ctenodon. L'espèce qu’on peut considérer comme type de ce genre, est l'ACANTHURE CHIRURGIEN ( Chæt. chirurgus. L. Bloch.), qui est varié de noir, de jaune et de violet ; il se trouve aux Antilles. Nous en avons figuré une espèce nouvelle dans notre No- sographie du Aègne animal ( Poissons, pl. 55, fig. 2): elle aéténomméepar Cuvier Acanth. Deli- sianus , et se trouve à l'ile de France ; un dessin —— F ACAR SL EE De, mea men 16 ACAR D ——— ————————_——————————"/—— re colorié en a été fait sur le vivant par M. Delise, à ui elle est dédiée. (Gu£r.) ACARDE , Acardo. (mozr.) Genre établi par Bruguière , figuré dans l'E ncyclopédie mél hodi- que, PL 179, COS 1,22t3, sur une coquille bivalve , décrite par Come Bruguière joi- gnit les ostracites de Picot-Lapeyrouse à ce genre, qui a été adopté par Guvier , sous le nom d’Os- TRACITE. (Ÿ’. ce mot.) (Ducr..) ACARIDES. (aracux.) Tribu de la famille des Holètres, dans l’ordre des Trachéennes, dont les caractères essentiels sont d’avoir des chélicères simplement composées d’une seule pince cachée dans une lèvre sternale ; les pieds au nombre de huit ou quelquefois de six au moment de la nais- sance ; la troisième paire se développant après quelque temps. Ces arachnides sont de très-pelits animaux . presque microscopiques , ct que l’on trouve par- out. sous les pierres , les écorces d’arbre ; dans Ja terre, sur les animaux, soit morts, soit YiVADS ; elles sont ovipares, etmultiplient beaucoup. On les a long-temps réunies sous les noms de Mittes, Cirons ou Tiques; mais l’on a été obligé de les diviser en plusieurs genres, fondés sur quelques différences d'organisation ; ces genres, établis ou adoptés par Latreille dans la are édition du Regne animal, sont répartis dans trois divisions ainsi qu'il suit : La première division , les AcARIDES propres , Latr., composée d’ A de qui ont huit pieds uni- quement propres à la course , et des antennes- pinces. Cette division renferme les genres suivans : 1° Les Tromgiions et Envrurées, peu diffé- rens entre eux. (V. TromBipions.) 2° Les Gamases. Ce genre renferme quelques espèces vivant en société et nuisant aux arbres sur les feuilles desquels elles forment , avec de la soie , des toiles très-fines. 3° Les Cueyrères. Une des espèces de ce genre se trouve dans les livres, ce qui lui a fait donner le nom de Gheylète Erudite. Elle ronge le papier et les plantes des herbiers. 4 Les OnIBATES, remarquables par leur dos couvert d’une espèce de bouclier qui déborde le ventre et se replie sur les côtés. 5° Les Unorones. Ce genre est formé sur une espèce à pieds très-courts, vivant sur les coléo- pères ; ; elle est remarquable par la manière dont elle s’y fixe; elle tire de son anus une soie ou fil avec lequel cle s'attache à ces insectes , ct reste ainsi suspendue en l'air. 6° Enfin les Acarus proprement dits. ( Y’oy. ce mot.) La secondedivision, les Tiques , Ricinæ, Laitr., comprend des AO qui ont encore huit pieds uniquement propres à la course , mais qui sont dépourvues d’antennes-pinces proprement dites ; ces organes sont remplacés par deux James en lancette, formant, avec la languette, un sucoir. Cette Re renferme les genres BneLze et Swa- RIDIE, qui ont les yeux distincts, les palpes saillans, filiformes et libres , un suçoir composé de pièces membraneuses et sans dentelures, et le corpstrès- mou. Les espèces de ces deux genres sont vaga- bondes, ct se trouvent sous les pierres, les écorces d'arbre ou dans la mousse. Les autres tiques n’ont point d yeux perceptibles ; elles sont. para- sites et sucent le sang des animaux ; ce sont les genres IxopE et AnGas. (7. ces mots.) La troisième division , les HypracnneLzes, Latr. , est formé de mittes qui ont ercore huit pieds, mais ciliés et propres à la natation. Elles forment le genre Hypnacune (v. ce mot), qui a été divisé en trois petits sous-genres : les Æy- lais, Hydrachna proprement dites , et les Limno- chares. Enfin la quatrième division , les MicrornTnmes , Microphthira, Latr., s'éloigne de toutes les autres par le nombre de pieds qui n’est plus que de six. Elle renferme les genres Ganis, LEPTE, ACHLYSIE, Aroue et Ocxrère. (Ÿ. ces mots.) (A. P.) ACARUS. (aracux. ) Genre de la tribu des Acarides , famille des Arachnidesholètres , ayant pour caractère d’avoir le corps très-mou , des chélicères didactyles, et des palpestrès-courts ; les pattes, au nombre dehuit , sont terminées par une pelote vésiculeuse, pouvant prendre toutes les formes , selon le besoin de l’insecte. Ces animaux, plus connus sous les noms de Mittes et de Cirons, sont très-répandus sur les différentes ne qui commencent à éprouver quelques détériorations. Ainsi le pain, les confi- tures, la viande desséchée, en sont couverts : les espèces de fromages secs en renferment presque toujours ; ils attaquent tous les objets que les na- turalistes conservent avec tant de peine dans leurs collections ; les animaux et les insectes vivans sont loin d’en être préservés, et quelques uns, qui vivent habituellement dans l’eau , en sont cepen- dant couverts au point d'en être souvent gènés dans leurs mouvemens. On a: accusé les Acarus de causer des maux bien plus graves, et d’être la cause première de bien des épidémies, ce que rien jusqu'à présent n’a justifié ; mais une discussion s'est élevée sur une espèce d’Acarus qui a été trouvée dans les ulcères de la gale chez l'homme, et, comme l'ont avancé quelques auteurs, dans ceux des diffé- rens animaux; des auteurs d’une grande autorité, enire autres Degéer , dont le nom fait autorité quand il s’agit de bonne foi ou de bonne observa- | tion, ont prêté l'appui de leur nom à ces remar- ques, et l'on a conclu que la gale était le fait de la présence de ces insectes ; il y a même eu dans ce sens des trayaux très-modernes. M. Raspail , dans un Mémoire sur ce sujet, a mis en regard les opinions pouret contre; il a opposé ses OU uionn qui avaient toujours été négatives , et celles de beaucoup d’autres personnes , à ce qu ‘avaient dit ses prédécessurs, et il en est venu à cette con- clusion, que je ne puis qu'adopter : c’est que sou- vent on a pu trouver des Acarus dans les ulcères de la gale, mais que plus souvent encore lesulcères existent sans eux, que par conséquent la gale n’est pas due à Ja présence d’un Acarus, mais qu'un Acaru o Aeetabulaire 3 \earus @ 4 gade de l'homure 6 Ache 2 3 de la,gale du cheval ATOS TS Ban 3 __— __ du fromage - Acomit #. Achias LE ACCI 17 ACCL mm) Acarus peut vivre et peut-être multiplier dans les ulcères qu’elle produit. Depuis la publication de ce Mémoire, M. Raspail est parvenu à observer l'Acarus dé la gale du cheval; dans son Traité de chimie: organique, il en a donné une bonne figure qui ést reproduite dans l'Atlas de:ce Dictionnaire, pl.3, fig.2 et3.On a copié aussi la figure de l'espèce observée par Degéer, dans la gale de l'homme, fig.1, et sous la fig. 4 celle, de l’Acarus de la farine ou du fromage (4. scabiei, Fab.). Ge dernier est petit, avec le corps arrondi ; la bouche et les pattes sont d'un brun clair; l'abdomen est ovale, transparent, ayant en dessus deux petites lignes courbes et brnnes ; il est terminé par deux petites soies. * 4L'A. domestique (4. domesticus, Degéer). C’est cette espèce qu'on trouve dansles collections d’in- sectes : son corps est ovale allongé, blanc sale, avec deux points bruns, placés l’un à la partie an- tériéure, l’autre à la partie postérieure ; il a en outre quelques longs poils clair-semés. ï * Ge-genre contient encore d’autres espèces qu'il serait trop long de mentionner ici; nous dirons seulement un mot de celle que vient de découvrir M. Turpin ; savant botaniste et le premier peintre de botanique de notre époque. Get habile obser- vateur a remarqué que les petites gales corniculées qu'on observe sur les feuilles des tilleuls, sont produites par une espèce d’Acarus, très-remar- quable par la forme allongée de son corps et par ses quatre pattes postérieures. (A. P.) > ACASTE , Acasta. (mozr.) Genre de coquilles multivalves , établi par Léach aux dépens des Bala- nes, appartenant à l’ordre premier de la division des Cirrhipèdes de M. Lamarck, et composé de quel- ques espèces que l’on ne trouve que dans les épon- ges. Ces coquilles ont la forme d’une tulipe, mais avec six valves, recouvertes par un opercule for- mé de quatre parties égales; en sorte qu’en y comprenant Je fond , qui ressemble à une moitié d'œuf, ces coquilles sont composées de onze pièces. Ce petit genre, bien caractérisé et généralement adopté par les conchyliologistes, a été supprimé par M. de Blainville, dans son traité de Malacolo- gie, sans qu'ilen ait déduit les causes; mais la science lui restera redevable de deux très-bonnes figures qu’il en a données au n° 3 de sa planche 85. On péut aussi consulter , pour deux autres espèces , le Magasin de Zoologie de M. Guérin, année 1831, Mollusques, n° 24 et 59. L'animal qui habite ces coquilles est encore inconnu. (Duc. ) ACCENTEUR. (ois.) Genre très-voisin de ce- lui des Fauvettes et duquel beaucoup d’auteurs pe l'ont point séparé. (V7. Fauvetres.) (D.x n.) «ACCIPITRES ov Accrrrrrins. (o1s.) C’est le nom que Linné donne au premier ordre de sa classification des oiseaux. Cuvier l’a désigné sous le nom d'Oiseaux de proie, et Duméril sous ce- lui de’ Rapaces:, Quant à Linné, il l'avait ainsi hommé du nom latin de l’épervier (accipiter), suivant la méthode qu'il a suivie, dans beaucoup d'occasions, de désigner le genre par le nom d’une espèce type, qui lui semblait en résumer tous les garactères de la manière la plus frappante. Touz L Les Accipitres sont dans la classe des oiseaux ce que les bêtes féroces, les Carnassiers ,sont dans celle des mammifères. Ils ne vivent que de proie morte ou vivante , et leur force musculaire, la puissance et la vélocité de leur vol permet aux espèces courageuses de ‘poursuivre et d'attaquer les autres oiseaux, les petits quadrupèdes et même les reptiles. Leurs cuisses et leurs jambes sont vigoureuses , leur tarse est peu allongé ; leurs doigts , au nombre de quatre , dont un seul en ar- rière, sont «armés d'ongles forts, tranchans et crochus comme leur bec, qui par sa forme est éminemment propre à dépecer la chair presque vivante, dont ces oiseaux se repaissent. La fe- melle est presque toujours plus grosse que le mâle, nommé ‘Tiercelet en terme de fauconnerie. Il résulte de là que, dans beaucoup de localités, ils sont regardés comme appartenant à des espèces différentes , et désignés par d’autres noms. On les divise en deux grandes familles , celle des diurnes ct celle des nocturnes. Les diurnes ont les yeux placés de côté, la base de leur bec est le plus souvent recouverte d’une peau nue et colorée, que l’on nomme cire. Les muscles de la poitrine sont plus puissans, plus fortement fixés au sternum, qui est entièrement solidifié. Leur plumage est serré, leurs pennes fortes; ils cherchent les lieux les plus éclairés, s'élèvent aux plus grandes hauteurs, bâtissent sur la cime des arbres, ou sur les rochers les plus escarpés, des nids que l’on appelle aires pour les grandes espèces. Les nocturnes ont la tête grosse, d'énormes yeux dirigés en avant, et la base du bec recou- verte de soies raides. L'appareil du vol a beau- coup moins d'énergie que dans les premiers. Les plumes lougues et dilatées, à barbes finés et soyeuses , dont ils sont entourés, les font paraître d’un volume énorme, comparé à leur volume réel ; leur vol est lent ct silencieux. Ils sont éblouis par la lumière, ct s'ils se trouvent aventurés de jour dans des lieux découverts, ils se voient bien- tôt assaillis de tous côtés par les espèces les plus fai- bles, qui, pour assouvir leur antipathie, se précipi- tent souvent dans les piéges qui leur sont tendus. De leur côté, les oiseaux nocturnes , loin de repousser un méprisable ennemi ou de s’enfuir, se redressent, prennent des postures bizarres, et font des gestes ridicules. (F7, Cnouxrres.) (D. x. nr.) ACCLIMATEMENT. (pnystor.)Les diverses races de l'espèce humaine, disséminées sur la surface du globe,attestent que l'homme est cosmopolite, etque son organisation si compliquée, siimpressionnable, peut se soumettre cependant à toutes les destinées que lui offrent les régions différentes qu’il parcourt ou qu’il habite. Sa vaste intelligence lui fournit les moyens de braver les rigueurs des climats les plus opposés, de se mettre en rapport avec le sol sur lequeb il a recu l’existence , ou que lés caprices du sort le forceront à adopter. Mais, roi de la terre , s’il a pris possession de son empire , s’il a renversé les obstacles, franchi d'immenses et arides déserts, atteint la cime des hautes montagnes, s’il a lancé II: Livraison. 3 A ACCL PS gelés, ils tomberont atteints, d’une gangrène-pro# ses vaisseaux dans Loutes les directions , traversé l'Ocean , abordé toutes Les plages , ce n’est souvent qu'en le payantide son sang, desa santé et de sa’ vie, qu'ilobtient le noble prix de tant de courage, de tant de pénibles efforts. | On ne saurait nier que l’homme porte l’em- preinte du climat qui l'a vu naître, où qu'il habite depuis assez long-temps : son organisation s’iden- ühe avec les circonstances qui l’environnent ; les résultats de celte influence , sc prolongeant pen- dant plusieurs générations, sc transmettent en- suilc, comme un type, des pères aux enfans ; c’est ainsi que s'élablissent ct se perpétuent les races ; cest ainsi, qu'ont dù se former plusieurs espèces d'animaux: Mais plus ces caractères scronk tranchés, plus les organes , la forme , les habitudes, lesmaœurs de 1 homme auront été modifiés par l'influence du cli- mat, plus il lui deviendra difficile de vivre sous un ciel nouveau, d’habiter une autre région du globe. Ainsi le Lapon transporté au Sénégal, le Nègre du Zanguebar jeté sur les côtes de la Norwége, se- ront exposés à périr; tandis que l’homme des ré- gions lempérées , dont les habitudes sont plus flexi- bles , l’économie plus facilement modifiable , sup- portera plus volontiers les nouvelles conditions d'existence d’un pays étranger. | Cependant ce n’est qu'après un certain laps de temps que ses organes se prêleront à des modifi- calions nécessaires ; il faudra que ses fonctions s’harmonisent , pour ainsi dire, avec ce qui l’en- toure. C’est ce temps à passer, ces changemens à subir, pour atteindre un équilibre indispensable à la santé , que nous appelons Acclimatement. L'abaissement ou l'élévation de la température ; la sécheresse ou l'humidité de l'air les différentes pressions atmosphériques , les émanations maréca- geuses son les circonstances principales qui agis- sent sur l'homme forcé d’häbiter dans ‘un pays nouveau, Les fonctions qui les premières recoivent l'in- fluence de ce changement sont la circulation, la respiration , et par conséquent la calorification. Lorsque l'habitant d’un pays chaud ou tempéré arrive vers les pôles , il lui faut, pour réagir contre l'intensité du froid, produire une plus grande quantité de chaleur; et comme la source princi- pale de celle-ci est dans la respiration, comme il est aujourd'hui prouvé, par les expériences d'Ed- wards, que les animaux consomment d’autant plus d'air que la température est plus basse, les orga- nes qui servent àcctte fonction devront acquérir une plus grande activité, Il en résultera pour eux une excitation plus vive, plus énergique ; de là toutes les affeclionsiqui peuvent en être la suite : les catarrhes bronchiques et pulmonaires, les pleu- résies, les pneumonies, la phthisie même et son effrayant cortége. Le sang, refoulé incessamment vers le cœur et la têle, produira des anévrysmes, des apoplexies ; les extrémités , les pieds, les mains, le nez , les oreilles, privés de ce stimulant néces- éaire, resleront sans force deréaclion; engourdis, ACCL fonde. En même temps aussi querles facultés sens siives deviendront plus obtuses cl demeurcront» anéanties par le froid , appareil digestif aequerral plus de puissance, et réclamera” une nourriture» plus abondante et plus excitante. Transporté dans un pays froid, lhabitant des contrées méridio- nales devra donc non seulement se garantir con . tre la rigucur du climat, en portant des vêtemenss de laine ou de peaux d'animaux, en s’exposant le, moins possible aux courans rapides des vents gla- cés, en tenant particulièrement la poitrine cou+ verte; mais il lui sera nécessaire encore de rappe- ler la circulation vers la peau, les éxtrémités, en abritant ces parties , en réveillant leur action par des frictions et un exercice convenable ; ilchoisiræ ses alimens dans Je règne animal, fera usage de boissons spiritucuses , en évitant l'ivresse qui le li- vrerait sans défense aux mortels eflets d’un froid rigoureux, Accablés déjà par les fatigues et les pri- vations de toute espèce, n'avons-nous pas vu, à la fin de la désastreuse campagne de Russie , nos soldats chercher dans les boissons ‘alcooliques, avec l’oubli de leurs maux , une énergie que la mi- sère avait épuisée, et bientôt, anéantis par l'ivresse, trouver la mort, et joncher de leurs cadavres les neiges. d'Osmiana, de Wilna et de Kowno? L'homme qui laisse les contrées voisines du pôle; ou même nos (climats plus doux, pour approcher des tropiques et de l'équateur, éprouve des effets opposés, mais tout aussi manifestes, et dont les résullats ne sont pas moins graves. Chez Jui l’ap= pareil respiratoire perdra de son activité ; il ces= | sera de produire une aussi grande quantité de calorique; sa circulation s’accélérera, et il en résultera une pléthore générale; la chaleur , diminuant l'énergie du système musculaire, bri- sera ses forces, épuisées déjà par une abondante transpiralion. L’encéphale, le foie , les membranes muqueuses de l'appareil digestif deviendront le siége de congestions sanguines; .une somnolence invincible , des douleurs violentes de tête, l’apos plexie , l'hépatite, la gastrite, la diarrhée , la dy= senteric, viendront troubler ou menacer ses jours la fièvre jaune l’attendra à son débarquement aux Antilles : le choléra-morbusle frappera aux Indes. On a observé au reste que des pays chauds, si- tués sous une même latitude, pouvaient exercer une influence différente sur les individus qui les habitaient pour la première fois : ainsi, malgré la plus grande élévation de température, la mortalité est moins considérable parmi les individus qui ar- rivent à Madras que parmi ceux qui séjournent à laVéra-Cruz. Mais après un certain temps, cette pro porlion s'établit dans un sens inverse : en Amériques les Européens quiéchappent aux ravages dela fièvr@ jaune s’acclimatent assez facilement ; aux Indes, au contraire, les varialions continuelles de l’at- mosphère, lés chaleurs accablantes du jour qui succèdent à Ja fraîcheur des nuits, rendent ce pays plus constamment insalübre , et occasionent des désordres plus graves et plus durables dans la conslilution des Européens qui l’habitent. C’est - Le & Æ ACCL pour cette-raison que le gouvernement anglais re- nouvelle fréquemment, les garnisons de ses posses- sions del'Inde, : _ L'influence des astres, si peu. manifeste dans _nos.climats, est au contraire très-marquée -sousles tropiques , ! parce, qu'elle est. plus directe : les médecins qui ont voyagé sous celle zone ont ob- servé l'influence lunaire sur Ja marche et les pro- grès, des diverses. maladies. Mais: les: affections causées par l'élévation de la température seront surtout diflicilesà éviter pour l'Européen, s’il porte dans Jes régions intertropicales les usages et la manière de.vivre de son pays..Il. est donc indis- _pensable qu'il. commence, dès la traversée, à se montrer plus, .sobre, à se priver de liqueurs spi- ritueuses, à ne point surcharger son estomac d’a- Jlimens substantiels ; à son arrivée 1l devra se sou- mettre ,à une diète végétale, faire usage de bois- sons aqueuses , douces , lactées, ou légèrement aeidulées; ces boissons ne, devront être ni trop abondantes , ni trop froides ; parfois même il de- viendra nécessaire: de. les aiguiser de quelques gouttes d’une liqueur alcoolique. : cette précaution ‘a sufi, pendant les campagnes. des Français en Jialie, pour diminuer la fréquence des dysenteries occasionées: par, l'abus; des limonades, à/la glace. L'usage continué du : vin, de l’eau-de-vie, du rhuuw, serait promptement, funeste; les fruits.en petite quantité sont, aussi salutaires qu'ils devien- draient, nuisibles mangés:en. abondance ; l'homme étranger-à ces contrées brûlantes devra surtout se couyrir devêtemens légers, n’entreprendre aucun exercice durant la plus grande chaleur du jour; suivre même. l'usage des indigènes qui , pendant cet instant , se livrent au sommeil; se. coucher de bonne heure , sur un lit de crin , entouré. d’une gaze pour se préserver des. insectes:;-se lever de grand matin et se plonger fréquemment dans un bain froid, surtout lorsque le corps n’est pas cou- vert de transpiration: [our L’humidité n’a pas moins. d'influence sur lenou vel habitant d’un climat que l'élévation. ou l’abais- sement; de la température ::les pays'bas ; maréca- geux, exposés à de fréquens brouillards , débilitent, amollissent la constitution; les forces musculaires diminuent, la peau se décolore ; le système .ner- veux, moins irritable, est moins activement sti- mulé par les autres organes; les: chairs s’engorgent de liquides ; les sécrétions muqueusés augmentent; de là naissentdes affections catarrhales, des mala- dies des voies urinaires; passant facilement à l’état chronique; lesrhumatismes, le scorbut , l’engor- gement des glandes , le développement des tuber- cules , etc. On comprend alors combien il est urgent. de se soustraire aux inconvéniens d’un pareil climat. Les vêtemens de laine, de flanelle , ‘Immédiatement appliqués sur la peau; les frictions D'aUsi0 sèches; les ‘boissons aromatiques. {éïies que Xe | thé ; le café , les vins généreux ;les viandes faites, deviennent alors, d’un usagé indispensable. Les bains chauds et: üm exercice fréquent : doivent seconder l'effet de-cés premiers moyens. Lorsqu'à l'humidité ‘habituelle se:joignént des émanations ‘19 ACCE A ———————— marécageuses , source de maladies nouvelles ,et principalement de fièvres intermittentes , il faut, avant tout, éviter de sortir le. matin etile soir; ne ‘jamais marcher dans, la direction, des vents qui poussent ces émanations ; habiter autant que pos _sible des lieux éleyés, des appartemens bienaérés et secs ; se garder enfin des excès en tout genre, qui augmentent encore la débilité. Si l'habitant de la plaine ou des vallées trans- porte à son tour son habitation au milieu des mon- tagnes , il éprouvera aussi d'importans changemens qui le disposeront à diverses affections : la raré- faction de l'air , l’impétuosité des vents, les brouil- lards.accumulés, les variations brusques dela tem- pérature activent la circulation , ajoutent à l’action pulmonaire, génent la respiration, et déterminent des crachemens de sang , la phthisie, qui marche alors rapidement vers uneissue funeste. Aussi les villes situées sur le. penchant ou au sommet des collines sont-elles fatales aux individus disposés à cette cruelle affection. C’est en évitant de s’expo- ser aux courans rapides du vent, c’est en se ga- rantissant contre les changemens subits de l’at- mosphère, c’est enfin en se privant de tout exercice un peu pénible, qu’on parvient à atténuer les. dés- avantages d’une telle habitation. Iln’est pas nécessaire ; au reste , de passer ainsi du froid.extrême à une chaleur excessive, d’une grande sécheresse à l'humidité, des vallées pro- fondes à la cime des montagnes , pour éprouver des.modifications remarquables dans son organi- sation: il suffit. souvent de se transporter à une faible distance, d'aller habiter sous une exposition différente, pour subir les chances d’un acclimate- ment. Ainsi le villageois qui se.fait citadin., l'ha- bitant de la province qui se fixe ou séjourne à Paris, sont obligés de payer tribut au nouyeau genre de vie qu’ils adoptent ; aux nouvelles influen- ces qu’ils reçoivent. Il est peu de personnes, ar; rivées récemment dans la capitale , qui neressen- tent quelque dérangement, dans. leur santé : les digestions deviennent plus lentes, plus pénibles ; une diarrhée légère est le premier symptôme de ce trouble passager ; la céphalalgie et quelquefois un peu de fièvre l’accompagnent. ‘On attribue à tort cesindispositions à la seule insalubrité de l'eaus mais les personnes qui s’en abstiennent n’en sont pas moius atteintes : il. est facile de, concevoir qu’uve foule de causes y contribuent, ;les.émana- tions nuisibles ;qui s'élèvent au ‘milieu des, vastes réunions d'hommes, l'irrégularité des repas ; les courses fatigantes , les veilles prelongées, les plais sirs de toute espèce, qui, s’offrant.à chaque. pas, séduisent. et entraînent les nouveaux arrivés ,. les émotions de toute nature ont certainement autant d'influence que la qualité des boissons et, des aliz mene Il ss3ff4 ana da nannaîtra . da vaféclir sur aliURICe LE DUAL ŒURU UC L'URL HAUL AS MU LAAOUL ces causes pour les éviter et: se soustraire aux In- coñvéniens.d’un premier séjour dans la capitale et dans toutesles grandes villes. 45, St En changeant de climat, l'homme n’a pas seu- lemént à redouter les modifications inévitables de sa constitution physique, ilfautencorequ'ils’arme, nn ° AGCO 20 ACCO oo qu’il se prémunisse contre les nouvelles impres- sions que lui feront éprouver l’aspect des pays, ainsi que les mœurs , les lois , la religion des peu- ples chez lesquels il vient chercher asile ; il lui faudra , en un mot, subir une sorte d’acclimate- ment moral. Ne sait-on pas , en effet, que les mon- tagnards , habitués au magnifique spectacle d’une nature accidentée et pittoresque , comme à une existence vagabonde et indépendante , s’accoutu- ment mal à l’uniformité desplaines et aux formes sociales , paisibles et régulières ? Ne sait-on pas que les habitans du centre de l'Europe, en perdant leurs mœurs circonspectes , dans les pays où la li- cence est presque un principe parce qu'elle est un besoin , se livrent alors sans mesure à l’irrésistible entraînement de leurs passions et en périssent bien- tôt victimes ? Ce que nous avons dit, au reste , des change- mens queles climats apportent dans l’organisation humaine, peut s'appliquer, sous certains rapports, aux animaux et aux végétaux. Les uns et les au- tres vivent mal dans les régions où règne une température entièrement différente de celle du pays qui les a vus naître ; le palmier ne saurait croître près de la mer Glaciale ; le léopard des dé- serts arides de Sahara ne pourrait exister au mi- ‘lieu des glaces du Spitzherg, ni l'ours blanc, ha- bitué aux frimas, vivre sur le sol brûlant de la Nubie; mais l'un et l’autre, entourés de précau- tions nécessaires , finiront par s’acclimater dans nos pays tempérés. Les végétaux ravis aux tempé- ratures extrêmes trouveront un refuge dans les serres de nos jardins , et une existence factice dans les soins assidus de la culture. Ceux de notre zone pourront prospérer, à leur tour, sous des condi- tions atmosphériques différentes ; ils prendront plus d'extension, perdront de leur saveur, de leur couleur, s’élioleront sous un ciel brumeux et sur un sol humide; tandis que leur développement sera moins considérable, leur arôme plus pro- noncé au milieu des pays secs et chauds. Enfin les animaux qui se plient le plus volon- tiers au joug de l'homme , qui partagent avec Jui ses travaux, ses habitudes domestiques , seront aussi plus facilement soumis à des températures -différentes , et livrés aux chances d’une existence -nouvelle, (P. Genrir.) ACCOUCHEMENT. (Puystor. } En latin partus. Ce mot exprime la sortie du fœtus et de ses annexes hors du corps de la mère. C’est ordinairement à la fin du neuvième mois de la grossesse que l’accou- -Chement arrive. Cependant il peut avoir lieu quel- que tempsavant ou quelque temps après cette épo ‘ que. Plusieurs auteurs anciens , s'appuyant sur ce queles petits des animaux ovipares rompent eux-mé- . mes la coque quiles renferme , pourensortir, pen- saïent par analogie que le fœtus est lui-même le prin- cipal agent de sa sortie. Pour réfuter cette opinion il suffit dé remarquer que l’Accouchement d’un enfant mort ne diffère en rien de l’Accouchement d’un enfant bien portant. Il faut d’ailleurs ad- mettre , d’après un grand nombre d'observations, que les seules contractions de la matrice suffisent pour expulser de sa cavité le fœtus qui s’y ‘était développé; que l’action combinée des muscles abdominaux, jointe à celle du diaphragnie, con- court puissamment à chasser au dehors le pro- duit de la conception ; mais que sans les contrac- tions de la matrice, celles des muscles abdomi- -naux combinées même avec celles du diaphragme et jointes aux efforts que pourrait faire l'enfant, sont insuffisantes à l’accomplissement de cette im- portante fonction. Pour que l’Accouchement se termine naturelle- ment, il faut 1° que le bassin de la femme ait des dimensions suflisantes pour livrer passage à l'enfant ; 2° que le fœtus ne soit affecté d'aucun vice de conformation qui augmenterait son volume au point de former un obstacle à sa sortie; %°en- fin que l'enfant se présente convenablement à l’o- rifice de l'utérus et au détroit du bassin, Ces con- ditions se trouvent très-souvent réunies , de sorte que les Accouchemens dont la termination exige les secours de l’art sont peu nombreux. Voici, au reste, à ce sujet, les observations faites dans diffé rens pays. À l'hospice de la Maternité, à Paris, dans l’espace de quinze années, 20,357 Accou- chemens ont produit 20,517 enfans ; sur ce nombre 20,183 Accouchemens ont été naturels , et 334 ont été contre nature. À l’école de Vienne, sur 2,923 Accouchemens , 53 ont été contre nature. Au dis- pensaire de Westminster, sur 1,897 Accouchemens il y en aeu 32 contre nature , et ainsi de suite dans des proportions peu différentes. (M.S. A.) ACCOUPLEMENT. (»uysror. ), où l’union des sexes dans l’acte générateur. Parmi les différentes manières dont la nature travaille à la reproduction des espèces, elle a vouluque l'espèce humaine dût la sienne au concours de deux individus sembla- bles par les traits les plus généraux de Jeur organi- sation, mais destinés à y coopérer par des moyens particuliers et propres à chacun. La , différence de ces moyens constitue le sexe. L’Accouplement n’est point indispensable dans toutes les espèces d’ani- maux ; les anatises , les huîtres , les polypes, etc., se fécondent isolément. Il n’a pas lieu non plus chez certains poissons et chez quelquesreptiles, quoiqu'il y ait déjà besoin chez eux de la coopération de deux individus de sexe différent pour en procréer de semblables. L’Accouplement est dit simple, lorsqu'il con- siste dans l’union d’un mâle et d’une femelle, ce cas est le plus commun; réciproque , lorsque deux animaux hermaphrodites (»v. ce mot } donnent et recoivent à la fois, comme dans les limacons ; com- posé, lorsqu'un individuhermaphrodite recoit d’un premier , donne à un second , et ainsi de suite, L'union des sexes , dans l’acte générateur, peut se faire avec introduction de l'organe mâle, par contact des parties sexuelles, ou bien à distance. Les mammifères , les crustacés, les insectes , les les arachnides , plusieurs mollusques , et quelques vers annelides, sont dansle premier cas. Lesoïiseaux les poissons, qui font des petits vivans, comme les raies, les squales , etc. , offrent le second exem- ple ; tandis que le troisième cas est celui de tons (oo ACCO 21 ACCO PS les poissons qui font des œufs, celui de quelques mol- ‘Jusques et zoophytes , et des reptiles qui, comme les grenouilles, vont déposer leurs œufs dans l'eau. La durée de l'Accouplement varie à l'infini, et suivant les espèces que l’on examine ; il est instan- tané dans beaucoup d'oiseaux, les coqs , les moi- neaux , etc. ; il dure très-long-temps dans le lima- çon, dans un grand nombre d'insectes, et ainsi desuite. Le mode ou la manière dont se fait l’Accou- plement, et l'époque à laquelle il a lieu chez les animaux, sont subordonnés , dans le premier cas, à la conformation générale du corps et parti- L’Acorus gramineus, dont les feuilles sont irès-ctroites, la tige et les épis plus petits. Gette espèce est originaire de la Chine. Elle porte un fruit globuleax et un peu charnu. (G £.) … AÇORES (Iles). (c£ocr. ) Sous ce nom, on comprend un groupe d’iles, situées dans l’o- céan Atlantique, et faisant aujourd'hui partie du royaume de Portugal. Elles furent découvertes, pour la première fois, par des vaisseaux flamands en 1439 : plusieurs familles des Pays-Bas vinrent s’y établir: de là, la dénomination d’{les Flaman- des, qui leur est donnée par plusieurs géographes anciens. Ce furent les Portugais qui, en 1447, découvrirent successivement les iles de Sainte ACRI Marie, Saint-Michel et Terceire. Elles recurent alors le nom d'Açores, à cause de la grande quan- tité d’éperviers qu'on y trouva : en “langue por- tugaise , açores veui dire éperviers. Les volcans qu’on y voit brûler, les terres sul- fureuses et les scories qu’on y trouve , l’île neuve qui apparut tout à coup en 1720 à la suile d’une éruption sous-marine, prouvent assez que ces îles forment les sommets de montagnes volcaniques dont la chaîne s’étend sous les eaux de l’océan Atlantique. Dans l’éruption de ME le fond de la mer était tellement chaud auprès de l'île de Ter- ceire , qu'il fondit à plusieurs reprises le suif placé au bout du plomb de la sonde. Depuis quelques années , les événemens politi- ques‘ont donné une haute importance à l'ile de Terceire. Elle est devenue le séjour des Portugais restés fidèles à la cause de la reine dona Maria : c’est dans Angra, sa capitale, que s'établit le 15 mars 1830 la régence gouvernant, au nom de la reine, cette faible partie du Portugal. Tout le monde connaît les circonstances qui ont armé deux frères l’un contre l’autre. On sait que don Pedro, empereur du Brésil, à la mort de don Juan, son père, abdiqua la couronne de Portugal en faveur de son frère don Miguel , sous la condi- tion que ce dernier épouserait dona Maria, fille de l’empereur brésilien. Don Miguel accepta tout d’abo-d les offres qui lui étaient faites; mais , une fois en possession du trône, il refusa constamment de devenir l'époux de la jeune reine. Ge refus est la cause de la guerre qui fixe aujourd’ hui l’at- tention de l'Europe. Les îles Acores PO en abondance du blé, des fruits de toute espèce, et surtout d’excel- lent vin. (G. d.) ACOTYLÉDONES. (zor.) L’ une des trois gran- des divisions du règne végétal, qu’a ét tablies « Jus- sieu. Dans cette division rentrent toutes les plan- tes dont l'embryon de la graine est dépourvu de lobes (cotylédons) ; elle renferme toutes les Cryp- togames de Linné. (G. £.) “ACOUCHI ou ACUSEIT. (wam.) C’est le nom donné à l’une des espèces du genre Agouti. (Foy. Acouri.) (D. Y.R.) ACRE, ACRETE. (cri. ) Ces deux expressions désignent la faculté dont jouissent certaines sub- stances de déterminer sur les organes avec lesquels on les met en contact, une sensation forte, péné- trante et désagréable, qu'il est très-difficile de faire bien comprendre par des mots. A l’exception des cantharides , toutes les substances âcres sont four- nies par les végétaux; telles sont la racine d’a- rum tacheté, celle de scille, de pyrèthre, etc. (EME ACRIDOCARPE Acridocarpus. (80T. re Arbre du Sénégal , ainsi nommé de deux mots grecs exprimant que son fruit a l’aspect d’une sau- ierelle. C'est une espèce de BanisrerrA (v. ce mot ), dont MM. Guillemin et Perrottet ont formé un nouveau genre, sur la considération de ses feuilles allernes et de quelques autres moindres ca- ractères, - (L.) - ACRO AGRIDOPHAGES. (aranr. ) On désigne ainsi cer- taines ‘peuplades qui mangent des sauterelles. (7, Howue et SAUTERELLE. ) (Guér. ) ACROCÈRE , Acrocera. (ins. ) Genre de la fa- mille des Tanystomes, dans l’ordre des Diptères. Ce genre , établi par M. Meigen , a été démembré des Gyrtes de Latreille; ce sont des insectes à corps court, large et bossu, qui n’ont point de trompe ble , et dont les chbiler tes recouvrent les balanciers et sont très-grands. Les caractères propres qui les distinguent con- sistent à avoir des antennes de deux articles, insé- rées à la partie antérieure de la tête, le second article fusiforme terminé par une soie. Meigen , dans le troisième volume de son His- toire des Diptères, en mentionne cinq espèces ; la plus connue est l'ACROCÈRE EN BOULE, A. orbicu- lus, noire avec l'abdomen taché de blanc. ( 7. CynrTes et TANYSTOMES. ) CATPEY? ACROCHORDE , Acrochordus. (rerr.) Horn- stedt a donné ce nom à un genre de serpent couvert partout d’écailles ou plutôt d’écussons petits, égaux, analogues à ceux des Monitors , adhérens comme ceux à la peau par toute leur surface in- férieure , disposés en réseau, granulés sur la tête, surmontés dans les autres points de trois petites carènes dont la moyenne est plus saillante ; leur langue est courte, épaisse, cylindrique, libre, échancrée à sa pointe; les dents sont petites , ai- guës , disposées sur deux rangs à chaque mâchoire. L’ on a signalé chez les Acrochordes un os d’une disposition particulière qui remplace, dit-on, chez ces animaux les crochets des serpens venimeux ; M. Cuvier ne l’a pas remarqué, et, d’après les ob- servations de M. Leschnault, cet illustre natura- liste assure que les Acrochordes ne sont pas veni- meux. L'on croit, sur une note d'Hornstedt, que ces serpens font leurs petits vivans. On ne connaît encore qu'une espèce de ce genre, l’AcrocHoRDE DE JAVA, Æcrochordus javanensis , Lacép., brunâtre en dessus, blanchâtre en dessous; les flancs jaunâtres, marqués de grandes taches bru- nes; sa longueurest de deux mètres et plus; saqueue en forme environ la neuvième partie; sa grosseur est presque celle du poignet, On le trouve, comme son nom l'indique, dans l’île de Java ; les habitans lui donnent le nom de Oular Caron. & tte ACROSTIC, Acrostichum. (mor. caxrr. ) Ce genre, qui appartient à la tribu des Polypodiacées, ou Fougères à capsules entourées d’un anneau élas- tique , et qui a pour caractères d’avoir ses cap- sules dispersées sur toute la surface inférieure de la fronde, sans être recouvertes par aucun tégu- ment, est encore, malgré les retranchemens qui y ont été faits depuis Linné, un des plus nom- breux de ceux de la famille dés Fougères. Sa struc- ture et son port varient beaucoup ; ; les nervures, généralement anastomosées d’une manière irré- sulière sont, dans beaucoup d'espèces , simples, ou régulièrement dichotomes. La fronde est très- souvent simple et plus ou moins lancéolée, comme cela se voit dans les espèces et autres genres ana- 2. 2.Actéon Aurtral 4. Adèle £cerelle 3. Achime NE /Ærlene 2. Aeshne Gore Ô. larve de L'leshne F Luern dre —————————— ACTI fogues que les anciens botanistes appelaient Lingua cervina ; d’autres fois elle est irrégulièrement lobée à son extrémité, comme dans l’Æcrostichum al- cicorne , plante très-remarquable de cette famille, en ce qu'elle fait exception à la forme générale- ment symétrique des Fougères ; enfin elle peut être pinnatifide ou bipinnatifide ; c’est ce qui s’observe dans un grand nombre d’espèces. Parmi les soixante-dix espèces de Fougères du genre Acrostic, quatre ou cinq seulement croissent au-delà des tropiques, dans l'Amérique septen- trionale , au cap de Bonne-Espérance et à la Nou- velle-Hollande ; aucune ne se trouve en Europe. Toutes les autres habitent les parties les plus chaudes des deux continens, et, comme cela s’ob- serve pour toutes les Fougères en genéral, c’est principalement* dans l'Amérique qu’on les rencon- tre. (FSES) ACTÉE , Zctæa. (nor. rnan.) Genre de la fa- mille des Renonculacées, à calice et corolle caducs, quinze ou vingt étamines dépassant les pétales, stigmale épais, placé immédiatement au-dessus de l'ovaire. Le fruit est une baie noire (blanche dans une variété) , uniloculaire et polysperme. Il en existe deux espèces bien reconnues, dont l’une est indigène d'Europe ; on en trouve au Mont-d’Or, où les paysans vendent sa racine sous le nom d’Hel- lébore noir, contre une maladie desbœufs. L'autre croît dans l'Amérique septentrionale. (L.) ACTÉON, Actæon. (mour.) Genre créé par Ocken sur l'animal que Montagu a décrit dans le tome 8 des Transactions linnéennes sous, le nom de Laplysia ; on lui donne pour caractère spécial deux tentacules , les yeux situés à leur base et en arrière. M. Rang (Monogr. des Aplysies, pag. 79) le réunit avec juste raison à la famille des Aply- siens , ordre des Tectibranches.' Nous avons fait figurer dans la pl. 4, fig. 1, 2 de ce Dictionnaire, uneespèce d’Actéon , l'A. aus- tral, Voyage de l’Astrolabe. Cette espèce a été dessinée d’après le vivant , et donne une idée par- faite de ces animaux. (Ducz.) ACTINAIRES. (zoopn. rozvr.) Polypiers du vingtième ordre de la troisième division des Po- lypes appelés Sarcoïdes par Lamouroux. Ni M. Cu- vier, ni M. Blainville , n’ont adopté cet ordre: il n’est composé que d’animaux fossiles, à l’excep- tion du genre Isaure (voy. ce mot), établi par M. Savigny, qui l’a découvert sur les côtes de TÉgypte. | 0 PÉTER) ACTINIE, Actinia. (zoopxn. ) Ces animaux, con- fondus parmi les Mollusques par Linné, sont main- ‘tenant placés par M. Cuvier dans la quatrième grande classe des animaux rayonnés; leur corps, charnu et très-contractile, est couronné à sa partie supérieure d’un grand nombre de tentacules, au centre desquels est la bouche : à leur base est le pied , par lequel ils sont toujours fixés soit sur le Sable , soit aux rochers qui sont près de la surface des eaux. | La faculté régénérative de ces animaux est aussi grande que celle des polypes, lesquels, comme on le sait, peuvent être coupés en plusieurs mor- 37 D ACTI ceaux , chaque partie pouvant vivre séparément et devenir elle-même, au bout d’un certain temps, un animal complet; mais leur développement le plus ordinaire se fait dans l’intérieur de l’animal lui-même ; les petits sortent en assez grand nombre par la bouche, seule ouverture qui existe dans ces animaux, qui sont hermaphrodites et peuvent reproduire leur espèce sans avoir besoin d’accou- plement. Nos mers sont très-peuplées d’Actinies, qui ha- bitent près des côtes pendant tout l'été. À l’ap- proche de l'hiver, elles vont chercher une tempé- rature plus douce dans les eaux plus profondes. Pour changer de place, elles se laissent emporter au gré des flots, rampent sur leur base, ou se trai- nent avec leurs tentacules , qui font alors l’office de pieds. Quand le temps est serein, on voit paraître sur les rochers ou sur le sable une immense quan- tité de ces beaux zoophytes ; tous épanouis et qui ressemblent tellement aux belles fleurs de nos jar- dins, qu'ils ont recu des marins le nom d’Ané- mones de mer; mais si les eaux sont un peu agi- tées, tout disparaît , les Actinies ayant retiré leurs tentacules dans l’intérieur de leur corps, et s'étant contractées elles-mêmes au point d’être diminuées de plus de moitié de ce qu’elles étaient. Ces animaux sont très-voraces, et se nourrissent de mollusques, de crustacés et même de petits poissons qu'ils sai- sissent au moyen de leurs tentacules ; ces organes leur servent aussi à attirer l’animal à leur bouche. Les Actinies peuvent en quelque sorte servir de baromètre, lorsqu'on a Ja faculté de les observer; car , selon leur degré de contraction ou d’épanouis- sement, on peut juger presque certainement si la mer sera agitée ou calme, ou si le temps sera ora- geux ou serein. L'expérience a prouvé que les in- dications fournies par ces animaux sont presque aussi sûres que celles des baromètres, et qu’elles les devancent même dans bien des cas. Plusieurs espèces d’Actinies servent de nourri- ture dans le Levant, dans l’Italie et même sur les côtes de France qui bordent la Méditerranée ; leur chair, assez délicate, a l'odeur et le goût assez analogues à celui des Crustacés. Elles ne causent pas toutes, quand on les touche, cette piqûre brûlante que l’on ressent quand on a touché les orties; mais quelques espèces de la Méditerranée ont cependant celte faculté. On les connaît dans les provinces méridionales sous le nom d’Orties de mer. | Ce genre est composé de plus de trente espèces répandues dans tous les pays, mais plus abonban- tes dans les parties les plus chaudes des deux con- tinens ; elles sont encore fort mal connues. Nous citerons parmi celles sur lesquelles on est le mieux fixé : l'AGTINIE RoUsSE, À. rufa, Lam., 4. equina, Lin. , qui se trouye communément sur les côtes de la Manche, et que les pêcheurs appellent Pis- seuse. Ge nom lui vient de la faculté qu’elle a de lancer l’eau contenue dans son corps, lorsqu'elle est contractée et qu'on l'irrite. M. Risso, qui a publié l’histoire des animaux du littoral de la Mé- diterranée, a découvert à Nice une magnifique ADEL 58 ADIA espèce d'Actinie dn plus beau rouge carmin;elle a été figurée par M. Guérin, dans son {conographie du règne animal, Zoophytes, pL 20, fig. 1". C’est F4. corallina de Risso. Enfin, pour que l’on puisse se faire une idée de la forme extraordinaire et de la beauté de ces animaux , KL Guérin en a fait fi- gurer une magnifique espèce dansda pl. 4, fig. 5, de -ce Dictionnaire; c’est l’Acrinre DE SanTe-HÉLÈNE, Les naturalistes du voyage autour du monde sur | la corvette la Coquille, l'ont découverte dans cette te céRbre. LR.) ACUPUNCTURE. (»nysior. ) Bien que ce mot soit plutôt du ressort de la thérapeutique chirur- gicale que du ressort de l’histoire naturelle, las- sociation que M. Berlioz a eu l’heureusce idée d'en faire ‘avec l'électricité ou le galvanisme, nous a décidés à dire quelques mots sur une opération fort usitée chez les Chinois, les Japonnais et les Indiens. Importée en Europe vers la fin du dix- septième siècle, l’Acupuncture à été jugée dans | ces derniers temps de manière à satisfaire tous les | bons esprits, c'est-à-dire qu’elle peut être utile dans certains cas de maladies nerveuses, rhuma- tismales ou goutteuses; que, pratiquée par des personnes de l’art, elle n'est nullement dange- reuse, mais qu'elle ne peut plus être considérée | comme un moyen infaillible, miraculeux même, | dans tous les cas possibles de médecine pratique, Deux instrumens sont nécessaires pour prati- quer l’Acupuncture : 1°une aiguille d'acier recuit, d’or ou d'argent , très-déliée, très-polie, conique, | plus ou moins longue (deux à six pouces ), mon- tée sur un manche tourné en mamière de vis; 2° un petit maillet d'ivoire ou de bois très-dur et | poli des deux côtés. Ce dernier sert à frapper tout doucement sur le manche de l'aiguille quand on : ne veut pas faire pénétrer celle-ci dans les chairs, | en la tournant lentement et perpendiculairement entre le pouce et l'indicateur, et appuyant lésè- | (F.F.) rement. ADÈLE, Adela. (ixs.) Latreille a donné ce | nom à un genre de Lépidoptères de la famille des Nocturnes, qu'il place dans la neuvième sec- | tion de cette famille, dans les Tinérres. (oy. ce | mot.) Ge genre, qui a été le sujet d’une synony- mie assez embrouïillée, est actuellement restreint et arrêté par Latreille (Règne animal, deuxième | édition), qui lui donne pour caractères essentiels d’avoir les antennes presque toujours fort longues , les yeux très-rapprochés et les palpes inférieurs très-petits et velus. Les espèces qui le composent sont toutes de petite taille, elles ont le portet la forme de certaines Friganes, dans l’ordre des Né- vroptères. On trouve les Adèles dans les bois : leurs chenilles vivent sur les feuilles des arbres ; cles se forment un fourreau avec des fragmens de feuilles et le transportent avec elles, comme toules les teignes, L'insecte parfait éclot dès que les fcuilles des chênes commencent à pousser : on en voit quelquefois des réunions assez mom- breuses voltiger le matin au sommet des arbres et se balancer des-heures entières au soleil, sans quitter l'arbre qu'elles ont adopté. Ces petits Lépidoptères sont très-élégans ; leurs ailes sont ornées des couleurs métalliques les plus brillantes, et étalent aux veux de l'observateur des reflets d’or , de cuivre et de rubis, compara- bles à ceux qu’offrent les oiseaux-mouches. On en connait cinq ou six espèces, presque toutes des environs de Paris; parmi celles-ci on peut citer l’ApèLe RÉAuMuRELLE (T'inea Feaumurella , Lin.) , dont les ailes supérieures sont dorées et sans taches, el l'ADkLE GÉéERELLE ( T'inca Degee- rella, Lin.). Cette dernière, très-commune aux environs de Paris, est des plus brillantes. Ses an- tennes, longues trois fois comme le corps, sont blanches, avec la partie inférieure noire. Elle a cinq lignes d'envergure; ses ailes supérieures sont d’un jaune doré sur un fond noir qui y forme des raies longitudinales; elles ont, au milieu, une large bande transversale d’un jaune doré, bordée- de violet. Nous avons fait représenter cette espèce dans notre planche 4, fig. 4. (IL G.) ADÉONE , 4deona. (zoopu. pouxr.) Ge genre, placé dans les Eschares par M. Cuvier, est fixé sur une Lige articulée; les animaux qui le com- posent sont encore inconnus, et vivent dans des loges qui ne sont nullement distinctes à l’exté- ricur. À la vue simple, ce polypier a l'apparence d'un filet dont une partie des mailles seraient bouchées. C'est à M. Lamouroux qu'on doit l’établisse- | ment de ce genre. M. de Lamarck l’aplacé, dans son traité des animaux sans vertèbres, parmi les Polypes à polypiers ; M. de Blainville J'a rangé, dans l’articie Zoophyte du Dictionnaire’ des scien- ces naturelles, avec les Polypiaires membraneux. Le genre Adéone est composé seulement de trois espèces , qui habitent les mers australes. -R. ADIANTHE, Adianthum. ‘(or. Len ra gères.) Ainsi que le genre Acrostic, le genre Adianthe appartient à la tribu des Polypodiacées, ou Fougères à capsules entourées d’un anneau élastique. Il a pour caractères des capsules réunies en groupes linéaires ou arrondis à l'extrémité des feuilles, recouvertes par un tégument formé aux dépens du bord replié de la feuille elle-même, et insérées sur la face inféricure de ce même tégu- ment, qui s’ouvre en dedans sur les nervures qui s’y continuent, ‘Linné avait réuni dans les Adianthes des genres que nous croyons inutile d'indiquer ici, et qui en diffèrent essentiellement , les uns par leur tégu- ment qui naît de l'extrémité des nervures et s’ouvre en dehors, les autres par l'insertion des capsules au fond du sinus qui unit le tégument à la feuille. L Les feuilles ou pinnules des Adianthes n’ont pas de nervure médianc; elles sont presque toujours minces, délicates et translucides ; les nervures partent ordinairement , sous forme de rayons , de la base même de la feuille, et vont en se divisant plusieurs fois sans jamais s’anastomoser; de là la forme généralement cunéiforme , rhomboïdale eu | lunulée et fort élégante de ces'plantes. Leur tige 2 ADON 59 APDRT est grêle, Hisse et luisante, leur fronde rarement simple : c’est à l’ensemble de tous ces caractères | qu’elles dowent leur nom vulgaire de capillaires. Presque toutes les espèces de ce genre habitent les régions les plus chauces du globe, ont une saveur mucilagineuse légèrement astringente , et TS une odeur aromatique plus ou moins prononcée. Parmi Jes soixante espèces connues , -deux , l’Ædianthum capillus Veneris , capillaire de Montpellier, et l’autre, l'Adianthum pedatum , capillaire du Canada, atteignent des latitudes as- sez élevées. La première, que Fon trouve en Eu- rope, en Ecosse, qui est très-commune dans le midi de la Piece, en Italie, en Espagne, que l'on rencontre encore au cap de Bonne-Espé- rance, aux Antilles, ‘ete., etc., est du petit nombre de ces plantes qui paraissent pouvoir supporter les plus hautes températures. L'autre croît au Canada, comme son nom l'indique. Ces deux Capillaires, et surtout celui du Cana- da, qui est beaucoup plus aromatique , servent à préparer dans les pharmacies un sirop dit de capillaire , dont les usages sont extrêmement fréquens dans les rhumes ct les catarrhes anciens. (F.F.) ADIPEUX. ( cmim..) Qualification des corps qui ont du rapport avec la graisse, ou qui en contien- nent. (FE. F.) ADIPEUSES. ( rorss. ) Voy. NacEomes. ADIPOCIRE. ( cm. } Cette substance, solide, d’un blanc jaunâtre, cristallisant en aiguilles, etc., mieux désignée sous le nom de gras des cadavres, que l’on ne doit plus confondre avec la cholesté- rine ou matière grasse des calculs biliaires, ni avec le blanc de baleine ou cétine, n’est autre chose qu’une espèce de savon animal, formé, d’après M. Chevreul, d’un peu d’ammoniaque , de potasse et de chaux combinées avec beaucoup d’acide margarique , un peu d’acide oléique, etc. Le gras des cadavres, toujours d’après le même chimiste, serait le résultat de l’action de la graisse sur l’am- moniaque fournie par la décomposition de la fi- brine, de l’albumine, etc. ; tandis que la potasse et la chaux proviendraient de quelques substances salino-terreuses qui constituent le gisement. 3 On lobtient lorsque l’on plonge dans l’eau , ou que l'on enfouit dans un terrain humide , 4 ca- davres entiers ou quelques unes de leurs parties seulement. (FF. ADONIDE , Adonis. (Bor. PHaN. ) Plante her- bacée , de la famille des Renonculacées ; on la dis- tingue dans les moissons à son aspect élégant, à ses (£euilles très-finement découpées, à ses fleurs rouges dans quelques espèces. Le calice a cinq fo- koles; lenombre des pétales varie de cinq à quinze ; les étamines sont nombreuses et inégales. On cul- tive l'Adonis autumnalis, ou goutte de sang; c’ect elle qni est l’objet de la fable d’Adonis. L’es- ce des champs, 4, æstivalis ( œil de perdrix ), vient aussi dans les jardins. On trouve des Ado- nides au cap de Bonne-Espérance; la Vernalis fleurit au nord et au ue de l'Europe, et même en Sibérie (L. | ADRAGANT (Gomme ). PRE ) ba Lonids | adbabane où adragante découle lentement et na- turellement, ël l'époque des grandes chaleurs, de | différens arbrisseaux € épneux d'Orient, qui crois- | sent sur le mont Ida, x Candice , en Crète, etc. , qui appartiennent à la famille des Léguminenses de Jussieu, et au genre Astragalus de ‘Linné. On | cite pr incipalement l'Astragalus verus d'Olivier , V'Astragalus gumimifer de Labillardière, etc. Quant À l'Astragalus tragacantha de Linné, il ne donne pas du tout de Écne adraganî. Cette Gomme se présente dans le commerce sous forme de morceaux tantôt rubanés, tantôt vermicellés, tantôtenfin amorphes, on dutés , d’une couleur qui varie du jaune-citron au blanc parfait ; ils sont demi- -transparens , très- -compäctes , élasti- ques, très-difficiles à pulvériser, inodores, d’une saveur fade extrêmement mucilagineuse, solubles dans quinze à à dix-huit fois leur poids d’eau, etc. Elle nous vient du Levant par Marseille; elle jouit des propriétés dites émollientes et adoucissantes. Cependant en médecine on lui préfère la Gomme arabique , comme plus commune et moins chère, Les pharmaciens la réduisent en poudre, et la font entrer en très-pelite quantité dans les loochs pour donner à ceux-ci la consistance épaisse qu'ils doivent avoir. Dans les arts on s’en sert pour l’apprêt des gazes, dans la teinture en soie, pour lustrer le vélo des peintres en miniature , etc. (F. F.) ADRIATIQUE (Mer ou golfe). (céocn.) On appelle ainsi la mer dont les eaux baignent les côtes orientales du royaume de Naples, rx États de l Église, duroyaume Lombardo-Vénitien, et les côtes “occidentales de la Turquie d'Europe. Sa forme allongée et dirigée du S.-E. au N.-0. dans le même sens que la mer Rouge ou golfe Arabique , a fait supposer que toutes deux avaientété produites par une violentei irruption de l’océan Asiatique. Mais en examinant attentivement les bords de cette mer intérieure , les baies ; et les îles nombreuses qu’on rencontre vers les embouchures des rivières qu’elle recoit, on se persuadera sans peine que ce son£ les eaux courantes sortant de la Lombardie, du Tyrol et de la Carinthie , qui ont donné naissance à ce golfe, et qui servent à l’alimenter. De jour en jour le niveau. de ses eaux devient de plus en plus.élevé. Cette augmentation. conti- mue est incontestablement établie par les’ ruines d’édifices qui sont aujourd’hui submergés : on en voit une nouvelle preuve dans la situation actuelle des anciens pavés de la place Saint-Marc à Venise, lesquels: se trouvent aujourd’hui bien inférieurs au niveau moyen dela mer. On ne sera plus étonné de ce fait, si l’on réflé- chit que les flots de la Méditerranée, soulevés par les vents d "Afrique, ‘tendent. continuellement, par leur impulsion , à contenir et même à refouler au besoin les flots de l’Adriatique. Pendant la belle saison, sa navigation n ‘offre pas de dangers : les vents, soufllant de l’extré- Lys supérieure, aident puissamment lesvaisseaux à gagner la Méditerranée , et retardent leur mar- ADUL Lo ‘ÆGIL che’, lorsqu'ils veulent remonter à Venise : aussi trois ou quatre jours suflisent-ils pour se rendre de Venise au golfe de Tarente , tandis que dix-huit ou vingt jours de traversée sont nécessaires pour parcourir la même route en sens inverse. Pendant l'hiver, au contraire, la navigation est pénible et dangereuse : le vent changeant à chaque pointe de terre qu’il faut doubler, les lames courtes et profon- des qu’on ne peut éviter forcent le marin le plus in- trépide à chercher un abri dans les archipels des côtes de la Dalmatie, Les nombreuses îles dont ces côtes sont bordées forment des espèces de bas- sins où les vaisseaux n’ont plus rien à craindre des coups de vent si funestes près des côtes de l’I- talie. Si l’on jette les yeux sur la partie supérieure du golfe, on y trouve un barrage, une espèce de di- gue formée par la nature, et qui renferme entre elle et la terre un vaste marais, tranquille au milieu des plus violens orages : sa figure est à peu près celle d’un triangle isocèle : il est rempli d'îles, de bancs, de bas-fonds, parmi lesquels l'in - dustrie humaine, jointe à l’action des eaux, a su creuser quelques canaux plus profonds qui servent à la navigation : telles sont les lagunes où Venise la Belle s'élève majestueusement’, entourée de ses nombreux palais de marbre, vieux témoins de sa grandeur et de sa richesse passées. Nous réservons pour les articles Lacuxes et Venise, les intéres- sans détails que retracent à l'esprit les souvenirs historiques de cette grande ville. Nous ne terminerons pas sans indiquer ici la grande différence qui existe entre la nature et Ja constilution des rivages occidentaux et orientaux de l’Adriatique, différence qui est évidemment le résultat de l’action ‘des vents. Les rivages occi- dentaux, qui forment les côtes de l'Italie, sont bas et plats, etrecoivent des envasemens considérables des fleuves qui viennent s’y déchager : les autres au contraire sont non-seulement élevés, mais escarpés et dominans sur une mer profonde. : De grands fleuves, de petites rivières viennent se perdre sur ces rivages peuplés de nombreuses villes : leurs noms rappellent à l’esprit des souve- nirs de gloire ou de poésie, un long passé de puis- sance el de richesse : contentons-nous d'indiquer ici, comme fleuves , le Pô, l’'Adige, le Taglia- mento, la Brenta; comme villes, Venise, Zara, Ancône, Raguse et Ravenne ; de pareils noms peu- vent se passer de commentaires. (G. d.) ADULAIRE. (mix. ) (Feldspath nacré, Haüy. ) Cette variété de feldspath, qui est d’un blanc nacré et d’une transparence un peu nébuleuse , offre dans son intérieur .des reflets variés qui Îlottent et vacillent lorsqu'on change la pierre de position. C’est ce qui lui à fait donner les noms de Pierre de lune, d'Argentine, d'OEil de pois- son ; etc. Cette variété , étant susceptible de prendre un assez beau poli, est recherchée dans la bijouterie. Les lapidaires la taillent en cabochons pour faci- liter le jeu de ses reflets, et la montent en bagues ou en épingles, Les cristaux de feldspath adulaire qui proviennent de l'ile de Ceylan sont les plus estimés ; néanmoins, on en trouve aussi de trans— parens et très-purs au mont Saint-Gothard, qu'on nommait anciennement Ædula, d’où est venu le nom d’Adulaire ; mais ces derniers , quoique fort beaux à l’état brut, produisent moins d’effet que les autres lorsqu'ils sont taillés. (Ÿ. Fezpsparu.), | (»'Or.) ; ADY. (sorT. Pxax.) Nom de l'espèce de pal- mier de l’ile Saint-Thomas, qui fournit un fruit appelé Abanga ou À bariga, et d’où s'écoule des sommités coupées un suc avec lequel on pré- pare, par la fermentation , une liqueur très-eni- vrante appelée , en Afrique et dans les Indes, Vin de palmier. (Er) ÆCIDIE, Æcidium. (vor. cnypr.) (Urédi- nées.) Genre de petits champignons que l’on trouve tantôt sur la face inférieure , tantôt sur la face supérieure des feuilles vivantes , et dont les capsules , globuleuses ou ovales, uniloculaires, libres ou adhérentes entre elles, sont réunies en groupes sous l’épiderme des feuilles qu’elles sou- lèvent, et qui, en s’épaississant, forment autour d'elles une sorte de cupule ou de faux péridium charnu ou membraneux, d’une couleur différente de celle de la feuille. Bien que le caractère des Æcidies soit peu na- turel, on a cru cependant ce genre assez tranché pour le conserver, et, ainsi que Link, on y a dis- tingué trois sous-genres , qui sont : 1° Les Æcidies proprement dites, qui renfer- ment le plus grand nombre d'espèces, qui crois- sent sur les euphorbes, le tussilage et la renon- cule des bois, et dans lesquelles l’épiderme ne forme, autour des groupes de capsules, qu’un lé- ger rebord en forme de cupule. 2° Les Ræstclies, dans lesquelles l’épiderme se prolonge en un long péridium tubuleux; telles sont les Æcidies de l’amélanchier, de l’épine-vi- nette, etc. 5° Les Péridérines , nom donné par Link à quelques espèces dont le péridium se rompt trans- versalement à sa base; tel est l’Æcidium pini , espèce fort remarquable en ce qu’elle atteint trois à quatre lignes de grandeur , et qu’elle croît, non sur les feuilles, mais sur l'écorce des pins. CEE) ÆDELITE. (aux. ) Cette substance, que Berg- man nomme Zoolite siliceuse , se trouve en Suède. dans les fentes d’une roche trappéenne ; elle seri de support à la Mésotype épointée, qui a été ran- gée par Haüy parmi les Arornyzuites. (Voy. ce. mot. (Guér.) , ÆGILOPS, Ægilops , ou OŒil de chèvre. (mor. rHan. ) Plante de la famille des Graminées. Son épi est simple , formé d’épillets sessiles, alternés , à trois fleurettes , dont deux hermaphrodites , l’autre à trois étamines. On en compte six.es- pèces, sur lesquelles quatre sont indigènes en France ou dans le midi de l'Europe. Nous citerons. l Æ gilops ovata, parce qu’elle est l’objet d’une con- troverse curieuse. Les anciens ont raconté que cette: herbe, très-abondante en Sicile, s’y changeait en. a —— AERO 41 AERO 2 orge. On avait dû reléguer un tel récit dans les contes mythologiques, lorsqu'un professeur de Bordeaux, M. Latapie, l’a renouvelé, en l’ap- puyant d'expériences : il assure que la graine d’Ægilops , semée et récoltée plusieurs fois , a va- rié à ses yeux de caractères génériques. La cul- ture a produit de tels changemens sur les plantes, qu'il ne faut pas rejcter sans la vérifier l’asser- tion d’un savant aussi recommandable. La médecine antique se servait de l’Ægilops en cataplasme pour guérir les maladies d’yeux ; cette propriété , si elle est réelle, doit lui être com- mune avec beaucoup d’autres Graminées. (L.) ÆGIPHILE, Ægiphila. (8oT. rnan.) Arbris- seau de la famille de Verbénacées, commun aux Antilles et à la Guiane ; on le nomme aussi Bois de fer, ou ‘Bois cabril. Il porte des rameaux et des feuilles opposées, des fleurs blanches en pa- nicules axillaires ou terminales. Ses caractères distinctifs sont un calice à quatre dents, une co- rolle à long tube quadrifide, quatre étamines , un ovaire à style bifide, une baie jaunâtre. On en compte environ quinze espèces, auxquelles nous rapporterons les genres Knoxie et Manabea. La plus remarquable est l'Ægiphile multiflore du Pérou. (L. AEROLITHES. ÆMéteorites, ‘Météorolithes, Bolides , Uranolithes, Pierres tombées du ciel, etc. (un. et aéor.) Ces divers noms ont été donnés aux masses minérales qui se précipitent des hautes régions atmosphériques à la surface de la terre avec un ensemble de phénomènes constant, dont nous citerons quelques exemples après avoir donné süccinctement un précis historique sur les aéro- lithes, et présenté les opinions des auteurs les plus célèbres. Ce n’est que depuis le commencement de ce siècle que les physiciens et les naturalistes ne contestent plus la chute des pierres atmosphéri- ques, laquelle est aujourd’hui prouvée de la ma- nière la plus évidente. Ce phénomène a été re- marqué etrelaté par les auteurs les plus anciens ; car on en trouve des citations non équivoques dans Pythagore , Pausanias , Pline, Tite-Live, Plu- iarque, César, et beaucoup d’autres auteurs de l'antiquité. Divers auteurs du moyen-âge ont aussi rapporté des faits semblables bien constatés. Néan- moins, les modernes ont considéré ces assertions comme fabuleuses jusqu’à la fin du siècle dernier : ils ont révoqué en doute l’origine atmosphérique de ces pierres , et l’incrédulité était devenue telle- ment générale que ceux qui ne la partageaient pas ne pouvaient émettre leur opinion à cet égardsans s’exposer à la critique. La pierre du poids de sept livres qui tomba à Lucé, département de la Sarthe , le 13 septembre 1768 , fut présentée à l’Académie des sciences, qui nomma Lavoisier, Cadet et Fougeroux pour l’examiner. Ces commissaires en firent l’analyse et affirmèrent qu’elle n’était pas tombée du ciel, que ce n’était qu'une espèce de grès pyriteux qui, étant couvert d’une petite couche de terre ou de Tom L. gazon, avait été frappé par la foudre et mis par là en évidence. Néanmoins les chutes de pierres atmosphéri- ques qui eurent lieu le 13 décembre 1795 dans le Forkshire, et le 19 décembre 1798 près de Bé- narès (au Bengale ), ayant donné lieu à des en- quêtes juridiques qui constatèrent ce phénomène, les savans commencèrent à être ébranlés. Mais cet esprit d’incrédulité ne cessa totalement en France qu'après l’effroyable pluie d’aérolithes qui eut lieu à Laigle en Normandie, le 26 avril 1803. Cette dernière chute fit une grande sensation dans toute l’Europe. Ayant été observée par un grand nombre de témoins , elle acquit tant de célébrité que, sur la demande de Chaptal, alors ministre de l’intérieur, l’Institut décida qu’il serait envoyé un commissaire sur les lieux afin d’y constater l'exactitude des faits. M. Biot, qui fut chargé de cette mission, fit un rapport tellement circon- stancié, tellement fort de vérités, que la convic- tion devint aussi universelle que l'avait été l’oppo- sition, et que, depuis cette époque mémorable , il ne s’est plus élevé de doute important à ce sujet. C’est peu d'années avant cette enquête, que M. Chladni, savant physicien allemand, fit pa- raître un mémoire fort étendu et que l’on peut regarder comme le premier ouvrage spécialement consacré aux aérolithes. Il publia plus tard une liste chronologique des chutes de pierres, de fer, de poussière, etc., observées depuis 1478 ans avant l'ère vulgaire jusqu’à nos jours. M. Chladni , après avoir rectifié et complété ce catalogue, qui con- tient plus de deux cent soixante exemples de chutes diverses, l’adressa à M. Arago, qui le fit insérer dans l'Annuaire du bureau des longitudes pour l’année 1825. Après ce savant , MM. Bigot de Morogues, King, Soldani, Yzarn, par des ouvrages généraux, et MM. Bournon, Biot, Daubuisson, Leman, de Schreibers , Fleuriau de Bellevue , G. Rose, etc., par des traités spéciaux, ont puissamment contri- bué à répandre de l'intérêt sur l’histoire des pier- res météoriques dont nous allons développer les causes'et les effets. La chute des aérolithes est généralement pré- cédée de l'apparition d’un globe enflammé qui se meut dans l’espace avec une extrême vélocité , et peut-être à plus de dix lieues au dessus de la sur- face de la terre. Son volume apparent est souvent comparé à celui du disque de la luue ; tantôt il est plus petit, tantôt beaucoup plus grand. Ce globe, dans son mouvement, lance parfois comme des étincelles , et laisse derrière lui une queue ou trai- née lumineuse qui ressemble à une flamme rete- nue en arrière par la résistance de l'air. Après avoir brillé plus ou moins de temps, cette masse éclate tout à coup dans les régions supérieures de l’atmosphère , en laissant ordinairement à sa place un petit nuage blanchâtre semblable à une bouffée de fumée, et quise dissipe quelques instans après. On entend alors une ou plusieurs fortes détona- tions qu’on pourrait comparer à de violens coups VIS Livraison. 6 AERO 42 ‘AERO de tonnerre, ou à des décharges d'artillerie ; elles | surtout former des masses . de plusieurs quin- sont ensuite suivies, le plus souvent, d'un bruitimi- tant celui.du roulement de plusieurs tambours ou de plusieurs voitures qui ébranleraient le payé. Puis enfin, on entend presque toujours dans l'air des sifllemens causés par la chute des pierres qui tombent avec une grande rapidité, et s’enfoncent plus ou mois profondément dans le sol. Ces pierres, très-variables par leur nombre et leur dimension, arrivent brûlantes à la surface de la terre, où elles répandent souvent une forte odeur sulfureuse ou de poudre à canon. Elles sont cou- vertes d’une croûte noirâtre, tantôt unie, tantôt réticulée en partie, et sur laquelle on remarque aussi parfois comme des sortes d’enfoncemens alvéolaires. La configuration des pierres d’une même chute pouvant être rapportée à des formes déterminées, on ne peut pas douter qu'elles aient fait partie d’une seule masse qui s’est brisée en éclats plus ou moms volumineux au moment de la détonation. = Si l’on est aujourd'hui parfaitement d’accord sur la réalité des chutes d’aérolithes , il n’en est pas de même à l'égard de leur origine. Diverses hypothèses ont été proposées par des savans du plus grand mérite ; elles sont appuyées de tant de calculs et de données que, considérées chacune à part, on les trouve assez plausibles; mais si l’on réfléchit à l’opposition directe qui existe entre elles , on est disposé à les faire entrer dans laclasse des choses possibles. Les trois principales hypothèses imaginées pour expliquer la chute et l’origine des aérolithes sont les suivantes : 1° Les uns supposent que le gaz hydrogène, qui est 14 ou 19 fois plus léger que l’air que nous respirons, joue un grand rôle dans ce phé- nomène. « Dans le travail des volcans, ce gaz , après avoir dissous les métaux qui entrent dans la com- position des pierres atmosphériques (le fer, le nickel , ete.), et s'être chargé de molécules métalli- ques, s’éleverait dans les régions supérieures. Alors un orage survenant , l'hydrogène s’enflammerait et ferait apercevoir quelques uns de ces météores lumineux dont l'existence, d’après les traditions constantes, paraît devoir précéder la formation des pierres. Le gaz en brûlant abandonnerait le métal qu'il aurait dissous, et réduirait celui qui était à l’état d’oxide : la chaleur vive produite en ce moment fonderait le métal, et l’attraction mo- : léculaire le rassemblerait en masses plus ou moins grosses qui, tombées sur la terre, conserveraient quelque temps une partie de la chaleur développée dans leur formation. » On objecte à cette opinion que, les aérolithes étant composées de plusieurs substances métalli- ques, qu’on ne peut volatiliser par nos moyens ac- tuels , il est difficile de concevoir cette gazcification aérienne ; que même, si l’on en admettait la pos- sibilité , on ne comprendrait pas encore comment ces malières métalliques, tenues en dissolution dans l'atmosphère, pourraient se trouver tou- jours dans les mêmes proportions relatives, et taux, avant d'obéir à la loi naturelle de la gra- vitation. 2 M. de Laplace, l’un de nos savans les plus illustres, a pensé que les météorites nous sont lancés par quelques volcans de la lune ; il a ap- puyé son opinion par des raisons très-plausibles. et il a même calculé la force de projection qui se- rait nécessaire pour qu'un corps, sorti de la lune, püt arriver au point où l'attraction terrestre peut l’entraîner dans notre globe. MM. Biot et Poisson ont aussi calculé Ja résistance que doit présenter l'atmosphère de la lune et le peu d'attraction qu'exerce cette planète comparativement à la nôtre , puisqu'elle est trente-deux fois plus petite, et que l’attraction des corps de même nature est en raison de leur volume ; ils ont reconnu que, pour avoir une force capable de porter les aéroli- thes au-delà de l'attraction lunaire, il suffirait qu'elle füt cinq fois plus considérable que celle qu'une pièce de 24, chargée de 12 livres de pou- dre, imprime à un boulet de calibre. Or cela n’a rien d'extraordinaire, quand on compare les effets des volcans terrestres avec ceux de notre plus grosse artillerie. . Mais à ce système on oppose, par des observa- tions toutes récentes, que ce qui avait été consi- déré jusqu'alors comme phénomènes volcaniques dans la lune, n'est autre chose qu'un effet de lu- mière, d'où on conclut que le système qui vient d'être développé n’est qu’une hypothèse de plus. 5° Enfin on a pensé que ces pierres météoriques sont des fragmens de planète qui circulent dans l'espace jusqu'à ce qu'ils se trouvent engagés dans notre sphère, où le frottement qu'ils éprouvent par leur contact avec l'air atmosphérique les échauffe à un tel point qu'ils s’enflamment, se brisentenéelats , et produisent tous les autres phé- nomènes que nous avons exposés. Cette dernière hypothèse, qui est celle de MM. Lagrange, Chladni, Gay-Lussac, ete., compte un plus grand nombre de sectateurs , et paraît de- voir faire beaucoup de prosélytes ; elle a du moins le mérite de rattacher le phénomène des aérolithes à celui des étoiles tombantes ou. filantes qui se- raient aussi des corps solides du même genre. M. Rozet, capitaine au corps royal des ingénieurs géographes, a vu dans les Alpes une étoile filante tomber surune montagne et s’y briser en plusieurs morceaux. ; L'analyse chimique ayant fait connaître dansles atrolithes l'existence de plusieurs métaux et prin- cipalement du fer à l'état natif, ces corps ont été classés dans. le genre Fer par les minéralogistes, qui les divisent en deux sections : 1° Aérolithes mé- talliques,, 2° Aérolithes pierreuses. Les AËROLITHES MÉTALLIQUES (ou fer météori- que), qui tombent très-rarement , sont composées de er presque pur, attirable à l’aimant, plus duc- tile et plus blauc que celui qui provient de nos fa- briques, et qui est toujours allié à une portion plus ou moins forte de nickel. La présence de ce dernier métal y est si constante qu'elle suffit pour | AFRO 43 _ AERO faire reconnaître au minéralogiste si tel fer est un produit de l’art ou bien une aérolithe. Sa pesan- teur spécifique est de 6.48 à 7.80. La masse de fer météorique de Sibérie (vul- gairement fer de Pallas) , a été analysée par M. Kla- proth, qui a trouvé sur 100 parties, Hein 2 0mlietinité 01198530 Nike] 0h tome leo Lin 0570 Duice. van illeætrer ve012%8;20 Magnésie. 4! ol, set le ol, 19320 Total. . :. 99,00 Depuis lors, le conseiller Stromeyer a décou- vert du cobalt dans cette même aérolithe. M. Lau- gier à trouvé du soufre dans le fer météorique de Brabin ; enfin M. Stromeyer vient encore de dé- couvrir une nouvelle substance dans les aérolithes métalliques : ce savant a communiqué à la Société royale des sciences de Gættingue, le 24 février 1855, une notice sur l'apparition du cuivre-dans le fer mé- téorique. Il'a analysé avec soin un grand nombre de masses de fer reconnues comme météoriques , telles que celles d’Agram, de Lenarto, de Gotha, de Sibérie, du Brésil, de Buénos-Ayres , etc., et, à l’aide des observations les plus subtiles, il a reconnu que toutes contiennent une légère quantité de cuivre , peut être 0,1 à 0,2 pour 100. La faible proportion de cette substance fait concevoir faci: lement qu'elle ait pu échapper aux obser vatiôns des chimistes distingués qui se sont occupés des aé- rolithes. Néanmoins, comme tous les fers météo- riques : sans exception renferment ce métal , M: Stromeyer croit en pouvoir conclure qu'il doit être aussi bien considéré comme une partie inté- grante et caractéristique du véritable fer météo- rique que le nickel et le cobalt. Quelquefois le fer de ces aérolithes est cristal- lisé en octaëdre ou en masses présentant une structure dendroïde qui offre des stries croisées sous l’angle de 60°; mais lé plus souvent il est ca- verneux et comme spongieux., Dans ce cas on à remarqué que les cavités sont parfois remplies de matières vitreuses que quelques minéralogistes croient appartenir au péridot : ce fait a lieu, par exemple , dans le fer de Sibérie. + C’est état de blocs et épars sur la surface du globe qu’on trouve généralement le fermétallique. Gomme ces blocs reposent sur des terrains qui ne contiennent pas de fer natif, ni même souvent de mines de fer; que d’ailleurs il n’existe pas de fer natif dans la nature, sauf un ou deux exemples très-douteux ; leur origine a été pendant long- temps un véritable problème; mais aujourd'hui | nous avons des preuves indubitables que ces masses métalliques sont tombées de l'atmosphère. Une chosetrès-remarquable, c’est que la chute de cette espèce d’aérolithes date d’une époque tel- lément reculée , que nulle part on n’en a conservé lé souvenir, à l'exception cependant des deux blocs qui tombèrent à Rraschina près d'Agram, eh Croatie, le 26 mai 1751. Leur chute fut pré- cédée de l'apparition d'un globe de feu qui fut vu par un grand nombre de personnes; il détona avec fracas ét se divisa en deux morceaux, l’un du poids de seize livres, l’autre de soixante-onze livres. Ce dernier tomba avec une telle violencequ’il s’enterra à trois brasses de profondeur, et que l’on crut que c'était un tremblement de terre, L’aérolithe métallique la plus connue est celle qui fut découverte en Sibérie par um cosaque et décrite par le célèbre Pallas. Ce bloc pesait alors plus de, quatorze cents livres; mais de nom- breux morceaux furent cassés pas les curieux qui le visitèrent , et le reste enrichit encore le Muséum impérial de Saint-Pétersbourg. Quoique ce bloc de fer météorique paraisse être d’une grosseur prodigieuse , il en existe cependant d’un volume encore bien plus considérable, sans qu’on puisse néanmoins douter de leur origine atmosphé- rique. Une masse de fer natif météorique, que l’illustre de Humboldt a observée à la Nouvelle-Biscaye , lui a paru devoir peser environ quarante mille livres. Le savant voyageur Bougaiville à aussi parlé d’un bloc encore plus énorme, découvert sur les bords de la rivière de la Plata et qu’on croit devoir peser cent mille livres. M: Daubuisson suppose que la ductilité et la té- nacité dont ces aérolithes sont douées s’opposent à leur rupture, et que c’est pour cetteraison qu’elles tombent le plus souvent en une seule masse. Indépendamment du nickelqui est toujours as- socié au fer météorique, ainsi que nous l'avons dit précédemment, les analyses les plus récentes ont fait connaître qu’il est aussi quelquefois mé- langé de chrome et de cobalt dans différentes pro- portions, et qu’il est associé avec des parties plus ou moins fortes de substances pierreuses compo- sées de silice , de soufre ou de magnésie. Les ARÉOLITHES PIERREUSES ( ou pierres météori- ques) sont les plus communes. Ge sont elles qui tombent de nos jours et qui, par leur grandnombre, produisent quelquefois ce qu’on appelle pluie où grêle de pierres. Voici les caractères généraux que M. Daubuisson leur assigne : «Formes entièrement indéterminées et irrégu- lières ; surface offrant de toutes parts des arêtes ou angles, arrondis ou émoussés, à peu près comme ceux d’un corps qui aurait éprouvé un commencement de fusion, et couverts en entier d'une croûte noire très-mince, le plus souvent semblable à un simple enduit superficiel, mais qui a quelquefois plus d’une ligne d'épaisseur. Cette croûte est fréquemment vitriliée en partie. Inté- rieur d’un gris cendré plus ou moins foncé, se couvrant de taches de rouille par suite de son exposition à l'air. Cassure mate, terreuse, à grain grossier, analogue à celle de certains grès; elle’ présente souvent des pièces séparées grenues, qui lui donnent l'aspect de certaines brèches; elle est rude au toucher. » Les aérolithes pierreuses sont faciles à briser ; quelquefois même elles ‘sont friables : elles raient le verre, et la croûte étincelle sous le choc de AERO 44 AERO l'acier. Leur pesanteur spécifique varie entre 3.33 et 4.3, suivant que le fer y abonde plus ou moOoIns. » L'analyse qui a été faite par M. Vauquelin sur une des pierres tombées à Laigle, département de l'Orne, en 1803 , a donné : Fer:069 1 SSSR TC Nickel. "420800 3 Sihée 2: HORMONE 53 Magnésie 14000 58 ee 9 Chat ARE MAN REE A ï SOUTE AUD ENENS Le ne 1 lies HR SDL Un De nouvelles analyses faites par les chimistes les plus distingués , sur beaucoup d’autres aéro- lithes pierreuses, ont démontré : 1° que ces di- verses substances ne sont pas toujours dans les mêmes proportions ; 2° que plusieurs d’entre elles peuvent manquer; 5° qu'elles se trouvent parlois associées à de nouvelles substances, telles que l’a- lumine , le manganèse, le carbone, le chrome et le cobalt. La présence de ces trois derniers métaux a été constatée, à l’aide de moyens chimiques irès-dé- licats, par MM. Thénard et Laugier, M. G. Rose, ayant étudié en 1826 la pierre tom- bée près de Juvenas, y a reconnu : 1° des grains bruns plus ou moins cristallins , qui ont offert les caractères des pyroxènes ; 2° une substance blan- che dont les cristaux présentent des macles ana- logues à celles de l’anorthite, du labradorite et de l’albite. M. G. Rose est assez porté à penser que cette matière appartient plutôt au labradorite ; 3° une substance en lames jaunes, fusible en verre noir, attirable à l’aimant; 4° des grains métal- loïdes jaunes, rougeâtres, qui ont les caractères de sulfure de fer magnétique. C’est le pyroxène et le labradorite qui dominent dans là pierre de Juvenas ,” aussi ressemble-t-elle à certaines ya- riétés de dolérites. Quant au carbone qui entre dans la composi- tion de l’aérolithe tombée à Alais, département du Gard, le 5 mars 1806, nous n’avons pas encore eu d’autres exemples de cefait. Néanmoins, comme ce principe additionnel donne à la pierre quelques caractères physiques différens , telle qu’une cou- leur noire terne qui existe dans toute son épais- seur, et qui tache les doigts comme le charbon, une pesanteur spécifique moindre, etc., quelques auteurs ont cru en devoir former une section dis- üncte sous le nom d’'AÉROLITHES CHARBONNEUSES. Persuadé que nos lecteurs ne verront pas sans intérêt quelques extraits des relations qui ont été publiées sur les chutes d’aérolithes, nous allons citer les plus remarquables : ‘ 1° À Ensisheim, en Alsace, le 7 novembre 1492, une pierre du poids de deux cent soixante livres tomba près de l’empereur Maximilien , qui se trouvait précisément dans ce bourg. Le bruit qui se fit entendre lors de la chute de cette aérolithe fut tellement violent, qu’on crut que des maisons venaient d’être renversées, L’empe- reur, que cet événement affecta singulièrement, fit suspendre cette pierre, dont quelques morceaux avaient déjà été détachés, dans l’église d’Ensisheim, où elle était encore enchaînée lors de la révolution, A cette époque on la transporta dans la biblio- thèque publique de Colmar, où de nombreux échantillons furent encoreenlevés, entres autreun de vingt livres qui est exposé dans les galeries du Muséum d'histoire naturelle de Paris. 2 A Lucé, département de la Sarthe, le 13 septembre 1768, il tomba une pierre du poids de 7 livres. Cette aérolithe, dont nous avons déjà parlé plus haut, est celle que l’Académie des sciences a fait examiner par des commissaires, MM. Fougeroux, Cadet et Lavoisier, qui affirmè- rent que ce n’était qu’un grès pyriteux frappé par la foudre , et non un produit céleste. ï 3° À Juillac et à Barbotan, en Gascogme, le 24 juillet 1790, iltomba une quantité prodigieuse d’aérolithes. Cette chute eut lieu entre 9 et 10 heures du soir, après une fort belle journée; elle avait été précédée par un globe de feu qui tra- versa les airs en suivant à peu près la direction du méridien magnétique, et qui fut aperçu au même instant à Bayonne, à Mont-de-Marsan, à Toulouse, à Bordeaux, et dans tous les autres lieux intermédiaires. Ce globe de feu, dont le diamètre apparent était plus grand que celui de la lune qui brillait au ciel en même temps, trai- nait après lui une longue queue lumineuse. Bien- tôt ce globe disparut , sembla tomber, et ne laissa à sa place qu'un petit nuage blanchâtre. Peu après on entendit une explosion terrible, plus forte que le bruit du tonnerre, et il tomba une grande quantité de pierres, dont plusieurs pe- saient jusqu’à ;20 et 25 livres. L'une d'elles pé- nétra dans une cabane , tua un berger et un jeune taureau. Jamais phénomène céleste n’avait eu peut-être autant de spectateurs que celui-ci, puisqu'il fut remarqué dans un diamètre de plus de 40 lieues. 4 Le 16 juin 1794, entre 7 et 8 heures du soir, plusieurs pierres tombèrent à Sienne, en Toscane , au moment où les habitans jouissaient, | de plaisir de la promenade. Le savant naturaliste, oldani et le comte de Bristol constatèrent ce phénomène, qui fut accompagné de toutes les : circonstances qui le caractérisent habituellement, : et en donnèrent la relation la plus circonstanciée. Cette chute donna naissance aux premiers ou- vrages sur les aéorolithes et à des hypothèses ex- plicatives de leur origine; mais on n'était pas d'accord sur la nature de ces pierres, on doutait encore qu'elles fussent des corps célestes. 5° Le 15 décembre 1795 , une pierre du poids de 48 livres tomba à Wold-Cottage, dans le Yorkshire, sans qu’on eût remarqué qu’elle ait. été précédée d’un globe de feu ; sa chute eut lieu avec siflemens, par un temps doux et un ciel sans nuages , à la suite de plusieurs explosions, etc. Ce phénomène fut constaté de la manière la plus authentique; et c’est depuis cette époque. AERO 45 que les savans anglais ne doutèrent plus de la chute des pierres atmosphériques. ' . 6 Le 12 mars 1708, entre 7 et 8 heures du soir, une pierre du poids de vingt à vingt-cinq hivres tomba à Salles, près Villefranche , départe- ment du Rhône. Cette chute, qui fut constatée sur les lieux par M. de Drée, est la première qui l'ait été par un minéralogiste, 7° Le 26 avril 1803, un nombre prodigieux de pierres météoriques tomba à Laigle, en Nor- mandie. C’est à l’occasion de cette étonnante chute, ainsi que nous l’avons dit plus haut, qu'il fut fait une enquête juridique par suite de laquelle l'évidence des faits triompha de toutes les préventions des savans français concernant la chute des aérolithes. Voici un passage du rap- port que M. Biot fit à ce sujet à l'Académie des sciences : « Vers une heure après midi on vit se mou- voir, dans l'atmosphère un globe enflammé d’un éclat très-brillant; peu d’instans après on en- tendit, dans un arrondissement de plus de trente lieues, une explosion violente qui dura cinq ou six minutes : on distingua d’abord trois ou quatre coups semblables à des coups de canon, suivis d’une espèce de décharge qui ressemblait à une fusillade ; puis on entendit comme un long rou- lement de tambour; et enfin, sur une étendue elliptique d'environ deux lieueset demie de long, il tomba près de deux à trois mille pierres, dont la plus grosse pesait dix-sept livres et demie, et la plus petite environ deux gros. » 8 Le 5 mars 1806, à cinq heures et demie du soir, plusieurs pierres tombèrent à Saint- Etienne-de-Lolm et à Valence, près d’Alais. Leur chute fut précédée de détonations; mais on ne remarqua pas de météores lumineux. Ces pierres, dont l’une pèse huit livres et l’autre quatre, sont très-remarquables par leur légèreté et par leur naturecharbonneuse, dont aucune autre chute n'offre d'exemple. Elles ont été double- ment analysées par MM. Thénard et Vauquelin, qui ont reconnu qu'elles ne diffèrent des autres aérolithes qu’en ce qu’elles contiennent un peu de carbone et des métaux à l’état d’oxide. Leur pesanteur spécifique est moitié plus faible que celle des aérolithes pierreuses. .9° Le 14 décembre 1807, après de fortes dé- tonations, des sifflemens dans l'air, etc. , un grand nombre de pierres tombèrent à Weston (Etats- Unis ). On en trouva dans six endroits différens, dont les plus éloignés étaient distans de six à dix milles lun de l’autre. Le morceau le plus volu- mineux qu'on retira pesait trente - cinq livres. Mais un autre plus considérable s'était brisé sur un rocher, et l’on reconnut que ses fragmens réunis avaient dû former une masse d’environ deux cents livres. Ces pierres étaient encore chaudes lorsqu’on les ramassa. 10° Le 15 juin 1819, à six'heures moins un quart du matin, une gréle de pierres tomba dans l'arrondissement de Jônzac, département de la Charente-Inférieure. Ce phénomène eut lieu par AERO un ciel serein , et à la suite de détonations dont la dernière fut d’une telle violence qu’on l’entendit à Marennes, à Blaye, et jusque près de Niort, à vingt lieues de distance. Les habitans d’Angou- lême et de Mauzé crurent que le magasin à poudre de Saint - Jean - d’Angély venait de sauter. Ges pierres météoriques, dont la plus grosse pèse six livres, et qui tombèrent après l'apparition d’un globe lumineux , ont été analysées par M. Laugier, qui n’y a pas découvert de nickel, ce quiest un fait digne de remarque. Leur chute a été consta- tée par M. Fleuriau de Bellevue, qui en a donné une relation très-détaillée dans un mémoire fort important, et dans lequel il se livre à de savantes dissertations sur les aérolithes en général. Ce naturaliste s’attache, entre autres choses, à réfuter une opinion émise par M. Chladni, savoir : que les masses météoriques éprouvent ordinaire- ment une fusion plus ou moins complète [dans notre atmosphère. Il n’admet pas non plus, comme M. Leman, 1° que les aréolithes sont des corps denaturés par la combustion, et par conséquent des résidus ; 2° que le noyau de la masse météo- rique a pu contenir des malières combustibles qui ont produit l’inflammation , et par suite l’ex- plosion du météore. M. Fleuriau croit iqu'à l'exception d’un irès- petit nombre de masses; terreuses et incohérentes que le feu du météore a pu calciner et réduire en poussière , tous les fragmens solides arrivent à la surface de la terre dans un état à peu près sem- blable , quant à leur extérieur, à celui qu'avait la masse elle-même lorsqu'elle est parvenue au con-- tact de notre atmosphère. Il pense qu'il est extré- mement probable que la seule circonstance qui ait lieu pendant l’apparition d’un météore est celle d’une sphère gazeuse qui enveloppe un noyau déjà solide, et qui, en s’enflammant, le réduit en éclats. « Nous sommes donc fondé à conclure, dit M. Fleuriau, que cette matière inflammable n’a existé qu’à l'extérieur du noyau, et que, quant à son état gazeux , elle a pu le devoir à la vaporisa- tion de quelques matières combustibles qui recou- vraient la surface de ce noyau , et qui'se sont en- flammées lorsqu'il s’est précipité dans notre atmo- sphère, ou bien, ce qui me paraît plus naturel, que ce corps était déjà revêtu d’une atmosphère inflam- mable , comme la plupart des corps célestes. » Ce savant appuie son sytème par de nombreuses et puissantes considérations qui portent avec elles la conviction. 11° Le 15 juin 1822, deux pierres météoriques tombèrent à Juvenas, département de l'Ardèche. C’est sur ces aréolithes, qui ne contiennent pas de nickel, que {M. G. Rose’a fait les recherches et les précieuses découvertes dont nous avons déjà parlé. 12° Le 3 juin 1832, une pierre tomba à An- gers, département de Maine-et-Loire. Il existe au Muséum d’hisoire naturelle de Paris un échan- tillon de cette aérolithe, qui arriva sur le sol tel- lement chaude, qu'elle brûla les doigts des per- AERO sonnes qui la touchèrent immédiatement après sa chute. 15° Le 27 février 1827 , x trois heures-et demie de l'après-midi, et par un temps parfaitement se- rein, plusieurs aérolithes tombèrent dans le dis- trict d’Azim Gerh, près du village de Mhow, dans linde. L'une de ces pierres météoriques brisa un arbre , et une autre tua: un homme: 14° Le 4 juin 1850, à onze heures du matin, des aérolithes tombèrent entre 30° 10° latitude nord , et 51° 90! longitude ouest, sur un vaisseau de Liverpool, sur lequel étaient MM. Turner de Triest, Rauch de Nuremberg, etc. Cespierres sorti- rent d'un nuage noir qui parut tout à coup et qui se dissipa après une pluie battante. Les aéro- lithes taient humides, froides, sans croûtes, et avaient une odeur sulfareuse. Chladni cite deux cas semblables dans le 17° siècle. D’après de nombreuses observations , dues pour la plupart à d’habiles chimistes, les chutes de poussière, ou {de substances molle, sèches ou humides, auraient une origine commune avec les acrolithes. « Ges substances , dit Leman, sont pul- vérulentes, très-fines, grises, rougeâtres. ou noires, le plus souvent semblables à la brique finement broyée, âpres au toucher, rayant le verre; tantôt en masses, qui furent comparées à du sang coagulé, à de la brique, à une matière visqueuse, à de la pluie rouge, vulgairement ap- pelée pluie de sang, parce qu’elle colore quelque- fois l’eau avec laquelle on dans laquelle elletombe, » C'est matières, de même que les acrolithes , n’ont point d'analogues sur la terre , ce qui prouve plus évidemment encore que ce sont des résultats de métléores aériens. Beaucoup d'auteurs ont mentionné. des chutes de ces sortes de substances, M. Chladni en a publié une série de cinquante-neuf; mais il nous suflira de citer les quatre exemples suivans : 1° Le 5 décembre 1586, beaucoup de matières rouges el noirâtres tombèrent à Verde, dans le Hanovre. Ces substances arrivèrent tellement chaudes , qu’elles brûlèrent plusieurs planches sur lesquelles elles se précipitèrent. Un météore de feu et de fortes détonalions avaient précédé cette chute. 2° Le 31 janvier 1686, il tomba près de Ran- den, en Courlande, et en même temps en Norwége et en Poméranie, une grande quantité d’une sub- stancemembraneuse, friable et noirâtre, semblable à du papier demi-brûlé, M. le baron Théodore de Grotthus a analysé une portion de cette substance, il a trouvée composée de silice, de fer, de chaux, de carbone, de magnésie, de chrome et de souire, mais non de nickel. 3° Le 14 mars 1813, il tomba en Toscane, en Calabre, et dans plusieurs autres parties de l'Italie, une quantité prodigieuse de poussière et de neige rouge qui élaitrude comme du sable très-fin. Gette chute fut aecompagnée de plusieurs pierres qui tombèrent avec fracas à Gutro, en Calabre. 4° Le 16 mai 1830, à sept heures du soir, il tomba à Sienne et dans les environs de cette ville 46 : AERO unepluie quitachait en rouge tous les objets qu'elle touchait. Le même phénomène se renoavela vers minuit; il'paraissaitprovenir d’un brouillarddense et rougeâtre qu'on remarquait depuis deux jours. M. Giuli, professeur d'histoire naturelle; ayant analysé la matière terreuse et coloriée, recueillie sur les feuilles d’un grand nombre de plantes, a reconnu que celte substance était composée d’une matière organique végétale , de carbonate de fer, de manganèse, de carbonate de chaux, d’alumine et de silice. La nature de ces substances , les phénomènes qui précèdent leur chute, etc., tout fait pré- sumer qu'elles ne diffèrent pas essentiellement des pierres météoriques dont elles contiennent à. peu près les élémens. « Il paraît, dit M. Chladni, qu'iln’y à d'autre différence que dans la plus ow moins grande rapidité avec-laquelle ces amas de matières chaotiques , dispersées dans l’espace de l'univers, arrivent dans notre atmosphère, de manière qu'elles subissent un plus ou moins grand! changement par la chaleur que la compression de l'air développe. Ilest probable que, dans la pous- sière rougeet noie, l'oxide de fer est laprincipale: matière colorante, et que l’on y trouvera aussi du carbone. Jeregarde , ajoute-t-il, les pierres noires et friables tombées à Alais le 6 mars 1 806, comme servant de transition entre la poussière noire et les aérolithes ordinaires, la chaleur n’ayant pas été suffisante pour brüler le carboneet pour fondre les autres substances.» Le catalogue chronologique des chutes de fer, de poussière, etc., rédigé par M. Chladni, et m- séré dans l'Annuaire de 1825 ,'ainsi que dans les Annales de Chimie et de Physique (mars 1826), ne remontant que jusqu'à l’année 1824, nous al- lons faire en sorte de compléter cette liste en in- diquant ici brièvement les chutes qui ont eu lieu depuis cette époque : 1824 (15 Janvier). À Ferrare, chute de plu-: sieurs pierres météoriques, sur l’une desquelles : M. Cordier à fait un rapport très-étendu à lAca- démie des sciences. ( Annales de Chim. et de: Phys. 1827, p. 152.) 1824. Plure d'aérolithes à Stertitamak, près Orembourg. (Zeaitsch. fur Mincral., n° 10, 1825.) 1824 (mars). Chute de plusieurs pierres, près d'Ovenazo, dans la légation de Bologne. (Philos. Magaz. de Tilloch.) 1895 (10 février). Il tomba à Wanjemoy en Maryland (Amérique du nord), une pierre da poids de 16 livres et 7 onces. (nn. de Chim. et de Phys., tome 50, 1825.) . 1825 (5 juillet). Pluie abondante de pierres à Torrecillas del Campo, en Espagne. 1829 (14 septembre). Chute d’une aérolithe dans : une des îles Sandwich. (/bid., tome 39, 1828.) 1826,(15 mars). Chute de pierres dans la val-: lée de Lugano. (Zeitschrift fur Mineralog:, août 1829, p. 167:): ! t 1826 (août). À la suite d’un orage, une grosse” aérolithe tomba sur les coteaux de Galapeau , dé- partement de Lot-et-Garonne. ) _ AERO 47 ZÆESIN Te 1826 (31 août). Ghute d’une pierre du poids de 2 livres dans le gouvernement d'Ekaterinos- law, au district de Pauwlograd. (Zeitschrift fur Mineralog., février 1827, p. 167. ) 1827 (27 février). Quatre ou cm pierres tom- bèrent dans le district d’Aznn Gerh, dans l'Inde; Lune brisa un arbre, une autre tua un homme. (Edinb. Journ. of Scienc., juillet 1828, p. 172.) p 2897 (9 mai, à quatre heures de après midi). Plusieurs pierres tombèrent à Drake- Creek , dans l’état de Tennessée. (Ænn. de Chim. et de Phys., t. 45, p. 416.) 1827 (8 octobre). Chute de quatre pierres près de Bjelostok en Russie; la plus grosse pesait 4 livres, et la plus petite 5 quarts de livre. (Edinburgh , Journ. of Sciences, juillet 1828, +4 1828 (4 juin). Une pierre météorique du poids de 2 livres et demie tomba près de Richemond, en Virginie. (mer. Journ. of Sciences, tom. XVI, avril 1829 , p. 194.) 1829. Découverte d’une masse de fer météo- rique à Bohumiliez, en Bohême. ( Zeitschrift fur Physik de Vienne, 1835. ) 1829 (8mai ,entretrois et quatre heures du soir ). Chute d’une pierre météorique près deforsyth en Géorgie ( Ann. de Chimie et de Physique, t. 45, 1830. ) 1829 (14 août). Une pierre tomba aux États- Unis, dans le New-Jersey , près de Déal. ( Annal. de Chim. et de Phys., tom. 42, 1829.) 1829 ( 9 septembre ). Üne atrolithe verdâtre tomba à Crosno-Ougol, en Russie. Elle contenait du fer oxidulé, du fer natifet des points verdâtres, peut-être de l’olivine , d’après M. G.Rose. (Ann. de Phys. de Poggendorf, 1829, n° 579.) 1829 (1° octobre). Pluie de terre rougeñtre à Orléanset à Versailles. L’analyse en aété faite par M. Fougeroux. (Annales de Chim. et de Phys. , tom. 45, p. 415.) 1830 (5 avril). Plusieurs pierres tombèrent sur un vaisseau de Liverpool. (Zeitsch. fur Phys., etc. vol. 7, 1850.) 1850 ( 16 mai, à 7 heures du soir et à minuit). + Pluie de terre tachant en rouge , à Sienne ‘et dans la campagne environnante. L'analyse en a été faite par M. le professeur Giuli. ( #nn. de Chim.et de Phys. , tom. 45, p. 419.) 1831 (13 mai). IL tomba à Vouillé, départe- ment de la Vienne , une aérolithe du poids de lo kilogrammes. L’ Académie des sciences chargea “MM. Thénard , Brongniart , Cordier et Berthier de Vanalyser. ( Revue encyclopédique , septembre 1831, p. 976. ) | 1831 ( septembre). Chute de quelques pierres à W'esely, en Moravie. ( Zeitschrift fur Physik de Vienne, 1833.) Des phénomènes aussi surprenans que ces chutes d’aérolithes ne pouvaient manquer, par leur effrayantie apparition , de frapper vivement l’ima- gination des peuples superstitieux et plongés dans les ténèbres de l'ignorance. . Toute pierre tombée du cielétait , aux yeux des anciens , un prodige qu'ils regardaient tantôt comme un bienfait céleste, tantôt comme un in- dice de la colère des dieux. Ils poussèrent même la superstition jusqu’à décerner un culte à ces corps inertes comme à des images de la divinité. Des prêtres imposteurs encouragèrent, dans leur inté- rêt, ce fanatisme ridicule qu’on vit régner dans les beaux jours de la Grèce et de Rome. C’est ainsi que chez les Phéniciens on vit une pierre, qu'on disait tombée du ciel, adorée sous le nom d’{/io- gabale, et, chez les Phrygiens , une autre adorée sous Je nom de €ybele où la Mère des dieux. M. Biot a fait, au sujet de cette dernière, un sa- vant mémoire dans lequel il: prouve évidemment que la Mère des dieux n’était qu'une pierre mé- téorique. (G._D'Orr1enx.) ÆSHNE, Æshna. (ins.) Genre de la famille des Subulicornes et de l’ordre des Névropières, dont les caractères essentiels sont exprimés de la manière suivante : Tête globuleuse, ayant des yeux très-grands et très-rapprochés ; les ocelles situés sur une éléva- tion transverse, lobe intermédiaire de la lèvre le plus grand, les deux autres écartés et armés d’une dent très-forte, et de deux appendices en forme d’épines; ailes horizontales; corps des nymphes et des larves allongé ; masque plat, armé de deux fortes serres étroites, avec un onglet mobile au bout ; abdomen terminé par cinq appendices al- longés, dont l'un est tronqué au bout. Ces insectes sont les géans de la famille pour notre pays; car dans les pays étrangers il se trouve des espèces du genre Agrion qui atteignent une dimension presque double : leur corps est toujours cylindrique allongé, terminé à son ex- trémité par des crochets irès-développés, dont M. Leach s'était servi pour former le genre Pe- talocheirus, mais qui n’a pas été adopté, comme ne présentant pas de caractères assez essentiels. Ces insectes sont doués d’une grande puissance de vol; quoiqu’ils vivent sous leur premier état dans . Peau, on les voit se tenir plus volontiers vers le haut des arbres, et quelquefois très-éloignés de leur premier élément ; ils planent beaucoup et chassent les mouches et autres insectes à la manière des hirondelles, passant et repassant continuellement dans une allée qu’ils ont adoptée. Au mot Zibellule, dont les genres Æshne et Agrion ont été démembrés, on donnera tous les détails de mœurs et d'organisation qui leur sont communs. Notre pays possède plusieurs de cesindividus , et même de grande taille, Nous allons en faire con- naître quelques uns. A. Gran. À, Grandis, Lin. La plus grande espèce d'Europe; elie a quelquefois près de trois pouces de long. Tête jaune, yeux bruns , corselet brun, avec six lignes obliques, trois de chaque côté, verdâtres, abdomen laché de vert et de jau- nâtre, ailes irisées, avec un sigmate brun à la côte antérieure. Très-commune. On en trouve une figure dans la pl. 4, fig. 5, de ce Diction- naire ; la larve est représentée sous le n° 6. Em A: | | | DRE A. À Tenanes, À. Forcipata des auteurs, Yeux bruns ; tête, corps et abdomen jaunes. Sur le corselet, deux bandes noires de chaque côté, deux larges bandes , et des taches plus inférieures, noires ; stigmate des ailes jaunâtre bordé de noir. Longueur , au plus de deux pouces. Elle est com- mune. (AP.) ÆTÉE, Ætea. (zoorn. poryr.) Nom donné par Lamouroux à un genre qu'il a placé dans l’ordre des Gellaires, dans la première division des Polypiers flexibles. , Comme ce genre a été établi antérieurement par Lamarck sous le nom d’Anguinaire, on a dû lui conserver cette dénominaton. . ANGuINaIRE. (L.) ÆTHUSE Æthusa. (mot. puanx. ) Dans le genre Æthuse, de la famille des Ombellifères de Jussieu, de la Pentandrie digynie de Linné, qui a des rapports intimes avec les genres Cicuta et Conium , les ombelles n’ont point d'involucres, les involucelles ont trois à cinq folioles unilatérales et pendantes; les fleurs sont blanches, les pétales un peu inégaux , cordiformes ; le fruit est ovoïde, à côtes simples, caractère très-tranché avec les conium, dont les côtes sont crénelées. L’'Æthusa cynapium de Linné, petite ciguë, est une plante annuelle très-vénéneuse, et par conséquent très-importante à connaître; car elle ressemble beaucoup au persil, à côté duquel elle croît très - souvent. On évitera de confondre ces deux plantes en faisant attention , 1° que les feuilles de la petite ciguë sont très-luisantes, découpées en lobes très-aigus , tandis que celles du persil ont les lobes plus larges et moins luisans ; 2° que la tige de la petite ciguë est très-glauque, presque lisse, et que celle du persil est verte et cannelée ; 3° que la petite ciguë a des fleurs blanches, et le persii des fleurs jaunâtres ; 4° enfin, que l’odeur, la saveur de la petite ciguë sont désagréables , vi- reuses ; le persil au contraire a une odeur agréable et une saveur légèrement aromatique. Le cerfeuil, qui peut aussi être pris pour la pe- tite ciguë, diffère de celle-ci par ses folioles élar- gies et courtes, et par son odeur et sa saveur aro- matiques. La petite ciguë jouit des propriétés de la grande ciguë; comme cette dernière, elle peut donner lieu à des accidens très-graves. Voyez, pour les antidotes et le traitement à suivre en cas d’empoi- sonnement par ces plantes, ce que nous avons dit aumot Æconit. EE) ZÆTITE ou Pierre D’AIGLE. (mix.) On nomme ainsi une variété géodique de fer oxidé qui se pré- sente le plus souvent sous la forme de petites masses sphéroïdes, ovoïdes , ou aplaties. En cas sant des Ætites, on fremarque qu’elles sont com- posées de couches concentriques , alternativement brunes et jaunâtres, et qui vont toujours en dimi- nuant de consistance à mesure qu'on approche du centre. Ges pierres recèlent souvent un noyau mobile qui résonne quand on les agite; quelque- fois on trouve à la place de ce noyau une matière terreuse, ou une simple cavité. 48 AFFI Les anciens croyaient que ces petites masses ferrugineuses provenaient des nids d’aigles, d’ou est venue cette dénomination ‘de Pierres d’aigle. Ds leur attribuaient beaucoup de propriétés mer- veilleuses, entre autres celles de faciliter les accou- chemens , de prévenir les fausses couches , d’aider à découvrir les voleurs, etc. Aujourd'hui, les seules vertus qu'on leur reconnaît sont de pro- duire de bon fer. On en trouve des bancs assez épais pour être exploités à Trévoux, près de Lyon ; les Ætites y sont généralement de la grosseur d’un œuf d’autruche. (D'On.) ; ÆXTOXICON ou Poison nes CHÈVRES. (BOT. PHAN. ) Arbre du Pérou, ainsi nommé à cause de la qualité vénéneuse de son fruit. Il constitue un genre de la Diæcie pentandrie de Linné; ses ca- ractères particuliers sont peu connus, et on ne l’a encore rapporté à aucune famille naturelle. (L.) AFFINITÉ. (cmm. et Pnys.) Les physiciens et les chimistes désignent par ce mot la force qui tend à combiner et qui tient réunies les molécules de nature différente. Cette force ne s’opère le plus souvent qu'entre deux, trois ou quatre espèces de molécules, et rarement entre cinq. Geoffroy, Bergmann, Guyton-Morveau , sont les premiers savans qui ont donné une théorie satisfaisante sur l’aflinité : depuis, les progrès de la science ont fait apporter de grandes modifications à cette théorie, et voici quels sont les points le plus géné- ralement admis aujourd’hui. L’aflinité dépend, 1° de la quantité relative des corps entre lesquels la combinaison peut avoir lieu. En effet, les corps peuvent s'unir en toutes ou en diverses proportions, et, dans ces cas, ils ont une adhérence qui est d'autant plus grande que la proportion de l’un d’eux est plus petite. Ainsi, prenant pour exemple trois composés for- més , le premier de 2 molécules de À et 2 de B, le second de 2 de A et de 3 de B, le troisième de 2 de À et de 4 de B, nous verrons qu'il sera plus facile d'enlever une molécule de À du premier composé AB que du second, et de celui-ci beaucoup plus encore que du troisième ; car dans le premier com- posé il n’y a qu'un nombre égal de molécules, tandis que dans le troisième il est double. > Des combinaisons dans lesquelles les corps peuvent être engagés. Ainsi une mélocule À, exer- çant déja son affinité sur une molécule B, agira moins sur une molécule GC que si elle était libre. "5° De la cohésion qui, empêchant le contact d'un corps avec un autre, nuit par conséquent à la combimaison.!On dit tous les jours : telle sub- stance est insoluble dans tel liquide ; on veut ex- primer par là que la cohésion des molécules de cette substance les unes pour les autres l'emporte sur l’aflinité de ces mêmes molécules pour le: liquide avec lequel on les met en contact. 4 Du calorique qui, s’interposant entre les molécules etiles éloignant les unes des autres, agit. en sens inverse de la cohésion. Toutefois, l’action du calorique dans l’aflinité peut devenir semblable à celle de la cohésion, c’est-à-dire l'empêcher ow la retarder : c’est lorsque la dose du calorique est assez PE SR D mr AFRI 49 AFRI EE NS EAN LU ONCE TT TEL TT DT assez considérable pour rendre gazeuses les molé- cules que l’on veut réunir. On a donné à cet état de sursaturation de calorique le nom de ré- pulsion. ; Fun dote 5°, De la quantité respective de l'électricité. Bien que l'expérience ait démontré que deux corps électrisés de la même manière se repoussent, et que deux corps électrisés d’une manière différente s’attirent, on connaît mieux l’influence de l’élec- tricité sur l’affinité qu’on ne l'explique. 6°. De la pesanteur spécifique. Tout le monde sait que l’eau et l’huile ne peuvent être Lenues par- faitement mélangées; qu’au bout d’un temps très- court, l'huile occupe la partie supérieure; cela tient à ce que l’huile est spécifiquement plus lé- gère que l’eau. Détruisez cette ifférence , lacom- binaison pourra avoir lieu. On explique de la même manière la séparation de deux métaux qui diffèrent par leur pesanteur spécifique, que l’on fond en- semble et qu’on abandonne à eux-mêmes. o, De la pression. L'action de cette force, nulle sur les solides , susceptible de s’exercer sur les liquides, se manifeste avec énergie sur les fluides élastiques, et cela en rapprochant leurs molécules , multipliant les points de contact. C'est d’après ce principe que l’on prépare les eaux mi- nérales gazeuses, et que l’on dissout facilement dans l’eau un volume assez considérable de gaz. Toutefois il y a des exceptions à cette règle géné- rale , car on a observé que le phosphore ne brülait point dans l’oxygène à la température et sous la pression ordinaires, et qu’au contraire la com- bustion avait lieu si on raréfiait le gazen diminuant la pression. La même observation a été faite pour le gaz hydrogène proto-phosphoré. … (F.F.) AFGANISTAN. (céocr.) Voyez Kazour. AFRIQUE. (coan.) De toutesles parties de l’an- cien continent, l'Afrique est celle dont les limites sont les plus naturelles et les plus marquées. Pres- que entièrement entourée d'eaux, celle vaste pres- qu’ile ne tient à l'Asie que par une étroite langue de terre située au nord-est, et qui porte le nom d’isthme de Suez. Napoléon, dont toutes les pen- sées avaient pour but l’anéantissement de la puis- sance britannique, voulait couper cet isthme , joindre la mer Rouge à la mer Méditerranée, et ouvrir ainsi à nos vaisseaux un passage vers l’océan Indien. Par ce moyen, et en supposant que Les forces maritimes de la France défendissent l'entrée de la Méditerranée au détroit de Gibral- tar, lé commerce des Anglais dans l’Inde et par conséquent toute leur puissance se trouvait dé- truite, obligés qu’ils étaient alors de doubler le cap de Bonne-Espérance pour revenir de leurs colonies d'Orient. Les funestes. événemens qui bientôt abaissèrent l'immense fortune de cet bomune de génie, vinrent mettre obstacle à l’ac- complissement de ce projet gigantesque. Nous avons dit que l'Afrique était presque entiè- rement entourée d'eaux; et parmi toutes ces mers qui viennent baigner ses côtes, aucune ne lui appartient en propre : la Méditerranée, qui baigne ses côtes septentrionales, vient aussi frap- Tome EL per de ses eaux les rivages de l’Europe et de l'Asie, et la mer Rouge touche à la fois l'Egypte, la Nubie, l’Abyssinie en Afrique, et l'Arabie ‘en Asie. À l’ouest l’océan Atlantique, à l’est l'océan Indien s’avancent, le premier jusqu’aux rivages du Sénégal, de la Guinée et du pays des Hotten= tots ; le second , jusque sur les côtes de Zangue- bar et du royaume d’Adel. L'Afrique est assurément la moins explorée et la moins connue de toutes les contrées du globe. Les anciens en avaient une idée si imparfaite , qu’ils pensaient qu’elle ne s’étendait pas au-delà de la ligne équinoxiale, et qu’à cette hauteur elle se réunissait à Asie. Ce ne fut qu’en 1486 que Barthélemi Diaz doubla le cap de Bonne-Espé- rance, qui forme l’extrémité méridionale de cette contrée; peu de temps après celte découverte, en 1497, Vasco de Gama en détermina toute l'importance, en ouvrant aux Européens la navi- gation de l’océan Indien. Nous n’avons aucune notion sur l’intérieur de l'Afrique. Quelques voyageurs ont eu le courage de se hasarder au milieu de cette vaste contrée : mais, obligés de prendre sans cesse quelques nouveaux déguisemens pour échapper à la bar- barie et à la défiance soupconneuse des naturels, ils n’ont pu rapporter que des connaissances très- imparfaites sur la nature et la constitution géo- graphique de ce pays. Cependant, nous croyons pouvoir partager l'Afrique en quatre grandes divisions hydrogra- phiques. Dans la première se trouvent rangés les fleuves qui viennent décharger leurs eaux dans la Méditerrannée : à leur tête se place le Nil, ce fleuve dont le nom rappelle tant de souvenirs historiques. Nous formons la seconde division de tous les fleuves qui ont leur embouchure dans l’océan Atlantique. C’est donc dans ce bassin que se placent le Sénégal, la Gambie, qui arrosent la Nigritie occidentale ; le Niger, qui traverse le Soudan et la Guinée; et le Gongo, qui parcourt la Nigritie méridionale. La troisième division se compose du bassin de l'océan Indien, qui, sur les côtes de Zanguebar et de Mozambique, recoit les eaux du Zambèze, du Loffih , du Mother, de l’Outando et du Zebi, fleuves dont les cours sont entièrement inconnus. Enfin, dans la quatrième division se trouvent placés tous les fleuves qui vont se perdre dans un énorme lac, qu’on peut bien considérer comme une mer intérieure ; je veux parler du lac 7'chad, situé dans le Soudan ou Nigritie centrale. Cette énorme masse d’eau offre à sa surface des îles assez nombreuses , demeure accoutumée des {6- roces Bidoumahs, dont la vie se passe en pirate- ries continuelles. Nous ne citerons, parmi les lacs de cette vaste contrée, que ceux qui préséntent quelque intérêt : en première ligne. nous nommerons le Caloun- ga-Koufjoua (lac Mort); qui reproduit en Afrique les phénomènes qui se passent sur les rivages de la mer Morte. Rien ne peut rendre la VII Livraison, 7 | :AFRI morne .trisiesse des bords de ce lac : aricune plante ne croit dans'ses. environs; les montagnes qui l'entourent n’offrent aux yeux qu'uneaffreuse stérilité ; dé leur sein découlent, des ruisseaux de bithume ; elles exhalent une lodeur fétide, qui les a fait surnommer les monlaghes des mauvaises odeurs; aucun poisson ne peut, vivre au milieu de ces eaux huileuses, dont les vapeurs dessèchent la poitrine et excitent une toux fatigante. Tous les animaux fuient ces bords, comme s'ils pré- yoyaient qu'un court séjour sur celle terre de désolation serait pour eux la mort. Nous norsmerons encore le Dembea dans VAbyssinie, le, Birket-el- Kerour dans l'E- syple, autrefois le fameux lac Acœris, qu'on crut long-temps avoir été creusé par la main des hommes, erreur détruite de nos jours par un savant acadésicien; enfin le lac Mariout (ancien Maréotis), dont les eaux douces baignaient autre- fois de beaux jardins et de riches vignobles, et qu’une irruption de la mer, en 1801, a transfor- mées en eaux salées. La direction des fleuves d'Afrique, la largeur et la profondeur de quelques uns, ont fait soup- conner dans cetle contrée l'existence de nom- breuses montagnes, Un habile géographe a observé que les chaînes sont plus remarquables par leur largeur que par leur hauteur, et que généralement elles n’arrivent à un niveau considérable qu’en s’élevant lentement de terrasse en terrasse ; cette observation l’a conduit à dire que toutes les monta- gnes de l’Afrique pourraient être regardées comme formant deux immenses plateaux, l’un boréal, l'autre austral; et que ce dernier, dont l’étendue est moindre, offrait une plus grande élévation. Quelques volcans sont jetés sur la surface de cette grande presqu’ile; l’un d’entre eux, situé dans le Congo, est appelé le mont des Ames par les indigènes : ils croient que son cratère est la porte par laquelle les morts passent de ce monde dans l’autre. Nous indiquerons aussi le pic de Ténérifle, dans l'ile de ce nom, montagne qui pendant long-temps a élé estimée la plus élevée de toutes les montagnes du globe. Nous avous indiqué plus haut le triste aspect qu’offraient les environs du lac Mort; mais cette petite contrée peut-elle entrer en comparaison avec celte vaste mer de sable brûlant qui s’étend de l’ouest à l’est comme une ceinture de feu, en partageant l’ancien continent des côtes de l’océan Atlantique, à l’extrémité orientale de Gobi? Rien n'arrête le désert dans sa marche; il traverse toute l'Afrique septentrionale dans sa plus grande largeur; la mer Rouge n’est pas vune barrière pour lui : on le retrouve en Arabie, dans la Perse, au royaume des Mongols ; l’océan Atlan- tique à l’ouest, l’océan Oriental à l’est, sont les seuls obstacles qui puissent mettre un terme à sa vourse. Le sol du désert est susceptible, par sa nature, de s’échauffer jusqu’à 50 ou 60 degrés ; lit des caravanes entières. 50 AFRI Les dangers incalculables que présente: an voyage dans de semblables contrées, sont:en par- tie la cause du petit nombre d’explorations qui em ont été faites. Il faut joindre à cette raison une autre nen moins puissante et dont nous avons déjà parlé, le caractère féroce et soupconneux de ses habitans. La population se compose d'hommes blancs et noirs : le teint des premiers est telle- ment bronzé par la chaleur excessive du climat, que souvent on aurait grand’peine à distinguer les deux races, si les cheveux crépus du Nègre ne servaient pas à le faire reconnaître : les Maures, qui composent en général la race blanche, re- gardent les Nègres comme d’une espèce. infé- rieure : aussi, dans toutes les régions habitées par les Maures, les Nègres sont soumis à un dur et pénible esclavage. La race blanche est indigène dans le nord et l’est; la race noire dans tout le reste de l’Afrique. Les Maures, qui sont musul- mans, portent une haîne bien prononcée à tout ce qui est chrétien, et voient dans chaque voya- geur un espion venu des contrées d'Europe pour explorer le pays , et donner à ses concitoyens les moyens d'en faire la conquête ; ils sont avides de butin, féroces, et se laissant prendre aux louanges les plus fades, aux éloges les plus outrés. Chaque peuplade est partagée en deux classes; les guer- riers, qui portent le nom de Æassannes, sont ignorans, vains, orgueilleux, comme l’étaient nos barons du moyen-âge ; les Marabouts ont des mœurs plus douces, possèdent quelques faibles connaissances, et sont regardés comme les sages de la contrée. Le fétichisme est la religion des Nègres; ces peuples grossiers et fanatiques admettent en gé- néral un bon et un mauvais principe, et prennent pour objet de leur adoration tout ce qu’ils ren- contrent autour d’eux : le serpent, la hyène, le coq, le chakal, un fleuve, une montagne sont pour eux l’emblème de la divinité; ils sont en général soumis à un gouvernèment qui peut pas- ser pour une monarchie héréditaire ; ils forment diverses familles que la couleur de leur teint et la configuration de leurs thaits aident à recon- uaître. Telles sont les familles des Cafres et des Hotlentots. De nombreux animaux de toute espèce peaplent FAfrique ; ils ont en général une physionomie particulière qui les distingue de tous les animaux des autres parties du globe : le lion, la panthère, l’hyène, le chakal, l’antilope, l’autruche, la ga- zelle, habitent le nord et le centre; au delà du rand désert de Sahara, les fleuves qui arrosent Ja Sénégambie demandaient d’autres espèces d’a- nimaux supportant facilement l'influence humide de ces grands courans d’eau. C’est dans ces con- trées qu’apparaissent ces énormes pachidermes , l'éléphant africain, le rhinocéros, l’hippopotame , | dont la structure n’offre à la vue qu'une masse grossière et informe. les vents viennent soulever le sable fin qui le | compose, et le seymoun, dans sa fureur, enseve- | Les oiseaux présentent aussi de nombreuses variétés : leur plumage, orné dés couleurs les plus | vives, les fait rechercher dans nos pays d'Europe; " 1 TR R si AFRI 51 AGAM c’est du Sénégal que provient la perruche à col- lier ; le Congo fournit le jacko gris, qui imite la voix de l’homme- avec tant de pérfection; on y trouve aussi de nombreux :palmipèdes qui ne vivent que dans ces contrées : nous nous borne- rons à citer les cormorans, les pélicans ; les pé- trels, les albatrosses. Jusqu'à ce jour aucuñ savant ne s’est livré en- tièrement à l'étude du règne végétal de ce pays; quelques parties ont'bien-été examinées , mais elles * sont trop minimes pour donner une idée générale de la végétation de cette partie da monde. La géographie topographique de l'Afrique est fort peu avancée, ce qui est facile à concevoir en se rappelant ce que nous avons dit de la difficulté de pénétrer dans l’intérieur des terres, Les côtes, explorées plus facilement, ontété par- tagées et forment des divisions que nôus connais- sons: nousnous contentérons de lesmentionneriei etnous renverrons pour les détails aux articles par- ticuliers que nécessitera chacune de ces provinces. Elles forment plusieurs régions : la région du Nil, oùse trouve, 1°l'Egypte, quiaprèsavoir été le pays leplus civilisé, est tombée de sa gloire et de sa puis- sance, et promet en ce moment de se relever sous la main férme et régénératrice de son souverain actuel. - | 2°, La Nubie, où l’on voit les ruines de la fa- meuse Méroé. 5°. L’Abyssinie, ce royaume dont la longue et nu prospérité nous est constatée par ses re- ations avec l’Europe du 15° siècle. Je! ne peux omettre d'indiquer ici un des faits lés plus curieux de l’ethnographie. Je veux parler d’ane colonie de juifs dont l’exis- tence en ce pays remonte à plus de trois mille ans. IL paraît qu’à l’époque de la conquête de la Ju- dée et des provinces voisines, par Nabuchodono- sor, un grand nombre d’habrtans se réfugièrent en Egypte ou en Arabie, d’où ils passèrent en Abyssinie. Du temps d’Alexandre-le-Grand , ces juifs portaient encore le nom defalasjan ou exilés. Ils avaient formé un établissement sur les côtes de la mer Rouge , où leur activité commerciale avait bientôt été mise en jeu, Jusqu'à nos jours, ils ont su conserver leur indépendance , leur langue, leur religion et leurs institutions nationales. Pendant long-temps leur domination s’étenditsurune assez grande partie de l’Abyssinie; et, quoique resserrés successivement dans des limites plus étroites, ces juifs pouvaient encore, au temps de Bruce, mettre sur pied et entretenir une armée de cir- quante mille hommes, Mais en 1800, la race royale s'étant éteinte, cette espèce de princi- pauté est retombée sous la domination‘du roi chré- tien qui gouverne à Tigré, Les juifs n’étaient donc pas entièrementanéantis , comme nation , et, quoi- que dispersés sur toute la surface dé la terre ; quoique répandus au milieu de tous les peuples, sans pourtant jamais se confondre avec aucun d'eux, ces parias dumoyen âge avaient, dans un coin de l’Afrique des compatriotes réunis.en corps de nation , ayant des lois et un gouvernement par- ticulier, et conservant avec leurs mœurs et leurs coutumes , lé type original de leurcaractère, La région du Maghreb ; où se trouvent: 1° l’état de Tripoli, enrichi des ruines de Ptolémaïs et de CGyrène ; : 2°, L'état de Tunis, où fat Carthage , l'éternel ennemi de Rome ; 3°. L'état d'Alger, qui vient d’être récemment l’objet d’une conquête, et qui promet aux Français une riche colonie ; 4°. L'empire de Maroc. La région des Nègres, qui renferme la Nigritie centrale, occidentale, méridionale ét maritime, contrées fort peu connues. La région de l'Afrique australe, où se trouvent le pays des Hottentots et la Cafrerie. Enfin la région de l’Afriqae orientale, dont la partie insulaire, qui renferme Madagascar , est la seule sur laquelle nous pourrons donner quelques détails. (CG...) AGACGE. (ors.) Les pies portent ce nom , ainsi que ceux d’AÆgache , Agasse ou Ajace, dans quel- ques cantons méridionaux de la France. (E. G.) AGALOUSSE, (sor. PnAn.) Nom du houx dans le midi de la France. AGAME. Ægama. (rerT.) Nom d’un groupe de Sauriens à langue large, entière, molle, fon- gueuse , à peine extensible , qui ont la tête forte- ment renflée en arrière, recouverte de plaques polygones, petites, égales, plus ou moins saillan- tes, et dont le corps, parfois renflé, la queue longue, ronde, grêle, et les membres développés, mais peu charnus, sont revêtus en dessus et en dessous d’écailles rhomboïdales , imbriquées, al« ternes, carénées; quelques unes de ces écailles sont redressées et prolongées en épines plus ‘ou moins développées, tantôt rapprochées, consti- tuant des aigrettes autour des yeux, des oreilles , de: la nuque; tantôt isolées et semées en quin- conces , quelquefois réguliers, sur les côtés dé la partie supérieure du dos. Leurs yeux sont saillans et recouverts gnigrande partie par deux paupières égales, dont l’ouverture;très-étroile et bordée depe- tites épines quisemblentremplacerlescils des mam- mifères, laisse voir seulement une petite partie de la pupille’; les doigts sontrecouverts d’écailles qui les débordent sur les côtés, et forment par leur réunion une sorte de frange dentelée ou de seie. La plupart des espèces ont un tympan visible, quelques unes ont une rangée de pores crypteux le long du bord interne des cuisses. Des auteurs pensent que le nom d’Agame vient d’agamos, mot grec qui signifie célibataire; mais d’autres croient avec plus dé probabilité quec’est le nom vulgaire. à la Guyane, de l’espèce de ce groupe qui a été connue la première. Ge nom depuis a été étendu x toutes les espècés de Sauriens qui ont avec elle quelques rapports intimes d'organisation. Les Agames, d’un aspect en général hideux et repoussant, se rencontrent dans des contrées in- cultes ; désértes, arides , sablonneuses ; leur! robe sèche, raboteuse, semble en rapport avec la na- ture du terrain qu’ils fréquentent , et leurs cou- EE mm AGAM 52 AGAM leurs ternes , peu voyantes, se marient assez bien avec la teinte générale du sol où ils habitent, Ils sont vifs, alertes, bien que leurs doigts soient longs, grêles , libres, armés d’ongles forts et re- courbés. Ils vivent constamment à terre, se cachent sous les pierres ou: dans des terriers peu profonds ,et ne paraissent. pas avoir pour habitude de grimper sur les : arbres ou les buis- sons. Ils n’ont pas en- général de dents au palais; mais leurs mâchoires garnies de dents courtes et fortes, disposées comme celles de la plupart des Sauriens pachyglosses, mues par ces muscles épais et robustes qui déterminent la forme renflée de la nuque, suppléent à ce défaut et les rendent redoutables pour les insectes même les plus coriaces. Ils se raidissent volontiers contre la violence, et leur courage et leur audace sont bien au dessus de leur force réelle; ils se défendent avec un acharnement incroyable contre la main qui les prend; mais leur morsure n’a rien de veni- meux , et leur taille, en général peu considérable, ne les rend pas à craindre pour l’homme. Leur peau lâche, plissée sous le cou et les flancs , paraît susceptible de se gonfler comme celle des cra- pauds; quelques espèces changent de couleur d’une manière aussi brusque.et aussi marquée que le caméléon; on dit qu'ils rendent dans la colère une sorle de stridulus , el qu’au temps des amours ils s’appellent entre eux par de petits cris analo- gues à ceux de certains Batraciens anoures. Les femelles pondent une trentaine de petits œufs de la grosseur d’un pois, presque sphériques, à coque dure, cassante, blanche, qu’elles déposent dans le sable sans en prendre plus de soin que ne font les autres Sauriens pour les leurs. L'on a divisé les différentes espèces d’Agames d’après quelques modifications de leurs formes extérieures; ainsi l’on a fait un genre distinct pour certaines espèces dont la tête fortement déprimée se rapproche de celle des Batraciens , et à cause de celte disposition l’on à donné au genre le nom de Phrynocéphale.— Parmi les espèces que l’on y range l’on voit l’Agame à oreille Z. Aurita , qui, comme son nom l'indique , porte aux angles de la bouche un repli de la peau en forme d’oreil- lon, ou de collerette épineuse à deux rangs. Sa grandeur est de huit à treize centimètres; il se trouve en Sibérie; l’Agame Hélioscope, l’Agame de l’Ural, l’Agame de l’Aral et l’Agame Caudivol- vula sont des Phrynocéphales de la Russie asiati- que, qui ont à peu près la même taille que le premier, el qui ne diffèrent entre eux que par des accidens de coloration. Le tympan des Agames hrynocéphales est caché sous la peau, ce qui les distingue des autres espèces d’une manière plus tranchée encore que la forme de leur tête. : D’autres Agames ont le ventre renflé comme celui des crapauds; on les a groupés à part et l’on a donné au genre élabli sur ce caractère le nom de Phrynosôme. Ces Agames à ventre orbiculaire que , par analogie , l’on désigne vulgairement sons le nom de crapauds épineux, se nomment:encore Tapaparye, lraduction de Z'apayaxin, du nom- mexicain de l’espèce de ce groupe que l’on aconnue la première. Les Agames de cette catégorie sont remarqua- bles par la longueur des crêtes qui surmontent l’œil et l’ouverture desoreilles ; leur queue est plus courte, plus renflée à sa base que dans les autres. espèces. On a indiqué comme espèces de ce genre lAgame orbiculaire , l'Agame cornu, l’Agame de Douglass et l’Agame Bufonien. Ils sont: tous à peu près de la même tuille, c’està-dire de huit à seize centimètres ; ils ont le dessus du corps grisâtre , tacheté irrégulièrement de vert noirâtre, parfois ces taches plus circonscrites entourent la base des écailles épineuses du dos. Ces quatre es- pèces n’en forment probablement qu'une seule : en effet , les trois premières ne diffèrent pas sensible- ment entre elles , et l’on a dit qu’elles ne se distin- guaient de la dernière que par leurs écailles des parties inférieures qui étaient lisses; elles ont or- dinairement toutes les trois des écailles plas ou moins carénées sur ces parties, et s’il s’est ren- contré des individus où toutes fussent entièrement lisses , cette circonstance ne peut guère être con- sidérée que comme accidentelle; car l’on voit des individus chez lesquels les écailles des parties in- férieures offrent et la disposition lisse et la dispo- sition carénée : quelquefois aussi par le développe- ment du ventre, les écailles s’inclinent et prennent un aspect subverticillé, les pores aux cuisses pa- raissent aussi leur être communs. Ces Agames sont propres à l'Amérique. — L’on a encore distingué dansles Agames ceux dont les écailles, lisses etéga- les partout dans le jeune âge, prennent ensuite des carènes , mais ne sc relèvent pas en épines sur le dos, et se dilatent seulement par intervalles sur les parties supérieures du corps. Cuvier a fait de ces Agames un genre particulier auquel il a donné le nom de Changeant ou 7'rapelus. L'espèce la plus commune, de la taille ordinaire des Agames , a la queue grêle , les écailles lisses en dessous, n’offrant que quelques petites épines sur le bord libre des paupières et du tympan; c’est le Ghangeant d’E- gypte, bleuâtre, chatoyant dans le jeune âge, grisâtre, tacheté de noir dans l’âge adulte, et moins susceptible alors de ces variations brusques de couleurs diverses, qui lui ont mérité son nom générique. Mais ces différens genres ne sont pas bien distincts, et il serait quelquefois assez difficile de déterminer auquel d’entre eux l’on doit rap- porter certaines espèces d’Agames. Parmi les au- tres Agames , les uns n’ont pas de pores aux cuis- ses, ce sont entre autres l’Agame des colons, Æ. colonorum, de neuf à dix pouces de long , à queue prolongée, brunâtre ; parsemé de taches plus fon- cées; il vient de l’Afrique méridionale. L’Agame à aiguillon (4. Æculeata), partout hérissé d’épines tetraëdres , disposées par bandes régulières dans le jeune âge, qui lui ont fait donner le nom d’A- game à pierreries, grisâtre en dessus, avec des ta- ches irrégulières d’une teinte plus foncée, dispo- sées en bandes transversales. L’Agame sombre, A. Atra, brun-marron en dessus, avec une raïe jaune pâle imprimée tout le long de la partie AL 7 Agami. 4. Agaric comesnble 6 Avwaric er Mmousser0n > Se S . 2 Agaon paradoxal grosse 6. A mMmoussron 7 À briilant Se : 3 sa grandeur naturelle 8 À 2 meurtrier F Cuerin dires - #randes que les autres. = AGAM 53 AGAM 2 0202000 oo 4, moyenne du dos. Ges espèces appartiennent à Y Afrique méridionale. L’Agame muriqué , du port Jackson, 4. Muricata (Iconographie deM. Gué- rin , reptiles, pl. 7, n° 1), d’une taille un peu plus #orle que les précédens , offre entre des lignes pa- rallèles d’épines, une double série de taches päles -qui se détachent sur la teinte brune noirâtre du fond , constituées par deux rangées d’écailles plus Parmi les espècés qui ont des pores aux cuisses, J'Agame le plus remarquable est sans contredit VAgame ocellé, 4. Barbata. Il parvient à 40-48 centimètres de long; la tête a six ou huit centi- -mètres de diamètre: il est brun-verdâtre en des- sus ; avec des taches jaunes arrondies bordées de -moirâtre sous le ventre, qui lui ont mérité son mom français ; des rangées transversales d’épines d’un à deux centimètres de long bordent les flancs et lanuque, et l’on voit à la région sous-maxillaire moyenne, une série de longnes épines qui lui ont fait donner le nom latin qu'il porte et le rappro- ‘chént des ignanes. L’Agame ocellé vient de la Nouvelle-Hollande. (T. G.) AGAMI, Psophia, Lin. (o1s.) Genre que Cuvier place le premier de la famille des Grues. On n’en connaît qu'une seule espèce( Psophia crepitans), représentée dans l’Atlas de ce Dictionnaire, pl. 5, fig. 1. On la nomme Ægarmi à Cayenne, Caracara aux Antilles, et Oiseau trompette dans l'Amérique méridionnale. Son bec est conique, irès-fléchi à la pointe, etla mandibule supérieure dépasse l’infé- rieure. L’oiseau a lataille d’un faisan ou d’un chapon ordinaire, et un extérieur un peu analogue à celui d’une poule d’eau. Sa tête, son bec, ses mœurs,ses “habitudes le rangeraient parmi les Gallinacés , dont il partage les jeux et lesalimens; maisil a les tarses très-allongés, et la jambe recouverte de petites écailles gtnon de plumes dans sa moitié inférieure, caractère qui le place irrévocablement parmi les échassiers. Le doigt postérieur est plus élevé que les trois antérieurs (quoique des auteurs récens affirment le contraire); les deux externes sont réunis par une petite membrane. La queue est courte ‘et n'excède pas les ailes lorsqu'elles sont fermées. L’Agami a, de hauteur totale, dix-huit à vingt pouces , et de longueur environ vingt-deux pouces. Sa têle en entier, ainsi que la gorge et la partie supérieure du cou, sont revêtues d’un duvet court; serré et moelleux au toucher; toute la partie antérieure de la poitrine offre de vifs reflets “risés, verts, verts dorés, bleus et violets-foncés. Les “ailes, la partie supérieure du corps et le dessous du ventre sont d’un beau noir qui devient de plus “en plus fauve à mesure que l’on s’approche da- yanlage de la queue. Le -bas du dos est recouvert d’une plaque grise séparée du noir par une bande d’un fauve éclatant. Les plames sont eflilées, à barbes fines , séparées, longues et soyeuses, Dans un ‘trou creusé au pied d’un arbre, sans autre soin d’un nid quelconque ; la femelle dépose ‘de douze à seize œufsisphériques., d’un’ vert clair, un peu plus gros que ceux de nos poules. Celle ponte se renouvelle deux où trois fois l’année; l’incubation dure vingt-huit jours ; les petits-Aga - mis courent en naissant comme nos poulets et nos perdreaux et sont revêlus comme eux d’un duvetqu’ils conservent beaucoup plus long-temps. Quoique l’on ne trouve cet oiseau que dans les forêts les plus épaisses, dans les retraites les plus éloignées de la demeure des hommes, il n’offre cependant pas ce caractère sauvage que présen- tent presque tous les animaux des solitudes. Il s'associe aux oiseaux de son espèce , et on les ren- contre par troupes de trente ou quarante qui se laissent approcher par l’homme et sont si peu farouches, que l’on peut même en abattre plusieurs avant que les autres songent à s'enfuir. Quoique la conformation de ses pieds et de ses jambes sem- ble indiquer un oiseau des marécages et du bord des eaux , il n’habite cependant que les lieux éle- vés, souvent même de hautes montagnes oùil vit d'insectes, de baies et de fruits sauvages. Si on le surprend, il s’enfuit en courant rapidement ; car son vol est lourd , etil ne s’en sert guère que pour se transporter à des distances peu éloignées, ou pour gagner la tête des arbres les moins élevés. Tel est lAgami dans l’état sauvage; mais il se faisse facilement réduire en domesticité, et dans ce nouvel état il se perfectionne d’une manière prodigieuse; ses qualités et son intelligence se développent, et il se place, parmi les oiseaux, au rang qu’occupe le chien parmi les mammifères. Bientôt en effet il reconnaît son maître et s’éprend pour lui d’une affection dont on ne croyait pas les oiseaux susceptibles. Heureux quand il lui est donné de l’accompagner, il s’aflige de son absence, et fête son retour par de brusques démonstrations de joie, saute, bondit autour de lui, sollicite un regard, une caresse. Dans la basse-cour il s’ar- roge bientôt un pouvoir absolu qu'il n'arrive à conquérir qu’à force d’audace et d'aclivité. Les chiens de moyenne taille eux-mêmes sont obligés de céder le pasà ce rude adversaire ; mais ce n’est qu'après de longs combats, dans lesquels notre héros harcelle et fatigue son: ennemi en s’éle- vant en l’air pour retomber sur lui à l’improviste, le poursaivre, le meurtrir de coups, lui crever les yeux, et souvent lui arracher la vie si on ne prenait soin de les séparer à temps. * Dressé avec soin, lAgami devient un guide et un défenseur intrépide pour les autres oiseaux do- mestiques, et même, dit-on, pour des troupeaux de moutons. Il les conduit aux pâturages, les surveille, les ramène, assure leur rentrée, rentre lui-même le dernier pour commander et maintenir l’ordre dans la basse-cour dont la garde lui est confiée. Avec de si précieuses qualités il nous rendrait sans doute d’éminens services; cependant il ne paraît pas que des efforts aient été faits pour le naturaliser en Europe, Le Jardin du Roi en a pos- sédé plusieurs qui y ont vécu long-temps; mais je ne sache pas que l’on ait fait. aucune expérience pour s'assurer de la perfectibilité de leur instinct. Outre son cri qui n'offre rien de remarquable, VAgami possède la faculté d'émettre sans ouvrir le |‘bec, un son sourd intérieur que l’on'a- cru pen- AGAP dant long-temps sortir par l’anus , et qui a beau- coup exercé la sagacité des auteurs. H semble dû à une conformation particulière des organes de la voix, comme le roucoulement des pigeons, ou comme le son grave que font entendre les coqs d'Inde avant de pousser leur cri ordinaire. Gette même faculté se rencontre dans les Hoccos et dans quelques oiseaux de la même famille. On voit au Museum, sous le nom d’Agami du Brésil, un sujet qui diffère de celui de Cayenne ence que sa couleur est partout uniformément d’un fauve très-foncé. On parle aussi d’un Agami d'Afrique , mais ilest au moins douteux que cet oiseau’, décrit par un seul auteur , Jacquin , appar- tienne réellement au genre Agami. (D. x. x.) * AGAON. (1ns.) Genre de la tribu des Chal- cidites, famille des Pupivores, ordre des Hymé- noptères, établi par Dalman, et ayant pour ca- ractères : bouche très-petite , cachée en dessous de la tête ; mandibules quadridentées; deux lames en forme de couteau , couvrant la partie inférieure de Ia tête; antennes insérées avant la partie mé- diane de la tête; premier article sécurilorme , les intermédiaires très-petits , les trois derniers très- renflés; corps allongé; une tarière; ailes presque sans nervures. Cet insecte, qui vient de la côte de Sierra-Leone en Afrique , a une tête tout-à-fait singulière : elle représente un carré long, dont le côté antériear estlégèrement convexeetle postérieur concave pour l'insertion du corselet; les yeux sont assez grands , placés latéralement près du commencement de la tête, oblongs ; les antennes sont insérées en des- sus et près de l’extrémité de la tête, le premier article est grand, méplat, sécuriforme, courbé extérieurement, dépassant l'extrémité de la tête de la moitié de sa longueur, les autres articles sont insérés à l’angle interne du premier , le se- cond et le troisième réunis n’égalent pas la dixième partie de celui-ci; les suivans , dont le nombre est encore indéterminé , forment un tiers de l’ântenne dont les trois derniers, cylindriques, enfilés, forment le dernier tiers; au milieu de la tête est un enfoncement; la bouche n’ést pas moins re- marquable : elle se compose de deux mandibules quadridentées , situées en dessous et près de l’ex- trémité de la tête, près de la base desquelles sont insérées deux pièces faites en forme de lames de cou- teau, et qui se rabattent et se couchent sous le des- sous de la tête qu’elles couvrent entièrement dans la longueur et près des deux tiers dans la largeur; ces pièces, dont M. Dalman ne donne pas l’analogie, me paraissent être des palpes appropriés à quel- que usage inconnu. Le reste de l’insecte n’a rien de particulier. | À. Parapoxaz, 4, Paradoxum , Dalm. Il est jaunâtre, sans tache, avec les yeux et la tarière noirs. On en trouvera une figure dans l’Atlas de ce Dictionnaire, pl. 5, fig. 2, 3. (A. P.) AGAPANTHE, Ægapanthus. (8oT. Pan.) Belle plante d'Afrique dela famille des Hémérocallidées ; ses fleurs, grandes, d’un bleu magnifique, for- men une ombelle simple au sommet d’une khampe 54 AGAR nue, haute de deux à trois pieds; à la base sont des touflés de feuilles allongées, glabres , obtuses. Ce genre a été extrait par L'Héritier des Crinoles de Linné; il s’en distingue effectivement par son ovaire libre , son calice tubuleux, à six divisions inégales; le filiment des étamines est un peu dé- cliné. On la cultive facilement dans nos orangeries, dont elle forme l’ornement, (L.) F AGARIC, Agaricus. (8oT. crxpr.) On a pen- dant long-temps appliqué successivement le nom d’Agaric à des plantes de la famille des Champi- gnons, très-différentes les unes des autres ; on sait aussi que presque Lous les auteurs anciens appe- laient Agarics les champigaons charnus ou su- béreux , à chapeau sessile, demi-circulaire, qui croissent sur les troncs d'arbres ; que Linné dési- gnait sous le même nom les champignons dont la surface intérieure présente des lames rayonnan- tes, simples et rameuses ; que Haller appliquait la mêmé dénomination aux champignons sessiles e£ à surface inférieure lisse ; qu’enfin Jussieu formait le même genre des espèces du genre Bolet de Linné, et que plus tard, Palisot de Beauvois donnait le nom d’Agaric à tous les Bolets de Linné. Aujourd’hui encore les botanistes ne sont pas d’ac- cord sur l’extension plus ou moins grande que l’on doit donner à ce mot. Nous qui n’avons nullement la prétention de pouvoir lever les difficultés qui existent dans l'étude des Agarics, qui ne voulons imposer notre opinion à personne, et qui nous contenterons toujours, dans les articles qui nous seront confiés, d'exposer le plus brièvement et le plus clairement possible l’état actuel de la science, nous dirons que lé nom d’Agaric est généralemént donné maintenant à une grande partie du genre auquel le donnait Linné, dont l’opinion:sur cette partie importante de la botanique a prévalu, c’est- à-dire, à tous les champignons dont la surface in- férieure offre des lames rayonnantes, simples ou rameuses. Le genre Agaric, dont le nom vient d’Agariæ, contrée de Sarmatie , d'après Dioscoride, ap- partient à la famille des Champignons , section des Agaricoïdes; ét à la Cryptogamie de Linné; ilest composé de plusieurs centaines d'espèces, même aux environs de Paris. Son étude est très-difficile, d’abord à cause du nombre des espèces qu’il ren ferme, puis à cause des grandes différences que ces espèces ont entre elles : voici du réste comment on le caractérise. Champignon sans volva , chapeau distinct, de forme variable; sessile ou pédicule , garni infé- rieurement de lames simples ou toutes d'égale longueur, où entremélées vers la ciréonférence de lamelles plus courtes. Quant aux caractères des espèces et variétés, nous renvoyons , pour éviter des répélitions ; à la descriptions de chacune d'elles. | Les Agarics croissent, pour 2 plus grand nom- bre du moins, dans les lieux humides.et ombragés, dans les prairies, les fumiers, les troncs d'arbres et les bois pourris: quelques uns se rencontrent également dans les mines él les caves. Leur durée CE AGAR AGAR go varie. beaucoup; les uns parcourent toutes les pé- riodes de leur existence dans l’espace d’un jour; les autres: ont besoin d’un mois pour atteindre tout leur développement ; enfin la majorité dure de dix à douze jours. Une fois que lAgaric a atteint son entier déve- loppement , les sporules ou graines s’élancent de leurs capsules et recouvrent la surface des feuillets d’une matière pulvérulente , de couleur blanche, rose, jaane, brune ou noire : cette matière, plus ou moins abondante, s’attache aux corps environ- nans, et donne naissance à des Agarics tout-à-fait semblables à celui dont elle provient. Après la disparition des graines, quelques es- pèces’, et surtout celles qui sont coriaces , se des- sèchent et se détruisent lentement; d’autres, en plus grand nombre, charnues et spongieuses, ana- ons dans leur composition avec les substances animales, se décomposent à la manière de ces dernières et donnent des produits semblables. Parmi les vrais Agarics , un petit nombre seu- Jement est servi sur les tables; les autres sont vé- néneux; l'attention la plus scrupuleuse doit donc présider à leur choix, el par conséquent à leur description: c’est ce que nous allons faire dans un instant. Le midi de la France, et surtout les environs de Montpellier, l'Italie, font unegrande consommation des Agarics comme alimens. Les paysans russes mangent indifféremment toutes les espèces; on a même avancé que si des accidens avaient été observés, ceux-ci devaient plutôt être considérés comme le fait d’un empoisounement, que le fait de la nature vénéneuse de l’Agaric. Quoi qu'ilen soit de cette opinion , qui du reste est loin d’être partagée par tous les auteurs , nous en- gageons nos lecteurs, jusqu’à ce que de nouvelles ex- périences aient bien établi l’innocuité de tous les Agarics, à s'abstenir de manger ceux qui se trou- vent dans les bois, nous réservant d'indiquer aussi complétement que la science le permet , les carac- tères des bons et mauvais Agarics en parlant des champignons en général. Nous renvoyons à ce mot ur les antidotes et traitement à opposer aux ac- . Sidens causés par ces sortes de végétaux, et nous passons de suite, d’abord, à la division des Agarics e Persoon, ensuite à la description des espèces es mieux connues, soit comme alimens, soit comme poisons. Division du genre Agaric. Persoon. ( Diction- naire classique d’histoire naturelle. } T Pédicule central. : 1°. Lepiota. Lames se séchant sans se noir- ‘cir, recouvertes par une membrane qui, en se déchirant , laisse un anneau autour du pédicule. 2°, Certinaria. Chapeau charnu, lames non adhérentes au pédicule, recouvertes par une mem- brane mince qui se rompt irrégulièrement, et forme à leur surface comme une loile d’araignée adhérente au pédicule, He 3°. Gymnotus. Chapeau charnu , convexe, la- mes se desséchant sans changer de couleur, pédi- cule nu. Section très -nombreuse, subdivisée [t par Persoon d’après la forme et la couleur des es- pèces. 4°. Mycena. Ghapeau membraneux, souvent presque transparent, strié, convexe, non déprimé au centre , se desséchant sans changer de couleur; pédicule nu , souvent fistuleux. Toutes les espèces sont petites, et beaucoup croissént. sur les bois morts, les feuilles, etc. 5°. Coprinus. Chapeau membraneux, de peu de durée; lamelles se transformant en une eau noire comme de l’encre qui entraîne les graines : de à leur nom vulgaire d’encriers ; pédicule presque toujours fistuleux ; nu ou souvent entouré d’un anneau; capsules éloignées les unes des autres, renfermant quatre rangs de graines. Presque toutes les espèces de ce genre croissent rapidement après les pluies et souvent en groupes nombreux sur la terre, le fumier , ou même dans les appartemens humides, 6°. Pratella. Chapeau charnu, lisse, persis- tant; lames noircissant sans se ramollir. Le cham- pignon de couche appartient à ce sous-genre, 7°. Lactifluus (Galorrheus de Fries), Chapeau charnu , le plus souvent déprimé au centre; la- melles répandant, lorsqu'on le rompt, un suc lai- teux, qui, dans la plupart des espèces, est âcre, poivré ; brûlant et vénéneux. 8. Russula. Chapeau charnu, ordinairement déprimé; lames égales en longueur et s’étendant depuis le pédicule jusqu’à la circonférence du chapeau. 9. Omphalia. Chapeau entier, charnu ou membraneux, déprimé au centre; lamelles iné- gales eu longueur, non lactescentes, souvent dé- currentes ; pédicule nu et central. Ge sous-genre peut être subdivisé , d’après la forme du chapeau et des lamelles, et d’après la structure du pédicule. TT Pédicule latéral ou nul. 10°. Pleuropus. Chapeau charnu, déprimé, oblique ou demi-circulaire; pédicule latéral ou nul. Ce sous-genre peut être subdivisé, et ren- ferme des espèces qui croissent presque toutes sur les arbres. Description des espèces d’Agarics. les mieux | connues. 1°. AGARIC COMESTISLE, Agaricus campestris , Linné, valgairement Champignon de couche, le plus usité et le seul qu’il soit permis de vendre _ sur les marchés de Paris. Figuré dans notre Atlas, pl. », fig. 4. Caractères. Forme d’abord arrondie en forme de boule ; pédicule haut de un à deux poures, plein intérieurement; chapeau convexe, lisse, glabre, garni en dessous de feuillets d’un rose un peu terne, et qui deviennent noirâtres en vieillis- sant, couleur générale d’un blanc brunâtre; odeur fort agréable. Bien que cette espèce croisse naturellement sur les pelouses sèches et exposées au soleil, on la cultive assez généralement sur des couches de fu- miér, sûr lesquelles on a projelé du blanc de champignon. Voy. ce mot. a ———_——_————————————"——…—"————————————îû"— Û AGAR 56 AGAR I L’Agaric comestible ne doit pas être confondu avec l’Amanite vénéneuse, qui lui ressemble beaucoup, que nous décrirons au genre Amanite, et dont nous aurons bien soin d’indiquer les dif- férences. Quant à l’Agaric Boule de neige, on peut le substituer à l’Agaric comestible dont il n’est qu’une variété. 2°, AGaRICÉLEVÉ, Agaricus procerus, Persoon, vulgairement Couleuvrée, Coulemelle, Cormelle, Parasol, Poturon, Boutarot, Vertet, etc. Caractères. Stipe bulbeux à sa base, creux dans son centre, recouvert d’écailles brunûtres, haut de huit à douze pouces; chapeau couleur bistre, large de dix à douze pouces, chargé d’é- cailles imbriquées ; feuillets blancs formant un bourrelet au sommet du pédicule ; chair tendre et d’un goût agréable. Cet Agaric croît en automne sur les pelouses découvertes ; on le mange dans beaucoup de pro- vinces de la France, à l’exception de son pédicule qui est dur et coriace. 3°. AGARIG ANNULAIRE, ÆAgaricus annularius, Bulliard, ou 7'éte de Méduse. On le trouve, en automne, dans les bois, sous forme de groupes de quarante à cinquante individus qui croissent, soit sur terre, soit sur les vieilles souches. Caractères. Couleur fauve roussâtre ; stipe charnu , cylindrique, de trois à quatre pouces de haut, écailleux supérieurement et terminé par un collet annulaire redressé et. concave ; chapeau convexe , mamelonné à son centre, un peu écailleux et large d’environ trois pouces ; lames inégales, d’abord blanches, puis un peu bru- nâtres. Cet Agaric est très - vénéneux, du moins l'expérience l’a prouvé pour les chiens. L’est- il pour l’homme ? La question n’est pas en- core résolue. Cependant on le mange impuné- ment, dit-on, à Prague, dans les mois de sep- tembre et octobre ; mais dans la crainte que l’es- pèce qui est apportée sur les marchés de Prague ne soit pas celle que nous venons de décrire, nous engageons fortement nos lecteurs à s’abstenir de l’Agaric annulaire. 4°. AGARIC MOUSSERON, Ægaricus mOusseron , Bulliard. Figuré dans notre Atlas, pl. 5, fig. 5. Caractères. Couleur d’un blanc sale, quelque- fois grisâtre ; pédicule épais, long de un pouce à un pouce et demi, un peu enfoui dans la terre ; chapeau très-convexe, presque globuleux, glabre, un peu onduleux sur les bords ; lames blanches, serrées et étroites; chair blanche, charnue, cas- sante, et d’une odeur agréable. Cet Agaric apparaît au printemps, sur les pe- louses sèches et la lisière des bois ; on le sert jourunellement sur nos tables avec le Aousseron blancou Champignon muscat, ainsi nommé à cause de son odeur musquée, et qui est l'espèce la plus agréable et la plus estimée. 5°, AGARIC OREILLETTE, Agaricus auriculæ, De Candole. Caractères. Pédicule court, plein, blanchätre et cylindrique; chapeau rarement arrondi, gri- sâtre et roulé sur ses bords; feuillets blancs, dé- currens sur le pédicule. Cet Agaric est bon et très-commun en automne sur les pelouses des environs d'Orléans, où on le: mange sans défiance. 6°. Aciric nu roux, Ægaricus aquifolii, Per- soon, ou Oreillede houx, grande Girole. Il croit en automne sous les buissons du houx, il est très- estimé. | Caractères. Gouleur jaune clair; pédicule de- quatre ou cinq pouces de haut, un peu aplati et. très-épais; chapeau large de trois à quatre pouces, lisse et glabre ; chair fine et délicate; saveur par- fumée et agréable. 7°. AGARIC DE L’OLIVIER, Agaricus olearius, De Candole, ou Oreille de l'olivier. Gelte espèce, très-vénéneuse, croît par toufles dans le midi de: la France, sur les racines de l'olivier et de quel- ques autres arbres. Caractères. Couleur rousse dorée, très-vive ; pédicule court, un peu courbé et très-rarement attaché dans le centre du chapeau ; lames décur- rentes, chair dure et filandreuse, 8°. AGARIC FAUX-MOUSSERON , Agaricus pseudo- mousseron, Bulliard, ou Mousseron godaille ow de Dieppe, Mousseron pied-dur ou d'automne. Fi- guré dans l’Atlas de ce Dictionnaire, pl. 5, fig. 6. Caractères. Couleur jaune pâle tirant sur le: roux ; pédicule très-gréle, un peu fusiforme; cha- peau convexe, mamelonné au centre, large d’un pouce et demi à deux pouces; chair assez dure, mais savoureuse ; odeur agréable, On le trouve, à la fin de l’été, dans les pâtu- rages et les endroits découverts des bois ; il se: conserve bien et est très-agréable après la cuis- son. 9° AGARIG BRULANT, Agaricus urens, Bulliard. Représenté dans notre pl. 5, fig. 7. Caractères. Couleur d’un jaune sale; pédicule. long de cinq à six pouces, cylindrique, glabre, strié et un peu velu à sa base; chapeau, d’abord convexe, puis devenant lésèrement concave, large: de deux pouces ; feuillets inégaux, d’une couleur. brune; saveur âcre et brûlante. L’Agaric brûlant croît dans les bois humides , et principalement sous les feuilles mortes ; il est essentiellement vénéneux. | 10°. AGARIC DÉLICIEUX, Agaricus deliciosus ; Linné. | Caractères. Pédicule long de deux à trois pouces, épais, charnu, jaune; chapeau d’abord jaane, puis fauve ou rougeâtre, légèrement con- cave et assez souvent marqué de zônes jaunâtrés ; lames inégales et plus pâles que le chapeau; suc d’un rouge de brique, plus ou moins foncé; sa- veur âcre et désagréable qui disparaît, sinon en totalité, du moins en partie par la cuisson. Cet Agaric croît par touffes dans les forêts de sapins du nord dé l’Europe, et, bien qu’il ne soit pas malfaisant, nous croyons qu’il ne mérite pas l’épithète de délicieux qui lui a été donnée on ne sail trop pourquoi. 11% AÂGARIC MEURTRIER, ÆAgaricus necalor ; Bulliard, pe AGAR 57 AGAT Bulliard, connu sous les noms vulgaires de Morton, Raffoult, Mouton z6né. Représenté pl. 5, fig. 8. ‘Caractères. Couleur d’un brun roux; pédicule cylindrique , long de deux à trois pouces ; chapeau convexe, un peu déprimé au centre, offrant quel- quefois des zônes concentriques, et recouvert, lorsqu'il est encore jeune, de petites écailles iné- gales et d’une couleur plus foncée que les autres parties; bords roulés en-dessous; feuillets iné- gaux; suc âcre, caustique, tantôt blanc , tantôt jaune. | Cette espèce croît dans les bois à la fin de l'été, et, malgré l'opinion de béaucoup d'auteurs qui prétendent qu’elle n’est point vénéneuse, son épi- thète indique suffisamment qu’on doit s’en méfier. 12° AGARIG CAUSTIQUE, Agaricus pyrogalus, Bulliard. Caractères. Couleur d’un rouge assez vif; pé- dicule jaunâtre, plein, haut de un à deux pouces, cylindrique; chapeau convexe ; un peu concave à sa partie moyenne, offrant souvent des zônes con- centriques d’un rouge très-vif; feuillets adhérens au pédicule, inégaux et rougeâtres ; saveur âcre, très-caustique. Cette espèce est un poison dangereux que l’on trouve dans les bois. 19° AGanic STYPTIQUE, Agaricus stypticus , Bulliard. Caractères. Couleur jaune-cannelle plus ou moins foncée ; pédicule plein, conique, latéral, long de huit à dix lignes ; chapeau hémisphérique, un peu analogue à une oreille d'homme, et ayant à pea près un pouce de diamètre ; feuillets égaux et faciles à détacher de la chair du chapeau; sa- veur âcre et astringente. Cet Agaric est très-vénéneux ; on le rencontre sur les souches et les vieux troncs d’arbres. Agaric des pharmacies. Les deux Agarics con- nus dans les pharmacies sous les noms d’Ægaric de chéne ou Agaric proprement dit, Agaric blanc ou Agaric du mélèze, seront décrits au genre Bolet. Voy. ce mot. AGARIC AMADOUVIER , AGARIC DE CHÈNE et Aca- RIC DES GHiRURGIENS. Voy. Bozer. (F.F.) AGARIC-MINERAL. (min. ) (Chaux carbo- natée spongieuse, Haüy. ) Cette substance est blanche , légère , friable à l’état sec, d’un tissu lâche et à filamens très-fins. On la trouve ordinai- rement dans les fentes de certaines roches cal- caires, d’où on la retire le plus souvent molle et humide. Elle est commune en Suisse, où elle est employée pour blanchir les maisons. — Les carac-° tères et le gisement de ce minéral lui ont fait don- ner, par les anciens minéralogistes, les noms de Farine-fossile, Lait de lune, Laït de montagne, Moelle de prerre, etc. (p’Or.) AGARICIE, Ægaricia. ( zoopn. roryr. ) Ce nom à élé donné par M. de Lamarck à un Poly- pier qui est formé de loges souvent confuses, contenant des animaux encore inconnus. Dans pres- que toules les espèces, ces loges, réunies entre elles, forment un polypier pierreux presque cons- tamment foliacé et toujours fixé, Tous J, Ce genre est placé, par son auteur, dans la di- vision des Polypes lamelliformes. MM. Cuvier et Blainville l'ont rangé dans la famille des Madré- pores. Onze espèces le composent; quatre sont fossiles. (L. R.) AGARICOIDES. (so. cryrr.) Nom donné aux végétaux pour lesquels Persoon a établi une section dans la famille des Champignons et dans la tribu des Hyménothèques. Ces végétaux cryptogames ont pour caractères une membrane fructifère, disposée en lames ou en veines, à la surface infé- rieure du chapeau, ou à la surface du champignon entier, lorsqu'il n’ÿ a pas de chapeau distinct. Cette section renferme les genres AmanirE, Aca- rc, et MÉruzs. Foy. ces mots. (F.F.) AGARISTE , Agarista. (ins. ) Genre de Lépi- doptères de la section des Castnies dans la famille des Crépusculaires , ayant pour caractères essen-- tiels : palpes inférieurs très-allongés , second arti- cle très-comprimé, le dernier grêle, presque nu ; antennes simples graduellement plus épaissies vers le milieu , terminées en un crochet allongé. Ce sont des insectes exotiques el encore peu ré- pandus dans les collections. Godard, dans l’Ency- clopédie méthodique, au mot Papillon, n’en cite que trois espèces, et Loutes trois sont de pays dif- férens. Depuis cet auteur, on en a découvert quel- ques autres, propres à la Nouvelle-Hollande et à l'ile de Madagascar. C’est à ce pays qu’appartient la belle espèce ( Ægarista pales ) figurée par M. Guérin dans son Iconographie du règne animal. (Insectes, pl: 85, fig. 1.) (A. P.) AGASSE CRUELLE ou Acasse GRAOUILLASSE. (ois.) Nom de la Pie grièche dans quelques pro- vinces de la France. … AGÂTHE ou Quartz AGATHE. (min. ) On donne ce nom à des pierres siliceuses, assez dures pour faire feu au briquet, et susceptibles de recevoir un beax poli; pierres très-recherchées pour l’ornement et la grosse bijouterie , qui se distinguent des autres quartz par leur cassure un peu ondulée, comme celle du verre, douce et onctueuse au toucher; et surtout par leur demi-transparence gélatineuse, et leurs nuances variées à l'infini. Les agathes se trouvent sous forme de rognons ovoides , de stalactites, de masses irrégulières et mamelonnées, dans certaines roches massives de Saxe , de Bohème, du duché de Deux-Ponts, d'Écosse , etc. Un des gisemens les plus célèbres est celui d’Oberstein , où l’on exploite des rognons d’agathes très-variées, disséminés dans une roche rougeâtre, celluleuse, dont les cavités sont remplies d’une matière verdâtre ( spillite). En Corse, on trouve sur les montagnes du Niolo des agathes dont la pâte est très-fine; à Frishau- sen, sur le bord de {a mer, elles se présentent, sous formes de galets. D’après Pline , les premières. agathes furent trouvées en Sicile , sur les bords du fleuve appelé aujourd’hui Drilo; on en voit aussi de très-belles à Castro-Nuovo; mais il est à croire que ce naturaliste a voulu dire que ce sont les pre- mières qui aient été trouvées en Europe; celles d'Orient étaient connues avant ce temps, çar YJITe Livraison. 8 AGAT 58 AGAT l’on en trouve qui portent des gravures dont le style dénote une haute antiquité. Ges agathes d’O- rient, qui nous arrivent, comme beaucoup de pierres précieuses, sans que nous connaissions les oints précis où elles se trouvent, sont des plus belles et les plus recherchées; elles offrent toutes les nuances imaginables ; le noir, le vert et le bleu sont les seules couleurs qui s’y montrent ra- rement. Quelle que soit la contrée d’où elles viennent, les agathes prennent différens noms suivant les variations de leurs couleurs, de leurs jeux de lu- mière et de leur transparence. Les Calcédoines varient da blanc laiteux au blanc roussâtre ou bleuâtre ; elles sont translucides et quelquefois même tout-à-fait transparentes ; les plus belles, dites orientales , présentent des ondes ou pelits nuages pommelés qui font un assez bel effet ; elles arrivent des Indes toutes travaillées en plaques , en coupes ou en tasses. Les autres viennent des îles Féroë, d'Islande, de Sibérie et d’Oberstein, où il y a de grands ateliers de taille et de polissage; on les travaille avec des meules de grès, et les ouvriers sont ventre à terre sur une espèce de tréteau , portant à l’estomac une plan- che qui sert à presser la pierre contre la meule. Les Cornalines sont beaucoup plus estimées que les Calcédoines; les lapidaires en distingnent deux variétés, les cornaljnes simples, qui sont d’un rouge de chair, et les cornalines de vieille-roche, qui sont d’un rouge de sang. Ces dernières sont {ort rares. Les cornalines viennent da Japon, d’où les Hollandais les rapportent à Oberstein, pour les vendre et les échanger contre les Calcédoines et les onyx du pays; celles que l’on vend à Bom- bay sont apportées de la province de Guzarate, dans l'Inde ; et suivant Niebuhr, les plus belles viennent du golfe de Gambaye. Cette variété d’a- gathe est plus particulièrement employée pour gravures et sculptures ; et la difficulté de ce tra- vailen centuple le prix. Les 4gathes-Ony x présentent deux, trois et jus- qu’à six couleurs différentes, disposées en bandes droites, ondulées , ou courbes et concentriques. Les qualités qu’on y recherche sont la finesse de la pâte, la translucidité , le volame et les couleurs vives et tranchées. Elles sont principalement em- ployées à faire des camées , des cachets, ete. Les INicolos ne sont autre chose que de ces onyx à deux couches, dont l’une est bleue ou brune, et l'autre qui la recouvre est translacide , et semble un voile bleuâtre; on les trouveen Allemagne et-en Ecosse. Quant aux autres variétés , Oberstein et l'Orient nous en fournissent la meilleure partie. La rivière d’Aigue, près Orange , renferme, parmi ses galets, beaucoup d’Onyx opaques , à couches concentriques. À Rome, l’on tire de Monte-Neo une agathe rubanée, grise , rose et blanche, qui est assez grossière. Enfin, M. Gillet de Laumont dé- couvrit, à Champigny, près Paris, sur les bords de la Marne, de véritables Onyx à trois couches, deux brunes et l’autre blanc-bleuâtre ; mais le gite èn est épuisé, L’ Agathe Sardoine est d’une couleur orangée, plus ou moins altérée par des nuances de jaune, de roussâtre ou de brun; elle est quelquefois à zônes concentriques. La Chrysoprase est vert- pomme , et reçoit un très-beau poli; c’est peut- être la plus chère des agathes. Une Chrysoprase ovale de huit lignes et d’une très-belle couleur s’est vendue 310 francs. Celle variété se trouve dans la haute Silésie, à Kosmütz; elle est engagée au mi- lieu de roches magnésiennes. Sa couleur est due, d’après l’analyse de Klaproth, à trois centièmes d’oxide de nickel. Telles sont les principales variétés d’agathes. Nous ne faisons que mentionner celles que l’on dé- signe sous les noms d’agathes ponctuées ; d’agathes arborisées, lesquelles contiennent des espèces de dendrites qui figurent très-bien de petits arbres; et herborisées lorsque ces dendrites représentent des mousses et des plantes basses. En réalité, ces dessins ne proviénnent nullement de débris de plantes microscopiques , comme beaucoup d’au- teurs l'ont pensé; ce sont des accidens d’infiltra- tion très-simples , et l’on peut, dit M. Brard , pro- duire des dendrites analogues lorsqu'on broie des couleurs, et qu’on enlève la molette perpendiculai- rement et sans la faire glisser. Ces dendrites sont noires , brunes ou rouges. Une de ces agathes ar- borisées, célèbre par la grâce et la variété de son dessin , faisait partie du cabinet de M. Drée, et fut vendue 2,700 francs, Elle avait vingt-et-une lignes sur dix-sept. Une particularité fort singulière de certaines agathes, est de renfermer des cavités en partie remplies d’eau. Ce sont ordinairement des Calcé- doines blanches, en noyaux avellanaires, qui pré- sentent ce phénomène ; etle Monte Galdo, dans le Vicentin, le Monte Berico et San Floriano en con- tiennent beaucoup ; elles y sont désignées sous le nom d'Enhydres. Ces noyaux sont engagés dans une roche volcanique noire qui entre en décom- position en certains points, ce qui permet de les détacher sans les briser. Faujas portait en bague une de ces enhydres de la grosseur d’une forte aveline : la goutte d’eau qu’elle renfermait était de la grosseur d’une merise, et jamais ce savant ne s’apercut qu’elle subit d’altération. Cependant, lorsque ces gouttes d’eau sont très-petites , il ar- rive souvent qu’elles se solidifient, tandis que dans le quartz hyalin elles subsistent toujours, quel que soïÿ leur volume. MM. de Born et Col- lini ont trouvé-des enhydres semblables dans les roches volcaniqües des îles Feroë. Il nous reste, pour terminer ce qui a rapport aux agathes, à citer les bois agathisés que l’on trouve dans beaucoup de terrains quartzeux. Des troncs d’arbres entiers ont été ainsi changés en agathe , en conservant non seulement leur forme , mais aussi le tissu ligneux, leurs couches concentriques annuelles , leurs prolongemens mé- dullaires , et tous les signes de la végétation. Ilest possible de distinguer ainsi les plantes monocoty- lédones des dicotylédones, et quelquefois même les espèces. Ges bois agathisés que l’on trouve en Hon- n L ex, Fe RUE at 1 \oal bine Mmauribrnne 2 Acta d'Amerique D leurs ot Louit do lAgave AGAT 59 grie (Palmiers), dans la Saxe, la Silésie,. dans les départemens de l’Aisne , de la Drôme, de l’Oïse, du Puy-de-Dôme, etc., sont très-recherchés pour les ameublemens. (A. B.) AGATHÉE, Agathæa. (mot. pan.) Genre formé par Cassini du Cineraria amelloïdes de Linné (famille des Corymbifères). Assez près des Aster , il s’en distingue par son involucre à une seule rangée de folioles aiguës; les fleurons du centre sont hermaphrodites , et les demi-fleurons femelles ; enfin la graine perte une aigrette sessile à poils roides et un peu barbus. _L’Agathea cœlestis, seule espèce du genre, est originaire du cap de Bonne-Espérance; on remar- que ses fleurs , d’un bleu céleste sur les bords,, et jaune doré au centre; on la cultive dans nos cli- mats , mais elle doit être abritée dans l’orangerie endant l'hiver. (L. ) AGATHIDIE, Zgathidium. (1xs.) Genre de la famille des Clavipalpes , section des Tetramères, ordre des Coléoptères ; formé par Illiger aux dé- pens des Sphéridies. Le caractère qui le distingue est d’avoir tous les articles des tarses entiers , tan- dis que dans les autres genres ils sont garnis de brosses est que le dernier est bilobé. Ce sont de petits insectes globuleux, rongeurs comme tous ceux de la famille, et se contractant en forme, de boule, À. cconuzeux, À. seminulum. Fabr.; noir, avec l’abdomen , les bords du corselet, des élytres, et les pieds fauves. Il est commun en France. (A. P.) AGATHINE , Achatina. ( mor. ) Genre établi par Lamarck sur des coquilles terrestres ayant beaucoup de rapports avec les limaçons , mais s’en distinguant facilement par leur forme, quin’est pas la même, Toujours ornées des plus belles couleurs, ces coquilles présentent les caractères suivans : Forme conique plus ou moins allongée, bord droit tranchant, columelle lisse et tronquée à sa base. Ces caracières, quoique bien posés, n’ayant pas paru Suflisans à M. de Férussac pour constituer un genre; il crut devoir réunir ces coquilles aux hélices, en les divisant en deux groupes d’un sous- genre qu'il appelle Gochlitome. Soit habitude de la part des naturalistes et des simples amateurs, soit pressentiment que M, de Férussac commettait une erreur, nous ne connaissons pas un Conchy- liologiste qui ait adopté ce changement, et le genre Agathine a survécu dans toutes les collec- tions, laissant seulement quelque incertitude de sa valeur. Une connaissance approfondie de l’ani- mal pouvait seule décider cette question. Gette lacune vient d’être remplie de la manière la plus salisfaisante, par MM. Quoy et Gaimard, nalura- listes aussi distingués qu'infatigables , etles détails anatomiques qu’ils donnent du mollusque de lAga- thine dans leur Zoologie de? Astrolabe!, page 152 et planche 11, n% 10-15, planche 49, n° 21, ne laissant plus de doute, donnent gain de cause aux travaux de M, Lamarck. Pas de doute , disent ces naturalistes, qu’il y ait grande analogie entre ces animaux et ceux des hélices ; mais les organes de la génération diffèrent essentiellement, Il n’y AGAT a point, pour me servir de leurs mêmes expres- sions , cet appareil d’appendices frangés ni de dard calcaire comme dans l’escargot. Les espèces qui constituent ce genre sont nom- breuses ; M. Lamarck en a décrit dix-neuf; mais depuis celte époque le nombre s’est accru consi- dérablement. Les plus remarquables sont : l'Aca- THINE PERDRIX , l'A. Zkere, l'A. Pourrre , l'A. Br- caRËNÉE , elc. Voy. Lam. An. s. v.6. 2, p. 126. M. Guérin en a figuré une jolie espèce (4. Mul- lerü. For. ) dans son Iconographie du règne ani- mal (Mollusques, pl. 6, fig. 14). Enfin nous don- nons la figure de l'AGATHINE MAURITIENNE avec son animal, dans notre planche 6, fig. 1. (Ducr.) AGAVEÉ. (2or. PHan.) Plante grasse, de la fa- mille des Bromeliacées, une des plus belles con- quêtes de l’ancien monde sur le nouveau: nos soldats, qui l’ont vue acclimatée à Alger et au pied de l'Atlas, l’ont nommée 4/oës selon l'erreur vulgaire; les voyageurs l’admirent aux îles Borro- mées, dans la Sierra-Morena d’Espagne, enfin au Mexique, et dans les contrées chaudes d’Amé- rique, où elle est indigène, Ses caractères botani- ques sont: calice coloré, pétaloïde, tubuleux , à six parties , soudé à sa base avec l’ovaire; six éta- mines débordant le calice, où elles s’insèrent ; ovaire infère, sligmatifide; capsule trigone, à trois loges; graines nombreuses, plates. Son as- pect la fait surtout reconnaître : on voit un tronc cylindrique et écailleux, s’élevant jasqu’à trente pieds; à sa base sont des feuilles épaisses , étalées en roselte; du milieu au sommet apparaissent les flears, disposées sur chaque côté en élégant cande- labre. Elles ne s’épanouissent que diflicilement dans les contrées froides; c’est ce qui a fait dire que la floraison de l’Agave n’avait lieu que tous les cent ans, et était accompagnée d’une forte ex- plosion. Get absurde récit s’est propagé et a trouvé croyance. Au lieu de nous arrêter à le réfuter, nous parlerons des propriétés intéressantes de l'Agave. Les deux principales espèces de ce genre (on en compte sept à huit) sont | 4. Americana, dont nous donnons une figure inédite dans notre atlas, pl. 6, fig. 23,et l’A. fœtida. C’est la première, appelée aussi Agave Pitte, qui s’est naturalisée en Afrique et dans le midi de l'Europe , où, comme au Mexique, elle forme des ‘haies vives, remparts redoutables par la solidité et par les piquans acérés de ses feuilles; celles-ci ont de cinq à six pieds de longueur , sur une épais- seut de plus de moitié. La tige croît avec une ra- pidité prodigieuse. On en a vu dépasser vingt pieds en quelques jours. Si l’on écrase entre deux rouleaux les feuilles de l’Agave , le mucilage qui les constitue tombe, et laisse libre une quantité immense de fils sembla- bles à ceux du chanvre; il ne s’agit plus que de les laver et de les peigner. Avec ces fils, obtenus par une manipulation si facile, on fabrique des cor- dages grossiers de la plus grande solidité, et même des toiles d'emballage. Cette industrie , pratiquée parles Américains etpar les Espagnols, a réussi en ————_—_—__——————— AGE 60 AGE 2 ——————— "ee France, où pendant quelque temps une manafac- ture de sparterie s’est alimentée de fils d'Agave. Si l’on voulait imiter les Mexicains dans les di- vers usages qu'ils font de cette plante, on pilerait ses feuilles pour les donner aux bestiaux en guise de fourrage ; ou bien on retirerait l'huile contenue dans toutes ses parties, et, la combinant à la po- tasse qui s’y trouve aussi , on obtiendrait une pâte visqueuse ayant les propriétés du savon. Enfin on en extrait encore une liqueur spiritueuse , appelée pulché , qui, distillée , fournitune eau-de-vie très- forte. On remarquera que cette dernière propriété est commune à l’Agave et au chanvre. Cette belle stutile plante se cultiverait très-bien en France, et y serait d’une grande ressource dans les provinces où tant deterrains restent en friche ; car elle réussit dansles plus mauvais , et ne souffre point des variations de la température. Les récoltes sont toujours égales, c’est-à-dire qu’on obtient chaque année un nombre semblable de feuilles. L’Agave fœtida, qu’on a constituée en genre Furcrea, parce quesacorolleest campanulée {celle del’ Æmericana est infundibuliforme), est celle qui fleurit au jardin des Plantes en 1703; les jour- naux en entretinrént long-temps le public. Elle croissail à cette époque de cinq à six pouces chaque jour, et parvint ainsi à trente-deux pieds; le froid arrêla sans doute un plus grand développement. Sa tige était garnie de bas en haut de rameaux couverts de fleurs. La plupart, avortant, laissè- rent des bulbes prolifères, capables de prendre racine , et de produire de nouvelles plantes. Les feuilies de cetle espèce sont plus minces et plus sèches que celles de la précédente; mais leur fil est supérieur par sa finesse, Il est fort difficile d’assigner l’époque à laquelle doit cesser l'allaitement. Celle à laquelle Penfant a complété sa première dentition est trop variable pour qu’on puisse la regarder comme le terme fixé par la nature : il faut avant tout consulter la ALLA 101 ALLE santé de la mère et de l’enfant; si la première pa- raît fatiguée, si le second est bien portant, s'il a franchi sans trop de peine l'instant où les premières dents ont apparu , on peut sans crainte le sevrer du douze au quatorzième mois, et quelquefois ayant. Nous avons dit que le lait se montrait chez la femme au terme de l’accouchement; on a vu ce- pendant cette sécrétion s'établir chez des femmes qui n’avaient jamais eu d’enfans; on cite également l'exemple de Jeunes vierges dont les glandes mam- maires laissent exsuder un liquide laiteux; Hum- boldt rapporte qu’un homme a pu donner à teter à son enfant pendant plusieurs mois. Tant que dure l’allaitement, la femme n’est plus soumise au flux menstruel; il y a cependant à cet égard quelques exceptions; on a pensé que le lait perdait alors de ses qualités : nous avons eu occa- sion d'observer quelques personnes soumises à cet inconvénient , et qui ne cessaient pas de présenter toutes les conditions de bonnes nourrices. L'état de grossesse peut aussi diminuer ou alté- rer la sécrétion laiteuse ; si dans cet état cependant l'allaitement n’est pas trop long-temps prolongé , l'enfant n’en est point manifestement incommodé. La plupart des mammifères ont, en venant au monde ; là faculté de se tenir sur les jambes et de téler leurs mères dans cette siluation ; les singes, qui portent comme l’homme des mamelles pecto- rales , y suspendent leurs nourrissons en les main- tenant embrassés. Les cétacés, que Linné a sé- prés de l’ordre des poissons pour les replacer parmi les mammifères ; pressent aussi leurs petits contre leur poitrine, où sont placés les organes sécré- teurs destinés à les nourrir, et se servent, pour les entraîner ainsi au milieu des mers, de leurs mains ou nageoires pectorales. Chez les sarigues etles kanguroos, peu de temps après la conception le produit de l’accouplement s'échappe du sein de la mère sous la forme d’un corps à peine visible , passe dans une bourse que la mère a sous le ventre , s’unit à l’un des mame- lons que renferme cette bourse , embrasse celui-ci avec sa langue , y reste suspendu jusqu’à ce qu’il soit assez fort pour quitter cet asile , où il trouve long-temps encore , avec la nourriture nécessaire à sa faiblesse, un refuge contre les dangers qui peuvent le menacer. (P. GENTIL.) ALLANITE. (un.) Cetle substance, encore très-rare dans les collections, a été découverte au Groënland, dans des roches micacées, par M. Gie- seke. Elle a été rangée au nombre des espèces minérales par M. Allan, d’où est venu son nom. L’Allanite est une matière de couleur noire, avec an éclat vitreux, rayant le verre, difficilement fusible au chalumeau , et dont la pesanteur spéci- fique est de 3-1 à 3-4: D’après ses caractères et le résultat deson analyse , M. Beudant la place en ap- pendice dans l'espèce CÉriNE , conjointement avec l'Onrnire et le Pyronrmre (v. ces mots). (D’On.) ALLANTE, ÆUantus. (ins.) Genre d'Hymé- noptères, famille des Porte-Scie, tribu des Ten- thrédines, Ce genre, et plusieurs autres qui en diffèrent peu, a été établi, par Jurine, aux dépens des Tenthrèdes, avec lesquelles M. Latreille et M. Le- peletier de Saint-Fargeau, qui a donné une mo- nographie de celtetribu, les ont réunis. (7. Ten- THRÈDE.) (A. P.) ALLANTOIDE. (axar.) D’un mot grec qui veut dire boudin. On donne ce nom à une poche mem- braneuse de forme allongée , cylindroïde , qui communique avec la vessie au moyen d’un canal nommé Ouraque. Elle est très-développée chez le plus grand nombre des mammifères ; mais dans d’autres espèces , et surlout chez l’homme, elle n’est point apercevable, ou n’est tout au plus que ! rudimentaire; plusieurs physiologistes en on! nié l’existence. Sa description tient si essentiellement à l’histoire de l’œuf humain, que, pour éviter de répéter plus tard ce que nous pourrions exposer ici, nous la renvoyons à linstant où nous nous occuperons de cette élude. (PC) ALLANTOIQUE. 7. Ace. ALLECULA , Ællecula. (ixs.) Genre de l’ordre dés Coléoptères , section des Hétéromères, famille des Sténélytres , tribu des Gistélides. Toutes les cistélides ont l'insertion des antennes découverte ; les crochets des tarses dentelés in{é- : rieurement en manière de pcigne; Îles Allécules ont le pénultième article des tarses bilobé, et le der- nier article des palpes maxillaires très-dilaté en forme de hache; le corps est plus allongé que dans les autres genres de la même tribu. À. norme, 4. morio, Fabr., Oliv. Ent., n° 34, pl. 2, fig. 17. Elle est entièrement noire, avec les pieds blancs. Europe. ? , À. VARTABLE, . varians. Oliv. Ent., n° 54, - pl. 2, fig. 7. Grise, les yeux noirs, les élytres légèrement striées. Europe. (A. P.) ALLÉLUIA, (nor. Pan.) Ce nom vulgaire, donné à l’oxalide blanche en signe de la joie qu’inspire la vue de ses fleurs , vrai signal du re- tour complet du printemps, est une corruplion du nom Giuliola , que la plante porte encore dans les Galabres. (77, au mot Oxazinr.) (T.n.B.) ALLEMAGNE. (Géoa.) Maltebrun a dit : « L’Al- »lemagne peut être considérée comme la croix » des géographes , à cause de ses innombrables » subdivisions et de leur circonscription bizarre , » si long-temps contraire à toute loi géographique » comme à touteraison politique, et encore aujour- » d’hui peu conforme à ces principes.» En effet, si nous jelons les yeux sur une carte d'Europe centrale, si nous examinons avec soin Hé causes ont pu déterminer les limites de tous ces petits états , rien ne semble nous guider dans celte recherche, et le caprice seul paraît avoir présidé à toutes ces divisions : noûs ne comprenons pas l’ensemble de la monarchie prussienne dans sa lon- gueur toujours incomplète, et dans sa difformité ambitieuse , et nous nous élonnons de l’existence de celle masse d'états secondaires, de cetle quan- tité de petits duchés qui rompent , d’une manière si fatigante , l'unité uniforme de celte partie de l’Europe. ALLE, 102; ALLE C’est pourquoi, voulant.donner ici une idée, de ce pays , placé à si juste titre parmi les premières puissances, du monde intellectuel et,moral, nous laisserons entièrement de côté, dans.cettarticle:, les différentes subdivisions auxquelles on. l’a sou- mis, et nous en parlerons comme d’une seule et même nation, d’un seal'et même payss-digne , sous tous les rapports, d’intéresser vivement nos lec- teurs. ‘ | L'Allemagne peut être divisée , en. prenant son climat pour base, en trois grandes régions que nous allons indiquer. La première région est formée de cette immense plaine septentrionale, qui, sans autre interruption que les fleuves ,traversela Basse Silésie , l’ancienne Lusace , le Brandebourg , la Poméranie , le Meck- lembourg, le Holstein et:le Jutland. La tempéra- ture de cette zône.est froide et humide ; les pays qui la composent recoivent sans cesse, à leurs.deux extrémités , les brouillards, les pluies et les tem- pêtes de la mer du Nord et de la mer Baltique. Les contrées du Nord-Ouest surtout, soumis à l'influence. de la mer: du Nord, sont sans cesse éprouvées par des ouragans furieux et des brouil- lards épais et malsaias. Le nord-est, que subit la mer Baltique , est plus froid, mais moins humide. Dans la seconde région viendront se placer tous les pays qui composent le centre de l'Allemagne ; je. veux dire la Moravie, la Bohême , la Saxe, la tn 4 , la Souabe, les rives: du Rhin et la Hesse. C’est dans cette région que nous trouve- rons de nombreuses montagnes qui dépendent ou du système. des Alpes ou des. monts Hercynio- Karpathiens; car toutes les montagnes de l’Alle- magne se rallachent à l’un ou à l’autre de ces sys- tèmes. En effet, en examinant sur une carte la direction des différentes chaînes de ce pays, on trouve pour les unes , situées au Sud de la vallée du Danube, une source commune, la grande chaîne des Alpes qui s’étend à travers le Zyrol, la Carinthie, la Carniole et la Styrie, en pre- nant les diverses dénominations de Alpes Rhe- tiques, Alpes Carniques, Alpes Noriques, et qu'on reconnaît encore facilement dans les mon- tagnes qui abritent la Haute-Bavière el le pays de Salzbourg. Au contraire , pour toutes les mon- tagnes situées au nord de la grande vallée Danu- bienne, pour toutes celles qui occupent la Wete- ravie , la Hesse , la Thuringe , la Bohême, la Mo- ravie, la faute-Silésie, la Haute-Hongrie et la Transylvanie ; nous trouvons un nouveau Centre commun , auquel elles remontent de chaînon en chaînon , pour former enfin le grand système Her- cynio-Karpathien, dont le versant boréal donne naissance à ces nombreux cours d’eaux qui s’é- lancent à travers les plaines de la Pologne, de la Prusse et de l’Allemagne septentrionale. Cette ré- gion, couverte ainsi de nombreuses montagnes, n’est point exposée, comme la première, à des troubles continus dans la température; seulement, d’après la latitude de cette contrée, on devrait s’attendre à y trouver une chaleur plus forte que celle qu’on y rencontre habituellement. Ce climat, ainsi tempéré, provient de l’élévation:assez consi- dérable du sol au-dessus du,niveau de la mer.:Du.. reste:;, celte contrée est l’une des plus. agréables, de toute l'Allemagne, et; peut-être même de toutes l’Europe: On y cultive la vigne, : elle ne. produit pas partout de brillans résultats; mais elle offre, cependant des vins d’une qualité supérieure. dans les pays sur le Rhin. Dans la troisième région, nous placerons la: Bavière, la Haute-Autriche, les glaciers du Tyrol et du Salzbourg, et les vallées de la Siyrie..et de la Carniole. Ici se trouvent réunies les tempéra- tures..les. plus extrêmes : en vue, d’un pays, de glaces se trouvent de riches vallées où la plus bril- lante, des végétations vient étaler le luxe de ses produits, Ces deux grands massifs de montagnes, dont nous avons déjà parlé, les Alpes et.les monts Her- cionio-Karpathiens,, se subdivisent en une grande: quanliié de monts particuliers qui prennent diffé. rens nomset offrent à l’industrie humaine de nom. breuses mines à exploiter. Le. plus. riche; dépôt de toute l’Allemagne , en. minéraux, est cette chaîne qui sépare la Bohême .de la Saxe et qui, à cause de ses produits, a été nommée Monts mé- talliques (Erz-gebirge). L'argent qu’on en a tiré pendant les dernières années du dix-huitième sièele, a permis de faire frapper à Freyberg pour 22,000 écus de Saxe .(85,800,000. fr. ); et ce n’est pas seulement de l'argent qu'on.extrait de ces mines; tous les autres minéraux s’y trouvent en grande quantité. Leur richesse en cuivre, en fer, en étain, est inépuisable. Ce dernier métal surtoul est de première qualité, et peut rivaliser : avec celui qu'on tire:de l'Angleterre. De nom breuses pierres fines, des lopazes, des grenats, des cristaux, des marbres, des porphyres, des, graniles viennent encore augmenter la féconde va- riélé des produits de cette contrée. Nous signalerons, dans les montagnes de la Thuringe, une immense couche de cuivre qui s'étend à une grande distance, et qui présente à l'observateur des pétrifications et des débris fos- siles très-curieux. Nous indiquerons aussi la veine d’eau salée qui, des pieds des monts métalliques , va rejoindre les célèbres salines.de Halle, et se: perd dans les montagnes du Harz. On extrait en- core, dans ces cantons , une grande quantité de charbons de terre. Enfin , dans le Tyrol, la fameuse mine salée de Halle, qui s’étend en Bavière , dans le Salzbourg eten Autriche , le riche dépôt du meilleur fer. de l’Europe, dans la Styrie, les grandes mines, de lomb dans la Garinthie , celles de vif-argent près d’Idria, qui ne lecèdent qu’à celles d'Almadez en Espagne, complètent ici le tableau des richesses minéralogiques de l'Allemagne. Les nombreuses montagnes que nous venons d'examiner ont dû suflisamment faire- pressentir l'existence de grands fleuves : en effet l'Allemagne est l’un des pays de l’Europe où l’on trouve les plus grands cours d’eau. Pour appuyer cette asser- tion , il suffira de nommer le Danube, qui prend : ALLE 103 ALLE * sa source dans la forêt Noire, non loin des limites de la France, et va se perdre dans la mer Noirè. «Nous avons vu que la vallée qu'il parcourait servait “de séparation entre les deux systèmes des Alpes et des monts Karpathiens; la Vistule, l'Oder, l'Elbe, qui arrosent l'immense plaine septentrionale que bnous avons décrite au commencement de cet ar- icle , et le Rhin, ce fleuve au cours si noble et si majestueux. Lelecteur mesaura bon gré, j'espère, de citer ici la description du cours de ce fleuve : C'est une des meilleures pages d’un de nos premiers ‘géographes modernes. « Le’ Rhin est un fleuve plus allemand que le Danube, quoique sa source et sa fin n’appartien- nent pas dans.un sens politique à PAllemagne. Ce beau fleuve naît dans la partie sud-ouest du canton “des Grisons, où tous les vaisseaux portent le nom de Rhein où courant, mot qui paraît celtique ou ancien germanique. : Le prétendu Ahin du milieu (Mutel-Rhein) West qu'un torrent peu important, dont le nom propre est Froda, ‘et qui tire aussi d’un village ‘voisin le nom appellatif de Rhein ou courant. Le Rhin d’en bas (Unter-Rhein) a sa source vers l'extrémité occidentale du canton des Grisons, entre les monts Baduset Crispalt , et recoit, dans sa partie supérieure, le Rhin du milieu. Le ‘Rhin d'en haut (Ober-Rhein) prend sa naissance au slacier de Rheinwald, au pied du mont Muschel- horn, et se grossit de PAlbula. La réunion de toutes ces branches forme le fleuve au bas du mont “Galanda. Descendu de ces hauteurs glaciales, éle- vées de plus de six mille pieds au-dessus de l'O- céan , le Rhin sort du pays des Grisons , et se jette à un niveau de mille deux cent vingt-quatre pieds dans le Zac Boden (Bodensée),nommé en français lac Constance. Un savant géographe allemand, M. Hoffman , pense que le cours primitif du Rhin a eu une direction toute différente ; qu’au moment d’attemdre le pays des Grisons , le fleuve se jetait À travers les montagnes de Sargans , traversait les lacs de Wallenstadt et de Zurich; et , en suivant le Mit actuel de la Limmat , venait se réanir à l’Aar, vis-à-vis de l'endroit nommé Rein. Cette hypo- thèse, fondée sur quelques observations locales , mérite sans doute de l’atiention, mais nous ne l’ad- mettrons pas sans un examen plus approfondi. Dans son élat actuel, le Rhin, en sortant des lacs de * Constance et de Zelle, rencontre , un peu au-des- sous de Schaffhouse, un chaînon inférieur des Alpes, qu'ilne réussit à franchir qu’en formant, près de Laufen , la célèbre chute tant de fois admirée , et quin’a pourtant que soixante-dix pieds de hauteur, à peine égale aux chutes de second ordre de la Scandinavie. Le Rhin, à Laufen, après sa chute, a mille soixante-quatorze pieds de niveau; et, en arrivant à Bâle , il n’a plus que sept cent soixante- deux pieds : cette partie de son cours , d’une rapi- dité extrême , est inlerrompue par une chute près de Laufembourg, et par le torrént dangereux de Rheïnfelden. Le fleuve s’accroit. ici par sa réunion avec l’Aar, qui est comme un second Rhin , et qui Jui amène presque toutes les eaux des rivières et des lacs de la Suisse, masse d’eau plus considé- rable que celle qu’il reçoit du lac de Constance. Arrivé à Bale, le Rhin se tourne au Nord , et par- court la belle et riche vallée où sont situées l’AI- sace, une partie du territoire Badois, l’ancien Palatinat et Mayence : c'est son deuxième bassin; son cours y est encore lrès-Impélueux jusqu'à Kehl; mais , roulant dans un large lit, parsemé d'îles boistes et riantes, il prend tout à-fait le caractère d’un grand fleuve, il se couvre de bâti mens’ét de radeaax, mais continue en beaucoup d’endroits à miner ses bords et changer ses rivages. À Mayence, il atteint une largeur de mille trois cents pieds, et, bordé , à quelque distance, de superbes montagnes chargées de vignobles , il pré- sente un panorama d’une grande beauté : ilrecoit, dans cette partie de son cours, le Vecker , qui lui apporte les eaux de la Souabe, et le Mein, qui, en serpentant par de larges détours, lui amène les eaux de l’ancienne Franconie. Depuis Bingen jus- qu’à Coblentz, les montagnes resserrent le cours du Rhin; quelques rochers y forment même des bancs et des flots; mais il n’est pas bien prouvé qu'il y ait jadis été arrêté par une chute. Dans ce passage pittoresque , à travers(la dernière barrière de montagnes, au pied de tant de vieux châteaux suspendus sur des rochers sourcilleux, le Rhin recoit , entre autres rivières affluentes, la Lahn, enfoncée parmi les montagnes , etla Moselle, qui, dans les innombräbles détours de son cours méan- ‘drique , débarrassée de bas-fonds, de marais, de tout objet désagréable , ressemble à un canal que l’industrie aurait conduit exprès autour des prai- ries et des vignobles, et qui même , sans avoir élé l’objet d’un poëme , serait célèbre parmi les plus belles rivières du monde. Le confluent de la Mo- selle avec le Rhin est comme l’extrême vestibule de l’Aemagne romantique. Le Rhin roule désor- mais sa vaste nappe d'eau, large de deux mille pieds, à travers une contrée ouverte et plane : il recoit encore , sur le sol allemand, la Buhr et la Lippe. Arrivé en Hollande, il forme , avec ses trois bras artificiels , le /haal , le Leck et V Yssel, un grand Delta qui renferme les villes les plus riches de l’industrienux Batave ; mais ses eaux, absorbées dans ses canaux, laissent son‘ancien lil presque à sec , et ce fleuve , si majestueux, n’atteint la mer que sous la forme d’un ruisseau imperceptible. IE serait absurde de ne pas considérer en géographia physique , sinon le Whaal, du moins le Leckret l’Yssel, comme les deux embouchures actuelles du Rhin : la Meuse devrait cesser d’asurper à Rot- terdam et à Dordrecht un nom qui peut lui être contesté, ét, se contentant d’inonder le Busbosch, ne prétendre à d’autré embouchure qu’à celle du Moerdik; mais il en est de la gloire des fleuves comme de celle des hommes : le hasard et l'usage prédominent sur les idées justes. Le Delta du Rhin a subi, par la nature et par Part, tant de révolu- tions violentes et tant de thangemens lents et im- perceptibles, qu’il est difficile de reconnaître, même après des recherches savantes ; où était le véritable emplacement de ses anciennes embouchures. » PO ALLE 104 ALLI 0 L'Allemagne présente encore un autre fait cu- rieux et digne d'observation : c’est la grande quan- ‘tité de ses eaux minérales , soit chaudes , soit aci- dulées. l'out le monde connaît les eaux thermales de Bade, d’Aix-la-Chapelle, de Pyrmont, de Carlsbad, de Tæœplitz, dont la réputation attire, chaque année, de nombreux visiteurs. Selters, Dribourg , Robhistich, Sudschitz et Sedlitz offrent à la médecine le secours de leurs eaux amères ou acidulées. Si maintenant nous passons à l’examen du règne animal et du règne yégélal de l'Allemagne , nous lui trouvons aussi de nombreuses richesses. Les grandes forêts qui couvrent ses montagnes, lui fournissent une exploitation considérable , qui dé- passe ses besoins, et dont elle fait un grand com- merce avec les nations étrangères : le chêne, le hêtre , des frênes gigantesques, des pins, des sa- pins sur les hauteurs , des poiriers , des pommiers , des amandiers, des pêchers, et toute espèce d’ar- bres fruitiers dans les lieux plus abrités, offrent une variété de végétation admirable. Des vignobles qui s'élèvent jusqu’à un niveau de deux mille pieds, de gras pâturages, des céréales de toute espèce prospèrent généralement dans toute la con- trée. Parmi les légumes alimentaires, nous n’en citerons qu’un seul qui a su conquérir une réputa- tion européenne; à Londres, à Paris, à Saint- Pétersbourg, dans toutes les villes de l’Europe, on retrouve les produits du Sauer-Kraut, mot qui, en allemand, veut dire légume acide , et qu’en français nous avons traduit par chou- croûte. On tire aussi un grand parti du hou- blon dans les nombreuses brasseries de la Bohême et de la Franconie. Quoique tous les Allemands _soient de grands fumeurs, la culture du tabac ne présente pas des résultats bien satisfaisans. Le chanvre y est cultivé avec un grand succès dans le pays de Bade, où il en croît des tiges de seize pieds de haut, et où une livre de chanvre suflit pour faire vingt-deux aunes de toile. L'Allemagne nourrit, dans ses pâturages, de nombreux troupeaux. Les bêles à cornes qui sont de deux espèces , l'espèce des Alpes, répandue en Autriche, en Bavière et dans le Tyrol , et l’espèce dite d'Ostfrise, qu’on trouve dans la Westphalie, “et dans le Holstein , sont estimées dans les statis- üques à quinze ou dix-huit millions de têtes. Les bêtes à laines présentent un nombre plus considé- table (vingt-cinq millions ); aussi la laine qu’on en relire dépasse-t-elle Les besoins des importantes * manufactures de la contrée. Les chevaux sont grands, très-forts et très- propres à la voiture. Quoique leurs formes ne ‘soient pas très-agréables , ils sont très-recherchés et servent les remontes de la grosse cavalerie. On en élève principalement dans le Holstein et le Mecklembourg. Les poissons de l’Allemagne forment un man- ger très-délicat ; le Danube, l’Elbe, l’Oder, le Weser en fournissent en grand nombre et de fort bons : les husons , les saumons, les truites , les esturgeons , les murènes et les lamproies peuplent presque toutes les rivières, sans compter tous les: autres poissons ordinaires aux eaux douces. Les immenses parcs de gibier, appelés nobles, qu’entretenaient autrefois les grands seigneurs ,. ont presque entièrement disparu du sol de l’Alle- magne : on en retrouve encore quelques uns dans les grandes propriétés seigneuriales de la Bohême et de la Moravie; mais, en général , l’aristocratie: allemande a su comprendre qu’il pouvait y avoir quelques occupations plus nobles et plus dignes que celle de passer des journées entières à égorger des troupeaux de lièvres, de lapins et de cerfs. 4e + ALLIAGE. (mix. et MÉTALL.) On donne ce nom au résultat de la combinaison, opérée par la fusion, de deux ou de plusieanrs métaux. Par exception ce- pendant, les produits dont le mercure fait partie- se nomment Æ{malgames (v. ce mot). La nature ne présentant jamais les métaux purs et isolés , il en résulte différens alliages naturels ; mais le plus souvent ils sont faits artificiellement etsuivantle besoin. — L’alliage donne presque tou- jours aux métaux quelques propriétés nouvelles , telles qu’unegrande dureté, plus demalléabilité, des. couleurs extrêmement variées, une qualité plus sonore et propre à recevoir plus de poli et de bril- lant, etc. Les métaux que l’on allie le plus fréquemment sont, 1° le cuivre etle zinc, qui constituent le Laiton, alliage dont on obtient plusieurs variétés distinctes par la couleur et la densité , suivant que l’on varie la proportion de ses élémens; 2° l’étain et le cuivre, qui forment le bronze, employé si souvent pour les cloches, les statues , les médailles et une multitude d’autres objets; 3° le plomb et. l’antimoine (5 parties du premier et 1 du second), avec lesquels on fond les caractères d'imprimerie : l’antimoine sert dans ce cas à donner au plomb. assez de dureté pour résister à une forte pression. Enfin, par les alliages on obtient les soudures. dont l’emploi est si journalier ; on donne aux monnaies d’or et d'argent le degré de dureté né- cessaire pour les empêcher de s’user trop vite, etc. Depuis peu d’années on emploie en Angleterre un nouvel alliage métallique, ayant la couleur et l'éclat de l’or; il se prépare de la manière sui- vante : on fait fondre ensemble, dans un creuset, à la plus basse température possible, parties égales: de cuivre et de zinc; quand la fusion est complète, # on ajoute une autre partie de zinc par petites portions, jusqu'à ce que l’alliage ait acquis la couleur convenable , qui est d’abord jaune, puis pourpre ou violette, et enfin blanche : c’est le moment de couler dans les lingotières. Cet alliage est alors susceptible d’un beau poliet d’être tourné et réduit en feuilles minces ; il ne s’oxide ni à l'air ni à l'humidité, et résiste à l’action des acides faibles. È On pourra consulter, pour plus de détails , les articles AiraN, Cuivre , Soupure, etc. ( D’On.} ALLIAIRE, Æ{liara. (rot. Pan.) Nouveau« genre de la famille des Crucifères , établi par Adan= son; il a pour type l’Ærysimum Alliaria de Linné," plante /1 1/7 2 Mhsne L'lantair d'eau 7 Allioator: ALLI - 109! ALLU plante dont les fleurs sont blanches, le calice ou- vert et la silique très-allongée. M. de Candolle , qui a adopté ce genre sous le nom d’A//iarie vul- garis , y rapporte une plante du Caucase remar- quable par l’odeur alliacée de ses feuilles , et déjà nommée Raphanus rotundifolius. (L.) ALLIGATOR. (rxpr.) Nom d’un genre de Cro- codiles. M. Guvier pense que ce nom cest une cor- ruption du portugais Lagarto, dérivé lui-même du latin Lacerta ; mais les reptiles que les colons portugais désignent sous le nom de Zagarto sont fort différens des Crocodiles. Quelques auteurs veulent que le mot Alligator vienne du mot Lé- gater, nom vulgaire du Grocodile dans certaines parties de la presqu’ile du Gange; cemot est latin, et a été appliqué , avec sa signification primitive, d'abord à tous les Crocodiles , à cause de la ruse qu’on leur suppose faussement de tromper les passans dont ils veulent faire leur proie, en imi- tant la voix d’un enfant qui pousse des gémisse- mens et des cris plainlifs : depuis , le nom d’Alli- gutor a élé affecté aax Ghampsès ou Crocodiles d'Afrique ; et plus généralement aux Caïmans ou Crocodiles propres à l'Amérique; ‘il parait leur ôlre maintenant-exclusivement réservé. Les Alligators ou Caïmans , que l’on désigne en- core en Amérique par les noms de Jacare, Jacare- linga , Cocodrillo , se distinguent par leur museau plus large , plus obtus, leurs pieds à demi palmés, sans dentelures, et particulièrement par la disposi- tion de leurs dents; elles sont très-inégales en gran- deur et en volume; celles de la mâchoire infé- rieure sont toutes dirigées en dedans , recouvertes par le bord de la mâchoire supérieure; mais, ce qui . éstsurtout caractéristique du genre, la première et la quatrième sont recues , pendant l’état de repos, dans des trous de la mâchoire supérieure. Les Alligators étaient jadis si communs dans les grands fleuves de l'Amérique, que le célèbre voyageur Bartram en rencontra des troupes assez considé- rables pour intercepter le cours de l’eau et en- traver la navigation. Refoulés dans les forêts du centre par la culture des provinces littorales, incommodés par les communications fréquentes du commerce intérieur, ils ne se développent plus avec autant de facilité ; ils deviennent plus rares de jour en jour, et n’atteignent plus , à ce qu’il pa- raît , des proportions aussi gigantesques qu’auire- fois. Les gens du pays les redoutent peu, et leur font volontiers la chasse à coups de fusil; l’on mange quelquefois la chair du Caïiman, malgré l’odeur musquée qui-lui est propre, et qu’elle ne perd pas entièrement par la cuisson; la queue est le mor- ceau que l’on préfère. Les Nègres font beaucoup de cas, dit-on, de la graisse des Caïmans, employée en frictions dans le traitement des douleurs rhumatismales et des entorses ;, confondant sans doute , dans leur amour pour ce qui est extraordinaire , l’action du moyen principal , c’est-à-dire du frottement , avec celle de l'agent auxiliaire, erréür assez commune däns la médecine populaire. MOULES UE } * On voit de temps à autreien Europe de petits Towe L, échantillons d'Alligators vivans parmi les animaux qui composent les iménageries ambulantes. Les batelears s’en servent pour fixer les regards éton- nés des curieux ; et les’ droguistes en conservent de morts dans l’alcool pour faire étalage. Les espèces les plus communes sont : l’Arrrca- TOR A LUNLTTES, Æ. s->>---Z-----RÇ->O----T--Y/YZTZZZ>Z>ZQZQZQp,|,>->--onon——— AMEN 133 AMER AMELAOU. (or. -PHAn.) On donne ce nom à ane variété d’olivier, dans nos provinces méri- dionales. + (Guén.) AMÉLIORATION. (acn.) Le temps détruit con tinuellement , et sous sa faux, qui n’épargne rien, tout disparaîtrait, si la main de l’indastrie nerépa- rait sans cesse ses désastres : mais réparer n'est simplement qu’entretenir les choses dans leur état , et le propriétaire intelligent cherche toujours à les perfectionner. Perfectionner c’est améliorer, et, en agriculture, amélioration passe acquisition. Par la voie des améliorations, on augmente la masse des produits en diminuant celle des travaux, en convertissant en terre fertile un sol usé ou dé- térioré, en substituant de bonnes races d'animaux à celles quisont abâtardies; on obtient de la sorté un révenu égal, quand il n’est pas supérieur, à celui que l’on obtiendrait par la voie de l’acquisition. Ainsi, le cultivateur ne doit acheter que lorsqu'il ne peut plus améliorer, et il ne doit le faire qu’a- vec l'intention bien formelle d'améliorer encore. L'amélioration s'étend aux diverses branches de l’économie rurale et domestique; il faut s’en oc- cuper sous tous les rapports, une amélioration partielle mal combinée étant plus nuisible que Pétat stationnaire, le pire de tous, puisque les accidens , les variations atmosphériques, les be- soins actuels rendent impossible de s’y maintenir long-temps. Les moyens de l'amélioration bien entendue sont lents mais certains , ils sont auprès de nous : ce que nous dédaignons aujourd’hui peut s'élever demain au rang des substances utiles. Souvenons-nous que le sable et la cendre étaient , depuis des milliers d’années, dédaignés généralement avant qu'un Vénilien, dans le 15° siècle, eût créé l’art d’en faire des glaces ; le salpêtre, le charbon et le soufre s’entassaient inutiles, avant qu’un moine de Fribourg en Bris- gaw en Lirât la poudre à canon , en 1320; etc. (T. ». B.) AMELLE, ÆAmellus. (8oT. PHAN.) Arbrisseau de la famille des Corymbifères , Syngénésie su- perflue deLinné, ainsi appelé par rapprochement du nom (Æmellus) que Virgile donnait à la mar- guerite des prés. Il a pour caractères : involucre hémisphérique , réceptacle paléacé; écailles li- néaires ; serrées ; demi-fleurons femelles , les grai- nes surmontées de quatre à six paillettes courtes et aiguës ; fleuren du disque hermaphrodite , les graines à aigrette de cinq soics ciliées. - L'espèce principale et la plus remarquable est VA. Lychnitis ; dont les fleurs sont jaunes au cen- tre , et bleues à la circonférence ; il est originaire du cap de Bonne-Espérance. M. Bory de Saint- Vincent a vu aux Antilles un Amellus à ombelles, dont les feuilles sont en dessous d’un blanc ar- genté; la pellicule qui leur donnecette apparence, s’enlève et peut servir à dessiner. L.) AMELLIÉ. (nor.rnan.) C’est le nom de l’a- mandier dans le midi de la France, en Langue- doc. (Guér.) AMÉNAGEMENT. (acn.) Art de conduire la wégétation et l'exploitation des bois et forêts de manière à en rendre la jouissance perpétuelle, et: toujours égale, selon les différentes essences d’ar- bres , leur âge de maturité, les diverses qualités. du sol et la température:sous laquelle on se trouve placé. L'aménagement consiste donc dans le clas-; sement des coupes successivés et l'établissement des réserves , qu’il faut combiner avec les besoins et les ressources de la localité, ainsi qu'avec les convenances du propriétaire et celles de la société. Ges connaissances, quoique liées, par analogie, à l’assolement agricole, appartenant plus à la pratique qu’aux formules imposantes de la science, nous renvoyons aux traités spéciaux publiés sur celte matière d'administration et de commerce. Ç [ (T.0.B.) AMENDEMENT. (a6r.) On donne à la terre, par, les amendemens, les moyens de produire une plus grande quantité de végétaux, ou des végétaux plus grands ou meilleurs que ceux qu’elle aurait pro- dits’, abandonnée à elle-même. Les amendemens sont de deux sortes , les simples et les composés. Les premiers comprennent les labours , l’écobna- ge , l’arrosage , les saignées, etc. ; les seconds ne sont autres que la marne , le plâtre , l'argile , et autres matières inorganiques dont l’assimilation apporte un changement notable dans la constitu- tion physique d’un champ. Les amendemens ne dispensent nullement de l’emploi des engrais vé- gétaux et animaux, qui seuls rajeunissent chaque année le sol , et l’obligent à répondre largement aux espérances du laboureur. (T:».B.) AMÉNTACÉES. (or.Pnax.)Famille formée ori- ginairement par Jussieu, el comprenant des genres dont les fleurs sont disposées en chaton (amenta en latin); nos plus grands arbres , le Chêne , le Bouleau , l’Orme, le Saule , le Peuplier, s’y ran- geaient naturellement. Des observations plus ap- profondies ont fait remarquer d’assez grandes dif- férences dans l’organisation de ces vegétaux, pour en former désormais plusieurs familles. (7oy.Uz- MACÉES , SALICINÉES, Mynicées, Bérurinées, Cu- PULIFÈRES , etc.) (L.) AMER. ( cum.) Expression qui est employée tantôt comme substantif, et täntôt comme adjec- tif. Dans le premier cas, elle désigne le principe par- ticulierauquel on attribue lasaveur des substances dites amères, médicamens amers, ou amers tout. simplement ; et qui sont toniques et fébrifuges ; dans le second , c’est-à-dire dans le langage ordi- naire, elle exprime la saveur désagréable des sub- tances soit animales , soit végétales, saveur qui est très-caractérisée dans la bile, la gentiane , la petite centaurée , l'écorce de quinquina, se S (( Las » AMÉRIQUE. (céocr.) Nous allons entrer dans la description d’un vaste continent , dont on ne soupconnait pas même l'existence au 14° siècle, et dont les richesses immenses ont changé la face du monde , et opéré une brillante révolution dans le commerce de notre continent. L'Amérique, dont le cap le: plus septentrional (lé cap Barrow)s’avance jusqu’au 17° de latitude | nord ; et dont la pointe la plus méridionale (le cap < AMER présente ainsi dans sa plus grande Jongieur, une distance de 322"licues, Peat-êtré même pourrait on indiquér, comme la limite la plus australe, l'extrémité sud de la Terre de Feu, ile assez consi- dérable , qui n’est séparée du continent que par le très-minime détroit de Magellan , et alors notre liutudesud serait portée au 35°. Quant à une li- | mile plus boréale que celle indiquée ci-dessus , certes elle existe ; mais les explorations maritimes n’ont pu encore nous'la faire connaître , arrêtées qu’elles sont par les glaces éternelles des mers polaires. La forme physique de ces deux grandes pres- qw’iles, qui ne tiennent l’une à l’autre que par une étroite langue de terre (isthme de Panama), donne une première division bien naturelle ; lA- mérique septentrionale et l'Amérique méridio- nale. Dans la partie septentrionale se trouvent l’Amé- rique Russe , les états de la Nouvelle-Bretagne, les États-Unis, Je Mexique , le Guatemala. Dans la partie méridionale se trouvent la Go- lombie , les Guyanes anglaise , hollandaise et fran- caise , l’empire du Brésil, le Paraguay, l'Uraguay, les provinces unies da Rio de la Plata, la Patagonie, Je Chili, et les républiques de Boliviaet du Pérou. Chacune de ces grandes divisions nous fournira un arlicle particulier , dans lequel nous mention- nerons les différentes subdivisions auxquelles‘elles sont soumises. Ce fut au quinzième:siècle , qu’un homme d’un grand génie, Christophe Colomb, Génois d’ori- gine , illustra, par sa brillante découverte, le rè- gne. d'Isabelle .et de: Ferdinand-le-Gatholique : lorsque pour la première fois il parla'de lexis- tence d’un continent qui devait se trouver à l’ouest, il fut traité de fou et de-rêveur:: cependant bien- 1ôt la haute protection de la reine d'Espagne, Isabelle, lni permit d’armer quelques vaisseaux ; pour meltreson projet à exécution ; et ce fut le 12 octobre1495,qu'aprèsunelongue etpénibletraver- sée, il se trouva en vue du groupe des iles Lucayes: bientôt Haïti et Cuba furent reconnues ainsi que tout l’archipel des Antilles et les bords du conti- nent baignés par la mer de ce nom ; découvertes qui furent le résultat de trois voyages successifs. Depuis cette époque, toutesles côtes de ce con- tinent occidental furent successivement explorées, et aujourd’hui les seuls rivages qui nous soient inconnus se trouvent à l’extrémité septentrionale, entourée des glaces des mers polaires. Aucune terre ferme ne sert de limite à l'Amérique ; de quelque côté que nous tournions les yeux, nous y trouvons les eaux de l'Océan qui, suivant leurs diverses posilions , prennent différens noms : ainsi nous voyons au nord l’océan Arctique, le’ long des côtes orientales l’océan Atlantique , qui for- ment plusieurs mers intérieures, telles que lamer d'Hudson, la mer de Baffin; le golfe Saiat-Lau2 rent, le golfe du Mexique, là mer des Caraïbes : au sud, l’océan Austral; à l’ouest l'océan Pacifi: que , qui forme Je long des côtes la mer du Pérou 184 Froward) est situé sous Le 54° de latitudé sud'; | le golfe de Panama, le‘ golfe de Califormie ; enfin la mer de Béring, qui communique aveol’océanPacis fique par les nombreux canaux qui existent entre lés îles Aléoutiennes : cette dernière mer commu- | niqué ; comme chacun sait, avec l’océan Areti- que par le détroit de Béring’, qui sépare l'Asie dé l'Amérique en-cet endroit. On doit comprendre facilement qu’à la surface de tontes ces mers que nous venons desciter, doi- vent s'élever, près des côtes, de nombreuses îles , qui dépendent du continent américain. Aussi trouvons-nous au nord, dans l’océan: Arctique ; le groupe du Groënland, l'Islande ; et l'ile de Jean-Mayen , fréquentés à l’époque de la pêche de la baleine;les groupes du Devon-Septentrional, et l’archipel de Baffin. | A l’est, dans l’océan Atlantique ; les archipels de Terre-Neuve, des Bermudes , des Antilles; ce dernier , le plus grand et le plus peuplé da monde , se divise en Grandes-Antilles, Petites: Antilles ex Iles Lucayes. En descendant toujours le long des côtes , nous arrivons à l’île de Marajo , formée par l’embou- chure du fleuve l'Amazone; puis viennent lesiles Maranham , Grande ; Santa Catharina et Fer- nando de Noronha , le long des côtes de l'empire da Brésil : plus au sud, les Jles malouines, peu- plées d'innombrables pingouins « dont les légions stupides , pressées, inactives , courent les grèves , et forment de longues files qui ressemblent à une procession de pénitens provençaux; où, comme le dit Pernetty ; à des enfans de chœur-en camail, » Au sud, dans l’océan Austral,se trouvent l Æ4r- chipel de Magellan, dont la plus grande île, la Terre de Feu, n’est séparée de la Patagonie que par le détroit de Magellan; l’{rchipel de la Reine Adélaïde ; le groupe des iles Hermite, et celui des iles de Diego Ramirez ; la plas australe de toutes les terres habitées: | Le Grand-Océan à l’ouest nous présentera l’4r- chipel Patagonie, Y Archipel de Chonos', celui de Chiloë, celui de Gallapagos;, sous l'équateur : les îles aux Perles, celles de Sarta Margarita et de Santa: Cruz; èt enfin les îles Æ/éoutes, qui ont été l’objet d’un article séparé: Sinous examinons:la conformation de la surface de ce continent, nous y trouvons la plus grande chaîne de montagnes du‘globe ;-elle s'étend du sud aa nord, et ses chaînons, qui commencent à la Terre de Feu, sous le 55° degré, traversént dans sa plus grande longueur toute l'Amérique méri - dionale, l’isthme de Panama , et, après avoir par- couru toute l'Amérique septentrionale, dispa- raissent dansles terres les plus boréales du conti- nent. Dans l'Amérique du sud, ces montagnes … portent le nom générique de Cordillières des Andes, et leurs sommets les plus élevés ne le cèdent que de quelques toises aux plus, grands colosses'de l'Himalaya. Elles se rapprochent sans cesse des: côtes de l'océan Pacifique; et:souvent même les eaux de la mer viennent en baigner. lés basesubaon ob tê (une) :TAAMAMDAPEN :" Gette’ immenée ‘chaîne se divise en plusieurs TT ————@——…— €haînes moindres, qui prennent différens noms sui- vantlesdifférens pays- qu’elles traversent : ainsi l’on asuccessivementlés Andes dela Patagonie,les An- des du Chili, les Andes du Pérou et de la Co/om- bie, Quelques chaînonsparticuliersseséparent de la ligne occidentale, etse dirigent alors vers l’est, où elles forment les 4ndes du Brésil, les Andes du Paraguay , et les montagnes que l’on trouve dans l'Etat de Buenos-Ayres. Get immense sys: tème a été récemment exploré avec un talent remarquable par l’un des savans les plus distin- gués de notre-époque, M. le baron de Humboldt, qui a reconnû que la longueur de cette chaîne était.de plus de 9,000 milles. Elle peutise partager dans l'Amérique du sud en trois systèmes , savoir : Sysrème Péruvien,: c'est dans ce système que nous iplacerons les Andes Patagoniques, les Andes du Chili, les Andes du Pérou, et. les €ordillières de. la .Nouvelle->\Grenade : on y trouve-les points :eulminans du Nouveau-Monde, les pics Sorata et {limani : ils font partie de la Cordillière orientale de Titicaca : le premier a 3,948 toises, le second 3,753 toises. Sxsrue DE LA Guyane. Ce système est. com- posé de beaucoup de montagnes-séparées ; qui,ne forment pas-une chaînecontinue. Le point le plus remarquable est le Picide Duida , qui présente une-élévation de:1,300 toises au dessus du niveau de la mer. Sxsrème Brésren. Ge système offre peu d’é- lévation, puisque dans les trois chaînes (chaîne centrale, orientale, occidentale) qui le compo- sent, le plus haut sommet, situé dans la chaîne centrale, qu’on nomme le mont Îtacolumi, wa que 950 toises au dessus du niveau, de l'Océan. Passant maintenant aux montagnes de l’Amé- rique du nord , nous y trouvons quatre systèmes , dont le premier seulement peut entrer en ligne de comparaison avec les chaînes de montagnes que nous venons d'examiner, Ges quatre systèmes sont les suivans : Sysrève Missouri:-Mexrcain. Il se subdivise en quatre chaînes, les Cordillières de Fesagua, celles de Guatemala , de Mexico, enfin les mon- tagnes Rocheuses ou monts Rockys,. situés, dans la Colombie. Le point culminant, haut de 2,456 toises, est la Sierra nevada de Mexico. Sysrème ALcEGgaNIEN. Îl comprend toutes les montagnes des Etats-Unis du nord ; les‘trois chat- nes qui le composent sont lesmontagnes Bleues, les montagnes. de Cumberland, ei les montagnes d'Alleghany: C’est dans la, première de ces chaînes, que ,se trouve le mont 'ashington, | haut de: 1,040 toises : il estile point culminant de tout le système, Sysrëme ArcriQue. Îci se trouveront. placées des différentes montagnes des Archipels des terres arctiques, dont les sommets ont, été peu explorés | e php : parmi,eux nous citerons, , dans Je Groënland,, les Cornes de Cerfs , ainsi nommés à cause de leur ferme: : hauteur, 1,300 toises; dans | YIslande, Je mont Hécla , hautide 868 toises, et 135 AMER dans l’ile:de Jean Mayen, le sommet.de Beerem- berg , haut dé 1,070 toises, Enfin le Sysrëme ANTILLIEN, qui embrassera toutes les montagnes situéés sur cé vaste archipel, et où l’on voit deux sommets de Pile de Cuba et un de l’île d’Æaïti, s'élever chacun à une hautenr égale de1,400 toises. De grands courans d’eau découlent de toutes ces montagnes, ils.sont.en général larges , pro- fonds, et :très-étendus; ainsi dans l'Amérique septentrionale, :on trouve le Saint-Laurent , fleuve très-large et très-profond , et qui cepen- dant ne:se trouve rangé que parmi les fleuves de second ou troisième ordre. Les auteurs sont par- tagés sur le lieu où il prend'sa source; en sortant du lac Ontario , il se: dirige vers le nord-est, et, après un (coars de 250 lieués à traversle Canada, il se jette! dans l’Atlantique.en formant un golfe considérable qui porte son nom. Ge fleuve semble traverser plusieurs lacs qu’on pourrait: regarder comme la partie supérieure de son-cours; en effet le lac supérieur au Saut dé Sainte-Marie, verse ses eaux dans le lae Huron, qui les conduit-dans le lac Saint-Clair, au moyen de la petite. rivière de ce nom; ce dernier lae se. jette dans le (lag Erié, qui forme/la-fameuse chute du Niagara ; en se précipitant dans le.lac Ontario. Enfin, au sortir dulac Ontario ,:on:trouve lefleuve Saint-Laurent, quiysert de canal à ces différentes eaux pour les conduire à l'Océan. La mer Arctiquerecoït le Aackensie, qui tra- verse l'Amérique, et le Grand-Océan recoit lO- régon, où Colombia, qui arrose la partie occiden- tale des Etats-Unis. Plus bas, nous rencontrons le Mississipi,, qui, augmenté des eaux de plusieurs affluens , entre autres du Missouri et de l'Ohio ; courtse. jeter dans le golfe du Mexique ; après avoir traversé les Etats-Unis, Puis le. Æïo-del-Norte ; autrefois Rio-Bravo, qui-arrose tout le Mexique, et se précipite dans.le golfe qui porte ce nom. Dans l'Amérique du sud, nous trouvons l’Oré- noque, qui traverse la Nouvelle Grenade; le fleuve de l'Amazone, qui’est l’objet d’un article parti- culier de ce Dictionnaire. .et dont le courant!à tant de force, qu’à son embouchure , il refoule Ja mer à! trente lieues ; enfin /a Plata, l'Uraguay. et le Paraguay, qui tous trois donnent leur nom à des républiques. Indiquonsici que l'Amérique a de vastes plaines, parmi lesquelles nous citerons en première ligne la plaine de Mississipi Mackensie, qui s’étend de- puis la limite boréale de l'Amérique jusqu’au Delta du Mississipi; la ‘plaine de PAmazone et celle de la Rio-Plata, qui, mesurées par M. de Humboldt, offrent une superficie, la première, de. 260,000 lieues carrées, la seconde, de 135,000 lieues car- rées. | Nous venons, d'examiner l'Amérique ;sous,,le rapport.de ses divisions politiques ; de son orogra- phie.et de son hydrographie. Voyons maintenant quelles sont ses richesses naturelles, et observons AMER 136 AMER PS successivement les diverses productions de son règne minéral, de son règne végétal, et de son règne animal. : . Le règne minéral des régions équaloriales de l’Amérique : offre une richesse des plus remarqua- bles. L'or et l’argent y abondent, et on se fait difli- cilement une idée de tous les métaux que ce pays a jetés dans la circulation. Ecoutons parler M. de Humboldt : « Sur les 73,191 marcs, ou 17,655 ki- logrammes d’or, et les 3,554,447 marcs, ou 869,960 kilogrammes d’argent que l’on retirait annuéllement au commencemént du 19° siècle de toutes les mines de l'Amérique, de l’Europe et de l'Asie Boréale, l'Amérique seule fournissait 97,658 marcs d’or, et 3,250,000 marcs d’argent, par conséquent 80 centièmes du produit total de l'or, et 91 centièmes du produit total de l'argent.» Tous les métaux, l'or, l'argent, le fer, le plomb, le cuivre, l’étain s’y trouvent en grande abondance, et de toutes les contrées du globe, le Brésil, seul avec l’Inde, l’île de Bornéo et l’Oural, partage l’a- vantage de posséder des mines de diamans. Le règne végétal n’est pas moins remarquable ue le règne minéral; c’est au nouveau continent, et là seulement, qu’on a trouvé ces forêts vierges qui font de la zône torride un climat frais et hu- mide, sous la même latitude que les déserts brû- Jans de l’Afrique; c’est en Amérique qu’on a ren- contré ces savanes , si bien décrites par Cooper, dans son roman de la Prairie ; ces immenses fou- sères , qui ne s'élèvent chez nous qu’à la hauteur d’un arbrisseau, et qui , sur celte terre d’outre- mer, élancent dans les’ airs leurs éventails de ver- dure. Le Cacaotier, l’Acajou, le Gampêche, le Caféier , la Canne à sucre offrent leurs produits au commerce; c'est de l’Amérique que nous avons tiré la Tomate, le Topinambour, un grand nombre d'arbres et de plantes d'ornement, et la Pomme de terre, ce tubercule si précieux , qui rend dé- sormais les disettes impossibles en Europe. Pour de plus’ grands détails sur le règne végétal du nou- veau continent , nous renvoyons le lecteur aux nombreuses relations de voyages scientifiques , et nous lui recommandons surtout l’ouvrage de M. de Hamboldt , et le compte rendu que M. Auguste de St-Hilaire a présenté aux savans, immédiatement après son retour. Dans le règne animal, l'Amérique a fourni de ces énormes colosses trouvés dans les autres par- ties du globe; cependant quelques espèces de Bœufs sauvages et des Bisons, des Antilopes, des Ours blancs, des Ours noirs, des Kinkajous, des Rats musqués , des Loutres, des Tapirs, des Paresseux, ont donné aux animaux de celte contrée un aspect qui leur ést propre. Dans la région tempérée , les Lamas, les Alpacas, les Vigognes ont remplacé les Chameaux de l'Afrique. Parmi les animaux marins, de nombreuses Baleines, une quantité de Phoques ont rendu les voyages dans les contrées qu'ils habitent une source de richesse pour le commerce de toutes les nations. C’est surtout aux xvir ct xvin* siècles que la pêche de la Baleine rapporta d'immenses trésors aux Hollandais et aux autres peuples maritimes, et aujourd’hui les Amé- ricains arment chaque année jusqu’à 200 navires; dont le retour leur produit des sommes énor- mes; on pourra s’en faire une idée lorsqu'on saura que l’Angleterre, qui n’arme que 40 ou 50 navires, a retiré de ce commerce 13,600,000 livres ster- ling , dans l’espace de quatorze années. Parmi les oiseaux, les Européens ent rencontré dans celte partie du monde de nombreux Dindons; une grande quantité de Gallinacés, dont la chaiz est très-savoureuse, des troupes de Perroquets multipliés à l'infini, et dont les espèces variées présentent les Aras, les Perruches etles Amazones: Dans les climats les plus chauds, on rencontro des races au plus brillant plumage; il me suflira de citer, à l’appui de ce que j’avance , l’existence des Jacamars émeraudés, des Jacamerops, des Martins-pêcheurs, des Todiers et des Motmots: Rappelons encore ici ces nombreux Oiseaux mou- ches , ces brillans Golibris, dont la parure étincelle du feu des rubis, des topazes et des émeraudes: Des Caïmans, des Crocodiles et de grandes Tor- Lues se retrouvent dans presque toutes les rivières : et parmi les poissons curieux, nous citerons le Gymnote des eaux douces de la Colombie, de la Guyane et du Brésil, qui a la propriété de faire ressentir, à quiconque le touche, une commotion électrique des plus violentes. Mais le caractère le plus remarquable du règne animal de cette contrée, est, sans contredit, cette race nombreuse de Singes à queue prenante qui peuple toutes les forêts; c’est Ià qu’on trouve les tèles aux longs bras, les Lagotriches, les Sapajous , les Sagoins , les Singes de nuit , les Sa- kis , et les Ouistitis si fantasques, et peints de cou: leurs si brillantes. Les peuples qui habitent aujourd’hui l'Amé- rique sont pour la plupart des Européens, qui sont allés y former de nombreux établissemens : dans le Nord, nous trouvons des Francais, et surtout une grande quantité d'individus de race anglaise , tandis qu’en général la presqu’ile du Midi est ha- bitée par des Espagnols et des Portugais : quant à la race indigène , elle a presque entièrement disparu , anéantie par la barbarie et l’avare cruauté de ceux qui firent la conquête de ce con- Linent. Il ne faudrait pas juger de ce qu’elle fut autres fois par l’état d’abrutissement où elle est aujour- d'hui, qu’on la traque dans les forêts comme les bêtes féroces, qu’on la poursuit à outrance, et qu’on lui a enlevé ses temples, ses prêtres, ses lois, et tout ce qui la constituait en corps de nation : mais, en examinant les nombreuses ruinés qui couvrent le sol de ces diverses contrées , et particulièrement du Mexique ; en se ‘reportant par la pensée aux temps de la conquête, en se rappelant le courage que déployèrent ces habitans dans la défense de leurs villes , les richesses qui s’y trouvèrent amassées , on se persuadera bien faci- lement que la nation indigène était très-avancée en civilisation, et ne présentait pas qu'un ras— semblement de hordes sauvages, ne connaissant que AMET 137 AMID que la chasse et la guerre : malheureusement pour l’histoire de cette contrée, le fanatisme des moines du xvi° siècle vint renverser. et détruire tout ce qui était l'ouvrage d’une religion diffé- rente de la leur. Rien ne fut épargné; aussi ne trouvons-nous aujourd'hui que des ruines, et nous sommes contraints de déplorer la perte de ces routes, de cés canaux , de ces digues , de ces pyramides parfaitement orientées, dont nous ne retrouvons plus que les restes, et qui indiquent suffisamment le degré de civilisation auquel les Américains indigènes avaient su parvenir. En gé- néral, ce qu'il en reste ne présente pas, comme type de caractère , une grande faculté inventive : mais il possède au suprême degré l'esprit de com- paraison. | : Nous ne parlerons pas ici des différentes guerres d'émancipation soutenues par les colonies contre leurs métropoles ; elles trouveront place, lorsque nous parlerons de ces états, aujourd'hui indépen- dans , et pour la plupart formés en gouvernemens républicains. Nous terminerons cet article en indi- quant que la population du continent est beaucoup moindre qu’on ne pourrait le supposer, en exa- minant sa grande surface , puisqu'elle n’est que de 39,000,000 d’habitans, nombre à peine égal à celui que présenteraient les populations réunies de la France, de la Belgique et de la Hollande. , (G. d.) ! AMÉTHYSTE. (nn) ( Quarz-hyalin violet des minéralogistes.) Pierre précieuse d’une. couleur violette fort agréable : cette couleur, qu’une cha- leur un peu forte fait disparaître totalement , semble fuir les bords et se retirer vers le centre lorsqu'on plonge la pierre dans l’eau. Il est rare que les Améthystes un peu volumineuses aient, … dans toute leur étendue, une belle teinte violette pourprée bien uniforme ; aussi celles qui réunis- sent cette qualité sont d’un prix assez élevé. Ces pierres, qui prennent un beau poli, sont fréquemment employées dans la bijouterie. Leur couleur se marie parfaitement bien avec une mon- ture d’or artistement travaillée ; et, après l’éme- raude, se sont les pierres qui plaisent le plus à la vue. On en fait des parures complètes qui produisent un fort bel effet à la lumière; et l’on en voit pres- que toujours à l'anneau pastoral desévêques, ce qui leur a quelquefois valu le nom de Pierres d’Evéques. Les anciens ont beaucoup gravé surles Améthystes, auxquelles ils attribuaient la précieuse propriété de préserver de l'ivresse, aussi s’en mettaient-ils aux doigts ou s’en suspendaient-ils au cou lorsqu'ils faisaient de trop abondantes libations. Les Améthystes les plus estimées viennent du | Brésil et de la Sibérie ; mais on en trouve égale- ment en Espagne, en Allemagne, et même en Au- vergne, aux énvirons de Brioude, etc. ; enfin elles sont assez communes dans presque toutes les mon- | tagnes qui contiennent des filons métalliques (Foy. QUuARZ-HYALIN VIOLET.) L'AuÉTuysTE ORIENTALE des lapidaires se dis- tingue facilement de l'Améthyste proprement dite, dont Ja dureté et la pesanteur spécifique sont Tome I. beaucoup plus faibles. C’est une variété violette de Corindon. Voyez ce mot. (n’On.) AMÉTHYSTE (ois.) Espèce d'oiseau mouche ainsi nommée à cause de sa brillante couleur qui rappelle la pierre précieuse de ce nom. . (D. Y.R.) AMÉTHYSTÉE, Amethystea cærulea, L. (mor. rHAn.) Jolie petite plante de la Diandrie monogy- nie , famille des Labiées. Son nom lui vient de la belle couleur bleue d’améthyste qui colore ses fleurs axillaires , toujours trois à trois, et de la teinte brillante de même couleur qui s'étend jus- qu'aux sommités de la tige et des rameaux. Origi- naire des lieux montueux de la Sibérie, cette plante annuelle se cultive dans les jardins , où elle ne demande aucun soin particulier ; elle affectionne principalement l'exposition au nord et un solfrais, à demi ombragé. Sa tige, haute de trente-deux centimètres , et ses rameaux sont quadrangulaires, ornés de feuilles opposées, pétiolées et glabres ; celles du bas sont simples, les supérieures trilobées ; toutes sont dentées. Les fleurs répandent une odeur agréable et sont disposées en corymbes terminaux ; elles s’épanouissent en juin et Juillet. L’Améthystée flatte également l’œil et lodorat ; sa présence adoucit l'aspect de rudesse qui règne dans les âpres contrées d’où elle a été tirée (T.n.B.) AMIANTE, (mx.) Cette substance, qui est en filamens flexibles et so yeux , et qu'Haüy a nommée Asbeste flexible, fait partie du sous-genre Amphi- bole de Beudant. V’oy. AuPuimoze. (n’On.) AMIANTOIDE, ByssoziTrE ou ASBESTOÏDE, (MIN. ) Synonymes d’Actinote. Voyez AuPniBoze. AMIBE. Amiba (zoopn. ixrus. ) Les Amibes sont des infusoires aplatis, transparens, dépourvus d’appendices et de cils, ayant le corps toujours foncé vers le centre, ou dans les endroits qui se contractent. Ces animaux, qui ne peuvent être vus qu'avec ies plus forts grossissemens du microscope, pa— raissent n’avoir de formes que celles qu'il leur plait de se donner. Rœsel le premier a découvert ce genre; et Muller l’a nommé Protée, et en a décrit plusieurs espèces. M. Bory de St-Vincent les réunissant à quelques vibrions dumême auteur leur a donné le nom d’Amibe, d’un mot grec qui signifie changer. Sept espèces composent ce genre, les princi- pales sont : l’'AmiBE RAPHANELLE, Amiba raphanella, Bory; Proteus tenax, Mull. loc. cit., pag. 10, pl. 11. fig. 13 et 18, copié dans l'Encyclopédie , vers. tab. 1, fig. 2 ; et l’ÂmiIBE CANARD, Amuba anas (vi- brio anas, Mull.). (L.R.) AMIDINE. (cum) Substance opaque ou demi- transparente , d’une couleur blanche ou jaunâtre, très-friable , inodore , insipide, soluble dans l’eau bouillante , insoluble dans l'alcool , etc., que l’on obtient en abandonnant l’empois d’amidon à lui- même, à la température ordinaire , avec ou sans le contact de l’air. (EF. AMIDON. (cnrm.) Principe immédiat des vé- gétaux, formant la base de tous ceux qui peuvent être employés à la nourriture de l’homme et des XVIII: Livraison, 18 AMIE animaux. On le trouve én abondance dans le blé et les autres graminées, dans li pomme de terre, la : nigelle, la filipendule!, J’orchis-morio, divers iris , etc. ; dans les fruits du marronier, du châ- : taignier, du chêne ballotte, dans lés éxpansions foliacées du lichen d'Islande, dans une foule de racines, telles que celles des arums , delabryone, du! manioc, qui contiennent en outre des sub- stances vénéneuses ; dans le sagoutier et plusieurs autres palmiers, etc. L’amidon est indépendant de l’odeur, de la saveur et de la couleur des plantes; il jouit d’un très-srand degré de blan- cheur et de finesse il est brillant , inodore, frais au toucher’, faisant entendre sous les doigts qui le pressent un léger craquement , inaltérable à l'air, insoluble dans les véhicules aqueux et spiritueux. à moins que leur température ne s'élève à 65 de- srés centigrades; l’eau bouillante le convertiten une espèce de gelée tremblottante et demiransparente ; il donne du sucre sous l’action de Facide sulfurique. Selon les observations de Raspail, l’amidon n’est point un corps homogène, chaque granule qui le compose est un véritable organe ; il est formé: 1° d’une enveloppe ou tégument lisse, inattaqua- ble par l'eau et les acides à la température ordi- naire, susceptible d’une longue coloration bleue par l'iode ; 2° et d’une substance intérieure soluble dans l’eau froide, liquide même dans son état naturel, à laquelle l’évaporation fait perdre la faculté de se colorer par liode. Raspail lui reconnaît de plus toutes les propriétés de la gomme, et il estime que la coloration est due à une substance volatile. Des expériences faites à la suite de celte intéres- sante découverte m'ont prouvé le contraire des trois dernières assertions. L’amidon de pomme de terre fournit bien un mucilage analogue à celui de la gomme adragant ; mais il n’est point de la somme et ne présente aucune de ses propriétés. uant à la coloration en bleu céleste et même en bleu foncé , elle à lieu lentement, et n’est nulle- ment l'effet d’une substance volatile, puisque la- midon soluble ne perd point celte faculté même lorsqu'il est soumis à une longue ébullition, et que desséché , sion le broïe de nouveau , et qu’on le: mouille avec de l’eau, la couleur bleue se mani- feste toujours aussi belle. Les usages de l’amidon sont nombreux ; outre qu'il sert comme matière nutritive, il donne une colle tenace qui devient très-dure en séchant, et dont on fait usage dans les arts et dans l'économie domestique. Le sucre qu'on en obtient pour fabri- quer de l'alcool, est devenu l’objet d'importantes exploitations. (JV. F£cuze et Pouue ne rerre.) Les Kosaques préparent avec l’amidon, sous le nom de kissel, un mets assez agréable, dans lequel il entre du lait, de l’eau et du sucre. On réserve pourles arts l'amidon que l’onretire des blés gâtés, des recoupettes et autres matières analogues. (T. ». B.)} AMIE, Æmia. (porss.) Ce genre appartient à la famille des Clupes; c’est des Erythrins et des Bichirs qu'il se rapproche davantage, par la forme de son corps, qui n’est point comprimé | pelle Amiral grenu; nom justement donné, puisque: | ce cône est effectivement chargé en totalité de | qui consiste à avoir la spire couronnée par une « AMIR. comme celui des poissons dela même famille! La: tête légèrement dépriméede l Amie, son large mu. seau arrondi , la disposition même de -ses/écailles: : lui donneraient plutôt un air de ressemblance avec : certains ésoces, el particulièrement avec le bro-- chet. Mais ses caractères essentiels ne permetten£ : point qu’on léloigne du groupe dans lequel il æ: été placé par Cuvier. La. seule espèce qui com pose ce genre , l'Amie chauve ( Ana calva), à la: têle couverte de pièces osseuses et dures, qui sont percées d’une infinité de très-petits pores; l’inter-maxillaire est, aussi bien que la mâchoire. inférieure, armé d’un rang de dents fortes et pôintaes, derrière lesquelles onen apercoit d’autres : beaucoup plus courtes, coniques et disposées em pavé. Les maxillaires en portent de très-fines et: aiguës. Les rayonsbranchiaux sont plats, élargis, et au nombre de douze; entre les branches de læ mâchoire inférieure on remarque une plaque os- seuse de forme oblongue , laquelle est marquée de stries qui partent d’un centre commun. L'ouverture antérieure de la narine se prolonge en un tube charnu, que quelques auteurs ont. considéré , mais mal à propos, comme un barbillon.. La nageoire du dos prend naissance entre les pectorales et les ventrales et ne laisse qu'un très- petit intervalle entre elle et la nageoïire caudale. Celle-ci est arrondie , et l’anale est fort courte. Une autre particularité qu'il est essentiel de faire connaître, c’est la structure de la vessie natatoire, qui présente l'aspect celluleux d’ur- poumon de reptile L'Amie chauve est un poisson des rivières de la Caroline. On l'y nomme mud/fish ou poisson de. vase, et sa chair y est peu estimée. On dit -qu'ik se nourrit d'écrevisses , et qu'il arrive à une taille assez considérable. (G. B.) AMIRAL, (mor.) Nom donné à un cône fort beau, très-recherché et dont le prix est toujours: resté fort élevé dans le commerce. Les variétés de celte espèce sont assez nombreuses , et ne repo- sent pour la plupart que sur des taches plus ow moins grandes. et des fascies plus eu moins nom- breuses, qui leur ont valu des dénominations différentes, telles que Contre-amiral, Vice-amiral , Grand-Amiral. etc., etc. Au nombre de ces va- riétés on en distingue deux qui sont encore plus rares que les autres, et qui ont aussi une plus grande valeur. La première est celle que l'on ap- granulations. La deuxième, rapportée récemmen£ M de la Californie, présente un caractère différent, « rangée detubercules blancset placésuniférmément. Ce jeu dela nature , que j'ai eu lieu d'observer sur beaueoup d'espèces, et qui est sans doute commun à toutes celles qui existent, n’a pas été" compris de M. Vignard, naturaliste du Havre, quëm avait bien voulu me consulter à cesujet; et, per- sistant À voir une espèce nouvelle dans cette va- ricté, il lui donna le nom de Conus Blainvilii, Un Anglais en fit l'acquisition, moyennant la somme NN HN è 1onite . 2. Amiral One) 2. Ammocète . 3. Ammo Æ Cuérüs AMIS «de ‘cinq:céntsfranes. Nous avons fait figurer cette ‘æspèce dans notre Atlas, pl 14,f. a: ‘(Ducr.) AMIS (Iesdes),ou ARGINIPEL:DE TONGA. (GhoG.) sGesiiles , qui sont -au nombre de 150 environ ;-se .#rouvent:situées dans le Grand-Océan, :un peu au viessus :durtropique du Capricorne ; dans cette artie du monde qui a réçu le nom:de Polynésie. Elles furent découvertes en 1643 par Tasman ; et æé fut le fameux navigateur Cook qui, en :mé- smoire du bon accueil-qu'il recut , les surnomma iles des Amis : depuis elles ont pris le nom d’Ar- wchipel de Tonga. Quelques unes d'entre elles seu- lement, les principales, sont habitées par ‘une race d'hommes qui est une variété de Ja race trouvée dans.les différens archipels de la :Polyné- sie : quoique les formes de leur figure offrent beaucoup de différencesentre elles , on peut ce- “pendant dire qu'en général ils ont le nez épaté, les lèvres peu épaisses, de bonnes dents ét de beaux yeux; ils sont tous bien faits, d’une force musculaire et d’une adresse remarquables ; aussi les chutes ‘que les étrangers font en se heurtant scontre les racines qui couvrent ces îles sont pour eux une source de rire inextinguible ; la couleur de leur peau est très bronzée : cependant quelques “individus, les femmes surtout, jouissent d’un teint beaucoup plus-clair. Les femmes y sont belles.et -très-fières de la petitesse élégante de leurs mains ; :cesont'elles qui sont chargées de la fabrication * des étoffes et des nattes, qui surpassent en beauté toutes celles que l’on voit ailleurs. Le soin de la culture de la terre regarde les -hommes , ainsi que tous les autres travaux qui -mécessitent plus de force et de fatigue , tels que “la construction des maisons, des pirogues , des divers instrumens de pêche et de navigation : leur “mourriture se compose des poissons qu'ils trou- vent en abondance sur les côtes, des plantes lé- ‘sumineuses et. des racines que produit le soldes ilés de l'archipel : ils sont.en général d'un carac- tère doux , quoiqu'un peu voleurs , et très-adroits dans la fabrication de leurs armeset de leurs outils. (Ces iles offrent un sol très-fertile,; dont les na- turels:tirent parti avec une intelligence qui leur est propre. On y rencontre peu de quadrupèdes ; rdes cochons, quelques rats et des chiens, qui vi- vent à l'état de domesticité, sont les seuls que mous puissions nommer; mais on y trouve une espèce de volaille d’une grande taille et d’un très- bon goût , ainsi qu'un grand nombre de perroquets -et de pigeons. "Cét archipel formait naguère un gouvernement monarchique obéissant aux lois de Finow.1®; maintenant il est-partagé eñtre plusieurs chefs. L'ile principale est Tone ou Tonca-Tarou, Tas- man l'avait appelée Amsterdam: elle est la plus peuplée et la plus grande. Une révolution s’est “opérée il y a quelques années: le roi de la race æwénérée de Toui-Tonga a. été chassé de l'ile, et trois chefs la gouvernent aujourd’hui conjoin- tement ; ils senomment.T ahofa, Palou ct Lavaka. Le premier est un ambitieux: qui règne au nom des deux autres ; mais laissons parler M.Durville, : } +199 AMI qui: dans sa relation de Ja corveite l’Æstrolabe donne les: détails,suixaus : «Lorsque les habitans de l'ile eurent chassé Ja race antique-de leurs rois, Palou, Lavaka ct Tahofa furent conjointement in- vestis de Ja souveraine puissance. Tahofa , doué.de qualités guerrières,, rendit au pays d'éminens ser- vices dans les combats ; et: dès lors:il ;s’éleva dans l'opinion des insulaires bien. au-dessus de,ses deux collègues qui, à des goûts très-pacifiques joi- gnaient l’indolence.et l'incapacité, Bien plus, par une. politique qui dénote un degré peu commun d'intrigue et d’habileté , Tahofa, devenu père.d’un garcon, réussit à le faire adopter par la Tamaha, mère du roi chassé, et la seule personne de la branche souveraine ,qui fût restée dans l’île. En vertu de cette adoption, nous pûmes voir le peu- ple de Tonga, et Tahofa lui-même , rendre hum- blement à un enfant de trois ans les honneurs dus au rang suprême.et à la race vénérée des Touï- Tongas. N’est-il pas merveilleux de retrouver aux extrémités du monde, dans une île presque im- perceptible sur la carte du globe , une parodie si vraie, si frappante des grands événemens qui, Jors- que nous étions encore enfans , avaient agité l'Eu- rope entière. Ainsi la mer du sud avait aussi son Napoléon. Peut-être n’avait-il manqué au guerrier sauvage qu'un plus vaste théâtre, pour remplir aussi un hémisphère de son nom et de sa renom- mée, N’est-il pas au moins étonnant de voir aux deux points opposés de la terre ; deux ambitieux pro- céder par les mêmes moyens et s’avancer vers le même but ? Entre Napoléon et Tahofa, la distance estimmense, sans doute, mais aussi entre la France et Tonga-Tabou ! » 4 Nous citerons ensuite Eoua , Anamouka, Kotou., petites îles qui n’oflrent à Ja curiosité que quel que volcans jetés à leur surface. V’avao , siège du gouvernement dusageetintelligent Finow I;en- fin le groupe d’AHapaë,soumis aux loisdeToubo-Toa, le plus puissant rival de Finow IT. C'est ici que fut fait prisonnier en 1806 le capitaine Mauvelu, après le massacre.de la presquetotalité de son équipage. (G.d.) AMITE ou AMMITE. (aix. ) (Chaux carbonatée globuliforme téstacce, Haïüy,) On a donné ce nom à un |calcaire composé : de, globules accumulés les uns sur les autres, et qui sont souvent strillés du centre. à la circonférence , ou ‘formés de cou- ches concentriques. Ges globules, qui.sontide gros- seur très-variable, ont-été nommés ÂWéconites,, Oolithes ; Pisolithes.,-Orobites, etc.,-suivant leur volume, qu’on a comparé-à des graines de pavot, des pois ; des œufs , etc. (D'On.) AMMI. (or. pHan.) Plante -herbacée de la fa- mille des Ombellifères , Pentandrie digynie ; ainsi nommée , de ce que plusieurs-de!ses espèces crois- sent dans le sable. Elle a pour caractères généri- ques: calice entier, pétales fléchis en cœur, égaux dans le disque, inégaux à la circonférence ;\graines ovoïdes ,- marquées de côtes saillantes; celles ne sont point hérissées de pointes épineuses , comme dans les carottes, avec lesquelles :eependant toute Ja plante a de grands rapports, AMMO 140 AMMO Des cinq ou six espèces d’Ammi, qui toutes ont les fleurs blanches , une croît en Egypte, les autres sont communes dans le midi de l'Europe. La principale est l'Ammi majus, dont les semen- ces âcres et aromatiques, sont carminatives, et faisaient partie des quatre semences chaudes de l’ancienne médecine. L’A. visnaga où herbe aux cure-dents, doit ce nom aux rayons de ses om- “belles, qui en Turquie servent à nettoyer les dents et leur donne une odeur aromatique. (2) AMMOBATE , Ammobates. (ixs.) C’est un genre d'hyménoptères de la famille des Apiaires, établi par Latreille, et auquel il assigne pour caractères : premier article des tarses postérieurs sans dilata- tion à l’angle extérieur de son extrémité inférieure, dont le milieu donne naissance à l’article suivant ; palpes inégaux, les labiaux sétiformes et les maxil- laires de six articles. Ce genre avait été réuni, par son auteur, aux Nomades; mais il l'en a séparé dans ses derniers ouvrages. Il ne se compose encore que d’une seule espèce, c’est l'AMMOBATE A VENTRE FAUVE, 1. rufiventris, originaire de Portugal. Elle est de couleur noire avec l'abdomen fauve. (H. G.) AMMOBIUM. (soT. pHan.) Plante de la famille des Corymbifères, Syngénésie polygamie de Linné. On n’en connaît qu’une espèce, originaire de la Nou- velle-Hollande , c’est |. alatum, que l’on cultive dans les jardins ; ses fleurs sont terminales , sca- rieuses , en bouton rond, jaune au centre et blanc à la circonférence. (L.) AMMOCEÈTE , Ammocætes. (voiss.) Genre de la famille des Cyclostomes , établi par Duméril. Les Ammocètes se reconnaissent à leur lèvre charnue, qui n’est que demi-circulaire et non tout-à-fait arrondie comme celle des lamproies, ce qui les met dans l'impossibilité de se fixer comme le font celles-ci sur les pierres ou autres corps solides. Ils manquent complétement de dents , mais l'ouverture de leur bouche se trouve garnie d’une rangée de petits barbillons branchus. Bien qu’elles aient chacune un trou particulier pour la sortie de l’eau , leurs sept paires de branchies sont con- tenues dans une cavité commune, et l’eau qu’elles recoivent vient directement de la bouche sans passer par un canalparticulier, comme cela a lieu dans les lamproies. Les nageoires du dos et de l’anus de ces poissons sont confondues avec celles de la queue ; à peine leurs yeux se laissent-ils apercevoir au travers de la peau. On peut considérer les Ammocètes comme étant complétement privés de squelette, car les parties qui devraient le constituer demeurent toujours à ’état membraneux, et sous ce rapport ils ressem- blent plus à des vers qu’à des animaux vertébrés. On distingue deux espèces d’Ammocètes : l4m- mocète lamprillon, qui estle Petromyzon branchialis de Linné, ainsi nommé parce qu'on a cru qu'il s’attachait aux branchies des poissons pour les sucer, ce qui arrive en effet à la petite lamproie de rivière (Petromyson Planeri) avec laquelle, ainsi que le fait remarquer M. Cuvier, on l'aura sans doute confondu. On le nomme aussi Lamproyon et plus commu- nément Sept-æils ; il est long de sept à huit. pouces et gros comme un fort tuyau de plume. Son dos est d’une couleur verdûtre et la partie inférieure de son corps est blanche; il s'enfonce dans le sable, et y respire par un mécanisme particulier à l’aide duquel il fait pénétrer l’eau jusqu'à lui. La seconde espèce est l'Ammocète rouge ( Pc- tromyzon ruber, Lacép.) , figurée dans notré Atlas, pl. 14, fig. ». Sa taille est la même que celle de l'espèce précédente; mais elle est d’un rouge de sang plus foncé sur le dos. L'une et l’autre se trouvent à l'embouchure de la Scine. À Rouen on mange volontiers la première, et toutes deux servent d'appât pour les hamecons. (G. B.) AMMODYTE. (rorss.) Voy. ÉqQuizse. AL AMMONÉES (Les), (mour.) Coquillesmultilocu- laires fort rapprochées des Nautiles et dont Lamarck a fait une famille bien tranchée qu'il composait des genres Ammonite, Orbulite, Ammonocératite, Turrilite et Baculite. Voici les caractères qu'il lui assigne : cloisons sinueuses, lobées et découpées dans leur contour, se réunissant entre elles contre la paroi intérieure de la coquille , ets’ y articulant ar des sutures découpées et dentées. Ces coquilles du plus grand intérêt, que l’on trouve en nombre infini dans les plus anciennes couches secondaires de la terre ; n’avaient été étu- diées que d'une manière superficielle. On doit à Lamarck et à ses premiers travaux l'élan donné à ce sujet. Depuis la publication de son ouvrage sur les animaux sans vertèbres , il en a paru un de M. Dehaan ayant pour titre Monographie des Am- monites et Goniatites (Leyde 1825), et plus récem- ment un autre en allemand de M. de Buck, traduit en francais et publié dans les Annales des sciences naturelles (tome 29°), par M. Domnando, géologue distingué. Ces ouvrages, justement appréciés, jette- ront un grand jour sur l'histoire de cette famille, dont l'étude plus approfondie a déjà donné lieu aux changemens que je vais indiquer. Des six genres créés par Lamarck, un d’entre eux a été supprimé et quatre nouveaux l'ont remplacé. Voici leur classement méthodique et l’ordre dans lequel il faut les étudier : Ammonite, Scaphite, Gératite, Goniatite, Ammonocératite, Hamite, Baculite et Turrilite. Voyez ces mots. (Ducz.) AMMONIAC, AMMONIACAL (@az.), Gaz my- DROGÈNE AZOTÉ. (CHIN.) Substance connue depuis un temps immémorial, qui résulte de la combi- naison de trois volumes de gaz azote et d’un vo- lume de gaz hydrogène ; qui se forme pendant la décomposition des matières animales, et qui n'existe jamais dans la nature que combinée avec les acides carbonique’, sulfurique , muriatique , phosphorique, acétique , etc. Le gaz ammoniac est incolore, invisible , âcre, caustique , d’une odeur très-vive et très-irritante À il verdit les couleurs bleucs végétales , éteint les corps en combustion , se dissout dans l’eau qui en absorbe 460 fois son volume , est susceptible de se combiner avec les huiles et les graisses pour former des savons, avec les acides pour former des sels, etc. . AMMO 141 AMMO On l’obtient entriturant ensemble parties égales de sel ammoñiac et de chaux vive. Le gaz ammoniac n’est guère employé que dis- sous dans l’eau. Dans cet état il forme l’Auvo- NIAQUÉ LIQUIDE, autrefois ALCALI VOLATIL, ALCALI vosariL FLuon. C’est un liquide incolore, trans- parent; ctc., qui résulte de la solution du gaz ammonñiac dans l’eau distillée, qu'on obtient en recevant le produit de la décomposition du sel ammoniac par la chaux, dans des flacons tubulés , aux deux tiers remplis d’eau pure et entourés de glace. On l’emploie en médecine, à l'extérieur, comme excitant, dans les syncopes, les défail. lances, etc. ;' comme rubéfiant associée avec huile d'olives ou d'amandes douces dans des proportions variables ; comme caustique contre la morsure des chiens enragés, le venin de la vi- père , etc. ; à l’intérieur, étendue dans de l’eau, contre l'ivresse, la morsure des animaux veni- meux , les fièvres adynamiques, etc. * AMMONIAQUE ACÉTATÉE ; Où ACÉTATE D’'AMMONIA- que, autrefois espritde Mindérérus. Cet acétate, formé , comme son nom l'indique, d'acide acéti- que et d’ammoniaque, existe dans l'urine pour- rie , le bouillon gâté, etc. ILest ordinairement liquide , mais on peut l'avoir sous forme d’aiguilles déliées, en le soumettant à “une prompte évaporation. Dans cet état, sa saveur tnt dl de dde Deus nd mnig "2 me. tinnt est très-piquante, et sa solubilité dans l’eau, sa volatilité sont très-prononcées. La préparation de l’acétate d’ammoniaque con- cret est extrêmement simple ; il suffit de saturer du Sous-carbonate d’ammoniaque par de l'acide acé- tique concentré, et d’évaporer la liqueur à une douce chaleur. Veut-on l'avoir liquide ; on verse, comme le conseillait Mindérérus, du vinaigre dis- tillé sur du sous-carbonate d’ammoniaque jusqu’à ce qu'il n’y ait plus d’eflcrvescence, c’est-à-dire de dégagement d’acide carbonique. Ce mode de préparation ne donne pas toujours, il est vrai, un médicament identique, carle vinaigre distillé n’a pas toujours le même degré de concentration ; mais les différences qui en résultent sont de peu d'importance. A l’état liquide, cet âcétate a‘une couleur citrine et une sayeur légèrement urineuse. L’acétate d’ammoniaque est très-employé en médecine. Comme toutes les préparations ammo- niacales , il jouit des propriétés sudorifiques , diurétiques et antispasmodiques. On l’a conseillé dans le typhus, les fièvres putrides , malignes, ner- veuses, etc, à la fin des affections goutteuses et rhumatismales; dans la petite-vérole, contre l'i- vresse, la migrainé, etc. AMMONIAQUE CARBONATÉE , OU SOUS-CARBONATE D’AMMONIAQUE. Selsolide , blanc , très-volatil, d’une odeur ammoniacale très-prononcée , soluble dans l'eau , etc. , que le docteur Marcet a trouvé dans Veau de la mer, qui se dégage des substances animales en putréfaction, qui existe dans quel- ques eaux minérales , et qu'on obtient en chauf- fant le sel ammoniac avec Chaux, du carbonate de. Ses usages, comme excitant et comme stimu- lant, sont très-fréquens. On l’enferme dans de pe- tits flacons avec quelques liquides aromatiques, et on le désigne alors sous le nom de sel volatil d’An- gleterre. ‘ ! AMMONIAQUE MURIATÉE, SEL AMMONIAC , HYDRO- CHLORATE D'AMMONIAQUE. Combinaison de l’ammo- niaque avec l'acide hydrochlorique, qui existe dans la nature et qu’on a trouvée; 1° cristallisée dans les produits de l'éruption du Vésuve, en 1704 ; 2° en masses granulées à la Solfatare; 3° en concrétions stalactiformes à Vulcano ; 4° dans tous les volcans, dans le cratère de l’Etna, dans une caverne de l’île de Lipari, en solution dans les eaux de Lagonis, dans quelques fontaines d’Alle- magne ; et dans le voisinage de certaines houillères d'Angleterre; 5° enfin, en Tartarie, en Perse, au Thibet, en Bucharie , en Sibérie; etc. Sa forme, tantôt cristalline (octaèdre, cube, ou dodécaèdre), tantôt granuleuse, tantôt enfin stalactitique, est quelquefois encore fibreuse , aiguillée ou lamelleu- se ; son odeur est urineuse, sa solubilité dans l’eau est complète , et sa couleur varie du blanc grisâtre au jaunâtre, ou, bien du jaune au noir brunâtre. Le sel ammoniac que l’on trouve aujourd’hui dans le commerce est le produit de l’art. Des fa- briques, qui rivalissent entre elles par la beauté des échantillons et la modicité des prix, se sont élevées en Belgique , en Allemagne et en France; et voici, en très-peu de mots, le procédé suivi le plus généralement : on décompose des matières ani- males par la chaleur; on filtre les produits obtenus, qui contiennent principalement du sous-carbonate d’ammoniaque , sur du sulfate de chaux (plâtre) ; il se forme du sulfate d’ammoniaque que l’on dé- compose par l'hydrochlorate de soude (sel marin); on fait évaporer et cristalliser pour séparer le sul- fâte de soude; puis , par la sublimation, on obtient le sél ammoniac resté dans les eaux mères. Gelui- ci est ensuite purifié par des lotions, des solutions, des cristallisations ou sublimations successives. Avant Baumé, qui le premier le prépara chez nous , tout celui que l’on employait dans les arts et la médecine était envoyé d’Ammonie (de là son nom), pays d'Egypte, où était un temple consacré à Jupiter Ammon, et où on le retirait de la fiente des chameaux. Le sel ammoniac des fabriques se présente avec les caractères suivans : pains assez volumineux, concavyes d’un côté, convexes de l’autre , cristal- disés en aiguilles pinnées, d’un blanc grisatre ; quelquefois brunâtres, surtout quand ils n’ont pas été purifiés; élastiques, inodores quand ils sont entiers , d’une odeur vive quand on les pulvérise ; d’une saveur très-piquante, âcre et amère, inal- térables à l’air, solubles dans l’eau et dans l'alcool, volatilisables en totalité quand ils sont purs ; exha- lant une forte odeur ammoniacale quand on les triture avec de la chaux, etc. | À l’état brut, on s’en sert pour la fabrication du fer-blanc ; dans l’étamage, pour décrasser les métaux ; dans la teinture, la préparation de l’am- moniaque Jiquide, etc. ; purifié, la médecine l’ad- ‘AMMO 42 AMMO ministre à l'intérieur, seul ‘ou associé à:d'autres: substances ; comme stimulant, sudorifique et fé- brifuge ; enfin , appliqué à l’extérieur, dissous dans l’eau, il agit comme résolutif, etle grandfroidqu'il produit en se dissolvant, le rend propre. à com- battre les inflammations superficielles de la peau , les migraines , etc. ANMONIAQUE PHOSPHATÉE OL PHOSPHATE D AMMO- wiaque. Scel:qui résulte ‘dela combinaison de l’a- cide phosphorique avec l’ammoniaque, que l’on rencontre dans J’urinetde l'homme, dans eertains calculs , dans les concrétions intestinales des ani- maux, et que l’on obtient en traitant le phosphate ‘acide de.chaux par un excès de sous-carbonate d’ammoniaque, fltrant:la liqueur , etc. L’ammoniaque phosphatée cristallise en prismes à quatre pans; sasaveur est salée, piquante et urineuse; elle est inodore, äinaltérable à l’ar, blanche, soluble dans l’eau , décomposable au feu , verdit les couleurs bleues végétales ,-etc. Inusitée en médecine , on s’en sert dansJa fabri- cation des pierres précieuses, pour rendre la toile incombustible., etc, AMMONIAQUE SULFATÉE. Mascagni a rencontré le premier l’ammoniaque sulfatée naturelle dans l'eau des Lagonis du pays de Sienne , en Toscane. Depuis, on l'a observée également dans une source thermale du département de l'Isère, et sous forme -de concrétions ou de $talactites sur les-laves du Vésuve, et dans les fumeroles de l'Etna, de la Solfatare, etc. Sa couleur varie du gris jaune au jaune roussâtre; sa cassure est terreuse , sa trans- parence peu sensible, sa solubilité dans l’eau très-prononcte, sa saveur piquante et un peu acide, Celle des pharmacies, ou sulfate d’ammoniagque, appelée encore, autrefois surtout, sel ammoniac vitriolique , sel ammontacal ,;sel secret de Glauber , vitriol ammontiacal, se présente sous forme de petits prismes hexaèdres, terminés par des pyra- mides à six faces, inaltérables à l’air, solubles dans l’eau, volatils par l’action de la ‘chaleur, incolores , etc. On l'obtient en décomposant le sous-carbonate d’ammoniaque par l'acide sulfu- rique affaibli. On s'en sert pour préparer lalun. (EF. Fi) © AMMONIAQUE (come). (cm) F7. Goue AMMONIAQUE. AMMONIE. (mozr.) Genre créé par Denis de Montfort et figuré par lui, page 74, sur une co- quille encore fort rare et d’une assez grande va- leur que l’on connaît sous le nom de Nautile om- biliqué. Ÿ. Naurise et la description qu’en donne Lamarck dans son vol. 7, page 633. (Ducr.) AMMONITE. Æmmonites. (mozz. ) Premier genre de la famille des Ammonées , dont Lamarck a posé ainsi les caractères: coquille discoïde, en spirale , à tours contigus et tous apparens , à/pa- rois internes articulées par des sutures sinueuses , cloisons transverses, lobées et découpées dans leur contour, imitant en quelque sorte la feuille du persil , sans siphon dans leur disque , mais per- cées par une sorte de tube marginal, ‘Ges coquilles, vulgairement appelées corries d'Am- mon, ne sont,encore connues qu'a Pétat fossile, el sont fort nombreuses en espèces, quoiqu’an cn ait extrait toutes celles qui présentaient-des, carac- tères différens, dont.on à faitles genres Scaphites , Cératites, Goniatites, Ammonocératites, Hamites , Baculiteset Turrilites. On les trouve danses plus anciennes couches secondaires de laterre, et jusque dans les premières couches de craie. Mais dans celte dernière formation, qu'elles dépassent rare- ment , elle sont moins communes. ' Leur taille varie de la plus petite à la plus grande qu'on puisse imaginer. Schloteim , dans sonouvrage intitulé Die Pelrefactenkunde , en -décrit une.es- pèce sous le nom d’AÆAmmonites colubratus,, que Yon peut comparer à une fort grande roue de voiture , puisqu'elle dépasse six pieds de diamètre , mais à cet état de grand développement , on peut conce- voir qu’elles sont fort rares ; le test des Ammonites étant naturellement fort mince est rarement conser- vé,on n’en trouveque quelques parcelles. Ge m'est donc que le moule intérieur de ces. coquilles qu’en peut étudier pour distinguer Jes différentes espèces qui constituent le genre. Ces moules ,sous lerapport de leur nature, présentent lesphénomènesles plus intéressans ; et'tout à la fois les plus bizarres; quel- quefois ils sont à l’état pyriteux, offrant les plus belles couleurs prismatiques et métalliques ; sou vent on les trouve complétement ferrugineux ou quarzeux. D’autres sont convertis en agate, etsciés en deux parties , ils sont susceptibles de recevoir le plus beau poli; dans certaines localités ces co quilles sont ‘si abondantes que des chaines de montagnes tout entières en sont composées. Les Ammonites ont été connues des anciens, et s’il faut les croire sur ce qu'ils en disent, on leur attribuait des vertus particulières. De nos jours elles font encore dans l'Inde l'objet d'un culte, et toutes celles que l’on trouve près du Gange ont une fort grande valeur. | Pour donner une idée de la forme de ces co- quilles remarquables , nous avons fait figurer une belle espèce de ce genre , lAmmonites bifidus.de Bruguière ; voyez notre Atlas, pl. 14,fig.5. (Ducz,) : AMMONIURES. (cmm..et mx.) On appelle ainsi les combinaisons de l’ammoniaque avec les bases salifiables. On dit ÆAmmoniure d'argent, de: co= balt, etc. (FE) AMMONOCÉRATITES, Ammonoceralites. (morz.) Genre de coquilles multiloculaires , créés par Lamarck (ann. sans vert., vol. 7, pag. 6441) 4 {ort rapproché des Ammonites, appartenant à Ja division des Géphalopodes testacés. Deux espèces seulement constituent ce genre, étne sont connues qu'à l’état fossile. l'Ammonocératite glossoïde que l’on peut voir dans le cabinet de M. Je duc des Rivoli, et l’Ammonocératite aplatie de la collection de M. Defrance. (Ducr.) | AMMOPHILE, Æmmophila. (1xs.) Genre d l'ordre des Hyménopières établi par Kirby aux dépens du genre Sphex. 1108 Ces insectes ont pour caractères : antennes ins À rées vers le milieu de la face de la tête; mâchoires. RO | . AMNE | et lèvres formant une trompe beaucoup plus lon- | gue que la tête, fléchie dans le: milieu de sa gran- | deur, palpes très-grêèles, à anticles cylindriques. | | Les Ammophiles se distinguent des Sphex par la | lonsueur desmâchoires , eelle dela lèvre inférieure, | 1x flexion de ces parties, les palpes filiformes et | deux nervures récurrentes aboutissant à la seconde | cellule cubitale. | : Ées Ammophiles creusent leur demeure, dont | la formeest celle de petites galeries obliques à la | surface du sol, dans uneterre sècheet sablonneuse. | Dans l'état parfait elles se nourrissent du suc des fleurs, | : Peu de temps après Facte de copulation, la | femelle vient déposer ses œufs dansla cavité qu’elle a creusée; et y introduit, pour nourrir la larve qui Î | | | | et qu’elle: à percée de son aiguillon. Après avoir | assuré par.ce moyen la nourriture de la larve. elle | bouche l'entrée de sa demeure avec des grains de | sable, et n’y revient que pour déposer de nouveaux | œufs. | Le genre Ammophile, qu‘ comprend quelques Sphex et quelques Pepsis de Fabricius, a pour type lé Sphex sabulosa de Linné. Il renferme aussi une | partie des Sphex de Jurine et la première section ou | famille de son genre Misque. Ondistingueles espèces suivantes : 1° Aumornise nessagzes, dont le mâle est le Pepsis lutaria et la fémelle le Sphex sabulosa de Fabricius ; 2° les Sphex binodis, Holosericeaet Clavus de Fabricius , 3% FAmmophile champêtre , l'A. campestris ou A. argentea de Kirby; l'Ammophile des chemins, À. viatica ou Pepsis arenariade Fabricius. (H.G.) AMMOTHÉE, Ammothea. (aracun.) Ce genre , qui appartient à la famille des Pycnogonides , dans ‘ l'ordre des Trachéennes, a été établi par Leach, pour une espèce voisine des Nymphons, mais qui en diffère d’une manière assez notable; c’est l'An- MOTHÉE DE LA CAROLINE. /. Carolinensis. Leach, (The. zool. miscell.) (GuéËr.) AMMOTHÉE , Ammothea. (zoorx. pozxr. } Voilà encore un animal qui porte le nom d’Am- mothée , en sorte qu'il faudra que celui-ci ou larachnide change de nom. Lamouroux a désigné ainsi un genre de l’ordre des Alcyonés, dans la division des Polypiers sarcoïdes, qui se rapproche de la lobulaire digitée. L'espèce type de ce genre est l'Ammothes virescens, Lamour. gen. Polyp. p+ 69. Ses tiges sont blanches et rameuses ; les animaux sont verdâtres. Ce polypier à été rapporté de la mer Noire par Savigny. (GuËR.) AMNIOS. (anar.) Membrane lisse, transpa- rente, de nature céreuse, d’une extrême ténuité et l’une de celles qui servent d’enveloppe au fœtus ; c’est la première en comptant de dedans en de- hors. Sa surface externe cst recouverte par le chorion ; ces deuxmembranes, ainsi superposées, tapissent toute la portion de l'utérus qui n’est pas recouverte par le placenta; elles passent ensuite devant ce dernier en enveloppant les deux artères, et la veine qui forme le cordon. La face interne de l'Amnios exhale un fluide 143 | doit en éclore; une chenille qu’elle a été chercher au milieu duquel nage-le fœtus dans. le: sein de la mère. Ce fluide. est limpide, quelquefois blar-. châtre et comme laiteux:; il exhale une odeur fade, sa saveur est légèrement salée , on l'appelle Æaux de l’Aninios où simplement, les eaux, L'analyse: chimique des eaux de l'Amnios.est une de celles sur lesquelles la science doit aujourd'hui revenir : l’acide amniotique (v. ce mot) , qu'on à décou- vert dans cette humeur, parait être un de ceux dont. l'existence est au moins contestable. Ces eaux ont pour usage d'empêcher que l'utérus ne s'applique immédiatement sur le fœtus, ne le serre, ne le comprime douloureusement ; elles ser- vent à molérer, à amortir les chocs extérieurs, et à l'instaiit- de l’accouchement, la dilatation qu'elles opèrent , par leur présence, au col utérin, contribue à rendre cette fonction plus prompte et moins pénible, (P. G.) AMOME, ÆAmomum. (mor. ruan.) Genre de la famille des. Balisiers' de Jussieu, : Monandrie monogynie de Linné, et type d’une nouvelle fa- mille dans la elassification de Richard (7, Amo- mes). Les Anaomes sont des herbes aromatiques originaires, des pays chauds, à racines épaisses , à feuilles entières , lancéoltes, engaïînantes , à fleurs en épi ou panicule. terminale, accompagnées de, braciées.En en séparant les espèces qui, comme le gimgenbre (v. ce‘mot), ont le filet de l’étamine: subulé, il reste-pour caractère du genre Amo- mum proprement dit : calice trifide, corolle à quatre divisions profondes, l'inférieure plus grande (Vectaire de Linné); une étamine à filet plane , se prolongeant au delà de l’anthère , et tri- lobée au sommet avec deux appendices à sa base, style filiforme. On compte une douzaine d'espèces d’Amomes, parmi lesquelles nous citerons le cardamome. (A. cardamomun), dont les tiges nombreuses sont hautes de deux pieds; les feuilles ondulées terminées en pointe; les épis courts, composés: d’écailles lâchement imbriquées, d’où sortent les fleurs. Les Indiens font entrer les graines de cette plante.dans la plupart de leurs ragoûts. Une autre; espèce, l’4. graine de paradis, a été employéeen médecine. (L.) :: AMOME ou Amomox (80T.) ou Amour, nom. vulgaire d’une espèce de morelle, le solanum pseudocapricum. (L.) AMOMÉES. (sor. rnan.) Famille de plantes herbacées, monocotylédones, à étamines épigy- nes; elle comprend les Balisiers de Jussieu, où Drymyrrhizées de Ventenat, et, prenant pour iype le genre Æmomum, donne peut-être les. moyens de classer ces végétaux d’une manière plus générale. M. Richard , qui l’a créée, lui assi- gne pour caractères; racines tubéreuses, épaisses , très-aromatiques ; feuilles simples, entières, engai- nantes; fleurs grandes en épi ou panicule ; un ca- calice double, l’extérieur court, trilobé, l’inté- rieur pétaloïde, disposé sur deux rangs, trois externes égales (corolle), une interne, trilobée (nectaire); étamine à filet pétaloïde, prolongé, souvent au dessus de l’anthère; ovaire infère, tri: AMOU 144 AMPH loculaire , capsule ou baie trivalve. Les principaux genres de cette famille sont le Balisier, le Gin- gembre, V Amome, le Curcuma , etc. (L.) AMONT. (@focn.) Æmont est la partie de la rivière opposée à la partie d’aval ; ainsi l'on dit pays d’Amont , pour désigner la contrée qui forme les rivages de la partie supérieure à une ville prin- cipale, et pays d’aval, pour indiquer la contrée qui se trouve au dessous de la ville , en suivant le courant ; donc les bateaux qui {viennent de Cha- renton à Paris traversent, par rapport à cette dernière. ville, la contrée d’'AÆAmont, tandis que s'ils remontaient de Saint-Cloud, ils navigueraient en aval. (GC. d.) AMORPHA. (nor.) Arbrisseau de la Caroline, appelé fulgairement Indigo bâtard. quoiqu'il res- semble peu à lindigotier, et qu'il n'ait point sa vertu colorante. Il est de la famille des Légumi- neuses , Diadelphie décandrie de Linné,et se dis- tingue en ce que sa corolle manque d'ailes et de carène, d'où le nom d’'ÆAmorpha, en grec sans orme. Les étamines sont au nombre de dix , unies faiblement à leur base; le légume ovale, très- pelit, tuberculé , à une ou deux graines. On cultive l'Amorpha fruticosa dans nos jar- dins, où ses rameaux réunis en buisson, ses fleurs en long épi pourpre et violet, sont d'un aspect agréable. IL s'élève à dix ou douze pieds ; ses feuilles, ailées avec impaire , se composent de quinze à dix-neuf folioles pétiolées. La seconde espèce connue est herbacée, à folioles sessiles , plus fournie de feuilleset de fleurs que la précédente x mais seulement annuelle dans nos climats. (L.) AMOUR (fleuve). (cfocn.) Le fleuve Amour est un des grands courans d'eau de l'Asie orien- tale : il prend sa source dans les monts Barka- dabahn, et dans cette partie de son cours reçoit le nom de Onon, donné par les naturels du pays qu'il arrose; il se dirige au nord-est, jusqu'au point le plus septentrional de sa course, où les Tongouths l'appellent Amour, et les Chinois Sa- gaalien Oula , c’est-à-dire la rivière de la mon- tagne Noire; cette dernière dénomination lui vient des nombreuses forêts qui couvrent les monta- gnes qui l'entourent. Il reçoit plusieurs affluens assez considérables, tels que l'Ærgoum, le Tchou- kèr, la Nonni-Oula et l'Onsouri, et, après un cours de 700 lieues de long, à travers l'Asie russe et différentes provinces de l'empire chi- nois , il vient se jeter dans l'océan Pacifique, en face de l'ile de Tchoka. (CG. d.) AMOUR. (zo0o1.) #. Rernopucriox, Rur et ACCOUPLEMENT. AMOURETTE. (nor. prax. } Plante vivace des prés secs et des montagnes privées de bois, ap- partenant au genre Brize (+. ce mot). Elle four- nit un fourrage. court, mais de bonne qualité, fort aimé des chevaux, des vaches et surtout des moutons. Ses épillets ovales ont les balles calici- nales plus courtes que les balles florales , et ren- ferment cinq ou six fleurs qui, lorsqu'elles sont épanouies, en mai et juin, donnent à cette gra- mince un aspect agréable. - On appelle ÆAmourette des prés la lychnide. fleur de coucou, Amourette moussue la jolie saxi— frage hypnoïde, et petite Amourette le paturin. éragroste , dont nous parlerons plus tard, (T.n.B,) On donne encore ce nom à une espèce d’in-! secte, qui détruit les collections d'histoire natu- relle , et que les naturalistes ontappelé Anthrenus Musæorum, F, ANTunbne, (Guén.) AMOURIE. (nor. pHan.) Ce nom vulgaire est donné , dans quelques parties méridionales de la France, aux mûriers et à diverses espèces de plantes qui portent des mûres, telles que la ronce, le framboisier , etc. (Gu£n,, ) AMOUROCHE. (nor. pnan.) C'est le nom de l'Anthemis cotula dans quelques cantons de la France. (Guén. AMPELIS. (o1s.) Nom latin d’un genre d'oi- seaux, Ÿ7, Corinea. (GuËr. ) AMPHACANTHE., (rois. ) 7. Simyax, AMPHIBIE. (z0o1.) Ge mot, diversement em- ployé par les auteurs, paraît aujourd’hui eonsa- cré à désigner des animaux pourvus à la fois de poumons et de branchies , et ayant la propriété de vivre alternativement dans l’ür et dans l’eau. Toutes les larves de reptiles pourvus à la fois de poumons et de branchies sont momentanément amphibies. En eflet , à l’époque de leur métamor- phose , ces animaux respirent l’air atmosphérique par les poumons, et l'air contenu dans l'eau par les branchies, Pour cela les tétards commencent par rester plus long-temps à la surface de l’eau; puis, plus confians dans les changemens qui s’o- pèrent en eux, ils vont à terre pour essayer leur respiration pulmonaire; quelquefois on les voit. revenir dans l'eau; le plus souvent ils n’y retour- nent qu'après leur complète métamorphose, A celte époque , ilest facile de prolonger leur état transitoire d'animaux amphibies, enles forçant à rester dans l’eau quelques jours de plus. Voir pour plus de détails l'article MéraMonPHoseE. Pour ce qui regarde les autres Amphibies, on a beaucoup discuté sur la question de savoir si les reptiles pourvus à la fois de branchies et de poumons, el pouvant respirer en même temps l’air atmosphérique ou l'air contenu dans l’eau, sont des êtres parfaits ou seulement des larves d’es- pèces encore inconnues dans leur état complet de: développement. Il résulte des recherches anato- miques de l’illustre Cuvier, et aussi des rapproche- mens zoologiques qu'ila présentés, que ces animaux sont véritablement des êtres parfaits, comparables aux tétards de grenouilles et de salamandres, qui conserveraient les mêmes conditions pendant toute la durée de leur vie, sans subir au- cune métamorphose. De ce nombre seraient les sirènes, les protées, lesménobranchesetles axolotis. On doit cependant rayer du nombre des am- phibies les Protées ; car, d’après les belles et inté- ressantes recherches de M. Rusconi, ces animaux meurent aussitôt qu'on les retire de l'eau, d’où il faut conclure que les poumons rudimentaires de ces reptiles sont insuflisans pour une respiration atmosphérique. S RS :AMPH 1 2 Quant: aux axolotls, Guvier les’ place encore avec quelque doute parmi les genres à branchies permanentes : il ne resterait donc de véritables Ampbhibies, que les ménobranches et les sirènes. Ces dernières surtout lui ont paru offrir toutes les conditions essentielles à uné respiration aquatique et pulmonaire indépendantes l’une de l’autre, On a aussi donné le nom d’Amphibies à une pelite tribu de mammifères carnivores , ce sont les Pho- ques et les Morses (w. ces mots). Ces animaux, dont l’organisation est. encore peu connue , ont des poumons , mais pas de branchics, quoique ha- bitans des eaux. Les auteurs qui attribuaient la faculté de rester long-temps sous l’eau à une dis- position particulière du cœur , avaient cru qué le trou de Botal chez ces animaux était resté libre, fait que des observations ultérieures sont venues infirmer, D'où il suit pour nous que tous les animaux qui ont la possibilité de rester un certain temps sous l’eau, ceux-là même qui n’ont pas de branchies et que l'on plaçait à tort parmi les Amphibies , | doivent cette faculté à une disposition particulière | de leurs poumons, et à la possibilité d’obstruer l’ouverture des narines. Je citerai pour exemple des animaux bien connus, comme la grenouille et la salamandre ou lézard d’eau. Ces deux es- pèces de reptiles ont des poumons très-amples , d’une structure différente de celle des poumons | des mammifères , ressemblant plutôt à des sacs ou à des vessies gonflées; là une grande masse d'air peut entrer et y être maintenue; de plus, la langue de la grenouille, en s'appliquant sur le palais , bouche les trous des narines internes; et chez la salamaadre , deux prolongemens semi-car- æilagineux (dépendances de l'hyoïde) vont aussi, au gré de l'animal, se placer dans les ouvertures internes des narines. Ce qui, chez l’un comme chez l’autre de ces reptiles, empêche l'entrée de Veau dans la bouche et permet à ces animaux de rester sous l’eau tant que le besoin de respirer ne se fait pas sentir. D’après Buffon et Daubenton, il suffirait de plonger de jeunes mammifères , à di- verses reprises , dans un fluide dont ils puissent se nourrir, tel que le lait, par exemple, pour les rendre Amphibies. Ce fait cependant est Loin d’être démontré , el ne s’appuie nullement sur des don- nées anatomiques exactes. On peut tout au plus admettre , d’après les expériences de M. Edwards, une respiration cutanée propre à certains reptiles qui séjournent dans l’eau ; d’après cela , et d’après ce que nous avons dit plus haut , on peut s’expli- quer pourquoi des animaux non Amphibies restent | plus ou moins long-temps sous l’eau. (Y. les | articles Cœur ,Cincuzarion et Respiration.) M. S. A. AMPIHIBOLE, (ux.) Considérée Sr el minérale , cette substance ne nous offrirait , d’après Ja: nomenclature de notre célèbre minéralogiste Haüy , qu’une combinaison de silex et de chaux, rayantle verre ; else présentant en cristaux, tantôt dun noir plus ou moins foncé , tantôt d’un vert plas oumoins intense, tantôt enfin bleus ou gris-cendré. Tous, EL À XIX: Livnarson. AMPH Haüy a réüni sous le nom d’Amphibole les troi espèces de Werner appelées Hornblende, Acti- nole el Grammatile. Mais la minéralogie nouvelle, dont M. Beudant a fondé les caractères sur la composition rigoureusement chimique , considère l’Amphibole comme une division du genre des silicates magnésiens, comme un sous-genre qui comprend les silicates de chaux et de magnésie , c’est-à-dire des substances dans lesquelles la silice, qui se présente dans son plus grand degré de pu- reté dans le quarz incolore et transparent, ou, pour nous, servir d’un nom vulgaire, dans le cris- tal de roche le plus limpide , joue le rôle d’acide, forme, sur cent parties, plus de la moitié du com- posé, et s’unit à plus de vingt parties de magnésie et à plus de douze de chaux. Ajoutons à cette combinaison de loxide de fer, de l’alamine , et quelques autres substances en quantités peu con- sidérables et plus ou moins variables; nous aurons la composition des deux espèces minérales appe- lées Trémolite et Actinote, qui forment le sous- genre Amphibole. Ge sous-genre cristallise en prismes rectangu- laires obliques ; mais sa duretéest différente dans les deux espèces qui lui appartiennent. Ainsi la trémolite raie difficilement le verre : eL en effet, c’est dans celle espèce que se range la plus flexible des substances minérales, cet amiante ou asbeste, dont les longs filets soyeux sont suscéptibles de se tisser et de former de évoffes incombustibles. Cette propriété si connue dans l’amiante l’avait rendu célèbre chez les anciens : aussi les deux noms français sont-ils la traduction exacte de ses deux noms grecs; Pline l’appelait Linum vivum (Lin inaltérable). Dès la plus haute antiquité, on employait des tissus qa’on enformait à brûler les corps; ce qui rendait très-facile la conservation des cendres des morts. Mais il n’y avait que pour les riches que l’on pouvait employer ce moyen, parce que ces lissus d'amiante élaient d’un prix excessif : Pline en compare la valeur à celle des perles fines. Cependant on aurait tort de prendre à la lettre l'expression d’incombustible , relative- ment à la propriété qui faisait rechercher l’a- mianle, puisqu'il est prouvé que chaque fois qu’il est soumis à l’action du feu il perd ane partie de son poids, et que d’ailleurs, exposé à la flamme du chalumeau , il fond en un verre noirâtre. Une autre variété de la trémolite est la Gram- matite. L’amiante ne se montre jamais en cris- taux, la grammatite ; au contraire, cristallise en prismes ; lorsqu'elle est fibreuse, ses fibres se dis- tinguent de celles del’amianteen ce qu’au lieu d’6- tre flexibleset soyeuses elles sont cassantes comme le verre. Du reste , l’amiante est blanc ou blan- châtre, et la grammatile est tantôt blanche et tantôt verdâtre. La seconde espèce, ou l’Actinote, diffère de la trémolite, d’abord parce qu’elle est toujours d’un vert plus où moins foncé, quelquefois même d’une couleur bleue, et qu’elle raie le verre. Ce qui cn fait une substance spécifiquement diffé - 19 2 00 © 146 AMPH :AMPH - la constituent ehimiquement sont en proportion autre que dans celle-ci. Ainsi, par exemple, au lieu de ne renfermer au plus que 2 pour cent d’oxide de fer, elle en contient jusqu’à 30 pour cent. Les Amphiboles:se trouvent dans lesroches an- ciennes où domine le Talc (+. ce mot), et quel- quefois dans des produits d’origine volcanique. Nous avons vu que, dans la trémolite, la va- riété soyeuse, ou l’amiante, était employée par les anciens pour en faire des tissus; elle est en- core ulilisée de même par les modernes. Les Chi- -mois en fabriquent des éloffes en pièces; en Italie on en a, dans ces derniers temps, obtenu des toileset même des dentelles: enfin, on en a fa- briqué du papier incombustible : il'existe , dans -la bibliothèque de l’Institut, un ouvrage imprimé -surce papier. En Corse, les potiers mélentl’amiante -à l'argile pour en fabriquer des poteries légères , solides, et quirésistent à l’action d’un grand feu. On en a fait aussi des mèches incombustibles , et qui n’ont conséquemment pas besoin d’être mouchécs. Enfin, son usage le plus vulgaire en France est l'emploi qu’on en fait dans les briquets sulfuriques, si généralement employés : ainsi les petites bou- -teilles dans lesquelles’on frotte l’allumette de ces briquets ne contiennent que de l’amiante imbibé d'acide sulfurique. Ces exemples suffisent pour placer l'Amphibole au rang des substances minérales utiles. Il est vrai que l’actinote n’est d'aucun usage; mais plu- sieurs roches composées d’Amphibole, et principa- lement les dicrites (F. Rocuzs), sont employées en Allemagne; on en obtient des verres noirs ou veris, dont on fabrique des boutons d’habits , des manches de couteaux, et d’autres objets qui, bien que d’un joli effet, se vendent à trèsbas prix. (3. H.) AMPHIBOLIQUES(nocuxs):(&éox.)L’amphibole à peu près pur constitue des masses plus ou moins puissantes, dont la texture en partie cristalline, la nonsstratificalion et les positions. intercalées dans des terrains d'âge très-variable , indiquent suffisamment l’origine ignée. Ces roches ‘sont souvent désignées sous le nom d’emphibôlites; et sous la dénomination plus générale de roches amphiboliques , on comprend celles dont l’amphi- bole.n’est pas le seul principe constituant, mais où il est en quantité suffisante pour qu'il en ré- sulicdes caractères spéciaux qui:se rapprochent ‘plus lou moins des caraclères assignés à ses di- verses variélés.’ C'est le feldspath qui est le plus souvent asso- cié à l’amphibole dans les roches amphiboliques ; les diorites, les trapps et les ophites résultent du mélange de cés deux principes , dont les quantités relativessont d’ailleurs susceptibles des plus grandes variations. Ainsi, pour donner une idée de ces va- riations , lon peut citer les ophites des Pyrénées, qui tantôt ne sont. que-des porphyres amphiboli- ques où le feldspath est très-distinct ;'et qui ; près du lac de Lherz (canton de Vicdessos) ;' passent rente de la trémolite, c’est que les parties qu à Ja variété d’amphibole pur que l’on a désignée. sous le nom de Lkerzolite: Quelquefois on: a con- stalé, dans des roches amphiboliques , la présence du calcaire ; ces variétés ont recu le nom d’Æémi- trènes. Les roches amphiboliques sont générale- ment cristallines, et la tendance à l’état cristallin se manifeste par une texture tantôt lamelleuse, tantôt aciculaire ; les couleurs dominantes sont le noir et le vert plus ou moins foncé. La struc- ture massive , quelquefois prismatique, de ces ro- ches, les formes qu’elles affectent , surtout leur gisement et les altérations qu’elles ont souvent fait subir aux couches qu’elles traversent, les dési- gnent comme roches ignées. C’est surtout dans les Iles Britanniques que les espèces connues sous le nom de Zrapps {Whinstone ou Toadstone des Anglais) se montrent développées sur une puis- sante échelle. Leur sortie se lie aux plus grands bouleversemens dans les terrains stratifiés ; on les voit souvent empâter des masses considérables de calcaires qu’elles ont changés en marbre ou en do- lomie; de grès qu’elles ont transformés en quarz compacte; de schistes qu’elles ont pénétrés de ma- nière à les rendre amphiboliques jusqu’à plusieurs centaines de mètres du plan de contact. En tra- versant le terrain houiller, elles se sont souvent in sérées entre les couches, de manière à prendre une apparence stratifiée ; et lorsqu'elles sont en contact avec la houille, elles ont changée en coke. Ces ca- ractères de perturbations et d’altérations sont d’ail= leurs communs à toutes les roches ignées , et nous ne les cilons ici que parce qu’ils ont acquis une certaine célébrité dans la science. Beaucoup de roches contiennent des cristaux ou des nodules cristallins d’amphibole , et recoi- vent l’épithète d'Amphiboliques, sans qu'il y ait lieu cependant à les admettre dans cette classe; ainsi l’on dit un trachyte amphibolique, -un por- phyre amphibolique , pour désigner des trachytes ou des porphyres parsemés de cristaux. Dans toates les roches où i’amphibole est à l’état cris- tallin , et même lorsque dans les roches compactes la nature amphibolique se révèle par la présence de cristaux dansles fissures, dans les géodes, iln?y a pas lieu de les confondre avecles roches pyroxéni= ques. Mais lorsque la nature constamment com pacte et la couleur foncée de la roche rendent cette confusion possible , ainsi que cela’a lieu pour cer: tains trapps, on ne doit prononcer qu'avec une grande réserve sur celte distinction. Il'résulte en cflet des recherches de M. Rose, que l’amphihole et le pyroxène qui se touchent , et l’on peutmême dire se confondent sous le rapport de la composi= tion, peuvent dériver l’un de l’autre sous le rap port des formes cristallines; de telle sorte que M. Rose ,.en s’appuyant en outre sur les faits qui résultent de la formation des pyroxènes dans les scorios des hauts-fourneaux, qui ne cristallisent at contraire jamais en’amphibole , a élérconduit à peoser que la seule différence qu’il y ‘eût entré ces deux substances consistait en ce que le py£ roxène s’étail formé sous l'influence d’un refroidis* sement brusque , tandis qu'un refroidissement Per) Hide de. den, a PER . 2 Pl. 1 8; Amphiprion 3 Amphisbene - Amphicome . LCuer dr AMPH | lent avait amené la formation de l’amphibole. Ges conclusions importantes, démontrent que s’il existe une différence réelle, entre l’amphibole et le py- roxène cristallisés, cette différence peut être re- | gardée comme n’existant plus, lorsque la. roche est à l’état compacte ou terreux. + Gomme roches presque impossible à classer par- miles roches amphiboliques platôt que parmi les | pyroxéniques , on peat citer les Spillites ; leur gisement principal.est près de la ville d’Oberstein, où nous lesavons déjà citées pour les belles aga- tes qu'elles, contiennent. (77. Acarg. ) Ce sont des roches brunes. ou rougeñtres , compactes, | grenues où terreuses , ordinairement cellulaires , | leurs cavités étant tapissées d’une’ matière ver- | dâtre, regardée comine un silicate de fer, et con- | tenant quelquefois des noyaux ovoïdes de quarz- agate, où de jaspe.. Les fissures et les cavités ne | contiennent d’ailleurs aucuns cristaux qui puissent | décider. si le principe dominant est l’amphibole ou le pyroxène; et comme en outre les monticules | arrondis qu’elles constituent ne se lient pas avec d’autres éruptions ignées dont on puisse mieux apprécier la nature, l'incertitude de leur classifi- | cation est complète. (A.B.) AMPHIBOLITE.. (wn.) Synonyme d’Actinote. PF, Awrumoze. - AMPHIBULIME, Amphibulima. (mozx.) Genre établi et. figuré par Lamarck (Ann. du Mus., | vol. 6; p.505, pl. 55, fig. a, b, c ) sur une co- quille voisine des hélices qu’il nomma Amphibu- lime Capuchon , et dont il fit plus tard le type da genre Ambrelte (succinca) que Draparnaud ve- nait de créer. ( Voyez Ausretre. )} (Ducz.) -AMPHICOME, Amphicoma. (xs. ) Latreille aétabli sous ce nom un genre de Goléontères de la famille des Lamellicornes, tribu des Scarabéides, | dontdes anciens auteurs avaient confondu les es- Ipèces avec le grand genre Hanneton. Les caractè- res essentiels du genre Amphicome sont: !palpes filiformes , terminés par un article cylindrique; languette bifide , prolongée en avant du menton; extrémité des, mâchoires membraneuse, presque linéaire!, allongée. Mandibules sans dents , arron- dies à leur extrémité et assez coriaces. Ges insec- tes: ressemblent assez. aux hannetons. et surtout aux genres. qu'on en a délachés, sous, les noms dHoplie, d'Anysonyx et de Glaphyres; mais ils s’emdistinguent cependant facilement au moyen des, caractères exprimés, ci-dessus; ce sont des in- sectes d'Asie et des parties de l’Europe. qui en sont voisines; ils sont tous couverts delongs poils et d'écailles diversement colorées selonles espèces; (leurs habitudes; ne diffèrent pas de celles de cer- tains pelitsgenres de hannetons y comme eux ils wivent sur les: fleurs: et s’y rencontrenten très- grande, abondance. Les naturalistes. de, l’expédi- |tion scientifique de Morée enont trouvé des quan- tités, en avril el.en; mai;sur les anémones qui {couvrent alcrs cerlains cantons; iby en avait aussi beaucoup sur les graminées dans ‘les prairies de Modonset autres lieux. | | 1 On connait actuellement une quinzaine d’espè- 147 AMPH ces d'Amphicomes ; les Melolontha Hirta, Cya- nipennis , Meles, Bombylius, V'ittata et Fulpes de Fabricius en font partie. M. Brulléen a fait con- nailre sept espèces nouvelles, parmi lesquelles nous citerons l’Amphicome à écusson vert, 4. Seutel- lata ; dont nous avons donné une-fisure dans no- tre Atlas, pl.15, fig. 1. Pallas ena découvert quél- ques belles espèces dans la Russie méridionale ; on peut voir la figure de l’une de ces: espèces dans notre Iconographie du règne animal, insec- Les, pl. 25 bis, fig. 2. Eschscholtz, naturaliste russe, a détaché des Am- phicomes une espèce qui se trouve dans FItalie méridionale et que Fabricus avait nommée Melo- lontha Abdominalis; cet insecte diffère des Am- phicomes par les tarses antérieurs qui ont les trois articles du milieu très-dilatés dans les mâles, ce qui n’a jamais lieu dans le genre dont on l’a séparé. Eschscholtz a donné à ce nouveau genre le nonx d’AnTaipne, Anthipna. Nous en avons publié une figure détaillée dans notre Iconographie du règne animal, insectes, pl. 25 bis, fig. 4. On pourra voir dans celte même planche des figures de tous. les genres voisins et se faire une idée bien nette des différences qui existent entre eux. (GuËr.) AMPHICTENE, Amphictena. (annez. ) Nom donné par Savigny aux espèces de la première di- vision du genre Amphitrite de Guvier. Ce genre correspond à celui de Pectinaire de Lamarck. V, AMPHITRITE. (Guér. ) AMPHIDESME, Amphidesma. (mox. ) Genre de coquilles bivalves de la famille des Mactracées de Lamarck (Ann. sans vert., vol. 5, pag. 480. ) présentant les caractères ci-après : coquille trans- verse, inéquilatérale , ovale où arrondie , quelque- fois un peu bâillante sur les côtés , charnière ayant une ou deux dents, et une fossette étroite , pour le ligament intérieur. Ligament double , l’ex- terne court. Parmi les quinze espèces décrites par Lamareck, il en est quelques unes qai n’appar- tiennent point à ce genre; mais elles sont rempla- céés par de nouvelles non moins intéressantés et en plus grand nombre. Une coquille ordinaire- ment.fort petite constitue: un: genre: très-distinct qui portait anciennément le nom de Donacille. Voÿez, pour plus amples détails, l’Extrait: du cours.de Lamarck, p. 107. L’Amphidesme pauachée, type du genre; et la plus grande espèce, a 42 millimètres de. largeur. JE (Ducz, ) AMPHIGENE. (au. ) Substance blanche ou blanchâtre, composée de silice, d’alumire etdepo- tasse; rayant diflicilement le-vérre, et cristallisant en. dodécaèdres , c’est-à-dire en-solides à 12 fa- celtes; souyent même ses cristaux. ont 24 faces. Elle se trouve en abondance-dans les produits vol - caniques ou dans les-rochers qui ont subi l’action des feux souterrains. Elle n’est d’aucun usage dans. les arts, (3. H:) AMPHINOME, Æmphinome. ( Anxez. ) Genre de l’ordre des Dorsibranches établi par Bruguière et. adopté par Guvier (Règne animal, nouvelle édition ,-1830 ): Ge genre a été retiré ayecraison AMPH des Aphrodites de Pallas, et des T'érébelles de Gme- | sont placés à la naissance inférieure de la queue.” lin. Ilestpour M. Savigny le type d’une famille qu'ilnomme Amphinomes, Les caractères que Cu- vier assigne à cegrandsenre sont d’avoir,sur chaque anneau du corps, une paire de branchies en forme de houppe ou de panache plus ou moins compliqué, et à chacun de leurs pieds deux paquets de soies séparés et deux cirrhes. Leur trompe n’a point de mâchoires. A l’exemple de Savigny, Cuvier divise ce groupeen troissous-genres, auxquels ilen adjoint un quatrième formé depuis peu: Voici les caractères de ces coupes secondaires: Les Curoës, Chlocia, Savigny, ont cinq tentacules à la tête et les bran- chies en forme de feuilles. L'espèce type de ce sous-genre est l’Ampninoue cnevezu de Bruguière ( Terebella flava , Gmel. , Pallas ). Elle est extré- mement remarquable par ses longs faisceaux de soies couleur de citron, et par les beaux panaches pourpres de ses branchies. Sa forme est large et déprimée, et elle porte une crête verticale sur le museau.Cette belle espèce vient des mers des Indes. Les Pcetones, Pleiones , Savigny, ont aussi cinq tentacules à la tête; mais leurs branchies sont en forme de houppes:elles sontaussi des mers des [ndes. Les Eurnrosines, ÆEuphr'osine , Savigny, qui n’ont à la tête qu'un seul tentacule et dont les branchies, en arbusce ules, sont très- développées. Savigny décrit et figure deux magnifiques espèces de ce genre, trouvées dans la mer Rouge.Ge sont les Euphrosine laureata et mirtosa , que nous avons figurées dans notre Iconographie du règne animal, Annelides, pl. 4 bis, fig. i et 2, Les Hiwroxors, Hipponoe, Edwards et Aud., diffèrent des genres précédens, parce qu’elles sont dépourvues de caroncules et qu’elles n’ont à chacun de leurs pieds qu’un seul paquet de soies et un seul cirrhe ; l'espèce type de ce genre ( ÆZippone Gau- dichaudii ) vient du port Jakson; nous en avons donné une figure dans la planche de notre Icono- graphie du règne animal citée plus haut, fig. 3. - ( Gun. ) AMPHINOMES. (anez.) Nom donné par Savi- gny à une famille qui correspond exactement au genre Amphinome de Cuvier. (Gurr. ) AMPHIPODES, Amphipoda. (crusr.) Nom que Latreille a donné au quatorzième ordre des Crustacés. Après avoir varié sur la place et les li- mites de cet ordre, son auteur l’a enfin caracté- risé d’une mawière définitive, dans le premier volume de son Cours d’entomologie. Il s’est servi d’un travail sur ce sujet, publié par M. Milne Edwards. La tête des Amphipodes est presque toujours distincte du thorax et porte quatre antennes. Les deux premiers pieds-mâchoires forment une sorte de lèvre inférieure. Le thorax est divisé en sept segmens , munis chacnn d’une paire de pieds ; il est suivi d’une espèce de queue composée d’un nombre variable de segmens. Le cœur forme un vaisseau étroit et allongé s’étendant le long du mi- lieu du dos. Les deux cordons médallaires et gan- glionnaires sont parfaitement symétriques et sé- parés dans toute leur longueur, Les organes sexuels 148 et nf AMPH Le mâle se place surle dos de la femelle dans l’ac- couplement; celle-ci porte ses œufs sous la pois trine , entre des écailles formant une sorte de po- che, les petits restent attachés au corps de las mère jusqu’à ce qu'ils aientacquis assez de forces” pour aller eux-mêmes chercher leur nourriture. Ces. crustacés ont généralement , à la base extérieure des pieds , à commencer de la seconde paire , des! bourses vésiculaires dont on ignore l'usage. Les Amphipodes sont de petits crustacés aqua- liques et terrestres ; ils sont partagés en trois fa-l milles qui sont les Creverrines, Ponocéribes eti Hypéniwes. V.ces mots. (Guér.) 4 : AMPHIPRION , Aniphiprion. (vorss.) Ce genre appartient à la famille des Sciénoïdes de Curier.n Les espèces qui le composent ont toutes un corps? ovale , cinq rayons aux ouïes , une seule nageoiref du dos et une ligne latérale ne se prolongeant past au delà de celle-ci. Elles ne possèdent qu’une seulet rangée de dents à chaque mâchoire , et leur pa- lais en manque complétement. La tête de ces pois- sons est obtuse ; toutes leurs pièces operculaires M sont dentelées, surtout l’opercule, le subopercule® et l’interopercule, qui le sont fortement sur leurs? bords, et de plus , striés à leur surface. Les Amphiprions sont des poissons de peliter taille qui brilient des plus belles couleurs. Tous viennent de la mer des Indes et surtout de son ar-# chipel. Cuvier et Valenciennes en ont représenté# deux espèces (Æmphip. laticlavius et Amphip.t tunicatus ) , à la pl: 152 de leur Histoire des pois- sons. Nous avons reproduit la figure de celte espèces dans notre Atlas , pl. 15, fig. 2. Une autre, qui est remarquable par la belle cou- leur dorée qu’offre sa poitrine, est figurée sous le n° 2 de la planche r9 de l’Iconographie du règne” animal par Guérin. (G.