RE QU Ajistatet dr [PER a DRASS TM NI AA di ® ai 1 L: D PS nt ñ Li } tu Er ï ‘ | Ù Fa r { 1 | 1 r p , nn: { 1h “4 : R Ar M PR 1 ñ En 1. SUR net | D - ne [As e re: . ‘44 UT L f Ur | pl : : | Ü A) : av n 1 ÿ L DICTIONNAIRE PITTORESQUE D'HISTOIRE NATURELLE ET DES PHÉNOMÈNES DE LA NATURE. TOMÉ TROISIÈME. ke + PARIS. — IMPRIMERIE DE COSSON, Rue Saint-Germain-des-Prés, n° 9. DICTIONNAIRE PITTORESQUE D'HISTOIRE NATURELLE ET DES PHÉNOMÈNES DE LA NATURE, CONTENANT L'HISTOIRE DES ANIMAUX, DES VÉGÉTAUX, DES MINÉRAUX, DES MÉTÉORES, DES PRINCIPAUX PHÉNOMÈNES PHYSIQUES ET DES CURIOSITÉS NATURELLES , AVEC DES DÉTAILS SUR L'EMPLOI DES PRODUCTIONS DES TROIS RÈGNES DANS LES USAGES DE LA VIE, LES ARTS ET MÉTIERS ET LES MANUFACTURES. RÉDIGÉ PAR UNE SOCIÉTÉ DE NATURALISTES, SOUS LA DIRECTION DE M. F.-E. GUÉRIN, MEMBRE DE LA SOCIÉTÉ D'HISTOIRE NATURELLE DE PARIS ET DES DIVERSES AUTRES SOCIÉTÉS SAVANTES NATIONALES ET ÉTRANGÈRES, AUTEUR DE L'ICONOGRAPHIE DU RÈGNE ANIMAL DE GUVIER ET DU MAGASIN DE ZOOLOGIE, L’UN DES AUTEURS DU DICTIONNAIRE CLASSIQUE D'HISTOIRE NATURELLE, DE L'ENCYCLOPÉDIE MÉTHODIQUE, DU VOYAGE AUTOUR DU MONDE PAR LE CAPITAINE DUPERREY, DE L'EXPÉDITION SCIENTIFIQUE DE MORÉE, DU VOYAGE AUX INDES ORIENTALES PAR M, BÉLANGER, ETC., ETC, AVEC PLANCHES GRAVÉES SUR ACIER SUR LES DESSEINS DE MM. DE SAINSON ET FRIES. TOME TROISIÈME. PARIS, AU BUREAU DE SOUSCRIPTION, Rue Saint-Germain-des-Prés, n° 4. 1835 ‘ Tone : FT LE 2H E CF 0 zanréba PA HIMTOTA 2ÂTIS0 UE) exc Ta ey10taTnT 2 daAQËA e10nT 2AG 2ROrT) at e4Œ FA CATATIOETIEAN ai TA agit ra vi eva var Le: A TA * & areanoran ad aaroa gs LR . F4 NACEUPN UE À € novtoas Ag 4 Lsmoninré, Ya TPE “ PE à “aitlitooe eLATUS. atvaria #4 rem gun, PA AE. anodusn ds É HTC Dos 24 71240438 UE #e ARCS aa aies . LES va Fo D er mé SA io ele 2g datantran anrori'e ECRIRE : CE RAAUE AMANRAO HS Hi AGO Va AIT 88 ot sors CADMAIÏE QUE AA nr (xd 28, ro A ef : L * : a un jag. ya mob aa is ÊTR emavesa ets nu: ni ” £ ME 12 nn u : : ‘ é MA Lu ï À u 3 aÙ 1 Le W & " » Fr ; RS va à LL ay & d / 5 LA L] CES os ES | is l = : * 0 ee s v … è ñ Æ & - @ L. G LH" NES nm” pe AL ES u LS ) k : »_h" Li ati de 5 sir OU 14 4 1. Effraie 2. ELider LÉ Cuern dr DICTIONNAIRE | PITTORESQUE D'HISTOIRE NATURELLE ET DES PHÉNOMEÈNES DE LA NATURE. E. ‘ ÉDREDON. (o1s.) On donne ce nom au duvet produit par l’'Emer (voy. ce mot). On en compose des couvertures de lit fort recherchées, et dans ces derniers temps les dames l’ont employé avec succès pour tenir toujours enflées leurs manches en gigot. (Gu£r.) EFFARVATTE. (ors.) Nom vulgaire de la Syl- vie des roseaux. Voy. Syzvie. (Gu£r.) EFFERVESCENCE. (cmm.) Dégagement plus ou moins considérable de bulles qui proviennent soit d’un acide dans lequel on dissout un métal, soit de la fermentation spiritueuse , soit du carbo- nate de chaux que l’on arrose d’acide nitrique ou hydrochlorique, etc. L’Effervescence est assez souvent accompagnée d’une émission de calorique assez prononcée. (EF. F.) EFFLORESCENCE. (cuim.) Phénomène que l’on observe dans certains sels qui, par suite de leur exposition à l'air, perdent peu à peu leur eau de combinaison, et deviennent, les uns d’un blanc laiteux et opaque, sans perdre leur forme (ceux qui contiennent un peu d’eau) ; les autres, pulvérulens et opaques (ceux qui renferment beau- coup d’eau de cristallistion) : tels sont le sulfate de soude, le carbonate de soude et plusieurs au- tres. (FF.) EFFRAIE. (ois.) On donne ce nom à une es- pèce du genre Chouette. Gette espèce est repré- sentée dans notre Atlas, pl. 144, fig. 1. On trou- vera des détails sur cet oiseau à l’article CHougtre. Voy. ce mot. (Gu£r.) EGAGROPILES. (z001.) Concrétions terreuses, analogues à celles des calculs, qu’on trouve par- fois dans l’estomac et le cæœcum des Solipèdes , et moins rarement dans le rumen et la caillette des Ruminans; on leur a donnésuccessivement lesnoms de Bézoards d’ Allemagne, de Pelotes et de Gobbes; Welsch leur a substitué le nom d’Egagropiles. Ge dernier mot , d’après son étymologie grecque, donne l’idée des substances entrées dans la com- position de ces concrétions. Ge sont des plantes sauvages qui ont servi à la nourriture de ces ani- maux; ce sont des poils qu’ils ont détachés de leur corps en se léchant, des aigretles de chardons qu’ils ont avalées et des molécules calcaires fixées T. II. - aux alimens qu’un goût dépravé leur a fait recher- cher. Pour s’amasser en pelotes, ces diverses sub- stances n’ont besoin que d’un corps agglutinatif qui se rencontre en assez grande quantité dans le canal alimentaire. La gouttière œsophagienne les rassemble, les moule pour ainsi dire en petits globes , et les transporte dans le quatrième esto- mac des Ruminans, dans celui d’où partent im- médiatement les intestins, et que l’on désigne plus spécialement sous le nom Caillette. Toutes les Egagropiles ne sont pas globuleuses; elles sont sphériques dans l'intestin des Solipèdes, ovoïdes ou aplaties sur deux sens et diversement allongées et petites chez le Mouton, aréolées dans le cæœcum du Cheval. Il y en a de la grosseur d’une aveline, d’un œuf de caille, de poule, de plus grosses encore et atteignant le poids de trois à quatre kilogrammes. Quelles que soient les formes et les dimensions qu’elles affectent, toutes sont constituées par couches , superposées le plus communément autour d’un corps étranger qui leur sert de noyau central. On en voit qui sont comme veloutées, bleuâtres, brunes, noirâtres, et dont la croûte supérieure est assez dure , assez serrée pour être susceptible de recevoir un poli ; d’autres ne présentent que des poils ou des fila- mens laineux agglomérés et comme feutrés. Par- fois les Egagropiles n’ont qu’une petite quantité de poils unis à des matières argileuses ; parfois elles sont calculeuses, c’est-à-dire qu’elles se montrent composées de poils et de matières ana- logues à celles des calculs, avec lesquels elles ont : alors beaucoup de rapports et pour la forme et pour les dimensions. Les Egagropiles ont une odeur et une saveur légèrement aromatiques. On les observe particuliè- rement depuis le mois de septembre jusqu’en dé- cembre : c’est l’époque où le poil et la laine tom- bent; le prurit que cette chute cause détermine les animaux à se lécher ou bien à les arracher avec leurs dents incisives ; une fois dans la bou- che ils les roulent et les avalent. Elles abondent dans les temps de disette et de misère, à la suite des grandes inondations , des sécheresses prolon- gées, partout où les animaux, mal tenus, encore 161° Livraison. 1 \ HER |: Le RS en RE EGLE plus mal nourris, sont réduits à manger tout ce qu’ils trouvent. Leur présence dans le corps dé- termine des accidens d'autant plus graves que leur nombre , que leur volume est plus grand. Jenner a découvert des Egagropiles dans l’es- lomac des jeunes Goucous; les oiseaux de proie en offrent aussi, mais plus rarement que les autres oiseaux, parce qu'ils ont la faculté de vomir. EGAGROPILES DE MER. (0r.) Sur les bords de la Méditerranée , et des autres mers , on trouve, sous le nom d'Egagropiles, des pelotes d’origine végé- tale : ce sont des fibres, des racines de Zostères, Zostera marina, et d’autres hydrophytes réunies en boules, feutrées autour de quelque fragment de tige, que les eaux de la mer roulent et que la va- gue mugissante dépose sur le rivage. Quelquefois on rencontre parmi elles de véritables Egagropiles animales , laissées là par des ruminans transhu- mans ou apportées du milieu des terres par les inondations, les éboulemens; c’est ce qui les fit long-temps confondre les unes avec les autres. Imperati et Draparnaud ont débrouillé ce chaos et rendu chaque espèce à son type. (T. ». B.) EGEON. (crusr.) Genre de la famille des Ma- croures , section des Salicoques, établi par Risso, et fort voisin des Crangons; on n’en connaît qu'une espèce, l’Ecron currassé, Egeon loricatus, Risso; il se trouve dans la mer de Nice. ( Guér. ) EGLANTIER. (sor. pan.) Espèce de Rosier, Rosa eplanteria , L. On donne souvent ce nom aux Rosiers sauvages. Ÿ. Rosrer. (Guër.) EGLÉ, Ægle. (or. praw.) Synonyme du Pelou d’Adanson , D. C. (Prodr. Regn. veget. , tom. 1, pag. 538). Genre de la famille des Aurantiacées de Jussieu, et de l’Icosandrie monogynie, de Linné. Caractères : fleurs à parties ternaires ou quinaires ; calice à trois ou cinq dents; corolle à trois ou cinq pétales; étamines au nombre de trente ou trente-six, attachées à la base des divisions du calice, ayant de longues anthères linéaires et mu- cronées; stigmate presque sessile ; fruit bacciforme devenant ligneux à sa maturité, conoïde, multi- loculaire , polysperme , à spermoderme charnu et couvert de mucus ; oreillettes des cotylédons très- courtes. Ce genre se compose d’arbres épineux, à feuilles trifoliées et denticulées. De Candolle en mentionne deux, dont le plus remarquable est V'Ecr£ marmozos, Ægle marmolos, Corr. , Cratæva marmolos, L., figuré dans Roxburgh (PL du Corom. , tab. 145), et dans Rheede ( Hort. Mala- bar. 5,1. 57), sous le nom de Covalans. Cette espèce est originaire des Indes orientales ; son tronc est fort épais et se couronne de branches nombreuses au sommet; ses feuilles alternes et ternées (la foliole du milieu est pétiolée); son fruit est à douze loges; il renferme une pulpe visqueuse du goût des Indiens, mais non des Eu- ropéens qui lui trouvent une odeurtrop forte et une saveur trop fade. Cependant ces fruits, cuits sous la cendre et sucrés, offrent un mets assez agréa- ble, pourvu qu'on rejette les noyaux qui sont très-amers. EGYP . L'autre ‘espèce, mentionnée par D. C. , est VÆ gle sepiaria, dont la foliole médiale est sessile, et le fruit à sept loges. Elle appartient au Japon: C’est le Citrus trifoliata de L. , et le Ssi de Kæmp- fer (Amæn. 801 , t. 802. (G. &.) EGLEDUN. (o1s.) L’un des synonymes d’Enre- Don. VW. ce mot. (Gu£r.) EGOPODE, Ægopodium. (B0T. pan.) De Aix, Chèvre, Pous, podos , Pied , à cause de la forme de ses feuilles. Vulg. Podagraire. Ce genre appar- tient à la famille des Ombellifères de Jussieu, et à la Pentandrie digynie de Linné. Il est caractérisé ainsi qu'il suit : calice à bords entiers ; corolle à pétales entiers, inégaux, fléchis au sommet en forme d'échancrure ; élamines au nombre de cinq; pistil à deux styles réfléchis ; fruit ovoïde-oblong , mar- qué de trois ou cinq côtes longitudinales sur cha- cun des akènes; involucre et involucelle nuls ; feuilles deux fois ternées. Ecorone Des GouTTEUx, Ægopodium podagraria, L. Tige dressée, haute de six à neuf décimètres, glabre, un peu rameuse ; feuilles inférieures tri- chotomes ; chacune des divisions du pétiole por- tant trois folioles ovales-cordiformes, larges, un peu inégalement dentées, et dont les dents forment une espèce de capuchon; les supérieures opposées , ternées et à folioles étroites; ombeile de douze à quinze rayons égaux. Fleurs blanches. Vertus an- tiarthritiques imaginaires. Les feuilles de l'Egopode des goutteux sentent l’angélique. (G. £.) EGRISÉ ou EGRISÉE. (wrx.) On nomme ainsi la poussière du diamant dont on se sert pour polir ce corps et pour la gravüre en pierres fines. Voyez Dramanr. ( Guér. ) EGYPTE. (c£ocr. pnys.) Cette contrée de l’A- frique septentrionale’ est bornée au nord par la mer Méditerranée à l’est, par le golfe Arabique, au sud par la Nubie, au sud-ouest par la Syrie, et à l’ouest par les déserts de Libye et de Bar- cah, qui ne sont que des portions du Sahara. Sa longueur est d'environ 200 lieues; sa largeur moyenne , en y comprenant les oasis, qui dans les déserts en dépendent, est de plus de 100 lieues, et sa superficie d'environ 31,000 lieues carrées ; mais la partie cultivable et habitée, qui se réduit: au Delta et à l’étroite vallée du Nil, n’occupe qu’une surface de 1700 lienes géographiques car- rées. Les montagnes qui bordent le Nil s’entrecou- pent, dans la haute Egypte, par des gorges qui conduisent d’un côté sur les bords du golfe Ara- bique, et de l’autre dans le désert. Les espaces qui s'étendent le long du fleuve, hors de la portée de ses débordemens, sont couverts de sable et de cailloux roulés ; mais ce qu'il est utile de faire re- marquer, c’est que le sol, au lieu de s’élever de chaque côté du fleuve jusqu'aux plateaux qui for- ment son bassin, s’abaisse depuis ses rives jusqu’au pied des montagnes. Ce fait n’est que la consé- quence des crues périodiques du Nil : chaque fois qu'il sort de son lit, il transporte loin de ses bords le limon qui fait larichesse de l'Egypte, et comme il en dépose la plus grande partie près de ses rives a ——_—_———————————————————————————…— —…— —"_…"—… EGYP À naturelles , celles-ci s’exhaussent constamment, et le dépôt Jimoneux va en s’amincissant à mesure qu’on s'éloigne deson lit. (Foy. Nix.) ; Près du Caire, les chaînes de montagnes qui plus haut resserrent la vallée du Nil, s’éloignent de part et d’autre : l’une, sous le nom de Djebel- el-Nairon , se dirige au nord-ouest, vers la Médi- terranée ; l’autre , appelée Djebel-el-Attaka, court droit à l’est, vers l’isthme de Suez. A l’ouest du Nil, les montagnes sont composées de calcaire coquillier, qui paraît appartenir à la période tertiaire, c’est-à-dire postérieure à celle de la craie. A l’ouest, au contraire, les montagnes semblent appartenir au terrain granitique : ce sont principalement des syénites et des serpentines. Dans la chaîne qui avoisine le Caire, le voyageur francais Cailiaud a recueilli plusieurs coquilles fossiles , telles que la vulselle lingulée, V'huître fla- bellule, et la placune vitrée, qui indiquent un cal- caire de sédiment supérieur. La grande pyramide de Memphis est construite sur une roche calcaire à cérithes : ce qui indique un dépôt de la même époque géologique, mais inférieur. Sur la route du Fayoum à la petite oasis, la plus grande par- tie du sol appartient à l’étage supérieur des ter- rains secondaires : les nummulites y abondent , principalement la variété appelée nummiformis , dont plusieurs ont plus de 5 centimètres de dia- mètre , ainsi que le nautilus lineatus. Aux environs de la grande oasis, on trouve dans des terrains analogues , lé clypéastre de Gaymard, de la famille des Echinides ou des Oursins. Les parties sableuses dusol renferment des fragmens de bois pétrifié, des rognons de grès mamelonés, des pseudomorphoses de gypse, et dans l'argile inférieure au sable, des cristaux de gypse trapézien. Dans plusieurs parties du désert, du sel marin se montre, tantôt cristal- lisé sous le sable , tantôt en efilorescence à sa sur- face. Dans la vallée de l'Egarement il se trouve en petites couches compactes, soutenues sur des lits de gypse. La basse Egypte comprend deux vallées paral- lèles, dont la constitution est assez intéressante : l’une est le bassin des Lacs de natron; l'autre, la vallée du Fleuve sans eau. Dans la première, se suivent six lacs, dont les bords et les eaux se couvrent de cristallisations de sel marin ou chlo- rure de sodium, et de natron ou carbonate de soude. Dans la seconde; appelée en arabe Bahhar- bela-me , et séparée de la première par une chaîne de collines, on a découvert, au milieu des sables, des troncs d’arbres entièrement pétrifiés et une vertèbre d’un gros poisson. Les montagnes de la haute Egypte, se composent de schistes ardoisiers, de grès, et de quartzite ; près des ruines de Silsilis, les roches granitiques contiennent des cornalines, du jaspe et de la ser- pentine; un peu plus avant, enremontantle Nil,on trouve alternativement du granite et du grès décom- posé , présentant de loin l’aspect de monumens en ruines. Près de l’île d'Eléphantine, legneiss cons- titue les montagnes, et les pointes saillantes qui dominent Je Nil sont formées de granite, EGYP, On n’a aucune mesure exacte des montagnes de l'Egypte : mais on sait , par approximation, que près du Caire, la chaîne Arabique est élevée de 190 à 160 mètres; qu’à environ 60 lieues de là, elle atteint 500 à 550 mètres; qu’au-delà de Thè- bes, elle a 600 à 700 mètres, pour s’abaisser en- suite de plus en plus jusque sur les bords du Nil. L'Egypte étant très-étendue en longueur sur une faible largeur, le climat y est très-différent selon les régions: dans la partie septentrionale, ou la basse Egypte, le thermomètre de Réaumur descend, en hiver, jusqu’à 2 ou 5 degrés au dessus de zéro; pendant les plus fortes chaleurs, à Alexan- drie et même au Caire, il monte rarement au dessus de 22 degrés; mais au sud, dans les environs d'Asouan, on a constaté jusqu'à 34 degrés, à l'ombre, et le thermomètre , placé dans le sable, a marqué jusqu’à 54 degrés au soleil. Les vents sont assez réguliers pendant les mois de juin, juillet, août et septembre : ils soufflent presque sans interruption du nord et du nord-est. L’é- poque de la décroissance du Nil, qui a lieu ordi- nairement en octobre , est accompagnée de vents intermittens , qui viennent généralement du nord. L'hiver, les vents sont variables. C’est à l'approche du printemps que commence à souffler le vent embrasé du sud, appelé £hamsyn en Egypte, et semoum dans le désert. Il dure rarement plus de trois jours desuite ; mais dès qu’ilcommence à souf- fler l’atmosphèrese trouble et se colore en pourpre ; l'air perd son élasticité ; une chaleur sèche etbrû- lante règne partout, en même temps que des tourbillons, semblables aux émanations d’une four- naise ardeme , se succèdent par intervalles. C’est alors que se montre, dans toute sa puissance re- doutable , la peste, cette maladie dont la nature et l’origine échappent encore aux recherches de la science médicale. Les vents d’ouest et de nord- ouest qui traversent les déserts, en transportent le sable jusque dans la vallée du Nil, où ils for- ment des monticules que l’on ne peut comparer qu'aux dunes, et qui rétrécissent de plus en plus la bande de terrains propres à la culture. Les végétaux qui croissent en Egypte sont très- nombreux : on remarque le froment , l'orge, l’é- peautre, les fèves , les lentilles , le sésame, la moutarde, le lin, l’anis, le tabac, le melon, et divers concombres. Les cucurbitacées grossissent pour ainsi dire à vue d'œil: en 24 heures, elles ga- gnent 24 pouces de volume. Lahaute Egypteproduit en abondance l’Aolcus spicatus, plante de la famille des Graminées, que les habitans appellent Doura, et qui est la nourriture générale du peuple ; elle nourrit encore la canne à sucre, l’imdigo et le coton. Le Fayoum , ou la moyenne Egypte, se distingue par la culture des rosiers. Enfin la partie la plus basse de l'Egypte abonde en riz et en plantes potagères. Les arbres fruitiers ne sont pas moins variés : ce sont l’oranger, l’abricotier, le bananier, le caroubier, le jujubier, et surtout le palmier-dat- tier : on voit des plantations de 5 à 4oo pieds de cet arbre et quelquefois de plusieurs milliers, 0 EHRE ul. À. | *FEMRNr, ei, RS L’olivier ne se trouve que dans les jardins , excepté dans la moyenne Egypte où l’on en cultive quelques champs. L’acacia nilotica est un des arbres les plus utiles : son fruit est employé dans le tannage des cuirs. Le séné ( cassia senna) se trouve dans les déserts de la haute et de la moyenne Egypte. Aux environs du Caire, on re- cueille une plante de la famille des Amaranthacées, l'Œrna tomentosa, dont la fleur sert à rembourrer les coussins et les selles. Les bords du Nil sont ornés chet là de bosquets de lauriers-roses, de cassiers, et de quelques taillis d’accacia et de mimosa. Le Cactus forme, dans la moyenne Egypte, des haies impénétrables; cependant celte contrée, si riche en végétaux, manque de forêts, et les paysans sont réduits à brüler de la bouse de vache. Les botanistes donnent à l'Egypte 450 genres de plantes, qui se divisent en plus de 1050 espèces. Le manque de prairies s’oppose à la mullipli- calion des bestiaux ; on est obligé de les nourrir à l’étable pendant l’inondation. Les ânes , les mulets et les chameaux se montrent dans toute leur vigueur en Egypte. Les buflles sont très- nombreux : cependant la chaleur du climat s’op- pose à ce qu'ils soient employés aux travaux de l’agriculture. La basse Esypte possède le mouton de Barbarie. La chèvre tient un rang parmi les animaux les plus utiles. Enfin , les chameaux for- ment la principale richesse de la haute et de la basse Egypte. Les grands animaux féroces ne trouvent guère d’alimens ni d’asile dans cette contrée. Aussi le Lion s’y montre-t-il rarement , tandis que l'Hyène et le Ghacal s’y rencontrent fréquemment. Le Crocodile et l'Hippopotame ces habitans prinitifs du Nil, paraissent bannis de la basse Egypte ; mais on les voit encore dans la haute. La zoologie s’est récemment enrichie de plu- sieurs espèces nouvelles, rapportées de l'Egypte ; telles sont : une Gerboise (Dipus meridianus) , un Lièvre, un Renard, un Hérisson, une Chauve-sou- ris, et quatre Rats, dont deux épineux. On a re- trouvé le Coluber haje, qui paraît être le véritable Aspic de l'antiquité , le Coluber vipera , qui est la vraie Vipère des anciens , et le T'upinambis du Nil, qu'ils connaissaient aussi. Le Nil nourrit plusieurs mollusques remarqua- bles par la forme ou l'éclat de leurs coquilles : nous les décrirons à l’article Vil. Quant aux mol- lusques terrestres, nous citerons l’Aelix irregu- laris, qui s’attache aux plantes épineuses du désert, et dont la coquille , lorsqu'il meurt, sert d’'habita- tion à des abeilles qui y déposent leur miel. L'Egypte, parmi une foule d'oiseaux, nourrit aussi l’Aigle , le Faucon, le Vautour , le Pélican. On y retrouve encore l'espèce de Courlis que les anciens honoraient sous le nom d’bis. Enfin les principaux insectes de l'Egypte sont le Bousier antenor, la Cantharide éthiopienne, V'Ateuchus des Egyptiens , etc. (J. H.) EHRETIE, £hretia. (por. rHan.) Genre de la famille des Borraginées, Pentandrie monogynie, établi par Linné, avec des caractères bien déter- EJOO minés, mais qui se sont compliqués depuis la découverte de nouvelles espèces. Les Ehréties, ou vulgairement . les Cabrillets, sont des arbres ou arbrisseaux répandus dans les climats équinoxiaux; voici, de la manlère la plus générale, les caractères qu'ils présentent : feuilles entières ou dentées en scie opposées, ou parfois ternées; fleurs en panicules terminales ou en corymbes axillaires ; calice campaniculé ou parfois tubuleux , profon- dément découpé en cinq segmens ; corolle infun- dibuliforme , nue à la gorge, divisée en cinq lobes; étamines saillantes; style plus ou moins bifide; baie contenant deux ou quatre pyrènes dispermes. D’après les nombreux ou de cette description, on voit que le groupe des Ehréties donne matière à la formation de plusieurs nouveaux genres. Jac- quin a commencé par instituer le Beurreria, pour les espèces à quatre pyrènes ou osselets. Cava- nilles a fait son genre Carmona , d’une espèce qui a le style complétement biparti ; on y a joint de- puis le Cordia retusa, de Vahl. Enfin, dans ses Nova genera , Kunth nous indique encore d’autres coupes pour des espèces dont les feuilles se trou- vent ternées ou même fasciculées ; dans l’une, le stigmate seul est bifide ; dans l’autre, le style est complétement partagé. Dans son prodrome de la Flore de la Nouvelle- Hollande , Robert Brown a limité le genre Ehrétie aux espèces à deux noyaux. Celles qui en ont quatre formeraient le genre Beurreria. L’Ehretia tinifolia, ou GABRILLET A FEUILLES DE TIN, type du genre institué par Linné, est un arbre des Antilles, élevé de six à dix mètres; son tronc est droit, l'écorce brune; ses feuilles sont entières, glabres , veinées sur leurs deux faces. Les fleurs, disposées en grappes terminales , sont fort nom- breuses , petites et blanches. Parmi les espèces qui forment le genre Beurre- ria de Jacquin, nous citerons le B, succulenta , arbrisseau très-rameux, à fleurs blanches et odo- rantes. Elles produisent une baie jaune-orangé, dont la pulpe est succulente et douce. (L.) EIDER. (o1s.) C’est le nom d’une espèce de Canard qui donne le duvet appelé Edredon. Cette espèce forme le type du genre Eider des ornithologistes modernes, et l’on en trouvera les ca- ractères à l’article GanarD ,t. 1, p. 618. N'ayant pu représenter cet oiseau intéressant sur la planche qui correspond à l’article Canard, nous don- nons , dans notre Atlas, pl. 144, fig. 2, une copie de la figure originale que nous avons publiée dans notre Iconographie du Règne animal. (Ois., pl. 67, fig. 1.) (GuËr.) EISSPATH. (an. ) Nom donné par les Alle- mands à la substance appelée en français ALBITE. V, ce mot. (J. H.) EJOO. (mor. pnan.) Les Indiens donnent ce nom à une sorte de crins épais qui garnissent la base des feuilles de certaines espèces de Palmiers, et dont on ramasse , à Sumatra, une quantité suf- fisante pour couvrir des cabanes. Cette espèce de chaume dure fort long-temps ; el ne se décompose pas à l'air. : (Guir.) ELÆO 6] ELAI ELÆAGNÉES, £læagneæ. (mor. Pan. ) Cette famille, d’abord inscrite sous le nom de Chalefs, puis sous celui de Elæagnées et Eléagnees , appar- tient au premier ordre de la sixième classe du Genera plantarum de dussieu. Une étude plus approfondie des genres que, primitivement , l’on attribua à cette famille , en a régularisé le nombre; äl faut en attribuer l'honneur à Gærtner et à C. Richard ; ce nombre s’élève seulement à quatre, savoir : le Chalef, f£læagnus , L., l’'Argousier , Hippophae, L. ; le Shepherdia de Nuttal, et le Conuleum de Richard. Les caractères de la fa- mille sont désormais d'offrir des sous-arbrisseaux ou des arbustes à rameaux, souvent épineux, portant des feuilles simples, alternes ou opposées, entières ou dentées; des fleurs petites, solitaires et placées à l’aisselle des feuilles, unisexuétes et dioïques, hermaphrodites dans le seul genre Æ£læa- gnust; des fruits composés du tube du calice de- venu épais, charnu ; le brou est muni d’une noix monosperme. Toutes les parties des plantes sont couvertes de petites écailles blanchâtres , sèches , comme micacées. (T. ». B.) ÉLÆOCARPE, Elæocarpus. (8oT. PHan.) Genre d'arbres exotiques, indigènes, pour la plupart, des Indes orientales; on en compte une dizaine d’es- pèces, en y comprenant l’Adenodus de Loureiro, et le Ganitrus de Rumph. Leurs caractères les rap- prochent des Guttifères, avec lesquels Jussieu les avait d’abord placés ; plus tard, dans un mémoire fort intéressant, cet illustre botaniste considéra l'Élæocarpe comme le type d’un nouvel ordre très-voisin des Tiliacées ; nous en parlerons dans l'article suivant. Voici la description particulière du genre Élæocarpe: Fleurs hermaphrodites : calice de cinq sépales égaux, caducs; corolle de cinq pétales déchiquetés et frangés à leur som- met ; étamines en nombre triple ou quadruple des pétales, disposées sur deux rangs, insérés sous l'ovaire ; en dedans d’un disque annulaire et sail- lant, les anthères s’ouvrent au moyen d’un petit trou qui se forme à leur sommet ; ovaire surmonté d’un style simple et d’un stigmate à peine distinct; drupe contenant un noyau à cinq loges. L’Elæocarpus serratus, Linn. , est un arbreélevé, à cime peu étalée, parce que ses branches se re- dressent contre le tronc; il porte des feuilles al- ternes, ovales, oblongues, dentées, comme la plupart deses congénères ; ses fleurs sont blanches, disposées en grappes axillaires. Les fruits de cet arbre ont quelque ressemblance avec ceux de l’o- livier, d'où le nom d’'Elæocarpe ; selon Rumph , les indigènes de Ceylan les mangent confits; les noyaux, taillés ou sculptés, servent à faire des col- liers et des chapelets. Gærtner avait voulu ‘changer le nom d'Élæo- carpe, mal fondé, disait-il, puisque le fruit de l'arbre ci-dessus décrit est réellement sphérique ; mais l'usage l’a emporté sur le raisonnement. Les genres Wateria.et Vatica paraissent devoir être distingués de l'Élæocarpe , à cause de leur fruit capsulaire ; il faut aussi en retrancher l'E£læo- carpus peduncularis, qui forme le genre Friesia de De Gandolle. (L.) ÉLÆOCARPÉES, £ læocarpeæ. (BOT. PHAN.) Famille de la classe des Dicotylédonées polypétales à insertion hypogyne, établie par Kunth et De Candolle d’après les indications de Jussieu (+. le onzième volume des Annales du Muséum); elle a pour caractères: fleurs hermaphrodites; calice de quatre ou cinq sépales; pétales en nombre égal, sessiles , découpés à leur sommet en lanières étroites ; quinze à vingt-cinq étamines , disposées sur plusieurs rangs, et insérées en dedans d’un disque hypogyne; anthères linéaires , s’ouvrant à leur sommet par un petit opercule; ovaire de deux à cinq lobes; style et stigmate simples ; fruit bac- ciforme ou capsulaire; graines munies d’un en- dosperme charnu , contenant un embryon dressé. Ces caractères, comme l’observe À. Richard, sont bien voisins de ceux des Tiliacées ; la laci- niure des pétales n’est point une circonstance qui emporte la distinction de famille; le mode de dé- hiscence de l’anthère qui ne s’ouvre point par un sillon longitudinal , et la présence d’nn disque hy- pogyne, conslituent seuls assez de différence, pour que, sans confondre entièrement les Élæocarpées avec les Tiliacées , on les place comme section ou tribu à la suite de cette dernière famille. Voici les genres qui composent la tribu des Élæocarpées : Elæocarpus , L.; Aceratium , D. G.; Dicera, Forster ; Friesia, D. G. ; Vallea, Muitis ; Tricuspidaria, R. et Pavon ; Decadia , Loureiro. (L. ÉLEOLITE. (un.) Nom par lequel on die la même substance que la NÉruÉuiNe. Voyez ce mot. (J. H.) ÉLAINE. (emm.) L’Elaïne ou Oléine, est une substance incolore , d’une saveur douceâtre , pres- que inodore, plus légère que l’eau et sans action sur le tournesol. Liquide à la température ordi- naire , l'Élaïne commence à se congeler en aiguilles à quelques degrés au dessous de zéro ; placée sous la machine pneumatique , elle peut être volatilisée sans se décomposer; chauffée avec le contact de l'air , elle brûle; l'alcool bouillant la dissout en petite quantité , l’alcool froid la dissout moins fa- cilemeni ; la potasse la décompose et produit avec elle une masse savonneuse, formée des acides margarique et oléique et de glycérine; enfin l'acide sulfurique concentré la transforme en acide gras fixe. L’Élaine existe dans toutes les huiles. On l’ob- tient en dissolvant une quantité voulue d'huile dans de l’alcool bouillant et laissant refroidir le soluté. Ce procédé donne de l’Élaine mélangée d’une petite quantité de stéarine, On sépare cette dernière en exposant la liqueur à l’action de l'air froid et faisant ensuite évaporer l'alcool. (F. F.) ELAIS, Ælæis et Elais. (or. run.) Superbe palmier qui couvre toute la côte équinoxiale et oc- cidentale de l'Afrique, et qui habite particulière- ment la Guinée, d’où il a recu de Linné le nom d'Ælais guincensis. On le retrouve sous les mêmes zônes aux Antilles et à la Guiane, où il abonde au ELAP sein des forêts, aux lieux montagneux, et où il est connu sous le nom vulgaire de Avotra. Quelques auteurs pensent que de sa patrie il a été transporté sur le continent américain; cette assertion me paraît hasardée , même en admettant la voie de la dissémination par les flots de l'Océan; les espèces d'Elaïs indigènes au sol de l'Amérique appartien- nent au genre, mais elles sont distinctes de l’es- pèce africaine. Si ceite dernière s’y rencontre par- fois sur les côtes, elle y est cultivée par les Nè- gres qui ont été impitoyablement arrachés à la Guinée pour vivre esclaves et proscrits, Comme eux, l'Elaïs d'Afrique témoigne, par sa résistance, qu'il est sur une terre étrangère. Cette bellemonocotylédonée phanérogamemonte fort haut ; son stipe est hérissé, dans toute sa lon- gueur, de la base persistante des pétioles et d’é- pines aiguës , saillantes ; une toufle de feuilles ai- lées, dont. les folioles sont très-rapprochées, en- siformes, et qui ont jusqu'à cinq mètres de long, lui servent d'ornement et protégent les organes qui doivent la perpétuer. Ses fruits, appelés Haba par les peuplades de la Guinée, sont ovales , d’un jaune doré; le brou qui en recouvre la noix est d’une substance onctueuse. De l’amande que cette noix renferme on relire un corps gras, d'un bon goût et adoucissant, connu sous le nom de Beurre de Galahem; l'huile a particulièrement recu le nom d'huile de palmier. On n’est pas d'accord sur les propriétés héroïques qu’on leur attribue ; aussi les tairons-nous ; elles nous paraissent d’ailleurs fort exagérées et devoir se réduire au rôle de toutes les autres substances onctueuses. On rencontre assez souvent l'Élaïs dans les ser- res chaudes de l'Europe; mais il y demande beau- coup de soins , et, pour l’y propager, il faut se pro- curer des graines fraîchement tirées de son pays , les plonger immédiatement dans une couche à température élevée et sous châssis : cette condition est impérieuse. (T. ». B.) ÉLAN. (man) Cette espèce du genre Cervus a été représentée à la pl. 82, fig. 2, de notre Atlas; c’est le C, alces des naturalistes. Elle est devenue le type d’un petit sous-genre dans lequel se grou- pent le CERF couroNNé, C. coronatus, le CErr Géant , C. giganteus , le G. mmLANDAIS, C. euryce- ros et le G. D’AMÉRIQUE, C. americanus, tous fos- siles , à l'exception du premier dont on ignore la patrie, et qui ont les bois plus ou moins subdivi- sés, sans andouillers basilaires ni médians, et terminés par une vaste empaumure digitée à son bord externe. (GErv.) ÉLAPHRE, Elaphrus.(ixs.) Genre de Coléop- ières, de la section des Pentamères, famille des Carnassiers ,tribu des Carabiques, établi par Fa- bricius, qui leur assigne pour caractères : labre très- court, transverse ; mandibules avancées: mâchoi- res peu ciliées extérieurement ; dernier article des palpes externes en cône renversé tronqué au bout; la languette est trifide ; les divisions latérales sont plus petites que l'intermédiaire; les quatre tarses antérieurs sont légèrement dilatés dans les mâles. Les Élaphres, par leur tête transverse leurs yeux ELAP globuleux et saillans , paraissent au ‘premier coup d'œil se rapprocher des Cicindèles; mais un se- cond coup d'œil suflit pour les distinguer , sans parler des caractères positifs qui les en séparent ; leurs antennes sont courtes , un peu plus épaisses à l'extrémité ; leur corselet est presque aussi large que long et divisé en deux lobes, plus étroit que la tête; l'abdomen est beaucoup plus large que le corselet; les élytres sort souvent chagrinées et chargées de lunules enfoncées; les pattes sont de grandeur moyenne. Ces insectes vivent au bord des eaux et sont propres à l’Europe ou aux pro- vinces avancées vers le nord de l'Asie. E. RIvERAIN, Æ. riparius,F ab. Dej. Iconographie des Coléoptères d'Europe. Long de trois lignes ; vert bronzé , fortement pointillé, avec des lunules violettes dont les contours sont d’un vert plus pâle, ainsi que certaines parties du corselet et des pattes; la base des fémurs et des tibias est fauve foncé. C’est l'espèce la plus commune aux environs de Paris. E. uuieneux, Æ. uliginosus , Fab. Long de qua- tre lignes : très-voisin du précédent, mais d’un bronze plus foncé, avec des espaces lisses entre les lunules des élytres ; les pattes sont vertes partout. Moins commun. fA. P:) ELAPS, Ælaps. (rgpt.) Les anciens donnaient, à ce qu'il paraît, ce nom à un serpent non veni- meux, que quelques philologues ont cru retrouver dans la Couleuvre à quatre raies; maintenant ce nom sert à désigner des serpens à crochets veni- meux , rétractiles, à mâchoire peu dilatable à cause de la brièveté des os tympaniques et mastoïdiens; leur tête elliptique est couverte en dessus de grandes plaques polygones ; elle est renflée en arrière et se continue presque insensiblement avec le cou, comme chezlesCalamariaetles Tortrix; leur corps d’un volume presque égal est revêtu en des- sus d’écailles oblongues, égales , lisses, et la queue courte, un peu obtuse , est garnie en dessous de lamelles doubles ou disposées sur deux rangs pa- rallèles. Leur aspect extérieur, quise rapproche assez des couleuvres, expose à les confondre au premier coup d'œil avec ces ophidiens ; mais la présence des crochets venimeux et des glandes à venin les en distingue assez nettement. L'histoire des mœurs et des habitudes de ces animaux paraît peu connue dans ses détails. On en distingue plusieurs espèces qui toutes habitent les régions australes de l’ancien et du nouveau continent. La plupart des espèces sont annelées de blanc, de noir et de rouge dont la vivacité et l'éclat disputent à l’ivoire , à l’ébène et au corail, aussi les a-t-on souvent désignés sous le nom de Serpent corail. Les espèces les mieux détermi- nées ‘sont VÉcars DE Sam, C. lubricus latonia, d’un blanc argenté, annelé de noir, à anneaux étroits et décroissant de largeur d’avanten arrière; deux bandelettes noires, étroites sur la tête, se portant d’un œil à l'autre , et une bande plus large sur la nuque, anguleuse en avant , se termi- nant sur les côtés de la tête vers les angles de la gueule ; sa longueur est de huit à dix pouces ; sa LL. 145 EN 2! A Z Z 3. Emvde 7. Elaps A Cuérin QT ELAT ELAT NOR Re a DS RS grosseur dépasse à peine celle d’une plume d’oie. On le trouve surtout au cap de Bonne Espérance. L'Écars pes Dames , C, domicella ,\lacteus, hy- geæ , iphisa, blanchâtre comme l'espèce précé- dente marqué d’une tache noire , courbe sur le devant du museau, et sur les côtés du corps, de taches oblongues plus ou moins confluentes sur le rachis, espacées assez régulièrement d'avant en arrière, et formant souvent autour de la queue des anreaux complets par leur anastomose en dessus et en dessous de cet organe. On trouve quelque- fois une ligne rougeâtre imprimée sur le long de l’échine dorsale. Get Élaps est un peu plus long que le précédent, qui n’en est peut-être qu'une va- riété. Sa grosseur est à peu près la même. On le trouve dans le sud de l’Afrique et aux Indes, où les dames, dit-on, jouent avec lui et le laissent ram- per autour de leur cou, s’en faisant ainsi un orne- ment et une sorte de collier, ce qui lui a fait donner le nom spécifique qu’il porte. L'Amérique méridionale fournit d’autres Élaps que l’on a sou- vent confondus sous les mêmes dénominations de Cobra coral. L'ÉLaps DE MARCGRAVE, ou Jbiboa col. lemnis- catus , a le bout du museau noir et sur le corps des anneaux noirs, blancs , verdâtres et rouge de cin- nabre, disposés de telle sorte que trois anneaux noirs, séparés par deux anneaux blancs, sont suivis d’un anneau rouge. Gelte espèce atteint 28 pou- ces de long et est de la grosseur du doigt. L'Ézars coraiz ou Coral à anneaux simples. Cette espèce, à peu près de la taille du précédent, est d’un rouge de cinnabre, interrompu de distance en distance par des anneaux noirs, précédés et suivis chacun d’un anneau blanc verdâtre. Nous l’avons représentée dans notre Atlas, pl. 145 , fig 1. L’Asie fournit une espèce particulière d’Élaps, savoir : L'ÉLars A CHEVRONS, Æ. furcatus , Col. intesti- malis, trimaculatus, avec une tache noire en V sur le museau, deux taches en chevrons sur les yeux, et sur le dos deux larges bandes longitudi- nales noir d’ébène, séparées l’une de l’autre par une ligne blanche, étroite , imprimée sur le ra- chis; des taches noires quadrilatères, disposées symétriquement sur les côtés de l'abdomen, s’a- nastomosent parfois avec celles du côté} opposé pour former des bandes iransverses qui relèvent l'éclat de la couleur blanche jaunâtre du fond. C’est surtout à Java que l’on rencontre cette es- pèce, qui atteint la longueur d’un pied et la gros- seur du petit doigt. (T. C.) ELASMOTHÈRE , Ælasmotherium. ( ma.) Ce genre, voisin des Rnixocéros ( Voy. ce mot), ne renferme qu’une seule espèce fossile, laquelle n’est encore quetrès-imparfaitement connue, (GErv.) ÉLATE, Ælate. (207. PHAN.) Genre de la fa- mille des Palmiers, J., et de la Monoécie hexan- drie, L. Caractères : fleurs monoïques ; mâles et femelles enveloppées dans le même spathe ; fleurs mâles munies de trois pétales , de trois étamines ; fleurs femelles à trois pétales; ovaire surmonté d’un style à un stigmate ; fruit drupacé, ovoïde, pointu, et n'ayant qu'une graine munie d’un sillon. Ce genre, selon Lamarck, est irès-voisin du Dat- tier, et ne s’en distingue que par ses fleurs mo- noïques , il ne renferme qu’une espèce : L'Evare Des Forêts, Elate sylvestris, L. In- del asiat., Lamk. Encycl. Katou-indel, Rheede (Hort. Malab., 2, 22, 25), etc., etc. Get arbre croît dans l'Inde, sur la côte de Malabar, à Ceylan; il est peu élevé, il porte à son sommet un faisceau de feuilles pinnées, assez grandes et épineuses sur les bords, à folioles opposées ou disposées par paires, ensiformes, pliées longitudinalement. Le régime ou spadix est rameux, saillant hors des spathes qui naissent dans les aisselles des feuilles, ou pendans sous leurs faisceaux. Ceux-ci se compo- sent d’un grand nombrede petitesfleurs verdâtres et sessiles , auxquelles succèdent des fruits gros comme ceux du prunier épineux, d’un rouge brun ou noirâtre à leur maturité. Sous l'écorce des fruits, qui est lisse et cassante, est une chair farineuse et douce , environnant un noyau oblong, sillonné latéralement, et dans l’intérieur duquel se trouve une semence amère et blanchâtre. C. £.) : ÉLATER. (1s.) 7. Taurin. Frena ÉLATÉRIDES. (1ns.) On donne ce nom à une tribu de Coléoptères, de la famille des Serricornes, formée des. espèces du grand genre Taupin (Æla- ter Lin.), et composée, surtout depuis qu'Esch- scholtz en a fait une nouvelle classification , d’un grand nombre de sous-genres. On donnera une idée de cette classification à l’article Taurin. (GuËr.) ÉLATÉRIE, Ælaterium. (8oT. pan.) Dans la classification carpologique, le professeur Richard donne ce nom à une espèce de capsule relevée de côtes, se composant de plusieurs coques qui se séparent naturellement à l’époque de la maturité, et s’ouvrent avec élasticité, ce qu’exprime le mot grec Élatérie. Tel est le fruit des Euphorbes. L. Il est fâcheux de voir le mot Ælatérie ue de la sorte, puisqu'il est consacré par la haute an- tiquité pour désigner le suc d’une espèce de Con- combre, puis employé par Linné pour un genre particulier de la famille des Gucurbitacées. Je vais parler de l’un et de l’autre avec quelques détails, afin de montrer combien il importe de régulariser la nomenclature dans les sciences pour en rendre le langage simple et positif. ELATÉRIE DES ANGIENS. Sous le nom de Elaté- rion, Théophraste, Dioscorides, et d’après eux Pline , font mention du suc épaissi du Concombre sauvage, Momordica elaterium , qui se conservait de longues années sans éprouver la plus légère altération. La saison convenable pour préparer cette substance est l'automne ; on lui attribuait des vertus héroïques très-étendues, particulière - ment pour guérir les maladies des yeux. Syden- ham et Lister le regardaient comme spécifique puissant contre l’hydropisie et la goutte, De nos jours, l'Elatérium a beaucoup perdu de son crédit; Ur masi \ ELBE ELBE mm on l’amême proscrit dans certains cas comme trop violent. Ge suc est blanc ou noir; pour avoir le premier on scarifie les fruits voisins de la maturité, on le met à sécher au soleil , et ses effets sont vrai- ment étonnans. Quant au second, c’est l'extrait obtenu de la pulpe exprimée, sa puissance est moins énergique. Il y a encore de la différence dans les résultats suivant que la piante provient du midi, sa patrie, ou du nord : de là sans aucun doute la diversité d'opinions émises sur les vertus de l'Elatérium. La racine est amère, mais elle perd volontiers cette saveur traitée par l’alcool; celle venue dans les lieux pierreux et chauds de nos dé- partemens riverains de la Méditerranée > peut être employée avec succès dans la matière médi- cale. ÉLATÉRIE DES MODERNES. (BOT. PHAN.) Genre de plantes de la famille des Cucurbitacées et de la Monoécie monadelphie , dont toutes les espèces connues appartiennent au continent américain. Leurs tiges herbacées et grimpantes sont garnies de feuilles fortement lobées , de fleurs blanches et de fruits petits, oblongs , verdâtres, avec semen- ces ovales , anguleuses, comprimées. L'ÉLATÉRIE DE CARTHAGÈNE, Llaterium carthaginense, vient du Brésil ; l'Écarémie Hasrée , E. hastatum , croît au Mexique sur la pente des montagnes volcaniques; l'Écarérie 0e CLayrow, E. trifoliatum, qui est etite, se trouve dans la Virginie. (T. ». B.) ÉLATÉRIUM. (cmw.) Nom donné à l'extrait de Concombre sauvage. En médecine, on emploie l'Elatérium , comme drastique, à la dose de un à six grains, dans le traitement des hydropisies. (F.F.) ELBE, fleuve. (ckocr. Pnys.) Il sort du sein des montagnes des Géans, situées près de Risenberg, en Bohême, et qui la séparent de la Silésie. Onze sources , réunies dans la plaine de Navor, se pré- cipitent en nappe brillante d’une hauteur de qua- tre-vingt-deux mètres dans la vallée profonde de l'Elbe, d’où celte masse d’eau tire son nom, pour se frayer une issue à travers les énormes rochers de grès grisâtre de Pirna , et de R se rendre dans la mer du Nord. L’Elbe arrose de ses eaux, de- venues verdâtres depuis qu’elles coulent rapides, mais uniformément, une portion de la vieille forêt Hercynienne, fameuse dans les fastes germani- ques; il traverse plusieurs villes remarquables : Dresde, où la musique est cultivée avec beaucoup de succès ; Magdebourg , dont les remparts mena- çans dominent un vaste pays d’une admirable fer- tilité; Hambourg, centre d’un commerce immense et l’un des anciens chefs-lieux de la Ligue anséa- tique ; Altona , qui renferme un grand nombre de manufactures très-florissantes , et Gluckstadt, bâti sur un sol marécageux , insalubre, Ce fat près des bords de l’Elbe que le général Moreau, dirigeant les bandes de Cosaques armées contre le drapeau de sa patrie, se vit frapper par le premier boulet tiré sur l'ennemi des redoutes françaises de Dresde, et qu'il périt d’une mort trop honorable pour les traîtres. Ce fut aussi entre les bords de l'Elbe et ceux de la petite rivière Eyder, que les Romains, effrayés des remparts vivans qu'ils voyaient à l’autre rive, effrayés de l'attitude imposante de ces vieux Scandinaves que rien ne pouvait dompter, arrétèrent le vol hardy de leurs aigles dévastatrices et n’osèrent aller plus. loin. Le cours de l’Elbe embrasse une étendue de quatre-vingt-cinq myriamètres ou cent quatre- vingt-dix lieues. La marée remonte jusqu'à dix myriamètres au dessus de son embouchure et tient, durant cinq heures, son cours comme en suspens, malgré sa grande largeur et le volume de ses eaux considérablement augmenté par les tributs de la noire Elster , de la Moldaw, de l'Eger, de la Mulde , du Havel et de plusieurs autres aflluens, Au-delà de Lauenbourg on a ouvert sur ce fleuve un canal de communication entre la Baltique et la mer du Nord; mais il est sans utilité réelle; les petites rivières qui l’alimentent ne lui fournissent pas une quantité d’eau suffisante. L’embouchure de l’Elbe est encombrée de bancs de sable, d’i- lots et de vase qui finiront par rendre le port de Hambourg inabordable aux simples bateaux de commerce. (T. ». B.) ELBE (îce n°). (céocr. pays.) Cetteîle, qui n’a quesix lieues de longueur sur deux à trois de largeur, est assez intéressante sous le rapport physique pour mériter une place dans cet ouvrage. Elle s’élève près des côtes de la Toscane , vis-à-vis la ville de Piom- bino, dont elle n’est séparée que par un canal de deux lieues de largeur. Sa position astronomique est par 42° A9’, 6" de latitude N. et par 7° 59', 2" de longitude E. du méridien de Paris. Elle est couverte de montagnes, dont la plus haute, la Capanna, s'élève de 3000 pieds au des- sus du niveau de la mer. Ces montagnes se com- posent de quantité de schistes et de calcaire mar- bre. Mais ce qui a donné de la célébrité à cette île, ce sont ses mines de fer que l’on exploite depuis une époque très-reculée : on sait qu'elles étaient connues des Romains. Ce métal y est à différens états : le mélange de peroxide et de pro- toxide appelé aimant, est celui qui s’y trouve le moins abondamment ; c'est comme peroxide, connu en minéralogie sous le nom d’Oligiste, que le fer s’y présente sous une grande variété de cris- tallisations différentes. Un silicate de fer et de chaux particulier à cette île, ou du moins qui y a été d’a- bord découvert, est ce que l’on appelle aujour- d'hui Zlvaïte, du nom d’/{va que les anciens don- naient à l’île d'Elbe. On exploite aussi dans cette île du granite et du marbre ; on en tire beaucoup de sel, et on y connaît quelques sources minérales; mais elle est plus riche en minéraux qu’en végétaux, car elle manque de grandes forêts; cependant elle possède des pâturages qui nourrissent des chevaux; des mulets et des chèvres ; et elle produit assez de céréales, de vin, d'huile et de fruits pour la con- sommation de ses 12 ou 19,000 habitans. (J. H.) L'ile d’Elbe fut connue des Grecs sous le nom de Æthalia ; les Etrusques et les Romains l’appe- lèrent Jlua et Zlva, d'où les modernes ont fait. Elba, os ELBE ELBE D ÉTÉ SE ÆElba. Son examen géologique prouve qu'elle n’a oint été tourmentée par les feux souterrains , malgré son voisinage des volcans éteints de la Corse, de Monte-Amiata, Radicofani et autres de- uis de longs siècles silencieux qui peuplent la côte _ de la vieille Etrurie. Les montagnes de l’île d'Elbe forment trois noyaux différens, séparés l’un de l'autre par une vallée s’élargissant à mesure qu'elle se rapproche du rivage. Monte-Castello est le point central de la partie orientale; ses ramifications embrassent, au nord , l’'odorant Monte-Grosso, le Monte-Giove couvert d'arbres, et au sud le sau- vage Monte-Arco. Le foyer des montagnes du mi- lieu est le Monte-Rorello, comme le Monte della Capanna est celui de la partie occidentale. Leur charpente osseuse, si je peux m'exprimer ainsi, divisée en deux polygones irréguliers, partant, au nord, de Portoferrajo, et finissant, au sud, avec la pointe du cap della Stella, vous offre, à lorient, un schiste argileux, parfois calcaire, ren- fermant beaucoup de fer, et des élévations moyen- nes et généralement arides , tandis que, à l’occi- dent, vous voyez les montagnes les plus hautes de l'ile; toutes sont granitiques , depuis le sommet jusqu'aux écueils cachés sous la mer qui leur servent de base. Le climat est tempéré, l'air salubre ; on est fort incommodé en certains endroits des vents du sud et du sud-eit, qui soufflent assez habituellement. L'ile n’est sillonnée que par un petit nombre de ruisseaux ; un seul mérite une mention, c’est celui de Rio, dont les belles ondes sont excellentes et d’une abondance telle qu’elles font mouvoir dix- huit moulins dans un cours de.1496 mètres seu- lement. On y trouve aussi quelques fontaines et plusieurs sources minérales de peu d'importance. Les salines y sont d’un bon rapport. Les habitans sont pleins de courage, amis du travail, de l’ordre, et presque tous marins. Des lé- gumes secs, un fromage fait avec le lait de brebis, ayant l’odeur et le goût d’une mauvaise graisse, un bon lard d’une légère consistance, des viandes sa- lées et fumées, un pain grossier, du poisson frais, du thon mariné, très-peu de végétaux, voilà leur nourriture habituelle ; ajoutez-y beaucoup de chà- taignes et la pollenta préparée avec la farine douce et sucrée de ce fruit qui y est excellent. Les hom- mes sont d’une taille ordinaire, robustes, d’une bonne constitution , les vieillards y atteignent leur dix-neuvième lustre sans la moindre décrépitude; les femmes n’y sont point belles, mais elles ra- chètent l'absence des charmes extérieurs par des qualités essentielles, par un caractère noble et généreux. Les maisons sont basses, tenues avec propreté ; la batterie de cuisine est en terre cuite; les lits sont remarquables par leur grandeur, on y couche jusqu’à six personnes à l'aise. Les amuse- , menssont en petit nombre et peu variés. Le langage est un patois assez agréable, dont le radical est le dialecte toscan. Le vol y est très-rare , le meurtre plus rare encore; le libertinage une tache indélé- bilc, et la mendicité la preuve positive de graves infirmités , jamais celle des vices ou de la paresse. T. II, Quoique l’agriculture soit d’une médiocre im- portance dans l’île d’Elbe, elle suffit aux besoins de la population; les vins qu’on y récolte ont de la qualité; les plantes aromaliques y croissent à chaque pas; le Cactier en raquette, Cactus opun- tia, et l'Agave des contrées chaudes de l’'Améri- que, Agave americana, s’ÿ rencontrent partout et donnent au pays un aspect pitloresque tout nouveau, J'y ai trouvé l’araignée à treize points dont le venin est très-subtil. Mais c’est principale- ment par ses mines de fer et d’aimant que cette île jouit d’une grande célébrité. Son fer est pur, de la plus belle couleur, très-dur et en même temps plus riche en minerai, plus fusible, plus abondant et plus malléable que toutes les espèces connues. Il égale en bonté le fer de Suède , et donne 0,75 à 0,85 d’excellent fer, dont on obtient un acier na- turel très-bon. I est uni à un fer micacé qui ré- fléchit, de la manière la plus agréable, les bril- lantes couleurs de l'iris, et à un fer cristallisé dont les échantillons sont un des plus beaux ornemens des cabinets minéralogiques. Les mines de fer sont situées sur le territoire de Rio, celles d’aimant constituent tout le canton de Capo-Liveri; il n’y est point disposé par filons, mais irrégulièrement accumulé par masses. La pêche du thon est très-considérable et forme une branche essentielle, une branche importante du commerce ; elle se fait deux fois l’an , à Porto- Ferrajo et à Marciana , du 15 avril au 1% juillet , et durant les mois de septembre et octobre. Le rapport annuel de ces deux madragues est de soixante mille francs nets. Son voisinage de la côte étrusque a soumis l’île d’Elbe à toutes les vicissitudes politiques du con- tinent, comme ses richesses minérales l’ont expo- sée à l’ambition, aux vengeances , aux fureurs des diverses nations qui désolèrent la célèbre péninsule. Je n’en donnerai point ici le détail, on le trouvera dansunoutrage que j'ai publié en1 808(Paris,in-8°), sous le titre de Voyage à l'ile d'Elbe et aux autres iles de la mer Tyrrhénienne , qui a été traduit en italien , en allemand et en anglais. Je dirai seule- ment que l’île d'Elbe servit d’asile aux amis de la liberté, que décimaient à Rome le farouche Sylla et les empereurs, ainsi qu'aux Pisans fuyant les persécutions atroces des Médicis. Vers le commen- cement du dix-septième siècle, elle fut partagée entre la famille des Ludovisi auxquels succédèrent les Buoncompagni , le roi de Naples et le grand- duc de Toscane. En 1801 , elle passa tout entière aux états d'Etrurie; en 1814, Napoléon, déchu de l'empire qu'il avait créé sur les débris de la répu- blique francaise, fut investi de la souveraineté de l’île; mais trop à l'étroit sur ce coin de terre, il rompit le ban de l’ostracisme, reparutuninstant sur le sol qu'il avait soumis à un despolisme d’autant plus incisif qu’il couvrait de lauriers les fers dont il chargeait la nation la plus généreuse et la plus héroïque, et alla périr dans un triste abandon sur le rocher de Sainte-Hélène, tandis que l’ile d'Elbe retournait aux Toscans, et que la France, avilic par deux invasions favorisées par la trahison et la 102° Livraison, 2 ro ELEC soif de l'or des chefs militaires et politiques de Pempire, subissait un joug honteux imposé par l'étranger ct accueilli par la bassesse et la lâcheté. # Un naturaliste peut, sur le petit espace de terre que présente l’île d’'Elbe, faire un cours complet de géologie, découvrir quelques débris fossiles d’an baut intérêt , recueillir quelques plantes curieuses ét des insectes dignes de remarque. Multa paucts. (T. ». B.) ÉLÉAGNÉES. (mor pan.) On écrit ainsi quel- quefois le nom de la famille des ÉLæAGNÉEs (vo. ce moi), de même que certains botanistes l’intitu- lent tantôt Ælæagnoides et Eléagnoïdes. Tous ces mots viennent de Ælæagnus, qui est le nom scien- tifique du genre Gnaer, décrit plus haut, p. 75. (T. ». B.) ÉLECTRICITÉ. (pnys.) L'Electricité est, sans contredit, la plus belle partie de la physique; c’est à elle que nous devons les plus importantes découvertes dans les sciences et dans les arts; et, bien que les bornes de l’ouvrage auquel nous tra- vaillons nous imposent d'avance l'obligation de ne pas nous étendre trop longuement sur ce sujet, nous tâcherons cependant de ne point sacrifier ce qui est utile, bien démontré et bien connu, au luxe et au vague des théories. Quelques notions préliminaires, que nous allons brièvement exposer, prouveront du désir que nous avons d’être tout à la fois clairs et précis. Notions préliminaires. 1° Si l’on frotte ou si l’on frappe avec une étoffe de laine ou une peau de chat garnie de son poil, un tube de verre ou un morceau d’ambre, on verra les petits corps légers avec lesquels:ils seront en contact, être attirés et précipités sur eux. Cette propriété des corps a été appelée Ælectri- cité, du mot grec Electron, qui signifie Ambre, parce que c’est dans ce corps que ce phénomène a été observé pour la première fois. 2° Le frottement, qui est la manière la plus ancienne et la plus commune de développer l’'E- lectricité, n'est pas cependant la seule circon- stance dans laquelle elle puisse se produire. On sait en effet que la fusion des corps, leur pres- sion, leur réaction chimique, leur élévation ou abaissement de température , leur passage à l’état solide, à l’état liquide, et de celui-ci à l’état ga- zeux, leur simple contact, surtout quand il se fait par des surfaces , donnent également heu à la décomposition de la matière électrique, qui n’est autre chose, comme nous allons le dire dans un instant, que l’Electricité elle-même. 5° Tous les corps simples ou composés, solides, liquides ou gazeux, sont susceptibles d'acquérir des propriétés électriques par le frottement. 4° Tous les corps de la nature ne jouissent pas de la propriété électrique au même degré, bien qu’on les frotte aussi long-temps et de la même manière. Ceux qui en sont doués plus que les au- tres sont appelés idioélectriques où électriques par eux-mêmes ; les autres prennent le nom d’anélec- triques, mauvaise dénomination; car il n’y a pas; 10 ELEC a —— — © ——— — rigoureusement parlant, de corps qu’on ne puisse électriser. 5° Tous les corps ne se laissent pas traverser également par Electricité ; c’est pour cette raison qu’on les à partagés en bons conducteurs, demi- conducteurs, et non conducteurs. Au nombre des premiers se trouvent les métaux, le charbon de bois, la mine de plomb ou graphite, l’airiet les gaz humides. L'eau , la craie, les pierres, etc. font partie des seconds ; enfin, le verre, la résine, les gommes, la cire froide , le suif, l'huile liquide, l'air sec, sont mauvais conducteurs. Non seulement l’air sec est mauvais conducteur de l’Electricité , mais encore il la retient à la sur- face des corps par son propre poids. 6° Quand on veut électriser un corps, ilne snflit pas de l’isoler, de le frapper ou de le frotter, il faut aussi le sécher, ainsi que les corps environ- nans, Car l'air humide est bon conducteur de l'E- lectricité. On sèche l’air et les corps environnans en promenant autour de l’appareil un réchaud rempli de braise de boulanger , légèrement incan- descente, 7° L'expérience ayant fait voir que, lorsque pour développer de l'Electricité on frottait ou on frappait un corps sur un autre, non seulement les deux corps se chargeaient d'Electricité, mais en- core qu’ils se comportaient différemment à cer- tains égards, on a conclu que tous les corps de notre planète contenaient une substance particu- lière à laquelle on a donné le nom de matière élec: trique , matière que , dans notre espril , nous avons considérée comme composée de deux Electricités simples, afin de pouvoir expliquer plus facilement les nombreux et curieux phénomènes que la nou- velle propriété des corps que nous étudions en ce moment offre sans cesse à notre étonnement et à notre sagacité. Franklin, qui le premier essaya d'établir une théorie de l’Electricité en général , et qui croyait que la différence des deux Electricités n’existait que dans le plus ou le moins de matière électrique, désigna Ja première sous le nom d’Electricité po- sitive, et la seconde sous celui d'Electricité néga- tive, dénominations qui sont encore en usage au- jourd’hui, et que l’on remplace quelquelois par les suivantes : électricite vitrée, électricité rest- neuse. Toutefois, nous devons faire ici une obser- vation : le verre ne prenant pas toujours l'Elec- tricité vivrce , e€ la résine l'Electricité résineuse; d’un autre côté les deux Electricités perdant réci- proquement leurs propriétés par leur réunion, om émploie généralement la première dénomination. & Les différences sensibles qui existent entre les deux électricités que nous venons d'admettre sont les suivantes : a Lorsque, à la surface d’une poudre fine étendue à l’aide d’un tamis sur un corps électri- que, on fait tomber une étincelle d'Electricité po- sitive, on voit la poudre se transformer en une figure étoilée ronde ; cette figure ronde se forme également avec l'Electricité négative, mais il n'y a pas de rayons étoilés. ELEC ELEC b. La saveurressentie sur la langue par l'Elec- tricité positive est acescente, brûlante ; elle est presque-alcaline pour l'Électricité négative. c. La couleur rouge du tournesol, changée en bleu par l'Electricité positive , n’éprouve rien ou disparaît par l’Electricité négative. d. L'Electricité positive qui part d’une pointe un peu émoussée, forme un faisceau lumineux dont la longueur varie de plusieurs pouces, et dont la couleur est d’un bleu rougeâtre ; le même fais- ceau est simplement lumineux avec l'Electricité négative, e,. Deux corps chargés de la même Electricité se repoussent; deux corps chargés d'Electri- cité différente s’attirent : la distance à laquelle J'un de ces deux phénomènes a lieu s’appelle at- mosphère électrique. Quand un corps électrisé que j'appellerai À , en a attiré un autre qui n’est point électrisé, que j’appellerai B ,et que celui-ci aura été électrisé par le premier, B sera repoussé par À ; mais si je place B près d’un troisième corps que j'appellerai G et qui sera chargé d’une Electricité contraire, ou même qui ne sera point électrisé du tout, CG enlevera l’Electricité de B, B retournera ensuite près de À pour être électrisé de nouveau, puis il sera repoussé près de C, etc. :ces mou- vemens d'attraction et de répulsion dureront jus- qu’à ce que À ait perdu une grande partie de son Electricité. C’est sur cette propriété que sont éta- blies plusieurs petites machines récréatives, telles que l’araignée, le carillon , la danse électriques, ete. 9° La facilité avec laquelle l'Electricité se trans- met d'un corps à un autre sert à déterminer la na- ture de l'Electricité qui se trouve dans un corps quelconque. Ainsi, on sait que le verre s’électrise positivement et la résine négativement. Si donc on couvre. de vernis à la laque la moitié d’un petit tube en verre soufllé en boule à ses deux extré- mités, et si on frotte ces extrémités, on aura de l'Electricité négative à l'extrémité enduite de ver- ais, et de l’Electricité positive à l'extrémité où le verre est à nu. Maintenant si l’on applique à une petité boule de moelle de sureau suspendue à un fil de soie l'Electricité d’an corps quelconque , on connaîtra facilement la nature de cette Electricité, en voyant par quelle extrémité la petite boule a été repoussée ou attirée, 10° L'action électrique, ou l’Electricité pro- prement dite , se propage à distance et à travers les corps; on en a la preuve dans l'expérience suivante: si, près d’une-cloche de verrerenfermant unepetite boule de moelle de sureau suspendue à un fil de soie , on approche un bâton de cire d’'Es- pagne préalablement frotté, on verra la petite boule de sureau attirée vers le bâton de cire. 11° Les corps chargés d'Electricté n’angmentent pas de dimension. Un thermomètre très-sensible 1 plongé.dans de l’eau électrisée contenue dans un vase également électrisé, ne varie pas. 12° La promptitude avec laquelle. Electricité se propage est telle, qu’elle peut parcourir à peu près deux lieues dans un espace de temps telle- ment court qu'on ne peut l’apprécier, 13° Si, près d’une partie quelconque du corps, de la joue, par exemple , on porte un corps élec- trisé, on éprouve à l'instant même une sensation pareille à celle que produirait.une toile d’araisnée. Si on le touche avec le doigt, ou avec une boule de métal, on entend un léger pétillement et l’on voit briller une petite. étincelle lumineuse de cou- leur bleuâtre.. Cette étincelle n’est autre chose que la réunion de l’Electricité positive de l’un des corps avec l’Electricité négative de l’autre. 14° Si le corps frotté se charge d’Electricité positive , le corps frottant se charge d’Electricité négative, et réciproquement. Toutefois, la nature de l’Electricité développée n’est pas absolue; elle dépend autant de la nature du corps frottant que de celle du corps frotté. Ainsi, la soie frottée avec le verre poli, acquiert l’Electricité positive; frottée avec la résine , elle acquiert l’Electricité négative; un bâton de verre poli, frotté avec une étoffe de laine, s’électrise positivement, et frotté avec une peau de chat, il s’électrise négativement. Com- ment expliquer maintenant l'espèce particulière d’Electricité que chaque corps peut acquérir? La science ne sait encore rien de positif à ce sujet. 19° Dans les corps conducteurs isolés, l’'Elec- tricité développée s’y trouve répandue à la surface seulement ; elle ne les pénètre pas, et elle y est uniformément répartie. On a la preuve de ce que nous venons d'avancer dans l'expérience suivante + si on approche d’une sphère creuse de métal, chargée d'Electricité, et placée sur un support isolant, une petite boule de métal suspendue à un fil de gomme laque, et si on porte cette petite boule près du pendule d’un électromètre à ca- dran, le pendule sera de suite mis en mouvement; rien de semblable n’aura lieu si la petite boule a été mise en contact avec l’intérieur seulement de la sphère creuse. 16° Les surfaces planes laissent très-facilement échapper l'Electricité ; les pointes jouissent aussi dela même faculté, mais à un degré moindre ; c’est ce que nous dirons d’ailleurs en parlant des para- tonnerres, où nous verrons que leur principale propriété est d'attirer l'Electricité au dieu de la repousser. Ajoutons encore que les pointes ne peuvent point absorber lElectricité, comme on se le figurait autrefois. C’est sur cette propriété des pointes que repose la construction de plusieurs divertissemens électriques , tels que la roue élec- trique , le moulin à vent électrique, etc. 17° Quand on veut accumuler de l’Electricité dans un corps quelconque, il faut le placer dans des conditions convenables, c'est-à-dire le mettre sur un autre Corps non conducteur , l’isoler , comme on Je dit en physique. L’instrument dont on se sert ordinairement pour cela 's’appelle ta- bouret électrique; ce tabouret n’est autre chose qu’une petite table en acajou ou en bois ordinaire, dont les pieds sont en verre. Gela fait, on frappe ce corps plus ou moins long-temps avec une peau de chat ou un morceau de laine. Le corps frappé el le corps frappant ne communiquant en aucune manière avec le sol, dit réservoir commun, ou avec ELEC 12 ELEC tout autre corps bon conducteur , et l’Electricité } développer l'Electricité par le frottement, et à mise en liberté dans leur intérieur (car il s’en développe dans tous les deux ) ne pouvant s’échap- per , la matière électrique ne peut se décomposer; mais si l’un des deux corps n’est pas isolé, sil perd son Electricité, si enfin la matière électrique peut se décomposer , l’Electricité contraire, celle du corps resté isolé s’accumule de plus en plus. Bien entendu que l'écoulement de l'Electricité a lieu dans les deux corps, si les deux corps com- muniquent avec le sol. Voyez plus loin , GoNDEN- SATEURS DE L' ÉLECTRICITÉ. Telles sont les notions préliminaires que nous avions à donner avant d'entrer dans l’étude de l'Electricité , étude que nous allons faire dans l’ordre suivant : 1° idée de la lumière électrique; 2° machines électriques ; 3° condensateurs : bou- teille de Leyde, batteries électriques, condensa- teur proprement dit ; 4° piles électriques ; 5° Elec- tricité animale ou Galvanisme ; 6° Electricité atmosphérique : foudre, tonnerre, paratonnerres ; 7° Electricité chez certains poissons; application de l’Electricité en médecine , et observations. Lumière électrique. La cause de la lumière élec- trique a singulièrement exercé la sagacité des physiciens. Quelques uns ont pensé que le fluide électrique était lumineux par lui-même : si cette opinion n’exprime pas la vérité, elle prouve du moins que ceux qui l'ont émise n’ont pas voulu se livrer à de longues et fatigantes méditations pour trouver ce que d’autres ont attribué au choc subit que l’air éprouve par le passage du fluide électrique. Ce choc a-t:1l lieu ? c’est ce que l’ex- périence a prouvé; cependant, il ne faut pas at- tribuer au choc seul toute la lumière produite ; car une partie de celte dernière est due aussi à la combinaison des deux Electricités. La lumière électrique n’est pas constamment la même ; elle varie dans son aspect et dans son in- tensité. C’est ainsi qu'elle apparaît sous forme d’aigrelte quand le conducteur est chargé d'Elec- tricité positive et armé d’une pointe, qu'elle est représentée par un point lumineux seulement quand l'Electricité est négative, et qu’elle est à peine sensible quand l'air est très-rare. Machines electriques. L'Electricité sc développe, avons-nous dit, soit en froltant, soit en frappant les corps avec une peau de chat (1), ou bien avec un morceau de laine parfaitement sec; mais ce mode d'émission n'étant pas le seul employé, surtout quand on agit en grand et que l’on veut augmenter les effets électriques , nous allons faire connaître la machine au moyen de laquelle on produit les mêmes phénomènes dans les labora- toires et les cours publics. Généralement, on appelle machines électriques les appareils au moyen desquels on parvient à (x) De toutes les snbstances employées pour développer de lélectficité, la peau de chat'offre le plus d'avantages. Chacun a pu voir que si, dans un temps sec et froid, on passe la main sur le dos d’un chat, on voit son poil se hérisser et se diriger sur Ja main qui le touche. l’accumuler ensuite dans des conducteurs iso- lés. La machine la plus ordinaire, inventée par Ramsden, consiste en un large plateau en verre, placé verticalement entre plusieurs coussins gar- nis de plaques métalliques et remplis de crin, et fixé à un axe que l’on fait tourner à l'aide d’une ma- nivelle. Chaque coussin, qui est altaché à un mon- tant en bois, qui communique avec le sol, et qui presse fortement sur le plateau, est d’abord enduit d’une matière grasse, puis saupoudré d’or mussif (bisulfure d’étain ). Aussitôt que la machine est mise en jeu, que le plateau de verre a exécuté quelques mouvemens de rotation entre les cous- sins, de l'EÉlectricité se développe ; cette Electri- cité, négative dans les coussins, positive dans le plateau, est attirée par des pointes métalliques , pointes qui font partie d’un cylindre en cuivre, appelé conducteur, et qui sont placées à peu de distance des bords du plateau de verre. Par un temps sec, quelques tours du plateau suflisent pour que le développement de l'Electricité soit porté au maximum ; enfin, on obtiendra prompte- ment et sûrement ce maximum, si, comme cela se fait ordinairement , on a le soin de fixer au frot- toir des morceaux de taffetas gommé qui recou- vrent les parties du plateau de verre à mesure qu’elles passent entre les coussins. L’Electricité développée avec la machine dont nous venons de parler est positive dans le con- ducteur; elle sera négative, si l’on fait commûni- quer le plateau avec le sol, et les coussins avec le conducteur. Il existe encore beaucoup d’autres machines électriques dont nous ne parlerons pas; telles sont celles de Otto de Guericke, de Hauksbée, de l'abbé Nollet, de Wilson, de Nairne, etc. , dans lesquelles le corps frolté est toujours un globe de verre ou de soufre, Des condensateurs. Les condensateurs ou collec- teurs d'Electricité, instramens de physique dans lesquels on accumule l’Electricité , sont la bouteille de Leyde, les batteries électriques et le condensa- teur proprement dit. Nous allons faire connaître l’un et l’autre de ces instramens. La découverte de la bouteille de Leyde , qui date de 1746, et qui est due à Muschenbroeck et Cu- néus, fit beaucoup de bruit en Europe, et surtout en France, où, dans tous les temps, on a été avide des choses nouvelles. Sa forme ordinaire est celle d’un flacon à col renversé , contenant des feuilles minces de cuivre dans son intérieur, et re- couvert à l’extérieur et jusqu’à une certaine hau- teur d’une feuille d’étain. Le flacon est fermé par un bouchon de liége traversé par une tige métal- lique. La partie inférieure de la tige métallique, celle qui plonge dans le flacon, est en contact avec les feuilles de cuivre, et l’autre, la supé- rieure , est terminée par une boule. Quand on veut charger la bouteille de Leyde, on la tient dans une main, et on touche en même temps le condensateur de la machine électrique avec la boule qui termine la tige. Si, mm ——— ELEC 13 ELEC après le contact, on porte un doigt de l’autre main sur la petite boule, aussilôt on se sent frappé avec violence dans les deux bras, et sur- tout aux articulations. “La même commotion, appelée encore coup électrique, peut être sentie avec la même force et dans le même temps par un très-grand nombre de personnes ‘mais il faut que celles-ci se tiennent par Ja main. On est à même de se convaincre de ce fait en cédant aux invitations des faiseurs de physique amusante que l’on trouve si souvent dans les jardins ou autres lieux publics des grandes villes. Dans ces sortes d'expériences , il faut que la bouteille de Leyde soit, comme pour le condensateur ordinaire, en communication avec le sol. Malgré cette précaution il arrive quelquefois qu'après sa décharge , la bou- teille de Leyde donne encore une assez forte com- motion aux personnes qui la touchent; cela tient à l'imperméabilité du verre qui n’est pas complète, et qui permet toujours à une certaine quantilé d’Electricité de le pénétrer. Si au conducteur de la machine électrique on suspend , à l’aide de crochets, plusieurs bouteilles de Leyde; si à la dernière bouteille on attache une chaîne qui communique avec le sol, et si en- fin on fait jouer la machine, l'Electricité positive s’accumulera dans l’intérieur de la première bou- teille, décomposera l'Electricité naturelle de la garniture extérieure , attirera l'Electricité néga- üve , et repoussera l'Electricité positive dans l'in- térieur de la seconde bouteille, dont l’armure (revêtement) extérieure sera négative, et ainsi de suite, de façon que toutes les armures extérieu- res seront chargées d’Electricité négative. Ces dé- compositions successives d'Electricité constituent ce qu’on appelle en physique charge par cascade. La première expérience qui donna naissance au condensatenr de Leyde est extrêmement simple; nous allons la faire connaître : si, ténant dans une main un vase de verre à moitié plein d’eau, dans laquelle plonge un conducteur métallique commu- niquant à une machine électrique mise en mouve- vement , et si, avec l’autre main, on essaie d’en- lever le conducteur, or recoit à l'instant une com- motion qui est d'autant plus forte que le vase est plus grand, la machine plus forte, et que celle-ci à lé plus long-temps en action. Ce phénomène, tout dangereux qu’il pouvait être d’abord, ne fut ‘pas perdu. Mettant à profit les progrès de la science , n'oubliant pas les dangers qu'ils avaient -courus , prenant enfin toutes les précautions indi- quées par l'expérience , les physiciens se familia- risèrent avec lui, modifièrent l'appareil, rempla- cèrent l’eau par des feuilles métalliques extrême- ment minces, enfin construisirent la bouteille de Leyde. Batteries électriques. On entend par batteries électriques la réunion d’un plus ou moins grand nombre de bouteilles de Leyde, réunion qui aug- mente considérablement la décharge du conden- sateur. Une fois réanies et placées dans une boîte de bois dont l’intérieur est recouvert d’une feuille d'élain , les bouteilles de Leyde prennent le nom de jarres, Leurs crochets se tonchent tous par le moyen d’une chaîne ou d’une tige métallique. Quand on veut charger une batterie, il suffit de fäire communiquer sa surface intérieure avec le conducteur de la machine électrique , et sa sur- face extérieure avec le sol. Sa force, qui se dé- termine avec un électromètre à cadran, doit être ménagée; car le choc qui en résulte peut rompre les jarres elles-mêmes. Il est également très-im- prudent de toucher avec la main une batterie composée seulement de six jarres; les accidens les plus graves peuvent en résulter. Les effets mécaniques de l'Electricité sont très- curieux et très-importans à noter ; la chimie en a fait la plus heureuse application dans ses recher- ches analytiques. Par la décharge d’une forte bat- terie électrique on fond et on volatilise des mé- taux, on brise des cylindres en bois eten verre, on enflamme la poudre, l’alcool, l’éther, le phosphore, etc. On brûle le fer, on décompose l'air, l’eau, quelques oxides métalliques, on tue des animaux de petite taille, tels que chiens, chats, etc.; enfin c'est par le même moyen que dans presque tôus les cours de physique on trace en peu d’instans l’image assez frappante de l'im- mortel Franklin. Pour cela on place une feuille d’or entre deux planches que l’on serre fortement ; Ja feuille d’or, posée sur un carton découpé de manière à présenter le profil du célèbre physicien, et réduite en poudre à l’aide d’une décharge élec- ‘trique, laisse sur un morceau de soie placé sousle carton, une empreinte brunâtre qui représente le portrait. Condensateur proprement dit. Cet instrument, inventé par OEpinus, consiste en deux plateaux métalliques recouverts, par leurs faces correspon- dantes, d’une couche de vernis mince faisant fonc- tion de lame isolante. L’un des plateaux est sur- monté d’une tige à crochet pour pouvoir être fa- cilement transporté au moyen d’un tube isolant; l’autre communique avec le sol par un support également en métal. On se sert du condensateur proprement dit de la manière suivante : avec le crochet qui termine la tige du premier plateau on touche les grands conducteurs d’une machine faiblement chargée d'Electricité; une partie de cette Electricité se distribue dans le plateau, et on place celui-ci, appelé alors plateau collecteur, sur le second. On répète la même opération jusqu’à ce que l'appa- reil soit suffisamment chargé de fluide. : Que se passe-t-il dans cette expérience et dans toutes celles qui sont analogues ? L’Electricité ré- pandue dans le premier plateau agit sur les Elec- tricités combinées (matière électrique) du second, et refoule dans le sol celle de même nature, tandis qu’elle attire celle denom contraire; en sorte que l’é- quilibre estrompu dans le système des conducteurs auxquels communique le premier plateau, qu'il se répand sur celui-ci une nouvelle quantité de fluide libre qui s’accumule jusqu'à ce qu'il se trouve en équilibre entre la répulsion qu'il exerce ELEC ÆLEC sur lui-même ct l'attraction du fluide du second plateaa pour le retenir. Piles électriques. Les pilés sont des appareils dans lesquels l’'Electricité est produite par le con- tact mutuel de métaux différens. Dans ces appareils, connus d’abord sous lé nom d’électro-moteurs , les extrémités sont.appelées pôles ; cellequi commence par le zinc se nomme pôle positif, «et celle qui se termine par le cuivre , pôle négatif. Ghaque paire de disques formés de zinc et de cuivre porte le nom d'élément de la pile, et chaque élément fait fonc- tion de conducteur. Les piles sont de plusieurs sortes ; il y en a de sèches, d’humides , à colonne, à auges , elc. Lorsque dans la construction des piles on em- ploie , au lieu de solides non conducteurs ou demi- conducteurs, un liquide qui conduit l'électricité , les effets de la transmission électrique augmen- tent considérablement. Ainsi , que l’on place ane pièce d’ argent sur la langue et une pièce de zinc ds. ; qu'on fasse éudhes ces deux pièces à l'extrémité de l’organe , aussitôt on ressent une sayeur brûlante qui cesse dès que le contact n’a plus lieu, et qui se renouvelle quand on le reproduit. Si on fait la même expérience sur une joue, en plaçant une plaque métallique sur sa face interne et une autre sur sa face externe, et si on met ces plaques en contact à l’aide d'un fil de métal, on éprouve aussitôt , dans l'œil correspon- dant, une sensation de lumière qui se dissipe ra- pidement, tandis qu’un sentiment de brûlure a lieu dans le voisinage des métaux. La raison pour laquelle un certain nombre de plaques superposées produisent une tension élec- irique plus considérable , est celle-ci : quand deux plaques sont armées el empilées l’une sur l’autre, non seulement elles deviennent électriques par le contact de leurs faces internes, mais encore leurs armatures (liens ou crochets) externes recoivent en même temps de l'Électricité libre. Si on la couvre d’une troisième plaque ayant l’armature contraire tournée en dessous, celle-ci se charge et de l’Électricité devenue libre dans Ron de la seconde plaque, et de la nouvelle quantité d'Électricité qu'excite le contact dés seconde et troisième paires de plaques. De là augmentation ! de la tension électrique. Si on ajoute. une qua-! irième, une cinquième plaque , l'augmentation de la tension électrique a également lieu. Pile de Volta. De RARES les manières d’intro- duire un liquide entre des métaux électriques, la plus usitée et la plus efficace consiste à imbiber de ce liquide des disques de carton un peu plus petits que ceux de métal , et à placer entre chaque paire de ces derniers un disque de carton. La construction de la Pile électrique où voltaïque qui date de 1800, que l’on élève avec zinc , cuivre et carton mouillé , zinc, cuivre et carton mronillés etc. , et que l’on termine par cuivre (30 à 4o paires suffisent) , est une application de ce que nous ve- nons de dire. Les liquides dont on se sert dans la construction des piles humides sont des mélanges d’eau et d’a- cide nitrique, dans des proportionsiqui varient beaucoup. Les acides sulfurique ethydrochlorique peuvent convenir également. L'eau pure ne rem- plit les mêmes conditions que faiblement ; on peut cependant augmenter sa propriété conductrice en y faisant fondre l’un des sels suivans : sulfate de soude, hydrochlorate de soude (sel marin) , sel ammoniac, alun , et plusieurs autres, Appareil a tasses de Volta. Une petite pile ‘ex- trêmement simple, facile à établir et à conserver après son usage, est celle que l’on connaît sous le nom d'appareil à tasses de Volta. Elle consiste dans une série de verres contenant de l’eau aci- dulée ;, et dans lesquels plongent des bandelettes de cuivreet de zinc, soudées ensemble, et cour- bées de manière que l'extrémité zinc plonge dans un verre, et l’extrémilé cuivre dans le suivant. Une fois que les expériences auxquelles cet appa- reil a servi sont terminées , on lave les bandelettes dans de l’eau , et on les essuie ayec soin. Piles à auges. Les piles à auges ne diffèrent des piles droites qu’en ce que les disques métalliques et de carton qui les composent baignent dans le liquide acide au lieu d’être élevées en colonne. Le liquide est contenu dans une cuve en.bois ou en porcelaine, et les pièces de métal et de carton sont carrées au lieu d’être rondes. Beaucoup de modifications ont été apportées dans la construc- tion des appareïls à auges; nous négligerons ici toutes ces améliorations ou perfections, qui n’inté- ressen£ récllèment que les personnes qui s’occu- pens spécialement de la science, et qui d’ailleurs n’ont pas empêché qu'on ne les considère comme élant inférieurs à ceux qui sont disposésen co- lonne , tant. à cause de la grande quantité de di- quide qu’ils consomment, qu’à cause de l’action chimique de ce même liquide sur les pièces mé- talliques. Mais ce que nous ne devons pas négliger de dire, c’est que l'intensité électrique des piles à auges est en raison directe 1°.du nombre et de l'étendue des élémens , 2° de l'acidité de l'eau et -de la surface qu’elle représente, 3° de la, facilité avec laquellele liquide,se décompose. Les décharges obtenues avec les piles sèches ou humides donreut lieu aux mêmes phénomènes de ‘feu et de:chaleur que l Électricité ordinaire. On peut ; avec leur étincelle , enflammer un. mélange de gaz oxygène et de gaz hydrogène , souder en- semble deux fils de nétale brûler fnpenss aunes de fil de fer, rougir du charbont, opérer des dé- compositions (nous citerons celle des alcalis, par S. Humphry Davy) , fondre des métaux infusibles au feu ordinaire, etc. Electricité animale. Galvanisme. Detoutes les dé- couvertes dues à l'esprit humain , de toutes celles qui font pressentir ce que son intelligence pourra produireun jour, la plus étonnante ‘est sans: con- tredit la connaissance de l'Électricité développée par le contact , et detous les effets auxquels elle peut donner lieu. Le hasard fut la source detoutes ces découvertes. Un élève de Galvani, professeur d'anatomie à Bologne, disséquant une grenouille près d’une machine électrique , vit des muscles de —————— ELEG ELEC EE TRIER ETES URGENT CT TONNERRE. l'animal s’agiter sous son scalpel. Frappé de: ce phénomène, le professeur chercha quel avantage on pourraiten retirer pour la science, et s’il pour- rait également s’en servir pour apprécier l’état électrique de l'atmosphère. Voulant se livrer à cette dernière expérience , il coupa un morceau de moelle épinière d’une grenouille, passa à travers le morceau, tenant encore aux membres posté- rieurs, un anneau de cuivre, et il vit que non seulement cet appareil pouvait remplir le but pro- posé, mais encore que cette même grenouille dis- séquée et garnie d’un crochet propre à la saisir, éprouvait , étant placée sur un vase de fer-blanc , des convulsions qu’on renouvelait à volonté, c’est- à-dire toutes les fois qu'après avoir soulevé le cro- chet de dessus le vase, on le remettait en contact avec lui. Enfin Galvani observa encore qu’en gar- nissant deux points différens d’une grenouille dis- séquée de métaux également différens, et mettant les métaux en contact, soit directement , soit par le moyen d’un fil métallique, des convulsions avaient également lieu. De là la découverte de l'Électricité animale ou galvanisme , qui date de 1790. ? Pendant long-temps on disputa pour savoir si lé fluide subtil qui agitait la grenouille était iden- tique avec l'électricité. Volta n’émit aucun doute sur’ cette opinion, et Humphry Davy la décida , en 1806 , devant la société royale de Londres, par des expériences qui feront toujours le plus grand honneur à leur auteur. Electricité atmosphérique. Le tonnerre est un phénomène particulier produit par certains nuages qui, dès leur formation, donnent des signes d'É: lectricité libre. Cette Électricité s'élève quelque- fois soit entre deux portions différentes de nuages, soit entre ceux-ci et la terre, à un degré d’inten- sité tel qu’elle se décharge par une forte étincelle qui constitue la foudre (Voy.Kcrarm.). À quoi tient le départ des Électricités dans les nuages ? Nous l'ignorons complétement. Si la commotion a lieu entre les nuages et le sol , on dit que la foudre ou le tonnerre tombe. Cette foudre frappe assez souvent les objets élevés, les clochers, les maisons , les arbres, et en général tout ce qui est conducteur ou terminé par une pointe. Ces faits sont de la plus haute importance à signaler, et on ne saurait trop en répandre la connaissance dans les campagnes, où , dans les temps d'orage, les habitans ne manquent pas, malgré les victimes comptées chaque année, de se réfugier , soit sous des arbres, soit dans les églises dont souvent ils agitent fortement les clo- ches, comme s'ils craignaient de ne point être assez promptement foudroyés. Quand la foudre tombe dans l’eau, celle-ci s'élève sousla forme d’un petit cône, et l'endroit où la foudre à frappé est marqué par de petites ©ndulations. Les premiers physiciens quicomparèrent la fou- dre à l'Électricité de nos machines furent ‘Fran: klin et Nollet, et'ce fut Dalibard , savant français, qui, le 10 mai 1752, tira volontairement les pre- mières étincelles du tonnerre après avoir éonstruit à Marly, près de Paris, un appareil proposé d’a- bord par Franklin, et qui consistait en une cabane au dessus de laquelle était fixée une barre de fer de quatre pieds de longueur etisolée dans sa partie inférieure. Gette expérience ne tarda pas à être répétée, mais sans les précautions et les connaïis- sances suflisantes en physique. Richmann fut victime de son zèle à St-Pétersbourg, etlascience, la philosophie, l'humanité faillirent regretter, beaucoup plus tôt qu’elles ne l’ont fait, l’immortel et vertueux Franklin, qui, en Amérique , eut la hardiesse detirer l'Électricité des nuages au moyen d’un cerf-volant dont il tenait la corde entre les mains. Si cette dernière eût été plus fortement mouillée qu’elle ne l’avait été si heureusement et si convenablement par une pluie légère, si de plus la décharge eût été très-forte, il est hors de doute que Franklin eût péri. Plus tard, Romas, en France, mettant à profit l’exactitude des théo- ries nouvelles, et donnant à son appareil toute la perfection que peut apporter un savoir éclairé, fit sortir des nuages , pendant des heures entières, des jets de feu de plus de trois mètres de lon gueur. L " Paratonnerres. De la conviction que la foudre et l'explosion des machines électriques ne diffé- raient que par la dimension des appareils, de la certitude que les nuages étaient chargés , les uns d’Electricité positive, les autres d’Electricité né- gative, il n’y avait pas loin à l'invention des para- tonnerres, dont les hommes sont encore redeva- bles à Franklin , qui avait démontré le pouvoir des pointes sur les décharges électriques, et qui avait également reconnu que les conducteurs pointus dispersaient l’Electricité sans bruit et à des distan- ces considérables. Tout le monde sait qu’on appelle paratonnerre une longue verge métallique pointue , dont l’extré- mité supérieure dépasse de quelques pieds les édifices qu’elle surmonte , et dont l'extrémité in- férieure se perd dans le sol, à douze ou quinze pieds de profondeur, et un peu moins si l’on ren- contre de l’eau. On préserve le pied du paraton- nerre de la rouille, en l’entourant de charbon de bois contenu dans un auget construit en briques. La barre de fer qui constitue le conducteur du päratonnerre est souvent remplacée par une corde en fils de fer; chacun de ces fils est recou- vert d’une couche de goudron. Si l'édifice est couvert de feuilles de plomb , de zinc, etc., il est bon de faire communiquer ces dernières avec le paratonnerre. La tige du paratonnerre peut protéger autour d’elle, un espace circulaire d’un rayon double de sa longueur. Si, sur un édifice, il y a deux paratonnerres, on peut les réunir à un seul conducteur; s’il yen a davantage, il faut les rendre solidaires les uns des autres, en établissant une communication in- time entre les pieds de toutes les tiges. Chaque conducteur, qui se contourne selon la forme de l'édifice, et qui doit toujours se rendre dans le ELEC ELEC sol par le chemin le plus court, a ordinairement 7 à 8 lignes de diamètre, La tige du paratonnerre est une barre de fer amincie à sa base et à son sommet. Sa hauteur moyenne est de 21 à 27 pieds; les derniers 20 pouces de son sommet sont en cuivre jaune doré à l'extrémité, ou mieux encore en platine : mais alors 2 pouces de longueur suflisent. La soudure est en argent et le tout est maintenu fixe à l’aide d’un manchon en cuivre. À l’époque où nous sommes, dans l'état actuel de la science, il n’est plus permis d'élever des doutes sur l'utilité des paratonnerres; et il n’est personne qui ne reconnaisse les grands et impor- ans services qu’une si belle invention a rendus à da société tout entière. Cependant on cite des édifices, des magasins, des maisons, etc, , munis de paratonnerres et qui ont été détruits par la foudre. Aujourd’hui, cela ne peut plus prouver qu’une chose, qu’il y avait une brisure dans le conducteur; faites en sorte que cette brisure n'existe pas, et aucun danger n’est à redouter. Maintenant que fait un paratonnerre ? nous em- pruntons la réponse à M. Despretz. La présence d’un nuage produit la décomposition de son Elec- tricité, chasse dans le sol l’Électricité de même nature, et attire à la pointe l'Electricité de nature opposée. L’intensité de l'Electricité à la pointe du paratonnerre doit être d'autant plus grande que l'action du nuage est plus forte ; et lorsque la pres- sion, toujours proportionnelle au carré de l’épais- seur de la couche électrique, est capable de vain- «re la résistance de Pair , l'Electricité se combine avec une portion de l'Electricité du nuage, et, cet effet se répétant, ce dernier finit par être déchargé; le nuage même est atliré par la verge métallique , et s'éloigne ensuite quand il est déchargé. rt. Du choc en retour. Malgré toutes les précautions qu'il est utile de prendre dans les temps d'orage, précautions qui consistent à s'éloigner des édifices très-élevés et pointus, des arbres, des hautes montagnes, etc.; à ne point courir soit à pied, soit à cheval, soit en voiture , à rester calme, et plutôt assis ou étendu sur le sol que debout, à se renfermer dans les parties basses des habitations ; on voit souvent des hommes et des animaux tom- Der morts subitement , à l'instant d’une explosion, quoique la foudre ait éclaté loin du lieu où ils étaient. Voici comment on explique cet accident : qu'un nuage soit chargé d'électricité négative, ct qu’une personne, ayant comme tous les corps sa matière électrique , soit placée à une distance peu considtrable du nuage, la décomposition du fluide naturel aura lieu. L'Electricité positive de la per- sonne sera en partie attirée par le nuage, el son Electricité négative sera repoussée dans le sol. Si, dans le moment où la personne sera chargée d’Electricité positive, une cause quel- conque détermine l'explosion du nuage, l'Elec- tricilé négative, qui avait été repoussée dans le sol, rentrera subitement dans la personne, et pourra produire une secousse capable de donner la mort. Théorie de la formation de l'Electricité atmoz sphérique. Les corps qui sont propres à développér de l’Electricité dans l'atmosphère sont le globe l'air et les nuages. Si nous considérons les saillies qui surmontent le globe, telles que les pics, les montagnes, les édi- fices élevés, les flèches des clochers, les obélis- ques , les pyramides, les arbres, etc., comme au- tant d'espèces de pointes métalliques; si nous regardons l’air comme essentiellement électrisa- ble par frottement; si nous admettons que les nuages, formés d’eau à l’état de vapeur, sont de puissans conducteurs isolés ; si enfin nous conve- nons que les mouvemens imprimés sans cesse à ces. mêmes nuages par les changemens de température , peuvent être comparés. dans leurs résultats aw plateau de verre de la machine électrique, nous aurons ainsi, par la pensée, trouvé, dans l’espace, toutes les pièces de l'appareil nécessaire à la pro- duction des phénomènes de l'Electricité. Quant aux causes qui melient tous ces différens corps à l’état électrique, nous les ignorons compléte- ment. Electricité chez certains poissons. Quelques pois- sons peuvent se défendre contre d’autres animaux, les tuer même, à l’aide de fortes commotions élec- triques qu'ils produisent à l'instant même, et quand ils le veulent. Si on touche ces poissons ; qui ne sont nullement électriques par eux-mêmes, avec une tige métallique, on n’éprouve pas de commotlion ; si au contraire on les touche avec la main en deux endroits diflérens, la commotion a lieu. Ces poissons sont : l’Anguille de Surinam , la Torpille, le Silurus electricus, et le Trichiurus indicus. Si l'Electricité a rendu de très-grands services à la physique entre les mains d’Æpinus, Coulomb, Laplace, Haüy, Biot, Poisson, Ampère, etc., à la chimie, entre les mains de Davy, Gay-Lussac, Thénard , et beaucoup d’autres, il n’en a pas été tout-à-fait de même pour la médecine. En effet , la physiologie a bien pu, aidie des connaissances de Prevost et Dumas, observer l’action exercée par un courant galvanique ou électrique sur les principaux nerfs de notre économie ; elle a pu en- core détruire , pulvériser des corps solides , sépa- rer les élémens de quelques liquides, constater que les uns étaient alcalins et les autres acides, présumer que les mouvemens musculaires étaient le résultat du rapprochement des nerfs, par suite des courans électriques qui les traversent, etc.; mais les conjectures qu’on en avait tirées relative ment à la cure des maladies, telles que les para- lysies, la surdité, les rhumalismes articulaires, la goutte, la stérilité, etc., etc, n’ont point répondu aux idées.qu'on s’en était faites, bien! qu’on l'ait employée de beaucoup de manières , et entre au- tres par simple communication ou par bain, le malade étant mis en contact avec les condncteurs ; par élincelles, par les pointes, à travers la flanelle ou par frictions , etc. Nous terminerons ici notre article Electricité. Quoique déjà très-étendu , nous aurions pu l’éten- dre . ÉLEG ÉLEC om dre encore davantage. En effet , nous n’avons rien dit des lois que suivent les actions électriques , lois qui ont été expliquées pour la première fois par le célèbre physicien français Goulomb , à l’aide d’un instrament ingénieux qui porte son nôm (Ba- lance de Coulomb), et dont la précision est telle qu'il peut servir à mesurer des forces qui n’excè- dent pas le poids d’un dix-millième de grain. Cet instrument, dit Balance de torsion, est fondé sur celte propriété que possèdent les fils métalliques d'avoir ane force de réaction proportionnelle à l'angle de torsion : la force de torsion est l'effort que fait un fil tordu pour revenir à sa première position. Nous n’avons pas cité non plus les expé- riences qui prouvent que toute répulsion suit la raison inverse du carré de la distance , et qu'il en est de même pour l'attraction. Nous avons égale- ment passé sous silence les lois süivant lesquelles Electricité se perd par l'air et les supports des corps sur lesquels on agit. Nous aurions vu que, par l'air, la perte est en raison directe 1° de la sécheresse de ce fluide (l’air), 2° de l’intensité de l’Electricité ; pour les supports, qu’elle est, pour le même état hygrométrique de l'air, proportion- nelle à la racine carrée de la longueur des supports. Nous aurions pu également voir comment l'E- lectricité était distribuée sur les corps; quels étaient ses rapports, suivant que ces corps étaient ou non en contact, suivant qu'ils étaient plus ou moins nombreux, d’une forme sphérique ou ellip- soïde; enfin l’étude des Electricités dissimulées eût pu nous occuper aussi d’une manière plus ou moins sérieuse; mais, ne pouvant faire voir les nombreuses expériences auxquelles toutes les opé rations et applications de l'Électricité ont donné lieu, nous avons cru devoir nous arrêter et ne point rapporter les lois et les théories qui en découlent. Certes, ce que nous avons négligé n’est pas indi- gne d'être connu et bien médité; mais nous étendre davantage, c'était aller trop loin, et nous croyons, malgré les omissions que nous avons faites , avoir mis notre article au niveau de ce qu'il y a de plus important dans la science , et dans le cas d’être parfaitement compris par les nombreux souscripteurs du Dictionnaire pittoresque d’His- toire naturelle. Eur.) ELEGTRO-DYNAMIE. Voy. MacnéTismE. : ÉLECTRO-MAGNÉTISME. Z'oy. Macnérisug. ÉLECTROMÈTRE. (Pnys.) Voy. ÉLecrroscorr. ÉLECTROPHORE. ‘ (pnys.) Get instrument de physique, imaginé par Wilck, savant Suédois, est composé d’un gâteau de matière résineuse , bien uni , sur lequel on place un plateau de mé- tal garni d’un manche de verre; on s’en sert dans les laboratoires de chimie pour enflam- mer un mélange de gaz renfermé dans un autre instrument appelé EuniouirTre (voy, ce mot). Le gâteau de résine est préparé avec dix parties de gomme laque, trois parties de résine, deux ‘par- ties de térébenthine de Venise, deux parties de cire et une demi-parlie de poix. Pour se servir de l'Électrophore, dont le nom signifie porteur d'électricité, voici comment on s’y T, III. prend : on frappe d’abord, dit M. Despretz dans son Traité de physique, le gâteau de résine avec une peau de chat; on place ensuite le plateau métallique , dit couvercle de l'Électrophore, sur la résine; aussitôt de l'électricité négative se déve- loppe dans la résine. Cette électricité décompose le fluide naturel du plateau métallique, attire l'électricité positive et repousse l'électricité néga- tive. Si donc l’on touche avec le doigt le plateau métallique, l'électricité négative sera chassée dans le sol, tandis que l'électricité positive sera retenue par l'électricité négative du gâteau de résine; et, à cause de l’imperméabilité de cette dernière , la combinaison ne pourra s’opérer. ]l résulle de là que , si l’on enlève d’abord le doigt, et ensuite le plateau métallique, en le tenant par le manche isolant, on le trouvera chargé d'électricité posi- tive, et il donnera une forte étinceile à l’approche d’un corps conducteur. Le gâteau de résine con- servant toute son électricité, celle expérience peut se répéter un grand nombre de fois. Nous ne terminerons pas cet article EÉlectrophore sans faire connaître en quelques lignes la Zampe électrique qui est une application de cet instru- ment. La lampe électrique , que l’on voit assez com- munément aujourd'hui non seulement dans les cabinets des savans, mais encore chez les gens du monde , se compose ; 1° d’un vase en cristal rem- pli en partie d'acide sulfurique étendu de quinze à seize parlies d’eau pure ; 2° d’un cylindre de zinc qui plonge dans le liquide, et qui est retenu par un fil de platine ; 5° d’un Électrophore placé au dessous du vase de cristal. Par suite du contact du zinc et de l’eau aiguisée d’acide sulfurique, de l'hydrogène, provenant d’une portion d’eau dé- composée, se dégage par un pelit robinet pratiqué dans le flacon , et qu’on ouvre à dessein. Au bout de quelques minutes on ferme le robinet, et l’on voit le liquide monter dans la partie supérieure de l'appareil, par le fait de la pression du gaz hy- drogène. Dans ce moment le zinc ne plonge plus dans le liquide, et il n’y a plus de dégagement gazeux. Par une ouverture rendue libre à volonté, on fait sortir du gaz hydrogène ; celui-ci, mêlé à l'air , s’enflamme par son contact avec une étin- celle électrique qui part entre deux tiges métalli- ques placées très -près l’une de l’autre : une de ces tiges communique avec le plateau isolé de l'Électrophore, et l’autre avec le sol. Avec la flamme produite par le gaz hydrogène on allume une bougie. (F.F.) ÉLECTROSCGOPE. (rays.) S'il est important de pouvoir déterminer l'espèce d'électricité contenue dans un corps , il ne l’est pas moins de savoir quand un autre corps est ou n’est pas électrisé. L’ins- trument auquel la physique a recours en pareille circonstance portaitautrefois lenom d’Ælectromètre, qui veut dire mesure de l'électricité ; aujourd'hui on lui donne celui d’'Ælectroscope, qui signifie in- dicateur de l'électricité, et qui vaut beaucoup mieux. Cet instrument, fondé sur le principe gé- néral de la répulsion qui à lieu entre les corps 163° Lrivrarson, ° 3 ÉLÉD ÉLÉM chargés de la même électricité, consiste, soit en deux petites boules de liége ou de moelle de su- reau, soit en deux brins de paille longs d’an pouce, que l’on attache au bout d’un fil mince, soit en- fin en deux feuilles d’or suspendues à un fil mé- tallique, et qui, placées dans Patmosphère d’un corps électrique, acquièrent l'électricité dont jouit ce corps, et se repoussent mutuellement. Considérés sous le rapport de la nature des corps avec lesquels on les prépare, les Électro- scopes sont de plusieurs sortes ; mais le plus sen- sible que l’on connaisse aujourd'hui est celui qui a été inventé par Behrens, et perfectionné par : Bohnenberger. IL consiste en deux piles sèches, composées chacune de 4oo disques de papier d’or et d'argent de trois lignes de diamètre, contenues dans un tube de verre verni. (F. F.) ÉLECTRUM. Il est hors de doute que les vieux Grecs donnaient ce nom au Suecin , qu’ils recon- naissaient être une substance végétale et qu'ils rangeaient avec Philémon parmi les fossiles. Théo- phraste l’avait parfaitement caractérisée dans son Traité sur les pierres : ce sont les prétendus natu- ralistes des siècles suivans qui, par leurs systèmes défectueux, leurs descriptions confuses et leur pro- fonde ignorance , ont éteint le flambeau lumineux que le philosophe d’Erésos avait su porter danstou- tes les parties de la botanique ; ce sont eux qui ont remplacé les saines doctrines qu’il enseignait par des erreurs grossières que leurs superslitieux dis- ciples ont rendues plus grossières encore ; on doit aux fables qu’il débitèrent d’avoir vu le succin servir d’amulette durant plusieurs siècles ; et son phénomène d'attraction sur les corps légers fournir des moyens d’imposture pour mieux séduire les es- prits faibles et sans instruction. En traitant du SUCCIN (voy. ce mot), nous entrerons en de cu- rieux détails sur sa formation et ses propriétés. Long-temps après Théophraste, le mot Zlectrum, quoique toujours donné à l’ambre jaune et blane, fut étendu à l’alliage particulier d’or et d'argent que les bijoutiers appellent aujourd’hui Or vert ; l'argent y entre, selon Pline et Pausanias, pour quatre parties, tandis que Por y est pour vingt parties. Gomme la couleur de cet alliage est un vert d’eau fort doux, très-agréable à la vue, Vir- gile et les autres poètes qui l'ont suivi le font cou- ler comme un ruisseau , qui per saxa volutus purior electro campum petit amnis (Georg. ur, 591). Dans les mines de Schlangenberg, en Sibérie, Klaproth a trouvé de l'or natif d’un jaune verdä- tre , assez beau, dans lequel il a trouvé 0,64 d’or et 0,36 d'argent; il lui a donné le nom d'Electrum. C’est lui sans doute que l’on apportail aux Grecs et aux Romains des contrées qui le produisent, ou bien, ils ont concu l’idée de s’en procurer en opérant l’alliage indiqué, dès qu’ils eurent connu la composition de ce métal. (T. ». B.) ÉLÉDONE, £ledon. (mozr.) La classe si nom- breuse en espèces et à la fois si remarquable des Céphalopodes, est ordinairement subdivisée en trois ordres: 1° les Cryptodibranches, Blainv. ; 2° les Sphonifères; 5° les Foraminifères, d'Orb. { Les deux premiers de ces ordres paraïssent devoir rester seuls parmi:les Géphalopodes; quant aux derniers animaux, il est aujourd’hui bien constaté que leur place doitêtre beaucoup moins élevée dans l'échelle zoologique. Les Eledones , sur lesquelles nous dirons ici quelques mots, appartiennent à la première famille des Gryptodibranches , celle des Octopodes qui ont seulement huit bras ou pieds. Elles ont été constituées en un genre distinct par M. Leach, et se caractérisent à l'égard des poulpes, avec-lesquels elles ont d’ailleurs beaucoup de rap- ports, parce qu’elles n’ont qu’une seule rangée de ventouses sur chacun de leurs bras. On ne connaît parmi ces animaux qu’un petit nombre d'espèces, dont une, vivant dans la Mé- diterranée, est, dit-on, remarquable par son odeur musquée; c'est l’ELépoxe musquée de Lamarck, qui paraît avoir été connue d’Aristote sous le même nom d'Ælédone. (Genv.) ÉLÉMENS. (Pays. et cm.) Les anciens philo- sophes ont beaucoup abusé du mot Élémens. Tha- lès de Milet, qui vécut jusqu'au milieu du sixième siècle avant J.