-B.:)"4 AMPHIROË , Amphiroa. (zoovn. rouxp. ) Gel genre a été établi par M. Lamouroux , pour des” polypiers à rameaux épars, dont les articulations,” formées d’une substance nue et cornée , sont cons-" tamment séparées les anes des autres, et pourraient: en quelque sorte les faire comparer à des Isis dé pouillées de leur écorce polypifère. f Ce genre a servià son auteur à établir la division# des polypiers flexibles, que MM. Lamarck et Blain: ville n’ont point admise. Ce dernier seulement; conservant ce genre , l’a divisé en quatre sections et l’a placé (article Zoopayres au Dictionnaire de sciences nalurelles) dans la famille des Coral: lines. M. Lamouroux pense que , par la nature de leu substance , ces zoophytes peuvent faire le passag des Polypiers aux Nullipores. ; Dix-huit espèces sont décrites, cinq appartien= nent à nos mers; plusieurs sont figurées dans La= mouroux: nous citerons l’'AmPHIRoË RAIDE, Am phiroa rigida, Lam. , Polyp, Flex. , elc:, p- 197% n° 456, pl. 31 , fig. 1; Amwpmiroé Très - rHLéTES Amphiroafragilissima , Elliset Solander, Zooph.} table 21, fig.a. (LR Li AMPHISBENE , Amphisbæna. (rerr.) C'était. AMPH 149 AMPH RU ee RSS SRE chez les anciens le nom d’un serpent que l’on re- doutait beaucoup et que l’on connaît seuleinent par les fables débitées sur son compte. Comme on le voit par ce vers de À. Lucanus dans la descrip- tion des serpens de la Libye , Et gravis in geminum surgens caput amphisbæna { Phars., L. 1x), et par divers passages de C. Plinius, on lecroyait pourvu d’une têle à ses deux extrémités; on disait qu'il marchait en arrière comme en avant, et qu’il suffisait qu’une femme enceinte marchât sur une Amphisbène pour qu’elle avortât et devint stérile à jamais, etc. * Aujourd'hui lon donne le‘ nom d’Amphis- bène à un genre de scrpens d'Amérique dont le corps est d’un volume égal partout et dont la queue , de même forme et de même volume que la tête, pourrait être confondue avec lelle au premier coup d'œil ; aussi les habitans du Bré- sil les appellent-ils Cobra de duas cabeças. Gette disposition, de la queue a fait croire qu'ils pouvaient marcher avec une égale facilité en avant et en arrière , et c’est dans celle pensée qu’on leur a appliqué le nom grec Amphisbène, dont la qualification de doubles marcheurs qu’on leur donne aussi n’est qu’une traduction. Les Am- phisbènes ont la tête obtuse , arrondie , la bouche petite ; peudilatable , la langue mince; petite, libre, bifurquée, à peine extensible , les yeux petits, peu ou point visibles; le tympan caché sous la peau, l'anus transversal placé très-près de l'extrémité postérieure et: parfois garni en avant d’une rangée de pores squameux. Les mâchoires chez ces serpens sont articulées avec un os tym- panique immédiatement soudé au crâne; les dents sont petites, presque égales , uniformes, coniques, simples, opposées latéralement et insérées seule- ment sur les mâchoires; l’on trouve en arrière et cachés sous la peau, des pieds vestigiaires composés d’une pelite pièce osseuse , grêle, allongée , sur- montée d’une sorte d'ergot et enveloppée d’un pe- uit muscle peaucier. Ces animaux n’ont qu'un poumon; ils se nourrissent de pelitsinsectes et sur- tout de fourmis; ils vivent constamment dans des bois sablonneux; comme on les trouve près des fourmilières et qu’on les croit privés de la vue, lon a prétendu que les fourmis se chargeaient de leur donner à manger, et que les Amphisbènes jouaient ; parmi ces insectes, le rôle de la reine chez les ‘abeilles : c’est dans cetle supposition qu’on leur'a donné le nom de mère des fourmis: Ils sont ovipares; l’on croit au Brésil qu’ils sont venimeux, mais il n’en est rien. « Les Amphishbènes ont la tête recouverte de grandes plaques et le corps revêlu d’écailles égales, uniformes , carrées , verticillées ; lisses. Les espèces les plus communes sont : L’Amphisbène blanche (4. alba) , ou Blanchet, de la grosseur du doist environ ; elle a dix-huit à vingt-deux pouces de long ; huit pores au devant de l’anus; elle est entièrement blanché rosée ou d’un bleu jaunâtre; elle a été décrite par Margraf sous le «nom: d'Ibyara : que l’on a mal à propos appliqué à une autre espèce de serpent. PV, noire Atlas, pl 15, fig. 3. L’Amphisbèneenfumée (4. fuliginosa), peu dif- férente de la précédente; blanche, mais marquée , surlout en dessus , de larges bandes transversales noirâtres ou brunâtres plus ou moins confluentes. Elle a six ou huit pores au devant de l’anus. (Iconosg. de M. Guérin, Reptiles, pl. 18, fig. 2. ) Parmi les Amphisbènes dont les yeux ne sont pas visibles à l'extérieur; on trouve : L’Amphisbène vermiculaire ( A. vermicularis s, de dix à douze lignes de long , grosse comme une plume d’oie, d’une couleur brune uniforme, avec quatre pores , percés au centre d’une des écailles qui précèdent l’anus. C’est le jeune âge de l’'Am- phisbène, aveugle de Cuvier et de l’Amphisbène ponctuée de Bell. L’Amphisbène scutigère (4. scutigera ), à mu- seau un peu prolongé et pointu; l’ouverture des na- rines se trouve à la partie inférieure du rostre; une douzaine de plaques sont disposées par paires à la région préthoracique ; on voit sur les flancs un sillon longitudinal formé d’écailles brisées en biais ; il n’y a point de pores au devant de l’anus. Cetlé Amphisbène est d’unblanc jaunâtre, chacune de ses écailles est marquée d’un'petitpoint brunâtre ou bleuâtre. On en a fait un genre particulier, sous le nom de Leposternon (Sternum écailleux). On a encore fait un genre d’une autre espèce d’Amphis- bène à peu près semblable à l'Amphisbène vermi- culaire , mais dont le museau et la queue sont plus pointus; c’est l’Amphisbène oxyure (4. oxyura) ou à queue pointue, d’une couleur brune uniforme, sans pores au devant de l'anus, à sillon latéral ; on a donné à ce genre le nom particulierde Blanus ou myope, à cause deses yeux cachés sous la peau. C’est peut-être l’Amphisbène rousse ( À. rufa ) de quelques auteurs. C’est l’Amphisbène cendrée (A. cinerea), Alicanco , de quelques autres. Cette espèce est de Portugal et la seule jusqu'ici qui appar- tienne à l’Europe. On la croit venimeuse, mais à tort. On arécemmentencore établi parmi les Amphis- bènes, une division particulière fondée sur une dis- position spéciale des dents ; mais ces parlies sont trop sujettes à varier chez les individus de cette famille, sous le rapport du nombre, de la lon- gueur, de l’acuité el de la distance relative, pour que le genre auquel on a donné le nom de 77rogo- nophis puisse être conservé. (ET: G.) AMPHISILE. (vorss.) Sous-genre établi aux dé- pens du genre CEenrrisque: W. ce mot. (G. B.) AMPHISTOME, Amphistoina. (zoorH. INTEST.) Ce genre , établi par Rudolphi et placé par cet auteur dans l’ordre des Trématodes , est nommé Strigea par Abildgaard, et Holostome par Niltsch. Les animaux qui le composent ont un corps mou, peu allongé, ayant des anneaux très-peu arrondis , d’une couleur blanchâtre , et un pore terminal et solitaire à chaque extrémité. Ge genre, auquel on n’a pu encore découvrir ni nerfs ni tube digestif, se trouve presque toujours dans les’intestins des animaux. Il aété divisé par Rudolphi en ‘deux sec- tions. Dans la première, latête est distincte ducorps OR 1 par un rélrécissement; celte seclion est composée d'espèces qui se trouvent dans les oiseaux, à l’ex- ceplion d’une qui vit dans la grenouille verte. Dans la seconde ; la tête est “conéoniise avec le corps, elle necomprend que des espèces trouvées dans les mammifères et dans les amphibiens. MM. Bojanus ,. Bremser et de Blainville pensent que les espèces qui. composent cette dernière di- vision devront être placées avec les Fascioles. L: R. AMPHITOÉ ,. Amphitoe. (crus. X Geme de l’ordre des Amphipodes; famille des Grevettines. établi par: Leach:et ne: différant que très peu du genre Creverre. V. ce mot. (Guin.) AMPHITOITE , Amphitoites. (zooru. pozxp:) Ce genre , découvert par M. Desmarets, qui l’a trouvé dans un banc de marne : jaunâtre , a élé placé par Lamouroux à la suite des Sertulariées ; il est formé denombreux anneaux emboîtés les uns dans les autres, et dont le bord supérieur présente une échane rure alternativement oppo- séc, et autour de ce même bord, une ligne de pores enfoncés, de chacun desquels sort un cil, Ge genren’est encore composé que d’une espèce , c’est l’Amphitoïtes Desmarestii de Lamouroux , p: 80, tab. 81, fig. 1 et 5. (L R.) AMPHITRITE, Æmphitrite. (anne. } Dans la méthode de Cuvier, Règne animal, édition de 1850, ce nom est employé pour ‘désigner un genre d’Annelides de l’ordre des Tubicoles, facile à reconnaître , dit ce savant, à des pailles de cou- leur dorée , rangées en peigne ou en couronne , sur un oussur plusieurs rangs, à la partie antérieure de leur tête, leur servant probablement de dé- fense , ou peut-être de moyen de ramper ou de ra- masser les matériaux de leur tuyau. Autour de la bouche sont de très-nombreux tentacules, et sur le commencement du dos, de chaque côté, des branchies en forme de peignes. Iln’est peut-êlre pas de genre d'animaux dont la synonymie soit plus embrouillée; ce nom d’Amphi- trite a étéemployé par quelquesuns des auteurs qui ont traité des annelides , pour désigner une grande famille; d’autres s’en sont servis pour désigner plusieurs genres très-différens. Ainsi les Amphi- trites de Lamarck sont des Sabelles pour Cuvier; Savigny a donné le nom d’ Amphictènes aux Am- phitrites de Cuvier, et s’est servi de ce dernier. nom pour désigner la famille qui renferme les genres Serpule, Sabelle , Hermelle, Térébelle et Amphietène. Les auteurs plus anciens , tels que Muller, Bruguière, elc., ne faisaient des cinq genres cités ci- dessus qu'un seul grand genre, sous le nom d’Amphitrites, On verra, à l article Tusr- cozEs, comment Guvier a débrouillé cette syno- nymie. Pour mous, qui suivons la méthode. de ce célèbre zoologiste, nous conservons le nom d’Am- phitrite aux annelides dont les caraclères ont été exprimés plus haut; et nous allons encore em- prunter à Guvier les caractères des deux divisions qu’il forme dans ce genre: Les Amphitrites de la première division se AMPH 0: composent des tuyaux paronnétricistnentitesitesectionrditennmusenl lcemmesene:émuyotl Er eee en forme de cônes réguliers , qu’elles transportent avec elles, Leurs puilles dorées forment deux peignes dont les dents sont dirigées vers le bas. Leur intestin , très-am- ple et plusieurs fois replié, est d’ ordinaire plein de sable. Les espèces de cette division forment le genre Pecrinaire de Lamarck, qui correspond à celui d’AmPmicrëne de Savigny. Cuvier range dans celte division l’AmrniTRiTe poRÉE, Æmphitrite auricoma belgica, Gmel, Pallas, etc., dont le: tube , de déve pouces de long, est formé de pe- tits grains ronds de diverses couleurs ; ses peignes sont ( composés chacun de treize paillettes étroites. pointues ét resplendissantes comme de For. On la trouve dans toutes nos mers ; elle se tient sous les pierres. La mer du Sud en produit une espèce plus grande (4mph. auricoma capensis , Pallas), dont le tube, mince et poli, a l’air d’être trans- versalement. filbretux. let. formé |de quelque: subs- tance molle et filante , desséchée. Les Amphitrites de la: seconde division habitent «des tuyaux factices fixés à divers corps; leurs: pailles dorées forment sur leur tête plusieurs cou ronnes concentriques ; d’où résulte un opercule qui bouche leur tuyau quand elles se contractent; mais dont les deux parties peuvent s’écarter: Elles ont un cirrhe à chaque pied; leur corps se ter - mine en arrière en un tube recourbé vers la tête, sans doute pour émettre les excrémens. Cette division correspond au genre Sabellaire de La- marck, auquel Savigny a donné le nom d’Her- melle, L'espèce principale de cette division est l’'AmPmiTRiTe A RUCHE , Amph. alvéolata ( Sabel- la alveolata , Gmel.), que Linné et Ellis ont ran- gée dans les polypiers sous le nom de Zubiporæ arenosa, Ses tuyaux, unis les uns aux autres en uné masse compacte, présentent leurs orifices. assez régulièrement disposés, comme ceux des alvéoles des abeilles, On trouve celte espèce sur toutes nos côles, ainsi qu’une autre qui en e. Ampullaire Ë _ :AMPO 151 AMPU .€ouvert par la peau, devenue transparente au- devant de cet organe. En arrière.et sur les côtés de la tête, on aperçoit un trou elliptique garni d’une double valvule à deux lèvres verticales, ves- iige, à ce que l’on croit, de l'ouverture bran- chiale du jeune âge. Les Amphiumes ont quatre pieds:très-courts, très-distans lun de l’autre, une queue flexible, formant presque le quart de la longueur de l’animal, légèrement comprimée en dessus ; l'anus est disposé: longitudinalement ; l'on voit sur les flancs de larges. plis verticaux , comme chez les salamandres ; la peau est partout uniformément molle, lisse, mate, d’un gris noi- râtre en dessus , plus pâle en dessous. Les Am- phiumes, sont particuliers à l'Amérique septen - {rionale; on les trouve ordinairement enfoncés dans la vase des étangs, ou dans les lieux frais et humides voisins des eaux. Les habitans les ont en horreur; mais ces reptiles ne sont nullement ve- nimeux. L’on en connaît deux espèces. L’Amphiume à deux doigts (A.didactylum), de quatorze à vingt-deux pouces de long, dont les pieds n’ontchacun que deux doigts extrêmement courts. Nous l'avons figuré dans notre Aulas, pl: 16, fig. 1. . L'Amphiume à .irois doigts (4, tridactylum) , de proportions un .peu plus fortes que l'espèce précédente, aulani qu’on en peut juger par les échantillons que l’on possède; il a trois doigts à £. ce mot), que l’on dit, mais à tort, originaire de l’Indoustan, où elle a été portée dans le dix-sep- tième siècle; elle appartient aux parties équatoria- les de l'Amérique. La première mention qui ait été faite de l’Ananas et la première figure que l’on en ait publiée remontent à l’année 1578; on lestrouve au chapitre 13 du Voyage au Brésil entrepris en 1909 par un Français, Jean de Lery , de la Margelle, petit village du département de la Côte- d'Or. Gette plante, dont quelques botanistes font un genre distinct sous le nom de Ananassa sativa, fat apportée en France par lui, mais négligée dans sa culture , elle périt bientôt; elle nous est revenue de la Hollande, cent ans plus tard, et n’a müûri, à Versailles , qu’en 1754. Son port est élé- gant ; de longues feuilles vertes environnent sa tige , haute de soixante centimètres, qui porte un épi serré de fleurs violacées très-nombreuses aux- quelles succèdent des baies symétriquement ar- rangées , si pressées qu’elles semblent ne faire qu’un seul fruit, plus ou meins gros, ressemblant à un cône de pin surmonté d’une espèce de cou- -ronne de feuilles courtes , s’allongeant après la floraison , dont on se sert, aussi bien que des œil- letons , pour propager la plante. Son fruit est ex- cellent , il prend à l’époque de la maturité une . belle couleur ‘jaune-doré , et répand une odeur agréable, forte et particulière; sa chair est douce, 1 ANAR 158 ANAR fondante , parfumée d’une saveur acide très:flat- teuse : ces qualités l’ont fait rechercher detous les amateurs. On cultive avec succès l’Ananas dans les serres et les bâches à température toujours élevée ; les uns le tiennent sur une simple couche de feuilles de chêne et de châtaiguier de dix à qua- torze décimètres de haut : cette couche demande beaucoup moins d’eau que letan, aussi le fruit y devient plus savoureux; les autres sollicitent la végétation en introduisant la vapeur sous les raci- nes; la vapeur agit puissamment, mais on n’a que des fruits très-gros et aqueux. L’Ananas redoute l'extrême humidité, il lui faut de l’air , des arrose- mens modérés, une terre préparée depuis long- temps et des soinstout particuliers. On connaît plusieurs variétés du Bromelia Ananas: Ananas à feuilles panachéss, à fruit blanc , à fruit rouge, à gros fruit violet , à fruit noir , à fruit en pain de sucre ou pyramidal , PA- nanas rond ou pomme de reinette. Une espèce nouvelle que l’en cultive dans quel- ques jardins , est l’Ananas aux bractées cramoisies , B. bracteata. C’est une plante magnifique. ANANAS DES BOIS ou sauvage ; Bromelia pinguin Lin. que Jacquin appelle 7illandsia lingulata.Nous en donnons une figure dans notre pl: 18, fig. 2 Ananas-rRaisiEr. — Espèce de Fraisier ( v. ce mot) dont le fruit est gros. ANANAs-PITTE. — Espèce non épineuse. (T. de B.) ANANAS DE MER. ( zoopu. pozyp. ) C’est le nom vulgaire de lAstrée Ananas (Madrepora Ananas). (PV. AsTRée.) (GuËr.) ANANCHYTE, Ænanchytes. (zooPn. Écuin. ) Nom donné par M. de Lamurck à un soas-genre démembré du genre Oursin de Linné. (.Oursix.) (L. R.) ANAPHIE, Ænaphia. (aracun.) Genre de la famille des Holètres , dans l’ordre des Araçhnides trachéennes, établi par Say (Journ. de l’Acad. des sciences de Philadelphie, vol. 11, pag. 59), et différant du genre pycnogonon par l’absence de palpes; ce genre a beaucoup de rapport avec les Phoxichiles de Latreille , qui sont aussi privés de palpes; mais il en diffère par ses mandibules, qui sont didactyles, et par les crochets des tarses, qui sont simples. L'espèce servant de type à ce nouveau genre est l’Anaphia pallida de Say, trou- vée dans la mer qui baigne les côtes de la Caroline du Sad, sur les branches du Gorgonia cingulata. Ce genre n’a pas été adopté par Latreille; car ce savant n’en fait aucune mention dans son dernier ouvrage , le Cours d'Entomologie. (Luc.) ANARRHIQUE , Anarrhicas, (porss.) Le genre qui porte ce nom appartient à la famille des Go- bioïdes (2. ce mot); ilest voisin de celui des Blennies, auquel il ressemble par la forme du corps, mais dont il se distingue par l’absence de nageoires ventrales. Les Anarrhiques sont entièrement récouverts d’une peau lisseet muqueuse; leurs pectorales sont très-développées et offrent, comme la cau- dale, une forme presque arrondie. Des rayons | simples et flexibles soutiennent seuls la nageoïire- du dos, qui commence sur l’occiput et ne sPr-ter- mine, aussi bien que lanale, que tout près de la | queue. La bouche de ces poissons est vigoureuse- ment armée; car on y voit des tubercules osseux _ dont le sommet supporte de petites dentsémaillées, aux os palatins, au vomer et aux mâchoires, les-. quelles sont en outre garnies , sur leur bord, d’au- tres dents longues et coniques. H y a six rayons à la membrane des branchies. Leur anatomie mon-- tre qu’ils n’ont point de vessie aérienne , que leur estomac est peu volumineux mais charnu, et leur intestin court, épais et sans cœcum. - Des deux espèces qui composent ce genre, L’ANARRHIQUE-LOuP, Anarrhicas lupus Lin., fig. par B. C., pl. 74, est le plus commun, et par consé- quent le mieux connu. On le nomme vulzairement Loup-marin, Chat-marin. Bien qu'il habite de préférence les mers du Nord , il se laisse prendre souvent sur nos côtes; c’est un poisson féroce et dangereux qui atteint jusqu’à sept et huit pieds de longueur, et dont on compare la chair, pour le goût, à celle de l’anguille. Sa couleur est d’un brun noirâtre, un peu plus clair sous le ventre , avec douze ou treize bandes: verticales brunes sur les côtés du corps. On as- sure de ce poisson qu’il grimpe contre les écueils, en s’aidant de ses nageoires et de sa queue, d’où le nom d’Anarïhicas , qui veut dire grimpeur, que Gesner lai a le premier donné; les Islandais le conservent séché eb salé: sa peau est aussi em- ployée par eux à divers usages, et son fiel leur tient lieu de savon. La seconde espèce est d’une moins grande taille, C’est le PErIT ANARRHIQUE , Anarrhicas minor, que Olafsen a fait connaître dans la relation de son voyage en Islande. (G. B.) ANARNAK , Anarnacus. (waxww.) Nom d’un genre peu connu de cétacés. Cuvier l'indique dans” une note (Règne animal, pag. 281), comme se rapprochant beaucoup des Hyperoodons (v. ce mot). Il a comme eux deux dents à la mâchoire supérieure; elles sont petites et se recourbent en défenses; l’inférieure en est dégarnie. IL se distin- gue des Narwals par une nageoire sur le dos, dont ceux-ci manquent. On n’en connaît qu’une-espèce que l’on pêche dans les mers du Groënland , loin des côtes, et dont la chair passe pour purgative. C’est le Mono- don spurius de Fabricius. (D. x. nr.) ANARRHINE , Ænarrhinum. (or. puan. ) Di- dynamie angiospermie. Genre établi par Desfon- taines dans la familie des Scrophulaires ou Per- sonnées, et rapproché des Antirrhinum , dont plu- sieurs espèces lui ont été rapportées. Voici ses ca- ractères : calice persistant à cinq lanières profon- des; corolle tubuleuse, munie ou dépourvue d’é: peron à la base, toujours ouverte ou sans palais proéminent; quatre étamines didynames nonsail- lantes; un seul style, un stigmate simple; une capsule arrondie , à plusieurs valves, s’ouvrant par deux trous au sommet , à deux loges polyspermes. Une espèce de ce genre, l’Anarrhinum belli- ANAS ‘difolium, est très-répandue dans le midi de la : France ;'et s’avance même jusqu'aux environs de | Paris. à Desfontaines en a découvert deux en Afrique , } | 4. pedatum et VA. fruticosum. Elles sont fi- } guréesdans la Flore atlantique. Bory de Saint- * Vincent les a retrouvées dans le midi de l'Espagne. : Arce genre serapportent deux Antirrhinum repré- . sentés tab. 144 et 180 de l’Icones de Cavanilles , | 4”. tenellum etl À. crassifolium, qui croissent : dans le royaume de Valenceet dans l’Andalousie ; enfin l’4. aquaticum de Loureiro. (G. €.) ANASARQUE. (anar. arm. ) Hydropisie ou | accumulation de sérosité dans les petits espaces qui | existent entre les flocons graisseux. Lorsque la quantité de sérosité est très-considé- -rable ,. il'en résulte une augmentation énorme du volume du corps. La peau des individus affectés ) d’Anasarque , offre une blancheur plus prononcée que dans l’état de santé; elle s’amincit de plus en plus et devient luisante, à mesure que l’infiltra- “tion augmente. Dans quelques circonstances, la distension est assez grande pour déterminer la rupture de la peau dans plusieurs points , et dans ce cas , la sérosité s’écoule en grande partie. Les causes qui déterminent l’Anasarque sont très-nombreuses et très-variables, les principales sont : l’action prolongée de l'humidité atmosphé- rique , la suppression brusque d’une transpiration abondante. On voit souvent aussi l’Anasarque sur- venir avec une grande facilité chez les enfans con- walescens d’une maladie éruptive, telle que la rougeole ou la scarlatine, lorsque par imprudence on les expose à un air froid et humide. | (M. Sr-A.) ANASPE, Anaspis. (is.) Genre de l’ordre des Goléoptères , section des Hétéromères , famille des | Trachélides , tribu des Mordellones. | Ce genre, établi par Geoffroy, ne diffère des lmordelles (v. ce mot) que par des antennes sim- ples qui vont en grossissant, des yeux échancrés et le pénultième article des quatre tarses anté- rieurs bilobé, avec les crochets des postérieurs non dentelés. 2 (A. P.) ANASTATIQUE. (sor. Pnan.) La petite plante vulgairement connue sous le nom de Rose na Je- richo, et appelée par les botanistes Anastatica hierochuntina , est une crucifère annuelle, quel- quefois bisannuelle de la Tétradynamie siliculeuse, que les vents de l'Afrique arrachent au sol sablon- neux et aride de l'Egypte, de la Syrie et de la Palestine , pour en rouler les débris à l’embou- chure des fleuves qui se perdent dans la Méditer- ranée. Sa tige rameuse, garnie de feuilles oblon- gues , est terminée par des épis de fleurs.blanches; dès que la graine a atteint l’époque de la maturité, œette plante se pelote et se dessèche; mais à peine se trouve-t-elle transportée sur une terre humide ou arrêtée aux bords des eaux, elle reprend Sa forme première, les racines s’accrochent au | Sol, les rameaux s'étendent, de nouvelles feuilles baissent, de nouvelles fleurs s’épanouissent, une seconde végétation s’accomplit entièrement, On % 199 ANAT place l’Anastatique au nombre des plantes hygro- métriques; même lorsqu'elle est vieille et sèche , elle à la propriété de se dilater et de s'étendre, ou de se resserrer, suivant que l'air libre est hu- mide ou sec. Ses graines arrondies s’attachent à la terre aussitôt qu'elles s’échappent de la silicule globuleuse qui les contient, et y germent bientôt. En mettant tremper la tige de l’Anastatique dans un verre d'eau, l’on obtient le même phénomène que lorsque la plante se fixe sur un sol humide, avec la seule différence que la sorte d’épanouisse- ment de ses rameaux desséchés n’est autre chose que l’expansion des rameaux devenus souples, qui rappelle le calice frangé de la nigelle des jardins ou de la rose mousseuse, L'expérience peut être répétée plusieurs fois avec la même plante. Nous l’avons fait représenter à l’état sec dans notre Atlas , pl. 19, fig, 1. T. de B. ANASTOMOSE. (anar.) Mot employé pour indiquer un abouchement, une communication qui existe naturellement entre deux vaisseaux. Les artères s’anastomosent en formant des arcades ou en se joignant à angle aigu, soit entre elles, soit avec les dernières radicules des veines; le réseau inextricable qui en résulte est connu sous le nom de Système capillaire. Lenombre des Anastomoses est d’autant plus grand que les vaisseaux sont plus petits. Le but principal des Anastomoses est de suppléer aux obstacles que les liquides peuvent éprouver dans leur cours. Lorsque l'artère prin- cipale d’un membre,’par exemple, est obstruée ou liée, on voit les Anastomosesentretenir la circula- tion dans le membre, et remplacer ainsi la fonc- tion du tronc principal. Les Anastomoses des veines sont en général plus fréquentes que pour les artères, mais présen- tent à peu près la même disposition. Les Anastomoses des vaisseaux lymphatiques, dans lesquels circule la lymphe ou liquide blanc, sont très-nombreuses, Ce troisième ordre de vais- seaux diffère des précédens par la forme de ses parois et la disposition particulière de son cali- bre. On peut comparer les vaisseaux lymphatiques à une traînée de grains de raisin placés bout-à-bout et toujours dans le même sens, ce qui forme une espèce de chapelet alternativement renflé et res- treint à des distances égales, On a aussi donné ls nom d’Anaslomose à Ja réunion des bronches et des filets nerveux entre eux, bien qu'ils n’aient point une cavité aussi évi- dente que celle des vaisseaux. (M. S. A.) ANATASE. (min.) Voy. TiTANE ANATASE. ANATIFE, Anatifa. (mozr.) Genre de coquilles créé par Bruguière et figuré dans l’ Encyclopédie méthodique, pl. 85, n° 6. Ge genre, adopté par Lamarck dans son Hist. des animaux sans vertè- bres, vol. 5, p. 402, appartient à la famille des Cirrhipèdes pédonculés et présente les caractères suivans : coquille composée de cinq valves, deux de chaque côté et la cinquième sur le bord dorsal; ces valves sont réunies par une membrane qui les borde et les maintient, Dans la coquille fermée, ces mêmes valves sont rapprochées en forme de ANAT cône aplati, lequel est soutenu sur un pédicule tubuleux, tendineux , flexible , susceptible de s’al- longer et de se contracter. Sa base est fixée sur différens corps marins. C’est à l’aide des divers mouvemens que l’animal imprime au tube qui le soutient qu’il se procure les alimens dont il a be- soin. Poli, dans son Aist. des testacés, a décrit etfiguré ce singulier animal, auquel il donne douze paires de bras et une bouche armée de deux paire ‘de mâchoires. : Les espèces qui constituent ce genre sont en général peu nombreuses, et comme elles s’atta- chent souvent à la cale des navires, il est probable qu’on les retrouve dans toutes les mers. Lamarck n’en décrit que cinq espèces, dont voici les noms: Anatifes lisse ( #. la fig. que nous en donnons, pl. 19, fig. 2), velue, dentelé, striée et vitrée. Quelques unes de ces espèces se mangent, et ce qui paraîtra saus doute étonnant, ce sont les ver- tus aphrodisiaques qu’on leur attribue. (}'oy. Cir- RHOPODES. Depuis la rédaction de cet article, notre colla- borateur, M. Martin-Saint-Ange , a présenté à l’a- cadémie des sciences un mémoire étendu sur les Cirrhipèdes. L'examen complet qu’il vient de faire des divers systèmes organiques de ces animaux, établit d’une manière positive que les Anatifes sont de véritables animaux articulés, offrant des rap- ports avec les Annelides, et liés, d’une manière beaucoup plus intime encore, avec les crustacés inférieurs. D’après cela, les Anatifes formeraient le passage naturel des Annelides aux Crastacés, et des Cirrhipèdes en général formaerient une classe distincte que M. Martin-Saint-Ange se propose de désigner sous le nom de classe des Crrnuré- DIENS. (V’oy. ce mot.) (Ducr. ) ANATIFÈRE ou Coxque awarTirÈREe. (mozr.) Dé- nomination vulgaire des différentes espèces d’Ana- tifes, et particulièrement de l’Anatife lisse. (Ducr.); ANATINE, Anatina. (mozr.) CGoquilles bivalves fort recherchées des naturalistes, dont Lamarck a faitun genre dépendant de la famille des Myaires, de la classe des Lamellibranches. Les caractères qui lui sont assignés le distinguent facilement des myes. Ces coquilles sont transverses, subéqui- valves, toujours bäillantes, soit aux deux côtés, soit à un seul, Elles ont une dentcardinale nue, élargie en cueilleron, saillante intérieurement, insérée sur chaque valve et recevant le ligament ; une lame ou une côte en faux, adnée, obliquement courantesous les dents cardinales dans la plupart.’ Les coquilles dont ce genre est composé sont assez rares et conservent un prix fort élevé dans le commerce ; la plus grande partie habitent les ‘mers australes. Lamarck n’en décrit que dix es- pèces, parmi lesquelles nous citerons : 1° L’Ana- TINE LANTENNE, A. lanterna, figurée dans Chem- nitz, Gonch. XI, p. 175, vign. 26. Gelte espèce, très-fragile, est globuleuse et translucide; 2° l'A- NATINE SUBROSTRÉE, . subrostrata, dont nous avons donné-une figure dans l’atlas de ce Diction- naire, pl. 19, fig. 3. M.} Cuvier, dans une nete du 35° volume de son Règne animal, pag. 155, ‘160 ANAT donne le nom d’Anatina hispidula à une espèce curieuse , couverte de petites épines, que Savi gny a figurée dans les belles planches de l’Expé-= dition d'Egypte, et qui a été reproduite par M. Guérin , {conographie du règne animal, Mo lusques, pl.3, fig. 3. (Duce.} ANATOMIE, Ænatomia, et Anatomeen gree qui veut dire couper dedans ou parmi. Dans sont acception la plus étendue , l'Anatomie, science de l’organisation, a pour objet la détermination des formes , du nombre, des rapports , de la struç: ture et de la nature des organes, soit dans les anë maux , soit dans les végétaux. L’Anatomie qui embrasse la série des êtres organisés, celle qui généralise les résultats de son observation, et q en déduit les conséquences rigoureuses , a été dé signée sous le nom d’Anatomie générale, trans cendante où philosophique. Cette Anatomie premier ordre, présente une admirable uniformité de plan au milieu de la prodigieuse diversité des êtres. La nature, assujettie à des procédés cons tans, se répèle dans tous ses actes et se repro: duit dans toutes ses opérations, en variant toutes fois ses résultats. Elle nous fait voir que la forma tion des organes est graduelle et successive, que ces organes sont d’autant plus fractionnés qu'ils sont plus près de leur formation; que la juxta position des matériaux d’abord isolés, ou l’addi tion de couches nouvelles sur des couches déjà existantes, est le mécanisme primitif de leur a croissement ; enfin que les matériaux, des organes se comportent en s’unissant comme si une aflinilé d’un genre particulier présidait à leur arrangement: Chaque tissu organique , chaque partie d’organe dirige vers la partie et le tissu qui lui est homo gèncet ne s’unit qu’à elle, ce qui produit la fusion des organes de même nature lorsque ceux -ci peum vent se rencontrer. Ce principe, si fécond en ob servalions, élablit sur des bases plus certaines 1 cause du développement des anomalies et des monstres (w. ces mots). | L’Anatomie qui s’occupe des animaux seulemer (Anatomie animale) se divise en Anatomie général ou zoologique,et en Anatomie spéciale ou parti culière. La première étudie comparativement 1 même organe dans les diverses espèces d’animaw qui l’ont recu, y trouve des parties constantes d’autres accidentelles, et en déduit des consé: quences physiologiques. Cette Anatomie a recu k nom de comparative ou d’'Anatomie comparée. seconde s’occupe d’une seule espèce , c’est l’Ana tomie spéciale, qui prend le nom d’Anatomie X maine lorsqu'elle s’applique à l’homme, d’Anato mie vétérinaire lorsqu'elle s’applique aux animaut domestiques. 4 L’Anatomie humaine présente deux grandes dë visions : tantôt elle étudie les organes sains , c’esl Anatomie physiologique; tantôt elle étudie les“ organes malades , c’est l’Anatomie pathologique Lorsque l’Anatomie s’occupe de toutes les qua lités des organes qu’on peut observer sans les dixis 4 ser, elle prend le nom d’Anatomie des formes et des connexions, généralement appelée Anatomie € É Pi 19 Lai { Z da A t 1 Anastatique 2 Anatife 3, Anaune 4 Ancyllare. £ Gueren. du: #3. | 2 ANAT 161 ANAT 0 descriptive; et lorsqu'elle s'occupe de la texture proprement dite ou des élémens organiques com- posant les formes, elle est désignée sous le nom d’'Anatomie de texture. L’Anatomie descript've apprend le nom des or- .ganes (ou la nomenclature anatomique) , leur “nombre, leur classification , leur: situation absolue - ou relative , leur direction , leur volume , leur cou- | leur, leur consistance, leur pesanteur absolue ou spécifique, leur figure , leurs régions et leurs rap- ports. * : L’Anatomie qui comprend les corps en masse, celle qui les divise en régions, qui décompose chaque région en couches successives et qui en éta- blit lesrapports divers, estnommée topographique - chirurgicale ou des régions. Elle devient indispen: sable aux médecins comme aux chirurgiens,étant | esurtout d’une grande utilité pratique pour ces derniers. À l’Anatomie des formes et des connexions se “rapporte l’Anatomie des peintres ; elle est basée sur les principales proportions da corps de l’hom- -me adulte; et sur les formes extérieures qui le composent. Par proportions, on doit entendreici l’étendue relative des diverses parties du corps. Sous ce rap- * port l’homme offre un grand nombre de différences chez les divers individus; néanmoins il y a des ‘ limites à ces variations, et l’homme adulte bien constitué se rapproche quelquefois da beau idéal > qui dirige si souvent les peintres. Pour eux la tête se divise en quatre parties : la première s’étend du sommet à lanaissance descheveux, au dessus dumi- lieu du front; la seconde, depuis ce dernier point jusqu’à la racine du nez entre les yeux; la troi- -sième, depuis la naissance du nez jusqu’à sa base, ou à l’ouverture des narines; la quatrième , de- puis ce point jusqu’au bas du menton. La tête d’un homme adulte, par sa hauteur, fait la huitième partie environ de celle de tout le corps. Il est rare cependant de trouver ces propor- tions chez un grand nombre d'individus ; aussi les “peintres y apportent des modifications nécessaires et variées , suivant leur goût ou suivant certaines circonstances qui font préférer telle proportion à telle autre. La première division de la hauteur du corps comprend la tête elle-même; la seconde corres- pond au mamelon; la troisième à l’ombilic; la quatrième aux organes de la génération; la cin- quièmeé s’élend jusqu’au milieu de la cuisse; la “inférieur de la rotule; la septième correspond au -milieu de la jambe, et la huitième se termine à la plante du pied. : La tête a , dans son diamètre transversal, qui correspond immédiatement au dessus des oreilles, - les trois quarts de sa hauteur totale. Le grand dia- “mètre antéro-postérieur, ou son étendue d’avant ven arrière, est à peu près égal à celuide la hauteur, - quelquefois un peu plus, de manière que cette “première parlie ou division du corps de l’homme, vue de côté , peut être renfermée dans un carré, Tour I. sixième va jusqu’au genou et au niveau du bord. Rx Live aison. De telles proportions, quoique fort simples, of- frent cependant une lête qui ne manque point de beauté. La face comprend la moitié antérieure des côtés de la tête; l’oreille et la saillie du derrière de la tête prennent à peu près toute la moitié pos- térieure. L’oreille s'étend ordinairement du niveau de la base du nez jusqu’au dessus de l'angle interne de l’œil : elle a un peu moins d’étendue en lar- geur. La saillie de la tête, par derrière, ne paraît pas descendre plus bas que le niveza du conduit au- ditif; aussi l’échancrure qui lui succède et la sé- pare du cou se montre-t-elle un peu plus élevée que le bout de l’oreille. Le cou offre à la partie supérieure une largeur égale à la moitié de l’étendue totale de la tête : la même proportion, à peu près, s’observe sur les côtés lorsqu'on regarde le profil de la face. Enfin la hauteur du cou, quoique très-variable, a ordi- nairement un peu moins de longueur que sa largeur prise à la base du crâne. Les diamètres de la poitrine varient beaucoup suivant les points où on les mesure. Depuis la fos- sette du cou jusqu’au creux de l'estomac, il y a environ la même longueur que présente la hauteur de la face. Sur les côtés la poitrine descend jus- qu’au sillon du flanc ; en arrière elle a une éten- due égale à une tête et demie. L’épaule, en la mesurant depuis son bord supérieur, qui com- mence presque au niveau de la clavicule, jusqu’à l'angle de l’omoplate, qui correspond au niveau du bord inférieur de la mamelle, a la même étendue que la tête. Une égale distance sépare l’angle in- férieur de l’épauke de la crête osseuse de la hanche. La largeur de la poitrine ou du torse, à partir du sommet d’une épaule au sommet de l’autre, est de deux têtes ; il y a la moitié de celte éten- due , ou une tête , d’un mamelon à l’autre, et une tête et demie d’une aisselle à l’autre. L’épaisseur de la poitrine est d’environ une tête et un quart, depuis la surface antérieure de la mamelle, jus- qu’à la surface postérieure de l’épaule. Au reste, les proportions de cette région du corps sont peut-être les plus variables de toutes celles que l’on a établies, surtout si l’on cherche à les retrouver chez la femme ; car chez elle l’usage des corsets nuit au développement de la poitrine et aux libres fonctions de la respiration et de la circu- lation. Cette difformité dutorse, que l’on contracte malheureusement dans le jeune âge , devient sou- -ventfuneste parlasuite, lorsquesurtout à cette cause toute mécanique se joint ane mauvaise disposition acquise, pour ainsi dire, en naissant. Il serait bien plus convenable alors de s’occuperà modifierla con. formation de la poitrine par des moyens de gym- nastique , moyens en général précieux pour favo- riser le développement des organes musculaires à et si utiles dans le jeune âge pour corriger les dé viations des os. C’est ainsi qu’en cherchant à favo- riser et à produire une heureuse conformation de la poitrine, au lieu d’en empêcher le dévelop- 21 ANAT pement par l'usage des corsets, on pourrait espé- rer de restreindre :un peu le cadre :si vaste: des -maladies de poitrine. Après cette courte digression , qui peut-être sera profitable à quelques personnes , nous allons contiauer à indiquer les autres proportions du corps. | Le ventre a, sur la ligne médiane et depuis le creux de l’estomac jusqu’au pubis, une tête et demie; sur les côtés , dans la région des flancs, un quart de celte étendue; une tête et un quart dans la région des reins , et une têle et un quart envi- ron de largeur au niveau da sillon des flancs. Le bassin a une tête et demie de largeur au ni- veau de la hanche, comme la poitrine au dessous de l’aisselle , et une tête au moins d’épaisseur au niveau du pubis. Le bras a une tête et un quart depuis le sommet.de l'épaule jusqu’au pli du coude; une tête depuis ce dernier point jusqu’au dessus du poignet , et autant de là jusqu’au bout du doigt du milieu. Les membres supérieurs descendent jusqu’au milieu de la cuisse; le dessus du poignet correspond à la hauteur de la hanche , et le coude se trouve sur la même ligne que l’ombilic. La cuisse. a trois quarts de la hauteur de la tête dans sa partie la plus volumineuse , qui se trouve im- médiatement au dessous de la hanche. Le mollet a une demi-tête, et le pied une tête de longueur. L’Anatomie des peintres ne se borne pas à con- naître toutes les proportions du corps; elle s’oc- cupe aussi de la forme que présentent toutes les divisions qu’elle a établies. C’est d’après ces formes arbitraires et idéales que les peintres exécutent des morceaux d’ensemble et d’une beauté rare quelquefois. Ce principe s’applique surtout aux peintures grecques ; car il paraît bien certain'au- jourd'hui que l’angle facial, que le nez droit, pres- que perpendiculaire, que les yeux profondément enchâssés dans leur orbite, etc., sont des dispo- sitions et des formes exagérées, et purement de convention. Pour terminer ce qui nous reste à dire de géné- ralités sur l’Anatomie animale, et avant de passer à celle des végétaux , il doit être question de l’Ana- tomie de texture. Gette espèce d’Anatomie ne s’arrête plus aux qualités extérieures, aux surfaces, aux nombres et aux rapports des organes ; elle s’attache à con- naître leur cohésion, leur substance et les élémens organiques qui entrent dans la composition d’un organe , les proportions et le mode de combinai- son de ces élémens. Mais pour parvenir à1la déter- mination de cette texture , il ne suffit pas d’obser- ver les organes développés , il faut encore les ob- server se développant, et les suivre à ‘travers les diverses métamorphoses qu’ils subissent. On sub- stitue de cette manière à l'analyse parle scalpel celle qui est toute préparée par la nature; méthode féconde en découvertes , et la seule peut-être qui puisse guider sûrement l’anatomiste. Aristote ; qui avait envisagé l’Anatomie sous ce point de vue ‘élevé , disait avec juste raison que les animaux :se ressemblent d'autant plus qu’on les observe à une x62 “époque plus rapprochée de leur formation. .Gelte idée a été reproduite par Gamper, qui avança que ANAT le fœtus humain passait successivement par les états de poisson , de reptile ,.de mammifère ,. idée de nos jours si accréditée, Pourtant,sans chercher à infirmer les faits amis par quelques anatomistes, il me semble qu'il faut se tenir en garde contre certaines théories dont le merveilleux plaît à l’es- prit et l’égare quelquefois, L'existence des bran- chies chez l’homme, les mammifèreset lesoiseaux., admise sans doute par analogie, a dû certainement séduire les-observateurs de la nature , et cependant ces prétendues branchies ne sont que des replis de la peau du cou ou.des fissures de celle-ci, n’a- boutissant à rien de vasculaire, à rien -qui res- semble aux branchies , pas même à celles des ani- maux les plus inférieurs dela série des êtres. En passant à l’Anatomie des végétaux , nous voyons qu’elle nous offre moins de complications et de variations que celle des animaux, Un seul tissu élémentaire, composé de lamelles diverse- ment combinées, forme:la base de tous les organes” des plantes. Ge tissu lamelleux en présente. deux secondaires, savoir : le tissu cellulaire ou -aréo- laire , et le tissu vasculaire ou tubulaire. Le pre- mier se compose de pelites cellules, contiguës les unes aux autres , et présentant une ressemblance assez marquée avec les alvéoles des abeilles; nie. On la trouve dans nos départemens du midi, en Espagne et en Ilalie. Elle monte à quarante et soixante centimètres. Son odeur est forte et néan- moins assez agréable, songoût âcre et piquant, Ses graines servent dans Ja cuisine, à mariner:les viandes, à apprêter les végétaux insipides; on en exprime une huile essentielle, autrefois très-re- cherchée dans la médecine et surtout par les gla- diateurs, à cause dela propriété qu’onlui attribuait d'augmentersingulièrement les forces. Les semen, ces seules entrentaujourd’hui dans le domaine phar- maceulique: les confiseurs les emploient en guise d’Anis (voy. ce mot), Les anciens Romains se couronnaient d'Aneth dans leurs festins; celte plante était pour eux le symbole de la joie. . CE MrBe:) ANEVRYSME. (axar. paru.) Ou désigne spé- cialement par ce nom une tumeur produite par la dilatation d’une artère , qui offre des battemens analogues à ceux du pouls, On à aussi appelé Anévrysme la dilatation des diverses cavités du cœur. Les causes des Anévrysmes sont fort nombreu- ses, el sont, difliciles à déterminer. Cependant les professions mécaniqnes qui nécessitent des efforts violens, comme celles de porte-faix , de crieurs publics, etc., l’abus des liqueurs alcooliques, les passions vives, la colère , et toules les causes qui activent la circulation, peuvent donner lieu aux Anévrysmes. Les contusions, les tiraillemens portés sur les artères, les blessures, la dénuda- tion de ces vaisseaux, et surtout le virus syphili- tique, déterminent aussi la formation des Ané: vrysmes. Quant à leur traitement, il varie beau. coup , et suivant la cause qui les a produits. (M. S. A.) ANGE, Squatina. (pois.) Ce .genre, l’un de ceux de la famille des Plagiostomes, a été établi par M. Duméril; il semble lier les Squales aux Raies; car, s’il conserve encore la forme allongée des premiers, il a, comme les secondes, le corps déprimé et les yeux verticaux. Les pectorales sont larges, elles présentent eu avant une forte échancrure, au fondde laquelle s’a- percoivent les fentes branchiales. La tête est arron- die , et la bouche fendue à son extrémité, et non en dessous, comme dans les squales et les raies, Ces poissons ont desévents et manquent de na- geoires de l’anus, caractère qui leur est encore commun avec certains squales. Les deux dorsales naissent en arrière des ventrales , et sont fort rap- prochées l’une de l’autre. Des trois espèces actuel- lement connues, qui appartiennent à ce genre, deux se pêchent sur nos côtes: l’une , Squatina Angelus Guv.;Squalus Squatina, Lin, Bl., pl.116, arrive à sept et huit pieds de longueur; toute la partie supérieure de son corps est couverte d’une peau extrêmement rude et d’un gris roussâtre, Le mâle, comme celui de la raie ronce, a de pe- tites épines au bord des pectorales. L'autre, Squatina aculeata, Dum., porte le long du dos une rangée de fortes épines. C’est Ange 2. Angelique J.Ançgusture Je Cueru di ANGL fit ANGL cetté espècé que nous avons fait représenter dans notre Atlas, planche or, fig: 1. La troisième habite les mers de l'Amérique septentrionale ; elle a été découverte par M. Le- sueur, qui l’a dédiée à M. Duméril, Squatina * Dumerili , Lesueur., Acad. sc. ; Philad., tom. T, pas. X. (G. B.) ANGÉLIQUE, Angelica. (por. pnan.) Genre de Ia famille dés Ombellifères, Pentandrie digynie de Linné , caractérisé par ses pétales lancéolés, recourbés, et par son fruit évoide , éontenant deux graines relevées de cinq côtes ; l’involucre a d’une à cinq folioles, quelquefois il est nul; l’involu- celle en a jusqu’à huit. Toutes les Angéliques sont bisannuelles ou vivaces, leurs feuilles sont grandes, souvent deux fois ailées, les ombelles à rayons nombreux, étalés, les ombellules globuleuses. Des neuf ou dix espèces décrites, la plus belle - ét la plus intéressante est l’Angelica archange- lica, indigène en France et dans le nord de l’Ea- rope; la culture a doublé-ses propriétés aromati- ques et médicales; ses tiges, confites dans le sucre, font des conserves très-recherchées; sa racine , dont on tire une liqueur spiritueuse, est employée comme diurétique; ses feuilles peuvent être utiles à l’hygiène de la bouche; enfin ses ne S réduites en poudre, sont vermifuges. ’estsurtout dans la ville de Niort , que se prépare PAngélique da commerce; il y a plus de trois cents ans qu’elle y est cultivée. Nous avons fait re- Eer cetleplante dans notre Atlas, pl. 21, igare, 2. L’ANGÉLIQUE SAUVAGE (A.sylvestris) a les mêmes ualités à un degré inférieur; elle est commune qans les endroits marécageux. On donne le nom d’Angélique à une variété de poire, à une espèce d’Aralie , et à la Podagraire. GEL y> ANGIOSPERMIE. (8or. Pnan.) C’est, at la classification de Linné, le second ordre desa 14° classe; il comprend toutes les plantes qui, avec quatre étaminés didynames ont leur graine en- fermée dansune capsule; telles sont les scrophulai- res, la digitale , les bignones , etc. (L.) ANGIOLOGIE ou Ancfioroci£, Angiologia où Angeiologia. (Anar.) Partiede l’anatomie qui traite des vaisseaux, Elle comprend l'étude des artères (Ærtériologie), celle des veines (PAlébolo- ie), et celle des vaisseaux lymphatiques ({ngio- drologie), | (M. S. A.) ANGIOTOMIE ou Axcrtoromre. (awar.) An: Siotomia, dissection des vaisseaux. Presque inu- Silé. (M. S. A.) ANGLE FACIAL. (anar. zoo1.) Deux lignes idéales , dont l’une descend du point le plus sail- Jant du front au bord des dents incisives supé- rieures , et dont l’autre doit être tracée du con- duit auriculaire à ce dernier point, forment par leur réunion un angle auquel on a donné le nom de facial. Le degré d'ouverture de cet angle, en donnant la proportion relative du crâne et de la face, peut indiquer d’une manière assez exacte le déveleppement plus où moins considérable de l'intelligence chez l’homme et les’ divers animaux, Campér fut le premier qui fit lapplication de cette donnée mathématique : en partageant par lem- liéu un asséz grand nombre dé têtes d'hommes et d’animaux quadrapèdes, il découvrit que l’em- placement des mâchoires supérieure et infériearé était la: cause naturelle des innômbrables variétés que l’on remarque dans les physionomies. En rap- | prochant des têtes d'Européens, de nègres, de singes , il S’apérçut qu’une ligne tirée da front à la lèvre supérieure , non seulement rendait compte de la différence de leurs traits, mais encore dé- montrait une grande analogie entre la têté du nègre et celle du singe. Ainsi, après avoir tracé quelques unes de ces têtes sur une ligne horizon- tale, il y ajoutait les lignes faciales des visages avec leurs angles divers; et lorsqu’il faisait incli- ner la ligne faciale en avaut , il obtenait une tête qui tenait de l’antique; en la rejetant au con- trairé en arrière, il produisait une physionomie de nègre et successivement un profil de singe , dé chien, de bécasse , à mesure que celte inclinaison était plus marquée. Il est facile de concevoir que plus le crâne aug: mente de volume, plus le front doit faire saillie en avant, et, par conséquent plus l’anglé formé par la rencontre de la ligne faciale avec la ligne de la base du crâne doit être ouvert; tandis qu’il devient, au contraire, plus aïgu à mesure que la capacité cranienne diminaé et que la ligne faciale s’incline en arrière. Dans ce calcul, il faut au reste , ainsi que le fait observer M. Jules Cloquet, tenir compte de la saillié que peuvent former la mâchoire et les dents au-delà de l’épine nasale et de l’allongement de ces mêmes parties dans le sens vertical. M. Cuvier remarque également que le développement plus ou moins considérable des sinas frontaux peut rendre le front plus saillant, sans pour cela que la capacité du crâné soit plus étendue. En laissant dé côté ces considérations de détail, nous devons indiquer ici, en thèse générale, que l’oaverture de l’angle facial diminue à mesure qu’on s'éloigne de plus en plus de l’homme, ét qu’on descend da: vantage dans l'échelle animale. Il est quelques animaux chez lesquels on voit les mâchoires s’al- longer tellement et le crâne offrir si peu de capa- cité, comme les reptiles et beaucoup de poissons, que la tête paraît formée presque entièrement de deux mâchoires horizontales , qui se trouvent sur le même plan que le crâne. Camper à trouvé que l’angle facial ést d’environ 80° dans les têtes eu- ropéennes , de 75° pour les têtes mongoles , ét 70° pour les nègres; dans l’orang-outang, cet angle n’est que de 58. Il varie donc chez l’homme d’un maximum de 100°à ün minimum de 70°; l’âge apporte aussi de nombreuses variations à ce degré d’écartement; ainsi, chez les enfans , avant le dé- veloppement des dernières molaires la ligne faciale est plus droite et l’angle plus ouvert, disposition qui explique les changemens défavorables que lé temps apporte à la beauté des énfans. Chez le vieillard, le rétrécissement des mâchoires par ANGL 172 ANGU suite de la chute. des dents, donne 99° d’ouver- tures à l'angle faêial, qui varie de 70° à 85° chez l'adulte. Les applications physiologiques de ce principe trouveront , au reste, leur place dans les recher- ches sur les diverses races, et dans l’étude gé- nérale de l’homme. (Ÿ. ce mot.) (P. G.) ANGLÉSITE. (min.) On désigne sous ce nom un sulfate de plomb cristallisant en octaèdres, qui paraissent dériver d’un prisme droit rhom- boïdal. (J. H.( ANGLETERRE. (c£ocr.) L’Angleterre occupe toute la partie sud de la plus grande île de l’Europe; elle compose, avec l'Écosse et l'Irlande , les trois royaumes qui forment le roÿfaume uni de Ja Grande-Bretagne; elle porte aussile nom d’Albion, à cause de la blancheur de ses côtes du côté orien- tal, en regard des rivages de la France. Le peu de largeur du détroit qui la sépare de l’Europe , et son peu de profondeur , ne peuvent laisser au- cun doute sur l'opinion , émise depuis long-temps, que celte île était jointe autrefois au continent. M. Desmarest, savant géographe , a publié sur ce sujet une dissertation fort intéressante, où il traite longuement cette matière , et indique les raisons qui l’ont conduit à se ranger de l’avis de ceux qui pensent que l'Angleterre fut autrefois une pres- qu’ile, ÿointe au continent par un isthme à la - hauteur de Douvres et de Boulogne. Les principales rivières de l'Angleterre peuvent se réduire à quatre, qui reçoivent divers aflluens. Ges rivières sont la Severn, la Tamise, l Humber , et la Merse. Elles ont un courant peu rapide , etcoulent dans des pays très-plats : aussi l’industrie anglaise à su en tirer parti pour former de nom- breux canaux qui facilitent les mouvemens de son immense commerce. Ces .cnaaux ont coûté à l’An- gleterre une somme de 700,000,000 fr. , et ont exigé la percée de 48 galeries souterraines , qui présentent une longueur totale de 36,910 toises. Les montagnes de celte contrée ne présentent que peu d’élévation au dessus du niveau dela mer; ce sont plutôt des pics isolés qu’une chaîne conti- nue; cependant on peut en former deux groupes principaux ; les monts Chiviot, qui séparent l’An- leterre de l'Écosse, et la chaîne centrale quiren- ‘rie toutes les montagnes du Gumberland, du Eee d'York, du Lancaster et du pays de Gal- es. Le climat de l’Angleterre est excessivement va- riable , et cetle variation peut être attribuée aux vapeurs qui s'élèvent sans cesse du sein del’Océan à l’ouest et aux vents secs qui viennent à l’est du continent oriental. L’humidité continuelle qui rè- gne dans l'atmosphère de cette contrée , entretient cette brillante-végétation qu’on trouve diflicile- ment dans d’autres pays. Mais aussi elle est cause de nombreuses maladies quise terminent en géné- ral en affections de poitrine. En définitive on peut dire que l'Angleterre a quatre mois d'été et huit mois d'hiver ; ce climat, toujours rembruni par les brouillards , joint à la grande consommation de ; . D - grosses viandes, produit chez les habitans cet es- prit sombre et mélancolique , qui est regardé par es étrangers comme faisant essentiellement partie du caractère national. L’Angleterre renferme des mines assez considé- rables de fer, de plomb et surtout d'’étain. Les mines de ce métal, situées dans le comté de Cor- nouailles , passent pour les plus riches du monde entier: elles sont placées au dessus de celles de même métal que renferment la Bohême, la Saxe et la Hongrie. | L’Angleterre possède des curiosités naturelles dignes d'attirer les regards des voyageurs. Citons ici le trou de Leak, le trou de Pool, la caverne d’Yordas et le puits de Settle. (CG. d.) ANGORA. (maw. ) On donne ce nom, et à tort celui d’Angola , à une race de lapins, de chèvres et de chats , originaire d’Angora dans la Natolie. (Guër.) ANGOSTURE. (zor. Pxax.) Même plante qu’Ancusrure. (Ÿ. ce mot.) ANGUILLE, Muræna. (vois.) Type des anguil- liformes, ce genre est aussi celui de cette famille qui comprend le plus grand nombre d’espèces. Toutés celles qui le composent n’ont point d’oper- cules visibles au dehors. Ges pièces osseuses, qu’en- tourent concentriquement les rayons branchio- stèges, sont fort petites ,et comme ces derniers, complétement cachées dans l'épaisseur de la peau. Sous celle-ci, qui ne laisse d’autre passage à l’eau qui a servi à la respiration , que de simples trous qui s'ouvrent , suivant les espèces , tantôt sur les côtés du couet fort ea arrière , tanlôt tout-à-fait sous la gorge, les branchies sont placées comme au fond d’un sac et par conséquent mises à l’abri de tout contact extérieur, ce qui permet à ces poissons, ainsi que M. Cuvier l’observe, de de- meurer quelque tempshors de l’eau sans périr.Long et grêle, leur, corps estcouvert d’une peaugrasseet épaisse dont les écailles ne deviennent sensibles à la vue qu'après le desséchement. Leur cloaque est situé assez loin en arrière du corps. À l’intérieur , leur squelette offre des côtes fort courtes, et chez la plupart on trouve des os intermusculaires. Ils n’ont point de cœcum.. Depuis long-temps divers ichthyologistes ontin- troduit dans ce grand genre r17uræna de Linné, des divisions que l’auteur du Règne animal a cru de- voir encore subdiviser. C’est ainsi que l’ouvrage de ce savant illustre nous montre des Anguilles partagées en huit sous-genres. Les ANGuiLLes PRo- PREMENT DITES, Anguilla T'humb., forment le pre- mier. Elles sont principalement caractérisées par la présence de nageoires pectorales#sous lesquelles viennent , de chaque côté, s'ouvrir les ouïes , et par leurs nageoires du dos et de l’anus qui se pro- longent jusqu’à l'extrémité du corps, où elles se réunissent en pointe, et y remplacent la cau- dale. Elles ont le corps cylindrique, la tête étroite et un peu pointue à son extrémité antérieure , les narines tubuleuses; sur les lèvres et sous la man- dibule des pores disposés assez régulièrement , et aux mâchoires, ainsi qu’au palais et aux os pha- ryngiens , de petites dents en crochets ou en ve- 20 ANGU Jours. Parmi ces anguilles proprement dites , on | distingue encore les vraies Anquizces et les Gon- GRES. Celles-là se reconnaissent à leur mâchoire in- férieure plus longue que le museau , ainsi qu’à leur dorsale, qui ne:commence que fort en arrière des pectorales: telle est l’AnaviLze comvune (Muræna Anguilla Lin, ) , espèce répandue abondamment dans toute l’Europe et qu’on trouve aussi en Amé- “rique et dans l’Inde. Tout le monde connaît ce poisson à corps souple etgluant, dont les couleurs varient suivant la qualité de l’eau dans laquelle il Lil ; ainsi les eaux limoneuses produisent des in- dividus dont la partie supérieure du corps est noi- râtre-foncé, et la partie inférieure jaunâtre, tandis que ceux qu’on pêche dans les eaux limpides pré- sentent sur le dos un beau vert olive à reflets do- rés, et sous le ventre un blanc argenté magni- dique. Les Anguilles peuvent atteindre jusqu’à cinq et six pieds de longueur. Pendant le jour elles se tiennent le plus ordinairement cachées dans la vase; mais la nuit elles vont à la recherche deleur nourriture , qui consiste en vers et en petits pois- sons. On prétend aussi qu’on en a vu s’élancer sur de très-jeunes canards qu’elles submergeaient en lessaisissant par les pattes pour les dévorer ensuite. … Mais ce qui est plus extraordinaire, c’est qu’il ‘leur arrive quelquefois d'abandonner les eaux dans lesquelles elles vivaient habituellement pour aller en chércher d’autres ; souvent à des distances \assez considérables , en rampant sur la terre à la manière des serpens. Outre le brochet , qui leur fait une guerre assi- due , elles ont encore toutà craindre des loutres ‘parmi les quadrupèdes , et des grues et des ci- |gognes parmi les oiseaux. |: La pêche des Anguilles se. fait avec des ha- carie suspendus à des lignes de fond, ou avec la seine. On en prend aussi dans des nasses et avec la fouenne. | … Quant à leur mode de reproduction, quoique rien de bien positif ne soit connu à cet égard, l'opinion la plus généralement répandue est qu’elles sont ovovivipares , c’est-à-dire que les œufs éclo- sent dans le corps de la mère. ) L’Anguille est un poisson dont la chair est, | comme chacun le sait, fort estimée. | … Les Congres ne diffèrent des Anguilles ordinai- | res que parce que leur nageoire du dos commente | très près des pectorales et même sur elles , et qu’ils | ont tous la mâchoire supérieure plus longue que !| l’inférieure. Nos mers en nourrissent deux espèces, | la première est le Goncre commun, Murœna con- | ger Lin. , qui arrive à plus de six pieds de long; la | couleur de son corps est blanchâtre ; ses nageoires »| verticales portent une bordure noire , et une suite »| de points blancs indiquent la direction de la ligne .| latérale. k E C’est un poisson fort commun pendant toute !| l'année sur les marchés de Paris , où il est connu . sous le nom d’Anguille de mer. La chair en est | peu délicate. : & | 173 ANGU La secondeespèceest le Myre, Muræna myrus, Lin. D’une taille beaucoup moins considérable que le précédent, il a sur le museau des taches fauves, et sur l’occiput une bande transversale de la même couleur. IL vit dans la Méditerranée, et est peu recher- ché pour la table. Les Opmisures, Ophisurus, Lin., ont été sé- parés des Anguilles proprement dites, parce que leur anale et leur dorsale ne s'étendent point, comme chez celles-ci, jusqu’à l’extrémité de la queue, qui resle ainsi dépourvue de nageoire , ek se termine en poincon. Ghez les Ophisures , c’est sur le bord même de la lèvre supérieure que s’ou- vre l’orifice postérieur des narines. La Méditerra- née en produit une espèce connue depuis long- temps sous le nom de SERPENT DE MER, Murwna serpens, Lin., long de six à sept pieds; il est extrêmement grêle et parfaitement arrondi; son museau est allongé et pointu, Oa lui compte vingt rayons branchiaux. La partie supérieure de son corps est brune , et l’inférieure argentée. Maintenant viennent les véritables Murknes, Murænophis, Lacép., qui sont complétement privées de nageoires pectorales, et dont les trous branchiaux s’ouvrent bien encore sur les côlés du cou, mais sont, ainsi que les opercules et les rayons branchiostèges, beaucoup plus petits que chez les espèces que nous avons examinées précédemment. L’estomac de ces poissons se montre sous la forme d’un sac fort court, et leur vessie aérienne, qui est placée vers le haut de l’abdomen , est pelite et ovale. Parmi ces Murènes, il en existe qui ne portent qu’une seule rangée de dents aiguës sur chacune de leurs mâchoires. La MurèNe HÉLÈNE, Muræna helena, Lin., est dans ce cas; c’est l'espèce que la délicatesse de sa chair a rendue si célèbre chez les anciens Romains, qui l’élevaient dans des viviers construits à grands frais sur le bord, de la mer, et en nombre si considérable que, da temps de César, ce grand homme , lors d’un de ses triom- phes , en fit distribuer six mille à ses amis. À l’histoire de cette Murène, se rattache un acte de cruauté qu’on ne saurait comment qualifier au- jourd’hui. Vedius Pollio, qui possédait un grand nombre de ces animaux, condamnait impitoya- blement à être dévorés par eux, des esclaves fau* tifs qu’il faisait jeter vivans dans la piscine. La Murène hélène est très-bien secondée , dans son naturel extrêmement vorace, par ses dents acérées , à l’aide desquelles elle fait des morsures souvent fort dangereuses , et que les pêcheurs prenneni le plus grand soin d'éviter. On en ren- contre des individus de quatre à cinq pieds de longueur , qui, le plus ordinairement , sont mar- brés de brun sur un fond jaunâtre. Quoique bien moins estimée qu’elle ne l'était autrefois, cette Murène est cependant encore au- jourd’hui un des poissons les plus recherchés sur les côtes d'Italie. Le Murénophis gris, figuré par Lacépède, pl. xxIX,, fig, 5, est un de ceux dont les mâchoires ANGU sontgarnies de deux rangs de dents aiguës, el qui | en possèdent également un au vomer. | | Nous citerons le Murénophis wmicolore:, Lac. , | Ann. mus., tom. xur,pl. xxv (Murænra Christini, Riss.), comme exemple parmi les espèces qui ont deux rangs de dents rondes ou coniques à l’une comme à l’autre mâchoire. Enfin la Soraire, | Muræna sago, Riss. , que ses mandibules longues et arrondies ne rendent pas moins remarquable que la forme de sa queue, qui est allongée en pointe très-aigué ; et chez laquelle aussi les dents sont en carde et sur plusieurs rangs. Le quatrième sous-genre est celui des Srrace- BRANCHES, Sphagebranchus, BI. Chez eux les ou- vertures branchiales sont situées sous la gorge , fort rapprochées l’une de l’autre, et les nageoires du dos et de l'anus ne deviennent apparentes que très-près de la queue. Leur estomac est un long cul-de-sac, leur intestin droit, et leur vessie aérienne allongée et étroite. Quelquesespèces sont comme les Murénophis, tout-à-fait dépourvues de pectorales. Le SpnacEBrancne A BEC, Sphage- branchus rostratus, figuré par Bl., tom. 1v, pl. 410, fig. 2 , en est un exemple, Mais on ne voit pas le moindre vestige de ces nageoires dans le Spnace- BRANCHE IMBERBE, Sphagebranchus imberbis, De- Bar. , Ann. mus, tom. xur, pl. xxv. L’an et l’au- tre se trouvent dans la Méditerranée. Les Aprericnrnes de Duméril sont de vérita- bles Sphagebranches qui n’ont aucune nageoire, L’Arrérnicumme aveucze ( Muræna cœca, De- -lar., Ann. mus., tom. xx) est la seule espèce qu’on rapporte à ce sous-genre. Les Monorrènes (Monopterus, Lacép.). Placés sous la gorge, comme chez les Sphagebranches, les orifices branchiaux des Monoptères présentent néanmoins cette différence, qu’ils ne sont séparés VPua de l’autre que par une cloison, ce qui leur donne Paspect d’une simple fente transversale. Ces poissons ont, comme les Anguilles, la dor- sale et l’anale réunies à l'extrémité de la queue ; mais ces nageoires se montrent seulement sur le milieu de celle-ci. Ils ont les mâchoiresiet les os palatins garnis de dents en cône, et leurs bran- chies offrent cette particularité fort remarquable de n'avoir que trois lames de chaque côté. La membrane branchiostèze est soutenue par six rayons. La seule espèce que l’on connaisse est le Moxoprkre sAvannais ( Monopterus javanicus , Lacép.), dont la couleur du dos est verte, et celle da ventre jaune. Il vient des îles de la Sonde. Les Synerances , Synbranchus, Bl., n’ont plus sous la gorge qu’un seul orifice, soit rond , soit longitudinal , qui est commun aux deux côtés des branchies. Ils n’offrent pas Le plus petit ves- tige de nageoires pectorales , et celles du dos et de l’anus sont presque adipenses. Ces poissons se font remarquer par la grosseur de leur tête, la- quelle se termine en avant parun museau arrondi. Ils présentent encore cette autre particularité , c’est que leurs opercules n’ont qu’une consistance cartilagineuse, tandis que leurs rayons bran- 174 chiaux, au nombre de six , sont au contraire trèst| solides ; leur estomac ne se-distingue du canalitie ANGU teslinal , qui est tout droit, que par un peu-plus d’ampleur , et leur vessie natatoire est longné et! étroite. Les Synbranches acquièrent une assez grande taille; ils sont tous originaires dés mersk des pays chauds. Bloch en a représenté deux'ese pèces dans les planches 418 et4 19 deson ouvrage; ce sont : Syrbranchus marmioratus et Synbran= chus inimaculatus. Enfin le dernier sous-genre des Anguilles est celui des Arags, lesquels ressemblent aux Syn- branches par leurs intestins et l’ouverture unique qu’ils possèdent sous la gorge , mais en diffèrent par la présence de nageoires pectorales, par le | plus de solidité de leurs petits opercules, et le nombre de leurs rayons branchiaux , qui n’est que 4 de trois de chaque côté: La mer des Indes nourrit la seule espèce qu’où rapporte à ce groupe. (G. B.} ANGUILLIFORMES, Cuv. (Poiss.) Cette fa mille compose à elle seale l’ordre des Malicopté=. rygiens apodes , qui est le quatrième de la classé des Poissons. Tous ceux qui en font partie mun< quent de nageoires ventrales ; leur corps est allongé comme celui des Anguilles, ou à peæ près, et enveloppé d’une peau épaisse, souvent très:gluante , qui laisse à peine paraître les très- petites écailles qui la garnissent. Aucun de ce# poissons ne possède de cœcum; mais chez la plupart, on trouve une vessie natatoire dont I& forme, très-variable, est quelquefois fort singulières Aux Anguilliformes appartiennent les genres suivans : AxGurzze, SancoPninyNx, GYMNOTE, Arrk2 RONOTE , Gymnarcnus, Leprocépuaze, DonzEeuté et Equirze. Foy. ces mots. (G B.); ANGUIS, Anguis. (rerr.) Appliqué d’abord à tous les reptiles ophidiens et presque synonyme du mot serpensdes Latins, cenom est aujourd’hui employé pour désigner des reptiles à corps cylin + drique dépourvu de membres apparens,mais dont # l’organisation intérieure se rapproche beaucoup de celle des lézards. Ainsi Pon trouve encore au dessous de la peau de ces animaux des vestiges d’épaules, de sternum, de bassin oudemembres pos: térieurs, consistant en un petit osselet allongé , grêle, suspendu aux apophyses transverses de la première vertèbre caudale; leur bouche est petite, à peine dilatable; l'os dela mâchoire inférieure est immédiatement articulé avec le crane: les” dents sont petites, nombreuses, simples, pres: qu'égales , serrées , comprimées, légèrement ai- guës, insérées sur la mâchoire seulement ; la lan: gue libre , courte , à peine incisée à sa. pointe ; les yeux sout petits, couverts de deux paupières inégales, l’inférieure plus grande que l’autre ; néanmoins le tympan est cachéæous la peau, et ils | ont un poumon de moitié plus petit que l’autre ; leur tête est couverte de plaques polygones et le corpsrevêtu d’écailles uniformes, arrondies äleur bordlibre , serrées, lisses, imbriquées, alternes- Les Anguis vivent de petits insectes, ilsse retirent Li ANGU * däns des terniers étroits-superficiels , ils font leurs, + petits yivans. 4 | | L'espèce principale , l’Axeuis FraGILE ( Anguis | fragilis.), est connue-dans les campagnes sous les L|moms d'Orvet, d’'Envoye et d’Aveugle, parce || que.l’on croyait jadis que les morceaux de ce rep- |tile:, lorsqu'il a été divisé, donnaient chacun nais- . | sance à un individu complet, maisque les tronçons ‘où les yeux n'étaient pas restaient privés de ces or- *| ganes, On trouve communément l’Orvet dans les -| clairières des bois sablonneux de l’Europe; il at- teint 4o à 45 centimètres de longueur ; la queue «| épaisse, cylindrique, mousse, forme à peu près | le-quart de cette étendue. , il parvient au plus à la " grosseur du petit doigt; la tête petite, courte , ter- minée par un museau oblus eb arrondi, se conti- *| tinue insensiblement avec le cou et ne dépasse pas le volume du corps. L’Anguis fragile en nais- | sant a 5 à 6 centimètres de long et sa grosseur est elle d’une plume de corbeau. Il est dans le pre- mier âge d'un blanc orgenté , irisé en dessus , | trois lignes longitudinales noires , étroites , nette- | ment imprimées, relèvent l’éelat du fond. La raie | moyenne est légèrement bifurquée sur l’occi- | put ; la coloration des parties inférieures est d’un | noir bleuâtre , uniforme. Avec l’âge, le dessus du | corps devient d’un brun fauve ou grisâtre ; les li- | gnes noires s’étalent plus ou moins,et donnent lieu | àdesiyariétés dé coloration que l’on a prises souvent | pourdesespèces, distincles ; ainsi lAnguis linearus \ et l’Anguiseryx sontde jeunes individus,et l’An- | gurs clivicus, un Anguis fragile plus âgé. L’Anguis | fragile est un reptile fort joli, tout-à-fait innocent ebinnoffensif ; sa queue se rompt facilement lors- qu’onchercheà la prendre, c’estce qui lui a fait don- | ner le nom qu'il porte. Sous le nom de Siguana, on a récemment | établi un genre particulier pour une espèce | d’Anguis qui a été trouvée en Allemagne , | et qui diffère de l’Anguis fragile par son tym- | pan visible à l'extérieur, c’est l’Anguis d'Otto, du nom de l’auteur qui l’a découvert. (Th. €.) ANGULOA. (zor. PHAn.) C’est un genre d’Or- | thidées, Gynandrie dyandrie de Linné , décou- | xert au Pérou par MM, Ruiz et Pavon ; il se com- | pose d'herbes parasites, à feuilles membraneuses, | à fleurs grandes , tachetées, de formes plus ou + moins bizarres; la sixième foliole du calice est | concave et trilobie; une espèce d’Anguloa , dont la fleur a quelquue ressemblance avec la tête d’un perroquet, porte le nom espagnol de Periquito. ( L, ANGUSTURE. (s0oT, Pran:) Sous le . bn. | gusturevraie et d Angusture fausse , on désigne | deux écorces fournies, la première par le Cuiparia febrifuga de Humboldt, ou Bomplandia trifoliata de Willedenow, arbre de l'Amérique méridionale, dont nousavons représenté un rameau, pl. 21, fig. 3 , et qui forme d'immenses forêts sur les bords de l'Amérique. Il: appartient à la famille des Rutacées de Jussieu , section des Cuspariées de quelques auteurs modernes. (7. BomrLannie et . Guspang.) Quant à la seconde , son origine est en- ANHI core hypothétique, Pendant long-temps on l’a at- tribuéeau Brucea ferruginea; oë Antidyssentéricæ de Bruce, arbre très-commun dans l’Abyssinie, et.de la famille des Térébinthacées, selon MM. Ri- chan et Virey. La fausse Angusture est l'écorce du Strychnos colubrina de. Linné , de la famille | des Apocynées deJussieu, et selon d’autres elle ap- | partient au Magnolia glauca des États-Unis, ow bien encore au Strychnos nux vomica. Quoi qu’il en soit de ces diverses opinions, voici les principaux caractères à l’aide desquels on pourra -reconnaître ces deux écorces et les dis- tinguer l’une de l’autre. Arngusture vraie : Morceaux variables dans leurs formes, leur grosseur et leur longueur ; aninceis sur leurs bords , très-fragiles, peu épais, d’une texture peu serrée , plus ou moins chargés de lichen ,.etc. ; d’une odeur désugréable, un peu animalisée , et d’une saveur extrêmement amère. Angusture fausse. Morceaux généralement plus forts, non amincis sur les bords, non fragiles, pesans, compacles , à surface grisâtre eb verru- queuse, ou couleur de rouille et non verruqueuse; inodores , très-amers, elc. L’Angusture fausse est un poison dangereux, qu’il faut bien se garder d’administrer en méde. cine. L’Angusture vraie, trop peu usilée_ aujour- d’hui, a été long-temps employée contre les fiè- vres et la dysenterie, et surtout contre la fièvre jaune. (FE. E.) ANHINGA, Plotus, Lin, (Ois.) Ge genre se distingue par son cou mince , allongé, surmonté d’une tête petite, efilée, cylindrique, portant un bec long, droit; pointu, en forme de fuseau et bar- belé vers sa pointe de fines dentelures rebrous- sées en arrière. La face et le dessous du bec sont nus. Les narines sont longitudinales, linéaires , cachées-dans une rainure peu profonde ; les ailes longues et obtuses; la queue grande et large, con- tre l'ordinaire des oiseaux d’eau; les pieds gros , courts, robustes; les quatre doigts réunis par une seule membrane, ce qui les place parmi les palmipède totipalmes, et en fait d’excellens nageurs. À terre , ils ne se traînent que pénible- ment; mais ils ont le vol élevé et soutenu, et malgré la conformation de leurs pieds, se per- chent fort bien, Aussi est-ce sur les branches les plus élevées qu’ils établissent leurs nids. Quant à l'habitude où ils sont, dit-on, d’attendre les poissons pour les saisir au passage, comme le font nos martins-pêcheurs , elle est peu vraissemblable dans des oiseaux, excellens plongeurs, et pourvus de toutes les armes nécessaires pour poursuivre , at- taquer et saisir leur proie. Ils sont défians et sau- vages, ne se laissent que très-diflicilement appro- cher, et échappent au chasseur par la rapidité avec laquelle ils plongent pour aller sortir de l’eau le bec seulement, et reprendre l’air à mille pas plus loin , et dans les directions les plus op- posées. Du reste leur chair est détestable, puis- qu’on la compare à celle du cormoran, Le trait le plus saillant de leur organisation se trouve dans la conformation du cou, qui, avec la ANI tête et le bec, est aussi long au moins que le corps et la queue, malgré l’étendue de cette dernière. Dans l’action du vol, il est tendu en avant, et forme avec la queue une ligne horizontale. Dans le repos, il est agité d’oscillations continuelles qui lui donnent une ressemblance frappante avec un serpent qui serait greffé sur le corps d’un ca- pard de très-petite taille. Les auteurs ne sont pas d’accord sur le nombre des espèces; chez toutes celles que l’on a voulu former jusqu'ici, la taille, la forme, le port, les habitudes sont identiquement les mêmes, et la distinction que l’onen a établie ne repose que sur des caractères de coloration qui sont loin d’avoir une importance satisfaisante, surtoutlorsqu'il s’agit d'oiseaux d’eau, et d’un genre peu important et peu connu, aucune des variations les plus tranchées n’excédant celles que l’âge et le sexe apportent dans des genres parfaitement connus, et paraissant pouvoir tout au plus caractériser des variétés. On trouve les Anhingas au Brésil, à la Guiane, dans les îles de la Sonde , à Ceylan et au Sénégal. Ceux de ce dernier pays (Plotus rufus) ont le cou et le dessus des ailes d’un fauve roux tracé par fais- ceaux sur un fond brun noirâtre , avec le reste du plumage noir , la partie antérieure du cou et les tectrices d’un roux doré. Quant aux autres, ils sont tout noirs au dessus du dos , sur la queue et les ailes, ou d’un brun très-foncé, pointillé ou ondé de petites taches blanches , avec le dessous du ventre blanc ( Plotus leucugaster ), où noir, (Plotus melanogaiter). C’est cette espèce que nous avons fait représenter dans notre Atlas, pl. 22, fig. 2. Chez fous, les plumes du cou sont aussi douces au toucher que du velours, soyeuses et argentées, les yeux d’un noir bril- lant avec l'iris doré, et entouré d’une peau nue. La taille commune est d’environ trente pou- ces du bout du bec au bout de la queue. On les irouve dans les grands cantons inondés, sur les bords des fleuves et des rivières, et principalement sur les petits lacs et les eaux courantes des vastes savanes noyées. (D. x.r.) ANI, Crotophaga, Lin. (o1s.) C’est sans doute une pensée aussi sage qne simple et naturelle, que de chercher dans les êtres qui nous entou- rent, quoique placés dans un degré bien moins élevé, dans les mœurs qui les caractérisent, de bonnes et utiles leçons des vertus dont la réuuion pourrait seule constituer la perfection idéale de l'espèce humaine. Aussi voyons-nous chez tous les peuples, et dans les temps les plus reculés , cette philosophie si simple, si primitive, étudiée et mise en pratique d’une manière plus ou moins heureuse , et c’est à elle que nous devons ces fa- bles si gracieuses, dans lesquelles des êtres privés de raison parlent pourtant chacun suivant le caractère que-nous lui connaissons, et prêchent souvent une morale si persuasive, si bien à portée des intelligences les plus faibles, si pleine de grâces encore pour les plus élevées, que nous ne pouvons plus, même dans l’âge le plus avancé , perdre le souvenir de ces premiers instituteurs de notre 176 qe = M US CO LI I US a e ANI enfance, ni presque parler de travail et de diffi= cultés vaincues, de fidélité, de clémence unie # la force et au courage, sans rappeler l’abeille , la fourmi , le chien, le lion ,tet tant d’autres vivans: exemples qui les premiers ont frappé nos yeux et notre intelligence. Certes! si c’est un préjugé# celui-là du moins est consolant, qui veut que læ nature , en créant l’homme , se soit proposé de réa liser la plus belle de ses conceptions, et qu’elle n’ait couronné son chef-d'œuvre en lui accordant, la raison, que pour qu’en donnant à ses facultés toute l’action dont elles sont susceptibles, il pûé concentrer en lui l’ensemble des perfections qu’elle: s'était plu à ne répandre- qu’une à une, et avec: une sorte d'économie, sur la totalité des êtres qu’elle a groupés autour de lui. 2 d Parmi ces êtres qui ont le privilége de nous apporter leur tribut d’exemples et de leçons, nul doute que l’Ani, dont nous avons aujourd’hui à parler , n’eût été cité le premier parmi tous les philosophes , si ’hémisphère qu’il habite eût été découvert trois mille ans plus tôt ; l’Ani, modèle désespérant de tontes les vertus domestiques et: sociales, et du bonheur de tous, dû au sacrifice de l’égoisme et des autres passions individuelles Nés en société les jeunes Anis contractent de bonne heure des habitudes sociales, et leur vie tout entière se passe dans celle qui les à vus naître , si des circonstances imprévues ne les forcent pas“ à en créer de nouvelles. Là, sans cesse réunis , ils" travaillent de concert à augmenter la somme de bonheur qui résulte pour chacun des efforts dem tous pour le bonheur commun, toujours sans troubles, sans haïnes ni discordes , ni aucun de ces frottemens qui entravent les sociétés les mieux organisées. De toutes les passions, la plus terrible et la plusimpétueuse, celle qui peut-être a causé dans toutes les autres sociétés le plas de ravages , l'amour, auquel ils sont plus enclins, peut-être ,» qu'aucune autre espèce, loin de pouvoir altérer em rien l’admirable harmonie qui les unit, ne fait quelui prêter une nouvelle force et l’alimenter par de nou- velles douceurs. Les mâles sont-ils en nombre égal à celui des femelles, et devons nous ranger la fidé- lité conjugale au nombre de leurs vertus ? ou bien, rivaux sans jalousie, jouissent-ils en commun des douceurs de la polygamie ? nous l’ignorons ; mais dès que les femelles sont fécondées, c’est en com- mun qu’elles travaillent à un seul nid , et c’est en commun qu’elles y pondent , souvent même avant qu’il soit achevé; c’est en commun qu’elles y couvent , si le nombre des œufs n’est pas assez petit pour qu’une seule , en s’entourant d’un lit d'herbe et de feuilles sèches, puisse suflire à ce soin. À peine éclos, les petits sont adoptés par la" société tout entière, soignés par lous avec une. sollicitude égale, jusqu’à-ce que leur âge et leurs: forces leur permettent de céder la place aux apprêts d’une couvée nouvelle. | En lisant ces détails, dont nous renvoyons aa reste la responsabilité à la masse imposante d’au - teurs qui se réunit pour les aflirmer, ne dirait-on pas un fragment de l’histoire allégorique de quel-\ que N e \ NN 0 En LES N E & 1. An 2 Anhinga Angus - Æ Cuerir dr » l + > TA À ï oo ü ANIM que colonie de sages, et pourtant c'est d’un simple oiseau qu'il s’agit, un peu plus gros qu’un geai ou un merle , de la couleur d’un corbeau ou à peu près, et de l’ordre des Zygodactyles ou Grimpeurs (v. ce mot ). Les Anis ont un bec gros, court, très-comprimé, un peu arquédès son origine, où ilest entouré de pe- tites plumes éffilées et raides, sans dentelures, avec de légères stries longitudinales , surtout à Ja mandibule supérieure. Les narines sont ovales, longitudinales et situées à la base du bec, qui est surmonté d’une crête cornée, verticale et tran- . chante. Leurs ailes sont surobtuses, les trois pre- mières rémiges étant étagées et moins longues que la sixième , et les quatrièmes et cinquièmes, étant les plus longues. Aussi la faiblesse de leur vol, court et peu élevé, les laisse-t-elle sans défense contre les ouragans, qui en font périr un grand nombre. Les pieds sont forts, les tarses longs et robustes, la queue composée de dix pennes, arrondie et autant ou même plus longue que le corps. Ces oiseaux sont indigènes des contrées les plus chaudes de l'Amérique,” où on ne les rencontre que par troupes de trente à cinquante , se serrant les uns contre les autres et faisant entendre une sorte de cri ou de piaulement désagréable. Ils ont assez de confiance pour se lais- ser approcher parle chasseur, qui les choisit et les abat àson gré; mais leur chair est détestable, et même vivans ils ont une odeur repoussante. Pris jeunes ils se familiarisent bien et apprennent à parler avec autant de perfection que les perroquets, quoïqu'ils aient la langue aplatie et terminée en pointe. Dans leur état naturel, ils aiment les en- droits découverts et n’habitent jamais les hautes futaies. Les petits serpens , les lézards , les insec- tes forment leur principale nourriture, et sou- vent on les voit, comme nos pies, aller s’abattre sur le dos des animaux pour les débarrasser de la yermine qui les ronge , habitude à laquelle même ils doivent leur nom scientifique (Crotophaga, mangeurs d'insectes ). Les femelles, plus petites que les mâles et de couleurs plus sombres, font trois couvées; leurs œufs sont sphériques , et d’un assez beau vert-bleuâtre après qu’on a débarrassé leur surface d’une couche calcaire assez épaisse. : On en connaît trois espèces, dont les deux pre- mières habitent constamment les mêmes contrées sans se mêler jamais. \ LAxipes pacËTUvIERS, Crotophagamajor, grand comme un geai, à pennes d’un vert foncé noirâtre, chaque plume est terminée par un liscré irisé violet, ou vert brillant, 1 L’An: Des SAvANES, de la grosseur d’un Merle, d'un plumage plus brun et à reflets moins bril- lans. ay . Enfin, M: Lesson en a fait connaître une autre espèce sous le nom d’Axr pr Lascases; il vient de Lima, et nous l’avons fait représenter dans notre pl. 22, fig. 1. Son plumage est d’un noir- bleu ; sur la joue, au dessous de l'œil, se voit une plaque rouge. D. R. Y. ANIMALCULES ( zoor. mine. ). Expression em- Tone I. 127 0 - Terres , Oxides métalliques , Sels," XXIIT: Livraison. 23 ANIM ployée comme diminutif d'animaux, pour dési- gner toutes les petites espèces qu’on ne peut aper- cevoir qu'à l’aide du microscope. ( Foy. Inru- SOIRES ). (Guér.) : . ANIMALES ( sugsrances). ( cm. ) On désigne ainsi toutes les parties des animaux , ou tous leurs produits, soit naturels, soit chimiques. Parmi ces substances, qui toutes ont pour principes l’a- zote, l'hydrogène, le carbone, l'oxygène, les unes , très-abondantes , sont connues sous le nom générique de graisses; les autres, jouissant des propriétés des acides, sont appelées acides ani- maux ; enfin il y en a qui ne possèdent ni les qualités des graisses , ni celles des acides , qu’on a nommées neutres, et une quatrième section ren- ferme les matières dites salines ou terreuses. Quelques unes des substances dites animales étant déjà décrites, et les autres devant l'être dans leur ordre alphabétique , nous nous conten- terons d’énumérer ici, chacun dans leur section, ces différens produits de la nature. Dans la première section , celle des graisses, se trouvent : le sain-doux , axonge ou graisse de porc ; le beurre, l'huile de pied de bœuf, Yhuile de poisson, le blanc de baleine ou cétine, l’adipocire ou gras des cadavres. Tous ces différens corps ont été ramenés , par M. Ghevreul, à cinq princi- paux, qui constituent tous les autres; ce sont : la stéarine, l’élaine, la cétine, la cholestérine et la butirine. Dans la seconde, ou acides animaux, sont les acides amniotique, butirique, chloro-cyanique , cholestérique, delphinique , tannique, hydro-cya- nique, lactique, margarique, oléique, purpuri- que, pyro-urique, rosacique, sébacique et urique. Dans la troisième section, celle des substances qui ne sont ni grasses ni acides , se trouvent placés le lait, le picromel, le sang, l’urée, la fibrine, l’albumine, la gélatine, le sucre de diabètes, le caséum , le chyme, le chyle, la bile, la lymphe, la synovie , la salive, la sueur, le mucus, le céru- men, le sperme, le suc gastrique, l’urme, les calculs et concrétions diverses, la matière céré- brale, la peau, les muscles, les cheveux, les poils, les plumes, les différens tissus internes , la laine, la soie, les ongles, la corne, les cartilages, les os, le sucre du lait, la matière colorante du sang , etc. Enfin il nous reste à énumérer, pour la qua- trième et dernière section : les oxides de silice, de fer et de manganèse ; les sous-phosphates de chaux, de magnésie, de soude, d’ammoniaque ; les sous-- carbonates de soude, de potasse, de chaux, de magnésie; les sulfates et les hydrochlorates de potasse et de soude ; les benzoates de soude et de potasse; l’acétate de potasse ; l’oxalate de chaux ; l’urate d’ammoniaque et le lactate de chaux. Toutes les substances animales jouissent de propriétés physiques et chimiques différentes , selon qu’elles appartiennent à la première, se- conde , troisième ou-quatrième section. Voyez, pour ces propriétés , les mots: Graisse, Acide, (F.F.) ANIM 178 ANIM ANIMAUX, Animalia. (1001. ) Des trois groupes primilifs ou règnes qui se partagent l’ensemble des êtres créés, le RÈGNE ANIMAL est le plus varié, le plus fécond en espèces et en individus, comme il est Le plus grand, le plus magnifiqne, le plus riche en organisation. Si les végétaux supérieurs nous semblent plus répandus à la surface du globe que les espèces qui leur correspondent dans l'échelle zoologique, nous trouverons cette énorme dispro- portion plus que compensée, lorsque nous vien- drons à rapprocher, dans l’un et dans l'autre règne, les plus petites espèces, et à considérer que là où la végétation s’arrête, aux mousses et aux champignons des moisissures, commence tout un nouveau monde animal; monde dont jusqu’à nos jours on n’avait pas soupçonné l'existence, et dont les limites s’éloignent à chaque progrès que fait la science ; monde infini qui échappe à nos regards par sa pelitesse, el confond noire imagination par son immensité. L'histoire de ces êtres qui sont nos voisins en organisation , est donc à la fois la plus importante division des sciences naturelles , et celle qui offre le plus d’attrait à celui qui veut se livrer à l'étude de cette belle branche des connaissances humai- nes. Mais il est une question qui se présente d’a- bord , une exigence à laquelle nous devons uous soumettre avant d'écrire l’histoire des animaux, une définition à donner, une description à faire qui les caractérise d’une manière satisfaisante, et qui, résumant Jes conditions de leur existence, les rattache au règne voisin ou les en sépare. Cette tâche serait facile si nous n’avions à nous occuper que des sommités de chacune des deux séries. L'animal et le végétal ainsi compris se pré- sentant à nous comme deux types parfaitement distincts, nous dirions avec Linné , dans son style aphoristique , à la fois énergique et concis : Mineralia crescunt ; Vegetabilia crescunt et vivunt ; Anünalia crescunt et vivunt et sentiunt. Vivre distingue les animaux des minéraux qui n’ont d'autre propriété générale que celle de s’ACCROITRE ; sentir les place à une distance énorme des végétaux qui possèdent comme eux l’ACCROISSEMENT et la VIE. Ajoutez à ces premiers caractères la faculté de se mouvoir, l’existence au moins apparente de la spontanéité, la présence d’une cavité intérieure ou INTESTIN propre à contenir les alimens, et vous aurez la définition de l’animal tel que la plupart le concoivent. Cette définition renferme, il est yrai, dans peu de mots les facultés principales qui établissent la supériorité du premier règne sur les deux autres, mais beaucoup trop large, et de moins en moins exacte à mesure que nous nous éloignerons des types supérieurs qui ont servi à l’établir, pour nous rapprocher des limites qui par- tagent en deux la grande série des corps vivans, de telle sorte que dans la recherche que nous avons à faire de ces limites, et long-temps peut- être avant d’y être arrivés ,nous verrons s'échapper de nos mains le fil qui devait nous guider dans ce vaste labyrinthe. Si cet univers, avec l'immense variété d'êtres qui l’habitent , eût été jeté tout achevé dans l’es- pace, par un acte instantané de la toute-puissance créatrice, nous trouverions peut-être entre ses œuvres de nombreuses solutions de continuité, et il nous serait possible d'établir des groupes mul- tipliés avec des démarcations bien tractes. Mais il est facile de se convaincre que tout autre fut la marche suivie, L’on serait tenté de dire au contraire que tout ce que la nature offre à notre étude, n’existe-que par un travail d’un million-de siècles , travail profondément et long-temps médité, et dont toutes les nuances se déroulent successive- ment aux regards de quiconque l’étudie avec soin , depuis l'ébauche la plus mforme jusqu'aux conceptions les plus sublimes. S'il nous force à une étude beaucoup plus minutieuse, pour nous re- connaître dans les différens détours qu’a suivis la cause organisatrice, ce fait nous fournira en re- vanche un guide d’une grande importance lors- que nous voudrons porter nos investigations un peu avant dans l'étude de l’organisation en elle- même. Car cette même puissance que nous au- rons reconnue si admirablement calculatrice , ne sera pas moins sage dans l'exécution de ses plans que dans ses plans eux-mêmes ; partout nous trou- : verons entre le but et les moyens, entre l’état or- ganique d’un être et les circonstances où il se trouve placé, entre les besoins de sa nature et les instrumens qui lui ont été donnés pour les satisfaire, une harmonie, une coordination, un ordre qui nous permettront de conclure avec assurance des uns aux autres comme des effets à la cause, comme des principes aux conséquences. De tous les phénomènes dont l'étude doit nous occuper , la vie est le premier et le plus important parce qu'il résume tous les autres, et résulte de leur ensemble. « Si, pour nous faire une idée juste de son essence, dit Cuvier, nous la consi- dérons dans les êtres où ses eflets sont les plus simples , nous nous apercevrons promptement qu'elle consiste dans la faculté qu'ont certaines combinaisons corporelles de durer pendant un temps et sous une forme déterminés, en attirant sans cesse dans leur composition une partie des substances environnantes , et en rendant aux élé- mens des portions de leur propre substance. La vie est donc un tourbillon plus ou moins rapide, dont la direction est constante, et qui entraîne toujours des molécules de même sorte, mais où les molécules entrent et d’où elles sortent conti- nuellement , de manière que la forme du corps lui est plus essentielle que sa matière. » € Pour établir tous ces mouvemens, condition essentielle du phénomène qui nous oceupe, pour maintenir l'équilibre qui doit exister entre tous les élémens d’un corps vivant, il fallait un système tout entier, un mécanisme plus ou moins compli- qué, des parties solides pour assurer la forme et imprimer le mouvement , des parties fluides pour le transmettre et pour établir dans la machine l’é- quilibre conservateur, Il devait ÿ avoir dans les êtres où la vie est la plus parfaite des solides in- + 3 RL Va rot PR V23" Mammnferes Oiseaux . d ' Crustacés . i Cephalo à eiche ' À podes ve } VA FA © & =] F3 gi = n o 4 dE = : y 2 © Arachnides . Araigree : Fe = S Cirripodes Anatfe : ers, Lena Acephales. ?eigne Insectes. d GES Echinodermes Aster. Eponges À Eponge ZE. Guëru de DT ANIM ni ANIM flexibles et robustes. d’autres flexibles et contrac- tiles pour se prêter à la motilité , au déplacement des parties les unes par rapport aux autres; des fluides animés d’un mouvement continuel par les solides qui les contiennent, portant sur tous les points leurs molécules réparatrices, et se char- eant de celles qui deviennent impropres à aider leur concours l'harmonie de l’ensemble. C’est le rapport de ces différentes partiesentre elles, leur mécanisme, qui constitue l’essence de tout corps vivant. Les solides sont ce que nous appelons des organes , lesquels, en commun avec les fluides ou humeurs, composent l’organisation , et produisent la vie qui, ainsi que l’a dit un auteur, n’est que Vorganisation en action (VF. OnGanisaTION, Ana- TOME) , où encore un ensemble résultant de l’ac- tion et de la réaction mutuelles de toutes les par- ies d’un corps organisé. Combinées suivant les affinités qui leur sont propres, les différentessubstances élémentaires ne donnent que des composés inerles, à formes ré- gulières et invariables, incapables de mouvement et par conséquent incapables de vie ; il fallait donc les combiner dans d’autres proportions; il fallait les maintenir en présence, par une force sans cesse agissante, Cette force , dont la nature et le mode d'action nous sont également inconnus, est-elle le résultat de l’ensemble même de l’organisation mise une foisen mouvement ? N’est-elle autre chose que la vie elle-même, ou devons-nous la regarder comme résultant de l’action d’un être à part, d’un moi d’une nature supérieure à l’organisation sur laquelle il agit ? Tel est le champ ‘que se dis- putent les spiritualistes d’une part, et de l’autre les partisans de la matière organisée ; mais , cet article n’ayant pour but que de résumer des faits, on ne nous reprochera point de ne nous être oc- cupés ni à combattre des hypothèses, ni à discuter des raisonnemens métaphysiques. Mais si, par quelque cause accidentelle , ou par une conséquence même du mouvement vital dont l'action finit par user et fatiguer les organes où elle s'exerce de manière à yrendre sa continuation impossible , quelque grave altération vient à se dé- clarer dans l’ensemble ; si quelque important tissu vient À être détruit, quelque fluide à être ar- rêté ou sculement troublé dans son cours , sur-le- champ l'harmonie s’altère ; les mouvemens vitaux se troublent , se ralentissent ou s’accélèrent outre mesure, et si la force réparatrice ne reprend pas le dessus, l'équilibre est à jamais rompu ; l’organi- sation s’abime au milieu d’un désordre qui ne cesse que pour faire place au repos absolu par la mort. Alors tout se détruit , tout se décompose, les élémens primitifs se séparant avec d'autant plus d'activité que l’ensemble était plus compliqué, et que leurs aflinités propres sont plus aidées par l'action des agens extérieurs. Ainsi donc, dans tout corps vivant, deux forces sont constamment en présence, celle qui détruit et celle qui répare , et la première sort du combat toujours victorieuse par rapport à l'individu, tou- Jours vaincue par rapport à l'espèce. La vie n’est peut-être autre chose que le combat lui-même , et tous les mouvemens , tous les phénomènes qu’ellé embrasse se rapportent uniquement à deux grandes fonctions , l’une tout-à-fait relative x l'individu , la nutrilion , ou conservation de l'individu, l'autre toute relative à l’espèce, la reproduction, où con- servalion de l'espèce. Ge sont elles qui caractéri- sentles corps vivans; elles leur appartiennent en propre ; mais comme tous n’ont pas été placés dans les mêmes circonstances, chacun d’entre eux ne peut les exercer qu'au moyen d’organes appro- priés à sa position dans la grande société des êtres. Créés pour une immobilité constante, lés végé- taux doivent trouver à leur portée tout préparés , tout élaborés, tout digérés en quelque sorte, les élémens de leur nutrition et de leur conservation. Leur composition doit être simple; car la force vitale est chez eux presque sans énergie et résis- terait peu à une tendance puissante vers la disso- lution. Aussi trouvent-ils dans l'air de atmosphère et dans l'hunedité du sol tous les élémens de leur organisation , dans laquelle l'azote n’entre que par exception. Le premier, ils se l’appropriént par des organes à large surface, les feuilles avec leurs vais- seaux respiratoires ; les racines sont chargées d’al- ler chercher le second élément, et elles savent le trouver là où ilest plus abondant et dans des con- ditions plus favorables à l'alimentation , guidées par une sorte de sentiment que rien dans les lois purement physiques ne pourrait expliquer d’une manière satisfaisante , et qui n’est peut-être que l'expression la plus simple de ces facultés de mou- vement et d'élection qui servent les animaux dans l'exercice de leurs fonctions vitales, savoir, le mou- vement spontané , l'intelligence et l'instinct. Les végétaux, exposés à des agens extérieurs de des- truction sans pouvoir leséviter, seraient sans cesse en danger de périr, si la nature n’y avait pourvu par une force de réparation qui résulte de la simplicité même de leur organisation. Point d'organes à fonc- tions déterminées , mais tous pouvant changer de rôles et se remplacer les uns les autres ; des parties qui repoussent lorsqu'elles ont été enlevées, sans que l’ensemble de l’économie paraisse à peine en souffrir ; une forme générale qu’un plan partage en deux moitiés de noture analogue , au dessus, la cime avec ses branches , au dessous, la souche avec ses racines , remplissant de fait les fonctious les plus opposées , pouvant néanmoins les échanger à Ja suite d’un simple changement de position re- lative; les racines se convertissant en branches avec leurs tiges, leurs boutons et leurs feuilles; les branches, pour remplir les fonctions des racines,'se couvrant de radicules et de sucoirs, et faisant cir- culer la séve en sens contraire par les mêmes vais- seaux qui ne sont que des tuyaux parallèles et peu compliqués. Tout le reste de l'ensemble esl d’une composition tout aussi simple, formée d'élémens en petit nombre et réunis dans des proportions peu variées , de sorte que la matière végétale résiste avec succès aux agens extérieurs de destruction pendant la vie et{n’est soumise après la mort qu'à une force 0 oo ANIM 180 ANIM EE de dissolution assez peu énergique, qui lui permet de résister long-temps avec les formes qui lui sont propres. L'animal au contraire, détaché de la surface qui le porte, comme s'’ilavaitété créé pour établir entre toutes les parties de ce vaste univers , entre tous les êtres qui y ont été disséminés, un lien, un merveilleux rapprochement, pourvu d'organes pro- pres au mouvement , ne pouvait exister avec une organisation aussi simple, aussi passive que celle des végétaux. Pour concilier la matière vivante avec une faculté d’une si haute importance, il fallait lare- faire sur un nouveau plan, créer de nouveaux or- ganes et de nouvelles facultés , il fallait une com- position moins simple, des alimens plus combinés, plus spécialement préparés pour maintenir dans l’organisation l'équilibre conservateur de la vie au milieu des pertes continuelles que lui fait éprouver l'exercice de ses fonctions. Une fois doué du pouvoir d’aller chercher ses alimens, il fallait à l'animal celui de les choisir , et les sens lui ont été donnés, organes d'élection chargés en outre de pourvoir à sa conservation, et à son bien-être. Sentinelles avancées en face des ennemis extérieurs, ils transmettent les impres- sions du dehors par un système approprié de nou- veaux organes, les nerfs, à un centre où se pas- sent les phénomènes du sentiment, de l'intelligence et de la volonté}; principes si puissans de mouve- ment et d’action, dont la nature et les rapports avec nos organes nous sont également inconnus , également inexplicables. Ce n’est que dans les animaux supérieurs que nous rencontrons l'intelligence. Gelte faculté im- portante et complexe est la compagne ordinaire de la complexité de l’organisation et dela perfec- tion de l’ensemble ,.etsurtout des organes centraux du sentiment, organes d’autant plus circonscrits que l’animal est plus parfait : le cerveau dans l'homme, et surtout ses deux hémisphères; le cer- veau et la moelle épinière dans les reptiles , qui peuvent sentir et agir malgré l'enlèvement com- plet du premier de ces deux organes. La percep- tion des images et la production des idées, la me- motre qui les conserve, le raisonnement qui les compare et les associe, l’abstraction qui les réunit pour en faire naître les idées générales , l’imagina- tion qui reproduit, dans toute leur vivacité primi- tive , les sensations éprouvées et les sentimens d'autrefois, tellessont les principales facultés dont l’ensemble constitue l’intelligence. La perfectibilité estde:son essence ; elle se manifeste au dehors par des actes, par des signes, par un langage plus ou moins parfait ; la parole et l'écriture, et une per- fectibilité indéfinie par l'expérience impérissable du passé, élèvent celle de l'homme au dessus de toutes les autres. A côté de l'intelligence, et souvent sa rivale, marche une autre faculté, l'instinct, donnée aux animaux inférieurs dont l’organisation peut-être n’eût pu soutenir le travail puissant de la pre- mière ; et l’instinct en effet semble suivre une loi directement inverse , d’autant plus parfait que les autres facultés sont elles-mêmes moins complexes, Chez l’homme, il ne se manifeste par des signes bien évidens que dans l’âge le moins avancé; tandis que plus bas dans Ja série, et presque au pied de l'échelle, ses ouvrages pourraient, dans plus d’une occasion, rivaliser avec l'intelligence elle-même; mais il s’en distingue essentiellement par sa constance et son immobilité. L'instinct produit aujourd’hui mathématiquement ce qu'il produisait hier , et comme il le construisait hier il le construit aujourd’hui; méêmés ouvrages, mêmes merveilles , et dont le but, presque toujours inconnu de l'infatigable travailleur , lui est même assez souvent étranger, celle puis- sance irrésistible à laquelle il obéit, n’en ayant souvent pas d'autre que le bien-être et la conser- vation de l'espèce. Enfin, pour nous servir des expressions de M. Cuvier, « ses opérations de- » viennent d’autant plus singulières ,. plus désinté- » ressées à mesure que le$ animaux approchent des » classes moins élevées et, dans le reste, plus » stupides, et l’on ne peut s’en faire une idée » claire qu'en admettant que ces animaux sont » soumis à des images ou sensations innées et » constantes qui les déterminent à agir comme les » sensations accidentelles. C’est une sorte de rève » qui les poursuit toujours, et, dans tout ce qui a » rapport à leur instinct, on peut les regarder » comme des espèces de somnambules. » Toutefois, l'instinct ne croît pas indéfiniment , non plus que l'intelligence dans la série inverse. C’est dans les insectes qu'il se montre le* plus admirable ; après eux, il va sans cesse s’effacant, et nous verrons ces deux puissans principes d'ac- tion se réduire à quelques signes équivoques de sen- sibilité , à quelques mouvemens pour échapper à la douleur. Entre-ces deux extrêmes, les degrés sont infinis. De cet ensemble de nouvelles facultés, et surtout du pouvoir donné aux animaux de se déplacer pour aller chercher et choisir leurs alimens, du besoin d’une préparation plus spé- ciale pour entretenir une machine plus compli- quée, résultait la nécessité d’un nouveau plan d'organes pour la nutrition. Un estomac leur a été donné ; un réservoir recoit les alimens et leur fait subir une première préparation ; des intestins les digèrent , les charrient à travers le corps, re- jettent les parties inutiles; à leur surface inté- rieure, des vaisseaux absorbans s'emparent des principes utiles, les soumettent à un nouveau travail avant de les confier aux canaux chargés de les distribuer par tout le corps, et jusqu'aux re- coins les plus cachés de l’organisation. C’est même cette disposition des vaisseaux absorbans à la sur- face intérieure du corps, qui a fait dire que l’ant- mal est une plante retournée , définition plus ingé- nieuse que vraie, puisque les animaux doués d'un estomac n’ont presque rien de commun avec la plante, tandis que les animaux inférieurs semblent, ainsi que nous le verrons, ne se nourrir plus que par absorption, et à la manière simple des végé- taux, £ re ‘ | _— . nl as RReÉS SS as Rate Bento ANIM ï La composition chimique du corps animal, comparée à celle des végétaux, s’est compliquée d’un nouvel élément , l'azote , et c'est autant pour le faire entrer dans la masse du sang que pour débarrasser celui-ci des molécules inutiles dont il s’est chargé en parcourant l’organisation , et le régénérer par l’action de l'oxygène ; qu'aux organes de la circulation ont été réunis Intime- ment ceux de la respiration (#7. RESPIRATION ). Cette faculté est donc l’une des plus essentielles de l'organisation animale; c’est elle qui l’animalise en quelque sorte, comme le dit Guvier, et nous verrons que l’ensemble des fonctions vitales est d'autant mieux et d’autant plus complétement exécuté, que la respiration elle-même est plus active et plus complète. À ces différens caractères plus ou moins géné- raux, ajoutons ceux que l’on peut tirer des déran- gemens plus fréquens des phénomènes de la vie en général, des maladies beaucoup plus graves et plus variées, d’un cours bien moins régulier , bien moins suivi dans l'ensemble des faits qui consti- tuent la vie individuelle, et nous aurons résumé à peu près tout ce que l’on peut donner de plus caractéristique sur l’organisation animale en géné- ral, et sur ses rapports avec celle des végétaux. + Quant à la reproduction, l'un des plus impor- tans , l’un des plus beaux, mais aussi l’un des plus mystérieux phénomènes de l'économie des corps vivans , elle se montre dans les animaux tellement diversifiée dans ses modes , que nous n’ytrouverons presque aucun caractère qui leur soit propre, ou quisoit commun au plus grand nombre d’entre eux. Cependant la séparation des sexes est une suite constante de la plus grande aptitude au mou- vement , etce n’est que dans les espèces inférieu- res et les plus inertes que nous les voyons assez étroitement réunis sur un seulindividu , pour qu'il puisse se passer du concours d’un autre être de son espèce. Quant à Ja reproduction par boutures, par scission de parties , nous la retrouverons aussi dans quelques uns, mais seulement lorsque nous arriverons aux limites qui séparent les deux rè- gnes. + L'examen rapide que nous venons de faire, nous était indispensable pour arriver à la grande ques- tion que nous nous sommes proposée. Il nous fal- lait nous pénétrer d'avance de cette admirable harmonie dont nous n’avons pu encore qu'entre- voir quelques uns des effets les plus saillans, de cet ensemble d'ordre et de sagesse qui nous dé- montre partout l'unité et la grandeur de la cause souveraine dont nous nous proposons d'étudier les effets. Au moment où nous nous disposions à quit- ter la route large et frayée que nous avons par- courue en étudiant les sommités extrêmes de l’or- ganisation , pour nous jeter dans les sentiers les plus obscurs et jusqu'ici les moins battus , il nous fallait des principes pour guider nos pas incertains, et cesprincipes nous Ctonneront moins, quelque rapide qu'’ait été le coup d'œil que nous venons de jeter sur l’organisation. C'est aux méditations du savant Lamarck que 181 ANIM nous les emprunterons. Peut-être, au premier abord, ne sembleront-ils pas tous d’une vé- rité également évidente; mais, étudiés avec soin , placés en regard des faits et des choses , ils seront jugés tout autrement, et, forts d’évidence et de vérité , ils ne tarderont pas à apparaître à l'esprit comme enseignés par une étude pro- fonde de la nature intime des êtres, comme l’ex- pression la plus fidèle et la plus simple des lois qui ont présidé à leur création. < « 1° Nulle sorte ou nulle particule de matière dit le célébre professeur dans sa Philosophie zoologique, ne saurait avoir en elle-même la pro- priété de se mouvoir, ni celle de vivre, ni celle de sentir, ni celle de penser ou d’avoir des idées ; et si, parmi les corps, il yen a qui soient doués , soit de toutes ces facultés, soit de quelques unes d’entre elles, on doit considérer alors ces facultés comme des phénomènes physiques que la nature a su produire, non par l'emploi de telle matière qui posséderait elle-même telle ou telle de ces fa- cultés, mais par l’ordre et l’état de choses qu'elle a institués dans chaque organisation et dans cha- que système d’organes particulier. : » 2° Toute faculté animale quelle qu’elle soit est un phénomène organique , et cette faculté résulte d’un système ou appareil d'organes qui ÿ donne lieu , en sorte qu’elle en est nécessairement dépen- dante. » 5° Plus une faculté est éminente, plus le système qui la produit est composé, et appartient à une organisation compliquée ; plus aussi son mécanisme devient difficile à saisir. Mais cette faculté n’en est pas moins un phénomène d’orga- nisation , et est en cela purement physique. VE » 4° Tout système d'organes qui n’est pas com- mun àtous les animaux, donne lieu à une faculté particulière à ceux qui le possèdent ; et lorsque le système spécial n’existe plus, la faculté qu'il pro-. duisait ne saurait plus exister, ou s’il n’est qu'al- téré, la faculté quien résultait l’est pareillement. » 5° Comme l’organisation elle-même, tout sys- tème d'organes particulier est assujetti à des con- ditions nécessaires, pour qu'il puisse exécuter ses fonctions; et parmi ces conditions, celle de faire artic d’une organisation dans le degré de compo- sition où on l’observe, est au nombre des essen- tielles. yi » 6° L’irritabilité des parties souples, quoique dans différens degrés suivant leur nature, étant le propre des animaux, et non une faculté particu- lière , n’est point le produit d'aucun système d’or- ganes particulier! dans ces parties; mais elle est celui de l’état chimique des substances de ces êtres , joint à l’ordre de choses qui existe dans le corps animal pour qu'il puisse vivre. » 7°. Tout ce qui à été acquis dans l’organisation d’un individu par l'influence des circonstances , est transmis, par la génération, à celui qui en provient, sans qu'il aitété obligé de l’acquérir par la même voie, en sorte que de la réunion de cette cause à la tendance de la nature à compliquer de plus en plus l’organisation, résulte nécessairement ANIM 182 ANIM la grande diversité qu’on observe dans la produc- tion des corps vivans. » 8° La nature, dans toutes ses opérations, ne pouvant procéder que graduellement, n’a pa pro- duire tous les ‘animaux à la fois; elle n’a d’abord formé que les plus simples, et, passant de ceux- ci jusqu'aux plus composés, elle a établi successi- vement en eux diflérens systèmes d'organes par- ticuliers, les a multipliés, en a augmenté l’éner- gie, et, les cumulant dans les plus parfaits , elle a fait exister tous les animaux avec l’organisation et les facultés que nous leur observons. » Mais si tel fut l’ordre que suivit la nature dans l'immense travail de la création, nous, au con- traire, c'estla marche précisément inverse qu'ilnous convient de prendre pour arriver au but que nous nous sommes proposé, à la solution de cette grande question : Ÿ a-t-il entre les deux règnes qui comprennent à eux seuls tout l’ensemble des corps vivans, une limite fixe et bien tracée ? Ou bien devons-nous les regarder comme les deux extrémités d’une longue chaîne dont tous les an- neaux intermédiaires se tiennent sans rupture? Ce ne sera qu'après avoir admiré tout ce qu'il fut semé de richesses sur les êtres les plus parfaits ; que , descendant successivement l'échelle, perdant à chaque pas que nous ferons quelque beauté, quelque fini d'exécution, nous pourrons espérer d'arriver, par la décomposition raisonnée de ce grand ouvrage , au dernier degré de simplification possible, à cet animal type qui, vivante solution du problème, ne nous offrira plus que l'expression Ja plus simple de l’animalité dépouillée de toute cette magnifique parure qui #1 dérobe à nos regards, Ce n’est que dans les ordres les moins élevés que nous pourrons trouver, si elle existe, cette délimitation qui sépare les corps vivans en deux grandes classes; et s'il nous arrivait de ne la pas rencontrer , nous ne pourrions plus comparer leur longue série qu’à ces courbes géométriques dont les deux branches se repliant l'une vers l’autre par degrés insensibles , marchent en s’écartant sans cesse vers un commun horizon : et ,dans l’ordre de choses dont nous avons À nous occuper, cet horizon, c’est le perfectionnement à l'infini , chaque espèce suivant son type particulier. En tête , l’homme : c’est lui qui domine la créa- tion tout entière; c’est le chef-d'œuvre de la na- ture, le plus beau produit de son art, le dernier coup de ciseau qu'elle ait donné à son œuvre. Après lui, il n’y a plus qu'à descendre, et cette supréma- tie , il la doit à son haut degré d'intelligence aïdé par l’admirable perfection de tous ses organes , par le fini merveilleux de ses membres nus, mo- biles en tous sens, et si propres à l'exercice de toutes les facultés dont l’a pourvu la nature au jour de ses prodigalités. Chez lui, l'instinct, passé le premier âge, s’efface et fait place à l'intelli- gence; et ces deux facultés si admirables, si sœurs et pourtant si différentes qu’elles semblent s’excluré mutuellement, vont, à partir de lui, passer par des périodes d’accroissement tout-à-fait inverses, | | | Sous le rapport de son organisation, il tient à la classe des mammiféres , de manière à n’en pou- voir être séparé, et ce sont eux qui ont dà le pré céder immédiatement dans le travail successif de: la création ; les singes d’abord , avec leur instinct plus développé aux dépens de leur intelligence ; puis les chauve-souris que nous trouvons déjà moins intelligentes et plus instinctives, et que suivent une foule d’autres dans une série de dé= croissement de plus en plus rapide. Chez presque tous , nousrencontrons je cinq sens, plus ou moins developpés ; parmi eux le tact (1) disparaît le plus. tôt, remplacé par un toucher de moins en moins parfait qui, ainsi que nous le verrons, disparait lui-même dans les derniers groupes d'animaux, pour y être remplacé par une sorte d’excitabilité matérielle, n’offrant plus que les traces les plus équivoques de sensibilité. Aussi, n'hésitons-nous pas à dire que de tous, le tact est celui dont les rap= ports avec l'intelligence sont les plus mtimes. Dans l'homme, il s'exerce plus ou moins parfait par tous les points de son corps; déjà moins éminent chez les singes, nous le retrouvons chez la chauve-sou- ris, porté à un degré de perfection qui a même été refusé à notre nature, et qui a, pendant long- temps, fait croire à l'existence d’un sixième sens. Passé ce terme, il ne fait plus que décroitre à mesure que les doigts, qui en sont le principal organe, deviennent moins flexibles et moins nus, des carnassiers aux rongeurs, de ceux-ci aux pa chydermes , aux ruminans et aux cétacés, chez lesquels il doit être arrivé à son dernier période de décroissement pour la classe des mammifères. La perfection de l'intelligence, compagne de celle du tact et de la plupart des sens, bien que dans un degré moins marqué, caractérise donc l'homme parmi les mammifères, sans cépen- dant le porter dans un groupe à part, puisque de toutes ces facultés, iln’en est pas une que nous ne retrouvions chez tous ces derniers, et quelquefois même plus parfaite et d'un usage bien plus étendu. Leur intelligence elle-même, bien que sans doute à une distance immense de la nôtre , existe pour- tant évidente et souvent sublime dans ses effets, Tous, en effet, sont susceptibles d'apprendre, de retenir, de modifier leurs mœurs sur les circon- stances dans lesquelles ils se trouvent placés, par la mémoire, l'association des idées, une sorte de raisonnement, de la volonté, de la prudence et même de l'imagination. « Les animaux les plus par- faits, dit Cuvier , bien qu’infiniment au dessous de l'homme pour les facultés intellectuelles, se meu- (1) Devons-nous dire que nous distinguons ici le act ou sens _ des formes de ce sens du toucher, propre seulement à nous trans- mettre les impressions immédiates des corps étrangers sur le nôtre, quai n'est qu’ane conséquence de l'irritabilité des tissus ? Celni-ci au contraire disparait le dernier, et se retrouve encore Jong-temps après que l’on a perdu jusqu'aux derniers vestiges du tact et des autres sens, Une huître sent si nous entendons par là que sa substance se contracte sous l'impression d’an acide où d’un déchirémient quelconque; mais de bonne foilui accorderons- nous ce qui nous semble constituer de toucher comme, senti- ment des formes ? Lui accorderons-nouns même le sentiment ia térieur de cette sensation extérieure ? ANIM Fe venten conséquence des sensalions qu'ils reçoivent, sont susceptibles d’affections durables , et acquiè- rent par l'expérience une certaine connaissance des choses d’après lesquelles is se conduisent, indé- pendamment de la peine et du plaisir actuels, et ar la seule prévoyance des suites. En domesti- cité, ils sentent leur subordimation, savent que étre qui les punit est libre de ne pas le faire, prennent devant lui l'air suppliant quand ils se sentent coupables ou qu'ils le voient fâché. Ils se rfectionnent ou se corrompent dans la société de l’homme; ils sont susceptibles d’émulation et de jalousie ; ils ont entre eux un langage naturel qui n’est à la vérité que l'expression de leurs sen- sations du moment; mais l’homme leur apprend à entendre un langage beaucoup plus compliqué, ar lequel il leur fait connaître ses volontés, et les détermine à les exécuter. En un mot, on apercoit dans les animaux supérieurs un certain degré de raisonnement avec tous ses effets bons et mauvais, et qui paraît être à peu près le même que celui des enfans , lorsqu'ils n’ont pas encore appris à parler. » Les organes de la locomotion ne manquent à aucun mammifère. Quant à leur composition chi- mique , elle est plus qu'aucune autre compliquée, - amas. _ N - = … ANIN 194 ANIM Les anIMAUX VERTÉBRES ont présenté à l’état fos- sile des poissons , des reptiles, des oiseaux et des mammifères. Les poissons fossiles sont extrême- ment rares ct très-altérés dans le terrain de transi- tion ; mais ils sont déjà nombreux etbien distincts dans les couches secondaires les plus anciennes. On les rencontre quelquefois si bien conservés et entassés en si grand nombre, qu’on doit penser w’ils ont été détruits subitement et enfouis par suite de quelques phénomènes volcaniques sous- marins , comme il est arrivé souvent de nos jours. Nous savons que plus de 500 espèces ont été dé- terminées par M. Agassiz, et la science attend im- patiemment la publication du travail de ce savant naturaliste, Dans les poissons, ce ne sont plus seulement des espèces, des genres, des familles , mais de plus grandes divisions encore, qui appa- raissent ,se multiplient ct s’éteignent des temps les plus anciens aux temps actuels. Ainsi, pour n’en citer qu’un seul exemple, les poissons à écailles carrées de cette grande äivision, comprenant plu- sieurs familles , à laquelle Agassiz donne le nom de Goniolépidotes, font leur première apparition dans le terrain houillier , atteignent leur plus grande multiplication dans le lias etles dépôts ju- rassiques , etn'ont plus aucun représentant ni dans les dépôtstertiaires ni dans les êtres vivans. Suivant nous , ces nouvelles recherches tendent à compri- mer la loi du développement progressif des êtres. Des reptiles gigantesques , plus ou moins rappro- chés de la classe des Sauriens, apparaissent dès les étages inférieurs du terrain secondaire; ce sont des Icthyosaures et des Plésiosaures, fig. 1et2, pl. 24, animaux marins qui surpassent en grandeur tout ce que la zône torride nous offreen ce genre ; à ces monstres se joignent, dans les étages juras- siques et crétacés, une foule de reptiles à formes tellement étranges , que les dessins exécutés d’a- près leur squelette paraissent plutôt l’œuvre d’une imagination malade, que la réalité. Nous citerons le T'éleéosaure, le Mégalosaure, le Géosaure, et cet im- mense Zguanodon , trouvé récemment en Angle- terre, animal dont la longueur, suivant M. Man- tell, dépassait 80 pieds anglais, et dont le corps était de la grosseur d’un éléphant. Les oiseaux fossiles sont très-rares; on avait cru en avoir trouvé dans le milieu de la formation se- condarie ; mais ces débris ont été ‘reconnus pour appartenir à des reptiles volans ou ptérodactyles, On ne peut jusqu’à présent citer avec certitude de véritables ornitholithes, que dans le terrain ter- tiaire, Si on fait abstraction des didelphes trouvés dans un seul lieu, à Stonefeld, en Angleterre , on peut dire que les Mammiféres ne se montrent pas dans des couches plus anciennes que les dépôts tertiai-- res: mais, ici, ils deviennent très-nombreux, par- üculièrement dans les dépôts lacustres, et dans ceux qui semblent, par le mélange des espèces marines et d’eau douce, s'être formés vers l’em- bouchure des grands fleuves. Cuvier a reconnu pee de 70 espèces de mammifères dans le seul assin Parisien, parmi lesquelles près de quarante appartiennent à des espèces perdues. L'homme enz- fn (Voy. ANTuroPoLITHES) n’a été reconnu avec certitude que dans les dépôts superficiels qui se forment journellement sous nos yeux. | On peut présumer, d’après ce qui précède, | qu’on a pu caractériser par quelques familles d’ani- maux fossiles , chaque grand système de couches qui entre dans la composition de l'écorce terrestre; amsi, en suivant leur ordre, des plus récens aux plus anciens , on établit la classification zoologique suivante : 1° Le système de l’homme et des espèces actuelles , qui comprend tous les dépôts meubles formés depuis la dernière grande catastrophe qu'éprouva notre continent; 2° le système des éle- phans, qui comprend encore des dépôts meubles, mais inférieurs aux précédens , et dont la plupart des fossiles appartiennent déjà à des espèces per- dues, quoique peu différentes de celles qui vivent aujourd'hui : ce sont des éléphans, des rhinocé- ros, des hippopotames, des ours, des hyènes, des chevaux, etc.; les éléphans de la Sibérie, qui avaient conservé, dans des boues glacées , leur peau et leur chair, appartiennent à cette division ; c'est à ce système qu'on avait donné le nom de diluvien ; 5° le système des mastodontes, dans le- quel on voit paraître beaucoup de genres incon- nus, tels que les mastodontes, les déinoptères, les lophiodontes, les ziphies, etc. ; 4° le système des paléothères, dans lequel dominent ces animaux et beaucoup d’autres pachydermes, tels que les anoplothères, les chéropotames, te. , très-diffé- rens de nos animaux actuels ; ici finit avec les mammifères la division des terrains tertiaires ; 5° le système des grands sauriens, dont nous avons déjà nommé quelques uns des reptiles gigantesques : cette grande division (terrain secondaire) , si natu- relle sous les rapports géognostique et zoologi- que, compte, parmi les reptiles de sa partie su- périeure , des crocodiles, et quelques autres ani- maux appartenant déjà à des genres connus, 6° le systéme des trilobites, famille qui appar- tient exclusivement au terrain de transition, dans lequel se montrent les premiers débris de l’orga- nisation , mais où il serait cependant peu philoso- phique de placer les limites de la vie. (B.) ANIMAUX PERDUS. (cior.) Les géologues désignent ainsi les animaux fossiles qui n’ont plus d’analogues vivans. (Woyez Anarocues et Axr- MAUX FOSsiLES. ) Au dessous des terrains les plus récens, les fossiles appartiennent presqu’en totalité à des espèces perdues. Le grand travail de M. Deshayes sur Jes fossiles des divers dépôts tertiaires, a montré que le rapport numérique des espèces perdues aux espèces vivantes croissait avec l'ancienneté des dépôts. Quand on étudie les fossiles des formations plus anciennes, cene sont plus seulement des espèces, mais des genres, des fa- milles et des divisions d’un ordre encore supérieur qui se rangent dans les animaux perdus : tels sont les genres anoplothérium, paléotherium, plésiosau- rus, les familles des ammonées, des trilobites:; et dans les poissons la grande division des Goniolepi- dotes , comprenant plusieurs familles ; enfin quel- TU - UE — = A 14 Re LA EN SE NNKOE N\WIBE AS re SA snpiod xueuriu << ,Sn M LES RE dd ANIM 199 ANIM EEE CS SEE ee ques animaux, tels que le ptérodactyle ou lézard - volant, semblent même établir des passages entre és dans ce Dictionnaire. deux ‘classes ; d’autres , tels que le ÂMosclius, dé- couvert récemment par Geoffroy-Saint-Hilaire , tenant le milieu entre le porte - musc et les chevrotains , forment un lien entre deux familles, et enfin un très-grand nombre établit des passa- ges entre des genres el des espèces, et tend à re- constituer l’enchainement des êtres , si fréquem- “ment et si grandement interrompu dans la création actuelle. Tous les genres les plus remarquables, armi les animaux perdus, seront décrits et figu- (B.) ANIMAUX UTILES A NATURALISER. (z001..) Quand on considère le petit nombre d'animaux qui peuplent nos fermes , nos bois et nos monta- gnes, on sent le besoin de demander aux climats étrangers les espèces qui peuvent aider à augmen- ter la variété, le mouvement, les charmes et les ressources de la campagne. Déjà le domaine de l’agriculture s’est ic du mérinos , de la vache sans cornes, de la chèvre du Tibet, etc.; pourquoi ne chercherions-nous pas à introduiré sur notre sol les animaux sauvages qui semblent se com- laire dans le voisinage de l’homme ? Quelques es- sais ontété tentés avec bonheur à diverses reprises eten diverses contrées ; il ne s’agit que de les agrandir. Je vais indiquer plusieurs espèces ; quoi- que je me limite à un petit nombre, il serait fa- cile d'en grossir la liste. Le renne, la vigogne, le lama des Péruviens , J’axis du Bengale, pourraient vivre sur les Alpes et les Pyrénées , dans les Vosges, les Cévennes et en Corse. Nous avons vu, en 1819, aux environs de Gand, le renne s’y accoupler et donner plusieurs -portées. En 1800, on a nourri près de dix-huit mois une vigogne à Alfort, près Paris. Au com- mencement du dix-huitième siècle plusieurs axis vécurent dans les bois de l'Angleterre. L’apalca , le bison , le zèbre, si leste à la course, -multiplieraient volontiers dans nos climats, et nous procureraient sans aucun doute des métis du plus grand intérêt. Nous savons que le buflle pro- spère chez nous, il en serait de même de l’yak. La petite espèce de lapin reléguée au pied de VAltaï, ajouteraitun mérite de plus aux animaux qui peuplent nos garennes. Parmi les oiseaux,‘ leider de la Norwége , l’ou- - tarde qui vit dans les climatures les plus opposées, -le hocco, dont la chair est si bonne à man- ger, elc. , viendraient très-bien dans nos basses- cours. I] ne s’agit que de le tenter. Mais pour réussir en ce genre de naturalisation, Le] il faut se souvenir que tous les animaux ne se ré- duisent pas à l'état domestique par les mêmes moyens ; tous ne sont pas susceptibles de la même éducation ; les règles doivent être très-variées et propres à chaque ordre, à chaque genre, à cha- - que espèce, et même à chaque individu. Nous en -dirons un mot en parlant de ces divers animaux. CAB: oi: ANIMAUX TROUVÉS VIVANS DANS) DES CORPS SOLIDES. ( zoor. } De tout temps le mer- veilleux a exercé sur les hommes un empire ex- traordinaire; et c’est pour avoir lé, par quelques aulorités imposantes, accepté sans défiance , qu'il a acquis sur la masse la puissance qu'on lui voit conserver encore au milieu des progrèsscientifiques de notre âge. Le mensonge ne manque jamais de sectaires, tant de gens y trouvent leur profit. D'un autre côté, les savans se laissent souvent entrainer à l'erreur; leur crédulité, vraiment en- fantine , les fait ressembler, selon l’expression de Clément d'Alexandrie, à ces vases quise lais- sent prendre à deux mains par les oreilles. De nombreux préjugés se sont accrédités par le manque de critique des écrivains, et par la manie adoptée dans les XV° et XVI siècles, d'entasser texte sur texte, de vouloir tout expliquer par les Ii yres,de chercher à justifier avec eux les assertionsles plus hasardées, les récits les plus ridicules : la na- ture était alors sans force contre le dire du mai- tre. Dès 1770, l’on commenca à s'ouvrir une voie nouvelle en soumettant les faits au creuset de l'expérience, en les rapprochant les uns des autres, en les comparant, en les amenant à prendre ainsi les caractères de réalité et d'authenticité qui font la base du vrai savoir, Linné l’a dit : toutes les discussions en histoire naturelle, quand elles ont un objet réel, se réduisent à des faits bien ou mal observés , il suffit d'ouvrir les yeux pour s'assurer de quel côté se trouve la vérité. Au moyen de la machine pneumatique, on à reconnu la possibilité, pour certains animaux , de vivre, peu de temps il est vrai, dans un air infi- nimént plus raréfié que l'air atmosphérique, et con- séquemment dans un lieu privé d'air, Mais pré- tendre à la durée indéfinie de ce phénomène, c'est unposer silence à la raison , c’est méconnaître les jois de la physiologie , c’est détruire l’organisation propre aux êtres qui l'ont recue. En eflet, aucun animal, terrestre ou aquatique , ne peut vivre qu'autant que la nutrition s'opère chez lui; la nu- irition est une fonction précédée de la digestion ; celle-ci est une suite nécessaire de l’alimentation, fonction à laquelle un être organisé ne peut im- punément se soustraire pendant un petit nombre de jours. D’un autre côté, les serpens, grenouil-- les, crapauds, lézards, les abeilles et autres in- sectes trouvés vivans dans des blocs de pierre, dans des masses de houille, dans des troncs d’ar- bres , étant pourvus de poumons, ont besoin d’une certaine quantité d'air atmosphérique renouvelé pour entretenir la vie; l'expérience et les lois de l'organisation prouvent que la privation d’un air suflisamment} renouvelé cause infailliblement la mort à ces sortes d'animaux , et par consé- quent l'impossibilité physique de leur séjour plus ou moins prolongé dans des corps solides est dé- montrée de la manière la plus complète. Il n’y a que quelques larves d'insectes, les Xy- lophages (v. ce mot), qui soient créées pour vivre pendant un espace de temps assez long dans des corps solides. La larve des abeilles maçonnes, qui demeure enfermée dans des nids pierreux Jjus- qu'au moment de sa mélamorphose en insecte ANIS 196 ANIS parfait, s’y nourrit de la pâtée que l'abeille mère a eu le soin d’accumuler dans chaque cellule où elle a déposé un œuf. Les larves que l’on trouve dans les racines, les tiges, les bourgeons des plantes, dans les boutons à fleurs et ce fruits, sont placées au centre de la masse alimentaire qu’elles dévorent, et ne la quittent que lorsqu’elle est épuisée, ou que lé époque de la métamorphose est arrivée. Il en est de même des larves qui se voient dans l’intérieur des galles ou fausses galles. Les vers lithophages, dont on à tant parlé, sont les larves de la Mégachile des murailles (». ce mot), celles de quelques clairons, d’ichneumons, ou bien celles des certaines espèces de teignes, qui se nourrissent des lichens et des mousses collés contre les murs, etc. Quant aux poissons vivans dans la terre , il s’agit du Misgurne fossile (v. ce mot), qui a l'hebitude des’enfoncer dans le limon pour échap- per au froid de l'hiver ou àla dessiccation desmarais en été, mais qui sort de cette retraite quand la saison des frimas est passée ou dès que l’eau re- couvre le sol ; ou bien il s’agit de certaines espèces malobservées de Blennies (v. ce mot), qui pénètrent dans les fentes des pierres et s’y tiennent jusqu'à ce que leurs nageoires commencent à ressentir l'influence du desséchement. Parmi les mollusques, les Pholades et les Litho- domes, appelés ordinairement Dails (v. tes trois mots ) ; les pétricoles et autres coquilles térébran- tes sont désignées sous le nom générique de litho- phages , expression erronée, puisqu'aucune ne se nourrit des pierres qu’elle creuse pour s’y loger momentanément. Les crapauds que l’on assure avoir été trouvés dans des pierres et jusque dans les laves, sont tout simplement des géodes; les serpens, des am- monites; les huîtres fraîches déterrées , des dattes ou variétés du Mytilus lithophagus , etc., transpor- tées loin des eaux de la mer et enfoncées dans le sol par des alluvions plus ou moins récentes, etc. Avant de publier une observation quelconque, il importe de l’examiner avec soin ; l'enthousiasme ne voit pas, il crée. (V, Art d observer et Fait.) (2.182) ANIS. (mor. PHAN. ) Plante de la famille des Ombellifères et de la Pentandrie digynie, que l’on cultive en grand aux environs d'Angers, de Bor- deaux, en “Espagne, à Malte et aux échelles du Levant. Elle est annuelle, originaire de l'Egypte, et appelée par les botanistes Pimpinella anisum. En ltalie et en Allemagne on mêle ses semences avec le pain, et partout elles entrent dans quelques pâtisseries. Lesfdragées d’anis de la ville de Ver- dun sont très-renommées ; la liqueur d’anis ou aniselte de Bordeaux jouit d’une haute réputation ; ; on emploie l’anis vert en médecine; l’on en re- tire, par expression, une huile grasse odorante, et par distillation une huile essentielle très-agréa- ble. La culture rend cette plante bienne; elle de- mande une terre légère, sablonneuse, ct cepen- dant bien amendée , et une exposition très-chaude. On appelle ordinairement Anis AGRE le cumin ; Axis pe Panis, une variété du fenouil dont on mange les racines et la portion de la tige qui l’a- voisine le plus; Anis ÉTOILE , la Paédiase de Ja Chine. Ÿ. chacun de ces mots. (T. ».B.) ANISONYX, Anisonyæius. (1xs.) Genre de Co- léoptères de la section des Pentamères, famille des Lamellicornes, section des Anthobies. Ce genre a été fondé par M. Latreille aux dépens des Melolontha de Fabricius ; leur caractère consiste à avoir les antennes de dix articles, le chaperon triangulaire allongé, le labre et les mandibules cachés, le menton allongé et velu, les palpes saillans termi- nés par un article long et cylindrique, le lobe maxillaire long, étroit, saillant à son extrémité, sans dents, la languette divisée en deux parties membraneuses, les élytres en carré long arrondies postérieurement; les jambes postérieures sont en forme de cône allongé avec deux éperons égaux au bout, les tarses postérieurs n’ont qu’un seul crochet. Ge sont des insectes , en général, de pe- tite taille, très-couverts de poils , presque tous du cap de Bonne-Espérance , où l’on dit qu'ils vivent. sur les fleurs. Ce genre n’est pas très-nombreux en espèces, on peut y rapporter les espèces nommées crinitum , lynæ, proboscideum, par Fabricius ; une des espèces les plus connues estl'AnisoxYx Ours, 4. Ursus, Fab. long de quatre lignes, noir , très-velu, avec des écailles du plus beau vert sur toutes les parties du corps. M. Guérin en a représenté une espèce fort curieuse à tête prolongée en museaw, c’est l’4. Nasua de Wiedemann. Voyez l’Iconogra- phie du Règne Animal, Insectes, pl, 25 bis, fig. 9 ANISOPLIE, Anisoplia. (1xs.) Genre de l’ordre des Coléopteres, section des Pentamères , famille des Lamellicornes, tribu des Scarabéides phyllo- phages. La distinction de ce genre est due à M. De- jean, ou à M. Megerle ; mais je crois que ce n’est que dans l'Encyclopédie que MM. Saint-Fargeau et Serville en ont exposé les caractères: ils consis- tent dans des antennes de 9 articles, des mâchoi- res pluridentées à dents fortes ; pas de saillie sternale , les crochets des quatre tarses antérieurs bifides dans les deux sexes. Ces insectes faisaient autrefois partie du genre Hanneton ; on les en a séparés avec raisOn ; ‘la forme seule de leur corps indiquait cette séparation : le chaperon est arrondi antérieurement ; le corselet en carré traversal, re- cevant la tête qui est un peu prolongée postérieu- rement ; l’écusson est petit, arrondi; lesélytres ar- rondies là l'extrémité ; les pattes postérieures sont très-robustes, Plusieurs espèces sont de notre pays, nous ci- terons l'A. Des camps, À. arvicola , Fab. Cette es- pèce varie beaucoup de taille, et présente des individus de quatre à sept lignes; son chaperon est avancé , rétréci, relevé antérieurement ; sa tête, son corselet et la partie inférieure du corps sont d’un vert noir,'les élytres rougeâtres, et tout le des- sous du corps couvert d’un duvet jaunâtre très- serré; elle ne varie pas moins par la couleur que par la taille ; on en trouve des individus tout noirs, et d’autres où le noir couvre seulement l'écusson, ANNE ‘et la portion des élytres qui l’entoure ainsi que ‘Ja terminaison de ces derniers. D'Europe. On peut encore rapporter à ce genre les espèces nommées horticola, variabilis, ruricola, arena- ria, ete., de Fabricius ; enfin nous citerons une jolie espèce brésilienne, figurée dans l’Iconogra- hie du Règne Animal, Insectes, pl. 25, fig. 5, et à laquelle M. Guérin a donné le nom d’Æ4. su- duralis, ., CAP ANKYLOSE. (anar. PAT. ) On désigne par ce mot l’état d’une articulation mobile, qui a perdu | Ja faculté d'exécuter des mouvemens. L’Ankylose n’est point, à proprement parler, une maladie; elle n’est qu’une suite d’autres affec- | tions , toutes celles, par exemple, qui détruisent | quelqu’une des conditions sans lesquelles une ar- ticulation ne peut se mouvoir. Ainsi tout ce qui peut altérer le poli des surfaces articulaires , faire cesser la sécrétion de la synovie ( v. ce mot ), di- “minuer la souplesse des parties molles qui envi- | ronnent une articulation, ou empêcher les surfa- | ces articulaires, de glisser l’une sur l’autre, sont des causes qui déterminent l’Ankylose. On rapporte que les fakirs Indiens, qui, dit-on, se condamnent , par esprit de pénitence, à rester immobiles dans certaines attitudes, quelquefois pendant plusieurs années , se trouvent au bout de ce. temps avoir les membres ankylosés dans la | position oùils ont été maintenus. Au reste, il n’est point nécessaire de laisser long-temps une ar- ticulation sans mouvemens pour qu’elle puisse s’an- | kyloser, on voit souvent cet accident arriver aux personnes dont la fracture d’un membre a néces- sité seulement deux ou trois mois d’inaction; cela l'arrive surtout aux personnes scrophuleuses et à celles qui ont été atteintes du virus syphilitique. De toutes les Ankyloses, celle de l'articulation de la mâchoire inférieure , heureusement assez rare, est la seule qui puisse offrir quelque gravité sous le rapport de la difficulté de la mastication , et de la préhension des alimens; cependant j'ai eu oc- casion de voir un cas analogue chez une femme très-avancée en âge, qui depuis plusieurs années | avait perdu tout espèce de mouvement de la mâ- choire. (M. S. À. ). ANNEAU , Annulus. ( mor. cnypr. ) Ce mot, émployé en botanique comme synonyme de collet, sert à désigner , dans les plantes cryptogames , trois organes très-différens les uns des autres , sui- vant les familles auxquelles on l’applique. Dans les fougères, il désigne le bourrelet élastique qui ceint chacun des conceptacles ou petites boîtes qui con- tiennent les séminules ; dans les mousses, il dési- gne la lame qui couvre la suture qui sépare l’urne de son opercule ; enfin, dans les champignons, il désigne la collerette membraneuse qui entoure le pédicule de beaucoup d’agarics et de certains bo- ets. (F.F.) ANNEAUX. (1xs.) On désigne par ce nom Jes parties dont la réunion constitue les parois ex- ‘térieures de l’abdomen des insectes. Les Anneaux ou segmens se divisent chacun en deux arceaux 197 DU ANNE ou demi-segmens ; ces derniers à leur tour peuvent être considérés comme formés de plusieurs pièces, soudées intimement dans le plus grand nombre de cas, et par conséquent difliciles à distinguer. Les Anneaux sont au nombre de neuf ou dix; mais parfois il n’en paraît à l'extérieur que six ou sept, les derniers sont rapetissés et cachés dans l'abdomen. Dans les coléoptères , les anneaux in- férieurs sont moins nombreux que les supérieurs ; deux ou trois de ceux-ci correspondent alors à l’es- pace occupé par le premier arceau ventral. On donne le nom de dos à la portion formée par les arceaux supérieurs ; on appelle ventre celle qui ré- sulte de la suite des arceaux inférieurs. Les An- neaux sont joints entreeux par une membrane so- lide, mais assez flexible pour leur permettre de glisser les uns sur les autres et d'augmenter, en s'écartant, l'étendue de l'abdomen. Ils sont ainsi disposés en recouvrement, de telle sorte que le se- cond s’emboîte sous le premier, le troisième sous le second, et ainsi de suite. Les muscles insérés aux Anneaux donnent à l'insecte le moyen d'étendre ou de raccourcir l'abdomen, d’en diriger l'extrémité dans plusieurs sens , à droite comme à gauche, en haut comme en bas. De chaque côté des Anneaux on apercoit, le plus ordinairement , un petit enfoncement par le- quel pénètre l'air nécessaire à la respiration de l'animal. Les cloportes, les jules , les scolopendres et quelques autres insectes ont le corps entièrement composé d’Anneaux, tandis que chez le plus grand nombre, ceux-ci ne sont manifestes que sur la région abdominale. Les crabes, les écrevisses pré-- sentent des Anneaux à la portion qu'on appelle queue; on n’en observe pas chez les mites et les araignées. En démontrant l’analogie qui existe entre ces organes et le système osseux chez les animaux vertébrés, des entomologistes modernes ont con- sidéré tout le corps des insectes comme formé d'une suite d'Anneaux; selon ces auteurs, leur assemblage constitue la charpente, le squelette, on mieux l'enveloppe solide, divisée en tête, en tho-- rax et en abdomen; celte enveloppe supporte les divers appendices, comme les antennes, les paites, la tarière , etc. (PAG ANNEAUX. (awar.) Les anatomistes ont adopté cette expression pour désigner des ouvertures cir- culaires ou obrondes spécialement destinées au tra- jet de quelques parties. Ainsi à l’abbomen on en reconnait trois : 1° L’ Anneau ombilical, formé au milieu de la li- gne médiane de cette partie, et qui dans le fœtus donne passageaux vaisseaux ombilicaux; cet An- neaus’efface après la chute du cordon, et présente, avec le temps, une cicatrice déprimée très-résis- tante. Cependant les fibres aponévrotiques dont il se compose peuvent se relâcher, se dilater lorsque les parois abdominales sont distendues , comme dans la grossesse, l'obésité, l’ascite, etc. Dans ce cas cette ouverture peut donner passage à quel- ANNE que portion des viscères contenus dans le ventre. 2° Les Anneaux suspubiens ou inguinaux, ouver- æures oblongues, l’une à droite, l’autre à gauche, formtes dans l'épaisseur du muscle costo-abdomi- pal, plus larges dans l'homme et donnant passage au cordon spermalique; plus petites dans Ja femme et servant au trajet du ligament rond. C'est par ces Anneaux que s'engagent les portions viscérales -qui forment les tumeurs désignées sous le nom de descertes, ou hcrnies inguinales. 5° On a enfin pro- posé de laisser le nom d’Annèaux à toutes les ou- veriures aponévrobiques livrant passage à des vais- seaux sanguins, LP: Gi) ANRELIDES , Ænnelides. (zoo1.) Les ani- -Maux qui composent celte classe étaient confon- dus par Linné avec les mollusques et les vers; Bruguière, qui vint ensuite, les sépara bien des mollusques, mais les laissa réunis aux vers. Ce n’est qu'en 1798 que CGuvier établit, avec les animaux qui nous occupent, une classe qu'il nomma vers à sang rouge, pour la distinguer des vers intestinaux, dont l’organisation, bien infé- rieure, fait qu'illes a placés, dans son Règne ani- mal, à la suite des animaux rayonnés. . M. de Lamarck adopta ce que Cuvier ayait fait, mais changea le premier nomen celui d’An- nélides , qui a été généralement conservé. es Annélides sont les seuls de tous les ani- -maux sans vertèbres qui aient le sang rouge; il circuie dans un double système de vaisseaux com- pliqués. Le système nerveux, semblable à celui des insectes , est formé d’un double cordon noueux; leur corps mou, plus ou moins allongé, ét divisé en un nombre quelquefois assez considé- rable de segmens , est souvent pourvu d’une tête, ayant des yeux, des tentacules et une bouche armée de mâchoires; les eôtés sont pourvus de soies raides , rétracliles, de couleur’ métallique, qui sont tantôt simples, tantôt en faisceaux, et remplissent les fonctions de pieds ; souvent aussi {ous ces organes sont presque invisibles ou n'exis- lent même pas. Un grand nombre d’Annélides vivent libres dans la mer , dans les eaux douces, dans la vase et le sable humide. D’autres, aucontraire, habitent des tubes calcaires formés par la tanssudation de l'animal, Enfin il en est qui agglutment autour de leur corps du sable et des débris de coquilles, et se forment ainsi des tubes qu’elles habitent et -dont elles ne peuvent plus sortir. : Ces animaux, quise trouvent ordinairement sur les côtes, sont pour la plupart carnassiers ; plu- sieurs sont armés de mâchoires cornées, et se nourrissent souvent de petits poissons ; d’autres au contraire ne vivent que de molécules et de restes d'animaux contenus dans le sable qu’ils creusent pour se former des habitations. Quoi- qu'ils soient tous hermaphrodites, ils ont cepen- dant besoin d’un accouplement réciproque. Les Annélides sont connues vulgairement sous le nom de Fuseaux de mer, Tuyaux de mer, etc. Elles sont beaucoup plus utiles à l'espèce hu- maine, qu'elles ne Jui sont nuisibles ; les sangsues , 198 -prend les Annélides dent les branchies ne sont points -et modernes ont dit, et après avoir donné ses RSS ANNE = comme on le sait, sont d’un très-grand secours en médecine, ct forment même uue branche de commerce très-élendue. (7, Saxcsues.) Les Lom- brics (vulgairement appelés vers de terre) né nuisent point aux plantes, et même, en divisant la terre comme ils le font , facilitent le développe- ment de leurs racices. Enfin les Nércides, les Arénicoles , les Siponcles et les Lombrics eux mêmes, sont employés avec beaucoup d'avantage. pour servir d’appâts dans la pêche à l’hamecon ou à la trouble, et servent pendant l'hiver, à celle du merlan-et, de la sole, La phosphorescence de toutes celles qui sont marines est très-grande, et fait croire à plusieurs” auteurs qu'elles participent , comme beaucoup d’autres animaux, à produire celle qu'on voit dan la mer à certaines époques. Cuvier,-qui a rangé cette classe à la tête di animaux articulés, c’est-à-dire avant les Crusta= cés , les Arachnides et les Insectes, la divise em trois ordres : le premier, ou l’ordre des T ub ik coles, comprend les Annélides dont les branchiess en forme de panaches ou d’arbuscules , sonë attachées à la tête ou à la partie antérieure du corps ; ces Annélides vivent dans des tubes. | Le second ordre, celui des Dorsibranches, com prend celles qui ont à la partie moyenne du COrps,s ou le long des côtés, des branchies en forme d’ar bres, de houppes, de lames ou de tubercules dont les vaisseaux se ramifient, et qui nagent, pour la plupart plus librement dans la mer. Le troisième enfin, celui des Abranches , com apparentes, qui respirent, comme le croient quel ques auteurs, ou par la surface dela peau, ou par des cavités intérieures, et qui viventlibrement dans l’eau, dans la vase , ou dans la terre. L Après l'impulsion donnée par, Cuvier, plu sieurs sayans se sont occupés avec grand soin de l'organisation et de la classification de ces ani maux. M. de Lamarck, le premier, profitant des travaux de Cuvier et de M. Savigny, établit trois ordres,et décrivit plusieurs genres nouveaux qu'il y intercala, Il donne le nom d’Ænnélides apodes au premier; celui d’Annélides antennées au second, et nomme Ænnélides sédentaires le troisième, M. Savigny , après des observations très-éten- dues, publiées dans le bel ouvrage d'Égypte eë accompagnées de magnifiques planches, établit une nouvelle classification , et employa les noms de Néréidées , de Serpulées, de Lombricinées , et d’Hirudinées pour désigner ses ordres, variant comme ses prédécesseurs sur la place que doivent occuper plusieurs genres qui y sont contenus. M. de Blainville , dans un article très-éten- du du Dictionnaire des Sciences Naturelles, après avoir récapitulé tout ce que les auteurs anciens. propres observations sur cette classe d'animaux , établit aussi trois ordres , auxquels il donne les noms d'Hétérocriciens , de Paromocriciens , et d'Homocriciens, Enfin l'établissement successif de hi veu 11127: Fr : d'a vu | | CAE à 1, 4 L' 3 = | L ! i sftrzs re A 1 1 1 1 i ' L * ! 1 r. ñ ES 1 Fer | ‘ L NES: ( NE: [ot à x ! l nt & rive ! w'# it | N } A ; : gs : COPA TT PIE <" L'NPEAS 4} à 0 0 0 om en de Me ane moe a 2 ra D ro ’ DIVISEES EN TROIS ORDRES. ANNELIDES Tubicoles. 1% Ordre Dorsibranches. 2° Ordre ‘ , Abranches Le Ordre. PL 257. [24 b5) Cenres princpaur Serpule. Se COITUnUune - Térébelle TL. Meduse LPO el ne Amphi Lrite. À. d SU )PILLD EE SERRE AE Syphostome ; S. commun Dentale | Arènicole . À. des Pecheurs Amphinome À. Alyone…...…..… Eumece. éd Dell : SET 2: PA Nereide N' Murcia... Aphrodite. Ames eng im ee Pl UR Lombric. L.ærrestre.. Sangsue. © S_ des chevaux... - Dragonneau D. eguatique… À caue B mure 7 Annélides. LCuërin dr il na nr | NN AN \S NS = D Prier à) ll af (l \nols “ ANOD genres décrits par ces différens auieurs , Ct la description de plusieurs autres , étudiés viyans sur les côtes de la France, par MM. Audoin et Milres Edwards, ont fourni à ces auteurs les moyens d’éta- {blir une nouvelle classification basée sur des caractères anatomiques. Dans cétte méthode les Annélides sont divisées en quatre ordres, savoir :: les Annélides erranies, les Tubicoles où séden- taires , les T'erricoles, et les Suceuses. Les obser- valions de ces auteurs sont accompagnées de | planches ; elles ont été publiées dans les Annales des Sciences Naturelles. Nous donnerons ,-quand les noms des genres se présenteront , les détails fournis par chacun de ces auteurs à la place qu'ils leur auront assignée dans leurs différentes classifications. (L. R.) ANNUEL, Annuus. (or. pan.) Cet adjectif indique le temps durant lequel un assez grand mombre de végétaux naissent , se développent et meurent ; il en est qui subsistent d’un printemps {àl’autre, quelques uns vivent seulement peu de {semaines ou peu de mois. La plupart des feuilles Ad’arbres sont annuelles. La différence de temps dans la vie des végétaux “lavait donné à M. de Candolle l’idée d’en faire un {caractère distinctif ; mais ici la règle aurait souf- « fert trop d'exceptions. (L.) : ANOBIUM. (ns.) 7. VRILLETTE. 1 ANODON. (rer.) . SERPENT. ANODONTE, Ænodonta. (morr.) Genre de coquilles fluviatiles appartenant à la famille des [Naïades de Lamarck, et nommé ainsi qu’il suit par {divers auteurs : Anodontites , Brug.; Anodon , Ocken ; Mytilus, Linné; Limnea, Poli ; Anodonti- {dia , Raflinesque. En voici les caractères : coquille Jéquivalve , inéquilattrale , transverse ; charnière linéaire , sans dents; une lame cardinale, glabre, ladnée , tronquée ou formant un sinus à son extré- mité antérieure , termine la base de la coquille ; {deux impressions musculaires écartées, latérales, [subgéminées; ligament linéaire , extérieur , s’en- foncant à l'extrémité antérieure dans la lame car- dimale. Ces coquilles sont en général minces et fragiles, leur test est composé d’une nacre assez lle , argentée et irisée sur quelques parties, ecouverte d’un épiderme d’un beau vert dans le jeune âge, et d’un vert foncé presque noir à l’état “vieux. Lamarck, dans la première partie de son 5° volume, page 83 de ses An. $S. V., en dé- crit quinze espèces , au nombre desquelles deux ort connues vivent dans nos rivières et dans nos étangs. La plus remarquable est l'A. DILATÉE. A. cycnea, figurée dans notre Atlas, pl. 1, fig."25, dont les habitans des campagnes se servent com- munément pour écrémer leur lait. Cette espèce atteint une taille que Lamarck porte à 177 millimè- es ; mais on trouve des individus plus grands ; car j'en possède des échantillons qui en ont 200 et plus , venant de la Picardie, La deuxième est l'A. DES CANARDS, À. anatina, qui ne diffère de la pre- mière que par une taille plus petite et moins di- latée postérieurement. M. de Férussac, qui a fait me étude spéciale de ces coquilles , pense avec à E9@ a ————— ANOL raison que toutes les espèces décrites jusqu'à ce jour, qui constituent ce genre et dont le nombre est assez considérable, ontentre elles une si grande: analogie, qu'il est impossible d'affirmer leur exis- tence. C’est certainement à l'influence des loca- lités que sont dues les différences observées dans. le développement et l'épaisseur de leur test par divers naturalistes, et s'ils y eussent pensé , moins d'espèces auraient été créées, Un fait fort curieux, que J'ai été-à même d'observer , vient à l'appui de celte assertion, M®° V* Lecarlier, mère du député de ce nom, possède au pied de la montagne de Laon une propriété fort bizarre par les nom- breuses pièces d'eau dont elle est ornée et qui s’a- limentent par des sources innombrables. Toutes ces piéces d’eau se vident les unes dans les autres, et la dernière verse son trop-plein dans-la petite ri- rière d'Ardon, qui n’en est éloignée que de six pieds environ. Pour que l’écoulement des eaux se fasse sans crainte de perdre son poisson, cette dame fit faire un petit aquéduc en maconnreie, et à chaque extrémité y fit placer des grilles ou le pouce passerait à peine. Deux ou trois ans ne s’é- taient point encore écoulés que l’aquéduc. fut presque totalement bouché. Le supposant comblé par de la vase et quelques herbages, on en f£ faire devant moi l'ouverture, el à notre grand étonnement nous y trouvâmes une quantité consi- dtrable d’Anodontes amoncelées les unes sur les autres , que le courant avait sans doute entraînées dans leur très-jeune âge. Leur développement s’é- tant opéré dans la plus grande gêne en cet en- droit, sans possibilité d’en sortir , il en est résulté qu’il a été bien moins grand que de coutume, mais le test, sous le rapport de l'épaisseur , y a gagné considérablement, et chaque strie d’accrois- sement. surchargée de matière testacée, leur don- nait une forme tellement particulière, que si je n’eusse pas été témoin de ce phénomène, je n’au- rai pas hésité à déclarer que toutes ces coquilles appartenaient à une nouvelle espèce. Peu d’Anodontes sont connues à l’état fossile, Le comte Razoumowski est le premier qui en ait dé- couvert une, qu’ilcroit être la même que celle de nos étangs (4. cycnea) : il la cite comme appar- tenant aux couches de lignite de Paudex , près de Lausanne. (Hist. du Jorat. t. 2, p. 57). Tout porte à croire que ce genre devra être réuni aux Unios, ces coquilles ayant entre elles les plus grands rapports et leurs animaux étant en tout semblables. (Ducr.) . ANOLIS. (nrerr.) Genre de Sauriens, voisin des Jguanes par plusieurs caractères de structure et d'habitudes, que l’on désigne vulgairement aux Antilles sous les noms d’Anoli où d'Anoelli. Les Anolis ont la tête pyramidale , allongée , le corps épais, légèrement comprimé latéralement, la qusue longue, renflée par intervalles, sarmontée à sa naissance d’une crête plus ou moins pro- noncée , les membres et les postérieurs surtout très-développés, grêles ainsi que les doigts, qui sort terminés par des ongles forts et crochus. La bou- che des Anolis est grande, la langue molle, spon- ANOL gieuse, entière, un peu extensible’, les dents nom- breuses, peu inégales, serrées et aplaties de dehors en dedans , les antérieures simples, les postérieures bicuspides ou tricuspides, ou dentelées en scie ; | plusieurs auteurs prétendent que les Anolis ont des dents simples, coniques au palais, d’autres disent qu’ils n’en ont pas ; le fait est que ces dents ne sont pas constantes chez tous les Anolis, preuve que ces Phanères ne peuvent pas avoir dans l’histoire des reptiles toute l'importance ca- ractéristique que l’on a voulu leur attribuer. Les branches postérieures de l'os hyoïde se prolon- gent chez ces animaux fort en arrière sous le thorax, et le rapprochement de leurs extrémités détermine dans certaines circonstances physiolo- giques une saillie plus ou moins considérable de la peau du gosier, élargie en une sorte de fanon que l’on a appelé improprement goître, et qui a fait donner aux Anolis les noms vulgaires de Goîtreux, de Papa-V'ento , etc. Les côtes se réunissent entre elles à la partie inférieure du thorax, à peu près comme chez les caméléons , avec lesquels les Anolis ont encore d’autres points de ressemblance; les yeux sont saillans , munis de deux paupières à peu près égales; le tympan forme une ouverture ovalaire libre. La tête est couverte de petites pla- ques égales polygones, irrégulières ; le corps est re- vêtu d’écailles petites , égales , uniformes , quadri- latères, lisses , subverticillées, réunies sous le ventre en forme de suture; sur les membres elles prennent une forme rhomboïdale, et deviennent carénées ; mais le caractère propre des Anolis est celui qui leur a valu les noms de Lézards larges- doigts ou Dactyloa; la dernière phalange de tous les doigts est grêle , arrondie, tandis que l’avant- dernière est renflée , élargie en une plaque discoi- dale aux quatre doigts extérieurs de chaque pied, garnie au dessous de petites lamelles transversales qui aident ces Sauriens dans l’action de grimper ; car les Anolis chassent ordinairement sur les ar- bres et les buissons, et se nourrissent non seule- ment d'insectes, mais encore de fruits et de baies ; leur coloration, en général verdâtre, se perd facile- ment dans la teinte du feuillage sous lequel ilsse ca- chent; cette coulcur est aussi, comme celle du ca- méléon, sujette à varier brusquement selon les sen- sations de l'animal. Les Anolis sont vifs et lestes, ils courent avec promptitude et sautent avec légèreté d’une branche à l’autre ; ils mordent fortement et avec assez d’acharnement la main quiles saisit, mais leur morsure est innocente. Ils s’accouplent et se reproduisent comme la plupart des autres Sauriens. Il existe un assez grand nombre d’espèces d’A- nolis, qui toutes appartiennent à l’Amérique et aux Antilles. Les mieux déterminées sont : L’Axous De Cuvier, À. velifer (figuré dans l’Iconographie de M. Guérin ,rept. , pl.12, fig. 1: et dans notre Atlas, pl. 25, fig. ©), long d'environ trente - deux centimètres, d’un bleu cendré plus ou moins irisé de brunâtre sur le dos ; une crête assez prononcée, soutenue par douze ou quinze rayons épiaux des vertèbres caudales, s’é- tend sur la première moitié de la queue. 200 ANOM L’Axouis BIMACULÉ de Sparmann (4. bimac latus), bleu verdâtre en dessus du corps, tacheté. de noir ; deux taches de même couleur impri- mées sur les épaules Jui ont valu le nom qu porte. Sa queue est aussi surmontée d’une crête assez marquée; il n’alteint guère qu'à la moitié de la grandeur du précédent. / L’Axouis À Ecnarre , À. equestris, aïnsi ap- pelé à cause d’une bande blanche (tendue sul les épaules, Ilest long de vingt-quatre à trente cen: timètres ; il est d’une teinte violacée claire, plus ou moins fauve sur les parties supérieures ; s4 queue est munie d’une crête- un peu moins déve- loppée que dans les espèces précédentes. 4 k L’Axouis RaxË , A. lineatus. Vert brunâtré en dessus, avec de larges lignes longitudinales noi res ; la queue est garnie à sa racine d’une crête peusaillante, sinueuse. Cet Anolis atteint quarante quarante-huit centimètres de longueur , la queue en forme plus des deux tiers: le corps a deux ow trois centimètres d'épaisseur. : à L’Axoris «'voinTs BLANCS de Daudin, 4. punc= tatus , long de ving-quatre à trente deux cen* timètres, dont les deuxtiers au moins pour la queue; épais d’un à deux centimètres, marbré de brum et de blanc finement mélangés ; de petites taches blanches arrondies sont quelquefois disposées em séries transversales régulières sur les flancs; la crête de la queue est peu ou point sensible. On a voulu distinguerpar lenom de X'iphosurus les Anolis qui ont une crête surlaqueue; mais sousle rapport de ce caractère l’ontrouve parmi ces Sau* riens une dégradation et une transition tellement insensibles d'uneespèce à l’autre, qu'il n’est guère possible d'établir entre elles une ligne de démarcaæ tion bien tranchée. , (T. Gi ANOMALIE. (r£rar.), C’est une expression sou vent employée par les zoologistes et peu usitée dans le langage anatomique. Cependant, depuis la publication du Traité de Tératologie, par M. Isidore Geoffroy: Saint-Hilaire, ce mot a recu une acception précise, et a été fréquemment em= ployé par ce savant auteur, dont l'ouvrage nous servira de guide pour cet article. °tl Toute déviation du type spécifique , ou en d'au tres termes, toute particularité organique que pré= sente un individu comparé à la grande majorité des individus de son espèce, de son âge, de son sexe, constitue ce qu’on peut appeler une Ænomalies On doit donc entendre d’une manière générale par Il un être anomal, un être qui s'éloigne par son or= ganisation de la grande majorité de ceux auxquels j il doit être comparé. Nous ne nous proposons point dans cet article de donner une histoire complète ou même de présenter le tableau général des Ano= malies, mais seulement de poser des définitions et d'exposer la classification à laquelle se rapportez ront les articles spéciaux qui feront connaitre les | faits anomaux les plus curieux et les monstruosités | les plus remarquables. Nous aurons soin de com= pléter ces articles par des figures, comme nous le W faisons pour les articles ordinaires de zoologie et de botanique, Toutes | | | nl | Er - ANOM 201 ANOM UE mo à À ‘Toutes les anomalies qui peuvent se rapporter à l’hermaphrodisme forment un groupe distinct et très-naturel. Au contraire, toutes les anomalies qui ne sc rapportent pas à l’hermaphrodisme, ren- trent d’une manière très-naturelle dans l’une des quatre divisions suivantes : 1° Anomalies simples , légères, ne mettant obs- tacle à l’accomplissement d’aucune fonction et ne produisant point de difformité. L'usage a consacré pour elles le nom de V’ariétés ; 2° Anomalies simples, peu graves sous le rap- port anatomique, rendant impossible ou difficile l’accomplissement d’une ou de plusieurs fonctions, ou produisant une difformité. Ces anomalies, déjà plus graves que celles de la première section, sont | les vices de conformation. + 5° Anomalies complexes, graves en apparence sous le rapport anatomique , mais ne mettant obs- | tacle à l’accomplissement d'aucune fonction, et | mon apparentes à l'extérieur. Elles n’ont point reçu | de nom particulier, M. Isidore Geoffroy les désigne | sous celui d’Æétérotaxies. t 4° Anomalies très - complexes, très - graves , rendant impossible ou dificile l’accomplissement d’une ou de plusieurs fonctions, ou produisant chez les individus qui en sont affectés une conforma- | tion vicieuse, très-différente de celle que présente ordinairement leur espèce. Ces dernières anoma- lies , les plus graves de toutes, sont les véritables Monstruosités. Ces quatre groupes, quoique fon- ‘dés sur des distinctions réelles et importantes, ne peuvent former des divisions de même rang dans une classification méthodique et régulière. Aussi M. Isidore Geoffroy a senti la nécessité de réunir, dans la classification tératologique, les vices de | conformation et les variétés en une seule et même grande division qu’il nomme Æémitérie; elle cons- | titue le premier embranchement ; le second com- | prend les Hétérotaxies , le troisième l’Hermaphro- | disme ; et le quatrième embranchement, la Mons- | truosité proprement dite. Le tableau suivant pré- | sente ces divisions dans leur ordre naturel. | Simples. Hémirérres RE ‘ ices de conformation, ANOMALIES HÉTÉROTAXIES, Complexes.| HERMAPHRODISMÉ: MoxsTruosiTÉSs. Î | - On voit done que le mot /émitérie, dans lesens très-général que lui attribue M. Isidore Geoffroy- Saint-Hilaire, correspond à la fois à la détermina- tion exacte du sens des mots variétés el vices de conformation. Il devait en effet en être ainsi UE même anomalie qui n’est dans cette époque qu’une simple variété, pouvant être dans une autre un vice, même assez grave, de conformation. * Le nom d’AHétérotaxie indique une disposition | régulière, mais différente de celle qui constitue Pétat normal. Ces anomalies sont très-remarqua- | bles, en ce qu’elles modifient sur beaucoup de LS et d’une manière en apparence très-com- | plexe l’organisation intérieure des sujets qui les | présentent, sans modifier en aucune facon ni leurs fonctions ni même leur conformation extérieure. - Toxe I. — Le mot Hermaphrodisme, dans le langage usuel eten histoire naturelle, signifie la réunion complète des deux sexes chez le même individu ;: mais en tératologie l’on comprend sous ce nom plusieurs états très-différens de l’organisation participant à la fois aux conditions des deux sexes. Par consé- quent Ja signification de ce terme n’a rien de plus absolu que celle des mots Variété, Monstruo- sité, etc. | Enfin la signification du mot Monstruosité, qui exprime la condilion de l’être monstrueux;sst une anamolie très-complexe, très-grave , rendant im- possible ou diflicile l’accomplissement d’une ou de plusieurs fonctions, ou produisant chez les in- dividus qui en sont affectés une conformation wvi- cieuse, très-différente de celle que présente ordinai- rement leur espèce. Après ces définitions générales sur lesquelles nous reviendrons entraitant dé chacun des quatre cmbranchemens , nous indiquerons succinctement leurs subdivisions principales afin d'offrir ici un tableau complet de l’ensemble des Anomalies. Premier embranchement: Hémitéries. L'étude des déviations organiques qui se rapportent au groupe des Æémitéries , le premier et le plus vaste des quatre embranchemens des Anomalies , comprend des variétés nombreuses renfermées dans cinq classes particulières. Toutes les Anomalies relatives au volume, à la dimension, à l'étendue des organes appartiennent à la première classe. Mais les Ano- malies de volume pouvant être générales ou par- tielles, par diminution où par augmentation, elles nécessitent la division de celte classe en quatre or- dres. Le premier comprend les Anomalies par démi- nution générale de volume , ou par diminution de toutes les parties du corps. Le second, les Anoma- lies par augmentation générale où par augmenta- tion de toutes les parties du corps. Le troisième, les Anomalies par diminution partielle où par di- minution d’une ou de plusieurs régions, d’un ou de plusieurs organes, etc. Enfin les Anomalies par augmentation partielle. Aux deux premiers ordres se rapportent les nains ctles géans, à l'étude desquels seront consa- crés des articles spéciaux. Les deux derniers 6r- dres comprennent un grand nombre d’Anomalies pour la plupart peu intéressantes. La deuxième classe comprendles Anomalies de forme ; elles sont pour la plupart congéniales, tan- tôt apparentes à l’extéricur, tantôt ne pouvant être révélées que par la dissection des organes internes. La troisième est relative aux Anomalies de struc- ture ou de composition intime. Gelte troisième classe, peu nombreuse, doit être divisée en deux groupes principaux , les Anomalies de couleur et les Ano- malies de structure proprement dites. Le premier comprend les Anomalies par diminution de la ma- tière colorante ; celles par augmentation 3. enfin les Anomalies par simple altération. L’Albinisme et ses variétés se rapportent aux Anomalies par dini- nution dela matière colorante ; le Mélanisme et les taches dites envies, aux Anomalies par augmen - XXVI° Livraison, 26 ANOM nd RP à tation de couleur. (Voyez les mots Azsinisme, Ex- viss'et Mézanisue ). Quant aux Anomalies par simple altération, elles renferment des cas moins remarquables, qu’on observe spécialement parmi les animaux, Le second groupe, ou les Anomalies de struc- ture proprement dites , comprend les Anomalies par ramollissement des organes durs et les Anoma- lies par induralion des organes mous . L'état carti- lagineux des os , l'ossification des organes mous, sont les principaux types de ces deux ordres. La quatrième classe, celle des Anomalies de dispositions, comprend le plus grand nombre de cas remarquables, et se compose de cinq ordres, savoir : les Anomalies. par déplacement ; celles par changement de position ; les Anomalies par contt- nuité de parties ordinairement disjointes; celles par cloisennement, enfin les Anomalies par dis- jonctions de parties ordinairement continues. Dans le premier ordre sont compris une foule -de cas très-remarquables, dont la connaissance importe au plus haut degré à l’anatomiste et au chirurgien. Tels sont les déplacemens du cœur, des organes digestifs, l’extroversion de la vessie, etc. Dans le second, on observe une foule de variétés des vaisseaux; des dispositions très anomales des gros troncs, du rectum, de l'appareil urinaire, des - organes génitaux, ete. Le troisième ordre comprend un grand nombre de cas dont la connaissance est aussi importante pour le chirurgien qu'intéressante pour l’anato- miste. Il se divise en deux groupes principaux, les imperforalions , et les réunions anomales. Le quatrième ordre renferme les Anomalies par cloisonnement longitudinal , transversal ou obli- que. Enfin le cmquième ordre comprend les Anoma- lies par disjonctions de parties ordinairement continues ; elles se subdivisent en deux groupes, dont chacun remferme plusieurs cas d’une haute importance, savoir : les perforations et les divi- sions anomales. La cmquième et dernière classe, indiquant les Anomalies de nombre et d'existence, se partage en deux ordres de la manière suivante : Anomalies par diminution dans le nombre des organes, Ano- malies par augmentation, Second embranchement : Hétérotaxie. —CGet em- branchement ne comprend qu’un très-pelit nom - bre de genres composant un second ordre, et dont le plus remarquable est la transposition com- plète des viscères, dont nous parlerons avec quel- que détails au mot Hétérotaxtie. Troisième embranchement : Hermaphrodisme.— Un Hermaphrodite, dans le sens le plus spécial de ce mot, est un être possédant à la fois les deux sexes , el pouvant soit.se féconder lui-même, soit alternativement féconder et être fécondé ; deux modes de reproduction dont la nature, même sans franchir les limites du règne animal, nous offre une multitude d'exemples. En tératologie le. mot Æ/ermaphrodisme a recu un sens plus général, et signifie la réunion chez 202 ANOM un même individu, soit des deux sexes, soit seule- ment de quelques uns de leurs caractères. Cet embranchement comprend deux classes, l’Hermaphrodisme sans excès dans le nombre des parties, et l’'Æermaphrodisme avec excès. La première classe comprend tous les cas dans lesquels le nombre normal des parties n’a subi au- cune augmentation; elle comprend quatre ordres : 1° l’Hermaphrodisme musculaire , dans lequel l'en- semble de l'appareil sexuel], essentiellement mâle, revêt extraordinairement quelques caractères féminins; 2° l’Hermaphrodisme féminins, dans le- quel le contraire a lieu; 3° l’Hermaphrodisme neu- tre, dans lequel l’appareil sexuel présente des conditions intermédiaires entre celles du mâle et celles de la femelle, et n’est réellement d'aucun sexe; 4° l’Hermaphrodisme mixte, dans lequel l’ap- pareil sexuel est en partie mâle et en partie fe- melle. Ce dernier ordre comprend des cas très- variés, dontele plus remarquable est l'Hermaphro- disme latéral, dans lequel un côté du corps est mâle , et l’autre femelle. La seconde classe, l'Hermaphrodisme avec excès, comprend trois ordres, savoir: 1° /’Herma- | phrodisme masculin complexe; dans lequel à un appareil mâle plus ou moins complet se trouvent surajoulées quelques parties femelles surnumé- raires; 2° l’Hermaphrodisme féminin complexe, dans lequel ce sont au contraire quelques parties mâles qui viennent se surajouter à un appareil femelle; 3° l’Hermaphrodisme bisexuel , caractérisé par la présence d’un appareil sexuel mâle et d’un appareil femelle. Ge dernier ordre se subdi- viserait en Âermaphrodisme bisexuel imparfait, et Uermaphrodisme parfait, si le dermier cas, caractérisé par la réunion de deux appareils com- plets, venait à se réaliser; ce qui n’a encore jamais eu lieu. Quatrième embranchement: Monstruosités. — Get embranchement est subdivisé, comme le précé- dent , en deux classes, suivant que le nombre des parties n’a point subi d'augmentation, où qu'a contraire une ou plusieurs régions du corps, ou même toules, se trouvent doublées, triplées, etc. La première classe , les monstres chez lesquels on ne trouve que les élémens complets ou incom- plets d’un seul sujet, ou Monstres unitaires , se subdivisent en trois ordres : ‘ceux dont la formes est, au moins en lrès-grande partie, symétrique $! ceux où elle est encore déterminée, mais non sy métrique ; et ceux où elle est tout à fait indéter+ minée. Le premier de ces ordres comprend surtout uns très-grand nombre de genres, dont la plupart avaient été confondus sous le nom d’'Anencéphales: Au second se rapportent les Acéphales et quel- ques autres genres qui, quoique pourvus d’une tête plus ou moins complète, ont la ‘même or- ganisation générale. Le un troisième com prend seulement quelques cas dans lesquels certains organes seulement sont 'ébauchés; cas peu nombreux et qui n’ont point jusquà présent fixé l'attention. PE ANOM 203 ANON j a En La seconde classe, comprenant les monstres chez lesquels se trouvent réunis les élémens complets ou incomplets de deux ou plusicurs sujets; porte le nom de Aonstres composés, et se sub- divise en deux sous-classes, les Monstres doubles et les Monstres triples. Parmi les Monstres doubles, les seuls dont nous devions ici parler (les autres étant à peine connus), on'distingue cinq groupes principaux. Le premier comprend plusieurs genres, dans les- quels des membres sarnuméraires tiennent toujours à un corps plus ou! moins complétement normal. Le second : comprend les Monstres doubles à l’une des extrémités de leur corps, et simples à l'autre. Le Monstre Rita Cristina, dont tout Paris a entendu parler, et dont nous avons donnés l'his- toire (voyez les Annales des sciences naturelles, Fév. 1830 ), peut être cité comme type de cette division très-nombreuse. Le troisième comprend un très- petit nom- bre de genres dans lesquels une tête et quelquefois un cou, mais point de thorax (et par conséquent point de cœur), se trouvent entés sur la tête ou sur les mâchoires d’un individu, d’ailleurs bien conformé, Le quatrième, également très-peu étendu , com- prend lesgenres dans lesquels deux sujets entiers, ou presque entiers, se trouvent soudés l’un à l’au- ire par les extrémités de leurs corps, c’est-à-dire par leurs bassins ou leurs têtes. Enfin dans le cinquième et dernier groupe se trouvent placés les Monstres composés de deux individus complets, unis soit ventre à ventre, soit dos à dos, soit côté à côté. | On voit que, suivant la classification générale dont nous venons de donner l’analyse, et qui ser- vira de base aux articles qui seront publiés dans ce Dictionnaire sur la tératologie, toutes les Anomalies se trouvent rapportées à dix classes, dont cinq appartiennent à l’'embranchement des Hémitéries, une aux Hétérotaxies, deux aux Her- imaphrodismes, et deux aux Monstruosités pro- rement dites. (M. S. A.) ANOMALIE. (mor. ) Irrégularité , dissem- blance dans la forme, dans les caractères, qui diffé- rencient un corps quelconque de ses congénères, et Véloignent de la famille , de la classe à laquelle il appartient naturellement. En botanique, l’Ano- malie dépend tantôt de la plante elle-même, de la vigueur de l'individu, de sa constitution inté- rieure, tantôt du sol, des agens extérieurs et des corps qui l’avoisinent ; le plus souvent la cause qui la détermine est inconnue : par exemple, tous les arbres et arbrisseaux de la nombreuse famille des conifères sont pourvus de feuilles; les genres Filao et Uvette (v. ces mots) sont les seuls dont les espèces en soient totalement dénuées : c’est une Anomalie relativement à la famille. Le rosier des Alpes (v. ce mot} est le seul de son genre qui soit entièrement et constamment dépourvu d’épines ou aiguillons , tandis que tous les autres rosiers én sont plus ou moins hérissés : c’est une Anomalie de l'espèce au genre, etc. Dans sa no- menclature botanique, Tournefort a désigné sa onzième classe sous le nom de fleurs Anomales, et il y comprend diverses espèces de plantes extrêmement irrégulières , d'ordinaire munies d’un ou de deux éperons, tels qu'on en voit dans la Capucine, l’Ancolie, la Violette, l’Aconit, le Mullier, le Delphinium , etc. (F. ». B.) ANOMIE, Ænomia. (morx.) Genre de coquilles appartenant à la famille des Ostracés de Lamarck, (vol. VI, première partie, page 225), et présentant pour caractère une coquille inéquivalve, irrégu- lière, operculée, adhérente par son opercule ; valve percée, ordinairement. aplatie, ayant un trou ou une échancrure à son crochet; l’autre un peu plus grande, concave, entière. Opercule petit, elliptique, osseux, fixé sur des corps étrangers, et auquel s’attache le muscle intérieur de l’animal. Le mollusque de ces coquilles a un pied petit comme celui des peignes, il se glisse entre l’échan- crure et la plaque qui la ferme et sert, à ce que dit Cuvier, à faire arriver l’eau vers la bouche, qui en est voisine. (Voyez Règne animal. t. IL., p. 461.) Toutes les espèces qui constituent ce genre sont irrégulières et en général minces et translucides ; elles sont unicolores; mais leur couleur, d’un jaune plus ou moins foncé, est toujours fort vive. Ges coquilles s’attachent sur les corps marins comme les huîtres, avec lesquelles elles ont beaucoup d’a- nalogie; on en trouve même sur des crustacés et sur différentes coquilles; leurs valves sont inégales, celle qui est percée et qui adhère aux corps étran- sers est appelée valve inférieure , tandis que dans les huîtres cette même valve est la supérieure ; l'espèce la plus commune habite la Méditerranée, la Manche et l'océan Atlantique ; elle est connue sous le nom de Pelure d’ognon. Les habitans des côtes la mangent et la préfèrent aux huîtres; c’est la plus grande du genre, elle est représentée pl. 170, n® Get 7, de l'Encyclopédie. M. Guérin l'a figu- rée dans son Iconographie du règne animal, Moll., pl. 25, fig. 6. ; On trouve des Anomies à l’état fossile ; la plu- part habitent le Plaisantin. Une espèce fort belle, qui se rencontre dans les calcaires des environs de Paris , est décrite comme étant l’analogue de lA- nomie Pelure d’ognon ; mais il ÿ a certainement erreur à ce sujet, car elle présente des caractères tout-à-fait différens. (Duc. ) ANOMITES. (mozr.) Nom donné primitive- ment aux coquilles fossiles des genres Anomie et Térébratule, que l'on confondait. Aujourd'hui le mot Anomites n'est plus applicable qu'aux anomies fossiles. Schlotheim ( Pétrif., p. 246) emploie ce mot (Ænomiten) dans une autre acception ; il en forme une famille qu'il divise en CranioziTHEes, HysréroziTHes et TÉRÉBRATULITES, (Ducz. } ANONACÉES ou Axonfes, Anonäceæ. (m0T. PHAN.) Famille de plantes dicot ylédones polypé- tales àétamines hypogynes ; elle répond aux Glyp- tospermes de Ventenat, et se distingue des Méni- spermées par ses étamines indéfiniés, et des Magno- liacées par le manque de stipules ; la structare-de ANOP 204 ANOP mo ses fruits la sépare aussi de ces deux familles. On ya compris un petit nombre de genres qui ont pour caractères communs : un ealice persistant , à trois divisions ; six pétales, disposés sur deux rangs; des anthères très -nombreuses, presque sessiles ; des pistils également nombreux, serrés, réunis, parfois sc .dés au centre de la fleur. Le fruit est ‘une baie ou une capsule uniloculaire , à une ou plusieurs graines; celles-ci ont le péri- sperme cartilagineux et profondément sillonné. Les Anonactes sont toutes exotiques, et ne renferment que des arbres ou arbrisseaux à rameaux nombreux, ayant les feuilles alternes , simples , et les fleurs ordinairement axillaires, portées sur des édoncules simples. (L.) ANONE, Anona. (mor. PHax.) Genre et type de la famille des Anonactes , Polyandrie polygy- nie de Linné, composé d’arbrisseaux ou arbustes à feuilles alternes, entières, et à fleurs axillaires. Il apour caractères : un calice à trois divisions (ra- rement à quatre); six pétales disposés sur deux rangs, les intérieurs plus petits, avortant même quelquefois ; des étamines indéfinies , à anthères presque sessiles, anguleuses, serrées ; des pisLils très nombreux, soudés ensemble; un fruit charnu, en forme de poire ou de cœur, composé de plusieurs baies, pulpeux intérieurement, écailleux à. l'extérieur; chaque loge ne renferme qu'une graine. (Ges caractères excluent l’Anona triloba de Linné, et les espèces qui ont les baies non sou- dées et polyspermes; elles forment le genre Asimina. ) Les Anones , au nombre de 27 espèces, sont toutes originaires des régions équatoriales; elles ne réussissent guère en France ; mais en Espagne on les cultive, et l’on obtient leurs fruits à l’état de maturité ; ceux del’ Ænonamuricata , vulgairement nommée Corossol ou Cachinan, de l'A. tripetala, appelée Cherimolia, et de V4. squammosa’, ou pom- mier cannelle, sont très-succulens, et se servent sur les tables au Pérou comme les meilleurs du pays. Quant aux produits de |A. reticulata, ou Cœur-de-bœuf, on ne les donne guère qu'aux ani- maux immondes de basse-cour , qui en sont très- friands. La graine des Anones passe pour vénéneuse; mais on se sert des principes amers de leur écorce comme antidysentérique. (L.) ANONYME, Anonymos. (001. ) Buffon donne ce nom à une espèce du genre Chien, que Bruce avait fait connaître sous la dénomination de Fennec; c'est le Canis cerdo, Gmel. (Foy. Cruxx.) On a donné aussi le nom d’Anonyme à un oiseau du. genre Engoulevent, à la mésange à Jongue queue et à une plante du genre Léatris. (Guér.) ANOPHÈLE, Anopheles. (1xs.) M. Meigen a éta- bli ce genre de:Diptères, avec quelques espèces du grand genre cousin, de Linné, dont les an- -tennes sont étendues, filiformes, de quatorze ar- ticles ; celles du mâle sont plumeuses , celles de la femelle seulement poilues. Les palpes sont éten- dus, de la longueur de la trompe, formés de cinq articles ; la trompe est de la longueur’ du thorax, avancée : les ailes sont écailleuses et en recouvrement. M. Meigen rapporte à'ce genre le Culex bifurcatus de Linné, et une espèce nou- velle que M. Haffmansegg a fait connaître sous le nom d’Anopheles macul'pennis. Toutes deux sont d'Europe. (Guër. ) ANOPLOTIIERIUM. (maw. ) Le savant anato- miste Cuvier a signalé, décrit et reslitué dans les débris fossiles que recèlent les carrières de gypse des environs de Paris, plusieurs animaux quin’ont aucun analogue vivant, parmi lesquels le Ligewe , auquelil adonnéle nom d’Anoplotherium, en français Anoplothère, tient une place importante, Lenom latin qu’a imaginé notre célèbre natura: liste dérive du grec, et signifie animal sans défenses. Il désigne un genre de mammifère Pachyderme (v. cemot), c’est-à-dire à peau épaisse, qu'il a divisé d'aborden six espèces , mais dont il a fait depuis trois genres distincts, qui sont d’abord celui dont nous nous occupons , et les genres Dichobune et Xiphodon (v. ces mots). Au nombre des caractères qui servent à recon- naitre le genre Ænoplotherium, les plus importans sont un système dentaire qui le rapproche des ru- minans el particulièrement du chameau , et, comme celui-ci, deux doigts à chaque pied, renfer- més chacun dans une corne. Les mâchoires on£ chacune six dents incisives, deux canines ek quatorze molaires, dont les séries sont continues et sans inégalité : ce qui, ainsi qu’on l’a fait observer, ne se voit que chez l’homme. | La première espèce , appelée Ænoplotherium commune, élait la plus grande ; elle avait plus de trois pieds de hauteur jusqu’au garrot; son corps était long de cinq pieds et quelques pouces, sans y comprendre la queue, dont la longueur, de près de trois pieds et demi, lui donnait quelque ressem- blance avec la loutre. Mais , loin d’être comme celle-ci un animal carnassier, l’Anoplotherium commune vivait, suivant l'opinion de Cuvier, comme le rat d’eau ou l’hippopotame , tantôt sur terre, tantôt dans l’eau, où il allait chercher les raci- nes et les plantes qui y croissaient. Animal nageur et peut-être plongeur, son poil devait être lisse et court , el ses oreilles ne devaient point être longues, parce qu'elles l’auraient gêné au sein des eaux. La seconde espèce, Anoplotherium secundarium , ressembiait parfaitement à la précédente, avec cette seule différence qu’au lieu d’avoir la taille moyenne d’un âne, elle avait celle d’un porc. ‘On a découvert en Italie eten Angleterre des ossemens fossiles d’Anoplotherium , mais qui n’ont pas été reconnus assez différens des espèces précédentes pour qu’on en ait fait des espèces distinctes. Mais tout récemment (en 1853), M. Geoffroy-Saint-Hilaire, ayant eu occasion d’ex- plorer les dépôts calcaires des environs de Saint. Gérand-le-Puy, dans le département de l'Allier , y. a reconnu une nouvelle espèce , à laquelle il a donné le nom d’ÆAnoplotherium laticurva:um, fondé. sur ce que la branche coudée des maxillaires infé- rieurs est plus développée que dans les espèces. île ANOT 205 ANOU oo des’ environs de Paris, et surtout contournée plus cireulairement. ‘Les ossemens d’ÆAnoplotherium se trouvaient commanément aux environs de Paris dans le gypse du la pierre à plâtre de Montmartre, du mont Valé- rien, Pantin, Belleville , Montmorenci , Argenteuil et Vaux près Triel. On en a trouvé aussi dans les environs d'Orléans, de Saint-Geniez, d'Isselet dans un grand nombre d’autres localités. Le gypse ét le calcaire dans lesquels gisent ces ossemens, sont tous de formation d’eau douce dont la posi- tion est supérieure à la pierre à bâtir du bassin de Paris. (J. H.) ANOSTOME , Anostomus. (rorss.) Les Anosto- mes constituent un des genres de la famille des Salmones. Leur forme est la même que celle des Ombres, auxquels ils ressemblent encore par la rangée de petites dents que porte chacune de leurs mâchoires , mais dont ils se distinguent suf- fisamment par la disposition singulière que pré- sente leur mandibule inférieure, qui se relève au devant de la supérieure , de telle manière que la bouche se trouve placée verticalement à l’extré- mité du museau. Le Salmo anostomus de Linné'{ est le type de ce genre et l’unique espèce qu’on yrapporte. (G. B.) ANOSTOME , Anostoma. (mozr.) Coquille fort singulière, connue dans le commerce sous le nom de Lampe antique, et dont Lamarck a fait un genre que Denis de Montfort avait créé avant lui sous le nom de Tomogère. Ses ca- ractères génériques sont ainsi posés : coquille orbi- culaire, à spire convexe et obtuse ; ouverture ar- rondie , dentée en dedans, grimaçante , retournée en haut ou du côté de la spire ; bord droit ayant son limbe réfléchi. On ne connaît encore que deux espèces de ces coquilles , l’une assez grande sous | le nom d’'ANOSTOME DÉPRIME, Anostoma depressa , . ctl’autre sous celui d'A. GLoBuLEux, 4. globulosa. - Toutes deux sont terrestres et viennent des Gran- | des-Indes. Elles ont de tels rapports avec les héli- | ces qu’on ne pourra véritablement aflirmer leur | existence comme genre, que lorsqu'on aura vu l’a- | mimal qui les forme et que l’onne connaît pas en- | core.Ces coquilles, toujours rares, se vendent à l’é- | at bien frais de 100 à 150 francs la pièce. (Duc.) ANOTIE, Anotia. (ins. ) Le doyen des ento- | mologistes anglais, M. Kirby, a établi sous cenom | un genre d'Hémiptères de la section des Homoptè- | res, famille des Cicadaires muettes, faisant partie | de la tribu que Latreille désigne sous le nom de | Fulgorelles. Ces insectes , dont Kirby à fait con- , naître une espèce dansles Transactions de la société | Linnéenne de Londres, sont très-voisins du genre | Derbe de Fabricius, genre qui a été si long-temps | un sujet de doute; comme ces derniers, les Ano- | ties ont les antennes tronquées obliquement au | sommet , avec une soie insérée dans cette tronca- | ture ; leur front est aussi comprimé et bicaréné ; | mais ce qui les en distingue nettement, c’est qu’el- les n’ont point d’yeux lisses, que leur sucoir est très- | Court, et que la réticulation de leurs ailes est toute | différente. | | | | Les Anoties sont de petits insectes en forme de cigales, probablement sauteurs comme les Cer- copes; l'espèce type dugenre est l’Axorie DE Box- NET, À, Bonnetie Kirby {Trans.of. Lin. soc. ,t. XIII p- 12,pl.1); nousen avons fait connaître uncespèce nouvelle dans la partie entomologique du Voyage aux Indes orientales deM. Bellanger; c’est l’Axorie ROUGE, Anotia coccinea; elle vient de la Nouvelle- Irlande , et sera figurée dans notre Iconographie du règne animal, Insectes, pl. 54 ; elle est entière- ment d’un beau rouge carmin pur. (auÉR.) ANSE, (chocr. ) On appelle ainsi , en géogra- phie, des enfoncemens semi-circulaires, formés sur les côtes par les eaux de la mer qui les rem- plissent , et où les petits navires peuvent trouver un abri dans les mauvais temps : c’est une baie de petite dimension, dont l’ouverture présente une bien plus grande étendue. Les Anses produisent sur les côtes ces nombreux festons qui découpent les rivages detoutes les terres, et qui font que leur contour est composé d’uneinfinité de lignes brisées. (G. d.) ANSÉRINE , Chenopodium. (got. Pan.) Genre nombreux de la Pentandrie digynie et de la famille des Chénopodées, qui offre beaucoup d’espèces intéressantes; toutes ont la tige cannelée, les feuilles alternes , souvent sinuées , anguleuses , les fleurs peu apparentes , disposées en petits paquets axillaires à l'extrémité des rameaux. Les graines petites et très-nombreuses de l'A. PoLYSPERME , C. polyspermum, et de l'A. verTE., C. viride, peuvent être mangées en guise de millet, comme les Péruviens le font de celles de l'A. quinoa , et leurs feuilles peuvent servir, dans la cuisineet sur les tables, d’auxiliaires aux épinards. Déjà l’on fait usage, sous ce rapport, de l'A. Des MURAILLES, C, murale, que l’on trouve sur les vieux murs et le long des chemins, ainsi que de l'A. HATÉE, C. bonus Ienricus , qui est vivace. On cultivedans les jardins d'ornement, pour son beau port et la couleur pourpre foncé de ses feuilles, l'A. Pour PRÉE, C. purpurascens, plante annuelle que nous avons recue de la Chine; l'A. norrype, €. botrys, de la France méridionale, qui répand une odeur agréable , et l'A. BELvÉDÈRE, C. scoparium , dont la tige droite, haute d’un mètre, a les rameaux flexibles ramassés autour d’elle comme ceux du peuplier pyramidal : son feuillage vert est léger. La médecine emploie l'A. venmruce, C. anthel- minticum ;'on brûle l'A. marITIME, C. maritimum , pour en retirer la soude ; l'A. FÉTIDE, €. vulvaria, a joui autrefois d’une haute réputation pour sou- lager les douleurs de l’enfantement; on multiplie autour des cloaques et des marécages l'A. GLAUQUE , C. glaucum, parce qu’elle améliore l'air par sa vé- gétation vigoureuse. La culture de toutes ces lantes n’a rien de particulier. (T. ». B.) * ANOURES. (ngpr.) On désigie par ce mot les Batraciens qui, dans l’âge adulte, n’ont'point de queue; outre l'absence de cet organe, les Ba- traciens Anoures offrent des caractères particuliers qui les distinguent nettement des Batraciens Uro- dèles ou à queue permanente. Ainsi, leur corps ———_————…— — ————— .—— ————— …———————————— ANTA est trapu, sphéroïde, les fosses cotyloïdes sont rapprochées l’une de l’autre jusqu’au point de contact, de sorte que la cavité du bassin n'existe pas, et que la direction des mouvemens imprimés “au tronc par les membres postérieurs est peu propre à lamarche ordinaire ; les extrémités abdo- minales sont très. développées chez les Anoures ; leurs doigts allongés sont plus ou moins réunis par des membranes intermédiaires, et leurs muscles fléchisseurs sont forts et renflés en forme de mollets ; cette disposition spéciale les rend singulièrement aptes à la natation et au saut, aussi ne se servent- ils guère que de ces deux modes de progression. Leur cloaque a un orifice extérieur circulaire; le mâle aide la sortie des œufs et les féconde seule- ment au moment de la ponte, qui se fait en un seul temps; ces œufs, agglutinés diversement selon les espèces, donnent naissance à un télard d’abord dépourvu de pieds et muni d’une queue comprimée latéralement ; ce sont les membres postérieurs qui, plus tard, apparaissent les premiers. La bouche, à cette époque, est munie d’une lèvre coriace, peu fendue , terminée en avant par un crochet au moyen duquel l'animal se suspend pendant le som- meil; les branchies sont rentrées dans un sac de la peau, et ne communiquent à l'extérieur que par un trou placé sur tel ou tel côté du cou, selon l'espèce. À une certaine époque du développement, les Anoures, d'abord aquatiques, éprouvent , comme la plupart des Balraciens , une métamor- phose dans leur manière d'être : ils deviennent terrestres; c'est alors qu'ils perdent leur queue et qu'ils revêtent les caractères généraux de struc- ture et d'habitude des autres membres de la fa- mille. Les Batraciens Anoures sont les Grenouilles, les Rainettes, les Pipas et les Crapauds. (T, G.) F ANTARCTIQUE (Pôle). (céoenr.) La terre ayant ane forme sphérique , les deux extrémités de l'axe sur lequel elle est supposée faire son mouvement de rotation, portent le nom de pôles, Le pôle qui est situé au nord porte le nom de pôle arctique ; celui ,° au contraire, qui se trouve au sud, est appelé? Pôle Antarctique. C'est de ce dernier que nous allons nous occuper. Si l’on se suppose placé à l'extrémité australe de l’axe dont nous venons de parler , et que l’on tourne sur soi-même en exa- minant toutes les parties du globe qui passent dans ce mouvement sous les yeux, aucune terre connue n'apparait au sepclateur avant le cin- quantième degré de longitude. En portant ses regards sur une surface plus étendue, on com- mence à apercevoir les terres Magellaniques, ap- partenant à l'Amérique méridionale, la pointe australe de l'Afrique, celle de la Nouvelle-Hol- lande et les îles de la Nouvelle. Zélande : ces petites pointes de terre , s’élevant sur cette immense plaine de l'Océan, rappellent à l'esprit l'expression du poète latin : Æari nantes in gurgite vasto. Le célèbre navigateur Cook a fait deux grands voyages dans le but d'explorer les mers du pôle Antarc- que, le premier en 1769 et 1770, le second en 3779, 1774 et 1775, et il a reconnu qu'à partir ANTE du 50° degré, la température devenait tellement froide que les glaces commencaient à s’y aceu- “muler à celte latitude, et formaient une calotte non discontinue , embrassant toute cette partie de notre globe, Les bords de cette calotte glacée offrent de nombreuses échancrures qui ont permis à ce célèbre voyageur de pénétrer plus avant vers le pôle ; mais nul part il n’a pu s’avancer au-delà du 71% degré. D’énormes glacons se détachent de cette vaste glacièré, et, sous une certaine longitude , on en trouve voyageant jusqu’au Some et même au 48e degré de latitude, Le pôle Antarctique présente une surface beau- coup plus étendue que celle du pôle arctique ; ainsi la température des pays compris du 50° au 59° degré de latitude australe peut entrer en comparaison avec celle des terres du Groenland et de la Laponie, qui cependant sont situées du 60° au 70° degré de latitude boréale, et se trouvent ainsi rapprochées du pôle arctique d’une vingtaine de degrés ou de six cents lieues. Gette excessive froidure, beaucoup plus répandue dans l'hémi- sphère austral que dans. l'hémisphère boréal, provient d'abord du séjour moindre qu'y fait le soleil, et ensuite de la masse énorme des eaux qui le recouvrent. (G. d.) ANTÉDILUVIENNE (Epoque). ( &éor. ) Les mots Diluvium et les analogues de ses dérivés Di- luviens, AÆntédiluviens et Postdiluviens, appliqués aux fossiles et aux dépôts terrestres d’une cer- taine époque géologique , ont été introduits , chez les Anglais, dansla nomenclature géologique, par les naturalistes théologiens ( Phkysico-théologicals writers) , et bientôt après ils ont été importés en France, dans les mêmes acceptions. L'époque Antédiluvienne était celle qui avait précédé immédiatement la formation du Diluvium, dépôt meuble et superficiel, qu'on attribue au déluge mosaique. La plupart de ces savans et de leurs imi- tateurs sur le continent reconnaissent aujourd'hui qu'ils avaient confondu, sous lenom de Diluvium, les produits de diverses catastrophes d’époques éloignées et souvent même des alluvions régulières; ce nom et tout ses dérivées n'ont plus d’applica- tion déterminée , et doivent être bannis de la no- menclature. Lorsqu'au milieu des dépôts divers qui constituent le Diluvium , les effets du délage mosaique auront été constatés avec certitude, ces noms leur seront affectés ; jusque-là ils ne seraient dans la science qu’une source d'erreur. Parmi les animaux appelés Antédiluviens, parce que leurs restes sé trouvent dans les différens dé- pôts de transport, dont on faisait le Diluvium , les uns appartiennent à des espèces encore existantes, les autres, comme le Tapir, la Hyène , à des espèces éteintes dans l'Europe; le plus grand nom- bre à des espèces et même à quelques genres perdus, tels que! les Mastodontes , les Eléphans , les Rhinocéros, etc. Il est très-remarquable qu'au milieu de cette immense quantité d'animaux ter- restres, d'espèces en partie vivantes , dont les dé- bris ont été exhumés des alluvions anciennes de l’Europe’, de l'Amérique, de l'Inde et de JAus- à ANTE 207 ANTE tralasie, l'Homme Antédiluvien "n’a point encore paru. Le déluge de la Genèse avait eu pour but la destruction de notre race Antédiluvienne. Cette absence de l'homme a dû plus d’une fois étonner les géologues créateurs du Diluvium. (7. Driu- VEUM. )! (B.) ANTENNAIRE, Æntenarius. (rorss.) #. Crr- RONECTE. l ANTENNES. Ces organes, que vulgairement on nomme (es cornes, se remarquent sur la tête des inséctes et des crustacés ; ils sont placés entre les yeux, et. se présentent sous la forme de filets articulés, mobiles, rarement rétractiles (pl. 4, f. 4); qu'il ne faut pas confondre avec ceux qu'on appelle Palpes (v. ce mot) , et qui font partie de Yappareil de la manducation. Les Antennes sont au nombre de deux pour les insectes, de quatre pour la plupart des crustacés, el de trois à cinq pour quelques Annélides ; les Limules et presque toutes les Arachnides en sontprivés. Ces organes sont com- posés de petits cylindres ou articles cornés ou coria- ces x l'extérieur, tubulaires ou perforés dans toutela longueur de leur axe; l'espèce de canal quienrésulte est rempli par des muscles, du tissu cellulaire, des trachces-et une substance pulpeuse, membraneuse, recevant les derniers rameaux nerveux de l’extré- mité du corps. Le nombre, la forme, la consistance de ces'articles varient à l'infini; on en compte ordi- nairement onze chez les Coléoptères,et quatre à cinq chez les Hémiptères, en n’y comprenant pas toute- fois le tubercule sur lequel ils prennent naissance. Les Antennes ne se développent pas d’une ma- nière régulière , et présentent des différences no- tables, non pas seulement d’une espèce à une au- tre, mais encore entre les sexes et chez le même individu aux diverses époques de son accroisse- ment. C’est ainsi qu'elles peuvent être plus lon- gues ou plus larges chez le mâle que chez la fe- melle ; que chez la femelle encore leur angle su- périeur et interne se prolonge parfois en dents de scie , tandis que chez le mâle il forme un rameau plus ou moins long. C’est dans ces dernicrs cas que les Antennes ont été appelées simples, en scie, pectinées , branchues , rameuses ,. etc. En tenant comple au reste de leur nombre, de leur con- nexion entre elles ou avec les autres parties de la tête, de leur configuration, de celle des articles quiles composent, de leur terminaison, etc., on les a désignées par des dénominations applicables à ces diverses circonstances, et, en rapprochant quelques caractères communs, on s’en est utile- ment servi pour la classification. Nous ne donne- rons ici que quelques unesle ces désignations, trop intelligibles, au reste, pour qu'il soit néces- saire de lesindiquer ou de les expliqueur toutes. Ainsi, on dit que les Antennes sont placées sur le front ; devant , au dessous , au dessus, derrière les yeux; qu’elles sont éloignées ou rapprochées, qu’elles sont droites, penchées, en spirale, longues, très- longues, courtes, médiocres, régulicres, irrégulières, cylindriques , fusiformes , subulées, ou en alêne, moniliformes où semblables, à une suite de petites perles; imbriquées , terminées en massue, bifides, tronquées, villeusés, tomenteuses, épineuses,etc., etc, On est loin d’être d'accord sur les fonctions des Antennes : quelques entomologistes ont pensé qu'elles étaient les organes de l'audition , et ont appuyé leur avis de raisonnemens assez plausibles; d’autres ont supposé avec autant de vraisemblance qu'elles devaient servir à lodorat. M. Thicbaut de Berneaud, notre collabora- teur, a repris quelques expériences faites avané lui, dans le but de connaître les fonctions des Antennes, etilen a tenté plusieurs nouvelles qui toutes l'ont convaincu que ces organes n'étaient point , ainsi que le pensait Latreille, le siége de Podorat : toutes les fois qu'il a plongé ces filets mobiles dans l’éther sulfurique ou dans des subs- tances vénéneuses réduites à l'état d’huile essen- tielle , il n’est jamais parvenu à détruire l’insecte, tandis qu’en touchant même légèrement un styg- mate, il obtenait toujours et presque instantané ment un résultat très-marqué. M. Thiebaut de Berneaud a également abandonné l'opinion de Huber, qui regardait les Antennes comme l'organe d’un sens mconnu, et surtout comme le principal instrument du langage. Et si d’abord il avait cédé au sentiment de conviction dont ce patient obser-- vateur était pénétré, il a depuis acquis la certi- tude, autant qu'il est permis d'employer cette expression, qu’elles servent au toucher et à la pré- hension. Le fait lui paraît particulièrement sen- sible chez les pucerons, les cérambix, les la- mies, elc., qui sont dépourvus de palpes. Il les regarde aussi comme des armes défensives et fait remarquer la promptitude de leurs percep- tions. Les Antennes longues, flexibles , et quelque- fois rameuses de la crevete des ruisseaux, des daphnies, des cypris, des cyclopes,etc. leur servent aux mêmes usages. Les palpes de l’araignée sau- téuse ont le plus grand rapport avec les Antennes. Chez les animaux anténophores, dont les yeux sont couverts d’une membrane cornée, le tacé remplace la vue, ce qui donne aux Antennes une quatrième propriété très-importante. Nous devons surtout remarquer que la mobilité de ces organes, la promptitude avec laquelle l’a- nimal les porte en avant pour reconnaître les corps qui lui font obstacle , semblent militer en faveur de l’opinion des entomologistes qui, avec M. Thie- baut de Berneaud, les ont regardés comme desti- nés au sens du tact et de la préhension; mais nous croyons que de nouvelles recherches anatomiques sont encore nécessaires pour lever les doutes qui existent à cet égard. Dans certains genres, les mâles se servent des antennes pour enlacer et retenir leur femelle; on avait même prétendu que chez les Brachiopodes, les organes sexuels mâles étaient placés sur ces appendices; mais depuis, cette opinion a été YiC= torieusement réfutée. bi Le plus ordinairement les Antennes sont entiè- rement libres et flottantes : dans quelques insectes cependant elles peuvent se loger dans des cavités ou rainures situées sur les côtés de Ja tête ou du prothorax, (P. G Jo ANTH ANTENNULES. (rxs.) Ce mot est adopté par quelques auteurs pour désigner les parties de la bouche que d’autres ont nommées Palpes.(V.Bou- cug et PaLres.) (PirGs} ANTÉNOIS. (z0o1.) On appliqua long-temps cette dénomination aux jeunes animaux domesti- ques âgés d’un an ; aujourd’hui on ne l’applique plus qu'aux agneaux qui commencent leur seconde année et que l’on a sevrés. Une des causes de dé- génération très-prompte, c’est de faire sauter les anténoises au lieu d'attendre une année de plus. J (T. ne B.) i ANTHÈRE, Anthera. (Bor.) C’est, dans l’éta- mine, la partie membraneuse, de couleur jaune ou rougcâtre, de forme ovoïde ou parallélogram- mique, oùse trouve réunie la poussière fécondante; elle est ordinairement portée par le filet, celui-ci étant quelquefois’ très-court ou même nul; alors l'Anthère est dite sessile. Elle consiste, dans le Pin, le Balisier , etc. en une seule bourse ou loge; mais généralement elle présente deux poches membraneuses , tantôt adossées immédiatement l’une à l’autre, tantôt unies par la partie supérieure du filet, ou bien enfin les Anthères sont maintenues et séparées par un corps appelé connectif (dans les sauges, par exem- ple). Chaque loge est intérieurement coupée en deux compartimens au moyen d’une cloison qui forme à l'extérieur un sillon latéral. Il y a quelques exemples d’Anthères à quatre loges (le jonc fleuri); on en observe davantage dans l’if, Les Anthères sont attachées au filet par leur base, leur dos ou leur sommet: dans ce dernier cas, on les appelle pendantes; elles affectent une grande variété de formes, qu’on représente par les épithètes de globuleuses, tétragones , sagitlées, bicornes, peltées, ete., etc. Quant à leur dispositionsur la fleur, elles sont, dans la plupart des plantes, libres et sans adhé- rence entre elles, dans une famille considérable, les Composées, elles sont soudées et réunies par leurs côtés en une sorte de tube, d’où Richard a créé l'expression de Synanthérées "pour exprimer cette adhérence générale; enfin les Anthères sont quelquefois soudées et confondues avec le pistil; c’est ce qu’on voit dans les Orchis et dans toute la Gynandrie de Linné. L’Anthère reste parfaitement close jusqu’à l’épa- nouissement de la fleur; à ce moment, la pous- sière fécondante étant formée, une déhiscence a Leu dans l’organne : ordinairement c’est le sillon latéral qui s’entr’ouvre en tout euen partie, ou bien une petite ouverture se forme à la base ou au sommet de la loge, dans les lauriers et quelques plantes; le pollen sort à mesure que de petites pla- ques ou valves s’enroulent du bas au sommet des loges. Aucune de ces opérations n’a lieu sans le contact de l'air et la présence de la lumière ; pri- vées de ces deux moyens, les Anthères n’agissent point. (Voyez Porn.) Le nombre, la forme et la disposition desAn- thères ont fourni de bons caractères botaniques aux auteurs de méthodes, (L.) 208 ANTH ANTHÈSE. (sor.) Ce mot désigne l’épanouis- sement des fleurs, et les phénomènes qui accom- pagnent cet instant de la vie des plantes: c’est, si on peut le dire, celui de leur puberté, le plus curieux ‘pour le naturaliste, le plus intéressant pour le simple admirateur des belles et riches cou- leurs que lanature a données au plus grand nombre. On peut considérer l’Anthèse des plantes. sous les rapports du climat, de la chaleur, de la lu- mière, de l’époque, de l'heure même. Telle ‘plante, originaire des régions équi- noxiales , ne fleurit point en France, quoiqu’elle prenne racine et vive, La chaleur , ou trop forte ou trop faible , accé- lère ou retarde l'épanouissement des fleurs. Adan- son avait eu l’idée de calculer en degrés la chaleur que réclame chacune pour s'ouvrir et se féconder ; mais on sent combien une telle évaluation était difficile. La lumière est un autre agent indispensable dans le phénomène de lÆnthèse; une plante soustraite entièrement au jour ne fleurit point ; la plupart des Composées restent fermées ou seu- lement entr'ouvertes lorsque le soleil est caché par des nuages. Une lumière artificielle, comme celle de plusicurs bougies , a sufli pour déterminer l'épanouissement de certaines fleurs : M. de Can- dolle a fait cette expérience sur le liseron appelé Belle de jour, et M. Bory de Saint-Vincent sur quelques espèces d’Oxalides. Tout le monde con- naît la fleur qui tourne constamment son disque vers le soleil. Le phénomène des couleurs de la corolle durant l’Anthèse est encore dû à la lumière , dont les rayens sont réfléchis selon la structure et l'essence des pétales ; on connaît leur éclat et leur variété; une fleur placée à l’ombre s’étiole quel- quefois ou reste pâle. l La température agit sur certaines plantes, que pour cette raison on surnomme méleoriques ; plusieurs des Composées sont de ce nombre. Ainsi le Laitron de Sibérie ne se ferme point durant la nuit s’il doit pleuvoir le jour suivant ; au contraire le Souci pluvieux ne s’ouvre point lorsqu'un orage est près d’éclater. L'époque de l’Anthèse est diverse ; chaque sai- son à ses fleurs, aucune n’en est privée; nous ne citerons pas celles des beaux jours; celles, ‘en petit nombre, que les glaces n’empêchent point de s'épanouir paraissent plus curieuses ; telles sont la Soldanelle et quelques espèces d’AÆellébores. : 4 - À chaque mois appartient une classe de plantes ; Linné, qui concevait tout poétiquement, avait. construit son Calendrier de Flore sur l'observation des plantes qui s’épanouissent dans des moisdéter- minés ; il faut avoir égard aux climats pour ne pas errer dans ce calcul, qui, du reste, est familier à tous les jardiniers. L'observation précédente intéresse les agri- culteurs; les amateurs ont préféré l'Horloge de Flore du même naturaliste, qui avait remarqué que certaines plantes n'ouvrent leurs fleurs qu'à momens fixes ; il en avait rangé plusieurs dans un ordre qui permettait de compter à peu près heure par 1 0 ANTH 209 ANTH mo te par heure l’espace du matin au soir. Un genre de la famille des Malvacées , le Sida, renferme, dit- on, des espèces qui s'ouvrent successivement à chaque heure de la journée. Un autre phénomène est présenté par quelques lantes qui n'épanouissent leurs fleurs qu’un temps déterminé et court , soit une seule fois, soit plu- sieurs jours de suite, Au nombre des éphémères sont plusieurs espèces de cactus et de cistes qui s'ouvrent vers onze heures du matin, et meurent avant quatre heures de l'après-midi; le Cactus grandiflorus s’épanouit vers sept heures du soir, et se ferme à minuit. 1 D'autres fleurs sont diurnes, comme la Dame d’onze heures, qui s’ouvre plusieurs jours de suite à l'instant qu'indique son nom ; le Ficoidenyctiflore s'épanouit également plusieurs jours de suite à sept heures du soir et dure douze heures. Une dernière observation, en ce qui concerne l’'Anthèse et ses phénomènes , portera sur l’odeur qu’exhalent plusieurs plantes à l'entrée ‘de la nuit, tandis qu’elles sont inodores durant le jour ; telle est, dans les environs de Paris, le Lychnis dioica, ou Compagnon blanc. (L.) | ANTHIDIE, Anthidium. (1ns.) Genre de l’ordre des Hyménoptères, section des Porte-Aiguillons , division des Anthophiles, famille des Apiaires ; ce genre a pour caractères d’avoir les palpes maxil- laires d'un seul article, caractère unique dans cette division , le premier article des tarses posté- rieurs est sans dilatation à l’angle extérieur deson extrémité ; le labreestencarrélong; l'abdomen des femelles est soyeux au dessous et convexe en des- sus. Ce genre a été établi par Fabricius; mais M. La- treille est un de ceux qui l'ont le mieux étudié. On possède dans le 13° volume des Mémoires du mu- seum d'histoire naturelle les observations qu'il a recueillies à leur sujet; cesinsectes, qui sont en gé- néral propres aux pays chauds, paraissent dans no- tre climat vers le solsticed’été; les mâles sont de même taille que les femelleset souvent même plus grands ; ils sont distingués de ces dernières par Jeurs pattes antérieures arquées , les jambes et le premier article destarses ciliés, et l'abdomen sou- vent terminé par des épines ; l’accouplement se fait sur les fleurs et sur les feuilles ; la femelle s’oc- cupe ensuite du soin de sa postérité. A cet effet , £lle arrache sur les fleurs des labiées, particulière- ment, un duvet cotonneux dont elle remplit en partie letrou qu’elle a destiné à recéler ses œufs ; elle s'occupe ensuite dela pâtée mielleuse qui doit les nourrir, et termine par boucher le trou avec du même duvet qu’elle a mis au commencement; les insectes en sortent dans le courant de l’année suivante ; ces détails de mœurs, propres à presque toutes les espèces, souffrent cependant quelques exceptions; Car je crois que dans les petites es- pèces, qui se contractent en boule et qui sont dé- pourvues de brosses soyeuses sous l'abdomen , il y en a plusieurs qui sont parasites; j'en ai prisune petite espèce cherchant à percer le mortier dunid d’une abeille macçonne pour y pénétrer. Tous ces Tome I. insectes, dont le nombre est assez grand, ont un caractère de ressemblance général; ils sont tous jaunes et noirs, et quelquefois il s’y mêle un peu de rougeûtre, : ANTHIDIE A CINQ CROCHETS, 4.manicatum, Fab. Panzer, Faun. ins. Germ. , fasc. 55, table 11. Lon- gue de cinq à sept lignes, noiretachée de jaune , mandibules jaunes; le cinquième et le sixième anneau de l'abdomen épineux dans les mâles, mais les épines du cinquième anneau sont souvent peu visibles, de sorte qu’on ne compte facilement que cinq épines : les femelles ont souvent les cuis- .ses postérieures rougeâtres. Au reste, les taches varient beaucoup. On la trouve en France. A.FLORENTINE, À. florentina, Fab. ibid., Panzer, fase. 105 , tab, 20. Le mâle. Longueur, sept àhuit lignes; l'abdomen des mâles a les 4°, 5° et 6° anneaux épineux, en tout neuf épines; les cuisses posté- rieures sont unidentées près de leur base. Cette espèce est plus méridionale que la précédente, (AD: ) ANTHIE. Anthia. (ixs.) Genre de Coléoptères pentamères, de la famille des Carnassiers, tribu des Carabiques troncatipennes , établi par Wéber, qui n’en distinguait pas les Graphiptères, et adopté dans toute son étendue par Fabricius, qui a fait connaître seize espèces de ces deux genres , savoir : dix Anthies véritables et six Graphiptères. Les Anthies ont été le sujet d’un mémoire très-inté- ressant publié par M. Lequien fils dans notre Ma- gazin de zoologie, classe 1x, pl. 58,39, 40, 41. Ce sont de grands carabiques noirs, souvent tachetés de blanc, qui paraissent habiter exclusivement l’ancien monde, particulièrement l'Afrique et les parties de l’Asie qui l’environnent. Ces insectes, très-recherchés des amateurs, ont le corselet en forme de cœur, la tête peu rétrécie en arrière, sans col visible ; les élytres oblongues, arrondies ; les pattes grandes, fortes : leurs palpes sont fili- formes, terminés par un article tronqué obli- quement. Leur lèvre inférieure est très-profon- dément échancrée, avec la languette cornée, al- longée , dépourvue de ces appendices latéraux que Latreille nomme paraglosses ; c’est ce dernier caractère qui distingue surtout les Anthies des Graphiptères, qui ont la languette garnie de deux lames ou paraglosses presque membraneuses. M. Lequien fait connaître actuellement vingt- une espèces d’Anthies proprement dites ; il a eu l'avantage de décrire le premier la larve de l’une des plus grandes espèces de ce genre, celle de V'ANTHIE A sIX GOUTTES, 4. sexguttata , Fab. Cette larve est longue de plus de deux pouces et demi , composée de onze anneaux lisses, cornés, en n’y comprenant pas la tête et l'anus; elle est d’un brun foncé luisant, avec le bord postérieur de chaque segment rouge. Sa tête est arméo de deux fortes mandibules, de mâchoires et de papes très- courts; les trois premiers segmens ont chacun une paire de pattes cornes, courtes, terminées par un seul crochet. Le segment anal est terminé en fourche , couvert d’épines courtes et dirigées en arrière. L'insecte parfait est long d'environ vingt AXVII: Livraison. 27 ANTH 210 ANTH lignes et large de sept où huit ; ilest toutnoir, avec les élytres lisses ; on voit deux taches rondes sur le corselet et quatre sur les élytres forméesipar un duvet blanc très-serré. Gette belle espèce setrouve au Bengale, dans les Indes orientales. Il y en a plu- sieurs belles espèces au cap de Bonne-Espérance, dans la Nubie , au Sénégal, etc. Le genre GrarniPrkre , qui diffère si peu des Anthies, est formé avec les espèces dont le corps est large, aplati et arrondi; tous les insectes qui le composent ont les élytres plus ou moins tache- tées ou rayées de blanc ou de cendré. Elles ha: bitent toutes l’Afriqueet l'Asie ; et M. Lefebvre à. observé que celles de l'Égypte produisent un petit bruit quand on les inquiète. On connaît une dou- zame d'espèces de Graphiptères ;- ce sont des in- sectes élégans, et tous assez rares dans les collec- tions. Parmi celles qui viennent d'Égypte , nous citerons le GRAPHIPTÈRE VARIÉ, G. variegatus, Anthia variegata, Fab., qui est d’un noir de ve- lours , avec des taches arrondies et les bords des élytres et du corselet blancs; on en connaît plu- sieurs espèces voisines qui ont été très-bien repré- sentées dans le bel ouvrage de M. Ehremberg, sur les Animaux de l'Afrique. (Guér.) > ANTHIPNE, Ænthipna. (ixs.) Eschscholtz a donné ce nom à un genre de Coléoptères de la famille des Lamellicornes , tribu des Scarabéides phyllophages , formé avec une espèce qu’on avait confondue avec le genre Amphicome, et qui en diffère par un chaperon qui n'est point rebordé en devant ; par la portion médiane de la tête, qui forme avec lui une plaque en carré long , rebordée latéralement et postérieurement, et surtout par les quatre premiers articles des tarses antérieurs , qui sont dilatés en forme de dents chez les mâles. On verra une figure de celte disposition curieuse dans notre Iconographie du Règne animal, In- sectes, pl. 25 bis, fig. 4, G. L'espèce unique de ce genre y est représentée sous la figure 4, c’est l'ANTHIPNE ABDOMINALE , À. abdominalis, Esch., Amphicoma abdominalis de Latreiïlle. Cet insecte se trouve en Italie. (GuËr. ) ANTHOLOMA. (vor. rran.) Arbuste de la Nouvelle-Californie, décrit par Labillardière avec l'épithète de montana; il s'élève à quinze pieds environ , a des feuilles alternes, un calice de deux à quatre sépales, une corolle polypétale en godet, de nombreuses étamines et un ovaire à quatre loges polyspermes. On peut le rapporter à la famiile des Guttifères. ; ANTHOMYE, Anthomya. (1xs.) Ce genre n’est qu'un démembrement de celui de Mouche, proprement dit. Les caractères qui le distinguent sont d’avoir les antennes presque aussi longues que la face de la tête , avec la soie plameuse ; l’ab- domen n’estcomposé extérieurement que de quatre | seëmens et va en se rétrécissant en pointe. Le nom dece genre vientde deux mots qui signifrent mour- | che de fleurs ; il est peu nombreux en espèces; Pune d’elles, quiest fort incommode, pour vouloir, dans les temps de pluie, s’attacher aux yeux des hommes et des animaux, est l'A. pes PLUIES, À. plu > vialis, Linné ; elle est cendrée, avec dés taches noï- res sur le corselet et sur l'abdomen; elle est très- .commune dans notre pays , ses métamorphoses doivent être les mêmes que celles de la mouche commune. (Voyez Moucur.) (A. P.) ANTHOPHILES, ou Merxirkres, (1Ns.) Famille de l’ordre des Hyménoptères, section des Porte-Ai- guillons. Ces insectes sont appelés Mellifères, porte- miel, parce que ce sont eux qui récoltent le miel des fleurs, soit pour leur nourriture, soit pour la nourriture deleurs larves, qui comme eux n’en ont pasd'autre.La nature les a, à ceteflet, pourvus de divers instrumens appropriés au travail parti- culier qu'ils ont à exécuter : les mâchoires et les lèvres sont fort allongées, coudées dans le repos, formant une espèce de trompe propre à pénétrer dans le calice des fleurs , et à y recueillie la liqueur miellée qui y est contenue ; la languette, quelle que soit sa forme, est toujours très-allongée et velue à son extrémité; les tarses postérieurs offrent aussi un caractère particulier, le premier article est très-grand , dépassant de beaucoup à lui seul tous les autres articles, en forme de carré long ou de triangle, garni inférieurement de plu- sieurs rangs de poils raides , disposés comme une brosse, et de beaucoup de poils sur les côtés. C'est au moyen de ces brosses que ces insectes re- cueillent le pollen des fleurs qui est la matière première de la cire. Dans les genrés de cette famille dont les larves vivent en parasites , la forme de l’article du tarse existe toujours , mais les brosses manquent. Les anciens, qui n’observaient pas aussiexacte- ment que nous, ayant remarqué des abeilles char- gées depollen, avaient dit que ces insectes se char- gaient de pierres dans les grands vents, de crainte d’êtreemportés ; malheureusement, en examinant de plus près, ce surcroît d'instinct s’est évanoui; mais ilen reste encore assez à ces animaux pour faire notre admiration. ( 7, Anprénkres et APTAIRES. (Ac By: ANTHOPHORE, Ænthophora. (ins.) Genre de l'ordre des Hyménoptères, division des Porte- Aïguillons, famille des Mellifères, section des Apiaires. Ce genre a été formé par M. Latreille aux dépens des Mégilles et des Centris de Fabricius. Ce sont des Lasies pour Panzer; M. Latreille lui-même les avait d’abordnommés Podaliries, mais il a depuis adopté le nom d’Antophore, qui leur est resté. Ce genre a pour caractère d’avoir les mandibules uni- dentées au côté interne, les palpes maxillaires composés de six articles distincts, les paraglosses beaucoup plus courtes que les palpes labiaux; ces derniers en forme de soie écailleuse; ils ont encoreun caractère très-remarquable, surtout dans les femelles, c’est d’avoir le côté externe des pattes et des tarses postérieurs très-fortement garni de poils raides, souvent fort allongés dans quel- ques mâles. Les Antophores sont des insectes tout-à-fait printaniers : passé le solstice d'été, on n’en ren- contre plus ; ils volent avec beaucoup de rapidité, Se ° ANTH ne s'arrêtent que peu sur chaque fleur, et font toujours entendre un bourdonnement assez fort. Les femelles établissent leur nid dans les terrams coupés à pic, ou dans les vieux murs , se servant pour cela des trous qu'elles y trouvent , et qu avec de la terre elles savent rétrécir à la grandeur . qu’elles désirent ; avec la même terre, elles fabri- quent de petites cellules en forme de dés à cou- dre, très-lisses, qu'elles remplissent de pâtée, et où elles déposent un œuf; il existe quelquefois deux de ces cellules l’une au dessus de l’autre; le nid est ensuite fermé avec de la terre. Les mâles et les femelles des espèces de ce genre diffèrent beaucoup entre eux, principale- ment par les jambes postérieures et le labre , ce qui a beaucoup contribué à multiplier les espèces. Anrnorore pes Murs, 4. parietina, Fab. Latr. Annal. Muséum d’his. nat. T. 3. pl. 22, fig. 1. Noir, avec une bande roussâtre ou grisâtre sur le milieu de l'abdomen. Le mâle est noir avec le duvet gris jaunâtre ; le labre et le chaperon sont bleus ; les tarses sont garnis de poils roussâtres, les intermé- diaires ne diffèrent presque pas des autres. C’est cette espèce qui construit sur les murs ces tuyaux cylindriques formés de petits grains de sable agglutinés ; ils sont presque toujours courbés, et destinés, à ce que l’on croit, à rendre difficile entrée du nid aux insectes parasites, qui cher- cheraient à s’y introduire pour y pondre; le nid terminé, l’insecte se sert des matériaux du tube pour le boucher , et détruit le reste. Environs de Paris. Anrrornore HÉRissée, À. hirsuta , Fab. (Panz. Faun. ins. Germ., fase. 55, fig.6). Femelle noire, avec. tout le corps couvert de poilsroux ; le mâle est de la même couleur, avec le premier article des antennes, le chaperon, le labre et une tache à la base des antennes jaunes; les pattes intermé- diaires sont arquées, les tarses très-fortement ci- liés extérieurement et à leur extrémité. Envi- rons de Paris. On peut encore rapporter à ce genre les espèces nommées 4. acervorum, Fab. ;4. vulpina, quadri- maculata, furcata , etc., de Panzer. (A. P.) ANTHOPHYLLITE. (mn.) Substance minérale d'une couleur brunâtre , d’une texture lamellaire et d’un éclat métalloïde, c’est-à-dire qui rappelle un peu celui d'un métal. Elle cristallise en prismes à six pans ; mais le plus souvent elle se présente en longues lames ou en masses fibreuses. Elle raie légèrement le verre, et se laisse couper facilement par le quartz. Son analyse oblige à la classer dans les Silicates d’alumine. Sur 100 parties, elle en contient 62 à 63 de silice, 13 d'alumine, 4 de magnésie, 3 de chaux, 12 d’oxide de fer, 3 d’oxide de manganèse, et 1 à 2 d’eau. L’Anthophyllite ne s’est encore trouvée que dans les roches appelées Micaschiste, en Norwége et dans le Groënland, où elle forme de petites couches. (d. H.) ANTHOPHYSE , Anthophysis. (z001. B0T.) Genre regardé par des cryptogamistes célèbres comme un des exemples les plus remarquables de 211 ANTH la double nature signalée par eux chez des êtres organisés qui , assurent-ils, passent comme par enchantement de Ja vie animale à la vie végé- tale. En cédant à l’autorité du nom de ces savans, nous indiquerons seulement les caractères qu'ils ont assignés à l’Anthophyse ; mais, nous appuyant aussi sur des théories et des recherches récentes, nous élevons quelques doutes sur ce que l’origine, le développement , l'existence de ces êtres sem- blent offrir de merveilleux. Pendant une partie de sa vie, a-t-on dit , l’'Anthophyse est une simple plante; pendant une autre elle présente des grou- pes d'êtres mouvans, agissant réciproquement les unssur les autres, dans leurs mouvemens : puis arrive un instant où chaque parcelle du groupe animé vit individuellement , jusqu’au mo- ment où elle redevient plante à la manière des semences des végétaux. Le genre Anthophyse est surtout caractérisé par des filamens simples ou divisés , tubuleux, entrelacés ou parallèles , arti- culés d’une manière à peine visible : à leur extré- milé se montrent , vers une certaine époque , des rosettes formées de corpuscules sphériques et ressemblant à de petites fleurs animées , douées d'un mouvement de rotation assez rapide pen- dant lequel elles se détachent et errent à l’aven- ture. Après la séparation des glomérules animés , les filamens confervoïdes qui les ont produits ne paraissent plus qu'un léger duvet étendu sur la surface des corps inondés, mêlés à diverses vor- ticelles et à deux ou trois conferves. On n’a jus- qu'ici reconnu que deux espèces du genre dont nous nous occupons : lAnruopnyse DE Muz- LER, sociale , formant des duvets étendus, presque impalpables, à filamensrameux, vagues, fourchus et pâles ; l’Anrnopuyse picuoTouE, à filamens brunâtres , dichotomes , par faisceaux , et que M. Bory de Saint-Vincent, auquelnous empruntons ces indications, a, pendant son exil, trouvée dans les rivières de Wesdie et d'Ourthe, parasite sur d’autres arthrodiées, ou sur des conferves et con- tre les planches des vieux bateaux remplis d’eau. (P. G.) ANTHRACITE. (aux.) (Vulgairement houille éclatante, houille où charbon incombustible, etc.) Substance noire, avec un éclat métalloide assez vif, opaque, friable, tachant les doigts d’une ma- nière tenace, brûlant lentement et avec difli-- culté, sans répandre de fumée ni d’odeur. Ces derniers caractères, auxquels on peut joindre l'absence du bitume, suflisent parfaitement pour distinguer cette espèce minérale de la houille, ou charbon de terre, dont la combustion est facile et accompagnée d’une odeur plus ou moins bitu- mineuse. L’Anthracite est composé de carbone presque pur, de quelques traces d'hydrogène et de trois à cinq centièmes de matière terreuse. Sa pesanteur spécifique est de 1, 5 à 1, 8. L’Anthracite, dont on connaît plusieurs varié- tés, se trouve particulièrement dans les terrains de transition , où il est en couches , en amas ou en filons , tantôt au milieu des roches arénacées dé- EEE À ANTH 212 ANTH signées sous le nom de grauwackes, tantôt entre des couches de roches amygdaloïdes ou porphy- riques , etc. Ce combustible se trouve également dans quelques terrains plus élevés dans la série des formations , tels que les terrainshouillers (An- zin), le lias alpin (Dauphiné, Tarañtaise ), ec. Les principales localités où se trouve cette sub- stance sont les Alpes du Dauphiné, les Pyrénées, la Savoie , la Saxe, la Bohême, l'Espagne, l’An- gleterre, etc. = Usaces. L’Anthracite, par suite de la difficulté qu’on éprouve à l’allumer, aété pendantlong-temps considéré comme incombustible ; mais M. Brard a démontré que cette matière, mêlée d’abord, pour qu’elle s’enflamme plus facilement, soit avec du bois, soit avec de la houille, n’a besoin que d’une très-grande quantité d’air pour produire, en brûlant, un degré de chaleur beaucoup plus considérable que celui qu’on obtient avec les autres combustibles. Ce savant a employé l’Anthracite, avec un succès très-remarquable , à de nombreux usages, etentre autres au traitement métallurgique des minerais extrêmement réfractaires. On s’en sert maintenant avec avantage dans un assez grand nombre de fon- deries, et surtout dans les grandes opérations pour lesquelles on a besoin d’une température très- élevée. Mais, comme ilest presque impossible de parvenir à allumer une petite quantité d’Anthra- cite, et que d’ailleurs cette matière a l’inconvé- nient de s’éleindre totalement dès qu’on l’éloigne d’un brasier où la combustion est en pleine acti- vité, il en résulte qu’on ne peut en faire usage dans les appartemens. Certaines variétés, étant exposées à la chaleur, ont de plus la fâcheuse pro- priété de seréduire, en pétillant, en une sorte de poussière qu'il n’est plus possible d'allumer et dont il devient alors nécessaire de débarrasser les fourneaux. C’est avec l’Anthracite pulvérisé, uni à de la houille et à une petite quantité d'argile, qu'on forme les bûches économiques que beau- coup de personnes placent dans le fond de leur cheminée. (»'On.) ANTHRACOTHERIUM. (ma. ) G. Cuvier a donné ce nom à un animal dont les ossemens ne se trouvent qu’à l’état fossile, et quiest voisin du genre Anoplotherium (voy. ce mot). Il offre quelques rapports avec l'Hippopotame, et fait le passage du genre Chæropotame au genre Dicho- bune (voy. ce mot). Les dents molaires de cet animal ont à leur couronne sixet quatre tubercules coniques rangés par paires; les canines offrent beaucoup de rapport avec celles du Tapir. Cuvier a diviséce genre en cinq espèces, auxquelles il a donné les noms suivans : Anthra- cotherium magnum, À. minus, A. minimum , A. ‘Alsaticum, et 4. V’elaneum. ! La première avait la taille de l’âne ; la seconde celle du cochon; la troisième était encore plus petite ; les deux autres, dont il est difficile de pré- ciser la taille, ont recu leurs noms des deux anciens pays de France où elles ont été trou- vées, l'Alsace et le Velay. Une sixième espèce a été découverte au Bengale : c’est celle que M. Pentland a décrite sous le nom d’Anthracothe- rium silistrense. | Les débris de toutes ces espèces se trouvent dans des marnes calcaires de sédiment d’eau douce, supérieures au gypse,comme aux environs du Puy en Velay, et dans des dépôts de lignite ou de bois carbonisé, formant des couches au mi- lieu de marnes, d’argiles et de sables , placés dans une position supérieure aussi à celle du gypse ou de la pierre à plâtre des environs de Paris. (J. H.) ANTHRAX , Anthrax. (1xs.) Ce genre, après avoir fait partie des Mouches de Linné et de Geoffroy, des Némotèles d'Olivier , a été formé par Fabricius, dans ses premiers ouvrages, sous le nom de Bibio, qu'il a ensuite abandonné en le divisant en deux parties, dont l’une aformé le genre Midas , et l’autre le genre qui nous occupe em ce moment ; ses caractères consistent à avoir les palpes intérieurs , la trompe peu saillante , Les antennes ayant le premier article plus long que le suivant, celui-cien forme de poire, terminé par une longue alêne, munie d’une soie. Ces insectes ont un facies très-reconnaissable: leurs ailes sont presque deux fois aussi longues quele corps, portées: latéralement, même dans le repos, composées de parties transparentes, eE d’autres la plupart du temps noires qui les font paraître comme en deuil ; leur tête est globu- leuse, etles yeux en occupent la plus grande partie ; le corps est oblong , nu , plat, toujours velu. Ces insectes volent rapidement en planant long-temps à la même place avant de se fixer, ils se posent souvent à terre au plein soleil, c’est là qu’on les trouve fréquemment ; ce genre est assez nombreux en espèces, celles étrangères à notre pays présentent absolument la même apparence. On ne connaît pas leurs larves ni par conséquent leurs métamorphoses. i Anrarax notr, A. Morio. Panzer,Faun.ins.Germ., fasc. 33, n° 18. Semi-atra, Meig. Long d'environ 5 lignes, noir, avec des poils fauves à la partie antérieure du corselet et des deux côtés de la base de l'abdomen. Les ailes sont noires de la base à la moitié , la limite dela partie noire for- mant quatre dentelures. C’est l'espèce la plus commune des environs de Paris. A. vARIÉ, A. varia. Fab. Coqueb. Illus. inn., ins., tab. 23, fig. 2 , long de 5 à 6 lignes.tLe corpsest brun, velu , avec des poils fauves sur le corselet , et des taches blanches sur l'abdomen ; les ailes sont transparentes, avec des petits points parsemés’ sur leur surface. À. JAUNATRE, À. flava, Macquart. Cette espèce, longue de 7 à 8 lignes, diffère un peu de ses congénères; le corps est noir, fortement chargé de duvet jaunâtre ; les ailes sont transpa- rentes, enfoncées à la rote antérieure et à la base, (A. P.) ANTHRÈNE , Anthrenus. (1ixs.) Genre de l’ordre des Coléoptères, section des Pentamères , famille des Clavicornes, tribu des Dermestins ; ayant pour caractères : mandibules très-saillantes , antennes en massue solide, se logeant dans une ESS ANTH 219 ANTH ET ei a UT TE I TR TO TR cavité pratiquée aux angles du corselet; pieds gontractiles, tarses libres. Les Anthrènes sont de très-petits insectes dont le corps est arrondi, lenticulaire , les pieds courts et se rapprochant du corps au moindre danger ; leur corps est couvert de petites écailles sembla- bles à celles qui couvrent les ailes des papillons et qui s’en détachent avec la même facilité : ce sont ces écailles qui déterminent les couleurs dont ils sont ornés; on trouve ces insectes souvent en grande quantité sar les fleurs, où ils sucent la Hqueur miellée qui y est renfermée ; on les trouve aussi quelquefois dans les maisons, et, beaucoup trop souvent, dans les collections d'insectes où leurs larves exercent les plus grands ravages. Ces larves sont très-petites, comme on doit le penser ; ! Jes plus grandes , parvenues à tout leur accrois- sement, ne vont guère à plus de deux lignes ; ellés | ont une tête écailleuse, munie de deux petites antennes coniques et de deux fortes mâchoires ; tout leur corps est couvert de poils roux , surtout sur les côtes et à l'extrémité du corps, où ils for- ment deux houppes que l’insecte a la faculté de redresser à sa volonté, principalement quand il se | sent inquiété. Est-ce une arme, est-ce plutôt un moyen de défense ? C’est ce qui n’a pas été encore bien éclairci; ces larves suivent, dans leurs mé- tamorphoses , les mêmes phases que les autres insectes ; mais elles sont près d’un an sous leur premier état, pour passer à l’état de nymphe ; elles restent dans leur dernière peau de larve, qui se fend seulement sur le dessus du dos, pour pré- parer la sortie de l’insecte parfait. On voit de ces larves et des insectes dans toutes les saisons de l’année, mais principalement au printemps ; c’est à la fin de l'été, quand les larves ont acquis tout leur accroissement, qu’elles sont le plus redou- tables. On n’en connaît que peu d'espèces ; les plus ré- pandues sont : L'ANTHRÈNE DE LA SCROPHULAIRE, À. scrophula- riæ, Fab.; Oliv., col. t. 2, n°14, pl. 1, fig. 5. D’un noir foncé, avec la suture des élytres roussâtre et trois bandes grises transverses. A. DEs coLLecrions, A. museorum, Fab. ; Oliv., col., t. 2, n° 14, pl. 1, fig. 1. Elle est en- tièrement d’un brun obscur; c’est celle dont la larve fait tant de ravages dans les collections d’a- nimaux desséchés. CAP.) ANTHRIBE , Anthribus. (ins.) Genre de l’or- dre des Tétramères, famille des Rynchophores. Ce genre, démembré du genre Bruchus de Linné, a pour caractères essentiels : tête aplatie, avancée, labre apparent, palpes visibles filiformes, antennes en massue à leur extrémité, et le pénultieme ar- ticle des tarses bilobé. Les Anthribes ont un peu le port des Charan- cons, dont ils sont un démembrement ; mais leur museau est plus aplati, leurs antennes ne sont point coudées, et la massue n’est formée que des trois derniers articles ; leur corps est en général oblong, pu, plat au-dessus, parallèle sur les côtés ; ces insectes ne sont pas très-communs dans notre pays: on en trouve quelques espèces sur les fleurs , et les plus grosses sur le vieux bois, où iè est présumable qu’elles opèrent leurs métamor- phoses. A. LATIROSTRE, À. Latirostris, Fab.; Oliv. , col., t. 4, n° 80, pl. 1, fig. 6. Long d'environ 7 lignes ; tout le corps est fortement ponctué et chagriné , noir enfumé , parsemé de taches plus foncées et de points grisâtres ; rostre très aplati, tête, extrémité des élytres, plaque anale, dessous de l'abdomen jaunâtres. Les antennes ne sont pas trés longues. Des environs de Paris. À. ALBIROSTRE, A. albirostris , Fab. Long de 3 lignes, noirâtre, deux ou trois larges bandes blanchâtres sur les élytres , le tour des yeux, tout le dessous du corps couvert d’un duvet blanchâtre très-serré. D'Europe. (AMP ANTHROPOLITHES et Anraropoïnes. (G£or.) Le mot Anthropoides, proposé par M. Brongniart pour désigner les fossiles humains , doit être pré- féré à Anthropolithes, attendu qu’on n'a pas trouvé jusqu’à présent d’ossemens hnmains pétri- fiés. Ainsi, on peut douter de l'existence des premiers, tandis que les seconds sont les fossiles les plus caractéristiques de notre époque: les restes de l’homme, n’ont été trouvés que dans les couches les plus récentes, dans des dépôts meu- bles et superficiels, et les archives de la nature sont d'accord avec celles de l’histoire pour démon- trer l’origine récente de l’homme, du moins dans l'Europe et dans l’Amériqueseptentrionale, seules contrées bien explorées par les géologues. On ne peut supposer que ses resles, tout aussi indestruc- tibles que ceux des autres animaux, aient disparu, quand on trouve dans des couches très anciennes l'impression des feuilles les plus délicates et des élytres d'insectes parfaitement reconnaissables; jamais les débris de l'homme , ou ceux de son in- dustrie , n’ont été trouvés avec certitude associés à des ossemens d'animaux perdus , ni dans les amas meubles formés ‘par des causes violentes et pres- que générales, ni dans des couches sous-marines devenues terrestres par suite de soulèvemens. L'existence de l’homme dans les contrées étu- diées jusqu’à ce jour semble donc postérieure aux dernières grandes catastrophes'qu’elles ont éprou- vées; et remarquons que sa récente origine n’est pas un fait isolé; mais qu’elle se rattache à ces deux circonstances importantes : qu’on n’a pas encore trouvé à l’état fossile les animaux qui se rappro- chent le plus de l’homme par leur organisation, tels que les singes; et qu’en outre les espèces d’un ordre élevé, tels que les grands mammifères, n’appartiennent qu'aux couches les plus récentes , comme si la création eût été progressive et ter- minée par l'apparition de l’homme, Les anatomistes ont reconnu pour des osse- mens de divers animaux, ou pour des formes dues au hasard, comme celles du fameux fossile humain des grès de Fontainebleau , tous les pré- tendus anthropolithes ‘annoncés jusqu'à ‘ce jour. Ainsi le fossile des schistes calcaires d'Oeningen, que Scheuchzer honora du titre d'homme témoin CE ANTH 914 ANTH à 0 TTC LEGO du déluge, homo dilavii testis et theoskopos, et qui gonserva cette qualification jusqu'en 1758, a été reconnu par Cuvier pour une grande espèce de reptile voisin du genre Proteus ; une carapace de tortue trouvée dans les environs d'Aix a long- temps passé pour un crâne humain; les ossemens d'homme trouvés dans les brèches ossifères de la Méditerranée n’ont rien de réel. M. Cuvier n’y à vu, contre l'opinion de Spallanzani , que des os de quadrupèdes; il est plus que probable que tous ces ossemens de géans et de héros, que l’anti- quité conservait dans des temples, musées de l’é- poque, avaient la même origine, et que l’omo- plate de Pélops conservée à Olympie, le géant Orontetrouvé à Antioche,le géant Opladamus con- servé dans le temple d’'Esculape à Mégalopolis'!et tant d’autres, auraient été reslitués au Mastodonte ou autre . animal an tédiluvien, s'ils étaient venus jusqu’à nous. | Parmi les fossiles humains Anthropoïdes qui remontent à une haute antiquité, on cite les squelettes de la grande terre à la Guadeloupe, enveloppés dans an calcaire sablonneux d’une grande dureté; il est bien reconnu d’ailleurs que ce calcaire, qui est au-dessons de la ligne des bautes marées, se forme journellement par la réu- nion de petits grains de sable et de fragmens de coquilles dans un ciment calcaire, phénomène qui a lieu non seulement sur les rivages des Antilles, mais dans la Méditerranée, Le Musée possède un de ces squelettes de la Guadeloupe, et on a pu s'assurer que les os ont conservé une partie de leur gélatine. Les cavernes du midi de la France ont fourni récemment beaucoup d’ob- servations sur les ossemens humains; mais on a commis de véritables anachronismes en confon- dant les dépôts qui y avaient été entassés à diverses époques et mélangés par les eaux ou par les tra- vaux des hommes. Nous citerons les cavernes de Bize, département de l’Aude, où on a trouvé des ossemens d'homme et des poteries grossières avec des débris d’espèceséteintes de mammifères, telles que l’ursus arctoideus; celles de Lunel-Vieil, où des restes d'hommes étaient réunis à des os de rhinocéros, d'ours, d'hyène. Les consé- quences qu’on en peut tirer relativement à J'anti- tiquité de l’homme sont nulles, attendu que le dépôt qui les renfermait avait été remanié par les eaux. D’habiles observateurs ont même re- connu sur quelques points que la couche qui renfermait les ossemens humains était tout-à-fait supérieure, et que les objets d'art. qui leur étaient réunis ne remontaient pas au-delà de l’in- Vasion romaine. * Mais en est-il ainsi des ossemens humains trou- vés par un de nos premiers géologues, Boué , dans les alluvions anciennes de l'Alsace? Suivant ce géologue, ces ossemens seraient contemporains du dépôt qui les renferme, et par conséquent anté- rieurs à ce que nousappelons l’époque actuelle. Ce fait doit être rapproché de la découverte faite en Autriche, dans une alluvion ancienne absolument semblable à la précédente, de crânes que l’on a d'abord attribués aux Avares, et qui présentent cette singularité bien remarquable, d’avoir les plus grands rapports avec ceux d'une race découverte dans le Haut-Pérou par M. Pentland. Ils mon- trent le même aplatissement du frontal et 1æ même élévation si extraordinaire des parties pos- térieures du pariétal. L'existence de l'homme est , sans aucun doute, très-récente en Europe; mais est-elle postérieure x la dernière grande catastrophe? C’est un point qui ne nous semble pas démontré, et sur lequel l'observateur doit suspendre son jugement, ne fàt-ce que pour se prémunir contre les idées pré- conçues. Considéré à priori., ce fait de la coexis- tence de l’homme aux espèces de l'époque allu- viale ancienne n’a rien d'improbable , et la décou- verte en Europe des débris d’une race équatoriale ne serait qu'un fait de plus ajouté à l'ensemble des observations sur la faune et la flere de cette épo- que qui annoncent encore le climat des tropiques... S'iln’existe pas d’Anthropolithes ou d'hommes pétrifiés, la surface de la terre et le bassin des mers se couvrent depuis plusieurs milliers d'années d'Anthropoïdeset de tous les débris de l’industrie humaine, fossiles caractéristiques de notre époque; ils s’enfouissent dans des dépôts de même nature que ceux qui renferment les ossemens des races perdues et se conserveront comme eux, signalant une époque plus grande encore dans l’ordre moral que dans l'ordre physique. Supposons, ce quin’arien d’'impossible, qu'un soulèvement mette à décoavert le bassin dela Méditerranée : on trou- vera, sur ce théâtre de tant de naufrages, de tant de combats , les types de toutes les races qui l’ont parcouru et les archives de leur histoire et de leur industrie, De semblables soulèvemens ont eu lieu dans ce même bassin et à une époque géologique très-récente ; car nous avons trouvé sur les côtes de la Sicile et de la Grèce des dépôts entièrement formés des coquilles qui peuplent la Méditerranée; cependant rien n’y annonce encore l'existence de l'homme. (B. ) ANTHROPOMORPHE. (man. ) Ce mot, qui vient du grec et qui signifie ayant la forme hu- maine, a été donné à des êtres fabuleux qu’on di- sait être moitié hommes et moitié animaux. De ce nombre étaient les Syrènes, Tritons, Satyres, Centaures, etc, (Guér.) ANTHROPOMORPHES. (wa.) Dans les pre- mières éditions de son Systema naturæ, Linné don- nait ce nom au premier ordre des Mammifères. Dans les éditions suivantes, il a modifié sa mé- thode, et une partie des animaux de cet ordre ont formé celui des Primates. (Guër.) ANTHROPOMORPHITES. ( zoor.) On donnait ce nom à toutes les pétrifications dans lesquelles on croyait retrouver la forme humaine. On a re- connu depuis que ces prétendus fossiles humains étaient des débris de tortues, (Voyez Anruropo- LITHES. ) (GuËn.) ANTHROPOPHAGE, (mam.) Manceur D’Hom- Mes. Îl n’est pas de notre tâche d'examiner com- ment a pu s'établir et se perpétuer , chez quel- | [ | | W by | | mg , ANTH 215 ANTI a Se aan ques peuplades soustraites au bienfait de la ci- wilisation, l’horrible coutume de déchirer et de dévorer les membres palpitans de leurs ennemis waineus. Laprivation d'alimens ordinaires, la soif de la vengeance ont sans doute été les premières causes de cet usage révoltant, qui se sera trans- mis ensuite, comme unc tradition religieuse , plutôt que comme un goût particulier : c’est à da philosophie à rechercher sous quelle influence al a dû naître , sous quelle influence il devra dis- paraître du monde entier. 11 n’entre pas non plus dans notre sujet de parler ici de ces hommes qui, livrés aux angoisses d’une faim dévorante , ont pu se résoudre à sacrifier les plus faibles d'entre eux poursatisfaire ce besoin, le plus im- périeux de tous. Sans doute ils avaient déjà perdu l'usage de la raison , lorsqu'ils approchaient de leur bouche les lambeaux d’un cadavre humain : l'histoire du siége de Jérusalem par Vespasien , de la famine de Paris assiégé par Henri IV , les relations de plusieurs naufrages et surtout du désastre de la Méduse, attestent par quelle suite de tortures ces malheureux sont arrivés à cette _ affreuse extrémité. Mais existe-t-il réellement des hommes, parmi les peuples civilisés, que les vices | de leur organisation, que la dépravation du goût, qu un excès de sensualité même ont pu pousser à se nourrir de la chair de leurs semblables ? | Ces exemples, fort rares à la vérité, sont malheu- | meusement trop bien avérés : Galien en rapporte _ quelques uns ; Jacobi de Hatzfeld nous a trans- | ais l’histoire d’une famille d'Antropophages, con- | damnée au feu pour avoir assassiné un grand | mombre d'individus, et en avoir fait sa nourri- | ture; une jeune fille de douze ans , appartenant } à celte famille , et que son âge avait exemptée du | supplice, tua bientôt plusieurs enfans pour en manger la chair : condamnée à être enterrée | vive, elle disait à l'instant de sa mort, aux spec- | tateurs qui la regardaient en frémissant : Si l’on | Sayaitcombienest savoureuse la chair des hommes, | personne ne pourrait s'empêcher de manger des | enfans. Le professeur Gruner , à Iéna, a rapporté Vobservation d’un certain Goldschmidt, gardeur de vaches, aux environs de Weimar, qui , d’a- bord assassin, coupa sa victime en morceaux Mpour la soustraire aux regards, et qui, chaque soir, portait à sa demeure ces portions de c ada vre, dont il se régalait avec sa femme, en laissant 1croire à celle-ci que c'était de la viande de mou- jæon. Un an après il tua un enfant et en mangea une partie. Nous pourrions rapprocher de ces exemples révoltans , l’histoire de ce Léger , sup- | plicié il a quelques années à Versailles, et dont la |#ête, examinée par les plus savans phrénologistes, | fourni de si précieux renseignemens à la phy- 1siologie, Chez ce monstre, commésans doute chez les premiers dont nous avons parlé, il ne faut pas | reconnaître un résultat moral, mais une disposi- tion organique vicieuse, ou un état maladif à | tout-à fait indépendans de la volonté, et qu'on | doit plutôt livrer aux secours de la médecine qu’à da vengence des lois. (7. Howue.) (P.G.) | J 1 | ANTHUS. (o1s.) C’est le nom latin de la Far- louse. (7, Prrrxr. ANTHYLLIDE, Anthyllis. (or. pan.) Parmi les vingt espèces qui constituent ce genre , de la famille des Légumineuses et de la Diadelphie dé- candrie, quelques unes croissent naturellement sur nos montagnes , et d’autres se cultivent dans nos jardins. On regarde comme vulnéräire l’An- thyllide qui peuple les prés secs et celle des montagnes du midi; ce qu'il y a de plus certain, c'est qu'elles sont l’une et l’autre mangées par les bœufs, les moutons et les chèvres, Elles fleuris- sent pendant tout l'été. L'espèce la plus re- marquable est l’Anthyllide argentée, 4. barba Jovis , joli arbuste d’un mètre et demi de haut, dont le feuillage blanc satiné persiste tout l'hiver, couvert de bouquets jaunes qui s’épanouissent au mois de juin, et de jeunes rameaux soyeux. On croyait cette Anthyllide indigène-seulement aux contrées du Levant; nous l'avons recueillie sur l’'Apennin des deux Galabres et sur les rochers de nos côtes Méditerrannéennes. On peut la ris- quer en pleine terre sous le climat de Paris, en ayant soin de la couvrir pendant les froids et les gelées. On la multiplie de marcottes, de boutures, de drageons, et par le moyen de ses graines semées en automne. On cultive encore, mais avec plus de soins et dans les orangeries, l’Anthyllide de Crète, à la tige frutescente et aux fleurs rougeâtres, ainsi quel’ Anthyllide faux cytise et celle qui porte le nom du botaniste Hermann. (T. ». B.) ANTIARE, Æntiaris. (nor. PmaN.) Genre de plantes de la famille des Urticées et de la Mo- noécie polyandrie, particulier à l’île de Java On en connaît deux espèces, l’une à grandes feuilles, Antiaris macrophylla, que Brown a décrite et figurée, et sur lespropriétés de laquellenousn’a- vons aucun renseignement positif ; l’autre est un arbre fort élevé, À. toxicaria, dont la séve fournit un poison si violent que, lorsqu'il est introduit dans le sang par la plus légère piqûre , il agit avec une promptitude telle qu'aucun des poisons ani- maux les plus énergiques ne peut en approcher. Les expériences nombreuses du docteur Horsfeld, de Batavia, le démontrent d’une manière irrécu- sable. Cet arbre, qui atteint souvent de cinq à six mètres et demi de circonférence, croît dans la partie orientale de l'ile de Java, où il est appelé Antshar.Son écorce est lisse, blanchâtre , épaisse, le bois blanc ; les feuilles sont très-caduques, al- ternes , ovales, d’un vert pâle, couvertes de poils rudes et courts, et portées sur des pédoncules très-minces et allongés. Rumph en a parlé sous le nom de Arbor toxicaria. C’est le fameux Poon- upas ou plutôt Boûn-oupas sur lequà on a pu- blié tant de récits exagéiés. Le suc Jateux éminemment visqueux qui coule en abondance de l’Antiare vénéneux , quand op fait une incision à son écorce, est blanc, fourni par les jeunes bran- ches: celui du tronc est jaunâtre; c’est celui que le Javanais et les habitans des îles voisines recherchaient pour empoisonner leurs petites qe 216 * GS ANTI flèches de bambou. J’en possède quelques unes. On dit que l'écorce intérieure des jeunes arbres est employée à fabriquer une étoffe commune dont les pauvres gens se servent pour se vêtir ; mais cette étoffe a l’inconvénient de causer àla peau de fortes démangeaisons lorsqu'elle est mouillée par la pluie. Un autre poison, plus subtil encore et dont les indigènes gardent la préparation compliquée comme un secret impénétrable , est extrait d’un grand arbrisseau grimpant, appelé dans le pays T'shettik , et non pas T'ieuté comme l'écrit Lesche- nault. Les botanistes pensent que c’est un Strichnos ou Vomitier (v. ce mot); mais leurs recherches ne sont pas encore assez complètes pour prononcer sans appel. Ce qu'il y a de certain, c’est que les émanations du suc du Tshettik sont très-dange- reuses et qu'on les a long temps attribuées au Boûn-upas, que l’on approche sans en être incom- modé. (T. ». B.) + ANTILIBAN. (ctocr. pmys.) (Voyez Taurus.) ANTILOPES. (maw.) Des cerfs aux chèvres, aux moutons et aux bœufs, le passage se nuance par une foule d'espèces ruminantes à cornes creuses , extrêmement variées dans leurs formes, leur taille, leurs mœurs et le climat qu’elles habitent, et se ressemblant en général moins entré elles qu’à quelqu'un des genres voisins. On les a réunies sous le nom générique d’Antilopes. Ce genre , d’une importance incontestée en his- toire naturelle, se caractérise très-diflicilement. Le seul trait général de leur organisation , établi par M. Geoffroy, la solidité du noyau osseux de leurs cornes, commence à disparaître dans les espèces les plus éloignées des cerfs. IL paraît certain que toutes ont huit incisives, et dans plusieurs espèces voisines du nanguer, les deux intermédiaires ont un excès de largeur fort re- marquable, tandis que les trois de chaque côté sont extrêmement étroites et_contiguës face à face et non bord à bord; mais ce caractère n’est point général, et se présente dans quelques espèces étran- gères à cegenre. M. Desmarest (art. AxriLoPz du Dictionn. classique) croit entrouver un plus cons- ant dans l'articulation des os sphénoïde et parié- tal, lesquels, au lieu de se souder par une surface de'neuf à douze lignes, comme dans les cerfs et les chèvres, ne se rencontrent pas du tout, ou n’on$ de commun qu’une pointe aiguë ou une suture presque linéaire. Ajoutons que toutes ont vingt-quatre molaires, et plusieurs des pores in- guinaux, sortes de poches formées par les replis de la peau des aines. Quant aux cornes, dont la considération est d’une teue utilité, soit pour les distinguer comme genre, soît pour les clas- ser en espèces , elles affectent toutes les formes imaginables ,. lisses , cannelées, striées, partagées en anneaux, rondes, triangulaires ou enroulées d'une arête saillante , droites ou contournées en spirale, courbées et inclinées dans tous les sens, simples ou rameuses ; dans un grandnombre d’es- pèces, elles sont le privilége exclusif des mâles. La délicatesse excessive de leurs jambes fait qu'on ANTI ® ne peut que difficilement les prendre sans les leur briser; et ce n’est qu’à force de précaution qu'on parvient à les transporter vivans. Leur taille varie depuis celle d’un agneau qui vient de naître jusqu’à celle d’un cheval de moyenne taille, Toutefois on les distingue facilement des cerfs par la nature de leurs cornes creuses et à noyaw osseux, persistant toute la vie, au lieu de tomber chaque année ; parla présence d’une vésicule bi- liaire et par la récurrence des poils surépineux dæ cou et du dos; mais la plupart des espèces s’en. rapprochent par l'élégance et la légèreté de leurs: formes, la souplesse de leurs jambes, la grandeur: et la vivacité de leurs yeux-le plus souvent accom- pagnés de larmiers, par la rapidité de leur course, par la nature de leur pelage, qui est ras. Quelques unes, au contraire, passent aux bœufs, de ma— nière à n’en pouvoir être que diflicilement sépa- rées. ‘4 Gmelin en comptait vingt-sept espèces , et déjà. l’on se plaignait de plus d’un double emploi; un auteur moderne en cite cinquante-quatre , et d’au- tres en portent le nombre à quatre-vingts. Da reste, ce genre a été fort peu étudié ; les mœurs vagabondes des espèces qui le composent, leur séjour dans des pays en général peu habités et peu connus, en sont Jes causes. Peut-être pourrait-on, d’après la forme de leurs talons , les partager en deux grandes divisions assez en rapport avec leurs habitudes et les localités qu’elles habitent. Les unes ont en effet des ongles petits et presque sans ta- lons apparens, et ce sont en même temps des es- pèces à jambes eflilées, dont le séjour est établish dans les montagnes, où elles courent de rochers en rochers avec une effrayante agilité. Les autres, au contraire , ont les talons plus ou moins déve loppés, et leurs formes sont en général plus mas- sives ; elles habitent de préférence les plaines, les. forêts, les terrains sablonneux et unis, et même les marécages; et tandis que les premières, ha= biles à se dérober par une prompte fuite aux dan- gers qui les menacent, ont été créées timides ef désarmées, la plupart des autres, beaucoup plus exposées par la nature des localités qu’elles habi= tent , ont des cornes puissantes , dont elles savené se servir, et se réunissent en troupes pourrepoussern leurs communs ennemis. C’est à M. Verner, peintre d'histoire naturelle attaché au Muséum, que nous devons ces remarques, qui nous semblent devoir” être de quelque utilité, et qui pourront influersur une nouvelle classification de ces animaux. Nous" nous conformeronsici aux divisions les plus gé ÿ néralement suivies. Elles reposent toutes sur la forme et la direction des cornes. £ Si la classification des Antilopes est de nature M occuper les naturalistes, les étymologistes ont aussi trouvé dans leur nom de quoi exercer leur patienceM et leur érudition. Devons-nous en eflet le regarde” comme d’origine grecque parce qu'Eustathius dé“ signa sous-le nom d’Antholops un animal corn@ de nature inconnue ? ou bien croirons-nous, ave@ Bochart, qu'il dérive du copte pantalops, qui se gnifie licorne ? C’est ce que Ray, quiparaît s’en étre” ” 07/2777) Der Sodofriuy PP ANTI 217 ANTI servi le premier, a oublié de nous faire connaitre. Albert-le-Grand et d’autres écrivains ne nous ap- prennent pas davantage pourquoi ils se servent des mots calopus , antaplos, analopos. On pourrait dire que l'Afrique est la patrie du genre; cependant on trouve en Asie un grand nombre d'espèces, deux en Europe; et récemment on eu a découvert deux en Amérique. 1° ANTILOPES A QUATRE CORNES. ” Le Tscmicxar4, espèce unique, porte presque entre les deux yeux deux petites cornes droites, courtés , coniques et un peu comprimées ; en ar- rière, sont les deux cornes ordinaires, droites, plus longues que les autres, aiguës et lisses. Les yeux sont accompagnés de larmiers; cette espèce a la taille du chevreuil. — Originaire de l’Inde. 2° Les Acurrconnes. Cornes ou entièrement lisses ou légèrement canne- lées vers la base, droites ou très-peu courbées en avant , verticales et se terminant par une pointe ai- guë. Les femelles n’ont point de cornes. Espèces à cornes droites : Le Kzrpps Pricer, Orcotragus. On le nomme encore Antilope sauteuse, sauteur de rochers. Gette espèce est grande comme une chèvre; son poil rude et cassant s’enlève par le plus léger attouche- ment, Elle ales oreilles plus courtes que les autres Antilopes et un petit muffle. Son pelage offre une teinte générale gris-verdâtre. Les cornes sont courtes, minces, très-légèrement arquées en de- dans. Elle habite les rochers , et:se fait remarquer, . comme notre chamois, par les sauts prodigieux qu'elle y exécute au dessus de précipices im- menses. Sa chairest délicate, et elle passe pour le meilleur gibier de l'Afrique méridionale et des en- virons du Cap. L’AnrTiore DE LA Lanne. Habite les contrées montagneuses de l'Afrique, où elle viten petites troupes sans descendre jamais dans les plaines. L'Anticore LaiNEUsE ou REr-Boock, Antilope lanata, est extrêmement rare; on la rencontre aux environs du Cap, formant de petites troupes de dix à quinze paires; elle se tient constamment dans les montagnes, Son poil, assez doux et court, est en même temps frisé et laineux, d’un gris cendré, plus grisâtre sous le ventre. Ses cornes sont extrêmement droites, marquées d’anneaux peu nombreux dans leur moitié inférieure. Le Grimm, Antilope grimmia, recut de Pallas, qui le décrivit l’un des premiers , le nom de petit bouc damoiseau de Guinée , sans doute à cause de sa gentillesse et de l’éléganee de ses formes. Sa taille excède à peine un pied. Son pelage est générale- ment d'un fauve jaunâtre où d’un brun foncé, gris le long du dos, sur le chanfrein, la queue et les membres. Les cornes sont droites, petites, presque parallèles et dirigées en arrière. Sur le haut du front, est un épi dirigé dans le même sens que les cornes , et une bande noire va joindre le nez après avoir sillonné tout le chanfrein. Au des- Tone I, sous de chaque œil, plus bas, et dans une position toute différente des larmiers , se trouve une cavité considérable d’où découle une humeur visqueuse qui se solidifie, avec le temps, en une masse noire. Le Grimm s’apprivoise facilement et se fait re- marquer par son excessive propreté. Quelques au- teurs regardent comme appartenant à la même espèce la petite chèvre plongeante ou chèvre sau- tante du Gap, ainsinommée à cause de la manière dont elle fuit en s’élevant en l'air par des sauts réitérés , pour découvrir les dangers qui la mena- centet se replonger aussitôt dans les buissons. D’au- tres croient que la chèvre plongeante forme une espèce à part, beaucoup plus grande. Le Gu£vey ou Ror DES cHEVROTAINS, la plus pe- tite de toutes les espèces connues, n’est, en quel- que sorte, qu'un chevrotain, plus deux petites cornes d’Antilope. La hauteur du train de devant n’excède guère douze à quinze pouces. Les cornes du mâle sont noires, lisses, avec quelques anneaux à leur base. Son pelage est d’un brun cendré, avec une ligne fauve de chaque côté du front qui est noirâtre. Le Guévey, ainsi que l’espèce précé- dente, a un petit mufile avec une fosse sous cha- que œil. Il n’habite que les grandes forêts, où il vit isolé. On le dit si leste qu’il peut s’élever à une hauteur de douze pieds, ce qui paraît un peu exagéré. — Du Congo et desenvirons du Cap. AnTiLoPpe DE SALT, Saltiana. Espèce connue de- puis très-peu de temps, et rapportée en Angleterre par Salt, ancien consul anglais à Alexandrie. Dans la Nubie et l’Abyssinie , où elle se trouve , on la nomme Madoko. Ses cornes sont courtes , irès- aiguës, triangulaires, annelées et dentelées en scie sur l’arête antérieure , légèrement inclinées en arrière. Une toufle de poils longs et dirigés dans le même sens remplit l'intervalle des cornes, qui sont très-rapprochées. Chaque poil du corps est piqueté de blanc, de roux et de noir, ce qui donne au pelage une teinte générale gris roussä- tre. Le dessous du ventre est d’un blanc légère- ment teinté de fauve. Portée sur ses quatre jambes, grosses au plus comme le petit doigt, il n'est point de plus gracieuse ni de plus mignonne petite bête. Ses sabots fort longs et ses pieds sans talons indiquent assez une habitante desmontagnes. Le Gris-soocr, Antilope melanotis, Grisboock ou Grisea, June des plus communes dans les ca- binets. Sa couleur est d’un beau rouge ardent ou d’un brun fauve, semé d’une foule de poils blancs par tout le corps, sans aucune tache ; le roux devient plus pâle sous le ventre ; l’intérieur des oreilles est noir. Quoique très-agile , il se laisse pourtant prendre à la course par les chiens. L'Ouregr, Antilope scoparia, offre beaucoup de rapportsavec le Grimm ; mais il est plus grand : et sa taille atteint presque celle de notre chevreuil. Il est aussi plus svelte et plus haut sur ses jambes; son pelage est d’un fauve uniforme en dessus , d’un beau blanc de neige en dessous ; il a au poi- gnet des brosses fauves et blanchâtres , et les yeux sont accompagnés de larmiers, Les cornes du mâle XXVIII: Livraison. < 28 ANTI sont petites et droites, avec cinq bourrelets, Cette Antilope vit par petites troupes aux envi- rons du cap de Bonne-Espérance. 3° Les RÉCURVICORNES. Cornes' à une seule courbure dirigéeien avant. Le Rrrsoock, CHÈVRE et CHEVREUIL DES ROSEAUX, ‘Oleotragus. Cette espèce «est de la grandeur ‘du dairn et à peu près de la couleur du cerf, c’est-à- dire d’un gris fauve cendré. Les cornes, plus longues que la tête, entourées d’anneaux dans la première moitié de leurlongueur, sont lisseset très- aiguës à leur extrémité, et se dirigent en avant par ‘une courbureuniforme assez prononcée. Le Ritboock test rare ‘au cap de Bonne-Espé- rance, Il se’trent dans l’intérieur des terres et fait sa ‘demeure dans les roseaux qui avoisinent les fontaines. Buffon regarde cette ‘espèce comme une variété du Nacon. (Voyez plus bas.) 4 Les ANTILOCHÈVRES, Cornes à une seule courbure, recourbées en ar- rière. Le CamPran, CAMBING-OUTANG Ou ANTILOPE DE Sunrarra, est de la taille d’une chèvre, mais beau- coup plus élevé'sur ses'jambes ; il en a aussi le mu- seau. Une ligne noire sillonne le chanfrein , et ses cornes courtes mais assez fortes, très-aiguës 1ct fortement arquées , sillonnées à la fois d’anneaux ct de stries longitudinales très-fines, le font aisé- ment reconnaître. Son pelage est noir, avec une crinière blanche. L'ANTILOPE CHÉVALINE ou OSanne, Antilope equina , est de la grandeur d’un petit cheval, et remarquable ‘par la longueur de ses oreilles. Son pelage est long et de couleur grise , brune ou rous- sâtre; ellea la tête brune ; au devant de l'œil, un pinceau de poils blanes'dirigés vers l'angle des lè- vres:; sur le cou, une crinière dont les poils se dirigent vers la tête et qui se prolonge sur le dos. Les cornes sont grandes’et sillonnées de gros an- neaux. Elle n’a ni brosses ni larmiers. L'Afrique est sa patrie. L'Anrisorse BLEUE , nommé par Buffon Tserran, Antilope leucophæa. De lataille d’un grand cerf ou d’un âne. Son pelage est d’une teinte généralement ardoisée, quelquefois rougeñtre ; le ventre, la queue et une tache au dessous de chaque œil sont blancs. Plusieurs naturalistes affirment que cette couleur bleuâtre n’est due qu'aux reflets des poils qui pen - dant la vie de l'animal sont toujours hérissés ; ou, selon d’autres, à ce que ces poils nesont bleuâtres qu'à leur partie inférieure ; après sa mort, disent- ils, Jes poils se couchent ; ét la teinte première se convertit en-une sorte de gris cendré brillant ; les joues sont marquées d’une ligne blanche de chaque côté du chanfrem, dépuis la bouche jusqu'aux lar- miers; mais ces raies deviennent de moins en moins tranchées à mesure que l’animal âvance en âge, æt dans la vieillesse la tête devient entièrement blanche. . Les cornes de cette Antilopesont noires et ri- 218 ANTI -dées, ont environ vingt anneaux, et se reconrbent uniformément en arrière ; leur longueur est dan piedet demi à deux pieds; elle n’a point de brosses aux genoux. On assure qu'elle ne manque poiut de courage, et que ‘souvent elle attend de pied ferme les chiens et les chasseurs; quoiqu'elle semble indigène du Cap , on la trouve représentée de la manière la moins équivoque sur les monu- menségyptiens. Elle est très recherchée pour la délicatesse de sa chair. 5° Les Onvx. Ce sont en général de grandes espèces à cornes longues, très-grêles, annelces , droites ou peu courbées ; point de larmiers ni de brosses. L'Onyx, Camors pu Car,ou ANTILOPE À CORNES DROITES , le mêmeque Buffon a décrit sous le nom de Pasax, Æniilope oryx. Sa taille surpasse celle du cerf, et ses cornes, qui sont droites , lisses dans les deux tiers supérieurs de leur hauteur, sont verticalesettrès-rapprochées , et atteignent jusqu’à trois pieds de longueur. Sa teinte générale est un brun cendré bleuâtre; la tête, dont le front, les régions orbitaires et le museau sont blancs, semble recouverte sur toutes les autres parties d'un masque brun foncé; une bande de même couleur règne le long de l'épine dorsale, dont les poils depuis la croupe se dirigent vers la tête. On remarque sur la gorge, sur les épaules et les cuis- ses des raies brunes. \ C'est probablement cette espèce qui a donné naissance à la fable dela licorne ( #. Licorne), soit quedes individus aient été observés avec ‘une seule corne, comme cela arrive assez fréquemment , soit qu’on en ait tiré l'idée des monumens égyp- tiens, où l’Oryx est représenté avec beaucoup d’exactitude , mais-où en même temps on aper- coit les deux cornes dans le même plan, ce qui peut faire croire qu'il n'en existe qu'une seule. C'est un animaltrès commun dans l’intérieur de l'Afrique, rare au Gap. On ne le rencontre que par paires; ses säbots sont longs et lui donnent beaucoup de facilité pour grimper ; aussi se plait- il dans les contrées montagneuses. Un grand nombre d’auteurs regardent comme une variété du précédent Le Lrucorvx, ou Onvx BLANC, que l’on rencon- tre en Arabie; il en diffère en ce que son corps est d’un beau blanc; on prétendque ses sabots diffèrent aussi pour la forme de ceux de l'Oryx, que son cou’est plus court et plus ‘épais, et son museau plus large. On asouvent confondu avec ces deuxespèces l’Ar- cazezseouALGAZEL,dont les cornesressembleraient entièrement à celles de l’Oryx, sielles n'étaient re- courbées en arc de cercle; elles atteignent jusqu'aux flancs, et gênent beaucoup l'animal dansses mou- vemens. Le pelage est d'uneteinte générale blan- châtre, ses formes sont trapues et assez lourdes. Elle habite la zône centrale de l'Afrique depuis la Nubie jusqu’au Sénégal ; il n’est aucune espèce -dont l’image soit plus répétée ‘sur les monumens ANTI de la Haute-Egypte, et Cuvier pense avec Lichten- stein que c’est elle seule que les anciens'ont dési- gnée par le nom d’Oryx, On accorde aux Oryx le courage et une: habi- leté à se servir de leurs cornes qui les rendent re- doutables; aussi figurèrent-ils dans les jeux des Romains. Les cornes elles-mêmes ont servi à plus d’un emploi ;on en fit des branches d’instrumensde musique, des armes offensives , des branches d’arcs; leur forme régulièrement courbée, ou parfaitement droite,se prêtait à ces différens usages. G° Les SrrgrsicÈres. © Cornes à arête spirale. Le Coupous, décrit par Buffon sous le nom de Conpoua, Antilope stropiceros. C’est l’une des espèces qui s’éloignent le plus du type commun des Antilopes , pour se rappro- cher de celui des chèvres. Comme ces dernières , elleales cornes entourées d’une arête très-saillante, et soutenues par des noyaux cellulaires , et sous le menton une petite barbe qui se continue sous la gorge, sur la poitrine et sous le ventre, avec une crinière le long de l’épine dorsale. Les cornes, longues quelquefois de plus de trois pieds, décrivent une belle spirale régu- lière à triple courbure, et leurs pointes, qui sont lisses eb aiguës, sont écartées de deux pieds et demi ; la substance en est dorée, d’un jaune pâle, ebdemi-transparente. La couleur du pelage est d’un brun cendré clair avec huit ou dix taches blanches sur les flancs, très-apparentes dans le jeune âge, dont le pelage est d’un roux bien plus foncé. On peut voir pl. 26, n° 3, une figure de cet animal. Le Coupous est un animal d’une belle pres- tance ; il porte fièrement satête et n’est pas moins remarquable par l’élégance de ses cornes, par la finesse de ses jambeset l’agilité de sa course, que les plus beaux cerfs de nos pays; on assure qu’il franchit des barrières de dix et douze pieds de hauteur; on le trouve dans l’intérieur de l'Afrique, au nord du cap de Bonne-Espérance; quoiqu'il vive solitaire , il n’est point farouche , et s’appri- yoise avec la plus grande facilité, Le Cana, que Buffon avait mal à propos nommé Couvous, An'ilope oreas , la plus grande espèce du genre. Outre la grandeur de sa taille, 11 offre avec le cheval plusieurs traits de ressemblance ; ses cornes sont divergentes , longues de plus d’un pied et demi, mais entourées d’une arête qui cir- cule tout autour en spirale, ce qui leur donne l'air d'avoir été tordues. Le garrot s'élève entre les deux épaules, le pelage est grisâtre ; une pe- tite crimière règne le long de l’épine, la queue se termine parun flocon; au-dessous du cou, un fanon semblable à celui des bœufs et garni de poils qui peuvent alteindre jusqu’à un pied de long; son pe- lage est d’un fauve grisâtre. Ces animaux vivent au nord du Cap, dans les montagnes, par troupes de trente à quarante, quelquefois de: deux àitrois cents. On les chasse pour leur chair qui est excellente et pour leur peau, el ils sont si peu farouches que le chasseur peut 219 a ANTI pénétrer au milieu de leurs rangs et choisie en sécurité ceux qui lui semblent les meilleurs et les plus gras. Leur taille, leur force, la facilité avec laquelle ils s’apprivoisent, permettent de croire qu'avec quelques soins la colonie du Cap en reti- rerait les mêmes services que des bœufs et des chevaux. € L’Anpax est une espèce nouvellement connue des modernes, quoique les anciens paraissent en avoir laissé des portraits et des descriptions. Un individu à été amené en France avec la Girafe: il est mort à la ménagerie, et le Muséum possède sa dépouille ; ses cornes sont grêles , un peu com- primées, annelées et contournées en spirale, beau- coup plus renversées en arrière que celles du Cou- dous; elles sont longues et'extrêmement pointues ; l'animal les aiguissait sans cesse, et s’essayait à en percer les objets qui étaient à sa portée. Son pelage est blanchâtre ou même blanc, la tête porte une calette brune avec une grande tache sur la face, au dessus des yeux. Gette espèce habite, l'intérieur de l’Afrique. Nous nous contenterons de nommer le Boseu- Bock, Antilope sylvatica, dont les cornes sont pres- que droites, et dont le pelage du cou est usé par le frottement des branches dans les forêts qu'il habite ; \ Le Gurs, Antilope scripta , dont les cornes sont droites avec un arête spirale double : la femelle est représentée pl: 26, fig. 1; L’ANTILOPE DÉPRESSICORNE. À cette division se rattache celle des 7° ANTILOPES PROPREMENT DITES. Cornes aussi en spirale, mais beaucoup plus al- longées, dépourvues d’arêtes, et sillonnées d’un bien plus grand nombre d’anneaux. L’Anrizore pes [nnes, Antilope, cervicapra. Cornes à triple courbure, couvertes jusqu’à leur extrémilé d'anneaux très-serrés. Cette espèce se rapproche beaucoup des gazelles, dont elle a la taille haute et svelte , avec toute la légèreté, et la même distribution de couleurs. Des brosses aux poignets. Le Sarca, Antilope saiga, l’une des deux es- pèces européennes, a les cornes semblables à peu près à celles de la gazelle, c’est-à-dire qu’elles se recourbent en arrière pour se reporter en dehors, Let ramener ensuite leurs pointes à l’intérieur et un peu en avant, ce qui leur donne une forme un peu analogue à celle d’une Iyre. Elles sont d’une couleur jaune clair, et leur transparence | rivalise presque avec celle de l’écaille. Le Saiga n’a que cinq vertèbres lombaires, tandis que les autres en ont six. Il est de la taille d’un daim, fauve sur le dos et les flancs, blanc sous le ventre ; il a les formes beaucoup moins élégantes et plus trapues que les cerfs et les gazelles. Son nez est gros et bombé , les narines larges et proéminentes, ce qui l'empêche de paître autrement qu’en recu- lant ou en saisissant l'herbe de côté. Aussi , dans le squelette, les ouvertures nasales occupent-elles la moitié de la longueur de la tête, et c'est par le nez qu'il aspire Ja plus grande partie de l’eau qu'il ANTI 220 ANTI boit. Les yeux sont modifiés, pour les déserts arides et blancs que ces animaux ont à parcourir, par une membrane qui adoucit l'effet d’une lumière trop vivement réverbérée sur la rétine ; mais leur vue en est rendue plus courte, et ils seraient exposés à tous les genres d'attaque, si la nature n’était venue à leur secours en leur donnant une incomparable finesse d’odorat , qui les avertit de la présence du chasseur , lorsqu'il est encore éloigné d’une demi-lieue. Les Saigas habitent les vastes déserts sablonneux et salés qui s'étendent depuis le Danube et la Pologne jusqu'aux mers Caspienne et d’Aral. Ils y voyagent par troupes que l’on évalue à dix mille, et dont une partie veille sans cesse à la sûreté des autres: ils se retirent à la fin de l’été vers les contrées les plus méridionales, pour se rap- procher au printemps des latitudes plus froides. Les herbes du désert, âcres et amères, forment leur nourriture ; aussi leur chair est-elle détestable, d’une odeur et d’une saveur nauséabondes , et le dégoût qu'elle cause n’est pas peu augmenté par la multitude de ,vers qui s’engendrent sous leur peau, dans les grandes chaleurs. Ce sont des animaux faibles et d’un tempérament délicat; ils courent avec une rare vitesse, mais sont bientôt arrêtés par la fatigue, et ils succombent à la moin- dre blessure. 8 Les GAZELLES. Cornes en lyre, annelées, sans arêtes et exis- tant dans les deux sexes. La Gazeixe, Antilope dorcas. Citer son nom, c’est rappeler toute la poésie arabe qui emprunte à l’élégante légèreté de ses formes, à la délicatesse de sataille, à la finesse de ses membres , à la viva- cité , à la magique douceur de ses beaux yeux noirs, tant de délicieuses comparaisons ; les naturalistes les plus sévères eux-mêmes n’ont pas cru pouvoir parler de ce mignon animal sans adoucir la rudesse de leur langage , et Guvier s’est plu à décxire celle que possédait, il y a trente ans, le Muséum : tou- jours gaie, toujours vive, mais toujours douce et caressante; s’emportant, dans ses accès de folle gaîté, jusqu'à blesser de ses petites cornes les jambes des visiteurs, et poussant alors de petits cris d'ivresse qui ne cessaient que pour être rem- placés par le silence le plus absolu. Les cornes de la Gazelle se recourbent en arrière en même temps qu’elles s’écartent en de- hors pour ramener leur pointe en avant. Le beau fauve du dos est séparé du blanc de neige qui revêt le ventre et l'intérieur des membres, par une bande brun-foncé qui parcourt les flancs. Les membres sont fauves à l'extérieur. Une bande blanchätre entoure l’œil et sillonne les joues jus- qu'aux narines. Elles ont des larmiers , des brosses aux genoux ; les oreilles grandes , la queue courte et terminée par une touffe noire ; sur les aines, des poches particulières sécrètent une matière fé tide. On distinguait quatre espèces , que Cuvier a réunies dans la précédente : la GAzELLE poncas, dont nous venons d'écrire l’histoire , la CorINNE dont les cornes sont très-petites et presque droites, le Kevez dont les cornes sont plus longues et les yeux plus grands, le Tscuerran ou Antilope de Perse, dont le seul caractère consiste en une saillie un peu plus apparente du larynx; saillie qui se retrouve dans toutes les espèces que Guvier a réu- nies, et ne suflit pas à établir un groupe à part. Toutes ces espèces, au reste, ne different que par des caractères si peu tranchés, et le pas- sage des unes aux autres est tellement nuancé par une foule de variétés intermédiaires, que notre illustre naturaliste les a regardés comme des ac- cidens peu distincts d'un type unique, et la plu- part des auteurs se sont réunis à cette opinion. La patrie des Gazelles est immense; elle com- prend l'Afrique presque tout entière, et la moitié méridionale et occidentale de l'Asie. On les ren- contre en Arabie, au Sénégal et dans la Barbarie, par troupes innombrables, quoiqu’elles soient poursuivies par les lions et les panthères du dé- sert, et par l'homme, qui les chasse avec le chien, l’once ou le faucon, et leur tend des piéges de toute espèce. Leur chair est recherchée. ANTILOPE A BOURSE, ÆAntilope euchore. Cette espèce est d’un tiers plus grande que la précé- dente, et les cornes du mâle sont , toute proportion gardée , beaucoup plus grosses. Une ligne blanche s'étend en s’élargissant depuis les reins jusqu’à la croupe. Du reste, la courbure des cornes est la même, ainsi que la distribution jdes couleurs. Elle à des larmiers , mais point de brosses. Ces animaux, que l’on nomme au Cap, leur patrie, Spring- Book , se réunissent, dit-on, à l’épo- que des grandes sécheresses, et viennent par troupes de dix à cinquante mille, chercher aux environs du Gap une température plus douce, un climat moins desséché. Poursuivies par les lions, les tigres et les panthères, leurs ennemis acharnés, elles savent opposer le nombre à la force, mar- cher en colonnes serrées, se former en cercle, et offrir aux féroces assaillans un intrépide rem- part de cornes aiguës. Les auteurs ajoutent que l’ordre suivi demeure invariablement le même ; que la végétation disparaît sous les pas de cette immense tribu errante, et que l'arrière garde souffre beaucoup , réduite qu’elle est à des arbres dépouillés par cinquante mille bouches, ou à quelques racines oubliées. Mais au retour elle- ouvre la marche, et s’engraisse à son tour en traversant de riches et abondans pâturages. Les Hollandais, frappés de sa beauté, ont donné à cette Antilope le nom de Prop-Boock, ou Chèvre de parade. Anricope Dam, ou Naxcuer de Buffon. Les cornes de cette espèce, assez sensiblement recour- bées en avant, sembleraient la placer parmi les récurvicornes ; Mais ce caractère n’est point assez tranché, d'autant moins que cette courbure est précédée, dans ceux qui ont atteint leur complet accroissement, d'une autre qui les ramène en arrière ; nous les conservons donc parmi les Ga- zelles, où les place tout l'ensemble de leurs carac- ANTI 221 ANTI tères extérieurs. Le Nanguer est de la taille d’un chevreuil, fauve en dessus , blanc en dessous, sur les fesses et sur le cou; ses cornes sont longues de six ou sept pouces , et très-courbées en avant dans le jeune âge. L’individu dont Buffon a fait la des- cription était un jeune. C’est, de toutes les Antilopes, l’une des plus élégantes et des plus jolies ; le public admis à voir celle que possédait la ménagerie, frappé de ses belles proportions, et surtout de la délicatesse de ses jambes d’un beau blanc, l’avait nommée /a petite Girafe. L’AnTiLore DE SOEMMERING, diffère peu de la précédente. Elle a le chanfrein noir et les jambes presque entièrement fauves. L'Avrizore pourpre, Antilope pygarga, offre encore des proportions fort belles ; elle est de la taille d’un cerf; ses cornes, plus petites à propor- tion que celles de la gazelle, mais plus profondé- ment annelées , offrent à peu près la même dispo- sition. Sa couleur, d’un rouge très-vif ou d'un bel alezan , lui a mérité son nom. Une large bande brune sépare, comme dans les gazelles , la couleur du dos de celle du ventre qni est d’un blanc pur, ainsi que les fesses et la face interne des membres. Cette espèce, par ses formes et sa grande taille, se rapproche de la division suivante : 9° Les Bugazes. Cornes annnelées, à double courbure, en sens contraire des gazelles, la pointe en arrière. Le Bugaze, Antilope bubalis, ou Vacue DE Ban- BARIE. La frappante analogie qui existe entre sa tête et celle de la vache, et ses formes lourdes, justi- fient ce dernier nom , que lui ont donné plusieurs auteurs et le public, presque toujours excellent juge en fait de rapprochemens ; mais seslarmiers , ses jambes de cerf, le placent dans une autre ca- tégorie ; il n’a point de brosses aux genoux. Son pelage est d’un fauve à peu près uniforme , excepté le flocon de poils noirs qui termine la queue. Le train antérieur est sensiblement plus élevé que le train postérieur ; il a la tête excessivement allon- gée, et la disposition des cornes, très-rapprochées à leur base , et implantées sur le sommet de la tête, rend encore ce caractère plus frappant. C’est un “animal naturellement farouche, etméchant comme presque tous les ruminans bien armés ; ses cornes puissantes et aiguës, l’habileté avec laquelle il sait s’en servir, le rendent dangereux. Cependant on assure qu'il s’apprivoise assez aisément, et d'anciens bas-reliefs hiéroglyphiques donnent à penser qu’à une époque il fut employé comme nos bœufs dans l’agriculture. Le Caama ou Cenr pu Car, Antilope caama, diffère du précédent, avec lequel Buffon et un grand nombre d'auteurs l’ont confondu; la eour- bure des cornes est plus prononcée et leur extré- mité est lisse et pointue; la tête est plus longue encore et plus étroite que celle du Bubale. Uneligne noire étroite règne sur le cou, et une bande longi- tudinale de la même couleur sur les jambes. 10° Les LErochres. Cornes entièrement lisses. Nous arrivons à des divisionstellement éloignées du cerf, notre point de départ, que l’on conçoit à peine qu'il ait pu venir dans l'esprit de quelqu’un de les rapprocher. Nous allons en citer les principaux types : 39 Chamois. Le Cmamors ou Isarp, Antilope rupicapra, la seconde des espèces européennes , bien connue de tous ceux qui ont fréquenté nos grandes chaînes montagneuses, Il a la taille d’une grande chèvre ; son pelage est d’un brun foncé ; une bande noire va de l’œil au museau. Ses cornes , noires et lisses , droites dans leur première moitié, se courbent tout à coup en hamecon ; leur noyau n’est pas entièrement solide. Derrière l'oreille se trouve un trou n’offrant rien de particulier, si ce n’est qu'il est probable que c’est lui qui a fait dire à quelques anciens que les chèvres respirent par les oreilles. Le Chamois ne se plaît que dans les montagnes les plus escarpées, etilest célèbre par laprodigieuse hardiesse des:sauts qu'il exécute de rochers en ro- chers, s’arrêtant immobile, après les bonds les plus effrayans , sur quelque pointe aiguë qui offre à peine assez de surface pour qu’il y puisse ras- sembler ses pieds. Sa chair est délicate , et il est l’objet d’une chasse active et pleine de dangers. Cerné par les chasseurs au sommet de quelque pointe de rocher, il sait, dit-on, venger sa mort, et, se précipitant sur l’un d’eux, l’entraîner avec lui dans des précipices sans fond. Du reste, son odorat et ses yeux le servent merveilleusement contre les embûches qu’on lui prépare. On le trouve par troupes de quinze ou vingt, et les chasseurs du pays, seuls, vieillis dans les dangers et les ruses de leur pénible métier, savent le sui- vre et le surprendre. 2 Les Bosélaphes. Le Nyz-Guau, Antilope picta. Le nom de Tac- REAU-CERr des Indes , que lui ont donné plusieurs voyageurs , exprime parfaitement la place qu'il doit occuper dans la classification des Antilopes. Taureau par son cou, ses cornes et sa queue ; cerf par sa tête, son corps et ses jambes; cependant celles de derrière sont plus courtes que celles de devant ; aussi sa démarche est-elle lourde et de mauvaise grâce. Il porte des larmiers , et sous le milieu de la gorge une touffe de longue barbe. Ik est de la taille d’un grand cerf. Le pelage est grisâtre chez le mâle, roussâtre chez la femelle. Au dessus des sabots se trouvent, chez l’un et chez l’autre, de doubles anneaux noirs et blancs. Ses cornes, supportées par des noyaux, en partie cellulaires, sont égales en longueur à la moitié de la tête. On remarque à leur base un tubercule que l’on peut regarder comme un rudiment de bifurcation. C’est encore un de ces animaux auxquels les vrais amis de l’agriculture désirent une place dans l'économie domestique. Il s’apprivoise facilement , ANTI 2 6 quoique d'un naturel vif, vagabond et enclin à la colère. Bien qu’origmaires du bassin de l’Indus, | des montagnes de Cire et de la chaîne de l'Hynialaya, ceux que l’on a amenés vivans en An- gleterre y ont produit. Le Nyl-Ghau vit comme tous nos animaux do- mestiques ; le pain lui semble une nourriture déli- cieuse, pourvu qu'il n’ait été mordu par aucun autre animal, ce que la finesse de son odorat lui fait sur-le-champ découvrir. _ Nyl-Ghau, composé de deux mots indiens, si- gnifie taurcau bleu. Le Gnou, Antilope gnus, termine la série des Antilopes, à laquelle 1l tient moins par quelque caractère positif que par la difliculté de le placer dans aucune autre division. Il a les cornes d’un bœuf, les jambes fines d’un cerf ou d’une Antilope, l'encolure et la croupe d’un cheval, ainsi que la queue, terminée par un flocon de longs poils, et la belle crinière qui recouvre son cou; son muffle est large et aplati comme celui d’un bœuf; au dessous du cou, une autre crinière noire. Sa couleur géné- rale est le fauve-gris. Cette espèce est représentée dans notre planche 26, fig. 2. . Cet animal a un aspect farouche, et les poils abondans qui recouvrent sa face y ajoutent en- core ; on le dit brutal, et ne s’apprivoisant que dif- ficilement. 11° Les Rawrrènes. On donne ce nom à deux espèces américaines , connues depuis assez peu de temps, lesquelles se distinguent des précédentes par la nature de leurs cornes, qui se rapprochent par leur forme de celles du genre Cerf. L'AnriLorE À EMPAUMURES, Antilope palmata ; doit faire suite immédiatement au Nyl-Ghau, Fem- paumure n'étant autre chose que le développement du rudiment que nous avons remarqué à la base antérieure des cornes de celui-ci. On dit cette es- pèce de la grandeur d’un_cerf. Pa ore A ANDOUILLERS, Ænlilope furcifer. Les cornes, aux deux tiers de leur hauteur, se partagent en deux andouillers dont l’antérieur n’est que la moitié du postérieur, Au dessous de la bi- furcation se trouvent des anneaux peu profonds. Ces deux espèces habitent les bords du Mis- souri et le nord du Mexique. (D. v.r.) ANTILLES (Archipel des). (céoer.) Cet ar- chipel est le plus grand et le plus peuplé du monde entier : il se compose de trois cent soixante îles ou îlots qui s'étendent entre les 10° et 28° de la- litude nord, et 61° 50! et 87° 20! de longitude ouest, en décrivant une ligne courbe depuis la Floride j jusqu'au golfe de Maracaïbo. Sa position , exposée toute |’ jnnée aux vents alizés, a fait don- ner aux îles qui le composent la dénomination d'îles du vent et d’iles sous le vent. Il peut se diviser en trois groupes principaux : les Grandes Antilles, qui comprennent les îles de Cuba, d'Haïti, autrefois Saint-Domingue , de la Jamaïque et de Por ‘to-Rico. Les Phases Antilles , dont les principales sont la Trinité, la Martinique, la Guadeloupe , la Do- 292 ANTI | minique , la Barbade, Antigoa et Sainte-Croia.s Enfin les iles Lucayes, qui furent découvertes par Christophe Colomb, dans trois voyages suc cessifs de 1492 à 1496, et qu'il nomma /ndes.0e- cidentales, croyant qu'elles appartenaient au eon- tinent de l’Inde. Quoique l'erreur ait. été recon- nue depuis fort long-temps, la dénomination ne leur en est pas moins restée, Cet archipel présente, sur sa surface, une assez grande quantité de montagnes formant un système qu’on peut nommer système antillien,, et qui offre des points culminans de mille quatre cents toises au- dessus du niveau de l'Océan. Tels sont, dans l'ile de Cuba , le Mont Potrillo , ekla Sierra de Cobre, hauts de mille quatre cents toises ; dans la Jamaïque , le point culminant des Montagnes bleues, qui a mille cent trente-huit toises d’élévation ; dansl'iled’ Haïti, le Pic dela grande Serrania , haut de mille quatre cents toises, et le Mont de la Selle qui s'élève à mille cent cinquante-cinq toises. Les autres mon- tagnes ne présentent pas des élévations aussi con- sidérables, et les plus hautes n’atteignent pas plus de neuf cents toises. Le climat des Antilles est malsain , et suit l’in- fluence des deux saisons qui règnent dans Parchi- pel, la saison sèche et la saison pluvieuse : elles sont elles-mêmes la conséquence de la marche du soleil, qui, dans l’année, atteint deux fois le zé- nith. C’est surtout à ces époques que se déclarent de violentes tempêtes et d’affreux ouragans qui dé- vastent tout le pays, et joignent leurs ravages à ceux produits par le fléau de la fièvre jaune. En général , ce climat est funeste aax Européens qui FicñoN y former des habitations. : On cultive avec un grand succès, dans tout Parchipel, le café, la canne à sucre , le cacao , et le tabac. Le manioc y forme la nourriture des trois quarts de la population. Le sol des îles An- tilles est, dit-on, dix-huit fois plus productif que celui d’ Europe. La minéralogie de cet archipel offre peu, d'in- térêk, et, parmi les trois cent soixante îles qui le composent, deux seulement , Cuba et Haïti, ren- ferment des mines d’or, d'argent , de fer, de cuivre , de soufre et de charbon. Tous les animaux qu'on y transporte , excepté le lapin, y dégénèrent promptement , et la prin- cipale side de son règne'animal consite en oi- seaux , dont le plumage élire les couleurs les plus Yasitles et les plus brillantes. Deux îles seulement, Haïti et Sainte-Margue- rite, ne sont du domaine d'aucune nation étran- gère : quant à toutes les autres, elles rentrent dass le possessions de l'Angleterre, de la France ; del Espagne , de la Hollamdel) du Dänemiarck et de la Suède. : (CG d;) ANTIMOINE. (mn.) Ce métal, dont nousindi- querons ci-après les usages et l'utilité, se présente dans la nature à l’état natif ou pur. Il est alors reconnaissable à son brillant métallique, à son blanc d’étain, à son tissu lamelleux, à sa fragilité, et à son peu de dureté qui permet à une pointe de laiton de le rayer : il est d’ailleurs encore re: EE ————————— Emme ANTT Ææonnaissable à la manière dont il se comporte dans Yacide nitrique ; il s’y dissout en yÿ laissant un ‘&épôt blanchâtre. Enfin, si l’on en jette des par- celles sur des charbons ardens , il répand des va- | eurs blanches. Ce n’est pas seulement l’Antimoine natif qu’on “æxploite : il ne se présente en cet état, dans les ilons , qu’en pelites masses lamellaires ; mais on le trouve aussi tantôt oxidé , tantôt combiné avec le soufre ou avec différens métaux, ainsi que nous allons le rappeler. A l’état d’oxide, il n’a plus son brillant métal- | Tique ; mais il est blanc et d’un éclat nacré. Plus tendre encore qu'à l'état natif, il se laisse rayer par tous les corps : ilest fusible à la flamme d’une bougie , et complétement volatil en fumée blanche; älse présente alors en lames et en aiguilles diver- #entes. L’Antimoine oxidé forme, dans la miné- ralogie chimique , en suivant la nomenclature de M. Beudant, une espèce minérale à laquelle il a “donné le nom d’Exétèle, d’un mot grec qui signifie väaporisable. L'oxide d’Antimoine se présente encore sous orme d’une substance terreuse, très-tendre ét "d’une couleur blanc-jaunâtre. Sous cette forme, l à recule nom de Stibiconise ou Poussière d’Anti- moine , du latin stibium (antimoine ) , et du grec thonis (poussière). Il se trouve dans le sein de la “terre, par suite de la décomposition du sulfate | #fAntimoine. | 821T/Antimoine , combiné au soufre, forme le sul- füre naturel d’Antimoine, Soumis à l'analyse | “chimique, il se compose d'environ 27 parties "de soufre et de 73 d’Antimoine sur cent. Cette | “espèce, que M. Beudant désigne sous le nom de Stibine, est une substance mttallique d’un “gris de plomb qui cristallise en prisme rhom- | “boïidal, terminé souvent par une pyramide à quatre faces. On la trouve aussi en petites ba- guettes qui partant d’un point central divergent en rayonnant, ou bien en lamelles, ou bien encore ‘en fibres capillaires, ou enfin en petites masses compactes. C'est cette espèce qui est la plus com- mune dans la nature, et qui, par conséquent , est Ma plus exploitée pour les arts. ‘Quelquefois, par une sorte de décomposition naturelle , le sulfure d’Antimoine prend une-teinte rougeâtre , devient fragile et tendre , et forme alors V'Antimoine oxidé sulfuré, qui porte le nom vul- -gaire de Soufre dore ou celui de Kermés , sous le- “quel il est admis dans la minéralogie chimique. ÆEn cet état, fl est formé d'environ 30 parties d’oxide d’Antimoine et de 70 de sulfure du même métal. ; Nous avons dit que l’Antimoine se combinait, dans la nature, avec plusieurs métaux. En effet, ‘ils’unit avec l'argent, et forme alors un antimo- niure auquel on a donnélle nom d'Argent antimo- nial, et que la nomenclature de M. Beudant dé- “signe sous celui de Discrase , qui, tiré du grec, | signifie mauvais alliage. Enfin , à l’état de sulfure, | il se combine avec le nickél, avec le plomb, et | avec le cuivre et le plomb à’lafois. La première . 293 ANTI de ces trois combinaisons porte le nom d’Anti- monichkel , la seconde celui de Jamesonite , et la troisième celui de Bournonite. Les différentes espèces d’Antimoine ne sont pas | très-répandues dans la nature; nous ne rappelle- rons pas tous leurs gisemens variés; nous nous contenterons d'indiquer celui du sulfure d’'Anti- moine appelé Stibine, parce que c’est le plus com- munément exploité. 1] se trouve en filons dans le granite, legneissetlemicaschiste. Les départemens de la France qui en possèdent le plus sont ceux de l'Ardèche, du Cantal, du Gard, de la Haute- Loire , du Puy-de-Dôme et de la Vendée. L’Antimoine est d’une grande utilité dans les arts et l'industrie. Combiné avec l'acide tartrique et la potasse , 1l forme l’émétique ; à l’état d’hy- drosulfate , 11 fournit encore à la médecine d’au- tres médicamens , le soufre doré et le kermès. Combiné avec la potasse, il en donne un qua- trième appelé Antimoine diaphorétique, auquel on attribue des propriétés sudorifiques , et qui sert aussi dans la peinture et dans la fabrication des émaux : il'entre dans la composition du jaune de Naples, et c’est par lui qu’on obtientle beau jaune de paille employé à peindre la porcelaine ; avecle chlore, il fournit un cinquième médicament ap- pelé vulgairement Baume d’Antimoine, et qui sert aussi pour bronzer les métaux, surtout le fer; à l’état de sulfure , il entre dans la composition des crayons communs de graphite, improprement ap- pelé crayons de mine de plomb; enfin, à l’état métallique , il sert à faire plusieurs alliages. Avec le plomb, ilest employé à fabriquerles caractères d'imprimerie et des robinets de fontaines; avec l'étain, qu'il rend plus dur, on en forme des plan- ches qui servent à graver la musique. (J. IL.) ANTIMONIATES et ANTIMONITES. ( em. ) Noms par lesquels Berzelius désigne les combinai- sons 1° du ‘tritoxide d’antimoine avec les bases salifiables, 2° du deutoxide du même métal avec les mêmes bases. (EE) ANTIPATHE, Antipathes. ( zooPn. PoLyP.) Ce genre, établi par Pallas, est formé d’une masse gélatmeuse , dans laquelle sont contenus des ani- maux : elle enveloppe une tige ramifiée, cornée, d’une couleur noirâtre, très-dure , cassante, un peu vitreuse. Cette tige est souvent armée de pe- tites épines qui ne sont que des commencemens de rameaux que les animaux ont cessé d’al- longer. Les polypes qui forment les Antipathes ne nous sont point connus : ils sont si mous que , dès qu'ils sont sortis de la mer, ils tombent et ne laissent dans nos collections que les polypiers. Ce n’est donc que sur ces derniers qu’on a pu prendre les caractères pour distinguer ce genre. Nous en connaissons plus de vingt espèces qui viennent de toutes les mers. La Méditerranée en fournit plusieurs , tels que l’Antipathes dichotoma, l’Antipathes fœniculacea et V Anthipathes radians qui sont tous décrits dans le Dictionnaire des sciences naturelles. (R. L.) ANTIPATHIE. ( »uysioc. ) Répugnance, aver- ———_———— ANTI sion de quelques uns des organes à l'égard de cer- taines influences extérieures. Cette révolte des sens , cette impression pénible que nous éprouvons malgré nous, et souvent -en dépit de nos plus fermes résolutions, dans nos rap- ports avec les objets ou les individus qui nous en- tourent , ont, dès long-temps, fixé l’attention des philosophes et des physiologistes ; aussi les uns et les autres se sont-ils efforcés d'en découvrir la source, d’en expliquer les causes. On les a vaine- ment attribuées à des qualités occultes, à des difté- rences de mouvemens, dé configuration, d'union, de répulsion réciproques des corpuscules qui éma- nent des corps, elc., lorsqu'il était plus facile d’en trouver l'explication dans un enchaînement, ane association d'idées qui se rattachent , de plus ou moins près, à des souvenirs, des habitudes, des intérêts , des passions, et, pour le plus grand nombre des cas, dans une disposition organique particulière, presque toujours inappréciable. On conçoit que si les êtres organisés puisent sans cesse autour d'eux les élémens de leur déve- loppement , les moyens d'assurer leur existence, il a bien fallu qu’ils fussent construits , édifiés de facon à établir des rapports, des liaisons nécessai- res à leur conservation et au rôle qu'ils étaient ap- pelés à remplir; il a bien fallu qu'ils trouvassent, dans la composition de leur être, les moyens de reconnaître , de recueillir l'aliment indispensable, de fuir ou de braver le danger qui pouvait les me- nacer. Où trouver ailleurs, en eflet, la raison pour laquelle cette espèce recherche avec empres- sement et savoure avec délices la substance que telle autre repousse comme un poison ? Et s’il est facile d'expliquer ainsi les relations de convenan- ces ou d'opposition entre les espèces et ce qui peut leur être agréable ou nuisible, cette explication ne serait pas plus difficile à l’égard des individus, si Yon pouvait toujours apprécier, déterminer le mode de sensations propres à chacun d’eux; l’on s’étonnerait surtout alors des différences qui se présentent sous ce rapport. Tous les sens peuvent être ensemble ou séparé- ment les instrumens de l’Antipathie : ainsi les sen- sentions que l’œil recoit peuvent produire une foule d’impressions plus rapides que le jugement ; la forme, la couleur, la fixation rappellent des idées de crainte, de haine, et, par un sentiment irrésistible, on cède à ces impulsions avant d’en pouvoir examiner la justesse ou la portée. IL est des hommes que les plus pressans périls ne sau- raient émouvoir, et qui tremblent et pâlissent à Yaspect d’un insecte, d’un faible animal. On parle d’un maréchal d’Albret qui ne pouvait supporter la vue d’une tête de marcassin; on cite l'exemple d’une femme qui s’évanouissait en apercevant vol- tiger une plume, et celui d’une personne qui per- dait connaissance à l’aspect d’un corps rouge. Quelques animaux ont l’odorat tellement parfait que, par son seul secours, ils reconnaissent la trace de leur ennemi ; chez l'homme, ce sens est sou- vent aussi d’une grande susceptibilité : nous avons connu une jeune dame qui redoutait l'odeur de la ‘ 224 v ANTI violette, et reconnaissait de très-loin la présence de cette fleur; un moine, dit-on, se condamnaiït à ne point quitter sa cellule pendant toute la saison des roses, tant leur parfum l’affectait péniblement. Nous pourrions citer un grand nombre de répu- gnances semblables. Les sensations perçues par le sens de l’ouiïe don- nent également lieu à de pareils phénomènes : le son de certains instrumens, agréables au plus grand nombre , peut agir d’une manière ficheuse sur quelques individus : sans parler de ce Nicanor, qui , au rapport d'Hippocrate , ressentait du mal- aise en entendant jouer de la flûte, ne voit-on pas chaque jour des individus éprouver de l'agitation, de l'anxiété, des accidens nerveux, même au seul bruit d’une vitre qu’on raie , au cri strident d’une: tabatière qu'on ouvre? Nous avons vu un jeune homme tomber dans de violentes convulsions en écoutant les sons d’un harmonica composé de plu- sieurs verres. Il est quelques personnes qui ne peu- vent entendre sans malaise, sans anxiété, le chant d’un oiseau , le coassement d’une grenouille , etc. Les répugnances des organes du goût sont sou- vent accidentelles ; elles tiennent alors à un état maladif de l'estomac; dans les irritations gastri- ques , dans l’état de grossesse, qui exerce une si grande influence sur les fonctions digestives, on sait jusqu’à quel point certains alimens excitent du dégoût; mais celui-ci disparaît avec la cause qui le produit ; il n’en est pas de même de ces Am- tipathies originelles ou acquises, dont les organes digestifs sont quelquefois les instrumens : c’est en vain qu'on cherche à les braver; elles renaissent au seul aspect de l'aliment qui les provoque. Mon- taigne a dit qu'il y avait des individus qui rendaient la gorge à voir de la crème; il en est qui éprouvent des nausées en apercevant un fromage ; on m'a parlé d’une personne qui, dès son jeune âge, re— poussait les alimens sucrés, et qui, malgré les résolutions les plus énergiques , n'avait jamais pu, depuis , vaincre son aversion pour les préparations dont le sucre faisait partie. Il serait facile de multiplier de pareilles observations. On a dit que les précisions des rapports que le tact sert à déterminer, que la nature de son exercice le rendaient moins susceptible d’éprouver de ces oppositions quenous nommons Antipathies. Nous , - > croyons, nous, qu elles ne sont pas moins nombreu- ses à l'égard de ce sens que relativement aux au- tres : un médecin, qui cent fois a cherché à sur- monter cette révolte de sens, n’a jamais pu tou- cher une pêchesans éprouver à l'instant un frisson général, sans que son visage pâlit, sans qu'une sueur froide ruisselât sur son front et sur tout son corps ; nous connaissons des personnes qui ne peuvent glisser le doigt sur une paille, sur une éLoffe de velours ou de soie, sans éprouver un sen= timent pénible et quelquefois même des mouve- mens spasmodiques. Les, passions deviennent surtout une autre source d’Antipathies qu'il est plus difficile peut= être de surmonter que celles qui dépendent d’une organisation particulière : l'ambition déçue , l'a- mour | ANTI mour trompé excitent de ces injustes préventions qu'on ne saurait vaincre en appelant à son aide toute l'énergie de sa raison, et que le temps même ne parvient pas toujours à effacer. L'imagination peut être assez fortement préoc- cupée de l’objet qui cause une aversion si grande, ue cette idée devienne exclusive et altère les fa- cultés intellectuelles; l’Antipathie doit alors être considérée comme une manie. Il est plus facile au reste de prévenir les Antipa- thies que de les combattre; le temps , la persévé- rance , l'habitude qui familiarise avec des sujets d’une constante aversion ; le raisonnement, l’exem- ple, sont les seuls moyens qu'il faut appeler à son aide. (P. G.) ANTIPODES (c£ocr.) On appellé ainsi deux contrées qui sont diamétralement opposées par leur position sur la surface du globe : antipodes yient de deux mots grecs, et veut dire pieds contre pieds. Nous allons rapporter les différens phéno- mènes qui résultent de cette position pour deux _ pays antipodes : 1° Le soleil et les étoiles se lèvent pour l’un quand ils se couchent pour l’autre, pendant toute l’année. . 2 Le jour de l’un est la nuit de l’autre. 3° Les jours opposés dans l’année sont égaux ainsi que les nuits ; de sorte que quand un lieu a les jours les plus longs, l’autre a les plus courts. 4 Ils ont les saisons contraires en même temps, et les mêmes dans les temps différens ; ainsi l’un a le printemps pendant quel’autre a l’automne, Jun a l'été pendant que l’autre à l'hiver, et réci- proquement. 5° Ils ont les pôles différens , également élevés ; ils sont à une égale distance de l'équateur, mais dans des points opposés : ils sont placés dans le même méridien, mais ils correspondent à deux demi-cercles différens. 6° Leurs heures sont contraires, quoiqu'elles soient au même rang : ainsi il est midi pour l’un, quand il est minuit pour l’autre; et trois heures après midi pour l’un, quand il est trois heures après minuit pour l’autre : leurs heures diffèrent continuellement de douze. 7° Les étoiles qui sont toujours sur l’horizon de l’un, sont toujours sous l'horizon de l’autre : celles qui restent long-temps sur l'horizon de l’un, pe restent que peu de temps sur l'horizon de l’autre. 8° Le soleil et les étoiles semblent se lever à droite pour J’un et à gauche pour l’autre, lors- qu'ils regardent l'équateur; et si l’un a le soleil devant ou derrière lui pendant la moitié de l’année, l’autre l’a tout aussi long-temps. C. J. ANTIRRHINUM. (or. pra. ) Plantes des rochers et desmurailles, des terrains arides et sablonneux, auxquelles on donne, depuis Galien, ce nom à cause de la forme étrange de leurs fleurs, qui re- présentent le mufle d’un veau, la gueule d’un loup et d’un lion. Nous en parlerons au mot Murrer. Pline écrivait plus régulièrement le mot Antirrhinum par un th, ce qui signifie alors fleur en groin, mais l'usage a prévalu. | (T. ». B.) Toe I. 22) re om ANUS ANTLIATES , Æntliata. (ins.) Ce nom. dans la méthode de Fabricius, est synonyme de Diptires (v. ce mot). Dans sa méthode comme dans celle de M. Latreille, ces insectes forment un ordre qui se trouve être le dernier de la série, comme n’ayant que deux ailes, tandis que dans tous les autres ordres il en existe quatre, ce qui dépend de ce que la division méthodique des grandes coupes a été fondée sur les différences de ailes. A. P. : ANTOFLES ou ANTOPHYLLES. (207. PHAN. ) On appelle ainsi les fruits du giroflier : ils sont de forme ovalaire comme des olives, charnus , noirs et aromatiques. Suivant M. Bory de Saint-Vincent, on en fait, à l’île de France, des confitures fort agréables, et l’on en retire une huile essentielle qui est assez répandue dans le commerce. ( /.Grmo- FLIER.) Guér. , ANTRE. (cf£ocr. ) Voyez CAvERNES. ANUS. (awar. ) Orifice du canal alimentaire par lequel sont rejetés les résidus de la digestion, ainsi nommé à cause de sa forme à peu près cir- culaire. Il existe chez tous les animaux, la plu- part des Zoophytes exceptés : ceux-ci n’ont qu’une seule ouverture pour prendre les alimens et en rendre la portion qui n’est point assimilée. La po- sition de l’Anus varie dans les différens animaux; ses fonctions ne sont pas non plus les mêmes ; ainsi, dans les mamnifères, à quelques exceptions près , il ne donne issue qu’aux excrémens solides ; chez les oiseaux, l’extrémité intestinale forme un cloaque qui sert de passage commun aux matières excrémentitielles consistantes, à celles qui sont liquides, aux œufs et à l'organe générateur du mâle. Dans les poissons il offre encore de nom- breuses différences ; mais, comme l’histoire parti- culière de chaque animal nous fournira l’occasion de signaler ces variétés, comme toutes celles de situation et de fonctions des principaux organes, nous nous bornerons ici à cette simple remarque. Quelques entomologistes ont appelé Anus, chez les animaux articulés , toute la partie postérieure de l’abdomen, comprenant ainsi, dans cette dési- gnation, un plus ou moins grand nombre d’an- neaux. On a fixé dans ces derniers temps la no- menclature sur ce point en réservant ce nom à l'extrémité du rectum, terminant par conséquent en arriére le canal intestinal et se continuant en cet endroit avec l'enveloppe extérieure. Dans l’homme, cette ouverture est située dans l'intervalle des fesses, devant le coccyx, et formée par l'extrémité inférieure du dernier intestin dont la membrane muqueuse se continue dans cet en- droit avec la peau. Celle-ci, plus mince, plus co- lorée que dans les parties voisines, est humectée par un fluide onctueux sécrété par les follicules cachés dans son épaisseur; elle perd graduelle- ment et à mesure qu’elle marche vers l'intestin son caractère organique, et finit par prendre ceux de la membrane muaueuse. Mais ce changement est loin d’être brusquement tranché, comme on l'observe sur d’autres parties, aux paupières, par exemple. Un grand nombre de plis rayonnés se remarquent au pourtour de l'anus; ils sont dus à XXIX° Livraison. 29 AORT la contraction des muscles subjacens, et s’effacent par l'extension de leurs fibres. A l’aide de ces plis, l'ouverture anale peut acquérir l'étendue que né- cessile le passage des matières fécales, sans que la peau soit exposée à se rompre, accident que cette disposition rend assez rare, Quelquefois l’Anus n'existe pas; il est alors fermé par une membrane plus ou moins épaisse : cette infirmité congénitale se nomme [mpErrorA- Tion (v. ce mot }. £ On appelle Anusrcontre-nature, une ouverture par laquelle les matières stercorales s’échappent en totalité ou en partie, et dont la situation est dif- férente de celle de l’Anus naturel. Quelquefois cette maladie est le résultat d’un vice de confor- mation, et l'enfant l’apporte en venant au monde ; parfois aussi elle est la suite de l’opération par laquelle on remédie à l’imperforation ; alors l’Anus contre nature est artificiel ; enfin elle peut résul- ter de la gangrène de l'intestin, dans les hernies étranglées , ou d'une blessure de cet organe. Bb, €. AORTE. ( Axar. ) Aristote a le premier donné ce nom à la principale artère du corps, qui est destinée à porter le sang dans tous les organes. Quelques zoologistes, à cause de la position cons- tante que prend l’Aorte le long du corps des ver- tèbres, donnent aussi à ce principal tronc artériel le nom de l’aisseau dorsal, surtout quand ils veu- lent indiquer l’Aorte des animaux inférieurs; chez les mammifères et les oiseaux, l’Aorte s'élève de la cavité ou ventricule gauche du cœur , et se re- courbe bientôt après son origine pour descendre jusque dans le bassin. Cette courbure, qui a été nommée crosse de l’Aorte, varie de disposition , d’étendue, de rapports, de nombre et même d’u- sages, suivant qu'on l’étudie chez l'Homme , les Mammifères, les Oiseaux, les Reptiles, les Pois- sons, oules Animaux invertébrés. 4 Dans les Mammifères, là crosse se courbe et se dirige ordinairement de droite à gauche. Cette partie recourbée de l’Aorte fournit les troncs qui se portent à la tête et aux membres supérieurs ; puis elle se continue le long du corps des vertèbres en donnant plusieurs petites branches importan- tes, et finit par se diviser en deux troncs princi- paux, lorsqu'elle est parvenue dans le bassin. De cette bifurcation naissent les artères crurales , des- tinées aux membres inférieurs, et les artères qui vont se distribuer à la plupart des organes conte- nus dans le bassin ou aux organes tégumentaires de cette région. Chez es animaux à queue, l’Aorte se continue dans cette partie, et devient le tronc principal, qui semble fournir les branches arté- rielles destinées aux membres inférieurs. L’artère caudale est représentée chez l'homme par une petite branche nommée artère sacrée moyenne , à cause de sa position sur la ligne médiane de l'os sacrum. : Dans les Oiseaux, la crosse de l’Aorte est plutôt dirigée de gauche à droite, que de droite à gau- che, comme cela a lieu pour les mammifères. En- fin l’Aorte présente de très-remarquables modifi- 226 AORT cations dans le premier âge de la vie, tant chez les mammifères et les oiseaux que chez les repti- les et les invertébrés. Tous ces changemens seront indiqués avec soin à l’article CincuzaTroN, * Dans le Crocodile, il ÿ a deux crosses Aortiques; mais elles ne proviennent point de la même cavité du cœur, comme on l'avait cru jusqu'à présent; l’une d'elles, la gauche, naît du ventricule droit; l'autre, du ventricule gauche : ces deux crosses se réunissent après un trajet assez long, pour former un seul tronc , qui est l’Aorte descendante. ll résulte de cette double origine des crosses et de l'existence de deux ventricules bien séparés , pour le cœur des crocodiles , un fait des plus im- portans pour la physiologie, fait qui n'avait pas été indiqué avant nos recherches sur la circulation du sang dans les quatre classes d'animaux verté- brés, et qui a été constaté, depuis la publication de notre travail, par un célèbre professeur de Pa- vie, M. Panizza ; l'importance de cette découverte sera établie à l’article CircuzarTrox. Dans les Serpens il y a aussi deux crosses qui se réunissent pour constituer l’Aorte; mais ici l'une et l’autre proviennent d’une source commune , c’est-à-dire que les deux ventricules, chez ces ani- maux, communiquent ensemble au moyen de plu- sieurs petits trous pratiqués dans l'épaisseur de la cloison , et par une large ouverture inter-ventri- culaire. Toutefois des valvules situées à l’orifice de celle-ci peuvent modifier le résultat que nous venons d'indiquer. C’est ainsi, par exemple, que dans le serpent python, et d’après les savantes recherches de M. Retzius, professeur d'anatomie à Stockholm, les valvules du cœur seraient disposées chez ce reptile de manière à empêcher le mélange du sang, fait nouveau et important s’il reste dé- montré. Dans les Tortues, la crosse gauche naît immé- diatement d’un ventricule unique du cœur; la droite , d’un tronc commun avec la branche qui porte le sang à la tête. Ge tronc lui-même provient du ventricule commun ; les deux crosses ne se réunissent pas par leurs troncs, mais seulement par une grosse branche qui se détache de l’une d'elles. Ê Dans les Lézards, la disposition intérieure du cœur est la même que chez les tortues: mais la: disposition des crosses est différente. Deux troncs s’élèvent du ventricule commun et se bifurquent en quatre branches, qui se réunissent deux à deux bientôt après leur division, de telle sorte, cepen- dant, que chaque tronc résultant de cette union se trouve. être formé d’une branché de chaque tronc primitif. Après cette singulière disposition les deux crosses se réunissent sur la ligne médiane et constituent l’Aorte descendante, Dans les Poissons , un seul tronc s’élève du ven- tricule unique du cœur et fournit quatre grosses branches qui, au lieu d’aller immédiatement après former l’Aorte , vont aux branchies, organes res- piratoires des poissons. Le sang passe ensuite dans six grosses branches placées trois de chaque côté de la ligne médiane; celles-ci se réunissent -en- a — APAL 227 APAL | TROIE AIT ire te TR PRE RO = suite sur la colonne vertébrale et constituent l'Aorte ou le vaisseau dorsal. Dans les Mollusques et les Crustacés, où'ily a un système de circulation complet, il existe aussi un vaisseau principal qui a recu le nom d’Aorte. Enfin dans les Insectes le vaisseau dorsal se modifie singulièrement , ainsi qu’on le verra à l’ar- | dans le midi de la France. ticle CiRGULA TION. ( M. S. A.) AOÛUBA, AUBE ou AUBO. (BoT. rman.) On donne ce nom au peuplier blanc (Populus albus) , (Guër.) AOÛUCO, AOUCA, AOUQUE. (os. ) Noms de l'Oie dans nos provinces méridionales. (GuËr.) AOURADE , AURADE. (pois.) Nom de la do- xade (Sparus aurata, L.), sur les côtes méridio- nales de la France. (Guër.) AOURAOUCHI. (mor. pan.) Les habitans dela | Guiane donnent ce nom à une sorte de suif vé- gétal, qu'on extrait des graines d’un arbre appelé Voirouchi où Firola par les naturels. On se sert de ce suif pour faire de fort bonnes chandelles. (Guér.) … AOUTER. Terme d’agriculture et de jardinage, dérivé du mot août, et exprimant la même chose que parvenu à la maturité : la plupart des fruits achevant leur évolution à cette époque. On dit qu'un bourgeon est aoûté quand il est bien formé, arrivé à point et qu’il se change en corps ligneux ; une branche est aoûtée quand elle à assez de con- sistance pour supporter la gelée d'hiver, et qu’elle est susceplible de fournir des greffes, des bou- | tures , etc.; une plante, un fruit, une semence, , un bois, parvenus à leur maturité, sont aoûtés. Les pluies de l’arrière-saison , un hiver doux, nui sent à l’aoûtement , tandis qu’un hiver sec et froid contribue à le compléter. On peut aoûter un arbre, un arbuste, en lui refusant de l’eau, s’il est en pot, en coupant l'extrémité de toutes les bran- ches, ou bien en le liant, en le soumettant à l’in- cision annulaire. (Ÿoyez Bounceox, GREFFE, Maruriré, Sive. (T. ». B.) APALACHES (Monts). (atocr.) Ces monta: gues font partie de la chaîne désignée, dans l’article Amérique, sous le nom de système Alléghanien ; comme hauteurs, elles présentent peu d’im portance si on les compare aux sommets, toujours couverts de neige, des Andes du Pérou; situées, ainsi que les Andes du Brésil, sur la partie orientale des gontinens qu'elles occupent respectivement , elles offrent lune et l’autre une élévation à peu près égale dans leurs points culminans, comme dans leurs sommets les plus abaissés; elles courent du nord-est au sud-ouest, et forment différentes pe tiles chaînes presque parallèles entre elles et aux rivages de l'océan Atlantique, et qui, appelées par les Indiens du nord Alleghanys, portent au sud le nom d'Æ{palaches où Pamontinck. Elles parcourent ainsi toute la ligne comprise entre Fembouchure du fleuve Saint-Laurent , au nord. et les sources de l'Alabama sur les confins de la Georgie, au midi: cette chaîne a 400 lieues de long ,.et 40 a Go lieues de large, Nous la diviserons en deux parties ; la première, que nous appellerons chaîne orientale, est connue sous le nom de Montagnes -Bleues ; c’est à cette chaine que se rattache le groupe des Montagnes Blanches où se trouve le mont Washington , haut de 1040 toises, et le point culminant de tout le système. La seconde partie, formant la chaîne occi- dentale , est connue sous le nom de montagnes du Cumberland et de monts À lleghanys, proprement dits; elle vient se joindre à la chaîne orientale dans l'état de Vermont, après avoir traversé le Tennessée, la Virginie et une partie de la Pensyl- yanie. ! Ces deux chaînes, disposées comme nous ve+ nons de l'indiquer, forment les deux versans d’où découlent d’un côté les eaux qui vont se précipiter dans le fleuve Saint-Laurent et dans le Mississipi, et de l’autre celles qui vont se perdre dans l’océan Atlantique. (C. d.) APAEANCHE et APALANCHINE, Prinos, (80T. Pan.) Genre de plantes de l’'Hexandrie mo- nogynie, et de la famille des Rhamnoïdes, renfer- mant trois arbrisseaux , dont l’élégance des formes et la beauté du feuillage contribuent à l’ornement | des jardins. Ils sont de pleine terre, aiment les lieux frais, ombragés, et se multiplient par la voie des semis , des marcottes, des rejetons enracinés. —L’APALANGIIE À FEUILLES DE PRuNtERS, P. verticil= latus , forme un joli buisson , dé deux à trois mè- tres dehaut , garni de feuilles alternes , lancéolées- aiguës, surdentées , velues sur les nervures infé- rieures , disposées en verticilles assez serrées, et tombant. chaque année. Les fleurs sont petites , blanches, en bouquets dans les aisselles des feuilless: elles s’épanouissent au milieu de l’été et donuent des fruits rouges, petits, qui restent long-temps sur les branches. Les plus fortes gelées n’attei- gnent point cet arbrisseau, quoiqu'il soit origi- naire des bois humides de la Caroline et de la Virginie. — L’Arazanemne uisse, P. glaber, ne. monte qu'à deux mètres, a le feuillage persistant et d’un beau vert ; ses rameaux, assez nombreux , portent des panicules de fleurs blanchâtres, à peine apparentes , qui ont une odeur légère , assez agréable : elles durent un mois à peu près. Il souffre de nos hivers rigoureux, et fournit rare- ment des graines dans le climat de Paris. — L’A- PALANCIE AMBIGUE , P. ambiguus, que Michaux a rapportée de la Caroline, diffère de la première espèce par des feuilles plus larges, des fleurs plus grandes, des fruits plus gros et jaunes. à (T. ». B.) APALE, Apalus. (ins.) Genre de l’ordre des Coléoptères, établi par Fabricius dans son Systema Eleuthcratorum , &. 1, p. 1, et qui avait été adopté depuis par tous les entomologistes. Latreille, dans sa nouvelle édition du Règne animal , forme, avec les Apales de Fabricius, son genre Sitaris, en lu assignant ces caractères : extrémité postérieure des étuis rétrécie brusquement . mettant à découvert une portion des. ailes. Cependant, dans les Apales proprement dits de Fabricius les élytres sont un peu moins rerrecies, les extrémutés externes des APAT 228 APEN articles des Antennes sont un peu avancées ou’ di- latées en manière de petites dents. L'espèce qui sert de type à ce genreest le Sitaris bimaculatus,Latreille, ou l’Apalus bimaculatus de Fabricius (Melæ bi- maculatus , Linné). Cette espèce a élé décrite et figurée par Degeer, sous le nom de Pyrochroa bi- maculata, t. 5., p. 25, pl. 1, fig. 13. Ces insectes ressemblent d’ailleurs beaucoup aux zonitis, et vivent de même, en état de larve, dans les nids de quelques apiaires solitaires maconnes. (H. L.) APATE, Apate. (is.) Nom générique que Fa- bricius substitua,sans aucun prétexte, à celui de Bos- triche employé par Geoffroy, et qui est adopté comme étant le plus ancien. (Voy. Bosrricne). (H. L.) APATITE. (wx.) C’est au phosphate de chaux minéral que l’on a donné ce nom, et plusieurs au- tres encore que nous aurons soin d'indiquer en parlant des variétés de cette substance. Ses caractères physiques sont d’avoir un éclat ordinairement vitreux, surtout dans sa cassure, de rayer le phtorure de calcium ou la fluorine ( ». ce mot), et d'être rayée par le feldspath (v. ce mot) ; assez souvent même elle raie le verre et in- dique par là quelques portions de silice : mais or- dinairement, sur 100 parties de ce minéral, l’ana- lyse présente environ 92 parties de phosphate de chaux, 7 à 8 de phiorure de calcium , et quelques traces de chlorure de calcium. Ses caractères chimiques sont faciles à saisir : ainsi elle se dissout lentement et sans efferves- cence dans l'acide nitrique, et sa solution donne un précipité abondant par l’oxalate d’ammo- niaque. La cristallisation de l’Apatite offre encore ‘des caractères propres à le faire reconnaître. Sa forme primitive est un prisme hexaèdre régulier, qui se termine quelquefois par des pyramides, mais moins aiguës que dans le quartz; assez ordinairement le prisme a ses angles remplacés par des facettes qui en doublent le nombre, ou bien les arêtes qui le terminent sont remplacées aussi par des facettes : de sorte que les deux extrémités du prisme diminuent de superficie; enfin dans toutes les va- riétés de cristaux, quisont au nombre de 1 5 ou 16, il est toujours facile de reconnaître la forme primitive. Les variétés de l’Apatite sont nombreuses : celle qui est transparente et dont les prismes sont à douze facettes, a été nommée Beril de Saxe et A gustite; celle qui est en cristaux bleuâtres a été appelée par les Allemands Moroxite. Celle qui est verdâtre a reçu le nom de Pierre d’Asperge; celle qui est pulvérulente porte vulgairement en Hon- grie celui de Terre de Marmarosch; enfin la variété blanchâtre et terreuse a recu du minéralogiste allemand Werner, le nom de Phosphorite, parce que sa poussière, projetée sur du charbon ardent, jouit sensiblement de la propriété phosphores- cente. Outre les couleurs que nous venons d'indi- quer, ily a des Apatites violettes, rouges, jaunà-- tres, où d’un jaune orangé, et d’un vert grisâtre. Parmi celles qui ne sont point cristallisées, on distingue les variétés laminaires , lamellaires , gra- nulaires et guttulaires. I] y en a même de fibreuses ou de compactes; mais celles-ci sont toujours mé- langées d’un peu desilice. L’Apatite cristalline se trouve dans les ter= rains de granile et de gneiss (v. ces mots), tantôt disséminée dans ces roches , et tantôt en occu- pant les fissures. Les plus belles viennent de la Saxe, de la Bohême et de la Suisse. On en rencontre même dans les terrains volcaniques anciens et modernes : dans les trachytes, les ba- saltét'et les laves. Celle qui n’est point cristallisée se présente dans tous les autres terrains : ainsi dans les terrains de sédiment les plus inférieurs ; elle est tellement abondante qu'elle constitue des collines entières comme aux environs de Truxillo dans l'Estramadure en Espagne : dans les forma- tions houillière , oolithique, crétacée, et dans les assises inférieurcs du terrain de sédiment supérieur. Elle se trouve principalement dansles dépôts argi- leux : c’est ainsi qu’en l’a trouvée dans les argiles d'Auteuil près Paris. : On a long-temps regardé l’Apatite colorée et cris- talline comme une gomme ; mais son peu de du- reté , et son faible éclat l’ont fait exclure des ate- liers de bijouterie. Dans l'Estramadure, et en Bohême, où elle forme des masses considérables, elle est employée comme pierre à bâtir. (J. H.) :: APEIBA. (mor. Pxan.) Genre appartenant à la famille des Tiliacées, et à la Polyandrie mo- nogynie. Il a pour caractère un calice à cinq divi- sions allongées, qui alternent avec autant de péta- les égaux ou moindres, des étamines très-nom- breuses à filets très-courts, et dont les anthères sont longues et acuminées au sommet ; un ovaire hérissé surmonté d’un style qui va s’épaississant comme une masse de bas en haut, et se termine par un stigmate infundibuliforme, dentelé sur ses bords. Cet ovaire devient une’ capsule grande, co- riace, sphéroïde, déprimée, couverte de poils raides et serrés, ou bien rugueuse comme une lime; elle présente intérieurement de huit à vingt-quatre lo- ges dans lesquelles sont attachées, à un réceptacle central et charnu, des graines :nombreuses et petites, ou moins nombreuses et plus grosses. Ce genre comprend quatre espèces dont les in- dividus , originaires de la Guiane, sont des arbres ou des arbustes à feuilles grandes et alternes, à édoncules solitaires di ou trichotomes, accom- pagnées de deux ou quatre bractées, à la pointe de leur division. Le fruit , rarement déhiscent , laisse échapper ses graines par une fente supérieure , ou par un trou situé inférieurement et résultant de la séparation du pédicelle. (G. GC.) APENNINS. (céocr. Puysique.) Depuis le col de Tende, qui la sépare des Alpes, la chaîne des Apennins s'étend jusqu'aux deux points qui ter- mipent l'Italie : l’une au canal d’Otrante, et l’autre au détroit de Messine, Sur une longueur d'environ 350 licues, elle partage cette péninsule en deux grands versans, l’un oriental et l’autre occidental. Le premier est sillonné par plus de quarante ri vières généralement peu considérables, parmi EE ET OS OR RS RSR APEN 220 APEN ————— ———— lesquelles nous ne pouvons citer que le T ronto , qui a vingt lieues de cours, le Pescara ou l'Aterno, qui en atrente, le Sangro et l'Ofnuto qui sont de la même étendue. Les autres rivières du même versant n’ont que douze a dix-huit lieues de cours. Toutes $e jettent dans la mer ou le golfe Adria- tique. Le second versant donne naissance à des cours d’eau plus considérables , parce que la ligne de fuite des Apénnins y est moins rapprochée des Côtes de la mer. Il est arrosé par environ quarante- cinq rivières plus ou moins importantes : les prin- cipales sont l’Ærno, qui à cinquante-cinq licaes de cours; l'Anbrone, qui en a vingt-cinq; le Tibre, qui en a quatre-vingts , et que l’on range parmi les fleuves ; le ’olturno, qui en a environ trente. Tous ces cours d’eau se jettent dans la Méditerranée. A la hauteur du golfe de Salerne, la chaîne des Apennins se partage en deux branches, et forme un troisième versant dont les pentes entourent le golfe de Tarente : les deux principales rivières qui coulent sont le Brusano et le Basento, de dix- huit à vingt lieues de cours. Les Apennins sont beaucoup moins élevés que les Alpes , puisque leur hauteur moyenne est d’en- viron treize cents mètres. Voici quels sont ses huit principales cimes : mètres. Le monte Cirno (dans le royaume de Na- Dsl bleuets ses done en 2900 Lemon Cora}, seen sise 9800 0 2120 De montiAmmiafa. 4 .he cé) ee en 31700 Le mont San-Pelegrino. . . . . . . . . 1975 Poimont Barigazzo.s a, sous os ate 1206 Le mont Cavigliano. . . . . . . . . . 1099 Le mont Soriano (à l’est de Viterbe). . 1071 Le Colmo diLuco,sommet della Bochetta. 1064 On divise la chaîne des Apennins en trois par- ties distinctes. L’Æpennin septentrional s'étend de: puis le col de Tende jusqu’au mont Coronaro, près duquel le Tibre prend sa source ; il est très- escarpé du côté du golfe de Gênes , sur le versant opposé ses pentes s'étendent jusque sur la rive droite du: Pô. L’Apennin central se prolonge de- puis le mont Coronaro jusqu’au mont Velino ; c’est une des parties les plus élevées de toute la chaîne : elle comprend le mont Cirno. L’Apennin méridio- mal est la partie qui, depuis le mont Velino , se pro- longe et se bifurque jusqu’à l’extrémité de l'Italie. De la chaîne principale, que nous venons de parcourir rapidement , partent trois groupes de rameaux sub-apennins , qui ont recu des noms dis- tincts. Le Sub-Apennin Toscan est formé des ra- mifications comprises entre le cours de l’Arno et celui du Tibre, Le Sub-Apennin Romain comprend les rameaux qui s'étendent entre le cours du Tibre et celui du Volturno. Enfin le Sub-Apennin V'ésuvien peut être considéré comme comprenant toutes les ramifications qui descendent sur la Méditerranée , depuis le Volturno jusqu’au golfe de Policastro. Constitution géognostique et minéralogique. La géologie détaillée de cette chaîne de montagnes et de ses ramifications, nous entraînerait au-delà des bornesque le plan de cet ouvrage nous prescrit; nous nous contenterons d’en donner un aperçu général. La chaîne des Apennins (ainsi que nous l’a- vons dit dans notre continuation du Précis de la géo- graphie universelle) présente deux massifs : lun composé de granite , de gneiïss, de micaschiste , de gubbro, que les minéralogistes francais appellent Euphotide, et de serpentine, qui constituent en quelque sorte le noyau de ces montagnes; l’autre est formé de calcaires saccaroïdes, c’est-à-dire dont le grain ressemble à celui du sucre , et de calcaires compactes analogues à ceux qui constituent la der- nière du Jura, auxquels succède, au nombre de plu- sieurs autres, la couche sablonneuse appelée Ma- cigno, Les calcaires saccaroïdes, dont il est ici ques- tion, ont été regardés pendantlong-temps comme primitifs; mais on y a reconnu depuis peu de temps des coquilles. Ils offrent au ciseau du statuaire de très-beaux marbres blancs, dont le principal est celui de Carrare, sur le versant méridional de l'Apennin septentrional; et plusieurs marbres co- lorés, que le luxe des arts d’ornement utilise depuis long-temps en Italie : tels sont les marbres vert de mer de la Bocchetta, ceux de Prato et de Flo- rence qui imitent le vert antique, le jaune de Sienne , ct le Portor du cap Porto-Venerc. En remontant vers le nord, les calcaires de tran- sitions et jurassiques supportent des dépôts ter- tiaires, parmi lesquels on remarque des argiles remplies de coquilles, des marnes contenant des fragmens de bois et des fruits de divers arbres conifères. A la base de l’Apennin central s'étendent les mêmes terrains tertiaires. Ils forment des collines composées en grande partie de marne argileuse , de sable calcaire et siliceux, dans lesquels on trouve du soufre , de la poix minérale et du sel. Les roches granitiques de lApennin méridional sont plus visibles que dans les deux autres parties de la chaîne ; leur couleur est jaunâtre, et leur tex- ture grenue et demi-cristalline. Elles ne paraissent point appartenir à l’époque la plus ancienne, mais plutôt faire partie de terrains intermédiaires. Sur le versant oriental, les collines calcaires, qui s'élèvent çà et là appartiennent au terrain ter- tiaire. Dans la Calabre orientale , au bas des pentes de l’Aspromonte, on trouve de grands dépôts sa- lifères : l'exploitation de Lungro , à deux ou trois lieues de Castrovillari, est la plus considérable, Sur le même versant, on remarqne des dépôts calcaires qui appartiennent au terrain quaternaire, et qui sont remplis de coquilles fossiles dont les analogues, et même les espèces identiques, vivent encore dans la Méditerranée. Les dépôts quaternaires se retrouvent sur le ver- sant opposé. Mais le Sub-Apennin V'ésuvien forme un ordre à part, par ses dépôts volcaniques anciens et modernes , qui se prolongent jusque dans les îles voisines du golfe de Naples. (Foyez Vésuvs et Vor- can.) Cependant il ne faut pas croire que le versant oriental soit dépourvu de roches d’origine ignée : depuis l'embouchure du Pô jusque dans les Abruzzes, on on remarque une longue trainée; et APET 230 APHI A N e A EE L même à quelques lieues de la côte, près de ce qu'on appelle vulgairement l éperon de la bolte del lialie, | au milieu d'elles, le 15 ma | 1816, un petit cratère qui vomit alors, et même | les îles virent naître encore depuis, de véritables laves. Dans la partie appelé le Sub-Apennin-Romain , tout le bassin du Tibre est composé de vastes dépôts de calcaire récent, appelé Travestin, qui paraît avoir été formé par des sources minérales , contenant de l'acide carbonique , et qui a servi à la construction de la plupart des monumens de l'ancienne Rome. Plusieurs eaux en déposent en- core, ainsi qu'on peut le voir aux cascades de Terni et de Tivoli. Des chaînes de collines entièrement composées de cetravestin, n’ont pu être formées que dans de vastes lacs d’eau douce, dont ceux de Perugia, de Bolzena et de Pracciano ne sont peut- être-que de faibles restes. Sur une colline évidem- ment moderne, au nord-ouest de Radicofuni , près des frontières de la Toscane, les eaux de Saint- Philippe, utilisées comme moyen curatif, le sont encore par la propriété dont elle jouissent, de déposer un sédiment calcaire très-fin et du plus beau blanc. On les fait tomber en pluie sur des moules en creux, el l'on obtient ainsi, au moyen de l’évaporation et par voie d’incrustation, de très- jolis bas-reliefs. Nous terminerons cet apercu géognosti ue, en. p rappelant qu'une des particularités des Apennins , est le phénomène de Salses (voyez ce mot). Près de Safluolo, dans les environs de Modène, une chaîne de collines entoure un marais qui jouit d’une grande réputation, par le phénomène résultant HE la quantité de gaz hydrogène qui s’exhale du fond vaseux que recouvrent ses eaux. Silon y enionce une perche à la profondeur de cinq à six pres ; on remarque, en la retirant, l’eau qui, pous- sée par le gaz, s’élance avec force de l'ouverture qu'on a Die dans la vase, V'égétation. Les Apennins sont trop. peu élevés pour être couronnés de glaciers; cependant leurs crêtes et leurs flancs sont dépourv us de ces riches prairies, qui donnent un si bel aspect aux petites montagnes qui s'étendent aux pieds des hautes cimes des Alpes. Les arbres que l’on rencontre à la plus grande élévation sont des pins; au des- sous se trouvent les hêtres et les chênes de diverses espèces, propres auxrégions méridionales de l'Eu- rope. Les vällons, toujours étroits, ne sont que de grands ravins d’un aspect âpre et.sauvage. Ce. n’est qu'en approchant des plaines que les collines, couvertes de noyers, de cyprès, d'arbousiers, de lauriers, d’oliviers, d’ orangers el de citronniers, annoncent, par l’agréable variété de verdure de ces arbres divers, l’heureux climat de l'Italie. À mesure que l’on s’avance vers le sud, les caroubiers etles palmiers reposent l'œil , fatigué de la teinte grise ct monotone des Apennins. (J. H. ) APEREA. (man. } Nom américain d’une espèce du genre CoBaxe (v. ce mot) (Gun. ) APETALES. (mor. pra.) Ce mot qui signifie sans pétales, se dit des fleurs qui n’ont qu un seul périanthe, ou qui même en sont tout-a-fait dé- pourvues. Exemple : les Daphnés, les Lis, les: Tulipes , etc.-Ge ne sont pas toujours, comme on voit, les moins brillantes, (G. G.) par Linné, mais que les auteurs modernes ont réuni aux ALcnImiLes (v. ce mot ). (Guér. ) * APILENE, ÆZphæna, (1xs. ) Genre de l’ordre des Hémiptères , section des Homoptères , famille, des Cicadaires, que nous avons établi aux dépens, du genre Fulgore de Linné , et dont les caractères, ont élé exposés dans la partie entomologique du Voyage aux Indes orientales de M. Bellanger. Nous, présenterons les caractères de ce genre et de quel- ques autres à l’article Fuzcone ( ». ce mot ). , ( Guër. ) APHANISTIQUE, Aphanisticus. ( 1xs. ) Genre de l’ordre des Coléoptères, établi par Latreille, aux dépens du genre Bupreste , et auquel il donne pour caractères : antennes terminées en une mas- sue brusque, oblongue , comprimée , légèrement en scie, formée par les quatre derniers articles. Dernier article des palpes un peu plus gros, pres- que ovalaire, Entre-deux des yeux étant un peu excavé, ainsi que dans les Tracuis (v, ce mot). Ce genre ne se compose que de deux ou trois espèces, très-pelites et à corps très-Ctroit ; la plus connue, l’Æphanisticus emarginatus, Latr., ou le Bu- prestis emarginatæ, Fabr., Olhv., se trouve as- sez communément aux environs de Paris. Elle a été figurée dans l'Iconographie du Règne animal , par M. Guérin, Insectes, pl. 11, fig. 5. (H. L. ) APHANIFE. ( mir. céoroc. } Ce nom a été donné par Haüy à une roche d'apparence homo- gène, mais qui paraît être composée d’amphibole et de feldspath. Comme cette dernière substance: est invisible, on concoit comment Haüy, par allusion à cette circonstance, a choisi un mot grec qui signifie je disposais , pour dénommer cette ro- che, qu'on nommait avant lui Comnéenne. L' Aphanite est d’une texture terreuse et un peu compacte, d'une couleur noirâtre , et d’une soli- dité qui la rend diflicile x casser. Elle se trouve dans des terrains d'origine ignée , et forme des col-, lines ou des masses qui ne sont jamais divisées en couches, (d. H.) APHAREUS. (rorss. ) F7. Fanës. APHERESE, (aux, ) C'est le nom que M. Beu- dant a donné à une des deux espèces de Phosphate de cuivre que l’on trouve dans la nature, (7. Gur- YRE. ) (J. H. APHIDIENS, Aphidi. (ixs.) Famille des Hé- miptères homoptères, qui se trouve la quatrième: de l’ordre, | Cette famille, établie par Latreille, est ainsinom-, mée du mot Æphis, qui veut dire puceron., parce: que ce genre en compose la plus grande partie. Ges: insectes offrent des caractères.et des mœurs tout à- fait insolites, et sans les parties de la bouche quirap- prochent les insectes qui la composent de ceux du. même ordre . on pourrait même faire de auelques uns un ordre à part: car cette famille elle-meme: n’est composée que de genres tres-différens les uns, des autres et ayant besoin d’un nouyel examen, | »* APHANE, Æphanes. ( mor. ruax. ) Genreétablg oo nm à _… D“ — cp — mt — 0 Œ D € Z + + ee + —, D = mm OS 0 D CU OO © © | (7. Coccrnez.) | tères : APHO Les caractères qui distinguent cette famille des autres sont principalement de n’avoir que deux articles aux tañses, et des antennes filiformes de sixà onze articles. Les autres caractères qu’on leur assigne se rapportent davanlage aux puce- rons qu'aux autres coupes. On les expliquera à ce mot. Les grandes divisions des Aphidiens sont les Psyues, les Taris et les Pucerons. (Voyez ces mots. (A. P.) APEUDIPHAGES , Aphidiphagi. (1xs.) Famille : de Coléoptères, de la section des Trimères. Ainsi que leur nem l'indique, ces insectes vivent de ra- pine et presque exclusivement de pucerons ; mais cependant, comme leurs mœurs n’ont été jusqu’à ce moment étudiées que sur le genre Coccinelle, qui est le principal de cette coupe, nous ren- voyons à ce mot pour la connaissance des larves €t deleurs mœurs, ainsi que de celles de l’insecte parfait , qui ont été étudiées avec tout le talent de notre patient Réaumur. Le caractère rigoureux de cette famille est d’a- voir les antennes terminées en massues formées par des articles en forme de cône renversé; les insectes dont elle se compose sont en général de petite taille, hémisphériques ; leur corselet est très- court, transversal; le dernier article des palpes maxillaires est fort grand , sécuriforme ; tantôt le pénultième article est fortement bilobé, tantôt il | “est presque entier; ce dernier caractère établit une division dans les genres de cette famille. (A. P.) APHIDIVORES. (1ns.) On désigne sous ce | mom les larves d'insectes qui se nourrissent de pu- cerons (aphis). Les mieux connues sont celles des | Coccinezzes, des H£meroBes et des SyrPnes (voyez ces mots). (GuËr.) APHODIE, Aphodius. (1xs.) Genre de l’ordre des Coléoptères , de la section des Pentamères , et de la tribu des Scarabéides, établi par Iiliger, | aux dépens des Scarabés de Linné, et adopté par tous les entomologistes. Latreille, dans ses Fa- milles du Règne animal, lui assigne pour carac- dernier article des palpes cylindrique , celui des labiaux un peu plus grêle que les précé- dens , ou du moins un peu plus court. Mâchoires mayant pas au côté interne d’appendice ou de lobe corné et denté. Corps étant rarement court, avec l'abdomen très-bombé , et lorsqu'il offre ces caractères, le cérselet n’est point sillonné trans- versalement. Ce genre est assez nombreux en es- pèces; on en trouve dans tous les pays; la plus connue et la plus commune est l’APnonte pu Fu- Mir, A2 fimentarius, Linn. (Pan., Faun. Ins. | Germ., xxx1. 2); long de trois lignes, noir, avec les étuis et une tache de chaque côté du corse- let fauves; trois tubercules sur la tête, et ayant des stries ponctuées sur les élytres. Ces insectes, à démarche lente , sont assez petits et ont des ha- bitudes analogues à celles des bousiers, c’est-à- dire qu'ils se nourrissent de fientes et d’excrémens. | ils sont en général noirs où bruns; mais on en connaît quelques espèces assez élégantes , et entre autres celle qui à été figurée dans l'Iconographie 231 APHR du Règne animal , Insectes, pl. 21, fig. 11, sous le nom d’Æphodius bipunctatus. Elle se trouve en Russie. (EH. L.) APRRÉDODÈRE, Aphredoderus. (rorss.) Ce nom est celui d'un nouveau genre de Percoïdes à six rayons branchiaux , dont M. Lesueur est l’au- teur. Bien que ces Aphrédodères aient beaucoup de ressemblance avec les Centrarchus et les Po- motis, ils s’en distinguent de suile par deux ca- ractères essentiels qui consislent, le premier, dans l’absence complète de rayons épineux aux nageoires ventrales, exemple jusqu'à présent uni- que parmi la famille des Percoïdes, et le second dans la position avancée du cloaque, qui vient s’ou- vrir sous la gorge. De ; , On peut aussi ajouter que l’angle de l'opercule est armé d’une épine aplatie, et qu'il existe des dentelures aussi bien sur ce bord du préopercule, que sur ceux du sous-orbitaire, dont la crête mi- toyenne est en outre garnie de piquans. L’Arnr£ponère Bossu , Æphredoderus gibboius , Lesueur, l'espèce unique du genre, a recu cette épi- thète de la forme élevée que présentent les parties moyennes de son corps, dont les extrénutés sont au contraire assez basses; néanmoins ce poisson est allongé et les côtés en sont comprimés. Les écail- les qui le recouvrent sont petites et âpres au tou- cher ; il à la tête déprimée , le museau arrondi et un peu plus court que la mâchoire inférieure, la- quelle est , ainsi que la supérieure, les os palatins, le chevron du vomer, et les os pharyngiens eux- mêmes, garnie de dents en fin velours, Libre à son extrémité, la langue est lisse et épaisse , les ouïes sont très-fendues ; la longueur de la dorsale est du cinquième de celle du corps; l’anale est moitié moins longue que haute ; la caudale est arrondie; un vert olive foncé est répandu sur le corps de ce poisson, dont lesnageoires verticales sont jaunâtres et bordées de noir; il possède une vessie aérienne qui est grande, à parois minces et argentées. L’A- phrédodère bossu fréquente de préférence les eaux ombragées et à fond vaseux; l'individu que le Muséum possède a été pêché dans le lac Pont- Chartrain ; il a trois pouces de longueur. Voici la formule indiquant le nombre des rayons de ses branchies et de ses nageoires. ‘4 B6: DES °AS/7 50. 7; Peas NS 6) G: B.) . APHRITE, Aphritis. (xs.) Genre de l’ordre des Diptères, famille des Athéricères, tribu des Syrphi- des ; ce génre,établi par M. Latreille, offre pour ca- ractères essentiels une tête très-obtuse en dessous, sans avancement en bas , les antennes plus longues que la tête, avanctes ; la première pièce presque aussi longue que les deux suivantes réunies, les deux premières cellules formées du limbe posté- rieur se terminant presque en angle : l'écusson armé de deux dents. APHRITE DORÉ soyEux , À. Auropubescens. Lat. gen. Îns.,t. 1, pl. 16, fig. 7. Corps noir recouvert d’un duvet court, doré, luisant; jambes el tarses jaunâtres, cuisses noires , ailes lavées d’une teinte jaune, aussi longues à peine que l’abdomen. Cet APHR 232 APHY insecte est long de cinq à six lignes. Plus commun vers le midi de la France. (ASP) APHRIZITE. (wxér.) Nom que l’on a donné à une variété de l'espèce minérale appelée Tourxa- LINE. (V7, ce mot.) (J. H.) APHRODITE , Æphrodita. (axwer.) Les Aphro- dites, ainsi nommées par Linné, sont placées, dans le Régne animal de M. Cuvier , dans l’ordre des Dorsibranches. Les animaux qui composent ce genre ont un COrPS £ généralement aplati, pourvu de deux rangées longitudinales de longues écailles membraneuses , qui “existent seulement sur le dos et sous lesquelles sont les branchies en forme de crêtes charnues. Des poils qui sortent de dessous ces mêmes écailles et qui brillent des plus belles couleurs , telles que l'or ct l'argent, rendent ces animaux très-brillans. La bouche, formée par une trompe cylindrique qui est fendue transversale- ment à son extrémité, est munie de quatre mâchoires cartilagineuses , ou cornées , qui se meuvent dans le sens vestieale leur tête est ornée de deux ou | quatre yeux, et de deux à cinq antennes, mais dont deux ne manquent jamais. Le corps, composé de vingt-cinq segmens, qui sont plus courts que dans les autres annélides , est pourvu, dans son intérieur, d’un canal intesti- nal droit garni denombreux cœcums, de vaisseanx sanguins, “dans lesquels circule un fluide rougeä- tre, et d’un système nerveux composé d’un cor- don médullaire renflé à chaque anneau. On n’a pu encore découvrir l'appareil générateur de ces ani- maux. On pense qu'ils ont les sexes séparés et qu'ils sont ovipares. Nos mers paraissent seules contenir les Aphrodites, qui sont très-communes sur nos côtes, où elles vivent toujours enfoncées dans la vase. Ces animaux, qui ne forment, dans le système de Linné et de M. Cuvier, qu'un genre, ont servi à MM. Savigny et Blainville à établir une famille, qui est la première de l’ordre des Homocriciens pour le premier, et la première de l’ordre des Né- réidées pour le second. On peut citer comme type du genre l’Aprodita aculeata, Guy. ,figurée dans l’Iconogr. du Regne ani- mal,Annélides, pl. 9,fig. 1, et reproduite dans notre Atlaspl.27,f. 1.Sacouleur est jaunâtre avec les soies latérales irisées des plus belles couleurs dorées, rouges , vertes, bleues, etc. (L. R.) APHRONATRON. (uinér.) On a donné ce nom à un carbonate de soude et de chaux, que l’on trouve assez souvent en effervescence sur les vieilles murailles, et que l’on a même confondu quelquefois avec le salpêtre ou le nitrate de potasse, La dénomination d’ Aphronatr on ne nous parait pas devoir être conservée, depuis qu'on a reconnu qu'il existe dans la nature un carbonate sembla- ble que l’on a appelé Gay-Lussire. (Ÿ7. ce mot.) (. H) APHRYTIS , Abbas. (porss.) Ce genre trouve sa place parmi ee Percoïdes à ventr Ales jugulaires, et à six rayons branchiaux. Voisin des Percis et des Percophis , la présence de dents en velours aux os palatinsle sépare des premiers, de même qu’une double dorsale et l’absence de dents à crochets aux mâchoires. l’éloignent des seconds. MM. Cuvier et Valenciennes ont établi cegenre et ont représenté dans la planche 243 du tome huitième de leur Histoire des Poissons, l'APaniTis DE D'URVILLE, Aphritis Urvillii, qui est la seule espèce connue. C’est un très-pelit poisson que nourrissent les eaux douces de la terre de Van. Dicmen , d’où il a été rapporté par MM. Quoy et Gaymard. Son corps est allongé et cylindrique ; le dessus de sa tête aplati et Étro le museau ar- rondi et un peu déprimé. Ni le sous- orbitaire , ni le préopercule , n’offrent de dentelure ; mais on remarque une forte épine à l’opercule, la bouche et les fentes branchiales sont larges. La seconde nageoire du dos présente un peu plus de hauteur que celle qui la précède, et la caudale est coupée carrément. De petites écailles finement ciliées sur leurs bords revêtent tout le corps, à l'exception toutefois du front, du sous-orbitaire et des mâ- choires. Vérs le dde sur un fond rougeâtre, se mon- trent quelques nuances d’un brun verdâtre. B.6; D.6— 19; A. 25 ; P. 19; V. 1/5. (G.B.) APHTHALOSE. (mx.) Les anciens chimistes désignaient sous les noms de T'artre vitriolé, Se de danbie et Sel polychreste de Glaser, un composé d'acide sulfurique et de potasse. Gomme ce com posé est rare dans la nature, il n'avait point encore figuré dans les classifications minéralogiques, lors- que notre célèbre Haüy l’introduisit dans la sienne sous le nom de Potasse sulfatée.. Gette substance venait alors d’être découverte dans leslaves du Vé- suve, où elle se présente en petites massesmamelon- nées , qui occupent les cavités de ces laves. Sa saveur est amère ; mais, son principal carac- tère étant d’être inaltérable à l'air, M. Beudant. l’a placée dans sa classification sous le nom uni- voque d’Aphthalose, composé de deux mots grecs,. dont l’un signifie sel et l’autre inaltérable. Cette espèce minérale est composée d'environ 46 parties, en poids, d'acide sulfurique, et de 54 de potasse ; bien que les chimistes obtiennent le sul-. fate de potasse en cristaux assez variés , qui déri- vent d’un prisme rhomboïdal , la nature ne pa- raît point produire pour le même composé ce formes régulières. Seulement, outre les petits” mamelons de ce sulfate dont elle tapisse les” laves, elle le dépose en un enduit léger sur les“ produits volcaniques récens. Quelquefois , elle colore cette substance en verdâtre ou en bleuâtre ar l'addition de quelques oxides cuivreux. (JH.) APHYE. (porss.) Nom d’une espèce du genre GoniE. (Ÿ. ce mot.) (GB) 158 APHYLLANTHES, Apkhyllanthes. (50T. PHAx.}h Ce nom grec décomposé donne : Fleur sans feuil= les. C est celui d’un genre qui appartient à la fa= mille- des Joncées et à l’Hexandrie monogynie. Ses caractères sont : involucre double, dont l'ex térieur formé de deux écailles trifides au sommet, et l’inférieur monophylle, caliciforme et à six di= visions ; calice tubuleux à sa base, formé de six. sépales soudés inférieurement , à lbs ouvert. et un peu oblique , offrant six divisions oblongues'et obtuses ; Ed Aphrodite. 2. Aplysie . 3. Ara Æ Cucrin der. » # Cire APIA oo | 233 APIO obtuses:; étamines insérées dans la partie supé- rieure du tube du calice; ovaire libre, à trois loges contenant chacune un seul ovule; style allongé, triangulaire, élargi à son sommet, occupé par un stigmate à trois angles très-saillans ; fruit en cap- sule triloculaire. Jusqu'à présent, on ne connaît qu'une seule espèce de ce genre : c’est le Bragalon de Montpel- lier, Aphyllanthes Monspeliensis, L, 1 a le port de l’œillet stolonifère ; et est cultivé dans nos jar- dins comme plante d'agrément. Originaire du midi de la France , il demande l'abri d’une orangcrie contre les rigueurs -de nos hivers. (GG) APHYLLE, A4phyllus. (Bor. ) Mot qui signifie dépourvu de feuilles. On peut citer comme exemple la Véronique Aphylle, Veronica Aphylla. La Hampe est une sorte de tige Æphylle. : (G. CG.) API. ( mor. pnan. ) Nom vulgaire de lAche v.ce mot)et d’une variété de pomme. (GuËn.) APIAIRES, Æpiariæ.. ( ins. ) Seconde section de la famille des Mellifères, dans l’ordre des Hy- ménoptères. Cette division a été établie par M. Latreille; le nom qu'elle porte lui vient des Abeilles qui en sont les insectes les plus importans pour nous, quoique les autres genres qui la composent ne soient pas moins remarquables par leurs mœurs. Ses caractères essentiels sont d’avoir les mâchoi- res, la lèvre et les palpes très-allongés, coudés et formant une trompe appliquée, dans l’inaction, le long de la poitrine. La division moyenne de la languette est aussi longue au moins que le menton et la gaîne réunis, et en forme de soie ; les deux premiers articles des palpes labiaux sont compri- més et embrassent la languette, les deux suivans sont trés-petits; enfin le premier article des tarses postérieurs est grand, comprimé, très-velu , mais variant de forme selon les différens genres. La forme des Apiaires ne diffère pas d’une ma- nière très-sensible de celle des autres hÿménoptè- res porte-aiguillons; leur tête est triangulaire, ver- ticale, avec les yeux entiers et trois yeux lisses situés sur Je. vertex; les antennes sont de douze articles. dans les femelles et de treize dans les mâles. Elles sont courtes , coudées après le . premier arlicle, filiformes; les mandibules, sur les- quelles repose presque toute l’industrie de ces in- sectes, varient beaucoup de forme; tantôt elles sont terminées simplement en pointe, tantôt, dans les espèces qui coupent le bois, elles sont en forme de cueiller ; elles deviennent plus larges et font les fonctions de ciseaux dans les espèces coupeuses de feuille; enfin dans les abeilles macçonnes, elles deviennent une espèce de truelle: les ailes ont deux ou trois cellules cubitales complètes et deux nervures récurrentes ; l’abdomen est toujours oyoïde et composé de six segmens dans les femel- leset de septdanslesmäâles; ilestattaché au corselet par un pédicule très-court; les pieds sont en gé- néral remarquables, comme nous l'avons dit, par une grande dilatation et par, les, poils raides et nombreux dont ils sont munis, : Ces insectes volent avec rapidité de fleur en Towe I. fleur, pour recueillir le miel dont ils se nourrissent, eux et leurs larves. En approchant de la fleur qu'ils veulent attaquer, ils redressent leur trompe et la plongent jusqu’au fond du calice ; ils conti- nuent de fleur en: fleur, et ramassent aussi avec leurs pattes , et souvent avec les poils attachés à leur abdomen, le pollen des fleurs , qui entre aussi dans la composition de la pâtée qu'ils pré- parent. pour leurs petits; l’accouplèment: ! s’o- père sur les fleurs et souvent dans l'air; dès qu'il est terminé ; la femelle avise aux moyen de construire le nid qui doit recéler sa postérité, et c’est -Jà qu'elle déploie tout. l'instinct dont. la nature l’a pourvue. Comme ces nids sont très-variés dans leur structure ; et dans les moyens employés pour parvenir à leur construction, nous en parlerons à chaque genre en particulier. Toutes les femelles des Apiaires n’ont pas été douées par la nature . des organes propres à recueillir la nourriture qui doit élever leur progéniture ; elle leur a indiqué un autre moyen qui leur épargne la peine ; au prix de quelques dangers ;.ces. espèces, appelées para- sites, parce qu'elles vivent aux dépens des autres, vont pondre leurs œufs dans le nid d’autres Apiaires, et leurs larves se nourrissent de la pâtée destinée à l'enfant de la véritable propriétaire du nid; comme elles éclosent avant et prennent leur accroissement plus vite, celui aux dépens de qui elles ont: vécu : meurt ordinairement de faim, à moins qu'il n’y ait surabondance de nourriture. Les larves de tous les Apiaires sont de petits vers-blancs un peu courbés , rétrécis par les deux bouts, ayant la tête armée d’une bouche écailleuse où se trouve une filière. Après avoir pris leur accroissement , elles filent une coque où s’opère leur métamorphose en nymphe et ensuite en in- secte parfait; mais, quoique ces différens passages soient assez courts, l’insecte parfait ne sort souvent de son nid qu’au printemps de l’année.suivante, quand les fleurs dont il doit se nourrir sont écloses. Cette famille se divise en deux grandes coupes; les Apiaires solitaires et les Apiaires sociales. C’est dans les premières seules que se trouvent les espèces parasites. | (AzcPi)se APIER. (acric.) Auseizième siècleon désignait sous cenom la ruche et le rucher. Dans le départe- ment. des Landes , on appelle encore ainsi un amas de ruches figurées en pyramides, placées dans les clairières au milieu d'enceintes de fascines , que l’on peut prendre de loinpour des, cippes grossiers cou- vrant des tombeaux.Dans le département du Nord, surtout aux environs de Lille , l’'Apier est celui qui cultive des abeilles; les Apiers y sont distribués par compagnie,ils se choisissent un chef,qu'’ils appellent roi, dont la puissance dure une année, et cé- lèbrent leur fêtele 14 février. (T. ». B.) APION, Apion. (1xs.) Genre de l’ordre: des Coléoptères, section des: Tétramères, établi par Herbst aux: dépens des Attelabes de Fabricius. Latreille ( Consid. gén.) le rapporte à la famille des Charanconites, et dans sa nouvelle édition du Règne animal de Cuvier, il place ce genre dans la famille des Porte-bec ou Rhynchophores ; ces XXX° Livraison, ; 30 1 APLO insectes sont très-pelits, ils se trouvent commuw- mément sur!les fleurs et sur les arbres früitiers; leur museau n’est point élargi à l'extrémité eb se +érmine même souvent en pointe , l'abdomen ést court et renflé. L'espèce servantde type à ce genre est l'Arion roucs, 4. frumentarius / Oliv. (Coleopt., tom V: pl. IL, fig. 47:) ou l’Attelabus frumenta-" rius de Fabricius. (7, Arrrezagz.) (H. L.) APISTE , Apistus. (porss:) Les Apistes ont pour principal caractère générique ane épine au sous- orbitaire et une autre aa prévpercule. Très-voisins des Scorpènes, ils ont, comme elles , une dorsale simple et des dents au palais, mais leurs rayons pectoraux sont moins nombreux et tous branchus, Cuvier, qui aétabli ce genre, le partage en deux petites tribus : dans la première il place ceux qui ont le corps couvert d'écailles comme les Scorpènes, et dans la seconde ceux qui l'ont uni conime les Cottes; chacune deces deux divisions possède des espèces à rayons libres sous les pecto- rales, et d’autres qui en manquent, Parmi les Apistes à corps écailleux et à rayon libre sous les pectorales , nous citerons lArisre À LONGUES PECTORALES, Apistus alatus, Guv., que Russel a le premier fait connaître sous le nom de Morah-Minoo. ( Voy. Russ., n° 1606.) Son corps est argenté ;, ses pectorales tirent sar le pourpre à leur face externe, et sur le vert à leur face interne: il existé une tache noire sur la portion épineuse de la dorsale, et trois bandes obliqueset noirâtres sur sa partie molle. Un dé ceux qui n’ont point de rayon libre, est l'Apisre vive, Apistus trachinoïdes, Cuv.;ilest représenté àla plig2 de l'Histoire des poissons de MM. Cuvier et Valen- ciennes. On connaît maintenant qualorze où quinze espèces d'Apistes; ils sont tous de petite taille , c’est-à-dire qu'ils ne dépassent pas quatre pouces delongueur ; et tous également vivent dans la mer des Indes. On peut voir une très-belle figüre d’une espèce nouvelle dé ce genre (4. marmoratus, Cuv.), dans lIconographie du règne animal, Pois- sons, pl. 14, f. 5. (G. B.) APLIDE, Aplidium. (worr.) Genre formé par Savigny, mais qui diffère peu de celui de Poix- cuiNüm. (PV, cemot. | (Guér.) APETTE. (winér. eéoz.) Nom donné par les Suédois , et principalement par Retz, à une roche qui a été appelée par Haïry Peenarire: (7. ce mot.) (J. IH. APLODACTYLE , Aplodaciylas. (borss.) Vs vier et Valenciennes ont donné ce nom à un genre d’Acanthoptérygiens dela division des Per- coïdes à six rayons branchiaux. Les Aplodactyles ont bien quelque analogie avec les Cirrhites, à cause des ra ons libres de leurs peeto- ralés; mais ils s’en distinguent évidemment par leurs dents aplatiés et dentelées, qui ressemblent à celles des Acanthures et des Crénidens. + On connaît deux espèces d’Aplodactyles , l’une et Pautré originaires des mers du Chih. L’ArLonAcryLe PONCTUE, Aplodactylus puncta- tus, Guv. Val. Hist, Poiss. tome VIIL, suppl. p. 392, pl: 245, quiest brunâtre tacheté de noir, même sur les nageoires ; et F'APLODAGTYLE VERMICUIÉ , Aplodactylus vermiculatus ; des mêmes auteurs (G. B.) APLOME. (uix.) Haüy a donné ce nom, qui d’après son étymologie grecque signifie simple, à une substance minérale qui ressemble au gre- nat, mais dont la cristallisation primitive lui pa- raît plus simple, puisque c’est le cube; tandis que le grenat cristalliseen dodécaèdre rhomboïdal, ou en un solide qui présente douze faces en lo= sange. Cependant, d’après la nomenclature miné- ralogique qui se fonde sur la chimie, toutes les substances que l’on considère comme très-voisines du grenat, telles que la Grossulaire, \ Almandine, la Mélonite et la Sperfaitine, sont aujourd'hui re+ gardées comme des variétés du sous-genre Grenat, subdivision du genre Silicate. L’Aplome doit-être compris dans l'espèce Gros- sulaire. Nous en parlerons à l'article Gnex ar: (J. H.) APLYSIE, Æy/lysia. (mozr. ) Ge mot, dont l'éty- mologie est, qu’on ne peut nettoyer, a été généra= lement adopté par tous les naturalistes.et substitué à celui de Lapéysie; que Linné avait créé pour un genre de (Gastéropodes marins , connus des plus anciens historiens sous la dénomination de Liè- vres marins. Les espèces qui constituaient ce genre, à Pépoque ‘où Lamarck publiait la se- conde partie du sixième volume des Ammaux sans verièbres,ne s’élevaient pas à plus deqtratre.M. San: der Rang, dans un fort beau travail ; qu'il a pu- blié en 1828 sous le titre de Monographie , en dé- crit vingt-quatre. Depuis lors MM. Quoy et Gai- inard , Lesson et quelques autres naturalistes, en ont publié d’autres, en sorte qu'aujourd'hui la série de ces Mollusques est fort nombreuse. Voici les caractères que leur assigne M. Rang: corps charnu, oblong , allongé ou arrondi, bombé en dessus, plat et généralement élargi en dessous ; conjoint avec le pied et ne formant qu'un tou avec lui, jamais divisé et ne se renfermant point dans une coquille ; tête distincte, bouche fen- due en long; manteau étendu sur tout le corps , Muni sur la partie supérieure d’une fente lon- gitudinale formant quelquefois , par la dilatation de ses bords, deux lobes latéraux plas où moins distincts, propres à la natation, et qui se croi- | sént sur la cavité branclmale , située à Ja partie moyenne du corps, protégée ; le plas souvent, par une membrane operculaire renfermant ‘quelque perce I fois uné lame testacée, el toujours par les bords du | manteau ; branchiés en forme de panache flottant dans cette cavité et parfois même en dehors!; tentacalés aw nombre de quatre; yeux situés à la base ét'en avant des tentacules postérieurs ; anus placé en arrière des branchies ; organes de la gé- | nération, séparés sur le même imdividu , mais liés | par un canal extérieur , la vulve en avant des bran- chies , le pénis près du tentacule droit antérieur. Ces animaux ont été Fobjet de bien des fables. Cu- vier , dans ün mémoire plein de recherches curieu- ses, publié sur ce sujet dans les Annales du Mu- séum,rapporte ainsiqu'il suit les histoires qui ontété faites sur l’espècetype du genre (Æp{ysia depilans). | | APLY » Les pêcheursparaissent avoir eù detout temps la manie; qu'ils conservent même de nos ‘jours , d'attribuer des qualités malfaisantes aux animaux marins qui ne servent point à la nourriture de l'homme. On sait que les livres des naturalistes ne sont encore que trop remplis des rapports de ces hommes ignorans , sur les orties de'mer, sur les étoiles et sur d’autres productions semblables , quoique l'observation en ait depuis long-temps dé- montré la fausseté. Ces contes se multiplient et augmentent en merveilleux lorsque. la figure, la couleur ou l’odeur de l'animal ont quelque chose d’extraordinaire ou de rebutant, comme il arrive dans le Lièvre marin; aussi trouvons-nous une longue liste des propriétés pernicieuses et étonnantes de cet animal : non-seulement sa chair ét l'eau dans laquelle on la fait infuser sont ve- nimeuses, ét font mourir au bout d’un nombre de jours parfaitement égal à celui qu'a vécu l’indi- vidu dont on à mangé, ou pris l'infusion; rnais sa vue seule peut empoisonner, Une femme qui 232 aurait voulu cacher sa grossesse , ne peut résister à l'aspect d’un Lièvre marin femelle ; des nausées et des vomissemens subits la trahissent, et elle ne tarde pas à avorter , à moins qu’elle ne place dans sa manche un Lièvre marin mâle, desséché et salé; car c’est aussi là une des idées superstitieuses ré- pandues de tout temps parmi le peuple, que cha- que espèce malfaisante porte en elle-même le re- mède propre aux maux qu'elle cause. [1 y a dans celte application-ci un embarras particulier ; c’est | que tous les individus des Lièvres marins réunissent les deux sexes. Si les Lièvres marins d'Italie sont si funestes à l'homme, c’est tout le contraire pour | ceux de la mer des Indes: c’est l'homme qui est | funeste à ceux-ci; et il ne peut les prendre vivans, | parceque son seul contact les fait périr. »On devine aisément que c’est Pline qui m’a | fourni cette longue série de propriétés, et l’on | est tenté de les rejeter toutes sur la seule considé- | ration d’une origine si suspecte. J'avoue que jy suis très-porté aussi , d’après mes propres recher- | ches, quoique le témoignage unanime .des anciens semblé confirmer celui de Pline. » IL paraît cependant qu’en Italie , ce pays où Part des empoisonnemens à été pratiqué et raffiné sianciennement , on faisait entrer le Lièvre marin dans quelques uns des breuvages si usités dans les temps de corruption. Locuste l’employait, dit-on, | pour Néron, et Domitien fut accusé d’en avoir | donné à son frère. | | »Les médecins traitent au long les symptômes produits par le poison du Lièvre marin + la peau devenait livide , le corps s’enflait , l'urine se sup- | primait d'abord , et sortaitensuite, tantôt pourpre, | tantôt bleue > €t souvent sanguinolente; enfin le malade périssait avee des eoliques et des vomisse- | mens affreux. » Les remèdes que l’ana proposés contre ce poi- son sont presque innombrables. Il ne paraît pas qu'on ait été guidé dans leur choix par des prin- eipes bien constans, car. des substances de vertus toutes contraires sont proposées avec une égale confiance. Tels sont la mauve, le lait de’ femme, celui d’ânesse et: de jument, le:suc de cèdre ; les os d’âne , le raisin; l'alisma et le cyclamen. - » Maïs parmi tant de faitsannoncésparlesanciens; touchant les propriétés du Lièvre marin, on ne trouve , comme il est trop ordinaire, presque rien sur sa: forme et sur: son organisation. Aristote, qui était bien fait pour porter Ja umière sur un objet sicurieux, n’en parle pas du tout. Pline le compare à une pâle informe qui n’à du lièvre terrestre que la couleur ; Dioscoride, à un petit calmar; Ælien, à un limacon dont on aurait en: levé la coquille ; et cette dernière comparaison est la seule qui commence à nous mettre sur la voie, Comment les auteurs auraïent-ils examiné de près un tel animal? Outre que son air et son odeur de- vaient inspirer de larépugnance, on se rendait sus- pect seulement en:le recherchant. Lorsqu'Apulée fut accusé de magie et d’empoisonnement, on rap- porta , comme principale preuve , qu'il avait en- gagé, à prix d'argent, des pêcheurs à lui procurer un Lièvre marin. » Toutes les Aplysies sont herbivores et carnivo- res; leurs mouvemens sont très-lents , et elles se tiennent tapies sous des pierres ou dans des trous de rochers; le seul fait remarquableen elles , est le pouvoir qui leur est donné de répandre, à l’appro- ched’un ennemi ; une certaine quantité de liqueur nauséabonde et rougeâtre qui obscurcit un assez grand espace d’eau et leur permet de fuir sans être vues. S1l faut en croire Cuvier, ces Mollusques pullulent d’une manière si prodigicuse, que la mer, à certaines époques de l’année, en fourmille. L'espèce type du genre est très-commune sur les côtes dela Méditerranée et même de l'Océan; à La Rochelle, ete. C’est l'APLYSIE DÉPILANTE, Aplysia depilans de Linnée, ainsi nommée parce que ce grand naturaliste croyait que la liqueur, -qu'elle lance fait tomber le poil des parties du corps qu'elle touche. C’est la même que l’A4plysiæ fasciata que Poiret atrouvée sur les côtes de Bar- barie, Sa couieur est d’un noir plus ou moins bleuâtre avec les bords d’une belle couleur rouge, Dans les individus pris à La Rochelle, ces bords sont noirâtres , brunâtres , etc. Nous avons figuré: la variété à bordsrouges dans notre Atlas , pl. 27, fig. 2. (Duer.) APOCYN, Æpocynum. (mor. Pan. ) Toutes les espèces qui composent ce genre , de la famille des Apocynées et de la Pentandrie digynie, sont dangereuses , vivaces , robustes et traçantes ; elles rendent un suc laiteux , lorsqu’ on coupe ou ‘seule- ment lorsqu'on blesse leurs feuilles et principale- ment leurs tiges ; elles portent des feuilles toujours opposées et des fleurs disposées en corymbes axil- laives ou terminaux. Les plus connues sont l’Ape- CYN À FEUILLES HERBACÉES , 4. cannabinum, V'Aro- CYX GOBE-MOUCHE, 4. androsæmifolium, et \ Arocyx MARITIME , 24. venelum, La première deices trois espèces ; que les curieux cultivent et qui ont assez de rapport avec les Às:! clépiades (vw: ce mot), devrait être admise dans l'économie rurale ; à cause de son utilité comme D SRE APOC plante textile. Les habitans du nord de l’Amérique la préparent comme le chanvre, ses tiges fournis- sant en abondance des filamens forts, soyeux, propres à la filature et à la fabrication des toiles. Elle est très-rustique, vient très-bien dans les ter- rains un peu profonds et substantiels; elle s’y étend d'elle-même, y monte à un mètre et même à deux de hauteur; sa tige, garnie de feuilles oblon- gues , velues en dessous; est surmontée, au mois de juillet, par de petites fleurs verdâtres, dont les co- rymbes dépassent la longueur des feuilles. Toutes les parties de, cette plante peuvent être employées comme vomitif. L'Apocyn gobe-mouche a reçu ce nom trivial de la singulière propriété dont jouissent ses fleurs , de retenir par la trompe les mouches qui viennent puiser le suc mielleux qui se trouve au fond deses co- rolles , et dont l'odeur se répand’ au loin. Son port élégant ; ses tiges hautes d'un mètre, garnies de rameaux nombreux et d’un feuillage d’un beau vert en dessus et blanchâtre en dessous ; ses bou- tons rouges qui s'épanouissent en juillet, et devien- nent des fleurs campanulées, roses en dehors, blanches en dedans, un peu inclinées, disposées en bouquets d’un aspect agréable ,; et qui durent six semaines ou deux:mois, lui ont fait donner une place distinguée dans les jardins d'agrément. Il produit un fort bel effet, tenu en touffe isolée sur le bord de l'eau: Cette belle espèce a été apportée en France, il y a un siècle et demi , des environs de Halifax, dans l'Amérique septentrionale. L’Apocyn maritime , originaire des bords de la Méditerranée , surtout des lagunes de Venise, se plait dans les terrains les plus secs, et convyien- drait, par sa propriété de tracer considérablement, pour fixer les sables mouvans de nos côtes. On en cultive deux variétés , l’une à fleurs rouges , l’autre à fleurs blanches , toutes deux fort agréables. APOCYN A LA OUATTE. f’oy Ascr£PpiADE DE SYRIE. APOCYN EN ARBRISSEAU, nom impropre- ment donné au Mounier PaNIGULÉ, Melpighia aniculata (v. ce mot). (T. ».B.) APOGYNÉES. (mor. pxan. ) Famille de plantes dicotylédonées, monopétales, à corolle hypogyne, ayant .des rapports avec les Gentianées , les Ru- biacéeset!les Sapotiliées. Les genres qui la compo- sent sont pour la plupart originaires des päys chauds , à tige ligneuse , pleine d'un.suc laiteux, garnie de feuilles opposées , coriaces , entières , el de fleurs tantôt verdâtres ou blanches , tantôt jau- nes , rouges, violettes, et même bleues, ce qui est fert rare dans les végétaux à Lige ligneuse. On en cultive beaucoup dans les jardins d'agrément : de ce nombre sont les PEnvencnes, les AsCLÉPIADES, les LAunrens-noses ou N£nriows , les Arocyxs, etc, (vw. chacun de ces mots. ) Cette famille a des ca- ractères communs qui hient tous les genres, -et chaque genre en a de particuliers, très-saillans dans les organes les plus essentiels : les uns ont!le fruit simple, c’est une drupe, une baie ou ;une capsule; lesautres ont le ,fruit double, toujours. formé de deux follicules allongés ; tantôt les grai- 236 PRE LE EEE —— APOD nes sont nues , tantôt elles sont couronnées d'une aigrette soyeuse. Robert Brown divise les Apocy- nées de Jussieu en deux sections distinctes , les Apocynées vraies et les Asclépiadées ; fondées sur la formé des anthères et la nature du pollen. . (T. ». B.) APODA, APODE, APUS. (o1s.) Cenom , qui signifie sans pied, a été donné aux Oiseaux de pa- radis, dans un temps où onn’en rapportaiten Eu- rope que des peaux préparées, pour la parure, par les naturels de la Nouvelle-Guinée, qui suppri- maient les pieds. Gette omission des patles a donné lieu aux contes les plus ridicules; on a prétendu que ces oiseaux ne se posaient jamais, qu'ils vi- vaient dans les nuages, elc. On a encore donné les mêmes noms au Martinet noir, Zirundo apus, parce que ses patles sont si courtes qu'il en paraît privé. (#7, les articles Paranisier el MarTINET.) (GuËnr.) APODES, (z001.) Ce nom avait été réservé par Linné au premier ordre de sa classeides Poissons, composé d'espèces ossiculées , dépourvues de na- geoires ventrales. M. Duméril, attachant moins d'importance aux caractères qui dépendent de la présence ou de l'absence et de. la disposition des nageoires, a rangé les Apodes en tête de chacun des huitordres de sa méthode analytique. Cuvier n’applique . cette dénomination qu'au septième ordre de ses Malacoptérygiens , qui renferme les poissons anguiformes. Blainville donne le nom d'Apodes non -seulement au troisième ordre de sa seconde tribu des Poissons, mais encore aux serpens et au lroisième ordre de ses Lacertoïdes. IL a également étendu: celte désignalion à la bui- tième classe du sous-type des Entomozoaires , tan-: dis que Lamarck le restreint aux Annélides de l'ordre premier de cette chasse. Enfin Latreille dési- gne ainsile cinquième type de cette grande division. Les entomologistes-donnent aussi le nom d'A- podes à toutes larves d'insectes privées de pattes. Goldfuss avait également proposé d’appeler ainsk la classe des Ascidies de Savigny ou des Tuniciers de Lamarck. On doitespérer qu'une heureuse réforme dans la nomenclature. viendra mettre un terme à la con- fusion qu'on y remarque aujourd'hui, en fixant ou en-restreignant l'application de ce mot, comme de beaucoup d’autres. k (P. G.) APODÈME.' (z001.) On a désigné par ce nom des proéminences de consistance cornée , situées à l'intérieur du squelette des animaux articulés ; résultant de : pièces externes voisines , Sou- dées ensemble, et dont les unes donnent at: lache : aux ailes ét les autres aux muscles, Les premières : sont nommées /podèmes d’arti- culation, les secondes Apodèmes d'insertion: Leur caractère le plus important -est de naî- tre de quelques pièces cornées du corps eb dè leur adhérer intimement, sans qu'il soit pos- sible de -les mouvoir ou de les désarticuler. Ges espèces de cloisons qui partagenten plusieurs cel: lules la cavité thoracique , très-visibles dans plu- sieurs insectes, le sont davantage encore dans les 3 é 2e APOG “APOR SI Crustacés décapodes. Les Apodèmes qui naissent des lignes de soudure des sternums entre eux, ou avec l'épistérnum, sont ascendans ; ceux qui partent, au contraire, du point de réunion des épimères, sont descendans, et se sencontrent avec les premiers. Ÿ’. Taonax. (P. G.) APODÈRE, Apoderus. (ins.) -Genre de l'ordre des Coléoptères , section des Tétramères, famille des Rhynchophores, établi par Olivier, avec quelques Attelabes de Fabricius: la tête de ces insectes est rétrécie en arrière, ou présente une sorte de cou , et s’unit au corselet par une “espèce de rotule ; leur museau est court et épais , s'élargissant un peu au bout ; ils se distinguent des autres genres de la famille des Charanconites, parleurs antennes de onze articles en massue ovale, | droites ou peu courbées, toujours insérées sur la trompe, par leurs pattes jamais propres pour sauter, et par le pénultième article de leurs tarses qui est bifide! Ce genre est peu nombreuxen espèces : celle qui lui sert de type est l'Apoderus coryli,; d'Oli- vier;) qui se” trouve aux environs de Paris. (V. ATTELABE.) (H.:L.) APOGON ; Apogon: (rorss. ) Genre d’Acan- thoptérygiens établi par Lacépède et adopté par Cuvier, qui le place dans la première subdivision de sa famille des Percoïdes. C’est fort mal à pro- pos que Lacépède à considéré le poisson qu'il a pris pour type de ce genre, le Mulle imberbe (Mullus imberbis) d’Artedi et de Linné, comme étant tout-à-fait semblable aux Mulles, moins toutefois les barbillons que ceux-ci portent sous mâchoire inférieure, d’où le nom générique d’Apogon, tiré du grec, qui signifie imberbe ; privé de barbillons , qu'il lui a imposé. - Les Apogons au contraire, ainsi que le fait re- marquer Guvier, n'ont de commun avec les Mullesquele peu d'étendue en longueur queprésen- tent leurs nageoires du dos, ainsi que la grandeur de leurs écailles, quitombent avec une extrême fa= cilité ; tandis que leurs caractères essentiels les rapprochent ; sinon des Perches, au moins des genres qui en sont voisins. Les’ Apogons ont, en général, un corps court dont lapartie moyenne est ventrue, et la région - postérieure légèrement comprimée ; leurs deux dorsales, bien que très-distinctement séparées ; ne/sont cependant pas fort éloignées l'une de Vautre; leur préopercule à un double rebord dentélé, et leur membrane branchiostége est soutenue par six rayons osseux: Ge genre, qui aujourd'hui comprend au moins quinze-espèces, n’a qu’un seul représentant dans nos’ mers, encore paraît-il être exclusivement propre à la Méditerranée. La plupart des autres Apogons habitent l’océan Indien, et quelques uns la mer Rouge. 16 Celui de la Méditerranée, l’'Arocon comuun, Apo- gon rex Mullorum ; Guv.,, que l’on voit très-bien représenté par M:Guérin dans son Iconographie du règne animal, Poissons, pL'3, fig. a,-est un petit - poisson dont Ja longueur ne dépasse pas ordinai- vement cinq pouces. Un rouge magnifique, tantôt à reflets dorés, tantôt à reflets argentés, est ré- pandu sur tout son corps, lequel est piqueté de noir. Il existe toujours deux taches de cette der- nière couleur à la base de la caudale, et l’on en voit ordinairement une autre à la pointe de la seconde nageoiredu dos; celle-ci a un rayon épi- neux et neuframeux , dont le premier est le plus long; on compte dix rayons mous aux pec- torales ; un seul épineux et dix rameux aux ven- trales , huit également rameux à l’anale, et dix- neuf à la caudale. Ni le crâne ni les mâchoires de l’Apogon commun ne sont revêtus d’écailles , mais toutes les autres parties de la tête en portent de semblables à celles du corps : ces écailles sont larges , minces et un peu rudes à leur bord. Pro- portionnellement assez courte, la tête est obtuse à son extrémité antérieure. La bouche n’est pas fendue au-delà des yeux; elle a peu de protracti- lité et chacune des mâchoiresest munie d’une bande de dents en velours; il.y en a d’autres, dispo- sées de la même. manière, qui sont attachées aux palatins, et le vomerenest garni d’un groupe en chevron, également en velours; mais celles que portent les os pharyngiens sont un peu plus fortes, et la langue, qui est libre, obtuse et molle à son extrémité, en est complétement dépourvue. L’oper- cule se ‘prolonge postérieurement en un angle obtus et épineux; on remarque sur le préoper- cule une arête saillante, qui forme un double rebord au devant du bord ordinaire ; lequel est finement dentelé ; l'œil est grand et l'iris en est argenté. Sous la mâchoire inférieure se montrent deux lignes longitudinales saillantes. Le squelette de l’'Apogon à vingt-cinq vertè- bres : son estomac est court, charnu et arrondi ; quatre appendices cœcals seulement , entourent le pylore ; l'intestin est peu allongé, puisqu'il ne se replie que deux fois; et la vessie aérienne est grande , mmce et transparente. L’Apogon commun, que l’on nomme vulgaire- ment {oi dzs Rougets, habite, pendant la plus grande partie de l’année, des profondeurs inac- cessibles. Ge n’est. qu'à l’époque du frai, époque qui arrive aux mois de juin, juillet et août, qu'on en prend, même en très- grande abondance , La chair en: est délicate et agréable au goût. Parmi les espèces étrangères ; la plus remarqua- ble est l’ApoconATRoïs TAcuEs (Apogon lrimacula- lus; Cuv.);ilest long de sept pouces au moins; le fond de sa couleur.est rouge comme chez presque tous ses congénères ; les trois taches qui lui ont valu son nom spécifique sont noires, et placées l’une sous la première dorsale, l’autre sous la se- condé et la troisième sur la queue. MM. Cuvier et: Valenciennes: en: ont donné la figure dans kt planche 22 de leur Histoire des poissons. (G: B.) APOLLE, Apollo. :(moux.).Genre de coquilles univalves ;créé par Denis de Montfort, et dont La- marcka/fait depuis son genre Raweir: (7. ce mot.) (Duezi) APOLLON, (ins.) Les amateurs connaissent sous ce nomrun très-beau papillon-des Alpes : et APOP des plaines de la Suède, qui fait partie du genre Pauassiex. (7. co mot.) (GuËr.) APONEVROSE , ou APoNEUROSE:, (AMAT. ) On désigne par ces noms une sorte de membrane , où toile, plus ou moinslarge , d’une couleur.blanche, luisante, satinée , d'un lisse dense, serrée, peu extensible, très-résistante, ayant quelquefois un reflet métallique, composée de faisceaux de fibres d'une. nature particulière plis ou moins rappro- chées , el qui tantôt enveloppe, contient les, mus- cles, prévient leur déplacement, tantôt sert à Fimplantation des fibres musculaires, et leur four nit un point d'attache. Les Aponévroses présentent des ouvertures pour le passage des vaisseaux ou des nerfs, et elles sont disposées de manière que jamais ces parties ne peuventen être comprimées. Enfin ces enveloppes membraneuses ont été surtout employées dans l’é- conomie animale comme parties protectrices d’un grand nombre d'organes. (M: S.'A.) APONOGETON , Aponogeton. (mot. pnan. ) Ge genre esteompris dans la famille des Sauru- rées , et dans la Dodécandrie: trigynie. On y dis - tingue quatre espèces, toutes originaires de l'Inde et du cap de Bonne-Espérance, et dont les indi- vidus sont des herbes vivaces aquatiques: Leur racine est tuberculeuse et charnue ; elle sert quel- quefois d’aliment. Lesfleurssont en épis écailleux, à écailles alternes , tenant lieu de calice et de corolle , et protégeant à leur aisselle une fleur nue et herma- phrodite. On y remarque trois ou quatre pistils sessiles , rapprochés, globuleux inférieurement et seter minant en pointes recourbées; la loge contient iroisovules.Etamines X filets très-courts, aunombre desept àquatorze, irrégulièrement disposées autour du style. Anthères globuleuses, et comme di- dyme. Les pistils se changent en capsules unilocu- laires et trispermes. On peut voir au Jardin des Plantes. | Æpona- géton Dis'achyon ; dont les fleurs blanches exhalent une odeur extrêmement suave. n (G: G) APOPHYLLITE. (mn.) Cette substance, blanche , brillante et souvent d’un: éclat nacré , est un des plus jolis silicates de chaux. Elle se compose d'environ 52 à 53 parties de silice, de 25 de chaux, de 5 depotasse, de 16 à 17 d’eau; et présente quelquefois des traces d’oxide de fer, &'alumine et même d’acide fluorique. | Elle raie légèrement la Fluorine (voy. ce mot), ét très-difficilement le verre; son pen de dureté doit être attribué à Ja présence dé la potasse. Ce qui aide surtout à la faire reconnaître, c’est qu’elle se_ dissout en gelée dans les ‘acides, et que la grande quantité de chaux qu’elle contient fait qu'elle donne un abondant précipité par l’oxalate d’ammoniaque, Enfin son caractère le plus essentiel est sa ten- dance à s'exfolier, par le frottement , par la chaleur, par l'action de l'acide. nitrique. Aussi est-ce de: ce: caractère qu'Haüy Jui à donné le nom d'Apophyllite, d’un mot grec qui signifie exfolier. * J : La forme primitive; de sés différentes. variétés de cristallisation, qui sont au nombre de: quaires M ou cinq, est le prisme droit symétrique, c'est- Xe, dire très-voisin du eube. Quelquefois elle présente, la structure lamellaire. ou fibreuse : dans ce der-. mer cas les fibres sont ordinairement radiées. > L’ Apophyllite a recu les noms d’Æ{lbine, de, Fessélite, de’ Zéolite et d’Ichtrophteline. EMe se trouve dans les formations de gneiss et de miça-! schiste (voy. ce mot), dans les terrains de sédiment: les plus inférieurs, mais principalement dans ceux d’origine ignée. (J.H.) APOPHYSE. (axar.) Les Apophyses sont des: éminences qui existent à la surface des os. On les. nomme diversement, d'après leur forme générale.” Ainsi les Empreintes sont des éminences inégale, peu prononcées , étendues en largeur ; les Lignes, des éminences peu saillantes, inégales étendues en longueur ; les Crêtes sont analogues aux lignes, mais lisses, peu marquées, et quelqueloistortueuses et assez longues ; les Bosses sont arrondies , larges: et lisses ; les Protubérances et les T'ubérositésisont arrondies el rugueuses. D’après les corps auxquels; on les a comparées, on les appelle Apephyses Épi- neuses ou en formé d'épine ; Styloides ou en forme de stylet; Coracoïides ou en forme de béc de cer- beau ; Odontoïdes ou en forme de dents; Mastoi- des ou en forme de mamelou, Enfin, d’après leurs usages, on les nomme Zrochanters, où qui font, tourner, Orbitaires , ou qui appartiennent à l'or bite; et d’après leur direction et leur situation re- latives, Apophyses Montantes , V’erticales, Trans- verses , Supérieures, ete. , ele. (MS. A.) APOPHYSE. (mor. crypr. ). On désigne aimsi en botanique le renflement chanu , ou le bour- relet circulaire, plus ou moins marqué, que l'on. observe dans quelques mousses au sammet du pé- dicule de l'urne. Beaucoup de Polytrichum et de. Dicranum présentent une Apophyse.. (F.F,) APOSÉDÉPINE. ( cu. ) Substance que Bra- connot a trouvée dans le caséate d'ammoniaque de Proust, et qu’à sa cristallisation dendritique Raspail n'hésite pas à considérer comme un. ou plusieurs sels ammoniacaux susceptibles de se ro- latiliser. (P, G+) APOTHÉCIE. (nor. crxpr. }. Nom donné par Achar à cette partie des Lichens que l’on. appelle. encore Seutelle et qui renferme les Séminules où organes de la reproduction de ces plantes. (F. F.} APOTOME , Æpotomus. ( ins.) Genre de Go- léoptères de la section des Pentamères, famille des Carnassiers, tribu des Carabiques, division des Bipartis; ce genre a été établi par Hoffmanseg aux dépens des Scarites; ses caractères essentiels sont : palpes très-allongés, les maxillaires exté- rieurs beaucoup plus longs que la tête, terminés par un article ovoide, le dernier article des palpes labiaux en forme de fuseau ; le corselet.est.orbi= culaire , les pattes antérieures sont filiformes non palmées, Ce genre, qui pendant long-tempsn'a été basé que, sur une seule espèce, en compte main- tenant uneseconde, selon le species de M: lecomte Dejean; l'insecte prinitif est très-petit, se-tient, sous lespierres ; où il paraît vivre en/société, etest met = : à mo rast-tipes riréguee ms , e 3 , . APPA F 550 APPA. Plus commun dans les provinces méridionales que dans les environs de Paris. Avorotté roux. Z. fufus. Long d'environ une digne et démie à deux lignes ; entièrement d’un rouvé fertugineux , vela, dés stries de points en- foncués Sur les élytres. Celté espèce est figurée | dans l'Iconographie du Règne animal de M. Gué- ir, Inséctes, pl. 5, fig. 5. Des provinces méri- | dionales de la France. APPARIMENT. (acn. } Opération essentielle ui demande la connaissance des rapports intimes | qui doivent existér-entre le mâle et la femelle, ap- elés à donner de belles et bonnes productions. H'Apparimént bien entendu doit surtout fixer l’at- tention des cultivateurs et des chefs de haras : c’est ar lui que dés racès médiocres, où même abâtar- dies et dégradées, peuvent remonter à un degré de | perfectionnément qu'on est loin de soupconner et » mie le climat semble exclure. Gomme il ést cons- tant que le petit tient plus du père que de la mère our/les qualités , et plus de la mère que du père pour la täille , à très-peu d'exceptions près, un premier point est d’avoir grand som de faire un bon choix pour fixer les races. Les Arabes, ama- | téurs distingués de chevaux, dans la noblesse de | cebél animal, ne comptent passeulement les degrés, ils nombrent aussi les quartiers. Outre la parfaite égalité sous les rapports physiques , il faut aussi s'occuper des qualités morales : ce second point est plus important qu’on ne le pense d'ordinaire. Quoique l’âge des individus rentre dans la série | des rapports physiques ; il est bon d'observer | éuñé trop grande différence sous ce point de vue entre le mâle et la femelle, nuit au maintien des étpèces autant que les tares ; les vices de carac- | ère, les infirmités héréditaires: Quand on em- | ploie les semences avant leur: parfaite maturité ; | où lorsque le temps les a détériorées , lon n'en obtient que des plantes chétives, étiolées ; dont | Les fruits n’ont aucune valeur ; cela ést également | wrai des animaux. 150 CT Di Bu) APPARITIONS SPONTANÉES DES VÉGÉ- | TAUX. (mor. Aer.) Toutes les lois de la physique ne | fous sont point connues, et pour arriver un Jour | àles détermimer d’une manière positive, utile à la arche progressive des sciences , le devoir de l’ob- | sérvateur est de recueillir les faits que lui découvre Pévude suivié des phénomènes de la nature. Ces faits sont nombreux, ils nous paraissent de prime | abord étranges ; bizarres , incroyables, très-souvent | contraires aux doctrines proclamées par une théo- | rie savante, parfois même diamétralement oppo- | $és à des faits établis antérieurement, parce que | ous ne sommes pas encore en état de saisir tous | Tes anneaux qui les lient ensemble. Il ne suflit donc pas de réunir des faits, il faut, avant de les ins- écrire dans les fastes de l'histoire naturelle, les | examiner sous toutes leurs faces, les discuter sans | | prévention , les Comparer avec une sage critique, ét leur donner la garantie morale nécessaire pour | déterminer de nouvelles recherches, des études | plus approfondies. C'est ée que j'ai fait, depuis 1822, pour le phénomène dés apparitions spon- tanées, J'ai été le premicr à l’envisager sous lé double point de vue de l’âgriculture et de l'histoiré naturelle. J'ai rassemblé tout ce qui tend à le mon- trer , à fixer surluï l'attention ; je vais rapporter in- génument les faits que j'ai constatés; d’autres iront plus loin, Si ün esprit mal intchtionné ne vient a comme 1l arrive trop souvent, détourner observateur fidèle par les sérupules de la rou- tine scolästique , où par les décisions tranchantes d'un système adopté de toutes pièces. Quant à moi, je ne discute pas, j'expose, je dis naïvément ce que J'ai constaté. Posons d’abord uñ principé : il paraît démontré qué les térrains qui, pendant un laps de témps plus ou moins long, ont porté de grands végétaux d’une famille ;'en produisent ensuite spontanément d’autres de familles étrangères X la première, lorsque les précédens sont détruits par des accidens où qu'ils tombeñt de vétusté. Ge phénomène est, du moins , fondé sur des observations étudiées aveé soin, sans idée préalable , et recueillies avec la plus grande fidélité et les précautions les plus rigoureuses. L.—En 1746, des pâtres causèrent involontai- réinent un immense incendie dans la forêt de Chä- teau-Neuf, aujourd'hui département de la Haute- Vienne. L’essence de cétte forêt était en hêtre qui, comme on le sait, donne rarement du recru de souche. Le propriétaire en fit exploiter les dé-. | bris, etrésolut d'abandonner à là nature les cinq hectares et demi de bois que le feu avait entière-. ment consumés. Bientôt le sol'se couvrit de brous- sailles, à travers’ lesquellés s’éleva, quelques an- nées plus tard, une infinité de petits chênes. Jus- que-là, aucun arbre de ce genre n'avait été vu dans la forêt de Château-Neuf, et ce qui n’est pas moins étonnant , c'est qu'il n’en n’existait aucune tige dans les environs à plusieurs myriamètres à la ronde. IL. — Durant l’année 1599, les bois de Lumi- gny et partie de ceux de Crécy, département dé Seine-et-Marne , ayant été exploités, le hêtre ÿ fut remplacé, sansle Concours de l'homme , par des framboisiers, des groseillers, dés fraisiers et par l’espèce de ronce qui donne la mûre; à leur tour, ces humbles plantes ont cédé la place à des chênes aujourd'hui en pléine végétation. IL, — La grande forêt de Ghämbiers près Dur- tal, département de la Sarthe, que la tradition orale et lés documens écrits attestent avoir: été couverte, jusqu’en 1800, de chênes magnifiques , n’en possédait plus un seul pied vingt-trois ans après quand je la visitai; l’on à vainement essayé d'en semer ou planter, aucun n’a réussi. L’es- sence du chêne a été naturellement remplacée par des bruyères, des ajoncs, des genêts, des ronces. Le hêtre arefusé d'y croître; les arbres verts, auxquels on à eu recours en dernier lieu, sont les seuls qui aient pris racines ; ils y prospèrent au- jourd’hui merveilleusement , et dans deux ou trois | siècles le bouleau remplacera les ärbres verts, ow bien le chêne reparaîtra nombreux et brillant. IV. == Une semblable remarque a été faite, à des APPA 240 A APPA époques différentes, dans Jes forêts qui couronnent les bords escarpés ‘du Dessombre, petite rivière, dont les eaux vont se perdre dans le Doubs à Saint- Hippolyte. Ges forêts sont composées d'arbres de haute futaie, principalement de hêtres; elles s’é- tendent sur un espace assez considérable, et ali- mentent en partie les usines du pays et Je foyer des habitans. Lorsqu'une coupe à été faite, on voit bientôt l'emplacement découvert s’orner d’une infinité de framboisiers qui fournissent, pendant trois ou quatre ans, une abondante récolte de leurs fruits succulens. À ces arbrisseaux succèdent des fraisiers et à ceux-ci la ronce bleue; enfinles pousses du nouveau bois mettent un terme à celte succession de rosacées. V. — Après toutes les coupes de forêts de hêtres qui ont lieu sur le Jura, particulièrement au re- vers du mont d'Or, l’un des points les plus élevés de cette chaîne de montagnes, les groseillers pa- raissent les premiers et donnent un fruit aussi bon et tout aussi beau que celui des groseillers cultivés; mais la croissance de ces petits arbrisseaux non épineux est limitée à certaines localités, principa- lement aux sols frais sans être humides , et con- sistans sans être argileux., Les framboisiers oc- cupent ensuite le sol pendant trois ou quatre ans, puis les fraisiers deux années, et la ronce bleue de huit à dix ans; enfin revient l’essence de hêtre et de chêne. VI. — Dans les forêts d'arbres résineux, on ne trouve point, après la disparition des pins ou sa- pins, de framboisiers, mais seulement quelques fraisicrs et beaucoup deronces, comme on le voit aujourd'hui sur plusieurs points, surtout à Mal- buisson, près de Pontarlier, département du Doubs. VIT. irc espèces de coupes se succèdent dans le même triage de la forêt de Belesme, située près de Mortagne, département de l Orne, quand on y fait une exploitation. La première coupe a lieu sur un taillis de vingt ans, essence de chêne et de hêtre; trente ans après, on pratique sur les mêmes souches une seconde coupe dite taillis sous futaic, et qui ne donne encore que du hêtre et du chêne ; la troisième succèdg sur l’ancienne souche après un siècle de végétation, c’est ce qu’on appelle la coupe de haute futaie. Les souches existantes depuis un siècle et demi périssent alors , et on les voitremplacées, sans semis ni plantations et même sans voisinage immédiat , par des tiges de bouleau, qui, après avoir: à er, tour donné trois! coupes successives d'environ vingt ans chacune, périssent et cèdent elles-mêmes L place à des nes nou- veaux. Ce fait a été observé dans le canton de la forêt de Vallée du Creux; la coupe en futaie de chênes a eu lieu en 1800; vingt-trois ans après j y ai vu le bouleau très- aboridapt et.en pleine végé- tation ; maintenant il s’éclaircit et le hêtre lui suc- cède ; les triages du Gué de la pierre , de la Pipon- nerie de la Galipotte, du Piébiard, du Parc-à-la- Praine et du C/êne galant sont dans le même cas. En quelques unes de ces localités il.se mêle au bouleau une espèce de tremble; dans les lieux marécageux de l’'Aune,mais toujours et seulement lorsqu'on a entièrement râsé la futaie de chênes et de hêtres. VIIL — Aux bois assis sur le territoire de Haute-Fcuille, arrondissement de Coulommierss, département de Seine-et-Marne, c’est le tremble qui remplace spontanément les vieilles souches de chênes. On y trouve aussi, suivant les localités! beaucoup d’ajoncs, quelques faibles traces de saule marceau, et surtout une grande quantité d’alisiers» et de pruniers épineux. A ces faits recueillis en France, j'en joindrai quelques uns hors de son sein, pour les corrobo-— rer et ouvrir un plus vaste champ à l'examen critique des phénomènes des apparitions spontanées de végétaux. sleyitfus 20h Anita IX. — L’antique forêt de Sauvabelin, située au canton de Vaud, en Suisse, présente en plusieurs endroits le même phénomène; sans cette transition générale et pour ainsi dire nécessaire, lorsque l’es- sence du bois passe des hêtres aux chênes. Ce point de vue nouveau n’est pas sans intérêt. En 1820, l'essence de la forêt était en chêne. Cet arbre y était fort ancien, partout il se couronnait et portait les livrées d’une vieillesse extrême , disons mieux, agonisante. Sous ces Liges séculaires; au pied de ces troncs d’une grosseur peu com- : mune et que la foudre a tant de fois sillonnés ; malgré les glands dont le sol était couvert chaque année , on ne vit plus germer aucun jeune chêne, mais bien des hêtres nombreux ; les uns naissaient, les autres étaient déjà parvenus à un certain de- gré de développement, et cela dans Jes parties de la forêt où il ne se trouvait aucun hêtre ayant atteint l’âge de la reprodution. Xroû Guiane, quand on a abattu des forêts. dites Bois vierges, lé terrain se couvre d'arbres et de plantes dont les congénères n’existent nulle part dans les forêts primitives ou grands bois. Dans les bois revenus, appelés Viamans, croissent en énorme quantité deux. espèces, de palmistes ; l’aouara et le maripa des Karaïbes, le bois-puant, l'acasson, le bois d’Artic, etc., qu'on ne ren- contre jamais dans les grands bois. XI. —En 1666, à la suite de l'incendie qui consuma la majeure partie de la cité de Londres; on vit paraître sous les débris des édifices détruits une quantité prodigieuse de sisymbre raide, si- symbrium striclissimum, plante rare, inconnue“. dans cette ville ainsi que: dans les environs, et dont les germes, conservés intacts depuis long- temps , a alors les circonstances favora- bles à leur parfait développement. : é XIL. — Sur les bords de l'Oder , au nord ad l'Allemagne, des portions de marais ayant été mises en culture , en 1796, il s’y fit remarquer tout à coup une foulede tiges de moutarde blan- che, synapis arvensis, dont LÉ graines, long-temps ensevelies dans le limon , ont recu l'impulsion vé- gétative par l’action de l air.et de la chaleur, etc.) Quelle explication donner du phénomène qui. nous occupe? Aura-t-on. recours à la voie dela, dissémination (voyez ce mot)? Mais les cantons, voisins n’offraient point les types générateurs; la stabilité. | | 200 APPA 241 APPA stabilité dans la succession variée de deux ou trois genres de plantes absolument différens ct la con- stance dés produits , que l’on voit toujours'les mé- mes , du moins:en:Erance et sur notre vieil hémis- phère ; rendent ici de plus en plus inapplicables les lois..ordinaires de: la dissémination: Dira-t-on que les arbres nouveaux étaient des rejetons, des boutures, des fragmens d’anciens arbres coupés , dont les racines somméillèrent; restèrent en: un état, d'inertie complète | pendant que le sol était occupé!par d’autres végétaux ligneux? Mais pour- quoi ces rejetons , qué j admets réduits à des mo- lécules très-petites, ‘contenant toutes les parties dela plante mère , n’ont-ils pas fourni des pousses lorsque, tous les trente ans ; on faisait, de temps immémorial , une coupe réglée et même à blanc- étoc oùà blanc-être? Comment, dans les forêts incendiées, ces mêmes rejetons ont-ils pu résister à la puissance des flammes, qui, après avoir dé- voré les arbres , couvrit le sol de charbons ar- dens , puis d'une cendre brûlante, qui consument d'ordinaire non-seulement les dépouilles végétales, mais jusqu’à la terre à plusieurs décimètres de profondeur ? Assurera-t-on que les semences des arbres, qui deyaient remplacer ceux tombés de ieillesse ou détruits par le feu, se trouvaient ca- chées dans!les! fissures: des rochers ou sous tout autre abri quelconque, et que là elles ont, long- temps .engourdies, attendu que leur époque fût arrivée? Cette. faculté-générative de la semence me semble embrasser une série infinie d'années, une masse de circonstances si différentes, qu’elle peut bien, attester la puissance de la nature sans satisfareles lois connues du raisonnement. Je con- çois qu'un. taillis, acquérant de la force et de l’é- lévation , fasse périr subitement les groseillers , les framboisiers , les fraisiers et les ronces , que nous venons, de voir jouer un rôle intermédiaire dans le phénomène des Apparitions spontanées ;: je veux encore que certaines semences, transportées par les vents, par les oiseaux, par les pieds des ani- maux , se réfugient sous la couche végétale pro- duite parle détritus annuel et successif des feuilles, des jeunes rameaux , qu'elles s’y cachent et qu’elles 1èvent , croissent en abondance, montent avec vi- gueur. aussitôt que les rayons solaires viennent les frapper, directement , leur imprimer le mouve- ment, donner de l’énergie au principe vital ; mais en est-il de même pour le gland, pôur la faîne, “pour la graine des pins, qui sont recherchés avec une sorte de fureur par les sangliers , les porcs, les cerfs, l’écureuil, la loxie à bec croisé, plu- sieurs autres espèces d'oiseaux et par de nom- breuscs larves ? Je sais par expérience que les se- mences enfermées dans des. vases tenus en lieu parfaitement sec ; conservent long-temps. leur pro- priété germinatiye (voyez ce mot); mais j'ignore si le résultat..est. le: même pour des semences plus ou moins enterrées. J'en: doute: d’une part, l'é- volution qui détermine.cétte germination y'est in cessamment favorisée par l'humidité du sol ; parla douce chaleur dont elle est Ipénétrée, et! /surtout par l'obscurité si nécessaire à l’émbryon et la for- Tome I. mation de l'acide carbonique qu'il lui faut pour opérer: son premier développement: De l’autre part ; la multiplicité des ronces , leurs racines tra- çantes, et nombreuses; la force végétative que toutes les parties de la: plante mettent en jeu; et la rapidité avec laquelles elles augmententleurs tiges ét couvrent uné étendue de terrain/très-considérable, sontautant de causes pour ärrêter la marche, pour empêcher la conservation de tous les végétaux qui pousseraient auprès d'elles. : Verra-t-on ici la preuve de'ces générations spontanées (voyez ce mot), dont la simple énonciation implique con- tradiction aux yeux de certains naturalistes? Je n'ose l’aflirmer positivement. Voilà l’état de la question ; j’appelle les observateurs à sa solution: À : (T. D. B.) i APPAT. (z001.) Dansle vocabulaire dela chasse et dela pêche,ce mot sert àdésigner certainsmoyens dont on se sert pour tenter l'appétit et attirer dans le piége les animaux dont on! veut se saisir : ainsi on appelle Æppâts le grain qu’on répand sous le tré- buchet ; auprès des branches enduites de glu, pour prendre les ‘oiseaux; le ver qu'on attache à l’hamecon pour amorcer les poissons. Mais ces ressources que l’homme a trouvées dans son indus- trie, la nature les a libéralement départies à plusieurs animaux, moins favorisés sous d’autres rapports ; lorsqu'elle accordait aux uns la force et le courage; à d’autres l’agilité, l'adresse et la ruse, elle rem- plaçait, chez certaines espèces ; toutes ces qualités par quelques dispositions organiques. Ellelesdouait, en quelque sorte, d’Appâts naturels qu'ils mettent à profit pour s’emparer de leur proie et satisfaire au besoin de se nourrir. Ainsi les pics plongent dans les.trous des'arbres ou dans les fourmilières leur langue rétractile et'gluante, et la retirent chargée de petits insectes qui y sont attachés. Ainsi l’on trouve encore de merveilleux exemples de cette prévoyance dans l’organisation si smgu- lire de certains poissons et surtout de la baudroie. Cet animal, que les habitans de l'archipel grec ont nommé le Pécheur, que Plutarque , Aristote , Pline‘ont décrit, dont Cicéron dans son livre de Natur& Deorum et Opien dans ses Halicutiques ont aussi parlé, a trouvé depuis un fidèle historien dans Belon, qui nous raconteen ces termes ce qu'il avait observé sur les mœurs de la Baudroie : « C’est, dit-il, un poisson moult laid à voir, duquel on ne tient grand compte pour manger ; mais seulement pour l’éventrer et lui tirer les poissons qu'il a en- core dans le corps; car c’est bien le plus gour- mand de tous les poissons de rivage; aussi a-t-il une gueule si grande qu'il pourrait aisément dé- vorer un grand chien d'une goulée. Il porte deux ailes sur le dos, l’une quasi entre les deux yeux, composée de plusieurs petites lignes desquelles ik y en a deux de la longueur d’un pied et demi, et au ‘bout d’icelles ; ‘il y a° comme une manière de chair blanche semblable à un Appât ou amorce, qu'on en°a coutume: demettre aux hamecons, duquel Appât ce diable décoit les poissons après: qu'il a troublé l'eau fangeuse; puis s'étant at- tapy contre terre, ilné montre sans plus que ces XXXI° Livraison, 31 APPE oh APRO deux lignes au-dessus de l’eau. » Doininée-pär:sa gloutonnerie; la Baudroie ne saurait J'assouvir: par le moyen de-cette pêche: àla ligne, quelle; exerce cependant avec tant d'adresse, sreliene dépleyait, en mêmertemps ; d'autres ressources. « En «elfet , dit M. Geoffrey: St-Hilaire: (Rapport, à l'Institut sur! un mémoire. de M Bailly) ; al faut Ja :considé- reren-elle-même, elle toutentière:;,conmme offrant un Appôt; commese présentant, soi-même comme curée aux pelits, poissons ,, qui se nourrissent de vase où des: débris d'animaux qui y sont. mêlés: À la mucosité dont, sa peauet sa chair mollasse/sont abondammentrecouvertes; et dontiousles poissons. se montrent extrêmement friands elle ajoute-une vase fangeusé dont elle-enduit son corps-et l'ex- témieur dé sa gueule immense; elle s'habille, en quelqueï-sorte, d'un limion, d’une odeuür fétide , uipar conséquent avertit au loin el fait accourir près d'elle: » (Foy. Baunroix.) Rapporter ici, en détail, ces. Appâts perfides, ces amorces trom- peuses , que quelques animaux tendent à d’autres pour les faire tomber en leur puissance, ce serait émpiéter sur l'histoire de-chacun. d'eux: nousde- vons donc yrenvoyer: (77oy. aussi Russs. piven- SES DES ANIMAUX.) : (P.:G.) APPENDICE.. (axar.) Partie accessoire, d’un organe; ‘adhérente ou: continue à celui-ci, mais distincte parsa: forme.et sa disposition ; tels sont l’‘Appendice. xiphoïde. du! sternum , 1 Appendice vermiculairedacæcum; les Appendices épiploiques de l'intestin. 14210 Be APPENDICES: (1001.) Lesentomologistes appel- lent ainsi les dépendances des anneaux dont le corps est-formé ;:ces organes accessoires s'ünissentlaux anneaux par diarthrose ou par'synarthrose, et sonb souvent eux-mêmes composés de plusieurs pièces où articles : telssont les-mâchoires, les mandibu- lesi;;les antennes, les ailes, les pattes, les! filets terminaux.de l'abdomen, Paiguillon, etc. Quel- ques uns apärtiennent, à l'arceau supérieur ; d'au: es à l'anceau! inférieur; les premiers {sont fixés; entre les/pièces du térgum et de l’épistérnum: ce, sont. les ailes, lés élytres , les balanciers ;:les se conds ; considérés-au thorax } s'artieulentientre lé steinum.et l’épimère ::cesontles pattes, La forme, 18 mombre;. les: usages des .Appendices: ont été l’objet de recherchés importantes. et la: base :des- meilleures: classifications. Dans les-animaux arti- culés, on considère:encore les-branchiescommeides; (P:.G:) Appendices. - APPENDICES.. (807. PHAN.)) On! donne: ce; nom, en: botanique ,:à certains prolongemens qui semblent être autant de parties-étrangères-sura- | joutées, soit! à la base. de certaines: feuilles ,,soit, surles pétiolesquiles supportent, commetonile re- marque, par exemple; aux. feuilles de l’oranger;, soit au:bas: ducalice de quelques fleurs, comme dans la capueine; soit enfm dans l’intérieur-de la: corolle, ainsiqu'on lewoitidans labourrache.: Selon, M: Mirbel, la radieule du nénuphar, celles dusau- rurus., du poivreet du-nelumbo présentent un: ap-. pendice, en forme de poche ; dans laquelle l’em-. bryon.est renfermé-tout entier 1 ofPuGe) Li APPENDICULÉ.: (&or.) On désigne paréét:ad= jecüf la parlie: d’une plante qui est accompagnée d'un-otplusieurs appendices. . -! (P: G@.) - APPENDICULES, : ( zooPn: {Een ): Nom. qué quelques naturalistes donnenb aux épimesdesastés ries, ainsi qu'aux branchescartilagnineses qui; par: tant de la colonne articulée et pierreuse-des ray ons) supportent l’enveloppe-extérieure:! +: (Pr G1y°: APPETIT.: (enysro.) En restreignant: ce mot: à son acceplion physiologique, on doit considérer l'Appétit” comme: une disposition particulière de l'économie qui nous invite x recevoir des alimeng solides. Gette sensation: n’est souvent que lé pres mier degré de’ la faim ; mais parfois elle: persiste alors’ que .celle-ci est apaisée:; aussiné doit-on pas confondre ensemble ces deux états: Sida faim (o. ce mot) est nn besoin impérieux, pénible, l'Appétit, n’est qu'un désir, qu’une . excitation: agréable, accompagnée d’une espèce d’éréthisme des papilles de la langue, d’une. sécrétion plus abondante de salive; c’est souvent aussi une rémi uiscence de la saveur de quelques: alimens qui’ en d’autres instans, ont'agréablement impressionné l'organe da goût, et dont l'effet est de diriger no: tre préférence pour certaines substances!ou’ d'a2 jouter au plaisir avec lequelonlessavoure. LAppé: tit s’augmente où diminue sous! l'inflaencé des circonstances qui agissent incessamiient Sûr° PE2 conomie;; il se! déprave où s’éteintparsuite de l’état maladif de: l'estomac’, ou des! organes qui sympathisent avec lui: la dépravation où la perte de l'Appétit ne sont -donc que: des symptômes d’affections morbides; dont l'étude appartient à 14 médecines: (P:G) APRON, Æspro. (vorss: ) Bes Apronsnie!se dis: tünguent' essentiellement des Perches proprement dites: que par leur museau bombé ‘en. avant de la bouche ;:et l'intervalle-qui existe ‘entre/leurs deux dorsales;: ils ont des dents:en velours aux m4 choires ainsi:qu'aux palatins:; eb leur$ véntrales sont fort éloignéés.: On en connaît deux espèces , toutes deux propres à l'Europe : l'ArronondivarRr, Asprorvulgaris; Guv.; Perca aspro, Lin: ; ét le’ GiNGiE;; Aÿpro zingtl, Cuv:;, Perca zingel, Lin. € En: France, c’est seulement dans le Rhône et ses aflluens que l’on’trouve l’Apron ordinaire ; qui: habite: aussi le Danube et les. rivières qui én sont. tributaires. Le: Rhin, à ce qu'il paraît, le nour:: rit également, et, s'il fautajouter foi à! cé qu'a | vance Georgil, les eaux du Volga, du Jaïk , de! Jirtisch,-ainsi que celles'quitviennent $ ÿ rendre, produisent aussi ce poisson. Aujourd'hui iles pêcheurs du Rhône ne‘le con- naissent plus sous: ce-nom:d’Apron, que lui à res titué Guvier; ebqui, suivant: le témoignage de: Rondelet,. était celui par lequel ; à cause de 14 rudesse: de: ses: écailles, on le désignait autrefois! à Lyon: C'est Sorcier qu'on lé nomme! maïñte-: nant enscetle: ville. Strebert où Stræbert'ést lé nom: qu'il porte en Bavière et en Autriéhez’ ilest! | connu sous -celui de Kuiz'à Bâle, et dans certains’ | pays d'Allemagne on l'appelle Pfiffert: 109 | - L’Apronsordinairé n'excède jamais six ou septl -APSE 2243 2 APTE pouceside longneur;;son.corps.estallongé-et x peu prèsiarrondis. sartête est déprimée ; font large-en arrière, et-étroite. à;son extrémitéantérieure;:sous laquelle s'ouvre la bouche, qui-est peu fendue; situées. entre l’œil.et le museau ; les déux ouver- tuves-nasales sont prèsque contiguës.Le préoper- eule, empêche, dorsque :Fanimal est: frais, que lon aperçoive:les fines dentelures qui existent sur cèlte..partie osseuse. Une. épine, saw contraire, très - apparente ,. termine | l'opercule.. Les. joues eb, des ;:mâchoïres sont. -Jes,seulés parties -de ! la têterqui ne soient point.protégées par-des-écailles , mais sux-le,corps.onen voit partout ailleurs, que sous, laipoitrime; les huit rayons.-de Japremière dorsale sont tous épmeux,! la caudaleést en..creis- sant ;, et les ventrales montrent beaucoup :d'épais- seur; toutes. les nageoires,-sont d’ungris jaunâtre ; il existe quatre. où cinq ..bandes :obliques ! noi- rätres sur la parlie supérieure -du corps ; laquelle - offre un brun rougeâtre, tandis que. d'inférieure Le] est d’un. blanc gris, Le, squelette de l’Apron a quarante-deux vertèbres, parmi lesquelles vingt- cinq doivent, êlre considérées comme appartenant à la queue; ses intestins ont beaucoup de réssem- blance avec ceux de li perche. Ce poisson, dont la :chairest blanche ;, légère eb. d'un goût, agréable, se nourrit de vers, aimé les eaux pures et vives et se laisse transporter ai- sément.; il fraie au mois de mars, et les œufs que répand la femelle sont petits et blanchâtres. Bis D.48—a/225 A a/res Giorgs Peak; V5, Le Cingle; dont lenom allemand varie, puisque, selon M. Guvier, on. le prononce aussi Zindel et Zundel , parait exclusivement.appartenir aux eaux du Danube.et des rivières qui y affluent; il:se.dis- tingue. de, l'espèce précédente, par ‘sa taille ‘plus considérable, attendu qu’on en pêche des individus de: dix-huit pouces de longueur, par da forme de son corps qui-ést plutôt triangulaire qu'arrondie, eb par. le):plus, grand nombre de ses rayons dorsaux. [Lada chair! blanche. comme celle de lespèce.commune , mais plus fermé et de meilleur goût; aussi est-ce un. poisson qu'en ; Allemagne on-sert sur.les tables les plus recherchées: Pendant la plus grande partie de l’année, le Gingle habite les profondeurs ét.les endroits où.le courant est peu rapide; - :1APTÈRES. (z90o8:) Germot; quisignifie privés d'ailes; la-singulièrementwarié-dans son application depuisAnistiotesqui rangeaitsous cette désignation tous, les insectes sâns ailes. : Dans la méthode dé Latréille :(diègne animal dé Guvier) , les Aptères né consistuentpas-une-classe, ‘un : ordre , une famille; eemotn'estiqu'une qualification adjective. Cependant plusieurs auteursencore ;elientre autres : Hermann, Duméril;,» Lâmarck, Blainville ;:n°en restreignent point ainsi la signification: (P. G. APTÉRIX , Apterir. (ors. } Shaw a donné ce nom àoun:gerire d'oiseaux de l’ordre des Inertes ; ayant des ailes impropres au vol ét-terminées par un ongle courbé. Ce genre , formé surune espèce trouvéé «à la: nouvelles Zélande; ‘était. encore peu connu, et la seule espèce qui le. compose n'avait été figurée que -dans l'ouvrage de Shaw (Nat. miscellany, pl:1057 et 1058). Mais d’autres naturalistes. anglais: viennent d’en donner: une | description tune excellente figure, dans les Tran- | sactïons -de ‘la Société Zoologique de! Londres: (Gurr: APTÉROGYNE; :Apterogyna: (ins) en d'Hyÿménoptères de la section des Porte-Aiguillons; famille:des Hétérogynes, ayant pour, caractères essentiels : anténnes insérées au milieu de la face : corselet presque cubique, sans nœuds ni apparence de: division-en dessus ;:premiers annéaux de l’ab- domen en forme:de nœuds ,:ailes supérieures n’of- frant que des céllules brachiales: ow basilaïres ét une seule cellule cubitale.: Ce genre à été établi par Latreille,; surun insecterapporté d'Arabie par Olivier. eu Arrérocyxe p'Ocivier, 4. Olvieri, Lat. Femelle fauve très-ponctuée; avec du :poils gris ; le premier | anneau de l'abdomen noir : de: mâle ést presque | noir avec des taches sur le corselet, les anténnes et | les pieds: fauves. On: wa long-temps :conmu; que | cette espèce; mais Dalman, dans ses Ænalecta.en- tomologica , a indiqué que:la Scolia globularis de Fabricuis étaitle mâle d’une autre espèce. ob: 1. 92 p-: (As P:> APTÉRONOTE, Apteronotus,Lac., EE us} Schn. (porss.) Cenom d’Aptéronote aiété donné par: Lacépède x un genre de poissons, quinese come pose-encoreaüjourd'hui qué; d’une “espèce, PAp: téronote à front, blanc ; sur Je dos duquel;:en «effet, on n’aperçoit. pas le moindré. Yestige: de nageoire ; mais quiyod'un ‘autre .côté ; ‘possède: une anale dont létendue:est égale à celle : dti-corps } puis qu’elle règne depuisde dessous du,cou jusqu'à Po APTE 244 -APUS rigine de la caudale ; qui-en est cependant dis- tincte et séparées! | Ce poisson ; que Cuvier place parmi les Anguilli- formes ,'est loin d'offrir, comme la plupart des membres de cette famille un corps cylindrique et, en apparence, privé d’écailles: le sien, au con- traire ; est fortement comprimé; et revêtu partout de tégumens squameux assez: dilatés. Sa. plus grande hauteur est vers les-pectorales , d’où il va toujours en diminuant jusqu’à la queue. Obtuseen avant, et moitié moins élevée qu'en arrière, la tête est aussi comprimée que de corps ; ‘elle est tout entière ‘enyeloppée'd’une peau parfaitement nue qui couvre même les yeux; au travers de laquelle on les aperçoit à peine, ct qui ne ‘laisse voir ni les ‘opercules; ni les rayons branchiaux. Toute la partie antérieure de la tête: est percée d’une multitude de petits-pores, qui sont sans doute destinés à sécréter une humeur visqueuse ;, qui se répand ensuité sur tout l'animal; c’est du moins ce que l'on-est porté à croire, d’après l'ob- servation qu'on a faite que ceux des Malacopté- rygiens apodes chez lesquels il existe des pores analogues ; situés soit aux environs de la bouche, soit le long de la ligne latérale ; ‘ont tous le corps couvert de mucosité. La bouche de VAptéronote est profondément fendue ; la mandibule supérieure est garnie tout autour d’une lèvre épaisse et pendante, sous la- quelle, lorsque les mäâchoires se rapprochent , l'mférieure, qui se relève’ latéralement en une sorte de crête cartilagineuse, se trouve en grande partie cachée. L’une et l’autre mâchoives portent des dents’ en velours d’une finesse extrême; les narines ‘ont deuxorifices : l’un, petit ef tubuleux, qui ést situé presque à l'extrémité du museau; l’au- tre, large et ovale, qui s'ouvre sur la même ligne quele premier, mais plusen arrière. L'ouverture des branchies est une petite fente en croissant qui se montre à la base antérieure des pectorales. C’est vers: le milieu de Fespace compris entre elles -cei et le dos que naît la ligne latérale, pour s’éten- dre parallèlement à lui jusqu’au bout de la queue. H arrive à l’Aptéronoté, ce que lon remarque chez plusieurs autres poissons de genres pourtant fort différens ; que l'extrémité du tube intestinal vient aboutir tout-à-fait sous la gorge. Mais ce qui le rend surtout fort remarquable, c’est l'existence, sur le dernier tiers supérieur du corps , d’un sillon peu profond dans lequel se trouve reçu et’ retenu de distance en distance; par de très - petits filets tendineux , qui lui permettent néanmoins quelque liberté, un’filament grêle etmou qui s'amineit davantage à/mesure qu'il se rapproche de la queuc ; filament qui est convexe en dessus, légè- rementcannelé en dessous, et dont l'usage est'jus= qu'à présent demeuré ‘inconnu. Cette lanière grêle et charnue; qu'on pourrait bien supposer u'être que le) résulat d’une cause accidentelle, comme M. Guvicr lui-même à cru s’en ‘aperce- voir; estibien: cependant une production particu- hèrecet naturelle; car, st c'était lun des muscles de la queue, auquel la peau, plus faible en cet en- droit, permettrait de se détacher aisément, ainsi que l'annonce l’auteur du Règne animal} il est évident que ni la face inférieure de ce prétendu muscle, ni la partie de laquelle il aurait été: sé- paré, ne devraient être revêlues de peau , comme cela existe en ellet ; celle qui enveloppe en entier le filament est; à la vérité ; très-mince ; mais celle qui tapisse le creux qui le contient-est fort épaisse, et ce n’est qu'après l'avoir enlevée qu’on aperçoit les museles sapérieurs de la queue. | Le nom spécifique de ce poisson lui vient de ce que le dessus de sa tête est d’une‘ belle couleur blanche , qui se fait également remarquer sur le museau, et s'étend tout le long du dos, en formant une bande fort étroite. Le reste du corps est d’un beau brun noirâtre, à l’excéption toutefois de la queue, sur laquelle ‘reparaît encore un blanc pur: L’Aptéronote à front blanc se trouve à Suri- nam , et n’atteint guère au-delà de quinze pouces de longueur. (G. B.)° : APTINE, Aptinus. (ixs.) Voyez Bracmne. © APUS, Apus. (crusr.) Genre de Vordre des Branchiopodes, section des Aspidiphores ( Régne animal de Guvier, nouv. édit.) , ayant pour carac- ières, suivant Latreille : Pattes au nombre de soixante paires, toutes munies extérieurement d’une grosse vésicule, dont les deux antérieures sont beaucoup plus grandes , en forme de rames, et ressemblant à des antennes ; un test recouvrant la majeure partie du dessus du corps, portant an- térieurement sur un espace circonscrit trois yeux simples, dont les deux antérieurs plus grands et lunulés ; et deux capsules bivalves , renfermant les œufs, annexés à la onzième paire de pattes. Le nom d’Apus , employé d’abord par Frisch, a été appliqué depuis par Scopoli, Latreille, Cu- vier et Bosc, en un genre compris dans les Mono- cles de Linné et de’ Fabricius, dans les Binocles de Geoffroy, et dans les Limules de Müller et de Lamarck: Les individus qui composent ce genre ont le corps ovalaire, plus large et arrondi par de- vant et rétréci postérieurement; en manière de queue, se composant d’une trentaine d’anneaux, diminuant beaucoup de grandeur vers l'extré- mité postérieure, et qui, à l'exception de sept à huit anneaux, portent les pattes. Les dix premiers sont membraneux, sans épines, offrant de chaque côté une petite éminence en forme de bouton, et n'ayant chacun qu'une paire de pattes. Les autres sont plus solides ; avec une rangée de petites épi- nes au bout postéricur ; le dernier est plus grand que les précédens, et terminé par deux filets! ou soies articulées! Dans quelques espèces qui forment le genre Lépidure de M. Leach, on voit dans l’entre-deux.une lame cornée, aplatie ‘et ellipti- que. Le nombre des pattes'est d'environ ‘cent vingt; les derniers ‘anneaux, à partir du dou- zième ,.-en portent plus d’une paire; ce qui; sous ce rapport, rapproehe ces crustacés des: Myria podes (». ce mot): Le tést depuis son attache est parfaitement libre , recouvreune grande partie du corps et garantit ainsi les premiers segmens, qui sont d’une consistance plus molle quelles suivans, ‘APUS | H consiste en ‘une grande’ écaille! cornée; très- mince, presque diaphane, représentant les tégu- ‘mens supérieurs de la‘tête et du thorax réunis et formant un grand bouclier ovale. Il est divisé à sa face supérieure par une ligne transverse, for- mant deux angles réunis en” deux aires, dont l’an- tériéure , presque semi-lunaire, répond à la tête, ét l’autre au thorax. La première offre, au milieu, trois yeux simples ousans facettes sensibles;très-rap- prochés, dont les deux antérieurs sont plus grands, et dont le postérieur est beaucoup plus petit et ovale. Une duplicature de la portion ‘antérieure du test forme en dessous une sorte de bouclier fron- tal, en demi-luné ‘ét servant de base au labre. L’aire postérieure , celle qui répond au thorax, est carénée au milieu de sa longueur. Ce test n’est fixe que par son extrémité antérieure, de sorte qu’à partir de ce point on peut découvrir tout le dos de l'animal. Les cotés de cette écaille , vus-en des- sous et à la lumière, présentent chacun une ‘grande tache , formée d’un grand nombre de li- gnés, qui paraissent être des tubes remplis d’une liqueur rouge. Immédiatement au dessous du’bouclier, Sont situées les antennes et la bou- che. Les antennes sont au nombre de deux, insé- rées de chaque côté des mandibules , très-courtes , filiformes , et de deux articles presque égaux. La bouche est composée d’un labre carré et avancé ; dé deux fortes mandibules , cornétes, sans dente- Tures à leur extrémité, sans palpes ; d'une languette profondément échancrée ; de deuxpaires de mäâ- choires, en forme de feuillets , et appliquées l’une sur l’autre, La languette offre , suivant M. Savi- gny (Mém. sur les anim. sans vertèbres, 1"° part, 4° fase.) , un canal cilié qui conduit droit à l’æso- phage. Les pattes, dont le nombre est d'environ cent vingt, diminuent insensiblement de grosseur, à partir de la seconde paire ; elles sont toutes très- comprimées et se composent de trois articles. Sur le côté postérieur du premier article, est insérée une grande membrane branchiale, et le suivant, ou le second, porte aussi un sac ovalaire , vésicu- eux et rouge. Le bord opposé de ces pattes offre quatre feuillets triangulaires, dont le supérieur est très-rapproché des doigts de la pince, et paraît en former un troisième sur les secondes pattes et les suivantes, jusqu’à la dixième paire. Au fur et à mesure que la grandeur de ces organes diminue , léS feuillets se rapprochent les uns des autres, Ja pince est moins prononcée et moins aiguë , et le remier doigt s’élargit aux dépens de la longueur el s’arrondit. La onzième paire porte les œufs, qui sont contenus dans une capsule à deux valves; lés pattes diminuent ensuite peu à peu de gran- deur, ct déviénnent enfin imperceplibles. Telles sont les connaissances acquises sur l’organisation externe de ces ‘crustacés, tous les individus qu’on | ä'étadiés jusqu'à ce jour ayant tous été trouvés funis de paltos semblables ; on a soupconné qu'ils se fécondaient eux-mêmes, et qu’il n’y'avait pas de mâle. Ces crustacés” häbitént les fossés, les miares , les eaux dormantes; ét presque toujours ên société innombrable. Enlevés } ‘ainsi rassem: 5 AQUI ss blés , par des ventstrès-violens , on en à vu tomber sous Ja forme de: pluie. Leur nourriture consiste principalement en tétards: Ils nagent très-bien sur le dos’, et lorsqu'ils s’enfoncent dans la vase, ils tiennent leur queue élevée. En naissant ils n’of- frent qu'un seul œil, que quatre pattes , en forme de bras ou de rames. Leur corps! n’a point de queue, et leur test ne forme qu'une plique re- couvrant la moitié antérieure du corps; cé n’est qu'après la huitième mue qu'ils ont’ atteint leur entier accroissement. On a remarqué que ces ani- maux étaient souvent dévorés par l'oiseau connu vulgairement sous le nom de Lavandière. Les espèces décrites jusqu’à présent : sont peu nombreuses ; telles sont lAPus ProLoNGÉ (Monocu- lus apus, Linn.;° Schæff.,; Monoc. } VI; Zimule serricaude, Herm. fils.; Desm.-consid.;1. IL,:2), avec laquelle M: Leach a fait son genre Lepi- durus. L'Apus cANCRIFORME, 4. cancriformis, où le Binocle à queue en filetde Geoffroy (Ins., XXL, 4 ; Limulus palustris, Müller; Schæff., Monoc. 1-1.; l'Apus vert, Bosc.; Desm., tbid., 1. I, 1). Celle- ci est le type du genre Apus du docteur Leach. Il en à figuré (Edimb., Encyclop., suppl., L,'xx) une autre espèce sous lenom d’Apus Montagui. (H L.) APYRE,. (wn£n.) Ce mot est employé adjecti- vement pour désigner, en minéralogie, une sub- stance inaltérable au feu, et conséquemment in- fusible. Le quartz ou le cristal de roche est rangé parmi les minéraux Apyres. C’est en ce sens que V’AnparousirE (v. ce mot) a été nommée f'eld- spath Apyre,' à une époque où l’on croyait que c'était un feldspath. (J. I.) AQUILAIRS, Æquilaria. (mor. rxAx.) Nom générique donné au Pois d’Aigle où Güro'de Malacca, grand arbre des Indes orientales, à feuilles alternes , lancéolées, velues , à fleurs très- petites, Il appartient à la Décandrie monogynie de Linné , et se rapproche des genres Samyda et Ana- vinga, avec lesquels il forme la famille des Samy- dées de Ventenat. Ses caractères distinctifs Sont : calice monosépale turbiné, à cinq divisions , per- sistant; corolle nulle; à sa place, au milieu du calice, est un appendice urcéolé, x dix lobes iné- gaux , alternant’ avec les dix étamines; stiÿgmate sessile ; capsule coriace , à deux loges renfermant une ou deux graines semi-arillées (‘selon Le- marck). PAO Le Bors d'Aïeze ( Zgoucla en Cochinchine, d'où, par corruption, l’'Æquila dès Portugais) ri- valise dans l'Inde avec l'aloës!, comme ün des par- fums les plus exquis et les plas recherchés: 1 est dur, pesant , de couleur noirâtre , résineux, ré- pandant une odeur très-aromatique à l’ipproche du feu; on le brûle chez 'les grands dans des'ap- partement fermés, où ils sé tiennent pour en roce- voir préciéusement les vapeurs: elles sont en effet fortifiantes , et salutaires dans un pays désolé sou- vent par les maladies contagieuses. (.€2?)° AQUILEGIA. (or. PHan.) Nom botanique de l'Ancoure (». ce mot). (TD. B.) LARA ET ARA, : Macrocercus:) (O1s:) -Groupé. des beaux || Sa. longueur. totale est de 32:pouces au moins Perroquets, de l'Amérique ‘méridionale; séparés | ‘par -Guvier-des Perroquets ;proprement dits; ‘et | .dont Lacéypède. fit ensuite :un:gerredistinecbtainsi -caracténisé : «queue plus, longue que le: corps, étagéerel; aigués joues ou tempes/ entièrement. dé- pourÿues de plumes; la membraneiqui les récou- vrerest généralement blanche; elle! se, prolonge sur la base de lasmañdibule inférieure; :ee:qui donne à la: physionomie: des Aras un airdédai- gneux, et. désagréables «la Jangne est-épaisse iet charnue ; le. bec, dont lamandibule sapérieure.est ! mobile , est fort.et. crochu., l'animal s'en sert pour grimper. Les espèces dé :ce:genre surpassent en taille et èn-beauté- les autres -Psittaeidées ; leur | plumage! ést varié des couleurs. les plus vives.ét | les plus brillantes. Au-rapport des voyageurs, lés Aras volent-or- dinairement par troupes, ils se perchent sur les branches les plus-éleyées ,:et-se nourrissent/de se- mences et,.de fruits, principalement, de ceux. du palmicr Jatanier; ‘ils ne dédaignént pas. non plus les graires du caféver, et les dégâts qu'ils: occasio- nent dans les plantations’ de. cet buste font em- ployer millemoyens pourles en éloigner. Rarement on les voit: à. terre, da longueur-de leurs ailes et surtoutide leur queue ne leur permettant guère d'y marcher. La femelle pond, dans le‘trone de quelque, vieux arbre, deux .œufs ‘blancs , quelle -couve alternativement avec le mâle. ILest, assez facile :d’apprivoiser les Aras! Jors- qu'on des a, pris jeunes; on leur apprend-:même à prononcerquelquespareles, mais ils ne le font.qu’a- vec difliculté; le mot, Arra qu'ils répètent habi- tuellemaent, est devenu leur :nom: (les espèces | d’Aras ne sont pas très-nombreuses; on en con- | naît une dizaine environ: quelques unes se voient assez souvent. en, Europe , où ilest facile de les |! -conserver, en les garantissant du froid qui. leur,est | très-nuisible, Dans ces: derniers Lemps,.on en, à: vu procréer dans nos climats ainsi Lamouroux a fait | connaître. avec détail le résultat.des pontes d’une | paire d’Aras bleus qu'ila observés à Gaen, Les principales espèces :sont:{l'Ana Macao, re | marquable, par sa grande:taille ; la! trois pieds depuis: le bec: jusqu'à l'extrémité de la quéue; l’Ara aracanGa, de Linné, que: Buffon ne con- sidère que commeune variété du-précédent. Cette espèce en diffère par une taille plus petite et parce qu’elle est d'un rouge moins foncé. Elle est figurée dans l'Iconographie du Règne animal : de M. Guérin, et. dans notre Atlas ; pl 25,.fig. 3. L'Ara rmcoLor, quiest un peu plus pelit , mais . n'est pas moins bien paré. ,L'Ana BLEU où Ara- RAUNA est un, de.ceux que l’on voit le plus souvent en France ,oùil a produit en domesticité ,;comme nous J'ayons dit plus haut. La tête, le dos, leder- rière, du.cou ; des, ailes,et le dessus, de; la queue sont d’un. bleu:d’azur. éclatant ; la poitrine et tout le. dessous du corps d’un. jaune:brillant; l'espace nu des joues est considérable.et de couleur rosée, avec, trois, petites lignes. horizontales de : plumes or (Gervais), ARABETTE ,‘Anabis, (wor..pnan,) On compte ‘enyiron soixanté-Cmq-éspèces dans.ce genre, de da famille des Crucifèrés et.de la Tétradynamie:sik- -quéuse; elles sont herbacées, annuelles ouvivaces, à fleurs petites, blanches,rarementroses, peu,appa- reites en général-et presque toutes 7inodores, (On: L -les trouve-en Europe ou dans les climats analogues. Ondes cultive aisément en pleme.terreet.elles se- multiplient de semence et de.drageons, De Candolle- des a partagées én deux sous-genres; le premier, qu’il nomme LÆlomatium, renferme toutes. les ;es- pèces à graines nues; Je second, appelé ,Lomas- pora, conlient -celles dontiles graines sont. ailées, L'Anassors pes ALPes, 4. alpina, L., forme des 4oufles toujaurs vertes, .et-se.couvre, dès la fin de:mars;.de fleurs blanches légèrement :odo- rantes,, qui lui ontménité une place Po dans des jardins! Il en,est de même de l’Arabette, petite tour, A, turrila, LE. ,qui monte à un, mètre de haut, et dont le sommet des tiges est, terminé par un épi cylindrique .de fleurs-blanches assez grandes , qui sépanouissent à la fin du prin- temps. ; ! Je ne dirai qu'un mot de l’Arabelte rameuse, 41. thaliana, L. Sa présence sur un:terrain prouve qu'ilest très-aride et: pen ,propre à. la:culture., à moins d'une longue, amélioration. Mais je n’ar- rêterai sur, l'Arabétte du Caucase. 4. caucaz sica ; Nid. ,@ance, qu'elle a.été jusqu'ici mal .dé- crile , tantôt confondue: ayee l'Arabette,des. Alpes, tantôt donnée pour une giroflée, sous la dénomi- nation de Chetranthus mollis (Horneman). Cette belle espèce,se fait remarquer, autant par la précocité de ;sa floraison que par les toufles ve- loutées.de, ses feuilles. Dès la fin de février, :elle étale ses fleurs blanches, qu'elle renouvelle succes- sivement jusqu'à la fin. d'avril. EHesrépandent une odeur : suave et sont deux et même trois fois plus grandes que,celles de l'Arabette des Alpes, Les ti- ges sont -ascendantes,, -simples; arrondies, cou vertes; dans leur jéune âge, ainsiique les pédon- cules, d’un duvet cotonneux.1rès-senré, qui :s'é- claireit- pen à peu , à mésure-que la plante s'élève, Les feuilles inférieures , réuniés par paquets, sont de forme obovée , atténuées vers la base enpéliole; elles sont d’une consistance.épaisse, veloutées.et marquées à chaque-bord de deux ou trois dents exactement opposées, l’une à l’autre ; au-dessous de la dent supérieure elles se rétrécissent en som- met obtus; quant aux feuilles caulinaires ,.elles.sont Jancéolées, également dentées ‘et -cotonneuses,; elles. embrassent Jatige par leur base cordiforme, sagittée,.et perdent, en, se développant, use parz tie du blane qui les.couvrait d’abord; cependant, il fautle dire, ellesdemeurent toujours tomenteuses, ainsi.que ile-calice. L'Arabette du Caucase: est:de pleine:terre ; eb produit. un .effet.fort joli ‘dans..les plates-bandes.|: csmdreo-zus 14E:M0B3) 92 1ARABIDE.: (nor. rHAN.) Espèce de moutarde bâtarde, appelée plus généralement, Sanve (ve noires ; Ja gorgeest entourée Sun cellier verdâtre. | ce. mot)... Quelques. auteurs, tentèrent de fase ARAB. adopter le: mot L4rabide pour remplacer celui d'Arabétte; parce quelx désinenceileur déplaisait; mais Püusage’a prévalu , et rien’ici n’antorise à le, proscrive. - (T5, B:) ARABIE. (hors prrys::) Cette vaste péninsule, qui à loccidenttiènt à l'Afrique; et x lorient VAksie, six cents lieues de: longueur, quatre cent vingt dans sa plus grande: largeur où dans sa par: tie méridionale; étcenttrentémille lieues carrées dersuperficie :ce sera peut-être donner une idéel plus simple de son'étendue, que de dire qu’ellé est cinq! fois aussi: grande: que:la France. Baignée ausudetausud-estpar!le golfe ou lamer d'Oman,, Fouestiet au‘noïd par deux grands: golfes qui méritent autant lenom demer que plusieurs autres auxquels on accorde ceititre:, elle donne son nom à celui qui Ja sépare de l'Afrique, tandis que: ce- luivqui la-sépare des côtes de la Perse aété appelé golle Persique. Enfin; située entree 1 2° degré 40 #inuteset le 34° degré 7minutesdedatitude septén- trionale, etentre le 30° degré 15 minutes etle 57° degré 50 minutes de:longitude orientale ; elle forme üne région physique;:et c'est sous ce rapportiseul que nous allons l’examiner. . Les montagnes qui traversent la partie du nord- ouest ou déserte’ d@ l'Arabie, appartiennent aux amilications *du mont Liban ; l’urie-de:ces:bran= . chesprend'ausud-ouest:, vers l'isthme-de Suez, le nom de Djebal H airas’, et: sous celui de» Djebal Hacabuüh, elle va se terminer en petites collines | le- lông du golfe Arabique.: Le: mont. Sinaï se | rattache X' cette chaîne! Le centre de l'Arabié est . étcupé par unimmense plateau, dont l'élévation : ebla constitution: géognostique,: c’est-à-dire les, . rôches qui y dominent, ne sont; point: encore : Wien! connues: La côte qui borde le golfe, Ara- | Wiquéest beaucoup plus garnie de montagnes que Hitcôte” opposée; elles: augmentent d’élévation à mesure qu'elles'se dirigent versle sud: Selon quel: ques voyageurs, elles sont principalement formées | dé’ granite et de gneiss. Niebuhr:a observé, dans cé montagnes , des roches volcaniques et: des prises de basalte (voyez ce mot ): Dans la partie |disud-ouest, le haut’ plateau s’abaïsse insensible- mentvers le golfe Arabique: il'en est de même vers Jesud-est, à l'entrée du’ golfe Persique.. Dans intérieur , au norddu plateau, les monts Chamar paraissent égaler en élévation: le mont Liban. Mais aucune de ces montagnes n’est: assez élevée pour se couvrir de neige. — Les montagnes: de: l'Arabie renferment proba- “blement dés: richesses métalliques , négligées par LlArabe ; on sait que dans: l'antiquité l’Yémen, qui PSt la partie qui s'avance en-pointe X l'entrée du solfe Arabique , passait pour renfermer des mines l'or. Cette contrée possède aussi du fer; de: belles igates onyx, et des cornalines ; on y exploite une . rande quantité de’sel gemme.: L'Oman, qui est à opposé, vers l’entrée'du golfe : Persiques à dés mines de plomb argentifère: À L’Arabic' ne possède aucumfleuvesconsidérable:;, Lo ne sont que des torrens, quivcoulent: à | | | époque des pluies ; et auxquels:lesAräbes donnent: Î l le nom d'Ouediowdeallons! La plupartsé pordent. | dans-les sables: Lés:deux plus considérables.sont: le Méidan et VAfran.: 1x première se jette!dans ! océan Indien , après 1iñ cours de: quärante: lieues ; lx seconde, qui en a plus-du,double:, à. son embou- | chure dans le golfe: Persique: -Eé climat de l'Arabie: est: à peu près, celui de l'Afrique, septentrionale. Les montagnes . de l'Yémen éprouvent des pluies régulières; depuis le milieu de juin jusqu'à la fin de septembre: Pen- dant: le reste de. l’année à peine: apercoit-on un nuage; mais dans les plainés de, cette partie de l'Arabie; quelquefois l'année:,se_ passe sans qu'il pleuvé: Dans les montagnes, d'Oman, la saison pluviale commence au milieu de novembre et con- tinue jusque vers Ja moitié de. février; dans les déserts! duinord, la saison pluvieuse arrive régu- lièrement en. décembre et. en janvier. Depuis le 18 jusqu'au 2/4 juin, le thermomètre de Réaumur marque. 25 à: 24 dégrés dans l'Yémen ;, maissur la côte de Tchama,; sur le golfe ,Arabique,.il.s’élève à 20; degrés; depuis:le.6. jusqu'au 21 août. Dans quelques montagnes, il gèle même en été. Pen- dant/la-nuit.,!surtout dans. l'Arabie méridionale et daris-les déserts, une rosée abondante rafraîchit Pâtmosphère., eb près des côtes, une brise, cons- tante témpère. la. chaleur pendant la saison de lx sécheresse. Gependant l'hiver est: quelquefois assez rude: en Arabie ; et,le, plateau central, qui: l'été est brülé par les rayons verticaux du soleil; se couvre de neige, chaque, année... : Les déserts de l'Arabie sont:couverts de sables mouväns; qui, lorsque les vents se déchaïinent, sont enlevés dans. les. airs.et .retombent comme des va - gües immenses capables d’ensevelir des. caravanes entières. Maisle plus. redoutable fléau de ce, dé- sent.est!le vent appelé Somioun ,.c’est-à-dire poison, parceque lestéméraires qui osent braver son souffle brûlant ; sont, subitement suffloqués. Quand les. Arabesensentent]’approche,àson odeur sulfureuse, ils n’ont d'autre moyen..de l’éviter que de se cou- cher terre. : ! Les: déserts de, l'Arabie, sont, parsemés: d’oasis ombragées de dattiers comme. celles de l’Afrique. | Ges plaines: sablonneuses. produisent: les mêmes plantes-salines et grasses que l’on rencontre dans celles de. l'Afrique: septentrionale; tellesisont les Ficoides ou, Mesenbrianthemum , une quinzaine d'espèces d'Euphorbes , des Aloës, des Stapélies, et plusieursespèces de soudes. Les terres qui bor- dent, les, côtes présentent un. aspect plus riche et plus;varié, grâce aux nombreux.ruisseaux qui dés- cendent des,montagnes. Ainsi, à; côté des palmiers et des-cocotiers,, croissentile sycomore , l’acacia, le bananier et plusieurs espèces du genre Mimosa. L’Arabe culte le figuier , l’oranger, l’abricotier,, le cognassier, la vigne , le cotonnier, la canne à sucre, lemuscadier,le bétel, espèce de poivrier, tou- tes!sortes de melons'etde courges, lericin et le séné, tous deux en usage en médecine, la garance, qu'ils appelle Fouch,.et.le sésarme, qui, suivant Niebubr, remplace.en Arabiel’olivier. Le froment, le maïs | ekledourah (Holcus sorghum) couvrent les campa- ARAC gnes de l'Yémen et de quelques autres contrées fertiles: Enfin les deux plantes les plus précieuses sont Je’ caféyer ( Coffæa arabica) et le balsamier qui fournit Je baume de la Mekke, la plus odorante et Ja plus chère ‘de toutes les gommes résines. L’Arabie ne nourrit point d'animaux qu'on ne retrouve dans quelque autre partie de l'Asie. Nôus les mentionnerons lorsque nous décrirons cette partie du monde, | + ARABIQUE ou FAUSSE ARLEQUINE. (mozz. ) Les amateurs et les marchands donnent ce nom à une éspèce de porcelaine assez commune ; qui est la Cyprœa arabica des auteurs. On nomme Ara- bique blèue là même espèce dépouillée. V. Ponce- LAINE. (Guér.) 4 ARACART, Pteroglossus. (ors: ) Petit genre d'oiseaux grimpeurs, dont les mœurs et les habitu- des sont celles des Toucans; comme eux, ils habi- tent les régions les plus chaudes du nouveau conti- nent, Le nom d’Aracari leur a été donné par Buf- fon , pour rappeler leur cri. Illiger, dans sa no- menclature, a remplacé ce nom par celui de Pte- roglossus.. ° + Voir, pour plus de détails, l'article Toucan de ce Dictionnaire. (Gervais. ) ARACHIDE , Arachis. (mor. PHan. ) Genre de Ja grande famille des Légumineuses et de la Diadel- phie décandrie , dont on ne connaît que deux es- pèces. L'une, V'ARACHIDE ASIATIQUE OU COUCHÉE , A. procumbens, originaire du Japon, de la Chine et particulièrement du Macassar, est cultivée dans la plus grande partie des contrées méridionales de VAsie. Cette plante, au rapport de Rümph, le seul auteur qui en ait publié une description et une figure exactes , ne s’élève point au dessus du sol; elle le recouvre comme d’une épaisse chevelure , étendant partout ses racines ; elle produit de nom- breux réjétons qui se plongent jusqu'à deux mètres. Ces rejetons sont un peu ligneux àleur partie infé- rieure ; ils se répandent de tous côtés, s’entrela- cent confusément , et prennent racine en d’autres places distinctes. Les feuilles sont rondes, oblon- _gues , bleuâtres en dessous ; et entièrement cou- vertes en déssus d’un duvét roux, épais. Les fruits sont blaries jusqu’à l'époque de leur maturité, à la- quelle ils deviennent très-durs et prennent une couleur brun-cendré. L’Arachide asiatique n'est point sortie de sa patrie , elle n’a point été trans- portée en Europe. Il n’en est pas demême de la seconde espèce, appelée AnAchine nÿrocanPôGéE , A. hypogæa (voyez notre Atlas, pl. 28, fig.' 1), indigène à Afrique occidentale et à l'Amerique. Sa cul- ture s’est propagée dans le continent améri- cain depuis le Chili jusqu’au Maryland ; de VA fri- que, elle s’est introduite en Espagne , où elle oc- cupe une assez grande partié de terrain; le dépar- téiment des Landes a le premier, en 1800 ; donné Vexemple de sa culture ; elle s’est delà répandue dans presque tout le midi de la France ; pour des- cendre sur l'Italie et remonter ensuite dans quelques “parties de nos départeméns du éentre.Lesnombreu- ses propriétés de ‘cétte plante annuelle , à Ja fois ali- 218 L . . \ x . .S enfonçant à vingt centimètres en terre , parfois | cher les plantes arrachées .et..on.,bat les.gousses ARAC EEE SERRE D mentaire et oléagineuse, ont fait ‘tenter son admis- sion sous le climat deParis; mais elle a mal réussi} parce qu'on n’a point respecté à son égard les lois. imprescriptibles de la naturalisation (v. .ce mot). L'Arachide souterraine a la racine fusiforme, contournéeen S, et composée -de fibres grêles: couvertes d’un grand nombre de tubercules pisi- formes. La tige n’est point couchée, comme on: l’a répété d’après Russel et de Lamarck, mais hauté. dé quarante centimètres ; dans l'origine elle est; droite, simple; ensuite elle, se ramifie, et tous ses, rameaux acquièrent à peu près une égale grosseur $ à la naissance de chaque stipule, elle porte, un: nœud ou une articulation ; sa couleur est rouille: foncé depuis la base jusqu’à la moilié de sa lon- gueur ; €t d’un vert tendre sur le reste, qui est lé sèrement velu. Les feuilles sont alternes, aïlées ;1 lisses , d’un beau vert, composées de deux paires, de folioles, disposées dans la partie supérieures d’un pétiole commun; de ces deux paires l’une; est terminale, l’autre est située en dessous et à, une petite distance de la première. Chaque feuille, est munie d’une paire de stipules lancéolées : sis gne distinctif entre les deux espèces d'Arachide, selon l'observation de Loureiro. Aux aisselles des, feuilles naissent les fleurs, réunies par bouquets de: trois à six, et soutenues par de petits pédoncules.} Celles qui partent des aisselles des feuilles supé- rieures sont toutes mâles; celles des feuilles infés rieures sont les unes mâles et lés autres synoïques.} Après la fécondation, ces fleurs périssent : les pre- mières disparaissent avec les pédoncules sans rien roduire ; les secondes, les seules susceptibles d’é- tre fécondées , présentent un phénomène physiolos gique digne de remarque. On voit poindre de la bases de leur pédoncule une petite corne ; qui.se courbe vers la terre; alors elle commence à.s'allonger rapis dement , et dans cinq-jours, conservant sa mêmes grosseur ;, elle touche au: sol. Jusque-là faucune:; trace defructification ne se manifeste; mais à peine, y at-il contact entre la corne et la terre, que l’ex- trémité aiguë de cette corne s’insinue dans le so de quelques millimètres ; x mesure qu'elle se gonfle elle s’enfonce davantage, et parvenue en peu ,4 jours à la profondeur de huit à dix centimètres; elle achève son évolution, et offre. ensevelie une gousse longue , presque cylindrique, de substances coriacée , et remplie de deux, quelquefois, une et rarement trois semences dela grosseur d’une pe- tite aveline. On donne généralement le nom de lé= gume à ce fruit ; quoiqu'il se rapproche beaucoup} de. la noix; il ne s’ouvre jamais spontanément comme ilarrive dans les véritables légumes; pou en retirer les graines, il faut forcer la petite fente, qu'il présente à sa pointe, el ensuite. déchirer tout, lereste de la gousse. L’amandeestenveleppée d'une. pellicule couleur de chair; sa-substance, est blan- che , farineuse et oléagineuse. ya COR La récolte se fait de la:même facon, que.cellcs de la pomme de terre (v. ce mot); -on. met À sé= avec des gaules ou de légers fléaux. C'est dans es amandes 4 Ârachide À Cuerin dir 7 Ye / 2 DIVISEES EN DEUX ORDRES ARACHNIDES Pulmonaires 1% Ordre. Jrachéennes . r 2 € Ordre PL.258 [28 bw) Cenres prucIpaur … - Mygale ; | M. Saucage ONE = : k : Ô Li f LA \ Ÿ G F. k P ” & UP / En | Aragnée. PMR: Q À. domestique... 77... --- 2 / < Ÿ , ù = À 2 ÿ É < Lycose. DZ nn DJ ME PRRRSRE JE SET 0 Théhphone. ni “ a Rare £ 2 = Ÿ = & Sc k È corplon f S. d'Europe / VA a 2 = | Galéode. S SE CG Area ME +#Ÿ © EE CS ©. w1 se Al Pia x Pince. ss PAR RERE e- EEE 4° lam Pyenogonides. Aycnogonon -......-. A... #.. (D. des Baleines) Faucheur . PA SO MR CAP PILE ER Rae Tee S E - N-@ S © À : = | Mite. NET qule RER Av Pau dd, Arachnides. E Cuerin dr . - glisse. C'est particulièrement pour l'extraction de ARAC 249 ARAD amandes que-réside le principal produit de l’Ara- chide, quoique sa fane soit un excellent fourrage. On a compté qu'elles sont de cent et même, deux cents pour une; quand la plante se trouve dans une terre légère, sablonneuse, néanmoins substan- tielle et: parfaitement divisée. Elles se. mangent crués dans divers pays, mais il faut de l'habitude pour les trouver bonnes; la cuisson leur ôte l’â- creté; elles ne rancissent point ni ne pourrissent. On en fait des dragées, une espèce d’orgeat, des ratafias,; de fort bonnes purées; on les substitue moins heureusement au cacao pour la fabrication du chocolat, à cause du goût sauvage des pois chiches verts qu’elles conservent ;' et mêlant la farme qu'elles fournissent avec celle du froment, on en:obtient un pain agréable. Torréfiée, l'a mande donne un café semblable à celui de la chicorte ; les racines séchées remplacent la ré- Yhuile que l'Arachide est cultivée : elle donne la moitié de son poids d'huile, qui rancit difficile- ment, Son extraction est la même que celle des amandes douces ; elle se fait d’abord sous un cône roulant, puis sous un pressoir dans des sacs. Cette: huile, agréable au, goût, saine, écono- mique ,/sert aux usages de la table; et comme elle est très-siccative , on. peut utilement l’employer dans les arts. (lon B:) ARACHIDNA: (20T. Pan.) Sous cette dénomi- ation Théophraste parle d’une plante dont le fruit ou tubercule naîten terre, et dont la racine est sim- ple etcharnue. Quelques botanistes ont cru re- connaître l’Arachide souterraine. Il est impossible, d’après le texte, de l’affirmer. Le voisinage de l’A- frique, les relations des Grecs avec cette vaste contrée; ont pu lui procurer cette plante; mais comme les auteurs de l’antiquité font mention de plusieurs espèces hypocarpogées , il est difficile de se prononcer entre la gesse tubéreuse,lathyrus tube- rosus ; le cyclame ordinaire, cyclamen europæum, le trèfle enterré, trifolium. subterraneum etc. ; qui portent des fruits. ou tubercules à leurs ra- gines et non à leurs tiges recourbées: Plumier a le premier. parmi les, modernes , appliqué le mot Arachidna à Y Arachide souterraine.’ Nissolle l’a critiqué sur! ce point et il a eu parfaitement rai- son. (T. ».. B.) ARACHNIDES. (z001.) Les animaux qui forment cette classe avaient été réunis par Linné avec, les insectes et raie àxla fin de cette division, sous le nom d’Aptères; Fabricius les en séparasouslenom d’Ugonata, mais en y laissant encore des animaux qui ne devaient pas en; faire. partie ; : Latreille trancha le:groupe d’une manière positive ,: et, les nomma Acéphales,. comme -n’ayant. pas. de: tête apparente; dans d’autres ouvrages,.il les a aussi nommé Acères (sans antennes). M. de Lamarck! :sentit, dans sonHistoire des animauxsans vertèbres, . L : la nécessité d'en: former-uné, nouvelle, coupe, à la- -quelle il donna le nom qu'elle ,porte maintenant ; -mais, telle qu’il l’avait. faite, elle renfermait encore «des animaux très-différens : on les.en a. distraits | etlenomiest demeuré à.la; classe,tel qu’il l'avait Towg I. donné; les animaux qui la composent maintenant sont ceux que l’on nommait autrefois scorpions, araignées et mittes. Quoiqu’au premier coup d’œil is paraissent présenter beaucoup de différence, ce- pendant les caractères essentiels d'organisation sont les mêmes; les voici : La tête est confondue avec le thorax; elle fait l'effet d’un. vu renfermé dans un U plus grand U ; elle porte le nom de Céphalothorax ; les yeux sont lisses, au nombre de deux à douze; pas d'antennes; à leur place deux pièces articulées en forme de serres , didactyles ou monodactyles ,nommées che- licères, se. mouvant de haut en bas, remplaçant les mandibules ; vient ensuite une pièce cachée sous. elles, composée d’un très-petit chaperon et d’un très-petit labre, et que M. Savigny a nommée lan- gue sternale ; deux mâchoires formées par le pre- mier article des palpes, une lèvre ou languette produite par un prolongement pectoral. Les pieds sont, le, plus souvent au nombre de huit, ter- minés par deux ou trois crochets ; l'abdomen est peu défendu, les organes de la génération sont toujours éloignés de l’extrémité du ventre; la respiration s’opère au moyen de. branchies ou de trachées, communiquant avec l'air extérieurp ar de stigmates au nombre de deux à huit au plus , situés près de‘ la jonction du-thorax avec l’abdomen. Le système nerveux des Arachnides se compose de deux cordons qui n’ont que trois ganglions, à l’ex- ception des scorpions, qui, à cause de leur queue, en ont quelques uns de supplémentaires. Les Arachnides sont des animaux sans méta- morphoses, à changement de peau; ce n’est qu'a près quatre ou, cinq mues que ces animaux de- viennent propres à s’accoupler ct à la reproduction de leur espèce; ils sont ovipares; la plupart se nourrissent , d’msectes. qu'ils saisissent vivans ; d’autres se fixent sur les autres animaux , y vivent en parasites, et s’y, multiplient quelquefois en grand nombre; il en est cependant quelques uns qui vivent sur les végétaux et différentes autres substances, On a divisé cette classe en deux ordres , qui eux- mêmes se sont subdivisés : ces ordres sont les Puzmo- -NAIRES, qui respirent au moyen de poumons , et les Tracnéennes, chez qui la même fonction s’opère au moyen de trachées; (V7. ces deux mots.} (A. P.) ARACENOIDE (anar.), qui veut dire, res- semblant à une toile d’araignée. On a donné ce nom à diverses membranes à cause de leur té- nuité, Celse et Galien appellent ainsi une des men- -branes de l’œil ; mais aujourd’hui on.a réservé ce _nom à une des membranes du cerveau. (77. MEnIN- GES. ) (M. s. À.) ARADE, Aradus. (ins.) Genre de l’ordre des -Hémiptères , section des Hétéroptères, famille des -Géocorises, établi par Fabricius aux dépens des Cimex de Linné,et séparé deses propres Acanthies. Il est maintenant bien réduit de ce qu'il l'avait fait lui-même, par les démembremens qu'il à su- bis. Voici.ses. caractères essentiels: Antennes de quatre. articles, le second le plus long, ensuite! le. troisième, le, quatrième; le premier Je plus court, XXXII Livraison. 32 ARAT 256 “ARAI crvame x j : " lé rostre est logé dans une gouttière inférieure peu profonde. ‘ Ces insectes sont très-aplatis; leur tête est avancée, rétrécie antérieurement; les yeux sont très- brillans:; les antennes insérées au devant de la tête ; le corselet. est triangulaire , arrondi à ses an- gles; l'écusson plus long que large; les élytres et lés ailes ne couvrent pas à béaucoup près labdo- men, soit sur les côtés, soif à son extrémité; ce- lüi-ci est ovalaire, très-déprimé. Les individus de ce genre ne sont pas encore très-nombreux dans les collections ; ils se tiennent rarement à dé- couvert: ils vivent sous les écorces des arbres, où ils subissent leurs métamorphoses, se nourrissant des larves qui attaquent le bois; c’est [à aussi qu'ils passent l'hiver , ét souvent on les ÿ trouve en grand nombre. L Anrapr conricat , A. eorticalis. Fab. Volff Cim, fase. 3, pl. 9,, fig: 8. Entièrement d’un brun noirâtre, une épine auprès de l'insertion de cha- que antenne; quatre cârènes longitudinales sûr le corselet; élytres ét aïles presqu'aussi longues que l’abdomén. | Anane pÉrnMé , Æ. depressus. Fab: Volff. Tab, 15, fig. 12. Long de quatre lignes, brun fauve, antennes fauves avec un anneau blanc à l’ex- trémité du troisième article, une épiné à la base de chaque antenne; corselet quadricaréné , mem- braneux, épineux sur les bords; élytres et ailes très-courtes, abdomen marqué d’une tache plus claire au bord de chaque segment. Ces deux espèces se trouvent aux environs de Paris. (A. P.) ARAGNE, ARAGNO , ARANO. ( zooz. ) C’est le nom de l’Araignée dans les divers dialectes dé l'Europe méridionale, On a nommé ainsi plusieurs animaux appartenant aux classes supérieures ; ainsi le Gobe-mouche gris porte ce nom, parce qu'il fait son nid avec des toilés d'araignée. Plu: sieurs crabes portent ces noms à cause de leurs grandes pattes ; ils appartiennent surtout au grand genre Maja de Fabricius. La vive ( T'rachinus dra- co ) est aussi désignée par ces noms, à cause de la douleur que cause sa piqûre, douleur que lon compare à celle que cause la morsure des Arai- gnées. (Guér. ) APAIGNÉE , Aranen. (‘ArACaN. ) Genre de Ja tribu des Tubitèles , ou Tapissières, famille des Aranéides. Ce mot a été long-temps le nom com- _mun de toutes les espèces d’'Araignées ; mainte- “nant il n’est plus qué générique et sert à spécifier T'Araignée domestique et congénères , que M. La- treille et.d’après lai M. Walkenser avaïent ‘clas- _sées sous le nom de Tagenaires. Ge genre a pour “caractères : filières supérieures notablement ‘plus _Jongues que les autres, huit yeux disposés sur! deux lignés transverses ; les quatre du milieu plus L “écartés entré cux dans Ta hauteur que ceux de Jextrémité des Tignes. |‘ “4 Ces Araignées. Sont très-connues ; ce sont elles qui filent aux anglès dé nos murs; surtout près| “des plafonds, dansilés gréniers et aütres éndrüits si souvent ; mais cette forme n’est pas absohiment; exclusive; dans celles qui par hasard se placent» dans un endroit rétréci dont les côtés sont paral-) léles, la toile prend une forme carréez: si e'est däns un champ, sur les herbes, quecette toile: s’é+ tablit, elle devient presque rénde; quelle que soit, Ja forme que la toile présente, voilà la mianière dont l Araignée s’y prend pour laconstruire; Quand, elle à choisi l'emplacement qui lui convient et dé- terminé la grandeur que: doit avoir la toile, elle) part du point le’plus éloigné de l’angle du-mur, c’est-à-dire d’une des extrémités de labase du trian-: gle que sa toile doit former, et, après avoir fait, sortir de ses filières une goutte du liquide destiné» à former un fil, ellé la fixe au mur et rejoint l'au- tre extrémité de la base du triangle; ce premier fil est tendu et fixé àla muraille ; il vamainténant: servir de pont pour tendre tous les autres : l’Arai- gnée en le parcourant conduit un nouveau fil pa- rallèle, espacé d'environ une ligne du premier , et ainsi de suite jusqu'à ce qu’elle soit-arrivée près de l'angle du mur: alors, prenant son ouvrage em sens contraire, elle le couvre de fils serrés qui font de là toile un tissu où l’on ne découvre aucux intervalle ; il reste à construire son logement; il consiste en un tube placé au sommet du triangle qui forme la toile, s’ouvrant en. dessus et se 1er minant en dessous : elle tend encore .d’autrés fils lâches sursa toile, mais sans y être adhérens, et servant à arrêter les insectes qui y tombent ; quand cette toile est terminée, elle a une forme un peu concave tant par son propre poids querpar la pous- sière qui avec le temps s’y amasse. L’Araïgnée:se tient habituellement dans le tube qi'lui sert de retraite, les yeux tournés vers sa toile ; à, immo: bilé des semaines entières, elle attend patiemment qu'un insecte vienne sy prendre; à peinera-1l touché les fils que l’Araïgnée s’élance sur lui ; s'il est petit, elle l’enlève sur-le-champ et l'emporte dans sa demeure pour le manger à son aisé ; est-il gros , élle s’approche vivement. tiré un fil-de ses fihèrés et le dirigeant avec ses pattes postérieures sur l’insecte qui se débat , elle l’enlace de tous cô+ tés, parvient à rendre ses mouvemens impuissans, et le suce à son aise; si insecte lui paraît trop fort pour elle, elle brise elle-même les -fils de sa toile pôur s’en débarrasser. Si quelqué danger menace l’Araignée, elle sort par l'extrémité inférieure du tube de sætoile, «et ne revient que long-temps après àaggn habitation. Ces Araignées vivent plusieurs années, l’accou- plement ‘a lieu vers le commencement. de Juin, et l'on croit: qu'il suffit pour plusieurs pontes. L'on doit x M: de Theïs la connaissance du-éocon-des ‘tiné à renfermer les ‘œufs ; pour faire ce:cocomi, la femélle commence à quelque distance de son “nid, et stspendue à des fils ; ‘une petite’ pelote de “bourre brune qu’elle garnit de gravois «et de tous les objets lourds qu’elle peut se>procurer; elle : construit énsuite une espèce de sac, au fond da- quel se trouve placé et éparpillé son’ premier ou- vrage | qui n’est destiné qu'à ui donner dupoids; ï ‘retirés, ces toiles tridhgulaires que l'on y remarque. | dans le Sac ‘elle fait” alors son:cocon ;: maisuilny d 12% LE AT sé ATV £ ARM æst pas-adhérent, il y tient. seulement par des.fils, , ét.est suspendu à une petite toile qui ferme le sac; ce! sac a quelquelois deux pouces de profon- deur sur-autant- d'ouverture, dans les individus dergrande taille. C'est surice sac que l’Araignée se tient après la ponte,,; ne retournant que rarement à s& demeure. La ponte. habituelle s'opère deux mois environ. après. l'accouplement. » ARAIGNÉE DOMESTIQUE,, A. domestica , Li. C’est d'espèce Ja plus. commune.dans nos maisons ;: elle @sb noirâtre .avec.deux rangées de taches brunes, | dont les antérieures plus grandes. L’abdomen est | ovale. C'est la Tagenaire domestique de Walke- | xaër. M. Latreille a vu le célèbre astronome Lalande Æn avaler de suité: quatre gros individus. AraGNÉE PRIVÉE. A. civilis, Walk. Abdomen Ÿ: | pas vrai; et. cependant que-.d’autres histoires. du ovale, d’un rouge très-pâle, irrégulièrement ta- cheté de noir; elle vit comme la précédente dans les maisons, construit une toile de la même (A. P.) “orme, mais plus petite. ARAIGNÉE, ARAIGNÉE DE MER, ou SCOR- | - PION.. zooz, ) On donne ces divers noms, sur les côtes de la France, à la Vive ( Trachinus draco, | Lin.:). Joy: Vive. Les amateurs et marchands de coquilles désignent ainsi diverses espèces des | genres, Ptérocère,. Strombe , Murex ; etc. On Amomme encore ainsi des espèces du genre Maja, | dans.les Crustacés. ( Guër. ) ARAIGNÉES. :( aracun:) Ce nom est devenu, pour bien du monde, un mot de proscription ; aussi voyez quel effet leur vue produit aux dames; qne Araisnée vient-elle à courir sur elles, s’il y a du monde présent, on se trouve mal::je ne sais pis ce que l’on fait quand. il n’y a personne, peut-être se contente-t-on. de la chasser ; pour- quoi. cette frayeur d’un si petit animal? Les Arai- gnées; dit-on, sont sales, hideuses , dégoûtantes , venimeuses, etc. Voilà de bien grandes accusations que l’on a entendu dire à des bonnes et à des nour- rices, et que l’on répète sans savoir pourquoi :et sans vouloir examiner si cela’ est vrai: J’avoue que les Araignées , du moins pour la plupart, n'ont as, un .aspect très-agréable : des couleurs som- 458 corps yelu, un,caractère sauvage, tout cela n’est pas fort engageant ; mais cependant en quoi sont-elles plus sales que beaucoup d’autres animaux ?.… Elles ont du poil. Elles ont des gran- des pattes... Mais tous les jours on caresse un chat qui a.bien autrement de poil queles Araïgnées, et dont les pattes, sans être à proportion aussi lon- es, sont armées de griffes bien autrement àre- hr que celles que les Araignées peuvent avoir. Les Araïgnées sont venimeuses, on a va des per- sonnes Mourir pour avoir été piquées par des Arai- gnées... et R-dessus l’on ne manque jamais de vous raconter, fort au long l’histoire lamentable æt surprenante, arrivée au maréchal de Saxe, qui fut obligé de coucher dans une hôtellerie où il n'y avait qu'un lit de libre, dans lequel lit mouraient tous les. voyageurs qui osaient y cou- » Ca ARBO 257 ARBR de Valcrose, près de Murviel, département de l'Hérault. Le beau feuillage dont l’Arbousierest orné persiste l'hiver, il est alterne, ovale-oblong, denté; . d'un vert brillant, sur lequel tranche agréable- ment le pétiole, qui est rouge. En septembre, puis en février, il cst couvert de fleurs blan- ches ou roses, simples ou doubles, suivant la variété, disposées en grelots et en grappes pen- dantes, axillaires ou terminales. Le fruit qui leur succède est semblable à la fraise de nos jardins, d’où l’Arbousier a recu le nom vulgaire d’Arbre aux fraises et Fraister en arbre. Il est très-sucré, d’une couleur rouge vif à l’époque de sa maturité, c’est-à-dire à l'entrée de l'hiver. Les oiseaux le dévorent; quelques personnes en mangent, quoique son goût âpre et son astringence aient été cause du nom spécifique Unedo que porte l’Arbou- sier, et qui, abrégé de unum edo , signifie j'en mange assez d’un. Quoi qu’il en soit, on retire de sa pulpe jaune, mucilagineuse , un sucre liquide, prêt à se cristalliser, et de l’alcool de seize à vingt degrés. Il est essentiel de n’opérer que sur les fruits d’une parfaite maturité; on recueille d’a- bord ceux tombés par l'effet du vent ou par suite de légères secousses de la main; puis ceux qui cèdent sans efforts au simple toucher , et après les avoir pressés dans des sacs sous l’action de la meule , on les traite comme le moût du raisin dont on veut obtenir du sucre. L’eau-de-vie d’Arbouse, comme celle du raisin, est le produit de la fer- mentation spiritueuse et de la distillation. Cette double découverte date de l’année 1807, et appar- tient à l'Espagnol Juan Armesto. L’Arbousier se mulliplie de graines semées en temps sec, au mois de mars, et de marcottes. Cultivé sous la elima- ture de Paris, 1l demande à être couvert de litière pendant l'hiver; durant les grands froids, il faut _. quelquefois le rentrer dans l’orangerie. On en queiq D possède une variété panachée. Trois autres espèces méritent, de trouver ici une menkion, L'Andrachné ou ARBOUSIER A PANICULES, A. andrachne, L. , originaire du mont Ida, de la Na- tolie et des îles de la Grèce, subsiste très-bien en pleine terre dans le midi de la France ; mais plus haut ilest sujet à périr de froid, C’est un -arbrisseau faisant naturellement pyramide; son écorce, lisse, d’un rouge brun, tombe chaque année au plus fort des chaleurs; ses feuilles sont'plus larges, plus luisantes que celles du précédent; ses fleurs, constamment blanches, et en panicules, s’é- panouissent en mars, Sa culture est diflicile, je de- vrais dire très-exigeante. L’Argousrer Dxs ALPES , Æ. alpina, est, avec la ronce arctique, le dernier arbuste à fruits comesti- bles, que l’on rencontre sur les plus hautes monta- gnes de l'Europe. Sa tige rampante est garnie de Éilles oblongçues, dentées, ridées, ciliées; ses baies noirâtres sont d’un goût agréable, et très- précieuses pour les Lapons, les Samoïèdes, les Kouriles , et autres peuples du cercle polaire. L'ARBOUSIER RAISIN D'OURS, 4, uva ursi, a bien, comme la précédente espèce, la tige étalée sur le Tome I. sol, et pour habitation les monts les plus élevés ; mais ilen diffère d’abord par ses feuilles, assez voisines de celles du buis, ce qui le fait appeler quelquefois Busserolle , qui sont petites, éparses , luisantes, et par ses baies d’un beau rouge, en grappes et peu agréables à manger; les ours en font leurs délices. Les feuilles des diverses espèces d’Arbousicrs contiennent une grande quantité de tannin et d'acide gallique, ce qui les fait rechercher pour le tannage des cuirs. On leur donne aussi des pro- priétés médicales, surtout contre la gravelle; mais j avoue qu’on peut en contester l’héroïsme. (T. ». B.) ARBRE. (cmm.) Chaque état, chaque pro- fession a son industrie, ses petits moyens pour se faire connaître, arrêter et attirer les regards du passant , fixer son attention, et chatouiller son penchant à la dépense. Le notaire a son écusson, et plus d’un mauvais payeur a maudit celui de l'huissier ; le médecin à sa sonnette de nuit, le changeur ses plats remplis d’or et d'argent, ses billets de banque ; le marchand de comestibles ses homards , ses chevreuils ensanglantés , ses pâtés, ses dindes truflées. Nos pharmaciens, car c’est à eux que nous vou- lons en venir avec notre mot Ærbre, ont aussi cédé à l’empire de l'habitude , et ils ont bien fait. Ne pouvant mettre en évidence mattrielle le fruit de leurs veilles et de leurs longues études, c’est- à-dire les connaissances étendues qu’ils doivent : avoir acquises sur toutes les sciences naturelles avant de se livrer à l'exercice de leur noble pro- fession , ils placent sous les yeux du public quel- ques uns des plus beaux produits que la physique et la chimie leur apprennent à composer. De là ces belles masses de sels, de couleurs variables, où la lumière du jour se réfléchit en mille sens divers ; de là aussi ces superbes cristaux où sont renfer- mées des liqueurs alcooliques d’une transparence et d’une nuance admirables. Parmi les riches cris- tallisations que l’on trouve sur le devant des phar- macies, cristallisations auxquelles on Conne assez ordinairement le nom de chefs-d’œuvre, on en v@t quelques unes qui sont renfermées dans des vases cylindriques, larges et peu élevés, et qui imitent parfaitement des touffes végétales arbori- fères; ce sont ces sortes de végétations que les anciens chimistes appelaient Arbres, à cause de leur forme, et qui se distinguaient en Arbre de Saturne et en Arbre de Diane. Le premier s'obtient en prenant de l’eau qui contient la trentième. partie de son poids d’acétate de plomb (le plomb s'appelait autrefois Saturne ); déposant cette eau dans un flacon à large goulot ct d’une capacité de trois ou quatre litres, et pla- çant au milicu du liquide une plaque de zinc sus- pendue au bouchon du bocal à l’aide de fils de laiton : les fils de laiton doivent descendre plus bas que la lame de zinc, être un peu écartés les uns des autres et contournés de manière à imiter les branches d’un arbre. Au bout de quelques jours, le zinc et les fils sont recouverts de paillettes XXXIITe Livrarson. 33 ARBR de plomb très brillantes et tellement nombreuses que le vase en est presque remplir. Pour préparer l'arbre de Diane (Diane est l'an- cien nom de l'argent), on met quinze à vingt grammes de mercure dans un vase à pied, et l’on verse par dessus cinquante à soixante grammes de soluté de nitrate d'argent , contenant environ sept à huit grammes de sel; on couvre le vase et on Fabandonne à lui-même. Au bout de quelques jours, l'argent apparaît sous formes de petites ramifications cristallines, très-brillantes, très- nombreuses et combinées avec un peu de mercure. (EF) ARBRE. (mor. »max.) L’Arbre est le terme le plus élevé, le plus parfait de la vie‘ végétative ; il l'emporte sur toutes les autres plantes par sa taille élancée , son port majestueux , la vigueur et l'abondance de ses sucs vitaux, par sa durée, par l'ensemble de toutes ses parties, par les nom- breux genres d'utilité qu'on en retire. Il est com- posé d’un tronc simple, ligneux, qui s'enfonce dans le sol au moyen de racines plus ou moins étendues, plus owmoins fortes , et terminées par des chevelus ; d’un fût ou tige qui va presque toujours en s’amin cissant de la base au sommet, et se termi- nant par une cime imposante ou bien une flèche aiguë ; des branches divisées et subdivisées en ra- meaux ,se portant sans régularité positive de tous côtés, garnies de distance en distance de feuilles, à l'aisselle desquelles se trouvent des bourgeons chargés de donner plus tard de nouvelles ramili- cations. Dans l’origme, l’Arbre est renfermé sous les en- veloppes étroites d’une graine. Aux premiers jours de son développement, il est aussi faible que l'herbe la plus chétive. Ce n'est d’abord qu'un étui médullaire, blanc, pressé entre deux cotylé- dons épais et charnus ; la plantule prend bientôt de la consistance et s’enveloppe d’une pellicule ou membrane sèche, mince, au dessous de laquelle est le tissu herbacé ,couche assez lâche, toujours imbibée d’une substance résineuse , ordinairement verte, quelquefois brune, jaune, rouge. La cou- leur est plus intense à la superficie ; elle s’affaiblit de plus en plus à mesure qu’elle se rapproche du centre. Là, sont logées les couches corticales; vient ensuite le liber; puis l’aubier au grain grossier , à la couleur blanchâtre; enfin le corps ligneux, dont les lignes circulaires s'étendent du centre à la circonférence, et que l’on a comparées aux lignes horaires d’un cadran. Le tout est enveloppé, à la superficie, par une écorce plus ou moins épaisse. | Jeune encore , l’Arbre aime à trouver un appui, à voir son tronc dépouillé des bourgeons qui pro- duiraient des branches beaucoup trop basses , et l’empêcheraient de monter fort haut , de filer une tige droite et sans nœuds. Plus un Arbre ade feuilles et depetites branches à son sommet, plusen effet il croit vite. Il grandit et grossit par l'addition annuelle d’une nouvelle cou- che de séve entre le corps ligneux et l'écorce, et par l'extension des couches des années précédentes, 258 ARBR dont l'épaisseur varie suivant que la température a élé plus où moins favorable aux évolutions végé- tales, que l’Arbre s’est trouvé sur un sol convena- ble , suffisamment aéré , ete, Dès qu'il cesse de croître , l’Arbre a atteint | le maximum de sa taille ordinaire ; de ce moment il dépérit d’une manière insensible; il se couronne, les branches supérieures meurent, celles qui leur sont inférieures végètent encore, mais faiblement ; et comme l’aubier n’a pu se perfectionner , il s’ak- tère, devient la retraite et la pâture des insectes, dont la présence et les ravages accélèrent le dépé- rissement de l’Arbre. Il s’introduit enfin entre l'écorce et l’aubier, déjà envahis par les mousses et les lichens, d’autres insectes qui détachent l'écorce, la font tomber par plaques; dès que l’Arbre en est dépouillé, ce végétal, naguère si beau, si riche des larges tributs de la séve, tombe en peussière et engraisse le sol de ses tristes débris. Il y à dans la durée de la vie des Arbres une très-grande variété. Les uns vivent au plus trente ans, d’autres prolongent leur existence pendant plusieurs siècles. Quelques uns, pour ainsi dire indestructibles, comme le cèdre du Liban, le boabab, le laricio, etc. offrent sous ce dernier point des phénomènes remarquables. Si l’on s’arrête à la taille, l'échelle des Arbres, commencée avec les sous-arbrisseaux, les arbus- tes etles arbrisseaux, arrive aux Arbres proprement dits, quisont de trois différentes grandeurs. Les plus petits, ou de troisième grandeur, s’élevant de douze à vingt mètres, et dont la hauteur moyenne est de quatorze mètres et demi; ceux de deuxième grandeur, qui vont de vingt à trente-trois mètres, dont la moyenne est vingt-six mètres ; ceux de première grandeur qui montent en Europe de trente -trois à cinquante mètres, et atteignent en Amérique soixante-cinqet soixante-dix mètres. Cette division dépend de la nature et de l’éléva- tion du sol; tel Arbre, dans des circonstances fa:- vorables , prend tout le développement qui luiest propre, arrive au maximum de sa croissance , de meure rabougri s’il se trouve sur une terre aride, sous une climature rigoureuse.Le boabab, sur les côtes du Sénégal, aux îles de la Madeleine, près du cap Vert, embrasse une circonférence de- vingt-neuf mètreset demi, quand le saule n’est plus qu'un sous-arbrisseau rampant entre les ro chers sur les cimes des plus hautes Alpes. Considérés sous le rapport de leur nature, les Arbres sont divisés en Arbres qui se couvrent de fouilles au printemps et qui les perdent aux appro= ches de l'hiver, et en Arbres conservant leur feuil- lage d’une année sur l’autre, que l’on nomme 4r- bres résineux et Arbres verts (v. ces ideux mots). On distingue encore ceux qui sont nés dans les pays chauds d'avec ceux qui sont originaires des cli- mats tempérés, par la forme et l'organisation des | bourgeons. Chez les uns, les bourgeons sont gar = nis d’écailles toujours enduites d’une sorte de li-- queur résineuse, qui les garantit des intempéries des saisons et même de l’äpreté des hivers , tandis? ARBR 290 ARBR que chez les autres, les boutons sont dépourvus de semblables écailles. Quand on observe les Arbres sous le rapport économique, on les dit, forestiers , lorsqu'ils peu- lent les forêts ; fruitiers , lorsqu'ils donnent des fruits bons à manger , et d'ornement, encore ceux- ci sont-ils confondus dans le nombre des premiers .ei ne prennent-ils ce nom qu'à raison de l'emploi ue l’on.en fait dans l'horticulture. Prise d’un point de vue plus élevé, l'utilité des Arbres s@ découvre à nos yeux lorsqu'ils s’arré- tent sur la cabane rustique et la fumée qui s’élève de l’âtre, sur la charrue qui féconde nos champs, sur le navire qui brave les fureurs de l'Océan, sur le bâton noueux qui soutient le débile vieillard. Les Arbres nous donnent, outre leurs baies succu- lentes , un fruit qui supplée le pain , un autre que rous convertissons en boisson spiritueuse, l'huile, la cire, le suif, les différentes ÿommes ei résines, la poix, le vernis, etc. Quelques unes de leurs feuil- des se changent en tissus de soie; on fait des cor- dages et des toiles avec les fibres corticales ; le su- cre est délayé dans la séve des érables, et celle | du bouleau présente une liqueur rafraîchis- sante, elc. , etc. Envisagés sous un aspect plus intéressant en - core , les arbres améliorent la terre quiles nourrit , et augmentent son épaisseur fécondante parles dé- bris qu'ils entassent successivement à leurs pieds ; ils entretiennent les sources et l'humidité salutaire, indispensables aux évolutions de la végétation, en appelant les nuages qu’ils retiennent, qu'ils con- duisent, qu'ils résolvent en pluies bienfaisantes ; ils dessèchent le sol par le jeu de leurs racines, ils tempèrent par leur ombrage les vents du midi; Us protégent le pays qu'ils abritent contre les ou- ragans, les orages et les grands froids ; ils l’assai- nissent en pompant sans cesse les vapeurs qui s'é- lèvent du sol, en absorbant les gaz nuisibles, et rendent les récoltes abondantes par l'influence même de leur action physique. J Nous aurions une bien faible idée du nombre des Arbres qui végètent sur la surface du globe, si nous n’en jugions que d’après ceux qui croissent en Europe. Elle est peut-être, sous ce rapport, la partie du monde la plus pauvre ; à peine ÿ compte-t- on cinq cents espèces indigènes, tandis qu’elles sont par milliers en Amérique, dans l’Asie, dans l’Aus- tralasie. Nous sommes bornés à quelques espèces de chênes, ct on en connaît une centaine d’exoti- ques ; les figuiers, les saules, etc. , sont encore plus nombreux. On peut, sans crainte d’être taxé d’'exagération, assurer qu'il existe plus de genres d'Arbres dans les autres parties de la terre, que d'espèces dans notre vieille Europe si savante, si industrieuse, si patiemment entreprenante. Outre la faculté de se reproduire par graines, comme les autres végétaux, les Arbres possèdent encore, presque exclusivement, d’autres moyens de multiplication ; leur racines fournissent des re- jetons, des drageons , etc.; leurs branches, des marcoltes, des boutures, des grefies, etc. (Voyez chacun de ces mots.) Planter des Arbres.est une bonne action; le cul- üvateur ne doit point balancer à le faire, s'il veut assurer la longue prospérité des terres qu'ilexploite. Malbeur à lui quand, par avarice, par faux calcul ou par préjugé, il abat les arbres qui déco- rent les montagnes; la stérilité vient aussitôt, elle menace de tout envahir, de tout livrer au désordre, D’ordinaire on place sur la même ligne que les Arbres les plantes monocotylédones qui montent à une grande élévation : c’est à mon avis une faute grave. Rien de semblable entre ce qu’on appelle les arbres à deux feuilles séminales et Les prétendus arbres à un seul cotylédon. Des différences tran- chées les éloignent absolument les uns des autres ; la structure intérieure , le mode d’accroissement , l'absence d’un point central déterminé, les gaines qui s’emboitent les unes dansles autres pour former le stipe, et cé stipe lui-même qui se soutient dans une direction verticale, sans augmenter de gros- seur, sans jeter aucune branche, qui se termine par un vasie faisceau de palmes épanoui en ro- sette et du milieu desquelles naissent des grappes defleurs. Dansles monocotylédones arborescentes, il n'y a pas de couches concentriques de bois et d'aubier ; les fibres ligneuses ne forment que des faisceaux isolés les uns des autres; tout l’appareil vasculaire s’allonge dans la même direction que la plante suit en s’élevant; le centre du stipe est là- che; la circonférence présente un bois dur et com- pacte, sans écorce, ayant à peine un quart de mètre de diamètre. Tous ces caractères séparent d'une manière incontestable les palmiers , les fou- gères et les autres monocotylédonées arbores- centes, des Arbres proprement dits, etnous auto- risent à rejeter le système qui leur donne rang parmi eux. On a donné vulgairement le nom d’Arbre, avec quelques épithètes, à divers végétaux de plus ou moins grande taille ; nous allons indiquer ici les plus remarquables, en renvoyant à leurs noms scientifiques pour leur histoire. ARBRE AQUATIQUE. Arbre qui croit naturelle- ment dans l’eau, ou dont les racines aiment à vivre dans le voisinage des eaux. Argre À san@. Espèce de Millepertuis arbores- cent que l’on trouve dans la Guiane , et qui four- nit, par incision faite à sestiges, une résine d’un rouge sanguin. (77. MicLererTuIs.) Anse À sucre. Nom donné à l’Arbousier (v. ce mot), à cause du sucre que l’on retire de son fruit. AnBre À Tan. Nom du Sumac des corroyeurs , Rhus coriaria (v. ce mot). ARBRE À THÉ. On donne ce nom à un arbrisseau de l'Amérique du sud , qui ressemble au véritable thé de la Chine. (F7. Syuproque.) ARBRE À 168. Sedit des arbres fruitiers dont on forme des espaliers élevés ou bien des plein- vents. Angre au corox. C'est le nom vulgaire du Fro- mager à cinq feuilles, Bombax ceyba. (Voyez | FRoMAGER.) oo ARBR 260 ARBR ArBre AU MasrTic. Nom du pistachier lentisque, Pistacia lentiscus. (V. Lenrisque.) ARBRE AU POIVRE. Deux plantes portent ce nom vulgaire, le Gatillier, Vitex agnus castus (v. ce mot), à cause de la forme de ses fruits, et le Poi- vrier d’Espagne ou du Pérou, Schinus molle (». ce mot), dont toutes les parties répandent une forte odeur de poivre, ARBRE AU RAISIN. Daléchamp donne ce nom au Staphylier, Staphylea pinnata (v. ce mot). ARBRE AU VERMILLON. L'espèce du Chêne-Ker- mès à petits glands, Quercus coccifera, porte ce nom dans diverses localités de la France et d’I- talie. ARBRE Aux ANÉMONES. Nom de la belle espèce de Calycanthe de Ja Caroline, Calycanthus flori- dus , que l’on cultive dans nos jardins. AnBRE AUX FRAISES. Nom donné parfois à l’Ar- bousier, Ærbutus unedo. ARBRE Aux GRives. Dans diverses contrées de la France on désigne vulgairement sous ce nom le Sorbier des oiseaux, Sorbus aucuparia. Angre aux ours. Nom vulgaire du Prunier, dont les fruits, appelés prune impériale blanche , sont blancs et de la grosseur d’un œuf de dinde. Angre Aux pois. On appelle ainsi l'espèce de Robinier (v. ce mot) désignée par les botanistes sous le nom de Robinia caragana. ARBRE AUX QUARANTE Écus. Nom que l’on a long-temps donné au Ginkgo biloba (v. ce mot), à cause du prix que coûta le premier individu cultivé en France. ARBRE AUX SAVONETTES. Nom du Savonier des Indes, Sapindus saponaria (v. ce mot) , à cause de la ressemblance de ses fruits avec la boule de savon dont les barbiers faisaient autrefois usage. Argre Aux TuLPES. Arbre de la Virginie auquel on à donné ce nom lors de son introduction en Europe , dans l’année 1688. (77, Tuzrrrer.) ARBRE AveuGLANT. Rumph appelle ainsi l’es- pèce d'Agalloche, plus connue dans l'Inde sous le nom de Calambac , l'Exæcaria agallocha des bota- nistes. (V7. ExorcariA.) ARBRE BOUTON. Trois arbres ont recu cenom, le Céphalanthe d'Amérique, Cephalanthus occiden- talis, le Conocarpe à tige droite, Conocarpus erectus, et le Gaînier du Canada, Cercis cana- densis. Anere D'amour, On donna long-temps ce nom au Gaïînier, Cercis siliquastrum (v. ce mol). ARBRE D'ARGENT. Le Chalef, Ælæagnus angus- tifolia, et le Protée, Protea argentea (v. ces deux mots), ont recu ce nom de leurs jeunes pousses blanches drapées, de leurs feuilles élégantes qui semblent argentées. AngRe DE Baume. C'est le nom vulgaire du Clusier jaune, Clusia flava; du Tolutier d'Amé- rique, Toluifera balsamum ; de l'Hedwigie, qui produit la résine, ÆHedwigia resinifera; du Bau- mier dit Gomart, Bursera gummifera, et autres. tronc de l’Arbousier d'Orient, ÆArbutus andra- clme, lui a fait donner ce nom, que l’on applique aussi à l'Erythrine des Antilles, Æ£rythrina coral- lodendrum , et surtout au Condori du Malabar, Adenanthera pavonina, à cause de leurs graines rouges. Argre D'ENCENS. Diverses espèces de Baumier, Amyris ; le Pin de Virginie, Pinus tæda ; une es- pèce de T'erminalia des îles de France et de Mas- careigne , eLc. Axsre DE Fer Le Dracæna ferrea ‘de l'Inde, et le Stedmannia de l’île de France, portent ce nom dans certains ouvrages de botanique. Anse p'uuiLe. C’est l'Eleococca (v. ce mot) du Japon que Thunberg a nommé Dryandra cor- data. ARBRE DE Jup£e. Nom donné communément au Gaïînier , Cercis siliquastrum , et aux îles Philip- pines au Æleinhovia hospita. ARBRE DE LA VACHE. Arbre des vallées d’Aragua et de Caucagna, dans l'Amérique du sud, dont le suc laiteux se rapproche un peu du lait des vaches, est connu sous le nom de Palo de leche. On appelle aussi Arbre de la vache l’Asclépiade du Ceylan , Asclepias laciifera. ARBRE DE MILLE ANS. surnom du Boabab, Adansonia disitata (v. ce mot ). | Anne pe Moïse, Le buisson ardent ou rouge-feu que forme le Néflier, appelé par les botanistes Mespilus pyracantha, a recu ce nom par allusion à un passage du livre sacré des Juifs. ARBRE DE N#1GE. L'Amélancher de Virginie, Chionanthus virginicus, ‘et la Viorne à fleurs stériles, V’iburnum opulus. Ange p'on. Expression emphatique employée par quelques horticoles pour désigner le mûrier blanc, et l'espèce à plusieurs tiges. On donne aussi ce nom au Rhododendron d'Amérique, Rhododendrummazximum, parce que le pétiole, et la nervure, qui en est la continuité, sont d’un beau jaune doré, couleur que prennent souvent les feuilles elles-mêmes. ARBRE D'OR ET D'ARGENT. AU rapport des voya- geurs , ce nom se donne au Japon à une très-jolie espèce de Chèvrefeuille, Lonicera japonica , trouvée par Thunberg près de Nagasaki. , Anne De pananis. Nom que l'on donne parfois au Chalef, Ælæagnus angustifolia, qui croît naturellement dans le midi de laFrance , en Bo- hême et dans le Levant. Arsre pe Rosxy. Les ormes plantés en France sur les routes et les lieux les plus apparens des villages , à la sollicitation du ministre Sully , sont appelés ainsi en mémoire de ce grand homme. Angre DE SaiNTE-Lucie. Nom donné au Mahaleb, Prunus mahaleb, d'un village du département des Vosges , où il a été découvert, Ansre pe sauce. Nom bizarre vulgairement donné à la Phlomide frutescente, Phlomis frulicosa. ARBRE DE SERINGUE. À la Guiane, on fait avec la gomme élastique que l’on retire du Caoutchouc, Evea guianensis, des vessies qui s’emplissent d’eau Ansre DE conuL. Le beau rouge luisant du | et remplacent nos seringues ordinaires : c’est de ARBR 261 ARBR "2 | cet usage que l'Éve (v. ce mot) arecu le nom | vulgaire qu'il porte. Ângre DE soie. Plusieurs arbres ont recu ce nom, et plus particulièrement deux espèces d'Aca- cie , celle en arbre, Mimosa arborca, et celle qui nous est venue de Constantinople en 1745, Ai- | mosa julibrissin ; on le donne aussi à l’Asclépiade | de Syrie, Asclepias syriaca. Angne pe sur. Le Croton porte-suif, Croton sebiferum, est ainsi appelé de la substance grasse et blanche qui couvre ses graines et dont on fait des chandelles en Chine. Anne De vi. Les diverses espèces du genre Thuya prennent ce nom de leur feuillage toujours wert, ce qui, il convient de le dire, n’a aucun rap- port avec l’étymologie grecque. " Anere pu snésin. Nomimproprement donné à une espèce de Césalpinie, Cæsalpinia sappan, qui est indigène aux Indes orientales. On l’applique | aussi, mais non moins improprement, au Campé- che, Hœmatozylon campechianum, que l’on tire | du Mexique, où il abonde. Angre pu casror Nom donné au Magnolier L'glauque , Magnolia glauca, parce que le castor est | très-friand de son écorce. | Anpre pu cer. La beauté et la haute taille de VAylante glanduleux, Æ4ylantus glandulosa, lui ont mérité ce nom de la part des pépiniérisles ; ils l'étendent aussi parfois au Ginkgo à deux lobes, Gingko biloba; je n’ai pu en savoir la raison. Ansrepu prABLe. En Amérique on appelle ainsi le Sablier, Aura crepitans , dont le fruit en s’ouvrant fait beaucoup de bruit. L Anpre Du pracon, Le Dragonnier d'Yucca, ! Dracæna draco. Angre pu vernis. On donne ce nom à quelques æspèces de Sumac, dont on retire une sorte de vernis; à l'Augia de la Chine qui fournit le vernis le plus célèbre, etc. | Angre £rraxGer. Celui que l’on tire d’un autre pays, mais qui peut croître et multiplier en pleine “terre. Argre ExOTIQUE. S’entend des arbres tirés des pays chauds et qui ne peuvent vivre en pleine Merre qu'après une acclimatation plus ou moins longue. Ansre eRurTier. On distingue les arbres fruitiers relativement à leurs fruits, qui sont à pepins, à baies, noyaux, età capsules ligneuses ou coriaces, | qui appartiennent à l'été, à l’antomne, à l’hiver ; let relativement à leurs formes, c’est-à-dire quand lils sont en plein vent , en demi-tige, en espaliers , “en buissons, en pyramides, en quenouilles et en nains. Nous comptons en ce moment douze cents | variétés ou sous-variétés de fruits différens, dont Lprès des deux Liers se mangent crus, cuits où con- dits. L'autre tiers est employé à faire du cidre ou autres boissons fermentées plus ou moins agréables. | Ges variétés ont été produites par soixante-dix-huit espèces faisant parlie de trente-sept genres diffé- : qui appartiennent à dix-huit familles. Les Ro- sacées en comptent, à elles seules, treize, et les Amentacées quatre. AngBre GÉANT. Quelques forestiers et pépinié- ristes donnent ce nom au Mélèze, Pinus larix, parce qu'ils l’estiment à tort le plus haut pin de l'Europe. Ce nom convient beaucoup mieux au Pin de Corse ou Laricio (v. ce mot). Ange ImMonTEL. On appelle ainsi l'Endrach de Madagascar, ÆEndrachium Madagascariense, et l'Erythrine à graines rouges , Erythrina corallo- dendrum. Autrefois, c'était le nom poétique du cèdre du Liban, Pinus cedrus. ARBRE IMPUDIQUE. La disposition du fruit du Couratari de la Guiane , la forme des fleurs des Clitores ou Nauchées, la figure qu’affectent les espèces d’arcs-boutans de certains Vacoas et parti- culièrement du Pandanus utile, leur ont fait don- ner ce nom à cause de leur ressemblance plus ou moins vraie avec les organes de l’un et de l’autre sexe. ARBRE INDIGÈNE. Celui qui naît, croît et se mul- tiplie spontanément dans le pays. ARBRE LANIGÈRE. On donne quelquefois ce nom aux saules, aux peupliers, et autres arbres dont les chatons portent une substance laineuse. Angne poison. Nom vulgaire des arbres émi- nemment vénéneux, et plus spécialement du Mancelinier, du Sumac, du Toxicodendron, de l’Antiare (v. chacun de ces mots). Angre puanT. Tous les arbres dont la fleur ré- pand une odeur désagréable, surtout l’Anagyre fétide, Anagyris fœtida ; le Fétidier, lætidia de l'ile Mascareigne; le Sterculia fœtida; le Pyrigar de la Guiane, etc. Ù AnBRe RÉSINEUx. Ce nom s’applique en particu- lier à tout arbre qui, lorsqu'on fait une incision sur son tronc ousur ses branches, laisse fluer un suc propre, le plus souvent concret, quelquefois liquide, ayant la propriété de s’enflammer par le contact d'un corps incandescent. Ce suc propre se nomme résine (v. ce mot). Ângre sAGEe. Les éducateurs de vers-h-soie don- nent cenom au Mûrier noir, Morus nigra, dont la feuille , très-tardive, n’est point sujette à être brouie par les gelées du mois d'avril. ARBRE TENDRE.. Nom vulgaire d’un genre de la famille des Malvacées que Linné dédia à Jean Stevart, le Stevartia. AngrE TRISTE. On donne ce nom au Bouleau commun , au Saule de Babylone, etc., à cause de | leurs rameaux qui tombent souvent jusqu’à terre, et au Manjapuméran de l'Inde, Wyctanthus arbor tristis, dont les fleurs ne voient jamais le soleil. ARBRE A AIGUILLES. On désigne sous ce nom les Pins, Mélèzes, Sapins et autres'Arbres résincux dont les feuilles ressemblent à des aiguilles plus ou moins longues. Anne A Bourre. Espèce du genre Areca, dite crinita. (V7. AREc.) Angre A Bois BLANC. Les Saules, les diverses es- pèces et variétés de Peupliers, le Sapin, etc. , sont le plus généralement appelés Arbres à bois blanc. ARBRE A CALLEBASsE, Nom des diverses espèces | ARBR du Crescentin (w. pelé J oc de l’une de ses espèces, ofhe des ar- bres précieux, jusqu'ici très-incomplétement con nus et décrits. Il est indigène aux parties méridio= nales de l’Asie et surtout aux îles nombreuses et très-peuplées de la mer du Sud. Il y est cultivé et constitue une ressource des plus importantes pour leurs habitans. Les Artocarpes sont des arbres la- tescens , de deuxième grandeur, d’un très-beau port, à cime ample, arrondie, dont les branches , peu ctendues, se courbent et sont garnies d’une petite PS ARTO 297 ASCA mn 0 petite quantité de grandes feuilles alternes , ‘d’un beau vert, découpées plus ou moins profondément et avec plus ou moins de régularité. L’extrémité des rameaux présente une touffe de six à sept feuil- les réunies ensemble, enveloppées avant l’épa- nouissement de deux grandes stipules de couleur jaunâtre , faisant fonction de spathe : c’est le siége des deux sexes. L’organe mâle.est un chaton cylin- drique, pendant, mollet, spongieux, long de dix- huit centimètres, chargé de fleurons nombreux, sessiles ; calice bivalve ; une étamine fort courte ; la fleur femelle est un chaton court, épais, en massue, couvert d’un grand nombre d’ovaires connés ; calice allongé, prismatique, hexagone; presque charnu ; corolle nulle, style filiforme, persistant, terminé par un et deux stigmates. Le fruit est une baie ovale, raboteuse, couverte d’as- pérités plus ou moins prononcées, à peau épaisse, verte et jaune à l'époque de la maturité; la pulpe est d’abord très -blanche, un peu fibreuse, puis jaunâtre et quelqnefois bonne à manger. Nous connaissons cinq espèces d’Artocarpes : 1° le véritable Arbre à pain, 4. incisa ; 9° l’Arto- carpe à châtaignes, A. seminifera; 3° le. Bedo, A. integrifolia; 4° le Jaquier, A. jaca; 5° et VArtocarpe velu, A. hirsuta. La première espèce, que les Javanais et les ha- bitans des Moluques appellent -Rima, est un fort bel arbre, dont les fruits acquièrent le volume du melon vert. On en retire, après une légère cuisson au four, une fécule très-blanche susceptible de fournir un très-bon pain. Les indigènes des îles de la mer du Sud se nourissent de cette farine, aussi saine, aussi abondante, qu’elle est d’un goût agréable , de préférence aux autres comestibles que la nature leur prodigue à chaque pas. L’Arbre à pain cultivé ne donnant point de semences, on le muluplie par la voie des drageons , qui naissent sur ses racines. Nous avons fait représenter un rameau de cet arbre précieux, dans notre Atlas, pl. 50, fig. 4. La seconde espèce a le fruit de même grosseur que la précédente, seulement il offre des aspéri- tés plus fortes et plus rapprochées les unes des au tres. Sous son enveloppe on trouve de soixante- dix à quatre-vingts tubercules , assez semblables, pour la forme, à notre châtaigne, mais un peu plus petits, et d’une substance presque analogue, que l’on cuit de même : on les mange avec plaisir et 1l sont d’une digestion facile. Cet arbre a le port de l'arbre à pain , ses feuilles sont moins dé. coupées ‘et souvent plus larges. On le multiplie de semences , qui germent huit à dix jours après la cueillette du fruit. .. Le Bedo a les feuilles entières, rudes au toucher : ses fruits, de forme allongée, sont moins gros que ceux des deux espèces décrites, et couverts d’aspé- rités longues, aiguës et très rapprochées ; letürs semences nagent dans une pulpe blanchâtre , pres- que liquide et d’un goût vineux très-délicat. Cet arbre, commun à Java, aux îles Marianes et aux Philippines, veut un terrain frais, humide; ül périt dans toutes les terres légères , sablonneuses, Tome I. -pains de 14 sous, sont des Ærtolithes. où ses congénères développent une végétation brillante et vigoureuse. Quant au Jaquier, il a une physionomie à part. Son élévation est moyenne, ses branches sont éta- lées , ses feuilles petites, ovales, parfois entières, le plus souvent découpées et moins rudes au tou- cher que les feuilles des trois espèces nommées. Les fruits naissent sur le tronc, sur les grosses branches et sont disposés le plus habituellement par paquets de trois. Deux avortent presque tou- jours, ce qui permet à celui qui reste d’acquérir un volume considérable. Rumph en a vu plusieurs qu'un homme pouvait à peine soulever. Les grai- nes que ce fruit contient ont à peu près la forme et la grosseur de celle de l’Artocarpe à chataignes; elles se mangent, quoiqu'elles leur soient infé- rieures en qualité. | Lamarck a décrit l'Artocarpe velu, qui croît sur la côte du Malabar , où il vit fort long-temps. Avec l'écorce des Artocarpes on prépare un fil propre à donner une toile assez fine ; avec leur bois les indigènes de la mer du Sud construisent et leurs maisons et leurs pirogues légères. Le tronc fournit un suc laiteux ou une résine élastique. On les cultive maintenant à Cayenne et aux Antilles. CHiipxB.) ARTOCARPÉES. (mor. max.) Section de la famille des Urticées, comprenant les genres Arto- carpe, Broussonnetie, Cécropie, Dorsténie, Fi- guier , Mürier , etc. (Foy. chacun de ces mots.) Quelques botanistes avaient voulu prendre le pre- mier de ces genres comme type d’une famille par- ticulière : cette coupure n'a point été adoptée. (T. ». B.) ARTOLITHE. (anx.) Ce nom, qui signifie pierre pétrifiée, ainsi que l’indiquent les deux mots grecs dont il est composé , était donné autrefois à toutes les substances minérales qui offraient quelque res- semblance avec ces pierres rondes qu'on appelle miches. Les gros rogons de sulfate de strontiane que les ouvriers trouvent à Montmartre dans les couches de marne supérieure, et qu’ils nomment (d. H.) ARUM. (sor. Pan.) Nom botanique du Gouet (v. ce mot), dont on connaît trois espèces. On appelle aussi Arum B1coLoR une plante du Brésil dont Ventenat a fait un genre sous le nom de Cala- dium (v. ce mot), et Arum »’Eruiopre une autre plante du Cap plus connue sous le nom de Calla d'Ethiopie. (VW. ce mot.) (T. ». B.) ARZILLA. (poiss.) Nom vulgaire qu’on appli- que indifféremment à plusieurs espèces de raies, sur les côtes d'Italie. $ . (Guén.) ASCALABOS et ASCALABOTÉS. (zrP£ror.) Tous les traducteurs d’Aristote, depuis Gaza jus- u’à Camus et Schneider , rendent ce mot par celui de Stellion ou Lacerta, sans donner d’autre explication. En rapprochant les textes de Théo- phraste et ceux de son maitre, il m'a été facile, sur les lieux mêmes, et en présence de l'animal, par eux appelé Ascalabotès et par les poètes grecs Ascalabos, de reconnaître le Gecko des murailles (o. ce mot) , qui habite les contrées baignées par XXX VIII Livraison. | 38 om ASCA les eaux de la Méditerranée. Il n’est point veni- meux, quoiqu'il en ait la réputation en Grèce et dans l'Italie, où on le désigne vulgairement sous le nom de T'arantola, et dans nos départemens | du midi, où on le nomme Tarente. (T. ». B.) ASAPHE, (crusr.) (v. TRILOBITE.) ASARET, Asarum. (B0T. pnan,) Famille des Aris- toloches, Décandrie monogynie, L. Ce genre de plan- tes, dont le nom dérivé du grec indique un défaut de beauté qui anciennement les faisait exclure des fêtes, et qui aujourd’hui leur interdit tout accès dans nos parterres, se compose en effet de plantes humbles et rampantes, qui recherchent l'ombre des taillis; mais pour être sans éclat on n'est pas toujours sans mérite, et la médecine, venge assez nos modestes plantes du mépris de l’horticulture. Voici leurs caractèrès génériques : calice cam- panulé, coloré, à trois divisions profondes ; corolle nulle ; douze étamines couronnant l’ovaire, ayant les anthères oblongues, adnées au milieu des fila- mens; ovaire surmonté d’ün style court, suppor- tant un stigmate étoilé ; capsule coriace à six loges. Toutes les parties de ces plantes exhalent une odeur assez forte et un peu résineuse. La couleur des feuilles est un vert foncé, luisant; et ‘leur forme , celle de l'oreille humaine, Réduites en poudre, elle sont sternutatoires ; infusées dans du vin , elles ont passé pour un spé- cifique contre les affections hypochondriaques. Quant aux racines, administrées en poudre ou en infusion, elles sont regardées comme diuréti- ques, purgatives, émétiques et emménagogues. On compte quatre espèces d’Asarum, dont une seule appartient à nos climats ; aussi l’appelle-t-on Asarum europæun, L. Il est assez commun. Ses fleurs sont d’un pourpre noirâtre. Il tapisse les rochers qui s'élèvent dans l'épaisseur des bois an- tiques et sombres. L’hippiatrique l’'emploie en poudre contre le farcin. L'usage qu’en certains pays on en fait pour dissiper l'ivresse, lui a fait donner le nom de Cabaret. Voyez une figure de cette plante, pl. 31, fig. 1. ( Gi.) ASBESTE. (mx) Cette substance, plus connue des gens du monde sous le nom d’Amiante, ap- partient, selon qu’elle est flexible ou cassante, ainsi que nous l'avons dit, soit à l'espèce minérale appelée Trémolite, soit à celle qui porte le nom d'Actinote, et qui appartiennent toutes deux au sous-genre ÆAmphibole. (F. lee mot. ) Moelleux et brillant, il est, par sa finesse et sa ténuité, comparable à la plus belle soie blanche ; d’autres fois dur, cassant et coloré, il ressemble à du bois réduit en éclats , et acquiert assez de soli- dité pour rayer le verre. Tantôt compacte et élas- tique comme le liége, quelquefois en masses d’un blanc sale semblables à de la pâte de papier dessé- chée, enfin en morceaux dont les filamens sem- blent être tressés, il a mérité les surnoms de Liige de montagne, de Cuir et de Papier fossiles. (J. H.) ASCALAPHE, Ascalaphus. Fab. (ins. ) Genre de l'ordre des Névroptères, famille des Planipen- -298 ASCA nes, ayant pour caracières essentiels d’avoir six palpes, les antennes aussi longues que le corps, terminées par un bouton court tronqué formé des derniers articles, et l’abdomen guère plus long que le thorax. Ces insectes faisaient , dans la mé- thode de Linnée, partie des Myrméléons, et plu- sieurs auteurs, entre autre Olivier, les y onf laissés réunis, mais Fabricius les en a séparés; en effet ils en diffèrent par leurs palpes labiaux, à peine plus longs que les maxillaires , par leur ab- domen beaucoup plus court et leurs antennes beaucoup plus longues ; les ailes sont en outre plus larges et moins longues. Tout le corps de ces in- sectes est très-velu; les yeux sont comme formés de deux parlies soudées ensemble dont la jonction serait visible par une cicatrice sensible, surtout dans certaines espèces; leurs pattes sont courtes ; il y a cinq articles à tous les tarses; le mâle a l'abdomen terminé par deux crochets propres à saisir la femelle dans l’accouplement. Ges insecles ont un vol sautillé assez prompt; ils se fixent habi- tuellement sur les graminéesélevéesoton les voit en très-grandnombre, dansles endroitssablonneux des pays chauds. On ne connaît pas positivement leurs larves, mais l'on présume par analogie qu'elles doivent ressembler à celles des Myrméléons. On connaît une larve découverte par Bonnet, que l’on suppose être celle d’une des espèces vivant en Europe et qui sont communes dans les parties chaudes de la Suisse; elle est de forme beaucoup plus allongée que celle du Formicaléo, ne fait pas d’entonnoir dans le sable où elle se tient sim- plement cachée à l’affut; et ne marche pas comme l’autre à reculon, ce qui fait supposer qu'elle doit être douée de beaucoup plus d’agilité. À. A LONGUES CORNES, 4. Longicornis. Charp., Hcre entom., p. 56, pl. 2, fig. 9. Long d'un pouce, corps noir, avec des ponctuations dor- sales ; le bord antérieur des yeux et les tibias jau- nes ; ailes à nervures brunes ; deux taches oblon- gues à la base des premières, soufre : base des | secondes , noires ; une grande tache soufre sur le disque. Il se trouve dans la France méridionale, (A. P.) ASCARIDE, Ascaris.f(inr. ) Ge genre, placé dans le premier ordre des intestinaux, celui des Cavitaires, par Guvier, est rangé dans l’ordre des Nématoïdes par Rudolphi. Ses caractères sont : un corps rond, aminci aux deux bouts, la bouche garnie deftrois papilles charnues d’entre lesquelles saille de temps en temps un tube très-court ; un canal intestinal droit ; dans les femelles, un ovaire à deux branches plusieurs fois plus long que le corps, donnant au dehors par un seul oviducte, vers le quart antérieur de la longueur de l'animal ; dans les mâles un seul tube séminal aussi beau- coup plus long que le corps, et qui communique avec un pénis quelquefois double, qui sort par l'anus. Ce genre, composé de près de cent cin- quante espèces, dont la moitié, à la vérité, ont élé peu étudiées, vit dans un grand nombre d’a- nimaux, et souvent aussi on en trouve plusieurs espèces sur le même individu. On voit souvent ASCI en très-grande abondance chez l'homme l’Asca- ride Jlombrical, Æscaris lombricoides, que l'on nomme vulgairement Ascaride des intestins; cette espèce se trouve même, presque sans différence, dans le cheval, l'âne, le zèbre, le bœuf, le co- chon ; elle a jusqu’à quinze pouces de long et est ordinairement blanchâtre. Sa grande facilité de reproduction cause souvent des maladies mortelles , surtout quand il remonte dans l’esto- mac des enfans. : L'espèce la plus commune est l’Ascarine Lom- BRICOIDE de Linnée , qui cause les accidens connus sous le nom de maladie des vers; elle habite dans les intestins grêles de l'homme et de quelques ani- maux, tels que le bœuf, le cochon, le cheval, etc. Ce ver atteint quelquefois plus de dix-huit pouces de longueur. (EL. R.) ASCENSION. (île de P ). (céocr. ) Gette île, jetée au milieu de l'Océan Atlantique, au dessus de Sainte-Hélène, par 7° 53 / de latitude australe, et|par 16° 17 de longitude (méridien de Paris ). offre , sur toute sa surface , qui n’est que de cinq lieues carrées, des productions volcaniques d’une époque récente. En général, son terrain se com- pose de trois espèces de terres , l’une rouge et fine comme de la brique pilée , l’autre jaunâtre, et la troisième noire, fine et meuble. Cette île fut long-temps déserte; il n’y a que peu de temps qu'elle est habitée, si on peut regarder comme “habitans les soldats que l'Angleterre y a envoyés . pour occuper le fort que son gouvernement a fait bâur. L'ile de l’Ascension a été tellement retournée par les éruptions volcaniques que son sol est pour ainsi dire percé à jour, ce qui fait qu'il ne peut retenir aucune eau : dans quelques bas-fonds, ce- pendant , les eaux des pluies , se mêlant aux terres noires dont nous avons parlé plus haut, ont formé une espèce de mastic qui retient l’eau. On ren- contre aussi quelques lits de torrens, à sec une partie de l’année, et qui ne servent que dans les grandes pluies. - Le sol de l'ile de l’Ascension est couvert de Montagnes, disséminées sur sa surface et qui ne présentent que peu d’élévation; la plus haute, qui se trouve située dans la partie S. E. de l'ile, n'oflre que quatre cents toises de hauteur, et se termine par un sommet double et allongé , forme que l’on remarque dans plusieurs montagnes vol: caniques. Les autres montagnes, qui ne sont hau- Les que de cent à cent cinquante toises , sont cou- vertes de laves et de scories et n’offrent rien de remarquable. - JT -ssins Cette île est le rendez-vous des tortues de mer, et les navigateurs, avant qu’elle ne fût occupée par les Anglais, ne la fréquentaient que pour se pourvoir , pendant les voyages de long cours, de celte nourriture saine et abondante, (GC. J.) … ASCIDIE, Ascidia. On désigne sous ce nom un grand genre de l’ordre des Acéphales sans coquil- les , appartenant à la première famille de cet or- üre et composé d'animaux qui ont le manteau et son enveloppe cartilagineuse, très-épaisse, en | Luis) ASCI forme de sacs, fermés de toute part, excepté à deux orifices qui répondent aux deux tubes de plu- sieurs bivalves , et dont l’un sert de passage à l’eau et l’autre d’issue aux excrémens. Leurs branchies forment un grand sac au fond duquel est la bou- che , et près de cette bouche est la masse des viscères. L’enveloppe est beaucoup plus ample que le manteau proprement dit. Celui-ciest fibreux et vasculaire; on y voit un des ganglions entre les deux tubes. Ces animaux , que Baster avait désignés par le nom d’Ascidium , dérivé d’un mot grec qui veut dire outre, Sont encore appelés Outres de mer par les pêcheurs. Ils n’ont été bien connus que de- IST q puis les observations de Cuvier et de Savigny. Une portion des animaux que les naturalistes consi- déraient comme des Ascidies en ont été distingués et forment un ordre qu’on anommé ordre des T'uni- ciers (v, ce mot). Les vraies Ascidies sont des animaux marins qui se fixent aux rochers et aux autres corps ; ils sont privés de toute locomotion. Leur principal signe de vie copsiste dans l’absorp- lion et l’évacuetion de l’eau par un de leurs orifi£ ces, Ils la lancent assez loin , quand on les inquiète, On en trouve uu grand nombre dans toutes les mers , et il y en a que l’on mange. M. Savigny a divisé le grand genre des Aseïdies en plusieurs sous-genres , il a présenté ce travail dans la deuxième partie de ses Mémoires sur les ani- maux sans vertèbres, Paris 1826. En voici uneïidée: Sous-genre Bournie, Bol enia , composé des Ascidies dont le corps est pédiculé, et l'enveloppe coriace. Le type de ce sous-genre est la Boltenia ovifera de Savigny, décrite sous lenom d’Ænimal planta par Edwards, Ois. pl. 356. C'est la Forti- cela ovifera de Linné, Ascidia pedunculata de Shaw, Miscel. zool. Son corps est porté sur un pédicule long et grêle , inséré un peu latéralement; le sac est ovoide, d’un cendré roux, entièrement garni de poils raides, courts et très-serrés., Sa longueur est d’un pred, le pédicule seul a plus de 10 lignes de longueur. On trouve celte espèce cu- rieuse dans l'Océan américain, elle se fixe aux rochers au moyen de son long pied. On peut voir une figure de cette Ascidie dans notre Îco- nographie du Règne animal, Mollusquespl.34, f. 10. Sous-genre Gxnrime , Cynthia, formé avec les espèces dont le corps est sessile et le sac branchial lhissé longitudinalement ; leur (est est coriace. Cette division comprend quatorze ou quinze es- pèces distribuées dans quatre lribus; la plus re- marquable est la Cynthia Momus Savigny, de forme: sphérique, longue d'un à deux pouces, finement verruqueuse, blanche ow orangée, ou couleur de chair. Les orifices sont saillans et forment deux tubes cylindriques marqués de qua- tre cannelures, et s’ouvrant à leur sommet en quatre rayons d’un rouge vif. Getle jolie espèce , que nous avons figurée dans notre Iconographie du Règne animal, Mollusques, pl, 54, fig. 11., se trouve dans le golfe de Suez. Elle s'attache aux fucus par groupes composés dé quatre à cinq in- dividus , qui de celte manière flottent, voyagent OR EE COURS DR même à la surface de la mer. Anne satitodolier ba ET Lana Een CR sac branchial contient souvent de petits crustacés tels que pinothères, crevettes, elc. On peut citer parmi les espèces connues des anciens naturalisies, et qui appartiennent a cette division, l’A4scidia Scate, Coquebert , Bulletin des Sciences, avril1797, tab. 1. f.1., qui est la même chose que l’Ascidia Mi- crocosmus , décrite par Guvier dans les Mémoires du Muséum. Ce mollusque avait été appelé Hicro- cosmus par Redi., Tethj a par Rondelet , et Mentula marina informis, par Plancus. L’Ascidia papillosa , de Linné , l’Ascidia quadridentata , de Forskaal , et VA cidia conchylega , de Bruguières , appartiennent aussi à cette division. i Sous-genre PHALLUSIE, Phallusia. Ce sous-genre diffère des Cynthies parce que le sac branchial n’est pas plissé ; leur test est gélatineux. Nous ci- terons dans cette division la ont CANNELÉE, Phallusia sulcata Savigny ; Ascidia fasca de Cu- vier, décrite et figurée par Forskaal sous le nom d’Alcyontum fasca. Cette espèce habite la mer Rouge, où on la trouve attachée aux madrépores par de nombreux jets sortant de sa base. La Phal- lusia nigra de Savigny, que nous avons représentée dans notre Iconographie du Règne animal, Mollus- ques, pl. 34, f. 12., se trouve aussi dans les mêmes lieux; on connaît huit espèces de ce sous-genre. Sous-genre, CLAVELLINE , Clavellina. done par un sac branchial sans plis, ne pénètrant pas jus- qu’au fond del’enveloppe, et ay antle corps portésur un pédoncule. Le test des espèces de ce sous- genre est gélatineux, les ovaires sont compris dans l’ab- domen. On ne connaît que deux espèces apparte- nant à cette division , l’une la CLAVELLINE BORÉALE, Clavellina borealis Savigny , Ascidia clavata Pallas, Cuvier, a le corps oblong, sub- -Cylindrique, un peu renflé en massue lisse, d’un blanc teint de vert bleuâtre, porté sur un mince et long pédi- cule. Les otifites sont petits, coniques ; pps chés , et situés tous deux au sommet. Cette espèce a cinq à six pouces de 'ongueur, elle habite les mers du nord, et nous l'avons figurée dans notre Icono- graphie du Règne animal, Mollusques, pl. 34, f. 13. La Écnde espèce est la CLAVELLINE LEPADI- FORME Clavellina lepadiformis Savigny , Ascidia lepadiformis de Muller; elle habite les côtes de Norwége et son pédicule est très-court. (Guenr.) ASCIDIENS ou Tunicrers LiBrREes. (Morc.) La- marck désigne ainsi le deuxième ordre de la classe des Tunicers qui comprend les'ihéties sim- ples et les Thalides de Savigny. Dans la méthode de Cuvier ce groupe correspond au grand genre Ascmmie. (VW. ce mot. (Guen. ) ASCLÉPIADE, Asclepias. (nor. rnax. ) Plusieurs espèces de ce genre des Asclépiadées (v. c de met) sont recherchées comme plantes utiles , et comme plan- tes d'ornement. Sous ce dernier rapport ,on ‘distin- gue l’ASCLÉPIADE ROUGE, À. rubra ; qui croît dans la Virginie; elle est herbacée:;l’ Mate TUBÉREUSE, A. TUbEL OS du nord de l'Amérique, dont les fleurs d’un rouge orangé, réunies en ombelle, “produisent un ellet des Plus agréables; l’Asczi- PIADE COTONNEUSE, À. iomentsé, fort jolie plante, 300 ASCL haute d’un mètre et demi ; l’AscréPpraDe DE CurA- CAO, A. curassavica, Dane constitution délicate, exigeant la serre chaude ou tout au moins une exposition choisie et de grands ménagemens ; on est bien dédommagé Fa ces soins par la oanté des fleurs dont les pétales sont d’un. jaune safrané et les cornets d’un rouge orangé ; elles s ‘épanouis- sent depuis juillet jusqu’en octobre ; l'ASCLÉPIADE ÉLÉGANTE, À. amæna, qui attire tous les yeux, pendant l'été, par le pourpre brillant de ses om- belles. Mais il en est aucune qui puisse rivaliser avec l’'ASCLÉPIADE GÉANTE, A. gigantea : origi- naire des Indes, que l’on trouve aussi en Égvple, sur les sables brülans du Cap-Vert, et en l'Amé- rique équatoriale, où on Ja cultive ! ‘sous le nom d'oreille d’Ours en arbre. Elle est ‘remarquable par la hauteur de sa tige, atteignant plus de trois mè- tres ; fpar le TPE de ses corolles tantôt d’un blanc teinté de rougeâtre, tantôt d’un rouge vio- Jet velouté, et par la grosseur de ses gousses remplies de semences à longues aigrettes. L'espèce utile, celle que ‘la malière douce et soyeuse de ses gousses, que la filasse de ses tiges j que l'huile ARE TEA de ses graines rendent vrai- ment précieuse, c’est AR DE SYRIE, 4. syriaca. Quoique indigène à la Syrie, à l'Ég gyple , à la Palestine , elle . assez robuste pour ne pas craindre de passer en pleine terre les hivers de nos pays. On la propage par dragcons, comme la mé- thode la plus expéditive et la moins embarrassante:. on les coupe en automne, quand le suc laiteux, répandu dans toutes les parties de la plante, est séché , et au printemps avant que ce suc recom- mence À circuler dans les canaux intérieurs. La culture est facile , elle n’exige que peu ou point de façons; et quoiqu'on ait avaneé le contraire, avec beaucoup de légèreté, elle nous offre les moyens de mettre en AN les terrains médio- cres dont nos départemens du midi et de l’ouest sont couverts. Les aigrettes de cette Asclépiade, vulgairement dite à la ouate, tiennent de la! soie et du coton, elles sont d’une finesse extrême, d’un éclat brillant, longues de vingt-cinq à quatre- vingts millimètres ; on s’en sert pour ouater les vé- Me garnir les matelas, les coussins, les meu- bles; pour fabriquer des couvertures, destentes, etc, La filasse extraite des tiges, traitée comme la chenevotte du chanvre, se convertit en fil plein de nerf, donnant des toiles très- fines. Un préjugé fort répandu fait regarder l'Asczé- PIADE BLANCHE OU commune, A: vincetoæicum, comme propre à guérir de la morsure des serpens et de l'effet des poisons : cette plante est au con- traire elle-même un poison assez dangereux pour qu’on redoute de l'employer. Les bestiaux n’y touchent jamais, les chèvres excepté, qui brou- tent l’extrémité de ses tiges. L” Asclépiade blanche se plaît sur les terrains és plus ingrats, mais les vents, en transporlant ses semences sur les sols mis en culture , la rendent nuisible aux végétaux utiles: dont elle envahit la place. (T. ». ‘8. ) ASCLÉPIADÉES. (nor. Puan.) Grande tribu de la famille des Apocynées (v. ce mot), et de la Ë | : : | ASEL 301 ASEL PS Pentandrie digynie. Le beau genre Asclépiade lui a servi de type. Elle n’a aucun rapport avec les plantes auxquelles on donnait le nom d’Asclépiade chez les vieux Grecs et chez les Romains. Les nombreuses espèces qui (constituent celte tribu sont à suc laiteux, plus ou moins corrosif, fru- tescentes ou herbacées , garnies de feuilles oppo- stes ou verticillées, simples et entières ; de fleurs monopétales disposées en ombelles simples ou for- mant bouquet; de fruits composés de deux folli- cules oblongs, simples ou doubles, contenant un grand nombre de semences, aplaties, imbriquées, pendantes et munies d’une aigrette soyeuse , dont la longueur varie et qui naît de leur base. Les Asclépiadées sont divisées en deux sections, celles à feuilles rangées alternativement le long des bran- ‘ches, et celles à feuilles placées en face l’une de l’autre, à la même hauteur. (T. ». B.) » ASCOPHORE. (mor. cryrr.) Le genre Asco- phore, déjà décrit par Tode dans les Mémoires des Curieux de la nature de Berlin, sous le nom d’Asci- die, reprit bientôt le nom qu’il porte aujourd'hui. Sous ce nom différens genres ayant été confondus par Tode lui-même, et par les auteurs modernes, nous adopterons l'opinion de Persoon, qui, lepre- “mier, a mieux défini ce genre. Voici les caractères qu'il lui assigne : pédicelle filiforme soutenant une - sorte de vessie de forme irrégulière , couverte de sporules. : :_ La premicre espèce, l’Ascophora ovalis , décrite par Tode, croît sur les branches et les troncs de saules en automne. Ce petit champignon ressemble assez bien à une petite goutte d’eau qui, d’abord incolore, se nuance peu à peu, se couvre d’une poussière argentine , finit par se rompre et se ri- der. Arrivée à cet état , elle peut se conserver as- sez long-temps. = Les autres espèces étant encore peu connues, nous nous contenterons de cette seule description. Li (F:FS) ‘ ASELLE. Æsellus. ( cnusr.) Genre de l’ordre des Isopodes, section des Normaux (Cours d'En- tomologie de Latreille), établi par Geoffroi aux dépens du genre Oniscus de Linné. Les caractères que lui assigne cet auteur sont: quatorze pattes, quatre antennes brisées, dont deux sont plus lon- gues. Latreille les remplace par ceux-ci : quatre antennes très-distinctes, sétacées et composées d’un grand nombre de petits articles; queue for- -mée d’un seul segment, avec deux stylets bifides : à l'extrémité postérieure du corps; branchies re- - couvertes par deux écailles extérieures, arrondies et fixées seulement à leur base. Les Aselles se rapprochent sous plusieurs rap- ports des Cloportes, avec lesquels ils ont beau- coup de ressemblance; mais ils en diffèrent par plusieurs caractères , dont le plus important est le développement des quatre antennes. Ils se rappro- «chent aussi des Sphéromes, des Idotées et des _ Cymothoés. Le corps de ces crustacés est oblong, …déprimé, formé de sept segmens pédigères, et * d’une queue d’un seul article fort grand et ar- -rondi, portant deux appendices fourchus, com- posés d’une tige déliée, cylindrique, et terminée par deux filets coniques, ou deux petites pièces en forme de tubercules. La tête, bien distincte du corps , supporte 1° des antennes intermédiaires ou supérieures quadriarticulées, aussi longues que l’article terminal sétacé des extérieures ; celles-ci formées de cinq articles; 9° de petits yeux sim- ples et latéraux; 3° des pieds-mâchoires extérieurs réunis à leur base en forme de lèvre, ayant leur premier article grand et lamelliforme. Les bran- chies, au nombre de six, vésiculeuses, allongées et aplaties, sont recouvertes par deux écailles ex- térieures, arrondies ct fixées par leur base. Les pattes, terminées par un crochet simple , sont au nombre de sept paires, les dernières sont plus longues que les antérieures , les premières ont leur avant-dernier article un peu renflé, Ge genre comprend plusieurs espèces ; l’une d’elles, commu- mune dans les eaux douces, est la seule qui ait été étudiée avec soin. Leach (Linn. trans. societ. tom. XI) en a décrit quelques espèces sous le nom de Janira et de Jæra; le premier dèces gen- res se distingue de celui des Aselles par les cro- chets, qui sont bifides , par les antennes intermé- diaires plus courtes que le dernier article des exté- rieures, et par des yeux plus gros et moins distans ; le second genre diffère par la présence de deux tubercules qui remplacent les filets bifides de l'extrémité du corps des Aselles et par l’ab- sence de renflemens ou de mains aux pattes an- térieures. Les individus qui composent ces deux genres se rencontrent dans la mer, sur les pierres et sur les fucus. L’espèce que nous pouvons faire connaître comme type du genre est l’Aselle d’eau douce (Geoff., Ins. Il, xx, 1, 2; /dotæa aquatica, Fabr., Squille Aselle; Degéer, Insect. VII, xxx, 13 Desmt. Considér. xzix, 1, 2); ce crustacé, de couleur cendrée etlisse, long de six à sept lignes, et large de deux à deux et demie, est très-abondant dans les eaux douces et stagnantes des environs de Paris; il marche lentement; mais, lorsqu'il est effrayé, il court très vite; il se cache pendant l'hiver dans la vase, et ce n’est qu’au commencement du printemps qu'il en sort pour s’accoupler. Dans cet acte le mâle, qui est beaucoup plus gros que la femelle, porte celle-ci pendant une huitaine de jours envi- ron sous SOn COrps, la retenant , avec les pattes de la quatrième paire , exactement appliquée con- tre lui, et dans l'impossibilité de lui échapper; lorsqu'il abandonne , elle est chargée d’un grand nombre d'œufs, renfermés dans un sac membra- neux, placé sous la poitrine , et s’ouvrant par une fente longitudinale, à la naissance des petits, (H. L.) ASELLIDES. (cenusr.) Lamarck, dans son His- toire naturelle des animaux sans vertèbres, tome V, page 149 et 157, désigne sous ce nom une famille de crustacés isopodes, calquée sur un groupe an- térieurement établi, par Latreille, sous le nom d'ASELLATES (v. ce mot). (H. D.) ASELLATES. (crusr.) Famille de l’ordre des Isopodes (Règn. anim. de Guvier), section des Nor- maux (cours d'Entomologie de Latreille), ayant ASIE 302 ASIE pour caractère, suivant cet auleür: appendices sous-caudaux et branchiaux étant pareillement recouverts par deux feuillets libres ; queue formée d'un seul segment , avec deux styléts bifides, ou deux appendices très-courts, en forme de tuber- cules au milieu de son bord postérieur; n’ayant pas de nageoires sur les côtés; quatre antennes se terminant par une tige sétacée, pluriarticulée. Cette famille, dans le Cours d’entomologie de La- treille, comprend les Asellates marines, ou les genres dæra et Janira du docteur Leach. (H. L.) ASIE. (c£oer. rnysto. ) Berceau des sociétés humaines et de la civilisation, l'Asie est, après FAmérique, la plus vaste des cinq parties du monde. Son nom, dont lorigine se perd dans la nuit des temps, fut celui d’un canton de la Lydie habité par les Asiones, ei renfermant une ville appelée Asia ; par extension il fat donné plus tard à cette immense péninsule qui tient à l'Afrique par Fisthme de Suez, et à l'Europe par les terres com- prises entre la mer Noire et l'océan Glacial areti- que. Baiïgnée au nord par cet océan, séparée du nouveau continent par le ‘détroit de Béring, PAsie abandonne à l'Amérique les îles Aléoutes ou Aléoutiennes, simple prolongement de la presqu'île d’Alaska, bornée à lorient par le Grand-Océan ou l'océan Pacifique; les îles du Japon et de Formose en font partie; la mer de la Chine à Fest, comme au sud le détroit de Malacca, la séparent de l'Océanie ; le Grand-Océan et l'océan Indien baignent ses côtes méridionales et com- prennent dans ses limites Ceylan, les Maldives et fes Laquedives. Sa plus grande longueur, du sud- ouest au nord-est, depuis l'extrémité septentrio- pale de la mer Rouge jusqu’au détroit de Béring, est de 2,390 lieues ; sa plus grande largeur, de- puis le cap Severo-Vostochnoï ou Taimoura , dans l'océan Glacial, jusqu’au cap Romania, à l'extré- mité de la presqu'ile de Malacca, est de 1,899 lieues. Sa superficie peut être évaluée, en y comprenant celle des îles qui en dépendent, à 2,100,000 lieues carrées : c'est plus de quatre fois la surface de toute l'Europe. Quatre grands versans , l’un au nord, incliné vers l’occan Glacial ; le second à l’est, vers le Grand-Océan!; le troisième,au sud, vers l'océan Indien ; le quatrième, à l’ouest, vers la mer Noire et la mer Caspienne, s'appuyant tous sur un immense plateau qui s'élève entre le 50° et le 50° parallèle , forment les cinq grandes régions physiques de l'Asie. ® Le plateau central, improprement appelé pla- teau de la Tatarie, au nord du désert de Gobi ou de Chamo , est un assemblage de montagnes nues, de rochers énormes et de plaines que l’on a sup- posées fort élevées, mais qui le sont généralement si peu, que la moyenne des observations ét des me- sures barométriques , faites en différentes saisons par MM. Ledebourg, Bunge, Hanstéen, Rose et Humboldt,ne lui donne sousle parallèle de Ag degrés et par une longitude de 16 degrés et demi plus orientale que Tobolsk, ainsi qu’à une grande partie de la steppe des Kirghiz, qu'une hauteur de 500 à 400 toises au dessus duniveau de l'Océan. Mais, en se dirigeant vers l'occident , la continuation de ce plateau s’abäisse jusqu’à présenter au bord septen- trional du lac Aral un abaïssement de 31 toises au dessous du niveau de l'Océan. Nous entrerons dans quelques considérations sur; cette dépression remarquable, à l’article CAsPrennE. Placons-nous au milieu de ces vastes déserts pour suivre dans toutes les directions les monta- gnes et les versans qui l'entourent, Le désert de Gobi a passé xtort jusqu’à ce jour pour la plus haute région de tout le globe. Des lacs salés, de petites rivières qui se perdent dans un amas de sable et de gravier , quelques pâturages ou quelques buis- sons chétifs, cà et là dispersés, sont les seuls ob- jets qui en interrompent la triste monotonie. Il s'étend du sud-ouest au nord-est depuis la chaîne des monts Bolor jusque près des sources du fleuve Amour ou Saghalien, sur une longueur d'environ 700 lieues, et depuis les monts Koulkoum jus- qu'aux monts Thian-chau et Altaï, sar une lar- geur de 100 à 190 lieues. Ce n’est que vers son extrémité orientale que l’œil peut se reposer sur quelques fertiles oasis arrosées par des sources. Le Petit Altaï, les monts Khangaï et les monts Jablonnoi, dont le prolongement va se terminer au détroit de Béring, limitent le versant septen- trional de l'Asie, où plusieurs rameaux indiquent la naissance detrois grands bassins , celui del Obi à : l’ouest, celuide/enisse au centre, etcelui dela Lenaï à l'est, Tout ce versant est occupé par la vaste Si- bérie, qui s'étend vers le pôle , et s'incline vers la mer Glaciale, et qui ne recoit de celle-ci que des particules chargées du froid polaire. La Sibérie est séparée de l'Europe par les monts Ourals et le fleuve de ce nom qui a environ 700 licues de cours. Sa longueur , d’orient en occident, est de 1,900 lieues , et sa plus grande largeur du nord au midi d'environ 600,000 lieues, ce qui lui donne une superficie de 600,000 lieues, c’est-à-dire supé- rieure de près d’un quart à celle de l'Europeentière, - puisque celle-ci n’a que 484,910 lieues carrées. Le plateau de l'Asie centralese confond insensi- blement avec la région du versant oriental, Unellarge chaîne de montagnes en partie couvertes de neiges éternelles s'étend depuis son extrémité jasque dans la Corée. Une autre n’est séparée de celle de la Daourie que par le fleuve Amour. Cette contrée, à l'est du désert de Gobi, est, par son élévation, la plusfroide de la zône temptrée boréale. Quoiqu’elle soit située sous les latitudes de la France, sa température ressemble à celle de l'Asie septen- trionale. Elle comprend une partie de la Tatarie chinoise. Les ramifications des chaînes de monta- gues de ce versant entourent cinq bassins mari- times : la mer de Béring, celle d'Okhotsk, celle du Japon, la mer Jaune, et celle de la Chine. Les deux premiers ne reçoivent aucun cours d’eau rc- marquable; dans le troisième, se jette le fleuve Amour ;île Hoang-Ho etle Yang-Tseu-Kiang se dé- versent dans le quatrième; enfin le Kiang a son embouchure dans le dernier. Une prodigieuse quantité d'îles s'élèvent à peu de distance du con- I pr ASIE 303 tinent, et présentent comme une immense haie contre laquelle viennent se briser les flots de ?0- céan. Voisine des glaces polaires d'un côté, et des régions tropicales de l’autre, cette petile région maritime offre d'innombrables variations de tem- pérature. Les monts Altaï, la chaîne du Thianchan , celle de Koulkoum et les monts Himalaya, garan- tissent des vents glacés du nord FAsie méri- dionale, magnifique parterre de fleurs, où les . peuples sont appelés par la nature à la vie agri- cole et pastorale ; comme, sur le versant opposé, le Sibérien au milieu de ses déserts est entrainé à la vie active. Six bassins recoivent les eaux de celte région : le May-Kang et le Meinam ont leur embouchure dans la mer de la Chine ; Yraouaddy et le Brahmapoutre, sortis de la montagne de Damtchonck-Kabab ; le Gange, qui descend de l'Himalaya, et le Godavery , qui prend sa source dans les Ghaties occidentales, se jettent dans le golfe du Bengale; le Nerbouddah et le Sind dans le golfe du Sind ou d’Oman. La cinquième région se détache plus qu’au- cune autre dé la masse du continent; la mer Gas. ienne , la mer Noire, la Méditerranée , les golies Arabique et Persique, donnent à l'Asie occidentale quelque ressemblance avec une grande péninsule. Elle présente avec la région orientale presqu’au- tant de contrastes que le versant méridional en offre avec le versant opposé. L’Asie orientale est, en énéral, humide ; l’occidentale est sèche et même aride dans quelques unes de ses parties : la pre- micre est sous un ciel orageux et nébuleux; la seconde jouit de vents constans et d’une grande sérénité d’atmosphère ; la première a des chaînes de montagnes escarpées , la seconde est composée de plateaux en grande partie sablonneux. x La nature géologique des montagnes et des plaines de l'Asie est analogue à celle des autres parties du monde : des roches granitiques, des produits ignés, des dépôts attestant les diverses époques du séjour des mers et des eaux douces dans les bassins et dans les plaines; des monta- gnes dont les couches inclinées annoncent comme en Europe l'effet du soulèvement du sol, enfin des volcans beaucoup plus nombreux qu'en Europe et qu’en Afrique. La chaîne appelée improprement Petit-Altai montre, en se terminant au cap Kolyvano-Vos- kressensk , des masses de granite et de porphyre, des rochestrachytiques (voy.Tracuvre) et des mé- taux précieux, Suivant M. de Humboldt, l'Irtyche remplitune immense fissure entre des montagnes et laisse voir le granite superposé au schiste argileux. De petites montagnes ont été soulevées à travers une fissure qui forme la ligne de partage d’eaux entre les aflluens du Sarason et ceux de l'Irtyche. | C'est de cette même fissure que sont sortis des | granites stratifiés, des schistes, des roches cal- | caires, el des métaux parmi lesquels on doit citer le plomb argentifère, le carbonate de cuivre, et le cuivre nalif. Le grand affaissement que l’on a constaté au- \ ASIE tour de la mer Caspienne et du lac Aral est an- térieur à l'origine de la chaîne de l'Oural : s’il eût été postérieur, celle chaîne se serait affaissée aussi. M. de Humboldt pense que l'affaissement de l'Asie occidentale coïncide avec l’exhaussement du plateau de l'Asie centrale, de l'Hymalaya, du Thianchan et de tous les systèmes de montagnes dirigés de l'est à l’ouest. L’Asie est la seule partie du monde qui offre des volcans fumans, situés à une distance im- mense del Océan ; en Europe ils sont sur le bord de la mer ; en Amérique à une trentaine de lieues; en Afrique à 112; mais en Asie à plus de trois fois celte dernière distance. Le lac Baïkalentouré de basaltes, et les volcans du Tianchan, sont -le centre des commotions vol- caniques qui agitent l'intérieur de l'Asie. Mais il est à remarquer que ces commotions ne s'étendent dans la Sibérie occidentale que jusqu'à la pente de l’Altaï. Dans l'Oural , dit M. de Humboldt, ot ne ressent pas “de tremblemens de terre ; aus, 1 malgré la richesse métallique dés roches , on ns trouve ni basalie , ni trachytes, ni sources miné- rales. . La même cause qui a formé sur la croûte du lobe dessoulèvemens et des affaissemens brusques, a probablement, par une action latérale continuée graduellement, rempli de métaux les fentes de l’Oural et_de J’Altaï. Mais ce qu’il y a de remar- quable et ce qui pourrait servir à prouver combien la chaîne de l'Oural est peu ancienne, c'est que les alluvions d’or et de platine sont mêlées sur les hauteurs avec les mêmes ossemens fossiles de grands animaux terrestres que l’on trouve dans les plaines basses de la Sibérie. D’après un travail sur les volcans que nous avons publié dans l'Encyclopédie méthodique, l'Asie renferme 127 volcans et solfatares, dont, 52 sur le continent et 75 dans les îles. La seule presqu'île du Kamtchatka en contient 16. C’est principalement dans les îles qui bordent le continent, que les volcans se montrent dans toute leur activité : l’archipel des Kouriles, les îles du Japon, Formose près des côtes de la Chine, Barren dans le golfe du Bengale, et plu- sieurs autres, sont tourmentés par de fréquentes éruptions. Nous avons nommé les principaux fleuves de l’A- sie ; tâchons d'évaluer la superficie relative des eaux courantes sur le sol de cette partie du monde, Si nous prenons pour unité leur surface totale, les eaux des diverses contrées de ce continent pré- senteront les fractions suivantes de l’unité. coulant vers lenord 0,31 Fleuves de la Sibérie | ME peut g'0n | 2305 22°: de lIndeentièrel 44 107,4 1 40;27 — dela Chine et de la Tatarie chinoise. 0,19 — dela Turquie d'Asie. . . . . . 0,10 — del'Asie centrale. , ,: . . . . 0,08 — dela Perseet de l'Arménie. . . . 0,06 DORA ARTE NAN Niels nés ae DO Pour juger de lasécheresse relative de ces pays, il faut avoir égard à leur surface respective. L’Ara- A M 304 Tu pe + -n «02 ee ee 0 RE ASIE bie, par exemple, est beaucoup plus sèche que la Perse ou la Turquie; mais l’Inde et la Chine sont tout autant arrosées que la Sibérie, Afin de faire apprécier l'importance de la super- ficie relative et absolue des principaux lacs asia- tiques, nous allons réunir les plus considérables dans un seul tableau. Lieues carrées. Lac Aral ou mer Aral (Tatarie). . . 1,20 — BAKal (SIDE) RTE OR ON 981 — LCR RER SE 0 Y960 — Laïsan (Kalmoukie) . . . + 800 — Palkatiou Balkhachie (Kalmoukic ). 480 DER (MIDELT) RSS TR Ten 300 —- Lob-Noor (Kalmoukie) . . . . 280 — Van (Turquie). . avale 255 — Khoukhou-Noor (Chine). Nos 2220 — Lereh (Perse). . , SUR 140 — Namour ( Chine Ceciden tale en 190 = OurmianCPESE) ee Pr TR 100 — Asphaltite (Palestine) . . : . . 65 ” Les plaines asiatiques sont, en quelque sorte, de vastes plates-formes posées sur le dos des mon- tagnes. Tantôt, s’élevant de distance en distance, par terrasses , elles s'étendent au loin en conser- vant le même niveau , quoique légèrement inter- rompues par des pentes locales. Del, ces lacs sans écoulement, ces fleuves qui naissent et meurent dans le même désert; de là, ces passages subits d’un froid rigoureux à ïtune ‘chaleur insupportable lorsqu' on descend du Tibet dans l'Inde, ou de intérieur de la Perse aux côtes maritimes. C’est aussi à cette configuration du pays qu'il faut attribuer ces vents périodiques de l'intérieur , bien différens de ces vents maritimes, de ces mous- sons de l'Inde. Les vents glacés de la Sibérie re- montent jusqu'au centre Pde l'Asie, et s'ils sont assez élevés pour dépasser la première chaine, ils peuvent s ‘étendre jusqu’au sommet du Tibet, Le vent d’est, chargé de brouillards, couvre dans le même instant toute la partie basse de la Chine ; mais, à mesure que l’on s'enfonce dans la zône iempérée , toute régularité dans les mouvemens si intimement combinés de l'Océan et de l’atmo- sphère cesse peu à peu: on éprouve alors Jes mêmes changemens d’orient en occident qu'en avancant en Europe d'occident en orient. La division de l'Asie en cinq régions facilite celle des climats qui y règnent : au centre, l'hiver établit son empire , ‘et dons un espace qui, de- puis le 50° jusqu'au 50° parallèle, comprend VAfrique septentrionale , le midi et le centre de VEurope , il règne en Asie près des trois quarts de l’année, et laisse à de courts étés la tâche facile de brüler des déserts couverts de sable et presque dé- pourvus de végétation. Il y à cependant quelque- lois de la neige en été. La région du nord, que nous avons déjà carac- térisée, n'offre que dans quelques parties australes, favorisées par une exposition particulière, des exceptions au triste spectacle de ces immenses et froides solitudes. On peut la diviser en deux zônes : depuis les bords de l'océan Glacial jus- ASIE qu’au 62° parrallèle, le froid y est excessif, et le mercure ÿ gèle souvent. Les frimas couvrent la terre depuis le mois de septembre jusqu'à celui. de juillet. Depuis le 62° jusqu'au 50° degré de latitude , le climat devient moins âpre, les rivières gèlent depuis la fin d'octobre jusqu'à Ja fin du mois de mai. La région orientale, en se confondant avec les hauts plateaux du centre, est peut-être , de toutes les contrées de la zône tempérée, celle dont le climat est le plus rude; mais, près des bords de: la mer, satempérature dev iènt douce ; et dans sa par- tic méridionale , qui comprend la moitié de la Chine proprement dite, la chaleur paraît d'autant Fe insupportable, .que les pluies y sont peu fréquentes. Dans la région méridionale, bornée au nord par des plaines élevées, baignée à lorient et au sud par le Grand-Océan, on ne connait que deux saisons : depuis le mois d’avril jusqu'à celui de novembre, les rayons solaires sont perpendi- culaires à l'horizon. Cette région, qui forme une large zône, depuisle 30° parallèle jusqu’au 10°, com- prend la Cochinchine , FHindoustan, la Perse méri- dionale et l'Arabie. Dans l’Hindoustan , et particu- lièrement sur les côtes, la fin de la saison pluvieuseest marquéepar de brusques changemens de vents et par la violence des orages : nulle part les ouragans ne se déchaînent avec plus de fureur ; nulle part leséclairs et les coups de tonnerre ne présentent des spectacles plus épouvantables ; nulle part la grêle pesante, la sécheresse prolongée et les déluges de pluie ne menacent le cultivateur de plus de ravages. La région occidentale, qui renferme la Bou- kharie , l'Afghanistan, la Perse septentrionale et la Turquie d'Asie , éprouve des chaleurs excessives, pendant les mois de juin , de juillet et d’août. Enfin l'Asie maritime ou les îles asiatiques, er s'étendant du nord au sud , éprouvent au nord des froids moins intenses que sur le continent et au midi, des chaleurs plus supportables: consé- quence nécessaire de l'influence de l'Océan. L’Asie se vante d’avoir donné à l’Europe ses céréales , la plupart de ses plantes potagèreset plu- sieurs espèces de fleurs et d’arbres fruitiers. Le nord de cette partie du monde est la patrie de l'épinard ; nous devons le radis à la Chine, et la fève de marais à la Perse; le haricot, la chicorée blanche, et le potiron qui, dans nos potagers , étale ses larges feuilles et fait briller l'or de son énorme fruit , ont passé du climat brûlant de l'Inde à la douce température de la France et de l'Europe occidentale. Dans nos jardins on cultive l’astragale bigarrée de la Sibérie, l’astère de la bite , la bus samine de l'Inde , la tubéreuse de Ceylan, jle lis de la Palestine , et larenoncule que saint Louis apporta de Syrie.-On sait que le cerisier, venu d'Asie, fut acclimaté en Europe par Lucullus ; que les Phéniciens y naturalisèrent la vigne , et que les anciennes colonies grecques, établies sur nos côtes méditerrannéennes, y transportèrent l’oli- vier, originaire du mont Taurus ,et le framboisier du mont Ida. L'Europe doit aussi le mürier blane à la Chine, le mûrier noir à l'Asie mineure , l'a- bricotier: oo S Le . le "ASIE ‘305 ASIE ———————— — — ———————_————— ——— —…— — ———_—— — —"— bricotier à l'Arménie , et le pêcher à la Perse ; l’A- siea vu naître aussi l’amandieretle noyer. Enfin, nos parcs el nos jardins se parent du marronier d'Inde, originaire de la Turquie d’Asie, et de ce saule pleu- reur qui laisse tomber jusqu'à terre ses rameaux souples et légers. ë + La rhubarbe, objet d’un grand commerce, croît spontanément au milieu des déserts du pla- teau central, ainsi que le polystichum barometz , “plante singulière , dont la tige couverte de longs poils et la racine tortueuse prennent des formes bizarres , imitent même celle d’un animal, et lui ont valu le surnom d’Agneau de Tatarie. La région septentrionale offre plusieurs zônes bien diflérentes : près des sources du fleuve Amour, le chêne et le noisetier sont faibles et lan- guissans ; le tilleul et le chêne cessent vers l’Irty- che; le sapin ne dépasse pas le 60° parallèle ; d'épaisses forêts de bouleaux, d’ormes, d’érables et de peupliers, bordent le cours des fleuves. Le pin cimbro (pinus cimbra), qui couronne en Europe les flancs des hautes montagnes, s’élève au milieu des plaines humides de la Sibérie, où il atteint une taille gigantesque ; à l’est de J’Ieniset , il di- minue de grandeur, et vers les bords de la Léna il ne dépasse guère la taille des arbustes. Le peu- lier blanc est tellement commun en Sibérie , que Pallas s’étonnait que le duvet cotonneux qu'il porte n’y fût pas utilisé. Le peuplier baumier, qui dans nos jardins n’est qu’un arbrisseau , élève majestueuse- ment sa tige, et répand dans les airs les molécules odorantes de ses bourgeons résineux. Le merisier à grappes (cerasus padus) croît dans la Sibérie méridionale jusqu’au Kamtchatka, et porte un fruit douceâtre ; celui d’un autre arbre (prunus fruticosa), commun dans les steppes, sert à faire une sorte de vin. Un grand nombre de plantes ornées de fleurs brillantes sont indigènes de la Sibérie : l’hellébore noir , le vérâtre blanc, Vivis jaune- blanc (iris ochroleuca), l'iris des prés (iris sibirica), l'anémone, la potentille, la gentiane des marais et l’élégant astragale des mon- tagnes , offrent en beaucoup d’endroits l’assem- blage des couleurs les plus variées. Le joli robi- nier caragan, le daphné altaïque, l’amandier nain , l’œillet superbe (dianthus superbus) , la va- lériane et la gentiane altaïque , croissent sur les flancs des monts Altaï, tandis qu’à leurs pieds fleu- rissent l’aster de Sibérie aux fleurs bordées d’un violet pourpré,-la tulipe sauvage et le rosier à feuilles de pimprenelle. Sur les autres montagnés, on trouve la gentiane croisette et la gentiane des neiges; mais c'est en Daourie que la flore sibé- rienne étale ses principales richesses : les monts se couvrent de deux espèces de rhododendrons, l’un à fleurs rouges et l’autre à fleurs jaunes, de plu- sieurs églantiers, de spirées à feuilles de mille- pertuis, à feuilles crénelées , à feuilles d’orme, à | feuilles lisses, à feuilles de saule, et à feuilles de sor- bier; tandis qu’à leurs pieds croissent les anémones pulsatilles, quatre espèces de pivoines et vingt espèces de potentilles. # En remontant l'Irtyche, on retrouve quelques Tows XXXIX° plantes des régions élevées de l’Europpe; mais dès qu’on passe l’Ienisci, la végétation devient plus pauvre , et enfin au-delà du cercle polaire jusqu'au bord de l'océan Glacial, aux chétifs arbrisseaux succèdent des mousses et des .li- chens. La région méridionale de l Asie offre des z0- nes de végétation importantes. Un arbre à cire, qui n’est cependant pas le myrica cerifera, et l'arbre à suif;(crolo sebiferum) , offrent à l’industrie une matièré recherchée pour l'éclairage ; le sumac vernis; le campbrier (laurus camphora) ; la ca- mellie à feuilles étroites (camellia sesanqua) , dont Ja feuille fournit par la décoction un parfum re- cherché pour les toilettes des Ghinoises , et dont la graine donne une très-bonne huile; la pivoine en arbre (pæonia moutan), à laquelle sa beauté a fait donner par les Chinois le surnom de reine des fleurs ; l'hortensia, qui fut long-temps l’une de nos plantes d’agrément les plus recherchées; et l’hé- mérocale qui ressemble au lin pour la forme, et le surpasse en beauté, Dans la presqu'île de Malacca, des forêts où croissent l’aloës , le bois de santal, la casse odo- rante et plusieurs autres arbres précieux, conser- vent toute l’année leur brillante verdure. Le teck, dont le bois dur et presque inaltérable est si utile dans les constructions , et dont les fleurs passent pour un bon remède contre l’hydropi- sie, fait l’ornement des forêts de la Cochinchine, de la presqu'ile de Malacca et des bords du Gange. Le cocotier doit être cité parmi les arbres les plus précieux de l’Inde ; mais le figuier des pagodes ( f- cus religiosa), dont letronc atteint 10 à 15 pieds de circonférence , est en vénération chez les habi- tans, qui croient que Vichnou est né sous son om- brage ; et les immenses rameaux du figuier des In- des ( ficus indica), retombant à terre, y poussent de nouvelles racines , et forment d’une seule tige une vaste forêt. À côté de ces végétaux remarqua< bles , l'Inde voit croître la plupart des arbres frui- tiers de l’Europe. Les plaines élevées de la Perse et de la Tatarie produisent une foule de plantes salines ; mais vers les bords de la mer Gaspienne et de la Méditerra- née , la végétation prend une physionomie euro- péenne , el les forêts reprennent leur vigueur. En s’élevant à travers des bouquets d’églantiers et de chèvre - feuilles sur les flancs des collines, on est bientôt entouré d’acacias, de chênes, de til- leuls et de châtaigniers; au dessus d’eux les som- mets se couronnent de cèdres , de cyprès et d’au- tres arbres verts. L’Arabie offre encore une autre nuance de vé- gétation. (Foy. Aragre.) Enfin nous répéterons ici ce que nous avons dit ailleurs , en faisant observer que le riz, originaire de l'Inde , est le principal aliment des peuples de l'Asie méridionale ; que le millet et l'orge forment la nourriture de ceux de la zône septentrionale, et que ce n’est que sur les limites des régions que nous avons tracées que l’on trouve les pays de fro- ment, Livraison, 39 à EME : _: Le règne animal est plus riche en Asie que ‘dans toute autre partie du monde. Sur les côtes méri- dionales , les zoophytes brillent des plus vives cou- leurs; des coralligènes variés couvrentiles bas fonds et bordent en murailles élevées les approches des iles. Les mollusques y comptent de nombreuses tribus, dont nous nous bornerons à citer quelques espèces remarquables;telle est d’abord la tridacne gigantesque, dont deux valves servent de bénitiers dans l’église de Saint-Sulpice à Paris ; puis l'huître rayonnée de 8 à 10 pouces de dramètre ; le grand triton émaillé, qui atteint quelquefois 16 pouces de longueur; la pintadine, qui fournit la nacre cmployée dans les arts et les plus belles perles fi- nes; la placune vitrée, que les Chinoïs emploient comme vitre. Parmi les céphalopodes, nous ne de- vons point oublier la sèche tuberculeuse si IMpor- tante pour les Chinois, qui fabriquent, avec la ma- üière colorante qu’elle’ sécrète, la substance con- nue sous le nom d'encre de la Chine. Parmi les crustacées se font Fr les squilles , ou man- tes de mer, animaux ornés de Jongues arêtes et d’ épines , et dont la chair sert cuarentenent de nourriture ; les grandes langoustes mouchetées de blanc sur un fond bleu ; et la maïa pipa, qui porte ses œufs sur son dos. Les poissons les plus éclatans, ou dont la chair est la plus recherchée, pullulent dans les mers de l’Asie équinoxiale: tels sont les scombres, les muges, et parmi ceux de forme bi- zarre les chétodons et les coffres. Un grand rombre de reptiles puisent en ee les élémens d’une vie puissamment aidée par la chaleur et l'humidité. La côte de Coromandel vourrit Ja plus grandé tortue terrestre que l’on connaisse; c'est elle que lon la surnommée la tortue indienne : sa carapace, d’un brun foncé, a plus de 5 pieds de longueur. Le Gange et le Brahmapoutre sont peuplés de crocodiles, et prin- cipalement de ceux à long bec qui appartiennent au genre gavial. C’est au Chrosiddl et au Malabar FRS on trouve ce redoutable naja , surnommé la vipère à lunettes, dont la morsure donne en quel- ques instfans la mort, que les jongleurs indiens apprivoisent , que les superstilieux Hindous nour- rissent, que les Bramines conjurent, et dont la figure est le principal ornement de leurs pagodes. ü* Asie est pere des oiseaux les plus beat ux et les plus variés dans leurs couleurs ; elle est la pa- trie des paons , des faisans, des argus et des élé- gans oiseaux de paradis. Le coq et la poule ont été trouvés à l’étatsauvage dans les montagnes des Gathes. Les mammifères asiatiques sont les plus nom- breux et les plus grands en commencant par les singes : tels que les orangs, les somnopithèques, les macaques, et les quatre espèces de gibbon. Plusieurs quadrimanes lémuriens, tels que les loris et les makis, y vivent. Les carnassiers y comptent de puissantes espèces : telles que le lion, - répandu dans tout l’ancien continent, et le tigre royal que l’on a l'habitude de regarder comme habitant exclusivement Ja zône torride, et qui, ainsi que l’a fait observer M. de Humboldt, htbite 306 ASIE depuis FHindoustan jusqu’au Tarbagatüi-ét à! Ja steppe des Kirghiz; le léopard, la panthère et le manoul remarquable par ses longues.soies, et qui est particulier à la Sibérie. C’est dans les forêts qui environnent les montagnes de celle dernière contrée que se réfugient plusieurs animaux pré- cieux pour leur es ‘ces:martres, ces her- mines ,ces renards argentés et cet écureuil sur+ nommé petit-gris. Parmi les grands ‘pachidermes, l'éléphant des Indes , et le rhinocéros à une corne, sont des es- pèces uniquement asiatiques. La presqu'ile de Malacca est la patrie d'un tapir qui diffère de celui d'Amérique. Les deux espèces dechameaux, celle une et celle à deux bosses, paraissent appartenir plus particulièrement à l'Asie qu'à PAfrique. L’Asie nourrit aussi diflérens bœufs sauvages, lels que le zébu qui habite les contrées les plus chaudes, l'arni qui se tient dans les hautes montagnes de lHindoustan , le gour qui habite les forêts de l’intérieur , le yack qui aime à se vautrer dans la fange, et dont la queue touflue sert d'étendard aux Orientaux; plusieurs espèces d’antilopes et le mouton appelé Argali, dont la corne présenterait une Jongueur de 5 à 6 pieds si sa courbure était développée. La chèvre dent le poil soyeux donne aux chäles de Cachemire une sonplesse particulière, habite les montagnes du Tibet; enfin c’est de l'Inde et de la Perse qu'à la faveur des navires marchands, le surmulot, ou le gros rat gris, émigra au XVI siècle en Eu- rope, où il a presque détruit l'espèce indigène noire. Parmi les eétacés qui habitent les plages asiati- ques, on cite plusieurs espèces particulières de lamantins, de dugongs, de dauphins, et surtout le dauphin du Gange, qui paraît être le plataniste de Pline. Trois races d'hommes, si Fon ne s’en rapporte qu’à la couleur, habitent la contrée asiatique : la . blanche en occupe toute la moitié occidentale ; les principaux peuples qui la composent sont ceux du Caucase, les Arabes, les Persans, les Bou-- Khares, les Arméniens, les Géorgiens, les Turko- mans ,les Ouzbeks, les Kirghiz, les Iakoutes, les Ostiaks, les Tchouvaches ét les Mordouins. La race jaune comprend les Kalmouks, les Sa- moïèdes, les loukaghirs, les Lamoutes, les Rois les Kamtchadales, les Mongols, les Tongouses , les Mantchoux, les Coréens, les Japonais, les Aïnos les Siamois et les Tibétains. La race noire qui estla moinsnombreuse habite les îles de Nicobar', d’Andaman et de Ceylan. (Vey.Howus.) Les Malais paraissent provenir du mélange dés races blanche et jaune. Nous terminerons par un tableau des hauteurs des principales montagnes de l'Asie. Le Tchamoulari 8960 ? mètres, Groupe }Le Dhavalagirt 85506 : de Le Djavahir : 7821 l'Himalaya. |Le Serga Rouenir 6959 ‘Hindou sen 6226 NIK 1 Asaret. 2 Ascalaphe . 3 Asclépiade 4. Asile. ZE. Guerin du A 2 307: ASPA PRE ASIE. - Petit Altaï 2202. £ Groupe Grand Altai 3000 ? “de Pic de la frontière de VAltaï, [la Russie et de la Chine 5135. FEoae |Bokhäa-Vola 58/40? Thi PE se | Mont Bolor 5800 ? Groupe {Elbrouz 5009 de Le Mkinouari ou Kaz- Caucase. (bek 4677: Groupe qu Mont Liban 2906. Liban. (3.-H.) ASILE, Asilus. (rxs.) Genre de l'ordre des Diptères , établi par Linné et répondant à la fa- mille des Asiliques. Latreille, dansle Règne animal de Cuvier, range le genre Asile dans la famille des Tanistomes ; les caractères qu'il lui assigne sont : Antennes de même longueur que la tête, séparées jusqu’à leur base, dont le premier article est plus long que le second , etle troisième encore allongé, avec un stylet en forme de soie au bout. Meigen (Descript. des Dipt. d'Europe) caractérise ainsi ce | enrè: Antennes avancées, rapprochées à leur Pace , formées de trois articles, le premier cylin- drique, le second en cône renversé, le troisième sans anneau avec un stylet terminal sétiforme ; trompe droite, dirigée en avant, horizontale et courte; jambes plates , épineuses ; pieds armés de deux éperons. Les Asiles se distinguent des Laphries par Je dernier article des antennes qui est en forme de fuseau ou de petite tête obtuse, des Dasypogons où le:stylet est bien distinct du corps et où la trompe est droite, des Gonypes de La- treille, ou des Leptogastres de Meigen, parles tarses qui sont terminés par trois crochels ; du reste leur corps est allongé; leur tête, concave antérieure- ment ct plane postérieurement, supporte des yeux lisses ; les ailes sont placées horizontalement et dépourvues de cuillerons; il existe des balan- ciers minces, qui sont terminés brusquement par un bouton ; leur abdomen est. allongé , et il se ter- mine. en pointe dans les femelles. : Les Asiles sont des insectes carnassters, très- voraces; ils saisissent , suivant leur taille et leur force, des mouches, des tipules, des bourdons et des coléoptères pour les sucer; leur vol est rapide et accompagné d’un bourdonnement assez fort. On les rencontre vers la fin de l'été et. de l’antomne, dans les bois , dans les lieux sablonneux:; leurs larves vivent dans.la terre, ont une petite tête écailleuse, armée de deux crochets mobiles , et Sy transforment en nymphes qui ont des ‘crochets dentelés au thorax et de petites épines sur l’ab- domen. Piusieurs espèces se trouvent en Europe; une des plus communes, et qui sert de type au “2 , Est l’ASILE FRELON, Asilus crabroniformis, in., Degéer, Ins., VI, XIV, 3, ou l’Asile brun à ventre de deux couleurs de Geoffroi (Insect., tom. >, pagé, 468, play, fig. 3, X.) Elie a été figarée dans notre Atlas, pl. 31, fig. 4. Gette espèce est DRE PR : longue d'environ un pouce, d’un jaune d'ocre, avec les trois premiers anneaux de l’abdomen d'un noir velouté, les antennes d’an jaune fauve | et les ailes roussâtres. Meigen (loc. cit.) en décrit cinquante-six espèces, dont plusieurs sont nou- velles. & (H. L.) ASILIQUES , Asilici. (ixs.) Famille de l’ordre des Diptères, section des Proboscidés, établie par Latreille (Géner. Crusk, et Insect, ), qui lui assigne pour caractères : tête transverse, antennes pres- | que cylindriques, de trois articles, dont le dernier est sans anneau avec un stylet où une scie, dans la plupart; trompe aussi longue que la tête; cellule complète, en forme de triangle allongé, près du bord interne (la dernière de toutes) se terminant au bord postérieur ; épistome toujours barbu. Gette famille, quirépondau grand genre Âsile de Linné, a été depuis subdivisée en plusieurs genres, don£ les plus remarquables sont : les Laphries, Dasypo- gons, Dioctries, Gonypes et Asiles proprement dits. Meigen (Descript. syst. des Ins. dipt. , 1820, t. 11) donne à la famille des Asiliques les mêmes caractères que Latreille, ctelle se compose pour lux des Dioctria, Dasypogon, Laphria , Asilus ct Lep- togaster, (H. L.) ASIRAQUE, Asirica.(ixs.) Genre d'Hémiptères, de la section des Homoptères,famille des Gicadaires. Parmi les Falgorelles, les unes ont les antennes pla- cées hors des yeux et lesautres dansune échancrure des yeux. C’est dans cette division qu'il faut placer le genre Asiraque , dontles caractères consistent à avoir le premier artiele des anfennes plus long que le second, ce qui le sépare des Delphaxet des Anotia, et desocelles, cequi le distingue de ces der- niers. Ces insectes sont de petite taille; teur bête est transversale, leur chaperon déprimé, large ; l’é- chancrure des yeux, destinéeàrecevoirlesantennes, forme une fente très-profonde; les antennes ont le premier article. aussi long que la tête et le corselet pris ensemble, déprimé, le dernier ovoïde, beaucoup plus court, chargé de papilles; les élytres sont chargées de poïls raides sur les nervures, L'espèce la plas connue est : L’A. à corne en massue, 4. clavicornis. Fab, Coqueb. illust. Icon. déc. LI, tab. 8, fig. 7. Long de deux lignes; corps, mésothorax, lesquatres pat- Les antérieures, noirs ; têle, antennes, prothorax , élytres, pattes postérieures, fauves ; extréamté des quatre antérieures, blanchâtre. Des environs de Paris, mais pas très-commun. (A: P.) ASPALAX. (uanr.) Voyez Rar-Tavre. à ASPARAGINE. (cmm.) Substance découverte , par Vauquelin et M. Robiquet, dans le sue des: as- perges, qui existe aussi dans les racines de gui- mauve, de réglisse, et probablement dans beau- coup d’autres végétaux, et qui a été étudiée par plusieurs chimistes , parmilesquels nous citerons Wittstock; Henry fils, Plisson , Pelouze, etc. L’Asparagine est solide , inodore, d'une saveur faible de bouillon, plus soluble dans l'eau chaude "3 ‘ rm É ASPE et l’alcool faible que dans l’eau froide, l'alcool pur et l’éther, cristallisable , etc. On l’obtient en abandonnant à lui-même, dans un lieu froid, un décocté de racine de guimauve filtré et con- centré; ou bien en traitant l'extrait aqueux de cette même racine, devenu acide, par l’alcool bouillant , etc. (F.F.) ASPARAGINÉES , Asparagineæ. (mor. pnan. ) Famille de Ja classe des Monocotylédones à étamines périgynes, composée de plantes vivaces , herbacées ou sous-frutescentes , à- feuilles ordinairement alternes. Ses fleurs sont tantôt hermaphrodites , tantôt unisexuées, distinction peu constante, d’après laquelle Ventenat avait formé deux groupes, les Asparagoïides et les Smilacées. Une autre division plus fondée a été établie par R. Brown et Richard, quiont séparé des Asparaginées , telles que Jussieu les avait présentées, les genres dont l'ovaire est infère. (Voyez Dioscorées.) La famille qui nous occupe aura donc pour caractères et pour limites : fleurs hermaphrodites ou unisexuées, monoïques ou dioïques, accompagnées, à leur base, de pathes ou écailles, calice pétaloïde, à six divisions avec lesquelles alterne un nombre égal d’étamines, à filets libres, soudés dans le genre Ruscus ; ovaire supère surmonté d’un style simple et d’un stigmate, ou de trois ou quatre styles avec autant de stigmates; capsule ou baie globuleuse , ordinairement à trois loges , quelquefois à une seule par avortement des deux autres. Les genres de la famille des Asparaginées peu- vent être classés d’après le nombre de leurs sti- gmates. Il n’ÿen à qu’un, simple ou trilobé , dans les genres Æsparagus, Convallaria, Polygonatum, Mayanthemum, Dracæna, Dianella, lagellaria, Callixenia, Ruscus, Smilax, etc. On en compte trois ou quatre dans les genres Paris, Trillium , Medeola, etc. (L.) ASPERGE , Asparagus. (mor. pnax. ) Genre et type de la famille décrite ci-dessus. Il se distin- gue parses feuilles, ordinairement réunies en fais- ceaux autour d’une tige herbacée ou ligneuse , dressée ou grimpante, souvent épineuse. Ses fleurs, hermaphrodites dans la plupart des espèces, dioïques dans les autres, et solitaires à l’aisselle des feuilles, présentent un calice à six divisions égales , dont trois intérieures, et réfléchies au som- met ; six élamines attachées au fond du calice ; un style, un stigmate trigone, une capsule à trois loges dispermes. Tout le monde connaît l’Asperge, Æsparagus officinalis, L., cette plante potagère, cultivée dans des fossés séparés par des ados plus ou moins élevés; de loin on croit voir une forêt d'arbres verts d’une taille toute lilliputienne. En réalité, sa tige a de trente à trente-six pouces, et porte des rameaux écartés, et disposés en pyra- mide comme ceux d’un sapin; ses feuilles sont fines, réunies en nombreux faisceaux de trois à quatre renfermés d’abord entre plusieurs stipu- les. On remarque peu de fleurs, petites, verdâtres, mâles sur certains pieds, femelles sur les autres, ce qui n'intéresse que pour la récolte des graines. 308 EE ————_———_—_—__—_———_—_——_—_—_—_—_————————————" "À ———"————— —— ASPE Celles-ci sont contenues dans une baie d’un rouge très-vif. L’'Asperge se sème en pépinière; après un an ou quelquefois deux, selon la qualité du sol, on relève les pieds ou griffes pour les repiquer dans des fosses ou des planches séparées , où on les recouvre chaque année de quelques fouces de fumicr et de terre. Pour quelques citadins, nous ajouterons que ce sont les jeunes pousses de l’As- perge qui sont servies et recherchées sur toutes les tables. Une observation bien connue, mais que nous devons consigner , c’est que ce légume com- munique aux urines une odeur fétide sui generis, et que quelques gouttes de térébenthine suflisent pour changer en odeur de violette. L’Asperge, succulente sous notre climat tem- péré, devient ligneuse dansles pays chauds. Sur une vingtaine d'espèces connues, la nôtre seule est comestible; les autres sont parfois de vrais buissons , souvent épineux , comme beaucoup de plantes que la culture n’a pas en quelque sorte civilisées et réduites à la domesticité. Nous cite- rons seulement lAsperge tortueuse, Æsparagus retrofractus , à cause de sa tige sarmenteuse et haute d'environ cinq pieds. Elle croît en Afrique, dou CLP ASPÉRITÉS. (awar.) Ce mot, souvent em- ployé comme synonyme d'irrégulorités, sert à désigner certaines surfaces raboleuses, âpres, qu'on rencontre ordinairement sur les os ct des- tinées ordinairement à l'insertion d'organes fi- breux. Dans quelques circonstances morbides , on donne encore ce nom aux petites éminences des calculs urinaires, comme aux lamelles aiguës des fragmens d’un os fracturé. RO ASPÉRITÉS. (sor.) Tubercules ou poils courts et raides qui couvrent certaines plantes et font éprouver à la main qui les touche une sorte de rudesse, derugosité, comme il est facile de le remar- quer, par exemple, sur les tiges et les feuilles de bourrache. LES ASPÉROCOQUE. (207. cnypr.) (Hydrophytes.) Genre de l’ordre des -Ulvacées, parmi les plantes marines. Les caractères de ce genre’, dont les es- pèces sont toutes indigènes, sont les suivans : graines isolées, éparses ; frondes toujours fistu- leuses; couleur moins vive, moins éclatante que celle des ulves, peu altérable par la dessiccation , l'air ou la lumière. Comme espèces principales, nous citerons : 1° l’Aspérocoque rugueuse, que l’on trouve sur les côtes de Normandie et de Bretagne; qui est sim- ple, cylindrique’, rétrécie à sa base, d’une lon- gueur qui varie de un à six pouces , et qui est cou- verte de graines nombreuses et un peu saillantes ; 2 l’Aspérocoque bulbeuse, que l’on rencontre dans la Méditerranée et dans l'Océan, qui diffère de la précédente non-seulement par son pédicelle beaucoup plus marqué, mais encore par le diamè- tre des frondes, qui est de trois à huit lignes, et par les graines toujours moins saillantes. Les Aspérocoques ne vivent que très-peu de lemps. (EF) : ee EE ee En. Lee cmt ts oo ASPH 309 ASPH ————_—_—_—_——— ASPÉRULE, Asperula. ( Bot. PHAN.) Parmi les douze espèces que renferme ce genre de plantes herbacées, de la famille des Rubiacées, et de la Tétrandrie monogynie, trois intéressent particu- lièrement par leurs propriétés utiles et agréables. La première est l'AsPÉRULE RUBÉOLE, À. {inctoria : sa racine donne une couleur rouge aussi belle que celle de la Garance (+. ce mot ); elle se trouve d'ordinaire dans les terres en friche, sèches et arides, sur les pentes des collines et les pelouses ; elle est vivace, fleurit en été, et est recherchée par tous les bestiaux. Les os des oiseaux nourris avec ses racines, se teignent enrouge, Une variété de cette espèce , dite /Zerbe à l'esquinancie , a les fleurs couleur de chair , et était autrelois très-re- cherchée pour ses propriétés médicales. La se- conde, l’ASPÉRULE BLEUE, 4, arvensis, est annuelle, pullule dans les champs en jachère, et mériterait de faire partie de nos prairies artificielles. Sa ra- cine est aussi fort. bonne pour la teinture. La troi- sième, la plus élégante de toutes , l'AsPÉRUuLE 0Do- BANTE , 4. odorata, pare, en été, le sein des jeunes yillageoises de son joli bouquet blanc, quirépand une odeur douce et agréable. On la trouve dans les bois humides, dont souvent elle couvre abon- damment le sol, et où son parfum attire les abeilles; c’est de là qu'on lui donne parfois les noms vulgaires de reine et de muguet des bois. Verte ou desséchée, elle rend le soin très-appétis- sant ; on la prend en infusion théiforme ; mise en petite quantité dans le vin, elle lui communique un goût qui plait; et on lui attribue la propriété de chasser les teignes et les blattes. (T.p. B.) 4 ASPHALTIDE (Lac). (céoar.) Ce lac ,qu’on ap- pelle aussi mer Morte, fut long-temps un sujet de superstition ; la nature de ses eaux, les singuliers phénomènes qui se passaient à sa surface, contri- buèrent à le faire regarder comme le séjour de quelque mauvais génie, dont la puissance surna- turelle, ennemie nécessaire de l'homme, le grati- fiait des pernicieuses qualités dont il était pourvu. Ses eaux salées étaient d’une âcreté remarqua- ble ; de Jà le nom qu'il recoit dans la Bible, mer de sel, mare salis, mare salsissimum ; il était sans cesse recouvert d’excrétions bitumineuses , qu’il rejetait à. sa surface ; aucun poisson ne pouvait y vivre ; la mort les surprenait'instantanément ; au- cun oiseau n'habitail ses bords; ils fuyaient au loin , cherchant un air qu’ils pussent respirer sans danger , et par un instinct que la Providence semblait leur avoir spécialement accordé, ils avaient toujours soin de se tenir hors de la portée de l'atmosphère fétide du Jac ; de là le nom de mer Morte. Vespasien ordonne-t-il un supplice; veut- il que de malheureux condamnés soient noyés en sa présence ; le lac Asphaltide, dans lequel on les _précipite, les rejette de son sein, ne veut pas les laisser pénétrer dans l’intérieur de ses eaux, comme s'ils devaient venir troubler par leur pré- sence la cour du génie qui l'habitait. On concoit sans peine que de semblables phénomènes , appa- raissant aux yeux étonnés d’un siècle superstitieux, et que n'avait pas éclairé les analyses de la chimie ; on conçoit sans peine, dis-je, que de semblables phénomènes devaient être pour eux la preuve ir- récusable de la présence de quelque esprit surna- turel. Aussi cette croyance se retrouve-t-elle chez tous les anciens peuples qui habitèrent les bords de ce lac. Examinons d’abord la position du lac Asphaltide ou mer Morte; puis nous verrons après si ! la science ne trouvera pas moyen d'expliquer les phé- nomènes que nous venons d'indiquer. Le lac Asphaltide est situé en Judée ; il recoit les torrens d'Arnon, de Debbon et de Zored; le Jourdain, rivière dans laquelle Jésus-Christ recut le baptême des mains de saint Jean, le traverse dans sa plus grande longueur, qui n’a pas moins de cenb mille pas ; sa largeur peut être évaluée de vingt à vingt-cinq mille pas. Comme on le voit, ce lac doit être rangé parmi ceux qui occupent le lit d’un fleuve; on a observé aussi que la digue qui en arrête les eaux à l'extrémité inférieure, était formée de laves: ces diverses considérations ont amené quelques géograpnes à penser que des courans de laves, venant se jeter à travers les eaux du Jourdain , en barrèrent le cours, et donnèrent ainsi naissance au lac Asphaltide, qui occupe &n effet la vallée du Jourdain tout entière. ea L La dénomination de mer de sel, donnée par la Bible au lac dont nous nous occupons , est fort juste, puisqu'on avait reconnu depuis long-temps que seseaux étaient très- chargées de sel; ce qui fait que, malgré leur limpidité, elles ont une saveur d’une amertume et d’une âcreté très-désagréables. Diverses analyses faites avec soin de cette eau, ont permis d'apprécier quelle était la quantité de sel qu'elle contenait; sur un quintal d’eau du lac Asphal- tide, on a trouvé: y Sel marin ordinaire. . . . . . 6 livres 1/2, Sel marin à base terreuse. . . 16 1/2 Sel marin à base de terre ma- snésiennehofehenalonesssne 22 en tout quarante-cinq livres de sel. Ce résultat pouvait être prévu à l'avance, en observant que cette eau , enfermée dans une bou- teille, déposait souvent des cristaux de sel marin. La présence du bitume qui surnage sur les eaux de la mer Morte sera facile à concevoir si l’on se rappelle que le terrain sur lequel elles coulent, est essentiellement bitumineux, et que l’action des eaux jointe à celle de la chaleur , doit nécessaire- ment forcer cette matière à se séparer des terres auxquelles elle se trouve mêlée; elle arrive molle à la surface , et c’est dans cet état que les Arabes s'en servent pour goudronner leurs vaisseaux. Il porte chez ces peuples le nom de Xarabé de Sodome ou Gomme des funérailles, à cause de l'usage que les Egyptiens en faisaient pour embaumer les corps morts. Dioscoride nous apprend que le bitume de Judée était très-estimé , et qu’on le reconnais- sait facilement au reflet couleur de pourpre qu'il offrait aux regards lorsqu'on l'exposait au so- leil. j La détermination de la pesanteur spécifique de l'eau du Jac Asphaltide démontre péremptoire- mé = . ét ASPH ment qu'il n’y eut rien de surnaturel dans l'évé- nement qui se passa sous les yeux de Vespasien: La pesanteur de celte eau, comparée à celle de l’eau distiilée, est dans le rapport de 5 à 4. On concoit sans peine alors que le bitume, qui se précipite au fond de l'eau ordinaire, surnage sur les eaux de la mer Morte. La même raison leur donna les moyens de supporter les corps des hommes que l'empereur Vespasien avait ordonné qu’on y jetât, C’est ainsi que la science, au moyen de sages raisonneméns, d'habiles analyses, et d’ingénieuses déductions , parvient à rendre compte des phéno- mènes que présente la nature, et que, sans elle, on régarderait comme étant le produit de pou- voirs surnaturels. (GC d.) ASPHYXIE. Dans le sens le plus exact, ce mot signifie absence du pouls, c'est-à-dire de Ja circulation; mais il a dans la science uue autre valeur, et l’on définit ordinairement l’Asphyxie, la suspension des ‘phénomènes qui ‘entreliennent Ja respiration. ‘ Ën acceptant à la lettre cette definition, ïl faut nécessairement ranger parmi les Asphyxies tout ce qui peut mettre obstacle à la respiration, ct regarder comme telles : l'introduction d’un corps étranger dans la trachée-artère; le gonfle- ment considérable de tout où d’une partie du conduit aérien ; l'induration du poumon; l'inac- tion des muscles qui concourent à l'acte respira- toire, soit que cette imaction résulte de la paraly- sie des nerfs qui s’y rendent, soit qu’elle dépende d’une pression mécanique. Mais on comprend que, dans ces circonstances, l'Asphyxie ne doit être considérée que comme affection secondaire, que comme résultat, et que nous devons, nous, l'envi- sager seulemenb comme maladie essentielle, comme phénomène primitif, En nous tenant dans ces limites, nous rangerens cependant les causes qui produisent l'Asphyxie sous trois chefs différens : 1° l’air ne pent pénétrer dans les poumons ; 9° l'air qui les parcourt n'est pas propre à la respiration; 5° il a des qualités nuisibles. 