-G. , afrmait que l’eau était lélé- ment unique ou principe de l’anivers. Anaximan- dre , son contemporain, soutenait que l’infint était, seul, l'élément de toutes choses. Mais qu'est-ce que cet infini ? Anaximène et Archélaüs préten- daïent que l'air était l'Élément unique ; Anaxagore, qui s’est le plus rapproché des idées de nos chi- mistes actuels, pensait que les Élémens étaient de petites particules en tout semblables entre elles. Pythagore admetttait cinq Élémens: la terre, le feu , l’eau, l'air et la sphère de l'univers; Platon partagea cette opinion. Héraclite regarda le feu comme le seul Élément; avant Ini Xénophane avait dit que c'était la terre; enfin Épicure assura que c’étaient les atomes ou parties indivisibles des corps. Empédocle établit le système des quatre Élé- mens (cau, Lerre , airet feu), système qui fut adopté par Aristote, Hippocrate,Galien, etc. Paracelse sou- tint aussi cesystème , du moins pendant un temps; puis il l’'abandonna pour y revenir avec plus ou moins de restrictions , et une foule de ihéories plus hardies que raisonnables. Après lui , François Bacon, contemporain (an 1560) de Galilée, de Ke- pler, et surtout de Descartes, s’occupa , ainsi que Leibnitz, Robert Boyle, etc., de préparer les voies qui servirent à l’exposition des idées adoptées au- jourd’hui sur ce que l’on doitentendre par Elément. Dans l’état actuel de la science, on appelle Elémens , principes élémentaires, corps simples, les corps de la nature, qui, soumis à tous les genres d’analvse et de décomposition possibles, ne peu- vent donner que des molécules où parties inté- grantes absolument semblablés. Ainsi, dans l'or, l'argent, le plomb, le cuivre, etc., on n’a trouvé jusqu'alors que des molécules d’or, d'argent, de plomb, de cuivre. En sera-t-il toujours ainsi ? on peut en douter, car l'expérience a prouvé, dans ces derniers temps, que certains corps, comme la potasse , la soude, etc. , considérés comme sim- | ples, devaient être rangés parmi les corps composés. Des quatre Élémens (l'eau, la terre, l'air, et le D + C ÉLÉM 19 ÉLÉP = EE EEE LL GG ELLE Re ORNE ns | feu) admis parles anciens, le dernier seul en a gardé le nom; encore tous les physiciens ne le regar- dent-ils pas comme un être existant par lui-même. On compte aujourd’hui cinquante-six Elémens ou corps simples. Ce nombre pourra augmenter ou diminuer. Parmi ces corps les uns sont pondéra- bles, les autres sont émpondérables. Ges derniers sont au nombre de trois: le calorique, la lumière et l'électricité. Lesantres, au nombre de cinquante- trois, sont: Oxygène. Magnésium, Columbinm, Hydrogène. Calcium. Antimoine, Sodium. Strontium. Cobalt, Potassium. Baryum. Titane. UÜrane. Lithium. Bismuth. Cérium. Mangauèse. Cuivre. Bore. Zinc. Tellare. Carbone. Fer. Plomb. Phosphore, Etain. Mercure. Soufre. Cadmium. Nickel, Sélénium, Aluminium. Osmium. Iode. Glucynium, Rhodium. Brôme. Ytrium. Iridium. Chlore. Thorium. Argent. Azote, ÂArsenic. Or. Phtore. Molybdène. Platine, Silicium. Chrôme. Palladium. Zirconium, Tungstène. (EF. F.) ÉLÉMI. (80T. Pnan.) Substance résineuse, ap- pelée autrefois gomme Elémi, et dont on distin- gue deux espèces : une qui nous vient de Ceylan ou d'Ethiopie, qui est en forme de gâteaux arron- dis:enveloppés dans des feuilles de roseaux ou de palmier, qui est demi-transparente , qui a assez d’analogie avec la cire jaune ou le galipot, dont les Indiens font une espèce de chandelle, etc. , et qui paraît devoir être fournie par lAmyris zaylonica de Linné, de la famille des Térébinthacées de Jussieu. L'autre, recueillie au Brésil, nous arrive dans des caisses sous forme de masses plus ou moins consistantes, d’un jaune blanchâtre, parsemées d’un plus ou moins grand nombre de petits points rouges ou bruns. Gette seconde sorte découle, à l’aide d’incisions profondes , de lÆmyris elemifera de Linné; arbre qui appartient également à la fa- mille des Térébinthacées. Les deux sortes de resine Elémi dont nous ve- nons de parler pouvant être considérées, sous le rapport des caractères physiques el chimiques, comme un seul et même produit , nous dirons qu'on doit choisir cette substance en masses plus ou moins volumineuses, se ramollissant à la cha- leur des doigts et s’y attachant facilement, de forme et de consistance variables, de couleur jaune blanchâtre, mêlées de pointsverdâtres, d’une odeur vive el aromatique , un peu analogue à celle du fe- nouil; d’une saveur chaude, âcre et amère, solu- bles dans l'alcool et dans les huiles fixes et volatiles, les graisses, etc. Traitée par l’eau, la résine Elémi communique à ce véhicule une odeur et une saveur résineuse balsamique assez prononcée ; soumise à la distilla- tion avec le même liquide, elle donne une certaine quantité d'huile volatile, dont l’odeur est assez suave et la saveur piquante, Le résidu est friable, insipide et modore, La résine Elémi entre dans quelques prépara- tions pharmaceutiques , telles que l’alcoolat de térébenthine composé (baume de Fioraventi), les onguens de styrax, d'Arcœus, etc. (F.F.) ÉLEOCOCCA, £læococca. (BoT. Han.) Genre de la famille des Euphorbiacées, originaire des contrées orientales et que l’on trouve plus spécia- lement dans l'Inde, à la Chine et au Japon; ilren- ferme des arbres de trois grandeurs, ornés de feuil- les alternes, longuement péliolées, munies de deux glandes à leur base , de fleurs jaunâtres'dis- posées en panicules terminaies, et de fruits à chair fibreuse, offrant, dans trois ou cinq coques, des graines assez grosses pour que l’industrie agricole et manufacturière les recherche pour en extraire upe huile abondante. On ne connaît encore que deux espèces de ce genre : l’une, particulière à l'Inde et, au Japon , a été décrite par feu mon ami Thunberg sous le nom de Dryandra ; elle est d’ordinaire appelée Arbre à huile; autre, indigène à la Chine et à la Co- chinchine, est indiquée par Loureiro sous le nom de /’ernicia, simple traduction du nom vulgaire Arbre du vernis, qu’elle porte en ces pays. L’ex- pression commune attachée à ces deux espèces prouve suffisamment l'emploi que l’on fait du corps gras renfermé dans le fruit. Ni l’une ni l’autre ne sont encore parvenues en Europe, (T. ». B.) ÉLÉPHANT , Ælephas. (uau.) Les animaux du genre des Eléphans sont sans contredit les plus remarquables de tous les Mammifères, par leur masse et leur force prodigieuse unies au caractère le plus doux, ainsi que par leurs proportions gros- sières coïncidant avéc une grande finesse dans les instincts. Ces singuliers mammifères sont les plus volumineux de tous les animaux terrestres que ren- ferme leur classe, et ils se distinguent de tous les autres par des caractères qui ne permettent de les confondre avec aucun d'eux. Après la masse énorme de leur corps, ce qui frappe de suite les regards , c’est leur trompe, sorte de canal mobile dans tous les sens , constitué par un prolongement des parties nasales et servant à la fois de moyen de défense et d'attaque, ainsi que d’organe de pré- hension , de tact et d’odoration. La nature de leur peau, dure et calleuse, et plus ou moins recouverte de poils, peut aussi fournir de bons caractères ; leur queue est courte , leurs yeux sont proportion- nellement très-petits, leurs oreilles très-grandes et leurs dents offrent une disposition remarquable, Le nombre de celles-ci ne dépasse jamais dix, et quelquefois il n’est que de six, deux incisives eb quatre molaires; les canines manquant toujours. La mâchoire inférieure est dépourvue d’incisives, mais la supérieure en a deux qui sont excessive- ment longues, et, sortant de la bouche, viennent former sur les côtés de la trompt deux énormes défenses. Les mâchelières, au nombre de deux ou de quatre à chaque mâchoire, se composent de lames verticales, formées chacune de substance osseuse environnée par l'émail, et liées au moyen de la substance corticale. Il y a cinq doigts à tous les pieds, mais ces doigts sont enveloppés dans les a ———————— —— — —— ———— — ———— — ————— —— ————————————_— ÉLÉP 20 ÉLÉP tégumens, et ne se montrent au dehors que par des ongles aplatis; des espèces de sabots, qui, aux pieds de devant, sont en nombre égal à celui des doigts, mais qui ne sont qu’au nombre de quatre ou même trois aux membres postérieurs. Les Eléphans ont, avec les Rongeurs, de nom- breuses analogies dans la disposition de leurs or- ganes internes, et, quoiqu'ils en diffèrent énormé- ment par leur volume et leur intelligence , on les place cependant après eux au commencement de l’ordre des Pachydermes sous le nom de Pro- boscidiens, lequel indique le caractère de leur trompe. On connaît parmi les Prohoscidiens deux gen- res, celui des Er£rnans, Ælephas, Linn., et celui des MasrononrTes, Mastodon, Guy. (Yoy. Masrto- ponte.) Le dernier ne renferme que des espèces fossiles ; le premier en a de vivantes et de fossiles; il doit seul nous occuper ici. Les caractères du genre Eléphant, que nous ve- pons de tracer brièvement, demandent à être connus avec plus de détails; nous allons les passer successivement en revue en commencant par ceux qui se montrent à l'extérieur. i La peau, chez les Eléphans aujourd'hui Yivans, est très-épaisse et peu garnie de poils ; sa couleur, ordinairement noire, s’altère souvent et devient plus ou moins blanche, comme on le voit quel- quefois chez ceux d'Asie: suivant les différentes parties, elle est plus ou moins dure, et à la plante des pieds elle est transformée en une véritable se- melle calleuse, qui appuie seule à terre; les doigts, cachés sous les tégumens, ne sont indiqués à l’ex- térieur que par des sortes d’ongles élargis qui ont quelque chose des sabots des ongulogrades; ces ongles sont au nombre de cinq antérieurement , et à l’état normal, de quatre.postérieurement ,’mais le plus souvent on n’en voit que trois ou même deux seulement; leur couleur, lorsqu'ils ne sont pas salis, est blanchâtre, tirant au rose. Les yeux des Eléphans sont très-pelits proportionnellement au volume de ces animaux; mais ils sont pleins de vivacité et ajoutent à l’expression de la physiono- mie; leurs deux paupières sont garnies de cils. Non loin des yeux,se voit un petit trou, orifice d’une glande particulière, qui verse un produit muqueux dont l'usage est inconnu, mais qui n’est pas, ainsi qu'on l’avait cru, plus abondant au temps du rut. L’ouie est très-délicate , et les parties externes de l'organe qui l’exerce, ou les conques, sont très- considérables; elles sont aplaties , élargies et beau- coup plus grandes encore dans l'espèce d'Afrique que dans celle d'Asie, figurée à la planche 145 de notre Atlas. La trompe, qui est un prolongement du nez, constitue, ainsi que nous l’avons vu, le caractère principal des Eléphans ; elle est assez longue pour toucher à terre sans que l’animal se baisse, et jouit d’une grande mobilité. La peau qui la recouvre est semblable à celle du corps, et présente d’espace en espace des dépressions circu- laires qui la font paraître annelée ; la trompe est à peu près cylindrique, cependant elle est un peu aplatie dans une portion de la face inférieure. Cette trompe prend naissance à la partie ‘anté- rieure du frontal, elle recouvre les cartilages du nez, forme la continuation de celui-ci et s’unit dès sa racine à la lèvre supérieure. Son intérieur est creusé d’un double canal , correspondant aux deux narines et lapissé d’une membrane fibro-ten- dineuse, dont la souplesse et l'humidité sont entretenues par une sécrétion muqueuse ha- bituelle ; les deux tuyaux nasaux offrent , vers leur partie supérieure, une espèce de valvule que l'animal ouvre et ferme à volonté. Les par- lies musculaires qui entrent dans la composi- tion de leurs parois résultent de la réunion de fibres entrecroisées et fort nombreuses. L’extré- mité inférieure de la trompe présente un bord circulaire , ayant en avant un prolongement dac- tyloïide, opposable au reste de la circonférence et qui représente un véritable doigt : ce qui a fait comparer la trompe à une main. «La main, dit Buffon, est le principal organe de l'adresse du singe ; l'Eléphant au moyen de sa trompe , qui lui sert de bras et de main, et avec laquelle il peut ealever et saisir les plus petites choses, les porter à la bouche, les poser sur son dos, les tenir em- brassées, ou les lancer au loin, a donc le même moyen d'adresse que le singe... » On peut ajouter que cet organe jouit d’une force prodigieuse : en effet, c’est principalement dans son action que réside la puissance de l'Eléphant; l’animal s’en sert pour arracher des arbres, soulever des far- deaux qu’un homme aurait peine à remuer, ou bien pour terrasser son ennemi, qu'il écrasera bientôt de la masse de son corps. Les défenses de l'Eléphant ne lui sont pas moins utiles ; il les emploie à sillonner le sol pour arra- cher les racines dont il veut se nourrir, et lorsque sa trompe est menacée, il la replie entre elles, et les offre alors à l’agresseur comme deux armes ter- ribles. Ces énormes dents n’ont d’autre usage, comme l'indique leur nom , que de servir à la dé- fense, et jamais elles ne ‘sont utiles à la masti- cation. Cette action s'exerce au moyen des dents molaires, dont le nombre total est de quatre. Pal- las nous a appris que l’Eléphant a d'abord une seule dent de chaque côté de la mâchoire, qu'une seconde pousse alors, à côté de celle-ci, de facon que pendant un certain temps il en a deux; mais la chute de la première s'exécute et il n’en reste plus qu’une. Corse (Trans. phil., t. xmx) a fait connaître que cette succession de chutes et de re- pousses se répétait jusqu'à huit fois chez l'Elé- phant des Indes. Chacune des molaires est com- posée de lames, dont le nombre va en croissant à mesure que la pousse a lie# dans un âge plus avancé ; les premières en ayant quatre, les secon- des huit ou neuf, les troisièmes douze ou treize, et ainsi de suite jusqu’à vingt-deux ou vingt-trois que présentent les huitièmes. On peut, au moyen de quelques caractères , arriver à distinguer la place qu'occupaient les dents soumises à l'observation : les supérieures ont leurs lames disposées de telle sorte, que leur surface coronale est convexe, ce qui est le contraire pour les inférieures ; celles 0 1 0 LL ÉLÉP . ÉLÉP em de gauche sont convexes à leur surface interne et un peu concayes à leur surface externe, ce qui permet de les distinguer des molaires du côté droit; et enfin on reconnaît le bord antérieur ou posté- rieur de chacune d’elles, à ce que la trituration entamant bien plus en avant qu’en arrière, le bout le plus usé est toujours l’antérieur. Les dents des Eléphans sont très-recherchées dans les arts : elles fournissent l’ivoire que l’on emploie aujourd’hui à tant d’usages différens , et que l’on exploite depuis si long-temps, puisque certains passages d’Homère nous prouvent que dès son époque on avait pu se le procurer en Grèce. Les mâchelières sont utiles de même que les défenses ; mais les tables que l’on peut en faire étant moins grandes que celles fournies par les défenses, et d’ailleurs leur sub- stance n'étant pas homogène, elles sont beaucoup moins estimées. Les plus beaux ivoires que l’on possède sont fournis par la côte de Mosambique, d’autres viennent aussi du Malabar. Les anciens, qui ont possédé l’ivoire, n’ont pas toujours su quel animal le fournissait ; cette notion ne paraît guère avoir été positivement acquise que lors des cam- pagnes d'Alexandre dans l’Inde. Plus tard, lors- qu'on eut constaté qu’elles étaient un produit de l’Eléphant, on n’en a pas exactement déterminé la nature , et on les a considérées jusqu’au dernier siècle comme étant des cornes, que l'on pensait même être caduques comme les bois des cerfs. Perrault, qui eut occasion de‘disséquer un Eléphant, ne sut point reconnaître l'erreur ; mais Daubenton en démontra toute la fausseté. Les défenses sont, en effet, de véritables incisives, puisqu’elles sont implantées dans l'os de ce nom; elles tombent dans le jeune âge comme toutes les dents de lait, mais elles ne repoussent qu’une seule fois. Leur longueur varie suivant l’âge, le sexe et l'espèce ; leur courbure offre aussi quelques diffé- rences; elleest, par exemple, beaucoup plus grande chez les Eléphans d'Afrique que chez ceux d'Amérique , quelquefois même elle n’est pas ré- gulière et prend, par anomalie, la forme d’un S. Ces dents sont souvent très-grandes ; elles peuvent atteindre jusqu’à dix pieds de long et cent à cent vingt livres de poids, ou même deux cents. Les particularités que nous présentent les parties intérieures des Eléphans ne sont pas moins remar- quables; leur tête esttrès-volumineuse, et leur front très-élevé, ce qui n’a pas peu contribué à faire exa- gérer leur intelligence ; mais la masse cérébrale ne répond pas à la grosseur de la tête, et ne fait qu'une très-pelite partie de la masse totale du corps : les sinus frontaux sont très-développés et les deux tables osseuses du crâne se sont dédou- blées et offrent entre elles de larges cellules. Les vertèbres du cou sont au nombre de sept, comme _chez tous les mammifères, sans en excepter même le Bradipe ; on compte vingt vertèbres dorsales et par conséquent vingt paires de côtes ; il y a trois vertèbres lombaires, quatre sacrées, et vingt ou vingt-cinq caudales. Les membres sont disposés comme chez les animaux à sabots, les antérieurs manquent de clavicules et ne sont, ainsi que les postérieurs, que de simples colonnes sur lesquelles repose la masse du tronc: les os qui les composent sont placés les uns sur les autres dans une direc- tion tout-à-fait verticale , d’où résulte que les Elé- phans ont beaucoup moins d’agilité que les autres animaux et -les mouvemens moins faciles; mais cependant ces animaux marchent avec assez de vitesse pour qu’un homme doive forcer son pas s’il veut les suivre , et lorsqu'ils courent ils échap- pent souvent au cavalier le mieux monté, ce qui tient à l'étendue de leurs pas. On a pendant long-temps ignoré la manière dont s’accouplaient les Eléphans, mais on sait mainte- nant qu'ils ne diffèrent point sous ce rapport de la plupart des mammifères. La gestation est de vingt mois, et les petits sont en venant au monde hauts de trois pieds environ ; ils jouissent de l'usage de tous leurs organes , et ont assez de force pour suivre leurs parens. Aristote avait depuis long- temps annoncé que les jeunes Eléphans tettent par la bouche, mais la plupart des auteurs qui l'ont suivi ont révoqué son témoignage en doute. «Le petit Eléphant, dit Buffon , doit téter avec le nez et porter ensuite à son gosier le lait qu'il a pompé; cependant les anciens ont écrit qu’il tétait avec la gueule et non avec la trompe, mais il y a tonte apparence qu’ils n'avaient pas été témoins du fait, et qu'ils ne l'ont fondé que sur l’analogie , tous les animaux n'ayant pas d'autre manière de téter. » Cette seule considération aurait dû empêcher le Pline français de commettre une nouvelle erreur. On sait en effet parfaitement aujourd’hui, depuis les observations de Corse, que c’est réellement avec la bouche que les Eléphans prennent le lait à la mamelle de leur mère, et qu’ils le font en ren- versant leur trompe en arrière. L’allaitement dure environ deux ans, et ce n’est que quinze ou vingt ans après sa naissance que l’animal éprouve le besoin d’engendrer. Les mères ont le plus grand soin de leurs petits, mais ceux-ci, dans les hordes dont ils font partie, tettent indifféremment les di- verses femelles qui ont du lait. Ces animaux vivent dans les contrées les plus chaudes de l'Afrique et de l’Asie , ils recherchent partout les forêts et les lieux marécageux , ils se tiennent par troupes plus ou moins nombreuses, toujours conduites par quelque vieux mâle. Leur nourriture consiste en herbes, en racines et en graines, qu'ils vont souvent chercher dans les champs cultivés, où ils occasionent des ravages considérables. [ls ne ruminent pas et leur estomac est simple : c’est avec leur trompe qu'ils ramassent leur nourriture et qu’ils la portent à leur bouche ; c’est aussi avec le même organe qu'ils prennent leur boisson : ils aspirent le liquide, le gardent plus ou moins long-temps en fermant la valvule que nous avons indiquée à la partie supérieure de la trompe, puis recourbant celle-ci, comme ils le font pour porter leurs alimens, ils lancent on laissent couler l’eau dans leur gorge. Tout le monde sait que, dans certaines contrées, en Asie principalement, on se sert des Eléphans comme bêtes de somme, et qu'on les mène au EE RS ÉLÉP 22 ÉLÉP wombat ou à la chasse : mais ces animaux ne se reproduisant pas dans les habitations des hommes comme le font les chevaux, les bœufs et tous les autres animaux domestiques, on est obligé, lors- qu’on veut se les procurer, de les aller chercher au milieu des bois et de soumettre chacun d’eux aux épreuves dela domestication. On les prend par troupes entières ou seulement en s'emparant des individus isolés : dans le premier cas on pour- suit les troupes et on cherche à les faire entrer dans de vastes enclos préparés à l’avance et aux- quels aboutit une espèce de couloir dans lequel on les engage. Lorsqu'ils s’y sont introduits il est facile de les garrotter, et de les mener au lieu qu'on leur a destiné. Le plus souvent les Eléphans marchent par troupes, mais quelquefois des indi vidus vont isolément : ce sont, s’il faut en croire les voyageurs, des mâles que les autres ont chassés ; les Indiens, lorsqu'ils veulent s’en emparer , em- mènent avec eux des femelles dressées et ils atten- dent, cachés dans quelque retraite voisine, que V'Eléphant mâle approche pour couvrir la femelle: dès qu'il est venu, ils l’enlacent au moyen de fortes cordes et le laissent pendant quelque temps attaché à un arbre, puis ils viennent ensuile le reprendre lorsque , abattu par la faim et la priva- tion de sa liberté, il a perdu en partie son carac- ière farouche et se laisse aisément conduire. On commence dès lors à l’apprivoiser, et on le dresse peu à peu au travail qu'on espère exiger de Jui ; cette opération dure ordinairement cinqousix mois. On à cru pendant long-temps que l'Eléphant ne s’accouplait jamais en domesticité. « On vient à bout, dit l’auteur de l’Hist. nat. générale et par- ticulière des animaux , de le dompter, de le sou- mettre, de l’instruire ;:et comme ilest plus fort et plus intelligent qu’un autre, il sert plus à propos, plus puissamment et plus utilement : mais aparem- ment le dégoût de sa situalion lui reste au fond du cœur, car quoiqu'il ressente de temps en temps les plus vives atteintes de l’amour, il ne produit ni ne s’accouple dans l’état de domesticité : sa passion contrainte dégénère en fureur, ne pouvant se sa- tisfaire sans témoin, ils’indigne, il s'irrite, il de- vient insensé , violent , et l’on a besoin des chaînes les plus fortes et d’entraves de toute espèce pour arrêter ses mouvemens et briser sa colère. Il dif- fère donc de tous les animaux domestiques que l'homme traite ou manie comme des êtres sans volonté; il n’est pas du nombre de ces esclaves nés, que nous propageons, mutilons ou mulli- plions pour notre utilité : ici l’individu seul est esclave, l'espèce demeure indépendante et refuse constamment d’actroître au profit du tyran. Cela seul suppose dans l’Eléphant des sentimens élevés au dessus de la nature commune des bêtes : res- sentir les ardeurs les plus vives et refuser en même temps de se satisfaire, entrer en fureur d'amour et conserver la pudeur, sont peut-être le dernier effort des vertus humaines et ne sont dans ce ma- jestueux animal que des actes ordinaires auxquels il n’a jamais manqué. » Si les anciens n’avaient pas parlé plusieurs fois d'Eléphans qui se sont accou- plés en domesticité, on pourrait croire que le caractère de ces animaux a beaucoup changé, que la corruption s’est introduite aussi dans leurs mœurs , où, ce qui parait plus probable, qu'ils n’ont jamais possédé les qualités éminemment sociales que Buffon leur accorde avec tant de com- plaisance. En effet des observations bien consta- iées ont prouvé que, parfois, il arrive dans l’Inde, comme on l'avait autrefois vu dans Rome, que des Eléphans s’accouplent sans s'inquiéter de Ja présence de témoins , et qué des petits naissent de leur union : l’anglais Corse, déjà cité, a pu le constater. La haute intelligence que les anciens, que les modernes eux-mêmes ont accordée aux Eléphans , n’est pas plus réelle que leur étonnante pudeur, et s’il faut en croire Corse et Cuvier, les facutés de ces animaux ne sont pas supérieures à celles du chien. Après des faits aussi positifs, nous n’ajouterons pas que des auteurs recommandables ont dit et cru qu’on avait pu apprendre aux Elé- phans à danser sur le sol ou même sur la corde, et qu’on en avait vu un s’exercer pendant la nuit à répéter les pas d’une danse que son maître lui ap- prenait le jour. Passons promptement à la descrip- tion des espèces. Les observations de Camper, de Blumenbachet surtout de Cuvier ont fait connaître qu’il en existe trois parfaitement distinctes les unes des autres et très-faciles à reconnaître parleurs ca- ractères extérieurs : deux de ces espèces sont vivantes et ont été de tout temps confondues en une seule : la troisième est fossile ;: on en doit Ja distinction au vénérable Blamenbach. 1° Ecépaanr rossie ou Mamwourm, Ælephas primogenius , Blum. Il a le crâne allongé et le front concave; les alvéoles de ses défenses sont plus longues que chez les espèces vivantes ; les mâche- lières inférieures plus larges, parallèles et mar- quées de rubans plus serrés. Dans tout le nord de l'Asie et de l'Europe, ainsi que dans l'Amérique septentrionale , les dé- bris de cette espèce aujourd'hui perdue se trou- vent en très-grande abondance; on en rencontre aussi dans des contrées tempérées et même dans le midi jusqu'en Italie, en Espagne, etc. La dé- termination de ces ossemens a long-temps embar- rassé nos ancêtres ; la superstition , aidée de l’igno- rance, y a vu les ossemens de géans et.les a tour à tour reconnus pour êtte ceux d’Antée, d'En- telie, d'Evandre, et du vaillant Teutobochus. La question de savoir si ces animaux ont vécu sous l'équateur, commeleurs congénères d’aujour- d’hui, ou bien s'ils trouvaient leur nourriture dans les régions où se voient leurs ossemens, a long-temps embarrassé les géologues, et a recu différentes solutions. Mais il paraît bien constaté, comme Guvier l’a faitremarquer, que les Eléphans de cette espèce pouvaient vivre sous les zones tempérées et même froides, puisque la nature de leur tégument offrait des modifications en harmo- nie avec un tel habitat. En effet, on a rencontré plusieurs fois dans les glaces du pôle des individus parfaitement conservés, avec leur chair et leur peau, et on a reconnu qu'ils étaient sur tonte A ÉLÉP corps munis de longs poils bien capables de, les garantir contre l'intempérie des saisons. Fe La présence d’un de ces habilans de l'ancien monde fut reconune, vers 1709, sur les bords de la mer Glaciale, mais alors il n’était pas encore dé- gagé, non plus que l’année suivante; ce ne fut que l'été d’après, la fonte ayant continué à avoir lieu, que le flanc tout entier de l'animal et une de ses défenses furent mis à découvert; enfin au bout decinq ans cette masse énorme était tout-à-fait débarrassée, et elle vint échouer sur la côte. En 1806 seulement, Adams, alors -à Jakutsk, apprit cette découverte et se rendit sur les lieux , oùiltrouva l'animal déjà fort mutilé ; les habitans du voisinage avaient commencé à le dépecer et s'étaient servi de sa chair pour nourrir leurs chiens: les bêtes féroces en avaient aussi con- sommé une forte portion. Cependant le squelette moins un pied existait encore ; la peau, dont on voyait aussi quelques parties, était recouverte de longs poils, dont on put rassembler une masse lourde de plus de trente livres ; une oreille restait ainsi que l’organe mâle. Tous ces débris recueillis par Adams furent envoyés au musée de Pétes- bourg, où ils figurent aujourd'hui. Quelques autres faits analogues ont été constatés et appuient lopi- nion que nous avons indiquée : l'existence de ces cadavres sur les bords de la mer Glaciale n’est pas le seul témoignage de l’antique habitation de cette espèce sur les plages sibériennes : quelques îles de celte mer, voisines du rivage où les débris ont été rencontrés, en possèdent elles-mêmes une si énorme quantité, que le rédacteur du Voyage de Bellings, en parlant de l’une d’elles, dit que le sol semble être un mélange de sable, de glace et d’ossemens de Mammouth. On peut ajouter qu’à mesure que l’on approche vers le sud les fossiles d’Eléphans deviennent plus rares, ainsi on n’en a pas encore trouvé en Âsie, au midi de Haral et des rives du Jaxartes. 2° Exfomanrt DIE, Æleph. indicus, Cuv., E, Asiaticus, Blum. (voyez notre Atlas, pl 145, fig. 2). Gette seconde espèce, dont Buffon a surtout parlé dans sa belle description de l'Elé- phant , et que seule il a représentée, se distin- gue par sa tête oblongue, son front concave, ses mâchelières composées de lames transverses et ondoyantes. Le sommet de la tête représente une double pyramide élevée ; il n’est pas formé , comme on pourrait le croire, par le coronal ou les parié- taux, mais bien par l'occipital, qui s’est ainsi dé veloppé énormément pour fournir aux muscles de la colonne vertébrale et au ligament cervical un point d’aitache solide ; l'espèce a les oreilles beau- coup plus petites que l’Eléphant d'Afrique, et les ongles des pieds de derrière au nombre de quatre. Elle habite l'Asie orientale et une grande partie de l'Asie méridionale, la côte du Malabar, les royaumes de Bengale, d'Aracan, du Pégu, de Siam, et quel- ques provinces éloignées dans l'empire chinois ; on Ja trouve aussi dans les grandes îles avoisinan- tes, Ceylan, l'archipel de la Sonde et les Célèbes, Suivant ces- diverses contrées elle éprouve des ÉLÉP variétés plus ou moins remarquables, parmi les- quelles ont doit signaler celles qui sont en tout ou en partie blanches, et sont le sujet d’une vénération toute particulière de la part des In- diens. Dès la plus haute antiquité on a dressé ces ani- maux au service domestique et militaire, et cet usage s’est continué jusqu'à notre époque. Dans %es combats ou à la chasse, on les chargeait de tours dans lesquelles des guerriers armés de flè- ches, de frondes ou de javelots, venaient prendre place. Les premières armées qui conduisirent dés Eléphans avec elles furent presque toujours vic- torieuses: il était en effct bien diflicile de résister à des ennemis d’un aussi énorme volume, et con- stamment leur’ présence inspirait la terreur aux guerriers les plus aguerris. Les Romains en virent pour la première fois dans leurs campagnes contre Pyrrhus, et s’en effrayèrent beaucoup ; mais bien- tôtils s’accoutumèrent à les combattre, employant des haches pour les blesser aux jambes, ou pla- çant au milieu de leurs phalanges d'énormes pieux qui empêchaient ces Eléphans de passer. Plus tard ils en conduisirent eux-mêmes aux combats , et ils en possédèrent à Rome un très-grand nombre, les faisant descendre dans le Cirque ou les atte- lant au char du iriomphateur. 8° EckpHanT D'ArRique, Eleph. capensis, Guv., Tabl. élém., El. africanus, Blum., Cuv., Reg. an. Cette troisième espèce est celle dont Perrault a disséqué un individu, et dont il a parlé dans les Mém. pour l’hist. des anim. Elle a la tête ronde, le front concave et les oreilles beaucoup plus grandes que la précédente; il paraît qu’elle n’a jamais plus de trois ongles aux pieds de derrière, Les femelles ont des défenses aussi grandes que les mâles, et ces armes sont toujours volumineuses : aussi les Eléphans d'Afrique ont-ils de tout temps fourni de l’ivoire aux autres contrées, et à l’Inde elle-même. L'espèce habite sur la côte occidentale d'Afrique, depuis le Sénégal jusqu'au cap de Bonne-Espérance, et dans la partie orientale de- puis le Cap jusqu’en Abyssinie. Ses mœurs sont les mêmes que celles de l'Elé- pbant d'Asie, et on la chasse plutôt pour sa chair qui est assez bonne à manger, et pour ses défenses dont la valeur est considérable : Levaillant, Cail- laud , etc., nous ont laissé sur cette chasse des dé- tails curieux auxquels nous renvoyons. Le pre- mier rapporie le fait d’une femelle qui n'avait qu’une seule mamelle. L'Eléphant d'Afrique n’est plus aujourd'hui domestique, mais il est pro- bable qu’on pourrait facilement le soumettre; les individus que les Garthaginois menaient au combat avec eux étaient de son espèce, l'obser- vation des médailles antiques ne laisse aucun doute à cet égard, puisque beaucoup d’entre elles re- présentent des Eléphans très-faciles à déterminer si l’on à égard à la grandeur de leurs oreilles. Les sayans ont été Jong-temps à chercher quelle signi- fication portent ces médailles , il paraît aujour- d’hui bien prouvé qu’elles étaient destinées à per- pétuer le souvenir des fêtes, des jeux et des ELLÉ triomnhes : vers les derniers temps de la républi- que, comme il n’était pas permis de frapper des médailles à l'effigie de Jules César, on imagina, pour flatter son orgueil, de représenter des Elé- phans , parce qu'en langue punique César voulait dire Eléphant. Les Carthaginoiïs ont aussi possédé des Eléphans, et très-probablement c'était des Eléphans africains. D'ailleurs ces animaux habi- taient autrefois les forêts voisines de l’Atlas. (GEnv.) " ÉLÉPHANT. (poiss.) On donne vulgairement ce nom au Centricus scolopaæ. ÉLÉPHANTE. (maw.) C’est la femelle de l'Elé- phant. ; ÉLÉPHANT DE MER. C’est tantôt le Phoque, tantôt le Morse et quelquefois le Dugong. Les rapports que ce dernier et les Eléphans présentent entre eux sont assez nombreux, et ont engagé M. de Blainville à les réunir tous deux dans un même ordre. (GErv.) ÉLEUSINE, Eleusine. (BoT. pra. ) Genre de la famille des Graminées, section des Chloridées de Kunth, Triandrie digynie de L. ; il a été com- posé, par Lamarck et Gærtner, de quelques es- pèces de Cynosurus, différant de ce genre par l'ab- sence des bractées ou écailles qui accompagnent chaque épillet. Il à donc pour caractères : épis terminaux digités, à épillets unilatéraux : l’épi- cène à deux valves imégales, carénées, mutiques, contenant de trois à huit fleurs; glume de deux paillettes mutiques, lune embrassant l’autre ; glume de deux paléoles minces et membraneuses; trois étamines; ovaire ovoide; deux styles distincts, orlant chacun un stigmate en forme de pinceau; fruit globuleux, enveloppé dans les écailles flo- rales. t Le Coracan, Eleusine coracana, Lamarck, type du genre, est une graminée de l'Inde, haute de trois ou quatre pieds dans son pays natal, mais n’attejgnant chez noûs qu'un pied environ. Son chaume est droit, articulé, un peu comprimé; il porte des feuilles assez grandes, raides , pileuses à leur face inférieure et à l'entrée de la gaine. Les épis sont fasciculés par quatre ou cinq au sommet -de la tige, et formés d’épillets courts, imbriqués. Les graines du Coracan , assez semblables à celles du Millet, servent &e nourriture aux pauvres de l'Inde, lorsque la récolte du riz a manqué. Nous citerons encore l'E, virgata, de la Ja- maïque , qui porte une panicule de plus de vingt épis. (E: }or .. ÉLEUTHÉRATES, Æleutherata. (1xs.) Nom donné par Fabricius, dans sa Méthode, aux insectes nommés Coléoptères par tous les auteurs. Voilà les caractères qu'il leur assigne : mâchoires nues, libres, portant des palpes; mais ce caractère ne vautrien, puisqu'il peut rigoureusement s'appliquer à tous les insectes broyeurs. Fabricius a subdivisé cet ordre en dix sections basées sur la position ou Ja forme des antennes. (A. P.) ELLÉBORE, Ælleborus et IHelleborus. (nor. pnan. ) La différence dans la manière d'écrire ce nom chez les anciens vient du mode de prononcia- 24 ELLÉ tion; avec le langage de l’Attique le mot est pré- cédé d’un esprit doux, c’est pour cela qu’on le trouve dans Théophraste écrit Elleboros; avec l'aspiration ou l'esprit rude on emploie la lettre initiale H. Erx£nores DEs ANCIENS. — Les plantes qui por- taient ce nom chez les peuples de l'antiquité jouis- saient d’une haute réputation pour leurs vertus héroïques et surtout pour la guérison de la folie : celte propriélé est passée en proverbe, et la décou- verte en est altribuée à Mélampe de Pylos. Je dis les plantes, car les auteurs font mention de deux espèces, l’une blanche, l’autre noire ; la première abondait sur les bords de la mer Noire, en Etolie et aux environs de Marseille ; la seconde était com- mune dans le territoire d’Antycire (1), sur le mont Hélicon, si riche en plantes médicinales, dans l'Eubée et la Béotie. Théophraste n’a pas connu l'Ellébore blanc ; il n’en est pas de même de Dioscoride; la description qu’il en donne , tout incomplète qu'elle est , convient au Varatre de nos hautes montagnes, Weratrum album , presque en- tièrement aujourd'hui rejeté de la matière médi- cale (v. au mot V£rarre), les modernes ayant confirmé les observations d’Hippocrate sur la grande circonspection demandée dans son em- ploi. Quant à l’Ellébore noir des Grecs, celui que le père de la médecine appelait Melampodion, et que l’on a long-temps cru être notre Elleborus niger (quoique les descriptions conservées dans les livres de la docte antiquité ne lui convinssent pas plus qu’à l’'Ellébore vert , Elleborus viridis, au pied de Griffon, Elleborus fœtidus , qui ont la plus grande ressemblance avec lui), nous en devons la connaissance aux recherches infatigables de Tour- nefort. Cet illustre botaniste en parle dans ses voyages au Levant et le décrit dans ses corollaires, dont la publication, en 1808, fut un juste hom- mage rendu à sa mémoire par René Desfontaines: \c’est l'Ellébore oriental, Elleborus orientalis, qui croît spontanément sur le mont Parnasse, où le remarqua un berger en considérant l'effet qu'il produisait sur les chèvres qui le broutent : elles en sont violemment purgées, et leur lait en acquiert des qualités propres à guérir la manie. De là, cette plante eut la plus grande vogue; comme on ne tarda point à concevoir de justes méfiances sur ses effets violens, on la défendit , d’abord aux vieillards , aux femmes délicates, aux enfans: puis, on lui fit subir différentes sophistications pour en adoucir l’action; les uns la mélaient avec le cumin , l’anis, le séséli, divers aromates : les autres l’enveloppaient de branches de raifort ou d’une forte couche de micl; quelques personnes (4) Tous les écrivains qui suivent le texte de Pline mettent cette ville au nombre des iles de la mer Egée ; Strabon (Geog. 1x, p. 299) leur aurait appris, s'ils avaient consulté, qu'il n’y a point d’ile de ce nom, et qu'il s’agit de la ville d’Antycire, si- tuée sur les bords du Sperchius, à une égale distance du mont Oeta et du golfe Maliaque. Pausanias (Phoc., c. 26) vante l’elle- bore d’Antycire, ville de la Phocide, près de Cissa, en PS ELLÉ 25 ELLÉ 0, en buvaient une légère infusion dans linten- tion d'acquérir plus d'activité pour leurs travaux littéraires, plus de sagacité, d’aplomb et de bril- Jant dans l'improvisation. Tournefort, qui voya- geait en Grèce durant les premières années du dix- huitième siècle, trouva et la plante et le remède oubliés parmi les habitans : il fit quelques essais avec l'extrait, lequel est brun, résineux, très- amer; administré à très-pelites doses, cet extrait donna lieu à plusieurs accidens graves, qui con- firmèrent, à ses yeux, les prévisions de Théo- phraste , et lui firent douter de la puissance dont 1l jouissait en Egypte et en Grèce. — Les anciens récoltaient la racine en automne. EzLËgores DES MODERNES. — Les modernes con- naissent dix espèces d'Ellébores, constituant un genre de la famille des Renonculacées et de la Polyandrie polygynie; ce sont toutes des plantes herbacées, vivaces, naturelles, pour la plus grande partie, aux contrées septentrionales ou orientales de l’ancien continent, où elles se plaisent aux lieux montueux, sous l’abri des buissons et des bois. Leurs tiges , tantôt rameuses et multiflores, tantôt offrant un petit nombre de ramifications et de fleurs, sont munies de feuilles rares, de formes variées ; celles radicales sont pétiolées , découpées en segmens palmés. Leurs fleurs, qui s’épanouis- sent vers la fin de l'hiver et dont les premières ap- paritions annoncent le prochain réveil de la nature, ont le calice grand , persistant, à cinq sépales ar- rondis, souvent verdâtres; de huit à dix pétales courts, tubulés ou en cornet, dont l’ouverture est à deux lèvres; trente à soixante étamines :; trois à six ovaires; stigmates sessiles, orbiculés ; capsules coriaces, comprimées, s’ouvrant d’un seul côté, et dont plusieurs sont sujettes à avorter; graines elliptiques , ombiliquées, disposées sur deux rangs, de couleur vert-foncé. La plante en- tière disparaît en mai; la racine conserve sa puis- sance végélative et donne de nouvelles pousses aux dernières semaines de la saison des frimas. Toutes les espèces d’Ellébores sont réputées malfaisantes, et, quoique la pharmaceutique vété- rinaire fasse usage de quelques unes , il est certain qu'elles agissent violemment sur les animaux qui les broutent. On peut profiter de la précocité de leur fleuraison pour les admettre dans les jardins d'ornement. L’EzLésore »’miver, E. hyemalis , et l'Ezzésore Nom, Æ. niger, que l’on appelle vul- gairement Rose de Noël, méritent particulièrement cette faveur. À peine les neiges sont-elles fondues, ces deux espèces indigènes à nos bois montagneux et humides montrent, sur la collerette qui couronne Jeurs tiges, une fleur légèrement odorante, grande, irès-ouverte, ici, entièrement d’un beau jaune luisant, à, d’un blanc lavé de rouge. Gette fleur a, dans le premier moment, l'aspect d’une cloche, mais bientôt elle déploie ses folioles pétaliformes et colorées. On cultive dans quelques jardins l'Ecxégore 1i- VIDE, ÆE. lividus, qui nous est venu de la Corse, moins pour ses fleurs d’un vert blanchâtre , dispo- sées deux à trois ensemble à l'extrémité des ra- T. I. meaux, que pour sa touffe assez jolie et pour son feuillage luisant, d’un vert foncé dans les parties supérieures , un peu plus pâle dans celles inférieu- res. Gomme ses congénères , cette espèce est très- rustique, peu délicate sur le choix du terrain ; cependant les lieux frais, un peu ombragés, lui conviennent mieux. On les muitiplie toutes les trois par la séparation de leurs pieds en automne et par leurs graines semées aussitôt après la matu- rité. Les feuilles de l’Ellébore corse sont grandes, bordées de longues dents, avec une pointe jaunâ. tre, acuminée. Il conserve ses fleurs durant tout l'été. L'Ezrégore D'OniEnT , E. orientalis , est inter- médiaire entre l'Ezzégore vert, Æ. viridis, et le noir. Voici la description qu'en donne Tournefort: « Racine ligneuse, épaisse, poussant des fibres touf- fues. Feuilles radicales grandes, coriaces, com- posées de sept folioles presque réunies à leur base, lancéolées, elliptiques, inégales, dentées en scie, lisses, glabres en dessus, légèrement pubescentes en dessous. Pétioles cylindriques, striés, pubes- cens. Tige lisse , haute de trente-deux à quarante- huit centimètres , simple inférieurement , rameuse à sa partie supérieure, garnie de feuilles alternes ou de stipules presque sessiles et dentées. Fleurs penchées , larges de quatre centimètres, soutenues sur des pédoncules d’une égale longueur, et for- mant une panicule à l'extrémité de la tige. » Dans le commerce, où la fraude et le besoin du gain remplacent trop souvent la bonne foi, la loyauté, la délicatesse, on vend avec les racines de l’Ellébore noir, que quelques personnes em- ploient comme vermifuge , et comme purgatif, ce qui est plus qu'imprudent , les racines de l'Ado- nide, ÆAdonis vernalis et apennina, du Trolli, Trollius europæus , qu'il est difficile de distinguer, celles de la Radiaire à feuilles larges, Astrantia major, de la Chrystophoriane à épi, Actæa spicata, qui sont fort douteuses, et celles du Napel, 4co- nilum napellus, qui sont éminemment dangereuses. Le mieux est de n’en faire aucun usage; toutes doivent être proscrites très-sévèrement. ELLÉBORÉES. (soT. Pnax.) Nom imposé à la quatrième tribu de la famille des Renoncuracies. V. ce mot. ELLEBQORINE. (807. Pan.) Chez les anciens on donnait ce nom à l’Astrance à feuilles étroites, Astrantia minor , qui fleurit en mai et juin dans nos départemens du midi; ils additionnaient sa graine à l’Ellébore qu'ils voulaient adoucir. Les modernes appliquèrent ce nom au genre d'Orchi- dées appelé depuis par Linné Serapias, dont une espèce, l'ÉLLÉBORINE GRANDIFLORE, Serapias gran- diflora , est assez belle pour trouver place parmi les plantes d'ornement, mais il faut la tenir à l'ombre d’un bouquet d'arbres touffus, même dans les endroits creux où l’air ne se renouvelle qu’a- vec peine; sans cela, elle est rebelle, et lors même qu’on l’enleverait aux bois couverts qu’elle habite et où elle fleurit en juio, pour la transporter en un jardin , elle ne tarderait pas à périr (voyez au mot Serarlas). Du-Petit-Thouars s’est servi de l'ex- 164° Livraison. 4 20 PO Ù ÉLOP 26 ÉLYT pression Elléborine pour désigner une des trois divisions de ses Orchidées des îles australes de l'Afrique ; mais.cet emploi, de même que le genre créé sous ce nom par Persoon, ne peuvent être adoptés: Linné a proscrit le mot scientifiquement pris; il n’a plus de valeur que dans le langage vul- gaire. (T. ». B.) ELMIS , Ælmis, (1xs.) Genre de Coléoptères, de la section des lentamères , famille des Glavicornes, tribu des Macrodactyles; ce genre a été établi par Latreille, qui lui donne pour caractères : antennes de onze articles, à peine grossissant à leur extré- mité, et presque aussi longues que la tête et le corselet; ces insectes sont de très-petite taille ; leur Lête, enfoncée dans Je corselet et dans une avance en forme de hausse-col du præsternum ; le corselet est convexe et carré long ; leur écusson est à peine visible; les élytres sont souvent lisson- nées de côtes et de points enfoncés ; les élytres ne sont pas soudées, comme on pourrait le croire à la première vue, et cachant des ailes; les pattes sont longues ; les fémurs et les tibias n’offrent rien de remarquable; mais les tarses sont aussi longs que les tibias ; les quatre premiers articles sont égaux ; le cinquième est aussi grand à lui seul que les quatre autres pris ensemble et terminé par deux crochets robustes. Ces insectes vivent tou- jours sous l’eau, accrochés en dessous des pier- res répandues au fond des ruisseaux d’eau vive. Audouin a écrit un mémoire pour consigner des observations sur un insecte inondé à marée haute: mais cet insecte n'offre rien de plus particulier que les Elmis , ét il est même probable que l’eau qui l’environne est douce; car les rivières qui sont refoulées par les marées, ne le sont pas dans toute leur profondeur. Le mémoire que je cite signale des particularités curieuses sur la manière dont l'insecte conserve la quantité d’air nécessaire à son existence. Erwis DE MAUGÉ, Elmis Maugetii, Lat. Hist. pat. des Fourmis , pag. 505, pl. 12, fig. 6; il est noirâtre , cendré en dessous ; il a deux lignes éle- vées sur le corselet, et plusieurs sur les élytres. Trouvé à la forêt de Fontainebleau. Ces insectes sont encore peu connus ici; les Allemands les ont bien travaillés, mais leurs ob- servalions sont encore peu répandues, (A. P.) ÉLOPE, Ælops. (roiss.) Linné a formé avec ce poisson, que l’on rencontre dans les deux hémi- sphères , un genre particulier , que la plupart des ichthyologistes ont adopté, et qui fait partie des Ab- dominaux , famille des Clupes. Les Elopes se rap- prochent beaucoup des Mégalopes par leur struc- ture anatomique, et particulièrement par leur forme extérieure , mais ils s’en éloignent par lab- sence du filet prolongé qui garnit la dorsale de ces derniers , et par leur forme un peu allongée; ce sont de beaux poissons argentés qui deviennent assez grands. On n’a décrit jusqu’à présent qu’une | seule espèce d’Elope, Elops saurus , Lacép. ; Mu- gul salmoneus, de Forster, Bl., pl. 191, décrit également sous les noms de M ugilomore et d’Ar- gentine. La tête de cet Elope est allongée , com- primée , dénuée d’écailles, et un peu aplatie ; il a un appendice écailleux à chaque nageoïre ven- trale. Ce poisson est recherché comme aliment , et particulièrement par le bon bouillon que procure sa chair. (Azpg. G.) ÉLOPHILE ou HÉLOPHILE, Elophilus. (1ns.) Genre de Diptères, de la famille des Atéricères, tribu des Syrphides , ayant pour caractères : antennes plus courtes que la tête; la palette est presque lenticulaire , avec la soie nue insérée presque contre l’article précédent; ces insectes ont le corps plus allongé et moins velu que celui des Volucelles et des Eristales, dont du reste ils sont assez voisins ; les yeux occupent une grande partie des côtés de la tête, mais laissent entre eux un grand espace libre, ordinairement garni d’un duvet court, donnant à cette partie l’appa- rence du velours; la partie qui approche de la bouche est assez bombée; le corselet est plus long que large; l’abdomen se rétrécit en pointe et est méplat , un peu concave en dessous ; les fémurs postérieurs sont beaucoup plus développés que ceux des autres pattes; les tarses sont de la même longueur que lestibias. Leurs larves sont, comme celles des genres cités plus haut, rangés parmi celles nommées à queue de rat. E. rois Bannes, Æ. trivittatus. Long de seize millimètres; fauve-pâle, antennes, vertex , yeux, trompe bruns; corselet ayant trois bandes longi-- tudinales noir terne : bords antérieur et postérieur des anneaux de l’abdomen marqués de noir-bleu ; poitrine, base des quatre pattes antérieures, les deux tiers des fémurs postérieurs, la moitié de leurs tibias et tarses , noirs, D'Europe. (A. P.) ELYTRES , Elytrum. (1xs.) Nom tiré du grec, signifiant Etui, et qui a été donné aux premières ailes des Coléoptères, qui ont pour fonctions de protéger le dessus de l'abdomen et les ailes inférieures , dans le repos, et que l’on a par ex- tension appliqué à celles de quelques autres ordres où elles n’ont pas la même consistance ; l'épais- seur des Elytres est due à la même matière qui a épaissi les autres segmens coriaces du corps; les trachées nombreuses qui, dans les autres insectes, sillonnent les ailes dans tous les sens, paraissent anéanties dans les Elytres. Cependant il est plus que probable qu'elles sont susceptibles de fonc- tionner au moins dans le moment où les ailes se développent après la dernière métamorphose ; peut-être aussi ces trachées n’ont-elles pas pour fonction, comme quelques auteurs l'ont supposé, de faire étendre les ailes au moment du vol. Ou- tres les fonctions dont nous avons parlé, les Elytres peuvent encore concourir au vol, non comme organes agissans , puisqu'elles sont immobiles , du moins dans les Coléoptères, mais à la manière des parachutes; les autres ailes, alors, n’auraient pas à soulenir en l’air toute la masse du corps, mais seulement ane portion; la plus grande partie de leur action servirait alors à la direction. Voir, au mot; Insecre, de plus grands détails, en pas- sant en revue toute l'anatomie. (A. P.) ÉMAR 27 EMBR D —————— — — ——— — —————— — —— Û_Û_ÛÛ — — .—— * ÉMAIL. (nix.) On nomme ainsi des substances vitreuses, quelle que soit leur couleur , qui ne jouissent point d’une transparence parfaite. Quel- ques unes d’entre elles sont des produits naturels des volcans. 7. Oesinrenne et Vorcans. Éwarc pes penrs. (zoo1.) W. Drxrs. (Gu£r.) ÉMARGINE, Emarginatus. (soT.) Synonyme d'Ecuancré. Cetteexpressions’appliqueauxorganes qui présentent à leur sommet une échancrure ar- rondie et peu profonde. Beaucoup d’'Ombellifères ont leurs pétales plus ou moins Émargines. (L.) ÉMARGINULE , Emarginula. (mor.) Genre établi par Lamarck aux dépens des Patelles de Linné, que de Blainville rapproche des Parmo- phores et des Fissurelles , et dont voici les carac- ières : corps ovale, conique, pourvu d’un large pied, occupant tout l'abdomen, et débordé par le manteau qui a une fente antérieure correspon- dante à celle de la coquille pour la communication avec la cavité branchiale; tête pourvue de deux tentacules coniques , oculés à leur base externe; branchies parfaitement symétriques; coquille re- couvrante, symétrique, conique, à sommet bien distinct et dirigé en arrière ; fendue à son bord antérieur pour la communication avec la cavité branchiale, ou n’offrant qu’une légère échancrure à l’extrémité d’un sillon interne. Les ‘espèces d'Emarginules vivantes et fossiles , sont les suivantes : 1° L'ÉNARGINULE TREILLISSÉE , Emarginula fis- suræ, de Lamarck, qui est blanche ou jaunûtre, ovale, conique , convexe, élégamment treillissée par des stries longitudinales et transversales : dont le sommet est obtus et courbé, la fente pro- fonde, le bord crénelé, la longueur de onze milli- mètres, la largeur de neuf, et que l’on trouve vi- vante dans la Manche et d’autres mers d'Europe, fossile en Angleterre et à Hauteville. 2° L'ÉMARGINULE SUBMARGINÉE, Emarginula sub- marginata , de Blainville. Petite coquille , dont la fissure est peu profonde, émarginale et contiguë, avec un sillon intérieur qui va jusqu’au sommet ; dont la formeest ovale et allongée , le sommet in- cliné postérieurement et chargé de neuf à dix côtes plus ou moins saillantes. 3° L'Émarcinuze À côTEs, Emarginula costata, de Lamarck, Coquille obliquement conique, mar- quée de treize à quatorze côtes, de stries longitu- dinales, relevées, serrées et sublamelleuses: à fissure profonde et bordée d’une arête qui se pro- longe jusqu’au sommet. Cette espèce fossile se irouve à Grignon, dans les sables de Mouchy, etc. Elle a de cinq à sept millimètres de longueur. 4 L’ÉManGINULE EN BOUCLIER , Emarginula clypeata, de Lamarck, que l’on n’a trouvée jusqu’à présent qu'à Grignon, dont la longueur est de seize à dix-huit millimètres , la largeur de onze à quatorze , et dont la coquille est très-mince , très- fragile, déprimée et élégamment treillissée à sa surface ; le bord frangé, la fissure antérieure peu profonde, assez large , surmontée d’une crête qui va depuis le bord jusqu’au sommet, et qui simule assez bien une sorte de rigole. (FE F.) EMBERIZA. (ois.) Joy, Bruanr. EMBERIZOIDE, Emberizoïdes. (o1s.) Ge genre, proposé par Temminck, dans son recueil de Plan- ches coloriées , est voisin des Bruans, Emberiza, dont il ne se distingue guère que par la queue étagée, par quekques caractères du bec et des ailes. Il ne comprend encore que deux espèces, toutes deux américaines. EugerizoinE LONGIBANDE , Æmberizoïdes margi- nalis, Temm., pl. 114, fig. 2. Long de dix-huit centimètres ; il a tout le dessus du plamage d’un brun cendré, olivâtre, marqué sur le sommet de la tête, à la nuque et sur le dos, de longues mèches noirâtres , occupant le milieu des plumes ; sa queue est d’un brun cendré, qui prend, sur les rectrices moyennes, une teinte plus intense. La gorge et le milieu du ventre sont blanchâtres, et tout le reste des parties inférieures, d’un brun cendré très-clair. Le Longibande a été décrit par Latham, sous le nom de Fringilla macroura ; il vit au Brésil. EmBerizoipE OREILLON , mb. melanotis, Temm. Cette seconde espèce, dont d’Azzara parle sous le nom de Chipiu oreillon-blanc, se trouve au Para- guay et au Brésil; elle vit par pairesÿ a le vol très-court, et se tient dans les champs , cachée le plus souvent dans les herbes hautes : sa nourriture consiste en vers et en graines. Plus petit que le pré cédent, le Melanotis n’a que treize centimètres et demi de longueur totale; une large plaque noire se dessine sur son oreille, et s'étend jusqu’à la base du bec, en traversant la joue; au dessus de cette tache est un filet ou sourcil blanc (d’où le nom d’Oreillon blanc), qui la sépare du gris plombé de la tête ; les ailes sont variées de jaune verdäâtre , le dos de brun sur un fond gris, et le ventre, ainsi que les parties inférieures sont blanchâtres. ( GErv. ) EMBRYON. (z00r1.) On a défini l'Embryon le premier rudiment d’un corps organisé, peu de temps après qu'il a été formé par lacte de la gé- nération. Si on l’examine aussitôt après cette for- mation, c'est-à-dire lorsqu'il commence à se développer dans le germe, on n’y rencontre encore aucune des formes qu’il doit revêtir par la suite; il ne ressemble en rien à ses parens, rien ne rap- pelle en lui la structure qu'il doit avoir un jour. Ses organes n'apparaissent que successivement, en subissant plusieurs transformations. On a dit avec raison que, dans son développement, l’'Embryon passait par une suite d'états transitoires, en rapport avec l’organisation d'animaux moins élevés dans la série. Dans l'Embryon humain, par exemple, on n’apercoit, tout d’abord, qu’un corps arrondi et privé de membres, rappelant, à certains égards, la structure d'animaux très-simples. On ne distin- gue dans les premiers temps de l’existence, ni le cœur , ni le cerveau, ni les os, ni les muscles. Le cœur n’est, ainsi que celui de quelques vers, qu’un simple vaisseau, se recourbant bientôt, et présen- tant deux dilatations qui deviendront le ventricule et l'oreillette gauche ; conformation analogue à celle des poissons ; puis l'oreillette se divise ensuite 0 EMBR 28 EMBR a ———_—_—_—_—_—_—_———————_——————————————_——————————…———…—…— “To en deux cavités, comme chez la plupart des rep- tiles ; enfin , une seconde cloison s'élève du fond du ventricule, partage celui-ci en deux, et le cœur possède alors les quatre cavités qu'on re- marque chez les animaux supérieurs. Si l’on con- sidère le développement de l’Embryon dans l'œuf du poulet , il devient facile d’en observer les di- verses transformations. Nous le choisirons donc comme exemple pour l’étude de ce phénomène curieux , en reproduisant ici une partie du travail de Milne Edwards, dans ses Elémens de zoologie. «Lorsque l’ovule, dit ce physiologiste, est des- cendu dans l’oviducte, il se compose du vitellus ou jaune, enveloppé dans un sac membrancux, sur un point duquel on apercoit une pelite tache blanchâtre, appelée cicatricule , et qui mérite d’é- tre signalée; car c’est dans son intérieur que, par suite , l’'Embryon se développera ; mais à me- sure que l’ovule descend, il se recouvre d’autres substances , sécrétées par les parois du canal qu'il traverse vers la partie moyenne de l’oviducte, il s’enveloppe d’une matière épaisse et glaireuse, qui est le blanc d'œuf, et un peu plus bas, il se forme autour de cette nouvelle couche une membrane épaisse, dont le feuillet externe finit par s’encroûter d’un dépôt terreux, ct constitue ainsi la coquille de l’œuf. C’est dans cet état que l’œuf est pondu ; s’ilest fécondé, il devient le siége d’un travail actif, sous l'influence d’une température convenable, » En examinant alors au microscope la cicatri- cule, qui a environ six millimètres de diamètre, on remarque, vers le centre, un petit corps blanc ct allongé, qui peut être considéré comme le rudi- ment du germe, et qui présente une ligne moyenne, blanchôtre, et arrondie au sommet: ce trait mar- que Ja place où se développera le cordon cérébro- spinal, et suivant quelques physiologistes, ce serait le premier vestige du système nerveux. Autour du germe , on voit une espèce de disque membraneux et transparent qui, à son tour , est borné par ure zone plus obscure et par deux cercles concentri- ques d’un blanc mat. Vers la dix-huitième heure de l'incubation , le germe se rétrécit, prend à peu près la forme d’un fer de lance ; il s’y forme un pli qui se rabat comme une toile au devant de l'extrémité céphalique de la ligne cérébro-spinale; sur les côtés de ce trait longitudinal , on remarque aussi deux petits bourrelets qui le renferment comme une gouttière. Bientôt après, ces bourre- lets se réunissent par leurs extrémités inférieures, et commencent à se rapprocher de facon à cacher la ligne qui les sépare; enfin, vers la vingt-qua- trième heure , on y voit apparaître trois paires de points arrondis, qui sont les premiers rudimens des vertèbres , dont le nombre augmente ensuite rapidement. Le pli transversal que nous avons signalé, est le premier rudiment de la tête qui tend à devenir distincte ; vers la trentième heure de l’incubation on commence à apercevoir les yeux du poulet ; peu de temps après , la partie postérieure du corps se dessincégalement, et l'Embryon se recourbe un peu sur lui-même. Pendant le troisième jour, la t tête devient de plus en plus distincte; son extrémité pointue se recourbe sur la poitrine, et l’on voit apparaître sur les côtés de la colonne vertébrale les premières traces des membres supérieurs; deux petits appendices fixés sur le cou , se développent aussi pour former la mâchoire inférieure ; enfin , les yeux se colorent en noir. Dès le cinquième jour, les membres, qui ne sont encore que des moisnons informes , exécutent de légers mouve- mens, et vingt-quatre heures après, on peut distinguer les cuisses des jambes, les bras des avant-bras. Le cœur rentre dans la cavité de la poitrine, et les parois de l'abdomen se complètent. Le septième jour , les pieds se forment. Vers la fin du neuvième, on apercoit sur la peau de l’'Em- bryon, de petits pores qui sont les ouvertures des capsules destinées à sécréter les plumes, lesquelles commencent à se montrer à la fin du dixième jour el recouvrent tout le corps dans l’espace de vingt- quatre heures. Ces métamorphoses , dans la forme exlérieure, sont peut-être moins curieuses encore que celles des appareils les plus importans à la vie. Ainsi, vers le vingt-septième jour de l’incu- bation , on apercoit, à la face antérieure du poulet, sur le point où se termine la membrane qui se rabat au devant de la tête, un petit nuage transversal, qui s’élargit à ses deux extrémités , et va se perdre insensiblement sur l’aire transparente au milieu de laquellele germe est placé. Ge nuage est le rudi- ment de l’oreilleite gauche du cœur. Trois heures après , le centre de cet organe se trouve surmonté d'un vaisseau qui se dirige vers la tête, et qui est le ventricule gauche ; bientôt après , un autre ren- flement se montre au dessus de celui-ci : c’est le bulbe de l'aorte, qui disparaît plus tard, mais qui subsiste toujours chez certains reptiles, tels que les grenouilles; le cœur s’allonge ensuite et se recourbe ; un rétrécissement s'établit entre l’oreil- lette et le ventricule, et vers la trentième-sixième heure, la première de ces cavités commence à remonter vers le sommet de l’appareil; à cette époque le cœur commence à battre; mais il ne contient encore , au lieu de sang, qu’un li- quide incolore. C’est d’abord dans la membrane qui forme l’aire transparente qui environne le germe qu’on aperçoit les premières traces de la circula - tion ; il est bientôt facile de la suivre : le sang , formé d’abord de globules circulaires, passe au travers du ventricule, arrive dans le bulbe de l'aorte, et se rend de là dans l’aorte descendante, divisée bieatôt en deax branches qui sortent du corps du fœtus , et vont se perdre dans l’aire vas- culaire dont il est environné; le sang qui part ainsi à droite et à gauche du poulet, se divise dans un facis de vaisseaux capillaires, puis arrive dans un vaisseau général, qui le ramène en haut ou le dirige en bas, d’où il revient au cœur. Vers le sixième jour de l’incubation , les globules du sang commencent à devenir elliptiques, et remplacent incessamment tous les globules circulaires. Leur apparition coïncide avec celle du foie et avec l’ob- lilération des vaisseaux de la membrane du jaune où la sanguification a commencé : ce qui doit faire EMBR 29 EMBR D mm supposer que @æ viscère est le siége de la sécrétion de ces corpuscules. Les poumons paraissent vers le quatrième jour, sous la forme de tubercules oblongs , placés derrière le cœur; ces organes ne servent pas encore à la respiration; mais cette fonction ne s’en exécute pas moins d’une manière très-active dès les premiers momens de l’incuba- tion ; car, si l’on empêche l’air de pénétrer dans l’œuf, le poulet meurt presque aussitôt. La respi- ration de l'Embryon s'effectue d’abord par son contact avec l'air qui a pénétré sous la coquille ou par la membrane du jaune; mais bientôt après, cette fonction devient l'apanage d’une membrane nouvelle, nommée Allantoïde (voy. ee mot). Celle- ci commence à se montrer vers la quarante-cin- quième heure de l’incubation , sous la forme d’une vésicule transparente de la grosseur d’une tête d’épingle, placée dans la région abdominale du poulet. Cette poche se développe rapidement, s’étale sur la surface supérieure du jaune, et finit par envahir toute la surface interne de la coquille contre laquelle elle se trouve appliquée; enfin , son feuillet externe ne tarde pas à se couvrir d’un magnifique réseau vasculaire qui recoit le sang veineux venant de l'Embryon, et le met en con- tact avec l’air pour former le sang artériel. C’est de deux replis membraneux de la lame interne de la cicatricule, qui ressemble d’abord à des entonnoirs ouverts par une de leurs extrémités, et situés au dessus de la colonne vertébrale , à l’opposite l’un de l’autre, que semble naître le ca- na] intestinal ; ces replis'se rétrécissent graduelle- ment et se ferment ; mais leur cavité reste encore en communication avec le jaune , qui peu à peu y pénètre et sert à nourrir le fœtus ; aussi le voit-on diminuer de plus en plus , et, vers la fin de l’incuba- tion , est-il entraîné dans l’intérieur de l’abdomen. Les modifications que subit le système nerveux en se développant sont plus remarquables encore que celles que nous venons de signaler ; les formes transitoires qu’on y aperçoit ont la plus grande ana- logie avec celles auxquelles les mêmes parties s’ar- rêtent pour toujours chez les animaux moins éle- vés dans la série zoologique. En empruntant une grande partie du travail de Milne Edwards, sur ce sujet, nous avons dû laisser de côté tout ce qui doit trouver sa place dans ce Dictionnaire, aux articles Fosrus et OEur. Mais ce que nons en avons transcrit ici nous paraît suffisant pour donner une idée exacte du dévelop- pement de ces diverses métamorphoses de l'Em- bryon. (P. G.) EMBRYON, Embryo ou Corculum. (nor. rxax.) L'Embryon est dans le règne végétal le rudiment d’un nouvel être, déjà contenu dans l’ovaire de la fleur , avant la fécondation , mais alors inerte, in- capable de se développer, puis recevant de cet acte le mouvement et le principe de la vie. Existe- tal des Embryons capables de se développer sans fécondation, ou, pour employer l'expression de certains auteurs, les Embryons sont-ils des bour- geons aples à végéter avec aussi bien que sans fé- condation ? Non, selon l'opinion générale. L'Embryon ne se montre pas immédiatement après l'instant de la fécondation; quelquefois on ne le distingue qu’au bout de trente ou même qua- rante jours : son apparence est d’abord celle d’une petite vésicule, environnée d’une masse de tissu cellulaire ou endosperme, destinée à le nourrir, et qui souvent disparaît en totalité dans l'intervalle qui s'écoule jusqu’à la formation parfaite de l’'Em- bryon, ou, en d’autres termes, jusqu’à la maturité de la graine. L’embryon est donc la partie essentielle de la graine; le végétal y est lout entier , et en sortira , que ce soit l’humble Hyssope, ou le Chêne, ce roi des forêts. On concoit de quelle nécessité est som étude, et combien sont importans les caractères tirés de sa disposition ou de sa forme. C’est sur- tout à l'observation de l’'Embryon que la science botanique a dû ses nombreux perfectionnemens. La famille des Crucifères, par exemple, où les plantes ont tant de similitude entre elles qu’elles paraissent ne former qu’un vaste genre, a été classée par De Candolle d’après les différences que présentent les diverses parties de l’'Embryon. : L’Embryon forme la totalité de l’amande lors- qu'il n’y a point d’endosperme; le Haricot, par exemple, après qu’on en a détaché la pellicule, ne consiste plus qu'en un Embryon. Dans un grand nombre de végétaux , l’endosperme subsiste encore dans la graine, placé soit autour, soit à côté de l'Embryon, qui, dans le premier cas, est dit intraire, et extraire dans le second. La graine du froment et celle du tilleul offrent chacune un exemple de ces deux manières d’être. On distingue dans l'Embryon une extrémité supérieure ou cotylédonaire, et une extrémité inférieure on radiculaire. La posilion relative de ces extrémités est importante à considérer. Quand la base de l'Embryon correspond à la base de la graine ( marquée par son point d'attache, ou huile), on l'appelle dressé on homotrope; c’est ainsi qu’il se montre dans la plupart des Légumineuses. Si, au contraire, sa base correspond au sommet de la graine , comme dans l'Ephémère, il est antitrope ou renversé. [1 peut aussi se trouver placé trans- versalement, par rapport à l’axe de la graine, de sorte qu'aucune de ses extrémités ne soit tournée vers la base ou le sommet de celle-ci; telle est la situation de l'Embryon dans la plupart des Primu- lacées, où on l'appelle hetérotrope. Enfin, dans beaucoup de Garyophyllées et de Crucifères, l’'Embryon est amphitrope ou recourbé, de manière que ses extrémités se rapprochent et touchent au même point de la graine. L'Embryon n'est pas un corps simple; il se compose de quatre parties bien distinctes : 1° La radicule, qui en forme l'extrémité infé- rieure; elle est quelquelois difficile à distinguer avant la germination de l’'Embryon, surtout lors- que celui-ci est recourbé; mais, dès le premier instant où la graine se décompose, on voit la ra- dicule sortir, et tendre à s’enfoncer dans le sein de la terre; quelquefois elle est simple et indivise; souvent elle se partage en plusieurs filets qui finis- LS ÊMER 30 ÉMÉT sent par former la racine du végétal. La radicule peut être nue el extérieure, ou bien elle est en- veloppée dans le cotylédon ; ou bien encore, elle se trouve soudée avec lendosperme. Ces trois manières d'être constituent les Exorhizes, Endo- rhizes et Synorhizes de Richard (voyez ces mots). 2° Le corps cotylédonatre, qui forme l'extrémité supérieure de l'Embryon. Il est tantôt simple, tantôt composé de deux parties, appelées Cotylé- dons. Dans le premier cas, l’'Embryon est mono- cotylédoné, et dicotylédoné dans le second. Nous renvoyons à ces mois. pour nous renfermer ici dans les généralités. Ajoutons seulement que , d’après la composition simple où double de FEm- bryon, on a établi les deux grandes divisions des végétaux phanérogames, savoir : les Monocotylé- dones et les Dicotylédonés. Leur organisation est totalement distincte; la tige, les feuilles, quel- quefois même les fleurs, ne peuvent être confon- dues. L'Embryon du lis est formé d’un cotylédon simple ; celui de la rose a deux parties. 8° La gemmule ou plumule ; bourgeon de feuilles plissées , situé entre les deux cotylédons dans les plantes dicotylédonées, on dans l’intérieur du co- tylédon, lorsqu'il n’en existe qu’un. La gemmule se dirige vers le ciel aussitôt que la graine germe; c’est la partie aérienne de la plante, tandis que la radicule en est la partie souterraine. Aucune super- cherie humaine ne peut contrarier le but de la nature; que la graine soit renversée à dessein , suspendue ou même comprimée , jamais les par- ties de l’'Embryon ne changent de rôle, 4° La tigelle; c’est l’entre-nœud situé entre la base de la gemmule et le point d'insertion des co- tylédons. Elle manque presque toujours dans les Embryons monocotylédonés, c’est elle qui porte les cotylédons , lorsque ces organes sortent de terre après la germination, ce qui arrive dans la plupart des plantes dicotylédonées. Suivre l’'Embryon depuis sa formation dans l’o- vaire jusqu’à l'instant où il reçoit le principe de vie, c'estexaminer le phénomène de la fécondation; et le voir se développer sous la forme d’un nouvel être appartient à la germination. Nous renvoyons à ces deux articles. On ne donne point le nom d’Embryon aux élé- mens reproducteurs des végétaux cryptogames, parce qu'ils ne renferment rien d’organisé, rien qui représente déjà , même à l’état rudimentaire, les parlies constituantes du nouvelêtre. (L.) > ÉMERAUDE. (min.) Cette substance, dont les minéralogistes font une seule espèce minérale, quelle que soit sa nuance ou sa couleur , recoit des lapidaires le nom d’Aigue-marine lorsqu'elle est d’un vert pâle, et principalement bleue ou bleuä- tre, et celui de Béril lorsqu'elle est d’un vert jau- nâtre ; ils ne conservent le nom d’Émeraude qu'à celle qui est d’un vert foncé comme l'Émeraude du Pérou (voy. Arcremoine et Bérir). Elle cristal- lise naturellement en prismes hexagones réguliers, qui se présentent quelquefois modifiés par une face sur les arêtes latérales ou sous celles qui ter- minent le prisme; mais ce qui sert surtout à Ja faire reconnaître, c’est qu'elle raic:le quartz et se laisse rayer par la topaze. Sa composition varie peu, qu’elle soit jaune , bleue ou verte : ainsi elle est formée de 66 à 69 parties de silice, de 15 à 18 d’alumine, de 13 à 15 de glucine, et d’une très-pelite quantité d’oxide de fer et quelquefois de chaux. La glucine est un corps particulier et essentiel à la composition de l'Émeraude; mais il est à remarquer que celle du Pérou, recherchée pour sa belle couleur verte, la doit à une petite quantité d’oxide de chrôme , qui n’est cependant que d’ua tiers pour cent. Il y a des Émeraudes, comme celle des envi- rons de Limoges, qui sont opaques et d’un blanc jaunâtre; il y en a dont les prismes oblitérés prennent l'aspect de cylindres: il y en a enfin de fibreuses et de chatoyantes ou nacrées, L'Emeraude se trouve dans des roches apparte- nant aux terrains granitiques , telles que la pezmo- tite , le gneiss et le schiste argileux. (J; H.) EMERAUDINE. (1ixs.) Geoffroy donne ce nom à la Cétoine dorée. Foy. Géroine. ÉMERIL. (mx.) On donne ce nom au Corin- don granulaire. Ÿ’oy. Goninpon. On s’en sert pour polir les métaux. (Guër.) ÉMERILLON. (ors.) C’est une espèce de la fa- mille des F'alconées ou Faucons, propre aux régions septentrionales et tempérées de l'Europe, et que les naturalistes appellent Falco æsalon. L'Émeril- lon appartient à la catégorie des oiseaux de proie nobles ; c’est le plus petit de tous ceux de notre continent: sa couleur, brune en dessus et blan- châtre en dessous, est variée dans cette partie de taches rembrunies allongées. Il niche dans les ré- gions les plus élevées, et se voit rarement chez nous; en Suède, au contraire, en Norwégeet dans tout le Nord, il est plus commun, surtout pendant la belle saison. Le Rocurer , Falco lithofalco, L, , qui est cendré en dessus et blanc roussâtre en des- sous avec des taches plus foncées, est le vieux mâle de cette espèce. Plusieurs faucons exotiques ont reçu le nom d’Émerillon ; nous citerons l'ÉmEertzLON pe La Ga- ROLINE , Falco spaverius, Gmw., jolie espèce amé- ricaine que l’on trouve aux États-Unis, au Mexi- que, à la Guiane , etc. , où elle offre plusieurs va- riétés remarquables. : D’après M. Brehm , on devrait distinguer de lE- merillon d'Europe , une autre espèce qu'il nomme Falco subæsalon, et qui s’en distingue principale- ment par sa taille plus forte, son bec plus large et son coronal moins déprimé. , (GEnv.) ÉMÉTINE. (cmm.) Base salifiable découverte par Pelletier dans la racine d’ipécacuanha , etobtenue de la manière suivante : réduite en poudre, la ra- cine d’ipécacuanha , mais surtout la partie corti- cale de cette racine, est traitée d’abord par l'é- ther qui dissout une matière grasse odorante, puis par l’alcool bouillant. On filtre, on ajoute un peu d’eau, on soumet à ladistillation pour retirer une partie de l'alcool employé ; on filire une seconde fois pour enlever la matière grasse, et l’on fait bouillir avec de la magnésie qui précipite l’Émé- EE EE DCE ES ne D ÉMÉT 31 ÉMÉT ——————————————— tine. Le précipité ou Émétine est lavé à l’eau froide, séché etttraité par de l'alcool, puis par un acide faible, le charbon animal, et la filtration. On a ainsi de l'Émétine pure, Emétine qui est rarement d’une blancheur parfaite , qui tire un peu sur le fauve, et qui se colore de plus en plus à l'air. L'Émétine ramène au bleu le papier de tourne- sol rougi par un acide; sa saveur est faible et amère, son odeur nulle, sasolubilité dans l’eau plus prononcée à chaud qu'à froid. Elle est très-fusible , très-soluble dans Palcool , très-peu dans l'éther et dans les huiles, et elle forme des sels incristallisa- bles avec les acides. L’acide nitrique concentré la transforme d’abord en une matière jaune , rési- neuse, amère, puis en acide oxalique ; si l'acide est étendu, on obtient un nitrate d'Emétine. Trai- tée par les acides oxalique et tartrique , elle donne paissance à des sels solubles qui ne sont pas pré- cipités par le sous-acétate de plomb ; elle est pré- cipitée en blanc par l'infusé de noix de galle. Get infusé peut servir d’antidote en cas d accidens. D’après Pelletier et Dumas, l'Émétine paraît être formée de 64,57 de carbone, 7,77 d'hydro- gène , 4,50 d'azote, et 22,95 d'oxygène. L'Émétine tire son nom de la propriété qu’elle a de faire vomir , même à des doses très-faibles ; un seizième, un huitième de grain suflit quelque- fois pour produire cet effet. La médecine et la pharmacie en font un fréquent usage, soit en si- rop , soit en tablettes ou en poudre. (EF. F.) ÉMÉTIQUE. (cmm.) L'Émétique, taritre émé- tique , tartre stibié , tartrate antimouié de potasse, tartrate de potasse et de soude, est un sel double que l’on prépare dans les laboratoires de chimie our les besoins de la médecine, et qui est formé, d’après Berzélius, sur 100 parties > de 38,61 d'a- cide tartrique, 42,99 d'oxide d’antimoine, 15,26 de potasse , et 5,14 d’eau. st L'Émétique est solide, blanc, cristallisé en oc- taèdres, demi-transparent, efllorescent, décom- posable et réductible au feu , inodore, d’une sa- veur styptique et nauséabonde. | Dissous dans l’eau, l'Émétique rougit la tein- ture de tournesol, précipite en blanc par la po- tasse, l’'ammoniaque, les acides hydrochlorique et sulfurique ; en rouge par l'acide hydrosulfurique et les hydrosulfates ; il ne précipite pas par l’hy- drochlorate de baryte, ni par l’oxalate neutre d’ammoniaque, ni enfin par le nitrate acide de plomb. | pad On obtient l'Émétique en faisant bouillir , dans dix à douze parties d'eau, un mélange fait à par- ties égales de tartrate acidule ou bitartrate de po- tasse (crème de tartre), et de verre d’antimoine (oxide d’antimoine demi-vitreux) jusqu’à parfaite saturation du tartrate; ou bien , et ce procédé est le plus suivi , en faisant bouillir pendant une demi- heure, dans une bassine d’argent, le mélange suivant : bichlorure d’antimoine , 1 kilogramme ; bitartrate de potasse, 1,490 gr.; eau distillée, 1 kilogramme. On filtre , on évapore jusqu’à 25° , et on fait cristalliser. Quand on se sert de l’oxide d’antimoine, on doit préférer celui qui a été obtenu en traitant le métal par l'acide nitrique , et l’on peut en ajouter un léger excès afin d’être plus certain de la com- plète saturation du bitartrate. L'Emétique contient quelquefois une quantité assez notable d’arsenic provenant du sulfure d’an- tüimoine natif. Sérullas a, le premier, découvert la présence de ce corps dangereux dans presque toutes les préparations antimoniales. On s’en dé- barrasse, dit Duflos, en distillant l’oxide d’anti- moine avec un quart de son poids de spath fluor, et avec un poids égal au sien d’acide sulfurique. Il se dégage un mélange de spath fluor et d’arsenic, et il reste de l’oxide d’antimoine qu'il suflit de laver pour l'avoir pur. L’Emétique est le vomitif par excellence; on l'emploie journellement, à petites doses, pour débarrasser les premières voies, dans toutes les affections bilieuses. Administré à hautes doses, :l agit le plus ordinairement comme poison violent, et peut donner lieu à une vive inflammation du canal digestif. Toutelois, et dans certains cas, continué pendant quelques jours, à très-hautes doses , vingt ou cinquante grains, l'Emétique donne lieu à des phénomènes autres que ceux du vo- missement. C’est ainsi que l'appétit, la transpira- tion cutanée , paraissent augmenter; que le pouls se ralentit, sans perdre de sa force ; que les sueurs peuvent être continuelles , etc. ; mais il arrive as- sez souvent aussi que le malade finit par éprouver de la répugnance pour ce médicament et que les vomissemens reparaissent, Beaucoup de médecins, ayant reconnu à l’Emé- tique la propriété d’activer l'absorption, l’ont donné à doses fractionnées , de manière à pro- duire des nausées continuelles , dans le traitement de la phthisie pulmonaire tuberculeuse, dans les cas de dégénérescence tuberculeuse de fa plèvre, du péritoine , du foie, et dans les engorgemens glanduleux chroniques. En Italie , en Suisse ,en Pologne ,en Allemagne, en France, on a reconnu à l'Emétique, employé à hautes doses et d’une manière continue, des pro- priétés dites contro-stimulantes très-prononcées, dans les inflammations aiguës des bronches, du poumon, etc. ; mais il faut qu'il y ait, après son administration, ce que les praticiens ont appelé la folérance, c’est-à-dire absence de vomissemens et de superpurgations. La découverte de l'Émétique , due à l’alchi- miste Adrien Mynsich, remonte à l'an 1631; et, ainsi que celui de tous lesmédicamens importans, son usage s’introduisit avec peine dans l’art de guérir, Souvent mal préparé, donnant lieu quel- quefois à des accidens, l'Émétique ne put échap- per à la critique de Guy-Patin , qui l’appelait par dérision Tartre-stygié, assurant que ce médica- ment était aussi dangereux que les eaux du Styx. L'Emétique ne triompha de ses antagonistes qu'en 1666. Depuis cette époque , on l'emploie journellement en médecine et en chirurgie , soit à l’intérieur, soit à l'extérieur, A l'intérieur, on le donne avec succès , outre les cas que nous avons ÉMIS 32 EMPI déjà indiqués, dans le tétanos , les rhumatismes, le coma, le narcotisme, Papoplexie , la coli- que de plomb, l'épilepsie, l'aliénation men- tale, etc., elc. :_ Appliqué à l'extérieur, mélangé à des corps gras ou en dissolution dans de l’eau, l’'Emétique jouit de propriétés irritantes et révulsives très-pronon- cécs dont on a retiré les plus grands avantages dans le traitement de la coqueluche , des rhuma- thismes articulaires, de la goutte , du lombago, de certaines dartres, d’engorgemens laiteux, de la céphalalgie , etc., etc. Les premiers soins à donner aux personnes em- poisonnées par l'Emétine, l'Émétique et les autres préparations antimoniales, sont les suivans : si les vomissemens sont abondans , s’il y a des douleurs d'estomac, il faut favoriser les vomissemens en donnant beaucoup d’eau chaude, ordinaire ou su- crée, Le vomissement et les douleurs persistant , on donne, à deux'ou trois reprises différentes, un grain d’opium dissous dans un verre d’eau. Enfin si les accidens persistent, on applique des sangsues sur la région de l'estomac, et sur celle du cou sile malade ne peut avaler. Quand les vo- missemens ne peuvent avoir lieu, on neutralise J’action de l’'Émétique en faisant boire plusieurs tasses d’infusé de noix de galle, d’écorce de quin- uina, de chêne ou de saule, mais surtout de noix de galle. Il faut bien se garder dans ce cas d’exciter le vomissement par les Émctiques ordi- naires, qui aggraveraient les dangers du malade. Les boissons émollientes, les sangsues, les topi- ques, seraient encore ici d'un très-grand secours. Ë (E. FE) EMIGRATIONS. (ors.) Voyez mierariows. EMISSOLE, FM ustellus. (vorss. ) Les Emissoles sont, comme les raies , des poissons cartilagineux ; ils ont de même leurs branchies dénuées de mem- brane et d'opercule ; elles offrent encore d’autres grands rapports avec ces animaux, dans leurs ha- bitudes et leur conformation; elles ne sont en quelque sorte que deux divisions de la même fa- mille : que l’on déplace, en effet, les ouvertures des branchies des raies, que ces orifices soient trans- portés de la surface du corps sur les côtés de ’a- nimal; qu’on diminue la grandeur des nageoires pectorales, qu’on grossisse dans plusieurs de ces cartilagineux l’origine de la queue et qu'on donne à cette origine la même dimension qu’à la partie postérieure du corps, et les raies seront entière- ment confondues avec les Emissoles, ou plus par- ticulièrement avec tous les Squales. La forme des dents des Emissoles suffit pour les distinguer de tous ceux que l’on comprend dans le grand genre Squale : très-comprimées de haut en bas et seule- ment un peu convexes, lrès-serrées les unes contre les autres, figurées en losange, en ovale, ou en cercle, ne s’élevant en pointe dans aucune de leurs parties, et disposées sur plusieurs rangs avec beau- coup d'ordre, elles paraissent comme incrustées dans les mâchoires, forment une sorte de mosaique très-régulière, et obligent à placer la bouche de ces animaux parmi celles auxquelles on a donné le nom de pavées. L’estomac de ces animaux est garni de plusieurs appendices situés auprès du pylore, ce qui doit augmenter leur facilité de digérer, et leurs dents pouvant d'ailleurs broyer et diviser les alimens plus complétement que celles de plusieurs autres squales. Ces poissons ont moins besoin que beaucoup d’autres animaux de leur genre de sucs digestifs très-puissans. Les Emissoles ont d’ailleurs de nombreux rap- ports avec le milandre, ainsi qu'avec plusieurs autres cartilagineux de la même famille que nous décrirons. Au reste, les espèces d'Emissoles ne diffèrent ‘dans leurs habitudes que par un petit nombre de points; nous indiquerons ces points de séparation dans des articles particuliers. Mais c’est en nous occupant du plus redoutable des squales, que nous tâcherons de présenter, en quelque sorte, l’ensemble des habitudes et des formes du genre. ‘ Le requin sera, pour ainsi dire, le type de la fa- mille entière ; nous le considérerons comme le squalc par excellence, comme la mesure générale à laquelle nous rapporterons les autres espèces. Nos mers en produisent deux confondues sous le nom commun de Squalus mustellus, Lin. La pre- mière de ces deux espèces est l’EmissoLE COMMUNE, Rondelet, 375, dont la nageoire dorsale est de forme triangulaire, plus avancée vers la tête que les nageoires ventrales; on remarque que ces der- nières sont une fois plus petites que les pectorales, que la seconde dorsale est une fois plus grande que l'anale ; enfin que la nageoire de la queue s’élargit vers son extrémité. La partie supérieure de son corps est d’un gris cendré ou brun, et l’inférieure est blanchâtre. L'Enrssoce ÉTOILÉE OU LENTILLAT, qui est con- formée comme la précédente, en diffère cependant par des taches blanches répandues sur tout le corps, plus grandes et moins nombreuses sur le dos que sur les côtés, semblables, a-t-on dit, à des len- tilles , ou figurées comme de petites étoiles. Les individus atteignent une assez grande dimension. (Azru. G.) ÉMOU. (ors.) Get oiseau , le plus grand de tous ceux qui vivent à la Nouvelle-Hollande, forme, parmi les Struthionés, un genre voisin de celui des Casoars proprement dits, le genre Emou, Dromaius. (Foy. Particle Casoar, t. IL, p. 15.) (GEnv.) ÉMOUCHET. (o1s.) On donne vulgairement ce nom à tous les oiseaux de proie qui ne dépassent pas la taille de l’'Epcrvier. (Gu£r.) EMPATELAGE. 7. Taxiderute. EMPEREUR. (z001.) On a donné ce nom à di- vers animaux qui se distinguent, aux .yeux des amateurs, par une grande taille ou par des cou- leurs brillantes. Gest le nom vulgaire du Raitelet, du Boa devin , d’un poisson du genre Holacanthe et de l'Espadon, de plusieurs coquilles, et du pa- pillon Tabac d'Espagne, Argynis paphia. Tous ces noms ne sont employés que par quelques mar- chands. (Guér.) EMPIDE, Empis. (ixs.) Genre de Diptères de la famille des Tanistomes, tribu des Empides, établi oo ÉMYD ÉMYD ee établi par Linné et ayant pour caractères : an- tennes de trois articles, dont le troisième, le plus long, terminé par un stylet assez gros, articulé, et le second, le plus court; suçoir perpendiculaire, con- tenant quatre soies ; palpes relevés devant la face. La tête de ces insectes est très-pelite relativement à leur corps, globuleuse et paraissant tenir au thorax par un con; la trompe est trois fois plus longue que la tête, et les antennes aussi longues que celte dernière ; le tronc est plus épais que large, ce qui donne à ces insecles un air com- primé sur les côtés; les pattes sont insérées tout près les unes des autres ; les hanches sont coni- ques , allongées; les tarses sont plus longs que les tibias ; les ailes sont grandes et dépassent de beau- coup l’abdomen; celui-ci est conique dans les fe- melles, tronqué carrément dans les mâles, et recourbé en dessous. Ces insectes, à la tête près, ont un peu de la figure des Asiles, leurs mœurs sont presque les mêmes ; ils vivent de petits in- sectes qu'ils saisissent avec leurs pattes, et quel. quefois du suc des plantes; leurs larves sont encore inconnues. On trouve les insectes à tête parfaite dans presque toute l'Europe. ) E. pawrer, Empis tessellata, Fab. Longue de qua- torze millimètres, noirâtre avec un duvet gris jau- nâtre répandu sur tout le corps, trois bandes plus noires sur le corselet ; les yeux, les tibias et tarses rougeûtres , Ces derniers couverts de poils raides noirs; les ailes sont enfumées, mais plus jau- nâtres à la base. Commun aux environs de Paris. E. preDs Empcumés, Æ. pennipes , Fab. Long de six millimètres, brun notrâtre, ailes enfumées ; les fémurs et tibias intermédiaires et postérieurs sont garnis en dessus et en dessous de folioles plus longues vers le milieu de ces parties, re- présentant les barbes des plumes dans les oi- seaux; c’est cette disposition qui a valu à cet in- secte le nom qu'il porte. Moins commun que le précédent. (A. P.) EMPIDES. ÆEmpides. (ixs.) Tribu d'insectes de la famille des Tanistomes, établie par Latreille qui lui donne pour caractères : tête petite, globuleuse, sucoir allongé, dirigé perpendiculairement ou en arrière , ailes plas longues que le corps; pattes très-allongées , les postérieures souvent plumeuses ou moins fortement velues. Ces insectes sont de petite taille, et vivent soit de proie, soit du suc des plantes; ils attaquent aussi quelquefois les animaux, V. HicarrT, ak etc. A. P. EMPREINTES ou TYPOLITHES. (2001. œuT V. FossiLes. EMPUSE , Empusa. (1xs.) Genre de l’ordre des Orthoptères, formé avec quelques Mantes à an- tennes pectinées. Ÿ, Mans. (Guër.) ÉMYDE, ÆEmys. (revr.) Aristotelès désignait les Tortues d’eau douce sous le nom grec Emus ; . les auteurs modernes, en ajoutant le mot Æidos, semblable, ont formé le mot Emyde que l’on donne à toutes les Tortues d’eau douce, et aux Chélo- niens qui ont avec elles des rapports intimes de forme et d'organisation. Ces Chéloniens se distin- Tome III, guent de leurs congénères par des caractères ex- térieurs saillans ; leur carapace est plus ou moins déprimée comme celle des Chélonétes ou Chélo- niens thalassites; mais elle est ovalaire , plus éva- sée en arrière , tandis que celle des Chéloniens de mer est cordiforme, et. rétrécie en arrière ; les pieds sont formés de doigts distincts, flexibles, seulement plus ou meins palmés , ce qui leur a fait donner le nom de Stégaropode (et mieux, comme l'écrivait Aldrovandi Stégnopode ), disposés pour la natation. Ces espèces habitent le voisinage des eaux douces, dans lesquelles elles s’élancent en sautant presque à Ja manière des crapauds , pour poursuivre leur proie ou échapper au danger qui peut les menacer à terre; les unes préfèrent le voisinage des marais, des eaux dormantes et va- seuses, on les a distinguées sous le nom de Paludines ou Élodites; d’autres au contraire, plus aquati- ques pour ainsi dire par le plus grand développe- ment des palmures digitaires et le moindre nom- bre des ongles quiarment leurs extrémités, habitent le voisinage des eaux courantes ct fluviales, dont plusieurs d’entre elles sortent rarement, guettant, sous les plantes du rivage, le passage de leur pâture ; ce sont les Potamites on fluviales. On voit par ces caractères {seuls que ces Ghéloniens tien- nent, pour ainsi dire, le milieu entre les Chélo- nées et les Tortues proprement dites, ou Ghéloniens terrestres. Ge fait ressort encore de l'examen des autres points de leur organisation , dont les diffé- rences, tenant plus ou moins des particularités organiques des deux groupes voisins , servent à les diviser entre elles pour faciliter leur étude ; ainsi la tête des Emydes est tantôt presque aussi haute que large vers l’occiput, tantôt elle est déprimée et plus large que haute: La gueule offre la forme d’une ellipse plus ou moins comprimée chez les unes , plus évasée chez les autres ; ses bords sont ordinairement sinueux , formés par une lame cor- née, tranchante , qui est tantôt simple, tantôt gar- nie d’un léger rebord dans lequel le tranchant dela lame maxillaire opposée se trouve recu ; quelques unes ont en dehors de ces lames des vestiges mem- braneux , coriaces qui rappellent les lèvres; la langue est courte, mince, munie à sa surface de papilles saillantes , sinucuses comme les circonvo- lutions cérébrales’ou celles de l'intestin grêle. Les narines sont terminales comme chez les autres Chéloniens , parfois portées sur un prolongement proboscidiforme du museau. Les yeux sont munis de deux paupières égales , fendues obliquement ; ces organes sont plus ou moins inclinés sur les côtés de la tête ou en dessus , selon la forme de la tête elle-même; la pupille est ronde, et l'iris présente , chez certains individus, des sortes de rayons frangés , analogues à ceux des raies; le tympan grand circulaire est fort apparent au de- hors ; le dessus de la tête n’est revêtu de plaques cornées que dans un petit nombre d'espèces. Le cou, ordinairement composé de huit vertèbres, est rétractile et se recourbe sur lui-même, tantôt en S et de haut en bas rentrant sous le bord antérieur de la carapace, comme chez les Tortues de terre; 165° Livraison. 9 a ÉMY 54 on a donné à ces Emydes le nom particulier de Cryptodères ; tantôt le cou se recourbe seulement sur Jes côtés dela carapace, et ne se cache pas en totalité sous son rebord saillant; on désigne celles-ci sous le nom de Pleurodères ; la peau qui revêt Je cou est molle, garnie, dans certaines espèces , d’appendices digités , plus ou moins noOM- breux; elle est fixée aux parties subjacentes d’une manière plus ou moins lâche; chezles Grypto- dères, par exemple, elle se reploie sur la tête lors- que celle-ci rentre sous la carapace, à la manière d’un prépuce engaînant, comme chez les Tortues de terre. Les pièces osseuses de Ja carapace ne sont pas aussi épaisses et compactes que chezles autres Ché- loniens;-elles ne se pénètrent pas entre-elles d'aussi bonne heure, souvent même elles laissent ‘entre elles , à l’état adulte, des espaces libres que rem- plit une substance seulement cartilagineuse. Les plaques écailleuses qui revêtent la carapace osseuse ne sont pas épaisses, elles ne sont pas souvent striées concentriquement comme chez les Tortues de terre, et aréolées; les stries qui se ren: contrent à la surface des écailles de quelques es- pèces sont plutôt vermiculées; chez beaucoup d’es- pèces , les écailles sont seulement granuleuses ou même elles sont lisses; le nombre des plaques qui composent Ja carapace écailleuse ou cornée est de treize sur le centre ou disque; il varie de vingt - trois à vingt - cinq pour les écailles mar- ginales ; la carapace des Emydes offre quelquefois, à son centre , une, deux ou trois carènes longitu- dinales, plus ou moins anguleuses, marquées d'une sorte de ressaut an niveau du bord posté- rieur des écailles qui concourent à [eur formation ; le contour de la carapace est ordinairement assez uni en avant; mais en arrière , il est souvent fes- tonné ou même dentelé en scie par la saillie que fait hors de rang l’un des angles de chacune des plaques marginales. Le plastron des Emydes offre des différences nombreuses dans la forine et la dis- position de ses parties constituantes; le sternum, par exemple, est petit, rhomboïdal, cruciforme dans certaines espèces qui n’ont, pour ainsi dire, qu’un veslige central de plastron; chez d’autres, au contraire, le centre est à claire voie, et il n'existe de trace de sternum qu'à la circonférence du plas- tron; chez le plus grand nombre il est plus on moins développé, tantôt composé d’une seule pièce ‘immobile, et fortement fixée à la carapace par un ligament fibreux, dense et serré, ou par une su- ture plus ou moins étendue; tantôt composé de deux pièces mobiles l’une sur l’autre, et réunies par une sorte de charnière carlilagineuse ; tantôt les deux pièces sont égales, et toutes denx mobiles l’une sur l’autre; tantôt la portion antérieure seule est douce de mobilité et la postérieure-est fixe, et une sorte d'épine osseuse, saillante à l’intérieur, forme comme-‘un engrenage qui dirige le mouve- ment et sert de point d'insertion aux puissances motrices ; tantôt enfin le :sternum est formé de trois pièces articulées entre elles, dont l’anté- rieure et la postériéure se meuvent sur la pièce ÉMYD moyenne plus ou moins étroitement unie avec les côtés de la carapace; ordinairement le plastron est presque ovalaire, arrondi en avant et en ar- rière, ou arrondi en avant et plus ou moins échancré à sa partie postérieure, ou bien parfois terminé à ses deux extrémités par un angle obtus; il est ordi- nairement plat ; cependant dans quelques cas il est concave, ce qui est, dans certaines espèces, un Ca- ractère propre au sexe mâle. Le plastron est re- vêtu de plaques écailleuses, minces, dont la forme et le nombre varient, suivant les espèces, de huit à treize. Les membres antérieurs sont plus courts que les postérieurs , à l'inverse de ce que l'on ob- serve chez les Ghéloncées; ils peuvent, dans la plu- part, rentrer et se mettre, en cas de danger, sous la carapace, dont le plastron complète l’occlusion chez certaines espèces, quiont recu, à cause de cela, le nom de Tortues à boites; chez d’autres cepen- dant les pieds ne sont qu’en partie rétractiles ; le plus souvent il y a cinq ongles aux extrémités an- icrieures, quelques espèces n'en ont que quatre , d’autres n’en ont que trois. Le bassin est mobile sur les os de l’échine comme chez les Emydes cryptodères; d’autres foisil est fixe et soudé à la fois et à l’échine et au plastron, c’est ce qui a lieu chez les Pleurodères. Les membres postérieurs, un peu plus dévelop- pés que les antérieurs, sont le plus généralement terminés par quatre ongles, mais dans certaines espèces on en voit cinq, tandis que chez d’autres on n'en voil que trois ; la peau qui recouvre les mem- bres est revêtue ordinairement de petites écailles granulées, molles et souples ; les ongles seuls sont lorts et crochus. La queue est le plus souvent très- courte , mais il est des espèces où elle atteint une certaine longueur et égale presque celle de la ca- rapace ; les écailles qui revêtent la queue sont d'ordinaire analogues à celles de la pean des membres, mais chez les Emydes à longue queue on trouve, à sa surface inférieure, des lamelles imbriquées sur deux séries parallèles à peu près comme chez les Couleuvres ; chez une espèce d'Emyde on observe, sur la surface supérieure, des écailles relevées en arêtes anguleuses , dont les rangées , parallèlement convergentes vers son ex- trémité, rappellent la disposition de la queue des Crocodiles; la queue des Emydes est ordinairement longue, grêle, ce qui leur a valu, dit-on, le nom d’£mus, à cause de l’analogie de forme de cet organe avec celle de la queue des rats (Aus) ; or- dinairement aussi elle est traïînante et d’une uti- lité ‘peu appréciable. Quelques espèces ont la queue plus robuste, et s’en servent peut-être comme moyen de progression dans l’eau, mais cer- tainement comme moyen de défense vigoureuse ; en général , chez chaque espèce la queue est un peu plus renflée à sa base chez jes mâles que chez les femelles; son extrémité est armée, chez plu- sieurs espèces , d’une sorte d'ergot corné, plus eu moins aigu et résistant. Les Emydes s’accouplent généralement à terre et de nuit; cependant cer- taines espèces :s’accouplent à l’eau, sur les plages basses , .sablonneuses et peu inclinées ; Yacte se ÉMYD ÉMYD prolonge assez long-temps, et après une durée in- certaine de gestation, la femelle va pondre ses œufs à terre, non loin des rivages qu’elle fréquente; elle les dépose dans des trous peu profonds, et les 2bandonne comme la plupart des reptiles. L’accroissement des Emydes est très-lent, à en juger par celui des individus que l’on est à même de voir en captivité; les Emydes n’atteignent pas une taille considérable ; les Elodites ne dépassent guère quarante centimètres de longueur, beaucoup n’ont pas la moitié de cette dimension, plusieurs n’ont guère que dix à douze centimètres ; les Po- tamites arrivent parfois à quatre-vingt-deux centi- mètres et même un peu plus de longueur , et sous ce rapport encore elles forment une sorte de tran- sition des Emydes aux Chélonées. Les Emydes vivent en général, dans les régions tempérées ou chaudes des deux continens ; leurs espèces nombreuses se multiplient beaucoup dans les lieux peu-fréquentés et peu élevés ; les fleuves d'Europe ne nourrissent pas aujourd’hui de Pota- mites; néanmoins il paraît que jadis ces sortes d’Emydes les habitaient en certaine quantité; car l’on retrouve des restes fossiles de ces animaux dans plusieurs points assez rapprochés vers le nord, et des fragmens de leur stérnum à claire voie et branchu en ont imposé pour des bois d’é- lans, à une époque où l’anatomie comparée n’était pas encore assez avancée pour faire sentir tout ce qu'il pouvait y avoir de différence entre ces parties. Les Emydes sont généralement carnassières!, c'est-à-dire qu’elles se nourrissent de petits ani- maux vivans ; l’on tire même parti de la glouton- nerie de ces tortues pour les prendre à l’hamecon; ce sont des êtres innocens, mais sauvages et co- lères , et lorsqu'on approche les grandes espèces, elles mordent avec acharnement et fureur. La plu- part des Emydes sont peu recherchées , les Pota- mites se mangent volontiers ; mais les Elodites ex- halent une odeur particulière, si nauséeuse que partout on les rejette. Les Emydes ne possèdent pas une écaille assez épaisse et assez belle! pour qu'on puisse en faire le moindre usage. Les Emydes qui habitent les eaux couräntes, ou les Potamites ou fluviales , se distinguent par une carapace très-déprimée , composée de pièces os- seuses, dont les bords ne se confondent point entre eux, surtout à la circonférence, où des pièces discoïdales ne soutiennent pas leurs extrémités ; leur surface est granulée comme celle des ossifi- cations accidentelles. Gette carapace est revêtue d’une peau simplement coriace, qui leur a fait donner le nom de Tortues molles , et qui se pro- longe un peu au-delà du corps de l'animal; ses bords, légèrement flexibles, sont susceptibles de mouvemens d’élévation et d’abaissement que l’a- nimal emploie, dit-on, pour s'élever où s’abaisser dans l’eau à la manière des larges nageoires laté- rales des raies, ce qui à fait donner à ces Tortues le nom d’Aspidonectes , des mots grecs aspis , bouclier, et nectein, nager. Le sternum de ces Tor- tues est incomplet à sa partie moyenne, et le plas- tron est complété par une substance cartilagimeuse, à peu près comme chez les Chélonées; la tête de ces Tortues les distingue nettement de leurs con- génères; leurs narines, prolongées en petitetrompe molle, paraissent susceptibles de légers mouve- mens, et d’une sensibilité tactile particulière ; une petite membrane semi-lunaire adhérente à la cloi- son médiane, ferme complétement leur ouverture quand l’animal est plongé sous l’eau momentané- ment ; cette disposition proboscidiforme permet à ces animaux de rester cachés sous les feuilies des plantes, qui couvrent la surface du liquide, et de ne laisser dépasser , pour respirer , que l'extrémité de leurs narines au dessus du niveau , à la manière des Foulques et de quelques autres oiseaux aqua- tiques ; leur gueule est aussi munie en dehors du rebord corné commun, d’un rebord membraneux coriace, comparable à de vraies lèvres et doué sans doute d’une certaine sensibilité particulière. Leur cou est rétractile de haut en bas , leurs mem- bres ne se retirent qu’en partie sous la carapace ; les pieds sont élargis , leurs doigts sont dirigés en avant, munis de larges membranes natatoires, les trois antérieurs seuls sont munis d'ongles, ce qui leur a fait donner le nom de Trionyx ; les deux autres paraissent simplement destinés au tact; leur queue est courte et obtuse. Les Trionyx, que l’on a aussi appelés Æmyda, du nom d’Amys sous lequel Aristotelès, d’après Archigènes, paraît les-désigner lorsqu'il dit que cette Tortue a le test assez mou pour laisser transpirer les humeurs, voulant ex- pliquer par là pourquoi elle n’a, à son dire, ni rein ni vessie, ce en quoi il se trompait entièrement; les Trionyx diffèrent entre eux par le développe- ment plus ou moins considérable de la partie pos- térieure du plastron : tantôt il est trop court pour pouvoir couvrir les pieds postérieurs, quand ils sont rétractés; on les a désignés sous le nom parti- culier de Gymnopodes , des mots grecs gumnos nu, et pous pied ; à ce groupe se rapportent. Le Trronyx pu Niz, 2°. niloticus, ægyptiacus, le Tyrsé, dont la carapace a plus de soixante-cinq centimètres de diamètre , d’un vert olive foncé en dessus, uniforme dans l’âge adulte, ponctué de . jaune dans le jeune âge , blanc jaunâtre, rosé ou bleuâtre en certains points du plastron. Le Trionyx oceLcé, 1, gangeticus, de l’Icono- graphie du Règne animal de M. Guérin, Rept.', pl. 1, fig. 6, d’an brun clair en dessus, avec quatre ou cinq grandes taches annulaires noires bordées de jaune ; le dessous du corps est d’un jaune sale, la carapace de cette espèce ne paraît pas dépasser vingt-un à vingt-sept centimètres de longueur. Quelques auteurs pensent qu'avec l’âge ce Trio- nyx parvient à une dimension un peu plus consi- dérable, qu'il perd alors ses taches ocellées et devient d’un brun clair , uniforme ou à peine wer- miculé de noir; d’autres auteurs pensent que cette dernière disposition est le propre d’une espèce par- ticulière qu'ils ont désignée sous le nom spécial de Trionyx de Duvaucel. L'une et l’autre, au reste, se trouvent dans les eaux du Gange. Les grands fleuves de l'Amérique fournissent ÉMYD sé des Trionyx qui appartiennent à ce groupe, et qui paraissent serapporter à deuxespèces, savoir: Le Trionyx sPINIFÈRE, 7. ferox , georgicus, spiniferus, ainsi appelé à cause d’une rangée d’as- pérités cornées , disposées transversalement en avant de la carapace; d’un brun plus ou moins intense, marqué de taches ou marbrures irrégu- lièrement arrondies, à contour sinueux, noirâ- tre en dessus, blanchâtre en dessous ; la carapace a environ trente-deux centimètres de diamètre d’avant en arrière ; dans le jeune âge elle présente une disposition très-carénée qui lui a fait donner le nom de 7°. carinatus. Le Trionyx murique, T7. muticus, est une es- pèce voisine de la précédente , mais qui en diffère en particulier par l'absence des rugosités épineuses du bord de la carapace; sa coloration s’approche beaucoup de celle du 7°. ferox. Ses dimensions sont peut-être moindres; il vit dans les mêmes localités, aussi les a-t-on souvent confondus. D’autres Trionyx ont le plastron plus développé; sa partie antérieure est mobile et peut se refermer sur la tête et les membres antérieurs: en arrière on trouve aussi des pièces plus ou moins mobiles, destinées à clore et protéger les membres posté- rieurs et la queue lorsque ces parties sont rétrac- tées; on leur a donné le nom de Emyÿda et de Cryptopodes ; on en connaîl surlout une espèce, le Trionyx cHaGnINÉ , 7! granosus, granulosus , scaber, T. coromandelicus, le Ghagriné. D'un brun fauve , tacheté de jaunâtre en dessus, d’un blanc jaunâtre en dessous. Ce Trionyx ne paraît pas at- teindre au--delà de dix-huit à vingt-un centimètres; il se rencontre dans les étangs d’eau douce de la côte de Coromandel. C’est une des espèces dont on fait usage dans l’économie culinaire. Le Sénégal possède, à ce qu’il paraît, un Trionyx du même groupe, différant pourtant sous quelques rapports de la précédente espèce. L'on trouve chez ces derniers Trionyx quel- ques rudimens des pièces osseuses qui encadrent la carapace chez les autres groupes de Tortues. L'on a rencontré des Trionyx à l’état fossile dans les terrains moyens, aux carrières de Montmar- tre et plusieurs autres plâtmières de France , telles que celles d'Aix, de la Gironde, elc. ; on a donné même à un de ces Trionyx fossiles le nom parti- culier de Trronyx DE Maunorr; mais les caractères fournis par ces ossemens ne sont pas encore assez solidement établis pour pouvoir consiituer sûre- ment des espèces. Un autre groupe d'Emydes cryptodères est ce- lui qui a pour caractère cinq doigts à chaque pied, dont quatre seulement sont onguiculés; ce caractère leur a valu le nom particulier de 7t- traonyx; leur tête est conique, allongée; le cou est grêle; la carapace, ovalaire, est composée dans le centre de treize plaques assez allongées trans- versalement, le bord est garni de vingt-cinq; cette carapace, peu bombée, lisse, égale, est revêtue d’écailles minces et unies, les pièces osseu- ses qui y contribuent s’ossifient fort tard et restent long-temps avant de se confondre entre elles ; le . 36 ÉMYD plastron est grand, arqué, coupé carrément en avant , échancré en arrière ; la queue est courte , grosse, la peau qui recouvre le cou et les membres est presque nue. On connaît surtout de ce groupe le Térraonyx DE Lessow, 7! longicollis, d’un brun fauve, uniforme sur les parties supérieures , jaunâtre sur les inférieures ; le diamètre longitu- dina] de la carapace a environ quarante centimètres. Cette Emyde vient du Bengale; son nom spécifi- que est celui du zoologiste qui l’a signalée le pre- mier. La majeure partie des Emydes cryptodères ont les cinq doigts des pieës antérieurs également on- guiculés; parmi celles-ci les PLarysrennons se dis-. tinguent par une tête volumineuse, pyramidale , quadrangulaire, protégée en dessus par une large plaque cornée, épaisse, qui la met à l'abri des in- jures extérieures, auxquelles elle reste exposée, ne pouvant pas rentrer totalement sous la carapace ; celle-ci estsubquadrilatère,déprimée, carénée sur le rachis, légèrement échancrée en avant, contractée sur les flancs; les plaques cornées qui la recouvrent sont garnies sur leur contour de stries concentri- ques, coupées par des siries rayonnantes ; le ster- num, plane, large, quadrilatère, est fixé solide- ment à la carapace, au moyen de trois plaques sternocostales ; le développement de celte partie a valu à ces Emydes le nom particulier qu’on leur a donné ; les membres, terminés par des doigts peu palmés, sont revêtus en dehors et en arrière de larges écailles ; la queue est très-longue et de l'étendue du diamètre de la carapace, garnie de grandes écailles imbriquées , disposées sur la ré- gion inférieure en deux rangs, comme les lamelles caudales des couleuvres. Tel est le PLATYSTERNON MÉcacéPmaLe, P,. me- gacephalus , olivâtre en dessus, fauve tacheté de brun clair ou de rougeâtre sur les parties infé- rieures ; la carapace de cette tortue n’atteint, à ce qu'il paraît, que quelques centimètres de diamètre. Le Platysternon mégacéphale vient de la Chine. Les Czemmys sont des Emydes cryptodères, à sternum large et immobile, tronqué en avant, échancré en arrière, composé de douze plaques polygones , réuni à la carapace au moyen de deux plaques axillaires et de deux plaques inguinales ; leur tête, de volume médiocre , plus ou moins al- longée, rentre en totalité sous la carapace ; la peau qui la revêt en dessus laisse voir des sillons qui la divisent incomplétement, et forment comme des plaques écailleuses ; la carapace est composée de treize plaques pour le disque, et de vingt-cinq marginales; la peau qui recouvre les membres est garnie en dehors d’écailles plus ou moins saillan- tes ; les membranes interdigitales ne sont pas tou- : jours très-prononcées ; la queue est plus ou moins allongée, grêle. L'Europe possède deux espèces de ce groupe, savoir : La CLemwys caspiENne, CL. caspica, d’un vert olivâtre, des lignes longitudinales, courtes, jaunes, liserées de noir sur le cou et la queue, et plus ou moins distinctement sur les membres, ondulées, po ÉMYD 37 ÉMYD 0 vermiculées sur la carapace; les plaques sont noirâ- tres au bord des sutures ; le sternum noir avec des taches jaunes, plus ou moins étendues sur son côté externe; l'iris jaunâtre avec un point noir en avant. Cette Emyde atteint ving-un à vingt-sept centimè- tres de longneur pour la carapace; elle se ren- contre aux environs de la mer Gaspienne, comme son nom l'indique, et aussi en Morée et en Dalmatie, le long des cours d’eau peu profonds. La CLemuys pe Sieriz, Cl. Sigriz, se rapproche assez de la précédente pour que plusieurs auteurs la confondent avec elle; mais elle s’en distingue parce que les taches orangées de la carapace ne sont pas ondulées et sinueuses , les taches linéaires du cou ne sont pas liserées de noir comme dans l'espèce précédente. Cette espèce ne parait pas arriver au-delà de quelques centimètres ; on l'a trouvée en Espagne et sur les côtes de Barbarie. On rencontre dans les îles du midi de l'Afrique une Emyde de ce groupe. La CLemmys ne SPenGcer, l'est, Spengleri, à ca- rapace garnie de trois carènes, ce qui lui à fait donner le nom de 7, tricarinata, à bord posté- rieur profondément denteié ; le plastron est large, échancré en V en avant, en croissant en arrière ; Ja tête est légèrement déprimée , les mâchoires simples; la queue courte, les membranes digi- taires peu marquées, les écailles qui revêtent les parties antérieures des membres assez tubercu- leuses. Cette Emyde est d’une couleur fauve sur la carapace, avec de petites macules brunâtres ; le plastron est noirâtre ayec une bandelette jaune sur chaque côté ; le cou et la queue sont rayés de rouge, les membres tachetés de même couleur; on voit aussi une tache rhomboïdale blanche sur le front, et une ligne de même couleur au dessus des orbites. Considérant la disposition peu palmée des pieds et les habitudes, à ce qu'il paraît, peu aquatiques de cette Emyde, on en a constitué le type d’un groupe particulier, auquel on a donné le nom de GéoëËmypes ou Emydes terrestres, du mot grec gea, terre. Les Indes orientales possèdent plusieurs espèces de Clemmydes, entre autres : La Ciemuype à Trois ARÈÊTES, Cl. trijuga, Belan- gert, scabra, ainsi appelée à cause des trois ca- rènes qui surmontent la carapace, dont les plaques sont d’ailleurs imprimées de stries concentriques larges; la mâchoire supéricure avec une échan- “crure en avant , accompagnée de deux dentelures obtuses ; la mâchoire inférieure munie d’une grande dentelure correspondante; la queue courte, granuleuse, brunâtre en dessus et en dessous; le plastron bordé de jaune, le sommet des carènes jaunâtre; la carapace a seulement dix-huit à vingt- un centimètres de diamètre. Elle paraît habiter les ‘étangs, La CLeumyDe EN Tor, CL. trigibbosa, tectum , ainsi désignée aussi à cause de la disposition de sa carapace élevée anguleusement au centre, tron- quée en avant, anguleuse en arrière, à écailles presque lisses dans l’état adulte. Le museau est pointu et relevé, les mâchoires sont denticulées ; d’un brun olivâtre sur la carapace, les carènes rougeätres et le contour jaunâtre ; le sternum jau- nâtre avec des taches anguleuses noires, le cou rayé finement de jaune , la queue et les membres ponclués de rouge; la carapace a environ seize à dix-huit centimètres de diamètre. Elle paraît vivre dans les eaux du Gange. Mais l'Amérique fournit à elle scule plus d'E- mydes de ce groupe que toutes les parties de l’an- cien continent ; on ne peut guère signaler ici que les suivantes : La Cremmyne GÉocrarmiQue, Cl. geographica, à museau court, arrondi ; à mâchoires fortes et À bord droit; à carapace déprimée, saillante en toit sur le rachis, à bords latéraux légèrement relevés en gouttières , simple en avant où elle pré- sente un angle légèrement rentrant, fortement dentelée en scie en arrière; chaque plaque lisse striée concentriquement ; chacune des plaques ra- chidiennes relevée en arrière, en saillie, subépi- neuse ; plastron large, coupé carrément en avant, échancré en V en arrière; membranes digitaires développées , finement denticulées sur leur bord libre ; queue courte, légèrement écailleuse; grise, verdâtre en dessus, des lignes jaunâtres bordées de noir sur le cou et sous les mâchoires, se repro- duisant plus ou moins nettement sur ies membres et la queue; la pupille, dit-on, transversale; des lignes jaunâtres el noirâtres serpentant onduleuse- ment sur la carapace, lui ont mérité son nom spé- cifique. Une tache noire mal circonscrite, beaucoup plus développée sur le plastron que sur la cara- pace, marque la partie postérieure de chaque écaille ; la carapace atteint plus de trente- deux centimètres de diamètre longitudinal. Gelte espèce paraît assez commune dans les grands fleuves de l'Amérique septentrionale. La CLEMMYDE À LIGNES cONCENTRIQUES, Cl. con- centrica, centrata, se rapproche assez de la précé. dente par sa forme générale; elle est verdâtre, tachetée de points noirs sur le cou, les membres et la queue; des lignes concentriques brunes for- ment des cercles irréguliers sur chaque plaque de la carapace, qui porte une tache noire dans le centre; celte disposition se répète sur le dessous des plaques marginales et sur les plaques du plas- tron. Cette espèce est commune dans les deux Amériques; elle paraît fréquenter les marais sa- lins; sa chair est assez estimée, sa taille est un peu moindre que celle de la précédente. La CLEMmYDE A BonDs EN scie, Cl. serrata, à carapace bombée, carénée, rugueuse, à stries ‘longitudinales plus ou moins marquées , fortement dentelées en arrière, à plaques rachidiennes plus ou moins relevées en carères anguleuses en ar- rière ; le plastron tronqué en avant, échancré en arrière, à mâchoires droites, à peine échancrées en avant, à queue courte; la tête, le cou, la queue et les membres sont diversement rayés de jaune sur un fond noirâtre; ces raies sont transversales sur la têle, longitudinales sur Ja queue et les mem- bres; la carapace est d’un brun foncé, avec des ÉMYD lignés en zig-zag irrégulièrement circulaires ; de grandes taches noires encadrées de fauve en tra- vers ou près des sutures des écailles marginales. Le sternum est jaune clair, marqué de grandes taches noirés sur chacune des plaques, ou d’une sorte de large anneau où bande concentrique de cette teinte. La carapace de cette Tortue atteint environ trente-deux centimètres de diamètre anté- ro-postérieur ; on la rencontre dans les eaux sta- gnantes et dans les rivières des régions tempérées de l'Amérique du nord. Quelques auteurs ont dé- crit cette Clemmyde dans son jeune âge, sous le nom de Æmys scripta, comparant les lignes si- nueuses noirâtres de la carapace à des caractères d'écriture. La Cremuype PgINTE, Cl. picta, à carapace ovalaire, presque entière, denticulée en avant, à peine échancrée en arrière; à disque déprimé, lisse ; plastron large, ovalaire , tronqué et dentelé en avant, arrondi en arrière; à mâchoires simples, la supérieure seulement échancrée en avant, et l'inférieure présentant trois denticules correspon- dantes ; la queue courte, assez mince, d’un brun plus ou moins foncé ; chaque plaque de la cara- pace bordée d’une ligne jaune, liserée de noir, avec une raie longitudinale de même couleur sur le cen- ire des plaques rachidiennes; des raies longitu- dinales semblables sur les marginales antérieures, concentriques, ouvertes en dehors sur les autres ; le sternum jaunâtre au centre, noirâtre sur les côtés avec des lignes longitudinales jaunes vers les bords, deux taches jaunes sur les côtés de la tête, plus d’une vingtaine de lignes de même teinte sur le cou, réduites à deux sur les côtés des membres et de la queue; la carapace a de dix-huit à vingt-un centimètres de diamètre longitudinal. Cette espèce est très-aquatique et paraît très-commune dans les marais des États-Unis. La CLEMMYDE À GOUTTELETTES JAUNES, Cl. gut- tata, punctata, a la carapace déprimée , entière, lisse ; le plastron large , tronqué en avant , à peine échancré en arrière ; la tête courte ; les mâchoires simples, à peine échancrées en avant; les doigts courts, les membranes palmaires peu dévelop- pées; la queue longue et grêle; noirâtre sur les parties supérieures du corps avec de larges points jaunes irrégulièrement parsemés, rougeâtre en dessous avec des taches noires plus ou moins - étendues ; la carapace a environ treize centimètres de diamètre. Gette Glemmyde fréquente les petits cours d’eau de l’Amérique septentrionale. Test un groupe d’'Emydes à cinq ongles aux pieds antérieurs, el à plastron immobile, chez lesquelles le sternum est si petit qu’il semble imparfait et forme seulement, au milieu de la région antérieure du corps , une plaque rhomboïdale ou cruciforme solidement attachée à la carapace par une apo- physe étroite et grêle. Ces Emydes ont la tête forte, revêtue. de plaques en avant, d’une peau aréolée sur le reste de la tête: les mâchoires robustes, crochues, avec deux barbillons sous le menton; la carapace est déprimée, de largeur à peu près égale en avant et en arrière, subtricarénée à son centre, 38 ÉMYD le disque composé de treize plaques presque qua- drilatères; le limbe simple en avant, dentelé en arrière ; la surface des plaques cornées , lisse, avec des stries concentriques sur leur circonférence ; lé plastron composé de quinze plaques , dont neuf pour le centre et trois pour chaque aile ; les mem- bres sont robusles, terminés par des ongles très- développés; la queue, très-longue, épaisse et forte- ment musculeuse, est surmontée de deux séries d'écailles grandes, anguleuses , qui forment par leur réunion deux carènes comparables à celles des Crocodiles, et qui ont fait donner à ces Emydes le nom de Cnézonures et celui d'Euv-saures; on leur a donné aussi le nom de Chélydres. On ne connaît qu’une espèce de ce groupe. L'Emv-sAURE SERPENTINE, 2. serpentina, brune en dessus, passant plus ou moins au gris verdâtre, jaunâtre en dessous ; la carapace de cette Emyde atteint de trente-deux à soixante-cinq centimètres de diamètre longitudinal. L’Emy-saure habite les voisinages des lacs et des rivières de l'Amérique septentrionale. 1 D’autres Emydes cryptodères ont leur plastron plus ou moins mobile; les unes ont un sternum étroit qui les rapproche des Emy-saures, et sa partie antérieure seule est mobile; ce sont les Staurotypes, des mots grecs stauros croix, et tupos forme. Leur tête, pyramidale, est recouverte en avant d’une plaque cornée ; leurs mâchoires sont plus ou moins crochues , sans dentelures ; le men- ton est garni de deux à six barbillons ; la carapace tricarénée, presque ellipsoide , les plaques légère- ment imbriquées, les marginales au nombre de vingt-trois ; le plastron composé de huit pièces médianes, et de deux autres pour chaque aile, ar- ticulées solidement aveg la carapace; une charnière ligamenteuse permet à la partie antérieure du sternum de s'élever et de s’abaisser; la queue, longue et forte chez les mâles, terminée par un dé corné assez robuste. L'espèce la! plus com- mune est le STAUROTYPE ODORANT OU MUSQUÉ , St. odoratus, 1, odorata, fauve en dessus, tacheté de brun jaunâtre et irrégulièrement lavé de brun en dessous ; la carapace de cette Emyde atteint dix à treize centimètres de longueur. Cette es- pèce appartient à l'Amérique du nord; elle fré- quente les eaux vaseuses , l’odeur qu’elle répand lui a mérité son nom spécifique. Les KinosTeRNes sont des Emydes cryptodères, voisines des précédentes, dont le sternum, un peu plus dilaté, est mobile en avant et en arrière sur une pièce médiane fixée solidement à la carapace. A ce groupe se rapporte, par exemple : Le KiNosrERNE scorpioine, Xinosternon scor- pioïdes, à carapace ovalaire, allongée, arrondie en avant et en arrière , plus ou moins tricarénée sur le disque, avec vingt-trois plaques marginales rec- tangulaires, légèrement imbriquées ; le plastrom ovalaire ou terminé en pointes obtuses , en avant et en arrière, composé de onze pièces ; les écailles qui revêtent ces parties striées concentriquement à leur circonférence, et en rayons au centre; la À têtepyramidale obtuse; les mâchoires fortes, ondu- ÉMYD 59 ÉMYD PS leuses sur leurs bordsréciproques,et dentelées; trois barbillons sous chaque côté du menton ; la queue longue et grosse chez] les mâles , nue en dessus , garnie en dessous d’une double rangée de lamelles écailleuses , terminée par un dé corné, recourbé en ergot. Le Kinosterne scorpioide est d’un brun plus ou moins intense en dessus, avec des rayons de teinte plus foncée; le dessous du corps est jau- nâtre et brunâtre sur les sutures du plastron; la carapace atteint de seize à vingt-un cenlimètres de longueur. Cette Emyde se trouve le long des ma- rais et des rivières de l’Amérique du sud. Enfin ; on a donné le nom de Cisrupes à des Emydes cryptodères à cinq doigts onguiculés aux pieds antérieurs, dont le plastron, large et mobile en avant et en arrière sur le cordon fibreux qui l’unit à la carapace, se ferme plus ou moins complétement sur la carapace. Le degré d’occlusion a fait établir deux groupes parmi les Cistudes : chez les unes, le plastron , plus large et entier, n'offre presque pas de prolongement latéral ou ailes, ni plaques axillaires ou inguinales , et peut dès lors se fermer complétement, ce sont les Clausiles ; chez les autres le sternum, tronqué en avant , échancré en arrière , muni de pièces axillaires et inguinales , ne ferme pas aussi exactement la cavité de la cara- pace, ce sont les Béantes. Au premier groupe se rapporte : La Crsrune CLAUSE DE LA GAROLNE, 7 est. clausa carolina (représentée dans notre Atlas, pl. 145, fig. 5), à carapace ovalaire , presque hémisphé- rique, plus ou moins carénée , à plastron composé de douze plaques et entier, à tête longue et à museau court; les mâchoires fortes, simples, à peine échancrées en avant ; la tête revêtue d’une peau lisse, simplement aréolée ; les pieds peu palmés; la queue courte, peu volumineuse ; de couleur brune , avec des taches rayonnées jaunes verdâtres sur la carapace; le plastron brun, avec des taches irrégulières jaunes. Cette Cistude va rarement à l’eau; on la rencontre sur le bord des chemins, encroûtée de terre, et simulant assez bien une masse argileuse ou un caillou; sa carapace at- teint de dix-huit à vingt-un centimètres de diamètre longitudinal. Les îles d'Amboineet de Java fournis- sent une Cistude de ce groupe, connue sous les noms de CISTUDE cLAUSE D’AMBOINE , C. amboinen- sis, emys, couro, bicolor. Le midi de l’Europe possède une espèce de Cistude du second groupe, c’est-à-dire des Béantes, C’est la CISTUDE BOURBEUSE D'EUROPE OU COMMUNE, Test, lutaria, orbicularis , meleagris , à carapace ovalaire, entière , plus ou moins déprimée , lisse, à plastron entier en avant , légèrement échancré en arrière , à queue allongée, mais inerme à son extrémité, ainsi que chez toutes les Cistudes ; à mâchoires simples et sans dentelures ; de couleur noirâtre en dessus , avec de petites taches jaunes, virgulées , parfois disposées en rayons ; ces mêmes couleurs se disposent en plaques plus ou moins larges sur le plastron. Cette Cistude ne dépasse guère seize à vingt - un centimètres de ‘diamètre longitudinal pour la carapace. Les Indes orientales donnent une Cistude de ce groupe, à carapace presque circulaire , déprimée, dentelée sur ses bords, dont on a fait récemment un genre à part, sous le nom de Cycremys, c’est l'Emys dhor , ou de Diard. Les Emydes précédentes offrent, avec la dispo- sition particulière de leur cou, un bassin articulé sur l’échine, par synchondrose, plus ou moins mobile sur la colonne vertébrale, et en même temps plus ou moins indépendant du plastron auquel il n’adhère que par un tissu fibro-cartila- gineux. Les Emydes suivantes non seulement en diffèrent par la manière dont leur cou se replie sur Je côté, mais encore par l’adhérence plus in- time du bassin avec la carapace et le plastron , se rapprochant par conséquent sous ce rapport des Tortues ou Chéloniens chersites. Plusieurs d'entre elles répètent certaines espèces crypto-- dères , soit par le nombre des ongles dont leurs doigts sont armés, soit par la fixité ou là mobi- lité de leur plastron , ou enfin par la disposition proboscidiforme de leur museau, Ainsi : Les Cn£ronines ont quatre ongles à chaque pied , comme les Tétraonyx; du reste, leur tête est longue, plate, recouverte d’une simple peau; le museau court; la gueule grandement fendue ; les mâchoires simples , sans dentelures et sans barbillons; le coutrès-long ; la carapace déprimée; le plastron large, fixe et largement adhérent à la carapace; on compte vingt-cinq écailles à la ca- rapace et treize sur le plastron. La CnéLonne DE LA Nouvezse-HorLanne, Em. longicollis, a la carapace déprimée , simple, lisse ; le plastron entier en avant échancré, en V en ar- rière ; la queue est très-courte, comprimée à son extrémité; sa couleur est d’un brun marron ; les sutures des plaques sont noires; la carapace atteint dix-huit à vingt-un centimètres de diamètre longi- tudinal. Elle se trouve , comme son nom l’indique, à la Nouvelle-ollande. L'Amérique fournit une espèce voisine, dont on a fait un genre particulier, sous ie nom de {ydro-medusa, à cause de la disposi- tion dilatée et rentrée de la plaque nuchale, qui semble faire partie du disque , et donner quatorze plaques pour le disque , et seulement vingt-quatre marginales ; mais la même disposition exisie éga- lement chez la précédente; il paraît que cette Chélodine a cinq ongles aux pieds antérieurs dans son jeune âge. C’est La Ca£conine DE Maximiuten, Chel. Waximiliani, jauvâtre, marbrée de brun sur la tête, le cou, les membres et la queue ; tachetée de même cou- leur sur la carapace ; le plastron brun , bordé de jaune; la carapace atteint environ trente-deux cen- timètres de longueur. Cette Emyde appartient à l'Amérique méridionale. Les Chélodines paraissent très-aquatiques, à en juger par les grandes palmures de leurs doigts. Les CnéLyres sont des Emydes à tête fortement déprimée, triangulaire; à narines légèrement pro- longées en trompe; à bouche large, arrondie en avant, ce qui ‘eur a fait donner le surnom de Tortues à gueule; au cou long, muni de digita- ÉMYD 4o ÉMYD tions ou appendices cutanés ; à carapace déprimée, tricarénée, ovalaire, garnie d'écailles minces, striées concentriquement et en rayons, ‘relevées en toit à leur centre, subimbriquées à leurs bords, et plus écrasée en avant qu’en arrière; à plastron long, étroit, arrondi en avant, échancré en arrière; à queue courte et mutique à son extrémité; à cinq ongles aux pieds antérieurs, et quatre aux posté- rieurs. On ne connaît qu'une seule espèce, la Cn£zyne MaraMaTA, Test. fimbriata , matamata , brune, noirâtre en dessus , fauve en dessous avec des rayons de teinte foncée sur les plaques du sternum , et six raies longitudinales noires sous le cou; la carapace de la Matamata atteint qua- rante centimètres environ de longueur, Cette Tor- tue est propre aux régions tempérées de l'Améri- que ; elle habite les eaux stagnantes. D'autres Emydes pleurodères à cinq ongles aux ieds antérieurs , à quatre aux pieds postérieurs , et à plastron large et solidement fixé à la carapace, ont la tête plus courte , moins comprimée ; le mu- seau non prolongé en trompe, et simplement aigu ; la tête plane , recouverte d’une écaille mince, membraneuse, aréolée ; les mâchoires simples, sans dentelures, garnies en dessous de deux bar- billons; la queue courte, mutique ; les membres garnis en arrière d’un repli cutané flottant , recou- vert de larges écailles. À ce groupe, désigné sous le nom de PLATÉMYDE, se rapportent : La PLATÉMYDE MARTINELLE, Pl. martinella, pla- niceps, canaliculata, à carapace très-déprimée , ovalaire, à deux carènes longitudinales , laissant sur le milieu du rachis une gouttière plus ou moins marquée ; plastron coupé carrément en avant, échancré en arrière , d’un fauve uniforme ou ta- cheté de noir sur les côtés du disque; le sternum noirâtre , bordé de jaunâtre ; la tête est jaunâtre ; les membres brunâtres; la carapace a environ seize centimètres de diamètre longitudinal, Cette espèce vient de l'Amérique méridionale. Quelques espèces de Platémydes ont le museau pointu; on les a désignées par le nom particulier de Rhinémydes. Telle est La Praréuype nRaDioLée, Rhinem. radiolata, à carapace déprimée, égale; à plaques marquées de strics concentriques, coupées par des stries rayonnées ; à plastron arrondi en avant , échancré en arrière, muni d’une axillaire et d’une inguinale; de couleur brunâtre , mêlée de teinte plus foncée, avec des taches jaunes sur le bord terminal de Ja carapace ; les plaques du plastron jaunêtres au centre, brunûâtres sur leur contour; la carapace a environ dix à treize centimètres de diamètre longitudinal. D'autres Platémydes ont, au contraire, la tête déprimée, le museau mousse, Cette disposition, qu'on a comparée à celle de la têle des crapauds, leur a valu le nom particulier de Phrynops. À ce groupe se rapporte La PLar£uyne DE Grorrroy, Phryn. geoffreana, à carapace elliptique égale ou subtricarénée, lisse; plastron large, entier en avant, rétréci et forte- ment échancré en arrière; tête déprimée ; museau court, arrondi; de pelites écailles irrégulièrement disposées sur le vertex et les côtés de la tête ; mâ- choires simples, garnies de deux barbillons; d’un brun olivâtre en dessus, avec des taches ou des raies jaunâtres , et d’autres noirâtres ; le sternum d'un jaune sale, avec des macules noirâtres. Cette Tortue atteint environ quarante centimètres de longueur pour la carapace. Elle se trouve au Brésil, sur les bords de la rivière des Amazones. On désigne sous le nom de Ponocnémynes des Emydes pleurodères , à cinq ongles aux pieds an- térieurs et quatre aux postérieurs ; à plastron large, solidement fixé à la carapace ; à Lête peu déprimée , couverte de plaques et creusée d’un large sillon longitudinal; à mâchoires simples , sans dentelures ; à queue courte , inonguiculée ; deux écailles sur les derniers doigts des pieds de derrière; ce qui leur a mérité leur nom, dérivé des mots grecs pous, pied, et cnemis , bottines. Le type de ce groupe est : La PopocnÉuYDE ÉLARGIE, Em. expansa, ama- zonica, à carapace ovale, entière , déprimée, plane ; à plastron arrondi en avant, échancré en arrière; brune, mélangée de roussâtre sur la cara- pace, jaunâtre, tachetée de brun sur le plastron ; la carapace atteint près de soixante-cinq centimètres de diamètre longitudinal. Gette Emyde vit dansles fleuves et les rivières de l'Amérique méridionale. Dans un travail récemment publié, et que nous avons fortement mis à contribulion pour cet article, Duméril et Bibron ont formé un groupe à part, sous le nom de PezrocéPmate, pour certaines Emydes pleurodères, à cinq ongles aux pieds antérieurs, quatre aux postérieurs , e£ à plastron fixe, dont la tête, volumineuse pro- portionnellement aux autres Emydes, pyramidale, quadrangulaire, sans sillon en dessus, est cou- verte de grandes plaques épaisses, légèrement imbriquées ; leurs mâchoires sont robustes, cro- chues, sans dentelures ; les yeux placés sur les côtés de la tête; la carapace est allongée, étroite, convexe, lisse, déprimée ; le plastron plus rétréci que dans les espèces précédentes, arrondi en avant, échancré en arrière ; les membranes digi- tales peu développées ; le cinquième doigt revêtu d’une large écaille, et les talons garnis de tubercules cornés, striés en long; la queue, courte, nue, est terminée par un ongle ou dé corné de deux pièces. Ce groupe est constitué par Le PELTOcÉPIALE TRACAxA , Em. tracaxa , d'un. brun noirâtre, nuancé de teinte plus claire, jaunâ- tre en dessous, de trente-deux à quarante centi- mètres de longueur pour la carapace. Cette espèce vitsur les bords des fleuves de l'Amérique méri- dionale. Il est des Emydes assez voisines des précé- dentes par leurs autres caractères, qui offrent cette particularité , que tous les doigts des pieds antérieurs et postérieurs sont munis d'ongles, ce ui leur a mérité le nom de PEenxronyx. Du reste, Jeur tête est large, non ravinée en dessus, mais. déprimée simplement, couverte de plaques; les mâchoires arquées, deux barbillons sous le men- ton : oo ———————————— ÉMYD é VA ENCE ——————————…——_———_ _——.—.——.……“………ûû.ê…—“….<û—<û’û"Û . . - ° . . . . ° . . e e Ê 17096 susaouet JM HN ainsi que l’a fort bien remarqué le législateur » des sciences naturelles; tous les êtres ont entre »eux un lien secret comme les terres tracées sur » une mappemonde. » Il y aurait injustice à dépouiller Magnol de l’in- vention du mot Famille en histoire naturelle, de son heureux emploi pour classer les plantes, qu'il observait avec tant de soins, et d’avoir le premier indiqué le moyen le plus ingénieux et le plus im- portant de la philosophie moderne. Ses disciples ne surent point en profiter, encore moins en pres- sentir toutes les conséquences. Linné s’est emparé de cette idée mère ; 1l a su la féconder et la recom- manda de la manière Ja plus puissante comme l'instrument essentiel destiné à obliger les travaux des naturalistes à marcher droit dans la manifes- tation du vrai. Depuis lui, Adanson a fait faire quelques pas en avant; mais c’est aux surprenantes découvertes de Réaumur, aux profondesrecherches de Bernard de dussieu sur les plantes, de Romé Delille sur la cristallographie, de Haüy sur les minéraux, de Fabricius et de Latreille sur les in- sectes, de Blumenbach et de Cuvier sur les ani- maux d’une échelle plus élevée , que nous sommes redevables d’une nomenclature précise et applica- ble aux diverses productions de la nature, de la vive et utile impulsion donnée à toutes les sortes d'investigations , de la facilité apparente des voies qui sont ouvertes aujourd'hui devant nous et qui sollicitent si énergiquement notre ardeur. ( Foy. aux mots M£éruones, MiNÉRALOGIE , Zoozocrs. } Sans aucun doute la filiation par Familles est le modèle le meilleur, le plus philosophique, le plus commode et le plus voisin de l’ordre naturel qu'il soit possible d'établir ; mais on se tromperait si on le croyait parfait, si l'on assurait que les T. IT. 161 FAMI caractères employés ont tous un degré de stabilité telle qu'ils sont inattaquables. Votre science, ne l’oublions pas, notre science, comme l’a dit un penseur moderne, ne sera jamais que la science résultant des rapports d’une intelligence donnée avec une nature donnée. Nos méthodes, ainsi que les caractères qui leur sont propres, se trouvent subor- donnés , non seulement aux combinaisons du mouvement vital , lesquelles varient selon la mul- titude et l'intensité des accidens locaux, mais en- core aux anomalies, aux métamorphoses, aux dégénérations, etc. Il faut les accepter comme in- dispensables ; c’est un moyen de mettre chaque chose à sa place; avec cette méthode on peut rédi- ger la statistique la plus exacte de nos connais- sances en histoire naturelle; elle doit nous servir de phare dans nos recherches ultérieures, ct nous empêcher de retomber dans le chaos d’où nous sommes sortis. En augmentant la somme de nos découvertes, en revoyant chaque être dans ses diverses phases, dans les modifications qu'il est susceptible de subir sous l'influence des causes perturbatrices auxquelles il est soumis, nous per- fectionnerons l’œuvre du génie ; mais ; craignons d’en faire un foyer de confusion en laissant la tourbe des novateurs lacérer chaque jour les Fa- milles établies, multiplier à tout propos les coupes parmi les genres, et pour les circonstances les plus fugaces , renverser l'édifice de la science. Il est temps de mettre un terme à la nomenclature des corps organisés, d'enregistrer les faits qui leur sont relatifs, de rendre à chaque-inventeur ce qui lui appartient, de régulariser les dénominations dans la vue d'éviter toute erreur (v. au mot No- MENCLATURE) , et de meltre au néant, comme essentiellement vicieuse , toute Famille composée d’un seul genre ou de deux genres scindés sur un simple prétexte. La zoologie et la botanique, en particulier, ont plus besoin aujourd’hui d’une étude approfondie sous le point de vue des rapports de Familles et d’espèces que sous celui de leurs différences. C’est par des travaux entrepris dans ce dessein , conduits vers ce but essentiel, soutenus par des études faites de bonne foi, sans prévention comme sans jalousie, qu'on arrivera sûrement À mieux com- prendre les conditions diverses des êtres , à séparer ce qui complique les résultats , et à faire servir les faits demeurés jusqu'ici sans valeur apparente, Mais qu'on ne les espère point des corporations dites savantes ; au lieu de donner une noble acti- vité à l'intelligence, elles l'écrasent sous le poids des intrigues; elles se laissent trop facilement envahir par la nullité, par d’impudens jongleurs, pour que désormais elles soient d’une utilité réelle, D’ail- leurs, les grandes découvertes ne sont jamais sorties de leur sein; elles sont toutes dues au si- lence du cabinet, à de longues méditations , à des expériences cent fois refailes : les plus importantes ont toujours été stigmatisées, poursuivies par les corporations privilégiées comme des innovations dangereuses. C’est un fait qu'on ne peut nier. Les fragmens de Familles végétales que Linné 181° LIVRAISON. 21 FAMI 162 FAMI a ——————————————…—…——…—…"— —…——— ————————…——…———————————————————— ——_—_————_—_—_———f a donnés dans sa Philosophie botanique (S 73), four- ‘nissent les élémens de’soixante-huit coupes natu- relles que l'on n’a fait qu'adopter ou ‘légèrement modifier. Parmi les premières et les mieux carac- térisées , sont les Graminées, les Liliacées, et les Palmiers qui appartiennent aux Monocotylédonées; les Labiées , les Personnées, les Borraginées , les Crucifères , les Malvacées, les Rosacées, les Om- bellifères, les Caryophyllées , les Légamineuses ; les Gomposées sous-divisées en Flosculeuses, Demi- Flosculeuses et Radiées , qui font partie des Dico- tylédonées. (Je cite ces Familles’ parce que tous ceux qui ont écrit jusqu'ici sur les Familles natu- relles ne font jamais honneur de leur création à l'immortel botaniste suédois.) Parmi les secondes, il est facile de retrouver l’origine de la presque totalité des autres Familles qui constituent la mé- thode que nous sommes convenus d'appeler natu- relle, et dont on attribue tout le mérite à Bernard de Jussieu et à Antoine Laurent, son neveu. Mais il faut le dire, le Genera plantarum, que ce dernier a publié , en est le code le plus complet, mais non le plus parfait, puisque, contre toutes les lois de la nature, il rejette dans un appendice, intitulé Plante incertæ sedis', les genres qui n’ont pu s’y caser, et que Linné, bien antérieurement aux conquêtes faites entre l’année 1750, époque de la première édition de la Philosophia botanica et l’année 1789, date de la publication du Genera plantarum , appelait déjà Plantæ vagæ ct ctiamnum incertæ sedis. On avait reproché à de Jussieu de n’avoir point donné de noms propres à chacune des quinze classes sous lesquelles sont rangées les cent Fa- milles primitivement adoptées, et aux soixante- quatre qu’il a depuis proposées. Cette observation était trop judicieuse pour ne point être écoutée, l’importante addition a été faite. Voici la dernière nomenclature adoptée par A. L. de Jussieu, c’est celle que nous avons exprimée dans l'Atlas de ce Dictionnaire, pl. 159 et 160. Plantes Acotyiédonées. I. Classe. —Les CHamrrenons, représentés par le Merulius tremcllosus ; inexastement dessiné dans la /‘lora danica, comprenant les LicnÉnacées et les HxroxyLfes. Les Axcües , représentées par le Raisin de mer, Eucus natans. Les Hivariques, représentés par la Marchantia polymorpha, mâle et femelle. (N. B. Il y a trans- position dans les figures placées au dessus des mots Hépatiques et Naïades ; la première appartient a la seconde catégorie, la seconde à la première. ) u Là ” Monocotylédonées cryptogames. \" Al.—Les Moussss, représentées par le Cecaly- phum scopartum ; moitié grandeur naturelle, avec son urne et sa coifle grossies. Les Finrcées ou Foucènes , représentées par le Didymoglossum decipiens , originaire de la Guade- loupe, avec sa fructification grossie. Les Lycoro- DrAcÉes forment un groupe qui sépare les Mousses des Filicées. Les Naïares, représentées ‘par la :Pesse com- mune , ippuris vulgaris , avec l'ovaire, l’étamine et le style grossis, Elles comprennent les Cnara- cées , les Eouistracées , les Sazviniées, les FLu- VIATILÉES et les SAURURÉES. Entre cette classe et la suivante sont placées, sous le nom de Plantes hypogynes, les Prréréss , les Aroïnges, les TyrniNées, les Cyrérackées et les GramiNées, représentées par la Flouve de nos prairies, Anthoxanthum. odoratum. a Monocotylédonées phanérogames. IT. Plantes périgynes. — Les Familles de cette classe sont les Parwrers, les Asparacinkes, les Resrrac£es, les Joncées, les Gommerinées , les Axzismacéxs , les Buronrées , les Juncacinées , les Corcnicées, des Liriacées , les BromÉrracées, représentées par l’Agave. geminiflora de l’Améri- que du sud; les Aspnonériss et les Hémérocazrr- DÉES. IV. Plantes épigynes.—Dix Familles forment ce groupe ou quatrième classe, savoir : les Drosco- R£ES, les Narcrssées, les Inipes , les Hormonora- cées , les Musacées, les Amouñes , les Orcminées, dont nous avons représenté les: organes généra- teurs , si singuliers dans ceux de l'Elléborine .en cœur, Serapias cordigera;-les Nympnbacées, qui renferment des plantes à insertion hypogyne et d’autres à insertion épigyne ;: les Hyprocnambées et les Bazanornonées. Dicotylédonces apétales. V. Epistaminie. — Sous ce nom , on ne connaît qu'une seule Famille, les Arisrorocni£es , dont les trois genres bien «istincts sont réprésentés par la corolle disposéeen pipe fortementrecourbée, et par l'ovaire anguleux couronné par-les six di- visions du stigmate de l’Aristoloche siphon, Aris- tolochia macrophylla, qui croît naturellement dans Amérique septentrionale, depuis la Pensylvanie jusque dans la Caroline; et que l’on a commencé à cultiver en France dès 1782. (Ÿ.:ce que j’aildit de son fruit , p. 561 du t. 2, au mot Dissémina- TION DES GRAINES. ) il VI. Péristaminie, —On range neuf Familles dans cette catégorie, ce’ sont : les Osvrinées, les My-M ROBOLANÉES, les ELtacnées, les Tnymérées, les Proréackes, les Launinées, représentées par une fleur en panicule avant la feuillaison du Sässafras au bois odorant , Laurus sassafras , qui résiste aux hivers du climat de-Panis; les Porvconfes, les Béconracées et les Arripricées ou mieux Chéno- podées. | VII. Hypostaminie. — Les Amananrnacées ,1les PranraGintes, les Nycracinées, forment cette classe, avec les PLumraaines, représentées par « la Dentelaire de l'Inde, Plumbago auriculata , dé- couverte par Sonnerat et introduite dans nos cul-w tures seulement en 1819. Nous avons donné sa. corolle d’un bleu céleste; sur laquelle tranchent les filamens destcinqétamines qui partent chacune one é bi EE P},. 13q Dicotylédonées apetales. VI VII Pertstamene * Epatamene. ; x 4 x lypostamee ee ——— Monocotvlédonées phanérogames. — IV Ib Zpigynes Zn Zypogynes ice e : Monocotylédonces cryplogames. Pnes ITS Mousses ne. ..-- Plantes acotylédonces. * ® Wayades D - a ———. Champignons Algues Hepalques. Aearie Baron del Pare € c Fanulles végétales Æ. Cuerin dr P/; 160 Diclinie Conferes Cucurbtacees ——— ———— Gycadees ee < Dicotylédonées polypétales XIV XII ” Pérpéake Lpipetale x GR CU Aypopetahe. Dicotyledonées monopétales SaReREE NOR Erre,s XI NA Gus j 0 RAM AA Vu ( Jynanthere lorwantherte ST ee Lpicorolle. lypocorollie. Lerccorollie mn — : îe Acerie 8 Saron del e ù Familles végetales ; L' Cuertr dr. QE GS Senna. FAMI 163 FAMI À PS d’une glande placée au dessous du réceptacle ÿ plus le calice avec les trois bractées qui sont à sa base, surmonté du style ct de cinq stigmates li- néaires. Dicotylédonées monopétales. VIL: Hypocorollie. —Vingt Familles forment ce groupe, ce sont : les PrimuLacées , représentées par la corolle tubulée, ouverte pour montrer T'insertion des cinq étamines, avec le pistil de la Primevère, Primula lævigata, fort jolie espèce particulière aux montagnes qui descendent vers lesitrois grands lacs de Ftalie supérieure. Vien- nent ensuite les LenriguLaniées, les RaINANTHA- ces, les Onopancuées, les Acanrnacées, les J'as- minées, les P£paunées, les VengéNacées, les Mxoronmnéss, les Lapiées, les Personwées, les Sou LaNées, les Borraainées, les Convozvuracées, les Pocémonrackes, les Bienonracées, les GENTIANÉES, les Arocinéess , les Saporges et les AnpisracÉËEs. * IX, Péricorollie. — Gomprend les EBÉNaCÉES , les Kzénacées, les Ruoporacées, représentées par une fleur , plus le pistil grossi, de l’Arbre d’or du Canada, Æhododendrum maximum; les Eracri- p$es, les ERicINÉES que d’autres appellent Bruyè- res: les Campanuzacées, les Losérracées, les GEss- nNérracÉes , les Sryriprées et les GoonENovIÉESs. L’Æpicorollie renferme deux classes, la Synan- thérie de G. Richard, chez qui les étamines offrent des anthères réunies en un seul,corps, de manière à former un petit tube, et la Gorisanthé- rie, dont les anthères sont distinctes. X. Epicorolliesynanthérique. —Les Gnicora cées, représentées par un fleuron femelle, le calice et la-graine aigrettée de poils simples de la Crépide rouge, Crepis rubra; les CinarockPnazéEs, les Corvugrrères et les CazycÉRÉES, XI. Æpicorollie corisanthérique. — Où sont réu- nies les Drpsacées, les Var£rianées, les Rupra- cées, les CapriroLrACÉES , représentées par la plante dédiée à Linné. Nous avons figuré sa fleur monopétale à limbe quinquéfide, sa corolle ou- verte pour faire voir l'insertion des étamines, et son calice supérieur accompagné du pistil. Dycotylédonées polypétales. XIT. Epipétalie. —La douzième classe renferme deux seules Familles, les Arazracées, dont les semences sont enfermées dans un péricarpe, eb les OmBELLIFÈRES, aux semences nues. XIE. Hypopétalie. — Cette classe, la plus nom- breuse de toutes, contient trente-sept Familles. Les RenoncuLacées, les Paraveracées, les Fuma- RIAGÉES, les Crucirkres, les Cappannkes, les SariDacÉes , les Ac£rinkes , représentées par une grappe de fleurs non épanouies, et un bouquet de fleurs tout-à-fait développées de l’Erable à feuilles de Frêne, Acer negundo, que nous avons tiré de l'Amérique du nord; les Hippocrarées, les Mar- rIemiACÉES, les Hypéricées , les Campocées ou Guttifères , les Oracmnées, les AuranriAcéEs ou Hespéridées, les Tenxsrnowées, les Takacégs, les Méracbgs, les Viricéus ou Vinifères, les Génanra- cées , les Mazvacées, les Burrnériacées, les Ma- anourAGÉes, les Dizcénractes, les Ocanacées, les SiMAROUBÉES, les Anonwackes,les Ménisrermées, les Berrérinées, les. Herwanniées, les Tirraches, les Crsrées, les Viozari£es, les Porvcaries, les Drosmkes, les Rurac£es, les GanvornyzLées, dont les genres présentent, des individus à insertion hy- pogyne et d’autres à. insertion périgyne, les Lr- NAcées , el les TAMARISGINÉES. XIV. Péripétalie.—On compte vingt et uneFa- milles dans la quatorzième classe. Les Parony- cmiËes, les Porruracées, las Saxirracées, les Cunomacées, les Crassuzées, les OPUNTrATIÉES , auxquelles la Raquette, Cactus opuntia, sert de type; les Pugésites, les Loasies, les Frcoïnées, les CErconéacéxs que d’autres appellent Gerco- diennes, les Onacm£es, chez lesquelles on trouve des individus à insertion périgyne et d’autres à insertion épigyne ; les Myrrées , les Mérasromies, les Lyrnracées ou Lithraires , les Rosacées, les CazvycanrTuges, les BLacuwézracées, les Lécumr- neuses, les Térksintraacées , les Prrrospor£es et les Raamnées. XV.—Enfin sous le nom de Diclinie ou Dicli- nes irrégulières, de Jussieu désigne sa quinzième et dernière classe; elle renferme neuf Familles, les Eurnorgracées, les CucureiTAGÉEs, représentées par le Benincasa cerifera, que j'ai décrit au tome premier de ce Dictionnaire, pag. 424 et 425; les Passrrcortes, les Myrisricées , les Urricéss, les Monmiées , les Auenracées, les Conirbres repré- sentées par une grappe de chatons mâles du Pin sauvage, Pynus sylvestris, et les Cicanées, re- présentées par le Gycas de l’Inde, Cycas circina- lis, dont nous avons donné le pédoncule d’un individu femelle portant des fruits d’âges diffé rens, et le cône composé d’un axe d’écailles an- thérifères d’un individu mâle, avec la coupe verticale de ce même cône. Dans mes Elémens de botanique (1 vol. in-8°, avec trente-quatre planches coloriées), je crois avoir perfectionné les Familles naturelles en reje- tant cette quinzième classe comme mal placée, et en reportant les Familles qui la constituent, sous le nom d'Iniocvnie, c’esl-à-dire plantes dont les étamines existent séparément du pistil sur des fleurs différentes , entre les Monocotylédonées phanéro- games et les Dicotylédonées apétales; de la sorte, elle devient la sixième classe, et là sa situation est absolument naturelle, Je supprime aussi les deux classes dixième et onzièn.e, et je n’er fais qu’une seule divisée en deux groupes distincts. Je rends quelques autres Familles à la ligne sur laquelle les appellent leurs congénères , etc. IL convient de passer ici sous silence une foule de Familles créées depuis une vingtaine d'années, et dont le nombre augmente sans cesse, ainsi que l’ordre presque inverse qu’un botaniste très-sou- vent cité veut introduire dans le rangement de celles que nous avons nommées : ces changemens ne sont à nos yeux autre chose que du désordre: ils sont en opposition manifeste avec la nature, qui va toujours du simple au composé, Permis de re- FARI 164 FARI voir chaque Famille en particulier pour en discuter les genres, pour y établir des sections propres à les mieux coordonner, à y ramener les espèces mal observées; mais aller au-delà, c’est détruire et non pas édifier, c’est, comme l’a dit Linné, briser le fil d’Ariadne, sans lequel la botanique n’est plus qu'un chaos : F'ilum ariadneum botanices est sys- tema, sine quo chaos est res herbaria. (T. ». B.) FANFRÉ. (porss.) Nom vulgaire donné à Nice au Pilote, Gasterosteus ductor , à la Baliste vieille, au Coryphène pourpré et à l’Oligopode noir. On voit par le nombre d'espèces désignées avec le même mot, le peu d'importance qu'il faut donner à ces noms vulgaires. (GuËr.) FANON. (z00o1.) Lames de corne, placées l’une x côté de l’autre un peu obliquement en arrière, que les Baleines portent au lieu de dents à la face palatine des os maxillaires et de chaque côté de la bouche. (Voyez BaLeine.) (P. G.) FANTOME. (ins.) Nom vulgaire de quelques Manres et Pnasues. Voy. ces mots. FAON. (mau.) On donne ce nom aux jeunes Cerfs et Daims. (Guér.) FARES. (porss.) Ge genre nouveau a été créé dans la petite famille des Ménides, à la suite des Gerres. Il est originaire de la mer Rouge et appar- tient à l’ordre des Thoraciques. Nous n’en connais- sons encore qu’une seule espèce, sous le nom de Fares cærulescens, dénomination spécifique qui annonce la couleur bleuâtre dont ce poisson est revêtu. Cuvier, en reconnaissant les grands rapports qui lient les Fares avec les Gerres, a cependant cru devoir l'en séparer, pour former un genre parti- culier, qu'il a cherché à circonscrire dans des li- mites précises , et auquel il a cru devoir rapporter le l'ares c'erulescens, décrit par Gommerson, fasci- cule 1, et inscrit par Lacépède parmi les poissons qu'il réunit génériquement sous le nom de Ca- ranxomore. (Azrn. G.) FARIGOULE. (8or. Puan.) Nom vulgaire du Serpolet en Provence. F7, Tayw. (Guér.) FARINE. (écon. run. et nom.) Matière féculente, blanchätre, légère, plus ou moins fine, obtenue en écrasant les graines des céréales destinées à la nourriture de l'homme. Par extension, on donne aussi le nom de Farine aux semences des Légumi- neuses réduites en poudre, à cause de l’analogie de cette poudre, par ses principes immédiats , avec les Farines obtenues du froment, du seigle, du mais, du riz, etc. On se sert aussi parfois du mot Farine pour désigner la poudre que l’on rctire de la pomme de terre, de diverses orchidées; mais on doit lui préférer celui de F£cuce ( voy. ce mot). Enfin, on fait un emploi très-impropre du mot Farine en l’appliquant , surtout dans la phar- maceutique, aux semences chez lesquelles la par- tie nutrilive est remplacée par une huile ayant la propriélé de faire émulsion avec l’eau. Toute farine (et ici je me renferme dans la spé- cialité des Farines alimentaires), toute Farine, dis- je, est composée des mêmes principes que le grain d'où elle provient; seulement ils s’y trouvent en proportion différente. La connaissance des Farines est un point essentiel en économie rurale et do- mestique. Les caractères distinctifs de bonté, de médiocrité et d'altéralion peuvent être facilement saisis par l'œil, l’odorat, la main et le goût. Une bonne Farine est d’un blanc jaunâtre, sè- che et cependant ‘adhtrente au doigt; pressée dans Ja main , elle fait pelote ; sa meilleure odeur est de n’en point avoir; sa saveur est celle de la colle fraîche. Soumise à l’investigation de la dent par une mastication lente, la langue se por- lant au palais , l’amidon se sépare , la matière glu- : tineuse, n'étant point soluble par la salive, fait bruit sous les dents. À mesure lque la Farine s’é- loigne plus ou moins de ces caractères, elle devient plus ou moins médiocre. Son œil est moins vif; son blanc est plus mat, et même il tire sur le gri- sâtre ; elle pelote moins dans la main; elle est plus sèche et laisse les doigts plus nets. La mau- vaise est celle que la fraude, que le coupable besoin d’un gain illicite, a dénaturée par son mé- lange avec la poudre de graines avariées ou étran- gères. La couleur , l'odeur et la saveur en dénon- cent quelques unes. Si la Farine provient d’un blé humide, elle colle aux doigts; lorsqu'elle est ad- ditionnée de poudre de pois, de lentille ou de ha- ricot , sa couleur est d’un gris blanc ; la poussière de grains cariés lui communique une odeur de rancidité voisine de celle des corps gras altérés ; la nielle lui imprime un goût amer; la présence du mélampyre la rend désagréable et lui donne à la cuisson une couleur rouge violette très-fon - cée , ete. La Farine échauffée, celle qui a été at- taquée par les insectes , celle dans laquelle on a fait entrer de la châtaigne, ou, ce qui est pire en- core, du marron réduit en poudre, et que l’on a fait repasser sous les meules et à la bluterie pour les mêler avec une portion de bonne farine , peu- vent tromper l'œil; mais la main l’est moins ; la mauvaise odeur est à peu près dissipée; mais au goût elles laissent une empreinte d'âcreté très-pro- noncée. Le pain fabriqué avec de semblables Fa- rines porte le trouble dans l'estomac, dérange le cerveau , détermine plus ou moins promptement la mort. Aussi les lois ne peuvent être assez sévères contre les misérables qui se livrent à de semblables sophistications. Il y a plus d'un fournisseur des armées, des prisons ou des hôpitaux dont la fortune actuelle date d’un crime semblable. On unit quelquefois ensemble des Farines de froment de première qualilé avec de la fécule de pommes de terre; celle addition n’a rien de nuisi- ble; mais, comme c’est une falsification , un moyen de tromper et de voler le pauvre, l’homme con- fiant, on doit punir celui qui s’en rend coupable. Des procédés ont été indiqués pour s'assurer de ce mélange ; le plus simple est de torréfier une pe- tite portion de la Farine frelatée ; aussitôt elle ma- nifeste une saveur de pomme de terre cuile sous la cendre. La Farine d’épeautre mélée à celle du seigle , de l’orge, du maïs, conserve sa grande blancheur et leur communique son goût; mais, additionnée à la Farine du froment, elle lui fait 20020 D D © FARL 165 FASG ——_——————————.…——…—…—…—" —_—— — —————————————————————————————— prendre une teinte bleuâtre et perdre une partie de ses propriétés. En 1822, une instruction ministérielle annon- cait qu’on pouvait obtenir du pain de bonne qua- lité des Farines de blés moisis et de ceux qui sont rougis par la vétusté , en les mélangeant avec moi- tié et plus de bonnes Farines ; j'ai, dans le temps, démontré la fausseté de cette assertion , lors même qu'on les additionnerait de deux tiers de leur poids de farines choisies. Comme on vient, dans une feuille périodique, de reproduire ce conseil, je crois qu’il est de mon devoir de prévenir que l’em- ploi de ces Farines ne peut qu'être funeste. Des marchands et des boulangers ont poussé l’impudeur jusqu'à mélanger la Farine avec du plâtre, de la chaux; le délit a été reconnu, con- staté en délayant une portion du mélange dans une bonne quantité d’eau ; les substances terreu- ses se sont précipitées au fond des vaisseaux; le pain préparé avec elles est lourd, massif, croquant sous la dent et rempli de petits cristaux en aiguil- les qui brillent au soleil oa à la clarté d’une lampe. D’autres, à l'exemple des boulangers de Londres, introduisent dans leurs Farines de l’alun, afin de donner de la blancheur au pain, et corriger ainsi, aux yeux inexpérimentés la qualité inférieure des Farines qu’ils emploient. Ce pain est préjudiciable à la santé, quelque petite que soit la dose de l’a- lun. Il est facile de garder des Farines et de leur conserver toutes leurs qualités. Le moyen est sim- ple et à la portée des fortunes les plus minces : il m'a parfaitement réussi. Il consiste à mettre ses farines dans des tonneaux enduits de bitume à l'intérieur comme à l'extérieur , et à placer les tonneaux debout sur des chantiers dans un lieu à double courant d'air, dont la température soit toujours égale à onze degrés un quart da thermo- mètre centigrade. Un cellier sec et froid , ouvert à l'exposition du nord est une serre excellente. Les tonneaux recouverts d’une couche de bitume sont inaltérables à toute fermentation et même aux at- taques des insectes. Il faut que les Farines que l’on y enferme hermétiquement soient bien sèches et d’un haut choix. Après dix ans, des Farines ainsi enfermées en 1823 nous ont prouvé qu’elles avaient conservé toutes leurs qualités et nous ont donné un pain excellent; tandis que d’autres for- tement pressées et conservées selon les procédés en usagc pour la marine américaine, nous ont, en 1802, prouvé , tant à Civita-Vecchia qu'à Rome , qu'elles sont promptement avariées et déterminent des épidémies désastreuses. (T.». B.) FARLOUSANE. (ors.) Synonyme de FarLouss. FARLOUSE. (ors.) La Farlouse est une espèce de Pipit de la même famille que les Becs-fins, et que l’on rencontre fréquemment dans ces con- irées, ainsi qu'en Hollande et dans une grande partie de l'Europe et de l'Asie. Le genre dans le- quel se place cet oiseau a été nommé Prrir , An- thus ; cependant on lui donne aussi quelque- fois le nom de Farlouse; mais , la dénomination de Pipit étant la plus généralement employée, nous préférons renvoyer à ce mot tout ce qui a trait aux Pipits ou Farlouses. (Gerv.) FAROUCHE. (soT. puan.) Dans le midi de la France on donne ce nom au trèfle incarnat cultivé en grand comme fourrage , et qui se consomme en vert.’ (Guër.) FARRAGO. (mor. rxan. et ar.) Mot que les Romains ont tenté de substituer à celui de Farouch employé par les Gaulois, nos ancêtres, et que l’on a, depuis le commencement du treizième siècle de l'ère vulgaire, changé en celui de Dragée. Le Far. rago n’a jamais été, comme on l'a dit, le vieux nom du seigle ou de l'orge, encore moins un mé- lange sans ordre de plusieurs choses ; c’est l’union d’une céréale avec quelque légumineuse, à qui elle sert de soutien; l’avoine y est particulièrement em- ployée. Pour être bien comprise, la lecture des livres anciens demande à être appuyée sur des connaissances positives relatives aux faits qui s’y trouvent consignés : c'est le principe qui a présidé à toutes mes études et m'a révélé des usages ou- bliés ou torturés dans certains auteurs. (T. ». B.) FASCICULE. (5or.) On désigne ainsi les parties des plantes réunies en faisceau; ainsi les feuilles du Mélèze, qui sortent ensemble du même point, et divergent insensiblement entre elles à mesure qu’elles approchent de leur sommet , les racines du Porreau, sont Fasciculées. (P. G.) FASCIOLAIRE, Fasciolaria. (mor. ) Les es- pèces de ce genre, qui du reste repose sur des ca- ractères de peu de valeur, ont été confondues d’a- bord avec les Murex, puis avec les Fuseaux, enfin avec les Turbinelles , les Buccins et les Rochers. Lamarck, qui en fit un genre particulier, adopté par Félix de Roissy, lui donne les caractères sui- vans : coquille subfusiforme, canaliculée à sa base, sans bourrelets persistans , ayant sur la columelle, à l’origine du canal, deux ou trois plis très-obli- ques. Les principales espèces sont : 1° La FasciocaiRe mure, Fasciolaria tulipa, de Lamarck, représentée dans notre Atlas, pl. 157, fig. 3 : grande coquille fusiforme, ventrue, lisse, d’une couleur tantôt jaune rougeûtre , tantôt blan- che avec des taches rouillées, irrégulières, et des impressions linéaires, ténues, étroites, transver- ses, inégalement distantes et qui se terminent en stries vers la base ; la lèvre droite est blanche à l'intérieur et finement striée, Une autre espèce, très-voisine de la précédente, ou qui n’en est peut-être qu'une variété, est la FascroLatRx DISTANTE, Fasciolaria distans, de Lamarck. Coquille plus courte que sa congénère, dont le canal de la base est moins long et moins strié , le fond d’un blanc vineux, et les impressions linéaires plus régulières, plus nombreuses, plus distantes et plus visibles ; les tours de spire sont moins convexes et n’offrent que deux impressions au lieu de huit ou dix que l’on observe dans la pré- cédente ; ses sutures sont lisses, non marginées , et sa columelle n'offre que deux plis. Cette Fas- ciolaire est très-rare ; elle nous vient de Campêche mm FAUC 166: FAUG —— et:porte les noms vulgaires de Tapis turc, Tulipe rubanée où T'ulipe d'Inde. 9° La FASCIOLAIRE ORANGÉE , Fasciolaria auran- tiaca , de Lamarck. Goquille vulgairement appelée veste parisienne, très-belle et très-remarquable tant par sa coloration que par les gros tubercules qui couronnent l'angle supérieur des tours de spire. Sa forme est celle d’un fuseau un peu renflé; sa sur- face est marquée de bandes transverses, séparées les unes des autres par des sillons peu profonds ; les spires sont divisées par un angle saillant et chargé de tubercules plus ou moins gros; son ca- nal est court et fortement strié ; son ouverture est blanche, sa lèvre droite très-sillonnée et sa colu- melle a trois plis. (F..E.) FASCIOLE. (zoopn. iNTEsT.) On a donné ce nom à un genre de Vers intestinaux, dont les di- verses espèces ont un corps oblong , garni de deux sucoirs. C’est à ce genre qu’appartient la Douve, Fasciola hepatica. Voyez Disrour. (P. G.) FASEÉOLE. (Bor. PHAn. et Acr.) Les cultivateurs de diverses contrées de la France, particulière- ment de nos départemens du midi, donnent cenom tantôt à la petile fève de marais, tantôtiau haricot, et tantôt aux petites espèces de Dolics, qu'ils :em- ploient comme alimentaires. Ÿ. Douc, Five et HAnicor. (T, ». B.) FASSAÏITE. (wx.) Nom que l’on a donné à une variété de l'espèce minérale appelée Diopside, appartenant au sous-genre Pyroxène. Le nom de Fassaïite indique la localité où cette variété fut d’abord trouvée : c’est-à-dire la vallée de Fassa dans le Tyrol. Voyez Diopsins. (J. H.) FAU, (8or. Pxan.) C’est l’un des noms vulgaires du Hêtre dans le midi de la France. FAUCHET. (ors.) Nom vulgaire du Bec-en-ci- seaux. (GuËr.) FAUCHEUR, Phalangium. (aracun.) Ce genre, qui appartient à l’ordre des Trachéennes, famille des Holètres , tribu des Phalangiens (Règ. an. de Cuv.), a été établi par Linné et a été caractérisé de la manière suivante par Latreille : tête, tronc et abdomen réunis en une masse, souslun épiderme commun; des plis sur l'abdomen formant des ap- parences d’anneaux: mandibules articulées, sou- dées, terminées en pince, saillantes en avant du tronc, deux palpes on plutôt pieds-palpes filiformes, de cinq articles, dont le dernier terminé par un petit crochet; huit pattes simplement ambulatoires; six mâchoires disposées par paires, les deux pre- mières formées par la dilatation de la base des pal- pes, et les quatre autres par les hanches des deux premières paires de pieds; une langue sternale,. avec un trou de chaque côté, servant de pharynx; deux yeuxportés sur un tubercule commun. Tels sont les principaux caractères à l’aide desquels on pourra distinguer facilement les Faucheurs d’avec les Araignées. Les espèces qui composent ce genre sont vraiment curieuses et toutes d’une taille très- srêle; en effet, les pattes, démesurées proportion- ncllement à la petitesse du corps qu'elles soutien- nent, donnent à ces araignées un aspect tout par- ticulier ; leur démarche est très-remarquable, et le nom qu’elles portent vient de ce qu’on-les comparées aux ouvriers qui, en fauchant: les champs, marchent à grands pas et lentement: Une autre particularité qu'offrent leurs pattes, c’est qu'après s'être détachées très-facilement du corps, elles conservent la faculté de se mouvoir pendant plusieurs heures; ce qu’on attribue à l’action irri- tante de l'air sur les filets nerveux et: impercepti- bles des muscles déliés qui s’insèrent à chaque article. | L’anatomie des Faucheurs €tait encore ignorée: il y a peu de temps; mais Tréviranus a publié en: 1816 (Mélang. d'anatomie, 2e, 3° mémoire) des détails curieux sur l’organisation de ces singulières Arachnides. Uneespècequ'il a spécialement étudiée: ( Phalangium opilio ) lui a présenté les particula- rités suivantes : il a vu, outre les deux yeux por tés sur un pédoncule commun, deux autres yeux placés latéralement et au devant des autres. Il dé- crit avec soin.les parties de la bouche : ce sont les mandibules ; des palpes portés sur une base ; une langue; une paire de mächoires antérieures, dont le sommet est charnu et la partie inférieure cornée;: une autre paire de mâchoires postérieures ; enfin l’ouverture buccale , située tout-à-fait enarrière. Toutes ces parties , suivant Tréviranus, paraissent avoir pour fonctions: d'opérer la mastication des alimens que lesmandibules tritureraient dans leur frottement sur les mâchoires. Le canal intestinal est très-large, et constitue une sorte desac muni de poches et de cœcums, dont les uns: sont supé- rieurs et les autres inférieurs. Outre: ces poches assez nombreuses, il en existe deux très-remar- quables par leur volume, qui recoivent les inser- tions des cœcums inférieurs, et qui aboutissent dans la partie moyenne du tube alimentaire. On voit aussi deux canaux biliaires ouverts près de læ bouche. Le cœur est fort simple; il consiste en un: vaisseau terminé en pointe à ses deux extrémités, et présentant dans son trajet deux étranglemens: circulaires qui se divisent transversalement en trois: portions, celle du milieu étant la moins longue: Les stigmates sont au nombre de deux; il:en part de chaque côté du tronc trachéen qui, après avoir donné naissance: à deux trachées quise portent en arrière , se dirige vers la partie antérieure! S'y partage en branches et s’anastomose sur la ligne moyenne du corps avec celui du côté opposé, près des organes de la génération. Le système nerveux se compose d’un cerveau assez grand, duquel partent antérieurement deux nerfs destinés à la paire d’yeux moyenne, et qui donne naissance postérieurement à des cordons nerveux aboutis- sant à autant de ganglions, desquels partent des filets déliés qui se répandent aux organes généra- teurs et &ans l'abdomen. Les organes générateurs sont mâles ou femelles ; les premiers se composent d’une verge rétractile, fixéeà l’abdomen:par deux ligamens, et à la base delaquelle vient aboutirun canal déférent , qui supporte un testicule unique, formé par un grand nombre de houppes oude pe- tits canaux flottans. Les seconds sont formés par un oviducte soutenu par deux ligamens, et rece- LE om al . FAUC 167 FAUC (ne qe Te vant à sa base un eanal étroit, lequel, après un circuit assez long, s’élargit en une vaste poche, dans laquelle les. œufs séjournent jusqu'à leur en- tier développement. Cette poche recoit elle-même un autre. canal circulaire très-étroit, dans lequel les œufs:sont contenus avant d’arriver dans la ca- vité. Ce canal.est l'ovaire proprement dit; les œufs renfermés dans son intérieur sont très-petits. Ces arachnides ne sont pas très-rares ; on les rencontre sur les murailles ou sur des troncs d’ar- bres ; leur démarche est agile, et elles arpentent avec leurs grandes pattes beaucoup de terrain en fort peu de temps ; par là elles échappent assez facilement aux dangers qui les menacent; mais elles savent aussi s’en préserver dans l’état de repos, au moyen d’une ruse assez singulière : leur corps appuie sur le sol; mais les pattes auxquelles il donne attache sont étendues circulairement autour de lui, de manière à occuper un espace assez étendu. Siun animal touche à l'extrémité de l’une d'elles, le Faucheur élève aussitôt son corps et forme avec ses pattes autant d’arcades sous lesquelles l'animal importun passe librement. Ge- pendant il saute à terre et s'éloigne promptement , si le moyen bien simple que.son organisation lui permet d'employer n’a pas réussi. Suivant La- treille, les Faucheurs ne vivent pas, plus d’une année. Tréviranus ne partage pas celte opinion. L'accouplement a lieu en automne ; les mâles se disputent souvent.une femelle, et celle-ci fait quel- que résistance. Get acte présente quelques parti- cularités curieuses. Le mâle se place en face de la femelle, saisit ses mandibules avec ses pinces, et s’en approche alors facilément. Cet accouplement ne dure que quelques secondes : peu de temps après la femelle dépose ses œufs dans la terre, et les entasse les uns auprès des autres. Les pelits éclosent au printemps, et ils n’ont pris tout leur accroissement qu'à la fin de l'été. Toutes les arachnides de ce genre sont carnassières et se nourrissent de petits insectes. Elles ne filent point ainsi que plusieurs l'ont avancé. Certaines espèces exhalent une odeur très-forte de feuilles de noyer. La plupart des Faucheurs connus appartiennent à l’Europe; douze à quinze espèces composent ce genre; parmi elles nous citerons : le FAUCREUR DES MURAILLES , Phalangium opilio, Linn., représenté dans notre Atlas, pl. 157, fig. 4. Cette espèce constitue le type du genre, Latreille la considère comme la femelle du Phalang. cornutum , Linn. Tréviranus pense, au contraire, qu’elle constitue une espèce distincte. Son corps est ovale , roussâ- tre ou cendré en dessus, blanc en dessous ; ses palpes sont longs; ayant deux rangées de petites épines sur le tubercule portant les yeux, et des piquans sur les cuisses. Les antennes-pinces sont cornues dans le mâle ; il y a sur le dos une bande noirâtre, avec ses bords festonnés, dans la femelle. Il se trouve communément aux environs de Paris, dans les champs, sur les murailles et sur les troncs d'arbres. Une seconde. espèce est le. Favcneur DEs-MOussEs, Phalang: muscorum, Lair.; son corps est ovale, d’une couleur cendrée tirant, sur, le jaune , avec des taches obscures en dessus , et une bande noirâtre sur le milieu du dos, le dessous est pâle, le tubercule oculifère est dentelé; les cuisses sont anguleuses. Cettesespèce se trouve dans; le midi de la France. Voyez, pour les autres espèces, Hermann (Mém. aptérol., p. 96), qui en décrit et représente douze espèces, et Latreille (Gener. Crust. et Insect.). (A. L.) FAUCILLE. (z001.) C'est un nom vulgaire qui sert à désigner différentes espèces de poissons, tels que le Denté, un Spare, un Saumon, un Able, etc. On appelle aussi Faucille une espèce du genre Phalène. (Guér.) FAUCON, Falco. (o1s:) Nous avons vu, à j’ar- _ticle Farconés de ce Dictionnaire , quelles sabdi- visions on avait établies parmi les oiseaux du genre F'alco de Linné ; nous renverrons à cet article pour la classification de ces divers groupes et aux mots Buse, Busann, Boxprée , Aurounrs, elc., ponr leurs caractères. Ilne sera question présentement que des Faucons proprement dits (Z'alco de Bech- stein). Ces oiseaux, que l’on peut définir des Fal- conés à ailes aiguës el. à bec courbé dès sa base et denté , sont de tous les animaux de la même fa- mille ceux qu’on a le plus-souvent employés pour la Fauconnerie. On en connaît aujourd’hui untrès- grand nombre d’espècés parmi lesquelles huit;se voient fréquemment en. Europe ; ce sont les Fau- cons Gerfaut, Lanier, Pélerin , Hobereau , Emé- rillon , Gresserelle ; Cresserelletie et Kobez : Buf- fon a connu toutes ces espèces, à l'exception d’ane seule, la Cresserellette; mais il n’a pas toujours su les distinguer les unes des autres, ou bien il en a augmenté le nombre en prenant pour autant d'espèces divers âges d’un même oiseau; c’est ainsi que son Sacre est un jeune Gerfaut; son Faucon sors un premier âge de son Faucon hagard , aujourd’hui nommé Pélerin , et son Rochier un Emérillon très - adulte : il lui est arrivé aussi de confondre deux espèces en une seule, c’est lors- qu’il a parlé dans ses planches enluminées (n° 431), du Kobez ou Faucon aux pieds rouges, et qu'il l’a donné comme une variété du Hobereau., Les Faucons se nourrissent habituellement de proie vivante, sans jamais se jeter sur les éada- vres. Leur force est très-grande et leur courage vraiment remarquable ; de plus ils joignent à l’un et à l’autre une palience à tonte épreuve. Quel- ques uns des Falconés de taille moyenne associent les insectes à la chair dont äls se nourrissent ; mais les plus petits vivent presque exclusivement d'insectes. Les couleurs variant beaucoup, on a le plus souvent recours, pour caractériser les es- pèces, à la taille et surtout aux proportions des ailes et de la queue, ainsi qu’à la couleur de leur cire et des pieds. Les femelles sont, comme chez tous les Falconés, plus grosses que les mâles, que l’on appelle Tüercelets. On a établi parmi ces oiseaux plusieurs petites sections , qui ont le plus ordinairement pour type une des espèces européennes. Nous commencerons par les Gerfauts. À Gerfauts.— Ces oiseaux, que l’on aétablis en TT D at An 10 0 CT FAUC 0 un genre distinct, parce qu’on croyait leur bec sans dentelure, ont néanmoins cet organe disposé comme les autres Faucons. MM. de La Fresnaye et Is. Geoffroy ont fait connaître que l'absence des dentelures reconnaissait pour cause l'habitude qu'ont les Fauconiers de les limer. Une seule espèce compose ce groupe, C est le GrrrauT LANIER ou Faucon gerfaut que l'on a tou- jours beaucoup recherché pour la chasse. Quel- ques auteurs en distinguent spécifiquement le Ger- faut sacre de Buffon. B. Faucons. — L'espèce la plus connue est le Faucon commun ou PELERIN , E°. communis, Gm., représenté dans notre Atlas, pl. 198, f 15 il habite toute l'Europe, et on le dresse aisément ; ilattaque les lièvres, les perdrix ct autres pièces de moyen gibier : il peut être caractérisé ainsi qu'il suit : Mâle adulte, c’est le Lanier de Buff., Enl., 430: plumage brun, rayé transversalement en dessous ; gorge et joues blanches ; deux larges taches tian- gulaires descendant des angles du bec sur les côtés du cou. Parties inférieures blanches, linéolées de brun ; des taches arrondies brunes sur les plumes des cuisses; queue rectiligne, brune en dessus, blanche rayée de brun en dessous ; bec plombé ; tarses jaunes; longueur un pied et 2 ou 3 pouces. — Femelle adulte : le Faucon, Buff., Enl., 421 : plamage brun, flammé de jaune foncé en des- sus; front et joues noirâtres ; du rouge sur les oreilles: deux traits noirs au dessus de la com- missure , gorge et poitrine blanchâtres , flammées en long de brun, et rayées en travers sur le ven- tre et les parties inférieures : taille , un pied et 4 ou 5 pouces. — Jeune âge. Le Faucon sors, Buff., Enl., 470 ; dessus du corps varié de brun, chaque plume bordée de roussâtre ; dessous blanc, tacheté de brun ; un trait noir sur l'œil. Le faucon noir et le Passager de quelques au- teurs ne sont également que des variétés du même âge. Les F. hornotinus et gibbosus reposent sur des individus à plumage légèrement différent ; il en est de même du F cornicum de M. Brehm. Le Pélerin habite dans toutes les contrées mon- tueuses de l’Europe, particulièrement sur les ro- chers ; il est très-rare dans les pays de plaines, et ne se voit jamais dans les marécages. On le trouve fréquemment en Allemagne et en France; en An- gleterreet en Hollande il est également assez com- mun ; mais il est plus rare en Suisse, Sa nourriture consiste en tétras, faisans, perdrix, oïes, ca- nards et autres gros oiseaux. La femelle niche or- dinairemert dans les fentes des rochers; sa ponte est de trois ou quatre œufs d’un jaune rougeûtre, avec des taches brunes. On doit distinguer du Faucon ordinaire le Fau- CON LANIER des auteurs modernes, Æalco lana- rius, Linn., qui n’est pas le Lanier de Buffon ; sa taille s'élève à un pied sept pouces et demi chez le mâle et à un pied huit où neuf pouces chez la fe- melle. Les ailes aboutissent chez cette espèce aux deux tiers de la queue; le doigt du milieu est plus court que le tarse; les deux premières rémiges FAUG ont leurs barbes tronquées vers le bordet les pieds sont bleuâtres. Le Faucon lanier habite de préférence les con- trées orientales et septentrionales de l’Europe: il est assez commun en Hongrie, en Pologne, en Russie ; on le voit souvent aussi en Autriche et en Syrie ; mais il est très-rare en France, en Allema- gne et en Islande ; c’est en Asie qu’on le voit le plus fréquemment. Sa nourriture se compose de gros oiseaux sur lesquels il se laisse tomber du haut des airs. Le nid est toujours établi sur les rochers des endroits montueux ou quelquefois sur les buissons. Les espèces étrangères qui se rapprochent le plus des Faucons d'Europe sont les F, srarmique, F. biarmicus, Temw., pl. 324 , qui habite une grande partie de l'Afrique, principalement le cap de Bonne- Espérance et la côte de Barbarie; F. À cuLoTTE ROUSSE OU ÉMÉRILLON DE COULEUR DE PLOMB , d'A. : F, femoralis, Temm., Guérin, Ie., pl. 2, fig. 1; on le trouve au Brésil et au Paraguay; F. caicquera, F. chicquera, Lath., oiseau indien qu’on recoit de Java et de Pondichéry : il est représenté dans l'ouvrage de Levaillant, pl. 30; Temm., pl. 330. Nous citerons aussi le F. concororr, . ardo- siaceus, Vieill. et F. concolor, Encycl., qui vit au Sénégal , en Barbarie, en Egypte et en Arabie. C. Hobereaux. —Ho3EREAU cOMMN , . subbu- teo, de Lin. On l’a trouvé jusqu’à la Nouvelle- Hollande. Ajoutez le HoBEREAU AUX PIEDS ROUGES ou Korez, F. rufipes, autre espèce d'Europe. D. Cresserelles. —M. Lesson ajoute aux deux espèces que l’on connaît, la Cness, GRËLE, F. gra- cilis, dont il ignore [a patrie. Voyez le Traité d'Ornith., p. 95. E. Æmérillons. — L'Emérillon ordinaire et celui de la Caroline sont les seules espèces qu’on y range. Voy. les mots Eméritron, CressereLre, Here- REAU, etc. Nous dirons aussi quelques mots des ELawes et des ELanoïpes, petits groupes voisins des Faucons, avec lesquels plusieurs personnes les confondent. Ils ont de même qu'eux les ailes aiguës ; mais leur bec, courbé également dès la base, n'offre point d’échancrure. a. ELane, £lanus, Sav. division V ou des Ela- nions , Temm. Le bec est court, courbé forte- ment dès son origine , à pointe très-crochue; cire fortement poilue; tarse à moitié enplumé ; doigts divisés ; ailes longues; la première et la deuxième rémige à peu près égales, la seconde la plus lon- gue de toutes; queue plus ou moins fourchue. L'espèce la plus remarquable est l'ÉLANE BLACk, À. melanopterus, Lath. ; OŒElanus cæsius de Savi- gny (Ouv. d'Euvpt., pl. 2, f. 2). Cet oiseau vit d'insectes. On le trouve dans toute l'Afrique du' nord, principalement en Egypte et à Tripoli. Il paraît qu'il est de passage dans le Levant; on la vu en Andalousie, et il a été tué à Darmstadt. On l’a également rapporté de Java, de Timor et de la Nouvelle-Hellande. Voici la description que M. Temminck (Manuel d’Ornith., 5° part., p. 53) donne de l'adulte : Sommet 1. Faucon 2. Fauvette Cuerur du FAUCG 169 FAUC ——————_—_— Sommet de la tête, nuque, dos, scapulaires et croupion d’un beau gris cendré, plus clair à la tête que sur le dos ; front , joues , toutes les parties inférieures et couvertures, d’un blanc parfait ; un petit cercle noirâtre autour de l'orbite, accom- pagné d’une tache grise en avant des yeux ; ailes d’un cendré foncé, qui prend une teinte noirâtre vers le bout des rémiges; mais les barbes inté- rieures de toutes les pennes d’un blanc pur ; queue légèrement échancrée ; les deux pennes du milieu ondées , les autres blanches, à bout terminal cen- dré et à barbes intérieures d’un blanc sale ; toutes les petites et une partie des grandes couvertures des ailes d’un noir parfait; mais le poignet et le rebord de l’aile d’un blanc pur; bec et ongles noirs; iris et pieds orange. Longueur totale, de douze , treize à quatorze pouces. Levaillant nous apprend que cet oiseau niche entre les branches des arbres, et qu’il pond qua- ire ou cinq œufs blancs. On place dans le même genre le Counrcx , Falco dispar, Temm., pl. 319. Oiseau du Brésil. : b. Eranoïne, Elanoïdes, Vieill. Ce genre, ou plutôt ce sous-genre , distingué d’abord par Vieil- lot, dans l’Ornithologie de l'Encyclopédie, a été reproduit dans ces derniers temps sous le nom de Naaclerus, par M. Vigors; il ne renferme que deux espèces remarquables par leur queue profon- dément échancrée à la manière des Hirondelles, par leurs formes sveltes et gracieuses, ainsi que par leurs ailes, qui ont les deuxième et troisième rémiges les plus longues, Le vol de ces oiseaux est extrêmement puissant, Miran Riocour, E. Riocourit ou Elanoïdes Ri- courit, Vieill. Cette petite espèce a tout le des- sus du corps d’un cendré gris fort agréable , et tout le dessous d’un blanc assez pur : un trait de cette dernière couleur coupe le front; la cire et les tarses sont jaunes. Habite le Sénégal. Micax De La Caroune, Elanoïdes furcatus, Vieill. Celui-ci se trouve au Brésil et dans les par- ties sud de l'Amérique septentrionale; son plumage est d'un blanc de neige, avec le dos, les ailes et les rectrices d’un noir pourpré brillant; son bec est noir, sa cire et ses tarses sont jaunes, FAUCON DE MER. (roiss.) Deux espèces de Poissons, le Dactyloptère pirapède et la Mourine , ont quelquefois recu ce nom. FAUCONNEAU. (ors.) On appelle ainsi le jeune du faucon, et quelquefois le T'antalus falcinellus. FAUCONNERIE, (ors.) La Fauconnerie, ou l’art de dresser à la chasse les oiseaux de proie de la famille du Faucon et de les employer, a été long- temps cultivée par les anciens et les modernes; mais aujourd’hui elle est complétement tombéeen dé- suétude par suite de l'invention des armes à feu, et il n’en est plus parlé que comme d’un monu- ment de l’histoire propre à faire connaître jusqu'où peut s'étendre l'influence de l'homme sur les ob- jets de la nature. Les premiers peuples chasseurs pe paraissent pas avoir connu cet art , et Jes plus an- ciens des anteurs qui en parlent sont Aristote, Pline, Elien: celui-ci en fit connaître les principes, et Tome III. Firmius lui fit faire de nouveaux progrès. A la re- naissance des lettres , une foule d'auteurs s’occu- pèrent également de la Fauconnerie ; les prin- cipaux furent Aldrovande, Albert le Grand, Carcanus, Stampflius, et parmi lesFrancais, Chan- telouche de la Gasan, Guillaume Tardif qui pu- blia en 1567 le Traité de la Fauconnerie , Charles d’Areussia de Capre et Jean Franchières , qui pu- blièrent également des ouvrages sur ce sujet. On doit encore citer Leroi, lieutenant des chasses au parc de Versailles, qui fit l’article Fauconnerie dans la première édition de l'Encyclopédie, et Hubner, qui fit paraître à Genève en 1784 un ouvrage bien connu des ornithologistes et qui est intitulé Ob- servations sur le vol des oiseaux de proie. Dans le Dictionnaire d'histoire naturelle de Déterville , ce sujet fut traité par Vieillot et Sonnini qui firent connaître, d’après Leroi et les auteurs précédens, tous les termes plus ou moins bizarres de la Fau- connerie, ainsi que la nombreuse série des formu - les de thérapeutique et tous les procédés chirurgi- caux auxquels le médecin fauconnier doit avoir recours. Nous n’entrerons pas dans ces détails fas- tidieux, et nous essaierons seulement de donner quelques notions générales pour faire connaître comment la Fauconnerie se pratiquait. «Les auteurs anciens, dit M. Dumont, ont traité de la partie mécanique de la Fauconnere, et l’ou- vrage de M. Hubert est le seul dans lequel on se soit occupé de la théorie de cet art. Quoique ses recherches sur les moyens qu'emploient les oi- seaux rapaces pour s'emparer des êtres vivans qui constituent leur nourriture , soient les plus récen- tes, comme elles auraient dû former la base de l'art du Fauconnier, c’est d’elles que l’on croit devoir d’abord présenter l'analyse. Cet auteur divise les ailes en Æameuses et en Voi- lières. Les oiseaux pourvus d’ailes rameuses s’ap- pellent Rameurs de haut vol ou de Leurre, et ceux dont les ailes sont voilières se nomment Voiliers de bas vol ou de Poixg. L’aile des premiers est mince, déliée , peu convexe , el fortement tendue quand elle est déployée; les dix premières pennes sont entières, et leurs barbes se touchent les unes les autres, sans discontinuation, dans toute leur lon- gueur. Les mouvemens de cette aile sont aisés, ra- pides et forts ; aussi les rameurs volent contre le vent, la tête droite, et s'élèvent sans peine dans les plus hautes régions, où ils se jouent dans tous les sens et se portent de tous côtés. L’aile des voi- liers est plus épaisse, massive, arquée et moins tendue pendant le vol ; les cinq premières pennes, de longueur inégale, sont échancrées depuis le milieu jusqu’à l'extrémité ; ils ne volent avec avan- tage que vent arrière, la tête basse ,et ils ne s'élèvent que pour découvrir leur proie. Les serres, par leur conformation , diffèrent également chez les oiseaux rameurs et chez les voiliers ; les Fau- conniers les nomment des Mains. Les doigts chez les rameurs , que l’on nomme plus fréquemment Oiseaux nobles , sont plus longs, plus déliés et plus souples. Ils embrassent une surface plus étendue, et, étant mus par de plus longs leviers, ils jouissent 182° LivRAISON, 22 —————_—— 1, FAUG 170 FAUN d'une force plus considérable que les doitgs des voiliers ou ignobles, qui sont plus gros et plus courts ; les ongles des premiers sont aussi plus ar- qués et plus acérés ; ils pénètrent plus profondé- ment dans les chairs , et la plaie qu'ils déterminent est plus dangereuse. C'est sur ces données et sur celles des propor- tions des pennes de l'aile, ou plutôt sur les habi- tudes qu’elles déterminent, que repose toute la théorie de l’art du Fauconnier. Celui-ci doit sur- tout exceller dans l'habitude de choisir le Faucon, de l’élever,de le dresser, et aussi de soigner sa santé, Les oiseaux que l’on emploie de préférence sont les oiseaux de proie nobles; ils joignent aux ca- ractères des rameurs celui d’avoir les ailes aiguës, c’est-à-dire à deuxième rémige la plus longue: ce sont les Gerfauts, que l’on faisait venir à grands frais de la Norwége ; les Faucons proprement dits, distingués en Faucons sors et Faucons hagards ; les Emerillons, les Eperviers et les Hobereaux. On les dressait, selon leur forceet leur instinct, pour sept sortes de chasses : pour le milan, le héron, la corneille, la pie, le lièvre, pour les oiseaux de champs et pour ceux de rivières : quelquefois aussi les plus grands étaient dirigés contre les cerfs et surtout les chevreuils: chaque sorte de chasse, chaque espèce d’oiseau demande une éducation (AffaitageY particulière. Les procédés varient éga- lement suivant que ces animaux ont été pris au nid, ou bien qu’on se les est procurés à la chasse, Lorsqu’ils ont été dressés, ce qui demande quel- quefois trois semaines où un mois, souvent même davantage, et en général un espace de temps d’au- tant plus long qu'ils sont d’une taille plus forte; lorsqu'ils ont été dressés, on les nourrit avec de la tranche de bœuf ou du gigot de mouton , coupés par morceaux et toujours débarrassés de la graisse, du tissu cellulaire et des parties tendineuses. On ne leur donne en général le P&t où nourriture qu’une seule fois par jour; mais pendant la mue, sans en augmenter la quantité, on le divise en deux portions. La veille d’une chasse la portion doit être plus petite que les autres jours, et quel- quefois on prépare le Faucon , ou comme disaient les gens de l’art, on le cure au moyen d’un laxa- tif. Dans la saison des amours, qui a lieu au com- mencement du printemps, on a coulume, pour rendre les femelles infécondes ou apaiser les dé- sirs des mâles, de leur faire avaler de petits cail- loux ; mais on s'expose à troubler leurs fonctions digestives, et probablement on obtiendrait bien mieux le résultat cherché en diminuant la quan- tité des alimens. Pendant l'été les oiseaux de proie sont placés dans des licux frais, où on a mis du gazon, sur lequel ils aiment à se reposer. On place au milieu d'eux un bassin où ils peuvent se baigner, et si l’on remarque qu'ils ne le font pas, on doit les y plonger au moins une fois chaque se- maine. Le Chaperon est la coiffe que l’on place sur Ja tête du Faucon dressé pour le vol; on ne le lui retire que lorsqu'on le lance. On doit avoir soin de les nettoyer; de plus, comme on renferme souvent les oiseaux dans une chambre où le jour ne pénètre pas, il faut leur laisser pendant quel- que temps de la lamière pour qu'ils puissent s’ar- ranger le plamage. En hiver on les tient presque constamment renfermés, et il est nécessaire de leur faire venir la lumière du dehors. Quelquefois on les place dans des chambres échauflées ; mais comme le plus souvent ces animaux appartiennent à nos contrées, ou qu'ils viennent comme les Ger- fauts de pays plus froids, il suffit de les tenir dans un lieu abrité. La Fauconnière est l'endroit où l’on tient les oiseaux de proie, et le Fauconnier l'homme qui les soigne. (Genv.) : FAUNE, (z0or.) On donne le nom de Faune à un ouvrage spécialement consacré à la description des animaux qui vivent dans une circonscription plus ou moins restreinte: une île , une province, un état, un continent. La Faune devrait faire con- naître les animaux de toutes les classes : maïs mal- heureusement il n’en est pas toujours ainsi, et l’on peut dire que le plus souvent ce qu’on appelle de ce nom, n'est qu'une Faune partielle, un extrait de Faune. Un travail complet sur les animaux d’un pays serait une chose très-utile, mais dont l’achè- vement offre les plus grandes difficultés; la vie d’un seul homme ne pourrait certainement y suf- fire; c’est pourquoi plusieurs naturalistes se réu- nissent ordinairement, chacun apportant à la masse commune ce que ses observations spéciales lui ont fourni. La France, l'Angleterre , l'Italie , la Russie, etc. , sont, en Europe, les pays dont la Faune est le plus avancée; maïs nul ne peut se flatter d’en posséder une qui soit complète. Les Faunes générales sont énormément tronquées où restent inachevées, et les Faunes partielles, sou- vententachées des mêmes défauts, s'appliquent or- dinairement à un espace trop étroitement limité. : Les savans, il faut le dire , et les hommes qui nous gouvernent , ne savent pas apprécier quelles diffi- cultés s’élèvent-contre des travaux de ce genre, qui sont certainement les plus pénibles de tous ; et maintes Faunes restent chaque jour incomplè- tes, faute de souscripteurs qui viennent contri- buer à leur publication : le gouvernement entre- tient à grands frais des voyageurs dans des contrées lointaines , et iln’a pas d’encouragemens pour les auteurs de la Faune nationale, Vosce pa- triam, a dit avec raison un auteur peu connu, ef postea viator cris. Les parties de la zoologie dont la Faune est le plus avancée sont certainement celles des oiseaux et des mammifères ; les premiers, surtout, ont été bien étudiés par Buffon, Temminck et le savant Vieillot ; Levaillant doit aussi être placé au pre- mier rang ; les matériaux nombreux qu’il a acquis à la science, et les beaux ouvrages qu’il a publiés à ses frais, lui ont certainement mérité cet hon- neur, Quant aux autres classes du règne animal, elles sont toutes fort incomplétement connues, et, quoiqu'on ait publié sur les insectes un très- grand nombre de Faunes, voire celles de pays qu'on n’a jamais observés par soi-même, ces animaux sont encore bien loin d’avoir été tous re- cueillis : lamoitié peut-être reste encore à découvrir. FAUS RE Re «AU RRREERERREEERRE L'Europe est certainement loin d’être connue ; mais cependant on peut dire que c’est la partie du globe sur laquelle on possède le plus de faits. Vient après elle l'Amérique du nord , que les zoologis- tes de ce pays exploitent avec un zèle vraiment digne d’éloges. Mais aucune autre région ne peut plus être mise sur la même ligne; cependant on peut dire que l'Inde a révélé aux voyageurs fran- çaiset hollandais un grand nombre de ses produits; que le cap de Bonne-Espérance , souvent visité, commence également à être connu, et qu'un ou- vrage considérable se publie maintenant sur l’Amé- rique du sud, et doit ajouter beaucoup à ce que d'Azara, Molina, Maximilien de Neuwied et les circumnavigateurs francais ou russes ont publié | . O CET . sur les animaux qui l’habitent. (GEnv.) FAUNE. (z0o1.) Ce nom a été appliqué à une espèce de Singe et à un papillon du genre Satyre. On l'avait aussi donné au genre de Coquillesnommé Mélanopside par Férussac. (P. G.) FAUSSE. (2001. 