1° L’Asphixie par privation d'air peut être occa- sionée par sérangulation, par submersion, où par immersion dans le vide. Les phénomènes qui accompagnent l’Asphyxie par submersion doivent varier en raison d’un grand nombre de circonstances : l'individu qui tombe ou qui se précipite dans les flots peut être à l'instant même pris de syncope, et succomber par suite de cet état plutôt que par Asphyxie. S'il conserve l'intégrité de ses facultés intellectuelles , s’il sait nager, la lufte peut être pour lui longue et cruelle : tous ses efforts le rameneront à la sur- face de l’eau ; il cherchera long-temps à venir y respirer l’air dont ila besoin , et dans chaque ten- tative il avalera une certaine quantité d’eau, dont une pelile portion s’introduira dans la trachée-ar- ière, en provoquant une toux convulsive. Il .es- saiera de saisir, de s’accrocher à tous les corps mobiles ou ‘mmobiles qu'il rencontrera ,‘ aux | 310 ASP pierres, au sable qu’il graltera de ses ongles ; dans cet horrible débat, le sang affluera de plus en plus vers le corveau, et bientôt, brisé par la fatigue et succombant aux effets de cette congestion, il res- tera sans mouvement et glissera au fond des eaux en laissant échapper de:sa poitrine anclques bulles d'air. S'il ne sait pas nager, maïs qu'il n’ait pas été pris de syncope, la lutte peut encore durer quelque temps ; mais elle sera, toutes choses égales, moins longue que dans le cas précédent. Les st gnes de l’Asphyxie, ou les altérations cadavériques; ne seront plus les mêmes, dans ces diverses cir- constances. En général les noyés offrent les carac- tères suivans : face pâle, ou légèrement violacée; coloration qui se remarque aussi par places, sur différentes parties du corps ; bouche écumeuse ; langue souvent placte entre les dents; mousse savonneuse, rarementsanguinolente, dans le larynx; Ja trachée-arière , les bronches ; une petite quan- tité d’eau dans la trachée-artère; poumons déve- loppés, violacés, contenant beaucoup de sang fluide ; cavités droites du cœur remplies ; cavités gauches à peu près vides : Foreillette moins que le ventricule; estomac contenant de l'eau; intestin rouge par places; le foie, la rate gorgés de sans ; les vaisseaux du cerveau imjcctés; la sub- stance médullaire piquetée , enfin les ongles souil- lés de vase et de sable. Les médecins légistes sont parvenus à déterminer, par une série de si- gnes assez positifs, le temps qu'un cadavre à sé- journé sous les eaux et à reconnaître si un indi- vidu était vivant avant d’y être plongé. Lorsqu'un noyé vient d’être tiré de Veau, on doit se hâter de ‘lui porter secours tant que la ri- gidité cadavériquen'est pas survenue. Ifaut, avant tout, le soustraire au froid, le déshabiller, l'es- suyer , le poser sur un plan un peu incliné, Ia tête en haut , sur le côté ; comprimer d'imstant em instant la poitrine et l'abdomen ; frictionner la par- tie interne des membres avec des morceaux de laine, avec la main ; exciter Ja luette, les fosses nasales, la plante des pieds; pratiquer, après avoir continué quelque temps ces moyens, l'insufllation pulmonaire et l'aspiration , soit bouche à bouche, soit à laide d’un tube, d’une sonde introduite dans le larynx, en ayant soin de chercher toujours à produire mécaniquement la respiration artifi- cielle ; essayer les lavemens de tabac, et surtout prolonger l'emploi du secours pendant cinq à six heures, si la rigidité cadavérique ne vient pas en- lever toute espérance. Dans le cas où quelques mouremens respiratoires se manifestent , s'il se montre des signes d’excitation, pratiquer une sai- gnée. Placer enfin l'individu dans un lit chauffé, lui faire prendre quelques cuillerées de potion anlispasmodique ou de liqueur spiritueuse. Lorsque le cou est comprimé par un lien forte-, ment serré , le retour du sang de la tête au cœur devient impossible et la trachée-artère ne peut plus admettre l'air qui la traversait. "Alors se ma- nifestent les symptômes suivans : les veines jugu= laires et les parties situées au-dessus de la ligature se gonflent, la face s’injecte, devient rouge, livideÿ ASPH: Où mi :ASPH les yeux plusique saillans ; les lèvres prennent une . ieinte bleue; Ja bouche est garnie d’écume; la langue est poussée au dehors; les membres s’a- itent ; le pouls diminue de fréquence et cesse bientôt de se faire sentir, Quelquespersonnes , ren- dues à la vie après ayoir tenté de s’étrangler ou de se pendre, assurent n'avoir épronvé aucun sentiment pénible, mais üne sorte de torpeur gé- nérale,, un engourdissement graduel, un état, en- fin, comparable aux premiers instans du sommeil, état que parfois accompagnait l'apparition d’une espèce de flamme à laquellesuceédait bientôt une complète obscurité. On a dit même que cet instant n'était pas exempt d’une sorte de volupté, Le de- gré de constriclion exercé par le lien passé autour du cou peut expliquer la rapidité plus ou moins grande avec laquelle la mort survient ; la luxa- tion des vertèbres dans la suspension Ja déter- mine. à l'instant même, et c’est dans l'intention d’abréger ainsi les souffrances que les exécuteurs impriment au corps des criminels qu'ils sont char- gés de pendre, une secousse violente, ou appuient fortement sur leurs épaules. # Après la mort des Asphyxiés par strangulation , on trouve ordinairement les vaisseaux du cerveau engagés. et des épanchemens dans la substance de ce viscère ; les cavités gauches du cœur ne con- üennent qu'une petite quantité de sang, les cavi- tés droitesen sont remplies pendant les premiers instans qui suivent la mort; cette disposition dis- paraît après le refroidissement du cadavre; la peau du dos et des lonibes est rouge et livide. - La plupart des moyens mis en usage pour com- battre les effets de la submersion doivent être employés pour rappeler à Ja vie les Asphixiés par sirengulalion; mais il n’est pas ordinaire- ment nécessaire de réchauffer le corps, et la sai- gnée générale, au pied, à la jugulaire, est presque toujours indiquée. Les phénomènes de l'4sphyæie dans le vide ne sont connus que parles expériences tenttes sur les animaux : en placant ceux-ci sous: le récipient d’une machine pneumatique , on a remarqué qu'ils manifesiaient d’abord une extrême inquiétude , suivie bientôt ‘d’une agitation violente ; que plus l'air était raréfié, plus les mouvemens respiratoires s’accéléraient; que l'animal s’affaiblissait; que des bémorrhagies ; des déjections involontaires précédaient la mort, qui ne tardait point à surve- mr, et qu'enfin celle-ci était d'autant plus promple que la soustraction de l'air respirable était plus rapide. C'est encore dans les Asphyxies par défaut d’air qu'il faut placer celle des nouveau-nés : l'enfant sortant da sein de sa mère ne donne souvent au- cun signe d'existence ; si la tête a long - temps été comprimée, si desmucosités obstruent l'entrée des voies aériennes, Ja respiration ne s'exécute point, la circulation semble suspendue. On doit remédier promptement à ect état, en débarrassant le larynx des matières muqueuses qui s'opposent ,. È . . . à l'introduction de l'air ; en stimulant les organes Respiraloires ; en pratiquant avec précaution l'in- sufllation ;'en frictionnant; le corps, en exerçant ce légères pressions sur le cordon, qu'on aura soin de ne pas couper tant que le placenta ne sera pas détaché ; en stimulant le canal intestinal par un lavement légèrement vmaigré , én plongeant l’en- fant dans un bain de 24 à 28. | e Asphyæie par les gaz non respirables, Les effets dé cette Asphyxie sontrarement aussi prompts que ceux que nous venons d'indiquer. C’est encore ici le défaut d’air respirable et non l'action délé- tère, du gaz respiré, qui Gélermine la suspension des phénomènes de la vie. Un animal placé sous un récipient contenant seuiement du gaz azote éprouve à l'instant même de la gêne dans la respiration, qui devient grande, élevée , rapide; il s’affaiblit progressivement ; ce- pendant , s’il est assez LôL ramené à l'air libre, il revient vite à son élat ordinaire, Si la mort a licu, on trouve le système artériel rempli de sang noir, M. Dupuÿtren à démontré que ce gaz est une des causes du plomb ou Asphyxie des fos- ses d’aisances, Il se dégage dans les caves conte- nant des substances qui ont de l’affinité pour l'oxygène. Quelques chimistes qui se sont exposés à ie respirer pur où à peu près pur, sont à J’ins- tant devenus pâles, verdâtres; ont éprouvé du malaise , de l'anxiété, des syncopes, Le principal moyen à opposer à cctte espèce d'Asphyxie est le renouvellement de Fair; les moyens stimulans doivent également être mis en usage, si l'intensité des symptômes l'exige. | Les phénomènes qui résultent de la respiration du gaz hydrogène sont à peu près les mêmes que les précédens. Les animaux succombent tantôt en quelques minules, tantôt dans un temps un peu plus considérable. Selon Davy, l'inspiration du gez oxidule d’axote produit d'abord une sorte de vertige, suivi de picotemens à l'estomac; la vue, l'ouie semblent doutes d’une énergie plus grande; la force musculaire augmente : on éprouve un be. soin irrésistible d'agir, de se mouvoir, et, sans perdre le sentiment de ses actions, on éprouve un commencement de délire, caractérisé par une vivacité, une gaîté inaccoulumées; en cessant de respirer ce gaz, tous ces symptômes disparaissent en peu de temps. Les expériences du chimiste anglais n’ont pas eu pour tous ceux qui les ont répélées des résultats semblables; peut-être doit- on attribuer cette différence à la préparation du gaz lui-même, et plus encore aux dispositions particulières des individus. L'acide carbonique, formé, comme on le sait , de carboneet d’une certaine proportion d'oxygène, est comme l'air incolore à l’état de gaz, mais beau- coup plus pesant que ce fluide : il se produit pendant la combustion du charbon et la fermen- tation alcoolique. C’est de l’action de ce gaz sur l'économie que dépendent les accidens qui arri- vent dans les puits, les mines, les cuves où fer- mentent le-vin.et Ja bière, les fours à chaux, etc, Dans une grotte des environs de Naples, il s’en dégage incessamment de l'intérieur de la terre, et EEE nn 312 ASPH il occasione des phénomènes qui paraissent sur- prenans aux personnes qui en ignorent Ja cause : lorsqu'un. homme entre dans cette caverne , il ne ressent aucune gêne dans la respiration ; mais s’il est suivi d’un chien, cet animal nc tarde pas à tomber asphyxié et périt promptement s’il continue à séjourner dans ce lieu. Cela tient à ce que l’a- cide carbonique, beaucoup plus pesant que l'air, reste près du sol ct forme une couche de deux pieds environ, et que le chien qui pénètre dans la caverne se trouve tout entier plongé dans cette asmosphèreméphitique; tandis qu'un homme, dont la taille est bien plus élevée, respire libre- ment l’air qui se trouve au dessus. On a donné à celte caverne le nom de Grotte du Chien. * On rapporte à l’Asphyxie produite par des gaz non respirables, celle qui est duc au défaut de renouvellement d'air atmosphériquo. On la ob- servée chez des prisonniers enfermés en grand nombre dans un cachot où deux petites ouvertures ne laissaient entrer qu’une quantité insuflisante d'air. Un grand nombre de ces prisonniers suc- combèrent en peu d'heures; ceux qui survécu- rent présentaient , en sortant de ce lieu, l’aspect de véritables cadavres. Parmi les gaz nufsibles les uns produisent l’Asphyxie en provoquant la toux et un spasme nerveux des voies aériennes, ce sont les gaz irritans; les autres ont une action plus rapide, ce sont les gaz délétères : l'acide sulfureux , l’ammoniaque, le chlore font partie des premiers, et les expériences faites sur les animaux ont prouvé que, respirés seuls, ils peuvent produire lAsphyxie en quelques minutes. Asphyxie par les gaz délétères. Ges gaz n'a- gissent pas seulement en enlevant aux organes de Ja respiration le principe essenticllement respira- Ble; leur influence parait s'exercer par voie d'absorption, et ils produisent moins l'Asphyxie qu'un véritable empoisonnement; aussi quelques auteurs ont-ils rejeté l'étude des effets qu'ils pro- duisent avec celle des poisons. On n’a bien ob- servé jusqu'ici que les accidens déterminés par l’oxide de carbone, l'hydrogène carboné, l'hy- drogène sulfuré, l’hydro-sulfure d’ammoniaque et le gaz nitreux. L’Asphyxie par le gaz oxide de carbone est un événement assez fréquent dans les endroits où l’on brûle le charbon et où Vair ne pénètre qu'en petite quantité. Ce gaz se dégage ordinairement en même temps que l’hy- drogène carboné. Les personnes qui s’exposent à leur action éprouvent en général un violent mal de tête, un resserrement à la région des tempes, des vertiges, des palpitations, des bourdonne- miens d'oreilles, des nausées; la respiration de- vient de plus en plus difficile; la vue se trouble ct se perd; les forces manquent et la chute devient inévitable, Les cadavres de ceux qui succombent à ces symptômes conservent Jlong-temps leur chaleur ; parfois même, elle dépasse la température ordi- naire du corps; le système veineux est gorgé de sang , le système artériel n’en contient qu'une pe- tite quantité noir et coulant; les vaisseaux du ASPH Re cerveau et du poumon en sont surtout injectés ; le visage est gonflé, rouge, violacé ; cette colora- tion apparaît aussi sur quelques autres parties du corps, qui du reste est aussi un peu tuméfié, les yeux sont vifs , les lèvres vermeilles. Les Asphyxiés par la vapeur du charbon doivent être avant tout portés au grand air ; il faut les dé- pouiller de leurs vêtemens , les exposer au froid, élever la poitrine et la tête un peu plus que Île reste du corps; asperger le visage, la poitrine d’eau vinaigrée froide; frictionner le corps, l’é- pigastre , le bas-ventre avec des flanelles imbibées de liqueurs alcooliques et aromatiques ; essuyer ensuite les parties mouillées à l’aide de serviettes chaudes, pour recommencer de nouvelles fric- tions ; irriter la plante des pieds, la paume des mains, le trajet de la colonne vertébrale avec une brosse de crin; faire respirer avec précaution, et en soulevant la tête du malade, la vapeur d’une allumette enflammée, le gaz ammoniacal , la va- peur du vinaigre ; chercher à faire avaler, à l’aide d’une sonde flexible, quelques cuillerées d’eau vi- naigrée; administrer un lavement d’eau froide avec addition de vinaigre; le faire suivre d’un autre avec le sel de cuisine ou le sel d’Epsom ; insufller de l'air dans les poumons avec la bouche ou un soufilet, en usant à cet égard des plus grands ménage- mens , et frictionnant en même temps la poitrine. Si les yeux sont saillans, les lèvres gonflées, le visage rouge, pratiquer une saignéc du pied ou de la jugulaire. ( Si l’on plonge un animal dans l'hydrogène sul- furé pur, il périt dès les premières inspirations ; si ce gaz est mêlé à une cerlaine quantité d’air respirable , il s’agite quelque temps, chancelle et tombe. Les ouvriers employés aux vidanges sont fréquemment exposés à l’Asphyxie par ce gaz, qui s'échappe des fosses d’aisance, mêlé communé- ment à l’hydro-sulfure d'ammontaque. Ces vapeurs connues sous le nom de méphitisme on de plomb, ne produisent pas les mêmes effets sur tous les individus; tantôt ceux-ci n’éprouvent qu'une sorte de stupeur, de l’assoupissement ; tantôt ils ressentent, au contraire, une agitation plus grande, une vivacité inaccoutumée ; quelquelois méme des mouvemens convulsifs, des douleurs vives à l’épigastre, dans les membres , une accé- lération marquée de la respiration, et bientôt la suspension des phénomènes vitaux succèdent à ces premiers symptômes. Quelquefois des ou- vriers sont tombés morts à l’instant même ; quel- quefois aussi, retirés des fosses d’aisance, ils ont communiqué les symptômes qu'ils éprouvaient à ceux qui s’approchaient d'eux. En général , avant la mort ou avant que l’Asphyxié reprenne connais- sance , la circulation et la respiration se rétablis- sent ; le pouls est précipité, inégal, les mourve- mens respiratoires difliciles et accompagnés de plaintes ; une écume blanche et sanguinolente dé- coule de la bouche ; le corps est agité de convul- sions partielles ou générales ; la face est pâle, li- vide ; le malade pousse des cris, et cet état se pro- longe quelquefois pendant 24 heures. Chez ceux qui | ! | EEE) ASPH 313 ASPI ER 5 TE qui périssent ; le cadavre se putréfie rapidement, Ja peau présente de larges ecchymoses, le tissu cel- lulaire devient souvent emphysémateux; presque tous les organes offrent une teinte verdâtre et ré- pandent une odeur fétide : le sang est ordinaire- - ment noir; les bronches, les fosses nasales sont enduites d’un mucus visqueux et brunâtre, enfin les muscles ne se contractent plus sous l’action galvanique. Ceux qui échappent aux cffrayans symptômes de celte Asphyxie en ressentent long- temps les effets. Il faut rapporter à cette es- pèce l'Asphyxie que produisent les émanations des cimetières , des fumiers et de tous les endroits où se trouvent des matières animales en putréfaction. La respiration du gaz acide nitreux peut aussi déterminer des accidens semblables qu’il faut com- battre également par des moyens de même nature que ceux que nous venons d'indiquer, Quelle que soit au reste la cause de l’Asphyxie, elle n’agit pas de la même manière sur tous les animaux; chez l'homme on observe aussi de grandes différences en raison des circonstances dans lesquelles le su- jet selrouve placé, en raison des dispositions indi- viduelles , de l’âge, etc. Gomme loi générale, on peut cependant établir que plus un animal con- somme d'air dans un temps donné, plus sa mort sera rapide lorsqu'il en sera privé, ou lorsque la pureté de cet air sera notablement altérée. Ainsi les oiseaux sont de tous les êtres ceux qui consom- ment la plus grande quantité d’air atmosphérique, et ceux qui par conséquent périssent le plus romptement lorsque ce fluide leur est enlevé. É. mammifères ont également une respiration très-active : on a calculé que la somme d’air né- cessaire à la consommation d’un homme s’éle- | vait environ àtrois mille cinq cents litres cubes ] | | par jour. (P. GENTIL.) ASPHODÈLE, Asphodelus. (sort. pman.) Dans l'antiquité la plus reculée les Asphodèles étaient des plantes sacrées, cultivées autour des tom- beaux et réputées le mets le plus agréable aux morts heureux. Je retrouve ce culte chez les Grecs | modernes, particulièrement chez ceux qui peu- ' plent les côtes de l'Asie mineure. S'il faut en | croire au contraire Dioscoride, dont le texte a | subi tant d’altérations , latige gracieuse de l’Aspho- . . L | dèle aurait servi de symbole à laroyauté, Hastula | regia, surtout chez les Romains; mais Théo- | phraste, plus sage et plus instruit, nous apprend que cette même tige , garnie de ses fleurs éclatan- | tes et ouvertes en étoiles, était le gage des amours et non pas celui de la puissance, ce qui est fort | différent. Quoiqu'il en soit, les Asphodèles blanc, | À. ramosus, et jaune, 4. luteus, servent d’orne- | ment dans les jardins quand ils sont épanouis, aux | mois de mai et de juin. L’un et l’autre offrent un | épi de fleurs nombreuses, assez grandes, termi- mant une lige ronde , élevée, verte, garnie de | feuilles longues , étroites. Le premier est vivace, | indigène à la France, commun aux environs de Rennes, de Nantes , et dans tous nos départemens | de l’ouest et du midi ; le second, venu de l'Italie et de la Sicile, est cultivé et propagé par la sépara- | Tome I. | XL: Livraison, tion des racines , qui se détachent d’elles-mêmes. Les tubercules de l’Asphodèle blanc affectent tantôt la forme ronde, tantôt l’oblongue ; on les mange après les avoir dépouillés de leur âcreté naturelle en les faisant bouillir dans plusieurs eaux; on en retire aussi une fécule qui, mélée avec de la farine de blé ou de sarrasin, fait un pain passable. Les Siciliens se régalent de la tige de l’Asphodèle jaune, lorsqu'elle commence à pousser ; ils lui trouvent avec raison la saveur de l’asperge. Depuis que la pomme de terre est généralement adoptée, on ne cultive plus les Asphodèles que comme plantes d'ornement et comme susceptibles de présenter aux bestiaux une nourriture saine dans leurs tubercules charnus cuits ou crus. (T. ». B.) ASPHODÉLÉES. ( mor. pmax. ) Famille de plantes appartenant aux Monocotylédonées à éta- mines périgynes et à l'Hexandrie monogynie , que l’on a détachée des Liliacées avec lesquelles elle a les plus grands rapports. C’est le genre Asphodèle qui lui a servi de type. Le caractère distinctif qu'on! lui donne est uniquement pris dans le port; il ne peut paraître suflisant pour créer une famille nouvelle d’une simple tribu qu’à ceux qui travaillent à replonger la botanique dans le chaos d’où les Bauhin, les Tournelort, les Linné l’avaient retirée. (TD. B.) 4 ASPIC. (RerT.) (Woy. Aspis.) ASPIC (Huile d’). ( cm. ) On désigne ainsi ,en pharmacologie , une huile volatile, limpide, trans- parente, d’une odeur particulière peu agréa- ble, d’une saveur forte et très-âcre, que l’on obtient par distillation des fleurs du Lavandula Spica, variété à feuilles larges du Lavandula vera, ou Lavande de nos jardins. L’Huile d’Aspic est encore désignée sous les nom d'Auile de Spic ou Huile d'Epr. EF) ASPIDIE.. (sor.crxrr.) (Fougères.) Genre formé par Swartz aux dépens de celui appelé Polypodium par Linné, qui a été subdivisé en : Athyrium, Roth; en Cystopteris, Devaux; en Nephrodium, Richard et Nob, Brown: et en Hypopeltis, Richard ; dont, à la rigueur, on pour- rait ne faire que deux groupes, et qui renferme des plantes pour la plupart exotiques et des pays chauds. UE.) ASPIDOPHORE, Æspidophorus. (porss.) À ce genre établi par Lacépède et conservé par Guvier, qui le place parmi ses Acanthoptérygiens à joues cuirassées, appartiennent les espèces désignées sous le nom générique d'Agonus dans le système ich- thyologique de Bloch, édition de Schneïder, ainsi que celles que Pallas indique sous celui de Phalan- gistes dans sa Zoographie russe. Voisins des Cottes, les Aspidophores ont plu- sieurs de leurs caractères , et, en particulier, la tête déprimée, les rayons des nageoires simples et ceux qui soutiennent la membrane branchiostége au nombre de six. Mais leur corps est protégé, dans toute sa longueur, par une cuirasse compo- sée. de plaques anguleuses tout-à-fait analogues à 40 ASPI celles dont se trouve enveloppé un autre poisson de la famille des joues cuirassées , le Péristédion malarmat. Les Aspidophores se distinguent, en | outre, des Cottes, parce qu'ils n’ont de dents ni à l'extrémité duvomer , ni aux os palatins. Nos côtes de l'Océan n’en ont jusqu'à présent encore offert qu’une seule espèce aux recherches des ichthyologistes. C'est l’Aspidophore d'Europe (Aspidophorus europæus , Guv.; Côttus cataphrac- tus, Linn. et BL, pl. 59, fig. 5 et 4), lequel ne paraît pas habiter la Méditerranée, mais se trouve, suivant Klein et Géorgia, dans la Baltique. Cet Aspidophore n’atteint que quelques pouces de longueur, ét estun de ceux dont la bouche s’ou vre sous le museau, et qui ont la membrane des branchies garnie de petits filamens charnus ; son corps est octogone , assez mince cn arrière, mais large et un peu déprimé antérieurement ;ses YeUX, qui regardent obliquement de côté, sont plus rap- prochés de l'extrémité du maseau que de la fente branchiale. Le crâne est surmonté'de quatre crêtes larges, mousses et peu saillantes. Le sous-orbi- taire occupe toute la joue, son bord inférieur résente trois tubercules mousses et a, vis-à-vis de l'œil , une petite crête termimée par une faible épine couchée vers l'arrière; cette crête est con- tinuée par le préopercüle, qu'une autre épine semblable termine à son angle, qui est petit, finit en pointe obtuse et ne montre qu'une faible arête. Un peu relevé, ce museau porte, en des- us, quatre épines, dont deux antérieures obli- quement dirigées en avant, et deux postérieures dirigées de même en arrière; en dessous, il est muni de deux barbillons , et il y en a un petit en avant de chaque orbite. L'une des deux ouver- dures de chaque narine est tubuleuse; elle est placée tout auprès de la seconde épine du mu- seau ; l’autre est plus petite et fort voisine de l’œil. La bouche est protractile, et les lèvres sont un peu épaisses. d Toutes lés écailles qui revêtent le corps sont dures , osseuses , légèrement granulées À unies par une peau molle, qui leur laisse assez de liberté our que l'animal puisse se fléchir en tous sens. Les pectorales de l’Aspidophore d'Europe sont arrondies et soutenues par quinze rayons ; les ven- trales, pointues ct àtroisrayons, dontun épineux. Les deux nageoires du dos sont d’égale hauteur; mais la postérieure est un peu plus étendue longi- tudinalement. La première a cinq rayons flexi- bles ; la seconde sept, qui sont simples, mais ar- ticulés. On compte absolument le même nombre à l’anale. La nageoire de la queue ést arrondieet a onze rayons. L’estomac de l’Aspidophore d'Europe est assez large , les parois en sont minces et sans plis en dedans. On ne voit qu’un ‘seul lobe au foie. Il manque de vessie nalatoire. Ce poisson, qu'on ne mange point, se tient dans les lieux sablonneux : Pogge est son nom anglais ; on l'appelle Lisitza (Renard) en russe, et Broda- mus dans le Nord. Parmi les espèces étrangères, ils’en trouve une ‘ASPI qui a aussi, comme celle-cf, la bouche située sous le museau et des villosités aux parties de la bouche et sous le museau ; c’est lAspidophore Esturgeor (Aspidophorus acipenserinus, Tiles. , Phalangistes acipenserinus , Pall.). Quoiqu'il ressemble beaucoup au précédent, il est cépendant facile de l’en distinguer ; d’abord par le nombre plus considérable des rayons de ses nageoires, lesquels sont de neuf à la première dor- sale, de huit à la seconde ainsi qu’à l’anale, et de onze à la caudale. Les pectorales en ont dix-sept}, et les ventrales trois. Sd Ilen diffère encore par sa têle moins large ; par son museau plus mince, plus saillant; par son corps plus allongé ; par les arêtes qui surmontent diverses parties de son corps, qui sont plus pro- noncées ; enfin par sa taille, qui est du double de celle de l’Aspidophore d'Europe. Sa couleur est d'un gris-jaunâtre pâle, plus foncé en dessus, avec des lignes transversales brunâtres , ondulées dans les intervalles des écailles. Il est fort commun sur les côtes du:Kam- chatka et autour de l’île d'Unoloska. Il est nommé parles Russes de ces contrées , ainsi que les autres Aspidophores, Lisitza ; les habitans des îles Alen- tiennes l’appellent Koschadanguisch. Il y à des Aspidophores qui ont lamâchoire in- férieure plus avancée que la supérieure , leur mu- seau ne fait point saillie en avant de leur bouche, ct ils ne portent point d'épines. Cette petite sub- division se compose de trois espèces. l'Asrinopnore DODÉCAËDRE, Agonus dodecae- drus,Tiles. , Acad. de Pétersb., Mém., t. 1v, pl. 13; Phalangistes loricatus,Pall., Zoogr. russ., tom. ur, pl. 114. Ilest aussi plus allongé que l'espèce de: nos côtes, arrive ordimairement à sept pouces, porte onze rayons à la première dorsale comme à la caudale , sept à la seconde, quinze à l’anäle ainsi qu'aux pectorales, et trois aux ventrales ; le dessus de son corps est teint d’un brun jaunâtre , lequel est plus pâle en dessous ; ses nageoïres sont géné- ralement marquées de taches brunes. Les mers orientales le nourrissent en abondance. LesKam- chadales le nomment V’#lna. L’AsrIbopnorEe À MUSEAU ÉTROIT, l'Agonus ros- tratus , Tiles.. Acad. de Pétersb. , Mém., tom. 1v, pl. 143; Phalangistes fusiformis, Pall., Zoogr. russ, , tom. 111, pl. 116, est reconnaissable par létroitesse de son museau. Sa longueur est de six pouces, et le nombre de ses rayons comme il suit : première dorsale , huit; anale, treize, cau- dale, dix ;pectorales, quatorze; ventrales, trois, Beaucoup d'individus de cette espèce ont été trou- vés par M. Tilesius près de l'ile Sagalien, et dans le golfe d’Aniva. Le cabmet de Pétersbourg en possède plusieurs! qui lui ont été adressés desiles Kouriles par” Heller et Merk, : A L’AsPIDoPHorE LISSE, Agonus laævigatus, Tiles. ,. Mém. de l'Acad. de Pétersh. , tom. 1v, pl 436, habite les mêmes parages que le précédent. Sa. couleur est aussi approchant la même; il a, comme tous les autres , trois rayons aux‘ventrales, ASPI mais Je nombre de ceux des autres nageoires est différent. Ainsi on en a compté sept à la première dorsale, huit à la seconde, douze à l’anale, dix ou onze à la caudale , et quatorze aux pectorales. Les Aspidophores que nous venons de faire connaître ont leurs dorsales assez rapprochées June de l’autre; ceux, que nous allons main- ienant signaler les ont au contraire frès-sépa- rées ; de plus, leurs mâchoires sont égales et leurs rayons de-la première dorsale robustes. Gette subdivision renferme l’AsPIDOPHORE HAUTS SOUR- cs, Aspidophorus superciliosus, Cuv.,Val,, Hist. des Poiss. , tom. 1v, pag. 215. 1Lest originaire du nord de l’océan Pacifique ; l'AsPIDOPHORE A QUATRE connes , Aspidophorus quadricornis, Cuv., Val., des Hist. Poiss. , tom. 1v, pag. 221, pl. 80. Il est remarquable par les quatre tubercules saillans qui Jui ont valu son nom spécifique ; ils sont situés, un sur chaque sourcil et un autre de chaque côté de l’occiput, en arrière. L’individu dont MM. Cu- vier et Valenciennes ont donné la description, a été rapporté du Kamchatka et donné au Muséum bri- tannique par M. Collé, chirurgien de la marine royale d'Angleterre. « La troisième et dernière espèce de ces Aspido- phores àdorsales éloignées, est l’AsPrDIPHORE A Dix pans, Aspidiphorus decagonus', Guv.,Val., Hist. des Poiss., &. 1v, p. 223. Ces auteurs n’en parlent que d’après Block, qui la dit venir des Indes orientales. M. Cuvier termine son genre Aspidophore par une espèce qui ne porte qu'une seule nageoire sur le dos, d’après laquelle M. Lacépède à fait le geure Aspidophoroïde , que le célèbre ichthyolo- giste que nous venons de citer en premier lieu n'a pas cru devoir conserver. ‘ C’est l’'ASPIDOPHORE A UNE SEULE DORSALE , Âg0- nus monopterygius , BL., edit. Schn.; Aspidopho- roïdes Tranquebar, Lacép. Il est le plus grêle de tous ses congénères. On ne lui voit d’aiguillons ni sur l'orbite ni sur aucune partie de la tête, si ce n’est deux pelits sur le bout du museau ; aucune de ses écailles ne porte de carènes, et toutes-sont striées en rayons. Ce poisson est gris, avec des bandes brunessur le corps , et des lignes et des points de cette dernière couleur sur les pectorales et la caudale. On dit qu'il xit de petites écrevisses et de jeunes poulpes. (G. B.) | ASPIRATION. (pnysior.) Action par laquelle on fait entrer l’air dans la poitrine, On emploie ce mot Je plus ordinairement comme synonyme d'ixsPrarton. Cependant il serait plus exact de donner ce dernier nom à l’acte qui marque le pre- mier temps de Ja respiration ordinaire, acte par lequel la quantité d’air nécessaire à l'exercice de celte fonction arrive naturellement dans les pou- mons,et de conserver celui d’Aspiration aux efforts à l’aide desquels on parvient à attirer et à préci- piter dans les voies aériennes un volume considé- rable de ce fluide. (P..G.) ASPIS. (nxpr.) C’est un des reptiles les plus célèbres dans les anciens fastes de la science; les fables merveilleuses et les faits grandis et multi- pliés par la peur se sont accumulés sur son 3515 ASPI compte; mais ce qui a surtout contribué à sa ré- putation, c’est la triste prérogative qu'on lui attri- bue d’avoir servi À soustraire l'infortunée Cléo- pâtre à l’ignominie que lui réservait son superbe vainqueur. L'histoire rapporte , comme chacun le sait, que la reine d'Égypte, ce fatal prodige, réduite par les armes et désespérant de soumettre Octavius aux charmes qui avaient su séduire J. César et M. Antonius, résolut de se faire mou- rir pour ne point parer le triomphe du général qui comptait, en rentrant dans Rome, la traîner à la suite de son char comme une dépouille opime; elle se fit, dit-on, apporter en secret, et caché . sous des fleurs, d’autres disent sous des figues et des raisins, un Aspis dont la worsure ne laissait pas de trace et faisait passer sans an- goisses du sommeil à la mort; elle essiya d’abord la violence du venin sur ses deux suivantes, Hœra et Carmione, qui tombèrent à l'instant comme frappées de la foudre; puis, agacant le serpent avec un fuseau d’or , elle se fit mordre au dessus de la mamelle gauche, et mourut aussitôt. Il est difficile de savoir précisément quel fat cet Aspis si vanté des anciens. Beaucoup d’auteurs en par- lent, mais aucun d'eux ne donne de détail exact sur les caractères de ce reptile; il paraît que dans l’origine l’on confondait sous ce nom un grand nombre de serpens venimeux , puisque, au rapport d'Ælianus, les Égyptiens distinguaient seize espèces d’'Aspis; avec une étude plus at- tentive, le nom devint un peu plus spécifique, et A. Lucanus nous apprend sur l’Aspis une particu- larité qui permet presque de reconnaître que ce nom s’appliquait spécialement à la Vipère H'aje. Il dit en effet : ÿ « Aspida somniferum tamidà cervice levavit, » (Phars., lib. 1x.) Or, cette faculté de gonfler son cou est à peu près caractéristique de la /’ipère Haje, puisque les vipè- res ÂVaja, qui partagent avec l'Haje cette pro- priété , ne se retrouvent pas dans les paquets de ser- pens momifiés des monumens égyptiens; léty- mologie que le Scholiaste d’Aristopbane donne du mot Aspis (de oruw, distendre) semble confirmer cette présomption : aussi les auteurs modernes s’ac- cordent-ils à voir l'Aspis des anciens dans la Wi- père Haje. Néanmoins Nicander ajoute à la des- cription de lAspis au cou dilatable, un autre ca- ractère qui est propre à la Vipère Ceraste : « Præterea geminæ coli instar fronte carundæ » hærent »; ce qui jette quelques doutes sur la détermination de l’Aspis, et donne à penser que ce mot s’appli- quait encore de son temps indifféremment à la V'ipère Hajeet à la V'ipère Ccras!e dont A. Luca- nus fait avec raison deux espèces bien distinctes ; ce que Strabo dit à l'égard de la grandeur diffé- rente des deux espèces d’Aspis d'Égypte dont à parle, s'applique effectivement aussi assez bien à ces deux sortes d'Ophidiens. Enfin Laurenti voit, on pe sait sur quelle raison particulière, l'Aspis des anciens dans la V’ipére d'Egypte, àlaquelle ildonne “ EE, ASPI 316 ASPL 2 même le nom d’ÆAspis de Cléobätre. Tout ce que l'on peur dire à l’appui de cette dernière opinion, c'est que ce serpent se retrouve, aussi bien que les deux précédens, enveloppé dans les paquets de serpens momifiés et figurés sur lesmonumens et les papyrus de l'antique Égypte. Toutefois on se console un peu de l'obscurité dans laquelle les auteurs grecs et latins nous ont laissés sur l’Aspis, en songeant que son principal titre de gloire est bien douteux, et que le genre de mort de la reine Cléopâtre n’est pas lui-même authentiquement prouvé. Il paraît au contraire devoir être relégué parmi ces contes que la politique met en usage dans certaines occasions pour endormir l'inquié- tude des oisifs et des curieux. Il ne sera peut-être pas hors de propos, dans un Dictionnaire pitto- resque , derelever , au sujet de l’Aspis des anciens, une erreur de la slatuaire assez répandue; l’on ‘croit généralement que la statue de marbre de Paros qui ornait le belvéder du Vatican, et dont on voit une copie en bronze dans la niche de l’es- calier qui, dans le jardin des Thuileries, conduit des parterres à la terrasse du bord de l’eau , re- présente Cléopâtre mourant de la piqûre d’un Aspis, et que c’est précisément l'effigie qu'Octavius fit exécuter à Alexandria, et qui, au défaut de Cléopâtre elle-même, orna son triomphe. Mais il est facile d’apercevoir que le serpent enroulé au bras gauche de cette statue est disposé trop régu- lièrement pour être autre chose qu'un ornement. En effet les anciens avaient vu, dans les replis étroits des serpens qui enlacent leur proie , un em- blème de l'attachement, etils rappelaient cette idée dans la confection des bracelets qui, chez eux comme chez nous, étaient un signe d’esclavage et de fidélité amoureuse. Ces bracelets en forme de serpens, et que l’on nommait À cause de cela Ophis, se portaient impairs ‘attachés au bras gauche, comme on le voit sur plusieurs statues; et la mode, il y a peu d'années, a reproduit chez nous ces sortes de bracelets impairs, à gauche, avec leur forme de serpent : seulement, l'hygiène, la pudeur et la coquetterie s’accordant heureu- sement de nos jours pour dissimuler, sous des manches plus ou moins étoffées, des formes que lanature n’a pas toujours dispensé avec une grâce égale et suffisamment durable pour tous, nos da- mes portaient ces sortes de bracelets au poi- gnet , fcomme le pericarpium des ‘anciens , au lieu de les mettre à mi-bras. La statue dite de Cléopâtre , ornée d’un Ophis, est d’ailleurs cou- chée sur des rochers, ce qui ne peut s'appliquer à la reine d'Égypte. Aussi les archéologues depuis long-temps regardent-ils cette statue comme une Ariadne abandonnée sur les’rochers de Naxos, ou au moins une dame romaine représentée en : Ariadne, Monument de l’inconstance des hommes, . €t aussi de la légèreté des femmes, Ariadne, dé- laissée par le perfide Thésée et. parée encore des Symboles d'amour de l’infidèle, Ariadne pleure, dans une pose gracieusement étudiée, le départ du fugitif, et baisse à demi les yeux pour dissimu- ler à la fois le dépit que lui cause l'abandon du héros et la douce émotion qu’elle éprouve à la vue du dieu Bacchus, épris d’une beauté dont les soupirs et les larmes relèvent les attraits. Au reste, le mot Aspis se transmetant d'âge en âge avec le vague de son attribution, chacun l’appliqua, au gré de son caprice, à des reptiles de divers genres et sans autre analogie entre eux que celle d'inspi- rer l’épourante et l’effroi; c’est ainsi que le tra- ducteur de la Bible remplace par le mot Aspis une idée équivalente , plutôt que le mot latin corres- pondant à celui qui se trouve dans le texte origi- nal du Psalmiste et du Deutéronome. L'on se servit surtout du mot Aspis pour désigner des ser- pens venimeux indigènes, que l’on redoutait le plus. Aussi chaque’payseut-il son Aspis : ce sont ces er- reurs populaires que Linnæus, de Lacépède et quel- ques auteurs de leur époque ont consacrées, en don- nant, sur cette seule autorité des coutumes locales, le nom d'Aspis soit à la Vipère commune d'Europe ou à quelqu’une des variétés de coloration qu’elle offre accidentellement, soit à des vipères plus ou moins voisines de cette espèce. Un mot dont l'applica- tion est si douteuse, dont on s’est servi d’une-ma- nière si abusive et si défectueuse, ne peut subsister sans danger de confusion,et doit rester seule- ment pour mémoire dans le vocabulaire de la science. Aussi le mot Aspis est - il aujourd'hui inusité en erpétologie, : à ASPLÉNIE (mor. cnyrr.) (Fougères.) Genre établi par Linné, dans lequel les auteurs mo- dernes ont admis plusieurs groupes distincts, tels queles Scolopendrium, Diplazium et Grammitis, et dont les caractères sont les suivans : groupes de capsules linéaires , parallèles aux nervures secon- daires, et recouvertes par un tégument qui naît latéralement de ces nervures , et s’ouvre en de- dans par rapport à la nervure principale. Robert Brown, Kunth et Brongniart, ont égalemeut réuni au genre ÆAsplenium, le genre Darea, qui ne diffère du précédent que par ses pinnules plus profondément lobées. Dans les Darea vivipara et prolifera ‘de Wilde- now, espèces qui habitent les lieux ombragés de File Bourbon, les feuilles naissent des bour- geons écailleux placés à la partie inférieure de la nervure moyenne de Ja fronde; ces petites feuilles sont d’une structure délicate, dentelées À leur extrémité, d’une couleur pâle ct à peine marquées de nervures. D’après M. Bory-de-St - Vincent, les organes de la fructification y sont absolument dépourvus de tégument , et en tout semblables à ceux des polypodes. Parmi les cent et quelques espèces d’Asplénies que l’on trouve en Amérique, dans les régions chaudes de l’ancien continent, à la Nouvelle- Hollande , dans les îles de la mer du Sud, et en Europe, nous en citerons quelques-unes. Les es- pèces indigènes les plus remarquables sont : 1° Le Polytric, ÆASplenium trichomanes, de Linné, que l’on trouve sur les murs humides, qui Jouit de propriétés pectorales et que l’on emploie dans lés mêmes cas que les capillaires du Canada et de Montpellier, des + EUR A PRE RC PR ee PLV TE CC RE EE L 1oipeA DEte Le ! De NET avan TRS MTS USE rSSS Fr vert * # x t due ns LL SENEERE | Jamson dt: Te Asplème 2. Astènes. Æ. Guérin dir. ASSA 317 ASSO 2° La Rue des Murs, Asplenium Ruta muraria, de Linné, qui tapisse les rochers et les murailles, et qui varie dans sa forme. 3° La Doradille marine, Asplenium marinum, de Linné, qui.tapisse les roches maritimes. 4 L’Adianthe noire, ÆAsplenium Adianthum nigram, de Linné , qui habite les haies obscures, et qui, par son abondante fructification, ressemble assez bien à une Acrostie. Comme espèces exotiques, nous signalerons”: ‘ a° L’ÆAsplenium Nidus, de Linné , qui croît sur les vieux arbres , et dont les feuilles longues, sim- ples, épaisses , coriaces , assez larges et réunies en touffes servent aux oiseaux pour établir leurs nids. > L’Asplenium Rhizophyllus de Linné, qui habite les États-Unis, et dont les frondes, égale- ment simples et lanctolées, se terminent par un appendice linéaire qui s'enfonce en terre et y prend racine. Foy. notre pl. 32, fig. 1. 8 L’Æsplenium arboreum de Wildenow, que l'on rencontre à Caracas, qui a sept à huit pieds de hauteur, et dont les frondes sont pinnées , Jongues de deux pieds environ, etc. (F.F.) ASPRÈDE, Æspredo. Les Asprèdes sont des Malacoptérygiens abdominaux de la famille desSilu- roïdes. Ils se font remarquer par le grand aplatis- sement de leur tête, sur le dessus de laquelle sont situés les yeux; par l'élargissement de la partie anté- rieure de leur tronc, élargissement qui est en grande partie dû à celuide l’és de l'épaule; par leurs os intermaxillaires qui sont couchés sous l’ethmoïde, dirigés en arrière, et garnis de dents seulement sur leur bord postérieur; enfin, et plus particulière- ment, parce que ce sont les seuls poissons osseux connus qui n’aient rien de mobile à l’opercule, attendu que les pièces osseuses qui devraient le composer sont soudées au tympanique et au préo- percule. On peut encore considérer comme un de leurs caractères distinctifs, celui d’avoir la queue proportionnellement plus longue et plus grêle qu'aucun autre poisson de leur famille. Chez ces Malacoptérygiens, la mâchoire supérieure dépasse l'inférieure. Ils n’ont qu’une seule nageoire du dos, laquelle est courte ct assez rapprochée de la tête ; mais leur nagcoire de l’anus est fort étendue, puisquelle règne sous toute la queue. Le genre ‘Asprède est peu nombreux en espèces : les unes ont huit barbillons à la bouche, les autres n’en ont qué six. La plus anciennement connue est l'Asprède lisse ( 4spredo levis) Platysiacus levis figuré par Bloch, pl. 372. Élle est originaire des fleuves de l'Inde; sa couleur est d’un brun violacé en dessus, et la partie inférieure de son corps est blanchütre. (G. B.) ASSA-FOETIDA. (cm. ) Gomme résine que l'on obtient à l'aide d'incisions et de sections transversales pratiquées sur les racines de qua- trième année du Ferula Æssa- fœtida, de Linné, plante vivace de la Perse, qui appartient à la fa- mille des Ombellifères de Jussieu. * _ L’Assafœtida se présente en masses plus ou . moins volumineuses , d’une consistance de cire, * d'une couleur jaunâtre à l'extérieur, d’un blanc mat àl’intérieur, surtout les portions amygdaloïdes ; rougissant promptement au contact de la lumière, solubles dans l’eau, l'alcool, le vinaigre , l’éther et le jaune d’œuf;' d’une odeur alliacée, fétide; d’une saveur âcre, nauséeuse, alliacée et ex- trêémement désagréable , surtout pour les Euro- péens qui l’appellent Stercus Diaboli; les Orientaux au contraire, qui en mettent dans presque tous leurs alimens , la nomment Délice des Dieux. L’Assa-fœtida jouit de propriétés toniques et an- tispasmodiques. La médecine l’emploic avec suc- cès dans le traitement de beaucoup de maladies nerveuses : les vétérinaires la donnent aux bes- tiaux qui ont perdu l'appétit. (F.F.) 1 ASSIMILATION. (Puys.) Fonction. commune à tous les êtres organisés , el en vertu de laquelle ils transforment en leur propre substance les ma- tières étrangères. On emploie souvent ce mot comme synonyme de nutrition, bien qu'il présente un sens distinct; la | nutrition est en effet la con- version de la substance nutritive en molécules or- ganiques propres à remplacer celles que l'être vi- vant perd à chaque instant; et par Assimilation, on entend, en outre, la transformation de ces mêmes substances en humeurs propres à l'animal ou auvégétal et destinées à êtreexcrétées d’une ma- nière quelconque, ou à séjourner plus ou moins long-temps dans les cavités dont il est pourvu. La nutrition est ainsi le complément ou plutôt le résultat de l’_Æssimilation. Cette dernière fonction s'exerce dans toutes les parties du corps, partout où les tissus vivans extraient des fluides, et in- corporent les particules nouvelles que leur apporte la circulation. Lorsque la quantité des matières étrangères ainsi assimilées à la subtance des orga- nes dépasse celle des matières' éliminées de ces mêmes organes, le corps s'accroît; dans le cas con- traire, il maigrit ; lorsqu'il y a équilibre , le poids du corps reste stationnaire. Le mot Assimilation ne saurait convenir au mode d’accroissement des corps inorganiques par juxla-position, (P2 6297 = : ASSOLEMENT. (acn.) Une des nombreuses et importantes améliorations introduites dans l’a- griculture pratique depuis fort long-temps, mais dont la théorie n’est bien connue et n’a été déve- loppée parfaitement que depuis l'aurore du x1x°. siècle, l'Assolement, ou l’art de varier les cul- tures, consiste à faire succéder aux plantes qui tracent celles à racine en pivot ; les végélaux à racines bulbeuses à ceux qui sont pourvus de ra- cines fibreuses ; en un mot à remplacer une fa- mille par une autre différente. GCelte pratique est fondée sur la triple loi que les plantes épuisent le sol qui les nourrit, que le plus grand. nombre d’entre elles exsudent par leurs racines les subs- tances impropres à leur végétation, et comme ces substancessont âcres, elles nuisent essentiellement aux individus du même genre que l’on oblige à vivre dans un centre où tout Jeur est contraire. Un bon Assolement est. le meilleur amendement que l’on puisse procurer à la terre, surtout lors- qu'il est secondé par des labours profonds , donnés D ASTE 318 ASTE 2 en temps opportun ct calculés d’après la nature des diverses semences. - (T. ». B.) ASSOUPISSEMEN'T, Tendance au sommeil , disposition dans laquelle les fonctions de relation sont ou complétement suspendues ou ne s’exercent qu'imparfaitement. L’assoupissement peut être compatible avec la santé, mais il accompagne le plus ordinairement un état morbide. La fatigue qui succède aux travaux de l'imagination, aux veilles prolongées, à un violent exercice du corps ; une chaleur excessive, un froid intense disposent à l’assoupissement; on le voit également succé- der au repos lorsque l'estomac est surchargé et surtout après un usage copieux de boissons spiri- lueuses. Il précède le sommeil chez les personnes délicates ou dont l'esprit a été vivement préoc- cupé; les vieillards ont une grande disposition à cet état de somnolence qui souvent pour eux remplace un sommeil complet. L’assoupissement ne mérite au reste ce nom que lorsqu'il ne se pro- longe pas, et que les individus qui s’y laissent aller en peuvent être facilement tirés, Poussé plus loin il n’est souvent alors que le symptôme grave d’une maladie dangereuse, et a recu suivant ses di- vers degrés des noms différens , tels que ceux de Cataphora , de Carus, de léthargie, etc. ASTATE. Æstata, Lat. (ixs.) Genre d'Hymé- noptères de lasection des Porte-aiguillons , famille des Fouisseurs, ayant pour caractères : yeux pres- que contigus postérieurement dans les mâles, mandibules refendues à l’extrémité, languette à trois divisions égales, palpes ayant le troisième article plus épais que les autres, seconde cellule radiale de l'aile recevant deux nervures récurren- tes dont la dernière presque carrée. Les Astates sont des insectes toujours en mouvement, d’où leur est venu leur nom; leur tête est large, transverse, le prothorax droit, l'abdomen court , conique; on trouve ces msectes dans les lieux sablonneux, À. ABDOMINALE, 4. abdominalis, Fab. Panz. Faun, Ins. Germ., fasc., 53, Tab. 815. La femelle est noire, avec l’extrémilé de l’abdomen fauve. (A. P.) ASTÈRE, Aster. (or. pran.) CGorymbifères | de Jussieu ; Syngénésie polygamie superflue, L. In- volucre presque hémisphérique, composé de plu- sieurs rangs de folioles imbriquées , les inférieures souvent étalées; réceptacle plane, parsemé de petits poik déprimés ; fleurs radiées ; fleurons du centre très nombreux, tubuleux , hermaphrodites ; demi- fleurons de la circonférence femelles, au nombre de plus de dix; aigrette de poils simples, sessile. Ce genre comprend pres de cent trente espèces, dont les unes sont des sous-arbrisseaux, et les autres des plantes herbactes. Tantôt la tige de ces dernières porte une ou deux fleurs seulement ; tantôt elle se ramifie pour former des panicules ou des corymbes. Dans ces derniers cas, les feuilles sont entières ou dentées, linéaires ou lancéolées ou ovales. Ce genre se divise en trois sections, dont les deux dernières comprennent des sous-divisions. La première section renferme les espèces li- gneuses “elle sont toutes exotiques. Nous ren- voyons ceux qui seraient curieux de connaître leurs caractères aux flores du cap de Bonne-Es- pétrance, de la Nouvelle-Hollande, et de l'Amé- rique septentrionale. La première section des espèces herbacées se sous-divise ainsi :. | | + Tiges uniflores ou biflores. Aster alpinus. Disque jaune, rayons blancs ; dans les Alpes, les Cévennes et les Pyrénées. Aster crucifolius, Humboldt et Bompland, Nov. Gen., tab. 332. SE ++ Tiges rameuses. À. Feuillés entières. a. Linéaires ou lancéolées. Aster aeris. Aigrette rougeâtre, rayons d'an blanc pâle. Dans nos départemens méridionaux. Aster Amellus. Aigrette rousse, fleurs àrayons bleus ; dans la France méridionale. ; Aster caricifolius, Humboldt ,et Bompl. N. G., tab. 555. | | b. Feuilles ovales: Aster cornifolius, Wild. B. Feuilles dentées. g. Lancéolées. Aster Tripolium, L. Fleurs d’un blanc pour- pré; dans les Pyrénées, sur les côtes maritimes d'Europe. à Aster Pyrenæus, dont une belle’ et rare va- riété, |. Pyr. præcoz, flore cæruleo majori, a été découverte dans les Pyrénées, par Picot de Lapeyrouse. = d. Feuilles ovales ou cordées. Aster macrophyllus, L. 3 Aster Sinensis, L., Reine Marguerite, originaire de la Chine et du Japon, transporté en Europe en 1750 ou 1752. D'abord à fleurs simples et blanches, cette plante est devenue,’ grâce à la culture , extrêmement variée, et fait un des plus beaux ornemens de nos parterres, depuis les pre- miers jours d’été jusqu'aux premières gelées. Le genre Aster est le type de la sixième des tribus établies par Cassini dans la famille des Synanthérées, et que l’on désigne sous le nom de : Asrérées. Caractères distinctifs : branches du stylese courbant l’une vers l’autre, comme celles d'une pince, hérissées tout autour de papilles glanduleuses et filiformes dans leur moitié supé- rieure, et offrant inférieurement et en dedans deux bourrelets stigmatiques , saillans, non con- fluens, séparés par un large intervalle. (G. £.) ASTÉRIE, Asterias. (zoorn. Écix. ) Les Astéries étaient”connues des anciens sous le nom d'Ætoiles de mer. Linné placa ces animaux parmi-les Mol- lusques. Bruguière ensuite les rangea dans l’En- cyclopédie avec les Vers échinodermes. M. de Lamarck, après eux, établit le premier la-divi- sion des Radiaires échinodermes, où il placa dans 0 ASTE 519 ASTE ——————————————— la première section, celle des Stellérides , les genres Comatule, Euryale, Ophiure, Astérie, que M. Cuvier a rangés dans le Règne animal à la tête du premier ordre des Echinodermes, celui des Pédicellés. Les Astéries sont des animaux divisés en rayons, qui sont souvent au nombre de cinq ; mais qui peuvent aussi attemdre , dans certaines espèces , jusqu’à vingt. Au centre de ces rayons est une ouverture nommée ordinairement bouche, mais qui sert aussi d’anus. Chaque rayon d’une Astérie a en dessous un sillon longitudinal, ayant de cha- que côté une ou deux rangées de trous lais- sant passer des tentacules qui leur servent de pieds: la surface de ces animaux est percée de pores très-petits qu'on croit servir à absorber l'eau et à l'introduire dans la cavité générale par une sorte de respiration. On trouve sur toutes les Astéries, sur le côté du corps ettoujours'entre deux rayons, un point nommé madréporiforme, lequel correspond intérieurement au canal rempli de matières calcaires, que l’on croit servir à l’ac- croissement des parties solides. Tous ces animaux sont carnassiers; les uns se meu- vent très-lentement, et d'autres au contraire nagent avec beaucoup de vitesseen agitant leursrayons. La plupart des naturalistes pensent, sans l’aflir- mer, quils sont pourvus à la fois des deux sexes , et Othon Fabricius rapporte qu’au mois de mai ils sont réunis deux à deux, face à face, et d’unemanière très-forte. À peu près à cette époque, comme le dit M. de Blamville, ‘on trouve les ovaires lsonflés d'œufs qui paraissent composés comme ceux des holothuries; mais on ignore combien de temps ils peuvent être à éclore, à quel état sort le jeune animal, la durée de son accroissement , et par conséquent celle de sa vie. Les Astéries ont une si grande puissance de reproduction que non seulement elles repoussent en très-peu de temps les rayons qui leur sont en- levés, mais qu’un seul resté entier autour du centre lui conserve la faculté de reproduire tousles autres. Aucune Astérie ne sert à la nourriture de l’homme, et on prétend même qu'elles donnent aux moules, à de certaines époques, leur qualité malfaisante. Comme elles sont en très-grande abondance sur les côtes de la Manche, on les emploie à fumer la terre , et il paraît que cet en- grais est excellent. Les Astéries fossiles, dit Lamouroux, sont assez communes dans les terrains de dépôts; on les trouve rarement entières. C’est des carrières de la Thüringe, "des schistes de Solenhofen et de Pappenheim, des carrières de Pirna , de Chassay- sur-Saône , de Malesmes, des environs de Co- bourg et de Rotembourg sur la Tauber, que l’on arctiré les Astéries fossiles les mieux caractérisées; l'on croit qu'il en existe des débris dans le ter- rain coquillier des environs de Paris, à Grignon, à Valognes, à Caen, dans le Jura, en Italie, etc.’ \ Les Astéries sont très-communes dans toutes les mers; on en connaît déjà plus de soixante es- pèces. Après les travaux de Limck et de Lamarck. M. de Blainville a essayé une nouvelle classifica- tion qu’il a développée dans article Zoophyte du Dictionnaire des Sciences Naturelles. Cet auteur prétend que le meilleur caractère qu'il ait encore pu trouver pour caractériser les Astéries est la forme du tubercule madréporiforme, tubercule qui, dit cet auteur, est en rapport avec la généra- tion , mais dont on ignore encore l'usage spécial. Les espèces les plus communes dans nos mers sont”: l'ASTÉRIE ROUGE, Asterias rubens, figurée dans V’Atlas du Dict. des Sc. nat. , pl. 15 , etdans l'Atlas de notre ouvrage, pl. 3°, fig. A; ct l'Asrénre 4 AIGRETTES, Æslerias papposa. M. de Lämarck a donné le nom d’'Ormure, Ophiura , à des radiaires qui ont un corps très-petit dont lesrayons grêles, fort allongés, cirrheux et écailleux sont toujours au nombre de cinq. Ces rayons sont garnis sur les deux côtés opposés. soit de papilles courtes, soit d’épines plus où moins ouverbes. Les Ophiures se servent de leurs rayons comme de jambes; elles en accrochent un ou deux à l'endroitoüelles veulent aller. Destrous qui servent au passage des tentacules sont aux environs de la bouche, et l'estomac deces animaux, comme l’a dé- montré M. Cuvicr, n’est pointenvironné decæcums. Les Euryales et les Comatules ont servi à M. de Blainville à former une famille qu’il a nommée Astérophide, Æsterophida. Le nombre des espèces de ce genre, quoique: beaucoup moins considérable que celui des Asté- ries, n'estpas moindre de trente, qui sont répandues dans toutes les mers. On peut citer pour type du genre l'Ophire an- nuleuse, figurée dansleDict. des Se. nat., Zooph., pl. 16, et dans notre Atlas, pl. 32, fig. B. Les Eunyazes, ainsi appelées par Lamarck, et nommées Gorgonocéphales par Leach, étaient connues par Linné sous le nom d’Asterias caput Medusæ ; il n’en avait décrit qu’une espèce. M. de Lamarck s'exprime ainsi en parlant de ce genre : animaux qui ont des rayons qui partent d’un corps ou d’un disque en général très-petit, dont le: nombre est toujours de cinq à leur origine, mais qui se bifurquent dans certaines espèces un si grand nombre de fois, qu'on prétend avoir compté jusqu’à huit mille de leurs branches. Les Euryales ont à la face inféricure du disque dix ouvertures oblongues, deux entre chaque rayon , qui donnent passage à des organes rétrac- tiles. Sept espèces de ce genre sont connues ; nous donnons pour type l'Euryale à côtes lisses, figuré dans notre Atlas, pl. 32, fig. C. Les Comaruzes sont distinctes des genres précé- dens parce qu’elles ont une bouche qui est saillante, membraneuse, et qui offre un tube en forme de sac ou de bourse au centre du disque inférieur. Ces animaux diffèrent aussi par leurs habitudes des autres Stellérides ; leur corps est petit, orbicu- laire, déprimé en dessus et en dessous, ayant des rayons simples , les uns sur le dos du disque, et les autres abaissés sous le ventre, Ce Les rayons simples qui sont au dos servent 4 CO ASTO 320 ASTR D , ces animaux à s'accrocher et à se suspendre aux fucus ou à tout autre corps, et, ainsi placés, ils attendent leur proie, qu'ils saisissent et amènent à leur bouche. Le nombre des espèces de ce genre décrites dans l'ouvrage de M. de Lamarck est de six. | (L. R.) ASTÉRITE DES ANCIENS. (mx. )Ce n’est point, comme on l’a dit, une variété chatoyante de fel- _Spath, ni le girasol; encore moins l'Agate saphi- rine, qui ne réfléchit aucun rayon étoilé; ni le rubis d'Orient, puisque cette superbe pierre est parfaitement décrite par les naturalistes de l'anti- quité. L’Astérite, dans toute sa pureté, ne nous est pas encore connue, à moins qu'il ne s’agisse de prismes semblables à ceux que l’on trouve quel- quefois dans une grotte située près de Bourg-d'Oi- sans, département de l'Isère : ces prismes offrent des étoiles plus ou moins nombreuses, bien formées et jetant une lumière brillante. Le saphir de Ceylan, qui donne une étoile mobile à six rayons, faisait nécessairement partie des quatre espèces bien dis- ünctes d'Astérite dont parlent les anciens. Théo- phraste fait mention d’une Astérite terre calcaire qui pourrait bien n'être qu'une pétrification, un zoophyte réduit à l’état fossile, un crinoïde ar- ticulé. (T. ». B.) ASTERNAL. Qui ne tient point au sternum ; M. Chaussier a remplacé le nom de fausses côles, autrefois employé par les anatomistes, par celui de côtes asternales, pour désigner celles qui ne s’arti- culent pas directement avec le sternum. Cette dé- nomination est maintenant généralement adoptée. R s (P. G.) : ASTÉROPHORE. ({ror. cryrr.) (ZLycoper- dacées.) L'espèce la plus anciennement connue de ce genre, appelé Æsterophora lycoperdoides, est V'Agarius lycoperdoides de Bulliard, plante qui croit sur les Agarics qui commencent à se décom- poser, et particulièrement sur l'Agæ icus adustus Persoon, et sur l'Agaricus fusipes de Bulliard. Ge petitchampignon a des feuillets entiers, rares, très-Cpais, noirâtres, peu saillans; un à deux pouces de hauteur, une couleur brune, une sur- face pelucheuse ou un peu velue. Nous passons sous silence, comme moins im- portantes, quatre autres espèces décrites par Fries, ct qui toutes croissent sur les Agarics pourris. (F. F.) ASTOME, ÆAstome. (arnacn.) Genre de l’ordre des Trachéennes. Latreille a établi ce genre sur de petites Arachnides hexapodes vivant parasites sur des diptères et des hyménoptères. Les carac- ières des ces Arachnides sont : six pieds ; point de siphon ni de palpes apparens , bouche ne consistant qu'en une petite ouverture situce sur la poitrine, Ces Arachnides, dans le Règne animal de Cuvier, appartiennent à la famille des Microphthires. L’es- péce servant de type au genre est l'ASTomE rara- SITE, Æstoma parasitica, MiTTE PARASITE, Aca- rus parasiticus de Degéer, VIL, vu, 7; Trombidium parasiticum, Hermann. (H. L.) ASTRAGALE (axar). (7. OsréoLoæs). ASTRAGALE , ÆAstragalus. (mot. pan. ) Genre de la famille des Légumineuses, composé d'espèces très-nombreuses et très-variées , ayant les feuilles ailées, avec ou sans impaire , les fleurs axillaires ou terminales disposées en tête ou en épi. De Candolle, qui en a publié une excellente monographie, leur assigne pour caractères dis- tinctifs : un calice à cinq dents ou divisions; co- rolle papilionacée, ayant l’étendard ordinaire- ment plus long que les ailes; étamines diadelphes ; style infléchi, stigmate simple, légume presque toujours sessile, tantôt court [et renflé, tantôt long et grêle ; son intéricar simule deux loges plus ou moins complètes, déterminées par l'intro- flexion des deux valves , dont la suture inférieure rentre, et forme une sorte de cloison. Ce dernier caractère a servi à M. de Candolle pour établir sa sous-tribu des Æstragalées, qui, outre notre genre, renferme encore le Bisserrula et l'Oxy- tropis. On compte plus de cent cinquante espèces d’4s- tragales, classées soit d’après leur tige ligneuse ou herbacée, soit d’après l'insertion caulinaire ou pétiolaire de leurs stipules , soit d’après la couleur des fleurs, etc. Plusieurs offrent un aspect assez agréable ; mais nous ne nous arrêterons qu’à celles qui produisent des sucs gommeux, entre autres la Gomme adragant. Et d’abord prévenons que Linné a été induit en erreur au sujet de l’Æstragalus tragacantha . Cette espèce ne produit point de gomme. Il paraît que nous ne connaissons pas l'espèce qui la four- nit au commerce , et qui est indigène de Perse. L’A. creticus, observé par notre célèbre Tourne- fort sur le mont Ida, en donne beaucoup, ainsi que les 4. gummifer et verus. Ge sont tous des arbustes d'une culture facile ; ils réussiraient pro- bablement dans nos provinces méridionales, en Corse, à Alger, et dispenseraient notre com- merce d'un des mille tributs qu'il paie à l'O-- rient. d Un mot encore pour citer deux Astragales qui. croissent aux environs de Paris : l’un, glycyphyllos ou réglisse bâtarde, a une tige grosse et flexueuse et des fleurs jaunes ; l’autre, 4. monspessulanus, est acaule ct porte des fleurs purpurines. (L.) ASTRANCE, Æstrantia. (nor. rman.) Des cinq ou six espèces qui constituent ce genre, de la Pen- tandrie digynie et de la famille des Ombellifè- res, deux seules sont cultivées. Les jardiniers les confondent avec les Sanicles (voy. ce mot): mais ces. deux genres sont absolument distincts. Les fleu- res des ‘Astrances sont ouvertes en étoiles comme celles des Asrères (v. ce met). Ce sont des plantes des plus hautes montagnes, vivaces, à feuilles palmées, s’accommodant de tout terrain, de: touteexposition et de tousle$ moyens de multipli- calion. j L’ASTRANCE A LARGES FEUILLES , Æ#. major, a le: port élégant, donne de grosses touffes, se couvre, durant tout l'été et jusqu'en octobre, de fleurs blanches ou purpurines, petites, mais nombreuses. et 2. Astrag'ale 2. Astrce . | 3. et 4. Ateuchus Guérin di f M fi à À late à À ‘921 | _ “ASTR De met 0m n be e : Let ré 221 =\ ii. au dessus d’une colle- | patte Ùe lee tpémnet Én plusieurs folioles que | # sion gleoldob les aus fes pétales. Les feuil- | es como Mioutediq Has, d'un beau ve”t; 1 | de moyenne grandeur, à cinq lobes trifides, assez | . semblables à celles de l'Hellébore noir (v. ce mot). | : Les tiges sont nombreuses, hautes de trente-deux | centimètres, et forment le buisson. On atransporté | cette plante dans les parterres, où son effet est peu | sensible ; elle conviendrait mieux sur le bord des | massifs, L'Asrrance Des ALres, À. minor, que l’on | trouve aussi dans les Pyrénées, est de moitié plus » petite dans toutes ses parties , et du reste parfaite- "ment semblable à la précédente, si l’on excepte : Jes feuilles, qui sont composées de sept à neuf fo- lioles tout-à-fait distinctes. On la cultive dans les lates-bandes ; quelques personnes la tiennent dans Ê terre de bruyère; elle vient cependant partout, est très-rustique et demande un peu d'ombre et d'humidité. (T. ». B.\ ASTRAPÉE, Astrapæus. Graven. (rxs.) Genre de Coléoptères, section des Pentamères, famille des Brachélytres, ayant pour caractères essentiels : palpes terminés par un article presque triangu- - Jaire, plus grand que les précédens : tarses anté- rieurs dilatés, le premier et le dernier article - Étant les plus longs. Ces insectes, et quelques autres, font partie de la division des Fissilabres, et ont par conséquent la tête nue et séparée du corselet, et le labre profon- . dément divisé en deux lobes. Ce sont de petits in- sectes vivant en général sous les écorces d'arbres, et dont les mœurs ont été peu étudiées, Nous cite- rons seulement l'espèce la plus commune. À. DE L'ORME, À. ulmi. Oliv., Panzer. Faun. ins. Germ. , zxxxvinr, 4. Noir luisant, avec la base des abdominal fauves. Sous les écorces d’orme. (A. P.) ASTRÉE, Astræa. (zooPuyre.) Les Astrées sont des masses pierreuses, épaisses, ordinaire- ment planes , hémisphériques ou globuleuses, en- croûtant souvent les corps marins solides. Les animaux sont courts, pourvus d’une bouche ar- rondie , au milieu d’un disque couvert de tentacu- les, en général assez courts, peu nombreux, et contenus dans des loges peu profondes. M. de Lamarck, le premier , a fixé les caractères de ce genre, qui avaitété établi par Brown, eten a décrit, dans son Traité des animaux sans vertèbres, trente et une espèces. M. de Blainville ensuite a fait connaître ce genre avec beaucoup de détails ; et , lorsqu'on connaîtra les animaux de toutes les espèces , il subira encore d’autres changemens. Cet auteur divise ce genre en douze sections, et décrit beaucoup d'espèces nouvelles, ‘tant fossiles ‘que vivantes. L'espèce que nous reproduisons dans notre Atlas, pl. 55, fig. 2, est l’AsTRÉE ANNULAIRE, A. annularis, de Lamarck; elle habite les mers d'Amérique ; ses étoiles sont cannelées en dehors; sa couleur est d’un blanc jaunâtre, (L. R.) Tous I. antennes, les élytres et l’avant-dernier anneau | ASTR ASTROBLÈPE, Astroblepus. (porss.) C’est un genre de l: ;'ille des Siluroïde’ Humboldt, qui l'a établi, lui assigne les carptères suiyé ++ C5 déprimé, s’aminc: sant vr1 là ‘queue; quatre rayons branchiostéges; ni dents, ni langue, ni ventrales ; deux barbillons implantés vers la com- missure des lèvres ; deux rayons dentés à toutes les nageoires ; narines grandes, à bord membraneux ; yeux petits, situés au dessus de la tête. L’AsTroBLÈPE GRIXALVA, As'roblepus Grixalvic, Humb., Obs. zool. foss., tom. 1 , pag. 37, est la seule qui se rapporte à ce genre. C’est un poisson des fleuves du Mexique, dont la chaire est fort esti- mée. Il atteint jusqu’à quatorzepouces de longueur. (G, B.) ASTRODERME, Astrodermus. (rorss.) Ce genre appartient à la famille des Scombéroïdes; il a été établi par Bonelli. Les Astrodermes , ou plutôt l'ASTRODERME TA- cuetÉ (Astrodermus guttatus) , car c’est la seule espèce qu'on connaisse encore aujourd'hui, a , comme les coryphènes, la tête élevée et tran- chante, et une seulenageoire du dos, laquelle règne sur toute l'étendue de celui-ci. Sa bouche est pe- tite, il n’a que quatre rayons à la membrane branchiale ; ses ventrales sont très-peu développées, et situées positivement sous le col. Mais ce qui le distingue particulièrement c’est la forme singu- lière de ses écailles, qui sont découpées en étoi- les, d’où le nom générique d’Astroderme qu’on lui a imposé. Il est argenté, semé de taches noires sur le corps; avec ses nageoires d’un rouge ma-, gnifique. (G. B.) ASTROITES (ces), Astroites. (poyr.) On dé- signait sous ce nom beaucoup de Polypiers fos- siles qui ont été intercalés dans différens genres. (L. R.) ASTRONOMIE. (Pnys.) Quoique cette science, qui s’occupe de la description des astres et de la dé- termination de leurs mouvemens, soit essentiellement physique et mathématique, on ne peut se dispenser d'indiquer, dans un Dictionnaire d'histoire na- turelle , les principaux phénomènes célestes , spectacle le plus admirable que nous offre la na- ture. L'espace qui nous entoure est infini ;.le nom- bre immense des astres que nos yeux seuls nous montrent s'accroît toujours avec la puissance des instrumens, et déjà au télescope d’Herschell on en compte au-delà de 75 millions. Ce n’est là sans aucun doute qu’une faible partie des mondes qui peuplent l'espace, et l’on peut dire que leur nombre est infini comme l’espace lui-même. La terre est animée d’un double mouvement : l’un, de rotation sur elle-même, fait passer tous les astres devant nous dans un jour; l’autre, de trans- lation, lui fait faire le tour du soleil dans la durée d’une année. D Parmi les étoiles, les unes sont fires ou conser- vent leurs distances respectives ; les autres chan- gent de place par rapport au soleil et aux autres étoiles, ce sont les planètes, Les satelli'es sont de petits astres qui tournent autour des planètes , XLI° Livraison, A ASTR ———_—_—__—_—_—__—___———————————————— ——————————————— ———————’î———. “comme ‘celle-ci autour du Soleil. Les Comètes sont des astres qui tournent également autour du Soleil, mais qui, après s’en être approchés , s’en écartent à d'immenses distances, pour ne reparaître que long-temps après. Notre système solaire, composé du Soleil, de la Terre et des autres planètes, n’est qu’un point dans l'immensité ; on peut s’en convaincre en cherchant à apprécier la distance des étoiles fixes. Les plus woisines de nous ne peuvent être à moins de 206 mille fois la distance de la Terre au Soleil, qui est de 34 millions delieues ; par conséquent elles sont à plus de sept mille milliards de lieues, et l’on ne peut douter qu'il n’en existe de mille fois plus éloignées. ; La Voie lactée, qui ne paraît qu’unelumière con- fuse, n’est qu’un amas prodigieux de petites étoiles dans lequel se trouvent enveloppés la Terre et tout le système solaire. Les astronomes sont parvenus à déterminer toutes les lois du mouvement de la Terre et des planètes. Trois lois très-simples, qu’on appelle lois de Kepler , du nom de leur inventeur, régissent tel- lement le mouvement des planètes, qu’en calcule avec précision la position que chacune doit occu- per àuneépoque donnée. Newton est allé plus loin : il a découvert dans la gravitation universelle la propriété inhérente à la matière, de laquelle déri- vent ces lois : tous les corps s’attirent en raison di- recle des masses et en raison inverse du carré des distances. Telle est cette loi admirable qui rend compte de tous les mouvemens des corps célestes et même de toutes leurs irrégularités apparentes. Lorsqu'on admet en même temps une impulsion primitive, c’est à celte même loi, que l'on nomme alors pesanteur, que sont soumis tous les corps à la surface de la Terre. Le phénomère des étoiles doubles , soleils qui nous paraissent très-rapprochés à raison de leur immense distance, etquitournent autour d’un cen- ire comme les planètes autour du Soleil , a montré tout récemment que Ja grawitation universelle était réellement une loi applicable à tout l'univers. À l’aide de ces lois, les astronomes ont calculé les distances des planètes au Soleil, la durée de leur révolution autour decetastre, la formeexacte de leur orbite : on a trouvé que le diamètre du So- leil est environ 140 fois, et son volume 1400 mille fois plus grand que.celui de la Terre ;.que sa densité est un peu ‘plus du quart de celle de notre globe, c'est-à-dire un peu plus forte que celle de l’eau. Ces mêmes résultats ont été obtenus pour les planètes. On a trouvé que la Terre était une sphère aplatie versles pôles etrenflée à l'équateur, et quel’aplatissement (=) du rayon :est-préoist- ment celui qui devrait résulter de l’état supposé fluide du globe. * Le mouvement des planètes est d'autant plus rapide qu’elles sont plus rapprochées! du Soleil. Mercure parcourt 4o mille:lieues à l’heure, etSa- turne , vingt-cinq fois plus éloigné, n’a plus qu’une vitesse de huit mille lieues à l'heure; la Terre, qui occupe une position intermédiaire, parcourt vingt- 18292 ATEL : a — — cinq mille lieues dans le m/*° * 1ps..La densité des planètes décroît à me elles s’écartent .: À du Soleil : celle de Mercure est double de celle de notre globe ou à peu près la densité de l'argent, La densité de Vénus peut se comparer à celle du zinc, et celles des deux planètes les plus éloignées, Saturne et Uranus, se comparent à la densité du sapin et du liége. Le retour des Comètes, qui après les éclipses avaient encore conservé Je privilége d’effrayer de monde, se calcule aujourd'hui non pas avec Ja même précision, mais avec la même certitude que celui des éclipses. Malheureusement leur obser- vation date encore de si peu de temps qu'il n’en est qu'un petit nombre dont on puisse prédire Je retour. Ainsi ,au commencement de novembre 1859, nous verrons repasser auprès du Soleil la première Comète dont on ait constaté la périodi- cité, Comète quien 1456, accompagnéed’une queue immense, excitaen Europe une sigrande con- sternation. Félicitons-nous de voir la science-enle- ver à la superstition ses terreurs , et à l'ignorance ses alimens. (B.) à ATÉLÉCYCLE, Atelecyclus. (cnusr.') Cegenre, établi par Leach (Trans. Linn. Societ., £. xr, p. 512), appartient à l'ordre des Décapodes. La- treille , dans Je Règne animal de Cuvier, le place dans la famille des Brachyures, et dans Ja section des Arqués dans son Cours d'Entomologie. Ses ca- ractères sont, suivant cet auteur : d’avoir un tesk élargi, même orbiculaire dans une espèce; des antennes latérales allongées, saillantes, compo- sées d’un grand nombre d'articles très-velus, Les serres sont forles avec les mains compri- mées ; le troisième article des pieds-mâchoires est sensiblement réiréci postérieurement «en ma- nière de dent obtuse ou arrondie ; les tarses sont coniques, el les pédicules oculaires sont de gran- deur ordinaire ; la queue est allongée. Ces crustacés habitent les mers, et ne se trou- vent qu'à de grandes profondeurs. L'espèce ser- vant de type au genre est l’Atélécycle à sept dents, 4. septemdentatus, décrite et figurée par Leach,M. Guérin, dans son Iconographie du Règne animal de Guvier, pl. 2, fig. 2, a figuré une autre espèce sous le nom d’Atélécycle ensan- glanté, ÆAtel. ;cruentatus , Desm, Cette espèce la! | été découverie dans l'ile de Noirmoutier , par M, d'Orbign y. Desmarest, Hist. nat. des Crust. oss. , p.in, etp. 9, fig. 9, à fait connaître un petit crustacé qu'il rapporte au genre que nous avons décrit ci-dessus ; il le nomme Atélécycle rugueux , Atel, rugosus. On Île rencontre dans un calcaire grossier, au Boutonnet, carrière voisine de Mont- pellier. (H. L.) ATÈLE, Ateles. (mam.) Genre de singes établi par M. Geoffroy, pour quelques espèces américaines dont les mains antérieures sont dé- pourvues de pouce ou ne l'ont que rudimentaïre , ettoujours sans phalange unguéale. Les Atèles ont la queue et les membres , surtout .ceux de devant, agrandis à l'excès et très-grêles. Leur tête au contraire est petite-et presque ronde. 00200 # 0. AI Ils vivent'par troupes, composées de douze: ou quinze mdividus, et se tiennent le plus souvent sur les arbres, où ils se meuvent avec une grande agilité, aidés qu'ils sont par leurs longs bras et leur queue-prenanie, c'est-h-dire susceptible des’accro- cher aux corps. Ils sont craintifs et toujours prêts à fuir: à l’état de domesticité, ils sont doux, mais ordinairement mélancoliques. On les trouve dans l'Amérique méridionale, à laGuiane, au Paraguay, au Brésil et dans toutes les contrées avoisinantes. Les principales espèces sont : Le Coaïta, À. Paniscus, qui est tout-à-fait noir ; le Ghameck, qui est, comme le précédent, presque pntièrement noir, mais de plus petite taille : ses membres antérieurs, offrant un. pouce rudimen- taire ( d’où son nom de 4. subpendactylus, ou qui a presque cinq doigts) , suflisent pour le dis- tinguer du Coaita, qui est tétradactyle ; le Belzé- buth, 4. Belzebuth, qui est noir dessus, avec le ventre blanc chez les mâles, à peu près gris au contraire chez les femelles et les jeunes sujets. Le Choura est encore une espèce du même genre; noir avec la face entourée de blanc, il manque de pouce. M. I. Geoffroy en a décrit un autre sous le nom d’Atèle métis, À. hybridus. ( Foy. Magasin de Zool.par M. Guérin, 1852 ; cl 1, pl. 1.) Le principal caractère de cette espèce consiste dans une tache blanche placée sur le front , et de forme à peu près semi- lunaire. Le dessous de la tête, du corps et de toute la queue jusqu’à sa callosité, ainsi que la face interne des membres, sont d’un blanc sale, ef les parties supérieures généralement d’un brun cendré. Sa longueur est, depuis la partie anté- rieure de la tête jusqu'à l’origine de la queue, | d’un pied dix pouces; la queue, qui mesure à elle seule un peu plus de deux pieds, est cepen- | dant moins longue que chez les autres espèces. L’Atèle métis vient de la vallée de la Madeleine, où il porte le nom de Marimonda et celui de Zambo où Mono-Zambo, qui veut dire Singe-métis, à cause de:sa couleur qui est à peu près celle des métis nés d'un nègre et d’un Indien , appelés en langue du pays Zambo. Les femelles sont très-attachées à leurs petits; dans les voyages elles les portent sur leurs dos. M: Desmarest , dans son Traité de Mammalogie, partage les Atèles en deux sections : la première comprenant les espèces entièrement dépourvues de pouce ; la seconde, celles qui ont un pouce rudimentaire mais apparent au dehors. Spix dans son ouvragesur les singes du Brésil, érigea en genres ces deux sections, que M. Desmarest n’avait données que comme des coupes artificielles, destinces à faciliter la distinction des espèces; il réserva aux espèces sans pouces le: nom d’Atèles , et donna à celles qui en ont un celui de Brachytèles ce genre n’a point été adopté. Dans un mémoire par- ticulier, M. I. Geoffroy a séparé du genre Atèle plusieurs espèces (l_4. Arachnoïde et les denx espèces confondues sous le nom d'Hypoxanthe), dont il a formé le genre Enrong. (Foy: ce mot. ) (GERVAIS. ) ‘393 ATEU ATEUCHUS, Ateuchus, Weber. (ms. ) Genre de Coléoptères, de la'section des Pentamères,-fa- mille des Lamellicornes, : tribu: des Scarabéides , ayant pour caractères essentiels : antennes de neuf articles, pas d’écusson, les. quatre jambes postérieures allongées , à peine dilatées, termmées” par un seul éperon. | Les insectes composant ce genre n’ont nida tête ni le chaperon garnis de cornes comme cer- tains Goprophages, et c’est ce qui leur a valu leur nom, qui signifie sans armes ou sans défenses : leur corps est large , ovale ou arrondi ; le chaperon est presque toujours refendu , relevé antérieurement ; le corselet est large, bombé ; les élytres sont droi- tes sur les côtés; les tibias antérieurs sont à peine dilatés, mais un peu courbés et armés extérieure- ment de trois ou quatre dents tranchantes , aiguës, courbées inférieurement : ces dentelures et celles du chaperon s’usent très-vile et sont alors beau- coup plus ‘courtes , arrondies ; quand l’insecte a quelque temps d'existence, les tarses de cette paire de pattes sont caducs; les quatre pattes postérieures sont garnies de poils au côté externe. Ces insectes vivent, eux et leurs larves, dans les excrémens des différens animaux. Quand arrive le moment'de la ponte , c’est-à-dire au printemps, ils prennent une portion d'excrémens dont ils forment une boule, souvent presque aussi grosse qu'eux, d’où leur est venu le surnom de Scarabées pillulaires; c’est à elle qu'ils doivent confier leurs œufs. Cette boule, d’abord molle, acquiert de la | consistance à force de rouler sur le sable, elle devient ferme et rugueuse ; alors l’insecte la pousse avec ses pattes postérieures vers le trou qu'il a creusé dans la terre et qui doit la renfermer avec l'espoir de sa postérité. Souvent deux individus se réunissent pour rouler la même boule; souvent aussi, dans les efforts qu'il fait, le propriétaire perd l'équilibre et tombe de côté : un autre survient avant qu'il ait eu le temps de se relever, ce qu'ils font avec beaucoup de difficulté, et se met à faire rouler la boule pour son compte. Il faut que le ma- ladroit cherche sa pilule, et s’il ne la trouve pas, qu’il en fasse une autre, ce qu'il exécute avec uneardeur toute nouvelle. Ces insectes sont propres aux par- ties chaudes de l'Europe et des autres parties du monde, Les anciens ont beaucoup connu ces in- sectes, et leurs mœurs les avaient particulièrement frappés. Les Egyptiens les regardaient , à cause de l'époque de leur apparition , comme le symbole de Ia renaissance de la nature ; aussi les voit-on re- présentés dans tous leurs monumens, souvent même sous une taille coléssale. Pour le peuple, chez qui tout est réalité, et qui dans un. emblème ne voit que l’objet. lui-même, cet insecte était l’objet d’un culte particulier; aussi sa figure se retrouve sur les médailles, les amulettes, les ca- chets. Les matières les plus précieuses étaient employées à représenter sa figure; enfin jusque dans les momies on a trouvé de ces représentations variées de toutes les faconset l’insecte même par- fait : peut-être alors annoncait-il, par analogie, un réveil futur , l’immortalité de l’âme ; comme dans ATHE 324 ATHE ee l'usage ordinaire il annonçait leréveil de la nature, le retour du printemps. Les espèces de ce genre sont assez nombreuses , nous nous contenterons de citer les suivantes. A. sacré, A, sacer, Linn., Oliv., Col., t. 1. 3; vi, 09 ; représenté dans notre Atlas, pl. 33, fig. 3. Noir; corselet et élytres lisses; vertex por- tant deux très-petits tubercules ; tibias antérieurs quadridentés extérieurement, bidentés intérieure- ment, des dentelures très-fines les garnissent en outre des deux côtés. C’est l'espèce qui a été le plus spécialement l'objet du culte des Égyptiens, quoique deux ou trois autres espèces presque sem- blables puissent avoir ét£ confondues avec elle. M. Latreille pense que ce devait être une autre espèce qu'il a nommée A. Des ÉGyPTIENS; mais comme elle n’a été trouvée que dans le Sennaar, je crois qu’il vaut autant suivre l'opinion vulgaire. A. nes ÉGyrTIENs, 4. Ægypt'orum, Caillaud, Voy. à Meroé; Guérin, Icon. du Règne animal, Insectes, pl. 21, fig. 1 ; reproduit dansnotre Atlas, pl. 35, fig. 4. Il est vert-bronze doré, de la gran- deur du précédent ; mais au lieu de deux tuber- cules sur le vertex, il porte une petite éminence allongée, faible et très-luisante. On peut voir pour les autres espèces la mo- nographie de ce genre’, donnée par M. Mac Leay FE dans ses /oræ Entomologicæ, sous le nom de SCARABÉE. (A. P.) ATHANAS , Æthanas. (crus. ) Genre de l’or- dre des Décapodes, établi par Leach (Linn., Soc. trans., tom. x1), et que Latreille range dans la fa- mille des Macroures, section des Salicoques. Ce genre se rapproche beaucoup des Palémons, dont il ne diffère que par les deux pieds antérieurs plus développés que les suivans, et par le dernier ar- ticle des pieds-mâchoires extérieurs , plus grand que le pénultième. On n’en cennaît qu'une seule espèce, l’Armanas nITEscENs de Leach , Malac. Brit. , xuiv; Desm., Considér., pag. 239, 240; de Bréb., Crust. du Calv., pag. 25, 24. Montagu l'a découvert sur les côtes d'Angleterre. (H. L.) ATHÉRICÈRE, Athericera. uns. ) Cinquième famille de l’ordre dès Diptères, selon M. Latreille, et la plus nombreuse, puisqu'à elle seule elle ren- erme presque autant de genres et beaucoup plus d'espèces que les autres prises ensemble. Elle a pour caractères d’avoir la trompe ordinairement membraneuse, terminée par deux lèvres, renfer- mée, ainsi que les palpes, dans une cavité de la tête pendant le repos, contenant un sucoir le plus sou- vent de deux pièces, mais quelquefois de quatre; des antennes toujours accompagnées d’une soie ou stilet auquel on n’aperçoit aucüne division annu- laire. M. Latreille, dans d’autres ouvrages , avait beaucoup restreint celte famille , et je crois qu’il avait eu raison, puisque lui-même indique le su- çoir comme tantôt de deux pièces et tantôt de quatre, comme dans les Syrphes, dont on sait que les larves sont carnassières; mais, obligés comme nous le sommes de suivre la marche tracée dans le règne animal, nous ne pouvons, dans un ouvrage aussi sommaire, Qu'indiquer ce qui nous paraît des erreurs , sans chercher à les relever. Les larves des Athéricères sont apodes, ont le corps mou, en cône très-allongé, dont la partie étroite renferme la bouche ; elles sont très-contrac- tuiles, offrent plutôt des rides transverses que des anneaux distincts; la têten’ayantrien d’écailleux est variable de forme. Les organes de la manducation consistent en un ou deux crochets cornés; à leur base est probablement une ouverture œsopha- gienne par où s’introduisent les sucs ; la respira- tion s’opère par des stigmates, dont une paire placée sur le premier segment du corselet , et deux autres sur la partie tronquée de l’extrémité du corps, où elles figurent deux plaques écailleuses; mais , Comme on a découvert que chacun de ces stigmates postérieurs était, dans quelques espèces, composé de trois stigmates réunis, il est proba- ble qu’un peu d’attention fera peut-être qu’on en découvrira une dernière paire, et qu’alors leur nombre se trouvera en rapport avec celui que l’on observe sur toutes les autres larves d'insectes. Ces larves ont la faculté de recouvrir ces stigmates avec la peau des parties environnantes de leur corps, et,.par là, de les mettre à l'abri desincon- véniens de l'immersion où elles sont souvent ex- “posées. On croit qu’elles ne changent pas de peau ; à l’époque de la transformation en nymphe , la peau se durcit et devient une coque ovalaire, souvent plus épaisse à l'endroit où l’insecte était le plus étroit, à l'abri de laquelle il doit opérer sa der- nière métamorphose; dans ce moment, et ävant que l’insecte ait pu acquérir une forme réelle, toute la masse charnue se trouve détachée de la peau, et passe par l'état que l’on a nommé la boule allongée ; mais cet état, que l’on a signalé comme RSR EE esttrès-simple , cé l’on verrait qu'il s’opère de même dans tous les insectes possi- bles, si l’on saisissait le moment précis, tandis’ qu’ on ne voit jamais la nymphe qu'au moment où la nature a indiqué qu’elle pouvait être en contact avec l'air extérieur; si l’on tuait une chenille au moment où elle cesse de manger pour se méta- morphoser, on arriverait peut-être, avec un peu de peine, à la: trouver dans un état analogue à celui par lequel passent les diptères. Au bout de quelque temps, l’insecte gonflant beaucoup la partie vésiculaire de sa têle, située sur le front, fait sau- ter une calotte de sa coque, et en sort pour se ré- pandre sur les fleurs, et souvent sur des subtances dont l’odeur nous flatterait beaucoup moins ; mais, comme on dit, il ne faut jamais disputer des goûts et des couleurs. (A. P. ATHÉRINE, Atherina, Linn. (porss. ) M. Cu- vier place isolément entre les Mujiloïdes et les Gobioïdes, un genre de poissons acanthoptérygiens, qu'il avoue n’avoir pu convenablement intercaler dans aucune des familles déjà établies de cet ordre. Ce genre est celui des Athérines , qu’à leur petite taille, à leur corps comprimé ; à leurs larges écailles et à leur couleur argentée, on serait , du la première vue, tenté de prendre pour de petites ATLA 32 Clupées. Aplatie latéralement, leur tête est dépri- mée en dessus et obtuse en avant; leur mâchoire supérieure est seule protractile ; l’inférieure, qui est percée de quelques petits pores, est très-longue et peut s’abaisser beaucoup ; l’une et l’autre sont garnies de dents très-fines. Les yeux sont grands, les joues écailleuses , les opercules minces et sans épines ; la membrane branchiale a sixrayons. Le dos de ces. poissons est surmonté de deux nageoires, dont la seconde correspond à l’anale et la première aux ventrales, qui sont attachées assez en arrière des pectorales. Ces nageoires , ainsique la caudale , sont de médiocre étendue. . A l'intérieur , les Athérines offrent un esto- mac qui n’a point de cul-de-sac, etun duodénum sans appendice cœcal; leur squelette présente cette particularité, que les apophyses des dernières vertèbres abdominales sont recourbées de telle manière, qu'elles forment un petit entonnoir dans lequel vient se loger la pointe de la vessie aérienne. On pêche en grand nombre dans la Méditer- ranée plusieurs espèces d’Athérines, qui sont les Aphies des anciens ; l’une d’elles , dont la tête se termine en pointe, qui a neuf rayons épineux à la première nageoire du dos, onze mous à la deuxième, et douze à l’anale, est appelé Sauclet dans le Languedoc et Cabassou par les Provençaux; c’est l’Atherina Hepsetus de Cuvier. IL y,a encore le Joël (Atherina Boyer de Risso), et le Mochon (Atherina Mochon de Cuvier ). Sur les côtes de l'Océan on en trouve une autre qu’on nomme vulgairement le Prêtre, Abusseau ou Roseré ( Atherina Presbyter Guv.). Ce nom de Prêtre vient de la bande d’argent qui est im- primée sur chacun de ses flancs, et qu’on a com- parée à une étole. Cette bande argentée, d’ailleurs, est commune à toutes les espèces d’Athérines aujourd’hui connues ; la chair de ces poissons, qui, comme les Clupées, se tiennent quelquefois en troupes serrées , est d’un excellent goût. (G. B.) ATHÉRIX, Atherix. (ins.) Genre de Diptères de la famille des Tanistomes , section des Zeptides, distingué des genres voisins par le premier article des antennes qui est plus grand que le second, et par la soie du dernier article insérée latéralement ; les palpes sont avancés. Les mœurs de ces in- sectes étant peu connues, nous nous conlente- rons d'indiquer deux espèces qui se trouvent plus communément que les autres. À. racueré, 4. maculatus, Meis., Dipt., tab. 24, fig. 30, ayant des bandes noires aux ailes, et l'A. IMMACULÉ, À, immaculatus, où elles sont entièrement transparentes. Ces insectes’ se trou- vent dans notre pays. CAPES ATLANTE , Atlanta. ( morz. ) Genre de Gasté- ropodes appartenant , suivant Cuvier, à l’ordre des Hétéropodes, dansle Noisinage des Carinaires et des Firoles, et se composant d'animaux péla- giens de pelite taille, dont la coquille, au lieu d'être évasée comme celle des Carinaires, a sa ca- vité étroite et roulée en spirale sur le même plan, avec le contour relevé d’une crête mince. 5 ATLA Avant les observations publiées dans les Mé- moires de la Société d'histoire naturelle de Paris, par M. Rnag, ces mollusques étaient pla- cés dans la classe des Ptéropodes, à côté du genre Limacine ; c’est Lesueur qui a découvert et établi ce genre ; il en a décrit deux espèces dans le Journal de physique; ce sont les Atlanta Peronti et Keraudrenii. Cette dernière espèce a été mieux observée et figurée d’après le vivant, par M. Rang, qui a publié son travail dans notre Magasin de zoologie, année 1832 , classe 5, pl. 4.” Cette Atlante se distingue de celle de Péron, par sa texture membraneuse ct un peu moins trans- parente , par sa forme plus épaisse en même temps que son diamètre est moins grand , par sa carène toujours moins large, par ses tours contigus ; la couleur générale de l'animal est le pourpre le plus éclatant, nuancé de diverses manières selon les organes où il se montre. Très-foncé dans le tourillon , il devient presque bleu plus en avant, rose à la nageoire, et d’un vif éclatant à la ventouse ainsi qu'à la trompe. L’Atlante de Keraudren nage avec vivacité et comme par sautillemens vagues. Quand elle veut descendre au fond de l’eau, 1l lui suflit de rester immobile. Elle a été;trouvée dans la Méditerranée entre les îles Baléares et la côte d’Espagne. (Guér. ) ATLANTIQUE (Océan). (céocn.) L’Océan Atlantique est cette vaste étendue d’eau qui sépare l’Europe et l'Afrique de l'Amérique ; il a pour li- mites au nord l'Océan Glacial arctique , et au sud l'Océan Glacial antarctique ; il s'étend donc en lon- gitude de l’un à l’autre cercle polaire, et en lati- tude de l’Europe et de l'Afrique aux deux conti- nens américains. Cette surface aquatique peut être soumise à une division correspondante à celle de la surface du globe en zones. Ainsi du cercle polaire arctique au tropique du cancer, l'Atlantique prendra le nom d'Océan Atlantique boréal ; la partie com- prise entre le tropique du cancer et celui du ca- pricorne , dans laquelle se trouve situé l’équateur, sera pour nous l'Océan Atlantique équinoxial ; enfin nous nommerons Océan Atlantique austral les mers qui s'étendent entre le tropique du ca- pricorne et le cercle polaire antarctique. La pre- mière partie de cette division correspond à la zone tempérée boréale, dans laquelle figure l'Europe ; la seconde partie correspond à la zone torride, la troisième enfin à la zone tempérée australe. Toutes ces portions de l’Atlantique donnent naissance à différentes mers, dont nous allons donner ici la nomenciature, en suivant la division que nous venons d'indiquer. Océan ATLANTIQUE BORÉAL. Les mers qui en dé- pendent sont : la mer Baltique, entre la Suède et la Russie; la mer du Nord, entre l'Angleterre, la Norwége, le Danemarck et l'Allemagne; la mer d'Irlande, entre l'Angleterre et l'Irlande ; le golfe de Gascogne, entre les côtes de France ct d'Espagne ; la Méditerranée et les mers qui en dé- pendent, entre l'Europe, l'Afrique et l'Asie. ATLA OtcEan ATLANTIQUE ÉquiNOxI AL. Lei se rattachent le golfe du Mexique, la mer des Antilles ,èn Amé- rique , à la hauteur de l'isthme de Panama, et le lfe de Guinée swr les côtes de l'Afrique. L'Oc£an ATLANTIQUE ausrRAz, ne baignant au- cune terre ul vienne en interrompre la be: m'est soumis à aucune: subdivision. ! serait trop long de faire l'historique exact de la vaste étendue d’cau que nous examinons en ce moment : contentons-nous de dire que la forme de cetie vaste mer, quiressemble à une manche dont le poignet se trouve àla jonction de l'Atlan- tique avec l'Océan Glacial arctique, parait indi- quer que primitivement l’Europe teuchait l'Amé- rique par le nord au moyen de la Norwége , de l'Angleterre ; de l'Irlande et du Groënland. Toutes les prequ'iles des divers continens baignés par les eaux de l'Atlantique, dont l’extr émité est toujours tournée verslesud,donneraient à penser que la force qui a séparé les deux continens avait reçu une im- pulsion du sud au nord ; un affaissement dans cette partie du globe, suite d’un violent cataclysme, aura pu causer un grand trouble dans ces con- irées , el former tout à coup un immense abîme où les eaux se seront précipitées avec violence. Ce qui pourrait confirmer cette croyance est l’o- pinion que nous a transmise Platon et d’autres philosophes de l’antiquité, sur l'existence, dans cette partie de la terre, d’une très-grande île qui a disparu et qu'ils nommaient l’Ætlantide. Gette opinion d’ailleurs n'offre rien d’absurde, surtout lorsqu'on examine les îles qui sont desséminées dans cette partie de l'Océan, et qui présentent toutes à leur surface des volcans éteints ou encore en action, prêts à porter témoignage des nom- breux calaclysmes auxquels ces îles ont été sou- mises. Les côtes de Norwége, les terres du Groën- land, les Orcades, les Shetland, les îles Féroé, l'lnidnales les Açores, toutes terres volcaniques, semblent être les points culminans de ces ter- rains submergés. C’est celte idée de jonction entre les deux continens par une masse de terres sub- mergées qui à conduit Buache à faire de nom- éues recherches sur l'Atlantique, et à le diviser cn divers bassins que limitaient les chaînes de montagnes qu'il a reconnues sous ses eaux, et qu'il croyait être le prolongement des chaînes si- tuées à la surface de nos continens. (G. d.) ATLAS. (anar.) (Voy. Osrkorocts.) ATLAS. (céoc. Pnys.) Les anciens avaient fait de l’Atlas un colosse qui portait l'Olympe sur ses épaules. Les vers remplis d'images dans lesquels Virgile le représente, ont été traduits avec son élégance habituelle par notre poète Delille, :..... Et déjà se découvre à ses yeux L'Atlas, l'énorme Atlas, antique appui des cieux. Sous d’éternels frimas ses épaules blanchissent, De bleuâtres glaçons ses cheveux se hérissent ; Son front couvert de pins, de nuages chargé, Par l'orage et les vens est sans cesse assiégé , Et cent torrens vomis de sa bouche profonde Font retenlir ses flancs du fracas de leur onde, 326 ATEA Mais ce n’est plus aujourd’hui le géant qui sup- porte le ciel, ce n’est qu’une chaîne, ou plutôt un groupe de chaînes de montagnes quitiennent à peine un rang parmi les plus hautes du globe , et dont on n’a pas encore de description satisfaisante. Les modernes divisent l’Atlas comme Pto- lémée, en Grand et en Petit Atlas, le premier voisin du désert, l’autre rapproché de l'Océan et. de la Méditerranée. Le Grand Atlas s'étend parallèlement aux côtes de l'Océan; il occupe tout l'empire de Maroc; c’est la ne la plus haute. de tout le groupe ; il change souvent de dénomination , à mesure qu'on s’avance vers l'Orient. Ainsi, ce sont les monts Ammer (Djebel- {mmer) sur le territoire d'Alger, lesmonts Wegala et le Djebel-Fissato dansles états de T anis; puis les monts Gharians et les monts Ouadans, en entrant dans le territoire de Tripoli. Du nœud où commencent les monts Ammer part une petite chaîne qui est la plus méridionale et qui se dirige aussi vers l’est : l’un de ses noms est celui d’ ner: Une chaîne transversale commence de celle-ci, et, sousle nom de Vefisa, se dirige vers les monts Megala; un de ses rameaux, appelé Djebel-Zeah, la réunit au Djebel-Fissato. De d cree des monts Nefisa part une chaîne qui, sous lenom de Djebel-Agrouh, vase terminer dans le désert de Sahara. Elle envoie vers le sud-est deux rameaux parallèles dont le septen- trional se nomme Montagnes Noires (Haroudjé- el Æcouad) et le méridional Montagnes Blanches (Haroudjé-el Abiad : c'est à ce dernier qu’appar- tiennent le mont Tibesty et le Djebel-Tadent qui se prolongent au sud dans le désert, Le Petit'Atlas est la chaîne la plus rapprochée de la Méditerranée. Il est parallèle au Grand Atlas ou s’en détache obliquement, et se joint à celui-ei par plusieurs chaînons transversaux, dont le plus élevé est le Jurjura ou le Guraïgura qui a environ 8 lieues de longueur. Le Petit Atlas commence au cap Spatel. et formele cap Bon à son extrémité orientale. Toutes les chaînes de l’Atlas sont faciles à fran- chir, à l’aide des nombreux défilés dont elles sont percées et que les Arabes appellent portes. Le plus occidental s’appelle Porte du Soudan ((Bab- Soudan). Pour aller d'Alger à Constantine, on traverse le Jurjura par un défilé remarquable ap- pelé Piben ou Biban, que plusieurs voyageurs nomment la Porte de Fr C’est une vallée étroite dominée par des montagnes élevées et dont les flancs sont impraticables ; dans le fond coule un ruisseau d’eau salée, qui fait tant de circuits qu'on est obligé dele traverser au moins quarante fois'pen- dant les sept heures que l’on met à passer ce défilé. A l’est de Maroc, des neiges perpétuelles cou- yrent les sommets de IF nes Dans l’état d'Alger, les neiges fondent vers le mois de mai et recom- mencent à tomber en septembre: Le climat qui règne dans la région occidentale du haut Atlas, c’est-à-dire dans l'empire de Maroc, estun des plus salubres et des plus beaux de laterre, à l'exception de trois mois de l'été. Le versantocci- dental est abrité par les montagnes contre le vent 6 327 ATLA brûlant du désert qui soufflependant quinze jours œu«trois semaines dans la saison pluvieuse ; les brises dewmer y rafraichissent l'atmosphère, mais les pays situés sur leversant oriental ne jouissent pasdeces avantages : les vents apportent le hâle du désert et souvent la peste de l'Égypte. En gé- néral, dans cette région , les saisons sont marquées par Ja sécheresse et Iles pluies; celles-ci commen- cent en septembre , mais elles ne durent pas:sans interruption. Les orages sontplus fréquens dans le Petit que “dans de ‘Grand Atlas: üils sont ‘ordinairement partiels «et s'étendent rarement hors de la région montagneuse. Souvent la foudre, accompagnée de torrens de pluie,ttombe dans les montagnes, tandis que dans la plaine et à Alger il fait le plus beau temps possible. C'est dans le mois de décembre “que Je thermomètre descend le plus bas à Alger; mais jamais ou très rarement il s’abaisse jusqu'à éro. C’estien juim, juillet, août et septembre, que la chaleur est la plus forte ; en août surtout, le thermomètre centigrade monte jusqu à 55 ou 34 degrés (environ 27° de Réaumur). En novembre “ommencent le mauvais temps.et le froid ; vers la fin de décembre, les arbres perdent leurs feuilles ; amais avant le 20 janvier on en voit de nouvelles pousser , etes arbustes se couvrent de fleurs ; vers Je 15 fevrier , la végétation est en pleine activité , ét dans lespremiers jours. de mars , malgré quel- çues jours de froid, on fait la première récolte -de pommes , de poires et deiquelques autres fruits. Depuis mars jusqu'àdafin de mai, letempsest déli- cieux sur ‘toute Ja côte ; maisen juin les chaleurs vecommencent, les sources tarissent et la végé- tation périclite. Plus à l’est, par exemple ‘dans le royaume de Tunis, il gèle rarement. Vers la fin d'octobre les vents du nord, venant d'Europe et traversant la Méditerranée , transportent des vapeurs humides, et déterminent les pluies qui commencent à cette époque , et qui continuent parintervalles jusqu’en mai ; tandis que les vents du sud et de l'est, qui “en juin viennent des déserts africains, ‘amè- ment des beaux jours et la chaleur. Celle-ci de- wient insupportable en juillet et en août, lorsque levent du sud apporte l'air enflammé de l'inté- rieur de l'Afrique. Le thermomètre se soutient alors à l'ombre :ct vers le milieu du jour entre 26 et 52 degrés du thermomètre de Réaumur. Cette température continueordinairement jusqu’à la fin d'octobre. On a estimé que sur le versant oriental des monts Mégala et Gharians il tombe annuelle- ment 30 à 56 pouces d’eau. Les montagnes de l'Atlas ne donnent naissance à aucun cours d’eau qui soit digne de prendre un rang parmi les grands fleuves. Le versant occiden- tal du Grand Atlas, dont toutes les eaux vont se jeter dans l'Océan Atlantique , nous offre d’a- bord, en allant du midi au nord, le T'enfil qui a 80 lieues de longueur ; la rapide etprofonde Mor- bea, appelée aussi Omm’er-Bébie’h, quin’aque Go à 65 lieues de cours; le Sebon où Makmore, qui est un peu moinslong;et le Louccos,qui ne parcourt ATLA qu’une étendue de 4o lieues. Les autres rivières du même versant sont moins considérables encore. Sur le versant septentrional qui s'incline vers la Méditerranée, mous trouvons à l’est la Moul- louiaou Noulouvia, ou encore Moulvia, qui aplus de 100 lieues de cours, mais qui est presque à sec pendant l'été, ce qui lui a valu le surnom de fleuve sans eau (Bahr-delamah). Toutes ces ri- vières sont dans l'empire de Maroc. Sur le territoire de l’ancienne régence d'Alger, le Chélif a 80 ou 100 lieues de cours; plus à l’est, sser et le Saibous en ont 40; le Ruramel, appelé aussi Ouad-el-Kebir, n’en a que 30. Les autres cours d’eau sont plutôt des ruisseaux que des rivières. Cependant l'A/roun a été représenté comme un fleuve par quelques géographes , parce que son lit très-profond a dans plusieurs endroits et dans certaines saisons plus de 100 mètres de largeur. Au-delà du Djebel - Ammer, au milieu d’un vaste bassin fermé de tous côtés par des chaînes de montagnes, coule la grande rivière appelée Ouad-Djidi, qui après un cours de 50 lieues se jette dans le lac Melgisy , lac maréca- geux et salé, sans écoulement, et de 10 lieues de longueur sur 7 à 8 de largeur. Sur le versant du Grand Atlas,quidescend vers le Sahara , nous ne citerons que deux cours d’eau : le Ziz qui, après avoir parcouru une étendue de plus de 100 lieues, se jetle-dans un lac sans écou- lement; et le Ouady-Draha ou Ouady-Darah qui, parcourant une distance au moins aussi considé- rable , va se perdre dans les sables du désert. Jetons maintenant un coup d'œil sur la consti- tution géologique de l'Atlas. . Ce que les voyageurs les plus récens nous ont appris sur le Grand Atlas, c'est qu'il est formé | d’une roche de quastz et de mica appelé gneiss, sur laquelle repose un calcaire de”sédiment infé- rieur ou de transition qui a subi un soulèvement tel que ses couches, d'horizontales qu’elles étaient primitivement, sont devenues presque perpendicu- laires. La conquête d'Alger par les Français a donné lieu au capitaine Rozet de faire des observations sur la généalogie du Petit Atlas. Il paraît composé , en suivant la série des formations depuis les plus anciennes jusqu'aux plus modernes, de schiste et de gneiss qui appartiennent aux terrains de sédi- ment les plus inférieurs ou de transition sur les- quels setrouve le lias ou ‘calcaire bleu, de dépôts de sédiment supérieur, de porphyres trachytiques.et de terrain diluvien ou de transport. C’est dans la formation schisteuse que se trou- vent les calcaires qui ont fourni aux anciens les beaux marbres de Numidie. La roche dominante est un schiste talqueux luisant, dont les couleurs habituelles sont le blanchâtre , le vert et le bleu. Il ne se présente pas en couches régulières , mais en feuillets contournés et coupés par une infinité de fissures qui les traversent dans tous les sens et qui sont remplis de quartz blanc et de fer oxidé. Le calcaire subordonné ou enclavé dans le schiste est d’une texture saccharoïde, c’est-à- CR ATLA ATLA mg dire imitant le sucre dans sa cassure, ou d’une texture sublamellaire ; sa couleur est tantôt un beau blanc, ou bien le gris et le bleu turquin. Il forme souvent des masses considérables parfaite - ment stratifiées, dans la montagne de Boudjerah, à l’ouest d'Alger; sa puissance est au moins de 150 mètres, celle du groupe schisteux en a plus de 400. Le schiste contient du grenat et de l’an- thracite. 11 passe par des nuances presque insensi- bles au micaschiste, puis au gneiss ; sous cette forme il ne paraît pas avoir plus de 100 mètres d'épaisseur ; parmi les substances minérales qu’il renferme , les tournalines noires sont en quantité considérable. La formation du lias paraît constituer la masse principale du Petit Atlas. Elle atteint une hau- teur de 1650 mètres et une puissance de 1200, et se compose de calcaire compacte et de cou- ches marneuses; cependant il serait à désirer, pour pouvoir assimiler au calcaire ce lias, qu'on y eût trouvé la coquille fossile appelée Gryphea arcuata, qui est caractéristique; car les huîtres, les peignes, et même les bélemnites, pourraient bien ne pas empêcher que ce calcaire n’appar- tint à une formation moins ancienne. Le terrain de sédiment supérieur du Petit Atlas est formé de grès et de calcaire grossier ferrugineux. Il constitue toutes les collines qui s'étendent entre les deux Atlas, et paraît être, à en juger par les corps organisés qu'il renferme, tout-à-fait de la même époque que les dépôts qui se trouvent au bas des deux versans des Apennins. Composé de deux étages, sa puissance moyenne est d'environ 4oo mètres. Il paraît s'étendre jusque dans le grand désert, dont les sables ne sont probablement que la partie supérieure de ce terrain ; et entre les deux Atlas, il paraît éga- lement occuper une longueur de plus de 100 lieues. Les porphyres trachytiques, roches d’origine volcanique, que l’on remarque sur la côte le long de la falaise qui s'étend près du fort de Ma- tifou, où ils forment des écueils, sont intercalés au milieu du terrain tertiaire , où ils n’ont pu ar- river que de bas en haut. Ce qu'il y a de remar- quable, c’est que jusqu'à l'endroit où les por- phyres commencent à reparaître , les couches ter- tiaires sont parfaitement horizontales, et qu’elles s’inclinent tout à coup de 15 à 20 degrés vers le nord-est, jusqu'à leur point de contact avec les schistes. À l’époque où le soulèvement qui a roduit ces inclinaisons a eu lieu, les schistes avaient déjà été soulevés , puisqu'ils sont inclinés en sens inverse du terrain de sédiment supé- rieur. Enfin le terrain de transport, composé de marne argileuse grise et de cailloux roulés, occupe la plupart des plaines qui s'étendent entre les ramifi- cations de l'Atlas. Les environs d'Oran présentent en général les mêmes formations que ceux d'Alger, mais avec quelques différences dans les détails : c’est ainsi que les dolomies ou calcaires magnésiens se montrent en beaucoup d’endroits sur les schistes. Les chaînes de collines qui terminent l’Atlas dans le désert de Barcah sont des masses calcaires blanches ; l’Haroudjé blanc est de ce nombre : il doit son nom à la couleur de la roche dominante, Quant à l'Haroudjé noir, peut-être son noyauest-il calcaire ; mais il n’offre que des mamelons de ba salte. Si les peuples qui habitent les diverses régions de l’Atlas étaient plus avancés en civilisation et en industrie, ils tireraient probablement un grand parti des richesses métalliques renfermées dans ses flancs. Le Grand Atlas paraît être traversé par des filons de cuivre, d’étain, de fer , d’antimoine, et peut-être même aussi d’or et d'argent. Dans le Petit Atlas , il y a des mines de plomb et de fer; on cite aussi dans les monts Mégala et Gharians, l'argent , le cuivre , le plomb, le mercure, le fer, le graphite ou la plombagine. Les plaines sont im- prégnées de chlorure de sodium ou de sel gemme, de nitre ou de nitrate de potasse et de carbonate de soude, que les Arabes appelent trona. Les sour- ces minérales sont aussi très-abondantes dans les différentes parties de l'Atlas. Les rameaux de l’Atlas sont séparés par des plaines que l’on peut regarder comme les plus riches du monde en céréales, et qui pour- raient à l’aide d’une bonne culture, et grâce au cli- mat, produire abondamment du coton et l’indigo. Tous les arbres fruitiers de l'Afrique et même de l'Europe y croissent avec vigueur. Dans le Grand Atlas les vallées sont remplies d’orangers, de pêchers, d’abricotiers, d’amandiers et de grena- diers. Au dessus de ces vallées commence la ré- gion des forêts à laquelle succèdent celle des gra- minées, et enfin celle des neiges. Les forêts se composent principalement de sept espèces d’ar- bres : l'olivier sauvage , le genévrier de Phénicie, le térébinthe, occupent la région inférieure; le chêne-liége , le chêne à gland doux, le peuplier blancet le pin de Jérusalem se trouvent au dessus. Les flancs du Petit Atlas sont couverts de forêts, etles cimes garnies de plantes herbacées. Les monts Ammer sont garnis d'arbres jusqu’à leur sommet. Les agaves , les cactus et les orangers , croissent en général jusqu’à 600 mètres de hauteur sur le versant septentrional; mais on n’en voit presque plus sur le versant méridional. De ce côté les figuiers paraissent croître jusqu’à 1400 mètres d'élévation. Les datiers sont dispersés cà et là sur les collines. Les plaines sablonneuses ne voient croître que des arbousiers et des len- tisques. Celles qui sont cultivées produisent des ceps de vigne , dont les raisins sont monstrueux ; le mûrier paraît devoir y donner de brillans résul- tats ; le tabac y vient presque sans culture. Les haies sont garnies de vignes sauvages qui produi- sent des raisins d’un goût agréable, des toufles d’agaves, de raquetlés (cactus opuntia) et de myrte à larges fouilles. Les bords des rivières sont ombragés de lauriers, d’oliviers, de cyprès et de lentisques. Les valléesdes monts Gharians sont les seules qui produisent un safran estimé, qui se répand de Rà dans tout l'Orient, Les ATMO 329 ATMO QE i Les diverses régions de l'Atlas nourrissent la plupart des animaux communs à l'Afrique , à l’ex- ception du rhinocéros, de l'hippopotame, du zèbre, -de la girafe et de divers singes. Parmi ces derniers ceux que l’on rencontre le plus souvent, principale- ment dans les montagnes, appartiennent aux genres Guenon et Magot. Au nombre des animaux carnas- siers, nous devons citer le lion ; le tigre, la pan- thère (felis pardus), que les Arabes appellent Nemr, et le guépard qu'ils nomment (felis jubata), fadh ; enfin le loup et le chacal. Parmi les Pachydermes, nous citerons le sanglier, qui est très - commun dans le Petit Atlas: dans les Ruminans, le bu- bale, espèce du genre Antilope, et la gazelle , dont les beaux yeux sont pour l’Arabe amoureux les seuls auxquels il puisse comparer les yeux de sa maîtresse. Le hérisson et le porc-épic sont aussi très-communs dans l'Atlas. Enfin, parmi les ani- maux domestiques, nous citerons la chèvre, le mou- ton, dont la laine est lorezue et fine; le bœuf, qui est plus petit que celui de France; l'âne, qui est au contraire beaucoup plus grand; le chameau, dont quelques variétés sont célèbres par leur vitesse à la course, et le cheval, dont la race arabe est le type de la beauté chez les animaux de cette espèce. |: Pour donner une idée du rang que doit tenir, sous le rapport de la hauteur, le système atlantique parmi les grandes chaînes du globe, nous termine- rons par le tableau des hauteurs de ses principales cimes. On verra que le Grand Atlas n’a aucun som- met à comparer au mont Blanc. mètres. Point culminant du Grand Atlas,environ.. 4ooo BénMalizémen ste ter u +27 idem çorueiui13474 Point culminant de la chaîne de Jurjura. 2000 ? idem. . . . du Petit Atlas. , . . . 1650 Col de Tenia. . . . . . idem . , . , 1000 Le Zaouan dans le royaume de Tunis. . 1400 Hauteur moyenne de la chaîne duGharian. 500 Point culminant de la même chaîne. . 1000? (J. H.) ATMOSPHÈRE. ( céozoc. ) La masse gazeuse qui entoure la terre porte le nom d’Atmo- sphère. On sait que cette masse qui fournit aux êtres organisés l'air qu'ils absorbent et qui est né- cessaire à leur existence, se compose, sur 100 par- ties considérées en poids, de 21 d'oxygène et de 79 d'azote ou de nitrogène ; ou de 1 volume d’oxy- gène et de 4 de nitrogène. On sait encore que cette masse doit avoir environ 48000 mètres de hauteur : l’astronome Lalande l’a même estimée à 38000 toises , c’est-à-dire à plus de 74000 mètres. Mais on ne peut s’en rapporter ici qu'à des calculs approximatifs, attendu que, comme sa masse n’est point homogène et que ses couches diminuent de densité à mesure qu’on s'éloigne de la terre, ilest impossible d’en mesurer l'épaisseur d’une manière précise. On sait aussi que l’Atmosphère se dilate ou se comprime en raison de la chaleur des rayons solaires , et que pour cette raison elle est plus ren- fléc ou:plus haute sous l’équateur que sous les pôles. Laplace a même calculé la proportion de ce renflement , et il a reconnu que sous l'équateur Tome I. et sous les pôles il est dans le rapport de 5 à 2. Cette dilatation de l’Atmosphère a dû avoir, dans les différentes époques géologiques, une influence très-marquée sur l’organisation des êtres qui pri- mitivement ont peuplé le globe, puisqu'elle en a encore une fort grande sur l’homme lui-même. Ainsi, sur les hauts plateaux des Andes, un natu- raliste français, M. d’Orbigny , qui vient de passer 7 à 8 ans dans l'Amérique méridionale, a eu l’oc- casion d'observer que les peuples qui habitent ces plateaux ont subi une modification importante dans le système organique. La raréfaction de l'air qu'ils respirent à contribué à développer leurs poumons à tel point qu'ils sont remarquables par la largeur deleur poitrine, et qu’on reconnaît faci- lement à ce caractère un habitant de ces régions éle- vées, d’un habitant des plaines basses etdes vallées. Ce fait nous conduit naturellement à examiner jusqu’à quel point l’'Atmosphère, à l’époque où la terre était couverte de grands animaux et de végé- taux gigantesques qui n'existent plus, devait être différente de ce qu'elle est aujourd’hui : c’est là le principal point de vue sous lequel nous nous proposons de parler de Atmosphère, Cette ques- tion a des rapports directs avec l’histoire natu- relle ; toutes celles qui se rattachent à la physique doivent être négligées ici : ilen a d’ailleurs été ques- tion à l’article Arr (v. ce mot). Dès l’année 1828, nous avons dans l'Encyclopédie méthodique fait remarquer que l’Atmosphère primitive de la terre a dû être très-diflérente de ce qu’elle est aujourd’hui : cette idée, développée et considérée même sous un autre point de vue, a servi à un géo- logue à construire un système entier de géologie, une véritable théorie de, la terre. Ce que nous allons dire aujourd'hui n’est que la rectification de ce que nous avons dit alors, parce qu’un grand nombre d'observations ont dû modifier nos con- jectures sur ce point, L'opinion si bien exposée par Buffon, que notre planète a été dans un état complet d’incandescence, n’est plus aujourd’hui regardée comme une hypo- thèse hardie, depuis qu’une foule d'expériences répétées sur un grand nombre de points attestent que la température s'élève à mesure que l’on des- cend dans les profondeurs de l'écorce terrestre , et qu’elle doit être tellement élevée à la profondeur de quelques lieues, qu’elle surpasse certainement celle que nous obtenons dans les fourneaux où nous concentrons la plus forte chaleur , puisqu'elle est, d’un degré du thermomètre centigrade pour 20 à 30 mètres de profondeur. Il est vrai que, d’après les recherches de plusieurs physiciens et particulièrement de M. Ampère, le noyau central de la terre ne doit pas être dans un état fluide ; mais aussi ce noyau ne pourrait-il pas être formé d’une substance minérale tellement peu fusible qu’elle pût résister à une chaleur à laquelle rien ne saurait se comparer sur la terre ? Quoi qu’il en soit, il n’en est pas moins admis aujourd'hui qu'à une certaine époque la terre a été fluide; d’où il résulte qu’à cette époque tous les corps simples ou composés que nous connais- ALI Livraison. 42 tr ml ATMO ra Jiquides ou gazeux, étaient à l’état de vapeurré- pandus dans l’Atmosphère, et que conséquem- ment celle-ci occupait un espace peut-être des milliers de fois plus considérable que celui qu’elle occupe aujourd hui. Cene peut être queparsuite d’un premier refroi- dissement que les oxides de silicium, d'Aluminium de potassium , de calcium, de magnesium et de fer se précipitèrent ; après quoi. ces oxides métalliques constiluèrent, en formant la première écorce du globe, les plus anciennes roches ignées ou fondues : telles que les granites, les gneiss et les micaschis- tes, essentiellement composés de quartz ou d'oxide de silicium, ou, si l’on veut, d’acide silicique : car la silice ou l’oxide de ce métal esten même temps un acide; de feldspath, qui est une combinaison de silice, d’alumine, de potasse et de chaux; enfin de mica, qui est composé de silice, d’alu- mine, de potasse, de magnésie et de fer. C'est au dessous de ces roches que se sont consolidées d’autres roches par suite du refroi- dissement graduel de la terre, et dont plusieurs, se faisant jour à travers toutes les autres, se sont épanchées à différentes époques sur la surface du globe. Mais nous ne devons point pousser plus loin l’histoire de la formation de l'écorce terres- tre, puisqu'il ne s’agit ici que de l’Atmosphère. Contentons-nous seulement de faire observer qu'à mesure que le refroidissement s’opérait, l'Atmo- sphère se modifiait dans sa composition. La seconde grande époque de refroidissement fut caractérisée par ‘une grande diminution dans la hauteur de l'Atmosphère : c’est àcette épo- que qu'une partie des vapeurs qui la consti- tuaient venant à se condenser, la surface du globe se couvrit complétement d'eau ; nous disons complétement, parce qu'alors aucun grand soulè- vement n'avaient formé ces chaînes de montagnes -qui plus tard servirent de limites aux bassins ma- ritimes. On peut seulementadmettre qu'il s'élevait -cà et là au sein de. l'Océan primitif quelques îles dont les végétaux gigantesques seretrouvent:dans les formations houillères. Il régnait alors surtoute la terre une température probablement plus élevée que celle que l'on éprouve aujourd’hui dans les régions intertropicales , puisque les:végétaux fos- siles qui se rapprochent le plus de ceux de ces ré- gions y sont huit à dix fois plus grands. Ce qui distingue surtout l’état de l’Atmosphère à cette époque, c’est la quantité, d'acide carboni- que dont elle devait être saturée. On:ne peut.en effet attribuer qu'à l'excès de cet acide, joint à l'élévation de température, l'activité de la végé- tation primitive du globe et le grand accroisse- ment des plantes. C'est aussi cet acide qui expli- que Ja formation des roches calcaires qui appa- raissent avec les-roches de micaschistes un peu avant l'existence des corps organisés; Ja: forma- tion de l'anthracite ou du carbone hydrogéné qui commence àse montrer dans les formations:anté- rieures aux formations houillères ; la grande-quan- tité de calcaires qui: accompagnent Je terrain 330 ,. ATOM ————————@û———— — — —— —"—————— —————————"—————————_—_——____.— — —————me, sons, et qui à la température actuelle sont solides, | houiller ; l'accumulation, des végétaux qui formè- rent la houille, accumulation qui ne pourrait se faire aujourd'hui, parce que l’Atmosphère, conte- nant beaucoup d'oxygène et une très- petite quan- tité d'acide carbonique, détruirait rapidement $es matières végétales accumulées même en grande quantité sur un même point; le bitume qui a pénétré la matière végétale des houillères; enfin c'est la présence de cet acide qui fait que l’époque des grands végétaux des houillères n’est point celle des grands reptiles, qui se montrent si nombreux ensuite sur la terre. Ce n'est qu'après queles grands végétaux eurent absorbé une partie de l'excès de carbone répandu dans l'atmosphère, que l'on vit paraître les reptiles monstrueux qui caractérisent l'époque du troisième degré de modification et de refroidissement de l’'Atmosphère. Mais elle en était encore considérablement chargée : c'est ce qui fait que les animaux à sang chaud, qui exigent un air plus pur, ne pouvaient encore vivre-sur la terre. 0 | Enfin c'est lorsque la végétation ent continué à absorber une partie du carbone de l'air, que les mammifères peuplèrent les différentes contréesdu globe. Déjà de violens soulèvemens avaient cou- vert la terre d'assez d’aspérités pour que des con- tinens se fussent élevésau dessus des eaux resserrées dans des bassins nombreux mais peu étendus: L’acide carbonique n'était plus abondant que dans les sources minérales qui sortaient en grand nombre des entrailles de la terre, alimentées par l'incandescence intérieure du globe. L’Atmosphère purgée de son excès d'acide carbo- nique permit ensuile aux végétaux dicotylédons et aux mammifères de se multiplier; et ce fut bientôt après qu'une nouvelle création , à la tête de la- quelle l'homme fut placé comme pour la modi- fier à son gré, vint habiter la terre, sur laquelle l'état: de la température et celui de l'Atmosphère n'auraient pu avant cette époque lui permettre de prospérer. (Foy. Évoques céoLociques.)(J. H!) ATOME. (zoor. 2or. mix.) Particule de matière qu'on regarde comme indivisible par cela seul que sa divisibilité échappe à nos sens. L’imagina- tion s'égare en songeant à la possibilité de partager les corps à l'infini; mais elle peut cependant admettre qu’il est probable, qu'à un certain point, quelque éloigné ‘qu'il soit, les molécules qui le composent ne sont plus susceptibles de résolution, Si l’on broie du marbre ou toute autre subs- tance, qu'on leréduise en poudre: impälpable, ses molécules primitives ne demeureront ‘pas moins iutactes; examiné au microscope, chaque grain présentera une pierre solide, de mêmecon- figuration que le bloc dont il a été:détaché, il est difficile de supposer à quel terme cette réduc- tion peut s'étendre, lorsqu'on réfléchit que les dalles de marbre des grandes églises se creu- sent sous les génuflexions des dévots; que les pieds'et les mains des statues de. bronze portent de profondes empreintes des baisers des:pélerins: Quelle faible particule doit cependant êtreenlerée ATTA 351 ATTE à chaque contact ! Les chimistes entendent par Aiome la plus pelite partie dent un corps se com- pose. On nesail pas si les Atomes d’un corps À sont de la même dimension que ceux d’un autfe corps B, GouD, et cela n’est pas supposable; comme on ne sait pas non plus si leurs dimensions sont en. rapport avec leurs poids. Lorsque deux corps de différente nature se combinent, la combinai- son a lieu entre leurs Atomes; si ces corps ne peu- vent se combiner qu’en une seule proportion, il n'ya qu’un Atome de l’un qui se combine avec un atome de l’autre ; au contraire, s'ils sont sus- ceplibles de s’uniren plusieurs proportions, celles- ci sont des multiples d’un des Atomes. La théorie Atomislique, quoique tout-à-fait hypothétique, est en chimie un des moyens qui ont le plus aidé à étudier la composilion des corps. (P. G.) ATRACTOCÈRE, Atractocerus. (1xs.) Genre de Coléoptères, section des Pentamères, famille des Serricornes , tribu des Limebois, établi par Palissot-Beauvois, et ayant pour caractères rigou- reux : antennes de onze articles fusiformes, palpes maxillaires beaucoup plus grands que les labiaux, terminés par un article pectiné dans les mâles, arrondi dans les femelles ; élytres presque rudi- mentaires, échanerés du côté de la suture, ailes plissées longitudinalement dans le repos. Ces insec- tes-ont un faciès tout particulier, et qui les éloi- gne plus ou moins de tous les aaires coléoptères ; leur corps allongé et leurs élytres courtes semblent les rapprocher des Staphylins dont les éloignent leur tête ovoide, leurs yeux qui tiennent tout {e côté de la tête, des antennes courtes, très-grosses à leur base, très-aiguës à leur extrémité ; tout sem- ble laisser une espèce d'incertitude sur la place qu'ils doivent occuper ; leur bouche est Lout-à-fait particulière ; les mandibules sont courtes, demi- circulaires, refenduesàleur extrémité; lesmâchoires sont presque rudimentaires, formant seulement un petit lobe arrondi ; le palpe est de quatre articles, dont le dernier beaucoup plus grand à lui seul que les trois autres pris ensemble; la lèvre est très- allonge ; les palpes labiaux sont de trois articles, les deux premiers presque égaux, le dernier plus épais , falciforme, cilié intérieurement, aussi grand à lui seul que les deux autres ; le corseletest carré, les élytres ne servent aucunement à recouvrir les ailes, qui, au lieu d’être pliées transversalement, sont simplement plissées dans leur longueur, ce qui constitue une anomalie dans l’ordre des coléop- tères ; enfin leurs tarses sont bien au moins aussi. longs que les libias, surtout les postérieurs. Le nombre de ces insectes est encore peu nombreux et va tout au plus à cinq ou six ; on croit que leurs larves vivent dans l'intérieur du bois : l'espèce sur Jaquelle le genre à été formé est l'A. Necina- LOIDE, 4. Vecidaloïdes, Palissot-Beaurv. Longueur, 18 lignes; la tête et le corselet noirs, avec une ligne longitudinale jaunâtre ; élytres très - courtes, obtuses , échancrées vers la suture ; elle a été rap- portée duroyaume d'Oware , en Afrique. (A. P.) ATTAGÈNE, Altagenus. Lat, (1ns. ) Genre de Coléoptères de la section des Pentamères, fa- mille des Claricovnes, démembré du genre Der- meste, dont il ne diffère que par la massue des antennes allongée, les palpes maxillaires plus A L L A grêles et l'absence d’une dent cornée au côté interne des mâchoires; on y rapporte 4. ondé | de Fabricius et d’autres. (Voy. Deruesre.) (A.P.) ATTE, Ættus. (aracn. ) Walckenaer (Tableau des ARANKÉIDES, pag. 22) a appliqué cette déno- mination à un genre d'Arachnides pulmonaires correspondant aux Saltiques de Latreille, qui sont connues généralement sous. le nom d’Araignées sauteuses. (7’oy. SALTIQUE. ) (H. L.) ATTE, Atra. (ixs.) Genre d'Hyménoptères,, de la section des Porte-Aiguillons , famille des Hétérogynes, dont les caractères rigoureux peu- vent s'exprimer ainsi: palpes très- courts, les maxillaires au moins de six articles. Ces insectes ont un faciès tout particulier ; les mandibules sont allongées, tranchantes; la tête est toujours trian- gulaire, inclinée dans les individus ailés, très- grande dans les neutres. Les neutres (Atlas, fig. 4) que j'ai eus sous les yeux m'ont offert des ocelles comme les individus sexués ; mais leurs yeux sont très-petits, et placés près dela base des mandibules; la partie rétrécie de l'abdomen est formée de deux nœuds comme dans les Mirmices, maisle second est le plus souvent déprimé ; l'abdomen est tou- jours globulaire, armé d’un aiguillon, Ces insectes sont encore plus connus par leurs mœurs que par leur figure ; leurs nids sont faits dans la terre et souvent , à ce qu’il paraît, à la profondeur de sept ou huit pieds. Un voyageur chassant dans les bois fut un jour tout étonné d'entendre autour de lui un bruit singulier , et de voir les branches d’un arbre tomber les unes après les autres comme il arriveen automne à la suite d’un coup de vent ; il s’approcha avec précaution et vit que le dégât était produit par les fourmis dont nous parlons. Une partie était sur l'arbre et: travaillait avec une grande activité, tandis que celles qui étaient restées en bas de l'arbre coupaient les feuilles en morceaux et les*emportaient; le voyageur les suivit pendant long-temps et les vit enfin descendre dans un trou creusé dans la terre où elles emportèrent leur butin. Privé au milieu des bois de tout moyen de faire des excavations, il ne putdonner suite à cette observation, observation qui déjà avait été faite; de sorte que l’on en estencore à présumer que ces morceaux de feuilles leur ser- vent dans la confection de leur nid; ces fourmis sont en oulre, à certaines époques, de grandes voyageuses sans qu’on en sache la raison, qui peut- être consiste tout simplement dans le manque de nourriture dans le paysqu’elles habitent. Elles se rendent alors par troupes innombrables dans les maisons, ce qui leur a valu le nom de Fourmus de visile; lorsqu'on s'aperçoit de leur arrivée on s’em- presse detout ouvrir ; car on est sûr qu'ellesvous dé- barrassent de tous les insectes importuns , etmême des rats et autres animaux de même taille. Mal- heureusement dans des pays où les-insectes incom- modes sont très-nombreux on tronve queleurs vi- sites sont rares; car souvent élles sont trois ou ATTE 332 ATTR oo — quatre ans sans reparaître, malgré tout le désir qu’on aurait de les voir. Ce genre n’est pas très-nombreux et les espèces en ont été peu étudiées ; nous nous contenterons d'en citer une. A. GrosserèTe , 4. cephalotes. Fab. , Lat. Hist. nat. des Fourmis, pag. 222, tab. 9, fig. 47. Lon- gue de six lignes, de couleur enfumée ; tête cor- diforme , épineuse postérieurement; corselet à six épines dorsales. Cette espèce ‘est commune dans toute la partie centrale de l'Amérique. Nous l’a- vons fait représenter dans notre Atlas, pl. 34, fig. 5 et A. (A::P7) ATTELABE, Aftelabus. (ixs.) Genre de Coléop- ières de la section des Tétramères, famille des Ryn- chophores. Ce sont les mêmes insectes nommés par Geoffroy Becmares. Leurs caractères consis- tent à n’avoir pas de labre apparent ; des antennes droites, dont les trois derniers articles forment la massue; les mandibules fendues àleur extrémité et les jambes terminées par deux crochets. Ce genre a été divisé en plusieurs autres selon quelques mo- difications et différences de forme dans les organes, mais dont les détails généraux de mœurs et d’or- ganisation peuvent se rapporter à un seul et même genre; ce sont les Apodères, Rhynchites , Apions. Quelques autres espècesencore très-analogues,mais dont le corps est beaucoup plus allongé, ont servi àétablir les genres Rhinotie, Eurhine et Tubicène. Tous ces insectes, dans l’état de larve, rongent l'intérieur des végétaux, des fruits ou des fleurs ; quelques espèces , particulièrement celles dont on a fait le genre Rhynchite , roulent les feuilles et en rongeant le parenchyme. Leur multiplication est . souvent très-grande, ct alors elles causent de grands dégâts. Celle qui attaque la vigne, qui a été nommée dans quelques cantons de la France Beche ou Liseite, n’est que trop connue des vignerons. Par- venues à tout leur accroissement, ces larves se filent une coque ou la construisent d’une matière résineuse particulière , et au bout de quelque temps parviennent à leur état parfait. On trouve alors ces insectes sur les plantes qui ont nourri leurs larves, mais ils y causent peu de dégât. Leur nombre est assez considérable. Nous citerons parmi ceux de notre pays : \ A. Baccus, À. Baccus. Oliv. col. v, 81, 11, 27. Long de 3 à 4 lignes , rouge cuivreux pubescent , avec le bout de la trompe et les pieds noirs. C’est le type du genre Rhynchite. AG à A. Cnarancon , 4. Curculionides. Linn. Oliv. col. v, 81, pl 1, fig. 1. De deux à trois lignes de longueur, noir luisant , avec les élytres et le corselet rouges. Il fait partie du genre Attelabe proprement dit. On le trouve plus particulièrement sur le bouleau. À, pes nNoiseTiers, 4. Coryli. Linn., Clairville, Ent. Helv., t. 1, p. 118, pl. 15, fig. 1. 2, Noir, avec le corselct, les élytres et les fémurs d’un rouge vif; ilfait partie du genre Apodère. A. pourpre. À. purpureus, Fab., Panz. , Faun. ins. Germ. , fase. 20, n°14. Long de deux lignes; ‘rouge mat, avec les yeux noirs; les élytres. sont: munies de côtes, et dans les $tries sont de petits tubercules oblongs imitant une chaîne. Il est du sous-genre des Apions. Toutés ces espèces se trouvent aux environs de Paris. (A. P.) ATTÉRISSEMENT. (céor.) Voy. Aizuvion. ATTRACTION. (Pays. et cm.) Le mot At- traction, action d'attirer, exprime un fait : la tendance que les corpsont à se réunir. De ce fait, résultat d’une force dont nous ignorons absolu- ment la cause, découlent des conséquences dont l’ensemble constitue une science toute particulière parmi les sciences dites naturelles. Nous croyons utile de retracer brièvement ici les lois de l'At- traction, lois dont la théorie a été établie pour la première fois par le célèbre Newton ; nous ferons connaître également les différentes espèces d’At- tractions. 1° L’Attraction a lieu à des distances considé- rables ou seulement près du point de contact : la première appartient à la physique, la seconde à la chimie. 2° L’Attraction qui rapproche continyellement du centre de la terre tous les corps qui sont à sa surface, qui s'exerce en raison inverse du carré des distan ces, s’appelle Attraction terrestre, pesan- teur où gravitation. 8° L’Attraction dite planétaire est celle qui a lieu entre la terre, le soleil et les autres planètes, et réciproquement , entre toutes les planètes, le soleil et la terre ; elle s'exerce également en raison inverse du çarré des distances , et c’est à elle que l’on doit attribuer l’action de la lune sur les mers ; action qui y détermine les mouvemens de flux et de reflux. 4° L’Attraction qui existe entre le fer et quel- ques uns de ses composés, est dite magnétique. Voy. MAGNËTIsuE. 5° L’Altraction qui s'étend à tous les corps, quoiqu'avec des différences très-marquées, cons- titue l’électricité. Foy. ce mot. 6° L’Attraction chimique, celle qui a lieu entre les dernières parties du corps, qui ne s'exerce qu’au point de contact ou très-près de ce point, prend différens noms suivant que son action se manifeste sur des molécules semblables ou sur des molécules différentes, intégrantes où consti- tuantes ; dans le premier cas on la désigne sous le nom de Cohésion, dans le second sous celui d’Af- finite. Voy. ces mots. | ATTRAPE-MOUCHE. (mor. PHan.) Plusieurs 4 plantes ont reçu ce nom singulier de la propriété le] funeste qu'elles ont de donner la mort aux insec- tes ailés qui se reposent sur elles, ou viennent puiser le miel que distillent le stigmate, le pistil et les étamines. La dionée et le gouet muscivore les enferment dans une étroite prison qui les étreint de toutes parts; l’apocin du Canada, le nérion vulgairement appelé Zaurier-rose, et la scamonée de Montpellier, les saisissent parleur trompe; deux ou trois lychnides et un siléné les arrêtent pour tou- jours au moyen du suc visqueux dont leurs tiges ATYP sont enduites , etc../. aux mots APoGIN, Diowér, Gouzr, Lycanive , NÉRION, ScAMMONÉE, SILÉNÉ. (T. ». B.) ATYE, Atya. (crusr.) Genre de l'ordre des Décapodes, établi par Leach, et rangé par Latreille dans là famillé des Macroures, section des Salico- | ques. Les principaux caractères de ce genre sont d’avoir la pince qui termine les quatres serres fen- due jusqu’à sa base, composée de deux doigts en forme de lanières, réunis à leur origine ; l’article qui précède est en forme de croissant , la seconde paire est la plus grande ; les antennes mitoyennes me sont composées que de deux filets. L'espèce servant de type à ce genre est l’Atye raboteuse, | Atya scabra, Leach, Trans. soc., Linn., tom. x, figurés dans son Zool. Misc., tom. 3, tab. 131. On ne connaît pas l'habitation de ce crustacé. (H. L.) ATYPE, Atypus. (aracun.) Genre de l’ordre des Pulmonaires, famille des Fileuses, section des Territèles du Règne animal de Guvier, et tribu | des Tétrapneumones du Cours d'Entomologie de La- treille. Ses caractèressont, suivant cet auteur : huit yeux, preque égaux entre eux, groupés et ramassés sur une avance du corselet ; lèvre petite, presque nulle, insérée sous les mâchoires qui sont allon- gées, coniques, dilatées à leur base, se terminant en pointe à leur extrémité; palpes courts, non pédiformes , minces , insérés sur les côtés des mâ- choires et à l’extrémité de leur dilatation. Pattes allongées, la quatrième paire et la première paire sont presque égales entre elles; la quatrième est la plus longue, et la troisième est la plus courte de toutes. Ces Aranéides avoisinent les Mygales, dont elles diffèrent cependant par l’origine des palpes, et par l'insertion ainsi que par la forme des orga- nes sexuels dans les mâles ; elles s’éloignent encore des Eriodons par l’état rudimentaire et par la forme » dela lèvre. Walckenaer, dans son Tableau des Ara- néides, pag. 7, a remplacé le nom d’Atype par celui d'Olétère, Olctera. Le corps de ces aranéides est entièrement noirâtre et long d'environ huit lignes. Le thorax est presque carré, déprimé postérieurement, renflé , élargi et largement tron- qué par devant, ce qui lui donne une forme très- différente de celle qu'offre cette partie du corps , dans les Mygales. Les chélicères sont très-fortes, * et leur grifle a en dessous, près de la base, une | petite éminence en forme de dents. Le dernier article des palpes du mâle est pointu au bout. L’or- | gane génital donne inférieurement naissance à une | pelite pièce demi-transparente, en forme d’écaille, avec une pelite soie à l’une de ses extrémités. Ce | — ) genre se compose de deux espèces; celle qui lui | sert de type estl'Aryre px Suzzen, Atÿpus Sul- zert, Latr.; Dufour, Ann. des scien. physiq.; 4ra- | mea picea, Sulzer , Oletere atype Walck., Faun. | Franc. ,Arachn. , 11, 3. Cette aranéide se trouve aux | environs de Paris, sur les coteaux de Belle-Vue ; dans les environs de Bordeaux. Sulzer, qui l’a dé- | crite le premier, l’a observée en Suisse. Cette | espèce se creuse, dans les terrains en pente et | couverts de gazon, un boyau cylindrique, long de EE) AUDI sept à huit pouces, d’abord horizontal, incliné ensuite , où elle se file un tuyau de soie blanche, de la même force et des mêmes dimensions. Le cocon est fixé avec de la soie et par les deux bouts, au fond de ce tuyau. M. Milbert a découvert, aux environs de Phila- delphie, une autre espèce ( Atypus rutipes) toute noire avec les pattes fauves. (H. L.) AUBEPIN ou AUBÉPINE, (sor. PHan.) Noms vulgaires d'une espèce d’Azister (v. ce mot). (GuËr.) . AUBIER. (80T. Pxan.) Nouvel accroissement qui se fait chaque année dans le corps ligneux des arbres parvenus à leur quatrième feuille; il a lieu entre l'écorce et le produit des trois premières années de végétation. Une ligne circulaire sépare l’Aubier de la partie qui a pris consistance. Il est d'ordinaire blanc , sous forme de gelée, contenant une petite quantité de résine, d’eau et de fluides abondans;ilest composé desmembranesréticulaires du liber ; il ressemble au bois par son organisation, il devient lentement solide et présente un corps dur , très-compacte à sa quatrième année , qui est la huitième de l'arbre. Pendant ce travail une nouvelle couche excentrique d’Aubier se pré- pare et subit les mêmes changemens. On donne aussi le nom d’Æubier au Cytise des Alpes, à la Viorne , à divers Saules , et à un Raisin blanc très-sujet à pourrir. (T. ». B.) AUBIFOIN et AUBITON. (zor. pxan.) On nomme ainsi, dans quelques provinces, le BLuer , ( Centeurea cyanus). V. But et CenrTaurée. (GuËnr.) AUDITION. (puysior.) Fonction destinée à faire connaitre les sons produits par les corps vibrans. Pour bien comprendre le mécanisme à l’aide duquel cette fonction s'exécute, il est essentiel de se rap- peler les diverses parties qui entrent dans la com-. position de l’appareil auditif. Mais comme leur description doit trouver sa place ailleurs, nous nous contenterons d’en indiquer ici les principales dispositions. L'Oreille (v. ce mot) est divisée en Oreille externe, Oreille moyenneet Oreille interne. L'Oreille externe se compose ee et du Conduit aux- riculaire; le Pavillon est une lame fibro-cartilagi- neuse , élastique , flexible, recouverte d’une peau mince et tendue; sa surface présente plusieurs éminences et divers enfoncemens : le plus consi- dérable a recu le nom de Conque auditive. Le Conduit auriculaire, continu au pavillon, s’en- fonce dans l'os temporall, et se recourbe en haut et en avant; la peau qui tapisse ce conduit se ter- mine en cul-de-sac à son extrémité interne, et au dessus d’elle on trouve un grand nombre de folli- cules sébacés qui sécrètent la matière jaune et amère qu’on nomme Cerumen. L’Oreille moyenne comprend la Caisse du tym- pan et ses dépendances: la caisse est une cavité de forme irrégulière, creusée dans la portion de l'os temporal appelée le Rocher. Cette cavité fait: AUDI suite au conduit auriculaire, et n’en est séparée : quepar une cloison membraneuse, très-tendue'et très-élastique ; cette cloisonest le Tympan: vis-à-vis l'ouverture dans laquelle le tympan est comme enchâssé, se trouvent deux autres trous, bouchés de la même manière par une membrane tendue, on les appelle Fenêtres ovale et ronde, À la paroi postérieure de la caisse.on voit une ouverture qui communique avec les cellules creusées dans la portion mastoïdienne de l'os temporal , et à sa pa- roi inférieure on remarque l'embouchure de la T'rompe d'Eustache, conduit long et étroit qui vient aboutir dans la bouche à la partie postérieure des fosses nasales, et établit ainsi une communi- cation entre l’air de la caisse et l’air extérieur. Enfin cette cavité est garnie d’une chaîne de petits osselets, au nombre de quatre, qui ont recu les noms de Yarteau, d'Enclume, d'Oslenticulaire, et d'Etrier. La petite tige ou manche du marteau appuie sur le tympan, tandis que la base de l’é- trier repose sur la membrane de la fenêtre ovale. Enfin de petits muscles fixés à ces osselets, leur font exécuter des mouvemens qui les pressent plus ou moins contre ces membranes et augmen- tent ou diminuent ainsi leur degré de tension. L'oreille interne est également logée dans le rocher. Elle est formée du l’estibule, des Canaux semi-circulaires, du Limaçon, cavités qui com- muniquent toutes entre elles. La fenêtre ovale est le moyen de communication du vestibule avec la caisse. Les canaux semi-circulaires s’élèvent de la face postérieure et supérieure du vestibale; ils sont au nombre de trois, et présentent la forme de cänaux arrondis et renflés à l’une de leurs extré- mités. Enfin le limacon, contourné en spirale comme la coquille de l'animal dont il portelenom, est divisé en deux parties par une cloison longitudi- nale, moitié osseuse, moitiémembraneuse,quicom- munique avec l’intérieur du vestibule, et n'est sé- parée de la caisse que par la membrane de la fe- nêtre ronde. Cette dernière cavité est remplie d'air; l'oreille interne au contraire est remplie &’un liquide aqueux, et la membrane quitapisse le vestibule , ainsi que les canaux semi-cireulaires, n’est pas appliquée contre les parois osseuses de ces cavités , mais, pour ainsi dire, suspendue dans leur intérieur. … Le nerf de la huitième paire pénètre dans le ro- cher par un canal osseux , nommé Conduit audi- tif interne, et se termine dans l'intérieur des poches membraneuses du vestibule et des canaux semi- circulaires, ainsi que dans le limacon. Ce nerf, qu'on nomme Acoustique , donne à l'appareil audi- tif la sensibilité dent il jouit. - C'est donc à travers toutes ces parties que le son doit se propager pour être perçu ; mais, avant d'en suivre la marche au milieu de l’appareil qui sert à le transmettre, il est essentiel de rappeler que le son est le résultat d’un mouvement vibra- toire éprouvé par les particules des corps sonores ; que, pour que nous puissions le percevoir, il faut que ces mouvemens vibratoires parviennent jus- qu'à l'oreille interne; et qu'enfin, sous leur in- 834; AUDI fluence , le liquide qui baigne le nerf acoustique entre en. vibration, C'est d'abord sur le pavillon de l'oreille que viennent frapper les ondes sono- res de l'air. Dans les animaux où cette partie sente la forme d’un cornet, elle sert à réfléchie les vibrations et à augmenter l’intensité du son qui arrive à son extrémité rétrécie. C’est pource mo- tif que les personnes un peu sourdes entendent’ mieux lorsqu'elles appliquent à leur oreille un: cornet qui se rapproche de cette forme. Chez l’homme, la conque de l’oreille et le conduit audi- tif remplissent les mêmes fonctions ; maïs le reste! du pavillon n’est pas disposé de manière àréfléchire le son vers le tympan; aussi la perte de cette par= tie n’affaiblit-elle pas l’ouie d’une manière remar-- quable. Nous avons vu ,en Allemagne, un poète célèbre, auquel lempereur de Russie Paul I avait fait couper les orcilles, et dont la sensibilité auditive paraissait aussi complète qu'avant cette mutilation. Le tympan sert principalement à transmettre les ondes sonores de l'air extérieur'au nerf acousti- que. Les expériences de M. Savart ont démontré que les sons, en frappant une membrane mince et médiocrement tendue, y excitent facilement des vibrations. Si l’on tend, par exemple, sur un ca- dre une feuille de papier et qu'on en saupoudre la surface avec du sable, on voit celui-ci s’agiter et se rassembler de manière à former des lignes variées ,.si l’on en approche un corps sonore en vibration. Si l’on répète l'expérience avec une planchette ou une feuille de carton, on ne verra plus de mouvemens semblables, à moins que d’em- ployer un son très-intense, Mais si l'on adapte à ces derniers corps un disque membraneux, sem- blable au tympan , on les verra vibrer alors sous l'influence de sons qui n auraient auparavant produit sur eux aucun résultat. On doit en con- clure que le tympan entre aisément en vibration , et qu'il sert à augmenter la facilité avec laquelle les autres parties de l’appareil auditif éprouvent des mouvemens semblables. Les mouvemens vibratoires se transmettent en- suite du tympan aux osselets de l'oreille , aux pa- rois de la caisse et surtout à l’air dont cette cavité est remplie; ils arrivent ainsi à la paroi posté- rieure de la caisse c'est-à-dire jusqu'aux mem- branes tendues sur les ouvertures conduisant dans l'oreille interne. Ces membranes, agissant de la même manière que le tympan, entrent aussi en vibration et propagent à leur tour ces mouve- mens. La face postérieure de ces disques membra- neuxse trouve en contact avec le liquide aqueux qui remplit l’oreille interne , et dans celiquide sont suspendues les. poches membre bte distendues à leur tour par un autre liquide, dans lequel bai- gnent les filets terminaux du nerf acoustique. Les vibralions auxquelles ces membranessontsoumises doivent donc se transmettre à ce liquide , se communiquêr au sac membraneux du vestibule , et parvenir enfin au nerf chargé de percevoir cette sensation. L’air contenu dans la caisse joue donc un rôle important dans la transmission des sons; * AULO 335 .… AUNE à aussi Ja nature a-t-elle pourvu à son renouvelle ment, au moyen dela trompe d'Éustache, dont l'obstruction peut devenir une cause de surdité. | La chaîne des osselets, qui traverse la caisse et s’ap- puie par une de ses extrémités sur le tympan el ar l’autre sur la fenêtre ovale, est susceptible, à l'aide des petits muscles dont elle est pourvue, d'exécuter certainsmouvemens qui augmentent ou diminuent le degré de tension de ces membranes; et cette disposition était nécessaire pour ajouter à la force vibratoire de ces membranes , lorsque les sons parviennent trop affaiblis, ou pour dimi- nuer cette force, aucontraire, lorsqu'elle est ex- citée par des sons trop intenses. Toutes.les parties qui entrent dans la composi- tion de l'oreilleexterne et de l'oreille moyenne ser- vent à rendre l’Audition plus parfaite, sans être ‘cependant indispensables à l'exercice de cette fonction. Aussi Jes voit-on disparaître peu à peu, à mesure qu l’on s'éloigne de l'homme pourétudier la structure de l'oreille chez les animaux de moins en moins élevés dans la série des êtres. Aussi chez les oiseaux, le pavillon de l'oreille a disparu; chez les reptiles le conduit auditif ex- terne manque également; le tympan est à l'exté- | rieur, lastructure dela caisse est plus simple; chez la plupart des poissons il n’y a plus trace d'oreille externe et d'oreille moyenne. En descendant en- core plus bas dans l'échelle animale, on voit s'effa- cer les canaux semi-circulaires, le limacon,, tan- dis que le vestibule membraneux ne manque ja- mais ; ilest l'organe essentiel, et partout où il existe un appareil auditif, on rencontre un sac membraneux rempli de liquide, dans lequel vient se terminer le nerf acoustique. (P. G.) AULOPE ,. Aulopus. (poiss. ) Les Aulopes ont, comme tous les poissons qui font partie de la fa- mille des Salmones, dans laquelle ils ont été pla- cés par Cuvier, la seconde dorsale adipeuse. Leurs maxillaires sont fort développés et dépourvus de dents; mais plusieurs des autres pièces osseuses qui composent leur. bouche en portent qui sont en cardes. C’est ainsi qu’on en voit sur les inter- maxillaires , qui forment tout le bord supérieur de l'ouverture buccale, sur l'extrémité antérieure du vomer, les palatins et la mâchoire inférieure; la langue n’est pas hérissée d'épines, comme cela a lieutchez le commun des Salmones, mais a sim- plement un peu d’äpreté. Les ouïes offrent une fente qui est pour le moins aussi considérable que celle de la plupart des Clupées. Les rayons qui soutiennent la membrane branchiostése sont au nombre de seize. L'espèce qui a servi de type à ce genre est l’Au- Jope filamenteux ( Salmo filamentosus, BI. ), pro- bablement ainsi nommé parce que plusieurs des rayons de la première dorsale et des ventrales , les- quelles sont placées presque au dessous des pecto- rales, sont libres à leur extrémité, plus longs que los autres, très-grêles ou en fils. On en compte quinze à la nageoire du dos, et neuf à chaque ventrale; et parmi ceux de ces dernières nageoires, il:s’en trouve quatre, les externes, qui sont par- EEE ES ee En tagés en deux dans la moitié de leur longueur la plus rapprochée du corps. Les nageoires pectora- les, qui,sont les plus courtes de toutes, ont treize rayons, ainsi que l'anale ; la caudale est échancrée. Le préopercule et l’opercule de ce poisson, qui vit dans la Méditerranée, sont revêtus d’écailles semblables à celles du corps, c'est-à-dire larges et ciliées. ILest d’un rouge violet sur le dos, et a lé ventre d’un blanc argenté, (G. B.) AULOSTOME , Aulostomus. (poiss.) La seule espèce qui compose ce genre, le second de la faille des Bouches-en flûte , est l'Aulostome chi- nois ( Aulostomus sinensis), dont le corps est long , très-peu élevé et déprimé latéralement, Les ectorales et les ventrales sont fort courtes : celles-là , qui ont seize rayons, naissent immédia- tement dernière les-opercules; celles-ci, qui n’en ont que sept, se trouvent placées à peu près vers le milieu du ventre. La dorsale et l’anale, qui se correspondent, sont situées fort en arrière du corps , et laissent.entre.elles et la caudale , qui est courte et triangulaire, une étendue égale à leur longueur. Ces nageoires du dos et de l'anus sont supportées chacune par vingt-cinq rayons, et en avant de la première on voit une rangée longitu- dinale d'épines libres. C'est tout à-fait à l'extrémité de son long mu- seau que s'ouvre la bouche, laquelle est très-peu fendue , et dont. ni l’une ni l’autre mâchoire n’a de dents. I] ÿ a six rayons à la membrane bran- chiale, et la vessie aérienne est fort grande. Une jolie couleur rose est répandue sur le dessus du corps de l’Aulostome chinois , et, sur chacun deses flancs , règnent trois lignes longitudinales et paral- lèles d’un blanc d'argent ; le dos et la région ab- dominale sont semés de taches noires. Cct acan- thoptérygien habite lamer des Indes. (G. B.) AUNE, Alnus. (mor. pnan.) Genre ‘d'arbres de la famille des Bétulinées de Richard, Mo- noécie tétrandrie de Linné; ce grand naturaliste l'avait réuni au Bouleau, ne-jugeant pas impor- tans les caractères qui l'en distinguent ; mais tous les auteurs modernes, depuis les observations de Gaertner, en font un genre séparé, ainsi caracté- risé : fleurs monoïques : les mâles en chatons allongés , pendans, formés de pédicelles à quatre écailles , l'une épaisse et terminale, les‘trois au- tres moins grandes, et munies chacune d’un calice à quatre lobes, renfermant qualre étamines (le bouleau en a douze sans calice) ; les femelles en chatons ovoides, composés d'écailles sesskes , im- briquées, quadrifides, portant chacune deux fleurs à deux styles; l'ovaire se change en un fruit.os - seux , à deux loges monospermes. Les graines sont anguleuses, et non ailées comme dans le bouleau, L'Aune que l’on trouve dansitoute la France au bord des eaux et dans les terrains marécageux, est l’'Alnus communis , Duhamel , ou Betula Alnus, Linné. Cet arbre peut atteindre au-delà de qua- rante pieds de hauteur, quand l'intérêt du pro- priétaire ne le soumet pas à des coupes régulières ; il a un'tronc assez droit, une écorce épaisse et gercée et des rameaux en général courts et Lor- mm 336 AURI tueux. Ses feuilles, un peu gluantes dans leur | jeunesse, sont parcourues de nervures à l’aisselle ‘desquelles se trouvent des houppes de poils. Une variété trèscommune dans nos jardins, A/nus laciniata, se distingue par des feuilles découpées profondément, tandis que celles de l'Aune ordi- naire sont seulement crénelées sur les bords. Les autres espèces sont |’. oblonga, dont les feuilles ne présentent pas de poils à l’aisselle de leurs nervures ; il est indigène en France, ainsi que |’ 4. incana, à écorce cendrée, feuilles coton- neuses en dessous; V4. serrulata, de Pensyl- vanie , à feuilles dentées en scie ; |A. undulata, du Canada, à feuilles crépues. Le bois d’Aune a la propriété, connue de toute antiquité, de ne point s’altérer dans l’eau ; aussi est-il très-employé pour la construction des con- duits souterrains et des pilotis ; les boulangers , les verriers Je recherchent pour chauffer leurs fours, parce que sa flamme est claire et sa combustion rapide ; enfin les tourneurs et les ébénistes le tra- vaillent souvent, parce qu’il prend très-bien le noir. On se sert aussi de son écorce dans le tannage. ÂAuxE nor, nom inexact de la BouRDÈNE dans quelques provinces de France. AURÉLIE. Voy. Mépuse. AURÉLIES ou FÊVES DORÉES, Aurelia. (1xs.) Les auteurs anciens donnaient cenom aux Nymphes des insectes et surtout des papillons. (Foy. Nywres, CarysaLiDes et PapILLons.) (Guér.) AURICULE, Auricula. (mois. ) Coquilles uni- valves, terrestres, classées par Lamarck parmi les Trachélipodes, famille des Colimacés ( Animaux sans vertèbres, tom. IIT, part. Il, pag. 136). Ces coquilles fort remarquables ont été ainsi nom- mées à cause de la forme de leur ouverture, quiest semblable à l'oreille d’un homme. Les Auri- cules ont été de tous temps fort recherchées des naturalistes et se sont toujours payées assez chère- ment. Leur nombre, sans êtrerestreint à quelques espèces, esten général peu considérable. Lamarck en décrit quatorze, y compris celles dont il avait fait précédemment son genre Conovule , et il les divise en deux sections bien tranchées. La première, à bord droit réfléchi en dehors, a pour type l’Auri- -cule de Midas ; la seconde, à bord droit simple et tranchant , a en tête l’Auricule de Dombey. Voici les caractères assignés à ce genre : coquille sub- ovale ou ovale-oblongue, ouverture longitudinale, très-entière à sa base et rétrécie supérieurement où ses bords sont réunis ; columelle munie d’un ou plusieurs plis; labre à bord tantôt réfléchi en dehors , tantôt simple et tranchant. Jusqu'à l’épo- que où le gouvernement fit entreprendre les grands voyages autour du monde, l'animal de ces coquil- les était resté à peu près inconnu. Le retour de M. Lesson d’une part, et ensuite de MM. Quoy et Gaymard ont rempli cette lacune, mais d’une manière si peu uniforme qu’on pourrait encore se demander s'il existe véritablement des Auricu- les , et si ce ne sont pas plutôt de vraies Agatines. Les naturalistes qui n’ont vu que la figure, du AURO reste fort belle, que donne M. Lesson de l’Auricule de Midas à sa pl. 9, n° 1, du Voyage de La Coguille, doivent rester pénétrés de cette idée, puisque, sauf les deux tentacules inférieurs, l'animal est en tout pareil à celui de l’Agatine couroupa figuré sur la même planche au n° 2, Mais c'est évidem- ment une erreur commise par M. Lesson, sans que nous puissions l’expliquer, et que nous croyons. devoir relever dans l’intérêt de la science; et, afin qu'on ne s’y méprenne plus désormais, nous don- nons à la planche 34, fig. 1, de notre Atlas, le mol- lusque de cette même espèce, tel que l’ont dessiné, dans l’Astrolabe, pl.14, MM. Quoy et Gaymard, et qui est tout différent de celui de M. Lesson. Les bornes de ce Dictionnaire ne nous permettant pas d'entrer dans les détails fort curieux que nous avons de l’anatomie de ce mollusque, nous nous bornerons à dire qu’au lieu d’avoir les yeux placés à l'extrémité des tentacules , à la manière des aga- tines, des bulimes et autres genres voisins, com- me l'indique M. Lesson, cet animal présente le phénomène extraordinaire de n’en point avoir du tout à l'extérieur, et de n’en avoir qu'un simple rudiment à l’intérieur. (Duc. ) AURICULES , Auriculæ. (mozx.) Dénomination empruntée du genre Auricule et appliquée par M. de Férussac à une famille de mollusques qui com- pose à elle seule le second sous-ordre de ses Gas- téropodes pulmonés, les GényprormLes. (W. ce mot.) Les genres dont cette famille se compose sont au nombre de six; en voici les noms : Caryx- CHIE, SCARABE, AURICULE, PYRAMIDELLE, TorNA- TELLE et PrErTix. (Due. } AURIFÈRE, Aurifera. (worx.) Nom donné par M. de Blainville (Dict. dés sciences nat.) au genre Brante d’Ocken, Otion de Leach. (/’oyez BRANTE. (Ducz. ) AURIOL, AURION ou AURIOU. (ois.) On donne ces noms, dans le midi de la France, au Loriot commun ( Oriolus galbula), à cause de la couleur jaune-doré de son plumage. (Guxr.) AURORE. (uiréor.) On appelle Aurore la lu- mière qui apparaît sur l'horizon avant que le soleil soit entièrement levé. (G. d.) AURORE BORÉALE..(méré£on.) Ce phénomène météorique a été long-temps pour les poètes du nord un sujet inépuisable de fictions : Ossian et ses nombreux imitateurs virent dans cet éclat lu- mineux , qui apparaît au milieu des nuits, les mä- nes des guerriers morts en combattant, les âmes des jeunes filles venant voltiger autour de ce qu’elles ont aimé, et se livrant à des danses céles- tes. Les habitans des îles Schetland donnent à ce phénomène le nom de danse joyeuse. En effet quin ne serait tenté de voir dans les brillans mouvemens de ce météore quelque chose de surnaturel ! Dans les régions du nord, au milieu des glaces et de longues nuits où règne une affreuse obscurité, vers la fin du crépuscule, tout à fait à l'horizon, apparaît un nuage d’un brun foncé, dont les bords décrivent un arc de cercle formé par l'horizon: Bientôt ce nuage s'agrandit, se déchire, et alors’ s’échappent de son sein mille bandes d'une £ Le PURE Auiruche F4. Ntite KR 1. Auricule 0 NS 337 QE AURO d’une vive lumière, mille colonnes étincelantes , rotées d’un nouveau genre, varient leurs formes à l'infini , et se colorent successivement de toutes les teintes, depuis le jaune jusqu’au rouge le plus rononcé. S'emparant de tout l'hémisphère, l’au- rore boréale darde ses traits dans tous les sens avec la rapidité de l'éclair ; elle déplace avec une facilité surprenante son centre d’action ; réunit ses traits en faisceaux, en forme une couronne au zénith, présente un aspect radieux et brillant : ou, prenant des couleurs plus prononcées, elle jette un éclat terrible; c’est une colonne de sang qui sépare le firmament dans toute son étendue ; et alors les sages des campagnes deviennent des prophètes ; on les entoure avec respect, on leur demande conseil et protection; ils expliquent le phénomène en annonçant quelque malheur pro- chain, quelque calamité publique, et se servent ainsi des merveilles de l’Aurore boréale pour répan- dre autour d’eux la crainte de la guerre, de la peste, de la famine , la superstition et la démence. Les anciens, qui donnaient à ce phénomène le nom de torches ardentes, ne se mirent pas au dessus de pareilles croyances ; depuis Plutarque jusqu’au siècle dernier, l’Aurore boréale fut tou- jours regardée comme un présage d'événemens désastreux. En 1715 et 1716, elle parut avec éclat, même à la latitude de la France, elle qui, d’or- dinaire , habite les régions polaires, et en 1851, on a pu voir à Paris une légère teinte rose qui colo- rait l'horizon vers le nord. Diverses opinions ont été émises sur la forma- tion de ce météore : voici celle qui est le plus gé- néralement reçue. Elle est due aux expériences du professeur Libes. Ce physicien a d’abord réconnu que, 1° «si l’on » excite l’étincelle électrique dans un mélange de » gaz azote et de gaz oxigène, il en résulte de l’a- » cide nitrique et de l'acide nitreux ou du gaz ni- » treux, suivant le rapport qui existe entre le gaz » oxigèneet le gaz azote qui composent le mélange; » 2° Que l'acide nitrique, exposé au soleil, prend » plus de couleuret de volatilité ; » 3° Que dans des flacons qui contiennent de » l'acide nitreux , on apercoiït toujours au dessus » de l'acide une vapeur très-rouge et très-volatile » qui ne se condense jamais ; » 4° Que le gaz nitreux, en contact avec l’air » atmosphérique, exhale des vapeurs rutilantes, qui » s’envolent dans l'atmosphère ; » 9° Que le gaz hydrogène, en se dégageant de - » la surface du globe, va occuper, dans les hautes » régions de l'atmosphère , une place marquée par » sa pesanteur spécifique ; °» 6°Qu'enfin la chaleur solaire a très-peu d’ac- » Livité dans les régions polaires.» En combimant ces divers résultats, on peut dire que l’Aurore boréale est le produit du fluide élec- trique, qui, entraîné de l’équateur vers le pôle, fixe et combine dans les contrées polaires dépour- vues de gaz hydrogène, le mélange de gaz azote et de gaz oxigène qu'il y rencontre; que cette combinaison opérée doit former de l'acide nitrique, Tome I. XLIII: Lavraison. AUST de l’acide nitreux ou du gaz nitreux, selon le rap- port des gaz composans, qui, comme nous l’avons vu plus plus haut , donnent naissance à des vapeurs volatiles et rutilantes, s’élevant dans l'atmosphère et produisant les merveilles météoriques que nous avons décrites précédemment. Si ces phénomènes ne se représentent pas dans les zones tempérées, on peut en donner unc raison plausible en disant que, dans ces contrées, l'électricité fixe de préfé- rence l'hydrogène et l’oxigène qui s’y trouvent en grande quantité , etnous dédommagent ainsi, par la foudre et le tonnerre, de l’absence des aurores boréales. Malgré cette explication qui est la plus vraisem- blable, on peut dire qu'on n’a point encore dé- couvert la véritable cause du phénomène météo- rique dont nous venons de parler. (C. d.) AUSTRALIE. (ckoc. pays.) Cette partie de l'Océanie (voy. ce mot) est appelée par quelques géographes Océanie centrale. Elle est située au sud de l'équateur , et se compose de la Vouvelle-Gui- née, des archipels de la Vouvelle-Bretagne, de Sa- lomon, de la Louisiade, de la reine Charlotte, des Nouvelles-Hébrides, de la nouvelle Calédonie, de la Nouvelle-Irlande, de la Nouvelle-Hollande, enfin de l’île de Diemen. L'ensemble de toutes ces: îles présente une su- perficie d'environ 443,000 lieues géographiques, et une population quel’on peut évaluer à 1,290,000 individus. Examinons séparément chacun des groupes d’iles qui composent cette portion de la cinquième partie du monde. Nouvelle-Guinée. Gette grande île, la plus septen- trionale de l'Australie, a recu deux autres noms : celui de terre des Papons ou des Papouas, et celui de Papouasie. Elle a environ 500 lieues de lon- gueur sur 200 dans sa plus grande largeur. Une grande presqu'île qui la termine vers le nord-ouest, en est la partie la plus connue. Elle paraît être composée de roches granitiques et de terrains volcaniques anciens. Elle est habitée par deux peuples nègres appelés Papouas et Alfourous- andamènes, et par des Malais. Les Papouas appar- tiennent à la plus belle variété de l'espèce noire océanienne. Les Alfourous, toujours en guerre avec les premiers, vivent dans l’intérieur des terres de la manière la plus misérable. Les Papouas se ta- touent en se bornant à tracer quelques lignes sur leurs bras , ou à l'angle des lèvres ; ils ornent leurs bras de larges bracelets en nacre de perle, et les autres parties de leur corps, de plumes, de co- quilles et de morceaux d’écaille. Les Alfourous se font des incisions sur les lèvres et sur la poitrine, et portent dans la cloison du nez un bâtonnet long de six pouces. Les premiers sont actifs, intel- ligens ; les seconds sont silencieux, farouches et d’une profonde stupidité. Les Malais qui habitent les régions basses de l’île sont en tout semblables à ceux de la presqu'île de Malacca. (7. ce mot.) Les principales îles qui entourent la Nouvelle- Guinée sont : Vaigiou, Sallwatty, le groupe de Furwil ou de Saint-David, celui de Schouten, 45 AUST ee SE CS AUST celui de Dampier remarquable par ses volcans, et celui d’Arrou qui fournit à la Chine. de la nacre de perle, des écailles de tortue, et ces nids d’oi- seaux si recherchés par les Chinois opulens. A Vaïgiou; tous les terrains reposent sur des schistes. On peut évaluer la superficie de la Nouvelle-Gui- née,avec les îles qui en dépendent, à 39,000 lieues , et sa population à 500,000 habitans. Archipel de la Nouvelle-Bretagne. Nous compre- nons sous ce nom la grandeîle de laVouvelle-Breta- gne , quia 110 lieuesde]longueur; la Vouvelle-Is- lande, qui en. a environ 80; la petite île du Duc d York, qui offre l'aspect d’un grand jardin; le Nou- vel-Hanovre, dont le centre est occupé par des mon- tagnes; le groupe des petites iles Portland et ce- lui de l’Amiraute, couverts d'arbres et surtout de cocotiers. Les autres îles ne méritent pas d’être nommées. Toutes les terres comprises dans le grand. groupe de la Nouvelle- Bretagne forment une superficie d'environ 3,200 lieués, et peuvent renfermer près de 10,000 habitans. Archipel de Salomon. Les îles de cet archipel sont en général assez bien peuplées. Les habitans ont, suivant les voyageurs, un si grand respect pour leurs chefs, qu'un sujet qui marche dans l'ombre de son roi est puni de mort, Bougainville, Choiseul, Gaadulcanar, San-Christoval, Georgia, Sesarga, et Santa-Isabclla, sont les principales îles de cet archipel; les autres sont les îles Zennel et Bellona , les îles Carteret , le groupe des Mort- loch ou de unter, celui de Zord-Howe, ainsi que ceux de Stewart et de Langhlan. Cet archi- pel paraît avoir 2,200 lieues carrées , et 100,000 habitans. Archipel de la Louisiade. Situé au sud du pré- cédent.. Get archipel est composé d’un grand nombre d'îles etde récifs irrégulièrement disposés sur une longueur d'environ 150 lieues et sur une largeur de 50. Les principales îles sont celles de Rossel, de Saint-Aignan, d'Entrecasteaux et de Trobriand. Plusieurs paraissent être peuplées d’une race guerrière et perfide, que l’on croit an- thropophage. Le nombre des habitans est d’envi- ron 10,000, et la superficie de l'archipel de près de 100 lieues. Archipel de la Reine Charlotte. Nommé précé- demment Archipel de Santa-Cruz, celui-ci com- rend de nombreuses îles dont la plus grande est celle d'Egmont , qui a8 lieues de long sur 4 de large, et qui est couverte de la plus belle vé- gétation ; la plus intéressante est celle de Va- nikoro, où périt l'infortuné Lapeyrouse. Deux ra- ces habitent cesiîles : l’une noire, et Fautre au teint olivâtre. Le sol a 200 lieues de superficie et une population de 50,000 âmes. Archipel des: Nouvelles-Hébrides. Ainsi appelé par Gook, qui ignorait que Bougainville lui avait donné le nom de Grandes C)clades, cet archipel est peuplé de plusieurs races remarquables par leur Jaideur. La plus grande de ces îles est Espiritu-Sun'o : sa circonférence est d'environ Go lieues. Parmiles autres, nous citerons Wallicollo, dont les habitans sont armés de lourdes massueset de flèches empoisonnées; Sandwich, couverte de ! bosquets de cocotiers ; Banks, presque stérile ; l'ile ! des Lépreux, dont tous les habitans. sontien effet | couverts de lèpre; T'anna et Ambrym qui ont | : : | chacune un volcan en activité. La superficie de À: cet archipel est d'environ 300 lieues et la popula- |! : tion de 190,000 individus. Archipel de la Nouvelle-Calédonie. Cet archipel est formé d’abord de l'ile de ce nom, qui a 89 lieues de longueur et 11 de largeur, et qui ren- ferme des montagnes dont la plus centrale a près de 2,400 mètres de hauteur, Une douzaine d’au- tres îles peu importantes composent cet archipel, qui peut avoir 200 lieues de superficie et 150,000 habitans. Le groupe de la Nouvelle-Zélande se compose de trois îles: aunord Eaheino Mauwe,. la plus sep- tentrionale , est longue de 200 lieues et en a 115 dans sa plus grande largeur. Une chaîne de mon- tagnes, dont le point culminant s'élève à go0 mè- tres, parcourt toute sa longueur; une rivière con- sidérable que les navigateurs anglais ont nommée Tamise prend sa source dans ces montagnes. Dans sa partie septentfionale il existe un lac de 5 lieues de longueur appelé Morberui. Au sud de la précé- dente s'étend l'ile de Tavai-Poénammou, longue de 279 lieues et large de 20 à 6o. Sa surface est hérissée de montagnes dont plusieurs sommets sont tapissés de neiges éternelles et dont les flancs sont couverts de verdure, Les eaux qui des- cendent de ces monts remplis de sites sauvages et tourmentés par l'action des feux souterrains, s’amoncellent d'étage en étage et forment des torrens qui tombent en cascades jusqu'à la mer. Au pied de ces montagnes s'élèvent des forêts de | beaux arbres propres-à la marine ; dans la plupart des vallées croît le Phormium tenax, impropre- ment appelé Lin de la Nouvelle-Hollande. La Nouvelle-Zélande jouit d’un climat assez tempéré, mais humide. Elle est fréquemment le théâtre de violens ourasans. Au sud de cette île se trouve celle de Stewart, qui a environ 15 lieues de lon- gueur, Tous les insulaires de la Nouvelle-Zélande sont sauvages et cruels. Leur nombre s’élève à peme à 140,000 habitans, répartis sur une superficie de 8,600 lieues carrées. Nouvelle-Hollande. Cette île immense peut être considérée comme le plus petit des trois conti- nens du globe. Elle a de l'est à l'ouest environ 1000 lieues de longueur, 625 du nord au sud, 3,900 de circonférence , et 585,000 de superficie. Au nord elle est entaillée par un grand golfe que l'on appelle Golfe de Carpenterie , qui a 110 lieues de large et 150 de profondeur ou de longueur ; et par un autre moins grand , à l’ouest, appelé Golfe de King, qui a près de go lieues de largeur et so de profondeur. Ses côtes seules sont connues : en suivant ses contours à partir du nord, nous les trouvons partagés en douze divisions, qui, à l'excep- tion d’une seule, portent le nom de terres: ce sont au nord la terre de Carpenterie, celle d’Arnheim , ct celle de Diemen; à ouest celle de Fit, celle d'Endracht, celle d’Edel, et celle de Zeuwin; au AUST 359 AUST: sud celle de Vuyts, celle de Flinders, celle de Baudin , et celle de Grent; enfin à l’est la Vou- velle Galles méridionale. Suivant notre savant ami Lesson , qui l’a visitée, la Nouvelle-Hollande présente une physionomie particulière. Aspect géologique, règne végétal et animal, rien n’y rappelle, dit-il, ce que l’on voit ailleurs. Les côtes, formées de roches granitiques, de grès en partie houillers qui les recouvrent et de lambeaux de formation tertiaire qui couronne ces roches, ont une teinte sombre et repoussante. Une large bande de grès s’appuie sur les flancs des Montagnes Bleues formées de granite. De nom- breux volcans éteints attestent l'influence que les feux souterrains ont dû avoir sur le relief de ‘ce petit continent. C’est à leur présence qu'il faut attribuer l’abondance des bois fossiles à l’état de lignite. Mais ce que la Nouvelle-Hollande offre de plus remarquable, c’est que le seul volcan actif qu’on y ait observé n’a ni laves ni cratère, quoi- qu’il lance continuellement des flammes : comme si les volcans devaient offrir sur cette terre les anomalies que présentent le règne végctal et le règne animal. La flore de la Nouvelle-Hollande porte ; nous le répétons , un caractère spécial. Lesson, qui l’a exa- minée avec la sagacité d’un habile naturaliste, va mous guider dans l’ésquisse que nous allons en tracer. D’immenses forêts formées d’Eucalyptus, de Casuarina propre à la construction des navi- res, de Banksia et d’arbustes singuliers et bizarres, dorment, dit-il, les paysages de la partie exira- tropicale de ce continent, tandis que celle qui est renfermée entre le tropique du capricorne et la ligne équinoxiale se rapproche , par la nature des arbres et le luxe de la végétation , des forêts équa- toriales des Moluques. ù Au nord, en effet, sur des plages vaseuses, croissent le Bruguiera et les lianes des climats chauds ; plus au sud, du dixième au vingtième degré, s'élèvent les gigantesques pins de Norfolk et les cèdres de l'Australie ; plus au sud encore, depuis le trentième degré jusqu'aux côtes les plus méridionales, la végétation offre un caractère particulier : les premiers naturalistes qui abordè- rent à la Nouvelle-Galles méridionale, par exemple, furent tellement émerveillés à la vue des végétaux qui se pressaient sur un seul point , sans rappeler aucune des formes des plantes des autres climats, qu'ils donnèrent le nom de Botany-Bay au havre où ils mouillèrent. Mais ce luxe de plantes cesse à mesure qu'on se dirige de l’est à l’ouest. Les prairies humides sont ornées par une liliacée nommée Blandfordia nobilis , et çà et 1à s'élèvent lestiges raides des singuliers Xanthorœaet les cônes du Zamia australis. Au nord de Botany-Bay s’é- tendent des forêts épaisses d’une espèce de cèdre que Brown anommée Calidris spiralis, dont le bois par son poli rivalise avec le plus beau bois des Antilles ; plus loin , quinze autres espèces de bois rouges , blancs, veinés de toutes couleurs, offrent d'immenses avantages à l’ébénisterie, Tous les végétaux de la Nouvelle-Hollande, dit encore | Lesson, ont un caractère unique , c'est celui de posséder un feuillage sec, rude, grêle, aroma- tique, à feuilles presque toujours simples. Ses forêts ont quelque chose de tristeet de brumeux qui fatigue la vue ; la teinte du feuillage est d’un vert glauque, monotone; les rameaux sont à demi dépouillés de leur écorce fongueuse, ou celle-ci se détache par lanières qui flottent au gré du vent. Toutefois, un grand nombre de plantes d'Europe se trouvent dans la Nouvelle- Hollande : ce sont celles qu’on peut appeler cos- mopolites , et qui viennent dans les marais , telles que la samole, la salicaire , etc. Ainsi donc , ajoute Lesson, toute la moitié intertropicale de la Nouvelle-Hollande produit les plantes des climats chauds, notamment plusieurs espèces de musca- diers : aussi les Anglais y ont-ils établi des cultures d'indigo, de café et de canne à sucre; tandis que la partie méridionale, au contraire, ayant sa flore spéciale, est aussi la seule qui convienne aux fruits d'Europe. Le pêcher, par exemple, s’est assez naturalisé pour croître à l’état sauvage ; la vigne toutefois a été plus rebelle, et semble ne point s’accommoder des variations subites de la température. Si la botanique, dit Lesson, imprime à ce pays une physionomié spéciale , le règne animal lui en donne une plus étonnante et plus étrange peut-être. Le caractère que ce naturaliste fait re- marquer dans les animaux de la Nouvelle-Hollande, c’est une double poche ou marsupialité. Trois ani- maux seulement en sont dénués : le phoque, une roussette de la partie intertropicale, et le chien, qui a suivi, dit-il, de misérables peuplades lors de leur émigration sur ce continent appauvri. De- puis le doux et timide Xangourou, dont quelques es- pèces sont les plus grands quadrupèdes du continent austral, jusqu’au Pétauriste à grande queue, ani- mal de la taille du rat, dont la peau des flancs est étendue entre les membres antérieurs et posté- rieurs , tous les animaux mammifères de ce con- tinent mériteraient une description spéciale; mais nous ne cilerons qu’un petit nombre d’entre eux. Les Potorous, qui ont, comme les kangourous, les jambes de derrière beaucoup plus longues que celles de devant, et l'Halmature , qui se rapproche tellement des kangourous, qu'il ne semble en différer que par le système dentaire, la petitesse de ses oreilles et sa queue presque nue ; le Phas- cogale, qui vit sur les arbres ; et les Péramèles qui ressemblent aux sarigues, nous sont encore imparfaitement connus sous le rapport des mœurs. Les D'asiures, dit encore Lesson, sont des car- nassiers qui remplacent à la Nouvelle-Hollande les fouines de nos climats. Le Thylacine, de la taille et de la forme du loup, qu'il représente , est sou- vent mentionné dans les relations comme loup d'Australie; il vit dans les cavernes sur le bord de la mer, à la terre de Diémen. Tous ces animaux à poches, malgré la singularité de leur conformation, sont cependant moins extraordinaires que deux de cette espèce nommés paradoæaux , c’est-à- dire l’Ornithorhynque et V'Echidné, Le premier, AUST au corps couvert de poils, au bec de canard, aux pieds garnis d’ergots vénéneux, pondant des œufs, semble, suivant Lesson , être une créature fantastique jetée sur le globe pour renverser tous les systèmes admis sur l’histoire naturelle ; car on peut soutenir avec autant de raison qu'il appar- tient aux quadrupèdes, aux oiseaux , aux reptiles. Le second, dont on fait deux espèces selon que les piquans qui couvrent son corps sont plus ou moins garnis de poils, paraît aussi pondre des œufs au lieu de mettre au jour des petits vivans. Son museau, mince et très-allongé, est terminé par une fort petite bouche ; ses mâchoires, dépour- vues de dents, sont garnies de lames cornées comme . chez plusieurs palmipèdes; sa langue est extensible comme celle du fourmilier. Les mêmes phénomènes de singularité qui carac- térisent les quadrupèdes de la Nouvelle-Hollande, se répètent aussi chez les oiseaux. La plupart d’entre eux, dit Lesson, ne pouvant tirer leur subsistance des fruits dont les forêts sont privées, n’ont que des genres restreints dénourriture. Ceux qui vivent d'insectes ont la langue organisée comme les oiseaux des autres climats. Mais les perroquets, les merles et beaucoup d’autres pas - sereaux, obligés de pomper le suc mielleux des fleurs, ont à l’extrémité de la langue des faisceaux de papilles , ressemblant à un pinceau, et qui leur permettent de ne rien perdre de cette matière toujours peu abondante. La plupart des oiseaux du continent austral rivalisent avec ceux des au- tres continens pour la vivacité des couleurs; mais un grandnombre présentent avec ceux-ci des diffé- rences très-tranchées; ainsi, le cygne d'Europe est considéré comme le type de la blancheur : celui de la Nouvelle-Hollande est au contraire d’une teinte noire ; le kakatoës est blanc à la Chine et aux Moluques : la même espèce se trouve à la Nouvelle- Hollande, mais c’est seulement sur ce continent qu'on en trouve du plus beau noir., Partout les di- verses espèces de volatiles sont couvertes de plumes: sur le continent austral, le Casoar forme en quel- que sorte le passage des animaux à plumes aux animaux à poils. Parmi les oiseaux les plus remar- quables , il faut mettre, comme le dit Lesson, ce superbe Menure , dont la queue est l’image fidèle, dans les solitudes australes, de la lyre harmonieuse des Grecs; ce Loriot prince-regent , dont la livrée est mi-partie de jaune d’or et de noir de velours ; ces Scytrops , dont le bec imite celui du toucan; ces Perruches de toute taille et de toute couleur ; ces bruyans Martin-chasseurs et ce Moucherolle crépitant , dont le cri imite, à s’y méprendre , le claquement d’un fouet. Divers reptiles plus ou moins dangereux pullu- lent dans la Nouvelle-Hollande : ici c’est l’Agame hérissé (Ægama muriata) encore peu connu; là, les Scinques, par leurs courtes pattes, semblent être intermédiaires entre les lézards et les serpens : le plus remarquable de ce genre est le Scinque noir et jaune. Le plus singulier des sauriens du conti- nent austral êst le Phyllure, dont la queue s’élar- git en forme de feuille ou de spatule, et qui cons- 340 AUST situe deux espèces , l’une d’un brun marbré (Phyl- lurus Cuvieri), l'autre d’une couleur orangée (Phyl- lurus Milii). Quant aux serpens , dit Lesson , ils y sont nombreux ; on y trouve des couleuvres et des Pythons de longue taille. Le Serpent fil, à peine long de huit à dix pouces, occasione, dit-on, la mort en moins de quelques minutes ; mais l'espèce la plus redoutable , sans contredit, comme la plus commune, est le Serpent noir, que son affreux ve- nin a fait nommer Acantophis bourreau. Les peuplades indigènes de la Nouvelle-Hollande appartiennent à une race noirâtre , qui dans toute l'Australie présente un caractère uniforme. La couleur de leur peau ressemble à celle du café au lait foncé en couleur ; ils ont le nez large et épaté, la bouche saillante, les lèvres épaisses, le haut du visage plat, et les cheveux noirs, épais et frisés. Ils sont d’une stature moyenne et d’une constitution grêle et énervée, bien que la taille de quelques uns d’entre eux soit de cinq pieds six pouces. Ces peuplades sont divisées par tribus peu nombreuses , qui n’ont point de communications entre elles. Elles vivent misérablement , et sont dans une sorte d’abrutissement moral. Les deux sexes vont nus et n’ont aucun sentiment de pu- deur. Ils paraissent même n’avoir aucune idée re- ligieuse. Îls n’ont pour nourriture que quelques racines de fougères, et quelques bulbes d’orchi- dées , que la chair du casoar et du kangourou, qui deviennent de jour en jour plus rares par la chasse continuelle qu'ils leur font ; quelquefois même ils sont réduits à dévorer des grenouilles, des lézards, des serpens, des chenilles, et même des araignées, et lorsque ces ressources dégoûtantes leur man- quent, ils tuent leurs nouveau-nés. La Nouvelle-Hollande paraît renfermer à peine 110,000 indigènes ; mais les colonies anglaises S'y élèvent à 70,000 individus. Terre de Diemen. Au sud de la Nouvelle-Hol- lande , s'élève l’île de Diemen formant, avec quelques autres très-petites, un groupe appelé Terre de Diemen ou Tasmanie , du nom d’un cé- lèbre voyageur nommé Tasman, qui la découvrit en 1642. L'ile de Diemen a 65 lieues de longueur, de 50 à 53 de largeur, et 3,600 de superficie. Elle renferme des montagnes dont le point culminant a reçu le nom de Pic de Tasman. Ges montagnes sont garnies d’épaisses forêts, dans lesquelles on trouve des arbres d’une grosseur et d’une hauteur surprenantes. Ces forêts sont composées principale- ment de cyprès et de pins; on y trouve aussi plu- sieurs espèces d'Eucalyptus, qui presque tous sont, comme on sait, originaires de l'Australie. Les prin- cipales productions de cette grande île sont le froment, l'orge, l’avoine, presque tous les légu- mes et beaucoup de fruits de l'Europe ; mais le cli- mat, bien que tempéré, ne permet pas à la vigne d'y prospérer. Les animaux sont à peu près les mêmes que ceux de la Nouvelle-Hollande ; mais les habitans ont beaucoup plus d’analogie avec les Papous ou les nègres de la Nouvelle-Ca- lédonic qu'avec les indigènes de la Nouvelle-Iol- lande, se = RS "ot AUTO La population de la Tasmanie peut être évaluée à 5,000 indigènes , et à 20,000 colons. Telles sont les généralités dans lesquelles les bor- nes fixées à cet article nous ont permis d’entrer. (J. H. AUTOUR, Astur. (ois.) La petite famille un Autours ou Asturinées renferme deux genres: celui des Autours proprement dits, 4stur, Besch., et celui des Eperviers, Visus. Le caractère com- mun à ces deux groupes est d’avoir le bec recourbé dès sa base et les ailes plus courtes que la queue : nous ne nous occuperons ici que des vrais Autours. Voyez, pour les autres, l’article Erenvier de ce Dictionnaire. Lesespèces du genre Autour présentent les carac- tères suivans : bec court, incliné dès sa base ,con- xexe en dessus; narines à peu près rondes ; doigts longs, les extérieurs unis à leur base par une mem- brane; tarses écussonnés comme ceux des éper- viers, mais plus courts. De toutes les espèces qu’on a décrites dans ce genre , une seule se trouve en Europe, c’est l’Au- tour ordinaire, Falco palumbarius, figuré pour l'adulte dans les planches enluminces de Buffon, 418 et 461, et pour le jeune à la planche 495. L’Autour ordinaire mâle est long d’un pied sept à huit pouces, sa femelle a près de deux pieds. Il est brun dessus avec des sour- cils blanchâtres, blanc en dessous, rayé en travers de brun dans l’âge adulte, moucheté en long dans le premier âge. Cette espèce habite de préférence les montagnes boisées, et se nourrit de pigeons, de poules, de levrauts, de rats, de tau- pes, etc. ; son cri est rauque et fréquent ; elle vit par paires comme le font en général les autres oiseaux de proie, et pratique sur les arbres les plus grands un nid dans lequel la femelle dépose quatre ou cinq œufs, d’un blanc bleuâtre avec des raies et des taches brunes. Le vol de ces oiseaux est bas, ils fondent obli- quement sur leur proie; les fauconniers les ont quelquefois employés pour chasser le menu gibier, et encore ont-ils constamment négligé la variété blonde, qui est plus lâche et peu susceptible d’édu- | cation. Le naturaliste Brisson a considéré à tort | celle variété comme une espèce distincte, et l’a dé- crite dans son Ornithologie sous le nom de Gnos- Busann. | Parmi les espèces exotiques, dont le nombre a | probablement été exagéré, nous citerons : | L’A.wurrmare, F. nitidus, qui se rapproche le | plus du F, palumbarius ; il habite le Brésil et la | Guiane. ù L’A. A TROIS BANDES. Le Cuscanc rapporté de la Nouvelle-Hollande | par MM. Quoy et Gaimard. 0 L’A. pe La Nouverzx-Horranper. 1" L’A. mÉLanore, F. Melanops, qui habite la . Guiane, LL." È |" Ces espèces, avec l’Aurour nur, sont Jes | seules que l’on voie aujourd’hui au Muséum de | Paris ; on devra consulter principalement le Mé- moire de MM. Horsfield et Vigors (Trans. de la 341 ee 2 ES SRE AUTR soc. Lin. , Lond. , xv, pag. 179), pour celles de la Nouvelle-Hollande ; plusieurs sont aussi figurées et décrites dans les planches coloriées de M. Tem- minck. (GERvAIS.) AUTRUCHE, Struthio. (o1s.) Les Autruches forment dans la méthode de Cuvier un genre de la famille des Brévipennes (ordre des Echassiers). Quelques auteurs ont cru devoir placer cette famille parmi les Gallinacés ; d’autres en ont fait un ordre à part. Les Autruches ont les ailes très- courtes, impropres au vol, garnies de plumes lâches et flexibles dont les barbes ne s’accrochent point entre elles comme chez les autres oiseaux, le bec est médiocre, droit, obtus, déprimé à sa pointe qui est arrondie et onguiculée ; les mandi- bules égales et flexibles ; les fosses nasales sont ou- vertes et longitudinales , elles se prolongent jusqu’à la moitié du bec; les pieds sont très-robustes , les tarses et les jambes très-élevées, celles-ci garnies de muscles puissans. Ces animaux ne volent pas, mais ils courent avec une grande ra- pidité. Leur régime est omnivore et leur appétit très-vorace : ce qui s'explique par le développe- ment de leur système digestif: ils ont un énornie jabot, un ventricule considérable entre le jabot et le gésier qui est très-puissant , des intestins vo- lumineux et delongs cœcums. Ce sont les seuls oiseaux qui urinent, leur vaste cloaque fait l'office de vessie; l'organe de la copulation est très-long chez les mâles et se montre souvent au dehors. Ce genre singulier nerenferme que deux espèces, l’une d'Afrique, qui a la tête chauve et deux doigts seulement aux pieds ; la seconde est d'Amérique, elle diffère de la précédente par sa tête parfaite- ment emplumée et ses pieds à trois doigts : quel- ques ornithologistes en ont fait un genre particu- lier sous le nom de Nandu , en latin Rhea; mais le caractère de notre Dictionnaire ne nouspermet pas d’entrer dans ces détails de nomenclature. : L’Aurnucne D’ArriQuE, Struthio camelus, L. a été décrite dans tous les ouvrages d’ornithologie, et figurée dans un grand nombre avec plus ou moins d'exactitude. La meilleure figure qu’on puisse indi- quer est celle donnée par Miger dans la Ménagerie du Muséum de Lacépède et Cuvier (pl.2 le mâle, et pl. 3 la femelle). Nous l'avons reproduite dans notre Atlas, pl.34, fig. 2. L’Autruche est le plus grandjde tous les oiseaux ; elle atteint jusqu’à sept et huit pieds de hauteur et 90 à 100 livres de poids. Son cou long et mince est revêtu d'un simple duvet, sa tête est pelite proporlionnellement à la grosseur du corps. L’o- rifice de l'oreille est large et garni de poils dans son canal auditif; ses yeux sont très-grands ct vifs, la paupière supérieure mobile et garnie de longs cils; les jambes, dénuées de plumes, sont fortement musclées et plus grosses que la cuisse d’un homme; les pieds sont charnus ct renforcés par un rang de grosses écailles, ils n’ont que deux doigts el res- semblent beaucoup à ceux du chameau. La forme des pieds n’est pas la seule conformité que l’Au- truche présente avec cet animal; elle à dans sa démarche, dans son faciès, quelque chose qui rap- AUTR pelle aussitôt l’idée du chameau ; aussi les Arabes l'ont-ils surnommée l'Oiseau-chameau, et les natu- ralistes ont ajouté au nom de genre S‘ruthio l'épi- thète de Camelus. Le sternum des Autruches man- que de brechet, il est arrondi et aplati en forme de bouclier. L’organe de la génération chez le mâle est plus développé que chez les autres oiseaux, on y trouve de nouveaux rapports avec l'organisation des quadrupèdes; c’est , comme chez eux, une sorte de verge longue de cinq pouces et demi, creusée, dans sa partie supérieure, d’une espèce de sillon ou de gouttière qui sert de conduit à la liqueur fécondante. Cet organe n’a ni gland ni pré- puce ; il sort de deux ou trois pouces quand l’ani- mal fiente, dans l'érectionäil ressemble à la lan- gue d’un bœuf. Pendant la copulation il se fait une véritable intromission de cet organe, au lieu d’une simple compression comme dans les autres oiseaux. L’Autruche femelle présente une sorte de clitoris. Cette espèce se rencontre dans toute l’Afrique, depuis la Barbarie jusqu’au cap de Bonne-Espé- rance; elle est très-commune en Arabie, il paraît même qu’autrefois on la voyait assez avant dans l'Asie, aujourd'hui elle en a entièrement disparu. Elle habite par préférence les lieux les plus soli- taires et les plus arides , se tient par troupes quel- quefois très-nombreuses, composées d’autres fois de quelques individus seulement ; ces troupes, pri- ses de loin pour des escadrons de cavalerie, ont effrayé plus d’une caravane. Les Autruches se nourrissent principalement de matières végétales; pour satisfaire leur faim dévorante , elles mangent tout ce qu'elles trouvent: on en a vu qui avalaient du fer, des os, du cuivre , des pièces de monnaie ; quelquefois elles sont victimes de leur gloutonne- rie ; on en cite une qui mourut pour avoir pris une quantité considérable de chaux vive. Les Ara- bes et les voyageurs s'accordent à dire qu'elles ne boivent pas; il leur serait en effet bien difhi- cile de satisfaire leur soif dans des pays brûlans, où il ne pleut pour ainsi dire jamais : cependant, à l'état de domesticité, elles boivent et boivent même beaucoup; on en a vu une à la ménagerie de Paris boire en été quatre pintes d’eau par jour, et ce qui est plus étonnant, en employer six pendant l'hiver, quoique alors on la tint dans sa case presque sans exercice. La ponte d’une séule femelle se compose d’une quinzaine d'œufs, dont elle ne couve qu'une partie; la plus faible, qu'elle abandonne à quelques pas de son nid, étant destinée à la nourriture des petits lorsaw’ils eclo- ront. On pense que les Autruches sont monogames. «Elles connaissent, a-t-on dit, l'amour et la con- stance; c’est transformer les déserts en des lieux de délices. » Gependant on trouve dans les récits ‘des voyageurs quelques faits qui paraîtraient imdi- quer le contraire, Un mâle, peut-être, vit en so- ciété avec quelques femelles ; celles-ci pondent lears œufs dans le même nid et couvent chacune à ‘son tour ; c’est, au reste, le résultat d’observa- tions faites sur les lieux par Levaillant, Ce voya- 542 AUTR geur infatigable trouva .dansle nid d’une femelle qu'il fit lever , trente-huit œufs dans un tas, et 13 distribués plus loin, chacun dansune petite cavité : étonné du grand nombre de ces œufs, il voulut savoir si l’Autruche en question les avait tous pondus, ce qui n’était guère probable, ou, du moins , si elle était seule chargée de les soigner. Il fit arrêter ses hommes et dételer à un quart de lieue , et s’enfonca dans un buisson d’où le nid lui apparaissait à découvert et à portée de la balle. Bientôt une femelle arriva , qui s’accroupit surles œufs, et pendant le reste du jour que le célèbre voyageur passa dans le buisson, «trois autres fe- » melles se rendirent au même nid. Elles se rele- »vaient, dit-il, l’une aprèsl’autre ; uneseule resta » un quart d'heure à couver, tandis qu’une nou- » velle venue s’y était mise à côté d'elle ; ce qui me » fit penser que quelquefois et pendant les nuits » fraîches et pluvieuses elles s'entendent pour cou- » ver à deux et même davantage. Le soleil touchait » à son déclin , un mâle arrive qui s’approche du » nid pour y prendre sa place , car les mâles cou- » vent aussi bien que les femelles, elc. » (Foy. 1® Voyage, pag. 374. ) Sous la zone torride les femelles sont dispensées de couver, la chaleur de l’atmosphère, celle du sable où sont les œufs , étant suflisante pour les faire éclore; mais en decà et au-delà des tropi- ques, elles les couvent avec soin, en tous lieux elles veillent sur eux et les défendent avec courage. Les œufs d'Autruche sont très-gros, ils pèsent jusqu'à deux et trois livres. Leur couleur est d’un blanc sale tirant sur le jaune. On les mange avec plaisir; la manière la plus ordinaire et la meilleure de les accommoder est de les brouiller en les faisant cuire avec beaucoup de beurre : ‘äls sont assez gros pour qu’un seul suflise au repas d’un homme. Leur coque est très-dure, et peut servir de vase; dans les mosquées et dans les églises chré- tieunes d'Orient on les suspend aux voûtes en guise d'ornemens., La durée de l’incubation est de six semaines environ. Au sortir de l’œuf, les petits sont tout couverts de plumes, même aux | endroits qui doivent être nus dans la suite ; ils sont d’un gris roussâtre, tacheté de noir, avec des ban- des longitudinales de cette couleur sur la tête et derrière le cou ; ils courent déjà et cherchent leur nourriture. Les Autruches, quoique habitantes du désert , ne sont pas aussi sauvages qu'on l’imaginerait ; elles s’apprivoisent facilement, surtout lorsqu'on les prend jeunes. Les habitans de Dara, ceux de la Libye, en nourrissent des troupeaux dont ils tirent des plumes et une nourriture abondante. On en a vu qui étaient assez familières pour se laisser mon- ter comme on monte un cheval,.etle tyran Fir= mius, qui régnait en Egypte sur la fin du troisième siècle, se faisait porter, dit-on, par de grandes Autruches. L’Autruche ne fait entendre son cri que très- rarement; celui du mäle est plus fort que celui de la femelle, tous deux soufllent comme lesoies quand on lesirrite, La chair des jeunes est bonne SD SD 7 = — ds à manger; celle des vieillés, dure et coriace, n’est pas souvent employée. On l'avait défendue aux Hébreux; les mahométans ne la mangent pas, mon plus que les Arabes, chasseurs de profession. Des peuplades entières de l'Afrique, nommées Struthophages oumangeurs d’Autruches, se nour- rissent presque entièrement de ces animaux ; cet usage existe encore aujourd hui. Les Autruches courent très-vite, c’est avec les chevaux qu’on les chasse et qu'on les prend; comme leur course est plus rapide que celle du meilleur cheval, il faut pour se livrer à cette chasse un peu d'industrie; celle des Arabes consiste à les suivre à vue, sans trop les presser , et surtout à les inquiéter assez pour les empêcher de prendre leur nourriture. Comme elles ne vont point en ligne directe, mais qu'elles décrivent le plus sou- vent un cercle plus ou moins étendu, les chasseurs dirigent leur marche sur un cercle concentrique intérieur , moindre par conséquent. Après un jour et quelquefois davantage, lorsqu'ils les ont fa- tiguées et affamées , ils prennent leur moment, fondent sur elles au grand galop, et les tuent à coups de bâton pour que le sang ne gâte point leurs plumes. Les peuples struthophages avaient une autre facon de les prendre: ils se couvraient d'une peau d'Autruche, passant leur bras dans le cou pour mieux imiter les mouvemens de ces oiseaux et les approchaient avec facilité. On aaussiemployé dés chiens et des filets. Ce n’est pas sealement pour leur chair, leur graisse ou leurs œufs qu'on chasse les Autruches ; dans tous les temps leurs dépouilles ont été un objet de commerce très-lucratif. Leur cuir très- épais a été employé pour faire des cuirasses; les longues et belles plumes de leur queue et de leurs ailes ont toujours été recherchées à cause de leur mollesse et de leur jeu. En Europe on les voit om- brager la tête des guerriers , flotter mollement sur la chevelure des dames ou former des toufles aussi riches qu’élégantes ,sur les meubles les plus récieux. Les janissaires turcs qui se sont dis- tingués dans les combats ont seuls le droit d'en orner leur turban. Les beaux éventails des Orien- taux sont presque tous composés avec de telles plumes. Celles des mâles sont plus estimées que celles des femelles ; on recherche surtout celles quiont été enlevées à l'animal vivant, on les re- connaît à ce que leur tuyau préssé dans les doigts laisse écouler un suc sanguinolent; elles sont sèches au contraire si elles ont été prises sur un individu mort, et fort sujettes au ver. Les caravanes de Nubie apportent au Caire une grande quantité de peaux et de plumes d'Autruches. Dans le seul rt d'Alexandrie il s'en chargeait autrefois pour Marseille pour plus de 50,000 fr. par an. Elles nous arrivent aussi en grande quantité, par la voie du commerce, du Levant, de la Barbarie, et de | la côte occidentale d'Afrique. } La seconde espèce du genre est l’Aurrucne MAmEmoUr, Strurhio Rhea, connue aussi sous les noms de Nandou, Churi, Autruche d'Amérique, de Magellan, d'Occident, Autruche bâtarde, etc. | AE "ag AVAL PR Î C’est mal à propos que Brisson et Buffon l'ont ap+ pelée Touyouyou, par abréviation Toyou ; cenom appartient au lamrru (v.cemot). Getteespèce est de l'Amérique méridionale ; elle n’est pas moins coms mune dans cette partie du globe que la précédente dans le sud de l'Afrique ; cependant elle n’est pas aussi bien connue; quoique moins grande que celle-ci , elle est néanmoins plus grande qu'aucun des autres oiseaux de l'Amérique; sa taille ne s’é+ lève guère au-delà de quatre ou cinq pieds. Sa tête et son cou sont garnis de plumes grisätres semblables à celles du dos et des cuisses ; ses pieds sont forts et présentent trois doigts , tous très-gros et munis d ongles courts, arrondis et presque droits; ce qu'on avait considéré comme un quatrième doigt, par derrière , n’est qu’un simple talon. La poitrine porte une callosité peu apparente, les ailes sont sans piquans. Les plumes des ailes sont longues de trois décimètres environ, égales entreelleset semblables quant à leur structure; on ne saurait les distin-= guer en primaires, secondaires et tectrices : elles sont en grand nombre, très-touffues et serrées contre les flancs et surle dos; leur largeur‘est de 2 à 5 pouces; d’un gris bleuâtre , plus clair sur le de- vant des ailes , et mêlé de taches noires sur le derz rière. Leurs barbes sont longues-et désunies quoique garnies de barbules. Ces plumes sont loin d’être aussi belles que celles de l’'Autruche d'Afrique, aussi ne sont-elles point estimées, on les emploia seulement à faire des ballets et d’autres instrumens de ce genre. Ces oiseaux marchent et courent avec célérité, mais leur pas est mal assuré ; ils n’étendent leurs ailes que lorsqu'ils voient un animal qui leur est inconnu, ou bien qu'ils veulent exprimer leur con+ | tentement.Leurs œufs sont jaunâtres, un peu moins gros que ceux de l’Autruche d'Afrique; les femelles commencent à pondre vers la fin d'août, elles en font d'ordinaire une quinzaine qu’elles déposent simplement dans un creux fait à la terre , et garni parfois de quelques brins de paille. Ces œufs sont bons à manger; on les emploie principa- lement pour faire des biscuits. Ils éclosenten no- vembre après une incubation de six semaines. Les petits à leur naissance sont de la grosseur d’une poule, leur couleur est grise avec quelques lignes roussâtres sur le dos; ils courent déjà et peuvent subvenir à leurs besoins. Cette espèce d’Autruche esttrès-douceet facile à apprivoiser; elleaété figurée: dans le tom. XII des Annales du Muséum , à la planche 59°. (Gervais. ) AUXIDE, Auxis, Cuv. (porss.) Sous-senre de la famille des Scombéroïdes ; les espèces qui le com- posent ne diffèrent des thons que parce que leurs dorsales sont séparées comme celles des ma- quereaux. (V’oy. Tnox.) (G. B. AVAGNON ou LAVIGNON. (morr.) On donne: ces noms vulgaires, sur les côtes de France, à diverses coquilles bivalves dont on mange les animaux. Voy. AnëNAIRE, LiGure, ” (Guér. AVALANCHES. (aocr. Pays.) Du sommet de ces masses neigeuses qui couvrent les points cul- a AVEN 544 AVER ———_————— © >———————————————————————.—— …———____ minans des hautes montagnes; se détache à cer- taines époques une chétive boule de neige; celle- ci dans sa course rapide se grossit, en entraîne une seconde; les deux réunies en poussent plu- sieurs autres: et bientôt leurs masses, croissant en volume comme en vitesse, se précipitent avec la rapidité de la bombe, au fond de la vallée, en renversant dans leur chute terrible les arbres, les rochers et les habitations. On donne aussi à ce re- doutable phénomène le nom de Lavanges. Pendant l'hiver, ce sont les vents qui déter- minent la chute de ces monceaux de neige ; au printemps c’est la fonte de celle-ci : à cette épo- que de l’année, les Avalanches sont les plus terri- bles. Ainsi, par une de ces sortes de compensa- tions dont la nature offre tant d'exemples , tandis que les plus hautes montagnes sont formées detou- tes pièces par l’action violente des soulèvemens provoqués par les feux souterrains, une force mi- nime qui agit périodiquement tend à les dégrader sans cesse. Les forêts qui couvrent les flancs inférieurs des hautes montagnes suflisent pour arrêter la mar- che des Avalanches, et préserver les habitans des vallées de ce fléau destructeur. Mais le monta- gnard imprévoyant, en abattant les arbres et en ne les remplacant jamais, détruit la seule bar- rière qui puisse s'opposer aux ravages de ce terri- ble phénomère. Il en résulte qu'il devient d’au- tant plus fréquent que les montagnes où il prend naissance sont plus dépouillées. Les Avalanches les plus communes sont celles qui se forment par suite de la fonte des neiges, On sait que celles-ci se fondent en dessous plutôt qu’en dessus. La masse dont la base a été fondue, ne se trouvant plus en équilibre, s’affaisse, et les parties supérieures se détachent et vont porter au loin la destruction. Le vent, le bruit, la moindre agitation de l'air peut provoquer la chute de ces sortes d’Avalanches. C’est pour cela qu’à l’époque où elles peuvent se former, on recommande au voyageur le silence dans le voisinage des masses de neige, où les Avalanches ont coutume de se précipiter; c’est pour cela encore que l’on tam- ponne les sonnettes des mulets , dans les passages dangereux. Ou bien, pour prévenir le danger, on provoque leur chute par la décharge d’armes à {eu ; et l’on peut ensuite passer sans crainte après que l’Avalanche est tombée. (J. H.) AVELINE , SCARABE ou GUEULE-DE-LOUP. (mozr.) Noms marchands de la jolie coquille formant le genre Scanamé (voy. ce mot). : (Guér. ) AVELINIER. (mor. pHax.) Variété du noise- ticr que l’on cultive de préférence, à cause de la beauté, de la délicatesse ct de la précocité de son fruit. (Voy. Noiserier.) (T. ». B.) AVENTURINE. (aun.) On prétend qu’un ou- vrier ayant laisser tomber par hasard ou, commeon dit, par aventure, de la limaille de laiton dans un creuset contenant du verre fondu , fut agréable- ment surpris du produit qu'il avait obtenu , et qu'il appela Aventurine : le verre, qui était coloré, était parsemé de paillettes brillantes. On perfec- tionna ce produit artificiel, en employant du verre d’un brun rouge foncé, dans lequel on mêéla des paillettes jaunes ou blanches de tombac, alliage formé de cuivre et d’arsenic. Nous ne garantissons pas l’authenticité de cette origine du nom d’Aventurine ; ce qu’il y a de cer- tain , c'est que l’Aventurine naturelle, ou le quartz aventuriné, est depuis long-temps connue du lapi- daire, et qu'il est même probable qu’elle jouissait de quelque estime chez les anciens ; car le coral- loachates de Pline, pierre précieuse d’un rouge de corail, parsemée de taches d’or, paraît ne pouvoir être rapporté qu'à l’Aventurine natu- relle. Le quartz aventuriné présente ordinairement des points brillans sur un fond blanc , ou verdâtre, ou brun rougeâtre. Cet effet, ce jeu de lumière, est dû à la nature granulaire du quartz, dans le- quel il se trouve des grains plus vitreux, plus transparens les uns que les autres. Les reflets sont blancs lorque le quartz est blanc ; ils sont rougeâ- tres, jaunâtres ou brunûtres, lorsque le quartz est coloré par de l’oxide de fer , qui assez ordinai- rement est interposé entre les grains. Il ne faut pas confondre le quartz aventuriné , qui est une substance homogène, contenant seu- lement des oxides métalliques, avec le quartz mi- cacé , qui prend un aspect brillant comme la véri- table Aventurine, aspect qui est dû à des lames de mica disséminées dans sa masse. On ne doit pas non plus confondre avec l’Aventu- rine naturelle le feldspath aventuriné, qui doit aussi cet aspect tantôt à la structure de cette substance, et tantôt à des lamelles demica. (Foy. FErpspATH.) | La province d'Aragon en Espagne, la Tran- sylvanie, et les environs de Quimper et de Nantes en France, fournissent de belles Aventurines na- turelles, que l’on taille en cachets et en divers bijoux. Mais jamais le quartz aventuriné ne jouit de l'éclat qui caractérise l’Aventurine artificielle. (J. H.) AVÉRANO, Casmarynchos. (ors.) Genre de passereaux de la famille des Ampélidées ou Co- tingas, dont les caractères sont les suivans : bec large très-déprimé, mou et flexible à sa base, comprimé au contraire et de consistance cornée à sa pointe ; fosse nasale très-ample, avec la mem- brane qui la recouvre garnie de quelques plumes ; tarse plus long que le doigt du milieu ; troisième et quatrième rémiges pluslongues que les autres. Ce genre comprend trois espèces toutes origi- naires des forêts de l’intérieur du Brésil, leur bec mou à sa base et la position de leurs narmes les différencient assez des Procnés; ces espèces sont : L'Avérano caroncuLÉ, €. carunculata, qui est: d’un blanc pur dans son plumage parfait, c’est-à-dire à l’époque des amours, et verdâtre dans les autres saisons ; la base du bec est surmontée par une caroncule charnue, quelquefois garnie de petites plumes, et filiforme. L’AraProNAG L 1 !\verano S 2, Avocelie LE Guen du né 345 AVIG AVOCG TTC ERNEST ne UC TS CETTE NERO TEST CUT ETES TA EEE EM NEREn Epneneerens | *. L'AraronGA AvERANO, C. nudicollis. Le mâle est d’un blanc pur; mais la base du bec, le tour des yeux et le devant du cou sont nus, la peau de ces arties est verteet parsemée seulement de quelques soies noires. La femelle est d’un vert cendré plus pâle aux parties inférieures, qui sont marquées de larges mèches blanches; les plumes de la tête sont poires , la longueur de l'oiseau est de dix pouces, - ÿ compris la queue. 1 L'AraronNGA qurrRa-PUNGA , C. variegala, est Ja 3° et dernière espèce connue; c’est l’Averano de Buffon ; sa tête est rousse, les ailes noires et le reste du corps d’un gris blanchâtre. La gorge est nue et garnie d’un grand nombre de caroncules aplaties , d’une teinte bleuître et susceptibles de prendre du rouge lorsque l'oiseau est animé de quelque passion, C’est celte espèce qui est repré- sentée dans notre Atlas, pl. 35, figure 1. : (GErvais.) * AVICENNIA. (nor. Pan.) Nom donné par Lioné à un genre d’arbres communs au bord des eaux salées, dans les Antilles et sur quelques côtes de l'Inde et de l'Afrique; on les a quelque- fois décrits sous le nom de mangle ou manglier, ce qui est une erreur; Adanson nomme ce genre upata; c’est encore le Halodendéon ( arbre mari- time) d’Aubert du Petit-Thouars ; enfin chaque pays où il croît lui donne un nom différent, rap- porté par les voyageurs, ce qui a mis une grande confusion dans sa synonymie. L’Avicennia est rapporté par Jussieu à la fa- mille des Verbénacées, et présente un calice à 5 divisions, muni extérieurement de trois écailles ; une corolle à 4 divisions un peu inégales ; quatre Étamines didynames (parfois cinq, suivant Adan- son) ; un style, deux stigmates ; une capsule bi- valve à une seule graine, celle-ci offre la par- ticularité de -germer intériéurement après la fécondation; ses cotylédons sont repliés sur eux- mêmes , et semblent composés de quatre lamelles charnues. L'espèce la plus vulgaire est 4. fomentosa, qu’on trouve au Malabar, en Abyssinie, aux An- tilles. Il s’élève.à plus de 40 pieds sur 12 à 15 de diamètre; on lereconnaît à ses racines traçantes, à son écorce cendrée, à sa cime étalée et orbicu-. laire; à ses feuilles opposées, entières, persis- tantes, cotonneuses en dessous, à ses fleurs pe- tites , jaunâtresæt odorantes ; son fruit se mange au Malabar; il ne faut pas oublier que, sur une fausse indication, Linné l'avait confondu avec l_Anacardiam du commerce , et que cette erreur du grand botaniste a été répétée par plusieurs modernes. Nous citerons encore l’4. nitida ou Palétuvier gris, qui croît à la Martinique ; sa corolle porte le * rudiment d’une cinquième étamine. L.) AVICULE , Avicula. (wozr.) Coquilles bivalves deforme assez bizarre, ayant quelque ressemblance avec une hirondelle. Lamarck a placé ce genre dans sa division des Gonchifères monomyaires où il fait partie de sa petite famille des Malléacées. Les Avicules vivent un peu dans toutes les mers ; on en Towe I. j XLIV*: Livraison, trouve dans Ja Méditerranée, dans l'Inde et à la Nourelle-Hollande; pourtant le:nombre de leurs espèces n'est pas très-considérable ; car on n’en compte qu’une vingtaineenviron, et Lamarck n’en. décrit que treize à l’état vivant. Voici leurs carac- tères génériques : coquille! inéquivalve, inéquila- térale, fragile, à base transversale, droite, ayant ses extrémités avancées et l’antérieure caudiforme: une échancrure ou un sinus à la valve gauche ; _charnière:linéaire unidentée, à dent cardinale de chaque valve sous les crochets ; facette du liga- ment marginale, étroite, en canal, non traversée pour le passage du byssus. Ces coquilles sont toutes marines, presque {oujours mutiques où non écailleuses en dehors: leur test cst générale ment mince, fragile et nacré en dedans. Les Avicules ont beaucoup d’analogie avec les Mar- teaux, parmi lesquels elles ont été long-temps con- fondues; cependant elles s’en distinguent non-seu- lement par leur forme générale, mais surtout par l'ouverture qui donne passage au byssus, et qui a lieu aux dépens de la valve gauche. La plus grande espèce connue a 178 millimètres de longueur (Avicula macroptera). Elle est figurée dans Knor. (Vergn., 6, tab. 2.) (Ducr..) AVOCETTE, Recurvirostra."(ois.) Genre d’oi- seaux échassiers longirostres facilement reconnais- sables à leur bec très-long et très-grêle , aplati en dessus et sans dentelures ; il esttrecourbé vers le haut et membraneux à sa pointe, qui est très-flexi- ble; particularités qui distinguent suffisamment les Avocettes de tous les autres oiseaux. Leurs pieds palmés presque jusqu’au bout des doigts. pourraient les faire rapprocher des oiseaux na- geurs; mais leurs tarses grêles et élevés , leurs jambes à moitié nues, Ja forme de leur bec et les habitudes qu’on leur connaît, ne permettent pas de les éloigner des bécasses ; ils ont les trois doigts antérieurs réunis, comme nous l'avons dit, par une membrane assez large ; leur pouce, libre et très-petit, n’atieint même pas le sol. Les ailes sont assez étendues, la première rémige dépasse les autres. Les A vocettes fréquentent les rivières limoneu- ses, les marais et les côtes de la mer; la confor- mation singulière de leur bec les force à chercher dans l’eau et dans la vase, les vers, les mollus- ques et autres petits animaux aquatiques. Elles, marchent à gué dans les eaux basses, ou bien se jettent à.la nage lorsqu'elles ne peuvent prendre pied. C’est ainsi qu’elles chassent, et s'emparent du frai des poissons. Ges oiseaux sont d’une dé- fiance extrême ; ils ne se laissent point approcher et ne se prennent à aucun piége , aussi est-il très- rare qu’on les possède vivans. La femelle fait un nid creux en terre, qu’elle tapisse de quelques brins d'herbe; elle y pond trois ou quatre œufs sur lesquels elle se pose en ployant ses longues jambes, Ce genre est aujourd'hui composé de quatre espèces; l'Europe n’en possède qu'une, l’Avo- cETTE, À. Avocelta, qui est de la grosseur d’un pigeon ordinaire; son plumage est varié de, noix 44 — à Fe AVOI AVOI ét de blanc; la tête, la partie postérieure du! cou , etles ailes presque entièrement, sont d’un: noir profond ;, tout le reste est blanc: Le bec est long de trois pouces et demi et de: couleur plombée ; celte espèce se trouve dans le nord de TEurope; en hiver les frimas la font émigrer, on la rencontré alors dans le midi de la France et même en Italie. On l’a aussi observée dans l’A- frique depuis l'Egypte jusqu'au Cap. Elle pond sur les côtes de l'Océan; ses œufs sont olivâtres, tachés de noirâtre ; les habitans de ces contrées les recherchent pour les manger et les préfèrent à ceux des vanneaux. Les espèces étrangères sont : L'AvoceTTe 15ABELLE, À. americana, qui habite TAmérique méridionale; l'A: à cou marron, R. rubricollis, qui vient de la Nouvelle-Hollande: on x confond quelquefois avec la précédente. L’A. omENTALE , R. orientalis de-Guvier, est la. qua- trième et dernière espèce; on la trouve sur les rivages del’Inde, sa taille est celke de l’Avocette d'Europe; elle est représentée dans notre Atlas, pl. 55, fig. 2. (Gervais. ) ANOINE, Avena. (8orT. pan.) Genre de la famille des Graminées, appartenant à la Triandrie digynie, et dont les nombreuses propriétés inté- ressent les cultivateurs, surtout ceux des régions septentrionales. On:a dit que l’Avoine était ori- ginaire de la Perse ét même de l'ile: découverte ar Jean Fernañdez en 1572 dans la mer du Chili : on à avancé une erreur et on la relrouve consignée dans tous les livres. Cette graminée est indigène au nord de l'Europe; les Celtes, les Scandinaves, les Gaulois et les Germains l’esti- maient leur mets par excellence; ils la mangeaient torréfiée ou réduite en gruau , préparée en bouil- lie, convertie en pain, en gâteaux, et ils la culti- vaient avec le plus grand soin. Les Romains l'ont recue de nos antiques aïecux; mais ils ne l’em- ployèrent qu’à la composition de leur fourrage artificiel appelé Fannaco (v. ce mot). Denos jours, son grain sert , en Allemagne, en Hollande , en Angleterre, à faire de la bière très-fine et fort dé- licate ; il est plus particulièrement réservé, dans toute l’Europe tempérée ; pour la nourriture des chevaux , de plusieurs autres mammifères et des oiseaux de basse-cour, quand il a perdu son eau de végétation. En Norwéyge et en [Islande , où l'Avoine est presque l’unique ressource des pauvres habi- tans, on prépare avec sa farine, unie à celle de l'orge et du seigle ; le falbrod , espèce de biscuit rond, fort large, très-mince, qui se conserve durant plusieurs années, Si l'on a la précaution de le tenir en un lieu sec. Quoique Davy ait annoncé l'existence du gluten ‘dans PAvoime, il m'est démontré qu’il ne s’y troufe pas. Ge grain contient de la fécule, du mucoso-sucré, une matière azotée dépourvue de toute élasticité, un principe amer qui agace chez quelques individus le canal alimentaire, et une huile grasse, jaune-verdâtre , cristallisant en grumeaux comme l huile d'olives: Les scories bour- souflées et semblables à celles des volcans, que l’on découvre parmi les cendres d’une meule d’Avoine 4 brûlée, prouvent que cette beaucoup de Srirce (voy, ce mot). graminée renferme L’Avoine multiplie jusqu’à vingt et vingt- cinq fois quand elle croît sur un bon fonds, sur an sa ble frais , dans un sol légèrement humide, souvent: labouré et bien amendé; elle redoute les terres arides et la sécheresse ; elle demande à être chat lée, à être semée dru en automne et plus clair aw printemps. Elle ne tarde pas à germér , ‘et si la température de l’année lui est favorable, elle monte rapidement et épis en juin. Rien de plus gai que sa tige verte et l’axe florifère qui la ter- mine agités par le vent le plus léger, ou lors- que le soleil fait briller le jaune doré de son chaume ctrend plus frappant le contraste de ses graines ellipsoïides d’un beau noir. Les racines stallent beaucoup et effritent singulièrement la terre. La fane' d’Avoine est recherchée par tous les animaux; elle les entretient dans un bon état et améliore sensiblement le lait des femelles ; | mais il faut la leur donner avec modération : comme le grain trop nouveau, la fane fraîche dé: termine des maladies graves; quand on la destine pour fourrage sec, on la coupe à l’époque où le grain est en lait, elle est alors préférable au foin ordinaire qui se récolte les grains étant mûrs et la tige dépouillée de tout principe sucré ; les bes- tiaux Ja mangent avec une sorte de sensualité. Les balles sont estimées pour le coucher ; surtout: pour celui des pelits enfans. Nous possédons plusicurs espèces excellentes : 1° PAVOINE COMMUNE, avec etsans barbes, À. sativa, que la culture a douée d’un bonnombre de variétés; leurs différences sont rarement dans les pro- priétés essentielles, mais seulement dans la gran- deur dirchaume, la disposition de la panicale, dans la présence ou l'absence des barbes, dans la taille, la couleur et le produit des grains; 9% l’Avorns NUE, À. nuda, espèce naturellement dépouillée de sa balle, portant des barbes tortillées, rapportant peu; grain pelit, nu, mais d'une hauté qualité pour faire du gruau propre à être converti en pain ; 5° l'AVOINE POMME DE TERRE, 4.) præcox, connue: en France depuis 1811; sa tige est bleuâtre, le: grain précoce, rond, blanc et court, donnant d'ordinaire vingt-néuf pour un et une farine abon- dante presque sans son; celte espèce est très- commune en Ecosse; 4° l’Avorne D'OnEnr, 4. oriental's, qui se distingue des précédentes par sa panicule contractée et unilatérale, par ses glames dont les nervures s’anastomosent , et par ses fleurs dépourvues de barbes. Parmiles autres espèces, je citerai seulement l'AVOINE FOLLE Où FOLLETTE, 4. fatua, une des! plantes Les plus nuisibles à l'abondance desrécoltes en blé; ses barbes sont très-longues, ses balles velues, ses graïns très-pelits et sans valeur ; sa panicule écartée fournit un bon hygromètre ; l'Avorne pxs Prés, 4, pratensis, espèce vivace qne l’on troûve dans les prés, dans les bois et qu'no: emploiesouvent pour des tapis de verdure; lAvoive BULBEUSE, /{. bulhbosa, remarquable seulement par les tubercules arrondis et blanchâtres que: AVOR 847 AXE portent ses racines. On a voulu les introduire dans nos Cuisines , mais la tentative n’a pas eu de succès. (T.». B.) AVOINE DES. CHIENS. Les habitans de la Guiane donnent vulgairement ce nom au-Paarus LAPPULACEUS. (v, Ce mot). us Clim.) AVORTEMENT. Expulsion d’un embryon on d’uu fœtus, avant l'époque de sa viabilité.’ Ce mot n’est pas absolument synonyme de fausse- couche, qui peut également s'appliquer à l'issue d’un faux germe ou d’une môle; il ne présente pas non plus la même idée que l'expression d’accou- chement prématuré , qu'on emploie à l'égard d’un fœtus avant terme, mais viable. L’Avortement est presque toujours spontané, il peut être provoqué, Parmi les causes qui le dé- terminent , les unes agissent sur la mère, les au- tres sur Je produit de la conception. “t Un. état de pléthore générale ou une faiblesse extrême; un relâchement des fibres de l'utérus après de nombreux accouchemens ou une rigidité considérable dé ‘cet organe ; une grande suscep- tibilité nerveuse; quelque vice de conformation ; les émotions vives; l'abus des plaisirs ; les travaux pénibles; les exercices violens; les maladies des voies digestives, de l’encéphale, de la poitrine lorsque la toux est fréquente;!les coups, les chà- tes sur le ventre, sur la région lombaire; limplan- tation du placenta à l’orifice de l'utérus, le vo- lume, extraordinaire des eaux; la rupture du cordon ; la présence de plusieurs fœtus, sont les causes les plus fréquentes de l’Avortement, On re- marque qu'il coïncide souvent avec une époque menstruelle , :eb que les femmes qui déjà ont éprouvé cet accident y sont plus disposées que d’autres. L'action violente de certains médicamens peut encore occasioner l’Avortement. Les médi- camens , quelquefois employés dans une intention coupable, ont rarement obtenu le résultat qu'on en espérait, et trop fréquemment ils ont compro- mi Ja santé de la mère ou mis ses jours en danger. Il en est de même des manœuvres coupables à l’aide desquelles on agit directement sur le fœtus et ses enveloppes : plus dangereuses encore, ces tentatives, souvent inutiles, peuvent être suivies de lésions profondes de l'utérus, d'hémorrhagies et de douleurs atroces. Quelle que soit, au reste, la cause qui le déter- mine, J’Avortement est précédé de signes qui laissent peu de doutes sur la nature de cet acci- dent , et qui doivent engager à mettre en usage tous les moyens propres à le prévenir : des frissons vagues , un mouvement {ébrile, l'élévation du pouls, la pesanteur générale, des douleurs de tête, des défaillances, la pâleur de la face, la lividité des paupières, la fétidité de l'haleine, la flaccidité des mamelles , la mollesse du ventre, la cessation des mouvemens du fœtus lorsque là grossesse est assez avancée, puis bientôt quelques gouttes de sang suivies d'un écoulement plus consi- dérable de cefluide, enfin des douleursutérines pré- cèdent ou accompagnentles symptômes plus positifs qu’il est possible de reconnaître parletoucher. Pour prévenir l'Avortement, äl faut en recher- cher la cause ; ainsi l'on doit diminuer. l’état de pléthore par une ou plusieurs saignées, un exer- ciceet un régime convenables ; remédier ; au con- traire , à l’état de faiblesse par'de légers toniques, une alimentation réparatrice; combattre la sus- ceplübilité nerveuse par les calmans, éviter des émotions vives, la fatigue. Ces indications , qui appartiennent , au reste, à la pratique et que nous devons à pee énoncer ici, varient en raison des dispositions du sujet et des circonstances qui ont amené ou qui accompagnent cet accident. Nous devons cependant dire que les moyens indiqués par l’art doivent être mis en usage alors même que le travail semble commencé; car il est arrivé que l'écoulement d’un liquide qu’on a pu prendre pour Jes eaux de l’amnios n’entrainait pas nécessaire- ment une parturilion précoce; on cite encore des exemples de l'expulsion d’un fœtus abortif, tandis que son jumeau continuait à se développer dans l'utérus Jusqu'au terme ordinaire :de l’acconche- ment. Si l’on n’a pu prévenir l’Avortement ; il. faut l’'abandonner à la nature, en se contentant de combattre les accidens qui pourraient en com- pliquer des suites ordinaires. Celles-ci sont, au reste, d'autant plus fâcheuses que la grossesse est plus avancée, que les causes qui-ont produit l'A- vortément sont plus graves et ont agi plus violem- ment sur la mère. Il est des pays-où les femmes parviennent, à l’aide de préparations particulières, à se faire avorter impunément : en Egypte, par exemple, les matrones font commerce de ces moyens abor-. tifs, et quelques uns de nos médecins sont parve- nus à se faire initier dans ces secrets du harem, u’ils se sont prademment gardés de publier : l'influence du climat, les mœurs, les habitudes peuvent au reste soustraire les femmes de ces contrées aux dangers que l’usage de ces prépara- tions ne manquerait pas d’entraînerailleurs. (P. G.) AVORTEMENT. (#or.) Lorsqu'une graine ou tout autre organe d’une plante n’atteint point un développement complet, on dit qu’il y a Avorte- ment. Cet accident peut dépendre de différentes causes , et presque toujours de causes extérieures: ainsi, qu'un insecte ronge le stigmate ou les an- thères d’une fleur, cette fleur ne pourra plus produire de semences fécondes ; que les brouil- lards, que les pluies abondantes imprègnent le pollen des anthères, les petits globules destinés à se porter sur le stigmate du pistil resteront collés ensemble, et, les embryons n'étant point fécondés, il s’ensuivra un véritable Avortement. (P:G.) : AXE (anar.), d’un mot grec qui signifie pivot. Mot employé en anatomie pour désigner une ligne droite qui passe par le centre d’une partie ou: d’une cavité, en suivant la direction principale de cette partie ou de cette cavité. Ainsi l’on dit l'axe de l'œil pour indiquer une ligne qui est censée traver- ser l'œil depuis le centre de la cornée jusqu’au centre de la sclérotique : c’est celte ligne prolon- gée en avant qu’on appelle Axe visuel. AXIL 348 AXIN RU GS t_ On désigne souvent encore sous le nom d’Axe cérébro-spinal la portion centrale du système ner- veux de la vie animale. Cetté portion comprend essentiellement le cerveau, le cervelet et la moelle tpiière ; elle est logée dans une gaîne osseuse formée par le crâne et la colonne vertébrale. Les recherches anatomiques récentes dont cet ap- pareil est devenu l’objet trouveront leur place au mot ENCÉPHALE. (P. G.) AXE. (Puysio.) Ligne droite qui s’étend d’un point de la circonférence d’une sphère à un autre, en passant par le centre. En optique, on ap- pelle Axe une certaine direction autour de la- quelle les phénomènes lumineux se passent de la même manière , de tous les côtés, dans les cristaux où les lois de la double réfraction sont réduites à leur plus grande simplicité. (P. G.:) AXE. (Bor.) Ge terme a plusieurs significations : il sert à indiquer la partie centrale d'un corps ; c'est dans ce sens que l’on dit Axe du fruit, de la fleur. L’Axe du fruit peut être fictif ou matériel : dans ce dernier cas 1l forme une sorte de petite colonne à laquelle on donne le nom de columelle ; dans l’autre sens, c’est la ligue fictive quitraverse le fruit, de la base au sommet, en passant par le milieu. On désigne par Axe d’un épi ou d’une grappe la partie centrale à laquelle sont attachées les fleurs ou les ramifications portant des fleurs. (P. G.) AXIA. (80T. Pnan. )Arbrisseau dela Cochinchine, Triandrie monogynie L., dont la tige noueuse et rameuse n’a guère que deux pieds de hauteur ; les feuilles sont opposées et inégales ; Les fleurs peties et disposées en grappes terminales; involucre à trois folioles courtes, inégales et caduques ; calice monosépale, campanulé, dont le limbe se découpe en dix lobes arrondis et égaux; trois étamines à filets menus , aussi longs que le calice, à anthères didymes ; ovaire infère, surmonté d’un style fili- forme, aussi long que les étamines, et terminé par ‘un sligmate légèrement renflé; fruit à surface ‘sillonnée et velue , pseudosperme. Cette plante se rapproche des Dipsacées ou des, Nyctaginées : des premières si le calice est supère, des secondes s’il st infère, ce qu'ont négligé de vérifier les obser- vateurs de cette plante encore peu connue. AXILE. (nor. ) Qui forme l'axe. AXILÉ. (mor. ) Qui est pourvu d’un axe. , AXILLAIRE. (Bor.)On désigne ainsi un rameau, une feuille, une stipule, une fleur, une épine, etc., qui naissent au point où deux branches se bifur- quent, ou au point d'insertion d’une feuille à la tige ou rameau qui la porte. Les vrilles de la passi- flore sont axillaires. (P. G.) AXILLAIRE. (anar.) Qui a rapport à l'aisselle ou qui en fait partie. Arière axillaire. Elle suit le trajet d’une gout- tière formée en dedans par les parois du thorax et le muscle grand dentelé,en dehors par l’omoplate, l'articulation scapulo-humérale que garnit le muscle sous-scapulaire,lapartie supérieure de la face interne de l'humérus.et le muscle coraco-brachial. Dans son trajet oblique, attachée en haut à la poitrine d’où elle sort , elle serapproche de plus en plus du bras, dont elle fait partie. La veine Axillaire est formée: par la réu- nion de la plupart des veines du bras, ou placée en avant et au dedans de l'artère du même nom. Nerf axillaire ou circonflexe, fourni par le plexus brachial ; il descend au devant du muscle sous-scapulaire, s'enfonce entre le grandet le petit rond et se contourne en dehors et en arrière pour gagner le bord du deltoïde. Ses rameaux se distri- buent aux divers muscles que nous venons de nommer. | Glandes axillaires. C’est à ces glandes , situées dans le creux de l’aisselle , que viennent aboutir les vaisseaux absorbans du membre supérieur. Elles s’engorgent assez facilement, surtout lorsqu'un point inflammatoire se développe à l’un des doigts ou sur l'étendue de l’avant-bras ou du bras. : tP2G:) AXINITE. (wx.) Ce nom, qui dérive d’un mot grec qui signifie hache, a été donné à un silicate d’alumine et de chaux qui se présente sous forme de substance vitreuseen cristaux à bords tranchans comme un fer de hache. Ces cristaux, assez variés dans leurs décroissemens, puisque Haüy en a décrit dix variétés de formes , dérivent d’un prisme oblique à base de parallélogramme obli- quangle. L’Axinite est assez dure pour rayer le feldspath et le verre ; elle étincelle sous le briquet en répan- dant la même odeur que la pierre à fusil, sa cas- sure est écailleuse et raboteuse. Elle est inatta- quable par les acides, et fusible au chalumeau en un émail sombre ou grisâtre. Enfin l’analyse chi- mique démontre qu’elle est composée d'environ 45 parties de silice, 18 à 19 d’alumine, 12 à 14 d’oxide fer, de 4 à 9 d'oxide de manganèse, et de 1 ou 2 parties d'acide borique. L’'Axinite se trouve dans les roches de formation granitique. Elle est très-commune en France et dans les montagnes du département de l'Isère. On la rencontre aussi quelquefois dans les terrains dits de transition. Cette subtance n’est point recherchée dans la bijouterie, bien qu’on ait quelquefois employé les variétés transparentes pour remplacer le grenat appelé hyacinthe. (J.H) 5 AXINURE, Axinuürus. (roiss.)M. Cuvier a donné ce nom à un petit genre de Ja famille des Theutyes. Les principales différences qu'il présente avec ce- lui des Nasons , dont ilest le plus voisin, consistent dans la forme plus allongée du corps, dans l’ab- sence complète de loupe ou de corne surle front, ainsi que dans la pelitesse de la bouche, dont les mâchoires sont munies de dents très-grêles et nul- lement coniques. Les Axinures ont de chaque côté de la queue une seule lame osseuse, carrée et tranchante. Comme. celle des Nasons, leur membrane branchiostége est soutenue par quatre rayons, et comme ces poissons aussi, ils n'ont que trois rayons mous aux yentrales. , \ve \ve 2 Azedarach AXOL On ne connaît jusqu’à présent qu’une seule es- pèce d’Axinure, l'AxINURE THYNNOIDE , Axinurus thynnoides, Guy. On en doit la découverte à MM. Quoy et Gaimard, qui le rapportèrent de la Nouvelle-Guinée. (G. B.) AXIS. (anarT.) On nomme ainsi la seconde ver- -tèbre du cou, parce qu’elle est comme le pivot sur lequel tourne la tête, M. Chaussier l'appelle axoïde. On peut facilement la distinguer des autres ver- tèbres du cou par le volume de l’apophyse épi- neuse; par la forme particulière des apophyses transverses, qui sont très-courtes, et ne sont ni creusées supérieurement, ni bifurquées à leur som met; par le trou dont elles sont percées à leur base “et qui est dirigé obliquement en haut et en dehors; -enfin par une éminence allongée qui surmonte le corps et qu'on appelle apophyse odontoide : c’est cette apophyse qui sert d’axe ou de pivot aux mouvemens de rotation de la tête. (Foy. Vertt- BRE.) (P. G.) AXIS. (mamm.) Voy. GErr. AXOLOTL. (nerr.) Les Mexicains donnent ce nom et celui d Acolocatl à un reptile batracien ‘qui, par sa forme extérieure, ressemble tant à une larve de triton ou de salamandre au moment où elle va passer à son état parfait, qu’on l’a long- temps regardé comme un individu au premier âge de quelque espèce de ces genres, de la grande salamandre des monts Alleghanys par exemple; ‘mais des observations suivies et des recherches anatomiques ultérieures ont fait voir que la dis- position organique de l’Axolotl, momentanée seu- lement chez les tritons, reste constante chez lui, et que cet animal ne perd à aucun temps de sa vie ses branchies en panaches libres, flottans sur les cotés du cou, ni sa queue ensiforme, comprimée en aviron et surmontée, en dessous comme en dessus, d’une membrane natatoire continue, qui se pro- longe en forme de petite crête le long du rachis, jusque vers l’origine des membres antérieurs. L'Axolot] paraît se reproduire, comme les tritons et les salamandres, au moyen d’un accouplement à tergo, et par simple aspersion à l'extérieur ‘d’une part, et de l’autre par absorption de la li- queur séminale sans intus-susception. La durée de la gestation est probablement soumise ici aux mêmes conditions que chez tous les Urodèles ; on dit que J’Axolotl pond des œufs isolés à enve- loppes membraneuses demi-transparentes comme les iritons; mais d’autres auteurs prétendent que, comme les salamandres, il fait des petits vivans, pourvus de quatre pieds courts, mais entièrement développés au moment de la naissance ; les anté- rieurs munis de quatre doigts, les postérieurs de cinq, tous presque entièrement libres ct dé- pourvus d'ongles. Au volume près, chacune des parties apparentes de l’Axolo!l a, dès cette éfêque, la forme et la disposition qu’elle conservera toujours. La tête est grande, déprimée, arrondie en avant, la bouche fortement fendue, la langue vourte, peu préhensible ét peu extensible, li- bre séulement en avant, et nullement protractile comme celle des Batraciens anoures ; aussi l’Axo- - 549 { lotl saisit-il sa proie en la happant comme font les AYE tritons. De petites dents simples, nombreuses , garnissent les deux mâchoires ; on en trouve aussi une rangée disposée en fer à cheval à la voûte du palais. Les yeux, dépourvus de paupières, sont pe- tits, placés près de l'extrémité du museau, non loin de l'ouverture des narines ; l’ouverture du cloaque est longitudinale comme chez tous les Uro- dèles ; la peau mince est partout recouverte d’une quantité infinie de petites granulations mucipares, et l’épiderme est peu consistant, L’Axolotl ‘est d’une couleur grise ardoisée , parfois brunûître, un peu plus foncée en dessus; partout il est par- semé de petites macules noirâtres, irrégulièrement arrondies et disséminécs ; dans Jeurs intervalles, on voit une multitude de petits points blancs pres- que imperceptibles au premier coup d’œil.L’Axolotl parvient à vingt ou vingt-cinq centimètres de lon- gueur , la queue en prend à peu près la moitié ; la tête peut avoir deux à trois centimètres au niveau des angles des mâchoires. L’Axolotl se trouve en société dans les lacs des plus hautes montagnes du Mexique, à plusieurs milliers de pieds au dessus du niveau de la mer; il ne paraît pas quitter l’eau, et ses habitudes sont à peu près celles des tritons; comme eux il paraît pouvoir supporter impunément un abaissement assez fort de température; les habitans l'emploient parfois comme aliment. On ne connaît encore qu'une seule espèce d’Axolotl; c’est celle que Hernandez a fait connaître sous les noms de Gyrinus edulis, Lusus aquarum, Piscis ludicrus, et Qui depuis a été décrite, sont ceux de Gyrinus mextcanus, Proteus mexicanus, Syren pisciformis, etc. L'on a dans les derniers temps proposé de remplacer, dans la science, le nom vulgaire d’Axolotl par celui de Siredon ou de Phyllhydrus. (T. C.) AXONGE. (cum.) Ge mot, dérivé du grec, si- gnifie graisse pour les essieux. On l'emploie ordinai- rement à désignerla graisse de porc. Cette graisse est molle, incolore, inodore lorsqu'elle est solide ; d’une odeur désagréable si on Ja fait fondre dans l’eau bouillante ; d’une saveur fade et fondant à 270°. Cent parties d'alcool bouillant en disolvent 1,80. Traitée par les bases salifiables, cent parties de cette graisse ont fourni 94,7 de matière savon- neuse; 5,3 de matière soluble; quelquestraces d’une huile volatile et d’une substance orangéc. On l’em- ploie comme aliment ; on en fait usage dans la cor- roierie, la hongroierie; elle sert à graisser les roues des voitures, elle entre dans la préparation de plu- sieurs onguens, dans celle de pommades cosmé- tiques. CPAS) AYE-AYE, Cheiromys. (Mau. } Parmi les nombreuses espèces que le célèbre voyageur Son- nerat a rapportées de ses voyages, les Aÿes-Ayes, à cause de leur singulière conformation, fixèrent plus particulièrement l'attention des zoologistes. Les Ayes-Ayes forment un de ces groupes qui, sans appartenir proprement à une famille, sem - blent intermédiaires entre plusieurs ; placés d’a- bord dans l’ordre des Rongeurs, el comme espèce du genre Écureuil, et comme genre particulier, AYE 3 sous les noms divers de Cheirom) s et Daubentonia, ils ont été rapprochés ensuite des Quadrumanes, avec lesquels ils offrent en effet le plus de ressem- blances, et forment aujourd'hui, dans la famille des Quadrumanes lémuriens, le genre Cheiro- mys , Voisin des Tarsiers et des Galagos. Les caractères de ce genre sont, savoir: cinq doigts à chaque extrémité, le doigt médian des antérieures irès-long et très-grêle; un pouce opposable aux membres postérieurs; une queue très-longue et deux mamelles inguina'es; quant aux dents, en voici la formule : 18, + mol., ? incis., c’est-à- dire 18 dents ainsi réparties : quatre molaires à la mâchoire supérieure , trois à l’inférieure , et deux incisives à Chaque share ; M. Geoffroy ne celles-ci comme de véritables canines, qui, à cause de l’absence des vraies incisives, se sont rap- prochées et dirigées en ayant. On ne- connait qu une seule espèce, dans le genre Cheiromys, c'est l’Axs- AYE MADÉGASSE 4 Ch. madagascartensis. Get animal n’est pas moins remarquable par, la disposition de ses dents, que par celle de ses autres organes. Ses picds de derrière, à cause de leur pouce > opposable, consli- tuent une véritable main, analogue à celle de l'homme et des singes ; ce pouce “ee très-court et garni d’un ongle plat. ré doigts sont allongés et égaux en grosseur, s membres Haye es ont leur pouce médiocre et libre , mais non opposable , de telle sorte qu’on leur donnerait à tort le nom de mains; les autres doigts sont très- allongés, surlout le médian, qui est exclusive- ment grêle ; l'index est entièrement nu. La queue est aussi longue que le corps, et garnie de poils grands , he ct cassans, rangés de telle fa- çon qu’elle paraît aplatie. La téte est de grandeur médiocre, et assez semblable à celle des écureuils, mais un peu moins allongée et plus arrondie; À museau qui la termine st court ct peu pointu, les narines sont ouvertes en dessous. La lèvre su- périeure, dirigée en bas, dépasse l’inférieure, qui est très-courte ; les yeux sont roussâtres , saillans, et fixes comme ceux des hibous ; aussi.ne voient- ils le jour qu'avec peine. Cet animal est paresseux et sans défense; il vit sous terre et se nourrit de vers, qu'il retire des trous des arbres au moyen des longs doigts de ses membres antérieurs. Sonnerat rapporte qu'il a nourri deux jeunes Ayes-Ayes, mâle et femelle ; ils n’ont vécu que deux mois. «Je les nourrissais , dit-il (Voyage aux Indes , t. IT, pag. 188), de riz cuit , et ils se ser- vaient, pour le manger, des doigts grêles des pieds de devant, comme les Chinois se servent de leurs baguettes. Ils étaient toujours assoupis, se cou- chant la têle placée entre leurs jambes de devant ; ce n’était qu'en les secouant plusieurs fois qu'on paryenait à les faire remuer. » L’Aye-A ye a été rapporté de la côte occidentale de Madagascar; le nom qu'ilporte est le cri d’éton- nement des habilans de l'ile, lorsqu'ils virent cet animal. Il y est très-rare, et les peuplades de la côle occidentale assurèrent à Sonnerat, qui le leur RS, ee bo AZOL fit connaître, ainsi qu'à l'Europe, que jamais ils ne l avaient vu dans leur pays. On ne possède en Europe qu’un seul individu de cette espèce ; il est conservé comme un objet des plus curieux dans la riche collection du Muséum de Paris. Les figures qui en ont été données sont toutes plus ou moins faibles; celle du Voyage de Sonne- rat et celle de l'Encyclopédie sant inexactes, Une autre , assez médiocre encore, existe dans le numéro 28° de la Décade philosophique. Celle qui a été peinte par Maréchal, et que l’on peut voir parmi les beaux vélins du Muséum, est sans con- tredit la meilleure; on en trouvera une copie à la planche. 56, fig. 1, de ce Dictionnaire. (Gervais.) AZALÉE , Azalea. (mor. PHAx.) Arbrisseaux ou sous-arbrisseaux de la famille des Rhodoracées,, à fleurs solitaires à l’aisselle de feuilles alternes , et assez voisins des chèvrefeuilles et. des rosages par leur aspect et leur odeur agréable: On les carac- térise par un calice et une corolle à 5 divisions inégales , cinq étamines, un style, une capsule à cinq loges. On connaît six'ou septespèces d’Azalca; celle que nous citerons la première , (Azalea procumbens), parce qu'elle croit en France , s'éloigne assez du genre, par la régularité de sa fleur, pour que M. Desvaux l'en ait séparée sous le nom de Loise- leuria ; c’est du reste un petit buisson peu apparent. Les ÆAzalea d'Amérique sont celles qui ornent nos jardins de leurs nombreuses variétés ; dans l’une, 4, nudiflora, les fleurs sont terminales , et varient durouge au blanc; dans l’autre, 4. viscosa, elles sont visqueuses, accompagnées de feuilles, et ordinairement blanches. Une Azalte du Japon est citée par Kæmpfer comme une des plus belles du genre. Enfin nous devons nommer l’4, pontica, dé- crite par notre Tournefort, qui l'avait observée dans l'Asie mineure ;.elle s'élève à six ou sept pieds; ses fleurs sont jaunâtres et d’une odeur pénétrante. Le miel que les abeilles y butinent cause, dit-on, des nausées et des vertiges; on a présumé que celle Azalea était l'Ægoletron des anciens, dont Pline raconte la même particularité ; ; nous ferons seulement observer que l’auteur latin parle d’une herbe, ce qui se rapporterait diflicilement à l’ar- brisseau en question. (L.) AZÉDARACH. (mor. prax.) Nous parlerons de cet arbuste des Indes au mot Mézra. On ne voit un rameau figuré dansnotre pl. 36; fig. 2. (T. D. B.) AZOLLE., (mor. crxrr.) Marsiléacées. Des dit- férentes espèces de plantes qui appartiennent au genre Azolle, une seule a été décrite par Lamarck- dans son Ency clopédie méthodique ; c’est l’Æzolla filiculoïdes ; les autres demandent à être étudiées de nouveau, car il est probable qu'on en a con- fondu plusieurs. Wildenow , Rob. Brown se sont occupés de l'étude de Azolla filiculoïdes : mais c’est au dernier, dans ses Remarques sur la botanique des terres australes, que nous devons la connais- sance exacte de la structure de cetteespèce. Toute- fois, disons qu’il reste beaucoup à désirer sur les fonctions des divers organes, 1 Babiroussa Luc di 2 x 1 : æ 27. bacriliariees LE 7 a" ————————————————_—————……— .—_ ___———" — — “__]————— ——————————————" — ——— + BABI 351 BABI ———————— —— Les Azolles flottént sur les eaux stagnanies , forment de pelites rôséttes , à rameaux raÿonnans, à feuilles arrondies, imbriquées plus où moins éxactement sur la tige, ete. CS) AZOÔTE. (cmim.) L'Azote est un corps simple ui tire son nom de deux mots grecs qui signifient privatif de la vie, que les ancièns regardaient comme de l'air vicié ou gâté, ét qui existe dans la näture À l'état solide , liquide ou gazeux. Lavoisier, qui en fit la découverte en 1775, lui donna le nom de mofette atmosphérique; plus tard om l'ap- pela sépton, gaz méplitique, gaz nitrogène , alca- digene , etc. Pari les chimistes aui se sont occupés de l’é- tude de l'Azote, nous devons citer Bertholet, Fourcroyÿ, Gavendish, Davy, etc. Le premier de cés savans illustres reconnut ce corps parmi les principes conslituans des matières animales, de l'ammoniaque etde l’acidehydrocyanique, etc. Le gaz Azote est incolore, ordinairement ino- dore et insipide ; impropre à la combustion et à la respiration (de là son nom), inaltérable à la cha- leur, sans action sur l'oxygène, plus léger que l'air; étc. On l’obtient, en grand, en traitant Ja chair musculaire par l'acide nitrique et la chaleur; én petit, en brûlant du phosphore sousune cloche plemé- d'air et entourée d’eau. Dans cette opéra- tion, le phosphore brûle aux dépens de l'oxygène de l'air, et l'Azote mis à nu, est lavé pour enlever la petite quantité d'acide carbonique et d'acide phosphorique formé. Le dE 0) AZUR DE CUIVRE. (min.) Carbonate bleu de ce métal, auquel on donne le nom d’Azurite. (Foy. Cuivre. ) (3. H.) AZUR (vrxmre p’). (mw.) Nom que l’on à donné à plusieurs espèces minérales, principale- ment au Lazulite ou Lapis-Lazuli. (Voy. Putek,) CURE ) AZURITE, (n.) Ce nom 2 été donné à la fois au carbonate bleu de cuivre ‘et au phosphate bleu d’alumine. Nous le réservons, à l'exemple de M. Bendant, pour désigner la première de ces combinaisons naturelles ; quant à laseconde, elle’ sera décrite au mot KLAPnornine. (J. H.) AZYGOS.(axar.) D'un mot grec qui veut dire impair. On a donné ce hom à un muscle et À une veine. Le muscle Azygos est placé dans l'épaisseur du voile du palais; il ÿ forme une pelite colonne qui s'étend depuis Paponévrose commune aux pérista= phylins externes jusqu’au sommet de la luette. II a pour usage d'élever la Juette et de la raccourcir, La veine Azyÿgos est située dans la poitrine, contre l’épine du dos; elle aboutit supérieuremént à la veinecave, tout près de son entrée dans l’oreil- Jette du cœur, et y porte le sang qui arrive de la plupart des côtes, d’une grande portion de la plè- vre et d’autres parties intérieures. de la poitrine. Son extrémité inférieure communique avec la veine cave inférieure, soit directement, soit par l’inter- médiaire des veines rénales ou de quelque autre veine voisine. La veine Azygos paraît avoir pour usage de faciliter le cours du sang, parce que, dans tout l'intervalle auquel elle répond, la veine cave est cachée dans le foie, et que les petites veines des environs auraient ew de la peine à y arriver immédiatement. Quelquelois cétte veineest double. (P. G.) B. BABAN. (4en.) Les cultivateurs d’oliviers, de- puis la côte de Gênes jusqu'à l’ancien port de Cette, département de l'Hérault, désignent, sous ce nom trivial, la larve de la chenille mineuse qui, altaque particulièrement les bourgeons naissans et détruit les jeunes pousses de l'olivier. Ses rava- ges sont tels, en certaines années, que pour Ÿ mettre un terme, il faut recourir à la taille et couper tout ce qui dénonce la présence de l'in- secle. Quelques entomologistes ont dit à tort que le Baban était le Thrips noir. (Ÿ’oy. Tunis.) j T. ». B.) BABINGTONITE. ( min. ) Le minéralogisté Levy a proposé de donner ce nom à une subs- tance d’un vert noirâtre, cristallisant én prisme rhomboïdal oblique et disséminéc dans des cris- taux d’albite, à Arendal en Norwége. Elle est com- osée de silice, d’oxides de fer et de manganèse, de chaux et d’un peu d’acide titanique. (J, H.) BABIROUSSA , Babiroussa. (mau.) M. Frédé- ric Cuvier a démembré du genre Sus ou San- glier le genre Babiroussa, dont on ne connaît w’une seule espèce, "Les Babiroussas diffèrent des véritables sus par leur système dentaire. Ils ont quatre incisives en haut et six en bas, et, douze molaires à chaque mâchoires <, plus quatre canines, au total trente- huit. Un des principaux caractères de ce genre est d’avoir , à la mâchoire supérieure , l’alvéole de la canine dirigée en haut, et la dent, qui se développe outre mesure, se dirigeant en haut et se recour- bant en arrière sur elle-même; les canines de la mâchoire inférieure sont remarquables par la longueur de leur racine; quand l’animal acquiert un certain âge, elles forment des défenses. Le Babiroussa se fait remarquer par ses for- mes trapues et son museau très-allongé, Les oreilles sont petites, pointues ct dirigées en arrière. La peau, dure et épaisse, forme des plis dans plu- sieurs endroits du corps, ce qui donne aux Babi- roussas quelque ressemblanceavec les Rhinocéros, .dont ils ont aussi le port. La queue est grêle, non tortillée. et garnie d’un bouquet de poils à son extrémité. Les canines supérieures, que les an- ciens avaient prises pour de vraies cornes (d’où le nom de Cochons-Cerfs, sous lequel ils dési- gnaient les Babiroussas ) , percent la pean du mu- seau et se recourbent en arrière, pour s’enfoncer quelquefois dans les chairs du front, après avoir décrit un arc de plusieurs pouces d’élévation ; a ————— “mm BACA 352 BACI pm celles de la femelle sont très-courtes et ne font seulement que percer la peau. Les Babiroussas nagent très-bien; ils habitent l'intérieur des forêts marécageuses des îles de l'archipelIndien. Dans les Moluques on les trouve à l’état sauvage. Célèbe est une des fles qui en contiennent le plus; en domesticité, leur ca- ractère est inquiet et farouche; ils mangent de tout comme les cochons, mais préfèrent le maïs. «LesRayas, disent MM. Quoy et Gaimard , en font grand cas comme objet de curiosité, et ils les nourrissent pour en faire des cadeaux. Nous esti- mons que les nôtres avaient dans le pays même la valeur de 3,000 francs. » Les deux individus qu’ils ont rapportés vivans à la ménagerie, y existaient encore il y a quelque temps ; ils y ont même produit. Cette espèce paraît avoir été connue des anciens ; tous les auteurs, depuis Pline jusqu’à Buffon, l’ont décrite et souvent même figurée; mais tous sont tombés dans des erreurs plus ou moins graves: il était réservé à MM. Quoyet Gaimard (Zool. Astro- labe), de nous faire connaître le Babiroussa dans ses différences de sexe.et d'âge: les pl. 22 et 23 de leur Atlas lui ont été consacrées. Nous avons reproduit la figure d’un mâle dans notre Atlas, pl. 37 fig. 1. (GEnvais.) x BABOUIN, Simia Cynocephalus, L. (uam.) C'est anc espèce de singe africain du genre Cynocepha- lus, reconnaissable à la couleur jaune- verdâtre uniforme des parties supérieures de son corps, plus pâle inférieurement. La touffe de poils qui se trouve de chaque côté des mâchoires-y forme de larges favoris blanchâtres. Le museau est de cou- leur de chair livide ; la queue, relevée à son ori- gine, se reploie bientôt et descend jusqu’au jarret ; le museau est moins saillant chez les jeu- nes individus; les fesses, au lieu d’être rouges comme chez l'adulte, sont de couleur tannée. Cette espèce a été souvent confondue avec le Pa- pion, 5. Sphinx , L., qui est d’un jaune plus foncé; les favoris de celui-ci sont fauves au lieu d’être blancs ; son visage est noir, sa queuc plus longue que chez le précédent. Ces deux espèces se font remarquer par leur Jubricité dégoûtante. La fig. 1, pl. 38, de notre Atlas, représente le vrai Babouin. Il est aussi très-bien figuré dans Je Traité élémentaire d'histoire naturelle de MM. Martin Saint-Ange et Guérin, 2° livraison. AE __ (GErvais.) BACAR,BACCARet BACCARIS. (2oT. PHAN.) Le végétal auquel les anciens Grecs et les Latins donnaient ces trois noms, cest une plante fort commune, aux feuilles vertes, semblables à celles du licrre, et que l’on recherchait pour les tresser en couronnes. Tous les commentateurs de Théo- phraste et de Dioscoride ont reconnu qu'il s’agis- sait d’un Asaret; il ne leur a manqué que d’en désigner l'espèce. : Cette espèce cst positivement V’Asaret à feuillesrondes, Æsarum rotundifolium , * L., dont les racines tracent sur le sol, ct dont les tiges sarmenteuses couvrent les déclivités de toutes les montagnes de l'Europe méridionale. Sprengel avance donc sans raisonque le Bacearis d’Hippo- | crate et du pharmacope d’Anazarbe, est le Gna- phale sanguin, Gnaphalium sanguineum ; Fée pré- tend donc sans preuve aucune y voir la Digitale pourprée, Digitalis purpurea, qu’on ne trouve point en Grèce ni dans l'Italie méridionale : jamais le poète de Mantoue ne put l'appeler Baccar, puis- que cette personnée est lellement rare dans son pays qu'elle n’a été rencontrée que deux fois de- puis le XVIII: siècle au Monte-Baldo, point cul. minant de l'extrême frontière de l'Italie septen- trionale, Quand on veut écrire sur les plantes des anciens , il faut d’abord explorer les pays qu'ils habitaient, et les interroger , non dans les livres, mais sur le sol même, (T. ». B.) BACILE, Crithmun. (RoT. pan.) Plante vivace, à racine charnue, fusiforme , longue et pivotante, s’accommodant de peu de terre et s’insinuant dans les fentes des rochers, dans les crevasses des vieux murs, ce qui la fait appeler vulgairement perce-pierre ; elle se plait surtout au voisinage de la mer, d’où lui est venu son nom botanique, C. marilimum. On la cultive dans quelques jar- dins; elle demande à y être semée sur un sol léger, un peu humide, abritée en été, couverte de litière pendant l'hiver. La Bacile appartient à la famille des Ombellifères et à la Pentandrie digynie ; sa tige s'élève au plus à seize centimètres, elle est cannelée, rameuse, chargée de feuilles épaisses profondément découpées, de folioles Jancéolées et de fleurs blanchâtres, auxquelles succèdent de petites graines vertes, légèrement odorantes. Dans-diverses localités des bords de la Méditerranée, on cueille les feuilles avant leurentier développement, on les saupoudre de sel et de poivre, puis on les jette dans le vinaigre ; ainsi confites, on les sert sur la table, ellesentrent dans tous les assaisonnemens et les salades, On les mange aussi fraîches : celles venues dans nos jardins sont loin de pouvoir leur être comparées. (.T.»: B.) BACILLAIRE. (zoo1. sor.) Genre que Mul- ler a rangé parmi les Vibrions, et que M. Bory de Saint-Vincent a long-temps hésité à confondre avec les Arthrodiées, mais dont il a fait le type d’une petite famille. Ce savant naturaliste assigne au genre Bacillaire les caractères suivans : ani- malcules microscopiques, dont le corps linéaire, simple, cylindrique et égal dans toute sa longueur, s'adapte, dans les espèces sociales, à celui de l’in- dividu voisin, soit dans toute sa longueur , soit par l’une de ses extrémités seulement, de manière à présenter dans Jeur réunion une figure carrée, une longue ligne articulée ou diversement brisée, enfin tout autre disposition intermédiaire. Une seule espèce de ce genre, qui en comprend un grand nombre, à été observée par Muller, et re- trouvée par M. Bory de Saint-Vincent, sur l'U{va lalissima des rives de Danemarck ou sur d’autres hydrophytes de l’ile de Sud-Bewclan en Zélande, BACILLAIRE PARADOXALE. V’ibrion porte-pièce de Muller : cette production singulière ne peut être observée qu'à l'aide d’une lentille d’une Jigne de foyer c TRE" us à TX 7 z ES ANT NK 2 Babouim ÿ 2. Bacculite. EE. Gucrm dr . - rt BACI foyer, et jusqu'ici on n’a point aperçu d'individus séparés de leur série et se livrant isolément aux mouvemens par lesquels ils allongent, raccour- cissent ou chaugent les figures qu'ils forment en commun. La Bacillaire commune est l'espèce qu’on rencontre le plus fréquemment ‘dans les eaux douces des environs de Paris. (P. G.) BACILLAIRE (mn.), de Bacillus, expres- sion dont on se sert pour indiquer la disposition en prismes très-allongés et striés , en forme de ba- guettes , qu’affectent souvent certaines substances minérales, telles que le plomb carbonaté, le uartz, l'amphibole, l’épidote, etc. (Tr. V.) BACILLARIÉES. (1xs.) Le nom de M. Bory de Saint- Vincent vient toujours se placer en pre- mière ligne lorsqu'il est nécessaire de rappeler les recherches entreprises sur ces êtres que leur animalité douteuse a fait reléguer jusqu'ici aux confins du règne animal et du règne végétal. Ce savant est encore le guide le plus sûr, et ses tra- vaux présentent ce qu'il y a de plus complet sur un sujet aussi obscur. En proposant l'établissement de la famille des Bacillariées dans les dernières limites du règne animal, M. Bory de Saint -Vin- cent n’a point oublié que la plupart de celles-ci avaient de grands rapports d'apparence avec la pre- mière division des ARTHRODIÉES (v. ce mot); mais il a pensé qu'un plus grand développement de vie animale légitimait assez la distinction qu'il récla- mait. Il fait, au reste, consister leurs caractères dans leur corps 4ransparent, raide, privé de mouvement anguin, mais nageant et agissant par balancement et par glissement. Ce corps, ajoute - t-il, est cylindrique ou comprimé sur un seul côté ou sur les deux, égal ou aminci aux extrémités, linéaire, cunéiforme, aigu, tronqué ou obtus, en général marqué de points globuleux ou de teintes jaunâtres. Enfin il a rangé sous deux ordres les genres qui composent cette famille. Dans le premier qu’il indique ainsi : corps de chaque individu par faite- ment simple, 1 comprend quatre genres ; les deux premiers vivant souvent en société , les deux autres vivant toujours isolés ; les deux premiers sont : La Bacvaime, Vibrio prexillifer, de Muller, au corps cylindrique , linéaire, égal dans toute sa longueur, adapté à celui de l’individu voisin, soit dans cette longueur , soit par l’une des extré- mités (voy. pl. 37, fig. 2h09); l'Écmwezze, dont les caractères consistent dans un corps cunéi- forme, transparent, nageant isolément, ou se collant à d’autres individus de manière à paraître doubles, triples ou en forme d’éventail, se fixant enfin par l’une de leurs extrémités sur quel- ques corps étrangers, sur des conferves , lorsque l'animal ne nageant plus devient immobile. L'Echinella cuneata (pl. 37, fig, 25) est le type de ce genre; les deux derniers genres sont la Navicue (pl. 37, fig. 10 à 16), ainsi nommée parce que son corps ressemble à une navette de tisserand. Ce corps est linéaire, comprimé au moins d’un côté et aminci aux deux extrémités ; et Ja Lunuune (pl. 537, fig. 17 à 23), qui em- Tome [. 353 BACU prunte son nom de la forme de son corps , courbé en croissant; moins agiles que les précédens, peut- être à cause de leur courbure, ces animalcules sont simples, amincis aux extrémités. Quelques unes des espèces de ce genre sont de couleur verte. Dans le 2° ordre, le corps de chaque animalcule est conique et porté sur un stipe simple ou rameux dont ilse détache parfois. Gette section ne comprend jus- w’ici qu'un seul genre, la SrxLLaine (pl. 27,fig. 24), à laquelle M. Bory de St-Vincent assigne les carac- tères suivans : stipe translucide , inarticulé, simple ou divisé en deux ou trois branches à l'extrémité des corps cylindriques, cunéiformes ou semblables aux cornes d’un Splachnum ; corps qui, se déta- chant à une certaine époque, nagent avec plus ou moins de vélocité. Aux figures que nous avons in- diquées ci-dessus, nous avons ajouté celles de l'Echinella striata ct de la Palmeiina fulva qu’on a placées dans ce dernier genre. (P. G.) BACINET ou BassiNeT. (807. pran.) Noms vulgaires d’une espèce de Renoncule de France (Ranunculus bulbosus , L,). Voy. Renoxcuze. (Guër. ) BACTRIS. (Bor. rxax.) Jacquin a donné ce nom à un genre de la famille des palmiers, formé d'espèces propres à l'Amérique méridionale. (F. Pazurer. ) (GuËr.) BACULITHS, Paculithes (wozr.), et non Bacu- uiTE. Les restes de mollusques fossiles qui ont servi à Lamarck pour établir ce genre , appartien- nent à la classe des Céphalopodes, et ont été reti- rés du grand genre Ainmonite de Bruguière ; ces fossiles paraissent avoir formé le centre ou avoir: été contenus en partie dans un mollusque actuel- lement perdu, et qui devait être d’une grande taille ; car on trouve de ces coquilles qui atteignent 3 ou 4 pieds, ce qui suppose un mollusque de plus de huit pieds de longueur , s’il était fait comme les calmars ou les seiches. Le genre Baculithe n’ayant été fondé que sur le moule qu’on trouve fossile , se caractérise de la manière suivante : test droit , cylindrico-conique, toujours comprimé; articula- tions lobées, ou simplement sinueuses ; siphon latéral , situé à l’une des extrémités du grand dia- mètre de la coupe transversale. Les Baculithes se trouvent dans les couches assez anciennes des ter- rains intermédiaires situés au dessus de la craie, avec les ammonites, les térébratules, les trigo- nies, etc. On les trouve rarement entières , mais au contraire elles sont très-communément répandues par fragmens , qui se sont séparés à l'endroit des cloisons, et offrent quelque ressemblance avec des vertèbres d'animaux supérieurs : ces fragmens ont recu des anciens naturalistes le nom de ver- tèbres fossiles. On ne connaît que peu d'espèces de ce genre; celle qui lui sert de type et que nous avons représentée dans notre Atlas, pl. 58, fig. », a été nommée BACULITHE VERTÉBRALE, B. vertebra- lis, par Lamarck. Cette espèce et très-commune dans le terrain qui constitue la montagne de St- Pierre, à Maestricht : elle se rencontre aussi dans plusieurs localités en France ; sa forme est cylin- XLV® Livraisox. , 45 den conique mais he cylindre est A , et la dépression étant plus forte latéralement, vers l’ex- itrémité de l’axe où se trouve le siphon, il s'ensuit que le côté de ce siphon offre une. carène aiguë, tandis que le côté opposé est arrondi. Suivant M. Defrance, les Baculithes ont une dernière loge sans cloisons, comme les ammonites. (Guén.) BADIAN et BADIANE, Zlicium.' (mort. pan. ) Genre de plantes de la famille des Magnoliacées et à la Polyandrie polygynie, dont on connaît trois espèces qui sont des arbrisseaux toujours verts. La plus célèbre d’entre elles, la BADrANE DE La Cie et pu JApow, que l’on appelle communément Anis étoilé, Z, anisatum, à cause de la forme qu’af- fecte son fruit aromatique , pourrait s’accommoder de nos départemens du midi, si l'on voulait don- ner au semis plus de soin qu'on ne l’a fait jusqu'ici. Cette plante est décorée d’un beau feuillage, semblable à celui du laurier, de fleurs jaunes odo- rantes, composées d’un si grand nombre de péta- les, d’étamines et de styles, qu'on les croirait doubles. Leurs semences entrent dans tous les ali- mens chinois; on en mâche durant le jour pour se parfumer la bouche ; elles servent à la fabrica- tion du ratafiat de Boulogne, et on les préfère à T'Anis ordinaire (v. ce mot) quand on veut impri- mer à l’anisette de Bordeaux un goût délicat et suave£. Les deux autres espèces, originaires des Florides, sont la BADIANE A GRANDES FLEURS ROUGES , /. flo- ridanum, et la BAnrANE À PETITES FLEURS, 1.'parvi- florum, connue en Europe depuis 1771. On les trouve dans quelques jppties: La dernière est de pleine terre sous le climat de l'olivier et de l’ovan- ger; plus haut, elle gèle. On se sert des feuilles à des fruits de ces deux plantes pour préparer une liqueur, excellente. (T. ». B.) BADISTE, Fadister. (1xs.) Genre de Coléop- tères, de la famille des Carabiques, très-voisin des reel établi par Clairville, et dont le type est : un insecle fort joli qne l'on trouve aux envi- rons de Paris, sous les mousses, près des lieux humides: c’est le Badister bipustulalus des auteurs; ilest long de deux ou trois lignes, assez étroit, noir, à pattes rouges, avec les élyires rouges à labase, noires au bout,et ayant la suture et une tache ronde commune de couleur rouge. On connaît plusieurs autres espaces de ce genre, mais elles sont rares et peu intéressantes, (Guin.) BAGNES ( Vallée de). (ckoc. Pnys.) C’est en Suisse, dans le Valais, que se trouve cette vallée, longue d'environ 10 lieues et que parcourt letorrent de la Dranse. Les énormes glaciers de ‘{zermotane ou Tchermotanela terminent à l'est et au sud. Long- temps on y exploilta des mines de plomb argen- tifère, de cuivre et de cobalt, Deux fois des phé- nomènes naturels ravagèrent celle vallée : en 1545 l’écroulement d’une montagne arrétant l’écoule- ment des eaux de la Dranse causa une inondation qui détruisit le village de Bagnes et l'établisse- ment de bains qui faisait sa richesse ; pendant l'été de 1818, des avalanches amoncelèrent dans le lit de la Dranse les débris des glaciers de Gétroz, et Hi oibnr un lac qui, ee. avoir brisé les bar- rières qui le retenaient, inonda la vallée et dé- truisit le village de Champsée, une partie de la ville de Martigny, et ravagea plusieurs localités du Bas Valais. (J. H.) BAGRE, Pägrus. (rorss.) Ce nom, d’abord employé par Bléch pour désigner une espèce du genre Silure de Linné, a été Dee étendu par Cuvier à toutes celles qui offrent avec le. Silure Bagre des rapports intimes d’organisation. Les Bagres donc constituent un des genres de la famille des Siluroïdes ; ils y occupent une place auprès des Pimélodes, auxquels ils ressemblent par la nudité de Ja peau qui les enveloppe. C’est-à- dire que celle-ci ne porte aucune des pièces as- seuses qui revêtent , soit en totalité, soit en partie, le corps de certains Siluroïdes. Le principal caractère générique des Bagres consisle dans la présence d’une bande de Fes en velours à chaque mâchoire, et an vomer. Les es- pèces en sont nombreuses, et présentent entre elles des différences assez notables dans la forme de leur tête et le nombre des barbillons qui gar- nissent les parties externes deleur bouche, pour qu'on ait dü les partager en plusieurs petits grou- pes. Ainsion distingue : £ 1° Parmi les espèces à huit barbillons, celles dont la tête est oblongue et déprimée, comme chez le Bagre Bagad, * figuré dans le grand ou- vrage sur l'Ée gypte (Poissans) > pl 15e. 16b2; 2° Celles qui ont la tête longue et courte, ainsi que le Sizure ÉRyranoPTÈRE, Silurus ery- thropterus, représenté dans l'Ichthy ologie de SD pl. 569, fig, 2; æ nm les Bagres à six barbillons , ecux dont le museau est si large et si déprimé qu'il a véritablement beaucoup d'analogie avec celui du brochet : telle est en particulier l'espèce dont Bloch a donné la figure , ph 566, sous le nom de Sinure À BANDES, Sulurus fascialus ; 4 Ceux qui ont la têle ovale, dont les os chagrinés leur forment une sorte de casque; groupe auquel apparlient le Bacnx apouriaL, espèce que M. Geoffroy a fait, représenter dans. la ph 14, fig. 5et 4 (Poissons), de la Description de l'Ég gypte. °° Ceux chez lesquels les os de la tête, qui est ronde, sont cachés par une peau nue ; 6° Les espèces qui ont une petite dorsale adi- peuse el qui se font plus particulierement remarquer par la dépression du crâne et la position des yeux, qui sont placés très-bas sur les côtés de la tête; 7° Enfin les Bagres qui n’ont que quatre bar- billons , et de ceux-là fait partie le Sizure Bacne, dont Bloch a donné le portrait à la pl. 565 de son ouvrage, (G. B.) BAGUËNAUDIER Colutea. (mor. nan. ) Ar- brisseau de la famille des Légumineuses, Diadel- phie décandrie de Linné, connu de tous les en- fans par sa gousse vésiculeuse, qu'ils s'amusent, en baguenaudant, à faire éclaten entre leurs doigts. Mais, ce caractère pouvant ne pas paraitre assez scientifique, nous y ajouterons les suivans : feuil- les ailées avec impaire, munies de stipules très BAGU 355 BAGU EE petites; calice à cinq dents, dont deux an peu plus courtes que les autres ; corolle papilionacée, à étendardlarge et redressé , carène très-convexe, ailes étroites et, non écartées ; style recourbé et velu; gousse ovoïde, terminée en pointe, et renflée en forme &e vessie. LeBacuenAunrenonpiNaAIRE, Colutea arborescens, est très-commun dans nos bosquets, où il atteint une dizaine de pieds; il a des feuilles de neuf à onze {olioles, échancrées et glauques en dessous, des fleurs jaunes et des gousses d’un vert rougeà- tre ; celles-ci sont remplies d'air, et éclatent avec bruit lorsqu'on les presse. Cet arbrisseau est connu aussi sous le nom de faux séné, parce que ses feuilles et ses fruits sont purgatifs, administrés à doses assez fortes. On voit encore dans les jardins le BaGuENAUDIER D'Évarore, Colutea frutescens , dont les fleurs rouges se détachent avec élégance sur le vert de son feuillage ; le Bacuenauprer p'Ontexr et celui d’Aræp , le premier à fleurs jaunes, l’autre à fleurs rouges. La culture de ces arbrisseaux est facile, ainsi que leur reproduction. (L.) BAGUETTE DIVINATOIRE. (Application à la Min. et à la ctor.) Il pourra peut-être paraître un peu oiseux à quelques personnes de vouloir remettre ici en scène une question dont tous les gens sensés se moquent avec raison. Mais quand on pense combien à ce sujet la crédulité est encore grande dans une partie de nos provinces; qu’une foule de gens sont journellement trompés par des char- latans qui, spéculant sur leur crédulité , ne crai- gnent pas de leur annoncer, à l’aide de la Baguette divinatoire , qu'ils ont des trésors enfouis dans leurs propriétés ; on ne peut trop chercher à détruire des préjugés qui peuvent devenir une cause de ruine pour les familles, et les avertir de se tenir en garde contre les promesses trompeuses des fri- pons qui cherchent à les exploiter à leur profit. Si leurs jongleries se bornaient à extorquer quelque argent de leurs dupes, le mal ne serait pas bien grand; maisiln'arrive que trop souvent que celles-ci, persuadées des vertus de la Baguette, se laissent entraîner à faire, sur ses prétendues indications, des recherches dispendieuses et, comme on le pense bien, la plupart du temps infructueuses. Nous avons connu plus d’une de ces dupes qui s’étaient ainsi ruinées, ct dont l’entétement était tel, qu'elles persistèrent à continuer leurs tra- vaux contre l'avis des gens de l’art, et quoique ceux-ci eussent reconnu l'impossibilité de trouver dans les endroit désignés les substances indiquées. Ainsi donc, en supposant que lors même que les propriétés de la Baguette pussent se manifester dans quelques cas, ce que nous espérons bien dé- montrer d'une manière péremptoire n'avoir cer- tainement pas lieu, ce serait une raison de plus pour se défier des charlatans et des fripons , tou- jours habiles à s'emparer de tout ce qui peut ser- | vir à exploiter, par des moyens qui paraissent sur- naturels au vulgaire , la crédulité publique. Depuis le caducée de Mercure, le bâton de Jacob et la verge de Moïse et d'Aaron, jusqu’au sceptre de nos rois, la Baguctte a toujours été nn signe de puissance ; de tout temps les peuples Jui ont attri- bué des vertus surnaturelles , et les Médée, les Circé, les augures, les astrologues et les magiciens d'Egyple, aussi bien que ceux de nos jours, en ont fait l'objet principal et indispensable de leurs pratiques occultes. Nous nous rappelons avoir souventvu dans notreenfancelespaysans denoscon- trées, venir à certainesépoques &e l’année, de deux, quatre, et même dix lieues, pour frotter sur la tête ou les pieds d’un saint de bois ou de pierre une ba- guette de noïselier préparée à ce sujet, dansla per- suasion où ils sont encore qu’en en frottant ensuite leurs bestiaux, cela les préserve non-seulement des maléfices des sorciers , mais encore des mala- dics , de la rage, etc. La Baguette divinatoire ou divine, à laquelle on a donné aussi le nom de caducée , de verge Aaron, bien qu’elle ne paraisse pas avoir été connue dans l'antiquité , puisqu'il n’en est fait aucune mention dans les auteurs qui précédèrent le onzième siècle, consiste en une simple branche de coudrier, d’aune , dehêtre, de pommier, de noisefier, etc., à laquelle on donne à volonté des formes différentes, et qu'on peut tenir de différentes manières. C’est à un tel talisman qu’on attribue la vertu non- seulement de découvrir toutes les espèces de mines ou de sources, mais aussi les trésors cachés , les bornes des champs, etc.; et dans les siècles der- niers on alla même jusqu’à Jui supposer la faculté de découvrir les maléfices , les voleurs , les assas- sins, voire même la fidélité des dames et la sagesse des demoiselles. Heureux temps que celui où vi- vaient nos pères ! Si la Baguette avait conservé ces précieuses vertus, elle aurait aujourd'hui fort à faire. Tout le monde a entendu parler du fameux rhabdomancien Jacques Aymar, riche paysan du Dauphiné, et de l'aventure singulière et presque miraculeuse qui lui arriva à Lyon en 1692, où, avec le secours de sa seule Baguette, il fit ce que la justice n’avait pu faire : il découvrit des assas- sins en les poursuivant depuis Lyon jusqu’à Beau- caire , et même au-delà, à une grande distance en mer. Mais ce qui est généralement moins connu, c’est que ce même Jacques Aymar, dont la renom- mée volait de bouche en bouche, étant venu à Paris, sur l'invitation du prince de Condé, y fut convaincu d’'imposture après un grand nombre d'épreuves où la puissance de sa Baguette échoua, et où ses vertus furent gravement compromises. Comment pouvoir supposer en effet que des sources d’eau situées à de grandes profondeurs, qu’une petite quantité d'or, d'argent, de cuivre, de plomb ou de fer, etc.. enfouie dans les entrailles de la terre; que les émanations d’un voleur, d'un assassin , éloigné de 4o à 50 lieues, pussent faire tourner une baguette de coudrier entre les mains d’un paysan robuste ? Des philosophes, de graves physiciens du der- nier siècle, au nombre desquels il faut surtout compter Formey, ont cru reconnaitre dans les mouvemens de la Baguette divinatoire un effet QE BAGU ——_—_—__—_——_—_——————————————————_— ———…———————— naturel, une suite nécessaire des lois du mouve- ment et de la théorie des émanations corpuscu- laires : c'était, suivant eux, une espèce de magné- tisme particulier qui agissait sur la Baguette pour la faire tourner, comme le magnétisme terrestre agit sur Ja boussole. Les pères Lebrun et Malle- branche s'étaient rejetés au contraire sur le diable, et, s'appuyant sur des passages de Porphyre, de saint Augustin, de Lactance et de plusieurs au- tres graves docteurs qui ont écrit sur l'enfer, ils prouvèrent que c'était à Satan qu’on devait attri- buer les vertus de la Baguette. Aujourd'hui que nous vivons à une époque un peu plus élairée, il existe cependant encore bon nombre de personnes qui, sans oser l'avouer, croient fermement à la rhabdomancie; et l’on a vu dans ce siècle même, lesavant Ritter en Allemagne, -Thouvenet et de Tristan en France, Amoretti et Aré- tin en Italie, Ralph Emerson en Amérique, et plu- sieurs autres savans , ne pas craindre de se consti- tuer les apologisies des vertus de la Baguette divi- natoire,du pouvoir de Jacques Aymar et de Bleton. J1 suffit cependant de raisonner un peu pour recon- naître le charlatanisme de leurs pratiques , démon- trerleurridicule , et voir qu'avec un peu d'adresse on peut faire tourner la Baguette à volonté, qu'il suf- fit de tenirses extrémités de manière à faire ressort, et que c’est alors la force élastique de celle-ci qui opère le prodige. Ne sait-on pas aussi qu'à l'époque où le fameux rhabdomancien Bleton opérait ses mi- racles avec la Baguette, le physicien Charles cons- truisit un automate qui, au moyen de ressorls con- venablement ménagés, faisait tourner la Baguette aussi bien que Bleton. Rien de comparable au phénomène du magné- tisme ne peut exister dans ce que l'on a long-temps regardé comme les propriétés de la Baguette ; car c’est en vertu d’un phénomène qui ne change jamais que l'aiguille aimantée tend à être conti- nuellement ramenée dans la direction du méridien magnétique ; mais il n'y a que le seul magnétisme qui puisse exercer sur elle cette influence, et si quelques substances peuvent agir sur elle et la dé- vier, c'est précisément parce qu'elles sont elles- mêmes douces de propriétés magnétiques. Quels rapports d'actions, je vous prie, comparables à ce phénomène, peuvent exercer sur la Baguelte tant de substances diverses ? Ainsi toutes les mines, les sources, les trésors, les maléfices, les voleurs, les assassins, l'infidélité des femmes devraient avoir également la même influence sur un petit bâton de prunier sauvage, d’épine blanche, d'ormeau ou d'érable ; ce serait vraiment la panacée universelle. Ces raisons devraient suflire pour démontrer qu'il ny a jamais eu dans la pratique de la Baguette qu'un insigne charlatanisme; car, en supposant le phéno- mène possible , ildevrait au moins n’agir, suivant les règles de la saine physique, qu’en raison des masses et des distances; il n’en a jamais été ainsi dans toutes les expériences qui ont été rapportées, où l’on voit qu'une simple pièce de monnaie, un bijou dérobé , etc. , font aussi bien tourner la Ba- guelte que l'aurait fait un trésor considérable, 396 BAGU ou une mine, quelle que fût sa puissance ou sa pro- fondeur au dessous du sol. Nous ne nions pas que le système nerveux ne puisse être assez sensible chez quelques individus, pour que de certaines influences qui échappent à nos sens ordinaires , ne puissent exercer sur elles des actions nuisibles ; c’est ainsi que l'état hygro- métrique ou électrique de l'air agit souvent assez sur l’organisation de quelques personnes pour leur faire éprouver des sensations désagréables. Quels sont ceux qui n’ont pas eu occasion de rencontrer dans le monde des personnes que l'approche de l'orage ou de la pluie rend malades, d’autres qui annoncent exactement toutes les variations atmosphériques et qui pourraient servir en quelque sorte de baromètres et d'hygromètres naturels ? C’est principalement chezles névralgiques que ces influences se font sentir ; ils sont malades ou deviennent moroses, trisles et taciturnes à tous les changemens de temps; chez les uns, cette ac- tion se manifeste par des crampes dans tous les membres, chez les autres par des battemens plus précipités du cœur, ou des spasmes, des bäille- mens, une lassitude extrême , etc. Il ne serait donc pas impossible que certaines actions électro-magnétiques, qui échappent à nos sens grossiers, pussent agir aussi quelquefois sur ces organisations toutes sensuelles, ct leurs per- missent de reconnaître le voisinage des métaux, des mines; que l'humidité de l'air ambiant leur annonçât la présence de sources cachées ; mais il n’y aurait rien Jà de merveilleux , et cette propriété que quelques personnes ne devraient qu'à la grande irritabilité de leur système nerveux, ne peut avoir rien de commun avec un bâton de cou- drier, que tous les trésors du monde ne feraient probablement pas tourner entre les mains et con- tre la volonté d’un homme, si lui-même ne l’ai- dait à se mouvoir. Nous avons eu l’occasion de pouvoir vérifier par nous-même jusqu'où peut aller le développe- ment des organes chez certains individus, et c'est ce qui nous fait surtout penser qu'il n'y a pas im- possibilité de supposer que quelques personnes ne puissent reconnaître, par suite de la délicatesse de leurs organes, le voisinage des sources et des mé- taux; car le contact de ceux-ci avec d’autres sub- stances doit parfois déterminer des phénomènes électro-chimiques, susceptibles peut-être d’aflecter quelques organisations délicates. En 1828, à l'époque où nous habitions la Vendée, nous éprouvâmes, par suite d'une grande inflam- mation au cerveau, une insomnie qui dura plus de trente jours et qui causa un tel degré d'irritation dans nos deux sens de l’odorat et de l’ouie, qu'ils étaient devenus pour nous un supplice plus grand que la maladie elle-même. Le moindre bruit nous était devenu incommode, et cependant nous percevions celui qui se faisait à des distances vrai- ment inconcevables , tellement que les personnes qui nous entouraient , et auxquelles nous sonte- nions parexempleentendrele bruit des pas d’un che- val àplus de vingt minutes de distance, prenaient nos ! BAGU 397 BAHR EE doléances à ce sujet pour du délire; il en était de même de l’odorat ; toutes les odeurs nous étaient devenues insupportables , et la cuisinière ne pou- vait pas plus comprendre que nous devinassions tout ce qu'elle avait dans sa cuisine, séparée ce- pendant de notre chambre par plusieurs pièces , que croire que nous reconnussions au bruit non- seulement toules les personnes qui y entraient, mais que nous entendissions distinctement ce qu’elles disaient même à voix basse. Notre méde- cin, homme épais et lourd, et que nous avions pris alors en haine, sans doute parce que sa pré- sence affectait très-désagréablement notre odorat, ne pouvait venir que nous ne le sentissions avant son entrée dans la maison , et nous aurions certai- nement pu le suivre à la piste à une grande dis- tance. Il est à remarquer que, pendant que les sens de l’ouie et de l’odorat s'étaient ainsi dévelop- és d’une manière extraordinaire, celui du goût était entièrement neutralisé, et à tel point que nous ne pouvions faire la moindre différence entre les diverses substances qu’on nous donnait à pren- dre. Cette grande irritabilité des sens s’affaiblit peu à peu, à mesure que le sommeil revint, en même temps que le goût, et bientôt ils reprirent leur état normal habituel. Nous ne croyons pouvoir mieux faire que d’a- jouter ici des détails curieux sur un de ces êtres, chez lequel les antipathies et la sensibilité du sys- 1ème nerveux avaient été développées d’une ma- nière presque incroyable. On se rappelle avoir Vu, il y a peu de temps dans les journaux , la relation de l’'horrible assassinat de Gaspard Hauser, de ce malheureux jeune homme, dont la vie comme la mort sont restés jusqu’à présent un problème in- explicable. Trouvé un beau jour à Nuremberg , il y a quelques années, comme il n'avait jamais parlé, on ne put savoir qui l'y avait amené, d’où il venait, ni qui ilétait; on apprit seulement plus tard , lorsqu'il fut en état de se faire comprendre, qu'ilne savait rien sur lui-même ni sur sa famille; que c'était à Nuremberg qu'il avait pour la pre- mière fois vu qu’outre lui et l'homme avec lequel il avait toujours été, il existait d’autres créatures vivantes ; il avait vingt-cinq à trente ans, ct était resté, selon toutes les apparences, renfermé de- puis sa plus tendre enfance dans un cachot étroit el sombre , où il était obligé de se tenir continuel- lement assis, n’ayant que du pain et de l’eau pour toute nourriture. C’est le 17 décembre 1833 que Gaspard Hau- ser a été assassiné d’un coup de stylet à Anspach, où le président du tribunal d’appel, M. Fauerbach, -son protecteur, lui avait donné une petite place au grefle. La multiplicité des impressions qu'il avait éprouvées en voyant pour la première fois les hommes et la lumière, causa seule l’exaltation de ses nerfs, exaltation qui était si grande, qu’elle fit de lui un homme tout miracle. Il voyait aussi bien dans l’obscurité qu’au grand jour ; par la nuit la plus noire, il pouvait facile- ment distinguer le bleu du vert. Le sens de l’ouie était aussi chez lui excessivement développé, mais son odorat surtout lui était un sujet de tourmens. Toutes les odeurs, à l'exception de celle du pain, du fenouil, de l’anis et du cumin , lui étaient pius ou moins désagréables. À une grande distance il distinguait les arbres fruitiers des autres arbres par l'odeur seule de leur feuillage. Quand il passait près d’un cimetière, l'odeur qui s’en exhalait, et qui du reste n’était sensible que pour lui seul, lui don- nait un accès de fièvre ; l'odeur d’une rose le fai- sait évanouir. Mais ce qui paraîtra peut-être le plus extraordi- paire dans l’organisation de Gaspard Hauser, c’est sa facilité à éprouver les actions magnétiques et métalliques. Un jour on ‘lui donna un jouet ai- manté ; il le prit, s’en occupa quelques instans , puis le rejeta en disant qu'il lui faisait éprouver des sensations désagréables. Le professeur Daumer, ayant appris ce fait, fit sur lui quelques expériences avec l'aiguille aimantée ; et quand elle était dirigée de son côté, il se plaignait d’une forte douleur d'estomac, et disait qu'il éprouvait en outre une sensation comme celle que lui causerait un cou- rant d'air sortant de son corps. Les métaux agissaient aussi sur lui fortement , et lui faisaient éprouver,. par leur contact, une sorte d’attraction et un froid qui pénétrait, selon la grandeur des objets, plus ou moins dans son bras. S'il prenait un chat par la queue, iléprouvait un frisonnement et sentait comme un coup sur la main, Gette incroyable faculté de sentir disparut au reste peu à peu. L'histoire de Gaspard Hauser est un des événe- mens les plus singuliers de notre temps, et peut- être plus énigmatique que celle de l'homme au masque de fer. On conçoit en effet que la politique d’un despote puisse avoir intérêt à cacher l’exis- tence d’un personnage important ; mais quel inté- rêt peut-on avoir à faire élever un enfant dans un isolement complet, à le constituer prisonnier pen- dant toute son enfance, sous la garde d’un geôlier, à l’abandonner ensuite à la charité publique, puis à le faire assassiner ? Comment peut-il exister dans notre siècle un monstre capable d’un pareil ralli- nement de cruauté ? Voyez , pour les personnes douées de la faculté de découvrir les sources, le mot Hyproscorr. . (Tu. VimLer.) : BAHRÉIN. (céoc. pnxs.) On désigne sous ce nom , ainsi que sous celui d’'Auoal, un groupe de petites îles situé dans le golfe ou la mer Persique sous le 26° parallèle. Les plus importantes sont Bahrein ou ÆAoual, Arad, Samahe et Tarout. Elles sont arrostes par d’abondantes sources, et sont fertiles en dattiers , en figuiers, en vignes et en cotonniers'; mais ce qui leur donne de la célé- brité, c’est la pêche abondante qu’on y fait de l'Avicuze PERLIÈRE , Avicula magaritifera, mollus- que bivalve qui fournit la substance appelée nacre de perle et ces sécrétions calcaires connues sous le nom de perles et si recherchées lorsqu'elles ont un vil éclatelunesphéricité parfaite. Ges mollusques forment des bancs épais qui sont à 15 ou 20 pieds au dessous de Ja surface de l’eau et qui s’élendent sur une longueur de plus de 25 lieues, La pêche s’en fait principalement pendant les mois de juin , de juillet et d'août; ce sont des Arabes seuls qui s’y livrent ; on en estime le produit à 2 où 3 mil- Jions de francs. Les perles des îles Pahrein sont moins blanches que celles de Ceylan et du Japon, mais beaucoup plus grosses etplus régulières. (J.H. ) BAIE, Pacca. (or pxax.) C’est le nom général donné par Linné à tout fruit charnu dont la pulpe est molle ct succulente à sa maturité, et ren- ferme une ou plusieurs graines ; tels sont la gro- séille, le raisin, l'airelle, etc. Cette définition est restreinte par les modernes aux espèces simples seulement ; les fruits charnas composés où mul- tiples , tels que l’anone, la fraise, l'ananas, la mûre, la figue, etc., se rangent dans les classes que nous décrirons aux mots SYNCARPE , SOROSE , et Syconr. Û Les baies sont généralement de forme arrondie, quelquefois allongées , comme dans l’épine-vinette; elles succèdent tantôt à un ovaire supère , tantôt à un ovaire infère; dans ce dernier cas, on re- marque à leur sommet un petit ombilic formé par les dents du calice. La baie du Physalis alkekengi offre la singularité d’être entièrement renfermée dans l’enveloppe florale. + Quant à la disposition des graines, elles sont ou éparses dans la pulpe de la baie, comme dans le raisin, ou bien contenues dans des loges , comme dans le fruit des solanum. (L.) BAIE. (céoc.) Il n’est personne qui en jetant les yeux sur une carte n'ait remarqué les nom- breuses déchirures qu'offraient les côtes des con tinens : ces innombrables sinuosités qui en varient les formes d’une manière si bizarre et si inattendue, ces enfoncemens, ces affections de la terre , selon l’heureuse expression de Varenius, n’étaient dési- gnés chez les anciens que par un seul et même mot (sinus), et ce mot s’appliquait indifféremment à toute espèce d’enfoncemens formés sur le rivage, quelles que fussent d’ailleurs leur figure et leur éten- due. Nous avons été plus généreux que nos devan- ciers, et la langue française offre plusieurs mots destinés à les distinguer entre eux ; malheureuse- ment ces mots n’ont pas toujours été appliqués avec. beaucoup de discernement , et peuvent ainsi donner une fausse idée de ce qu'ils devraient immédiatement rappeler à l'esprit. Ainsi donc une Baie est un enfoncement plus ou moins profond de l'Océan dans l’intérieur des terres qui, plus large dans son milieu, présente une ouverture plus étroite à son entrée. C’est en cela qu'elle diffère du golfe, qui au contraire offre aux yeux la forme d'un triangle plus large à sa base qu'à toute autre partie de sa surface : malgré cette définition adoptée pour distinguer le$ golfes des Baies et les Baies des golfes, on a presque toujours mêlé les dénominations données à ces enfoncemens, de sorte qu’en définitive on peut dire qu'un golfe est une grande Baic et qu’une Baie est un petit golfe. Les Baies peuvent être rangées en deux classes, selon que l’on considère ou leurs rapports avec les eaux qui les avoisinent ou la forme qu'elles | ont adoplée. Ainsi, sous le premier point de vue, | les Baies sont ou principales ou secondaires, selon qu'elles versent leurs eaux directement à l'Océan ou bien que, manquant de débouché immédiat avec la grande mer, elles aient recours à des inter- médiaires pour y parvenir. Ces secondes ne sont évidemment que des appendices des premières. Sous le second point de vue, on les désigne sous les noms de Baies ouvertes et Baies fermées : les Baies ouvertes ne sont en résamé que de petits golfes : telles sont les Baies de Campêche , d'Hon- duras, etc. ; les Baies fermées sont pour aïnsi dire de petites mers intérieures : telles sont les Baies de Cadix et de Boston. On à aussi donné le nom de Baies à de vastes étendues d’eau qui, par leur importance , méri- taient d’être élevées au rang des mers intérieures, où elles n’occuperaient pas probablement le der- nier rang : ces dénominations consacrées , par l'usage, offrent l'inconvénient que nous avons déjà signalé, de ne pas représenter à l’esprit ce qu'elles devraient indiquer de prime abord : cette observation se rapporte principalement aux Baies de Bafjin et d'Hudson dans l Amérique du Nord. C'est à tort, selon nos, que la plupart des géographes ont exclusivement regardé l'Océan comme seul et unique agent de toutes les dente- lures qu’offrent les côtes de nos continens. Il nous semble que d’autres agens sont venus concourir à la formation de ces enfoncemens , et si les eaux de l'Océan, par leurs mouvemens de chaque jour, ont contribué à les créer, certes les eaux courantes de l’intérieur des terres ont dû y faire sentir leur influence. Ainsi donc, tout en admettant l’inter- vention de l'Océan en cette circonstance, inter- vention suffisamment prouvée par les nombreuses îles qu'il a successivement détachées des côtes orientales de l’un et de l’autre continent, on doit , ce nous semble, admettre aussi l'influence des grands cours d'eaux qui viennent apporter le tri- but de leurs ondes à l'Océan. I y aurait vraiment injustice à vouloir leur refuser ce pouvoir, lorsque ces Baies se trouvent à leur embouchure , ou dans les environs des lieux où ïls se jettent à la mer. Comment en effet n’auraient-ils pas une’influence suffisante pour contribuer à ces modifications , lorsqu'ils peuvent former des mers intérieures, et lorsqu'ils donnent comme preuve de leur force et de leur action journalière, des résultats aussi remarquables que ceux que nous voyons dans la création de la mer Baltique, de la mer Azow, de la mer Noire, de la mer Egée, et enfin du dernier bassin qui, à la suite de ces mers, vient baigner : de ses eaux les côtes d'Italie, de France, d'Es- pagne et d'Afrique? N'hésitons donc pas un seul instant à affirmer que ce n’est pas seulement à l'Océan qu'on doit les nombreuses échancrures qui varient la forme des continens , mais bien aux forces réunies et des eaux extérieures de l'Océan et des eaux intérieures des grands courans qui sillonnent en tous sens la surface de notre globe. (G J.) BARS à g: BAIERINE. (win) Cette substance, à laquelle on a donné les noms de T'antalite, de Columbite, et de Z'antale oxidé, est d’un noir brunâtre et d’un éclat légèrement métallique. Elle ressemble beaucoup à l'espèce appelée Coruusrre (v. ce mot); mais elle en diffère par sa cristallisation en prisme rectangulaire et par les proportions dans lesquelles les. mêmes principes se trouvent combinés. Ainsi on y a trouvé acide tantalique 79, protoxide de fer 17, protoxide de manganèse 5, oxide d'étain 1. (J.-H.) BAIKAL. (céoc. puxs,) Grand lac de l'Asie septentriônale , silué entre les parallèles de 51° 21” et de 55° 4o’ et entre le ro1° et le 107° degré de longitude du méridien de Paris. Sa longueur du sud-ouest au nord-est est d'environ 150 lieues, sa plus grande largeur de a et sa circonférence d'environ 470 lieues, Son nom yakoute (Bayakhal) signifie grande mer. Son eau est légère, douce et limpide; sa profondeur est d'environ 900 pieds. Souvent sa surface est violemment agitée sans que le moindre vent règne dans l'air ; d’autres fois pendant les plus grandes tempêles il éprouve le calme le,plus complet ; enfin quelquefois encore il suflit d’un léger soufile de vent pour y produire une grande agitation. Ges effets singuliers semble- raieni annoncer qu'ils ont leur cause dans quelque phénomène souterrain. On trouve dans le lac Baïkal des carnivores amphibies, de la tribu des Phocacées, qui vivent ordinairement dans la mer : ainsi le Âerpa des Sibériens, qui est le lion marin, ou le Platyrhynque- lion (Otaria jubata), y est très-abondant, Les peu- plades de ses environs en vendent les peaux aux Chinois. Le Saumon voyageur (Sulmo migratorius) et un autre poisson parliculier à ce lac, le Comé- phore de Lacépède, ou le Callionymus baïcalensis de Pallas, sont les plus communs du lac Baïkal. Le premier dépose son frai sur le sable du rivage lorsque les glaces du lac se rompent; en été il se | dient au fond des eaux. Un grand nombre de rivières qui prennent naissance dans les montagnes environnantes des- cendent dans le lac, Il recoit l’Argara, la Bar gou- zine el la Selengga, fleuves importans ; etses caux s’écoulent par l’Angara inférieure. Le Baïkal renferme plusieurs îles, dont la plus considérable, celle d'Olkhon, près de ses bords sep- tentrionaux, a18 lieues de longueur sur 6 de largeur. Montagnes du Baïkal. Les bords du lac Baïkal sont irès-élevés et escarpés. Il sont en général formés de roches serpentineuses et calcaires. On remarque aussi du basalte contenant du péridot, de la chabasie et de l’apophyllite. Près de ses rives orientales, le docteur Hess a observé dans ces dernières années le granite alternant avec des CoxczomËrars (v. ce mot) d’origine volcanique. Ses rives occidentales sont dominées par une chaîne de montagnes qui sépare le bassin du | Baïkal de celui de la Lena. Cette, chaîne se ter- mine par un large plateau, à couches horizontales ; mais en général la surface de ces monts est irré- gulière et présente des traces de grands boulever- ro 59 BAIL semens. Le Pourgoundou, son point culminant, est couvert de neiges perpéluelles, Les roches qui com- posent ces montagnes occidentales sont le granite, le schiste , le calcaire et des brèches siliceuses, On y trouve du mica en grandes lames, le [pyroxène appelé, Baikalite, Voutremer ou le lapis-lazuli , des mines de cuivre, de fer et de plomb , ainsi que de la houille et du soufre. On y remarque aussi ‘des sources sulfureuses. + Une partie de ces montagnes est nue: l’autre est couverte de pins, de boulcaux et de mélèses. (J.-H.) BAIKALITE. (an. ) L'une des variétés de l'es: pèce minérale appelée Diopsine, et qui appartient au genre Pynoxène. (V7. ces deux mots.) (J. H. BALAIS (Ruzrs). (au. et soir.) Nom que l’on donne aux variétés rosâtres, rouge-fauve et lie de vin de Spinelle, que l’on tire des Indeset parliculiè- rement de Ceylan. (7. Ruris et Srinzzze.) (Tm VW) BAILLARD et BAILLARGE, (4er. ) On donne indistinctement ces noms vulgaires tantôt à l'orge commune, tantôt à l'orge gauloise ou distique et même à l’orgeen éventail, non pas, comme on l’a dit, de ce que ces variétés sont Lrès-producti- ves, mais bien parce que, dans les temps de la féodalité, le froment étant de droit reservé .au maitre, il ne restait au teneur de bail que l’orge our fabriquer son pain. (T, ». B.) BAILLEMENT. Inspiration profonde , brusque; lente , involontaire , accompagnée d’une contrac- tion presque spasmodique des muscles des mâ- choires , avec écartement considérable de ces der- nières. Les auteurs ont attribué ce phénomène à un certain embarras dans la cireulation pulmonaire. Mais, pour expliquer cette gêne du mouvement circulatoire , il nous semble qu’il faut d’abord re- monter à l'impression produite sur le cerveau par les causes qui déterminent le Bâillement : en eflet, la fatigue , l'ennui , cette espèce de fatiguemorale, le besoin de dormir, le froid, le malaise qui pré- cède certaines fièvres agissent immédiatement sur le système nerveux, et n’entraînent que secon- dairement l’action du système respiratoire. Ainsi que plusieurs autres actes physiologiques, le Bâillement est soumis à la loi de réminiscence et d'imitation, et survient à l’aspect d’une personne qui l’éprouve ou d’une cause qui l’a déjà produit. C’est une nouvelle preuve que ce phénomène s’o- père sous l'influence directe du système nerveux, puisque le souvenir et limitations ont des facultés dépendantes de ce système, et qu’il peut, comme le rire, survenir en dépit des dispositions les moins favorables à son développement, Le Bäillement peut se répéter assez fréquemment pour être considéré comme une maladie; on a rapporté l'exemple d’une jeune fille chez laquelle ce phénomène était si opiniâtre, qu’elle ne sem- blait fermer la bouche que pour la rouvrir immé- diatement ; et celui d’une personne qui, pendant plusieurs jours.et sans relâche , éprouvait ce tour- ment comme signe précurseur d’une crampe d'esto- mac. Nous nous rappelons également une dame chez BALA laquelle cette singulière disposition au Bâillement continuel se réveillait sous l'influence de toute émotion vive, gaie ou triste, et qui en était plus particulièrement affectée dans les jours qui précé- daient l’époque menstruelle. Ge) BALANCE HYDROSTATIQUE, ET PESAN- TEUR SPÉCIFIQUE DES CORPS SOLIDES. (ux.) La Pesanteur on le poids des substances minérales cst un de leurs caractères physiques les plus importans , qui sert à reconnaître à priori beaucoup d’entre elles. Cette différence est telle- ment sensible dans quelques espèces qu’elle peut facilement les faire distinguer, en les sous-pesant seulement avec la main ; aussi les minéralo- gistes et les joailliers les reconnaissent -ils la plupart du temps de cette manière. Cependant, quelque habitude que l’on ait d'apprécier ainsi les minéraux, il y en a dont la différence de poids n'est pas assez sensible pour la recon- naître par ce seul moyen, sans s’exposer à com- mettre des erreurs: l’on a donc dù chercher à ramener la détermination de ce caractère à des principes rigoureux : c’eût été chose assez facile, si, comme les liquides, tousles corps étaient sus- ceptibles d’être amenés à un même volume ; mais la plupart des substances minérales sont beau- coup trop dures pour pouvoir être facilement et rigoureusement réduites à un volume déterminé à l’aide duquel on puisse établir directement , par une expression numérique , une échelle de com- paraison de leurs Pesanteurs relatives , Pesanteurs qui tiennent souvent au seul arrangement des mo- lécules ; car le diamant et l’anthracite, par exem- ple, qui sont des corps absolument de même na- ture chimique, ont cependant des densités bien différentes ; il en est ainsi de beaucoup d’autres corps dont les densités varient suivant l’arrange- ment de leurs molécules. On à donné le nom de Pesanteur spécifique à ces Pesanteurs relatives des diverses substances comparées entre elles, et , comme nous l’avons dit, cette Pesanteur spécifique est facile à obtenir pour les liquides; il suffit de déterminer leurs poids pour un même volume , à l’aide d’une me- sure commune. Si un liquide pèse 100 grammes et qu’on le prenne pour unité, qu'un autre en pése 290, ces liquides seront entre eux comme 250 est à 100, ou comme 2 1/9 est à 1, c'est-à- dire que le second pesera une fois et demie plus que l’autre. Mais si le corps dont on veut avoir la pesanteur spécifique est solide, l'opération, quoique également facile, diffère un peu; on prend un vase exactement rempli du liquide qu’on prend pour unité, on le pèse avec le corps dont on veut déterminer la pesanteur spécifique; puis on le plonge dans le liquide , la quantité qui s’é- chappera de celui-ci, sera égale au volume du corps ; on pèse de nouveau le tout, et la différence de poids représente celui du liquide déplacé: soit donc 850 grammes le poids du vase et du corps à l'air et 640 celui de ce même vase après que le corps a été plongé dans le liquide ; celui de ce corps étant de 550, le poids du liquide déplacé 360 BALA sera de 140; on aura donc le poids du corps et le poids du liquide unité pour un même volume, et l’on dira 140 (poids du liquide) est à 350 (poids du corps), comme 1 (pesanteur spécifique du li- quide }, est à X (pesanteur spécifique cherchée) ; OU 1406 ? 390 ARNO DAE En partant du principe bien reconnu d’hydro- statique, qu’un corps plongé dans un liquide Y perdune partie de son poids égale à celui du vo lume de liquide qu'il déplace, pour déterminer la Pesanteur spécifique de ce corps, il suffira de le peser dans l'air, puis de le peser dans un liquide, à l’aide d’un fil placé au dessous de la Balance: la différence de poids sera égale à celui du vo- lume de liquide déplacé par le corps. Nicholson a imaginé un instrument fort com— mode pour déterminer, d’après ces principes, la Pesanteur spécifique. C’est une espèce d’aéromè- tre désigné sous le nom de Balance hydrostatique: de Nicholson, et composé d’un cylindre creux en verre, en argent ou en fer-blanc, exactement fermé ct terminé en cône de chaque côté ; à l’une des extrémités est fixée une tige terminée par: un petit plateau, tandis qu'à l’autre se trouve suspendu un autre plateau terminant un cône mobile, lequel forme lest, de manière qu’en plongeant l'instrument dans l'eau, il surnage en partie. On place sur le plateau supérieur les poids nécessaires pour faire plonger l'instru- ment jusqu'à ce qu'un point déterminé à l’a vance sur la tige arrive à fleur d’eau; on en- lève ces poids et on les remplace par le corps ow minéral dont on veut déterminer la Pesanteur spécifique, lequel doit toujours être moindre que: ces poids: les nouveaux poids qu'on est obligé d'ajouter à ce corps pour faire aflleurer l'instru- ment au même point, retranchés des premiers, donnent le poids du corps dans l'air ; on le place ensuite sur le plateau inférieur , il perd alors un: poids égal au volume de liquide qu'il déplace, et pour faire afleurer l'instrument, il faut encore ajouter des poids à ceux qui étaient nécessaires pour le faire aflleurer lorsqu'il était dans l'air ; ces poids sont égaux au volume du liquide dé- placé, et en établissant comme précédemment une: proportion, on obtient la Pesanteur _cherchée : soit donc 92 le poids du corps dans l'air et 56,57 celui du volume de liquide déplacé , on aura 36,57 : 92 :: 1: X— 75 — 2,01. Si le corps dont on veut avoir la Pesanteurs spécifique était, comme certains sels, solubles dans l’eau, il faudrait remplacer celle-ci par un liquide qui n’eût aucune action sur lui, tel que lea mercure, les huiles, l'esprit de vin, etc.; mais alors il faudrait aussi substituer au troisièmes terme de la proportion ou à l'unité de la Pesan< teur spécifique celle du liquide employé, et l’on obtiendra également la Pesanteur spécilique cher chce. Si le corps, au contraire, était susceptible! de s’imbiber, là différence du poids ou du dépla- cement du liquide pourraît être moindre que le volume réel du corps, elle serait même nulle si le corps absorbait un volume de liquide égal au sien il BALA 361 al BALA PE il faut alors peser de nouveau le corps dans l'air après l'imbibition, et ajouter au poids du liquide déplacé celui de la quantité de liquide que ce corps a absorbée. À défaut de Balance hydrostatique , nous avons souvent fait usage d’un simple tube de verre fermé par l’une de ses extrémités et assez gros pour re- cevoir sur l’autre un petit verre de montre ou un plateau quelconque ; on détermine un point d’af- fleurement vers l'extrémité ouverte ou supérieure du tube, on le leste convenablement pour le faire plonger verticalement dans le liquide, et on opère comme avec la balance de Nicholson ; seulement, au lieu du plateau inférieur de celle-ci, il faut avoir soin de fixer à l'extrémité du tube un fil qui sert à peser le corps dans l’eau. Ge moyen simple et facile peut, avec. un peu d'habitude et des pré- cautions , très-bien servir à remplacer la Balance, et a sur celle-ci l'avantage de pouvoir s’employer artout, car on trouve partout des tubes de verre ; les différences qu'il donne sont inappréciables. C’est par ces divers procédés et en prenant pour unité l’eau à la température de 18° centigra- des, que toutes les Pesanteurs spécifiques des corps solides , rapportées dans les ouvrages, ont été déterminées et ont été exprimées en multiples et sous-multiples de cette unité; nous croyons devoir rapporter ici les Pesanteurs spécifiques des principales substances connues : ECnRE RmiRE ass 122,00 ENS OU sente ali de ou 1110-00 MSA EURE Lens cle aue e& 7e 1 17,00 Pbmérqure (ao). cr ee se. 19:09 Mnomb fondu bai hu ea ie 10 et LE 20 ed ns messe steel 10,47 PORN ne nn els » euuielans (0:02 Lotcuieerroure , id": . 1. 4e si. 1 6,70 LE LEE SANTE RER ET RÉ M 6e. oise ns, su eble 21 7129 AE A en fe en Li ts ViG 80 Phpomane dde ne ete 0:71 LE AGIR NRPRRNNERRENERNERRRE AT PR ES RES En en eorceu tes 1404 Bélrubis#onental.y": +. . JU, 4,28 MO Æ orientale 5 26 L'on Les diamans (les plus lourds). . . . . . 3,53 Le marbre de Paros (ou des statuaires), 2,83 Hiémémaude, verte. à 44 4 ds 4 ve à | 2,77 Len Pldétroche. par. ., 45 5.2 07 2:65 Le verre de Saint-Gobain. . . . . . . . 2,48 Le SOMERENE D, 0, dt +260 Dan DER US SN à NL 7 1,80 DES COURS À, dc os à 1,07 Beau à 26 CERN, tn che 2 1,00 Podium RSR 00-07 Pclice 2e 0,93 Me polassium. SRUR n AG SG Le bois de sapin jaune. . ., . . ... 0,65 Le peuplier blanc d'Espagne. . . . . . . 0,52 Le peuplier ordinaire. . . . .!,.. . . . 0,38 MORE re ss) {60 Les nombres correspondans aux substances Tous I. indiquées ci-dessus , et que nous avons choisis dans chacun des degrés de l’échelle, suflisent pour établir les termes de comparaison entreelles; ces nombres sont ce que l’on nomme leurs Pesan- teurs spécifiques ou relatives. Quand on dit donc que le platine a une Pesanteur spécifique de 22; tandis que celle du plomb n’est que de 11, celle de l’étain 7, et celle du soufre 2; cela veut dire qu'il pèse une fois plus que le plomb, deux fois plus que l’étain, dix fois plus que le soufre, et 21 fois plus que son volume d’eau. En vertu des lois de la pesanteur, les corps les plus lourds tendent toujours à déplacer les plus légers pour occuper les parties inférieures ; tous les multiples de l’eau devront donc aller au fond, tandis que le succin, ayant à peu près la même Pesanteur spécifique , peut indifféremment surna- ger, rester au milieu , ou occuper le fond de l’eau. Le sodium , la glace, le potassium, presque tous les bois, le liége, etc., ayant au contraire une Pesanteur spécifique moindre que celle de l’eau, doivent surnager lorsqu'on les y plonge d’une quantité égale à la différence qui existe entre leur Pesanteur spécifique et celle de l’eau; en sorte qu'il faudrait ajouter un poids un peu plus const- dérable que cette différence , ou une force quel- conque, pour les maintenir au fond; aussi est-ce un préjugé de croire que certaines rivières et cer- tains lacs commencent à se geler par le fond; la nature même de la glace s’y oppose, et comme elle est plus légère que l’eau, elle tend toujours à rester à la partie supérieure. Les hommes, n'ayant qu’une Pesanteur spéci- fique de très-peu supérieure à celle de l’eau , n’ont pas besoin de faire de grands eflorts pour se maintenir à sa surface ; et comme, parmi ceux-ci, les individus gras sont proportionellement moins lourds que les individus maigres , ils nagent avec beaucoup plus de facilité que ceux-ci, et n’ont souvent besoin de faire aucun effort pour se main- tenir à la surface; l’eau de mer ayant une pesan- teur spécifique plus grande que celle de l’eau douce , l’homme s’y trouve relativement plus léger, et y nage avec plus de facilité encore que dans l’eau douce, tellement que les personnes grasses sont obligées de faire des efforts pour aller au fond. Cet effet est bien plus sensible dans la mer Morteou lac Asphaltide, dont les eaux, beau- coup plus chargées de sels, ont une Pesanteur spécifique de 1,24, c’est-à-dire presque un quart en sus de l’eau douce ordinaire , avec laquelle elle est dans le rapport de 5 à 4; et un homme pesant 150 livres, qui ne déplace que 150 livres d’eau. douce, n'ayant qu'une Pesanteur spécifique de 2,19, doit nécessairement surnager au-dessus des eaux du lac Asphaltide, qui soutiennent en effet tellement le corps, qu’on peut rester immobile à leur surface, et qu’il faut même faire quelques efforts pour y enfoncer les jambes ct y nager; aussi les merveilles que l’on raconte de cette mer ne sont pas aussi dénuées de vérité que beaucoup de personnes sont portées à le croire, et bien, qu'on ne pourrait plus y répéter le miracle de XLVI: Livraison, 46 BALA saint Pierre, qui marchait à sa surface comme sur un chemin plat et.solide, ce que l’on rapporte des prisonniers que l’empereur Vespasien y fit jeter garrottés, et que l'on retrouva le lendemain pageant sur Ja surface, n’a rien que de très- naturel. F. pour la Pesanteur spécifique des liquides, des wapeurs et des gaz, au mot PESANTEUR SPÉCIFIQUE. (Th. V.) BALANCIERS , Haleteres, (xs. ) Organes placés sous l’origine des ailes. des dipières, tout-à-faitau- dessous, des ailerons ou cueillerons, au nombre de deux, et que quelques auteurs ont regardés comme desailes inférieures, jou comme-en représentant les rudimens.-Gette opinion, combattue par Latreille, me saurait plus être adoptée après les puissantes æbjections de ce célèbre entomologiste, Ils consis- tent en un petit corps membraneux, dont la lon- gueur-est.en raison inverse de celle des aïlerons; | als ont la forme d’un maillet, ou plutôt sont com- posés d’unelige filiforme, terminée par un bouton ‘ovale ou triangulaire. Le renflement terminal res- | ‘semble à une vessie dont le sommet est tantôt concaye et tantôt saillant; ce corps est .un peu élargi ou dilaté au point d'attache. Les Balanciers ! sont susceptibles d'un mouvement très-rapide de vibration. Tout fait présumer que ces appendices, communiquant avec les trachées voisines , et pou- want recevoir une certaine quantité.de fluide aérien, concourent à l'acte du vol.et servent de contre- poids. Latreille pense que ce sont Jà leurs vérita- bles fonctions. (P1G:)) BALANE, Palanus. (mozx. ) Genre de la famille des -Cirrhopodes fondé par Bruguière, dans l'En- cyclopédie méthodique , et faisant partie du grand genre, Lepas de Linné. Ces mollusques, qui couvrent quelquefois tous les rochers des côtes, les pieux des digues, la carène des bâtimens,.etc. , étaient connus-des anciens ; les Grecs les nommaient Ba- lanot, à cause de leur ressemblance avec le fruit du chêne, de là le nom vulgaire -de glands dermer qui leur est resté. Les Balanes ont pour pièce prin- cipale de leur coquille un tube testacé, fixé à divers corps , et dont l’ouverture.se ferme plus.ou moins par plusieurs valves ou battans mobiles. L'animal contenu dans ces coquilles est semblable à celui des Anarires (v. ce mot). El fait sortir ses bras articulés ;etétablitun courant d’eau au moyen duquel il entraîne les petits animaux qui setrouvent près. de lui, .et.dont il fait sa nourriture. Ce genre aété divisé, depuis Bruguière , en plu- sieurs sous-genres, d’après Ja considération du pembre.et dela position des pièces qui composent l'enveloppetestacée; cessous-genres, aunombrede neuf, seront traités à leur -ordre alphabétique : les espèces composant le genre Balane proprement dit ont pour caractère essentiel d’avoir la partie tubulaire en cône tronqué, forméde six pans sail- lans , séparés par autant de pans enfoneés , et dont trois sont plusiétroits que les autres. Leur base.est le plus souvent formée d’une lame calcaire et fixée sur divers corps; leur .opercule est composé de quatre valves qui ferment exactement l’erifice. 362 BALA Ce genre se compose d’un assez grand nombre d'espèces, mais.elles ne sont pas encore bien dis- tinguées entre elles ; l'espèce type.et la plus com- mune sur toutes nos côtes, est la Balane ordi- naire, Lepas balanus, Lin, qui est décrite par tous les auteurs et dont nous avons donné une figure à la planche 30, fig. 2. Le test est d’un blancyplus ou moins jaunâtre, il atteint quelquefois jusqu'à un pouce de diamètre, mais ordinairement il.est plus petit. Cette espèce a été transportée dans tous les pays du monde par la navigation , comme:ildoit être arrivésouvent que des bâtimens, après avoir sé- journé quelque temps dans des lieux très-éloignés de nous, en.aient apporté des espèces étrangères dans nos ports. Les autres espèces de Balanes sont peu intéressantes et ne diffèrent que par des nuances peu sensibles de celles que nous venons de citer. Il sera parlé plus tard.des Tubicinelles et des Coro- nules que nous avons fait représenter dans notre planche 59, fig. 5 .et.4. La figure 3 offre une Acaste des éponges. Ÿ7. Acasrz. (Gu£r.) BALANINE, Balaninus. (ins.) Genre de Co- léoptères de la section des Tétramères , famille des Porte-becs, démembré du genre Rhynchène de Fabricius,, et ayant pour caractères : trompe.au moins de la longueur du corps; pénultième ar- ticle des tarses très-fortement bilobé, corps de forme presque naviculaire. L'objet le plus remar- quable de ces insectesestleurirompe, qui est.très- grêle et d’une longueur telle qu’elle surpasse sou- vent tout le corps; celui-ci est'en forme de vais- seau ou denavette, épais, platen dessus, en carène arrondie en dessous ; la trompe dont ces animaux sont pourvus ne leur a pas été donnée en vain ; avec elle ils ‘atteignent les noiséttes qui commen- cent à nouer à lravers les membranes végétantes qui les enveloppent, font un trou à la partie déjà dure de la coquille et glissent un œuf dans ce trou ; la jeune larve, apede comme ses congénères, vit aux dépens de l'amande dela noisette, dont la coque acquiert cependant tout son accrois- sement. Parvenue aa pointde sa métamorphose, elle fait au fruit un trou circulaire et se glisse àterre, soit que la noisette se‘trouve encore sur l'arbre, soit, ce qui arrive le plus souvent, qu’elle soit déjà tombée ; elle pénètre en terreet s’occupe à s’y construireune coque qui a la forme d’un chaudron fermé ; c’est là qu'elle seitrans{orme en nymphe. Cette nymphe a l'extrémité de son corps armée de deux épines qui lui donnent la facilité de pouvoir opérer des mouve- mens circulaires dans sa coque. Après être resté encet état depuis l'automne ‘jusqu'au milieu de l'année suivante , l'insecte parvient à son dernier état. | L’espèce de ce genre la plus connue, et quel’6n trouve facilement dans presque toute l'Europe , est le B. DES NoISETTES, PB. nucum, Fab. Long de trois à quatre lignes , sans compter la trompe ; tout le corps est noir, mais couvert de poils serrrés jau- nâtres qui le font paraître comme d’un gris vert , avecunebande irrégulière tranverse aux deuxtiers de la longuear des-élytres ,'formée de poils plus | serrés; la trompe, les antennes et les pattes sont BALA fauves rougeñtres couverts du même duvet ; cette espèce est twès-bien figurée dans l’Iconographie du Règne animal, par Guérin, Insectes, pl. 58, fig. 4. (A. P.) BALANITE. (s“oct.) On donne ce nom aux espèces fossiles du genre Barans. (VW. ce mot.) (Guér.) BALANITE, Balanites. (gor. pnan.) Ce nom, qui dans Pline désigne le châtaignier, a été im- posé par Delille (Mémoires de l’Institut d'Égypte) à un petit arbre d'Afrique, haut d'environ vingl piéds, d’un aspect blanchâtre, garni de feuilles conjuguées, au dessus desquelles naissent des épines longues et acérées ; les fleurs forment des espèces de bouquets verdâtres , et les fruits sont de la grosseur d’une prune, et jaunâtres. C’est cet arbre que, dès 1640, Prosper Alpin avait fait connaître sous le nom d’Agihalid, et l'on a cru long-temps que son fruit était le Myrobolan chébule des pharmacies. Depuis, Linné le rangea dans le genre X'imenia; mais des observations plus exactes ont déterminé à en faire un genre à part , caractérisé par un calice et une corolle à cmq parties, dix étamines, un style, un stigmate, et une drupe ovoide, à cinq angles, renfermant un noyau monosperme. On ne connaît qu’une espèce de Balanite, le B. ægypliaca, qui se trouve rarement en Égypte, mais en assez grande abondance dans l’intérieur de la Nigritie. Ceux que l’on cultive au Jardin des Plantes de Paris n’y fleurissent point. (L:) BALANOPHORE, Balanophora. (80T. pHAN.) Plante parasite, trouvée par Forster dans une des îles de la mer du Sud, où elle croît sur les troncs pourris ou sur le terreau, à peu près comme l’orobanche : de loin on croit voir un champignon. En l’examinant, c'estun gros tuber- cule charnu, d’où partent quelques tiges cylin- driques, garnies d’écailles ; à leur sommet est une tête de fleurs mâles et femelles, portées sur un spadice : les premières, placées à la partie infé- rienre, ont un calice à trois divisions, et trois étamines soudées par leurs filets et leurs anthères; les femelles , plus petites et plus nombreuses, ont un ovaire infère, surmonté d’un style filiforme , et renfermant probablement une graine. Forster , qui a seul observé cette plante , n’a point vu son fruit ; il lui a donné le nom de Balanophore, c’est- à-dire porte: gland , d’après l'apparence du capi- tule de fleurs. 3] ussieu avait laissé le Balanophora dans les gen- res encertæ sedis ; Richard en a fait le type de la famille suivante. (L.) BALANOPHORÉES , Palanophoreæ. ( so. Pnan.) Cette nouvelle famille comprend quatre genres , savoir: le Balanophora, le Cynomorium , le Langsdorfia et Y'Helosis, qui étaient restés errans autour des classes de l’illustre Jussieu, jusqu'à ce que C. Richard les eût rapprochés par leurs irrégularités communes. Ils ont quelques rapports avec les Orobanches par leur vie para- site et leurs tiges charnues, garnies d’écailles au 363 BALB avec les Cytinées par la stracture de leurs orga- nes , enfin avec les Hydrocharidées par l’ensemble de leurs caractères généraux, que voici : fleurs unisexuées, disposées en capitules: ovoïdes, sur un axe commun , garni de soies ou d’écailles; une seule , oubientroisétamines symphysandres, c’est- à-dire soudées en tube cylindrique par leurs filets et leurs anthères; un ovaire infère, à un seul style et une seule loge; un fruit ou cariopse cou- ronnée par le limbe du calice, à péricarpe sec, avec lequel la graine est intimement soudée ; un embryon simple et indivis. M. Richard fils place cette nouvelle famille à la fin groupe des Monocotylédones. (L.) BALBISIE, Balbasia. (Bor. PHanx. ) Wildenow a créé ce genre en l'honneur de feu mon ami J.-B.Balbis, botaniste piémontais, auteur dela Flore de Lyon. Les Balbisies font partie de la famille des Corymbifères et sont inscriles dans la Syngénésie superflue du système Linnéen. Nous ne connaissons qu'une seule espèce de ce genre exotique , à laquelle on n’a encore reconnu aucune propriété propre à fixer sur elle l'intérêt que commande le nom du célèbrebotaniste, La Bavgisie À LONGS PÉDONCULES; B. elongata, est une plante herbacée, annuelle ; originaire du Mexique , ayant sa tige cylindrique couchée et velue, garnie de feuilles opposées, pé- tiolées , hérissées de poils rudes et rappelant celles de larroche. L’involucre est simple, les fleurs radiées sont d’un beau jaune, et les graines qui leur succèdent sont couronnées d’une aigrette plumeuse. La Bazsiste BLANCHATRE, B. canescens de quelques botanistes, a été découverte dans l'Amérique da nord ; elle a la tige droite , rameuse, velue; comme c’est la seule différence qui la sépare de la précédente, à mon avis ; on à tort de l’appeler espèce ; elle est seulement une variété, (T.n.B.) BALBUTIEMENT. Prononciation imparfaite dans laquelle on remplace, par les lettres 8 et £, la plupart des autres consonnes. Il est fréquent dans l'enfance; il accompagne souvent l'ivresse, et peut être symptomatique de lésions plus ou moins graves du système nerveux. Le Balbutiement est continu ou accidentel et. passager. (#7. Bécarr- MENT.) | (P. G.) BALBUZARD , Pandion, (o1s.) Le Balbuzard , Falco halicætos, L., est devenu, pour quelques or- nithologistes , le type d’un petit genre de la fa- mille des Faucons : ce genre est ainsi caractérisé par M. Savigny, qui l’a établi dans son Système des oiseaux de l'Egypte et de la Syrie : bec presque droit à sa base, à dos renflé; la cire velue et lobée au dessus des narines, lesquelles sont lunulées et obliques ; les doigts dénués de membranes , l’inté- rieur excédant à peine les latéraux, et l'extérieur versalile ; c’est-à-dire susceptible de se diriger en arrière et en avant ; les ongles arrondis et lisses en dessous ; la queue composée de rectriceségales, et la troisième penne des ailes plus longue que les autres. Les Balbuzards ne vivent que de poissons ; lieu de feuilles ; avec les Aroïdes par leur port; | aussi ne s’écartent-ils guère du voisinage des côtes, BALE 364 BALE pm des lacs , des étangs et de tous les endroits pois- sonneux. Lorsqu'ils veulent nicher, ils gagnent Les hautes montagnes et établissent leur aire dans les crevasses des roches escarpées ou sur les arbres les plus élevés dans de vieilles forêts. La ponte est de trois ou quatre œufs d’un blanc jaunûtre, marqués de grandes taches rougeâtres avec de pe- ‘tits points de la même couleur. Le Balbuzard proprement dit, Pandion flu- vialis (figuré dans les planches enluminées de Buffon, n° 414), est à peu près la seule espèce authentique dont se compose le genre; on le irouve en Europe, en Asie, en Afrique, en Amt- rique, et sur le bord des eaux de presque tout Je globe. Il a le manteau brun et la tête plus ou moins vatiée de blanc; celte couleur occupe le bord des plumes; les parties inférieures sont blanches, avec des taches brunes on d’un fauve clair sur la poi- trine ; les pennes primaires des ailes sont d’un brun noirâtre; le bec est noir ainsi que les ongles, la cire et les pieds bleus. Longueur totale du mâle (depuis le bout du bec jusqu'à l’extré- mité de la queue), un pied dix pouces; de la fe- melle, deux pieds. On trouve , suivant l’âge et les contrées, quelques variétés de taille et de couleur. En Europe, on rencontre cet oiseau sur la li- sière des forêts, ou sur les rochers, proche des eaux douces, des lacs et des rivières. IL est très- commun en Russie et en Allemagne, assez abon- dant en Bourgogne et dans les Vosges ; on le 4rouve aussi en Suisse et en Hollande; il émigre en hiver. H Sa nourriture consiste en poissons, qu'il saisit -avecses serres à la surface de l’eau , souvent même en s’y plongeant. Rarement il attaque les oiseaux aquatiques, même les plus pelits; il est presque exclusivement piscivore. On doit lui adjoindre comme congénère le Pan- dion ichthyætus d'Horsfield, décrit par cet auteur dans le Catalogue des oiseaux de Java; on l’a ob- servé dans cette île, où il porte le nom de Jokowuru. Cet oiseau est fauve, avec le bas-ventre blanc et la queue noire au sommet. Ilest long de deux pieds. : (GErvaIs.) BALDISSÉRITE. (wrn.) Magnésie carbonatée ou giobertite, de Baldissero, où elle a été d’a- bord rencontrée au milieu des serpentines ; nous “en avons trouvé aussi en filons de plusieurs pouces de puissance dans les ophiolithes de. Skyros , l’une des îles du nord de la Grèce. (77. Groserrrrs.) (Ta. V.) BALDOGÉE. (wx.) Nom donné par de Saus- sure à la terre verte de Monte-Baldo, variété de talc chloriteux qu’on rencontre au milieu des roches porphyroïdes des environs de Minelle, entre Nice et Fréjus. (Tn. V.) BALE ou BALLE , Tegmen, Gluma. (mor. Han.) Ce nom s'applique d’une manière générale aux enveloppes corliaces ou écailles qui, dans les Graminées, tiennent lieu de calice et de corolle ; £ est ce qu en économie rurale on nomme menue { paille. Mais en botanique, le mot de Bale et celui de Glume ont été souvent confondus ou appliqués d’une manière différente : tantôt la Pale a désigné l'enveloppe la plus extérieure des Graminées , tantôt l'enveloppe intérieure; c’est dans ce der- nier sens qu'il se trouve le plus ordinairement employé par les auteurs de beaucoup de Flo- res spéciales. Le professeur. Richard, ayant fait recevoir le mot de Lépicène pour l'enveloppe exté- rieure ou calice, a conservé celui de glume pour l'organe intérieur, et par conséquent l’expres- sion de Bale n’a plus un sens spécial. (L.) BALÉARES. (céoc. puys.) On donne ce nom, depuis la plus haute antiquité, à des îles de la Méditerranée situées à 22 lieues des côtes de la péninsule hispanique et qui paraissent être le pro- longement de la chaîne de montagnes qui a formé le cap Saint-Martin. Leur direction générale est du sud-ouest au nord-est. Elles se composent de quatre îles principales : Ivice et Fromentera , Majorque et Minorque ; plu- sieurs îles avoisinent leurs côtes. Autour d’Ivice on voit Conejera-Grande (la grande Ile aux Lapins) Esporto, Belra, Espalmador, Espardell et Ta- gam. Près des côtes de Majorque s'élèvent Drago- nera (l'Ile aux Dragons) , Conejera (FIle aux La- pins) et Cabrera (l'Ile aux Ghèvres) où, à la honte du gouvernement espagnol, de malheureux pri- sonniers français ont, pendant la guerre de 1808, souffert toutes les horreurs de la faim et de la mi- sère. L'ile d’Ayre est à peu de distance des côtes méridionales de Minorque. Nous ne nommerons point d’autres rochers qui ne sont d'aucune im- portance. : Majorque ou Mallorca a environ 50 lieues de circonférence, et Minorque ou Menorca 38. Le sol de ces îles est montueux; leur constitution géo- gnostique est partout la même; les roches calcai- res y dominent, ce qui paraît confirmer leur réu- nion sous-marine avec le cap Saint-Martin. Depuis le séjour que M. Cambessède, naturaliste français, fit dans ces îles en 1825, on connaît d’une ma- mière positive la hauteur de leurs montagnes, leurs roches et leurs végétaux. L'île Majorque est la plus intéressante sous ces divers rapports. Ses deux principales montagnes sont le Duig-de-Torcella, haut de 1465 mètres, et le Duig-Major, qui en a 1115. Les deux groupes de montagnes qui les divisent sont formés de calcaires appartenans aux terrains de sédimens inférieurs , c'est-à-dire de calcaire oolithique et de celui que les Anglais appellent Lias. On y trouve aussi des dolomies, des porphyres et quelques roches qui semblent être d’origine ignée. Des sources minéra- les et divers échantillons de minerai de cuivre in- diquent dans cette île des richesses dont on ne tire pas parti. Majorque, comme les autres Baléares, offre des sommets arides et de vertes vallées ; le caroubier occupe le niveau le plus bas jusqu’à la hauteur de 500 mètres; l'olivier ainsi que le buis s’'élè- vent aussi sur la montagne et le pin d'Alep; mais ce dernier forme des forêts qui règnent jus- a Ten MUSe, EE PR, SUOLG ‘7 A\W A 74 EEE BALE 365 BALE qu'à 200 mètres plus haut. Il se mêle souvent au chêne vert, bien que celui-ci croisse encore à 100 mètres au dessus. Enfin les cimes les plus éle- vées ne se couvrent que d’une espèce de Seslerie (Sesleria cœrulea). Sur les coteaux montueux, le almier nain protége de son large feuillage de jolies espèces de Cyclamen$ des Ononides à fleurs blan- “remières nécessités de l’homme, durent attirer l’'atléntion de son industrie sur la Baleine; aussi à mesure que l'on sentit davantage tout le parti que l’on pouvait retirer de cet animal, devint-il le but d'exploitations de plus en plus vastes et considérables. Partout celte exploitation dut com- mencer de même et subir les mêmes révolutions : on dut se borner d’abord à profiter de l’échoue- ment sur les côtes, et lorsque l’on apprit l'impor- tance commerciale de la Baleine , l'industrie gran- dit avec l'ambition; on ctudia mieux ce prodi- gieux cétacé, et l'on s’habitua à affronter les dan- gers et les difficultés de sa chasse. Les Grecs, à ce qu'il paraît, et les peuples de l’ancien monde, ne dépassèrent pas le premier degré de l'exploitation, et Néarchos, dans son expédition, loin de chercher à s'emparer des Baleines qu'il rencontre sur son passage, se hâte au contraire de les mettre en fuite par le son bruyant de sa musique militaire. On est même surpris de l'indifférence de l'époque à l'égard d’un animal si intéressant. En effet, dans! un temps où tons les êtres remarquables par les bienfaits que l’on pouvait en obtenir ou par la crainte qu'ils inspiraient , recevaient dés honneurs poétiques et religieux qui allaient parfois jusqu'à la déification , la Baleine n’eut pas d’autels et ne fut pas même personnifiée; elle ne figure dans amcune mythologie, et ce n’est que dans des com: mentateurs des premiers siècles de l'ère chrétienne que l’on voit émettre cette présomption, que le monsire auquel la superbe Junon exposalescharmes de la trop présomptueuse Andromède, et le Lé- viathan du Livre de Job, pouvaient bien être une Baleine,’ et que Kointos, ou si l’on veut Quintus, de Smyrhe, qui donna une continuation d'Ho- meros, représente Hésione sur le point d'être engloutie par une immense Baleine, dont Hercule la délivre. Le peuple romain était trop belliqueux pour s’adonrer au développement d’une industrie commerciale quelconque, et le troubleet la guerre qu'il porta partout devaient détruire tous les germes desexploitations nautiques chez lespeuples où ils auraient pu se développer : aussi ne voit-on pas chez eux et'au temps de leur grandeur plus de traces de pêche de la Baleine que chez les Grecs: Au reste les peuples connus de cette époque, pla- cés sous des latitudes Lempérées, trouvaient ail- leurs les ressources que la Baleine pouvait leur of- fr, ou bien leurs habitudes lés leur rendaient! superflues. Ainsi l'olivier fournissait aux habitans du Périple de la Méditerranée plus que la quantité d'huile nécessaire pour les usages culinaires où l'éclairage nocturne ; les savons étaient inconnus, et la beauté grecque ou romaine dédaignaït alors comme aujourd'hui cette finesse ridicule de ‘la taille que les Européens du nord estiment si fort, se contenitant de soutenir par une simple cein- türe des charmes dont les corsets dissimulent mal les infortunes, elle voyait sans prix ces fanons que l’on atant recherchés depuis ; le jone et l’osier les: remplacaient pour les autres usages domestiques. Cependant Oppianus nous montre que dans le onzième siècle la pêche de la Baleine avait déjà recu de grands développemens. On attirait la Ba- leine par des appâts fixés à des hamecons; des outres attachées à l’autre extrémité de la ligne indiquaient la route que l'animal qui s’y laissait prendre prenait pour se soustraire aux poursuites. À son retour à la surface de l'eau on l’attaquait avec des javelots à deux pointes , qu’on lui lançait dé dessus des barques légères embossées autour d'elle, jusqu’à ce qu’enfin l’animal expirât au mi- lieu des tortures: mais ce n’était encore à cette époque qu’une pêche isolée, accidentelle, qui ne: ressemblait en rien aux pêcheries que l’on vit de- puis dans le nord; néanmoins ce genre de chasse se propagea peu à peu aux habitans des contrées septentrionales de l'Europe, qui apprécièrent les ressources qu'offrait la Baleine à proportion du défaut des moyens que les Grecs et les Romains avaient de s’en passer. Ils sentirent les inconvé- niens d’une pêche isolée, et celle industrie s’am- BALE 371 BALE plifia alors par l'esprit d'association, Lorsque la révolution qui bouleversa l'univers à la chute de J'empire romain commença à s’apaiser, les Nor- mands et les Basques surtout donnèrent à la pêche dela Baleine:une extension dont l'histoire conserve -encore les souvenirs ; les Baleines qui fréquentaient les côtes et le littoral du golfe de Gascogne, du cap Finistère et de la Manche, ne suflirent plus bientôt à leurs besoins, elles paraissaient les fuir et se réfugier ou rester dans les mers du Nord; pirates audacieux, marins aguerris, ils allèrent les y poursuivre. La renaissance des arts en Europe fut aussi celle de l'industrie; plus éclairés, les com- mercans découvrirent des applications nouvelles des produits de la Baleine, et bientôt l’exploita- ion de ce cétacé prit un essor qui ne connut plus guère de bornes que celles de l’univers lui- même. Les Basques s'étaient avancés dans l’océan Boréal jusqu'au Groenland et au Spitzherg, et envoyaient tous les ans des flottilles de cinquante à soixante navires, mais sans relâcher beaucoup sur ces rives presque inhospitalières ; les Anglais les y suivirent vers la fin du seizième siècle, pri- rent, au nom du droit du plus fort, possession de cette dernière contrée , découverte par les Hol- landais, et profitèrent du déclin de la marine basque pour accaparer la pêche de la Baleine. Lorsque les navires hollandais vinrent à leur tour tenter la fortune de l'exploitation, les Anglais les repoussèrent par la force brutale et la violation infâme du droit des gens. Les armateurs hollandais souffrirent d’abord paisiblement ces insultes , mais à la fin ils se coalisèrent et répondirent à l’inso- lence anglaise comme on doit toujours lui répondre, par une insolence plas grande encore : les Anglais furent battus, et une convention amiable vint ré- gler, d’une manière presque équitable, les droits de chacun des industriels prétendans à la pêche. Les Suédois, les Danois, les populations de la Baltique vinrent alors prendre part à l’exploita- tion ; on se partagea les stations et les baies où les Balcines se retiraient plus volontiers. La pêche et le dépécement de la Baleine, la fonte et l’épu- ration de l'huile s'étaient passés jusque-là en pleine mer, ou bien le lard, tassé dans des tonneaux, était emporté jusque dans les ports respeclifs des puissances, où on lui faisait ensuite subir les di- verses préparations; on commenca à établir des fonderies fixes sur divers points du Groenland; pour éviter l'encombrement du lard et les diffi- cultés de son transport , toutes les opérations se faisaient sur place, et tel fut l'accroissement rapide de cette branche de commerce, que des celonies vinrent fonder des villages entiers consa- crés à la pêche et à l'exploitation de la Baleine ; leurs noms rappellent encore leur origine ; on Y établit des comptoirs, des foires, et toutes les in- slitutions commerciales de la civilisation ; les Hol- landais se distinguaient surtout dans la grande pêche, ct c'est d'eux que nous avons presque tous les renseignemens relatifs à son histoire. À peu de chose près, toutes les nations faisaient la grande pêche de la même manière, Une Baleine était-elle apercue par la vigie , on mettait les cha- loupes à la mer, et l’on forçait de rames sur l’ani- mal ; un des plus forts et des plus habiles marins, monté sur l'avant de la barque , tenait un épieu long de sept à huit pieds, armé d’un harpon atta- ché à une ligne de six à sept brasses de longueur, et le lancait avec force sur la Baleine , en évitant de frapper sur les parties osseuses de la tête; la Baleine, se sentant blessée, fuyait sous l'eau , en- traînant la ligne avec elle; on la laissait ainsi déri- ver, raboutant successivement les lignes lovées à bord, et disposées de manière à pouvoir les lar- guer sans encombre; elle filait ainsi souvent cinq à six lignes ; mais obligée de remonter à la surface de l’eau pour respirer, le navire signalait son as- cension , au moyen d'un gaillardet, à celle des barques la plus voisine du point où elle reparais- sait ; on tâchait alors de lui lancer un second har- pon, et ainsi de suite, jusqu'à ce que, se consu- mant en efforts pour se débarrasser des harpons , la Baleine n’eût plus la force de plonger. Toutes les barques s’en approchaient alors avec p'écau- tions et achevaient de la tuer à coups de lance, que l'on dirigeait autant que possible dans l'intervalle -des côtes. Lorsqu'on s’était assuré de sa mort, on la remorquait, eton l’amarrait sur un des côtés du navire pour la dépecer. Mais le harponnage à la main présentait trop de dangers pour qu'on ne cherchât pas à les éviter : la Baleine pouvait, par un mouvement brusque, frapper la barque qui s’approchait d'elle, et la faire voler en éclats; c’est ainsi que Jacques Wienkes, au moment de har- ponner une Baleine pour le second coup, se trouva sur la direction de l’ascension de l'animal, qui d’un coup de tête enleva rudement et brisa la cha- loupe avant que Wienkes pût décocher son har- pon. Cet intrépide baleïinier retomba sur le dos de l'animal ; sans se déconcerter, et malgré une bles- sure grave qu'il s'était faite à la jambe en retom- bant avec les éclats de la chaloupe, il harpouna, avec son fer qu'il n’avait pas abandonné, la Ba- leine qui l’emportait. Tous les efforts de rames des autres chaloupes ne purent l’atteindre et le se- courir ; la promptitude de la course ne permettait pas au malheureux de tirer le couteau qu'il por- tait et qui s'était embarrassé dans la poche de son calecon , pour couper la ligne attachée à sa main O gauche ; il aliait infailliblement périr victime de .son courage, lorsque par bonheur le harpon se dégagea du corps de la Baleine: Wienkes exténué se mit à la nage, et parvint enfin à être rejoint par les barques en observation. On employa d’a- bord pour lancer le harpon une sorte de mous- quet au moyen duquelil était projeté de plus loin, à l'exemple des anciens , qui avaient déjà appliqué la baliste au harponnage. Depuis, les Angiais es- sayèrent de le lancer avec le canon; MAIS CES die vers moyens étaient d’un emploi peu commode, et l’on en revint au lancement du harpon à la main ; seulement les barques s’éloignèrent moins du navire, et sitôt que le harpon était lancé , l’on faisait force de rames pour reioindre le bâtiment, en laissant glisser la ligue librement sur l’étrave, BALE 372 BALE jusqu à ce que l’on pût l’amarrer au cabestan, au risque de casser la ligne et de perdre le harpon. Lorsque la Baleine reparaissait, on la poursuivait à coups de fusils ou de pierriers ; c’est à peu près la méthode qu’on emploie encore aujourd'hui. Les pé- ches dans les mers du Nord avaient encore un autre danger : c'était celui des glaces; la Baleine harpon- nées enfuy ait au FRE d’elles ; et dans les glaces entrecoupées pouvant remonter et respirer Sans Y être poursuiv ie, elle filait successivement les lignes qui étaient à bord de l’embarcation, et si les au- tres barques ou le bâtiment n ’apportaient un prompt secours, l'équipage pe trouvait d'autre moyen d'échapper à une mort certaine que celui de couper la ligne et d'abandonner sa capture. Les -bâtimens couraient aussi de grands dangers de la part de la présence de ces glaces immenses sou- vent détachées et poussées avec force par la vio- lence des courans , et, malgré les précautions que l’on prenait pour garantir les navires du choc des banquises, chaque année était mar- quée par quelque sinistre accident; néanmoins on continua long-temps encore à faire la pé- che dans ces parages. Les Groenlandais appri- rent bientôt aussi à chasser la Baleine, et appor- tèrent dans l'exploitation de cette ide les res- sources ingénieuses que la nécessité leur suggéra. A défaut des moyens que les Européens mettaient en usage, faute de longues lignes et de bâtimens capables de résister par leur masse et la force de leurs voiles aux efforts de la Baleine, ils imaginè- rent, pour réduire un animal dont le produit pouvait leur être plus précieux encore qu'aux au- tres baleiniers, l'emploi d’un expédient dont les Romains avaient déjà eu quelque idée: ils atta- chèrent des outres de peau de phoque à des har- pons, et suppléèrent par le nombre à la force des machines. Parés de leurs habits de fête, car la religion avait su consacrer chez ce peuple la pêche de la Baleine, hommes, femmes, enfans quittaient leurs huttes enfumées et s’aventuraient sur leurs hajacks jusqu’en pleine mer : à, sans crainte d’être submergés dans leurs Die de cuir, ils assaillaient la Baleine d’une grêle de harpons balonnés qui génaient d’abord les mouve- mens de l'animal, et finissaient par les rendre presque impossibles; les sauvages se jetaient alors à l’eau, et, soutenus par leurs vêtemens de peaux impcrméables, ils commencaient sur les lieux mêmes le dépécement, qu'ils terminaient à la côte. Mais une pêche à laquelle tant de spéculateurs prenaient part dut troubler dans ces parages la reproduction et le développement des Baleines ; elles les quittèrent peu à peu, et, bien que les pro- cédés de l'extraction de l’huile se fussent perfec- tionnés au point que la même quantité de lard pût fournir le double de ce qu’elle produisait dans l’ori- gine, les avantages de la grande pêche du Nord dimi- nuèrent d'une manière rapide. Il fallut poursuivre les Baleines sur les côtes de l'Amérique septentrio- nale , etle Spitzberg , le Groenland et leurs établis- semens commerciaux furent presque abandonnés. Plus tard on apprit par les navigateurs que l’A- mérique méridionale possédait aussi dans ses mers des Baleines productives, et la pêche du Sud suc- céda à celle de la terre de Labrador, du détroit de Davis et du banc de Terre-Neure; moins féconde, elle offrait du moins l’avantage de présenter moins de dangers. Sur plusieurs points, les naturels des nou- velles pêcheries s’initièrent à la pêche de la Baleine; on vit des Américains cerner ces animaux avec leurs innombrables canots d'écorce, les effrayer par leurs cris, leur musique discordante , le bruit de leurs rames, et parvenir à les faire échouer sur le ri- vage; d’autres plus intrépides se jetaient à la nage, gagnaient la Baleine , lui enfonçaient à coups de oullet une forte cheville de bois dans l’un des évents, plongeaient avec elle, et lorsqu'elle repa- raissait , répétaient la même manœuvre sur l’autre évent. La Baleine, suffoquée par le défaut de res- piralion, ouvrait grandement la gueule pour re- cevoir de l'air, etengloutissait vainement une im- mense quantité d’eau ; elle expiraitenfin asphyxiée, dérivait le ventre en dessus , et se remorquait sans effort jusqu’à la rive prochaine, où on la débitait. La découverte des terres australes et les relations plus fréquentes avec les mers des Indes firent aussi connaître l'existence de Baleines dans les di- verses parties de l'océan Austral. La pêche s'établit sur divers points ; la baie de Sainte-Hélène , le cap de Bonne-Espérance entre autres, eurent leurs pé- cheurs baleiniers ; la sûreté et la durée plus grande de la pêche compensaient la longueur du trajet et l'inconvénient d’une exploitation en pleine mer. Malgré ces nouvelles ressources , la pêche de la Baleine perdit beaucoup de son ancienne splen: deur, et la paix g générale ne la lui rendit qu’en partie. La marine commerciale des Hollandais n’est plus au- jourd'hui, il est vrai, ce qu’elle était jadis; mais les peuples qui ont grandi la leur à ses dépens ne paraissent pas av oir partägé toute son an- cienne mine d'or; plusieurs puissances arment , il est vrai, un grand nombre de bâtimens BRATACA baleiniers ; mais l'on sait qu’à la faveur du pré- texte de la pêche de la Baleine, bien des armateurs se livrent chaque jour à la traite prohibée des nè- gres, et que l’on ne peut se fier entièrement aux chiffres fournis par la statistique des ports et l'indi- calion des partances. Les Français ne firent à au- cune époque , depuis les Basques et les Biscayess , une figure bien imposante dans des pêches de la Baleine; leur commerce maritime, en gé- néral un peu timide, n’osa pas toujours s'y averturer, et les troubles fréquens avec l’Angle- terre , l'Espagne et la Hollandene lui en laissèrent pas non plus toujours la liberté; d’ailleurs la ri- chesse du sol et son industrie intérieure lui rendi- rent moins nécessaires les produits de cette pêche ; 5 ses suifs et ses huiles d'olive, de colza, surent, pendant le blocus impérial surtout, lui faire voir d’un œil presque indifférent les De de Baleine qu'il ne pouvait aller chercher. Néanmoins la pé- che de la Baleine ne fut jamais totalement abandon- née en France; nos armateurs de l’ouest exploitent encore avec avantage celte branche honorable de haute industrie, et le gouvernement l’encourage ue À © À Fr 1 Balsier 2.Baliste 3.Balsanuer de {4 Mecque E Cuerin de BALI ‘ 373 BALI ———_—_——————— ——û—“—— — — non-seulement en protégeant le pavillon, mais en- core en accordant aux baleiniers des primes pé- cuniaires assez considérables; mais, il faut l'avouer, ces encouragemens paraissent plutôt accordés au commerce maritime français, dont on veut con- server les droits acquis par l'usage et l'influence politique, qu’à l’exploitation de la Baleine, puis-- que d'après les lois les indemnités ne sont allouées qu'aux bâtimens baleiniers français montés par capitaines français. La pêche de la Baleine n’a pas été seulement une source de bienfaits immédiats pour l’homme et de richesses pour les nations qui s’y sont adonnées, elle a été encoreune mine pré- cieuse de découvertes pour les sciences et pour la politique ; la géographie, la navigation et l'histoire naturelle surtout lui doivent un grand nombre de leurs plus belles pages, et il est à regretter que l’on n'ait pas toujours assez senti l'importance in- directe qu'elle pouvait acquérir. Notre planche 39 offre la figure d'une Baleine au moment où elle vient d’être harponnée; la baleinière, chaloupe destinée à cette opération, est proportionnée à l’a- nimal, pour mieux faire comprendre sa grandeur immense. (T. C.) BALI-SAUR. (man. ) Carnassier très-remar- quable , découvert dans les montagnes qui sépa- rent le Boutan de l’Indoustan; il a le port d'un ours, avec le museau, la queue et les yeux d’un cochon. Sa hauteur est d'environ vingt pouces. Ses pieds sont plantigrades, à cinq doigts réunis dans toute leur longueur par une membrane étroite, et armés d'ongles longs d’un pouce. Cet animal, observé par Duvaucel, n’est connu que par une figure de M. F. Cuvier, Hist. Mamm., liv. zr. Son museau est en forme de boutoir; sa dentition est à peine connue : on sait seulement qu'il a six incisives à chaque mâchoire ,- et de fortes canines; que ses molaires, dont on ignore le nombre, sont plates'et d'autant plus grandes qu'elles sont placées plus avant dans la bouche. Le nom indou Pali-saur, c’est-à-dire Cochon des sables, à été conservé à ces animaux, dont M. F. Cuvier fait un genre particulier, sous le nom d’Arcionyz, placé dans la famille des Plantigrades, à côté de celui des Ours. Le Bau-saur de Duvaucel, Arctonyxz collaris, F. C., a les oreilles courtes, le groin de couleur de chair; son poil est rude, d’un blanc jaunâtre ondé de noir; la gorge est jaune ; une bande de cette couleur naît sur le museau , traverse l'œil et va contourner l'épaule. Get animal est omnivore ; lorsqu'on l'inquiète ou qu’on l’irrite, il se dresse comme l'ours sur ses pieds de derrière et présente à la fois à celui qui oscrait l’attaquer , ses dents, ses bras et ses ongles. Il fait alors entendre une sorte de grognement très-singulier. {GERvaIs.) BALISIER;, Canna. (por. pHax.) Douze es- pèces, toutes Ctrangères à l'Europe, constituent ce genre de la Monandrie monogynie , servant de type à la famille des Cannées. Elles sont herbacées, munies de racines vivaces, charnues, tubercu- leuses , aromatiques et rampantes ; de tiges droites, simples, qui montent jusqu'à deux mètres de haut; de feuilles ovales, engaînantes, et roulées longi- tudinalement sur elles-mêmes avant leur dévelop- pement complet; de fleurs rouges ou jaunes disposées en épi lâche, au sommet de la tige ; et de semences noirâtres, rondes , dures, renfermées dans une capsule ovoïde qui s’ouvre naturellement en trois valves. Les Indiens et les Américains du sud retirent de ces graines une belle teinture pourpre, malheureusement peu solide ; chez nous, ces plantes ne sont d'aucune utilité, seulement la beauté de leurs feuilles, assez semblables à celles du Bananrer (v. ce mot), la forme très-compli- quée et l'éclat de leurs fleurs, les ont fait ad- mettre dans nos parterres , dont elles sont un des plus jolis ornemens. On les y traite avec beaucoup de ménagemens, quoiqu’on puisse les élever en pleine terre; les tiges périssent alors sous le souffle glacé des vents du nord-est; mais, si l’on a soin de couvrir la racine avec des feuilles sèches, dès le mois d'avril de nouvelles pousses assurent des plantes intéressantes , toutes couvertes de fleurs, qui se développeront successivement depuis juillet jusqu’au milieu d'octobre. Il vous sera facile de mul- tiplier les plants, d’abord par leurs nombreux œil- letons séparés en automne , ensuite par le semis des graines qui mûrissent parfaitement au nord comme au midi de notre pays. En adoptant l’un ou l’autre mode de propagation, on arrose fré- quemment en été, tandis que, durant l'hiver, il faut éviter de donner de l’eau, le tubercule étant fort exposé à pourrir dans le cours de cette saison. Quatre espèces peuvent s’acclimater avec succès: 1° le Baurster D'INDE, C. indica, représenté dans notre Atlas, pl. 40, fig. 1, quiest remarquable par son feuillage ovale, très-large et d’un beau vert, par ses fleurs éclatantes, à six divisions, variant de l’écarlate au jaune, et le plus souvent pana- chées de jaune et de rouge; 2° le BALISIER À FEUILLES ÉTROITES, C. angustifulin, originaire de l'Amé- rique intertropicale, aux fleurs constamment jau- nes,.et plus petit dans toutes ses parties que le précédent; 5° le Bazisier cLauquE, C. glauca, qui habite les terrains fangeux de la Caroline; il a les feuilles d’un beau vert de mer fort agréable, les fleurs d’un jaune pâle, et son port élevé le fait ressembler au balisier d'Inde ; 4° et le Bazister FLASQUE , C. flaccida, superbe plante, couverte de grandes fleurs d’un jaune aurore, que Bartram a découverte dans la Caroline du sud. (T. p. B.) BALISIERS. (or. Pnax.) La famille de plantes à laquelle de Jussieu a donné ce nom est appelée par Ventenat Drymirrhisée, à cause de l'odeur aromatique que répandent les racines ; par Trat- tinnick, Scitaminée , qui signifie végétal d’un as- pect agréable, et par Salisbury, Cannée. Ge der- nier nom, le plus convenable de tous, puisqu'il est tiré du nom botanique, est généralement adopté. (T. ». B.) BALISTE, Balis'es. (vorss. ) Les Balistes con- stituent un des principaux genres de la famille des Sclérodermes de Cuvier. Ce sont des poissons qui se font principalement remarquer par la compres- sion de leur corps, qui est recouvert d'éculle: eme een en BALI 874 BAEK POTTER ER OT OC RENE C Te dures, âpres au toucher ct de forme le plus sou- vent rhomboïdale. Ges écailles ne sont point im- briquées ; c’est-à-dire qu'étant adhérentes à la peau par toute leur surface, la base de l’une n’est pas recouverte par le bord postérieur de celle qui la précède ; disposition qui, jointe à la figure de ces mêmes tégumens squameux , fait paraître la peau, surtout lorsquelle est desséchée, comme divisée en compartimens. La bouche des Balistes est fort pe- tite, et leurs mâchoires sont munies chacune d’une rangée de huit dents, qui sont ou élargies et tran- chantes, ou coniques et pointues, Chez toutes les espèces, sans exceplion, ces dents sont cachées par une peau molle ou mieux par de véritables lèvres. Le dos de ces poissons est pourvu de deux na- geoires. L’antérieure n’a Jamais que trois épines dont une, la première, est de beaucoup la plus longue et la plus forte ; mais toutes sont articulées sur un os particulier qui lient au crâne et qui pré- sente un sillon assez profond pour qu’elles puissent, lorsque l'animal les abaisse, s'y retirer complé- tement. : Quoique les Balistes soient privés de ventrales , leur squelette offre néanmoins un os du bassin qui est suspendu à ceux de l'épaule et dont l’extré- mité, qui ne manque jamais d’être hérissée d'é- pines, fait une saillie vers la région moyenne du ventre. On observe de plus, entre cette pointe du bassin et la nageoire de l’anus , une suite de petites épines qui sont implantées dans la peau. Leurs yeux sont presque à fleur de tête , et c’est tout près de leur bord antérieur que l’on voit s'ouvrir les deux orifices des narines. Ce genre, fort nombreux en espèces, a été di- visé ainsi que nous allons l’indiquer: Dans un premier groupe, on a placé celles qui n'ont point d’écailles relevées en pointe sur les parties latérales de la queue, et qui n’en possèdent point derrière les ouïes de plus grandes que les autres : tel est le BALISTE CAPRISQUE , Ba- listes capriscus, Linn. ; il habite la Méditerranée, et est connu, sur les côtes d'Italie, sous le nom de Pesce Palestra. Sa longueur est d'environ huit pouces ; ses dents sont teanchantes, du moins les latérales, car celles du milieu sont pointues et plus longues. Il est d’une teinte brunâtre, semé partont de points bleus. Un second groupe se compose d'espèces qui, ainsi que les précédentes, ne portent point d’écailles re- levées sur les côtés de la queue, mais qui en ont de plus larges que celles da corps derrière les fentes branchiales. Le Barsre vinree, Palistes vetula, BL. , en fait partie ; il se reconnaît à sa couleur brune et aux lignes d’un beau bleu qu'on remarque sur son museau. Il y a des Balistes à écailles postéro-branchiales plus étendues que celles des autres parties du corps, qui onten outre sur les côtés de la queue des rangées d’'épines courbées en avant, dont le nombre est variable, Ceux-là forment le troisième groupe , auquel ap- croissant entre l’œil et la pectorale. partient , parmi les espèces à deux séries d'écailles pointues, le Barisre rayé, Balistes linentus , qui est d’un brun plus ou moins foncé, avec des lignes obliques blanches sur le corps. Îlest originaire.de la mer des Indes. Comme exemple &e ceux qui ont trois rangs d’épines, nous citerons le Balistes conspicillim, que Lacépède a fort mal à propos nommé BazisTe AMÉRICAIN, attendu qu'il vit dans la même mer que le précédent ; c’est celui dont nous donnons la figure pl. 40, fig. 2.Le Bazisre À ÉCHARPE, qui doit son nom spécifique à la bandelette blanche qui se détache, à la hauteur des yeux, du fond brun deson corps, est un de ceux qui portent quatre rangées d’épines. D’autres espèces ont cinq ou six de ces lignes épineuses, comme le Ba- 2ISTE SILONNÉ, par exemple, qui est d’un noir d’é- bène magnifique, avec le bord externe :de l’anale et de la seconde dorsale d’un beau blanc. Enfin, il existe des Balistes qui ont jusqu’à seize rangées d’écailles épineuses ; de ce nombre est le Baise BOURSE, qui est fauve, avec une bande brune en (G. B.) BALIVEAU. (acn.) Jeunes arbres, particuliè- rement chênes, hêtres , frênes ou châtaigniers, de la plus belle venue, nés de semences ou seuls sur souche, réservés lors de la coupe des taillis, et choisis pour croître en futaie. Les forestiers distin- guent trois sortes de Baliveaux, ceux de l’äge du taillis, c’est-à-dire venus de semences en même temps que lui; les modernes, qui ont deux âges d'aménagement au moins et trois au ‘plus; et les anciens, comptant quatre-vingts ans dans un taillis de vingt ans, cent dans un taillis de vingt-cinq, et cent vingt dans un taillis de trente ans. Les Bali- veaux servent à la reproduction de l'espèce, mais ils nuisent à la prospérité des bois et des forêts en appauvrissant la cépée, en attirant à éux tout le suc de la terre. Buffon et Varenne de Fenilles ont eu tort de dire que les Baliveaux occasionent la gelée des taillis par l'ombre et l'humidité qu'ils jettent sur eux ; l'expérience démontre au contraire que ce sont les. taillis trop fourrés qui sont cause de la gelte qui frappe si souvent les Baliveaux. (T. ». B.) BALKAN. (céoc. pnys.) Ce groupe de montagnes dépend, à proprement parler, du système alpi- que: ilse lie par le mont Perserin aux Alpes Dina- riques , et se termine à la mer Noire, par le cap Emineh. Divisé en un grand nombre de branches, sa principale chaîne porte le nom de Tchar-dagh (chez les anciens Scardus), et d’Æmineh-dagh (l'antique Aæmus) : c’est le Balkan proprement dit; ses ramifications très-importantes au sud, ou l’une d'elles qui forme la presqu'île de la Morée ou du Péloponnèse, ont recu les noms suivans : Despoto- dagh ou Rhodope ; Rastagnats ou Pangée; Me'sovo ou Pinde; Liakoura ou Parnasse; Lacha ou Olympe, etc. Le groupe du Balkan détermine le partage des eaux qui vont se jeter au nord dans le Danube , à l'est dans la mer Noire, au sud dans celle de Mar- mara , dans l’Archipelet la Méditerranée, à l’ouest dans cette mer et le golfe Adriatique. EEE TT TO OUTRE tee; 379 BALL BALS M. Hauslab , capitaine au corps des ingénieurs- géographes autrichiens, qui a eu l’occasion d'étu- dier, en 1852, la géographie et la géologie du bassin du Danube et du groupe du Baïkan, estime que la partie orientale dé la châîne principale , et la plus rapprochée du Danube, € est-à-dire du Petit Balkan, n’a pas plus de 1,560 à 2,000 pieds d’élévation; tandis que le Grand Balkan, qui s'é- tend plus au sud dans la même direction, peut ätteindre 5 à 6,000 pieds, attendu qu'il conserve encore en mai de la neige sur les hautes cimes. La chaîne du Despoto-dagh est fort élevée : ses sommets peuvent avoir de 8 à 9,000 pieds. Elle est coupée tranversalement par plusieurs rivières, dont la plus importante est la Marilzr, antique Hebrus, dont le cours est d'environ 80 lieues. Le massif qui supporte les différentes roches du Balkan paraît être composé de graniteel de gneiss. Ses: ramifications septentrionales , qui bordent le cours du Danube, sont formées de collines de grès appelé mollasse, assez semblable à celui des Alpes- Helvétiques; au sud de cette ligne on trouve une série de montagnes de calcaire compacte gris ou blanchâtre , qui présente des coupures transver- sales et offre la plus grande analogie avec la bande secondaire des Alpes. Entre ces montagnes et la chaîne centrale du Balkan, on remarque de grandes cavités, occupées jadis par des lacs, et qui forment aujourd'hui des vallées longitudinales : telles sont, par exemple, celles où se trouvent Varna et Choumla. Si l’on monte le véritable Balkan , on yretrouve les roches les plus anciennes des Alpes : savoir, des masses d’agglomérats, puis des schistes cris, et des schistes talqueux ; puis des couches puissantes de calcaire nolrâtre ou rou- geâtre, du terrain de transition : le col du Balkan, entre Viddin et Andrinople, en est entièrement formé , et ce n’est qu'en descendant par le versant long que le calice, etc. Ce genre est assez nom- breux en espèces’: celle qui offre quelque intérêt à cause de l'odeur aromatique qu’elle répand, est la Bazcore rËrine, Pallota nigra, Lin. , connue sous le nom vulgaire de Marrube notr. Elle croît en abondancé dans les lieux incultes et stériles, où elle fleurit pendant l'été. Sa tige est rameuse, carrée, ses fleurs sont rougeâtres, ses feuilles sont ovales , subcordiformées et crénelces. Son odeur est désagréable, (GuËr.) » BALSAME, (mor. Pan.) Vieux nom francais des arbres à baume:(7. Baume), et que l’on appli- quait à toutes les plantes qui donnent des résines odorantes (J7. Rf£sin£),ourépandent seulement un arôme plus où moins flatteur. (T. ». B.) BALSAMIER , Zmyris. (por. PnAN.) Toutes les espèces de ce genre des Térébinthacées ne sont point connues, et des fables enveloppent l’histoire de celles dont les sucs propres ; résineux ou balsa- miques, nous sont apportés par le commerce. Les Balsamiers sont des arbres où des arbrisseaux à feuilles ternées ou ailées avec impaire; leurs fleurs, disposées en panicules axiilaires et terminales, ont un calice à quatre dents persistantes, une corolle à quatre pétales ouverts, huit étamines, un style épais et un stigmate en tête. Le fruit est un drupe sec, obrond, contenant un noyau globuleux , lui- sant , Mmonosperme. L'espèce la plus célèbre est le BALSAMIER DE LA Mecque, Amyris opobalsamnm, dont nous avons représenté un rameau, planche 4o, figure 3; c'est elle qui fournit un suc blanc. d’une odeur très -pénétrante. Arbrisseau de l'Égypte , de la Syrie ct de l’Arabie-lHeureuse, où il devient de plus en plus rare ; ses rameaux sont tortueux, garnis de feuilles ternées, rarement à cinq lobes; il monte à la hauteur du troëne. Les Hébreux l’ap- pelaient Z'soeri, les Grecs Balsamos. On a, dès la méridional qu’on trouve des micaschistes sur le | plus haute antiquité, vanté son suc comme ayant pied dela chaîne. Ces roches schisteuses sont cou- vertes, au sud comme au nord, de calcaire gris foncé de transition. Le groupe du Balkan est partout difficile à franchir; mais on en a exagéré les difficultés, en les comparant à elles que présentaient les Alpes avant la construction des’ magnifiques routes qui traversent celles-ci. En allant de l’ouest à l’est, le Balkan offre de nombreuses cimes coniques , qui dominent ses flancs escarpés. Ges cimes sont dé- pourvues de végétalion , si l'on en excepte quel- ques plantes alpines et’ plusieurs cryptogames. Au dessous de cétte région aride, on commence à apercevoir des arbres, puis d’épaisses forêts. Son versant septentrional est presque toujours humide et couvert de brouiliards ; du côté opposé, l'air est pur, la température douce et agréable, et de délicieuses et pittoresques vallées annon- cent le climat heureux de la Grèce. (J. H.) BALLOTE , Ballola. (mor. pnan.) Genre de la famille naturelle des Labiées, Didynamie gymino- spermie, Lin. , distingué des Marrubes par son calice évasé, strié, terminé par cinq dents aiguës et divergentes, par sa corolle dontle tube est plus des propriétés miraculeuses ; le charlatanisme s’est emparé de cette légende pour les étendre et mieux tromper les crédules, auxquels il débite ses dro- gues grossières sous le nom de Saume de la Mec- que. Ge qu'il y a de certain, c’est que le suc 0b- tenu par les inçisions faites aux branches et au tronc du Balsamier des Turcs est de trois sortes. La première , qui découle directement de l’arbris- seau, est affectée au service de la kaaba et du sul- tan ;: la seconde, retirée des rameaux et des feuilles soumis à l’ébullition, est une huile limpide, sub- tile, que les Masulmanes de haut parage eme ploient comme cosmétique et pour oindre leurs longs cheveux noirs : c’est cette seconde espèce que les Turcs de Constantinople envoient en pré- sent dans les autres parties de l’Europe. La troi- sième, résultat d’une nouvelle ébullition, donne une huile épaisse, peu odorante , que l’on sophis- tique avec du sésame ou de la térébenthine, et c’est celle véritable drogue que les caravanes jet- tent dans le commerce sous le nom pompeux de Baume de {a Mecque. Le Bazsaurer ÉLÉMIFÈRE , 4. elemifera , est ori- ginaire du Brésil ; on en obtient, par incision faite BALS 356 BALT à son écorce, une résine jaune-verdâtre, dont l’odeur rappelle celle de l’anis ou du fenouil. Le BaLsaMIER DE LA JAMAÏQUE , 4. balsamifera, s’é- lève à sept mètres; il a l'écorce brune, les fleurs petites et blanches ; son bois répand, quand on le brûle, une odeur de rose très-prononcée,. Le Baz- SAMIER DE GILEAD, A. gileadensis ; ses rameaux , chargés parfois de quelques feuilles, existent dans le commerce sous le nom de Xylobalsamum, et ses baies sous celui de Carpobalsamum.On pourrait cultiver en pleine terre, dans nos départemens du midi , le BALSAMIER POLYGAME, 4. polygama, bel arbrisseau toujours vert qui nous est venu du Chili; on le multiplie aisément de boutures faites au printemps : ce serait une agréable et précieuse acquisition pour l’horticulture ; toute la plante ré- and une odeur suave. (4 °n-4B:) BALSAMINE, Balsamina. (soT. pnax.) Deux plantes de ce genre méritent d’être citées: l’une est rustique dans les Alpes et dans le nord de l'Eu- rope; la BazsamINE Des Bois, B. noli me tan- gere, qui est sans beauté; ses feuilles passent à tort pour vénéneuses, elles se mangent préparées comme des épinards; ses feuilles et ses fleurs fournissent à la teinture une belle couleur jaune très-solide; sa racine vivace a des propriétés médicales héroïques comme résolutives et déter- sives, Elle aime les lieux humides , ombragés, et le bord des ruisseaux. » L'autre , la BALsAMINE DeszsarDins, B. hortensis, apportée de l'Inde vers la fin du seizième siècle, est une des plus communes et en même temps l’une des plus belles plantes qui décorent nos jar- dins. Elle est annuelle , disposée en petits buissons fort jolis, et fleurit presque tout l’été. Le lieu de sa naissance indique les précautions que l’on doit prendre pour sa culture dans les climatures éle- vées; la plus légère gelée blanche noircit la tige et la fait promptement pourrir. Les principales couleurs de ses fleurs, que l’on trouve réunies par trois et six dans l’aisselle des féuilles supérieures, sont la couleur de feu, le gris de lin, le violet, l’incar- nat, le blanc satiné, et souvent ces différentes nuances sont mélangées ensemble, ce qui forme un coup d'œil très-agréable, Sesfleurs sont grandes, simples ou doubles, et parfois aussi pleines que de gros œillets. À Linné avait donné aux Balsamines le nom de IuPATIENTES, impatiens, à cause de l’irritabilité que le fruit manifeste lorsqu'on le touche. La capsule , qui renferme environ dix graines ovoïdes , s'ouvre avec éclat au moment de la parfaite ma- turité , et ses cinq valves se roulent en spirale vers le pédoncule, et s’en détachent presque aussitôt. Dans ce mouvement de contraction, les graines sont lancées au loin. Le phénomène est surtout irès-remarquable dans l'espèce que le législateur de la botanique a surnommée : NE ME Toucnez pas, Noli me tangere. (T2. B.) BALSAMINÉES. (mor. P#ax.) Groupe de plantes de Ja Pentandrie monogynie, placé entre les Gé- ranjacées et les Violacées. Il n’est composé, jus- qu'à présent, que du seul genre Balsamine, qui en est le type et le modèle. Les Balsaminées fai- saient naguère encore partie des Géraniées. Ri- chard les en a détachées avec raison ; ils’est fondé sur la forme de l'ovaire, sur les loges quirenferment chacune six ovules, sur le nombre des étamines qui est de cinq, et sur les feuilles qui sont alternes et toujours dépourvues de stipules. (T.n.B.) BALSANNES et BALZANES. (acr.) Taches rondes de poils blancs que certains chevaux ont. au dessus du sabot, ct qu'ils apportent en nais- sant. C'était au seizième siècle un signe de haute qualité. Le cheval qui le possédait aux quatre pieds passait pour supérieur à tous les autres; cependant il y en avait qui mettaient le pronostic en défaut, puisqu'on disait proverbialement: Chevalaux quatre pieds blancs faillant au besoin. (En..B.)) BALTIQUE (Mer). Cette Méditerranée de l'Eu- rope septentrionale est une sorte de golfe im— mense, dont la longueur est de 325 lieues, la moyenne largeur de 50 , et la superficie de 20,300. lieues. Les nations Scandinaves et Germaniques lui donnent le nom de Mer orientale : on pourrait l'appeler Méditerranée scandinave. Cette mer, qui communique avec celle du Nord, recoit le super- flu de tous les lacs dont la Finlande, l’Ingrie et la Livonie sont remplies ; c’est dans son sein que s’é- coulent la moitié des rivières de la Pologne et de l’Allemagne orientale et septentrionale; enfin , les nombreux fleuves du nord de la Suède y portent les eaux fournies par les neiges des monts Dofrines. Aucune mer ne recoit, proportion gardée , un sk grandnombre d’aflluens d’eau douce ; aussi la Balti- que participe-t-elle de la nature d’un lac. La fonte des neiges y détermine, dans l'été, un courant qui se verse dans la mer du Nord par le Sund et les deux dé- troits appelés Grand et Petit Belt; tandis qu'aux autres époques de l'année, les çourans ordinaires entrent et sortent selon les vents dominans. Le golfe de Bothnie qui forme comme un lac à part, et le gol/e de Finlande, qui ressemble un peu à un fleuve, et qui, de jour en jour, s’encombre des sables de la Néva, envoient presque toute l’année des courans dans le grand bassin de la Baltique. La description de cette mer amène naturelle- ment ici la question. de son changement de niveau. Depuis long-temps des écrivains allemands et sué- dois , et Linné lui-même, ont commencé à discuter sur la question de savoir s'il est vrai que les eaux de la Baltique s’abaissent : des traditions semblent l’attester. Dabord, du temps de la domination romaine , elle passait pour une grande mer; d’un autre côté on connaît, par les chants des anciens bardes, les noms des rochers sur lesquels les Scan- dinaves avaient l'habitude d’aller pêcherles phoques endormis : ces rochers sont des blocs à surface: plane, assez peu élevés au dessus des eaux pour que les phoques puissent y monter. Or, ceux que chantèrent les bardes, et qui portent encore les mêmes noms, sont maintenant tellement élevés, qu’il serait impossible à un phoque d’y monter. Ce sont principalement ces faits qui ont frappé de- puis long-temps des hommes graves et savans. André Celsius et Bergmann ont regardé comme démontré UN ROT Dame “rs z. Bambou . 2.Bananier. Æ' Cuertr dir BAMB 377 BAMB démontré l’abaissement de la Baltique. Le premier a même été jusqu’à prétendre que l’eau s’y abaisse annuellement de quarante-cinq pouces, d’où il conclut que, si cela continue , le bassin de la mer Baltique sera tout-à-fait à sec dans trois à quatre cents ans; mais ce qui dérange tout-à-fait ces cal- culs, c’est que si, sur certains points de la côte, l’abaissement des eaux paraît être considérable, sur d’autres , au contraire, leur niveau ne semble point changer. s Ces questions ont été renouvelées de nos Jours ; et l’objet en discussion a paru même assez important pour qu’en 1820 les gouvernemens suédois et russe aient cru devoir charger une commission, composée de savans recommandables, de vérifier les observations de leurs devanciers et de fixer, par des mesures exactes, des points de comparaison propres à constater le fait. Les rochers qui sor- tent des eaux et qui portent l'empreinte de la main de l’homme , ont été d’un grand secours sur plu- sieurs plages. Ces recherches ont servi à dé- montrer un abaissement de niveau qui ne suit pas la même loi dans toutes les parties de la Baltique. C’est dans le golfe de Bothnie qu'ilest le plus con- sidérable : il paraît être de quatre pieds par siècle , et diminuer dans la direction du sud. Il n’est plus que de deux pieds par siècle sur la côte de Kalmar. On a même été conduit à la connaissance d’un fait qui, pour n’avoir pas été constaté par des sa- vans , n’en est pas moins digne de toute leur at- tention ; c’est que les eaux de la Baltique ne s’a- baissent pas : car, alors, elles diminueraient égale- ment partout; mais c’est le terrain de la côte de Bothnie qui s'élève depuis long-temps. Cette opinion est répandue parmi les habitans des flots granitiques qui bordent cette côte. Ge qui semble . l’appuyer plutôt que la contredire, c’est que les îles -d’Aland et de Gottland , qui sont calcaires et aré- nacées, passent pour ne point éprouver ce chan- gement de niveau. En effet, si l’abaissement appa- rent des eaux est dû au soulèvement des terrains, il doit être beaucoup plus sensible sur les roches de gneiss et de granite, que sur le calcaire, puisque les premières sont beaucoup plus rapprochées que les autres du centre d’action qui produit le sou- lèvement. (J. H.) BAMBOU, Bambos. (Bot. pnan.) Hexandrie monogynie de Linné. Le Bambou est le géant des graminées. Utile comme la plupart des plantes de sa famille , il est majestueux comme les palmiers. Voici ses caractères génériques : épillets lancéolés, comprimés , à cinq fleurs ayant à leur base trois écailles imbriquées; glumelle ou balle bivalve ; six étamines. Ovaire surmonté d’un style bifide à stigmate plumeux; une seule semence oblon- gue, enveloppée de la balle calicinale; deux ou trois petites écailles particulières et intérieures à la base de l'ovaire. Ce genre comprend deux espèces bien connues : 1° Bamsou 1zLY, Bambos arundinacea, Retz; Bambusa, Wild. , Ily, Rhéed. , Malab. , 1, p: 29, tab. 16.; Vastus, Juss., genr. 34, représenté dans notre Atlas, pl. 41, fig 1. Il parvient à une Tone I. hauteur de soixante pieds. Ses feuilles sont lon- gues et semblables à celles du roseau. Ses fleurs forment de longues panicules droites, rameuses et étalées, Il se plaît dans les terrains sablonneux des deux Indes. 2° Bawsou LéLéBÉ, Bambos verticillata. (nor. PHAN.) Lam. 11, tab. 264, fig. 1. Rumph. Amb. p. 1, tab. 1. Moins grand que le précédent , il n’est pas moins utile. On fait de son bois divers meubles et ustensiles de ménage. Son nom latin lui vient de ce que ses fleurs sont en verticilles à l'extrémité des rameaux. De quelle utilité n’est pas le Bambou dans les régions privilégiées où la Providence le fait nat- tre ! Les jeunes pousses offrent. aux Indiens une substance spongieuse, succulente et sucrée, dont ils sont très-avides. Des nœuds de cette plante découle une liqueur douce, que l’on croît être le Tabuzxir des anciens. L’action d’un soleil brülant la concrèle en un véritable sucre, dont il se fai- sait une grande consommation avant la culture de la canne à sucre. Les jeunes turions des Bam- bous se mangent , comme chez nous les asperges. Ils entrent dans un aliment composé nommé Achao. L’ouvrier qui fait bien toutes choses a su ré- soudre, dans le bois du Bambou, le grand pro- blème de la légèreté unie à Ja solidité. Outre des meubles de toute espèce, on en fait des pa- lanquins, la charpente des maisons, des ba- teaux. etc. , etc. On lit dans l'Histoire des Voyages , que les Chi- nois écrivaient autrefois sur des tablettes de Bam- bou passées au feu, et soigneusement polies, mais couvertes de leur écorce ; on taillait les lettres avec un ciseau; et, de toutes ces tablettes pres- sées l’une sur l’autre, on formait un volume. Actuellement le papier ordinaire de la Chine est fabriqué avec la seconde écorce du Bam- bou, délayée en pâte liquide par une longue trituration. Il est collé comme notre papier ; et c’est avec l’alun qu'on lui donne cette prépa- ration. On emploie quelquefois aussi la substance en- tière du Bambou: on tire des plus grosses tiges les rejetons d’une année qui sont ordinairement de la grosseur de la jambe. Après les avoir dé- pouillés de leur première peau verte, on les fend en pièces droites de six à sept pieds de long, pour les faire rouir, pendant une quinzaine de jours , dans un étang bourbeux; on les lave dans l’eau claire ; on les étend dans un fossé sec; on les y couvre de chaux; peu de jours après on les lave une seconde fois ; on les réduit en filasse; on les fait blanchir et sécher au soleil; on les jette dans de grandes chaudières, et après qu'ils ont bouilli fortement , on les pile dans des mortiers, jusqu’à cequ’ils soient réduits en pâte fine, etc. , etc. Ainsi doic l’homme, dans les deux Indes, peut tout devoir à ce précieux végétal: son logement, son ameublement, sa nourriture, ses moyens de transport. : Le commerce apporte les jeunes tiges de Bam- XLVIII: Livraisox. 48 BANA “bou dans nos contrées : transformées en cannes, en tiges d'ombrelle, elles affermissent les pas du vieillard sans ‘peser à sa main, ou soutiennent le voile de soie qui $’arrondit en dôme au-dessus de la tête de nos élégantes pour garantir du’hâle lear teint délicat. Les Baimbous d’une taille énorme sont un 0b- jet de véncration pour les Malais : ils. croient en tirer leur origine. | M: Clarion assure qu'il y aurait de grands avan- tages à introduire la culture da Bambou dans les contrées sablonneuses de nos colonies, en parti- culier au Sénégal, pour en retirer le sucre, à l’aide d'opérations semblables à celles qu’on fait subir à la canne à sucre. «Ce serait , ajoute-t-il, au gouvernement à faire faire des essais, puis des plantations en grand , et des entreprises d’ex- traclion du sucre,» Nous nous permettrons , à cette occasion, de faire observer que cela vaudrait mieux peut-être que d'enlever aux céréales une partie de nos terres pour les consacrer à la cul- ture de la betterave. (G£.) BANANE. On nomme ainsi le fruit du bana- nier. k BANANIER, Musa. (mor. pnan.) Polygamie monæcie, L.; famille des Musacées de Juss. Ce genre à pour Caractères: périanthe de deux fo- lioles colorées , formant deux lèvres dont la supé- rieure embrasse entièrement l'inférieure par sa base et se divise à son sommet en cinq lanières étroites ; la lèvre inférieure est plus courte , con- cave, cordiforme ebtnectarifère : six étamines, dont cinq stériles , la sixième fertile, plus longue; elles sont insérées sur le sommet de l'ovaire, qui est adhérent au périanthe; cet ovaire est très-grand , de forme à peu près triangulaire, et divisé en trois loges contenant chacune un grand nombre d’ovules : style terminé par un stigmale concave -dont le bordoffre six dents : fruit non succulent dans l’état sauvage de la plante, mais que la cul- ture rend pulpeux et d’une saveur agréable. La racine du Bananier se compose d’un grand nom- bre de fibres allongées, cylindriques et simples. Quant à la tige, elle est semblable à celle des li- Jliacées: c’est de même un plateau charnu, qui, par sa face inférieure , donne naissance aux fibres qui constituent la racine; et, par sa supérieure, à cette colonne improprement appelée tige. En effet , cette prétendue tige n’est qu’un assemblage de gaînes foliacées , étroilement emboitéesles unes dans les autres, dont les plus intérieures se termi- nent par une longue feuille elliptique, et les plus extérieures sont nues. Du centre de ces feuilles s’élance une sorte de trompe recourbée: et’ pen- dante , chargée à son extrémité de fleurs très- grandes, disposées en une série de demi-anneaux, dont chacun ‘est accompagné à sa base d’une grande bractée colorée. 'outes les fleurs ont les | deux sexes ; mais avec celte différence qu'iln'y a, dans les fleurs inférieures , que la partie femelle , et, dans les fleurs supérieures, que la partie mâle ui contribuent à la fructification. ‘Les botanistes distinguent , dans ce genre, une 578 BANA douzaine d'espèces; nous nous bornerons à dé- crire les deux plus remarquables : 1° BANANIER À GROS FRuIT , da Paradis, figuier d'Adam, plantaniers; Musa Paradisiaca, Lion. figuré dans notre Atlas, pl. 41, fig. 2. Racine vi- vace ; partie hors de terre , périssant chaque an- née, après la fructificälion; mais repoussant de son plateau un nouveau bulbe et ainsi successi- vement. Îl parvient à une hauteur de douze à quinze pieds, et se couronne d’un:faiscchu de huit à ‘treize feuilles pétiolées , larges de quinze à dix-huit pouces, et longues de sept à meuf pieds, obtuses au sommet et d'un vert clair et agréable. Les fleurs sont jaunâtres, portées par une hampe qui dépasse le sommet de la tige de {rois à quatre pieds. Une grande bractée rougcâtre ,; caduque, protége la floraison, et un bouton d’écailles :co- loriées , serrées entre elles , formede chapiteau de la hampe. Les fruits sont à peu près triangulaires, jaunâtres, longs de six à huit pouces et'terminés en pointe irrégulière à leur sommet: ce sont les bananes. Leur char est épaisse , un peu pâteuse:: la culture fait presque toujours avorter les grai- nes. Ce beau végétal croit spontanément et se cullive en Afrique et dans les deux Indes. C’est, disent quelques écrivains, avec ses feuilles qu’Adam et Ëve couvrirent leur nudité après leur désobéis- sance ! des sauvages en font le même usage. Il en est qui prétendent que Îles énormes grappes qu'apportèrent à Moïse ses émissaires, n'étaient que des régimes de bananes. Une 'sin- gulière croyance des Grecs de nos jours, c'est que, si quelqu'un s’avise de cueillir ce fruit avant sa maturité , l’arbre abaisse sa tête et frappe le ravisseur, Dans l'île de Madère , la banane est un objet de vénérätion: on pense que c’est le fruit défendu du paradis terrestre. Les Espagnols et les Portugais ne coupent ja- mais une banane transversalement, parce qu'en la coupant ainsi, on y voit la figure d'une croix. 59 Bawanien bes sAces, Bananier figuier, Musa sapient'um, Linn. Semblable au précédent par son port et sa taille, mais différent par ses feuilles qui sont plus aiguës et par ses fruits qui sont une fois moins longs, à chair plus fondante : ces fruits sont connus sous les noms de ‘acove, ou figue banane. Le Bananier des sages est ainsi appelé parce qu’on prétend que les £ymnosophis- tes de l'Inde passaient leur vie sous son :om- brage, à méditer et à s'entretenir sur des :sujets philosophiques, et que son fruit faisait leur prin- cipale nourriture; trouvant ainsi dans le même végétal le vivre et le couvert. La figue banane figure, avec les mets de dessert, sur la table du riche colon ; tandis que la banane proprement dite est en général abandonnée aux nègres. Gependant on en extrait une liqueur assez bonne, à laquelle on donne le nom de vin le bananes. En écrasant les bananes bien mûres, et les faisant passer au travers d’un tamis pour en séparer les fibres , on fait une pâte quidonne un pain nourrissant , mais lourd. Cette pâte se conserve, lorsqu'ellerest sè- che ; et, délayée dans de l'eau ou dans du bouil- BANC. 379 BANK: lon, fournit un aliment assez agréalile, dont les marins se trouvent, fort bien, pendant leurs tra- versées. Les Mogols mangent leurs. bananes avec du riz. Les habitans des îles Maldives les font cuire avec le poisson. Les Éthiopiens les font en- tree dans la composition de certains mets d'un goût exquis. Le cœur du Bananier, nommé dian- tong, se préparé comme un légume. Quant aux propriétés médicinales des bananes, on croit que, vertes, elles resserrent le ventre; et que, mûres, elles le relâchent. Les feuilles mêmes de ce précieux végétal sont mises à pro- fit : on les emploie à couvrir les habitations ; et, dans les repas, on les élend sur la table en guise de nappe, ou sur ses genoux, en guise de servielte, Faut-il ajouter foi à ce qu’on dit de ces mêmes feuilles que , par la quantité d’eau qu’elles rendent, elles sont capables d’'éteindre un in- cendie ? Des gaines foliacées de la tige, on fabrique des câbles, des cordages, des hamacs, des toiles, des étoffes même pour robes et tentures d’appar- tement. - Le Bananier est désigné sous le nom de Dudaim en hébreu, de Phyximelon en grec, de Platane- tree en anglais. Du nom Pananas, que lui donnent les habitans de la Guinéé , est venu le nom fran- çais Bananier , qu'on lui donne vulgairement ; et du nom Mauz, qu’on lui donné en Egypte, vient le nom latin Musa, qu'ont adopté les bota- nistes. Bambous, Bananiers ! arbres étrangers à nos climats, vous ne l’êtes point pour nos cœurs: les Bananiers et les Bambous de Paul et Virginie nous intéresseront à jamais ct plus vivement que les or- meaux et les hêtres de Théocrite et de Virgile ! (C.£.) BANCS. (z001.) Parmi les animaux aquatiques , plusieurs espèces voyagent par troupes nombreu- ses et ces immenses associations ont recu le nom de Bancs. Les maquereaux se réunissent ainsi ; les thons, les harengs forment également de gran- des réunions, et le nombre des poissons qui les composent est souvent prodigieux. S'il faut en croire quelques voyageurs, on a renconiré de ces Bancs qui n'avaient pas moins de trois quarts de lieue à une lieue d’étendue. Cette associalion L1 . nest pas seulement propre aux poissons , el l’un . de nos plus savans naturalistes la signale chez les monophores , chez l’hyale papilionacte, et en- fin il considère comme de véritables bancs, très- visibles à l'œil, les réunions innombrables de cer: tains infusoires ou animaux microscopiques , qu'on rencontre dans les bassins de quelques jar- dins publics. . (BP. G.) BANC. (c£ocn. Pnys., chor.) On donne ce nom à des amas de galets où cailloux roulés ; de sable, de vase, de coquilles , de polypiers pierreux et de roches qui se trouvent au fond de la mer, des lacs ou.des rivières. Ces Bancs sont plus ou moins dangereux pour Ja navigation , selon qu'ils sont à une plus ou moins grande profondeur au dessous cent toujours par l’écume que forment les flots qui viennent se briser à leur surface. Les ouvriers carriers des environs de Paris don- nent le nom de Bancs à certaines assises de: cal- caire ou dé gypse, qu'ils distinguent par des déno- minations particulières, Celte dénomination a passé ensuite dans le langage géologique , où elle doit être rigoureusement considérée comme une réu- nion de plusieurs lits. (7, Srnariricarion.) (d..H.) BANDA. (ckoc. puys.) Groupe d’une dizaine d’iles peu considérables de la partie de l'Océanie appelée Notasie : elles sont situées dans la mer des Moluques,, entre 3 degrés 50 minutes et 4 degrés 4o minutes de latitude méridionale , ét par 126 à 127 degrés 30 minutes de longitude orientale du méridien de Paris. Elles sont sujettes à de fré- quens tremblemens de terre, surtout depuis le mois d'octobre jusqu'à celui d'avril, Chacune de ces îles a son volcan; nous citerons principa- lement ceux des cinq: îles de. Gounong- Apt, Banda, Neira, Ay et Way. Le premier n’a pas cessé d’être en activité depuis 1586 qué ses érup- Lions ont été observées par les Européens : celle de 1619 fut si violente, que les canots de la flotte du gouverneur d’Amboine né, parvinrent qu'avec beaucoup de peine à l'ile de Neira à travers une pluié de ponces. Le 22 novembre 1694, de gran- des flammes sortirent de son sommet; . d’autres s’éleyèrent du sein même de la mer, et la rén- dirent si chaude qu’on ne pouvait naviguer des- sus ; enfin le fond de la mer fut soulevé à la hau- teur du sol de l'ile. Pendant l’éruption qui eut lieu le 11 juin 1820, le volcan s’ouvrit au nord- ouest , des pierres en incandescence, aussi gros- ses que les maisons des naturels du pays, furent lancées par le cratère. Mais ce que nous devons signaler ici, c'est un exemple très-remarquable de soulèvement qui eut lieu pendant cette érup- tion : il existait près de la côte une baie dont la: profondeur était d'environ 6o brasses; la place qu'occupait celte baie fut remplie par un promon- toire fermé de blocs de basaltes, parceque l’île en est entièrement composée, Le soulèvement dut être de plus de 300 pieds , et cependant il s’eflec- Lua avec. si peu d’agitation intérieure , que les ha- bitans n’en eurent connaissance que lorsqu'il était presque entièrement effectué, (J, H.) BANKSIE , Banksia. (Bor. pnan. ) C’est le nom donné par Linné fils à un genre d’arbrisseaux, dé- couverts il y a environ cinquante ans , à la Nou- velle-Hollande ; leur aspect assez singulier, ou peut-être seulement leur rareté, les fait recher- cher des amateurs, qui se ‘plaisent à les posséder dans leurs orangeries. Les Banksies sont de, la famille des Protéacées : on les reconnaît à. leurs rameaux garnis de feuilles coriaces et terminés par un épi de fleurs environnées d’écailles. Le calice est formé de quatre segmens adhérens et portant chacun une étamine ; de l'ouverture étroite qu’ils laissent à leur sommet s’élance un style. long ‘et recourbé, Le fruit est une capsule ligneuse et du niveau des eaux, [eureusement.qu'ils s'annon- | épaisse, se, séparant en deux valves comme une A —————]———— — … …—— — — …—— —"—……——……… … …—…. … …"… …"…. " _—_—_—_ BAOB 380 huître; elle contient des graines souvent ailées. La BANKSIE à FEUILLES EN SCIE, Banksia serrata, est un arbuste de huit à dix pieds, à rameaux co- tonneux, à feuilles terminées par une petite épine, à fleurs jaunâtres , dont les fruils réunis forment un cône assez semblable à celui des pins. Nous nommerons encore les Z. micr ostachya et B. eri- cæfolia , et nous renverrons au Mémoire de R. Browx sur la famille des Protéacées, dans lequel ce savant explorateur de la Nouvelle-Hollande à décrit trente et une espèces de Banksies. (L.) BAOBAB, Ædansonia. (5or. pHax.) Ce genre appartient à la Monadelphie polyandrie de Linné, à la famille des Malvacées de Jussieu , et à celle des Bombacées de Kunst. Caractères : calice sim- ple, caduc, à 5 divisions; corolle pentapétale, blanche, réfléchie en deHohe ainsi que les divi- sions du calice, de quatre pouces de longueur et de six pouces de largeur ; étamines au fonbie de six à sept cents, lon Adanson, réunies par leurs filets en un tube cilindrique; ovaire simple , à dix loges, contenant chacune plusieurs graines ; style simple , cylindrique, creux, un peu contourné, dépassant le tube staminal, et surmonté de 10 à 18 stigmates ; grande capsule indéhiscente , croidos pointue aux deux extrémités , longue d’un pouce à un pouce et demi, large de quatre à six pouces, velue et dure à Méttétiodrs graines entourées d’une pulpe abondante, Jusqu'à à présent on ne connaît qu une espèce de ce genre : c’est le Baoag D'Apanson, Adan- sonia digitate Linn., représenté dans la planche 42 de notre Atlas , arbre qui est, parmi les végé- taux, ce que sont, parmi les animaux, l'éléphant et la baleine, Aussi croît-il dans cette partie du monde, fertile en monstres, suivant Pline, qui SE l'extrême grandeur pour une monstruo- sité: on le trouve “particulièr ement au Sénégal. Ilaété transporté en Amérique. Cet arbre gigan- tesque vient de préférence dans les terrains sablon- neux, dépouillés de pierres. Le diamètre de son tronc est de 25 à 50 pieds, et sa hauteur de 12 à 19 pieds. Sa cime se couronne de branches nom- breuses , longues de 60 à 30 pieds , et dont cha- cune égale Ée plus grands arbres de nos forêts. Ces brioches érieu es s'étendent d’abord ho- rizontalement et s’inclinent à leur extrémité jus- qu'à toucher le sol et cacher entièrement le tronc: alors le Baobab forme une vaste rotonde de ver- dure , dont l'imagination se plairait à faire l'asile des amours, si iellen’ y voyait avec effroi le tigre ou le boa goûter un repos formidable. A chaque bran- che répond une racine de même grosseur : le pi- vot suit la direction du tronc, done il est M con- tinuation ; les racines lusvales , énormément grosses , s'étendent à peu près horizontalement à plus de 100 pieds de distance de la tige. Leur écorce est couleur de rouille; celle du tronc et des branches est cendrée, lisse , épaisse, ct sem- ble enduite d’un luisant vernis en dehors : en de- dans elle est d’un vert pointillé de rouge. L’écorce des jeunes rameaux de l’année est verdâtre ; par- semée de poils rares. Les feuilles sont éparses , ae I pétiolées: aigiiéeesa 45 dcrifsliole lie digitées , à 3, 5 ou 7 folioles, inégales, molles, obovales, TE un peu dentelées vers leur partie supérieure et longues de 4 à 5 pouces; le pétiole est long de 2 à 4 pouces, canaliculé et accompagné à sa base de deux peti- tes stipules triangulaires et caduques, Les fleurs sont solitaires ; leurs pédoncules sont longs d’un pied, one et pendans vers la térre. Elles naissent à l’aisselle des feuilles. Les fruits ont la grosseur de nos oranges :\ tel fruit, tel arbre, comme dit Garo, qui n'aurait point trouvé que Dieu s’était mépris, s’il eût vu le Baobab, au lieu de la citrouille. Ces fruits sont connus des Féfhçail qui habitent le Sénégal, sous le nom de pain de singe, et des naturels du pays , sous le nom de bocci. La pulpe en est aigrelette et assez agréable lorsqu'elle est édulcorée” avec du sucre. “On en exprime un suc avec lequel on fait une boisson qu'on assure spécifique contre les fièvres putrides. Le fruit du Baobab est un objet de commerce pour les Man dingues qui l exportent dans les con- trées orientales de l'Afrique , d’où les Arabes le répandent dans le Levant. Les nègres ont l’art de faire un excellent savon , dans la composition du- quel entrent le fruit gâté du Baobab et l'huile de palmier. On fait des tisanes adoucissantes des {cuilles et de l'écorce des jeunes rameaux qui contiennent beaucoup de mucilage. Les nègres, après avoir fait sécher ces feuilles à l obre les réduisent en une poudre qu’ils nomment lalo, et la conservent dans des sachets de coton : ls la mêlent à leurs alimens. C’est dans l'énorme tr onc du Baobab qu’ils mettent les corps de leurs gut- riots, sorte de poètes- musiciens qui président aux fêtes que donnent les rois du pays, et qui, regardés comme sorciers > se font respecter et croatie pendant leur vie, mais sont maudits après leur mort et privés de la sépulture com- mune. On creuse des chambres dans le tronc du Baobab , on y suspend les cadavres de ces mal- hosroeel qui, sans aucune préparation, s’y des— sèchent et s’y conservent à l’état de véritables momies. Le Baobab porte, dans le pays où il est indigène , un nom qui signifie mille ans, et qui ne dde pas une idée Sulieanite de sa longévité. Adanson a retrouvé, dans le tronc d’un Baobab des îles du cap Vert, une inscription que des An- glais y avaient écrite trois siècles auparavant : allé était recouverte par 300 couches ligneuses, Il a pu juger ainsi de la quantité dont ce végétal avait crû en trois siècles ,et, en partant de cetté donnée, et de ce que l'observation des jeunes Baobabe fournissait sur leur accroissement, il a dressé un tableau de leur végétation, dont voici un extrait : A1 an, 1/2 à 1 pouce de diam. et 5 pieds de haut. 20 » 1 pied » 19 » 30 » 20) » 29 » 100 » 4 » 29 » 1000 » 14 5» » D8 » 2400 » 18 » » 64 » 9190 » 30 » » 73 » Baobab L L Cu dr QE BARB Adanson prétend en avoir vu de plus gros, aux- quels il attribue 6000 ans d'existence. Suivant M. Perrottet, on trouve en Sénégambie des Bao- babs qui ont 60 à 90 pieds de circonférence. Dix- sept hommes auraient de la peine à les embrasser en joignant les uns aux autres leurs bras étendus. Suivant Pline, Alexandre, dans le cours de ses conquêtes, avait vu un arbre plus merveilleux encore par sa grosseur : il avait 60 pieds de dia- mètre. (G.É, BAQUOIS ou VAQUOIS. (50T. PxAN.) Panpanus. BAR , Labrax. (porss.) Cuvier a ainsi nommé un sous-genre de Percoïdes dont les caractères qui le distinguent des Pérches proprement dites sont trop peu importans pour que nous croyions devoir séparer son histoire de celle de ces der- nières. Il en sera donc traité au mot Percus. (G. B.) : BARBACOU , Monasa. (ors.) Genre d'oiseaux Grimpeurs , rangé à tort par Cuvier, Lesson , etc., parmi les Coucous. Il se rapproche des Barbus ou Bucconées par ses caractères zoologiques et les mœurs des espèces qu'il renferme. Nous en par- lerons plus longuement à l’article Barsu (v. ce mot ). (GERvAIS.) BARBARÉE, Barbarea. (not. ruan.) Espèce du genre Vian, Erysimum, L. (VW. ce mot.) C.£.) ‘ BARBE. (z0o1.) On a donné le nom al Barbe aux poils qui garnissent les joues, les environs de la bouche et le menton de l’homme et de quelques mammifères , tels que les boucs et certains singes. (Voy. Porrs.) Les crins qui garnissent les fanons des baleines ont recu aussi, par extension , le nom de Barbe. Chez les oiseaux on l’a appliqué à des faisceaux de petites plumes ou poils qui pendent à la base du bec, mais surtout aux petites lames de substance cornée qui sont implantées sur les côtés de la tige des plumes. Les Barbes sont elles- mêmes garnies latéralement de lames plus petites, appelées Barbules, qui servent à les unir entre elles. Chez les insectes , des poils longs et assez raides qui garnissent le front de certaines espèces de diptères et entourent la base de leur trompe , ont également recu le nom de Barbes. (GEnvais.) BARBE. (8or.) Ce mot s'applique non-seulement aux poils qui se voient au menton de la chèvre, à la poitrine du dindon , à la figure de certains singes, aux fanons des baleines, etc., mais encore aux oyez touffes poilues placées sur un ou plusieurs points d'une partie quelconque des plantes, tels que les filamens des étamines des molènes (4 érbascum) , des lyciets , etc.; le style et le stigmate des gesses (Lathyrus) ; les aisselles des nervures de la face in- férieure des feuilles du tilleul, etc. On appelle aussi Barbe le filet qui termine ou accompagne la balle de plusieurs variétés de blés, d’orges et autres graminées. Banse De Bouc. Nom vulgaire du Sazsiris sau- VAGE, T'ragopogon, et de la CLAVAIRE CoRALLOÏDE (@. ces mots). 381 BARB Barse De capucin. C'est la chicorée sauvage renfermée dans un tonneau rempli de terre, pous- sant des jets allongés et blancs que l’on mange en salade. On donne aussi ce nom à la nigelle de Da- mas et aux usnées , Lichen barbatus, qui végètent sur les vieux arbres, Banse De cuèvre. Espèce du genre Srimf£e, Spi- rœa aruncus, que l’on cultive et dont les bouquets de fleurs paraissent comme plumeux ou barbus. Bang DE Dieu. Toutes les plantes du genre Bar- BON, Andropogon, sont appelées ainsi de l’arête longue et tortillée dont est pourvue leur corolle. Banse De Jurirer. La joubarbe ( Sempervivum teclorum), l’anthyllide argentée, et le fustet (RAus cotinus), portent vulgairement ce nom. Bange DE moine. Nom trivial de la cuscute or- dinaire (Cuscuta europæa). BARBE DE RENARL. Quelques horticulteurs dési- gnent de la sorte l’astragale adragant (Astragalus tragacantha). Barse DE viziLARD. Non donné aux gérogopons à cause de leur réceptacle garni de poils. Barge ESPAGNOLE. La caragate musciforme (Til- landsia usnoides) est appelée ainsi aux Antilles, du duvet filamenteux et grisâtre dont ses tiges sont couvertes. BARBE. Variété du cheval né en Barbarie ; ce mot est une corruption du nom de Berbère, qui est celui de cette race. (T. ». B.) BARBEAU ou BARBIAUX. (rorss.) Noms vul- gaires d’une espèce du genre CypriN (v. ce mot). BARBEAU. (sor. PHan.) C’est le nom de pays du bluet (centaurea cyanus). On donne le nom de BARBEAU JAUNE à quelques centaurées à fleurs do- rées. Celui de BarBEAU MusQuÉ à la centaurea mos- chata, etc. (V. CENTAURÉE.) (Guër.) BARBILLONS. (zoor.) Filamens qu'on ren- contre autour de la bouche de certaines espèces de poissons et qu’on a regardés comme organes du tact. Ils servent en général d’Appar (v. ce mot) à ces animaux, qui se cachent dans la vase et lais- sent flotter à la surface ces espèces de tentacules pour attirer leur proie. Le mot Barbillon s’appli- que aussi aux animaux articulés comme synonyme d’antennules ou de Pazpes (v. ce mot). Enfin on donne le nom de Barbillon à une sorte de mame- lon servant de pavillon à l’orifice extérieur des glandes maxillaires, et qu’on rencontre, chez les chevaux, à côté du frein de la langue. Quelques empyriques les coupent , parce qu'ils prétendent u’ils empêchent ces animaux de boire. (P. G.) BARBION, Micropogon. (ois.) Genre de l’ordre des Zygodactyles ou Grimpeurs établi par M. Tem- mincx dans la famille des Bucconées ou Bargus (v. ce mot) pour quelques espèces peu connues trouvées dans les deux continens. Le principal ca- ractère des Barbions est d’avoir les soies de la base du bec peu nombreuses et les doigts anté- rieurs réunis jusqu’à la dernière phalange. Voyez, pour plus de détails, le mot Bargus. (GEenvais.) BARBOTE et BARBOTTE. (prorss.) On désigne ainsi, dans quelques-uns de nos ports, le Gade- Lotte. (7, Gang.) . | (Guir.) RS see BARB 3 82 BARB BARBUS ou BUCGCONÉES ( o1s. ) Le: genre Bucco, de Linné, constitue aujourd'hui la fa- mille des Barbus:'ou Bucconées. Les oiseaux de cette famille ont le bec conique, renflé latérale- ment (d'où:le nom de Bucco, joue, que: Brisson leur a donné) et garni à sa base de plusieurs-fais- ceaux de barbes raides, dirigées en avant : leurs ailes sont courtes.et leur vol lourd: Ce sontides oiseaux GrimPEurs (voy. ce mot ) qui habitent les contrées les plus chaudes des deux continens; l'épaisseur de leurs formes leur donne un air pesant, gêné; quelquefois même stupide. Ils viventisolitaires ou par troupes peu nombreuses; les forêts les: plus sombres sont leur demeure ha- bituelle; ils.restent souvent des heures entières perchés sur: quelque branche d’un arbre touffu, comme affaissés sous le poids de leur corps, et si par hasard quelque accident imprévu les trouble dans leur obscure retraite, ils s’éloignent lente- ment et sans paraître nullement effrayés: Leur ré- gime est omnivore; les fruits mous, les baies, etc., sont leur nourriture: habituelle; les espèces les plus grandes attaquent quelqueloisles jeuncs oiseaux et ne se montrent pas moins cruelles que les pies- grièches: Leur indolence naturelle se retrouve dans la construction du nid, qu'ils font négligem- ment dans le creux d'un arbr&é. Buffon divisa le premier les oiseaux Barbus en deux sections, les espèces de l’ancien continent furent les Barbusproprement dits ; le nom de Ta- matia, au contraire, fut donné à celles d’Amé- rique : Illiger:sépara plus tard de la première sec- tion les Pogonias où Barbicans, et la famille se trouva conténir trois: sections ou petits genres. Aujourd'hui elle.en renferme einq. Voici l’ordre dans lequel nous allons les étu- dier : 6 Les espèces africaines, qui ont le bec fortement denté, constituent le premier genre, celui des Barpicans. Les autres espèces n’ont pas le bec denté , elles peuvent se dislinguer en celles qui l'ont garni de soies longues ct serrées; celles-cihabitent les deux continens et rentrent dans le genre des Bareus. Les espèces du genre Barpion ont les soies très- courtes et les doigts antérieurs complétement réu- nis. On les trouve aussi dans les deux continens. Les Tawarras habitent l'Amérique seulement , ils composent le quatrième genre. Le cinquièmeest celui des Bansacous, établi par Vieillot. Ge genre a été placé par quelques auteurs dans la famille des Coucous. : Genre Bansican, Pogonias, Illig. Bec court, gros , élevé ; les bords tranchans de Ja mandibule supérieure sont armés de deux ou d’une seule forte dent ; les mandibules sillonnées ou lisses, l'inféieure moins haute que la supé- rieure, Les narimes latérales et percées dans la masse cornée du bec, recouvertes de quelques poils. Les moustaches sont longues et rudes: Le tarse est de la longueur du doigt externe. Les deux doigts antérieurs réunis jusqu’à la. seconde articulation. Première rémige très-courte : la cim quième: est Ja plus longue de toutes. On ne connaît que les dépouilles des oiseaux de: ce genre; toutes ont été envoyées d'Afrique: Les: espèces connues sont au nombre de huit : nous citerons le BarBican Masqué , P. personatus. Cette espèce, si bien figurée à la pl. 201 de l'ouvrage de Temminck, a le sommet de la tête, la gorge et le devant du cou d’un rouge vermillon ;; la nu que , les côtés et le devant de la poitrine sont d’un noir profond ; dos cendré; ailes et queue noirâtres. Longueur totale, sept pouces. Cet oiseau habite les parties méridionales de l'Afrique, dans le pays des Caffres. Le Graxn Barmican, Pogonias major ( dont le bec est figuré à la pl 34 de l’Iconographie du Règne animal }, c’est le Sulcirostris de Leach. Genre Bargu, Bucco. Bec déprimé dans toute sa longueur, non denté; mandibules à peu près égales à la pointe, et aussi fortes l’une que l’autre. Narines basales, percées dans la masse cornée , recouvertes à voie claire par des poils qui dépassent souvent la pointe du bec. Tarse plus court que les doigts extérieurs ; les deux antérieurs réunis jusqu’à la seconde articu- lation. La première rémige des ailes est Ia plus courte de toutes. Les Barbus ont le corps massif, et le vol lourd, la tête. grosse, les jambes courtes. Les fruits , les baies, les figues, etc. , les insectes même font leur nourriture habituelle. Îls fréquentent , par troupes assez nombreuses, les forêts chaudes des deux hé- misphères; comme les pies ils nichent dans des trous d'arbre , et pondcnt deux œufs blancs assez semblables à ceux des pigeons. Les espèces sont nombreuses; on en compte, pour l'ancien continent, vingt et une qui vien- nent pour la plupart de iles du grand Archipel asiatique, et du vaste promontoire Indien. Presque toutes ont été figurées dans les planches colo- riées de Temminck et: dans Levaïilant ( Histoire des Oiseaux de Paradis, T. 11). Le dernier au- teur rapporte un trait assez curieux touchant une espèce africaine ; le Barbu à gorge noire : il trouva dans le nid de l'oiseau, qu'il nomme Républicain, cinq Barbus; l'un d'eux accablé de vieillesse, était devenu tout-à-fait incapable de voler , à peine pouvait-il se remuer; des noyaux et des débris d'insectes, placés à côté de lui , firent penser que les jeunes Barbus s'étaient char- gés de pourvoir à la nourriture de ce pauvre malheureux. En effet, les ayant placés tous cinq dans une éage, avec des insectes el des fruits, le célèbre voyageur vit les quatre Barbus bien ortans donner chaque jour la nourriture au mo ribond relégué dans un coim de la cage. Les espèces américaines, appartenant au genre des Barbus, sont au nombre de deux seulement : le Bargu oRANvERT, figuré par Levaillant , Barb. suppl, pl. E. ; c'est le Bucco auru-urens ; Sa pa trie est le Brésil. à) Le Barpu £LÉGanT , B. maynanensis (fig. par Le] :8H MUR à Barbu 2. Baroe | 1que : BARB Levaill., à Ja pl. a de est Ja Che espèce ct dernière bien déterminée ; 1l habite la province de Maynas, sur l'Amazone. Parmi les espèces de l'Inde, nous citerons le Bareu DE Duvaucez, B. Duvaucelit, Lesson, représenté dans notre Atlas, _pl45, fig. à Genre Barzion, Mycropogon, Temm. L'espèce type de ce genre nouveau est le Bucco cayanensis des auteurs (Barbion à gorge rouge, M. -cayanensis ). Le bec est long, aigu, ‘à mandi- bule supérieure faiblement courbée. Tes soles sont très-courtes ettexistent seulement à la base des na- mines ; celles-ci sont longitudinales, percées dans une, membrane couverte de plumes. Les doigts antérieurs sont réunis jusqu’à la dernière phalange. Ailes médiocres, la première penne est très-courte, la quatrième plus longue que les autres. Les mœurs des Barbions sont à peine connues ; on sait seule- ment que le Barbion perlé , observé en Abyssinie, vit sur les arbres de haute futaie , et seicache dans le feuillage , d’où il décèle sa présence par un «chant,court et agréable. La pl. 490 de Temminck donne de cet oiseau une très-belle figure, Les autres espèces connues sont au nombre de ; l’une d'elles, le B. parvus, Vaill., a été très- bien figurée dans l'Iconographie du Règne animal, Oise pl.:54, fig. 3. Genre Tamaria, Capito. Temm. : Dont le bec, un peu plus allongé et plus com- primé , a l'extrémité de sa mandibule supérieure recourbée ‘en dessous. La tête grosse, la queue courle de ces oiseaux et leur grand bec, leur donnent un air stupide. Les deux doigts antérieurs sont réunis jusqu’à la dernière phalange. Toutes les espèces connues habitent l'Améri- leur naturel -est triste et solitaire ; elles ne vivent-que d'insectes. Telest le T'amatia collaris, figuré pl. 34 de TIconographie de M. Guérin. Genre Bargacou, Monasa, Viell. Ces oiseaux avaient élé placés dans la famille des Coucous ; mais les habitudes qu’on leur con- naît, ainsi que leurs caractères zoologiques les rap- prochent des Bucconées. Ils:ont le bec lisse.et sans échancrure , fendu ; Jusque sous les yeux , les man- -dibules supérieure et inférieure sont courbées et pointues ; la base de toutes deux est garnie de soies touflues et divergentes; les narines , orbicu- laires, sont cachées par nee soies de laracine du bec. Les doigts antérieurs sont unis à leur base seules “ment ; É troisième et la quatrième penne des aile sont plus longues que les autres. Ce genre se compose aujourd’hui de quatre es- pèces, faciles À distinguer des Barbions par leur Jorme et plus encore,par Ja nature.de leur plu- mage, qui est abondant et plus ou moins ébouriffé æt soyeux, comme celui des Couroucous, eerqui tient à Ja désunion des barbes quiimitent un duvet grossier. Le genre e de vie des Barbacous est solitaire et tranquille; ils habitent sur Ja Jisière des forêts | 383 BARD ou près des eaux, etinichent dans dé simples trous. Les espèces connues sont toutes desipays chauds d'Amérique. Ce sont : Le Barsacou À 8Ec noue (Levaill, ; Ois. de Paradis, 11, pl. 44), qui est commun,dans les dif- férentes parties de la Guiane. ! Le BarBacou A FACE BLANCHE : du Brésilet dela Trinité. Le BarBacou TÉNÉBREUX (Temm.; pl. col.f525, fig. 1), qui habite la Guiane; c'est ie Barbacou él de Vieillot. La quatrième estile Bargacou rtrangi, observé dans les régions peu fréquentées de l'intérieur du Brésil. (Genv aïs.) BARDANE, Arctium, L. ; les. duss. (2oT. puAn.) Les chemins, w Lieux incultes sont cou- verts d’une plante assez élevée ;1dont les Jarges feuilles, un peu cotonneuses en dessous , retien- nent l’eau on la poussière des champs; ses fleurs sont purpurines comme celles des chardons ; elles se fanent , sèchent , et, se détachant facilement , s’accrochent , par les épipes crochues de leur &a- lice , aux toisons des moutonsiou aux habits des passans ;, ce qui leur a fait donner le nom de teigne, dans quelques provinces, Cette planteest la BarnDane , nlnntient lappa;&. , ou Lappa glabra , Lam. , de la famulle des: Car- duacces , Syngénésie, polygamie égale. Ses fleurs sont portées surun réceptacle garni desoiesraides; leur involucre ; ou calice commun, est'imbriqué d’écailles linéaires recourbées en-erochet : une ai- gretle simple et sessile couronne es graines , qui so anguleuses. L'espèce la plus vulgaire .rest Fe que nous avons citée; :on da Me dans toute l'Europe , en Afrique , aux environs d'Alger, par «exemple. Elle. varie d° aspect, et, selon que ses fleurs sont plus ou moins grandes, des botanistes lui ont donné l’épithète de major ou minor ; il yen-a aussi une variété ou espèce à inv oluere cotonneux , Lappa tomentosa. La racine de Bardane:est très- silos en mé- decine , dans les maladies chroniques de la peau. Ses METTIE et ses tiges contiennent beaucoup de potasse, (L.) BARDEAU. (maw.) Petit mulet provenant de l’accouplement de cheval et d’une änesse, Foy. Cnevaz. (T. ». B.) BARDIGLIO ou BARDIGLIANE. (aux. ) Nom que l’on donne à une variété siliceuse, d'un gris bleuâtre et quelquefois d’un bleu très-agréable, file sulfate de chaux anhydre, qui s exploite près de Vulpino, dans le Milanais , RE en faire des tables, des cheminées ;: etc. (Tr V.) BARGE, Zimosa. (ors. ) Genre d'Échassiers longirostres de la famille des Scolopacidées ou Bt- casses, dont voici les caractères ‘essentiels : bec droit , quelquefois même légèrement arqué vers le haut, et plus long que celui des bécasses propre- ment dites; le sillon des marines règne: jusque toutprèside l'extrémité, qui est lisse etobtuse, sans sillon impair mi pointillure. Le. pouce ne porte à terre que. par son bout seulement. Lesailes sont re BARI 384 _BARO a médiocres; la première rémige est plus longue que les autres. Les Barges ont la taille plus élancée et les jambes plus élevées que les bécasses ; elles fré- quentent les marais salés et les bords de la mer; leur bec long ct la hauteur de leurs tarses leur permettent d'atteindre facilementles petits animaux dont elles se nourrissent. Les couleurs de leur plu- mage varient suivant les doubles mues. Nous cite- rons : La Barce ABoyeusE ou rousse, L. rufa, qui est rousse, avec le dos brun et la queue rayée de blanchâtre et de noirâtre dans l’été; d’un brun gris foncé, à plumes bordées de blanchâtre, en hiver, avec la poitrine brune, ct le ventre blanc sale. Elle habite les bords de la Baltique, l’Angle- terre et l'Allemagne; fait son nid dans les régions du cercle arctique. Nous avons représenté cette espèce dans notre Atlas, pl. 43, fig. 2. La BanGe À QUEUE NOIRE, L. melanura (d’après Cuvier, Scolopax ægocephala et belgica de Gmé- lin) , est la seconde espèce observée en Europe. (Voyez, pour le plumage d'hiver, pl. enlum. 847, pour celui d'été, &b., 916.) Cette espèce habite les marais, les prairies et les bords bourbeux des fossés et des mares d’eau, où elle cherche les larves d'insectes , les vers et le frai des grenouilles. La femelle fait son nid en été dans le nord ; elle pond quatre œufs d’un olivâtre foncé, marqués de grandes taches d’un brun pâle; son criest très-aigu comme celui d’une chèvre. Ces deux espèces sont les seules indiquées par M. Temminck comme européennes. Les variations de leur plumage ont beaucoup embarrassé les na- turalistes ; les espèces étrangères sont encore plus difficiles à déterminer. (Gervais. ) BARILLE. (acnic.) Toutes les plantes marines qui donnent de la soude, et plus particulièrement diverses espèces du genre Salsola, ainsi que le Ba- tis des côtes de l'Amérique méridionale, portent , dans le commerce , le nom de Barille. Comme le carbonate de soude que l’on retire de ces divers végétaux n’a pas également la même qualité, cette expression est vicieuse et devrait se limiter aux quatre espèces de soude soumises à une culture réglée. (T. ». B.) BARILLET. (mozr.) Genre créé par MM. Quoy ct Gaimard pour des mollusques fort extraordi- naires, représentant effectivement assez bien la forme d’un petit baril. Deux espèces seulement ont été figurées par ces naturalistes à la pl. 89 du Voyage de l’Astrolabe, un sous le n° 25, auquel ils ont donné le nom de BARILLET DENTICULÉ , et l’autre sous le n° 29, avec la dénomination de Banner À queue. La description de ce nouveau genre n'ayant point encore été publiée, nous nous bornons à le mentionner ici. (Ducr.) BAROLITHE et BAROSÉLÉNITE. (mix. ) Noms que l'on à quelquefois donnés à la baryte carbo- natéc et à la baryte sulfatée, (Ÿ. Banyrr.) : (Tu. V.) BAROMÈTRE. (puys.) Le Baromètre, de deux mots grecs qui signifient mesure de pesanteur, est un instrument de physique qui sert à mesurer les variations qu'éprouve la pression de l'atmosphère. L'invention du Baromètre est due à Torricelli, savant disciple de Galilée, qui, méditant sur la cause de l’ascension de l’eau dans les pompes, eut l’heureuse idée de comparer la hauteur du mer- cure dans un Baromètre à la hauteur de l’eau dans les pompes, et il trouva que le rapport des deux hauteurs était le rapport inverse des densités, de sorte que l’eau qui pèse à peu près treize fois moins que le mercure, s'élève à une hauteur treize fois plus grande. La découverte du Baromètre date de 1643. Peu après , la nouvelle s’en répandit en France, où Mersenne et Pascal répétèrent l'expérience en1646. Son usage est populaire aujourd'hui. On connaît trois sortes de Baromètres : le Baro- mètre à cuvette, le Baromètre à siphon , et le Ba- romètre à cadran; ce dernier n’est qu’une appli- cation du second. Le Baromètre à cuvette, connu de tout le monde , consiste en un tube de verre long d’envi- ron trois pieds, fermé par un bout et ouvert par l’autre , et plongé verticalement par son extrémité ouverte dans une cuve remplie de mercure , de ma- nière qu’une partie de ce mercure, en vertu du poids de l’atmosphère qui pèse sur la surface du bain, se tient à une certaine hauteur dans letube. Pour construire un Baromètre, on a un tube de verre parfaitement droit et bien calibré ; on le fait sécher pour en chasser tout l’air et toute l’hu- midité; on y verse du mercure que l’on à préala- blement fait bouillir; on fait encore bouillir ce dernier dans le tube , afin de chasser tout l'air qui aurait pu se mêler avec lui en le versant dans le tube, et on achève de remplir le tube en plusieurs fois. Cela fait, on ferme l’extrémité du tube avec le doigt, et on le plonge dans une cuvette. Il ne reste plus qu’à déterminer la hauteur de la co- lonne barométrique, hauteur qui est ordinaire- ment à vingt-huit pouces au dessus du niveau de la mer. Le Baromètre à siphon, ainsi nommé à cause de sa forme , n’a pas de cuvette , ou plutôt le tube lui-même en tient lieu; il est recourbé par le bas, et forme par conséquent deux branches , dont une plus courte que l’autre, qui a plus de vingt-huit pouces. Le Baromètre à cadran ne diffère du précédent qu’en ce que, au dessus de l’orifice de la plus courte branche, se trouve une petite poulie par- faitement mobile, et dont le centre est fixé à ce- lui d’un cadran , derrière lequel est attaché le Ba- romètre. Cette poulie correspond à une aiguille destinée à parcourir les divisions du cadran, et sa circonférence est entourée d’un fil, aux entremises duquel sont suspendus deux petits poids, dont l’un pénètre dans l’intérieur du tube, et dont l’autre est libre au dehors. (FF) BARRAS. (£con. rur.) Dans les environs de Bordeaux et jusque sur les rives de l’Adour on donne ce nom à la résine qui découle, durant l'hiver , des diverses espèces de pins, et particu- lièrement ÉD BARR 385 BART mm, lièrement du pin maritime. Ce suc résineux reste sur l'arbre en masses jaunes; on le mêle avec le galipot pour former le brai sec. (Voyez Brar, Gazipcr et Pix.) (T. ». B.) BARRE. (cto.) Les sédimens que les fleuves entraînent dans leur cours forment, à leur em- bouchure , des amas de sable plus ou moins mo- biles qui arrêtent momentanément leur course ou changent leur direction. On donne à ce barrage naturel le nom de Barre. Ce sont ces dépôts allu- viens qui encombrent un grand nombre de ports situés à l'embouchure des fleuves, et qui, par la difficulté toujours croissante des arrivages , les menacent d’une ruine plus ou moins prochaine. Ce sont aussi ces bancs qui peuvent servir à ex- pliquer le mélange de coquilles fluviatiles et ma- rines que l’on remarque dans plusieurs dépôts géologiques , qui du reste offrent d’autres carac- tères d’un transport de sédimens dans des bassins maritimes par l'action de courans d’eau douce. On a remarqué que plus les fleuves sont rapides, et moins ils forment de ces amas à leur embou- chure. On croit aussi que, lorsque leurs bouches sont tournées du côté de l’orient , ils sont exempts de Barres de sable ; mais cette règle ne doit con- cerner que certaines localités qui ne seraient point exposées à l’action des vents d’ouest. (J. H.) BARREAU AIMANTE. (mx.) Certaines sub- stances minérales jouissent de propriétés magné- tiques; on se sert quelquefois de cet instrument pour les reconnaître et surtout pour distinguer les différens minerais de fer. Cette propriété d’a- gir sur l'aiguille aimantée , que possèdent quel- ques minéraux, s'exerce de deux manières , l’une par simple attraction sur l’un des pôles de l’ai- guille aimantée, l’autre à la fois par attraction et par répulsion sur la même extrémité de l’aiguille : Un seul minéral possède cette dernière propriété, qu'on appelle magnétisme polaire, parce qu’un fragment détaché au hasard possède toujours en même temps les deux pôles ; ce minéral est la va- riété de fer oxidulé qu’on appelle aimant natu- rel, et qui jouit de la propriété remarquable d’at- tirer le fer et de supporter même, par suite de cette force d'attraction, des poids assez considéra- bles. On a donné le nom de magnétisme à cette propriété, du mot grec Miyyns, qui signifie aimant. Pour reconnaître si un minéral jouit du magné- tisme, on le présente à un petit Barreau aimanté librement suspendu, pour savoir s’il l’attire ou ne J'attire pas; et pour reconnaître s’il possède le magnétisme polaire, après l'avoir présenté à l’un des pôles du Barreau, on le présente ensuite à l’autre, qui doit lerepousser si le premier l’attirait, et l’attirer si au contraire il le repoussait. On emploie l’aimant pour séparer des limailles d’or ou d'argent les parcelles de fer qu’elles pour- raient contenir; celles-ci s’attachent au Barreau aimanté, tandis que les deux premiers métaux, n'étant pas allirables, restent libres; mais en mi- néralogie on emploie le plus ordinairement cet instrument pour reconnaître la présence du fer dans les minéraux; il sert ainsi de moyen direct Towe I. pour reconnaître certaines substances qui en con- tiennent, telles que les grenats, le péridot , l’hya- cinthe, etc. ; s’il s’y trouve en quantité suflisante, l'aiguille se portera sur-le-champ versle corps qu'on lui présente ; mais si la quantité de fer con- tenue était très-pelite, comme l’action magné- tique de la terre, qui retient toujours l'aiguille dans la direction de son méridien magnétique, est très-forte , il serait possible que celle-ci l’em- portât sur celle du fer contenu dans le minéral, et qu'on n’observât plus aucun effet. L'on est obligé d’avoir recours alors à la méthode du double magnétisme, imaginée par Haüy, et qui se trouve décrite dans son Traité de Minéralogie. , Le fer, le nickel et le cobalt sont les seuls mé- taux qui jouissent des propriétés magnétiques, et les deux derniers à un degré bien moindre que le premier ; ils sont susceptibles aussi de devenir des aimans artificiels, et par conséquent de servir à reconnaître les espèces minérales qui possèdent des propriétés magnétiques; mais c’est du fer ou de l'acier, qui acquièrent facilement le magnétisme polaire au suprême degré, qu’on fait ordinaire- ment usage pour faire les aiguilles aimantées. (Poy. Boussoze.) (Ta. V.) BARRES. (mamm.) C’est le nom donné par les vétérinaires à l’espace.qui, dans la mâchoire du cheval, existe entre les canines et les molaires, et sur lequel porte le mors. Les ruminans et les rongeurs ont aussi des Barres : chez eux, c’est la place vide existant entre les incisives et les molaires. (Genvais.) BARRI. (wamm.) Dans quelques départemens méridionaux on donne ce nom au jeune verrat, (Genvais.) BARSIM. (zor. PHAn.) Espèce de trèfle, Tri- folium alexandrinum , cultivée en Égypte , où elle a été apportée de l'Asie par les Mamélouks descen- dus du Caucase, Les Sarrasins l’introduisirent dans nos départemens du midi, mais elle s’y est perdue avec la défaite de ces conquérans. (T. ». B.) BARTAVELLE. (ors.) C’est un des noms de la perdrix grecque ( Perdix saxatilis, Meyer). Cette espèce, à laquelle il faut rapporter tout ce que les anciens ont dit de la perdrix, est répandue dans tout l'empire ottoman, dans les îles de l’Archipel, en Sicile , dans le royaume de Naples; on la trouve aussi dans la région moyenne des Alpes allemandes et sur celles de la Suisse. Elle ressemble beaucoup à la perdrix rouge; mais elle est plus grosse du double, et présente un cer- cle noir qui, partant du front, passe au dessus des yeux, s'étend au-delà, et descend sur le devant du cou, dont les côtés sont d’un gris cendré, ainsi que le dessous de la tête. Les flancs présentent plusieurs bandes noires assez jolies. Quoique cette espèce habite plus constamment les lieux élevés que la perdrix rouge , néanmoins elle descend dans les plaines pour y nicher; elle pond. de.huit à seize œufs, dela grosseur d’un petit œuf de poule, marqués de petits points rou- geâtres sur un fond blanc; elle les dépose, sans XLIX: Livraison. A9 ————————————— ——— — — — — — ûÛ—Û——— —— —————__.——_— _———————.…. _ “aa BARY - 886 BARY construire de nid, sur de l'herbe ou‘des feuilles négligemment arrangées. Elle se nourrit d'insec- tes, d'œufs de fourmis, de jeunes-pousses de dif- férens arbres, particulièrement des arbres verts. Sa chair est blanche et fort estimée : du reste ses habitudes sont à peu près celles de la perdrix grise ; on la chasse de la même manière. Il existe dans la collection du Muséum d'histoire naturelle une variété blanche de la Bartavelle, elle n’en a plus que le ‘cercle noir et les bandes latérales ; mais le dos , la tête, la gorgeet la poi- trine sont tout-à-fait blancs. . (Gervais) BARTRAMIA. (mor. cryr. Mousses.) Genre dédié à Bertram, botaniste de Pensylvanie. Ses caractères sont: capsule terminale, presque glo- buleuse ; péristome double, l'extérieur formé de seize dents simples, l’intérieur composé d’une membrane plissée et divisée en seize laciniures bi- fides ; coiffe fendue latéralement; feuilles longues et d’un beau vert, nombreuses et insérées tout au- tour de la tige. Le genre Bartramia se divise en deux sections ; la première renferme les espèces à pédicelles très- longs, droits et dépassant de beaucoup la tige: tels sont les Bartramia pomiformis, fontana, crispa, ctc.; la seconde comprend les espèces dont les pédicelles sont plus courts que la tige et re- courbés latéralement ; tels sont, parmi les espèces européennes, lès Bartramia halleria et arcuata. Les 25 ou 50 espèces de ce genre se rencon- trentien Europe, dans l'Amérique septentrionale et équinoxiale , jusqu’au détroit de Magellan, au cap de Bonnc-Espérance ét à la Nouvelle-Hol- lande. Elles croissent généralement sur laiterre ou les rochers humides, et entre les racines des arbres. (F.F.) BARYTE. quin.) Les anciens chimistes don- naient le nom de Baryte, à l’une des terres que Davy a reconnues pour des oxides ‘métalliques : ainsi aujourd'hui la Baryte est l’oxide d’un métal appelé Barium. Considérée minéralogiquement, la Baryte, telle u'on la trouve dans la nature, se divise en deux espèces : la Baryte carbonatée ou la Withérite, et la Baryte sulfatée ou la Barytine. La première est, chimiquement parlant, l’oxide de barium combiné avec l’acide carbonique, la seconde le même oxide en combinaison avec l'acide sulfu- rique. C’est dans la nomenclature d'Haüy que la pre- mière est appelée Baryte carbonatée, parce que ce célèbre minéralogiste fait un genre de la Ba- ryte. Les anciens minéralogistes lui donnaïent le nom de spath pesant aéré, probablement pour deux raisons : la première c’est qu'appelant spath toute substance minérale à tissu lamelleux. et cris- tallin, ils réservaient la dénomination de spath pesant à la Baryte sulfatée, qui mérite ce nom par sa pesanteur spécifique ; et comme celle-ci ne: fait point effervescence dans les acides, ils: durent distinguer par le surnom d’aéré un spath plus pe- - sant encore et qui fait effervescence en setdissol- vant lentement dans l'acide nitrique, en un mot lecarbonate deBaryte. Outre cenom, la Baryte car- bonatée portait encore celui de Barolit chez les Allemands, tandis que les Anglais lui avaient donné celui de Witherit en l'honneur du doctew Withering qui, vers l’année 1780, l'avait décou- verte aux environs d'Anglesark dans le comté de Lancastre. C’est ce dernier nom francisé en celui de W'ithérite qui mérite d’être conservé à ce mi- néral ainsi que M. Beudant l’a fait dans sa nouvelle nomenclature. La Withérite est une substance ordinairement blanche, et quelquefois jaunâtre, qui cristallise | dans le système prismatique à six pans terminés par des pyramides ou des surfaces planes, mais dont la forme primitive est un rhomboïde légère- ment obtus ; quelquefois elle se présente aussi en dodécaèdres. Sa pesanteur spécifique est quatre fois et un quart celle de l’eau: aussi est-elle très- pesante, même à la main. Elle est plus dure que le carbonate de chaux cristallisé, et-se laisse rayer par ia fluorine ou le fluorure de calcium. Sa pous- sière, jetée sur des charbons ardens, est phospho- rescente dans l’obscurité. Nous avons déjà dit qu'elle se dissout lentement et avec un peu d’effer- vescence dans l'acide nitrique. La Withérite cristallisée est rare; mais on dla trouve fréquemment en peliles masses compactes, fibreuses et aciculaires. Elle forme des filons accompagnés de galène ousulfure de plomb, de zinc et de barytine dans. des roches de formation ancienne ou roches de tran- sition. Cette substance:est ordinairement utilisée dans les laboratoires pour la préparation des sels de Baryte; cependant plusieurs expériences ayant prouvé qu’elle est. un poison pour les animaux, font qu'elle est employée en Angleterre pour dé- truire les animaux nuisibles: aussi l'y vend-on sous le nom de pierre contre les rats. La Barytine ou le sulfate -de Baryte, appelée aussi par quelques minéralogistes Barytite hépa- tite, Pierre puante, etc., est plus variée dans ses nuances que la Withérite : elle est tantôt jaunâtre, tantôt rougeâtre, quelquefois olivâtre , brunâtre , blanche, blanchâtre et même bleuâtre. Sa forme primitive est le prisme droit rhomboïdal ; mais les décroissemens que présente cette forme sont tellement variés que notre célèbre Haüy, qui en a décrit soixante-treize, ne les a pas tous connus : il y en a plus de quatre-vingts. Sa pesanteur spécifique est environ quatre fois et demie celle de l’eau. Sa dureté est à peu près la même que celle de la Withérite; maiselle s’en distingue facilement en ce qu’elle n’est point at- taquable .par l'acide nitrique, et en ce qu'à la flamme du chalumeau elle se fond en émail blanc. La Barytine se trouve souvent cristallisée ; mais ses formesirrégulières sont aussi très-nombreuses : ainsi ses cristaux aplatis prennent grossièrement la ressemblance de crêtes de coq ; quelquefois elle se présente en lames plus ox moins grandes, en prismes chargés de cannelures longitudinales, en penens 1 Ce — ee ee eo ° | BASA 387 BAS mamelons ondulés et fibreux, en pelits grains ou en pelites masses compactes: de là les noms des variétés crêtée, laminaire, lamellaire, bacil- laire , concrétionnée, concrétionnée-fibreuse , granu- laire et compacte. La Barytine comme la Withérite forme dans le terrain de transition , et parlieulièrement dans le grès rouge, des filons, accompagnés de mine- zai de plomb et d'argent. On la trouve aussi dans les argiles du terrain. secondaire, dans des roches granitiques et même dans des dépôts cal- caires très-récens , tels que des traveslins. Elle est exploitée principalement pour alimenter les labo- ratoires de chimie. (J. EH.) BARYTOCALCITE. (min.) On désigne sous ce nom, d'après Kirwan, une nouvelle substance minérale composée de 65 à 66 parties de carbo- nate de ‘baryte et de 533 à 34 de carbonate de chaux. Elle est blanche, moins pesante que la withérite (v. BaryTe) puisqu'elle pèse environ 3,66 ,le poids de l’eau étant considéré comme 1 ; et sa dureté est égale à celle de la withérite et de la barytine. Elle est ordinairement com- pacte; mais elle cristallise en prisme oblique à base rhomboïdale. Elle se trouve dans les mêmes positions géognostiques que le carbonate et le sul- fate de baryte; mais jusqu’à présent elle est en- core fort rare. (J. H.) BARYTINE. Voy. BaRYTE. BARYSTRONTIANITE. (win.) Découverte ré- cemment à Stromness dans les îles Orcades, cette substance minérale que l’on a proposé de nom- mer stromnite du nom de la localité où elle a été trouvée , a présenté à l’analyse les composés sui- vans: carbonate de strontiane 68,6 ; sulfate de baryte 27,95; carbonate de chaux 2,6, et oxide de fer 0,1; mais on n’est point encore certain qu'elle forme une espèce minérale : il serait possi- ble qu'elle ne fût qu'un mélange accidentel de stronlianite et de barytine. s (J.H.) BARYUM. (cuim.) Métal découvert par Davy et qui ne se trouve dans la nature qu’à l’état de sel. IL est solide, brillant et aussi ductile que Vargent , plus pesant que l’eau, oxidable à l'air , mon volatil, susceptible de s’allier avec l'argent , le palladium et le platine, etc. Onobtient le Baryum en soumettant à l’action de Ja pile de l'hydrate de baryte réduit en bouillie claire avec de l’eau. (F.F.) BASALTE. (ctor.) Le Basalte est une roche d'un aspect homogène, compacte, généralement noire ou d’un gris plombé ,‘ dont les principes con- stituans essentiels sont le feldspath et le pyroxène, auxquels s’adjoignent très-souvent le. péridot et le fer titané. Les Basaltes contiennent souvent des cristaux de pyroxène; ils sont alors porphy- roides ; ils n’en contiennent de feldspath que dans des cas très-particuliers , ce qui les distingue des roches appelées mélaphyres, dont la composition est analogue. Le péridot, lorsqu'il existe, se pré- sente sous forme de grains vitreux, d’un vert clair ou foncé, plus ou.moins disséminés, qui tantôt ne sont visibles qu'à la loupe, tantôt sont agelomérés en noyaux arrondis désignés sous le nom de noyaux d’olivine: le fer titané est plus accidentel que le péridot , et se présente en grains dont le brillant noirâtre ou bleuâtre ou rougeâtre est métallique. D’autres substances se trouvent encore disséminées dans les Basaltes; ce sont, entre autres, la mésotype et la chaux carbonatée qui souvent, constituent de pelits grains arrondis dont la roche est criblée. Dans les cas où les Ba- saltes abondent en substances accidentelles, ils prennent souvent le nom de basanites : ainsi l’on dit basanite péridotique pour un Basalte criblé de péridot , basanite variolithique pour celui qui con- tient en abondance ces petits noyaux arrondis de mésotype ou de chaux carbonatée. Le Basalte est une roche ignée qui a été pous- sée de bas en haut à la surface du sol, et qui se trouve soit sous forme de filons , remplissant les fissures dans lesquelles elle a été injectée, soit sous forme de coulées ou vastes nappes qui for- ment des plateaux étendus, soit enfin sous forme de masses coniques qui résultent de l’accumula- tion de matières pâteuses autour d’orifices d’érup- tion. Cette origine ignée des Basaltes est démontrée par de nombreux faits géognostiques; mais elle résulte gon moins évidemment des caractères mi- néralogiques des roches basaltiques et de la com- paraison de ces caractères avec ceux des laves et des matières scorifiées que les volcans actifs pro- duisent sous nos yeux. Les Basaltes sont en effet souvent accompagnés de cendres, de pouzzolanes, de scories identiques aux déjections du Vésuve ou de l’Etna; eux-mêmes ils sont volontiers bulleux , cellulaires comme les laves modernes , et l’on est conduit par des passages insensibles des Basaltes les plus compactes aux scories les plus poreuses et les plus légères. La structure est aussi un ca- ractère qui dénote l’origine volcanique ; or les Ba- saltes sont souvent divisés en colonnades prisma- tiques, structure que certaines laves du Vésuve et de l'Etna ont affectée, et qui résulte du retrait qu'éprouve nécessairement une roche homogène fondue, lorsqu'elle se refroidit lentement et ré- gulièrement,. La structure prismatique n’est pas la seule qu’affectent les Basaltes , mais c’est la plus carac- téristique, parce qu’aucuue autre roche n’est aussi compacte, aussi homogène, et parce que, les mas- ses émises élant irès-puissantes, elles ont élé sou-- mises, après la solidification de la croûte superfi- cielle , à'un refroidissement très-lent et très régu- lier. La structure tabulaire, la structure en bou- les à couches concentriques sont également com- munes dans les Basalles, et il est à remarquer qu'il y a une disposition symétrique même dans les structures qui paraissent au premier abord Jes plus irrégulières. Nous verrons par la suite, en étudiant les caractères des terrains basaltiques , que les données minéralogiques qui résultent de l'aspect de ces roches, des substances qui y sont disséminées et de la structure prismatique , tabu- laire ou globuliforme , peuvent conduire à recon- BASA 5 88 BASA naître des faits très-curieux et très-intéressans dans l’histoire du terrain qu'elles constituent. (A. B.) BASALTES (Pseupo-). (c£oc.) M. de Hum- boldt a désigné sous lenom de Pseudo-Basaltes quel- ques variétés de trachytes passant à la structure compacte et à la couleur noirâtre, de manière à se rapprocher en quelque sorte du Basalte : cepen- dant, quoique ces roches se divisent quelquefois aussi en prismes , elles en diffèrent essentiellement par l'absence du péridot et du pyroxène, et la présence de petits cristaux de feld-spath vitreux. Ces Pseudo-Basaltes ou trachytes noirs contien- nent beaucoup d’amphibole et constituent tout le Pinchincha. Nous avons aussi reconnu en Grèce, à l’ile de Milo , à Egine, sur les rives du Bos- phore , de ces Pseudo-Basaltes, ou trachytes pris- matiques ; ils y forment des escarpemens remar- uables. (Tu. V.) BASALTIQUE (Terra). Les terrains volca- niques ou d’origine ignée sont en général les plus difficiles à circonscrire et à bien caractériser ; leur passage habituel d’une formation à l’autre, leur défaut de stratification, les aspecls variés sous lesquels ils se présentent , sont souvent au- tant d'obstacles pour établir des limites bien tranchées entre eux. C’est ainsi que quand prusieurs formations ignées se succèdent, l’on ne pourrait le plus souvent dire où commence l’une et où finit l'autre, et que souvent entre les basaltes et les trachytes , comme entre ceux-ci et les laves il Ÿ a des passages tellement insensibles , qu’ on serait tenté de n’en faire qu’une seule et même forma- tion, Un terrain volcanique devrait représenter une époque géologiqne plutonienne , si l'on peut s'ex- primer ainsi, comme un terrain de sédiment re- présente une époque géologique neptunienne. I résulte de là que l’une peut être contemporaine . de l’autre. Formes générales du terrain. Parmi les terrains volcaniques , la formation Balsatique est une des plus répandues à la surface de la terre. On l’a ob- servée dans toutes les contrées connues ; cepen- dant elle recouvre rarement à elle seule de grandes étendues, et ne constitue jamais de chaîne de montagnes ; mais elle présente des masses puis- santes , presque toujours intercalées dans les au- tres terrains , et qui forment des montagnes et des plateaux dont les aspects varient avec la structure des roches : quelque variées que soient cependant leurs formes, les basaltes affectent en général des dispositions toutes.particulières qui permettent or- dinairement de les reconnaître de loin. Quelquefois ce sont de simples collines ou bultes isolées , coniques, pointues, mamelonnées, ou à sommets aplatis. La Silésie, la Hongrie, la Troade et beaucoup d’autres contrées présentent de ces collines Basaltiques isolées en masses com- pactes ou prismées. La grande tendance que les basaltes ont à se diviser en prismes pseudo-réguliers imprime à leurs principaux dépôts les caractères généraux qui rendent cette formation siremarquable. Leurs escarpemens , formés d'innombrables colonnes rangées symétriquement les unes à côté des au- tres , produisent quelquefois des effets qui, tout en donnant l’idée de monumens d’architecture , sur- passent en magnificence les travaux des ones Les plateaux à lines si abruptes de l’ Écosse et de l'Irlande présentent surtout cette disposition cu- rieuse. Tout le monde a entendu parler de la fameuse Chaussée des Géans, qui forme, dans la partie septentrionale de l'Irlande , le promontoire Pleas- kin-Bengore, qui a plus de 500 pieds de hauteur au dessus du niveau de la mer, au milieu de laquelle il s’avance majestueusement. Ce cap est composé de plusieurs assises, dont la supérieure n’a pas moins de 15 mètres. Elles se divisent en énormes prismes verticaux atteignant de 40 à 45 pieds de hauteur. La surface découverte du cap présentant la tranche de tous les prismes, res- semble parfaitement à un plancher carrelé avec des pierres hexagonales d’une grande régularité ; c’est celte circonstance qui lui a valu le nom de Chaussée ou Pave des Geans. La grotte de Fingal, dans l’île de Staffa, l’une des Hébrides, que nous avons fait représenter pour donner à nos lecteurs une idée de l'aspect que présentent généralement les basaltes (voy. pl. 44, la vue prise de l'intérieur de cette grotte), offre un autre exemple non moins remarquable de cette disposition prismatique. La grotte a 80 mètres de profondeur et 30 de largeur, sur 19 de haut; vue de quelque distance en de- hors, elle ressemble assez bien à une grande nef d'église ; la mer y pénètre jusqu à une profondeur de 46 mètres, et permet de l'aller visiter en bateau; ses murs, comme une belle colonnade, sont formés de prismes verticaux de laplus grande régularité, soutenant une voûte com- posée de plus petits prismes , mais entrelacés dans tous les sens, et probablement liés par un ciment. Il existe dans l’île de Mull, aussi l’une des Hé- brides, un cirque Basaltique qui présente des circonstances peut-être encore plus remarquables que la grotte de Fingal et la Chaussée des Géans : les prismes y sont entassés horizontalement et avec la plus grande régularité. Les basaltes de l’Au- vergne, du VAE de l'Italie, de l'Allemagne, de l'Amérique, des îles de la mer d'Afrique , des côtes de l’Asie mineure, affectent des dispositions non moins curieuses. Les basaltes de la Nouvelle-Écosse présentent aussi des circonstances de gisement très-remarqua- bles, et que MM. Jackson et Alger nous ont fait con- naître. « ILexiste dans la partie N. O. de cette con- trée une langue de terre connue sous le nom de mon- tagne du Nord; elle s’étend de l’est à l’ouest , le long de la côte de labaie de Fundy , sur une longueur de 150 milles (environ 45 lieues) , comme une digue naturelle presque rectiligne, et plus élevée que les collines de l'intérieur du pays, dont elle est séparée par la baie de Sainte-Marie, les bassins d’Annapolis et le bassin des Mines. Elle est com- M posée d’un trapp (basalte) se divisant en gros ‘(AW PA 11. MTL Basaltes À Guerindu RER BASA 389 BASA oo © prismes verticaux plus ou moins réguliers. Vers l'intérieur, les flancs de cette masse trappéenne sont arrondis, et, abrités des vents du N.,0. par la masse elle-même, ils présentent un sol des plus fertiles, orné de riches cultures, qui ont fait sur- nommer les environs d'Annapolis le jardin de la Nouvelle-Écosse. Partout au contraire où cette masse trappéenne est battue par les flots de la mer et des marées de 70 pieds de hauteur, elle pré- sente des faces abruptes et presque perpendicu- laires. Cette disposition à la fois si rude et si pit- toresque tient à la structure de la masse de trapp qui se divise en prismes verticaux et mon- tre partout des joints qui facilitent l’action jour- malière des vagues. Cette destruction naturelle donne lieu à des accidens nombreux et des plus bizarres. L’œil contemple avec étonnement ce gigantesque escarpement , ce monument de la na- ture, auprès Guquel les colonnades Basaltiques de Stafla et de la Chaussée des Géans ne semble- raient guère que d’élégantes miniatures. » Ce dépôt de trapp forme un des champs les plus étendus et les plus fertiles en recherches géo- logiques et minéralogiques que présente le monde connu. Différent de la plupart des formations étendues de la même roche, sa largeur est tout- à-fait hors de proportion avec sa longueur; elle n'excède nulle part trois milles , et dans quelques endroits où elle a été entamée sur le rivage de la mer par des ravins profonds , elle présente à peine une largeur égale au centième de sa longueur. En prenant une moyenne, on trouverait probablement que la largeur de la masse totale des montagnes du Nord, en y comprenant la presqu'île de Digby, n’excède pas le trentième de sa longueur totale. D’après cette circonstance, on doit être porté à y voir un immense dyke élevé de dessous le grès à travers quelque crevasse large et continue, pro- duite par le soulèvement soudain de ses couches, ce qui ne lui a permis d'acquérir, en coulant de part et d'autre, qu’une étendue très-limitée en largeur ; et si on doit admettre une théorie quel- conque, nous ne concevons pas comment l’ori- gine d’une masse si singulièrement disproportion- née peut être expliquée d'aucune autre manière. La régularité de son contour, sa continuité, et particulièrement sa direction presque en ligne droite, sont contraires à l’idée de la regarder comme le résultat d'éruptions successives, et viennent à l'appui de l'opinion que nous venons d'exprimer relativement à son origine. » Souvent aussi, comme on vient de le voir, les basaltes se présentent en filons très-allongés , qui, par suite de l’altération des roches qu'ils traver- sent, finissent quelquefois par faire saillie à la surface du sol; tels sont la plupart des dykes de l'Angleterre et de Irlande, et en particulier Ja grande muraille de 14 mètres de hauteur des en- virons d'Arragh. Des couches ou des amas tien- nent quelquefois à ces dykes ou à une butte dont ils composent le sommet, et ressemblent, pris en masse, à des champignons dont les dykes se- raient le pied, et l'amas superficiel le chapeau. Mais l’un des caractères les plus particuliers de celte formation est de présenter aussi de grandes nappes ordinairement fort peu inclinées, formant quelquefois, comme à Palma, à Ténériffe, au Cantal et au Mont-Dore, des cônes très-surbaissés, tron- qués à leurs sommets. Ces nappes Basaltiques in- clinées donnent aujourd’hui lieu à de grandes dis- cussions entre les géologues, et ont servi à ap- puyer une théorie devenue célèbre, celle des cra- tères de soulèvement, dont nous dirons quelques mots à l’article Cratkre, et que l’on a appuyée principalement sur ce que, dit-on , les nappes de basalte n’ont pu s'étendre uniformément en tous sens et se diviser en prismes perpendiculaires à leurs surfaces inférieures et supérieures que dans une position sensiblement ho#zontale ; d’où de- vrait nécessairement résulter que les nappes basal- tiques inclinées ont été soulevées ou dérangées. Cette distinction de la formation des nappes Ba- saltiques dans un plan horizontal est fondée sur ce que, dans les volcans anciens et modernes, les courans de laves n’ont laissé sur les flancs inclinés des cônes qui les ont vomies, que des traînées étroites de matières scoriacées résultant d’une so- lidification rapide et confuse de leur surface , et n'ont formé des nappes comparables par leur structure minéralogique aux nappes de basalte, que dans les dépressions à fond plat, où, confor- mément aux lois de l’hydrostatique, elles se sont arrêtées en formant des lacs enflammés dont la surface est restée horizontale après la congélation de la matière fondue, et où elles ont pris, par un refroidissement lent, une structure plus serrée et moins bulleuse que celle des lames figées rapide- ment sur les flancs inclinés des montagnes. D'un côté l’existence dans les laves de parties qui ont une texture à peu près Basaltique, et d’un autre certaines coulées de basalte présentant une structure de lave, rendent souvent bien difficile à li- miter ce que l’on doit entendre par basaltes et par laves. Les géologues anglais et écossais ont pres- que tous renoncé à établir des démarcations tran- chées entre les basaltes de Staffa et de la Chaus- sée des Géans, et les roches trappéennes (#hin- stones et Toadstone) , qu’ils appellent souvent ba- saltes. M. Leonhardt les a même comprises toutes dans sa monographie des basaltes. Quant à la manière dont les basaltes se sont épanchés à la surface du sol, comme ils appar- tiennent la plupart du temps à des terrains dislo- qués , il n’est pas plus facile de décider quel a été leur mode d'émission le plus général; et s’il est certain que quelques basaltes sont sortis de cratères d’éruptions à la manière des laves modernes , il est aussi démontré que beaucoup d’entre eux sont sortis par des fentes ou crevasses du sol pour for- mer ensuite à la surface ou de grandes nappes comme en Auvergne, ou simplement, comme dans quelques cas, un élargissement , une espèce de chapiteau en forme de champignon , que Dé- marest a appelé Culot ; tels sont les basaltes de la côte d'Essey dans les Vosges, de l'Erzgebirge, d’Eisenach, etc. a ——]————— —_—————————————…——————……——— "————— —" ——————…—————————————————— "© ——_—_———_—"———————— BASA «Les nappes Basaltiques, soit qu’elles aient été produites, comme l'ont pensé quelques géologues, ar d'anciens cratères aujourd'hui détruits, soit qu'elles doivent leur origine à un épanchement à travers des fissures, ainsi que conduisent à ie faire supposer les nombreux filons basaltiques qu’on a observés, n'offrent d’analogie.qu'avec ces larges expansions que présentent vers leurs parties inférieures un grand nombre de coulées modernes. Cette analogie a conduit M. de Humboldt à oppo- ser les laves qui coulent en bandes étroites des cratères des volcans permanens aux nappes Basal- tiques qui constituent de larges plateaux. » C’est en partant de ces principes que MM. Du- frénoy et Elie de Beaumont ont avancé qu’une pente couverte de basalte est aussi évidémment et même plus évidemment due à un mouvement de l'écorce du globe, qu’une pente formée par une couche de calcaire à lymnées, déposée dans les eaux d’un marais, et qu’un cône revêtu de basalte est nécessairement un cône de soulèvement. C’est aussi d’après ces principes que M. de Beau- mont a dit en thèse générale que, bien que les ba- saltes ne soient , à prendre la chose sous le point de vue le plus général, qu’une forme particulière des laves, puisque beaucoup de coulées de laves sont de vraïs basaltes dans quelques unes de leurs parties, le seul choix qu’on fait du mot basalte ou du mot lave, pour désigner une matière fondue et solidifiée , exprime une idée très-précise, qui se réduit à dire que, dans le premier cas, on ne recon- naît que l'effet combiné des lois du refroidissement et de l'hydrostatique, tandis que dans l’autre on voit intervenir aussi les résultats de phénomènes dynamiques. Age du terrain Basallique. On a long-temps discuté et l’on discute même encore sur l’âge relatif de la formation Basaltique, sans être très- d'accord sur la véritable position à lui assigner dans l'échelle des terrains. L'ordre chronologique des roches neptuniennes a pu s'établir facilement à l'aide des superpositions ; mais dans les roches plutoniques ce moyen de comparaison manque presque toujours, puisque, n'occupant que des points très-circonscrits, il est rare de les trouver réunies; de là naissent l'incertitude et l’embar- ras qu'on éprouve le plus souvent pour les classer. On regarde généralement les basaltes comme postérieurs aux trachytes, tandis que MM. de Buch, de Beaumont et Dufrénoy considèrent les catas- trophes qui ont mis les trachytes au jour comme plus récentes que celles qui ont produit le même effei sur les basaltes. M. d’Homalius d'Halloy se- rait tenté au contraire de considérer les deux ter- rains comme étant parallèles plutôt qu'ayant une superposition relative. Il nous semble résulter de cette divergence d'opinions, toutes appuyées sur un certain nombre d'observations, que l’on a feu tort de vouloir trop généraliser les faits; car il est probable que tout le monde a peut-être un peu rai- son; ainsi, en ne considérant les basaltes que par rapport à l’Auvergne, où ils recouvrent évidem- ment les trachytes sur de grandes étendues, il est 390 _ BASA évident qu'ils y sont postérieurs à ceux-ci; mais le même ordre chronologique a-t-il eu lieu par- | tout ? Nous ne le pensons pas, et pour nous, en : Grèce comme en Amérique, où les trachytes sont . encore les roches des éruptions actuelles, ils sont : postérieurs aux basaltes de ces mêmes contrées ; nous regardons donc les basaltes de l'Asie mineure, de Métclin, de Samos , par exemple, comme plus anciens que les trachytes, Si, comme nous le pensons avec beaucoup de géologues, l’on doit regarder toutes les roches : volcaniques, basaltes, trachytes, laves, etc., comme de simples modifications les unes des autres , mo- difications qui seraient dues aux circonstances particulières dans lesquelles chacune de ces ro- ches a été formée et déposée; le basalte pour- rait très-bien être dans quelques cas parallèle aux trachytes , comme ceux-ci le sont, en Grèce et en Amérique, aux roches de l’époque. lavique. Il se- rait donc possible que l’on füt un jour obligé de réunir les trois groupes basaltique, trachytique et lavique en une seule et même formation ignée qui correspondrait aussi bien aux terrains tertiaires qu’à ceux de l’époque actuelle , période pendant la- quelle leur dépôt se serait manifesté d’une manière continue avec les différences minéralogiques que nous observons entre toutes les roches de ces trois groupes. C’est à une telle succession non-inter- rompue d’époques , ainsi que nous l’avons démon- tré dans le grand ouvrage de l’Expédition scien- tilique de Morée, que sont dus les trachytes de la Grèce, qui remontent de l’époque actuelle jus- qu'au dépôt des gompholithes, lequel appartient au premier ou au second étage tertiaire. Les Anglais, qui ont étudié les dykes Basalti- ques de l'Irlande , ont reconnu qu’ils se dirigent tous à peu près parallèlement vers le nord-ouest, et qu’ils traversent indistinctement tous les ter- rains. M. Murchison a fait dans l’ile Desky des ob- servations qui peuvent indiquer l’âge des dépôts trappéens. Ainsi, à Béal, les couches les plus élevées delastrie oolithique, correspondantes au cornbrach et au forest-marble, sont traversées par les dykes ou filons de trapp; à Broadfort, ils traversent la formation du Jias, tandis qu’à Trishman-Point elle supporte au contraire le trapp. Composition du terrain. Le Terrain Basaltique, considéré dans son ensemble, peut se diviser en deux systèmes de roches, l’un composé de roches massives, homogènes et cristallines, et l’autré de roches meubles ou conglomérées. Le basalte pro- prement dit, le wakite qui n’en est qu’une modifi- cation , le basanite une variété mélangée , et la do- lérite qui n’en diffère probablement que parce que les élémens qui la constituent ont pu prendre une texture plus cristalline, en sont les roches principales : les roches subordonnées sont des eurites, des blattersteins ou spilites, des méla- phyres, des trachytes, des phonolithes, etc., toutes roches qui prennent les formes du basalte. Quant aux roches conglomérées qui alternent sou- vent avec les basaltes, comme celase voit au Can- tal, au Mont-Dore, à Palma, à Ténériffe, à een enens emecnns me nn ones: + OS BASA : 891 BASA J'Etna, etc., ce sont des espèces de brèches, le plus souvent formées de fragmens des roches avec lesquelles elles alternent ; des pépérites, des brec- cioles; mais le plus ordinairement elles forment des couches ou des amas superficiels autour des æollines Basaltiques :rarement elles sont en filons. Relations avec les autres terrains. Outre ses rap- ports avec Jes terrains porphyrique, trachytique et lavique, le Terrain Basaltique a encore des liaisons avec toutes les formations qu’il a traver- sées, telles que les granites, les-terrains de transi- tion et les formations secondaires et tertiaires. Quelquefois il a agi sur elles; ainsi les granites ont souvent, vers les points de contact, plus de tendance à se décomposer ; les schistes argileux sont changés en quartzites ou en tripoli; la houille a perdu son bitume et passe à une houille sèche, grisâtre, assez semblable au coke; les lignites ont éprouvé au contact des changemens analogues ; les calcaires secondaires y ont souvent une tex- ture plus cristalline , une cassure plus brillante et une plus grande pesanteur spécifique ; enfin les grès sont crevassés et ont pris quelquefois un aspect vitreux. Mais ces altérations n’ont pas toujours lieu , et l'on voit souvent toutes ces roches ne présenter aucune différence entre leurs points de contact avec le basalte et celles qui en sont éloi- gnées. On a reconnu plusieurs cas d’alternances des basaltes avec les ‘terrains tertiaires; tel est par exemple le mélange remarquable du calcaire ter- tiaire avec des roches Basaltiques qu’on observe au pied des Alpes, dans le Vicentin etle Véronais, et qui forme un ‘terrain particulier auquel on a donné le nom de Calcaréo-trappéen. On y voit non seulement des masses de basalte prismatique intercalées dans des couches de calcaire ordinai- rement grossier, mais aussi des couches de pépe- rinos et d’autres roches conglomérées passant plus ou moins au basalte, et dans lesquelles on trouve de temps en temps les mêmes fossiles que dans le calcaire; on compte ainsi plus de vingt alternances successives. M. C. Prévost a reconnu que les alternances nombreuses de basalte et de calcaire qu’on avait signalées au cap Passaro en Sicile, ne sont que des pénétrations en tous sens des calcaires de difftrens âges, depuis la craie jusqu’au terrain tertiaire moderne , par les basaltes. En Auvergne, on le voit-aussi reposer sur les calcaires d’eau douce, dont on reconnaît les fragmens dans le basalte même. Enfin en Ecosse MM. Niell et Jameson ont observé, entre Kircaldy et Kinghorn, des alter- nances bien remarquables de sixante-cinq cou- ches de basaltes grünsteins, de calcaires coquil- liers, de schistes argileux et bitumineux, de grès et! d’autres roches. Etat de décomposition. Tous les terrains feld- spathiques , en se décomposant , donnent nais- sance à des argiles grasses, qui, en raison de la grande quantité d’alcali qu'elles contiennent , sont très-favorables à la végétation ; aussi celle qui recouvre le terrain basaltique est - elle or-! dinairement très-vigoureuse et très-abondante. Cependant le basalte très-compacte et très-dur s’altère difficilement à l’air; mais quelques va- riétés sont soumises à un genre particulier de décomposition qui en modifie les élémens, fait passer la roche à l’état terreux et la transforme en Wakite, qui n’est ainsi, à proprement parler, qu'un état particulier de structure du basalte ; quelques variétés de roches de cette formation se décomposent plus ou moins facilement ; les boules Basaltiques , à couches concentriques, sont, aussi bien que les basaltes en tables, un résultat parti- culier de la décomposition; enfin quelques couches supérieures se désagrégent parfois en une espèce de gravier cendré dont les grains varient de volume, depuis le pisaire jusqu’au képhalaire. Usage du basalte. En général la grande dureté de cette roche fait qu'on ne l’emploie guère pour les usages habituels; cependant il pourrait sou- vent l’être avec avantage , et dans quelques lo- calités il est exploité pour servir à l'empierre- ment des routes. Les anciens , qui recherchaient au contraire toutes les substances dures, l'ont employé dans un grand nombre de monumens , e£ les Égyptiens le tiraient de l'Éthiopie , d’où lui ve- nait son nom de Lapis æthiopius, pour en faire desstatues, des vases et une partie de cesmonumens presque impérissables que nous allons chercher aujourd'hui à grands frais pour en décorer nosmu- sées. Quelques personnes ont cru que le basalte des anciens , que Pline place au nombre des marmor, n’était pas la même chose que notre basalte ; mais il ne doit rester aucun doute à cet égard lorsqu'on voit Strabon et Agricola dire positivement qu’une partie des basaltes antiques de l'Egypte s’y trou- vaient en colonnes prismatiques. Le basalte est donc l’une des substances les plus anciennement connues dont le nom se soit conservé jusqu’à nos jours. (Ta. ViRLeT.) BASANITE. (min. ET c£or. ANC. ET. MOD.:} M. Brongniart , dans sa classification des roches, pour ne pas confondre les roches à bases homo- gènes avec les roches composées , a réuni sous le nom de Basanites toutes celles qui sont mélan- gées , et qui ont pour base le basalte, considéré comme substance simple; mais elles ne sont em réalité que des variétés de basalte. Il les subdivise en plusieurs variétés qu'il distingue entre elles par les épithètes de péridoteuses ou pyroxéniques, selon que c’est le péridot ou le pyroxène qui s'y trouve disséminé; de laviques ou scoriacées, quand elles sont en outre plus ou moins bulleuses; et enfin de variolithiques , lorsqu'elles sont mé- langées de noyaux arrondis de chaux carbonatée, de calcédoine, de mésotype, etc. ; mais comme ces dernières substances résultent de modifica- tions postérieures à la roche, ou ne sont survenues qu'après coup, nous les regardons comme de vé- ritables blattersteins ou spilites, à base de ba- salte. Le Basanites lapis de Pline a été regardé par quelques personnes comme une variété de basalte, ce qui semblerait résulter d’un passage où cet au- teur dit que c'était une espèce de pierre de tou- nn BASE che; mais comme ailleurs il dit aussi que le Ba- sanite servait à faire des mortiers, on ne peut en conclure que c’était ou du basalte ordinaire , ou une variété de notre Basanite, ou même ni l’un ni l’autre. Pour l’histoire des Basaniles , voy. Ba- sALTE @t BASALTIQUE ( TERRAIN). (Tu. V.) BASE. Basis. (mozr.) Mot souvent employé dans la description des coquilles, et qui déter- mine le côté opposé à la spire. Il ne peut s’appli- quer qu'aux univalves. (Ducz.) BASELLE , Basella. (rot. pnax.) Genre :de plantes de la famille des Atriplicées et de la pentan- drie monogynie; toutes sont originaires des climats chauds ; cependant on est parvenu à en acclimater deux espèces en France, la Basere noucr, Ba- sella rubra, des Indes orientales, et la BAsELLE BLANCHE, B. alba , de la Chine, du Japon et des Moluques. Les feuilles de l’une et de l’autre sont employées en guise d’épinards. Le suc de leurs baies noires donne une superbe couleur pourpre. La première de ces plantes est à tige grimpante, s’élevant à deux mètres, vivace ; toutes ses parties sont d’un rose pourpré ou d’un rouge éclatant, ce qui lui a fait donner place parmi les plantes d'ornement, tandis que la seconde, qui n'atteint qu’à trente-deux centimètres de haut, n’a nul besoin pour se soutenir du voisinage d’aucun ar- bre ; ses feuilles sont grandes, vertes, légèrement cordiformes, et ses fleurs, d’un pourpre pâle, s’épanouissent au bout des rameaux depuis les premiers jours de juillet jusqu'au milieu de no- vembre. Une troisième espèce fort intéressante , que l’on trouve au Pérou, et qui, chez nous, demande la serre chaude , est la BASELLE vÉsIcuLEUSE , B. ve- sicaria ; elle a l'avantage d’être couverte presque toute l’année de fleurs rouges, de fruits d’un moir luisant , et de feuilles d’un beau vert. Les épis floraux sont plus ramassés que dans les deux précédentes , et lui donnent un aspect plus agréa- ble. (Ti: m:8:) BASES. (cmm.) On donne généralement le nom de Bases, à tout corps ayant la faculté de satu- rer ou de neutraliser un autre corps pour former un composé que l’on appelle acide ou sel. On voit, par cette définition, qu'il y a des Bases acidifiebles et des Bases salines. Il existe une troisième espèce de Bases, dites métalliques, qui résultent de la combinaison des métaux électropositifs avec l’oxi- gène. Ces Bases sont susceptibles de plusieurs degrés d’oxidation , et on les désigne encore quel- quefois sous les noms d’alcalis, terres , oxides métalliques. (FAF.) BAS-FOND. (ctocr. rnys.) On appelle ainsi un fond très-bas ou élévation quelconque au fond de la mer , qu’on ne peut trouver qu’en se servant d’une sonde, et sur lequel les plus grands vaisseaux peuvent passer,sans avoir à craindre le moindre dan- ger. C’est à tort qu'en général on confond les Bas- fonds et les hauts-fonds. La langue française ne permettrait pas que les mots bas et haut, qui ont une signification entièrement opposée l’une à l’au- tre, s’appliquassent à une seule et même chose, 392 BASI C’est du niveau de Ja basse mer qu’on prend la profondeur de cette inégalité du sol : il ne faut donc pas confondre les Bas-fonds avec les basses et hauts - fonds. Par basses, on entend un petis banc de sable, ou de corail, ou de roches que les eaux de la mer recouvrent toujours, mais qui s’approche assez de la surface de l’eau pour qu’ilne soit pas prudent à un bâtiment de grande dimen- sion d'en essayer le passage à la basse mer. Ainsi les basses tiennent le milieu entre les Bas-fonds et les hauts-fonds. Telles sont les basses Buzec, du Lis, etc., à l’entrée du port de Brest. Les hauts-fonds sont des montagnes de roches ou de sables qui s'élèvent si près de la surface de Ja mer, qu'un bâtiment, même de moyenne gran- deur, doit éviter de les franchir, quand bien même la mer serait très-élevée. (CG. d.) BASICERINE. (mn£n.) Substance nouvelle- ment découverte dans les environs de Fahlun en Suède. Composée , d’après l’analyse qu’en à faite le savant chimiste suédois Berzelius , de phtore, 28,28, cerium, 66,77, et eau, 4,95, elle forme une espèce minérale. Sa couleur est jaune, et sa texture cristalline. (J. H.) BASILIC. (repr.) Cet animal dont les anciens ont tant parlé; qu'ils redoutaient à légal de l’aspic ; dont les yeux lançaient le feu et la mort avec une violence telle qu’il n’en était pas lui-même à l'abri, et qu'il suflisait de réfléchir ses regards au moyen d'un miroir pour lui donner le trépas; qui tuait rien que par son souflle, et dont les éma- nation mêmes élaient si délétères qu’elles fai- saient périr les plantes qui croissaient et les animaux qui passaient près de son repaire; dont les dépouilles seules suspendues dans un filet d’or aux voûtes des temples d’Apollon et de Diane suflisaient pour les préserver des toiles d’a- raignées et des nids d’hirondelles ; cet animal, dont le poison était si subtil qu'il se glissait le long du trait qui déchirait ses flancs jusqu’à la main et aux sources de la vie du téméraire qui le blessait; ce monstre qui ne redoutait que la be- lette saturée de rhue ou le chant matinal du coq auquel il devait sa naissance , car il proyenait des œufs d’un alectryon décrépit ; le Basilic enfin, que l'on représentait avec la tête surmontée des attri- buts de la royauté, comme pour témoigner toute sa prééminence sur les autres animaux venimeux, est décrit dans les auteurs d’une manière si peu précise, que l’on ne sait si c'était effectivement un reptile ou un animal d’une autre classe. Les écrivains s'accordent si peu sur les caractères qu'ils lui assignent, que l’on peut conclure que le Basilic des anciens fut une métaphore poétique, s’il ne fut pas une fable. Ce n’est que sur la fin de la période romaine que les naturalistes commen- cent à s’accorder pour voir le Basilic des anciens dans un reptile de l’ordre des Ophidiens. Néan- moins leurs descriptions sont encore assez vagues pour jeter les commentateurs modernes dans une perplexité interminable. Ainsi les uns parlent de simples éminences qui surmontent la tête du Ba- silic, et sur l'indication de ces éminences, qui ont 2 | 2.Basilic 2. Baudroie . 3. Batracoiïde : L Cuerin du a BASI 393 3 BASI mo om ont pu donner aux anciens l’idée de l’existence d’une couronne, l’on croit trouver le Basilic dans le Céraste ; mais comment lui adapter les descrip- tions de Nicander et de Galenus , qui portent que le Basilic est jaune et que les éminences qui sur- montent sa tête sont au nombre de trois ? D’autres, insistant sur la propriété du soufile du Basilic, sidorus consacre en donnant au Basilic lenom de Sibilus, ont cru voir dans ce reptile la Vipère haje qui possède en effet à un point assez marqué cette faculté de soufiller, mais dont le soufile n’a rien de délétère ; d’autres parlent d'ailes placées sur le dos , et avec Prosper Alpino on trouve dans la faculté de dilater son couen le repliant, un motif de plus pour rapporter le Basilic à la Vipère haje ; d’autres veulent, avec Clusius, voir le ves- tige de la couronne du Basilic dans ce dessin im- primé sur la nuque des Naja, dans lequel nous trouvons à peine la figure d’une paire de lunettes; mais comment appliquer aux reptiles ci-dessus, qui, comme tous les ophidiens venimeux, sont vivipares, cette assertion vulgaire, confirmée par le prophète Jerémias lui-même, que le Basilic paît d’un œuf, assertion qui est tellement enracinée dans l'esprit du commun des hommes de toutes les époques , que la tradition l’a propagée jusqu'à hous , et que nos paysans croient encore, dans leur ignorante simplicité, que ces œufs sphéroï- des, x enveloppe membraneuse et dépourvus de jaune, connus sous le nom d'œufs hardés, pro- viennent d’un coq âgé, et qu'ils produisent un Basilic ? Cette considération du Basilic ovipare , la présence de deux crêtes rachidiennes qui jusqu’à certain point pouvaient être prises pour des ailes, et surtout l'existence d’un développement considé- rable de la peau dela nuque, qui rappelait une figure du Basilic donnée par un ancien auteur , et qui parait la tête comme pouvait le, faire la cou- ronne dont les Grecs ont fait mention, enga- gèrent quelques auteurs modernes à appliquer à une espèce de lézard le nom de Basilic. Linnæus adopta cette dénomination, et depuis elle a été gé- néralement consacrée, bien que le Basilic moderne p’ait pu être connu des anciens puisqu'il provient de la Guiane. Le LézanD Basruic, Basizic À cAPUuCHON (Basi- lièus mitratus) , est un saurien de deux pieds et quelques pouces de longueur, dont la queue forme àpeu près la moitié; de plus d’un pouce et demi de diamètre à la partie moyenne du corps, et dont la peau est couverte partout de petites écailles rhom- boïdales, carénées, couchées sur un de leurs côtés, de telle sorte que leur ensemble présente une dis- position sabverticillée et que chaque écaille paraît au premier abord trapézoïde et divisée par une carène étendue obliquement de bas en haut et d'avant en arrière ; les écailles du: ventre sont. un peu plus dilatées et lisses, celles qui recouvrent la partie externe des membres ont une forme rhomboïdale plus marquée; l'occiput est surmonté d’un repli conique comprimé de la peau, en forme de capuchon revêtu d’écailles , analogues à celles du reste du corps, mais seulement un peu plus Tome I. dilatées et donnant au bord postérieur du capu- chon une apparence denticulée. Ge repli paraît uniquement formé de tissu cellulaire, fibreux, soutenu par un prolongement ensiforme, de l’occi- ital supérieur ; ses usages ne sont pas connus, il ne paraît pas susceptible, ainsi qu'on l’a dit, de se laisser distendre par l’air du poumon, et disposé en vessie aérienne propre à rendre au be- soin la pesanteur spécifique de l'animal moins considérable. Le capuchon du Basilic a environ un pouce de hauteur et un pouce de longueur à sa base; le long de la région rachidienne règne une crête membraneuse , verticale, continue, denticu- lée à son bord libre, à dents arrondies, peu pro- fondes, soutenues par les épiaux des vertèbres dor- sales et caudales, plus développée à la partie an- iérieure du tronc. et sur l’origine de la queue; elle se termine insensiblement fvers la partie moyenne de cette dernière partie. Ces crêtes, qui ont plus d’un pouce de hauteur dans quel- ques points, sont recouvertes d’écailles analogues à celles du tronc, et ne peuvent guère contri- buer à soutenir en l’air l’animal lorsqu'il s’élance sursa proie. Du reste, le Basilic a la tête p yrami- dale, quadrilatère , fortement renflée à sa partie postérieure ; la! bouche fendue jusqu'au-delà des yeux, peu sinueuse, les lèvres bordées de petites plaques; la langue épaisse, molle, papilleuse, libre seulement à sa pointe et à peine incisée à son sommet ; les dents nombreuses, presque égales, droites, comprimées, simples en avant, trilobées ou en trèfle sur les côtés, les dents palatines dis- posées sur un seulrang, droites , simples, ou tout au plus finement trilobées à leur sommet ; les na- rines simples ; les yeux grands , légèrement sail- lans, à deux paupières presque égales, revêtus de petites écailles, la lame susorbitaire simple- ment coriace; le tympan largement ouvert, à bords simples, peu saillans; la peau du cou est lâchement plissée en dessous et sur les côtés; les membres, les postérieurs surtout, sont très-déve- loppés, les doigts très-longs et très-inégaux aux pieds de derrière ; l'anus est transversal, simple ; le bord interne des cuisses dépourvu de pores pa- pillaires. Get animal est d’un gris bleuâtre . pres- que uniforme en dessus, blanchâtre en dessous ; sur les côtés de la face on apercoit trois bandes blanchîtres, étendues d’avant en arrière: la pre- mière, confondue avec les autres sur la pointe du museau, s’en détache vers les yeux, sur lesquels elle passe, marche au dessus du tympan, et s'é- tend sur les côtés supérieurs du dos, où ellese perd; la seconde borde les lèvres, la partie inférieure de l'ouverture du tympan, et vase terminer vers l'ori- gine des membres inférieurs ; la troisième, moins sensible que les précédentes, s’étend sur les côtés de Ja région jugulaire, et.s'éteint dans les plis du cou ; ces accidens de coloration l'ont fait appeler Basic À BANDES (B. vittatus). Le Basilic vient de la Guiane; aussi lui a-t-on donné-le nom de Basic n'Am£rique (B. ameri- canus). I vit sur les arbres, sautant de branche en branche pour atteindre les graines , les baies, L° Livraison, 50 7 BASF 594 BASI et probablement aussi les insectes dont il se nour- Bit. (Iconographie Guérin, pl. 11, 2.) Cetanimala été Jécrit et figuré pourla première fois par Séba, célèbre naturaliste hollandais, et l'original dont cet auteur s’est servi a passé, par suite des: trai- tés politiques , dans la collection du Muséum na- tional d'histoire naturelle de Paris: L’on doit re- lever iciun reproche faitplusieursfoisà la France, ét récemment encore répété précisément au sujet de ce Basilic. On fait un crime à'ceité nation d’avoir dépouillé à certaine époque les puissances européennes, qu'elle avait vaincues ; de leurs mo- numens les plus précieux et de leurs plus riches collections. Maïs sans chercher à justifier ici la question de droit, qu’il serait difficile de contes- ter sérieusement, et en examinant seulement la question scientifique sous le rapport particulier de l’histoire naturelle qui nous occupe, n’était-il pas plus avantageux pour la science et le: monde savant de tâcher de concentrer ;, dans une collec- tion déjà vaste et riche en objets de toutes les classes, qui avait produit de nombreux et impor- tans travaux , ét pour la prospérité de laquelle un gouvernement éclairé n'épargnait pas l'or, dans une collection libéralement ouverte à tout le monde, aux étudians surtout ; des matériaux pré- cieux épars dans des cabinets qui pouvaient à peine espérer se compléter jamais, et enfouis dans des palais dont les savans, même titrés, n’ap- prochaient qu'avec peine? N'est-ce pas à ce système de centralisation que l’histoire naturelle a dû ; en grande parlie, les brillans progrès qu'elle a faits au commencement de ce siècle? Les nations dépouillées pouvaient reprendre , en vertu: du traité de 1814, ce que la France avait enlevé ‘en vertu des traités souscrits par elles sous le direc- toire et l'empire, et n’ont-elles pas adhéré au système francais en n'invoquant pas la force de la capitulation de Paris pour recouvrer leur bien, et én enrichissant au contraire chaque jour encore le musée francais de leurs offrandes, Certes une ac- cusation semblable ne pouvait venir que d’une na- tion à qui la France n'a jamais rien pris, chezla- quelle où n'aurait rien trouvé à prendre en fait de collections scientifiques; d'une nation qui ne sentit jamais le noble but d’un musée, et qui, décorant sa rapacité du nom de nationalité ou mettant tout en marchandises, ne vit jusqu’à présent dans des col- lections, qu'un objet de curiosité égoiste et stérile, sinon un moyen de lucre, une ressource de contri- bution à prélever sur celui qui veut apprendre; d’une nation -dont les musées naissans se sont formés des captures de nos récoltes qu’elle n’a pas eu la générosité de restituer à la paix géné- rale ; d’une nation enfin dont les savans sont venus souvent ct parfois déloyalement exploiter à leur profit les bienfaits d’un système de centrali- sation qu'elle traite de vol-et de pillage ! Nation grande et généreuse, Ejice primum :trabem:.. L'on a aussi: donné le nom de Basilics à d'au- tres sauriens qui ont à la vérité quelques rapports avec celui qui vient d’être décrit, mais qui s’en dis-: tinguüent aussi sous tant d’autres qu’ils constituent CA | aujoufd’hui des: genres tout-àfait:tranchés : tels sont ceux que l'on a désignés sous les noms de Eophura, d'Hÿdrosaures ou d'Istiures. Ils se rap prochent du Basilic'par la taille et la présence de la crête rachidienne ; la forme générale de leurs écailles et celle de la- queue qui est légèrement ‘ comprimée latéralement, Mais les Istiures ont plus de rapports par le reste de leur organisation avec les Galéotes qu'avec les Iguanes dont le Ba” silic semble voisin. Ainsi leur tête est plus ramas- sée , leurs dents inçisives sont coniques simples, les laniaires assez prononcées, lesmaxillaires com- primées simples ou à peine dentelées à leur base; ils manquent de dents palatines. Les écailles du dos sont parsemées d’écailles plus grandes que les ‘autres qui rappellent un peu la disposition des changeans; le bord interne des cuisses est garni d'une rangée de follicules poreux ; les mem- bres sont moins ‘allongés proportionnellement et : les doigts des pieds postérieurs beaucoup plus courts ; enfin la crête dorsale est moins élevée, moins continue et formée par des écailles mono- phylles molles dans lesquelles les épiaux des ver- tèbres ne se prolongent pas. On en connaît plu- sieurs espèces. La plus anciennement connue est le Basilic d’Amboine, Atlas , planche 45 (Jstiurus amboinensis) , décrit aussi sous le nom de Lézard porte-crêle de Java, long de trois à quatre pieds, à crête caudale très-développée et de plus d'un pouce: de hauteur , d’un jaune verdâtre, parsemé sur les parties supérieures d’ondulations noirâtres, courtes, irrégulièrement arrondies; il vit sur le bord des fleuves et des lacs, et lorsqu'il vient à être effrayé par l'approche des chasseurs , 1l s'é- lance des arbrisseaux sur lesquels il était perché et s'enfuit sous l’eau en s’aidant fortement de sa queue en aviron. L'Istiure d’Amboine se nourrit de graines, de baies, d’insectes et de petits crus- tacés arénicoles. L’on connaît encore l'Istiure de Cuvier , indiqué dans l’Iconographie de Guérin sous le nom de Zstiurus Cochinchinensis, Valen- ciennes, parce qu'il provient em effet de la Cochin chine , moins grand que le précédent, à écailles beaucoup plus petites proportions gardées, d’un gris verdâtre en dessus avec quatre ou cinq ban- des ondulées brunâtres , œillées de bleuâtre, éten- dues obliquement de haut en bas-sur les côtés des flancs: L’Istiure de Lesueur estiun peu plus développé que celui-ci; ses écailles sont un peu plus dilatées, interrompnes par des verticilles presque symétriques d'écailles plus grandes , dissé- minés à des distances égales sur le dos et la queue ; des écailles anguleuses plus marquées et plus saillantes sur les côtés de la nuque et de l'o- rifice du tympan le rapprochent des Gemmato- phores ou Agames à pores aux cuisses. La crête nuchale est peu développée, la caudale est moins élevée que dans l’Istiure d’Amboine. Cet animal est d’un brun verdâtre en dessus, inter- rompu à certaines distances par des petites raies transversales jaunâtres ; il vient de Parawalta d'où il a été rapporté par M. Lesueur. Il est une autre espèce de sauriens qui a beau- BASI ‘899 BASS coup d’affinité avec le Basilic par la taille ,* la forme générale du corps, la proportion des mem- bres, de la queue, par la disposition dela langue, des yeux, des dents, l'absence des pores fémo- aux, l'existence d’un prolongement nuchal et d’une crête rachidienne: c’est le Basilic du Mexi- que ; mais le capuchon est ici de forme pyrami- dale quadrangulaire , déprimé en dessus et rappe- Jlant à quelques égards la disposition d’un. camé- léon. Au dessus du tympan, l’on trouve quelques écailles épineuses plus développées, comme on en observe chez les Agames ; l’on en voit aussi dis- posées par bandes sur les flancs comme chez les changeans et certains Jstiures; la crête dorsale est très-basse, interrompue, formée seulement d’écailles paléacées ; la queue est presque arron- die, conique et sans vestige de crête rachidienne ; aussi ces particularités ont-elles engagé à faire de cette espèce un genre particulier , sous le.nom de Corythéolus ou de Gaméléopsis. Le Caméléopsis du Mexique ou d’Hernandez, parce que cet auteur paraît l'avoir décrit le pre- mier sous le nom de Cuapapaleatl, est d’un gris brunâtre, terne , uniforme en dessus, quelquefois - parsemé de bandes transversales plus ou moins larges, irrégulièrement arrêtées, d’une teinte plus foncée ; il est d’un blanc jaunâtre en dessous. On le trouve, comme l’un de ses noms l’imdique, au Mexique ; ses habitudes paraissent être les mêmes que celles du Basilic à capuchon. (T. C.) BASILIC, Ocymum. (8or.puan.) Gegenrerentre dans Ja Didynamie gymnospermie de Linné, et dans la famille des Labiées de Jussieu. Voici ses caractè- res : calice à deux lèvres, la supérieure large ,en- tière, arrondie, horizontale; l'inférieure plus longue, à quatre dents aiguës; corolle renversée , ayant la lèvre supérieure quadrilobée, la lèvre inférieure plus longue et crénelée; les deux éta- mines plus courtes munies d’un petit appendice à leur base. À ce genre se rapportent une quaran- taine d'espèces, toutes aromatiques, et d’une origine étrangère, quoique acclimatées parmi nous. Nos jardiniers cultivent : 1° Le Basrcre commun, ou cran Basizic, Ocymum Basilicum, Linn., originaire des Indes, à ‘tige droite, légèrement velue, d’un pied; à feuilles péliolées , cordiformes , un peu ciliées «et dente- lées sur les bords ; à fleurs blanches où purpuri- nes, disposées, à l’extrémité de la tige et des ra- meaux,.en anneaux composés chacun: de cinq à six fleurs, et formant par leur réunion une sorle d’épi. Comme le thym, le Basilic commun sert de condiment à nos mets. 2° Le Basic A PETITES FEUILLES, ou Basic Nom, Ocymum minimum, Linn., de Ceylan, à feuilles ovales, vertes ou violettes, à fleurs char- nues, petites, blanches et disposées par anneaux. Il ne s'élève qu'à six ou sept pouces , et forme un buisson épais, ou plutôt une petite boule de ver- dure. 3° Le Basrzic ANISÉ , qui fournit un assaisonne- ment fort agréable. Il est d’autres variétés du Basi- lic, qui sont cultivées dans nos jardins: on peut consulter là-dessus lAlmanach du:bon jardinier, Au reste, lemot Basilic est.grec ; etsignifie roy al, êt, par extension excellent. Matthiole fait dériver Ocymum de-020 , je sens : ainsi c’est à leur.arôme, que les plantes qui font le sujet de cet article doivent ces. deux noms, (C£.) + BASSE-COUR. (4cn.) La païtie la plus utile et la plus vivante du domaine rural. Elle renferme tous les: bâtimens de l'exploitation , dont le nom- bre et l'étendue doivent être en rapport direct avec.les besoins de la famille, la quantité, des bes- tiaux, le produit des terres. La Basse-cour doit être tenue dans la plus grande propreté, l’ordre Je plus parfait doit y régner; la facilité duservice le:demande, la santé de l'homme et celle des animaux l'exigent, L’œil du naître ‘en-embrasse toutes les parties, la fainéantise n’y trouve aucun asile, et.la présence de; la mère de famille y rend le travail moins pénible. On fait bien de tenir chaque habitation: isolée l’une de l’autre ,.et de placer les fumiers derrière les pièces destinées à serrer les instrumens aratoires, loin du cellier et des resserres pour les récoltes. Une Basse-cour située avantageusement , peuplée d'animaux de choix, où, tout annonce l’ordre, ajoute aux plai- sirs vrais-que l’on goûte aux champs, que lon trouve dans unevie: active-et bien employée. (TD. B.) BASSETS. (mam.) Les iBassets à jambes droi- tes et à jambes torses sont deux:races du chien domestique. Ÿ. Curew. (Gervais. ) BASSIN. (anaT.) Pelvis des Latins. Les anato- mistes modernes désignent exclusivement sous ce nom la partie du tronc qui termine inférieure- ment l’abdomen. La grande cavité osseuse que présente le Bassin est irrégulière, conoïde, ou- verte-en haut.et en bas; elle soutient et renferme ‘une partie des intestins , loge les organes génitaux internes , la vessie , le rectum, et livre passage, lors de l'accouchement , au produit de la concep- tion. Le Bassin, soutenu en avant par les fé- murs ,supporte en arrière la colonne vertébrale ; il est, chez l'adulte, placé à peu près vers la partie moyenne du corps:et composé de qua- tre os larges, aplatis, inégalement épais, et très-différens par leur forme, leur grandeur et leur disposition, comme nous aurons occasion de le démontrer à l’article Seuecetre en parlant de la région du Bassin. (M.S$. À.) BASSINS. (cé£ocr. pays.) On donne ce nom à un système de vallées plus où moins considéra- bles qui aboutissent à une plus grande : de telle sorte que les eaux de toutes les vallées supé- rieures viennent se réunir en un seul canal qui recoit la dénomination de rivière ou de fleuve, suivant son importance (77. Cours n’Eau), et : qui va se jeter soit dans un lac, soit dans une cas- pienne, soit dans une méditerranée, soit enfin dans l’océan. Des chaînes de montagnes ou de collines , et souvent de simples plateaux, forment les points de partage entre les Bassins. Les versans opposés d'une même chaîne ou d’un groupe demontasnes, BASS 396 BASS mm = ou enfin d’un plateau, donnent naissance à des Bassins opposés : en sorte que de deux points très- rapprochés partent deux Bassins qui s'écartent à mesure qu'ils approchent de leur terme ou de leur embouchure. Les Bassins présentent un caractère remarqua- ble en géographie physique : c’est que la végéta- tion y offre les plus grands points de ressemblance, bien qu’elle se développe nécessairement sur des versans différens, puisqu'il se réunissent au thal- weg, c’est-à-dire au point le plus bas de la val- lée. Le contraire a lieu sur les versans opposés d’une même chaîne ou d’un même plateau. Il suit de là que les animaux doivent trouver dans le même Bassin une nourriture analogue, et que conséquemment les mêmes races doivent s’y réu- nir. Il suit de Ià encore que les mêmes races d'hommes, ou du moins ceux qui ont des mœurs ou un langage analogues, sont répartis sur tous les points d’un même Bassin, en dépit des lignes de démarcation imaginées par la politique. Ainsi, our citer quelques exemples de ce fait, tout le Bassin du Rhône, depuis son origine jusqu’à son embouchure, est habité par des peuples qui par- lent francais ou des dialectes du français ; tout le Bassin du Rhin, dans sa vaste étendue , est oc- cupé par la race germanique ; en France , le Bas- sin de la Garonne est aussi habité par des peu- les qui ont des caractères communs qui les distinguent à la fois des peuples du Bassin de la Loire ou de celui de la Seine. On doit donc conclure de ce fait, qui est géné- ral, que la moins naturelle des limites établies par la politique est celle que présente un cours d’eau, quelque large qu’il soit, Cette ligne de démarca- tion est cependant la seule qui soit généralement adoptée ; tandis que celle qui devait l'être, est celle que forme la ligne defaîte d’une chaîne de montagnes, et le point de partage des eaux. On pourrait tirer de l'application de ce fait des conséquences intéressantes en politique et des données curieuses pour l’histoire des peuples et pour la marche de la civilisation; mais les bornes de ce Dictionnaire ne nous permettent pas d’en- trer dans des développemens étrangers à son plan, et surtout à l’histoire naturelle. (J. H.) BASSINS AGRICOLES. (acr.) La France se divise naturellement en douze Bassins, cinq grands et sept petits; les premiers sont formés par le Rhône, le Rhin, la Seine, la Loire et la Garonne; les se- conds par le Var, la Moselle, la Meuse, la Som- me, la Vilaine, la Vendée et l’Adour. L'île de Corse constitue un Bassin particulier; il est indé- pendant , tandis que les autres Bassins participent essentiellement des grands et en font partie inté- grante sous tous les rapports. Le système entier est soumis à quatre coupes ou zones parfaitement tranchées. L'une, la zone de l’oranger, baignée par les eaux de la Méditerrance, est abritée des vents du nord par des montagnes coupées presque à pic; Pautre, la zone de l'olivier, que les défrichemens mal entendus ont singulièrement rétrécie depuis la {trop fameuse ordonnance de 1669, qui, par son mode unique d'exploitation à tire et aire ou à blanc- éloc, a décidé du déboisement de nos forêts (v. ce mot), mis à nu nos rochers, et remplacé d’an- tiques, de majestueuses futaies par de chétives bruyères , par des terrains improductifs. La trot- sième zone, la zone de la vigne, la plas étendue, la plus riche des quatre, et que nous verrons gran- dir de plus en plus à mesure que la culture pren- dra de l'extension dans les hautes régions du con- tinent américain. La quatrième, la zone du pom- mier , commence sur la rive droite de la Basse- Seine , et n’a pour nous d’autres bornes que le lit du Rhin et la Hollande, par où doit s'opérer la prochaine révolution géologique que préparent lentement la puissance des vagues de l'Océan et l'inclinaison de la terre vers le point que nous avons appelé l’ouest. L'existence des Bassins agricoles , fixée par les grands cours d’eau, et par la chaîne des mon- tagnes qui leur servent de contreforts , est la cause déterminante de la végétation; elle donne un aperçu général et vrai du genre des productions actuelles et de celles susceptibles de couvrir les pentes diversement inclinées, et les plaines éten- dues que la charrue fertilise aujourd'hui et qu’en- vahirent autrefois les eaux de la mer. L'étude at- tentive de ces limites apprend à l’agriculteur, ainsi qu’à celui livré aux agréables travaux des jardins, les améliorations profitables qu’ils peuvent adop- ter et celles qu’il faut modifier ; elle leur dit l’art d’échelonner leurs différens essais, les plantes exo- tiques à demander aux autres climatures, et les termes qu'on ne franchit jamais sans courir les risques d’une tentative inutile et ruineuse. Chacune des quatre coupes de nos divers Bas- sins a , comme nous venons de le voir, une pro- priété distincte; les deux supérieures peuvent des- cendre, se réunir aux deux inférieures; mais, tels efforts qu’on fasse , les inférieures ne se méleront jamais aux premières, à moins d’un bouleverse- ment total de l’ordre physique maintenant établi, qui rendrait l'Europe tempérée aux végétaux que nous rencontrons fossiles, tels sont les palmiers, les fougères arborescentes , les grandes graminées des régions équatoriales, etc. Outre cette disposition générale , les zones agri- coles admettent encore des cultures particulières, se refusent à celles qui ne sont pas appropriées à : leur nature, et exigent presque toujours des procé- dés différens. Leur climat offre aussi une multitude de modifications de température , de sol, de pro- priétés locales, dont l'homme industrieux profite pour demander à la terre les richesses qu'elle re- fuse rarement au travail soutenu , même dans les contrées les plus ingrates et les plus disgraciées. Ces modifications apportent des perturbations nombreuses ct détruisent à chaque instant l’exac- Litude rigoureuse que l’on cherche à établir dans les stations végétales et dans les élémens numéri- ques de chaque espèce, soit sauvage, soit culti- vée. (Voy. GÉOGRAPHIE BOTANIQUE.) Dans l'Éloge historique de l'abbé Rozier (in-8°, Paris, 1835), j'ai démontré que la découverte de | BATA l'importance des Bassins de la France et l’idée pre- mière de les faire servir à la marche régulière des opérations rurales, appartiennent tout entières à l'élégant et savant auteur du Cours d'agriculture. J'ai fait voir, contrairement aux assertions des compilateurs, qu’elles datent de l’année 1781, qu’elles furent successivement appliquées en 1784 à la géographie physique par Buache, et en 1786 à la géologie par de La Métherie (la carte donnée par Rozier est adoptée sans aucun changement ar ces deux auteurs) , et qu’on les attribue à tort à l'anglais Arthur Young : il s’en empara, en 1788, pour en faire la base de ce qu’il écrivit sur notre agriculture nationale. Personnene réclama contre ce plagiat ; je fus le premier, en 1798, à m'élever contre les éloges distribués journellement encore à cet étranger par nos agriculteurs de cabinet. Ma voix, trop jeune alors, n’empêcha point l’er- reur de se propager et de prendre racine. Je sou- haite être plus heureux cette fois. (T. D. B.) BASSORINE. (crm.) La Bassorine est un corps particulier qui reste sous forme de gelée gonflée lorsqu'on traite la gomme de Bassora dans l’eau , et sur lequel Vauquelin appela le premier l’attention des chimistes. Plus tard, cette substance fut ob- servée dans plusieurs autres végétaux, savoir, par Bucholz, dans la gomme adragante ; par John, dans la gomme de cerisier ; par Bostock, dans la graine de lin, les pins de coing, la racine de plusieurs espèces de jacinthe, la racine d’altée, plusieurs espèces de fucus ; par M. Pelletier, dans les gommes résines ; par M. Caventou, dans le sa- lep, d’où elle recut les noms de Cérasine, Pru- nine, Adragantine, etc. La Bassorine est insoluble dans l’eau, quelle que soit la température à laquelle on agisse, à moins que celle-ci ne soit aiguisée d’un peu d’acide nitrique ou hydrochlorique. Gette substance étant sans usage, nous n'en dirons pas davantage. (FF) BATARA, Tamnophilus. (ors.) Genre de Pas- sercaux dentirostres (v. ce mot), de la famille des Laniadées ou Pies-Grièches. Les espèces peu nom- breuses dont ce genre se compose ont le bec ro- buste, élargi à sa base, dilaté et cillé sur les côtés; la mandibule supérieure est obtuse et plus longue que l'inférieure, celle-ci convexe en dessous et pointue ; les narines ovoïdes et ouvertes; les pieds grèles , et les ailes très -courtes ; les quatrième , cinquième et sixième rémiges plus courles que les autres. MM. Such et Swainson ont publié, dans le Zoological Journal, deux mémoires sur le genre Batara. Ils regardent les oiseaux qui le 'compo- sent comme confinés dans les régions inter- tropicales du Nouveau-Monde , depuis le Canada au nord, jusqu’au Paraguay au sud ; quelques es- pèces seulement ont été observées en Afrique. C’est à d’Azara qu’on doit l'établissement de ce genre ; il rapporte que les espèces qu'il a observées vivent dans les broussailles, et s’y tiennent ca- chées. Leur cri, que l’on n’entend guère qu’à l’é- poque des amours, se borne à la syllabe tu, vive- 39 7 BATH 4 ment répétée. Leur régime est insectivore. Ces oiseaux sont monogames ; les femelles pondent deux ou trois œufs rayés de brun rougeûtre ; elles sont ordinairement moins foncées en couleur que les mâles. | Nous citerons la Pre-eR1È CHE RAYÉE de Cayenne, . Lanius doliatus (Woy. pl. enluminée de Buf- fon, n° 297, 2), qui est entièrement rayée de noir et de blanc, avec une petite huppe rayée longitu- dinalement sur l'occiput ; longueur, six pouces six lignes. Les principales espèces du Brésil décrites par M. Such sont : le TamnopniLe DE SWarxsow, appelé par les Portugais du Brésil Sirizirho; le TaunoruLe MAGULÉ (T4. maculatus), Choca pour les Portu- gais; le Taux. ne Leacn (Th. Leachil), qui est long de dix pouces; le Tamn. noir (T’h. niger), qui est noir : ses rémiges brunes sont marquées de bandes plus foncées, l’occiput est surmonté d’une huppe. On doit réunir aux vrais Bataras le Vanga strié (Vanga striata, Quoy et Gaimard). Cette espèce avait déjà été décrite et figurée par M. Such sous le nom de T'hamnophilus Vigorsii, qu’on doit lui restituer. (GErv.) BATHYERGUE, Bathyergus. ( maw. ) Genre de l’ordre de Rongeurs claviculés, établi par Illiger pour quelques espèces du cap de Bonne-Espérance, appelées aussi Rats taupes du Cap. Les Bathyergues ont la forme, les pieds et les incisives des Rats taupes où Georychus, et de même qu'eux, deux incisives et six molaires à chaque mâchoire. Leurs pieds antérieurs sont courts et propres à fouiller ; leurs yeux sont rudi- mentaires, mais à découvert. Ce caractère est peut- être le seul qui les différencie des Géorychus. Leur queue est, de même que chez ceux-ci, très- courte. Ce genre ne renferme que deux espèces : le BarayerGue Cricer, Petit Rar Taupe pu Car ,B. capensis, qui est brun avec une tache blanchâtre autour de l’œil, une autour de l’creille, et une autresur le vertex; le bout du museau est blanc. Sa taille est celle d’une taupe; il habite les environs du Cap, et se pratique des galeries souterraines. Le BarTayERGUE HOTTENTOr, Bath. cæcutiens, Lichst., le même que le Bath. hottentotus, Lesson etGarn. (Zool. de la Coquille),est la secondeespèce. Il est moitié moins grand que le précédent, avec le pelage d’un brun gris uniforme, passant au cendré sous le ventre ; habite le cap de Bonne-Es- pérance, à quelque distance de la mer. Le BaTayerGuE DES DUNES, Aus maritimus de Linné,'doit être placé daus le genre Oryctère de F. Cuvier. Ses molaires, au nombre de quatre par- tout, le différencient suffisamment des Georychus et des Bathyergues. (Gervais) BATOLITE, Batolites. (mozr.) Genre créé par Montfort (Gonchyl.,t. 1, p. 334) sur une coquille fossile qu'il n’a pas su reconnaître et qui n’est au- tre chose qu’une Hippurite. (Voyez ce mot.) (Go eu BATON. (ar. et BoT, PHAN.) On donne vulgai- BATR rement ce nom aux orangers que le commerce ap- porte de la côte de Gênes, parce qu'ils sont telle- ment écourtés, tellement dépouillés, qu'ils ressem- blent à de vrais bâtons. C’est aussi le nom que les horticoles donnent à certaines plantes dont les fleurs sont disposées en long épi serré et cylin- drique : tels sont entre autres le Baron DE Jacos, qui est l’Asphodèle jaune ; le Barox D'or, ou la Giroflée jaune à fleurs doubles; le BATON DE sA1RT- Jean qui s'applique tantôt à la Persicaire du Le- vant, et tantôt à la Giroflée cocardeau ou fenes- trelle aux fleurs rouges; le Baron pasroraz, dont par corruption on à fait Baron royaz , l'Aspho- dèle blanc, etc. (T. ». B.) BATRACHOIDE, Batrachus. (porss.) Ce nom de Batrachus vient d’un mot grec qui signifie gre- nouille , et que Cuvier a traduit par celui de Ba- trachoïde. Schneider l’a appliqué à un genre de poissons dont la forme de la tête rappelle effecti- vement, jusqu’à un certain point, celle de plu- sieurs Batraciens anoures. L'illustre auteur que nous venons de citer en premier lieu a rangé les Batrachoïdes dans la famille des Acanthoptérygiens: à pectorales pédi- culées , celle qui renferme les Baudroiïes ou Raies pêcheresses, en particulier, avec lesquelles les poissons qui font le sujet de cet article présentent les plus grands rapports. En effet, l'appareil bran- chial des Batrachoïdes n’a, comme le leur, que trois lames de chaque côté, et on leur compte aussi, de même qu'à ces dernières, six rayons, mais beaucoup moins allongés, à la membrane branchiostége. Ils ressemblent encore aux Raies pécheresses par le volume de leur tête, qui excède de beaucoup en largeur celui du corps, lequel d’ailleurs est aplati sur les côtés, tandis que la têle est au contraire fortement déprimée. Leur bouche offre également une ouverture énorme, et les dents dont elle se trouve armée sont réparties sur les mâchoires, la portion antérieure du vomer, en arrière de chaque palatin, et sur les os pharyn- giens. Toutes les pièces operculaires sont cachées par la peau, au travers de laquelle percent néanmoins les épines qui sont implantées sur l’opercule et le subopercule. Les doubles orifices des narines s’ou- vrent en avant des yeux. Ceux-ci sont situés tout- à-fait sur le dessus de la tête et à peu de distance du bord de la mandibule supérieure. Des lèvres minces garnissent les mâchoires, dont l’inférieure est quelquefois munie de barbillons. L'une des deux nageoires du dos, l’antérieure , est représentée par trois rayons épineux extrême- ment aigus, qui sont si bien enveloppés dans un repli de la peau, qu'à peine en apercoit-on la pointe lorsque l'animal n’est menacé d’aucun dan- ger ; car dans le cas contraire, il les fait sortir de l'espèce de gaîne dans laquelle ils sont renfermés , et ils deviennent alors pour ses ennemis des armes redoutables. la seconde nageoire du dos, qui commence à paraître à peu de distance de la première, n’es soutenue que par des rayons mous; elle s'étend, 398 BATR aussi bien que l’anale, jusqu'à la caudale,, avec laquelle cependant elles ne se confondent ni l’une ni l’autre. Cette nageoire de la queue , dont l'ex- trémité est arrondie ,, n’a qu’une médiocre éten— due. Chez toutes ces espèces , les pectorales sont attachées tellement près de la fente des branchies, que c'est positivement sur leur base que vient s'appliquer le bord libre de la membrane des ouies. Les ventrales naissent sous le col; elles sont étroites, attendu qu’elles ne se composent que de trois rayons, dont l’externe , qui présente plus de largeur que les deux autres , est aussi beaucouÿ plus court qu'eux. La partie antérieure de la vessie aérienne des Batrachoïdes est profondément bifurquée. Leur estomac est un sac oblong; leurs intestins sont courts, et l’on n’a point aperçu de cœcums chez ceux que l’on a disséqués. Ces poissons ont coutume, comme les Bau- droies et les Platycéphales, autre genre d’Acantho- ptérygiens , mais qui appartient à la famille des Joues cuirassées, de se tenir cachés dans le sa- ble attendant là l’occasion de se jeter:sur quel- qu'un des poissons dont ils ont l'habitude de se nourrir. On a divisé les Batrachoïdes en trois pelites tribus. La première comprend les espèces dont la peau est tout-à-fait dénuée d’écailles et qui offre en outre ce caractère d’avoir le sourcil surmonté d’un lambeau cutané , avec des appendices char- nus sous la mâchoire inférieure ; ils ont aussi les dents courtes, fortes et coniques. Nos mers en nourrissent une espèce. C’est le Batrachoïde tau, Batrachus tau, Gadus tau, Linn. Sa longueur est d'environ cinq ou six pouces; il est marbré de blanc et de brun violacé sur le corps, et les nageoires du dos et de l’anus sont coupées longi- tudinalement par des bandes alternes brunes et blanches. Les Batrachoïdes qui composent la seconde tribu ont le corps revêtu de petites écailles et des barbillons sous le menton. Leurs dents inter- maxillaires sont en cardes, ainsi que celles qui garnissent}le devant de la mâchoire inférieure. Mais les dents latérales de cette dernière, de même que les vomériennes , les palatines et celles que portent les os pharyngiens sont coniques, mais moins fortes que leurs analogues chez les espèces du premier groupe. Tel est en particulier le Batrachoïde de Surinam, Patrachus Surina- mensis, Cuv., réprésenté dans l’Iconographie de M. Guérin, pl 41, fig. 3. Il est brun-clair en des- sus, blanc en dessous, avec de larges bandes noires sur les côtés du dos. Enfin la troisième et dernière tribu renferme des espèces qui ressemblent à celles de la première par la nudité de leur peau, mais chez lesquelles celle-ci se trouve percée d’une infinité de petits pores disposés par rangées longitudinales. Elles offrent de plus des différences notables dans la forme de leurs dents, qui sont en crochets, et parmi lesquelles plusieurs, et'notamment celles A AN Z "2 43/4, TRES AS VE PAUTTPP NUE A _— , 7 & 7. Bairachosoerie. #. Becasse a. Bec-croise L'trucrire den zo.Bec CI CISEAUUX , BATR appartientau genre Guinoxecre.W. ce mot. (G: B.) BAIRAGHOSPERMES: (mor. : crxPT.) Genre de:la famille des Algues,, ainsi nommées en rai- son-de leur ressemblance avec les séries de glo- bules. gélatineux dans lesquels sont. renfermés les, œufs de plusieurs Batraciens. Ces végétaux élégans , remarquables par leur extrême flexibi- lité et surtout par leur mucosité , échappent à la main qui les saisit comme le: frai .des grenouilles. Ones rencontre généralement dans les eaux pures, Jes-fontaines froides. et ombragées, les ruisseaux ; lestrous des tourbières, les cavités que parent gertains phanérogames aquatiques. Les. Batracho- spermes, soumises, quelquefois, à un courant très fort; semblent cependant seplaire davantage dans lesseaux où lesmouvement est moins rapide. Îl en est de marines , mais qu'il ne faut pas confondre avec quelques espèces d’hydrophytes de l'Océan qui s’enrapprochent beaucoup au premier aspect. Leur. organisation compliquée résiste assez forte- anent aux moyens de destruction: On en conserve long-temps dans l'eau sans qu'après leur mort elles aient subi de changemens. bien notables. Elles. se collent intimement au papier sur lequel onles prépare et paraissent revenir à la vie lors- qu'on les humecte, même après plusieurs années dedessiccation, On:leur a assigné les: caratères suivans : fila- mens flexibles, dont les rameaux cylindriques, et articulés sont chargés de ramules microscopiques, simples. ou divisées à leur tour, formées. d'arti- cules. ovoïdes. moniliformes, et terminées par.un prolongement capillaire tellement fin que la plus forte, lentille n’y découvre aucune organisation. On’avait. été tenté. d’abord d'y reconnaitre un certain. caractère: d’animalité, mais on s’est bien- 4{Ôb convaincu que les, Batrachospermes n'étaient que de. simples plantes, dont on est «parvenu à indiquer jusqu'à Ja fructification.. Cette. fructif- cation, selon M. Bory de Saint-Vincent, consiste en gemmes formées de corpuscules agrégés , sup- portées par une sorte. de pédicule articulé , envi- ronnées de ramules dans quelques espèces, et pa- raissant même à l'œil nu, comme des points noirs, dans la masse: en apparence homogène des tits verticilles, quand ceux-ci existent, # On a signalé, dixneuf espèces qu’on a rangées dans les quatre sous-genres suivans : _L À — LEMANINES, Moins muqueuses au toucher que leurs, congénères, formées de filamens opa- jee | » 599 qui appartiennent au vomer ; sont très-longues: | ques, ayant leurs articulations renflées, avec des BAR ramules simples ou à peu près, beaucoup plus rares:et dont plusieurs ne sont pas seulement dis: posées en verticilles, mais répandues sur toutes les plantes. Les Batrachospermes Lemanines con- nues sont :-1° Lemanea sertularina; 2° B. Dilleniis 3° B. tenuissima. Ges trois espèces habitent, la France, où la dernière, la plus élégante, est aussi la plus répandue. _«B, — Tronmies. Filamens pellucides ayant leurs articulations à peu près égales ou peu dist tinctes, les ramules simples où divisées et-ne for- mant de verticilles que d'une manière incom- plète. Ge sous-genre comprend sept espèces ma rines, savoir: 4° Le B. zostericola à filamens sim: ples, flexueux, brunâtres, à rameaux à peine rudimentaires, parasite. des zostères et des fucus; 5° _B.. alcyonidea; 6° B. æstivalis, très-rameuse , avec une teinte rose ; commune en été sur les fu- cus, à Belle-lle-en-mer;. 7° B.. spongodioides; 8° .B. miniata , espèce qui se distingue par sa res- semblance avec une gelée albumineuse , légère- ment teinte de pourpre; 9° 8. rivularioides ; 10° B. crassiuscula. Trois espèces d’eau douce font aussi partie de ce sous-genre, ce sont : 1° B. tür- fosa ; espèce d’un beau vert tendre , qui vit dans les eaux profondes des tourbières ; 12° B. Bam: burina; 13° B. hybrida , espèce qui forme sur la vase et.sur les plantes de quelques étangs des touffes d’un brun jaunâtre. | C — Monuines à filamens nus dans leur éten- due, n’offrant de ramules qu'aux verticilles par lesquels l'articulation est entourée. Ginq espèces figurent dans ce sous-genre : 14° B. helmentosa ; 15°.B. ludibunda, représenté dans notre Atlas, pl. 46, fig. à à, 7: les fig. 2.et 5, offrent'un ra- meau grossi sur lequel on distingue les corps re- producteurs disposés en petites, houppes; on voit une de ces houppes très-grossie dans la fig. 4 ; la fi: gure. à représente une tige avec quelques rameaux; enfin les figures 6,et 7 offrent ces rameaux plus rossis :16° B. æquinoxialis ; 17° B. cærulescens; 18° B. keratophyte. D — Drararnaznines, à filamens vagues , hya- lins, entièrement nus, cylindriques, aux articula- tions peu sensibles desquelles les ramules forment des verticilles souvent incomplets. On ne ren- contre jusqu'ici dans ce sous-genre qu'une, seule espèce, 19° B. tristis ; elle renferme deux va- riétés, la pâle et la colorée, d’un verdâtre peu. ap- parent, ou deyenant brunes dans quelques circon- stances. : RL (P..G.) BATRACIENS. (rxpr.) Ce nom, dérivé du mot grec Batrachos, grenouille ; s'applique aux ani- maux qui, ont avec celle sorte de reptile des rap- ports plus ou moins intimes de forme ou d'orga- nisation. Ainsi , les Batraciens en général ont une peau, Où enveloppe exiérieure, nue et muqueuse , la tête fortement déprimée, à contour antérieur semi-circulaire, articulée avec l’atlas par un dou- ble. condyle perpendiculaire à l'axe du corps et lacé sur la même ligne verticale que l'angle de l'articulation de l'os maxillaire inférieur, des côtes sé mis ER " En de BATR 4606 BATR au plus rudimentaires, point d’organe copulateur, un cœur à un seul ventricule et une seule oreil- lette cloisonnée, un sang à globules volumineux ellipsoïdes, des branchies au moins dans le premier âge , et des poumons au moins dans l’âge adulte, “alternant ou coïncidant avec des branchies et déter- minant selon les cas une circulation plus ou moins analogue à celle des poissons, ou à celle des reptiles des autres ordres; enfin des pieds plus ou moins dé- veloppés, plus où moins digités dans l’état adulte. Mais à ces caractères communs se bornent les affinités des Batraciens, et sous tous les autres rap- ports ils présentent des différences marquées qui distinguent d’une manière tranchée les diverses familles de cet ordre. Ainsi, en prenant l’animal au premier point de son développement, il est des Batraciens qui accomplissent toutes les phases de Jeur développement dans l'oiductus et viennent au monde vivans et pouvant suflire eux-mêmes à la conservation de leur individu (Salamandres) ; landis que d'autres sortent de l’oviducte dans än état imparfait et exigent encore pour leur développement ultérieur une addition plus ou moins prolongée du mucus azoté qui semble faire la base, la trame et l'aliment de tous les tissus animaux. Tantôt ce mucus est fourni par l'oviducte même au moment où l'ovule à en- veloppe membraneuse molle, se sépare de la mère, et il entoure chaque germe isolé (Tritons), ou réunit tous les germes en Cordons ou en masses plus ou moins volumineuses (Crapauds). Quelque- fois ce mucus alimentaire n’est pas fourni par la peau réfléchie de l'oviducte, mais par la peau extérieure du dos, des lombes et des cuisses, préalablement irritée par les frottemens de l’ac- couplèment, et tantôt alors ce mucus sécrété par a peau sort par les follicules mucipares dissé- minés sur le dos (ou même par des glandes spécia- les situées à la région lombaire comme dans la grenouille du Chili rapportée par M. Gay?), s’exhale seulement en petite quantité au point de contact de l’ovule, et sert à le fixer momentanément comme par un pédicule aux tégumens du mâle et de la femelle (Alytes), ainsi que l’on en voit la répétition chez les Astacoïdes ; ou bien ce mucus, sécrété en plus grande abondance, se condense en une pseudo-membrane sur la peau du dos de la fe- melle seule, et recouvre la totalité des œufs qui achèvent leur entier développement dans des sor- tes de locules incubatoïres comme les nymphes d’abeiïlles dans les alvéoles de la’ ruche , où bien encore comme les didelphes dans la poche ingui- nale de leur mère, ou les lycoses et les aselles dans le sac abdominal (Pipas). Les petits des Ba- traciens ne déchirent pas tous leur enveloppe fœtale au même degré de développement ,’ou pour mieux dire, peut-être, n’ont pas tous la même forme lorsqu'ils commencent à vivre par eux-mêmes. Aïnsi les uns au sortir de l’ovule ont déjà la forme qu'ils garderont toute leur vie (Pipas Axo- lol, Syrène , Baïtrachia immutabilia) , tandis que d’autres doivent éprouver encore des modifications plus ou moins notables (Batrachia mutabilia). Pour les uns ces changemens se bornent à Ja chute des branchies ou organes d’oxygénation aquatique au fur et à mesure que des poumons, organes d’oxygénation aérienne, se développent (Salamandres, Tritons); mais pour d’autres, la révolution est plus générale. Dépourvus de pieds au moment de la sortie de l’ovule / munis d’une queue comprimée latéralement et ensiforme, de branchies rentrées à peu près comme celles des poissons et d’une bouche à petite ouverture, à lèvres cornées et d’abord herbivores , ces Batra- ciens prennent à certaine époque des pieds an- térieurs et postérieurs; ceux-ci, qui étaient venus les derniers, prennent un accroissement rapide, la queue et les branchies disparaissent , et les lè- vres cornées sont remplacées par des mâchoires à rebords membraneux plus ou moins pourvus de dents qui obligent l'animal à se nourrir exclu- sivement de substances animales, en entraînant des modifications intérieures dont la concordance est indispensable. Arrivés à leur état définitif ou parfait, les Ba- traciens n’ont pas tous les mêmes formes ; ainsi les uns, comme les grenouilles , ont le corps ren- flé, court , trapu; les pieds de derrière très-dévé- loppés, rapprochés l’un de l’autre par l'absence du bassin; les orteils allongés, réunis par des membranes comme ceux des oiseaux palmipèdes ; l'anus arrondi, et point de queue. On les désigne sous le nom de Batraciens anoures ou sans queue de Batractens nageurs ou sauteurs , de Batraciens proprement dits (Raïnettes , Crapauds, Pipas).. D’autres ont un corps plus allongé, des pieds courts à doigts libres, l’anus disposé en une fente longitudinale et une queue plus ou moins longue ; on les nomme Batraciens marcheurs, Batraciens urodèles ; maïs, parmi eux, ilexiste encore beau- coup de différences importantes : les uns ont quatre pieds , et bien que le nombre des doigts soit tout autre , leur forme générale rappelle celle des sau- riens, avec lesquels on les rangeait autrefois; ce sont les Batraciens sauroïdes ou pseudo-sauriens ; d’autres, par leur corps extrêmement allongé , représentent , aux pieds près, certains poissons, comme les silures : on les a appelés Patraciens icthyoïdes. Le nombre des pieds et celui des doigts est aussi sujet à varier dans les Batraciens urodèles. Ainsi chez les uns l’on voit quatre pieds pourvus de quatre doigts aux pieds antérieurs et de: cinq aux pieds postérieurs. C’est le cas de la plu- part des Batraciens unoures, des Salamandres, des Tritons et des Salamandrops; d’autres ont quatre pieds, mais seulement quatre doigts aux pieds postérieurs comme aux antérieurs; tels sont les Salamandrines et les Ménobranches ou Nec- turus. D’autres n’ont que trois doigts à chaque pied, comme les Brachycéphales , Amphiume tridactyle; d’autres ont trois doigts aux pieds de devant et deux aux pieds de derrière, comme les Protes ou Hypochtons ; d’autres enfin n’ont que deux doigts à chaque pied, comme l’Æmphiume didactyle. Il est des Batraciens qui n’ont au con- traire que deux pieds situés près de la tête, et parmi Fe BATR Loi BATR parmi eux l’on trouve encore cette différence, que les uns ont quatre doigts, tandis que les au- tres n’en ont que trois; ces doigts varient non- seulement sous le rapport de leur longueur , très- développés, en effet, chez les Batraciens anoures ils sont à peine sensibles chez les Batraciens ichtyoïdes, mais la disposition de leur dernière phalange n’est pas toujours la même ; chez la plu- part, elle est simple et inerme ; mais quelques uns, les Dactylèthres par exemple, ont de véri- tables ongles coniques aux trois doigts intérieurs des pieds de derrière; d’autres ont , au lieu d'on- gles, des pelotes molles, spongieuses, visqueuses, qui servent à les fixer aux corps contre leur pro- pre poids; d’autres ont les dernières phalanges des pieds antérieurs terminées par quatre petits filets courts qui leur ont fait donner le nom d’As- téro-dactyles. Les doigts sont ordinairement mo- biles dans un seul sens, de haut en bas; néan- moins il est, dit-on, des Batraciens où le pouce est opposable à l'indicateur (A. paradoxa). La queue, chez les Batraciens où elle existe ; présente aussi des modifications : tantôt conique et ronde, tantôt comprimée latéralement et ensiforme ou en aviron ; il paraît même que chez certains Batra- ciens elle prend telle ou telle de ces formes selon les circonstances ; ainsi chez les tritons qui vont à Veau pour Pacte de leur reproduction, la queue se surmonte, pendant l'époque de l’accouplement, d’une crête membraneuse qui peut disparaître complétement lorsque le temps des amours est passé et que l’animal quitte le séjour de l’eau. Si l’on examine chacun des organes des autres systèmes, l'on voit également des différences nombreuses. Le squelette des Batraciens présente de grandes différences lorsqu'on le compare dans les diflé- rentes familles qui composent cette classe. Le crâne , toujours déprimé , offre une cavité fermée de toute part et occupe une grande partie de la tête, en sorte que la face se trouve pour ainsi dire réduite aux os maxillaires. Le maxillaire in- férieur est long, grêle, faible , articulé tout-à-fait en arrière; la fosse temporale est très-petite en général, en comparaison surtout avec le dévelop- pement des fosses orbitaires, principalement chez les Batraciens anoures, où ces deux cavités ne sont séparées que par un ligament ; l'os tympa- nique est peu prolongé en arrière , confondu avec les autres os du crâne et maintenu encore immo- bile par l’adjonction de l'extrémité du jugal. Le nombre des vertèbres varie chez les Batraciens de huit ou dix à soixante ou soixante-un; chez les Ba- traciens anoures elles sont en petit nombre ; leurs apophyses transverses sont fortement pro- noncées, dilatées en manière de troncons de côtes; chez les Urodèles cette disposition n’existe pas; mais on trouve chez plusieurs d’entre eux à chaque vertèbre une petite côte rudimentaire perdue dans les chairs par son extrémité libre; les apophyses articulaires et les lames sont fort larges ; les apo- physes épineuses plus où moins marquées, et les surfaces articulaires arrondies en arrière, au contraire saillantes en avant chez quelques uns, Tome I. sont chez d’autres creuses en avant et en arrière, comme celles des poissons; la tête est presque immobile sur la colonne vertébrale; chez les Batraciens anoures la colonne vertébrale paraît immobile , chez les Urodèles elle jouit d’un cer- tain mouvement latéral. Le bassin n'existe que chez les Batraciens pourvus de pieds postérieurs; chez les Anoures il n’y a pas de bassin proprement dit; les os qui servent à le composer chez les autres Batraciens sont ici repoussés en arrière au dessus du cloaque, la protection latérale des or- ganes qu’il entoure d’ordinaire étant ici suflisam- ment effectuée par les cuisses constamment rame- nées en avant et en haut dans la situation fixe; la der- nière vertèbre offre des apophyses transverses di- latées en forme de palettes ou de haches, auxquelles sont suspendus des iliums grêles dirigés en arrière et formant, autour d’un sacrum subulé grêle d’une seule pièce dont la longueur a à peu près les deux cinquièmes de celie du rachis, une arcade comprimée ou ogive légèrement recourbée sur elle, formant, avec le reste du tronc, un angle plus ou moins obtus qui a servi de caractère à cer- taines espèces (Corpus angulatum , fornicatum). Au point d'union des branches des ilions, le pubis et l'ischion viennent se rencontrer pour former la cavité cotyloïde. Ces os sont pour ainsi dire réduits à cet élément de leurs fonctions, et forment seu- lement autour de ces cavités, qui sont adossées par leur fond , une crête saillante pour servir d’attache aux muscles du tronc et des membres postérieurs. Dans les Urodèles le bassin consiste en un anneau, comme c’est l'ordinaire chez les animaux supé- rieurs ; mais ici il est susceptible d’un léger signe de mouvement de totalité. L’ilium court, grêle, s'articule avec les apophyses transverses de la quatorzième , quinzième ou seizième vertèbre ; l'ischion et le pubis, confondus en avant, forment une sorte de plastron; réunis sur la ligne médiane par une symphyse sans vestige de trou obturateur, si ce n’est sur les côtes et en arrière de l'ischion, entre lui et la cavité cotyloïde, où l’on observe une échancrure assez marquée. En avant de la sym- physe du pubis, et en opposition avec l'os cloacal des Sauriens , on voit chez ces Batraciens un cartilage qui s’ossifie avec l’âge , et qui, après s’être avancé pendant quelque temps sous l'abdomen, se bifurque pour servir de support aux muscles qui viennent s’yinsérer. Getos, quirappelle celui des tortues, des crocodiles et un peu ceux des marsupiaux, a recu de sa forme Je nom d’os hypsiloide. Le bassin tho- racique ne varie pas moins que celui de la généra- tion chez les Anoures , et semble par son dévelop- pement une inversion, ou une erreur de place; en cffet l’on voit en avant une première clavicule que quelques auteurs désignent sous le nom d'os cora- coide, venir s'unir par symphyse à celle du côté opposé; en arrière une autre clavicule vient Ééga- lement se réunir à sa congénère sur les côtés d’un sternum simple, grêle , qui les tient séparés des clavicules antérieures par un trou fermé comme l’obturateur par une membrane fibreuse ; en arrière de cette articulation vient aussi se rendre un ap- LIe Livraison, 51 pendice xiphoïde dilaté en une-petite ‘palette car tilagineuse ; en avant des clavicules antérieures Von voit aussi un appendice cartilagineux. terminé par un disque qui se trouve placé sous le larynx ; sur les côtés du thorax, et en arrière de la cavité -glénoïde, s'étend un omoplate allongé, aplati , sans épine ; brisé en deux parties , articulées l’une à l’autre par un cartilage. Dans les Urodèles, le bassin thoracique est formé,de chaque côté par un large cartilage , dans lequelon distingue à peine les trois parties de l'épaule des autres animaux. Le sternum n'existe pas, mais la portion discoïde in- férieure du cartilage. droit passe dessusile cartilage gauche et défend, ainsi les organes intérieurs ; le disque antérieur .du bassin thoracique des Anoures est 1ci suppléé par un pelit os rudimentaire trian - gulaire isolé au milieu des muscles, auxquels il donne attache : c’est l'os thyroïde; en arrière l'on trouve aussi dans l'épaisseur des muscles un autre cartilage peu considérable: c’est le cartilage carré intermédiaire. Les os du membre antérieur, chez les Anoures , offrent cette particularité importante à signaler , après lé nombre variable des doigts et le nombre différent des phalanges qui les compo- sent, que le radius et le cubitus sont soudés. et comme confondus, que dès lors la pronation est habituelle, et la supination ne saurait s’eflec- tuer ici; il en est de même pour le tibia et le péroné; l’astragale et le calcanéum sont très- allongés , distincts, et pourraient, au premier coup d'œil, être pris pour les os de la jambe; chez les Urodèles au contraire les os des membres se rap- rochent davantage de la disposition qu'offrent ceux des lézards; le tibia et le péroné sont dis- tincts comme le radius et le cubitus , et l’astragale et le calcanéum semblent confondus avec les au- tres os du tarse. On observe aussi ici cette diffé- rence : tandis que chez les Anoures les membres postérieurs sont repliés en avant comme dans une flexion et une adduction forcée qui les ont ramenés fortement en avant, chez les Urodèles au con- traire comme chez les Sauriens, le fémur à pour ainsi dire éprouvé une sorte de torsion qui a porté sa poulie articulaire en dedans, et en même temps un mouvement de totalité d’abduction en. vertu duquel sa position ordinaire est d'être dirigé en arrière et en haut. | » . Le nombre et la disposition des muscles desti- nés à mouvoir les pièces de la charpente des Ba- traciens doivent varier comme elles , et il serait trop long de passer ici en revue les modifications de ces parties; elles changent, comme on peut le pressentir, chez les mêmes individus, lorsque ceux-ci subissent des métamorphoses ;: mais: en général ces museles sont peu forts, el leurs fibres se laissent facilement déchirer; néanmoins leur action paraît assez énergique, et l’on voit les Ba- traciens sauteurs, entre autres, s’élancer, sans ef- forts apparens , à plusieurs pieds de distance, et décrire une parabole dont on ne soupconneraibtpas d’abord toute l'étendue. Leur contractilité est telle u’elle se conserve long-temps après la mort. C’est elle qui à fait découvrir les phénomènes si curieux: SAELETA (A du galranisme, dont les applications | déjà si pré- cieuses promettent de plusgrandsrésultatsencore, et dont Swammerdam avait depuis. long-temps (1660).signalé la découverte. à das La peau des Batraciens est en général mince,et presque d'égale épaisseur sur tous.les points du corps, elle parait disposée à l'absorption del’oxigène atmosphérique. ou mêlé à l’eau, et. À. aider ‘ou suppléer le poumon ou les branchies dans Ja fonc- tion de l’hématose; sa couleur varie:: ordinaire- ment blanche, jaunâtre ou rosée en dessous, elle est chez quelques Batraciens noirâtre , chez quel- ques espèces elle est colorée d’un jaune rougeâtre orangé; en dessus, elle est encore plus sujette. à varier : le vert, le, brun, le noir, le rouge et, le jaune se marient diversement selon.les genres. et les espèces; mais quelquelois ces couleurs man- quent.en dessus, el en dessous , et l’animal paraît alors revêtu d'une peau d’un blanc sale jaunâtre , comme celle de l’homme européen, par exemple; cet étiolement ou albinisme est propre à certain genre de Batraciens qui vit constamment à l’abri de. l'air et dela lumière , mais il se rencontre aussi acci- dentellement chez d’autres espèces ordinairement colorées, telles que des Grenouilles ou des Tritons. L’épiderme muqueux se renouvelle plus où moins. fréquemment, et tombe en lambeaux que souvent l'animal dévore au fur et à mesure qu’ils se déta- chent ; les circonstances influent puissamment sur la fréquence du renouvellement. La peau des Ba- traciens est rarement attachée d’une manière bien. serrée aux organes subjacens, et chez quelques espèces d'Anoures par exemple les mailles. du tissu cellulaire sont si lâches dans quelques points en particulier, qu'on a cru apercevoir des loges vides ou des sacs, aériens que l’on pensait commu niquer avec les poumons , comme les.sacs aériens des. oiseaux, et que l’on a voulu expliquer par leur présence cette faculté qu'ont surtout les Batraciens anoures d’enfler considérablement leur corps em retenant l'air inspiré dans la cavité de leurs pou- mons. Quelquelois l’épaisseur de la peau du dos s’encroûle à l’intérieur de substance osseuse et forme alors une petite cuirasse de plusieurs pièces qui rappelle en raccourci la carapace des.trionyx. Ordinairement la peau des Batraciens est garnie d’une grande quantité de follicules mucipares, soit disséminés. et d’égal volume , soit agglomérés et formant des follicules ou tubercules plus volu- mineux dispersés ch et là, surtout sur le dos; mais quelquefois ils se disposent en masse., soit au- tour desoreilles, comme chez les CrapaudsetlesSa- lamandres ; soit le long des flancs , où ils forment des séries perpendiculaires qui simulent l'effet que les côtes pourraient produire si elles existaient , comme. chez les Ménopômes et les Salamandres , soit en rangées. symétriques le long , de l’échine, commechezles Salamandres; ilestdesBatraciens'oiz on trouvede ces folliculestrès-développés, disposés symétriquement de chaque côté de la région lom- baire, Ce mucus , ordinairement d’une odeur plus ou moins fétide, d’une consistance huileuse;, pa- raît destiné, à lubréfier: la peau et. à protéger jus- FA 1 {4 È CES qu'à certain point ces animaux de l'approche d leursennemis; quelques Grenouilles de F Amérique du Sud sont phosphorescentes. La peau des Ba- traciens forme parfois à la surface du corps des replis particuliers, tels que les appendices labiaux des Pipas | les appendices palpébraux des Mégo- phrys, ceux du tarse de la Grenouille éperonnée; chez plusieurs Batraciens elle forme des crêtes plus ou moins développées sur le dos et la queue, come chez les Tritons, les Axolotls, les Sy- rènes. Le mode d’oxigénation du sang ne se fait pas chez tous de la même manière; lesuns né parais- sent au monde qu'avec des poumons, comme les Pipas ; tandis que d’autres, et c’est le plus grand nombre , commencent à vivre avec des branchies ; tantôt ces branchies sont rentrées dans des sortes de sacs surles côtés du cou, à la manière de celles des poissons : ce sont les Batraciens cryptobran- ches, comme les Grenouilles, Rainettes, Cra- pauds, Syrènes; d’autres au contraire ont des branchies extérieures , libres , flottantes , en forme de panaches ; ce sont les Batraciens phanéro- branches : tels sont les Salamandres, les Protées ; chez les uns les branchies tombent à une certaine époque, qui paraît jusqu’à certain point dépendre de la volonté de l'animal et de l'opportunité des circonstances dans lesquelles il se trouve, et lorsque des poumons en forme de sacs unilocu- laires à peine arcolés à l’intérieur et faisant sou- vent l'office de vessie natatoire se développent dans le thorax: ce sont les Batraciens caduci- branches ou à branchies caduques: les Grenouilles, les Raïnettes, les Crapauds, dans les Batraciens cryptobranches ; les ‘Tritons, les Salamandres, dans les phanérobranches, peuvent appartenir à cette division ; ce travail ne peut se faire, comme ‘on le présume bien, sans une modification co- incidente de l'appareil d’oxigénation ; mais il se- räit trop long d'exposer ici les changemens de Thyoïde des muscles et des vaisseaux bronchiaux ; nous renverrons le lecteur aux onvrages de Cuvier, de Funck, de Rusconi, et surtout au travail de M. le docteur Martin-Samt-Ange. D’autres Batra- ciens au contraire paraïssent conserver leurs bran- chies pendant toute leur vie, et offrir sous ce rap- pôrt une sorte d’arrêt de développement : ce sont les Batraciens Pérennibranches, comme les Axo- lotls , les Ménobranches et les Protées:; d’autres enfin ne présentent dé branchies complètes à 'au- cune époque de leur vie, ce qui les a fait appeler Abranches où sans branchies : néanmoins: l’on apercoit sur les côtés du cou des trous peu pro- fonds qui semblent sinon des branchies rentrées! au moins des vestiges de ces organes, et qui les ont fait appeler Dérotrèmes, Pseudobranches-ou à fausses branchies. Enfin il est des Batraciens qui offrent cette sin- gularné remarquable de la persistance des bran- chies avec le développement des poumons, teis que les Protées; mais plus évidemmentencore les Syrè- nes, qui méritent seules lésnoms déDipnoa, d'Am- phipneusta; d’Amphibies, c'est-à-dire d'animaux pouvant vivre également: dans l’eau et à l'air, ou pouvant respirer simultanément et à leur gré l'oxy- gène atmosphérique ‘et l'oxygène combiné avec l'eau. Au reste, la respiration pulmonaire des Batra- ciens s'exécute, comme chez les autres reptiles dé- pourvus de côtes ; par une véritable déglutition de l’airetsans la participation de mnscles inspirateurs. Le mode d’appréhension des alimens n’est pas le même chez tous les Batraciens ; tantôt ce sont les lèvres seules qui sont chargées de cette fonction, et l’animal-happe sa proie , c’est le cas des Batraciens . qui n’ont pas de langue, soit dans le premier âge comme les têtards des Anoures, ainsi appelés parce que le défaut des membres fait paraître la tête si volumineuse qu'elle semble former presque l’ani+ mal toutentier; c’est aussi-le cas des Batraciens qui paraissent n'avoir de langue à aucune époque de leur vie tant elleest peu prononcée, comme chez les pipas, qui reproduisent sous ce rapport l’orga- nisation des crocodiles ; c’est enfin le cas aussi-des Batraciens qui sont pourvus d’une langue non ex: tensible comme les tritons. Chez d’autres Batra- ciens l’on observe un mode de préhension des ali- mens tout-à-fait spécial; la langue, molle, vis- queuse, extensible, protractile, s’élance et va chercher à distance l’animal qui doit servir de nourriture, à peu près comme chez le caméléon ; mais ici, au lieu que ce soit la pointe de cet or- gane qui paraisse libre et chargée de ce soin , c’est au contraire, pour ainsi dire , la base de la langue qui, développéeen un repli valvulaire, se renverse, va chercher sa proie, la porte, en se repliant, jusque dans le pharynx, et l’y retient à la manière du rideau membraneux que l’on observe à la base de la langue du crocodile ; c’est ce que l’on voit chez les Grenouilles, les Rainettes, les Grapaudset les Salamandres adultes. Les Batraciens avalent comme tous les reptiles leur proie sans la mâcher; néanmoins plusieurs d’entre eux offrent des dents uniquement destinées à retenir la proie. Ces dents sont en général petites, uniformes, simples , co: niques, lisses, à peine recourbées ; quelquefois il n'en existe qu’au palais, rares et disséminées sur levomer (Grapauds). D’autres fois il en existe en grand nombre au palais eb à la mâchoire supé- rieure, disposées en rangées simples, comme chez les Grenouilles, les Salamandres; les Fritons: D’au2 tres fois, l’on en trouve'au palais, à la mâchoire supérieure, et à.la mâchoire inférieure comme chez l'Hemiphractus de Spix; quelquefois il n’en existe qu'a palais tet-à la mâchoire inférieure seulement, comme dans les Syrènes; quelquefois les rangées palatines sont doubles; d’autres fois elles sont en quinconce, comme chez les poissons; enfin, quelquefois elles manquent entièrement , comme chez les raïnettes. Ordinairement les dents des Batraciens sont égales ; pourtant chez l’Hémi- phractus on observe des dents plus saïllantes en avant qui représentent des laniaires en crocs: Les narines sont petites, placées à l’extrémité: dumuseau, munies: d’une’ sorte de valvule: mém- braneuse plus ow moins sensible ;:et'le conduit: qui leur succède s’ouvre, sans se dilater beaucoup _ BATR en fosse nasale, très-près du bord postérieur de la mâchoire. Les yeux ne varient pas beaucoup pour la posi- tion, mais il n’en est pas de même pour le volume; tantôt ils sont volumineux comme chez les Gre- nouilles etles Crapauds, tantôt petits comme chez les Pipas , tantôt protégés par. deux ou même trois paupières comme chez les Salamandres et les Gre- nouilles , tantôt nus comme dans les Amphiumes et les Syrènes, tantôt enfin couverts par la peau comme chez les Protées; mais chez tous les Batra- ciens l’œil a la singulière propriété de coopérer à la déglutition, Le plancher de l'orbite membra- neux s’abaisse au dessous du globe de l'œil , qui peut, lorsque ses muscles se contractent, faire une saillie plus ou moins marquée à la voûte du palais et chasser vers le pharynx la proie contenue dans la bouche. La forme de la pupille est sujette à varier : ellipsoïde , allongée horizontalement d'avant en arrière chez les Anoures, elle est cir- culaire chez les Urodèles ; l'iris est doré comme chez les poissons, ou d’un noir foncé uniforme, L'organe de l’ouie présente aussi chez les Ba- traciens des particularités dans lesquelles le plan de cet ouvrage ne nous permet guère d'entrer. Nous dirons seulement que parfois le tympan est marqué à l'extérieur par une membrane circu- laire, lisse , tandis que d’autres fois il est recou- vert par la peau générale du corps, sans que pour cela le sens de l’audition paraisse perdre de sa finesse, car les Batraciens percoivent à des dis- tances remarquables les sons ou les bruits même les plus légers. Le système nerveux des Batraciens offre des dif- férences sensibles dans sa composition. L’encé- phale offre des lobes olfactifs peu volumineux, qui paraissent en rapport avec le peu d’étendue des fosses nasales et leur imperfection. Les lobes céré- braux sont plus ou moins développés selon les groupes ; les lobes optiques, découverts comme chez tous les reptiles, varient en proportion rela- tive avec les lobes cérébraux; la couche et le corps striés sont encore séparés; néanmoins l’on apercoit déjà chez eux des traces de la lame cornée. Le cervelet manque, et la moelle épinière, grise , presque translucide à l'extérieur , offre un cordon de substance blanche à l’intérieur, en opposition avec ce que l’on voit chez l’homme et les mammifères. Dans les Batraciens anoures , la moelle épinière finit plus ou moins avant dans le canal rachidien ; quelquefois elle n’occupe que la moitié antérieure de ce canal, tandis que chezles Urodèles elle se prolonge presque jusqu’à l’extré- mité de la queue. Les mouvemens lents des Batraciens , leur phy- sionomie impassible, l'air hébété que donne à plusieurs d’entre eux la saillie du globe de l'œil, leur longanimité lorsqu'on les tourmente , le peu d'efforts qu’ils font pour se soustraire aux pour- suites dont ils peuvent être l’objet, et le peu de ruse qu'ils mettent en usage pour dérouter leurs ennemis, peuvent faire regarder les Batraciens comme des êtres stupides et apathiques ; mais si 404 7 BATR l’on observe ces animaux essentiellement noc- turnes aux instans consacrés à l'exercice de leurs fonctions de relation , la scène est tout-à-fait différente, et alors leurs mouvemens prennent une vivacité et quelquefois une pétulance dont les poissons nous offrent à peine un exemple. La na- ture ne leur a pas donné beaucoup de moyens de défense , il est vrai, et ces animaux semblent pé- nétrés du sentiment de leur faiblesse ;: mais leur prudence , leur vigilance en compensation pour- raient servir de modèle et de terme de comparai- son , et il n’est peut-être pas d'animal où l'instinct d’appareiller et de confondre sa robe avec la teinte des objets extérieurs soit plus développé. D’ailleurs, si la nature leur a refusé un courage déplacé avec le défaut presque complet d’armes offensives et défensives, elle les a gratifiés du don de remplacer facilementleurs pertes, etlesmembresamputés, des organes des sens enlevés , ne les privent que peu, et ils les reproduisent facilement ; l’on a même vu un triton vivre, après l’amputation des trois quarts de la tête jusqu’au delà la cicatrisation complète de la plaie du cou. Les preuves irrécusables en sont dé- posées au Muséum national de Paris. À l’époque des amours, ces êtres, si phlegmatiques en appa- rence, offrent une ardeur qui surpasse celle des feles. Les mâles se font une guerre acharnée qui va quelquefois jusqu’à la mort, et lorsque l’un d'eux s’est emparé d’une femelle, rien ne sau- rait l'en séparer; l’on a quelquefois tranché suc- cessivement les pieds postérieurs, l’on a même coupé l’animal par le milieu du corps sans pouvoir lui faire lâcher prise. L'existence des Batraciens semble consacrée tout entière au sentiment de l'amour ; car, hors la saison de la reproduction, la vie extérieure cesse, et un engourdissement esti- val et hyémal s'empare de leur être; et de quelle utilité eût été d’ailleurs l'existence active pour ces animaux insectivores lorsque la terre desséchée par les ardeurs de l'été ou les rigueurs de l'hiver ne permettent plus de vaguer aux insectes qui doivent leur servir de pâture ? aussi pressentent-ils à l’avance les moindres changemens de tempéra- ture , et leur sensibilité à cet égard surpasse en- core celle des rossignols et des hirondelles. Malgré l'air de sauvagerie brutale des Batraciens, ces ani- maux ne sont pas insensibles aux soins, et l’on cite souvent des exemples de Batraciens plus ou moins apprivoisés. Si l’on étudie attentivement les actions des Batraciens, si l’on compare le déve- loppement de leurs sens, des sources de leur in- telligence et leur organisation , l’on verra que ces animaux, sous le rapport de leurs facultés in- tellectuelles, sont bien au dessus de la place qu'ils occupent à cause de leur structure générale, dans les systèmes de classification que l’on a proposés jusqu'ici. Le cœur des Batraciens est composé d’un ven- tricule et d’une oreillette ; mais cette oreilletteest cloisonnée à l'intérieur, de sorte qu’elle est divi- sée en deux parties par une membrane mince, qui s'étend jusqu'à l’orifice auriculo-ventricu- laire. La loge supérieure, plus grande, recoit le sang des deux veines caves supérieures et de la cave inférieure; la loge inférieure, plus petite, recoit le sang artériel du tronc des veines pulmo- maires, d'où résulte qu’une quantité proportion- melle à la capacité inégale des deux loges péné- ‘rant dans le ventricule , celui-ci envoie aux parties un mélange formé d’une proportion beau- coup plus considérable de sang veineux que de -sang artériel. Le tronc de l’aorte envoie d’abord deux veines pulmonaires, puis deux rameaux qui descendent le long de la colonne vertébrale pour se réunir en un seul tronc vers sa partie infé- rieure , et enfin deux autres branches qui parais- sent correspondre aux artères carotides des ani- maux supérieurs. Les branches qui constituent l'artère pulmonaire formaient dans l’origine le vaisseau afférent de la troisième branchie, dont Y'artère pulmonaire n’est alors qu’un faible ra- meau. Les branches qui vont constituer laorte descendante forment pendant l’époque branchiale l’afférent de la seconde branchie, dont la branche déférente anastomosée avec les déférentes des autres branchies constituent alors l’aorte. Enfin les carotides communes ne sont, lorsqu'il existe des branchies, que les afférens de la première branchie dont les vaisseaux de retour fournissent alors le sang aux parties préthoraciques. La voix n’a pas été accordée à tous les Batra- ciens ; quelques uns donnent seulement un petit bruit passager, rare, court, flûté, que l’on pour- rait prendre pour le frôlement de leur corps con- tre les parois du vase où on les observe ; chez d’autres c’est un son plus marqué, momentané aussi, mais souvent répété, monotone et peu sus- ceptible de varier en force ou en acuité, tandis que chez d’autres c’est un bruit aigre, râlé, sac- cadé, monotone, plus ou moins sourd ou clair, connu sous le nom particulier de coassement et qu’Aristophane a rendu très-heureusement dans le chœur de la cinquième scène de l’acte premier de sa comédie des Grenouilles , et dont J.-B. Rous- seau à donné une pâle traduction dans sa fable du Rossignol et de la Grenouille, La voix paraît n'avoir été donnée aux Batraciens que pour contri- buer au rapprochement des sexes , aussi est-ce au déclin des beaux jours du printemps qu’on les en- tend faire retentir l’air de leur concerts amoureux. Plutarchos a dit à leur sujet, que si le coassement était un épithalame, il fallait que les femelles des Grenouilles eussent les oreilles disposées autrement que les nôtres. En effet, ces chants amoureux peuvent affecter désagréablement nos oreilles ; mais le philosophe oubliait sans doute, lorsqu'il les critiquait, que, quelle qu’elle soit , l’on est toujours charmé d'entendre la voix de l’objet qu’on aime. Cetteforce de voix paraît due aurenflement des sons dans des sortes de sacs gutturaux que l’on voit saillir quelquefois sur les côtés du cou; car les Batracicns ne paraissent pas ouvrir la gueule pour chanter, et leur voix se fait entendre lors même qu'ils sont plongés sous une légère couche d’eau. ; Le canal digestif est peu étendu, comme cela a Fieu chez tous les animaux qui comme eux sont carnivores ; néanmôins chez ceux qui sont herbi= vores dans le premier état, Comme ceux qui su- bissent une métamorphose presque complète, le tube digestif forme alors des circonvolutions plus nombreuses. En tout temps les diverses parties du canal ne se distinguent guère l’une de l’autre, et à peine si l'estomac offre un léger renflement dont l'origine et la terminaison sont presque in- sensibles. Il n'existe pas de cœcums, et une val- vule simple marque à l’intérieur la démarcation entre l'intestin grêle et le gros intestin , chez quel- ques espèces seulement. La membrane muqueuse est blanchâtre, lisse et plissée longitudinalement, sans offrir dans aucun point de ces villosités et de ces valvules conniventes que l’on remarque chez les animaux supérieurs. Les Batraciens ne paraissent pas posséder d’autres glandes salivaires que celle qui tapisse la partie supérieure anté- rieure de leur langue. Le foie est presque toujours assez volumineux chez les Batraciens, mais aminct en rapport avec le poumon dont il n’est plus séparé puisque le diaphragme comme les autres muscles inspirateurs des mammifères n'existe plus ici, et avec l'estomac et le canal digestif, tantôt formé d’un seul lobe profondément divisé , tantôt disposé en deux lobes réunis seulement par une languette du tissu parenchymateux. Le canal cys- tique et l’hépatique s’ouvrent isolément dans le tube digestif. Le pancréas est peu volumineux , de forme irrégulière, et l'embouchure de son con- duit dans l'intestin précède quelquefois celle des conduits biliaires. La rate, peu volumineuse, a une forme plus ou moins arrondie, plus ou moins al- longée, selon les groupes où on l’examine. Les reins sont parfois globuleux, mais plus souvent leurs lobes, distincts à l’extérieur, sont rangés comme en chapelets le long des parties latérales de la colonne vertébrale , et les uretères viennent s'ouvrir à l'entrée de la vessie près de sa commu nication avec le cloaque ; aussi a-t-on douté par- fois que cet appareil jouât chez les Batraciens le même rôle que chez les autres animaux, du moins on sait que, chez plusieurs Batraciens, le liquide amassé dans la vessie peut être lancé à distance, au gré de l’animal, sur l'ennemi qui le poursuit. C’est un moyen défensif assez innocent, que quelques stratégistes de nos jours ont imité avec succès dans les dissensions intestines de l’époque. L’on a accusé ce liquide à odeur nauséeuse des Batraciens, d’être venimeux: mais la chimie a démontré son inno- cuité, et c’est à peine s’il possède les qualités irritantes de l’urine des animaux supérieurs. Les organes préparateurs du mâle consistent dans une agglomération de granulations blanchä- tres, assez nombreuses, réunies entre elles par des replis du péritoine, dans lesquels s’amasse une quantité notable de graisse dont on ignore l'usage. Ces granulations forment quatre groupes et quelquefois plus, dont les conduits se réunis- sent définitivement en deux canaux qui viennent s’ouvrir en avant et en bas du cloaque. L’on trouve chez les Batraciens à l’orifice de ce vestibule deux ou trois tubercules que l’on à considérés éommedes vestiges, d'organes copulateurs; ; mais. ces rudimens, si toutefois on peut leur donner cenom, paraissent incapables de remplir la fonction à la- quelle on les a attribués. L’on'trouye encore à l’ori- fice du cloaque , chez quelques Batraciens, deux corps glanduleux qui se développent au moment de lareproductionet semblent affectés cette fonction; maisleurs usages précis sont encore peu connus. Les oyaires sont di here chez les Batraciens, et plu- sieurs d’entre eux rappellent à cetégard ce que l on observe chez les poissons; on les voit composés d’une mullitude d’ovules tantôt noirâtres, tantôt jaunâ- tres, dans l’intérieur desquels le fœtus paraît déjà très- “développé avant la fécondation. Ils sont fixés à la colonne vertébrale par deux replis de la séreuse gastro-pulmonaire. Des oviductes , longs, étroits , flexueux, remontant jusqu'aux aiselles , vont enfin aboutir au point du cloaque correspondant à l’en- droit où s’ouyrent les vaisseaux déférens du mâle, formant au point de leur réunion une sorte d’ar- rière-Ccavité que l'on a considérée à tort comme une matrice. L'acte de la reproduction ne se fait pas de même chez tous les Batraciens ; chez les Anoures , le mâle en général plus petit que la femelle, se cramponne sur le dos de sa compagne au moyen de ses pieds antérieurs passés sous les aisselles; chez plusieurs espèces, le pouce, à cette époque , se renfle à sa base et facilite cette posi- tion, qu il CONSErYe ainsi patiemment et sans in- terruption jusqu'au moment de la ponte qui. se fait souvent attendre six semaines ou deux mois, alors il presse de plus en plus les flancs de la femelle avec ses pieds antérieurs et dirige les œufs au fur el à mesure qu ’ils sortent , avec les pieds postérieurs , de manière à verser sur eux la liqueur fécondante. L’abdomen de la femelle n’offrant plus ensuite assez de volume pour retenir le mâle, celui-ci glisse, comme malgré lui, le long des flancs et des cuisses , et abandonne la femelle. Chez d’autres Batraciens, la fécondation a lieu dans l’intérieur même du corps : le mode particu- lier au moyen duquel cet acte se produit a été expliqué diversement par Spallanzani, Rusconi, et autres, mais 11 paraît encore enveloppé du, mys- ière que ces animaux semblent melire à toutes leurs actions. D’ après des observations récentes, il paraît que les Urodèles s’accouplent comme les Anoures ; que la durée de l’accouplement, qui a lieu au bord des eaux et toujours de nuit, est moins, considérable que dans les Anoures, mais que le phénomène se répète plus souvent. C’est toujours à l’eau et dans les eaux dormantes que les femelles déposent le produit de la génération, aussi voit-on les espèces qui dans les autres sai- sons habitent plus où moins loin des lacs et des ruisseaux s’en rapprocher au printemps, qui est en général l’époque de leur reproduction. Les Batraciens vivent quelquefois réunis, sans pourtant former société et travailler ensemble à la conservation de l'individu , mais le plus souvent ils vivent isolés hors le temps de la reproduc- tion. ‘Fantôt ils habitent la terre dans des trous, peu profonds dont ils sortent: seulement la nuit pour aller 5 Ja chasse, at qu A. creusent.. avec: leurs pieds de derrière en marchant. à reculons. 6 en s’arc-boutant avec ceux. de. devant, Ceux-là ne s’approchent de, l'eau ,que pour. l'acte de Ja multiplication de l'espèce. Souvent. des pluies, brusques et abondantes inondent leurs. terriers avant qu'ils n'aient Je temps de les rendre plus profonds, et pour se soustraire, à une submersion | inévitable , ils sortent de leurs trous:et paraissent presque subitement à la surface de la, terre, et.en:, combrent parfois, pour ainsi dire, les bords. des chemins où l’on n'en voyait pas auparavant, ce qui a fait croire au vulgaire qu'ils étaient tombés; avec la pluie; c’est une erreur grossière, et comme le disait Rai, «celui qui peut croire qu'il pleut des grenouilles, peut croire également qu'il peut pleuvoir des veaux.» D’autres, égalerhent terres- tres, habitent dans les crevasses nE les fentes des plie en ruines, dans les caves des maisons, sous les pierres; d’autres sont au contraire con+ tinuellement perchés sur des arbres et cachés sous les feuilles, d’où ils se laissent quelquefois choir à terre, ce qui a pu servir à faire croire qu'ils tombaient des nues; d’autres ne s’écartent guère du voisinage des eaux et se réfugient au milieu du liquide lorsqu'un ennemi terrestre les attaque, et entre les racines des roseaux lorsqu'un animal aquatique les poursuit ; d’autres enfin ne peuvent quitter le séjour des eaux, mais c’est seulement dans les eaux douces que l’on rencontre les Ba- traciens proprement dits. L’on dit qu'une espèce de Grenouille de l’ancien monde était, une Gre- nouille marine , mais elle a été seulement trouvée dans un dépôt marin , et c’est peut-être à l’envahis- sement des flots qu #1 faut attribuer sa mort. ef son état fossile, De nos jours on donne encore le nom de marinus à un Batracien qui pourtant ne fréquente pas le littoral des mers. Quelques uns vivent sans cesse dans Jes sources souterraines sans pouyoir venir Jamais impunément, s’exposer au contact de l'air ou de la lumière. Dans l’eau, les. Batraciens peuvent. impunément s'exposer à des degrés extrêmes de température. et. de pression atmosphériques. On en trouve dans, les lacs, glacés des hautes montagnes de la Suisse, sur les, pla teaux éleyés de la chaîne des. Andes, et l'on en. voit aussi dans les sources chaudes des, Pyrénées et, des, Alpes ; mais ces animaux restent peu.dans les endroits secs et exposés à une. forte chaleur ; l’'exhalation rapide que détermine. une. tempéra- ture un peu élevée dans des. séjours.arides, suffi- rait pour les exténuer el, les faire périr , et c’est en partie au défaut d’exhalation qu'il, fautattribuer la faculté de vivre plus, ou moins long-temps dans des géodes calcaires ou: dans l épaisseur même des res d’arbressanscommunication avec l'extérieur ei sans alimens, faculté que l’on a signalée, chez quelques Batraciens, que l'on.a, contestée souvent, mais que les expériences de M. Edwards. ont mis hors de doute. Les Batraciens.sont répandus. dans presque toutes les régions des deux hémisphères, et à peine si les contrées polaires se montrent assez réfractaires pour se défendre de l'approche _ È ENTER de: ces animanx;mais’c’est.surtout.dans,lesrégions tempéréesiqu'ils,se multiplient davantage ; toute- -fois.cette multiplication,se-montre- partout subor- donnée-aux mêmes lois que: celle; .des.antres ani- -mauxs elle est surtout relative à leur volume , qui ‘jamais n’est bien. considérable, car les plus grands -Anoures connus n’ont pas un pied de.diamètre, . ét beaucoupont un. pouce au plus de, longueur ; Yon:trouve quelques. Urodèles ichtyoïides qui at- -teignent jusqu’à deux à trois pieds de long ; mais ‘leur: corps :anguilliforme compense par son peu de grosseur la longueur de. ces animaux, et ce n'est que,dans.les espèces: éteintes;que l’on voit une Salamandre de trois pieds de longueur. L'Eu- rope et. FAfrique septentrionale, possèdent , une -certaine, quantité d'espèces différentes de, Batra- ciens, appartenant aux mêmes. familles. L’Asie méridionale et Amérique du sud produisent aussiun grand nombre d'individus ;des mêmes genres; mais il.en. est qui paraissent appartenir , presque exclusivement à quelqu'une de ces par- ties du monde. Ainsi les Salamandres à parotides et à flancs poreux, les Protées, semblent propres Là l’Europe ;-les Syrènes, les Amphiumes, les :Ménopômes , à l'Amérique du-nord:; les Axolotls -au:Mexique; les Pipas à l'Amérique du sud; nulle part ces animaux ne se multiplient assez pour devenir à charge, eb dans plusieurs endroits ils ‘sont mêmeemployés comme alimens; leurs tissus , dans lesquels: abondent le mucus animal et la gé- latine, paraissent d’une. digestion. facile; l'odeur particulière dont ils -sont imprégnés disparaît beaucoup. par la cuisson, et bien qu'un tel man- -ger soit d’ailleurs assez fade, il est parfois recher- -ché-et estimé. de nos, Apicius.et de nos épicuriens modernes. Nulle part les qualités malfaisantes que l'on a attribuées aux Batraciens ne sont eflecti- vement constatées. Ils débarrassent les cultures d’une quantité d'insectes dévastateurs; aussi, loin de les poursuivre et de les détruire, devrait-on | souvenisurmonterlarépugnanceinvolontaire qu’ils | inspirent et leur donner un asile et.une protection, | que les services qu'ils peuvent rendre paieraient généreusement; assez d’autres ennemis , tels que | des chats, les ophidiens, les oiseaux rapaces, s’op- | poseraient à l'excès de leur multiplication. Tou- | tefois ilfaut réduire, à, leur juste valeur les pro- | “priétés médicinales illusoires que la. crédulité aveugle: des: médecins peu analytiques de certai- | nes époques: a attribuées à ces animaux. | | : L Laduréedelayiedes Batraciens n'estpasconnue. | Ft Les Batraciensparaissentavoirété connuspartout | ét de tout temps; les plus anciens ouvrages de l'an- | tiquité en font mention, et sil’histoire de ces ani- | maux est encore incomplète sur bien des points, | -cen’est pas faute d’avoir pu s’en procurer souvent; | pour les observer. Les Batraciens existaient même * dans les anciens mondes,.et l’on en retrouve en- | Leore-des traces aujourd’hui. Néanmoins ils pa- -raissent avoir été peu nombreux à cette époque et limités,;autant qu'on en peut juger jusqu'ici, à des locatités-peu étendues. En.effet,, c’est seulement è 74 y ‘enAllemagne que l'on a trouvé des vestiges fossiles: de Grenouilles et de Tritonsde petite taille, et aux environs d'OEningen que l’ona recueilli les restes d'une; grande Salamandre: 1 Des: animaux qui ,: âvec un cachet commun, in- contestable de ressemblance et. d’analogie, pré- sentent entre eux tant. de différences; des ani- maux: dont les aflinités avec. ceux des autres clas- ses:sontsinombreuses et si variées, devaient natu- rellement offrir beaucoup de difficultés aux géñé- ralisations.des esprits philosophiques; aussi voit-on ceux qui se. sont occupés des rapports des Ba- traciens entre, eux ou de, leurs relations avec les autres, reptiles ou les autres animaux, flotter dans de continuelles hésitations et les grouper diverse- ment selon. le système de leurs idées toujours plus ou moins fautives, parce qu'elles étaient exclu- sives eb qu'elles rompaïent des liens; indissolubles de parenté. Aïnsi l'on voit les Batraciens réunis aujourd'hui, tantôt divisés et en partie groupés à la suite, des tortues, en partie reportés dans une classe commune avec certains poissons chondro- ptérygiens ;, d’autres confondus avec les lézards. Rien ne serait plus propre peut-être. que l'étude approfondie: des, Batraciens pour, prouver que les classificationssystématiques, quelles qu’elles soient, sont toujours des tableaux artificiels bien éloi- gnés de représenter, l’état des connaissances re- | latives aux objets qu’elles comprennent. (T.C.). : BATRAKHITE. (min. anc.). Quelques auteurs modernes ont confondu la Batrakhite et la Bron- TIALITHE des anciens (voy. ce mot ); mais il est évi- dent, et leurs noms l’indiquent assez, que c’étaient des substances tout-à-fait différentes. On distin- guait trois espèces de Batrakhite qui venaient des environs de Coptos, l’une qui avait des couleurs semblables à celles de la grenouille (6érpzy0c) d’oùuelle atiré son nom, l’autre qui était d’un noir d’ébène, et la troisième d’un noir rougeâtre. On avait aussi supposé que les Batrakhites se trouvaient dans la tête des grenouilles, et on leur attribuaït ‘alors des vertus merveilleuses, comme celle de neutra- liser toute espèce de venin, (Tu. V.) BATTAGE. (acr.) Action de séparer le grain de l’épi et les graines de leurs enveloppes ou cap- sules ; le Battage se fait au moyen du fléau, des baguettes, d’une table, d’une planche ou d’un tonneau. Le blé, le seigle, l’orge , l’avoine, les vesces , les gesses, les pois, les haricots, le trèfle, la luzerne,, etc. , se battent au fléau en plein air ou dans.les granges ; la navette, le colza, la ca- meline, et toutes les graines fines, oléagineuses, ou, d'une contexture. peu solide, se frappent avec. des baguettes ou sur les parois d’un tonneau défoncé par un bout, On égrène le mais à Ja main, ou, comme le chanvre, le lin ,etc., contre une table ou bien une planche, fichée de champ, placée au milieu d’une aire préparée à cet effet. Dans nos départemens du midi, ainsi que dans tous les pays chauds, le Battage se fait sous les pieds des chevaux ou des bœufs (v0y. Dériquace) ; celui au fléau lui doit être préléré ,:en, ce qu'il donne aux épis et aux capsules une secousse con- venable, fréquemment répétéc,, sans écraser: le oo mm BAUD 408 BAUH É : grain; en ce qu’il conserve à la paille toute sa longueur , sa saveur, son élasticité. Des culliva- teurs ont adopté le Battage au rouleau, et conti- nuent à s’en servir quoiqu'il ait le désagrément de ne pas dépouiller entièrement l’épi , et de laisser au grain sa balle. D’autres ont recours à la mé- canique ; c’est une méthode prompte, que l’on peut employer quand et comme on le veut, mais elle n’est pas toujours économique. Comme toutes les opérations qui suivent les ré- coltes , le Battage se termine d’ordinaire par des fêtes : le plaisir est là pour faire oublier la fatigue, pour entretenir l’émulation et pour récompenser le travail soigné. (T. ». B.) BAUDET. (mawm.) Synonyme d’Ane, espèce du genre Cnevar, (J/oy. ce mot). (Guir.) .. BAUDRIER DE NEPTUNE. (807. crypr.) On a donné ce nom à la Laminaire saccharine , parce qu'elle est allongée et étroite, crispée sur les bords, et qu’elle atteint quelquefois plus de vingt ieds de longueur. (#/oy. Lammaire.) (Guër.) BAUDROIE , ZLophius. (poiss.) Les Baudroiïes ou Raies pêcheresses composent le principal genre de la famille des Acanthoptérygiens à pectorales pédiculées, la treizième de l’ordre. . Ces poissons sont surtout remarquables par la grosseur de leur tête , qui est tout-à-fait en dispro- portion avec le reste da corps, puisqu'elle entre pour plus de deux tiers dans Je volume total de l'animal. Elle est donc par conséquent très-large et, de plus, déprimée, arrondie en avant, avec plu- sieurs points de sa surface hérissés d’épines. C’est à son extrémité que se trouve située la bouche, qui offre une fente considérable. La mâchoire in- Térieure dépasse la supérieure , et toutes deux por- tent des dents en crochets extrêmement pointues. I y en a d’autres un peu moins longues, mais tout aussi aiguës, qui garnissent le palais et les os pharyngiens. Les opercules de ces poissons, qui n’ont que trois lames branchiales de chaque côté, sont petits et complétement cachés par la peau. Au nombre de six, les rayons branchio- stéges sont au contraire très-allongés, et la mem- brane qu'ils supportent est elle-même si dévelop- pée qu’elle forme sur les parties latérales de la tête deux énormes sacs, l’un à droite, l’autre à gauche, dont les ouvertures, qui sont assez étroi- tes , aboutissent sous les pectorales. Les yeux sont placés sur le milieu de la tête, et séparés l’un de l’autre par un espace à peu près égal à leur diamètre. Le corps est court, gros et conique. Les nageoires ventrales sont attachées en avant des pectorales; la seconde dorsale et l’anale, qui se correspondent , ne lais- sent qu'une très-petite distance entre elles et la queue. Plusieurs des rayons de la première na- geoire du dos sont séparés des autres; il y en a deux, en particulier, plus longs, libres, mobiles et terminés par une petite palette charnue qui surmonte le front. La peau de ces poissons est tout-à-fait dépourvue d’écailles , et leur squelette est demi-cartilagineux. Les Baudroies, avec une conformation aussi peu propre que la leur à poursuivre d’autres poissons , auraient pu difficilement satisfaire leur- appétit vorace, si la nature ne leur eût donné les- moyens de suppléer par la ruse à ce qui leur mar- quait d’agilité. Ge n’est point en effet comme je- plus grand nombre des autres poissons que ceux-ci se procurent leur proie, c’est-à-dire en lui dé- clarant franchement la guerre, mais bien en lui: dressant des embûches. Pour cela, ils se tiennent. au fond de l’eau et particulièrement dans les en- droits où ils peuvent cacher leur corps sous la vase, ne laissant apercevoir que les rayons de- leur tête, qu'ils ont soin d’agiter pour les faire: ressembler davantage à des vers. De cette ma- nière , ils trompent et attirent même d’assez gros poissons , sur lesquels ils se jettent dès qu’ils les voient à leur portée. Les deux espèces qu’on sait appartenir à ce genre vivent l’une et l’autre dans nos mers. La première est la Baudroiïe commune ( Lophius pis— catorius, Linn.), qu'on nomme aussi vulgaire- ment Raie pêcheresse, Diable demer, Galanga, etc. Elle arrive quelquefois à cinq pieds de longueur. Sa couleur , sur le dessus du corps, est fauve marbrée de brun ; mais en dessous elle offre une teinte blanchâtre. Nous l'avons fait représenter: pl. 45, fig. 2. La seconde espèce acquiert à peu près les mé- mes dimensions ,et n’est pas autrement colorée que la première ; mais ce qui l’en distingue essen- tiellement , c’est de n’avoir que vingt-cinq vertè- bres au lieu de trente. Sa seconde dorsale est aussi beaucoup moins élevée que celle de l'espèce: commune, caractère qui lui a valu de la part de M. Cuvier le nom de Baudroie à petite nageoire (Lophius parvipinnis). La chair de ces poissons est coriace et de mauvais goût. (G. B.) BAUGE. (mam.) On nomme ainsi le gîte du sanglier ; il le choisit dans les lieux les plus écar- tés et souvent humides et bourbeux. Le nid que se construit l’écureuil dans les trous des arbres orte aussi le nom de Bauge. (Guér.) BAUHINIE, Bauhinia. (mort. PHan.) La tou- chante amitié qui régna sans cesse entre les deux frères Bauhin, les services qu’ils ont rendus à la botanique, non comme auteurs d’inventions ou de découvertes importantes, non, comme on l’a très-légèrement avancé , pour avoir posé les vrais principes de la science, mais par l'exactitude de leurs descriptions, par le classement méthodique des connaissances acquises jusqu'au milieu du dix-huitième siècle, par le désintéressement naïf qu'ils apportaient dans leurs travaux, et par læ concordance qu'ils ont donnée de tous les végé- taux alors connus, décidèrent Plumier à leur: consacrer le genre qui porte leur nom. Ce genre, de la famille des Légumineuses et de la Décan- drie monogynie, présente dans les deux folioles: qui accompagnent les feuilles une union si intime: que, pliés naturellement l’une sur l’autre , on les croirait ne former qu’un seul et même corps. Les autres caractères de ce beau genre sont! d’avoir les feuilles simples , à deux lobes plus ou: moins BAUM. 409 BDEL moins profonds ; les fleurs disposées en grappes terminales; le calice caduc, à cinq divisions, fendu latéralement ; la corolle divisée en cinq pétales oblongs® contenant dix étamines d’inégale gran- deur et à filamens penchés, l’une d'elles beaucoup plus longue que les autres et la seule fertile ; l’o- vaire placé sur un petit pédicelle ; la gousse allon- gée, très-comprimée, à une seule loge contenant plusieurs graines aplaties, réniformes ou elhipti- ques. Comme on le voit, il était impossible de faire un choix plus heureux pour rendre un hom- mage complet à Jean et à Gaspard Bauhin, que la France revendique comme fils d’un proscrit français. Toutes les espèces de Bauhinies, au nombre de trente , forment des arbrisseaux élégans ; plusieurs se cultivent dans nos serres, toutes sont originai- res des régions équatoriales. Les plus connues sont : La Baumnie cRimPaxTE, B. scandens, arbris- seau sarmenteux, à tige munie de vrilles qui lui servent à s'élever contre les grands végétaux qui Vavoisinent ; il porte de petits bouquets de fleurs jaunes. Rumph nous apprend que les habitans d'Amboine attribuent à ses feuilles la puissance d'accélérer l'usage de la parole chez les enfans et de la rendre à ceux qui l'ont perdue. Cette espèce se trouve également aux grandes Indes et dans quelques parties de l'Amérique méridionale. La BaumNnie À Loges ÉcARTÉS, B. divaricata , de l'Inde , est remarquable par ses feuilles cordi- formes , dont les deux lobes , terminés en pointe, sont entièrement fendus jusqu’à la base; elle a les fleurs grandes, blanches, qui durent toute l'année, brillent principalement dans les temps de pluie, et sont réunies en grappes terminales ; la BaumiNIE COTONNEUSE, BP. tomentosa, est re- gardée comme un excellent vermifuge; celte pro- priété appartient surtout aux racines ; la BAUHINIE pourPRÉE , D. purpurea, dont les fleurs purpuri- nes produisent un très-bel effet en juillet. (T. ». B.) ! BAUMES. (cmim. por.) Substances végétales naturelles, solides ou liquides , plus ou moins aro- matiques, d’une saveur amère ou piquante , com- posées de résine, d'acide benzoïque et d’une huile essentielle particulière à laquelle elles doi- vent leur odeur, qui laissent dégager leur acide par l’action de la chaleur, qui sont solubles dans l’al- cool affaibli, l’éther, les huiles volatiles, etc. , et en certaine proportion dans l'eau ; inflammables, etc. Les Baumes sont d’un usage fréquent en mé- decine comme stimulans généraux ; la pharmacie, l'art culinaire s’en servent également pour aro- matiser certains médicamens , certains mets; en- fin les parfumeurs en font la base de leurs cosmé- tiques , soit solides, soit liquides, ct de tous ces mélanges suaves que l’on brûle dans de riches cassolettes sous le nom de parfums. ! Bien qu'un grand nombre de préparations pharmaceutiques de principes immédiats des vé- gétaux soient journellement désignés sous le nom de Baumes , il n’y a que cinq substances naturelles Toue [. qui doivent être étudiées sous cette. dénomina- tion ; ces substances sont: le Baume du Pérou, celui de Tolu , le Benjoin ,le Styrax solide ou Storaz, etle Styraz liquide. (V'oy. les mots Sryrax et Benson.) Baume pu Pérou. On a cru pendant long-temps, et telle était l'opinion de Ruiz, que le Baume. du Pérou, beaucoup plus employé par les parfu- meurs que par les médecins et les pharmaciens , n'offrait aucune différence avec le Baume de Tolu. On sait aujourd’hui que cette substance balsamique est fournie par le myroxylon peruife- rum de Mutri et de Linné, de la famille des Lé- gumineuses de Jussieu , et le myroxylon pubescens de Humboldt et Bonpland , arbre de la même fa- mille que le précédent, et que l’on trouve près de Carthagène, au Mexique, dans la Colombie, etc. Au Baume du Pérou, distingué en Baume du Pérou en coque, et Baume du Pérou liquide, on préfère aujourd’hui en médecine le Baume de Tolu dont nous allons parler. Cependant ces deux substances jouissent des mêmes propriétés , et peuvent se remplacer mutuellement. Baume pe Tocu. Substance fournie par le my- roxylon Toluifera , de Humboldt et Bonpland, de. la famille des Légumineuses de Jussieu; arbre de l'Amérique méridionale, qui croît surtout dans la province de Carthagène, aux environs de la ville de Tolu et dans l’île Samt-Thomas: de là les noms de Baume de Tolu, Baume de Saint-l'ho- mas , donnés à la même substance. Le Baume de Tolu nous arrive dans le com- merce renfermé dans des pots en terre cuite appe- lés potiches, ou bien dans des calebasses (enve- loppes sous-ligneuses d’une espèce de courges). Ilest en masses solides, cassantes ; se ramollit facilement à la chaleur des doigts, et prend dans l'été la forme des vases ou boîtes quile renferment ; il est d’une couleur ambrée , transparent lorsqu'il estpur, rougeâtre ou grisâtre, terne, opaque quand il a été mélangé avec des corps étrangers; d’une odeur suave et très-douce; d’une saveur égale- ment douce et agréable; soluble dans l’acool af- faibli. (}7. MynoxxLon.) (F.F.) BAVEUSE. (poiss.) C’est le nom vulgaire de plusieurs espèces des genres BLENNIE et Goris. (Voy. ces mots.) (G. B.) BDELLE, Bdella (aracun.) Ce genre, établi par Latreille , fait partie, dans son cours d’ento- mologie, de l’ordre des Trachéennes, de la cin- quième famille, les Tiques , Ricinie : les caractères qu'il lui assigne sont: huit pieds uniquement pro- pres à la marche ; bouche consistant en un sucoir avancé en forme de bec conique ou en alêne; pal- pes allongés, coudés, avec des soies ou des poils au bout; quatre yeux; pieds postérieurs plus longs. Les animaux qui composent ce genre ont le corps très-mou , le plus souvent de couleur rouge ; ils sont vagabonds, ils se rencontrent dans les lieux humides , sous les pierres, les écorces des arbres, dans les mousses. L'espèce qui se trouve le plus communément aux environs de Paris, et qui sert de type au genre, est la BnezLe ROUGE , LII° Livraisox. 52 BEC - 410 BEC oo Bdella longicornis ou TAcarus longicornis de Linné; la Pince rouge, Geoff. , Scirus vulgaris, Hermann ; elle est longue à peine d’une demi-ligne, d'un rouge écarlate , avec les pieds pâles; les palpes sont composés de quatre articles, dont le premier et le dernier plus longs ; celui-ci est'un peu plus court et terminé par deux soies, Les espèces décrites par Hermann sous le nom de Scirus longtrostris , S. lalirostris , S. setrostris, appartiennent au genre Bdelle. (EH. L.) BDELLE, Bdella. (anxez.) Genre fondé par Savigny et diflérant peu des Saxasues. (Woy. ce moi. ) (GuËr.) BDELLIUM. (em. or.) Le Bdellium est une gomme résine dont l’origine nous est encore 1n- connue, que M. Guibourt attribue au Gummi bdel- lim de Murray, d’autres à un Amyris, et qui diffère de la gomme du Sénégal, avec laquelle elle est souvent mêlée, par les caractères suivans : Morceaux de grosseur variable, rudes et iné- gaux ; de couleur grise, jaune, verdâtre ou rou- geâtre; plus ou moins transparens; assez Com- pactes ; d’une cassure terne et cireuse (la gomme a une cassure nette et brillante) ; d’une odeur de myrrhe plus ou moins prononcée, ou d’une odeur très-désagréable (la gomme est inodore) ; d’une saveur âcre, très-amère et persistante ( la omme a unesayeur douce, mucilagineuse), peu soluble dans l’eau (la gomme est entièrement so- luble dans ce liquide). Le Bdellium nous vient d'Arabie et des Indes ; il entre dans la composition des emplâtres dia- chylum gommé et vigo cum mercurio. M. Pelletier, qui s’est occupé de l'analyse de celte substance, y a trouvé de la résine , de la gomme, de la bassorine et une huile volatile. Cette dernière est plus pesante que l'eau ; la par- tie résineuse est transparente ; mais, par l'ébulli- tion avec de l’eau , elle devient blanche et opa- que; elle entre en fusion à une température à peu près égale à celle de l’eau bouillante. La partie gommeuse est d'un jaune gris, et donne, avec l'acide nitrique, de l'acide oxalique, sans traces d'acide mucique; enfin, la bassorine (mucilage végétal de Berzelius), qui offre ces mêmes carac- tères, devient mucilagineuse quand on la traite ar l'eau, se coagule par l'alcool, et est trans- Eine par l'acide nitrique en un liquide très- fluide. EE.) BEC, Rostrum. (o1s.) C’est le nom particulier de la bouche des oiseaux ; les deux mâchoires de cette bouche ont recu le nom de mandibules. Les os qui entrent dans la composition du Bec sont, pour la mâchoire supérieure : le maxillaire supérieur (divisible, comme chez ous les verté- brés, en une pièce antérieure ou inlermaæillaire ; et une postérieure ou susmaæxillatre), et quatre lames osseuses, deux internes ou palatines, et deux externes comparables aux arcades zygoma- tiques; la mandibule inférieure consiste dans le seul maxillaire inférieur (primitivement composé de plusieurs pièces qui se soudent avec l’âge ). Ces deux mandibules, et les lames (ou arcs-bou- tans) que nous avons indiquées, n’appuient pas im ! médiatement sur le crâne ;/elles s’articulent avec l'os carré (1). Le bec est susceptble de mouvemens très-va- riés; sa mandibule supérieure est souvent mobile, comme il est facile de l'observer dans les canards, les perroquets, etc. ; ce caractère anatomique distingue parfaitement les mâchoires des oiseaux de celles des mammifères. Les oiseaux n’ont mi lèvres ni-dents, leurs mä- choires sont toujours couvertes d’une gaîne de substance cornée (2); ils avalent leurs alimens sans les broyer ; et le bec est pour la plupart le seul organe de préhension; c'est avec lui qu'ils recueillent et disposent les matériaux de leur nid; qu'ils attaquent et se défendent ; c’est avec un pe- tit ongle calcaire dont est armée sa mandibule supérieure que le jeune oiseau brise sa coquille ; après la naissance ce tubercule rostral devenu inutile disparait bientôt. Les narines chez les oi- seaux sont toujours percées dans la mandibule supérieure plus ou moins près de sa racine; elles sont quelquefois entourées, comme chez les ac- cipitres, par une membrane particulière à laquelle on a donné le nom de cire; certainesespèces ont celte partie du bec surmontée de crêtes ou de ca- roncules charnues plus ou moins développées. La forme , la consistance et la longueur du bec varient beaucoup; mais toujours les modifications qu’elles éprouvent sont en rapport avec le régime et les habitudes de l'oiseau ; ainsi les espèces qui se nourrissent de proie se font remarquer par leur bec crochu , admirablement disposé pour déchi- rer des lambeaux de chair ; ces oiseaux ont ordi- nairement la mandibule supérieure armée d’une ou de deux fortes dentelures. Les granivores au contraire ont un bec droit et conique , les Pics et quelques espèces de la même famille l'ont cunéï- forme ou en com; chez d’autres, qui doivent ta- miser la vase des ruisseaux pour en retirer les (x) Cet os carré est un petit os oblong, de forme variable ; ainsi nommé parce qu'il présente ordinairement quatre têtes ; Hérissant, qui le premier en essaya la détermination, crut de- voir le considérer comme nn démembrement de la mâchoire inférieure. M. Geoffroy , et d’après lui Cuvier et la plupart des analomistes, pense au contraire que c’est l’analogue du cercle tympanique; cette portion de la caisse auditive étant restée libre au lien de se souder comme on le voit dans les mammifères. Cet os est très-mobile et entouré de muscles nombreux; il a déjà recu plusieurs noms : M. Geoffroy propose de lui donner celui d’énosteal, lequel, restant étranger, comme le dit ce savant natu- raliste, à ses formes variables à l'infini, lui conviendra quels que soient ses métamorphoses et même ses composazs, (2) D’après les observations de M. Geoffroy, la substance cornée du bec doit étre considérée comme représentant un véri- table système dentaire, de vraies dents composées, telles par exemple que celles de l'éléphant, avec cette différence que la substance transsudée est d’une autre nature et que les racines manquent constamment, M. Geoffroy a reconnu cans le fœtus de quelques espèces, notimment ceux du canard et de la per-= ruche à collier, une série de denticnles ou petits corps blancs, arrondis , plus larges à leur extrémité; tout Je pourtour des mä- choires est alors garni de denis qui, par nne particularité bien remarquable, existent toujours en nombre impair, Pune d'elles, soit en baut, soiten bas, occupant la ligne médiane, Foyez, pour plus de détails, la brochure de M. Geoffroy intitulée :'Système dentaire chez les Mammiferes etiles Oiseaux. € | | , | | | | RS a en NT TD TE memes ei BEC PAR BECA TP PET TT RIT TR SR El Qi QU DA Cm EN jrs 1709 Si) LUN Us larves aquatiques, ses bords sont dentelés en scie ou en lame, tels sont les canards. L'étude de ces variations à été d’un grand se- cours pour les ornithologistes, qui en ont tiré de très-bons caractères sur la considération desquels la plupart des genres ont été établis. Quant aux £aracières qu'auraient pu fournir les variations de la structure intime du bec , on les a générale- ment négligés ;. « Cependant, dit M. Jsid. Geoffroy (Nouv. Ann.du mus., 1 ), cette structure est sus- ceptible de modifications qui, se présentant à la fois dans des espèces vraiment analogues par le reste de leur organisation , peuvent fournir de vé- ritables caractères génériques.» Les dentelures et les échancrures que l’on remarque sur le bord des mandibules sont aussi, lorsqu'elles existent en nombre déterminé, très-importantes à noter, Le mot français Bec et ses synonymes grec et latin, Rynchos et Rostrum, se retrouvent comme composans dans une foule de mots employés en ornithologie et dans les autres parties de l’his- toire naturelle : nous indiquerons ceux de BEc-FIN , Bec-crorsé, Bec-EN-ciseaux, etc. (voy. ci-après) ; les noms de Lamellirostres, Pressirostres, Denti- rostres elc., donnés à différentes familles, et ceuxdeRhyncops, Anarrhynque, Calyptorhynque, Orthorhynque, Platyrhynque , etc. Le fameux Or- nithorhynque , que l’on ne sait encore à quelle classe rapporter, doit son nom à la forme singu- lière de sa bouche semblable au bec d’un canard, ce qui l’a fait appeler aussi Bec d'oiseau. La bouche de quelques animaux des autres classes a quelquefois aussi recu la dénomination de Bec lorsque, à cause de sa forme ou de sa consistance cornée, on lui a trouvé de la ressem- blance avec cet organe chez les oiseaux : ainsi on dit que les tortues et les têtards de certains hatra- ciens ont un Bec: chez ces derniers il est formé, comme nous l'a fait voir M. Rusconi, par les os palatins qui sont alors placés au devant des maxil- laires ; à mesure que le jeune batracien s’accroit, ses os palalns , véritables maxi laires temporaires, se détachent des apophyses post-orbitaires , de- viennent plus grêles et prennent leur: véritable place : en même temps les os maxillaires se dé- xeloppent et s’allongent.sur les côtés de la tête: c'est ce que l’on observe chez lestétards ou petits des) grenouilles et des salamandres aquatiques ; les salamandres terresti cs ne paraissent point être dans le même cas. ; Les sèches et tous les mollusques céphalopo- des ont à l'entrée de leur bouche deux mandibu- les cornées assez semblables à celles des Perro- queis, avec celte différence cependant que la mandibule inférieure est la plus grande. On leur a aussi donné le nom de Bec. ” Le mot Becest également usité en entomologie , on l’a appliqué à une avance cornée, cylindrique ou conique de la bouche (ex. les Charançons ou | Portc-bec et les insectes hémiptères et suçeurs) . Le plus souvent ce Bec est courbé sous la poi- | drine et creusé supérieurement en gouttière dans le milieu de sa longueur pour recevoir trois filets ou soies capillaires. Le Rostrule ou petit Bec est formé par un tube très-court, sans articulation , et ne renfermant à ce qu'il paraît qu’une ou deux soies au plus. En botanique on a dit Bec de cigogne, de grue , de héron , etc. , pour désigner autant d’es- pèces de géraninm d'Europe. (Gerv.) BÉCAFIGUE et BEC-FIGUE. Noms vulgaires du Gobe-mouche noir et du Gobe-mouche à col- lier. Bec-Figue d'hiver désigne la Farlouse-Pipi (Anthus arboreus). BÉCGARD. (rorss.) C’est le nom qu’on donne, en certaines contrées de la France, au saumon mâle. (G. B.) BÉCARDE, Psaris. (ois.) M. Cuvier a établi sous ce nom un petit genre de Passereaux denti- rostres de la famille des Laniadées ou Pies-Grièches; ses caractères sont les suivans : bec conique, très- gros, rond à sa base, mais n’échancrant point le front ; sa pointe est légèrement comprimée et cro- chue; ailes médiocres , la première rémige courte , la deuxième et la troisième plus longues que les autres ; queue égale et arrondie, Ge genre ne comprend qu’un petit nombre d’es- pèces , toutes de l'Amérique méridionale, L'espèce type est le Lanius cayanus (Iconographie du Règne animal, Ois., pl. 6, fig. 6); elle est cendrée, avec . la tête, la queue et les ailes noires ; ses mœurs sont celles de nos pies-grièches. MM: Swainson et Shelby ont décrit plusieurs espèces nouvelles de Bécardes dans les n°vir et var du Zoological Journal. (Genv.) BÉCASSE, Scolopax. (ors.) La famille des Echassiers longirostres (Cuvier, Règne animal, pag. 918) ne comprend que deux genres, celui des Avocettes, que nous avons déjà étudié, et celui des Bécasses. Les modifications qu’a subies ce dernier sont assez importantes pour que nous entrions à cet égard dans quelques détails. D'abord nous devons dire que la plupart des sous-genres ou groupes indiqués comme tels dans le règne animal, figurent dans les ouvrages spé- ciaux d’ornithologie comme autant de genres di- stincts; les grands genres de M. Cuvier deviennent alors des familles, et ses familles des tribus ou sous-ordres. C'est ainsi que les sous-genres Ibis, Bécasses proprement dites ou Scolopax , Rhynchées, Barges, Sanderlings, Echasses et Tournepierres sont de- venus les genres Ibis, Scolopax, etc., dont nous parlerons séparément. Le sons-genre des Cheva- liers Totanus constitue également un genre dis- tinct; mais quelques espèces en ont été retirées par M. Temminck et placées avec les Maubèches, les Combattans, les Pélidnes ou Alouettes de mer et les Gocorlis, dans le genre Bécasseau Tringa. Le sous-genre des Phalaropes et celui des Lobipèdes forment le genre Phalarope. Le groupe des Falcinelles ne peût être adopté; il a été reconnu depuis qu'un individu de l'espèce Scolopaz arcuata, dont le pouce avait été acci- dentellement détruit , lui avait servi de type. Nous ne parlerons ici que du vrai genre BÉcasse, BÉCA GT *Scolopaz, qui est ainsi caractérisé : bec long, droit, . mou éttrès-grêle, renflé à sa pointe; mandibules sil= Jonnées jusqu’à la moitié de leur longueur; pointe de la mandibule supérieure plus longue que l'infé- xieure, la partie renflée formant un crochet; les narines latérales, fendues en long près du bord de là mandibule , et recouvertes par une membrane ; piéds médiocres ; la première rémige à peu près de la longueur de la seconde, qui est la plus longue ‘de toutes. Les espèces de ce genre habitent les bois ou les plaines marécageuses ; leur pourriture consiste en vers, en maçons et en scarabées ; dans quelques contrées elles sont sédentaires. La mue, qui ahieu ‘deux fois chaque année, change peu le système de coloration. La tête comprimée de ces oiseaux et leurs gros yeux placés fort en arrière leur donnent un air stupide que leurs mœurs ne démentent guère. On les a répartis dans les trois sections sui- vantes : Bécasses proprement dites. Elles ont le tibia emplumé jusqu'au genou; nous n’en possédons qu'une seule espèce, La Bé£casse orniNAtRE , Scolopax rusticola, re- présentée dans notre Atlas, pl. 8, fig. 46, est longue de treize à quatorze pouces; elle a le haut de la tête, le cou, le dos, les couvertures des ailes va- riés de marron, de noir et un peu de gris; quatre larges bandes transversales et noires sur Je cou ; de chaque côté de la tête une petite bande de même couleur, qui s'étend depuis le coin de Ja bouche jusqu'aux yeux; le bec et les pieds sont de cou- leur de chair, ombrés de gris. La femelle a les teintes plus ternes que le mâle; les taches des couvertures de ses ailes sont plus nombreuses, et sa taille est un peu plus forte. Pendant l'été, la Bécasse se tient dans les bois des hautes montagnes; elle les quitte aux appro- ‘ches des frimas pour descendre dans la plaine, elle fréquente alors les taillis, les haies et les bos- quets , recherchant principalement les endroits où il y a du terreau; elle reste cachée tout le jour, el ne quitte sa retraite qu'à l'entrée de la nuit pour aller chercher sa nourriture. La femelle fait son nid à terre , et le compose de feuilles et d'herbes sèches ; elle y dépose quatre ou cinq œufs oblongs , un peu plus gros que ceux d’un pigeon, d’un gris roussâtre et marqués d'ondes plus foncées et noi- râtres; les petits courent aussitôt qu'ils sont éclos. Ces oiseaux ne se réunissent point en troupe; ils vont seuls ou par paire. On les chasse de plu- sieurs manières ; la plus usitée est celle au chien d'arrêt dans les taillis ; la Bécasse ne part que sous le nez du chien et quelquefois aux pieds du chas- seur ; son vol n’est ni élevé , ni de longue durée. On connaît une seconde espèce de Bécasse, mais elle est étrangère à l'Europe : c’est la Bécasse D'AuË- RIQUE , Ôc. minor de Linn. Les B£cassines. Elles forment la deuxième section des Scolopax. M. Vieillot en a fait un genre distinct ; la partie | rique du nord; elle se nourrit de coquilles bi BÉCA inférieure de leur tarse dénuée de plumes està peu près le seul caractère de ces oiseaux, Les Bécassines n’habitent que les'prairies maré- cageuses, où elles aiment à se cacher parmi les jones et les roseaux; elles ont le vol plus soutenu, mais plus irrégulier ; aussi leur chasse demande- t-elle beaucoup d’adresse. Nous possédons trois espèces de cette section : la plus commune est La Bécassixe , Scolopax gallinago , qui est plus petite que la Bécasse ; sa longueur est d'environ dix pouces, ÿ compris le bec, qui en a trois; sa tête est divisée par deux raies longitudinales noires et trois rougeâtres ; le menton est blanc, le cou varié de brun ct de rougeûtre; la poitrine et le ventre sont blancs; le dessus du corps est varié de brun, de rouge pâle et de noir. Elle arrive en France au printemps et niche dans les marais de nos contrées montagneuses ; la femelle fait son nid par terre , sous quelque grosse racine d’orme ou de saule , dans les endroits où le bétail ne peut parvenir; elle pond quatre où cinq œufs d’un verdûtre très-clair , tachés de brun et de cendré. La Bécassine vole avec rapidité; lorsqu'elle est très-élevée, elle fait entendre un cri prolongé mée, mée, mée, tremblottant et assez analogue à celui de la chèvre, ce qui lui a fait donner dans quelques pays les noms de Chèvre volante, Chevre de la Saint-Jean. En été cette espèce quitte nos contrées pour y revenir en automne et disparaître en hiver. La Doueze Bécassine, Scolopaz major, se dis- tingue de la précédente par sa taille, qui est plus grande d’un tiers, et parce que ses ondes de des- sus sont plus petites, et les brunes de dessous plus grandes et plus nombreuses. Ses mœurs sont les mêmes, mais son essor est moins rapide et son vol assez mou, droit et sans crochets. Elle est très- commune en France. | La Perrre B£cassine ou la Sourne, Scolopax gallinula, est la plus petite des trois ; sa longueur n'excède pas sept pouces et demi; elle n’a qu'une bande noire sur la tête: le fond de son manteau a des reflets vert-bronzé; un demi-collier gris oc- cupe la nuque; ses flancs sont mouchetés de brun comme sa poitrine. Elle se cache dans les roseaux des étangs, sous les joncs secs et les glaïieuls tom- bés au bord de l’eau. Il est très-difficile de la faire lever ; il faut presque marcher dessus, ce qui lui a valu son nom de Sourde; on l'appelle aussi Be- cassin, Bécasson, Bouriolle, Bouquerolle, etc. Cette espèce habite de préférence les marais du nord de l’Europe; on l’a observée également en Amérique. Les BÉCASSINES CHEVALIERS. Doigt extérieur et celui du milieu réunis par une petite membrane. " Nous ne connaissons encore qu’une seule espèce de cette section, c’est la B£cAssE PONCTUÉE, Sco= lopax grisea , qui est très-rare en Europe, et au contraire excessivement commune dans l’Amé: D BÉCA 41 valves qu’elle trouve dans les marais salins. Sa propagation est inconnue. Bécasse De men. P. Cours. Ce nom est quel- quefois donné au Courlis commun. (GEnvAIS.) BÉCASSEAUX , Tringa. (o1s.) Ge sont des or ‘seaux de rivage qui se tiennent ordinairement sur le bord des lacs, dans les marais et sur les côtes de la mer; leur nourriture consiste en vers, larves et insectes aquatiques. Voici leurs caractères gé- nériques : Bec long ou médiocre, faiblement arqué, un “peu fléchi à sa pointe ou droit, mou et flexible dans toute sa longueur; les deux mandibules sillonnées jusque près de leur pointe; narines latérales per- cées dans la membrane qui recouvre le sillon na- sal dans toute sa longueur ; pieds grêles , les doigts antérieurs entièrement divisés, l'extérieur seule- ment et celui du milieu sont réunis à leur base dans quelques espèces; doigt de derrière ou pouce ar- ticulé sur le tarse ; ailes médiocres; la première rémige est plus longue que les autres. La mue a lieu deux fois par an, et les couleurs varient sui- yvant les saisons et l’âge ainsi que le sexe des in- dividus ; ce qui rend très-difficile la distinction des espèces. _ On doit admettre dans le genre Tringa les deux sous-genres SUIVans : 4 B£casseaux proprement dits, i Prop Qui ont les doigts antérieurs entièrement divi- sés, c’est-à-dire sans membrane interdigitale. # Les espèces européennes sont au nombre de sept; on les trouve toutes en France. Le BÉCAssEAU cocoRLI Où ALOUETTE DE MER, Enl. 851, Tringa subarcuata, long de sept pouces et demi. Il habite les bords de la mer et des lacs; on l’observe rarement dans l’intérieur des terres. Des individus de cette espèce ont été envoyés du Cap , du Sénégal et de l'Amérique méridio- nale. Le Bécasseau BRUNETTE, 2°. variabilis. C’est le T. cuclus (Tringa à collier) de M. Vieillot, Nouv. dict. et Faune francaise. IL habite les marais , les rivières et les étangs; au printemps on le ren- contre aussi sur le bord de la mer. Il pose son nid à terre et le fait avec des roseaux secs; sa ponte est de quatre œufs d’un blanc fuligineux, irrégu- lièrement tachetés de deux nuances brunes, l’une assez claire, l’autre plus foncée. Le B£cassead PLATYRHINQUE , 7”. platyrhinca. Se trouve en France principalement et en Angle- terre , dans les endroits marécageux. Le Bécasseau vioser, TL. maritima. Ainsinommé à cause des reflets violets et pourpres qu’on ob- serve sur son dos et ses ailes. Il est long de sept pouces sept ou huit lignes. Le Bécasseau TEeMmra, 7. T'emmenckii, et le Bécasseau À ÉcHasses, 7, minuta, sont aussi des ‘Æspèces européennes. On les voit rarement en France. Le B. mauskcne ou GanuT, T. cinerea, est très-répandu en Europe ainsi qu’en Amérique. Ses diverses variétés figurent dans les systèmes sous 3 BÉCA sept noms spécifiques différens; c’est l'espèce type du genre Cazrpris de Guvier. À cette liste nous ajouterons, d’après M. Vieil- lot, Faune française, le BÉCASSEAU ROUSSATRE , T. rufescens. Gette espèce, que l’on observe ordi- nairement à la Louisiane, a été trouvée depuis peu en Picardie. Elle est longue de sept pouces trois lignes. ++ BécasseAux cOMBATTANS. Le deuxième sous-genre est celui des Gombat- tans. Les espèces qu’il renferme sont moins nom- breuses ; elles ont le doigt du milieu et l'extérieur réunis jusqu’à la première articulation. Les mâles sont ornés pendant le temps des noces. Une seule est européenne : c’est le CousaTranT, T. pugnaæ (Enl. 300, 505, 306 et 507), sur laquelle est fondé le genre Macnres, Cuv. Rien n’est plus fait pour intéresser quele caractère guerrier que ces oiseaux, ordinairement si timides , prennent dans la saison des amours. Les mâles ont alors la tête ornée de caroncules et le cou garni d’une épaisse crinière de plumes ; ils se livrent entre eux, un à un ou bien ordonnés et réunis par troupes, des combats acharnés. Comme ils sont beaucoup plus nombreux que les fe- melles, on a pensé qu'ils se battaient ainsi pour la possession de ces dernières , qui devenaient le prix du vainqueur. Mais ce que n’explique pas cette hypothèse, c’est que les femelles elles-mêmes prennent souvent part au combat; et que les mâles retenus en domesticité, ayant des femelles en assez grand nombre pour que tous soient satis- faits, ou bien en manquant tout-à-fait , s’aban- donnent également à leur penchant belliqueux. Après l'union des sexes tout rentre dans l’ordre ; le mâle et la femelle apportent les plus grands soins à l'éducation de leur petite famille. L'espèce des Combattans offre de nombreuses variétés: elle est commune dans tout le nord de l'Europe; au printemps on l’observe sur nos côtes, mais elle niche plus avant dans le N ord. Parmi les Bécasseaux étrangers, nous citerons le Bécasseau ALBANE, T. albescens, décrit et figuré par M. Temminck à la pl. 41, fig. 2 de son Re- cueil, et Bécasseau ÉcHasse, l. himantopus, Ch. Bonaparte. Cette espèce très-remarquable habite les États Unis. (Gzrv.) BÉCASSIN. ( os. ) Est un des noms vulgaires de la Bécassine sourde ( Scolopax gallinula). (Gen. ) ‘ BÉCASSINES. ( o1s. ) Les Bécassines doivent être placées dans le genre des Bécasses Scolopar, auquel nous renvoyons pour la connaissance des espèces. Ces oiseaux habitent les prairies marécageuses, la queue des étangs et les marais: ils nous arri- vent au printemps, et nichent pour la plupart dans les marais de nos contrées montagneuses. Leur vol est très-rapide : aussi doit-on être adroit et bien exercé si on veut les chasser avec succès. On conseille de les tirer à cul levé, c'est-à-dire au moment où ils quittent leur gite; car ils filent QT rm AR LL ES ET PEN LIU 4 BEC BEC sommaire RME RER ENTRE. 77-77 , alors droit l'espace de deux ou trois toises, mais bientôt après ils font dés crochets. On prend aussi les Bécçassines à différens piégés, au collet, à Ja pentaine, au traineau. Les B£cassiNes cnevazrers forment une autre section dans le genre Scolopax ; nous n’en con- naissons encore qu'une espèce. La courte mem- brane qui unit le doigt extérieur à celui du milieu distingue les oiseaux de cette section des autres Bécasses. Les Bécassines chevaliers forment le passage du genre Scolopax au genre T'otanus, ou Chevalier. (F7, Bécasses.) (GErv.) BEC- CROISÉ , Loxia. ( ors. ) Ces oiseaux for- ment un genre bien distinct de Passereaux coni- rostres à bec robuste, épais el comprimé, dont les mandibules sont tellement courbes que leurs pointes s’entrecroisent en sens inverse, c’est-à- dire que la pointe de la mandibule inférieure dé- passe la supérieure, et vice-versé : les narines sont petites, rondes , et recouvertes de plumes di- rigées en avant ; les ailes sont médiocres, la pre- mière.et la seconde rémige plus longues que les autres. Les Becs-Croisés se tiennent dans le nord des deux continens ; ils se recherchent principa- lement les semences des cônes ligneux des pins et des sapins : leur bec, en apparence si difforme, leur sert à détacher et arracher les écailles de ces cônes , afin d’avoir la graine qui se trouve sous chacune d'elles. Ils coupent aussi très - aisément les racines et les bourgeons, dont parfois ils se nourrissent. On connaît trois espèces de ce genre : Le Brc-Cnroisé pes pins, Loxia curvirostra, qui est long de six pouces, avec le plumage généra- lement verdâtre, tirant sur le rouge dans le mâle adulte, sur l’olivâtre dans la femelle ; les jeunes ont, avant la première mue, le dessus du corps d’un gris blanchâtre, tacheté de brun. Les ailes et la queue sont brunes à tous les âges ; le bec'et les pieds noirs. Voyez la figure 9 , pl. 46 de notre Atlas. On rencontre cette première espèce dans tout le nord de l'Europe, jusqu’au Groënland ; on la trouve aussi en Asie et en Amérique. Pendant l'hiver elle paraît souvent en France, mais ses migrations ne sont point régulières. Ces oiseaux se nourrissent de graines de pins, et souvent d’autres fruits : dans la Picardie et la Normandie, leur présence est un véritable fléau : ils détruisent une grande quantité de pommes, les mettant en pièces pour avoir les pepins. Ils sont tout-à-fuit sans méfiance et se laissent assez approcher pour qu'on puisse les tuer à coups de bâton, quelquefois même les prendre avec la main. Captifs, ils ne marquent aucune impa- lience, et s’accommodent fort bien du chenevis qu'on leur donne ; lorsqu'ils sont libres, ils se tiennent dans les forêts de pins, et y font leur nid pendant la saison la plus rigoureuse, au mois de janvier : c’est avec des mousses et des lichens qu'ils le construisent ; la résine dont ils l’endui- seut le rend imperméable à toute humidité. Cette malière leur sert aussi à le fixer aux arbres. La! ponte est de quatre ou cinq œufs blanchâtres, rayés et tachetés au gros bout de rouge ensan- glanté : il y a quelques années, un nid de cette espèce a été trouvé dans les sapins des environs de Paris. U 0 Le Bec-Crois£ PERRoQUET , ou des sapins, Loxia pytiopsittacus , est la seconde espèce de ce genre, IL habite également l’Europe ; on le trouve très- rarement en France. Il diffère principalement du précédent par son bec plus fort, plus courbé, mais moins long; son plumage est plus sombre, On l’a aussi observé en Amérique. Il se tient de préférence dans les forêts de sapins ; sa ponte est de quatre ou cinq œufs cendrés tachés de rouge, Latham a décrit dans son /ndex une troisième espèce, qu'il nomme Loxia falcirostra ; plus pe- tite que les deux précédentes, dont elle a les teintes générales, elle s’en distingue par sa queue très-fourchue, et les deux bandes transversales blanches de ses ailes. Elle appartient en propre à l'Amérique septentrionale; M. Vieillot l’a dé- crite et figurée dans sa Galerie des oiseaux, sous le nom de Bec-Croisé de Sibérie. ( GEnv. ) BEC DE FER, Sparactes. (o1s.) Ge genre appar- tient à la famille des Pies-Grièches; il y prend place à côté des Bécardes, et ne comprend en- core qu'une espèce : Le BansrLanier BEC DE FER, Sp. superbus, oi- seau rare et précieux qu’on suppose habiter les îles de la Polynésie et les Moluques les plus orien- tales. IL est de la grosseur d’un merle ordinaire ; | tout le dessusdeson corps est noir, à l'exception du croupion et des couvertures supérieures de la. queue, qui sont d’un jaune verdâtre. Une huppe longue de quatre pouces surmonte sa tête ; elle se. compose de plumes eflilées retombant avec grâce sur le front. La gorge est rouge vif, avec quelques traits Jaunes en bas; la poitrine et le ventre sont noirs ; le bec est gris de fer, les pattes bleuâtres, et les ongles noirs. : (GErv.) BECEN CISEAUX, Rhyncops. (ors.) Cesoiseaux, appelés aussi Coupeurs d’eau, forment un genre de Palmipèdes assez voisins des Hirondelles de mer par leurs petits pieds, leurs longues ailes et leur queue fourchue ; mais ils se distinguent de tous les oi- seaux par leur bec extraordinaire dont Ja mandi- bule supérieure est d’un tiers plus courte que : l'inférieure ; toutes deux sont droites et compri- mées en forme de lame de couteau, La singu- lière disposition du bec de ces oiseaux ne Jeur permet de se nourrir que de ce qu'ils enlèvent à la surface de l'eau avec leur mandibule inférieure. On connaît deux espèces de Rhyncops, toutes deux propres aux mers de l'Amérique, soit dans l'Atlantique, soit dans l'océan Pacifique; la plus anciennement connue est : Le Bec En ciseau Nom, R. nigra, Enl. 557; représenté dans notre Alllas, pl 46, fig. 10. Il est blanc, à calotte et manteau noirs , avec une bande blanche sur l'aile et les pennes externes de la queue blanches en dehors. Son bec et ses pieds sont rouges ; sa taille égale à peine celle d’un pi- geon. Ces oiseaux sont très-nombreux dans la mer des Antilles ; ils volent avec lenteur et for mm BECS 415 BECS eee eee ment, avec les mouettes et quelques autres oiseaux de mer, des bandes tellement épaisses que souvent elles obscurcissent le ciel dans un espace de plu- sieurs milles. (GErv.) BEC EN FOURREAU, Chionis. (ois.) Genre d'oiseaux intermédiaires entre les Echassiers et les Palmipèdes grands-voiliers et dont quelques auteurs ont formé une famille distincte, celle des Chionidées. Ils sont caractérisés par leur bec dur, com- primé , fléchi vers sa pointe , la base de la mandi- bule supérieure étant recouverte par un fourreau de substance cornée, découpé en avant et garni de sillons longitudinaux. Les pieds sont assez courts, les doigts à demi bordés par un rudiment de membrane ; la face est nue, mamelonnée chez les adultes ; ailes éperonnées au poignet; deuxième rémige plus longue que les autres. Le Bec EN rourrEAU BLANC, Chionis alba, est la seule espèce dont ce genre se compose, son corps gros et massif est couvert de plumes d’une blancheur éclatante. La longueur totale est de quinze pouces; le vol a vingt-huit pouces d’é- tendue. Cet oiseau est mentionné dans les récits de presque tous les anciens navigateurs , le plus sou- vent sous le nom de Pigeon blanc antarctique ; il habite les hautes latitudes australes, la terre de Diemen, la Nouvelle-Zélande, la Nouvelle-Hol- lande , et même les terres placées sous les limites du pôle sud. Son naturel est farouche , il est très- difficile de l’approcher , son vol est lourd et peu analogue à celui des oiseaux de haute mer. La meilleure figure que nous puissions indiquer de cette singulière espèce est celle donnée par MM. Quoy et Gaimard dans la Zoologie de l'Ura- nie, pl. 50. (GEnv.) BECS-FINS, Sylvia. (o1s.) Ges oiseaux for- ment, dans la tribu des Passereaux dentirostres , un genre très-nombreux en espèces; on les re- connaît facilement à leur bec droit, grêle, en forme d’alêne, dont la base est plus élevée que large ; la mandibule supérieure souvent _échan- crée à sa pointe , l'inférieure toujours droite; les marines sont basales et ovoides, à moitié fermées ar une pelite membrane. Tarses plus longs que le doigt du milieu, qui est soudé à sa base avec externe. L’ongle du pouce est de longueur moyenne , toujours plus court que le doigt qui le porte et arqué; la première rémige est très- courte ou presque nulle, la deuxième est de très- peu moins longue que Ja troisième ou aussi longue qu’elle; les grandes couvertures des ailes beau- coup plus courtes que les rémiges. Ce genre renferme plus de trois cents espèces, toutes remarquables par leurs formes élégantes , leur petite taille et la mélodie de leur chant ; on les trouve répandues sur toutes les parties du monde dans les bocages, les petits bois et près des eaux, dont elles font l'agrément ; elles vivent pour la plupart cachées dans les taillis où elles font la chasse aux insectes pour se nourrir, ne les pre- nant pas au vol, mais sur les branches, et les feuilles qu’elles parcourent avec vivacité. Les Becs- Fins sont les plus petits oiseaux de nos cli- mats ; presque tous sont de passage, arrivant avec le printemps pour nous quitter dans les premiers jours d'automne. Dans les climats méridionaux quelques uns sont sédentaires ; ils y font régu- lièrement deux pontes, ce qui n’a lieu chez nous que pour un très-pelit nombre. Ils n’éprouvent qu’une seule mue chaque année ; les mâles sont quelquefois assez différens des femelles ; cependant chez certaines espèces qui habitent le bord des eaux , on saurait à peine reconnaître les sexes. Ce genre se partage assez naturellement en trois groupes ou sous-genres, qui sont les Becs- Fins proprement dits , les Roiteleis et les Troglo- dytes. Becs-Fins proprement dits. On distingue parmi ces oiseaux : + Les Riverains, qui ont le sommet de la tête déprimé , les ailes courtes et arrondies, la queue longue, toujours élagée, souvent conique. Ges Becs-Fins fréquentent le bords des eaux et nichent ordinairement dans les roseaux. Les espèces eu- ropéennes sont, d’après Temminck : Le Bec-Fin rousseroize, Sylvia turdoïdes, Enl. 515 (1), qui se rapproche assez des grives ; ilest d'un gris olivâtre'en dessus, blanc cendré en dessous; bec jaune à sa racine, brun à sa pointe. La Rousserolle habite les joncs et les eaux douces de toute l’Europe, sa femelle pond qua- tre ou cinq œufs verdâtres, tachetés de cendré et de brun. Bec-Fix rugicixeux, S, galactotes, Temm. (voy. Manuel, p. 282 et pl. col. 251, tom. 1). il habite le midi de l'Espagne. Bec-Fin RIVERAIN, S. fluviatilis. Cette espèce est, de même que la précédente, très-rare en France; on la trouve communément en Autri- che et en Hongrie. Bec-Fin Locusrezze , $. locustella (pl. enl. 581, fig. 3, sous le nom d’ÆAlouette locustelle). Il est ré- pandu dans presque toule l'Europe, Bec-Fix rrapu, 5, certhiola, Temm., p. 186. Il habite la Russie méridionale. Bec-Fin aquariqur, S. aquatica. Use trouve en Italie, quelquefois aussi, mais rarement , dans le midi de la France. Bec-Fin paracmre, S. phragmites. V'oy. Temm., Man. p. 189. Cette espèce est de toute l'Europe tempérée. Bec-Fin pes rosEAUx ou EFFARVATE , S. arun- dinacea , semblable pour les couleurs à la Rousse- rolle, S. turdoides, dont il a aussi les habitudes , mais d’un tiers moindre. Bsc-FIN VERDEROLLE , $. palustris, qui habite toute l'Europe. B£c-FIN A MOUSTACHES NOIRES, $. melanopogon. (1) On indique ainsi par en1. ou pl. enl. les planches enlumi- nées de Buffon; le numéro qui suit indique celui de la planche, pl. col., où Temm., pl veut exprimer les planches coloriées de M. Temniack. BECS 416 BECS Cette espèce, décrite et figurée par M. Temminck (pl col. 245, fig. 2), a été observée dans les environs de Rome ; elle se distingue par sa calotte et ses moustaches noires; Ja gorge et le milieu du ventre sont noirs; un trail de cette couleur passe au dessus de l’œil; le reste est d’un brun rous- sâtre. Bec-Fin mouscanse, S. Cetti, décrit par M. de la Marmora, est de couleur marron en dessus: à queue unicolore et étagée. Il habite l'ile de Sar- daigne. TT Syzvans. Les espèces de ce groupe ont le bec droit, grêle, comprimé à sa pointe; leur corps est svelte; leur queue horizontale, plus longue que chez les Riverains, large et à pennes égales. Elles fréquentent les bois et les jardins qu’elles égaient par leur chant mélodieux: nous décrirons d’abord les espèces européennes, et en remier : S Le Bec-Fix nossiexoz, S, luscinia, figuré à la 1. enl. 615, et si bien décrit par Gueneau de fonthéliard, dans l’Hist. nat. de Buffon. Il est long de six pouces deux lignes, brun roussâtre en dessus, gris blanchâtre en dessous ; la queue est un peu plus rousse. ;: C'est principalement le soir que cet oiseau aime à se faire entendre , quand tout se tait au- tour de lui; commençant par un prélude timide, par des sons faibles, presque indécis, comme pour s’essayer et avertir ceux qui l'écoutent , il rend bientôt de l’assurance, s’anime et déploie toute l'étendue de son inimitable gosier; on l’en- tend alors à plus d’une demi-licue de distance. Ses couplets, parmi lesquels on compte seize re- prises où motils différens, sont diversifiés à l'in- fini: ct cependant une seule octave produit tous ces effets. Les Rossignols ne sont que de pas- sage dans la plupart des contrées de l'Europe , ils voyagent ordinairement seuls et nous arrivent aux mois d'avril et de mai, pour reparlir en sep- tembre. Au printemps le mâle et la femelle se re- cherchent , ils posent leur nid à terre, dans les herbes ou sur les branches de quelque arbuste ; la femelle ne fait qu'une seule ponte, composée de quatre ou cinq œufs ( dans les pays chauds, la ponte a lieu jusqu'à trois et quatre fois) ; qu'elle couve pendant dix-huit ou vingt jours; le mâle la quitte rarement ; perché sur une branche voisine, il s’épuise à chanter comme pour la dés- ennuyer. Lorsque les petits sont éclos, la femelle s’occupe ainsi que le mâle de leur éducation, ce- lui-ci cesse alors de chanter... On prend quelque- fois de jeunes rossignols pour les élever afin de jouir plus tard de la mélodie de leur voix; mais il faut leur prodiguer les soins les plus minutieux, et le plus souvent encore on ne réussit pas; les lar- ves de fourmis, les petits insectes mous, Ja viande finement hachée , quelques fruits tels que les baies, les figues, etc., sont ce qui leur con- vient le mieux. Bec-Fix ruLomËte, S. philomela. Cette espèce habite le nord de l'Europe. On l’observe assez souvent en France. Elle est un peu plus grande que le rossignol, sa poitrine est légèrement ya, riée de reflets grisâtres. Bsc-Fin soyeux, S, sericea. Il a été observé à Gibraltar. Bec-Fix Onpnée, S. Orphea, Temm. Man. p- 198, la F'auvette, Buff. enl: 579, fig. 1. Cette espèceest, comme l'indique son nom, remarquable par son chant; on la trouve dans le midi de l'Europe. Bec-Fin rayé, S. nisoria, Manuel de Temm. p. 200; cette espèce habite le nord de l'Europe. FAUVETTE A TÊTE NOIRE, S. atricapilla, pl. en]. 