8or.) Nous ne pouvons mieux faire, pour donner une idée de l'emploi immodéré que les anciens ont fait de ce mot, et pour faire connaître la cause de cet abus, que de reproduire l'article original que M. Bory de Saint-Vincent a publié dans le Dictionnaire classique d’histoire naturelle, t. vi, p. 432. Voici comment il s’ex- prime à ce sujet. « Lorsque l’on commenca à s'occuper sérieu- sement des sciences naturelles, on sentit de suite l'importance des noms à l’aide desquels on peut fixer les idées qu’on doit se faire de chacune des choses auxquelles ces noms sont imposés. On voit ‘que cette importance attachée aux noms propres est consacrée par les traditions religieuses , puis- que le premier soin du Créateur, après avoir com- plété son œuvre par la formation du premier homme , fut, selon les livres saints (Genèse, chap. 2, vers 19), d'amener tous les animaux terrestres et les oiseaux du ciel devant cet homme, afin qu'il vit comment il les appellerait, et ce nom qu'Adam donna à chacun des animaux est son nom véritable. On trouve plus bas ( vers 20 ) : « Adam appela tous les animaux d’un nom qui leur était propre, tant les oiseaux da ciel que les bêtes de la terre. » Il n’est pas dit un mot des êtres aquatiques ni des végétaux, comme s'ils fussent demeurés anonymes. On a vu , cependant, au mot Brayera, quelle importance les Arabes, entre autres, attachent aux noms des plantes, sans exa- miner si celle nomenclature adamique s’est perdue pendant le déluge, ou si, Noé s’en étant servi pour faire l'appel des couples qu'il conserva dans son arche, elle ne disparut qu'au temps de la tour de Babel. Nous nous bornerons à faire remarquer quelle importance on attacha à la valeur des noms, puisqu'on en supposa la source toute divine. De là, sans doute, ce soin minutieux que tant de commentateurs mirent à savoir quel était le nom véritable de tel ou tel objet dans cette antiquité qui n’élait pas moins respectable à leurs yeux que les sources sacrées. Quand ces commentateurs croyaient avoir deviné ce que leurs devanciers 171 FAUS durent désigner par des noms, certainement ar- bitraires dans l’origine, pour ne point déplacer ceux qu'on affirmait être véritables, les mots Pseudo, Faux, Fausse, servirent à indiquer les êtres qu'on pouvait à la rigueur rapprocher de ceux dont on avait trouvé le prétendu nom, mais qu'il fallait bien se garder de confondre. Cepen- dant il n’y a ni vraies ni Fausses désignations dans une acception rigoureuse pour les objets na- turels. Variant avec les langages , dont ils forment la base, les noms propres de tous les corps ne peüvent devenir véritables que selon la valeur dé- terminée par une définition méthodique , qui res- ireint invariablement cette valeur a tel ou tel objet, sans qu’on en puisse appeler un autre faux selon qu’il lui ressemble plus ou moins.(77, Nomex- GLATURE et SysTbme.) Ges noms de faux ou Fausse doivent donc être proscrits de la science , et c’est seulement pour montrer l’abus qu’on en fit, ou pour l'intelligence de quelques ouvrages répandus où l’on employa de tels noms, que nous mention- nerons ici les principaux exemples d’un tel abus. On a mal à propos appelé : Fausse AIGUE-MARINE. ( mi. ) Une variété de chaux fluatée transparente, d’un bleu verdâtre , cristallisée ou amorphe. Fausse AILE DE PAPILLON. (mour.) Le Conus ge- nuatus. Fausse AmBRoIsIE. ( sor. puaN. ) Le Cochlearia coronopus , L. Fausse AMÉTaYsTE, (an.) La chaux fluatée vio- lette. Fausse ARGHE DE NoË. ( moux. ) L’Ærca imbri- cata, L. Fausse cAnNeLLe. (BoT.) Le Laurus cassia. Fausse cméripoine. (min. ) De petites calcédoi- nes lenticulaires , qu’on trouve roulées dans cer- tains ruisseaux du Dauphiné , et qui sont la même chose que ce qu’on appelle aussi vulgairement et mal propos Pierre d’hirondelle. Fausse caenixze. (mozr.) Une Gérithe voisine du Cerithium granulatum. Fausse cHenizze. (1ns.) Les larves de quelques Hyménoptères , de la famille des Uropristes. Fausse carysozirae. (min.) Le quartz hyalin de couleur jaune verdâtre. Fausse cocoquinre. ( BoT. ) Une variété de courges. Fausse pierrazs. (8or.) Le Dracocephalum vir- ginianum, L. Fausse FEUILLE. ( B0T. pnan. ) Le Poylgonum aviculare, L. Fausse rRIGANE. (ins. ) Le genre que Geoffroy a nommé Perle, Fausse GALÈNE. (win. ) #, Zinc suzruré. Fausse GALLE. (INs.) V7, Gazze. Fausse GeRMANDRÉE. (por. pHan. } Le Veronica chamædrys , L. Fausse GIROLLE. (BOT. crypT.) Ÿ. GiROLLE. Fausse quimauve. (BoT. puan. ) Le Sida abuti- lon, L. Fausse HyAGINTHE. (B0T. PHAN.) Le quartz trans- parent de couleur roussâtre, 00 FAUV Fausse mis. (BoT. Pran. ) Le Morea chinensis. Fausse ivre. (BoT. Puan.) Le T'eucrium pseudo- chamæpytis , L. Fausse mnorre. (ors.) Le Motacilla palmarum. Fausse Lysimacmir. (Bor. PHan.) L’Æpilobium angustifolium , L. £ Fausse mazacnire. (mn.) Le jaspe vert. Fausse musique. (mozr.) Une variété du Voluta musica. Fausse nacsorre. (pois.) La même chose que les nageoires adipeuses. Fausse orgie DE Minas. ( mor. ) Une variété du Bulimus hematostomus. Fausse oroNGE. (BoT. crypr.) Une espèce d’a- garic qui passe pour vénéneuse , Agaricus pseudo- aurantiacus, ainsi nommée par opposition à l_4- garicus aurantiacus , manger délicieux, fort sain , et qui présente beaucoup de ressemblance avec elle. Fausse PLANTE MARINE. (roryr.) Les divers po- lypiers phytoïdes, que les anciens botanistes avaient regardés comme des végétaux. Fausse pomme. (por. pan. ) Une variété de Courges. Fausse nÉqussE. (mor. ruan.) L’Astragalus gly- ciphyllos, L. Fausse raugange. (BoT. pan. ) Le Thalictrum flavum, L, Fausse noss. (BOT. PHAN.) Uneexcroïssance feuil- lée, que la piqûre de certains insectes occasione quelquefois à l'extrémité des rameaux des saules. Fausse sauce Des pois, (or. PHAN.) Le T'eucrium scorodonia , L. | Fausse scazara. (moL.) Le Scalaria clathrus. Fausse rerGne. (ins. ) Dans Réaumur, les tei- gnes dont les larves quittent leur fourreau pour marcher. Fausse rrare. (mozr.) Le Strombus palustris. Fausse TINNE DE BEURRE. ( Moiz. ) Le Conus glaucus. < Fausse ropaze. (min.) La même chose que la Fausse chrysolithe. Fausse vipère. (REPT.) F. ERPÉTOLOGIE. . Fausses RaprËes. ( Box. pan. } Nom donné par M. De Candolle à des corolles labiatiflores , qui ont la lèvre externe des corolles extérieures beaucoup plus grande, de manière à représenter au premier aspect une fleur radite. Fausses rRACuÉEs. (por. puan. ) On désigne ainsi des tubes ou vaisseaux séveux qui offrent de distance en distance des fentes transversales, et ressemblent ainsi un peu aux véritables trachées ou vaisseaux spiraux, W, Vaisseaux. FAUVES (mères). (maw ) On donne vulgaire- ment ce nom aux Gerfs que l’on nourrit dans les forêts pour leur donner la chasse. En général, on appelle bêtes Fauves tous les animaux qui vivent à l'état sauvage. (Guér.) FAUVETTE , Luscinia. (o1s.) Nous avons indi- qué, en parlant des Becs-fins, presque toutes les es- pèces de ce groupe qui se trouvent en Europe. En effet, les Fauvettes ne diffèrent pas assez des au- 172 ES FAUX tres Sylvia pour qu’on en fasse un genre distinct. Ce sont des oiseaux à plumage assez varié, mais ordinairement brun ou roussâtre, et dont le chant est assez agréable ; leur bec est mince, effilé , droit et pointu ; leur queue moyenne et arrondie ; leurs tarses sont longs et grêles, et leurs ailes assez étendues. On trouve ces oiseaux sur tous les points de la terre, maïs surtout en Europe. M. Lesson , qui les a considérés, d’après Bechstein, comme formant un genre à part et distinct des Rossignols, des Rouges-queues, des Traquets, des Rousserolles et des Accenteurs, compte parmi eux cinquante- six espèces. | On connaît parmi les Accenteurs, ÆAccentor , quatre espèces, toutes d'Europe et d'Asie; ce sont : ACGENTEUR PÉGOT où DES Azres, Accentor al- pinus , Vieill, qui vit dans la chaîne dont il porte le nom , ainsi que sur quelques montagnes élevées de la Toscane et dans quelques localités de la Pro- vence. Un individu a été tué dans le jardin du collége de Cambridge, en Angleterre. AGGENTEUR CALLIOPE , Acc. calliope, Temm. On le trouve en Sibérie, au Kamtschatka et au Japon; il visite souvent la Crimée, et a été tué dans les provinces méridionales de la Russie. Il se perche, dit-on, sur les sommités des arbres, et chante agréablement. C’est un oiseau long de six pouces, comme le Pégot, mais plus svelle. ACCENTEUR MOUCHET, Acc. modularis , Temm. C’est la Fauvette traine-buisson de beaucoup de naturalisies , et le Pégot mouchet de Latreille. On le trouve dans une grande partie de l'Europe, il n’est pas rare en France. ÂGCENTEUR MONTAGNARD , Accentor montanellus, Temm. Il habite principalement la Sibérie et quelques parties de la Russie européenne ; il visite quelquefois la Crimée; mais il ne vient qu’acci- dentellement en Hongrie, et se voit très-rarement en Italie. (GERV.) FAUX. (7001. BoT. ) Ce qui a été dit au mot Fausse s’applique également à celui-ci. Voici un choix des noms les plus importans en histoire na- turelle qui sont précédés du mot Faux. Faux acacra. ( BoT. PHAn. ) La première es- pèce de Robinier qui ait été connue en Europe. Faux AcMELLA. ( BoT. PnAN. ) Une espèce du genre Acmelle. Faux aconus. (BorT. PnAn.) Une espèce d'fris. Faux Azsarre. (miN.) Même chose qu’'Alabas- trite Faux ALUN DE PLUME. (min. ) L’Asheste, le Gypse fibreux. Faux amour. (or. pan.) Le Aibes nigrum, L. Faux aparx. (mor. pHan. ) Le Bignonia cruci- gera, L. Faux arpousier. (BoT. PHAN.) Le Cunonia ca- pensis, L. Faux ancenT. (mx.) Même chose qu’Argent de chat, variété de Mica blanc argentin. : Faux assasre, (in.) L’Amphibole fibreux blan- châtre. FAUX 155 FAUX Faux aspmonèze. (8or. PHaAn.) Les Anthericum calyculatum et ossifragum de Linné. Faux gaume pu P£Rou. (BoT. pHan.) Le Afeli- lotus cæruleus , L. Faux BEnNvoIN. (BoT. HAN.) Le Terminalia an- gustifolia de Jacquin, qui a l’antériorité de nom sur le Z'erminalia benzoin de Linné fils. Faux Bois. (BoT, PHan.) Même chose qu'Aubier, On se sert du même terme pour désigner les branches d'arbre qui ne doivent pas donner de fruit. Faux BOIS DE CAMPHRE. (BOT. PHAN.) Au cap de Bonne-Espérance, le Selago corymbosa. Faux somsyx, Voctua bombyciges. (ins.) Tribu d'Insectes, de l’ordre des Lépidoptères, famille des Nocturnes, ayant toujours les ailes inclinées en forme de toit , et la languette très-distincte et plus longue que la tête. Les Papillons qui compo- sent cette tribu sont très-semblables aux Bombyx, aux Hépiales et aux Gossus, elc. ; mais les carac- ières que nous avons présentés les en séparent. Les genres Arctie et Callimorphe composent cette tribu. On pourrait y ajouter les Lithosies et quel- ques Tinéites. Faux Bourpow. (ixs.) Réaumur a donné ce nom à plusieurs Hyménoptères du genre Bombus. On nomme vulgairement Faux bourdons les mâles des Abeilles. V. ABeies. Faux srésiLzer. (BoT. PHAN.) Même chose-que Comocladia. Faux suis. (or. Han.) C’est, aux îles Maurice et de Mascareigne , le F'ernelia de Commerson et le Murraya ou Buis de Chine, ct en France, le Fragon commun. Faux caBesTan. (mozc.) Le Murex cutaceus. Faux car£. (por. PxAN.) C’est pour les Nègres de Saint-Domingue les graines du Ricin, et dans les îles de France et surtout de Mascareigne , di- verses espèces de Caféiers sauvages. Faux cALAMENT. (80T. PHan.) Même chose que : Faux acorus. Faux cmamaras, (por. PHan.) Le T'eucrium sco- rodonia. L Faux cnervi. (BoT. pan. ) La Carotte sau- vage. | Faux cHouanx. (BoT. rHAN.) La semence du Myagrum orientale. Faux cisre. (or. pmAn.) Le Turnera cistoides. Faux corair. (Poryr. ) Divers Madrépores et Polypiers. Faux cresson. (BoT. PxAN.) Le Veronica becca- bunga. Faux cumin. (mor. pHAn. ) Les graines de Nielle, Faux cyrise. (por. PHaN.) Une espèce d’Anthil- lide et un Gytise. Faux DIAMANT ou JARGON. ( min. ) Voyez Dia- MANT. Faux DICTAME. (BoT. pra.) Un Marrube. Faux ÉBéNiER. ( mor. puan. ) Le Cytise des Alpes. Faux ELLésore. (nor. PHan.) Divers végétaux qu'on avait pris pour l’Ellébore des anciens, qui était à ce qu'il paraît l’ZZelleborus orientalis de Tournefort, Faux FROMENT. (BOT. PHAN, ) L’Avena ela- tior , L. Faux GrENAT. (mix.) Selon Bomare , un cristal d’une couleur obscure , tirant sur le noir, Faux HERMODACTYLE Ou HERMODACTE. ( BOT. PHAN.) L’/ris tuberosa. | Faux innico. (por. pxan. ) Divers Galegas, particulièrement l’Officinal et lÆmorpha fruti- cosa. FauxiPÉcacuanna. (por. PHAN.) Divers végétaux exotiques, dont la racine a été employée en place d'Ipécacuanha véritable; tels que le Cephælis eme- tica , le Cynanchum vomitorium , Y Todinium eme- ticum et le Psichotria emetica. FauxzaLar. (por. PHAN.) Le Wirabilis jalapa, L. Faux sasmn. (8or. Pan.) Le T'ecoma radicans, anciennement un Bignonia. Faux zapis. (un. ) Même chose que Pierre n’Ar- MÉNIE. W, ce mot. Faux zoriEr. (or. pran.) Le Glinus lotoides. Faux corus. (gor. pyan.) Le Diospiros lo- tus, L. Faux Lupin. (sorT. PHAN.) Une espèce de Trèfle, Faux MÉLANTRE. (B80T. PHAN. ) L’Agrostemma cælirosa , L. Faux mérëze, (2or. pHan.) L’Æspalathus cheno- poda. Faux MéÉuiLoT. (8oT. Pnan.) Le Lotus cornicu- latus, L, Faux nangisse. (Bor. PHan.) L’ÆAnthericum sero- tinum, L., et une espèce même de Narcisse, Faux narp. (B0T. PnAN.) Diverses plantes, mais plus particulièrement l’Allium victorialis, L. d Faux nérLier. (8or. PHAN.) Le Mespilus chamæ- mespilus , L. Faux or. (wix.) Même chose qu'Or de chat, variété de Mica d’un beau jaune. Faux PIMENT. (BoT. PHAN. ) Une espèce de Mo- relle , et le Schinus molle. Faux risracaier. ( BoT. PHAN. ) Le Staphilea pinnata , et en Amérique, le Royena lucida. Faux PLATANE. (goT. puan.) Un Erable. Faux poivre. (g0r. PHAn.) Le Piment, Faux PrRASE Où PSEUDO-PRASE, (in. ) Un quartz agathe verdâtre , selon Patrin. Faux PRÉciIrITÉ. ( min. ) Ancienne désignation, maintenant totalement abandonnée, de quelques oxides insolubles que l’on préparait, soit en calci- nant un métal, soit en le dissolvant auparavant dans un acide, et décomposant ensuite par la chaleur; sans employer la solution par un alcali des sels qui avaient été produits. Faux PucEroN. (ixs.) Le genre Psylla de Geof- froy, dans Degéer et dans Réaumur. Faux quiNQUINA. (BoT. paan.) L’/va frutescens , et le Senecio pseudochina. Faux RarrorT. (Box. pHan. ) Le Cochlearia rus. lca. ù É Faux ruBis. (min.) W. Quarrz. Faux sanTaL. (Bot. PHAN.) L'arbre mentionné sous ce nom dans Sloane paraît être le Cæsalpinia FAVO brasiliensis ; à Candie on donne ce nom à l’Ala- terne. Faux sapmim. (mix.) Une varicté de Dichroite, et quelquefois de la chaux fluatée de couleur bleue. Faux sapin. (mor. pxan. ) L’Æippuris vulgaris. Faux sconpium. (Bor. Puan. ) Le Teucrium sco- rodonia. Faux sconpron. ( ancun. ) La Pince des livres, Chelifer de Geoffroy. Faux serez. (2oT. Pnan.) L’{vena elatior , L. Faux séné. (or. PHan.) Le Baguenaudier. Faux srwarouBa. ( BOT. PHAN. ) Le Bignonia coupaia. Faux soucueT. (207. PHAN. ) Un Carex et le Schœnus mariscus , L. Faux sycomore. (80T. PHAN.) l’Azédarach. Faux Tagac. (BoT. pan. ) Le WVicotiana rus- tica, L. Faux Técescore. (mouz.) Ÿ. Cuirzer À por. Faux rué. (Bor. Pan.) L’Ælstonie thea. Voyez SYwWPLOCOs. Faux ruzaspr. (Bot. PHAN.) Le Zunaria an- naua, L. Faux ruuya. (B0T. PHAN.) Une espèce deCyprès. Faux Trèrze, (BOT. PHAN.) Le Paullinia astalica. Faux TREMBLE. (B0T. PHAN. ) Un Peuplier de l'Amérique septentrionale. Faux TRoËNE. (BoT. pan. ) Le Cerasus padus, De Gandolle, Faux Turgirn. (BoT. rnan. ) Les racines du T'hapsia hirosta, et du Laserpitium latifolium. à Faux verricizce. (por. Pan. ) Les Verticilles incomplets, dans lesquels lesfleurs ne partentpas de tout le pourtour de l’axe, et y laissent des intervalles. Tels sont ceux qu’on trouve le plus dans les La- biées , appelées cependant Verticillées , tandis que le Verticille est vrai dans l’'Hippuris, par exemple. (Guér.) : FAVIOLE, FAVEROLLE et FAVEROTTE. (8or. PHan.) On donne ce nom, dans les cantons méridionaux de la France, aux haricots et aux petites fèves ; ces dernières portent aussi le nom de Gourganes. (GuËr.) FAVONIE, Favonia. (zoorx. rorvr.) Genre réuni aux Orythies de Lamarck , proposé par Péron et Le- sueur dans leur beau travail sur les Médusaires, et dont voici les principaux caractères : point d’es- tomac, des pédoncules au lieu de tentacules, bras garnis d’un grand nombre de sucoirs , etc. Deux espèces seulement, les Æavonia octonema et hexa- rema composent ce genre. Ÿ. Onvrmes. (F.F.) FAVOSITE, Zavosites, (zoopn. pouxr.) Genre de l'ordre des Tubiporées, de la division des Polypiers entièrement pierreux et non flexibles, formés de tubes distincts et parallèles, à parois internes et lisses, établi par Lamarck , et dont voici les carac- ièrés : polypicr pierreux, simple, de forme va- riable, composé de tubes parallèles, prismatiques, disposés en faisccäu, contigus, pentagones ou hexagones, plus ou moins réguliers, rarement ar- culés, et simulant assez bien Jes roches basalti- ques des terrains volcaniques, 174 FÉCO é La Les Favosites diffèrent des Eunomies et des Ca ténipores par la forme prismatique de leurs tubes, des Microsolènes par leur unilormité qui-est con- stante, et des Tubipores par leur contiguité. On les rencontre dans les terrains secondaires et dans ceux de transition. (F.F.) FAVOUETTE. (mor. Pman.) C’est l’un des noms vulgaires de la Gesse tubéreuse, (Guér.) FAYARD. (æorT. pnan.) Dans le midi de la France on donne ce nom au Hêtre. Il est évidem- ment dérivé du mot latin fagus. (Voy. HËrrs.) (Guér.) FÉCONDATION. (z001.) La Fécondation est l'acte au moyen duquel les ovules ou germes con- tenus dans l’ovaire des femelles sont devenus sus- ceptibles de développement par l'influence du mâle. C’est, comme l’on voit, le but de l’accou- plement et le point de départ du développement du fœtus. La Fécondation est donc l’acte fondamental de la reproduction , celui à l’accomplissement duquel tous les autres semblent concourir. Mais c'en est peut-être aussi le point le plus obscur; et, comme dans tous les actes les plus importans de l’orga- nisme, nous trouvons le mystère de la Féconda- tion recouvert d’un voile épais qu’il n’est pas sans doute donné à l’homme de soulever compléte- ment, Dans les animaux vertébrés, deux êtres con- courent à la reproduction ; ces deux êtres appor- tent en naissant deux appareils d'organes destinés à remplir l'acte qui doit perpétuer l'espèce. Chez le mâle, c’est un appareil de sécrétion qui doit fournir la liqueur fécondante; des canaux qni doivent la charrier, soit dans un réservoir où elle va s’accumuler, soit dans le canal dont est creusé l'organe générateur mâle destiné à porter la liqueur f£condante dans les organes sexuels de la femelle. Chez cette dernière, l’appareil reproducteur se compose de l'ovaire qui doit sécréter les ovules, sorte de petits corps arrondis, composés d’une” matière pulpeuse ou liquide, et contenus dans un petit sac membraneux; et d’un coùduit (trompe, oviducte) qui doit donner passage aux ovules, soit seulement pour être arrosés par la liqueur sé- minale du mâle, soit pour être en même temps déposés dans une cavité (utérus, matrice) , où le germe ainsi fécondé doit se développer jusqu'au terme voulu pour son expulsion. Cependant,‘ quoique munis de deux appareils organiques , les deux êtres ne sont pas aptes à se reproduire lors de la naissance. C’est seulement à une certaine époque plus 64 moins éloignée que cette faculté de reproduction) se manifeste, Alors les organes de la génération, qui avaient sommeillé pour ainsi dire jusque-là, se réveillent tout à coup ; de rudimentaires qu’ils étaient , ils acquièrent un développement considérable ; le testicule sécrète la liqueur séminale, les ovules se développent dans l'ovaire, et alors les deux êtres, par leur réunion (copulation), sont devenus susceptibles de se re - produire, l’un en apportant dans cet acte admi- rable un germe qui contient les rudimens d'un om FÉCO 179 FÉCO 0 nouvel être , l’autre en apportant la liqueur fécon- dante qui doit donner au germe l'impulsion orga- nique, et sans laquelle il ne serait qu'un corps inerte. Si les détails varient quant à la réunion des sexes, le but est toujours le même; ce but, c’est le contact matériel de la liqueur séminale avec l’ovule produit par les femelles. Mais que se passe t-il alors ? par quelle réaction, ar quelle combinaison organique l’ovule se trou- ve-t-il fécondé ? c’est ce qu'il faut tâcher d'étudier et de découvrir. Pour cela il faut que nous exa- minions ‘la composition organique de la liqueur séminale; que nous prenions une connaissance exacte des ovules de la femelle ; c’est alors seule- ment que nous pourrens peut-être soulever une partie du voile qui recouvre cet acte mystérieux , et nous serons en état de suivre et de comprendre les phénomènes qui se passent depuis le moment où l’œufet la liqueur prolifique entrent en con- tact, jusqu’au moment où toules les parties du nouvel être pourront être distinguées. L'étude de la liqueur séminale a vivement piqué la curiosité des observateurs; plusieurs natura- listes des plus distingués l'ont soumise au micro- scope et: ont signalé dans ce liquide la présence d’animalcules. Cette découverte intéressante fut faite en 1677, par Ham et Lewenhoeck d’une part, et de l’autre par Hartsæker : depuis lors les tra- vaux de Buffon, de Spallanzani, de Bory-de-Saint- Vincent sont venus jeter quelque jour sur ce fait intéressant. La liqueur séminale, examinée au microscope, présente une foule d'animaux semblables dans cha- que espèce pour leur forme, leur grandeur et leur mode de locomotion. Leur:extrémilé antérieure est généralement renflée; leur extrémité postérieure, terminée par une queue longue, flexible, semble servir à leur locomotion. Les mouvemens sont en général rapides ; ils se font presque toujours en avant, jamais en arrière ; enfin, pour leur forme et pour leur mouvement, on ne saurait mieux comparer ces animaux qu'aux pelits têtards des Grenouilles. Ces animalcules se retrouvent dans le liquide. éjaculé, dans celui que renferme la glande quile sécrète, l’épididyme, le canal déférent; ils ne se rencontrent pas toujours dans les vési- cules séminales, comme chez le Hérisson, et jamais ils n’existent dans le liquide fourni par la rostate, qui ne présente au microscope que de simples globules. Lesmouvemens de ces petits êtres, d’abord irès-vifs quand on les examine, se ralen- tissent successivement , et en général ils cessent complétement au bout de deux heures. Considérés chez les divers animaux, ces ani- malcules offrent quelques variétés. Ainsi le Cochon d'Inde présente des animalcules dont le corps est un peu allongé ; chez le Surmulot , les animalcules ont un corps excessivement long, leur tête est moins volumineuse que le corps, de sorte qu'ils ont la forme de lVAnguille et nagent comme elle. Chez le Cheval, on a évalué leur longueyr à 0% 050 à 0, 099. Leur tête est arrondie et re- ‘ Marquable par un point globuleux et clair qui en occupe le centre. Chez l’Ane leur longueur est à peu près la même et leur tête paraît plus ovale. Chez le Taureau leur forme est à peu près la même , seulement, d’après Gleichen qui a souvent eu occasion de les étudier, leur tête est dépourvue du point globuleux que présentent les animalcules spermatiques du Cheval et de l’'Ane. Chez le Be- lier, chez le Bouc, les animalcules sont remarqua- bles par une extrême vivacité dans leurs mouve- mens, vivacité qui se retrouve aussi daps les ani- malcules spermatiques du Lapin. Chezles Oiseaux l'on retrouve encore les mêmes animalcules dans la liqueur séminale; leur tête plate et circulaire se présente souvent de côté, de sorte qu’elle pourrait échapper à l’œil sans un examen un peu attentif; leur queue très-eflilée ne jouit pas de mouvemens particuliers. Chez la Grenouille, la liqueur est tellement remplie de ces petits animaux, qu'il faut l’étendre d’une certaine quantité d’eau pour pouvoir les dé- couvrir. Is sont courts, leur tête est aplatie, oblongue et garnie dans son centre d’une tache claire. Chez la Salamandre ils sont fort longs, leur tête est fortement aplatie ; ils se meuvent à la manière des serpens et d’autres fois se courbent sur eux-mêmes comme un arc qui serait fortement tendu. Chez les Wipères, VOrvet, la Couleuvre, les Lézards gris et vert, les animalcules se rap prochent beaucoup de ceux des mammifères, La laite des poissons fourmille d’un grand nom- bre d’animalcules qui, pendant long-temps, ont été regardés comme globuleux. Des recherches faites avec des instrumens plus parfaits ont permis de découvrir chez eux une queue qui avait tou- jours échappé à cause de son excessive brièvelé, Parmi les Mollusques , V Escargot , les Limaces, les Limnées, ont aussi des animalcules spermati- ques, dont le corps, long et ondulé comme chez la Salamandre , se termine par une tête ovale. Les mêmes particularités se retrouvent aussi dans la liqueur séminale de l’homme; et des ani- malcules , peu différens de ceux que l’on observe chez les mammifères, ont été aussi découverts chez lui. L'absence des animalcules spermatiques a été constatée dans certains cas. Ainsi chez les oiseaux on n’en observe pas dans la liqueur séminale passé le temps des amours. Ghez eux, on voit l'organe sécréteur augmenter considérablement de volime à cette époque, et en même temps le liquide présenter des animalcules nombreux. Cependant le Coqet le Pigeon domestique font exception à cette règle.let chezeux l’on rencontre constamment des animalcules spermatiques, même aux époques où il est impossible d'en trouver chez les autres oiscaux. Cette absence d’animalcules spermati- ques a été aussi constatée chez le Mulet ; la liqueur lécondante de cet animal ne présente que des glo- bules , et l’on sait quels sont les doutes que l’on élève sur la puissance de reproduction de cet ani- mal. Chez des añimaux qui n'avaient pas encore alteint owqui avaient dépassé l'âge de la repro- “ RP FÉCO 176 FÉCO oo duction , l’on n’a trouvé également que des globu- les dans la liqueur spermatique. Enfin l’on a pré- tendu que chez l'homme la syphilis peut produire Jimpuissance. MM. Bérard et Richerand, dans leur Traité de Physiologie , affirment que des in- dividus qui n’avaient pas pu avoir d’enfans en ont eu après un traitement antisyphilitique complet ; ce fait semblerait s’accorder avec ce que l'on avait dit déjà depuis long-temps, que, chez les in- dividus qui sont sous l'influence d’une syphilis constitutionnelle, les animalcules spermatiques sont rares, jouissent de très-peu de mouvemens et paraissent malades. Tous ces faits semblent bien prouver qu'il existe des rapports intimes entre la présence des animal- cules spermatiques et la faculté qu'ont les ani- maux de se reproduire, puisque ces animalcules existent toutes les fois qu'il y a faculté reproduc- trice, puisqu'ils manquent avant l’époque où cette faculté se développe , qu’ils paraissent avec elle, disparaissent au contraire , soil! temporairement comme chez les oiseaux , soit pour toujours comme chez les animaux âgés, à mesure que la puissance de la reproduction disparaît aussi, soit temporai- rement , soit pour toujours. Quelle est maintenant l'influence de la liqueur séminale sur les ovules ? Des expériences ont été faites à ce sujet; des Fécondations artificielles ont pu être produites sur des œufs de grenouille mis en contact avec la liqueur séminale du mâle. Plon- gés dans de l’eau pure, ces œufs ne tardent pas à se patréficr; si, au contraire, on a exprimé dans ce liquide la liqueur séminale contenue dans l'organe sécréteur du mâle, on voit ces œufs subir des mé- tamorphoses que des observateurs onteula patience de suivre heure par heure pendant plusieurs jours et plusieurs nuits. Ces changemens sont une sorte de plissement des plus remarquables, et au bout de quelques heures le développement vers la ci- catricule de l'œuf, d’un petit corps linéaire, pré- sentant un renflement antérieur, et qui est le ru- diment de la moelle épinière autour de laquelle doit s’opérer l’évolution de tous les organes. Ges mêmes expériences ont démontré que si, à l’aide de l’explosion d’une bouteille de Leyde, on vient à faire périr les animalcules, ou bien si on les enlève de la liqueur en la faisant passer à travers plusieurs filtres superposés ; les changemens notés plus haut ne surviennent pas et la Fécondation n’a pas lieu. Pour que la Fécondation ait lieu , il faut un con- tact matériel de la liqueur spermatique avec un ovule. Aussi considérerons-nous comme une hypo- thèse cette opinion qui consiste à admettre une sorte d’évaporation spermatique (aura seminalis), qui se répandrait dans les organes reproducteurs de la femelle. Mais où se passe ce contact matériel de la liqueur séminale? ce point varie dans les diverses classes des animaux. Tantôt ce contact se fait à l'extérieur des organes de la génération, et par conséquent est plus facile à saisir : chez les poissons , par exemple, la femelle pond ses œufs, pressée par un besoin naturel et probablement à cause de la gêne que produit la distension de l’ab- domen ; le mâle passe au dessus au bout d’un cer- tain temps et laisse échapper la liqueur séminale qui vient les féconder. Chez la grenouille , à l’épo- que des amours, la grappe des ovaires présente des œufs qui ne doivent être rendus que l’année suivante, et des œufs qui doivent être expulsés prochainement. Souvent les femelles, incommo- dées par la gêne que détermine le gonflement des ovaires, se débarrassent d’une partie de ces œufs qui ne tardent pas à périr infécondés. Si, au con- traire, la femelle est en rapport avec le mâle, pendant l’acte de la copulation qui dure plusieurs jours , les petits sacs qui renferment les ovules se rompent; ces derniers sont saisis par les trompes, amenés dans la dilatation que l’on observe à la base de ces conduits, puis expulsés par anus, et c’est alors seulement à mesure qu'ils sortent qu'ils sont soumis au contact de la liqueur séminale. Chez les oiseaux, après la copulation, l’œuf descend dans l’oviducte, et c’est là qu’il est mis en contact avec la liqueur fécondante. En effet, c’est là seulement que l’on peut retrouver des animal- cules spermatiques, et jamais on ne les a retrouvés dans les ovaires. Un fait curieux, c’est que les animalcules spermatiques peuvent se retrouver dans l’oviducte même quinze ou dix-huit jours après la copulation, et ce phénomène nous explique com- ment quinze ou vingt jours après l’accouplement une poule peut encore pondre des œufs féconds. Cette faculté de Fécondation se prolonge bien plus long-temps encore chez la reine Abeille, et ce fait remarquable s'explique par une disposition parti- culière des organes de la génération. L'appareil génital est composé de deux ovaires, de deux ca- naux qui se réunissent à angle vers la partie supé- rieure du vagin. Auprès du point de leur réunion se trouve l'ouverture d’une poche particulière, sur l'existence de laquelle Audouin attira le pre- mier l'attention des naturalistes. Cette poche est destinée à tenir en réserve la liqueur séminale , et ce n’est qu'à mesure que les ovules sont amenés dans les oviductes et le vagin qu'ils entrent en contact avec le liquide fécondant. On retrouve en effet, dans cette poche, long-temps après la copu- lation, des animalcules spermatiques vivans, et ce n’est qu'au moment où les ovules passent au devant de son orilice que le contact a lieu. Chez les mammifères les capsules de l'ovaire se rompent lors de la copulation; elles laissent échap- per un ou plusieurs ovules , qui sont saisis par Ja trompe et amenés dans les cornes de lutérus. IL faut peu de temps pour que chaque ovule ait par- couru ce trajet; mais il faut deux jours au moins, lorsqu'il y a une portée de plusieurs petits, pour que tous les ovules de cette portée soient descen- dus dans les cornes. Les ovaires d’une femelle en folie ne diffèrent de leur état habituel que par une circulation plus active. Le volume des œufs. est peu considérable. Mais après la copulation tout change; quelques œufs prennent un développement rapide; ils doublent, triplent de volume ; enfin le tissu de l’ovaire se déchire et à la place de chaque œuf l’on trouve une cavité remplie de sérosité al- bumineuse, oo, FÉCO 17 7 FÉCO PR bumineuse, qui ne tarde pas à se cicatriser et à s’infiltrer d’un liquide jaunâtre. Les ovules que l’on trouve dans les cornes peu de temps après la co- pulation, sont excessivement petits; leur diamètre est d’un ou deux millimètres, et ils diffèrent sous ce rapport des vésicules de l’ovaire, dont le dia- mètre est de sept ou huit millimètres. Ces vésicules de l'ovaire, qui renferment les ovules , sont rem- plies d’une liqueur particulière, que l’on avai pré- tendu être la liqueur séminale des femelles ; mais des recherches attentives ont prouvé que ce liquide ne renfermait aucune trace d’animalcules. Chez les Mammifères, la Fécondation est donc posté- rieure de beaucoup à la copulation, puisque le contact de la liqueur spermatique ne s'opère que dans les trompes ou bien dans les cornes de la matrice. Ce contact ne s’opère certainement pas dans l’ovaire , puisque jamais l’on n’a trouvé dans cet organe les traces des animalcules sperma- tiques. La nécessité du contact matériel de la liqueur séminale avec les ovules , le licu où s’opère le con- tact étant démontrés, il nous reste à examiner ce qui se passe dans ce contact. La femelle a fourni un ovule sur un des points duquel s’observe une lame meisbraneuse, désignée par Rolando sous le nom de membrane cellulo -vasculaire. Le mâle de son côté a fourni un animalcule spermatique. Lors- que la liqueur spermatique entre en contact avec l’ovule, l’animalcule pénètre dans l’ovule, se greffe sur la membrane cellulo-vasculaire’, et devient, d’après des observations attentives sur le dévelop- pement du fœtus, le rudiment du système nerveux, tandis que la lame cellulo-vasculaire devient le ru- diment des autres organes. Ainsi peuvent s’expli- quer ces ressemblances entre le nouvel être et ceux qui l'ont engendré , ainsi peuvent s’expliquer ces dispositions organiques héréditaires que l’on voit se transmettre de générations en générations. =: (A. D.) ! FÉCONDATION CHEZ LESPLANTES. (zor.) Acte mystérieux du mariage des plantes, lequel ‘s'opère durant le court espace de temps qui s’é- coule entre l’émission du pollen contenu dans les anthères placées au sommet du filet des étamines, et le mouvement de l’organe femelle qui s’en em- pare, s’imprègne d'une substance humide et lé- gèrement visqueuse , en sollicite par de douces ti- üllations les moindres parcelles à descendre sur l'ovaire pour y donner la vie aux ovules qui l’aspi- rent. En ce moment important la corolle s’épa- "nouit, développe toute la beauté de ses formes et de ses couleurs, les élamines se rapprochent du pisuil, soit successivement l’une après l’autre , comme dans la Rue des jardins et des montagnes, Ruta graveolens et Ruta montana, soit plusieurs en- semble à la fois, comme dans le Mûrier, Morus alba , etc., se courbent sur lui, le pressent avec un doux frémissement , tandis que le pislil se gonfle, entr’ouvre l’orifice du stigmate , boit le fluide sub- til versé sur lui en rosée fécondante , et témoigne par l'agitation ondulatoire du style les délices du rôle qu’il remplit. L’acte générateur est-il con- T. IT. sommé , le travail de l’avenir s'achève dans l’inté- rieur de l'ovaire : c'est là que la fugitive aura, ab- sorbée aussitôt qu'exhalée , vient, par des routes inconnues , animer ces rudimens qui, sans elle, de- meurcraient oisifs, stériles, et périraient dessé- chés. Aux premiers rayons du soleil, on peut observer celte merveille momentanée sur la Pa- riétaire , Parietaria officinalis , et le Kalmia lati- folia, où elle s'opère par un jet élastique qui la rend très-sensible. Sur le bord des eaux, le phé- nomène est encore plus curieux à suivre. Lorsque les étamines sont sur le point de lancer leur pous- sière, les fleurs mâles de la Vallisnérie, 7allis- neria spiralis, rompent les liens qui les fixent à leur court pédoncule, s’élancent sur l’eau, flot- tent à sa surface , s’y épanouissent , se rassemblent autour des fleurs femelles qui s’élèvent en dérou - lant leur longue spirale , etse mêlent avec eux ; le calice se dilate , les stigmates s’agitent; ils sont cou- verts des globules jaunâtres du pollen, s’en sai- sissent et aussitôt Ja spirale se resserre sur elle- même, la fleur est ramenée dans le sein des ondes, et va former le berceau dans lequel lesnou- veaux embryons doivent se perfectionner. Une fois que le lit nuptial a été témoin des ébats d’où dépend la propagation de l’espèce ; dès que la secrète mission des organes générateurs est rem- plie , les étamines et le pistil se déssèchent, la co- rolle perd tout son éclat, se flétrit et meurt, le calice seul persiste pour rendre des services plus étendus. Toute la végétalion se concentre sur lui, jusqu’au moment où l'embryon, parvenu au déve- loppement déterminé par les lois de la nature, vivra de sa vie propre. (Foy. au mot Ovuzx) Les deux sexes sont-ils séparés, comme dans les plantes monoïques et dioïques , l’acte de la Fé- condation est le même ; seulement l'air est chargé de transporter le véhicule à des distances plus ou moins éloignées, Un nuage doré, porté sur les ai- les des vents, vient s’abaltre sur la femelle qui l'attend , qui le reçoit avec joie. Quelques jours avant l’explosion des anthères un parfum électri- que embaume l'atmosphère, annonce l’heureux instant et dispose la couche où doit s’accomplir Je grand acte animateur de la vie. Chez les végétaux dont les fleurs demeurent constamment submergées , la Fécondation a lieu grâce à une certaine quanlilé d’air que la plante aspire, qu’elle tient en réserve entre ses envelop- pes florales et qu’elle oblige à former autour des organes générateurs une petite voûte sous laquelle l'union des sexes a lieu sans obstacle, Je n’expliquerai point l’action du pollen, je ne dirai pas non plus comment l'huile volatile ren- fermée dans chaque globuline arrive à l'ovaire des plantes dont le stigmate est lisse et nullement vis- queux , ou bien recouvert d’une enveloppe dure et coriace ; le secret du phénomène ne peut être pé- nétré. Je crois l’avoir montré dans ses phases les plus visibles ; d’autres iront plus loin s'ils le peu- vent, Une foule d’accidens menacent les plantes au mo- ment de la Fécondation, Une pluie abondante, un 183° Livralsox, 23 ce cméiiiiieenee Pl RES FÉCU : 17 F. ENSENREREENE brouillard épais! un ouragan et autres intempéries succédant alors peuvent la rendre tout-à-fait nulle, ou du moins altérer une partie de ses bienfaisans résultats. La nature y a pourvu. Les fleurs dont la corolle évasée les rend plus susceptibles d'en souf- frir que celles qui se ‘erment alors, ont la pro- priété de-.courber leur pédoncule , de s’incliner et de présenter , par celte situation, un toit solide , sous lequel les organes fécondans sont en sûreté ; c'est ce que nous montrent la Tulipe, le Lis, la Fritillaire, etc. Dans les Labiées, les Papiliona- cées ou Légumineuses , les étamines ct les pistils se trouvent renfermés sous celui des pétales dont la forme est en casque ou en capuchon, Chez les Iris, dont la corolle reste ouverte en tout temps, sans changer de siluation, les étamines, couchées sous les parties réfléchies du limbe calicinal, sont recouvertes par trois stigmales très-larges eb pre- nant la forme d’un pétale , elc., elc, Théophraste connaissait l’artifice de la Fécon- dation des plantes, puisqu'il le comparait à ce qüi se passe dans l'acte vénérien chez les animaux ; mais ses disciples, au lieu de suivre la ligne d’ob- servalions que son vaste génie leur avait tracée , se sont arrêtés au simple merveilleux, et, voguant sur une mer parsemée d’écueils et d'erreurs, ils ont altéré les faits qu’il avait si bien vus et ont laissé aux âges modernes l'honneur de reprendre la voie du vrai. Zaluzianski, Malpighi, Millington , Grew , Rai, Gamerarius, Vaillant et Geoffroy ont préparé le retour aux bonnes doctrines ; Linné a complété l’œuvre en donnant à la découverte du philosophe d'Érésos toute l'évidence dont elle était susceptible, en la popularisant par le système le plus ingénieux et le plus poétique. Des conséquences intéressantes découlent du phénomène de la Fécondation pour la culture ; elles indiquent à celui qui s’y livre ce qu'il a à faire soil pour abriter les plantes auxquelles il donne un soin particulier lorsqu'elles sont en fleurs et voisines de l’époque où le mariage doit avoir lieu ; soit pour obtenir de très-belles variétés, des hybrides curieux, des races mixtes : nous les indi- querons en traitant de chacun de cés mots. ; (T, ». B.) FEÉCULE. (sor. Pman.) Substance blanche, d’une saveur fade, ou insipide, sans odeur, .cra- quant sous les doigts, que l’on extrait d’un grand nombre de plantes, et plus particulièrement dans les productions végétalés qu'on appelle furineuses. On la nomme également Amidon. Toutefois on a adopté le nom de Fécule en thérapeutique et en économie domestique, en réservant celui d_Æmi- don à celle.qu’on emploie dans les arts, comme la poudre à poudrer, la colle pour le papier, de linge, etc, Les travaux entrepris jusqu'ici relativement à ce principe immédiat des végélaux ont été. recom- mencés sur d’autres bases par M. Raspail, et les recherches de ce sävantchimiste.ontjeté de nouvel- les lumières sur celte importante substance. C’est donc à M, Raspail que nous emprunterons une par- tie de cet article. 8 _iinant, descouches tremblolantes qui épaississent FÉCU La Fécule ou Amidon à l’état de pureté est in- soluble dans l’eau froide, l’alcook, l’éther ; mais elle se dissout en apparence dans l’eau chaude et forme avec elle un magma épais selon les pro- portions qu’on emploie ; sous celte forme , elle se coagale par l'alcool; elle se change en sucre par l’ébullition dans les acides étendus, et en acides malique et oxalique dans l'acide nitrique bouillant, sans donner aucune trace d'acide mucique; enfin elle se colore en bleu par le contact de l'iode. Sa pesanteur spécifique est de 1,55 ; sa composition élémentaire est , selon Gay-Lussac et Thénard, de 6,77 d'hydrogène, 45,55 de carbone, 49,68 d’oxy- gène. Saussure a trouvé des proportions différen- tes, el entre autres 0,40 d’azote, Examinée au microscope, dit M. Raspail, cette poudre n'offre plus que des grains arrondis, iso- lés, de forme et de dimension variables , non seu- lement dans les divers végétaux , mais encore dans le même végétal, et surtout en raison de son âge, ou des organes divers desquels on la retire. Les grains de Fécule au sortir des organes qui les recèlent sont mous et fortement ombrés sur les bords , si es organes sont encore frais et vivans. Si on parvient à atteindre sur le porte-objet un de ces grains avec la pointe d’une aiguille, il s’affaisse sous la pression, se vide dans le liquide, et bien- tôt il ne reste plus de lui-même qu'un sac plissé , ouvert sur un des côtés (Wouveau système de chi- mie organique). De nombreuses expériences ont prouvé à l’auteur de l’ouvrage que nous venons de citer que chaque grain de Fécule est un organe dont l'enveloppe externe, qu'il désigne sous le nom de tégument de la Fécule, est insoluble dans l’eau froide , l'alcool, l’éther et les acides ; d'autant plus susceptible de s'étendre dans l’eau que celle-ci est élevée à un plus haut degré de température. Ces expériences l'ont également mis à même de réfuter lesthéories établies jusqu'ici sur l’Amidon; ainsi l’on avait dit : «L’Amidon se compose de pe- tits cristaux tout formés dans l’intérieur du végé- tal, et qui se. précipitent par le déchirement da parenchyme.ou dutissu cellulaire. L’eau, à la tem péralure ordinaire, dissout une certaine quantité d’Amidon; car, après avoir été Javée sur un filtre, cette substance perd de son poids d’une manière appréciable, » M. Raspail a prouvé que l’Amidon ne se composait que de globules d’une, blancheur ! éclatante, croissant comme toutes les cellules vé- gélales, dans l'intérieur d’une cellule; mais il n’a “ jamais trouvé de cristal dans l'intérieur d’une cel- lule vivante, Il a prouvé également que les grains. intègres. de. Fécuie. étaient insolubles dans l’eau froide. On avait dit encore. :« L’Amidon se com- bine facilement avec l’eau bouillante et forme un hydrate connu sous le nom d'Empois. » Le tégu- ment , imperméable à froid, dit auteur cité, se déchire dans l'eau bouillante ; la substance gom- meuse se dissout alors dans l’eau; les, tégumens restent en suspension si la Fécule est en excès,” ces tégumens qui onE acquis un, volume dix fois plus grand, forment ;, en se pressan£et,en s’agglu- L \ ] | FÉCU D — — FÉEA s + le liquide, c'est ce qu’on nomme Æmpois. La otasse, les acides, en développant de la chaleur, font éclater les tégumens et déterminent ainsi la dissolution. M. Raspail a encore décrit avec un soin rigoureux les caractères physiques des diver- ses espèces de Fécules employées dans les arts, dans l’économie domestique et en pharmacie. Cette partie de son travail, dont analyse serait en- coretrop étendue pour un Dictionnaire, est surtout rendue facilement intelligible parles figures qu’il a eusoïin d'y joindre, Nous nous bornerons icià donner Janomenclature des différentes Fécules dont l’usage est le plus ordinaire, Les Fécules de pomme deterre, de sagou, d'avoine , de haricot blanc , d’igname, de lentille, de froment, de seigle, de fève de marais, de pois verts, d’iris de Florence, de to- pinambours , de languas à feuilles de basilier (con- nuc sous le nom d’arrow-root), de vesce cultivée, de marron d'Inde, d'orge, de maïs, d’orchis ou salep , de sarrasin, sont celles dont on tire le plus souvent parti. Obtenues à l’état de pureté, dépouillées de substances étrangères, les Fécules sont toutes chi- miquement identiques , et toutes également pro- pres aux usages auxquels on les destine. Quelques unes cependant, comme celle de bryone , retien- nent toujours quelque peu de la substance véné- neuse qui leur est associée dans la plante. x «Pour repasser le linge, ajoute M. Raspail, on peutemployer non seulement l’Amidon de froment, mais encore la Fécule de pomme de terre ou de marron d'Inde ; on peut aussi en faire usage soit à froid , soit à chaud, à l’état d’empois ou à l’état de poudre ; l'effet sera toujours le même si les fers à repasser sont suffisamment échauffés. Il suffit de délayer la Fécule avec un peu d’eau, d’en impré- gner le linge en le battant entre les mains et d’ap- pliquer le fer chaud quand le linge est encore hu- mide; les grains de Fécule éclateront sous l’in- fluence de la chaleur, les tégumens s’étendront en se combinant avec l’eau dont le linge est impré- gné, la substance soluble se dissoudra en partie dans cette humidité , et le linge sera colléet séché par le même coup de main. » La Fécule n’est réellement nutritive pour l'homme qu'après l’ébullition ; la chaleur de l’esto- mac ne suflit pas pour faire éclater les grains. L’estomac des bestiaux, des volailles, paraît jouir sous ce rapport d’une propriété spéciale; car ils ne dévorent les substances féculentes qu'à l’état de crudité. Cependant des expériences récentes prou- vent les heureux effets de la cuisson des pommes deterre qu'on leur sert et la panification de la farine d'avoine, par laquelle on remplace les grains entiers. » La PawrricarTion (Ÿ’oy. ce mot) a pour but de faire éclater tous les grains de Fécuüle qui se trou- vent associés à une substance éminemment fer- mentescible, que l’on nomme GLuren (/oy. ce mot). Les pains: les plus beaux et les mieux cuits sontrceux qui proviennent de farines riches en un | Slutenélastique ; car alors le gluten, se soulevant en larges crevasses, par/la dilatation du gaz qu'il emprisonnait , permet à chaque grain féculent d’as- sister à la communication du calorique et d’écla- ter comme par l'ébullition. Voilà pourquoiles pains de seigle et d'orge, toutes choses égales d’ailleurs, sont moins nourrissans que les pains de fro- ment. L » On a observé que plus on mêlait de Fécule étrangère à la farine , moins le pain acquérait de poids. Ainsi 6 liv. de farine donnent 8 liv. de pain, tandis que 5 livres de farine de froment mélangées à 3 livres de Fécule de pomme de terre ne donnent que 6 livres de pain. C’est que les grains de Fécule ne s’imbibent pas d’eau, ils ne font que s’en mouiller ; en d’autres termes, ils ne retiennent l’eau que par adhérence; le gluten, au contraire, s’imbibe d’eau; plus on le pétrit et plus ilen ab- sorbe : or c’est l’eau, dans cette circonstance , dont le poids s’ajoute à celui de la farine. » Peu de farines , dit l’auteur que nous citons, se vendent sur le marché de la capitale, sans être mêlées à une quantité appréciable de Fécule de pomme de terre. Gelle-ci est à un si bas prix que le vendeur peut gagner 25 pour cent à ce mé- lange. Il donne à la farine un aspect cristallin qui ne lui est pas ordinaire, mais qu’une grande habi- tude parvient seule à reconnaitre. On recommande ordinairement l'usage de la Fé- cule aux estomacs faibles et valétudinaires ; l’iden- tité qui existe chimiquement entre les diverses es- pèces diminae de beaucoup l'importance qu’on attache à leur choix ; celle de salep et celle des lichens, la première par son arôme et son muci- lage, la seconde par une substance amère, ont cependant des propriétés spéciales qui les rendent préférables en certaines circonstances. Comme Fécule pure, celle de pomme de terre est préférable à toutes les Fécules indigènes. L’A- midon de froment n’a ‘pas les mêmes avantages : il retient toujours une portion des substances aci- des résineuses et glutineuses qui existaient avec lui dans les graines , ou se sont formées par l’acte de la fermentation. C’est avec laFécule enfin qu’on fait diverses és- pèces de colles employées dans un grand nombre de professions. Autrefois les papiers à écrire étaient collés à la gélatine, aujourd’hui on emploie, à la cuve, la colle d’Amidon, mêlée au savonule de térébenthine. (P. G.) FÉEA, Feca. (mor. crypr.) Fougères. Genre de la famille des Hyménophyllées , qu’un ami dé- voué de Fée lura dédié (à condition, sans doute, que celui-ci paierait un jour, de Ja même manière, son tribut de reconnaissance ; car c’est ainsi, main tenant, que quelques botanistes s’envoient récipro= quement à la postérité) , et dont voici les carac- tères : capsules subpédicellées, fixées sur une columelle fort longuement saillante hors de l’invo- lucre; les involuéres sont monophylles, !nus, libres , pédicellés , cyathiformes , à bords entiers et disposés en épis distiques sur des hampes fort distinctes des frondes; les frondes sont pinnatifides, membraneuses «et réticulaires ; la fruclification est analogue à celle des Osmondacées, Faisons con- rm FELD 180 FEME no naître les deux espèces qui appartiennent à ce genre de belles et élégantes fougères. 6 La première espèce, la Feea polypodina, qui nous vient de la Guadeloupe, a pour racmes des faisceaux de fibres rigides de la grossear d’un fort crin , et longs de un à deux pouces, se ramifiant à leur extrémité en de nombreuses divisions capil- liformes, qui pénétrent dans l’humus des forêts ; ses frondes, de quatre à cinq pouces de baut sur un pouce ct demi de large, ressemblent assez bien, si ce n’est par la taille, la couleur et la consistance, au polypode vulgaire. Entre les frondes naissent des hampes nues, montantes , un peu plus courtes que les frondes; les épis qui partent des hampes sont d’un quart ou d’un tiers plus élevés que ceux des frondes. La deuxième espèce, la Feea nana , rapportée de la Guiane par Poiteau, et qui, dans toutes ses proportions, n’a que le tiers de la précédente, a des frondes de deux pouces, les pinnules distinctes, ovoïdes, et un peu crépées. Dans cette espèce la hampe et l’épi dépassent de beaucoup les frondes. (F.F.) FÉGARO. (pors.) C’est le nom de la Sciæna aquila , sur les côtes de la Méditerranée. FÉGOULE. (wam.) Nom vulgaire du Campagnol économe. (Guër.) FELDSPATH. ( mn. ) Sous ce nom la plupart des minéralogisies comprenaient plusieurs sub- stances que M. Beudant a sagement distinguées dans sa nomenclature : telles sont l'ANDALOUSITE (voyez ce mot), que l’on nommait Feldspath apyre; les Feldspaths lamellaires de diverses couleurs , et le Feldspath vitreux, que l’on regardait comme un Feldspath lamellaire qui avait changé de texture par l’action des feux volcaniques. L’Albite, qui diffère du Feldspath par la sonde qui y remplace la potasse, était seulement regardée comme une substance voisine du Feldspath. Les différences que présentent plusieurs de ces substances ont engagé M. Beudant a faire du Feldspath un sous-genre qu’il divise en deux es- pèces : l’Orthose et l’Albite. L’Orthose, dont le nom dérivé du grec a été proposé par Haüy pour désigner un Feldspath cristallisant en prisme rhom- boïdal , susceptible de deux clivages, formant en- tre eux un angle droit, qui comprend tous les Feld- spaths contenant de la potasse; l’Albite tous ceux qui renferment de la soude. Ce que nous venons de dire de l’Orthose peut déjà servir à la faire reconnaître lorsqu'elle est cristallisée; nous ajouterons que, lorsqu'elle n’offre point de formes régulières, il ne faut pas s’en rapporter seulement à la vue pour la distinguer de l’Albite, et qu’il est plus sûr de la soumettre aux réactifs chimiques. Ainsi traitées l’une et l’autre par le nitrate de baryte, l'acide nitrique cet le carbo- nate d’ammoniaque, le résidu alcalin qui en résulte précipite par l'hydrochlorate de platine, et donne peu ou point de cristaux efflorescens par l'acide sulfurique si c’est l’Orthose, tandis qu’il en donne toujours assez abondamment si c’est l’Albite. * L'Orthosese présente sous toutes sortes d’aspects: souvent il est opaque; mais lorsqu’il est limpide , c’est le Feldspath adulaire de plusieurs minéralo- gistes ; lorsqu'il est d’un beau vert, c’est la variété connue depuis long-temps sous le nom de pierre des amazones; lorsqu'il est aventurine, c’est la pierre de soleil; lorsqu'il est chatoyant, c’est la pierre de lune; enfin on le trouve aussi offrant un éclat nacré, ou présentant des reflets irisés. ! Nous devons encore faire observer que c’est l'Orthose qui produit par sa décomposition cette matière terreuse, blanche et onctueuse, connue sous le nom de kaolin, et si utile dans la fabrica- tion de la porcelaine. L’Albite cristallise dans le système prismatique oblique, et est susceptible de trois clivages. Il y 4 des Albites laminaires , lamellaires, feuilletées, fi- breuses, granulaires et compactes, comme il y a des Orthoses avec ces variétés de texture. L’Albite compacte est verdâtre et est connue aussi sous le nom de Saussurite. On trouve aussi des Albites rou- gcâtres, jaunâtres ; mais elles sont plus fréquem- ment blanches. Parmi les nombreuses variétés de l’Albite, il n’en est aucune qui soit utilisée soit dans les arts, soit dans l’industrie : tandis que nous avons déjà cité l'Orthose comme fournissant la matière première de la porcelaine ; mais celte espèce minérale fournit encore au lapidaire la variété chatoyante que l’on taille en cabochon, et dont la plus estimée se tire de l’île de Ceylan; celle que l’on nomme adulaire, mais qui n’est pas fort estimée; et l'Orthose aven- turine, dont le prix est souvent fort élevé ; tandis que l’Orthose vert et l’Orthose opalin sont réservés pour en faire des boites, des vases, des pendules et d’autres objets de luxe. L’Albiteet l’Orthose se trouvent dans les terrains de cristallisation, qui comprennent les graniles, les porphyres et plusieurs autres roches, dont ces deux espèces sont des parties essentielles : il n’y a pas de granite et de perphyre sans Feldspath. Seu- lement l’Albite seule se trouve dans les roches d’o- rigine ignée appelées trachytes. M. Beudant place dans sa nomenclature, à la suite de l’Albite et de l’Orthose, et sous forme d’ap- pendice, plusieurs substances qui ont avec ces deux espèces quelque analogie de composition : ce sont le Petrosilex, et plusieurs laves vitreuses", telles que la Rétinite et l'Obsidienne du Cantal; la Marékanite, qui se trouve au Kamtschatka, et qui tire son nom d’une des îles Kouriles, où elle est abondante ; le Perbite de la Hongrie, le Sphérolithe du Vésuve, enfin toutes les Ponces.Ges substances renferment toutes de la soude ou de la potasse. | OH) FELIS. (mau.) Nom latin des animaux du genre Cuar (voyez ce mot). Quelques auteurs font des chats une famille sous la dénomination de Féliens, et ils les subdivisent dans les deux genres Felis ou chat, et Guépard, caractérisés l’un par des ongles non rétractiles, l’autre par des ongles rétractiles. (GErv.) « FEMELLE. (zoo. 807.) Nom que‘porte chez les animaux celui qui conçoit et porte les petits. FENN 181 FENO On appelle, en botanique, fleurs Femelles celles dont la corolle ne contient que des pistils sans éta- mines. Ce sont ces fleurs qui portent le fruit. (P. G.) FÉMUR. (anar.) Voy. SQUELETTE. FEN-CHOU. (man. ) Les Chinois désignent ainsi un animal monstrueux qu'aucun naturaliste n’a encore vu, et quiest certainement fabuleux, Comme ce qu’on en dit est fort curieux, nous allons reproduire son histoire , en donnant textuel- lement l’article que le savant voyageur M. Bory de Saint-Vincent a inséré dans le t. 6 du Diction- naire classique d'histoire naturelle. « La sinfalarité des traditions chinoises sur cet animal, qui n’a probablement pas toujours élé fabuleux, mérite que nous transcrivions ce que l’on trouve sur son compte dans les Mémoires des missionnaires de la Chine (t. 4,p. 481), d’après les observations de physique de l’empereur Kanghi, qui y sont traduites.Ë Le froid est extrême et presque continuel sur la côte de la mer du Nord, au- delà du Tai-tang-kiang. C’est sur-cetle côte qu'on trouve l'animal Fen-chou, dont la figure ressemble à celle d’un Rat, mais qui est gros comme un Eléphant. Il habite dans les cavernes obscures et fu sans cesse la lumière ; on en tire un ivoire qui est aussi blanc que celui de l’Eléphant, mais plus aisé à travailler, et qui ne se fend pas; sa chair est très-froide et excellente pour rafraîchir le sang. L'ancien livre Chin-y-king parle de cet animal en ces termes : Il y a dans le fond du Nord, parmi les neiges et les glaces qui couvrent ce pays, un Rat qui pèse plus de mille livres ; sa chair est très-bonne pour ceux qui sont échaulfés. Les Tsée-chous le nomment aussi Fen-chou, et parlent d’une espèce qui n’est pas aussi grande ; elle n’est grande que comme un Buflle, s’enterre comme les Taupes, fuit la lumière, et reste tou- jours dans les souterrains. On dit qu’il mourrait s’il voyait la lumière du soleil et même celle de la lune. Il est probable que de telles traditions ont leur source dans les grands ossemens fossiles du pays, ou peut-être les Fen-chous seront-ils quel- -ques individus persistans et vivant encore dans des retraites à peu près inaccessibles , de ces colosses septentrionaux dont on suppose la raceéteinte. » (Gukr.) ” FENNEC. ( man. ) Cet animal, dont on doit la première notion à Bruce, est un de ceux sur la nature desquels on a le plus long-temps douté. La combinaison de quelques caractèresremarquables, ou plutôt le développement exagéré de certaines parlies, surtout de ses oreilles, ont été, avec la fâcheuse habitude propre aux naturalistes de sup- pléer aux faits par des conjectures , les principales causes de ces erreurs. Bruce, à l’époque de son consulat à Alger (1767), vit pour la première fois cet animal, et il en envoya la figure, accompagnée d’une notice, à Buffon, qui la publia dans le t. 111 de ses Supplé- mens, en donnant à l'espèce la dénomination d’anonyme. L'année suivante, Brand, qui avait été £onsul de Suède à Algeren même temps que Bruce, et qui avait aussi observé l'animal dont il est ques- tion , en publia une histoire assez détaillée, mais sans figure ; il lui donna le nom de Zerda, qu’il avait appris des Maures. Sparmann (Voyage au Cap) parle aussi du Zerda, et plus tard Bruce (Voyage en Abyssinie et Nubie), ayant revu l’ano- nyme, en publia, sous le nom de fennec, une nouvelle description. Il nous apprend que c’est un quadrupède propre au Sennaar, et que le nom de Fennec est celui qu’ilreçoit des habitans decepays. Telles sont les sources auxquelles on a pendant long-temps puisé tout ce qui a été dit sur le Fen- nec, pour en reconnaître la nature et en établir les rapports. Un seul individu avait été d’abord observé par Bruce et Brand; mais il s’était enfui avant qu’on en eût pris une connaissance exacte. Néanmoins divers naturalistes voulurent déterminer les resemblances que cet animal offrait avec les au- tres mammifères ; Blumenbach , peut-être d’après les indications de Sparmann, en fit une espèce voi- sine des Mangoustes; M. Geoffroy le considéra comme appartenant au genre Galago, et M. Des- marest, qui en avait d’abord fait, sous le nom de Mégalotes, un genre intermédiaire aux Makis, aux Chats et aux Chiens, le placa plus tard auprès de ces derniers, à côté desquels le Fennec paraît en effet devoir rester. Depuis, on a pu se procurer des Fennecs, et on a confirmé la justesse de cette détermination ; car ces animaux ne diffèrent abso- lument des Chiens et surtout des Renards que par la longueur de leurs oreilles; encore le pas- sage d’une forme à l’autre est-il facile à établir si l'on étudie quelques espèces voisines. La longueur du Fennec est de neuf pouces de- puis l’occiput jusqu’à l’origine de la queue; celle- ci en a sept, la tête trois et les oreilles trois aussi; la couleur est d’un fauve jaunâtre très-pâle, plus faible encore aux parties iñférieureset varié de gri- sâtre; elle résulte de poils gris inféricurement , blancs dans leur milieu, et fauves à leur extré- mité ; le bout de la queue est noir ; tout le pelage est épais et doux. Le Fennec vit dans le sable des déserts, et il se creuse des terilers où il reste caché pendant une grande partie du jour. Ses oreilles, quoique très- longues, ne sont pas cependant défavorables à son genre de vie; elles lui permettent de recueillir les moindres sons, et de nombreux poils entrecroisés qui existent à leur orifice en empêchent l'entrée aux plus petites particules du sable. La couleur du corps est aussi en rapport avec le séjour; on sait, et nous avons déjà eu l’occasion de le remarquer plusieurs fois, soit chez des oiseaux ou d’autres animaux, que la couleur des habitans du désert est ordinai- rement , sur tout le corps, d’un fauve clair ou lavé d’isabelle. Le Caprimulgus isabellinus est dans ce cas; plusieurs Gerboïses, beaucoup de Lièvres afri- cains, l'Helamys, etc., en sont autant d'exemples. Il n’est pas encore certain que cet animal se trouve naturellement sur la côte de Barbarie, comme pourrait le faire croire la première obser- vation de Bruce. (GERv.) + FENOUIL, Anethum fæniculum,. (s0T. PHAN. 0 FENO 182 FENU qq + et aGn.) Plante de la Pentandrie digynie et de la famille des Ombellifères, comprise, d’après Linné, par tous les botanistes dans le genre Ænethum , mais qu'Allioni a cru devoir élever au rang de genre. Malgré le suffrage de ce botaniste, malgré celui du célèbre carpologiste Gaertner, malgré les opinions émises à l'appui par Hoffmann et par Vela, quiont publié de bonnes monographies sur les Ombellifères, jene puis me ranger de leur avis ; c’estraprès avoir comparé l’une par l’autre les di- verses espèces du genre Anceth, c’est après avoir étudié leurs propriétés, qui, chez toutes, sont les mêmes à quelques légères nuances près, c’est après avoir revu très-attentivement les caractères impo- sés aux deux genres, que je conserve le nom lin- néen du Fenouil, et que je rejette également la proposition de faireuneespèce de l’AÆnethum dulce de l'Italie, que j’ai suivi dans toutesles phases de sa végétation sous le beau ciel de la péninsuie , et vu revenir à la troisième généralion à son Lype es- sentiel, l’Æncthum fœniculum , quoique certains botanistes avancent et soutiennent le contraire. En présence de la nature on ne se trompe pas; il n’en est point de même des travaux faits dans le cabinet ou dans les serres. Le FenouIr commun donne de grandes toufles à racine vivace , longue et pivotante , de laquelle partent plusieurs tiges cylindriques, lisses, ra- meuses supérieurement, garnies de feuilles deux fois ternées et composées! de folioles linéaires, filiformes, glauques. Les fleurs sont d’un beaa jaune, à grandes ombelles sans involucelles , s’épanouissant tout l’été; quand on empêche leur production, la plante se conserve plasieurs années. Elle croît dans les terrains pierreux, dans iles vignes de nos départemens du midi, en Grèce, en Orient, au pied du Caucase. de l'ai trouvée spon- tance dans les parlies mtridionales de la Suisse, en Piémont, en Italie. On la cultive pour l’usagecali- naire en nos Jardins du nord dela France, ainsi que la variété (espèce potagère) dite Fenourx poux, A. dulce, que l’on appelle aussi Fenouil de Flo- rence, de Bologne et de Rome chez les horticoles. Cette variété, fort recherchée degitaliens, s'élève un peu moins haut, donne des semences:plus gros- ses et d’une odeur plus douce ; on la fait blanchir comme le céleri, les cardons, pour la servir en salade : c'est un manger délicièux, je m'en suis régalé à Rome et à Naples. On:fait avec latige des curedents d’un usage agréable. Bertoloni place au rang d'espèce, sous le nom de Fexouis roivré, À. piperitum , une autre va- riété du Fenouil commun, Sa saveur âcre se perd par la culture, et l’on a ou le Fenouil commun, ou même le Fenouil doux. Le type de ces variétés e celle-ci, jetés dans le fond du vase contenant la lessive des olives ou celle du linge, donnent aux unes comme à l’autre une très-bonne odeur. Le Fenouil commun avait péri dans le nord de la France durant lés hivers de 1788 et de 1794; il a mieux supporté lés froids excessifs de 1820 et de 1830. _Vulgairement on prodigue le nom.de Fenouil à : diverses plantes de la famille des Ombellifères , mais appartenant à des genres différens. Ainsi l’on dit: Fenouiz annuez, pour désigner le Visnague du midi, {mmi visnaga, qui a les mêmes propriétés que la Carotte, Daucus carota , avec laquelle il a de’si grands rapports que Linné les avait réunis ensemble, | Fexowrz »’£au, le Phellandre aquatique, Phel- landrium aquaticum , plante très-vénéneuse.' On donne aussi ce nom, dans quelques localités, à deux plantes aquatiques de familles opposées, la Renoncule flottante, Ranunculus aquatilis , ek le Volant d’eau, Myriophyllum spicatum. Fenouir DE mMonrAGns, le Pyrèthre du Antlhemis pyrethrum. Fexouix DE mer et FEenouIz marin, le Bacille percepierre, Critlmum maritimum. Fexouiz DE porc, le Peucédan des lieux humi- des, Peucedanum officinale. Fenourz gnrATIQUE , le Selin anguleux , Selinum carvifolia. Fenouiz puantr, l'Aneth odorant que nous avons tiré d'Espagne , Ænethum graveolens.. Fexouir sAUvAGE , la Ciguë , Conium maculatum. l'enouiz Trorru, tantôt le Seseli montanum, tantôt le $. tortuosum et même le S. ammoides. (T. ». B.) FENOUILLET ou FENOUILLETTE. (or. pnan.) Nom donné à trois variétés de Pommiers. On distingue le Fenouillet gris ou anis ; le Fenoul- let jaune ou drap d'or; le Fenouillet rouge ou bardis ou arerolly. (GC, &.) FENUGREC, Trigonella foœnum græcum. (r0T. Pxan et acr.) Espèce du genre Trigonelle, dont le cultivateur s’est emparé comme offrant une double ressource pour l’homme et pour les bestianx. Gé- lèbre en Egypte, d’où cette plante paraît origit- naire , où elle porte le nom de Helbeh, et où lon dit encore, comme aux temps les plus reculés, heureux: sont les pieds qui pressent la terre sur la- quelle ‘croit le Helbch ,'elle s’est naturalisée dans nos départemens du midi, Sur une tige annuelle, cannelée , fistuleuse , haute de vingt-cinqà trente centimètres, on voit des feuilles ovales, cunéi- formes, crénelées vers leur sornmet, et d’un vert gai. Elles servent de base àune couronne de fleurs d’un blanc teint de jaune, semblables àcelles du trèfle, Zrifolium pratense, plus grandes , moins nombreuses et non pédiculées. IL leur succède des gousses longues , étroites, recourbées en fau - cille ; ou en manière des cornes du bœuf ou de la chèvre, forme qui fit appeler la plante “entière Buceros et Ægoceras par les Grecs de l'antiquité. Les graines, contenues dans ces gousses, sont d’un brun jaunâtre , d’une-odeur forte, aromati- que, et d’une substance irès:mucilagineuse ; elles ne:se gâtent point tenues sous l’eau durant plu- sieurs jours; mises en terre, ‘elles germent vite, garnissent de verdure le sol qui les nourrit. Dans la Syrie, on les mange germées ; en Exypte, ce sont les jeunes tiges crues après que les-eaux du Nil cessent d’inonder Je pays; en France, on Levant, ee FER 183 FER GE DÉS ÉTÉ men sert sur les tables la graine réduite en purée, et le plus souvent on la livre à la pharmacie, qui la fait entrer. dans diverses préparations, ou bien on en extrait de l'huile comme les anciens , ou mieux encore on les abandonne à l’industrie, qui en retire un très-beau rouge incarnat. Employé comme fourrage, le Fenugrec est d’une grande utilité, parce qu'il offre aux bes- tiaux, aux bœufs en particulier, une nourriture substantielle, très-saine, propre à entretenir la vigueur , la santé , l’'embonpoint. J’ai vu des che- vaux exlénués de fatigue par la multitude des convois et des charrois extraordinaires, durant les guerres justes el brillantes de la république , réprendre leurs forces et se rétablir parfaitement en mangeant de l’avoine mélée à des graines du Fenugrec concassées. Quoique cette plante, de la famille des Légumi- meuses , croisse sur les terres maigres el sablon- neuses, elle se montre et plus belle et plus vigou- reuse dans les sols substanliels, sans cesser d'être légers; le fumier hâte sa végétation. On sème sa graine à la volée ou en rayons au printemps et en automne. Celle que l’on confie à la terre avant l'hiver fleurit et mürit un peu plus tôt; c’est le seul. avantage que présente le semis anticipé , quand les frimas n’ont point contrarié la plante. Dans nos départemens du nord , où les hivers sont d'ordinaire rigoureux pour le Fenugrec, le semis du printemps est préférable, Geux qui vont cher- cher des règles de culture chez les Anglais disent le contraire; mais l’expérience rit de leurs conseils et détourne les yeux de leurs compilations informés. Une fois semé, le Kenugrec n’exige d’autres soins que d’être débarrassé des plantes qui lui disputent le sol et dévorent sa substance. Il fleurit en juil- let; c’est le moment de le faacher quand on le destine à la nourrilure du bétail. On connaît vulgairement celte plante sous les noms de Foni grec et de Sénegre. (T. ». B.) FER. (mn. ) Ce métal, si abondant, si répandu dans la nature et en même temps si utile, se pré- sente dans un si grand nombre de combinaisons, soit avec l'oxygène, soit avec le soufre, soit avec différens acides, ou diverses substances qui rem- plissent les fonctions d'acides, que ces combinai- sons donnent lieu à de nombreuses espèces miné- rales , que nous allons passer successivement en reyue. A l’état natif, ilest tantôt dnctile et tantôt cas- sant, d’un gris bleuâtre, et toujours fortement attirable à l’aimant. Quelquefois il cristallise en octaèdres; mais plus souvent il est en rameaux dendritiques, (7. Dexprires). Jamais le Fer natif n’est pur ; il renferme toujours 1, 2,3 et jusqu’à 9 pour cent de Nicker (Ÿ. ce mot). Quelquelois il contient une pelite quantité de soufre , de silice et de magnésie. Au surplus, le Fer à l’état natif est peu répandu dans la nature : c’est-à-dire qu’on ne le trouve qu’en :très-peliles quantités dans les fi- lons métallifères; mais il tombe quelquefois en masses assez considérables des diverses régions de l'atmosphère : ainsi on en;connait des blocs du poids de 30 à 40 livres, dans certaines régions du globe : telle est la masse découverte par le voya- geur Pallas, près de la ville de Jenisseik, en Si- bérie ; telle est encore celle que l’on connaît dans la Louisiane, sur les bords de la rivière Rouge. Uni à l'oxygène, le Fer forme trois espèces mi- nérales, appelées Oligiste, Limonite et Aimanr. L’Oligiste est un composé d'environ 30 pour 100 d'oxygène et de 70 de Fer. C’est une substance tantôt ayant le brillant métalloïde et la couleur gris-de fer , et d’autres fois d’une couleur rouge mais sans éclat métalloide. Son caractère distinc- tif est d’avoir toujours une poussière rouge plus ou moins brunâtre. L’Oligiste métalloïde cristailise dans le système rhomboédrique ; quelquefois ses cristaux s’aplatissent de manière à prendre la forme lenticulaire; d’autres fois il est en lames planes qui ne sont que des rhomboèüres tronqués, qui.ont l’aspect de petits miroirs : de là le nom de Fer spéculaire qu’on donne à ces lames, que l’on trouve dans les roches volcaniques, Enfin, l'Ohi- giste métalloïde se présente sous la forme de pe- tites masses écailleuses, schisteuses, granulaires ou compactes. Quant à J'Oligiste non métalloïde , il ne cristallise pas moins; il prend souvent la forme de divers cristaux de calcaire ou de quartz - sur lesquels il se moule. Il est souvent fibreux , mamelonné ou compacte. L’Oligiste se trouve dans les dépôts volcaniques, dans les terrains de cristallisation et dans ceux de sédiment. C’est un minerai très-recherché qui produit facilement un Fer de bonne qualité, La variété non métalloïde est exploitée pour faire des brunissoires destinés à donner le poli à l’or de bijouterie ou à celui dont on orne les porcelaines. On en fait aussi des coaleurs, connubs sous les noms. de Rouge de Prusse et d’Ocre rouge, ainsi que des crayons appelés Sanguines. La Limonite est un composé d’environ 80 pour 100 de peroxide de Fer uni à de l’oxide de man- ganèse, à ded’eau , à de la silice. Gette substance n’a point l'aspect métallique; elle est brune où jaune, mais sa poussière est toujours jaane. Elle cristallise dans le système cubique : on trouve dés cristaux octaèdres et cubo-octaèdres. Le plus sou- vent elle est mamelonnée : sous celte forme, elle élait désignée sous le nom d'Æématite ‘par les anciens minéralogisies, et sa couleur rouge de sang, qui lui valu ce nom, la faisait employer par les médecins contre l'hémorrhagie. On trouve fréquemment dans les marnes et les argiles du terrain oolithique des Zimonites géodiques , c’est- à-dire des rognons plus ou moins gros, creux au centre et renfermant un noyau libre de la même substance; elles sont connues vulgairement sous le nom d’Aétite et de Pierre d’aigle. La Limonite ocreuse est une matière terreuse , jaune, appelée communément Ocre; Enfin une variété bien im- portante pour l'exploitation, est la Limonite o0- lithique , autrement appelée Minede l'er en grains. C’est un mélange d'environ 69 parties de per- oxide de Feret!de 51 de protoxide dumême métal, qui forme ce qu'on appelle l'Æünant, minéral 000 FER 184 FER noir, jouissant à un très-haut degré de la propriété magnétique , c’est-à-dire d’être allirable au bar- reau aimanté. (77. AIMANT.) Un mélange de Fer, de soufre ct d’arsenic forme l'espèce minérale appelée Fer arsenical ou Mis- pikel : c’est une substance métallique blanche ou d'un blanc jaunâtre , qui cristallise en prismes rhomboïdaux, el quiest souvent bacillaire ou com- pacte, et que l’on trouve disséminée dans les ro- ches granitiques et schisteuses. Le Fer combiné avec le soufre produit trois espèces minérales : l’une, appelée Pyrite, est com- posée de 52 à 54 parlies de soufre et-de 45 à 47 de Fer : cette combinaison est d’un jaune d’or, et cristallise dans le système cubique ; l’autre est ap- pelée Sperkise, c’est le Fer sulfuré blanc de Haüy ; sa couleur est le jaune blanchâtre ou le jaune verdâtre ; elle cristallise dans le système rhomboé- drique. On la trouve fréquemment en boules rayonnées du centre à la circonférence dans pres- que tous les dépôts de craie. La troisième est re- marquable en ce qu’elle jouit de la propriété ma- gnétique : c’est celle-ci que M. Beudant nomme Leberkise : sa couleur est brune et sa cristallisation est en prismes à 6 et à 12 faces. Le Fer sulfuré blanc, ou Sperkise, produit en se décomposant à l’air le sulfate de Fer, qui donne trois espèces minérales. Celle que l’on nomme Mélanterie, est ce qu'on appelait autrefois Cou- perose verte ou Vitriol martial; substance verdâtre, non métalloïde , soluble dans l’eau et reconnaissa- ble à la saveur d’entre dont elle est douée. Le Néoplase est un sulfate de Fer d’une couleur rouge. Enfin la Pittizite est un sulfate brun à poussière jaune. Ces combinaisons de fer et d’acide sulfurique nous conduisent à parler de celles que ce métal affecte avec d’autres acides : l’une des plus impor- tantes est celle qu’il forme avec l’acide carbonique, parce qu’il fournit des minerais ‘abondans et fa- ciles à exploiter à l’aide d’un traitement particu- lier dit à la catalane , qui n’exige que des fourncaux d’une petite dimension, dans lesquels on obtient le Fer pur sans le faire passer à l’état de fonte. Cette espèce minérale, connue des chimistes sous le nom de carbonate de fer, et des minéralogistes sous ce- lui de Sidérose, n’a jamais l'aspect métalloïde. Elle cristallise, comme le carbonate de chaux, dans le système rhomboédrique. Uni à l'acide phosphorique, le Fer constitue plu- sieurs espèces ou variétés encore mal connues: nous ne parlerons que de celles qui sont formées essentiellement de Fer. Les unes sont blanches ou d'un blanc grisätre, les autres vertes, et les plus communes bleues. C’est à ces dernières qu’on a donné le nom de Fer azuré ; quelquefois il cristal- lise en prismes, mais plus souvent il se présente à J'état terreux. On le trouve dans des terrains de différentes époques et même dans les dépôts les plus modernes, tels que les tourbières, Le Fer combiné à l’acide arsénique forme di- verses espèces minérales, selon qu'il se joint d’au- tres acides à cette combinaison. Ainsila Scorodite, qui doit son nom à un mot grec qui signifie ail, parce qu’elle répand une odeur alliacée par la calcination, est une substance d’un bleu verdâtre qui cristallise en prisme rhomboïdal et qui con- tient une petite quantité d'acide sulfurique. La Pharmacosiderite, d’un vert foncé, cristallisant en cubes , renferme un peu d’acide phosphorique. Le Néoctèse, d’un vert clair, cristallise en prisme rec tangulaire. Enfin la Sidéretine, dont le nom signifie: Fer résinile, est une substance brune d’un éclat ré- sineux toujours amorphe ou sans forme régulière, et contenant jusqu'à 10 pour 100 d’acide sulfu- rique. Uni à l’oxide de chrôme, le Fer se présente sous les dehors d’une substance noire d’un éclat métal- loïde , et cristallise en octaèdre. On donne à ce: chromate le nom d’Æ"senchrôme. Un mélange de 52 à 55 pour 100 de Fer, de 28 à 30 de silice, de 12 à 14 de chaux , et de quelques autres substances en petites quantités, forme l'espèce minérale appelée lvaïte: c’est le: fer calcaréo-siliceux d'Haüy. Cette substance cris- tallise en prismes rhomboïdaux ; elle raie le verre, et elle se trouve souvent à l’état fibreux ou com- pacte. Son nom d’Ilvaïte dérive de celui d’{bva, par lequel les anciens désignaient l’île d’Ese (voy.' ce mot), où on l’a découverte pour la première fois: dans des roches micacées. Telles sont les diverses espèces minérales que forme le Fer par ses nombreuses combinaisons avec différens corps. Nous n’avons voulu parlerici que des espèces dans lesquelles le Fer joue le princi- pal rôle; aux articles BaïeriNE et CRAITONITE nous avons traité de la combinaison des acides tantalique et titanique avec le Fer ; nous réservons pour l’article NieniNe une autre combinaison de ce mélal avec l'acide titanique , et en parlant du Graphite nous dirons un mot de la présence acci- dentelle du Fer dans le carbone. (J. H.) FÉRA. (porss.) Les habitans de Genève donnent ce nom à une grande espèce de Lavaret, connue des naturalistes sous le nom de Coregonus fera, Voy. Lavarer. (Arr. G.) | FER-A-CHEVAL. (wa. ) Depuis Daubenton, les naturalistes nomment ainsi deux espèces euro- péennes de Chauve-souris, du genre Rhinolophe : lune est le Gran Fer-a-cuevaz , Rhinolophus unthastatus, l’autre est le Perir FER-A-CHEVAL, Rhinolophus bihastatus. Celle-ci, un peu moindre par la taille que le Vespertilion barbastelle, a la feuille nasale droite lancéolée, couverte de quel- ques poils, et comme double dans sa partie lan- céolée ; son pelage est très-long , fin et soyeux, mais lisse et d’un beau blanc lustré; les membra- nes alaires et interfémorales sont diaphanes , d’ur cendré foncé chez les mâles, et jaunâtres chez les femelles. La longueur du corps et de la queue est de deux pouces neuf lignes, l’envergure a neuf pouces. L'espèce se trouve en Allemagne et en France dans les vieux édifices et les cavernes ; quoique aussi commune que la suivante, elle est plus difficile à découvrir parce qu’elle se suspend en des lieux peu accessibles, On se la procure assez facilement + FERM facilement aux environs de Paris. Le Rhinolophe unifer, ou grand Fer à-cheval, est appelé en latin Rhinolophus unihastatus ; il a de longueur totale 3 pouces 6 ou 8 lignes , sur lesquels la queue en- tre pour 1 pouce 2 ou 5 lignes ; son envergure est de 13 ou 1/4 pouces. Son pelage, assez long, est dans le mâle d’un cendré plus ou moins foncé en dessus, et gris blanchâtre en dessous ; les mem- branes étant d’un noir faible. La femelle a la base des poils blancs, avec leur extrémité roussâtre ; ses parlies inférieures sont d’un cendré légèrement lavé de rose; la feuille nasale présente un large fer-x cheval: mais on voit sur son socle une autre membrane lancéolée, d’ou le nom de unthas- tatus, Le grand Fer-à-cheval est principalement du midi de l’Europe, ainsi que des contrées sep- tentrionales et méridionales de l’Afrique ; il est fort commun en France, et particulièrement aux envi- rons de la capitale. Une espèce de Couleuvre a aussi recu le nom de Fer-à-cheval, il en est de même du Sturnus ludovi- cianus , oiseau de la Virginie. C’est également le nom français de l’Aippocrepis, appelé anciennement ferrum equinum , Solea equina, Ferro cavallo, etc., à cause de son fruit qui est une gousse en forme de Fer-à-cheval. (GErv.) FER À REPASSER. (mozz.) On donne ce nom dans le commerce aux espèces du genre Casque (v. ce mot), qui représentent grossièrement par leur forme un Fer à repasser. FER DE LANCE. (ma. ) Nom d’une Chauve- souris du genre Phyllostome, le Phyllostoma has- tatum, Geoff. (Genv.) FERME. (acr.) On entend par ce mot l’ensem- ble des bâtimens, des terres et des animaux do- mesliques qui composent une exploitation rurale grande ou petite. Le mot Ferme, dont on se sert dans nos départemens de l’est, du nord et de l’ouest , est synonyme de Métairie, en usage dans nos départemens du centre et du midi. Le premier paraît tirer son origine de l’habitude où l’on est d’affermer ses propriétés en quotité fixe de grains ou d'argent ; le second, de donner ses terres à moitié fruits. Quel que soit le mot adopté, pourvu que la maison rurale soit bien tenue , qu’elle four- nisse à son propriétaire et à celui qui l'exploite un revenu suflisant, qu’elle procure aux personnes qui y sont employées, aux bestiaux qu'elle ren- ferme une existence heureuse , des logemens con- venables et le juste salaire des forces qu'ils dépen- sent à son profit, voilà le but essentiel, voilà le but unique que l’on doit y voir, que l’on veut y sentir à chaque pas. On a dit que les grandes Fermes limitaient le nombre des propriétaires, qu’elles mettaient sous la dépendance de quelques individus la subsistance du peuple, et condamnaient la masse des habitans de la campagne à être de simples valets : c’est une triste vérité que justifient les populalions ignoran- tes, misérables, et toutes esclaves de l’envahis- sante Russie, les plaines de l’oligarchique Angle- terre, dont l’agriculture n’est vantée que par de sots enthousiastes et par les hommes qui vouent un T. IL, 185 eq FERM : culte de bassesse à l’argent, la plus grande et la plus épouvantable puissance de nos jours. Les petites Fermes sont mieux cultivées que les grandes, l œil du maître en embrasse toutes les parties, il ne s y trouve aucune place stérile, aucun coin qui ne recoive un utile emploi. Les petites Fermes ont, en outre, l'avantage de favoriser l’industrie et l'instruction, d'assurer à l’état des ressources constantes , de véritables appuis, et de solides dé fenseurs; elles établissent une heureuse concur- rence dans le prix du travail et des denrées, et, ce qu'il y a de plus important pour la tranquillité d’un pays, pour le maintien de ses institutions libéra- les; elles mettent un juste équilibre dans les for tunes, par conséquent elles rapprochent davantage les hommes et les atlachent de plus en plus à Ja pa- trie. La misèreet la grande richesse, au contraire sollicitent incessamment l'ambition, les crimes | les troubles et les désordres de toute espèce. L'une et l’autre sont toujours prêtes à ouvrir leurs bras à l'arbitraire et même à l'étranger pour assouvir leurs passions, pour arriver à leufs fins coupables. Une Ferme moyenne ou petite peut présenter le tableau le plus riant ; il faut, pour cela, qu’on y trouve tout ce qui convient à une exploitation facile, que les diverses natures de propriété se correspondent pour en faciliter la culture, et que l on n y soit poil forcé d'acheter les choses néces- saires; car tout ce que l'on ne recueille pas, et qu'il faut se procurer d’ailleurs , est ordinatrement fort cher. Il ÿ a donc grand avantage à récolter tous les grains utiles à la maison rurale, les four- rages que réclament les bestiaux, d’avoir du bois pour le chauffage et pour l'entretien des outils araloires, de posséder , principalement si les terres sont de médiocre ou de mauvaise qualité, le moyen de faire beaucoup d’engrais. Si les différentes na- tures de propriété ne sont point en rapport, hâ- tez-vous de les y mettre, soit en adoptant une nouvelle combinaison de culture, si la constitution du sol s’y prête; soit, si elle y résiste, en ache- tant ce qui manque, ou en se défaisant du super- flu. Si les prés ou les prairies artificielles ne sont pas suflisans et en proportion avec le nombre de têtes de bétail, si vous n’avez pas les pacages né- cessaires , vos cultures souffriront essentiellement; s'il y a trop peu de vignes, vous manquerez de boissons; s’il ÿ en a Lrop en raison du labourage, les terres seront négligées à cause des facons à donner à l’arbrisseau vinifère , et souvent lorsqu'il faudra ouvrir les terres, vous ne le pourrez plus ce qui est un mal irréparable. Quand on à de l’ordre , que l’on entend son intérêt, on ne permet point que l’utile manque ou qu’un genre de culture dévore et anéantisse le produit des autres; on n’entreprend pas une exploitalion quelconque sans en calculer les chances, sans avoir les locaux con- venables pour en loger les produits. C’est toujours être sage, que de se réduire à ce que l’on peut bien soigner. La manière d'exploiter les terres dépend entiè- re mentdeslocalités. Je ne veux pas dire qu'il faille se traîner dans l’ornière de la routine, mais seu- 184° Livraison, 24 po FERM 186 FERM lément étudierlesol, prendre dansleseonnaissances locales celles qui dérivent d’une-expérience raison+ née, les redresser dansice qu’elles ont de contraire aux progrès desisciences, el se méfier des jeux brillans de lathéorie. Il convient de tout peser afin d'arriver sûrement au meilleur produit net, et, à cetéflet! il importe de connaëre quelles sont les denrées-dont on peut tirer un-parli plus avantageux, relativement aux débouchés que présente le pays; ouqu'ib est possible d’y ouvrir sans s’exposer à trop de frais En négligeant ces considérations, on n'aura que de fâcheux résultats, on décide de:sa perte: Sur quelques points de: nos contrées de l’est, dans tout le département du Nord'et dans un grand nombre de localités de nos départemens:de l’ouest, les Fermes sont isolées, bâties près d’une route et au centre du domaine. Les bâtimens sont simples ebsolides, forment le carré, dont la cour , plus ou moins spacieuse, occupe le centre; ilsine s'élèvent guère au dessus de l'étage supérieur qui règne sur le rez-de-chaussée; hommes, animaux, outils, révoltes de toutes les sortes, y trouvent un abri salutaire, commode; tout est logé convenablement; rien ne souffre, rien ne dépérit, Une haie épaisse, bien tenue, appuyée sur un fossé large, plein d’eau, qu'on ne laisse point stagnante, entoure la Ferme et les terres qui en dépendent , en rend la garde facile, et assure la conservation des bestiaux. Aussi, tout annonce l’ordre, l’aisance , l’amour du travail, le bonheur domestique : voilà comme je voudrais que fussent toutes les Fermes répan:- dués sur le sol de ma patrie; voilx comme elles seront toutes di moment que chaque proprié- iaire comprendra son véritable intérêt. L (T. ». B.) FERME EXPEÉPRIMENTALE. (axer.) Afin d’é- loigner toute idée d'expériences, d'améliorations nouvelles que redoutent les esprits étroits et rou- tiñniers, om a voulu substituer à ce nom, le seul convenable, d’autres noms plus où moins ambi- dieux, plus ou moins singuliers, lels que Acadé- mie où École d'agriculture, Ferme modèle, Ferme normale, Institut agricole, ekc. Gomme il faut ap- peler les choses relativement au but qu’elles ont mission de remplir, je nommerai Ferme expéri- mentale Lout étabiissement. rural où lon travaille à donner de la certitude aux opérations du pre- mier des arts, oùl'on applique les découvertes de la science à ses pratiques les plas usuelles, où l’on vise, par une léngue suite de sages essais, à faire pénétrer dans les campagnes les plus éloïgnées du loyer des lumières les règles d’anesculture perfec- tionnée, le besoin d'instrumens: bien construibs,, mieux adaptés aux nécessités du pays, tout'cerqui peut amener à une exploitatron plus profitable des terres, À l'entretien bien entendu des bestiaux , à d’utiles innovations dans les usages domestiques. En un mot, je donne le nom de Fermeiexpérnnen- tale à toute fondation agricole qui, sous la diree- tion de praticiens habiles, a pour but de former des laboureurs, des bergers, des forestiers , des horticulteurs instruits, et de s'emparer de leurs habitudes pour les placer sans efforts dans la voie du perfectionnement: _ La première idée des Fermes. expérimentales comme écoles spéciales. pour l’agriculture appar- tient: à læ France ; elle date: du milieu du dix-hui- tième siècle; l’auteur anonyme l’a développée d’anemanière heureuse et séduisante dans un livre intitulé : Æcole d'agriculture; Paris, 1759, in-12, Elle ne produisit point dieffet, quoiqw’elle intéres- sât vivement. toules: les contrées de: la France , et que l’auteur demandät une Ferme: expérimentale par chacune des divisions politiques de l’état, dites alors Généralités. À cette époque, comme aux âges précédens , l’opinion avait déplacé la gloire dura- ble, celle des.grandes pensées, des institutions po- pulaires, des travaux champêtres, des vertus. do- mestiques. En 1771, Sarcey de Sulières, auquel on doit plusieurs bons ouvrages agronomiques, eut le bon- heur de réaliser ce:projet, en fondant à Annel, près de Compiègne, département de l'Oise, une insti- tution agricole des mieux entendues. Le proprié- taire de la terre d’Annel et de celle de Bestinval, Panelier, seconda les vues du sage praticien, de l’éloquent professeur: il mit, à sa disposition une étendue de plus de trois cents hectares pour servir à des enseignemens de-toule espèce de cultures; il lui fournit gratuitement les logemens et.la nourri-. ture pour douze labeureurs, tous les instrumens nécessaires à l'exploitation , et les matériaux indis- pensables pour la première mise en œuvre. Sacri- fice sublime, éminemment patriotique, que le gouvernement n’eut point la loyauté de soutenir, quoiqu'il eût exigé que la Ferme ajoutât à son titre le mot royale, et au’il se füt arrogé le droit d’a- geéer les élèves. À la mort de Panelier , ’établis- sement fat amtanti, partagé entre des héritiers avides; ibest vrai que, pour le conserver , Sarcey de Sutières ne voulat point descendre au vil métier de ceurtisan ni se saumeltre aux dures obligations qu'on lui imposait. Sous le minisière de Turgot, en 1575, Rozier proposa de reprendre la belle entreprise d’Annel, et demanda d’aflecter àla nouvelle école pratique d'agriculture l'immense et inutile domaine de Chambord. L’intrigue du cabinet ne laissa point à Turgot le temps de réaliser les vues de lillustre restaurateur de l’agricullure nationale. L'abbé Grégoire ne fut pas plus heureux quand il provo- qua , da hant de la tribune, en 1792, la fondation de Fermes expérimentales dans claque départe- ment. Ce que le gouvernement repoussa: sans cesse a été tenté par de simples particuliers. J'ai déjà parlé, au mot CoLontes AGRICOLES, tom, 2, p. 269 et 270, de la fondation faite en 1786 par Moreau, à la Rochette, près de Meïun, sur la route de Fontainebleau. Nous n’en voyons plus d'autre que vingt-quatre ans après, en 1810, je veux parler de celle que Bonneau , propriétaire à la Brosse , dé- partement de l'Andre, établit sur son domaine et qu'il sut soutenir pendant quelques années. Mas, à partirde celte époque, on a vu, sur divers points , nds d 0e RS É EELEEELELELELEL FERM a87 FEPRM . : de la France, se multiplier les établissemens de cette nature. En 1821, D’Ourous, de Saverdun, département de lAriége , convertit en :Fenme ex- érimentale son domaine du Vigné; en 1822 fut créée celle de Roville , département de la Meurthe, dont l'exploitation est confiée aux seins de Mathieu de Dombasle. En 1826 , xl s’en éleva une à Moris- sure, près de Nogent-le-Rotrou, département d'Eure-et-Loir; une à Grigvon , département de Seine-et-Oise; en 1829, une au Verneuil, .do- maine situé dans la commune d’Auverse, dépar- tement de Maine-et-Loire; en 1830, une à Guéret, département de la Creuse, sous la direction toute paternelle de Briet, son fondateur; une autre sur le domaine de Grand -Jouan, près-de la petite ville de Nozay, département de à Loire-Inférieure ; une autre à Grey, près de Châteauroux , départe- ment de d'Indre ; en 1831, une à Touffreville:la- Cabine , département de la Seine-Inférieure ; l'an- née suivante , une à Sigonneau , département de Loir-et-Cher; en 1835 , une à’Coëtbo, sur la li- mile des deux départemens du Morbihan et d’Ille- et-Vilaine ; eten 1834, une à Ferrières-Lagny, dé- partement de Seine-et-Marne. Nul doute , l’agriculture nationale profitera des bonnes pratiques qui s’'échapperont.de ces diverses inslitutions ;mais le bien serait plus certain et plus rapide , si dans tous on complait des professeurs réunissant les conditions nécessaires pour remplir dignement la tâche qui leur est imposée; malheu- reusement pour un ou deux sujets remarquables sortis de la ferme de Roville, je:vois presque par- tout la médiocrité, l'intrigue et l'incapacité la plus éffrontée maïîtresses de places qu’elles déshonorent, et'usurpent sur le mérite réel, sur le mérite mo- deste. De pareils choix indiquent suflisamment ce que sont les directeurs. On pourrait y pourvoir avec succès en ouvrant des concours publics, en exigeant de ceux qui se présentent des garanties morales et scientifiques , non point de celles qu’on arrache par coterie à des fonctionnaires publics ou'bien à des savans titrés, mais par des écrits ré | digés sous la dictée de l’expérience ; ét à la suite d’études approfondies. Plusieurs des établissemens | nommés n’ont eu qu’une existence de peu de durée, | où demeurent languissans, parce que la direction ét 1: professorat sont jetés aux mains d'intrigans, | d'hypocrites et d’imposteurs plus capables de faire | reculer l'art que d’en soutenir les progrès, plus pro- À D dfournir une armeterribleauxennemis detout angement, aux seclaires des anciennesméthodes agricoles, qu'à combattre par leraisonnement, par | des faits, les pratiques erronées de la routine. En | effet, comme l’ont dit, comme le prouvent Ma- | thieu de Dombasle et Briet , l’applicalion des prin- | cipes de la science progressive ne peut être faite qu'avec une connaissance positive des localités, par l'habitude des expériences et l'instruction «convenable pour -en faire pressentir et pour en k transmettre oralement les résultats. Avez dé véri- tables, professeurs, et vous formerez d’habiles élè- vês : cette condition est la première de toutes, Le ji (T. ». B.) Il | | | FERMENTATION. (emmn.) On désigne ainsi la destruotion spontanée qu'éprouvent les substances organisées que l'on expose à l'air, avec la précau- tion d’empêcherqu'ellesne se dessèchent. Les pro- duits de cette destruction sont de l'alcool, de l'acide acétique ‘ou un:corps plus ou moins infect; delà trois sortes de fermentations bien distinctes : la Fermentation alcoolique , la F'ermentation acide , et la Fenmentation putride Quelques chimistes en ont admis deux autres, la Fermentation panaire etla Fermentation saccharine. De ces deux Fer- menlations, la première se compose des Fermen- tations alcoolique et acide, et la seconde peut se manifester dans la fécule ou l’amidon qu’elle con- vertit en grande partie en sucre, après l'avoir préalablement délayé dans l'eau et soumis à la chaleur. 11 n’est peut-être pas déraisonnable de penser que c'est à une Fermentation de ce genre que nous devons la inmaturation des fruits et la germination des graines. Quant à la Fermentation visqueuse, ce n’est autre chose que la Fermenta- tion alcoolique opérée avec lenteur. Donnons quelques détails sur chacune des Fer- mentalions admises aujourd'hui, car .-ce sont des phénomènes extrêmement importans , et nous ne pourrions les passer sous silence. 1° FermeNTaATION avcoozique. Cette Fermen-: tation , appelée encore spiritueuse ouvéneuse, pro- duite généralement par des moyens artificiels, ne peut avoir lieu que dans des sucs végétaux renfer- mant du sucre ; il faut encore que ces sucs con- tiennent du ferment (1), une certaine quantité d’eau , et qu’ils soient exposés à une température de 15°à 20° Réaumur. Quant à l'air atmosphérique, son contact seul suflit ; car la quantité d’oxygène nécessaire à la détermination de la Fermentation est très-pelile, Avant d'indiquer les produits fournis par la Fermentation alcoolique , voyons ce qui se passe successivement dans le suc oùelle doit se déve- lopper. Abandonné à lui-même dans un vase lé- gèrement couvert, le liquide, d’abord limpide, devient assez promptement opalin ; puis un faible dégagement de gaz se manifeste peu à peu dans son intérieur, et la liqueur se trouble; enfin la masse*entre dans une effervescence permanente assez forte ; elle bout , commeson dit vulgairement, (x) Ferment, nom donné au gluten et à l’albumine végétale altérés, par suite de leur exposition au contact de l'air, et de la fermentation elle-même. Les modifications éprouvées par le ferment sont telles, qu’il jouit de la propriété dé faire «entrer en fermentation des solatés de , sucre.pur. On obtient du. fer- ment pur, ou plutôt un mélange riche en ferment, en enlevant à l’eau pure et froide le précipite qui se forme pendant la fer- méntation d’un infusé limpide de malt, appelé communément levure : après le lavage , on sonmetà la presse entre: deux feuilles de papier brouillard., On a alors une masse molle, ductile, insi- pide, inodore dans l’eau et l'alcool, composée de petits grains d’un gris jaunätre, transparens quand. &n les examine au mi- croscope, et qui, parfaitement desséchée , devient transfluide, ferme, jaunätre, cornée, dure et cassante, Abandonné:à lui- même, à une,température,de 15° à 20°, et.encore humide, le ferment s’altère, se décompose à la manière du gluten et de l’al- bumine végétale, donne un produit analogue au vieux fro= mage, elc. FERM 188 FERM et de la chaleur se dégage. Les bulles de gaz pro- viennent de la matière qui se précipite ; elles se fixent sur cette matière , l’entraînent avec elles à la surface de la liqueur, et constituent cette masse plus ou moins épaisse qui surnage la 94 z. Firole. 2.3. 4. Fissurelle SP Flamant. ê Flate LE Caërin dr FILT L'opinion la plus probable relativement à l’ori- -gime des Filons, c'est que ce sont des fentes qui ont eu pour causes les divers soulèvemens qui ont couvert d’aspérités la surface du globe, et que ces | fentes ont'élé remplies par sublimation : résultat qu'il faut altribuer à l’action des feux souterrains où, ce. qui est probablement le même fait, à l’ac- tion du feu central. Ce qui appuie cetle opinion £’est que tout prouve que les Filons ont été rem- plis de bas en hant, (J; H.) FILOU , ÆÉpibulus. (porss.) Cuvier a donné ce nom un genre fort singulier de poissons de l’or- dre:des Acanthoptérygiens , remarquable par l’ex- trême extension qu’il peut donner à sa bouche; ilen fait subitement une espèce de tube par un mouvement de bascule de ses maxillairés, et en faisant, glisser en avant ses intermaxillaires, Il emploie cet artifice pour saisir au passage les pe- Lits poissons, qui nagent } portée de ce singulier instrument. Les Sublets, les Zées, les Picarels, l’emploient également , suivant le plus on moins de protractilité de leurs mächoires. Tout le corps et la tête: du Filou sont recouverts de grandes écailles, la ligne latérale est ‘interrompue; il'a comme les Labres, deux dents coniques , plus longues au deyant de chaque mâchoire, .: Gegenreestinstitué sur une seule espèce (figurée dans. notre Ailas, pl. 161, fig, 4) trouvée dans la mer des Indes ; sa couleur est rougeâtre : c’est le Spanus insidiator de Pallas ; Spec. z0ol. , fasc. vx, pl. 5, fig. 1. (Azrx. G,) FILTRATION. (cnrm.) Mode particulier de cla- rification qui consiste à passer des liquides non transparens à travers des corps appelés filtres, pour en séparer les parlies hétérogènes , et qui se fait à l'air libre ou au bain-marie. On filtre à l'air libre tous les liquides très-fluides, tels que les eaux, les vins, les teintures, etc.; au bain-marie, tous ceux que la concentration, la viscosité em- pêchent de passer à travers les interstices des ! filtres: tels sont les sirops, les mellites, les Oxy- mellites , les huiles, etc. Les filires sont de plusieurs sortes: les uns sont en laine, en toile, en papier; les autres en char- bon, en grès, en pierre ou en verre. Les premiers(étamines, chausses , blanchets) ser- ! vent aux sirops, aux mellites, aux oxymellites; etc., les seconds aux liqueurs alcalines qui détrui- raient la laine et la transformeraient en une sorte de sayon animal ; les troisièmes sont journellement employés en pharmacie et dans l’économie do- mestique, pour les vins, les teintures, les h- queurs, etc. Enfin on a recours aux filtres de Charbon pour les eaux un peu corrompues , aux fontaines filtrantes pour l’eau des ménages , et au verre pour les acides et les alcalis concentrés. T Filtre en papier. On prend une feuille de pa- | pier non collé, entière et non trouée, plus ou : moins grande, selon la capacité que le filtre doit avoir ; on la coupe de manière à en faire un carré | parfait, puis un triangle en la pliant diagonale- : ment; enfin, à l’aide de plis très æapprochés les uns-des autres et faits en sens opposé, on ar- 0 219 FIRO ee à rive à avoir une sorte d'éventail fermé ou un cône aplali et très-allongé. On coupe la base de ce cône au niveau des plis les moins élevés; on ouvre le filtre , et on le place dans un entonnoir, dont il a | la forme. Il y a quelques précautions à prendre dans l'usage des filtres de papier. 1° IL fant que la pointe du filtre soit bien formée et qu’elle pénètre un peu dans la douille de l'entonnoir , afin que, pré- sentant peu de surface, elle puisse résister au poids du liquide ; 2° les filtres doivent être lavés à l’eau froide ou à l’eau chaude pour leur enlever l'odeur ct la saveur désagréables particulières au papier; 5 enfin, les premières portions de liquide qui passent doivent être rejetées une ou deux fois sur le filtre. Filtre en verre. On met dans un entonnoir de verre où de porcelaine trois couches de verre pilé : la première couche, ou la plus inférieure, est formée des morceaux les plus volumineux ; la se- conde ,de morceaux plus menus, et la troisième , de fragmens criblés et dépoudrés. Les filires en grès, en charbon , se préparent de Ja même manière, Avant de s’en servir, on doit les laver d’abord avec de l’acide hydrochlorique étendu d’eau, pour enlever au premier les: 1erres calcaïres , alumineuses et ferrugineuses; au se- cond, les sulfures ; puis avec, de l’eau pure pour entraîner l’acide hydrochlorique. (EuE) FIROLE, Pierotrachæa. (mozr. )LesFiroles, que Forskahl a le premier indiquées sous le nom qu’elles portent aujourd’hui en latin, sont des animaux mollusques d’une organisation très-singulière que plusieurs auteurs rapportent à la classe des Pté- ropodes ; elles sont communes dans les mers chau- des et tempérées ; mais, comme elles manquent de coquilles, ou n’en ont qu’un rndiment tout-à-fait inutile, elles s’altèrent très-facilement et il est rare de les rencontrer entières ; c’est ce qui rend peu certaine la détermination des espèces. Les auteurs qui ont le mieux étudié ces animaux sont Forskahl, Péron , Lesueur et de Blainyille. :Le- sueur a établi parmi eux plusieurs petits groupes génériques el distingué un assez grand nombre d'espèces, qui ne doivent peut-être pas être Lou- tes adoptées. M. Bolta a reconnu que la produc- tion . caudiforme que Lesueur donne comme caractéristique de certaines Firoles, n’est qu’une production momentanée, en rapport avec la reproduction. Lamarck et Guvier font des Firoles un genre de Gastéropodes hétéropodes ; M. de Blainville les rapporteà son ordre de Céphalidiens nucléobranches comme formant une famille dis- tincle sous Je nom de Nectopodes. C'est à côté d'elles qu’il place les Carinaires et les Argonauies dont la coquille est habitée, selon lui, par le poulpe OcyTu0E (voy. ce mot). Les Nucléobranches. sont distingués par leur corps allongé , droit et horizontal ; ils ont une co- quille ou bien ils ensont privés; dans aucun cas cette production ne recouvre l'animal en entier , et leurs branchies forment avec les autres viscères un nu- FISS 216 FISS om cléus situé à la partie dorsale. C’est aux Nucléo- branches sans coquilles que se rapportent les Firo- les. Celles-ci peuvent recevoir les caractères suivans : animauxtrès-allongés, gélatineux , trans- parens, souvent terminés en arrière par une queue plus ou moins longue, ct quelquefois pointue ; bou- che située à l'extrémité d’une trompe et renfer- mant un appareil propre à la mastication ; tenta- cules nuls ou rudimentaires, oculés à leur base externe ; le. nucléus à découvert et protégé seulement par une membrane, et situé au-delà et en arrière de la nageoire ventrale ; la terminaison du tube intestinal et des organes de la génération dans un tube du côté droit. Les Firoles , très-communes dans les mers des tropiques , ne sont pas rares dans la Méditerranée ; mais la transparence de leurs tissus empêche sou- vent de les voir; elle nagent avec facilité et en placant leurs pieds en haut. Nous citerons parmi elles : » La FmoLE couronNËE, P. coronata, qui est la plus grande de toutes celles que l’on connaît. Elle vit dans la Méditerranée et se distingue par une longue trompe perpendiculaire cylindrique, et surtout parles éminences qui lui couvrent le front; sa longueur totale égale six ou sept pouces. LeFmore nyaune, P. hyalina,est beaucoup plus petite; sa tête, également prolongée, lai donne, ainsi qu'aux autres espèces, quelques rapports avec certains poissons et particulièrement ceux du genre Syngnathe. C’est ce qui avait fait dire à La- marck que les Firoles établissaient le passage des Poissons aux Mollusques. = Nous avons représenté dans notre Atlas, pl. 162, fig. 1, la Fimoce cauniNe, P. caudina, Rang, Mag. de Zool. 1832, cl. v, pl. 3. Elle est longue de 8 centimètres, transparente, avec l'extrémité antéricure , la queue et la nageoire ou le pied ta- chés de rose violet. (GErv.) FISSIDACTYLES. (ors.) C'est-à-dire à doigts fendus ; les oiseaux qu’on nomme ainsi appartien- nent principalement à l’ordre des Passereaux; ce sont ceux quin’ont point les doigts réunis par des membranes ou fixés en partie sous Ja peau. Tous les Passereaux non syndactyles, beaucoup de Grim- peurs et tous les Gallinacés que M. Isid. Geoffroy nomme Passéripèdes (c’est-à-dire les Colombes , lcs Hoazins, les Mégapodes, les Tinamous, les Turnix, les Attagis ainsi que le Chionis ) sont dans ce cas. FISSIPEDES. (wam.) Les Fissipèdes où mammi- fères à pieds fourchus, appelés aussi les Bisulques, sont des animaux ongulogrades chez lesquels les deux doigts médians, plus développés que les au- tres, sont emboîtés chacun dans un sabot de forme assez singulière, Chaque sabot représente parfaitement la moitié du même organe chez un Solipède, et il est en rapport avec celui qui l’avoisine par une face plane et verticale. Tel est le cas des Cochons et de tousles ruminans sans incisives supé- rieures, c’est-à-dire des Muscs, des Antilopes, des Cerfs, des Girafes, des Moeutons ,: des Chèvres et desBœuls, Beaucoup de ces animaux, tels que les Cerfs, ont deux petits sabots derrière les doigtsqui donnent à leur pied Ja disposition Fissipède ; d’au- tres n’en ont qu'un seul ; tels sont les Pécaris, animaux de la famille des Cochons, et il en est, comme les Girafes, qui n’en ont pas du tout. : }, (GEnv.) : FISSIPENNES. (1ns.) Section établie par La- treille dans la famille des Lépidoptères nocturnes, pour placer un genre ou deux dont les ailes se sont divisées en deux ou plusieurs lanières frangées. des deux côtés. (7oy. Onnkoves et PrÉROPHORE. ) (A. P.) FISSIROSTRES. (ors.) G. Guvier donne ce ne à une famille de l’ordre des Passereaux, compre- nant les Hirondelles, les Martinets et les Engoule- vens, qui ont tous le bec profondément fendu. (Foy. l'article PAssEREAU. ) .: (GErv.) : FISSURELLE , F'issurella. (mou. } Les Fissu- relles sont des Mollusques Gastéropodes , ayant les mœurs des Patelles et que l’on peut définir ainsi : animaux oblongs, allongéset bombés; munis d’une tête très-distincte et assez large, terminée en avant par une trompe courte et arrondie, à l'extrémité de laquelle est la bouche ; deux tentacules coni- ques, portant à leur base externe les yeux, qui sont très-saillans ; manteau grand, mince, ouvert en avant pour la cavité branchiale ét fendu sur le milieu du dos, de manière à établir une nouvelle communication entre le fluide ambiant et cette ca- vité ; pied très-grand, ovale, oblong, muni autour de son bord de tubercules plus ou moins apparens, et diversement conformés; organes de la respira- tion composés de deux grands peignes branchiaux et égaux, qui se portent en avant et prennent naïs- sance de chaque côté de la partie dorsale ; coquille: recouvrante, patelliforme, conique, sans trace de ‘spire, à base oblongue, largement ouverte avec les bords continus ; sommet ironqué et muni d’une ouverture un peu allongée; empreinte musculaire en forme de fer-à-cheval ouvert en avant. Les Fissurelles sont communes sur presque toutes les côtes; elles vivent à la surface des ro- chers, et paraissent se donner fort peu de mou- vement. On peut citer parmi les nombreuses es- pèces qu’elles renferment : La Fissurezce DE MaGELLan, Fissurella picta, grande et belle coquille que l’on voit souvent dans. les collections. | La Fissurezce CANNELÉE, Füiss. græca (repr. dans notre Atlas, pl. 162, fig. 2 et 4). Elle vit dans la Méditerranée et dans l’océan Atlantique, et se trouve à l’état fossile dans plusieurs terrains de l'Italie, ainsi qu'à Grignon, aux environs de Paris, Telle est encore la FISSURELLE ÉCAILLEUSE , Fiss, squamosa, la plus grandé de toutes les espèces connues; elle se trouve à l’état fossile dans la mêmé localité des terrains de Paris que la précé- dente. (Genv.) FISTULAIRE , Fistularia. (rorss.) On voit aï- sément les points de ressemblance quirapprochent les Fistulaires des Aulostomes, et la différence qui empêche deles confondre avec ces derniers pois- sons, LA \ ; PE y FIST 219 FIST | | sons. Le nom générique Fistulaire tire en particu- | Jierson origine du long tube formé par la bouche, en même temps qu’il exprime que les abdominaux munis de cet organe appartiennent à un groupe différent de celui des Aulostomes. Ce genre se ca- ractérisera donc par un long tube formé au devant du crâne par le prolongement de l’ethmoïde, du vomer , du préopercule et interopercule , des plé- rygoidiens ; d’où lui vient le nom de Bouche en flûte; par une seule dorsale, composée en grande partie, ainsi que l’anale, de rayons simples; pat | la mâchoire inférieure , et les intermaxillaires qui | sont armés de petites dents ; enfin d’entre les lobes | de la caudale sort un long filament quelquefois aussi long que tout le corps. | Iine faut cependant pas croire que les habitudes des Fistulaires soient différentes de celles des Au- | lostomes. Ce genre entre avec les Aulostomes dans 1 la famille des Bouches en flûte, que Duméril nomme | les Syphonostomes. À ce genre appartient la Fis- l tularia tabacaria , c’est la seule espèce jusqu’à ce | jour connue. Elle parvient à la longueur de trois pieds et plus. Ce poisson se nourrit de jeunes crus- tacés et de petits poissons qu’il peut pêcher avec facilité, en faisant pénétrer son museau très-al- longé et très-étroit dans les intervalles des rochers, | sous les pierres, sous les fucus , et sous les coraux. Sa chair est maigre, et, dit-on, peu agréable au oût. (Azru. G.) FISTULAIRE. (zoopu. £cuin.) Genre de l'or- dre des Echinodermes auquel on reconnaît les caractères suivans : corps libre, cylindrique, mol- lasse, à peau coriace , très-souvent rude et papil- leuse ; bouche terminale, entourée de tentacules dilatés en plateau au sommet , et ce plateau divisé ou denté; anus à l’extrémité postérieure. On en reconnaît jusqu'ici peu d'espèces , les principales son! : la Fistulaire élégante , qui se trouve dans les mers de Norwége ; la Fistulaire tubuleuse, qu’on rencontre dans la mer Rouge. (Ga) FISTULANE, Fistulana, (mozz. ) Genre créé par Spengler sous le nom de Gastrochène, que Bruguière a caractérisé par un tube contenant une coquille bivalve, et sur lequel Lamarck a fait une erreur en considérant le tube comme une grande valve. Revenant sur son premier examen, ce der- nier naturaliste fit de nouveaux changemens dans les Fistulanes; mais ces changemens, auxquels Cuvier ajouta encore, n’empêchèrent pas que quelques espèces y furent placées à tort. Des- hayes, qui s’occupa aussi des Fistulanes, et qui “leur fit également subir quelques changemens, leur donne les caractères suivans : fourreau tubu- leux , le plus souvent testacé, soit libre, et alors toujours complet, soit incrusté dans l'épaisseur des corps sous-marins , et dans ce cas très-sou- vent non terminé ct plus renflé postérieurement, atténué vers son extrémité antérieure, ouvert à son sommet, contenant une coquille libre et bi- valve ; valves de la coquille égales et encore très- häillantes même lorsqu'elles sont fermées; Jiga- “ment extérieur droit; jamais de cuillerons internes lsous les crochets. Au reste, l’organisation des Fis- tulanes étant encore peu connue, il est difficile de les bien décrire, car on ignore absolument l’es- pèce étudiée par Lesueur, espèce pourvue, dit ce naturaliste, de deux appendices calcaires qu'il fait sortir du tube et qui sont terminés chacun par cinq à huit godets infundibuliformes, empilés les uns au dessus des autres. ! Aux trois espèces de Fistulanes figarées par Spengler, il faut en ajouter une quatrième que Adanson a fait connaître sous le nom de Ropan, et toutes celles que l’on trouve à l’état fossile dans les environs de Paris. De ces Fistulanes nous cite- rons : \ 1° La FisTULANE Massue, Fistulana clava, de Lamarck, espèce dont le tube, libre, droit et pa- pyracé, renferme deux valves étroites ; les valves sont très-bâillantes antérieurement, rétrécies dans leur partie moyenne ; le ligament est droit et placé extérieurement , point de dents à la charnière. 2° La FisTuLans LAGÉNULE, F'istulana lagenula, de Lamarck, qui a beaucoup d’analogie avec la précédente , et dont Je tube extérieur est entière- ment fermé parle gros bout, et ressemble plus ou moins bien à une bouteille : l’animal a deux petites valves et deux palelles comme dans les Ta- rets. On la trouve tantôt roulée dans le sable, tan- tôt enfoncée dans du bois ou des fruits qui ont sé- journé sous l’eau, et il nous en arrive à l’état frais des mers des Indes. 3° La FisTULANE CORNIFORME , Féstulana corni- formis vel gregata ; de Lamarck, espèce peu con- nue. 4° La FisTuLaAnNE cunÉIFORME , Fistulana cunei- formis, qui est pourvue d’un tube adhérent, et dont la coquille est très-bäâillante, cunéiforme , mince; le ligament est droit ct très-fort; les crochets sont placés à l'extrémité des valves ; celles-ci sont marquées de stries longitudinales , très-fines , sub- lamelleuses, quelquefois irrégulières. Quelques individus de cette espèce, que l’on trouve dans presque toutes les mers, ont quinze à seize lignes de largeur. A ces espèces on peut ajouter les Fistulana myli- loides, modiolina, ampullaria, elongata , angusta , contorta et Provigny , dont les quatre dernières sont fossiles. Œ.F.) FISTULINE, Fistulina. (80oT. cryrT.) Champi- gnons. Genre dans lequel les tubes sont libres, et non soudés entre eux, qui a été établi par Bul- liard, et que Persoon, De Candolle et beaucoup d’autres ont réuni au genre Bouer (voyez ce mot) dans une section qu’ils ont appelée Fisruzine pu aLossoïne, Fistulina buglossoides (Bulliard). Ce champignon a une couleur sanguine, une consistance charnue ; mollasse ; il est attaché par le côté, sessile ou très-brièvement pédiculé; sa surface, quand il est encore jeune , est chargée d’une infinité de petiles roseltes pédicellées qui finissent par se détacher et tomber ; sa face infé- rieure est composée de tubes inégaux , isolés, grêles, d’abord blancs, puis jaunâtres ou roussä- tres; enfin sa chair est marquée de zones rouges plus ou moins foncées. Tous III. 188° LavrAISON. 28 FLAB 218 FLAB ro La Fistuline buglossoïde put, dans sa jeunesse, ct quand elle a encore la forme d’une langue ou d'un foie, être servie sur les tables. On la trouve ordinairement à fleur de terre ou à l'ombre des vieux chênes. (ŒF. F.) FITCHÉRANE. (mnx.) Substance minérale qui paraît devoir être rangée, d'après l'analyse chimi- que, dansles silicio-aluminates de fer; mais son ana- lyse est encore trop incomplétement connue pour qu'on puisse lui assigner une place parmi les es- èces minérales. (J. H.) FLABELLAIRE, Flabellaria. (mort: crxPT.) Hydrophytes. Ce genre, de l’ordre des Dictyotées, de la division des Hydrophytes non articulés, a our caractères tranchés : une organisation réti- culée et foliacée , une couleur verte qui ne change jamais. Les mailles du réseau sont très-pelites, superposées et entremêlies. Une seule espèce, la FLapcrrammEeDESFONTAINE, Flabellaria Desfontainit, qui varie beaucoup dans sa forme, mais jamais dans sa couleur, compose ce genre. On la trouve dans toute la Méditerranée et jusque sur les côtes de France, près de Mar- seille ; on la croit bisannuelle. De sa tige , ordinai- rement cylindrique, s'élève une feuille simplemeut spatulée, à bord supérieur toujours frangé. Son organisation est réticulée ;/ ses mailles sont très- elites et comme feutrées; ses fibres sont appli- quées les unes sur les autres : celles qui sont lon- gitudinales semblent articulées et transparentes , les transversales sont à peine visibles. Sur la feuille on observe souvent , soit des stries transversales et concentriques , soit des zones un peu plus foncées, dans lesquelles la substance organique va sans cesse en diminuant ou en s’amincissant. (F. F.) FLABELLAIRE , F'labellaria. (zoopx.) Les limi- tes qui séparent le règne végétal du règne animal n’ont point encore été indiquées d’une manière certaine, et probablement elles resteront encore lons-temps indécises. Les termes inférieurs de la série animale et végétale semblent en effet se con- fondre , la sensibilité n’existe plus chez beaucoup d'animaux, et le mouvement, cette manifestation qui leur semblait indispensable, les abandonne pour animer pendant quelques instans de leur existence des êtres dont la végétabilité n’est pas douteuse. C’est ce qui nous explique pourquoi des corps organisés, en nombre assez grand, ont été ballotités d’un règne à l’autre, tantôt placés armi les végétaux, tantôtrapportés aux animaux, suivant la spécialité scientifique des hommes qui les étudiaient. Les Corallines , les Acétabules , les Amphiroa et les Flabellaires sont dans ce cas; certains auteurs en font avec Lamarck et Cuvier des animaux, parce qu’ils les considèrent comme des Polypiers à polype microscopique ; mais c’est BR une hypothèse qui ne repose sur aucun fait : quel- ques observations récentes, faites par MM. Schweig- ger et Link semblent au contraire prouver que ces êtres doivent être rapportés aux Algues et aux Ulves. Ce qui confirme l'opinion de Pallas et cellede M. de Blainville, qui retire les Corallineset tous les | genres voisins du règne animal, en leur imposant le nom de Pseudozoaires calciphytes, c’est-à-dire faux animaux, que l’on doit considérer comme des plantes encroûtées. Les Flabellaires, que Linné, Ellis et Solander ne distinguaient pas des vraies Gorallines, sont des corps phytoïdes, à rameaux ordinairement tri- chotomes et composés d’articulations très-distinc- | tes et très-aplalie sou cylindriques, ce qui n’a lieu que très-rarement. On distingue parmi elles une dizaine &’espèces qui vivent principalement dans les mers d'Europe et d'Amérique, et méritent bien par leur forme flabellée le nom qu’on leur a donné. FragezLainx RAQuETTE , Flabellaria opuntia. Cette espèce, dont la tige est presque nulle, a ses rameaux dichotomes, diffus, presque réniformes et un peu articulés sur leurs bords; la couleur géné- rale est verdâtre et la longueur 0,035. Elle vit dans la Méditerranée ; M. Schweigger a reconnu, en l’examinant à l’état frais, que ses fibres sont des filamens succulens qui se croisent et se ramifient irrégulièrement. Le parenchyme général est formé de cellules vésiculeuses pentagonales ou hexago- nales, comme chez les plantes, et ne ressemble lement examiné l’opuntia, a constaté l'exactitude de cette observation; de. plus il a reconnu, en regardant avec un très-fort grossissement , que le tissu fibreux qui forme la couche moyenne des compose entièrement de feuillets ramifiés comme dans une Ulva. Ces feuillets forment unemembrane qui recoit les cellules vésiculeuses; maïs les cel- lules ne constituent pas, comme dans les plantes supérieures , la membrane qui les contient. Ainsi la structure de la Flabellaire opuntia s'éloigne baucoup de celle des plantes d’une organisation compliquée; mais elle se rapproche de celle des Algues , au point qu’on pourrait dire que les vraies Flabellaires ( Æalimedea, Lam.) sont des Ulves composées, de même que les fucus seraient des Conferves également composées. Le dépôt calcaire se forme dans les cellules de l’intérieur de la plante, sur les deux faces de la couche fibreuse la plus intime, On trouve encore dans la Méditerranée la FLa- BELLAIRE TUNE , É°{, tuna, que l’on rencontre sur- tout en été et au printemps; sa tige est courte, ses rameaux souvent dichotomes, comprimés , subarrondis et de couleur vert-clair. Cette es- pèce habite les rochers peu profonds; elle n’a que cinq centimètres environ de longueur. Le genre Flabellaire, tel que le comprenait La- marck, renferme d’autres espèces sans articula- tions et dont on fait aajourd'hui avec Lamouroux le genre Udotée , Udotea. (GEnv.) : FLABELLÉ. (zoo. soT.) Adjectif par lequel on désigne divers animaux des derniers ordres et diverses plantes pour indiquer leur forme générale, leur figure en éventail; tels sont les Gorgoniens , les Lycopodes, etc. (P. G.) FLACOURTIANÉES, Flacourtianeæ. (vor. en rien à celui des animaux. M. H. Link, qui a éga- articulations, et qui sert à les réunir entre elles, se cm canon ec ces rois: "00 éd RSR RER ERP ces À FLAG D - pan.) C’est le nom d’une famille établie par De Candolle pour le genre Flacourtie et pour quelques autres plantes plus ou moins voisines les unes des autres. Mais ce nouveau groupe est l’un de ceux qui réclament encore un sérieux examen avant que de prendre place définitive dans la nomencla- ture; car, tel qu'il se montre dans le Prodrome du règne végétal , t. 1, il n'offre point d’uniformité, et n'aide guère l'étude : fleurs dioïques ou herma- phrodites , avec ou sans corolle; étamines indé- finies ou en nombre fixe; fruit charnu ou capsu- laire , à une ou plusieurs loges ,etc.; un tel mélange ne peut fournir de caractères de famille faciles à saisir, Gelui qu'avait indiqué Richard (laa- nexion sur des veines ou lignes saillantes sur la paroi interne du péricarpe) n'existe guère que dans deux des huit où neuf genres réunis sous le nom de Flacourtianées ; et c’est peut-être à ces deux-Rà, le Ælacurtia et le Æoumea , que devrait se borner le groupe. M. de Candolle divise ses Flacourtianées en quatre tribus ; nous allons les indiquer avec leurs caractères, renvoyant du reste à la description particulière de chacun des genres. Fetribu. Parrisiées. Fleurs hermaphrodites apé- tales , calice de cinq sépales colorés ; étamines in- définies ; fruit capsulaire ou charnu. Genres Pa- trisia et Ryanæa. (Ge dernier a été réuni au pre- mier.) Ile tribu. Fuacourrranées. Fleurs dioïques, apé- tales; fruit charnu, indéhiscent. Genres Ælacur- tia , L'Hér., Roumea, Poiteau. ht ES tribu. Krecezrarif£es. Fleurs dioiques; co- rolle et calice à cinq parties ; étamines en nombre défini; fruit charnu , déhiscent, Genres Kig- gellaria, L.; Melicytus, VForst.; Hydnocarpus, Gacrtner. IVe tribu. ErvrarosPermées. Fleurs hermaphro- dites; pétales et étamines au nombre de cinq à sept ; fruit charnu et indéhiscent. Genre £rythro- spermum, Lamck. (L.) FLACOURTIE , Flacurtia. (BoT. PrAN.) Un ar- brisseau de Madagascar, mentionné sous le nom ©’ Alamoton par Flacourt, à recu de L’Héritier le nom de celui qui l’avait découvert. Le classer dans la série des genres naturels n’était pas facile; il apparlient à la Dioécie icosandrie de L., et pré- sente les caractères suivans : fleurs dioïques ; ca- lice à cinq divisions profondes et persistantes ; point de corolle. Etamines indéfinies , au nombre de cinquante à cent , insérées autour d’un disque hypogyne et annulaire ; filets grêles et libres ; an- thères presque globulcuses , à deux loges. Ovaire globuleux , sessile sur le disque, ayant six à neuf loges ; chacune contient deux ovules attachés sur le bord interne de chacune des cloisons formant Ja loge. Style nal; stigmate discoïde, étoilé, di- visé en autant de branches que l'ovaire a de loges. Baie globuleuse, ombiliquée au sommet, à plu- sieurs loges contenant chacune une ou deux grai- nes. Celles-ci ont un épiderme osseux, épais ; leur intérieur se compose d’an périsperme charnu , au centre duquel est un embryon dressé. °" FLAM On a d'abord rapporté le Flacurtia à la famille des Tiliacées ; mais on voit , d’après la description précédente, qu'il ne s’y rapporte qu’imparlaite- ment. Richard, s'appuyant sur l’annexion des graines, y a vu le caractère suflisant d’un groupe particulier. (}oy. l'article précédent.) On connaît maintenant sept espèces de Flacour- tie; ce sont toutes des arbrisseaux à feuilles alter- nes, dentées et épineuses ; à fleurs terminales et rassemblées par groupes. La première espèce, celle de Flacourt , a été figurée par L’Héritier sous le nom de Flacurtia ramontchi, Deux autres , dé- crites par Willdenow, croissent l’une à la Guinée, FL. flavescens , l’autre auxIndes, F1, cataphracta. Trois font partie de la Flore de Coromandel ; enfin une dernière espèce est indiquée par Burchell dans son ouvrage sur l'Afrique australe. (L.) FLAGELLAIRE, Flagellaria. (Bot. Pan.) Plante de l'Inde, figurée par Rheede, dans son Jar- din du Malabar, sous le nom de Panambou-FV'alli, et: érigée par Linné en genre de son Hexandrie trigynie. Llle a une tige sarmenteuse , pliante, hautc de deux mètres environ ; au point d'insertion des rameaux se trouve une écaille cu spatule. Les feuilles, alternes, forment à leur base une gaîne longue et entière ; leur limbe étroit se termine en vrille contournée. Les fleurs sont disposées en pa- nicules terminales , rameuses, et plus courtes que les fleurs. L’aspect général de la plante est celui d’un grand martinet fiché en terre, d’où Linné lui a donné le nom de Flagellaire. Nous l'avons représentée , pl. 159 de notre Atlas, fig. 3. Ses caractères génériques laissent quelque doute sur la place qu’elle doit occuper : un périgone in- fère en cloche, à six divisions pétaloïdes, persis- tantes, les trois extérieures plus aiguës que les autres ; six étamines hypogynes ; un ovaire à trois loges; trois stigmates filiformes , étalés ; un drupe monosperme par avortement des loges ; un em- bryon placé à la base d’un périsperme farineux : telles sont les parties florales de la Flagellaire. De Jussieu l'avait placée à la suite des Aspara- ginées, en indiquant toutefois son affinité avec les Joncées ; Robert l’a réunie à cette dernière famille, auprès des genres Burmannia et Phyli- drum. Loureiro, dans sa Flore de la Cochinchine, cite une seconde espèce de Flagellaire , dont la tige, dit-il, est anguleuse, et grimpe le long des arbres ; Lo) - LE EI les feuilles seraient articulées vers leur milieu, (L.) FLAMBANT. (o1s.) Les anciens voyageurs ont donné ce nom aux espèces du genre Flammant, parce que leur couleur rouge les faisait paraître commeen feu. Ilest probable que le nom actuel de Flammant n’est qu'une modification de ce nom primitif, (7’oy. FLAMMANT.) (Guér.) FLAMBÉE. (mor. rs.) Nom d’une espèce de co- quille du genre Casque ct d’un papillon du genre Papilio proprement dit, (Woy. Casque et Pa- PILLON.) (Guër.) FLAMMANT , Phænicopterus. (ots.) Les Flam- mans ou Phénicoptères, oiseaux singuliers par 2, DR FLAM 220 FLAM EEE leur organisation et les mœurs quien sont les conséquences, appartiennent à l’ordre des Echas- siers et sont rangés par différens auteurs dans diverses familles de cet ordre: ils offrent en effet des rapports avec plusieurs groupes distincts et pourraient tout aussi bien être rapprochés des Hérons ou des Grues que des Echasses et des Ibis. On peut les caractériser ainsi : bec gros, fort, plus haut que large, dentelé, conique vers sa pointe, nu à sa base; mandibule supérieure flé- chie subitement, courbée à la pointe sur la man- dibule inférieure, qui est plus large qu’elle; narines longitudinales, situées au milieu du becet cou- vertes en dessus par une membrane; pieds très- longs ; trois doigts devant, celui de derrière très- ceurt, s’articulant très-haut sur le tarse; les doigts de devant réunis jusqu'aux ongles par une membrane découpée ; ongles courts, plats; ailes médiocres, à première el deuxième rémiges les plus longues. Ces oiseaux, que l’on rencontre dans l’Ancien et dans le Nouveau-Monde, se rapportent à plu- sieurs espèces qui varient peu dans leurs mœurs et leur coloration. Ils volent avec beaucoup de vigueur et presque partout ils se livrent à de longs voyages. Ils vivent en socicté lorsqu'ils se sont fixés dans quelque endroit et voyagent aussi réunis , en se disposant toujours en une phalange triangu laire semblable à celles des Oies, Les Flammans se nourrissent de mollusques, de vers, etc., qu'ils cherchent sur les plages ou dans les marais. Lors- qu’ils veulent ramasser quelque chose à terre, ils contournent leur cou, et appliquant sur le sol la partie supérieure de leur bec, ils s’en servent comme d’une spatule. Lorsqu'ils marchent, ils font très-souvent cette sorte de geste, c’est peut-êlre ce qui à fait dire qu'ils avaient besoin de s'appuyer de leur Lête pendant la progression. Leurs longues jambes et la gracilité de leurs formes rappellent le faciès des Avoceltes. Les Flammans ont aussi la démarche embarrassée de ces oiseaux; mais ils ne nagent pas comme eux : les palmatures de leurs pattes semblent uniquement destinées à leur per- meltre de marcher sur les fonds vaseux. La ma- nière dont nichent ces oiseaux n’est pas moins curieuse ; leurs longues jambes ne leur permettant pas de s’accroupir pour couver, ainsi que le font les autres oiseaux, ils élèvent dans les marécages qu'ils habitent de petites mottes de terre assez hautes pour que la crue deseaux ou la marée mon- tante ne les submergent pas, et c’est sur le som- met concave de ces sortes de piliers qu’ils dépo- sent leurs œufs. La femelle se place alors dessus et s’y trouve comme à cheval. Les anciens faisaient un grand cas de la chair des Flammans, qui à certaines époques de l’année sont assez communs en Grèce et dans le midi de l'Italie, et ils ser- vaient ces oiseaux dans les meilleurs repas. L'his- toire rapporte que l'empereur Héliogabale entre- tenait des troupes de chasseurs chargés de lui fournir en abondance des Flammans. La partie la plus estimée était la langue , que sa nature à la fois charnue ct graisseuse rend en effet très succulente. Aujourd’hui certains peuples font encore la chasse des Flammans pour un motif analogue. M. Geoffroy rapporte qu’il a souvent observé en Egypte le lac Menzaleh (à l’ouest de Damielte) couvert d’une multitude de barques destinées à la chasse des Flammaus. Ces barques reviennent remplies d’oi- seaux auxquels les Arabes arrachent la langue, afin d’en extraire par la pression une substance grais- seuse qu'ils emploient en guise de beurre. Le plu- mage des Echassicrs phénicoptères est assez épais, et peut être employé comme celui du cy- gne; la belle couleur rose ou rouge-vif qu'il pré- sente dans certaines parties le fait beaucoup re- chercher comme fourrure. La mue des Flammans est simple, et les cou- leurs sont peu différentes dans les deux sexes. Les femelles néanmoins sont moins brillantes que les mäles; elles sont aussi de taille plus petite. L'espèce la mieux connue est le F£amuanrT, Pné- NICOPTÈRE ROUGE, OU DES ANCIENS, Phænicopterus antiquorum , représenté dans notre Atlas, pl. 162, fig. 5.11 habite principalement les climats chauds de l'Afrique et de l'Asie, mais se retrouve néan- moins assez fréquemment dans le midi de l’Europe, en Sicile, en Sardaigne, en Calabre, ainsi que dans la France méridionale et l'Espagne. C’est un grand oiseau long de quatre pieds quatre pouces environ; il a dans l’âge adulte la tête, le cou, la queue et les parties inférieures du corps d’un beau rose, avec les ailes d’un rouge vif, le dos et les scapu- laires d’un rouge teint de rose, et les rémiges d’un noir profond ; ses pieds sont roses et la base de son bec ainsi que le tour de ses yeux blanchâtres; le reste du bec est noir ou d’un rouge de sang: rouge depuis la base jusqu’à la courbure ; nor, depuis celle-ci jusqu’à la pointe. Le Flammant niche sur les plages ou dans les marais baignés par la mer; ses œufs sont oblongs et blancs, et le nid est assez élevé pour que la mer dans sa plus haute crue ne puisse en atteindre le sommet. En Sardaigne cet oiseau émigre vers la fin de mars, et quitte ce pays pour ne reparaîlre qu’à la mi-août. C’est alors , dit M. de La Marmora, que du haut du bastion qui sert de promenade aux habitans de Cagliari, on voit arriver de l'Afrique les troupes de ces magnifiques oiseaux, disposées en bandes triangulaires ; elles apparaissent d’abord. comme une ligue de feu dans le ciel , et s’avancent dans l’ordre le plus régulier. À la vue de l’étang voisin, elles ralentissent leur course aérienne et paraissent un instant immobiles : puis traçant par un mouvement lent et circulaire une spirale co- nique renversée , elles alteignent le terme de Jeur migration ; brillant alors de tout l'éclat de leur parure flamboyante, et rangés sur une même li- gne, ces oiseaux offrent un nouveau spectacle ct représentent une pelite armée dont l’ordre ne laisse rien à désirer pour la symétrie et la régula- rité. Mais le spectateur doit se contenter pour le moment de contempler de loin cette colonne pai- sible ; malheur à lui s’il ose aborder l'étang dans celte saison funeste, le châtiment de sa démarche in‘'iscrète ne se fera pas altendre. FLAM 221 FLAM * Le genre Phénicoptère renferme encore plusieurs espèces , toutes étrangères à l'Europe ; ce sont les suivantes : PuÉNicopTÈBE ROUGE, Phænicop'erus ruber, Wils. On l’a souvent confondu avec le précédent. C’est sans doute à cet oiseau qu’il faut rapporter le Phænicopterus chilensis si brièvement décrit par Molina. Perir PuénicorrÈre , Phœnicopterus minor , Vieill., représenté dans les planches coloriées de M. Temminck, n° 410. Il est peu connu encore ; on le trouve dans l'Afrique australe et non en Amérique, comme on l’a dit; il n’est pas rare au Sénégal et au cap de Bonne-Espérance. Sa lon- gueur totale est de trois pieds environ: les prin- cipales différences qui le distinguent des autres espèces se font remarquer dans le bec. La mandi- bule inférieure est très-haute, fortement arquée , et recoit, dans l’espace qui sépare ses parois, toute la mandibule supérieure qu’elle cache totalement, de manière que les bords de la mandibule infé- rieure s'élèvent à la hauteur de la surface plane de l’hémiramphe supérieur. Vieillot décrit aussi le Perir PaénicoprÈre , Phænicopterus parvus, qui est également d'Afrique. Une autre espèce est le PHÉNICOPTÈRE A MANTEAU DE FEU, Phænicopterusignipalliatus, que MM. d’Or- bigny et Is. Geoffroy ont fait connaître dans le Ma- gasin de Zoologie (1832, cl. 2, pl. 2). il alatête, le cou, la queue, le dos etles parties inférieures géné- ralement d’un rose pâle chezles adultes ; quelques unes des plumes du dos sont d’un rose peu foncé, et chez quelques individus, sans doute les plus vieux, celte dernière partie devient rouge comme les ailes. Celles-ci, à l'exception des rémiges, qui sont noires, sont d’un rouge vermillon éclatant. Les jambes sont d’un rouge brun dans toute leur longueur , et le bec est coloré de rouge ou de noir comme chez leFlammant ordinaire. Longueur to- tale depuis le bout de la queue jusqu’à l'extrémité du bec , 4 pieds 1 pouce. Get oiseau se trouve en Patagonie, à Buenos-Ayres, ainsi qu'à St-lago de Cuba et du Chili. Ses œufs, verdâtres tache- tés de brun, ont dans leurs deux diamètres 11 et 6 centimètres, Les femelles couvent comme celles de l'espèce ordinaire ; dans certaines contrées, où elles nichent de préférence , on leur fait la chasse pourse procurer leurs œufs;:on mange aussi les petits. C’est sans doute de ces oiseaux que Dampier a dit: « La chair des jeunes et des vieux est maigre et noire, et néanmoins très-bonne à manger. Un plat de langues de Flemingos est un plat à servir à la table d’un prince.» (GEnv.) FLAMME. ( ruys. ) La Flamme est nn corps subtil , léger, lamineux, arde:t ct diversement co- loré, qui s’élève de la surface des corps en combus- tion, et qui provient de l'ignilion des gaz inflam- mables dégagés de ces même corps par l’action de la chaleur, Davy, qui a fait sur la Flamme des observations extrêmement importantes , pense qu’elle n’est au- tre chose qu’une matière gazeuse chauflée au point d’être lumineuse, Ce célèbre chimiste ne dit pas quelle est cette matière: nous pensons, nous, que ce ne peut être que du gaz hydrogène mêlé d’une quantité variable de carbone. Nous appuyons notre opinion sur ce fait, bien connu dans la science, que tous les corps qui ne contiennent pas d'hydrogène, et que l’on brûle sans le contact de l'air atmosphérique, dans du gaz oxygène par exemple , ne donnent jamais lieu, pendant leur combustion , qu’à une lumière vive, éclatante, que les yeux ont peine à supporter, mais qui ne ressemble pas à la Flamme proprement dite ; dans la combustion des corps qui contiennent de l'hy- drogène ou qui en forment pendant leur ignition, il y a toujours, outre la clarté plus où moins vive, plus ou moins briliante que nous venons de signaler, production du corps vacillant, que nous avons appelé Flamme. i La température de la Flamme surpasse la cha- leur blanche des corps solides dont on opère la combustion ; c’est ce que Davy a voulu prouver par l'expérience suivante : on expose un fil fin de platine à un vingtième de pouce environ de la Flamme d’une lampe à esprit-de.vin , avec la pré- caution préalable de cacher cette flamme par un corps opaque; le fil métallique devient blanc par l'effet de la chaleur seule de la Flamme. La même expérience a démontré aussi que la Flamme au cen- tre de laquelle on projetait des corpssolides qui ne se gazéifient pas, augmentait d'éclat. Comme il serait oiseux d’insister ici sur les usa- ges économiques de la Flamme, de dire que le chimiste ct le pharmacien l’emploient , par réver- bération, dans plusieurs de leurs opérations, d’é- numérer les cas morbides dans lesquels la chi- rurgie l’applique comme cautérisation objective, nous passons de suile aux observations par les- quelles Davy a été conduit à l'invention de sa lampe dite de sûreté, invention qui rendra le nom du chimiste anglais toujours cher à l'humanité, car elle a pour but principal d'assurer la vie des ouvriers mineurs au milieu des dangers que la na- ture de leurs travaux renouvelle sans cesse. Ces dangers sont dus au dégagement du gaz hydro- gène carboné qui a lieu de temps en temps dans les mines de charbon de terre, et qui, se mêlant avec l’air, forme un mélange qui détone par le contact des corps enflammés. Lampe de süreté de Davy. L'expérience ayant fait voir d’abord que la Flamme ne peut passer à la température ordinaire à travers une toile mé- tallique très-serrée ; que celle Loile refroidit le gaz qui constitue la Flamme de manière à le rendre moins lumineux; que ce gaz ainsi refroidi s’op- pose à la combustion de celui qui n’est pas en- core brûlé ; que l’abaissement de température est proportionnel à la petitesse des ouvertures du tissu et à la masse du métal; que les gaz qui brû- lent facilement dégagent moins de chaleur que ceux qui ont besoin d'une grande température pour s’enflammer, elc.; l'expérience ayant dé- montré encore 1° qu’une toile métallique de 100 ouvertures par pouce carré, faite de fil d'un soixantième de pouce d'épaisseur , laisse passer , à FLAT 292 FLÉC la température ordinaire, la flamme du gaz hy- drogène, mais ne laisse passer la flamme d’une lampe à esprit-de-vin qu'aulant que le fil de toile est fortement chauflé ; 2° qu’une toile qui, chauf- fée au rouge, n'intercepte pas la flamme de l'hy- drogène, arrête celle de l'hydrogène bicarboné ; 3° qu’une toile échauffée, qui permettrait la com- bustion d’un mélange de gaz hydrogène bicarboné el d'air, ne transmettrait pas celle d'un mélange d’air et de gaz inflammable des mines de charbon de terre ; 4° qu'un fil de fer d’un dix-huitième de pouce, chauflé jusqu’au rouge cerise, enflamme le gaz hydrogène bicarboné et le gaz hydrogène; mais, lorsqu'il n’a qu’un quarantième de pouce , il cesse d’enflammer le premier, tandis qu'il en- flamme encore très-bien le second ; 5° qu'un fil d’un cinq-centième de pouce ne peut enflammer le gaz hydrogène qu'après avoir été chauffé jus- qu'au blanc, tandis qu’il peut, lorsqu'il est à peine rouge, allumer le gaz hydrogène protophos- phoré; 6° qu’enfin un fil de fer d’un quarantième de pouce, chauffé même jusqu’au blanc, ne sau- rait allumer le gaz inflammable des mines ; Davy a placé la lumière qui éclaire les ouvriers mineurs dans une petite lampe dont les jours sont recou- verts d’une toile métallique très-fine. La cage de la lampe étant cylindrique, son diamètre doit avoir deux pouces ; le fil de fer qui l'enveloppe peut avoir de un quarantième à un soixantième de pouce de diamètre , et la toile qui en est faite doit contenir par pouce carré environ 790 ouvertures. Quelques modifications et perfectionnemens, dans les détails desquels nous n’entrerons pas, ont été apportés à la lampe de sureté. Notre but ayant été de faire connaître une des plus heureuses appli- catious de la chimie moderne , nous croyons avoir suffisamment rempli notre tâche. (EF) FLANCS. (zoo1.) Partie de la région latérale du corps qui s'étend depuis la crête illiaque jus- qu'aux côtes sternales. Région du corps da che- val située entre les reins, les côtes et les hanches. Dans les insectes les Flancs occupent ordinaire - ment les parties latérales du corps; mais, ainsi que le remarque M. Audouin , il ne serait pas exact de dire que ce sont les parties situées sur les côlés dutronc, puisque ces côlés peuvent être formés par le prolongement du siternum, et que chacun des Flancs, suivant le sens précis qu'attache ce naturaliste, résulte de la réunion de l’épisternum, de l’épimère et du paraptère, (P. G.) FLATTE , Flatta. (1Ns.) Genre d'Hémiptères de la section des Homoptères, famille des Gica- daires, adopté par Fabricius , mais qui avait déjà été créé par Latreille sous le nom de Pæœciloptère; les caractères qui le distinguent des autres Fulgo- relles sont d’avoir le prothorax plus coutt dans son milieu que le mésothorax et les élytres très-gran- des; ces insecles ont une forme toute particu- lière et qui ne permet de les confondre avec aucun des autres genres qui les environnent; leurs élytres et leurs ailes sont très-grandes , larges, arrondies, ce qui leur donne l'apparence de papillons ; la res- semblanceest surtout frappante dans les petites es- pèces, où elles sont en toit dans le repos, coupées droit à leur extrémité, ce qui les fait tout-à-fait ressembler à des Pyrales ; on en connaît mainte- nant un grand nombre d’espèces toutes étrangères à l'Europe. Toutes ces espèces , ne présentant pas les mêmes caractères, ont été étudiées par M. Gué- rin, qui a publié un travail à ce sujet dansle Voyage aux Indes orientales par M, Bellanger , partie z00- logique. C FLATTE À FORME DE PHALÈNE, Æ. phalenoides, Fab. ; d’une envergure de 15 à 16 lignes, blanc jaunûtre , avec les ailes supérieures couvertes à la base d’un duvet farineux de consistance très- épaisse, De l'Amérique. Cette espèce est repré- sentée dans notre Atlas, pl. 162, fig. 6. FLarrte RÉTIGULÉE , F, reticulata. Fab. ; de 9 b- gnes d'envergure. Corps jaunâtre; élytres et ailes diaphanes; les premières bordées de brun avec des taches transparentes sur cette bor- dure ; sur le disque passent deux petites bandes de même couleur; les ailes sont simplement bordées à leur partie inférieure. (A. P.) FLÈCHE. (z001. roT.) On a donné ce nom à diverses espèces d'animaux et de végétaux, à cause de la forme qu'ils affectent dans leur en- semble ou dans quelques unes de leurs parties. Voici les principaux exemples de cette nomencla- ture. Frkcue. (poiss. ) Le Callionymus sagitta. Pallas, r Fiècue. (wozr.) Espèce de Calmar. | FLècne DE pierre. (mozr.) Les Bélemnites. - Fiècne D’EaAu (BoT. PHan.) ou Ælécluëre et Feuchère, le Sagittaria sagittæfolia. Fiècue p'Inpe, (BoT. puan.) Le Galanga arun- dinacea. (Guir.) FLÉCHIÈRE , Sagittaria. (or. rrtax.) Genre de plantes monocotylédonées de la famille des Alis- macées et de la Monoécie polyandrie. Les Flé- chières sont herbacées, à racines vivaces, à feuil- les radicales en forme de flèche, d’où elles ont pris leur nom, et à fleurs disposées en verticilles sur une tige nue. Les fleurs mâles sont situées dans la partie supérieure de la plante, formées d’un ca- lice à trois folioles ovales, persistantes, d’une corolle àtrois pétales arrondis, renfermant vingt'éla- mines et plus, à anthères allongées et à deux lo- bes; les fleurs femelles, placées au dessous d’el- les, offrent un calice et une corolle de la même forme, avec des ovaires nombreux, ramassés sur un réceptacle commun globuleux , terminés cha- cun par un style court et un stigmate simple. Aux ovaires succède une capsule monosperme, in- déhiscente. Toutes ces plantes vivent sur le bord des eaux courantes et stagnantes. On en compte vingt espèces; l'Europe n’en possède qu’une seule, la FLécmiÈre saGITTÉE , $. sagittæfolia , qui fleurit de juin à juillet et produit alors un aspect fort agréable. L'intérieur de ses tiges et dn pétiole de ses feuilles est rempli d’une moelle douce, savou- reuse , qui les fait rechercher des chevaux et sur- tout des pourceaux. Elle jouit d’un autre avantage, c’est de fixer les terrains d’alluvion, de les trans- oo , FLÉT 223 FLÉT former promptement , en terres bonnes à cultiver ar le détritus de ses feuilles et de ses nombreuses racines à longues fibres. Arrachée aux lieux où elle abonde et culerée: avec sa motte bour- beuse , elle procure un excellent engrais. On dit que les Chinois cultivent une espèce de Fléchière à racines tubéreuses qu’ils mangent , et que cette espèce se retrouve dans l'Amérique sep- tentrionale, aux terres voisines de embouchure du fleuve Colombia, où les habitans se servent aussi de ses tubercules comme aliment. (T. ». B.) ? FLET. (roiss.) Nom vulgaire appliqué par les êcheurs de nos côtes, et adopté par la plupart des Ichthyologistes pour désigner une espèce du genre Plie , dans la famille des Pleuronectes. Voy. Pere. (Ari. G.) FLÉTAN , Hippoglossus. (rorss.) Quoique les Flétans aient les plus grandes ressemblances de conformation avec les Plies , il en sont séparés par plusieurs caractères , et plus Le sean eee par l'allongement de leur corps. Le Flétan a les mä- choires et le pharynx armés de plusieurs dents, longues, pointues, courbées et un peu éloignées les unes des autres. La mandibuie supérieure dépasse l’inférieure ; ses yeux, qui sont à droite, sont gros , et aussi rapprochés du museau l’un que lautre; sa ligne latérale se courbe d’abord vers le haut , et s'étend ensuite directement jusqu’à la nageoïre de la queue. Son côté supérieur est brun , plus ou moins noirâtre, couvert d’écailles solidement attachées et recouvertes d’une humeur visqueuse. Quant aux habitudes des Flétans, elles ne sont pas très-diflérentes de celles des Plies, des Turbots et des autres genres de la même famille. Le Flétan est remarquable par sa forme, par sa grandeur et par la bonté de sa chair. Il peut parvenir, dit-on, jusqu’à la longueur de dix-neuf à vingt-deux décimètres , et cent cinquante à deux cents kilogrammes de poids; et comme sa hauteur est très-grande à proportion de ses autres dimen- sions, il fournit un aliment aussi copieux qu’agréa- ble. Les habitans du Nord font une très-grande consommation du Pleuronecte Flétan, soit frais, soit salé ou fumé. Dans le Nord et dans le Groënland, où sa pêche est d’une grande importance , on se sert commu- nément, pour le prendre, d’un grand instrument que les pêcheurs nomment gangvaden , ou gang- vad. Cet instrument est composé d’une grosse corde de cinq ou six cents mètres de longueur, à laquelle on attache trente cordes moins grosses, et garmies chacune à son extrémité d’un crochet très-fort. On emploie pour appât des cottes ou des gades; des planches qui flottent à la surface de la mer, mais qui tiennent à la grosse corde par des hens très-longs, indiquent la place de cet instru- ment lorsqu’on l’a jeté dans l’eau. On retire les cordes au bout de vingt-quatre heures; il n’est pas rare de trouver quatre ou cinq Flétans pris aux crochets. On tue aussi les Hippoglasses à coups de javelot, lorsqu’on les surprend couchés pendant la chaleur sur des bancs de sable, ou sur des fonds de la mer très-rapprechés de la surface ; mais lorsque les pé- cheurs les ont ainsi percés de leurs dards, ils se gardent bien de les tirer à eux pendañt que ces poissons jouiraient encore d'assez de force pour renverser leur barque ; ils attendent que ces Pleu- ronecles, très-affaiblis, aient cessé de se débattre; ils les élèvent alors et les assomment à coups de massue. Vers les rivages de la Norwége, on ne poursuit les Flétans que lorsque le printemps est déjà assez avancé pour que les nuits soient claires, et qu'on puisse les découvrir facilement sur les bas-fonds. Pendant l'été on interrompt la pêche de ces animaux, parce que, extrêmement gras lorsque cette saison règne , ils ne pourraient pas être séchés convenablement , et que les prépara- tions qu'on donnerait à leur chair ne l’empêche- raient pas de se corrompre même très-promptes ment. On donne le nom de raff aux nageoires du Flé- tan et à la peau grasse à laquelle elles sont attachées ; on appelle ræckel des morceaux de la chair grasse de ce Pleuronecte coupée en long, et on distingue par la dénomination de Kare flog ou de Square queite, des lanières de la chair maigre de ce Thoracin. Ces différens morceaux sont salés, exposés à l'air sur des bâtons, séchés et emballés pour être envoyés au loin. On les sale aussi par un procédé semblable à celui que nous avons mentionné en parlant du Hareng. On a écrit que le meilleur raff et le meilleur rœckel venaient de Samosé , en Nor- wége. Mais ces sortes d’alimens ne conviennent guère, dit-on, aux gens des campagnes, qui ont un tempérament fort et un estomac robuste. En Hollande , la tête du Flétan fraîche a été regardée comme un mets un peu délicat. Les Groënlandais ne se contentent pas de manger la chair de ce poisson , soit fraîche, soit salée ou séchée; ils mettent aussi au nombre de leurs comestibles le foie et même la peau de ce Pleuronecte ; ils prépa- rent la membrane de son estomac, de manière qu’elle est assez transparente pour remplacer les vitres des fenêtres. Quelque grand que soit le Flé- tan , il trouve dans les Dauphins des ennemis dan- gereux, qui l’attaquent avec d’autant plus de hardiesse qu’il ne peut leur opposer, avec beau- coup d’avantage, que son volume, sa masse et ses mouvemens, et qui, employant contre lui leurs dents grosses , solides et crachues , le déchirent , emportent les morceaux de sa chair, lorsqu'ils sont contraints de renoncer à une vicloire com- plète , et le laissent , ainsi mutilé , traîner en quel- que sorte une misérable existence. Quand il est très-jeune , il devient également la proie des Squa- les, des Raies, et des autres poissons voraces, re- marquables par leurs armes ou par leur force. Les oiseaux de proie qui vivent sur les rivages de la mer , el se nourrissent de poissons , le poursuivent avec acharnement lorsqu'ils le découvrent auprès | de la surface de FOcéan. Mais lorsque le Flétan est | gros et' fort ; l’oiséau de proie périt souvent vic- time de son audace; le poisson plonge avec rapi- EEE as FLEU 204 FLEU ‘ mm dité à l'instant où il sent la serre cruelle qui le saisit, et l'oiseau, dont les ongles crochus sont embarrassés sous la peau et les écailles du Pleuro- necte, fait en vain des efforts violens pour se dé- gager , le Flétan l’entraîne, ses cris sont bientôt étouflés par l'onde, et ilest précipité jusque dans les abimes de l'Océan, asile ordinaire de l’'Hippo- glosse. À Il paraît que, dans les différentes circonstances où le Flétan se montre couvert d'insectes ou de vers marins attachés à sa peau, il éprouve une maladie qui influe sur le goût de sa chair, ainsi que sur la quantité de sa graisse. Il fraie au printemps, et c’est ordinairement entre les pierres qu'il dépose , près du rivage , des œufs dont la couleur est d’un rouge pâle. Tous les individus de celte espèce sont très-voraces. Ils dévorent non seulement les Crabes, les Gades, mais encore de petites Raies. Ils paraissent rechercher les Cycloptères qu'ils trouvent fixés aux rochers, Js se réunissent plusieurs ensemble dans le fond des eaux, ils y forment quelquefois plusieurs ran- gées ; ils y attendent les poissons qui ne peuvent leur résister, et lorsqu'ils sont très-affamés, ils s’attaquent les uns les autres, ct se mangent les nageoires ou la queue. La Méditerranée en a de plus petits, dont quel- ques uns ont les yeux à gauche. Un d’entre eux, le Pleuronectes macrolepidotus, B1., 190, ou Cüitharus, se distingue par des écailles plus grandes à proportion qu'à aucun autre; il est oblong, ct à ligne latérale droite. (Acer. G.) ? FLEUR, Ælos. (roT. pnan.) Lit nuplial des plantes, les Fleurs offrent le sanctuaire où sont ren- fermés les organes reproducteurs, où se célèbrent les mystères de la fécondation, où se cachent et se développent les germes qui doivent perpétuer les familles végétales. Elles sortent de l’aisselle des feuilles, ou couronnent l'extrémité des rameaux, le sommet des tiges, appuyées sur un calice ver- doyant, parfois accompagnées de bractées ou feuilles florales , qui remplacent, chez les plantes herbacées, les écailles dont sont munis les boutons des arbres ou arbrisseaux, destinées à braver la ri- gueur des hivers, à protéger les organes de la vie sous ces enveloppes rendues impénétrables aux in- tempéries par une exsudation plus ou moins abon- dante el résineuse. L'apparition des Fleurs se fait attendre selon le genre el l'espèce de la plante, le sol qui la nourrit, l'exposilion dans laquelle elle se trouve. Les unes demandent pour éclore la lumière éclatante du jour , les autres ne se dilatent que durant les nuits silencieuses ; celles-ci s'ouvrent à des heures fixes, le matin, à midi, au déclin du jour; celles-RÀ, messasères des autans, se courbent vers le sol, se ferment à l’approche du noir tourbillon qui doit verser sur elles une large ondée ; tantôt, dressées sur leur pédoncule, elles contemplent le soleil, s'immergent de ses feux et le suivent pas à pas dans sa course diurne; tantôt elles contractent leurs pétales, elles les rapprochent avec force dans le but de punir l'insecte audacieux qui vient butiner les provisions du ménage et troubler son calme heureux. Quand Ja corolle est épanouie, le plus bean moment de l'existence est arrivé pour les végé- taux. L’étamine amoureuse grandit avec fierté, puis elle s'incline mollement sur le pistil palpitant et l’inonde d’une poussière pleine de vie. Cette scène de jeunesse et de bonheur se peint à nos yeux de la manière la plus attrayante : la corolle s’orne de ses plus beaux atours, de douces éma- nations s’exhalent de son sein, parfument l’atmo- sphère et portent aux sens de tous les êtres qui les aspirent un nuage suave et impalpable. Le nombre des Fleurs qui émaillent la terre est égal à celui des astres que l’on voit rouler étince- Jlans sur la plaine éthérée ; elles naissent en tous lieax, aux pôles, où l’eau se condense en énormes bancs de glace, sur les sables embrasés de l’é- quateur, sur les monts sourcilleux, dans les grottes profondes el jusque dans les entrailles de la terre. La haute mer a ses prairies où le Fucus rose étale ses ramificalions toujours verles, et marie ses baies d’un bleu foncé à l’émeraude de la vague mugissante. Sous la masse des eaux de nos lacs, de nos élangs, de nos fleuves, de nos ruisseaux, on trouve aussi des Fleurs; la tige molle qui les porte y germe, s’y étend et quand le temps de la fécondation est prochain, la tige se dresse, la Fleur se montre sur le flot qui la balance, elle appelle les plaisirs de l'hyménée, elle en jouit, redescend ensuile joyeuse dans la couche maternelle pour donner naissance à d’autres êtres semblables à elle, à d’autres êtres appelés à remplir la même carrière. Comme les nuances aimables qui les parent, la forme des Fleurs varie à l'infini. C’est une coupe du blanc le plus pur dans le Lis, ZLilium candi- dum , et le Nénuphar, Yymphæa odorata ; un fleu- ron allongé d’un bleu d'azur dans le Barbeau, Centaurea cyanus ; un cône tronqué dans la Digi- tale pourprée, Digitalis purpurea; un casque brillant d’or dans la Cocrête orientale, Rhinan- thus orientalis; un entonnoir dn plus beaa rouge dans la Spigèlc, Spigelia marilandica; ici, la Fleur est arrondie en grelots argentés, ou décou- pée en étoile, en soleil rayonnant ; là, elle simule une mouche, un papillon léger , une araignée, on bien elle sc montre parée d’une aigrette légère ou d’un élégant panache aux reflets variés. Plus loin, c’est une couronne que l'amant heureux détachera pour la déposer sur le front timide de l’innocente amie dont il attend une félicité durable ; c’est une ombelle à l'ombre de laquelle l'abeille industrieuse puise les élémens de son miel doré; c’est une guir- lande diaprée, dont la piété filiale ornera la tombe d'ane mère tendrement pleurée; c’est une pyra- mide qui monte rapide et se courbe en berceau pour protéger le poète qui chante la patrie, les grâces et les plaisirs. Partout la symétrie la mieux combinée, partout des tissus délicats, des couleurs vives , des nuances de toute nature, des parfums exquis, que les Fleurs soient cachées sous des touf- fes d'herbes EEE FLEU 229 FLEU © fes d'herbes rustiques, qu’elles brillent sur d’élé- gans arbrisseaux, ou sur des arbres très-élevés. Relativement à leur durée, prise d’un coup d'œil général, elle embrasse la majeure partie de l’année, depuis les premières heures du gai prin- temps jusqu'au moment où l'hiver secoue son manteau de frimas sur le sol que nous foulons. En effet, chaque saison a ses Fleurs; si la Primevère, l'Anémone, la Jacinthe, le Lilas et le Chèvre-fcuille reprennent pour nous, au mois de mai, leur physionomie riante, les Roses, les Dahlias , l’'OEil- let et le Jasmin, la Capucine et la Pervenche qui s’enroulent sur la tige voisine, l’Héliotrope, l'UI- maire , les Protées argentés bravent les chaleurs étouffantes de l'été et jusqu'aux rivages stériles qu'embrasse l'Océan. Le Colchique, P'Amaryllis, le Safran , l'Adonide, le Perce-neige à Fleur rose ‘embellissent l'automne jaunissant; l’Aster rusti- que, la Gentiane, l’Anthémis grandiflore , l'Ellé- bore des bois diaprent à leur tour le blanc de la neive, le sombre de l'hiver, tandis que de longs rideaux de Rosages pourprés rompent la triste mo- notonie des noirs rochers, le front glacé de nos plus hautes Alpes. Le plus grand nombre des Fleurs naît et meurt dans l’espace d’un mois, d’une dé- cade ; il en est dont les phases de l’existence éphé- mère passent si rapidement que l'œil voit à peine le bouton se former et s’épanouir, que déjà les organes reproducteurs ont rempli leurs fonctions et transmis à des semences imperceptibles le fra- gile avenir de générations nombreuses qui s’en- tasseront les unes sur les autres dans Je court es- pace de quelques heures. Outre leurs agrémens, les Fleurs conservent dans le nom qu’elles portent celui d'hommes utiles qui se sont dévoués aux progrès de la bolanique ; elles marquent aussi les stations végétales sur les points ddinsus du globe, L’échelle se gradue d'elle-même, depuis l'Elyme des sables et la Soude qui vivent solitaires au milieu des galels que la haute mer envahit et découvre chaque jour, jus- qu'à la Saxifrage bleue et au Narcisse perce-neige : il faut faire la part des contreforts, des anfractuo- sités, des coins de terre privilégiés, des végétaux vainqueurs ou primitifs, ce sont autant d’anoma- lies qui rompent l’ordre symétrique des lois établies avec trop de précipitation. ( #, GéocnaPnie v£cÉ- TALE. }) Cultivées auprès de nos demeures, les Fleurs procurent d’aimables passe-temps; elles paient les soins qu’on leur donne par les variations de formes et de coloris qu’elles produisent, par les douces odeurs dont elles chargent les ailes du vent. In- troduites dans nos habitations ou tenues sur les croisées du citadin , elles décorent le modeste asile comme le salon aux lambris entrecoupés de miroirs réfléchissans ; elles vengent le pauvre des exigen- ces sociales, des humiliations dont l’accablent le sot orgueil, les distinctions outrageantes, la vileté des hommes à argent; elles impriment un nouvéau charme à la paix du cabinet, aux jouissances si douces des familles étroitement unies ; mais il faut y prendre garde, dans les champs, dans le petit T. I. jardin, elles portent aux sens un bien-être tout particulier , des impressions suaves, parce qu’elles s’harmonisent avec le mouvement d’une nature toujours active; mais enfermées, surtout la nuit, où toul est clos dans nos chambres , elles nuisent à la santé, portent le trouble dans le système ner- veux, enveloppent les corps vivans d’un gaz délé- tère , et déterminent souvent des affections émi- nemment dangereuses. Toutes les nations tant des âges les plus reculés que des temps les plus récens ont montré le goût le plus prononcé pour les Fleurs. Chez quelques peuples ce goût a dégénéré en des excès de fré- nésie; une singularité dans la disposition des pé- tales, dans la métamorphose des étamines et du pistil, dans la teinte plus où moins foncée, plus ou moins connue, plus ou moins bizarre, a sou- vent décidé de la ruine d’une famille, du déshon- neur d’une femme, d’un nouvel impôt, d’un crime, Les pages de l'histoire sont trop souvent salies de ces détails affligeans. Avant que de tristes songe creux eussent substi- tué leurs dogmes, dignes enfans de l'esclavage et de la sottise, aux brillantes fictions de la mytho- logie , on aimait à se couronner de Fleurs dans les repas ; on en couvrait la couche de la volupté, l’on en semait sur les pas de la vierge pudique, on les associait aux premiers soupirs de l'enfant, aux danses de l’hyménée, aux derniers adieux d’un vieil ami, l’on en placait sur son urne funéraire , en un mot on prenait soin d'unir l'emblème du gai printemps aux peines, aux plaisirs de la vie, pour rendre les unes moins amères, les autres plus aimables encore; on le faisait pour cacher, sous le voile des idées les plus riantes, les larmes que sol- licitent les horreurs d’une séparation sans retour. Partout, de nos jours comme autrefois, les Fleurs eurent le privilége heureux de faire la plus aimable partie de la toilette de la beanté, Je les vois avec délices se grouper gracieusement sur le sein olivä- tre des filles du Gange, sur la taille souple, élé- gante de la noire habitante de la Guinte, sur les formes majestueuses de la paysanne des Cordilièrcs et des deux Calabres, comme elles ôtent à mes yeux ce qu'ont de repoussant les peaux grossières qui me cachent la jeune Lapone, les toiles obscures dont le despotisme oriental affuble la Persane avilie ; partout Chaque arbre, chaque fleur, s'offre aux yeux attendris Comme un être animé, comme un touchant emblème Que chacun, à son choix, donne à celle qu’il aime, Rappelons, avant de finir , le chapeau de Roses que les vieillards de Salency placèrent, pendart douze siècles , sur le front de la fille la plus sage (v. au mot Rose) , l’humble Marguerite tressée en couronne que l’on plaçait avec joie sur la tête de la mariée. On l’a remplacée long-temps par la Fleur odorante de l'Oranger, mais aujourd'hui elle cède à son tour Ja place au Kamelia velouté. Le blanc annonce que celle qui le porte est sans souillure, comme la Fleur simple atteste la can- deur de son âme, l'innocence de ses paroles, la simplicité de ses goûts. La Fleur semi-double est 189° Ï 1YRAISON, 29 d'un fâcheux augure; Ja Fleur double, qui est une moustruosité aux yeux de la nature, sous les de- hors de l'abondance et de la fécondité, cache une dégradation réelle ; elle ne.brille qu'aux dépens de la maison nuptiale, Dans le langage vulgaire on donne le nom de Fleur k beaucoup de plantes; chacune est distin- guée par mn adjectif plus ou moins bizarre, ridi- cule, sans signification réelle; chez d’autres l'épi- thète est singulière et rappelle une figure, un événement ou une couinme. Je vais en ciler quelques unes de l'une et l’autre catégorie, Fueur abs, nom de plusieurs espèces d'O- phrides , dont le labelle paraît ressembler à une mouche volantes de la Mantisie, dont la Fleur figure un insecte; dela Rhexie veloutte, dont lesétamines vues de face simalent une araignée, ele. FLeur cranceanre. La Ketmie de l'Inde, Ai- biscus mutabilis, à reçu ce nom de la promptitude avec laquelle ses grandes fleurs passent du blanc au pourpre, puis au roge ou jaune sale quand elles se fanent. Fzsur »’amoun. Nom donné dans nos départe- méns du sud-est au Pied-d’aloueite sauvage , Del. phinium segetum, que l’on offrait autrelois à la jeune fille que l’on voulait.épouser. C'est aussi Je nom des Amaranthes que l’on dépose sur la tombe de celle que l’on aimait, et de l’Ancolie des haies et des bois, Aquilegia vulgaris. Fixur DE carôme. Variété de Renoncule dont la fleur s’épanouit durant le temps d’abstinence des dévots catholiques , et dont la couleur peint celle qu'offrent alors leurs traits. Fseur De cuair. Le Mélampyre des champs, Melampyrum arvense; la Lychnidelaciniée, Lychus floscuculi; le Farouch, Trifolium incarnatum, etc. , ‘à cause de la teinte plus ou moins rougeâtre de leurs pétales. Fceur px Grapaup, La Stapélie panachée, Sta- pelia variegata, a reçu ce nom à cause de la cou- leur yerdâtre de ses fleurs, qui sont marquées de rides transversales , parsemées de. nombreuses taches irrégulières et de lignes d’un pourpre livide, qui répandent une odeur désagréable, et rap- pellent la peau du crapaud. Freur Des Dames. Tantôt, c’est l’Anémone co- quelourde , Anemone pulsatilla, à cause de la vivacité, de la légèreté de ses mouvemens ; tantôt, c’est l’AHépatique des jardins, dont la fleur s’épa- nouit avec l’aurore.et dont les douces émanations sollicitent agréablement tous les sens ; tantôt enfin c’est l’Héliotrope du Pérou, Heliotropium peru- vianum, qui demande une culture de choix pour donner de belles fleurs et pour exhaler tous leurs parfums suaves. Frzur p’£crevisss. Avant l’épanouissement complet de sa corolle, la fleur d’une espèce de Balisier, Canna indica, que les anciens botanistés appélaient Fos cancri, présente la forme de pattes d'Ecrevisse; de là le nom qu’elle porte vulgai- rement. Fisur pe Jarousre. Ce nom est une corruption du mot latin Celosia donné, par G. Bauhin, ou du . à FLEU toscan Gelosia, donné par Tragus à l'Amaranthe tricolore, FLeurDe asso. Nom vulgaire de la PassinLone. V.ce mot... Freur pe PLume. Les fleuristes et les horticoles donnent ce nom à la Valériane grecque, Polemo- nium cæruleum , À cause des feuilles ailées, À fo- lioles nombreuses, qui garnissent ses Louffes ser- rées, arrondies, terminées par des bouquets de fleurs bleues. Freur px sac, La Tulipe du Cap, //æmanthus coccineus, porte aujourd'hui ce nom vulgaire qu’on a long-temps donné à la Capucine, Z'ropæolum ma] us, FLeur px Tous LES mois. On désigne ainsi, dans quelques catalogues de marchands, le Souci des jardins, Calendula officinalis, dont les fleurs très- doubles sont d’un jaune safrané, et ressemblent à des Renoncules. Freur px rourg L'ANNÉE. Ce nom, que l’on donne au Pérou à l’Angrec en corymbes, £piden- drum corymbosum, est la traduction d’un mot es- pagnol exprimant que. celte plante est en fleurs durant toute l’année. Freur pes rruces. Nom imposé par Rumph à un arbrisseau de la famille des Apocynées qui est employé à Java pour former des treilles ombra- gées. Freur pes veuves, Une espèce du genre Sca- bieuse , la Scabiosa atropurpurea, se nomme ainsi à canse de ses fleurs veloutées d’un violet noir plus ou moins foncé. Freur pu ser. Ce nom se donne vulgairement à toutes les plantes recouvertes d’une efllorescence saline, due à l'action des rayons solaires entre deux marées. Î Freur pu sort. Dans un mémoire que j'ai publié en 1826, tout en examinant le phénomène qui détermine certaines fleurs à se tourner le ma- tin vers l'orient, à midi vers l'équateur et le soir à se pencher vers l’occideni, en un mot à suivre pas à pas la marche du soleil, lors même que les nuages nous dérobent ses rayons, j'ai cherché à retrouver. dans la nomenclature botanique des modernes les plantes auxqueilés les anciens donnè- rent le nom de Fleurs du soleil. J'ai reconnu que ce sont le Souci des jardins, Calendula officinalis ; l’Héliotrope couché , /Zeliotropium supinums; la Belle de jour, Convolvulus tricolor ; lHerbe aux verrues, {Leliotropium europæum; la Gaude , Re- secla luteola ; la Mauve, Malva officinalis ; le Lupin blanc, Lupinus albus. On peut aussi ranger parmi les Fleurs du soleil, le Trèfle, Trifolium pratense , dont les feuilles suivent cet astre vivificateur et les épis des Graminées. Le Pérou nous à fourni le disque d’or de l’Hélianthe , Zelianthus annuus , qui présente le phénomène d'une manière plus frap- pante. FLeur ÉcanLare, Dans le midi de la France c’est, ici, la Lychnide de Russie, Lychnis chalce- donica; là, le Quamoclit-jasmin, Zpomæa coc- çinea. Fceur revue. Nom donné à la Sauge ormin, - FLEU 227 FLOR Salvia horminum, à cause des. bractées rouges ou violacées qui accompagnent ses fleurs agréable- ment disposées en épi. Fzsur mmpx. Chez les Malais la fleur écarlate et campanulée du Dombey éclatant, Dombeya phœ- nicea, que Linné avait inscrit parmises Pentapetes, est appelée profane , impie, parce qu’elle demeure enchée durant son entier épanouissement, et qu’elle affecte , selon eux ;, de ne jamais regarder le soleil. Fieur royeuse. Je n'ai pu découvrir quel motif a pu faire donner ce nom à la fleur de l’Acacie du Malabar, Mimosa lebbeck. Freur mreucér. Les diverses espèces du Mélian- the, particulièrement le pyramidal, elianthus major , sont ainsi appelées , j'ignore pourquoi, car elles ont une odeur fade, insupportable lorsqu'on les touche, et ne rachètent ce défaut que par un superbe feuillage et de belles fleurs. On donne aussi ce nom à la Moscatelline printanière, {doæa moscatellina, qui sent plutôt le musc que le miel quand ses fleurs herbacées sont épanouies. Fseur misrÈLe. Une espèce de Talin, le Zalinum umbellatum , porte ce nom, parce que sa fleur rouge est employée dans le Pérou à colorer une liqueur dite Mistela, composée avec de l'alcool, une petite quantité d’eau et du sucre. Les coquet- tes du pays se servent aussi de cette fleur comme de fard, Freur PRINTANIÈRE. La Pâquerette annuelle, Bellis sylvestris, et la Primevère, Primula ofici- nalis. Freur saranique. Nom bizarre donné à l’Iris de Perse, Lris susiana , à cause de la forme singulière de l’une des divisions de sa fleur brunâtre, qui figure une bouche ouverte, garnie d’une barbe noirâtre épaisse. Nous la possédons depuis 1573. (T. ». B.) FLEURETTES , Flosculi. (vor. pman.) Petites fleurs dont la réunion forme la capitule ou fleur composée de la Chicorée sauvage, Cichorium in- tybus ; del’Artichaut, Cynara scolymus ; de l'Hé- lianthe du Pérou, Helianthus annuus : de la Car- dère, Dipsacus sylvestris; de la Scabicuse, Scabiosa arvensis. On appelle également Fleurettes les épil- lets des graminées. Les Flenrettes sont des armes fort légères aux mains de l’amour, elles ne peuvent plus blesser. L’adulation attribue à ce mot une origine plus ou moivs récente ; tantôt elle la reporte à un preux chevalier qui fut aussi galant qu'ennemi des leltres, quoïiqu'on l'en dise impudemment le père ; tantôt à un enfant des Pyrénées qui fut éminemment despote, libertin, sans foi, quoi qu’en dise Vol- taire ; mais elle remonte à des temps très-éloignés, le fait est irrécusable. Si l’on considère nos vieilles monnaies gauloises et celtiques, on y remarque des roses , des pâquerettes et autres fleurs plus où moins grossièrement figurées. Les dames des âges passés , comme celles des âges présens, ont Lou- jours eu du penchant à la galanterie et du goût à recevoir des cadeaux. Les pièces d’or avaient le Pas sur les autres jouets. Nos braves et galans ancêtres, qui maniaient avec. autant d’habileté l'art de la persuasion auprès des belles, que la framée, la lance, le bouclier; l'angon et la cottue.en présence de l'ennemi, prenaient: plaisir, tout en contant de doux propos, à payer les rai- mables attentions de la dame de leurs pensées en lui comptant des Fleurettes, c’est-à-dire en leur offrant , en échange de leurs douces faveurs , des médailles d’or et d'argent au type des fleurs que les femmes aiment le plus. (T. ». B.) FLEUR DE SOUFRE. (cm) Foy. Sourre su- BLIMÉ. FLEURON ; Flosculus. (ot. rman. ) Petite co- rolle régulière , infundibuliforme, à cinq lobes , ou bien simplement tubuleuse , sans érasement, à trois et quatre dents, ou quelquefois encore tout- à-fait irrégulière, unisexuée, neutre ou dicline. Les fleurs qui sont munies de Fleurons appartiennent à la famille des Synanthérées. On appelle Deur- Fzeurows les petites fleurs déjetées d’un côté sous forme d’une languctte plane, plus ou moins al- longée et qui, à son extrémité supérieure , est presque toujours dentée. Les Radites se composent de Fleurons au centre de chaque capitule et de demi-fleurons à la circonférence. La Chicorée, Cichorium intybus ; le Pissenlit, Taraxacum com- mune ; la Scorsonnère , Scorzonera laciniata , etc. , ont leurs fleurs uniquement composées de demi- fleurons. (T. ». B.) FEEUVE. 7. Versanr, FLORAISON et FLEURAISON, florescentia. (Bor. Han.) On emploie généralement ces deux expressions pour désigner l’ensemble des phéno- mènes qui accompagnent l'épanouissement des fleurs , quoique les deux mots aient chacun une acception particulière : le mot Floraison indique l'instant où une plante commence à épanouir ses fleurs ; par l’autre on doit entendre l’espace de temps pendant lequel une plante reste épanouie , autrement dit la durée de sa Flewraison. La Floraison est l'époque la plus brillante de la vie végétale, c’est celle où les plantes acquièrent et déveluppent les organes propres à leur repro- duction; c’est celle où elles revêtent la robe nup- tiale, qu’ellesétalent tout le luxe, tonte la fraicheur, toute la gaité de la jeunesse, et qu’elles doivent nous montrer jusqu'à la saison des frimas par une succession de scènes agréablement variées. Elle se fait attendre plus ou moins de temps, selon la pature hérbacée ou ligneuse de leur tige, selon la longueur ou la brièveté de leur existence , selon les diverses circonstances locales que modifient le climat, la chaleur plus ou moins intense de l’année, la qualité da sol, la température de la saison et la délicatesse des individus. Gependant on peut, en thèse générale, avancer que le plus grand nombre des plantes herbacées fleurissent au retour duprin- temps et peu après qu’elles ont acquis une partie de leurs feuilles, tandis que d’autres. attendent deux , trois et même cinq années avant de donner des fleurs pour continuer ensuite à en: donner tous les ans jusqu'à la fin de leur existence. Les fleurs des plantes ligneuses demeurent, ainsi que je l'a oo 228 FLOR FLOR oo dit au mot Fzeur (v. plus haut, pag. 224), parfois plusieurs hivers renfermées dans des écailles im- pénétrables aux influences atmosphériques. Il y à des fleurs qui s’épanouissent sous l’aile du prin- temps, d’autres en été , quelques unes en automne, le plus petit nombre en hiver; en les changeant de climat , elles attendent une température égale à celle de leur pays natal; ainsi les herbacées prin tanières des tropiques ne se montrent chez nous qu’en été; celles de la Virginie et de la Louisiane, qu’en aulomne ; les plantes estivales du Cap, que pendant l'hiver et sous l'atmosphère artificielle de nos serres. Il n’en est pas de même pour les plantes ligneuses ; elles suivent plus invariablement l’ordre et la marche des saisons de la patrie qu'elles ne reverront plus; c’est pour cela qu'il ne nous est pas plus possible de ralentir, de suspendre l'action de la force vitale de l'Amandier, Amygdalus com- munis, qui con deur qu’elles répandent et dont elles laissent def traces partout doit aussi les aider beaucoup à re- trouver leur chemin. Quelquefois les Fourmis ont à changer de do- micile, soit qu’elles fuient tourmentées par la main des hommes’, soit par d’autres Fourmis qui atta- quént leurs nids comme on le verra à l’article Porverque. Alors l'émigration s'opère d’une ma- nière singulière : une des Fourmis, à qui l’idée de changer de domicile est venue, a-t-elle trouvé: un endroit qui lui semble propice, elle: revient sur ses pas, tâche de faire comprendre à une de ses compagnes ce qu’elle a découvert, la saisit par les mandibules ;: celle:ci se roule’alors en peloton et se laisse porter au nouveau domicile; quand elle en areconnu les avantages, elle s'éloigne avec sa conductrice et, ensemble, reviennent en cher- cher d’autres jusqu’à ce que toute l’émigration soit effectuée; dès qu’un nombre suflisant de Fourmis est arrivé, uné portion se met au travail de l’habitation, tandis que le reste continue de recruter des habitans pour la nouvelle demeure: Parmi les raisons qui forcent quelquefois les Fourmis à émigrer, la guerre entre pour beau- coup; à cet égard, nous devons dire un mot de celles que se font les insectes de ce genre; ces guerres , dans le genre qui nous occupe actuelle- ment, n’ont guère pour motif que des discussions de voisinage, les Fourmis étant des petits insectes très-irascibles ; lorsqu'elles font rencontre sur leur chemin habituel d’habitañs d’une autre four- milière , qu'ils soient de la même espèce ou non, peu importe, ilfaut essayer de serendre maî- tre du: terrain ; les Fourmis sortent alors de part’et d’autre de la fourmilière , se saisissent , se térras= sent, se tirent de côlé et d’autre, se secourent quand il en est besoin entre elles, et se laissent plutôt déchirer en morceaux que de lâcher prise une fois qu’elles ont saisi leurs adversaires; le champ de: bataille à quelquefois trois ou quatre pieds carrés, et il reste toujours jonché d’une grande quantité de morts, de blessés, et d’autres étour- dis par la quantité d’acidevénéneux dont ils ont été atteints; le combat continue le lendemain; le parti le plus fort finit ordinairement par péné- trer dans la ville ennemie et y porter le ravage, souvent aussi le parti le plus faible ne renouvelle pas le combat et émigre plus loin. Les Fourmis tirent une partie de leur nourri- ture des fruits mûrs , et en général de toutes les choses sucrées; mais ce qni leur fournit le plus, ce sont les Pucerons ; les Fourmis de toutes les espèces les recherchent, les caressent avec leurs antennes pour leur faire éjaculer la liqueur miellée qu'ils renferment ; elles les emportent dans leur demeure et les placent sur les racines des plantes pour les avoir toujours sous la main, enfin elles en ont tout le soin que nous aurions d’une basse- cour bien montée et dont nous tirerions une partie de nos alimens. Les Fourmis ont été de tout temps le sujet d'observations, mais qui toutes sont loin d’être exactes; ainsi le préjugé vulgaire, et qui subsiste encore chez beaucoup de personnes, que les Four- mis font des magasins pour l'hiver, était un de ceux les plus accrédités autrefois ; mais cette ob- servation est loin d’être juste, au moins dans nos pays; mais je ne sais jusqu'à quel point ce fait peut être vrai dans les pays où ces animaux ne s’engourdissent pas l'hiver comme-chez nous ; ce qui a donné lieu à cette erreur, c'est l’activité extraordinaire qu’elles ont déployée : aussi Salo- mon, dans le livre des Proverbes:, renvoie-t-} ie FOSS 206 FOSS CE paresseux à l’école de la Fourmi. Ces insectes nous sont particulièrement connus, mais sous un rapport moins agréable; ce sont les dégâts qu'ils occasionent dans les maisons en attaquant toutes les; provisions, surtout celles qui sont sucrées, et dans les jardins, les fruits et les plantes que leur acide corrode quand elles vont à la recherche des Pucerons. Les mœurs des insectes de cette tribu ont été le sujet d'observations très-suivies ; mais comme l'in- dustrie qu’ils développent varie d'espèce à espèce, nous renvoyons ces détails à chacun des genres dont elle se compose. Wov. les mots Fourmr, Poryerque , OponromaquEe , Ponère, Ecirow, Mynuice , CRYPTOCÈRE. (421) FOSSANE. (mau.) La Fossane, F’iverra fossa de Linné ou Genetta fossa des naturalistes moder- nes , est une espèce du genre des GENETTES (voy. ce mot) qui vit à Madagascar. Nous la décrirons en même temps que ses congénères. (GERv.) FOSSES NASALES. (zoo1.) Cavités situées dans l'épaisseur de la face, au dessous de la base du crâne , au dessus de la voûte du palais , et en tre les fosses orbitaires et canines. Elles communi- quent au dehors par les narines et s'ouvrent pos- térieurement dans le pharynx à peu de distance de la glotte. Les Fosses nasales sont séparées en- tre elles par une cloison verticale , dirigée d’avant en arrière et occupant la ligne médiane de la face. Leurs parois sont formées par divers os (chez l’homme on en compte quatorze) et par les carti- lages du nez. Sur la paroi externe on remarque trois lames saillantes , recourbées sur elles-mêmes et qu’on nomme cornets du nez ; elles aagmentent la surface de cette paroi et sont divisées entre elles par des gouttières longitudinales appelées méats. Enfin les Fosses nasales communiquent avec des sinus plus ou moins vastes, creusés dans l’épais- seur de l'os du front, des os de la mâchoire supt- rieure, etc. La membrane pituitaire, membrane de la nature des muqueuses , tapisse les Fosses nasa- les. (Voyez Pirurraine.) Dans l’homme et chez tous les autres mammifères, chez les oiseaux et les reptiles, le sens de l’odorat a son siége dans les Fosses nasales, et ces cavités sont continuellement traversées par l’air, qui se rend aux poumons, pour subvenir aux besoins de la respiration. Toutes les fois que la bouche est fermée, c’est par leur inter- médiaire que l'air pénètre jusqu’à la glotte. On peut donc regarder les Fosses nasales comme la partie antérieure du tube aérifère. (PC) FOSSILES. (z001.) On a regardé avec raison les corps organisés Fossiles comme les médailles qui servent à déterminer les époques géologiques, de même que dans l'archéologie les différens mo : numens antiques servent à fixer des faits ou des dates historiques. C’est en effet depuis que la géo- logie s’est appuyée sur la zoologie qu’elle a fait des progrès qui ont donné à sa marche une direction nouvelle, et qui l'ont rendue l’une des branches les plus utiles et les plus intéressantes des connais- sances humaines. On doit entendre par Fossiles, en adoptant Ja définition très-exacte qu’en a donnée M. Deshayes , un corps qui a été enfoui dans la terre à une épo- que indétermince, qui y à été conservé, ou qui y a laissé des traces non équivoques de son existence. D’après cette définition, ce qu’on est convenu depuis long-temps d'appeler pétrifications, emprein- tes , moules , contre-empreintes , sont des modifica- tions particulières que présentent les Fossiles. Les pétrifications sont, à proprement parler, des corps dans lesquels la matière organique a été rem- placée par une substance minérale, telle que la silice ou le calcaire. On ne connaît de réellement pétrifiés que certains végétaux. Les empreintes sont les traces qu’offrent, sur une roche quelconque, la représentation en creux de la surface extérieure d’un corps organisé. On nomme moule l'empreinte intérieure d’un corps, par exem- ple d’une coquille. Lorsque le corps s’est dissous et qu’ane matière quelconque s’est moulée dans le vide qu’a laissé le. corps , le moule qui se forme et qui présente tou- jours l'extérieur de ce corps, est ce qu’on appelle contre-empreinte. Dans la comparaison des corps organisés Fossiles et des corps organisés vivans , on admet plusieurs degrés de ressemblance : deux corps sont cdenti- ques lorsqu'il n’existe entre eux aucune différence appréciable; on regarde comme analogues ceux qui ne présentent pas des différences assez impor- tantes pour qu’il soit nécessaire d’en faire des es- pèces distinctes. L'étude des analogues offre deux points impor- tans : d’abord l’analogie qui existe entre des Fos- siles de différentes localités sert à rapporter à la même époque les Lerrains et les formations aux- quelles ils appartiennent; en second lieu, l'analo- gie que l’on remarque entre certains Fossiles et certains corps vivans, présente aussi le plus grand intérêt, pour déterminer l’âge relatif des terrains et des formations. Ces considérations ont conduit naturellement à chercher si parmi les Fossiles il n’y en a point qui peuvent servir à caractériser les différentes épo- ques géologiques; mais on ne s’est pas toujours bien entendu sur ce qu’on doit appeler Æossiles caractéristiques ; il nous semble cependant que M. Deshayes a, avec raison, admis qu’on ne devait considérer comme tels que ceux qui se montrent le plus constamment dans les différentes couches d’une même formation. ( Voyez Géorocs. ) (J. H.) FOSSOYEUR. (1xs.) On donne ce nom vulgaire au ÂVecrophorus vespillo, parce qu'il creuse une fosse pour y enterrer les cadavres des Taupes et autres petits animaux dans lesquels la femelle: dépose ses œufs. (7. Nécrornore.) (Guinr.) FOU , Sula. (o1s.) Le nom de Fou, adopté par les naturalistes français pour les espèces que Bris- son appelle Sula, n’a pas peu contribué à accrédi- ter la réputation de stupidité et de lâche ineptie qu’on avait faite à ces oiseaux. Dampier rapporte que, dans certaines îles inhabitées, les Sula lui ont montré une telle stupidité, qu’il ne savait quels moyens | eme mime NS FOU 297 FOUG moyens employer pour les faire fuir et abandon- ner certains passages qu'ils obstruaient; ils se laissent , assare-t-il, assommer sous les coups de bâton plutôt que de se déterminer à céder le ter- rain. Catesby, auquel on doit d’intéressantes ob- servations , est encore venu renchérir sur ces ré cits, en parlant de la tyrannie exercée par les Frégates sur les Fous qu'elles contraignent à être leur instrument de pêche , les laissant poursuivre le poisson et leur enlevant ensuite celte proie, qu'elles les obligent à dégorger. Cette assertion paraît tout-à-fait dénuée de fondement : les Fous sont , au contraire, belliqueux comme la plupart des oiseaux de haute mer; ils vivent souvent en compagnie des Frégates, et ils mangent paisible- ment les produits de leurs recherches sans être inquiétés. Ges oiseaux sont, pour l’illustre auteur du Rè- gne animal, des Palmipèdes totipalmes, parce qu'ils ont, comme tous les animaux de celte fa- mille, les quatre doigts des pieds compris dans une même palmature; leur bec est légèrement com- primé, pointu, presque entièrement droit, mais un peu arqué à son extrémité, et garni sur ses bords de denticules dirigées en arrière; les nari- nes se prolongent en une ligne qui va jusqu’auprès de la pointe du bec ; la gorge est nue ainsi que le tour des yeux, et peu susceptible d’extension ; la queue est cunéiforme, et les ailes, longues et à première rémige dépassant toutes les autres (ailes suraiguës) , paraissent moins étendues que celles des Frégates. Le vol des Fous est néanmoins ra- pide et assuré; mais ces oiseaux paraissent avoir pour habitude de ne point s’écarter des terres au- tant que certains autres da même groupe; ils ne s’éloignent pas au-delà de vingt lieues du rivage, etils y retourhent chaque soir : aussi leur rencon- ire est-elle pour le navigateur le plus sûr indice du voisinage de quelque terre. C’est surtout dans les îles un peu écartées qu’ils se tiennent; ils s’y réunissent en grand nombre et nichent sur les ro- chers. La ponte des femelles est d’un ou deux œufs; on ignore la durée de l’incubation ; les petits, à leur naissance, sont couverts d’un duvet tellement Jong et épais, qu’ils ressemblent à ces houppes à friser que l’on fait avec le duvet des cygnes. On trouve des Fous dans plusieurs parages assez éloignés ; les côtes de l’Europe en possèdent une espice, c’est la Bouge ou Fou 8Lanc, Sula alba de Meyer, appelée aussi Fou nr Bassan. Cet oiseau est blanc, avec les premières pennes des ailes et les pieds noirs; son bec est de couleur verdâtre ; sa longueur totale est de trente-quatre pouces. Son der- nier nom est celui d’une petite île du golfe d'Edim- bourg (Bassan) , où il est très-commun ; on le voit aussi quelquefois sur nos côtes en hiver. Les jeunes sont bruns, tachetés de blanc. Nous avons repré- | senté cette espèce dans notre Atlas, pl. 164, fig. 4. | Ondistingue encore plusieurs espèces dans le genre Sula ; mais toutes ne sont que très-imparfaitement : connues. Ce sont le Fou g1axc, le Fou pu Brésir et le Fou.pE GAYENNE, qui sont d'Amérique. Le Fou comuux , ainsi que d’autres appelés Fou T. INT, TACHETÉ , GranD Fou, etc. , se rapportent à l’es- pèce d'Europe. Il est encore douteux si le Perrr Fou, appelé Manga da velado (manche de velours) par les navigateurs portugais, constitue ou non une espèce distincte; on assure qu’il est constam- ment de moitié plus petit. On nomme aussi Fou une espèce de Bruanr (voy. ce mot), l’Emberiza cia des ornithologistes,. (GERv.) FOUCAULT. (os. ) C’est le nom de la Bécas- sINE (voyez ce mot). FOUDI. (ors.) Espèce du genre Gros-bec. FOUDRE. (uozr.) Nom marchand de quelques volutes : une espèce du genre Cône recoit aussi quelquefois la même dénomination, à cause des lignes en zigzag et imitant la foudre qui sont dessinées à sa surface. (GErv.) FOUDRE. (puys.) Joy. EzecrriciTé. (F. F.) FOUET DE L'AILE. (oïs.) On désigne ainsi l'articulation extérieure de l'aile des oiseaux. (WP, Aire.) FOUET DE NEPTUNE. (8oT. crypr.) Les ma- rins donnent ce nom à plusieurs espèces de Lami- naires et entre autres au ÆFucus digitatus. Voyez LaminaRe et Fucus. (Gu£r.) FOUETTE-QUEUE. (rerr,) W,. Srezcion. FOUGÈRES, ÆFilices. (mor. cryrr.) Belle et grande famille placée à l'extrémité des plantes Acotylédonées proprement dites et en tête des Monocctylédonées cryptogames (voy. la pl. 159 de notre Atlas). Elle est remarquable par le nom- bre, l'élégance et la variété de formes qu’affectent les espèces qui la composent, et quand on l’étudie sous le rapport de la singulière organisation de leur rhizome et des corps chargés de les propager, elle excite vivement la curiosité et l'intérêt du botaniste (voy. la planche 163). Si on la suit depuis le pôle, où l’on en compte au plus vingt- ciuq espèces, jusqu’à l'équateur, où ce nombre s'élève à plus de six et neuf cents, on les voit ram- per tristement pour gagner ensuite une hauteur prodigieuse. Quelle énorme distance sépare notre Pilulaire, Pilularia globulifera, qui forme dans les lieux humides des gazons fins et d’un vert gai, du Zygodium scandens des côtes et des îles del’Inde, dont le rhizome flexueux et grimpant embrasse les plus grands arbres, et va mêler ses frondes aïlées à leurs cimes. Combien il y a d’exagération entre le port de notre Polypode commun, Poly- podium vulgare , s’attachant au tronc des végétaux ligneux pour y donner des touffes de dix à douze centimètres, et celui du Polypodium giganteum que l’on voit au Brésil rivaliser en puissance et en solidité avec les Palmiers * cire, Ceroxylum andi- cola , et gagner de quarante à soixante mètres de haut ! Comme les élégantes corbeiïlles formées par notre Fougère aquatique, Osmunda regalis, sont mesquines, quand on les compare aux toufles im- menses chargées de soie molle et brillante du Pino- nia splendens de l'Australie ! La première atteint au plus dans nos climats deux mètres d’élévation, tandis que la seconde en a d'ordinaire au moins douze et vingt! 