580, fig. 1. Elle est un peu plus grosse que la Faavette commune ; elle a cinq pouces trois lignes de longueur, et huit pouces six lignes de vol. C’est sans contredit celle de toutes les Fauvettes dont le ramage est le plus doux, le plus mélodieux et le plus agréable, il se rapproche un peu de celui du rossignol. Le dessus de la tête est d’un beau noir profond chez le mâle, le dessus du corps et le derrière du cou d’un gris passant insensiblement au blan- châtre à la poitrine et aux couvertures inférieures de la queue. La femelle, un peu plus petite que le mâle , présente le sommet de la tête d’un brun marron; les jeunes mâles sont semblables à Ja femelle jusqu'à la fin de l’année. | Bec-Fix méranocérnare , S. melanocephala. Ise trouve dans le midi de l'Europe. Bec-Fix sanoe, S. sarda, pl. col. 24, fig. 2. M. dela Marmora a fait connaître cette espèce assez semblable à la précédente par le plumage et le cerle nu qui entoure les yeux, mais dont la queue offre seulement le bord de la penne exté- rieure de couleur claire, tandis que chez l’autre toute la barbe extérieure, ainsi que le bout des deux premières pennes sont blancs. Elle est com- mune dans quelques cantons de la Sardaigne. On la trouve le plus souvent dans les petits buissons des endroits peu fréquentés. Elle existe aussi pro- bablement en Sicile , dans le royaume de Naples et en Espagne. Bec-Fin FauveTrTe ou F. Des sarnins ; S. hor- tensis. Gette espèce est répandue dans toute l'Eu- rope, et en particulier dans les parties méri- dionales de France qu’elle quitte par troupes au milieu de l'automne pour y revenir au printemps ; elle se nourrit d'insectes et de fruits mous, fait son nid dans les buissons , auprès des habitations, et le plus souvent dans les bosquets et les jardins; le chant du mâle ne manque pas d'agrément. La Fauvette est longue de six pouces trois lignes, d’un brun cendré dessus, blanchâtre dessous; la penne externe de la queue aux deux tiers blan- che, la suivante marquée d’une tache au bout, les autres d’un liseré. M. Vicillot décrit comme une espèce distincte la Fauvette bretonne, que M. Temminck ne con- sidère que comme une variété de la Fauvette des jardins. F'AUvETTE GRISETTE, S. cinerea. Buff. , enl. 579, t. 5, n’est guère plus grosse que le Roitelet. Elle a le sommet de Ja tête et tout le dessus du corps d'un > 5 ES 2, BEC 417 BEC Po, d’un cendré brunâtre , les pennes des ailes brunes ainsi que celles de la queue. Le dessous du corps est blanchâtre. Cette espèce , que l’on voit dès le printemps, est répandue par toute l'Europe. En France elle ne fait qu'une seule ponte de qua- itre ou cinq œufs marqués de taches et de zones ‘brunes sur un fond sale. Le nid , composé d'herbes ‘sèches avec des crins dans l'intérieur, est placé à ‘quelques pouces au dessus du sol. … Bec-FIN BABILLARD, 9. curruca. Fauvette ba- | Mbillarde de Buffon, Molocilla garrula. Get oiseau ne présente que des nuances sombres et monoto- mes: Sa tête est cendrée ainsi que le dessus de son ‘corps, qui est mêlé d’un peu de brun. La gorge et ‘le dessous du corps sont d’un blanc teint de rous- sâtre; les côtés et les jambes d’un gris clair. «© La Fauvette babillarde est une des plus com- tmunes en France : elle y arrive une des premières tet ne s’en va que dans le courant d'octobre. Son chant gai, mais sans varialions, qu’elle fait en: tendre sans interruption, lui a valu l’épithète de Babillarde. » Bec-rin À LUNETTES , &. conspicillata ; pl. col. 6, f. 1. Cette espèce a été découverte par M. de La Mormora. Elle est plus petite que la Grisette, à la- quelle elle ressemble un peu; ses couleurs sont plus vives et plus pures ; deux raies noires garnis- ‘sent les lorums et entourent l’œil, d’où le nom | Bec-fin à lunettes. Cet oiseau, dont les habitudes sont celles de toutes nos Fauvettes, se tient dans les contrées les plus chaudes de l'Europe , en Sar- daigne principalement ; il recherche les buissons et les petits bois. Bsc-ri erTrE-cnou ou FaAuveTTE DE PROVENCE, 8, provincialis, enl. 655, 1. C’est une petite espèce à peine plus grosse que le Roitelet, qui rôde durant le jour -auiour des plantations de choux , dans J'intention d'y prendre les chenilles et quelques petits insectes; pendant la nuit elle se cache dans “cette plante, afin d'éviter, dit-on , les attaques des chauve-souris. Le Pitte-chou a le sommet de la tête et tout le dessus du corps d’un cendré foncé; le dessous, jusqu'aux couvertures de la queue in- “clusivement , est d'un roux ondé et varié de blanc; Je:bec est jaunâtre à sa base. BEc-FIN PASSERINETTE , S. passerina. Temm., pl. col. 24, f. 1, le mâle, et Buff., pl. enl. 579, f. 2, la femelle; se trouve en Italie, en Sardaigne , en Espagne, et dans le midi de la France. Sa nour- iture consiste en mouches et en petits insectes “qu'il va chercher sur les feuilles. Il est brun oli- wâtre en dessus, blanc jaunâtre en dessous, et n’a point de blanc à la queue. Bec-r1N su5ALPIN , S. subalpina, Iconographie de M. Guérin, Ois., pl. 14, fig. 2. Cette espèce, “du: midi de l'Europe, a été découverte par Bo- “melli, qui l'a observée en Lombardie, le long “dela Méditerranée et en Sardaigne. L ‘BEc-FIN ROUGE-GORGE, S: rubecula, en]. 361, f. 1. Répandu par toute l’Europe dans les forêts : d’uné grande étendue; ilest surtout très-commun :en Hollande ct en France , principalement dans “Ja Lorraine et la Bourgogne, : C’est un oiseau de Toxe I. LIT: Livraison. passage ; il arrive au printemps et disparaît au plus tard dans le commencement de septembre ; cependant il en reste toujours quelques individus qui se tiennent dans les vergers et les jardins; si le froid devient un peu vif, on voit ces jolis oiseaux frapper aux vitres des fenêtres comme pour deman- der l'hospitalité, entrer jusque dans les maisons et s’y montrer très-familiers. Le Rouge-gorge a le dessus du corps gris-brun, le ventre blanc, et, ce qui lui a fait donner son nom, la gorge et la poitrine rousses ; il niche près de terre, dans les bois. Bec-rin conGE BLEUE , $. suecica, en]. 361 , 2. Reconnaissable à la couleur de sa gorge qui est d’un bleu éclatant; sa poitrine est rousse et son ventre blanc; cette espèce est plus rare que la récédente, on la trouve cependant en France, Ses habitudes sont celles du Bec- fin rouge- gorge. BEC-FIN DES MURAILLES, S. phænicurus, en]. 551; appelé aussi Rossignol des murailles , Gorge- noire , etc. Il est brun dessus , avec la poitrine’, le croupion ct les pennes latérales de la queue d’un roux clair, et la gorge noire. Il niche dans les trous des vieux murs et fait entendre un chant doux , qui a quelque chose des modulations du rossignol. Bec-riN rouGE-QuEuE , S. tithys, le Rouge-queue de Buffon; décrit sous plusieurs noms par Gmelin: I diffèresurtout des précédens parce quesa poitrine est noire ainsi que sa gorge. Îlest plus rare en- core que le Phœnicurus, cependant on le trouve quelquefois en France; Edwards l’a figuré à la planche 29 de son recueil. Tri Les Muscivores forment un troisième groupe parmi les Becs-fins proprement dits. Ces oiseaux se nourrissent de mouches qu’ils prennent au vol et dans les buissons ; ils ontles ailes longues, abou- tissant au-delà du milieu de la queue dont les pen- nes sont égales ou légèrement fourchucs. BEc-FIN A POITRINE JAUNE , S. hippolais, enl. 581, 2. C’est une petite espèce à peu près de la couleur du serin, et une de celles que l’on prend le plus communément. BEC-FIN GALACTOTE OU RUBIGINEUX, S. galactotes, Temm., pl. col. 251, 1. Des parties méridionales de l’'Esp'gne. Bec ein pe Rurrez, S. Ruppeli, Temm., pl. 245 (mâle). Tête et devant du cou noirs, dos cendré; ailes brunâtres ; bordures de la gorge ct du dessous du corps blancs, pieds jaunâtres. Cet oïisseau est européen, il habite l'ile de Candie. Bec-rin Narrérer, S. Wattereri, Temwm., pl. 24, f. 3, $. Bonelli de Vieillot. Il a le dessus de la tête et du cou d’un gris olivâtre ; ses ailes sont vertes et mélangées de brun; sa queue arrondie est brune et verte; le dessous du corpset de la gorge d'un cendré bleuâtre très-clair ; ‘bec et pieds fauves. | Cet: oïseau habite l'Europe ; notamment Ja France; ilest plus commun dans Je midi que dans les provinces septentrionales; on le trouve 53 BEC aussi en Italie ; il se tient dans les buissons, sur le : ‘bord des rivières. Bec-rin cisricose , S.cisticola, Temm. , pl. 6, f. 3, de toutes les contrées méridionales de l'Europe , depuis Gibraltar jusqu'à J'Adriatique. Ilest de la grosseur du roitelet ; jaunâtre piqueté de noir en Enabes un:trait noir sur, l'œil; gorge blanche, ventre et flancs jaunâtres ;.la queue est noire et étagée, chacune de ses -pennes terminée de fauve, Cetieespèce fait chaque année trois pontes com- posées de quatre ou cinq œufs chacune ; son nid est infondibuliforme ou en entonnoir, le plus sou- vent composé de brins d'herbes entrelacés avec “une matière cotonneuse; c’est sur une sorte de coussin fait avec cette matière que la femelle pose ses œufs. Dans certains endroits on l'appelle Bec- que-mouche. M. Savi, qui a observé cet oiseau aux environs de Pise, assure qu’il se tient pendant le printemps et une partie de l'été dans les plaines , et qu ‘il passe le reste de la belle saison dans les marais. Telles sont, d’après M. Temminck , les espèces que l’on trouve en Europe. Le nombre, comme on voit, en est assez considérable et probablement il s’accroîtra encore. Nous allons indiquer mainte- nant , parmi les espèces étrangères à notre conti- nent, celles qui paraissent le mieux déterminées et qui ont été figurées avec le plus d’exacti- tude. + Bec-riN mrenow, S. venusta, Temm., pl. 295, 1 IL est du Brésil. Bec-rin cuz-Roux, S. speciosa, pl. col. 293, 2; également du Brésil. Il n’est pas rare dans les-en- virons de Rio-Janeiro. Bec-riN cERCLÉ , S. palpebrosa, pl. col, 293,5: Espèce rapportée du Bengale par M. Dussumier. Fauverre 16aTA , S, igata , Quoy et Gaimard , Zool. del’ Astrolabe,t, EL, p. 201, pl.11,fig.2. {gata | - est le nom que les indigènes dela baïe de Tasman dans le détroit de Cook, à la Nouvelle-Zélande, donnent à cet'oiseau. M. Temminck range dans le genre Sybia, comme formant deux sous-genres. différens , les Rorrerers et les Troezopyres , que nous décrirons séparément: (Woy. ces mots.) ( Gervais.) BEC-OUVERT ; Anastomus. (ors.) Ge sont des Échassiers assez äbrohläblés aux cigognes ; ils s’ en distinguent par leur bec, dont les mandibulés ne se joignent qu'à Ja baseset. à: la pointe, lais- sant dans le milieu un intervalle vide ; qui paraît être l'effet de la détrition; en effet, on voit à cet endroit les fibres de la substance cornée du bec, qui semblent usées; les narines sont linéaires et longitudinales, les jambes grêles. Les Becs-ouverts vivent sur le bord.des eaux et dans les marais, où il-font la chasse aux reptiles et aux poissons ; ils entrent dans l’eau sans jamais se mettre à la nage. On n’en connaît que deux espèces : Le Bec-ouverr Des Innes, An. Indieut qui est d'un gris brun-cendré; tirant plus ow-moins | au blanchâtre , àrectrices et rémiges d'un noirwif, | bis —---- BEGA. ire trompé par des variétés d'à âge en fit deux espèces distinctes. La seconde espèce est d’ Lune on! a décrite sous le nom de Bec-ouverr mu Cap, An. lamel- ligerus, voyez lapl54 de l’Icon. du règne animal, Elle est à peu près de la taille d’une cigogne ; sa faceest nue; son plamage d’un brun métallisé, avec des reflets pourprés. Les plumes offrent . cette particularité très-remarquable, qu’elles sont, pour la plupart , terminées par une palette-oblongue, noire et très-luisante. Le bec est jaune, et {les pieds sontnoirs. Le Bec-ouvert du Cap est long de: trois pieds environ , dont sept pouces pour le bec; il habite l'Afrique, on l'a observé au Sénégal et dans da Cafrerie. (Gerv.) BECHE,, Lisewre. (is) On a donné ce nom, dans quelques parties de la France, à l'Attelabe Bacchus;età l'Eumolpe de la vigne. (Ÿ, ArreLABr et Eumozpr.) (Guér.) BEDAUDE ou BEDEAUDE. (ors.) Les paysans donnent ce nom à la corneille mantelée. On donne aussi ces noms à divers insectes dont. Je corps présente deux couleurs. (GuËr.) BÉDÉGUARD ou BÉDÉGARD. (ans. ) C'est une galle chevelue et très-odorante qui est produite sur Fa jeunes rameaux des rosiers, par la piqüre de plusieurs espèces du genre Cynips (+. ce mot) On a reconnu que les propriétés merveilleuses at- tribuées à cette substance par les anciens méde- cins sont fausses, et qu'elle n’est que légèrement astringente. ct Guir.) BEDO. ( BoT. PHaN. ) Nom donné à une espèce particulière du genre Arrocarpe (:v,,ce mot), dont quelques botanistes font un genre particu- lier, sous le nom de Siroprem rs v. ce mob ). (T.. B.).: BÉGAIEMENT, PssLisue. (pnys1oL. ) Prononcia- tion vicieuse qui consiste dans la répétition de h mêmesyllabe, et dans la difficulté d’articuler celles- ci ou seulement quelques unes d’entre elles; le Bé- gaiement peut être plus ou moins intense : ce n'est tantôt qu'une légère hésitation dont le, bègue se rend facilement maitre ; tandis que parfois il se consomme. en yains efforts, en contractions inf- tiles des muscles dela face, pour ne produire que des sons sourds et des mots inachevés. La timidité, la colère, la joie, contribuent souvent à augmen- ter le Bégaiement; quelquefois au contraire le: passions vives , une attention soutenue comme dans le chant, la déclamation , la lecture à haut: voix, font disparaître momentanément cette infr- mité. On a prétendu queles femmes ne bégay aien: jamais ; il est certain que chezelles le Bégaiemen: est plus rare. [l'est moins mar qué dans l’enfanc> que dans la puberté, époque où des idées, nou- velles se développent, se pressent el ne rencon- trent pas toujours des mots pour les ‘exprimer. Le Bégaiement diminue vers l'âge mûr æt se pro- longe rarement jusqu’à la visillesses Onva:cherché la cause du Bégaïiement dans quelque vice.de conformation des organes vocaux; ainsi On l'a attribué à la longueur du filet , au vo- _ BEGA #1 Ia9 BEGO' lume de Ja langue, au mode d'implantation des dents‘incisives ; maïs le plus ordinairement l’exa- men de ces organes n’a rien présenté de particu- lier. M. Rullier a supposé que chez le bègue lir- radiation cérébrale qui suit la pensée et devient le principe propre à mettre en action les muscles nécessaires à l'expression orale des idées, jaillit avéc! une telle impétuosité et se reproduit avec une telle vitesse, qu’elle passe la mesure de mo- bilité possible des agens de l’articulation. Mais il y a des individus, a-t-on dit, qui ne bégaient que dans les instans de calme ; il en est qui sont pres- que idiots; ces objections sans doute suflisent poür combattre l'hypothèse de M. Rallier, mais elles ne sont pas suflisantes, selon nous, pour la rejeter entièrement : s’il n’est pas permis d’aflir- mer que cette infirmité doit être attribuée à la trop grande activité de l'imagination en même temps 7à la faiblesse relative des muscles qui servent à l'articulation des sons, du moins est-il raisonnable de supposer un défaut de rapport entrele centre nerveux de l’appareil vocal, sans que ce tort d’or- ganisation $oit appréciable à nos sens. Quelle que soit au reste la nature de ce vice organique, on est parvenu à en étudier assez exactement les ef- fets pour y remédier souvent d’une manière efli- cace. Une dame Leigh, de New-York, devenue veuve, fut accueillie avec bonté dans la maison du docteur Yates. Cherchant tous les moyens de té- moigner à ses hôtes sa vive reconnaissance , elle entreprit la cure d’une jeune personne, fille du docteur, et qui bégayait d’une manière très-pro- noncée. Après avoir observé attentivement un and ‘nombre de bègues, elle s’aperçut qu’à instant où ceux-ci hésitent , leur langue est pla- cée dans le bas de Ha bouche, tandis qu'elle est ordinairement placée contre le palais chez les per- sonnes qui parlent avec facilité ; cette observation la conduisit à engager sa jeune amie à élever la pointe de lalangue vers la voûte palatine toutes les fois qu’elle voudrait parler , et le résultat fut des plus satisfaisans ; seulement la parole ne devint pas d’abord pure ‘et facile, la prononciation resta empütée ; mais avec le temps et en s'appliquant à rectifier ce qu'elle avait encore de vicieux , la guérison fut complète. Madame Leigh fit bientôt Vapplication de son procédé sur un certain nom- bre de sujets, et ouvrit à cet effet une institution pour les bègues. Les avantages de sa méthode , constatés par les médecins les plus célèbres des États-Unis , ont été publiés dans les recueils scien- tiques ; MM. Malbouche la transportèrent en Europe. Ces messieurs apportèrent par la suite des modifications nombreuses à la méthode de madame Leigh, et:ces modifications ont toujours eu pour base la nature même du Bégaiement. L'expérience qu'ils ont acquise leur a permis de reconnaître pour ce vice d'organisation plusieurs espèces qu'ils ont ainsi classées : 1° Impossibilité momentanée d’articuler ; 2° Doublement précipité des syllabes ; # 3° Arrêt de la parole par habitude d'esprit ; … 4 Bredouillement ; 1114 5° Difficulté pour les lettres d'avant ; 6° Zézaiement ; 7° Difficulté pour les lettres de haut ; 8 Difliculté pour les lettres d’arrière; FÈR 9° Difliculté pour les trois articulations k, p, t. MM. Malbouche, encouragés par les suffrages de nos plus célèbres physiologistes, ont depuis plusieurs années entrepris la guérison d’un grand nombre de bègues , et presque toujours les succès les plus honorables ont couronné leurs essais. D’autres procédés ont été mis en usage pour la cure du Bégaiement, et il est juste de citer avec distinction ceux de M. Deleau, de M. Serres d’Alais. De ce concours d’eflorts il adviendra, nous devons l'espérer, des indications tellement positives , que les moyens de remédier au Bégaie- ment seront aussi faciles dans leur application que constans dans leurs résultats. (PB. Genis.) : BEGONE, Begonia. (sort. pran.) Lorsque les caractères scientifiques ne suffisent pas pour dé- terminer le rang d’une plante dans l’ordre natu- rel, il faut bien s'appuyer sur quelques particu- larités vulgaires, qui, comme les recettes de ménage, ont souvent un fondement réel. La plante dont on vient de lire le nom est très-anomale, c'est-à-dire que, malgré les observations les plus approfondies, on ne peut la rapporter à aucune : des classes de Jussieu. Mais par le port, par les stipules, et surtout par l'acidité de ses feuilles, elle a des points de ressemblance avec l’oseille ; c’est le nom qu'on lui donne dans les colonies, où l’on emploie ses feuilles pour l’usage de la table, Nousrapprochons donc le Begonia de la famille des Polygonées ; M. Richard en a fait le type d’une nouvelle famille, ( oyez l’article suivant.) Les fleurs du Bégone sont unisexuées et mo- noïques , et disposées en panicules terminales, où sont entremélés les mâles et les femelles ; les en- veloppes florales sont au nombre de 4 à 8, toutes colorées, mais inégales et disposées sur deux rangs; on peut y voir un calice double, ou un calice et une corolle. Les étamines, assez nombreuses ; forment un tube cylindrique, ou bien sont libres et distinctes. L’ovaire porte trois stigmates bipar- tis. Le fruit est une capsule triangulaire, ailée sur les coins, à trois loges, renfermant des graines fort petites. Les plantes de ce genre ont en général des tiges épaisses et charnues, presque toujours herbacées ou à peine lisneuses ; des feuilles alternes, sim - ples, accompagnées de deux stipules. On en compte une quarantaine d'espèces, originaires de l'Asie orientale et de l'Amérique. Celles qu'on cultive particulièrement dans nos serres sont le Begonia discolor, de la Chine , dont les feuilles et la tige sonten partie rouges et les fleurs roses (représenté dans notre Atlas, pl: 47, fig. à}, et le B. nitida, des Antilles, dont les feuilles sont vertes et luisantes. (L.) BÉGONIACÉES , Pegoniaceæ. (not. PmAN. ) C'est le nom de la nouvelle famille instituée par M: Richard pour le seul genre Begonia. Elle res- tera, comme:lui; sans place fixe dans J’ordre na- turel, car la classe des Apétales à étamines épi- gynes, dans laquelle elle devait entrer, est com- posée de familles toutes différentes de caractères. Nous avons parlé des rapports du Bégone avec les Polygonées, dans la classe des Apétales périgynes; nous indiquerons encore les Cucurbitacées , avec lesquelles il a de commun l'ovaire infère, à trois loges , et la structure des sligmates. (L. BEHEMA et non BEHEMOTH. (mam.) Disons d’abord les erreurs répétées jusqu'ici relativement à ce nom, que l’on tient généralement pour inex- plicable et peut-être comme une simple allégorie ou bien cachant un sens mystique. La plupart des commentateurs juifs et chrétiens lisent et écrivent Behemoth au singulier , tandis qu'ilest le pluriel du mot Behema ; première erreur. La se- conde , c’est de penser, avec les Rabbins, qu'il signifie, non pas la Baleine, mammifère des mers du Nord , ainsi que l'avance un compilateur mo- derne, mais le Crocodile, appelé par les anciens Egyptiens Champsa et Champses , par les Hébreux Leviathan, puisque cet amphibie ne vit en société avec aucune espèce d'animaux, si l’on excepte le Pluvier tek-tak , comme l’observa fort bien Hé- rodote , il y a près de 27 siècles. La troisième er- reur est d'assurer, avec Bochart, Scheuchzer, et plusieurs naturalistes, que le nom de Behema fut celui de l'Hippopotame, ou du Rhinocéros, ou bien encore celui du Morse : je ne partage point ces divers sentimens. Le Behema joue un très-grand rôle dans l’Apo- calypse, el en recourant au livre de Job , où l’au- teur en parle dans un langage rempli d'hyper- boles, il n’est guère possible, au premier coup d'œil, d'appliquer les expressions employées à un être réel:tous ceux qui jusqu'ici tentèrent l'en- treprise ont échoué; le résultat de mes recher- ches sera-t-il plus heureux ? Rarement la science et la poésie marchent en- semble, et il est toujours difficile d'établir entre elles un accord parfait, surtout quand le poète n’offre point dans son style le sublime d’un Ho- mère où du chantre des Géorgiques, quand il ne réunit pas dans ses peintures l’aimable naïveté, la sévère exactitude de ces deux grands génies. Cependant il me semble reconnaître le Masto- donte géant ou Mammouth dans l’animal nommé dans l'Apocalypse et si bizarrement décrit au livre de Job (xr,10ù19). Ce grand mammifère herbivore appartient aux premiers âges qui suivirent la catastrophe physique à laquelle la terre doit sa forme actuelle, et dont les diverses périodes sont inscrites, en caractères ineffaçables , aux flancs des plus hautes mon- tagnes ; il était constitué de manière à vivre éga- lement au nord comme au midi, puisqu'on re- trouve ses débris fossiles sous Loutes les climatures , dans l’ancien aussi bien que dans le nouvel hémi- sphère, tantôt isolés, tanlôt el le plus ordinaire- ment mélés à ceux d’une foule d'animaux paci- fiques, dont nous ne connaissons que les squelettes plus ou moins entiers. Le Mastodonte a laissé des souvenirs profonds dans l'esprit de celui qui le voyait paître au milieu des troupeaux; l’imagina- tion fleurie et le plus souvent délirante des Orien- taux, s’est emparée de ces impressions, et, tout en respectant une partie des faits qu'elle ne pou- vait détruire , elle a représenté le Behema sous des rapports exagérés ; elle en a donné des images grotesques , qu’elle accompagna des idées les plus extravagantes, afin de solliciter plus vivement les émotions de l’homme stupide ou égaré qu’elle cherchait à attirer vers un’ but secret : c’est ainsi qu’en agissent aujourd'hui ces pauvres écrivains qui se complaisent à peindre le crime en action, les noires pensées du bagne, et se louent de re- tremper incessamment leurs plumes dégoütantes dans la lie et au coin de la borne. IL est à regretter que le livre où Théophraste, au rapport de Pline (xxxvi, 18), mentionnait le Mastodonte , ne soit point arrivé jusqu'à nous ; il justifierait pleinement l'opinion que j’émeis. En effet, en suivant ce qu'il y a de raisonnable dans le texte de Job , le Behema mangeait l'herbe suc- culente des plaines et celle moins abondante et plus sèche des montagnes; il se plaisait au milieu des autres animaux et parliculièrement des bœufs, dont la tradition, chez les ancienset chez les peu-: ples nomades de l’Asie et de l'Amérique, le regarde comme le père ; il réunissait la force à la douceur, l’une était la conséquence de sa masse énorme, de sa taille gigantesque , l’autre de lanature même de ses alimens et de ses habitudes ; dans les pays chauds il aimait parfois à se rafraîchir en se plon- geant dans l'eau, à se tenir sous l'ombre des ar- bres penchés au dessus des torrens ; il supportait volontiers le froid des régions septentrionales ; dans la colère et au temps des amours il dressait sa longue queue, qui paraissait alors comme le cèdre antique aux cimes du Liban ; etc., etc. Gésénius estime que le mot Behema des Hé- breux est une corruption de l’ancien mot égyptien Pehemout qui, selon lui, signifie animal ami des caux ; Bochart veut, au contraire, qu'il vienne de l’une des branches du Nil, ou le Niger , que le Carthaginois Hannon, selon le dire de Polybe, assurait être appelé Bamoth où Bambot. S'il se rencontre des ossemens de Mastodonte dans cette contrée , la seule herbeuse de l'Afrique centrale, mon opinion en recevra le dernier degré de cer- titude que j’entrevois. (T. ». B.) BÉLEMENT. (mwaw.) C'est le nom que l'on a donné au cri de certains mammiftres, tels que les brebis et les chèvres. (Gerv) BÉLEMNITE, Belemnites. (mozz.) Gorps fossile dont la plupart des auteurs se sont accordés à former un genre de Céphalopode, et dont le nom vient de l’analogie de forme qu'il présente avec une espèce de’ dard que les anciens nommaient Belemnon. Ces fossiles sont droits , en forme de cône allongé, plus ou moins déprimés, acuminés par nn bout et ouverts de l’autre, composés d’un cnlouragé formé par un réseau de petites lo- cules serrées , transversales et divergentes du centre à la circonférence, enveloppant une série de loges transversales qui forment un ensemble BELE BELE A ————————————pZ er, conique , garni le plus souvent du côté marginal d’une gouttière. Peu de corps fossiles ont donné lieu à de plus nombreuses recherches, de plus vives discussions, et dès une. époque aussi reculée, que les Bélem- niles, soit à cause du merveilleux que l’on avait gratuitement jeté sur leur origine et leurs pro- riétés ; soit à l’aspect du grand nombre d’échan- tillons que les révolutions du globe ont abandonnés à la surface du sol européen , soit enfin à cause de la difficulté qui s’est toujours présentée de leur assigner une place fixe et surtout convenable au rôle qu’elles ont. dû remplir autrefois. D’abord on les rapportait au Lyncurium ou Lapis lyncis de Théophraste, dont les anciens formaient des ca- chets gravés etsur lequel on débitait tant de fables, par exemple d'être le produit de la solidification de l'urine de lynx ; mais ce rapprochement a été avantageusement combattu par plusieurs auteurs , et M. de Blainville pense même que les Bélemnites n'élaient pas connues des anciens. George Agricola (1546) fut le premier qui les signala d’une manière évidente , puis après lui une foule d’auteurs, les décrivant plus ou moins, crurent pouvoir expli- quer leur origine. Quelques uns d’entre eux les firent venir de différens coquillages et notamment de la pinnemarine; d’autres les regardaient somme des dattes pétrifiées, des stalactites, du succin durci, des morceaux de silex, des zoophytes pierreux, des queues d'écrevisse, des animaux voisins des oursins, des dents de gros poissons, des griffes de certaines étoiles de mer, etc., etc. Enfin d'Ebrart (1722) fut le premier qui les con- sidéra comme. des dépouilles des Géphalopodes, voisins des nautiles et de la spirule, et cette idée, adoptée par Deluc, Miller, M. de Blainville et beaucoup d’autres, se trouva tellement fortifiée de l'opinion de ces savans , que l’on vit dans cette dé- pouille fossile une pièce analogue à l'os des seiches, et que l’on tenta même par l’analogie d'établir les caractères des animaux auxquels elles avaient ap- parlenu ; les travaux de M. de Blainville ont sur- tout contribué depuis quelque temps à asseoir sur celte matière l’opinion des naturalistes. D'abord il démontre le peu d’analogie, déjà signalé par Klein , qui règne entre ces corps et le Lyncurium des anciens; adoptant ensuite le rapprochement des Bélemnites avec les os de seiche, il conclut que ces fossiles appartiennent à un animal pair, symétrique ; qu'ils sont complétement intérieurs , et que, comme l'os des calmars, ils étaient «contenus dans une loge. de l'enveloppe dermoïde , dont les parois déposaient la matière calcaire. IL ajoute par analogie que les Bélemnites devaient être dorsales et terminales, et que lorsqu'elles étaient complètes , l'extrémité des viscères de l’a- nimal y élail renfermée. Peu d'années après, un travail non moins re- marquable parut sur le même sujet; son auteur, M. Raspail, n'étant point convaincu par le mé- moire de M, de Blainville et s'étant livré à une étude approfondie des Bélémnites d’une collection qui Jui avait té confiée, se forma une tout autre idée de leur origine, et consacra un mémoire étendu au développement de sa manière de voir, dont le résumé est que les Bélemnites ne sont point des débris d'animaux mollusques, mais plu- tôt des appendices culanés d’un animal marin, peut-être voisin des Échinodermes. 1l ajoute que ce que l’on est convenu d’appeler l’alvéole , et que M. de Blainville regarde comme le noyau minéral de la cavité de la coquille , est un être étranger à la Bélemnite, et qu'il désigne sous le nom d’al- véolite. D'après tout ce que nous venons de dire , on voit que la discussion sur l’origine des Bélemnites n’est pas encore fermée, et que, malgré l'adop- tion provisoire du système si souvent émis et si souvent défendu par M. de Blainville , le doute plane encore sur ce sujet, et que l’on ne doit at- tendre une solution certaine que du temps et de la constance des naturalistes. Lamarck comprenait les Bélemnites dans la fa- mille des Orthocérées. Cuvier en fait une famille à part, voisine des Ammonites. M. de Blainville les place dans la famille des Orthocérées, ordre des Polythalamaces, et M. d’Orbigny dans celle des Péristellées , faisant le passage aux Foraminifères. Les espèces de ce genre sont nombreuses. M. de Blainville en signale cinquante ; mais on en compte davantage aujourd'hui; elles appartien- nent toutes à l'Europe , et on n’en a point encore rapporté des autres parties du monde. Notre pl. 47 représente deux de ces espèces : 1. B. mucroxée; 2. B. DE SCANIE. (Ranxc.) BELETTE, Mustela putorius. (mam.) C’est une jolie petite espèce du genre Putois (Putorius) ; Buffon l’a figurée t. vir, pl. xxx, f. 1, de son Mist. nat. , et M. F. Cuvier dans le 2° vol. de l'Hist. des Mammifères. Cette espèce est un peu plus petite qu'un rat, longue de six pouces quatre lignes seulement , sur lesquels la queue mesure un pouce six lignes ; elle a toutes les parties supé- rieures du corps , c’est-à-dire le dessus de la tête, le dessus et les côtés du cou ainsi que du tronc, ct la face interne des membres, d’un beau marron clair ; la mâchoire inférieure , le dessous du cou, le ventre et les membres à leur partie interne, sont couverts de poils blancs; une pelite et unique tache brune existe à la mâchoire inférieure en ar- rière de la bouche. Le muflle et les yeux sont noirs. La Belette se trouve par toute l’Europe méri- dionale et tempérée; dans le Nord elle est beau- coup plus rare, et ne change pas ordinairement de couleur comme l’hermine; d’ailleurs, ce qui suffit pour l'en distinguer, c’est qu’elle n'a ja- mais le bout de la queue noir; elle se tient dans le voisinage des habitations rurales; chez nous elle est très-commune et fort redoutée des fer- miers ; en effet elle est très-carnassière, et sa taille lui permeltant de passer par les plus petites ouver- tures , elle s’introduit souvent dans les colombiers et les. poulaillers : attaque les poulets et les poussins, qu'elle tue par une seule blessure faite à la tête, et les emporte ensuite; quelquefois elle BELL aussi les œufs et les suce avec une incroyable ra- pidité. Pendant la mauvaise Saison Ces'animaux se ! réfugient dans les granges ; où lés rats et les sou- ris leur fournissent une proie assurée; c’est à cette époque de l’année que les sexes se rapprochent ; les femelles mettent bas au printemps quatre ou cinq petits, qu'elles déposent sur un lit de pailles ou d'herbes sèches. En peu de temps toutes les jeunes Belettes ont pris assez d’accroissement et de force pour suivre leur mère à la chasse ; lors- qu’on les prend à cet âge; elles sont susceptibles de quelque éducation. De même que le furet et le putois, la Beletté porte une odeur très-forte: aussi ne craint-elle point l'infection; elle se glisse dans les lieux les plus sales pour peu qu’elle espère y trouver quelque butin. Buffon rapporte « qu’un paysan de sa cam- »pagne prit un jour trois Belettes: nouvellement »nées dans la carcasse d’un loup qu’on avait sus- » pendu à un arbre par les pieds de derrière; le » loup était presque entièrement pourri, et la mère » Belette avait apporté des hérbes, des païlles et » des feuilles pour faire un lit à ses petits dans la » cavité du thorax. » (GErvars.) BELIER: (maw.) C’est le mâle de la brebis. Get animal est en état d’engendrer à dix-huit mois; mais il est mieux , pour ne pas l’épuiser, d'attendre qu il ait atteint trois ans. Dans les troupeaux onne conserve ordinairement qu'un petit nombre de ces individus mâles, puisqu’un seul peut aisément suffire à vingt ou vingt-cinq brebis. Voyez Particle Mourox de ce Dictionnaire, où il sera parlé avec plus de détails des différentes races de ces animaux. ‘ (Gerv.) BELIER. (nan. et aan.) Le mâle de nos bêtes à laine domestiques ; la femelle se nomme Brebis ; les Agneaux et A gnelles sont les petits de l'année, que l’on appélle Anténois ct Primettes à la seconde annce, ou, quand ils ont subi la castration, Mou- tons et Moutonnes. Ilest-peu d'animaux qui présen- tent autant de ressources; aussi regarde-t-on, avec notre Olivier de Serres, « comme un corps sans âme une métairie sans bétail à laine». L'homme se nourrit de son lait , et par diverses préparations il'en fait un aliment qui se garde et qui devient , pour certaines localités, un objet important de commerce. La dépouille de la bête "à laine s’ap- plique à nos besoins et alimente presque toutes nos manufactures ; elle fertilise nos champs par un engrais très-actif; sa chair se trouve sur toutes les tables, depuis celle du sauvage caché dans les cavernes ; jasqu’à celle du citadin le plus recher- ché dans ses goûts ; l’industrie s’éempare de ses os, de son sdif: de ses boyaux , pour fournir aux arts des matières d’une grande valeur. Il y a deux types essentiels de bêtes à laine, celui à laine longue et filamenteuse qu’on appelle MénriNos (v. ce mot) , qui est grand et haut, et dont l'existence en Europe “OEE à une haute antiquité ; celui à laine courte et frisée , d’une taille moyenne , qui dérive du MourrLon {e. ce mot), que nous trouvons à l’état sauvage en Corse, en Lds se’contente de leur manger la-cervelle; elle casse: BELL: Sardaigne ct'autres lieux. La culture a singalière- ment multiplié les races nes de ces détes types Fr les unes y ont gagné; les autres y ont perdu des qualités essentielles, (T. ». B.) BELIÈVRE. (céor.) Dans la Normandie om donne le nom de Believre à une argile plastique qu’on y exploite sur quelques points pour la fabri- cation des poteries. (Cu. V.) BELLADONE, Ætropa. (8orT. pHan.) Presque: toutes les espèces de ce genre sont des poisons narcotiques ; les jeunes personnes et surtout les enfans, séduits par lerapport de grosseur, de forme et de couleur de leurs fruits avec la cerise, qui mangent quelques unes de leursbaies , éprouvent : assure-t-on , une ivresse complète , à laquelle suc- cèdent le délire, une soif inextinguible , de violens efforts pour vomir, des convulsions et la mort la plus déchirante. On a de même exagéré les eflets de la plante, quand on a dit qu'ils amenaient les mêmes résultats lorsque seulement on se reposait sous son ombrage. Son action extérieure est nulle, puisque les Italiennes se servent‘encore du suc des feuilles pour blanchir la peau , et d’une espèce de fard obtenu par l'expression du fruit parvenu à sa seconde époque. C'est de cet emploi dans la toilette que l'on fait dériver son nom français, tandis que celui botanique rappelle une des trois parques de la mythologie grecque et en même temps les qualités malfaisantes des Belladones. Si le danger que lon peut courir en les laissant pulluler dans les jardins, aux alentours de nos habitations rurales, n'était tempéré par les pro- priétés héroïques qu’elles fournissent à l’art de guérir , et par la belle couleur verte à l'usage des peintres en miniature qu'on relire des baies RTE lies avant leur maturité, l’on ferait très-bien de les extirper avec soin. L'opération ne- serait pas facile, la plante renaissant de la moindre portion de racine échappée aux recherches; et ces mêmes racines étant fort cassantes, très-longues et vivaces. Parmi les espèces , il convient Fa distinguer la B£iLADONE commune, 4. belladona , que lon trouve partout dans les lieux habités et dans les bois , s’ÿ multipliant elle-même par ses semences et ses racines; elle monte à près de deux mè- tres, forme un buisson ouvert, large, étendu, mais d’un aspect triste; les tiges sont très-rameuses, couvertes de feuilles grandes, molles, pubescentesh} imprimant aux doigts qui les froissent une odeur vireuse, fort désagréable; de fleurs d’un rouge terne, qui s’épanouissent en juinet juillet; debaies d’abord vertes, puis rougeâtres, et absolument noires à leur parfaite maturité , pleines de jus et semblables à la cerise-guigne. Cette espèce est représentée dans notre Atlas, pl. 47, fig. 7. On bultises moins pour l'agrément que pour læ variété, DANS Nr À. frutescens, dont le buisson est plus gaï , les feuiilee petites, arrondies en cœur, presque übtuses; les fleurs jaunâtres; ainsi que la B&LLADONE À FEUILLES DE NICOTIANE , A. ar- borescens, arbrisseau de l'Amérique méridionale , aux fleurs blanchâtres, portées sur de courts pé- doncules, réunies en faisceaux; les feuilles sont # x F t LA \ ut, # J Benibex 2 Benturone: 3 Pers 4 PBermudienne 3 6 Béroe 7.Bielur ’ - BELL 23 BEMB “'Arès-vertes , Técorce grisâtre , le bois moelleux. Elle demande de fréquens arrosemens en été. ‘On .coimprend à tort parmi les Belladones la Mandragore , si fameuse dans l'antiquité , et qui ‘constitue un genre séparé : j'en traiterai plus loin. (Foy. Manpracons.) Elle est représentée dans la pl. 47; fig .4, 5,6 de notre Atlas. ibiukénet appelle Belladone une espèce de Mo- À elle (le Solanum vespertilio) qui croît aux îles Ca- naries,, (7’oy. Morezce et Permenrow). Les horti- * colés donnent aussi improprement le nom de Belladone d’automne à YAmaryllis à fleurs roses, et celui de PBelladone d’éte où de Rouen X l'Ama- ryllis rayée. (Joy. Amanvrris.) (T. D. B.) BELLE-DAME, (ins. ) Nom vulgaire d’un Papillon ‘de France du genre VAngssE (oi ce mot). Cest la Vanessa Caniluit de Lintié. BELLE-DAME. (8or. rHan.) On donne ce nom à] Amaryllis belladona , à la Belladone et à l'Atri- plez hortensis. (Voyez Arnocus.) BELLE DE JOUR. (sor.Puax.) Nom vulgaire du Convolvulus tricolor. BELLE DE NUIT. (ors. et BoT. PHAN.) C'est le nom de la Rousserolle, T'urdus arundinaceus , L. (7, Suivre et BRCS-FINS), et d’une espèce très-ré- andue ‘du genre Nycrace. ( Woy. ce mot.) BELLE DE VITRY. (Bo. pnax.) On donne ce nom à une variété de Pêche. ( Joy. Pêcuer.) BELLE D'UN JOUR. (zor. rnan.) C’est le nom de l’Asphodèle et de l'Hémérocalle, (Guér.) BELLOTE,. (sor. Pan.) Nom d’une variété de Chêne vert, Quercusilex, à feuilles rondes, bor- dées de dents épineuses et d’un gris glauque en dessous, que l’on trouve dans le midi de la France, en Corse, en Italie, en Espagne, sur les côtes de l'Afrique méditerranéenne ; ses glands allongés sontalimentaires. On l'appelle assez généralement, avec Desfontaines, Ballote , mais il faut dire Bel- lote, que l’on prononce Berllote. Nul doute que ce ne soit. de: cette espèce de glands que les anciens ont youlu parler quand ils ont dit que l’homme despremiers âges, des âges qui précédèrent l’art de: cultiver la ete, ivareet du gland. On avait ré- yoqué en doute ce fait de l CRITTE des peuples du midi, en Considérant la saveur acerbe du fruit de nos chênes du nord ; mais l'existence du: Chêne bellote dans les grandes forêts des pays chauds, . ais le plaisir que l’on trouve à manger ses glands, leur goût fin de noisette qui sollicite l'appétit et le satisfait agréablement, justifient pleinement les assertions des historiens, Quand on étudie con- sciencieusement l'histoire naturelle, on détruit bien des erreurs accrécitées, on donne du poids aux faits qui paraissent aventurés , et l’on étend les ressources de l’indigent ou de celui que l’m- justice , une atroce persécution forcent à se sous- pure aux passions pleines de rancœur. (T. ». B.) BELLUÆ. (maw.) C’est le His donné par Linie au sixième ordre * des animaux :mammi- fères. Les genres Hippopotame, Tapir, Cochonjet: Toro placés par ce célèbre naturaliste dans l'ordré des Belluæ ,! composent, ‘avec les ÉlE- phans, celui des Pachydermes dans la méthode de Cuvier, Règne animal, LE, p.256. : (Gærv.) BELOSTOME , Belostoma. (ixs.) Genre d'Hé- miptères de la faille des Hétéroptères, tribu des Hydrocorins, séparé par Latreille des Nèpes, avec lesquelles ils avaient toujours été confondus , parce qu’il sont les larses de deux articles et les antennes presque pectinées. Ges insectes, carnassiers sous tous leurs états, sont les géans de: l’ordre des Hémiptères ; quel- ques uns “ateignent deux pouces et demi à trois pouces. Ce sont de terribles punaises ; il est pru- dent, quand on les saisit, de ne pas s’ exposer à sentir les atteintes de leur sucoir, qui est très-ro- buste et dont la piqûre doit être très-douloureuse. Presque toutes les grandes espèces ont été con- fondues sous le nom de N. grande, Vepa gran- dis, Lin. ; mais elles forment plusieurs espèces très-distinctes. Nous nous contenterons , pour donner une idée de ces insectes , de citer la plan- che 26 du 1.3 de Ræsel, où il y en a une figu-- rée, et nous renvoyons au mot NèPe pour les détails des mœurs. (A. P.) BELUGA. (am) Espèce de Dauphin du genre Delphinaptère de Lacépède. Elle à douze à dix- huit pieds de longueur;.sa couleur générale est un blanc jaunâtre. Une légère éminence remplace la nageoire du dos; la tête est obtuse, à museau conique et court; les dents sont inversement obliques, courtes, émoussées , au nombre de neuf de chaque côté, en haut comme en bas. Cette espèce habite les mers du pôle boréal ; c'est le Delphinus leucos de Gmelin, et le D. albi- cans de Bonnaterre; voy. son Atlas de Cétolo- gie, pl. 24. (GERV.) S BELZÉBUTH ( mam.) Le singe li M. de Humboldt nomme le Morimonda est le Coaita à ventre blanc de G. Cuvier. Il appartient au genre ATÈLe (voy. ce mot). Il est généralement d’un now brun, moins foncé sur la croupe; le ventre, qui est blanc chez les femelles et les jeunes in- dividus , tire sur le jaune dans les mâles. Cette espèce est une des plus‘ répandues dans la Guiane espagnole ; sa démarche est lente; son caractère doux et timide; elle habite par troupes les bords de l'Orénoque, où les Indiens la chassent: pour s’en nourrir Le Belzébuth a été figuré dans lP'Hist. des Mamm. de M: Fréd. Cuvier..t, ur, hvraison 58. (Gzrv.) BEMBEX , Bembex. (ixs.) Genre d'Hyménop- tères , section des Porte-Aiguillons ; famille des Fouisseurs, fondé par Fabricius, ayant pour ca- ractères : prothorax très-court ; antennes comme coudées après le secend article, plus grosses vers l'extrémité; tarses munis de cils dc. surtout dans les femelles ; labre allongé, mâchoires et lèvre formant une fausse trompe fléchie en des- sous, palpes très-courts; les maxillaires de quatre artreles,, les labiaux de deux. Les Bembex ; au premier abord , ont assez l'ap- parence des guêpes, leur corpsétant Comme chez BEMB celles-ci nuancé de noir et de jaune; mais ils en diffèrent beaucoup ; la tête est transverse , per- pendiculaire, aussi large que le corselet ; les yeux sont grands , rapprochés, les mandibules sont al- longées ainsi que le labre ; l'abdomen est allongé, très-conique , terminé dans le mâle par des orga- nes sexuels apparens et garni en dessous à quelques uns de ces animaux de dents ou crochets. Les ailes ont une cellule radiale et trois cubitales dont la seconde recoit deux nervures récurrentes; les jambes sont courtes, assez robustes, et munies, surtout les antérieures, de poils ou cils qui les rendent propres à fouiller le sable. Ces insectes sont plus particulièrement propres aux pays chauds, et ne font leur nid que dans les terrains sablonneux: c’est là effectivement au plein -soleilqu'il faut les chercher; les femelles creusent es trous assez profonds où elles empilent des dipières , surtout du genre syrphe. Elles déposent avec un œuf et referment le trou pour aller re- commencer ailleurs. La larve , lorsqu'elle sort de sa première enveloppe, trouvera toute prête la nourriture dont elle aura besoin jusqu’à son par- fait accroissement; mais il arrive souvent que pendant que la mère est absente, un intrus se hâte d'entrer dans sa demeure et d'y pondre un œuf, dont la larve vivra aux dépens du véritable propriétaire; cet insecte est le norpès pincarnat ; c est aussi dans le même endroit que l’on peut voir les préludes de l’accouplement; car les mâles, at- tentifs à guetter les femelles, se précipitent sur elles et roulent souvent long-temps avec elles dans la poussière, Dans nos climats ces insectes parais- sent au mois de juillet; le nord n’en compte qu'une ou deux espèces, mais le midi et surtout les pays chauds étrangers en fournissent beaucoup et même de grande taille. Beupex À BEC, B. rostrata, Panzer, Faun., Ins., Germ., fase. I, 1ab. 10. Long de 8 à 9 lignes , noir avec cinq bandes jaune-citron dont la première interrompue et les autres sinuées et comprises sur le dernier segment ; bord du premier segment bordé de jaune; pattes entièrement jaunes: cha- peron el dessous des antennes entièrement jaunes dans les mâles ; dans les femelles le chaperon est traversé par une bande noire , et le dessous des ‘antennes à partir du second anneau est noir. Des environs de Paris. Nous l’avons fait représen- ter dans notre Atlas, pl. 48, fig. v. MÉANP. ) BEMBIDION, Bembidion. (ins) Genre de Co- léoptères de la famille des Carnassiers, tribu des Carabiques, division des Subulipalpes. Cette divi- sion peut se réduire facilement au seul genre Bembidion; car les genres T'achypus, Lopha no- taphus, Periphus, Leja, etc. , etc. dé MM. Me- gerle el Zieglerne diffèrentdes Bembidions propre- ment dits, que par des formes de corselet qui ne devraient jamais servir à établir des senres. Ce De Bembidion a donc pour caractères, sa- voir : l’avant-dernier article des palpes extérieurs des mâchoires en forme de cône renversé, se réunissant avec le suivant et formant avec lui une espèce de fuseau terminé en manière d’aléne, et LE BENI É les pattes antérieures échancrées au côté interne, Tous les insectes de cette division sont de petite taille, habitant sous les pierres des sables humi- des , soit au bord desruisseaux, soit au bord de la mer où ils sont quelquefois recouverts par la marée; leur manière de vivre est, on présume, celle de tous les autres carnassiers:; on en connaît un assez grand nombre dont on peut voir l’'énumé- ration dans la seconde édition du Catalogue de la collection de M. le comte Dejean ; nous én citerons seulement quelques espèces, tels sont : B: A PIEDS sAUNES , B. flavipes, Linn. , Panz. Faun. ins. Germ., xx, 2: le B. minutus, Panz. Faun. ins. Germ.,xxxvin, 103 le B. roxcrué, B. punctatus, Linn. Oliv., col. 35, x1v, 163; B. Des PIERRES, B. rupestris. Il est long de deux à trois lignes; tête, corselet, partie discoëdale des élytres réu- nies, représentant uñe large croix verte bronzée ; antennes petites , quatre taches aux quatres angles; des élytres fauves. Des environs de Paris, où il est commun. ( A. P.) BENGALI. (z0o1.) C’est le nom d’un joli petit oiseau qui appartient au genre Gros-bec, et de deux poissons des genres Holocentre et Chétodon. (Voy. Gros-BEc, Hococexrre et Cnéronon.) (Guér.) BENINCASA. (mor. pan.) Genre de plantes de la famille des Cucurbitacées et de la Monoécie monadel»hie, créé sur la fin de 1817 par G. Savi, en mémoire du second fondateur, en 1599, du jardin botanique de Pise , et que le premier , dans le mois de mai 1818, jai fait connaître en France. Le Benincasa est naturellement placé entre la courge, Cucurbita , et le concombre , Cucumis. I] diffère de ce dernier genre ,1° par sa corolle rou- lée et partagée , comme celle de la digitale, di- gitalis, en cinq divisions qui s'étendent à la moi- tié environ de sa longueur totale ; 2° par ses se- mences , dont la marge est obtuse , et qui sont dé- pourvues du petit bourrelet que l’on voit sur celles de [a courge ; 5° par ses étamines, au nombre de trois , séparées, distantes , avec anthères égales ; 4 il s'éloigne de toutes les autres cucurbitacées à capsule multiloculaire , en ce que chez lui tous les individus sont polygames. On ne connaît qu'une seule espèce le Bexix- CASA PORTE-CIRE, Penincasa certfera, originaire de la Chine, où il croît spontanément. Cette plante est annuelle, persistante; sa tige, flexible et sarmenteuse , est armée de vrilles; elle porte des feuilles cordiformes, plus ou moins lobées, très-découpées , et des fleurs rouges, roulées , les unes mâles, disposées en entonnoir, les autres, monoclynes, plus évasées. Le fruit ressemble beaucoup à une poire de doyenné ; sa chair est blanche , tendre et exhale l’odeur du concombre, Les graines sont plates, ovales, obtuses, placées au centre du fruit ct'enchässées dans six loges. Toute la plante est munie de poilsrudes, l'ovaire perd les siens à mesure qu'il grossit; les feuilles, la tige et surtout les fruits sont couverts d’une cfllorescence blanchâtre, qui est une véritable cire, analogue à celle des abeilles, et absolument semblable | — . BENJ 425 BENT or semblable à celle que fournissent les ciriers, le palmier des Andes , etc. , etc. La cire végétale exsude par tous les pores du Benincasa en telle abondance, que son fruit en paraît tout blanc, de vert foncé qu'il est dans le principe ; si on l’eniève, elle revient prompte- ment , et la production se renouvelle jusqu'à ce que l'enveloppe du fruit soit parvenue à un .état voisin du ligneux. Sous ce point de vue le Benin - casa sera quelque jour très-utile. Sa culture est absolument la même que celle des autres cucurbi- tacées, qui toutes nous sont venues des pays chauds et sont généralement acclimatées en France. Le fruit peut devenir alimentaire et son feuillage être donné aux vaches, comme on le fait en Al- lemagne , notamment aux environs d’Erfurt, pour les feuilles du concombre , où la culture de cette plante est très-abondante. Le Benincasa fructifie très-bien et fort vite en France: il n’est encore cultivé que par quelques amateurs. (T. D. B.), BENJOIN. (Bot. pnax.) Substance balsamique que l'on obtient à l’aide d’incisions faites sur le tronc du Styrax Benjoin de Driander , lorsque cet arbre a atteint sa cinquième ou sixième année. Le Styrax Benjoin est un arbre qui croît aux îles de Sumatra, de Malaca, de Java, qui se plaît dans les plaines , sur le bord des rivières, et qui appartient à la famille des Styracées. Les caractères botaniques du Styrax Benjoin, sont les suivans : tronc élevé ; rameaux arrondis ; écorce blanchôtre: feuilles alternes, strictes, to- menteuses en dessous, lisses en dessus, pétio- lées, entières, pointues, veinées ; fleurs en grap- es axillaires; calice campaniforme, court et yelu ; eorolle à cinq pétales obtus et linéaires ; ovaire supère ovale et velu; style grêle; stigmate double. Il existe deux sortes de Benjoin dans le com- merce , l’un dit er larmes, l’autre dit ex sorte. Le premier, dit encore amygdaloïde, se présente en morceaux de la grosseur d’une noisette ou d’une noix au plus, amorphes , tantôt détachés, tantôt très-faiblement agglomérés. les uns aux autres; de couleur jaune à l'extérieur; d’une cassure nette et résineuse; blanchâtre à l’intérieur; d’une odeur douce, suave, particulière, très-agréable ; d’une saveur. douceâtre, balsamique puis un peu irritante. Le second est en masses plus ou moins volumi- neuses , amorphes, grisâtres, jaunâtres ou bru- nâtres à l'extérieur, compactes; d’une cassure tantôt cireuse , tantôt brillante, offrant quelque- fois à l'intérieur des morceaux amygdaloïdes ; d’une odeur analogue à celle du précédent, mais plus prononcée. Le Benjoin est administré, en va- peurs ou en substance, dans les rhnmes, les ca- tarrhes chroniques, etc. La vapeur du Benjoin placé sur des charbons ardens est encore utile dans le traitement des tumeurs blanches, des rhumathismes , de la goutte, etc ; on l’applique en frictions en le recueillant dans des cétofles de laine. La pharmacie en a fait un sirop, une tein- ture, etc. La teinture étendue d’eau constitue Tome I, un cosmétique très-usité pour la toilette sous le nom de lait virginal; enfin, mêlé à l’encens, le Benjoin est brûlé dans nos cérémonies religieuses. (FF) BENOÏTE ou Garriotre, Geum ou Caryophyl- lata. (BoT. puan.) Ce genre appartient à l’Icosan- drie polygynie de Linné, et à la famille des Ro- sacées , section des Dryadées, de Jussieu. Calice à cing divisions; corolle pentapétale, vingt éta- mines ou plus; plusieurs styles; baie composée de plusieurs grains réunis, renfermant chacun une graine; réceptacle court, conique, glabre. Dans ce genre viennent se ranger plus d’une quin- zaine d'espèces cultivées dans nos jardins; mais on ne trouve guère, dans nos champs, que le Geum urbanum , ou Benoîte commune (Dec., F1. fr., 3763), dont la tige est droite; les feuilles radi- cales pinnées ou ternées ; les caulinaires, ternées, ou simples; les fleurs, droites, terminales ; les arêles, nues, crochues. Gette plante se plaît dans les bois et les lieux ombragés et humides. Pilée et appliquée sur le poignet avant l'accès , elle gué- rit, dit-on, les fièvres intermittentes , et c’est de là que lui vient le nom de Benoîte, Herba benedicta. Quant au nom de Caryophyllata, elle le doit à odeur de ses racines qui, au printemps, sentent le girofle. Buchaw, médecin danois, a célébré la vertu fébrifuge de la Benoîte; Bouillon-La- grange a constaté, par l'analyse chimique , qu’elle contient beaucoup de principe tannin; Périlhe et Alibert la recommandent, dans leur Matière mé- dicale, commeun bon succedaneum du quinquina. Le bétail est friand de ses jeunes pousses. La racine de la Benoîte aquatique ( G. rivale, Linn.) jouit des mêmes propriétés. (G.É.) BENTURONG, Jctides. (mam.) Ce genre de Carnassiers plantigrades a été établi par M. Va- lenciennes ; il a pour type l’espèce décrite d’abord par M. Fréd. Cuvier , sous le nom de Paradoxu- rus albifrons. M: Valenciennes ayant eu l’occa- sion d'examiner une tête de cet animal, reconnut qu'il devait constituer un genre à part, et proposa le nom Jctides, qui lui a été conservé. Ce genre, intermédiaire entre les ratons et les civettes, se distingue de tous deux par les caractères suivans : Queue forte et prenante; dents au nombre de 36, savoir: > incisives, + canines, et ? molaires tu- berculeuses de chaque côté; les pieds sont à cinq doigts garnis d'ongles non rétractiles, forts et comprimés, qui semblent propres à grimper ; la marche est plantigrade. Les espèces connues dans ce genre sont : L’Icripe noré, Îctides aureus, Valenc.; Para- doxurus aureus , F, Cuv. Get animal a le pelage d’un brun fauve doré, composé de poils très. longs. Il est originaire de l'Inde. Icrine Benrurone, Zctides albifrons, Val.; Pa radoxæurus albifrons, F. Guv. Histoire des mamm., . liv.44. Iconographie du règne anim., pl. 13. Il. a le pelage composé d’un mélange de soies noires et blanches, excepté sur la tête et les membres où elles sont courtes; le front et le museau sont presque blancs ; la queue et les pattes noirâtres ; LIVe Livraison. 54 BERB 426 BERG moustaches longues et épaisses. Le Benturong est ün animal nocturne, sa patrie est l'Inde. Nous Vavons représenté dans notre Alias, pl. 48, fig. 2. Une autre espèce est l’Icripe noir , Zctides ater; Benturong noir, F. Cuv, t. m1, lJivrais. 44, à elage d’un gris noirâtre uniforme. M. Valen- ciennes attribue cette coloration à l’âge ou au sexe, et ne pense pas qu'on doive considérer ce Benturong comme une espèce distincte du pré- cédent. (GErv.) BÉOMYCES. (mor. cryr.) Lichens. Ge genre, d’abord établi par Persoon , admis ensuite par tous les auteurs, a pour type les Lichen ericetorum et byssoides de Linné. Dufour les caractérise ainsi : croûte lichénoïde , uniforme , simplement lépreuse ou granuleuse ; apothécies fongoides, charnues, sans rebord propre , sessiles ou portées sur un pé- dicelle simple, glabre et nu, terminées par une tête ou un écusson que revêt une membrane pro- ligère colorée. Achar ne rapporte à ce genre que les espèces à apothécies pédicellées ; il en éloigne, à tort, se- lon De Candolle, Dufour, etc. ,elc., Brongniart , le ZLichen ichmadophila de Linné. Deux sections composent le genre PBéomyce : les Béomyces à apothécies sessiles qui ne ren- ferment que l'espèce que nous venons de citer (Li- chen ichmadophila), et les Béomyces à apothécies pédicellées qui sont les Beomyces roseus ,*et rufus , et deux autres espèces exotiques. Les deux Béomyces indigènes que nous venons de nommer se distinguent parmi les plus jolis Lichens de notre pays, et se rencontrent dans les terrains humides sous forme de plaques blanchä- tres ou verdâtres, toutes couvertes de petites têtés arrondies , d’un rose tendre ou d'une cou- leur rousse, (EF. F.) BÉQUE-BOIS CENDRÉ. (ois.) Nom vulgaire de la Srrrkre. V’oy. ce mot. BEQUE-FLEUR. Nom vulgaire du Colibri et des Oiseaux-Mouches. (Guér.) BERBERIDE , Berberis. (mor. pan. ) Nom scientifique de l'Épine-Vinelte ou Vinerrien. (L.) * BERBÉRIDÉES, Perberideæ. (or. pnan.) Fa- mille naturelle de la classe des Dicotylédonées po- lypétales à étamines hypogynes. Elle renferme des herbes ou arbrisseaux à feuilles alternes munies de stipules , el se caractérise par l’arrangement de ses parties florales, qui sont toutes opposées et non alternes ; les divisions du calice, de la corolle, et les étamines, sont en nombre égal, générale- ment quatre ou six; les anthères s’ouvrent de bas en haut par une sorte de panneau ou valve. L’o- vaire , libre et à une loge, porte un stigmate sou- vent sessile. Le fruit est une capsule ou une baie polysperme. « Par la déhiscence de leurs anthères, les Ber- béridées se rapprochent des Laurinées , avec les- quelles B. de Jussieu les avait réunies ; mais on. les en distingue facilement par leur double pé- rianthe , leurs stipules , et leur fruit polysperme. Gette famille à été surchargée, par quelques | auteurs, d’un grand nombre de genres qui lui sont voisins , sans doute , mais qui n’offrent pas d’une manière incontestable les caractères précités. Voici le nom de ceux qui doivent en faire partie : Berberis, L. ; Nandina, Thunb. ; Leontia, L, ; Epimedium, L.:; Caulophyllum et Diplrylleia , Richard ; enfin Mahonia , Nuttal, qui n’est peut- être qu’une espèce de Berbéride. (L.) BERCE , Heracleum. (#or. pnax.) Plante fort commune de la famille des Ombellifères, Pen- tandrie digynie de Linné ; elle appartient à la sec- tion des Sélinées de Sprengel, dont elle a le ca- ractère général, savoir, un fruit plane, comprimé, souvent membraneux sur les bords: le sien est de plus échancré au sommet , et quelquefois marqué de trois stries sur chaque face, On distingue par- ticulièrement la Berce à ses fleurs blanches, à ses pétales échancrés , à ses ombelles étalées, mu- nies d’une collerette générale, et d’mvolucelle à chaque rayon ; enfin à ses feuilles grandes, dé- coupées en nombreux segmens, qui sont eux- mêmes lobés ou pinnatifides. L'espèce la plus ordinaire dans nos prés et nos bois est la BERCE BRANC-URSINE , Aeracleum sphon- dylium ; dans le nord de l'Europe ,;oùu elle se trouve en très-vrande abondance, les habitans font avec ses graines une espèce de bière. Les autres espè- ces de Berce sont peu intéressantes pour nous ; on avait cru à tort que l’une d'elles fournissait l'opopanax ; cette gomme-résine découle d’une autre ombellifère, du genre Pastinaca. (L.) BERCEAU DE LA VIERGE. (8or. Pnan.) Nom vulgaire d’une plante nommée Clematis vitalba, L. (V7. Crémarrres.) BERCLAN. (o1s.) Nom picard de l Ænas 1a- dorna. V, Taponrxe. BÉRÉE. (o1s.) En Normandie on donne ce nom au Rouge-gorge, Motacilla rubecola. (F. Bec- FIN.) (Guër.) BERENICE, Berenicea. (zoopx. rozxr.) Genre de Polypier flexible de l’ordre des Flustrées , éta- bli par Lamouroux et que Cuvier réunit à ses Flus- ires ; les caractères que son auteur assigne à ce genre sont: plaques minces, arrondies , composées d’une membrane crétacée, couvertes de très-pe- tits points et de cellules saillantes , ovoides ou PY- riformes , séparées et distantes les unes des au- tres , éparses eu presque rayonnantes. L'ouverture par laquelle sort le polypier est ronde, petite et située près de l'extrémité de la cellule, Lamouroux décrit trois espèces de ce genre ; deux sont vivantes et se tiennent sur les feuilles des hydrophytes de la Méditerranée; l’autre est fossile, on la rencontre sur les térébratules des environs de Caen. (Guër.) : BERGAMOTTE. (or. Pan.) C’est le fruit du Bergamottier, espèce d'oranger à fruit parfumé que l'on cultive dans le midi de l'Europe. On fait avec la peau des Bergamottes des bonbonnières qui exhalent une odeur suave. (Guér.) * BERGÈRE, Bergera. (mor. PHAn.) Genre de plantes de la côte de Coromandel, fort peu connu, que plusieurs botanistes confondent maladroite- BERG ment avec un arbre des Moluques, décrit par Rumph, sous le nom de Pop aya pan et dont on a fait depuis quelques années, d’après les observalions judicieuses de Correa, une espèce du genre MurnravA (voy. ce mot). Le Bergère que Roxburg nous fait connaître dans le second volume de ses Plants of the coast of Coromandel, et au- quel il a imposé le nom de Bergera Kænigu, est une plante ligneuse ; ses Éuilles: sont admises dans les cuisines comme alimentaires ; la médecine se sert de l’écorce et desracines: prises à l’ intérieur, on les dit stimulantes; employées extérieurement, elles ont des propriétés délersives. Les indigènes les estiment héroïques contre la morsure enveni- mée de certains animaux, Eine) BERGERONNETTES , Motacilla. (ors.) Ges oiseaux, que l’on place quelquefois parmi les Becs- Fins Sylvia, constituent un petit groupe très-natu- rel, reconnaissable aux caractères suivans: bec droit , grêle, à narines basales, ovoides, à moitié fermées par une membrane nue; pieds à tarses deux fois plus longs que le doigt du milieu, qui est soudé à sa jee avec l'ekrieur ; ; ongle du pouce plus ou moins courbé ; toujours plus long we ceux des doigts antérieurs; queue longue , égale; panne rémige des ailes nulle , la ie a la plus courte de foutes: une des crandes cou- vertures est aussi longue que les rémiges. Les Bergeronnettes arrivent dans nos contrées au printemps; elles se tiennent habituellement dans les lieux humides et découverts, dans les prés, les champs et sur le bord des fleuves ; elles nichent sous les tas de pierres, dans des trous ou dans les herbes. La mue a lieu deux fois par an, au printemps et à l’automme. Les mâles diffèrent un peu des femelles , pendant letemps des amours. Ils ont alors les couleurs plus brillantes; mais, cetle époque passée, ilest bien difficile de recon- naître les sexes et même les diflérens âges. Les espèces ne sont point nombreuses, elles sont tou- tes de l’ancien continent ; l’habitude qu'elles ont d’abaisser et d'élever sans cesse leur queue en marchant leur a fait donner les divers noms de Hoche-queue, Basse-quouette, etc. Gelui de La- vandière a été donné à quelques espèces, parce qu’ on les voit fréquemment aux environs des la- voirs et des buanderies. On peut établir dans ce genre les deux subdi- visions suivantes. + Les LavanDières qui ont l’ongle du pouce recourbé et pas plus long que le doigt qui le porte: les espèces sont : à Can Lucugre, Motacilla lugubris (Iconographie du règne anim. pl. 15, fig. 3) , qui a le dessus du corps d un poir intense ; de iront , les joues, les parties inférieures sont d’un blanc net ; le bec, les pieds et les iris noirs. Dans Je son plumage complet d’hiver, la gorge et le devant du cou sont d’un blanc pur, et un large hausse- col noir se dessine sur la poitrine. Gette espèce n’est que de passage en France, elle ÿ paraît au printemps, surtout en Picardie, en Normandie 427 BERG —— et dans les environs de Paris. Elle reste au plus un mois et se porte ensuite dans le midi de l'Eu- rope. > La BERGERONNETTE crise ou Lavandière, M. alba (Temm., pl. enl. 652, fig. 2), plus commune que la précédente, est remarquable par l’étendue de sa queue , qui fait juste la moitié de sa longueur to- tale et qu'elle élève et abaisse sans cesse. Elle est cendrée dessus, blanche dessous, avec une ca- lotte brune ou tout-à-fait noire sur la tête: la gorge et la poitrine sont aussi de couleur noire. On la trouve au bord des eaux, où elle chasse les insecles et les larves aquatiques. La femelle ne fait qu'une seule ponte composée de six œufs d’un blanc bleuâtre moucheté de noir. Le M. speciosa, Horsfeld (Birds of Java) , est une nouvelle espèce de l’île de Java où on la nomme Chenginging où Kingling. À ++ BERGERONNETTES proprement dites. Les espèces de cette seconde section ont l’on- gle du pouce allongé et peu arqué , assez sembla- ble à celui des Prris (Antus) et des alouettes. Le nom latin Budites, Cuv., donné à ces oiseaux, rappelle l'habitude qu'ils ont de voltiger dans les prairies au milieu des bœufs pour y poursuivre les insectes. Le mot français Bergeronnelte n’est pas moins bien appliqué. L'Europe en possède trois espèces : La BEenrGERoONNETTE JAUNE, Motacilla boarula (enl. 28, fig. 1, jeune femelle; Edwards, 259), de la taille de la Lavandière ; elle est cendrée dessus, jaune-clair dessous, avec le sourcil de couleur blanche ainsi que les pennes latérales de la queue ; gorge d'un noir profond bordé de blanc, le noir disparaît après la mue. La femelle pond six œufs très-pointus, d’un blancsale, tacheté de rougeûtre. Cette espèce, qui reste chez nous toute l’année, . habite presque toute l’Europe : on la trouve sur- E { tout plus communément dans le nord. Nous l’a- vons représentée dans notre Allas, pl. 47, fig. 8. La BERGEBONNETTE CITRINE , W. citreola , a le sommet de la tête comme les parties inférieures d’un jaune citrin très-pur ; sur l’occiput un crois- sant noir qui disparaît après la mue. Les parties supérieures et les côtés de la potirine et du ven- tre sont d’un cendré bleuâtre, les rémiges et les rectrices noirâtres, les doux HE cute d’un blanc pur. Cette espèce est très-rare , elle habite la Russie orientale et la Crimée. La BEerGERONNETTE PRINTANIÈRE , AM. flava (pl. enl. 674, fig 2), est longue de six pouces seulement , ra d'ailleurs Co semblable à la B. jaune par les formes et la manière de vivre; elle est de couleur cendrée dessus, olive au dos et d’un jaune brillant en dessous; sourcil blanc et pennes latérales de la queue blanches. C’est un des premiers oiseaux qui reparaissent au prin- temps dans les prairies et dans les champs ; la fe- melle pond dans les blés six œufs arrondis, d’un vert olivâtre tacheté de couleur de LES (GERv.) BERGMANITE. (wn.) Gette substance miné- BERI 428 BERN rale établie par Schumacher , qui la dédia à Berg- mann,estencore trop peu connue sous le rapport chimique, pour qu'on puisse lui assigner ‘une place comme espèce dans la nomenclature : peut- être n'est-elle qu’un silicate alumineux voisin de la Wernerite, avec laquelle elle offre, par ses ca- ractères extérieurs , plusieurs points de ressem- blance. Elle est d'une couleur grisâtre ou rou- geâtre, d’une texture lamellaire et d’autres fois fibreuse. (J. H.) BERICOCCA. (soT. pnAn). Nom grec de Pa- bricotier. Il rappelle parfaitement celui qu’il por- tait chez les Égyptiens anciens et que lui donnent encore aujourd’hui les peuples nomades des dé- serts , situés entre le Niger et les revers de l'Atlas. Cet arbre fut introduit au pays des Hellènes après la mort de Théophraste ; l’illustre péripatéticien en à parlé dans son Histoire des plantes, mais d’après un voyageur ou marchand qui l'avait pris pour un arbre toujours vert, n’ayant point , faute de connaissances agricoles et botaniques, fait at- tention au court intervalle séparant l’époque où les feuilles de l’abricotier tombent de celle où ses fleurs s’épanouissent et les nouvelles feuilles pa- raissent. Admis dans nos cultures, il a conservé son organisation exotique, et n’a pu, malgré le long espace de près de vingt siècles, s’acclimater en- core entièrement. Les auteurs latins, et d'après eux toutes les personnes qui ont écrit sur l’Abri- cotier, le font venir de l'Arménie , région élevée, dont le climat ressemble à celui de l'Europe tem- pérée, et dans laquelle il n’a jamais été, et ne sera jamais rencontré sauvage. On trouvera sur ce fait de plus amples renseignemens dans mes Recherches sur l'histoire naturelle des anciens et plus particulièrement de Théophraste. (T. ». B.) BÉRIL. (x.) Nom que l'on donne habituelle- ment à une variété d'Émeraude dont la couleur est le vert peu intense, lé jaune ou le jaunûtre. (Voy. Émerauns). (J. H.) BÉRIS , Beris. (ixs.) Genre de Diptères de la famille des Nolacanthes, section des Xytophages, établi par Meigen et ayant pour caractères: an- tennes un peu plus longues que la tête, ayant le dernier article en forme de cône allongé, divisé transversalement en huit anneaux ; écusson tou- jours armé d’épines. Les Béris sont des insectes de petite taille, ayant l'abdomen plat, arrondi, et l’écusson armé le plus souvent de six épines ; ils vivent les uns dans le bois, où ils sucent la carie des arbres, les autres dans les environs des marécages, ce qui fait présu- mer que leurs larves peuvent être aquatiques ; ce sont en général des insectes de petite taille. On en connaît un certain nombre, presque tous de nos pays. B. "A ranses Noms, B. nigritarsis , Lat. Le corps est noir avec: l'abdomen et les pieds d’un jaune roussâtre , six épines à l’écusson. Cette espèce ha- bite les lieux aquatiques. B. 2riLLanT, B. nitens, Latr. Son corps est vert- doré brillant avec du noir et du jaune à Ja base. Ses ailes sont aussi jaunâtres ; six épines à l’écusson. © B. à PATTES EN MAssuE , B. clavipes. Latr., Fabr. Son corselet est noir ainsi que la tête et les pattes, l'abdomen est ferrugineux. Nous l'avons repré- senté dans notre pl. 48, fig. 3. Ces trois espèces se trouvent aux environs de Paris. (A. P.) BERMUDIENNE , Sisyrinchium. ( nor. pan. ) Genre de la Monadelphie triandrie et de la familie des Iridées, ayant de grands rapports avec lesFa raires et Ixies ; il comprend des plantes herbacées exoliques, dont six appartiennent à l'Amérique et deux au cap de Bonne-Espérance. Toutes ces espèces ont à peu de chose près le même aspect; leurs racines sont fibreuses ; la tige rameuse porte des feuilles qui s’engainent par le bas , des fleurs de moyenne grandeur auxquelles succède une capsule presque globuleuse, légèrement triangu- laire , à trois loges, à trois valves et à deux ran- gées de graines petites, arrondies. On cultive la BERMUDIENNE GRAMINÉE , S, grami- neum, dont les fleurs bleues et la tige verdoyante forment dans les terrains humides de l’une et l’au- tre Amérique’des gazons très-élégans. La Brrmu- DIENNE A RÉSEAU, S. striatum , originaire du Mexique, introduite dans nos jardins en 1780, où elle est parfaitement acclimatée, où ellé passe bien les hivers en pleine terre, et où ses graines viennent à complète maturité, se fait surtout re- marquer par son élévation, qui arrive à quarante centimètres, par sa panicule florale, longue et serrée, aux corolles monopétales, légèrement odorantes, jaunes, siriées d’un rouge brun , et par ses feuilles presque cylindriques , très-giabres , al- ternes sur deux rangs opposés, et marquées de nervures longitudinales peu prononcées. ( Nous l'avons figurée dans notre Atlas, pl. 48, f. 4.) Une autre espèce qui, sous Je nom de Jl{mu, fournit aux habitans du Chili un aliment d’un goût exquis, c'est la BERMUDIENNE BULBEUSE, S. bulbosum. Ses bulbes sont rougeâtres, ses feuilles larges , ses fleurs blanches , nombreuses et petites. I] convient de citer aussi la BERMUDIENNE BICOLORE, S. bermudianum, puisque c'est elle qui fut obser- vée la première et fit donner au genre le nom des îles Bermudes où elle croît spontanément. Ses fleurs, au nombre de deux ou trois, développent l’une après l’autre leur corolle violacée, tachée de jaune à sa base interne , s’ouvrant en étoile, et une fois plus grande que celle des autres espè- ces. On la cultive dans quelques jardins. (TAB. Boon BERNACHE. (ors. ) Espèce de Canard qui ha- bite les régions glaciales des deux continens. Pen- dant l’hiver les Bernaches se rapprochent des pays tempérés , et viennent souvent sur les côtes de la France. Nous en parlerons en traitant des Canards. ( GErv. } BERNAGE. ( acr. ) Mélange de diverses céréa- les et de quelques légumineuses semées ensemble en automne, pour étre fauchées dans le premier printemps et servir aux animaux domestiques de passage de la nourriture sèche à Ja nourriture BERN 429 BERN RENE EN 7 PET RTE I UC GTR verte. Les Romains ont emprunté ce système aux Gaulois, et l’appelèrent farrago. (Tip) BERNARD ( Mont Sanr- ). (cf£ocr. Puys. ) Cette montagne, l’une des plus élevées de la chaîne des Alpes Pennines , est située entre le Bas-Valais et le val d’Aoste : elle portait autrefois le nom de Mons Penninus, et À son sommet se trouvait un temple fameux dédié à Jupiter, qui était en grande vénération parmi les voyageurs. Nous pouvons avoir une idée de toute l’étendue de la dévotion des voyageurs et des chefs de légions romaines qui venaient se prosterner dans ce temple , par les nombreux ex-voto qu’on a retrouvés au Plan de Jupiter , et dont on conserve encore une trentaine dans la collection des antiquités du Saint-Bernard. Ces ex-voto, qui sont tracés sur des tablettes de marbre, ont presque tous fa même formule et ne diffèrent entre eux que par les noms de ceux qui témoignaient. ainsi leur reconnaissance à la di- vinité protectrice qui les avait gardés des accidens si fréquens dans celte montagne. Le mont Saint-Bernard, qui, comme je l'ai déjà dit, est une des plus hautes montagnes des Alpes Pennines , a ses sommets couverts de neige et de glaces permanentes : il s& compose en général de pierres et de roches schisteuses, dont les couches et les lits sont plus ou moins marqués, plus ou moins inclinés, et qui sont d’une grande dureté. Leurs parties constituantes sont un mica argileux, dont les lames brillantes et diversement colorées présentent plus ou moins d’étendue. Elles sont traversées par des veines de quartz blanc, quel- uefois vitreux, transparent, opaque ou grenu, suivant les divers terrains dans lesquels elles se trouvent. On rencontre sur le penchant de la mon- tagne des blocs isolés de granit. Sa hauteur au dessus du niveau de la mer est de 5,394 mètres. La pente du mont Saint-Bernard du côté de la Savoie est beaucoup plus rapide que du côté du Valais. Du côté de la Savoie, l’aspect de la montagne est moins sauvage : on y trouve plus de terre vé- gétale et par conséquent une végétation plus ani- mée , des gazons fins, menus et serrés, et une quantité de petites fleurs , parées des couleurs les plus vives et les plus brillantes. : Mais du côté du Valais, la nature ‘est plus agreste et plus sauvage : là se trouvent d’immen- ses torrens qui roulent vers le Rhône des eaux produites par les glaciers des Glarets et du Vas- soré. Ce dernier glacier donne même son nom à un torrent qui, avec la Drance, traverse les vallées de Bagnes et de Martigny. La seconde de ces val- lées, qui descend jusqu’au Rhône, présente un caractère moins sauvage que la première : mais la vallée de Bagnes, étroite et resserrée, offre aux yeux un aspect effrayant. Des deux côtés s'élèvent des rocs à pic, couverts d’une sombre et noire verdure, produite par de vastes et tristes forêts de mélèzes et de broussailles. Les seuls habitans qu'on y rencontre sont quelques chèvres broutant aux sommets les plus élevés, accompagnées de pasteurs aussi sauvages que leurs troupeaux. La vallée s’élève par gradins et forme ainsi un lit très- impétueux aux torrens qui la parcourent. Sa. con- stitution a causé à plusieurs reprises des domma- ges incalculables. En 1599 , la Drance, qui coule dans cette vallée, entraîna dans son débordement plus de cent maisons et ensevelit sous ses eaux plus de soixante personnes. Mais ces ravages ne peuvent être, comparés à ceux qui eurent lieu au même endroit en 1818. Dans la partie supérieure de la vallée de Bagnes, ily aune cinquantaine d'années, une avalanche en- traîna dans sa chute une masse énorme de rochers, qui venant s’interposer au milieu de la vallée de Bagnes, intercepta le passage aux torrens qui s’é- chappent des dix-sept glaciers qu'elle renferme. Cette digue naturelle s'étant fortifiée par des éhoulemens successifs, les eaux s’accumulèrent assez rapidement pour y former un lac très-pro- fond et très-étendu, au lieu et place des sombres forêts de sapins et des pâturages où paissaient jadis de nombreux troupeaux de chèvres. Une énorme masse d’eau, qui chaque jour prenait de nouveaux accroissemens , avait donc ainsi improvisé un lac considérable , lorsque , en 1818 , la digue tempo- raire qui le retenait se rompit tout à coup, et ouvrit à ses eaux une large et vaste issue ; favori- sées par la pente rapide, elles s’y précipitèrent avec fureur , et arrivèrent avec la rapidité de l’é- clair sur la petite ville de Martigny, que le dé- bordement de 1595 avait déjà entièrement détruite une première fois. Cette épouvantable débâcle était précédée d’un vent extrêmement violent, occasioné par la pression que faisaiengsubir à l'air les efforts de cette énorme “arr Æau. Le tor- rent, dans sa furie, renversa us les obstacles qui s’opposaient à son passage ; forêts étaient brisées avant d’être submergées, des blocs énor- mes de rochers roulaient avec fracas , et s’entre- choquaient avec tant de force et de fureur qu'ils faisaient jailir une mer de feu du sein des eaux qui les roulaient. La ville de Martigny fut en par- tie emportée, la grande route de Lausanne à Lyon fut détruite, et cet épouvantable torrent arriva au Rhône avec tant de furie qu’il en arrêta le cours et troubla la limpidité de ses eaux jusqu’à son em- bouchure dans le lac de Genève, au dessus de Saint-Maurice. Le pays n’avait jamais été témoin d’un bouleversement aussi complet. Et cependant les habitans ont reconstruit immédiatement leur petite ville, et, semblables aux paysans des mon- tagnes volcaniques , ils vivent sans inquiétude pour l'avenir et sans penser qu'un pareil événe- ment peut à tout instant détruire de nouveau, engloutir à tout jamais , leur ville et ses habitans. - Le village le plus rapproché du mont Saint- Bernard est un petit bourg appelé Saint-Pierre. Le chemin pour y arriver présente une pente assez inclinée, quoique cependant on puisse se servir encore de voiture et de chevaux. Mais, une fois arrivé à Saint-Pierre, il faut renoncer à user de tout autre moyen de transport que ses jambes. La montagne devient trop rapide : on ne trouve plus de chemin fait, et les torrens que l'on ren- BERN 430 BERO contre à chaque pas ne permettent pas qu'on en établisse. La truite des Alpes, ce manger si délicat et si recherché par l'amateur de la bonne chère, ne peut pas remonter au-delà du bourg Saint-Pierre, arrêtée qu'elle est par les nombreuses cascades et chutes d’eau du Vassoré, de ce torrent qui, tra- versant la vallée de Bagnes, va grossir la Drance de ses eaux. Nous ne pouvons nous dispenser de citer ici la cascade de Pisse-vache, à laquelle la mythologie riante des anciens cût donné un nom plus gracieux , mais qui n'en mérite pas moins d’être rap- pelé à l'attention de nos lecteurs. Le lit du torrent ferme de ce côté l'entrée du Valais. Gette route , qui est la plus fréquentée, présente un aspect des plus pittoresques : elle est bordée d'énormes rochers irrégulièrement entassés les uns sur les autres, entre lesquels apparaissent de distance en distance quelques mélèzes, quelques aunes , quelques su- reaux : parfois , lorsque les eaux n’ont pas entraîné toute la terre végétale, on apercoit un petit pâ- turage émaillé de fleurs; mais bientôt on rentre dans la nalure sauvage etagreste, qui n'offre plus à l'œil que des masses de pierre culbutées et accu- mulées dans des fonds couverts des neiges que les vents y ont apportées. Comme ces neiges \f sont à l'abri des rayons solaires , elles s’y FR PRR ES et acquièrent une telle dues qu ‘elles ne peuvent même pas être entamées par le fer des che- Vaux. C’est au milieu de cette nature morte, au milieu de ces neiges éternelles et de ces vastes abîmes dont la seule vue inspire la terreur , que des hom- mes, animés .par, Ja religion et l’amour de l’huma- nité, n'ont pas craint de placer leur habitation, toujours prêts porter secours où assistance au voyageur égaré, au chasseur perdu dans les nom- breuses sinuosités des montagnes, el que l’ava- lanche terrible vient de surprendre tout à coup. On ne peut se lasser d'admirer le courage de ces bons religieux , lorsqu'on pense que le on qu'ils habitent est le séjour des vents, des glaces et des tempêtes ; que c’est aux sommets élevés de leurs montagnes que se forment cesorages dévastateurs qu'aucun obstacle n'arrête, et qui balaient en un clin d'œil tous les espoirs d’une moisson brillante. Pour arriver à leur hospice, dansla saison qu'ils appellent l’été comme dans toute autre , c’est toujours sur la neige qu'il faut marcher ; rare- ment les rayons tkt soleil y font sentir leur bien- faisante chaleur, et jamais la main de l'homme n'a pu réussir à y faire croître la moindre des plantes potagères. Il suflira de dire, pour donner une idée exacte de la température de l'hospice, que les cadavres y restent exposés des mois en- tiers sans être défigurés et sans donner de signes visibles de putrélaction. Tous les ans sept à huit mille voyageurs traversent le Saint-Bernard , et tous se plaisent à rendre hommage à l’ ep « et à la délicate hospitalité des religieux. Le mont Saint-Bernard a d’ Lies illustrations, d’autres gloires à revendiquer ; sa nalure sauvage, larude beauté de ses sites, l'immense profondeur de ses torrens ne sont pas les seules raisons quide recommandent à la curiosité publique. En 1800, il y a 34 ans, l’armée francaise, forte de 30,000 hommes, fut passée en revue à Marti- gny par le premier consul Bonaparte : et en cinq jours de temps cette armée fut transportée, comme par enchantement , avec tout son matériel, au sommet de ces hautes montagnes : ces pièces d'artillerie que des chevaux vigoureux ne traînent qu'avec effort dans les plaines les plus unies, furent traînées par des soldats jusqu’au sommet des Alpes àtravers les précipices et les avalanches, et lorsque: la fatigue et le froid brisaiert leurs membres en- gourdis , c'était au son de la Marseillaise , répétée au loin par les échos de la montagne, qu'ils re- prenaient force et courage et qu'ils accomplis-- saient cette œuvre de géans. Et quel soulagement inattendu ces braves soldats ne trouvèrent-ils pas à l’hospice de Saint-Bernard dans les soins de ces vertueux cénobites, héros d’un autre genre, pla- cés entre le ciel et la terre pour secourir le mal- heur et pour desservir, au dessus des nuages, le temple que la vertu consacre à l'humanité ! 1 L'hospice du Saint-Bernard possède dans son sein un monumeut élevé à la gloire de Desaix, de ce brave et intrépide général qui, dans la cam- pagne d'Égypte, neenit. des habitans le nom de Sultan juste. Pour de plus amples détails, nous renvoyons nos lecteurs aux Essais historiques du docteur Lo- ges sur le Saint-Bernard, et au Voyage publié par de Saussure. (GC. d.) BERNARD L'ERMITTE. (crusr.) On donne ce nom à toutes les espèces du genre Pagure , et plus spécialement en France au Pagurus Bernar- dus , L. (voy- Pacure). (Guir.) BÉROË, Beroc. (zooPn. acaz.) Genre delaclasse des Acalèphes libres, fondé par Muller avec quel- ques Méduses de Linné et composé d'animaux pélagiens à corps ovale ou globuleux, garni de côtes saillantes hérissées de filamens ou de den- telles, allant d’un pôle à l’autre, et dans lesquel- les on aperçoit des ramifications vasculaires , et une sorte de mouvement de fluide. La bouche est à une extrémité ; dans ceux qu’on a examinés, elle conduit dans un-estomac qui occupe l'axe du corps, et aux côtés duquel sont deux organes pro- bablement analogues à ceux que l'on a appelés ovaires dans les méduses. Ces animaux, composés d’une sorte de gélatine transparente, se résolvent en eau pour peu qu'on les blesse en les touchant ; ils ne peuvent vivre un instant hors de l’eau et constituent une masse in- forme semblable à un blanc d'œuf, hors de cet élément. Dans l'esprit de vin ils se dissolvent et disparaissent entièrement , en sorte qu'il faut que le voyageur qui veut les étudier soit assez instruit pour les observer et les dessiner sur les lieux, car on ne peut les rapporter pour les collections. On ne sait pas comment se nourrissent les Bé- roés, ni comment ils se multiplient; ils sont quel- quefois si nombreux, que leurs masses forment des espèces de bancs qui couvrent la mer pendant BERZ 431 BÊTE plusieurs lieues. Ils sont très-phosphorescens et produisent dans l'eau l'effet d'étoiles. On connaît très-peu d'espèces de ce genre, encore ne le sont-elles que très-imparfaitement et d’après les observations de voyageurs peu exer- és. Nous citerons comme type: , Le Bé£roë cecogursux, B. pileus., Gmel. , à corps sphérique , garni de huit côtes; à deux ten- #tacules ciliés, susceptibles d’un grand allonge- ment , et sortant de son extrémité inférieure. Il est très-commun dans les mers du nord et même dans la Manche, sur nos côtes, et passe pour l'un des alimens de la baleine. Celte espèce est représentée dans notre Atlas, pl. 48, fig. 5. + Le Bérok azzoncé , B. clongatus, Risso, Hist. nat. de l'Europe mérid., t. 5, p. 505. IL est ovale, ‘allongé, diaphane, passant à l’opale et muni de huit côtes ciliées et 1risées. Il est long de soixante millimètres et se trouve en janvier , flottant sur la mer près de Nice. Cette espèce et quelques autres étant dépourvues des tentacules dont il a été ques- tion plus haut, on à cru devoir en faire un genre propre sous le nom d’Inra, mais il n’a pas été adopté. Nous l'avons représenté dans notre [co- nographie du Règne animal, Zooph., pl. 7, fig. », et reproduit ici pl. 48 , fig. 6. (Guér.) BERTHOLÉTIE, Bertholetia. (BOT. PHAN. ) Grand arbre du Brésil, connu seulement par son fruit, qui est un drupe sphérique de la grosseur de la tête, divisé en quatre loges, contenant , chacune, 6 à 8 noixexcellentes à manger, et dont on retire abondamment une huile très-propre à brûler. On fait un grand commerce de ces fruits; mais ils se rancissent assez promptement. MM. de Humboldt et Bonpland l’ont pris pour type d’un genre qui doit éveiller l'attention des voyageurs botanistes. (G.É.) BERZÉLITHE. (wn.) Nom qui a été donné par Arfwedson à la pétalithe ; c’est une substance blanchâtre , rosâtre, violâtre ou verdâtre, à struc- ture lamellaire , présentant quelquefois un éclat vif ou nacré, dure, rayant fortement le verre et étincelant par le choc du briquet. Elle est inso- Juble dans les acides et fusible au chalumeau sans addition, en un verre transparent et bulleux. Elle à été trouvée à Uto en Suède , en petits filons au milieu des couches de fer que l'on y exploite. Ce fut dans cette substance minérale , ainsi que dans la triphane , qu’Arfwedson découvrit pour la première fois, en 1818, l'oxide de lithium, alcali puissant qui jouit de la propriété remarquable ‘d'attaquer le platine par la chaleur et le contact de l'air, caractère qui peut servir, d’après Berze- lus , à reconnaître la plus petite quantité d’oxide de lithium. « On prend un morceau du minéral gros comme une tête d'épingle ; onle chauffe avec dela soude en excès sur une feuille mince de “platine, et on le fait rougir une couple de minutes. La pierre se décompose, la soude chasse l’oxide “de lithium de ses combinaisons, et l'excès qu'on en'a ajouté élant liquide à cette température se répand sur la feuille de platine et environne la masse décompose, Autour de la masse alcaline fondue , le platine prend une couleur foncée, qui est d'autant plus obscure et qui forme une bande d'autant plus large que le minéral contient plus de lithium. L'oxidation n’a pas lieu sous l’alcali.» IL se produit alors, suivant toute apparence , un composé d'oxide de platine et d’oxide de lithium , qne l’on peut décomposer et séparer en dissolvant ce dernier oxide. Foy. Lirnium et Pratt. (Levi BESCHEBOIS. (o1s.) On appelle ainsi le Pic vert, parce qu'il frappe avec son bec contre le tronc des arbres comme avec une bèche. ( Foy. Pré) (Guér.) BÉTAIL. (maw. et acr.) Nom collectif des animaux mammifères soumis à la domesticité et liés essentiellement à la prospérité de la maison rurale. On distingue les bestiaux en gros et en menu bétail. Le gros bétail comprend le cheval, l’âne, le mulet, leurs femelles et leurs petits, ap- pelés aussi bêtes chevalines ; le taureau , le bufile , appelés encore, avec leurs femelles et leurs petits, bêtes bovines et bêtes à grosses cornes ; le chameau et le dromadaire , dont l'usage est limité à quel- ques contrées. Le menu bétail comprend les bêtes à laine ou bêtes blanches, le belier, la brebis, l'agneau , le mouton ; les bétes à poil, le bouc, la chèvre, le chevreau ; les bêtes a soie, le porc, la truie, le cochon (voy. Bezrxr, Bouc, Cnevaz, Porc, Taureau). Je ne dirai rien ici de l’impor- tance des diverses espèces comprises sous la dé- nomination générique de Bétail, je renvoie à l’ar- ticle ANIMAUX DOMESTIQUES. (T. D. B.) BETEL, BETLE, BETTELE. (sort. PHAN.) Sorte de poivre que les Malais mêlent avec la noix d’Arec et qu'ils mâchent continuellement. (oy. Poivre , Arec.) (Guër.) BÊTES. (zoor.) Cest le nom collectif des ani- maux considérés comme des êtres dépourvus d’in- telligence. On a donné cenom de Bête, avec quelque adjectif, à une foule d'animaux de divers ordres ; nous allons indiquer les espèces les plus remar- quables. Bêre ou Vacue 4 Dieu, et BèTe 4 Martin. (axs.) Toutes les CoccinELLes (voy. ce mot). Bôre a reu. (ans.) Les Lamryres, les Taurins, les Fuzcores, les Scocorenpres, etc. (voy.* ces mots), qui répandent plus ou moins de lumière pendant la nuit. BÊTE À cRanDes DENTS. (mAM.) Le Morse. Bâre pe La mont. (mam. et ins.) Divers oiseaux de nuit du genre Strix, et quelques insectes noc- turnes , tels que les Blaps moftisaga. ( Voyez Cnousrre et BLars.) Le Blaps porte encore les noms de BÊTE NoitRE, BÈTE DES BOULANGERS, etc. On donne aussi ces noms au Grillon domestique et au Ténébrion qui provient des vers de farine. Bère puanre. (man) Nom de diverses Mouf- fettes qui répandent une urine empesiée quand elles sont saisies par la peur. ut Bères rouces. (anacu.) En Amérique on dé- signe ainsi de petites Tiques qui doivent apparte- nic au genre Luprus (voy. ce mot), comme le BETO 432 BETT ESC TE NE AS RE Vendangeron , et qui font éprouver à l’homme des démangeaisons insupportables, en s’introduisant dans les pores de la peau. (Foy. VEexraxGEroN.) (Guër.) BÉTHYLE, Bethylus. (o1s. et ins.) Parmi les oiseaux, Guvier a donné ce nom à un sous-genre démembré des Pies, dont le type est la Pre Prz- emècne, Lanius picatus, Lath, (Voy. Pireniècne et Pre.) Dans les insectes ce nom sert à désigner un petil genre d'Hyménoptères de la section des Porte-aiguillons , établi par Latreille pour des in- sectes très-petits, quelquefois privés d'ailes, et parmi lesquels nous citerons leBérnyze némierère, B.hemipterus , de Fabricius. C’est un très-pelit Hyménoptère lisse , tout noir , avec les ailes très- courtes. On le trouve aux environs de Paris. (Guér.) BÉTOINE, Betonica. (mor. pnax.) Genre de la Didynamie gymnospermie de Linné et de la fa- mille des Lies, Voici ses caractères : calice à cinq dents, corolle à tube légèrement arqué, plus long que le calice, non DEN He lèvre supérieure RE UE pliée en gouttière ct échancrée , et l’in- férieure à trois lobes étalés ; quatre petites semen- ces oblongues au fond du cornet verdâtre formé par le ie À ce genre appartiennent une dizaine d'espèces , dont les plus connues sont : La BÉTOINE coMMuNE, B. officinalis, L. , sorte de panacée pour les anciens , qui regardaient la décoction de ses fleurs et de ses feuilles comme un remède souverain contre la goutte , la scia- tique, la céphalalgie , etc. , etc. Geite plante a été l’objet d’un ouvrage spécial, composé par Anto- nius Musa, médecin d’Auguste. Tu hai piu virtu che non ne ha la betonica, est un proverbe italien. Aujourd'hui, en. France, on ne reconnaît guère à la Bétoine commune que deux propriétés : lune , que ses racines, à odeur forte, sont purgatives ; V autre , que ses feuilles sont sternutatoires el peu- vent remplacer le tabac. :& Au reste, voiciles caractères auxquels on recon- naît cette espèce : tige droite simple, élevée et un peu velue ; feuilles opposées, pétiolées , en Cœur , ovales-oblongues, ridées et un peu velues; les in- {érieures AT festonnées et les supérieu- res presque sessiles ; fleurs d’un rouge vif, quel- quefois blanches, à lèvre supérieure entière > à division intermédiaire de l’inférieure qui est échan- crée, et disposées en épi terminal et interrompu à la base. On trouve cette plante dans les bois décou- verts. Béroxe vefus, Betonica hirsuta, L., origi- naire des Alpes. Rogines vivaces ; tige d’un pied et demi, quadrangulaire ; feuilles en cœur allongé; fleurs rouges en épi. aie pu Levanr, 2. orientalis, L. Feuilles lancéolées , gauffrées, d’un vert pâle; fleurs d’un pourpre peu éclatant. BÉTOINE A GRANDES FEUILLES, B. grandiflora, W. , de Sibérie. Vivace, plus grande. Tiges velues ; feuilles radicales RER et grandes, dentées, en cœur allongé ; fleurs roses, plus grandes que les précédentes, verticillées , avec de grandes bractées. Ges trois dernières espèces sont culti- vées dans nos jardins comme plantes d'ornement. La Bétoine a été ainsi nommée, selon Pline, quia Vetones cam invenerunt, (6 É.) BETTE, Beta. (mor. pHAx.) Cinq espèces sont renfermées. dans ce genre de la famille des Chéno- podées et de la Pentandrie digynie; deux seules sont cultivées et méritent une attention toute par- ticulière de la part du propriétaire rural. Les trois autres ne sont d'aucune utilité; l’on pense que l’une, là B£ETTE MARITIME , B. maritima , est le type primitif des deux suivantes, perfectionnées par les soins de la culture : rien ne justifie cette assertion à mes yeux. La Berre-pormée, B. cicla, plante culinaire, dont la culture est très-facile; ses. graines se sèment d’elles-mêmes; ses feuilles servent à adou- cir l'acidité de l’oseille. On l'estime’ originaire du Midi; son introduction dans les jardins remonte à une époque très-reculée. De sa racine cylindri- que ; ligneuse et légèrement ramiliée , s’élève une üge droite, hante # un mètre et quelquefois plus, garnie de larges feuilles ovales, portées sur des pétioles épais. Les fleurs, disposées en longs épis rêles, sont petites, blanchäthes , réunies trois ou ss ensemble. Gette espèce offre trois variétés ; une seule est remarquable par ses feuilles d’un blanc-jaunâtre , dont la côte ou nervure mé- diane est très-large et se mange à la mi-mai comme les cardons et le céleri : c’est de cette par- ticularité qu’on l'appelle Poirée à Cardes et care poiree. La Berre-RAve, B. vulgaris, a la racine pivo- tante , charnue , susceptible de prendre un volume très-considérable. On dit qu'elle est native des plaines de Bohême. Elle était depuis long-temps cultivée comme plante culinaire et comme four- rage, quand, en 1747, un chimiste de Berlin, Margralf , reconnut en elle la propriété de donner un sucre absolument identique avec le sucre de canne, et même d’avoir sur lui l'avantage de cristalliser à un plus haut degré. Cependant la betterave ne devint une ressource réelle et impor- tante pour l'Europe que vingt-huit ans plus tard, quand un proscrit francais, Achard, se mit à fabriquer du sucre indigène à Berlin même, et surtout, en 1811, lorsqu’en France Deyeux et Cadet de Vaux sollicitèrent du. gouvernement des encouragemens en faveur des agriculteurs et des industriels qui s’occuperaient de cette branche nouvelle de spéculation Jucrative. L’émulation éveillée, on se mit à l’œuvre; ce travail vivifiant et fécond donna de l'extension aux cultures utiles, il ouvrit la voie à une fortune légitimement acquise, et affranchit le commerce d'une partie de ses courses lointaines, en même temps qu'il porta à l’odieuse traite des nègres un coup plus sûr et plus direct que les discours éloquens des philan- thropes les plus ardens. Le sucre de betterave réunit aux propriétés physiques, chimiques et économiques du sucre de. canne les mêmes formes cristallines ; ils sont tous les. BEUR 433 BEUR les deux aussi lourds, et en variant les procédés du raflinage on en obtient également des sucres denses à gros grains et des sucres légers à grains fins. La prévention contesta ces faits, mais le temps lui a imposé silence et a détruit les asser- tions mensongères publiées par les colons des Antilles. La fabrication du sucre indigène ne coûte point de larmes à l'humanité, elle est aussi prompte que peu dispendieuse. On connaît trois variétés de Betteraves, la rouge , la blanche et la jaune. Dans quelques localités on préfère la dernière pour l’ex- traction du sucre ; la seconde est beaucoup plus riche; la rouge se réserve pour les usages domes- tiques et pour être donnée aux bestiaux. Toutes demandent une terre profonde, meuble , un peu grasse et mélangée de sable. Les plants à sucre ne s’effeuillent point, l'opération nuiraït au dévelop- pement de la racine et à ses hautes qualités; il n'en est pas de même des plantes destinées pour le fourrage ; l'enlèvement successif des feuilles donne lieu à la production de nouveaux bourgeons et rend chaque pied plus profitable aux vaches et aux moutons. De la racine de Betterave cuite on retire un vin doux fort agréable, et une confiture qui riva- liseen bonté avec le meilleur raisiné. Avec la pulpe on est parvenu à fabriquer du papier. | (TiuniB:) BEUDANTINE. (wix.) Nom donné à une sub- stance minérale d’un éclat résineux, cristallisant en rhomboèdres, et composée d’oxide de fer et d’oxide de plomb. (J. H.) BEURRE. (cmim., AGr.) Toutes nos ménagères, celles qui habitent les campagnes, bien entendu, savent qu'on obtient le beurre en battant la crème pendant quelque temps , soit dans un tonneau dont l’axe mobile offre plusieurs ailes, soit au moyen d’un disque de bois attaché à l'extrémité d’un long bâton. Après quelque temps de cette opéra- tion , que l’on nomme barattage, la crème, que l’on a préalablement séparée du lait, en exposant celui-ci à l’air dans des locaux appelés lateries, se partage en deux parties; l’une liquide et lai- ieuse porte le nom de lait de Beurre, et contient du petit-lait, du caséum, et un peu de Beurre ; l’autre est le Beurre proprement dit. On sépare le Beurre du petit-lait, on le lave à grande eau, et on le pétrit entre les mains, on le malaxe jusqu’à ce qu’il ne blanchisse plus avec l’eau : alors on le livre danslecommerce. Toute- fois , ainsi préparé, le Beurre n’est pas encore par- failement pur, il retient une certaine quantité de petit-lait et de caséum qui le rendent facilement altérable , surtout en été; on le débarrasse de ces deux corps étrangers en le soumettant à une chaleur de 60 à 66°, il se fond, vient à la surface du petit-lait et du caséum; on le décante et on le conserve. ‘ Parfaitement pur, le Beurre est un corps mou, d'une couleur jaune ou blanche, d’nnc saveur agréable et douce , légèrement aromatique; du reste toutes ces qualités du Beurre varient du plus au moins selon le mode et les soins apportés dans Tone I, la fabrication, et.surtout selon les pays et la bonté des pâturages qui ont servi de nourriture aux animaux domestiques qui donnent le lait , et qui font la fortune et la richesse des cultivateurs. Le Beurre se fond avec la plus grande facilité ; il cst insoluble dans l’eau, soluble dans l'alcool bouillant , décomposable par lesalcalis, altérable à l'air, etc. Cette altération du Beurre parle contact de l'air aéveillé la cupide sagacité des marchands de comestibles. Tous ou presque tous savent plus ou moins bien ce qu'ils appellent retravailler le Beurre, en faire du frais avec de l’ancien. Nous qui ne voulons pas augmenter le nombre de ces habiles et intègres manipulateurs , nous tairons les moyens qu'il faut mettre en usage pour ce genre d'industrie, mais qui n’échappent pas, en géné- ral, au fin dégustateur. Les usages du Beurre, comme aliment, sont trop connus pour être rappelés ici; la médecine et la pharmacie l’em- ploient peu ; cependant cette matière grasse entre dans la composition d’un emplâtre connu sous le nom vulgaire d’onguent de la mère T'hècle. Ce com- posé polypharmaque porte le nom de son inven- teur, la sœur Thècle, autrefois supérieure des religieuses de l'Hôtel-Dieu de Paris. D’après M. Chevreul, le Beurre est formé de sléarine, de deux huiles, l’une qu’il a nommée butyrine , et une autre qui présentcrait toutes les propriétés de l’oléine, si on parvenait à la priver entièrement de butyrine, d'acide butyrique, d’un principe colorant jaune, et d’un principe aroma- tique que l’on rencontre surtout dans le Beurre. frais. Beurre D’ANTIMOINE. Voyez CHLORURE D’ANTI- MOINE et ANTIMOINE. Beurre DE gismuTn. Voyez CHLORURE DE Bis- muTu et Bismurn. Beurre DE Bamsouc. Voyez BEURRE DE GALAM. Beurre DE cacao. Le Beurre de cacao, que l’on appelle encore huile concrète de cacao, est un corps solide et cassant comme la cire, d’une cou- leur jaune pâle, d’une odeur et d’une saveur agréables ; entièrement soluble dans l’éther quand il est pur; rancissant avec assez de facilité , etc. On obtient le Beurre de cacao de la manière suivante : on prend une quantité voulue de cacao desiles, semences du cacaoyer (T'heobroma cacao,) de la famille des Bittnériacées, famille formée aux dépens de celle des Malvacées ; on le sépare exac- tement des corps étrangers ; on le torréfie légère- ment dans un brüloir semblable à celui dont les limonadiers se servent pour brûler le café; on brise les amandes, on les vanne, et on les sépare à la main de leurs enveloppes ligneuses et des germes. Ainsi préparé , on réduit le cacao en pâte très-ferme et très-homogène, en le pilant d’abord dans un mortier de fonte préalablement échauffé avec des charbons ardens, et en le broyant en- suite sur la pierre à chocolat; on l’étend dans une certaine quantité d’eau , et on le fait bouillir pen- dant un quart d'heure. On laisse refroidir le tout ; le Beurre vient occuper la surface du liquide, on l’enlève et on Je purifie en le filtrant au bain-ma- LV° Livraison. 55 = BEUR M rie, ou à la vapeur de l’eau bouillante. On le re- coit dans des moules de faïence ou de porcelaine analogues à ceux à chocolat , ou mieux dans des fioles dites à médecine , où à se solidifie, et dans lesquelles on le conserve. Ce dernier moyen test préférable pour empêcher le contact de l'air et J'altération du produit dont nous venons de don- ner la préparation. Bien que le Beurre de cacao soit doué de pro: priétés émollientes très-prononcées , on l'emploie peu en médecine aujourd'hui. La chirurgie en fait quelquefois préparer des suppositoires , “ragmens coniques , plus ou moins gros el plus ou moins longs , que l'on introduit dus l'extrémité infé- rieure du rectum, en cas de fissures à l’anus, et qui ne sont autre chose que du Beurre de cacao taillé en cône à l’aide du couteau. L'huile concrète de cacao est souvent falsifiée dans le commerce avec du suif, avec la meolle des os, ou avec la cire. Dans les deux premiers cas le soluté éthéré de Beurre de cacao est trou- ble, son odeur est désagréable, sa consistance moins dure et sa cassure n’est pas homogène; si le Beurre de cacao contient de la cire, sa solu- tion à froid dans l’éther est incomplète, ce qui n’a pas lieu quand il est pur. Beurre DE cime. Produit de la distillation de la cive , et qui à beaucoup d'’analogie, surtout par la consistance , avec le Beurre provenant du lai- age. Brunke »g coco. Substance analogue au Beurre de cacao, et que l’on obtient de la même ma- nière, mais du ‘fruit du cocotier ( cocos nucifera de Linné }). : Le Beurre de coco remplace, chez les Indiens, le Beurre de vache, \ BEuRRE DE GALam. Substance grasse; concrète, jaunâtre, un peu grenue, d’une saveur douceâtre, employée en Afrique dans les mêmes circonstan- ces culinaires que le lard, dont elle rappelle le goût , et dont l'origine n'est pas encore bien con- nue. Suivant Aublet le Beurre de galam serait fourni par un palmier du genre Eh, et suivant Jussieu, des graines d’un “végétal appartenant à la famille des Sapotées. “BEURRE DE MONTAGNE Où BEURRE DE ROCHE. Mé- lange d’argilé, d’alumine sulfatée, d’oxide de fer et de pétrole, que l’on trouve en forme de stalac- tites dans les cavités schisteuses de la Sibérie. Beurre DE muscape. Mélange d'huile fixe et d'huile essentielle que lon obtient en amassant lesnoix muscades, amandes du fruit du Myristica moschata , de la famille des Myristicées ; dans un mortier échauffé ; formant une pâte que l’on ren- ferme dans des sacs decouuil, etenles soumettant ensuite à la presse éntre deux plaques métalliques échauffées dans l’eau bouillante ; il s'écoule un liquide qui ne tarde pas à se solidifier. ‘ Le Beurre de muscade se présente en masses aplaties , de forme carrée (celui qui nous vient de Hollande ), ou bien renfermé dans des pots de terre ( celui qui nous arrive des Grandes-Iindes ). Ce dernier, que l’on préfère généralement, est BIBI- 1] LE épais, d’une couleur de macis, d’une saveur pro- noncée de muscade et d'une.odeur très-agréable, Au surplus, cette substance doit être choisie plu- tôt solide que molle, d'une odeur très-prononcée, marbrée dans son intérieur, d’une saveur agréa- ble, et d'une couleur jaune tirant un peu sur le rouge. L' huile concrète de muscade était beaucoup employée autrefois en friclions contre la goutte , les rhumatismes , etc. ; on la coca aussi comme sudorifique et anti-spasmodique. Aujour- d’hui on la fait encore entrer dans une composi- tion pharmaceutique appelée Baume nerval ou mieux Graisse narcotique. (FF) BEZOARD. (zoor.) Concrétion qui se forme dans lestomac, l'intestin ou la vessie des ani- maux. Long-temps on leur a attribué de grandes vertus médicamenteuses. On faisait surtout très- grand cas du Bézoard oriental, qu’on trouve as- sez communément dans le quatrième estomac de la gazelle des Indes; il était infiniment plus re- der ché que le Bézoard occidental, qu’on ren- * contre ordinairement dans la chèvre du Pérou. Le premier présente une surface lisse , brillante, fra- gile, brune ou vert foncé ; son oeur est forte- ment aromatique quand on le chauffe ; sa saveur est âcre el chaude; on le regardait autrefois comme un puissant antidole de toute espèc de poison , et comme un médicament des plus eflicaces contre les maladies éruptives et pestilentielles ; il est au- jourd'hui tombé dans un discrédit complet. Les Bézoards occidentaux, qui n’ont jamais été esti- més comme les premiers , sont des composés sa- lins, blancs ou gris, formés de carbonate de chaux ou de phosphate ammoniaco :magnésien. Les Bézoards de bœuf, de caiman, de cha- mois, de porc-épic, ont joui d’une réputation plus ow moins considérable. On x donné le nom de Bézoards minéraux à certaines préparations pharmaceutiques ; ainsi on appelait Bézoard de Saturne un médicament com- posé de pretoxide de plomb, de beurre d’anti- moine et d'acide nürique; le Bézoard de F'énus avait le cuivre pour base; on nommait encore Bezoard Jovtal une poudre fortement diaphoré- tique composée d’antimoine , d’étain, de mer- cure; Pezoard martial, un mn composé en partie de tritoxide de fer ;. Bézoard lunaire , |une préparation de nitrate d'argent et de beurre d’antimoine; Æézoard solaire , un médicæment _sudorifique où les lames d’or se mélangeaient à l'acide nitrique. Enfin on désignait sous le nom de Bézoard vé gétal les concrétions pierreuses qu'on rencontre dans l’intérieur des cocos. (P. G.) BIBION , Bibio.. (ixs.) Genre de Diptères , de la famille des Némocères, démembré des Tipules par Geoffroy. Ses caractères consistent à avoir des antennes courtes, cylindriques, de neuf ar- ticles presque perfoliés les palpes filiformes de quatre ou cinq arlicles distincts, trois petits yeux lisses. Ces insectes ont un faciès très-reconnaissable; | | | | | | RP — est très-large et arrondie, celle des femelles au contraire est presque carrée ; allongée , méplate ; les antennes sont très-rapprochées à leur base et insérées près de l’éxtrémité de la tête; dans les mâles le corselet est presque cylindrique, il est. très-élevé dans les femelles, aussi paraissent-elles comme bossues ; l’abdomen est seulement plus renflé dans les femelles ; les pattes antérieures ont les fémurs renflés et les tibias prolongés par une épme, les quatre pattes postérieures sont beau- coup plus longues : toutes sont terminées par deux pelits crochets et trois petites pelotes vési-- culeuses, Quand vient la saison où éclosent ces insectes, c'est en très-grand nombre à {a fois qu'ils parais- sent, aussi ont-ils été remarqués en tout temps et leur a-t-on assigné des noms correspondans aux époques où on les voyait; ceux du printemps ant été appelés Mouches de Saini-Marc, ceux qui viennent plus tard Mouches de Saint-Jean ; ona cru qu'ils faisaient du mal aux arbres fruitiers, mais c’est tout-à-fait à tort, rien dans leur organi- sation ne leur en donne le pouvoir, Ce sont des insectes lourds, lents, faciles à prendre , puisque souvent ils ne font aucun mouvement pour échap- per. L’accouplement s'opère de la manière ordi- naïe, le mâle et la femelle placés bout à bout restent quelquefois des heures entières dans cette position , la femelle à la fin s'envole, et entraîne le mâle qui se trouve séparé d’elle par son propre poids. La ponte s'opère en terre ; mais les jeunes larves, dès qu’elles sont écloses, cherchent les bouses de vache, où elles vivent; elles sont apodes et garnies de poils raides dirigés en arrière; elles opèrent plusieurs changemens de peau et se dé- pouillent même tout-à-fait en se métamorphosant en nymphe ; cette métamorphose s'opère vers la fin de l'hiver, et ce n’est qu'environ quarante jours après que l’insecte sort de son enveloppe pour remplir à son tour le vœu de la nature, et mourir. 5 On connaît un certain nombre de ces insectes; nous nous contenterons d'en citer un ou deux. B. ne Sxinr-Marc, B. Marci, Fab. , long de quatre ou cinq lignes; entièrement noir et velu, les ailes sont blanches et bordées de brun dans les mâles, entièrement enfamées dans les femel- les. Très-communs partout. B. peszarnins ou Précoce, B. hortulanum, Fab., un peu plus petit que le précedent ; le mâle est presque semblable , mais les pattes postérieures sont brunes, les ailes ont à l'extrémité de la partie enfumée de la côte un point noir très-visible ; la femelle a le corselet et l'abdomen d'un rouge de sang, latête et les pattes noires. Très-commun au printemps. (A. P.) BIBLIOLITHE ou Livre rPérrirté. (ctor.) On a quelquefois donné ce nom à des roches schisteu- ses feuilletées qui, à l’aide de fissures perpendicu- laires au plan des feuillets, se divisent en plaques rapézoïdales ; ou simplement à des incrustations calcaires, parallèles aux feuillets de la roche et 435 présentant. Japparence d’une iranche de livre, (Tu. V.) BICEPS,, qui a deux têtes. (anar.) On appelle ainsi tout muscle dont l’une des extrémités ést profondément divisée en deux attaches. Le Biceps brachial est un muscle de la partie antérieure du bras que Chaussier a nommé Scapulo-huméral ; le Biceps brachiul.est situé à la partie postérieure de la cuisse , c’est l'ischio-fémoro-péronier de Chaussier. Le mot Bicipital a la même origine que Biceps; ainsi on dit gouttière ou coulisse bi- cipitale pour désigner une gouttière qui loge le tendon du muscle Biceps. (P.G.) BICHE. (z001.) On appelle ainsi des animaux de diverses classes; ainsi chez les mammifères, c’est le nom de la femelledu cerf. (707, Genr.).Chez les poissons, c’est le nom d’un Scombre et d’une espèce de Squale, Squalus glaucus L. (Foy, Scomere et Squaze.) Enfin parmi les insectes, on nomme Biches les femelles des Lucanus cervus, ow Cerr-voranr, et parallelipipedus (Foy. Lucaxe.) (GuËr.) BICHIR , Polyplerus. (poiss.) Ge poisson, rangé dans la famille des Ésoces , a des caractères parti- culiers tellement remarquables, qu'il n’est pas pos- sible de le confondre avec les autres genres de la même famille. Ce genre a quelque chose de la physionomie du Caïman , ressemblance qu'il doit à ses tégumens, à la distribution et à la grandeur de ses écailles ; le port de ce poisson le ferait prendre pour un serpent, et c’est ce qui lui a valu, de la part des Égyptiens, le nom, de Bichir. Son corps est allongé, revêtu d’écailles pierreuses ; ce qui le distingue au premier coup d'œil de tous les poissons, c’est que le long de son dos règne un grand nombre de nageoires séparées, soute- nues chacune par une forte épine, qui porte quel- ques rayons mous. La caudale entoure le bout de la queue, l’anale en est fort près , les ventrales sont fort en arrière, les peclorales sont portées sur un bras écailleux ou peu allongé. (Foy. notre Atlas, pl. 48, £ 7.) L'on -verra par le passage suivant que j'extrais du mémoire de M. Geoffroy quels sont les renseignemens qu'il a obtenus sur le Bichir. « Quelque attention que j’aie pu apporter à pren- dre des informations sur les mœurs de ce poisson, dit-il, je n’ai pu y réussir ; on le trouve si rare- ment dans le Nil, que quelques pêcheurs m’ont avoué n’en avoir jamais vu d’autres individus que ceux que je leur avais mis sous les yeux. » C’està l’époque des plus basses eaux qu'on le pêchait, Le Bichir n’habite que les lieux les plus profonds du fleuve, il vit constamment dans la vase, et abandonnant ses retraites seulement pendant la saison d'amour, il vient quelquelois alors se renfermer dans les filets des pêcheurs. On ignore son genre de nourriture; d’après l’étendue de sa gueule, les dents nombreuses dont ses mâchoi- res:sont armées, et la conformation de son canal intestinal, il y a tout lieu de croire que le Bichir est carnivore, Sa chair est blanche et plus estimée que celle + BIER OS des autres poissons du Nil. DE dec obticsons du Corus ee be de nr on ne peut en- tamer ce poisson avec le couteau, on est obligé de le faire cuire; sa peau se détache alors plus * cilement , et on l’enlève d’un seul morceau. On conpaît une autre espèce de ce genre, trouvée dans le Sénégal et différant de la précédente par un moins grand nombre de nageoires dorsales ; elle sera publiée dans le Magasin de zoologie de M. Guérin. ( Arr. C ) |. BICHON. (waw.) Petite et jolie race de chiens, qui ont le nez court , le poil long , blanc et très- fin ; la femelle se nomme Bichonne. Ces petits ani- maux ont été long-temps à la mode pourles dames, qui les portaient dans leur manchon. On nomme aussi Brcnon un insecte de l’ordre des Diptères , appartenant au genre Bombyle, et auquel les naturalistes ont donné le nom de Bom- bylus major. (V. Boueyze.) (Guér.) : BIDET. (wam.) Petit cheval excellent pour la selle, et principalement propre au service des postes ; il est doué d’une vigueur extraordinaire, d’une ténacité peu commune, et d’une extrême sobriété, Sa jument est très. féconde. (F,. Cueva.) CT D"B°) BIÈRE. (cmm.) Les différentes espèces de Bières sont des infusés de malt ou Moût de Bière (orge germée et séchée après que les germes ont poussé), mêlés avec de l'extrait de Houbiô8e L'usage de la Bière est plus répandu que celui du vin, surtout dans les pays où on ne peut cultiver la vigne. Pour préparer ou faire de la Bière , on verse sur du malt plus ou moins concentré , selon la quan- tité de produit que l’on veut avoir, de l’eau tiède d’abord , puis de l’eau de plus en plus chaude , de manière que le mélange acquière une température de 75° à 80°. Pendant ce temps on agite bien la masse de temps à autre, et à la fin on la laisse reposer pendant quelques heures. La conversion de l’amidon en gomme et en sucre , commencée pendant la préparation du malt, continue tou- jours à s'effectuer, et la saveur sucrée de la li- queur augmente d’une manière sensible. On tire la portion dissoute, et on fait bouillir la liqueur ; pendant ce temps une grande partie de la gomme d’amidon se transforme en sucre. Les liqueurs qui contiennent de la gomme d’amidon ayant beau- eoup de tendance à devenir acides, on ajoute à l'infusé de malt, avant de le faire bouillir, une certaine quantité de fruits de houblon, qui s’op- posent à la fermentation acide et donnent au moût de Bière une saveur âcre et aromatique tout à la fois, qui contribue à sa conservation et à la facilité avec laquelle la Bière peut être di- gérée. Lorsqu’ on agit en grand, la liqueur, concentrée par 1 ébullition , doit être refroidie rapidement Jjus- qu’à °°, température à laquelle on y ajoute du ferment : si le refroidissement avait lieu lente- ment, la liqueur deviendrait sensiblement acide. Dès qu’elle est arrivée à cette température, on y ajoute de Ja levure, et'on cherche à la maintenir au même degré de chaleur. Quand la fermentation est terminée, on tire la BIGA Bière dans des tonneaux, où la liqueur s’éclair- cit , tandis que la fermentation s ‘achève ; si on la met en bouteilles peu de temps avant que la fer- mentation soit complétement achevée, et qu’on bouche exactement la bouteille, la bière devient mousseuse, plus agréable à bise et plus rafrai- chissante. Quand la liqueur fermentée est très-concentrée, on lui donne le nom de Double Bière; dans cet état elle contient de 5 à 6 pour 100 d’alcool pur. La Bière plus étendue , que l’on obtient en ajou- tant de l’eau à la Bière forte , ne renferme que 2 à { pour 100 d'alcool. Le Porter, qui se fabrique en grand en Angle- terre, est une espèce de Bière préparée avec : du houblon de première qualité et du malt torréfié. Le plus fort et le plus mousseux, appelé par les Anglais Brownslout, contient, selon Brandes, 6 1/3 pour 100 d alcool pur ; le plus faible, qu ’ils désignent sous le nom de T' FREE. n’en contient que 3 >8Q pour 100. Le Quaas des Russes est une boisson un peu semblable à la Bière, que l’on prépare de la ma- nière suivante : on fait une pâte avec quantité suflisante d’eau , 9 parties &e farine de seigle, et 1 partie de malt ‘de seigle non desséché ; on |'aban- donne cette pâte pendant quelques jours dans un endroit chaud, par exemple dans un four de bou- langer qui commence à se refroidir. La masse su- crée obtenue sert à préparer du moût de Bière que l’on tire dans des tonneaux et que l’on fait fermenter lentement ou froidement, comme on le dit dans le pays. La Bière contient de l’alcool, une matière su- crée, de l’acide acétique, un extrait amer et aromatique, de la fécule, une matière végéto- animale fort abondante , etc. Elle nourrit, excite légèrement les organes de la digestion, et est évi- demment divrétique. On peut l'employer avec © comme diurétique et contre les scrophu- FF BIÈVRE et quelquefois Brrre. ms ) is vieux noms du Castor (v. ce mot), évidemment dérivés du latin fiber, nom que cet animal portait autrefois. Il paraît probable que la petite rivière des Gobelins, appelée aussi rivière de Bièvre, qui traverse Paris à nourrissait autrefois des Bièvres lorsqu'elle ne traversait que des plaines , ce qui lui aura fait donner son nom, qu’elle a conservé sur toutes les cartes. ( GErv. ) BIÈVRE. (o1s.) Un des noms vulgaires du GRAND HARLE, ÂMergus mergauser dé Linné. (V7. Hane. ) - (GErv.) BIF. ( man. ) On donne ce nom au produit sup- osé de l’ânesse et du taureau. (GER. ) BIFARIÉ, Bifarius. (vor. ) Ce terme indique, comme en TU l'arrangement , sur deux files ou séries opposées, de parties quelconques d’une plante ; telles sont les feuilles dans plusieurs espè- ces de Lycopodes. (L. ) BIGARADE. ( 5or. Pnan. } Nom d’une variété d'oranger. BIGAREAU. (8oT. Pxax. ) Nom d’une variété BIGN 457 BIHO mm de cerise produite par le cerisier bigareautier. V. Cenisier. ) (Guér. ) BIGNONE , Bignonia. (5oT. pan. ) Genre in- téressant de plantes exotiques, placées par Tour- nefort dans la classe des Personnées, et auxquelles il donna le nom d’un illustre écrivain de son temps; il en indiqua les caractères généraux ; après lui, Linné , les rangeant dans sa Didynamie angiosper- mie, les fit connaître spécifiquement, et aïda ainsi Jussieu à y distinguer le type d’une nouvelle fa- mille, les Biexonfes ou Bignoniacées (v. ce mot). Le genre Bignone, limité par Jussieu ( qui en détacha les genres Catalpa, Tecoma et Jaca- randa ), a pour caractères : un calice campanulé, à cinq dents souvent à peine visibles ; une corolle monopétale, à tube court, à limbe campani- forme, partagé en cinq lobes inégaux formant deux lèvres; quatre étamines inégales et fertiles, plus un filet stérile, ou rudiment d’une cinquième étamine; un style, un stigmate à deux lames; une capsule en forme de silique, à deux loges, séparées par une cloison parallèle aux valves ; des graines nombreuses ailées sur les bords, et ran- gées en deux séries. On compte environ quatre-vingts ‘espèces de Bignones ; ce sont des arbres, ou plus souvent des arbrisseaux grimpans et munis de vrilles; leurs feuilles sont opposées et leurs fleurs disposées en panicules. Originaires des tropiques, elles ne peu- vent guère s'élever chez nous que dans les serres. Voïci le nom de celles qu’on y voit principalement. Brenoxe DE Cuir, Bignonia grandiflora, ar- buste sarmenteux à feuilles ailées, à fleurs safra- nées ; BiGnone ÉQUINOXIALE, B. æquinoxialis, com- mune aux Antilles, où on la nomme liane à pa- niers ; ses fleurs sont rougeâtres ; BiGnone À ÉBENE, B. leucoxylon, arbre qui s’é. lève à quarante pieds dans la Guiane sa patrie ; ses fleurs sont blanches et odorantes ; Biexowe DE Norroik, B. pandorea, arbuste sarmenteux à fleurs blanches pourprées ; BIGNONE GRIFFE DE CHAT, B. unguis cali; à fleurs jaunes ; ses feuilles portent une vrille à trois crochets, d’où lui vient son nom ; :: Bicnone porTE-croix, B. crucigera, ainsi ap- pelée parce que ses tiges, coupées transversale- ment , présentent la figure d’une croix ; Bicxone pu Mazagar, B. indica. C’est, dans le pays, un bel arbre, à feuilles doublement ailées ; ses fleurs sont d’un blanc-jaunâtre , marquées de lignes rouges. BIGNONE BLANC DE LAIT, B: lactiflora. Représen- tée dans notre Atlas, plref. Une seule espèce s’est acclimatée chez nous; c’est la BiGNONE onaNGéE, B. capreolata. Elle offre des fleurs réunies plusieurs ensemble et formant de petits bouquets mêlés de pourpre et d’orangé. BIGNONÉES ou BIGNONIACÉES, nel ceæ. (B0T. Puan.) Famille où se réunissent, au genre que nous venons de décrire, quelques unes des plus belles plantes des contrées équinoxiales , les unes arbres et arbustes élégans par leur taille ou par la souplesse de leur rameaux grimpans , les autres herbes encore intéressantes , toutes remar- quables par la grandeur et l'éclat de leurs fleurs. Voici leurs caractères les plus généraux. La famille des Bignoniacées appartient à la classe des Dicotylédones monopétales, à corolle hypo- gyne ; elle se distingue par un calice monosépale à 5 divisions, une corolle irrégulière à 5 lobes inégaux disposés en deux lèvres ; quatre étamines didynames , souvent accompagnées du rudiment d’une cinquième ; un ovaire libre , surmonté d’un style et d’un stigmate, et partagé en deux loges (rarement plus, ou seulement une). Le fruit est ordinairement une capsule à deux loges, s'ouvrant en deux valves dans toute leur longueur ou seu- lement par le sommet; parfois c’est un drupe sec à une ou plusieurs loges. Les graines sont on non pourvues d’un appendice membraneux en forme d’aile. On voit que cette famille se rapproche des Per- sonnées par sa corolle irrégulière , par sa capsule biloculaire, et par l’avortement de la 5° étamine ; sans cette dernière circonstance , elle serait très- voisine des Polémoniactes, des Apocynées et au- tres familles à corolle régulière et à cinq étamines. Ajoutons que les Bignoniacées ont des feuilles généralement opposées ou ternées , et presque toujours composées ; leur mode d’inflorescence est très-varié. Jussieu , auteur de la famille , la partageait en trois sections ; les deux premières , à capsule entiè- rement bivalve, se distinguaient par la tige her- bacée ou ligneuse ; la troisième comprenait les genres dont le fruit ne s’ouvre qu'au sommet’ et dont la tige est herbacée. °bLa première section de Jussieu est celle qui, selon R. Brown, devrait composer seule la famille des Bignoniacées ; cependant , d’après MM. Kunth et Richard, et abstraction faite de la structure de la tige, on peut regarder comme Bignoniacées vraies , les genres Catalpa, d.; Tecoma , d. ; Bi- gnonia , J.; Oroxylum, Ventenat ; Spathodea, Beauvois; Amphilobium, Kunth; J'acaranda, d. ; Cobæa , Gavanilles, etc. Tous ces genres ont les graines ailées. Une seconde section , proposée par Kunth, sous le nom de Sésamées, a les graines dépourvues d’ailes ; tels sont les genres Sesamum, Martynia et Craniolaria de Linné. Quant aux genres Chelone et Penbtemon , ils ont été justement reportés aux Scrophulariées ; et les genres Pédalium et J'osephinia forment la nouvelle famille des Pedalinées de Brown. (L. BIGOURNAU ou BIGORNEAU. (mozr.) Le Turbo littoreus de Linné, qui appartient au genre LirTonne (v. ce mot), porte ces noms vulgaires sur les côtes de l'Océan. Dans d’autres parties de notre littoral, ces mêmes coquilles sont appelées Vigneau où Vignot. (Voy. Lirronne.) (Guér.) BIHOREAUX. (os. ) Oiseaux échassiers de la famille des Cultrirostres ; ils constituent avec les Butorsla seconde section du genre Héron, Ardea, BILE Linp. , auquel nous renvoyons pour TE RE © 2e PE outre mprenemmer rene — © connais- sance de leurs espèces et des caractères. (GEnv.) BILE. (zoo1. cum. ) La Bile est un liquide qui est sécrété par le foie et qui coule de cel organe dans le duodénum par un conduit particulier. au- quel en aboutissent deux autres, dont l’un sert à l'écoulement du suc pancréatique, et dont l’autre mène à la vésicule biliaire. Cette dernière est un petit réservoir pour la bile; elle-est placée immé- diatement sur la face inférieure du foie. La Bile a une couleur verte, depuis le vert jau- nâtre jusqu’au vert d'émeraude; sa saveur est amère, et son odeur particulière est nauséabonde. La Bile qui est contenue dans la vésicule est mucilagineuse, et très-souvent épaisse et filante. MM. Frommberz et Gugest, qui se sont occu- pés de l'analyse de la Bile, ont trouvé dans celle de l’homme les matériaux suivans : du mucus, de la matière colorante, de la one salivaire, de la matière caséeuse, 4e l'extrait de viande, de la cholestérine, du sucre biliaire , de la résine bi- laire, des oléates, des margarates, carbonates, phosphates, sulfates, etc., de soude et de potasse; du phosphate, du ste et du carbonate de chaux. D’après Berzélius, la Bile de bœuf est composée d’eau, de matière biliaire, de graisse, de mucus provenant de la vésicule , d extrait de viande , de chlorure et de lactate de soude, de soude libre, de phosphate de soude, de phosphate de chaux, et de quelques traces d’une substance particulière insoluble dans l'alcool. M. Thénard a trouvé le même liquide , également chez le bœuf, formé d’eau , de résine JETATENS de picromel , de matière jaune particulière , laquelle matière colore la bile; de soude libre, de phosphate de soude, de chlo- rure de soude , dé sulfate de soude, de SH ide chaux et de quelques traces d’oxide de fer. La Bile est susceptible d’éprouver des altéra- tions morbides assez notables, qui, le plus ordi- nairement, sont dues à des affections du foie, mais qui sont encore peu connues. Ainsi on a trouvé la Bile quelquefois très-acide, d’autres fois jaune et épaisse comme du blanc d'œuf; Masca- gni en a rencontré de violacée, etc. On est encore peu certain du véritable but au- D RUE RE Rs COS quel tend la formation de la Bile dans le corps ; les physiologistes sont partagés d'opinion sur.ses usages dans notre économie ; les uns pensent que ce liquide exerce une influence essentielle et. chi- mique dans l'acte de la digestion ; d’autres, au contraire, aflirment qu’elle ne joue aucun rôle dans cette fonction importante de la vie , et qu’elle n’a été créée que pour être évacuée. Il n’est pas de notre sujet ni de notre intention de traiter ici cette importante question de physiologie, Dans les arts la Bile sert à enlever les taches de graisse sur les étoffes ; on la mêle avec cer- tinbs couleurs employées par les peintres , et la médecine l’administre comme tonique, comme amer, soit à l'intérieur, soit à l'extérieur, sous forme d'extrait, en bols ou en pilules. (F.F.) BILLARDIÈRE , Billardiera, (807. van.) © BINN Genre de la Pentandrie monogynie et des Pitospo- rées de Brown , &ans son ouvrage sur les plantes de la Nouvelle- Hollande. En voici les caractères : ca- lice pentasépale; corolle à cinq pétales alternans avec les sépales ; ; cinq étamines, un ovaire supé- rieur, surmonté d'un style à stigmate simple; baie allongée, à semence très-membraneuse. On en connaît cinq à six espèces , dont les prin- Se sont : ° La BrxaAnDiÈRE SARMENTEUSE, Pullardieræ bd Sm., de la Nouvelle-Hollande. Arbris- seau qui nes élève guère qu'à deux ou trois pieds. Ses rameaux sont grêles , ses feuilles ovales, ve- lues, dentées vers Fo haut ; ses fleurs sont soli- taires, d'un vert jaunâtre, et en quelque sorte tubuleuses par le rapprochement des pétales ; ses fruits sont pendans, charnus et de forme oblongue. Cette plante se multiplie facilement parboutures et par graines. 2° “1 BiLLARDIÈRE VARIABLE, B. mutabilis ou variabilis, Sm. Originaire , comme la précédente, de l'Océanie. Ses feuilles sont plus étroites, et ses fleurs moins grandes. Elle mérite toutefois l’at- tention de l'amateur et les soins du jardinier. Ce sont À jusqu’à présent les seuls végétaux de la Nouvelle-Hollande dont les fruits soient bons À manger. Leur pulpe, suivant M. Bosc , a le goût de la crème d’entremets. (C. £. ) BIMANE. (repr.) Voy. Camors. BIMANE, (z0o1.) Qui a deux mains. Epithète donnée à l’homme, parce queseul, parmi les mam- milères, il est pourvu de deux mains entièrement disponibles. L'auteur de l'article Bmanx du Dic- tionnaire classique d'histoire naturelle pense que si Cuvier n’a pas, à l'exemple d’autres auteurs, cru qu'il était de la dignité de l'espèce humaine de la tirer du règne où son organisation la rejette, il a peut-être eu | tort d’ établir pour elle un ordre séparé; que dans cet ordre il était plus naturel de placer les Orangs , qui sont moins éloignés de l'homme que des singes parmi lesquels on les re- lègue. C’est à l'article Homme, auquel nous ren- voyons nos lecteurs, qu'il convient d'examiner celte question. (P. G.) BINOCLE, Binoculus. (crusr.) Geoffroy a donné ce nom à un genre qu’il composait de trois espèces, lesquelles font actuellement les types de trois genres, savoir : les Arus, les ArGuLEs (v. ces mots), et les Binocurs proprement dits. Ce genre a pour type le Binocce rIScIFORME de Geollroy , que Duméril appelle Binoculus piscinus ; © ‘est un petit crustacé à démarche vive , dont la queue est sans cesse en aclion : il vit en société nombreuse dans les mares ét dans les ruisseaux des environs de Paris, dans les terrains argileux du bois de Boulogne , etc, (Guén.) BINNY. (rorss.) Les Égyptiens donnent ce nom au Cyprinus ne de Geoffroy. (77, Gx- Prin. )Ce Poisson très-abondamment répandu dans le Nil, Il se vend toujours un prix assez élevé, parce que sa chair est très-recherchée des Arabes; ce qui prouve combien ce poisson est estimé en Égypte, c’est qu’il existe, principalement à Syout | BISE \'et à Géné, des hommes qui n'ont point d’autre | état que celui de pêcheurs de Binnys. Ces hommes se placent à la portée de l'une des anses du fleuve, | dans un endroit où le rivage est escarpé et s'élève ! au dessus de la surface de l’eau. Là ils se prati- quent dans le sable dés creux où ils placent des briques qu'ils emploient à divers usages; des mattes qui leur servent de lits et de tapis, et quel- | ques ustensiles de ménage; telle est leur habita- tion. La péche se fait de la manière suivante : on attache au bout d’uné longue corde trois hame- eons , au dessus desquels on met une boule très- grosse , composée de bourbe mélée et pétrie avec de l'orge germée ; le poids de cette boule la fait plonger avec les trois hamecons , que l’on amorce en y suspendant des dattes ; l’autre extrémité de la corde est solidement fixée à un pieu ; mais elle communique par une ficelle avec un bâton mince et très-mobile qui sert de support à une sonnette. On conçoit que, par cet arrangement, un Binny ne peut mordre à l’un des hamecons sans que le mouvement imprimé n’ébranle et n’agite la so- nette, et n’avertisse les pêcheurs. Aussitôt un d'eux tire l'appareil sur le rivage, aidé par un de ses compagnons, qui s'avance dans l'eau pour soulever la boule. Il est à remarquer que Ja boule n’est pas utile seulement comme corps pesant, mais au dire des’pêcheurs , l'orge germée qui entre dans sa composition répand au lom une odeur qui attire le poisson et Le fait approcher des hamecons, qu'il pourrait sans cette précaution ne pas apercevoir. Le Binny a la tête un peu com- rimée , le dos élevé, le ventre arrondi, la ligne latérale courbée vers le bas , l’anale et la caudale rouges , avec du blanc à leur base, et les autres nageoires blanchâtres et bordées d’une couleur mêlée de roux. L’éclat de l'argent dont brillent les écailles le fait facilement remarquer. (Azrx. G.) BIPÈDE. (rerr.) Ÿ. Hisrérore. BIPÈDES , ayant deux pieds. (zool.) En his- toire naturelle on applique généralement ce nom x tous les animaux pourvus de deux pieds seule- ment. Pallas et M. Lacépède ont plus spéciale- ment désigné par ce mot un genre de reptiles de Tordre des Sauriens et de la famille des Urobènes. Ce genre manque de pattes antérieures ; on en compte trois espèces pour lesquelles M. Duméril a proposé le nom générique eh de BIRGUE, Birgus. (crusT.) Genre de Den des établi par Leach, et dont il sera traité à l’arti- cle Pacune (voy. ce mot). (Guér.) BISCUTELLE, Biscutella. (Bor. nan.) Cette plante , de la famille des Crucifères , Tétradynamie de Linné, produit une silicule divisée en deux loges articulées, adnées latéralement à l'axe, s’en détachant presque à la maturité, et présentant alors l'aspect d’une petite lunette (d’où le nom vulgaire de lunetiere), où bien, plus poétique- ment, d’un double écusson, d’où son nom latin (bis et scutum). Ses autres caractères sont d’avoir un. style persistant, des étamines libres, des pé- tales onguiculés, et un calice à quatre sépales, dont deux sont parfois prolongés en éperon. Les vingt à vingt-cinq espèces de Biscutelles ha- bitent le bassin de la Médilerranée; ce sont des herbes à tiges arrondies , garnies de feuilles oblon- gues , paniculées au sommet , et portant des fleurs jaunes sans odeur. Ces plantes n’intéressent guère que le nomenclateur; on ne s’en sert à aucun usage. (L.) BISSERULE ou BISERRULE , Biserrula. (80T. pnan.) Genre de la famille des Légumineuses, Diadelphie décandrie, remarquable en ce qu’il porte une gousse biloculaire comme lastragale; il ne diffère de ce dernier que parce que son lé- gume a ses bords marqués de dents aiguës aux- quelles correspondent les graines. Du reste le Bi- serrula est caractérisé par un calice monosépale à cinq divisions égales; une corolle papilionacte ayant l'étendart un peu plus long qne les ailes eb la carène ; dix étamines, dont une hbre; un ovaire sessile, un style infléchi, un stigmate simple , légèrement barbu. La seule espèce du genre est le Biserrula pele- cinus, L., vulgairement Räteau, à cause des den- ticules de son fruit; cette herbe a les tiges velues, ainsi que les feuilles, qui sont ailées et composées d’une trentaine de folioles : elle croît dans les con- trées méridionales. (Lai BISET, Columba livia. (ors.) , Temm., Hist. nat. des Pigeons, pl 12. Gette espèce n’a que treize pouces de longueur totale, et vingi-six d’en- vergure ; sa couleur est gris-d’ardoise, avec le tour du cou“vert-changeant ; une double bande noire sur l'aile, croupion blanc. On doit considérer le Biset sauvage comme la source de tous nos pigeons de colombier, des di- verses races de volière qui par leur forme et leurs organes lui ressemblent plus ou moins ; le pigeon domestique des naturalistes , la prétendue espèce de pigeon romain ainsi que ses variétés, et le pi- geon de roche, ou rocherai, en proviennent égale- ment. En eflet, tous ces oiseaux produisent en- semble, et donnent naissance à des individus ca- pables de se reproduire à leur tour, et qui forment par l'entremise de l'homme ces innombrables ra- cesque l’onconnaît parmi les pigeons domestiques. Le Biset, assez rare en Europe, est un oiseau voyageur qui, tous les hivers, nous abandonne pour aller chercher des contrées plus favorisées de la nature ; on l’observe aussi en Afrique et en Asie: c’est surtout dans cette dernière partie qu'il est plus commun. Il miche dans les trous des rochers et préfère ces demeures à celles qu'il pourrait construire sur les arbres comme le font les Ramiers et les Colombins; les pigeons fuyards ou déserteurs de nos colombiers qui ren- trent dans leur état primitif, ont la même habi- tude ; ils donnent toujours la préférence aux vieilles tours et aux masures , et ce n’est qu'à leur défaut qu'ils construisent dans les trous d'arbres, mais jamais sur les branches, comme ces espèces dont nous parlions à l'instant.' Le nombre des races domestiques est trop con- PR LL TE CG — BISM AA) BITT (orne) sidérable pour qu'il nous soit possible de les dé- crire ici: un volume de texte et un autre de planches suffiraient à peine; aussi n’indiquerons- nous que les principales , celles autour desquelles les autres viennent plus ou moins se grouper, et d’abord : Les PIGEONS DOMESTIQUES ORDINAIRES, qui sont les premiers descendans du Biset, ceux de tous qui s’en rapprochent davantage ; ils diffèrent beaucoup entre eux pour les nuances, les uns sont blancs, d’autres noirâtres, d’autres roux; le plus grand nombre présente un mélange infiniment varié de ces diverses couleurs : les pigeons de cette nombreuse famille’ont généralement la partie inférieure du dos blanche, le bec bran ; la mem- brane est rougeâtre à sa base et comme saupou- drée de blanc , leurs pieds sont rouges. Viennentensuite les PiGEONS ROMAINS , regardés à tort par quelques auteurs comme devant former une espèce distincte, Les crosses Gonrces, voy. Buffon, édit. in-8°., t. À des Ois., pl. 8 et 0. Les Picsons Turcs ou Bayadais. # Les Picrons Nonnains, avec lesquels on doit ranger les Pigeons coquilles hollandais qui en pro- viennent probablement. Les Picrons À cravaTE. Cette race est une des plus petites, les individus qui la composent ne sont guère plus grands que les tourterelles, avec lesquelles ils produisent quelquefois des mulets ou métis. Ils varient beaucoup ; les plus estimés sont ceux qui ont le plumage blanc avec le manteau noir ou roux on en voit de tout roux. Les ama- teurs recherchent principalement ceux qui ont la cravate d’une couleur bien tranchée. Les Piceons PAoNS , ainsi nommés à cause de la facilité qu'ils ont de redresser leur queue à peu près de la même manière que les dindons. Les PrcEonxs cuLBuTANS ou tournans ont les ailes très-longues et dépassant quelquefois la queue; ils constituent une race bien distincte et tout-à-fait dégradée par la main de l’homme. Voy. pour plus de détails l’art. Pierox de ce Dictionnaire. (Gerv.) BISMUTH. (mx.) Ce métal se présente dans la nature en combinaisons très-variées. À l’état natif, ou de pureté, il se reconnaît à son tissu la- melleux et à sa couleur blanc-jaunâtre ou blanc- rougeâtre. Sa cristallisation primitiveest l’octaèdre; mais il cristallise aussi en rhomboïdes. Il est fra- gile et s’égrène par le choc d’un corps dur. Il se fond à la flamme d’une bougie ; il se dissout avec effervescence, dans l'acide nitrique, en répandant un nuage de vapeurs d’un vert jaunâtre et en formant un dépôt de la même couleur. A l’état d’oxide il se présente sous forme d’en- duit terreux et pulvérulent jaunâtre à la surface de certains minerais de Bismuth, de cobalt et de nickel. Combiné avec le soufre, il porte le nom de Bis- muthine, et cristallise en aiguilles prismatiques où en petites lamelles d’un gris d’acier qui tire sur le jaunâtre, Quelquefois ce sulfure se présente démembré par Latreille de celui de Panorpe, à 4 cause | combiné au cuivre , au plomb et au cuivre réunis, ou au plomb et à l'argent: il forme alors ces com- binaisons qui ne sont point cependant considérées comme espèces minéralogiques et qui font donner au Bismuth sulfuré les surnoms de cuprifère, plumbo-cuprifère , et plumbo-argentifere. Le Bismuth se combine aussi avec un métal ap- pelé T'ellure, et forme conséquemment un tellurure que l’on a dédié à M. de Born sous le nom de Bornine. Cette substance, qui est extrêmement rare, est d’un gris d’acier ou d’un blanc de zinc, et se présente en lames hexagones ou irrégulières. M. Mac-Grégor a signalé dans les mines d’étain de Sainte-Agnès en Cornouailles un carbonate de Bismuth ; mais son analyse a présenté dans sa composition une anomalie , relativement aux pro- portions d’oxide du métal et d'acide carbonique, qui ne permet pas de considérer l’analyse comme exempte d'erreur. Les diverses espèces de Bismuth se trouvent dans les terrains anciens, dits de cristallisation, et dans ceux qui leur succèdent et qui sont intermé- diaires entre les premiers et les terrains secon- daires. Le Bismuth s’emploie pour donner à l’étain un degré de dureté suflisant : il est utilisé ainsi par les potiers d’étain. L’alliage formé de huit parties de Bismuth, cinq de plomb;et trois d’étain, est fusible à la température de l’eau bouillante ; on l’emploie utilement à clicher des médailles ; inventé par le chimiste Darcet père, cet alliage est connu sous le nom de Métal de Darcet. | La dissolution du Bismuth par l’acide nitrique. sert à faire une encre sympathique que le plus léger contact de l'hydrogène sulfuré colore en noir. On emploie aussi l’oxide de Bismuth dans la préparation du blanc de fard. On en fait enfin la base de quelques pommades pour noicir les cheveux. (J. H.) BISON, Bos Bison. (maw.) Cette espèce de Bœuf est de l'Amérique septentrionale tempérée ; pendant l'hiver elle s'étend dans les forêts ; l’été elle habite les prairies. Nous en parlerons en trai- tant du genre Boœur. (voy. ce mot.) (GERv. ) . BISSOLITHE. (uin.) Voy. Byssorire. | . BITTERSPATH ou SPATH AMER. (un. ) Nom qui a été fort improprement donné par les Alle- mands à la chaux carbonatée magnésifère ou do- lomie ; car cette substance, n’étant soluble ni dans l’eau ni dans la salive, ne présente aucune espèce d’amertume qui puisse justifier l’applicationi d’un nom semblable, puisqu'elle n’a aucun goût. 7 0y+ Dozomis. (Tu. V.) BISTORTE. (80r.) Adjectif synonyme de con- tourné ; il s'applique particulièrement à toute ra- cine présentant deux coudes. BISTORTE.: (20T. PHan.) C’est le nom vulgaire du Polygonum. bistorta, parce que sa racine est repliée, deux fois sur elle-même. Cette plante est représentée dans notre Atlas, pl. 49, f. 5. Voyez Renouées. (L.) BITTAQUE , Bittatus. (is. ) Ce genre a été | | | | BITU: cause des différences très-sensibles que présentait l'espèce sur laquelle il a établi cette coupe ; ses caractères peuvent se résumer en peu de mots : abdomen terminé presque de la même façon dans les mâles et les femelles, crochets des tarses, d’un seul article, trois ocelles. Par la terminaison de Yabdomen ils s’éloignent des Panorpes, par les yeux lisses des Mémoptères et des Borces, et enfin par la forme du crochet des tarses, des trois pré- cédens pris ensemble. La forme de leur corps est très-allongée ; aussi les a-t-on comparés à des ti- pules. Les ailes sont égales, en forme de spatule , couchées horizontalement dans le repos, les pattes sont excessivement grêles et allongées. On n’en connaît en Europe qu’une espèce qui se trouve plus particulièrement dans.le nord et dans. les pays de montagnes comme la Suisse, c'est la B. rœuze , Panorpa tipularia, de Fabr. longue de hüit à neuf lignes, d’un brun roussâtre avec les ailes légèrement enfumées; elle est représentée dans l’Iconographie de M. Guérin , Insectes, pl. G1, fig. 2. (A. P.) BITUMES. (ctoz. et min.) Les Bitumes sont des substances combustibles de la classe des carbures d'hydrogène , tantôt liquides, tantôt solides ou ayant la mo%esse de la poix, et dont la composi- tion , à cause de la variabilité de leurs caractères, n’a pas encore été bien définie. A l’état solide ils sont très-friables, se pulvérisent facilement entre les doigts et se liquéfient à une température peu élevée: tous jes bitumes s’enflamment facilement et brûlent avec flamme et fumée épaisse, en dé- gageant une odeur forte quidèur est particulière. Leur pesanteur spécifique, ordinairement moindre que celle de l’eau , varie de 0,7 à 1,6, ce qui fait que la plupart du temps ils surnagent à sa surface. On les divise, d’après leurs caractères physiques, en plusieurs sous-espèces qui passent de l’une à Vautre. 1° Vaphte ou Pétrole, est une substance liquide à la température ordinaire, diaphane, jaunûâtre , très - inflammable, pouvant prendre facilement feu par l’intermède de sa vapeur, même quand il est placé à une certaine distance d’un corps en ignition, et ayant une odeur forte qui se rapproche de celle de la térébenthine. Lenaphte se trouve rarement pur dans la na- ture ; il est ordinairement mélangé , lorsqu'il sort du sein de la terre, d’une autre matière bitumi- neuse, non volatile, qui le rend plus ou moins bran et plus visqueux; il prend alors le nom de Pétrole; c’est à cet état qu'on le rencontre le plus souvent. Le naphte s'obtient par une distillation douce, et laisse pour résidu une matière vis- queuse semblable à l’asphalte, qui prend de la consistance lorsqu'elle est exposée à l'air. Le naphte distillé se compose, suivant Th. de Saus- sure , de 87,60 de carbone et 12,40 d'hydrogène, exactement la même composition que le gaz hy- drogène percarburé ; en: sorte que l’état liquide de Vun et l’état gazeux de l’autre ne paraissent tenir u’à un arrangement moléculaire différent. * 9° Malthe ou pissasphalte, Bitume auquel on Tome [. Aa EE TT TT TES EEE BITU. donne indifféremment les noms de Bitume gluti- neux;, de Poix:ou Goudron minéral, de Pétrole te- nace; il est mou, glutineux , se durcit par le froid et se ramollit au contraire par la chaleur ; il pa- raît être la substance qui, par son mélange avec le naphte, constitue le pétrole; ‘il a une odeur très-prononcée de goudron ;et sa composition n’a pas encore été bien définie. ; 5° Asphalte. Ce Bitume, qui a été connu de toute antiquité ; provient particulièrement , ainsi que l’indique assez son nom, du lac Asphaltide ; solide, noir, à cassure vitreuse: et conchoïdale , il ne fond qu’à une température plus élevée que celle de l’eau bouillante, est sans odeur , et a une pesanteur spécifique de 1 à 1,6. On le nomme: aussi quelquefois bitume ou Baume de Judée où de momie, Gomme des funérailles, Karabé de So- dome, Poix minérale scoriacée. 4 On réunit encore aux Bitumes, ou carbures. d'hydrogène, beaucoup d’autres substances , telles que le Succin, le Rérin aspaazTe, le Caourcnouc MINÉRAL , l'HATGHÉTINE, ebc., etc. (Woy. ces dif- férens mots.) Jusqu'à présent les Bitumes n’ont guère été considérés que sous le rapport minéralogique; cependant le rôle important qu'ils jouent dans la nature doit les faire entrer désormais dans le do- maine de la géologie. A la vérité leur nature, le plus ordinairement fluide, s’est opposée à leur réunion en roches, et on ne les trouve le plus souvent que disséminés au milieu des différentes formations; mais leur grande abondance dans toutes les contrées de la terre , leurs liaisons in-. directes avec les phénomènes volcaniques, ne permettent pas de les en séparer; c’est donc sous; le point de vue géologique’ et volcanique que nous allons les examiner. On a beaucoup discuté jusqu'ici sur l’origine des Bitumes, et imaginé de nombreuses hypothèses pour expliquer cette origine ; mais aucune ne pa-- _raît bien salisfaisante, et ne répond qu’à une partie des conditions de leur existence; plusieurs savans ont pensé qu'ils résultaient de la décomposition des débris organiques, et MM. Turner et Reichenbach, entreautres,ont fait desthéories pour prouver qu’ils proviennent de la distillation des houilles, et il faut avouer que la similitude de certains bitumes avec ceux que l’on peut extraire de la houïille de-- vait fortement appuyer cette opinion; mais lors- qu'on réfléchit à l'immense quantité de bitumes répandus à la surface de la terre, qu’on étudie at-- tentivement toutes les circonstances qui accompa- gnent d'ordinaire leur gisement, qu'on examine: leurs rapports constans avec les terrains salifères , les gypses, le soufre, les salces, les éruptions ga- zeuses ou feux perpétuels, les sources thermales ct minérales, qu’on tient compte de leur présence: dans beaucoup de roches ignées , et qu'enfin on considère qu'ilsentrent en quelque sorte comme élément dans certaines roches volcaniques, on ne peut guère attribuer à la plupart d’entre eux une: origine différente de celle des substances avec les- quelles ils sont si constamment en rapport. Les Bi- LVI° Livraison, 56 BITU ko BITU $ tumes sont donc pour nous des produits voleani- ques indirects, qui se produisent dans des circon- stances toutes particulières > etnous pensons avec plusieurs chimistes que ce sont des substances natives qui peuvent devoir leur origine à un cer- tain nombre de causes qui nous sont encore in- connues, C’est du moins la seule hypothèse rationnelle qui nous paraisse répondre d’une manière satisfaisante à toutes les objections. Cette manière toute nouvelle d'envisager l’origine des Bitumes demande à être appuyée par des faits, aussi nous espérons qu’on nous pardonnera d’être entré ici dans quelques détails sur leurs princi- paux gisemens, détails qu’on ne pourrait d’ailleurs réunir qu'en lisant un grand nombre d'ouvrages. Quoique nous ayons déjà publié notre opinion à cet égard dans plusieurs notes insérées dans le Bulletin de la société géologique de France, nous ne rejetons cependant pas l'idée que, dans cer- taines circonstances , la décomposition des corps organisés a pu donner naissance à des substances résineuses : mais nous pensons que ces cas sont en général exceptionnels, et n’ont donné lieu qu'à la formation de très-petites quantités de Bitume comparativement aux masses qui sont journelle- ment produites dans quelques localités. Les naphtes ou pétroles accompagnent presque toujours les salces ou les dégagemens de gaz hy- _drogène carboné, connus sous les noms de. feux perpétuels ou sacrés, qui s’'échappent en différens lieux de l'intérieur de la terre , et ces gaz ayant la même composition que les naphtes, on peut très- bien les considérer comme de véritables naphtes à l’état gazeux, et dire que là où il y a dégagement de ce gaz, sans que le naphte se manifeste à la surface du sol, c'est un indice certain de son existence dans l’intérieur du sol. La seule source de pétrole connue en France est celle de Gabian, près de Pézenas (Hérault) , ce qui lui a valu le nom d’Auile de Gabian , qu’on lui donne assez ordinairement dans le commerce, Gette source, découverte seulement en 1608, produisait trente-six quintaux de Bitume par an; entièrement perdue en 1706, elle reparut bientôt après; mais depuis cette époque sés produits ont beaucoup diminué, et elle ne donne plus guère annuellement que quatre quintaux ou environ deux cents litres: Il existait dans le quinzième siècle une autre source de naphte à Waldsbrunn, près du château de Bitsche (Moselle) ; mais elle s’ést perdue et il n’en reste plus de trace. D’autres sourcesexistent dans le duché de Parme, près des volcans vaseux du Modénois ; en Toscane, au nord des salces de Barigazzo et Pietra-Mala ; en Sicile, dans le voisinage des salces ; on en trouve en Angleterre, en Écosse, en Bavière, en Suède, en Gallicie, dans la Transylvanie, en; Valachie, près des feux perpétuels, et du temple des Parsis , où on en recueille annuellement pour 200,000 roubles (environ 800,000 francs). Nous avons fait connaître les sources de naphte de l’île de Zante, Elles sont situées dans une petite plaine maréca- geuse d'environ deux lieues de circonférence, bornée d’un côté par la mer; et de l’autre par des, collines de calcaires schisteux et bitumineux de la formation crayeuse. En traversant cette plaine,.om, sent sur quelques points Ja terre trembler sous les pieds, comme lorsqu'on marche au dessus de cer- taines tourbières; on assure même qu'on y en- tend parfois un bruit sourd, comme si le dessous du sol était creux. L'huile de pétrole s’y recueille, dans plusieurs bassins naturels, dont le principal à environ 50 pieds de circonférence; el, quand, on vient à creuser le terrain aux environs, il en jaillit aussitôt une source d’eau d’où l'huile de pé- trole s'élève en bouillonnant. Ces sources remontent à la plus haute antiquité, et Hérodote, qui les avait visitées, dit « que l’île de Zacinthe (Zante) renferme plusieurs lacs, où , en enfoncant une perche à l'extrémité de laquelle est attachée une branche de myrte, on la retire chargée de poix qui a l'odeur du Bitume, et qui est préférable à celle de la Pierrie, province de , Macédoine qui en fournissait aussi. » Les parois.et le fond de ces étangs se recouvrent continuelle- ment d’un enduit épais de pétrole, que l’on amène encore à la surface, comme du temps d'Hérodote, en agitant l’eau avec quelques branches d’arbre. On en recueille environ 100 barils par an, que les habitans de l’île emploient au calfatage des bôtimens, en le mélangeant avec du goudron de: résine pour lui donner plus de consistance, Il y a également en Amérique de nombreuses sources de naphte et de pétrole; on en connaît au Pérou, dans les étaisude New-York, près du lac Érié; dans le comAË de Cumberland, où elles sont connues sous le nom de Zock-Oil; dans les: états de l'Union, dans le Kentucky, sur les côtes de Carthagène, etc. ; eiles sont généralement con- nues en Europe dans le voisinage des sources sa- lées ou des sources brülantes, ( En Asie, les sources de naphte et de pétrole ne sont pas moins répandues; il y en à dans le voisi- nage des sept sources chaudes, sulfureuses et sa- lines à Grumaja, dans le Caucase; en Perse il ÿ en a une grande quantité , qui toutes sont en rap- port ou-avec le phénomène qui produit les sels ammoniacaux ( dans la petite Boukharie), ou avec les sources salées et les feux perpétuels. Le fa- meux #roum des Perses n’est autre chose que du naphte qui découle des parois d’une caverne des environs de Darab , que le gouverneur tient soi- gneusement fermée et n’ouvre qu'une fois par an, pour en recueillir la petite quantité qui s’y est amassée, et l'envoyer à la cour, où on le regarde comme un baume merveilleux. Il y en à dans l'Inde, au Penjäb , au Japon, en Chine, où on le rencontre ordinairement dans le forage des puits pour la recherche des eaux salées ; les Ghinois le nomment huile de pierre ; on le trouve sur les bords du Tigre, où les sources de pétrole sont si multi- pliées que le fleuve en est parlois couvert, et que les voyageurs s’amusent souvent à y meitre le feu ; mais la localité la plus célèbre pour la production du napthe est sans contredit le Schirvan (aux environs de Bakou et de la presqu'ile d’Abcheron sur la mer BITU 443 BITU Caspienne ). Son sol pseudo-volcanique , ses sal- ces qui vomissent des torrens de boues, ses feux perpétuels, ses nombreux puits salés, ses nom- breuses sources de naphte et de pétrole, ont rendu cette contrée célèbre dans tout l'Orient et en font une des localités les plus propres à étudier la formation des Bitumes et leurs rapports avec les phénomènes pseudo-volcaniques. Nous avons aussi fait connaître, d’après M. Lenz, cette localité curieuse. Les feux perpétuels y ont un rapport intime avec les phénomènes pseudo- volcaniques , rapport qui existe également entre ceux-ci et le naphte, qui tantôt est lancé avec la bourbe argileuse , comme cela a lieu au village de Balkhany, tantôt pénètre les morceaux d'argile schisteuse et de grès que vomissent les volcans. Le sol de la presqu'île d’Abcheron est tellement imprégné denaphte, qu'il jaillit en quelques en- droits de la terre ; dans ceux où ïl est moins abon- dant , il n’arrive à la surface , ainsi que les autres matières, que par les violentes éruptions qui se font jour à travers les masses d’argile amollie. Les feux perpétuels sont dans les environs de Bakou , et les plus remarquables , au nombre de deux, sont : les petits feux, situés au sommet d’une colline au S.-0., et les grands feux nommés Atech-gah (foyers), situés dans la presqu’ile ; d’Abcheron , À douze verstes à l'E.-N.-E. Ceux- ci sont sur une bien plus grande échelle et sont ecux que les voyageurs citent comme la chose la plus curieuse; ils ont acquis dans l'Orient une si grande célébrité, que , de nos jours encore, ils ont attiré du ford des Indes vingt descendans des anciens Guèbres, sectateurs de Zoroastre, qui adorent la divinité dans ces feux perpétuels , et y accomplissent les vœux les plus singuliers avec “une persévérance digne des pieux cénobites des premiers siècles du christianisme. Les feux de l’Atech-gah diffèrent des petits feux en ce que ceux-ci dégagent une odeuritrès- prononcée de naphte et sont accompagnés de fu- mée qui en provient très-vraisemblablement ; ils sont situés dans une vaste.enceinte de forme ellip- tique, et s’échappent du milieu d’un calcaire co - quillier, à l'extrémité N.-O. de l’ellipse, dont le grènd axe est dirigé du N.-0. au S.-E. La plus grande partie des feux se trouve dans la cour du bâtiment des Indiens, pentagone irrégulier, où Vonentre par une porte surmontée d’une espèce de tour. Lesflammes principales sortent de quatre piliers creux, d'environ 25 pieds de hauteur , «et forment les quatre angles d’un petit temple placé au milieu de la cour ; elles paraissent avoir deux pieds le jour, et trois la nuit; leur intensité est si grande qu’elles répandent assez de clarté pour lire à une versie de distance dans une nuit obscure. . C’est à l'extrémité N.:0. de cette enceinte el- liptique, à 45 pieds au dessous de l’Atech-gah , et à 19 pieds seulement au dessus du niveau de la mer Caspienne, que se trouvent les seize puits de naphte blanc, les seuls que possède la contrée ; ce naphte diffère du noir par une couleur verdâ- tre , par une odeur moins désagréable, par son extrême fluidité , et sa grande volatilité. La pro- fondeur moyenne des puits jusqu’au maphte est de 18 pieds. Le naphte noir ou pétrole pénètre à la surface du sol dans un grand nombre d’endroits, mais le lieu principal est près du village de Balkhani, au N.-E. de Bakou. Îl y à 82 sources qui fournissent 20,300 pouds de naphte par mois, 245,600 pouds, ou environ 40,194 quintaux par année. Il une couleur brun verdâtre , une odeur pénétrante et désagréable , plus de consistance que le naphte blanc ; il s'attache fortement aux doigts quand on le touche. Au fond de quelques puits, et notam- ment dans celui de Khalafi, qui fournit la plus grande source, on entend distinctement le bruis- sement qu'occasionne l’ascension des bulles de gaz hydrogène carboné qui l'accompagne. L'apparition simultanée du gaz et du naphte , la présence de tous deux dans les éruptions des pseudo-volcans, indiquent suflisamment la cor- respondance souterraine qui existe entre ces phé- nomènes; mais, dit M. Lenz, « où se trouve le foyer de l’action volcanique que les trois éruptions de bourbe, de naphte et de gaz nous annoncent, et quelle en est la cause ? c’est ce qu'il est im- possible de déterminer avec précision. » La pres- qu’île d’'Abcheron et les environs de ‘Bakou ne sont pas les seuls points ‘où ces phénomènes se manilestent; on les retrouve jusqu'à l’embou- chure du Koura (le Cyrus), et l’on assure qu'il en existe aussi de semblables sur la côte opposée , en Crimée, dans les petites îles voisines de la côte occidentale de la mer Caspienne; et l’une d'elles , située à l'embouchure du Koura, paraît devoir son origine à ces phénomènes , ainsi que semble l’indi- quer son nom, qui équivaut à celui de carreau calciné ; dans celle de Tschélé-Kaen , il existe des puits qui en donnent dans une eau chaude , salée et sulfureuse. Tout le sol dela contrée est tertiaire et plus ou moins pénétré de bitume. Il est cou- vert de lacs salins, qu'on exploite pour en ex- traire le sel,et leurs eaux sont ordinairement chaudes; à Psarachain , il y a une fente d’où s’é- chappent des vapeurs brûlantes ; enfin l’on assure qu'il sort souvent des flammes du milieu de la mer elle-même. Le Bitume maltlie, ou pissasphalte, n’est à pro- prement parler qu'un pétrole plus noir, plus épais, d’une consistance plus solide ct plus vis- queuse, qui s'approche beaucoup de celle de la poix végétale ;.il se trouve dans une grande par - tie des lieux où se rencontre le pétrole; il s'écoule par les fissures des roches , et couvre souvent Ja surface du sol environnant d’une croûte ondu- leuse et mamelonnée , ou bien il forme des sta- lactites ; ilimprègne! beaucoup de-terrains et con- stitue ce qu’on appelle les calcaires, les grès , les conglomérats bitumineux ;!les argiles, les vaeites bitumineuses , etc. Nous avons également fait con- naître les fameuses mines de malthe ou pissas- phalte de PAlbanie. Ces mines , déjà exploitées du temps de Pline , et où se répètent une partie des (BITU 444 BITU phénomènes de Bakou et de Pietra-Mala, sont! situées dans le Condessi, à la base septentrionale des monts Chimariots ( Akrocérauniens ) , et occupent la partie comprise dans l'angle quel forme la rivière deVoioussa avec celle de Souchista. L’étendue de ces mines de poix minérale, réputée excellente pour calfater les vaisseaux, et: qu’on n’a cessé d'exploiter depuis un grand nombre de siècles, paraît se prolonger très-loin vers le S.-E. ; et la quantité de malthe que l’on pourrait en re- tirer suflirait à lapprovisionnement de l'Europe entière. On trouve dans les environs le soufre mélangé à du gypse, de l’alun et d’autres sub- -stances minérales, et les habitans assurent qu'on -voit encore presque toutes les nuits des flammes bleuâtres voltiger à la surface de la terre. Il est impossible de méconnaître à tous ces ca- ractères le Vymphæum des anciens, d’où s’échap- paient sans cesse des sources de feu, sans nuire à la verdure environnante. Plutarque, dans sa Vie de Sylla, dit que dans le voisinage d’Apollo- -pia est situé le Nymphæum , terre sacrée, où des sources perpétuelles de feu coulent au milieu d’une vallée riante et de belles prairies, sans les endommager; Aristote, en parlant de ce phéno- mène, ajoute que l’huile que l’on présentait à la flamme qui se dégageait de la terre , s’enflammait facilement ; Elien , qui avait observé lui-même le phénomène, dit aussi que le Bitume, auquel Dioscoride et avec lui tous les auteurs de l’anti- quité ont donné Je nom de Pissasphalte, nom .qui s’est conservé jusqu’à nos jours, était mêlé avec des substances sullureuses et alumineuses, et que l'odeur qu'exhalaient au loin les feux dunym- phæum ressemblait à celle de l’alun et du soufre. Si de nos jours, comme au temps de Dion- - Gassius, qui parle aussi de ces phénomènes en 4émoin oculaire , des torrens de feux ne roulent plus au milieu des champs, une partie des cir- constances qui les accompagnaient se sont per- pétuées : il s'en dégage encore des gaz méphiti- ques qui s’y enflamment souvent, et, avec le .malthe, il se forme, par suite de ces émanations gazeuses, du soufre, du gypse, des sels alumi- neux et autres produits chimiques. Le malthe se trouve dans un grand nombre de localités, où il imprègne les roches, soit du ter- rain houiller ou des terrains secondaires en ( Grèce c’est dans la formation crayeuse qu'on le trouve), soit du terrain tertiaire où il est sur- tout abondant et forme des gites assez considéra- bles, aux environs de Dax, à Begrède en Langue- doc, à Gabian, à Seissel près de la perte du Rhône, à Neufchâtel ( Suisse), à Lobsan , Lam- perlock (Bas-Rhin) , dans la Bavière , dans le Ba- nat, en Transylvanie, en Gallicie; il imprègne aussi plusieurs roches et terrains volcaniques , certains basaltes , des tufs basaltiques, des vaki- tes, à Pont-du-Château, au Puy de la Pége près de Clermont (Auvergne); il sort souvent de la terre avec certaines sources minérales et se ras- semble à la surface , où on peut le recueillir; au Puy de la Poix, il suinte directement des vakites à pépérites, en quantité d’autant plus grande que la température est: plus élevée : 11 est accompa- gné d’eau salée. Le Bitume malthe s’exploite dans un grand nombre d’autres localités ; celui qui imprègne les sables ou les argiles n'offre pas de grandes diffi- cultés d'extraction ; on exploite ces matières, on les fait bouillir avec de l’eau dans de grandes chau- dières, et le Bitume ne tarde pas à venir se réunir à la surface; dans d’autres cas, on forme avec les roches bitumineuses des tas dans le centre desquels on a ménagé du combustible ; auquel on met ensuite le feu ; et le Bitume, devenant bien- tôt fluide par l’action de la chaleur, s'écoule de toutes parts dans des bassins disposés pour le recevoir. L’Asphalteest le Bitume solide qui provient par- ticulièrement de la mer Morte ou lac Asphaltide, où il est connu depuis un temps immémorial ; il s'élève continuellement du fond à la surface des eaux, où il arrive à un certain état de mollesse ; il est poussé par les vents dans les anses et les gol- fes le long des côtes, où on le recueille ; il ac- quiert de la consistance par son exposition à l'air. Les anciens paraissent avoir eu l'idée que cette substance est un véritable produit volcanique ; ainsi Strabon dit à ce sujet : «que le lac est plein d’asphalte qui, à des époques régulières , se détache du fond des eaux et jaillit en bouillon- nant à leur surface ; alors les flots écumans se relèvent en pyramides et présentent, en se gon- flant , le spectacle d’une colline dont le sommet vomit des cendres et se couvre de nuages de vapeurs qui ternissent l'argent, le cuivre et tous les corps métalliques, excepté l'or.» Cetta descriplion nous paraît évidemment indiquer qu'il y a eu anciennement et à différentes époques, dans le lac Asphaltide, des éruptions sous-mari- nes, accompagnées de dégagemens de gaz hydro- sulfurique , qui, à l'exception de l'or, a la pro- priété de ternir tous les métaux. Tacite rapporte aussi que l’asphalte s'élève à la surface des eaux du lac, qu'il y nage pendant - quelque temps, et que les habitans du pays em- ploient différens procédés pour le coaguler. Dios- coride dit également que le Bitume de Judée était très-estimé , et qu'on le reconnaissait au reflet couleur de pourpre qu'il offrait aux regards, lors- qu’on l’exposait à la lumière du soleil. Aujour- d’hui ce sont les Arabes qui le recueillent sous le nom de Karabé de Sodome:; ils en vendent la plus grande partie à Jérusalem , et se servent du reste pour calfater leurs canots et leurs navires. Les manufacturiers de Damas l’emploient pour enduire les étofles , et en faire des toiles ou des draps imperméables. Tous les récits des voyageurs , aussi bien que -les passages des historiens de l'antiquité, sem- blent démontrer que le lac Asphaltide a été le siége de grands phénomènes volcaniques , el tous les écrivains, Lant profanes que sacrés, s’accor- dent à dire qu’il existait autrefois sur les bords de cette mer de grandes villes qui ont été englou- BITU 445 :BITU oo “ ties, ct dont on prétend qu’on retrouve encore des débris sous les. eaux. D’un autre côté le doc- teur Clarke, savant voyageur. anglais, prétend que l’une des montagnes qui bordent celte mer n'est autre chose qu’un volcan éteint qui ressem- bleparfaitement par sa forme au Vésuve , et. qui présente à son sommet un cratère très-visible 5:C6 qui, en dépit des auteurs bibliques ; rendrait assez naturelle l'explication de la destruction de Sodome et de Gomorrhe par suite d’une éruption volcani- que qui aurait eu lieu depuis les temps histori- | ques... D’autres phénomènes volcaniques parai- “' iraient aussi s'être manifestés dans. les eaux de “ cette mer, depuis les temps historiques ; car les eaux semblent, d’après les passages de quelques auteurs, avoir été quelquefois élevées à une très- | haute température : ce n’est du moins qu’à l’aide | de cette hypothèse que pourraient s'expliquer les | "contradictions des voyageurs sur la température de ses eaux; ainsi Strabon dit positivement que ceux qui sont allés bien avant dans le lac ont été | brûlés jusquà la ceinture, et Pokoke pense que l'on court risque de s’y brûler, tandis que plu- sieurs voyageurs ont pu s’y baigner impunément ; Mais presque tous les auteurs paraissent s’accor- | der avec nous sur l’origine volcanique du Bitume quelles produisent. 7/oy. pour ce qui concerne la mer Morte le mot AsPnarrIpe et Pesanteur spé- cifique au mot BALANCE HYDROSTATIQUE, On cite un grand nombre de lieux où le Bi- tume asphalte se produit également à la surface des mers : à l’île de la Trinité il en existe un lac de trois milles de tour ; on trouve aussi dans beau- coup de localités des substances bitumineuses ana- logues, ordinairement noires ou brunâtres, ou rou- ‘geûtres, solides , qui accompagnent diverses sub- stances minérales cristallisées, telles que le quartz , la baryte, la chaux carbonatée , la galène, Je cuivre pyriteux, au Hartz, dans le Palatinat , -en Suisse, en Angleterre ; il en existe des filons avec des calcaires spathiques dans les roches trap- péennes du mont Caltonhill, près Édimbourg en cosse, etc, etc. Usages des Bitumes. Les usages auxquels les Bitumes peuvent servir sont extrémement nom- breux; ils ont donc sous ce rapport une très- grande importance ; on s’en sert comme combus- übles , et le naphte et le pétrole sont employés dans plusieurs localités pour cuire la chaux, et même pour cuire les alimens ; dans les environs de Bakou, où il suflit d’enfoncer dans la terre un tuyau d’un pied de long pour en faire exhaler un jet violent de vapeur bitumineuse à laquelle il suflit de mettre le feu, en Perse depuis Mossul Jusqu'à Bagdad, le peuple ne se sert pas d’autre chose pour l'éclairage; en Chine , où il se trouve avec les eaux salées , il sert à évaporer celles-ci ; L dansles Apennins on emploie les feux naturels non- | seulement pour cuire la chaux et les alimens, mais | aussi pour cuire les poteries et évaporer les liquides; | Ja ville de Parme est éclairée par le pétrole d’A- | Mmiano; en Valachie, les Parsis s’en servent aussi | pour leur éclairage. Dans les lieux où il est abon- | dant , le Bitume entre dans la composition des vernis noirs et même de la cire noire à cacheter , et l'on assure qu'il entre dans celle: du brillant vernis chinois qu'on nomme laque; on l'emploie aussi à enduire les bois et les:câbles qu’on veut préserver de l'humidité, ou qu’on veut faire servie sous l’eau; celui de Gabian sert également à en- duire les tourillons et les engrenages des grandes machines; et, pour lui donner plus d’onctuosité , on le fond avec de la graisse. On a quelquefois aussi employé les Bitumes avec avantage dans : les constructions hydrauliques ; on en fait d’excellens maslics, qui peuvent servir à toutes espèces de constructions ; il paraîtrait même que les anciens en ont fait: usage dans les constructions de la tour de Babel et des murs de Babylone. Les anciens Égyptiens faisaient de même usage de l’asphalte de Judée et d’autres Bitames pourem- baumer leurs morts et en faire ce que nous ap pelons aujourd’hui des momies d'Égypte, et c’est à cette circonstance qu’il doit son nom de Baume de momie ou des funérailles qu’on lui a quelque- fois donné; aujourd’hui on se sert encore de l’Asphalte pour fabriquer la couleur qu’on appelle momie , parce qu'on a souvent extrait des momies elles-mêmes le Bitume comme y étant de meil- leure qualité. En médecine il est employé comme vermifuge, et l'huile de Gabian a eu sous ce rap- port une grande renommée; en chimie, on l’em- ploie pour conserver le potassium et le sodium qui décomposent de suite les liquides qui con- uennent de l'oxygène; mais l’un des princi- paux usages auxquels servent les Bitumes est le goudronnage des vaisseaux et de leurs agrès , on l’emploie non-seulement en Grèce , en Russie, en Syrie, mais encore presque par- tout il sert à cet usage. Enfin, outre des étofles imperméables propres à couvrir les bâtimens, on peut encore en faire des es- pèces de dalles, en les mélangeant avec du sable, et on exploite dans quelques localités des bancs de sable bitumineux pour cet objet; ces dalles ont l’avantage de pouvoir être soudées au moyen d’un fer chaud, en sorte qu’on peut en former des ter- rasses tout-à-fait imperméables à l’eau. t Si l’on récapitule maintenant toutes les circon- stances du gisement des Bitumes sur lesquelles nous venons de nous étendre, et qui les caracté- risent en Chine, en Perse, à Bakou, au lac As- phaltide, en Valachie, en Albanie, à Zante , en Sicile, en Italie , à Pietra-Mala et dans le Modé- nois, où ils sont en rapport soit avec les salces, soit avec les sources brülantes de gaz hydrogène carboné; si l’on tient compte de leur liaison avec certains gypses, de leurs rapports avec la produc- tion des sels ammoniacaux et alumineux, et autres produits chimiques ; si l’on se rappelle que la pré- sence du Bitume a été constatée par Vauquelin dans tous les minerais de soufre dont il a eu occa- sion de faire l'analyse , ‘que M, Persoz vient d’en constater aussi dans les eaux mères de Souls-sous- Forêts; qu'il se rencontre dans beaucoup de ro- ches ignes , telles que certains granites, des ba- BITU saltes, des vakites, des laves, etc.; qu'il existe en filons dans des roches trappéennes, ou qu'il est souvent mélangé avec des substances de filons telles que le cuivre pyriteux, la galène, la ba- ryte, étc; que M. Fournet l’a constaté dans les calcaires roses spathiques des filons métallifères de Pont-Gibaut ; qu il a été reconnu dans les quartz des environs de Limoges , qu’enfin certai- nes sources minérales et étages en charrient quelquefois de grandes quantités et qu’il se ren- contre aussi en abondance au milieu de terrains entièrement volcaniques , comme en Auvergne, dans les eaux qui entourent le Vésuve, aux îles de Lipari où déjà au temps des Carthaginois il était le sujet d’un commerce important , “dans les îles du Cap-Vert , etc. etc. ; il sera bien impossible de ne pas regarder la plupart des Bitumes comme de véritables produits volcaniques. C’est du moins le résultat auquel nous ont amené l'étude et la comparaison de ces différentes circonstances. Néanmoins, s’il restaitencore, après l'énumération de tant de faits, quelques doutes, il nous serait facile de les détruire et de prouver par un simple calcul que leur origine n’est point organique et qu'ils ne peuvent provenir, par exemple, de la distillation des houilles, comme le pensent quel- ques personnes. Nous avons vu que les sources de pétrole de l’île de Zante en fournissent annuelle- ment 100 barils de 200 livres environ. Ges sources existaient déjà du temps d'Hérodote, qui vivait dans le cinquième siècle avant notre ère ; en pre- nant donc pour leur produit la moyenne de 100 barils par année, 2,500 ans X 100 barils X 200 livres sera approximativement la quantité de li- vres de pétrole qu’elles ont dû fournir depuis que cet historien les a décrites; or, M. Reichenbach ayant reconnu, par plusieurs expériences , que chaque quintal de houille donnait au plus deux onces d'huile, iln’aurait pas fallu moins de 2,300 X 100 X 200 X 8 — 868,000,000 quintaux de houille pour produire cette masse effective de pé- trole. Si l’on ajoute maintenant que ces sources devaient exister bien avant Hérodote ; qu ’elles sont Join de paraître épuisées ; que la quantité de pé- trole recueillie est très-probablement loin de cor- respondre à celle qui est produite, on voit que toutes les mines de houille de l'Angleterre ( Pays l2 plus riche en ce genre de combustible ) n’au- raient pu suflire à alimenter, par leur distillation lente, les seules sources de Vanite / et cependant elles ne fournissent guère que la quatre centième partie de la quantité qui se recueille aux environs de Bakou. L'âge des Bitumes n’est pas moins difficile à dé- terminer que leur origine; car nous les voyons remonter de l'époque actuelle jusqu'aux terrains houillers, où l’on commence déjà àles rencontrer mélangés à quelques argiles schisteuses et à des grès à LOUE les autres terr ans secondaires, parti- Lalibteniqut la formation crayeuse, en selebrient plus où moins abondamment; mais ce sont les terrains tertiaires surtout qui les présentent le plus fréquemment et en plus grande abondance, 446 Il semblerait donc résulter de là que les Bitames n’ont pas d'époque précise de formation, mais seulement ils ont commencé à paraître à l'époque . des terrains houillers et peut-être même déjà an. térieurement ; qu’ils ont continué à se former de- puis lors en augmentant toujours de proportion jusqu’à nosjours, où ils semblent se produire plus abondamment qu'ils ne l'ont fait à aucune autre époque géologique. (Tu. Vinzer. ) BITUMINEUX , SE. (c£or.) Toutes les substan- ces qui renferment une plus ou moins grande quantité de bitume mélangé prennent ordinaire- ment le titre de Bitumineuses ; ainsi l’on dit un calcaire, un basalte , un terrain Bitumineux ; une argile , une vakite Bitumineuse pour indiquer le mélange d'une certaine quantité de bitume dans la roche. (Ta. V.) BITUMINIFÈRE (Onevr). (ckor. etnx.) Tous \ les bitumes jouissant de la propriété de brûler avec une odeur qui leur est propre, on a donné, pour les distinguer, aux substances minérales ou aux roches qui, par le choc ou le frottement , dé- gagent une odeur analogue , l’épithète de Bitumi- nifères ‘: ainsi l’on dit de un célcairé, d’une roche, par exemple, qu'ils sont bituminifères pour indi- quer qu'ils jouissent de cette propriété particu- lière. (Ta. V.) BIVALVE. (z001.) Composé de deux valves. La coquille de l ‘huître, celle de beaucoup d’autres mollusques acéphales, sont Bivalves. BIVALVE. (s8oTr.) On donne ce nom à toutes les espèces de capsules, siliques et gousses qui, au moment de leur maturité parfaite, se partagent en deux parties qu’on appelle valves : telles sont les capsules de la bignone, du lilas, les gousses des haricots, les noyaux de pêche; quelques botanistes! même appliquent ce nom aux bales des graminées. @:5G:) BLAIREAUX , Meles. (mam.) Ces animaux for ment un genre parfaitement distinct dans la familles des Carnassiers plantigrades, voici leurs carac tères : Corps bas sur jambes, pieds à doigts 5-5, c’est à-dire au nombre de cinq aux pieds de devant ets à ceux de derrière ; ongles robustes, propres | à fouiller ; queue courte, rue une poche remplie d’une humeur grasse et infecte, placée auprès de l'anus; six mamelles, dont deux pectorales et qua tre ventrales. 56 dents, À incisives, = canines , # molaires dé chaque côté. L'espèce-type de ce genre est le Blairean or A dinaire, T'aæxus meles , figuré à la pl. 14 de l'Ico: nographie du règne anim. , et dans notre pl. 49 f. 1. Le pelage, quiest assez long et fourni, pré sente un système de coloration très-remarquable ses couleurs les plus foncées sont inférieures, € les plus claires placées aux parties supérieureë} (c'est, comme chacun a pu en faire la remarqueës le contraire de ce qui a généralement lieu). dessus du corps est gris-brun, le dessous noir$ une bande} longitudinale noire existe de chaque D . , . x côté de la tête, passant sur l'œil et sur l’oreilles 1 Bla rean ;: 2 Blaps 3 Blatte Æ Cuerin dr + Bignone = à Bistorte BLAT La grosseur du Blaireau est à peu près celle du renard ; mais ses jambes sont plus courtes, ce qui rend'sa démarche rampante. Cet animal ressemble beaucoup aux ours, dont il à d’ailleurs Jes habi- tudes ; aussi Linné l’avait-il placé dans le même genre que ceux-ci. IL se creuse, dans les bois sombres et éloignés des habitations, un terrier tortueux et oblique, dans lequel il se tient retiré tout le jour, ne sor- tant que le soir pour aller à la recherche de sa nourriture. La femelle, qu'on trouve rarement avec le mâle, met plus d’adresse à se faire une demeure ; elle met bas , en été, trois ou quatre pe- tits, qu'elle pose sur une sorte de lit composé d'herbes et de feuilles. Dans la saison rigoureuse, les Blaireaux , bien qu'ils ne, s’engourdissent point comme les marmottes et les loirs, restent souvent plusieurs jours sans sortir. Ces animaux sont tout-à-fait omnivores, man- geant des fruits, du pain, du poisson, de la viande ou du miel selon l’occasion. Pris jeunes, ils s’apprivoisent aisément, vivent familiers avec les chiens et les autres animaux domestiques , ar- rivent lorsqu'on les appelle et reconnaissent par- … faitement la personne qui les soigne. On les trouve dans toute l'Europe, depuis l'Espagne jusqu'en Norwége; mais ils sont partout assez rares : il pa raît qu'ils existent aussi dans l Amérique du Nord. LesGrecs ne paraissent point avoir connu les Blai- reaux ; les Latins les appelaient Taxus, mot du- quel dérivent évidemment les noms espagnol teæon , italien asso et français tesson qu’ils porteat aujourd’hui. ; La chasse du Blaireau, de laquelle nous de- vons dire quelques mots , se fait de plusieurs ma- nières; comme l'animal ne sort guère que de nuit, la plus commode et en même temps la plus sûre , est d'aller l’attaquer danssa retraite; on s’en empare aisément en ouvrant des tranchées ouenles fumant, comme on le fait pour les renards. On chasse aussi le Blaireau au collet , aux traquenards, à la fourche et à la nuit, etc. Dans tous les cas, il ne faut guère laisser le chien approcher l’ani- mal ou entrer dans son terrier, car il est presque certain qu'il en sortirait avec la gale. La chair de ces animaux n'est pas tout-à-fait mauvaise à manger, et leur peau sert à faire de grossières fourrures , des colliers pour les chiens , desbrosses à barbe, étc. On considère assez généralement comme une variété du Blaireau d'Europe, le Carcajou, Meles . labradorica, qui habite le Labrador, le pays des Esquimaux. Cependant les zoologistes américains, M. Harlan entre autres, pensent qu'il doit former une espèce distincte. Il est d’un brun ferrugineux en dessus, avec une ligne longitudinale blanchâtre, simple, le long du dos, mais bifurquée sur la tête. Les pieds de devant sont noirs, les côtés du museau d’un brun foncé. Longueur totale, deux pieds deux pouces, non compris la queue. La femelle est plus petite. (Genv. BLANC. (soT. euan.) Maladie des végétaux, 447 BLAN SR caractérisée par une sorte. de poussière bianche qui se manifeste sur les feuilles’, que l’on a regardée à tort comme contagieuse, et qu'on distingue en blanc sec et blanc muelleux. Le Blanc sec n’est point une maladie mortelle ; il recouvre en totalité ou en partie la plante qu'il affecte, et s’observe principalement en été après de grandes pluies suivies de coups de soleil vio- lens. On attribue cette maladie à l’altération du tissu cellulaire. Le Blanc mielleux, appelé encore lèpre au meu- nier, S’observe en juillet et septembre, et se re- connaît à une substance blanchâtre et un peu visqueuse qui semble formée de petits filamens enlacés. Cette maladie, qui attaque principale- ment les arbres fruitiers , fait avorter les boutons. BLANC AUNE,. (or. PHan.) Voyez Axisrer. BLANC-CUL. (o1s.) Voyez Bouvreuis. BLANC D’ALBATRE. (wn.) Sulfate de chaux réduit en poudre fine, et employé dans la grosse peinture en détrempe. BLANC D'ARGENT. (vor. crxer.) Voyez Aca- RICUS ARGYRACEUS. BLANC DE BALEINE. (cmm.) Voyez C£rTine,. BLANC DE BISMUTH, ou Afagistère de bis- muth. (cum. ) Voyez BLanc DE FAR». BLANC DE FARD ( Sous-nitrate de bismuth lavé à grande cau). (caim.) Substance qui se pré- sente en flocons blancs ou en paillettes nacrées très-légères , que l’on obtient en étendant d’eau. le dissoluté de bismuth dans l'acide nitrique, et que l’on employait beaucoup autrefois, avant qu’on ne connût les beaux rouges tirés des végétaux, pour donner au teint flétri l'éclat passager de la frat- cheur ou pour rehausser le masque vivant des artistes dramatiques. Ce cosmétique est aban- donné aujourd’hui, et avec juste raison ; car, de parfaitement incolore qu’il est naturellement, il a l'inconvénient de noircir facilement, de se trans- former en sulfure, lorsqu'il est en contact avecun air chargé de miasmes fétides, et surtout sulfu- reux. Cette propriété du sous-nitritate de bismuth est bien connue des fabricans d'encre de sym- pathie, des saltimbanques , des tireurs de cartes , elc., qui occupent les places et les prome- nades publiques des grandes villes. Mes lecteurs ont vu sans doute plusieurs fois, sur les quais et les boulevarts, à Paris, de ces habiles escamo- teurs qui, en deux minutes, donnent à l’ouvrier ou à la bonne d’enfans qui les écoute nez au vent, oreille tendue et bouche ouverte, des nouvelles d’un argent ou d’une lettre attendus avec impa- tience,.et cela en plongeant, non sans beaucoup de paroles et de tours de baguette, un petit mor- ceau de papier blanc dans un long bocal où il n°ÿ a rien pour la vue, mais où il y a pour l'odorat , et que l’on ferme exactement. Au bout de quelques minutes des lignes apparaissent sur le papier; ce qu’elles renferment n’est pas toujours ce que vous altendiez , vous qui avez payé; mais ce n'est pas là le plus important; vos deux sous sont dans la poche du facteur de la nouvelle espèce, et si vous n'êtes pas content, c’est que vous y mellez de la __ BLAN mauvaise volonté; car, après tout, vous avec eu affaire à un chimiste et non à un escamoteur. Maintenant, nous vous devons, à vous, notre lecteur et souscripteur, l'explication de tout ce préambule de place publique. Des caractères ont été tracés d'avance sur du papier avec Je soluté incolore de sous-nitrate de bismuth; l'écriture apparaît après quelques instans que le papier à été déposé dans le bocal, parce que, dans ce dernier, existe un sulfure ou un hydrosulfate qui décom- pose le sel de bismuth et le transforme en sulfure. Telle est la théorie d’une expérience qui paraît si merveilleuse à la foule ébahic; et tel est aussi ce qui se passait sur la figure de nos dames quand, pour paraître jeunes et belles et pour vouloir briller dans un bal, elles avaient l’im- prudence de se plâtrer la figure avec le blanc de ard. BLANC DE CERUSE. (cnm.) Voyez Sous- CARBONATE DE PLOMB. BLANC DE CHAMPIGNON. (sor. crypr.) On désigne ainsi la partie rndimentaire des Champi- gnons, substance blanche , fugace et filamenteuse, que les jardiniers placent sur des couches pré- parées à cet effet quand ils veulent produire des champignons comestibles. BLANC DE CRAIE. ( mx.) Voyez Branc D'EsPAGNE. BLANC D'EAU. (sor. Pnan.) Voyez Nenv- PHAR. BLANC D'ESPAGNE. (mx.) Carbonate de chaux réduit en poudre d’abord, puis en pâte avec de l’eau, enfin transformé en petites masses carrées ct desséché pour les usages des peintres à la colle, BLANC DE HOLLANDE. (mor. rnan.) Nom vulgaire d’une varieté du Peuplier blanc. BLANC D'IVOIRE. (sor. cnyrr.) Nom vul- gaire de l’Agaricus eburneus de Linné. BLANC DE KREMS. (mix.) Voyez BLanc DE PLOMB. BLANC DE LAIT. (507. crypr.) Nom vulgaire des Agaricus ombelliferus, collinus et cœsius. BLANC DE PERLE. (cm. ) Cosmétique encore employé quelquefois, et obtenu en précipitant le dissoluté de nitrate de bisuth par lhydrochlo- rate de soude ou par le tartrate acide de potasse. BLANC DE PLOMB. (cmn.) Voyez Sous- CARBONATE DE PLOMB. BLANCDE ZINC. (cxr.) Nom donné au préci- pité formé à l’aide de la potasse dans le dissoluté de zinc par l'acide sulfurique. Cette substance a été proposée pour remplacer le Blanc de plomb, dont elle diffère surtout par son innocuité. Le BLANCHAILLE. (»0rss.) Les pêcheurs donnent ce nom à de très-petits poissons du genre Able, dont ils se servent pour amorcer leurs lignes. (Guënr.) BLANCHET et BLANCHETTE. (z001., 50T.) On désigne ainsi quelques animaux et quelques plantes appartenant à des genres divers qu'il serait trop peu intéressant d’énumérer ici. (Gu£n.) 448 BLAT BLAPS, Blaps. (1xs.) Genre de Coléoptères de la section des Hétéromères , famille des Méla- somes , tribu des Blapsides , formé par Fabricius sur un démembrement du genre Ténébrion de Linnéet ayant pour caractères : palpes maxillaires manifestement terminés par un article sécuri- forme ; corselet plane, carré; abdomen ovalaire plus ou moins allongé: deuxième article des an- À tennes plus long que les suivans ; menton petit , n’occupant au plus que le tiers du dessous de la tête; jambes gréles. Ces insectes sont tous de couleur noire et terne; ils sont aptères, mais courent avec vivacilé; ils se tiennent dans les lieux humides et sombres, comme les caves et les celliers. Il est étonnant qu'habitant pour ainsi dire nos maisons, leurs larves soient jusqu’à pré- sent demeurées inconnues ; on présume que cela lient à ce qu’elles vivent dans l'intérieur de la terre dont elles ne sortent qu’insecte parfait. Fabricius rapporte que les femmes turques qui habitent l'Égypte mangent ces animaux pour se faire engraisser ; il faudrait chez nous que le re- mède fût bien évidemment eflicace pour l’empor- ter sur le dégoût ; car la couleur sombre de ces insectes , les lieux obscurs où ils vivent et la mau- vaise odeur qu'ils répandent, en ont fait un objet de réprobation; aussi l'espèce la plus commune a-t-elle été nommée B. PRÉSAGE-MorT , B. morti- saga, Linn. , Oliv., Voyez notre Atlas, pl 49, f. 2. Cetinsecte est long d'environ dix lignes, noir terne , pointillé , l'extrémité des élytres forme une pointe courte et obtuse; très-commun dans les localités indiquées ci-dessus. On en connaît plusieurs ne espèces. A. P. BLASTÈME, Blastema. (mor. PHAN.) ur donné par Mirbel à l’une des deux parties qu'il distingue dans l'embryon; elle comprend la ra- dicule , la gemmule et la tigelle. (L.) BLATTE, Blatta. (ixs.) Genre d’Orthoptères de la famille des Coureurs, établi par Linné, et’ ayant pour caractères : tête très-inclinée , cachée sous le rebord du corselet; corps ovalaire déprimé, ailes seulement pliées dans leur longueur, cinq articles à tous les tarses. On peut y réunir tous les genres que l’on en a démembrés et qui ne dif- fèrent pas par des caractères d’une grande impor- tance. Ces insectes ont leur tête triangulaire, les yeux sont grands, échancrés, pour recevoir des antennes sélacées d’un grand nombre d'articles ; les ocelles existent, mais rudimentaires : il faut les chercher avec attention au dessus: et près de l'insertion des antennes ; le troisième , s’il est visi- ble, se trouve au milieu de la face ; les palpes sont longs ; le prothorax est en forme de bouclier, presque demi-circulaire, et s’avance au dessus de la tête, qu'il couvre plus ou moins selon les espèces; les élytres sont placées horizontalement el se croisent un peu à leur extrémité; les ailes sont simplement pliées dans leur longueur , les espèces où elles manquent , au moins dans un des sexes, forment le genre Kakerlac de Latreille ; l'abdomen est assez volumnieux, terminé près de l'anus QE BLAT 449 BLAT a ——————"“î——————— ———————————— —"————————————— ———————— ———— Y'anus par deux filets articulés ; toutes les parties composant les pattes sont comprimées , les tibias et les tarses sont fortement épineux. Leur tube digestif offre un jabot longitudinal et. une espèce de gosier muni en dedans de fortes dents crochues; on compte huit ou dix cœcums au pylore. : Les Blattes sont des insectes très-agiles, noc- turnes , et que la moindre lumière fait fuir ; elles se retirent dans le jour sous les meubles, dans les fentes des planchers, et n’en sortent que la puit pour prendre leur nourriture. Celles qui vivent dans nos maisons attaquent le pain, la fa- rine dont elles sont très-friandes , les cuirs , les laines, enfin tout ce qu’elles peuvent atteindre, et impreignent d’une odeur infecte ce qu’elles n’ont pas consommé ; mais le dommage que nous en recevons n’est rien, au prix de celui qu’elles font éprouver aux personnes qui habitent les colonies, où elles sont un véritable fléau, dont on a toute la peine du monde à se débarrasser ; quelques espèces habitent les bois, et l’on croit qu'elles y vivent d'insectes. L’accouplement se fait à la ma- nière accoutumée, mais la ponte offre des singu- larités très-remarquables ; huit jours après la fé- condation , la femelle porte à l’extrémité de son abdomen un corps brun, un peu comprimé, ar- rondi à ses extrémités, et comme muni d'une couture ou de crochets sur un ou deux de ses côtés: ce corps extraordinaire n’est pas un œuf, mais une capsule , un berceau, où les œufs sont enfermés ; la femelle garde ainsi suspendu après elle ce corps singulier, qui est gros comme la moi- tié de son abdomen, pendant un nombre de jours variable, suivant les espèces , et peut-être jusqu’à ce qu'elle ait trouvé un endroit convenable pour le déposer ; enfin elle le laisse tomber. Quelle est la composition de ce berceau remar- quable ? On y voit un double rang de cellules bien exactement séparées, en nombre peu considérable, et dont à l'extérieur on retrouve quelquefois des traces dans les raies transverses" dont il est sil- lonné ; dans chacune des cellules est un œuf dont il sortira une larve qui se trouvera ainsi dans le premier moment à l'abri de tous dangers. Mais comment cet arrangement peut-il se faire dans l'abdomen de ja femelle ?, [Il est difficile de l'indi- quer positivement ; je vais donner à cet égard mon opinion, mais ce n’est qu'une opinion. La nature a doué toutes les femelles d'insectes de la faculté d’enduire leurs œufs d’une liqueur propre, qui les met à même de braver les injures de l'air, ou qui permet de les coller après les corps où ils doivent être fixés : dans les Blattes, la même faculté se retrouve, mais le moyen de parvenir au but a varié quant à l'exécution; la femelle, sentant le moment de pondre arrivé, laisse couler vers l’orifice de l'abdomen une goutte de la liqueur dont nous venons de parler, qui, arrivée à l’air, s’y gonfle, s’y durcit et forme une espèce de poche; elle y pousse deux œufs, un de choque ovaire, et recom- mence à laisser écouler une goutte de liqueur qui forme alors la première cloison; deux nouveaux Towe I, œufs descendent , puis une nouvelle liqueur, et ainsi de suite jusqu'à ce que la ponte soit termi- née ; le réservoir alors ne donne plus de liqueur ; les organes, en se resserrant, rapprochent les ex- trémilés des parois extérieures de la capsule et les derniers œufs se trouvent enfermés: voilà pour l'essentiel. Quant à quelques modifications de formes, d'espèce à espèce, on peut facilement admettre qu'elles tiennent à des formes un peu différentes des organes qui agissent dans ce mo- ment. M. Hummel ayant fait des observations positives sur la Blatte germanique, nous allons extraire de son ouvrage ce qui concerne la sortie des larves hors de leur berceau. Nous avons laissé la femelle sa ponte faite et portant au bout de son abdomen le petit coffre qui renferme sa progéniture; le temps qu’elle le garde est plus ou moins long, et je crois maintenant que cela dépend de l’éclosion des petites larves ; la femelle, devant leur ouvrir leur prison, attend probablement cet instant pour déposer son fardeau; laissons parler M. Hummel. « À peine la femelle eut-elle à sa disposition ce paquet d'œufs, qu’elle s’en approcha, le tâta et le retourna en tous sens. Elle le prit enfin entre ses pattes de devant et lui fit une ouverture lon- gitudinale d’un bout à l’autre ; à mesure que cette fente s’élargissait, je vis sortir de l’œufde petites larves blanches, roulées et attachées deux * deux. La femelle présidait à cette opération , elle les ai- dait à se développer en les frappant doucement avec ses antennes , en les touchant avec ses palpes maxillaires. Les larves comiencèrent par remuer leurs longues antennes, puis leurs pattes, puis elles se détachèrent les unes des autres, et en quelques secondes elles furent en état de mar- cher. Toutes les jeunes Blattes une fois sorties, la femelle ne s’en occupa plus; elles étaient d’a- bord toutes blanches et transparentes, n’ayant que les yeux noirs et un point foncé sur l’abdo- men, qui marquail les intestins, mais en peu d’ins- tans elles prirent une autre couleur plus foncée. » Ces larves vivent avec les insectes parfaits ; opè- rent les changemens de peau propres à cet ordre, et atteignent ainsi leur dernier état; leur multi- plication est quelquefois effrayante. On connaît beaucoup d'espèces de ces insectes propres à tous les pays, mais surtout aux pays chauds, cependant le froid de la Laponie n’en garantit pas ses habitans. B. AMÉRICAINE, BP. americana, Linné. Palisot, Orthop., pl. 1,b, fig. 2. C’est l’espèce nommée dans les colonies Kakerlac et Ravets ; elle est longue d’un pouce à un pouce et demi , entièrement d’un fauve roussâtre avec deux taches arrondies conti- guës , brunes, sur le disque du corselet. De toute l'Amérique centrale. B. ortENTALE, B. orientalis, Geoff. Palisot. Or- thop. , pl 2, c, fig. 3, le mâle. C’est l’espèce la plus commune dans nos maisons, aussi la nom- me-t-on Blatte des cuisines. Elle est entièrement d’un brun marron plus ou moins foncé; la femelle est entièrement aptère, et le mâle à lesélytres et LVII° Livraïsor, 57 BLAT 450 BLÉ les ailes très-courts. On croit qu'elle à été intro- duite d'Orient en Europe , d’où lui est venu son nom. Nous l'avons représentée pl. 49, f. 3. B. cERMANIQUE , B. germanica, Linné. Cette es- pèce s’est muliipliée partout ; elle fait quelquefois de grands ravages dans les provisions qu’on em- barque et dans les herbiers ; elle a cinq ou six li- gnes de long, est entièrement fauve clair avec les élytres et les ailes quadrillés de raies plus foncées et deux raies longitudinales noires sur le corselet. B. Laroxe, B. laponica, Linné. C’est elle qui fait des dégâts dans les provisions de poisson sé- chés que les Lapons ramassent pour leurs longs hivers ; elle est longue d’environ quatre lignes ; le corps, les fémurs, la tête , les antennes et le cor- selet sont noirs, les pattes, les élytres etle pour- tour du corselet sont fauves ; il y a en outre sur les élytres deux pelites raies longitudinales à la base et quelques peits points noirs; cette espèce se trouve communément dans nos bois. Parmi les espèces dont la forme s'éloigne du type le plus commun , nous nous contenterons de citer les B. PEINTE de Drury, B. Pacrrique de Fab., B. Pecrrer, etc., etc. CAPOT BLATTERSTEIN. (for. ) Les Allemands ont donné le nom de Blaticrstein à des roches amyg- daloïdes , à base d’aphanite ou de toute autre na- ture, à noyaux différens , contemporains ou pos- térieurs à la masse; on les a quelquefois appelées en France Variolithes, et M. Brongniart les a dési- gnées par le nom de Spilites : on’ a souvent ainsi confondu sous différens noms des substances qui diffèrent entre elles autant sous les rapports miné- ralogiques que géologiques. Il serait cependant essentiel qu'on pût bien caractériser chacune d'el- les, afin de pouvoir leur appliquer définitivement un nom invariable. Les Blatiersteins , auxquels il nous aurait paru tout-à-fait convenable de conserver le nom de Va- riolithes, s’il ne se trouvait déjà appliqué à des ro- ches d’une origine toute différente, sont des roches à bases variables, compactes ou terreuses, avec des noyaux ou petits filons d’une nature différente de celle de la masse; elles nousparaissent résulter en général de l’action des roches ignées sur d’autres roches ; ce sont en quelque sorte elles qui établis- sent les passages, sinon réels, du moins apparens, de certaines roches plutoniques à des roches nep- tuniennes; circonstance qui tient à ce que, en gé- néral, des roches en contact, en se pénétrant réciproquement, acquièrent un peu des caractères les unes des autres : il y à eu souvent au contact une espèce de cémentation qui a produit les pas- sages minéralogiques qu'on y observe; car, géolo- giquement parlant, ces passages n’ont jamais pu avoir lieu. Jusqu'ici les géologues ont peu tenu compte des actions réciproques des roches les unes sur les autres, et des actions électro-chimiques qui ont pu se développer au contact, surlout quand l’une d'elles arrivait à un état pâteux de fusion ou d'in- candescence ; aussi nous pensons que quand, dans l'observat'on , on aura tenu compte de ces actions tous ces prétendus passages de roches ignées à des roches de sédiment , causes de tant de discussions entre les vulcanistes et les neptuniens, perdrontum peu de l’importance qu'on y attachait pour sou- tenir tel ou tel système, comme aussi les passages géologiques , soit entre les granites , soit entre les porphyres, etc. , et les autres roches ignées, se réduiront à de simples modifications des roches vers leurs points de contact, ou même à une trans- mulalion de quelques unes de leurs parties vers ces points. On voit d'après la définition que noùs venons de donner des Blattersteins, qu’ils doivent différer suivant la nature des roches qui les ont produits ; par exemple, nous avons observé en Morée des ophiolithes qui par leur céatact avec des calcaires ont produit &.s Blattersteins ou spilites à base de serpentine et à noyaux calcaires; tandis que les prasophyres ( ophite, porphyre vert antique ) de la même contrée nous ont paru, par leur con- tact avec certains calcaires, produire d’autres Blaltersteins à base d’aphanite brunâtre, aussi à noyaux calcaires. Les parties accessoires de ces roches doivent donc varier aussi comme les roches elles-mêmes , et c’est surtout là un des caractères qui doivent les faire distinguer des amygdaloïdes proprement dites, qui sont des roches à base de feldspath, à nüÿaux contemporains et de même nature , mais de couleurs différentes ; tels sont les porphyres , les variolithes de la Durance, etc. , tandis que les variolithes du Drac sont de vérita- bles Blattersteins. Ceux-ci sont des roches tou- jours subordonnées, ef les amygdaloïdes au con- traire des roches indépendantes qui peuvent avoir donné naissance, par leur contact avec d’autres roches, aux premières. La Corse abonde en amyg- daloïdes, et le Hartz au contraire en Blattersteins. V. SpiziTE, VARIOLITHES, AMYGDALOÏDE, etc. (Tu. V.) BLÉ. (por. pnax.) La plus parfaite des céréales , celle qui donne le pain le plus nourrissant , le plus léger, le mieux levé, celle en un mot qui fait la base des richesses agricoles. On l'estime généralement originaire des plaines d'Enna, en Sicile, où, selon certains auteurs, le Blé croît spontanément; d’autres ont dit et répété, avec aussi peu de fonde- ment, qu’on le trouvait spontané dans le nord de l'Asie, surtout en Sibérie. À cette double erreur, on est venu en ajouter une troisième en assurant que le Blé est une création de la culture. Toutes les espèces de Blé rentrent naturellement dans le genre Fromexr (o. ce mot), dont le type essentiel est le T'riticum vulgare, qu'une culture soignée a perfectionné, pendant que le routinier le forcait à dégénérer , à perdre une grande partie de ses hautes qualités naturelles. Dans l’histoire du Blé, il est une anecdote qu’on ! ne sera point fâché de trouver ici. Un ministre : persan rend au schäh un service signalé. L’empe- reur veut l'en récompenser et Jui demande ce qu’il souhaite. Moins ambitieux que sage, le mi- nistre profite de l'occasion pour apprendre au chef de l'état que la vertu doit être dans la modération > BLÉ 451 BLÉ des désirs, dans l’accomplissement de ses devoirs comme homme, comme citoyen, et pour lui donner une leçon afin de mettre un terme àses prodigalités. 11 Jui dit donc qu'il ne voulait qu’un seul grain de Blé, toujours en doublant depuis la première case de l’échiquier jusqu'à la soixante-quatrième et dernière. Le schäh se mit à rire de pitié et promit de lui livrer de suite la mesquine récompense dé- sirée. Le ministre le prie de ne point s'engager légèrement, sa demande étant au dessus de sa puissance. Nouveaux éclats de rire, et les courti- sans de lever les épaules. On en vint à la preuve. La première case de l’échiquier ne portant qu’un seul grain de Blé, la dernière en exigeait neuf mille deux cent vingt trois milliards huit cent cinquante-quatre millions sept cent soixante- quinze mille huit cent huit, Pc» couvrir les soixante-quatre cases , il fallait quatre-vingt-neuf mille deux cent cinquante-huit milliards quatre cent trente millions soixante-six mille six cent trente-trois hectolitres, c’est-à-dire un champ couvert d'épis ayant huit fois plus d’étendae que n'en présente la surface entière da globe terrestre. Cetle masse de Blé formerait un cube de trois lieues en tous sens et représentcrait, à raison de cinq francs l’hectolitre, un total de deux mille neuf cent soixante-quinze millions de milliards. On connait beaucoup d'espèces, ou pour mieux dire, de variétés de Blés, auxquelles on a donné des noms particuliers. Nous allons indiquer les principales : L) BLé À cmapeaux, cultivé dans les vallées supé- rieures de l’Arno et de l’Elsa, en Toscane. Ge Blé barbu constitue une branche importante d’in- dustrie; on le sème dans les terres les plus pauvres, et sa paille, haute de quelques centimètres, sert à fabriquer les chapeaux quand elle a subi la pré- paration convenable par le rorage. On divise cette paille en six grosseurs différentes ; la plus courie, qui est de cinquante millimètres , est celle de baut-choix, celle qui donne les chapeaux les plus fins. J’ai rapporté ce grain en 1807, et mes essais m'ontprouvé qu'il réussit parfaitement en France, quand on le tient dans les mêmes localités qu’en Toscane. BLé awpoxier, Triticum amylaceum, espèce particulière, peu répandue, qui fournit un très- bel amidon. Bré avrizer. Nom du froment de printemps, que l’on sème en mars et plus particulièrement au mois d'avril. Br rarpu. Tous les Blés dont les épis sont garnis de barbes plus ou moins longues. Par ex- tension on donne quelquefois ce nom au Sorçno (voy. ce mot). | Bcé BLaNnc. Deux variétés de Blés donnant une très-belle et bonne farine portent ce nom. A l’ane on ajoute l'épithète de long, parce que son grain est plus long que chez l’autre, appelée Blé blanc court. Gette dernière a l'avantage de résister à toutes les intempéries. Bië coroxxeux. Variété cultivée au treizième siècle sous le nom de Blé français. Sa culture est | aujourd'hui limitée aux deux départemens du Rhin , à l'Italie, et à l'Espagne. BLé n’asonpance. Autrefois très-répandu ; l’on commence à l’abandonner. Il donne communé- ment quarante pour un, C’est un grain médiocre, surchargé de son. Bzé »'Écyrre. Dans les premiers temps de son introduction en France, dans l’année 1800, il rapporta beaucoup, depuis il ne rend plus que onze et douze pour un. Les marchands grainetiers ont vendu sous ce nom une orge nue, BLé pe miracce. Variété hâtive, se faisant re- marquer par l’abondance de ses jets, le nombre de ses épis, le luxe de sa végétation et la beauté de ses grains; elle demande beaucoup de place pour se développer entièrement. Bzé ne Poroxe. Très-belle variété fort répan- due; elle donne vingt pour un et se maintient dans une égale prospérité aux pays de plaine ; sur les montagnes elle est sujette à verser sous l’influence des vents, mais elle y vient beaucoup mieux que le froment ordinaire. Bzé pe Tacanrok. N'est point sujet à la caric ; ses épis sont toujours bien garnis , son grain rend beaucoup de farine. Les barbes longues et raides qui garnissent l’épi l’abritent des dévastations des oiseaux; ces barbes sont tantôt noires, tantôt blondes , et ne constituent point deux sous-varié- tés distinctes, comme on l’a avancé. BLé Ferremgerc. Variété sujette à dégénérer; quand elle se soutient, sa paille est excellente; le grain s’égrène trop facilement, ce qui fait qu’on en perd beaucoup lorsqu'on attend sa parfaite ma- turité pour la couper. On la croit originaire de Rus- sie. Son nom rappelle celui du cultivateur suisse qui l’a répandue en France, en Italie, en Alle- magne. Bzé Lamwas. Apporté de la Grande-Bretagne en France en 1797, il fut d’abord cultivé dans le département du Calvados. Il vient très-bien dans les terres médiocres, est moins sujet que tout au- tre Blé aux diverses maladies qui attaquent et dés- honorent les céréales. Le pain qu'il donne est d’une saveur agréable; il n'en est pas de même de la paille, que le cheval rejette. BLé mére. Mélange de Blé et de seigle, qui, selon Ja proportion dominante , prend le nom de Méteil de froment ou de Méteil de seigle. BLé vivace. On a pris pour un froment vivace, et comme souche de toutes les variétés connues de Blé, des champs de seigle qui , dans la Sibérie, produisent , durant six et sept années de suite, une récolte qui ne coûte ni culture ni semence, mais qui diminue progressivement et à tel point , que si l’on ne venait y mettre la main, le sol de- viendrait complétement stérile. Je ne parle point des Blés d'automne, d'été, d'hiver , de mars, de Päques, de printemps, de la Saint-Jean ; toutes ces prélendues variétés ne soût autres que le froment ordinaire , auquel on donne le nom de la saison durant laquelle on en confie la semence à la terre préparée à cet effet. Sclon que le Blé est affecté de maladie ou dé- BLÉ 452 BLÉP voré par des insectes ou par quelque cryptogame, il prend diverses dénominations, telles que : Bzé pnour, c'est-à-dire qui est altaqué par la rouille, dont l’action empêche le grain de se former. BLÉ cuARBONNÉ, grain noirci par la présence du charbon, maladie plus généralement connue sous le nom de carie. Bzé couré , grain petit, plus rempli de son que de farine, qui a survécu à la coulure, mais qui n’a pu remplir convenablement les diverses pério- des de sa végétation. Bzé £cnaurré. Dans nos départemens du Midi l’on appelle ainsi le Blé chez lequel les vents du sud-est développent, au moment de la maturité première , une fermentation intérieure qui détruit la partie alimentaire. Bzé cerué. Grain qui n’a plus rien de la cou- leur ni de la forme du Blé. Bzé mouirzé. Grain plus ou moins altéré par les pluies continues qui tombent d'ordinaire en juillet, août et septembre. Bzé vermouzu. Blé dont le chaume est gâté par la présence d'insectes , ou plutôt de larves presque invisibles à l'œil nu, qui se fixent au-dessus du nœud le plus voisin de l'épi. Enfin on donne le nom de Blé à des plantes qui n’ont aucun rapport avec les fromentacées ordi- naires ; ce sont principalement : BLé cANARE ou d'oiseau , qui est l’ALPISTE DES Canwanres, Phalaris canariensis. à BLé pe Guinée, nom vulgaire du Sorcno À ÉPt, Holcus sorghum , que l’on mange sur la côte occi- dentale de l’Afrique , et dont on prépare une sorte de pain. BLé 5e vacue , le Mécampyre pes cHamrs', Me- lampyrum arvense ; la SAPONAIRE ROUGE , Sapona- ria vaccaria ; le Sarnasix , Polygonum fagopyrum. BLré rentisceux. Mélange de lentilles et de seigle que l’on sème dans le département du Jura. Bzé nom, Plante de la Tartarie, Polygonum tataricum, dont on fait deux récoltes sur la même pièce de terre et dans la même année. (Voy. Renoués.) Bzé runc. Expression d'autant plus faus$e lors- qu'elle est donnée au Maïs (voy. ce mot) , que ce grain estétranger à la Turquie, comme je l'ai dé- montré en 1818 dans ma Bibliothèque physico- économique, tom. IV, p. 290. (T. ». B.) BLECHNE. (or. crypr.) Fougères. Genre de la tribu des Polypodiacées, qui a beaucoup d’analo- gie avec les genres Steganta, Lomaria et Iood- wardia, qui diffère des Lomaria en ce que les frondes fertiles et stériles de ce dernier sont ex- trêmement variables, soit par leur étroitesse, soit par leur largeur, et que l’on peut caractériser ainsi : Capsules disposées en une ligne continue de chaque côté de la nervure moyenne, recouvertes par un tégument également continu et qui s’ouvre en dedans; fronde fertile semblable aux frondes stériles. . Parmi les espèces appartenant certainement au genre Blechnum, nous citerons les Blechnum occidentale, australe, orientale, denticulatum, Le- vigatum, cartilagineum et striatum . EF) BLENNE ou BLENNIE, Blennius. (vorss.) On donne généralement le nom de Blennie ou Baveuse, dans la Méditerranée, à tous les poissons qui offrent un caractère très-marqué dans leurs nageoires ventrales , placées en avant des pectorales et com- posées seulement de deux rayons. Leur corps est allongé , comprimé, et ils ne portent qu’une seule dorsale composée presqu’en entier de rayons sim- ples, mais flexibles; leur tête est obtuse, leur museau court, et leur front vertical. Ce sont de petits poissons, vivant sur les riva- ges et parmi les rochers où ils voltigent et sau- üllent presqu'à la manière des poissons volans, pénétrant dans les fentes des pierres, ce qui avait fait croire aux anciens qu’ils parvenaient à les fen- dre. Ces poissons vivent un assez long temps hors de l’eau; on les voit quelquefois s'éloigner des vagues et ne s’y précipiter que lorsque leurs na- geoires, dont ils s’aident pour s’élancer, commen- cent à se dessécher. Leur nourriture habituelle se compose de petits crabes et de coquillages. Le nom qu'ils portent vient du grec, et dérive de la mucosilé particulière et abondante dont sont en- duits ces poissons. On connaît un assez grand nombre d'espèces de Blennies ; une des plus re- marquables, la BLENNIE PAPILLON (Blennius papilio, Lin.), a la nageoire dorsale divisée en deux lo- bes. L’antérieur est très-élevé et marqué d’une tache ronde ocellée, entourée d’un cercle blanc et noir. Les tentacules superciliaires sont simples, vermiformes et peu frangés à leur extrémité. Ce poisson acquiert six pouces de long. La BLENNE A TENTACULES PALMÉS , Blennius palmicornis, Guv. Elle atteint un pied de long. Son corps est comprimé, plus large vers le ventre. Sa couleur est jaunâtre , avec la nageoire dorsale plus pâle ; ce poisson est couvert de grosses taches ir- régulières brunes. On voit au dessus de chaque œil un tentacule divisé en petits filamens. Cette espèce curieuse a été représentée dans l’Icono- graphie du règne animal, Poissons, pl. 58, f. 5; elle se trouve, ainsi que la précédente, dans la Mé-" diterranée. (Azrx. G.) BLÉPHARE, Blepharis. (porss.) Ce genre fait partie de la famille des Vomers de Cuvier. Linné et Bloch le rangeaient dans le genre Zeus. Les ca- ractères principaux de ce genre consistent dans de très-petites épines à la première dorsale; les premiers rayons de la seconde dorsale et de l'anale prolongés en fils déliés, les ventrales très-prolon- gées, et le profil tranchant. Ce genre renferme trois espèces bien distinctes. La première est le Blépharis des Indes (Blepharis indicus, Cuv.), fi- guré dans Bloch (pl. 191), et que nous allons décrire brièvement; il forme le type de ce genre. Son corps a la forme d’un rhombe, dont le mu- -seau et la queue constituent ‘deux angles et dont les deux autres sont , l’un au milieu de la ligne du dos, l’autre au milieu de la ligne du ventre. La caudale est fourchue, et les lobes pointus se re BLÉP | maintiennent fort écartés ; la couleur du Blépha- ris des Indes est un plombé métallique sur le dos, et | un belargenté sur les côtés de la tête, desflancs et } du ventre. La chair de ce poisson, selon Kœ- nig, cité par Bloch, est maigre, coriace et fade ; les habitans de Surate n’en font aucun cas. Lacépède, recherchant l'usage de ces longs fila- mens qui garnissent plusieurs des rayons de ses nageoires, pense qu’ils ne peuvent servir ni à ses mouvemens ni À sa défense; mais on ne sera pas surpris, dit ce naturaliste, lorsqu'on apprendra, | par quelques observateurs, qu'ils influent sur les habitudes de ce poisson. Ilest probable que ce Zée, qui ne peut pas employer beaucoup de force pour vaincre sa proie, ni peut-être une grande vi- tesse: pour la saisir, à cause de la hauteur et de la faible épaisseur de son corps, ce qui doit ren- dre sa natation pénible , a recours à la ruse que ces filamens lui fournissent. Il se tient dans un état de repos qui lui permet aisément de dérober sa présence à de petits poissons, surtout lorsqu'il est à demi caché par les végétaux ou les diffé- rens corps derrière lesquels il se place, et que, posté en embuscade, il emploie une partie de ces mêmes filamens , comme plusieurs poissons osseux ou cartilagineux se servent des leurs, pour trom- dens, qui s’emparent de ces filamens agités en différens sens, les prenant pour des vers marins ou fluviatiles , et croyant se jeter dessus, se précipi- tent pour ainsi dire dans la gueule de leur en- nemi. Mais comme ces filamens ne paraissent pas avoir de muscles propres, susceptibles de les mou- voir à la volonté de l'animal cette conjecture est peu vraisemblable; il est plus probable que les _ Blépharis, doivent nager avec rapidité , et qu'ils trouvent aisément leur nourriture dans une mer qui fourmille d’animalcules de tous genres ; d’un autre côté ,il y a dans la classe des poissons tant d’appendices de toutes sortes, auxquels il est im- possible d'attribuer d’autres usages que celui de les distinguer les uns des autres, que ces sortes de conjectures seront toujours trop vagues pour qu'on ne puisse pas leur opposer des conjectures toutes différentes. La seconde espèce de ce genre est le Blépharis des Antilles, appelé Cordonnier à la Martinique (Blepharis sutor. Cuv.), Zeus ciliaris, Bloch, 196; il serait difficile de trouver un poisson qui res- semble plus que ce Blépharis au précédent. Ce sont les mêmes caractères, seulement sa hauteur est plus considérable à proportion de sa lon- gueur. Les Antilles nourrissent encore un poisson de ce genre qui porte également le nom de Cordonnier àla Martinique , c’est le grand Cordonnier (Blepharis major, Guv.), décrit et figuré à la pag. 163 de son grand ouvrage d'Ichthyologie, mais qui est beau- coup plus grand , et diffère tellement du précé- dent par les proportions, qu’on ne peut le croire de la même espèce. Tout ce poisson est argenté, à nageoires d’un gris noirâtre ; vers le haut de l’opercule il y a une ÿ 453 per les poissons encore trop jeunes el trop impru- | BLÉT forte tache noire. À la Guadeloupe, on nomme celte espèce Carangue à plume. Elle passe pour suspecte. (Azrn. G.) BLEPSIAS , Blepsias. (poss.) Steller a désigné sous le nom de Blennie un poisson acanthopté- rygien ; Pallas et Tilesius ont changé ce?nom en celui de Trachirinus; mais Cuvier a cru devoir en faire un genre particulier, sous le nom de Blepsias, qu'il range parmi les poissons de la famille des Joues-cuirassées. Les Blepsias ont la tête compri- mée, la joue cuirassée, des barbillons charnus sous - lamâchoire inférieure, de très-petites ventrales et une dorsale très-haute divisée en plusieurs échan- crures. Ce genre se compose de deux espèces. La première, que nous allons décrire, se trouve dans le golfe et même dans le port d'Avatscha ; Pallas en a parlé dans sa Zoographie russe, tome 111, pag. 287. L'ensemble de ses formes rappelle assez celles de certains Blennies; son corps est allongé, comprimé, sa tête proportionnellement assez petite; sa dorsale et son anale hautes ; ses pec- torales et sa caudale grandes; ses ventrales pe- tites; ses tentacules sont en forme de filets grêles, deux sur le bout de la mâchoire supérieure, et cinq à l’inférieure. On remarque sur la joue trois bandes bleues, et une tache de même couleur à l'extrémité de l’opercule ; les pectorales et la caudale ont chacune six larges bandes eñ travers , trois brunes et trois blanches. Le fond de la cou- leur semble d’un brun roussâtre. Il ne paraît pas que l’on ait remarqué rien de particulier sur ses habitudes. Cette espèce est figurée et décrite, à la page 575 du quatrième volume , de l'Histoire naturelle des poissons , par Cuvier. La seconde espèce est originaire de la mer de Kamischatka, et tire son nom de la forme de sa dor- sale , qui n’a pas la partie épineuse divisée, mais, comme dans le précédent , elle est séparée de la partie molle par une très-profonde échancrure ; ses pectorales sont un peu plus grandes, mais ses ventrales sont tout aussi petites. La couleur paraît avoir été rouge ; des taches obliques ou ir- régulières occupent la caudale et le bord de l’a- nale; une bande longiludinale brune règne sur la dorsale. (Arr. G.) BLÈTE, Blitum. (8oT.»nax.) Genre de la Monan- drie digynie, et de la famille des Atriplicées. On compte trois espèces dans ce genre; elles sont ori- ginaires de l’Europe et des régions tempérées de l'Asie. Caractères génériques : périgone persistant à trois divisions orbiculaires, rapprochées, une éta- mine, deux styles. Le calice devient unebaie mono- sperme, succulente. Nous ne mentionnerons ici que la Blète à tête, ou Épinard-fraise des jardi- niers, Blitum capitatum (d'Autriche), dont les fleurs, peu apparentes, ont une étamine et deux styles, et dont les fruits rouges , ramassés en pe- loton au bout des [rameaux, ressemblent à des fraises. Le nom que porte ce genre de plantes pa- BLEU raîit venir du grec blax, stupide, ou bléton, mépri- sable: il est justifié par le peu d’usage qu’on fait de cette sorte de végétal. (GC. £)] BLEU. (Puxs.) Nom d’une des couleurs primi- tives. BLEU D'AZUR. (uix.) Voy. Biev D'OUTRE-MER et LAZULITE . BLEU DE COBALT. (cum. ) Produit d’une belle couleur bleue, qui peut remplacer l’outre- mer, qui a été découvert par M. Thénard , et que l’on obtient en chauffant dans un creuset un mé- lange fait avec une partie de phosphate de Co- balt et huit parties d’alumine en gelée, BLEU D'EMAIL. (cmm.) 7. Suazr. BLEU D'INDE. ( 8or. pan. ) Joy. Ixnico. BLEU DE MONTAGNE. (un) Voy. Cuivre CARBONATÉ, BLEU D’OUTRE - MER. ( win. ) Voy. Lazu- LITE. BLEU DE PRUSSE. (cmm.) Corps solide, d’un bleu extrêmement foncé , insipide , Inodore , beau- coup plus pesant que l’eau, verdissant par son exposition à l'air, insoluble dans l’eau et l'alcool, -très-rapidement décomposable par les alcalis, susceptible d’être décoloré par l’acide sulfurique concentré, etc. D’après M. Robiquet, le bleu de Prusse, em- ployé pour préparer l'acide hydrocyanique, les hydrocyanates , etc., pour peindre les papiers et les bâtimens, dans ia peinture à l'huile, pour teindre Ja soie en bleu, etc. , est composé d’acide hydrocyanique ferruré et de peroxyde de fer. On l’obtient de la manière suivante : on cal- cine dans un creuset de terre ou de fonte un mé- lange fait à parties égales de sang desséché, de rognures de corne ct de sous-carbonate de potasse du commerce ; le produit est du cyanure de potasse, dont le cyanogène a été formé aux dépens de l’azote et du carbone de la matière animale. On délaie le produit de la calcination, qui a dû être faite à feu rouge, dans quinze parties d’eau ; on filtre la liqueur, et on y verse un soluté de deux parties d’alun ct d’une de sulfate de fer. Aussitôt, un dézagement de gaz acide carbo- nique et de gaz hydrogène sulfuré, et un précipité abondant d’alumine , d’hydrocyanate, de pro- soxide, de cyanure et d’hydrosulfure de fer, se manilestent. Dès que la liqueur ne précipite plus par l'addition du soluté d’alun, on laisse repo- ser , on décante le précipité , on le lave à grande eau quarante ou cinquante fois de suite. Enfin, après vingt Jours , le dépôt a acquis toute l’inten- sité de couleur qu'il doit avoir ; on l’étend sur une tile pour le faire égoutter et sécher, ayant eu toutefois la précaution préalable de le partager en petites tablettes carrées, forme sous laquelle le Bleu de Prusse se trouve dans le commerce. { BLEU DORÉ. (porss.) Voyez DENTEx. BLEU-MANTEAU. (ors.) Voyez Gorrann. BLEU MARTIAL FOSSILE. (wn.) Voyez Fer puospnaré. BLEU DE THÉNARD. (cm) Voyez BLev DE COBALT ) 454 BOA BLEU- VERT. (ors.) Espèce de Guépier. (F3F-}: #8 BLEUET. (oïs.) Nom vulgaire da Manrin-r$- CHEUR ORDINAIRE (voyez Martin-PÊcueur). On ap- pelle aussi Bleuet ou Bluet le Centaurea cyanus , © qui est si commun dans nos blés. (Voyez CEnrau- RÉE.) (Guër.) BLIGHIA ou Akeesra. (80T. rñnan.) Arbre de la famille des Sapindacées, plus connu aux Antil- les sous le nom d’Ækea. Il est originaire de Gui- née. Sa hauteur est d'environ soixante pieds; il porte des feuilles ailées à folioles opposées, et des fleurs munies d’une bractée et disposées en grappes. On y distingue un calice de cinq sé- pales , une corolle de cinq pétales, munis d’un appendice de même nature; huit étamines; un ovaire à trois angles, velu, surmonté d’un style et de trois stigmates. Le fruit est une capsule rouge à trois loges, contenant chacune, outre la graine, une substance blanche et charnue que les colons et les nègres recherchent comme ali- ment. * (L.) BLONGIOS. (ors.). Nom vulgaire de l’Ardeæ minuta, Lin. (Woy. H£rox.) (Guér.) BLUET. (z0or. gor.) On a donné ce nom à divers animaux et à quelques plantes. Ainsi le T'a- nagra gularis et la Fulica porphyrio, Lin. , sont connus sous Ce nom. On appelle encore Bluet plusieurs espèces de centaurées et l’Agaricus cyaneus de Bulliard, qui ap- partient au genre BozeT (voy. ce mot). On nomme Bzugr pu Ganapa, le V’accinum album , L.; Biver du Levanr, le Centaurea moschata, etc. (Voyez Tancara, Tazbve, Aire et CENTAURÉE.): (Guér.) BOA , Poa. ( reprT. } Si l’on essaie de remonter à l’origine et à l’étymologie du mot Boa, l’on voit que ce’nom, chez les Grecs, servait à désigner des sortes de papules morbides de la peau, assez analogues à celles de l’urticaire ou de l’urtication, que l’on croyait déterminées par la morsure d’un serpent d'Italie, qui, disait-on, suivait les trou- peaux de bœufs pour sucer le lait des vaches , ainsi qu'on le voit par ces vers de Georgius Pictor : Boa quidem serpens, quam tellus itala nutrit, Hanc bubulum plures lac enutrire docent. Mais il est impossible de savoir à quelle espèce des serpens de cette contrée le nom de Boa a jadis été affecté. Dans la supposition que le nom de Boa avait été appliqué à des serpens capables de pou- voir dévorer des bœufs , et n’en pouvant trouver en Italie d’une taille assez considérable pour leur soupconner.une pareille voracité, on a été cher- cher les Boas des anciens parmi les grandes espè- ces de serpens d'Afrique et d’Asie ; cette applica- tion du mot Boa était une extension tout-à-fait arbitraire; mais elle devint de convention géné- rale, et elle fut long-temps conservée. Depuis, on restreignit l'application du mot Boa à ceux d’entre ces grands serpens qui ont des lamelles entières } 4. BPulile "à BOA sous la queue, et aujourd’hui on le donne seule- _iment aux espèces de cette famille qui ont l'anus pourvu de crochets ou ergols; ces serpens ont d’ailleurs la tête petite, en proportion de la lon- _gueur de leur corps, pyramidale, déprimée en avant , renflée en arrière, le museau mousse et . brusquement tronqué, disposition qui a fait com- parer la tête des Boas à celle du chien braque ; le cou est mince et semble d’autant plus grêle, que “le corps et la tête sont plus renflés; le corps est ordinairement très-long, fusiforme, atténué à ses deux extrémités, renflé dans sa partie moyenne, plus ou moins comprimé latéralement ; la queue est longue, flexible, prenante; la bouche est gran- dement fendue, le maxillaire inférieur porté sur Lun os mastoïde libre et détaché; la langue protrac- tile, longue, étroite, terminée par deux filets grêles pointus, comme celle des couleuvres et renfermée comme chez ces mêmes ophidiens dans “un fourreau membraneux, pendant l’état du re- pos ; les dents sont nombreuses , uniformes , pres- que égales, coniques, simples, légèrement recour- bées en arrière, sans canal intérieur ni sillon extérieur, disposées en rangées longitudinales le long des bords des os des mâchoires, et sur cha- cun des côtés du palais. On en compte 19 à 20 à chaque rangée palatine , et 16 à 20 à chaque ran- gée maxillaire, en tout 120 environ. Sur la tête osseuse d’un Boa, dont je ne puis dire l’âge ni l'espèce, j'ai vu une dent intermaxillaire, dix maxillaires, onze mandibulaires et neuf palatines de chaque côté. L’iris est verticale rhomboïdale chez les Boas que j'ai pu examiner, ce qui détruit l'assertion des auteurs qui ont cru voir dans cette disposition ce la pupille un caractère propre aux espèces venimeuses, Un de leurs poumons est en- core de moilié plus petit que l’autre , leurs vertè- bres antérieures paraissent renforcées par un ca- taal qui quelquefois est dit-on libre et détaché du cricéal ; l’on trouve sur les côtés de l'anus et cachés sous la peau, des rudimens de membres postérieurs ; dont les crochets ne sont que le pro- longement extérieur. Ces pièces consistent en un os long, grêle, qui a été considéré comme un ves- tige du fémur; il aboutit à une petite pièce cartila- gineuse excavée en bas pour recevoir la tête ar- rondie d’un os court, coudé légèrement, que l’on a regardé comme un os du métatarse, parce qu’il porte la phalange unguéale ou crochet ; la pièce carlilagineuse porte en outre, en dedans et en dehors, une petite pièce osseuse , grêle, qui se perd dans les chairs. Des muscles particu- lers, insérés sur ces diverses pièces, servent à les mouvoir, mais dans une étendue très-bornée. Peut-être, et d'après certaines théories anatomi- ques, devrait-on voir dans ces pièces des rudi- mens de bassin et des restes de membres posté- rieurs plus vestigiaires qu'on ne! l’a supposé; le Le) . grand os, considéré comme un fémur, est peut- être l'os des îles ; l’apophyse interne, sans déter- mination , scrait un pubis, l’externe an ischion, venant, selon les lois observées ailleurs, se réunir à ses congénères dans la cavité cotyloïde encore /6E) BOA épiphysaire, et l'os du métatarse, articulé par un condyle avec cette cavité , serait, dans cette sup- position , un fémur contourné comme il l’est chez tous les reptiles, et terminé par un os qui par l’ar- rêt de développement , devenu normal ici, aurait pris la disposition terminale obligée, la forme d’une phalange unguéale, Ces crochets, longs d’une à trois lignes, servent , dit-on, d'organes conten- teurs pour l’accouplement ; quelques auteurs pré- tendent que le Boa s’en sert aussi pour la progres- sion et pour retenir la proie dont il cherche à s'emparer. Les Boas ont tantôt des plaques en petit nombre sur le dessus du museau , quelque- lois la tête est recouverte d’écailles comme le reste du corps, celles-ci sont en général assez pelites à proportion de la taille de l'animal, rhomboïdales ou subhexagonales, imbriquées, serrées, lisses, si ce n’est dans quelques espèces où elles sont lé- gèrement carénées; les lamelles du ventre sont assez étroites, celles de Ja queue le deviennent davantage à mesure qu’elles approchent de l’ex- trémité, Il n'est pas rare de rencontrer quelques unes d’entre elles accidentellement doubles ou divisées. Les Boas habitent dans des trous de rochers, dans le creux de troncs d'arbres excavés par le temps et les saisons , ou bien ils se pratiquent des sortes de terriers au pied et entre les racines des grands arbres; l’on reconnaît facilement les ap- proches de leurs repaires, parce que le poids de leur corps couche et renverse les plantes et les arbrisseaux qui croissent dans leur voisinage ; Mais en général ils ne s’enfoncent dans leur retraite que pour la ponte et pour passer le temps de l’en- gourdissement hiémal ; car ilest à observer pour les espèces brésiliennes , qu’elles ne subissent pas d’engourdissement estival ; la température de ces contrées, modérée par les vastes ombrages des forêts vierges , leur permet de résister à l’effort de la chaleur ; et, celte action s'étendant aussi aux commensaux dont ils font leur nourriture, la di- selle ne provoque pas leur retraite forcée. Les Boas ne vivent pas en sociélé, mais il n’est pas rare en défrichant de trouver plusieurs de ces ser- pens réunis et enlacés dans le même trou; quel- quefois l’on rencontre parmi eux des serpens de familles étrangères , ophidiens venimeux ou non venimeux , tout se confond dans ces cavernes ; des petits mammifères hibernans se mêlent même à eux, paraissant compter sur la foi antique d’une patriarcale hospitalité. Le plus souvent, hors les époques de la ponte ou de l’engourdissement, les Boas se tiennent enlacés aux pieds des arbres, cachés sous des feuilles tombées, des troncs pour- ris, dans une sorte d'immobilité stupide dont ils ne sortent que lorsqu'ils sont pressés par l’aiguillon de la faim ; les uns vivent dans les contrées sèches et sablonneuses, d’autres vivent sur le bord des ruisseaux , des fleuves ou des mares, s’enfoncant souvent dans l’eau et dans la vase, ou se suspen- dant aux branches penchées à la surface du li- quide, épiant les animaux qui viennent se désal- térer ; malheur à l’infortuné poussé par la soif qui BOA approche dans son inadvertance à la portée du monstre, il est enlacé dans les longs replis du serpent avec une promplitude presqu'aussi vive que celle de l'éclair, ses os sont brisés contre l'arbre qui sert de point d appui aux anneaux mus- culeux du reptile, qui enfin l’engloutit la tête la première dans son énorme gueule, dont les pa- rois diductibles permettent un écartement qu'on serait loin de supposer de prime abord; néan- moins les Boas n’ont rien de venimeux, et ils ne s’attaquent guère qu'à de petits animaux, tels que des Rats, des Capibaras, des Pacas, des Agou- tis; les chiens en chasse sont aussi quelquefois exposés à être aisis par les Boas, mais il ne s’at- taquent jamais aux grands quadrupèdes et moins encore à l’homme; aussi les redoute-t-on fort peu , l'on ne se donne pas même la peine de donner la chasse à ceux qui parfois viennent s'établir un peu près des habitations , et dans les excursions, c’est presque par désœuvrement que l’on tue d’une flèche ou d’une balle ceux que l’on rencontre. Dans certaines maladies, l’on recherche la graisse des Boas; leur peau fraîchement déta- chée et appliquée sur le ventre, est regardée comme un remède souverain pour un grand nom- bre d’affections morbides des organes abdomi- naux ; car la foi est la vertu capitale de la méde- cine populaire , et tout ce qui est étrange a le don de l’inspirer : l’on mange parfois la chair des Boas, on tanne leur cuir et l’on en fait des selles ou des bottes , il n’est pas rare d’en voir quelques paires en Europe où on les apporte comme objets de curiosité ; mais ces animaux ne sont pas faciles à dépouiller à cause de la contractilité singulière de leurs fibres musculaires , dont la force se con- serve el persiste long-temps après qu'ils ont été blessés à mort. L’on se rappelle, au sujet de cette particularité d'organisation, d’ autant plus remar- quable qu’elle ne avec la lenteur habituelle des mouvemens de ces animaux , l’anecdote rap- portée par Stedmann. « Le Caron se trouvait à moilié chemin entre les criques de Gormo-Etibo et de Barbaca-Éda, quand la sentinelle m’appela pour me dire qu’elle voyait quelque chose de noir qui se remuait sur le rivage et qui ne répondait pas, mais que d’a- près sa forme on devait conclure que c ’était un homme. de fis aussitôt jeter l'ancre, je descendis dans le canot, et je m’avancai vers le lieu dé- signé ; alors un des esclaves, nommé David, dé- clara que ce n'était pas un nègre , mais un grand serpent amphibie. David me demanda la permis sion de s’ avancer pour tuer l’animal, et il m’as- sura qu in’ avait aucun danger. Nous avancâmes; à peine avions-nous fait cinquante pas dans la vase et dans l’eau, que le nègre me dit : Woi voir le serpent ! Je fus quelque temps avant de pouvoir distinguer sa tête éloignée de moi de plus de seize pieds ; je tirai, mais “ayant manqué la tête, la balle s’enfonca dans le corps; l'animal se sentant blessé, s ’agita en tous sens avec une vigueur éton- nante , et elle qu’il coupa les ouccaile dont il était entouré avec Ja facilité d’un homme qui | 456 | BOA nement fauche un pré; il enfonçait sa queue avec vio= lence dans l’eau et nous couvrait par ce moyen d'un déluge de vase qui volait à une grande distance. Le nègre me pria de recommencer l’at- taque, je fis feu et avec aussi peu de succès que précédemment. N'étant alors que légèrement at- teint, cel animal nous envoya un nuage de pous- sière mélée de boue , tel que je n’ai jamais vu de pareil que dans un ouragan. Je me laissai entrat- ner à un troisième essai ; nous déchargeämes nos trois fusils à la fois , et l’un de nous eut le bonheur de tirer le monstre à la tête. David courut vers la barque et rapporta la corde de la chaloupe, afin d'entraîner notre proie dans le canot; mais ce n’était pas chose aisée; car, quoique blessé mortel- lement, le serpent continuait à se tordre de telle sorte, qu'il était dangereux de s’avancer; le nègre cependant, ayant fait un nœud coulant, parvint à s'approcher et à le lui jeter avec beancoup d’ adresse au cou. Nous le tirâmes tous alors jus- qu'au rivage ; il vivait toujours , et nageait comme une anguille ; arrivés près du Caron, nous cher- châmes. la manière de placer le monstre; mais, n'en trouvant point de convenable, nous prîmes à la fin la résolution de le conduire à Barbaça- Éda pour l'y dépouiller sur le rivagé, et prendre sa graisse ou son huile. Afin d’ exécuter ce projet, David, tenant en main le bout de la corde, grim- pa sur un arbre, la placa entre deux branches, et les autres nègres hissèrent le serpent jusqu’en haut, Cela fait, David quitta l'arbre, tenant un cou- teau fort pointu entre ses dents; il s’attacha au monstre qui tournoyait toujours ; il commença l'opération par lui fendre la peau près du cou, ensuile il l'en dépouilla et continua de la sorte em descendant jusqu’en bas. Outre cette peau, David me procura par là plus de quatre gallons de fine graisse clarifiée, ou plutôt d'huile , quoiqu'il y en eût encore une plus grande quantité de perdue. Je remis cette huile au chirurgien de l'hôpital de Vil’s harwar, pour les blessés , et j'en recus leurs remercimens ; car elle fait un excellent remède, sartout pour les meurtrissures. Quand je témoi-« gnai ma surprise de voir l’animal toujours en view quoique privé de ses intestins et de sa peau , lei vieux nègre Garamaca me dit , soit qu’il le sût par expérience, soit par tradition, qu’il ne mourrait qu'après le coucher du soleil. Les nègres le dé- coupèrent pour l’accommoder et s’en régaler ; ; ils déclarèrent tous qu'il était excellent et très-sain. Sa chair est très-blanche et semblable à celle d’un poisson ; tous les nègres en mangèrent sans répu— gnance, mais Je remarquai une sorte de mécon- tentement parmi les soldats de marine qui mac" compagnaient de ce que j'avais laissé prendre leur chaudière pour la cuire. » | Les divers actes de la reproduction des Boas ne diffèrent pas de ceux des couleuvres ; comme ces derniers ophidiens , ils pondent des œufs à enve- loppe coriace qu'ils abandonnent dans le sable ou! dans la terre sèche, peu tassée. Les œufs des Boas: sont à peu près de la grosseur des œufs de nos oies: de basse-cour, mais de forme plus elipsvïde; les. petits J oo BOA 457 BOA a —————_—————————————————————————…—…—_—_" …—…—…—….— —.— . —" —————————…—…—_…"—_…"_"—_…——————— — .——— petits, lorsqu'ils quittent l'œuf, ont dix à quatorze pouces de long et la grosseur du doigt ; leur ac- croissement est assez rapide, mais on en ignore au juste les limites. Sans donte ces animaux ne sont plus aujourd’hui dans des circonstances aussi favorables qu’autrefois pour leur libre développe- ment, mais les plus grands que l’on observe malin- tenant ne dépassent pas vingt à vingt-quatre ieds de longueur , et l’on ne rencontre nulle part dans les collections des vestiges de cette taille gi- gantesque mentionnée par quelques voyageurs ; et pour ne pas parler de ceux dont le témoignage doit paraître suspect par son exagéralion, on peut citer le fait suivant : «Croirait-on, dit Stedmann, que quatre-vingts soldats, marchant dans une épaisse forêt de la Guiane , montèrent l’un après l’autre sur une sorte d’élévation qui se trouvait sur leur route, et qu'ils prirent pour un gros ar- bre tombé, mais qu’ils sentirent ensuite se mou- voir sous leurs pieds, et qui n’était pas moins . qu'un énorme serpent aboma, auquel le colonel Fourgeoud trouva de trente à quarante pieds de long ? Et cependant le fait est véritable. » La durée de la vie des Boas n’est pas non plus connue. Ge sont les seuls ophidiens auxquels on attribue de la voix ; ils poussent, dit-on, dans certaines circon- stances un cri sourd, peu prolongé,comme une sorte de grognement , d’autres disent un jargonnement, c’est-à-dire un cri analogue à celui du jars. -Les serpens qui se rapportent à la famille des Boas présentent entre eux quelques différences qui les ont fait distribuer en plusieurs groupes; ainsi il en est qui ont la tête couverte de petites écailles , semblables à celles du reste du corps; les plaques labiales sont petites , lisses , la rostrale seule est un peu développée comme chez le Boa CONSTRIGTEUR , BP. constrictor , ainsi appelé à cause de la manière dont il saisit sa proie. On lui a aussi donné les noms de B. DEviN , parce que, dansun temps où ces animaux étaient moins connus, on Jui a appliqué ce que quelques voyageurs ont rapporté de certains serpens fétiches des Indes ; de B. roYAL, B. empereur, à cause de sa grandeur physique que l’on acomparée à la grandeur morale dont les peuples se plaisaient jadis à entourer les différen- tes variétés de potentats. Le nom de Boiguacu, sous lequel Marcgraff l’a décrit, paraît inconnu aujourd'hui au Brésil, et on le désigne générale- ment dans les contrées méridionales de l’'Amé- rique sous le nom de J'yboya et parfois sous ceux de Kuong-Kuong gipakiu ou de Kta-hia. Le Boa constricteur est en dessus d’un brun clair, sur chacun des côtés de l’échine est imprimée une rangée de grandes taches rhomboïdales, à contour un peu sinueux, de couleur brunâtre , plus foncée surtout à leur circonférence, moins grandes et discrètes sur le cou et la queue, plus dilatées et plus ou moins confluentes surlapartie moyenne du tronc , réunies l’une à l’autre d’avant en arrière par un petit trait longitudinal de même couleur, d’où il résulte trois séries de grandes taches ova- laires jaunâtres disposées alternativement à droite et à gauche de la rangée du milieu; dansleursinter- Tous I LVIIT: Livraison. valles on voit sur chaque flanc une série de taches semblables, mais plus petites et parfois œillées comme les premières, d’une teinte plus ou moins pâle dans leur centre. La tête est marquée de trois raies brunes dont une parcourt la ligne mé- diale, les autres passent sur les côtés du museau, les narines , les yeux ;'et s'étendent jusque vers le milieu du cou; le dessous du corps est d’un blanc jaunâtre ou rougeâtre , parsemé de points noirâ- tres, arrondis, plus ou moins dilatés et irrégu- lièrement disséminées. ï Les écailles du Boa constricteur sont petites, subhexagonales ; celles qui bordent les lamelles du ventre et de la queue sont plus grandes que les autres; on compte environ 240 plaques ven- trales et 50 caudales. Ce serpent atteint vingt et quelques pieds de longueur et six à dix pouces environ de diamètre à la partie renflée de l’abdo- men. La tête forme environ un vingt-cinquième de la longueur totale, et la queue un neuvième. Le Boa constricteur est répandu dans toutes les forêts de l'Amérique, mais surtout dans les provinces de la Guiane et du Brésil : il habite les localités sèches et sablonneuses. D’autres Boas ont des plaques sur la tête , entre les yeux et le museau ; parmi eux il en est dont les plaques labiales sont planes, ce sont les Eunectesde quelques auteurs. À cette subdivision se rapporte : Le Boa anaconno, B. scytale, B. murinia, B. aquatica , appelé aussi le Rativore, et au Bré- sil Sucuriniba, Sucuriuru, Ketomeniop. L'Anacondo est en dessus d’un vert olive foncé ; deux bandelettes noirâtres s'étendent sur les côtés du museau, l’une au dessus des Yeux, l’autre entre eux et l’angle de la bouche ; de cha- que côté du corps une rangée de taches arrondies, noirâtres , plus où moins discrètes; sur les flancs une série de taches plus petites , parfois œillées, d’une teinte plus claire; le dessous du corpsest jau- nâtre. L’Anacondo estle plus grand et le plus gros des serpens d'Amérique ; il alteint 27 à 30 pieds; sa queue forme à peu près un sixième de la lon- gueur totale. C’est surtout dans l'Amérique du Sud qu’on le rencontre; il habite les endroits marécageux sur le bord des fleuves, s’enfonce souvent dans l’eau et dans la vase, et attend en embuscade les petits animaux qui viennent se désaltérer ; il les étouffe, et puis va les manger à terre. Ses écailles sont lisses ; on compte environ 246 plaques ventrales , et 6o plaques caudales. On rapporte encore à cette subdivision le ser- pentindiqué par Boié sous lenom de 804 A BANDES LATÉRALES, B. lateristriga, et qui est naturel de l'archipel des Indes. Plusieurs Boas ont des plaques sur la tête, mais les plaques labiales sont creusées de fossettes que l’on a comparées à des alvéoles d’abeilles, ou aux marques enfoncées que la petite-vérole laisse sur la peau. Ce sont les Boas À ANNEAUX, B. cen- chrys ou cenchrya, B. annulifer, B. aboma, con- fondus au Brésil sous le nom de Jyboya avec les Boas constricteurs , auxquels ils ressemblent par les habitudes. En effet, ils habitent les lieux secs 58 BOA et-sablonneux:; mais, outre Ed auftédosdsent sé na der oe AD DTEUE caractères Eniigllais plus haut, ils en diffèrent encore par la: disposi- tion de la coloration. Le Cenchrisest d’un beaw brun avec une cinquantaine d’anneaux de couleur: foneée, imprimés sur la ligne rachidienne; le centre de ces anneaux est FT une couleur plus claire; leur contour est légèrement sinueux; sur chacun des côtés de cette ligne d’anneaux plus ou moins rapprochés, on voit une série de taches arrondies, plus petites, brunâtres, à demi pupil- lées, de teinte pâle, et sur les dirics trois séries de macules-rondes, brunes, simples; À disposées l’une au dessus de l’autre dans un rapport alterne. Sur | la tête on voit cinq lignes brunätres , étroites, lune moyenne, les FT autres imprimées sur les côtés du museau et passant au dessus des yeux; au dessous d'elles se trouve encore de cha- que côté une ligne plus courte dé même couleur, confondue avec elles en avant du museau , mais s’en séparant bientôt pour se porter au dde de l'œil, parallèlement au bord supérieur des plaques labiales; le dessous du corps'est blanchäâtre ; les écailles sont un peu plus grandes que dans les espèces précédentes; on compte environ 2// pla- ques ventrales et 63 plaques caudales. Le) Boa à anneaux ne dépasse guère la taille et les propor- tions du Boa constricteur. Il habite spécialement l'Amérique du Sud. On a donné dans ces derniers temps le nom particulier d'Æpicrates aux Boas de cette division. Ilest des Boas dont le corps est plus comprimé que chez les précédens , la tête couverte dé pla- ques en avant du museau, et qui ont au devant des yeux une sorte de fente peu étendue , peu profonde, qui rappelle quelque peu le Rae des cerfs ; on.leur a donné le nom de Xiphosômes à cause de la forme de leur corps que l’on à com- parée à celle d’une lame d'épée. Les uns ont le museau arrondi, un sillon enfoncé au dessous dé l'œil, les plaques labiales alvéolées, les écailles ent comme le Boa proDÉ ou A BRoDERIES, B. hor-* tulana, B. clegans ou 8. PARTERRE , à cause de la disposition variée de la coloration. ‘Fauve en des- sus, le corps est parcouru par une ligne brune disposée en zigzag , quelquefois assez régulier. Sur chaque côté L'on voit une série de grandes taches annelées de même couleur; d’ autres. petites taches brunes, simples, arrondies, sont irrégulièrement disséminées dans leurs intervalles: in tête est on- dée de petits traits bruns sinueux ; le dessous du corps est jaunâtre; ses écailles sont rhomboïdales, lisses ; le nombre des plaques ventrales et caudales paraît être comme chez les précédens: soumis à quelques variations; sa taille est à peu près la même ; la queue de ce Boa paraît un peu plus longue proportionnellement que dans l'espèce sui- vante. Il se trouve dans plusieurs contrées de l'Amérique du Sud. Le 804 DE MerREM, que l’on a quelquefois con- fondu avec le précédent , et que d’auires auteurs ont distingué, n’en paraît diflérer que par sa co- loration. ïl est d’un brun verdâtre en: dessus; avec une rangée de grands anneaux bruns, A ne :sinueux, éiein d'arrière en avant, impri- més sur les flancs: quelques taches irrégulières ,. allongées, petites, sont disséminées sur "la tête: le:déssous.du corps est jaunâtre. Le Boa de Mer- subdivision que se rapporte le Boa rosopt, B. ca nina ; où Ararambojo , représenté dans notre Atlas, pl. 50, fig. 1: Ce serpent est d’un brun verdâtre en dessus; interrompu près du rachis par des taches jaunâtres, étroites, sidérées ou em zigzag, bordées d’une teinte noirâtre et dispostes alternativement de chaque côté ;le dessous du corps est jaunâtre ; la queue paraît plus courte, à proportion de la longueur du reste de l'animal, que’ dans les espèces précédentes; lon compte environ 203 plaques ventrales, et 77 caudales ; sa taille paraît être à peu près la même que celle des autres Boas déjà décrits; commeeux, ilest du midi de l'Amérique, et spécialement du a re Tous les auteurs s'accordent aujourd'hui à ra porter au Boa bojobi, comme une variété d'â âge moins avancé, le Boa dont Linnæus avait fait une espèce distincte sous le nom de B. hrypnale. Il est enfin des Boas à corps très-comprimé , à tête recouverte en avant par des plaques, mais qui n’ont point de fossettes en avant des yeux, ni de sillon enfoncé au dessous de l'œil, Leur museau est pierres à tronqué obliquement de haut en bas et d’arrière en avant; les écailles du corps” sont petiles, rhomboïdales, carénées: on léur a donné le nom d'Enygrus, d’autres les ont ap pelés Cenchris, nom vicieux, puisqu'ilaété, ainsi u'on l'a vu, attribué comme nom d’ espèce à des Boas fort différens. Les serpens qui s8 rapportent à ce groupe habitent les Indes. La forme de leur corps fait présumer qu'ils vont sou- vent à l’eau, et qu'ils nagent à la. manière des anguilles. Ce sont : Le Boa GARËNÉ, B. carinata, B. regia ; Etui pâtre, avec deux rangées de grandes taches j Jau- nâtres, annelées, disposées alternativement sur les côtés ce corps, une bande brune, avec étendue sur les côtés du museau et passant sur les narines et sur les yeux, d’un blanc jaunâtre en dessous, d’une taille un peu moindre que les Boas d’ Amérique. Le Boa oceuté, B. ocellata, confondu avec le précédent comme une simple variété, paraît con- stituer une espèce tout-à-fait distincte, À ce groupe se rapporte encore le Box vrré- RIN, B, viperina, B. conica , dont les taches ocel- lées, brunâtres, souvent confondnes entre elles, donnent à l'animal une certaine analogie de cou- leur avec notre vipère d'Europe. (Ta, C.) BOCARD , BOCARDAGE. (Application à la min. et à a cor.) Il arrive rarement queles sub- stances minérales exploitées soient assez pures pour être traitées directement, Les minerais sont ordinairement trop pauvres et trop mélangés: de gangue pour pouvoir être Lrailés ainsi dans les mines : il est done nécessaire de les débarrasser autant que possible de cette gangue par des opé- rations: mécaniques, qui consistent en triages , Bocardages ou lavages. rem est également du Brésil ; c’est encore à cette | ER RRReeeccecc ce __ “BOGG ani 459 -BOEUF Lorsque lopération des triages ne suflit pas, en‘a récours au Bocardage , qui s'exécute à Faide d'une mécanique composée de plusieurs pièces de bois mobiles appelées pi/ons , qui sont placées ver- ticalement et maintenues dans cette position par des coulisses en charpente; ces pilons sont ordi- nairement armés à leur extrémniié inférieure: d’une masse de fer plus ou moins lourde, selon la dureté des minerais qu'ils doivent écraser. Un ‘arbre ho- æizontal, mû par l’eau , ou toute autre puissance æmécanique, accroche en tournant ces pilons au amoÿen. de parties saillantes, appelés cames , qui entrent dans une échancrure ménage dans les pilons , ou soulèvent un mentonnet qui y est fixé, et les laisse ensuite retomber dans une auge lon- gitudinale , ordmairement creusée dans le sol, et dont le fond et les côtés sont garnis de dalles en pierres dures ou de plaques en fonte. Le minerai à bocarder arrive dans cette auge, au dessous des pilons , à laide d’une trémie , qu'on a le soin d’en- tretenir, toujours pleine. Chaque auge contient irois , quatre ou six pilons, et constitue ce que l'on appelle une batterie ou Bocard, dont le nom- bre peut varier selon les besoins de l'exploitation. Les cames sont disposées ‘sur l'arbre de manière à ce que le soulèvement ét la chute de chaque:pi- lon se fasse successivement et à des intervalles de temps égaux. Les minerais sont tantôt bocardés à sec, tantôt ils subissent un lavage à l’aide d’un courant d’eau qu'on fait arriver dans le Bocard; celle-ci en- traîne les matières terreuses et une certaine quan- tité de particules métalliques , que l’on peut faci- lement recueillir-en faisant parcourir à l’eau , au sorlir du Bocard, une suite de canaux plus ou moins nombreux, dont l’ensemble recoit le nom de labyrinthe, et où ces particules se déposent suivant l’ordre deleurs pesanteurs relatives : ce- pendant il en reste encore une assez grande par- tie mélangée avec les matières terreuses , que l'on nomme bourbe; et quand les métaux qu'on ex- ploite sont précieux, on les en sépare ensuite par différens lavages. Les minerais ainsi bocardés prennent dans les usines le nom de schlichs. ‘ (Woyez, pour les autres opérations mécaniques et chimiques que l’on fait subir aux minerais métalliques, les mots Trraces, Lavaces et Gnir- LAGES. (Ta. V.) BOCCONIA. (zor. Pan. ) Genre exotique de la famille des Papavéracées, Dodécandriemoncgy- nice, remarquable par l'absence de corolle, par la capsule monosperme , et par le suc safrané qui remplit ses feuilles et sa tige ; il est assez voisin de la chélidoine, et présente des fleurs en panicules terminales pourvues de bractées à la base des pé- doncules; un calice de deux foïioles caduques, formant seul l'enveloppe florale; huit à vingl- quatre étamines à filets trèsécourts, à anthères allongées; un ovaire légèrement stipité, portant deux stigmates ; enfin une capsule renfermant une seule graine, soit que les aütres avortent, soit qu'il y ait anomalie dans ce genre. On connait trois espèces de Pocconia ; Yune croît ‘en Chime, B. cordata ; l'autre, B. inlegri- folia, dans l'Amérique méridionale ; la troisième, originaire du Mexiqueet des Antilles, est un arbris- seau de huit à douze pieds , à branches cassantes comme celles du sureau, à feuilles sinutes, lobées à peu près comme celles du chêne, mais plus grandes. On le cultive dans nos jardins botaniques. (L.) BOCHIMAN. (war. ) Nom d’une peuplade d’hom- mes appartenant à la race nègre. #’oy. How. (Gui) BOEMIN. (mor. Pnan.) C'est le nom du piment aux Aniilles françaises. (77. Piment.) (Guér.) BOEUF , Bos. (mam.) Ge mot, qui signifie pro- prement taureau coupé, est devenu le nom col- lectif sous lequel on comprend, comme apparte- nant au même genre, tous les mammifères Rumr- Nans Bovinés (voy. ces mots),-dont les cornes, existant chez les deux sexes, sont plus ou moins arrondies, et diminuent sensiblement vers leur extrémité qui revient plus ou moins en avant; les narines chez tous ces animaux sont percées dans un large mufle, c’est-à-dire que la peau qui les entoure est mamelonnée et garnie de nom- breux cryptes mucipares qui versent sans cesse leur produit à sa surface ; tous ont au devant du corps une espèce de repli saillant, une sorte de pincement de la peau, nommé funon , lequel s'étend de la gorge à l’abdomen ; leurs mamelles sont inguinales et au nombre de quatre. Les Bœufs ont la taille élevée; ce sont les plus grands . animaux de la famille des Bovinés, leur régime est exclusivement herbivore; l'élévation de leur taille et la force considérable dont ils sont doués Jeur permet de paître avec sécurité sans avoir rien àh'redouter des carnassiors même les plus grands ; aussi, lorsque l'ennemi se présente, ne fuient-ils pas comme les gaseiles et les chèvres, ils l'attendent au contraire de piedferme et le plus souvent lui font un mauvais parti. Les espèces as- sez nombreuses de ce genre sont les unes fossiles, les autres aujourd’hui yivantes ; parmi ces der- nières (que l'on trouve répandues sur presque tout le globe, soit en Europe, en Afrique, en Asie et dans les îles voisines pour l’ancien continent, ou bienen Amérique), quelques unes sont, depuis des temps plus ou moins reculés , réduites à l’état do- mestique, et rendent à l'homme des services tels, que plusieurs peuples se trouveraient certaine ment privés de leur principal moyen d'existence si ces animaux venaient à leur être enlevés. À l'état sauvage, les Bœufs setiennent dans les forêts et vivent en troupes plus ou moins nom- breuses; un seul mâle peut suflire à plusieurs fe- melles ; celles-ci ne mettent bas qu’un petit à chaque portée. Si l'onrretire , avec M. de Blainville, le Bœuf musqué, Bos moschatus, Gm., pour en former un pelit genre à part (voy. Ovisos), il est facile de subdiviser les espèces du genre des Bœufs en deux sections. I. es Burrces. Ce sont des animaux en quelque sorte aqua- BOEUF tiques, qui vivent dans les marais ou près des ri- vières, dans lesquelles ils restent plongés une par- tie du jour. On les reconnaît à leurs cornes dont la base toujours élargie recouvre une partie du front , et dont le côté interne est aplati et l’externe seulement arrondi. Les espèces de cette section ont toujours la langue douce ; ce sont: Le Burrze, Bos Bubalus, aujourd’hui très-com- mun en Grèce et en Italie, où il paraît avoir été introduit dans le courant du septième siècle, par Agilulfe, roi des Lombards. Le Buflle est ori- ginaire des régions humides de l'Inde, d’où il s’est répandu dans diverses contrées de l’ancien continent; presque partout on l’a réduit en do- mesticité, mais il existe encore en grand nombre à l’état de nature. On dit que, dans les environs de Naples, quelques individus échappés se sont mul- tipliés et existent à l’état sauvage. Les Buffles ne courent pas comme le Bœuf or- dinaire ; ils redressent ,ordinairement la tête et portent leurs cornes en arrière; lorsqu'ils frap- pent, ce n’est qu'avec le front ou les pieds. Cette espèce a le pelage noir, composé de poils rudes et peu nombreux; son cuir, comme celui du Bison, est spongieux et perméable à l'eau; comme il résiste mieux aux armes tranchantes , on l’emploie pour faire des cuirasses et autres vêé- temens défensifs. Le Buffle est représenté pl. 50, f. 4 de ce Dictionnaire. Le Boeur art, Bos arni, est considéré par plusieurs naturalistes, MM. Desmarest et F. Cuvier entre autres, comme une simple variété du Buflle ; il n’en diffère en effet que par ses cornes qui sont démesurément longues (4 à 5 pieds pour chacune), ridéts sur leur concavité, et un peu plus aplaties en avant. L’Arni est noir, il n’a ni bosse ni crinière; il paraît habiter spécialement les hautes montagnes de l'Indoustan et les îles de l’archipel indien. Burrze pu Car, Bos caffer. Cette espèce se dis- tingue de toutes les précédentes par ses cornes énormes , dont les bases aplaties couvrent comme un casque tout le sommet de la têle, ne laissant entre elles qu’un pelit canal élargi en avant. Gette espèce est une des plus remarquables du genre, ses formes sont massives et sa taille considérable ; le fanonest vasteet pendant; elle ale pelage com- posé de poils longs d’un pouce, durs et fort serrés ; ses oreilles sont un peu couchées et couvertes par les cornes. Cet animal, terrible par sa férocité, vit en grandes troupes depuis le cap de Bonne-Espé- rance jusque vers la Guinée; il se pratique dans les forêls les plus sombres des sentiers étroits dont ils’écarte peu; il renverse avec fureur tout ce qui se trouve sur son passage, et se plaît à lécher les corpsqu'ilatués. Ses mugissemens sont affreux, et sa course très-rapide. Dans les bois il attaque l'homme lui-même; demême que le Buflle, ilnepeut supporter la vue de ce qui est rouge. On le chasse pour sa chair quiest mangeable quoique grossière, mais surtout pour son cuir qui est excellent. Le Boœvur cour, Bos gour, Purorah et Gourin des 460 BOEUF Indous, est une espèce assez semblable à l’Arni, découverte par les naturalistes anglais dans les montagnes du Wyn-Pat et décrite en France par M. Geoffroy Saint-Hilaire. Ce Bœuf a le pelage ras, d’un noir assez foncé; ses cornes sont courtes, épaisses, un peu rugueuses, très-courbées vers leur extrémité. C’est un animal courageux qui vit par troupes de quinze à vingt individus dans les forêts de l’intérieur de l'Inde; il se nourrit de feuilles et de bourgeons. Le Boeur cayaL, Bos graveus , décrit comme une espèce distincte dans l'Asiatic resear., t. 8, s’il n’est point une simple variété du Bœuf gour, en diffère certainement très peu. II. Les Bours PROPREMENT DITS. Ils ont les cornes lisses, arrondies, un peu plus grosses seulement à leur base, mais sans aplatis- sement ; leur langue est couverte de papilles ai- guës et cornées. Les espèces de ce groupe vivent plutôt dans les prairies élevées et dans le voisinage des forêts. Ce sont : Le Bison n’Amérique, Bœuf sauvage d’Amé- rique, Bos Bison, figuré pl. 50, f. 2 de notre Dic- tionnaire. Cette espèce , que Buffon avait confon- due avec l’Aurochs, habite toutes les parties tem- pérées de l'Amérique septentrionale; elle est sur- tout abondante dans les riches prairies qui bor- dent les sources du Mississipi et des rivières qui s'y jettent. Elle y vit, dit-on, en grandes troupes, pêle-mêle avec les cerfs et les daims, paissant le soir et le matin, pour se retirer pendant la cha- leur dans les lieux marécageux. Quoique cet ani- mal soit fort sauvage, on peut cependant l'appri- voiser lorsqu'on le prend jeune; s’il est bien nourri il acquiert une taille fort considérable et pèse jus- qu'à deux et trois milliers. Le Bison a les formes trapues , la tête courte et grosse; le chanfrein, le cou et les épaules sont couverts d’un poil laineux , élastique et très-doux, que l’on pourrait certainement filer avec avantage; les poils du train de derrière sont plus courts et plus noirs ; la queue est médiocre et terminée par un flocon de longs crins ; les cornes sont petites , arrondies , latérales et séparées. On chasse cet animal pour sa chair, qui est bonne à manger, et son cuir, qui est fort eslimé, ainsi que pour différentes parties de son corps. L'espèce du BoEur À LARGE FRONT, Bos lati- frons de Harlan (Faune américaine), ne repose que sur trois crânes fossiles trouvés en Europe ct en Amérique dans le Kentucky; ces crânes ont beau- coup d'analogie avec celui de l’Aurochs dont nous allons parler. Il en est à peu près de même du Boeur À FRONT BoMBÉ, Bos bombifrons, espèce fossile du même auteur. L’Aurocus, Bos urus est aussi appelé Bœuf sau- vage de Pologne, Du mot composé auer-ochs, qui signifie en allemand bœuf sauvage, bœuf de mon- tagne, dérive certainement le nom de cet animal, que les Latins appelaient Urus. L’Aurochs était autrefois assez répandu dans les forêts de l'Europe tempérée; mais il en a été BOEUF | repoussé à mesure que les hommes se sont mul- tipliés, et il s’est aujourd'hui confiné dans les fo- rêts les plus sombres des monts Krapachs et du Caucase; c'est tout au plus s’il en existe encore | quelques individus en Lithuanie. L'Aurochs a le pelage composé de deux sortes de poils : les uns, fauves, doux et laineux, consti- tuent une espèce de bourre recouvrant les parties inférieures ; les poils du dos et des régions anté- rieures sont plus longs, durs et grossiers, leur couleur est brune : une barbe longue et pendante ombrage le menton; les cornes sont grosses, rondes et latérales; le front est bombé et les ma- melles disposées en carré. Cet animal est, après | l'Éléphant ct le Rhinocéros, le plus gros des qua- drupèdes mammifères ; le mâle, haut de six pieds | au garrot, en a jusqu’à dix de long. L’Aurochs, susceptible de quelque adoucisse- ment lorsqu'on le prend jeune, est très-féroce dans l’état de nature; on le chasse non-seulement pour sa chair, qui est un bon manger, mais aussi pour sa toison et son cuir quisont très-recherchés. Cette chasse est surtout très-dangereuse à l'époque du rut; ordinairement l’Aurochs fuit devant l’homme; cependant lorsqu'ilest blessé, il se re- tourne avec violence et fond sur le chasseur pour le terrasser. Les femelles de cette espèce sont moins grandes et moins fortes que les mâles ; elles portent pendant onze mois et ne mettent bas qu’un seul petit. 4 Le Yax ou BUFFLE A QUEUE DE CHEVAL, appelé aussi VACHE GROGNANTE DE TARTARIE, B. grunniens, se distingue de tous ses congénères par sa queue garnie de tous côtés de longs poils, comme celle du cheval. Cette espèce, qui ressemble au Buffle par ses formes, en diffère cependant par sa langue qui est garnie de papilles et ses cornes rondes et unies : une grosse touffe de poils crépus couvre le sommet de sa tête; son pelage est en général ras et lisse en été, hérissé et plus fourni en hiver; sa couleur est noire. Le cou présente une sorte de crinière, et le dessous du corps ainsi que la nais- sance des jambes sont garnis de crins touffus très- longs et tombans. Les Yaks aiment l’eau comme les Bufles, ils nagent très-bien; on les trouve sauvages dans les montagnes du Thibet ; leur caractère est irascible et farouche; cependant les Tartares, les Chinois et les Thibétains ont su les réduire en domesticité ; ils les tiennent par troupeaux non pour les faire travailler à la terre, mais pour obtenir leur chair, leur riche pelage et surtout leur queue; dans quelques contrées on les emploie comme bêtes de somme. Les houppes dont les Chinois ornent leurs bonnets d'été sont faites avec des poils de l'Yak; et c’est principalement avec la riche queue de cet animal que les Thibétains font des chasse-mou- ches, et les Persans et les Turcs ces marques de dignité que nous prenons à tort pour des queues de cheval. Le Zisu, Bos indicus, regardé par la plupart des auteurs comme une variété du Bœuf ordi- naire , en diffère cependant par la taille, qui est | 461 BOEUF moindre, et par une ou deux bosses graisseuses placées sur le garrot. On distingue plusieurs va- riétés parmi les Zébus ; la plus remarquable est certainement le Zébu de Madagascar, qui appro- che de la taille de notre Bœuf et lui ressemble encore par ses cornes : la saveur musquée de sa chair et la loupe graisseuse de son dos sont les seules différences qui l'en font distinguer. Les Zé- bus n’ont souvent pas de cornes, leur pelage est généralement gris en dessus et blanc en dessous, leur queue est terminée par une touffe de poils noirs. Ils habitent les parties chaudes de l'Asie et de l'Afrique; c’est surtout dans l'Inde qu’ils sont le plus communs. G. Guvier a décrit et figuré le Zébu dans l’ou- vrage intitulé Ménagerie du Muséum. Vient maintenant le BoEuF bOMESTIQUE , B. tau- rus , figuré à la pl. 50, fig. 3 de notre Atlas, ct dans l’Iconographie du règne animal, pl. 4». Cette espèce, aujourd’hui répandue en Europe, en Asie, en Afrique et même en Amérique, offre partout de nombreuses variétés; on n’en connaît point le type sauvage ; l'Aurochs est de toutes les espèces du même genre celle qui en approche davantage ; mais il offre quatorze paires de côtes et le Bœuf n’en a que treize. Le pelage de cette espèce est ras, et de couleur variable , les cornes sont arrondies , arquées et le plus souvent déjetées en dehors. Le mâle entier porte le nom de Tau- reau; celui que l’on a mutilé pour le rendre plus docile et plus soumis conserve le nom de Boœuf, nous n'avons point à nous en occuper; la femelle est la Vache; le Veau et la Génisse sont deux jeu-- nes de cette espèce, l’un femelle et l’autre mâle. Les Bœufs ont été transportés en Amérique ct ils y ont parfaitement réussi, surtout dans les pam- pas du Paraguay, où ils sont devenus sauvages ; on les chasse principalement pour leur peau. M. Fréd. Cuvier a décrit sous le nom de Juxezt- Gau, Bos sylhetanus, et fait figurer dans son bel ouvrage sur les mammifères, un Bœuf qu'il regarde comme de nouvelle espèce , différant principale- ment du Bœuf domestique par ses cornes qui sont implantées au bout de la crête occipitale et sépa- rées entre elles par un espace d’autant plus petit que l'animal est plus âgé ; une légère proéminence graisseuse remplace la bosse des Zébus ou Bœufs de l'Inde; la queue est terminée par un pinceau de longs poils. Le Jungli-Gau mâle et sa femelle se distinguent l’un de l’autre par la grosseur de leurs cornes ; quant à Ja couleur, elle est la même pour tous deux, c’est-à-dire noirâtre , avec les jambes blan- ches; le front est d’un gris cendré, ainsi qu'une bande longitudinale placée surle garrot; le dedans des oreilles et le dessous du corps sont garnis de poils blanchâtres : M. G. Cuvier serait porté à considérer ces animaux comme une race bâtarde du Bœuf et du Buflle. - On les trouve principalement au pied des mon- tagnes du Sylhet dans l'Inde , où ils sont aussi communs que le Buflle. Les Indiens les chassent et savent les réduire en domesticité. Le Boeur À Fesses BLANCHES ; Pos leucoprymnus , est une autre espèce décrite par MM. Quoy et Gaïmard dans la Zoologie del Astrolabe.. Ge Bœuf ressemble aussi beaucoup à notre espèce domes: tique. I vit sauvage À Java. Nous n’avons point parlé dans cet -article du Borur uusqué d'Amérique, Bos moschatus de Gmelin , lequel, ayant les cornes très-élargies et se touchant à leur base, les mamelles au nombre de deux seulement et le nez couvert de poils, diffère assez des vrais Bœufs pour consti- tuër un genre distinct. C’est en effet ainsi qu'on le. considère aujourd’hui d’après les recherches de M. Blainville. Nous en parlerons au mot Owr- 30$; nom que lui à donné ce savant naturaliste. (Poy. Ovisos.) , (GErv.) BOEUF , Los domesticus, (acn.) Étre mitoyen que l'homme a dépouillé de ses facultés naturelles pour le faconner aux travaux de la terre, pour retirer de lui les plus grands avantages et durant sa yie et. après sa mort. Le Bœuf est le. taureau qui a été soumis , dans son jeune âge, à l'opéra- tion de la castration, L’utilité de cet animal pour l'agriculture remonte aux âges les plus reculés, el comme son existence est liée à la charrue, on l'a regardé comme sacré, on lui a même dressé des autels, et l’on punissait de la peine capitale celui qui:méchamment le mettait à mort. Tandis qu'on le plaçait ainsi sous la protection de la loi , pour ménager ses forces ou pour prévénir l'abus que l’on pouvait en faire , on borna à une longueur de quarante. mètres la plus grande étendue. du sillon .qu’il devait tracer par une continuité non interrompue d'efforts et de mouvemens. Tous les services que ce patient auxiliaire rend au laboureur:ont.été résumés en quelques lignes par la plume éloquente de Buffon. «Sans le Bœuf, dit-il , les pauvres.et les riches auraient beaucoup de peine à vivre, la terre demeurerait inculte , les champs el même les jardins seraient secs .et stériles ; c’est sur lui que roulent tous les travaux dela campagne; il est le domestique Je plus,utile de la ferme, le soutien du ménage champêtre ; il fait toute la force de l’agriculture; autrefois il fai- sait toute la richesse des hommes , il est encore aujourd'hui la base de l’opulence des étais, qui ne peuvent se, soutenir et fleurir que par la culture des terres et par l’abondance du bétail, puisque ce sont les seuls biens réels, tous les autres, même l'orcet l'argent, n’élant que des biens ar- bitraires, des représentations , des monnaies de crédit, qui n'ont de valeur qu’autant que le pro- dait des terres leur en donne. » Le Bœufn'est pas aussilourd ni aussi mal fait qu’il le paraît au premier aspect; il sait se tirer d’un mauvais pas, aussi bien et peut-être mieux que le cheval. Un signe certain de sa santé , c’est le luisant de son poil épais et doux au toucher;:lors- qu'il est rude, terne, hérissé, dégarni, l'animal souffre, eu: bien il n’est pas d’un fort tempérament. Les bonnes qualités sont indépendantes des cou- | leurs de la robe : que celle-ci soit fauve ou noire, rouge, grise, blanche ou mouchetée, le Bœuf sera propre à tousdes: besoins de la maison rurale ,:s'il est bien nowwi, tenu dans une étable aérée, spas cieuse, S'il est traité avec douceur, s’ilrecoit du, cultivateur les soins que-réclament Jes nombreux. services qu'il en exige. Les campagnes les-plus {er- tiles sont bientôt frappées-de stérilité, leur popu- lation devient misérable quand le bœuf est né- | gligé, méprisé, impitoyablement condamné aù plus dur esclavage. L'Espagne ;‘en.le. repoussant de la charrue et en lui substituant Je mulet, à déchu rapidement de sa gloire. agricole , elle a de ce moment imprimé sur son sol.des traces profon- des, d'une, longue calamité. j La taille et même la force du Bœuf varient con- sidérablement; elles tiennent.à la race dont il 4, sort, elles résultent de l'abondance des pâturages sur lesquels il a ‘passé ses premières années : le climat y influe également, Les Bœufs des pays très-chauds et.ceux:-des pays très-froids , sont plus petits que ceux des régions tempérées. On vanta beaucoup chez les anciens la race monstrueuse de l'Épire, que j'ai vue-réduite au plus misérable état : possible, De nos jours, les Bœufs les plus grands existent en Sicile, dans la terre de Labour, pro- vince de Naples, dans la Podolie, l'Ukraine et la Tartarie; les plus forts proviennent dela Hongrie, de la Dalmatie, de la Carinthie : ils sont aussi moins maladifs que les Bœufs gras et.courts.de Ja Savoie, dela Suisse, de la vallée d'Aoste «et du Piémont, Ceux qui fournissent la ‘char la plus délicate habitent les riches vallées de la Tran- sylvanie. | Toutes les. différentes races que nous possédons en France peuvent se réduire à deux classes , les Baœufs de haut cru répandus dans les départemens de la Haute-Vienne.el .de la Corrèze, de la: Cha- rente, de Ja Creuse, du Cher, du Gers, de Lot- et-Garonne , de la Gironde, des Landes: du Can- tal, du Puy-de-Dôme, de la. Haute-Loire, de l'Allier , de la Nièvre, de Saône-et-Loire , de la Côte-d'Or,et .de l'Yonne. Les Baufs de. nature, c'est-à-dire, qui ont la propriété de s’engraisser facilement, sont ceux des départemens de Maine- et-Loire, de la Loire-Inférieure, dela Vendée , de la Charente-Inférieure, d'Ille-et-Vilaine, du Mor- bihan, des Côtes-du-Nord, du Finistère, de la Sarthe, dela Mayenne ,.dela Manche , du Jura, du Doubset dela Haute-Saône, À cette -«seconde classe se rattache une espèce de belle propor- tion et d'une nature fort douce, répandue sur divers points de la France, particulièrement dans la vallée d'Auge; c’est celle que l’on nomme Bœufs de pays. TT Le Bœuf vit communément quinze.ans ;.à J’in- spection de ses, dents.et de ses cornes on détermine son âge d’une manière positive. De deux ans et demi à trois, on le dresse aulabour , ou.bien on Lhabitue à porter le harnais; de cinq à dix ans, il a atteint sa plus grande force, c’est l’époque de ses travaux les plus fatigans et les plus lucra- ts; à douze ans il quitte la charrue pour passer à l’engraissement et de là x la boucherie. Quoi- qu'il soit moins propre àtrainer la voiture que Je ” CBOEUF cheval; l'âne etle mulet, quoique sonallure , ‘la forme dé son!:doset: celle de ses reins s’y oppo- sent, on Fattélie!, on loblige à trotter-ot même à galoper , de qu'il : fait au détriment de ses forces ét de sa vie: On a tort de l’associer au cheval, de Vatteler avec un collier, de le faire tirer unique- ment par les cornes, mais il faut profiter de Ja puissance de son.col et de ses épaules , de l'épais- seur des os de la tête au dessus du front et de la disposition qu'il montre naturellément à se servir de cette partie tant pour attaquer que pour se dé- fendre , afin de les tourner à l'avantage de l’ani- mal ét des travaux qu'on veut lui demander. Quoique l’on estime le contraire, le Bœuf est {susceptible d’attachement, non-seulement pour l'homme qui le traite bien ; mais encore pour les findividus de son espèce qu'on lui associe, Son Pinstinct'est si perfectionné qu'il développe en lui des facultés remarquables ; aussi quelques: peu- Wplades du midi de l'Afrique élèvent-elles leurs Bœufs pour la garde des troupeaux ; nos Bæœufs de Wla Camargue sont surtout précieux sous ce rap iport. 7’. au mot CamarquE. Utile dâns toutes les circonstances de: sa vie, | rien n’est perdu après sa mort, Sa viande nourrit [Thomme , soit qu'il la mange bouillie salée , fu- mée où apprêtée de plusieurs manières, comme cela se pratique chez les riches aussi bien que chez les pauvres, soit) qu'elle lui plaise à demi cuite ét presque saignante à l'instar des Anglais, ouitoute crue comme aux peuples de l'Abyssinie. Sa peau, tännée, hongroyée ou chamoisée, donne d'excellentes chaussures, des harnais, et est em- ployée à une infinité d’autres usages; on la sale dans les plaines de Buenos-Ayres, dans les pam- pas du Chiliet du Pérou, pour y servir à la fabri- cation des chapeaux, des couvertures de mai- sons, des'canôts destinés à passer les torrens, les cours d’eau rapides ; etc. La graisse du Bœuf tt le poil de sa robe recoivent de nombreuses appli- cations économiques ; les cornes se faconnent en lames pour les lanternes, en peignes, en boi- tes, en manches de couteaux, etc; quand elles sont râpées, elles fournissent un très-bon en- grais, ainsi que les ongles; les os donnent du bouillon, du noir animal, et servent à divers usages domestiques ; le sang entre dans la confec- tion du bleu de Prusse, dans plusieurs prépara- | tions chimiques , dans le raflinage du sucre ; avec les issues on obtient une espèce de colle très-es- timée : en un mot, il n’est aucune partie de la dépouille du Bœuf dont l'industrie ne sache ou ne puisse profiter. Le Bœuf sans cornes, introduit en France de- uis une trentaine d'années-et que nous avons tiré de l'Écosse, où il vit dans un état presque sauvage sur les montagnes, est très-doux, fort docile, traîne la charrue avec autant de force que | notre Bœuf ordinaire; sa marche m'a paru plus ferme, mieux réglée, plus vite; il devient très- gros à l'engraissement. Cette variété se perd ai- sément quand on l’accouple à des vaches armées de cornes, EL B) 0 463 Ho. veus "BOGUE, Boops. : (rorss.) Ge genre appartient à la famille des Sparoïdes: il y prend, place dans la quatrième tribu, Ses caractères consistent dans la forme de son corps, qui est comprimé et revêtu d’écailles assez grandes; dans le peu d’extensibilité de ses mâchoires, .dontiles dents sont tantôt échan- crées, tantôt pointues en partie; enfin dans l’ab- sence complète des dentelures: aux pièces oper- culaires. Ce genre est assez nombreux en-espèces, nous en citerons seulement deux qui vivent dans la Méditerranée. La première est: le Bocue vur- Game, Oparus boops. Il a les dents supérieures dentelées, et les inférieures pointues. Le fond de sa couleur est d’un gris d'argent , avec les raies longitudinales dorées. Les (Grecs connurent bien ce poisson ; ils avaient surtout remarqué la gros- seur de ses yeux qu'ils comparaient à ceux d’un bœuf;. d’où le nom de Gi par lequel ils-le dési- gnaient. 