293° Livraison, 33 4 PS FOUG 258 FOUG pe Les tourbières de. l'Europe nous apprennent que, bien avant que la terre ait éprouvé des changemens énormes, dont on ignore l'époque et la cause , et qu’une catastrophe dilavienne ne suf- fit pas pour expliquer, les Fougères arborescentes et gigantesques des régions équatoriales croissaient et multipliaient librement sur le sol que nous fou- lons. En effet, si nous consultons ces archives irrécusables, au milieu des empreintes et des dé- bris de végétaux de toutes les climaturés que les tourbières recèlent , on trouve , parmi les Fougères variées dont le nombre est vraiment surprenant , diverses espèces qui n’ont plus d’analogues vivans, comme un Lycopode dix fois plus grand que le Lycopodium saururus; beaucoup d’autres, comme les 7 richomanes elegans et scandens , dont les con- cénères n'existent aujourd'hui que sous les lati- tudes les plus chaudes des deux continens; et quelques unes seulement, comme l’Zsoctes la- custris, végètent encore sur le sépulcres de leurs aïeux. O vous qui prétendez fixer l’âge de notre globe, portez les yeux surices dépôts d’une ef- frayante antiquité, et riez avec moi du ridicule de vos étroites théories, de votre roman géologi- que, ou bien allez effacer ces pages d’une histoire écrite parla main des siècles. Que dis-je ? pygmées, humiliez-vous et faites silence. En 1806, Swartz, botaniste suédois, a publié une bonne monographie des Fougères ; il y distri- buait en trente-huit genres environ sept cents espèces. Quatre ans après, Willdenow comptait quarante-deux genres et plus de mille espèces ; mais depuis, tout en enrichissant la famille des Fougères de découvertes nouvelles, les voyageurs nous ont appris que le botaniste de Berlin a sou- | vent fait de doubles emplois et non moins souvent confondu plusieurs espèces dans une seule. On en porte aujourd'hui le nombre à près de dix-huit cents ; des observations plus régulières , plus scru- puleuses , nous diront plus tard si ce dernier chif- fre n’a rien d’exagéré. Smith, l'ami de Linné et qui m’honora de sa correspondance , est le premier que l’on vit aller chercher les caractères de sa classification dans l'organisation intime du fruit. Swartz les a puisés dans l'anneau , et, selon que les Fougères le pré- sentent parfaitement caractérisé ou imparfait, ou qu’elles en sont totalement dépourvues, il les di- vise en trois grandes sections. Desvaux veut cinq divisions, et il les appuie selon que les sporanges sont 1° portés par les rhizomes ; 2° axillaires non amnelés; 5° annelés et groupés sur les frondes ; 4° ni globuleux , ni annelés, ni striés , hypophyl les; 5°et déhiscens par un anneau strié, D'autres ont été puiser leurs caractères dans la coupe des rhizomes ; mais ils n’ont fait que suivre Du Petit- Thouars , lequel est mort sans publier le travail qu'il avait préparé sur ce sujet durant son séjour à l’île Maurice. On n’est pas d'accord davantage sur l’organi- sation des sporanges , sur la présence des organes mâles dans les capsules , sur le caractère de l’em- bryon , que les uns veulent apparténir aux Acoly- lédonées, les autres aux Monocotylédonées , pas plus que sur la situation du fruit. La divergence des opinions émises prouve que leurs auteurs n’ont étudié que sur des échantillons. De Martins, qui a long-temps habité les contrées équinoxiales du continent américain et vu d'innombrables Fou- gères dans toute la beauté de leur végétation , vient de nous apprendre que les sporanges com- mencent par une vésicule verte ; il se forme bientôt après un pédicule; puis, quand celui-ci a acquis la moitié de sa longueur, il laisse voir dans son intérieur des petits points au nombre de six à neuf, Plus tard, ces corpuscules grossissent et pa- raissent formés de quatre lobes, dont trois sont toujours visibles, quelle que soit la manière dont on les tourne : c’est alors l’ovule ou spore que doit féconder l'organe qui se présente auprès comme une pelite colonne terminée en pinceau, et por- tant à son extrémité des corpuscules très-pelits. Les fruits ne sont jamais situés sur les nervures même des feuilles, ils en sont séparés par une couche de cellules. Une assertion fort singulière , avancéeen 1854, par Duvernoy , de Stutigard , semblerait faire croire que, en semant des graines d'Orchis, on obtient des Fougères; mais il y a erreur grave dans l’observation, et, quoique un botanisteestimé l'ait confirmée par son suflrage, je Ja rejette comme contraire à toutes les lois de la physiolo- gie végétale. Que l’on dise que des cryptogames apparaissent dans certaines localités, puis en dis- paraissent durant quelques années pour y reparaf- tre ensuite, ce phénomène se conçoit, il est écrit au livre de la nature ; mais prétendre à la méta- morphose d'un genre dans un autre, tel voisins qu'ils soient, c'est renonveler les sottises du moyen- âge; c'est nous reporter sur le théâtre des mille et une erreurs publiées relativement au Nosrocx (voy. ce mot), où au froment changé en seigle (voy. au mot Fromenr) , elc. Jamais la graine d’un végétal quelconque ne donnera naissance à d'autre plante qu’à une semblable à son type, pas plus que la liqueur séminale d’un chien ne produit un cheval. Voy. aussi ce que je dis des métamor- phoses de certains organes des plantes au mot MéTamonpnoses VÉGÉTALES. Sans adopter entièrement la nomenclature de Swartz, qui sera, sans doute, la plus simple et par conséquent la meilleure , quand elle aura subi les modifications dont elle est susceptible, elle est celle que je conseille de suivre pour le classement des espèces connues et dans l’arrangement des échantillons d’un herbier. La première section, divisée en deux ordres, les Fougères dépourvues d’induses ou invelucres , pour me servir de l’expression employée par Ro- bert Brown, en son Prodrome d’une Flore de la Nouvelle-Hollande, comprend 1° les genres Æcro= stichum, Grammitis , Hemionitis , Meniscium ; Polypodium , et T'œnitis ; 2° les genres Adianthum, Aspidium , Asplenium ; Blechnum, Chellanthes Cœnopteris, Cyathea, Davallia, Dicksonia , Di- plazium , Hymenophyllum ; Lindsæa , Lonchitis , FOUI 259 FOUI Lycopod'um , Onoclea, Pinonia, Pteris , Scolopen- drium, Trichomanes, V'ütaria, et oodwardia. La deuxième section renferme les genres Ane- mia, Angiopteris, Gleichenia , Lygodium, Mer- tensia , Mohria, Osmunda, Schizea et Todæa. La troisième enfin ne compte que six genres, savoir: Botrychium, Danæa, Isoctes, Marattia, Oplioglossium et Pilularia. Les cendres de toute espèce de Fougères, pé- tries dans l’eau, blanchissent le linge , et tiennent lieu de savon. Elles servent aussi, avec l’alcali qu'on en retire, pour la fabrication du verre. Leurs feuilles fournissent une excellente litière ; elles absorbent les urines et s’en pénètrent, et mises dans le sol elles se convertissent en un vé- ritable humus. Dans le langage vulgaire on appelle Foueëre AQUATIQUE, l’'Osmunda regalis; FoUGÈRE EN ARBRE, les diverses espèces de Polypodium et de Cyathea qui montent à la même hauteur queles palmiers; Foucère FEMELLE , l'Aspidium qu’on rencontre communément dans nos forêts; Foucire iuré- RIALE, le Pieris aquilina, dont la coupe représente l'aigle à deux têtes du style héraldique ; Foucère “are, une espèce de Polypodium indigène dent la racine est mangée avec plaisir par les pores, et dont la feuille convient assez aux vaches quand elle est verte et tendre ; et l'oucèrE MusquéE une espèce du genre Cerfeuil, le Cerefolium moschatum. Voy. aux mots Asrinie, Cerreuiz , Osmonne , Po- LYPODE et Prérine. (En FOUINE. (mam.) La Fouine, mammifère car- nassier du genre des Martes, a été représentée à Ja planche 165, fig. 7, de ce Dictionnaire; c’est le Mustela foina des naturalistes systématiques. Cet | animal, voisin de la Marte ordinaire, Mustela mar- tes, et de la Marte des Hurons, Mustela huro,F. C., ne diffère que très-peu de l’une et de l’autre, et peut-être devra-t-elle se confondre avec elle comme ne formant qu’une seule espèce. La Fouine est à peu près de la taille d’un jeune Chat; sa longueur de l’occiput à la queue est d'environ un pied ; sa tête a près de onze centimètres (quatre pouces), et sa queue vingt-deux centimètres seulement. Sa hauteur au train de devant est de sept pouces (en- viron 0,20) et de quelques lignes de plus au train de derrière. Toutes les parties supérieures du corps, la tête exceptée, sont d'un fauve brun connu en peinture sous le nom de bistre ; le mu- seau est plus pâle ; les pattes et la queue passent au brun, et on voit sur le hant de la poitrine et le dessous du cou une large plaque d’un bean blanc. C'est la couleur de cette tache qui distingne la or. à Fouine des deux autres Martes dont nous parlions plus haut. Chez la Marte ordinaire la tache existe avec la même disposition , mais elle est fortement lInuancée de jaune; chez l’autre, la Marte des Hu- rons ou du Canada, elle peut exister ou ne pas | exister, comme il est facile de s’en assurer en exa- | miinant les peaux de cette variété, si nombreuses “chez les fourreurs ; mais elle n’est jamais d’un blanc pur. Une autre Marte se rapproche encore assez de la Fouine, c’est la Zigguine, Mustela zibellina, qui a la gorge grise et le pelage beau- coup plus fourni; caractères que présente souvent la Marte des Hurons. Si l’on réfléchit à la différence qui doit exister nécessairement entre ce qu’on appelle en zoologie des espèces distinctes , et que l’on fasse en même temps attention aux légères nuances qui caracté- risent ces diverses Martes , on est tenté de les con- sidérer toutes comme de simples variélés d’un même type. La Marte est de l'Europe occidentale, la Marte des Hurons est de l'Amérique du nord, la Zibeline de toute la zone froide de notre hémisphère, et la Fouine, propre aux régions occidentales de l'Asie et de l'Europe, paraît s’avancer davantage vers le sud. Quant aux mœurs, celles par exemple de la Fouine et de la Marte , elles offrent quelques diffé- rences ; la Marte se tient à l'écart au milieu des bois et paraît fuir l’homme , tandis que la Fouine semble rechercher sa demeure : elle s’y établit souvent , elle y fait ses petits el y trouve sa nour- riture. Les auteurs qui ont admis la différence d'espèce entre ces deux animaux se sont surtout appuyés de ces données ; mais on doit dire que la Fouine se trouve aussi quelquefois dans les forêts, et présente alors les habitudes de la Marte : c’est donc encore une question irrésolue que de savoir si ces animaux forment ou non des espèces dis- tinctes. La Fouine vit solitaire et passe toute la journée dans sa retraite, dont elle ne sort que la nuit pour subvenir à ses besoins. Elle cherche alors à s’in- troduire dans les basses-cours ou dans les colom- biers, et si elle y parvient elle occasione des dé- gâts considérables, mettant à mort beaucoup plus d'animaux qu'il n’en faut à ses besoins. Sielle a des petits, elle leur porte une bonne portion de sa chasse, et, en tout temps, elle ne se retire défi- nilivement qu'après que le jour l’a avertie que le danger allait recommencer pour elle, et qu'il faut songer à se livrer au repos. On élève quelquefois cet animal en domesticité ; il s’apprivoise facile- ment et se nourrit indifféremment de viande crue ou cuite, de miel, etc. (Genv.) FOUISSEURS. (man. ) On qualifie souvent de cette dénomination certains animaux mammifères qui ont pour habitude de fouir, c’est-à-dire de creuser la terre afin d’y trouver un abri ou des alimens. Les Fouisseurs ont tous les ongles puis- sans eb aigus dans le jeune âge, mais s'émoussant par l'usure; quelques uns, qui sont Fouisseurs par excellence , ajoutent à celte disposition un énorme allongement de la partie onguéale, et aussi une grande force musculaire dans les membres thora- ciques : leur sternum présente alors très-souvent une crête antérieure ou bréchet destiné à fournir . aux muscles pectoraux une attache plus solide. Les Taupes, les Echidnés, les Oryctères, les Ta- tous, elc., sont suriout remarquables sous ces divers points de vue. Souvent on emploie la dénomination de Fouis - seurs pour indiquer toute une famille d'animaux qui ont l'habitude de fouir; c’est dans ce sens que a 260 FOUL l'on dit les rongeurs Fouisseurs , pour indiquer le groupe de cet. ordre qui comprend les Hydromys, les Rats, les Gerboises, les Marmottes, etc. L’or- dre des mammifères Fouisseurs répond dans la méthode d’Illiger aux Edentés ordinaires de Cu- vier, et comprend les Tatous, Oryctéropes, Four- miliers et Pangolins. (GEnv.) FOUISSEURS , Fossores. (ins.) Famille d'Hy- ménoptères ayant pour caractères : languette tou- jours évasée à son extrémité, jamais filiforme ou sétacée; les pattes sont propres à la marche et chez beaucoup d'individus à fouiller le sable , d'où est venu le nom de la famille ; tous ont un aiguillon et des ailes étendues dans le repos. On ne voit pas parmi ces insecles de sexes avortés, on ne voit que les deux sexes ordinaires qui vivent isolement , les femelles creusent des trous dans le sable ou profitent de ceux qu'elles trouvent ; elles savent même en rétrécir l'entrée, ne füt-ce que momentanément ; d’autres sont maconnes et con- struisent entièrement à Pair libre le nid qui doit renfermer un de leurs petits ; presque toules ali- mentent leurs larves de petites chenilles, de lar- ves, de mouches, quelquefois d’arachnides, mais en général d'insectes qu’elles engourdissent ou tuent d’un coup de leur aiguillon, et déposent auprès un œuf; de cet œuf sort une larve aptère qui se nourrit des cadavres emmagasinés auprès d'elle, et file une coque ou elle subit sa dernière métamorphose ; l’insecte parfait vit sur les fleurs. Cette famille représente le grand genre des Sphex de Linné ; on la divise en beaucoup de genres , et ces genres sont groupés en sept tribus qui sont les Scozières, les SaryaiTEs, les Spukcines, les Beu- sÉcines, les LarnarTes , les Nyssoniens et les Cra- BRONITES. (Ÿ’o) ez ces mots.) (A: P.) FOULQUE, Ffulica. (ois.) Les Foulques ou Morelles sont des oiseaux aquatiques qu’on rap- porte à l’ordre des Echassiers; ils sont assez voisins des Gallinules ou poules d’eau, et des Talèves ou poules sultanes, et sont caractérisés par leur bec médiocre, conique et plus court que la tête, dont le front chauve est garni d’une large plaque cornce ; leurs pieds sont grêles, nus au dessus du genou, et à doigts garnis de festons membraneux; les ailes sont peu étendues, mais aiguës, c’est-à- dire à deuxième et troisième rémiges les plus lon- ques. Ces oiseaux, que l’on trouve sur tous les points du globe, recherchent les marais et les lacs situés dans l’intérieur des terres; on les voit aussi sur les fleuves et sur les bords de la mer, dans les baies et les golfes ; mais ils ne se hasardent point en pleine mer. Ils vivent retirés dans les roseaux des marécages, et se montrent rarement à terre; quoiqu'ils soient voyageurs, on a peu l’occasion de les étudier ; ils établissent leur nid au milieu des eaux dans les joncs, et y déposent leurs œufs. Les petits sont déjà assez forts lorsqu'ils éclosent et leur corps est tout couvert d’un duvet qui ressemble à du poil. On connaît parmi eux plusieurs espèces , mais qu'il n’est pas facile de bien caractériser , le plu- mage et la taille étant sujets à varier suivant les FOUR localités : la mue est simple, et les sexes différent très-peu l’un de l’autre. La Fourque macroue, Fulica atra, représentée dans notre Atlas, pl. 164, fig. 5, c’est l’uniquees- pèce que l’on trouve en Europe. Elle a la tête et le cou d’un noir profond; les parties supérieures de son corps sont d’un noir d’ardoise, et les inférieu- res d’un cendré blanchâtre; la plaque frontale est très-large, teinte de blanc pur, et le bec est d’une nuance légèrement rosée; l'iris est rouge cramoisi et les piedssont d’un cendré verdâtre, passant au jaune ou au rouge au dessus du genou : longueur totale, quinze ou seize pouces. Les femelles ont la plaque frontale un peu moins étendue, ilen est de même des mâles après la mue d'automne : ceux-ci ont le cen- dré des parties inférieures légèrement nuancé de rougeâtre; avant {a première mue, leur plaque fron- tale, fort peu apparente , est, ainsi que les pieds, cendrée, passant à l’olivâtre. L’espèce habite les lacs et les marais, et n’est pas rare en Hol- lande, en France, etc. ; on la rencontre jusqu’aux environs de Paris, dans les étangs de Ville-d’'Avray, de Plessis-Piquet , des Suisses, elc.; elle se tient tout le jour cachée dans les roseaux et pond jusqu’à douze et quatorze œufs, mais le plus sou- vent huit, qui sont d’un blanc varié de brun avec des points rougeâtres. On ne doit pas considérer , ainsi que l’ont fait quelques auteurs, comme autant d’espèces, cer- taines variélés de la Foulque macroule, telles quela FouLquE AUX AILES BLANCHES dont Gmelin et quel- ques autres ont fait le Fulica leucorix, la FourquE CENDRÉE, Où }. americana, la FouLQuE À TÊTE NOIRE, É. amiops, Gm., la FouLquE À VENTRE BLANC, Ê°. fusca, Lath. On connaît quelques espèces étrangères à l’'Eu- rope, mais elles ont été mal déterminées. La FourquE NOIRE ET BLANCHE, est le Grébe cornu , et la FouLquE oREILLÉE , le Grèbe oreillard, Voy. Grès. (GErv.) FOUQUE. (o1s.) Synonyme de Foulque. Voy. ci-dessus. FOUQUET. Oiseau du groupe des Hirondelles de mer. (GErv.) FOURMI, Formica. (ins. ) Genre d'Hyméno- ptères, de la section des Porte-Aigaillons, famille des Hétérogynes, tribu des Formicaires ; ayant pour caractères : antennes insérées près du front; mandibules triangulaires , dentelées ; pédicule de l'abdomen formé d’un seul nœud ; des glandes aci= diféres au lieu d’aiguillons. Les Fourmis propre= ment dites ont les mêmes mœurs générales que les autres’genres de la même tribu. Mais c’est surtout dans la manière dont elles s’y prennent pour construire leurs nids et se procurer leur nourriture , que ces insectes diffèrent, soit entre eux soit des autres genres. Essayons de passer quelques espèces en revue pour voir en quoi leur industrie diffère. Parmi les espèces de notre pays, nous pouvons établir trois subdivisions , celles qui travaillent le bois, celles qui sont maconnes , et celles qui font ww: po ve À, Je Le - 2.2. lourmi 3. Fournulier. 4. Fourmilier. /Zrreae) 9.07. Fourmuhon. E Cuerin dr ; 4 Couszihit, FOUR l261 FOUR EE des monticules en chaume ; nous citerons en pre- mière ligne : La Fourur HenCuLE , F. hercules, Linn. Longue de sept à huit lignes, noire, corselet, bases de l’abdo- men, cuisses d’un rouge de sang; le mâle est très-noir ; le mâle et la femelle ont les ailes anté- rieures enfumées. Cette espèce habite le creux des arbres cariés, surtout les chênes et les châ- taigniers, elle y creuse des galeries spacieuses, mais informes. Cette espèce vit en société peu nom- breuse, et ne sort guère de son nid qu’au prin- temps , quand les mâles et les femelles en sortent pour l’accouplement. La Fourmi FuLIGINEUSE, F. fuliginosa, Latr. Longue de deux lignes ; lestrois sortes d'individus sont noirs brillans, avec la base des ailes enfumée. Elles habitent dans l’intérieur des arbres et elles y forment des habitations composées d’un plus ou moins grand nombre d’étages de cinq ou six lignes de haut, séparés par des planchers qui ont au plus l’épaisseur d’une carte à jouer, et divisés en une grande quantité de loges, soit par des cloisons soit par des colonnettes très-rappro- chées ; les cloisons sont taillées dans le sens des fibres ligneuses, de sorte qu’elles offrent , quand elles sont séparées en colonnes, des portiques concentriques assez irréguliers ; les pilastres sont formés avec toute l'intelligence possible , ils sont larges de la base et du sommet, et plus minces au milieu, arrondis; les planchers sont horizon- taux ; les cases formées dans les racines des arbres n’offrent pas toujours la même régularité; en voyant un nid de cette espèce, on voit qu’elles commencent par former des cloisons et qu’ensuite elles les découpent en colonnes ; mais il n’a pas été possible d'examiner leur manière de travailler , parce qu’elles travaillent toujours à couvert et quelles se sont refusées à toute espèce d’obser- vation ; les arbres où s'installent ces insectes ne paraissent pas souffrir de leur présence; seulement le travail de ces insectes paraît comme verni en noir; est-ce un effet produit par l'acide particulier de ces insectes, ou s’il s’opère avec décomposi- tion de la séve. La Fourmi ÉTatoPene , F. ethiops, Lat., lon- ‘gue de trois à cinq lignes, creuse comme la Fourmi hercule des galeries informes dans les arbres , mais elle a encore le talent de boucher les vides trop grands qui s’y trouvent avec la sciure de bois qu'elle fait en creusant d’autres places. Passons maintenant aux espèces qu'on peut rappeler maconnes; quelques unes de ces espèces appartiennent au genre Myrmice, nous en parle- ‘rons à ce genre. La Fourmi Note CENDRÉE, F. nigra cinerea , Lat., longue de deux ligneset demie , bâtit son nid en terre, et voici comment elle s’y prend : elle com- mence par melire sur le nid une grande portion de terre qu’elle tire de la partie intérieure de la fourmilière ; ensuite elle commence à trouer dans ce massif des fossés plus ou moins larges, commu- niquant entre eux; il ne s’agit donc plus que de la fondation et de placer au dessus un plafond, ce qui est le plus difficile, mais ce que les Fourmis parviennent à exécuter assez facilement; ces in- sectes savent avec intelligence se servir à propos des brins d'herbe qui se trouvent sur leur che- min; malgré cela, leurs travaux, après d’autres que nous allons citer, peuvent passer pour des ouvrages grossiers ; leur fourmilière offre des pilastres robustes, pas de galeries proprement dites, mais de grands espaces vides, et les pilas- tres paraissent présenter une proportion avec les ponts. La Four Brune, F. brunea, Lat. Longue d’une ligne deux tiers, ferrugineuse foncée , yeux, sommet de la tête et abdomen noirûâtres ; ailes des mâles très-diaphanes avec les nervures à peine marquées : elle montre plus de talent et des procédés différens de celles que nous venons de voir. Celte espèce ne travaille que la nuit ou quand il tombe de la pluie; peut-être cette espèce est-elle le sujet de cette observation des anciens, qui disaient que les Fourmis ne travaillaient qu’au clair de lune; cette espèce fait son nid en terre mouillée ; ce nid se compose d’étages superposés de quatre ou cinq lignes de haut ; ces étages sont tellement bien travaillés que la terre paraît comme polie; ils ne sont point horizontaux, mais suivant la pente du terrain, de sorte que celui de dessus recouvre tous les autres et ainsi de suite ; celui du rez-de-chaussée communique avec les étages souterrains ; chaque fourmilière contient. souvent plus de vingt étages supérieurs et souvent autant d’inférieurs : dans le temps des grandes chaleurs les Fourmis habitent les quartiers sou- terrains , et dans les pluies les étages supérieurs. Une troisième manière de travailler est celle des Fourmis qui font des monticules en chaume , je citerai parmi elles : La Fourur FaUvE, F. rufa, Linn., représentée dans notre Atlas, pl. 165, fig. 1. Longue de trois lignes, d’un roux fauve, glabre; antennes, parties postérieures de la tête, dessus du corselet , bord supérieur de la tête, bord supérieur de l’écaille et abdomen noirs; trois petits yeux lisses; mâles d’un noir mat, extrémité de l'abdomen et pattes fauves. Les monticules qu’elles construisent sont formés de toutes sortes de matériaux qu’elles vont chercher autoar de leur demeure ; au premier coup d'œil , ce monticule ne paraît qu’un amas de matériaux épars, , mais tel qu’il est disposé , ilest fait pour éloigner les eaux de la fourmilière, ou pour la protéger con- tre les ardeurs du soleil, ou dans d’autres temps concentrer la chaleur dans le nid; on voit sur ce nid plusieurs ouverturesen forme d’entonnoir qui descendent dans l’intérieur de la fourmilière ; le nombre de ces ouvertures dépend du nombre des individus qu’elle renferme ; ces entrées sont vastes et donnent passage à une quantité innombrable d’'habitans, qui pendant toute la journée se tien- nent sur leur fourmilière ou à l’entour; mais quand arrive la nuit elles rentrent toutes au souterrain, et avec les matériaux mobiles qu'elles ont sous la main , ferment ou du moins rétrécissent les ou- FOUR vertures de leur nid, et y laissent quelques senti- | nelles qui restent pour veiller à la sûreté des autres; le matin, elles rétablissent tout dans le même état; dans le cas où le temps serait à la pluie, elles ouvrent peu les conduits de leur ha- bitation. Ge dôme n’est pas massif comme on pourrait le croire, mais contient de nombreux étages ; c’est par excavation qu’elles établissent leurs souterrains; ils sont composés de galeries très-basses et d’une construction grossière , mais commode pour l'usage auquel ils sont destinés, celui de placer les larves à certaines heures du jour ; au milieu du nid se trouve une plus grande loge que les autres, où se tiennent habituellement les Fourmis. Cette espèce est très-répandue en Eu- rope , habite principalement les bois; une autre espèce ou variété, un peu plus petite, fait son nid le long des haies. Telles sont les variations qui existent dans la manière dont les espèces de Fourmis les plus con- nues construisent leurs nids; il doit y avoir bien des différences peut-être parmi les espèces exoti- ques , mais on n'a pas d'observations à cet égard, (A. P.) FOURMILIER, Myrmecophaga. (maw.)Le groupe des mammifères Fourmiliers que Linné et Brisson distinguent dans leurs ouvrages , et que tous les naturalistes ont adopté, appartient à l’ordre des Edentés et se range, dans la méthode de Guvier, parmi les Edentés ordinaires ou de la deuxième iribu, lesquels manquent tout-à-fait de dents. Ge caractère remarquable rapproche les Fourmiliers des Pangolins ; mais ces derniers paraissent devoir en être distingués à cause de la singalière disposi- tion de leur appareil tégumentaire, L'auteur du System naturæ, ainsi que Brisson, auquel on doit un bon ouvrage sur les Mammifères, con- fondaient avec les Myrmecophaga , sous le nom de Myrm. capensis, un animal du cap de Bonne-Es- pérance , ayant à peu près les mêmes habitudes, mais que le caractère des dents ( dents imparfaites il est vrai) dont il est pourvu devait en faire sé- parer génériquement. Get animal est aujourd’hui le type du genre Oryctérope. Les Oryctéropes , les Fourmiliers et les Pango: lins sont tous trois des animaux Myrmécophages, c'est-à-dire qui se nourrissent de Fourmis, et ils ont dans leur organisation quelques dispositions en rapport avec ce genre de vie. C’est à cause de ces divers points de ressemblance que tous les naturalistes sont convenus de le placer dans le même groupe; mais quelle valeur doit-on accorder aux différences qui les caractérisent? et tous seront-ils confondus dans une même famille ? ou bien devra- t-on établir pour chacun d’eux une famille diffé- rente? Quelques mammalogistes professent la pre- mière de ces opinions , et ils font des Oryctéropes, des Fourmiliers et des Pangolins une famille unique sous le nom de Myrmécophagiens. M. Fr. Cuvier pense , au contraire , que l’on doit répartir ces Animaux dans trois familles différentes ; en effet, si l’on remarque que les Orycières ont des dents, et que les autres en sont Lout-à-fait dépourvus, on : 262 : FOUR reconnaîtra que des animaux aussi différens ne peuvent rentrer dans une inême famille, au moins dans une famille telle qu'on les établit générale- ment aujourd'hui ; de plus, les Fourmiliers (Myïrmecophaga) ont le corps: couvert de poils , tandis que les Pangolins ont des écailles, que l’a- natomie philosophique nous démontre, il est vrai, ne constituer que des poils agglutinés, mais qui, zoologiquement parlant , constituent un caractère fortimportant : on peut donc, avec M. Fr. Cuvier (Dict. sc. nat. , t. zix ), considérer les animaux Myÿrmécophages comme constituant trois familles distinctes , que le savant naturaliste auquel on en doit l’établissement définit ainsi : I Oryctéropes. Leurs caractères principaux consistent dans leurs mâchelières, au nombre de sept de chaque côté de la mâchoire supérieure, et au nombre de six de chaque côté de l’inférieure ; dents de forme cylindrique, qui par leur contex- ture rappellent celle du jonc en canne. Ces dents sont sans racines; les pieds de devant ont quatre doigts, propres à fouir, et ceux de derrière cinq. La queue est longue, mais sans utilité apparente pour l’animal. { Foy. OrycrÉROPE. ) Les Oryctéropes sont de l’Afrique australe. IL. Myrmécophages. Is sont remarquables par leur long museau, terminé par une bouche d’unepe- titesse extrême: des mâchoires sans dents ; une langue étroite et très-extensible; des ongles an- térieurs forts tranchans et toujours fléchis dans le repos. Ce sont des animaux revêtus de poils; ils ne se creusent point de terriers , et sont tous de l'Amérique méridionale. III. Pangolins où Lépidophores. Ceux - ci ont le long museau , la petite bouche des Myrmé- cophages, et comme eux ils sont absolument privés de dents. Mais ils ont cinq doigts à tous les pieds, et, au lieu d’être revêtus de poils, ils le sont d’écailles fortes et imbriquées , qui varient de figure suivant les espèces. Is ne forment qu’un seul genre , dont les diffé- rentes espèces sont d'Afrique et des Indes. (Y’oy. le mot Pancozin. ) Les Myrmécophages ou vrais Fourmiliers, qui forment seuls le sujet de cet article , se rapportent à plusieurs espèces, que quelques naturalistes ont considérées comme formant autant de genre dis- tincts. Outre qu'ils diffèrent assez des Pangolins et des Oryctéropes par leur distribution géogra- phique, puisqu'ils sont du nouveau continent , tandis que les autres sont de l’ancien, ils s'en éloignent aussi par plusieurs caractères que nous avons déjà indiqués en partie, mais sur lesquels ils nesera pas inutile de revenir avec quelques détails. Le museau des Fourmiliers, principâlement celui du Tamanoir , est très-allongé, et ressemble à un long tuyau cylindrique; ses parois sont for- mées par les mâchoires, dont les proportions rap- pellent le bec de certains oiseaux, tels que les Bécasses et les Gourlis. Les mâchoires ne jouis- sent pas d’une grande mobilité, et l’on peut dire que leur plus grand écartement n'excède Jamais FOUR 263 FCUR à le douzième de leur longueur ; elles sont bordées sur les côtés par la peau, et l'ouverture de la bouche ou plutôt la fente des lèvres n'égale pas la quinzième partie deleur étendue. Les muscles qui les meuvent sonttrès-faibles, aussin’est-ce point par l'entremise de leurs mâchoiresque les Fourmiliers saisissentleur nourriture , etjamais ils ne cherchent à la broyer. L'habitude de détruire les Fourmis et les Termitesa fait donner à ces animaux leur nonde Myrvmecophaga (murméx, fourmi, fagô, je mange), celui de Fourmiliers, etc. Lorsqu'ils veulent se procurer ces insectes , ils recherchent les four- milières et les éparpillent au moyen de leur museau et de leurs ongles; ils étendent ensuite leur langue visqueuse dans les endroits où les fourmis exis- tent'en plus grande abondance, et cherchent à fixer ces animaux, qu'ils avalent ensuite sans les mâcher. Leur langue est susceptible de prendre une étendue trois fois aussi considérable que celle de la tête. Sa protractilité n’est pas due au mécanisme que l’on connait chez les Pics et les Colibris; elle s'opère par un travail auquel l'os hyoïde ne prend aucune part directe; cette lan- gue se meut au moyen des muscles propres qui sont en partie circulaires , et des muscles sterno- glosses, quisont attachés au sternum d’une part, et de l’autre à la base de la langue elle-même sous le corps de l'hyoïde;commeellemanquepresqu'entiè- rement de fibres longitudinales , elle serompt assez facilement et elle est susceptible de mouvemens moins variés. Les Fourmiliers ont les yeux petits et les oreilles peu étendues et arrondies. Leurs pieds, toujours peu élevés, sont armés d'ongles puissans, qui sont au nombre de deux ou de qua- tre en avant et de quatre ou de cinq en arrière. Les doigts sont réunis jusqu'à leur derniere pha- lange. La queue offre aussi quelques variations ; elle est toujours longue, mais chez une espèce elle est lâche, c’est-à-dire non prenante, et garnie de très-longspoils, tandis que chez d’autres elle est susceptible de s’enrouler aux corps, ou, comme disent les mammalogistes , elle est prenante ; dans ce dernier cas, elle est en partie privée de poils. Le corps, plusou moins volumineux, ne dépasse ja- mais en taille celui du renard ; ilest de forme étroite et allongée, et toujours ilest bas sur jambes : les poils quile recouvrent sont plus ou moins allongés, et presque toujours durs et cassans; les couleurs n’ont rien de bien remarquable. La démarche des Fourmiliers est lente, et leur intelligence très-ob- tuse, Deux espèces savent grimper aux arbres ; ce sont celles dont la queue est prenante. Avant d’entrer dans la description des carac- tères de ces animaux, faisons connaître quelques traits de leur organisation intérieure, si bien étu- diée par G. Guvier ( Recherches sur les ossemens fossiles), « Daubenton , dit ce célèbre naturaliste, a dé- crit l’ostéologie du petit Fourmilier à deux doigts apparens oux pieds de devant (Myrmecophagadidac- tyla, L.) et la têteet le pied de devant du Pango- lin à queue courte (Manis brachyura). M. Wied- mann a représenté, d’après un échantillon de no- tre Muséum, la tête du Fourmilier de moyenne taille, ou Tamandua , nommé mal à propos par Linnæus Myrmecophaga tetradactyla , et M. Spix en a figuré une autre dans sa Céphalogénésie , pl. vi, fig. 16 et 17. Je ne connais pas d’autres documens sur ce sujet curieux qui m'a long-temps occupé, parce que je pressentais l’analogie de forme des pieds des Fourmiliers avec ceux du Hegalonyæ et du Megatherium. » Tous les animaux de la famille des Fourmiliers sont tellement semblables dans leur charpente osseuse, ils offrent dans toutes les parties des analogies si grandes, qu’il convient de les décrire ensemble et d’une manière comparative. : Ces animaux, à face si allongée, sont de tons les Mammifères ceux dont la fosse temporale et l’arcade zygomatique sont le plus effacées. L’os jugal n’est qu’un très-petit filet sans résistance, articulé entre le lacrymal et le maxillaire , et dont l'extrémité postérieure reste flottante. Les os du nez occupent presque la moitié de la longueur du dessus de la tête. Les narines , déjà immenses par elles-mêmes , sont encore agrandies par deux vas- tes cellules de chaque côté, dont l’antérieure, commune à l'aile ptérigoïde etau palalin, s'étend jusqu’au rétrécissement de celui ci et communi- que avec le tube des narines par un trou percé au bord de cette même aile dans le Tamandua. Dans le Tamanoir, cette cellule et la postérieure com- muniquent avec la caisse: par une coïncidence remarquable, le lobe olfactif et ses nerfs sont ici presque autant développés que dans certaines chauve-souris ; l'os omoplate est creusé de trois fosses profondes , séparées par deux longues arê- tes saillantes. L’humérus, le radius et le cubitus sont hérissés de crêtes fortement prononcées , sé- parant des faces rugueuses ; de sorte que le corps même de cet os est taillé prismatiquement. L’hu- mérus est proportionnellement plus large à son extrémité inférieure que dans la plupart des autres Mammifères, ce qui tient à la saillie du condyle interne , laquelle est déterminée elle-même par la nécessité de fortes attaches pour les muscles :flé- chisseurs des ongles, qui sont très-puissans. La tête supérieure du radius se rapproche pour sa forme de celle de l’homme et des singes; il en résulte une rotation facile de l’avant-bras sur le bras. Une différence fort remarquable existe entre Jes deux grandes espèces du groupe et le Fourmilier à deux doigts: celui-ci a une forte clavicule qui va s’articuler au sternum , ct cet os n'existe qu'en rüudiment chez les deux autres. Une particularité du même genre distingue l'Unau des autres Bra- dypes. Le nombre des doigts ne varie pas moins ; le Tamanoir et le Tamandua ont une main à cinq doigts, mais à quatre ongles seulement ; et dans le petit Fourmilier il n’y a que deux doigts , d'in- dex et le médius; les os sont alors plus gros en proportion que chez les awtres espèces, et la pre- mière phalange se soude de bonne heure à la deuxième ; le pouce et le petit doigt, dont on. trouve les rudimens dans le squelette , consistent l'un et l’autre en un petit os mince, et qui n'ap- oo FOUR 26/4 FOUR PR om paraît point à l'extérieur. Chez les deux autres es- pèces, au contraire, le doigt externe est petit, mais apparent ; il manque de phalange onguéale ; le mé- äius est le plus gros de tous, il est plus que double de l'index; son os métacarpieu n’est guère que deux fois aussi long que large; il s’engrène sur la première phalange par une poulie à trois arêtes parallèles à son axe; une disposition analogue se remarque à l'articulation de la seconde phalange sur la pre- mière , et la troisième phalange est à elle seule d’un tiers plus longue que les deuxautres. Ces phalanges diffèrent de celles des Pangolins, et par la gaîne osseuse qui est presque insensible chez ces der- niers, et parce que chez ces mêmes animaux elles sont profondément fourchues, disposition qui ne se fait que très-faiblement remarquer chez les Four- miliers. Les os des membres postérieurs sont loin d’avoir la solidité et surtout ces éminences sisail- Jantes qui, dans les membres antérieurs, servent à la fois et de bras de levier et depoint d'appui à des muscles si vigoureux : c’est ce qui nous expli- que pourquoi la marche est lente chez les Four* miliers. Enfin il y aautarse un os surnuméraire articulé sur le cunéiforme interne, et qui, très- petit dans le Tamandua et le Tamanoir, s’allonge dans le petit Fourmilier , et s’élargit de manière à former une sorte de talon. La grandeur de cet os est en rapport avec celle du calcanéum , qui, dans le Fourmilier didactyle , ne se porte pas en ar- rière plus que l’astragale lui-même, tandis que dans les deux autres espèces le calcanéum proé- mine en arrière, autant qu'il se prolonge en avant dans le tarse: on peut en déduire que le petit Fourmilier, qui, en raison de cette concavité du pied, grimpe plus aisément aux arbres, doit aussi, par la brièveté de son calcanéum , être à terre en- core plus lent que les deux autres espèces. Les côtes du Tamanoir sont très-larges; aussi les in- tervalles qui les séparent sont-ils extrêmement ré- duits. Les cartilages costaux sont ossifiés , et tou- tes les apophyses épineuses, lombaires et sacrées sont presque égales. La queue a trente vertèbres chez le Tamanoir , un peu plus chez le Tamandua, et trente-six chez le petit Fourmilier; elle diffère assez pour la forme de celle du Pangolin : dans tous les Fourmiliers elle manque d’apophyses trans- verses, Landis que, chez les Pangolins , les mêmes apophyses sont au contraire très-larges et d’une longueur double du diamètre du corps verté- bral. Les espèces de la famille des Fourmiliers sont, comme nous l'avons dit, au nombre de trois ; elles ont été considérées par M. F. Cuvier comme for- mant trois genres distincts. I. Fourmiliers ayant quatre ongles aux pieds de devant et cinq à ceux de derrière; queue longue, lâche, à poils disposés en forme de panuche. M. Fréd. Cuvier en fait le genre Tamanorr , auquel il laisse en propre le nom de Ayrmecophaga. » L'espèce unique que Buffon nomme égale- ment Tamanomm, est le Ayrmecophaga jubata des naturalistes Linnéens : Dampier (Voyage au- our du monde, t. 5) l'appelle Ours qui vit de Four- mis. Le Tamanoir est long, depuis l'extrémité dw museau jusqu’à l’origine de la queue, de trois pieds onze pouces; il a la tête très-étroite et fort allongée ; sa queue est garnie de très-longs poils ; . son pelage est brun, avec une huppe oblique noire bordée de blanc sur chaque épaule. IL vit soli- taire et se trouve à la Guiane, au Brésil et au Pé- rou; on le rencontre aussi dans le Paraguay , mais il y est plus rare. Sa démarche est lente ; on assure qu'il nage bien, et, s’ilfauten croire les voyageurs, il peut monter aux arbres ; mais il paraît plus rai- sonnable d'admettre avec d’Azzara, qui d’ailleurs fait autorité pour ce qui est des Mammifères de l'Amérique du Sud, que le Tamanoiïr reste tou- jours à terre. IL Fourmiliers à quatre ongles aux pieds de devant, mais qui ont la queue prenante. Genre TamanDua, tamandua, F. C. L'espèce qui a recu le nom de Tamandua, en latin Myrmecophaga tamandua, estle Fourmilier à lon- : gues oreilles de quelques auteurs; son pelage varie du gris sale au noir foncé et présente souvent une bande oblique de couleur variable sur chaque épaule. La longueur de son corps est de deux pieds trois pou ces, et celle de sa queue de seize pouces et demi. Cette dernière, presque ronde, est velue à sa base, nue dans sa partie prenante; l'animal s’en sert pour s’accrocher aux branches, au milieu des- quelles il grimpe avec facilité; ce qui le différencie du Tamanoir. Il vit à la Guiane, au Brésil et au Paraguay; on assure qu'il associe fréquemment le miel des abeilles sauvages à la nourriture que lui procurent les Fourmis. Il répand une odeur de musc très-prononcée. Ses pelits, d’un blanc nuancé de cannelle, sont d’abordtrès-laids ; ils setiennent sur le dos de: leur mère, et s’accrochent souvent à sa queue; ils ne prennent pas la livrée de l’espèce avant leur seconde année, et comme dans cet’état ils ne dépassent pas encore le Fourmilier à deux doigts dont nous avons parlé, ils lui ressemblent assez pour que d'Azzara (Quadrupèdes du Paraguay) , qui n’eut pas d'occasion de voir ce dernier, crût que la description qu’en avait donnée Buffon re- posait sur un jeune Tamandua incomplet. Les adultes de la même espèce offrent quelques varié- tés que l’on distingue sous les noms de Tamandua à œil taché , Tamandua a deux bandes, Tamandua à ventre brun, Tamandua brunätre et Tamandua noir. Ce dernier , que l’on a d’abord considéré comme formant une espèce particulière , a été dé- crit comme tel par d’Azzara et Geoffroy St-Hi- laire. IT. Fourmiliers à deux ongles seulement et à queue prenante. [ls ne comprennent également qu’une seule espèce, sur laquelle M. F. Cuvier éta- blit le genre Dipacryze, Didactyla; c’est le Fourmirier DiDAcTyLE , Myrmecophaga didactyla, Lion., auquel Buffon a réservé le nom de Fourmi- lier. Cet animal a été représenté dans l’Iconographie du Règne animal, par M. Guérin; nous repro- duisons cette figure dans notre Atlas, pl. 165, fig. 3; il jouit, comme le précédent, de la faculté de grimpe ER FOUR 265: FOUR grimper aux arbres ; il est surtout facile à recon- naître par la disposition de ses ongles ; son mu- seau est moins allongé à proportion que dans les deux premières espèces ; sa langue étroite est un peu aplatie et moins longue, et ses oreilles très- petites sont cachées sous les poils. Ceux-ci, très- fins-sur tout le corps, sont longs d'environ neuf lignes , et assez doux au toucher ; leur teinte gé- nérale est d’un roux clair. Une ligne rousse assez prononcée existe sur le milieu du dos dans le plus grand nombre desindividus, et les mamelles, toujours au nombre de quatre , sont réparlies par moitié sur le ventre et la poitrine. Le Fourmilier quitte peu les arbres, où 11 cherche les nids des termites et les insectes qui se logent sous les écor- ces ; il est long de dix pouces environ pour le corps et de sept pour la queue; celle-ci, au moyen de laquelle il s'accroche aux branches , lui sert aussi, comme on le verra dans la figure de. notre Atlas, à transporter son petit. La femelle ne produit en effet , à chaque portée , qu’un seul individu , qu’elle dépose dans quelque creux d’arbre, tapissé de feuilles. Le Fourmilier à deux doigts est commun au Brésil et à la Guiane. -Voy. pour les Pangolins et les Oryctéropes les articles Panxcouix et OnycrÉRorz de ce Diction- paire. (GEnv.) FOURMILIER , Myothera. (ois.) La nombreuse série des Insectivores, ou celle des Passereaux des- tinés à s'opposer aux ravages des insectes qu’ils dé- truisent , offre plusieurs groupes assez remarqua- bles, et qui semblent opposés à telles ou telles sortes d'insectes plutôt qu'à certaines autres; leurs noms indiquent souvent cette singulière particu- larité : ce sont les Fourmiliers, qui feront le sujet de cet article, ainsi que les Echenilleurs, les Gobe-mouches, etc., que nous étudierons ailleurs. Les Fourmiliers, ou ceux que la nature a pour ainsi dire chargés de contre-balancer la trop grande multiplication des Fourmis, sont répandus dans toutes les contrées où vivent ces insectes; mais ils sont plus nombreux en Asie et en Amérique que partout ailleurs, et comme dans ces contrées ils offrent quelques particularités caractéristiques, on a réservé pour eux seuls le nom de Fourmiliers. Ces animaux se nourrissent presque exclusivement de Fourmis ; ils vivent dans les bois des contrées chaudes , où ces insectes vivent par myriades in- nombrables. On les voit rarement dans le voisinage des habitations. Leurs nids sont toujours construits avec négligence; ce sont ordinairement quelques brins d'herbes sèches placés à la bifurcation d’une branche ou suspendus au milieu des broussailles, et dans lesquels les femelles pondent trois ou qua- tre œufs arrondis. Le chant des Fourmiliers est souvent agréable et quelquefois assez sonore pour avoir mérité à ces oiseaux les dénominations de Beffroi, Carillonneur, etc. Leur plumage offre:des teintes généralement rembrunies et varie beaucoup 1selon l’âge et le sexe, de manière à rendre très-dif- | ficile la distinction des espèces. h Les Fourmiliers, queles anciens ornithologistes tonfondaient avec les Merles, ont été érigés en un T. IT. genre distinct par Illiger. Vieillot a établi à leurs dépens plusieurs petits groupes qu'il a nommés Myrmothères ou véritables Fourmiliers, Myrmo- thera, Conophage , Conophaga, et Grallarie, Gral- laria. On connaît parmi eux un très-grand nom- bre d’espèces, auxquelles on peut assigner les ca- ractères communs qüe voici: bec en cône allongé, droit , un peu fort, convexe en dessus ; arête un peu voûtée , pointe subitement fléchie, échancrée, plus longue que la mandibule inférieure, qui est droite, conique et un peu relevée à la pointe ; narines basales, latérales, À moitié fermées par une petite membrane; pieds longs ou médiocres et grêles; doigts latéraux à peu près égaux, l’interne uni jusqu'à la première articulation, l’externe soudé à sa base; ailes courtes, très-arrondies; les trois premières rémiges également étagées ; les quatrième et cinquième les plus longues ; queue courte, égale, ou longue et étagée. Les Fourmi- liers appartiennent au sous-ordre des Passercaux dentirostres de Guvier, et se placent à côté des Brèves, des Grallines et des Martins; ils ne vi- vent nulle part en plus grand nombre que dans l'Amérique du Sud. Les Fourmiliers de l’ancien monde sont néanmoins de races assez variées, et ne diffèrent pas essentiellement des autres sous le rap- port des mœurs. En effet, quoique dans les contrées chaudes de l’ancien continent les Fourmis soient moins nombreuses en espèces; elles y exercent comme en Amérique des ravages considérables qui privent souvent le cultivateur ou l’industriel des. fruits de leur travail; l'existence d'animaux man- geurs de Fourmis était donc indispensable dans ces contrées; mais on pouvait s'attendre à t'ouver entre: eux quelque difference générique. C’est néanmoins ce quin’apaslieu. Les Myothera de l'Inde ont l’or- ganisation de ceux du nouveau continent et la même manière de vivre. On peut rapporter les uns et les autres à quatre sections, peu naturelles ilest vrai, mais qui rendent moins embrouillée l'exposition des espèces. I. Espèces à bec médiocre , et à queue égale. On les trouve principalement au Brésil et à la Guiane. ÿ Fourmurer Bom8La , Myothera bombla ou T'w- dus bombla, Eath., figuré dans les enluminures de Buffon , planche 705. Il a les parties supérieu- res d’un cendré foncé, les rémiges et les rectrices noires traversées par une bande blanche, ct les parties inférieures blanchâtres; sa taille est de cinq pouces , et sa patrie la Guiane. FouRMILIER GARILLONNEUR , l'urdus tintinnabula, L., Buffon, pl. 700. Autre oiseau du même pays ; il n’a que quatre pouces et demi de longueur. Tout son corps est brun cendré en dessus; son cou, sa gorge et sa poitrine sont blancs tachetés 5 de noir , et son abdomen est de couleur rousse. Fournier cocua , Z'urdus colma, Lath., Buff. Une tache blanche entre le bec et l’œil, un demi- collier roux ; la gorge blanche , piquelée de brun et les rémiges noirâtres ‘ainsi que les rectrices 194° LivrAIsoN, 54 EEE a FOUR i - - sont les principaux caractères de cette espèce que l'on trouve à Cayenne. Taille, six pouces. Ajoutez les Fourmiliers arada, palicour , mes- sager , nain, à cravate et téréma, qui proviennent aussi de Gayenne. . IL. Espèces américaines à queue étagée et amincie R au bout. D On peut citer dans ce groupe le FourRMILIER PERLÉ Ou A VENTRE NOIR» Myoth. melanogaster , oiscau du Brésil, et quelques autres espèces plus ou moins bien déterminées, parmi lesquelles on dis- tingue le FouRMILIER MALURE, Myothera malura, de Natterer , représenté et décrit à la planche 353 des Oiseaux de M. Temminck. Il a le bec d’un brunâtre uniforme , trois raies blanches sur le haut des ailes , et le ventre d’un cendré olivâtre, chez le mâle. La femelle, variée de brun et de roussâtre , est striée de noir sur le haut du corps. L'un et l’autre ont cinq pouces six lignes. Leur patrie est le Brésil. III. Espèces asiatiques à bec médiocre. Fourwicier carisTRATE, M. capistrata, Temm., pl. 392. Il habite l’île de Java et se distingue sur- tout par la calotte noire qui couvre son Occiput et le trait orangé qui passe au dessus de son œil Ses joues sont brunâtres ; sa poitrine d’un fauve assez vif, sa gorge marquée d’une ligne bleue, et tout lereste de son corps d’un brun fauve. La lon- gueur totale est de cinq pouces et demi. IV. Bec mince, fable; ailes obtuses, courtes; queue médiocre , arrondie ; tarses très - longs et très-gréles. On rapporte à ce groupe plusieurs espèces in- diennes, parmi lesquelles nous citerons les M. gram- miceps , leucophrys et pyrrogenis de M. Temminck, qui provient de Java, ainsi que le M. epilepidota du même auteur, qui vit dans la même île et dans celle de Sumatra, où l’on trouve aussi le M. andromedes, Temm. 392 ; ce dernier est à peu près de la forme de la grive des vignes, et long de huit pouces et demi environ. Tout le dessus de son corps est d’un brun bleuâtre uniforme; les ailes sont olivâtres; sa oitrine est grise ainsi que les plumes de ses flancs, et le milieu de son ventre est d’un blanc pur. Les oiseaux dont M. Horsfield fait son genre Brachy- pteryæ sont dans le même cas; on peut citer le Brachypteryz montana, qui est d’un gris bleu, plus pâle en dessous, avec le ventre tout-à-fait blanchätre ; les rémiges et les rectrices fauves, bordées entièrement de bleuâtre, Il est long de cinq pouces six lignes , et porte dans la langue des Javanais le nom de X'etek. Brackypteryx sepiaria ; c’est le Chichohan des mêmes insulaires ; il est olivâtre clair en dessus, avec la gorge et le milieu du ventre blancs; sa longueur est de cinq pouces. Aux espèces décrités ci-dessus nous ajouterons : Le Ro: pes Fourwziens de Buffon, qui est le type du genre Grallaria de Vieillot, _ Le Berrnot, Turdus tinnulus, pour lequel le 266 434 FOUR genre Myrmothera a été établi. Il a les parties su” périeures brunâtres, et les inférieures blanches avec les plumes de la poitrine bordées de cendré ; les jeunes sont rayés et tachetés de brun en des- sous ; ils ont en outre les flancs roux et le ventre brunâtre. Le Beffroi vit à la Guiane. Il est figuré dans les planches de Buffon, n° 706, figure 1. Sa longueur totale est de dix pouces et demi. Le Perir Bereror, Z'urdus lineatus, Gm., Buff., 825, 1, vient du même pays; il se distingue par son bec plus mince, sa queue étagée et ses tarses proportionnellement plus courts ; il n’a que cinq pouces et demi. Toutes les parties supérieures de son corps sont d'un cendré olivâtre , les inférieu- res grises , striées et tachetées de brun roussâtre, et la gorge blanche. M. Lesson rapporte aux Fourmiliers, sous lenom de Myothera Novæ Zelandiæ, le Muscicapa longipes décrit par M. Garnot. Cette espèce vit dans les broussailles qui entourent l’immense baie des Iles à l'extrémité nord dé la Nouvelle-Zélande: elle a cinq pouces six lignes depuis le bout du bec jus- qu’à l'extrémité de la queue , et présente une li- vrée triste et sombre que nul agrément dans la distribution des nuances ne vient relever. La teinte générale est brune , mêlée de gris cendré , excepté sur le ventre, qui est blanchâtre à son mi- lieu. La queue est courte, à pennes régulières, brunes, mais plus foncées en dessus qu’en dessous; les doigts externes sont beaucoup plus courts que celui du milieu, et tous de couleur fauve, ainsi que les tarses. FounMILIER À OREILLES BLANCHES , Canopophaga leucotis , Vieill. , représenté dans notre Atlas, pl. 165, fig. 4. Il est long de cinq pouces, et vit à la Guiane. (GErv.) FOURMILIÈRE. (1xs.) On désigne ainsi le nid que les Fourmis se construisent. Poy. Fourur. : FOURMILIER-ÉPINEUX. (man) On a donné ce nom à l'Echidné épineux. (Gu£r.) . FOURMILION, Myrmeleo. (1Ns.) Genre de Né- vroptères de la famille des Planipennes, tribu des Fourmilions, établi par Linné et ayant pour caractères: antennes en massue, beaucoup plus courtes que le corselet, courbées à leur extré- mité ; labre arrondi, saillant , mandibule cornée ; mâchoires courtes, comprimées, très-ciliées à la partie interne; quatre palpes maxillaires ; le plus interne composé de trois articles et guère plus long que la mâchoire, les externes de cinq articles dont le troisième beaucoup plus grand ; les palpes labiaux, beaucoup plus longs que la tête, de trois articles dont le premier très-court. Les pattes sont courtes , robustes, très-épineuses, is Les Myrméléons ressemblent an premier coup d'œil aux demoiselles nommées Agrions; mais leurs antennes et leurs palpes les er font bientôt distinguer ; cependant , comme elles , ils ont un corps irès-allongé , une tête transverse avec deux gres yeux très-saillans ; le corselet est globuleux, les ailés grandes, mais douées de peu d'énergie ; aussi ces insectes volent-ils mal.et très - lourde- FOUR 267 FOUR ment ; ces ailes sont couchées en toit dans le repos. ; Ces insectes sont carnassiers sous leurs deux états de larve et d’insecte parfait ; mais c’est sur- tout les travaux de la larve qui leur ont mérité l'attention dont ils ont toujours été l’objet. Nous allons les examiner attentivement. Cette larve est hexapode ; elle a une tête, un corselet et un abdomen bien distincts ; la tête, qui est plate, a la forme d’un trapèze irrégulier dont le côté antérieur serait le plus large, creusé en dessus et bombé en dessous; son insertion avec le corselet se fait au moyen d’un cou très-mobile et susceptible d’un grand allongement; mais son insertion a encore cela de remarquable qu’au lieu d’être, comme dans tous les insectes , située au vertex, elle prend en dessus de la tête, de sorte qu’elle paraît placée sur un pivot, ce qui ajoute beaucoup à la facilité de ses mouvemens. Ce corselet, à peu près droit à sa jonction avec la tête, est postérieurement très- arrondi, lé- gèrement rebordé avec une suture au milieu; l'abdomen est d’une forme ovoïde , tronqué anté- rieurement, bombé en dessus, et plat en des- sous, divisé par anneaux d’une manière sensi- ble et très-garni de poils raides; le bout posté- rieur de l’abdomen est même garni de petits tubercules analogues à lacorne; lespattes sont com- posées comme à l'ordinaire. Le tarse, d’un seul ar- ticle, est terminé par deux crochets qui ont la fa- culté de s’écarter et de se rapprocher, comme les sabots de certains ruminans, ce qui doit aider à cet animal à marcher dans le sable, où äl se tient continuellement, Cette larve offre différentes particularités d’or- ganisation très- remarquables que nous allons trai- ter un peu en détail. Nous nous occuperons en- suite de ses mœurs. On avait cru jusqu’à présent, à l'exception de M. Latreille, qui avait entrevu la vérilé, que cette larve n’avait pas de bouche. Réaumur, observateur si exact dans d’autres oc- casions , et qui a laissé un Mémoire sur cet insecte, est tombé dans cette erreur; cependant un au- teur plus ancien , Vallisneri, avait cru entrevoir une bouche analogue à celle des autres insectes. Réaumur ne lignorait pas; mais, bien loin que cette opinion l’éclairât, il ne s’occupa qu’à la ré- fater ; l'autorité dont jouit le nom de ce savant dans tout ce qui concerne les détails de mœurs et d'organisation des insectes dont il s’est occupé, avait toujours empêché depuis. que l’on ne son- geât à vérilier ce qu'il avait avancé ; le hasard, qui souvent aide beaucoup à la science, me mit en main des matériaux beaucoup plus faciles à traiter que ceux dont s'était servi Réaumur. Ge fut la larve d’une autre espèce, celle du Myrméléon libel- luloide. Je jugeai d’abord à la première vue que Réaumur avait dû être dans l'erreur , et la com- paraison confirma mes présomptions. Réaumur n’a vu, pour ce qui concerne la bouche, que les cornes, les pistons, et au dessous deux pièces membraneuses qui suivent les mouvemens du pis- ion: quant aux yeux, il a vu juste ; mais 1l s’est complétement trompé sur l'insertion des antennes et leur structure, en les représentant comme un filet s’insérant au pied de la corne ; quant aux au- tres parties , il ne les a pas vues du tout ; voyons maintenant ce que j’ai cru voir. Les parties de la bouche de tous les insectes, quelle que soit la forme sous laquelle elles se pré- sentent se composent toujours d’un labre , de deux mandibules, de deux mâchoires portant au moins un palpe chacune et d’une lèvre en portant deux. La bouche des larves présente habituellement les mêmes pièces, soit distinctes, soit rudimentaires; la larve du Formicaleo ne s’éloigne nullement, sous ce point de vue, des autres larves communes. En regardant la tête de cette larve en dessus, on y remarque, à droite et à gauche, deux tuber- cules assez élevés, au haut desquels sont situés les yeux; ces yeux sont au nombre de six et disposés en triangle équilatéral, dont le sommet regarde la base des mandibules ; à côté et entre les tubercu- les des yeux, mais un peu plus bas, on voit deux seconds tubercules beaucoup plus petits; ils servent de support aux antennes; ces antennes sont com- posées d’un premier article assez grand et d’une trentaine d’autres articles moniliformes dont le dernier plus long que les autres, si pourtant ce dernier n’est pas une suite d’autres articles plus serrés et que je n’aurai pu distinguer. À partir des tubercules des antennes partent deux sutures qui, gagnant le milieu de la tête en remontant vers le vertex, se rencontrent et se confondent en une pe- tite ligne transverse, de sorte que trois lignes for- ment ensemble un sommet de triangle tronqué. La base de ce triangle est formée de trois lobes, dont celui du milieu plus saillant et de la forme d’un demi-cercle; cette pièce, qui sans contredit représente le labre, est plus creuse que la tête ; le point le plus enfoncé est à la partie la plus anté- rieure el de là se rend én montant jusqu’à la tête même ; toute cette pièce est bordée sur le devant par de petits poils raides. En dessous des deux lobes latéraux du labre s’insèrent les deux pièces que l’on a nommées cornes. Si maintenant on re- garde cette tête en dessous, on s’apercoit au pre- mier coup d’œil qu’elle est bombée ; en avançant vers la partie antérieure, et au milieu d’une large et profonde échancrure qui, vu sa position, dépasse fort peu la partie antérieure de la tête même, on découvre facilement la lèvre, elle est très - re- connaissable, étant d’une forme analogue à celle de beaucoup d'insectes, c’est celle d’un cœur écrasé , tronqué en bas par sa jonction avec la tête, et dont la suture est rendue sensible par deux points très-enfoncés qui se joignent et indi- quent l'endroit où elle se termine ; sa partie anté- rieure est sinuée ; on voit encore en avant la par- tie inférieure du labre quila dépasse de beaucoup. Le vide qui existe à droite et à gauche entre la lèvre et la carapace de la tête forme deux échan- crures profondes dont le côté arqué se dirige vers la jonction de la lèvre avec la têle; ces deux échancrures sont remplies chacune par deux pièces ayant forme de triangle et opposées par Cm FOUR 268 FOUR CE eur base, de sorte qu’une de ces pièces touche le fond de l’échancrure par son sommet, par un des côtés la lèvre , par l’autre la tête, et la pièce cor- respondante antérieure par sa base; celle-ci joint la précédente par un de ses côtés, la tête par l'autre ; à son sommet est une pièce transverse , dont nous allons nous occuper. Cette pièce , on pour parler plus juste, ces pièces ont leur inser- lion au côté antérieur et intérieur de la lèvre; à droite et à gauche, ce sont les palpes labiaux; ils sont assez remarquables , composés de quatre articles et dirigés horizontalement; le premier article est d’une forme ovale allongée , légèrement convexe; sa longeur égale environ la largeur de la lèvre ; il touche une des pièces ci-devant dési- gnées par un de ses côlés, s'appuie sur l'angle proéminent de la têle et couvre une partie des cornes; les trois autres articles n’égalent pas, à beaucoup près, à eux trois, la longueur du pré- cédent ; ils sont petits, et le dernier, un peu plus grand, est ovalaire. Ils dépassent les cornes dans le repos .d’environ deux articles; au dessous de ces palpes, la tête forme deux échancrures exté- rieures qui servent d'insertion aux cornes; ces échancrures sont bordées de poils très-raides et très-serrés. Les cornes présentent tant d’analogie avec ce qu’on voit à la bouche des insectes, qu’elles n'auraient jamais dû porter ce nom; ce sont effec- tivement de véritables mandibules , conformes à celles qu’on voit à beaucoup de Sphex pour leur apparence et leur extension ; elles prennent nais- sance aux deux côtés antérieurs de la tête, si on les examine en dessus; elles sont plates , assez lar- ges à leur base, et de la longueur environ de la tête, arquées à partir du tiers de leur longueur , et al- lant en diminuant jusqu’à leur bout , qui est très- aigu. Elles ont intérieurement , et plus près de la base que de la pointe, trois dents ayant leurs poin- tes dirigées vers l'extrémité de la mandibule. Si -on retourne ces mandibules, on aperçoit à peu près une portion qui règne dans toute la longueur plus saillante et comme en relief. Celte pièce, au premier coup d'œil, paraît faire'corps avec les mandibules ; mais nous savons, par les observa- tions de Bonnet et de Réaumur, qu’elle est suscep- tible de s’en détacher; c’est celte pièce que ce dernier nomme le siphon; ce siphon a la faculté de monter et de descendre, et le mouvement de l'un est indépendant de celui de l’autre; il règne jusqu’an bout de la mandibule et a son ouverture à la pointe, mais un peu à la partie extérieure de la mandibule, de sorte que c’est cette dernière pièce qui perce les corps et introduit avec elle la pièce intérieure , me trouvant en cela d’un avis contraire à Réaumur, qui croit que la pièce inté- rieure, ayant la faculté de s’allonger, s’avance pour percer les corps, comme plus aiguë; je pense, au contraire, que celte pièce, comme plus déli- cate, s’avance après que le trou a été fait; quoi qu'il en soit, cette pièce est creuse dans toute sa longueur, percée au bout ; et c’est par elle que le Fourmilion extrait des insectes qu’il perce le etpar ses épis bien garnis de fleurs d’un jaune pâle, noirâtres à leur sommet. La première est tellement vivace qu'elle peut occuper vingt ans la même place. Sans être dépourvue de beauté, la Fumererre COMMUNE , À. officinalis, a ses tiges rameuses , terminées par des épis lâches de fleurs rougeâtres, d'un pourpre foncé à leur sommet , depuis avril jusqu'aux derniers jours d'août; mais on la re- cherche plus pour ses propriétés héroïques , van- tées par les anciens et par les modernes, qu’elle a l’avantage de conserver sèche. On l’administre en infusion ou en décoction dans les maladies cuta- nées, les obstructions, les faiblesses d’estomac. (T. ». B.) FUMIER et ENGRAIS. (acr.) A le prendre strictement dans sa valeur nominative, le mot Fu- Mer indique la litière des bestiaux, mélée à leurs déjections , dont on se sert pour entretenir la fer- tilité des terres, lorsqu'elle a subi , sous l’action de V'air et de l'humidité, la fermentation sans laquelle sa décomposition serait incomplète et sa puissance nulle ou du moins très-lente. Le Fumier agit sur la végétation par sa chaleur quand il est nouveau -et en masse; par les sels et l'espèce de savon gras qu'il renferme, quand il est nouveau et divisé ; par le terreau qu'il fournit quand il est décom- posé. Le Fumier agit encore mécaniquement lors- qu'il est nouveau, en soulevant la terre, en l’ou- vrant en tous sens et par conséquent en facilitant aux racines les moyens de s'étendre, de s’asseoir sur Je sol, et, lorsqu'il est consommé, en conser- T. I. 394 FUMI vant plus long-temps l'humidité, véhicule de la végétation , en offrant une plus grande masse des élémens des gaz qui agissent de tant de manières sur les plantes durant toutes les phases de leur existence , principalement quand elles sont jeunes. Le Fumier n’est pas égal dans ses propriétés ; elles dépendent de l'animal qui le fournit. Celu: de l'écurie cst inférieur à celui de l’étable , et le Fumier de l’étable au Fumier de la bergerie. Le plus riche de tous est celui de porcs; mais il est tellement actif employé frais, qu’il brûle les plan- tes ; il ne faut s’en servir que lorsqu'on l’a mélé avec de la paille ct qu’on l’a laissé fermenter avec elle. Le Fuamier de cheval, de mulet et d’âne, ayant ‘une grande tendance à fermenter , - est chaud; il convient aux terres froides et humides ; le Fümier des grosses bêtes à cornes, conservant long-temps l'humidité des pluies et celle qu’il con- tient naturellement, est excellent sur les terres sèches, sablonneuses; le Fumier des bêtes ovines s'emploie avec succès pour les jeunes plantations, sur les vignes qui se développent lentement, et délayé dans de l'eau, agité à plusieurs reprises , il est excellent pour les plantes polagères. On doit proportionner la quantité de Fumier à raison des besoins du sol. Il faut plus de Fumier sur les terres d’une consistance moyenne, que sur les terres riches et fertiles; les terres médiocres veulent en obtenir beaucoup ; on en donne moins aux champs à blé, dont la terre forte et franche est très-susceptible d'être fécondée par l'air, le soleil et les pluies qui la pénètrent aisément : en- core moins aux vallons, où l'humidité du sol fa- vorise la végétation ; les rosées y sont abondantes, la p'ante y craint peu les hâles du printemps , les sécheresses intempestives, longues et soutenues de l'été. L'exposition est à considérer: la terre expo- sée au nord veut une plus grande quantité de Fu- mier que celle située au levant et surtout au midi. Fume-t-on beaucoup trop; la plante montre en naissant Ja plus grande beauté, sa végétation est vigoureuse, elle talle, porte de larges feuilles, une grosse tige, mais dès que le moment de la florai- son est passé, la plante est exposée à verser, ses graines sont pelites , ridées, sans valeur. Refuse- t-on, au contraire, la quantité de Fumier conve- nable ; l'aspect du sol est triste, la végétation lan- guissante , les racines sont superficielles , menues, elles effritent la terre et se dessèchent sans rien produire. Il est donc un terme moyen qu'il faut savoir Saisir. On estime qu’il doit être de vingt- cinq chars par hectare sur les terres fortes, argi- leuses, franches , et de trente-deux dans les terres froides, humides, légères , en ayant soin toutefois de mettre aux terres les plus vives les Fumiers les moins actifs, ét aux terres fraîches les Fumiers les plus chauds. Il ne faut point laisser de Fumier dans l’habitx- tion des animaux ; sa présence dégage par la fer- mentation des exhalaisons alcalines qui nuisent à leur santé, à leur propreté et à celle de leur de- meure. Cest au long séjour du Fumier dans les écuries que l’on doit attribuer l’ophthalmie des 398° Livraison. 38 rm + FUMI 208 FUNI g eng” chevaux; il ne porte pas un préjudice aussi nota- ble chez les grosses bêtes à cornes, mais il est prudent d’en débarrasser tous Les jours leur cou- che et au moins tous les deux ou trois jours l’éta- ble. Quant aux bêtes à laine, il est quelquefois utile de leur laisser du Fumier , surtout à l’époque de la naissance. des agneaux, mais il importe de les en délivrer aussitôt que la chaleur commence; avec elle la fermentation irait très-vite et sérait éminemment funeste. Toutes les sortes de Fumiers se remplacent avantageusement dans les cultures par des. En- GRaIs. Par ce mot, on entend tous les débris de la nature destinés à servir à son propre entretien. À ce sujet, Rozier a dit un mot plein de sens : « La »terre est une vieille emprunteuse, exigeante, qui » demande toujours, qui prend tout; mais aussi elle _»est bien fidèle à rendre et intérêts et principal.» Vous ne risquez rien de lui prêter; car, en four- nissant aux végétaux les principes nécessaires à leur accroissement, elle s’épuise au bout de quel- que temps, elle ne garde rien pour elle des végé- taux qu’elle nourrit; gourmands ou sobres, elle leur donne tout ce qu'elle a ; il est donc convena- ble de lui restituer ce que la végétation lui a en- levé. Puisqu’elle accepte tout , qu’elle adapte tout à ses besoins, ne négligez rien, ramassez tout, faites tout servir à votre utilité; c’est là le secret d’une agriculture bien entendue. Nous distinguerons les engrais en trois classes, les Engrais animaux, les Engrais végétaux et les Engrais minéraux. Dans la première classe on range tous les débris d'animaux en putréfaction, les os pilés, les vidanges des latrines , les urines, le sang, les balayures d'ateliers de tanneurs , corroyeurs, mégissiers, cordonniers, bourreliers , etc. , etc. Comme Engrais végétaux on range la paille et les fourrages pourris, fermentés ou macérés dans l'eau, les débris des jardins légumiers, les feuilles d'arbres, les copeaux et la sciure de bois , le char- bon, les marcs et lies de raisins, de cidre, de bière, les tourteaux provenant des plantes oléagi- neuses, etc., etc. Enfin on appelle Engrais miné- raux la marne, la chaux, le plâtre, la cendre, le sable, la tourbe, la houille, la vase des fossés, mares et étangs, la charrée de lessive , les gravois ou plâtras, etc. , etc. Tous ces ingrédiens ont de grandes propriétés, il ne s’agit que d'en faire application. Ils ne produisent point par eux-mé- mes, ils ne sont que causes secondaires et ne ser- vent que de véhicules ou de conducteurs aux météores fécondans, ils les mettent en action, et, unis à eux, ils placent les plantes et les terres dans une condition merveilleuse. Quand on mélange ensemble plusieurs de ces différentes, substances, il en résulté ce que l'on est convenu d'appeler un Comrosr (ce-mot a été emprunté aux Anglais, et doit être conservé). Pour que ce mélange soit parfait, il importe que les sub- stances qui le formentsoient imprégnées des liquides provenant de leur union , ainsi que des parties vo- latiles et des gaz qui en émanent; alors il modifie ; le. sol et devient pour lui un amendement pré- cieux. Les Famiers forment la base des meilleurs composbs. Tull, cultivateur anglais, dont les maximes ont longtemps fait fareur en France, a publié et ré- pandu une erreur nuisible en prétendant que les labours répétés suppléaient aux engrais; cette maxime exclusive tend nécessairement à épuiser le sol et à rendre l'agriculture impuissante. D’a- près un autre cultivateur anglais, trop vanté parmi nous, Arthur Young, une bonne rotation de ré- côltes dispense de l’engrais ; cette nouvelle erreur est aussi préjudiciable que la première ; elle donne la mesure de confiance que méritent nos cultiva- teurs de cabinet et leurs ouvrages publiés le plus souvent aux frais du trésor public. Les labours en nombre convenable, et une rotation de récoltes appropriées au terrain que l’on exploite, sont deux moyens de culture qui, loin d’exclure les engrars, ne doivent point en être séparés. L’un sans les deux autres est une faute grave, tous trois ensem- ble et bien combinés assurent la prospérité de la maison rurale et l'abondance des récoltes. (Es. B.)05f FUNAIRE, Funaria. (sox. cryrr.) Mousses. Ge genre, établi par Hedwig aux dépens des Minimes de Linné, que Palisot de Beauvois avait nommé Strephedinus , et Adanson £uida, a pour caractè- res : une capsule terminale et pyriforme , un pé- ristome double : l'extérieur a seize dents tordues obliquement et soudées par leur partie supérieure; l'intérieur a seize cils planes, membraneux et op- posés aux dents du rang extérieur ; une coiffe ventrue , tétragone à sa base , subulée au sommet, se fendant de côté et se détachant obliquement. Les espèces de Funaires sont peu nombreuses ;; elles habitent ordinairement les contrées septen- trionales de notre hémisphère ; on en troave ce- pendant aussi dans les pays chauds, tels que la Barbarie , l'Egypte, etc. La plus remarquable de toutes est la Funaria hygrometrica de Hedwig, espèce que l’on trouve très-communément en Eu- rope sur les murs, les rochers, et les fentes un peu humides, Cette mousse, ainsi nommée à cause des propriétés hygrométriques qu’elle pos- sède à un degré beaucoup plus marqué que dans toutes les autres mousses ( excepté peut-être le T'ayloria splañchnoides de Hook), a une tige lésè- rement rameuse , garnie de feuilles étalées , oblon- gues, pointues, avec une nervure médianeet entière sur les bords; sa capsule est grande ,. oblique, striée, d’un brun rougeâtre, et supportée par un long pédicelle qui se tord sur lai-même pendant la dessiccâtion, et se déroule avec rapidité lors- qu’on l’humecte même lepluslésèrement, {F.F.) FUNICULAIRE, Funicularius. (B0T. cRyPT. ) Les Funiculaires constituent un genre des plantes marines de la classe des Agames hydrophytes , et de la famille.des Fucacées; «elles ont #t6 distinguées et nommées par Roussel dans sa Flore du Galva- dos; mais le genre qu’elles composent ne paraît point avoir été adopté par les botanistes : ce sont les Fucus concatenatus d'Esper , et F'acus loreus de: Linné. EF): FURE 9 99 FUSA LA RD PCA E FUNICULE, Funiculus. (got. ua.) C’est pour quelques auteurs le nom du Podosperme ou cor- don ombilical, filet qui unit la graine au placenta. £ (GEnv.) : FUNICULINE, Funiculina. ( zooz. ) De La- tmarck, qui a établi ee genre, le place dans la famille des PeNNaTuLESs (voy. ce mot), et donne pour caractère aux animaux qu’il comprend, d’être agrégés , papilliformes et disposés en deux séries alternes, Suivant de Blainville, les Funiculines ne sont que des Gorgones à polypes mamelonnés (voy. Goncone). On ne distingue parmi eux qu’un petit nombre d’espèces qui se rencontrent sous des latitudes assez différentes. (GERv.) FUNGIOLES. (1xs.) Famille de Coléoptères ainsi nommée de ce que les espèces qui la compo- sent vivent toutes dans les champignons; cette fa- mille est peu nombreuse, peu tranchée , et mérite un nouvel examen. (A. P.) FURCELLAIRE, Furcellaria, (B0T. crvrt.) Hydrophytes. Genre de l’ordre des Fucacées , de la classe des Hydrophytes non articulées, et dont voici les caractères : Fructification siliqueuse , or- dinairement simple, quelquefois bifide ou trifide à sa base, située à l’extrémité des rameaux, ren- fermant de petits corpuscules ovoïdes , disposés à la circonférence sur un ou dix rangs; tige et rameaux cylindriques, sans feuilles. Lorsque les granules des Furcellaires sont mûres, les fructifications se décomposent, se détachent de l'extrémité des rameaux, qui paraissent alors comme tronqués. De ces extrémités sortent, la seconde année, de nouvelles fructifications, mais beaucoup plus petites que les premières, d’une couleur rougeâtre , contenant également des cor- puscules qui ne viennent pas à maturité. De ces observations de physiologie végétale on doit con- clure que les Furcellaires sont des Hydrophytes bisannuelles. Les Furcellaires ont une couleur olivâtre qui devient noire, rougeâtre ou verdâtre (ces deux nuances s’observent très-rarement) par la dessic- cation ou par l'exposition à l’air et à la lumière ; leur grandeur varie de trois à dix pouces ; enfin elles se trouvent au dessous de la ligne des ma- rées ordinaires. = Les seules espèces connues jusqu’à présent -sont : le Furcellaria lumbricalis , qui est très-com- mun depuis le nord de l’Europe jusqu'au cap Finistère en Espagne , et le Furcellaria fastigiata, qui n’est pas rare dans la Méditerranée. (F. F. FURCULAIRE. (2001. 1nr.) Genre de la famille des Rotifères auquel on assigne les caractères sui- vans : corps libre, contractile, contenu dans un fourreau oblong , termimé par une queue fissée qui s’y articule et n’en est pas un simple prolon- gement. Les espèces de ce genre sont nombreuses; les principales sont : la Furcularia larva; vorticella, qui habite l’eau de la mer; Furcularia aurita, Furcularia longiseta, Furcularia longicauda, etc. (P. G.) FURET. (man. ) Cet animal, que l’on a repré- senté à la planche 168, f. 4 de l'Atlas de ce Dic- tionnaire, est un mammifère du sous-genre des Putois ; les naturalistes nomenclateurs l’appellent Mustela furo. I] est assez voisin du Putois ordi- naire, dont il diffère néanmoins par sa taille plas petite (longueur totale deux pieds environ, en comprenant la queue), par sa tête moins large. Son pelage est d’un jaune clair, et varié de blanc dans certaines parties, Ses mœurs sont à peu près celles de l’animal auquel nous venons de le com- parer; mais il paraît habiter plus que lui les con-- trées méridionales, et, s’il faut en croire les au- teurs , ilest originaire d'Afrique, et ne se trouve en Europe que parce qu'il y a été apporté; c’est un des ennemis les plus acharnés des Lapins ; aussi l’emploie-t-on souvent pour la chasse de ces animaux ; on le muselle et on le laisse ensuite dans le terrier, où sa petite taille lui permet de s’intro- duire aisément. Les Lapins , effrayés , prennent la fuite et tombent, lorsqu'ils cherchent à sortir, sous les coups du chasseur. Le Furet est fort commun en Espagne , mais dans les contrées sep- tentrionales de l’Europe il souffre beaucoup du froid , et paraît dans un état de somnolence pres- que continue]; il n’est pas besein d’ajouter qu’il n’y existe que domestique. La femelle produit deux ou trois fois par an, et chacune de ses portées est ordinairement de cinq ou six petits, quelquefois même de huit ou neuf. Certains individus ont le pelage varié de blanc, de jaune et de noir; les côtés de leur bouche sont blancs, ainsi que leur nez et leur front ; leur queue est presque entière- ment noire. Tous les Putois ont les yeux roses, comme les animaux atteints d’albinisme, ce qui pourrait bien donner à penser qu’ils ne sont peut- être qu’une simple variété de l'espèce du Furet ou de la Marte d'Eversman, Mustela Eversmanit, espèce du nord de l'Europe et quiparaît intermé- diaire au Putois et au Furet. (Genv.) FUSAIN, ÆEvonymus. (8oT. PHAN.) On nomme ainsi un genre d’arbustes de la famille des Rham- nées, Pentandrie monogynie, particuliers à l’hé- misphère boréal, ayant des feuilles opposées, des stipules très-petites, des fleurs hermaphrodites , portées par deux ou trois sur des pédoncules axil- laives et opposés. Ces fleurs présentent pour carac- ières génériques : un calice étalé, persistant, à quatre ou cinq divisions planes; autant de pétales alternant avec elles , et insérés autour d’un disque glanduleux qui occupe le fond de la fleur; des étamines en nombre semblable, insérées sur les lobes du disque ; un ovaire libre, portant un style terminé par un stigmale à quatre ou cinq dents à peine visibles. Le fruit est une capsule à quatre ou cinq côtes, obtuses ou aiguës et en forme d’aile ; les loges, en nombre semblable, contiennent chacune une ou deux graines recouvertes en tota- lité ou en partie d’ane enveloppe charnue, de couleur rouge; ces graines se composent d’un endosperme charnu renfermant un embryon plane et dressé, h On connaît environ dix espèces de Fusain; la plus commune dans nos jardins et dans nos taillis est celle d'Europe, Evonymus europæus ; L., at- FUSE ‘300 FUSE È mm brisseau de quatre mètres, à rameaux lisses , verdâtres ,. quadrangulaires ; à feuilles ovales- oblongues, pointues, obscurément dentées, ac- compagnées de deux stipules courtes et sétacées. Les fleurs sont petites, d’un vert pâle, placées sur des pédoncules axillaires , bifides ou trifides. Elles naissent au printemps et passent inapercçues ; mais on remarque bientôt les capsules qui leur succèdent; leur forme bizarre, leur coloration d’un rouge vif leur a fait donner vulgairement le ném de Bonnet de prêtre; les graines sont revêtues d’une tunique ou arille rouge, comme l'enveloppe capsulaire. Le bois du Fusain est jaunâtre , cassant , assez propre aux ouvrages delour; on en fait des fu- seaux , des aiguilles à tricoter, même des lardoires (d'où le nom de Bois aux lardoires donné souvent à cet arbre); les jeunes branches, réduites en charbon, servent aux dessinateurs pour leurs pre- mières esquisses. La consistance particulière de ce charbon lui a valu la distinction bien plus grave d'entrer dans la cœmposition de la poudre à canon. Le fruit du Fusain est âcre et purgatif, comme ceux de la famille des Rhamnées. On trouve dans quelques jardins une variété du Fusain d'Europe à fruits blancs, Une autre espèce, particulière au midi de la France, est le Fusain A LARGES rEuILLES, Æ. lati- folius, Lam. ; ses fleurs sont plus abondantes ; ses fruits sont roses et à cinq angles. Le Fusain aaceux, Æ, verrucosus , est venu de Hongrie nous montrer son tronc et ses branches couvertes d’aspérités verruqueuses ; ses fleurs ont quatre pétales. Le Eusain DE LA Vinqinix, Æ. americanus , se- rait une acquisition heureuse pour les bosquets d'hiver à cause de son feuillage persistant ; mais sa culture est difficile, parce que chez nous il ne se multiplie pas de graines. Fusain Baranr. On donne quelquefois ce nom au CÉLASTRE GRIMPANT. V’oy. ce mot. (L. FUSEAU , Fusus. (mozr.) Ge genre , établi par Bruguière aux dépens de celui des Murex, L., ap- partient comme lui à la sous-classe des mollusques céphalidiens dioïques (Gastéropodes, Cuv.) ou à sexes séparés , el se place de même dans la famille des Siphobranches siphonostomes de Blainville ou pectinibranches buccinoïdes de Cuvier.Lesespèces qu’il comprend sont très-nombreuses , soit à l’état fossile , soit à l’état vivant. Ce sont des coquilles de forme très-élégante et qui se distinguent assez facilement des groupes voisins. Elles sont fusifor- mes (d’où leur nom) et souvent ventrues dans leur partie médiane, rugueuses, épaisses et à spire très-élevée ; leur canal est droit et allongé, leur ouverture ovale , leur bord droit traînant et le gauche toujours lisse. L’animal des Fuseaux, dont on a pendant silong-temps ignoré la nature, à cause de la brièveté des descriptions qu’en avait faites Adanson, vient d’être étudié avec soin par les naturalistes de lAstrolabe : il est très-craintif et lent à sortir de sa coquille, hors de laquelle il fait peu saillie; son pied est large, quadrilatère , à sillon marginal un peu lobé aux angles, et pourvu d’un opercule assez grand, ovalaire, pointu, semblable à un ongle, et ordinairement teint de rougeâtre ; cet opercule est corné , il ne ferme pas entièrement la coquille. Les tentacules sont très- courts, gros et réunis à leur base, près de laquelle sont placés les yeux sur un petit renflement ; la masse buccale est considérable, cordiforme et susceptible de s’allonger en trompe, ce qui indi- que parfaitement la courbure de l’œsophage. Elle renferme un ruban lingual assez long , à trois rangs de crochets, dont les latéraux sont plus grands et doubles ; l’œsophage est très-resserré à son passage sous le ganglion céphalique ; il est accompagné de deux glandes salivaires ovoïdes , dont les conduits passent sous le cerveau; l'estomac est assez peu considérable , et présente un rétrécissement pylo- rique bien marqué; le canal intestinal est délié et traverse le foie ; le rectum côtoie l'utérus dans la femelle et s'ouvre comme lui au bord droit, mais un peu plus en arrière. Il part de ce dernier or- gane un sillon qui se porte sur le bord du pied, et qui sert sans doute à donner une direction à la sortie des œufs. Dans les mâles, l’organeexcitateur est long, large et peu recourbé. La cavité respi- ratrice est ample, le siphon qui y conduit l’eau est plus ou moins long , selon l'étendue du canal, qu’il ne dépasse pas, et on voit à gauche de la ca- vité deux peignes branchiaux dont les lamelles ne sont libres pour le plus grand nombre au moins, qu'à leur extrémité.! Les espèces du genre Fuseau sont, comme nous l'avons dit , extrêmement nombreuses ; de Blainville (Traité de Malacologie) les rapporte à six seclions qu’il caractérise ainsi : a Espèces subturriculées à canal médian et ombiliquées : genre Lathirus, Monf. On peut citer pour type le F'usus filosus, Encycel. méth. b. Esp. turriculées, longuement canaliculées , et non ombiliquées : F°. colus. c. Esp. Subturriculées à canal échancré: F. ar- ticulatus. d. Esp: ovales , allongées, à tours de spire ren- flés : F, islandicus. J e. Esp. muricoïdes : F. muriceus. : | f. Esp. buccinoïdes : F. buccineus. Les Fuseaux fossiles ne sont pas moins abon- dans. On doit la connaissance du plus grand nom- bre des espèces aux travaux de Brocchi, Sowerby, À | Lamarck, Deshayes, etc. Ge dernier en cite plus de 48 observées dans les terrains des environs de Paris. Plusieurs sont lrès-remarquables. Parmi les espèces vivantes nous décrirons les suivantes : Fussau veiné , Fusus lignarius, que l’on trouve communément sur les côtes de la Méditer- ranée , ainsi que dans les mers du Nord et proba- blement aussi dans la Manche. Il varie pour la longueur de dix-huit lignes à deux pouces et demi. Sa coquille est épaisse, ovale, formée de neuf tours de spire et de couleur blanchâtre, avec des veinules irrégulières de roux brunen dehors et de violacé ou rouge bai en dedens ; quelquefois elle mm = GABR Soi GADE -## est entièrement brune, avec une ligne variée de brun et blanchâtre. L’animal est d’un rouge vif uniforme , et sans aucune lache, que les yeux, qui sont noirs et placés sur la moitié inférieure des tentacules : ceux-ci sont gros, el le pied, coupé carrément, présente en avant un large sillon trans- verse. Le Fuseau veiné, qui est commun à l’état vivant-sur les côtes de la France méridionale , a “été aussi observé fossile, soit en Italie, soit en Sicile aux environs de Palerme. k Fuseau PRovENÇAL, Fusus provincialis. Cette espèce , décrite par Risso, a été trouvée par lui en Provence , et par quelques autres personnes sur les côtes de la Sicile , ainsi que sur celles de l'Adriatique. Elle est fusiforme , élancée, compo- sée de huit à neuf tours de spire et uniformément colorée en un blanc sale que recouvre un épider- me verdâtre ou jaunâtre. Fuseau DE TareNTE, Fusus strigosus. Sa co- quille est traversée sur les divers tours de la spire par des côtes pliciformes, un peu distantes et formant des denticules. L'ouverture du canal est plus courte que la sphère et la couleur générale est blanche et nuancée de roux. C’est une espèce que l’on trouve principalement dans le golfe dont elle porte le nom, mais qui vit probablement aussi … sur les côtes de Sicile, de Corse et de Provence. Fuseau D'IsLanDE, Fusus islandicus. On a in- | diqué , mais avec doute , comme se trouvant sur nos côles de la Manche et de l'Océan , ce Fuseau, _-quiest commun dans les mers d'Islande; il est légèrement ventru , long de quatre à cinq pouces … et finement strié en travers: sa couleur générale | est blanche sous un épiderme brun. Les autres | espèces du genre Fusus ont été décrites dans l’'En- cyclopédie méthodique (partie des Vers) et dans ” les ouvrages des voyageurs modernes. Les recher- )ches zoologiques de Quoy et Gaimard en ont fait connaître plusieurs qui sont aussi très - remar- -quables. | Le genre de ces animaux, tel que les naturalistes | l'ont adopté, ne comprend pas toutes les espèces | que Bruguière y avait rapportées à cause de leur coquille fusiforme ou en fuseau : plusieurs en ônt été séparées par Lamarck et composent aujour- d'hui des genres distincts : c’est ainsi que certains Murex de Liané, dont Bruguière avait fait des Fuseaux, ont été distingués de ces derniers x cause de la brièveté de leur spire, et forment le genre Pyrule : d’autres qui joignent à une dispo- sition fusiforme une columelle plissée forment le genre Fasciolaire, et quelques autres qui ont le bord droit échancré postérieurement ont servi à établir le genre Pleurotome. Malgré toutes ces mo- difications, le genre des Fuseaux proprement dits est encore fort nombreux. (Genv.) FUSIBILITÉ. (cm. mn.) Propriété en vertu de laquelle les corps solides, et surtout les métaux, passent de l’état solide à l’état liquide par l’actiom du feu. (F.oFK) FUSION. (emm.) Opération qui est aux corps métalliques ce que la liquéfaction est aux corps gras, et par laquelle on transforme les solides em liquides à l’aide de la chaleur. | Autrefois on divisait les corps en #rés-fusibles ; ceux qui fondaient à la plus légère température, et infusibles, ceux qui ne fondaient pas au meilleur feu de forge. Mais aujourd’hui que la science pos- sède les moyens d'accumuler dans les corps des quantilés excessives de calorique, à l’aide du chalumeau de Broock ou à gaz hydrogène, on n’ad- met plus cette distinction. (EYF2)" 0 FUSIFORME. (z00L1. 807.) Nom donné à tout organe ou à toute portion d’organe qui a la forme d’un fuseau, c’est-à-dire allongé, renflé au milieu et aminci à ses extrémités. La racine de Rave est Fusiforme; l'embryon du Triglochin des marais est également Fusiforme. (P. G., FUSZITE. (aun.) Un minéralogiste allemand, Schumacher, a donné ce nom à un minéral opa- que, d’un noir verdâtre ou grisâtre, cristallisé en prismes à 4 ou 6 pans, dont l'analyse est en- core incertaine : ce qui explique pourquoi les uns l'ont considéré comme ayant du rapport avec le Pinite, d’autres avec la Parnuthine,et d’autresenfin avec le Pyroxène. (J. EH.) G. GABIAN. (ors.) Nom vulgaire du Goëland dans de midi de la France, (Guér. GABRO ou GABBRO. (céor.) Ce nom a été | donné par les artistes italiens à une roche à base -de jade, de pétrosilex, ou de feldspath, conte- | nant de nombreux cristaux d’une substance appe- Mée Diallage. C’est la même roche que les minéra- iMlogistes français nomment Æuphotide. Comme selle est plus où moins verdâtre, les Italiens la | nomment aussi Verde di Corsica ; les Toscans lui donnent le nom de Granitone. (3. H.) | GABRONITE, (wn.) Substance minérale com- “pacte, à cassure écailleuse, d’un aspect gras, | d'une couleur tantôt jaunâtre, rougeâtre où gri- | “sâtre; plus dure que le verre ; soluble par diges- | tion dans l'acide hydrochlorique, et fusible au ! | | chalumeau en un verre opaque. La Gabronite n’est point considérée comme une variété de la Wernérite; mais l’analyse chimique prouve que les parties qui la constituent ne sont point dans les mêmes proportions que dans celle-ci. Beudant pense qu’elle pourrait être plutôt rapprochée de la Wéphéline; cependant c’est à la suite de la Cha- bosie qu’il la place en appendice, bien qu’elle diffère sensiblement de cette espèce minérale, puisque la Gabronite ne renferme pas de chaux, et que la Ghabosie en contient 8 à 10 pour cent. Quoi qu'il en soit, la Gabronite se compose de 54 parties de silice, 24 d’alumine , de 17 de soude et de quelques parties de magnésie , d’oxide de fer et d’eau. GC, Hs, GADE, Gadus, (poss.) Sous le nom de Gade, GADE Linné réunissait un groupe de Poissons subbra- chiens qui ont un tel rapport entre eux, que non seulement cet auteur ne peut être blâämé de les avoir réunis en un seul genre, à Pépoque où il écrivait , mais même ilne pouvait pas faire autre- ment. En effet, plusieurs espèces de ce genre ont entre elles desrapports si intimes de forme et d’or- ganisation , qu'il faut une grande sagacité à l’ob- servateur pour les distinguer. On à donc réparti en neuf sous-genres les subbracchiens, que Linné n’avait inscrits que dans un genre,etque l’on n’a- vait nommés que Gades. È 1° Les poissons qui présentent trois dorsales , deux anales, un barbillon au bout de la mû- choire inférieure ; on les a nommés Monves. 2° Ceux où le nombre des nageoires est le même que dans les Morues, mais qui manquent de barbillons, que nous appellerons Merrans. 8° Geux qui ont recu deux nageoires du dos , une seule anale, et qui manquent de barbillon, comme dans les Merlans, et dont le nom générique sera MERLUCHES. :° 4° Geux que nous appellerons Lorrtes, dont le dos est garni de deux nageoires , une seule anale, -et des barbillonss 5° Ceux qui ont leur dorsale antérieure petite , et dont on à peine à l’apercevoir , et que nous dé- signerons par la désignation de Morezzes. 6° Ceux dont le dos sera garni d’une seule nageoire, qui s'étend jusque tout près de la queue, et que le nom de Brosue distinguera. 7° Geux dont la dorsale et l’anale s’unissent avec la caudale en une seule nageoire terminée en pointe. Ce sont les Broruzes. 8° Ceux qui ne semblent différens de leurs con- génères que par des ventrales d’un seul rayon, -souvent fourchu , et par l'énorme grosseur de leur tête ; ils portent le nom de Paysis. 9° Ceux où la tête est plus déprimée que chez les Physis et les autres Gades , mais où la dorsale antérieure est si petite qu’elle est comme perdue dans l'épaisseur de la peau. Ils ont été nommés -Ranrcups. Les espèces comprises dans les genres que nous venons de mentionner ont d’ailleurs des dents pointues, inégales, médiocres ou petites, sur plu- sieurs rangs, faisant râpe; un corps médiocre- ment allongé ,un peu comprimé , couvert d’écail- les molles, peu volumineuses; et une tête sans écailles , comme les espèces pour lesquelles nous avons réservé le nom générique de Gang. Le genre auquel on a exclusivement conservé ce nom renferme un assez grand nombre d’espèces, qui vivent dans les mers froides ou tempérées. Contentons-nous de faire remarquer les espèces les plus utiles, et plus particulièrement celle qui nous fournit le sujet de cet article. La MonuvE PROPREMENT DITE , ou CABELIAU, Ga- dus morrhua, Lin. (représentée dans notre Atlas, pl. 196, fig. 1), a le corps allongé , légèrement comprimé, et revêtu d’écailles plus grandes que celles qui recouvrent presque tous les autres Ga- des, Ses mâchoires sont inégales en longueur, La 302 supérieure est plus avancée que inférieure, au bout de laquelle on voit pendre un assez grand barbillon. Elles sont armées toutes les GADE deux de plusieurs rangées de fortes dents ai- guës, On voit sur la Morue trois grandes nageoï- res dorsales. Ce nombre de trois dans les na- geoires du dos distingue les Morues des autres sous-genres, ainsi que l’indique le tableau qui est à la tête de cet article. La Morue a donc deux na- geoires anales, comme tous les Gades du second sous-genre ; et on a-pu voir que le premier aiguil- lon de la première de ces deux nageoires est épi- neux et non articulé. Ses nageoires jugulaires sont terminées en pointe, comme celles de tous les Gades. La Morue parvient à une grandeur as- sez considérable pour peser un myriagramme ; mais ce n’est pas ce poids qui indique la dernière limite de sa dimension. Suivant Pennant, on en a vu , auprès des côtes d'Angleterre, une qui pesait près de quatre myriagrammes , et qui avait plus de dix-huit décimètres de longueur. L'espèce que nous décrivons est d’ailleurs d’un gris cendré, tacheté de jaunâtre sur le dos. Lapar- tie inférieure du corps est blanchâtre. Les na- geoires pectorales sont également jaunâtres , une teinte grise distingue les jugulaires , ainsi que la seconde de l’anus. Toutes les autres nageoires présentent des taches jaunes. Si de la description de la Morue nous passons à la considération de ses organes digestifs, nous trouverons qu’elle peut avaler dans un très-court espace de temps unes assez grande quantité d’alimens. Elle a en effet une estomac très-volumineux; elle est très-vorace ,4 elle se nourrit de poissons , de mollusques , et dem crabes. Elle a des sucs digestifs si puissans, et d’une action si prompte, qu’en moins de six heu- res un petit poisson peut être digéré en entier dans, son canal intestinal, de gros crabes y sont aussi bientôt réduits en chyle ; la Morue est même si. goulue, qu’elle avale souvent des morceaux de bois. ou d’autres substances qui ne peuvent pas servir à sa nourriture. Au dise de plusieurs auteurs, | elle jouit de la faculté qu’ont reçue les Squales ,M d'autres poissons destructeurs,, et les oiseaux de proie; elle peut rejeter facilement les corps qui l’incommodent. L’eau douce ne paraît pas lui con: venir; on ne la voit jamais dans les fleuves ou les rivières ; elle ne s'approche même des rivages” ordinairement que dans le temps du frai ; pendant le reste de l’année, elle se tient dans les profon- deurs des mers. Lorsque le besoin de se débarrass ser de.ses œufs approche, ou que la nécessité den pour voir à sa subsistance chasse la Morue vers les côtes , c’est principalement sur les rives et les bancs couverts de crabes ou de moules que les Morues se rassemblent , et elles déposent souvent, leurs œufs sur des fonds rudes au milieu des ro chers. Ce temps du frai, qui entraîne les Morues vers les rivages , est très-variable , suivant les con- trées qu’elles habitent, et l’époque à laquelle Je printemps commence à régner dans ces mêmes contrées. Communément, c’est vers le mois de février que ce frai a lieu auprès de la Norwége, du ES” USE. 4 > ane art Turn HS 1. Gade morue 2. CGaullet 3. Galavo. LCuerin de om GADE 308 GADE k oo Danemarck, de l'Angleterre et de l'Ecosse; mais comme l'île de Terre-Neuve appartient à un con- tinent beaucoup plus froid, l'époque de la ponte et de lafécondation des œufs y est reculée jasqu’en mai, IL est évident que celte époque du frai est _ celle que l’on a dù choisir pour celle de-la pêche. Dans le Nord, où l’on rencontre des troupes très- nombreuses de Morues, et par conséquent dans les endroits où l’on s’est livré plus anciennement à leur recherche, on n’a pas toujours employé les moyens les plus propres à atteindre le but que l’on aurait dû se proposer. Il a été un temps, par exemple, où sur les côtes de Norwége on s'est servi de filets composés de manière à détruire une si grande quantité de Morues, et à dépeupler si vite les plages qu’elles avaient affectionnées ; que par une suite de ce sacrifice mal entendu de la- venir au présent, un bateau monté de quatre hommes ne rapportait plus que six ou sept cents de ces poissons , de telendroitoù ils en auraient pris, quelques années auparavant, près de six mille. Maisrien n’a été négligé pour les pêches faites, aux dix-septième et dix-nuitième siècles, aux environs de l’ile de Terre-Neuve. Premièrement, on a re- cherché avec le plus grand soin les temps les plus favorables; c’est d’après les résultats des observa- tions faites à ce sujet que , vers ces parages , il est très-rare qu’on continue la poursuite des Morues après le mois de juin , époque à laquelle les Ga- des dont nous écrivons l'histoire s’éloignent à de grandes distances de ces plages, pour chercher une nourriture plus abondante , où éviter la dent . meurtrière des, Squales où autres poissons redou- | tables par leur férocité. Les Morues reparaissent auprès des côtes dans le mois d'octobre, ou aux environs de ce mois; mais dans cette saison, qui touche à l'automne d’un côté, et de lautre à l'hiver , les tempêtes et les glaces peuvent rendre irès-souvent la pêche très-incertaine, et trop dan- gereuse pour qu'on se détermine à s’y livrer de nouveau sans attendre le printemps suivant. En second lieu , les préparatifs de cette importante et lointame recherche des Morues qui se montrent auprès de Terre-Neuve ont été faits, depuis un très-grand nombre d'années, avec un soin tout particulier. Ge sont les Anglais qui ont donné à cet égard l’exemple à l’Europe commercçante; la force des cordes ou lignes, la nature des hame- cons, les dimensions des bâtimens , tous ces ob- jets ont été déterminés avec précision. Les lignes ont-eu depuis un jusqu’à deux centimètres, ou à peu près, de circonférence, ct quelquefois cent quarante-cinq mètres de longueur, et composées de fils très-fins , et cependant très-forts , afin que les Morues ne fussent pas trop effrayées , et que les pécheurs pussent sentir aisément l'agitation da poisson pris, relever avec facilité les cordes et les retirer sans les rompre. Le bout de ces lignes a été garni d'un plomb qui a eu la forme d’un cy- lindre ou d’une poire, a pesé deux ou trois kilo- grammes , selon là grosseur de ces cordes. Com- . munément les vaisséaux employés pour li pêche des Morues ont été de cent cinquante tonneaux ou plas, et de trente hommes d'équipage. On a emporté des vivres pour deux, trois et jusqu’à huit mois, selon la longueur du temps que l’on a cru devoir consacrer au voyage. On n’a pas man- qué de se pourvoir de bois pour aider le desséche- ment des Morues, de sel pour les conserver , de tonnes et de petits barils pour y renfermer les dif- férentes parties de ces animaux déjà préparés. Des bateaux particuliers ont été destinés à aller à la pêche, même au loin. On se sert de poissons lorsqu'ils sont salés, d’autres fois, lorsqu'ils n’ont pas été imprégnés de sel. On en emploie souvent avec avantage de digérés à demi. On remplace avec succès ces poissons corrompus par des frag- mens d’écrevisses, du lard et de la viande gâtée. Les Morues sont même si goulues qu’on les trompe aussi en ne leur présentant que du plomb ou de l’étain façonné en poisson, et des morceaux de drap rouge semblables par leur couleur à de la chair ensanglantée; et si l’on a besoin d’avoir re- cours aux appâts les plus puissans, on attache aux hamecons le cœur de quelque oiseau d’eau, où même encore une jeune Morue encore saignante; car la voracité des Gades dont nous tracons l’his- toire est telle , que, dans les momens où la faim les presse, ils ne sont ‘retenus que par une force supérieure à la leur , et n’épargent pas leur propre “espèce. Lorsque les précautions convenables n’ont pas été oubliées, que lon n’est contrarié ni par le gros temps ni par des circonstances extraordi- naires , et que l’on a bien choisi le rivage, quatre hommes suflisent pour prendre: chaque jour cinq ou six cents Morues. Les Morues devant être con- sommées à des distances immenses du lieu où om les pêche, on a été obligé d'employer divers moyens propres à garantir de toute altération leur chair et plusieurs autres de leurs parties. Ces moyens se réduisent à les faire saler ou sécher. Ces opérations sont souvent exécutées par les pé- cheurs , sur les vaisseaux qui les ont amenés; et on imagine bien , surtout d’après ce que nous avons dit, qu’afin de ne rien perdre de la durée, ni des objets du voyage, on a établi sur ces bâtimens le plus grand ordre dans la disposition du local, dans la succession des procédés , et dans la dis- tribution des travaux entre plusieurs personnes dont chacune n’est jamais chargée que des mêmes détails. Les mêmes arrangemens ont lieu sur la côle, mais avec de bien plus grands avantages, lorsque les marins occupés de la pêche des mo- rues ont à terre , comme les Anglais, des établis- semens plus ou moins commodes , et dans lesquels on est garanti des effets nuisibles que peuvent pro- duire les vicissitudes de l’atmosphère. Mais, soit à terre , soit sur les vaisseaux, on commence ordi- nairement toutes les préparations de la Morue par détacher Ia langue et couper.la tête de l'animal ; lorsque énsuite on veut saler ce Gade, on l’ouvre dans sa partie inférieure, on met à part le foie, et si c’est une femelle qu’on a prise, on lui ôte les œufs. On habille ensuite la Morue;, c’est-à-dire , en termes de pêcheur , on achève de l'ouvrir de- puis la gorge jusqu’à l'anus; on sépare les mus- qe, : GADE 304 GADE oo cles, la colonne vertébrale ,ce qu’on nomme dés- osser la Morue. Pour mettre les Morues dont nous nous occupons dans leur premier sel, on remplit le plus qu’on peut l'intérieur de leur corps de sel marin, on en frotte leur peau; on les range par lits dans un endroit particulier de l’éta- blissement construit à terre, ou dans la cale du bâtiment ; pour les préparer , on place une couche de sel au dessus de chaque lit. Les Morues res- tent ainsi en piles pendant un, deux ou plusieurs jours, jusqu’à ce qu’elles aient jeté leur sang et leur eau ; puis on les change de place, et on les sale à demeure, en les arrangeant une seconde fois par lits entre lesquels on étend de nouvelles couches de sel. Lorsqu’en habillant les Morues , on se contente de les ouvrir depuis la gorge jusqu’à l’anus, ainsi que nous venons de le dire, elles conservent une forme arrondie du côté de la queue , et on les nomme alors morues rondes; mais le plus grand nombre des marins occupés de la pêche de Terre- Neuve remplacent cette opération par la suivante, surtout lorsqu'ils salent de grands individus. Ils ouvrent les Morues dans toute leur longueur , en- lèvent la colonne vertébrale tout entière, habil- lent le poisson à plat; et les Morues ainsi habillées se nomment Morues plates. Si, au lieu de saler les Morues, on veut les faire sécher, on emploie tous les procédés que nous avons exposés, jusqu'à celui par lequel elles re- coivent leur premier sel. On les lave alors, et on les étend une à une sur la grève ou sur des rochers, la chair en haut, de manière quelles ne se touchent pas; quelques heures après on les retourne. On recommence ces opérations pendant plusieurs jours, avec celte différence , qu'au lieu d’arranger les Morues une à une, on les met par piles. On empile de nouveau les Morues à plusieurs reprises, mais à des intervalles de temps beaucoup plus grands, qui croissent successivement ; et le nom- bre ainsi que la durée de ces reprises sont pro- ortionnés à la nature du vent, à la sécheresse de l'air, à la chaleur de l’atsmosphère, à la force du.soleil. Le plus souvent, avant chacune de ces reprises, on désigne les divers empilemens , en disant que les Morues sont à leur premier, à leur second , à leur troisième soleil, suivant qu’on les met en tas pour la première , la seconde ou la troi- sième fois, et communément les Morues recoivent dix soleils avant d’être entièrement séchées. Lors- qu'on craint la pluie, on les porte sur des tas de pierres placés dans des cabanes , ou pour mieux dire sous des hangars qui n’arrêtent point l’action des courans d’air. Quelques peuples du nord de l’Europe em- ploient, pour préparer ces poissons, quelques procédés, dont un des plus connus consiste à des- sécher ces Gades sans sel, en les suspendant au des- sus d’un fourneau, ou en les exposant aux vents qui règnent dans leurs contrées pendant le printemps. Les Morues acquièrent par cette opération une du- reté égale à celle du bois, d’où leurest venu le nom de Stock-Fish (poisson en bâton); dénomination qui, selon quelques auteurs, dérive aussi de l’u-. sage où l’on est, avant d’apprêter du Stock-Fish pour le manger , de le rendre plus tendre en le battant sur un billot. Les commerçans appellent, dans plusieurs pays, Morues blanches, celles qui ont été salées ;/ mais séchées promptement, et sur les- quelles le sel a laissé une sorte de croûte blanchitre. Les Morues noires sont celles qui, par un desséche- ment plus lent , ont éprouvé uñr commencement de décomposition, de telle sorte qu’une partie de leur- graisse, se portant à la surface, et s’y combinant avec lesel, y a produit une espèce de poussière grise ou brune, répandue partaches. On donne aussi lenom de Morue verte aux Morues salées, de Merluche aux Morues sèches, et de Cabeliau aux Morues prépa- rées el arrangées dans des barils. D'ailleurs nn grand nombre de places de commerce ont eu et ont encore différentes manières de désigner les Morues distribuées en assortiment , d’après les divers degrés de leurs dimensions ou de leur bonté. A Nantes, par exemple, on appelait grandes Mo- rues , les Morues salées qui étaient assez longues pour que cent de ces poissons pesassent quarante- cinq myriagrammes ; Morues moyennes, celles dont le cent ne pesait que trente myriagram- mes; et petites Morues, celles d’un assortiment plus inférieur encore. Sur quelques côtes de la , Manche , le nom de Morue-gaff indique les très- grandes Morues. Cinq autres assortimens inférieurs étaient indiqués par les dénominations de Morue marchande, de Morue trie , de Raguet ou Lingue, de Morue valide ou patelet, et de Morue viciée, À Bordeaux , à Bayonne, et dans plusieurs ports de l'Espagne, on ne distinguait, ou on distingue encore seulement trois assortimens de Morue, le marchand, le moyen, et de rebut. Au reste, les muscles des Morues ne sont pas les seules portions de ces poissons dont on fasse un grand usage; il.n’est presque aucune de leurs parties qui ne puisse servir à la nourriture de l'homme ou des animaux. Leur langue fraîche et même salée est un morceau délicat ; et voilà pour- quoi on la coupe avec soin, dès le commencement de la préparation de ces poissons. Leur foie peut être mangé avec plaisir; et on en retire une huile plus utile dans beaucoup de circonstances que celle des Baleines , laquelle cependant est très- recherchée dans le commerce. On obtient avec la vessie natatoire des Morues une colle qui ne le cède en rien à celle de l’Acipenser huso. Pour la réduire ainsi en colle, on la prépare à peu près de la même manière que celle du Huso. On Ja détache avec soin, on en sépare toutes les parties étrangères, on en ôte la première peau, on la met dans de l’eau de chaux pour achever de la dégraisser , on la lave, on la ramollit, on la fa- conne, on la fait sécher avec soin ; et si des cir- constances de temps et de lieu ne permettent pas aux pêcheurs de s'occuper de tous ces détails immédiatement après la prise des Morues, on mange la vessie natatoire, dont le goût n’est pas désagréa- ble , ou bien on la sale; on la transporte ainsi im- prégnée de sel marin à des distances plus ou: moins PR = SR OT AT. ia GADE es moins grandes, on la conserve plus ou moins long- temps, et lorsqu'on veut en faire usage, il suflit presque toujours de la faire dessaler et ramollir , pour la rendre susceptible de se prêter aux mêmes opérations que lorsqu'elle est fraiche. La tête des Morues nourrit les pêcheurs et leurs familles. En Norwége, on la donne aux vaches, et on y a re- marqué que, mêlée avec desplantes marines, elle augmente la quantité du lait de ces animaux, et doit être préférée, pour leur aliment, à la paille et au foin. Les vertèbres, les côles et les autres os des Gades morues ne sont pas non plus inuti- les; ils servent à nourrir le bétail des Islandais. On en donne à ces chiens du Kamtschatka que J'on attache aux traîneaux destinés à glisser sur la glace. On ne néglige pas même les intestins des Morues , que l’on anommés dans plusieurs endroits Noues ; et enfin on prépare avec soin, et on con- serve pour la table les œufs de ce Gade, auxquels on a donné la dénomination de Rogues ou de Raves. Tels sont les pocédés et les fruits de ces pêches importantes et fameuses qui ont employé dans la même année jusqu'à vingt mille matelots d'une seule nation. L’on est étonné du nombre prodigieux d'œufs que portent les poissons femelles; aucune de ces femelles n’a cependant été favorisée à cet égard comme celle de la Morue. Ascagne parle d’un individu de cette espèce qui avait treize décimè- tres de longueur et pesait vingt-cinq kilogrammes; l’ovaire de ce Gade en pesait sept, et renfermait neuf millions d'œufs. On en a compté neuf mil- lions trois cent quarante mille dans une autre Morue ; et si le plus grand nombre de ces œufs n’était ni privés de la laite fécondante du mâle, ni détruits par divers accidens, ni dévorés par différens animaux, on voit aisément combien peu d'années il faudrait pour que l'espèce de la Morue eût, pour ainsi dire, comblé le vaste bassin des mers. Quelque agréables au goût que puissent être les diverses préparations dela Morue séchée ou de la Morue salée, on atoujours préféré, avec raison, de la manger fraîche. Pour jouir de ce dernier avan- tage sur plusieurs côtes de l'Europe, on ne s’est pas contenté d'y pêcher les Morues que lon y yoit de temps en temps; mais afin d’être plus sûr d’en avoir de plus grandes à sa disposition , on est parvenu à y apporter en vie un assez grand nombre de celles que l’on avait prises sur les bancs de Terre-Neuve. On les a placées, pour cet objet, dans de grands vases fermés, mais attachés aux vaisseaux , plongés dans la mer, et percés de ma- nière que l’eau pût aisément parvenir dans l’inté- rieur. Des pêcheurs anglais ont ajouté à cette précaution un autre procédé; ils ont adroitement fait parvenir une aiguille jusqu’à la vessie nata- toire de la Morue ; et l'ont percée , afin que l’ani- mal, ne pouvant plus se servir de ce moyen d’as- cension, demeurât plus long-temps au fond du vase, et fût moins exposé aux divers accidens funestes à la vie des poissons. Au reste, il est con- venable d'observer ici que , dans quelques Gades, Monro n’a pas pu trouver la communication de Towe III, 305 GADE la vessie natatoire avec l'estomac, mais qu’il a vu autour de cette vessie un organe rougeâtre com- posé d’un très-grand nombre de membranes pliées et extensibles , et qu'il le croit propre à la sécré- Lion de l'air : sécrétion qui aurait beaucoup de rapports, selon ce célèbre naturaliste anglais, avec celle qui a lieu pour les vésicules à gaz des œufs d'oiseaux. Cet organe, dit Lacépède, ne pour- rait-il pas être destiné au contraire à recevoir et transmettre , par les diverses ramifications du sys- tème artériel et veineux, que sa couleur seule in- diquerait, une portion des gaz de la vessie nata- toire dans les différentes parties du corps de l'animal, et que Fischer considère comme étant un organe auxiliaire de respiration. Le Gape ÆczeriN, Gadus, Linn., Bloch. 