1] paraîtqu'il fait sa nourriture de très-pe- tits poissons , aussi bien que d'algues et autres plantes marines. La chair en est: délicate et fa- cile: à digérer. On nomme la seconde espèce Bo- @uE SAUPE ( boops salpa, Linn.,) dont Block a donné une figure dans la pl. 265 de son Ichthyo- logie. Son corps est plus ovale que celui de l’es- pèce précédente; les dents qui garnissent sa mâ- choire supérieure sont fourchues , mais celles d’en bas sont simplement, pointues ; les raies de cou- leur d’or qui se détachent du fond'brun de son corps sont plus brillantes que chezle Bogue com- mun, mais sa chair est beaucoup moins estimée, attendu qu'elle est molle et difficile à digérer. IL parvient à plus de trois décimètres de longueur. Ge poisson fraie ordinairement en automne; al fré- quente de préférence les bas-fonds, où il est sans doute attiré par les plantes marines dont äl fait sa principale nourriture. On le prend à l’hame- çon, Pendant l'hiver il se retire dans les profon- deurs des baies, des golfes, ou de la haute mer. (Ar. G.) + BOI(rerr.) Cette syllabeaméricaine , d’où nous avons probablement fait venir Boa , signifie Ser- pent et entre dans beaucoup denoms de paysdon- nés à ces reptiles. Ainsi on appelle. Borcinivea où Borquira,au Brésil, une espèce de Groraze(”. ce mot) : plusieurs.autres Serpens venimeux où non venimeux portent au Brésil les noms de Borcuasa , Borcurecanea, Bora, Borcquacu et BorquarTrara: Voy. Boa, Crorare et SERPENT. (Gu£r.) BOIS. ( zooz. ) Gornes solides dont est parée la tête des cerfs, des daims, des chevreuils, des élans, des rennes, etc. Quelques naturalistes les regardent : plutôt comme des ornemens que comme des armes. Ce- pendant les animaux qui en sont pourvus s’en servent dans le danger pour se délendre contre l'attaque de leurs ennemis ; le cerf ou le daim blessent fréquemment de leur bois les chiens etles chasseurs quiles poursuivent. On a émis. sur le développement et le renouvellement des Bois, des données physiologiques qui méritentexamen, mais que nous renvoyons aumot GorKes, Dans les cerfs, cet accroissement , ce renouvellement a lieu vers BOIS le printemps, à l’époque où la nourriture est plus abondante; c’est au contraire vers l’automne, lorsque l'herbe jaunit, que les feuilles se dessè- chent, que les Bois du cerf meurent, s’exfolient et tombent. Les mâles seuls sont pourvus de Bois; la fe- melle du renne en a cependant la tête ornée. Ils semblent l'indice de la faculté génératrice. Chaque année , un rameau nouveau s'ajoute aux rameaux existans, mais ce développement n’est pas tellement régulier qu'on puisse exactement fixer l’âge de l’animal par le nombre des rameaux. La forme du Bois varie en raison des espèces, il est arrondi chez le cerf, palmé chez le renne, triangulaire dans l'élan , etc. En termes de vénerie, on appelle andouiller chacun des rameaux. (P.G.) BOIS, lignum. ( sor. ) Matière propre, sub- stance fibreuse, compacte, très-dure , qui consti- tue essentiellement le tronc et les branches des arbres et des arbrisseaux ; elle est placée sous le Liber, composée de fibres desséchées et de vaisseaux oblitérés par leur cohérence et leur dureté, qui deviennent plus forts à mesure que de nouvelles couches extérieures environnent chaque année les anciennes; pendant la vie c’est cette matière qui renferme la séve et les sucs propres ; quand l’arbre est abattu, c’est elle que l’on met en œuvre sous le nom de Bois de-construction , Bois de menuise- rie, de charonnage et de chauffage. Au centre du Bois on trouve la moelle; chaque couche circulaire qui recouvre l’étui ou canal dans lequel elle est contenue, est composée de fibres ligneuses, dont l’ensemble est traversé par des sillons plus ou moins larges de tissu cellulaire. Les couches ligneuses sont d'autant plus dures, qu’elles approchent davantage de la moelle : aussi appelle-t-on communément ce centre Le cœur du Bois. Les couches les plus extérieures, surtout cel- les de l'aubier , qui est un Bois encore imparfait, offrent le moins de densité. La dureté, la pesan- teur , la compacité, la solidité du Bois, sont pres- que toujours en raison directe de la durée de son accroissement. Les arbres qui croissent le plus - lentement ont le Bois le plus dur et le plus com- pacte ; il en est de même de celui séché sur pied ; les arbres qui croissent le plus vite ne donnent qu'un Bois tendre, léger, très-susceptible de se fendiller et de se retirer avec excès. Cette loi n’est pas sans exception; le cormier, par exemple, est aussi dur que le buis, quoiqu'il croisse beaucoup plus vite; le noyer et le sorbier des oiseleurs sont à peu près également denses, et cependant le se- cond a plus de dureté que le premier , etc. Les au- dres qualités du Bois dépendent de plusieurs cir- constances essentielles. Ces circonstances sont Ja mature du sol, l’exposition, l’âge de l'arbre, l’é- poquede la coupeet son placement après l'abattage. Le Bois provenant d'un terrain sec, rocailleux , montueux, est infiniment plus dur que celui qui aura végélé sur un sol bas et humide. Tout Bois venu dans une exposition méridionale a les fibres plus serrées , plus imprégnées de séve, Les jeunes 46 mm mt BOIS arbres donnent un Bois faible, sans consistance. M Le Bois coupé durant l'été ou bien au printemps. n'est pas de durée, ilse gerce profondément. Le Bois que l’on tient en un lieu trop frais devient! la proie des insectes et finit par tomber en pour riture, n La force du bois est proportionnelle à sa pesan# teur; elle est beaucoup plus grande qu’on ne croit communément. Les expériences de Buffon , celles. de Duhamel-du-Monceau , justifiées par celles des savans venus après eux, nous font connaître lapesan® teur spécifique des diverses sortes de Bois , dans leur état de dessiccation parfaite ;en même temps elles nous apprennent que dans les bâtisses desti-M nées à durer long-temps, il ne faut donner au Bois tout au plus que la moitié de la charge qui peut le faire rompre. Veut-on augmenter la puis= sance du Bois, 1l faut écorcer l'arbre plusieurs mois avant de l’abattre, ou mieux encore, avant { de l’'employer, le soumettre à l’ébullition dans une eau saline et le faire ensuite sécher à l’étuven Par ce procédé, il se dépouille de sa partie extracMf tive, ses fibres acquièrent un tiers de force de plus, et sa conservation est, pour ainsi dire, in- définie. Le Bois vert peut alors être de suite em ployé; on redresse aisément celui qui est tordu » courbé, déjeté , et l’on empêche celui porté à se fendre, à se gercer, à subir la vermoulure, de céder à cette tendance naturelle. Quant à la couleur , quoiqu’elle soit le plus or= dinairement blanche, elle varie beaucoup, passe par mille nuances diverses, depuis le blanc écla-. tant et satiné de l’érable-plane, Acer platanoides jusqu’au noir largement veiné de blanc du cytise des Alpes, Cytisus laburnum, au jaune, au rouge, n au noir le plus intense; mais, quelle que soit la teinte du Bois, le centre est toujours très-foncé. Les Bois rouges sont plus communs entre les tropi ques que les Bois blancs ne le sont dans les zones tempérées. Plusieurs Bois fournissent à la teinture des cou leurs solides, tels sont ceux du Quercitron, Quer- cus tinctoria, des Brésillets , Cæsalpinia brasiliensis et echinata, du Fustet, Coriaria myrtifolia, dus Campêche, Hæœmatozylum campechianum, etc. Un petit nombre est d'usage dans la médecine" je citerai particulièrement le Bois du Gaïac, Gua J'acum officinale, le Sassafras, Laurus sassafras, etc. Les Bois les plus propres à la grande charpente sont ceux du chêne, du châtaignier, du mélèze, du cèdre, des sapins et des pins ; pour le pilotage, 4] ceux de chêne et de l’aune ; pour le charonnage, MI ceux de l’orme, du frêne, de l’érable, du charme, # du hêtre, du_micocoulier; pour la menuiserie, ceux du noyer, du tilleul, du cerisier, du SyCO-M| more, d’acajou, de l’if, du buis, etc., etc. Les Bois à grains fins sont les meilleurs pour le tour; ceux du chêne vert, du cytise, etc., méritent la préférence pour les manches d'outils ; comme ceux des jeunes arbres, depuis six ans jusqu'à vingt-M cinq, conviennent pour la cerclerie. Ainsi que je l'ai dit en parlant des Argres (v ce mot), on ne peut donner scientifiquement 1) nom} 0 BOIS 465 BOIS DIR nom de Bois à la tige ligneuse des arbres et arbris- seaux à un seul cotylédon, tels que le palmier , le dracéna, l’yucca, etc. ; dans ces végétaux, ce sont purement et simplement des filets durs et tenaces qui, au milieu d'un tissu élastique et là- che, soutiennent la tige dans toute sa longueur ; ils ne font point corps comme dans le Bois propre- ment dit. BOIS, Sylva. ( acr. ) Réunion, dans un même espace de terrain plus ou moins vaste, d'arbres et d’arbrisseaux plantés naturellement ou artificiel- lement; lorsque l’étendue qu'ils occupent est peu considérable on nomme ce lieu simplement Bots, | dans le cas contraire on l'appelle Forét. Les Bois prennent la dénomination de Z'aillis jusqu’à l’âge de quarante ans; de Demi-Futaie depuis quarante jusqu’à soixante; de Jeune Futaie, depuis soixante jusqu’à cent; au-dessus on dit Haute Futate. Un pays privé de Bois afflige partout les regards ; les coteaux et les montagnes sont arides et sans charmes, les plaines desséchées , presque habi- tuellement infertiles ; les eaux mornes et infectes encombrent les vallées ; et quand la température s’'échaufle, quand elle arrive plus ou moins rapi- dement à son maximum d’élévation, le sol ; prin- cipalement s’il est sablonneux ou calcaire, fait rayonner le calorique dont il est imprégné, l’air devient insupportable, la terre se délite , se cre- vasse de toutes parts et se réduit en poussière ; en un mot, tout s’exalte, les bestiaux sont haletans, la végétation dépérit, les oiseaux fuient, les ani- maux malfaisans et les insectes qui survivent se jettent en furieux sur les parties habitées et culti- vées, où la main de l’homme industrieux lutte encore contre ces désastres. À leur approche , le peu d'ombre et de verdure disparaît aussitôt, la désolation étend sur tout son manteau de deuil. Les ruines s’entassent , la famine détruit les popu- lations et repousse pour long-temps tout espoir de retour à la fertilité. Ce tableau n’a rien d’exagéré ; les lieux qu'em- brassent le Pont-Euxin, les pyles de la Syrie, la Chaldée, le mont Liban, la mer Caspienne, la Gédrosie et la Bactriane, sont là pour lui servir de corollaires. Je pourrais encore montrer pour preu- ves les immenses déserts de l'Afrique , peuplés à une époque oubliée et-couverts de Bois de dat- tiers, d’acacias, de sycomores, de cèdres , etc., : dont les troncsentiers, convertis en silex, se trou- vent amoncelés sous le sable et à un tel degré de conservation, qu'on distingue aisément l'essence à laquelle ces différens Bois ont appartenu. Je pourrais multiplier les exemples, car ils ne. man- quent point: mais il faut s'arrêter. A quelles causes doit-on attribuer une aussi fu- neste disparition des Bois? De grandes, inonda- tions, des envahissemens de la mer, à la suite de longues et effroyables tempêtes, ont pu chan- ger la face entière d’une contrée, témoinsles forêts sous-marines que l'on découvre de temps à autre sur les côtes ( voyez au mot Forêrs sous-mMarr- Nes }, et ravager, par conséquent, les Bois qui couvyraient la terre ; mais on ne peut se dissimuler Tome I. LIX° Livraison. que la diminution des Bois ne soit due à la cul- ture, dont les nécessités deviennent plus grandes à raison des progrès de la civilisation et de l'in- dustrie; on ne peut pas non plus douter que la destruction des Bois ne soit aussi le triste résul- tat des coupes extraordinaires faites à la suite de honteuses spéculations, ou commandtes par un pouvoir abusif pour des guerres désastreuses, pour des besoins d’extermination , élémens insé- parables du despotisme , de l'ambition , de la va- nité, d’une avarice sordide. C’est ainsi que , dans l'antiquité , tombèrent les grands Bois de l'Asie, de la Phénicie, de la Perse, de la Grèce: c’est ainsi que, de nos jours, j'ai vu périr d’anciennes forêts en France, en Italie, pour satisfaire au service des administrations de la guerre et de la marine. La mauvaise tenue des Bois augmente le mal, et si l’on n’y donne l'attention convenable, il est à craindre que les désastres ne deviennent plus grands, je dirai plus, ne deviennent irrépara- bles, sous l'influence de l’impolitique ordonnance de 1669. ( Voyez au mot M£réonoLoGIE RURALE. Les Bois reprendront leurs vénérables dômes du moment que l’on cessera d’astreindre leur abattage à des époques fixes et invariables, du moment que l’on calculera ces époques, d'après la nature et la disposition du terrain, d’après les lois de la physiologie végétale et l'intérêt réel des populations. Les Bois situés sur les hauteurs ou sur un plan incliné, veulent être jardinés pour empêcher les éboulemens, et maintenir un om-. brage tutélaire autour des semis destinés à rem- placer un jour les arbres propres à être coupés en ce moment ; les autres Bois doivent être soumis au mode particulier d'aménagement que Varen- nes de Fenilles et de Perthuis , les deux plus grands observateurs et praticiens forestiers de notre temps, ont proposé et préconisé dix et même vingt ans avant la publication du système qu’on attri- bue gratuitement à Hartig, et que l’on désigne sous le nom impropre de méthode allemande. Nous dirons au mot PLanTarTiow, tout ce qu’il faut faire pour avoir des Bois ct forêts toujours en bon état, et transmettre à nos petits-neveux une source abondante et certaine de prospérité, com- ment enfin il convient de les gouverner et les ex- ploiter dans l'intérêt des générations actuelles. BOIS. (svxonywig. ) On à appliqué le mot Bois à un grand nombre d'arbres, en l’accompa- gnant d’une ou de deux épithètes emprantées au pays qui les a vus naître, à la qualité vraie ou fausse qu’on leur attribue, à l'emploi que l’on en fait ou bien à la similitude ‘plus ou moins réelle qu'ils ont avec un corps quelconque. Plusieurs de ces noms sont aujourd'hui sans aucune valeur , aussi les passerons-nous sous silence ; d’autres se trouveront au mot Argre (voyez ce mot ) ; d’au- tres, enfin’, sont tellement en usage, qu'ils doi- vent prendre place ici, d'autant plus qu'on les rencontre dans les relations des voyageurs, qu’on s’en sert habituellement dans le commerce, et que divers d’entre eux ont été adoptés par certains botanistes, La longue liste qui va suivre, toute 59 Re 466 BOIS bizarre qu'elle est, nous à donc paru utile pour répondre aux exigences du plus grand nombre, : Bors A arqurzues. Ce nom se donne ordinaire- ment aux arbres résineux dont les feuilles, quel- quefois extrêmement longues, sont étroites , efli- lées et pointues comme des aiguilles. Bois À pacugTTes. Bois dont les rejets sont droits, élancés et longs. À Cayenne, on appelle ainsi deux Rarsiniers, tandis qu’à Saint-Domingue, c’est le nom d’un SÉBESTIER (voy. ces deux mots). Bois À pazar. Le Bouleau, la Bruyère, le Cor- nouiller , le Genet et généralement tous les ar- bustes dont les rameaux eflilés, flexibles, peu garnis, de feuilles sont employés à nettoyer les habitations. À l'ile Maurice , on désigne sous ce nom l’Erythroxylon à feuilles de millepertuis et au Fernélie ou faux buis. Bors a garriQues. L'emploi que l’on fait à la Martinique du bois de la Baubhinie originaire de la Guiane, Bauhinia porrecta, a déterminé le nom vulgaire qu’elle porte. Bors a gourows. Toutes les espèces du genre Céphalanthe sont ainsi nommées à cause de leurs fleurs qui sont réunies en masses globuleuses, ayant la forme ronde d’un bouton. (Fay. CÉPRALANTHE. ) Bois agrouris. Arbres que les bestiaux ont dé- pouillés de leurs pousses , de leurs feuilles et de leur écorce , lorsqu'ils étaient jeunes, et qui de- puis sont mal venans. Bois À cazumeT. À Cayenne on donne ce nom au Mabier piriri, Mabea piriri, ses menues bran- ches servant à faire des tuyaux de pipe. Bois À cassave. C’est l’Aralie arborescente, Aralia arboree , dont le bois est employé à la bâ- tisse, quoiqu'il soit mou , poreux el très-flexible. Bors À cocuox. On donne ce nom au Gomart, Bursera gummifera, à l'Iciquier arouaon, Zcica hep- taphylla, à l'Hedwige balsamifère , au Vespris toddali, Paullinia asiatica , parce que l’on prétend que les cochons sauvages, blessés par les chas- seurs, ont fait connaître l'efficacité du baume qui découle de l'une ét de l’autre de ces plantes ligneuses. Bois À corox. Les graines du peuplier de Vir- ginie et des autres arbres qui sont surmontées d’une touffe de poils Kgers, blancs et soyeux, sont ainsi nommées à cause de l’emploi que l’on fait de leurs aigrettes pour remplacer le coton. Bois acoumar. Nom vulgaire de l'Acomas à grappes , Homaliun racemosum , et du Bumalda à feuilles de saule que Thunberg a rapporté du Japon. Bors À parrRes. À Cayenne c'est le nom du Millepertuis en arbre, ffypericum latifolium et sessilifolium ; à Mascareigne, c'est celui de la Danaïde odorante, Danais fragrans. Bois À enivrer. Presque toutes les plantes lac- tescentes, principalement le Fithymaie arbores- cent, Euphorbia frutescens , le Niruri du Brésil; Phyllanthus virosa, et parmi les légumineuses, le Galéga soyeux , Galega sericea , sont ainsi nom- més de la qualité délétère qu'ils communiquent promptement à l’eau et de l'effet qu'elle produit BOIS sur les poissons. C’est un véritable délit social que de recourir à de semblables moyens pour rendre la pêche facile; aussi est-ce avec beau- coup de sagesse qu'il est défendu , sous des pei- nes très-rigoureuses, en France, de se servir à cet effet de la Coque du Levant, Menispermum cocculus , qui jouit de la même propriété. Bois À FeuILres. Dans le langage des forestiers, on donne ce nom à tout arbre dont les. feuilles sont caduques et se renouvellent tous les ans. Aux Antilles, on appelle Bois à grandes feuilles le Raisinier pubescent, Coccoloba pubescens , le Gé- nipayer d'Amérique, Genipa americana, le Caï- milicr pomiforme, Chrysophyllum caïmito, ete. , et bois à petites feuilles , le Jambosier divergent, Eugenia divaricata , ainsi que plusieurs espèces d’autres genres, surtout les Myrtes. Bois À FLAmBEAU. Les arbres résineux ont recu ce nom, parce qu ils remplacent dans les localités pauvres la chandelie et l'huile. En Amérique , on applique cette dénomination au Brésillet, Ææma- toæylum campechianum ; à l'ile Mascareigne à un Fagarier, le Fagara heterophyllaet à T Erythroxy- Lum laurifolium. Bois À marinGRes. Espèce de Piltone des An- ülles, T'ournefortia. Bors AMANDE. On nomme ainsi aux Antilles le Laurier pichurim, Laurus pichurim, et plus par- ticulièrement le Maryle à grappes, Marila race- mosa. Le bois que lon nomme éans les colonies francaises de la mer des Indes Amande à la reine, donne un charbon léger qui se triture avec peine et fournit une poudre à tirer qui fuse sans détoner. Bois AMEr. La Cassie de Surinam, Quassia amara ; le Simarouba de Cayenne , Quassia sima- ruba; le Galac de Mascareigne, Carissa amara, ct divers autres bois remarquables par leur grande amertume. Bois axcezix. Le Vouacapoua de la Guiane, Andira racemosa. Bors À praxs. Espèce de mürier, Morus tinc- toria , selon les uns , et de Fagarier, le Æagara pterota ou tragodes , selon les autres. Bois à roupre. L'emploi que l’on fait du bois blanc et léger de certains arbrisseaux pour la fa- brication dela poudre à canon, leur a fait donner ce nom : tels sont le Nerprun bourdaine , Rhamnus frangula. i Bois anapa. Nom vulgaire de lIcaquier, Chrysobalanus icaco, el d’un arbre de Madagas- car que l’on n’a pas encore déterminé d’une ma- nière positive et scientifique. Bois-Bazze. À Cayenne on donne ce nom au Guaré, Guarea trichilioides, à cause de la simi- litude de son fruit avec une balle à jouer. Bois gamsou. L’Arundo bambos. Bois-pax. Le Sébestier, Cordia callococca, ar- buste de l’île de Haïti. Boïs BArAG ou À BARAQUESs. Nom donné au Chi- gomier à épis simples, Combretum laxum , de l'em- ploi que l’on fait de ses rameaux plians et de ses feuilles pour couvrir de pelites huttes à Haïti et à la Guiane. BOIS ques localités, où il sert à des cérémonies reli- gieuses. Bors-srxorr. Espèce d’arbre à bois veiné que Von trouve dans l'ile de Haïti, que l’on emploie à faire de beaux meubles, mais dont le genre n'est pas connu. Bois nLañc. On donne quelquefois ce rom à VAusrer (v. ce mot); le plus souvent on désigne ainsi en Europe les arbres. à bois tendre, peu co- loré, tels que le Tremble,le Bouleau, les Saules, les Peupliers, le Tilleul. À la Martinique, on ap- pelle Bois blanc une espèce de Staphilier qui y est indigène. Aux îles Maurice et Mascareigne, c’est l’Hernandier porte-œuf, Æernandia ovigera, et Je Sidéroxyle à feuilles de laurier, Sideroxylum laurifolium. Dans la Nouvelle-Hollande, et aux Indes , c'est le Mélaleuque employé à la construc- tion des vaisseaux, Melaleuca leucadendron. Dans d’autres localités ce nom s'applique aux diverses espèces de Seringa, particulièrement aux Phila- delphus coronarius et inodorus. Bois rracezer. Les Caraïbes ramassaient les graines du dacquinier, Jacquinia armillaris , pour en former des bracelets: cet usage s'est conservé aux Antilles ; de là le nom vulgaire donné à ce sous-arbrisscau. Bors-srar. C'est le Sébestier à grandes fouilles de la Martinique, Cordia macrophylla. Bors car et car Toutes les espèces d’Ægi- phyle, Æsiphyla, et leFagarier à petites feuilles, Fagara tragodes, que broutent avec délices la chèvre et le cabri, de même que le Cabrillét bâ- tard, Æhretia bourreri&, auquel ils ne touchent jamais, portent ce nom aux Antilles, surtout à la Martinique. On le donne aussi à la Scabioselle, Knautia orientalis. Boïs caca. L’odeur infecte des fleurs du Câprier fcrrugineux , Capparis ferruginea ; lui a valu ce nom parmi les planteurs de Haïti. On le donne à Mascareigne à l'Acacie de Farnèse, H imosa far- nesianc. Bois caïrox. Nom vulgaire d'un arbre très- élevé, dont le bois sert à la charpente dans l’île de Haïti. On croit que c'est un Chionanthe. Boïs canon. Deux arbres portent ce nom aux Antilles, lAmbaïba, Cecropia peltata et le Gin- seng aux feuilles dorées, Panax chrysoplyllum. Bois caprraine. Quatre espèces de Moureillers, Malpighiaangustifolia, aquifolia, glabra et urens, portent ce nom singulier à Haïti. Je n’ai pu en découvrir l’origine. Bois caraïse, Arbre de l'ile de Haïti employé à la charpente. Nicholson en parle sans indiquer ses caractères, Bors carré. Nom vulgaire du Fusain, Evo mus europæus , dans divers cantons francais. Boïs cassanr. Petit arbre de l’île Maurice, aux rameaux très-fragiles , auquel Commerson a donné le nom de Psathwra. Borscoreser oua cÔTELETTES. Bon nombre d’ar- bres dont les tiges sont relevées en côtes plus on moins saillantes portent.ce nom en Amérique; je BOIS LL En SSSR En ! Bors-néxrr. Le Buïs porte ce nom dans quel- | citerai senlementl'Agnante, Cornutia pyramidata, le Caséarie à petites fleurs, Caseariæ pærviflora , le Cabrillet bâterd, Ehretia bourreria, et V'Elise de Virginie, Ællisia nictelea. Bors couzeuvr:. Divers arbres ont reçu ce nom des qualités qu’on leur attribue comme spécifi- ques contre la morsure des serpens. À Amboise, c'est l'Ophiose, Ophioxylum serpentinum ; aux Antilles, c’est le Draconte, Dracontium pertuswm , le Nerprun ferrugineux, Jhamnus colubrinus ; dans l'Inde, c’est le Vomitier couleuvré, Stry- chos colubrina ; sur la côte du Malabar , lAmelpo de Rhéede , etc. Bors creux. Nom bizarre donné à Cayenne au Lisianthe ailé, Lisianthus alatus , qui estune plante herbacée. Bois p’agsiNTe. Ce nom s'applique aux mêmes arbres que nous avons vu appeler Bors AMER (voy. ce mot). Bots n’acarou, Ainsi qu'on pourrait le croire, ce nom n'indique pas l’Acajou à pommes, Cassu- vium pomiferum, dont le bois est blanc ; il s'appli- que au contraire au Cedrel odorant , Cedrela odo- rata, et au Mahogon, Swietenia mahogoni, qui fournissent aux ébénistes l’Acajou-meuble. Bots p’Acossois. Un des noms vulgaires da Mil- lepertuis en arbre, Hypericum sessifolium. Bois p’acaris et p’acouri. Le Gattilier des An- tilles, Zitex divaricata ; dans l'Inde, c’est l'Æschi- nomene grandiflora, dont les cendres fournissent une grande quantité de potasse. Bois »'Acra. Boistrès-odorant dont les Chinois font le plus grand cas, et qu’ils emploient en pe- tits meubles; les botanistes n’ont pu encore en déterminer le genre. Bois »'Acvreca. Arbre d'Afrique inconnu, dont l'écorce , légèrement aromatisée , est apportée par le commerce en Europe. Il était autrefois très- recherché. Bors »’ateze. Bois d’une odeur fort agréable, que l’on brûle à lwGhine et au Japon, divisé en petits éclats; il rovient d'une espèce d'Agal- loche , l'Exæcaria officinarum. On donne aussi ce nom très-improprement à plusieurs plantes mo- nocotylédonées. Boïs n’arnon. Selon quelques botanistes, c’est le Robinier des haies, Robinia sepium ; selon Ni- cholson, c’est un grand arbre de l'ile de Haïti, très-recherché pour le charronnage. Bors D’amarante. Bois de marqueterie, prove- nant du Mahogoni des Antilles, le Siwietenia mahogont, et du Swietenie du Sénégal, S. senega- lensis. Bots D’AMOURETTE. On en connaît deux espèces, le grand et le petit. Le premier est l’Acacie à pe- iites feuilles, Mimosa. tenuifolia ; Yautre J’Acacie aux feuilles de tamarinier, Âf. tamarindifoliu, que l’on trouve aux Antilles, Bois p’amis. Tous les arbres qui exhalent Po- deur d’anis dans quelques unes de leurs parties , principalement l’Avocatier, Laurus persea ; la Ba- diane étoilée, {llicium anisatum; le Limonellier de Madagascar, Limonia madagascariensis , etc, | mm meeemememmeeereereeer BOIS Bois n’anseTrEe. Nom d’une espèce de poivre en arbre, Piper aduncum , que les habitans de l’île de Haïti appellent Bihimitrou ; le même arbris- seau est connu vulgairement au Brésil sous le nom de Jaborandi. Bois n’arc. Le Cytise des Alpes , Cytisus labur- num , a pris ce nom de l'usage que l’on fait de son bois flexible pour fabriquer des arcs. Bois parp. Les naturels de Cayenne arment le bout de leurs flèches de petits morceaux du bois de Possira et du Petaloma, qu'ils taillent en pointe. Bois DE BANANES. À Mascareigne ; c’est une espèce de Canang, l'Uvaria odorata. On le donne aussi à Java et dans l'Inde à l'Uvaria disticha. Bors pe Bassin. Dans l’île de Mascareigne on appelle Bois de bassin des bas, un bel arbre dioï- que, que Dupetit-Thouars nomme Comteia, et Bois de bassin des hauts , le Blacouel, Blackwellia de Commerson. Bois pe Bicairrox. L’espèce de jambosier dé- couverte par ce botaniste-amateur dans l’île Mau- rice, Eugenia Bigailloni. Bois pe g1TrE. Fort estimé pour les construc- tions à Malabaret dans plusieurs autres contrées de l'Inde. C’est le Sophora heterophylla. Bors pe Bouc. L’Andarèse à feuilles dentées de de l'île Maurice, Premna dentifolia, et beaucoup d’autres Bois à odeur forte. On le donne aussi aux Bois dits Cagnir. (Woy. ce mot.) Bois DE cANNELLE. Plusieurs arbres portent ce nom, surtout la Cannelle blanche, Canella alba. Parmi les autres, je citerai le Laurier blanc de l’île Maurice, Laurus capuliformis ; le Ganitre ou Bois de cannelle gris de l'Inde, Elæocarpus ser- rata; le Bois de cannelle noir de l'Amérique du Sud, Drymis wintert. Bors pe caxorT. C’est le premier nom donné aux troncs d'arbres creusés et faconnés pour l’u- sage des embarcations. A l’île Maurice on appelle ainsi le Calophyllum inophyllum ; sur la côte du Malabar, c’est le Calaba, C. calaba: aux Séchel- les, le Badamier pyramidal, T'erminalia catappa ; en Amérique, le Tulipier, Ziriodendrum tulipi- fera , le Cyprès à feuilles d’acacie, Cupressus di- sticha, etc. Bors px Cavaram. Le Sterculier à feuilles digi- tées de Sonnerat, Sterculia fætida, et non pas le S. balanghas, comme on l’avance d'ordinaire. Bois px ckpre. Celui de la Guiane est l’Anibe des forêts, Aniba guianensis; celui de la Jamai- que, le Guazume, T'heobroma guazuma ; celui d'Espagne , le Genévrier d’encens, J uniperus thu- riferfa; celui de la Caroline et de la Virginie , une autre espèce de Genévrier , J. caroliniana. Bois DE Cnam. Bois de la côte occidentale d’A- frique que l'on croit être le T'espesia , genre des légumineuses, ou bien un gaînier, Cercts. Bors DE cnamgrp. Nom improprement donné à l'Agavé, Agave americana , dont les fibres ligneu- ses préparées servent en guise d’amadou dans les colonies francaises des Antilles. Nicholson parle sous ce nom d'un arbrisseau qu’il décrit à peine. 463 BOIS Bors Dr cHAnDezres. On donne ce nom vulgaire au Balsamier élémifère, Amyris elemifera, au Dragonier à feuilles réfléchies, Dracæna reflexa, à l'Erithalide arborescente, Erithalis fruticosa ; à diverses espèces de pins et arbres résineux que l’on brûle pour s’éclairer la nuit. On les appelle aussi Bois de lumière. (Voy. Bois À FLAMBEAU.) Bois DE cuarPeNTiER. C’est le Justicia pectora- lis de Jacquin. Bois pe cHauve-souris. Espèce de Gui, Viscum, dont les roussettes mangent les fruits à l’île Mau- rice et à Mascareïigne. Bois pe cHËne. Superbe espèce de Bignone, Bignonia leucoxy lon, dont le bois fin et dur a quel- que ressemblance éloignée avec celui du chêne. On applique aussi ce nom à deux autres espèces de Bignones, le longissima et le pentaphylla. Bois pe cuenirzes. Le Volkamier de l’île Mau- rice, V’olhkamertia heterophylla , et le Conise à feuilles de saule, Coniza salicifolia. Bois px cuevaL. Dans l’île de Haïti, c’est l'Éry- -throxylon de Carthagène, Ærythroxylum hava- nense. Bors ne cmix. Nom du Sébestier domestique, Cordia myæœa , selon quelques auteurs, Cordia se- bestana , selon d’autres. Bors ne CHYPRE et DE CYGNE. Îlest à présumer qu'il s’agit de l’Aspalat, Aspalatus ebenus, em- ployé dans les ouvrages de marqueterie. On donne aussi ce nom aux Antilles au Sébestier à feuilles de verveine, Cordia gerascanthus , dans la Caroline , au Gyprès à feuilles d’acacie, Cupres- sus disticha. Bors pe crrron. Dans l’île de Haïli ce nom se donne aux mêmes arbres que ceux indiqués au mot Bois de chandelle. En France on appelle ainsi le Bois du citronnier. Bois ne cLou. Le Jambosier à écorce brillante, Eugenia lucida , porte ce nom à l’île Maurice ; à Madagascar, c’est le V’oafoutsi des indigènes, le Ravenala madagascariensis de Sonnerat; au Bré- sil, surtout aux environs de Para, c’est le Myrte- giroflée, Myrtus cariophyllata. Bois pe cocopnane. Diverses espèces de gros arbres portent ce nom. Le franc est la Colo- phanie de Commerson, qui paraît avoir du rapport avec le Canarium ; le bâtardest le Dammar, Bur- sera obtusifolia. ; Bois ne comsoye. Espèce de Myrte abondante aux Antilles, mais qui n’est pas encore suflisam- ment caractérisée. Bois pe corne. Celui d'Amboine est une espèce de Mangostan, le Garcinia cornea ; celui de la Cochinchine est le Brindonier cay-bua, Brindo- nia cochinchinensis, dont le bois a la transparence de la corne. Bors pe crave. Traduction du nom portugais donné à la Cannelle giroflée, Myrtus caryophyl- lata. Bois pe Grancanor. L’abondance de la Pavette, Pavetta indica, dans l'état de la presqu'île de l'Inde que l’on appelle Cranganor, lui fait ordi- nairement donner ce nom. BOIS 469 C2 BOIS Bors »E croconiLe. Nom de la Clutelle mus- quée, Clutia eluteria, à cause de son rapport avec l'odeur de musc que répandent autour d'eux les crocodiles. Bors ne cuir. Le Dircé des marais, Dirca palus- tris, arbrisseau de la Virginie. C’est par erreur que l’on atraduit ce nom vulgaire par Bois de lomb; on a confondu ensemble les deux mots anglais leather et leader; le premier équivaut à notre mot cuir , le second à celui de plomb. Bois pe pemoisezze. Le fort joli feuillage du Kirganelle de l’île Maurice, K irganelia maurt- tiana , qu'il renouvelle deux fois dans le cours de d'été, lui a mérité ce nom vulgaire. Bois pe penreLre. Le Laget des Antilles, Za- getta lintearia. ( V'oy. LacxT.) Bots »’éskne. Nom du Plaqueminier des forêts du Ceylan, Diospyros ebenum. Le Bois d'ébène jaune ou vert de Cayenne, c’est le Bignonia leu- coxylon ; le Bois d’ébène de Crète, l’Ænthyllis cretica; le Bois d’ébène rouge, le Tanionus de Rumpbh; enfin le faux Bois d'ébène, le Cytisus taburnum. Bors n’écorce. Un Uvaria non décrit ; un Black- wellia de l'ile Maurice; un ÂVuxia du Malabare portent ce nom ; il nous est impossible d’en assi- gner les espèces. Bors pe rer. Aux espèces indiquées au mot ARBRE DE FER (voy. ce mot), il faut joindre lÆ- giphyla martinicensis ; V Argan du Cap, Sideroxy- lon cincreum ; le Fagarier de la Jamaïque , Fa- gara ptérota ; le Panacocco de la Guiane et de Cayenne, Robinia tomentosa , le Nerprun elliptique des Antilles, Rhamnus ellipticus; le Nagas de Ceylan, Mesua ferrea. Le Bois de fer à grandes feuilles des Antilles est le Coccoloba grandifolia ; celui dit de Judas, est le Cossignia pinnata. Bois pe Fièvre. Tous les Quinquinas et le Mille- pertuis en arbre, Hypericum sessifolium. Bots DE FLOT ou DE LIËGE. Dans l'Inde les pé- cheurs emploient pour construire leurs filets le Bois très-léger du Ketmie à feuilles de tilleul, Hibiscus tiliaceus. C’est aussi le nom de l'O- chrome et du Cotonnier en arbre, Bombax gos- sipium. Bois DE FRÈNE et DE PTIT FRÊNE. Le Bignonia radicans , quelquefois le Quassia amara. Bois ne carou. Le Lauréole, Daphne meze- reum. Bois ne couyave. Nom que porte à l'ile de Mascareigne et à celle Maurice le Prockia ovata. Bois DE ér1GNox. Le Bucide corne de bœuf de la Guiane et des Antilles, Bucida buceras. Bois »'Ixps. On donne vulgairement ce nom à tous les Bois de teinture qui nous viennent des Indes orientales et occidentales ; cependant on le réserve en particulier à deux grandes espèces de Myrtes, le Myrtus pimenta de la Jamaïque , et le Myrtus acris de l'ile de Haïti. Bois pe Lance. Selon Plumier, le Bois de lance franc est le Gratgal à larges feuilles, Randia acu- leata ; selon d’autres botanistes le Bois de lance bâtard est le Canang odorant, Uvaria odorata, dont les rameaux droits et longs servent à faire des lances ou piques. Bois DE LETTRES. On en connaît deux sortes à la Guyane, l’un, l’Argan à feuilles ovales, Side- roxylon inerme, l’autre est le Piralinera guyanen- sis. [ls portent ce nom des taches imitant l’écri- ture qui se remarquent sur leur bois très-dur et susceptible d’un fort beau poli. Bois nE Lessive. Un des noms vulgaires du Cy- tise, Cyuisus laburnum , dans les Alpes. Bors Lousreau. Nom du Fusain, Evonymus eu- ropæus, en France, et à l’ile Maurice, de l'An- tirrhæa asiatica. Bors pe mar. L’Aubépine commune, Cratægus oxyacantha. Boïs pe maïz. C’est le Wemecylon cordatum que l’on trouve à l’île Maurice. Bors pe MERLE. On donne ce nom dans les îles Mascareigne et Maurice à l’Andromeda salicifolia ; en Afrique, et principalement au Cap, à l’Olea capensis ; dans l'Amérique méridionale , au Celas- trus undulatus. On l’applique aussi par dérision au Savonnier, Sapindus saponaria. Bors p’ouive. A l’île Mascareigne c’est un véri- table Olivier qui ressemble beaucoup, si ce n’est pas la même espèce, à notre Olivier cultivé. Dans l’île Maurice, on donne ce nom tantôt à l’Olive- tier, Elæodendrum mauritianum , tantôt à un Ner- prun dont on mange le fruit qui ressemble à une olive et qui a la peau grosse, Rhamnus altissi- mus. Bois pe Perpienan. Le commerce désigne sous ce nom les rejetons du Micocoulier, Celtis austra- lis, qu’il va chercher dans le département de l'Aude pour les transporter dans celui des Pyré- nées-Orientales, où ils sont arrangés en fouets pour les cochers. Bois ne PERROQUET. Le Fissilia psittacorum des îles Maurice et Mascareigne , dont le fruit est re- cherché par les perruches. Bois px pinranr. Dans les îles de l’Afrique orientale, c’est l’{xora coccinea ; dans les colonies françaises de l'Amérique, l’Ardisia crenulata. Leur bois est agréablement veiné de noir, de jaune et de rouge comme le plumage de la pntade. Bois pe REINE TE. Le Dodonea angusti/olia, dont la feuille étroite, quand elle est froissée, exhale une odeur de pomme de reinette très-prononcée. Bors »E roses. Une odeur de rose fort agréa- ble distingue ce bois employé dans la parfumerie et que les botanistes croyaient être une espèce de Balsamier, Amyris balsamifera, ou bien une espèce de Sébestier, le Cordia sebestena; Brous- sonnet a reconnu qu'il s'agissait du bois fourni par le tronc de deux liserons arborescens des Gana- ries, Convolvulus floridus et scoparius. Aux Antilles on donne le nom de Bois de Rhodes à l’£Aretia fruticosa ; à Gaïenne, au Licaria guianensis ; à la Chine , au Tse-Tau, dont on ne connaît pas le genre et dont le bois rouge-noirâtre est rayé de belles veines d’un noir brillant. Bois px savane. À Haïti, c’est l’'Agnante pyrami- dale, Cornutia pyramidata, etle Gattilier à feuil- BOIS r les digitées, V’itex digitata ; tandis quéà Cayenne, c’est le Coumarouna odorata. Bors ne sunreur. Le bleu est le Ruizia variabi- dis; le blanc, le ARuizia cordata. Bois pe sorx. Aux Colonies, le Mutingia cala- bura, et le Celtis micranthus. Voy. au mot Arerr DE SOIE. Bors ne sources. L’habitude de croître dans les endroits ombragés, près des sources, a fait donner ce nom à l’Aquilice, qui a le port'et les feuilles du sureau, Aquilicia sambucina. Get ar- brisseau se trouve dans l'Inde et à Mascareigne. Boïs poux. Celui qui a peu de fils et de nœuds, tels sont les bois des Peupliers , des Saules, des Tilleuls, des Bouleaux, etc. Aux Antilles on donne ce nom à l’/ralia arborea. Bors pur. Parfois on donne ce nom au Charme du Canada, Carpinus ostrya ; le plus souvent, en Europe , aux bois dont la contexture est ferme, la fibre grosse, serrée, tels que le Buis, l'Orme, le Chêne, leGormier, etc. ; dans l'Inde, c’est le Secu- rinega dont le bois résiste à la hache, etc. Bors £rIxeux. Tous les arbres couverts d’épines ou de tubercules épineux. On donne ce nom par- ticulièrement au Bombaxpentandrum, àŸ Ochrozy- lum luteum, au Æanthoxylum caribæum dans les Anulles, . Bors £ronez. Le Mapou de l’île Maurice, Cissus | mappia; le Gastonia de Commerson, ct divers autres arbres dont l'écorce est renflée et spon- gieuse, Bois rragze. Espèce d’Anaviigue au bois très- cassant , Casearia fragilis, de l’île Mascareigne. Bors «enr. Notre Lauréole, Daphne mezereum, qui se couvre de fleurs avant d’avoir des feuilles. Bors GLU. Espèce de Glutier de Cayenne, Sapium aucuparium. Bois cutLaumE. On donne vulgairement cenom, dans nos colonies de la mer des Indes , à diverses Conyzes et Baccharides frutescentes qui sont mu- nies de feuilles visqueuses. Bors currarin. Toutes les espèces du Ci'hare- æylum, principalement le cinereum de Haïti, le quadransulare de la Martinique, et le caudatum de la Jamaïque. Bors mnsezin. Le Moureiller de la Guadeloupe, Malpighia urens, est ainsi nommé du colon qui, en 1996, se déchira le premier les mains avec ses feuilles, dont la surface intérieure est parse- mée d’aiguillons. Bois 1urarkair. Partie extérieure du corps l- gneux, dont le tissu n’a pas encore acquis toute sa densité. Cette partie se nomme. Aumisn. (Woy. ce mot.) . Bors iNcorruerigLe. L’Acomat à grappes, Æo- malcun racemosum : le petit Acomat, Bumelia sa- licifolia ; TEndrach de Madagascar, Endraclium madagascariense; le Sassafras, Laurussassafras, ete. Bors 1sagezce. Le Laurier rouge, Laurus bolbo- nia ; le myrte à feuilles rondes de la Dominique, Myrtus gresu; et un Nerprun de Surinam, dont on a fait le genre Schæfferia. Bors runs. Le Laurier de la Jamaïque, Zaurus o BOIS chloroæylon ; le Bignone à ébène, Bignona Leu- coxylon ; le Tulipier, Liriodendrum tulipifera , le Sumac fustet, Rhus cotinus, le Broussonnétie des teinturiers , Broussonnetia tinctoria, TErythalide des Antilles, Erythalis fruticosa, le Calac aux feuilles d’ortie, Carissa carandas ; Y Ahouaï ondulé des îles Mascareigne et Maurice , Cerberamaculata, On cite encore un bois jaune de Madagascar que des botanistes ont appelé Leucoxylon laurifolium , et un faux bois jaune qui est le Myrsine africana, Bois sEan. Un des noms de l’Ajonc , Ulex eu- ropæus. À Bois Larreux. Nom de tous les arbres et arbris- seaux de la famille des Euphorbiacées ; on le donne aussi au Mancenillier, Æippomane mancinella, à divers Taberniers , Tabernæmontana citrifolia et cymosa, à presque tous les arbres à fleurs apo- cynées; c’est encore lenom du Rawwolfia canescens qui est fébrifuge; du Syderoæylum lycioides des bords du Mississipi; du Cameraria latifolia de l'Amérique du Sud; de plusieurs espèces de Glut- tiers, Sapium, etc. \ Bois Laurier. Nom donné aux Antilles au Cro- ton à feuilles de laurier, Croton glabellam, et non pas Croton corylifolium, qui n’a aucun rapport direct ou indirect avec les lauriers. Boiszucé. Espèce de Mouriri, Petaloma eduls, Bois magouyA. Une espèce de Morisone, la Mo- risona americana , porte ce nom à la Martinique; dans les autres Antilles, c’est un Câprier qui ré- pand une mauvaise odeur, le Capparis breynia. Bois Maxcue-nouE. Le Clavalier, Zanthoxylum clava herculis , dont les indigènes de Gayene et les nègres emploient le bois à faire les manches de leurs houes. Dans quelques ouvrages on écrit à tort marché-houe. Bors népunirique. Celui de l'Europe est le Bou- leau, Betula alba; celui de l'Asie est le Ben, #M0- ringa oleifera; celui du Mexique est encore indé- terminé; c’est peut-être le même que celui des An- tilles, le mimosa unguis cati. Bois noir. Dans les Indes, c’est le nom du mi- mosa lebbek, et du Diospyros ebenum ; aux Antilles, c’est celui de lAspalathus ebenus. Ces bois sont reconnus pour réunir le plus de qualités propres à donner du bon charbon : aussi les recherche- t-on aux îles Maurice et de Mascareigne pour la fabrication de la poudre à tirer, Bois pazusTE. Arbre de la famille des Légumi- neuses auquel Jacquin a donné le nom d’un mé- decin chimiste estimé, Geoffroya spinosa. Bois rEerprix. Nom de l’Æeisteria coccinea aux îles de la Martinique et de la Guadeloupe, de ce que son fruit plaît fort à une sorte de pigeon qu’on y appelle perdrix. Bois puanr. En Europe, l'Anagyris : fœtida a recu ce nom de l’odeur extrêmement désagréa- ble qu’il répand dès qu’on le touche. À Cayenne, c'est le nom du Quassia fœtida; dans la Guiane, c’est le Pirigula tetrapetala; à Haïti et: dans plu- sieurs autres îles des Antilles , le Capparis brey- nia ; dans l'Inde, le mümosa farnesiana, etc. Bois punais. Un des noms vulgaires du Gor- BOIS 471 BOIS nouiller sanguin, Cornus sanguinea , À cause de sa mauvaise odeur. Bors quévis ou oùivi. Plusieurs arbustes des îles de la mer des Indes ont recu ce nom, dont l’origine paraît être madécasse. Ils constituent le genre Quivisia de Gommerson. Bois Ramon. Trois arbres portent ce nom: VEr uhreoæylum rufum , le Sapindus saponaria et le Zrophis-americana , que l’on trouve dans les îles _de l'Amérique centrale. Bous satiné. Un des plus beaux bois de marque- terie anciennement connus; sa couleur change suivant le degré d’inclinaison de la surface que l’on considère. On en connaît trois sortes, le -rouge , le veiné et le paillé. On les estime appar- tenir au genre F'erolia et provenir de Cayenne ou des Antilles. Notre Prunier, Prunus domestica, porte aussi le surnom de Bois satiné à cause de ses veines très-varices et chatoyantes qui sont ondées de brun et d'un jaune rougeâtre. Bois sirrceux. Le Fromager, Bombax gossy- pium ; le Sebestier, Cordia macrphylla ; le Ketmie à feuilles de tilleul, Æibiscus tiliaceus ; le Mou- touchi d'Aublet, que l’on ne connaît pas encore assez parfaitement. Bois ragac. Quelque ressemblance dans les feuilles a fait donner ce nom vulgaire au Manabea villosa. Bors ramgour. Le tronc creux de l’Æmbora tambourissa dont on se sert pour faire des caisses à tambour, à donné le nom à cet arbre que l’on trouve à Madagascar, aux îles Maurice et Masca- reigne , et autres lieux baignés par les eaux de la mer des Indes. Bors Tenpre À caizLou. Singulier nom donné à l’Acacie aux feuilles de fougère, Mimosa arbo- reæ, dans les Antilles. On en connaît une autre espèce , dite bois tendre à caillou bâtard ; _ on Ya jusqu'ici si mal décrite qu'on ignore à quel genre elle appartient ; ce qu ’lya de certain c'est que ce n’est point une Acacie. . Bois rromPgrre. Le Cecropia peltata dont le bois est creux et sert principalement à faire des conduits d’eau. (77. au mot Courequin.) Bors viozon. Petit arbre des forêts de l’île Mau- rice auquel on à donné le nom botanique de /#a- caranga qu'il porte dans le pays. (T. ». B.) BOIS VEINÉ: ( mo. 1xs. ) On donne ce nom àla Foluta hebræa et au Bombyx zig-zag. ( Voyez VozureetBousyx. }) (Guën. ) BOISSON. Les substances liquides ingérées dans l’estomac, et qu’on nomme Boissons, ont pour effet commun, de satisfaire à difétens de- grés Je besoin de la soif; de se mettre en équilibre avec la température de cet organe, de délayer les alimens qui y sont contenus, FA faciliter leur mé- lange, soit entre eux, soit avec les sucs gastriques, d' augmenter le Ben du sang en le rendant plus fluide , et de réparer, au moins pour le moment, les pertes qu ’oni éprouvées, par diverses évacua- tions, les fluides du corps. On voit que nous ne considérons ici comme Boissons que celles qui servent à l'alimentation. Les liquides destinés à une médication intérieure ont recu d’autres noms en raison des substances qu'ils contiennent ou de leur mode de préparation. Les Boissons alimentai- res peuvent être divisées en Boissons non fermen- tées rafraichissantes ou stimulantes, en Boissons fermentées simples , en Boissons fermentées d'istil- lces ou spiritueuses. Les effets particuliers qu ’elles produisent tiennent à la diflérence de leur nature. Parmiles Boissons simples rafratchissantes, VEAv prend le premier rang. ( Woyez ce mot pour lé- tude de sa composition et de ses diverses qualités. } Elle sert de Boisson à tous les animaux : non seu- lement elle jouit de la propriété d’ étancher promp- tement la soif, mais elle est essentiellement dé- layante. L'usage intérieur de l’eau convient sur- tout aux personnes excilables, nerveuses ; il est moins favorable aux estomacs paresseux des con- stitutions Iymphatiques ou des individus surchar- gés d’embonpoint. Prise immodérément, elle dis- tard outre mesure les parois de ÉD 'et rend la digestion lente et pénible. Ge que nous disons de l’eau peut s'appliquer aux boissons rafraîchissantes dont elle fait la base, et qu’on prépare ordinairement avec le sucre, 1e sucs où les sirops acidules ou mucilagineux, tèls que ceux d'orange, de citron, de groseilles, ainsi qu'avec des graines émulsives. fes Boissons fermentées f prises à doses modé- rées, stimulent l'organe digestif, accélèrent la circulation, augmentent les sécrétions, en un mot, activent et facilitent la digestion. A des do- ses plus élevées, leur excitation s'étend à tous les organes. On a remarqué que les plus excitables Hors le temps de l’ingestion des Boissons étaient les plus excités par l ingestion de celles-ci. Leur action sur l'estomac peut être assez vive pour en troubler les fonctions ; de là de véritables in- digestions , des vomissemens, etc. Le système cir- culotte en ressent aussi vivement les effets; mais c’est surtout sur l’encéphale qu'ils se minilesest avec violence : si une gaîñté vive est le premier résultat de l'emploi des liqueurs spiritueuses à haute dose, bientôt surviennent le trouble des fonc- tions intellectuelles et morales, des symptômes * de congestion cérébrale qui peuvent aller jusqu’à l’apoplexie. Les phénomènes produits par l'em- ploi immodéré de ces Boissons constituent l'état qu'on appelle fvresse. État passager qu'il est sou- vent facile de faire cesser, par l'emploi de quel- ques g souttes d ammoniaque liquide dans un verre d’eau! sucrée, où mieux encore, d’acétate d’am- moniaque. L’habitude de l'ivresse, ou mieux, l’u- sage habitueletimmodéré des liqueurs alcooliques, pout déterminer toutes les aflections maladives qui dépendent d’une trop forte excitation du cer- veau et des voies digestives. Le vin , les eaux-de-vie , les liqueurs auxquelles elles servent de base, le rhum, le kirsch-wasser , le cidre, la bière , sont les Boissons alcooliques les plus g généralement répandues ; l'intensité de leur action sur les divers organes n’esl pas seulement due à leur préparation , mais dépend encore des quahités diverses, de l’âge de chacun de ces pro- a BOL 472 BOL a ——— ——— —— — —_——_————Û————————— nn duits comme du tempérament, des habitudes de celui sur lequel elles agissent, ainsi que de plu- sieurs circonstances difficiles souvent à apprécier. Les Poissons slimulantes non fermentées sont presque toujours employées dans l'intention de rendre les digestions plus faciles et plus promptes. Mais leur action ne se borne pas aux voies diges- iives ; le cafe, ce puissant stimulant de l’encéphale, par cela même augmente l’activité des autres or- ganes; le thé a sur certains individus un effet rapide et aussi certain; c’est dire assez que ces Boissons, si favorables aux sujets lymphati- ques, aux personnes qui digèrent avec lenteur, sont moins utiles et deviennent souvent nuisibles aux sujets nerveux, irrilables et disposés aux in- flammations de la muqueuse intestinale. Le calé, le thé, augmentent rapidement la sécrétion uri- naire, et favorisent souvent l'expulsion du résidu alimentaire. Le lait, qu’on mêle au thé et au café, diminue leur action stimulante ; facilement digéré ar certains estomacs ; il est repoussé par ceux qui déjà sont faibles et relâächés. Mais pour faire connaître l’action propre à cha- cun de ces produits, nous devons renvoyer aux ar- ticles qui les concernent. (Voyez Azcooz, Car, Larr, Vin, Tai.) On sait avec quelle promptitude les Bois- sons introduites dans l'estomac passent dans la vessie et sont expulsées au dehors par les voies urinaires ; cependant il n’existe aucune com- municalion directe entre ces deux, organes et les liquides ne peuvent parvenir de l'estomac dans la vessie qu'après avoir été absorbés, mêélés à la masse du sang, et soumis à l'élaboration que leur fait subir l'appareil glandulaire qu’on appelle le rein. (P. Genrix. ) BOL, TERRES BOLAIRES. (min. et cor. ) On donne plus particulièrement le nom de Bols ou Terres Bolaires, à certains ocres, dont on faisait autrefois un très grand usage en médecine, sous le nom de T'erra bolaris striegensis; ce sont des terres d'apparence argileuse , à grains généra- lement fins et serrés, ordinairement colorées en * jaune ou en rouge par de l’oxide de fer, qui s’y trouve parfois en assez grande quantité pour de- venir sensible à l’aimant, après leur calcination. Les Bols sont assez souvent secs , mais quelquelois doux et savonneux ; ils happent très-fortement à la langue, se divisent dans l’eau en pâte très-courte, et sepolissent en partie par le frottement de l’ongle ; enfin ils paraissent différer des argiles ordinaires, par la rareté de l’alumine et parce que celles-ci forment, avec l'eau, une pâte longue. La plupart des Bols paraissent se rattacher aux formations volcaniques; car on les rencontre fréquemment dans le voisinage des volcans anciens : mais tous n’appartiennent pas aux formations ignées , et ils : forment aussi des couches bien distinctes dans dif: férens terrains de sédiment. Aux îles Féroë, le Bol parait provenir de la décomposition des basaltes ; il y forme des cou- ches minces, auxquelles quelques géologues ont donné Je nom de Wake ferrugineuse; on en trouve du blanc rougeâtre et du blanc, près du sommet du Puy Chopine en Auvergne. Celui connu dans le commerce sous lenom de Bol d Arménie, parce que les anciens le tiraient particulièrement de cette contrée, n’est qu'une argile ocreuse, connue dans quelquesprovinces sous le nom de Bolus ; c’est le seul qui soit encore employé en médecine et dans l'art vétérinaire, et l’on assure qu'il entre dans la composition de la thériaque de Venise. Parmi les autres Terres Bolaires dont les an- ciens faisaient usage , les plus célèbres venaient de l’Archipel grec; la Terre blanche de Lemnos,ou Terre sigillée, a passé de |tout temps pour avoir des propriétés merveilleuses; on en formait de petits gâteaux, que les prêtres de Diane, qui avaient seuls la faculté de l’exploiter , scellaient d’un ca- chet sacré; dans les temps du christianisme, les prêtres s’élaient aussi emparés de cette branche lucrative de l’industrie; ilsse transportaient, le jour de la Transfiguration, dans les carrières , en fai- saient tirer seulement pendant six heures, pour en entretenir la rareté, et lui imprimaient aussi leur cachet. Aujourd'hui, c’est le gouvernement turc qui spécule sur la terre de Lemnos, qu'il a long- temps réservée pour la cour seule du grand-sei- gneur; mais depuis que ses verlus sont moins appréciées, il est facile de s’en procurer à Lemnos même. Après cette terre , venait celle de Samos, qui était grasse, dense et onctueuse. Il y en avait de deux espèces : l’une, blanche, se nommait Aster; Yautre, de couleur cendrée, s’appelait Collyrion; elle passait pour avoir à peu près les mêmes vertus que celle de Lemnos, et avait en outre, dit Dioscoride, la propriété d'arrêter les vomissemens., La terre de Chio était blanche et passait pour avoir la propritté de conserver la fraîcheur des femmes , blanchir la peau, et effacer les rides ; enfin d’autres terres, celles de Damas, de Pnigitis en Libye, de la grotte où la sainte Vierge allaita Jésus-Christ, et qui se vend encore aujourd'hui en trochisques , à Jérusalem et dans toute la Syrie; celles de Malte, d'Érétrie , de Mé- los et de Cimolis, que nous avons fait connaître dans notre géologie des îles de la Grèce ( voyez ArGire et Cimorirue )', celles de Saxe, etc. , pas- saient toutes pour avoir leurs vertus particulières. On trouve encore dans quelques collections miné- ralogiques, ou dans les vieilles pharmacies, de ces terres qui portent les unes le cachet de l’ancienne faculté de médecine, les autres ceux du sultan, du pape ou du roi d'Espagne ; les variétés blan- ches s’appelaient Terres sigillces, tandis que celles qui sont colorées portent généralement le nom de Bols d’ Arménie. Nous ne croyons pas devoir terminer cet article sans ajouter quelques mots de ces Terres Bolaires qui, dans quelques contrées, servent souvent de nourriture aux hommes, que l’on a nommés ; pour cette raison, Géophages où Mangeurs de terre. C’est particulièrement dans les régions équatoria- les, ou dans celles si ingrates du nord, qu’on rencontre des peuplades de géophages; mais il en existe aussi dans d’autres contrées ; par exemple, en \ z a. 0. Bolets | ne peut les empêcher d'en un peu en Portugal, la terre de Boucaros, près d'Estré- mos, dans l’Alentéjo, dont on fait d'excellentes alcarazas, contracte un goût qui plaît beaucoup aux femmes et les porte souvent à en manger des fragmens. Plusieurs peuplades de Tartares noma- * des de la Sibérie passent pour manger de l'argile lithomarge avec du lait. Les habitans de Java mangent quelquefois, sous le nom d'ampo ou de tana-ampo, une espèce d'argile rougeâtre , ferru- gineuse , qu'ils étendent en lames minces pour la faire torréfier sur une plaque en tôle, après l’a- voir roulée à peu près comme la cannelle du com- | merce. Ce sont surtout les femmes enceintes qui font usage de l’ampo, elles en mangent souvent des quantités considérables. Les nègres du Séné- gal mélent avec leurs alimens une terre grasse, glaiseuse, qu'ils recueillent le long des rivières et sur la côte du golfe et des îles Los-Idolos. Ceux de Guinée mangent , sous le nom de caouac, une terre jaunâtre, et les esclaves amenés d’Améri- que à la Martinique cherchent toujours à y satis- faire leur goût pour la terre ; ils préfèrent ordinai- ‘rement un tuf jaune-rougeûtre, fort commun dans Tile, et ils en sont si friands, qu'aucun châtiment manger. Au Pérou et à Popayan , les habitans mêlent aussi aux alimens une terre calcaire, qui se vend sur les marchés. Les Ottomaques , peuplade qui habite les bords de l'Orénoque et de la Méta, mangent également une terre glaise, grasse et onctueuse , dun jaune crisâtre, colorée par de l’hydroxide de fer ; ils la «D pétrisent en petites boules de quatre à six pouces ‘de diamètre, qu'ils font cuire à petit feu, jusqu'à ce que leur surface extérieure devienne rougeâtre. Pour les manger , ils les humectent avec de l’eau ; on en trouve ordinairement de grandes provisions dans leurs huttes; et dans la saison des pluies , pendant les débordemens périodiques de l’Oréno- que et de la Méta, quand la pêche a cessé, ils en mangent des quantités prodigieuses ; cest alors leur principale nourriture. Les Ottomaques sont - tellement friands de cette glaise, que même dans 1a saison de la sécheresse et lorsqu'ils ont du pois- son en abondance, ils en mangent tous les jours après le repas, en guise de dessert. Les habitans de la Nouvelle-Calédonie, dans V'océan Pacifique, mangent, pour apaiser leur faim, des morceaux de la grosseur du poing , d'une terre ollaire, friable , dans laquelle Vauque- lin n’a trouvé aucun principe nutritif, mais une quantité notable de cuivre. Enfin, au village de Banco, sur les bords de la Madalena au Mexique, Mes femmes indigènes , qui fabriquent les poteries, mangent souvent de gros morceaux de la terre qu’elles emploient. Tous les géophages éprouvent un désir pres- qu'irrésistible de manger de la terre, et on est souvent obligé de lier les enfans pour les empé- * cher d’en manger, lorsqu'elle a été humectée par la pluie. Il serait curieux de rechercher comment > : - : Ë cette singulière nourriture agit sur l’économie animale ; il ne paraît pas probable qu’elle serve reellement de nutritif, mais bien plutôt de moyen Tome [. LX:° Livraison. de lester l’estomac, où elle agit comme absorbant; ce qu’il y a de certain, c’est que les habitans des autres contrées de l'Amérique ne tardent pas à devenir malades, lorsqu'ils cèdent à cette singu- lière envie de manger de la terre. M. de Hum- boldt a vu, à San-Borgia, un enfant qui ne voulait manger que de la terre, et que cette nourriture avait rendu un véritable squelette ; les Javans font usage de leur ampo pour se faire maigrir, parce que chez eux la maigreur est une beauté; et M. Leschenault pense que, loin de les nourrir, il les prive de l’appétit, car l’usage immodéré et trop fréquent de cette terre grillée les fait bientôt dé- périr, et les conduit insensiblement à l’étisie et à une mort prématurée. (Tux. V.) BOLAX. (8or. Pxan.) Plante des îles Malouines, croissant en mottes serrées dont l’aspect justifie le nom grec que lui a donné Commerson (bolos, motte). Elle appartient aux Ombellifères, et se rapproche beaucoup des Hydrocotyles et des Azo- relles, avec lesquelles on l’a même confondue. Mais, outre les caractères généraux de la famille, ceux qui suivent, déterminés par À. Richard, doivent distinguer suffisamment le Bolax : fleurs constamment hermaphrodites et fertiles ; fruit glo- buleux , à trois côtes peu saillantes ou tout-à-fait lisses ; styles plus courts que les étamines. Le Gomwrier Ds Mazouixes, Bolax glebaria (Hydrocotyle gummifera de Lamarck) , est la prin- cipale des cinq ou six espèces du genre; il forme sur la terre un gazon touffu où se cachent les fleurs ; ses feuilles se terminent par trois petits lobes; ses graines contiennent une espèce de gomme résineuse qui lui a valu son nom vulgaire, (L.)! BOLET. (8or. crypr), Champignons. Le genre Bolet de Linné, qui se trouve divisé aujourd’hui en trois autres genres bien distincts , les Bolets proprement dits, les Polypères et les Fistulines (v. Pouyrore et Fisruuine ), est ainsi caractérisé : chapeau présentant à, la surface inférieure des tubes libres, cylindriques, rapprochés, formés d’une substance différente de celle du chapeau, pouvant facilement en être detachés, et renfer- mant dans leur intérieur de petites capsules cylin- driques (asci), contenant des sporules très-fines. Toutes les espèces de Bolets ont le chapeau charnu, hémisphérique, porté sur un pédicule central, dont la surface est souvent réticulée ou veinée; une membrane très-mince, de peu de durée, recouvre fréquemment sa partie infé- rieure, surtout avant le développement du chapeau. Des vingt et quelques espèces connues, la plu- partne sont pas vénéneuses, MaIs un grand nombre sont d’une consistance molle , spongieuse , d’une saveur amère, et par conséquent peu agréables à manger. Cependant quelques unes sont servies sur les tables, surtout dans le midi et dans l’ouest de la France et en Italie; là on les désigne sous le nom vulgaire de Cepe et Ceps, probablement à cause de la forme de leur pédicule qui est renflé comme un ognon. Les Bolets les plus estimés, soit comme ali- ment, soit comme assaisonnement , sont : Co BOLE 1° Le Borzr 8RONZÉ, Boletus œreus, de Bul- lard, figuré, pl. 91, fig, 2, connu sous le nom de Ceps noir, dont lé chapeau est d'un brun foncé, les tubes courts eb jaunâtres, le pédicule veiné, et qui est assez rare aux environs de Paris. La chair du Bolet bronzé, coupée près de la peau, prend une teinte légèrement vineuse. 2°. Le BoreTr comesTigse, Boletus edulis de Bulliard, ou Ceps ordinaire, pl. 51, fig. 3. Cette espèce, très-commune dans les bois, a le chapeau fauve, les tubes longs et jaunâtres, le pédicule renflé à sa base et veiné, et sa chair passe égale- ment au rose quand on la coupe. 3. Le Boxer onANGé, Boletus aurantiacus de Bulliard, ou Gyrole rouge , Roussile, etc. pl. 51, fig. 4, est, comme son nom l'indique, d'un beau rouge orangé; son pédicule’estgros, renflé, épineux; sa chair, blanche, prend à l'air une teinte rose. 4 Le Bocer ‘RUDE , Boletus scaber de Bulliard, pl 51, fig. 6. Cette espèce, assez semblable à la précédente et connue sous les mêmes noms vul- gaires , est moins bonne que le Bolet orangé ; sa chair est molle, son chapeau est brun ; son pédi- cule mince et cylindrique est aussi. hérissé de petites pointes noires. De ces quatre espèces:, que l’on pourrait réduire à deux , les deux dernières sont fréquemment ser- vies sur nos tables; on doit les choisir jeunes, -peu développées, et leur chair, seule partie que l'on mange, doit être blanche et ferme, séparée du pédicule,, des-tubes que l’on appelle vulgaire- ment foin, et ide la peau qui recouvre le chapeau. Bozer pu MÉLÈzE , Agaric blanc, ou Agaric du mélèze, Boletus laricis, de Linné. Ce Bolet, qui paraît être l'Agaric des anciens auteurs grecs et latins, est une excroissance analogue aux champi- gnons , qu'on trouve sur le tronc du Pinus larix, arbre des.Alpes , de la famille des Gonifères de Jussieu. Le Bolet du mélèze se présente sous forme de masses plus ou moins volumineuses qui doivent être choisies blanches , légères , pulvérulentes, -débarrassées d’une enveloppe: sous-ligneuse rou- geâtre, et non ligneuses à l'intérieur ; d’une odeur particulière, d’une saveur d’abord douce, puis sucrée, un peu amère, nauséeuse. et fort tenace. On l’a employé autrefois comme émétique et sur- tout comme drastique ; aujourd’hui on le fait en- core entrer dans la teinture d’aloès composte, appelée vulgairement, élixir de longue vie, et quel- .ques. médecins se trouvent bien de son usage contre les sueurs nocturnes des phthisiques. Bozer amapouvier, Agaric de chêne des chi- rurgiens, Ou Agaric proprement dit , Boletus fo- mentarius. de Linné, ou Boletus igniarius de So- -Werb. , pl: 51, fig. 1, champignon qui se forme par couches successives sur le Quercus robur de Linné , et que l’on‘trouve-également- sur le hêtre, le tilleul, le bouleau, etc. Ce Bolet se rencontre dans toute l'Europe; ses usages sont nombreux. Pour les besoins de la chirurgie, on:le prive de Sa partie corticale , on le bat avec un maillet pour le rendre plus souple , on le-lave, on.le fait sé - kr BOLE cher, on le bat de nouveau, eton répète ces opé- rations jusqu’à ce qu'il soit parfaitement doux.et moelleux au toucher. Quand on veut en préparer Famadou, on met également de côté l’écorce extérieure ; on. fait bouillir la. partie intérieure, qui est molle et fibreuse , avec une lessive de cendre ;.on la fait sécher, on la réduit en plaque en la battant avee un marteau, on la fait bouillir denouveau avec un soluté de nitrate de potasse, et on la fait sécher. Quand on veut employer l'Agaric de chêne pour arrêler les hémorrhagies, on en prend un morceau convenable, on le dédouble , on étanche la plaie, on l’applique et on le fixe à l’aide d’une compresse ou d’une bande. Quelques Bolets présentent un phénomène fort remarquable, c’est la coloration en bleu, en violet ou en vert qui a lieu lorsqu'on coupe leur cha- peau : le Bolet indigotier, que nous avons repré- senté dans notre Allas, pl. 51, fig. 5, étant coupé, offre desuiteune couleur du plus beau bleu. (F.F.) BOLÉTOPHILE , Boletophila. (1xs.). Genre de Diptères, de la famille des Némocères , tribu des Tipulaires, établi par Hoffmansegg et Meigen avec les. caractères suivans : antennes longues, séta- cées, avec les deux articles de la base plus gross trois yeux lisses, frontaux, placés sur une ligne transversale; ailes obtuses, parallèles, en recou- vrement dans le repos. Ces Diptères, de petite taille, ressemblent aux. moucherons; ils vivent dans les bois et se trouvent sur les champignons. J'ai fait connaître pour la première fois leurs métamorphoses dans un mémoire inséré dans les Annales des Sciences natarelles. (Guër.) BOLIDES. (ator.) Nom que l’on donne quel- quefois aux Aérolithes. La question de savoir si les météorites étaient antérieures an dernier cata- clysme et avaient précédé l’époque géologique actuelle, vient d’être agitée au sein de la Société géologique de France. On s’est appuyé sur ce que l’onn’avait pas encore rencontré d’aérolithes dans les dépôts diluviens , ou dans les couches du terrain tertiaire, pour soutenir la négative ; mais il est évident qu’un tel argument, appuyé seulement sur le défaut d'observation, manque tout-à-fait de valeur. M. Gaymard, d’ailleurs, a trouvé dans les calcaires jurassiques des bords du Rhin, une masse de fer métallique qui pourrait fort bien provenir de quelque ancienne aérolithe tombée à l’époque du dépôt du terrain jurassique, ce qui permettrait de supposer à ces corps, si pro- blématiques encore , une existence peut-être aussi ancienne que celle de la terre elle-même : et en effet , comme très-probäblement le phénomène qui leur a donné naissance est tout-à-faiten dehors de la sphère d'action de notre planète, et se trouve conséquemment aussi tout-à-fait indépen- dant des grands phénomènes géologiques qui ont pu se passer à sa surface , aucune bonne raisonne pouvait permettre de supposer , comme onl’a fait, que leur existence se trouve en rapport avec quel- qu’une des époques géologiques qu'on y observe, ‘et ne remontait pas au-delà du dernier déluge, BOMB 475 BOMB Une expérience toute récente de M. Bierley, physicien anglais , semblerait démontrer que les acrolithes n'avaient pas en tombant, comme on | le croit généralement , une très-haute tempéra- tre ; cétte expérience ,que nous avons répétée, | consiste en ce que, si on chauffe du fer au rouÿe- blancet qu'on l’expose au vent du :soufllet, ou qu'on le fasse tourner avec rapidité dans l'air , comme l'a fait M. Darcet, les parties qui ne sont échauflées qu’au rouge-cerise se refroidissent, tan- dis que celles qui le sont au rouge-blanc conti- muent de brûler en jetant de nombreuses étincel- les ‘et une’ vive lumière, comme quand on brûle an il de fer dans de l’oxigène. Ge fait explique une circonstance connue depuis bien long-temps de tous les forgerons, mais restée jusqu'ici inex- #liquée, savoir , que quand le fer est trop échauffé il se brûle , et explique également pourquoi les mauvais ouvriers quine savent pas Chauffer con- venablement leur fer, en consomment une plus grande quantité que d’autres pour produire, la même quantité de travail. Nous pouvons ‘douc tirer des expériences de Bierley cette conséquence, que si les Bolides étaient tombées comme on le croit généralement à l’état d'incandescence, elles auraient nécessai- rement brûlé, puisqu'elles sont en grande par- tie composées de fer à l’état métallique; une cir- constance d’ailleurs qui semble devoir surtout confirmer cette opinion que leur température n’était pas très-élevée lors de leur chute , c’est la présence d’une certaine quantité de carbone , re- connue dans les pierres météoriques d’Alais. Une pluie d’aréolithes a eu lieu à la finde no- vembre 1833 à Kandahar, ville de l’Inde; elles y sonttombées en si grande abondance et étaient d’une telle grosseur, qu’un grand nombre de toits furent percés d’outre en outre, et que plu- sieurs s’écroulèrent. Un enfant de douze ans ayant voulu aller ramasser quelques unes de ces pierres, fut frappé par un de ces météores avec tant de violence, qu'il tomba raide mort. Le phénomène fut suivi d'un brouillard si épais, que, chose inouie dans ces contrées, les rayons du soleil ne purent le percer pendant trois jours de suite, (Ÿ’oy. au mot AÉROLITHES.) (Æn.V.) BOLTÉNIE. (mour.) Voy. Ascnir. BOMBARDIER. (1s.) On donne ce nom aux Brachines parce qu'ils produisent une véritable explosion accompagnée de fumée quand on les inquiète. (7/oy. BRACHINE.) (GuËr.) BOMBAX. (Bor.rnan.) Joy. Fromacer. BOMBYCE. Bombyæ. (ins.) Genre de ‘Lépi- doptères de la famille des Nocturnes , tribu des Bombycites , ayant pour caractères : ailes supé- ricures inclinées enttoit, les inférieures débordant celles-cipresque horizontalement; palpesinférieurs sans saillie remarquable. Ge genre formait pri- mitivement une des divisions des Phalènes de Linné ; mais depuis son adoption il a subi bien des modifications , etilest probablement destiné à en Subir encore beaucoup ‘d’autres; car les carac- ières dont on a fait usage jusqu'à présent pour le distinguer de ses voisins sont peu tranchëés. Voici les espèces de notre pays qui sy rapportent Je plus sûrement d’après la méthode actuelle. B. ne cnène, P. quercus. Lin. , Fab. Godart , Hist. des Lépid. d'Europe, Nocturnes , pl. 1x, fig. 1et0 , mâle et femelle. Lemâleest large d’en- viron deux pouces , et la femelle de deux pouces et demi; le premier a le corps et les deux tiers de la partie des ailes Favoisinant brun-rouge, avec un point plus clair au milieu de cet espace danses supérieures ; vientensuite une bande jaune:d’ocre, tranchée du côté du corps, diffuse du côté du bord extérieur desailes, qui redeviennent brunes à leur extrémité; cette bande prend vers le milieu du bord antérieuriet vaen s’arrondissant se termimer à l'angle anal des inférieures; la femelle est ordi- nairement d’un jaunâtre sale avec la bande plus claire. Les mâles de cette espèce recherchent leurs femelles avec beaucoup d’ardeur ; on les:voit souvent voler en plein jour au milieu des bois et il m'est pas rare deles voir pénétrer dans les ap- partemens oil est éclos des femelles : la chenille est couverte de poils grisâtres avec une bande blanche sur les flancs , où l’on remarque aussi des cicatrices noires ; elle fait une coque ronde, très- serrée. Le papillon en :sort dans: le courant de juin. Gette espèce est commune , mais cependant ne fait pas de grands dégâts. B. ne rabeue , B. trifoli, Fab. Godart, Hist. des Lép. d'Europe. Nocturnes, pl.ix, fig. 54. Il est plus petit que le précédent, avec le dessin pareil, mais la couleur approche d’un:chocolat au lait clair; ilest aussi beaucoup moins commun que’le précédent ; la chenille a aussi de grands rapports, mais ses poils sont le plus souvent jaunâtres; elle fait une coque jaunâtre , d’où sort le papillon à la même époque que le précédent. B. nes auissons, B. dumeti, Lin. God. , Hist. nat. des Lép. d'Europe, pl. x, fig. 1., large de 21 lignes, le mâle; ses quatre ailes sont d’un brun rougeâtre foncé avec une bande jaune:si- nuée, partant du milieu de la ‘côte antérieure et atteignant l'angle anal des: inférieures, et un gros point de la même couleur ‘entre la bande et la base des ailes supérieures ; le -corps’et la base des ailes sont couverts de poils fauves,et la frange des ailes est de la: même couleur. !Il:est peu commun. B.purrssenuir, B.taraæaci, Fab. God., Hist. des Lépid. d'Europe, Noct., pl. x, fig. 2:et 5 ; large de deux pouces; les ailes , le thorax, les anten- nes.et l'anus sont d’un fauve très-clair, presque transparent, avec un très-pelit point noir prèside la côte antérieure des ailes supérieures. L'abdo- men est noirâtre avec les anneaux bordés de jaune. Cette espèce est plus méridionale que-les précédentes. B. caineux. PB. Lanestris, Lin. Godart , Hist. nat. des Lépid. d'Europe, Nocturne ;, pl. xr, fig. 22. Large-de 15 à 18 lignes , ailes traversées par une bande:sinuée étroite , blanchâtre , toute la partie supérieure comprise-entre cette bandeet le:corps d'un brun:chocolat, avec un grospoint-blanchâtre au milieu-et une tache de même couleur à latête, PS BOMB 476 BOMB oo oculée dans le mâle seulement; l'extrémité de l'aile, les inférieures et le corps de la même teinte, mais beaucoup plus claire. L’anus de la femelle est muni d'une grande quantité de poils noirs, fins, très-soyeux , ayant comme des reflets argen- tés ; elle se dépouille de cette soie pour envelopper ses œufs qui doivent passer l’hiver exposés aux intempéries de l’air. Cette espèce éclot en septem- bre; mais, quoiqu’on la trouve dans toute la France, elle n’est pas commune aux environs de Paris. B. ou PEvPLIER, B. populi, Linn. Godart, Hist. des Lépid. d'Europe, Noct., pl. x, fig. 4. Large de 12 à 15 lignes; tête, antennes, corps noirs; pro- thorax blanc; ailes enfumées, plus foncées à la base; une ligne très-flexueuse, étroite , traverse les ailes supérieures ; elle est droite et diffuse sur les inférieures ; on remarque en outre sur les su- périeures une lunule blanchätre près de la base, la frange est entrecoupée de noir et de blanc; toutes ces teintes varient un peu, mais ne sont jamais très-franches, étant toujours salies de jau- nâtre ; ce papillon éclot vers la fin de septembre et le commencement d'octobre. B. ProcessionnaiRe, PB. processionea , Linn., Fabr.Godart, Hist. nat. des Lépid. d'Europe, Noct., pl. xu, fig. 5,6. Large de 12 à 15 lignes; corps d’un gris jaunâtre; ailes supérieures grises dans le mâle, avec quatre lignes flexueuses noires sur les ailes supérieures, deux près de la base, deux près de la frange, un point noir au milieu de l’espace, et la frange annelée de noir et de gris; les ailes in- férieures d’un blanc sale, n’ont qu’une bande plus large près de la frange ; la femelle pré- sente les mêmes dessins que le mâle, mais ils se distinguent à peine de la couleur du fond , et sont presque oblitérés , son abdomen est en outre ter- miné par une grande quantité de poils gris-jau- nâtre , sa chenille est d’un gris-roussâtre , avec le dos noirâtre et des tubercules rougeûtres, d’où s’élèvent en aigrette des poils longs, inégaux, clair- semés. Cette espèce, représentée dans notre Atlas, pl. 51, fig. 15, est très-commune partout, mais si elle ne se distingue pas par des couleurs bril- lantes, les mœurs de sa chenille méritent notre attention tant sous le rapport de son instinct quepar le mal qu’elle peut quelquefois nous causer ; dans leur jeune âge ces chenilles vivent en société, mais changent souvent de domicile et se contentent d’é- tablir de légères toiles où elles se mettent à l’abri; mais lorsqu'elles sont parvenues presque à tout leur accroissement, c’est-à-dire vers le mois de juin , elles se construisent une demeure plus vaste qui leur servira de retraite pour se métamorpho- ser, et qu’elles n’abandonneront qu’insectes par- faiis. Cette retraite est une espèce de sac de soie appliqué le long du tronc, d’un chêne, placé le plus souvent au bord d’une allée, mais sans y être adhé- rente (v. notre fig. 12); le même arbre en porte quelquefois trois ou quatre depuis sa sortie de terre jusqu’à dix pieds de hauteur; ce sac est assez grand, puisqu'il atteint quelquefois jusqu’à dix-huit pouces de haut; il est ouvert par le haut pour l'entrée et la sortie des chenilles; c’est Jà qu’elles se tiennente le plus souvent toute la journée immobiles les unes à côté des autres; mais quand arrive l'heure de pren- dre leur nourriture, c’est-à-dire le soir, elles sortent d’abord une à une, deux à deux, trois à trois, etc., quelquefois jusqu’à vingt de front, marchant quand la première marche, s’arrêtant quand elle s'arrête; c’est cette manière singulière de marcher qui leur a fait donner par Réaumur le nom de Procession- naire (v. fig. 11) ;elles rentrent dans leur nid'dans le même ordre qu'elles en sont sorties ; quand arrive le moment de se mettre en chrysalide, elles filent leurs coques parallèlement les unes aux autres dans l'épaisseur du tissu du nid, et les chrysalides y sont déposées les unes sur les autres horizontale- ment; le nid n’a donc d'épaisseur que la longueur d’une chrysalide. L’intervalle entre l'arbre et le nid est rempli d’excrémens des chenilles; aumoment de la transformation, tous les papillons d’un même nid éclosent dans les vingt-quatre heures. Les chenilles 4 de ces papillons ont pour ennemi la larve d’un carabique nommé Calosome sycophante, qui s’in- troduit dans leur nid, où elle en dévore des quan- tités ; j'ai parlé du mal que peut causer cette che- nille, mais ce mal réside dans le nid plutôt que dans l'animal; ce nid se trouve rempli en tout temps de poils et de parties de poils qui tombent des chenilles en parcelles très-menues; dès qu’on y touche elles se répandent dans l’air, s’attachent à toutes les parties nues et y causent des déman- geaisons très-douloureuses; les yeux peuvent en être attaqués, et alors il en résulterait une inflam- mation qui peut être dangereuse; les premiers observateurs qui ont examiné ces insectes en ont été victimes ; il faut donc éviter d’y toucher, ou si on cherche à se procurer la chrysalide, tâcher au moins de se metire au dessus du vent et de remuer le tout le plus doucement possible : plus les nids sont desséchés, plus ils sont dangereux. B. pe La roNce, B. rubi, Fabr. Godart, Hist. nat. des Lépid. d'Europe, Noct., pl.h13, fig. 1, 2. Largeur 21 à 24 lignes. Le mâle est d’un rouge de brique, avec deux lignes parallèles dont la plus externe un peu flexueuse s'étendant du bord anté- rieur au bord postérieur sur le disque de l'aile ; la femelle est semblable au mâle, mais sa teinte est beaucoup plus claire. Ge papillon éclot dans les premiers jours de mai; la femelle n’est pas commune. B. NeusTRIEN, B. neustria, Linn. God., Hist. nat. des Lépidopt. d'Europe, Noct., pl. xu, fig, 34 (voy. pl. 51. fig. 14). Largeur 12 à 18 lignes. IL a pour les bandes la même disposition que le pré- cédent , mais le fond de la couleur est plus pâle, excepté entre les deux bandes; au reste cette es- pèce varie beaucoup. La chenille est noire avec une bande blanche au milieu du dos et quatre rousses sur les côtés, dont les deux supérieures sé- parées des inférieures par deux bandes bleues ; c’est cette disposition de couleur qui a fait donner à l'espèce le nom commun de Livrée. C’est à la femelle de ce papillon que l’on doit ces bracelets formés d'œufs qu'on trouve souvent autour des jeunes branches d'arbres. BOMB 47 ? BOMB ss à - B. vensicoLoRE , B. versicolor, Linn. Godart, Hist. nat. des Lépid. d'Europe, Noct. , pl. :x1v, fig. 1, 2. Largeur de 24 à 30 lignes. Le mûle a les ailes supérieures ferrugineuses et les inférieu- res jaune d'ocre. Les supérieures ont deux lignes noires bordées de blanc d’un seul côté, dont l’une droite du côté de la base et l’autre brisée dansson milieu; entre elles est un point , accentiforme noir ; l'extrémité de l’aile esten outre marquée en- tre chaque nervure d’une tache blanche en forme de croissant dont les cornes très-prolongées vont souvent rejoindre la frange; les ailes inférieures n'ont qu'une ligne sinuée faisant prolongation à la plus externe des supérieures et quelques unes des lunules blanches près des premières ailes; la femelle ressemble entièrement au mâle, à l’excep- tion de l'intensité de la couleur des premières ai- les et des secondes, qui sont blanc sale. Le pa- pillon éclot en mars et en février ; la chenille a un peu de ressemblance avec celles des sphinx et, comme elles, file en terre. B. pu murier, PB. mori, Linn. God., Hist. nat. des Lépidopt. d'Europe, Noct., pl. xiv, fig. 34, représenté dans notre Atlas, planc. 51, fig, 10. Largeur 12 à 15 lignes; entièrement d’un blanc grisâtre et les antennes plus foncées. Le mâle a en outre quatre bandes grisâtres smuées transverses et une lanulesur les ailes supérieures, et deux ban- des pareilles sur les inférieures; la chenille (fig. 8) estroseblanchâtre, nuancée de gris, avec une corne sur la queue; sa tête est un peurétrécie et son col très-gros et rugueux, Cette espèce , originaire de l'Asie, est devenue domestique dans notre pays, mais n’y vit pas encore à l’état sauvage; le cocon qu’elle fabrique est ovale (fig. 9), formé d’un fil soit blanc, soit vert pomme, soit jaune d’or : on n’est pas encore bien certain si quelques variétés don- nent plutôt une couleur que l’autre. De tous les Lépidoptères, voici ceux qui sont les plus intéressans pour nous par l'application que l’on a faite, dès les temps les plus anciens, des fils que produisent leurs chenilles à la fabrication des vêtemens; mais on a été bien long-temps sans savoir d'où provenait la soie et de quel pays au juste on la tirait. Les anciens Romains la tiraient de l'Orient , mais elle avait déjà passé par bien des mains ; ils nommaient $eres les peuples d’où ils là tiraient, sans savoir au juste où ces peuples ha- bitaient ; on peut voir dans le premier volume du Cours d’entomologie du célèbre Latreille une dissertation savante et très-intéressante sur les peuples auxquels le nom de Seres a pu appartenir dès l’antiquité et qui ont cultivé la soie. Il paraît cependant que la partie septentrionale de la Chine, où on trouve encore le ver à soie sauvage, est sa véri- table patrie, quoique peut-être plusieurs papillons du genre Saturnin dont les chenilles fournissent aussi de la soie, aient été autrefois utilisés. Les Romains payaient la soie son poids réel d'or, mais pendant le bas-empire, sous Justinien, des moines, qui avaient été envoyés dans l'Inde, parvinrent à tromper la surveillance jalouse des peuples du pays où ils avaient été envoyés, obser- vèrent la méthode d'élever des vers à soie et rap- portèrent, dans un bâton creux, des œufs que l’on fit éclore à la chaleur du fumier. Grâce à cette fraude, la soie devint plus commune en Eu- rope ; les Arabes en répandirent la culture en Es- pagne et sur les côtes d'Afrique; de là elle péné- tra en Sicile, en Calabre; enfin, à l’époque des croisades, on commença à l’introduire en France; mais ce ne fut que sous le règne d'Henri IV et par les soins de Sully que cette branche d'in- dustrie prit réellement une extension remarqua- ble ; depuis elle n’a fait qu'augmenter, et mainte- nant, grâce aux efforts de l’agriculture et de l’ac- tivité du commerce, la moindre grisette porte sur elle des robes de soie que les femmes des empe- reurs romains avaient peine à se procurer, et que les filles de Charlemagne ne mettaient qu'aux occasions solennelles. Il est peu de personnes qui dans la jeunesse ne se soient quelquefois amusées à élever des vers à soie; leur culture en grand est à peu près la même, mais cependant, comme elle offre quelque différence , qu'elle doit alors être exécutée sur une plus grande échelle, et pour les personnes qui n’ont pas connu cet amusement, nous allons mettre à contribution les travaux des différens auteurs économiques qui s’en sont occupés, pour en donner une idée claire. Les bâtimens destinés à l'éducation des vers à soie prennent différens noms selon les localités, mais la plupart du temps ce n’est chez les paysans qu’une chambre même de leur demeure, aussi {ont-ils rarement des éducations heureuses. Cette culture demande du soin et, pour bien réussir, un local préparé à cet effet, où l’on puisse en tout temps maintenir une température de 16 à 25 degrés de Réaumur, et donner beaucoup d’air, car la grande quantité de vers que renferme un atelier le vicie promptement, ce qui leur est fu- neste. Le bâtiment dont on veut se servir doit donc être percé de fenêtres à toutes les exposi- tions, de manière à pouvoir établir des courans à volonté ; et contenir un ou plusieurs poëles pour arriver au degré de chaleur convenable si l’atmo- sphère ne le donne pas, surtout la nuit. Il se divise ordinairement en trois parties : une pièce princi- pale qui est l'atelier proprement dit, où l’on élève les vers; une pièce plus petite, appelée infirmerie, où l’on met ceux qui sont malades ; une première pièce servant à déposer les feuilles et à sécher celles qui sont trop humides. Les pièces destinées à une éducation nombreuse doivent être très- élevées. Autour de l'atelier on dispose des tablet- tes sur lesquelles se posent les claies qui reçoivent les vers, l’infirmerie est disposée de même; comme on a le plus grand intérêt à ménager la place, on est obligé de se servir d’échelles pour atteindre aux tablettes les plus élevées. Quand on a un local disposé, le plus essentiel est de savoir combien on pourra récolter de feuilles par jour, car c’est là-dessus que doit se baser la quantité d'œufs que l’on doit faire éclore; il existe là-dessus des calculs dans les auteurs qui ont traité spécia- lement de cette partie. Pour faire éclore les œufs Mu on peut ‘employer plusieurs moyens, tels que Ja chaleur naturelle, le fumier, etc. On tient Îles œufs au frais sans qu'ils soient humides, pour ne les faire éclore que quand il n’y a plus de gelées tardives à craindre, et que les vers peuvent trouver des feuilles sans interraption; quand donc on est décidé, on emploie deux moyens dans les grandes exploitations: on met les œufs dans l'infirmerie où on donne une température que l’on augmente progressivement. Dans les ménages, les femmes se contentent de les porter ‘sur ‘elles à la chaleur de leur corps jour et nuit, et elles obtiennent en un peu plus de temps lemême résultat ; les vers sont conservés pendant leur premier âge dans l’infirme- rie, ensuite on les porte dans l'atelier, où ils exi- gent beaucoup de soins et de propreté; on doit leur donner à manger plusieurs fois par jour, et chan- ger les anciennes feuilles le plus souvent qu’il est possible; pour cela, dès qu'ils sont montés sur les nouvelles feuilles qu’on vient de leur donner, on place ces feuilles sur une claïe, on ôte les anciennes que l’on nettoie avec beaucoup de soin; ce travail devrait se renouveler le plus souvent possible, mais souvent on le néglige un peu, et c’est à tort, ce défaut de soin Cause souvent une grande par- tie des maladies nombreuses qui attaquent les vers à soie; ce n'est pas ici la place de traiter de ces différentes maladies, mais, quelles qu’elles soient, dès que des vers paraissent attaqués , il faut les transporter à l’infirmerie, car souvent ces mala- dies sont contagieuses. 13" Quand les vers ont achevé leurs quatre chan- gemens de peau, il fautpréparer ce qu'onnomme la monte ;, c’est-à-dire donner au ver les moyens de faire facilement son cocon: à cet effet, on dis- pose sur les tablettes et autour des montans qui les soutiennent, despaquets de petits rameaux dé- pouillés de feuilles , où ils puissent pénétrer et où ils font leur cocon ; au bout de quelques jours on les en détache, on met à part ceux que l’on veut laisser éclore pour la reproduction de l’es- pèce ,‘les autres sont jetés dans l’eau bouillante, qui fait périr la chrysalide , sans altérer sensible- ment la soie, on la dévide même avec plus de fa- cilité , et elle est livrée au commerce; les papil- lons destinés à reproduire éclosent une quin- zaine de jours après leur transformation; on dépose les mâles et les femelles par couples, sur une table couverte d’étoffe, où s’attachent les œufs que pond la femelle ; ils sont ensuite conser- vés au frais pour une nouvelle saison. On cultive en France deux espèces de mûriers, le noir et le blanc, tous deux sont également:pro- pres à élever des vers à soie; mais il faut remar- quer que ceux qui ont commencé à manger‘du mürier blanc, répugnent ensuite à manger du noir , qui est un peu plus coriace; M. Latreille a cité, d’après Bonelli, l’exemple de! vérs à soie qui s'étaient nourris dans un champ de maïs-où ilsavaient été jetés ; ‘il est extraordinaire que cette expérience n’ait pas été renouvelée, et surtout qu’on n’en ait pas essayé d’autres, surtout, sur plusieurs ‘espèces de nos plantes fourragères ; 478 peut-être parviendrait-on à un résultat tout-à-fait importan. (A. P.) BOMBYCITES , Bombycites. (ns. ) Deuxième section ou tribu des Lépidoptères nocturnes , in- troduite dans la classification par M. Latreille, et à laquelle il donne pour caractères : trompe tou- jours courte, ou simplement rudimentaire ; ailes soit étendues, soit en toit, les supérieures rete- nues par un crin des inférieures dans la pluparts; antennes des'mâles entièrement pectinées. Lesche- nilles de ce genre vivent à l'air libre sur les vé- gétaux, dont elles rongent les feuilles, et sont quelquefois en tel nombre, qu’elles les dépouillent entièrement ; elles se font une coque de-soie , où s'opère le changement en chrysalide ; celle-ci-est arrondie et sans épines autour de :ses anneaux. Cette tribu renferme les genres iSaTurme, La- siocamPE et Bowpyce (w. ces mots). (A. P.) BOMBILLE , Bombylius. (1xs.) Genrede Dip- tères de la tribu des Bombyliers, famille des Tanystomes , ayant pour caractères :le second article des antennes le plus court, le dernier long , presque.cylindrique et terminé en pointe; les palpes très-apparens. Les Bombylles ont la tête presque entièrement occupée par les yeux, eb trois ocelles au sommet; la trompe est portée ho- rizontalement et très-longue, égalant souvent la tête et le corselet en longaeur; l'abdomen est conique, court, un peu déprimé; les pattes sont allongées , grêles , finement ‘velues ; Îles ailes sont la plupart du temps enfamées à leur base et à la côle antérieure; tout le corpsest, en‘outre , cou- vert de-poils raides, très-fins , jaunâtres , ce qui les fait paraître comme bronzés. Leurs mœurs doivent être:celles de la tribu, mais on me sait rien de particulier. Le nombre des ‘espèces connues s'élève à une quarantaine, dont les deux tiers environ d'Europe; nous citerons : Le B. cran, B. major , Linn. Degener, mé- moire sur lesinsectes, 6, 15, fig. 10, 11, Bom- bylle Bichon , nom qui peint assez bien:sa figure courte et toute hérissée de poils, comme celle des petits-chiens qui portent ce nom. IlLest long d’en- vironrcinq lignes, le corps et la trompesont noirs avec les poils très-serrés, jaunâtres ; la base et le bord antérieur ‘des ailes fortement enfumés; les pattes fauves. Des environs de Paris. B. grizranT , B. nitidulus, Macquart. Long de quatre lignes , noir, poil blanchâtre mais noircis- sant au bout vers l’extrémité de l’abdomen, ailes uniformément teintées, pattes blanchâtres. Des environs de Paris. B. pxinr, B. pictus, Macquart. Long de quatre lignes, noir, poils formés de bouquets alternative- ment noirs-et fauves ; ailes enfumées à la base et au bord antérieur, mais en outre ponctuées de points ‘isolés assez rapprochés sur toutes leurs parties; pattes fauves. l'est représenté dans no- tre Atlas, pl. 52, fig. 1. (A: PB BOMBYLIERS., Bombylu. (1xs: ) Tribu de Diptères de la famille des Tanystomes , formée par Latreille, et se distinguant de celles-de:la même fa- mille par les caractères suivans .: trompedirigée 2. Bombille 2. Bongare 3. Bourdon L Cuerenr dr. = en avant, ordinairement très-allongée, avec les palpes grêles ; antennes rapprochées à leur base, de trois articles, dont, le dernier fusiforme , ter- minées par un stylet; thorax plus élevé que la tête; ailes placées horizontalement des deux côtés du corps dans le repos, balanciers nus, abdomen conique; pieds allongés, grêles. Les mœurs de cette tribu sont peu connues sous le premier état ; on soupconne que les insectes qui la composent vivent en parasites; à l’état parfait, ils volent avec beaucoup de rapidité, en faisant æntendre un fort bourdonnement ; pour pomper le suc des fleurs dont ils se nourrissent, ils pla- nent au dessus d’elles sans s’y reposer ; quand ils s'arrêtent, c’est le plus souvent à terre. Ils sont en général couverts de beaucoup de poil. (A.P.) BOMBYLOPHAGE. (1vs.) On donne ce nom et celui de Ver assassin à la larve du Calosome sycophante qui mange les chenilles du Bombyce processionnaire. (Joy. Gazosous et Bomexce, ) (Guës.) BOM-UPAS et BOON-UPAS. (zorT. PHan.) Arbre des Indes que nous avons décrit au mot ANTIARE. (DnaBn BONDRÉE, Pernis, (ors.) Sous-genre d’oiscaux de proie fondé avec quelques Buses (voy. ce mot, et Faucon). (Guër.) BONELLIE, Bonellia. (zoovu.) Les Bonellies ont le corps allongé, cylindrique, obtus aux deux extrémités, mais prolongé en arrière par un long appendice caudiforme , aplati, membraneux, se fermant d’abord en une sorte de gouttière infé- rieure, se bifurquant et s’étalant à sa terminaison en deux lobes foliacés. Ces animaux ont une boüche terminale, et un anus à l’autre extrémité, Les organes de la génération se terminent par un petit tubercule mamelonné, situé un peu en avant de l'anus. On trouve ce ver dans le sable et la vase des bords de la mer;.il est représenté dans notre Atlas, pl. 53, fig. 2. Ce genre est dù à M.le docteur Rolando, qui l’a trouvé sur les côtes de la Sardaigne. M. de Blainville, dans son article Zoophyte du Dictionnaire des Sciences naturelles, le rapproche des Borlasies. (L. R.) BONGARE. Bongarus. (axrt.) Ce mot, dérivé du nom indien d'une espèce de Serpent, sert aujourd’hui à désigner tous les Ophidiens qui se rapprochent d'elle, et qui ont la tête courte, dé- primée, le museau obtus, l'œil petit, à pupille circulaire , la langue fortement protractile et pro- . fondément bifide, renfermée dans un fourreau membraneux; les dents nombreuses, coniques, simples , légèrement recourbées en arrière, iné- gales, implantées sur les mâchoires et au palais, les maxillaires antérieures plus grandes que les autres, les premières surtout développées en forme de crochets, moins prolongés proportio- mellement que chez les crotales et les vipères, A.) BRAN 515 BRAN BRANCHIOBDELLE, Branchiobdella. (annez.) Sous ce nom, M. Aug. Odier a fondé un genre voisin des sangsues, et que l'on trouve sur les Branchies des écrevisses. L'espèce type de ce genre avait déjà été observée et figurée par Roe- sel. (Guér. ) BRANCHIOPODES, Branchiopoda. (cnusr.)Gette dénomination, composée des mots grecs Branchie et Pieds, avait été employée par Othon Frédéric Muller comme synonyme de celle des Entomos- tracés; elle n’était qu’une légère modification de celle de Branchipus, consacrée généralement par Schoeffer aux mêmes animaux. Une espèce de ce groupe , le Cancer stagnalis de Linné , «est devenue pour Lamarck le type d’un nouveau genre au- quel äl applique cette dénomination de Branchio- pode, genre que Bénédict Prévost a reproduit de- puis sous le nom de Chirocéphale. Dans le Règne animal de Cuvier, les Branchiopodes forment le premier ordre des Entomostracés, ou le sixième de la classe des Crustacés, répondant au genre Branchipe de Schæffer, et composé du genre Mo- noculus de Linné, ainsi que des dernières espèces des genres Cancer et Lernea du même auteur. Leach (Dict. des Sc. nat.) a conservé à cet ordre la dénomination d'Entomostracés, ou insectes à cequilles, donnée par Muller à une réunion des genres qu'il avait établis par le démembrement de ceux des Monocles et des Lernées de Linné. Il pa- raît que plus anciennement Frisch avait désigné cescrustacés sous le nom générique d’Æpus,adopté d’abord par Schæffer et restreint ensuite par Cu- vier à un groupe d'espèces que Muller plaçait dans son genre Limule, et que Fabricius en avait dis- traites pour les reporter dans celui des Monocles, auquel il n’avait fait aucun changement. Ainsi que les animaux de la même classe, les Bran- chiopodes ont quatre antennes, dont deux, à raison de leur usage , ont été prises pour des pieds parquelques auteurs ; mais, quelles que soient leurs formes et leurs fonctions, toute difficulté dispa- raîtra , si l’on fait attention à l'insertion de ces or- ganes. C’est toujours avec la tête et au dessus des mandibules qu'ilss’articulent ; lorsqu'il y en a qua- tre, leur situation relative varie dela même manière que dans les Salicoques , les Crevettes, etc. Il est évident, d’après ces principes , que les bras des Daphnies,et que les deux appendices que M. Straus, à l'égard des Cypris, prend pour deux pieds anté- rieurs , répondent aux antennes latérales et infé- rieures des crustacés précédens. Ces deux anten- nes sont généralement destinées à favoriser , lors- qu'elles sont grandes, la locomotion, ou bien, lorsqu’elles sont petites, à faire tourbillonner l’eau. Les deux intermédiaires, souvent supérieures aux précédentes , sont des organes de préhension, sur- tout dans les Branchiopodes suceurs; c’est ce qui prouve pourquoi, dans les mâles des Cyclo- pes, des Daphnies, des Branchipes, etc. , ces er- ganes présentent des caractères sexuels; mais ce n'est pas là que sont situées , comme on l'avait cru jusqu'alors, les parties masculines ; c’est près de jabase du ventre que, dans tous ces animaux, tant mâles que femelles, sont placés les organes de la génération. Jusqu'à ces observaleurs, :on n'avait yu que les préludes de l’accouplement ; il n'est passür néanmoins que tous lesBranchiopodes mâles aient des parties propres à la-copulation ; à l'égard de plusieurs espèces, elles ont du moins échappé aux regards d'observateurs très-attentifs. M. Straus, d’après sa manière de voir, dit que dans les Daphnies la fécondation s'opère par le simple contact de la liqueur vivifiante que le mâle éjacule. Le corps des Branchiopodes est ovale-oblong, mou, ou presque sélatineux, et va en se rétré- cissant de la base du thorax à son extrémité postérieure, de sorte que l’abdomen a la forme d'une queue, toujours terminée par des appen- dices. Les espèces dont le test est bivalve, ou du moins plié longitudinalement en deux, s’y ren- ferment en tout ou en grande partie et y font ren- trer cette queue en la courbant en dessous. Tous ces animaux sont généralement aquatiques. Ceux qui ont un siphon, ou qui sont suceurs, habitent plus généralement les mers, parce que c’est là aussi que se tiennent un plus grand nombre de poissons, à la peau desquels ils se fixent pour en sucer le sang. Quelques espèces cependant viven£ sur les poissons d’eau douce ou sur les tétards des batraciens. C’est sur les rivages maritimes ou près de l'embouchure desfleuves qu'ilfaut chercherles Limules, Les autres Branchiopodes, qui sont tous broyeurs ou munis de mandibules ou de mâchoi- res, font leur séjour, à l'exception d’un petit nombre , dans leseaux douces, mais point ou peu coulantes , telles que celles des mares, des fossés, des bassins ; souvent même ils y fourmillent et y paraissent et disparaissent presque subitement : aussi, pour expliquer cette subite apparition, at-on pensé que les œufs pouvaient se conserver assez long-temps dans les lieux où ils avaient été dépo- sés , lorsqu'ils étaient remplis d’eau , sans que leur germe s’altérât; mais les expériences de M. Straus et de Jurine sembleraient prouver qu’une dessic- cation absolue les ferait périr. Divers Branchiopodes, comme les Phyllopes et les Cyclopes, portent leurs œufs dans des sacs par- ticuliers , placés près de l’origine de la queue ou bien sur celles dé leurs pattes qui séparent le tho- rax de l'abdomen , et dont deux quelquefois pré- sentent une capsule particulière qui a été appelée matrice par Schæffer. Tous les autres Branchio- podes les font passer au dessus du dos , et l’espace qu'ils occupent de chaque côté représente, avec la substance verte qui les accompagne , une sorte deselle, ephippium. Chacun des espaces est quel- quefois partagé en deux loges. Cette sorte de ma- trice est sujette à une maladie indiquée par une tache noire, mais qui, d’après les observations de Jurine , cesse ordinairement aux mues suivantes. Ces mues sont très-fréquentes, et ce n’est guère qu'après la troisième que ces animaux sont Capa- bles de se reproduire. Ilen faut quelquefois cinq pour qu’ils soient semblables à leur parens. Leurs pontes ont lieu toute l’année ; mais les intervalles qui s’écoulent entre ellessont plus ou moins courls BRAN 516 \ BRAN selon que la température est plus ou moins élevée. Les métamorphoses qu'ils éprouvent dans leur jeune âge sont très-remarquables ; aussi Jurine les désigne-t-il,sous la forme delarves, parlenom oude tétards. Il nous a donné d’excellentes observations sur le développement du fœtus dans l'œuf, et sur les phénomènes qui ont lieu lorsqu'on asphyxie un instant ces animaux et qu'on les rappelle à la vie. Ne pouvant exposer ici les diverses manières dont on a divisé le genre Monoculus de Linné , nous suivrons la méthode du Règne animal de Cuvier, nouvelle édition, mieux encore celle du Cours d'Entomologie de Latreille. Dans le premier , cet ordre est partagé en deux sections, les Lornyropes, Lophyropa, les PayrLores, Phyllopa; dans le second ouvrage, il forme trois ordres, le septième, le huitième et neuvième ; le septième ordre , ou les Lornyrores , Lophyropa, est partagé en deux famil- les, les Skricènes, Seticera, les Cravocères, Cla- docera ; le huitième ordre, les Osrrarones, Os- trapoda; le neuvième ordre, les PayLoponss, Phyllopoda , compose trois familles : celle des Mx- TILOIDES, {y tuloides ; Asriprpnores, Aspidiphora; CérnaToruraAzues, Ceratophthalma. (F.]es noms de ces familles.) (EL) BRANCHIOSTÉGE. (zoor.) On a donné ce nom 1° à un appareil osseux qui concourt, avec l’opercule , aux mouvemens respiratoires des pois- sons ; 2° à un ordre de poissons cartilagineux, à squelette sans côles ni arêtes, et à branchies libres : tels sont les genres Mornyre , Ostracion, Tétraodon, Doidon, Syngnathe, Pégase, Cen- trisque, Baliste , Cycloptère et Lophie. \ (M. S. A.) : BRANCHIPE , Branchipus. (crusr.) Genre de l’ordre des Branchiopodes , section des Phyllopes (Règne anim, de Cuv., nouv. édit.) Latreille, dans son Cours d'Entomologie, place ce genre dans le neuvième ordre, les Payciores , Phyllopoda, et dans la troisième famille les C£RarorRrmALMEs , Ceratophthalma. Ses caractères, suivant cet auteur, sont : yeux portés sur d’assez longs pédicules ; tête bien distincte du thorax; sur son sommet, près du côté interne des yeux, sont deux antennes courtes, grèles et sétacées. L’on voit immédiate- ment au dessous deux appendices sous la forme de cornes dans les uns, sous celle d’un tentacule bi-articulé dans d’autres , plus grands et accompa- gnés à leur base d’un filet antenniforme dans les mâles , et quelquefois dans les mêmes individus d’un autre appendice interne. Ces appendices ne sont peut-être qu'une division de deux antennes inférieures , dont l'existence est indiquée ‘dans êes individus par le filet ci-dessus mentionné. La com- position de la bouche paraît être essentiellement la même que celle des Apus (v. ce mot); mais on manque à cet égard. d'observations complètes et précises. Le thorax est divisé en onze segmens, portant chacun une paire de pattes, composées d'articles lamellaires, avec les bords garnis d’une frange de poils ou de soies barbues, qui, suivant les observations de Schæffer, sont des vaisseaux aériens. La surface même de ces pattes paraît ab- sorber une portion de l’air qui y s’attache sous la forme de petites bulles. Les deux antérieures sont un peu plus courtes que les suivantes, et ne sont composées, du moins dans le Branchipe stagnal , que de deux articles. Les autres en ont un de plus, el M. Prévost en a compté quatre dans l’espèce qu'il a décrite, le Ghirocéphale diaphane. La queue est allongée de huit à neuf segmens , dont le pre- mier , soit seul, soit conjointement avec le sui- vant, porte les organes sexuels , et dans la femelle des ovaires sous la forme de sacs; elle se termine par deux feuillets elliptiques et bordés de soies ou de poils. Le Chirocéphale diaphane de M. Bénédict Pré- vost, auquel nous rapporterons le Cancer palu- dosus de Muller, et le crustacé décrit dans le Manuel du Naturaliste de Duchesne sous le nom de Marteau d’eau, éprouve, ainsi que les autres branchiopodes, des métamorphoses remarquables à sa sortie de l’œnf : le corps est partagé en deux masses presque globuleuses ; l’antérieure offre un œil lisse, deux antennes courtes, deux grandes rames ciliées au bout , et deux pattes assez cour- tes, grêles, de cinq articles. Après la première mue, les deux yeux composés se montrent, le corps est allongé et terminé par une queue coni- que , articulée, avec deux filets au bout. Les mues suivantes développent graduellement les pattes , et celles en rames s’évanouissent. Un organe que l’au- teur nomme soupape, et qu'on présume êlre le labre, s’étend dans le jeune âge jusque sous le ventre , et diminue ensuite en proportion. Les Branchipes se trouvent en grande abondance dans les petites mares d’eau douce trouble, et souvent dans celles qui se forment à la suite des grandes pluies , mais plus particulièrement au printemps et en automne. Les premiers froids les font périr. Ainsi queles Apus , ils nagent sur le dos et par/on- dulations ; mais lorsqu'ils veulent avancer, ils frap- pent vivement l’eau, de droite à gauche, avec leur queue, et ils vont alors comme par sauts el par bonds. Retirés de ce liquide, ils remuent quel- que temps leur queue, et la recourbent circulai- rement. Privés d’une humidité convenable, ilsne font plus de mouvemens. Ils paraissent se nourrir de pelites corpuscules que les courans de l'eau portent à leur bouche. Le mâle de l’espèce qui fait le sujet du Mémoire de M. Bénédict Prévost, saisit avec ses cornes le cou de sa femelle, après s'être placé au dessous d'elle, et s’y tient fixé jus- qu’à que celle-ci recourbe l'extrémité postérieure de sa queue, pour rapprocher ses organes sexuels de ceux du mâle. Mais il suppose que les deux vul- ves de la femelle sont au bout de cette queue; ce qui, d’après l’analogie, et d’après les observations de Schæffer sur une autre espèce congénère , est invraisemblable. Les œufs sont jaunâtres , d’abord sphériques , ensuite anguleux , avec la coque épaisse. Il paraîtrait que la dessiccation, à moins qu'elle ne soit trop forte, n’altère pas le germe, et que les petits naissent lorsqu'il y a une quantité d'eau suflisante. Les femelles font plusieurs pontes distinctes àlasuite d’un seul acconplement; 1 Branchipe 2 Bravere 9. Breve 3 Brente de Temminek 6. Brize 7. Brome Ê, Guerur du " $ 4 DBrente à queue. V7. 00 “ PA BRAS 517 BRAY cespontes durent ensemble plusieurs heures, et jus- qu’à un jour entier. Chaque ponte est de cent à quatre cents œufs. Ils sont lancés au dehors avec une grande vitesse, et par jets de dix à douze. Ces observations sont dues à M. Desmarest. Suivant M. Bénédict Prévost, le Chirocéphale diaphane est sujet à plusieurs maladies. Dans cette espèce les deux cornes situées au dessous des antennes supé- rieures sont composées, dans les deux sexes, de deux articles, mais dont le dernier est grand et ar- qué dans le mâle, très court et conique dans la fe- melle. Dansle Branchipe stagnal , ces cornes n’of- frent aucune articulation , et celles du mâle res- semblent aux mandibules des Lucanes (v. ce mot). Nous ajouteroits que, dans l’autre espèce, ces deux appendices singuliers, situés au dessous des antennes, se composent de deux articles, dont le dernier, grand, arqué, en forme de corne dans le mâle, est court et conique dans l’autre sexe. Dans les premiers individus ou les mâles, à leur côté interne , est un autre appendice allongé, offrant, à la suite du premier article, une sorte de lan- guette membraneuse, longue, se roulant en spi- rale, à la manière de la trompe d’un éléphant, dentelée latéralement, et jetant en dessous quatre rameaux en forme de doigts. M. Bénédict Prévost désigne l’un et l’autre appendice sous la dénomi- nation de mains, et les rameaux sous celle de doigts. L’extérieur offre aussi, près de sa base, un autre pelit appendice. On présume que ces pattes rejm'ésentent deux antennes divisées en deux bran- ches, analogues aux antennes en rames des Da- PHNIDES (v, cemot), mais qui ont ici recu une autre destination, et dès-lors une forme appro- priée à leur usage. Ces crustacés vivent dans les eaux stagnantes. Deux espèces sont connues. La première est le BRANCHIPE STAGNAL, B. stagnalis, oule Cancer sta- gnalis de Linné, Gamnarus stagnalis, Fabr. (Ent. syst. , t. Il, p. 518), figuré par Herbst ( Crust. , tab. 55, fig. 9, 10). Cette espèce a été rencontrée dans plusieurs lieux de France, aux environs de Paris et dans la forêt de Fontainebleau. Nous l’a- vons fait représenter dans notre Atlas, p. a,b, f. 56. La seconde espèce est le BrancmPE PALuDEUx, B. paludosus ou le Cancer paludosus de Muller, figuré par Herbst (loc. cit. , fig. 3, 4 et 5). On rapporte à celle espèce le Branchipe décrit par M. Béné- dict Prévost sous le nom générique de Chirocé- phale, dans un mémoire imprimé à Ja suite de l’ouvrage de Jurine , sur les Monocles (in-4°, Ge- nève, 1820.) (HE. L:) * BRAS. (axar.) On appelle assez ordinairement ainsi chez l’homme tout le membre supérieur, mais plusexactement cette dénomination est réservée à la portion de ce membre qui s'étend de l'épaule au coude;lereste du membre jusqu’au poignet a recu le nom d’avant-bras. Indépendamment des vaisseaux et des nerfs qui le parcourent, le bras est composé d’un seul os, long et cylindrique, nommé /Æumérus. Sa tête ou extrémité supérieure est arrondie et s'arlicule avec la cavité glénoïde de l’omoplate, dans Jaquelle elle peut rouler dans tous les sens. Les muscles qui impriment les mouvemens à l’hu- mérus s’insèrent au tiers supérieur de cet os, tan- dis que leur extrémité opposée est fixée à l’omo- plate et au thorax. Les trois principaux sont le grand pectoral, qui porte le bras en dedans, en même temps qu'il l’abaisse; le grand dorsal, qui le porte en arrière et en bas; et le deltoïde, qui le relève. L’extrémité inférieure de l’humérus est élargie et a la forme d’une poulie, sur laquelle l’avant- bras se meut comme sur une charnière. (P. G.) BRASSICÉES. (8orT.Pax.) Douzième tribu, troisième ordre des Crucifères, selon les divisions que M. De Candolle a introduites dans cette vaste famille. Elle renferme les genres Brassica , Sina- pis , Moricandia, Diplotaæis et Eruca, qui ont pour caractères communs une silique allongée à cloi- son linéaire, à valves s’ouvrant longitudinalement; graines ordinairement globuleuses; à cotylédons imcombans et condoublés ; c’est-à-dire pliés lon- gitudinalement , et formant un angle ou gouttière où se place la radicule. (L. BRASSIE, Brassia. (sor. Pan.) Genre de la famille des Orchidées, tribu des Vandées (A. Ri- chard), voisin du Cimbidium , dont il se distingue par un labellum plane indivis, et de l'Oncidium , dont il diffère par son labelle entier et son gyno- sitème sans ailes latérales. C’est une plante para- site, originaire de la Jamaïque, portant de lon- gues feuilles radicales et un épi de fleurs jaunes maculées de pourpre. Link et Otto en ont donné une très-bonne figure dans leurs Zcones du jardin de Berlin. (L.) BRAY (Pays de). (Gocr. Pays. ) La région de France anciennement connue sous le nom de Pays ou Vallée de Bray, forme une division na- turelle physique de l’ancienne province de Nor- mandie. Elle est située au nord-ouest de Paris, entre le pays de Caux, le Vexin et la Picardie, moitié dans le département de la Seine-Inférieure, moilié dans celui de l'Oise; et comme la Nor- mandie n’en possédait qu’une partie et le Beau- voisis l’autre, on distinguait ces deux parties par les noms de Bray-Normand et Bray-Picard. L’étendue du Pays de Bray n’est pas bien con- sidérable ; il a environ dix-huit lieues de longueur sur quatre à cinq dans sa plus grande largeur vers Forges ; ses limites sont naturellement tracées par les côtes crayeuses qui s'étendent des deux côtés de la vallée depuis Frocourt (Oise) jusqu’à Bures, au dessous de Neufchâtel. La vallée de Dieppe, resserrée entre les prolongemens de ces côtes de craie, ne présente qu'un sol alluvial jusqu’à la mer. Le sol du Bray, formé par une suite de ma- melons nombreux , entre lesquels circulent de courtés vallées, toules arrosées par de petites ri- vières, des ruisseaux et de nombreuses sources, se distingue de celui des pays environnans par l'absence presque complète de la formation crayeuse , et résulte, suivant M. Passy, d’un sou- lèvement ou relèvement des terrains inférieurs, qui viennent aflleurer au jour , tandis que la craie BRAY 518 BRAY qui les recouvrait a été dénudée; il appartient presqueexclusivement au troisième étage duterrain oolithique, et la disposition presque horizontale du grand nombre de couches de marnes et d’ar- giles qui séparent les lits de sables et de calcaires, donnent naissance à des sources qui se réunissent aux quatre principales rivières du pays. . Ges rivières sont l’Andelle, l’'Epte, le Thérain et la Béthune, et ont toutes leurs sources dans les sables marécageux qui règnent vers Forges et Gaillefontaine , ce qui indique que cette partie est la plus élevée du pays. L’Andelle naît à Serqueux et coule vers le sud, à travers la longue côte de craie qui s'étend d’un côté de la Vallée de Bray, depuis Sainte-Genevière (Oise) jusqu'à Dieppe, et va se jeter dans la Seine au dessus de la côte des Deux-Amans. L’Epte a deux sources, l’une près de Serqueux, l’autre près de Gailiefontaine ; elle se grossit dans son cours de beaucoup de petits ruisseaux , passe à Gournay, et coupant aussi la côte de craie, elle entre dans la vallée qui la con- duit à la Seine, près Linetz, au dessous de la Roche-Guyon. Le Thérain prend sa source près de Gaillefontaine , court au sud-est, passe à Beau- ‘ais et va se réunir à l'Oise, à Creil; enfin, la éthune prend aussi sa source près de celles du Thérain et de l'Epte, coule directement au nord- ouest vers la mer, où elle va former le port de Dieppe. La côte qui borne la vallée au nord-est ne laisse échapper aucune rivière , mais en laisse au con- traire arriver, par des dépressions , plusieurs pe- tites. Autant les plateaux qui dominent à droite et à gauche de Bray sont plats et unis, autant le sol de l’intérieur de la vallée, formé de collines, de mamelons et de vallées sinueuses, est inégal; il est divisé en deux zones, l’une au sud-ouest, où dominent les argiles et le sable ferrugineux, qui occupent aussi les deux extrémités de la vallée; les parties où dominent les sables sont occupées par des forêts, des bois et des landes marécageuses, qui commencent à être cultivées; et les planta- tions qu'on y a faites y réussissent très-bien. L'autre zone du nord-est, qui occupe la partie moyenne de la vallée, est composée de calcaires et de marnes alternant ensemble. Une contrée ainsi forme d’une nombreuse suite de mamelons, entre lesquels circulent de courtes vallées, toutes arro- sées par de petites rivières, des ruisseaux ou des sources, ne peut qu'être très-riche; les pentes des coteaux et le fond des vallées forment en effet des "pâturages, dont la richesse généralement connue rappelle les plus fertiles contrées de l'Angleterre; ct la culture des céréales, qui n’est que fort accessoire dans ce pays, occupe quel- ques uns des sommets des nombreuses collines qui le dessinent. Le pays de Bray contient des tourbes en géné- ral pyriteuses, et il est probable que c’est à la présence de ces pyrites que les eaux minérales de Forges doivent leurs vertus. On exploite les couches superficielles, qui contiennent une grande quantité d'arbres ayec leur écorce encore bien conservée, comme combustible; et les inférieures, qui sont décomposées et très-riches en sulfate de fer, sont exploitées pour en extraire celte substance miné— rale, Au Thil et à Gournay, ilexiste, au milieüdes sables et grès ferrugineux, de la craie, des ar- giles connues dans le pays sous les divers noms de glaises bigarrées, d'argiles à creusets ou à fou- geres ; elles sont analogues à l'argile plastique et contiennent comme celle-ci des lignites. Dans leur état de pureté, telles qu'on les recherche pour le commerce, ces argiles bigarrées sont d’un gris argentin et sont très-estimées pour la fabrica- tion des creusets. (Tu. V.) BRAY (sor. cm. ) Le Bray est une matière résineuse que l’on retire des pins et des sapins ef dont on distingue trois espèces : le Bray sec on Arcanson, appelé plus communément Colophane; le yray liquide ou Goudron; et le Bray gras, qui est un mélange à parties égales de Colophane, de Goudron et de Poix noire. /, Cozopaaxe, Got- DRON. (F.F) BRAYERE, Brayera. (ot. pnax.) Sous le nom d'Alexandre Brayer, docteur -médecin à Rio- Janeiro, Kunth a fondé un nouveau genre dans la famille des Rosacées , en 1822, avec les débris des fleurs d’une plante herbacte, originaire de l'Abyssinie. Cette plante est apportée par les Arabes au Kaire, et de là à Alexandrie, sous le nom de Kotz, diminutif de celui de Kabotz, que lui donnent les Abyssins, chez lesquels il désigne et la plante et le tænia qu’elle a, dit-on, la pro- priété de tuer. L’anecdote qui a amené la découverte de cette plante mérite d’être citée. Brayer, se trouvant , en 1820, dans un café à Constantinople, fut frappé d'entendre un Arménien promettre à l'un des garçons du café de le guérir radicalement du tænia qui l’amaigrissait à vue d’œil et le menaçait incessamment des plus cruelles douleurs, s’il con- sentait à prendre une forte infusion de fleurs du Kotz. L’odeur et le goût désagréables de ce mé- dicament occasionent , disait-il, de fortes nausées, puis des déchiremens d’entrailles ; mais elles dé- barrassent à l'instant du tænia,et même elles sont un moyen certain de prévenir sa réapparition. Le garcon conseniit, el après de nombreuses déjec- tions il eut la certitude que son ennemi n'existait plus : son extrémité la plus grosse était sortie la dernière. Braver, qui avait vu la santé de ce jeune homme s'améliorer de jouren jour, et qui six mois après l'avait trouvé parfaitement guéri, voulut connaître la plante qui opérait de semblables guérisons; ilparvint à en obtenir quelques débris, et, à son passage à Paris, il les remit au bota- piste que j'ai nommé pour tâcher d'en découvrir la famille et le genre. Le Kabotz des Abyssins est très-voisin du genre AIGREMOINE , Agrimonia, dont il diffère, selon Kunth, par son limbe double, par ses pétales extrêmement petils, et par ses stigmates.élargis, ce qui l’a déterminé à en faire le type d'un genre particulier , et, à raison des propriétés héroïques de l’espèce, à lui imposer lenom de Brayera an- BRED 519 D thelmintica. Si l'échantillon que l’on m’a envoyé de la Haute-Égypte, sous le nom de Kotz, appar- tient véritablement aux débris de fleurs que Brayer a rapportés, il ne constitue point un genre nouveau , mais bien une variété très-remarquable de PAgrimonit repens, que Tournelort apporta le premier en Europe. Les deux plantes paraissent jouir des mêmes propriétés. Il serait à désirer qu'on pût en obtenir de la graine ; comme elle est fort rustique, on pourrait la multiplier chez nous. Son port assez pittoresque lui donnerait accès sur la lisière de nos bosquets agrestes, En attendant de nouveaux renseignemens, nous donnons une figure du genre de Kunth. Voy. notre Atlas, pl. 56, fis. 2. (CT. ». B.) BREBIS. (uaw.) Femelle du Bézrer,(v. ce mot). Dans l’ancienne Afrique, les Brebis étaient sa- crées ; l’époque de leur tonte était celle d’une fête religieuse; on ne pouvait Luer que les vieilles Brebis, et il n’étdit permis de le faire qu'après les avoir tondues et porté la dime aux ministre du culte. Les Arcadiens et les Phéniciens possédaient de grands troupeaux de Brebis à longue laine. Comme ils remarquèrent que les Brebis portent toujours les laines les plus fines , ils introduisirent Fusage de la castration sur les antenois, afin de rapprocher le plus possible leur laine de celle de leurs mères. C’est d'Afrique que l'Espagne a tiré ses Brebis à longue laine soyeuse; elle en doit la conservation à l'institution de la Mesta , dont l’o- rigine remonte à l'an 635 de l'ère vulgaire. C'est aussi de l'intérieur de l'Afrique que descendent les races de Brebis anglaises à longue laine ; on en fixe ordinairement l’époque à l'année 712; si cette date n'est pas certaine , c'est au moins celle des premières lois concernant leur entretien et leur multiplication. La Brebis porte cent cinquante jours , c’est-à-dire environ cinq mois; elle est très- sujette à l'avortement. Nos aïeux avaient un proverbe qui disait : Bre- bis trop apprivoiste, de trop d’aigneaux est tettée, c’est-à-dire qu'une femme courtisée par plusicurs galans succombe 1ôt ou tard. Le moyen de pré- venir le mal est une instruction solide, bien pré- érable à l'éducation frivole que l’on donne aux filles , aux préjugés dont on les berce incessam- ment ct aux convenances ridicules qu’on leur im- pose. Femme instruite voit le danger et le brave sans efforts. (T.». B.) BRECHET. ( axar. ) On nomme ainsi vulgai - rement le sternum ou seulement le cartilage xi- phoïde. ( Voy. Scromrcuze. ) (P:Gs ) BRÉDES. (acr. et mor.) Nom collectif donné dans l'Inde et par les créoles des îles de l'Asie méridionale, de l'Australie et même des Antilles, à toutes les plantes herbacées dont on mange les feuilles en guise d’épinards, ou les pousses nou- velles cuites sans beauconp d’apprêt et additionnées de plusieurs épices pour en corriger la fadeur na- turelle, ce qui donne en même temps, du ton à Festomac. Ec mot Brèdes vient dupértugais Bredos, qui Jui-même:est une allération du grec Bliton et. du latin Blitum, dont la valeur en français équivaut à plante fade employée dans la cuisine. Chez les anciens comme chez les modernes, certains mots recurent une extension plus ou moins grande du moment qu'ils descendirent dans le langage vul- gaire : aussi pour s'entendre a-t-on fini par ajou- ter un second mot comme spécifique. Je vais in- diquer les principaux du mot Brèdes, Brènr-Bencaze. Espèce d’Ansérine, Chenopo- dium atriplex, transportée depuis quelques an- nées à l'ile Maurice et qu'on y appelle aussi Epinard de la Chine. Brèpe -cnevrerre. Variété de l'Illécébrum à tête de fleurs un peu velues, Z{lecebrum sessile. Les Malais l’appellent Sajor-oran, que Rumph a tra: duit par Olus squillarum. Bnivs- crou-caraïps. Les jeunes feuilles du Gouct comestible, Ærum esculentum , que l'on ac- commode parfois en friture. On prend aussi les premières pousses d’un autre Gouct, lArum co- locasia; mais il faut les bien choisir, si l’on ne veut pas éprouver livritation que lâcreté des . Aroïdées fait éprouver au gosier. Brèps- cou px Cine. ‘Très-bonne espèce de chou, portée de la Chine aux colonies françaises situées à l’est du cap de Bonne-Espérance. ‘Ses feuilles tendres sont vraiment friandes. Dans plu- sieurs localités la culture de ce chou est très-dif- ficile à cause de la présence de la larve d’une pe: tite phalène qui multiplie considérablement et dé- vore en peu de jours les pieds les plus beaux et les plus vigoureux. Brkpx cresson. Notre cresson de fontaines, Sysimbrium nasturtium, transporté aux îles Mas- careigne et Maurice, où il acquiert des dimensions démesurées, Brèpe-pe-France. Les Nègres appellent ainsi les épinards servis sur nos tables, Spinaciæ ole- racea. Brèpe-cANDoze, que d’autres disent impropre- ment Brède-d Angole, parce qu'ils la croient ori- ginaire d’'Angola sur la côte d'Afrique. La Brède- gandole, appelée simplement Gandole par les peuples malais , est la Baselle rouge, Basella ru- bra, dont nous avons parlé plus haut. Foy. Ba- SELLE, Bnips-crRAUMON, jeunes pousses de la citrouille ordinaire, Cucurbita pepo. Ge mets est très-sa- voureux, quand la plante n’a pas encore déve- loppé toute son odeur de musc, qui la rend si désagréable à beaucoup de personnes. Bnèps-czacrace. À l’île Mascareigne on cultive et l’on mange avec plaisir, sous ce nom, les feuilles épaisses de la Ficoïde glaciale, Mesembryan : themum crystallinum. Quelques colons appel- lent aussi Brède-glaciale et mangent de même la Lanquette des Canaries, Aizoon canariense, dont les feuilles nombreuses sont chargées de molécu- les cristallines. Brinr-Marasane. Plusieurs espèces de plantes portent ce nom; les plus communes sont l’Ama- ranthe épineuse , Æmuranthus spinosus , V Arroche du Bengale, Atriplex bengalensis, et. plus rare BREM ment la Corette potagère , désignée par Linné sous Je nom de Corchorus olitorius, mais qu'il faut ap- peler Spiræa olitoria, comme je le démontrerai plus bas. Voy. au mot CoreTre. Bripre-marcacue. Les uns estiment qu'il s’agit du Spilanthe à feuilles lancéolées que l’on trouve spontané dans l'île de Ceylan, Spilanthus acmella; d’autres, avec plus de raison, y reconnaissent le Spilanthe alimentaire de l'Inde , S. oleracea, que l’on nomme aussi Cresson de Para. Brine-marTiN. Un des noms vulgaires de la Brède-morelle dans l’île de Mascareigne, Ce nom lui vient de l'oiseau Martin , Paradisea tristis , qui en dépose la graine, avec ses déjections, sur les couvertures des cases. Bripe-MoreLce, Brède par excellence, que l’on sert indistinctement sur la table somptueuse du riche créole et sur celle si triste des nègres; per- sonne ne se lasse de ce mets dont la préparation est très-simple. Ce sont les feuilles et les jeunes pousses du Solanum nigrum que le ciel des tro- piques rend moins vénéneux que partout ailleurs ; mais il ne lui enlève pas le principeamer, qui se dé- veloppe de plus en plus à raison que le sol sur le- quel croît la Morelle noire est plus élevé. Les noirs font bouillir cette Brède et jettent simplement un peu de sel dessus; les moins riches des habitans y ajoutent du saindoux; quand on l’additionne de gingembre, c’est pour la manger le matin avec du poisson ou de la viande salée; mêlée au carris , elle paraît au diner sur la table du riche blasé ; le soir, avec un poisson frit , elle forme le souper de presque toute la population des îles et du continent méridional de l'Asie. On la mange seule et le plus souvent unie à duriz cuit à l’eau. La Brède-Morelle est nommée Anghive à Mada- gascar , Zaman aux Antilles françaises , Sajor aux iles Malaises, etc. * Bnipe-mononGue, Racine râpée du Ben, Gui- landina-moringa , ainsi que les pousses nouvelles que plusieurs personnes préfèrent à la racine. Bnripe-mouTarDE. Pousses d’un sinapi qui pa- rait être le Sinapis indica. Bnrèpe-PrMENT. Comme les pousses du piment ordinaire, Capsicum annuum , n’ont rien de l’â- creté du fruit , on les recherche pour les manger comme une Brède fort agréabk. Brèpe-puanTe. Sur les vieux murs on recueille le Mozambé à cinq feuilles, Cleome pentaphylla , quoique son odeur , quirappelle celle si pénétrante de l'urine de chat, soit des plus désagréables ; mais il la perd par l’ébullition, et devient dès- lors comestible. Brèpe-raur. La même que la Brède-gandolce. (T. ». B.) BREDOUILLEMENT. (pnysior.) Prononciation vicieuse qui diffère du bégaiement en ce que ce- lui-ci est caractérisé par des hésitations continuel- les et la répétition fréquente des mêmes syllabes, tandis que le Bredouillement dépend d’une trop grande précipitation en parlant. (P. G.). BRÈME, Æbramis. (poiss.) Genre de Cypri- noïdes voisin, par l’ensemble de ses caractères, 520 BREM des Cirrhines et des Labious entre lesquels il se trouve intermédiaire. Ce Cyprin, dont le corps est couvert de grandes écailles, se reconnait aisément à sa petite bouche, et à ses mâchoires sans aucune dent. Sa langue est lisse, son palais garni d’une substance épaisse, molle, singulièrement irritable, que l’on nomme vulgairement langue de carpe. Les Brèmes manquent d'épines et de barbillons, et leur dorsale est courte , placée en arrière des ventrales; l’anale au contraire est assez longue. Ce genre ne se compose encore aujourd'hui que de deux espèces; celle qui lui a servi de type, Brême commune ( Cyprinus la Brama, Linn.) , est en même temps plus grande et plus commune; sa longueur est d'environ dix-huit pouces; elle a vingt-neuf rayons à l'anale, douze à la dorsale ; la mâchoire supérieure est un peu plus avancée que l'inférieure ; le dos est arqué , élevé et com- primé ; il existe à la base de chaque ventrale un appendice squameux , absolument semblable à celui qu’on remarque à la même partie du corps chez les sparoïdes. Ce poisson vit dans les fleuves et les rivières de presque toute l'Europe, ainsi que dans les grands lacs: il est l’objet d’une pé- che importante; on le prend fréquemment sous la glace, où il se tient; ilest si commun dans certaines contrées de l'Europe, qu'on rapporte qu'en mars 17409 on en prit d'un seul coup de filet, dans un grand lac en Suède , cinquante mille individus , qui pesaient ensemble plus de mille ki- logrammes. Lorsque dans le printemps les Brèmes cher- chent les rivières unies, ou les fonds de rivières garnis d'herbages pour frayer, chaque femelle est souvent suivie de trois ou quatre mâles ; elles produisent un bruit assez fort en nageant en troupes nombreuses, et cependant elles distin- guent facilement celui que l’on produit autour d'elles, qui quelquefois les effraie, les éloigne , les disperse, ou les pousse dans les filets du pé- cheur. Les Brèmes fraient à trois époques de l’année ; les plus grosses se débarrassent de leurs œufs pendant la première, et les plus petites pendant la troisième ; durant cet acte les mâles, comme ceux de toutes les autres espèces de CGyprins, ont sur les écailles du dos et des cô- tés de pelits boutons qui leur ont fait appliquer différentes dénominations , boutons que l’on avait observés dès le temps de Salvian, et que Pline même a remarqués. Si la saison à la fin du frai devient froide , les femelles éprouvent les accidens les plus funestes ; l’orifice qui livre passage à la sortie des œufs se ferme et s’enflamme , le ven- tre se gonfle , les œufs s’altèrent, se changent en une substance granuleuse, gluante et rougeâtre ; alors l’animal dépérit et meurt. | Les Brèmes sont poursuivies par l'homme, par les poissons voraces , par les oiseaux nageurs ; les buses et d’autres oiseaux de proie veulent aussi dans certaines circonstances en faire leur proie; mais il arrive souvent que si la Brême est forte et grosse, et que les serres aient pénétré assez avant dans son dos pour s'engager dans sa char- pente { oo BREN 521 BRÉS L TROT Ron SP S pente osseuse , elle entraîne au fond son ennemi qui y trouve la mort. Les Brèmes croissent assez vite; leur chair est agréable au goût pour sa bonté, et à l'œil par sa blancheur. Elles perdent difficilement la vie lors- qu’on les tire de l’eau pendant le froid; et alors on peut les transporter assez loin sans les voir pé- rir, pourvu qu'on les enveloppe dans un linge hu- mide ou dans de la neige. M. Noël a écrit qu'on avait cru reconnaître dans la Seine trois ou quatre variétés de la Brème ; on rencontre à la tête d’une troupe de Brèmes un poisson que les pêcheurs ont nommé chef de ces Cyprins, et que Bloch était tenté de regarder comme un métis provenant d’une Brème et d’un Rotongle. Ce poisson a l'œil plus grand que la Brème , les écailles plus petites et plus épaisses , l'iris blanchâtre , la tête pourpre, la surface en- duite d’une matière visqueuse très - abondante. Bloch considère aussi comme métis de la Brème et du Cyprin large, des poissons qui , semblables à la Brème, ont la tête ainsi que le corps et les nageoires comme le Gyprin large; la seconde es- pèce est la Bordelière, petite Brème où Hazelin ( Cyprinus blicca, Cyprinus halus, Gm., Bloch, p. 10). Celle-ci a les pectorales et les ventrales rougeâtres, vingt-quatre rayons à l’anale, et est peu estimée ; aussi les pêcheurs les laissent-ils pour servir de nourriture aux autres poissons, et par- ticulièrement aux brochets. (Azrn. G.) BRENTE , Brentus. (ixs.) Genre de Coléoptè- res de la section des Tétramères, famille des Rhyncophores , formé par Fabricius, ayant pour caractères : corps linéaire , rostre toujours porté en avant, souvent terminé autrement dans les mâles que dans les femelles; pénultième article des tarses bilobé. Les Brentes ont une figure très- singulière , leur corps est en général très-allongé, cylindrique ; la tête très-rétrécie a la forme d’une alêne ; à l'extrémité est la bouche quelquefois peu apparente, mais quelquefois aussi les mandibu- les sont très-développées dans les mâles; aux deux tiers de la longueur de Ja tête sont insérées les antennes; celles-ci sont droites et non cou- dées , les articles en sont assez longs et forment un peu la massue à l'extrémité; le corselet est aussi long que la tête et que le corps; il est conique, déprimé et souvent marqué d’une impres- sion longitudinale ; les élytres sont terminées en deux pointes dans les mâles, les femelles les ont tronquées à leur extrémité ; la tête, les antennes et le corselet sont aussi beaucoup plus courts que dans l’autre sexe; les fémurs sont claviformes, les pattes sont un peu cambrées, peu robustes ; le pénultième article des tarses est bilobé. Ces insectes, à l'exception d’un seul qui se trouve en Italie, sont propres aux pays chauds exotiques. - On en connaît un certain nombre dont quelques- uns atteignent jusqu’à deux à trois pouces. Il pa- rait, d'après les observations de M. Lacordaire pour les espèces de l'Amérique, et de M. Savi pour celles d'Italie (Brentus italicus), qu’ils vivent sous les écorces des arbres. Toue I, B. ancuoraco, B. anchorago, Fab. ; Oliv., Entomol. v, p. 437,n°8, pl. 1, fig. 2. Long de quinze à seize lignes ; noir avec deux raies jaunes sur les élytres, une dorsale atteignant les deux extrémités, et une marginale n’atteignant aucune des deux extrémités. C’est l'espèce la plus com- mune dans les collections. Le B. À QuEUE , LB. cau- datus , en diffère par un prolongement assez con- sidérable de l'extrémité postérieure des élytres; nous l'avons figuré dans notre Atlas, pl. 56, fig. 4. Ainsi que le B. Temmincki , la plus grande es- pèce du genre, cette belle espèce vient de Java; elle est figurée sous le n° 3. (A. P.) BRÉSIL (Empire du). (c£ocr. pays.) Le Brésil est cette partie de l'Amérique méridionale, située entre le 57° et le 75° de longitude occidentale, et entre le 4° de latitude boréale et le 33° de latitude australe. Cet empire est borné au nord par la ré- publique de Colombie, par les Guianes anglaise, hoilandaise et française et par l'océan Atlanti-. que ; à l’est par l'océan Atlantique ; au sud, par l’océan Atlantique, par la république orientale de l'Uraguay et par le dictatorat du Paraguay ; à l’ouest , par la confédération du Rio de la Piata : par le dictatorat du Paraguay, et par les républi- ques de Bolivia, du Pérou et de la Colombie. Cette partie de l'Amérique du Sud est ar- rosée par des cours d’eaux très-considérables. Parmi eux se trouve le fleuve des Amazones que nous avons traité dans un article séparé { voyez AwazonE) ; on peut encore citer, parmi les fleuves importans du Brésil, l’'Oyapoc, le Tocantin ou Para, le Maranahô , l'Itapicuru , le Paranaliba , le Rio Grande do Norte, le Rio-san-Francisco , etc. Le Brésil offre plusieurs chaines de montagnes entièrement indépendantes du grand système des Andes ; elles sont loin d'offrir des points aussi éle- vés que ceux qu'on retrouve dans les autres chaf- nes du Nouveau Monde; mais cependant elles ne sont pas sans importance. Le système Brésilien peut se diviser en trois chaînes : Ja chaîne mari- time, la chaîne centrale et la chaîne occiden- tale. La chaîne maritime, que les Brésiliens nom- ment Serra do mar, s'étend le long des côtes, et forme une suite de groupes plutôt qu’une seule et même chaîne, attendu les nombreuses et consi- dérables interruptions que l’on y remarque. Elle parcourt ainsi successivement les provinces de la côte, qui sont les provinces de Rio-Grande , de Paraïba, de Fernambuco , d’Alagoa, de Fergipe, de Bahia, d'Espiritu-Santo, de Rio-de-J aneiro, de San-Paulo et de San-Pedro. La chaîne centrale, qu’on nomme aussi Serra do Espinhaço , qui prend ensuite divers noms dans plusieurs de ses parties , tels que ceux de Serra das Almas dans le nord, et de Serra da Mante- queira dans le sud, s’étend depuis la rive droite de San-Francisco jusqu'à l’Uraguay, en traver- sant les provinces de Bahia, de Minas-Geraes , de San-Paulo et l'extrémité septentrionale de Rio-de- Janeiro. C’est dans la partie méridionale de cette chaîne que l’on trouve ces mines si fécondes d’or, LXVIe Livraison, 66 oo ea ' BRÉS d'argent et de diamans , qui font du Brésil l’une des plus riches contrées du globe. Enfin la chaîne occidentale, nommée aussi Serra dos Vertentes, parce qu’elle sépare les af- fluens de l’'Amazone du Tocantin, du Paranahiba de ceux de San-Francisco , du Parana et du Pa- raguay, s'étend depuis la frontière méridionale de la province de Seara jusqu'à l'extrémité occiden- tale de la province de Matto-Grosso ; elle prend différens noms dans ce demi-cerele immense dé- crit par elle, tels que Serra Alegre, Serra de Pycuy, Serra de Santa Marta, etc. L Nous allons donner ici la hauteur des points culminans de ces diverses chaînes, d’après les observations les plus récentes, TABLEAU DES POINTS CULMINANS DU SYSTÈME BRÉSILIEN. Chaîne maritime. T La Serra d’Arasoiaba, au S.-O. de San-Paulo640o La Secra Tingua, au N. de Rio-de-Janeiro 555 Chaîne centrale. Le mont Itacolumi, près de Villa - Rica (Minas-Geraes ), point culminant de tout le système 990 La Serra da Piedade, près de Sabara 910 La Serra da Frio , près de Villa do Principe 952 Chaîne occidentale. Le point culminant des Pireneos 400 Le climat du Brésil est sain et bon, quoiqu'il renferme de ces variations si bizarres et qu’on ne trouve que sur la terre du Nouveau-Monde : écou- tons à ce sujet M. de Humboldi; il nous expli- quera quelles sont les causes de ces singulières différences : « Le peu de largeur du continent, » son prolongement vers les pôles glacés; l'Océan, » dont la surface non interrompue est sans cesse » balayée par les vents alisés ; des courans d’eau »très-froide qui se portent depuis le détroit de » Magellan jusqu’au Pérou ; de nombreuses chaînes » de montagnes remplies de sources et dont les »sommets couverts de neiges s'élèvent bien au » dessus de la région des nuages ; l'abondance de »fleuves immenses qui, après des détours multi- »pliés, vont toujours chercher les côtes les plus » lointaines ; des déserts en général non sablon- »neux, et par conséquent moins susceplibles de » s'imprégner de chaleur ; des forêts impénétrables » qui couvrent les plaines de l'équateur, remplies » de rivières, et qui, dans les parties du pays les » plus éloignées de l'Océan et des montagnes, don- »nent naissance à des masses énormes d'eaux » qu'elles ont aspirées, ou qui se forment par l'acte » de la végétation ; toutes ces causes produisent, » dans les parties basses de l'Amérique , un climat » qui contraste singulièrement, par sa fraîcheur »et son humidité , avec celui de l'Afrique. C’est à » elles seules qu'il faut attribuer cette végétation si » forte , si abondante, si riche en sucs, et ce feuil- »lage si épais , qui composent le caractère parti- » culier du nouveau continent.» 522 ———— BRET Nous ne terminerons pas cet article sans indiquer à nos lecteurs que la capitale de l'empire du Bré- sil, Rio-de-Janeiro, passe pour Le plus beaa portque la nature se soit plu à tracer sur le globe. (C. J.) BRETAGNE (Grande-). (ckoen, Puys.) Cette île est la plus considérable de toutes celles de l'Eu- rope : sa longueur est d'environ 200 lieues ; dans sa partie méridionale , elle en a 110 de largeur, au centre 28, et vers le milieu de l'Ecosse 62. Sa superficie, d’après nos calculs, est d'environ 11,400 lieues. Ses côtes orientales et méridionales sont bien moins profondément découpées que les côtes occidentales; leurs pentes sont aussi plus abruptes. Les montagnes de cette île forment un système auquel on peut rattacher toutes les îles Britanni- ques. Elles composent trois groupes : celui du nord est formé par les hauteurs de Caithness et de l'Inverness , dont les Orcades , les Hébrides , Skve et Mull forment les extrémités; le central com- prend les monts Grampians et quelques petites chaînes qui se terminent au golle de Forth et À celui de Clyde; le méridional comprend les monts Cheviot et tous ceux du reste de l’île. Le premier de ces groupes n’a pas plus de 800 mè- tres dans sa plus grande hauteur ; le point culmi- nant du second n’en a guère que 1340 ; enfin dans le troisième on en cite quelques uns de 800 à 950, que le Snowden ou Snowdon dépasse de plus de 100 mètres. Ge sommet, qui conserve la neige pen- dant sept mois, et qui pendant les cinq autres est presque toujours couvert de nuages, donne son nom à une longue chaîne. Ces montagnes ne circonscrivent que des bas- sins peu considérables : le plus septentrional est arrosé par la Spey , rivière obstruée par plusieurs grandes cataractes, et qui s’élance avec fureur dans le golfe de Murray. La belle rivière du Z'ay sort d’un lac du même nom, et se jette dans un golfe qui porte aussi celui de Tay. Les ramifica- tions des monts Grampians et Cheviot forment le bassin du Forth, rivière d'environ 60 lieues de cours. Les monts Moorlands et quelques collines circonscrivent le vaste bassin de l'Ousequi, portant d’abord le nom de Ure, prend celui de lOuse après avoir recu la Swale, et celui de Z/umber en se jetant dans l'Océan. L’arête qui forme Ja limite méridionale de ce bassin borne au nord celui de la Thame et de l’Zsis dont la réunion forme la T'e- mise, le fleuve le plus célèbre de la Grande- Bretagne. Les autres bassins de l’île sont trop peu considérables pour donner naissance à des rivières de quelque importance : il faut cependant en excepter celui que traverse la Severn ou Sa- verne, et que forment les principales montagnes de l’Angleterre et de la principauté de Galles : ce fleuve a 70 lieues de cours. =. Les lacs sont assez nombreux dans la Grande- Bretagne, mais d’une faible étendue; les plus considérables sont : le Derwent, le Lomond , et celui de Vess, célèbre par ses eaux limpides qui ne gèlent jamais, et par sa profondeur qui varie de 60 à 155 brasses. BRET : Ainsi que nous l’avons dit dans le Précis de la Géographie universelle, la constitution physique de la Grande-Bretagne est d'autant plus intéressante, qu’elle renferme des roches de tous les âges. De là vient l'extension qu’ont prise en Angleterre l'étude de la géologie et celle de la métallurgie. L’ardoise ct la houille sont au nombre des plus importantes productions minérales de l'ile. Au nord comme au sud les mines de fer et de plomb sont égale- ment nombreuses ; celles de cuivre et d’étain ÿ’étendent vers le sud-ouest; le nord recèle du cuivre, du mercure et des pierres précieuses ; partout on trouve des sources minérales. En Écosse le micaschiste est la roche dominante : il occupe plus de la moitié de sa superficie. Près des Orcades et de l’ile de Skye, ainsi que sur les bords du Tay, le grès rouge succède à ce grand dépôt ; mais à partir de l'extrémité du golfe de Clyde jusqu’à Stonehaven, une longue bande de roches chloriteuses et quartzeuses sépare le grès rouge du micaschiste ; en descendant vers le sud, le grès houiller, le grès rouge et la roche que les Alle- mands appellent grauwacke, se montrent tour à tour. Dans le reste de la Grande-Bretagne , diffé- rentes variétés du grès rouge et de vastes dépôts houillers s'étendent depuis le nord jusqu’au bord du Trent. À l’ouest de ce terrain se montrent des schistes ardoisiers qui occupent un large espace sur tonte la côte occidentale, tandis qu'un vaste dépôt de marne rouge et de grès entoure, au sud et à l’est, ces mêmes amas de houille. Depuis Tembouchure de la Severn jusqu'à celle de l'Hum- ber, s'étend du sud-est au nord-ouest une longue bande de marne bleue et de cette roche calcaire appelée lias par les Anglais. Une bande parallèle de calcaire oolithique , un dépôt de calcaire à po- lypiers, un autre de marne bleue, sont suivis jusqu'à la Manche par les bancs friables et sa- bleux de glauconie, par la craie , l'argile plasti- que et des terrains analogues, du moins quant aux restes organiques, à ceux des environs de Paris. Ces dépôts, qui se continuent au-delà du détroit, et jusqu’à une assez grande distance de nos côtes, sont des preuves presque irrécusables de Ja réunion primitive de la Grande-Bretagne au continent. Le peu de largeur du Pas-de-Calais n’annonce-t-il pas d’ailleurs que l'Océan a pu mi- ner à la longue des roches aussi faciles à rompre que des argiles, des sables et de la craie ? Le climat de la Grande-Bretagne, généralement très variable , n’est pas sujet aux chaleurs et aux froids qui se font souvent sentir sous la même la- titude ; les vents de mer y tempèrent les saisons. Dans le midi on peut quelquefois espérer d'abon- dantes récoltes, mais trop souvent des pluies con- Unuelles y viennent détruire une espérance trop tôt fondée, Au nord, de grands espaces sont sté- riles ; sur les côtes orientales des sables et des marais s’opposent à la culture. Les parties les plus productives sont au centre et au midi. Les plantes et les animaux les plus utiles ont été importés du continent dans la Grande-Breta- gne. Lorsque ce pays était encore couvert de fo- "5923 BREV rêts impénétrables aux rayons du soleil, l'ours , le loup et le sanglier erraient paisiblement dans de vastes solitudes. Vers la fin du x° siècle , les loups et les ours ont été détruits; les seules forêts du nord cachent encore quelques sangliers. Le chat des bois et le renard y sont les animaux les plus destructifs; ces derniers y sont tellement nom- breux, que leur chasse est un divertissement presque général. Les autres mammifères sauvages ne sont que des animaux de petite taillé, qui peuplent les montagnes et les forêts du continent. Les chèvres sont très-rares en Angleterre, ex- cepté dans le pays de Galles, où elles sont com- munes même à l’état sauvage ; on y voit des boucs dont les cornes ont plus de trois pieds de longueur. L'ile possède une race de chiens, renommée par son courage et par sa force : tout le monde con- naît le Bull-dog {Canis molossus); mais il dégénère hors du sol de sa patrie. Le cochon domestique croisé avec le porc de l’Indo-Chine a fourni aux Anglais une race fort estimée. En Écosse on trouve le Colley, le véritable chien de berger. Jadis on y rencontrait le loup, le bison et le castor; mais ils n’y existent plus. Cependant le cerf et le chevreuil s’y trouvent en- core, bien qu'ils aient presque disparu de l’An- gleterre. Nous ne terminerons pas ce coup d'œil sur les animaux de la Grande-Bretagne, sans par- ler du cheval anglais, qui forme une des princi- pales richesses du pays. Gette race, si distinguée par sa vitesse et ses proportions élégantes, n’est pas originaire d'Angleterre ; elle y a été formée par des étalons arabes et des jumens barbes, et considérablement améliorée par les soins que l’on apporte à sa reproduction. On en distingue plusieurs espèces: les chevaux de pur sang (4lood horse), plus grands et plus étoffés que les arabes, et excellens coureurs; les chevaux de chasse, plus membrés que les précédens, résistant bien à la fatigue; les chevaux de carrosse, dont on im- porte une grande quantité en France ; et enfin les chevaux communs, parmi lesquels on distingue encore une variété remarquable par sa taille énorme et la force de ses membres. Les oiseaux du continent se retrouvent presque tous dans la Grande-Bretagne ; la volaille qu’on y élève ne suffit pas à la consommation ; les aigles et d’autres grands oiseaux de proie établissent leurs nids dans les régions montagneuses ; mais les bois de l'Écosse ne retentissent jamais des chants harmonieux du rossignol, assez commun cepen- dant en Angleterre. (9. H.) BRÈVE, Pitia. (ois.) Ge genre d'oiseaux insec- tivores, de la tribu des Dentirostres, est encore assez mal connu; les espèces qui le composent sont toutes des parties chaudes de l’ancien conti- nent. Ce n’est pas que l'Amérique ne possède aussi des oiseaux analogues aux Brèves, mais que la seule différence d'habitat a empêché d'associer aux Pitta de l’ancien monde, Vieillot à créé pour celles-ci le genre Grallaric. M. Lesson, qui fait une familledes Brèves, ajoute Ro BRIN 524 BRIQ aux Brèves proprement dits, et aux Grallaries, un troisième groupe, celui des Myiopnaces, Myio- phaga (voy. Traité d’Ornith., p.395); mais les caractères de ce dernier genre paraissent mal in- diqués : ainsi, le Brive gLeuer , Pitta glaucina, Temm. , pl. 194, l'un des trois myiophages de M. Lesson , a les ailes établies sur le type surob- tus , c'est-à-dire la cinquième penne la plus lon- gue, tandis que les ailes allongées, pointues, à deuxième et troisième rémiges plus longues, con- situent un des principaux caractères du genre. La figure 5 dela planche 56 de notre Atlas re- présente le Brève À sourcics, Myothera superci- liosa , ainsi nommé par Cuvier, dans les galeries du Muséum. Il est originaire de l'Inde. (GErv.) BRÉVIPENNES. (ors.) Ce nom a été donné par M. Duméril ( Zool. analyt.) à une famille d’oiseaux comprenant les Autruches , les Casoars et le Drontc. Quelques auteurs font de cette familleun ordre particulier; d’autres, comme M. Cuvier , la considèrent comme appartenant à l'ordre des Échassiers, et quelques uns, à l'exemple de M. Du- méril, la mettent parmi les Gallinacés proprement dits. C’est en effet avec ces derniers que les Brévi- pennes présentent un plus grand nombre de rap- ports ; incapables de voler, car ils n’ont que des rudimens d'ailes, ces oiseaux sont coureurs par excellence, et présentent un développement con- sidérable de l’épine iliaque inférieure , à laquelle s’attachent les muscles fléchisseurs de la jambe : celte disposition du bassin est particulière aux Brévipennes et aux gallinacés. On peut admettre dans celte famille les cinq genres suivans : le genre ÆAutruche, pour l’es- pèce africaine qui n'a que deux doigts à chaque pied ; le genre Vandou, dont le caractère essen- tiel est d'avoir trois doigts : ces Vandous, ou Au- itruches d'Amérique, ont les ailes empennées et l’aileron armé d’un petit ongle; ces oiseaux ha- bitent l'Amérique méridionale. M. d'Orbigny, qui a pu en observer un grand nombre, pense qu'ils constituent deux espèces distinctes, l’une or- dinaire qui est l’Autruche d'Amérique, dont nous avons déjà parlé (voy. Avrrucne), ct l’autre plus petite ; à larses proportionnellement plus longs, laquelle habite le sud au-delà de Buenos- Ayres. Les autres Brévipennes à trois doigts diffèrent des Nandous par leur ailes dépourvues de pennes ; on en fait deux genres, celui de l'Emou, qui n’a ni penne ni baguette à l'aile, et celui du Casoar, proprement dit, dont les ailes également sans pen- nes, portent cinq longues tiges arrondies. Nous parlerons de ces deux groupes au mot Casoar. Un dernier genre complète la famille des Brévipen- nes, c'est celui du Dronte , que sa taille, son bec et ses pieds à quatre doigts suflisent pour carac- tériser. (GErv.) BRINDAONIER ou BRINDERA. Voyez Bnin- DONIA. BRINDONIA ou BRINDONIER. (z0T. PHAN. ) Genre de la famille desGuttifères, établi par Dupetit- Thouars, et dans lequel il a réuni trois arbres des Indes orientales, imparfaitement décrits par les an- ciens voyageurs. Leurs caractères communs sont : fleurs polygames, dioïques, toutes ayant un calice de quatre sépales, et «tant de pétales alternant avec ceux-ci; des pieds différens portent les mâles et les hermaphrodites : les premiers offrent un simple faisceau d'étamines, les autres ont environ vingt étamines , groupées en quatre faisceaux , et un ovaire surmonté de six styles cylindriques et courts; le fruit est une baie à six graines munies d’un arille ; on a remarqué que leurs deux coty- lédons sont soudés en une seule masse solide, ce qui a lieu dans plusieurs genres de la famille des Guttifères. Le Brindonia diffère donc des Mangostans par ses fleurs diclines, par la polyadelphie des éta- mines , et par la forme des pistils. Cependant ces différences ne sont pas tellement essentielles qu'on ne puisse le considérer comme une section du genre (rarcinie. Nous avons dit qu’il y a trois espèces de Brin- donia. L'une, décrite par Linscot sous le nom de Brindoyn, devient pour nous le Brindonia indica ; c’est un bel arbre, à forme pyramidale, à ra- meaux opposés , à feuilles d’un vert luisant, à fleurs terminales , les mâles fasciculées par quatre ou cinq, les hermaphrodites solitaires. On tire de ses diverses parties, surtout quand elles sont jeu- nes, un suc résineux jaune, analogue à la gom- me-gulte. Le fruit de ce Brindonia, rouge, épi- neux , et de la grosseur d’une petite pomme, a une pulpe très-acide; mais, cuit el réduit en ge- lée ou en sirop, il est fort recherché dans l'Inde, et employé avec succès contre les fièvres aiguës. L'autre espèce est le B. cochinchinensis, décrit par Louvreiro sous le nom d'Oxycarpus; ses fruits sont acides et comestibles comme ceux du précé- dent. On le distingue à ses fleurs axillaires , pres- que sessiles , rassemblées par trois ou quatre. La troisième espèce a été décrite par Rumph, c'est le Garcinia celebica de Linné; ses feuilles sont lancéolées , et ses fleurs terminales et grou- pées par trois. Son bois, préparé avec de la pâte de riz, acquiert, dit-on, une dureté égale à celle de la corne; cette propriété lui est commune avec une espèce de mangostan. (L.) BRINDOYN. (mor. pxax.) C'est, dans Linscot, le Brindonia indica. (L.) BRIQUE. (cuim.) La Brique est un mélange d'argile commune et de sable pulvérisé, que l’on pétrit exactement, que l'on moule, et que l'on calcine, ou que l’on cuit, comme on le dit vul- gairement, dans des fours faits exprès au milieu des campagnes, mais pourtant à la proximité du bois et de la matière première. A la longue, les particules qui constituent la Brique se séparent sous l'influence de l'humidité de l'air ; puis tombent en poussière, si on ne les recouvre pas de vernis ou de mortier. La Brique est d’autant meilleure , et dure plus long-temps , qu’elle a été plus calcinée, BRIQ 525 BRIS DS Ses usages dans la construction des fours des bou- langers, des fourneaux de cuisine, des maisons, des.voûtes, elc., sont connus de tout le monde. En thérapeutique, les Briques sont quelquelois employées, soit entières , aprèsles avoir fait chauf- fer, pour entretenir la chaleur des pieds, où d’un membre opéré, soit en poudre et mélangées avec un corps gras, en forme de topique , dans le traite- ment des affections herpétiques et psoriques. l: (E.F.) BRIQUET. (cmm.) Tous nos lecteurs savent que le Briquet ordinaire est une petite pièce de fer ou d'acier dont on se sert pour frapper sur un caillou et en extraire du feu. Parlefait du choc brus- que et instantané opéré entre ces deux corps durs, une petite parcelle métallique est détachée et brû- lée par le calorique développé pendant lapercussion. On connaît plusieurs sortes de Briquets. La plus commune est celle dont nous venons de parler ; on la trouve dans la plus humble chaumière. Les autres sont le Briquet physique ou phosphorique, le Briquet oxygène, le Briquet pneumatique. Le Briquet phosphorique est une petite boîte de poche qui contient des allumettes , souvent une bougie et un flacon de cristal rempli de phos- phore. Le flacon doit avoir été choïsi à col étroit “et bien sec. On l’a ensuite rempli à moitié de phos- phore, également bien sec; on l’a fermé d’une simple feuille de papier et placé sur un poêle chaud jusqu'à ce que le phosphore soit devenu brun, puis on l’a bouché hermétiquement. Il contient alors un mélange d’acide phosphoreux sec ou anhydre, de l’oxide de phosphore et du phosphore incomplétement brûlé. Pour se servir du Briquet, il suffit de plonger brusquement une allumette soufrée dans le petit flacon , de retirer prompte- ment celte dernière, qui entraîne avec elle un peu d'acide phosphoreux, lequel, en attirant l'eau et Toxfgène de l’air, produit une flamme qui allume Je soufre et le bois. Les soins à apporter dans la confection et la conservation du Briquet phosphorique sont les suivans : 1° le bouchon doit parfaitement s’adap- ter au col du flacon , et être enduit de suif pour fermer exactement l'ouverture; 2° chaque fois qu'on referme le flacon ,et cela doit se faire promptement, il faut faire décrire au bouchon plusieurs tours sur lui-même; 5° ilfaut que ce même bouchon soit frotté de suif dès qu'il com- mence à se dessécher ; 4° enfin, il faut surtout éviter l'entrée de l'humidité dans le flacon. Pour préparer le Briquet oxygène, on prend 80 parties de chlorate de potasse réduit en pou- dre fine, 10 parties de soufre également pulvé- risé et lavé, 8 parties de sucre, 5 parties de pou- dre de gomme arabique, et assez de cinabre por- phyrisé pour colorer le tout en beau rouge. Toutes ces substances sont mélangées exactement ct dans . l'ordre suivant , sucre, gomme, chlorate de po- tasse et cinabre, avec suffisante quantité. d’eau: on fait du tout une pâte molle à laquelle on ajoute le soufre. Cela fait, on trempe des allumettes, ordinairement soufrées par une seule extrémité, dans cette bouillie, de manière qu’une couche mince en recouvre le soufre, et on fait sécher pendant plusieurs jours, car la gomme retient assez long-temps une pelite quantité de l’eau du mélange, On se sert du Briquet oxygène en plongeant l’'allumette dans un pelit flacon contenant de l’a- miante arrosé d'acide sulfurique concentré; la masse s'allume , brülc le soufre qui, à son tour, enflamme le bois. Dans la fabrication de cette sorte de Briquet, il est important de ne pas mêler le soufre à l’état sec avec les autres substances, car on a vu des explosions avoir lieu et tuer les ouvriers. Il faut également avoir soin de tenir le flacon bien bou- ché, parce que l'acide sulfurique attire l'humidité de l'air , et perd ainsi sa propriété d’enflammer le mélange. L’amiante sur lequel on verse l’acide n’a été placé dans le flacon que pour empêcher l’al- lumette de pénétrer trop profondément et de se charger d’une trop grande quantité d’acide. Le Briquet pneumatique est un petit cylindre creux, en cuivre ou en tout autre métal, dans le- quel joue un piston garni à son extrémité infé- rieure de quelque substance très-inflammable , un morceau d’amadou , par exemple. En poussant fortement ce piston, on comprime l'air contenu dans le corps du cylindre, et au moyen de cette compression , qui doit être très-rapide et en quel- que sorte instantanée, le calorique contenu dans l'air se dégage et enflamme la matière mise au bout du piston. CE) BRISANS. (céocn. Pays.) On appelle ainsi des pointes derochers qui s’élèvent quelquefois au des- sus des eaux de la mer, ou s'arrêtent seulement à leur niveau et présentent ainsi un obstacle où les hou- les viennent rompre et briser. Comme les Brisans sont fort dangereux pour les vaisseaux qui les ap- prochent, on a soin d'indiquer sur les cartes ma- rines la situation de ceux qui sont connus : ils sont ordinairement figurés par de petites croix disposées ainsi ++ , suivant Jeur étendue et leur position. Nous citerons, parmi les Brisans connus qui ont acquis quelque célébrité, ceux qui garnissent les côtes de la Nouvelle-Hollande, et sur lesquels Cook fut précipité dans son second voyage autour du monde. Ces Brisans sont formés d’un amas de polypiers très-considérable , d’une dureté remar- quable, et dont les animaux présentent une fort belle nuance verte. Ils sont à fleur d’eau, de sorte que quelques uns d’entre eux apparaissent à la marée basse, (G. d.) BRISES. (u£rf£or.) Régulièrement le long des côtes, on trouve deux espèces de Brises : la pre- mière qui souflle lorsque le soleil est élevé sur l'horizon : celle-là vient’ de la mer : la seconde qui soufle lorsque le soleil a disparu ; celle-là part de terre et se dirige vers la mer. On devinera sans peine les différens noms qui leur ont été données : les unes sont les Prises de mer ou du large , les au- tres les Brises de terre. L'expérience que nous avons indiquée à la page ——— BRIZ 97 en parlant des vents alisés (voy. Arisés) peut donner une juste idée des causes qui produisent les Brises de mer et de terre : nous avons vu com- ment la fumée, entraînée par l'air froid, se pré- cipitait avec force vers le vase contenant l’eau chaude , et dont l'atmosphère était par conséquent plus échauflée. Le même effet se reproduit ici : lorsque le soleilest sur l'horizon, et qu’il projette également ses rayons sur les eaux de la mer et sur la terre, il développe une chaleur bien plus in- tense sur la terre que sur la mer ; et cela par la raison que la transparence de l’eau ne permet pas à la mer de s’échauffer aussi facilement. Aussi chaque jour quelques heures après le lever du soleil, la Brise de mer commence à soufller : d'abord elle est faible ; mais elle prend bientôt de la force, et souflle avec assez de vigueur de midi à quatre heures du soir ; à cette heure elle décroît peu à peu et enfin redevient tout-à-fait nulle après le coucher du soleil : alors les rôles changent ; la Brise, au lieu de venir de la mer vers la terre, se dirige au contraire de la terre vers la mer : nous avons vu qu’elle était produite par la condensa- tion des vapeurs aspirées par la chaleur du soleil et qui retombent lorsque cet astre ab:adonne l'horizon. Lorsque les vapeurs sont abondantes, les brises sont plus fortes , et quelquefois, lorsqu’il y a peu ou point de vapeurs , les Brises, de terre sont nulles. Sur les côtes de Saint-Domingue, elles sont quelquefois si violentes, qu’elles chassent des vaisseaux sur leurs ancres et cassent des grelins. On appelle aussi Brises, en Amérique, certains vents du nord et du nord-est, qui soufllent assez irrégulièrement pendant certains mois de l’année, et qui tempèrent quelque peu la chaleur de ces climats. (G. d.) BRIZE, Briza. (Bot. pan.) Le petit nombre d'espèces que contient ce genre, de la famille des Graminées, se trouvent abondamment dans les prés naturels de France et d'Europe; elles sont fort jolies, lorsque leurs épillets, souvent teints de pourpre , tremblent au moindre vent; elles s’agi- tent avec grâce, fleurissent en mai, juin, juillet et août, ont le port élégant , et plaisent à tous les bestiaux, seules ou mêlées aux autres plantes four- ragères. La grande espèce, dite Barize maseure, B. maztma , est la plus belle de toutes ; ses épillets , gros, cordiformes, roussâtres, moins nombreux que chez les suivans, sont soutenus par des pédon- cules filiformes, rapprochés dela tige, qni est haute de trente-deux centimètres, lisse et d’un vert tendre. Les fleurs qui les ornent, au nombre de cinq à quinze, pendent , brillent d’un beau jaune, tandis que les feuilles, à peine velués, sont gran- des, vertes et blanches. La Brize MouveTre, 2. media, dont j'ai déjà parlé au mot AMourETTE, et quiest représenté dans l'Atlas de ce Dict., p. 56,f.6, ales épillets violacés toujours en mouvement ; elle cest vivace et fort commune, Sa panicule lâche est garnie de cinq à sept fleurs. On en distingue deux variétés, sousles noms de BRIZE À PETITE PANICULE, B. minor, qui se rencontre partout, et de Bnrize 526 BROC p'Espacne, B. virens, dont la panicule est plus garnie. l'extrémité du genre se trouve la Brize É1k- GANTE, D. eragroslis, qui l’unit au genre Paturin, Poa , et prend Ja place qu'on assigne ordinai- rement à l’Uniole , Uniola. Ce dernier genre mat- chera désormais après les Brizes. Le Briza era- grostis croit aux lieux stériles et sablonneux; il a les tiges légèrement coudées en leurs articula- tions ; sa panicule oblongue est chargée d’épillets de douze à quinze fleurs, et de semences réticu- lées. : (T. ». B.) BROCHET, Æsox. (pois.) Dans la division qui a été faite par Cuvier du genre Esox de Linné en plusieurs autres groupes génériques, il en ctablit un sous le nom de Brochet, dans le- quel il range tous les poissons qui ont l’ou- verture de la bouche grande , les mâchoires gar- nies de dents nombreuses et aiguës, le museau pointu, le corps allongé, comprimé latérale- ment, et couvert de grandes écailles. Ces poissons n’ont qu'une seule nageoire du dos, située vis-à-vis de celle de l'anus. Leur estomac est ample, plissé, et se continue avec un intestin mince et sans cœcum, qui se replie deux fois, et leur ves- sie natatoire est très-grande. Trois espèces seule- ment jusqu'à présent paraissent former ce genre. La première , qui existe en Europe aussi bien que dans les eaux douces de l'Amérique septentrio- nale , est le Brochet commun, Æsox lucius , Linné, figuré par Bloch, pl. 32, Encycl., poiss., pl. 174, fig. 292. Ses caractères particuliers consis- tent en de fortes dents, acérées et inégales, qui gar- nissent ses mâchoires. Les unes sont immobiles, fixes et plantées dans les alvéoles , les autres mo- biles, et seulement attachées à la peau. L’ouver- ture de sa bouche s'étend jusqu'aux yeux. Ordinai- rement, pendant la première année, la couleur générale du Brochet est verte; elle devient «dans le second âge grise, et diversifiée par des taches pâles, qui, l’année suivante, présentent une nuance d’un beau jaune. Ces taches irrégulières . distri- buées presque sans ordre, sont quelquefois si nom- breuses qu'elles se touchent, et forment des ban- des ou des raies. Elles acquièrent souvent l'éclat de l’or pendant le temps du frai, et alors le gris de la couleur générale se change en un beau vert. Lorsque le brochet séjourne dans les eaux d'une nature particulière, qu'il éprouve la disette, où qu'il peut se procurer une nourriture trop abon- dante, ses nuances varient. On le voit dans cer- taines circonstances , jaune, avec des taches noi- res; au reste, parvenu à une certaine grosseur, il a presque toujours le dos noirâtre et le ventre blanc, avec des points noirs. Le Brochet passe pour avoir le sens de l’ouie très-développé; cet avantage lui donne la facilité d’éviter de plus loin un ennemi dangereux, ou de s’assurer de l’ap- proche d’une proie difficile à surprendre. C’est en effet dans les rivières, dans les fleuves, les lacs et les étangs qu'il se plait à séjourner ; on ne Je voit dans la mer que lorsqu'il est entraîné par des accidens passagers, et retenu par des causes ex- 0 BROC traordinaires ; mais il a été observé dans presque toutes les eaux d'Europe. Le Brochet parvient jusqu’à la longueur de deux ou trois mètres, el jusqu'au poids de quarante ou cinquante kilo- grammes. Îl croît très-promptement;, on sait que dès sa première année il est très-souvent long de trois décimètres ; dès la seconde de quatre; dès la troisième de cinq ou six; dès la sixième de près de vingt : ce ne sont point ici des exagérations À mi des opinions établies sur des renseignemens vagues. Willugby parle d’un Brochet qui pesait quarante trois livres. Brand en prit un dans ses terres, près de Berlin, qui avait sept pieds. Bloch a vu le squelette d'une tête qui avait dix pou- ces de large, ce qui donnait-au corps une longueur de huit pieds ; mais de tous les faits de cette na- ture , le plus remarquable et le plus constaté est le suivant : En 1494, on prit à Kaiserslautern, dans le Palatinat , un Brochet qui avait dix-neuf ieds de long, et qui pesait trois cent cinquante livres. Le Brochet n’est pas dangereux seulement par la grandeur de ses dimensions , la force de ses muscles , le nombre de ses armes , il l’est encore par les finesses de la ruse et les ressources de l’in- stinct. La voracité du Brochet est telle, qu'il s’élance sur de gros poissons, sur des serpens, des grenouilles, des oiseaux d’eau , des rats, de jeunes chats, ou même de petits chiens tombés ou jetés dans l’eau, et que, si l'animal qu'il veut dévorer lui oppose une trop grande résistance , il le saisit par la tête, le retient avec ses dents nombreuses et recourbées jusqu'à ce que la por- tion antérieure de sa proie soit ramollie dans son large gosier, en aspire ensuite le reste , et l'en- gloutit ; s'il prend un poisson hérissé de piquans mobiles , il le serre dans sa gueule , le tient dans une position qui lui interdit tout mouvement , et l'écrase ou attend qu’il meure de ses blessures. Rondelet raconte qu'une mule buvant dans le Rhône vis-à-vis un brochet qui, sans doute, était en observation, celui-ci s’attacha si fortement à sa bouche par une morsure profonde, qu'il n’abandonna la partie mordue qu’assez loin dans les terres, où la mule en fuyant l'avait emporté. Tous les Brochets ne fraient pas à la même époque : les uns pondent ou fécondent les œufs dès le milieu de février, d’autres en mars, et d’au- tres en avril. S'ils sont redoutables pour les habi- tans des eaux qu'ils fréquentent, ils sont souvent livrés à des ennemis intérieurs qui les tourmentent vivement. Bloch a vu dans leur canal digestif des vers intestinaux. Les œufs, pour qu’ils puissent éclore, doivent recevoir à peu de profondeur sous l’eau l'influence du soleil. On prétend que les oi- seaux, et particulièrement les hérons, quand ils en avalent, sont bientôt purgés, et ‘qu'ils rendent, sans avoir eu le temps de les digérer, une partie d’en- tr'eux. C’est ainsi que la progéniture carnassière peut être répandue dans certaines eaux qui n’ont mulle communication entre elles. On ne sait quelle peut être la source de la ridicule opinion de certains pêcheurs qui prétendent trouver l’origine des anguilles dans le frai du Brochet , ou qui as- 527 CE RER ER NET RP EEE CRE Aer PATENTS ENENTEER EI N EEE PEER TPS ee ere ne rer EN BROC surent que les œufs parviennent dans les ouïes d’autres poissons , et qu’arrivé à l’âge où ses forces développées permettent au Brocheton de dévorer celui qui lui prêta la protection de ses organes res- piratoires, le jeune nourisson lui conserve une re- connaissance éternelle et ne lui fait jamais de mal. On les prend de diverses manières : en hiver, sous les glaces; en été, pendant les orages, qui, en éloignant d'eux leurs victimes ordinaires , les por- tent davantage vers les appâts ; on les prend dans toutes les saisons, au clair de la lune: dans les nuits sombres ; on emploie pour les pêcher le tri- dent, la ligne, le collet, la nasse et l'épervier, qui est un filet en forme d’entonnoir ou de cloche, dont l'ouverture à quelquefois vingt mètres de circonférence. Cette circonférence est garnie de balles de plomb , et le long de ce contour le filet est retroussé en dedans et attaché de distance en distance pour former des bourses. On se sert de l'épervier de deux manières’, en le traînant et en le jetant. Lorsqu'on le traîne, deux hommes pla- cés sur les bords du courant d’eau maintiennent l'ouverture du filet dans une position à peu près verticale, par le moyen de deux cordes attachées à deux points de cette ouverture, un troisième pêcheur tient une corde qui répond à la ponte du filet. Si l’on s'aperçoit qu’il y ait du poisson de pris, et qu'on veuille relever l’épervier, les deux premiers pêcheurs lâchent leurs cordes de manière que toute la circonférence de l’ouverture du filet porte sur le fond. Le troisième tire à lui la corde quitient au sommet de la cloche, se balance pour que les balles de plomb se rappro- chent les unes des autres, et quand il les voit réunies, tire à lui l’épervier, et le met sur le rivage. Lorsqu'on jette le filet, on a besoin de beaucoup d'adresse, de force et de précaution. On déploie l’épervier par un élan qui fait faire la roue au filet, et qui peut entraîner le pêcheur dans le courant si une maille s’accroche à ses habits; la corde plombée se précipite au fond de l’eau et renferme les poissons compris dans l’intérieur de la cloche. La chair du Brochet est agréable au goût. On la sale dans beaucoup d’endroits, après avoir vidé le poisson, l’avoir nettoyé et coupé par morceaux ; on la sert surnostables, [lest des contrées, particuliè- rement en Allemagne, où l’on fait du caviar avec leurs œufs. On mêle ces mêmes œufs avec des sar- dines, pour en composer un mets que l’on nomme Netzin, et que l’on regarde comme excellent. Ce-. pendant ces œufs passent pour difliciles à digérer, purgatifs et malfaisans, lorsqu'ils n’ont pas subi certaines préparations, C’est sur les Brochets qu’on a essayé particu- lièrement cette opération de la castration, par le moyen de laquelle on est parvenu à engraisser facilement les individus auxquels on l’a fait subir. Si l’on veut se procurer une grande abondance de gros Brochets, il faut choisir pour leur multi- plication des étangs, parce que toutes les eaux douces leur conviennent. On y placera pour leur nourriture des cyprins ou d’autres poissons de oo me BROM BROM oo peu de valeur. Au reste, on peut les porter faci- lement d’un ‘séjour dans un autre sans leur faire perdre la vie. Û Les pêcheurs et les marchands de poissons nomment vulgairement Lancerons ou Lancons les jeunes Brochets, Poignards les moyens Brochets, Carreaux ou Loups les vieux, Pansards les grosses femelles dont les œufs font saillir le ventre, et Levrins les mâles les plus allongés. La secondeespèce est le Brochet américain(Esox americanus , Lacép.), Esox reticularis, Lesueur, Ac. sc. nat. Philad. Cette espèce est très-rappro- chée de la précédente par ses formes et sa cou- leur ; mais elle est caractérisée par sa mâchoire supérieure proportionnellement beaucoup plus courte que l’inférieure, par l’ensemble de son museau qui est très-aplati, et par l'élévation de cette partie de la tête qui est située entre les yeux et la nuque , laquelle est fort plate chez le Brochet commun. La troisième enfin, qui est semée de taches rondes et noirâtres , est désignée par Lesueur sous le nom d’Esox estor, (Ac. sc. nat. Philad., 1, 415). (Azrn. G.) * BROME, Promus. (8oT. PHAn.)Genre fort nom- breux de la famille des Graminées et très-voisin des Fétuques. On en rencontre les espèces partout, et quelquefois en si grande abondance qu'elles cou- vrent presque exclusivement des espaces de terre considérables. Loin de s’en plaindre, le cultiva- teur les voit avec plaisir pulluler dans ses prairies naturelles et artificielles ; il sait que leurs grains, surtout ceux du BromME sEGzIN, B. secalinus (vcy. notre Atlas, pl. 56, fig. 7), et du BrouE prour, B. mollis, mêlés à la farme du froment, après avoir subi la chaleur du four, donnent un pain excellent ; qu'ils engraissent les volailles , particu- lièrement ceux du BROME A Gros ÉPILLETS, B. grossus, et du BROME A BARBES DIVERGENTES, B. squarrosus. La fane du BRoME DEs PRÉs, B. pra- tensis, du Brome cté, B. distachyos, et’ du BromE coRnICULÉ, B. pinnatus, fournit un très- bon fourrage aux bestiaux ; le dernier plaît beau- coup aux moutons, ses feuilles étant irès-courtes et formant toufle. On a remplacé l’avoine pour les chevaux par les graines du BRoME srÉRiILE, PL. sterilis, qui mûrissent avant la coupe des autres Graminées. C’est de l’ensemble de ces diverses propriétés que la plante a recu de Théophraste le nom de Bromos, qui veut dire bonne nourriture. } (T. ». B.) : BROME. (cm. ) Le Brôme, substance ainsi désignée à cause de sa fétidité, a été découvert en 1826, par M. Balard, dans l’eau mère pro- venant de la cristallisation du sel marin. On le rencontre encore dans les eaux de la mer Morte, dans presque toutes les salines du continent, et surtout dans celles d'Allemagne. Le Brôme est liquide à l'état de température ordinaire de l’atmosphère; en masse, sa couleur est d’un rouge brun foncé; sous un plus petit vo- lume , elle est d’un rouge hyacinthe. Son odeur forte rappelle celle du chlore; sa saveur est äâpre et très-prononcée. Soumis à une température de 22 à 20° au dessous de zéro, il devient dur, cas— sant, facile à pulvériser , et d’un aspect presque métallique. Il entre en ébullition à 47° au dessus de zéro; le gaz qui en résulte a la couleur rouge de l’acide nitreux. Il s’évapore avec facilité, n’est point conducteur de l'électricité, à moins cepen- dant qu'il n’ait été dissous dans l’eau. [ A l’état gazeux, et mis en contact avec la flamme d’une bougie, le Brôme communique à celle-ci une teinte verdâtre, puis il l'éteint; traité par l'eau , il s’y dissout, mais un peu plus à chaud qu'à froid ; l'alcool le dissout également, ainsi que l'éther : l’action dissolvante de ces deux liquides est plus prononcée que celle de l’eau. Le soluté aqueux est d’un rouge orangé; les solutés alcoo- lique et éthéré sont d’un rouge hyacinthe. Ainsi que le chlore, le Brôme blanchit et déco- lore les substances colorées végétales ; il attaque le bois, le liége, les résines, les huiles essentielles; se combine avec l’amidon qu'il colore en jaune; corrode la peau qu'il jaunit également; se combine: avec l’oxygène et l'hydrogène pour donner nais- sance aux acides bromique et hydrobromique, avec le soufre pour former un bromure liquide, oléagineux , etc. ; enfin, il s’unit en deux propor- tions avec le phosphore et en une avec le chlore, Le Brôme jouit de propriétés délétères très- prononcées; on ne l’a pas encore employé dans les arts, ni en médecine. On l’obtient, suivant M. Balard, de la manière suivante : après avoir- fait passer dans les eaux mères des salines dont nous avons parlé, et qui contiennent du bromure de magnésie, un courant de chlore gazeux, on verse à la surface du liquide une certaine quantité d’é- ther ; on agite fortement et on laisse reposer. Après quelques instans, l'éther, qui occupe la partie supérieure du mélange, s’empare du Brôme provenant du bromure décomposé par le chlore ; cela fait, on dépouille l’éther du Brôme: en l’agitant avec un soluté de potasse caustique: qui se combine avec celui-ci. Ces opérations ayant élé répétées jusqu’à la saturation complète de la potasse, on dessèche celle-ci, on l’introduit dans une pelite cornue avec du peroxide de manganèse pulvérisé ct de l'acide sulfurique étendu de 14 moilié de son poids d’eau; on dirige le col de la cornue au fond d’un petit récipient plein d’eau froide et on chauffe. Le Brôme ne tarde pas à pa- raître sous forme de vapeurs rutilantes qui se condensent sous l’eau, en forme de gouttelettes brunes et pesantes. Le Brôme se conserve dans des flacons remplis d’eauet placés hors desrayons de la lumière.(F. F.} BROMÉLIACGÉES. (so. pnax. ) Famille natu- relle deplantesmonccotylédonées,laplupart parasi- mutes, sans corolle , à étamines attachées au calice, nies de racines fibreuses s’attachant au tronc des arbres voisins. Tous les genres qui la composent , originaires des contrées chaudes du continent américain , appartiennent à la classe des Liliacées de Tournefort , et à l'Hexandrie de Linné ; on les divise en deux sections, d’après la disposition respective BRON respective de l'ovaire et du calice. La première renferme les genres Burmannia de Linné, Pitcair- nia de L'Héritier qui est le même que l’Aepestis de Swartz, et le Tillandsia, auquel on a réuni le Bonapartea de Ruiz et Pavon; on range dans la seconde section l’Agave, l'Æchmea, le Bromelia qui sert de type à la famille, le Furcræa de Ven- tenat, le Xaratas et le Radia de G. Richard, ainsi que le Xerophyta de Jussieu, près duquel sont placés les deux genres Guzmannia et Pourretia de Ruiz et Pavon, qui en diffèrent infiniment peu. Les feuilles des Broméliacées sont alternes , engainées à leur base et armées d’épines sur leurs bords: les fleurs varient dans leur disposition : ici ce sont des épis écailleux, là des grappes rameuses; chez quelques individus elles sont presque soudées les unes aux autres, tant elles se trouvent rappro- chées: dans d’autres, on les voit solitaires et ter- minales. Le fruit est d'ordinaire une baie à trois loges, couronnée par les lobes du calice ; quelque- fois Loutes les baies sont tellement unies ensemble qu’elles forment un fruit composé , semblable au cône du pin pignon ; d’autres fois le fruit est sec et capsulaire. (T.. B.) BROMÉLIE, Bromelia. (mor. pan.) Genre de lantes de la famille des Broméliacées à calice double , tous deux tubulés, l'extérieur plus court , trifide, l'intérieur plus long, pétaloïde, à trois parties appendiculées à leur onglet ; les étamines sont insérées au sommet du calice; l'ovaire est inférieur , la baie ombiliquée et polysperme. Nous avons parlé plus haut de l'Ananas (v, ce mot), qui constitue, avec ses variétés , le genre type de la famille ; nous renvoyons au mot KaraTas pour ce qui concerne en particulierle Bromelia pinguis, le B. chrysantha , et le B. aquilegia, que Jon a détachés du genre Bromélie proprement dit pour le réunir au B. karatas, dont Richard a fait un cenre séparé. Gi: 2) BROMURES. ( cnm. ) Combinaison du brôme avec les corps simples métalliques ou non métal- liques. Les Bromures , assez semblables aux chlo- rures , sont solides ou liquides, colorés ou inco- lores , sapides ou insipides , plus ou moins solubles dans l’eau, l'alcool et l’éther, précipitent en jaune pâle presque blanc la dissolution d'argent, etc. Excepté le Bromure de plomb, qui a été employé en médecine dans les affections scrofuleuses, dar- treuses et syphilitiques, la plupart de ces composés sont encore sans usage. On les prépare comme les jodures , c’est-à-dire en combinant directement le brôme avec les corps dont ils doivent prendre le nom. (FF...) BRONCHES. (axaT.) On appelle ainsi les deux conduits qui naissent de la bifurcation de la tra- chée-artère, et s’introduisent dans les poumons pour y porter l'air nécessaire à l’acte de la respi- ration. Aussitôt après leur naissance, les Bronches s’écartent l’une de l’autre, en formant un angle presque droit. La Bronche droite est plus large, plus courte, plus horizontale que la gauche. Par- venues dans les poumons, les Bronches se divisent, dans les mammifères , en deux ou trois branches Towe I, 529 BRON Gary qui, après un court trajet, se bifurquent elles- mêmes, et fournissent deswameaux de moins en moins volumineux qui se point dans toutes sortes de directions et se comportent à la manière des ar- tères. Les Bronches, ramifiées à l’infini, se termi- nent à leur extrémité par un petit cul-de-sac non dilaté, qu’on appelle un lobule pulmonaire. Elles sont composées 1° de canaux fibro-cartilagineux , assez irréguliers, surtout dans les dernières rami- fications , et réunis par une membrane blanchütre, comme fibreuse ; 2° d’une membrane muqueuse qui en tapisse l’intérieur ; 5° de vaisseaux artériels, veineux et sympathiques, qu’on nomme bronchi- ques ; 4° de nerfs fournis par le plexus pulmonaire; 5° de follicules muqueux. Chez les ruminans, dont le poumon se dégrade et s'éloigne de la structure lobulaire que nous venons d'indiquer , il n’y a plus de divisions tran- chées ct de subdivisions des Bronches provenant de latrachée-artère, ou du mois, si elles existent, elles sont toujours incomplétément formées. Ainsi, par exemple , les Bronch s Lortues sont déjà composées d’anneaux circulirés incomplets; dans les serpens il y a à peine quelqués divisions bron- chiales , et chez les grenouilles ét les salamandres les Bronches s'ouvrent presque immédiatement dans les sacs pulmonaires. (M. S. A.) : BRONTOLITHE ou BRONTIAS. (min. anc. ) C’est à tort qu'on a voulu rapprocher les sub- stances minérales que les anciens désignaient par ce nom, de celles qu’ils nommèrent BaTRACHITES (v. ce mot ); c’étaient, ainsi que l'indique assez leur nom seul, des substances tout-à-fait diffé- rentes. Rien non plus, dans les descriptions des. anciens, ne peut faire supposer que c’élait, comme quelques personnes l’ont pensé, des pyrites glo- bulaires qu'ils désignaient spécialement sous les noms de 6péurex et xepaiviæ, qu’on ne peut mieux. traduire que par les mots pierres de foudre ou de tonnerre, ainsi qu'on les à quelquefois appelées en France. Si l’on réfléchit à l'esprit de la langue grecque, où la plupart des noms sont significatifs, il est naturel de supposer que les Grecs ont d'abord voulu désigner sous le nom de Brontias les aéro- lithes , et que ce n’est que par suite du rapproche- ment qu'ils auront fait plus tard de ces corps avec quelques substances minérales, telles que quelques pyrites de fer, qui, arrivées à un certain degré de décomposition, ont avec eux une assez grande ressemblance, qu’ils leur auront appliqué le même nom. Cette ressemblance dans le faciès, qui, dans un temps où les moyens d'analyse chimique man- quaient , devait servir en quelque sorte de guide, n’est pas la seule cause qui eût pu induire les an- ciens en erreur à ce sujet; car la disposition de certaines pyrites, que nous ayons eu occasion d'observer dans quelques parties de la Grèce, de- vait encore les confirmer dans l'opinion que c’é- tait des Brontias ou pierres de foudre "ainsi que les Grecs modernes les appellent encore aujour- d'hui ; en effet, par suite de la décomposition des roches anciennes qui les contiennent, les macles ou LX VIT: Livraison. . 67 w BRON 550 BROS les cristaux cubiques y font ordinatrement saillie À Ja surface des rodff, et ont l’air d’être venus s’y implanter après@Bup. D'ailleurs, les nombreu- ses traditions qui $e sont conservées chez le peu- plegrec doivent faire supposer que le mot Brontias s’y est aussi conservé par tradition jusqu’en ces :temps modernes. L'ile de Skyros surtout nous a «offert en grande quantité, à la surface du sol, de ces Brontias ou pyrites cubiques, résultant de Faltération séculaire des roches schisteuses qui les renferment. C’est par une extension assez mal fondée, selon nous, que plus tard les Grecs ont donné le même nom à ces jaspes ou silex, qu’on rencontre cà et 1à à la surface du sol, et dont les anciens, avant la découverte des métaux, ont fait usage en guise d'outils ou d'armes, et que l’on a aussi désignés en France sous les noms de pierres de foudre, de tonnerre ou de carreaux. Enfin, les Grecs ont en- core donné aussigle nom de Brontias à certaines 8. Ca 0} échinides fossil * On donne les noms de BRONZE. Bronze, ‘a @ étal des canons, Métal des cloches , à des dlliages de cuivre et d’étain, faits dans des propoflions différentes , et avec lesquels les anciens fabriuaient des épées, des armes, ete., avant que l’acier fût connu. . Les quantitéSlans lesquelles l’étain est ajouté au cuivre, gt£ela pour augmenter la dureté de ce dernier sansgdiminuer en rien sa ténacité, sont les suivantes : 100 parties de cuivre et 10 parties d’étain constituent le Bronze ou métal des canons, des statues (des médailles, etc. ; 100 parties de cuivre et 20 à 25 parties d’étain donnent le mé- tal des cloches, métal élastique, sonore et cassant, auquel on ajoute quelquefois du zinc et de l’anti- moine ; enfin, 100 parties de cuivre et 14 ou 15 d'étain, forment l’airain proprement dit, métal un peu plus aigre, plus cassant que celui des ca- nons, mais moins que celui des cloches. L’alliage que l'on appelle encore Airain natif, Bronze ou Mine de cloches des Allemands, est un mélange d’étain sulfuré et de cuivre pyriteux, qui donne par la fusion un métal semblable à celui des clo- ches. Enfin, ce que Fon nomme Æirain de Corin- the n’est autre qu'un mélange d’or, d'argent, de cuivre et de plusieurs autres métaux, dû proba- blement à la fusion simultanée de tous les vases, statues et autres beaux monumens de sculpture métallique aui décoraiént les lieux et édifices publics de cette ville opulente, détruite par un incendie , 146 ans avant l'ère vulgaire. M. Darcet, qui a composé avec 100 parties de cuivre et 12 parties d'élain un alliage assez dur pour en fabriquer des lames de rasoirs et de ca- mifs, qui s'est également oceupé de la fabrication des cymbales, a découvert que la trempe, qui donne la dureté connue de l'acier, ramollit au contraire et rend ductile l’alliage de cuivre et d'étain dont ces instramens de percussion sont, formés, et qu'il faut, pour durcir ces derniers, les laisser lentement refroidir dans l'air, après les avoir fait rougir. La dureté des cymbales est en raison inverse de la haute température à laquelle elles ont été soumises, et de la lenteur avec: la- quelle lear refroidissement a eu lieu. (F.F.) BRONZITE. (win. ) Selon M. Werner et R plapart des minéralogistes étrangers, on donne le nom de Bronzite à un minéral à tissu fibreux et serré , de couleur jaune ou brune, que Haïüy re- gardait comme une simple variété de Drazsaer { Voyez ce mot. ) Ç(E. EF.) BROSIME , Brosimum. (sorT.rnax. ). Genre de la famille des Urticées et de la Diæcie triandrie, C’est un grand arbre de la Jamaïque, que Brown et après lui Adanson nommaient Ælicastrum. Ce dernier nom, d’abord générique, est devenu spécifique. Les fleurs sont en chatons globuleux ou allongés, couverts d’écailles orbiculaires et peltées, dont trois plus grandes que les autres sont situées à la base, et forment une sorte d’in- volucre. Dans les mâles, à chacune de ces écail- les répond un fiiet portant une anthère peltiferme, dont la déhiscence se fait par une fente circulaire, presque à la manière des fruits pyxides. Au som- met du chaton mâle est un ovaire unique, stérile, à un seul style et deux sligmates. Dans les fleurs femelles, cet ovaire est aussi unique, situé au centre du chaton, dont les écailles lui forment une enveloppe charnue. Il ne contient qu’une graine dans laquelle l'embryon nu a sa radicule recourbée sur ses cotylédons. Les différentes par- ties de l'arbre sont laiteuses. Les chatons sont axillaires et pédicellés. Les feuilles, alternes. Avant leur développement, elles sont renfermécs dans des slipules qui se contournent en cornets, et laissent après leur chute des vestiges persistans sur la tige. On voit, par tout ce que nous venons de dire, que le Brosime se rapproche beaucoup de l'arbre à pain ; il s’en rapproche encore sous d’au- tres rapports. Les fruits du Brosime sont un ali- ment sain et agréable, facile à digérer, et, cir- constance admirable et qui prouve une puissance protectrice qui n’abandonne jamais l’homme ! c’est pendant les grandes sécheresses, quand la terre n’est plus qu'une fournaise ardente qui fait périr tous les germes, c’est précisément alors que le Brosime plie sous le poids de ses fruits ; et le voyageur mourant se ranime à sa vue, comme se ranimèrent les Israélites dans le désert, en. voyant la source jaillir du rocher. Ge fruit si nour- rissant , les Anglais le nomment Bread-nuss , Noix- pain ; et celte dénomination manifeste tout le prix qu'ils y attachent. Arbre vraiment providentie], il ne se borne pas à prodiguer ses fruits à l’homme dans les temps de disette, il fournit encore, dans ses feuilles, un excellent fourrage aux animaux domestiques ; en sorte que sur le sol le plus aride de la zone brûlante, l'homme est doté avec une cabane et le Brosime. M. de Tussac, qui voulut paluraliser cet arbre à Saint-Domingue , l’a figuré, tab. g de sa Flore des Antilles. (G. ë.) BROSME , Brosimius. (rorss.) Ce genre, établi par Schneïder sous le nom de Enc/elyopus, que Cuvier à changé en celut de Brosme, appartient ‘à la famille des Gndoïdes : sa place est auprès des et D TS re Tu +10: NUE £ Broussonet 1e 2 Bruant 3 Bruche BROU 534 BROU Motelles. Il a le corps médiocrement allongé et un peu comprimé, les ventralesattachées sous les pec- torales, et une seule dorsale qui occupe presque toute l'étendue du dos. On rapporte deux espèces à ce genre; nous citeronsseulement la plus com- mune , le Brosme ordinaire (Gadus, Brosmius de Lainué) ; il est remarquable par la forme en fer de lnce de sa caudale; il arrive quelquefois jusqu’à un mètre de long; la couleur de son dos est d’un brun foncé, ses nageoires et sa partie inférieure sont d’une teinte plus claire; on remarque sur les côtés de son corps des taches transversales brunes. Cette espèce est originaire du Nord, La chair de ce poisson est blanche, aisément divisible par couches ; elle se sale et se sèche. (Azrg. G.) BROTULE, Brotula. (roiss.) C’est un petit genre de l’ordre des Malacoptérygiens subbra- chiens que Cuvier a créé aux dépens des Enchelyo- pes de Schneider. Son principal et peut-être son unique carac- tère consiste dans la réunion en pointe de la dor- saie et de l’anale avec la caudale. La seule Brotule qu’on connaisse a six barbil- lons autour de la bouche, et est originaire des Antilles. (Azvn. G.) BROSSE. (ixs.) Réunion de plusieurs poils raides serrés, d’égale hauteur , qu’on remarque sur les différentes parties du corps des insectes , sur Les larves , sur les chenilles et sous les tarses de la plupart des diptères. C’est dit-on, à l’aide de ces poils qu’ils peuvent marcher sur les corps olis. (P. G.) BROUILLARDS. (méréor.) L’existence des Brouillards est due à cet équilibre dont l’atmo- sphère a besoin et qu’elle cherche toujours à ré- tablir, lorsque quelques causes sont venues le troubler. Les Brouillards se forment donc dans l'air humide, lorsque la force élastique de la va- peur est plus grande que la force élastique cor- respondante à la température de l'air. Ainsi lorsque des Brouillards s'élèvent au-des- sus des lacs, des fleuves, des rivières, c’est que, la température de ces eaux étant plus élevée que celle de lair , il faut nécessairement que la vapeur qui s’en élève, mise en contact avec l'air plus froid, se condense et forme alors à leur surface des Brouillards plus ou moins épais; c’est exacte- ment le même phénomène que nous voyons sans cesse se passer sous nos yeux lorsqu'il s'échappe de la vapeur d’un vase où est contenue de l’eau chaude: cette vapeur doit son existence aux mêmes causes qui déterminent. la formation des Brouillards à la surface des eaux. Les mêmes causesproduisent des Brouillards dans des circonstances qui, de prime abord, semblent renverser le principe que nous avons établi. En effet, quand arrive le moment du dégel, les ri- vières , les lacs, enfin toutes les surfaces d’eau quelconques, se couvrent de Brouillardsépais , et cependant ici ce ne sont plus les eaux qui présen- Lentune température plus élevée, Mais qu'importe ? Tout à l'heure c'était l’eau , maintenant c’est l'air qui, plus élevé en température, se condense, lorsqu'il se met en contact avec la surface plus froide de l’eau qu’il approche. Il en est de même lorsque pendant l'été il se forme des Brouillards au dessus des eaux, lorsqu'il a plu ; c'est qu’alors l'air étant plus chaud que la surface des eaux, il doit nécessairement se condenser, En général le mélange de deux airs saturés d'humidité et inégalement échauffés produit es- senliellement des Brouillards , par la raison que la moyenne température qui en résulte est trop basse pour contenir la moyenne force élastique de la vapeur. Il est une autre espèce de Brouillards qui ne se rapporte pas au même ordre d'idées : je veux par- ler des Brouiklards secs qui enveloppent sans cesse les régions polaires ; quelques savans les ont indiqués comme étant essentiellement liés aux éruptions volcaniques , et à l’appui de ce qu'ils avancent , ils citent le fameux Brouillard sec qui enveloppa toute l’Europe en 1783, au moment où l'Islande était ébranlée par les feux soulerrains, et le Brouillard qui se jeta sur le Tyrol et la Suisse en 1759, et fut l’avant-coureur du désas- tre de Lisbonne: ce dernier, soumis à l'analyse, parut être composé de molécules terrestres, ré- duites à une extrême finesse. (G. J.) :, BROUSSONNETIE, Broussonnetia. ( Bo. PHAN.) Sous cette forme latinisée d’un nom cé- lèbre dans la science , on ne devinerait pas facile- ment l’arbre que Linné appelait le Mürier à papier, et qui, différant par quelques caractères du genre Morus, a été érigéen un nouveau genre par L’Hé- ritier, l est bien, au reste, qu’un végétal utile porte le nom d’un homme utile, Le Mürier & papier, ou Broussonnetia, a tout le port de l'arbre dont il usurpait le nom, une forme arrondie , une écorce épaisse et dure, un bois fragile et rempli de moelle, des feuilles en- tières ou découpées en plusieurs lobes crénelés. Ses fleurs sont dioïques, comme celles de la plu- part des Ürticées, auxquelles ce genre appartient par les caractères suivans : fleurs mâles en épis ovoides allongés, accompagnées chacune d’une écaille, et se composant d’un calice monosépale à quatre divisions, et de quatre étamines à an- thères globuleuses; fleurs femelles en épis globu- leux, ayant une écaille à leur base, et offrant un calice urcéolé dans lequel est renfermé l'ovaire; celui-ci porte un stigmate capillaire. Après la fécondation , les parois du calice deviennent charnues , passent de la couleur verte au rouge foncé, et enveloppent le petit akène qui est la graine. Le Mûrier à papier, Broussonnetia papyrifera , où Papyrus japonica (Lamarck) , représenté dans notre Atlas, pl. 57, fig. 1, ne doit pas être con- fondu avec l'arbre des vers à soie ; ses feuilles ra- boteuses ne peuvent servir à les nourrir. Mais en Chine, au Japon, aux îles de la Société, où il est indigène, l’industrie humaine a tiré de son écorce un fil propre à la fabrication du papier et BRUA 532 BRUA EE même des étoffes. C'est par le rouissage ou la macéralion dans une eau alcaline qu’on dépouille les jeunes branches de leur partie ligneuse ; les fils qu’on obtient sont assez semblables à ceux du chanvre , et on peut les tisser; c’est ce qu’on fait à O-Taiïti ; les Chinois réduisent la partie filamen- teuse en une pâte épaisse, qu'ils délaient ensuite dans une eau mucilagineuse, préparée avec le riz ou la racine de l’Aibiscus manihot , et cette pâte, étendue sur des moules, devient un papier excellent pour les ouvrages du pinceau. On connaît une seconde espèce de Brousson- nelie dont la racine fournit une teinture jaune; elle croîil dans les contrées les plus chaudes de l'Amérique méridionale, à la Jamaïque; c’est le Morus tinctoria de Jacquin, ou Broussonetia tinc- toria de Kunth. (L.) Le Broussonnetie mâle existait depuis long- temps en Europe, répandu dans les jardins paysagers ; l'introduction de l'arbre femelle, en 1786, par Broussonnet, en a fait connaître les ca- ractères dislinctifs et décidé à créer le genre qui porte son nom. Les deux individus se font remar- quer par une belle tête, leur tige droite qui gros- sit assez vile, ct par la bizarrerie de leur feuillage cordiforme, d’un vert obscur, tantôt découpé profondément et symétriquement des deux côtés en trois et cinq lobes, tantôt échancré d’un seul côté , quelquefois entier et seulement denté en ses bords. Le bois est blanc, Sillonné de veines bru- nes el de couleur dite tabac d'Espagne; ses pores sont fortement prononcés et les couches annuel- les varient de huit à dix millimètres d'épaisseur, selon que la température atmosphérique est plus ou moins élevée. Depuis l'hiver si rigoureux de 1789, qui fit périr beaucoup de Broussonneties , cet arbre de troisième grandeur s’est compléte- ment acclimaté. Quand on veut l’employer à fournir du papier, il faut le cultiver comme les osiers, couper ses jeunes branches au printemps ou mieux encore en octobre après la chute des feuilles. L’eau bouil- hante m'a sufli pour enlever l'écorce. C’est une ressource pour les papeteries quand le chiffon manque, mais j'ai acquis la certitude que ce pa- pier, outre qu'il est cassant et spongieux, n'offrira jamais les qualités de celui fait avec le chiffon, lors même qu'on le traiterait par la méthode eu- ropéenne, plus simple, plus prompte, plus éco- nomique que celle des Orientaux. Les étoffes douces et fraîches préparées avec la filasse du Broussonctie ont un rapport remarqua- ble avec celles du genêt d'Espagne. Je me suis assuré qu'elles prennent très-bien les couleurs les plus brillantes et les plus délicates. La toile est encore meilleure , elle acquiert une grande blan- cheur, mais elle demande à être lavée avec quel- que précaution. On mange le fruit pulpeux de cet arbre, et les moutons appèlent singulièrement ses feuilles, ce qui est d’un haut intérêt pour le cultivateur. (T:D.1B:) BRUANT, Emberiza, (ois.) Genre de Passe- reaux déodactyles conirostres, ayant pour carac- tères : bec court, fort, conique, comprimé laté- ralement , pointu; bords des mandibules rentrant en dedans, la supérieure moins large que l'infé- rieure et garnie intérieurement d’un petit tuber- cule osseux; narines placées à la base du bec, couvertes en partie par les plumes du front; pre- mière rémige de l'aile un peu plus courte que les deuxième et troisième qui sont les plus longues. Ce groupe se compose d'espèces en général assez petites, mais très-nombreuses en individus; pendant l'hiver elles quittent pour la plupart les régions du Nord et s’approchent des pays méri- dionaux. Toutes se nourrissent de graines, de baies et d'insectes. Ces oiseaux sont recherchés comme un petit gibier; il est parmi eux plusieurs espèces auxquelles la délicatesse de leur chair a mérité de la part des amateurs une attention toute particulière. On eut établir parmi les Bruans deux coupes assez distinctes. La première, celle des Bruans PRo- PREMENT DITS, comprend les nombreuses espèces qui ont l’ongle du pouce court et courbe. Nous citerons parmi celles-ci : Le Bruanr sAuNE, Emberiza citrinella, en]. 30, fig. 1. Long de six pouces trois lignes, il a le dos fauve, tacheté de noir ; tête et dessus du corps jaunes, les deux pennes externes de la queue à bord interne blanc. Ce Bruant sc trouve par toute l’Europe; en France, il est commun pendant le printemps et l'été le long des haies, des taillis et sur la lisière des bois : il pose son nid à terre dans une touffe d'herbe; ses œufs sont au nombre de quatre, mar- qués de taches et de lignesbrunes sur un fond blanc. BruAnrT 121 Ou DES HAIES, £mb. cirelus, enl. 653. Il a la gorge noire et les côtés de la tête jaunes ; il est commun en automne dans nos provinces mé- ridionales ; niche auprès des buissons , le long des des eaux, etc. ; pond quatre ou cinq œufs gri- sâtres parsemés de points et de taches d’un roux rembruni. Proyer, £mb. miliaria, enl. 233. Cette espèce, la plus grande de notre pays, est d’un gris brun, tacheté partout de brun foncé. Elle nous arrive au printemps, s'établit dans les prairies et les champs où elle se niche, et ne part qu’en automne, Sa ponte est de quatre ou cinq œufs gris-cendré , tachetés et pointillés de roux avec quelques zig- Zags noirs. f On distingue deux variétés de Proyers, la grande et la petite. BruanrT Fou, Emb. cia, pl. enl. 50, fig. 2. Cette espèce, qui a le dessous du corps gris roussâlre , avec les côtés de la tête blanchätres, entourés de lignes noires en triangle, habite l'Allemagne , l'Italie, l'Espagne ;:en France, il n’est que de pässage. É On nomme ce Bruant Oiseau bète et Bruant fou, parce qu'il donne dans tous les piéges. Sa ponte est de cinq œufs blanchâtres avec des taches et des raies noires peu nombreuses. OnToLan, Emb. hortulana, représenté dans | EE si 0) ie )| | ! 4 | | | ï | 1 | BRUA 535 BRUCG 0 notre Atlas à la pl. 57, fig. 2. Cette espèce, célèbre par la délicatesse de sa chair, est com- mune dans le midi de l'Europe. On ne la trouve -en France que pendant la belle saison; elle ÿ ar- rive par petites troupes , presque en même temps que les cailles et les hirondelles, habite les vignes, des blés et les champs, et fait son nid à terre comme les aloueltes , et quelquefois sur des ceps de vigne. La ponte est de cinq œufs grisâtres. Les jeunes commencent à partir dès le mois d'août, les vicux restent jusqu’à la fin de septembre. C’est surtout dans le Midi qu’on fait un plus grand commerce de ces petits oiseaux ; les riches habitans et les oïiseleurs les élèvent pour les en- graisser, ce qu'ils font de deux manières diflé- rentes; l’une consiste à enfermer les ortolans dans une chambre entièrement obscure ou simplement éclairée par une lanterne et au milieu de laquelle on répand une grande quantité d'avoine et de ‘millet ; ou bien on les enfermedans une cage tout- à-fait couverte de serge, à l'exception de l’au- get, qui reste éclairé. Ces oiseaux, ainsi privés d’exercice et pourvus d’une nourriture abondante, prennent en quel- que temps une grande masse de graisse, qui ne tarderait certainement pas à les faire périr si l'on ne savait les tuer à temps. Bruant crocores, Æmb. melanocephala. Get oiseau est des contrées méridionales et orientales de l'Europe ; on le trouve quelquefois en Lombardie et en Toscane. BruANT DE rosEAu, ÆEmb. schæniculus. CGetle espèce, avec laquelle plusieurs autres avaient été confondues , habite depuis les provinces méridio- nales de l'Italie jusque dans les régions froides de la Suède et de la Russie; elle niche près de terre dans les roseaux ou entre les racines des arbustes et souvent dans les herbes ; sa ponte est de quatre œufs gris avec des taches et des raies angulaires brunes. Bruant MITyYLÈNE, Emb. lesbia. Est du midi de l'Europe. On ne doit pas le confondre avec le Gavéou de Provence, Emb. provincialis, qui ha- bite les mêmes contrées. M. Savi, Ornith. Toscan. , II, p. 91, fait con- naître sous le nom de Emb. palustris ( Passera di Palude) une espèce qu’il a observée en Tos- cane. BRuANT A COURONNE LACTÉE, Emb.'pithyornus. Cet oiseau du genre Bruant se trouve dans les contrées orientales, la Sibérie, la Russie et la Turquie , quelquefois aussi en Hongrie et en Bohême. | Les espèces exotiques du genre Bruant appar- tiennent toutes à cetle seclion ; nous citerons : Le Bruant commanpeur, Æmb. gubernatrix , pl. col. 65 et 64, qui habite Buénos-A yres. Le BRuANT A GORGE Noire, £mb. melanodera , Quoy et Gaimard , Zool., Uranie, p. 109, dont le corps est d’un jaune verdâtre, la tête et le cou fauves, et la gorge noire. Cette espèce habite les îles Malouines, où elle est très-commune pendant une portion de l’année. BRUANS ÉPERONNIERS. Ces Bruans de la seconde section ont l’ongle du pouce long ct faiblement arqué; on ne leur connaît point d’analogues parmi les espèces étran- gères. ’ BRuANT DE NEIGE, Emb. nivalis. Habite les ré- gions du cercle acrtique; en automne et en hiver, ils est de passage dans le nord de la France et de l'Allemagne ; pendant les mois de novembre et de décembre, les côtes de la Hollande en possè- dent un très-grand nombre. BnuanT MONTAIN, mb. calcarata. Espèce des régions boréales, d’où elle émigre en hiver. Elle visite, quoique rarement, les provinces du nord CON- irairement à toutes les autres, dans la partie in- | férieure de l'ovaire qui s’allonge , prend une forme cylindrique, un peu plus longue vers le haut, et recèle des graines fines et rouges qu’il faut observer à la loupe. Outre cette particularité , la Bruyère porcelaine se fait remarquer par ses ombelles presque terminales aux fleurs, en forme de buret- tes, qui sont nombreuses , blanches ou finement carnées, très-lisses, luisantes et resserrées sous un limbe , dont l'entrée est d’un beau rouge et les divisions très-recourbées. Elle est cultivée en France depuis180o, et est en fleurs en avril ou en septembre. Enfin je nommerai la BRuyYÈRE ALVÉOLÉE , E, ge- lida, également apportée du Cap en France dans la dernière année du 18° siècle; cette espèce, haute d’un mètre, que ses corolles vertes, cou- leur assez rare dans les fleurs des Ericinées, ren- dent pour ainsi dire étrangère parmi ses congénè- res, produit un très-bel effet mêlée aux tiges des espèces à fleurs d’une couleur éclatante. Ses fleurs sont axillaires, pendantes, disposées en espèces d’épis dans la partie moyenne des jeunes rameaux, et se montrent depuis le mois d'avril jusqu’en juillet. Le vert de la corolle est foncé dans sa partie supérieure , et devient de plus en plus clair à mesure qu'il approche davantage de son extré- mité inférieure , où l’on voit une tache rose, BruyËRE A FEUILLES DE MYRTE. Gelte plante rustique , ‘que Tournefort fit le premier connaître comme une Bruyère D'EsraAGNE, Erica conta- brica, qui a changé plusieurs fois de nom et a fini par celui de Æ. Dabeoci, fut placée avec doute par Linné à la fin du genre Bruyère, n'ayant pu se la procurer et la cultiver pour la bien con- naître. Jussicu et Smith l’ont classée dans la fa- mille des Rosages, et dans le genre Menzrezra (v. ce mot), quoiqu'’un peu différente par le port. Bruyère pu Car. On désigne sous ce nom vul- gaire un sous-arbri seau de la famille des Ner- pruns , qui fait partie du genre Pnyzique ( v. ce mot). (HN) BRY, Bryum. (sort. crypr. ) Mousses. Hooker caractérise ainsi le genre Bryum : capsule portée sur un pédicelle terminal ; péristome double, l’ex- térieur de seize dents simples, l'intérieur à seize segmens égaux; coifle fendue latéralement. A ce genre, qui ne doit plus renfermer que les genres Mnium, Gymnocephalus et Webera, on pourrait encore rapporter : 1° le genre Pohlia, qui n’a pas de cils entre les lanières du péristome Tone I. LXVIIL Livraison. interne; 2° le genre Diploconium de Mohr, dont la membrane interne est divisée jusqu’à sa base en lanières capillaires ; 3° le genre Paludella de Bridel, qu'on ne peut réellement distinguer du Bryum ; 4 le genre Meesia, et 5° le genre Arrhe- nopterum. Quant aux genres Timmia et Cincli- dium , que quelques auteurs ont conservés parmi les Bryum, on doit les en distinguer. Le genre Bryum renferme environ cent espèces qui se ressemblent beaucoup par leur tige, sou- vent simple et droite; par leurs feuilles imbri- quées, par leur capsule terminale et presque tou- jours lisse, penchée ou droite, et striée comme dans les espèces Ændrogynum et Palustre. Le plus grand nombre d’espèces de mousses appartenant au genre Bryum, Mousses qui forment des gazons très-étendus dans les terrains sablon- neux , présentent au printemps, comme organes de propagation, des capitules de gemmes vertes portées sur des pédicules terminaux. (F.F.) BRYONE, Bryonia. (or. pan. ) Genre de plantes qui dépend des Cucurbitacées de Jussieu et de la Monœcie syngénésie de Linné, et qui renferme environ une dizaine d’espèces indigènes ou exotiques. Les fleurs sont unisexuées , monoiï- ques ou dioïques. On distingue, dans les fleurs mâles, un calice et une corolle en partie soudés, campanulés ; les étamines sont au nombre de cinq, rassemblées en trois faisceaux. Les fleurs femelles ont le calice et la corolle semblables à ceux des fleurs mâles ; la seule différence, c’est que l'ovaire infère forme au dessous d’eux un renflement glo- buleux et pisiforme; le style est simple, à trois branches, terminées chacune pæ un stigmate, élargi, tronqué et bilobé. Le fruit est une petite baie qui renferme de trois à six graines. Les tiges sont grêles , rameuses, munies de vrilles, situées à côté des pétioles. Les feuilles sont alternes, et généralement lobées. Nous ne mentionnerons ici que la Bryonx cow- MUNE ou couleuvrée, ou Vigne blanche, Bryonia alba, L., B. dioica, Jacq. , si commune dans nos haies, sur les lisières des bois ou dans les lieux incultes. Ses fleurs dioïques sont disposées en grappes d’un blanc verdâtre. Les baies qui suc- cèdent aux fleurs femelles, sont pisiformes et rougeâtres ou noires. Le long des tiges herbacées, rameuses, à vrilles montantes, courent des feuil - les à peu près cordiformes , à cinq lobes anguleux, munies de points calleux sur les deux surfaces. Cette plante a une racine grosse ct charnue , qui Jui a fait donner le nom de Vavet du Diable, Cette racine, de couleur blanche, se compose presque entièrement d’amidon et d’un principe âcre, vé- néneux, qui en fait un violent purgatif. Elle est encore hydragogue et diurctique. Toutefois, par des lavages fréquemment répétés , ou par la torré- faction , on enlève ce principe âcre, et la racine de la Bryone devient alors un bon aliment, à causc de la grande quantité de fécule qu’elle ren- ferme. Cette fécule amylacée peut aussi servir à blanchir le linge. En Allemagne, les artisans cultivent la Bryone 68 BRYO 538 BRYT dans des pots-à-fleurs ; et, quand la racine à ac- quis une certaine grosseur, ils la dépotent, n’en remettent en terre que les jets et le chevelu, et profitent de la forme arrondie de la racine pour la tailler en forme de tête humaine, à laquelle le feuillage sert de chevelure ; ils l’enduisent de cou- leurs diverses, propres à exprimer le ton des chairs, et la nature se prête avec complaisance au caprice de ces bonnes gens ; car, malgré cette opération, la plante vit et prospère. Nous avons représenté la Bryone dans notre Atlas, pl58, f. 4.(C.x.) BRYOPHYLLUM, Bryophyllum. (80T. pHAN.) Genre proposé par Salisbury. Il a pour type le Cotyledon calyculata de Solander, C. pinnata de Lamarck, et se rapporte à la famille des Joubar- bes ou Crassulacées (Sempervivæ) de Jussieu , et à l'Octandrie monogynie de Linné. Caractères gé- nériques : calice monosépale, cylindrique; corolle tubulée à limbe quadrifide, redressé; filets des étamines égaux, insérés à la base de la corolle; quatre semences , quatre écailles nectarifères, une pour chaque semence. Ce en quoi il diffère du Kalanchoe d’Adanson, c’est surtout en ce que les filets des étamines sont égaux, etqu’ilsnesont point disposésensériebinaire. On ne connaît encore qu’une espèce de ce genre; c’est le Bryophyllum auquel Salisbury ap- plique l’épithète spécifique de Calycinum , le Co- tylédon caliyculata de Solander, C. pinnata de Lamarck (Calanchoe pinnata de Persoon, Cras- suvia floripendula de Commerson). Voici les ca- ractères spécifiques : étamines droites; rameaux terminés par les vestiges d’un pétiole tombé, de couleur cendrée à la partie inférieure, et rou- geâtre vers le haut, avec des taches blanches, oblongues; feuilles à longs pétioles, qui conti- nuent à croître, et se recourbent après la chute de la feuille, opposées, charnues, ternées ou même pinnées, ovales, crénelées, veinées à la surface supérieure, plus pâles en dessous; fleurs pendantes en ombelles terminales ; pédoncules à deux divisions, recourbés à l'extrémité. Corolle environ deux fois plus longue que le calice, ou- verle, un peu resserrée vers le haut , et à quatre angles peu saillans ; limbe à quatre divisions lan- céolées; quatre écailles nectarifères, en forme de languettes rouges, insérées à la base des carpelles, qui sont au nombre de quatre, et dont les styles s'élèvent à la hauteur des étamines ; filets des éta- mines insérés à la base de la corolle. Cet arbuste, d'environ deux pieds de haut , a été heureusement nommé par M. Salisbury, de bruô ,germer, et de phullon , feuille ; car sa feuille, étendue sur de la terre humide, possède la sin- gulière propriété de prendre racine par les points noirs qu’on observe à la base de chacune de ses dentelures, non pendant sa croissance , mais après sa chuie. Ainsi un botaniste, essayant de déssé cher un échantillon de cette plante, fut tout sur- pris d'y remarquer bientôt après une prodigieuse quantité de bulbes prolifères, quoique auparavant il n’yeneût pasla moindre apparence. Cetéchan- tillon était placé entre des feuilles de papier. Le Bryophyllum calycinum est originaire des Moluques, et a été apporté en Angleterre du jar- din de Calcutta par le docteur Roxburgh. Il est cultivé à Paris chez M. Gels. C’est un des fleurons de la couronne du mois de mai. Quand il apparaît avec ses belles fleurs pendantes, on dirait d’un petit pavillon chinois décoré de ses clochettes. (G.é.) BRYOPSIS. (sor. crxpr.) Hydrophytes. Genre de l’ordre des Ulvacées, que quelques auteurs ont rangé parmi les fucus et les ulves, d’autres parmi les conferves, et qui a pour caractères: une tige rameuse, transparente, fistuleuse, blan- che et diaphane; des séminales vertes et globu- leuses nageant dans un liquide aqueux et inco- lore ; une teinte brillante , une élégance et un fu- cies qui les ferait prendre , surtout après la des- siccation, pour des mousses. Les Bryopsis sont annuels ; on les trouve sur les rochers, sur beaucoup d’autres corps marins solides, et à toutes les latitudes. Nous distingue- rons surtout : 1° Le BRrYOPsIS EN ARBRISSEAU, ainsi nommé à cause de sa forme semblable tantôt à um petit ar- brisseau touffu, tantôt à un arbre pourvu d’un tronc et de branches à tête touflue, que l’on ren- contre dans les mers de l'Europe, et dont la tige rameuse , comprimée , presque transparente , pousse des rameaux verts, grêles, cylindriques et rameux vers les deux tiers de sa longueur. Ces ra- meaux, dont la dimension va sans cesse en dimi- nuant du sommet à la base du cône qu'ils repré- sentent , varient de forme et de couleur suivant leur âge et leur exposition. 2° Le Bryopsis PENNÉ, qui croît dans la mer des Antilles ; sa tige est simple, comprimée, pen- née et haute tout au plus de trois centimètres ; les pinnules sont recourbées, opposées et alternes. 3° Le Brxorsis uypxoïne qui habite la Méditer- rance , qui s'élève à un décimètre de hauteur , et dont la tige rameuse, cylindrique, supporte des rameaux et des ramuscules épars, allongés et un peu renflés dans leur partie supérieure. 4° Le Bnvorsis cyPnès, espèce très-jolie , qui se -trouve sur les côtes de Barbarie et dont la forme et la disposition des rameaux lui donnent l'aspect du cyprès. »° Le Bnvopsis Mousse, espèce la plus petite de toutes: on la rencontre aux environs de Marseille. Sa tige, simple et presque nue jusqu'à moitié de sa hauteurenviron, est couverle dans sa partie su- ptrieure de ramuscules simples, cylindriques, très-nombreux, redressés et comme imbriqués. | (F. F.) BRYTON. (acr.) Nom que les Grecs ont donné à la bière des Celtes ; ils ont voulu rendre la va- leur du mot bitler-oel, bière amère que nos aieux préparaient avec du houblon. Tous les mots des langues du Nord conservés par les Grecs et les romains sont si singulièrement défigurés , qu'il faut une étude attentive pour les rétablir et profi- ter du peu de documens qu'ils nous ont transmis. (T. ». B.) D 1.2. Bucardes. 3,4. Buccins . 6. Bugle . 6. Buglosse . EE. Curu dr BUCA 539 en BUCG BUBALE. (waw.) Ce mammifère, l’Antilope bubalis des naturalistes modernes, est quelquefois indiqué sous les noms de Bœuf d'Afrique, Yache biche, Taureau cerf, etc. 11 vit par petites trou pes dans les déserts de l'Afrique ; on le voit assez communément en Barbarie. (Gxnv.) BUBON , Bubon. (mor. pmax.) Plante de la fa- mille des Ombellifères , caractérisée par un in- volucre et un involucelle à plusieurs folioles ; un calice à cinq dents à peine apparentes, cinq pé- tales lancéolés, presque égaux, recourbés; un fruit ovoide, strié, velu dans quelques espèces. Ses feuilles sont plusieurs fois ailées, sa tige Lan- tôt herbacée , tantôt frutescente. Le B. maceponrcum, ou PERSIL DE MAGÉDOINE , croît dans la France méridionale, et se cultive dans nos jardins; il a une tige herbacée , cou- verte d’un duvet blanchâtre, des folioles rhom- boïdales bordées de dents aiguës, et les fléurs blanches. Les anciens l’employaient pour guérir l'inflammation des aines, c’est la signification du mot grec Bubon. : Le B. cazganuu, arbrisseau de trois à quatre pieds, couvert d'une espèce de rosée bleuâtre , et portant des fleurs jaunes, fournit dans l'Orient et en Afrique la gomme-résine appelée GazBa- Num (voy. ce mot). On la retire aussi du B. gum- miferunr. (L.) BUCARDE, Cardium. (mozr.) Genre de co- quille acéphale de l’ordre des Lamellibranches , famille des Conchacés, établi par Bruguière et dont les caractères sont d’êire bombée, souvent subglobuleuse, subcordiforme, équivalve, à cô- tes rayonnées ; d’avoir les bords des valves den- tés ou plissés, les sommets plus recourbés en ayant ; la charnière formée de quatre dents sur chaque valve, deux cardinales obliques et deux autres latérales écartées; le ligament postérieur très-court. Les coquilles de ce genre offrent généralement la forme d’un cœur; aussi, à l'exemple de d’Ar- genville , les amateurs les ont-ils presque toujours désignées par ce nom, qui d’ailleurs est mauvais, car on pourrait aussi le rapporier à d’autres co- quilles qui, tout en offrant par leurs formes lamême apparence, ont cependant des caractères qui les placent dans d’autres genres. Bruguière jugea à propos de créer la dénomination de Bu- carde afin d'éviter toute erreur, et elle est adop- ice depuis long-temps pour toutes les coquilles que nous venons de caractériser. Lesanimaux des Bücardes ont le manteau am- plement ouvert inférieurement ; le pied très-grand et recourbé en forme de faux, les lobes réunis , courts et quelquefois nmégaux, ayant leurs ouver- tures bordées de papilles. Ils vivent tout proche des côtes sous une légère couche de sable ; leurs espèces,extrêmement nombreuses et variées,sont répandues dans toutes les mers. L’une d'elles, la Bucarpe EexoTiQuE (Atlas, pl. 59, f. 2), remarquable par sa fragilité, sa blancheur et la disposition de ses côtes minces et élevées, est considérée comme très précieuse lorsque les deux valves qui la com- posent sont bien celles du même individu. Elle habite à la côte d'Afrique où nous avons quelque- fois trouvé ses valves dépareillées couvrant en nombre considérable les plages sablonneuses , et ce n'est qu'à l'embouchure de la Gambie qu'a- près des essais réilérés nous sommes parvenus à nous la procurer bien complète, Une autre espèce petite et d’un aspect peu agréa- ble , le Cardium edule (Atlas, pl. 59, f. 1), habitenos côtes, particulièrement celles de La Rochelle ouelle est connue sous le nom deSourvorx et offre à la classe pauvre et laborieuse un mets peu agréable, mais d’une acquisition facile. On la trouve quelquefois en nombre très-considérable lorsque les marées laissent à découvert sur la rade de ce port les ruines des fameuses digues de Richelieu. (R.) BUCCIN , Buccinum. (mozr.) Nom donné par les anciens auteurs depuis Aristote à une quantité considérable de coquilles univalves classées depuis, d’abord par Bruguière, ensuite par Lamarck, en genres différens et bien caractérisés. Les Buccins, réduits par Lamarck en cinquante-huit espèces, du nombre desquelles il fut convenable d’en extraire encore quelques unes qui appartiennent à d’autres genres, forment aujourd'hui une série des plus grandes de la conchyliologie, en raison des nom- breuses recherches et découvertes qui ont été faites récemment dans toutes les mers. Les formes variées que présentent ces coquilles ayant donné lieu, dans toutes les collections , aux erreurs les plus étranges, nous avons dû nous oc- cuper de leur classement méthodique commenous l'avons fait pour beaucoup d’autres genres ; ce tra- vail d’une assez grande difficulté, divisé en grou- pes naturels, présentera aux naturalistes, lorsque nous le publierons, des moyens certains de ne plus se tromper. Voici les caractères posés par Lamarck pour les cinquante-huit espèces qu'il a décrites, caractères qui devront être changés selon les groupes différens qu'il était impossible de ne pas établir dans ce genre. Coquille ovale ou ovale conique, ouverture longitudinale ayant à sa base une échancrure sans canal, columelle non aplatie, renflée dans sa partie supérieure. On sait que les Buccins sont en outre globuleux ou eflilés , que quelques uns sont assez gros , mais qu’en général ils sont de formes très-petites, il en est même qui ne peuvent se décrire qu'à la loupe. Voilà sans doute pourquoi tant d'es- pèces sont restées inédites ou ont été mal étudiées, Ce genre présentera un ensemble d'environ deux cents espèces, dont beaucoup sont de nos côtes. Nous avons fait figurer, pl. 59, f. 4 de notre Atlas, le Buceix Lime dont Lamarck avait fait une Can- cellaire ; cette erreur, quenous avions signalée de- puis long-temps , a été également relevée par MM. Quoy et Gaimard qui ont donné une fort bonne figure de son animal dans la pl, 31 de l’At- las du voyage de l’Astrolabe, sur laquelle ces na- turalistes ont également figuré le Fuseau Rai- fort, qu'ils classent parmi les Buccins, quoiqu'il existe des différences notables entre l’un et l’autre BUDD de ces deux mollusques. Nous signalons cette er- reur nouvelle , dans l'intérêt de la science, afin d'empêcher qu’elle ne se perpétue. On voit encore figuré dans notre Atlas, sousle n° 3, pl. 59, le Buccix onnË, si commun sur nos côtes. (Duczos. } BUCCINOIDES. (mozr.) Deuxième famille des Gastéropodes pectinibranches, établie par Cuvier, dans son Règne animal, tome IT, p. 429. Elle comprend tous les mollusques qui ont une coquille à ouverture échancrée ou canaliculée , et renferme les genres: Cône, Porcelaine, Ovule, Tarrière, Volute, Olive, Marginelle, Colombelle, Mitre , Cancellaire, Buccin, Cérite, Rocher, Strombe et Sigaret. Lamarck, plus heureux que Cuvier dans cette partie de l’histoire naturelle, a divisé cette immense famille en groupes naturels que nous dé- crirons à leur rang respectif. (Duczos.) BUCCONÉS. (ois.) Joy. Bansus. On désigne sous ce nom une famille d'oiseaux Zygodactyles ou Grimpeurs, répondant au genre Bucco de Linné. Les genres qu'on y comprend aujourd'hui sont les suivans : Barbacou, Barbican, Barbu et Ta- matia ; M. Temminck y ajoute les Barbions , oi- seaux assez semblables aux pies et aux coucous, parmi lesquels d’autres ornithologistes pensent u’on doit les classer. (GErv.) BUDDLÉE , Buddleaet non pas Buddleia. (mor. pyAN.) Dédié en 1755 au botaniste anglais Adam Buddle, ce genre de la Pentandrie monogynie et de la famille des Scrophularites, renferme un bon nombre d’arbrisseaux élégans, tous étrangers à l’Europe. Un seul est cultivé dans nos jardins, dont il fait l’'ornement, c’est le Buppré£e cLosu- LEUx, B. globosa, qui croît spontanément aux bords des ruisseaux du Chili, et dont les rameaux se balancent avec grâce sur les ondes. Il monte à trois mètres et plus; son feuillage, vert foncé en dessus, blanc en dessous, s’agile au moindre souflle du vent; ses fleurs odorantes, d’un jaune safrané assez éclatant, sont réunies en boules au sommet des rameaux et s’épanouissent en juin. Les rameaux sont blancs dans leur jeunesse, ainsi que les jeunes pousses des tiges; la plante vient dans tous les terrains ; elle croît très-vite dans les terres fortes et franches , mais cette belle végéta- tion cause souvent sa perle; il vaut mieux la te- nir sur un sol abrilé, voisin d’une eau courante. Le Buddlée globuleux résiste fort bien en pleine terre aux froids qui ne passent point le sixième degré au dessous de zéro ; une température plus rigoureuse le fait périr; ce sont d’abord les tiges qui succombent, puis c’est le tronc. Dans les ter- res médiocres, je l’ai vu résister à sept degrés. Il est prudent de l’empailler quand le thermomè- tre est arrivé à six. Il est impossible de se figurer l’effet piquant de cet arbrisseau quand on ne l’a point observé. Sombre quand son feuillage persistant est tran- quilie, il devient gai au premier mouvement de l'air , sa couleur passe rapidement du vert foncé au blanc cotonneux selon la face que ses feuilles lancéolées et finement dentées présentent à l'œil; 540 BUFF ses gros boutons d’or tranchent sur cette robe lé- gère et la rendent très-agréable. On le cultive en France depuis 1774 , on l'y multiplie facile- ment de boutures et de marcottes. (T. D. B.) 1 BUFFLE, Bos bubalus. (mam. et acr.) Il a été fait mention de cet animal en décrivant la pre- mière section du genre Boeur (v. ce mot), nous allons maintenant le considérer dans ses rapports avec l’art agricole et l'économie domestique. On a plusieurs fois tenté d'introduire le Buflle sur le sol de notre patrie. Vers l’an 580 ou 590, dans le même temps qu’en ltalie , dans les Marais- Pontins, dans les plaines maritimes et noyées de la Toscane et de l’Apulie daurienne, on le trans- porta dans les forêts de l’ancienne Bourgogne, principalement dans celle de Vassat, aux environs de Flavigny , aujourd’hui département de la Côte- d'Or, il ne tarda pas à périr, quoiqu'il y trouvât l'eau et l'humidité qui lui sont essentiellement nécessaires, parce que l'atmosphère des contrées froides ou seulement tempérées ne lui convient point. À la fin du dix-huitième siècle, en 1797, on en amena un troupeau qui fut partagé entre la Camargue et les marécages de Rambouillet. Les Buflles y vécurent quelque temps; ils auraient pu prospérer dans le Delta du Rhône, mais leur ex- térieur sauvage et surtout l’incurie de l’adminis- tration rendit nulle cette nouvelle tentative. Cet animal est très-ulile ; on s’en sert pour cul- tiver les terres, pour traîner des fardeaux. Un attelage de deux Bufiles tire autant et beaucoup plus de temps que quatre forts chevaux, particu- lièrement dans les terrains fangeux. II résiste aussi plus à la fatigue que le bœuf. On ne le tient point dans les écuries , on le laisse libre dans les bois, et lorsqu’on a besoin de son service, les Italiens le courent montés sur des petits chevaux et lui jet- tent adroïtement une corde qui le saisit par ses cornes un peu inclinées vers les épaules, ou bien ils ont des chiens dressés pour les chasser devant eux. Lorsque le labourage est fini, ou le travail suspendu , l'animal retourne gaîment et Lrès- vite dans sa retraite pour s’y vautrer, pour y descendre dans l’eau. Sa mémoire est si bonne qu’on n’a nul besoin de l’y conduire , quelle que soit la dis- tance, il sait le chemin le plus court pour y arri- ver. Le Bufle nage très-bien et traverse hardiment les fleuves les plus rapides et les plus profonds. Je l'ai vu franchir rapidement le Tibre et le Rhône pour obéir à la voix de son maître. Il est très-ardent en amour, s’accouple comme le taureau et évite d’être vu dans ce moment: il aime beaucoup sa femelle. Il a une répugnance ex- trême pour la vache, et quoique l’on assure qu'il existe à l'embouchure du Don et du Volga des produits de son union avec elle, j'en doute fort. Toutes les tentatives faites à Rambouillet et à Versailles n’ont eu aucun succès ; elles pourraient réussir, l’organisation intéricure du Bufile se rap- prochant beaucoup de celle du taureau, les ap- pareils de la génération ayant la même forme dans les deux sexes. Il mange les herbes les plus dures des marais et des bois; il se nourrit, sans en être BUFO incommodé, des litières et des chaumes que nos bêtes à cornes refusent quand ils sont altérés ou couverts de vase. Il est peu sujet aux maladies et succombe très- rarement aux épizooties. : La femelle, que l’on nomme Pufflesse, a les mamelles au nombre de quatre, et, chose remar- quable , placées sur une même ligne transversale ; elle est en état d’être fécondée à quatre ans, porte douze mois, met bas au printemps un seul petit, qu'elle allaite avec plaisir. La Bufllesse s’irrite quand on veut la traire; on n'obtient son lait qu'à force de caresses, en chantant son nom et en pré- sence de son Buflletin. Ce lait, très-blanc, clair, doux et très-sain , fort abondant , légèrement mus- qué, ne vaut pas celui de la vache. quoique très- riche en crème et en parties caséeuses. On en fait du beurre et des fromages de bonne qualité. La Bufllesse porte deux années de suite et se repose Ja troisième , lors même qu’elle recevrait le mâle, qu’elle repousse d'ordinaire ; elle demeure stérile cette année. Arrivée à sa douzième année, elle ne produit plus. Gomme le mâle, elle vit de vingt à vingt-cinq ans. La chair du Bufle n’est point noire, puante et dure comme on le dit dans presque tous les livres. d'en ai mangé fort souvent durant mon séjour sur les côtes de l'Italie : elle est blanche, assez agréa- ble, et le petit goût de muscade qui l'accompagne ne m'a point paru lui nuire. Les Juifs, à Rome, en font une grande consommation; on en mange aussi beaucoup dans la Terre de Labour, aux états de Naples; les Arabes et les Égyptiens en sont très-friands ; le morceau de choix est la langue ; celle que l’on tire dé la Romélie , fumée et pré- parée, est excellente et recherchéeparles gourmets. La couleur du pelage est d’un brun foncé; elle est blanche aux environs de Hermanstadt et de Carlsbourg en Transylvanie. Le Bufile d'Italie a plus de poils que celui d'Egypte, et celui-ci plus que le Buflle des contrées les plus chaudes de l'Asie. Son cuir est très-fort et en même temps très-léger, souple, beaucoup plus épais, plus so- lide que celui du bœuf, et presque imperméable à l’eau. La voix du Buflle est un affreux mugissement , d’un ton plus grave , plus pénétrant que celui du taureau. Co: ) BUFONIE, Bufonia. (nor. pan.) Petit genre de la famille des Cariophyllées dont on ne connaît encore qu'une seule espèce , la Buronir À FEUILLES MENUES, B. tenuifolia, que l'on trouve dans les terrains secs et arides de la France méridionale , de l'Espagne, de l'Angleterre. Cette plante an- nuelle s'élève à seize centimètres sur une tige grêle, garnie de feuilles petites, pointues, très- étroites, réunies deux à deux par leur base. Ses 541 BUGL planté par esprit de vengeance. Le botaniste d’Up- sal s’estimait trop et avait pour le naturaliste francais trop d’admiration pour descendre à une semblable petitesse: c’est le fait des hommes or- dinaires, des ambitieux crottés. Le nom de la Bufonie lui vient de ce que le crapaud, bufo, se plaît sous les touffes de cette plante. (T. ». B.) BUFONITES. (poiss.) On donne ce nom à des dents fossiles de quelques poissons qui parais- sent avoir appartenu au genre Spore et à l'Anar- ‘rhique-loup, Ge nom vient de la ressemblance que l’on a cru trouver entre ces molaires fossiles et des crapauds pétrifiés. (GuËr.) BUGLE , Ajuga. (Bor. ruan.) Ce genre appar- tient à la famille des Labiées et à la Didynamie gymnospermie. Voisin des Germandrées, il n’en diffère que par la corolle, dont la lèvre supérieure très-ouverte ne présente que deux petites dents, tandis que, dans les Germandrées , la lèvre supé- rieure, courte à la vérité comme dans la Bugle, a une profonde scissure à travers laquelle passent les étamines. Les Bugles sont de petites plantes herbacées , vivaces, souvent rampantes et stolonifères, à tige simple, carrée. Les fleurs sont groupées à l’aisselle des feuilles supérieures de manière à for- mer des épis foliacés ; le calice est tubuleux, à cinq dents presque égales ; la corolle est irrégu- lière, à deux lèvres, dont la supérieure est extré- mement courte et remplacée par deux petites dents, et dont l’inférieure est à trois lobes, celui du milieu très-grand. Les quatre étamines sont saillantes. Le sol de la France possède plusieurs espèces de Bugles : 1°La BuGLE COMMUNE, À. reptans, L., repré- sentée dans notre Atlas, pl. 59, fig. » , plante vivace, stolonifère, presque glabre, dont les fleurs sont bleues ; elle est fort commune aux environs de Paris dans les premiers jours du printemps. On la regarde comme astringente et vulnéraire. 2° La Bucze PYRAMIDALE, ÆAjuga pyramidalis, L., qui se distingue de la précédente par des fleurs plus grandes et plus nombreuses, et par des feuilles très-velues, Elle est cultivée dans quelques jardins. (. CG. £.) BUGLOSSE , Anchusa. (Bor. Pnan.) Genre de la famille des Borraginées et de la Pentandrie mo- nogynie. Îl est ainsi nommé des deux mots grecs bous, bœuf, et glossa, langue, à cause de la res- semblance et de l’analogie de ses feuilles avec la langue du bœuf. Dans les plantes de ce genre, le calice est monosépale, tubuleux, à cinq divisions peu profondes ; la corolle , monopétale, régulière, infundibuliforme , à limbe plane avec cinq divi- sions égales ; l'entrée du tube de la corolle est . fleurs blanches, axillaires et terminales sont por- | fermée par cinq appendices rapprochés et ordinai- tées sur des pédoncules courts et diposées en pa- nicules serrées. Le fruit qui leur succède est une capsule à nne seule loge bivalve, contenant deux semences. On à indignement calomnié Linné quand on a dit qu'il avait donné le nom de Buffon à cette rement barbus; les étamines, aunombre de cinq, sont incluses dans le tube , et le fruit se compose de quatre akènes réunis et à surface chagrinée. Ce genre comprend plus d’une trentaine d’es- pèces; parmi lesquelles les cinq suivantes sont in- digènes : BUGL 1° La Bucrosse À FLEURS LACRES, 4. laxiflora. Labillardière l’a rapportée de l'ile de Corse, et elle se trouve dans l’herbier de Desfontaines. Le port de cette plante est grêle et allongé ; des poils raides hérissent ses feuilles vers le out de la tige, ils hérissent aussi les pédicelles et les calices ; 1lek feuilles sont semi-amplexicaules, oblongues , poin- tues , un peu sinuées , ondulées et ciliées sur leurs bords; les fleurs sont rougeâtres, écartées les unes des autres , presque toutes déjetées d’un seul côté; l'Anchusa laxiflora esk voisine de l'A. paniculata , dont elle ne diffère que parce qu’elle n’a ni feuilles entières , ni panicule bifurquée. 2° La Bucrossep'Irazre, A. italica. (v. notre At- vs pl. 59, fig. 6.) Celle-ci est commune à toute la France. Elle parvient à une hauteur de 56 décimè- tres. Ses feuilles sontraides , oblongues , rétrécies en pointe aux deuxextrémités; sesfleurs sont en grappes serrées , unilatérales , courbées en queue de scor- pion, accolées deux à deux; le calice est à cinq di- visions linéaires et profondes. Toute la plante est hérissée de poils raides ; la corolle est violette, un peu irrégulière ; le limbe est à cinq divisions arron- dies ; l'entrée dutubeporte cingécaillestrès-barbues et semblables à de petits pinceaux; le stigmate est à deux lobes. Cette plante croît le long des che- mins, dans les lieux secs et parmi les décombres, Elle possède les mêmes propriétés que la Bour- rache, et diffère de la véritable 4. ofjicinalis, qui, selon Retzius, a des fleurs irrégulières en enton- noir, plus imbriquées, les divisions du limbe ova- les, les écailles de la gorge seulement cotonneuses et presque en capuchon , et les divisions du calice plus larges et plus courtes. 3° La BucLrosse A FEUILLES ÉTROITES, 4. an- gustifolia. Elle diffère de la précédente par des feuilles plus étroites, moins fortement hérissées ; par un calice fendu seulement jusqu'au milieu de sa longueur ; par des épis plus allongés qui ont une bractée à leur base; par une corolle dont le tube est fermé par des écailles obtuses et non barbues. Cette espèce vient dans les lieux secs, aux envi- rons de Briancon, de Nantes, etc. 4° La Bucrosse onnuzée, A4. undulata, Linn. Cette espèce se fait remarquer par ses feuilles oblongues ou presque linéaires, toujours sinuées et ondulées sur leurs bords. Les feuilles et surtout les tiges et les pédicules sont plus courts que les feuilles florales ; le calice est divisé jusqu’au mi- lieu de sa longueur; la corolle est d'un violet foncé ; le tube est garni à l'entrée de cinq écailles un peu hérissées ; le limbe est à cinq lobes courts et ovales. C’est principalement aux environs de Montpellier qu'on trouve la Buglosse ondulée. 5° La BucLosse TouJours VERTE, 4. sempervi- rens. On la reconnaît facilement à ses feuilles, dont les inférieures sont péliolées, ovales et très- larges , un peu semblables par leur forme à celles du plantain, hérissées de poils et un peu sinueuses sur leurs bords ; les supérieures sont plus étroites et sessiles ; de EU aisselle partent des pédoncules moilié plus courts que les feuilles, très-hérissés, munis à leur sommet de deux lles opposées, 542 BUIS centre lesquelles naît une touffe de fleurs serrées et presque sessiles ; le calice est à cinq divisions profondes , ovales et hérissées ; les fleurs sont pe- lites et disposées en une sorte d'ombelle; la co- rolle est d’un-bleu charmant; le tube est égal au calice , fermé au sommet par cinq écailles droites, presque glabres. Celte jolie espèce est cultivée dans les jardins d'agrément , concurremment avec les suivantes , qui sont exotiques : n La Buczosse DE VirGiniE , À. virginica , L., Li- thospermum sericum , Lehm. Ses tiges sont moins grandes, mais aussi rudes que celles de la précé- dente. Ses fleurs sont jaunes , en épi et d’un effet agréable. Il y a des peuplades sauvages qui font usage de la racine de cette plante vivace pour se peindre le corps en rouge. La Buczosse DE Gaxnix, À. cespitosa, Wild. Cette jolie plante de l'Orient , que nous devons à Tournefort, vient en touffes épaisses sur lesquelles ses fleurs, d’un bleu clair, se détachent agréable- ment. Nous terminerons cet article par l’indication de la plus intéressante des Buglosses , qui est la Bu- GLOSSE DES TEINTURIERS, A. tinctoria, L., origi- naire d'Amérique et naturalisée dans le midi de la France. Sa racine, connue sous le nom d’Or--- | canette, renferme un principe colorant, analogue à celui de la garance, et qui sert à teindre les laines et les cires en rouge. Les peintres en font aussi quelque usage. On nous pardonnera sans doute de nous être un peu étendus sur un genre de plantes qui intéresse tout à la fois le jardinage, la médecine et les arts. (CG. #) : BUIS, Buxus. (noT. puan.) Quand on est ha- bitué à ne voir le Buis qu'en bordures , comme on y tient l'espèce naine, Buæus humilis de-nos jar- dins , on demeure tout surpris lorsque, arrivé dans le midi de l'Europe , on trouve dans les forêts les deux espèces géantes, B. arborea, et à bran- ches étalées , B. ar borescens. C’est ce que j'éprou- vai durant une course dans l'ile de Corse, en m'arrêtant aux pieds de bouquets de bois entiè- rement composés de la première espèce , à laquelle on conserve à tort le nom de Buis de Mahon, que lui donnèrent plusieurs botanistes. L'arbre monte à la hauteur de vingt à trente mètres, le tronc et les branches sont droits, garnis de feuilles épaisses , oblongues-ovales , de quarante millimè- tres de long ; il abonde dans toutes les îles de la Méditerranée , en Grèce sur le mont Olympe, en Espagne et dans quelques localités du midi de la France. On le retrouve sur le Caucase, en Perse ct jusqu’au Japon. Il est d’un très-bel effet dans les bosquets d'hiver. La secohde espèce ne difière de la précédente que par sa taille qui dépasse ra- rement trois mètres et demi , par ses paquets de fleurs petits ou médiocres et par ses jeunes Liges qui ont deux côtés glabres et les deux autres op- posés velus. Le bois du Buis, recherché par les anciens pour faire des flûtes et surtout des cassettes , pyæis, d’où lui vient son nom, est le plus dur, le 0 BUIS 67/65) BULB pm plus dense, le plus pesant de tous les bois de l'Eu- rope; il ne se gerce et ne se carie Jamais ; d’un jaune brillant , il est excellent pour les essieux de charrettes et sert beaucoup aux ouvrages de tour et aux tabletiers. Employé au chauffage il donne d'excellentes cendres pour leslessives.Laracine, qui est très-grande et très-forte , est remplie de nœuds et de tubérosités comme le tronc et les grosses branches; divisée par tranches elle offre des marbrures superbes , des figures bizarres et très- variées , une couleur plus foncée que le bois; elle sert aux mêmes usages. Les feuilles et les sommités du Buis font un très-bon engrais pour la vigne ; employées comme succédancées du houblon , elles donnent à la bière une fâcheuse qualité; aucun animal n’y touche et l’on dit que le chameau, pressé par la faim , qui les broute , ne tarde pas à périr. Leur décoction est un puissant sudorifique ; la fleur sucée par l'abeille imprime à son miel un goût. âcre et dur. Le bois remplace quelquefois dans les pharmacies celui de gayac, Guajacum oflicinale; on en retire une huile fétide. :; On eonnaît l'usage du Buis à parterre, on le tond au ciseau tous les ans pour qu'il resle garni et forme une jolie bordure. Celte opération se fait avant ou après la pousse ; la première époque est préférable à la seconde pour l'agrément. On mul- tiplie le Buis par sa graine ovoide, brune et lui- sante ; on le fait aussi de marcottes et de boutures. Le genre appartient à la Monoecie tétrandrie et à la famille des Euphorbiacées. Plusieurs végétaux différens ont recu le nom de Buis, à cause de quel- ques rapports extérieurs avec cette plante ligneuse, Le Burs pe La Ce est le Murraya sinica; le Burs pe Haïrr, le Polygala penœa; le Burs prquaxr, le Ruscus aculeatus ; le Faux Buis Des Anrizzes, le HRandia aculeata. (T. ». B.) BUISSON. (acr.) Nom collectif de tous les ar- brisseaux et arbustes sauvages très-rameux, soit qu'ils aient des épines ; soit qu'ils n’en aient point, et qui ne s'élèvent jamais à plus de trois mètres. On appelle encore Butssons, 1° les arbres qui , étant coupés tous les trois ou quatre ans, ne montent pas à une plus grande hauteur ; 2° les arbres frui- tiers presque nains el à plein vent, tels qu'abri- cotiers, poiriers et pommiers, dont les branches sont disposées de manière à représenter un enton- noir ; 5° enfin , en terme forestier, aux très-petits bois, ceux, par exemple, qui n’excèdent pas cin- quante à cent ares d'étendue, En bonne agricul- ture , tout arbre tenu en Buisson doit n’occuper que les places dont il est impossible de tirer un meilleur parti. Le bois que l’on en obtient sert à chauffer le four. La formation des Buissons d’ar- bres à fruits est une des parties de la taille qui demande le plus de connaissances et les soins les plus assidus. - Buisson À BAIES DE NEIGE. (201. PHAN.) Espèce de Ciocoque, Chiococca racemosa, des Antilles, dont les baies d’un blanc éclatant sont pendantes et rassemblées en grappes axillaires. Buisson A MOUCHE. (BOT. PIAN.) Nom vulgaire de la Roridula dentata. : Buisson ArDENT. (80T. PrAN.) En Europe nous donnons ordinairement ce nom au Néflier qui nous est venu de la Virginie, Mespilus pyracantha, à cause du rouge vif de ses gros bouquets de fruits. À la côte du Malabar on appelle ainsi l’Ixore écar- late, Zxora coccinea , dont les ombelles globuleuses sont d’un écarlate de garance et font paraître ce sous-arbrisseau tout en feu. (T. ». B.) BULBE, Bulbus.( mor. rnan. ) Corps plus où moins arrondi et charnu, formé d’écailles insé- rées les unes sur les autres, et naissant au dessus de la racine chevelue d’un certain nombre de plantes vivaces. L’ognon de nos cuisines est un Bulbe ; la tulipe, le lys naissent d’un Bulbe, formant le collet de leur racine : tantôt les écailles sont emboîtées les unes dans les autres, de sorte que l’extérieure les embrasse toutes; c'est ce qu’on appelle Butbe à luniques , comme celui de l’ognon ; tantôt elles ne se recouvrent qu'imparfaitement et seulement par leurs côtés; ce sont là des Pulbes écailleux , dont les lys offrent un exemple. Enfin le safran a un Bulbe dont les écailles sont soudées intimement et forment un Bulbe solide. I1 ne faut pas, dans ce cas, confondre cette espèce de Bulbe avec le tubercule , dont la masse compacte ne se divise ni en lames ni en écailles. Les observations modernes ont conduit à re- garder le Bulbe comme un véritable bourgeon. En eflet, la structure de ces deux organes est semblable : l’un et l’autre, composés d’écailles, renferment les rudimens des jeunes tiges et des feuilles. La seule et réelle différence, c'est que le Bulbe est prolifère; chaque année il se renouvelle; tantôt un nouveau Bulbe naîl du premier ; tantôt il se produit à côté, au dessus, ou bien au des- sous, Le Bulbe , faisant peu à peu partie dela racine, végète ordinairement en terre; cependant, s’il faut voir, avec M. Richard, un organe semblable dans la couronne du palmier et dans celle du ba- lisier, on cherchera des Bulbes en se baissant aussi bien qu’à une hauteur souvent considérable (L.) BULBEUX, BULBEUSE. (20T. rxan.) Végétaux dont la racine produit un Bulbe. Toutes les plantes Bulbeuses sont monocotylé- dones et vivaces. Plusieurs se développent et vé- gètent par la simple humidité : des Bulbes de Jacinthe , de narcisse, suspendus en l'air, produi- ront, comme on sait, des tiges et des fleurs. | (L.) BULBILLE,Bulbillus. (or. puax.) Diminutif de bulbe. Ce nom est spécialement attribué aux petits bulbes ou bourgeons prolifères qui se développent sur plusieurs végétaux, soit à l’aisselle de leurs feuilles (lys orangé) , soit à la place ou au milieu des fleurs (plusieurs espèces d'ail, et entre autres l’'Allium viminale ), soit enfin dans l'intérieur des capsules ou péricarpes (ÆAgave fœtida, Cri- num asialicum ). Placées en terre, ccs Bul- billes reproduisent la plante comme de véritables graines. BULI 544 BULL Les corpuscules reproducteurs des mousses, des fougères el autres végétaux cryptogames , pa- raissent être des Bulbilles analogues à celles dont nous venons de parler. (L.) BULIME , Bulimus. (mozr.) Genre de coquilles univalves terrestres, cité par beaucoup d’auteurs d’après Linné, comprenant alors beaucoup de coquilles étrangères les unes aux autres, telles que bulles, ampullaires , tornatelles , pyrami- delles ; etc. , etc.; mais depuis circonscrit d’une manière rationnelle par Lamarck, dans sa der- nière édition des Animaux sans vertèbres ( vol. 6, 2° part., pag. 116). Voici les caractères que ce naturaliste donne à ce genre : coquille ovale, oblongue ou turriculée; ouverture entière, plus longue que large, à bords inégaux, désunis supé- rieurement ; columelle droite, lisse , sans tronca- ture et sans évasement à sa base, Ces coquilles sont toutes mutiques, lisses ou striées dans leur lon- gueur; leur forme varie, les unes sont ovales , les autres oblongues ou turriculécs et le dernier tour de leur spire est plus grand que le pénultième. A l'état complet, ces coquilles ont leur bord droit revêtu d’une espèce de bourrelet souvent fort épais. L’animal qui leur donne naissance est un itrachélipode à collier et sans cuirasse; sa tête est munie de quatre tentacules, dont les deux plus grands sont terminés par les yeux. Le pied est comme celui des hélices ; point d’opercule. L’analogie qui existe entre ces animaux ct ceux des hélices ont porté quelques naturalistes mo- dernes à confondre ces deux genres; mais comme la forme n’est point la même dans ces coquilles, comme elle diffère tellement que l'enfant le plus innocent saurait la distinguer , il a fallu de toute nécessité en faire un sous-genre, et M. de Fé- russac est le premier qui ait fabriqué pour Jui celui de Cochlogène, en annonçant dans son ar- ticle du Dictionnaire classique toute la peine qu'il avait prise pour faire adopter celte opinion, tant , dit-il, est fort l'empire de l'habitude. A prendre cette phrase au pied de la lettre , il serait fort clair que le genre Bulime demeurerait supprimé et que le nom de Cochlogène aurait été sanctionné par la masse des naturalistes qui s'occupent de cette partie de l'Histoire naturelle ; mais nous devons, avant tout, rendre hommage à la vérité, nous savons qu'il n’en est point ainsi, et que le nom de Bulime a survécu , quoi qu’on ait pu faire pour le détruire, et nous apportons pour preuve de celle assertion l'examen que nous avons fait des collec- tions hollandaises , belges , anglaises et françaises, ou le mot de Cochlogène non seulement ne fi- gure pas, mais est totalement inconnu. M. de Térussac, en publiant son nouveau système de classification , n’a point assez réfléchi qu’on était en garde contre {ous ces grands changemens, et qu'on était même revenu de ces innovations qui peuvent bien rectifier quelques erreurs, mais le “plus souvent les multiplient d’une manière déplo- rable. Ensuite il n’a pas vu que tous les mots nouveaux qu'il a créés avaient trop de rapports entre eux pour pouvoir facilement être retenus et adoptés à propos; il n’est donné qu’à l’enfance de pouvoir classer dans sa tête tout ce que l’ima- gination humaine se plaît à inventer; l’homme studieux a besoin de choses plus sérieuses : en effet, qui de nous pourrait se vanter d'apprendre sans beaucoup de peine la valeur respective des mots nouveaux de M. de Férussac, dont voici seulement le commencement, cochlicelle, cochlicope, cochli- tome, cochlodine , cochlodonte , cochlogène , cochlo- hydre , cochlostyle, etc., etc.? Les Bulimes sont en grand nombre; Lamarck n'en décrit que trente-quatre espèces, mais on peut avancer, sans craindre de faire erreur, que le genre s’est accru en espèces nouvelles, des trois quarts en sus; les Bulimes ovale, hémastome et poule sultane sont les plus grands ; ce dernier est l’un des plus beaux et des plus recherchés des amateurs ; il vient d'Amérique, d’où il a été rap- porté en assez grande quantité par M. Alc. d’Or- bigny, voyageur du Muséum d'Histoire naturelle. Nous donnons Ja figure du Bulime hémastome avec son animal, dans notre Atlas, planche 6o, fig. 9, et celle du B. decollatus, fig. 8. (Duczos. } : BULIMINE, Bulimina. (morz.) M. Alcide d'Or- bigny a formé ce genre pour des Céphalopodes microscopiques de la troisième famille des Fora- minifères, dont la coquille est spirale, turriculée, avec une spire allongée, et dont l'ouverture vir- gulaire latérale est près de l'angle supérieur de la dernière cloison. (R.) BULLE, Bulla. (morr.) Coquilles univalves marines, appartenant à Ja division des Gastéro- podes de Lamarck (vol. 6, 2° part., pag. 31), et formant avec les genres Acère et Bullée la petite famille qu'il a établie sous la dénomination de Burz£ens (v. ce mot). Les Bulles sont des co- quilles fort jolies , tant par leur forme représentant assez bien un œuf d'oiseau, que par leurs couleurs vives ct varices; elles sont presque toutes d’une fragilité extrême. Voici leurs caractères. Test plus ou moins ovale, globuleux, enroulé, sans colu- melle ni saillie à la spire, ouvert dans toute sa longueur , à bord droit tranchant. L'animal , bien étudié par Cuvier et décrit par lui dans un Mémoire inséré dans les Annales du Muséum, présente un corps ovale-oblong , un peu convexe , divisé supérieurement en deux par- lies transversales; ayant le manteau replié posté- rieurement, tête très-peu distincte; point de tentacules apparens ; branchies dorsales et posté- rieures recouvertes par le manteau; anus sur le côté droit; partie postérieure du corps recou- verte par une coquille externe qui y adhère par un muscle. MM. Quoy et Gaimard ont fait connaître, dans la Zoologie de l’Astrolabe, les animaux de plu- sieurs espèces exotiques; parmi les plus remar- quables nous mentionnerons la BULLE BANDEROLLE, figurée pl. Go, fig. 1 et 2 de notre Atlas ; la BuLLe HiRoNDELLE, fig. 3, 4 ; et la BuLLE ovVoinz, fig. 5,6, 7. Toutes trois étaient encore inédites il y a peu de temps. - NON 1a 7 Bulles 8.9 Bulimes ze Buplevre LE Carin du po À BULL 549 BUNI Les espèces qui appartiennent à ce genre ont été long-temps confondues avec les porcelaines et les ovules. Bruguière est le premier naturaliste qui signala cette erreur; aujourd'hui bien con- nues et bien caractérisées, elles présentent un ensemble de quarante espèces environ, quoique Lamarck n’en décrive que onze. Les plus remar- quables sont les Bulles oublie, ampoule, striée, papyracée , rayée et fasciée, qui toutes sont figu- rées dans un grand nombre d’auteurs, mais par- ticulièrement dans l'Encyclopédie. Parmi les espèces nouvelles, nous en possédons une qui a été rapportée de la Terre des Papous ( Nouvelle- Guinée) par l'expédition du capitaine Freycinet, et dont la beauté surpasse tout ce qui était connu jusqu'alors. Feu M. Dufresne, chef du laboratoire de zoologie, au Jardin des Plantes, nous en a donné souvent cent francs de la paire, pour la la collection, disait-il, de M. le duc de Rivoli. Cette espèce, que nous avons nommée Anazo- rine, se rapproche de la Bulle fasciée de La- marck. (Due. ) BULLÉE , Bullæa. (morr.) Coquilles univalves marines, fort rapprochées des bulles, mais pré- sentant des différences assez tranchées, qui ont autorisé Lamarck à en former un genre, quoique composé d’une seule espèce (vol. 6, 2° part., pag. 29). Le corps de ce gastéropode est ovale, allongé, un peu convexe en dessus, divisé trans- versalement en partie antérieure et postérieure ; les bords latéraux du pied un peu épais et se réfléchissant en dessus; tête peu distincte; point de tentacules ; branchies dorsales placées sous la partie postérieure du manteau; coquille cachée dans l'épaisseur de ce manteau au dessus des branchies, et, ce qui est surprenant, sans aucune adhérence. Test très - mince, partiellement enroulé en spirale d’un côté, sans columelle et sans spire; à ouverture très-ample, évasée supérieurement et très-amincie. L'espèce connue est la BuLLÉE PLANCIENNE , Bullæa aperta, figurée dans Chemnitz, Cench. 10, pl. 246, n° 1554 et 1555. Elle habite les mers d'Europe. (Ducr. ) BULLÉENS. (mor. )Famille créée par Lamarck, dans son Système (vol. 6, part. 2, pag. 27), pour trois genres de coquilles univalves marines, aux- quels M. Cuvier avait donné le nom générique d'Acères. (Cette famille est composée ainsi qu'il suit : AcÈre, Burzér et Burze. (Voyez ces mots.) BULLIARDE, Bulliarda. (port. Pnan.) Le nom de ce genre de la famille des Crassulacées , rap- pelle celui d'un botaniste estimable qui le premier a donné une Flore francaise, dans son Herbier de la France, et dans son Histoire des champi- gnons. Il a été formé avec une petite plante aqua- tique nommée précédemment par les botanistes Tillæa aquatica, et dont Vaillant a donné une excel- lente figure. On la trouve en fleurs presque tout l'été dans les parties humides et auprès des mares Tome I. Syrie : je ne puis rien en dire. LXIX: Livraison, 69 des forêts situées aux environs de Paris, surtout dans celles de Fontainebleau et de Villers-Cotte- rets. Elle est annuelle et sans propriétés connues. (T. », B.) BULLINE, Bullina. (mozr.) Genre de coquilles univalves marines, institué par M. de Férussac dans ses Tableaux généraux des animaux mollus- ques, p. 30, pour quelques espèces de bulles à spire saillante, dont l’animal, d’après les obser- vations de MM. Quoy et Gaimard, présenterait des caractères particuliers. Il paraît que , dans l'espèce appelée Bulla undata, de Bruguière, latête de l'animal, assez distincte, est pourvue de chaque côté d’une sorte de tentacule assez allongé, avec deux appendices ovales placés en arrière. Les espèces rapportées à ce genre par M. de Férussac sont : 1° la B. apulstra, figurée dans Chemnitz, Conch. 10, pl. 146, n% 1550, 1351; B. lineo- lata ; 5° B. undata, figurée dans l'Encyclopédie, p. 380; 4° B. scabra, figurée dans Chemnitz, Conch. 10, pl. 146, n* 1552 et 1553; et 5° B. secalina, petite espèce fossile des environs de Lon- dres. (Duc. ) BUNIADE, Bunias. (80T. PHAN.) Quand Linné fonda ce genre de la Tétradynamie siliculeuse et de la famille des Crucifères, il était beaucoup plus considérable qu'il ne l’est aujourd’hui que les botanistes ont adopté les coupes faites par Gærtner et par Robert Brown. Les Buniades sont herbacées et annuelles, une seule exceptée ; elles n’ont ni usage ni agrément. Une d'elles, la Bu- NIADE À MASSETTES, D. erucago, croît dans nos dé- partemens du midi; la seconde espèce, B. aspera, est originaire du Portugal; et la troisième, B. orientalis , se trouve dansi le Levant, en Russie et jusque dans la Sibérie. Toutes trois fleu- rissent en mai, juin et juillet, et sont de pleine terre. ‘ De Candolle a fait une tribu isolée de ce petit genre ; c'est pour lui la dix-septième de la famille des Crucifères. (T. ». B.) BUNION, Bunium. (por. PHAN.). Autrefois ce nom s’est appliqué, dans la nomenclature de Dioscoride, au navet commun, Brassica napus ; Daléchamps le donnait à l’Æthuse de montagne, Æthusa bunias; Camerarius, au Vélar à fleurs dou- bles, Erysimum barbarea; Dodæns, à la Noix de terre, Bunium bulbocastanum ; Linné l’a conservé pour nom générique de cette dernière plante, qui appartient à la famille des Ombellifères. Des trois espèces connues, on ne recherche que le Bunron BULBEUX , Où noix de terre, à cause de sa racine qui est un tubercule gros comme une noix, très- blanc à l’intérieur , mais très-noir extérieurement. On le mange quand il est cuit et qu'il a, par conséquent, perdu son âcreté; frais , il est appé- tissant, son goût est assez doux, mais il faut en prendre modérément, sans quoi son âcreté se manifeste à la gorge et dure assez long-temps. La racine du BuNion ALLONGÉ, B. majus , de Gouan, est plus irritante encore : quant au Bunron aroMA= TIQUE, B. aromaticum, 11 habite la Crête et la (RnB) 4 EE É 546 BUPH BUPR EEE TELE BUPHTHALME, Buphthalmum. (Bot. PmAx.) Genre des Corymbifères , Juss. , et de la Syngé- nésie pelygamie superflue, Linn. Caractères : in- volucre composé de folioles imbriquées , tantôt à peu près égales, écailleuses ef plus courtes que le rayon, et c’est ce qui constituait le genre 4s- teroides de Tournefort et de Vaillant, PBustia d’'Adanson; tantôt extérieures, allongées et fo- liacées, dépassant le rayon , et c’est ce qui carac- térisait le genre Astericus de Tournefort et de Vaillant, Borrichia d’Adanson. Le réceptacle est garni de paillettes ; les fleurs sont radiées , à fleu- rons hermaphrodites, à demi-fleurons femelles fertiles; les akènes sont aïlés et couronnés d’un rebord membraneux, denté ou presque foliacé. Ce genre comprend des herbes et des arbris- seaux à feuilles opposées ou alternes, à fleurs souvent terminales. On en connaît plus de vingt espèces qui croissent dans les régions méridio- pales. Dans la première section (Asteroides) se ran- gent : les Buphthalmum salicifolium et B. grandi- florum, espèces très-voisines, à tiges herbacées, appartenant au midi de la France, et dont les feuilles, qui sont alternes , peuvent , dit-on , rem- placer avantageusement le thé, dont elles ont les propriétés. Le B. oleraceum , à feuilles opposées , épaisses, cendrées, qui croît spontanément , et est cultivé dans la Chine et dans la Cochinchine, comme substance alimentaire. Dans la deuxième section ( {stericus), viennent se grouper : Le Buphthalmum frutescens, arbrisseau à feuil- les opposées, originaire de la Jamaïque et de la Virginie, figuré tab. 25 du Jardin de Celse par Ventenat ; et trois espèces à feuilles alternes, qui habitent nos départemens méridionaux. Le Buphthalmum spinosum , dont les feuilles de la tige se terminent par une épine, et dont les fleurs jaunes, solitaires, sont garnies de demi- fleurons très- étroits. On trouve cette espèce aux environs de Marseille , de Sorrèze , de Montpellier, d'Agen, de Bordeaux, et dans un lieu nommé Tempé. Mais que l'imagination de! nos lecteurs ne se monte pas, et n’aille pas s’égarer dans les frais vallons de la Thessalie, sur les rives fleuries de Pénée; non, c'est tout bonnement un village, près de Montauban. Le Buphthalmum aquaticum, dont la tige, de deux décimètres de haut, est cylindrique, pu- bescente, et plusieurs fois bifurquée; et dont les feuilles sont allongées, mais moins velues , moins obluses et moins rétrécies à la base que celles du Buphthalmum maritimum. Ses fleurs sont petites , très-varnies de feuilles florales, les unes sessiles et axillaires, les autres situées au sommet des rameaux. Elle croît au bord des eaux, en Lan- guedoc et en Provence. Le Buphthalmum maritimum, qui de sa racine pousse plusieurs tiges de dix-huit à vingt centi- mètres de haut. Ges tiges. sont velues, branchues ë > pe) ct diffuses ; les feuilles sont allongtes en forme de spatule , très-obtuses , et velues en leur bord, et principalement à la base où elles sont, fort étroites ; les fleurs sont solitaires et toutes termi- nales , assez grandes ; les demi-fleurons sent lar- ges et à trois dents. Cette espèce se trouve prin- cipalement aux environs de Marseille, près da mont Rédon , et sur les collines sèches des côtes de Provence. On cultive, comme plantes d'agrément , le Buphthalme à grandes fleurs, Buphthalmum gran- diflorum, Linn. , et le Buphthalme à feuilles en cœur , Buphthalmum cordifolum , Wald., origi- paire de Hongrie. Voyez l'Almanach du Bon Jar- dinier. (Ge &) à BUPLÈEVRE, Buplevrum. (BoT. PHAN.) Genre de la famille des Ombellifères, qu'on peut distin- guer assez facilement à ses fleurs jaunes, à ses tiges glabres et à ses feuilles simples (excepté dans une espèce d'Afrique). Voici ses caractères bota- niques : un involucre d’une à cinq folioles (nul parfois) ; un mvolucelle à cinq folioles souvent co- lorées; cinq pétales entiers, égaux, courbés em demi-cercle ; un fruit arrondi ou ovoïde, strié et un peu cornprimé. Un savant botaniste, connu par ses recherches spéciales sur les Ombellifères , a scindé le genre Buplèvre d’après des considérations assez minu- tieuses ; nous ne pouvons nous y arrêter, d'autant plus que si l’on trouvait des caractères dans des organes à peine appréciables, la création des genres n'aurait plus de bornes. Tel qu'il est géné- ralement admis, le genre Buplèvre comprend une trentaiue d'espèces, la plupart herbacées, quel- ques unes frutescentes. Parmi les premières, nous citerons le Buple- vrum rolundifolium, ou Percefeuille, à feuilles per- foliées, à ombelles sans involucre, représenté dans notre Atlas, pl. Go, fig. 10; le B. falcatum, ou Oreille de lièvre, à tiges flexueuses, à involucres de cinq folioles aiguës; le L. tenuissimum et le B. junceum , à feuilles linéaires aiguës ; ces quatre espèces croissent aux environs de Paris. Le B. stellatum, indigène en Suisse , a les folioles de ses involucelles soudées à leur base et formant une espèce de bassin ; le B. odontites est remarquable par ses involucres en étoile, composés de cinq {olioles à trois nervures saillantes. Parmi les espèces à tige ligneuse, on cultive dans les jardins le B. fruticosum , à feuilles per- sistantes; le B. spinosum, d'Espagne, dont les rameaux effilés dégénèrent en épines ; le B. arbo- rescens, du cap de Bonne-Espérance, et le B. co- riaceum ; ces deux dernières doivent être retirées dans l’orangerie. (L. BUPRESTE, Buprestis. (ins.) Genre de Co- léoptères de la famille des Serricornes, tribu des Buprestides , section des Pentamères. Ce genre a été établi par Linné, et il y a employé un nom qui, chez les anciens, d’après sa signification, indiquait un animal tuant les bœufs quand ils en mangeaient avec l’herbe qu'ils broutaient ; il est plus que pro- bable que, si les anciens ont voulu désigner un insecte ayant cette qualité malfaisante, ee doit ü Butome 1 & 1) Buprestes PE BUPR' 947 BUPR PS être dans legroupe desimsectes voisins des méloées, mylabres,etc., enfin dans ceux qui portent comme eux une faculté vésicante, comme les cantharides, qu'il faut les chercher et non dans ces insectes rares dans nos pays, et qui vivent non sur les herbes, mais sur les fleurs et le tronc des arbres; Geoffroy les avait, avec plus de raison, nommés Richards, à cause des belles couleurs métalliques dont ils sont en général revêtus; mais le premier nom a prévalu. Leur corps est en général ovale, allongé, quelquefois bombé ; les yeux sont ovales, avec les antennes insérées entre eux ; les mâchoires sont robustes, bidentées ; le corselet est court et large. Les élytres sont souvent dentelées en scie à leur extrémité ; les pieds sont courts, aussi mar- chent-ils lentement ; mais ils s’envolent avec beau- coup de facilité, et le soleil à l'exposition duquel ils se tiennent toujours augmente encore leur ac- üvité. Lespetites espèces, quand on veut les saisir, se laissent tomber à terre; dans les femelles l’ex- trémité de l’abdomen offre un tuyau en forme de tarière, propre à introduire les œufs; quelques espèces exotiques sont écloses dans notre pays ayant été transportées dans des bois étrangers. Le genre actuellement est restreint à ceux qui ent les antennes tout au plus en scie, les articles des tarses en forme de cœur renversé et le pé- nultième au moins bifide. Il est excessivement nombreux, et quelques entomologistes s’occupent en ce moment avec ardeur de sa monographie. + Pas d’écusson. B. marron, B. castanea, Linn., Oli., Ent. it. », n° 52, pl. n, fig. 8 Long de 18 à 2» lignes, corps épais très-bombé, sternum aigu divergent, élytres tridentées à l'extrémité ; d’un vert noir, avec les antennes, les pattes et les élytres marron clair; le corselet est profondément entaillé de ci- catrices longitudinales remplies de poil rouge de brique , et plusieurs taches formées du même poil se trouvent répandues sur les élytres, dont deux rondes à leur base et deux autres près de l’extré- mité de la côte externe; les autres, plus petites, se trouvent réparties le long de la suture. Du Sé- négal. | B. mcm, B. chrysisor., Fal., Oliv., Ent., 1. 9, n° 32, pl. =, fig. 8. Olivier ne l’a considéré, mais à Lort , que comme une variété du précédent. Long de 15 à 18 lignes ; corps très-épais, bombé ; sternum aigu, divergent ; élytres tridentées à l’ex- trémité; vert «doré; antennes, pattes et élytres = marron lisse. Le corselet est fortement ponctué. | Des Indes orientales. B. srerNICORNE, B. sternicornis, Fabr., Oliv., Ent., 1. 2 , n° 52, pl. vi, fig. 52. Même forme que d'un léger duvet gris. Des Indes orientales. B. ivrerromPu, B. interrupta, Fabr., Oliv., | Ent., t. ©, n°52, pl x1, fig. 128. Long de 18 à 20 lignes, même forme que les précédens, excepté : que les élytres ne sont point dentelées; tête, cor- selet vert bronzé foncé; pattes, dessous de l’ab- domen vert bronzé clair, avec un duvet très-épais blanc ; le corselet est fortement ponctué, avec un duvet blanc dans les ponctuations. Les élytres sont noires, avec plusieurs bandesblanches assez cour- tes, une à la partie humérale près du bord ex- terne, une à la base de l’élytre; au milieu du dos un point entreelle et la suture , et enfim une bande plus longue divisée souvent sur sa longueur à par- tir du milieu de la seconde moitié de l’élytre, mais m’atteignant pas son extrémité. Du Sé- négal. L B. vensicoror, B. versicolor., Fabr., Oliv., t. 2, pl 1v, fig. 38. Long de 12 à 19 lignes, vert bleuâtre , très-fortement ponctué; de toutes des parties du corps s'élèvent des touffes de poils jau- nes, mais ‘autour des élytres elles sont rouges. Cette espèce se trouve au cap de Bonne-Espérance, quelquefois en! si grande quantité que les arbres paraissent couverts de fleurs. B. pe carzcauD, B. Calllaudä, Latr. Long d’un pouce 1/2environ; d’un vert bronzé, rugueux; ély- tresayant quatre larges bandes peu marquées et longitudinales, garnies d’un duvet blanchâtre. Des- sous du corps couvert du même duvet à reflets argentés. Ce Bupreste vient d'Égypte; il a été rap- porté par M. de Joannis, capitaine du Luxor, et nous l'avons représenté dans notre pl. 61, fig. 5, + + Un écusson. B. Géant, B. gigas, Linn., Oliv., Ent., £. 2, pl 2, fig. 1; Atlas, pl. 61, fig. 1. Long de 2 à 5 pouces, corselet transversal, comme lobé sur les côtés, præsternum s’emboîtant dans le segment suivant ; élytres wégulièrement chagrinées, bi-épi- neuses à leur extrémité; entièrement d'un vert cüi- vreux passant au rouge. Cette espèce , l’une des plus grandes du genre, se trouve communément dans la Guiane. B. À neux BANDES, PB. bivittata, Fabr., Oliv., Ent.,t.2, n°32, pl. 1, fig. 17. Long de 15 à 18 lignes; forme du précédent, mais beaucoup plus allongé , entièrement da plus beau vert doré, avec deux bandes couleur de feu occupant tout le milieu de la longueur de l’élytre. Des Indes orien- tales. B. soveux, B. lepida, Gory., Ann. de la Société ent. de France, t. 1, fase. 4, pl. x1r, fig. 3, 8; Atlas, pl 61, fig. 3. Long de 10 à 12 lig. C’est une des plus jolies espèces du genre. Il a la forme du précédent, mais les élytres sont finement en scie | à leur extrémité; d’un beau vert doré, avec le | vertex et les côtés du corselet d’un rouge de few; | tout le disque de l’élytre est occupé dans sa lon- les précédens ; tout le corps est entièrement d’un ! beau vert doré, avec les antennes noires; le :cor- ! selet est fortement ponctué, et les élytres ont des | impressions arrondies, disposées en stries garnies | gueur par une large bande jaune sale, entouré d’un liseré bleuâtre. Du Sénégal. Cet insecte n'avait été rapporté qu'une ou deux fois , il y a un an, et se vendait 6o francs.On en a trouvé un si grand nombre depuis, qu’il ne se vend plus actuellement que 90 centimes. B. aurriomien, B. austriaca, Fab. Long de 7 à 10 lignes; forme du précédent, avec les élytres BUPR bidentées à l'extrémité; d’un beau vert, avec le pourtour des élytres comme doré. Du midi de la France. B. nusTiQuE, B. rustica, Fab. Long de 7 à 9 lignes; corps un peu déprimé , large, avec des dépressions transverses sur les élytres; d’un vert bronzé, quelquefois bleu. Du Piémont. B. rarpa, B.tarda, Fab. Long de 3 à 4 lignes; forme du précédent , entièrement d’un bleu Fi in- digo. De la France méridionale , où on ne letrouve que sur les pins. B. TacuË DE JAUNE, B. flavomaculata, Fabr. Long de 8 lignes; forme des précédens; bronze foncé , une bande jaune de chaque côté du corse- let, et huit taches jaunes sur les élytres , laissant paraître en noir les stries qui les traversent. De France. B. ur ponts, B. octoguttata, Fab. Long de 5 lignes; forme des précédens; tête, corselet, abdomen bronzés; élytres bleues sur les côtés, et en avant du corselet de petites bandes jaunes ; quatre taches de même couleur sur le disque des élytres, et une de plus à la partie humérale, plus quatre autres sur chaque anneau de l’abdomen. De la France méridionale. B. iwpérraL , B. imperialis, Fab. Long de 15 à 1 lignes ; forme des précédens; entièrement noir, brillant, avec une bande jaune d’ocre de chaque côté du corselet et quatre bandes partie trans- versales , partie longitudinales sur SE re élytre. De la Nouvelle-Hollande, ; B. marrana, DB. {mariana, Fab., pren dans notre Atlas, p. 61, f. 4. Long de 19 à 14 lignes; forme des précédens , avec 4 dépressions au mi- lieu des élytres , et tout le reste ainsi que le corse- let très-rugueux par place ; extrémité des élytres finement en scie sur les côtés, vert bronzé cui- vreux en dessus , rouge-cuivreux en dessous. C'est la plus grande espèce de notre pays; elle est fort difficile à prendre, se tient habituellement sur les pins coupés dans le midi, et s’envole rapidement dès qu’on l'approche. B. voisin, B. affinis, Fab, Long de 6 à 7 lignes; forme des précédens ; élytres dentées finement en scie; bronze terne, avec quatre dépressions très- profondes au milieu ‘des élytres , plus claires de couleur. De la France méridionale. B. pu sauce , B. salicis. Long de 3 lignes ; forme des précédens ; vert en dessous ; élytres pourpres , avec une tache triangulaire à la base ; les côtés et une ligne au milieu du corselct verts, ce dernier bleu foncé. Charmante espèce de notre pays. B. manca, B. manca, Fab. Long de3 à 4 lignes; dessous du corps rouge-Cuivreux , tête et corselet noirs, avec trois bandes cuivreuses ; élytres bronze terne, très-rugueuses. De Paris. ‘B. AGRÉABLE, B. amæna , Kirby. Corps presque en carré long, têle allongée, corselet triangulaire, élytres fortement en scie sur les côtés ; d’un bean bleu d'acier, une bande transverse jaune lprès de l'extrémité des élytres. Du Brésil. ! B. Cassinromne , B. cassidioides, Guérin , Maga- sin de zoologie, 1832. Cette espèce est remar- 548 BURS quable par sa forme arrondie et aplatie, ce qui l'a fait comparer avec raison à une Casside. Il est long de 7 ou 8 lignes et large de 5; il est d’un noir bronzé, avec les bords du corselet, la suture el trois bandes transversales sur les élytres, do- rés. Il se trouve à Madagascar. (’oy. la figure que nous en donnons dans notre Atlas, pl. G1, fig. 2. B. xeur TACuEs , B. novemmaculata, Fab. Long de 4 à six lignes ; corps très-bombé, corselet for- tement convexe , élytres sans dentelures à l’extré- mité; d’un vert noir, six taches jaunes d’ocre transverses sur les élytres, une sur le vertex et deux sur le corselet de la même couleur. De la France méridionale. : B. arroxcé, B. teniata, Fab. Long de 3 à 4 li- gnes; même forme que le précédent; corselet avec deux impressions près de son extrémilé ; cette parlie et le commencement des élytres sont en outre finement dentés; élytres pro- fondément striées; noir, avec le corselet velu, quelques taches jaunes d’'ocre’ sur les élytres. D'’Autriche. B. DE LA RoNCE, B. rubi, Fab. Long de 4 à 5 lignes ; forme : des précédens ; corse strié à sa partie postérieure ; d'un noir bleu, et le corselet bronzé, avec quatre ou cinq a em à OR + CAFE 568 CAFE a ————————— 22 même;et, comme elle lui procura de douces ex- tases , il la recommanda aux musulmans les plus fanatiques. Ge qu'il y a de certain, c’est que la violence des lois et l’austérité de da religion qui vinrent en proscrire l” usage , ostibuètent singu- lièrement à l’étendre. Des contrées de VOrient il passa en Europe ; son introduction en France date de l'an 1669. A cette époque un demi-kilogramme de grains brûlés coûtait jusqu'à cent vingt t francs. Ge Fat en 1672 que l’arménien Pascal ouvrit à Pa- ris la première maison publique où l'on pouvait boire du Café; elle fut d’abord située à Ja Foire Saint-Germain, pue transportée sur le quai de l’École. Etienne d’Al lep et Procope, de Florence, appelèrent bientôt la foule dans les salles bien dé- corées où ils distribuaient cette liqueur. Généralement on prépare mal le Café; quand on le met à cuire , quand on le condamne à l’ébul- lition de l’eau chaude, on le dépouille d’une grande portion de son huile essentielle, on le déshonore presque entièrement. Il faut le faire à l’eau froide , le tenir couvert quand passe sa larme dorée, et lorsqu'elle a cessé de tomber, versez seulement quelques gouttes d’eau bouillante pour s'emparer des delien atomes bienfaisans. La liqueur est alors dans son état le plus parfait ; chauffez rau bain-marie et savourez. Coulez de l’eau bouillante sur le marc, elle vous servira pour la préparation suivante. Si vous avez bien agi dans le travail, cette eau sera fortement ambrée. N’altérez jamais l'excellence du café en liqueur en l’additionnant avec du lait, du thé, du cho- colat ; cette alliance est pernicieuse pour les tem- péramens. délicats, pour les femmes et surtout pour les jeunes filles; elle cause des aigreurs sur l'estomac, des pesanteurs , des maux de tête, la mollesse des chairs et un fàcheux “eue RiEt d’humeurs séreuses. On n’ajoute pas impunément du lait ou de la crème au Café que l’on boit après le dîner ; pour beaucoup de personnes, même les plus robustes, ce filet de lait, ce nuage de crème atténue l'effet digestif de la liqueur divine. Sur cent individus, dix au plus pourront le prendre sans en être incommodés, mais les autres en souf- frivont habituellement. Qu'on ne dise pas que c’est un caprice de l'estomac, ce phénomène d'in- digestion s'explique cliniquement, (Ÿ”.au motLair.) Le besoin d'argent qui tourmente tant de gens, le luxe qui entraîne si loin quand on cède volon- tiers à ses prestiges, le plaisir insatiable de la nouveauté qui sollicite tant d'inventions utiles et bizarres, ont créé une foule d’instrumens pour faire le café; tous sont égalemont bons, quand ils ne contrarient point la méthode simple que j'indique et que je suis depuis longues années. On retire de la pulpe qui enveloppe les grains du Caféyer une liqueur spiritueuse analogue au rhum et remarquable par un parfum qui rappelle avec délices son origine. Les habitans de divers cantons de l'Afrique emploient le Café comme aliment , dans leurs expéditions militaires ; ils en grillent a fève, la pulvérisent, et mêlent cette poudre avec de la graisse pour lui donner de la consistance; un petit volume de cette préparation leur suffit pour les soutenir pendant des marches de plusieurs jours. Cet usage est fort ancien parmi eux, il est très-présumable que l’on doit à des in- dividus de ces peuples, restes de l’antique Ethio- pic, la connaissance des propriétés du Café, et que le conte des chèvres , révélant son existence dans l’Yémen, est une allusion poétique au cos- tume ou aux habitudes de ces vieux guerriers. La qualité nutritive du Café est encore Pattestée par l'expérience de nos soldats qui firent partie de la mémorable expédition d'Egypte, en 1799; lors- qu'ils avaient de fortes fatigues à supporter, à pénétrer dans les déserts qui longent la vallée du Nil, ils préféraient à leurs rations le Café en grains brûlés ou réduits en poudre , il les Loti da- vantage, disaient-ils. J’ai vu des personnes, ins- tcuités de ce fait, manger le marc du Café; elles pensent se nourrir, elles lestent seulement l’esto- mac sans Jui fournir la plus légère substance ali- mentaire. Le Café avarié peut recevoir une utile destina- tion. En 1819, Bizio, de Venise, nous a appris qu'il donnait une très-belle couleur vert éme- raude qui manquait à la peinture , inaltérable aux différens agens chimiques, et même à l'influence corrosive de la lumière et de l'humidité. La dé- coction du Café étant faite comme à l'ordinaire, on a Lr Ja soude pure pour avoir un élégant précipité vert qu'on travaille pendant six à sept jours sur le marbre poli, afin que toutes les par- ties de la matière soient en contact avec l'air at- mosphérique, et en reçoivent une nouvelle viva- cité M (T. ». B.) CAFE BATARD. (or. Pnax.) A la Martinique on donne vulgairement cenom à un arbrisseau qui a de grandes affinités avec le genre Ixors. (Voy. ce mot). CAFÉ DIABLE. (mor. pHan. ) Les créoles de Cayenne et de la Guiane appellent ainsi le fruit d’une espèce d’Anavingue qu'Aublet désigne sous le nom de /roucana guianensis. (T. ». B.) CAFÉYER , Coffea. (mor. pnax. ) Joli arbris- seau qui, par son port, ses feuilles, ses fleurs et ses fruits, ajoute beaucoup à la beauté du site où on le cultive et à l’ornement des serres. Il est ori- ginaire de l'Ethiopie, a été porté dans l’Yémen, et n'a pris en Europe le nom de l'Arabie, Coffeæ arabica, que parce que, sans respect pour les vieilles traditions, les premiers voyageurs l'ont dit spontané dans cette partie de l’Arabie, tandis qu'il n’y est que cultivé en terrasses sur les gran des chaînes de montagnes de Karkari et d’Akakre. Le Caféyer était déjà introduit dans les serres d'Amsterdam , quand Resson le donna, en 1714, au Jardin des Plantes de Paris : il y a at soigné et multiplié, c’est de là que Déclieux en prit un pied et des graines qu'il alla planter à la Martini- que, en 1720. Iis y prospérèrent tellement que, six ans après, en 1726, on y comptait déjà deux cents pieds assez forts et produisant du fruit, plus de deux mille plants moins avancés et un nombre infini 2. Caille 2 et 3. Calandres - Z.Calao Æ. Guérin din OS VE ee D CAGO infini d’autres sortant’du sol auquel on avait con- fié des graines. La culture du Caféyer s’est pro- pagée dans toutes les Antilles avec le plus grand succès. Il en a été de même sur la côte méridio- pale de l'Asie ; le premier pied porté à Batavia à fourni tous les Caféyers qui peuplent et le conti- ment et les îles de l'Asie. Partout où on le cultive, il ouvre au commerce de grandes ressources, et assure au pays une longue et brillante prospérité. Cet arbrisseau, placé sur un sol convenable, monte de dix à treize mètres. Il a la tige droite, très-rameuse , couverte de feuilles d’un beau vert luisant ; ses fleurs blanches, d’une odeur douce mais légère, imitent celles du jasmin , s’'épanouis- sent deux fois l'an , naissent aux aisselles dés feuilles précédentes , sur la partie nue des rameaux , et dans les aisselles des feuilles existantes. La floraison dure souvent six mois conséculifs, de manière que la baie rouge que l’on voit succéder à la fleur qui brille trois ou quatre jours seulement, marie sa couleur à la verdure du feuillage, à la blancheur des corolles, et donne à l’arbrisseau l'aspect le plus séduisant. (Nous en avons représenté un ra- meau dans notre Atlas, pl. 64, fig. 5.) Je ne dirai point tous les soins que réclame sa culture , les mé- thodes suivies pour larécolte et la préparation des graines ; ces détails m’entraîneraient trop loin', sans rofit pour nos lecteurs , puisque l’on est persuadé, bien à tort à mon sens, qu'on ne pourra jamais T'acclimater en France. Je dirai seulement que le Caféyer n’est pas très-délicat, puisqu'il réussit sur les montagnes de l'Yémen où il gèle en hiver, où la neige couvre le sol pendant plusieurs jours de suite. [IL veut une terre substantielle, médiocre- ment arrosée , l'exposition du levant; sur un ter- rain humide ou exposé à des pluies fréquentes , il: vient très-vite, mais ses produits sont médiocres et bientôt il périt; dans les serres , il lui faut des arrosemens modérés en hiver, fréquens en été, et dans le temps des chaleurs , sur les feuilles. Le Caféyer appartient à la Pentandrie mono- gynie et à la famille des Rubiacées. On a calculé que l'Asie et l'Amérique fournissent à l'Europe plus de quarante millions de kilogrammes de graines, dont dix millions au moins se consom- ment en France. On peut évaluer à vingt millions d'arbrisseaux , c’est-à-dire à une forêt de trois my- riamètres carrés de surface, le contingent de l’Asie méridionale et de ses îles, tandis que celui des Antilles, de Cayenne et de la Guiane provient d’une forêt de soixante-cinq millions de Gaféyers plantés sur une surface de dix myriamètres carrés. Le commerce distingue le Caféyer en trois es- pèces , le Caféyer molka on de l'Arabie Heureuse, au grain petit, généralement arrondi ; le Caféyer mascareigne , que l'on tire de cette île et de l'ile Maurice, à grain gros, jaunâtre, et le Caféyer martinique, dont le grain est moyen et d’une teinte verdâtre. Ces prétendues espèces ne sont que de simples variétés. (T. ». B.) \ CAGOT. (Pnysior.) Nom vulgaire donné à des individus difformes , estropiés, et que cette dégra- dation morale réduit à la misère ; on les rencon- Tome I. 569 CAIL tre dans les Pyrénées, la Haute Gascogne, le Béarn. On donne pour étymologie à ce nom les deux mots latins canis gottus, chien goth. (P.G.) CAIEU, Bulbulus. (BoT. Han. ) On nomme ainsi un petit bulbe que produit un autre bulbe, qui le remplace, et qui naît soit dans sa sub- stance, soit au dessous. De Candolle regarde les Caïeux comme des bourgeons axillaires des bulbes, comme de jeunes branches qui se dé- veloppent à l’aisselle des feuilles; ils ne sont attachés à la tige que par un filet mince, qui se brise aisément et souvent de lui-même. Les Caïeux peuvent se développer eux-mêmes, après avoir été détachés du -bulbe qui les a produits. Voyez Buzss et Ocxox. (GuËr.) CAILLE, Coturnix. (ois.) Ces oiseaux appar- tiennent à l’ordre des Gallinacés et constituent dans la famille des Perdicidés ou Perdrix un petit genre dont les caractères essentiels sont les sui- Vans : Bec court, plus large que haut, à mandibule supérieure courbée ; narines basales , latérales, à moitié fermées par une membrane voûtée; tête emplumée ; yeux n'ayant jamais derrière eux ni à leur pourtour d'espace dénudé ; pieds à tarses lisses, sans éperons, quelquefois un simple tuber- cule calleux à leur place; queue courte, ordinai- rement composée de quatorze pennes étagées et arrondies, cachées par leurs couvertures supé- rieures et inférieures ; ailes médiocres, mais ce- pendant établies sur le type aigu, c’est-à-dire ayant leur deuxième penne la pius longue ; quel- quefois même elles sont sur-aiguës, c’est lorsque la première penne dépasse toutes les autres. Les Gailles, que quelques auteurs avaient voulu placer dans un même genre avec les Perdrix, en diffèrent non seulement par leurs caractères z00- logiques , mais aussi par leurs mœurs ; ce sout des oiseaux peu sociables, et qui vivent isolés: les mâles ne se tiennent avec les femelles que pendant le temps des amours, et ils les quittent lors- qu’elles sont près de pondre; ils sont polygames; les dernières font beaucoup d’œufs, et sont seules chargées de les soigner. Les Cailleteaux courent au sortir de l’œuf; ils sont plus robustes que les petits des perdrix, et peuvent se passer beaucoup plus tôt des soins de leur mère; lorqu’ils sont parvenus à ce terme, la compagnie se sépare avec une entière indifférence; et, passé le temps des couvées , ilest rare de trou- ver plusieurs Cailles réunies. Les oiseaux de ce genre paraissent appartenir principalement aux contrées chaudes du globe ; une seule espèce se trouve en Europe , encoren’y vient-elle que pendant la belle saison ; les autres sont de l'Asie, des îles de la mer des Indes et de l'Océanie , de l'Afrique et de Madagascar ; on n’en connaît point en Amérique. Les espèces qui s’ap- prochent le plus des contrées froides, les aban- donnent pendant l'hiver pour se rapprocher des tropiques ; elles se livrent alors à de longs voyages, qui ont rendu si célèbre notre Caille d'Europe, LXXII Livraison, 72 a —_————— —— ——"——————— ————————————" ——————_——— CAIL 570 CAIL : je Le froid est certainement la cause principale de ces migrations; mais il n’agit pas directement sur les Gailles, oiseaux frileux; il les prive de tous leurs moyens d'existence, leur enlevant en même temps les blés dans lesquels elles se tien- pent, ainsi que les grains et les insectes dont elles se nourrissent exclusivement. Plusieurs espèces des pays chauds ont aussi l'habitude des migrations. Tous ces oiseaux vivent habituellement dans les champs couverts de moissons ou dans les herbes ; on ne les trouve que très-rarement dans les bois ; jamais ils ne se perchent; ils courent avec agilité, et, lorsqu'on leur donne la chasse , ils ne prennent leur vol que si le danger devient trop pressant, Les principales espèces de Cailles sont : La Canre vuicame , Perdixæ coturnix de Linné, représentée à la pl. 65, f. 1 de notre Atlas. Elle a de longueur totale sept pouces trois ou qua- tre lignes ; son bec et ses pieds sont de couleur de chair; sa queue est composée de quatorze pen- nes ; dans le mâle, âgé d’un an et après la se- conde mue, les plumes de la tête sont d’un brun #oncé avec leurs bords roussâtres ; au dessus des yeux est une bande d’un blanc jaunâtre qui se di- rige de chaque côté sur la nuque, où elle s’élargit; une semblable bande , mais moins large , passe au milieu du crâne et à l’occiput. La gorge est rousse et porte deux bandelettes de brun roussâtre ; le cou, le dos , le croupion et les épaules offrent un mélange de jaunâtre et de moir, de roux et de gris. Les femelles se distinguent du mâle adulte par leur gorge qui est blanchâtre et sans aucune tache, par les couleurs du dos qui sont plus fon- cées, par les plumes de la partie inférieure du cou et de la poitrine qui sont blanchäâtres et parse- mées de taches noires , presque rondes. L’âge et les localités occasionent dans le plumage des deux sexes quelques autres différences ; ils en pro- duisent aussi souvent dans les dimensions ; cer- tains individus varient accidentellement du blanc plus ou moins pur au brun foncé et même au noir. On conserve au muséum de Paris une variété albine de la Gaille, tuée par le roi Louis XV: la variété noire ne se produit qu’en domesticité ; elle dépend du chenevis qui est ordinairement donné aux Cailles pour toute nourriture. Quoique les Gailles soient des oiseaux très-ré- pandus, on connaît à peine leurs mœurs : que de contes absurdes n’a-t-on point écrits ! que de cir- constances merveilleuses ont été répétées avec une assurance vraiment désespérante ! Qui n’a entendu dire que les Gailles se retirent, aux approches du froid, dans des trous en terre pour y passer l'hi- ver à la manière des hérissons et des marmottes; ou qu'elles s’engendrent des thons que la mer agitée jette quelquefois sur le rivage , et qu'elles passaient successivement sous diverses formes , grossissant par degrés jusqu’à ce qu’elles devins- sent des Cailles ; et mille autres absurdités que nous rougirions de rapporter ? Les anciens et les modernes se sont beaucoup occupés des voyages des Cailles ; ces voyages que les habitans des côtes ont observés mille fois, des _ savans n’ont pas craint de les mettre en doute. L’inclination de voyager et de changer de climat à certaines époques de l’année est une des affections les plus fortes de l'instinct des Cailles ; la cause de ce désir, dit Buffon , ne peut être qu’une cause très-générale puisqu'elle agit non seulement sur toute l'espèce, mais aussi sur des individus sépa— rés, pour ainsi dire, de leur espèce, et auxquels une étroite captivité ne laisse aacune communi- cation avec leurs semblables; c’est ainsi que l'on voit de jeunes Gailles tenues depuis leur naissance dans des cages , éprouver régulièrement deux fois par an une inquiétude et une agitation tout-à-fait singulière pendant l'époque des voyages, savoir, aux mois de septembre et d'avril. Cette inquiétude se fait principalement remarquer le soir et pen- dant une partie de la nuit, car c'est à cette heure que les Cailles se disposent à partir, traversant Ja Méditerranée pour se rendre en Afrique , où elles se répandent jusqu'au Cap. Quelquelois elles se reposent pendant la traversée sur les îles qu’elles rencontrent ; les îles et les écueils du Levant sont en automne tout couverts de ces oisseaux ; les habitans en fontune grande exploitation. En Morée, les Cailles arrivent au mois de septembre , fati- guées et presque incapables de mouvement ; les habitans, qui ont fait tous leurs préparatifs, se li- vrent alors à une véritable récolte, les ramassent pour les saler et en approvisionner divers pays; ils disent que Dieu, qui les leur envoie, les prive de la faculté de voler: Caprée, île situé à l'entrée du golfe de Naples, est aussi à la même époque presque entièrement couverte de Cailles ; l'évêque de l’île, qui percoit la dime sur le commerce qu'on en fait, touche chaque année quarante ou cinquante mille francs... Onse fera une idée du nombre d'oiseaux qu'il faut pour que la dixième partie de leur valeur produise une telle somme, en apprenant qu'à Naples, l’un des principaux débouchés de l'ile, les Cailles ne valent que quatre ou cinq sous la pièce. Cet évêque a élé appelé l’évêque des Cailles. Ce n’est qu'au temps des voyagesque les Cailles se réunissent ; elles choisissent pour partir un vent favorable qui les aide beaucoup dans la traversée, le prenant nord-ouest ou nord pour aller en Afri- que, et sud-est ou sud pour revenir en Europe; mais il arrive quelquefois que le vent change avant qu'elles aient atteint la terre; elles sont alors dans l'impossibilité de continuer, et périssent presque toutes englouties par les eaux. Dans ces circonstances il n’est pas rare qu'elles s’abattent sur un bâtiment; mais toutes n’ont pas ce bon- heur, et elles tombent le plus souvent dans la mer ; on les voit alors flotiter pendant quelque temps et se débattre sur les vagues, une aile en l'air, comme pour prendre le vent, d'où quelques naturalistes ont pris occasion de dire qu'elles se munissaient en partant d'un petit morceau de bois qui leur servait de radeau pour se reposer de temps en temps, en voguant sur les flots, de la fatigue de voguer en l'air. Pline leur a fait porter Bi CAIL trois petites pierres dans le bec pour se soutenir contre le vent; Oppien veut au contraire que ces | pierres soient destinées à indiquer à l'oiseau , qui | les laisse tomber une à une, s’il a dépassé la mer. | Ces erreurs ne sont pas les seules : le râle des ge- nêts , oiseau solitaire et voyageur, arrive et part | en même temps qu'elles, etse tient aussi dans la campagne : on a dit qu'il les conduisait, eton l’a | # nommé le rot des Cailles. Dans nos provinces méridionales, on voit arri- ver les Cailles dès les premiers jours d’avril, mais ce n’est que vers la fin de ce mois qu’elles vien- nent dans le nord. Des jeunes qui viennent quel- ques jours avant les vieilles, ont recu des chasseurs le nom de Cailles vertes, parce qu’on ne les trouve | alors que dans les prairies; passé cette époque et | jusqu’à leur départ, ils les appellent Cailles gras- ses. Dès le mois d’août et surtout de septembre ces oiseaux nous quittent, et vont se ‘répandre en Égypte ,en Asie, en Syrie, etc. Cependant il en reste même dans notre pays quelques individus blessés ou provenant de couvées tardives ; ils pas- sent l’automne et l'hiver dans les endroits les mieux exposés. La Caille vole avec célérité, mais elle se lève difficilement et seulement lorsqu'on la poursuit; elle file droit à une petite élévation des terres, et redescend bientôt : en un mot, elle court plus qu'elle ne vole. Les mâles de cette espèce sont polygames ettrès-lascifs; on en à vu un réitérer dans un jour jusqu’à quinze fois ses approches avec plusieurs femelles. Celles-ci ne font qu'une couvée, du moins dans nos climats; elles pondent assez tard, vers la fin de juillet, huit, dix, et jusqu’à quatorze œufs obtus, d’un verdâtre clair, marqués de petits points ou de taches brunes et noirâtres : elles les déposent dans un simple trou , entouré de quelques brins d'herbe, et les couvent pendant trois semaines. Les petits courent en quittant leur coquille; ils ont bientôt pris tout leur accroisse- ment , et sont capables d'exécuter les voyages aussi bien que leurs parens. La Caille est partout considérée comme un fort bon gibicr; sa chair diffère peu de celle de la perdrix; elle est susceptible de se couvrir d’une couche de graisse absolument comme celle des becs-figues et des ortolans, La Caille grasse habite les récoltes de chanvre, de sarrasin , les genêts , les bruyères, et même les buissons ; on la chasse, ainsi que la Gaille verte, avec le chien d'arrêt et le fusil, dela même manière que la perdrix. Suivant les saisons . on emploie divers instrumens pour chasser les Cailles ; tels sont les appeaux artificiels ou vivans, le tramail ou halier , la tirasse et le traineau. Pour attirer ces oiseaux dans le piége qu'on leur atendu, on se sert d’une femelle (appeau vivant), ou d’un sifflét quiimite son cri ( appeau artificiel). La plus amusante et la plus fructueuse de toutes les chasses est sans contredit celle de la tirasse, depuis l’arrivée des cailles jusqu’à leur départ ; on peut avec cet instrument en prendre une quantité considérable. C’est un filet long de trente-cinq à quarante-cinq pieds, et large de vingt à trente, o71 CAIL dont les mailles en losange doivent avoir un pouce et demi. Il faut deux personnes pour manœuvrer ce filet; cependant un seul homme peut s’en ser- vir utilement en fixant sa tirasse par’ un pieu. La manière dont les Cailles se prennent à ce piége est facile à concevoir: comme elles se tiennent habituellement à terre, il est aisé de les environ- ner et de les couvrir avec le filet. Le traîneau est une sorte de tirasse dont un côté rase la terre eb ramasse les Cailles comme un filet prend le pois- son de la partie d’une rivière dont il balai le fond. Les Cailles et surtout les individus du sexe mâle ont le caractère triste et querelleur ; on a souvent exploité ce penchant pour amuser la multitude ; des combats de cette sorte sont même encore usi- tés aujourd'hui dans quelques villes d'Italie : om prend deux Cailles habituées à une nourriture abondante, et on les met vis-à-vis l’une de l’autre, chacune au bout opposé d'une longue table, et l’on jette entre elles deux quelques grains de mil- let; car, comme le dit Buffon, parmi les animaux il faut un sujet réel pour se battre. D'abord les deux champions se lancent des regards menacans, puis , partant comme un éclair, ils se joignent, s’attaquent à coups de bec , et ne cessent de se bat- tre que jusqu’à ce que l’un cède à l’autre le champ de bataille. Cette espèce de gymnastique, qui nous semble puérile, était fort goûtée des anciens ; il fallait même qu’elle tint à leur politique, puisque. nous voyons qu'Auguste punit de mort un préfet d'Egyple pour avoir fait servir sur sa table une Caille que ses victoires avaient rendue célèbre , et que Solon voulait que les enfans et les jeunes gens assistassent aux combats de ces oiseaux, afin, sans doute , d’y prendre des lecons de cou- rage. Parmiles espèces exotiques du genre des Cailles, nous citerons les suivantes : CaïLLE A VENTRE PERLE, C. perlata, Temm. C’estune belle espèce qui habite l’île de Madagas- car, d’où elle émigre tous les ans pour se rendre sur la côte orientale de l’Afrique. Cane ausrraze, C. australis. Longue de sept pouces où un peu moins, cette espèce est très- abondante à la Nouvelle-Hollande ; elle parait avoir les mœurs de notre Caille vulgaire; on ignore sielle est sédentaire sur ce vaste continent, ousi elle visite aussi les nombreuses îles de l’océan Pacis fique. : Caizze DE LA Nouvezre-ZÉcanDE , Coturniæ Novæ Zelandiæ. Gette espèce a été récemment dé- couverte, par MM. Quoy et Gaimard, qui l'ont décrite et fait figurer dans la partie zoologique du voyage de l’Astrolabe; on n’en connaît que la femelle, Carine NarTrke, C. textilis. Modelée sur les formes de notre Caille vulgaire, cette espèce est d’une taille inférieure , mais son bec est plus fort et plus gros. Son plumage présente d’ailleurs un plus grand nombre de taches et de raies foncées , et la livrée des deux sexes imite assez bien un Lissu natté de couleurs noire, blanche et rousse; une CAIL 572 CAIM large bande noire longitudinale , qui s’étend au milieu de la poitrine jusque sur le ventre , distin- gue encore celte espèce de la Caille vulgaire. Elle ie le continent de l’Inde. CAILLE A FRAISE , C. excalfactoria , Temm. Cette espèce a recu de Buffon le nom de Fraise à cause de l'espèce de fraise blanche qu’elle a sous la gorge, et qui tranche d’autant plus que son plumage est d’un brun noirâtre. Cette Caille est moitié moindre que la nôtre ; elle habite la Chine, où les habitans la tiennent souvent chez eux, car ils s’en servent l’hiver pour se chaufler les mains, le bois étant fort rare. Ils l’élèvent aussi pour faire battre les mâles les uns contre les autres ; ces combats donnent lieu à de fortes gageures. CAILLE A GORGE BLANCHE , C. lorquata. Get oiseau décrit par Mauduit , a le sommet de la tête noirâtre , les joues d’un noir foncé qui s’étend sur les côtés et sur le devant du cou, et forme un cadre autour de la gorge dont la couleur est d’un blanc éclatant. Patrie inconnue. La Carre BRuNE, C. grisea, Temm., est une autre espèce de l’île de Madagascar. La Caïcre DE LA Nouvezzz-Guinée, C. Vovæ Guineæ, du même auteur, est d’un tiers moins grosse que l’espèce commune; elle a recu le nom de la contrée où on l’a observée. La Carre Des pois, T'etrao sylvaticus, décrite par Desfontaines dans les Mémoires de l’aca- démie des sciences, est une espèce du genre T'urnix , le T. racayprÔME, Temm. On la trouve sur la côte septentrionale de l'Afrique où elle reste toute l’année ; à Alger elle est assez com- mune. (GERY. ) CAILLES D’AMÉRIQUE. (os. } Ces Oiseaux ne doivent point être confondus avec ceux du genre Coturnix ; ils appartiennent au groupe des Golins , auquel nous renvoyons. (GERv. ) CAILLETEAUX et CAILLETONS (os. ) sont deux noms par lesquels on indique les petits de la Caille. (GErv. ) CAILLETTE. ( axar. ) C’est le quatrième esto- mac des ruminans , c’est la plus grosse des poches après la panse ; elle a recu le nom de Caillette, parce que chez les jeunes animaux on y trouve la présure qui sert à faire cailler le lait. Les parois en sont très-épaisses et ridées. Elle communique avec l'intestin par l’orifice pylorique. Get estomac est le seul développé tant que tette l'animal : la ru- mination alors ne s'opère pas. On a aussi donné à la Caillette le nom de Franche mulle. (P.G.) CAILLOT. (puysior.) Tant qu'il se meut et circule , le sang reste liquide, mais dans certaines circonstances ses propriétés physiques changent totalement. Si, par exemple, on l'extrait des vaisseaux qui le ne ment dans le corps vivant, et qu’on l’abandonne à lui-même, il se transfor Me, au bout de quelques instans, en une masse de consistance gélatineuse, qui se sépare bientôt en deux parties, l’une liquide, jaunâtre, transpa- rente, qu’on appelle sérum ( voyez ce mot ); l’au- tre compacte, de couleur rouge, à laquelle on flonne le nom de Caillot ou cruor du sang. Il ne faut pas confondre le Caillot avec cette couche molle et grisâtre qui souvent en couvre la surface, et qu'on désigne par le nom de couenne du sang. La formation de cette troisième partie est le plus ordinairement un des signes d'affection inflammatoire, surtout de la pneumonie ou fluxion de poitrine. Elle peut également être due à des circonstances sans importance, telles que la gran- deur de l’ouverture de la veine, la forme du vase qui recoit le sang, etc. Selon Berzelius, le Caillot se compose de 56 de fibrine, de 64 de matière colorante rouge chez le bœuf; la fibrine n’est que dans la proportion de 0,079 dans l’homme. CPaG: 1) CAILLOU. (ctor.) Dans le langage ordinaire on donne le nom de Caillou à toutes les pierres siliceuses, c’est-à-dire composées essentiellement de silice, quelle que soit leur couleur ; mais prin- cipalement à des morceaux arrondis, soit par suite de leur mode de formation ; soit par suite d’un long frottement, C’est ainsi qu'on a appelé Caillou d Égypte un beau jaspe zonaire quelque- fois dendritique, c’est-à-dire offrant des zones concentriques et des espèces d’herborisations , roche qui se trouve en fragmens arrondis dans les plaines qui bordent le Nil; Caillou de Rennes, une réunion de petits fragmens de quartz jaspe tantôt rouges, tantôt jaunes, à ciment siliceux et fin ; Caillou d'Angleterre, un véritable PouniNeuE (voy. ce mot) ; enfin Cailloux de Médoc, de Bris- tol, de Cayenne et du Rhin, des morceaux de quartz hyalin ou de cristal de roche roulés. On a même appelé Caillou d'Alençon, ce qu’on nommait non moins singulièrement autrefois Dua- mant d'Alençon, un quartz hyalin enfumé , et quel- quefois noir, qui occupe les cavités du granite des environs de cette ville. En géologie on désigne souvent sous le nom de Cailloux roulés les fragmens arrondis de quartz, de silex, provenant de la craie, du granite, du gneiss et d’autres roches qui forment les dépôts diluviens ou de transport que l’on remarque dans certaines plaines , telles que celles de Boulogne et de Clichy près de Paris, de la Crau aux énvi- rons des Bouches- du-Rhône: et du nord de l’AI- lemagne , où ils sont accompagnés, principalement dans Pruse septentrionale et le Mecklenbourg , d'énormes morceaux de roches arrachés aux mon- tagnes de la Suède, et qui ont reçu des géologistes le nom de BLocs EnRATIQUES (voy. ce mot). Quel- quefois on donne à ces cailloux roulés le nom de Galets ; mais cette expression est principalement en usage sur les côtes de France pour désigner les fragmens de diverses roches roulés par les flots, el que la mer accumule et refoule sur la par- tie la plus haute du rivage qu’elle couvre, en laissant dans la partie basse les fragmens les plus tenaces de ces mêmes roches qui forment le sa- ble le plus fin. (J. H.) CAIMAN. (revr.) On a donné ce nom, en Afrique et en Amérique , à diverses espèces de crocodiles et d’alligators. Les habitans de ces pays, les nègres, les voyageurs ont appliqué ce CAKI 575 CALA É nom à toutes les espèces qu'ils ont rencontrées, comme chez nous les personnes peu instruites désignent par le nom de Scarabée tous les in- sectes coléoptères, ou dont les ailes sont re- couvertes par des éluis cornés. Dans l’état ac- tuel de la science le nom de Caïman a été res- treiñt aux crocodiles du genre Arzraaror. (VW. ce mot.) (Guér.) CAJEPUT (huile de). (BoT. px.) L'huile vo- latile de Cajeput, à laquelle on a voulu faire jouer un rôle important dans le traitement de l’é- pidémie (choléra-morbus) qui désola la France en 1832, est extraite par la distillation des feuilles du Melaleuca Cajeputt , arbuste des îles Moluques, nommé Cajeputi, où Arbre blanc, qui appar- tient à la famille des Myrtacées , et qui a été dé- crit par Rumph sous le nom d’ÆArbor alba minor ; afin de le distinguer d’autres espèces voisines qui portent le même nom, mais qui ne fournissent pas d'huile. L'huile de Cajeput est très-fluide , transparente, ne donne aucun dépôt, est soluble dans l'alcool , ne se saponifie pas par l’ammoniaque, répand une odeur particulière , très-agréable, qui rappelle tout à la fois celle de ‘la térébenthine du camphre, de la menthe poivrée et de la rose. Sa cou- leur, ordinairement d’un beau vert ou d’un vert bleuâtre, est due à une très-petite quantité de cuivre : la présence de cet oxide n'étant guère que dans des proportions de un vingt-deuxième de grain par gros, peut être considérée comme de nuleffet dangereux dans l’usage médical. Toute- fois on peut séparer tout le cuivre en agitant l'huile avec un soluté de cyanure de fer Fe de | potassium , filtrant et laissant reposer. L'huile ne tarde point à surnager , et on l’enlève. L'huile de Cajeput étant susceptible d'être falsi- fiée , d’être préparée de toutes pièces avec d’au- tres huiles d’une moindre valeur, il est impor- tant de se rappeler les caractères que nous ve- nons de lui donner, car ils sont ceux de l’huile de bonne qualité. On mettra également de côté tous les produits qui sentiront la lavande , le ro- marin, la sauge, la rue, la sabine, ou autres essences de nos climats. (FE: F.) CAKILE. (or. Pxan. ) Petit genre de la famille des Crucifères et de la Tétradynamie siliceuse , composé de trois espèces, dont la plus remar- quable est le CaxiLe DES sagres, C. maritima , qui se plaît sur les côtes baignées par la mer. Cette plante charnue, que l’on brûle, en certaines localités, pour en retirer la soude, à une tige très-diffuse , haute de trente centimètres , garnie de feuilles ailées , pinnatifides, et de bouquets à fleurs rougeûtres, quelquefois blanches, épanouies en juin , et auxquelles succèdent des silicules bis- articulées, dont les loges ne renferment qu’une seule graine. On la trouve abondamment dans les environs de Boulogne-sur-Mer. (T. ». B.) CAKILINÉES. or. Puan.) Coupe nouvelle- ment introduite dans la famille des Crucifères, ct fondée sur la forme de la silicule et des cotylé- dons que j’ai vus être très-peu fixes. Elle com- + prend les genres démembrés Rapistrum , Cordylo- carpus , Chorispora de De Candolle, et le genre Cakile créé par Desfontaines , et qui lui sert de type. D’après ce système il n’est pas un seul genre, il n’est pas une seule espèce qui ne puisse espérer de prendre un jour le titre de famille ou de tribu. Voilà du désordre et non de la science. (T. ». B.) CALADION, Caladium. (5or. Pnan.) Jusqu'en 1798, les plantes de ce genre, qui sont au nom- bre d'environ une vinglainc, faisaient partie du genre GouET, ÆArum (voÿ. ce mot ); elles en ont été dtientent détachées par Ventenat. Cette coupe , proposée par Rumph, dans sa Flore d'Amboine, a été adoptée, parce qu’elle est éta- blie sur des caractères positifs, constans, sur la situation et la forme des glandes, sur les stigma-- tes qui sont glabres et ombiliqués, et principale- ment sur le spadice dont le sommet n’est pas nu, mais garni d’anthères dans son entier. Presque tous les Galadions sont herbacés et parasites. Deux seules espèces sont comestibles , le Caladium esculentum, provenant de V'Améri que méridionale , dont on mange la racine tubé- reuse blanche quand elle est Aie , et le Cala- dium sagittatum, vulgairement appelé Chou ca- raibe , qui a Ja FU grosse ‘et de très-belles feuilles. Une autre espèce, le GALADIUM À DEUx cou- LEURS, C. bicolor, découverte en 1766, par Gom- merson, près de Rio-Janeiro, au Brésil, et culii- vée dans nos serres depuis 1789, est agréable à voir. Sa racine est fibreuse, d’une saveur causti- que, produit plusieurs feuilles radicales, assez grandes, disposées en fer de lance, d’un superbe rouge cramoisi dans le milieu , et d’ un vert foncé sur 1e bords. Du milieu de ces belles feuilles s’é- lève la hampe, et quelquefois trois ensemble, portant à l'extrémité la spathe florifère, qui s’'épanouit en juin et juillet, colorée d’un violet tendre. L’éclat de cette plante égale sa délica- tesse. On la multiplie de drageons qu’elle pro- duit en abondance. Le genre Caladion fait partie de la famille des Aroïdées et de la Monæcie polyandrie. Rumph nous apprend que son nom botanique est la tra- duction du mot égyptien Kelady, sous lequel on désigne dans ce pays les espèces comestibles de Gouet. (T. ». B.) CALAIS (Pas-de-). (céocr. pays.) On appelle ainsi le détroit qui sépare la France de l’Angle- terre : il est placé entre deux mers libres, et le flux et reflux s’y fait vivement sentir contre les côtes escarpées. Beaucoup de raisons donnent à penser que les terres de la Grande-Bretagne et de la France étaient jadis unies entre elles au moyen d’un isthme ; et entre autres faits qui peuvent être cités comme preuves de cette assertion, on peut ranger Ja formation des terrains qui composent l'ane et l’autre côte : depuis Calais jusqu'à Bou- logne, on trouve en France les collines de craie de Blanc-Nez. En Angleterre, à l'occident de Douvres, on trouve un lit immense de craie de même na- CALA ture: c’est à cette formation de ces côtes occiden- tales que l'Angleterre dut son ancien nom d’Al- bion. Entre Fallstone et Boulogne, on trouve encore un autre monument qui peut faire présumer l’an- cienne jonction de la grande île au continent : en effet, à environ six milles de Fallstone , on ren- contre une étroite colline sous-marine, qui forme comme la crête de l’ancien isthme, environ d’un mille de largeur sur deux milles de longueur , et s'étendant à l’est vers les bancs de Godwin. Cette colline se nomme Rip-Raps, et les matériaux qui la composent sont un assemblage de cailloux ronds et durs. Dans les plus hautes marées l’eau ne s’é- lève pas à plus de quatorze picds au dessus de cette colline : cette observation fera facilement entrevoir tous les dangers que les bâtimens cou- rent en s’approchant de cette colline sous-marine; aussi plus d’un grand vaisseau y at-il péri : en juillet 1782, la Belle-[le, de 74 canons, y toucha et fut trois heures avant de pouvoir sortir de la cruelle po- sition où elle était; ce ne fut qu’en jetant une grande partie de son chargement , qu’elle vint à bout de se relever et dese dégager. Ce détroit est quelquefois très-dangereux : les marées les plus élevées sont de vingt-quatre pieds, les plus basses de quinze pieds. Le flot vient de la mer d'Allemagne , passe le détroit, et rencontre ensuile la marée occidentale de l'Océan, qu'elle combat violemment et dont elle triomphe. Le dé- troit dans sa largeur la plus resserrée n’a que vingt-un milles, et de Douvyres à Calais on en compte vingt-quatre, (GC. d.) CALAMAGROSTIS (mor. PHAN. et Acr.) Beau- coup de plantes sont naturellement appelées à. forcer les sables stériles à donner quelques pro- ductions uliles, à s'arrêter en dunes plus ou moins élevées sur les bords de la men, et À mettre un terme à leur empiétement sur le sol que l’industrie fertilise. De ce nombre se distingue particulière- ment le Calamagrostis arenaria, vulgairement connu sous le nom de Aoseau des sables. Munie de racines très - longues et traçantes, cette plante jouit au plus haut degré de la propriélé de fixer ces masses de sables mouvans qui donnent un si triste aspect aux côtes dépourvues de falaises. De temps immémorial les peuples du Jutland et ceux de la Zélande le sèment en lignes très-serrées pour opposer une barrière aux sables que l'Océan dé- pose sur leurs rives abaissées. En 1787 et jusqu’en 1809 Bremontier à eu recours au Calamagros- tis, et par son moyen il est parvenu à suspendre la grande mobilité des dunes qui, de l'embouchure de l’Adour à celle du Bec-d'Ambès, dévoraient la partie occidentale de nos départemens des Landes, de Lot-et-Garonne et de la Gironde. De- puis celte époque, des forêts de pins maritimes couvrent ce sol et portent l’abondance là où ré- gnait la plus affreuse stérilité. Le Calamagrostis est mangé par les bestiaux; on le convertit aussi en engrais. (T. ». B.) CALAMINE. (cmm.) La Calamine ou pierre ca- lanunaire, est une mine de zinc oxidé, mélangée 574 mer RE EE nement CALA le plus ordinairement d’oxide de fer, de;plomb sulfuré et de parties terreuses. On en distingue trois variétés : la Calamine lamelleuse, que l'on trouve en Angleterre; la Calamine chatoyante, de Daourie, et le Zinc Calamine commune, qui est opaque, rougeâtre, impure, et que l’on trouve en Souabe, en Carinthie, en France, etc. La Calamine, appelée en médecine Cadmie fossile et Tuthie, n’est employée dans l’art de guérir, comme astringente ( dans ces derniers temps on l’a conseillée pour prévenir les cicatrices de la petite-vérole), qu'après avoir été lavée et triturée dans l’eau par les pharmaciens, pour en séparer les parlies les plus grossières, Elle entre dans plusieurs onguens et emplâtres. (F.F.) CALAMITES, Calamites. (or. pmAx. ) Groupe de végétaux fossiles, appartenant au terrain de houille, et présentant des tiges simples, articulées, marquées de stries longitudinales et régulières , terminées chacune par de petits points ronds im- primés autour de l'articulation; on voit aussi par- fois des marques assez grandes placées à inter- valles égaux sur cette même articulation. Si l’on cherche, dans nos végétaux actuels, ceux qui se rapprochent le plus de cette antique orga- nisation, on trouyera que la famille des Préles, Equisetum, renferme les véritables analogues des Calamites; M. Adolphe Brongniart l’a prouvé par une comparaison attentive et scrupuleuse. Le nom de Calamites ne donne done pas une idée exacte des fossiles en question; Schlotheim et, Sternberg , en introduisant ce mot dans leur clas- sification, avaient en vue les Rotangs, Calami, dont ils croyaient retrouver les analogues fossiles: les Calamites sont en effet d’une taille beaucou plus élevée que nos préles; mais cette différence, commune entre les productions du monde actuel et celles du monde antédiluvien, ne doit pas em- pêcher de reconnaître la conformité d’organisa- tion. (L.) CALAMUS AROMATICUS ( Roseau aromati- que). (Bor. pran.) Le Calamus aromaticus est une plante de la famille naturelle des Aroïdes, de l'Hexandrie monogymie de Linné, qui croît en France, dans le nord de l'Europe et de l’Amé- rique septentrionale, dans les Indes, etc. Ses ca- racières botaniques sont les suivans : tige compri - mée, haute de trois à cinq pieds; feuilles em faisceau, longues, étroites , ensiformes , glabres, d’un beau vert; fleurs petites, très-serrées , d’une couleur jaunâtre, supportées par un chaton ses- sile, cylindrique, long de deux pouces environ et naissant du milieu de la tige; calice à six divisionss six étamines; un ovaire à stigmate sessile; fruit : capsule triangulaire à trois loges. La racine de Calamus, seule partie employée en médecine comme tonique et stomachique, est cylindrique , noueuse, de la grosseur du doigt, grisâtre extérieurement , blanche intérieurement, d'une saveur amère, âcre, comme poivrée, et d’une odeur aromatique assez agréable. Telles sont les propriétés et les caractères de la racine de Ca- lamus indigène. Celle des Indes proprement dite, | | (l CALA 6] plus petite, plus noueuse, d’une saveur plus forte, et d’une odeur plus pénétrante, se rencontre dif- ficilement aujourd'hui dans le commerce. CE. Fu) CALANDRE. (o1s.) Nom d’une espèce d’a- louette (Alauda calandra, Lin. ) V. ArrouerTe. (Guër. ) CALANDRE , Calandra. (ixs.) Genre de l’or- dre des Coléoptères, section des Tétramères, fondé aux dépens du grand genre Charancon de Linné, et rangé par Latreille dans la famille des Rynchophores avec les caractères suivans : anten- nes très-coudées, insérées près de la base de la trompe, et dont le huitième article forme une mas- sue triangulaire ou ovoïde. Les Calandres se dis- tinguent sous plusieurs rapports des autres genres de leur famille. Elles ont une tête terminée par une trompe cylindrique, longue, un peu courbée et sans sillons latéraux; des antennes de huit arti- cles, dont le premier est allongé, les suivans courts, arrondis, et le dernier ovoïde, triangulaire ou coni- que, offrant quelquefois l'apparence d’une divi- Sion transversale ; une bouche très-petite , munie cependant de mandibules dentelées , de mâ- choires velues ou ciliées, de palpes coniques et presque imperceptibles, et d’une lèvre linéaire et cornée; les yeux embrassant les côtés de la tête; le prothorax est arrondi, de la longueur de la trompe, rétréci en avant pour recevoir la tête ; les pattes sont fortes avec les jambes poin- dues; les tarses ont leur pénultième article plus grand , velu en dessous et en forme de cœur; l'ab- domen, terminé en pointe, est plus long que les élytres; le corps est allongé, elliptique , irès-dé- primé en dessus. Ces insectes ont la démarche lente; ils se nour- rissent de monocotylédones , attaquent principa- lement les semences , et occasionent souvent des dégâts incalculables. Leurs larves s’introduisent dans le blé, le seigle, le riz, les ‘palmiers, et dé- truisent en fort peu de temps les récoltes amassées dans nos greniers, sans qu'il soit possible d'ar- rêter leur ravage. L'espèce servant de type au genre est la Ca- LANDRE RACCOURCIE , Calandra abreviata, Oliv. Elle est la plus grande de celles qu'on rencontre en Europe, et atteint quelquefois huit lignes de longueur. La CazanDre PALMISTE, Calandra palmarum , Linn., Oliv., qui est figurée dans notre Atlas, pl 65, fig. 5, a un pouce et demi delong , la mas- sue de ses antennes est tronquée; l’insecte est tout noir, avec des poils soyeux à l'extrémité de la trompe. Cette espèce vit dans la moelle des palmiers de l'Amérique méridionale. Les habitans mangent sa larve, nommée ver palmiste , comme un mets délicieux. Malheureusement nous ne connaissons que trop la Gazanpne pu B1É , Calandra granaria, que nous avons représentée pl. 65, fig. 2 (Cureu- lio granarius, Lin., Oliv., Col. v, 85 , xv1,196); son corps est allongé , brun, avec le corselet peu élevé , aussi long que les élytres. A cet état la Calandre n’occasione pas de très-grands dom- mages dans les tas de blé ; il n’est pas même cer- tain qu’elle vive alors de grains, et si on la ren- contre au milien de ceux-ci, elle y est plutôt pour déposer ses œufs que pour s’en nourrir, À peine devenue insecte parfait, et lorsque la température est au dessus de 8 à 9 degrés du thermomètre de Réaumur, la Calandre se livre à la copulation; s’il faisait plus froid , l’'accouplement n’aurait pas lieu; l'animal pourrait même à un certain degré rester engourdi et présenter tous les caractères de la mort apparente. La ponte a lieu plus ou moins long-temps après l'union des deux sexes. Dans le midi de la France elle commence au mois d'avril, eb se continue jusqu’à l’automne. La femelle s'enfonce dans les tas de blé, et fait une piqüre à l’enveloppe du grain. La pellicule, soulevée dans cet endroit, forme une élévation peu sensible, au dessous de laquelle est pratiqué un trou elliptique ou même parallèle à la surface du grain; un seul œuf y est déposé, après quoi l'ouverture du trou est bouchée avec une sorte de gluten de la couleur du blé. Il devient alors très-difficile de distinguer à la simple vue les grains attaqués ; on les reconnaît cependant à leur poids spécifiquement moindre que celui de l’eau, et à leur légèreté, très-sensible lorqu'on les manie. L'accouplement, la ponte des œufs et toutes les autres fonctions des Calandres n’ont pas lieu à la surface des tas de blé, mais à la profon- deur de quelques pouces; elles n’abandonnent leurs retraites que lorsqu'on les inquiète et quand la saison rigoureuse arrive; à cette époque elles vont chercher un abri contre le froid dans les an- gles et les crevasses des murailles, ou dans les fentes des boiseries. Un grand nombre périt , et celles qui échappent retournent au printemps dans lestas de blé. Comme nous l'avons dit ci-dessus, l'œuf déposé dans le grain ne tarde pas à éclore. Il en naît une petite larve blanche, allongée, molle , ayant le corps composé de neuf anneaux, de consistance cornée, munie de deux fortes mandibules au moyen desquelles elle agrandit journellement sa demeure , faisant tourner au pro- fit de son accroissement la substance farineuse dont elle se nourrit. Arrivée au terme de sa gran- deur , elle se métamorphose en nymphe, reste dans cet état huit ou dix jours, et se transforme en insecte parfait qui perce l'enveloppe du grain; on conçoit que la durée de toutes ces périodes est toujours due au degré de température , la cha- leur accélérant beaucoup les transformations, et le froid les retardant singulièrement ; cette in- fluence est générale dans la classe des insectes. À l’époque où les idées de génération spontanée avaient une grande vogue, on pensait que les Ca- landres étaient engendrées par les grains de blé imprégnés d'humidité. Plus tard, on crut que ces insectes déposaient leurs œufs dans l’épi en- core vert, et que de là ils étaient transportés dans les greniers. Mais des observations faites par Lœu- wenhock détruisirent toutes les erreurs. Chaque larve détruisant à elle seule un grain de blé, on sent que toujours les ravages seront exactement mm L- CALA 576 CALA oo proportionnels au nombre de ces larves , et on ne se rend compte des grands dégâts que par la mul- tiplication excessive: c’est aussi ce qu'a démon- tré l'observation. D’après un calcul de Degeer, un seul couple de Calandres, y compris plusieurs générations auxquelles il donne naissance et qui se multiplient entre elles, peut avoir produit au bout de l’année vingt-trois mille six cents indivi- dus. D’autres observateurs sont arrivés à un ré- sultat moins effrayant ; ils ont calculé que le nom- bre des Calandres, provenant d’un seul couple, ne fournissait que le nombre dix mille qua- rante-cinq. Pour les agriculteurs et les écono- mistes, on conçoit quil était très-important d’opposer des obstacles à cette multiplication ex- cessive ; aussi le nombre des moyens que l’on.a proposés est-il très grand , mais il n'en est que fort peu dont l'expérience ait constaté l'eflicacité. Nous passerons donc sous silence les fumigations des plantes odorantes , l'exposition subite à une cha- leur de dix-neuf degrés ou à celle de soixante- dix dans une étuve. Ces procédés, s'ils offrent quelque avantage réel, présentent aussi des inconvéniens incontestables. Il n’en est pas de même du suivant: lorsqu'on s'aperçoit qu’un tas de blé est attaqué par les charancons, on dresse un petit monticule de grains, auquel on ne touche plus, tandis qu'on remue avec une pelle le mon- ceau de blé ; les Calandres qui l'habitent , étant inquiétées , l’abandonnent et se réfugient presque toutes dans le petit tas qui est placé auprès. On doit continuer cette opération pendant quelques jours et à des intervalles assez rapprochés. Lorsqu'on juge qu'un grand nombre d'indi- vidus se sont réunis dans le petit tas, on les fait tous périr en jetant dessus celui-ci de l'eau bouil- Jante. On doit employer ce procédé , qui détruit les insectes parfaits et nonleslarves, aux premières chaleurs du printemps, et avant quela ponte n'ait eu lieu. L'opération réussit encore bien plus complétement, si à la place du petit tas de blé on substitue une quantité égale de grains d'orge , les Calandres ayant une préférence bien marquée pour ces derniers. Un second moyen consiste à entretenir dans les greniers, au moyen d’un ven- tilateur, une température assez basse pour que es Calandres soient dans un état d’engourdisse- ment qui les empêche de s’accoupler et même de se nourrir. Les expériences que Clément a tentées ont fait encore découvrir que l'air desséché avec la chaux pouvait devenir un moyen certain de conservation par Ja propriété qu’il a de faire pé- rir les œufs, les larves et les insectes parfaits. Le genre Calandre se compose d’un grand nom- bre d'espèces qui pour la plupart sont étrangères à l’Europe. (EH. L.):« CALANDRELLE. (ors.) Nom de lAlauda bra- chydactyla. Temm. F. ALOUETrE. ‘CALANDROTE. (ors.) Nom vulgaire des Tur- dus italicus et pilaris. PV, Grive. (GuËn.) CALANTHE {Bor. Prax.) C’est le nom d’une fort belle Orchidée de l’île d’Amboine, très-voi- sine des Epidendres, et décrite par Robert Brown avec l’épithète de veratrifolia. Elle offre un fais- ceau de grandes feuilles lancéolées et plissées, du milieu desquelles s’élance une hampe de deux à trois pieds, portant une grappe pyramidale de fleurs blanches, larges d’un pouce, et élégantes. Le Calanthe se cultive chez nous en serre chaude. (L.) CALAO, Buceros. (ois.) Ces oiseaux forment, parmi les Passereaux syndactyles, un genre fort naturel répandu dans toute les contrées chaudes de l’ancien-monde ; on peut les caractériser ainsi : bec long, gros, plus élevé que large et légèrement courbé ; arête lisse et élevée ou surmontée par un casque, c’est-à-dire une protubérance cornée qui s’accroîit avec l’âge; bords des mandibules lisses ou accidentellement échancrés ; narines rondes, percées dans la substance du bec et couvertes à leur base par une membrane ; pieds courts, forts, musculeux , à plante élargie; ailes médiocrement longues, mais{amples et dont les trois premières rémiges sont étagées, avec la quatrième seulement ou même la cinquième la plus longue. Les diverses espèces de ce genre se ressemblent assez entre elles par la coloration ; leur bec, dont la protubérance varie beaucoup de forme, four- nit, pour les distinguer , des caractères sa- tisfaisans; l’âge et le sexe font éprouver à ce bec plusieurs variations qu'il est bon de noter; ainsi tous les jeunes des espèces à casque n’ont qu’une arête longitudinale saillante, et surtout manifeste à l'endroit où la protubérance se développera. La substance du bec, qui dans le premier âge est très-consistante, devient plus légère à mesure que l'oiseau se développe, et chez l'adulte elle est sou- vent diaphane et creusée en divers sens de con- duits et de cavités cellulaires qui communiquent avec les narines et facilitent l'entrée de l’air dans son intérieur. Cest pour cela que le bec des Calaos, si considérable et en apparence si lourd, ne dé- range nullement leur équilibre. Les tarses de ces oiseaux sont courts el couverts de larges écailles ; leurs doigts réunis en partie ne leur permettent guère de marcher, mais ils leur fournissent un ferme appui lorsqu'ils se perchent ; quand les Ca- laos veulent aller à terre, ils sont obligés de sauter comme les corbeaux. Ce sont des oiseaux tristes et laciturnes, qui se réunissent en bandes nombreuses dans les {o- rêts, en Asie, cn Afrique et dans les îles de la mer des Indes jusqu’à la Nouvelle-Hollande. Leur vol lourd et de peu de durée se compose de fré- quens battemens d’ailes qui, joints à un claque- ment qu'ils font avec leurs mandibules, occa- sionent dans les lieux sombres où ils se tiennent un bruit fort et très-inquiétant lorsqu'on n’en connaît pas la cause. Tous sont omnivores et se nourrissent, selon les lieux où ils se trouvent, de fruits, de chair fraîche ou de charogne. Quelques uns, parmi les plus grands, suivent, dit-on, les chasseurs de sangliers, de vaches ct decerfs, pour manger la chair et les intestins de ces animaux qu’on veut bien leur abandonner : ils recherchent aussi Jes rats et les souris ; menesioué 2 Calcéole. 3. Cahge. 4.Callianire. S E.Cuérin dir CALA 977 CALA 00 souris ; c’est pourquoi les Indiens les tiennent souvent dans leurs maisons ; ils mangent ces petits animaux tout entiers ; après les avoir serrés quel- que temps dans leur bec pour les ramollir, il les avalent en les jetant en l’air et les recevant dans leur large gosier ; ils font la même chose pour les fruits et les œufs. On peut diviser le genre des Buceros en deux sections , la première comprenant les espèces qui ont le bec surmonté de quelques protubérances, et la deuxième celles qui l'ont simple. M. Les- son a séparé des vrais Buceros le Garao Noir D'AgyssiNiE, Buceros abyssinicus des auteurs , qui a les tarses plus longs que les autres et les plumes des narines très-développées ; il en fait un petit genre distinct sous le nom de Bucorves , et lui donne le nom de Bucorve D'AByssiNiE , Bucorvus abyssinicus. Parmi les nombreuses espèces de Calaos à cas- que nous citerons : Le Carao RHINocÉros , Buceros rhinoceros, re- présenté dans notre Atlas, pl. 65, fig. 4., oiseau que l’on trouve à Java, à Sumatra, aux Philippi- nes ct au pays de l’Inde. Sa longueur totale est de quatre pieds depuis le bec, qui mesure dix pouces, jusqu’à l’extrémité de la queue. Son cas- que s'étend et se recourbe en manière de corne. | Car AO BICORNE, Buceros bicornis, Oiseaux rares de Le Vaillant, pl. vir et vu, et long de deux pieds huit pouces depuis le haut du bec jusqu’à la fin de la queue. Son casque, concave dans sa partie supérieure , a deux saillies en avant, en forme de double corne. Cazao BLanc, Buceros albus. Tout le plumage blanc; cou long et étroit ; bec très-grand, courbé, noir: taille de l’oie ordinaire. Cette espèce est douteuse; elle ne repose que sur un individu pris en mer , dans l'archipel des Larrons. Cazao À cimrer, Buceros cassidix , pl. col. 210. Cette espèce est remarquable par son bec très- grand , d’un jaune vif, et garni à la base de ses deux mandibules d’une seconde couche cornée, couverte de rides transversales. Ce Calao est long de trois pieds cinq ou six pouces ; il habite l’île Célèbes , où on lui donne le nom d_Æ4(o. Il fré- quente les hautes montagnes boisées, et se nour- rit principalement des fruits des nombreuses es- pèces de figuiers qui abondent dans cette île; il niche dans les creux des arbres et perche toujours à leur cime; son vol est élevé et bruyant. CALAO A CASQUE SILLONNÉ, Buceros sulcatus, pl. col. 69, que l’on trouve à Mindanao et dans quelques autres îles de l’archipel des Philippines et des Mariannes. IL a le bec surmonté d’un cas- que garni latéralement de quatre ou cinq plis en sillons très-profonds qui ne viennent qu'avec | l'âge. CALAO À GASQUE PLAT, Buceros hydrocorax de Linné , représenté dans l’Iconographie de M. Gué- rin, Ois.,p. 27, f. 2; il est long de deux pieds sept pouces, et a été rapporté des îles Philippines , où Tome I, il se nourrit de fruits et principalement de figues. | CaALAo TROMPETTE, Buceros buccinator, Temm. col. 284, diffère du Calao à bec blanc, avec le- quel on pourrait le confondre, parce qu'il wa qu'une nudité peu large environnant l'œil, et que la base de sa mandibule inférieure et tout le menton sont couverts de plumes; il est généralement noir, lustré de vert foncé, avec le ventre, le croupion, le bout des pennes latéra- les de la queue de couleur blanche, ainsi que l’ex- trémité de toutes les pennes secondaires des ailes ; ses flancs sont noirs, et ses rémiges noirâtres. Longueur totale vingt-deux ou vingt-trois pouces. Le Calao trompette habite la partie la plus méri- dionale de l'Afrique; on l'a plusieurs fois rap- porté du Cap, où les colons l’appellent 7rompet- Vogel, c’est-à-dire Oiseau trompette. Caro À BEC BLANC, Buceros malabaricus , figuré parmi les Ois. rares de Le Vaillant à la pl. xrv, a pour patrie le continent de l'Inde, les îles de Java et de Sumatra. Son régime est omnivore; il se tient dans les grands bois , se perche sur les ar- bres les plus hauts ; et, comme on l’observe aussi pour tous ses congénères , il préfère les branches desséchées. Sa ponte est de quatre œufs d’un blanc sale. Parmi les petites espèces et celles qui sont privées de casque pendant toute leur vie , nous citerons : Cazao Tocx, Buccros nasutus, pl. enl. de Buf- fon, 260 et 890 , long de vingt pouces; il a les parties supérieures du corps variées de noir et de blanc ; une huppe eflilée sur la nuque, et les par ties inférieures blanches ; ses rectrices sont grises, bordées et terminées de blanc : son bec est rouge. Cette espèce habite le Sénégal; elle se nourrit de fruits sauvages. Cazao GINGALA, Buceros gingalensis de Shaw. Espèce que l’on trouve à Ceylan et dans l'Inde, et qui appartient aussi à la section des Galaos sans casque; elle a été représentée par Le Vaillant à la planche xxur de ses Oiseaux rares. Le Corbi-Galao de Levaillant , Ois. rares, pl. xx1v, n’est point du genre des Calaos, comme son nom pourrait le faire croire; il est de la famille des Philédons.: (GErv.) CALAPPE, Calappa. (crusT.) Genre établi par Fabricius aux dépens du grand genre Crabe, et rapporté par Latreille (Cours d'Entomologie, première année ) à l’ordre des Décapodes , famille des Brachyures, section des Homochèles, cin- quième tribu, les Cryptopodes. Les carac- ièresque lui assigne cet auteur sont d’avoir tous les pieds, à l'exception des serres, pouvant se retirer sous deux voûtes formées , une de chaque côté, par des dilatations latérales et postérieures du test, de sorte que, lorsqu'on considère l’animal par le dos dans ce moment de contraction, on ne voit aucun de ces organes; car il applique aussi ses serres sur la face antérieure du corps, et peut d'autant mieux cacher cette face que la tranche supérieure des pinces forme, par son élé- LXXIIIS Livraison, 75 CALA vation, sa compression et les dentelures: de son: bord, une crête. Aussi a-t-on nommé ce crustacé Coq de mer, Crabe honteux. Le deuxième article des pieds-mâchoires est terminé en pointe. Les Calappes, qu’on nomme aussi Migranes , dif- fèrent donc de tous les autres genres de la famille des Brachyures par le développement considéra- ble de leur carapace, particularité qui caractérise la section des Cryptopodes, Cette tribu se com- pose de deux genres, celui de Cazarpe, Calappa, Fab., que la forme bombte du test, le retrécis- sement et la division biloculaire de l'extrémité supérieure de la cavité buccale, l'espèce de cro- chet que forme en se terminant le troisième article des pieds-mâchoires, séparent nettement du genre /Érurx (v. ce mot). Plusieurs espèces composent ce genre; celle qui lui sert de type est le Cazapre GRANULÉ, Calappa granulata de Fab- ricius , représenté dans notre Atlas, pl. 66, fig. 1. C’est le Crabe honteux ou le Coq de mer; la Mi- grane ou la Migraine des Provençaux et des Lan- guedociens. Selon Rondelet, cette espèce serait le Crabe ours d’Aristote et d’Athénée. Risso (Hist. nat. des Crust. des env. de Nice, p. 18,) dit que cette espèce se tient ordinairement dans les fentes des rochers des côtes, et en sort vers le crépuscule, pour chercher sa nourriture. Ces crustacés s’accouplent au printemps, et la femelle pond ses œufs en été. Leur chair est fort bonne à manger. M. Guérin, dans son Iconographie du Règne animal de Guvier , Crustacés , pl, 12, fig.», ena représenté une autre espèce sous le nom de Ca- Lappa tuberculata ; enfin les autres crabes désignés sous les noms de Lophos, Circonspectus, Gallus, ete. , figurés par Herbst, appartiennent aussi au genre Calappe. (H. L.) : CALATHE, Calathus. (ixs.) Genre de Coléop- tères , de la famille des Carnassiers, tribu des Ca- rabiques , créé par Bonelli, adopté par tous les entomologistes , et qui a pour caractères : les trois premiers arlicles des tarses dilatés dans lesmâles; crochets dentelés en dessous; labre presque car- ré; dernier article des palpes allongé, presque cylindrique ; une dent bifide au milieu de l’'échan- crure du menton. Ces insectes sont tous de taille moyenne, ne dépassant guère six lignes , déprimés; le corselet est carré ou trapézoïdal, et non rétrécien arrière; ils sont aptères; leurs couleurs sont le plus sou- vent sombres , et presque jamais métalliques. On les trouve communément courant à terreou cachés _sous les pierres, les végétaux, les écorces, ete., qui peuvent leur offrir un abri; la plus grande partie de ces insectes habite l'Europe et les loca- lités analogues des autres régions; je ne crois pas que l’on en connaisse dans les régions inter- tropicales. C. cisrésoine, C. cisteloides, Tiger, Dej. col. europ., pl 110, fig. 4. Long de cinq à six lignes, brun noir, quelquefois bleuâtre dans les mâles ; antennes , palpes et pattes fauves ; la partie posté- rieure du corselet offre, à droite et à gauche, un espace lrès-ponctué, et en outre un: très- 578 ’GALC gros point à chaque angle; les sillons des élytres,,. qui'sont très-prononcés , ont le troisième-et le cin- quième, en. partant de la suture, chargés de points plus gros; l’avant-dernier en est garni aussi, mais ils sont beaucoup plasrapprochés. Commun. C. A TÊTE NOIRE, C. melanocephalus, Fab. Dej. col. europ. , pl. 112, fig. 5. Long de troisà quatre lignes; noir bleuâtre ; antennes, palpes’, corselet et pattes fauves. Commun aux environs. de Paris. (A. P.) CALATHIDE, (8oT.) Nom grec qui signifie Corbeille , proposé par M. Mirbel et employé par M. Cassini pour désigner les groupes partiels de. fleurs dans la famille des Composées., L'élégance. de ce: mot l’a fait passer dans le langage de plu- sieurs botanistes; mais la science a conservé les mots de Carrruze et d'Invoiuere, auxquels nous renvoyons. (L.) CALCAIRE. (mx. céor.) Sous.ce nom on dé- signe à la fois une espèce minérale et. une roche : dans l’une comme dans l’autre c’est un composé d’oxide du métal appelé Calcium par les chimistes et d'acide carbonique , c’est-à-dire un. Carbonate de chaux. Dans la Nomenclature minéralogique d'Haüy le carbonate de chaux porte le nom de Chaux car- bonatée; dans la Nomenclature nouvelle de M. Beu- dant le carbonate de chaux formule la quatrième espèce du genre Carbonate, et se divise en deux sous-espèces. : le Calcaire et l’Arragonite ( ».. ce mot ). Si nous considérons le Calcaire comme espèce ou sous-espèce minérale , nous dirons qu'à l’état spathique ou cristallin if se divise par la percussion enrhomboïdes , tellement que les plus petites par- celles de cetie substance, celles même qui ne sont à l'œil nu qu’une sorte de poussière, sont en réa- lité, vues avec une loupe, de petits fragmens rhomboïdaux. Un autre caractère physique que présente le Calcaire à l’état cristallin, c’est, lors- qu'ilest doué de la transparence, de jouir à un très-haut degré de la double réfraction , c’est-à- dire qu’une ligne ou un point tracés sur un mor- ceau de papier paraissent doubles lorsqu'on les regarde à travers une lame ou un cristal de Cal- caire, Cette substance se reconnaît encore à une propriété qui cependant neluiest pas propre, puis- qu'elle est commune à presque tous les carbo- nates : c’est de faire effervescence dans l'acide nitrique. Enfin une propriété chimique qui en fait une matière très-utile est celle dont elle jouit, de perdre par l’action du feu l'acide carbonique avec lequel elle est combinée, et de se convertir en chaux vive, dont l'emploi est si utile dans les constructions, Nous venons de dire que le Calcaire à l'état cristallin. se divise en rhomboïdes; nous derons ajouter que sa cristallisation la plus simple est aussi rhomboïde ; mais cette forme est tellement féconde en décroissemens, qu’elle donne lieu à près de 1400cristallisations secondaires différentes. Haüy seul en a décrit 154. Mais, nous le répétons, cha- cun deces cristaux se divise par le choc en frag- RS I NE RE ‘GALCG 979 CALC mens ‘rhomboïdaux. Si à toutes les variétés de forme régulière que présente le Calcaire on ajoute toutes les formes irrégulières , toutes les variétés de structure , de couleur , d'éclat et même d’o- -deur , on pourra dire qu'aucune substance miné- rale dans la nature n’est aussi riche en variétés. Considéré comme roche, c’est-à-dire comme une masse minérale formant de grands dépôts dans la nature , le Calcaire jouit aussi de la faculté d’être extrêmement varié dans sa structure : aussi Von nomme Calcaire lamellatre celui qui offre dans sa cassure des lamelles bien distinctes , telles qu'on les remarque dans le marbre de Paros, Cal- caire grenu ou saccaroide, celui dont la texture grenue ressemble à celle du sucre, comme dans Je marbre de Carare; Calcaire compacte, celui -qui présente un grain plus ou moins fin et une cassure inégale conchoïde et écailleuse , comme dans la pierre lithographique; Calcaire sublamel- aire, celui qui tient à la fois du compacte et du lamellaire : c’est la texture de la plupart des mar- bres colorés; Calcaireotliohique ou globuliforme, “celui qui présente une réunion de grains arrondis plus ou moins gros; Calcaire crayeux , celui qui offre généralement une texture lâche et terreuse , comme dans la craie blanche des environs de Paris ; Calcaire marneux, celui qui, tendre et fria- ble, se désagrége facilement et devient par là pro- pre à l’amendement des terres ; Calcaire grossier, celui dont la texture lâche et le grain irrégulier lui ontmérité ce nom, comme dans la pierre à bâtir des “environs de Paris; enfin, Calcaire siliceux, celui -qui-renferme une quantité plus ou moins consi- dérable de silice, soit en noyaux , soit disséminée d'une manière invisible dans la pâte. Le Calcaire est très-abondant dans la nature: on.en trouve dans les terrains les plus anciens et dans les plus modernes ; cependant son abondance augmente dans les couches terrestres à mesure qu'on s'éloigne des formations ue: : H. CALCANÉUM. (awar.) Os du talon, le plus grand os du tarse, celui qui soutient le poids du “corps dans la station et la progression. Sa forme est cubique et allongée. MM. Bourgelas et Girard ont aussi donné le nom de Calcanéum à l’os du jarret du cheval. (P.G.) CALCARINE, Calcarina. (mor. ) Genre de Géphalopodes foraminifères, de‘la famille des Hé- licostègues, établi par M. d'Orbigny sur de petites coquilles microscopiques qui ont des appendices marginaux rayonnant tout autour de la carène ; jamais de disque ombilical; la spire souvent masquée, le test rugueux ou épineux et l’ouverture en fente longitudinale contre l’avant-dernier tour ‘despire. Ce naturaliste réunit aux Calcarines les Siderolites de Lamarck, et peut-être faut y réunir encore les Tinopores et Cortales de Denis de Montfort. @.) GALCÉDOINE. (un. } Nom d’une ville de Bithy- nie dans l’Asie mineure, donné à une variété d’Agate qui est d’un blancilhiteux, d’une 4rans- parence nébuleuse ; et que l’on taille pour en faire des bijoux d'ornement. Les Calcédoines les plus estiméesinous viennent maintenant-de l'Islande et des îles Féroé; celles dont la pâte. est très-fine , l'intérieur.comme pommelé, sont appelées Calcé- doines orientales. (EME) CALCÉOLE, Calceola. (mor. ) Genre de Ru- distes établi par Lamarck pour des coquilles fos- siles de Juliers très-répandues aujourd’hui dans les cabinets. Elles sont épaisses, équilatérales , très-inéquivalves, triangulaires, adhérentes par la face postérieure de leur valve inférieure; celle-ci très-grande, pyramidale, plate en arrière, con- vexe en avant, à ouverture oblique, demi-circu- laire , le bord antérieur étant arrondi et le posté- rieur droit; celui-ci muni de dents sériales, celle du milieu plus grande que les autres; la valve su- périeure operculiforme, aplatie, présentant à son bord postérieur deux petites dents de chaquecôté d’une fossetle, outre quelques petites dents séria- les s'étendant de chaque côté. Lamarck placa les Calcéoles, ‘comme nous l'avons déjà dit, dans la famille des Rudistes , entre les Radiolites et les Birostrites. Guvier les mit dans la famille des Ostracés, entre les Sphéru- lites et les Hippurites, ce qui revient au même , et M. de Blainville à la fin de la famille des Rudistes, immédiatement après les Birostrites , et faisant le passage aux Ostracés. Depuis lors , un savant naturaliste, M. Charles Des Moulins, s’étant particulièrement occupé des Rudistes, dont il a fait une classe à part, s’est servi‘du genre Calcéole pour en faire le type de la famille des Calcéolées, dans laquelle il range ce genre à côté des Sphérulites et des Hippurites. Ainsi l’on voit, par ce que nous venons de dire, que c’est avec les Sphérulites et les autres Rudistes que l’on a généralement cru devoir ran- ger les Galcéoles ; et, il faut l'avouer, ce n’a jamais été que d’après des caractères vagues ou peu cer- : tains, par une simple analogie dans les formes générales, et peut-être aussi par l'embarras où l’on était de placer convenablement certains genres que l’on s’est décidé à réunir sous le nom Rudiste, comme pour former un incertæ sedis. Aujour- d'hui qu'une belle observation de M. Deshayes a prouvé que les Sphérulites sont toutes différentes de ce que l’on pensait et qu’elles se rapprochent des Cames, avec lesquelles on n’avait pas soupçonné leur analogie, la place des Calcéoles dans les Ru- distes devient moins admissible. C’est d’après cela que, considérant les caractères particuliers de celte coquille et même ceux d'ensemble, nous avons, dans notre Manuel de l’histoire naturelle des coquilles et des mollusques, rangé les Calcéoles -dans l’ordre des Brachiopodes , famille des Téré- bratules, où elle fait le passage de celles-ci aux Cranies. On ne connaissait que deux espèces de ce genre, la Gazcéoe HérérocztiTEe de M. Defrance, remar- quable par une côte médiane: et elevée qui se trouve sur sa partie postérieure, espèce que M..Gh. Des Moulins n’admet qu'avec donte, et la Garcéor® SANDALINE , Auomia sandalina, de Lin,, repré- CALC sentée dans notre Atlas, pl. 66, £ 2, qui est du pays de Juliers et de quelques autres parties de VAllemagne; c’est la plus connue. Aujourd'hui nous en désignons une troisième sous le nom de CaLcÉOLE ÉLARGIE, C. depressa, qui est remar- quable par la solidité et l'épaisseur de son test , par sa brièveté, sa largeur plus grande que sa longueur , ce qui est le contraire dans la Calcéola sandaline, et enfin sa dimension double de l’autre. Elle est également d'Allemagne. (R.) CALCINATION. ( cm. ) On désigne ainsi la réduction des pierres calcaires en chaux par l’ac- toin du feu. (77. Cnaux.) (GuËr.) CALCIPHŸRE. ( céor. ) Nom proposé par M. AL Brongniart pour désigner une roche cal- caire, empâteuse des cristaux de feldspath, de py- roxène , d’amphibole et de grenat : ce qui Jui fait donner les surnoms de Feldspathique, Pyroxénique, Amphibolique, Mélanique ou Pyropienne, selon que ce sont des grenats mélanites ou des grenats py- ropes qu’elle renferme. Gette espèce de roche n’a pas été admise dans la nomenclature par tous les géognostes. (J. H.) CALCITRAPE, Calcitrapa. (por. pman.) Voici un genre qui ressemble à bien des choses de notre époque : établi, supprimé, rétabli, reconnu des uns, méconnu des autres... Faut-il l’admettre avec Jussieu ? faut-il le confondre dans les Cen- taurea avec De Gandolle ? Le lecteur jugera. Selon M. Bory de Saint-Vincent, la Chausse-Trape (Centaurea calcitrapa) est le type de ce genre, et, comme telle, lui a donné son nom. Il appar- tient à la famille des CGarduacées, J., et à la Syn- génésie polygamie frustranée de L. On le recon- naît à l’épine qui termine les folioles des involucres. Ce genre , qui n’est autre chose que la cinquième section des Gentaurées, renferme onze espèces in- digènes. 1° La Cnausse-rrape ou Cnarpon ÉroiLé, Cal- citrapa stellata, dont la tige est rameuse , étalée, les feuilles pinnatifides, linéaires, dentées; les fleurs axillaires et terminales et de couleur de pourpre; les écailles calicinales, terminées par une épine digitée très-longue ; les semences nues. Ses feuilles infusées dans du vin blanc ont souvent bien réussi dans les fièvres intermittentes. M. Laterrade assure qu'il les a employées ainsi avec succès. N. B. Nous nous bornerons à indiquer les noms des autres espèces de Calcitrapes indigènes , ren- voyant pour leur description à l’article GENTAURÉE (5° section). 2° La Fausse Crausse-rrare , Calcitrapa calci- trapoides. 3° La CENTAURÉE A DENTS, Centaurea cantha. 4° La CazciTRAPE HYBRIDE, C. hybrida. 5° La GC. BÉNITE , C. benedicta. 6° La G. Laineuse, C. lanatu. 7° La C. sozsricrase , C. solstitialis. 8 La C. pouIzLEusE, C. apula. 9° La C. ne Maure, C. melitensis. 30° La C. pes cozunes, C. collina. mya- 580 CALC EEE nine 11° La C. cenraunñoïne, C. centauroides. { (C.-£.) CALCIUM. (cmm.) Le Calcium est un métal qui a été découvert par Davy, qui n'existe point à l’état natif, et que l’on ne rencontre dans la na- ture qu’à l’état d’oxide , uni à beaucoup d’autres oxides ou à l’un des acides sulfurique, carboni- que, phosphorique , fluorique, nitrique, hydro- chlorique et tungstique. On l’obtient en faisant une pâte d’un sel cal- caire quelconque et d’eau, transformant cette pâte en une sorte de capsule , placant celle-ci sur un disque de métal, versant du mercure dans la capsule et enfin mettant ‘en contact d’une part avec le mercure le fil négatif d’une pile en acti- vité, et d’autre part avec le disque métallique le fil positif de la même pile. L’acide du sel cal- caire et l’oxigène de la base se rendent au pôle positif, le Calcium se rend au pôle négatif où il trouve du mercure qui le dissout. Cela fait, on mel l’alliage de mercure et de Calcium ainsi ob- tenu dans une petite cornue, avec de l'huile de naphte , et on distille ; l’huile se vaporise , chasse l'air ; le mercure passe ensuite, et le Calcium reste presque pur. Le Calcium est blane comme l'argent, plus pesant que l’eau, solide à la température ordi- naire , très-avide d’oxigène qu’il enlève à presque tous les corps, très-altérable au contact de l’eau et de l’air, etc. (Fi KF:) CALCULS. ( zoo1. ) Concrétions inorganiques qui peuvent se former dans toutes les parties du corps des animaux, mais qu'on trouve le plus or- dinairement dans les organes destinés à servir de réservoirs et dans les conduits excréteurs. Ainsi on en rencontre dans la vessie, les reins, les ure- tères , l’urètre ; dans l'estomac, l'intestin , la vési- cule du fiel, les conduits biliaires ; dans les voies lacrymales, dans le conduit auditif, dans les amygdales, dans les mamelles, l'utérus, le pan- créas ; dans les articulations, etc., etc. On a pensé avec quelque raison que la forma- tion des Calculs était assez ordinairement due au retard, aux obstacles que les fluides éprouvent dans leur circulation à travers les filières qu'ils parcourent; que ces obstacles, en arrêtant ces fluides , devaient déterminer l’agglomération des principes concrescibles qu’ils contiennent; que l'étroitesse naturelle des conduits pouvait être re- gardée comme une cause de ce genre, et l’on a ainsi expliqué la présence de certaines concrétions dans les appendices des intestins grêles, dans les yalvules et les plicatures du gros inteslin, dans l'oreille et le sac lacrymal. Mais nous sommes loin de regarder cette explication comme la seule ou la plus satisfaisante; nous pensons au contraire que l’altération des fluides eux-mêmes est une cause bien plus fréquente des affections calculeu- ses. La prédominance ou l'absence de quelques uns des élémens qui les constituent suflit pour déterminer l’insolubilité de certains sels qui se dé- posent, et autour desquels viennent incessamment s’agglomérer de nouvelles particules salines. Ras- ee CALC 581 CAL pail considère le Calcul urinaire comme un or- | gane anormal dont le tissu s’est incrusté d’un sel ansoluble ; et leur origine comme tissu, dit-il, est démontrée par l’emprisonnement fréquent des | .Calculs urinaires dans une espèce de poche, qui est évidemment la cellule dans laquelle ils ont pris naissance. Ges accidens physiologiques ou chimiques qui président à la formation des Calculs reconnaissent, au reste, des causes éloignées qu'il est peut-être plus essentiel de connaître. Les progrès de l’âge -ont une grande influence sur la production des concrétions calculeuses : on a prétendu que l’en- fance et la vieillesse étaient plus exposées aux affec- tions de ceite espèce ; mais 1l a élé démontré, par des tables comparatives , que la vieillesse est réel- lement l’époque de la vie où on en rencontre da- vantage, et que l’âge adulte y est soumis plus que l'enfance, ou, en d’autres termes , que la fréquence de ces affections est en raison directe du! nombre des années. Mais une remarque digne de fixer l’at- +tention, e’est que les enfans pauvres y sont plus sujets que les enfans du riche, tandis que les vieil- lards riches en sont au contraire plus fréquem- ment atteints que les pauvres. La vie sédentaire, les professions qui exigent une position constam- ment la même, le séjour prolongé au lit semblent encore être autant de causes productrices de ces maladies. Les climats exercent aussi à cet égard une grande influence; les Calculs urinaires sont très-rares dans les pays chauds, ils ne se dévelop- pent presque jamais chez les habitans des tropi: ques; il en est de même dans les pays très-froids, -n Suède, en Russie, tandis qu’on en rencontre fréquemment chez les Anglais, les Hollandais; les vins généreux, les liqueurs fortes contribuent à leur formation, surtout les vins chargés de tartre, ce qui explique peut-être le nombre de Calculeux qu’on trouve dans certains pays vignobles, et no- tamment en Bourgogne. On à très-bien observé enfin que le régime animal, en rendant les urines plus rares et en les chargeant d’une plus grande quantité d'acide urique, devenait ainsi une double cause de productions calculeuses. La présence d’un corps étranger, comme un caillot, une épin- gle, une arête, une parcelle de bois, un ou plu- sieurs noyaux, peuvent déterminer la formation d’un Calcul et devenir le centre de cette produc- tion, car on a démontré que tous les corps étran- gers qui demeurent quelque temps dans l’écono- mie s’encroûtent facilement de matière calcaire, par suite de la disposition des fluides à se soli- difier. | Nous devons encore dire qu’on a cherché l’ex- plication de la formation des Calculs dans le re- froidissement des fluides , €t dans la puissance de l'électricité. Mais ces spéculations de la science, qu’on peut bien admettre hypothétiquement, n’ont pas encore pour elles la”sanction que pourront leur donner un jour des expériences concluantes. Les accidens que déterminent les concrétions calculeuses diffèrent en raison de l'organe dans lequelelles se développent. On peut dire en général l 1 Î | | ss qu'un sentiment de pesanteur habituelle , que le trouble apporté dans les fonctions de l'organe, que les changemens survenus dans la couleur, la consistance du fluide sécrété sont autant de signes généraux qui peuvent révéler l'existence des Gal- culs. C’est dans les ouvrages de médecine qu'il faut rechercher la longue série des symptômes qui différencient chacune de ces affections, comme les ressources immenses que l’on a su leur oppo- ser. Disons seulement que, pour les affections cal- culeuses des voies urinaires, les procédés opéra- toires ont élé admirablement perfectionnés de nos jours par les Dupuytren, les Sanson , les Amussat, les Heurteloup , les Civiale, les Leroy et d’autres praticiens dont les travaux promettent encore à la chirurgie de nobles et de glorieuses conquêtes. Les Calculs n’affectent pas constamment la même forme, et sous ce rapport ils diffèrent au- tant que sous celui du volume, de la couleur, du nombre , etc. ; quelquefois leur surface est lisse , polie, tandis que parfois au contraire elle présente des inégalités, des aspérités, ce qui leur a fait donner certaines dénominations en rapport avec les figures qu'ils représentaient. Les cabinets de l'Ecole de médecine de Paris en renferment une col- lection des plus curieuses, où l’on en trouve de formes et de dimensions vraiment extraordinaires. Mais c’est surtout en raison de leur composition chi- mique que les concrétions calculeuses présentent des différences notables, et qui tiennent surtout à la nature des fonctions de l'organe dans lequel ils se forment , comme à l’organisation et aux habitudes de vivre de l’homme ou des animaux qui en sont affectés. Sans entrer dans l’exposé des analyses faites de chacune de ces concrétions, disons, en général, que les principes constituant les Calculs des voies urinaires sont l’acide urique, l’oxide cystique et xanthique, une substance animale , l’urate d’am- moniaque, l’oxalate de chaux, le phosphate de chaux, le phosphate ammoniaco-magnésien, la silice , etc.; que les Calculs biliaires sont composés de cholestérine et de matière jaune résineuse; que ceux qui se] forment dans l'intestin, et n°y sont point déposés par les conduits biliaires , don- nent à l'analyse du phosphate calcaire ou ammo- niaco-magnésien ; que les Calculs salivaires con- tiennent principalement du phosphate de chaux, du mucus et du carbonate calcaire ; que ceux des voies lacrymales, des mamelles, du pancréas, etc., n’ont pas été suffisamment examinés. Beaucoup d'animaux sont sujets, comme l’homme, aux at- fections 'calculeuses : on trouve dans les intestins de plusieurs d’entre eux de ces concrétions aux- quelles on a donné le nom de Bezoards et dont nous avons parlé ailleurs (voy. Bezoarps); on ren- contre assez fréquemment des Calculs urinaires chez les chevaux, les singes, etc. x (P. G.) CALEBASSE. (Bor. pHan.) On donne ce nom en Afrique eten Amérique aux fruits de diverses Cucurbitacées, dont les naturels dessèchent la peau et en font des ustensiles de ménage. ( Voyez Cour.) (GuËR.) CALI 582 ‘CALI ‘CALICE, Calix. (or.) Enveloppela plus exté- rieure de la fleur. Le calice est d’une seule pièce ‘ou monosépale dans l'OEïillet , Dianthus , la Pri- mevère, Primula; composé de plusieurs pièces distinctes, séparables sans déchirure , c’est-à-dire polysépale, dans les Renoncules , Ranunculus , le illeul, Tilia. Le calice monosépale peut être entier ou découpé en segmens plus ou moins pro- fonds , qui se nomment lobes quand ils sont lar- ges el arrondis , comme dans le Fraisier , Fraga- ria. La couleur verte du calice suflit d'ordinaire pour le distinguer de la corolle , mais, lorsque l’un et l’autre appareil sont colorés, les limites sont assez difficiles à saisir. L'insertion est alors le meilleur caractère distinctif. Le Calice n’est pas essentiel à l’existence de la fleur, puisqu'il s’en trouve un grand nombre chez lesquelles il manque. Toute enveloppe florale persistante et faisant corps avec le fruit est un calice. Linné, dont on s’est beaucoup écarté, mettait au nombre des calices les tégumens floraux, tels que l’Invozucre, le Gnarow, la Corrre , le Vorva (voy. chacun de ces mots), qui simulent, il est vrai, quelquefois le calice ; mais ils s’en éloignent beaucoup par leur position et d’autres caractères. (P'oy. aussi PayYsI0LOGIE VÉGÉTALE.) On donne le nom de Calice commun aux roset- tes de feuilles qui sont autour des gemmes dans plusieurs mousses , quelquefois à une espèce d'in- volucre ou à la réunion de bractées entourant un certain nombre de fleurs. Le Calice double est ce- lui à deux rangées de sépales ; le plus extérieur se distingue facilement , ou par sa forme ou par son insertion. (T. ». B.) CALICULE , Caliculus. (mor. ) Espèce de collerette , formée de petites écailles , qui semble être un second calice; elle se trouve en dehors du calice proprement dit. Les Mauves, A/alva, ont la calicule triphylle ;îla Guimauve, Althæa , Va pentaphylle , tandis que dans la Passe-rose, Alcea, elle est polyphylle. Les fleurs de la Cacalie , Ca- calia, de la Lampsane , Lampsana communis , du Senecon, Senecio, sont caliculées. (T. ». B.) CALIFORNIE (Vieille). (c£ocr. Pays.) On donne ce nom à une étroite péninsule de l'Amé- rique septentrionale qui s’étend du nord-ouest au sud-est, depuis le 32° degré 30 minutes de la- titude nord jusqu’au 22° degré 4o minutes , et qui est comprise entre le 111°et le 118° degré de longitude ouest. Sa longueur est d'environ 300 lieues, et sa largeur moyenne de 25. Une chaîne de montagnes, dont les plus hautes n’atteignent pas 1600 mètres, la traverse longitudinalement. Le Cerro-de-la-Gignuta , Yun des points les plus élevés, aenviron 1500 mètres : son origine pa- raît être volcanique. Le sol est sablonneux et donne naissance à un petit nombre de sources et à quelques petites rivières sans importance. Le climat y est sain, il y pleut rarement; le ciel est toujours serein et ne se couvre de nuages que vers le moment du coucher du soleil; mais alors : ceux-ci offrent un spectacle magnifique , en se colorant des plus belles nuances de wiolet , de pourpre et de vert. La sécheresse de cette contrée naturélleest un obstacle à la végétation : aussi le bois ‘y est-il rare. La plupart des arbres qui y croissent four- nissent des résines qui forment une branche de commerce. La vigne y donne un vin-excellent, qui rappelle celui des îles Canaries. Lesterres bas ses sont cependant assez richesen prairiesquinour- rissent un grand nombre d'animaux transportés de l’Europe, tels que le bœuf et le cheval, ainsi : qu'une espèce de mouton indigène qui ressemble beaucoup au Mouflon (Ovis ammon) que nourrit la Sardaigne. Dans les montagnes on rencontre des jaguars, une espèce de loup à poil fauve rayé de bandes noires (Canis mexicanus) , et le porc- épic. Dans les terrains bas les serpenset d’autres reptiles sont nombreux, et plusieurs insectes in- commodent les habitans. Les naturels de la Vieille Californie , et surtout ceux de la partie méridionale , montrent une ex- trême répugnance pour la vie civilisée et pour le travail: ils ont les vêtemens en horreur. Ils pas- sent une partie du jour étendus sur laterre, ex- posés à l’ardeur du soleil. Ces peuples se divisent en plusieurs tribus ; ils adorent la Lune, et ont aussi des fétiches. M. de Humboldt dit que trois divinités font la terreur detrois de leurs peuplades : les Péricnes craignent la puissance de Niparaya, les Menquis et les Vehities celle de Wactupuran et de Sumongo. Toute la population indigène de cette péninsule est d'environ 4,000 individus, Le long golfe que forme la Vieille Californie avec les côtes du Mexique , et qui a recu les noms de Mer de Vermeille et de Mer de Cortesest de- puis le XVI*siècle célèbre par la pêche des perles. Ce golfe a 290 lieues de longueur , et 35 dans sa moyenne largeur. Il renferme une vingtaine d’iles dont les plus importantes sont S. Ignacio, S. Inès de Tiburon , S. Jose et S. Francisco. Quelques- unes étaient très-fréquentées lorsque la recher- che des perles était dans toute son activité ; mais le métier de plongeur est aujoard’huisi mal payé que cesrecherches ont presque cessé. Les perles que fournit le mollusque conchifère appelé Avi- cule ou Pintadine, si commun dans le golfe de Californie, sont d’une très-belle eau. C’estsurtout vers la partie méridionale de la presqu’ile que la pêche de l’avicule perlière était autrefois la plus roductive. (J. H.) CALIGE, Caligus. (crusr.) Ce genre, établi par Othon Frédéric Muller, est rangé par Latreille dans la tribu des Pynnodactyles, famille des Ca- ligides. Les caractères assignés à ce genre sont : deux soies ou deux filets articulés et saillans à l'extrémité postérieure de la queue, qui pour- raient être des ovaires; deux sortes de pieds , lesuns à crochets, les autres en nageoires. Leach, qui a fait une étude minutieuse des animaux de cet ordre, les caractérise ainsi : quatorze pattes , six de devant unguiculées; cinquième paire bifide ; le dernier article garni de poils en forme -de cils ; soies de la queue allongées, cylindriques et MR 1.2.Callichrome. J.4.€Calhdie 5 6 7 Callumorphe 8 Callionyme 4 Calliroé, CALL simples. Nous pensons qu'à l'aide de ces caractères on ne confondra plus les Caliges avec aucun des renres qui lésavoisinent. De plus leur corps est allongé ; déprimé et formé de deux pièces princi- sales, dont l’antérieure plus grande, recouverte jar un bouclier membraneux, présente deux antennes:très-petites , sétacées; les yeux écartés, situés sur le bord du bouclier, et supportés laté- ralement par-une petite saillie; une bouche en suçoir-ow en bec, placée inférieurement ; enfin toutes les pattes ou seulement un certain nombre, La pièce abdominale, moins étendue que la pré- Icédente, varie singulièrement dans sa forme; lelle-est carrée, ovale ou oblongue ; nue ouimbri- |quée d’écailles membraneuses de diverses formes, et terminée ordinairement par deux longs filets |que Muller a considérés comme des ovaires, et que des auteurs plus anciens avaient crus être les | antennes de l'animal. Ce sont les appendices ana- logues aux filets abdominaux des Apus. Les pattes, au nombre de dix à quatorze, sont | de deux sortes; les premières se terminent par {un crochet, ct les autres ont ou bien la forme de À lames natatoires plus ou moins larges, ou bien {celle d’appendices digités et pectinés. Ces deux | espèces de pattes, fixées en parlie au bouclier et len partie à la pièce abdominale, sont toujours { branchiales, et se rencontrent quelquefois sur une même espèce. Ces crustacés sont connus de- puis fort long-temps.; on les désignait vulgaire- ment sous le nom de Pou de poissons. Linné les a rangés parmi les Lernées et les Monocles, et dans les ouvrages de Fabricius ils appartiennent À encore à ce dernier genre. Leurs habitudes sont | de vivre fixés sur divers poissons cartilagineux. | Plusieurs espèces composent ce genre; celle qui lui sert de type est le Carrier nes poissons, Cali- | gus piscinus , Latr. ,Dam., Caligus curvus, Mull. , | Monoculus piscinus, Linn. ; il est long de quatre à cinq lignes, sans compter les filets de la queue, i ont à peu près la même grandeur; couleur d’un blanc jaunâtre, avec quelques points d’un | jaune obscur sur le test. Gette espèce habite TOcéan et se rencontre sur le merlan commun et le saumon. Une autre espèce est le CALIGE DE Muzzer, Caligus Mulleri, Leach. Cette espèce dif- fère de la précédente en ce qu’elle n’a pas d’ap- pendice bifurqué en forme de queue à la suite de son abdomen. Sa couleur est pâle et sans taches. On l'a trouvée sur la morue. (H. L.) . CALLE, Calla. (8or. pan.) Plante de la fa- mille des Aroïdées, Monæcie polyandrie, à fleurs monoïques, placées sur un spadice cylindrique , et environnées d’une spathe monophylle et roulée en cornet. Aucun périanthe ne les distingue indi- viduellement ; les étamines se trouvent presque toujours mêlées avec les ovaires; dans une espèce elles occupent le sommet du spadice. On peut considérer chaque étamine comme une fleur mâle ; la fleur femelle se compose d’un ovaire portant un stigmate sessile. Le fruit est une baie à plusieurs loges , renfermant chacune une ou plusieurs graines. 583: CALL. Les espèces de Galles, au nombre de quatre ou, cinq, sont des plantes herbacées à tiges rampantes,, à feuilles entières et alternes, vivant dans les: marécages de l’ancien et du nouveau continent. En général leur aspect est triste; leur odeur fé-, tide, leur suc âcre et vénéneux, Hâtons-nous, d’excepter de cet anathème la Cazce D'ÉTHIOPIE,, C. æthiopica, plante élégante et parfumée, qui orne nos serres à Ja fin de l'hiver. Ses feuilles sagittées, grandes, d’un beau vert, entourent la base d’une hampe de deux à trois pieds, au sommet de laquelle une spathe blanche, qu'on: appelle vulgairement la fleur, embrasse les orga- nes de la fructification ; les étamines sont placées au dessus des ovaires. M. Kunth a fait de cette es- pèce le genre Richardia. . Une autre espèce, devenue intéressante dans des pays très-pauvres, est la CaLLE DES MARAIS, C. palustris, commune dans le nord de l’Europe; saracine épaisse et charnue contient une fécule. abondante et nutritive lorsque le lavage lui a en- levé son âcreté naturelle. Gette plante se trouve jusque dans les Vosges , où son usage est connu. M. Kunth a rapporté au genre Calla le Dra- cuntium pertusum de Linné, qui en effet y appar- tient par la disposition de ses fleurs et le man- que de calice. Cette plante, indigène de l'Amé- rique méridionale, est assez singulière, en ce que ses feuilles, percées de plusieurs trous, offrent l'aspect d’un treillage. (L.) CALLIANIRE, Callianira. (zooPm. Acaz.) Pé- ron a établi sous ce nom un genre de l’ordre des Acalèphes libres, composé d'animaux gélati- neux, mollasses, transparens dans toutes leurs parties. Leur corps est vertical dans l'eau, pres- que cylindrique, comme tubuleux, obtus aux deux extrémités. Il est muni, sur les côtés, de deux espèces de nageoires opposées, qui se divi- sent chacune de deux ou trois feuillets membra- neux, gélatineux, verticaux et fort simples. Ces feuillets sont contractiles et bordés de cils. On con- naît deux espèces de ce genre; on les rencoutre dans les mers des pays chauds par troupes nombreuses, qui se tiennent à la surface de la mer ou à une profondeur d’un ou deux pieds au plus. L'espèce que nous avons représentée dans notre Atlas, pl 56, fig. 6, est la CALLIANIRE TRIPLOPTÈRE , C. triploptera, Lamarck. Elle est lumineuse la nuit et on la rencontre dans les mers de Mada- gascar. L'autre espèce ( C. diploplera, Péron ) a été trouvée dans les parages de la Nouvelle-Hol- lande. . (Guër.) CALLICHROME , Callichroma. (ins. ) Genre de Goléoptères de la famille des Longicornes, tribu des Cerambycins, établi par Latreille, ayant pour caractères : antennes un peu dentées en scie, palpes maxillaires plus petits que les labiaux ; corps déprimé, avec le devant de la tête pointu. Les Callichromes sont des insectes à couleurs métal- liques très-brillantes, de taille souvent assez grande, et dont plusieurs répandent une odeur musquée assez prononcée pour les faire découvrir sur les arbres où ils se tiennent habituellement ; CALL leurs larves vivent dans l’intérieur du bois, et leurs mœurs n’offrent rien de bien remarquable ; tout leur mérite git donc dans leurs couleurs qui sont souvent très-belles, ce qu’exprime le nom grec qu’on leur a donné. Notre pays en produit peu d'espèces, mais les pays chauds des autres con- tinens en offrent une très-grande quantité. , G. nes Azpes, C. Alpina, Fab., représenté dans notre Atlas, planche 67, figure 1. Long de 12 à 18 lignes, d’un gris laqueux, avec des taches veloutées noires, une sur le corselet vis-à-vis le vertex, et trois à la suite l’une de l’au- tre sur chaqueélytre, celle intermédiaire formant une bande qui tient toute la largeur des élytres; ses antennes sont en outre annelées de noir et ve- lues à chaque articulation. Cette jolie espèce, ainsi que l’indique son nom, nous vient des montagnes des Alpes, où elle n’est pas très-rare. C. uusqué, C,moschatus, Linn. , Oliv., Col. 1v,67, xvur, 7. Long de près de 15 à 18 lignes, entiè- rement d’un vert bronzé brillant , tournant quel- quefois au bleu : cette espèce est très-commune sur les saules aux environs de Paris. C. AMBROISIEN , Ambrosiacus, Chap. (F. notre Atlas, pl. 67, fig. 2). De même taille et de même couleur que le précédent, mais avec une large tache cramoisie occupant chaque côté du cor- selet. Cette espèce se trouve en Espagne, dans le midi de l'Allemagne, en Italie, etc. (ALP 4 CALLICHTE, Callichthys. (roxss. ) Linné réu- nissait sous le nom générique de Silure , Silurus , un grand nombre de poissons malacoptérygiens abdominaux, dont les mœurs et surtout l’organi- sation sont assez différentes. Depuis lui, plusieurs naturalistes ont subdivisé ce groupe, et Cuvier, dans le Règne animal (éd. 2°), en a fait une grande Æamille, sous le nom de Siluroïdes ou d’Oplophores de Duméril. Mais nous ne pouvons partager l’opi- nion de Bloch qui , dans son traité d’Ichthyologie, réunit au genre Callichte de Cuvier le genre Do- ras de Lacépède. Ces deux genres nous paraissent avoir des caractères suflisans pour rester séparés. Voici ceux que nous avons observés dans ce genre : les Callichtes ont le corps presque entièrement cuirassé sur ses côlés par quatre rangées de pièces écailleuses , et il y a aussi sur la tête un compar- iiment de ces pièces, mais le bout du museau est nu, ainsi que le dessous du corps. Leur deuxième dorsale n’a qu’un seul rayon , mais la première est faible et courte, La bouche est peu fendue , et les dents presque insensibles; les barbillons sont au nombre de quatre ; les yeux sont petits et sur les cô- tés de latête. Ce genre comprend plusieurs espèces, parmi lesquelles nous citerons particulièrement le Cararnracre-GarricurE ( Cataphractes callich- thys, Lacép.) , Silurus callichthys, Bloch, p. 377, L. 1, quia la tête revêtue d’une couverture osseuse, dure. La mâchoire supérieure avance plus que l'inférieure; la langue est lisse. Presque tous les rayons des nageoires sont garnis de trois pelits piquans. Les lames dentelées qui revêtent chacun des côtés du Callichte sont ordinairement en 584 CALL nombre assez considérable, et elles présentent assez de. largeur pour que les quatre rangs qu’elles of-« frent continuent de manière à produire un sillom longitudinal sur chaque côté du poisson. Cet abdo- minal est originaire des Indes; il aime les eaux courantes et limpides. Plusieurs auteurs ont écrit qu'il pouvait, comme l’anguille et quelques autres: poissons , s'éloigner en rampant ou en sautillants jusqu'à une distance assez grande des fleuves qu’il habite, et se creuser dans la vase ou dans la terre: humide des trous assez profonds; il ne parvient que rarement à la longueur de trois ou quatre dé-« cimètres. Sa couleur générale paraît brune; on voit des taches brunâtres et des nuances jaunes sur la nageoire de la queue. Sa chair est agréable au goût. (Ars. G.) | CALLIDIE, Callidium. (ins) Genre de Co- léoptères, section des Tétramères, famille des Longicornes , tribu des Gerambycins, créé par Oli- vier, et ayant pour caractères : antennes guère plus. w longues que le corps, filiformes; palpes très- courts, terminés par un article en forme de triangle ! renversé, Ge genre a été depuis divisé en trois 4 d’après des considérations peu importantes , aussi nous croyons devoir les réunir sous leur type pri- mitif; ce sont les genres Certallum, où la tête est aussi large que le corselet, et où celui-ci est pres- que cylindrique ; les Clytes de Fabricius, où la tête est plus étroite et le corselet élevé et presque #4 globuleux ; enfin les Callidies véritables, où la tête est aussi plus étroite que le corselet, et où ce- lui-ci est un peu déprimé. On ne connaît rien des mœurs de ces insectes; on sait que leurs larves vivent dans le bois, et on les trouve habituelle- ment dessus; quelques petites espèces se trou- vent aussi sur les fleurs en ombelles. Ils volent avec beaucoup de facilité. C. Porrxrarx, C. Bajulus, Fab. (Voy. notre Atlas, planche 67, fig. 3.) Long de 7 à 8 lignes, brun noirâtre, avec un duvet grisâtre, plus serré sur le corselet ; celui-ci offre deux émimences bril- lantes, et les élytres , vers leur milieu, des taches transverses. Commun partout, C. varragce, C. Variabilis, Linn. Long de 6 à 7 lignes, quelquefois entièrement fauve clair ; quel- quefois les fémurs et les antennes sont plus fon- cés; quelquefois enfin les élytres sont bleues; on voit que cette espèce a bien mérité son nom. Très- commun dans les chantiers de Paris. C. sanquiN, C. sanguineum, Linn., Oliv., 1v, 70, 1, 1. Long de 4 à 5 lignes, d’un rouge san- guin, soyeux, avec les antennes et les pattes noi- res ; celte espèce se trouve quelquefois communé- ment dans les maisons ; elle y pénètre avec le bois à brûler que l'on y apporte des chantiers. Ces trois espèces sont des Callidies proprement dits ; la suivante appartient au genre Clytus. C. anoué, C. arcuatum, Linn., Oliv., 1v, 70, 11, 16. (Voy. notre Atlas, pl. 67, fig. 4). Long dé 7 à 8 lignes, noir mat, antennes et pattes fauve clair, deux bandes sur la tête, deux sur le corselet, trois arquées au milieu des élytres, une longitudinale à la partie humérale, quatre points à lenrs CALL ol GALL 589 à leur base, dont un sur l’écusson et deux autres petites bandes internes à l'extrémité des élytres ; Jaune soyeux ; les anneaux de l'abdomen sont en outre bordés de la même couleur. Commun à Paris. (A. P.) CALLIMORPHE, Catlimorpha. ( 1xs. ) Genre de l’ordre des Lépidoptères établi par Latreille , qui le place dans la section des faux Bombyces, avec ces caractères : langue allongée et dont les deux filets sont réunis en un seul; palpes unis et ne paraissant pas hérissés; antennes simples ou seulement ciliées. Ces insectes avaient été con- fondus ayec les Bombyces par Fabricius, mais ils en diffèrent par la présence d’une trompe assez allongée. On joint à ce caractère celui des anten- nes qui sont plus ou moins ciliées dans les mâles, et à celui des palpes inférieurs couverts seule- ment de petites écailles. Ces caractères empêche- ront sans doute de les confondre avec les Noc- tuelles , parce que leurs palpes sont cylindriques ; les chenilles des Callimorphes présentent seize pat- tes, ce qui les éloigne beaucoup des Phalènes. Les insectes parfaits qui naissent de ces chenilles por- tent leurs ailes en toit ; leurs habitudes sont ana- logues à celles des Bombyces. Ce genre est com- osé d’un assez grand nombre d'espèces, celle qui lui sert de type est la CALLIMORPHE DU SENECON, Call. Jacobeæ, Fab. , Roesel. (//oy. notre Atlas, pl. 77; fig. 6.) Elle est noire , ses ailes supérieures ont une ligne et deux points d’un rouge carmin; les inférieures sont de cette couleur et bordées de noir, Sa chenille (fig. 7)est noire annelée de jaune. Nous avons aussireprésenté dans notre Atlas (fig. 5) la CazuimorPme ERA, Call. hera, Fab., Linn., ‘dont les ailes supérieures sont d’un noir glacé de vert, avec deux bandes obliques d’un jaune pâle, et dont les inférieures sont d’un rouge éCar- late avec quatre taches noires. Ces deux espèces se trouvent à Paris. (H. L.) ! GALLIODON. (porss.) Ce genre, formé par Gronou et adopté par Schneider quile plaçait entre les Holocentres et les Lutjans ; était désigné par Linné sous le nom de Scare; Cuvier a retiré ces poissons de ce genre pour en former un particulier sous le nom de Calliodon, qu’il place dans la fa- mille des Labroïdes , parmi les poissons acantho- ptérygiens. | Ce genre se distingue des. Scares proprement : dits par les dents latérales de sa mâchoire supé- rieure, pointues et écartées, et parce que cette mâchoire en a un rang intérieur de beaucoup * plus petites ; le corps de ces poissons est oblong et recouvert, ainsi que la tête, de grandes écailles. L'espèce servant de type au genre est le Carzro- DON A DENTS ÉPINEUSES, Scarus spinidens , recueilli à l’île de Waigiou, décrit par Quoy et Gaimard, Zool. du voyage de Frécinet, pl. 289. Ce Calliodon dont la tête est grosse mais peu élevée , ressemble beaucoup aux Scares proprement dits. Son museau est obtus, sa mâchoire supérieure se dirige un peu en haut, ct l'inférieure s’arrondit pour aller à sa rencontre : elles sont égales entre elles, armées Towe I. LXXIVe Livraison. de dents pointues, dont les supérieures sont en crochet et rayonnantes; les lèvres sont réctractiles ; le front aplati ; les yeux grands, rapprochés et pla- cés au sommet de la tête; les joues sont écailleu- ses ; la courbure du dos est à peine sensible, tan- dis que le ventre forme au contraire une saillie très-remarquable. Les nageoires dorsales, pecto- rales et ventrales se correspondent à leur origine ; les écailles sont arrondies, grandes , assez serrées et membraneusés ; plusieurs d’entre elles sont très-longues et recouvrent la base des rayons de la queue , qui est arrondie. La couleur de ce Cal- lodon est verdâtre, avec des taches rougcâtres sur les écailles; le sommet de la tête est brun, la caudale et les pectorales sont ponctuées d’un brun pâle. La longueur de ce poisson est de trois pouces dix lignes environ ; sa hauteur est de quatorze li- gnes et son épaisseur de cinq. (Azrx. G.) CALLIONYME, Callionymus. (porss.) Les Cal- lionymes forment le premier ordre des poissons acanthoptérygiens. Ce genre présente des carac- ières fort marqués dans les ouïes, ouvertes seu- lement par un trou de chaque côté de la nuque, et dans leurs nageoires ventrales placées sous la gorge , écartées et plus longues que les pectorales; leur tête est oblongue , déprimée ; leurs yeux rap- prochés et regardant en haut; leurs intermaxil- laires très - protractiles, et leurs préopercules allongés en arrière et terminés par quelques épines; leurs dents sont en velours. Le nom de Callionyme indique la beauté et la singularité de ces poissons. Leur peau est lisse , leurs couleurs variées et bril- lantes. La première dorsale, soutenue par quel- ques rayons sétacés, s'élève quelquefois beau- coup. La seconde est allongée, ainsi que l’anale. Enfin, ils ont derrière l’anus un appendice. Tels sont les caractères de ce genre de la famille des Gobioïdes : le nombre des espèces connues est peu considérable. La Méditerranée en fournit quelques espèces dis. tinctes; la plus répandue a été nommée par Linné CALLIONYME LYRE, Callionymus lyra, figuré dans Bloch, pag. 161. L'ouverture de sa bouche est très-grande; ses lèvres sont charnues, ses mâ- choires hérissées de plusieurs petites dents; sur le dos s’élèvent deux nageoires ; la première est com- posée de quatre ou de cinq, et quelquefois même de sept rayons. Le premier est allongé et dépasse la membrane en s'étendant à une grande hauteur; sa longueur égale l'intervalle qui sépare la nu- que du bout de la queue. Les trois ou quatre qui viennent ensuite sont beaucoup moins longs, et décroissent insensiblement. Les autres na- geoires , et particulièrement celle de l'anus et la seconde dorsale, qui se prolongent vers l’ex- trémité de la queue en bandelette membraneuse, ont une assez grande étendue, et forment de larges surfaces, sur lesquelles les belles nuances de la Lyre peuvent, en se déployant, expliquer le nom qu’elle porte. Les tons de couleurs qui deminent au milieu de ces nuances sont le jaune, le bleu, le blanc et le brun. Le jaune règne sur les côtés 74 fm PE CALL mms du dos, sur la partie supérieure des deux nageoires dorsales, et sur toutes les autres nageoires, exceplé celle de l'anus. Le bleu paraît avec des teintes plus ou moins foncées sur cette nageoire de l'anus , sur les deux nageoires dorsales où il forme des raies souvent ondées, sur les côtés, où il est distribué en taches irrégulières. Le blanc occupe la partie in- férieure de l'animal. Cette espèce, qui parvient à la longueur d’un pied ou quatorze pouces, à la chair délicate et fort estimée: on la trouve dans la Méditerranée et dans la Manche, où elle se nourrit de petites astéries et d’oursins. Le Caruionvme praGoNnEAU, Callionymus dra- cunculus, Bloch. , 162. Habite les mêmes mers que Ja Lyre, avec laquelle il a de très-grands rapports. Il n’en diffère même d’une manière très- sensible que par la brièveté et les proportions des rayons qui soutiennent la première nageoire dor- sale, par le nombre des rayons des autres nageoires, par la forme de la ligne latérale qu’on a souvent de la peine à distinguer , et par les nuances et la disposition de ses couleurs, beaucoup moins brillantes que celles de la Lyre. Enfin nous donnons, pl. 67, fig. 8, la figure d’une autre espèce, trouvée en Sicile par M. Bi! beron, et à laquelle Guvier a donné le nom de Cazcionyme rascié, C. fasciatus. Elle ressemble beaucoup aux précédentes , mais en diffère ce- pendant sur les bandes de la nageoire dorsale et par d’autres caractères bien tranchés. (Azrn. G.) CALLIRHIPIS, Callirhipis. (1xs.) Genre de Go- Iéoptères de Ja section des Pentamères, famille des Serricornes , triba des Cébrionites ; ce genre a été fondé par Latreïlle, qui lui donne pour caractères : præsternum ne se vrolongeant point en pointe ; articles des tarses entiers; antennes très-rappro- chées à leur naissance, insérées sur une éminence formant, à compter du troisième article un éven- tail; ces antennes n’ont que onze articles et par là diffèrent de celles des Rhypicères, qui en ont un plus grand nombre dans les individus du même sexe. M. Delaporte a publié une Monographie de ce enre, dans les Annales de la Société entomologi- que; il en décrit plusieurs espèces, toutes fort rares dans les collections. L'espèce qui a servi de type à ce genre est Je C. ne Draw, C. Dejeanü, Latr., Guérin (Voy. autour du Monde, du cap. Duperrex. ) Nous avons reproduit la figure publiée par M. Guérin, dans notre Atlas, planch. 68, fig. 2. A. P.) CALLIRHOË. ( zooPnt. acaz. ) Ge genre appar- tient à l’ordre des Acalèphes libres ; il a été fondé par Péron et Lesueur, ct diffère peu des Mc- duses ordinaires et des Cyanées, dont il est très-voisin; son corps est orbiculaire , transpa- rent, garni de bras en dessous, mais privé de pédoncules et le plus souvent de tentacules au pourtour : ces animaux se trouvent dans toutes les mers, ct nagent à Ja surface de l’eau. On en connait deux ou trois espèces, parmi lesquelles nl 586 nous citerons la CAL1IRHOË BASTÉRIENNE, C. bas- teriana, Pér. et Les., dont nous donnons une figure pl. 67, fig.9. On la trouve dans.la mer du Nord. dre des Coléoptères, section des Pentamères, éta- bli par Bonelli dans ses Observations entomolo- giques, et rangé par Latreille dans Ja famille des Carnassiers , tribu des Carabiques, section des Patellimanes. Les insectes qui composent ce genre ont les palpes antérieurs filiformes, avec le der- nier article ovalaire , et le prothorax en forme de cœur tronqué. La forme des articles de leurs palpes antérieurs empêche de les confondre avec les Epomis, les Dinodes, les Chlænies, et leur est commuce au contraire avec les Oodes; mais ils dif fèrent de ceux-ci par leur corselet, qui est en forme de cœur tronqué ; les Callistes mâles sont surtout remarquables par les articles dilatés de leurs tarses garnis en dessous d'une brosse très- serrée et sans vide, Ge genre est composé de plusieurs espèces; la plus connue est le Callistus lunatus, que nous avons représenté dans noire Atlas, pl 68, fig. 3. La tête est d'un bleu noirâtre , avec le corselet entièrement d’un rouge ferrugineux , tant en dessus qu'en dessous ; les étuis sont jaunâtres, ayant chacun trois taches noires ; les cuisses et les jambes sont jaunâtres à la base et noirâtres à l'extrémité ; les tarses sont brunâtres. On trouve communément celle es- pèce sous les pierres, dans diverses parties de Ja France, en Allemagne , en Russie, en Espagne et en Portugal; assez rare aux environs de Paris. CALL | | (Guée. ) : CALLISTE, Callistus. (ixs.) Genre de l'or- (H. L.) CALLITRIC, Callitriche. (mor. pnan. ) Genre de plantes à feuilles ovales , d’un. beau vert, dis- posées en roselie , les unes nageant à la surface des eaux douces et courantes, les autres spatulées, quelquefois même arrondies, habituellement sub- mergées. Selon Jussieu , il fait partie de Ja famille des Naïades; d’après de nouvelles observations, il doit en être détaché et former une coupe séparée parmi les Dicotylédonées ; il occupe deux places dans le système sexuel; certains individus , étant hermaphrodites ou monoïques , appartiennent à Ja Monandrie digynie ; tous les autres rentrent dans la Monœcie monandrie, puisque le même pied porte des fleurs mâles et des fleurs femelles sépa- rées. Son nom lui vient du mot grec Kallithriz , belle chevelure, de la forme de ses longues ra- cines vermiculaires , de ses tiges délicates et flot- tantes, de ses feuilles supérieures nombreuses , linéaires. Tous les Callitrics ne sont véritablement.que des variétés de l'espèce que Linné appelait GarzTRG PRINTANIER , C. verna; tous végètent pendant huit à dix mois de l’annce, et meurent au bout d ce laps de temps. Il est de l'intérêt du cultivateur de les arracher au commencement de l'automn avec des râteaux à dents de fer, et de les porter sur des fumiers dont ils augmenteront et bonifie- ront la masse. Dans les localités voisines d eaux stagnantes où les Callitrics abondent, on fer — | ee CALL 587 CAEL bien de les déposer au bord de l'étang; là ils .se décomposeront et produiront un excellent ter- | reau. Jusqu'ici les botanistes ont donne de ce genre une description vicieuse; il faut lui substituer dé- | sormais celle-ci, révélée par une suite d’études et | d'analyses scrupuleuses : fleurs monoïques; les mâles ont un calice à deux sépales, une étamine | à anthère réniforme, s’ouvrant sur son bord con- | vexe, et présentant dans toute sa Jongueur une | Jégère rainure, un rudiment d’ovaire ; les fleurs femelles offrent un calice à deux sépales, un ovaire | sapère tétragone , surmonté de deux styles fili- | formes, donnant quatre graines nues , légèrement | ailées, étroitement unies par un tissu cellulaire | jusqu’à l’époque de la maturité qu elles paraissent ne former qu’un seul corps; elles se séparent alors. | Après la fécondation, la fleur s’immerge. La ger- | mination de la graine a lieu de dix à quinze jours; elle commence par deux feuilles séminales oppo- | es, attachées à une tige frêle portant deux ra- | cines filiformes assez longues. (T. ». B.) | CALLITHRICHES, Callithrix. (ma. ) Ces | quadrumanes forment, parmi les Sagoins ou Géo- pithèques, un genre dont l'espèce Lype est le Saï- miri de Buffon; voici leurs caractères généraux tels qu’on les trouve dansles auteurs : tête petite, | arrondie; museau court ; angle facial de soixante degrés ; les canines médiocres ; les incisives infé- | rieures verticales et contiguës aux Cannes ; les | creïlles grandes et déformées; la queue un peu | plus longue quele corps et couverte de poils courts; | Je corps assez grêle; leur pelage agréablement co | Joré leur a mérité le nom de Callithriæ, qui veut dire beau poil. , Les mœurs de ces animaux sont peu con- ques : on sait seulement que quelques espèces ont beaucoup d'intelligence , qu elles se mELEe Sr d'insectes et vivent réunies par troupes Consicé- cables dans les forêts équatoriales du Nouveau- e. Eu, me Saïuinr, Callithrix sciureus , Geoff. Ge joli etit singe a recu une foule de noms rs on l'appelle Sapajou-aurore , Singe-écureutl, de. Le nom de Saïmiri lui est donné par les Galibis de la Guiane, Titi est celui qu'il porte sur les bords de l'Orénoque; Schreiber dans sa planche xxxrt La nommé, ainsi que Linné , Simia sciurea , c'est-à-dire Singe-écureuil. l Le Saïmiri n’a guère plus de dix ou onze pou- ces de longueur, depuis le bout du museau jus- qn'à l'origine de la queue, qui en à un peu davan- tage. Son pelage est généralement d'un gris oli- yâtre; les bras et les jambes sont d'un roux vif, lé museau est noirâtre. Get intéressant animal est certainement le plus intelligent en même temps que le plus élégant de tous les singes: « Sa phy- sionomie, dit M. Geoffroy, est celle d’un enfant; c’est la même expression d’innocence , quelque- fois même le sourire malin, et constamment la même rapidité dans le passage de la joie à la tris- tesse : il ressent aussi vivement le chagrin et le té- moigne de même en pleurant. Ses yeux se mouil : SR mme lent de larmes lorsqu'il es’ inquiet ou effrayé. IL est recherché par les habitans pour sa beauté , ses manières aimables et la douceur de ses mœurs. Il étonne par son agitation continuelle ; cependant ses mouvemens sont pleins de grâce. On le trouve occupé sans cesse à jouer, à sauter, et à pren- dre des insectes, surtout des araignées qu'il pré- fère à tous les alimens végétaux» . M. de Humboldt a souvent remarqué que le Saimiri reconnaissait visiblement des portraits d'insectes, qu'il distin- guait même sur des gravures en noir, et qu'il cherchait à les saisir avec ses petites mains. Ces preuves de discernement ne sont pas les seules que ces intéressans animaux aient fournies aux observateurs; on en a vu que nos discours suivis prononcés devant eux occupaient au point qu’ils suivaient des yeux les gestes de l’orateur , ct qu'ils s’approchaient souvent de sa tête pour toucher sa langue ou ses lèvres. Ils habitent par petites troupes au Brésil et à la Guiane ; ils recherchent les insectes et savent les prendre avec beaucoup d’adresse, On en dis- tingue plusieurs variétés. SAGOIN VEUVE, C. lugens. Cette espèce , qui a le pelage noirâtre, avec la gorge et les mains an- térieures blanchâtres, habite les forêts qui bor- dent les rivières de San-Fernando d’Atapabo, et les montagnes granitiques de Santa-Barba. M. de Humboldt l'a décrite dans ses Mélanges zoologiques sous le nom de La V'iduita. SAGOIN A MASQUE, C. personatus ; il a le pelage gris fauve, la tête et les quatre mains noirâtres ; queue rousse. Il vit au Brésil sur le bord des ri- vières qui arrosent celle portion de l'Amérique. SAGOIN A FRAISE, C. amistus. On pense que cette espèce vient du Brésil. SAGOIN A COLLIER, C, torquatus , décrit dans le tome x des Mém. des cur. de la nat. , de Berl. Ce singe habite le Brésil, Sao moLocx, C. Moloch. Ce singe habite le - Para, mais il y est rare. SAGOIN AUX MAINS NOIRES, €. melanochir, et SaGoin MITRÉ, C. infulatus, qui sont du Brésil, composent avec quelques autres espèces moins bien connues le genre Callitriche de M. Geof- froy. Buffon a nommé CarLirrieue, un singe du Sé- négal, le Simia sabæa de Linné, figuré dans le tom. x1v de son Histoire naturelle, planche 37, et dans la livraison x1x de l'Histoire des Mamm. de M.F. Cuvier. Ce singe est d’un beau vert sur le corps, avec la gorge et le ventre blancs, ét la face noire. Les anciens, et Pline entre autres, se sont servis du mot Callitriche pour indiquer une espèce de singe qui paraît être l'Ouandarou. ( GEnv. ) CALLORHINQUE, Callorhinchus. (porss.) Gro- novius a le premier appliqué ce nom à un genre de poissons de l’ordre des Chondroptérygiens à branchies libres, famille des Sturioniens, que Linné réunissait sous le nom de Cimère, Chimæra. Cuvier l’en a séparé et l’a placé à la suite des Sé- laciens (Plagiostomes, Dumér.) , avec lesquels, CALM ainsi que les chimères proprement dites, les Cal- lorhinques offrent de grands rapports. Les carac- tères du genre consistent dans [a disposition des branchies, qui s'ouvrent à l'extérieur par un seul trou apparent de chaque côté du cou; ils ont cependant un vestige d'opercule caché sous la peau; le museau estterminé par un lambeau charnu comparable pour la forme à une houe. Il y a deux dorsales , dont la deuxième cÔmmence sur les ventrales , et finit vis-à-vis le commencement de celle qui garnit le dessous de la queue. La pre- mière est armée d’un fort rayon osseux. Les mâ- les portent en outre sur la têle, au dessus du pro- longement singulier dont nous avons parlé plus haut, une autre sorte de tubercule allongé, ter- miné en boule et tuberculeux. On n’en con- naît qu’une espèce des mers méridionales. La Cumvbre ANTARCTIQUE , Chimæra calloryn- chus, Lion. , Lacép., tome 1, pl. xx, et dans noire Atlas, pl. 68, fig. 4. Dans cet individu, la seconde dorsale est à une égale distance de la première et de la caudale. Entre les nageoires , sur le dos, règnent un ou deux rangs d’aiguillonstournés vers la queue; la caudale présente une autre pe- tite pageoire antérieure , et les pectorales, beau- coup plus grandes, sont marquées à leur base d’une tache particulière; enfin le rayon antérieur de la dorsale est muni de dents en arrière. (Azru. G.) CALLOSITÉ. (z001. ) Endurcissement de l’é- piderme ou de quelque autre partie qui prend une consistance cornée; induralion qui survient sur les bords des ulcères par suite de l'irritation et de l’engorgement continuels des tissus. Chez les animaux on donne ce nom à certaines parties recouvertes d’une peau plus épaisse, sou- vent rugueuse, raboteuse, dépourvue de poils et quelquefois colorée ; on remarque surtout ces cal- losités sur la poitrine et les genoux des chameaux, aux fesses des singes. La peau de la plante des pieds, qui chez l'homme est d’un tissu plus serré que celle des autres parties du corps, devient en- core plus dure avec l’âge, et peut être considérée comme véritablement calleuse chez certains indi- vidus qui marchent pieds nus ou font chaque jour de longues courses avec d’épaisses chaussu- res. Quelquefois aussi celle qui recouvre la partie postérieure des cuisses prend également une con- sistance cornée chez les postillons ou les hommes qui voyagent continuellement à cheval. Le nom de callosités a été donné aussi, dans les mollusques, à certaines protubérances placées sur diverses parties des coquilles, et qui diffèrent des varices en ce que celles-ci sont plus allongées dans le sens de la longueur du test. (P.G.) CALMAR , Loligo. (morr.) Genre de Mollusques céphalopodes, de l’ordre des Cryptodibranches, famille des Décapodes , établi par Lamarck pour des animaux marins, munis d’un sac allongé, cylindracé , acuminé postéricurement ; à bord dorsal du sac bien distinct du cou, quelquefois prolongé en pointe ; ayant des nageoires grandes, formant un rhombe par leur réunion; des bras EEE EN EC sc Z 588 CALM sessiles assez égaux , pédonculés, longs, et ter- minés en massue; des ventouses garnies quelque- fois de dents ou de crochets dans une portion de leur circonférence , mais jamais de véritables grif- fes ; présentant enfin un rudiment interne corné , mince , transparent , quelquelois partiellement gélatineux, de forme un peu variable, mais en général élargi et aplati, en forme de plume. Ce genre était connu des anciens. Aristote en parle beaucoup et entre dans de grands détails sur son organisation , et surtout sur ses facultés et ses habitudes ; mais, parmi une grande quantité d’ob- servätions exactes et aujourd'hui confirmées , on en rencontre quelques unes qu’il est impossible d'admettre , et que les découvertes des moder- nes sont venues démentir ; néanmoins Pline co- pia Arisiole, et ce n’était certainement pas lui qui pouvait détruire le merveilleux que le sa- vant grec avail répandu sur le genre Calmar. Ovide, Varron, et beaucoup d’autres parlèrent en- core du Calmar; au moyen-âge, Rondelet donna le premier les figures de ces animaux; Gesner, Aildrovande et Johnston réunirent tout ce que leurs prédécesseurs en avaient dit, et y ajoutèrent les figures de Rondelet. Swammerdam et Monro donnèrent de nouveaux détails anatomiques sur les Galmars; mais ces recherches ne suflirent pas, et bientôt Cuvier, dans son beau travail sur les Céphalopodes, publia une anatomie de chaque genre en particulier, et fit connaître celle du Cal- mar au point à peu près où elle est. aujour« d’hui. Le genre Calmar était connu sous les noms de Theutos, Theutis, ou T'hetis par les Grecs, et par ceux de Z'oligo et plus tard Lollium par les Latins. De ces différens noms, de la forme des rudimens internes , et de la liqueur noire que répandent ces mollusques, dérivent aujourd'hui la plupart des noms sous lesquels ils sont connus , tels que celui de Calmar qui vient de theca calamaria, (encrier ) ; on le nomme même encore Calamar ou Glangio sur les côtes du Languedoc ; sur quelques points du golfe de Gascogne Corniche ou Cornet, ou plus souvent Encornet, expression répandue non seu- lement sur nos côtes, mais encore à Terre-Neuve et dans nos colonies; en Provence et à Venise, dit M. de l'érussac, une espèce de Calmar est ap- pelée Tothena ou Totena, et à Marseille Taute, noms évidemment corrompus du mot grec thcutos ; enfin en Italie les Calmars sont nommés Culu- maro, Calamaio, Glangio, etc. Les Calmars sont des mollusques très-voraces et agiles qui habitent généralement la haute mer. Les anciens avaient remarqué que la tempête les forçait à se rapprocher des côtes, et cette obser- vation, qui n'a point été renonvelée depuis, que nous sachions, est fort exacte, Nous avons beaucoup observé ces animaux dans la haute mer , et rous avons été quelquefois témoins de l’agilité avec la- quelie ils poursuivent les petits mollusques où s’élancent tout à coup sur eux du fond des eaux. Nous avons vu aussi ces mollusques, lors- que la mer était agitée, s'élancer hors de l'eau 1. Calmar 2. Calbrlmpis Æ, Guérin di J. Calhiste 4. Callorhynque — élue CALM — à une telle hauteur, que parfois ils tombaient dans les porthaubans de notre navire. Cette re- marque à déjà été faite par Pline, mais il était d'autant plus essentiel de la confirmer , que cerlains naturalistes avaient paru en douter. Au surplus cette faculté de s’élancer comme une flèche n'appartient pas exclusivement à ce genre de Géphalopodes, il convient seulement de dire qu'il la possède à un plus haut degré que les autres, sans doute à cause de sa légèreté et de sa orme élancée. Get élancement n’a jamais lieu pendant le repos de l'individu, mais bien dans sa course et lorsqu'il a déjà acquis un certain degré de vitesse qu'il doit sans doute à la puis- sance de ses nageoires. Il est le résultat d’une contraction forte et subite de son sac qui re- pousse l’eau au dehors; le mollusque s'échappe alors, l'extrémité postérieure en avant; puis, arrivé hors de l’eau au terme de son élancement, il re- tombe, pour prendre dans son élément une nou- velle vilesse. Ces mollusques , comme les sèches, répandent à volonté une encre noire très-divisible dans l’eauet qu'ils laissent derrière eux , afin, pensent quelques naturalistes, de se soustraire à la poursuile de leurs ennemis. Nous ne nions pas que ce ne soit là l'intention de la nature, mais nous n’avons aucune ebservation qui nous autorise À l’admettre. On n’est pas encore fixé sur ce fait, tant pour les Calmars que pour les sèches. On peut compter les Calmars au nombre des mollusques les plus utiles; non seulement ils fournissent dans leur liqueur uue encre qui peut être avantageusement employée dans les arts, mais ils sont encore pour la pêche de la morue d'une utilité majeure. L’appât ou bouette que lEncornet fournit aux pêcheurs terreneuviens est des plus précieux, mais il est souvent assez diffi- cile à se procurer en assez grande abondance. Comme nourriture, ce mollusque est utile aux classes peu aisées qui habitent les bords de la mer et se nourrissent ordinairement de ses produits. Il paraît que les anciens en faisaient eux-mêmes asage. Apicius, l’un des célèbres gourmands de Rome , connaissait le moyen de le rendre suc- culent , et il indique le procédé qu'il employait. Rondelet raconte aussi comment de son temps on mangeait le Calmar ; on le préparait avec son encre, dans une sauce au beurre et à l'huile avec des épices et du verjus, comme on fait encore aujourd’hui à La Rochelle pour les casserons, qui sont de très-jeunes sèches. Ce mets est, selon nous, un des plus délicats que l’on puisse man- ger dans un port de mer. On est parvenu à connaître les œufs du Calmar, ils forment par leur réunion desrangées de tubes ou d2 grappes cylindriques partant en rayonnant d’un c2ntre commun, Bohadsch, à qui on en doit la découverte, les a figurés et a fait des recherches pour s'assurer de là quantité d'œufs contenus dans une des masses de grappes qu’il a observées; le nombre s’en élevait à environ 40,000. Il y en a de peliles espèces, mais il y en a aussi 589 CALO de fort grandes ; les anciens en citaient de gigan- tesques ; nous en avons vu une au bazar de Saint- Denis, à l'ile Bourbon, dont la longueur, les bras non compris , était de 29 pouces; son rudi- ment interne eu avait près de 20. MM. de Férussac et d'Orbigny, qui ont rassemblé une suite de planches pour le beau travail qu'ils publient sur les Céphalopodes, comp- tent un bon nombre d’espèces dont ils font deux groupes principaux , d'après la présence ou l'absence de ventouses sur les pédoncules des bras. 4 Parmi les vingt et quelques espèces décrites par ces savans , le Cazmar onpiNaiRe, Loligo vul- garis, le plus anciennement connu, représenté dans notre Atlas, pl. 68, fig. 1 ,le C. sacrrré, L. sagittata, et le G. supuzé, L. subulata, sont des mers d'Europe. (ULB dd à CALMARET, Loligopsis. (mozz.) Genre de Cé-. phalopodes, de l’ordre des Décapodes, famille des Poulpes , établi par Lamarck pour un mollus- que rapporté par Péron des mers australes, et qui ne diffère des calmars que par le nombre des bras. ! Ses caractères sont d’avoir le sac oblong, pointu à son extrémité, avec une nagcoire circulaire qui embrasse sa partie postérieure , ou des nageoires latérales triangulaires et terminales. Lesueur, qui depuis la découverte de l'espèce qui sert de type au genre en a reconnu une seconde, a cru devoir faire pour ces deux mollusques son genre Léachie, qui ne saurait être adopté vu la priorité du travail de Lamarck ; au surplus M. de Férussac est porté à croire que ces mollus- ques devaient être portés dans le genre Cranchie. . (R.) CALOBATE, Calobates. (o1s.) Gette coupenou- velle, établie par M. Temminck dans la famille des Grimpeurs, ne comprend encore qu’une seule espèce, le CALoBATE RADIEUX, C. radiosus, pl. col. 538, rapporté par Diard du district de Pon- tianak, sur la côte orientale de Bornéo: le mâle et la femelle de cette espèce sont parés des cou- leurs les plus vives et les plus brillantes. (GEnv.) ? CALOBATE , Calobata. (ins. ) Genre de l’ordre des Diptères, établi par Fabricius aux dépens du genre Musca de Linné, adopté par Meigen et La- treille. Ce dernier le place dans la quatrième tribu, les Muscides, el dans la sixième division, les Leptodites, Zeptodites ; les caractères distine-: tifs sont : antennes en palette, plus courtes que la tête , dont le troisième article est presque or- biculaire, avec une soie latérale et simple; les ba- lanciers sont à découvert : les yeux sont sessiles ; le corps ct les pattes sont très-allongés, presque filiformes ; la tête est ovoïde ou presque globuleuse; les ailes sont couchées sur le corps. Duméril dans sa Zoologie analytique avait désigné les Calobates sous le nom générique de Ceyx. Ces insectes ont beaucoup de ressemblance avec les Microptères et les Tephrites qui en ont été séparés par Latreille et Meigen , à cause de leurs ailes vibranies , ct parce qu'ils ont les pattes proportionnellement inoins ,_Zool. de Guérin, 2, - CALO longues qu'aucune des espèces dont est composé le genre Calobate. L'espèce qui lui sert de type est la CazoBATEe rictroRMe , 7alobata filifornus , Fab. Noirâtre ,avec les anneaux de l'abdomen bordés en dessus d’une couleur blanchâtres ; les pieds fauves ét ayant un anneau noir aux cuisses postérieures. Il se trouve dans les bois des environs de Paris, (H. L.) CALODROME, Calodromus. (1xs. ) Genre de Coléoptères de la famille des Charanconites, tribu des Brenthides, établi par MM. Guérin et Gory dans le Magasin de zoologie, sur un insecte de la côte de Coromandel, présentant une ano- malie tout-à-fait singulière dans les tarses. Voici quels sont ses se tar corps allongé , anten- nes assez courtes , dont les trois FRS articles forment une massue un peu aplatie , le dernier un peu plus long, arrondi au bout; la tête courte; le corselet aussi long que l'abdomen ; les deux premières paires de pales courtes, des la pre- mière paire le tarseégale le tibia , et ses trois pre- miers articles sont égaux; dans les intermédiaires le premier article du tarse égale à lui seul le tibia, ct le reste du tarse est aussi grand que lui; dans les pattes postérieures le tibia s’oblitère presque entièrement ; le premier article du tarse au con- traire acquiert un développement tel qu'il égale ou surpasse même l'animal entier en longueur , c’est ce qui a fait donner à ce genre le nom qu'il porte et qui signifie, qui marche avec des échas- ses ; l’article suivant est aussi un peu plus allongé que le suivant; quant au quatrième, il est sim- plement rudimentaire dans tous les tarses. Ce singulier insecte est-il sauteur ? “Pourquoi alors cet allongement du tarse plutôt que du fé- mur, comme il Le dans les autres espèces douées de cette faculté ? Get organe est-il seulement pro- pre au mâle et destiné à saisir la femelle dans l’ac- couplement? mais alors pour conserver la posi- tion habituelle, il replierait ses pattes en dessous son corps, saisirait peut-être la femelle avec par les côtes ; tandis que les autres paires se maintien- draient sur son dos, les crochels de ses tarses parviendraient alors jusqu’auprès de sa tête. Il est probable que cette organisation tient à son ha- bitat et à la manière de prendre sa nourriture, que nous ne pouvons deviner faute de renseignemens sur ses MŒurs. C. ne Mer, C. Ha Guér. et Gory, Magasin v., ch 1x, pl. 34. Long de & millimètres, le corps est entièrement ferrugi- neux, ses antennes sont lisses avec les trois de niers articles velus ; sa bouche est large, armée de deux fortes mandibules; excepté une pelite partie du labre qui est au dessus, on ne distingue aucune des autres parties ; le corselet offre au des- sus deux compressions latérales en arrière de la tête ; il se rétrécit en outre avant de se joindre ‘aux élytres ; le tarse postérieur, qui est si anomal, est à son origine courbé, méplat, mais il Jess naissance à une apophyse qui se courbe sur le côté ; à un tiers plus loin de sa longueur est une autre petite apophyse courbée dans le même 5go CALO sens et accompagnée d’une petite dent. Je n’a point vu cet insecle en nature, mais la planche que je cite, exécutée par M. Guérin, ne laisse rien à désirer pour l'exécution et la rigueur des détails , et peut suppléer à toutes les descriptions. De la côte de Coromandel. (A. P.) CALOMEL. (cmm.) Le Calomel, Calomélas , Panacée Mercurielle , Mercure doux, Aquila alba, Proto-chlorure de mercure, etc., est un sel qui existe dans la nature, où il porte le nom de Plomb corné , au mieux celui de Mercure muriaté , et qui cependant est ordinairement le produit de l'art. Le Calomel se présente en masses plus ou moins volumineuses, solides , très- -pesantes, circulaires , concaves d’un côté . convexes de l’autre, affectant enfin la forme des vases dans lesquels le sel a été préparé, parfaitement blanches, cristallisées en prismes tétraédriques, terminés par des pyra- mides: les cristaux existent principalement au centre des pains. Le Proto-chlorure de mercure jaunit et brunit à l'air ; il est insipide , inodore, insoluble dans l’eau, l'alcool et l’éther ; soluble dans le chlore, et dé- composable par la potasse et la chaux , qui le ré- duisent à l’état d’oxide noir, On l’obtient en su- blimant ensemble dans un vase convenable qua- tre parties de deuto-chlorure de mercure (sublimé corrosil) et trois parties de mercure métal- lique. Le Calomel , préparé à la vapeur d’après la méthode de FR Jemel, modifiée par M. Ossian Henry, s'obtient en recevant dans un flacon plein de vapeur d’eau, les vapeurs blanches sous les quelles se us le Proto-chlorure de mer- cure déjà préparé, placé dans une cornue de grès et chauffé dans un fourneau à réverbère. Le Proto-chlorure de mercure ainsi obtenu est moins Exposé à contenir du deuto-chlorure que celui qui a été préparé par la simple sublimation. En effet, la vapeur d’eau condensée dissout le sublimé, et le Proto-chlorure insoluble se préci- pite ; il suffit de décanter, laver et faire sécher pour l'avoir pur. Dans tous les cas il est bon d’es- sayer le Calomel avant de l'employer en méde- cine; pour cela, on l’agite dans de.l’eau , on le laisse déposer, on décante et dans l’eau 1 lavage on verse de la potasse ou de la chaux; si la dE queur est pure, c'est-à- dire si elle ne contient pas de sublimé, il n’y a pas de précipité; dans le cas contraire elle précipite en jaune. Le proto-chlorure de mercure est employé en médecine comme purgatif, contre-stimulant, an- thelmintique et quelquefois comme antisyphili- tique. Son usage exige des soins et de la PR F CALOPE, TE (xs.) Genre de es Coléoptères, seconde section des Hétéromères , seconde famille des Taxicornes, créé par Fabri- cius aux dépens du grand genre Cerambix de Linné, et ayant, selon lui, pour caractères : qua- tre palpes, les antérieures en massue, les posté- rieurs filiformes ; mâchoirés bifides; lèvre infé- rieure membraneuse et bifide ; antennes filiformes, 60 | z Calove 2 Calosome 7 Calvotree Calyptomenc 5.Came. © 7 Cameleon 0 « À ‘ CALO ‘591 CALO Latreille place ce genre dans la famille de Sténé- lytres et dans la quatrième tribu des OEdémérites, en lui donnant pour caractères: pénultième ar- ticle des tarses bilobé ; mandibules bifides; der- nier article des palpes maxillaires en forme de ha- che; languette profondément échancrée ; anten- nes fortement en scie; corps étroit et allongé avec la tête et le corselet plus étroits que l'abdomen ; les yeux sont allongés et échancrés. Malgré la grande ressemblance qu'ont ces insectes avec les Capricornes, ils s’en éloignent cependant par le nombre des articles des tarses : ils ont aussi quel- que ressemblance avec les Gistèles, mais ils en dif- fèrent essentiellement par l'échancrure du pénul- tième article de tous les tarses. Les Calopes, outre les caractères désignés ci-dessus, ont des antennes longues, en scie , placées dans une échancrure devant les yeux, et formées de onze articles , dont le premier est gros et en massue , le second petit, les autres un peu comprimés; le labre est entier , l'extrémité des mandibules est bidentée, avec la division interne pointues; les palpes maxillaires sont plus longs que les labiaux, terminés par un article encore ponctué. L'espèce formant le type du genre est le CALOPE SERRATICORNE, Calopus senraticornis , Fabr, , représenté dans notre Atlas, 1. 69, fig. 1; il est long d'environ neuf lignes, de forme allongée ; son corseletest en carré long , sans rebords, dilaté en devant, un peu raboteux en dessus; les étuis sont longs, sans rebords, et présentent à leur surface quelques lignes élevées, à peine distinctes ; les pattes sont grêles et de longueur moyenne : la couleur de cet insecte est d’un brun clair pubescent. On le trouve dans les bois en Suède. (EH. L.) CALOPHYLLE , Calophyllum. (or. PHan). Ge genre, qui appartient à la famille des Guttifères de Jussieu et à la Polyandrie monogynie de Linné, est caractérisé ainsi qu’il suit : calice coloré, de deux, trois, quatre sépales caducs, manquant quel- quefois; corolle de quatre pétales ; étamines fort nombreuses à anthères allongées; ovaire libre, style simple, stigmate capitulé; fruit en drupe globuleux ou ovoiïde , renfermant un seul noyau dans lequel se trouve une graine de même forme ; embryon droit, dépourvu d’endosperme. À cegenre se rapportent environ sept espèces, toutes formant des arbres plus ou moinsélevés, à feuilles entières et opposées, dont la structure singulière fait recon- paître aisément le genre, car elles sont partagées en deux moitiés égales par une nervure longitudi- pale de chaque côté de laquelle naissent quantité de nervures parallèles, très-rapprochées, qui se dirigent vers les bords. Les fleurs sont groupées à l’aisselle des feuilles supérieures, où elles sont portées sur des pédoncules triflores, qui ‘par leur xénnion forment une panicule terminale. L'espèce la plus intéressante de ce genre exoti- que est le CGALoPHYLLE INOPHYLLE , Calophyllum inophyllum de Linné ou C. tacamahaca de Wildn. C’est un grand arbre qui croît naturellement dans les lieux stériles et sablonneux des Indes orientales et des îles australes de l'Afrique. Son tronc est épais ; son écorce, noirâtre et fendillée , laisse dé- couler , quand elle est entamée, une matière vis- queuse et résineuse, verte, qui se solidifie et porte le nom de gomme ou résine de Tacamahaca. Les jeunes rameaux de cet arbre sont carrés; les feuilles sont opposées , obovales, obtuses, entièt res, luisantes, à nervures parallèles et très-ser- rées. Les fleurs sont ordinairement blanches , odo- rantes , placées à l’aisselle des feuilles supérieu- res , en grappes opposées. Les fruits sont globuleux, jaunêtres et charnus. Du Petit-Thouars assure que le bois de cet arbre est employé, aux îles de France et de Bourbon, pour la charpente, la construction des navires et le charronnage. Cette espèce de Calophylle est appelée par Loureire Balsamaria anophyllum : ce qui la distingue des autres , c’est le calice qui se compose de deux sé- pales , la corolle qui est de six pétales , et les éta- mines qui sont disposées en plusieurs faisceaux , ou polyadelphes. Ÿ’oy. Barsamarra. (G. £.) CALORIQUE. (ruxs.) Jusqu'à présent nous ignorons ce qu'est, à proprement parler, le Calo-- rique. La chaleur et la lumière ne sont-elies qu’une seule et même substance qui nous apparaît sous la forme de lumière quand elle se propage avee une grande vélocité, et sous celle de chaleur lorsque sa propagation se fait d’une manière plus lente ? La chaleur est-elle le résultat d’une cer- taine vibration des corps, qui nous donne la sen- sation du chaud en agissant sur nos organes , qui se communique aux corps froids , etc. ? Toutes ces hypothèses ne nous rapprochent nullement de la vérité, Mais qu’il en soit ainsi ou autrement , nous définirons le Calorique un principe, un fluide im- pondérable, comme la lumière , généralement ré- pandu dans la nature, dont la présence nous est manifestée : 1° par la sensation de chaleur qu'il fait éprouver à nos organes; 2° par l’augmenta- tion de volume qu'il détermine dans tous les corps; qui a la propriété de se transmettre entre ces der- niers et de se propager entre leurs parties, soit par voie de rayonnance directe, soit par voie de réflexion ; enfin, qni tend continuellement à éta- blir entre les corps un équilibre de température , et qui a la force de changer, de modifier l’état d’un grand nombre d’entre eux. Le Calorique, qui pénètre tous les corps qui nous environnent, qui est répandu dans l’atmo- sphère que nous respirons, qui se développe dans nous-mêmes pendant les actes de la vie, a sur notre existence et notre conservation une si grande influence que nous ne saurions prendre une idée trop exacte de tout ce qui tient à sa na- ture. Les causes physiques qui développent le plus sensiblement le calorique sont : le frottement , la percussion, la condensation subite par une com- pression instantanée (briquet pneumatique ), les changemens qui font passer et repasser les corps de l’état solide à l’état liquide, et de l’état liquide à l’état gazeux; enfin le contact ou la proximité des corps échauffés. L’électricité, les mélanges ct les opérations chimiques, les fonctions de Ja EE CALO 592 = —————— + CALO vie , les phénomènes et les symptômes morbides sont. encore des causes de dégagement du Calo- rique. Les mots calorique , chaleur et température n’ex- priment pas la seule et même chose ; le mot tem- pérature sert à indiquer le degré appréciable de la chaleur; le mot chaleur représente l'effet du Calorique ; le Calorique est la cause de la cha- leur. Déjà nous avons dit que les phénomènes par- iiculiers qui attestent la présence du Calorique sont la sensation de la chaleur et l'augmentation du volume des corps; ceux qui nous font juger des températures sont le témoignage de nos sens d’abord, témoignage peu exact et peu fidèle, car il varie selon notre sensibilité , selon les mdividus, selon les circonstances dans lesquelles nous nous trouvons; puis les instrumens de physique appe- lés Tnenmomèrre , Taermoscore, CALORIMÈTRE. (7. ces mots.) Dans un corps dont on élève la température et dont on augmente le volume à l’aide du Calorique, celui-ci se partage en deux portions : une qui contribue à élever la température sans donner lieu à la dilatation, ou, en d’autres termes, qui excite la sensation de la chaleur ou du froid se- lon ses rapports avec nos organes ; c’est le Calo- rique sensible ; une autre qui est tout employée à Ja dilatation, sans élever en rien la température ; c’est le Calorique latent. On appelle encore Calo- rique latent le Calorique qui fait passer un corps solide à l’état liquide , puis à l'état de fluide élas- tique, mais qui ne produit pas de la chaleur sen- sible; en un mot, toutes les fois que le Calorique fourni n’est employé qu'à opérer le changement ‘d'état des corps, il est Calorique latent ; il est Ca- “lorique sensible dans toutes les circonstances con- traires. : Les quantités de Calorique latent ou de dilata- tion, de constitution des corps, et les quantités de : Calorique sensible ou de température, sont extrê- !mement variables, soit qu’on les compare dans des “corps de nature différente, soit qu'on les évalue ‘dans un même corps pris à des températures éga- ‘lement différentes ; cependant on peut les connaî- ‘tre avec exactitude en tenant compte de la quan- itité de glace qui se fond dans l'appareil connu sous le nom de Calorimètre. Les quantités de glace : fondue, différentes dans chaque corps pour une même température , constituent ce qu’on nomme ‘je Calorique spécifique; on donne au contraire le ‘nom de Capacité des corps pour le Calorique, à la “propriété que les corps ont d'absorber et de contenir une plus ou moins grande quantité de ‘Calorique pour parvenir à une même tempéra- lure. On appelle équilibre de température les rapports qui s’établissent entre les corps échauflés; ces rapports dépendent immédiatement du Calorique de température, et ils se font , ou par la facilité avec laquelle le Calorique libre se répand au dehors, même dans le vide, facilité qui est pro- portionnelle à l'élévation de température , et qu’on a nommée TUNNEL ou rayonnement, ou par communication et transmission immédiate entre des corps contigus, et entre les parties conti- nues d’un même corps; c’est ce qui constitue la propriété conductrice des corps pour le Calo- rique. De même que le Calorique peut être émis au dehors, qu’il peut rayonner, de même il peut être absorbe , il peut être réfléchi. Plus un corps doué de la faculté conductrice du Calorique jouit de la propriété d'absorption, plus promptement il s’échauffe ; plus il réfléchit au contraire, moins promptement il s’échauffe. Tous les corps polis, luisans à leur surface, réfléchissent très-facilement, très-promptement le Calorique : les angles. de ré- flexion sont égaux à ceux d'incidence ( cette pro- priété du Galorique est partagée par la lumière ). Cette vérité en physique sera mise à profit dans nos usines et dans nos opérations domestiques , si: nous employons des vases qui conduiront et qui absorberont très-bien le Calorique : les vases de métal sont dans ce cas. En pensant que le poli de leur surface est une des grandes causes de la ré- flexion du Calorique, on tiendra moins à cette qualité , si l’on veut économiser le combustible. Une autre propriété, non moins intéressante que celles que nous venons de signaler très-som- mairement, et que nous ne devons pas négliger dans l'étude du Galorique, c’est son influence sur l’état des corps, c'est l'augmentation qu'il produit dans leur volume, augmentation qu’on ne peut concevoir qu’en admettant l’écartement de leurs parties, l'éloignement de leurs molécules les unes des autres. Tant que cet eflet du Calori- que se borne , dans un solide, à la simple dilata- tion , la forme absolue du corps ne change pas; la forme relative seule est modifiée, c’est-à-dire que le corps est actuellement plus gros, plus volumi- neux qu'il ne l'était avant qu’on ne l’ait échauflé ; mais si on ajoute un degré de plus de chaleur, les parties se dissocient, le corps devient mou, puis liquide, enfin fluide élastique si on continue à ac- cumuler une plus grande quantité de Calorique entre ses parties intégrantes. Enfin, si le Calori- que est accumulé en telle proportion que les forces expansives des corps et la pesanteur de l’atmo- sphère soient rompues, Ja masse entre en ébul- lition, la masse bout, comme on le dit vulgaire- ment. Les lois suivies par le Calorique dans sa distri- bution et sa marche dans les corps, ainsi que tous les phénomènes qui en découlent, sont exposées avec les plus grands détails dans des ouvrages de physique et de chimie qu’il est hors de notre sujet d'analyser ici, et auxquels nous renvoyons le lec- teur. On consultera avec avantage le Traité chi- mique de l'air et du feu, par Schéele ; les Recher- ches physico-mécaniques , par Prévost; les Traites de physique de Haüy, de Despretz, etc. ; les Traités de chimie de Thompson, Thénard, etc. Nous renvoyons également aux articles de physiologie de ce Dictionnaire, et aux ouvrages d'hygiène et de thérapeutique, tout ce que nous aurions pu : : dire ici sur les applications des phénomènes du Calorique aux corps vivans, qui sont relatives à l'homme sain ct à l’homme malade. Enfin l'étude du Calorique nous amenait naturellement à parler du froid et des moyens propres à produire les froids artificiels que l’on emploie journellement danses arts et l’économie domestique; c’est ce que nous ferons dans un article spécial à la lettre F de cet ouvrage. (F.F.) CALORIMÈTRE. (cmt. et pnys.) Le Galori- mètre, inventé par Lavoisier et Laplace, est un instrument au moyen duquel on apprécie avec une grande exactitude la quantité de calorique absorbé par la glace fondante. Get instrument consiste, quant aux dispositions principales , en nne sphère creuse de glace dans laquelle on ren- forme le corps dont on veut connaître la chaleur propre. La sphère est entourée d’une autre couche de glace qui ne communique point avec la pre- mière, en sorte que celle-ci demeure constam- ment à zéro, et que la température de l'air am- biant ne peut point la faire fondre. On place dans la première sphère, sur un support disposé exprès, un corps dont on a déterminé le poids et le degré de température ; le corps chaud, en se refroidis- sant presqu'au degré de la congélation, fait fon- dre une quantité de glace proportionnelle à celle ‘ de son calorique spécifique. La quantité de glace fondue varie selon la nature des corps échauftés ; ainsi, que deux onces d’eau à 4o° au dessus de zéro fondent une once de glace, deux onces de mercure, deux onces de fer, au même degré de chaleur, n’en fondent , le premier que un trente- trois millième d’once, et le second, un onze cen- tièmes. (EF. F.) = CALOSOME, Calosoma. (1xs.) Genre de l'ordre des Coléoptères, section des Pentamères, créé par : Weber, ( Observ. entomologicæ ) aux dépens des Carabes de Linné et de Fabricius, adopté par ce dernier auteur et par le plus grand nombre des entomologistes. Latreille le place dans la famille des Carnassiers et dans la division des Grandi- alpes , en le caractérisant ainsi : mandibules sans dents notables au côté interne et striécs transver- salement ; tarses antérieurs dilatés dans les mâles ; corselet transversal, également dilaté et arrondi latéralement, sans prolongement aux angles pos- téricurs; abdomen presque carré; palpes ex- térieurs moins dilatés au bout; mâchoires se courbant brusquement à leur extrémité ; second article des antennes court, troisième allongé ; les quatre jambes postérieures arquées dans plusieurs mâles. Les caractères que nous venons d'énoncer empêcheront sans doute de confondre les Calo- somes avec les Pambores , les Cychres et les Sca- phinates , qui en diffèrent par l'absence des dents au côté interne des mandibules. La dilatation des tarses anléricurs dans les mâles empêchera aussi de les confondre avec les Tefllus et les Procères : ils diffèrent des Procrusies et des Carabes propre-. ment dits par le peu de développement du second article des antennes. De plus, ils sont caractérisés par leurs habitudes ct la forme générale de leur Tous I. LXXVe Livraison. CALP corps, qui est déprimé et oblong : la tête est grande et de forme ovalaire ; elle supporte deux yeux glo- buleux, et des antennes sétacées à articles com- primés, d’inégale longueur, le premier très-gros , le second très-pelit, le troisième aussi étendu que les deux précédens réunis , et tous les autres assez courts et à peu près également développés. Ces antennes sont insérées au devant des yeux. La bouche présente un labre bilobé, des mandibules larges et avancées, des mâchoires donnant inser- tion à quatre palpes dont les maxillaires sont dé- couverts dans toute leur longueur ; puis une ligne inférieure supportant une paire de palpes très-sail- lans. Le prothorax est plus large que long, avec ses bords latéraux arrondis et relevés. Il est tron- qué antérieurement et postérieurement. Les étuis sont larges ct embrassent un peu sur les côtés l’ab- domen; celui-ci est fort étendu dans le sens transver- sal. Les pattes sont ordinairement longues et fortes. Ce genre se compose de plusieurs espèces, celle qui lui sert de type est le CALOSOME SYCOPHANTE , Calosoma sycophanta , Fabr., ou le Bupreste carre, couleur d’or, de Geoffroy, représenté dans notre Atlas, pl 69, fig. 2. Il est long de huit à dix lignes, d’un noir violet, avec les étuis d’un vert doré ou cuivreux très-brillant, très-finement striés, et ayant chacun trois lignes de petits points enfon- cés et distans. La larve vit dans le nid des chenil- les processionnaires, dont elle se nourrit. Elle en mange plusieurs dans la même journée; d’autres larves de son espèce, encore jeunes et petites, l'attaquent et la dévorent, lorsqu’à force de s’être repue elle a perdu son activité. Ces larves sont noires, et on les trouve quelquefois courant à terre ou sur les arbres, et sur le chêne particuliè- rement. Le GALOSOME INQUISITEUR, Calosoma inqui- sitor, de Fabr., ou le Bupreste carré, couleur de bronze antique, de Geoffroy, vit, ainsi que le précédent, sur le chêne, et y fait la chasse aux in- sectes, et particulièrement aux chenilles. L’une et l’autre espèce se trouvent aux environs de Paris. (I. L.) CALPIDIE, Calpidia. (0T. pan.) Arbre de l’île. de France , famille des Nyctaginées. Haut de huit à neuf pieds seulement, sur un diamètre de deux ou trois, il porte des rameaux en tête touf- fue , des feuilles alternes , entières et charnues , à pétiole court et épais. De leur aisselle partent des ombellules de fleurs roses et parfumées , environ- nées de plusieurs bractées en forme d’involucre, Cet arbre sc rapproche beaucoup du genre Piso- nia, comme on le verra par l’énumération de ses caractères génériques : un calice pétaloïde cam- panulé, terminé à son sommet par cinq divisions en toile; dix étamines insérées à la base du ca- lice ; un style court, surmonté d’un stigmate velu et à deux lobes; unovaire à un seul ovulc; un fruit cnveloppé par le calice qui croît avec lui; il présente une forme allongée et prismatique, à cinq angles visqueux au toucher. Le Calpidia a été observé par Aubert du Petit- Thouars, qui l’a figuré dans son Voyage aux îles australes d'Afrique, p. 25, Lab. 8. (L.) D) CALY CALSCHISTE. («for }- Les schistes argileux contenant des nodules, des lamelles ou des veines calcaires, ont été réunis par M. AL Brongniart sous lenom de Calschiste. Lorsque cectte roche est remplie de veines calcaires, clle porte le surnom de veince ; lorsqu'elle est remplie de grains et de no- dules , elle recoit celui de granitellin; enfin, lors- qu'elle offre l’apparence de J'homogéncité, on l'appelle Calschiste sublamellaire. (J. H.) CALTHE, Caltha. (Bor. vnan.) Les anciens Romains donnaient ce nom au Souci DES JARDINS, Calendula ofjicinalis, à cause de la forme de sa fleur radiée, qui représente une petite corbeille dorée , que les Grecs appelaient Calathos. Linné, d’après G. Bauhin, l’a imposé à une plante des lieux marécageux, vulgairement dite Populage des marais, dont il a fait un genre de la Polyandrie polyginie, appartenant à la famille des Renoncu- lacées. Le genre Calthe ne contient réellement qu'une seule espèce, très-commune dans es marais, les ruisseaux et les fossés, le CALTHE DES Marais, Caltha palustris, plante vivace, basse, qui vient en toufle arrondie et serrée, dont Ja tige, haute de trente à trente-deux centimètres , est garnie de belles feuilles d’un vert foncé, ct de fleurs éclatantes , assez grandes, d’un jaune superbe qui s’ouvrent en avril et se prolongent jusqu'à la fin de mai. L'espèce C. dentata, des botanistes anglais, n’est qu'une simple variété. Les horticul- teurs en possèdent une variélé à fleurs doubles, beaucoup plus grandes, plus brillantes et aussi doubles que les boutons d'or; elle s’épanouit en mai ct refleurit quelquefois en automne ; on Ja tient en pleine terre, dans un lieu très-frais. On en sépare les racines en automne. Le Calthe est employé contre les ulcères comme détersif. (T. ». B.) CALVIL. (mor. pan.) On nomme ainsi une variété de Pommier dont les pommes portent le nom de Calville. (Foyez Pommier.) (Guén.) CALYCANT ou CALYCANTHE , Calycanthus, L. (mor. pan.) Genre qui se rapporte à l’Icosan- drie polygimie de L., mais qui n’a point de place déterminée dans la série des ordres naturels, Quelques uns le placent dans les Rosacées. Il comprend cinq où six espèces exoliques, qui, pour la plupart, sont originaires de l'Amérique septentrionale. Ce sont des arbrisseaux dont la tige ligneuse et ramifiée porte des feuilles oppostes et simples, dépourvues de stipules. Les fleurs sont hcrmaphrodites ; solitaires, d’un pourpre foncé, et décorent l'extrémité des jeunes rameaux. Le périanthe paraît simple et menosépale, quoique le limbe présente un très-grand nombre de divisions sur plusieurs rangées. Mais on ne saurait y dis- tinguer un calice et une corolle. Le tube du pé: rianthe est turbiné, dur et épais à sa-base. Les divisions du limbe sont extrêmement nombreuses et à plusieurs rangs. L'ouverture du tube calicinal est singulièrement rétrécie, et de ce rétrécisse- ment considérable naissent des étamines fort nom- breuses, dont une quarantaine au moïns des plus 594 CALY intéricures sont avortées et filamenteuses, ct une douzaine fertiles. Les anthères de celles-ci sont sessiles , allongées, biloculaires, et tournées en dehors. Les pistils naissent du fond et des parois du tube calicinal, ainsi que dans les roses ; ils sont sessiles, formés d’ovaires allongés et uniloculaires. On y trouve deux ovules superposés , attachés au côté interne de la cavité. Le stixmate est oblong et glanduleux. Le fruit est formé par de nombrenx petits akènes charnus, renfermés dans l'intérieur du tube ealicinal. Le péricarpe est mince ct appli- qué immédiatement sur une seule graine dressée, contenant un embryon épispermiqne, dont les cotylédons larges , minces , membraneux, sont roulés plusieurs fois sur eux-mêmes, autour de l'axe de la graine. Ce genre a quelque rapport avec les Rosacées, dont il retrace plus où moins la structure : Jussieu l'a rapproché de sa famille des Monimiées, avec laquelle il n’a que des rapports éloignés. John Lindlay propose d’en faire le type d’un ordre na- turel, désigné sous le nom de Calycanthées. Cette nouvelle famille devrait se placer à côté des Rosa- cées. Les Calycanthes qui font l’ornement de nos jardins sont : Le CALYCANTHE POMPADOUR , OU DE LA CAROLINE, ou ARBRE AUX ANÉMONES, Calycanthus pompadoura, C. floridus, L., arbrisseau de 6 à 8 pieds, à bois odoriférant et rameaux étalés ; à feuilles opposées, ovales, aiguës, d’un vert terne; à fleurs moyen- nes, d’un rouge foncé, exhalant une odeur de pomme de reinette et de melon. Le CazycanTue cLauque, €. glaucus, W., aux rameaux étalés; aux feuilles oblongues, aiguës, glauques en dessous; aux fleurs d’un rouge brun. Le CazycanTne À rEurLLes Lisses , C. lævigatus, W., C. ferox, Mx., aux rameaux érigés; aax feuilles oblongues, aiguës, glabres, vertes des deux côtés ; aux fleurs plus petites et un peu plus hâti- ves que celles des espèces précédentes. Cette der- nière espèce a une variété naine, €. nanus. Le Cazycanrus rrÉcocE , C. præcox , dont quel- ques auteurs ont fait le type d’un genre distinct sous le nom de Meratia, et qu'ils désignent sous le nom de Meratia fragrans, Lois. , ou de Chima- nanthus , Lind. C’est un arbrisseau de 4 à 10 pieds, originaire du Japon; à feuilles lancéolées , luisan- tes en dessus ; à fleurs naissant avant les feuilles, d’un blanc sale, rougeâtres en dedans, et d’une odeur très-agréable. (G. £.) CALYCIFLORES ( végétaux ). (BoT. Pan). C’est, dans la classification de M. de Candolle, la seconde division des végétaux dicotylédonés ; elle comprend ceux dont la corolle est insérée sur le calice. (L. CALYCIUM. (50r. cayrr.) Urédinées. Le genre Calycium, que Nèes rapporte à ses Protomyci, peut être caractérisé ainsi : sporules globuleuses ou ovales, libres, portées sur un réceptacle fibreux en forme de tête ou de cône renversé, pédicellé , et présentant quelquefois à sa base une croûle lichénoïde, croûte qui n'existe pas dans toutes les espèces. CALY Les vingt et quelques espèces deGalycinm con- nues croissent presque toutes sur les bois pour- ris ; elles sont très-petites et de couleur brune, plus ou moins foncée ; leur réceptacle est tantôt sessile, tantôt pédiculé et en forme de ealice , tan- tôt enfin pédieulé et arrondi à son sommet; de là trois sections auxquelles Achar a donné les noms d'Acolium, Phacotium , et Strongy lium. L'espèce la plus commune, le Calycium clavicu- lare, de Achar, croît dans les vieux saules creux. CALYMÈNE. (crusr.) Voyez Tnisogires. CALYPTOMENE. (ois.) 7. Coq DE rocuE. (Guén.) CALYPTRÉE, Calyptræa. (moxr.) Coquilles univalves, assez singulières par leur forme, dont Lamarck a fait un genre pour quatre espèces seu- lement , mais dont le nombre s’est considérable- ment accru par les derniers voyages autour du monde entrepris pour le compte du gouverne- ment. Voici les caractères que ce professeur leur assigne : coquille conoïde, à sommet vertical , imperforé et en pointe, à base orbiculaire; ca- vité munie d’une languette en cornet, ou d’un diaphragme en spirale. A l’époque où Lamarck posait ces caractères, l'animal de la Calyptrée était totalement inconnu. M. Deshayes, dans un mémoire inséré aux Annales des Sciences naturel- les (nov. 1824, p. 336), en donna une descrip- tion détaillée, et le représenta sur toutes les faces. Ce travail, bien fait et consciencieux, fut corroboré par M. Deslonchamps, le 6 décembre même année, ainsi qu’on peut le voir dans la Revue encyclopé- dique de cette époque. D’après la description que donnent ces deux naturalistes, cet animal est pourvu de deux tentacules un peu aplatis , ocalés extérieurement dans leur milieu et légèrement cou- dés à l'insertion de l’œil. Ces tentacules ne parais- sent pas rétractiles. Le manteau est dépourvu d’appendices; les branchies consistent en une seule rangée de filets simples , insérés au côté gauche de l'animal, traversant de gauche à droite, et saillant qüelquefois à droite du cou. Le pied est petit, ovalaire ; et mince sur les bords. Le sac abdominal est en partie jeté à droite, et les bran- chies à gauche. La CazyprRée scapre, C. equestris, Lam., est communc dans les mers de l'Inde. C'est cette espèce qui est représentée dans notre Atlas , pl.69, fig. 3. Dans le nombre des espèces connues, quelques unes, fort remarquables, présentent à l’intérieur une véritable double coquille en forme de clo- che. La Calyptrée tubifère, dont M. Lesson a fait dans ses Illustrations zoologiques, sans qu'on puisse en deviner la cause, son nouveau genre Calypeopsis , en offre l’image fidèle. Cette intéres- sante coquille n’est pas munie de son animal , mais M. Lesson nous donne, à la planche 15 du Voyage autour du monde sur Ja corvette la Coquille, la figure d’une autre nouvelle espèce qui a quelque chose de pittoresque, car ce savant zoologiste place la tête de l’animal précisément à l'endroit 599 CAMA que doit occuper la partie opposée, ce qui prouve d’une manière incontestable qu’on n’est point uni- versel, et qu'il n’est pas donné à l’homme, quel que soit le génie dont la nature Vait doué, de traiter également bien toutes les sciences. (Ducz.) CAMACÉES. (mozr.) Nom donné par Lamarck à une famille de Conchyfères , qui a pour carac- tères d’avoir la coquille inéquivalve , irrégulière, fixée ; une seule dent grossière ou aucune à la char- nière; deux impressions musculaires séparées ct latérales, Elie se composait, d’après cet auteur, seulement des genres Dicérate , Came, et Ethérie, M. de Blainville a fait aussi une famille des Ca- macées d’après Lamarck , et y a rangé, outre les genres de cet auteur les T'ridacnes, les Zsocardes, etles Trigonies. Dans notre Manuel nous avons reproduit la famille de Camacées de M. de Blain- ville, mais nous y avons ajouté d’une part la Ca- prine de M. D'Orbigny qui, si elle n’est point bien connue, n’en mérite pas moins de fixer l'attention des naturalistes, et nous en avons retiré, de l’autre, la Trigonie, que d’après la connaissance de son animal, découvert par MM. Quoy et Gaimard, nous avons dû porter dans une autre famille. M. Guvier, dans la dermière édition du Règne animal , publiée une année après notre travail, a adopté la composition de la famille des Camactées telle que nous venions de l’établir, à l'exception cependant du genre Éthérie , qu’il en éloigna pour en enrichir la famille des Ostracés, et du genre Caprine de M. D'Orbigny, dont il ne parla pas. D’après les observations que nous venons de faire sur l’animal de l’Éthérie , et qui sont publiées dans les Annales du Muséum , et d’après quelques renseignemens que nous venons d'obtenir sur la Dicérate, et qui font suffisamment connaître que ce genre n’est qu’une espèce de came , nous pen- sons que, dans l’état actuel des choses, la famille des Camacées ne doit se composer que des genres Pame, C. Caprine, Isocarde Tridacne, et Hippope, si toutefois encore ce dernier ne doit pas être réuni aux Fridacnes. (R. CAMARE, Camara. (or. pHan.) On appelle ainsi le fruit multiple dont l’Aconit et le Delphi- nium présentent un exemple : c’est une réunion de capsules , s’ouvrant en deux valves par leur côté interne, et contenant une ou plusieurs graines, Ce nom est peu employé. (L. CAMARGUE. (céoc. et cr.) Ile basse ou delta marécageux, créé par les dépôts successifs du Rhône, à son embouchure dans la Méditerranée. Ce vaste bassin triangulaire, aujourd’hui garanti des inondations du fleuve par de fortes digues , est seulement séparé de la mer par des monticules de sables mobiles, élevés d’un mètre au dessus de l'étiage, et de quarante centimètres au dessus des plus fortes marées. Sa surface est de 74,000 hec- tares , dont 12,600 en état de culture, 31,000 en pâturages, le surplus en marais, étangs et bas- fonds salés. La Camargue fait partie du départe- ment des Bouches-du-Rhône. Le sol est presque partout argilo-calcaire, de Ja CAMA 596 CAMA même nature que le limon charrié par le fleuve dans ses basses eaux. Sa formation, très-lente primi- tivement , est devenue depuis des siècles tellement rapide, qu’à l'époque de l’arrivée des Phocéens, qui désertaient une patrie devenue la proie du plus odieux despotisme , l’île était couverte d’ar- bres de haute futaie; au treizième siècle on y comptait encore deux villes et des viliages, tandis que de nos jours il n’y a plus de forêts, et on n’y trouve plus que la misérable bourgade de Sainte- Marie. Ce changement pénible, dù à l’insalubrité de l'air, au grand nombre d'insectes dont le pays est couvert huit mois de l’année, à l’excessive sa- lure du sol, à sa trop grande capillarité, et aux désastres que cause le vent quand il soufle du nord-ouest, et qu’il est chargé d’une pluie froide , ce changement ; dis-je, cessera d'exister bientôt, si, comme tout me le donne à penser, l’agricul- ture, convenablement encouragée, parvient à con- quérir le terrain précieux que cache un cloaque infect et étendu. , Sillonné par de nombreux canaux, ouverts les uns pour faciliter l'écoulement des eaux surabon- dantes, les autres pour fournir l’arrosage des ter- res, le sol de la Camargue est exploité de la ma- nière la plus utile. Les bonnes terrés donnent du très-beau maïs et du blé qui rapporte ordinaire- ment de quarante à cinquante pour un. Dans les terrains sablonneux, le mürier et l’olivier réussis- sent parfaitement , la vigne y fournit un vin agréa- ble, quoiqu'il retienne, surtout à la suite des lon- gues sécheresses, un peu de la salure du sol; les fruits y sont excellens, le foin très-abondant; la garance , la gaude, la luzerne, la soude, d’un rapport remarquable. L’orme , le peuplier , le frêne élevé, le saule, marient leur tiges variées au feuil- lage persistant , aux fleurs d’un blanc pourpré du tamaris, qui jouit de la propriété de neutraliser l’action du salant sur les autres végétaux. De gros buissons de filarias toujours verts, de tristes yeu- ses, quelques pins d’une très-belle venue , de vieux chênes , au pied desquels l’asphodèle et la cléma- tite , la jolie ibéride aux feuilles déliées’, aux fleurs rougeâtres , et la jaune trigonelle, fournissent de très-bons abris contre les chaleurs insuppor- tables. De nombreux troupeaux de bêtes à laine très- estimées, de bœufs, de chevaux, d’ânes et de mulets paissent jour et nuit dans la Camargue. Les taureaux et les bœufs y sont renommés par leur grande force. Les moutons y demeurent durant la saison des froids , se rendent au printemps dans la plaine pierreuse de la Crau, pour de là gagner les hautes Alpes vers la fin de mai, et revenir dans leur quartier d'hiver au milieu du mois d'octobre. La race des chevaux est indigène et ne ressemble à aucune autre race domestique ; ils naissent pres- que tous revêtus d'une robe noire , qui passe au gris cendré, puis au blanc, qu’elle conserve pen- dant les vingt-cinq ans que dure la vie de l’ani- mal. Ces chevaux sont indomptables; l’on parvient difficilement à les assujettir: toujours ils montrent la plus grande aversion pour J'écurie, et lors- qu'on les y renferme, ils deviennent tristes, co- lères, ne se laissent point approcher, et ne sont jamais sûrs. Ils se vengent incessamment du joug qu’on leur impose. Chez eux ,‘l’amour de la liberté est excessif, inaltérable; après de longues et rudes fatiques , ils peuvent renverser celui qui les monte, se débarrasser de leurs harnais et fuir ; ils en sai-. sissent l'occasion avec joie; ils partent au galop, aucun obstacle ne les arrête; ils franchissent les haies épaisses, les rochers ardus, les fossés les plus larges ; ils passent à la nage une rivière rapide, un bras de mer ; ils traversent avec patience et in- trépidité les marais fangeux; rien ne les effraie , rien ne les rebute, pourvu qu'ils soient libres et qu'ils retrouvent les forêts de joncées qui les ont vus naître. Ils préfèrent les pâturages stériles au râtelier le mieux fourni. Pleins de feu , sobres , in- fatigables à la course, ils sont capables de faire avec rapidité jusqu’à onze myriamètres ou vingt- cinq lieues d’un trait; mais, quoique très-nerveux et souples, ils ne pourraient soutenir long-temps un exercice aussi violent. Comme ils parcourent habituellement un terrain plat, presque entière- ment inondé, ils lèvent peu et rasent le tapis; sur un sol plus ferme , ils prennent un pas très-rapide. qu'ils soutiennent sans se ralentir pendant une journée entière. | Le cheval de la Camargue a quelque analogie avec le cheval arabe et celui de la Barbarie. Il a la croupe fine, pleine de grâces, toutes ses extré- mités sont parfaites ; son encolure longue, sa cri- nière étroite, flottante , sa tête bien attachéc, et sa taille , ordinairement de treize décimètres, arrive , au plus à quatorze. On le regarde comme d’origine africaine , et seulement introduit en France par les Maures ; je ne partage pas ce sentiment ; je le crois descendre du cheval des anciens Gaulois, que les Phocéens de Marseille recherchaient de préférence à tout autre. On a voulu régénérer sa race, mais les essais ont été tout-à-fait infruc- tueux, parce qu'ils étaient dirigés par des mains inhabiles , étrangères au pays, et agissant d’après des instructions écrites à Paris. Rien de plus gai que le spectacle du laboureur allant demander à ce cheval indépendant quelques heures de service pour tirer la charrue, ou pour fouler le blé pendant six ou huit semaines sur l'aire battue au milieu des champs. Dans cette cir- constance, la ruse et l'adresse font plus que la force; les jeunes gens qui se livrent à cet exercice le font avec autant d’ardeur qu'ils en mettent dans les jouissances, avec la même intelligence qu’ils apportent dans les travaux champêtres qu’on leur confie , dans le régime hygiénique qu'ils ont adopté. Ce quiexcite le plus l’étonnement , c’est d’assis- ter aux ferrades , espèces de luttes, réunissant à un caractère particulier un but d'utilité réelle et une apparence guerrière , j'allais presque dire la- cédémonienne. Des femmes , qui ne sont dépour- vues ni de grâce ni de beauté, vêtues d’un jupon court, de couleur brune, tombant à moitié sur des jambes fines que termine un petit pied chaussé | CAMA d’un soulier sans talon et orné de grandes boucles en argent ; la taille bien dessinée, pressée par un drolet noir, lafssant les bras presqu’à nu; la tête coiffée d’un chapeau noir à larges bords, viennent courir le taureau , le dompter , et faire ainsi preuve d’audace et de courage ; hardies et légères, elles s’avancent sur le jeune taureau qui fuit vainement ; elles le saisissent à la corne et à l'oreille, et tan- dis qu’elles le tiennent ainsi, qu’elles amènent sa tête sur leur genou droit pour l’abaisser jusqu’à terre, une compagne le marque avec un fer chaud, ou bien un jeune bouvier ou pâtre , qui vient de quitter le trident dont son bras est sans cesse armé, lui impose le joug en mème temps qu’il lui fait su- bir la cruelle opération de la castration. Je vois encore la honte de ce pauvre animal et l'espèce d’asphyxie qui le tient comme cloué au sol, je vois encore le triomphe de son agile vainqueur ; ses grands yeux noirs, ses sourcils bien arqués, ses joues rondes et colorées , son visage si mobile, son sourire si touchant, prenant en ce moment quelque chose de si fier, de si noble, de si expres- sif, qu'ils ont laissé dans mon âme des souvenirs que le laps des années écoulées efface diflicile- ment. Le bœuf de la Camargue tient du buflle par la couleur noire , par son ventre qui descend fort bas, et surtout par un air farouche, toujours mena- çant. Il porte de grandes cornes, formant un croissant parfait, dont les pointes se rapprochent; il est très-agile , très-vite à la course, et son allure ordinaire est un grand trot ; son cuir épais le met à l’abri de lapiqûre de l’arabia (simulium reptans) , du taon, des æstres si redoutables , et du cousin nocturne, très-multipliés autour des marais. Le bœuf camargois a des habitudes presque sauva- ges, ilquitte aussi volontiers la charrue qu’il mon- tre d’impatience à s’y voir attelé; il est sujet à fort peu de maladies, supporte la faim en hiver, Ja soif en été, quelquefois l’une et l’autre en toute saison, avec une résignation vraiment surprenante. Celui de la partie méridionale de l’île, voyant fort rarement d'autre personne qu’un gardien, qu'il évite d'ordinaire, est dangereux pour le voyageur. Si l’on veut s’épargner ses coups, il faut monter sur un arbre ou se jeter ventre à terre, les bras étendus : quelque furieux qu’il soit , le bœuf flaire et passe outre lorsqu'il aperçoit l'homme sans mouvement. Au printemps, une foule d'oiseaux quittent les côtes brûülantes de l’Afrique pour prendre posses- sion des étangs de la Camargue. Auprès du stu- pide cormoran et de l’oie d'Égypte, le phénico- pière au plumage blanc rosé, aux ailes couleur de deu , se réunit en troupes réglées prêtes à s'éloigner dès qu’une de leurs sentinelles avancées sonne le danger ; le butor si patient , le pélican qui ramasse tout le poisson qu’il pêche dans l’énorme sac pen- dant sous son large bec, contrastent singulière- ment avec l'ibis blanc et noir qu’on révérait an- trefois sur les rives du Nil , avec le rollier à la robe d’un vert d’aigue-marine , mê:é de noir, de bleu it de brun, avec la bécassine sautillante qui se 397 CAME plaît parmi les roseaux. Leur présence rend le temps de Ja chasse une importante affaire pour l'habitant de la Camargue. Quant, après les équinoxes, le flot de la mer, venu à la suite desinondations de la Méditerranée, commence à se retirer, des hommes armés d'une sorte de trident, vulgairement appelé fichouire, plongés dans l’eau jusqu’à la ceinture , se livrent à la pêche singulière du turbot. En piétinant le sol , ils sentent le poisson s’agiter sous leurs pieds, le frappent de leurs instrumens , quoiqu’à moitié enterré sous le sable , et le soulèvent vivement hors de l’eau. Cette pêche, qui rappelle celle des Écossais si bien décrite par Walter Scott, dans son roman de Guy Manering , est rarement abon- dante, et n’est pas toujours sans danger pour le pêcheur inexpérimenté , à cause de la présence de la raie-torpille , dont la violente secousse électrique le renverse et l’étourdit. Il convient, avant de terminer le tableau de la Camargue, de parler du mirage qui a lieu dans ses étangs , lorsqu'ils sont presque entièrement dessé- chés. Celui qui n’a jamais observé ce singulier phénomène, si fameux, sous le nom de Fate Mor- gane, sur les côtes dela Calabre occidentale, et où je lai étudié, s’effraie aisément des formes fan- tastiques qui se présentent à lui. Dans la Gamar- gue, il se voit d'abord enveloppé d’un épais brouillard, puis d’une vaste étendue d’eau, sur laquelle paraissent des arbres, des tours ruinées, des animaux d’une taille gigantesque; il peut les toucher , mais il n’ose avancer la main, encore moins le pied; enfin l'illusion se dissipe, et l'on sort comme d’une rêve mystérieux. (T. 2. B.) CAMBIUM. (paysioc. vÉcéT.) Substance blan- che, limpide, sans odeur, d’une saveur douce, puis visqueuse , tenant également du mucilage et de la gomme , qui est composée d’une fonle de grains blancs. Duhamel du Monceau en a parlé le pre- mier. C’est la séve dépouillée de toutes ses parties étrangères ; on la trouve à la fin du printemps et de l'été entre l’aubier et l'écorce des arbres. On re- garde maintenant le Gambium comme une sorte de. matrice où se passent les phénomènes de l’accrois- sement en diamètre, et on lui attribue la solidifi- cation des couches annuelles du bois. Il est fort abondant dans le chêne, le sophora; le peuplier, Je saule en contiennent très-peu; dans les plantes herbacées annuelles il ÿ en a une très-petite quan- tité, et quoiqu’on ne le voie point dans une foule de végétaux, il y aurait plus que de la témérité à dire positivement qu’iln’y existe pas. Le Cambium ne coule point dans des vaisseaux particuliers, il transsude à travers les membranes , il se montre partout où doivent s’opérer de nouveaux dévelop- pemens , et, analogue à la lymphe chez les ani- maux , il produit par sa surabondance des effets morbifiques. Il remplace par son épaississement la plaque d’écorce enlevée aux arbres; des filamens ligneux se montrent sur la couche liquide, ils s’a- nastomosent, se multiplient, et finissent par deve- nir une sorte de tissu cellulaire. (T. ». B.) CAME, Chama. (mozr.) Genre de Mollusques CAME 898 CAME établi par Linné, pour réunir une grande quan- tité de coquilles assez disparales, et parmi lesquel- les il ea avait d’équivalves et d’inéquivalves. C’est à Bruguière que l’on doit d’avoir mieux cir- conscrit ce genre, en ne conservant pour le former que les coquilles inéquivalves et irrégulières. La- marck et les auteurs qui ont écrit après lui ayant adopté cette manière de voir, les Games se trou- vent caractériseés comme il suit : coquille épaisse , solide, souvent adhérente , irrégulière, inéqui- valve, inéquilatérale , ayant les sommets inégaux, pius ou moins contournés cn spirale et Dec : 5 charnière composée d’une seule dent lamelleuse, épaisse, oblique, sub-crénelée, s’articulant avec an sillon de la valve opposée; ligament extérieur et enfoncé ; impressions musculaires assez grandes. Il est probable que le genre Dicérate , que l’on ne connaît encore qu'à l’état fossile , doit se rap- porter aux Games, et il doit peut- -être en être au- tant du genre Caprine de M. D’ Peur. On a tou- jours regardé les Cames comme étant des coquilles adhérentes ; il est bien vrai que la plupart d’en- tre elles le sont, mais on a eu Je tort de faire de cette particularité un des caractères du genre, car elles nele sont pas toutes, comme nous avons eu occasion de le reconnaître à la côte d'Afrique, et comme vient aussi de nous le faire remarquer M. Fontaine, chirurgien de la marine, qui, au nom- bre des objets qu'il a rapportés des mers du Pérou et du Chili, a une belle espèce de Came qui ne se fixe jamais. L'animal des Cames a le manteau très-peu ou- vert inférieurement pour le passage du pied, qui est très-petit et coudé ; ses branchies sont formées de deux lames de chaque côté du corps, la lame extérieure étant beaucoup plus courte que l’infé- rieure ; en arrière il porte deux ouvertures situées l’une au dessus de l’autre , et ces ouvertures ont quelquefois leurs bords un peu saillans , de ma nière à former le passage des animaux qui n’ont dans cette partie que des ouvertures simples à ceux qui les ont surmontées d’un tube plus ou moins allongé. L’une de ces ouvertures, celle qui est supérieure répond au petit tube F4 l'anus et sert à l'expulsion des matières excrémentitielles emportées par les eaux qui ont servi à la respira- tion ; et l’autre , qui répond à la cavité des bran- chies , sert à Éntrotéction de l'élément qui doit baigner ces organes. Les espèces de Games sont assez nombreuses : Lamarck en cite dix-sept vivantes et huit fossiles ; mais le nombre de celles que l’on connaît aujour- d’hui est plus grand. Ge naturaliste les divise en deux sections : la première renferme les espèces dont les crochets sont tournés de gauche à droite, .et la seconde celles dont les crochets tournent ‘ de droite à gauche. Dans la première se trouvent la Came créne- lée qu’Adanson a trouvée sur la rade de Gorée, et qu ’il a nommée Jataron. Cette espèce , que nous lavons aussi recueillie dans la même localité, nous a présenté le fait que nous signalons plus haut ; c’est que, quoiqu'à l'exemple d’Adanson nous en ayons recueilli des individus qui étaient fixés aux rochers , nous en avons cependant rencontré un plus grand nombre qui étaient libres, péle-mêle avec “d'autres coquilles, sur un fond de sable gris mêlé de vase, et à une profondeur de douze à quatorze brasses. L'examen de ces coquilles, dont nous possédons encore plusieurs exemplaires , ne nous à laissé voir aucune trace d’une ancienne adhérence, Adanson nous apprend qu'on ne fait aucun usage au Sénégal du Jataron: cette observation est exacle; mais les habitans, peu friands d'ail- leurs de coquillages , ont tort de négliger celui-ci, car il est d’un goût exquis et sa chair est aussi délicate au moins que celle de l’huître. Dans le nombre des espèces de Games qui or- nent les cabinets, il y en a de fort curieuses, tel- les que la CAME FEUILLETÉE que nous représen- tons dans notre Atlas, pl. 69, fig. 5, par les lames feuilletées ou les pointes dont leurs valves sont hérissées, et surtout fort agréables à l'œil par l’éclat de leurs couleurs. Les Cames sont de tou- tes les mers intertropicales , et quelquesunesmême se rencontrent par des latitudes plus élevées ; on en trouve de belles espèces dans l'Inde, au Ja- pon, aux terres australes , dans la mer du Sud, dans celle des Antilles, sur les côtes d'Afrique , et même dans la Méditerranée. Nous n’en con- paissons pas des mers d'Europe d'autre que cette dernière. (R.) CAMÉLÉON, Chamele. (mzpr. ) Reptile ana- logue, sous quelques rapports, à nos lézards, mais présentant des différences d'organisation tel- les qu'il ne peut être confondu avec eux dans une même famille, et que les auteurs systématiques se trouvent obligés de les réunir dans un groupe à part, dont les aflinités et les relations les ont toujours embarrassés, L'on ne sait quels motifs ont déterminé les an- ciens à donner à ces animaux le nom de Camé- léon, formé des mots grecs, chamai leon, petit lion, selon les uns, où chamelos leôn , chameau- lion, selon les autres ; on ne voit en lui rien en effet qui le rapproche d'un chameau , à moins que ce ne soit la forme arquée de son Echos, el rien surtout qui rappelle en lui le farouche animal au- quel on a donné, ironiquement sans doute, le sur- nom de roi des animaux, à moins que dans la chasse que le Caméléon donne aux insectes on ne voie quelques rapports de rapacité avec celle du lion et des rois; mais, quoi qu'il en soit, le Ca- méléon a été très-bien connu des anciens, et Aris- tote a décrit les principaux phénomènes de l’or-- ganisation du Caméléon de telle sorte, que, comme l’a dit quelque part l’un de nos sayans collaborateurs , Thiébaud de Bernéaud : « Si l’on eût voulu lire, étudier et vérifier ce qu’Aris- tote en a dit, l’on n’aurait pas tant de feuillets à déchirer dans les livres des naturalistes moder- nes ». Les Caméléons sont des reptiles quadrupè- des de taille variable au dessous d’un pied et demi , à tête volumineuse , pyramidale , quadran- gulaire , comprimée latéralement , plus haute que CAME 599 CAME large, ei presque aussi haute que longue, terminée en avant par un museau aigu, non tranchant, , parfois surmonté de crêtes saillantes , osseuses , diversement disposées. Aristote a comparé le mu- seau du Caméléon à celui du cochon singe, mais, comme l’on ne connaît pas l'animal qu’il désignait sous ce nom , il serait diflicile de juger de l’exacti- tude de cette comparaison. Les côtés de la tête sont aussi relevés en crêtes saiïllantes, parfois den- ticulées , qui passent au dessus des yeux et se réu- nissent en avant sur le museau. L’occiput est renflé, plus ou moins prolongé en arrière, et marqué aussi d’une crête dont la forme varie se- lon les espèces ; la gorge est susceptible de se ren - fler en une sorte de jabot ou goître, comprimé, plus où moms saillant ; le cou n’est guère mar- qué que par le renflement de la tête , il est peu mo- bile; le corps est court, fortement comprimé latéra- lement, relevé en carène arquée, souvent dentelée sur le dos, et en carène denticulée sur le ventre. La queue est arrondie , à peu près de la longueur du corps, susceptible de s’enrouler fortement par son côté inférieur. Les membres, longs et grêles, offrent cette singulière disposition , que les bras sont à peu près demême longueur que les cuisses , que les avant-bras sont plus longs que les jambes ; mais ce qui distingue surtout les Caméléons des autres reptiles, c’est la disposition des doigts, presque égaux, réunis par la peau jnsqu’à la’ base de la phalange unguéale; ils sont à cha- que pied disposés en deux faisceaux , opposa- bles comme les mors d’une pince, composés de deux doigts en dehors et trois en dedans aux membres antérieurs , et de trois en dehors et deux en dedans aux membres postérieurs. L’anus est transversal comme chez tous les lézards. Le squelette des Gaméléons offre aussi des par- ticularités assez saillantes. Sans entrer dans le dé- tail des particularités que présente la disposition des os de la tête, on peut signaler la grandeur re- marquable des orbites séparés l’un de l’autre par une simple cloison membraneuse, Les vertèbres äu cou sont à peine mobiles et souvent soudées en une seule pièce : les trois premières sont li- bres , les suivantes portent des petites côtes flot- tantes comme chez la plupart des lézards. Le sternum est composé de deux pièces : une dilatée, lancéolée , porte la clavicule ; l’autre étroite, al- longée, porte cinq côtes de chaque côté. Mais ce qu'il y a de plus remarquable chez le Caméléon, c'est que les autres côtes dorsales se réunissent à leurs congénères opposées sans intermédiaire. Le nombre total des côtes est de quinze. Il y a deux ver- tèbres lombaires , deux pelvienues, quarante-trois caudales, mais ce nombre paraît n’être pas inva- riable et peut aller, par exemple, jusqu’à cin- quante-quatre. L’épaule du Caméléon offre aussi cette particularité, quela claviculeest courte, large; l’'omoplate long , grêle, terminé en arrière par un disque cartilagineux , et que le coracoïde n'existe pas.Le bassin est à peu près conformé comme chez les lézards, mais plus comprimé; l'os cloacal est mince, grêle et presque rudimentaire. Les narines sont grandes, libres, dirigées en arrière , et ouvertes fort loin sur les côtés du mu- seau , percées dans l'épaisseur des maxillaires, et s’ouvrant en dedans de manière à laisser un pas- sage à l'air qni doit servir à Ja respiration, bien que l’on ait dit le contraire. L'œil est très-développé, remarquable par la quantité de pigmentum de la choroïde et du peigne: l’on sait que ces organes jouissent chez les Caméléons de la singulière propriété de se mou- voir tout-à-fait indépendamment l’un de l’autre et de sc diriger même en sens opposé ; leur globe énorme est recouvert presqu'en totalité par une paupière revêtue d’écailles granulées, analogues, à la grandeur près, à celles du reste du corps, à peine fendue d’une à deux lignes à sa partie cen- trale. Le système nerveux optique présente celle particularité, que les cordons s’entre-croisent com- plétement en se perforant l’un l’autre à la ma- nière des tendons du fléchisseur profond des doigts à l'égard de ceux du fléchisseur sublime. L’oreille cachée par la peau existe, mais les parties qui la constituent sont peu développées , ce qui a induit quelques auteurs en erreur. La bouche est grandement fendue, comprimée latéralement ; les lèvres et les dents se recouvrent mutuellement, de manière à former une double rainure de clôture. Les dents sont petites, nom- breuses , uniformes, presque égales, trifides ; l’on en compte de douze à seize de chaque côté de la mâchoire inférieure, et quelques unes deplus à la mâchoire supérieure ; les Caméléons n’offrent point de dents au palais. La langue du Caméléon est un des organes les plus remarquables de cet animal singulier ; dans l’état de repos elle est renfermée dans l’intervalle des mâchoires ; ellipsoïde, molle, spongieuse, sik lonnée à sa surface comme la pulpe des doigts, en- tière et libre à sa pointe, sans vestige de frein ou filet , elle se continue en arrière, par une tige plus grêle, dans une sorte de fourreau, présentant en dessus de sa partie postérieure buccale une sorte d’éperon, qui rappelle la disposition de la langue des batraciens ; lorsque l'animal veut saisir quelque insecte, il imprime À sa langue un mouvement brusque qui la porte hors la bouche , à plusieurs pouces de distance, avec la rapidité d’une détente de fusil, et la retire avec la même promptitude , ramenant dans le pharynx l'animal qu'il a saisi avec son extrémité. L’on a dit que celte extrémité saisissait au moyen de la muco- sité qui exsude à sa surface et qui attire l’animal dont le Caméléon fait sa proie, on a ajouté que les bords de l'extrémité antéricure de la langue se replient en dehors pour présenter plus de sur- face à cette muqueuse préhensible; mais si je ne me trompe, c’est par un mécanisme analogue à ce- lui des batraciens anoures que les Caméléons sai- sissent leur proie. L’extrémité de la iangue m'a paru se renverser et l'éperon guttural se replier en- suite en dedans comme la valvule pharyngienne de la langue des grenouilles et des crapauds. Quelques auteurs ont pensé que ce n'’élait pas seulement CAME 600 CAME sr S par l’action des muscles sur l'os hyoïde que la langue acquérait un développement aussi grand, aussi rapide et aussi fort, car le choc de la langue sur le papier, par exemple, produit le bruit que fe- rait une pichenette donnée avec une certaine vio- _lence ; aussi ont-ils été chercher dans des circon- :stances différentes l'explication d’un phénomène dont Ja longueur insuffisante des pièces del’hyoïde, le peu d’étendue et le peu de volume des muscles qui le meuvent ne paraissent pas donner la so- lution entière; on crut en trouver le complément dans le mode particulier d’expiration, dans une force élastique particulière, et enfin dans ces der- niers temps on l’a attribué à une sorte d’érection de la portion de la langue renfermée dans le fourreau , mais ce mécanisme paraît produit par J’action de fibres musculaires circulaires qui en- | trent dans la composition de cette partie de la langue. L’estomac est glanduleux dans sa partie anté- rieure, lisse à sa partie postérieure; la sur- face de l’intestin est recouverte d’un pigmentum noirâtre, que l’on a cru devoir jouer un cer- tain rôle dans le mécanisme des changemens de couleurs dont la peau du Caméléon est suscep- tible. La rate , dont on a contesté l’existence chez le Caméléon, existe, mais à un état rudimen- taire. L’on retrouve ici, vers la partie inférieure de l'abdomen , de ces sacs graisseux analogues aux épiploons, qui peut-être contribuent à l'en- tretien de la vie dans les temps d’abstinence, et pendant l’époque de l’engourdissement hiémal. Les Caméléons ne se nourxissent pas d'air, comme queiques anciens auteurs l'ont prétendu ; ils vivent d'insectes, de vers qu'ils vont saisir à distance avec leur langue; ils avalent leur proie sans la mâcher, comme le font tout les reptiles. Ds paraissent pouvoir supporter l’abstinence pen- dant un temps assez long, et c’est sans doute cette propriété qui, avec l'ampleur de leurs pou- mons, a donné lieu à la fable que l’on a jadis débitée sur leur mode de nutriton. Le larynx est remarquable par une ouverture située à la partie inférieure, et communiquant dans une arrrière-poche membraneuse qui pro- Dbablement sert à Ja dilatation de la gorge , mais dont on ignore le but. Les poumons sont très- développés, vésiculeux et donnent à J’animal une pesanteur spécifique moindre que celle qu'on serait tenté de lui croire au premier abord. Les parois de la poitrine sont si minces, que par ins- tant l'animal acquiert une demi-transparence as- sez sensible. Ces poumons se terminent en ar- rière par de longs appendices, qui rappellent un peu les sacs aériens des oiseaux, mais qui n’ont pas comme eux des communications étendues dans presque toutes les parties du corps, ainsi que quelques auteurs l’ont supposé. La peau des Caméléons est couverte partout de petites écailles granulées, juxtaposées, poly- gones sur la tête où elles sont un peu plusdilatées , quadrangulaires sur le reste du corps, lisses à leur surface, relevées parfois en carènes plus ou moins saillantes sur le rachis, à la région jugus: laire et abdominale, disposées en épines aiguë- et droites sur le dos de quelques espèces, ran gées en verticilles peu arrêtés sur la queue, et en échiquier à la partie extérieure des mem- bres. Chez quelques Gaméléons, on rencontre, parsemées symétriquement ou irrégulièrement , des écailles plus grandes, tuberculeuses, qui ser- vent de caractères différentiels assez bons pour Ja distinction des espèces. Les plantes des pieds et des mains sont garnies de lamelles transversales analogues à celles des doigts des geckos. Les on- gles sont petits, libres, "arqués, légèrement com- primés, à peu près égaux en longueur et en gros- seur. La peau des Caméléons est diversement colorée suivant les espèces; néanmoins ces variations sont peu considérables, et les dessins se bornent en gé- néral à des taches, des bandes onduleuses peu arrêtées. Mais ce qui de tout temps a justement frappé l'attention des observateurs, c'est la fa- culté que ces animaux possèdent de changer pres- que subitement leur coloration. Leur teinte, natu- rellement d’un vert grisâtre, passe , selon cer- taines circonstances , au jaune plus où moins clair, ou bien au vert foncé plus ou moins rou- geâtre et violacé, au brun plus ou moins intense et même au noir, qu'Aristoteles regardait comme la couleur propre de l’animal. Les philosophes ont trouvé dans cette singulière disposition un em- blème de la versatilité, de la bassesse et de l’hy- pocrisie, et depuis Plutarchos jusqu’à nous , l'on n’a pas manqué de flétrir du nom de Caméléon ces hommes qui, au gré de leur intérêt, chan- gent d'opinion et de manière de voir, comme cet animal change de livrée. C’est ainsi que LaFon- taine a dit: « Je définis la cour un pays où les gens, » Lristes, gcis, prêts à tout, à tont indifferens, » Sont ce qu'il plait au prince, ou s'ils ne peuvent l'être, » Tächent au moins de le paraître: » Peuple Caméléon, peuple singe du maitre. » Mais il faut remarquer ici que le Caméléon ne change pas sans doute de couleur au gré de son caprice, et dès-lors l’allégorie manque un peu de justesse. L’on a beaucoup cherché à saisir les causes et le mécanisme de ces changemens de cou- leur. Quelques auteurs ont prétendu que le Ca- méléon réfléchissait la couleur des corps envi- ronnans , et que ce phénomène se passait dans les écailles qui jouaient en cela le rôle d’une glace ; mais celte erreur, admise par Godard, Gold- smith et autres, ne peut soutenir d'examen sérieux. Les écailles des Caméléons sont opaques, et l'é- piderme qui les recouvre n’a lui-même qu’une demi-transparence, il n’est jamais assez lisse pour produire la moindre réflexion de la lumière. Pli- nius a dit que le Caméléon prenait la couleur des corps environnans, excepté le rouge et le blanc ; or ces deux couleurs se rencontrent à peu près dans les nombreuses variations de teintes de ceb animal, et l’on peut dire que les variations de co- Icration mo CAME | Joration du Caméléon sont aussi indépendantes de sa volonté que la pâleur ou la rougeur qui se disputent les joues de la jeune fille au premier baiser de l’amour , de la fiancée qui prononce le oui solennel, pour ne pas dire fatal... Lorsque les idées de la physique envahirent la physiolo- sie, on prétendit que le Caméléon changeait de couleur parce que les tégumens réfractaient d’une manière différente les rayons lumineux, que cha- que écaille produisait l'effet du prisme sur les rayons lumineux, sans s’apercevoir que, les circon- stances restant les mêmes, on voyait l'animal pas- ser successivement à des teintes différentes. Lin- næus et Hasselquist, à demi familiers avec les phé- nomènes dela physiologie, crurent voir dansleichan- gement de couleur du Caméléon une ictère plus .ou moins brusque , une déposilion instantanée et passagère, dans le tissu de la peau, d’une humeur jaunâtre particulière, sans chercher à établir leur opinion sur une preuve directe, sans chercher à démontrer , dans le tissu de la peau, l'existence de cette humeur sur laquelle était échafaudée leur explication. L’on avait constaté depuis long-temps que l'impression d’un rayon solaire plus ou moins intense provoquait des changemens variés dans la coloration de la peau du Caméléon. Lorsque la phy- sique eut constaté que les couleurs du prisme ré- fractent d’unemanière inégale la chaleur fournie par un même rayon solaire, on crut trouver la cause des changemens de couleur du Caméléon dans la différence de température que lui impriment les rayons solaires qui tombent sur lui. L'on constata même que les différentes nuances du Caméléon donnaient des températures variables au thermo- mètre; mais ces expériences semblent contesta- bles, non sous le rapport dela véracité , mais sous le rapport de la précision qui y a pu présider. Les expériences de cette nature sont délicates ; il faut tenir compte d’une mullitude de circonstances fu- _gitives, et l’on ne s'explique pas facilement, d’après ces données, comment le Caméléon changerait plusieurs fois de couleur, en repassant à plusieurs reprises par les mêmes teintes, sous l'influence du même rayon solaire; comment la même sur- face pourrait prendre, comme cela arrive, des nuances différentes dans ses divers points ; com- ment la flamme artificielle, qui donne bien moins de chaleur que le rayon solaire à lumière égale, produit les mêmes nuances claires ou foncées. L'influence marquée que les passions ont sur la circulation et par suite sur la coloration de la face, dans l'espèce humaine, offrait une analogie trop naturelle au premier abord pour que l’on ne cherchât pas à adapter le mécanisme de la pâleur et de la rougeur des: joues aux change- mens de couleur du Caméléon ; mais chaque passion à une influence particulière, toujours uniforme, sur l'hématose et la circulation, tan- dis que l’on voit le Caméléon, sous l'influence de l'appétit des alimens ou de sa femelle, de la crainte ou de la colère, de la privation ou de la satisfaction des besoins, éprouver les mêmes tran- sitions, passer par les mêmes nuances, La chimie Tone I. 6Go1 LXXVI: Livraison. . CAME avait éclairé sur la fin du‘dernier. siècle plusieurs points obscurs de l’hématose; l’on tâcha d’appli- quer quelques unes de ses découvertes à la question des changemens de couleur du Caméléon. Le sang varie de couleur ; a-t-ondit, selon qu'il est mis plus ou moins en contact avec l'air oxygéné qui entre dans le poumon ; la température différente de l’animal, son état moral particulier, la disten- sion plus ou moins forte de ses poumons influent sur la rapidité de la circulation et la facilité avec laquelle la combustion du sang s’opère dans le pou- mon; dès-lors, selon les cas, le sang doit prendre une teinte plus où moins foncée et colorer diver- sement la peau de l’animal. À l'appui de cette opinion , l’on ajoutait qu'il était de fait que dans les points où les taches permanentes foncées se rencontrent , on observe un lacis vasculaire plus abendant. Mais une action aussi éloignée de la peau que celle qui tient à l’hématose , el qui irradie également sur tous les points de l'animal, devrait produire des effets généraux ou très-éten- dus, des effets symétriques à droite et à gauche ; or, c’est ce que l’on n’observe pas. Il faut donc chercher encore la cause prochaine de ces varia- tions de couleur dans la peau elle-même, plus ou moins influencée par l'effet de la température ambiante, par les passions de lanimal, et par suite par l'état de la circulation, à peu près comme pour celte affection aiguë de la peau de l’homme, connue sous le nom d’urticaire ; dans cette maladie, en effet, on voit, sous l'influence d’une légère élévation de température, d’une affec- tion morale vive, ou d’une action locomotrice quelle qu’elle soit, parfois même sans cause appré- ciable, se manifester une démangeaison plus ou moins vive dans un point de la surface de la peau, la rougeur survient, une éruption exanthématique succède, et après quelques instans de durée, ces symptômes se dissipent pour se déclarer dans un point plus ou moins éloigné, et sans liaison intime avec le premier, ce qui se répète de suite pen- dant un temps indéterminé. C’est assurément là le phénomène zoologique qui offre le plus d’analogie avec les changemens de couleur du Caméléon ; or, l’on n’hésite pas à en établir le siége primitif dans la peau , et rien ne s’oppose à regarder cet état morbide, et accidentel chez l’homme, comme constant et normal chez le Caméléon. C’est ce que confirmeraient les recherches récentes de M. Milne Edwards sur le mécanisme de la pro- duction du phénomène en question. Son opinion se rapproche jusqu'à certain point de la théorie donnée par d'Obsonville et quelques auteurs qui attribuaient les changemens de couleur du Camé- _Iéon au passage plus ou moins abondant du sang de l'animal qui est violet, disait-on, à travers les vaisseaux de la peau qui sont jaunes et plus ou moins transparens. M. Milne Edwards a constaté dans la peau du Caméléon l'existence de deux pigmens superposés, renfermés dans des vaisseaux particuliers , disposés de facon à pouvoir se mon- trer sous l’épiderme simultanément , ou bien à se cacher l’un au dessous de l'autre, l’un d'un gris 76 CAME 602 CAME plus ou moins jaunâtre ou blanchätre , et l’autre d'un rouge violacé et noirâtre, situé plus profondé- ment que le premier dans l'épaisseur du derme. Mais cette explication elle-même laisse encore bien des points de la question dans le doute et l’obscu- rité, et l’on est tenté, après tout, derépéterencore avec Perrault: « On pourra trouver quantité d’au- tres raisons probables comme celle-ci, avant que d'en avoir trouvé une dont on puisse démontrer la vérité.» Au reste,ces changemens de couleur parais- sent liés à l’état de santé ou de maladie de l’animal, et il est des circonstances où le Caméléon semble n'être plus susceptible de varier les nuances de sa peau. C’est ce que l’on a observé chez l’un des deux Caméléons que l’on a vus à Paris il y a quelques années. L’un d'eux restait en effet apathique dans un coin de sa cage, et constam- ment d’un vert cuivreux uniforme, les diverses circonstances qui modifiaient rapidement les nuances de son commensal étaient tout-à-fait sans action sur lui. Les gardiens ne voulurent ou ne purent pas donner de renseignemens capables d'expliquer cette singulière différence. L'on ne sait pas au juste l'utilité de pareils changemens de couleur pour le Caméléon ; est-ce un moyen de té- moignerses désirs pour le rapprochement des sexes? est-ce un moyen de varier sa robe pour la marier plus facilement avec la couleur des corps environ- pans et éviter par là les poursuites de ses ennemis ? est-ce un moyen de leur imprimer quelque terreur ? c'estce que l’on n’a pas encore bien pu apprécier. La structure des organes reproducteurs du Camé- léon et le mode de reproduction de ces animaux dif- fèrent peu de ce que l’on observe chezleslézards sous ce rapport ; commeeux, les Gaméléons pondent des œuis pisiformes à enveloppe coriace, fécondés à l'avance par l’accouplement. Ils les abandonnent dans le sable sec, à l’éclosion spontanée , comme les lézards ; les petits sortent parfaits, et parcou- rent rapidement les périodes de leur accroissement. La durée de la vie de ces animaux n’est pas con- nue , et il est probable que, comme les lézards, ils deviennent la proie des oiseaux carnassiers, des serpens , etc. , avant de pouvoir arriver aux der- niers termes de leur vieillesse. Le Caméléon était un animal trop remarquable pour ne pas exciter l'imagination poétique des an- ciens ; aussi ont-ils supposé à cet animal des ver- tus, des propriétés, et un génie exagtrés. Le Ca- méléon menacé par un serpent qui cherchait à le charmer par son regard, il laissait, disait-on, tomber sur la tête de son ennemi une salive qui le tuait à l'instant ; se rencontrait-il sur la même voie avec un de ces mêmes repliles , il ramassail vite un fétu long et fort qu’il tenait en travers de sa gueule, et qui formait à l'instant une barrière insurmonta- ble aux mâchoires les plus extensibles du vorace ophidien... mais, contes que tout cela. { Le Caméléon est un animal assez stupide , on ne lui voit aucune industrie pour sa conservation ou pour celle de son espèce. Ne pouvant marcher avec facilité ni courir, il se tient, comme les bra- dypes , continuellement perché sur quelques bran- ches d’arbrisseaux ou sur des pierres, cramponné avec ses ongles, et au moyen de sa queue enrou- Jante. Immobile pendant des heures entières , à peine si la faim et la vue d’un insecte le tirent de son apathie apparente. Lorsqu'on le prend, il cherche peu à mordre, et sa morsure n’est päs d’ailleurs redoutable. Le Caméléon habite seule- ment les contrées chaudes et sèches de l’ancien hémisphère. L'Espagne est le seul point de l'Eu- rope où on rencontre de ces animaux; c'est surtout en Afrique, dans l’Asie méridionale, et dans les îles qui avoisinent, que les Caméléons sont le plus répandus. Ce sont de ces animaux dont on ne re- doute pas la présence, et qui sont plus curieux qu'utiles, car nulle part on n’en tire le moindre parti. Les vertus médicamenteuses qu’on a attri- buées à quelques unes de ses parties sont de vé- ritables niaiseries. On ne connait point jasqu’ici de Caméléon qui ait appartenu aux mondes précédens. Les Égyp- Liens, qui rendaient à presque tous les reptiles les honneurs de l'embaumementet du monument tumulaire, ne paraissent pas avoir compris le Ca- : méléon parmi les privilégiés. On n’en a pas trouvé du moins dans les paquets de reptiles momifés que l’on a pu examiner , on ne le voit pas non plus figuré dans les dessins des monumens égyptiens et danslesnombreuses figurines allégoriques dont les collections fourmillent. Parmi les espèces de Caméléons connues, les unes ont l’occiput plus ou moins saïllant en ca- puchon , une crête dorsale épineuse et une crête jugulaire et abdominale en scie plus ou moins pro- noncées ; telles sont : Le Camëcéon D'ArriQue, C. africanus, repré- senté dans notre Atlas, pl. 69, fig. 7, décrit aussi sous les noms de Trapu, de Caréné, €. cari- natus ; G. mitré, C. mitratus; de vulgaire, ordi- naire, de C. des Parisiens, parce que l'Académie des Sciences de Paris a beaucoup contribué à éclaircir son histoire anatomique. C’est l'espèce la plus répandue et la plus anciennement connue; c’est elle qui a servi de type à la plupart des des- criptions, et de terme de comparaison. Celte es- pèce se distingue des autres par la présence de sa crête dorsale et jugulaire, qui se prolonge jusqu’à l'extrémité de l'abdomen , mais surtout par la saillie du casque occipital et des crêtes surciliai- res , simples, denticulées , qui viennent se réunir sur le museau. À l'exception des écailles qui bor- dent les crêtes, et qui sont en forme de denticu- les, les écailles du reste du corps sont petites, granuleuses , uniformes ; celles du dessus de la tête sont à peine plus dilatées que les autres. Le Caméléon d'Afrique est jaunâtre , avec des bandes irrégulières , transversales , d’une teinte brunâtre. Dans le jeune âge on observe sur les côtés du dos une série de taches jaunâtres, lisérées de noir, disposées symétriquement à la file les unes des autres ; elles se confondent parfois avec l'âge, et forment alors une ligne jaunâtre plus où moins continue. Ilest très-commun sur les bords de la Méditerranée, en Égypte, en Barbarie ; on le re- CAME CAME LEE RO en) trouve aussi dans le midi de l'Espagne. Il faut peut- être rapporter à cette espèce le CAMÉLÉON JAUNA- rne , C. suberoceus, établi comme espèce distincte par Merrens, ainsi que le CamËLéon £PERONNÉ, C. cal- caratus, du même auteur, quiparaît n’avoir étéétabli que sur une figure monstrueuse où inexacte de Séba. Le Camézéon Du SÉNÉGAL, C. senegalensis, dé-. crit aussi sous les noms de Caméléon casque plat, C. submitratus, C. gymnocephalus , C. planiceps, ou à tête plate, et sous celui de G. à ventre den- telé en scie. Il a l’occiput aplati, à peine surmonté d’une crête inerme; la crête dorsale est très-mar- quée, la crête jugulaire et l’'abdominale assez sail- lantes, denticulées. Les écailles du corps sont petites et uniformes. Il est d’un gris cendré , om- bré d’une teinte brunâtre sur le dos. Ce Camé- Jéon, quise trouve en Barbarie, au Sénégal, sur les rives de la Gambie , et qui se rencontre aussi, dit- on , en Géorgie , a été, à ce qu'ilparaît, l’objet d’une vénération particulière sur la côte occidentale d'Afrique , mais son culte ne s’est pas perpétué jusqu’à nos jours. Le CamÉLÉéON NaIN, C. pumilus, décrit encore sous les noms de Caméléon à pierreries, C. mar- garitaceus , de Caméléon du Cap; à casque occi- pital assez marqué, à crêtes dorsale et jugulaire plus où moins saillantes et denticulées ; le menton frangé; les écailles du corps sont petites , entre- mêlées sur les flancs de tubercules écailleux, ellip- soides, disposés longitudinalement sur la partie basse des flancs. Ce Caméléon est jaunâtre avec de petites bandes onduleuses, sombres, irrégu- lièrement disséminées sur le dos. À cette espèce, la plus petite de la famille, et qui se retrouve au cap de Bonne-Espérance , aux Séchelles , à l’île de France, et dans la plupart des îles de l'Archipel , des mers du Sud, il faut rapporter le CAMÉLÉON FRANGÉ, C. fimbriatus, qui a été décrit comme espèce distincte. Le Camécéon Tire, C- ligris, est une espèce de taille moyénne, au corps grêle , à occiput com- primé et surmonté d’une carène , à menton lobulé, comprimé et denticulé , à crête dorsale assez mar- quée. Les écailles du corps sont petites , unifor- mes; celles des crêtes occipitale, surciliaire et dorsale, sont plus grandes et en forme de denti- cules. Le Caméléon tigre est jaunâtre et parsemé sur le dos de petits points noirâtres qui lui ont valu le nom qu'il porte. Cette espèce a été rap- portée des Séchelles par Péron. Le Caméréon À verrues, C. verruculosus , à cas- que occipital saillant, à crête dorsale pronôn- cée, et à crête abdominale peu marquée. Les écailles du corps sont petites, parsemées d’écailles tuberculeuses plus grandes, disposées en bandes obliques sur les flancs , et en rangée longitudinale à quelque distance de la crête dorsale. Le Gamë- LÉON À CHAPELET, (. moniliger , paraît devoir être rapporté à cetle espèce, qui provient de l'ile Bourbon. Le CamÉcéon panTaène, C. pardalis, Grande espèce de l'ile de France, à occiput aplati, à écailles petites, granulées, entremélées de plus grandes , irrégulièrement disséminées , muni d’une crête dorsale et jugulaire, lemuseau surmonté d’un rebord saillant , irrégulièrement tacheté de taches rondes, noires, bordées de blanc. Gette espèce, qui à été confondue comme variété d’une autre espèce, en est certainement très-distincte. Le Cawë£zéon ne Leacu, C. dilepis, C. bilobus. Ce Caméléon, décrit d’abord par Leach dans l’ou- vrage de l’Expédition anglaise an Congo ,‘paraît propre à l’intérieur de l’Afrique. Sa taille est moyenne et de dix à douze pouces ; la queue forme à peu près la moitié de la longueur totale , l’occi- put est déprimé, surmonté d’une crête saillante , lobulée, pyramidale, garnie d’écailles hexagona- les plus grandes que celles du reste du corps, qui sont petites, uniformes, si ce n’est sous le ventre,où elles forment une crête légère. Ge Gaméléon est gris verdâtre , avec une bande blanchätre sur les flancs. Le CAMÉLÉON A BANDES LATÉRALES, C. late- ralis, est une petite espèce à occiput comprimé et légèrement caréné, à crête surciliaire peu saillante, à écailles granuleuses, petites, uni- formes , à crêtes dorsale , jugulaire et abdominale peu prononcées ; de couleur brune uniforme, avec une bande d’un jaune clair, large de deux à trois millimètres sur .chacun des flancs. Gette espèce vient de Madagascar, et a été indiquée pour la pre- mière fois par M. Gray. D’autres espèces n’ont point de saillie en capu- chon sur l’occiput , mais leur museau est surmonté de proéminences de formes variées , comme Le CAMÉLÉON À NEZ FOURCHU OU BIFURQUÉ, C. bifurcatus, C. bifidus. Espèce de plus d’un pied de longueur, à occiput déprimé, relevé seulement d’une carène transversale peu saillante , semi-cir- culaire , à crête dorsale très-marquée en avant; à écailles petites, parsemées de plus grandes dispo- sées en bandes-transversales ou obliques , irrégu- lièrement tacheté de bleu et marqué sur les flancs de deux rangées de taches blanches. Gette espèce vient des Moluques ; elle se distingue surtout par une sorte de crête plus ou moins prolongée qui s'élève de chaque côté du museau, s’avance au devant de lui, et le dépasse de plusieurs lignes ; cette crête, formée par un développement parti- eulier des maxillaires supérieurs et des frontaux, est comprimée latéralement, presque lisse et den- ticulée sur son bord libre, Le CamÉLéon ne Parsow, C. Parsoniu. Grande espèce à occiput aplati, tronqué en arrière, sans crête sur le dos ni sur le ventre, à écailles uni- formes, ovalaires , et à crête surciliaire saillante , relevée sur les côtés du museau en lobes longs , rugueux , stalactiformes, soutenus par des pro- longemens tuberculeux des os de la face. Le CamÉLéon À capucrow, C. cucullatus, pa- raîtn’être qu’un individu peu âgé de cette espèce, qui est propre à Madagascar, et qui d'abord a été confondue avec le Caméléon à nez fourchu. Le CamËLéon D'Owen ou A TROIS coRNES, €. tricornis, représenté dans notre Ailas, pl. 69, fig. 7, de taille moyenne , à crête surciliaire saillante, anguleuse, dentelée; l’occiput aplani; CAME 6o4. CAME PR le front excavé ; à écailles grandes, pentagonales, celles du corps petites, à peu près uniformes, eutremêlces irrégulièrement de plus grandes, celles de Ja ligne dorsale à peu près quadrilatères,' le gosier et le bord antérieur des membres garnis d'une rangée de petites écailles légèrement épi- neuses , la tête surmontée de trois sortes de cornes, longues d’un centimètre et plus, coniques , légè- rement courbes ; l’antérieure placée entre les na- rines , les latérales au dessus des yeux; d'un brun pâle , irrégulièrement rayé en travers de couleur plus foncée. Gette espèce appartient à l'Afrique méridionale. Il faut en rapprocher le Caméléon décrit sous le nom particulier de G. ne Brookes , parce qu’il a été rencontré dans la Collection de ce naturaliste, et sous celui de C. superciliaris. IL paraît différer du Caméléon à trois cornes par la taille , et par les légères éminences des sourcils qui ont molivé l’un des noms qu’on Jui a donnés. Il a aussi été rapporté de Madagascar. : (Tn.£C.) CAMÉLÉON MINÉRAL, (cm) Le Caméléon minéral des anciens chimistes , manganate et oxi- manganate de potasse des chimistes modernes, cest une combinaison que l’on obtient en mêlant exactement parties égales de peroxide de manga- nèse el de potasse hydratée, soumettant le mélange pendant quelque temps à l’action simultanée de l'air et d’une légère chaleur rouge , dissolvant la masse, après son refroidissement , dans une très- petite quantité d’eau, décantant le soluté limpide et de couleur rouge ( il est important de ne pas filtrer), et évaporant jusqu’à ce qu’on apercoive dans la liqueur de petites aiguilles cristallines qui ont six à huit lignes de long et une belle couleur pourpre foncé. C’est là l’oxi-manganate de potasse, sel inaltérable à l'air, d’une saveur d’abord douce, puis astringente, soluble dans l'eau à laquelle il donne une belle couleur purpurine qui , par l’ad- dition d’une quantité variable d’eau, peut passer : , Jusqu'au rouge ponceau. Lorsque , pour préparer l’oxi-manganate de po- tasse, on emploie une plus grande quantité d’al- cali, on a un soluté vert. La même chose a lieu sion ajoute dans le soluté un peu concentré de ce sel ( oxi-manganate) , une certaine proportion de soluté concentré de potasse. La couleur passe au vert par le violet foncé, le bleu indigo et le bleu pur. Cette combinaison verte est le manga- nate de potasse. Quand on prépare un Caméléon avec trois par- ties de potasse hydratée et une partie de peroxide de manganèse, on a un soluté vert qui passe au rouge quand on le chauffe jusqu’à l’ébullition, qui reste rouge après son refroidissement, mais qui devient vert quand on l’agite. L'oxi-manganate de potasse est décomposé par les corps combustibles ; il détone vivement avec le phosphore, avec le soufre; etc. ; il est égale= ment décomposé, ainsi que le manganate, par toutes les matièresorganiques(del\larecommanda- tion de ne point filtrer la liqueur àtravers le papier): Dissous dans l'acide sulfurique concentré, l’oxi- mangauale de potasse donne , sans dégagement de gaz oxigène, et sans qu’il y ait de précipité, une liqueur d’un vert olive foncé, laquelle liqueur, étendue d’eau qu’on ajoute peu à peu, passe au: jaune clair, puis au rouge de feu , au beau rouge, à l’écarlate, et enfin, par l'addition de beaucoup d’eau, au pourprgg Couleur naturelle du sel. Tels sont les principaux caractères de deux sels dont on rencontre les analogues parmi quelques poli- : tiques du jour, véritables Caméléons qui chan- gent d'avis ou de parli suivant qu’on les traite plus ou moins largement, non avec de l’eau, comme les deux combinaisons dont nous venons de par- ler, mais avec les bénéfices du budget ou les ho- chets de la vanité. CE F2) CAMELEOPARD , Camelcopardalis. (max.) La girafe était connue sous ce nom à Rome: c’est Sous ce nom aussi qu'on la trouve mentionnée dans les anciens auteurs. (Ÿ’oy. Gimare.) (Guér.) CAMELINE , Camelina. (sor. pan.) Genre de plantes de la famille des Crucifères et de la Tétra- dynamie siliculeuse, que l’on a détaché de l’an- : cien genre //yagrum de Linné. Il est établi sur une petite plante, la CameuiNE cucrivée, €, sa- tiva, dont on retire une huile qui perd bientôt l'odeur forte et pénétrante d'ail qu'elle exhale étant fraîche. Brûlée , cette huile jette une lumière vive, éclatante, et rend peu de fumée ; elle est siccalive ; on l'emploie avec succès pour lesfritu- res. En trois mois de temps , la Gameline remplit sa carrière végétale, et donne une récolte abon- dante. Sa semence est très-petite, triangulaire , jaunâtre ; elle plaît fort aux oiseaux. Toutes les terres lui conviennent, mais elle se montre plus vigoureuse sur un sol substantiel. On avait pensé relirer de bonnes étoupes de sa tige mise à rouir, mais des essais nombreux me laissent encore dou- ter de cette propriété. (T. ». B.) CAMELLI, Camellia. (or. puax.) Un moine allemand, établi comme missionnaire dans l'ile de Lucon, la plus considérable des Philippines , adonné par goût aux recherches botaniques, au- quel on doit un grand nombre d'observations fort curieuses el exactes sur l’histoire naturelle, que l'on trouve consignées dans les Transactions phi- losophical de Londres et dans les ouvrages de Rai, de Petiver, fit passer en Europe, en 1740 , le pre- mier individu de ce superbe genre de la famille des Hespéridées et de la Monadelphie polyandrie. On l’appela d’abord Rose du Japon et de la Chine, parce qu'il provenait des forêts de la Chine et du Japon, où il est cultivé dans tous les jardins, et à cause de la ressemblanee de ses belles fleurs avec la rose des haies, et mieux encore avec celle de l'arbre à thé. Linné lai imposa le nom de son introducteur, de G. J: Kamel, de Brunn en Mo- ravie. On devrait donc écrire Kamelia, mais l'usage a prévalu; et chacun sait combien est grand le despotisme qu’exerce l’usage. Dans son pays, le Camelli est un grand arbre; chez nous il n’est encore qu'arbrisseau : quand il sera parfaitement acclimaté ; nous le ‘verrons s'élever et s’associer en pleine terre, dans nos départemens du midi, avec les myrtes, les lau- 1 Camellhia 2. Camonulle FE Guérin dr oo CAME 605. CAME ———_— riers. On en connaît deux espèces, le Gamezzt TSUBAKKI, C. japonica, que l’on trouvera figuré dans notre Aulas, pl. 70, f. 1, etle CAwELLI THÉ, C. sasanqua. L’un et l’autre comptent plusieurs variétés remarquables. La première espèce est fort répandue; c’est un arbrisseau toujours vert , haut de trois et quatre mètres, fourni d’un grand nombre de rameaux à écorce brunâtre, ornés en tout temps de feuilles ovales , lisses ; d’un vert lui- sant et foncé en dessus, jaunâtre en dessous. Les fleurs , d’un rouge vif, solitaires , ou deux et même six au sommet des rameaux , demeurent épanouies depuis le mois d’avril jusqu’en octobre; elles sont inodores et se conservent long-temps après être cueillies. Celles qu’une pluie forte frappe durent eu et se gâtent très-vite. Aussi les amateurs , dé- sireux de prolonger leurs jouissances , sont-ils dans l'habitude de couvrir les Camellis à l’époque de la fleuraison , toutes les fois que la pluie menace, Aux fleurs succède une capsule ovale-conique à trois sillons et à trois loges, contenant chacune deux graines d’un brun clair et ailées. Parmi les variétés que l’on rencontre dans les orangeries , je citerai le rouge double, de la cou- leur la plus brillante, qui a fleuri pour la pre- mière fois en France dans l’année 1794; on le propage par la greffe en fente; le blanc double, aux fleurs larges, très-étoflées, magnifiques quand elles sont épanouies entièrement , mais sujettes à tomber avant d’avoir perdu leur fraîcheur; l’axil- laire, dont les fleurs d’un blanc transparent ne peuvent être mieux comparées qu'à un morceau de mousseline mouillée ; les étamines sont nom- breuses, leurs filets, courbés en $S, sont d’un rouge de chair un peu foncé; les anthères, dont ces filets sont surmontés, sont grosses et safra- nées. Quand les pétales se détachent du calice, ils tiennent ensemble à un rudiment d’anneaux sur lequel se fixent également les étamines , qui quit- tent alors le calice en même temps que la corolle. Ses feuilles sont éparses , rassemblées le plus sou- vent en roselte à l'extrémité des rameaux; les jeunes sont entières, les autres dentelées en scie à leurs bords. Le jaune , que quelques horticoles appellent buff, porte des fleurs jaunes doubles. Il date de 1815. Le panaché , superbe variété dont les fleurs sont moins grandes que celles des autres, parce que, n'étant pas toujours pleines, on y re- trouve des étamines conservant leur forme et leur anthère, mais elles compensent ce défaut par le charme de leur corolle, où le carmin le plus ten- “dre se marie à un blanc pur de lait, tantôt par zones irrégulières, tantôt par taches affectant toutes sortes de formes. Cette variété, difficile à conserver, même en recourant à la voie des mar- cottes et de la grefle, est sujette à perdre ses pana- chures, et à ne donner que des fleurs uniquement rouges. Le Pinck, qui donne des fleurs d’un rose tendre et porte des feuilles plus arrondies et moins. dentées que celles du Camelli tsubakki ; le Pom- pon, à fleurs petites , blanches extérieurement , au centre roulées en ‘cornets et rouges à leur base; le semi-double est très-beau et dure plus long- temps que les doubles; ses fleurs sont blanches et quelquefois d’un rouge extrêmement vif. On réus- sit aujourd’hui très-bien à multiplier ces variétés par boutures, mais il ne faut en ôter que les feuilles placées sur la portion de tige qui doit être mise en terre ; on les coupe avec précaution; on entaille la tige au dessous d’un nœud ; on doit en- côre placer les boutures sur couche tiède, et les étouffer sous un verre dépoli. : - Toutes les peintures chinoises représentent le Camelli tsubakki et ses nombreuses variétés. Au Japon les graines fournissent une huile très-fine, bonne à manger; j'en ai retiré de celles müûries À Paris ; elle m'a semblé tenir de l'huile de pavot et de celle de l’héliante annuel, peut -être plus encore de celle-ci que de l’autre. dene crois pas cependant qu’ellesoit jamais d’une granderessourceenFrance. Quant au Gamelli thé, dont Kæmpfer a le pre- mier parlé sous le nom de Sasankwa , on le cultive en France depuis 1811; sa fleur blanche , petite, est semblable à celle de l’arbre à thé: elle est odorante et se jette quelquefois dans les caisses de thé pour en augmenter le par- fum. Les feuilles, plus étroites que celles de l’es- pèce tsubakki, séchées à l'ombre, au rapport de feu mon ami le savant Thunberg, fournissent à la toilette des dames japonaises une eau suave , que l’on emploie aussi pour mettre infuser le thé. Se- lon Macartney, l'huile qu’on retire de ses graines est aussi bonne que celle de l’olive : on en fait un grand commerce à la Chine. On possède plu- sieurs variétés de ce Camelli, une entre autres à fleurs roses très-doubles, qui paraissent en mars et avril. (ob) CAMERISIER et CAMECERISIER, Xylosteum. (or. raw. ) Arbrisseaux que l’on a souvent con- fondus avec le genre Chèvrefeuilles , dont ils sont très-voisins , surtout par la forme de leurs fleurs, et qui font partie de la même famille et de la Pentan- drie monogynie. On les trouve abondamment dans certaines localités, surtout dans les pays monta- gneux de l’Europe, où ils fleurissent au milieu du printemps et amènent leurs baies noires, bleues ourouge sen maturité vers la fin de l'été. Ces arbris- seaux, au bois dur, qui ne sont ni sarmenteux ni grimpans , contribuent d’une manière agréable à la décoration des jardins et des bosquets; ils se plaisent à peu près dans tous les terrains, à toutes les expositions; ils forment des buissons, des masses, des palissades très-pittoresques, qui se courbent, s'étendent ou s’arrondissent au gré de l'amateur; ils se multiplient de semences , par la greffe ou de marcottes. Ils est seulement fâcheux de les voir exposés quelquefois à devenir victimes des puce- rons, qui se réunissent en innombrable quantité sur leurs rameaux chargés d’un beau feuillage. Tournefort leur a donné le nom qu'ils portent ; celui de Camecerisier leur vient de la ressemblance de leurs fruits avec une petite cerise. Des neuf espèces connues , On cultive particulièrement le Caverisrer DE TarTaARIE, À. tartaricum, qui forme un buisson bien garni, s’élevant jusqu'à deux mètres; au premier printemps, ilest garni d'un EE CAMO 606 CAMO grand nombre de fleurs roses auxquelles succèdent des baies rouges de la grosseur d’une groseille, dont la couleur contraste agréablement avec l’é- corce blanchâtre des tiges, le vert léger et bleuâtre des feuilles , et l'élégance du port. Les jardiniers lui donnent d'ordinaire le nom impropre de Ce- risier nain. On place volontiers près de lui pour former contraste : 1° Le CGAMgrisiER DES nAIES, X,. dumetorum, aux feuilles larges, d’un vert terne, aux fleurs blan- ches, aux rameaux nombreux; il est susceptible d'améliorer les plus mauvaises terres, d'y fournir en peu de temps un taillis en coupe réglée, et de rapporter un bon revenu à celui qui le plante ; 9° Le Camerisier Des Azres , À. alpinum, dont le vert foncé du feuillage, la couleur des fleurs qui est purpurine en dehors et jaune en dedans, et ses baies réunies , lui donnent un aspect remar- quable ; 3° Le Cawenisrer DES PYRÉNÉES, Ÿ, pyrenaicum, petit, ramassé, couvert aux premiers jours d'avril de feuilles très-entières, glabres, d’un vert glauque; en mai, de fleurs blanches, un peu rosées, presque régulières; et en juin, de baies rougeâtres ; 4° Le Cawenisrer BLEU, À. cæruleum , aux fruits bleus; et le Camerisrer Noir, À. nigrum, qui les à noirs, avec des fleurs blanches. (T0. 8:) CAMOMILLE, ÆAnthemis. (sor. Pnax.) De nom- breuses espèces composent ce genre de plantes herbacées de la Syngénésie superflue et de la fa- mille des Corymbifères ; toutes sont peu élevées, à feuilles alternes, très-découpées, à fleurs grandes, ordinairement solitaires à l'extrémité des rameaux, tantôt jaunes avec des demi-fleurons blancs, tantôt toutes jaunes et tantôt pourprées. Les graines sont nues ou couronnées d'un rebord presque entier. Les Camomilles habitent l’Europe, et abondent principalement autour du bassin de la Méditer- ranée ; elles répandent une odeur pénétrante, due à la présence d’une huile essentielle, de couleur azurée et très-volatile. On divise communément les espèces selon que les demi-fleurons sont blancs, et selon qu'ils sont jaunes ou pourpres : ce carac- tère artificiel me semble trop peu constant pour en faire la base d’une coupe régulière aux yeux d’un botaniste; elle convient seulement à l’horticulteur. Parmi les espèces que je citerai, je m’attacherai aux plus belles et aux plus utiles. En tête des pre- mières est placée la GAMOMILLE A GRANDES FLEURS, A. grandiflora, que l’on cultive le plus à la Chine pour la décoration des jardins. Son introduction en France datede 1789, et est due à Blancard, négo- ciant de Marseille. I l’apporta sous le nom vulgaire qu'on lui donne encore quelquefois, celui de Crysanthème des Indes. C’est sous cette dénomi- nation qu'on la trouve dans certains ouvrages de botanique. Desfontaines est le premier qui recon- nut le réceptacle garni de paillettes, et qui l’a rendue au genre Gamomille : c'est à tort qu’on attribue cette remarque à un autre botaniste. Il faut rendre à chacun ce qui lui appartient , c’est un devoir que nous aimons à remplir, dussions- nous blesser un amour-propre très-susceptible. Cette précieuse espèce fleurit au milieu de l’au- tomne; lorsque les autres fleurs disparaissent, elle résiste aux premières gelées. Elle réussit partout, se multiplie très-facilement et fournit un bon nombre de variétés offrant toutes les nuances de couleurs, excepté le bleu. La Camomille à grandes fleurs est sous-ligneuse, forme un buisson à tiges rougeâtres et nombreuses, hautes d’un à deux mètres , chargées de feuilles alternes, toujours vertes en dessus, blanchâtres en dessous, légère- ment velues, douces au toucher et persistantes. Les fleurs, ‘de la grandeur de celles d’une anémone et quelquefois d’un aster , sont d’un pourpre foncé, du plus bel aspect, et varient du blanc au jaune, du rouge au panaché. La Camouize D'Irazre, À. cota , est annuelle, a la tige droite, haute de quarante centimètres, divisée en plusieurs rameaux; ses feuilles sont vertes, ses fleurs tout-à-fait blanches et grandes, quelquefois blanches en dessus et rouges en des- sous. À mesure que le fruit approche de sa matu- rité, elles forment de grosses têles arrondies , hémisphériques et comme épineuses par la pré- sence des paillettes du réceptacle , qui sont alors très-raides et piquantes. Cette espèce produit un fort bel effet comme plante d'ornement. Une espèce, quelquefois délicate pour nos dé- partemens du nord,et qui demande alors une chaude exposition et une bonne terre un peu lé- gère, c’est la CAMOMILLE PYRÈTHRE, À. pyrethrum. Originaire du Levant, cultivée en pleine terre en Espagne et dans le midi de la France, cette espèce intéressante pour l’horticulteur, par la beauté de ses fleurs grandes, blanches, ayant leurs demi- fleurons pourprés en dessous, l’est encore aux yeux du cultivateur par la saveur piquante de sa racine longue, vivace, épaisse et inodore , qui est recherchée contre les maux de dents, les fluxions de la bouche, les engorgemens des amygdales ; quand on la mâche, elle excite une forte saliva- tion, importante en certaines circonstances; réduite en poudre, elle est sternutatoire, et s'emploie en frictions pour ramener la transpiration ; nouvelle- ment coupée, elle détermine. sur les mains un sentiment aigu de froid bientôt suivi de chaleur. Les vinaigriers s’en servent pour confectionner leurs vinaigres. On admet encore dans quelques jardins la Ga- MOMILLE MARITIME, À. maritima, dont les tiges peu rameuses et rougeâtres s’étalent sur le sol et cou- vrent de grands espaces fort agréables à voir, à cause de ses feuilles larges et vertes, de ses fleurs blanches, solitaires, qui répandent une odeur de matricaire. La GAMOMILLE ROMAINE, 4. nobilis, est reconnue plante d'ornement et plante utile. On l'estime généralement être le Chamaïmelon des anciens, tandis que, au sentiment de Sibthorp, ce nom fut celui de la Camomize de l’île pe CGmio, A. chia. Notre espèce, appelée aussi Camomille odorante, estindigène aux pâturages secs de l'Italie, de l'Espagne, du midi de la France, et surtout des environs de Rome; sa tige rameuse , presque couchée, porte des feuilles aiguës, d’un vert foncé; (@ ampanule ? ampagnol É Cnerin dir qe . GAMP 607 CAMP elles répandent une odeur forte assez agréable , ‘ainsi que ses fleurs, qui sont blanches, tantôt dou- bles, tantôt sans rayons ; c'est cette espèce que nous avons représentée dans notre Atlas, pl. 70 , fig. 2. On la multiplie par ses racines éclatées. Cette plante est d’un fréquent usage en médecine; ses propriétés sont parfaitement constatées. Ses flears, prises en infusion théiforme, sont fébri- fuges, stomachiques, très-résolutives; l'huile essen- tielle qu’on en retire est d’un bleu de saphir, et jouit des mêmes vertus à un plus haut degré; aussi convient-il de la prendre avec précaution. Il faut cueillir les fleurs déstinées à servir de mé- dicament quand elles sont aux trois quarts épa- nouies. Il est encore beaucoup d’autres espèces dignes de l'attention du botaniste cultivateur ; de ce nom- bre il doit distinguer la GAMOMILLE DES TEINTU- miERs, À. tinctoria, que l’on appelle vulgairement ŒŒil de Bœuf ; elle est vivace, regardée comme vulnéraire, d’une forme élégante, d’un aspect fort agréable quand elle est décorée de ses fleurs jaunes : elle communique aux laines une belle couleur aurore ; on la trouve dans les pâturages secs du Midi. La Camomizze PuANTE ou MaroureE, A. cotula, repousse par son odeur désagréable, mais elle fournit à la teinture un jaune citron solide. Dans le pays de Caux, on met à sécher ses tiges , hautes de soixante centimètres , et très-ra- meuses, pour en faire des balais. (T. ». B.) CAMPAGNOL, Arvicola. (mam.) Ce genre, de la famille des Rongeurs murins, doit être séparé des Lemmings; ses caractères sont les suivans : queue à peu près de la longueur du corps; doigts toujours au nombre de quatre, etun lubercule en place de pouce aux membres antérieurs , dont les ongles ne sont pas plus forts que ceux des posté- rieurs. Ces petits animaux sont assez semblables aux rats ; ils vivent dans les champs ou sur le bord des eaux; leurs mœurs sont très-intéressantes. On connaît un assez grand nombre de Campa- gnols. M. Lesson les range dans deux petiles sec- tions différentes, selon qu'ils sont aquatiques ou terrestres, c’est-à-dire qu'ils vivent au bord des eaux ou dans les champs. Mais cette distinction ne repose sur aucun caracière : aussi est-il arrivé à ce naturaliste de placer, parmi les Gampagnols terrestres, le Schermaus, dont les habitudes sont entièrement semblables à celles du Rat d’eau, qui fait partie des espèces aquatiques. On trouve des Gampagnols dans les deux conti- nens. Nous commencerons par ceux de l’ancien. LeRar Eau, Arvicola amphibius de Desmarest, Mus arvalis de Linné, est l’espècetype du genre. Il est un peu plus grand que le rat ordinaire ; son poil est d’un gris brun foncé , sa queue d’un tiers plus courte que le corps. Il vit sur le bord des eaux, par toute l’Europe ainsi que dans le nord de l'Asie, et même de l’A- mérique. Ses trous parallèles au sol , et peu pro- fonds, ont de fréquentes sorties ; quand on l’y in- quiète, il s'échappe et se jette à l’eau; mais il nage assez mal. Camracxoz pu Nic, Arvicola niloticus, Desm. , estle Lemmur niloticus, Geoff. Descript. de V'É- gyple. Son pelage est brun mêlé de fauve sur le dos, gris jaunâtre sur le ventre; les oreilles sont presque nues et brunâtres ; la queue est brune, et presque aussi longue que le corps. L'Égypte est la patrie de ce Campagnol. Le Scnermaus, 4 .argentatorius, Desm., avait d’a- bord été considéré comme une simple variété du Rat d’eau, mais il s’en distingue par plusieurs bons caractères. Il habite les environs de Strasbourg. Campacnoz ou rPETrT Raï pes caamrs, Mus arva- lis, Linn. ; Buff. t. VII, pl. 47. Cette espèce a le corps long de trois pouces , la queue d’un pouce; les oreilles sont dégagées de poil; le pelage est jaune brun dessus, et blanc sale sous le. ventre; il est représenté dans notre Atlas, pl. 71, fig. 1. Ge Cam- pagnol est commun dans toute l'Europe et dans le nord de la Russie jusqu’à l'Obi. Onle trouve dans les champs et les jardins , mais jamais dans les habitations , pas même dans les granges. [lse creuse plusieurs trous qui aboutissent par des zig-zags à une chambre de trois ou quatre pouces de diamè- tre en‘tous sens. C’est Jà que la femelle met bas, deux fois par an, de huit à dix, et jusqu’à douze petits , qu'elle dépose sur un lit d'herbes sèches. Les Campagnols se myltiplientavec une extrême rapidité, et lorsque les pluies de l’automne ou les neiges ne viennent point les détruire , ils causent aux cultivateurs des torts irréparables ; quelque- fois ils détruisent entièrement les récoltes. Le dé- partement de la Vendéecena offert, il y a une tren- taine d'années, un exemple bien afiligeant : en moins de deux ans, les Campagnols y ont occa- sioné une perte de 2,720,573 francs, comme les procès-verbaux en font foi. Ces animaux recherchent, pour se nourrir, les fruits, les grains, les racines; et, lorsque le besoin les presse, ils mangent aussi des ognons, et les feuilles de toutes sortes de plantes, même celles du tabac. Bien que les pluies fassent périr un grand nombre de Campagnols, on a dû leur ten- dre des piéges, afin d’activer leur destruction. Lorsqu'un champ renferme beaucoup de Campa- gnols, on peut, en le labourant profondément , faire. périr beaucoup de ces animaux, qui sont écrasés dans leur retraite jou que l’on tue à coups de pioche, à mesure qu'ils s’échappent. Le Campagnol qui rencontre une fosse dans sa course ne manque jamais des’y précipiter, comme poussé par une sorte d'instinct : cette habitude, que l'on a remarquée dans plusieurs cantons, aététrès- bien exploitée. On pratique dans un même champ plusieurs fosses peu distantes les unes des autres : ces fosses doivent être des cylindres parfaits, à pa- rois bien lisses, et tassés de manière à ne point donner prise aux ongles de l'animal. On pourrait aussi, mais dans un cas extrême seulement , avoir recours au poison; il faudrait le répandre dans plusieurs cantons à la fois. Les sucs des plantes caustiques, de la poudre de noix VOmIque, OU même delarsenic, sont les poisons que l'on con- seille d'employer. CAMP 608 CAMP Campacnoz FAUVE, À. fulvus. Cette espèce est d’un brun fauve , avec le ventre et les pattes jaunä- tres; les oreilles sont à peine visibles; la queueestun peu plus courte que la moitié du corps. Un peuplus grande quel’espèce commune, elle habite la France. CamPpAGNoz ÉcONOME , Mus œconomus de Pallas, est long de quatre pouces environ ; son pelage est d'an gris jaunâtre sur le dos, plus pâle sous le ventre; ses mœurs se rapprochent beaucoup de celles du Lemming, comme lequel il émigre aussi souvent. On l’a nommé ainsi, parce qu'il a soin de ramasser pendant l'été de nombreuses provi- sions qu'il dépose dans son trou pour s’en nourrir pendant la mauvaise saison. Le Aus œconomus habite la Sibérie ; son domicile est encore plus cu- rieux que celui des autres Gampagnols; c’est une chambre de trois ou quatre pouces de hauteur, et d’un pied de largeur, garnie d’un lit de mousse, et plafonnée par le gazon même. De cette chambre principale part un bon nombre de boyaux, ouverts latéralement, à quelque distance l’un de l’autre, par des trous du diamètre du doigt. D’autres boyaux plus profonds conduisent de la chambre d'habitation à d’autres chambres plus vastes que celle-ci, et qui sont de véritables magasins, où économe apporte pendant toute la belle saison des graines et de petits morceaux de racines tail- lées convenablement pour le transport et l'empi- lage. Ce travail est ordinairement l’œuvre de deux individus seulement , d’un mâle et d’une femelle, quelquefois même d’un seul qui vit solitaire. Les magasins renferment beaucoup de provisions; on en à vu qui en contenaient plus de trente livres. Les excursions non périodiques de ces animaux, dit Desmoulins, sont aussi célèbres dans le nord-est de l’Asie que celles des Lemmings dans le nord de l'Europe. Au Kamtschatka, quand ils doivent émigrer, ils se rassemblent de toutes parts en grandes troupes au printemps, excepté ceux qui trouvent à vivre près des Ostrogs. Dirigés sur le couchant d'hiver, rien ne les arrête : ni lacs, ni rivières, ni bras de mer. Beaucoup se noïent, d’autres deviennent la proie des plongeons et des grandes espèces de salmones. Ceux qui sont trop fatigués restent couchés sur la rive pour se sécher, se reposer, el pouvoir ensuite continuer leur route. Heureux quand ils rencontrent des Kamtschadales qui les réchauflent et les protégent autant qu'ils peuvent! Il y en a des colonnes si nombreuses qu'il leur faut au moins deux heures pour défiler. Au mois d'octobre ils reviennent au Kamtschatka. Leur retour est une fête pour le pays. Outre l’es- corte de carnassiers à fourrures dont ils ramènent une chasse abondante, ils présagent encore une année heureuse pour la pêche et les récoltes. On sait au contraire, par expérience , que la prolon- gation de leur absence est un pronostic de pluies et de tempêtes. Get animal habite dans le nord de l'Europe et de l'Asie les prés humides , les pâturages et les îles situées au milieu des fleuves. Il paraît douteux qu'on l'ait trouvé en Danemarck et en France, comme on Je dit, : CAMPAGNOL SAXIN OU DES ROCHERS, 4. saxa- tilis', Desm. , habite les mêmes contrées quele Cam- pagnol économe; c’est le Mus saxatilis de Pallas. CamPAGNoL DORÉ, ou Roux, Mus rutilus, Pal- las, Glires pl. 14. Ce Campagnol est roux sur le dos et le ventre; sa bouche est un peu blanchätre, ses pieds sont blancs et plus velus que dans tous les autres. La femelle n’a que deux mamellés à deux tétines chacune. Cet animal est le seul de son genre qui entre dans les maisons et les gre- niers ; il habite les forêts de la Sibérie à l’est de l'Obi, vit errant et de rapine; on le prend sou- vent dans les piéges tendus aux hermines. CAMPAGNOL GRÉGALI, OU DES HAUTEURS, Mus gre- galis, Pallas, Glires p. 238 ; fort semblable aux Campagnols ordinaires, il est d’un gris pâle, avec le ventre blanchâtre ; sa patrie, comme celle des deux espèces précédentes , est la Sibérie et les contrées voisines ; il recherche les lieux élevés , et ne fait provision que des bulbes de lis. CampacNoz socraz, Mus socialis de Pallas , Ar- vicola socialis Desmarest. Cette espèce est re- marquable ‘entre toutes par la mollesse de son poil. Elle est très-commune, en été, dans le dé- sert sablonneux qui borde le Jaïck. Son existence estliée, pour ainsi dire , à celle dela Tulipa gesne- riana , dont elle amasse les bulbes ; ellen’approche que peu des eaux. Camracxoz D’AsTrakAN, Arvicola astrachanen- sis, Desm. Jaune en dessus, cendré en dessous, ce Campagnolest de la taille d’une souris ; sa queue n’a que le quart de la longueur du corps. Habite les environs d’Astrakan. CawPAGnoL rAYÉ, ÆArvicola pumilio de Desma- rest , est une espèce africaine, le Mus pumilio de Sparmann. Pelage brun clair en dessus, et marqué de bandes longitudinales noires. On l’a observé au cap de Bonne-Espérance. Les espèces de Campagnols de l'Amérique sont au nombre de deux seulement. CaAwPAGNOL AUX JOUES FAUVES, Arv. œantogna- thus , Leach. Miscellany. Cette espèce est fauve, variée de noir en dessus, et d’un gris cendré assez clair en dessous. Ses joues sont fauves; sa queue est noire en dessus, et blanche en dessous. Elle habite les bords de la baie d'Hudson. CAMPAGNOL DES RIVAGES , Arv. palustris , Harlan, Faun. Am. Ce Campagnol nage très-bien et fré- quente les rivières, où il cherche les graines du zizania aquatica. Son pelage est brun rougeâtre, mêlé de noir en dessus, et cendré en dessous. Sa queue est moins longue que le corps, qui a cinq pouces. CamPAGNOL ALBICAUDE, Arv. albicaudatus, Desm. Cette espèce, dont la patrie est ‘inconnue, est brune ; les pattes et le dessus de sa queue sont blancs; celle-ci est à peine longue comme la moi- tié du corps. Ù CampacnoLs Fossies. Cuvier a découvert dans les brèches osseuses du rocher de Cette, des res- tes fossiles de Campagnols, qui ne présentent au- cune différence avec le squelette du Campagnol ordinaire. (GERv.). CAMPANIFORME, ! L OC OC GO QC COR CT QUE EEE CAMP CAMPANIFORME , Campaniformis. ( nor. pHAN.) C'est-à-dire, en forme de cloche. Gette épi- thète s'applique aux calices et aux corolles mono- pétales régulières qui, n’ayant pas de tube, s’éva- sent progressivement de la base au sommet, et dessinent à peu près une cloche, comme on le voit dans le Liseron et la Campanule. (L.) CAMPANIFORMES , Campaniformæ. (B0oT. PHAN.) Tournefort , dans son système botanique, si simple, mais trop souvent fondé sur le seul ex- térieur des végétaux, avait donné le nom de Cam- paniformes à ceux dont il composait sa première classe, parce que leurs fleurs offraient plus ou moins la forme d’une clochette. On y voyait les Mauves avec les Solanées, les Melons avec les Ga- rances, etc. Le point de départ était trop vague pour conduire à une série vraiment ae CAMPANULACÉES. (or. pnan.) Grande fa- mille de plantes lactescentes, herbacées; quel- quelois arbrisseaux , à feuilles alternes le plus or- dinairement , opposées très-rarement ; fleurs assez grandes , disposées tantôt en thyrses ou en épis, tantôt rapprochées en capitules, quelquefois rassem- blées dans un calice commun; les étamines en nombre égal aux divisions de la corolle, qui sont presque toujours régulières , quatre, cinq ou huit, très-rarement irrégulières ; les anthères libres et écartées les unes des autres, ou bien réunies et soudées en tube; ovaire infère , rarement semi-in- fère, glanduleux en dessus, d'ordinaire à deux loges, à cinq, à sixsemences , le plus souvent polysperme ; le fruit est couronné par les divisions persistantes du calice; la graine est fort petite, nue. Cette famille tire son nom du genre Campanule, dont nous allons nous occuper; elle se rapproche des Chicoracées et se lie aux Éricinées. (T.n. B.) CAMPANULE , Campanula. (mot. pan.) Genre de plantes de la Pentandrie monogynie, ser- vant de type aux campanulacées ; ilest très-nom- breux en espèces, les unes herbacées , les autres s’élevant à la hauteur des sous-arbrisseaux et même des arbustes; toutes se faisant, en général, re- marquer par la forme élégante et la beauté de leurs fleurs , qui sont presque habituellement d’un bleu plus ou moins foncé, très-agréable à la vue. Elles croissent bien dans tous les terrains, mais elles se plaisent de préférence dans les terres as- sez légères, un peu chaudes, et dans les situations ouvertes : elles s’étiolent dans les lieux ombragés. On en connaît aujourd'hui plus de cent quarante espèces, dont un tiers est indigène à l’Europe. Il y en à d’annuelles, de bisannuelles et de vi- vaces, d’utiles et de pur agrément. Je parlerai d’abord de celles comestibles , la GAMPANULE RAI- PONCE, €. rapunculus , la CGAMPANULE DOUCETTE, C. speculum, si remarquable par sa corolle en roue et sa capsule prismatique , ce qui avait décidé quelques botanistes à en faire un genre particu- lier, et la CAMPANULE À FEUILLES DE PÊCHER, C. per- sicifolia. L’on mange leurs racines et leurs fanes en salade; les racines ont un goût de noisette, mais elles sont un peu dures, Celles de la Campa- Tome I. 6og CAMP RER CSSS" NULE GANTELÉE, C. trachelium, entrent aussi, au printemps, dans les cuisines; on les mange en salade sur l’arrière-saison: cette plante est esti- mée en médecine comme astringente et comme vulnéraire. À propos de cette dernière espèce, je dois citer l'usage que l’on en faisait dans les xn° et xr1° siè- cles, dans ces temps désastreux, époque d’escla- vage, de féodalité, où le désordre était un besoin de tous les instans, où la force et l’astuce étaient seules réputées vertus. Un bouquet de tiges de la Campanule gantelée, garnies de leurs fleurs axil- laires, variant du bleu au violet et au blanc, porté au bout d’un long bâton, servait de garantie et autorisait celui qui le tenait à assommer ses voisins, à se déclarer l'ennemi de tout venant, et à se livrer à des atrocités de tout genre. La manière adoptée alors pour cette affreuse décla- ralion de guerre civile était singulière: il fallait que les tiges de la Gampanule fussent tressées et méêlées à quelques rameaux feuillus ; on les élevait en l'air, puis on injuriait les personnes que l’on voulait attaquer , et tout était légitimé. Des hor- reurs ont été commises ainsi dans les villes et les campagnes de la France ; c'était à qui se signalerait par les massacres les plus nombreux et les plus san- glans. La folie barbare des croisades les entretint long-temps ; il fallut prendre des mesures très-sé- vères pour y mettre un terme. Cette cruelle destination, et les tristes souvenirs qu'elle à laissés , firent long-temps proscrire la plante ; on la repoussa des jardins, on la détrui- sit dans.les prés, le long des vallées, aux lieux ombragés où elle croît de préférence, et ce ne fut que trois siècles après que nous la retrouvons comme plante d'ornement. Quoiqu’elle double volontiers et qu’elle offre des variétés d’un blanc pur fort jolies’, elle mérite moins la préférence de l'amateur que les espèces suivantes ; je les range- rai d'après la couleur la plus habituelle des co- rolles. Espèces à fleurs blanches. La CamPpaANvze Des RÉGIONS SOUS-ALPINES, C. thyrsoidea, très-belle plante, ne donnant que des feuilles la première année, développant son épi cylindrico- pyrami- dal, chargé de fleurs d’un blanc jaunâtre, en juil- let , la seconde année, puis mourant. La Campa- NULE A FEUILLES RONDES, C. rotundifolia , origi- naire de nos bois, à tiges de soixante-cinq centi- mètres de long, terminées par une grande fleur , et formant de très-larges touffes. Espèces à fleurs jaunes. La CamPANULE porte , C. aurea , arbuste laiteux des rochers de l’ile de Madère, apporté en Europe par Masson dans l’an- née 1777; c'est une superbe plante à fleurs d’or du plus bel aspect, disposées en panicule piramy- dale, qui s’épanouissent en été, jettent auto ur d'elles l'éclat le plus brillant, que relèvent de plus en plus le vert tendre de ses feuilles assez longues et le grisâtre de ses tiges allongées. Espèces à fleurs bleues. À leur tête se place na- turellement la CAMPANULE PYRAMIDALE, C. pyra- mydalis , qui s'élève jusqu’à deux et trois mètres LXXVII Livraison. 77 A CAMP Gio CAMP de haut, et se garnit depuis le bas de bouquets latéraux à grandes fleurs, épanouies dès le mois dé juillet, et se prolongeant jusqu’à la fin de sep- tembre et même d'octobre. À ses pieds je vois la CamPpanuze pu Monr-CEnis, C. cenisia, espèce tracanie , à rejets ne donnant que des feuilles ra- dicales disposées en rosette sur le sol. G. Forster a rapporté des coteaux arides de la Nouvelle Ca- lédonie une espèce nouvelle dont les fleurs bleu d'azur parurent à Ventenat ressembler à celles de la petite Pervenche, d’où il l'appelle, C. vince- flora; mais ce rapport est si éloigné, à mon sens, que j'aime mieux Jui conserver le nom que lui imposa son inventeur, C. gracilis, qui lui con- vient à cause de ses Liges grêles, très-rameuses , couvertes de feuilles linéaires, lancéolées, d’un vert gai. Je dois nommer aussi parmi les plus re- marquables la CAMPANULE 4 GRANDES FLEURS, C. grandiflora , qui nous est venue de la Sibérie, réussit bien en pleineterre, a laracine vivace, don- nant naissance à une ou plusieurs tiges, se soutenant difficilement, à cause de son lourd feuillage, de ses fleurs qui sont très-grandes, et de la capsule pyramidale triangulaire qui leur succède. Nous l'avons figurée dans notre Atlas, pl. 71, fig. 2. Espèces à fleurs violettes. Une fut apportée du Levant en Europe, en 1790, par Sibthorp; c’est la CAMPANULE COTONNEUSE, C. tomentosa, fort jo- lie plante herbacée, bisannuelle , remarquable par ses Liges et son feuillage Iyré, couvert d’un duvet très-serré , blanchâtre, par l'éclat, la dis- position en panicule de ses fleurs, et par sa co- rolle presque infandibuliforme , à tube long, cy- lindrique , qui s’épanouit au commencement du printemps. La CamPANULE VIOLETTE MARNE, C. medium , que l’on trouve'spontanée en Allemagne, enltalie, et dont les fleurs, très-nombreuses , af- fectent la forme de cloche allongée, à bords re- tournés en dedans. Enfin la CampanuLzE DE Vir- nie, C. perfoliata, à tiges basses, chargées de etites fleurs attachées trois et quatre ensemble. Toutes les Campanules ont la propriété de se propager par leurs racines coupées en tranches ; de là l'immense quantité de variétés plus ou moins jolies que la main de l’horticulteur se plaît à mul- tiplier. Le semis de leurs graines , extrêmement menues , assure les plus belles conquêtes; mais il faut avoir soin de les employer aussitôt la parfaite maturité, qui a lieu d'août en novembre. (T.». B.) CAMPANULÉ, Campanulatus. (mor. Pan.) Ce terme, qui présente au fond le même sens que celui de Campaniforme , s'applique toutefois plus particulièrement aux fleurs polypétales, et indique la disposition qu’affectent leurs parties. (L.) CAMPHRE. (roT. pHan.) Le Camphre est un produit immédiat des végétaux , une sorte d'huile volatile concrète, que l'on trouve dans plusieurs plantes des familles des Labiées et des Synan- thérées, mais que l’on retire principalement du Cawrurier. Ÿ, ce mot. Le Camphre s’obtient de la manière suivante : on coupe par petits morceaux toutes les parties du Zaurus camphora; on les introduit dans des sortes de cucurbites en fer avec de l’eau: on adapte à celles-ci un chapiteau de terre cuïte, garni de chaume à l’intérieur; on lutte l'appareil et l’on fait bouillir. Le Camphre se volatilise, et vient s'attacher au chaume d’où on le détache en- suite; c'est là le Camphre brut du commerce, qui se présente en masses plus où moins volumi- neuses , grennes , grisâtres , un peu humides, con- tenant plus ou moins de parties hétérogènes , etc. , et que l’on purifie, ou qu’on rafline, comme on le dit encore , par une nouvelle sublimation. La purification du Camphre, qui n’avait lieu autrefois qu’en Hollande, se fait maintenant par- tout, et voici le procédé conseillé pour la première fois par Clémandot, un des nombreux pharma- ciens de Paris. Dans des vases sublimatoires faits exprès, c'est-à-dire à panse très-large et aplatie, à colétroit,en verre vert et très-léger , on introduit un mélange de camphre brut pulvérisé et de chaux vive, proportion deun' douzième de cette dernière ; on place les vases dans un bain de sable, on les recouvre d'un cornet de papier, et l’on chaufle modérément. Le Camphre se volatilise , privé des matières fuligineuses qui le coloraient et qui ont élé retenues par la chaux. * Ainsi purifié, le Camphre se trouve dans le commerce sous forme de pains plus où moins volumineux, arrondis, concaves d’un côté, con- vexes de l’autre, parfaitement blancs, transparens , lisses, fragiles , compressibles, cristallins, d’une cassure brillante , d’une odeur forte et particulière, d’une saveur âcre suivie d’un sentiment de froid ; très-peu solubles dans l’eau (une partie sur mille) ; plus solubles dans l'alcool, l'éther, les huiles fixes et volatiles , les graisses ; inattaquables par les al- calis ; donnant , d’après Hatchett , une huile jaune, du charbon, et une sorte de tannin artificiel par l'acide sulfurique ; transformés en un acide parti- culier appelé acide camphoriaue, quand on les traite par l’acide nitrique et la chaleur; volatils en totalité et brûlant sans résidu quand ils sont purs, S’agitant violemment à la surface de l’eau , etc. , elc. D’après Liébig, le Camphre est composé de douze atomes de carbone, dix-huit d'hydrogène et un d’oxigène. Le Camphre artificiel , que l’on prépare en fai- sant passer un courant de gaz acide hydrochlori- que dans de l'huile essentielle de térébenthine , n’est point employé. Il diffère principalement du Camphre naturel par l'odeur de chlore qu'il dégage quand on le chauffe. | Le Camphre est très-employé en médecine, soit à l'intérieur , soit à l'extérieur : on l’administre tantôt à l’état solide, sous forme de poudre ou de pilules, tantôt en dissolution dans l'alcool, les huiles, les graisses , les cérats, etc: Il jouit de propriétés sédatives et sudorifiques. On le donne Jjournellement et avec succès dans les affections nerveuses et spasmodiques, dans la goutte, les rhumatismes, les ardeurs d'urine, etc. , etc. Son usage est encore bon dans le traitement des ty- 2 CAMP G11 CANA phus, de la peste, des maladies putrides , ataxi- ques, etc. Enfin on s’en sert dans les embaume- mens, dans l’économie domestique pour éloigner les insectes des étofles: cette dernière précauiion est à peu près inutile. (F. F.) CAMPHRÉE , Camphorosma. ( mot. pHaAN. ) Plante de la TE des Chénopodées, Tétrandrie monogynie L., dont les quatre ou cinq espèces connues habitent les lieux stériles et sablonneux des contrées méridionales. On la caractérise par un périanthe simple, urcéolé, à quatre dents, dont deux plus grandes ; quatre étamines saillantes, et une capsule monosperme recouverte par le ca- lice. Une espèce de ce genre est remarquable, et a même joui de quelque célébrité parmi les empi- riques. C’est la Campur£e DE MonrreLLier, Cam - phorosma monspeliaca, L., petit arbrisseau d’un pied, à rameaux longs et Da hotes à feuilles alternes, petites et nombreuses, à fleurs verdâtres, peu apparentes, On attribuait à cette plante de nombreuses propriétés médicinales , particulière ment contre l'asthme et l'hydropisie : la forte odeur de Camphre qu’elle exhale est sa qualité la plus réelle , et il est possible de la mettre à profit dans quelques circonstances. Le C. pteranthus de Linné a été érigé en genre par L’Héritier, sous le nom de Lourenra. Voyez ce mot et celui de DracocirnaLe, genre que Morison avait aussi appelé Camphorosma. (L.) CAMPHRIER, Laurus camphora, (B0T.PHAN.) Comme le genre Laurier est nombreux, qu’il de- mande depuis long-temps une ttude particulière, afin d'y introduire plusieurs coupes nécessaires, au- tres que celles adoptées jusqu'ici, nous avons pensé utile, pour faciliter les recherches, de parler ici du Camphrier,saufà l’inscrire parmiles genres ou sous- genres à créer dans la famille des Lure (v. ce mot ). Ce bel arbre a le port élégant du tilleul; il est originaire des contrées ner de RE et se trouve plus particulièr ement au Japon, en Chine, aux îles Gotho, Sumatra et dans l'Inde. Il vient en pleine terre dans le midi de la France, où il a été introduit vers l’année 1760; mais il y est rare, quoique l’on puisse très-aisément l’y mul- tiplier par les marcottes, qui demeurent sou- vent plus d’une année à prendre racine, el par le moyen des graines qui y parviennent quelquelois à parfaite etes Le bois est blanc , ondulé de rouge pâle; en se desséchant, 1l prend une teinte rousse uniforme. L’odeur propre qu'il exhale, et que l’on retrouve dans toutes les autres parties quand on les froisse, est due à la présence d’une huile volatile, légère, blanche, qui rend le bois inflammable, et que l'on retire en mettant le bois coupé par morceaux, ou les racines, à bouillir avec de l’eau (7. Caunes. ) Le Camphrier a la tête bien garnie de branches et de rameaux, dont l'écorce est verte, luisante, tandis que celle du tronc est raboteuse et grisâtre; ses feuilles longues, alternes, ovales et terminées en pointe, sont d’un beau vert luisant. À la partie supérieure des rameaux naissent, des panicules axillaires de fleurs blanches, petites, qui s'épa- nouissent pendant l'été, et qui produisent des fruits pourpres noirâtres, monospermes, de la grosseur d’un pois chiche. Sa culture est très-facile, en lui donnant une bonne terre et de fréquens arrose- mens durant les grandes chaleurs, on le verra réussir promptement. C'est une acquisition impor- tante à faire. Il a fleuri, en 1805, au Jardin des Plantes de Paris, et tout annonce qu’il prospérera dans nos départemens du centre, puisqu'il sup- porie, sans en être aucunement affecté, les trois premiers degrés de congélation, (T. ». B.) CANAL. (céocr. Puys.) Voy. Dérrorr. CANAL INTESTINAL. (anar.) Voy. INTEsTIN. CANAL MÉDULLAIRE. (æor. Pan. ) Tandis que dans les végétaux monocotylédonés, la moelle forme en quelque sorte la masse de la tige, elle est circonscrite, dans les dicotylédonés, par les parois d’une espèce d’étui longitudinal qui en oc- cupe le centre; c’est à ce qu’on appelle le Canal médullarre ; il se compose essentiellement de vais- seaux, qui se montrent aussitôt que l'embryon de la plante se développe. La forme du Canal médullaire varie selon la disposition des feuilles sur la tige; c'est ce qu'a prouvé Palisot de Beauvois. Ainsi, son aire est allongée si les feuilles sont opposées, triangulaire si elles sont verticillées par trois, polygone lors- qu'elles sont alternes. Le Canal médullaire existe dans tous les végé- taux dicotylédonés; s’il est quelquefois vide, s’est après que la plante a pris un accroissement consi- dérable , comme la plupart des Ombellifères, dont la tige devient fistuleuse. On remarque aussi que dans la vieillesse des arbres, ce Canal semble disparaître , soit que ses parois se resserrent en se solidifiant, soit que des parties solides se déposent peu à peu dans son intérieur , et empêchent de le distinguer du bois. Gette dernière opinion est celle de Du Petit-Thouars. (L.) CANALICULE. (8or. PHan.) Dans certains vé- gétaux, les feuilles et particulièrement les pétioles offrent une rainure longitudinale plus ou moins large ou profonde; c’est ce qu’on appelle Canaliculé, c’est-à-dire en forme de canal. (L.): CANARD , Anas. (ois.) Sous ce nom on com- prend généralement, dans les ouvrages d'histoire naturelle , les oiseaux que Linné plaçait dans son grand genre Anas, c’est-à-dire les Cygnes, les Oies , et les nombreuses espèces qu’on désigne vul- gairement sous le nom de Canards. Ces bneits grou- pes ont en effet entre eux des rapports très inti- mes, mais cependant le nombre des espèces qu'ils renferment est si considérable , que force a été de relever, pour ainsi dire, la valeur des caractères qui les différencient, et de les considérer comme autant de genres distincts ; c’est pour cette raison que nous consacrerons à chacun de ces groupes un article spécial ; nous donnerons aussi , à l'exemple de Latham, de Temminck et de Cuvier, le Cé- réopsis comme formant un genre distinct, ce qui fera, au total, quatre genres parmi les Anas de Liane, [l CANA I. "Les Cyenes (voy. ce mot), quise distinguent par leurs formes gracieuses, et surtout par leurs tarses courts et leur cou allongé, Le {orum de ces oiseaux est ordinairement glabre, c’est-à-dire dé- pourvu de plumes ( on nomme lorum l’espace qui se trouve entre l'œil et le bec). Cette partie est dé- nudée chez tous les Cygnes; une seule espèce américaine , non encore nommée, que l’on pourrait regarder comme ayant le lorum emplumé , offre cependant entre l’œil et le bec une ligne glabre , à la vérité bien étroite et cachée sous les plumes de ses bords, mais dont l'existence est facile à con- stater. II. Les Ores. Les espèces de ce genre ont le cou moins long que les Cygnes , mais cependant moins court que les Canards ; leurs tarses sont plus éle- vés, et leur permettent de marcher avec assez de facilité. Quelques unes, dont le bec, semblable à celui des Cygnes, est garni d’un tubercule à sa base, ont été rapportées par Cuvier au groupe de ces derniers , mais elles sont loin d’en avoir l’élé- gance, et d'ailleurs, leurs tarses sont beaucoup plus longs. III. Le troisième genre, nommé Cénforsis, ne comprend qu’une seule espèce, assez semblable pour le port aux véritables Oies, mais en différant par son bec qui est très-court, et à membrane beaucoup plus large et un peu avancée sur le front. IV. Les CanarDs, auxquels on a réservé le nom d’Anas, forment le quatrième genre. Ils doivent seuls nous occuper maintenant. Toutes les espèces du genre Canard (Anas) ont le bec moins haut que large à sa base, et ordinai- rement aussi haut à son extrémité que vers la tête; leurs jambes plus courtes et placées plusen arrière encore que celles des Cygnes, leur rendent la mar- che assez diflicile ; elles ont aussi le cou beaucoup moins Jong. Ces oiseaux volent pour la plupart avec facilité, mais c’est surtout dans la natation qu’ils excellent ; ils fendent les eaux avec grâce et plongent avec beaucoup d’adresse. Presque tous exécutent de longs voyages, passent l’hiver dans les contrées tempérées, et retournent dès le prin- temps vers le nord où ils construisent leurs nids. Ils ne quittent les eaux que pour couver, et ils y re- tournent dès que leurs petits sont éclos. Le plus grand nombre se relire pendant le jour dans les champs et sur les arbres, ou se cache dans les herbes, pour n’en sortir que le soir ou le matin, afin d’aller chercher la nourriture. On peut admettre dans le genre Canard deux divisions assez faciles à caractériser. La première, celle des {ydrobates , comprend toutes les espèces qui ont le pouce bordé par une membrane; la se- conde renferme les espèces dont le pouce n’a point de membrane : ce sont les Canards proprement dits. + HyproBATES. Ces espècesont, comme nous venons de le dire, le pouce bordé par une membrane, servant à son élargissement ; elles marchent encore plus mal que les Canards proprement dits; leur cou est plus 612 CANA court, leurs ailes plus petites, et leurs tarses plus comprimés : aussi les voit-on le plus souvent à l’eau, où ils recherchent les insectes, les mollus- ques et les poissons; ils plongent très-souvent. On doit distinguer parmi les Hydrobates plusieurs petits groupes, Lels son: I. Les Macneuses, qui ont le bec large et renflé à sa base. La Macreuse commune , Anas nigra, Enl. 972. Cette espèce se distingue de toutes les autres par sa couleur entièrement noire dans l’âge adulte, et par le jaune de ses paupières. Sa longueur totale est de dix-huit pouces. Les jeunes individus sont grisätres. Pendant l'hiver on voit sur nos côtes de la Picardie un grand nombre de ces oiseaux, ils se nourrissent de mollusques qu'ils vont chercher au fond des eaux, en plongeant très-profondément. La chasse des Macreuses, ou plutôt leur pêche, est assez curieuse ; ontend pendant la marée basse des filets que l’on place dans les endroits qu’elles fréquentent ; peu d'heures après, la mer étant dans son plein a recouvert les filets; les Macreuses sui- vent le reflux, et lorsqu'une d'elles apercoit les petits mollusques qui sont au dessous du filet, elle plonge, les autres la suivent et s’empètrent avec elle dans les mailles du filet qui est interposé entre elles et l’appât ; quelques unes évitent le piége en s’enfonçant , mais elles s’y prennent à leur retour. Cette chasse, lorsqu'elle réussit , est assez fructueuse, elle permet souvent de prendre, dans une même marée, plusieurs douzaines de Ma- creuses; mais aussi il arrive souvent que l’on tend ses filets vingt fois sans prendre un seul oiseau, ou bien aussi que les marsouins et les esturgeons les déchirent et les emportent. DougLe macreuse , Anas fusca, Enl. 956 , diffère de la précédente par sa taille qui est plus forte, par une tache blanche sur l'œil et un trait blanc dessous. Elle habite les mers arctiques des deux continens ; on la trouve surtout abondamment aux îles Hébrides, aux Orcades, en Norwége et en Suède; elle est de passage périodique en Angleterre, en France et en Hollande. Elle pond dans :e Nord sous des touffes d'herbe et d’arbustes ; ses œufs sont blancs et au nombre de huit ou dix. MAcREUSE A LARGE BEC, ou CANARD MARCHAND, Anas perspicillata, Enl. 995. Cette Macreuse est;de la baie d'Hudson et de celle de Baffin. Elle a du blanc à l’occiput et derrière le cou ; la peau nue et jaune de la base de son bec entoure aussi ses yeux. Quelquelois, mais accidentellement, dans le nord de l'Europe. La PETITE MacreusE est une espèce peu connue du banc de Terre-Neuve. : II. Les Microrrères constituent pour M. Lesson un second groupe dans la section des Hydrobates , ils sont caractérisés par leur bec court, très élevé à sa base, à arêle formant une ligne droite ; tarses très-courts ; ailes impropres au vol, deux tubercu- les à chacune. L'espèce unique est le CANARD AUX AILES COUR- TES, Anas brachyptera , Q. et G., Zool. de l'Ura- nie, pl.59. Ge Canard vit aux îles Malouines. Les CANA 613 CANA | marins anglais l’appellent Race-horse, c’est-à-dire cheval de course; c’est sous ce nom que Gook en a parlé. TITI. Les HypROBATES PROPREMENT pirs. On peut réserver ce nom, que Temminck avait appliqué à toute la section, aux espèces qui ont le bec court, déprimé, dilaté sur ses bords, des caroncules charnues pendantes sous la gorge. L'espèce type est L’HyprOBATE À FANoN, Hydrobates lobatus, Temm., Col. 406, Anas lobata des nomencla- teurs , le mâle, à plumage très-luisant, noir sur la têle et le cou, qui est irrégulièrement rayé de blanc terne sur les côtés ; tout le dessus du corps, la poitrine, le cou et les flancs sont d’un brun noirâtre luisant , irrégulièrement jaspé de zig-zags blanchâtres. Le ventre est couvert de jplumes brunes à Jeur origine et blanches vers leur bout ; les ailes de ses pieds sont noires. Longueur, deux pieds six pouces. Cet oiseau a été observé à la Nouvelle-Hollande, aux environs du port Georges. IV. Les Garros, qui ont le bec court et plus étroit en avant; queue cunéiforme , plus ou moins allongée, quelquefois arrondie. 1° On peut mettre en tête les espèces qui ont les pennes du milieu de la queue plus longues, ce qui rend celle-ci pointue. Miczon ou Miqueconnais, Anas glacialis, Enl. 1008, est blanc, avec une tache fauve sur la joue et le côté du cou; la poitrine, le dos , la queue ét upe parlie des ailes, noirs. Ce canard a le bectrès-court, il habite les mers arctiques des deux continens; on le trouve au Spitzberg, en Irlande et à la baie d'Hudson; il est de passage accidentel sur les grands lacs de TAllemagne, et le long de la mer Baltique; il vient aussi en Hollande et en France. C’est fort avant dans le Nord qu'il fait sa ponte ; ses œufs au nombre de cinq sont blancs tachetés de bleuâtre. CANARD A COLLIER ou ARLEQUIN, Anas histrio- nica, Enl. 598, cendré; le mâle bizarrement bi- garré de blanc, les sourcils et les flancs roux. Il est abondamment répandu dans les contrées orientales de l’Europe; on le voit quelquefois en Allemagne et dans le nord de la France; il existe aussi dans l'Amérique septentrionale. Sa ponte, qu’il fait sur le bord des eaux, dans les taillis et dans les herbes, est de dix ou douze œufs d’un blanc pur. 2° Les Garrots ordinaires ont la queue ronde ou carrée. GanrorT, Anas glangula, est très-commun en hiver sur nos rivières et nos étangs ; il a la tête, le haut du cou et la gorge couverts d’un capuchon vert-noir, changeant en violet et en vert doré; deux taches blanches entre le bec et l’œil ; le des- sus du corps, les grandes couvertures des ailes, et quelques plumes scapulaires d’un beau blanc ; le doset le croupion d’un noir foncé ; les pieds et les doigts d’un jaune orangé à membrure noire, ainsi que le bec. Les Garrots ont les pieds courts et marchent fort mal, mais ils nagent bien et plongent avec beaucoup d’aisance. Îls sont du nord des deux mondes , nichent sur les mers et les lacs dont les bords ne sont point garnis de beaucoup de roseaux, quelquefois, et, suivant la localité, sur les arbres. Leur ponte est de quatorze œufs d’un blanc pur. Ajoutez comme espèce du même groupe l’Anas albeola, En]. 948, Iconogr. du règne animal, pl. 66, fig.3, le même que l'An. bucephala, Gatesby, 1, 95. V. Les Erners ont le bec plus allongé que les Garrots, remontant plus haut sur le front où il est échancré par un angle de plume. Erner, Anas mollissima, Enl. 208, 209, Gué- rin, Iconogr. du règne animal , Ois., pl. 67, fig. 1, (les adultes des deux sexes ). Blanchätre, à calotte, ventre et queue noirs; la femelle grise, maillée. de brun. L’Eider habite les mers glaciales ; il est com- mun en Islande, au Groënland et au Spitzherg, aux Hébrides et aux Orcades; il vit de poissons, de coquillages , de plantes marines et d’insectes ; niche sur des terres baignées par la mer, sur des caps et des promontoires ; construit son nid de fucus et le recouvre de duvet : c’est ce duvet que l’on connaît sous le nom d’édredon ; des hommes vont le chercher au péril de leur vie dans les fentes des rochers. Ghaque nid en contient à peu près deux hectogrammes , mais il faut l’éplucher avec soin. Deux kilogrammes et demi du duvet de l'Ei- der, qui forment , si on les tasse bien , une boule grosse à peu près comme les deux poings , peuvent, lorsqu'on les laisse libres dans un four ou dans une étuve bien échauffée, occuper un espace deux mille fois plus grand , et remplir le matelas d'un lit de près de deux mètres de long sur un mètre et demi de large. M. Brehm, qui a proposé le groupe des Eiders, y placait aussi lAnas perspicillata où Canard mar- chand, la grande Macreuse, la Macreuse com- mune et quelques autres espèces. On n’y comprend ordinairement que l’Eider et le Canard à tête grise, Anas spectabilis. Gette espèce du nord des deux continens est surtout répandue au Spitzberg et au Groënland. On ne connaît point le lieu où elle niche, non plus que les circonstances de sa ponte ; ses œufs sont très-oblongs et d’un cendré olivâtre. VI. Les Mizzouws, qui ont le bec large et plat, décrivant par sa surface dorsale une ligne très- concave ; leurs ailes sont courtes. MuizousN commun, ÆAnas ferina, L., et Anas ferina , Gm., Enl. 803. Cendré, finement strié de noirâtre , la tête et le haut du cou roux. Les Millouins sont, après les Canards sauvages, les oiseaux nageurs les plus répandus dans notre pays. Ils arrivent au mois d'octobre par troupes de vingt, trente ou quarante, et sen retournent au printemps. Inquiets et farouches , ils ne don- nent dans aucun des piéges où l’on prend les Ca- nards sauvages ; ils sont aussi abondans en Russie, en Danemarck et en Allemagne. Leur ponte est de douze où treize œufs d’un blanc verdâtre. Mussourx uurré, appelé aussi Canard sifileur huppé, Anas rufina, Enl. 928. Il est noir, avec le dos brun, du blanc à l’aile et aux flancs , et la CANA 614 CAN tête rousse, à plumes relevées en huppe : son bec est: rouge. On le trouve dans les contrées orien- tales de l'Europe, sur les bords de la mer Cas- pieone, en Hongrie et en Turquie; quelquefois les vents le portent jusque chez nous. Mirvouinan , Anas marila, Enl. 1002, Ce Ca- nard est cendré, strié de noir, avec la tête et le cou noirs changeant en vert; sa queue est noire, son ventre blanc, ainsi que quelques taches sur ses ailes. Il niche dans les contrées polaires, en Russie principalement ; mais il quitte ces régions vers la fin de l'automne , et vient passer l’hiver sur les côtes maritimes de la Hollande et de l'Angle- terre ; on le voit aussi souvent en Allemagne , en France , et même en Suisse. CaxarD À RS BLANC, petit Millouin, etc., Anas nyroca , est une espèce brune , avec la tête et le cou roux, le ventre blanchâtre et une tache blanche sur l’œil. Il niche dans le nord de l'Alle- magne, dans les joncs qui bordent les grandes rivières et les marais ; sa ponte est de neuf ou dix œufs d’un blanc légèrement verdâtre. Il nous ar- rive rarement. MoriLron, Anas fuligula, Enl. 1001. Ce Ca- nard est presque entièrement d’un beau noir lui- sant à reflets pourpres et verdâtres ; on ne lui voit du blanc qu'au ventre, au haut des épaules et sur le milieu des ailes ; son bec est large et bleu , ses pieds sont bleuâtres, à membrane noire. Sa lon- gueur est de quinze à seize pouces. Les Morillons arrivent en France en hiver, et s’avancent très-loin dans les terres; on les trouve sur toutes nos grandes rivières el sur nos étangs, Beaucoup moins défians que les Millouins, ils se laissent aisément approcher à la portée du fusil; mais, quand on les a blessés, ils plongent avec tant de rapidité qu'il est souvent fort dificile de les prendre. Ajoutez quelques espèces étrangères , telles que le Millouin Valisnieri, Wilson, vu, pl 70, f. 5, qui vit aux Etats-Unis ; le Mill. à queue épineuse, de Porto-Rico; le Mill du Cap; le Mill. à cou rose, du Bengale; le Mill. en deuil, du Brésil ; le Mill. des Malouines ; le Morillon des Mariannes, et le Morillon-pie, des Etats-Unis. + + Gananps proprement dits. Ces Canards n’ont point le pouce bordé d’une membrane ; leur tête est moins large, leur cou un peu plus long et leur démarche plus assurée que chez les espèces de la section précédente. Leur nourriture se compose indistinctement d'insectes, de poissons, de végétaux et de graines. On peut établir parmi eux les sections suivantes : I. Les Soucuers, qui sont principalement re- marquables par leur bec long, dont la mandibule supérieure, ployée parfaitement en demi-cylindre, est élargie à son extrémité : les lames qui bordent ce bec sont si longues et si minces, qu’elles res- semblent plutôt à des cils. Les Souchets vivent de vermisseaux qu'ils recueillent dans la vase au bord des ruisseaux. . CananD soucuer, Anas clypeata, Enl. 971 et 972; mâle et femelle, est une très-belle espèce à a ———— —— ——————————————— "———"——" — ———"—————————————— —— ——_—_—_—— 2 ——_—_—_—_—_—_—— —— —————— à —————— ——_——…—"—— — — — — ———.— — —————————— tête et cou verts, à poitrine blanche, ventre roux, dos brun et ailes variées de blanc, de cendré, de vert et de brun. Ses deux larges mandibules, très- garnies de dentelures, lui servent à retenir les vermisseaux, les insectes et les crustacés qu'elle cherche dans la fange au bord des eaux. Cet oi- seau est triste et sauvage ; il dort tout le jour, et ce n'est que le soir qu'il se donne un peu de mouve- ment; il serait à désirer qu'il pût devenir un babi- tant de nos basses-cours, car sa chair est délicate ct son plumage très-recherché. Il est commun dans le Nord, au Kamschatka et même en Amé- rique ; pendant l'hiver, il se rapproche des régions tempérées, On le trouve en France depuis le mois de novembre jusqu'en avril : il reste même pen- dant l'été quelques individus sur nos côtes septen- trionales. La femelle fait son nid dans les marais; elle le place dans quelque grosse touffe de joncs, et y dépose dix à douze œufs d’un roux pale, qu’elle couve pendant environ un mois; les petits naissent couverts d’un duvet grisâtre , ils ont alors une physionomie désagréable ; leur bec presque aussi large que le corps semble les fatiguer. L’Anas fasciata, est un Souchet de la Nouvelle- Hollande, chez lequel les bords du bec supérieur se prolongent de chaque côté en un appendice membraneux. IL. Les Taporwes. Ces espèces ont le bec très- aplati vers le bout et renflé à la base de la man dibule supérieure, qui décrit une ligne concave. Taponne commun, Anas tadorna, Enl. 53, que Buffon a pris à tort pour le Chenalopez ou Wul- panser des anciens, a le duvet aussi fin et aussi doux que celui de l'Eider, c’est sans contredit le plus vivement coloré de tous nos Ganards ; blanc avec la tête verte, il a une ceinture couleur de tanche autour de la poitrine, et l'aile variée de noir, de blanc, de roux et de vert. Il vient par petites troupes au printemps visiter nos côles, et repart à l'automne ; il niche dans les dunes de sables, et aussi dans les trous abandonnés des lapins; sa ponte est de dix ou douze œufs d'un blanc pur. III. Le Canarp musqué est le type d’une petite coupe à laquelle on denne le nom de Musqué, mos- chatus.Les caractères des Musquéssont d’avoir le bec épais à sa base, et les joues, le tour des yeux, ainsi qu'une partie de la tête, garnis de caroncules charnues. La membrane des doigts est réticulée. Le CaxarD DE BARBARIE ou MusQuÉ, Anas mos- chatus, Enl. 989, est originaire d'Amérique, où il existe encore sauvage, et non de la côte de Barbarie, comme son pom pourrait le faire croire; il est aujourd'hui fert multiplié dans nos basses-cours. ’épithète de musqué lui a été donnée parce qu'il exhale une odeur de musc assez forte, due à une huile que sécrètent les glandes placées près du croupion. Dans l’état de nature, le mâle est entiè- rement d’un noir-brun, lustré de vert sur le dos, avec une large tache blanche sur les ailes. Son bec est rouge ainsi que ses pieds et ses caroncules. Le plumage de la femelle ne diffère de celui du mâle que par un moins grand nombre de reflets. ur énuiee "alie "SNS JS “és “S.à € OO EN |: oo 0 CANA SO TE Ce Canard a éprouvé, par l'effet de la domesti- cité, plusieurs variations ( certains individus sont noirs, variés de diflérentes teintes, d’autres sont entièrement blancs); il est d’un bon rapport par sa fécondité, sa grosseur et la qualité de ses plumes, maisest de plus grande dépense que toutes les autres volailles, et si l’on veut en retirer un parti avanta- geux, il faut le nourrir largement. Le mâle s’ap- pareille souvent avec la Cane commune, et de cette union proviennent les métis, qui n’engendrent pas entre eux, mais qu'il est avantageux de mêler et de faire produire avec l'espèce commune. IV. Les vrars CanaAnps se reconnaissent à leur bec proportionné, non gibbeux, et à leur cou em- plumé. 1° Les uns, ce sont les Pizgrs, ont la queue pointue ou dépassée par deux rectrices plus longues. L'espèce type est l’Anas acuta, Enl. 954, dont le mâle, que l’on nomme aussi Canard à longue queue, a deux pieds de long; il ne prend ses belles couleurs qu’au printemps ; le dessus de sa tête est alors d’un brun varié de gris roussâtre; ses joues, sa gorge, ses côtés el le devant de son cou sont bruns ; un trait d’un noir brillant à ses extrémités, et cendré au milieu, s'étend en longueur depuis le sommet de la tête jusque sur le dos, qui est cendré avec des lignes en zig-zags bruns à sa partie antérieure. La femelle a des taches noires semées sur le fond roux-brun de son plumage; ses cou- vertures alaires sont d’un brun clair, avec leur bord extérieur gris; le miroir est d’un jaune pâle, entouré de blanc. Get oiseau niche dans les prai- riestet les marais ; il pond huit ou neuf œufs d’un bleu verdâtre. Sa patrie est le nord de l’Europe et les régions correspondantes dans l'Amérique septentrionale; on le trouve abondamment en Hollande et en France lors de son double pas- sage. 2, D’autres espèces, parmi les Canards propre- ment dits, ont, dans le sexe, quelques plumes re- levées sur la queue, ou n’offrent aucune marque notable; on leur réserve plus particulièrement le nom de Canards. CanarD sAUVAGE, nas boschas , représenté dans notre Atlas, pl. 71; fig. &, le mâle et la femelle. #rf ; Le mâle de cette intéressante espèce à la tête et le cou d’un vert très-foncé, un collier blanc au bas du cou, et les parties supérieures rayées de zig-zags très-fins, d’un brun cendré et d’un gris blanchâtre ; la poitrine est marron foncé; le reste des parties inférieures gris-blanc , varié de brun cendré; le miroir de l'aile est d’un vert violet, bordé en dessus et en dessous d’une bande blan-- che ; bec d’un jaune verdâtre ; ses pieds orangés. Longueur totale , un pied neuf ou dix pouces. La femelle est plus petite, tout son plumage est varié de brun sur un fond grisâtre ; elle ressemble aux jeunes mâles avant leur première mue, Gette espèce, à l’état sauvage, varie peu; elle est le type de la plupart des races de Canards que nous nourrissons en domesticité ; elle habite le nord des 615 CANA deux continens, et est de passage dans presque toutes les contrées de l'Europe où il se trouve des rivières, des lacs ou des marais. Elle se nourrit de poissons et de frai, de limacons , d'insectes aqua- tiques, de plantes et de semences. Son nid, qu'elle pose dans les roseaux, dans les herbes, dans les champs, et même dans les taillis ou sur les arbres qui bordent l’eau, renferme seize œufs de couleur blanchâtre. Dès que les petits sont éclos, le père et la mère les conduisent à l’eau, et ils ne retour- nent plus dans le nid; les canetons acquièrent presque toute leur grosseur avant de pouvoir voler ; on les a nommés //albrans. Les Canards sauvages ont le vol très-élevé, et ils ne s’abattent jamais avant d’avoir fait plusieurs circonyolutions au dessus du lieu où ils veulent se poser; ils vivent en société et voyagent par troupes nombreuses; on les recherche à cause de leur chair qui est très-esiimée, mais il est fort difficile de les tuer avec le fusil, parce que le plus souvent ils partent de loin, et que leur plumage les garantit contre le plomb déjà amorli par la distance. Ce- pendant, lorsque la gelée a solidifié les étangs et les marais, ils sont obligés de se retirer sur les rivières et les eaux vives ; alors deux chasseurs qui s’entendent bien peuvent les approcher et les tirer: chacun se place sur un côté de la rivière, et le premier qui aperçoit les Canards fait un signe à son camarade, celui-ci s'éloigne aussitôt du ri- vage , fait un long circuit et ne s’en rapproche qu’à un nouveau signe , pour tomber sur la bande occupée à regarder le premier qui fait les signaux et a soin de la tenir en éveil , en même temps qu'il évite de trop approcher. On tend aux Canards une foule de piéges, parmi lesquels un des plus simples et en même temps des plus productifs, est celui de la glance. On se pro- cure plusieurs tuiles en terre cuite plates, plus grandes et plus pesantes que celles qui servent à couvrir les toits ; on fait un trou au milieu de chacune et on y passe quatre fils de fer de moyenne grosseur, que l’on tord ensemble et dont on courbe les quatre extrémités vers les quatre côtés de la brique. Ghacnn de ces bouts est destiné à porter un lacet solide fait avec sept ou huit crins de che- val; on garnit le dessus de la brique avec de la terre glaise sur laquelle on sème du blé cuit dans l’eau. Le piége ainsi disposé se place sur le bord d’une rivière, d’un étang, etc., dans un lieu où les Canards ont l'habitude de venir pâturer. La brique doit être placée dans l’eau et en avoir au moins quatre pouces au dessus d'elle. Les Canards se prennent au lacet lorsqu'ils viennent pour man- ger le blé qui sert d’appât. Canarps DoMEsTIQUES. Ces oiseaux, en exceptant les Canards de Barbarie, paraissent descendre du Canard sauvage ; ils proviennent sans doute d'œufs de cette espèce qui ont été couvés par des poules et conservés dans nos habitations. Ils sont, ainsi que leurs nombreuses variétés, d’une grande uti- té dans l’économie domestique. Leurs œufs moins gros mais plus agréables au goût que ceux de l’oie, leur chair plus facile à digérer que celle 0, CANA 616 CANA EE DER NERO N EE S Eu— —— de cette espèce, et leurs plumes, sont des biens d'autant plus précieux qu'il faut moins de peine pour les obtenir. En effet , les Canards ou les Bar- botteux, comme on dit vulgairement, sont peu difficiles pour Ja nourriture; bien différens sous ce rapport des Ganards de Barbarie , ils pourraient presque se contenter des graines répandues dans Ja basse-cour et que dédaignent les autres volailles, des restes les plus dégoûtans de la cuisine et des ordures que le nettoyage de la maison fournit ; il Jeur suflit d’avoir à leur portée quelque peu d’eau, soit un petit bassin, soit un ruisseau dans lequel ils puissent tremper leurs alimens pour les ramollir. On distingue deux sortes de Canards barbot- teux, les grands et les petits; on peut aussi en admettre de moyens. Ceux de la première sorte se trouvent princi- palement en Normandie : il s’en fait à Rouen un commerce assez considérable. Dans la Picardie, au contraire , on s’adonne plutôt à l'éducation de la race moyenne, qui est plus féconde et exige moins de soins. Un seul Canard mâle peut suffire à huit ou dix femelles. Celles-ci commencent leur ponte vers le mois de février et la continuent jusqu’au mois de mai, lorsqu'elles sont dans des conditions fa- vorables. On ne donne guère à chacune que de huit à douze œufs, qu'elles couvent pendant un mois. Après ce temps les petits éclosent ; ils sont à leur sortie assez forts pour marcher un peu et nager avec facilité. [ls peuvent même se passer des soins de leur mère. La nourriture qui leur convient le mieux est du pain émietté et imbibé de lait, d’eau, d’un peu de vin ou de cidre. Dès qu'ils ont pris un peu de corps, on leur donne des herbes potagères, et bientôt ils peuvent suivre le régime des adultes. S'il est facile d'élever les Caneteaux, ‘il n’est pas moins aisé de les engraisser lorsqu'ils sont assez développés ; on peut les laisser libres, et il n’est pas même besoin de les chaponner comme les poulets. Les pommes de terre cuites, les rési- dus des brasseries, etc., sont les alimens qu'il faut alors leur donner. CANARD RIDENNE, Anas strepera, appelé en Pi- cardie Ridelio, Chipeau en Normandie, et Rousseau en Bretagne. Ge Canard a la tête grise, piquetée de brun; le gris domine sur le dessus de la tête et du cou; son dos et ses flancs sont vermiculés de ces deux couleurs qui forment des festons ou des écailles sur la poitrine ; longueur, dix-sept pouces envi- ron. Le Ridenne habite les marais et les vastes jonchaies du nord de l’Europe. Il vit dans les mêmes lieux que le Canard sauvage; il se montre Caroubier. J. Carouge 4 et 5 Carpobele ë Ë Æ Guérin dy D = Ai CARA 635 CARB de la pointe de la dorsale , et un bleuâtre liséré au bord de la caudale. On remarque une tache noire et ronde dans l’aisselle de la pectorale, et un trait noir sur son huitième rayon et les suivans. La Ca- rangue devient grande ; elle pèse souvent jusqu’à vingt-cinq livres. Très-commune dans toutes les parlies chaudes de l'Amérique, elle vient du Bré- sil, de Cayenne, de Porto-Rico , et est du nombre des poissons qui traversent l'Océan. Les colons es- pagnols nomment la Garangue , comme d’autres poissons de ce genre, Jorel ou Xurel, c’est-à-dire Saurel. À la Havane, on lui donne aussi le nom particulier de Juguagua. À Cayenne, nos colons l’appellent Dorade. Elle y passe pour un des meil- leurs poissons; on la mange avec d’autant plus de plaisir qu’elle passe pour ne donner jamais cette maladie dangereuse de la Signatera. Une seconde espèce, très-semblable, mais sans tache noire, la Carangue bâtarde ( Guaratereba , Sib., t. IT, pl. xxvir), est au contraire très-sujette à être em- oisonnée. (Azrx. G.) CARANX, Caranx. (porss.) C’est à la suite des Temnodons , et surtout des Citules, que se place paturellement un groupe de poissons à corps oblong, à ligne latérale cuirassée sur une étendue plus ou moins longue de pièces où de bandes écailleuses, carénées, et souvent épineuses , à dor- sales distinctes, à épine couchée en avant de la première dorsale ; les rayons de la seconde sont faiblement liés, et quelquefois séparés en fausses nageoires. Ces poissons ont de grands rapports avec la plupart de ceux de la famille des Lepto- somes de Duméril, Scombéroïdes de Cuvier. Ce genre renferme un grand nombre d'espèces. Celle qui sert de type à ce genre est le Saurez ou MaquE- REAU BATARD, Caranz trachurus , Lacép. , Scomber trachurus , Lin. , Bloch. , 56. Les écailles qui re- couvrent le trachure sont petites, vides et molles. Sa couleur générale est argentée. Une tache noire occupe le bord de l’opercule; l'iris de son œil est doré ; il y a quelques teintes rougeâtres aux côtés de la tête. Les nageoires sont grises. Le nom de Trachure , donné à ce poisson , est formé de deux mots grecs qui signifient queue épineuse , parce qu’en effet la fin de la ligne latérale est armée d’un aiguillon, recourbé en arrière sur chaque écusson qui la compose : lorsque l'animal agite vivement sa queue, et en frappe violemment sa proie, non seulement il peut l’étourdir , l’assom- mer, l’écraser sous ses coups redoublés, mais en- core la blesser avec ses pointes latérales, la déchirer profondément , et lui faire perdre son sang. Le Saurel s'approche des rivages en troupe nom- breuse pour frayer; on en prend alors en grande quantité à la ligne ou au filet, On le trouve dans l'océan Atlantique, dans la Méditerranée , sa chair est bonne à manger, quoi- que moins tendre et moins agréable que celle du Maquereau. Mais à Nice, et sur les bords de la mer Méditerranée ; on l’abandonne au bas peuple. Le Cananx cros oz, Caranx boops , Guv., est plus court que le maquereau. Il est d’un bel ar- genté, teint sur le dos d'un bleu d'acier bruni, fort brillant, tirant au verdâtre. Les nageoires sont grises et la seconde dorsale est un peu teinte de noirâtre, Ce poisson vient des Grandes-Indes, d'Amboine, de Vanicolo, etc. Il est représenté dans notre Atlas, planche 75, figure 1. (Azrn. G.) CARAPA. (or. pxan. } Arbre exotique de la famille des Méliacées, à feuilles alternes, ailées sans impaire , à fleurs polygames par avortement, et disposées en grappes axillaires. Ce genre est ca- ractérisé ainsi qu'il suit : calice à quatre lobes ; péta- les en nombre égal , attachés sous l'ovaire ; étamines soudées en un tube à huit découpures supérieures, contre lesquelles sont appliquées les anthères ; style épais, à stigmate tronqué, percé au milieu, garni d’un rebord sillonné; fruit globuleux, gros, coriace, renfermant plusieurs noyaux; graine sans périsperme. On voit que le Garapa, quoique voisin des Méliacées, s’en éloigne sous quelques rapports; aussi l’a-t-on rangé dans une section particulière de cette famille. On connaït deux espèces de Carapa. L'une, découverte par Aublet à la Guane, se distingue par ses folioles lancéolées et nombreuses; ses amandes fournissent une graisse ou huile très- amère , dont l’odeur éloigne les insectes, propriété fort utile sous ce climat. L'autre, indigène des Moluques, est le Granatum de Rumph, et le Xylocarpus de Kænig; il a des folioles ovales aiguës , et un fruit beaucoup plus gros que le pré- cédent. Les Indiens de la Guiane emploient l’écorce du Carapa comme fébrifuge ; on y trouve en effet, par l’analyse chimique, des matières très-analo- gues à celles qui entrent dans le quinquina. (L.) CARAPACE, Testa. (repT. crusr.) C’est le nom de l’enveloppe supérieure des tortues et des crabes, Voy.Tonrues et CrusTacés, (Guér.) CARAPE, Carapus:'(poiss.) Nom d'un sous- genre établi avec quelques Gyunores. (Voy. ce mot. (GuËr.) CARBOCÉRINE. (min. ) Garbonate de cérium formant une espèce unique, composée d’un atome d’oxide de cérium et de deux atomes d’a- cide carbonique. Cette substance , très-rare et très-peu connue, se décompose par la chaleur, surtout au contact de l'air. Elle forme de petits cristaux à la surface du silicate de cérium appelé cérine. Son gisement en Suède est dans le ter- rain primitif. (J. H.) CARBONATE. (min. ) Ce genre, de la famille des Carbonides, comprend des corps plus ou moins solides , solubles dans les acides avec effervescence et dégagement plus ou moins considérable de gaz acide carbonique. Plus de la moitié des espèces de , cegenre cristallisent dans lesystèmerhomhoïdique; le plus grand nombre des autres se rapportent au : prisme droit rhomboïdal, et trois espèces seules ; au système rectangulaire oblique. Toutes jouissent ! de la propriété de la double réflexion ; toutes aussi se laissent rayer par une pointe d’atier ,et même par la fluorine ou le fluorure de chaux. Ce genre comprend vingt-six espèces dont quelques unes CARB ont été décrites dans cet ouvrage, et dont les au- tres viendront à leur rang. (J. H.) CARBONE. (cum.) Le Carbone n’existe à l’état de pureté dans la naiure que dans le diamant, pierre précieuse que l’on rencontre dansle royaume de Golconde (Indes), au Brésil, elc. L’art n’a eu jusqu'alors aucun moyen de faire du diamant, et il n’est point déraisonnable de penser qu’il en sera toujours ainsi malgré tous les essais plus ou moins heureux qui ont été tentés pour réussir. Le Carbone fait partie constituante des végé- taux et des animaux; combiné avec l’oxigène, il forme l'acide carbonique , les carbonates, etc. A l'état brut, le Carbone pur , ou diamant, est couvert d’une croûte opaque; on le trouve cris- tallisé, tantôt en octaèdres réguliers, tantôt en petits solides formés par la réunion de quarante- huit faces triangulaires et convexes. Dépouillé de tout corps étranger , le diamant est transparent , Je plus ordinairement incolore ; je dis le plus or- dinairement , car on en rencontre parfois de jau- nâtres, de roses, de bruns, de verts, etc. Le Carbone est le plus dur de tous les corps connus; il raie l'acier et le verre, brûle dans le gaz oxygène, el se convertit en totalitéen gaz acide car- bonique ; privé du contact de l’airet de l’oxigène il n'éprouve aucune action de la part de la chaleur , même Ja plus forte; enfin de tous les corps transparens c’est celui qui réfracte la lumière avec le plus vif éclat; les parures de nos dames réunies dans les salons et les salles de spectacle, sont une preuve éclatante de cette riche et brillante propriété du Carbone. FF) Dans la minéralogie qui a pour base l'analyse chimique, le genre Carbone se compose de l’espèce unique appelée Diamant et d’autres subtances qui s'y réunissent comme appendice: telles que le graphite, V'anthracite , la houille, le stippite, le li- gnite, la terre de Cologne, la tourbe,etmème le terreau (v. ANTuRACITE) ; quant aux autres mots, nous les traiterons dans leur ordre alphabétique. (J.H.) CARBONIDES. (min. ) M. Beudant comprend dans la famille des Carbonides, les genres CarBone, CarBuRrE , MELLATE, URATE, CARBONITE, CarBo- noxinEctGansonarTe(v. ces différensrmots). (J.H.) CARBONIQUE (acier). (mnér.) L’acide car- bonique se trouve dans Ja nature à l'état gazeux. Il est inodore, incolore, et soluble dans l’eau. C’est principalement dans les cavernes des puits volcaniques, au fond de certains puits et dans l’in- térieur des mines, qu'il existe à l’état libre. Les principales cavités naturelles dans lesquelles il se trouve sont la grotte du Chien, sur les bords du lac Agnano , dans les environs de Naples ; diverses ca- vernes des environs de Bolzena, dans les états de l'Eglise (voy. Aciz ); la grotte d’Aubenas dans le département de l'Ardèche; l'Estoufli près de Clermont-Ferrant dans la vallée de Royat, ete. L'Acide carboniqne en dissolulion dans l’eau con- stitue les sources acidules gazeuses, telles que cel- les de Provins, de Vichy, de Bologne et du Mont- d'Or, etc. (J. H.) CARBONITE, (uix.) Voy. Oxaare. = ——_———————————————— 636 . CARD & CARBONOXIDE. (wn.) Genre de la famille des Carbonides, 11 se compose d’une seule espèce, l’Acide carbonique. V. Acivz. (3. H.) CARBURE. (min.) Ce genre, de la famille des Carbonides, comprend des substances gazeuses , liquides ou solides ; mais ces dernières se ramollis- sent, se fondent même au feu, et toutes s’enflam- ment facilement et brülent avec une flamme plus ou moins vive, souvent avec fumée , et quelque- fois laissent un résidu charbonneux. Parmilessubstances gazeuses de ce genre setrouve le Grisou qui est un proto-carbure d'hydrogène, parmi les liquides le Vaphte ,etparmi les solides l'Asphalte et le Succin. (Voy. Brrumes.) (J. H. ) CARBURES. (cmm.) Combinaison des métaux avec le carbone. Bien qu’une quantité de Carbone retenue par les métaux soit très-faible, elle diminue cependant et anéantit parfois la malléabilité dont jouissent ces corps. Les Carbures métalliques les plus remarquables sont la Fonte et l'Acrer. Voy. ces mots. (F.F.) CARCAJOU où GARCAJON. (maw. ) Deux noms par lesquels on désigne le BLaIREAU AMÉRICAIN, Meles labradoria, que certains auteurs ont décrit comme une variété du BLarneau D Europe. (v.cemot.) On a aussi donné, mais à tort, le nom de Carca- jou au Couguar, Felis discolor, Linné. (GEnv.) CARCIN, Carcinus. (cnusr.) Genre de l’ordre des Décapodes, de la famille des Brachyures, établi par Leach (Linn. Trans. societ. t. x1) , aux dépens du genre Crabe, Cancer, Linné. Latreille, dans son Cours d'Entomologie, place ce genre dans la deuxième tribu, les Arqués, Arcuata, en lui assignant pour caractères : fosseltes des antennes intermédiaires transverses; troisième article des pieds-mâchoires étant presque carré, les seuls deux tarses postérieurs subelliptiques, et le test plus large que long. L'espèce servant detype à ce genre est le Crabe commun de nos côtes, Carci- nus mœnas, Leach. Son test est verdâtre, avec l'impression dorsale ordinaire bien prononcée , cinq dents à chaque bord latéral, trois au front et une à chaque carpe; les pinces sont angulaires. On trouve celle espèce très-communément sur les bords de nos mers, et , d’après M. Savigny, elle paraît s'étendre jusqu'aux rivages de l'Egypte. Suivant M. De Brébisson, le peuple, dans le dé- partement du Calvados, lui a donné le nom de Crabe enragé. Cette espèce est représentée dans notre Atlas , pl. 75, fig. 2. (H. L.) CARDAMINE, Cardamine. (5or. paan.) Genre appartenant à la famille des Crucifères, Juss., et à la Tétradynamie siliqueuse, Linn. C’est Tourne- fort qui a établi ce genre, et tous les botanistes modernes l’ont adopté tel qu’il avait été formé par Jeur illustre prédécesseur. Seulement Brown et De Candolle en ont distrait, l’un, le C. nivalis de Pallas. dont il a fait le nouveau genre Macropo- dium ; autre, le C. greæca, Linn., &ont il a fait aussi un genre nouveau , sous le nom de Ptero- neuium. Les Cardamines sont comprises dans la tribu des Arabidées ou Pleurorhizées siliqueuses , PL 70 z Caranx. 2. Careim 3. Cardanune 4 Cardere Æ Cucrin dir. ‘ Le. CARD 637 CARD que De Candolle a établie dans sa nouvelle distri- bution des Crucifères (Syst. vég. Univ., t. n1). Voici ce qui, suivant ce botaniste célèbre, ca- ractérise le genre Gardamine : calice fermé ou fort peu ouvert; pétales onguiculés, à limbe entier ; étamines libres, sans appendices ; siliques sessiles, linéaires, comprimées , à valves sans nervures ct s'ouyrant élasliquement ; semences ovées, sans bordures, unisérices ét portées sur des cordons ombilicaux très-grêles ; cotylédons accombans. La plupart des Cardamines sont des plantes herbacées, glabres, à fleurs bleues ou roses , à feuilles pétiolées, tantôt simples et indivises, tan- tôt lobées ou pinnées ; et souvent ces deux for- mes fondamentales de feuilles se voient sur les mêmes individus. Des cinquante-cinq espèces de ce genre décrites par De Candolle, quarante- quatre sont bien connues et bien caractérisées. De toutes les Crucifères, les Cardamines sont les plus répandues sur la surface du globe; car on les trouve au Japon, au cap de Bonne-Espérance, aux îles de France et de Bourbon, aux Terres- Australes, dans l'Amérique méridionale , etc., etc. Mais l'espèce qui doit nous intéresser particulière ment, c'est la CaARDAMINE Des PR£S, C. pratensis, Lion. , qu’on nomme aussi Cresson des prés ou Cresson élégant ; elle est représentée dans notre Atlas, pl. 79, fig, 3. Gest une plante vivace, à tige verticale, haute d’un pied, feuillée et surmontée de fleurs purpurines assez grandes, disposées en corymbe, portées par un long pédoncule. Gar- dons-nous de la mépriser , quoiqu’elle soit com- mune : elle a tant de titres à notre estime! Herbe de pâturage, simple, légume, plante d'agrément, elle se trouve partout, dans les prairies, dans les jardins de botanique médicale, dans les potagers, dans les parterres ; et partout elle tient bien son rang. La variété à fleurs doubles, que l’on peut voir chez M. De Bugny, à Paris, fait un très-joli effet. (Voy l'Almanach du Bon dardinier.) L'apparition du Cardamine pratensis dans les prés est une époque intéressante pour les pêcheurs, s’il faut en croire le poète Castel : « Sitôt que dans les prés s'élève le cresson, » De la mer, à l’envi, franchissant les barrières, » Les siumons, en sautant, remontent les rivières. » (G. k.) * CARDAMON. (mor. Pxan.).- Nom donné par les Indiens à une plante que le commerce apporta dans l’ancienne Égypte el dans la Grèce. On l’ap- pliqua d’abord au Cresson alenois, Lepidium sati- vum , que l'on mangeait au solstice d'hiver au rap- port de Théophraste , et dont l’âcreté fait tordre le nez, selon l’expression de Virgile: Quæque trahunt acrivultus nasturtia morsu. Plus tard, on allongea ce mot en Cardamomon, pour exprimer une sorte d’onguent aromatique que les caravanes recevaient sur les plages du golfe Persique pour les transmeltre aux marchands des bords de la Méditerranée, dans des temps très-reculés. D’a- près le peu de mots que nous trouvons à ce sujet dansles livres grecs et lalins, on peut présumer que cet aromate est la piante que nous appelons au- jourd’hui Cardamome, Amomon cardamomum, originaire de l'Inde, et non pas, ainsi que le di- sent certains auteurs, l’'Amome à grappes, Amo- mum granum paradisi, qui croît spontanément dans la Guinée , et qui nous est venu très - tard de ce pays. Voy. AmouE et CRESsON (T. ». B.) CARDÈRE, Dipsacus. (nor. rnan.) De grandes herbes ayant le port des chardons, des tiges angu- leuses et hérissées d’épines , à racines fusiformes , épaisses , à feuilles opposées , à fleurs réunies en tête comme les scabieuses, et dont on connaît quatre espèces bisannuelles, qui croissent naturel- lement en France, forment le genre Cardère, le quel appartient à la famille des Dipsacées et à la Tétrandrie monogynie. Une des espèces les plus communes, la Garpire SAUVAGE , Dipsacus sylvestris, que l’on trouve dans les lieux incultes, le long des grandes routes, se fait remarquer par ses grosses fleurs d’un bleu rougeâtre et par l'espèce d’abreuvoir qui existe à l'aisselle de ses grandes feuilles , et où l’on trouve presque habituellement de l’eau. La variété dont les paillettes des têtes de fleurs sonf crochues, ap- pelée Garpkre A Fouon et Ghardon-bonnelier , Dipsacus fullonum, cultivée de nos jours en plein champ pour les besoins des manufactures d’étof- fes de laines, était connue dès la plus haute an- tiquité chez les Celtes, et employée par leurs fem- mes ouvrières, ainsi que le prouve le nom AHoua- souen al com qu’elle portait parmi eux, à pcigner le drap et polir sa surface. C'est la plante que l'on trouvera dans notre Atlas, pl. 75, fig. 4. Vouloir rechercher le pays d’où elle a été pri- mitivement tirée, serait remonter un fleuve dont les sources sont enseyelies sous le linceul de sa- ble d’une époque à jamais perdue. Ce que l’on peut dire de plus raisonnable à ce sujet, c’est que cette utile variété de la Cardère sauvage est due à une culture très-ancienne. Elle veut une terre un peu fraîche , profonde, bien meuble, ni peu ni trop fumée ; sur un sol sec et très-aéré elle souf- fre peu des rigueurs de l'hiver: il n’en est pas de même dans les vallons; elle y gèle souvent et y périt par excès d'humidité. Quoique bisannuelle , soit qu'on l’ait semée en automne ou bien au prin- temps, il y a toujours des pieds qui montent dès la première année: c’est une anomalie due à la culture. On a voulu remplacer les têtes blanchâtres de cette Cardère par des machines, toutes les ten- tatives ont échoué. Son importance et la préférence qu'on lui donne sont suflisamment justifiées par les grands espaces qu’elle couvre aux environs des manufactures , surtout de celles de Louviers, Elbeuf, Sedan, Carcassonne, etc. Les mouches à miel annent beaucoup la Car- dère à foulon; les ruches placées dans son voisi- nage rapportent considérablement. (T. ». B.) CARDES. (acn.) Sous ce nom les horticoles cultivent et livrent aux cuisines les côtes des feuilles du cardon et celles de la poirée, dont on fait des plats fort estimés, après les avoir blan- chies. F, Betre et Canon. (T; », B.) CARD CARDIA. Orilice supérieur de l'estomac. (V’oy. Esromac.) (P. Ge) CARDIACÉES. (mozz.) Famille de Mollusques, établie par Cuvier, pour les animaux qui ont le manteau ouvert en avant avec deux ouvertures sé- parées, l’une pour les excrémens, l’autre pour la respiration, se prolongeant quelquefois en tubes. Les Cardiacées forment aussi une famille pour Lamarck, qui la caractérise par la charnière des coquilles, de la manière suivante : dents cardinales irrégulières , soit dans leur forme, soit dans leur situation, et en général accompagnées d’une ou deux dents latérales, . Enfin , M. de Férussac a élevé au rang d'ordre la famille des Cardiacées de Cuvier, et il divise cet ordre en sept familles, qui sont : les Camaris, les Bucardes , les Cyclades , les Nymphacées, les Vénus, les Lithophages et les Mactres. (R.) CARDIAQUE. (anaT.) Qui appartient au Cardia ou au cœur. Ainsi l’on dit les veines, les artères, les nerfs Cardiaques, le plexus ou ganglion Gardia- que. (P. G.) CARDINAL. (z001.) De même qu’on a appelé des animaux capucins, moines, etc. , on à aussi désigné sous celui de Cardinal un grand nombre d'espèces de genres et d'ordres différens ; nous al- lons mentionner les plus communs. GarDinaz p’Amérique. (os. ) Nom du Tangara rouge, du Cap, Tangara gularis, L. Voyez Tax- GARA. Carina pu CanaDa, pu MEXIQUE et À COLLIER. (ois.) C'est le Tangara rubra, L,. CarpiNaz pu Gap. (ois.) C'est le Fringilla orix, L. Voy. Gnros-Ec. CarDivaz CaRLsONIEN. (ois.) C’est le Pirrhula Carlson. PV. Bouvreuir. CarpiNAL commanDeun. (o1s.) C’est l’Zcterus phæ- niceus, L. PF. TrouriaLe. CARDINAL DOMINICAIN HUPPÉ et CARDINAL NuPPÉ. (ors.) Ce sont les noms des Fringilla cucullata 2t cardinalis, PV. Gros-nec. CarDinaz No et ROUGE HUPPÉ (o1s.) Nom du Siserin malimbe. V. Sixernx. Le nom de Cardinal sert à désigner un poisson du genre SrarE, un mollusque du genre CoxE, un papillon du genre AnGynxe, et un coléoptère du genre Pynocaroa , qu'on appelle Carninae. (Voy. tous ces noms de genres.) (Guër.) CARDINALES. (morr.) On donne ce nom aux dents des coquilles de mollusques acéphales, qui se trouvent placées immédiatement sous les sommets et qui sont d'ordinaire les plus importantes ( dentes cardinales). On dit encore le Bonp carni- KAL, Margo cardinalis ; la LAME CARDINALE, Dis- sepimentum cardinis , pour indiquer la partie ou le bord de la coquille qui porte la charnière. Ces expressions viennent du mot latin cardo, qui si- gnifie charnière. Les conchyliologistes mettent une grande im- portance à la considération des dents de la char- nière et surtout des dents cardinales, maïs les caractères artificiels qu’ils en tirent ne peuvent 658 a être d'aucun secours pour les zoologistes ; aussi tombent-ils de jour en jour en discrédit. (R.) CARDISOME, Cardisoma. ( Crusr.® Genre de l’ordre des Décapodes, de la famille des Brachyu- res, établi par Latreille, Règne animal de Cuvier, nouv. édition, et placé par le même Cours d'Ento- mologie, dans la première tribu des QuapmLa- TÈREs, Quadrilatera , en lui donnant les caractères suivans : antennes étant toujours découvertes ; pieds-mâchoires extérieurs rapprochés parallè- lement au bord interne, avec tous les articles découverts, dont le troisième, plus court que les précédens, est échancré à son sommet. L'espèce servant de type à ce genre est le CARDISOME BouR- REAU, Cardisoma carnifex, Latr. Ces crustacés sont désignés aux Antilles sous le nom de Crabes blancs; quelquefois cependant le test est jaune, avec des raies rouges. (EH. L.) CARDITE, Cardita. (mozz.) Genre de Mollus-- ques acéphales établi par Bruguière, adopté par tous les auteurs et auquel nous réunissons les Vé- néricardes de Lamarck, sous la description géné- rique suivante : coquille très-épaisse, solide, équi- valve, souvent très-inéquilatérale , à sommets re- courbés en avant, à charnière munie de deux dents inégales, obliques, l’une courte, cardinale, et l’autre plus en arrière , longue, lamelleuse et ar- quée. Le ligament est allongé, subextérieur ct enfoncé ; les impressions musculaires sont assez grandes et très-distinctes; l'impression palléale est étroite. L'animal de la Cardite est semblable à celui des Anodontes, c’est-à-dire qu'il a le manteau ouvert dans toute sa moitié inférieure eten avant, et qu'il porte en arrière un orifice particulier pour l'anus et un tube incomplet pour la respiration. Outre les Vénéricardes , M. de Blainville réunit encore aux Cardites les Gypricardes, et forme dans ce genre composé les quatre divisions sui- vantes : 1 groupe. MxTILICARDES. Ont la coquille allongée, un peu échancrée ou bâillante au bord inférieur; le sommet presque céphalique, le ligament caché. Ex. C. crassicosta. 2° groupe. CARDIOCARDITES. Ont la coquille ovale , à bord inférieur presque droit ou un peu bombé, crénelé et complétement fermé. Ex. C. ajar. 3° groupe. VÉNÉRIGARDES. Ont la coquille presque ronde ou suborbicu- laire , à bord inférieur arrondi, denticulé , de plus en plus équilatéral; les deux dents plus courtes et plus obliques. Ex. C. australis. 4° groupe. CxPRICARDES. Ont la coquille allongée, très-inéquilatérale; le sommet presque céphalique et recourbé en avant; deux dents cardinales courtes, divergentes, outre KN à NN 3.Carline .Carinaire 2 z.Cardte £.Guere dir x j " CARD la dent lamelleuse ; le ligament très-long , peu ou point saillant; l'impression abdominale quelque- fois un pe@rentrée en arrière. Ex. C. guineica. Le genre Cardite, composé comme nous venons de l'indiquer, d’après M. de Blainville, comprend un grand nombre d'espèces presque toutes exo- tiques. On aura une idée de ce genre en consul - tant notre pl. 76, à la fig. 1, qui représente la CarpiTre MoucretTÉE, C. cal)culata, Lamarck. Cette coquille, qui appartient aux Mytilicardes, est éblongue, d’un blanc jaunâtre, avec des ta- ches brunes et rougeâtres en forme de croissant. Ses côtes sont embriquées, écailleuses et au nom- bre de vingt et une. Elle se trouve dans l'océan Atlantique. (R.) CARDON , Cynara cardunculus. (nor. PnaAN. el aGn.) En traitant du genre Artichaut , j'ai remis à parler avec quelques détuils de cette espèce, que d’autres regardent comme une simple variété de l'Artichautsauvage ; jem’acquitte dema promesse. Le Cardon est une espèce distincte, bisannuelle, originaire des côtes de la Barbarie , dont la culture s’est emparée pour la rendre plus grande, plus volumineuse, plus agréable au goût, et lui créer plusieurs variétés dépouillées de la majeure partie de leurs épines aiguës , longues , et par conséquent rendues faciles à manier. Nous en possédons trois. Le Cannon pe Tours, ainsi nommé de ce qu'au- trefois la culture en était limitée aux environs de cette ville. Il est armé de toutes parts d’aiguillons très-pointus; sa côte, légèrement concave, ëst pleine, un peu rougeâtre; et, comme la plante monte peu, elle est plus tendre, plus délicate à manger. Les maraîchers de Paris en ont des pieds aussi beaux , aussi bons que ceux de Tours si ré- putés aux 16° et 17° siècles. [ls évitent cependant de le multiplier beaucoup, parce que ses piquans leur en rendent l'approche diflicile et souvent fâcheuse. Ô Le Cannon »’Espacxe, qui monte à Ja hauteur de deux et même quatre mètres; il a des feuilles peu épineuses , d’un vert d’eau, divisées en laniè- res découpées , la côte ou nervure médiane large de trois doigts, épaisse, charnue, ouverte en gouttière. On le préfère au premier pour la cul- ture , parce qu’il donne beaucoup, parce que ses épines sont peu ou point caractérisées, quoique sa côte soit filandreuse et moins délicate. Il n’a été introduit dans nos jardins que depuis le milieu du 17° siècle. Le Cannon PLEIN, absolument sans épines , a les nervures plus épaisses encore que la variété d'Espagne, et légèrement concaves. On connaît cette variété depuis les dernières années du 18° siè- cle. Elle provient de la première variété, et est due 4 des semis faits avec intelligence. On luitrouve toutes les qualités et la succulence des meilleurs Cardons de Tours. Sa culture varie suivant les cantons; il y à deux principales méthodes; l’une a pour but de procu- rer des Cardons toute l'année, et à mon avis la jouissance anticipée et prolongée ne compense 639 PS CARD pas les frais qu’elle nécessite ; l’autre, plus sim- ple, plus commode, se sème à demeure, à la vo- lée et très-clair, dès qu’on ne craint plus les effets des gelées, dans le courant d'avril; on arrose quand les plantes ont quatre feuilles bien formées ; on arrache les individus qui peuvent s’entre-nuire, on sarcle les mauvaises herbes, on tient le terrain frais; on lie, puis on butte pour faire blanchir ; les feuilles inférieures ainsi privées d’air et de lu- mière sont bonnes à manger au bout de quinze ou vingt jours. Le Cardon que l’on abandonne à lui- même est dur, d'une saveur acerbe, et reprend au bout de quelque temps ses épines. Outre la côte des Gardons, on mange encore la racine au gras et au maigre et surtout au jus dans les entremets. La fleur a la vertu de faire cailler le lait aussi bien et aussi promptement que la pré- sure. La graine conserve sa propriété germinative jusqu'à la dixième année après sa récolte. Pour l'avoir excellente, il convient de laisser vieillir le pied; il peut durer huit ou dix ans sans cesser de produire. Dans les auteurs on trouve le mot Cardon ap- pliqué àplusieurs plantes de diverses espèces et surtout, en Amérique et aux Antilles, à différens Cactiers ; au Mexique, on le donne à PAgavé; à Ténérifle, à l'Euphorbe des Canaries; en Espagne, au Scolyme ramassé, Scolymus hispanicus , etc. (T. ». B.) CARDUACÉES , Carduaceæ. (mor. pan.) Une des trois grandes tribus de la famille des Compo- sées : elle tire son nom du Chardon, Carduus, et correspond à peu près aux Flosculeuses de Tour- nefort , ou aux Cinarocéphales de Jussieu , qui avait pris le Cinara (Artichaut) pour type de sa famille, Quel que soit ce nom, voici les caractères constans auxquels on reconnait toute fleur composée qui appartient à la tribu en question : corolles tubu- leuses (non en languette), à cinq lobes plus ou moins égaux; étamines à filamens libres, quel- quefois velus; style long, renflé au sommet, où il est garni d’une toufle circulaire de poils; stig- mate formé de deux lanières, planes et glabres extérieurement, convexes et velues en dedans; graine ou akène ovoide, lisse, glabre, attaché au réceptacle soit immédiatement par sa base, soit par un point latéral; aigrette sessile ou sipitée simple ou plumeuse; réceptacle garni de soies ou d’écailles, ou parfois creusé d’alvéoles; involucre composé d’écailles imbriquées , souvent épineuses à leur sommet. . Les travaux de quelques savans, en mullipliant les observations et les moyens de classer, ont aussi jeté un peu de confusion dans une étude où l'élève ne sait comment choisir entre les opinions diverses des maîtres; les Carduacées de Kunth, par exem- ple, contiennent beaucoup de plantes qu’on range ordinairement parmi les Astéries. De Candolle et Cassini , de leur côté, les ont divisées en deux sec- tions, selon le point d’attache de la graine par sa base (Carduacées vraies), on par son côté (Centau- riées). Voici, d’après ces derpiers professeurs et lès caractères assignés ci-dessus aux Carduacées , CARI les prircipaux genres qu'il faut y rapporter : ÆArctium, J.; Carduncellus , Adans., Centaurea, L.; Carduus, Gaertner; Cirsium , Tournefort : Carthamus , Gaertner; Cinara, Juss.; Onopordon, L.; Serratula, De Cand., etc. (L.) CARELET. (porss.) Nom vulgaire donné à une espèce de Pleuronecte du genre PLrE (voyez ce mot, ) (Azru. G.) CARÈNE, Carina, (nor. van.) Nom spéciale- ment altribué aux deux pétales irférieurs des fleurs papilionacées ; en effet , rapprochés, souvent même soudés par leur bord, ils offrent quelque ressemblance avec la Garène d’un vaisseau. (L.) CARÈÊNÉ, Carinatus. (Bor.) Disposé en carène, c'est-à-dire offrant une crête longitudinale sem- blable à la carène d'une nacelle; telles sont les glumes de plusieurs graminées, les valves de la cosse du Pois, etc. (L.) CARET. (Repr.) (VW. CHÉLONÉE.) CAPIAMA , Microdactylus. (o1s.) M. Geoffroy a proposé le nom de Microdactylus, c’est-à-dire pe- tits doigts, pour un genre comprenant une espèce décrite anciennement par Marcgrave sous le nom de Gariama. Quelques auteurs placent ce genre parmi les Gallinacés, d’autres dans l’ordre des Accipitres , et quelques uns à la suite des Echas- siers pressirostres, à côté des Coure-vite. Les caractères du genre Microdactylus sont les suivans : bec convexe en dessus et renflé , la man- dibule supérieure plus longue que l'inférieure et ierminée par un crochet; tarses très-longs, grêles, à tibia dénudé sur les deux tiers de sa longueur ; doigts courts et gros , les antérieurs réunis à leur base par une membrane, le pouce n’atteignant point le sol; ailes non armées, arrondies et mé- diocres, la première rémige très-courte, les cin- quième , sixième et septième plus longues. On ne connaît encore qu’une seule espèce, le Canrama De Marcarave, Microdactylus Marcgra- vi, Geoff., Ann. Mus,, xur , pl. 26, le Dicholo- phus cristatus d'Ilig., figuré à la pl. coloriée 237. Cet oiseau habite l'Amérique septentrionale ; 64o CARI - les colons portugais du Brésil le nomment Cariama ou Sariama ; les indigènes Seriema, et les Guara- nis du Paraguay, Saria. Sa longueur tgfale est de trente à trente-deux pouces; ses tarses, qui sont de couleur jaune, sont hauts de sept à huit pou- ces; une huppe de plumes décomposées et droites surmonte son front; le plumage est d’un grisâtre roux, très-finement vermiculé de brun. Les ailes. sont courtes, la queue longue et arrondie ; le tour des yeux est bleuâtre, l'iris fauve, Le Cariama est très-farouche ; le moindre bruit l'effraie ; quoique semblable par la forme aux oi- seaux de rivage, il n’en a cependant point les ha- bitudes ; jamais on ne le voit sur le bord des riviè- res, ni même dans les lieux bas; 1l recherche au contraire les forêts claires et élevées, ainsi que les collines montueuses, où il chasse les lézards , les petits serpens, les insectes orthoptères et les lar- ves qui font sa nourriture. Sa voix forte et sonore a quelque ressemblance avec le nom qu'on lui a donné ; son vol est lourd et peu étendu. Lorsqu'on poursuit un de ces oiseaux, il se blottit contre terre ou dans un buisson et ne se lève que rarement, encore est-ce pour se placer sur quelque arbre Yoisin. / La femelle fait son nid avec des branches sèches et enduaites de bouse de vache ; elle pond deux œufs de couleur blanche. Les petits peuvent cou: rir peu de temps après leur naissance. Cette espèce est commune dans tout le Brésil et au Paraguay ; dans quelques endroits on la tient domestique et on mange sa chair. (Genx.) CARIE. (z0o1. 10% ) Ulcération des os. On a étendu ce nom à certaines maladies des arbres qui pénètrent jusque dans leur tronc. La Carie du froment est attribuée à un végétal particulier, Uredo caries de De Candolle. (E-. Gal CARILLON. (gor. pnan.) Nom vulgaire du Campanula medium. (F7, GAMPANULE.) CARILLONNEUR. (ors.) Nom d’un Merle, Tudus tintinnabulatus, L. V, Mere. (Gvu£r.) . FIN DU TOME PREMIER. #0 JUL 1925 Nota. Quelques souscripteurs se sont plaints que plusieurs termes d'histoire naturelle ne sont pas expliqués dans notre Dictionnaire, ct ils ont rions d'observer que ce serait un double emploi et un dictionnaire dans un dictionraire: à leur ordre alphabétique, comme on le voit, par exemple, j:onr demandé qu'on en donnât un petit vocahulaire; nous lesp en cffet, tous les termes dela science, ou du moins les plus usités , seront trailés le mot Antennes. Ceux qui ont rapport à l'organisation des fleurs el des fruits, insectes, etc. , tels qu'Etarnine , Pistil, Calice, ee PHARE nfère et supère, Tarse, Palpes, ete., etc., sé trouveront dans le courant de l'ouvrage, soit à leur ordre alphabétique, soit dans les articles géne- vaux; tels que Fleur, Insecte, Mammifères, Fruits, Squelette, Amastomose, Anatomie, elc., elc., etc, : & RUE wi mm nid PR CECI 3,1 17e RD Dan eu 1,723 et } HE HA Hit d v Née 13