80. Cette espèce a beaucoup de rapports avec la Mo- rue; sa chair s’enlève facilement par feuillets, ainsi que celle de ce dernier animal , et de pres- que tous les autres poissons du même genre. On le trouve , comme la Morue , dans l'Océan septen- trional; mais il ne parvient communément qu’à la longueur de quatre ou cinq décimètres. Il voyage par grandes troupes qui couvrent quel- quefois un grand espace. On assure qu'il ne va jamais dans la Baltique. On ne peut pas dire qu’il redoute le voisinage des terres ; car, chaque an- née, il s’approche, vers les mois de février et mars. des rivages septentrionaux de l'Europe pour la. ponte ou la fécondation de ses œufs. S’il survient de grandes tempêles pendant son séjour auprès des côtes, il s'éloigne de la surface des eaux, et cherche dans le sable du fond de la mer, ou au milieu des plantes marines qui tapissent ce sable, un asile contre les violentes agitations de l’eau. Lorsque les ondes sont calmées , il sort de sa re- traite, ct reparaît tout couvert de limon. Un as- sez grand nombre d’Æglefinsrestent même auprès des terres pendant l’hiver , ou s’avancent, pendant celte saison , vers les rivages , auprès desquels ils trouvent plus facilement que dans les grandes eaux la nourriture qui leur convient. Lorsque la surface de la mer est gelée auprès des rivages, les pêcheurs profitent des fentes ou crevasses que la glace présente, pour prendre plus facilement une grande quantité de ces pois- sons. Ces Gades ont, en effet, l'habitude de se rassembler dans les intervalles qui séparent les différentes portions de glaces, non pas, comme on l’a cru, pour y respirer l’air froid de l’atmo- sphère , mais pour se trouver dans la couche d’eau la plus élévée, et par conséquent dans celle où doivent se réunir plusieurs des petits animaux dont ils aiment à se nourrir. Si les pêcheurs ne rencon- trent pas à leur portée des fentes naturelles , ils cassent la glace, et produisent, dans l'enveloppe qu’elle forme , les anfractuosités qui leur convien- nent. C’est aussi auprès de ces vides que l’on voit des Phoques chercher à dévorer des Æglefins pendant la saison rigoureuse. | Mais ces Gades peuvent être la proie de beau- coup d’autres ennemis. Les grandes Morues les poursuivent ; et, suivant un observateur, la pêche 199° LivRAIsON, 39 a ——————— —————— "1 GADE 306 GAER des Æglefins, que l’on fait auprès de l’'embou- chure de l’Elbe, à donné le moyen d’observer d’une manière toute particulière combien la Mo- rue est vorace, et avec quelle promptitude elle digère ses alimens. Dans ces parages , les pêcheurs d’Æglefns laissent leurs hamecons sous l’eau pen- dant une marée , c’est-à-dire pendant six heures. Si un Æglefin est pris dès le commencement de ces six heures, et qu'une Morue se jette ensuite sur ce poisson, on trouve, en retirant la ligne, que l’Æglefin est déjà digéré; la Morue est à la place de ce Gade, arrêtée par l’hamecon :.ce fait mérite d'autant plus d'attention , qu’il paraît prou- ver que c’est particulièrement dans l’estomac que réside cette grande faculté , si souvent remarquée dans les Morues, de décomposer avec rapidité les substances alimentaires. Si au contraire la Morue n'a cherché à dévorer l’Æglefin que peu de temps avant l’expiration des six heures, elle s’opiniâtre tellement à ne pas s’en séparer, qu’elle se laisse enlever en l'air avec sa proie. L’Æglefin, quoique petit, est aussi goulu et aussi destructeur que la Morue, mais moins, à proportion de ses forces. HN se nourrit non seulement de mollusques, de crabes , mais encore de poissons plus faibles que Jai, ct particulièrement de harengs, que les pé- cheurs anglais nomment Haddock - meat, c’est- à-dire , mets de Haddock ou Æglefins. La qualité de la chair des Æglefins varie suivant les parages où on les trouve, leur âge, leur sexe, et les époques de l’année où on les pêche. Mais on en à vu assez fréquemment dont la chair était blanche , ferme, et d’un goût moins agréable que celle des Morues, En avril, et dans les mois sui- vans, celle des Æglefins de moyenne grandeur est quelquefois d’autant plus délicate que le frai de ces Gades a lieu en hiver, et que par conséquent ils ont eu le temps de réparer leurs forces, de recouvrer leur santé, et de prendre leur graisse. La couleur de ce poisson est brune sur le dos, blanchâtre sous le ventre, la ligne latérale noire, et une tache noirâtre derrière la pectorale. Le Dorscn ou Perire Morue , Gadus callarias, Linn. , représentée dans Bloch., pl. 63. A Paris , Faux Merlan; tachetée commela Morue, mais d’or- dinaire beaucoup plus petite, et à mâchoire su- périeure plus longue que l’autre. C’est l'espèce la plus agréable à manger fraîche ; elle habite non seulement dans la partie de Océan qui baigne les côtes de l’Europe, {mais de préférence dans la Baltique ; eile se tient fréquemment à l’em- bouchure des grands fleuves, dans le lit des- quels elle remonte même quelquefois avec l’eau salée : il est rare qu’elle ait plus de trois décimè- tres de longueur, et qu’elle pèse plus d’un kilo- gramme. Elle se nourrit de crabes, de mollusques, de jeunes poissons, Sa chair, comme nous lavons dit plus haut, est d’un goût très-agréable. Quel- quefois elle est blanche , d’autres fois elle est verte, et Ascagne rapporte qu’on attribue cette dernière nuance au séjour que le Callarias fait souvent près des rivages, au dessus de ces sortes de prairies marines formées des algues qui se trouvent sur un fond sablonneux. On a vu des Tortues franches devoir la couleur verte de leur chair à dés plantes marines; mais ces Tortues en font leur nourri- ture. et l’on n’a point observé que dans aucune circonstance cette espèce préférât pour alimens des végétaux aux substances animales. Le nombre, là forme, la distribution, ainsi que la disposition de ses dents, empêchent de le présumer; sa mä- choire supérieureest , en effet , garnie de plusieurs rangées de dents aiguës. On n’en voit quelquefois qu’un rang à la mâchoire de dessous , et de plus, l'ouverture de la bouche est très-grande. (Azrn. G.) GADOIDE. (proiss.) Nom donné à une famille de poissons malacoptérygiens , dont le type est le Gade morue. Ainsi la famille des Gadoïdes ne com- prendra que des animaux dont les caractères se- ront : corps médiocrement allongé, peu comprimé, couvert d’écailles molles ; tête sans écailles, et toutes les nageoires molles. Leur estomac est en forme de sac, robuste; leurs cœcums sont très- nombreux, ils ont une vessie aérienne, grande et souvent dentelée sur les côtés. La plupart de ces poissons donnent d’importans articles de pêches. Leur chair est blanche, géné- ralement saine, légère et agréable. ( Azpn. G.) GADOLINITE, (ww) Getle espèce minérale, qui à été nommée aussi Fétrite parce qu’elle con- tient de l’yttria ou de l’oxide d’yttrium , et Htter- bite parce qu’elle a été trouvée à tterby en Suède, est un silicate d’yttria mélangé de cérium et de fer. Celte substance est noire, brunâtre ou jau- pâtre , tantôt à texture granuleuse, el tantôt à texture compacte et à cassure vitreuse. Elle cris- tallise en prisracs obliques, rhomboïdaux ; mais ses cristaux sont fort rares. Elle est beaucoup plus dure que le verre. C’est en général un composé de 25 à 26 parties de silice, de 45 à 47 d’yttria, de 4 à 18 d’oxide de cérium et de 8'à 12 d’oxide de fer. Elle se trouve en Suède dans une roche ancienne appelée Pegmatique. (J. H.) GAERTNERE, Caertnera. (or. Pxan.) Une plante découverte par Commerson , connue à l’île Maurice sous le nom de Café marron, a été, pour de Lamarck , le type d’un genre qu'il à dédié au célèbre carpologue Joseph Gaertner, en recon- naissance des services immenses qu'il a rendus à l’étude et à la classification des fruits. Ce genre appartient à la famille des Rubiacées et à la Pen- tandrie monogynie ; il ne doit point être érigé en famille particulière, comme le veut Robert Brown, puisque la seule difficulté sur laquelle on s’appuie est encore un sujet à vérifier : il s’agit de l'ovaire que les uns disent être supère, les autres infère, et que À. L. de Jussieu regarde comme n'étant pas véritablement et entièrement supère, mais primitivement couronné par le disque corollifère et par conséquent semi-infère. Le fait se confir- mant, ily aurait tout au plus motif à placer le Gaertnera comme appendice à la famille des Rubia- cées , à laquelle il est étroitement lié par ses feuil- les , ses fleurs opposées , ses stipules vaginales in- GAIL 397 GAIN om terpétiolaires et par son fruit disperme à l'instar de celui du Café, Coffea. Le GagRTNÈRE 4 GAîÎNES, G. vaginala, est un bel arbre à rameaux droits, garnis de feuilles coriaces, ovales lancéolées, longues de seize centimètres sur cinq.de large, accompagnées de stipules en forme de gaîne, garnies de filets raides à leur bord supérieur. Ses fleurs blanches sont disposées en une jolie panicule terminale, très-ramifiée ; elles offrent un calice d’une seule pièce, presque campanulé , avec deux petites bractées à sa base; une corolle presque infundibuliforme, partagée à son limbe en cinq découpures un peu aiguës, de la longueur du tube ; cinq étamines soutenues sur des filets courts, insérés à l’orifice du tube, et couronnés par des anthères oblongues, à peine saillantes; l'ovaire un peu arrondi, surmonté de deux stigmates en tête, fort petits. Le fruit qui succède à l'acte fécondateur est une baie ovale, à deux valves, contenant deux semences dures, planes d’un côté, convexes de l’autre, portant à sa base le calice persistant, On ne connaît point encore ni les propriétés économiques ou médici- nales de cette plante, ni le rôle qu’elle peut jouer dans les cultures. (T. ». B.) GAGNOL et GAGNOËLES. ( porss. ) Noms vulgaires du Syngnathe ou Hippocampe, et de la Trompette. 7, SyNGNATHE. (GuËr.) GAILLET , ou CAILLE-LAIT, Galium. (B0T. ra.) Herbe de tous les pays et de toutes les tem- pératures, à tiges vivaces et anguleuses, tantôt lisses, tantôt âpres et velues; à feuilles verticillées, en général longues et étroites ; à fleurs blanches ou/jaunes, parfois purpurines, fort petites, et disposées en grappes ou panicules terminales. Elle appartient à la famille des Rubiacées , et partage, dans beaucoup d’espèces , ses propriétés tinclo- riales. Ses caractères particuliers sont : calice ad- hérent à l'ovaire , peu distinct (nous suivons ici le langage des auteurs; car, en réalité, le Galium n’a pas de calice visible) ; corolle monopétale, rotacée ou campanulée, à quatre divisions plus ou moins aiguës ; quatre étamines, attachées à la base de la corolle ; ovaire infère, globuleux, à deux loges ; il est couronné par un disque portant un style bifide, à deux stismates. Fruit globuleux, didyme, se séparant en deux coques monospermes , tantôt glabres , tantôt hispides. Ainsi déterminé, le genre Galium comprend VAparine de Tournefort, et quelques unes des Valantia de Linné, dont les fleurs ne deviennent polygames que par avortement. Parmi les quatre-vingts à quatre-vingt dix es- pèces connues de Caille-lait, nous citerons une des plus vulgaires, parce qu’elle a été l’objet d'erreurs accréditées par les siècles, et détruites enfin par la plus simple expérience. Le CGauge-LaIT sauxE, Galium verum, L., se trouve sur le bord des chemins, le long des prés, dans les haies; partout on apercoit ses tiges un peu corlaces, rameuses, hautes d’un à deux pieds ; garnies de verticilles de huit à douze feuilles li- néaires, aiguës, d'un vert foncé et luisant. Au som- met des tiges sont de nombreuses grappes de pe- tites fleurs jaunes, formant par leur agslomération une sorte de panicule terminale. Elles répandent une odeur de miel très-marquée, “ Le Caïzre-LAIT BLANC, G. mollugo , L. , se dis- tingue aussitôt à ses fleurs blanches. Ces deux plantes ont dû leurs noms grec , latin et français, à la propriété de cailler le lait, qui leur a été attribué depuis Dioscoride ; les sommi- tés fleuries du Caille-lait, disent d’anciens et de modernes auteurs, ou bien leurs feuilles dessé- chées, accélèrent ou effectuent la coagulation du lait. Mais écoutons le savant et consciencieux Par- mentier : «Gette plante, essayée comme le recommandent tous les auteurs, n’a jamais opéré l'effet coagulant, quoique nous ayons apporté dans cetle expérience, mon collègue Deyeux et moi, toute l’attention dont nous sommes capäbles. D'abord nous avons commencé par opérer sur du Gaille- lait desséché, ayant cette odeur de miel qui annonce sa bonne qualité. Au retour du printemps nous avons répété sur le Caille-lait nouveau les expériences que nous avions faites en automne avec le caïlle-lait dessé- ché; et, comme les principes des plantes varient à raison de l’âge, du sol et de l'exposition , nous avons eu l'attention de recueillir, sur des terrains et à des aspects diflérens, le Gaille-lait à son premier début de végétation , à l’époque de la floraison, et quand il était près de grener. L’infusion, la dé- coction, l’eau distillée, le végétal lui-même en substance appliqué dans ses divers états au lait froid ou en ébullition, n’ont déterminé aucune coagulation ; ce qui nous autorise. à affirmer que la faculté de coaguler le lait n’appartient pas plus au Gaille-lait jaune qu’au Gaille-lait blanc, qui à été pareïllement essayé. » Dans le comté de Chester, les fermiers mêlent les fleurs du Gaille-lait avec la présure, et assu- rent qu’ils lui doivent la qualité de leurs fromages. Nous devons dire un mot du GRATERON, G. aparine ; L., dont les tiges rameuses et rampantes sont hérissées de poils crochus, ainsi que ses feuilles et ses fruits ; on ne traverse pas impuné- ment la haie dont il borde le pied; ses fruits sur- tout s’attachent et demeurent opiniâtrément à la chaussure et aux habits. C’est le moyen, à dit Bosc, que la nature a donné au grateron pour disséminer sa progéniture, (L. GAINÉ. (1xs.) Mot assez vague employé en entomologie, et qui signifie quelquefois dans les insectes suceurs , le tube renfermant les soics fai-- sant l’oflice de lancette. Plus spécialement il sert à déterminer, dans les Hyménoptères, la portion des mandibules portant les palpes et les lobes de l'extrémité, et servant detube où sont renfermées la lèvre et la languette, et quisereplie, durant lerepos, au dessous de la tête ; cette partie n’a une fonction bien distincte que dans la famille des Mellifères ; dans les autres, les mâchoires restent à l’état normal propre à tous les autres M à ps GAINE , V’agina. (2or.) Expansion , ordinaire GAIN 308 GAL Ce. ment membraneuse, de la partie inférieure d’une feuille, enveloppant plus ou moins la tige dans une partie de sa longueur. Elle tient du pétiole dans un grand nombre de Monocotylédonées ; elle est entière , c’est-à-dire formant un tube continu dans les Cypéracées; fendue longitudinalement jusqu’au nœud dans les Graminées ; incomplète dans les Polygonées ; fibreuse et basilaire dans les Palmiers ; évasée dans les Ombellifères. Les anthères’ des Synanthérées forment, par leur réunion, une Gaïne à travers laquelle passe le pistil ; il en est de même des pétales des fleurs à fleurons et demi-fleurons. On appelle encore Gaîne l'organe cylindrique dans lequel s’insère la base du tube de l’urne chez les Mousses; cette Gaine est sensible dans les Gymnostomum , les Fissidens, les Polytrichum, les Tortula , etc. On trouve souvent sur la Gaine des Mousses des petits corps ou appendices polymor- phes ; Hedwig les regardait comme des urnes avor- tées ; Palisot de Beauvois rejette cette opinion comme contraire à l’organisation et aux fonctions de la Gaïîne. (T. ». B.) GAINIER , Cercis. (mor. PHAN et AGr.) Genre de la nombreuse famille des Légumineuses et de la Décandrie monogynie, renfermant des arbres de moyenne grandeur, dont les feuilles sont al- ternes, simples, entières, accompagnées de sti- pules caduques, offrant des fleurs disposées en faisceaux nombreux, épars sur les branches avant le développement des feuilles. Leur calice est mo- nosépale , court , coloré , renflé à la base, à cinq dents obtuses et égales; Ja corolle est papiliona- cée , à dix étamines libres, courbées au sommet ; l'ovaire supère , le style aussi long que les étami- nes; la gousse plane, uniloculaire, bivalve, comme soyeuse, contenant plusieurs semences brunes , ovoïdes, comprimées, attachées à la su- ture supérieure. On ne connaît encore que deux espèces de Gai- niers , l’une indigène au midi de l'Europe, l’autre originaire du continent américain ; toutes les deux sont introduites dans nos cultures et y réussissent parfaitement. Le Gaïînier D'Eurore, C. siliquastrum, que l'on appelle vulgairement Arbre de Judée, est un de nos beaux arbres, surtout au commencement du printemps quand il étale ses faisceaux de fleurs purpurines. De son tronc droit, couvert d’une écorce noirâtre et gercée, sortent des branches qui s'étendent en forme de parasol, se couvrent d’un agréable feuillage que les insectes n’endom- magent point, qui répand autour de lui un doux ombrage et conserve sa verdure même sous l’ac- tion de la chaleur la plus intense. Ses rameaux sont nombreux, alternes, rougeâtres , et parfois ils portent des fleurs roses ou blanches, lesquelles contrastent d’une manière très-remarquable avec ceux qui sont chargés jusqu'à leur sommet, et du- rant près de trois semaines , de bouquets fortement empourprés. À ces fleurs succèdent des gousses rougeâtres, lancéolées, renfermant de huit à dix graines ; elles restent sur l’arbre toute l’année et produisent un effet pittoresque des plus singuliers, quand , à la fin de l'été, le Gaïînier fleurit une se- conde fois. Quant au Gaïnier pu Canana, C. canadensis, que l’on rencontre dans toute l'Amérique du nord jusque dans la Virginie, où ilest appelé Bouton rouge, il a beaucoup de ressemblance avec l’espèce d'Europe; il est seulement plus petit et ses ra- meaux montent droit au lieu de s’étendre. L’écorce est grisâtre ; les feuilles sont cordiformes aiguës et les fleurs moins nombreuses. Ces deux espèces se reproduisent aisément ; elles aiment un sol sec et un peu rocailleux. Celle d'Amérique supporte plus volontiers les hivers ri- goureux que l'espèce d'Europe. Leur bois est agréablement veiné de noir et de vert, avec quel- ques taches jaunes sur un fond gris; il prend un beau poli et convient aux tabletiers et aux tour- neurs. Le tronc qui le fournit acquiert ordinaire- ment deux et trois mètres de haut; les jeunes branches étant assez flexibles et le bois en étant dur, on peut en faire de petits cerceaux pour barils. On confit au vinaigre les boutons de fleurs et on les mange sur les salades comme les Câpres; ils entrent dans les préparations appelées 4chards , à cause de leur saveur piquante. Pour les faire contribuer davantage à la décora- tion des jardins , tantôt on les place isolément sur des pelouses, au bord des allées et sur le devant des massifs ; tanlôt on les marie avec le Cytise des Alpes, Cytisus laburnum. Dans cette situation , les Espagnols appellent le Gaînier l’Arbre d'amour. j, (T. ». B.) GAL, Callichtys. (porss.) Cuvier forme un genre particulier d’un petit Scombéroïde voisin des Blé- pharis et des Vomers, et ayant comme eux les cou- leurs disposées par bandes sur un fond argenté. Les Gals joignent à un corps haut et comprimé , à un profil très-élevé et à de longues ventralés, une première dorsale extrêmement basse, ou réduite à une suite d’épines courtes, et les premiers rayons de la deuxième dorsale extrêémement prolongés. Leur différence principale d’avec les Blépharis consistera donc seulement dans la hauteur de leur profil , et c’est l’existence d’une première dorsale qui les sépare des Scyris, auxquels ils ressem- blent par presque tous les détails de leur forme. On connaît trois espèces de ce genre. L'individu sur lequel ce genre a été fondé est le Gran Gaz, observé dans la mer de l'Inde, le Callichlys major. Le corps de ce poisson est comprimé, et paraît couvert d’une peau lisse, satinée , et du plus bel éclat d'argent. Le haut de la tête et du dos a une teinte plombée ou violâtre, et cinq bandes verticales plus ou moins foncées descendent et se perdent sur les flancs. Les na- geoires sont jaunâtres , excepté les ventrales, qui sont noirâtres, Les individus ont de cinq à huit pouces de longueur. Ils se nourrissent de petits crustacés, et de petits insectes diptères. Suivant plusieurs observateurs, ce poisson fait entendre un bruit analogue à celui que produit le poisson GALA 309 GALA (CE Saint-Pierre. Sa chair est recherchée comme ali- ment par les indigènes du pays. (Azrx. G.) GALACTITE, Galactites. (ot. Pan.) Genre appartenant aux Synanthérées (Ginarocéphales de d.), et à la Syngénésie frustranée de L., établi par Moench et adopté par De Candolle (F1. Fr. )et ar H. Cassini. Voici à quel caractère on le recon- naît : calathide radiée, dont le disque composé de fleurs nombreuses, régulières , hermaphrodites et rayons de fleurs stériles disposés sur un seul rang et très-développés ; involucre turbiné, formé d’écailles imbriquées, scarieuses, ovales et sur- monté d’appendices étalés, spiniformes et coton- neux à la base; réceptacle légèrement plane, pa- léacé; étamines soudées par les filets et les an- thères ; akènes glabres, surmontés d’une aigrette formée de longs poils plumeux, réunis par la base en un anneau qui se détache facilement , disposés sur un seul rang. se GALAGTITE COTONNEUSE, G.. tomentosa, Moench. Centaurea galactites, L. Plante haute de cinq dé- cimètres au plus, à tige couverte de coton blanc et épais ; à feuilles longues , découpées en segmens multifides et spinescens , cotonneuses en dessous, vertes en dessus, et marquées de taches blanchä- tres. Cette plante décore de ses fleurs purpurines les côtes et les îles de la Méditerranée, On la trouve surtout en abondance au cap Notre-Dame, près d'Antibes. (G. £.) GALAGO, Galago. (mam. ) Les Galagos sont des Mammifères quadrumanes de la famille des Lémuriens , dont on doit la première connaissance au célèbre naturaliste Adanson : Les nègres qui le servaient pendant son voyage au Sénégal, ayant remarqué qu'il prenait des notes sur toutes les productions de leur pays, lui procurèrent les Ga- lagos (c’est le nom qu'ils donnent souvent à ces animaux), et lui facilitèrent les moyens d'étudier leurs mœurs, dont ils lui avaient déjà vanté la gentillesse. Les Galagos connus sont tous du Sé- négal, et se rapportent à deux ou trois espèces différentes, mais que l’on n’a pas encore pu carac- tériser d’une manière assez rigoureuse, Adanson étant mort avant de publier la description des Galagos et les observations qu'il avait faites sur leurs habitudes, M. Geoffroy se chargea de ce soin, et proposa d'établir pour ces intéressans Mammifères un genre que tous les naturalistes ont depuis adopté. Illiger en a remplacé le nom par celui d’Otolicnus; mais cette innovation a été re- poussée , comme la plupart de celles que ses ridi- cules inimitiés lui ont suggérées. Les Galagos , remarquables par la longueur de leurs tarses et l'ampleur de leurs conques auditives, diffèrent peu des Makis , autre genre de Lémuriens, par leur système dentaire, et présentent seulement quel- ques légères modifications dans la forme : les in- cisives supérieurcs , petites et séparées par paires, sont rangées en arc de cercle; les canines sont peu arquées et les deux premières fausses molaires très-simples : la troisième molaire ainsi que les trois vraies molaires ont un tubercule interne du côté postérieur de la dent, au lieu de l'avoir au côté a ntérieur, comme dans les Makis : la mâchoire in- férieure offre une molaire de moins que la supé- rieure (form. denht. : incis. +, canines ++, mo- 6 laires <<: 36.) Le museau des Galagos est plus obtus que celui des Makis, et les yeux, disposés pour la vie noc- turne , sont encore plus grands. Les oreilles , larges et membraneuses comme celles des Chinchillas, ajoutent beaucoup à la perfection de l’ouïe, qui est très-délicate. L'animal, en les ouvrant, peut re- cueillir les moindres sons, mais lorsqu'il veut se reposer, il les ferme entièrement, en les froncant, comme le font quelques Chauve - souris. Cette conque est donc un appareil à deux fins; car, dé- tendue, c’est un véritable cornet acoustique , et, ramassée sur elle-même, elle est un tampon qui bouche le trou auditif. Ge que présente de plus remarquable l’organisation des Galagos , c’est l'étendue de leurs membres postérieurs , sembla-- bles à ceux des Tarsiers : ces membres, qui ont de même que les antérieurs des mains à pouce oppo- sable , leur permettent de grimper très-aisément. Perchés pour ainsi dire sur les arbres au moyen de leurs pieds de derrière, et cachés par l’épais-: seur du feuillage, les animaux qui nous occupent attendent au passage les insectes qui font leur principale nourriture. Le moindre bruit, le plus léger changement qui s'opère autour d’eux, est percu par leurs larges oreilles , et dès qu’un insecte arrive à leur portée, ils se débandent pour ainsi dire, et, sans quitter la branche qui les supporte, ils le saisissent aussitôt , ou bien encore ils s’élan- cent au loin, et font avec une étonnante rapidité des sauts très-étendus. C’est surtout pendant la nuit qu'ils se montrent dans toute leur vivacité; car la plus grande partie du jour est réservée au sommeil. Doux et faciles xapprivoiser, les Galagos représentent assez les Ecureuils par leurs habitu- des ; ils s’accouplent comme eux et comme la plu- part des autres quadrupèdes, c’est-à-dire le mâle sur le dos de la femelle, qui s’accroupit très-bas pendant tout le temps que dure l'acte reproduc- teur. Ils nichent dans des trous d'arbres et ils préparent à leurs petits un nid tapissé d'herbes sèches. Les Galagos vivent au Sénégal, dans les bois épais ; il paraît qu’ils sont très-abondans à quelques lieues nord-est de l'établissement de Saint-Louis. Les nègres, ainsi que nous l’a appris Adanson, les recherchent pour se nourrir de leur chair. Pour obtenir plus facilement ces animaux par la voie du commerce , il est plus sûr de les demander sous le nom d’Animaux de la gomme : c’est la dé- nomination que les Européens et les nègres em- ployés à la récolte de la gomme leur donnent souvent, parcequ’ils semblent avoir quelque appétit pour les gemmes et Îles résines, mais toutefois d’une manière moins prononcée que pour les in- sectes. En domesticité, on nourrit très-facilement les Galagos avec diverses,sortes d’alimens cuits : le laitage et les œufs leur sont aussi très-agréables. Ces animaux ont le pelage assez fourni et très- soyeux ; la couleur qui les distingue est ordinaire- GALA 310 GALA ee, ment uniforme, tantôt grise ou d’un jaunâtre sale, tantôt au contraire rousse ; leur queue est longue , très-garnie de poils ; elle en présente de plus longs encore à son extrémité qu’à sa racine; la taille est assez variable , et peut s'élever de celle du Rat ordinaire à celle du Lapin domestique. L'espèce la mieux connue est celle du Galago se- negalensis (le Gazaco Adanson , Voy.au Sénégal), dont le pelage est cendré, les oreilles aussi lon- gues que la tête, et la queue plus longue que le corps et terminée en pinceau. Gette espèce est figurée dans l'Iconographie du Règne animal, Mam., pl..6, £ 2. Le craND GALAGO, Ou GALAGO À QUEUE TOUFFUE, doit être considéré comme constituant une seconde espèce, c'est le Galago crassicaudatus de Geof- froy. Il a le pelage d’un gris roux, les oreilles égalant les deux tiers de la longueur de la tête, et la queue touffue. Sa taille est celle d’un Lapin. Il existe quelques doutes sur la patrie de cet animal. - Le Garaco De Déminorr, Galago Demidofjii, Fisch., est plus petit que les deux précédens, et d’une taille inférieure à celle du Rat ordinaire, Il vit au Sénégal et se distingue par son pelage roux- brun , ses oreilles moins longues que la tête, et sa queue plus longue que le corps, rousse. et finissant en pinceau. LeGaraconeMapacascar, G. madagascariensis, que Buflon a décrit sous le nom de Rat de Mada- gascar, ressemble assez au Galago de Démidoff; mais il s’en éloigne, ainsi que des autres espèces , par son museau plus court, ses yeux plus grands et ses jambes de derrière proportionnellement moins allongées; caractères qui, joints à une pa- trie différente, déterminé M. Geoffroy à en former un genre particulier , qu'il appelle Micerockgs , Microcebus, voy. ce mob: Le Galago du Sénégal a été représenté dans notre Atlas, à la planche 169, fig. 3. (Gerv.) GALANE, Ghelone. (sort. puax.) Genre de la famille des Serophulariées , Didynamie angiosper- mie, L., assez rapproché des Digitales, et distin- gué par les caractères suivans : calice à cinq divi- sions profondes ; corolle bilabiée, à gorge renflée, ayant la lèvre supérieure partagée en deux lobes par une échancrure, et l'inférieure trifide; outre les quatre étamines, qui sont didynames et sail- lantes , on remarque le rudiment d’une cinquième, consistant en un filet tantôt glabre, tantôt garni de poils à son sommet ; anthères à loges écartées; stigmate obtus; capsule biloculaire à deux valves, contenant des graines nombreuses et membra- neuses sur les bords. Ce genre avait été rangé par Jussieu dans la famille des Bignones ; ses rapports avec les Personnées, indiqués par Lamarck, ont déterminé la place qu'il doit occuper. Willdenow, Schreber, et quelques autres auteurs l'ont partagé en deux genres ; l’un, à qui ils conservent la déno- mination primitive, comprend les espèces où le filet d’étamine stérile est glabre ét court ; le second, qu'ils appellent Pentastemon(c’est-à-dire ayant cinq étamines), est composé des espèces à filet barbu et allongé. Gelte division, entre des plantes du reste parfaitement semblables dans les détails les plus importans de leur organisation, n’a pas été adoptée; ou du moins le nouveau genre Pentaste- mon n’est considéré que comme une simple sec- tion du genre Chelone, dont l'étude n’est pas dif ficile, puisqu'on y compte au plus une quinzaine: d'espèces. Toutes sont exotiques; parmi celles que leur élégance a naturalisées dans nos jardins, nous citerons : La Garvane gargue, Chelone barbata , Cavanil- les, originaire du Mexique. Elle a dés tiges de deux pieds, des feuilles lancéolées, et des fleurs en grappes terminales, élégamment penchées ; la corolle, d’un rouge jaunâtre, a sa lèvre inférieure garnie de poils dorés. Gette plante est vivace, ainsi que toutes ses congénères. La Garane BLANGRE, Ch. glabra, L., a des tiges de trois à quatre pieds, des feuilles oblongues lancéolées, et des fleurs blanches, disposées en épis courts. Danslasection des Pentastemon, nous citerons le P. lævigatum, de l'Amérique septentrionale; il pousse des tiges de dix-huit pouces , garnies de feuilles glabres, lancéolées, les inférieures pétio- lées , les autres amplexicaules ; les fleurs sont d’un blanc purpurin et disposées en panicule, Le P. campanulatum est aussi une plante fort élégante ; ses fleurs sont rouges extérieurement et blanchä- tres en dedans. (L. GALANGA. (or. Pnan.) Plante de la famille des Amomées, qui croît aux {ndes orientales, et dont on connaît deux espèces. le grand et le petit Galanga. Caractères de la première espèce : racines tubéreuses , genouillées, horizontales , garnies de fibrilles longues et perpendiculaires ; tiges droites, simples, cylindriques, glabres , hautes de cinq à six pieds; feuilles alternes, striées ; longues de douze à dix-huit pouces, larges de trois à quatre pouces, pétiolées ; fleurs blanchâtres, pédoneu- lées, disposées en grappe terminale ; calice mo- nophylle à trois divisions; corolle monopétale, tu- buleuse , à limbe quadrifide et irrégulier ; étamine unique ; pistil également unique; le fruit est une capsule ovoïde, rouge dans sa maturité, contenant deux ou trois graines cordiformes, dures, et d’une saveur âcre. Le petit Galanga ne diffère du précédent que par des proportions moindres dans toutes ses par- ties ; mais il lui est supérieur par ses propriétés médicamenteuses. On a beaucoup vanté le Galanga comme ali- ment, comme assaisonnement et comme médica- ment. Toules ces propriétés, exagérées par les Indiens et surtout par les Malabares , sont oubliées aujourd'hui. Le gingembre, la cannelle, le girofle, le poivre, elc., sont généralement préférés. GALANTHE, Galanthus, de gala, lait, anthos, fleur. (B0T. HAN.) Genre de la famille des Nar- cissées et de l’Hexandrie monogynie. Garactères : ovaire infère; calice à six divisions profondes, dont les trois extérieures sont étalées , et les trois 20000 A DS GALA 311 GALA intérieures , un peu plus courtes, sont dressées , glanduleuses , souvent échancrées en cœur à leur sommet ; étamines au nombre de six, dressées, à filets courts, à anthères allongées, lancéolées, terminées en pointe au sommet, à deux loges in- trorses; ovaire triloculaire, à ovules redressés, attachés sur deux rangs à l'angle interne ; style plus long que les étamines, terminé par un stig- mate simple , tronqué, excessivement petit; cap- sule ovoïde, trilatérale et trisulcée , à trois loges polyspermes, s’ouvrant en trois valves par le mi- lieu des loges ; graines ovoïdes, terminées supé- rieurement par un appendice allongé en forme de corne , renfermant un embryon très-petit placé à la partie inférieure d’un endosperme charnu. Ce genre ne renferme qu'une seule espèce. 1 GazanTRE D'MmVER, Perce-neige, G. nivalis, L. Jacq. (FL. aust., t. 313). C’est en eflet à travers les neiges de l’hiver que se fait jour la jolie fleur blanche de cette Narcissée , et qu’elle vient s’épa- nouir à leur surface sous l’haleine glacée de février. D'un bulbe ovoïde, allongé , formé de tuniques, naissent deux feuilles réunies à leur base dans une gaîne tronquée à son sommet; et du centre de ces feuilles dressées, allongées, linéaires, obtuses, s’élance une hampe de quatorze à seize centimè- tres de hauteur, comprimée, terminée par une spathe linéaire qui ne renferme qu’une ou deux ours C’est dans les contrées montagneuses , en Auvergne, en Suisse, etc., qu’on rencontre fré- quemment cette plante. Sans aller si loin, nous pouvons la cueillir à Meudon, et surtout dans le parc de Versailles, près du canal. Les jardiniers en cultivent une variété à fleurs doubles. (GC. £.) GALATÉADÉES ou GALATHÉADÉES , Gala- teadæ. (crusr. ) Gette famille , établie par Leach, dans l'ordre des Décapodes et dans la famille des Macroures, correspond à la tribu des Anomaux de Latreille (Règn. anim. de Cur.); elle peut être caractérisée de cette manière : première paire de pattes plus grande et didactyle; les deuxième, troïsième-et quatrième paires simples, la cinquième petite et didactyle; queue formée de plus d’une pince; antennes inférieures longues , sans écailles à leur base. Cette famille a été divisée par Leach en deux sections. Les principaux genres qui com- posent ces sections sont, dans la première , ceux de OEcuée, GRiMoTÉe, GaLaATÉE; dans la seconde, le genre PoncezLanE. Woy. ces mots. (H. L.) GALATÉE où GALATHÉE, Galatea. (crusT.) Ce genre, qui fait partie de l’ordre des Décapodes, a été établi par Fabricius, et a été rangé par La- treille dans la famille des Macroures, tribu des -Anomaux, avec ces caractères : les deux pieds postérieurs beaucoup plus petits que les autres, filiformes , repliés ; queue terminée par des feuil- lets natatoires connivens, étendue ou simplement courbée à son extrémité; antennes latérales lon- gues, sétacées, sans écailles à leur base; test ovoïide ou oblong (rngueux); yeux gros, situés un de chaque côté, à la base de la saillie , en forme de bec ou de pointe, de son extrémité antérieure’; les deux pieds antérieurs beaucoup plus grands que les autres, en forme de serres allongécs. À l’aide de ces caractères peu détaillés on pourrait reconnaître l’organisation extérieure des crustacés propres à ce genre. Cependant, en passant en revue les diverses parties de leur corps, on pourrait en découvrir d’autres très-importans. Leur test est elliptique, déprimé et. divisé par des incisions transversales, ondulées dans quelques points, et toujours ciliées ; il est tronqué en arrière pour s’ar- ticaler avec l'abdomen , et il se termine antérieu- rement par un rostre aigu au sommet, et très- épineux sur les côtés. Les yeux sont très-saillans ; les antennes s’insèrent en arrière et en dehors d’eux ; elles sont composées de trois articles égaux, supportant un long filet. Les antennes intermé- diaires sont courtes , mais saillantes et portées sur un fort pédicule. Les mandibules sont sans dente- lures ; la première paire de pattes ou les serres sont très-longues, déprimées , garnies -d’écailles imbriquées, très-visibles à leur face inférieure et beaucoup moins apparentes à la face supérieure , où elles dégénèrent quelquefois en un tubercule semi-circulaire. La seconde, la troisième et la qua- trième paires de pattes sont de beaucoup plus courtes que la première et presque d’égale lon- gueur; elles se terminent en un onglet aigu et denté à son bord inférieur ; la cinquième paire de pattes ne ressemble en rien aux précédentes; elle est très-grêle , repliée sur elle-même, et ciliée à son extrémité,qui est bifide,et représente une sorte de petite pince. L’abdomen de ces crustacés est convexe en dessus et formé par cinq segmens qui offrent, de même que la carapace, des sillons transversaux garnis de poils. Il se termine par une queue composée de plusieurs plaques. Ge genre a beaucoup d’analogie avec les Ecrevisses; mais'il ressemble encore davantage aux Porcellanes. Les mœurs de ces crustacés sont encore peu connues. Risso , dans son Histoire natur. des Crustacés des environs de Nice, pag. 69, dit que leur natation est vive et qu'ils restent en repos pendant le jour, tandis que la nuit ils se mettent en campagne. Lérsqu’on les prend, ils agitent vivement leur abdomen et frappent leur queue contre leur poi- trine. Bosc,'qui souvent a eu occasion de prendre des Galatées à différens âges, pense que leur ac- croissement ne se fait pas comme celui des autres crustacés , par le renouvellement complet de leur enveloppe, mais par la dislocation générale de toates leurs articulations en écailles et par la pro- duction rapide des lames intermédiaires qui se soudent aux anciennes. Tout en reconnaissant que l'expérience peut seule prononcer sur une telle opinion , il paraît bien certain que l’accroissement de l'enveloppe externe des Galatées doit, à cause de sa composition fort singulière , présenter des particularités remarquables qui ne se voient pas ailleurs. Ge genre se compose de plusieurs espèces, parmi lesquelles nous citerons : 1° La GALATÉE STRIÉE , Galatea strigosa, Fabr., Guérin, Ico- nographie du Règne animal; la Galat. spinigera, Leach; l'_Æstacus similis pediculo marino d’Aldrov. Les serres sont fortes, écailleuses et épineuses en 0 GALA 312 GALE ro dessus et sur les côtés, avec les bras dépourvus de dents en dehors, et les doigts comprimés et un peu écartés l’un de l’autre; le rostre est assez long, armé de neuf dents, quatre de chaque côté, et une pointe intermédiaire ; sa couleur est d’un rouge plus ou moins brun, avec une teinte bleue brillante dans les endroits enfoncés de la carapace. Cette espèce se trouve en abondance dans les mers d'Europe et la Méditerranée. 2° La GaLATÉE PORTE - ÉCAILLES , (+ squamifera , Leach:; G. Fa- bricii, ejusd.; G. glabra, Risso. Les serres de cette espèce sont couvertes de tubercules aplatis , ciliés, et n'ayant d’épines remarquables que dans la par- tie inférieure de leur bord interne; le rostre est armé de neuf dents; les doigts des mains sont longs; sa couleur est d’un brun verdâtre. Gette Galatée se trouve dans la Méditerranée , et sur les côtes océaniques de France et d'Angleterre. Risso a nommé Galatea antiqua une espèce de ce genre, qu'il a trouvée fossile auprès de Nice, dans un terrain calcaire argileux, (H. L.) GALATHÉE , Galathæa. (mozr.) Genre indiqué par Bruguière dans l'Encyclopédie, adopté et ca- ractérisé ainsi par Lamarck : coquille équivalve, très-rare , fluviatile, épaisse , subtrigone , recou- verte d’un épiderme verdâtre ; dents cardinales sillonnées : deux sur la valve droite, conniventes à leur base : trois sur l’autre valve, l'intermédiaire avancée, séparée ; dents latérales écartées ; liga- ment extérieur court , saillant, bombé ; nymphes proéminentes; crochets saillans. La seule espèce connue nous vient des rivières de l'Inde et de l’île de Geylan ; on la nomme Ga- LATHÉE A RAYONS, Galathæa radiata, Lamarck. Cette coquille est remarquable non seulement par son épiderme , son épaisseur et la nuance violette qu’elle présente dans son intérieur, mais encore par les troïs ou quatre rayons violets qui se trou- vent sous l’épiderme , et qui se détacherit très-bien d’un fond blanc de lait. (EE) GALAXAURE. (zoorx. poryr.) Genre de l’ordre des Corallinées, dans la division des Polypiers flexibles ou non entièrement pierreux. On lui as- signe les caractères suivans : polypier phytoïde, dichotome , articulé, quelquefois subarticulé ; cel- lules toujours invisibles. La forme générale des Galaxaures est peu variable; presque toutes sont dichotomes et régulières dans leur division ; quel- ques unes sont fortement contractées, comme ar- ticulées , tandis que chez d’autres les articulations sontà peine sensibles. Dans presque toutes, les anneaux sont très-rapprochés les uns des autres. La couleur des diverses espèces est assez varia- ble; elles sont rouge-violettes , vertes, jaunes ou blanches, et quelquefois agréablement nuancées. On suppose qu’au sein des mers elles sont d’un vert brillant Urant un peu sur le violet, Ces poly- piers paraissent ne point exister dans les zones froides; on commence à les rencontrer vers le Portugal. Les Galaxaures ne sont d’aucun usage; leur nombre est assez considérable, Les princi- pales sont : la GALAXAURE oMBELLéE , remarquable par sa grandeur et par sa forme; la GaLaxaune OBTUSE , l’ANNELÉE , la RUGUEUSE , la LAPIDESCENTE et enfin la 3ANOÏDE,. (P. G.) GALBANUM. (Bot. pxan.) Suc gommo-rési- neux, concret, tenace , blanchôtre quand il est récent, jaunâtre ou brunâtre lorsqu'il est vieux, offrant dans son intérieur des points blancs et brillans, d’une odeur forte, particulière et géné- ralement désagréable , d’une saveur chaude, amère et âcre , soluble en partie dans l’eau et en partie dans l'alcool, etc., que l’on obtient à l’aide d'incisions faites sur le Bubon Galbanum de Linné, arbrisseau toujours vert qui croît en Afrique et en Asie, et qui appartient à la famille des Om- bellifères. Autant le Galbanum était employé autrefois, autant il l’est peu de nos jours. Cependant on le fait encore entrer dans la composition de quelques potions ou pillules magistrales , et surtout dans l’emplâtre diachylum gommé. (F.F.) GALBULE. Dans la rene des oiseaux de Brisson, ce nom est celui du Jacamar et du Lo- riot. Varron l’avait employé pour désigner le stro- bile des Gyprès et des Pins; il a été appliqué en- suite par Gaertner pour-les fruits des Protéacées et des Casuarinées. /’oy. aux mots FRurT, JACAMAR, Loxior et Srrogise. (T. ». B.) GALE. Myrica. (sor. pxan.) Nom adopté par Tournefort pour désigner un genre d’arbustes aromatiques , ordinairement toujours verts, de la famille des Amentacées et de la Dioécie pentan- drie. Le nom botanique Myrica, qui lui a été im- posé par Linné , est Liré du mot grec pépoy qui signifie parfum, à cause de l'odeur balsamique qu'exhalent ces jolis arbustes, et de la propriété qu'ils ont de purifier l’air des lieux marécageux, où ils aiment à vivre de préférence. Les signes caractéristiques de ce genre sont d’avoir des feuilles simples, alternes, couvertes de points jaunes résineux; des fleurs placées à l’aisselle des feuilles ou bien au sommet des ra- meaux : les fleurs mâles et les fleurs femelles sur des pieds différens , disposées en chatons oblongs, imbriqués d’écailles peu nombreuses, uniflores, et attachées autour d’un axe commun : l'individu mâle a quatre, cinq et quelquefois six élamines fixées positivement à la base de l’écaille, ou pour mieux dire au même point que celle-ci se trouve sur l’axe du chaton; anthères à quatre sillons, à deux loges s’ouvrant latéralement, et' écartées l'une de l’autre par le filet sur lequel elles sont placées; l'individu femelle présente l'ovaire sur l'axe commun , au point d'attache de l’écaille qui l'accompagne, et terminé par deux styles déliés à stigmate simple. Il succède à l’ovaire un fruit glo- buleux, revêtu dans toutes les espèces, le Galé commun excepté, d’une robe de cire grenue; le noyau qu’il contient est pelit, ovoïde et mono- sperme. On connaît une douzaine d'espèces ; une appar- tient à l'Europe, et est commune en France, le GaL£ oporanT, M. gale, que l’on appelle vulgai- rement tantôt Piment royal, tantôt Myrte bâtard: quatre au cap de Bonne-Espérance, remarquables par à GALÉ 313 GALÉ par leur joli feuillage; une à l'Ethiopie, découverte par Wahl; une au Japon, que Thunberg nomme M. magiet qui porte des fruits gros comme des cerises ; trois à l'Amérique, dont j'ai parlé plus haut au mot Grrier (tom. 11, pag. 199 et 200) ; une des Acores et des Canaries; la patrie de Ja douzième espèce m'est inconnue. Tous ces arbustes peuvent être naturalisés en France ; ils le méritent sous les divers rapports de Vutile et de l’agréable. + Quant à l'espèce indigène, dont je dois plus par- ticulièrement faire mention ici, c’est un arbuste formant buisson, s’élevant au plus à un mètre et demi, vivant dans les marais. Il est le seul du genre qui perde ses feuilles en hiver, qui donne un fruit lisse à trois lobes ne produisant point de cire, qui soit muni d’écailles plus longues que lui. D'ailleurs il produit un fort bel effet ; ses ra- meaux nombreux sont d’un brun rougeûtre , gar- nis d’un feuillage vert tendre assez semblable à celui de l’Osier, *Salix vitellina, mais plus petit et plus élargi vers le sommet. Sessfleurs jaunâtres s’épanouissent en avril et en mai. Toutes ses parties, les fruits particulièrement, ont une odeur forte, un peu aromatique. Il se multiplie très-aisément de graines , de marcottes et de rejets que produi- sent les racines : ce dernier moyen est le plus ex- péditif. Un Anglais a voulu prouver que le Galé com mun était le véritable Thé ; ceux qui partageraient cette opinion erronée se repentiraient de boire l'infasion de ses feuilles, elle cause des vertiges et détermine de violens maux de tête. À Saint-Léger, près de Rambouillet, département de Seine-et- Oise, où le Galé commun abonde, et dans quel- ques autres localités, on l’emploie comme épice- rie, eton en met des rameaux dans les armoi- res, autant pour donner une bonne odeur au linge et aux vétemens que pour éloigner les teignes. Presque partout on brüle ses tiges et ses rameaux. Il faut bien se garder de l’extirper, et ne pas oublier qu'il a la précieuse propriété d’absor- ber le gaz hydrogène et d’assainir les lieux maré- cageux. Nous lui connaissons une variété origi- naire du Portugal, qui est très-velue. (T. ». B.) GALÉGA, Galega. (mor. Puan.) Famille des Légumineuses, Diadelphie décandrie, Ce genre, que l’on a scindé de tant de façons, auquel on à enlevé un grand nombre d’espèces pour en former des genres plus ou moins solidement établis, est vulgairement appelé Faux indigo, Lavanèse et Rue de chèvre. On l’a vanté comme propre à orner les parterres et les jardins paysagers à cause de l'agréable ‘verdure de son feuillage , et de ses jolies fleurs bleuâtres ou purpurines , qui paraissent en juillet et en août (le G. grandiflora du cap de Bonne-Espérance, introduit en France depuis près d’un &emi-siècle) ; mais il a l'inconvénient d’avoir le port un peu'grêle. On a proposé de le faire en- trer dans la culture.des prairies artificielles (le G. officinalis qui croît naturellement au sein des bois, sur les terrains un peu humides de certaines con- trées de nos départemens du midi), quoique sa T. IL. fane , toujours dure , ne paraisse pas être du goût des bestiaux. On l’a recommandé comme offrant une fécule bleue analogue à celle de l’indigo (le G. tinctoria des lieux arides de l’Inde et du Cey- lan). À Cayenne on emploie les graines réniformes du G. sericea des Antilles pour enivrer le poisson. Toutes ces propriétés sont bien peu constatées, puisque les diverses espèces de Galégas sont géné- ralement délaissées. On avait exalté leurs vertus médicinales, mais elles se sont évanouies devant les études chimiques; on n’en fait plus usage nulle part. J’ai vu manger en salade, ou cuites comme des herbes potagères, les feuilles de l'espèce d'Eu- rope, G. ofjicinalis; leur odeur aromatique , leur saveur d’abord douce, ensuite âcre, me les ont rendues fort peu agréables. (T. ». B.) GALÈNE. (mn.) Nom que les minéralogistes donnent depuis long-temps au sulfure de PLows. (Foy. ce dernier mot.) (J. H.) GALÉODE, Galeodes. (aracnx.) Ce genre, qui appartient à l’ordre des Trachéennes, a été éta- bli par Olivier aux dépens des Phalangium de Fa- bricius et a été adopté par Latreille, qui le place dans sa famille des Faux-Scorpions, en luiassignant pour caractères: corps oblong , annelé ; segment antérieur beaucoup plus grand, portant deux man- dibules très-fortes, avancées, comprimées, ter- minées en pince dentelée , avec la branche imfé- rieure mobile: deux yeux lisses dorsaux et rap- prochés sur un tubercule commun; deux grands palpes filiformes, sans crochet au bout; les pre- miers pieds également filiformes, mutiques et en forme de palpes; bouche composée de deux mà- choires, formées chacune par la réunion de la base d’un de ces palpes et d’un de ces pieds an- térieurs , et d’une languette sternale subulée, si- tuée entre les mandibules ; six autres pieds fii- formes terminés chacun par deux espèces de longs doigts mobiles avec un petit crochet au bout ; les deux pieds postérieurs plus grands, avec une ran- gée de petites écailles pédicellées sous les hanches. Ces singulières Arachnides ont de plus un corps allongé et oblong, recouvert presque entièrement de poils longs, soyeux ou raides, de couleur jau- nâtre, quelquefois brune , et divisé en trois parties distinctes : la tête, le thorax et l'abdomen, La tête, qui semble comprendre les premiers anneaux du thorax supporte les yeux, et donne insertion à deux fortes mandibules; chacune d'elles repré- sente une véritable pince ; la branche inférieure est fort grêle , allongée, très-mobile, dentelée et ter- minée par une dent aiguë courbée en haut. Elle s'articule avec la branche supérieure : celle-ci est beaucoup plus forte que l'inférieure ; elle offre des dents plus nombreuses et présente à sa partie supérieure et antérieure un petit tubercule , sorte de crête cornée et arrondie, au devant de la- quelle on remarque, dans plusieurs individus , un appendice corné , flexueux, qui se dirige en haut et en arrière. L'usage de cette pièce singulière est inconnu : elle caractérise peut-être l’un des sexes, et sert sans doute à quelque chose dans la copu- lation. Les autres parties qui forment la bouche 200° LiwraIsoN. 40 rennes GALE 314 GALÉ 0 sont les mâchoires, dans la composition desquelles entrent plusieurs parlies , mais qui sont principa- lement formées par la base des palpes, dont l’article radicalest prolongé'en pointe à un angle interne et supérieur , de manière à se détacher en avant pour former une petite languette bifide, terminée par deux appendices soyeux et situés entre les deux mandibules et à leur base. Les autres articles des palpes sont cylindroïdes , plus gros que ceux des pattes, et le dernier est arrondi. La première paire de pattes a beaucoup d’analogie avec les palpes ; elle est terminée comme eux par un article sim- ple qui ne ressemble en aucune manière à un tarse, et qui est dépourvu de crochets ; les deuxième, troisième et quatrième paires de pattes présentent toutes des crochets; mais elles offrent une par- ticularité remarquable quant au nombre des ar- ticles des tarses ; la deuxième et la troisième n’en ont que quatre ; mais la dernière paire, qui est aussi plus longue que les autres, en présente sept; les deux dernières pattes correspondent à la partie désignée plus particulièrement sous le nom de tho- rax. On ne distingue pas de sternum proprement dit; l’article basilaire des pattes paraît en tenir lieu. Latreille a découvert un stigmate à droite et à gauche de la poitrine , près de la seconde paire de paites. En arrière des pattes postérieures et au dessous des hanches, sont deux petits appen- dices dont l’usage est inconnu , et qui rappellent les peignes des Scorpions : ils consistent en une rangée d’écailles très-minces et très-petites , trans- lucides , de forme triangulaire , longues , plices en deux, mobiles et fixées sur un pédicule ; l’abdo- men est mou, oblong, couvert de poils et com- posé de huit anneaux assez distincts ; cetabdomen, à son extrémité, ne présente aucun organe véné- neux. % Ces Arachnidesont de l’analogie avec les Pinces ou Chelifer de Geoffroy ; mais elles en diffèrent ar la forme et Ja composition des palpes , et par l’absence des crochets à la première paire de pat- tes. Elles s’en éloignent encore par les habitudes. Ces Arachnides sont propres aux pays chauds et sablonneux de l’ancien continent. On les trouve aussi en Amtrique. Léon Dufour en a recueilli en Espagne ; elles se rencontrent aussi, suivant Pallas, dans la Russie méridionale. Les Galéodes, quoique répandues dans une grande étendue de pays, et très-communes , sont encore peu connues sous le rapport de leurs mœurs ; seulement on sait qu’elles ne filent pas, qu'elles aiment l'obscurité , qu’elles courent généralement très-vite, et attrapent leur * proie avec agilité ; elles ont la réputation d’être vénéneuses ; mais Olivier , qui a eu occasion d’en voir beaucoup dans son voyage en Perse, n’a ja- mais pu constater un fait authentique sur le dan- ger de leur blessure. La détermination des espèces est encore peu connue. Cependant celle qui peut servir de type au genre est la GALÉODE ARAGHNOÏDE OU ARANÉOÏDE , :G, arancoi- des, Oliv., Encyclopédie méthodique, ‘tom. vi, pag. 580 et pl. 541, pag. 6, 7. Salpuga arachnoi- des, Herbst , Monogr. Salpug. Îl n’est pas cer- tain qu'elle soit la même espèce que le Phalan- gium araneoides de Pallas (Spicil, zool. , fase. 9 , pag. 57, tab. 5, fig. 7, 8, 9). On suppose que cette espèce élait connue du temps de Pline. Elle est originaire du Levant, et se trouve communé- ment dans la Russie méridionale et au cap .de Bonne-Espérance. La Gazbone vorsaze , G, dorsalis de Latreille, et que Léon Dufour (Ann. génér. des Sc. phys. de Bruxelles, tom. 1v, pag. 870, et pl. 69, fig. 7) a décrite et figurée sus le nom de Galéode in- trépide , a tout le corps ainsi que les pattes d’un blond ferrugineux plus obscur que l'abdomen. Les mandibules sont munies vers leur bord supérieur d’une petite-pièce membrano-cornée, mince, lan- céolée, articulée sur un point discoïdal autour duquel elle joue comme sur un pivot. Gette pièce singulière est l’analogue de l’appendice dont il a été question. Lepalpe offre une particularité remarquable; son dernier article, qui est fort court et articulé d’une manière serrée avec celui qui le précède, décèle dans son extrémité un organe d’une nature assez curieuse : le bout paraît formé par une membrane blanchâtre ; mais lorsque la- nimal est irrité, cettemembrane, qui n’est qu’une valvule repliée, s'ouvre pour donner passage à un disque ou plutôt à une cupule :arrondie, d’un blanc nacré. Léon Dufour, à qui l’on doit cette ob- servation curieuse, a vu cette cupule sortir et rentrer au gré de l'animal, comme par un mou- vement élastique ; elle s'applique, dit-il, et paraît adhérer à la surface des corps comme une ven- touse. Son contour, qui semble enêtre la lèvre, est marqué de petites siries perpendiculaires , et l’on voit par les contractions qu'il exerce que, sa texture est musculeuse. Léon Dufour se demande si cet organe ne sert aux Galéodes que pour s’ac- crocheret grimper, s’il est destiné à saisir les pe- tits insectes dont il se nourrit, s’il est le récepta- cle ou l'instrument d’inoculation de quelque venin, ou bien enfin s’il appartient à l'organe copulateur mâle. L’observation peut seule confirmer ces di- verses suppositions : mais on serait porlé à admettre quelque usage analogue au dernier, C’est dans ‘été de 1808 que Léon Dufour a rencontré la pre- mière fois cette Arachnide en Espagne, aux en- virons de Madrid; il l’a retrouvée ensuite sur les coteaux arides de Pulterna, aux environs de Va- lence. Elle court avec agilité , et lorsqu'on veut la saisir , elle fait face à son ennemi, se redresse sur ses pattes ‘de derrière et semble le menacer de ses palpes. J’ai fait connaître deux espèces nouvelles dans le Magasin de Zoologie de (Guérin, l’une sous le nom de G. limbata (Mag. z00l., 1834 ; cc]. vi, n°5), qui est remarquable en ce que sur la partie supérieure et latérale de son abdomen on aperçoit deux bandes d’un jaune sale foncé. Gette espèce a été trouvée à Guatimala au Mexi- que. L'autre , quiaété trouvée à Guba ,.et que je nomme G. Cubæ (Mag. zool., 1885, el, vu, n°2), diffère de laprécédenteen ce qu’elle est d’un jaune sale foncé , et en ce que sur le dessus.de son ab- domen on aperçoit deux rangées de points stig- GALÉ ë GALÉ matiformes, profondément marqués. Lichten- stein avait remplacé le nom de Galéode par celui de Salpuga ; mais cette dénomination , admise par Fabricius, n’a pas été reçue. Le nom de Sal- puga avait été employé par Pline pour désigner un insecte veniméux qu’on a cru être “ ie H. L. GALÉOLAIRE , Galeolaria. (z0oPn.) Les Galéo- laires, animaux de l’embranchement des Rayon- nés ou Zoophytes, appartiennent à la classe des Acalèphes de Guvier, et paraissent à de Blain- ville , qui les a le premier fait connaître, d’après des notes de Lesueur, se rapporter à la tribu des Béroës. Quoy et Gaimard les nomment Bé- roïdes, et les placent parmi les Drpnypes (voy. ce mot). Ge sont des animaux marins à corps gé- latineux , assez résistant, et parfaitement symétri- que , qui sont garnis sur les côtés de deux rangs de cirrhes extrêmement fins; une grande ouver- ture, conduisant à une cavité mtérieure, seremar- que à leur partie postérieure , et leur ovaire , situé antérieurement, sort par un orifice médian et bilabié. L'espèce la mieux connue du genre Galeo- laria est le @. australis, décrit par les zoologistes de la corvette l’Astrolabe , et figuré sous le nom de Beroides australis à la planche 6, figure 7, de la partie actinologique de leur Atlas. (GEnv.) GALÉOPE ou GALÉOPSIDE , Galeopsis. (Bo. PHAN.) Herbe de la famille des Labiées, Didyna- mie symnospermie , L., très-voisin du genre La- mium , et renfermant une dizaine d'espèces, toutes indigènes à l’Europe, ayant leurs feuilles opposées, leurs fléurs verticillées et accompagnées de brac- iées. Elles ont pour caractères communs : un ca- lice campanulé, à cinq dents épineuses; une corolle à tube court et étroit, à gorge renflée, mu- nie de deux dents latérales ; la lèvre supérieure est voütée, un peu crénelée; l’inférieure forme trois lobes inégaux, crénelés ; étamines cachées sous la lèvre supérieure, ayant les anthères un peu velues; un style filiforme, bifide , à deux stigmates ; qua- tre semences ovoïdes. Dillen a séparé de ce genre le G. galeobdolon de Linné, parce que la lèvre supérieure de sa corolle est entière, et n’a pas de dents latérales à sa base. De Candolle et les autres auteur sont adopté ce changement. Voyez Gar£os- DOLON. Deux espèces de Galéope se rencontrent fré- quemment dans les champs et dans les haies; c'est d’abord le Galeopsis ladanum, ou vulgaire- ment Ortie rouge, à cause de la couleur de ses fleurs et de l'aspect de son feuillage, qui d’ailleurs est très-innocent. L’autre est le Galeopsis tetrahit , L., distingué par sa tige hérissée de poils et par ses fleurs rouges ou blanches ; on observe quelque- fois cette plante avec une fleur terminale , évasée et régulièrement quadrifide ; exception qui ramène au type primitif des Labiées. Une autre espèce , moins commune, et que Linné n'avait pas mentionnée, a recu par cela même autant de noms spécifiques que d'auteurs l'ont observée ; c’est le A villosa de Smith , le G. grandiflora de Roth, I G, ochroleuca de La- marck , etc. Elle est remarquable par sa corolle, de couleur jaunâtre , à limbe très-grand , à tube étroit et allongé. Nos botanistes parisiens la trou- veront aux environs de Montlhéry. (L.) GALÉOPITHÈQUE, Galeopithecus. (maw.) Les Galéopithèques, dont le nom signifie Chats-Singes, sont aussi quelquefois appelés Ghats-volans, Chiens- volans, etc. Gesont des Mammifères intermédiaires par leur organisation aux Lémuriens, dont ils ont la masse cérébrale, et à peu près le système de dentition, et aux Chauve-souris, avec lesquelles ils ont de commun des expansions de la peau éten- dues entre les quatre membres. Mais un caractère très-important les distingue de ces animaux, c’est que leurs doigts des extrémités supérieures sont loin d’être aussi allongés, et apparaissent seule- ment, ainsi que les'inférieurs, comme s’ils étaient palmés. Les ongles sont puissans et existent à tous les doigts, et la queue est comprise dans une mem- brane interfémorale. 5 Quoique les Galéopithèques s’éloignent des Chauve-souris par quelques points importans de leur organisation, c’est néanmoins avec elles que la plupart des auteurs les rangent en les considé- rant comme formant une famille du même ordre, ou suivant Cuvier une tribu de la même famille. Les Galéopithèques ont les dents des autres ani- maux insectivores, c’est-à-dire que leurs molaires sont hérissées de pelites pointes : ces dents sont au nombre de vingt-quatre, douze à chaque mâ- choire ; quant aux autres dents, il y en a dix : quatre à la mâchoire supérieure formant deux paires très-écartées , et six à l’inférieure ; quelques naturalistes veulent que ce soient six incisives, d’au- tres comptent parmi elles quatre incisives et deux canines. Nous dirons seulement qu’elles sont lo- bées ou légèrement festonnées à leur couronne, et que les quatre autres sont proclives et profondé- ment découpées de manière à représenter autant de petits peignes (total des dents 34). Les membres sont à peu près d’égale longueur, et la peau qui les réunit est toujours velue et colorée comme celle du corps. Le museau rappelle parfaitement celui des Makis, et les yeux, destinés comme chez ces derniers animaux à être exercés pendant la nuit, sont très-volumineux et saillans : les oreilles sont courtes et arrondies, et les narines ouvertes sur les côtés dn mufle. La verge est pendante comme chez: tous les mammifères que Linné appelait 4n- thropomorphes ou Primates, et les mamelles , au nombre de deux, sont pectorales , c’est-à-dire pla- cées sur la poitrine. Les Galéopithèques sont des animaux de l’Asie continentale et des archipels qui l’avoisinent ; l’In- doustan , la Chine, les îles Moluques, Java , etc., sont les pays qui en possèdent le plus grand nom- bre. Il paraîtrait, d’après les récits des voyageurs, que les espèces de ce groupe sont assez variées, mais les collections n’en possèdent aujourd’hui que deux, et encore leur histoire est-elle bien incomplète. Bontias est le premier naturaliste qui parla de ces animaux; l’espèce qu’il connut recut de Jui le nom assez bien appliqué de Fespertilio = GALÉ admirabilis. Pétiver nomma ces animaux Chats- Singes, dénomination que Pallas a remplacée par celle de Galeopithecus, dont la signification est la même. Seba, dans son immense ouvrage, s’oc- cupa aussi des Galéopithèques, qu'il appelle Felis volans ternatea ; Linné fit des mêmes animaux des Lémuriens qu'il appelle Zemur volans. Bontius, naturaliste du dix-septième siècle, qui a observé ces animaux à Batavia et dans quelques autres parlies de l'Inde, nous apprend qu'ils se tiennent pendant tout le jour cachés dans les lieux les plus retirés des forêts et qu’ils ne quittent leurs retraites que le soir, parcourant alors en tous sens les arbres qu’ils recherchent avec prédilection, parce que leur organisation leur permet de se mouvoir avec facilité au milieu des branches. Les membranes sont pour eux comme des parachutes au moyen desquels ils se soutiennent plus aisé- ment dans l’air lorsqu'ils veulent s’élancer d’un arbre à l’autre ; mais comme elles ne leur permet- tent pas de s'élever en volant, les Galéopithèques , lorsqu'ils s’abandonnent dans les airs, se dirigent toujours d’un lieu plus élevé vers un autre qui l'est moins ; puis ils remontent sur la cime des ar- bres en grimpant le long du tronc. Leur vol est très-bruyant, et ils n’y ont recours que dans les cas de nécessité. Les insectes constituent leur hourriture principale ; mais on a aussi affirmé qu'ils ne dédaignent pas certains fruits ; cetle as- serlion n’a rien qui doive étonner, si l’on remarque qu’un long cœcum existe à l'intestin des Galéopi- thèques. (La grandeur du cœcum caractérise, comme on sait, les animaux vivant d'herbes ou de fruits. ) C'est pendant le jour que les Ghats-Singes , comme les appellent les voyageurs, se livrent au sommeil ; pendant cet acte ils sont ordinairement suspendus comme les Chauve-souris au moyen de leurs pieds de derrière. Les habitans de plusieurs contrées donnent la chasse à ces Mammifères et les mangent, bien que leur chair répande une odeur forte et désagréable. ‘L'espèce la plus commune dans les collections du genre Galcopithecus est le GALÉOPITHÈQUE roux, G. rufus, Geoff., que Linné inscrivit dans son Systema naturæ sous le nom de Lemur volans. Cet animal habite principalement les îles Pelew ou Palaos , où il porte le nom d’Oleck: il est’long de onze pouces ; son corps, d’un roux marron téès-vif en dessus, est plus clair en dessous, et la face in- terne de ses quatre membres ainsi que les côtés de son cou sont blanchâtres. Il court à terre ou grimpe aux arbres comme les chats, et répand une odeur analogue à celle du renärd. GaLÉOPITHÈQUE van, G. variegatus , Geoff. et Cuv. , représenté dans le Traité élémentaire d’his- toire naturelle par Guérin et Martin Saint-Ange, planche 5, figure 3. Son pelage est d’un brun som- bre , varié de taches blanches sur les membres ou bien de traits noirs : quelquefois cette teinte s’é- claircit et passe au cendré. Gelte espèce, qui ne paraît pas encore suffisam- GALÉ < ————————————_—]———_—_—…—_—_—————h ment caractérisée, est surtout commune aux Mo- luques et à Java. Geoffroy a donné le nom de Garkorrraèoue DE TERNATE, G. ternatensis, à une espèce encore plus douteuse que la précédente , et qu’on ne con- naît que par la figure qu’en a donnée Seba sous le nom de #elis volans ternatea. Ternate', l’une des Moluques, est, à ce que l’on assure, la patrie de cet animal , qui est gris-roux avec quelques taches blanches sur la queue. (GErv.) : GALÉOTE, Calotes. (rgpr. ) On a beaucoup discuté sur la signification que les Grecs donnaient à ce mot; mais il paraît assez évident qu’ils l’em- ployaient comme ceux de Colotes et d’Ascalabotes, pour désigner les Sauriens que l’on connaît géné- ralement aujourd’hui sous le nom de Gecko. (7. au mot AscALABOS, tom. I, pag. 297 et 298.) On en a un exemple suffisant dans un passage de la comédie des Nuées, où Aristophane, plaisantant aux dépens de Socrate et aussi du public, fait dire à un interlocuteur cettesingulière facétie (vers 170 et suivans) : j « Oh! d’un Ascalabote il en tient de fameuses, » — Eh! quoi donc, dites-m6i? — Tandis que dans la nuit » Le philosophe allait bâillant aux nébulenses, » La Galéote, au haut d’un toit donnant sur lui, » Fit c.… dans sa bouche... .....,,....» Les auteurs du dernier siècle ont donné, par erreur, le nom de Galéote (masculin) à des Sauriens fort différens des Geckos, et leur autorité a pré- valu ; de telle sorte qu'aujourd'hui l’on réserve le nom de Galéote pour des reptiles plus ou moins voisins, pour leur forme extérieure et leur orga- nisalion , des Agames et des Iguanes, mais pro- bablement tout-à-fait inconnus aux Grecs. Les Galéotes modernes sont des Sauriens detaille médiocre, à tête courte, pyramidale, quadrangu- laire, presque aussi haute que large en arrière, dis- tincte du cou; à corps comprimé latéralement, à membres allongés; à doigts longs et grêles, fort inégaux et implantés irrégulièrement ; à queue ronde , longue, grêle; ses fonctions sont peu sen- ties; quelques voyageurs assurent que ces animaux la portent dansla marche relevée sur le dos à peu près comme font les Ecureuils. Le museau est mousse. Les narines sont petites , libres, portées sur une écaille légèrement saillante aux côtés supérieurs de la partie supérieure du museau. Les yeux sail- lans sont protégés par dèux paupières horizon- tales, à peu près égales, couvertes d’écailles granu- leuses ; le tympan est largement ouvert et libre. La bouche est grande; la langue épaisse, molle, fongueuse, libre et extensible à sa partie anté- rieure. Les dents sont solides, implantées sur le bord des mâchoires, confondues avec lui, au nom- bre de trente environ à chaque mâchoire , savoir : deux ou trois antérieures , coniques, simples , courtes, suivies d’une ou deux laniaires, plus grandes, coniques, simples, mais saillantes en crocs; derrière on voit douze ou treize maxil- laires croissantes, comprimées latéralement et lus ou moins denticulées à leur base. Les Galéotes n’ont pas de fanon sous le cou, mm GALÉ mais seulement un pli transversal de la peau plus ou moins marqué; les cuisses n’ont pas de pores le long de leur bord interne. La têle est recouverte d’écailles pelites, adhé- rentes et peu saintes le corps en dessus et en dessous, la queue, les membres sont revêtus d’é- cailles rhomboïdales, égales, imbriquées alternes, carénées, peu serrées les unes sur les autres ; quelques unes d’entre elles se relèvent en épines plus ou moins saillantes autour de la nuque, et le long du rachis l’on voit une série d’écailles im- paires , comprimées, relevées en denticules molles, flexibles, dont la réunion constitue une crête denticulée, qui se prolonge plus ou moins loin sur le dos et l’origine de la queue. Les habitudes et les mœurs des Galéotes sont peu connues; on dit qu'ils se tiennent sur les ar- bres et poursuivent de branche en branche les insectes dont ils font leur nourriture. Leurs œufs sont à ce qu'il paraît coriaces , fusiformes. = Les Galéotes sont propres au midi de l'Asie, et la réprobation présomptive qui se répand sur la plapart des reptiles ne paraît pas beaucoup les atteindre; en effet, leur morsure même, ainsi que celle des Sauriens, en général, ne saurait être redoutable. Les espèces de Galéotes les, mieux déterminées Sont : 1° Le GazéoTE commun , Lac., Calotes, C. ophio- machus. Bleu clair verdâtre , avec des lignes transversales légèrement sidérées , disposées en chevrons sur les parties supérieures. On en compte cinq à sept sur le dos. Les écailles, égales sur le dos, la queue, les membres et l’abdomen, sont de moyenne gran- deur , plus larges que longues, carénées et sub- xerticillées ; l’on trouve une rangée d’épines sur le contour de la nuque. 2° Le GALÉOTE ARLEQUINÉ, Agama versicolor, À. cristata. D’un brun roussâtre, parsemé plus où moins régulièrement, dans le jeune âge, ‘de taches brunes foncées, à écailles plus grandes que; chez le précédent, comme tridentées à leur extrémité ; une crête épineuse autour de la nuque, la crête dorsale prolongée jusque sur la queue. Ces deux espèces atteignent à peu près la même taille, c’est-à-dire trente-cinq millimètres , dont les deux tiers environ pour la queue. Le GALÉOTE À PETITE CRÈTE , Agama cristatella, est bleuâtre, uniforme, et se distingue par ses écailles dorsales, beaucoup plus petites et cou- chées, plus serrées que dans les espèces précé- dentes ; le tympan est nu et dépourvu d’épine; on a constitué avec celle espèce, qui vient de Java, un genre parliculier sous le nom de Bronchocèle. Cuvier a nommé une autre espèce de GALÉOTE TROPIDOGASTRE , Calotes tropidogaster. Elle se dis- tingue par ses écailles dorsales, entremélées de plus grandes, à peu près comme chez les CHANGEANS, Trapelus. Comme dans les Agames, les sourcils sont garnis d’épines, ainsi que le contour de la nuque ; la crête dorsale se prolonge assez loin sur Je dos; les écailles du ventre et des membres sont 917 ————_—————————.—….…—_. —.—.—.….—.…— GALÉ carénées, égales ; celles de la queue sont un peu plus allongées. Gette espèce vient de Pondichéry et de l'Inde; elle paraît être d’un brun-roussâtre uniforme, el atteint à peu près la taille des Ga- léotes proprement dits. Il paraît que, par un conflit de confusion et d'erreur assez remarquable, c’est cette espèce qui se trouve indiquée dans le Règne animal, etc. , par G. Cuvier, tom. 11, pag. 39, sous le nom de Calotes lepidogaster , épithète qui contraste singulièrement avec les caractères qui lui sont indiqués , savoir : « dos lisse, sans écailles appa- rentes, à ventre, membres et queue couverts d’écailles carénées. » Ces notes appartenaient sans doute au Cal. cristatella, Wagler, réalisant la distinction déjà indiquée par Cuvier, a créé, pour ce Galéote, le genre Eupeplus. Récemment encore , on réunissait aux Galéotes des espèces américaines qui se rapprochent trop des Ophriesses pour en être séparées, (T. GC.) ;; GALÈRE. (zoopx. MALAC.) Presque sur toutes les côtes on donne vulgairement ce nom à la Physale, Holothuria physalis, à cause de sa forme ovale, pointue aux deux extrémités, et de son habitude de flotter à la surface de l’onde amère. On appelle aussi Galère la belle coquille de l’Ar- gonaute, Argonauta argo, ainsi que la Velelle mulique. 7. aux mots ARGONAUTE, PHysaze, VE- LELLE. (T. ». B.) GALÉRITE. (1xs. ) Genre de Coléoptères, de la section des Pentamères, famille des Carnassiers, tribu des Carabiques, établi par Fabricius, et auquel on donne pour caractères : palpes nom dilatés extérieurement , le dernier article des palpes externes en forme de hache; languette tri- dentée, avec les paraglosses très-distincts ; tarses antérieurs élargis dans les mâles. Ces insectes sont de taille moyenne un peu déprimée, le corselet est plus étroit que les élytres, les antennes ont leur premier article très-long, les yeux gros , saillans ; le premier article des palpes labiaux externes est allongé, le menton est muni au milieu d’une épine; le pénultième article des tarses est toujours dilaté dans les deux sexes, et les quatre premiers articles dans les mâles ont leurs échan- crures aiguës. Gaz£rire D'AMÉRIQUE, Galerita americana , Fab., figurée dans notre Atlas, pl. 170, fig. 3.. | * MEGA. Pa) GALERITE , Galerites. (zoo1. Ecru.) Genre de l’ordre des Echinodermes pédicellés, établi par Lamarck aux dépens des Oursins de Linné, et adopté par Cavier. Les caractères sont : un corps élevé, presque ovale; des ambulacres complets , formés de sillons qui rayonnent par paires du sommet à la base ; une bouche inférieure et cen- trale , un anus dans le bord. L Jusqu’alors les Galérites n’ont été rencontrées , dans les couches de craie de première forma= tion, qu'à l’état fossile, avec ou sans leur test, Lamarck a décrit les seize espèces suivantes : Ga- lérites conique , commune, raccourcie, à six bandes, fendillée, hémisphérique, déprimée, rotulaire , ca- GALG 51 ES noïde, scutiforme, ovale, demu-globe, cylindrique, atelle, ombrelle et excentrique. (] LA 0) GALÉRUQUE. (rxs:) Genre de Coléoptères, de Ja section des Tétramères , famille des Gycliques, tribu des Galérucites, établi par Geoffroy etoffrant pour caractères : antennes rapprochées à leur base, insérées entre les yeux, à peu de distance de la bouche, de même grosseur partout, com- posées d'articles en cône renversé; palpes maxil- laires plus épais au milieu, terminés par deux articles en forme de cône, réunis par leur base , différant peu en grandeur. Ges insectes sont de taille moyenne; leur tête est petite et leur corselet plus étroit que les élytres ; les antennes sont plus courtes que la moitié du corps, leurs pattes ne sont jamais propres au saut, Ce genre est très- nombreux en espècés, surtout en exotiques ; quel- ques espèces de notre pays sont souvent tellement abondantes qu'elles font beaucoup de tort aux arbres. G. DE L’oRME , G. calamariensis, Linn. Jaunâtre en dessus , avec trois points sur le corselet et une raie de même couleur sur les élytres ; l'espèce la plus commune aux environs de Paris , et dont les dégâts ont été principalement constatés. G. DE LA TANAISIE , G. tanaceti, Linn. Oblongue, d’un noir mat; ses élytres sont très-chargées de points, mais ils n’y forment point de stries. Moins commune que la précédente. (AP) : GALETS. (cior.) Les fragmens de roches de toute nature qui par le mouvement des eaux ma- rines, sur certaines plages, sont frottés les uns contre les aûtres et arrondis, portent le nom de Galets. On peut appeler de même les cailloux roulés que l’on voit dans le lit des torrens ét qui sont aussi des fragmens de roches usts par le transport violent et souvent lointain qu'ils ont éprouvé. On voit donc que les Galets constituent des dépôts de transport modernes, c’est-à-dire qui se forment encore tous les jours, principalement dans les pays de montagnes; mais ils ont la plus grande analogie avèc les cailloux roulés des dé- pôts d’alluvions et du Diluvium qui couvrent certaines grandes vallées et même certaines plaines hautes dans un grand nombre de régions du globe, (#7. Arruvions, Crau et Dizuvium.) (J. H.) GALGULE. (1xs.) Genre d'Hémiptères , de la famille des Hydrocères, tribu des Népides, offrant pour caractères : antennes insérées sous les yeux, n'ayant que trois articles distincts, dont le der- nier plus grand ; pieds ravisseurs; tous les tarses semblables, cylindriques, de deux articles, ter- minés par deux crochets. Ge genre n’est encore fondé que sur une seule espèce, qni a été rappor- tée de la Caroline par Rose. C’est un insecte de cinq lignes environ de longueur ; plat, ayant le corps ovoïde, mais en pointe à son extrémité postérieure ; la têle est large à cause des yeux qui sont très-saillans et situés sur des angles latéraux de la tête; les pattes antérieures se replient sur les cüisses pour saisir les insectes, et sont épineuses à cette partie; les quatre pattes postérieures sont un peu ciliées, 8 : GALL G. ocuzé, G. oculatus, Fab. Long de cinq li gnes , grisâtre et très-rugueux en dessus. (A. P.) GALINE (1cur.) Ce nom est vulgaïrement donné à la Torpille. GALINETTE. (80T. P#an.) Dans nos départe- mens du midi, cenom vulgaire est tantôt celui de la Mâche , ’aleriana locusta: tantôt celui de la Cocrète glabre, Rhinanthus crista galli, et quel- quéfois de la Cocrète maritime, À. trixago. (T. D. B,) GALIPOT. (8or. Pa.) Térébenthine solidifiée sur les arbres (pins et sapins), par suite de l’éva- poration de l’huïle essentielle. Le Galipot se pré- sente en masses solides plus où moins volamineu- ses, amorphes, jaunâtres , opaques , d’une dureté variable selon la saison , plus où moins exemptes d'impuretés, d’une odeur térébinthacée, d’une savéur amère, etc. On s’en sert pour faire des vernis ordinaires, pour falsifier la cire, fabriquer des bougies communes, des torches, etc. La mé- decine n’en fait aucun usage ; mais, à l’état pur, elle pourrait l’employer dans les mêmes circon- stances que la poix dite de Bourgogne. (F.F.) GALLATES. (cnim.) Sels résultant de la com- binaison de l'acide gallique avec une base, qui colorent en noir les solutés de sels de fer, qui se décomposent rapidement quand ils ont été dissous dans l’eau, en passant successivement du jaune au vert, et du vert au brun, après quoi la base reste combinée avec l'acide carbonique de l'air, ou toute autre substance provenant de la décom- osition de l'acide gallique. Œ.F.) GALLE, (1ns.) Les Galles sont dés'excroissances tuberculeuses résultant de l’extravasation: des sucs propres de plusieurs végétaux, stimulés par la liqueur âcre que dépose sous l’épiderme de leurs feuilles ou d’autres parties la femelle de plasieurs insectes , mais surtout de celui que Geoffroy a ap- pelé Diplolepis gallæ tinctoriæ , insecte qui appar- tient au genre Hyménoptère, à la famille des Papivores, à la tribu des Gallicoles, et que l’on connaît sous le nom de Gynrrs (voy, ce mot). Les autresinsectes qui produisent également des Galles sont des Goléoptères, des Hémipières et des Di- ptères. Les Galles où Voix de galles ont été ainsi nom- mées. à cause de leur analogie avec l'affection psorique des animaux. On en distingue plusieurs éspèces, eu égard au végétal sur lequel elles se développent; ainsi on connaît la Galle du Rosier, celle du Ghéne, du Genêt, du Peuplicer noir, du Saule marceau , des Joncs, de l’£uphorbia eypa- rissias, du Buis et de la Germandrée. De toutes ces espèces , la mieux connue et la plas usitée est celle du Chêne; nous allons décrire ses carac- tères. La noix de Galle du Chêne, Galla turcicæ dés pharmaciens, que l’on recueille sur le Quercus in - sectorid d'Olivier, arbrisseau à rameaux très-nom- breux, extrêmement répandu dans toute l'Asie mineure , et qui appartient à la famille des Cupu- lifères de Richard, est plus ou moïns grosse, de forme tantôc elliptique, tantôt sphérique , munie 0 GALL 319 GALL d’aspérités plas ou moinssaillantes , d’une couleur verte ou brune à l'extérieur, et.jaunâtre à l'ialé- rieur ; elle présente une cavité centrale très-pelite, où loge l’insecte. Les noix de Galle nous yiennent de Smyrne et d'Alep; an préfère généralement ces dernières , qui. sont très-riches en tannin et en acide gallique, etque l’ondoit choisir dures, compactes , entières, pesanies, inodores , d’une saveur astringente très- prononcée, d’une couleur verdâtre assez fon- cée; de là leur nom de Galles vertes d’Alep. Les Galles blanches , plus légères quoique plus grosses que les précédentes, moins astringentes, assez souvent percées d’un trou, etles Galles françaises on indigènes , ordinairement sphériques, lisses et - rougeâtres, que l’on récolte sur le Quercus ileæ et le Quercus cerris, sont peu estimées. La Galle du Chêne jouit de propriétés très-as- tringentes , extrêmement prononcées; cependant elle est beaucoup plus employée dans les ateliers du teinturier et du fabricant d'encre (1) que par la médecine et la chirurgie. La chimie se sert souvent de l’infusé aqueux de noix de Galle pour reconnaître la présence des sels de fer, sels qui sont colorés en bleu foncé ou en noir par ce réactif. (F.F) GALLES. (moT.) Gette difformité, à laquelle certaines plantes sont plus sujettes que d’autres, est FOLIALRE , quand elle se montre sur les feuilles du Chêne Vélani, Quercus ægylops, etc. ; on la dit PÉTIoLAIRE , quand elle croit sur le pétiole de l'Eglantier, Rosa eglanteria, etc. ; elle est cazr- cNaALE , quand elle est fixée sur le calice du Chêne sauvage , Quercus cerris, ebc. ; on l'appelle r1o- BALE , quand elle se forme au sein de la fleur de la Germandrée, T'eucrium chamædrys , etc. ; elle prend le nom de cauLiNAIRE , quand elle affecte les tiges de l’Epervière des bois, Hieracium sylva- ticum , etc. ; où bien corTicAze quand elle occa- sione le soulèvement de l'épiderme du Pistachier, Terebinthus pistacia, et y prend la forme d’une corne qui s’allonge de seize centimètres. Il y a des Galles molles, comme celles que l’on re- marque sur les Erables, les Ormes ; ligneuses, sur les Chênes, les Pins; demi-ligneuses ; sur les Sau- les; il yen a qui sont épineuses , rameuses; d’au- tres disposées en tête de clou, comme sur le Til- leul, Z ilia europæa ; ou bien cotonneuses, comme sur le Serpolet , Thymus serpyllum, etc. Les unes n’ont qu'une seule loge quoiqu’elles servent d’ha- bitation à plusieurs larves, comme dans le Gro- seiller, Ribes rubrum, etc. ; les autres ont plu- sieurs loges isolées, comme dans la Sarriette des champs , Serratula arvensis, etc. ; ou bien se com- muniquant entre elles, comme dans la Ronce bleue, Aubus cæsius, etc. Quelques unes sont co- lorées , ressemblent à des fruits et sont parfois mangées comme tels. De ce nombre je citerai les (Tr) On sait que l’encre à écrire est un solnté de sulfate de fer ealciné et de gomme du Sénégal dans un infusé aqueux de noix de galle, Galles du Lierre terrestre, Glecoma hederacea, que les enfans, dans beaucoup de villages, ramassent pour manger; il n'y a pas long-temps que les habitans de Saint-Maur près Paris s’en régalaient avec plaisir. Les Galles de la Sauge pomiftre, Salvia pomifera, qui arrivent à la grossenr d’une pomme d’api, se vendent sur les marchés de Constantinople et sont surtout avidement recher- chées par les Persans. Refnier et Albretif ont appelé Fausses-Gazzes ces sortes d’excroissances qui résultent d’un bour- geon saisi par la gelée et dont la végétation est arrêtée. Il y a de Fausses-Galles dues à la présence d'insectes ; telles sont celles que l’on remarque , au mois de mai, sur le Noisetier, Corylus avel- lana , sur le Buis, Buxus arborescens , sur le Caille- lait, Galium verum, ebc. : elles sont écailleuses chez les deux premiers , et globuleuses sur le se- cond. (T. ». B.) CALLERIE , Galleria. (ennom. rurALE). Genre d'insectes de la tribu des Tinéites, de la famille des Nocturnes, et de l’ordre des Lépidoptères , exerçant de grands ravages dans les ruches et faisant ainsi le désespoir du cultivateur qui s’adonne à l’expleitation des Abeilles. Deux espèces surtout appellent notre attention , la GALLERLE pxs RUCHES, G. alvearia , et la GALLERIE DE LA CIRE , G. cereana. L'une et l’autre ont été connues des anciens; Aris- tole les appelait le fléau de l’agriculture ; les géo- pones, depuis le grec Démétrius et le carthaginoiïs Magon, jusques à Columelle, et depuis Pierre Constant, qui écrivait sur les Abeilles en 158», jusqu’à Réaumur et Huber, tous indiquent des moyens pour purger les ruches et les gâteaux de ces Fausses teignes, comme ils les nommaient. La Gallerie de la cire est la plus commune; le papillon a dix millimètres de long sur sept de large; celui de la Gallerie des ruches est cinq ou six fois plus gros. Tous deux sont d’un gris obscur ; le mâle se distingue par ses antennes mieux formées que celles de la femelle. Ils s’introduisent de nuit dans les ruches les moins peuplées, où les rayons sont mal gardés, mal enveloppés. Si quelques Abeilles leur donnent la chasse, ils reviennent, s’insinuent adroitement , courent avec une rapidité surprenante jusqu'aux rayons, et là Ja femelle dé- pose ses œufs, on bien elle va faire sa ponte dans les amas de mauvaise tire qui tombe au bas des ruches. CES) Au bout de quelques jours, il sort de chaque œuf une larve blanche ou grise, presque rase, avec un petit nombre de poils noirs disséminés sur le dos ; elle a seize pattes, et l’on remarque sur la tête et le premier anneau du corps une écaille d’un brun jaunâtre qui la met hors d’atteinte de l’aiguillon des Abeilles. Pendant les premiers in- stans de sa vie elle échappe aisément à leur vigi- lance; mais bientôt elle file une coque ou plutôt un ‘fourreau de soie dans lequel elle se cache ; à mesure qu’elle prend de Ja nourriture, en chemi- nant dans l’intérieur des rayons, elle allonge ce fourreau , l’élargit, le fortifie extérieurement avec ses excrémens (qui sont de la couleuret de la om GALL 320 GALL 0 oo forme des grains de poudre à tirer), et avec les débris de la cire qu’elle dévore. Le fourreau, de- venu dès lors une sorte de Gallerie, d’où l’insecle a pris son nom, commence en pointe, grossit in- sensiblement, acquiert un diamètre de trois millimètres, et finit par une coque proprement dite formée de la même matière, mais d’une gros- seur plus considérable. Arrivée à ce terme, la larve se métamorphose en nymphe; puis on voit pa- raître l'insecte parfait, qui s’échappe furtivément de la ruche et y revient d'ordinaire faire sa ponte. Les Galleries se multiplient prodigieusement depuis les premiers jours du printemps jusqu'à la fin de l'été. Quand une rucheest très-peuplée et remplie de miel, l'insecte ne peut y pro- duire plusieurs générations ; mais s’il s’adresse à ane ruche faible, il y fait de tels progrès qu’il finit par l’envahir tout entière. S'il est arrêté par le miel ou les fourreaux des autres Galleries , il gasse d’un rayon au voisin et tisse des filets pour antercepter les passages. Les Abeilles sortent alors en masse de la ruche , elles n’y rentrent que dans le cas où la mère s’y trouverait enfermée, et pour y périr misérablement , toutes ensemble, quelques jours après. Les ruches à hausses n’ont point à redouter la présence des Galleries. Quoiqu'il soit très-avéré que les vieux rayons se trouvent plus exposés à leurs ravages , il n’est pas moins vrai que Della Rocca et ceux qui l'ont copié se trompent lorsqu'ils disent que les Galleries se contentent des malières étrangères qu’elles ren- £ontrent dans la vieille cire; toute cire non fondue peut devenir leur nourriture; celle que l’on obtient, en très-petite quantité, des rayons endommagés , est de mauvaise qualité. Durant le jour, le papillon des Galleries se cache autour des ruches et en différens endroits; au plus léger mouvement il sort de sa retraite, c’est alors qu'il faut l’écraser. Après le coucher du soleil, il voltige et s'apprête à pénétrer dans l’intérieur; on peut en prendre beaucoup au moyen d’un filet de gaze. Quelques propriétaires placent en ce moment près du rucher des lanternes ouvertes et garnies de lampes allumées; d’autres déposent sur les siéges des ruches quelques rayous enfermés dans une boîte, ouverte sur les côtés : ils attirent de la sorte beaucoup de Galleries et peuvent les détruire plus sûrement que par l'emploi de la chaux vive, de l’eau-de-vie, de la suie, de l’u- rine, etc., recommandées par certains empiriques ditrés. Je ris du conseil donné par un autre d’a- bandonner successivement la cire de deux ruches aux ravages de l’insecte , afin de préserver, dit-il, tout le rucher ; on a cependant officiellement ré- pété ce conseil, sans se douter que c’est le moyen le plus certain de favoriser la génération des Gal- leries, et de les rendre de plus en ‘plus funestes aux ruches faibles. Lorsqu'on s'aperçoit qu’une ruche est atta- quée et que lés abeïlles sont très-agitées le soir , il est urgent de faire passer l’essaim de cette ruche dans une autre et de retirer les gâteaux attaqués, de les fondre et de les laver à grande eau. La Chauve-souris détruit la Gallerie, mais si l'on s’en repose sur elle, on ne tardera pas à éprouver des pertes sensibles et à voir le désordre dans son rucher. (T. ». B.) GALLICOLES. (1xs.) Tribu d'Hyménoptères , de la famille des Pupivores, ayant pour caractè- res : palpes fort longs ; antennes de treize à quinze articles, grossissant un peu vers l’extrémité ; ailes supérieures offrant deux cellules brachiales, dont l’interne incomplète, une radiale , à deux ou trois cubitales ; la tarière est roulée en forme de tire- bouchon dans l’intérieur de l'abdomen; ces in- sectes piquent les plantes pour y déposer leurs œufs ; l'endroit piqué par l’extravasalion des sucs de la séve se développe beaucoup et finit par former une excroïissance ou galle qui renferme la larve ; c’est là qu’elle subit toutes les métamor- phoses; les galles percées d’un trou sont celles d’où est sorti l’insecte parfait; malgré l'enveloppe épaisse qui les entoure, les insectes y sont souvent attaqués sous leur premier état par des insectes de la même famille et vivant à la manière des Ichneu- mons. (V7. Cynrps.) (A. P.) GALLINA. Sur la côte Italique on donne ce nom à plusieurs poissons du genre Trigle; tandis qu'à Nice, c’est celui du Dactyloptère commun, décrit dans notre tome 11, pag. 461. Divers au- teurs ont employé cette expression pour désigner des oiseaux de genres bien différens, tels que l’A- gami, la Bécasse, la Ganepétière , la Gélinotte, le Râle d'eau, et même le Vautour percnoptère. (T. ». B.) & GALLINACÉS, Gallinaccæ. (o1s.) Les oiseaux que l’on réunit sous ce nom sont les poules (Gal- ina, d’où le nom du groupe), les Faisans, les Per- drix, les Paons, les Pintades , les Tinamous, les Mégapodes, etc., auxquels plusieurs auteurs joi- gnent encore, bien qu'ils diffèrent par quelques points importans , les nombreuses espèces de la famille des Pigeons. Etudions d’abord les premiers, auxquels le nom de Gallinacés convient parfaite- ment, parce qu'ils sont en effet, de tous les oi seaux, ceux qui ont avec le coq et la poule les rap- ports les plus nombreux, Tous ces divers genres se font remarquer par leur port ordinairement lourd, leur vol de courte durée, ainsi que la forme de leur bec, qui est} moyennement long et voûté, à narines placées de chaque côté du bec, recouver- tes d’une membrane épaisse, assez molle et tou- jours dénudée. Leurs, pieds sont médiocres, à tarses assez élevés , quelquefois tridactyles lorsque le pouce vient à manquer ; mais le plus souvent tétradactyles. Tous ces oiseaux se nourrissent de graines de préférence à toute autre substance, et ils ont un gésier très - musculeux , doué d’une: puissance si énergique, qu’il peut digérer les sub- stances les plus dures, des noix par exemple , avec leur enveloppe ligneuse. Ordinairement on trouve ce gésier rempli en grande partie de petites pierres que l’on suppose contribuer beaucoup à l’angmenta- tion de ses forces : en effet, la trituration qu’opèrent les muscles, aidés de ces pierres, est un mécanisme: qui prépare et hâte la digestion, mais l’action des. sucs ML GALL FT sucs gastriques est néanmoins indispénsable pour la compléter; on doit même admettre que le phé- nomène. s’opérerait également malgré l'absence des pierres : en effet, Spallanzani à vu qu'il en était ainsi non seulement chez les oiseaux qui n’ont avalé qu’une très-faible quantité de ces corps, mais aussi chez ceux qui, élevés à part et surveillés depuis leur sortie de l'œuf jusqu’au mo- ment où le célèbre physiologiste les soumettait à ses expériences, n’avaient par conséquent aucune pierre dans leur intérieur. Les mœurs des vrais Gallinacés offrent quelques particularités dignes d’être remarquées. Ges oi- seaux sont ordinairement polygames , c’est-à-dire que les mâles sont moins nombreux que les femel- les, et qu’ils ont en même temps plusieurs de ces dernières qui les suivent et qu'ils protégent contre les attaques des animaux nuisibles, en même temps qu’ils ne les laissent point approcher par les autres mâles de leur espèce. Les femelles, comme il ar- rive toujours dans le cas de polygamie, pondent un nombre plus ou moins considérable d'œufs, qu’elles couvent seules sans que les mâles parta- gent jamais les soins de l’incubation. Comme elles sont granivores , il leur est facile, en se plaçant au milieu des champs de graminées , de se procu- rer une nourräure suflisante sans avoir besoin de s’écarter beaucoup de leurs œufs, et par suite de les priver long-temps de l’incubation. On sait que chez les espèces insectivores ou carnivores qui trouvent leurs alimens avec plus de difficultés , le mâle remplace la femelle pendant qu’elle est en chasse, condition qui est’ de toute nécessité; car, pendant l’absence de la femelle, les œufs se refroi - diraient, et le développement vital s’arrêterait si le mâle ne continuait à entretenir dans le nid une chaleur convenable. Les Gallinacés déposent or- dinairement leurs œufs dans quelque trou pratiqué à la surface du sol, dans un creux quelconque, qu'ils recouvrent de paille ou de quelques herbes sèches ; mais ils ne construisent pas un véritable nid. La grande fécondité de ces oiseaux, encore - augmentée par une abondante nourriture , et un des principaux avantages que nous procurent les espèces domestiques. Tous ces animaux voyagent peu, et il n’en est qu’un petit nombre qui se livrent à des expéditions d’outre - mer. C’est qu’en effet leur appareil du vol ne leur permet pas de faire de longs trajets sans se reposer ; les ailes sont le plus souvent courtes et obtuses, et le sternum est remarquable par son peu de solidité. Les Gailles, qui entrepren- nent chaque année de longues traversées, ne les exécutent qu’en se faisant supporter par le vent, et sans le procédé ingénieux qu’elles mettent en usage , il leur serait véritablement impossible de réussir dans leur entreprise. Les Gangas et les Sirrhaptes ou Hétéroclites voyagent au contraire presque constamment ; aussi leurs ailes sont-elles allongées et plus aiguës, c’est-à-dire à première rémige la plus longue, et leurs muscles pectoraux ont-ils un grand développement, caractères qui tendent. à les faire rapprocher des Pigeons. Il n’est Towe III. 321 201° LIvBAISON, GALL point parmi les oiseaux qui nous occupent d’espèce véritablement cosmopolite ; la Poule et le Dindon, qui se trouvent maintenant presque par toute la terre, y ont été portés par l’homme, mais ne s’y trouvent pas naturellement; les genres eux-mêmes occupent une circonscription ‘territoriale dont ils ne semblent pas s'éloigner; c’est ainsi que les Coqs sauvages ct les Faisans sont de l'Asie, ainsi que les Lophophores, les Paons, etc. ; les Dindons, les Hoccos, les Colins, les Tinamous, etc., d’Améri- que, et les Pintades du nord de l'Afrique. Quel- ques petils genres, tels que ceux des Gailles, sont de tout l’ancien monde ; quelques autres se trou- vent dans les deux Amériques; mais il n’en est qu’un très-pelit nombre qui soient véritablement de l’ancien continent en même temps que du nouveau. C’est dans l’intérieur des terres, au milieu des bois, dans les plaines, les rochers ou les montagnes, que se tiennent ces oiseaux; on les voit souvent à terre, et ils aiment à s’y re- poser, grattant tout aulour d'eux le sol, et se roulant avec une sorté de plaisir dans la pous- sière qu'ils produisent; c’est cette’ habitade qui leur a fait donner le nom d’oiseaux pulvérateurs ou pulvérulateurs. Le genre Chionis, que plusieurs ornithologistes modernes rapportent à l’ordre des Gallinacés, est, au contraire , remarquable par l'habitude qu’il a de vivre, en mer, sur les rochers qui bordent certains archipels de l'hémisphère austral. La taille est assez variable parmi les ‘oiseaux gallinacés; tantôt assez considérable, comme chez les Paons, les Dindons, etc., elle est d’autres fois fort réduite, comme chez les Golins, les Gailles, ou les Attagis; mais le plus souvent elle est moyenne , et ne s’éloigne pas de celle des Perdrix, des Gangas; des Tinamous, etc. Le plumage n’est pas moins varié, et souvent il emprunte des or- nemens qui ne le cèdent en rien au brillant mé- tallique et aux reflets chatoyans des passereaux les plus élégans ; les Paons et les Eperonniers ont la queue émaillée d’ocelles métalliques; les Lo- phophores, aux superbes reflets, sont surtout re- marquables sous ce rapport, etnous prouvent assez que c’est bien à tort que l’on a dit que les plus pe- üts oiseaux sont aussi les plus brillans. D’autres, moins riches, moins resplendissans dans leurs cou- leurs, offrent cependant des mélanges fort gracieux de rouge, de violet, de noir , etc. , ce sont les Per- drix , les Colins, etc.; ou bien ils sont caractérisés, comme les Hoccos, les Pauxis et quelques autres, par une teinte uniforme, mais toujours remar- quable par sa netteté, si elle ne l’est, comme chez le Dindon ou le Hocco, par sa vivacité. Toutefois les mâles paraissent avoir seuls le privi- lége de ces brillantes parures ; et chez les Gallina- cés comme chez les autres oiseaux, les femelles ont toujours des couleurs ternes et très-souvent grisâtres, Elles manquent aussi des ornemens di- vers, huppes, caroncules, et autres qui se déve- loppent chez les mâles : il semble que les forces nutritives se soient toutes refoulées intérieurement, et qu’elles aient été appelées vers les organes de “ GALL la génération pour subvenir à la prodigieuse fécon: dité de ces oiseaux! Gette manière de voir, qu’on pourrait regarder comme hypothétique, est: parfaitement confirmée par l'observation de ces femelles de Faisans qui révêtent Ja brillante parure des mâles et tous les ornemens de leur plumage lorsqu'elles ont cessé de pondre. (Voyez l’article Faisan.) Cuvier, comme nous l'avons dit, ne fait qu’un même:ordre des vrais Gallinacés et des Pigeons ; mais cependant cés animaux ; quoique liés:entre eux par les Gangas, les Attagis et les Chionis, paraissent destinés, ainsi que l'ont établi la plu- part dés ornithologistes ; à former deux ordres dif- férens : non seulement ils n’ont pas la même or- ganisation , mais-encore leurs mœurs n’ont aucan rapport ; ainsi les Pigeons vivent constamment par paires, el leurs petits, au nombre de deux seule- ment, au lieu d’être déjà forts et de pouvoir marcher ainsi que ceux des Gallinacés lorsqu'ils éclosent, sont faibles , incapables de mouvemens de translation, et ils ont encore besoin pendant long-temps qe leurs'parens les nourrissent et leur procurent une chaléur sulflisante ; les jeunes Gal- linacés courent au contraire dès qu'ils ont brisé leur coquille; ils suivent leur mére et ramassent eux-mêmes les alimens dont ils ont besoin. Cette difficulté une fois mise de côté , la elassi- fication des Gallinacés est peu embarassante; ear ces oiseaux peuvent être très-nalurellement par- tagés en familles , parmi lesquelles les mieux éta- blies sont celles des Wégapodidés (Mégapode , Ta- légale, Alecthélie, auxquels on peut joindre aussi, comme le fait Isid. Geoffroy, le Ménure ou Oiseau lyre) ; Tinamides (Tinamou, Eudromie, Rhyn- cote); Attagidés (Attagis, Tinochore, Ghionis); Per- dicidés (Perdrix, Gaïlle, Golin) ; Gangas (Ganga, Hétéroclite) ; Faisans (Faisan, Goq, Houppifère) ; Paons (Eperonnier , Paon, Dindon ) ; Méleagrides ou Pintades Hoccos (Hocco ; Pauxi);et quelques aulres familles moins nettement circonscrites. Voyez les divers mots Coo; Farsan, PEr- DRIx ; etc, etc: | L'ordre des Gallinacésest considéré par Guvier, qui admet sixordres, comme formant le quatrième. Il doit être placé entré les Passereaux d’une part, auxquels il est lié par les Pigeons et les Gan- sas, et les Echassiers de l’autre, qui semblent se confondre avec lui par les Autraches, les Outar- des ét quelques autres genres que de Blainville réunit pour cette raison sous le:nom ide>Gallino- gralles. (Genv.) GALLINSECTES (1xs. ) Farnille d’Hémiptères, section des Homoptères, offrant pour'caractères : up seul article aux tarses ‘et: un seul crochet au bout; äntennes'en formede filou dé sôiezle mâle! est'ailé, mais n’ayankque deux ailes ée recouvrant en toit sur le corps; ilmanque de bouche et/son abdomen. est terminé par deux soies: la femelle, au contraire; est aptère, mais munie d’une bouche comme les autres! Hémiptères. Voy.! Gocnenniie. ir ti ve {AP GALLINULES ou POULES D'EAU, Singes 522 8 qu’en Europe. GALE (ors:) Les Poules: d’eau, que Brisson , Latham et la: plupart des: ornithologistes appellent Gallinules, du latin gallinula, diminutif de gallina-ont recu, de Lacépède le nom'°d’Æydrogallines ; ‘qui n’a point prévalu, quoiqu'il indique mieux leur na ture. Ce sont des oiseaux aquatiqués que l’on ren: contre sur une grande partie de la surface du globe, aa milieu des marais, des rivières et des canaux , oùils réchérchent les vers , les insectes, les mollusques et même les petits poissons ainsi que les graines de quelques végétaux. Dans quel- ques contrées, les Gallinules sont voyageuses, mais dans d’autres elles sont sédentaires : pendant le jour elles se tiennent retirées au milieu dés ro= seaux, et ce n’est guère que le soir ou le matin au lever du soleil qu’elles se mettent en mouvement ; elles sont ‘très-défiantes et savent éviter le chas- seur avec beaucoup d'adresse. Leurs nids, qu’elles placent danses endroits les plus rétirés, renfer- ment sept où huit œufs-que le mâle et la femelle couvént alternativement; les petits courent ef nagent dès qu'ils sont éclos , et comme ils prennent un accroissement rapide, chaque couple de Galli- nules fait ordinairement deux et souvent trois couvées par années. Ges oiseaux ont le plumage rigite, la queue courte et les aïtes à première et deuxième rémiges plus longues ; leurs tarses sont allongés èt terminés par des doigts qui sont eux-mêmes fort longs et légèrement bordés; le bec est médiocrément élevé, droit, robuste: les narines, percées en scissure oblongue sur ses côtés, sont toujours dénudées, ainsi que la base du bec, ef arrière de laquelle existe une plaque frontale plus développée chez les sujets adultes que chez les jeunes. Lés espèces de ce genre ne sont pas très-nombreuses, et il en est plusieurs parmi elles qui sont encoré douteuses. Nous cite- rons, parmi celles étrangères à l'Europe, la Poule d’eau des Indes, Gallinula phæœnicura, figurée dans les planches enluminées de Buffon, n° 896, sous le nom de Poule sultane dela Chine. Elle est noire avec le dessus du corps blanc et le croupion ferrugineux. On la trouve à Geylan, à Java, Pon- dichéry, etc. Pouzx D'EAU TACHETÉE , Gall, nævia , Gm. Son plamagé est d’un gris-roux varié et finement rayé de brun en travers, avec les ailes brunâtres cer- clées de brun, et la gorge brune ; c'est un oiseau dé Manille (Philippimes).. La Pôuse D'Eau commune, Gall. chloropus , la seule des espèces du genre qui se trouve en Eu- rope, mérite plus qu'aucune autre d’être men- tionnée. Elle existe dans plusieurs contrées fort éloignées les unes des autres, en Amérique par exèmple, ainsi qu'en Asie et en Afrique, aussi bien mise Pappélait ÆFulica chloropus (voy. Fourous), et Buffon, qui l’a décrite dans son Histoire neturelle, l’a représentée à la planche 857 de ses enlüminures. Le mâle parfaitement adulte ‘st long de douze à quatorze pouces ; sa tête, sa gorge, son cou et toutes les parties infé-" rieures sont d’un. bleu d’ardoise; le dos est brun- ! olivâtre foncé; les flancs d’aniblanc pur, ainsi/que 4 GALV le bord :extérieur de: l'aile, et les couvertures.inx férieures de la queue; la base.du bec,et la large plaque frontale sont, au:contraire.d'un rouge vif, et les pieds d’un vert jaunâtre. La femelle a seule- ment les nuances de:son, plumage un peu. plus claires, mais les jeunes diffèrent beaucoup des adultes. Les contrées de l’Europe où ces.oiseaux abon- dent le plus sont la France, l'Italie et lAlle- magne; ils émigrent dans quelques endroits et sont sédentaires dans d’autres. Leur nid, grossiè- rement entrelacé d'herbes et de joncs amonce- lés,est caché dans les roseaux, et leur ponteest de cinq à huit œufs d’un blanc cendré, parsemés de petites taches rougeâtres. Temminek place encore parmi les :Gallinules quatre autres. espèces européennes , le Razr Des GENèTs, Gallinula crex , Lath.; la MaroOuETrE, G. porzana , Lath.; la Poue D'EAU poussin, Gall. pusilla, Bech. (/allus pusillus, Lath.), ainsi que la -Pouze D'Eau Baizzon, Gallinula Baillon,, Vieill Voy. l'art. Rauze. Toutes les quatre man- quent de plaque frontale. (Gerv.) GALLITE, Ælecturus. (ois.) Vieillot nomme ainsi un groupe de Passereaux de la famille des Gobe-mouches, dans lequel il ne place qu’une seule espèce, le Gallite de D'Azara ou Petit-Cogq;, qui vit au Brésil et au Paraguay. Temminck, :pL col. 155 , représente et décrit cet oiseau ‘sous le nom de AMuscicapa alecter. (Genv.) GALUCHAT. (porss.) C'est le nom donné. à l’une des espèces du genre Pastenague, (Foy. PASTENAGUE.) (Azpu. G.) GALVANISME. On a donné cenom à l'électri- cité qui. se développe par la seule superposition de certains, corps ; c'est-à-dire sans frottement , sans chaleur ou sans percussion. Ce nom. doit son ori- gineàd Galvani, célèbre physicien de Bologne, qui, le premier, fit, en 1798,.connaître les phénomènes de celte espèce d'électricité, s’il ne fut.pas le premier à les apercevoir. Voici ce qu'on a raconté partout des circonstances de cette découverte, à peu près duesau hasard, Galvani faisait un soir des expé- riences dans son laboratoire , avec plusieurs phy- siciens. Des grenouilles écorchées et destinées à la confection d’un bouillon étaient rangées sur une table auprès d’une machine électrique, et assez éloignée du conducteur électrique. Un des élèves du professeur ayant approché un scalpel des nerfs cruraux internes de l’une des grenouilles , les muscles de.la jambe entrèrent en convulsion. L’épouse de Galvani s’apercut que ce phénomène concourait avec le dégagement de, l’étincelle.élec- trique;elle en avertit son mari, qui vérifia l’expé- rience. Galyani partit de :cette première -observa- tion pour entreprendre une série de recherches sur l’excitabilité des organes musculaires. Il sus- endit un jour plusieurs grenouilles, tuées . et écorchées , à un balcon de fer par, des crochets de cuivre attachés à leurs nerfs lombaires. Aussi- tôt Jeurs membres, qui, posaient aussi en, partie sur ce fer... entrèrent, en: convulsion.; et, le phéno- mène se répéta autant,de fois.qu’on réitéra.le con- 525 GALV tact. Galvani chercha à mieux apprécierles prin- cipales conditions dé ce phénomène: il vit que si on (posait l'animal sur une plaque de fer, ilsuffi- sait d'appliquer sur ;ce. fer le: crochet de cuivre | pour déterminer des convulsions. Il reconnut en- suite.que tout se néduisait à établir entre les mus- cles et les nerfs de la grenouille une communica- tion par un arc métallique. Il vit «encore que les convulsions s'excitaient quand cet arc était d’un seul métal, mais qu’elles étaient alors très-rares et très-faibles; tandis qu’on les rendait fortes et durables en employant le contact de deux métaux différens. Getie condition remplie ; on pouvait compléter la chaîne de communication par des substances quelconques, pourvu qu’elles fussent conductrices de l'électricité. Il fit placer danscette chaîne d’autres parties animales, et même des personnes vivantes qui se tenaient par la main : les convulsions se manifestèrent encore. On répète de plusieurs facons l'expérience de Galvani; mais la plus ordinaire consiste à couper transversalement une grenonille.de manière à iso- ler une portion dela colonne vertébrale , le bassin et les cuisses, que l’on dépouille dela peau qui les recouvre; on place celte partie du corps de l'animal, ainsi préparée , dans le voisinage d’un conducteur électrisé, d’où l’on soutire des étin- celles , et , si à chaque explosion on a:soin de tou- cher les nerfs lombaires avec une substance con- ductrice de l'électricité, on remarque aussitôt des mouyemens convulsifs très-prononcés dans les cuisses dela grenouille. Galvani pensait que les substances métalliques employées servaient uni- quement à mettre en mouvement un fluide que l’on, nomma d’abord Electricité animale, puis Fluide galvanique, Mais on fut bientôt conduit par l'expérience à penser que ces phénomènes pou- vaient, bien n’être que des effets électriques. Gette opiuion-resta sans, solution complète jusqu’au mo- ment où Volta prouva que le contact de métaux hétérogènes, était. la source d’uneélectricité dont l'influence. se maniféstait au moment de son pas- sage au travers des-organes animaux. Et-c’est en multipliant les élémens producteurs de l'électricité que ce dernier physicien parvint à obtenir un ap- pareil susceptible d'exercer des attractions et des répulsions , capable de fournir des. étincelles, et assez puissant pour faire éprouver des secousses , analogues à celles que produit la bouteille de Leyde. Et cet appareil, qu’on reconnut depuis doué, d’une puissance chimique à laquelle bien peu de corps résistent, est devenu,un des meilleurs moyens d'analyse, Nous renyoyons. tout ce qui pouvait ici trouver place sur ce sujet , au mot Pise pe Vorra. C’est également à ce mot que nous placerons l'examen des effts.du Galvanisme sur les corps bruts, comme sur l’organisation animales Ce renvoi nous paraît indispensable pour éviter d’inutiles répétitions. (P. G.) GALVANOMÈTRE. (rnvs. ) Cet instrument, imaginé par Schweigger est destiné à apprécier les quantités d'électricité développées par la Pile galvanique. Becquerel s’est beaucoup servi de cet ‘ ER D EE GAMB 324 GAND instrument pour faire ses belles expériences sur le développement de l'électricité dans les combinai- sons chimiques. (F.F,) GAMBIE, (a£ocr. PnYs. ) Grand fleuve de l’A- frique occidentale, où il est connu sous le nom de | Bä-Diman. Il prend sa source par 10 degrés 36 minules de latitude septentrionale , et 13 degrés 38 minutes de longitude occidentale, dans le Fouta-Dialon, à peu de distance de la ville de Timbo et de la source du Rio-Grande ou Comba, au pied d’une chaîne de hautes montagnes, qui donne plus bas, du côté oriental, naissance à la Falémé et au Sénégal, proprement dit Bâ-Fing. Pendant quelque temps, la Gambie roule ses caux, extrêmement limpides, entre deux rives peu élevées, au milieu de vastes prairies ver- doyantes que terminent, sur les deux flancs, de longues montagnes arides. Après une course de plus de quarante myriamètres, la chaîne de gauche force les eaux à se replier sur elles-mêmes et à descendre presque à la hauteur de leur source ; mais bientôt un nouvel accident du sol les oblige à remonter du 1 1° degré de latitude au 15° N. degré 23 minutes et 4o secondes. De là elles s’inclinent vers l'Océan, où elles s’engloutissent par plusieurs embouchures, entre le cap Rouge, le cap Marie et les rochers sur lesquels est assise la petite bourgade Joal, au milieu des sables d’une côte très-basse, presque sans pierres, et comme la prolongation du grand désert de Sahara. L’on a long-temps regardé ces diverses embouchures comme autant de fleuves particuliers ayant une existence individuelle. La Gambie traverse les pays de Fouta, de Bondou, le désert de Tenda, les états du Oulli, du Saloum, de Badibou et de Barra. Ses bords sontx peuplés d'Eléphans , d’'Hippopotames , de Rhinoctros, de Singes d’un mètre et demi de haut, de Hyènes, de Panthères, de Tigres, et de troupes innombrables de Gazelles et d’oiseaux d'un plumage varié, dont les voix mélodieuses soulagent des hurlemens prolong's des animaux sauvages. Des Baobabs aussi vieux que le monde, des arbres touffus, très-élevés ét d’une grosseur remarquable, se courbent parfois sur le lit du fleuve; d’autres fois, ce sont des plaines immen- ses et stériles, ou bien couvertes d'herbes hautes et touffues; le plus souvent , on traverse de longs amas de rochers granitoïdes ou ferrugineux entre lesquels l’eau s'ouvre passage , et à des distances plus ou moins rapprochées, principalement où le sol, formé par des alluvions, ést d’une fertilité merveilleuse, on rencontre des villages pittores- quement situés. Ces villages, sont composés de cases régulièrement bâties, hautes de deux mètres et assez semblables à notre ruche villageoise. Ils sont habités par des familles généralement aisées , industrieuses. La nature déploie autour de ces villages son luxe et sa magnificence; les Bananiers, l'Igoame ailée, le Dattier , le Palmier, l'Oranger et le Chiou arbre à beurre protégent sous leurs vertes ogives des hommes d’une haute stature , simples, confians et crédules à l’excès, des fem- mes aux formes élégantes, pleines de tendresse et de prévenances , se livrant gaîment à la culture du riz, du doura , du maïs et du blé, qui mon- tent à deux et trois mètres, ou bien à la garde des troupeaux de vaches, de chèvres et de mou- tons. Le fleuve n’a pas toujours une marche régulière; plas il s'éloigne de sa source, plus il fait, comme je viens de le dire, de nombreux coudes, plus il roule de cascade en cascade avec un bruit affreux; plus son lit se creuse profondément ici, à il est au niveau du sol; mais dès qu'il a reçu les eaux du Nerico, qui descendent, à partir deBaracota, selon la remarque de Labat, d’une part dans la Gambie, et de l’autre vont se perdre dans le grand fleuve du Sénégal, les rives de la Gambie s’élargissent considérablement ; son lit devient profond et va- seux , et comme la marée refoule sans cesse ses eaux de l'embouchure à Barraconda, elles sont susceptibles de porter vaisseaux depuis le 19° de- gré de longitude O. jusqu’au 16° degré, c’est-à-dire pendant l’espace de vingt-deux myriamètres. Au dessus de Barraconda, la Gambie est barrée par des bancs élevés de rochers : cette cataracte inter- rompt son cours et rend sa navigation pénible. C’est à G. Mollien que nous devons, depuis 1818 , la connaissance topographique du lieu d’où sort la Gambie, et d’une partie des pays qu’elle ar- rose ; les autres renseignemens sont dus à Mungo- Park, à Durand et aux frères Lander. Ils parurent insuflisans à Bowdich qui, durant son séjour dans Icpays desAshantées (voy.au motGuinée), recueillit des renseignemens importans et nouveaux pour la géographie de l'Afrique intérieure , et s'était ou- vert partout des relations précieuses pour la con- quête morale et scientifique de cette contrée, la moins connue du globe. Ce naturaliste intrépide , auquel je dois beaucoup de matériaux sur l’Afri- que, s'élait proposé de suivre pas à pas la Gambie, de la remonter jusqu’à sa source; il avait déjà dépassé la seconde cataracte , après des fatigues inouies , quand la mort mit un terme à sa vie ac- tive , à son zèle indomptable , le 10 janvier 1824. (TRS GANDASULI, Hedychium. (mor. PHan.) La plante que Rumph a figurée sous ce nom dans sa botanique de l’île d’Amboine , appartient à la fa- mille des Scitaminées , Monandrie monogynie, L.; ses caractères distinctifs consistent dans un pé- rianthe double : l’extérieur (calice) monophylle, très-court, fendu longitudinalement; l’intérieur (corolle ) à tube long, grêle, se terminant par un limbe légèrement labié, à six divisions inégales , dont l’une, en forme de labelle, plus large que les autres, échancrée et colorée en jaune; une anthère à deux lobes, située au sommet d’un filet charnu et géniculé; un style filiforme , très-long , passant entre les deux lobes de l’anthère. Le fruit, que l’on ne connaît pas, doit être une capsule à trois loges et polysperme. Ce genre, qu’on à quelquéfois réuni au Kæpferia , se distingue seu- lement parce que le filet de son anthère ne s'étend | pas au-delà de celle-ci ; il est également très-voisin … À PU app. L, Cuerin dr 3. Gastérostee Lis "7: À | tr 0 Gares É Elie 1 GANG 825 GANG de l’Alpinia ; mais le tube de sa corolle ést beau- coup plus allongé. “ Le Ganpasuzr À Bouquets, Zledychium conona- rium, Kœnig, a été long-temps la seule espèce’ connue du genre ; elle a des tiges de deux à qua- tre pieds; des feuilles ovales aiguës, velues en dessous ; ses fleurs, groupées en bouquets, sont d’un blanc jaunâtre , et répandent une odeur très- suave. Huit ou dix autres espèces de Gandasulis ont été, depuis Rumph, découvertes dans l’Inde; entre autres, mous citerons le GANDASULI À FEUILLES érroires , Hedychium angustifolium , nouvelle espèce décrite par Roxburg, dans sa Flore de Co- romandel, et beaucoup plus belle que sa sœur aînée ; ses fleurs, disposées en long épi terminal, ont leur corolle d’un rouge orangé foncé, avec une étamine écarlate. Elle est de serre chaude, et demande une terre de bruyère, mêlée de terre d'oranger ; comme elle ne fructifie pas chez nous, on la multiplie de rejetons. (L.)' GANGA, Pterocles. (o1s. ) Ge genre, que Tem- mink nomme en latin Pterocles , et que Vieillot ap- pelle Ænas, avait déjà reçu deBrisson la dénomi- nation de Bonasia; Latham a confondu les espèces qui le composent avec celles du genre Perdrix, et Linné en a fait des Tétras; cependant les Gangas méritent à tous égards d’être distingués des uns et des autres; ils paraissent destinés à former une famille intermédiaire aux Pigeons et aux vrais Gal- linacés , avec lesquels beaucoup d’auteurs les pla- cent. Cette opinion, professée depuis long-temps par de Blainville, a été rendue incontestable par un mémoire de ce savant naturaliste, lu à l’In- stitut en 1829. Ayant eu occasion d'étudier le Ganga cata, ou Gélinotte des Pyrénées, de Blainville reconnut que ses mœurs diffèrent beaucoup de celles des vraies GÉLINOTTES ( voyez ce mot), et que, de plus, son appareil du vol l’en distingue parfaitement. Les ailes sont en effet sur-aiguës, c'est-à-dire à première rémige la plus longue, et le sternum se rapproche entièrement par la forme de ses échancrures de celui des Pigeons, aussi le vol est - il rapide et'tonjours élevé. Néanmoins les Gangas ne doivent point être confondus avec ces derniers oiseaux; cars’ils ont leurs aïles, leur ster- num et quelques unes des particularités de leurs mœurs, ilsontaussi de commun avec les Gallinacés la forme de leur bec et de leurs doigts, ainsi que leurs pontes nombreuses. Leurs caractères peuvent être ainsi résumés : bec court, robuste, convexe, plus court que la tête ; yeux bordés d’un repli nu el lisse; narinés basales, semi-lunaires, recou- vertes en partie par les plumes du front; tarses courts, poilus en devant, à pouce rudimentaire et doigts antérieurs courts et nus ; ailes longues, poin- tues, à rémiges graduées , la première étant la plus lougue de toutes, sui ERs On trouve les Gangas dans une grande partie de l'Europe méridionale et de l'Asie, ainsi que dans presque loute l'Afrique. Mais ils sont incompara- blement plus nombreux dans cette dernière con: trée que dans la première , où l’on trouve seule- ment le Ganga cata, et quelquefois aussi le Ganga unibande, Les Grecs appelaient Attagen le Ganga cata. On peut établir deux petites tribus parmi ces oiseaux, suivant qu'ils ont la queue terminée ou non par de longs filets. | TL. Gangas dont la queue est conique , légèrement arrondie, médiocre et non terminée par de longs filets. GANGA UNIBANDE OU DES SABLES , Pterocles arena- rius. Get oiseau, qui est le Dsherdk des Tatares et que Pallas nomme Poule des Steppes , est un peu plus gros qu’une Perdrix ; sa longueur totalé varie de douze à quatorze pouces. Il a la tête et le cou cendrés , la gorge fauve avec un triangle noir au milieu du cou, le dos varié de blanc, de brun et de jaune, la poitrine blanche et le ventre noir ainsk que l'anus. Il a été d’abord observé par Pallas , sur les bords du Volga, où il recherche les graines d’as- tragale ; puis on l’a retrouvé en Barbarie, au Sé négal , etc. En Andalousie et dans quelques autres provinces de l'Espagne, où on l’observe assez sou vent, il est connu sous le nom de Charra. La fe melle dépose dans un trou sur le sable ses œufs ,' qui sont blanchâtres et au nombre de quatre ou cinq. x GANGA BIBANDE OU A DOUBLE COLLIER, Pterocles bicinctus , Temm. C’est une espèce de la Cafrerie, de la Guinée, etc., où elle vit, pendant une grande partie de l’année, par compagnies composées des parens et de la couvée ; c’est au moment des amours que la séparation s’effectue. Chaque cou- ple s’occupe alors de la multiplication de l'espèce et conserve près de lui sa famille jusqu’à ce que les petits soient capables de se reproduire. Le Sénégal produit le GANGA QUADRIBANDE , PE. quadricinctus, Temm., et la Nubie les Gancas Licntenstein, Pt. Lichtenstenit, et couronné , co- ronatus. | Il, Gangas à queue conique, aiguë, et dont les deux rectrices moyennes se terminent en filets minces et déliés. Nous citerons en premier le GanGa caTa, où DES PYRÉNÉES, Plerocles setarius où Ælcata, re- présenté dans notre Atlas, pl. 171, fig. 1. Ê Les noms de Cata, Kata, Chata, ou Alcata , sont ceux qu’il porte chez les Arabes ; dans le midi de la France, tn l’appelle Grandoul, Angel, etc. C’est un oiseau qui habite les pays incultes ct rocail- leux ;'il est surtout très-commun en Espagne, en Sicile, et dans le Levant ; on assure qu’il est ausst très-abondans en Perse : en France, il est beau- coap plus rare et ne s’observe guère que dans nos départemens du sud-est, où on le voit arriver de temps à autre, mais sans régularité; les Pyrénées, les landes stériles qui les bordent dans quelques parties , et les côtes de la Méditerranée, en possè- dent un plus grand nombre. La nourriture que les Catas aflectionnent consiste en semences ct en in- sectes. Le nid de ces oiseaux est toujours placé à terre parmi les pierres ct les buissons; la femelle y dépose quatre ou cinq œufs. Les mâles, longs de dix pouces six lignes, sans compter l’excédant des filets, qui varie, ont Ja nn GANG GANG os gorge ndire, les côtés de la tête et:le dévant'du: cou d’un! cendré jaanâtre; des petites et'les moyën-) nes couvertures marquées obliquement de rouge-) marron, et terminées par un'crôissant blancsfles grandes .covertures. sont d'un cendré:elivâtre ;,; terminé par des croissans noirs , et: lès couvertures inférieures de laqueue d’un blanc pur; les pennes de la queue terminées de blanc, avec les deüx mé- dianes plus longues; la femelle: offre quelques. dif- férences, et les jeunes mâles ; avant la première mue , ont le plumage plus jou moins bigarré avec les parties supérieures -d’un olivâtre nuançé de cendré, et les flancs, ainsi,que-l’abdomen, coudés de zigzags jaunâtres.et bruns, au lieu d’être-surun fond blanc, comme chez les adultes, : GanGaA N4MAQUOIS où VÉLOCIFÈRE , Pterocles gub-| talus, tachypetes, elc: Get.oiscau , dont il est sou- vent parlé dans les Voyages de Levaillant, habite au milieu des déserts de l'Afrique , et se tient aux environs des sources, qu'il.ne quitte qu'à l'époque des pluies. IL se nourrit de graines et aussi d’in- sectes , et fait son nid sous quelque:touffe d'herbes ou dans les broussaïilles ; sa ponte est de quatre ou cinq œufs d’un vert olivâtre, marqués d’un grard nombre de taches noires , et ressemblant aux œufs des vanneaux d'Europe. Le Vélocifère.se trouve depuis l'Égypte jusqu’au Cap.Dans celte dernière partie de l'Afrique, les Hottentots le nomment Namaquas patrys, c’est-à-dire Perdrix des Nama-, quois. IL a la tête et le cou d’un roux: flammé-de noir, avec le ventre et les ailes roux et variés de raies-noires. Sa rencontre au! milieu des déserts est souvent , pour le voyageur:altéré,, l'indice de quel- que source voisine. (Genv.) :GANGE.(abocr. ruvs. )Ce!fleuve,-dont les eaux, ainsi que nous l'avons dit ailleurs, sont, depuis la plus haute antiquité, regardées comme: sacrées! parmi les Hindous, est le plus considérable de Tlade:: ‘aussi les Hindous Jui donnent:ls le nom de Boura- Ganga, fleuve par.excellence. Il doit son origine à deux rivières importantes, l’Ældknanda et le Bhaglirathy. Gette dernière, qui prend’sa source dans la chaîne de.J’Himalaya à 15,8oospieds anglais au dessus du: niveau de l'Océan , est géné- ralement considérée comme le vrai Gange, tandis que le Daouli:, plus considérable.et venant.de plus Join, devrait, d’après Hamilton, en être regardé comme la source principale. Dans les monts Himalaya, le Gange se jetié d’une hauteur de 2 mètres dans: un grand bassin nommé la Bouche de lu vache ; que-ses eaux ont:creusé , et où les pélerins hindous vont, puiser les eaux répu- tées sacrées. Le bassin que parcourt le Gange:al40o lieues de longueur en ligne droite et 230. 1de largeur. Parmi ses nombreux affluens :on cite la Gogra, partant du versant méridional de l'Himalaya , et formant la célèbre cascade de Kanär ; et le Gan- dak où Gondok; qui prend sa source dans les mé- més montagnes et qui a environ 160 lieues :de cours. | Le Gange est soumis comme le Nil :à des crûes périodiques, et, comme le fleuve d'Egypte;:ces crues sonb produites principalement: par les pluies qui tombent dans les montagnes voisines deses sources. Vers lafin d’avrilocommente:lasaison:des pluies; mais c'est dans les-derniers ,jours'de. juin. que:les: eaux du fleuve montent dequinze à seize. pieds, ce qui est à peu près là moitié de leur: ac- choissement total, Gelte augmentation s’annonce par degrés insensibles : dans la première:quinzaine elle n’est que d'environ un pouce par jour, puis de 3 pouces, et lorsque les pluies tombent dans les plaines du Bengale , la crue est de cinq pouces par jour; enfin c’est versla fin de juillet que toute la plaine basse qu'arrose le Gange est inondée sur un espace -de plus de 40 lieues de largeur. Vers le:mois d’ectobre, il rentre dans son it ordi- naire et laisse. un limon fertile sur le sol qu'il a inondé. La profondeur de l'inondation varie sui- vant-le niveau du terrain ; généralement. .elle «est de plus de 12 pieds. Lorsque linondation est gé- nérale,on distingue le cours du:Gange par la ra- pidilé du courant et par lavase.qu'il éharnie. Jusqu'à son confluent avec la Djemnah ; le Jit du Gange n’a guère que 700 à 800 toises de Jlar- geur : apnès avoir recu le Gondok, ik:est large d'uncjlieue. Aux deux tiers de son cours,que l’on estime être de.585 lieues , il:a 30 pieds. de profon- deur à l’époque des basses eaux.-Il conserve cette profendeur jasqu’à.son embouchure, où il se par- tage en plusieurs branches. Sa pente; générale est de 27 pouces par Jieue ; maisses simuosités sont :si.considérables qu'elles la réduisent x 12: Dans la saison sèche , le terme moyen deisa vitesse est de plus. d'une. dieue ipar, heuré; dans lasaison des pluies’et pendant: que. ses-eaux abändonnent les terres inondées , elle, est, d'environ :2 1lieues par hétire;; et dans certaines localités de .henes 1/2. Onestime! à 80,000 pieds cubes «par iseconde la ,quantité.d’eau que:le Gange verse dans l'Océan pendant les sécheresses, à 405,000 celleoqu'il y porte-pendantla.durée;de ses crues ,.età 180,000 ‘la quantité moyenne de l’année, il De'même que le-Nil nourrit.un Crocodile parti- culier (Crocodilus.champsès)., ‘de même aussi de Gange nourrit one autre! espèce qui ‘porte son nom.(Crocodilus gangeticus), qui se distingue par sonrbec,allongé, etquisest connue aussi-sous-ladé- nomination de/ grand Gavial,ies anciens Egyp- tiens vénéraient,le Grocodile.du Nil,.etiles Hindous regardent encore comme sacré le Crocodile du Gange. Les bords de ce fleuve sont fréquentés aussi par d’autres animaux : le Tigre.se cache au milieu desroseaux qui croissent, sur ses rives maré- cageusés; le Ghacal, qui parcourt ses bords la nait, y fait entendre son cri lugubre; il vient, sy rafraî- chir et.se répaître des cadavres qu’il y trouve.en grand nombre, parceque les eaux de ce fleuve sont pour les pieux Hindous la sépulture: sacrée. Ces cadavres infecteraient l'air brûlant et humide que. l’on respire sur »ses rives, s'ils n'étaient la proie du Ghacal et d’une grande quantité de Vau- tours, de, Corbeaux et d’autres oiseaux de proie qu’une pâture abondante y attire. _Les bienfaits.que répand cefleuve-par ses ferti- 0 GANT lisantes ‘inondations, la salubrité de ses eaux, l'aspect majestueux que présente son cours , tout excuse les honneurs divims que lui'ont voués, de- uis les temps les plus reculés, les superstitieux habitans de l'Inde: L 09 JS.) GANGLIONS , Ganglio: (z001.) On dônne le nom de Ganglions ‘àdes ‘espèces de nœuds ou de tubercules d’un volume; d’une texture. et d’une consistance variables , enveloppés constamment dans une membrane qui leur sert de capsule et formés essentiellement soit par des filets nerveux , soit par des rameaux vasculaires, lesquels s’entre- | lacent , s’agglomèrent de mille manières et son unis par un tissu cellulaire très-fin, dont les aréoles plus ou moins largés renferment un fluide : particulier. On admet trois sortes de Ganglions , 1° les Ganglions glandiformes, ainsi nommés parce qu’ils ont l'apparence des glandes quoiqu'ils én diffèrent cependant par absence d'un canal excréteur ; 2° les Ganglions lymphatiques, qui se rencontrent à diverses distances Je long du vais- seau du même nom : c’est dans leur intérieur que ceux-cise ramifient , s’anastomosent et se confon- dent avant de se rendre aux troncs communs de leur système; 3° les Ganglions nerveux se trouvent placés sur letrajet des nerfs et résultent essentiel- lement d’un assemblage de filamens nerveux rami- fiés et divisés à l'infini, entrecroisés, confondus , diminués de consistance et adhérens les uns aux autres au moyen d’un tissu lamineux très-fin , ar rosé par un suc mriqueux et traversé en. tous sens par des ramuscules sanguins. On partage ces derniers, d’après leur position, en ceux de la tête, du cou , de la poitrine , de l’abdomenet du bassin. Les opinions des physiologistes ont été partagées sur les usages des Ganglions nerveux. Lancisi, qui avait cru reconnaître dans leur texture des fibres musculaires , imagina qu'ils sont propres à accé- lérer le cours du fluide nerveux ou des esprits animaux. D’autres les crurent destinés à favoriser la division de certains nerfs en un grand noml re de filets, à les faire parvenir dans toutes sortes de directions aux parties auxquelles ils sont desti- nés, et à réunir plusieurs petits filets en une grosse branche. La nature semble avoir voulu croiser et mêler dans les Ganglions les filets ve- nant de différens troncs nerveux, el faire ainsi que les autres troncs de nerfs qui sortent de ces Gan- glions soient composés de manière que leurs divers rameaux soient éminemment sympathiques entre eux. (A. D.) GANGUE. (min.) Ge mot , qui vient de l’alle- mand gang qui signifie filon, n’a pas en francais la même acception : il désigne les substances qui servent d’enveloppe aux minéraux, soit dans les filons , soit dans les masses de roches qui renfer- ment les minéraux. Voyez Frrons. (3. H.) GANT DE NOTRE-DAME. (s5or.) Vieux nom donné à deux espèces de Campanule, la €. glome- rata et la C. trachelium; on l’a depuis attribué tantôt à l’Ancolie commune, ÆAquilegia vulgaris , tantôt à la Digitale pourprée, Digitalis purpurea. Dans quelques localités on sè sert indistincterient 397 GARA des mots vulgaires de Ganrriée et GANTELINE, plus rarement je les ai entendu prononcer GaAN- TILLIER, (T5 GARANCE, Rubia. (B0T. Puan. et acn.) Genre de plantes pour la plupart herbacées, à tiges ra- meuses , ordinairement chargées d’aspérités, de petites feuilles simples, verticillées quatre à dix ensemble ; il appartient à la famille des Rubiacées et à la Tétrandrie monogynie. Son nom botanique a été donné à toute la famille, Les caractères de ce genre sont d’avoir le calice très-court , à quatre dents ; la corolle monopétale, en cloche évasée , à quatre , quelquefois à cinq lobes aigus ; cinq éta- mines; ovaire infère, globuleux, donnant nais- sañce à deux baies obrondes, glabres, monosper- mes, réunies ensemble et dont une avorte assez fréquemment. : On connaît une vingtaine d’espèces à ce genre. Gelle qu’il nous intéresse le plus de connaître, c’est la GARANCE DES TEINTURIERS , À. tinctorum. Plante vivace, indigène au midi de la France et de l’Eu- rope, où elle se trouve dans les tas de pierres, sous les buissons, le long des murs et des haies, Sa raeine est longue, pivotante ou rampante; elle dévore avec ävidité tous les principes fertilisans contenus dans le sol ; elle est rouge en dedans comme en dehors. Les tiges qu’elle fournit sont rameuses , quadrangulaires, rudes au toucher , hautes d’un mètre environ; les feuilles s’insèrent circulairement au pourtour par quatre et six; elles sont hérissées, en leurs bords et sur la nervure, de dents crochues. Des bouquets de petites fleurs jaunâtres couronnent l'extrémité des rameaux, et s’épanouissent en juin et juillet. Des baïes noires, glubuleuses, succèdent à ces fleurs, et donnent une semence noirâtre. Quand deux baies sont réunies ensemble, ce qui arrive assez fréquemment, une d’elles avorte. La Garance se cultive avec un égal succès au nord comme au midi. Depuis long-temps elle pro- spère surtout dans nos départemens du Bas-Rhin, du Nord et de Vaucluse. Elle résiste parfaitement aux températures les plus variées, demande une terre profonde , meuble, fraîche, assez légère pour ne point faire obstacle au développement des ra- cines; elle veut que cette terre soït fortement fu- mée avec des engrais riches, consommés. Les marais desséchés du département de Vaucluse lui offrent d'excellentes matrices où elle vient très- bien. On sème en hiver la graine recueillie sur les plus beaux pieds , et au nord la graine que l’on a tirée du midi: l’on sème à la volée, en rayons, sur couches pour opérer la transplantation. Ces semis doivent être terminés avant la fin du mois de fé- vrier. On emploie aussi là bouture des drageons, mais elle doit être rejetée, parce qu’elle fait promptement dégénérer la plante. Dans le Nord la levée de la graine au printemps est souvent incer- taine , le jeane plant y souffre des froids tardifs ; ces considérations ÿ font recourir à la méthode de la plantation. Cette opération se pratique en no- vembre ou décembre sur un terrain préparé en GARA tous points comme il vient d’être dit. On tire le plant des pépinières où on l’a disposé au printemps précédent, ou bien on l’achète à raison du cin- quième du prix courant de la Garance’sèche, ce qui est la proportion dont la racine fraîche dimi- nue de poids en se séchant. On trace des raies avec la houe à bras, et on garnit le fond de raci- nes bien étalées , que l’on recouvre de la terre pro- venant de la raic suivante, Il faut par hectare envi- rontrente à quarante quintaux métriques de racines fraîches, bien nettoyées de terre. Ce mode de culture, auquel on a également recours dans les parties de nos départemens du Midi, où l’on a déjà cultivé la Garance à plusieurs reprises, dans les marais desséchés où les grands vents du printemps pourraient découvrir la graine avant sa germination ; ce mode de culture, dis-je, a l’avantage d'employer les bras dans les temps où les autres travaux de la campagne sont en slagna- Lion, et de s’accorder parfaitement avec la culture ordinaire des graines et des fourrages. | Quelques cullivateurs ont admis deux méthodes ‘pour la culture de la Garance ; l’une à pour base les engrais ; l’autre, considérant ia grande dépense attachée à l'achat des engrais (on a calculé qu'il fallait ordinairement de huit cent quatre-vingts à rois mille quintaux métriques d'engrais par hec- are), rejette ce moyen. La première est la plus usitée, elle offre au propriétaire de grands béné- Tices pour un faible capital mis hors , quand il pos- sède lui-même les engrais ; elle lui permet de cou- rir les chances avantageuses d’une augmentation de prix, sans se mettre beaucoup en risque par la diminution. La seconde, même sur des fonds mé- diocres , couvre les frais de main-d'œuvre dès que les prix cessent d’être très-bas. Voyons les bases de l’une et l’autre opération, t'est la voie la plus sûre pour éclairer le choix du cultivateur. Culture par les engrais. —1] faut beaucoup fumer si l’on veut beaucoup récolter; mais il est indiffé- rent de cultiver deux de terre avec deux de fumier, ou un de terre avec deux de fumier. Après chaque récolte, l’on doit renouveler les engrais en forte quantité; car il est certain que la Garance en laisse fort peu au profit des récoltes subséquentes. Cullure sans engrais.—Pourvu que la terre ait du fond, on peut établir la Garance sur des ter- rains qui rendent trois fois et demie la semence, c’est-à-dire sur des sols de très-médiocre qualité; mais il convient de Je dire, si ce terrain est léger, äl sera réduit après la récolte à ses purs principes minéraux, et si l’on n’y met promptement des en- grais , il sera appauvri pour de longues années. Il vaut mieux établir sa culture sur un défrichis de gazon. Le sarclage veut être parfait , répété après chaque pluie, dès que les herbes commencent à couvrir le sol. Immédiatement après, on couvre la Garance d’une légère couche de terre prise dans l'intervalle des sillons et destinée à remplir les fen- tes, et à remplacer la terre que l’arrachement des herbes adventices peut avoir déplacée. Dansle mois de novembre on couvre le sillon de cinq à huit a :GARA centimètres de terré, pour que la plante passe l'hiver sans crainte. Durant la deuxième année, on -sarcle avec soin, on-couvre à chaque fois, mais pas aussi souvent qu’en la première année. Quand la tige est en fleurs, on la fauche pour fourrage, ou bien,on la laisse grainer. La troisième année n’exige d'autre opération que le fauchage de la tige, et au mois d'août ou de septembre, aussitôt que les pluies ont rendu le sol facile à travailler , on.se livre à l’arrachement. Avec la culture sans engrais, la graine et la tige sont un produit insi- gnifiant. C’est encore une question de savoir si le terme de trois ans que l’on laisse la Garance en terre, dans l’un et l’autre système , est de rigueur. Rien de moins raisonné pour le plus grand nombre de cas. ÎLest évident que ce terme est l’époque où, dans les terres de marais desséchés, la Garance a acquis son maximum de croissance, et où , ayant consommé Ja plus grande partie des matières assi- milables du sol, elle cesse de profiter; mais dans les terres compactes , il convient de l’y laisser un an ou deux de plus : c’est ainsi qu’en agissent les cultivateurs des environs d'Athènes en Grèce. Dans le département de Vaucluse, on cite diffé- rentes localités où , par suite de procès pendans, on laissa des Garances en terre sept et huit ans sur de bons fonds ; les racines se sont trouvées énormes , elles rendirent une récolte prodigieuse.. Aux environs de Haguenau, département du Bas- Rhin ,.et dans divers cantons de celui du Nord, où l’on plante la Garance, on l’arrache à la seconde année ; parce qu’on considère celte année comme la troisième au moyen de l’année passée en pépi- nière. La Garance gagnerait sans aucun doute si l'on y prolongeait d’un an sa durée en terre. Revenons maintenant sur nos pas, et indiquons ce qu'il est nécessaire de faire 1° pour le semis en place, 2° pour le semis fait en pépinière et destiné à être ensuite repiqué , 8° pour Ja séparation des. racines tirées d’une plantation déjà exislante. Le semis en place fait à la volée èst généralement. adopté; ce n’est pas le meilleur, puisqu'il est tou- jours inégal, qu’il offre des places trop épaisses à côlé d’autres dégarnies beaucoup trop, et qu'il rend les binages toujours difliciles. Le semis en rayons, distribués par lignes parallèles de quarante à soixante-cinq centimètres de distance l’une de l’autre , est plus avantageux pour biner et butter les pieds quand il est nécessaire. Le semis par lanches, en usage dans certaines localités , et ap— pliqué dans d’autres à la plantation des racines, nous est venu du Levant; il permet de cultiver, dans les deux mètres qui séparent chaque plan- che, des haricots , des pois, du maïs, etc. : mais, il faut le dire, beaucoup de cultivateurs renoncent à toute récolte dans les intervalles, pour ne point. nuire à la production des racines de la Garance ; d’autres espacent tellement ces cultures que leurs. produits deviennent insignifians. Le semis :en place , quel qu’il soit, demande la première année ‘ à être sarclé dans le courant du printemps, et un léger binage pendant l'été, A sa seconde année, iL Jui GARA 329 GARA lui faut, outre ces deux opérations, un labour un peu profond vers la fin de l'automne. La culture est la même pour la troisième année , avec la dif- férence que l’on butte les pieds de Garance après le premier binage. Avant de pratiquer le second binage on coupe les tiges pour les donner aux bes- tiaux, soit en vert, soit en fourrage sec. On a con- seillé cette coupe à plusieurs reprises dans l’année, mais il faut bien se garder de la faire , les racines en souffriraient et n’acquerraient plus qu’une mince grosseur. En octobre et novembre de la troisième année, on récolte, mieux vaut retarder d’un an; il y a plus à gagner qu’à perdre, comme nous l'avons dit plus haut, Le semis en pépinière ne convient que Jà où les printemps sont souvent très-secs, où l’on peut ir- riger la garancière toutes les fois qu'elle en a be- soin. On repique ensuite dans les terres destinées à la culture de cette plante. Quand on détruit une vieille plantation, il faut mettre en réserve les plus belles têtes de racines, et on les divise en éclats portant deux ou trois bourgeons; ou bien, lorsqu'on ne doit pas encore arracher sa Garance, on enlève les pousses Jatéra- les aux pieds les plus vigoureux; mais il faut user de ce moyen avec prudence et beaucoup de mé- nagement , si l’on ne veut pas porter atteinte aux produits à venir, On plante à seize centimètres de profondeur’, en février où en mars dans les pays silués au nord, en septembre et octobre dans les régions méridionales. On donne à ce mode de cul- ture les soins indiqués pour la seconde année des semis, et ensuite les unes et les autres se traitent de même. Pendant le séjour de la plante sur le sol, il convient d'entretenir sa vigueur par des engrais faciles à décomposer, tels sont les tourteaux, la gadoue, etc. Aussitôt que les premières pluies ont rendu le sol facile à travailler , on procède à l’arrachement; il est important aussi que cette opération précède le temps où l’on peut craindre des gelées qui nuiraient beaucoup à laracine durant le séchage. On opère à tranchée ouverte , en fouillant le sol aussi profondé- ment que l’on apercoit des filamens de racines. Les hommes sont disposés chacun sur un billon , avec une bêche ils renversent la terre devant eux et creusent aussi loin que possible. On est bien dédommagé des frais et du temps employés par le bénéfice que la récolte procure. Dans des terres meubles où la Garance descend beaucoup, on perdrait considérablement si l’on se contentait de fouiller simplement au pied de chaque touffe. De- yant l’ouvrier on étend une toile sur laquelle il jette la Garance à mesure qu’il la recueille; de temps à autre on enlève pour porter sur l’aire ou bien au four et faire sécher. | Dans un bon terrain un pied de Garance peut donner vingt kilogrammes de racines. fraîches, lesquelles diminuent communément par la dessic- cation des six seplièmes aux sept huitièmes. Quand elles sont parfaitement sèches, on les conserve dans un lieu bien aéré et en même temps exempt de toute atteinte de l'humidité, pour les réduire T. IL, 202° Livraison. ensuite en poudre pour l'usage, C’est dansles mou- lins à tan qu'on leur fait subir cette dernière opé- ration, dont les consommateurs s’occupent d’ail- leurs beaucoup plus souvent que le cultivateur. Variétés. — On connaît trois variétés de Garance (nous avons représenté celte plante dans notre Atlas, pl. 171, fig. 2}, la grande, la moyenne et la petite. La première pousse des tiges d’un mètre à un mètre et demi de haut, carrées, noueuses , rudes au toucher, ayant à chaque nœud quatre à cinq feuilles verticillées, entourant la tige en forme d'étoiles. Ces feuilles sont longues, étroites, garnies en leurs bords de dents fines et dures. L'espèce moyenne a les tiges moins fortes; elles sont constamment accompagnées à chaque nœud de six et quelquefois sept feuilles. La petite espèce, qui est sauvage et que l’on peut regarder comme l'espèce primitive, croît et se multiplie d'elle-même sous les haies et buis- sons , le long des bois et sur lc bord des champs qui les avoisinent. Elle abonde surtout à Fontai- nebleau , dans les environs de Montpellier , etc. La graine de ces trois variétés est de nature cornée; lorsqu'elle est trop desséchée, elle ne lève qu’au bout de deux ou trois ans, et même point du tout ; il faut , pour lui conserver sa fa- culté végétative, quand on est obligé de tarder à la semer, la siratifier dans de la terre ou du sable légèrement humide. Propriétés économiques. — Quoique l’on ait avancé le contraire, la culture de la Garance loin de nuire à celle du blé, la favorise par les labours multipliés et par l'abondance des fumiers qu’elle exige; on peut donc faire alterner ensemble ces deux plantes sans crainte d’épuiser le sol. La racine de cette plante forme à elle seule la base d’une fabrication très-importante, celle du rouge dit d'Andrinople. Elle sert, en outre, dans différentes autres teintures pour consolider la couleur. Cette racine contient deux matières colorantes, l’une d’un très-beau rouge, l’autre de couleur fauve, plus une résine fort amère. À l’état frais, elle ne fournit ni autant de cou- leur ni une couleur aussi vive et aussi solide que lorsqu'elle est sèche. Le rouge très-éclatant de la Garance mêlé à de l’alumine donne une. belle couleur rose que les peintres emploient ai- sément et avec beaucoup de succès à l'huile : elle est plus solide que les laques obtenuc: de la Go- chenille. La racine employée à la teinture retient encore une grande quantité de matière colorante qui ne peut point s’extraire par l’eau chaude où par les moyens ordinaires. L’acide sulfurique étendu, versé sur elle, lui donne la propriété de teindre comme la Garance fraîche, mais cette couleur n’est point solide. On peut cependant trouver un principe propre à la fixer. On falsifie la Garance; les matières employées à cet effet sont l’ocre, les briques et les tuiles réduites en poudre, etc.: leur couleur se marie volontiers avec celle de la Garance. Pour recon- naître la fraude , on se sert d’une bouteille de verre blanc, qu’on emplit au tiers d'alcool; on 42 2 GARA ï bouche , on remue pendant deux ou trois minu- tes, puis on jette dessus la Garance à éprouver. L'on agite de nouveau et l’on remplit la bou- teillé d'esprit de savon; on agite encore et on laisse ensuite reposer. Si la Garance est pure, le savon occupera le bas de la bouteille , l’alcool sa partie supérieure, et il sera coloré ; si elle n’est point pure, toutes les matières étrangères tom- beront au fond. Les fanes de la Garance sont d’une excellente qualité et aussi recherchées du bétail que la Lu- zerne , dont elles n’ont pas l'inconvénient. Il y a des cultivateurs qui jugent du produit futur des racines par le poids de ce fourrage. Le poids brut de la première année et celui de la deuxième an- née étant doublés', vous avez, d’après leur expé- rience , le produit net de la racine; tout ce que l’on peut dire c’est que la coupe de la plante sert merveilleusement à son accroissement. Les ani- maux qui mangent de celte racine finissent par avoir les os colorés en rouge; le lait des vaches prend la même teinte, et le beurre est d’un jaune safrané , mais l’un et l’autre sont de médiocre qualité; la fane ne produit pas les mêmes effets. Faits historiques. — La Garance était cultivée chez les Celtes sous le mom de #W/aranche, d’où l'on a fait au temps obscur du moyen-âge.W'aren- tiæ, Veratia, Garantia. Un passage de Strabon, qui vivait dans le premier siècle de l'ère vulgaire , nous apprend (Geogr. vmt, 14) que les habitans de la Gaule méridionale mélaient ensemble les sucs de la Garance et ceux du pastel pour avoir des couleurs violacées. Dans le septième siècle on ven- dait le Garance robée et les étoffes passées à sa teinture sur la foire de Saint-Denis près Paris (Doublet, Chartes de Dagobert et de Childebert). Gette plante faisait partie des cultures au neu- vième siècle ( Cap. de villis, cap. 45 ) el au dou- zième, comme nous l’apprend Suger (de administ. sua , Cap. 1); elle paraît ensuite s'être confinée aux environs de Lille, Arras, Amiens et quelques autres localités. Elle fut abandonnée aux jours de sang et de deuil, qu’on nomme la Ligue, et re- prise lors de la cessation des troubles : elle fut depuis délaissée aux environs de Lille, départe- ment du Nord, par suite d’un préjugé qui attri- buait aux eaux des qualités nuisibles ; ailleurs , parce qu’elle portait préjudice à la culture du blé, regardée alors, et jusqu’à la découverte de la pomme de terre, comme l’unique base des ali- mens et de l'existence publique des nations. On l’a révue fleurir en 1729 en de nombreuses com- munes, entre autres aux énvirons de Haguenau , département du Bas-Rhin ; en 1750 aux énvirons de Corbeil, département de Seine-ét Oise, de Lu- néville , département de la Meurthe, de Beauvais, département de l'Oise, etc. Dans l’année 1756, elle s’étendit davantage , des encouragemens s’ac- cordaient à quiconque se livrait plus ou moins à cette branche essentielle de culture et d'industrie; on les exemptait en outre de tout impôt. Une habitude anti-nationale, enfant de l’escla: vage et de l'ignorance, c'est de rétrécir le do- 330 2 _ GAFA maine de l’histoire, et de penser qu'il faut du merveilleux pour intéresser en faveur d’une cul- ture indigène rendue plus ou moins productive , plus où moins ruineuse, selon les chances d’une politique soumise aux caprices d’un despote ou bien aux conditions d'une paix honteuse. Quand une idée sourit , on veut l’'embellir par des rêve- ries, et l’on trouve long-temps après de pauvres écrivains enchérir sur ces fables, oublier les véri- tables sources historiques pour aller boire à longs - traits au fleuve des erreurs. Que penser de ceux-là qui veulent que la Ga- rance, Sa culture et son emploi comme teinture nous soient venus des Romains ? Si ce peuple de soldats nous eût doté d’une aussi importante indus- trie, pourquoi son nom latin ÆRubia est-il de- meuré étranger à notre pays? Que dira-t-on de cet agronome qui, en 1820, publiait gravement ce qui suit ? « Vers l’an 1770 , un pélerin revenant » de Jérusalem , au lieu de se charger de scapu- »laires , de pierres ou de morceaux de bois plus » qu'insignifians , Comme tous ceux qui l'avaient » précédé, rapporta dans le ci-devant comitat d’A- » vignon , Son pays, un sac de Garance; il en dis- »tribua des graines aux propriétaires qui lui fai- » saient d’abondantes aumônes, et leur recomman- » da surtout de semer sans retard et de cultiver »avec le plus grand soin la plante qui les enri- » chirait eux et leurs descendans. Beaucoup ri- »rent de sa proposition ; aucun ne préta atten- »tion à ce qu'il disait, et l’on taxa d’insigne folie »la résolution prise par un riche propriétaire de » Caumont , de sacrifier la culture certaine du blé »à celle d’une plante inconnue, donnée par un »mendiant, et bonne tout au plus à être portée aux » bestiaux. La récolte cependant fut bonne, la ra- » cine excellente , et présentée au commerce, sur- »tont aux teinturiers, elle fut payée cent vingt » francs le quintal ou les quarante-huit kilogram- »mes. Un succès aussi remarquable fit bientôt » changer de langage ; la culture s'établit, on dé- »fricha beaucoup de terres demeurées stériles , et »en peu d'années elle gagna les bords de la Du- »rance , du Rhin et ceux de la Loire.» A ce roman de l’invention de Gasparin, l’Aca- démie des sciences de l’Institut en a entendu , le 28 octobre 1834, ajouter un nouveau. Ce n’est plus un pélerin qui fait le. précieux cadeau à la France ; c’est, suivant Bastet d'Orange, un pau- vre réfugié de Smyrme. Il enlève la Garance au littoral asiatique de l’Archipel, en cache la graine dans la cavité d’une canne, brave la peine de mort qui menace l’exportateur, et vient enrichir le comtat Venaissin. { Mais quittons l'absurde pour rentrer dans les faits historiques. En 1818, la culture de la Ga- rancé à été reprise avec succès aux environs de Lille ; ses racines, accueillies par les teinturiers du pays, ont fourni des rouges aussi beaux, aussi purs que celui d’Andrinople. En 1820, des essais ont'été faits aux environs d'Angers, département de Maine-et-Loire ; ils ont parfaitement répondu à l'attente des cultivateurs , et ils ont pris de l’ex- | GARD 331 GARC tension. En 1826 , le département d’Eure-et-Loire, où cette culture créa jadis de très-grandes fortu- nes, l’a vu rétablie, non seulement auprès de No- gent-le-Rotrou, pays de petite cultüre, mais plus particulièrement encore dans le canton d'Authon, où il existait anciennement de superbes garanciè- res, Les départemens de la: Haute-Garenne, du Tarn et de Tarn-et-Garonne ont eu dans le même temps des établissemens considérables de Garance, formés par des spéculateurs étrangers. Plusieurs se soutinrent , d’autres ont dû céder aux circon- stances. Je ne m’arréterai point aux autres espèces du tés médicinales qu’on leur a long-temps attribuées sont plus que contestables. Du reste , elle n’ont ni utilité ni agrément. (T. ». B.) # GARBANZO. (sor. pHan.) Nom vulgaire du Pois chiche, Cicer arietinum , chez les Espagnols. C’est leur mets favori ; ils le mangent entier, en potage, en purée; ils le cuisent dans de l’eau lé- gèrement aiguillonnée de sel, et le servent sur toutes les tables apprêté à l'huile. Comme nous le dirons en traitant de cetteplante , on a publié une grande erreur quand on a avancé qu'on ne le mange point à Rome. Je l'ai trouvé partout en Italie, et partout on en fait usage , mais beaucoup moins , il est vrai, que dans la péninsule ibérique. Voy. Pois cuicue. (T. ». B.) GARDÉNIE, Gardenia. (mor. rPHan.) Genre d’arbrisseaux exotiques, ornement indispensabie des serres chaudes et tempérées, où leur feuillage persistant et surtout leurs fleurs blanches et très- odorantes leur assuraient le premier rang il y a une soixantaine d'années , alors que l’horticulture n'avait pas encore de richesses aussi grandes et aussi variées. Cependant les Gardénies ont conservé une place honorable ; leur beauté est simple, et à l’abrt des caprices de la mode. Indiquons d’abord leurs caractères scientifiques, puis quelques unes des espèces les plus recherchées. Le genre Gardenia , établi par Ellis, adopté par Linné et ses successeurs, appartient à la famille des Rubiacées, Pentandrie monogynie, L.; il a un calice persistant , à cinq denis , ou cinq décou- pures; une corolle infundibuliforme, à tube plus ou moins long, dépassant souvent le calice; à limbe étalé, marqué de cinq à neuf lobes; cinq _anthères sessiles à la gorge de la corolle, un style et un stigmate bilobé ; une baie sèche à deux loges, rarement quatre, contenant des graines disposées sur deux rangs dans chaque loge, On compte en- viron quarante espèces de Gardénies. Leur tige est quelquefois garnie, d’épines opposées et placées à ! l’aisselle des feuilles ; celles-ci sont opposées ou ternées; les fleurs sont terminales et axillaires, sessiles , solitaires ou ternées, et accompagnées de bractées. La GaRDÉNIE A, GRANDES FLEURS, OU JASMIN DU Car des jardiniers, G. florida, L., est un ar- brisseau de quatre à six pieds, à tige verticale , rameuse.et feuillée âu sommet ; ses feuilles, ovales, atténuées aux deux extrémités, lisses et d’un vert genre; elles n’offrent point d'intérêt ; les proprié- luisant, ont à leur aisselle des stipules membra- neuses et demi-engaînantes. Les fleurs sont soli- taires au sommet des branches , blanches d’abord, puis un peu jaunûâtres; elles durent long-temps, et répandent une odeur extrêmement suave : le limbe de la corolle a deux à trois pouces de diamètre et se partage en cinq ou six lobes ovales , obtus ; les segmens du calice sont linéaires. La Gardenia [lorida, de même que tous ses congénères, ne réussit guère chez nous que dans les serres chau- des, et même elle ne donne pas de fruit; maiselle double souvent par l’effet de la culture. Thunberg a vu au Japon des haies vives de Gardenia; il nous apprend que son fruit est une baie oblongue , an- guleuse, couronnée, contenant une pulpe jaune et colorante, La GARDÉNIE RADICANTE, G. radicans, de la Chine , est plus petite que la précédente ; ses fleurs sont également belles et odorantes. La Gardenia amæna, arbuste de deux pieds, toujours vert , a des fleurs longues d’un pouce, moitié blanches et moitié rouges extérieurement , roses à l'intérieur pendant une partie de lau- tomne. Cette espèce réussit dans la serre tempérée. La GARDÉNIE A FEUILLES VERTICILLÉES, G. verti- cillata, Law., assez différente des autres espèces par son port et par son feuillage, a un calice spa- thacé, long d’un pouce, fendu d’un côté, et ter- miné par sept ou huit découpures, creusées en capuchon au sommet, (L.) GAROU. (8or, Pxan.) Sous les noms de Garou, de Sain - Bois, on emploie dans l’art de guérir l'écorce du Daphne gnidium de Linné, arbuste des lieux secs et incultes du midi de la France, (l'oy. Daruné.) L'écorce de Garou se présente dans le com- merce en pelites bottes formées de lanières d’une longueur et d’une largeur variables; sa couleur est blanche ou jaune-paille, sa texture fibreuse, tenace; ses fibres sont blanches, soyeuses ; son odeur est désagréable, nauséeuse, analogue à celle de l’opium ; sa saveur est âcre et corrosive; enfin son épiderme, ridé en travers par le fait de la dessiccation , est grisâtre ou bruvätre, facilement séparable, et marqué de petites taches ou verrues blanchâtres. L’écorce de Garou se récolte ordinairement au mois d'octobre; on peut lui substituer celle du Daphne mezereum ou Bois gentil, et quelques au- tres du même genre; mais c'est surlout avec l'écorce du premier arbuste qu'on la remplace , écorce avec laquelle elle a, d’ailleurs, la plus grande ressemblance. Le Daphne mezereum croît dans les lieux frais et ombragés de l'Europe ; on le cultive dans les jardins à cause du parfum et de la précocité de ses fleurs. Soumis à l'analyse, le Sain-Bois a donné de l’'ex- tractif, de la résine, du ligneux, une matière colo- rante jaune, et un corps vireux particulier que l’on appelle Daphnire, que l’on regarde comme étant le principe acüf, et dont voici les principaux caractères : substance cristalline , transparente, incolore, cassante, soluble dans l’eau bouillante, GAST 332 GAST ot dans l’alcool et l’éther; colorée en jaune par la po- tasse ct la soude , inodore ; d’une saveur âcre et très-persistante, etc.’ Les propriétés épispastiques du Garou ne da- tent que de l’année 1767, et depuis cette époque on l’emploie fréquemment pour établir des exu- toires, surtout lorsque l’on a à redouter l’action des cantharides sur l’appareil génito-urinaire. Son usage à l’intérieur n’était pas inconnu des anciens, et de nos jours on l’a administré dans le traite- ment de quelques dartres rebelles, de quelques scrofules, etc. Toutefois, son administration ré- clame la plus grande circonspection , car cette substance est très-active ; nous indiquerons à l’ar- ticle GoumE-GuTTE (voy. ce mot) les moyens de parer aux accidens causés par son emploi. On prépare dans les pharmacies une graisse médicamenteuse, appelée Pommade au Garou, qui sert à entretenir et à activer la suppuralion des vésicatoires. Quant au mode d’établir un exutoire avec l'écorce de Garou , nous renvoyons au mot Daruxé où il est indiqué. (EF. EF.) GARRULAXE. (ors.) Genre récemment établi par Lesson parmi les Pies-grièches. L'espèce type est le Garrulax Belangeri. GARRULUS , Zeucocephalus. (oise) Foy. Gear (GEnv.) GASELLE et beaucoup mieux GAZELLE. (mam.) C’est celui primitif de l’Anrirorz (voy. ce mot), c’est le nom qui retentit sans cesse dans les chants de l’Arabe amoureux et du berger persan. La jeune fille qu'ils aiment est douce, légère et timide comme la Gazelle; si son haleine embaumée a la fraîcheur des brises d'Orient, ses yeux ont ie charme touchant des yeux de la Gazelle ; en un mot celte expression toute poétique nous trans- porte sous le dôme ücs Palmiers, dans les régions où la nature déploie ses plus brillantes produc- tions. | (T. ». B.) GASTÉROPODES , Gasteropodæ. (mous, ) G. Cuvier a proposé le nom de Gastéropodes (yxc% , ventre, roûs, mod , pied ), c’est-à-dire ayant un pied sous le ventre, pour tous les animaux mol- lusques que Poli appelait Repentia (voy. notre At- las, pl. 171, fig. 3 ). ; Ces animaux, qui sont tous munis d’une tête plus ou moins distincte, ont pour caractère com- mun de se mouvoir par reptalion , au moyen d’un large pied ou muscle qui occupe toute la partie in- férieure de leur corps, ou bien qui s’y trouve réuni ! par une sortie de cou ourétrécissement. Le pied est Tormé de plusieurs plans de fibres , qui se croisent en sens divers, et peuvent prendre toutes les formes possibles; ses mouvemens ondulatoires sont faciles à observer sur une limace qu’on regarde marcher à la surface d’un corps transparent ; quelquefois ce pied prend la forme d’un sillon ou celle d’une lame verticale. Le corps des Gastéropodes est très-varlable , el présenie des modifications fort diverses, suivant que les animaux sont pourvus on dépourvus de coquille. La tête , moins développée que celle des Céphalopodes, n’a que deux, quatre ou six tentacules, et les yeux, dont le nombre n'excède jamais deux, sont situés tantôt x la base externe ou interne, tantôt au sommet de ces ten- tacules. Ces yeux varient beaucoup dans leur composition : chez toutes les espèces terrestres ou d’eau douce , et chez beaucoup de celles qui vi- vent dans les eaux salées, ce sont de simples points noirs auxquels se rend'un filet nerveux plus ou moins considérable ; quelquefois , au contraire, ils sont assez compliqués, et présentent un iris de couleur variable , au milieu duquel est un trou pupillaire, un cristallin, et toutes les parties essentielles de l'œil des animaux supérieurs. Les tentacules sont tantôt filiformes, exemple : les Planorbes et les Mélanies; d’autres fois triangulaires (les Limnés ), ou bien encore cylindriques, et plus ou moins obtus, comme chez les Hélices, les Limaces et tant d’autres : ils sont aussi contractiles ou rétrac- tiles ; dans les Gastéropodes à quatre tentacules , c'est la paire supérieure de ces tentacules qui porte les yeux, et qui est la plus longue et la plus im- pressionnable en même temps que la plus variée dans ses mouvemens. Les uns et les autres , lors- qu'ils sont en danger, se rétractent, comme cha- cun a pu le voir chez les Hélices, et par leur mou- vement de rétraction ils recoivent l'œil dans leur intérieur et servent ainsi à le garantir en remplis- sant pour ainsi dire les fonctions de paupières. Les autres sens qu'il reconnaît aux Gastéropodes sont ceux du goût, et du toucher qui est répandu sur ioute la surface du corps ; les organes de l’ouïe et de l’odorat ne sauraient être déterminés; de Blain- ville admet que le dernier de ces sens, existe dans les tentacules inférieurs. ; La bouche qui est aussi un des organes de la tête ne présente pas de moins grandes différences ; mais elle est situte à la partie antérieure du mufle et ouverte au milieu de troislèvres ; supérieurement elle offre une dent ou mâchoire facile à recon- naître, et inférieurement elle en présente une se- conde quelquefois peu développée ; très - souvent elle possède aussi une langue. Chez certaines es- pèces la bouche est protractile. Le manteau des Mollusques gastéropodes est une portion musculeuse plus ou moins développée et qui sécrète par ses bords le test de l’animal ou sa coquille. Quelquefois il est fort développé et re- couvre en partie cette dernière , comme on le voit chez les Porcelaines , les Aplysies, et certaines es- pèces d’eau douce, la Physe des fontaines par exemple, et surtout le Limné glatineux. Ce man- teau, quiest, ainsi que nous venons de le dire, l’or- gane sécréteur de la coquille, est aussi celui qui lui donne les belles couleurs qui en font l’ornement. Chez les Limaces il ala forme d’un bouclier charnu, au milieu duquel se développe un osselet ovale, aplati, qui sert d’altache aux muscles et représenter le rudiment de la coquille (voy. le mot Coquice). Les différences que présente celte dernière partie sont très-nombreuses et ne peuvent être énumérées ici. Nous dirons seulement que jamais les Gastéropodes n’ont de coquilles bivalves, ni mullivalves, et que celles qu'ils présentent sont toujours monothalames , c'est-à-dire composées GAST d’une seule pièce sans cloisons ni siphon. À mesure que l'animal grandit, le nombre des tours de spire de son corps augmente en même temps que le nom- bre de ceux de sa coquille; mais les tours supé- rieurs conservent toujours la même grosseur; quelques espèces cependant, parmi lesquelles se place le Bulime décollé, font exception à cette loi ; et les tours de spire du corps, déjà formés, , grossissent à mesure que l’animal prend de l’ac- croissement; aussi ce dernier est-il obligé d’aban- donner successivement, à mesure qu'il se déve- loppe, les tours supérieurs de la coquille, qui ne tardent pas à se détruire et à se briser par le choc des objets exlérieurs. Quelquefois, comme chez les Vis, ces tours abandonnés ne tombent pas, mais ils se remplissent de sécrétion calcaire. Beaucoup de Gastéropodes ont, à la surface su- périeure de leur pied, une lame calcaire ou cor- née, que l’on nomme l’opertule, et qui est des- tinée à fermer la coquille lorsque l’animal a be- soin de s’y retirer; c’est pour lui un moyen d'échapper à ses ennemis et de se soustraire mo- mentanément à une atmosphère desséchée ou nui- sible. Parmi les espèces terrestres les opercules sont moins fréquens que chez les Gastéropodes aquatiques ; mais l'animal possède souvent la pro- priété de se sécréter un épiphragme, lequel est toujours une partie indépendante du pied, mais remplissant l'office d’un opercule. C’est protégés par leur épiphragme que ces animaux résistent à l'hiver , ou aux grandes sécheresses de l'été. Les organes de la respiration varient fréquemment chez les Mollusques de la classe qui nous occupe ; beaucoup d’espèces sont terrestres et respirent par des poumons ; il en est aussi d’aquatiques, qui offrent une organisation semblable : le plus grand nombre de ces dernières respire par des bran- chies. La forme, la position et la nature de ces branchies constituent autant de différences qui ont servi à établir les divers ordres admis parmi les Gastéropodes. Mais d’autres caractères pri- mordiaux sont aussi fournis par la considération du mode de la génération, qui est tantôt bisexuelle, dioïque ou monoïque, tantôt au contraire uni- sexuelle. Les Gastéropodes dioïques, c’est-à-dire, qui ont les deux sexes portés sur des individus différens (les uns mâles, les autres femelles), constituent , pour de Blainville, une première sous - classe, dans laquelle viennent se ranger les Murex, les Buccins, les Olives , les Cônes, les Cyclostômes, les Ampullaires, les Nérites, etc. Les Gastéropodes monoïques, c’est-à-dire chez lesquels les deux sexes sont portés par un seul individu , sont plus nombreux: ce sont les Tur- bos, Janthines, Limnés, Hélices, Limaces, Aply- sies , elc., auxquels de Blainville (qui donne à la classe le nom de Mollusques céphalidiens) réunit les animaux constructeurs de la coquille dite Ar- gonaute , les Clios , les Hyales, etc. ; ces derniers sont les Piéropodes de Cuvicr. Les Gastéropodes uniserués. Ceux ci , que l’on nomme souvent à tort hermaphrodiles , parce 355 a GAST qu'ils peuvent se reproduire seuls, paraissent n'avoir que l’organe femelle , ce sont les Vermets, les Dentales , les Patelles , les Haliothides et quel- ques autres. | Les Bisexués monoïques ont presque toujours besoin, pour être fécondés, du concours d’un second individu , et il arrive fréquemment qu'ils donnent comme mâles et en même temps qu’ils recoivent comme femelles. Les œufs, une fois fécondés , ne tardent pas à être pondus ; quelquefois cependant ils éclosent dans le corps de la mère, et alors la génération est ovovivipare, exemple : la plupart des Paludines appelées pour cela vivipares, La Palu- dine à bandes, commune dans nos eaux douces, en est un exemple très-remarquable ; le plus souvent c'est sous l’état d'œufs que le produit de la géné- ration apparaît au monde extérieur ; alors on doit établir plusieurs distinctions. En effet, les œufs sont tantôt libres, tantôt, au contraire, réunis en- tre eux et enveloppés par des productions de forme très-diverse. Les œufs des Mollusques terrestres (ce n’est que parmi les Gastéropodes et seulement les G. pulmonés, qu’il s’en trouve des espèces telles) sont le plus souvent libres; quelquefois ce- pendant ils sont en chapelet. Les uns sont enve- loppés d’uné partie calcaire, les autres le sont simplement par une matière carlilagineuse, la- quelle est souvent transparente (Limax subfuscus). Les parties composantes de ces œufs sont très-fa- ciles à déterminer ; on y reconnaît, comme dans ceux des animaux supérieurs , un vitellus fort petit et un albumen assez grand. Carus affirme avoir vu dans des œufs pris dans l'ovaire, la VÉsrcuze DE PurkINE (v. ce mot). Un des faits les plus cu- rieux de l’analogie de ces animaux, c’est Ie mou- vement double de rotation au milieu de l’albu- men, et en même temps de rotation sur son axe que l'embryon manifeste constamment. Stie- bel , Carus, Grant et d’autres habiles observateurs ont surtout étudié ces mouvemens qui sont com- parables à ceux de la terre dans sa double révolu- tion , si ce n’est que l'embryon, qui tourne dans l’albumen, quelquefois elliptique, le fait autour d’un point idéal. #1: Les Gastéropodes terrestres pondent ordinaire- ment des œufs libres; les espèces fluviatiles, au contraire, les pondent toujours réunis par une sorte d’enduit muqueux qui les enveloppe de toutes parts. Chez les espèces marines les œufs sont aussi réunis, mais leur enveloppe varie beaucoup ; Lund, qui a fort bien étudié ces enveloppes, en a fait dernièrement le sujet d’un mémoire irès-in- téressant, que l’on trouve consigné dans le premier volume des Annales des sciences naturelles (2° sé- rie). Certaines espèces marines, lelles que les Aplysies, ont leurs œufs enveloppés dans une masse gélatineuse qui rappelle assez le frai des Limnés ou des Grenouilles , tandis que d’autres les pondent renfermés dans des cellules coriaces particulières, et très-différentes pour ia forme et la consistance, Les enveloppes de ces œuis , que dans certaines saisons on trouve assez fréquemment sur la côte où elles ont été rejetées, sont connues depuis la GAST 535 (GATE récentes étaient appuyées sur un plus grand nom- bre de faits. Bloch, ayant été à même d’observer soigneusement l’organisation de ces Gastrobran- ches , a bientôt vu leur véritable place; il les a restitués à la classe des Poissons, à laquelle les attachent leur organe respiratoire ainsi que la cou- leur de leur sang ; il a montré qu’ils appartenaient à un genre voisin , mais distinct, de celui des Pé- tromyzons, et il les a fait connaître très en détail dans un mémoire et par une planche enluminée très -exacte, qu'il a communiqués à l’Acadé- mie des sciences de l’Institut de France. Nous ne saurions mieux faire que d'extraire de ce mémoire une partie de ce qu’il est encore néces- saire de dire des Gastrobranches aveugles (Gastro- branchus cœcus). Ge cartilagineux est bleu sur le dos , rougeâtre sur les côtés , et blanc sur le ven- tre ; quatre barbillons garnissent sa lèvre supé- rieure, et deux autres barbillons sont placés au- près de la lèvre inférieure. Entre les quatre bar- billons d’en haut, on voit un évent qui commu- nique avec l’intérieur de la bouche, comme celui des Pétromyzons. Get évent est d’ailleurs fermé, à la volonté de l’animal, par une espèce de soupape; les lèvres sont molles, extensibles, propres à se coller contre les corps auxquels l'animal veut s’at- tacher; elles donnent une forme presque ronde à l'ouverture de la bouche , qui présente un double rang de dents fort dures et retenues , comme celles de la Lamproïe, dans des espèces de capsules membraneuses. Une dent recourbée est de plus placée au milieu des autres. Le corps de l’Aveugle, assez délié et cylindrique, ne parvient jamais à la longueur d’un pied. Il présente de chaque côté une rangée longitudinale de petites ouvertures qui laissent échapper un suc très-gluant ; une matière semblable découle de presque tous les pores de l'animal. | L'ouverture de l’anus est une fente très-allon- . gée, et sur le ventre sont placées des ouvertures , dont chacune communique aux branchies. Le Gas- trobranche vit dans l'Océan : il se cache souvent au milieu dela vase; il pénètre quelquefois aussi dans lé corps de grands poissons, se glisse dans leurs intestins , en parcourt les divers replis, les déchire et les dévore; et celte habitude n'avait pas peu servi à le faire inscrire parmi les Vers intestinaux, avec le Tænia , et d’autres genres dénués de sang rouge. : (Azvu. G.) GASTROCHENE , Gastrochæna. (mozr.) Genre établi par Spengler pour des Mollusques conchi- fères , que Bruguière a rapproché du genre Fistu- lane, et que , d’après Deshayes, on doit encore confondre dans ce dernier ( voy: FisruraKe }). Les coquilles des Gastrochènes manquent de dents; leurs bords, très - écartés en avant, of- frent une ouverture oblique, vis-à-vis de laquelle le manteau présente un petit trou pour le passage du pied; leur tube, qui est calcaire et double, qui rentre entièrement dans la coquille, est suscepli- ble de beaucoup d’allongement. Parmi les coquilles des Gastrochènes , les unes, comme les Moules, ont les sommets à l'angle an- térieur ; d’autres les ont plus rapprochés du mi- lieu. (F, F.) ” GATANGIER. ( porss. } Nom vulsairement donné sur nos côtes méditerranéennes et princi- palement à Marseille au Squale roussette , Squalus canicula, dont nous parlerons au mot Rousserre. (T. ». B.) GATEAU. (ins.) On donne ce nom à une réu- nion d’alvéoles formées par les Hyménoptères vivant en société, qui font ces constructions soit pour loger leurs larves , soit pour déposer des provisions d’une liqueur sucrée qui est un miel plus où moins pur. Ges Gâteaux affectent diffé- rentes formes ou plusieurs positions, selon les insectes auxquels ils appartiennent. Dans les Gué- pes , les Gâteaux sont formés d’un seul rang de cellules horizontales dont l'ouverture est en bas : dans les Abeilles, les cellules sont appliquées dos à dos , les Gâteaux sont placés perpendiculaire- ment et les cellules horizontalement ; dans les Bourdons, les cellules n’offrent aucune régularité de position; cependant ils ont l’ouverture en haut, plus ou moins inclinée. (A. P.) GATELIER ou GATTILIER. (80T.) Ainsi, par quelques botanistes, est désigné le genre ’itex, de la famille des Verbénacées et de la Didynamie an- giospermie, L. Il est caractérisé: calice court, à cinq dents; corolle à tube grêle et allongé, à limbe plane , partagé en cinq ou six lobes inégaux et disposés en deux lèvres ; stigmate bifide ; drupe mou, contenant un osselet quadriloculaire et té- trasperme. Les espèces de ce genre sont des ar- brisseaux à feuilles le plus souvent digitées , ra- rément simples , ternées ou pinnées ; à fleurs dis- posées en panicules verticillées , souvent termi- nales et portées ordinairement sur des pédoncules triflores. Ces espèces , au nombre de plus de vingt, appartiennent aux contrées chaudes du globe, à l'exception d’une qui croît dans l'Europe méri- dionale : c’est le lg GATTILIER AGNEAU-CHASTE, W. agnus-castus , L. Arbrisseau aromatique parvenant, au midi de la France, à une hauteur de deux mètres, et, dans la presqu'île de la Grèce, à une hauteur de plus de six mètres, selon le témoignage de Bory de St-Vincent. Sa Lige se couronne de plusieurs ra- meaux faibles, plians et blanchâtres , à feuilles pétiolées , opposées, digitées, verles en dessus , blanches et cotonneuses en dessous : à fleurs dis= posées en épis verticillés , de couleur violette, pur- purine ou blanche. Gette espèce décore les bords des torrens, ou leur lit, quand ils sont à sec. Une terre brûlante repousse-t-elle tout autre végétal , l’'Agnus castus y est jeté par la nature prévoyante, et sa verdure couvre un sol qui, sans lui, n’offrirait qu’une plage désolée, Quant au nom spécifique de cette plante, il lui a été donné sans doute pas antiphrase; car elle a des propriétés fort excitantes. On cultive dans no$ jardins, ou, pour mieux dire, dans nos orangeries, le GATTILIER EN anne, V. arborea, Fisth., de la Chine : le GaTrrirer ny- BRIDE , , agn, latifolius, H, P,; le Garricter a GAUD FEUILLES INCISÉES, V.agn. incisa, Lam. ; le GATTI- LIER A TROIS FEUILLES, Ÿ”, trifoliata, L., de l'Inde. (G. £.) GAUDE, Reseda luteola. (mor. PHAN. et AGR. ) Espèce du genre R£s£pa ( voyez ce mot ) du plus baut intérêt pour l’agriculture, le commerce et les arts, ce qui nous détermine à lui consacrer un ar- ticie parliculier. Cette plante ést indigène à la France, où elle croît spontanément dans les champs et les taillis, sur le bord des chemins, dans les terres légères qui ont du fond ; on la cul- tive pour l’usage de la teinture. Sa tige droite , cannelée, monte de soixante-dix centimètres à un mèlre, lorsqu'elle est. sauvage; elle arrive à un mètre et demi quand elle est cultivée. On la voit en fleurs au milieu de l'été; celles-ci sont d’un vert jaunâtre , disposées en long épi terminal ; les feuil- les sont éparses , nombreuses, longues , étroites , lisses, planes et allernes. La racine est pivotante. La Gaude est aussiessentielle aux teintures jaunes et vertes, que la Garance l’est pour les rouges ; elle a de même l'avantage de solidifier les autres couleurs que l’on mêle avec elle : son usage en France remonte aux âges les plus reculés ; les Cel- tes et les Gaulois, nos aïeux, s’en servaient habi- tuellement pour teindre leurs étoffes. Dans les bas siècles, elle fat appelée Æerbe aux Juifs, parce que des lois barbares , en refusant aux Hébreux le droit de cité, les obligeait à porter comme signe de réprobation un chapeau jaune, teint avec la Gaude. Dans d’autres cantons , elle porte depuis long-temps les noms vulgaires de aude, de Herbe à jauntr, et de Réséda jaunissant. On a dit que la Gaude venait très”- bien dans les terrains les plus pauvres ; c’est une erreur ; il lui faut un sol sablonneux , de moyenne consis- tance, parfaitement ameubli par des cultures pré- paratoires , purgé de toutes plantes nuisibles. On sème sept kilozrammes et demi de graine par hec- tare ; on le fait en août quand on veut récolter en juin ou juillet de l’année suivante , et en mars lors- qu'on veut recueillir en septembre de la même année. La graine ne s’enterre presque pas. Les récoltes du printemps , comme celles de l’automne, sont souvent aussi productives les unes que les au- tres. Le semis en août est préférable, parce que, la plante demeurant long-temps petite, les sar- clages sont moins nombreux, moins fatigans , moins coûteux, et la récolte se fait à une époque où il est plus facile de la faire sécher. \. La Gaude semée en mars recoit un premier sarclage au mois d'avril; on le donne à la petite binetle à main, ou simplement avec un couteau , comme on en use pour les ognons et les carottes dans les jardins ; on n’éclaircit point les planches, à moins qu'elles ne soient extrêmement épaisses. On répète ce binage plusieurs fois, ce qui est aussi pénible que dispendieux. La Gaude. semée en août, mais pas plus tard, dans Ja crainte qu’elle ne soit trop petite pour passer l'hiver, et facile- ment déracinée par les gelées, exige beaucoup moins de main-d'œuvre; on ne la sarcle qu’au printemps, , Le. moment le plus favorable pour la 336 GAUD fr ee RE Ce ‘Un récolte est celai où les graines sont noires dans les capsules, à un tiers ou un quart de la hauteur des tiges, en partant du bas, et où l’on cesse de voir des fleurs sur les tiges. La plante est encore pleine de verdeur, elle gagne une belle couleur jaune par la dessiccation à l'air libre. Il'se trouve cependant des feuilles et des tiges qui conservent leur vert foncé, même après la dessiccalion, ce qui les fait rejeter par les teinturiers et les fabri- cans; mais c’est à tort, elles sont aussi riches en. teinture et donnent d’aussi belles nuances que la plante devenue jaune en séchant. La dessiccation s’opère sur le champ même par l'alternative des. rosées et celle d’un soleil ardent ; la plante se dis- pose par javelles peu épaisses, que l’on retourne pour que l’action agisse également partout. Cinq ou six belles journées suffisent pour rendre la des- siccation complète; mais sile temps menace de pluie, on place la Gaude sous des hangars, sus- pendue à des baguettes, pour la préserver de toute. atteinte d'eau qui Ja ferait brunir et lui ferait perdre sa valeur. La dessiccation est plus leale, mais on ne risque pas de perdre sa récolte, Quand la plante est bien sèche on la lie en bottes de cinq kilogrammes, et on la place sur des draps pour recueillir la graine qui tombe. Cette graine est excellente et donne une bonne huile à brûler. Les Anglais disent à tort qu'il faut la laisser dans les capsules , sa présence étant nécessaire pour donner de la consistance à la couleur. Les teinturiers exigent que la racine accompa- gne la tige , quoiqu’elle fournisse très-peu de cou- leur ; il serait à désirer que l'on pût les persuader de refuser la racine, parce qu’elle pourrait don- ner dans la même année deux récolles de tiges : il y aurait avantage pour la teinture ct pour le cultivateur. On couperait aussitôt que la tige est d’un beau roux verdâtre : c’est le signe caracté- rislique de la plus haute bonté. Une tige toute verte indique que la plante a crû dans un terrain trop gras, ou qu'elle a été cueillie avant sa parfaite maturité ; quand elle est noirâtre où parsemée de taches noires, rejetez-la , elle a été mal desséchée ou bien elle à été mouillée depuis la récolte. Du moment que la Gaude est parfaitement séchée, on peut la conserver un nombre d’années indéter- miné , pourvu qu'on la tienne dans un lieu exempt de toute humidité. Le temps ne lui enlève aucune de ses propriétés; quelques personnes assurent même que, loin de lui ôter, il'y ajoute plus elle vieillit. Je pourrais dire que j'en ai la certitude. par les essais auxquels j'ai souwis des échantil- lous conservés dans des herbiers portant trente années de date. , ui Les tiges gâtées ne sont point inutiles, elles peuven£ servir à augmenter la masse des fumiers, ou bien être réduites en cendre pour en obtenir de la potasse, l & Gomme Ja plante a un port élégant, une taille élevée , et un feuillage agréable , elle pent figurer dans les parterres et sur le bord des massifs d’un jardin paysager. De loin elle produit un effet pit- toresque. On a; dit que les racines étaient apéri- tives GAUL am tives et les feuilles diaphorétiques , il faut rayer ces propriétés de l’histoire de la Gaude. Rien ne les justifie raisonnablement. (T. ». B.) GAULE, Francia. (céocr. pays.) La Gaule était cette belle province qui résista si long-temps à l'ascendant de Rome, dont les armées victorieuses occupaient la moitié du monde alors connu. Il ne fallut pas moins que César pour la réduire, et encore les courageux et intrépides Gaulois, qui se rappelaient leurs incursions sur le sol romain ; cherchèrent-ils à plusieurs reprises à reconquérir leur liberté nationale. Le commandement de cette importante et riche province était toujours confié aux plus grandes réputations militaires de l'empire; aussi plusieurs généraux s’en firent un piédestal our parvenir à la pourpre impériale. Bientôt la Gaule fut envahie par les Francs, peuplade de la Germanie, qui s'établit au sein de ce beau pays, et se mêla si bien avec la race vain- ue, qu'il ne fut pas possible de reconnaître le vainqueur du vaincu, le Franc du Gaulois. Ce fut alors une monarchie puissante, qui s’étendit au loin, et qui, du nom de la race conquérante, prit la dénomination de France. Cette Frante elle- même subit de nombreuses modifications territo- riales, et, après s’être étendue jusqu’à Rome, en Allemagne et en Belgique , elle s’arrêta dans ses courses vagabondes, et les traités de 1815 nous la firent telle qu’elle est aujourd’hui, composée de 86 départemens , et limitée ainsi qu’il suit : Au nord, par la Manche et le Pas-de-Calais qui la séparent de l'Angleterre, par la Belgique et la Prusse rhénane; à l’est, par le grand-duché de Bade, la Suisse et le Piémont; au sud, par la Méditerranée, qui forme en cet endroit le golfe de Lyon, et par les Pyrénées, qui la séparent de VEspagne ; enfin, à l’ouest, par l'océan Atlan- tique. : La plus grande longueur de ce beau pays, situé entre les 7° 9’ de longitude occidentale et les 5° 56’ de longitude orientale , et entre les 42° 20’ et 51° 5’ de latitude, est de 575 milles. Cette longueur se compte du point le plus occidental du départe- ment du Finistère, jusqu’à Antibes, dans le Var. Sa plus grande largeur est de 499 milles, et se compte de Givet, dans les Ardennes, au mont Huromba, au S.-S.-0. de Saint-Jean-Pied-de- Port. Comme nous l’avons fait déjà observer dans un article de ce Dictionnaire , les montagnes qui sont répandues sur le sol français offrent peu d’éléva- tion ; elles appartiennent à trois systèmes que nous avons déjà décrits, aux systèmes Hispérique, Al- pique et Gallo-Francique. Selon nous, toutes les montagnes situées au- delà du cours de la Garonne, du canal de Lan- guedoc et de l'Aude, font partie du système His- périque. Toutes les montagnes à l’est du Rhône, de la Saône et du Doubs appartiennent au système Alpique. Enfin, toutes les autres montagnes ré- pandues à l’intérieur forment le système Gallo- Francique. . Le point culminant du premier système est Ja T. IL. 203° I 1VRAISON. |} Maladetta ou Pic de Nethon, dans les Pyrénées ; il est élevé de 1,787 toises au dessus du niveau de la mer. Dans le deuxième système, on trouve le mont Olan, haut de 2,163 toises, Enfin, dans le troisième système, le point culminant est un pic des monts Doë, département du Puy-de-Dôme, qui porte le nom de Pic Saney, et qui n’atteint qu'une hauteur de 975 toiscs. Si la France n’est pas très-riche en montagnes fort élevées, du moins elle offre des cours d’eau en grañd nombre et d’une grande beauté, qui apportent la fertilité au scin de ses riches campa- gnes. Vingt et un fleuves principaux la sillonnent dans tous les sens et vont porter le tribut de leurs eaux à quatre mers, la mer du Nord, la Manche, l'Océan et la Méditerranée. Parmi ces vingt ét un fleuves’, il en est six qui peuvent être rangés parmi les plus beaux fleuves de l'Europe ; ce sont le Rhin, la Meuse, la Seine, la Loire, la Gironde et le Rhône. Nous allons décrire le cours de ces fleuves , en les classant suivant les mers où ils se jettent. Mer pu Nonn. —La mer du Nord recoit le Rhin, dont les eaux, au sortir de la Suisse, forment une parte de la frontière orientale de la France, qu’elles abandonnent pour traverser la Confédération ger- manique ; ses principaux aflluens en France sont l'E et la Moselle , grossie de la Meurthe. La Meuse, qui prend sa source dans le dépar- tement de la Haute-Marne , au plateau de Langres, traverseune pelile partie du département des Vosges, celui auquel clle donne son nom, le département des Ardennes, qu’elle quitte pour entrer en Bel- gique et en Hollande. Ces deux principaux affluens sont le Chier, quibaigne Montmédy, et la Sambre, Enfin l’Escaut, qui prend sa source dans le département de l’Aisne , traverse le département . du Nord, baigne Cambrai, Valenciennes et Condé, et sort de Francé pour entrer en Belgique. La Mancue.—La Manche recoit la Somme , qui ne traverse que deux départemens, celui où elle prend sa source (l'Aisne ), et celui auquel elle donne son nom. La Seine, qui prend sa source à St-Seine, dans le département de la Côte-d'Or, traverse les dé- partemens de l'Aube , de Seine-et-Marne , de Seine-et-Oise, de l'Eure et de la Seine-Inférieure, Ce fleuve, dont le cours est très-sinueux, arrose Paris, capitale de la France. Ses principaux af- fluens sont l’Aube, la Marne, l'Oise, l'Aisne : l'Yonne et l'Eure, qui, tous, donnent leur nom à un département qu'ils traversent, L'Orne, qui prend sa source dans le départe- ment auquel il donne son nom, et entre dans celui du Calvados, où il finit son cours. Océan ATLANTIQUE. — L’océan Atlantique re- çoit la Vilaine, qui roule ses eaux dans les dé- partemens d’Ille-et- Vilaine et du Morbihan. La Loire, qui prend sa source dans les Céven- nes, traverse ou touche douze départemens, Ar- dèche, Haute-Loire, Loire, Saône-et-Loire, Allier, Nièvre, Cher, Loiret, Loir-et-Cher, Indre-et- Loire, Maine-et-Loire, et Loire-Inféricure , €t 43 GAUL GAUL ro baigne Nevers, Orléans, Blois, Tours, Saumur et Nantes. Les principaux affluens sont la Nièvre, la Mayenne, l'Allier, le Loiret, le Cher, l'Indre, la Vienne et la Sèvre nantaise. La Charente, qui arrose les départemens de la Charente el de: la Charente-Inférieure , et se jette dans le pertuis d’Antioche. La Gironde, qui se forme de deux rivières, la Garonne et la Dordogne. On sait combien leur cours est torrentiel, et les désastres qu’elles ont occasionés tout récemment font foi de leur course rapide st dangereuse. Mépirennanke. — La Méditerranée recoit l Aude, qui naît dans le département des Pyrénées- Orientales et arrose celui auquel elle donne son nom. L’Hérault, qui descend des Cévennes et. par- court le département auquel il donne son nom. Le Rhône, qui traverse la Suisse, sépare le dé- partement de l'Ain de la frontière sarde, traverse ou touche les départemens du Rhône, de l'Isère, de la Loire , de l’Ardèche, de la Drôme , de Vau- cluse, du Gard et des Bouches-du-Rhône, en pas- sant par Lyon, Vienne, Valence, Montélimart , Avignon , Beaucaire , Tarascon.et Arles. Les prin- cipaux afiluens sont l'Ain, la Saône grossie du Doubs , l'Ardèche, le Gard, l'Isère , la Drôme et la Durance. Enfin , le Var, qni sort des montagnes du Pié- mont pour venir donner son nom au département français qu’il arrose, L'industrie française ne s’est pas contentce du cours de ces fleuves qui, comme de larges routes tracées par la nature, traversent dans toutes.les directions l'étendue du territoire. Elle a employé des moyens faclices pour augmenter les relations, aider les communications, et. satisfaire ainsi son activité commerciale, De nombreux canaux ont été creusés dans tonies les parties de la France, dans le but, ici de réunir deux mers, là de rap- procher une grande ville, un entrepôt de la mer , plus loin de joindre deux rivières, Ces canaux sont au nombre de quatre-vingt-seize, dont soixante-quatre sont déjà terminés, dix-huit en construction et, quatorze seulement. en projet. Parmi ces derniers ,.les deux plus remarquables , sans contredit, seront.le canal: du, Havre: à Paris; et le canal de Paris au Rhin par Châlons, Nancy, et Strasbourg, | A la tête de tous les cananx déjà établis, nous sommes en, droit de citer le fameux canal du Midi, qui porte aussi le nom de canal. du Langue- doc. Ce magnifique ouvrage hydraulique, qui fut livré à la navigation en 1681, joint la Méditerra- née à l'Océan au moyen de la Garonne, où il com- mence au dessous de Toulouse. Il baigne lesmurs de cette ville, ainsi que ceux de, Castélnaudary'et de Béziers: un, peu au dessus. d'Agde, il entre dans l’étang ou pour mieux dire dans la lagune de Thau, qui, par le port de Gette,, communique. avec la mer Méditerranée. L’immense-réservoit-on | cavation dans le roc à travers la plaine d’Arge- lier, et l’aquéduc de CGesse ; ses grandes dimen- sions, ses soixante-deux écluses, ses. soixante- douze ponts, ses cinquante-cinq aquéducs:, qui servent de passage à autant de rivières , mettent ce canal au premier rang parmi les travaux du même genre. Sa longueur totale est de 227,547 mètres. De tous les canaux achevés,» il est de beaucoup le plus important par ses dimen- sions. Le canal du Centre ou du Charollais, ouvert en 1791, est destiné à servir de communication en- tre la Saône et la Loire; ses dimensions, moins gigantesques que celles.du canal du Midi, ne lais- sent point que d’être très-considérables, [ln’a pas moins de 116,812 mètres; il commence à Châlons- sur-Saône, passe à Ghagny, St-Léger, Blanzy et Paray, et vient aboutir à la Loire à Digoin. Le canal de Monsieur , qui traverse les départe- mens de la Côte-d'Or, du dura, du Doubs, du Haut-Rhin et du Bas-Rhin, est destiné à jomdre la Saône au Rhin. C’est un canal considérable , divisé en quatre parties principales; la première forme la jonction de la Saône et du Doubs; la deuxième forme la navigation du Doubset se com- pose de plusieurs dérivations de cette rivière; la troisième élablit la jonction du Doubs au Rhin, et enfin la quatrième unit Mulhausen à Bâle et à Huningue. La première de ces parties a été ache- vée en. 1806; la seconde en 1820 ; et on vient de livrer à la navigation la quatrième. La longueur de ces trois premières parties est de 521,277 : mètres, Le canal de Bourgogne est destiné à établir une A . CE Ya A communication entre l'Yonne et la Saône. Ce grand Ganal, lorsqu'il sera terminé, n’aura pas moins de 241,469 mètres. On vient de terminer | la belle voûte souterraine de 3,000 mètres qui se trouve près de Pouilly. Le canal de St-Quentin joint l'Escaut à l'Oise ; le passage souterrain qui se trouve près de St- Quentin est) regardé comme un chef-d'œuvre. ÿ Enfin viennent des canaux de moindre impor- tance , telsque les canaux de Briare, du Loing , d'Orléans, de l’Llle-et-Rance, et de Bretagne. Nous arrêterons icicette nomenclature, Lesprincipales îles qui appartiennent à la France sont, dans l’océan Atlantique, Ouessant et Sein, qui dépendent du département du Finistère; Groix et Belle-.Mle font partie de celui du Morbihan ; Noirmoutier et Dieu, de la Vendée ; Ré et Oléron, ! de la Charente-Inférieure. , Dans la Méditerranée, outre la Corse, qui à elle seule forme un département français , om trouve les groupes des îles d’Ayéres et de Lérins , département du Var: c’est dans ce dernier groupe que se trouve l’île de Sainte-Marguerite où était le-château:fort devenu célèbre par le mystérieux | prisonnier qui y fut enfermé, et qui est si connu sous le.nom. de l’homme au masque de fer. Fe - SE Nous ne parlerons pas ici de ce qu’on à Fhabi- | tude d’appeler les lacs francais ; ce sont plutôt des lac artificiel de St-Ferréol près.de Castelnaudary, l | étangs à graudes. dimensions que de: pelits lacs. l’écluse de Fonseranne:, la voûte de Malpas , l'ex+ Lu mm af GAUL 839 GAUL Us se trouvent en assez grande quantité dans ses parties S.-O. et S.-E. Nous ne parlerons pas non plus des nombreuses villes qui couvrent la surface de ce riche territoire; nous ne citerons que Paris, sa capitale; Lyon, Bordeaux, Marseille et Rouen, qui passent pour les secondes villes de la France. (G. d.) À ces faits purement physiques , ajoutons quel- ques mots sur l’histoire , les mœurs , la population et les productions de la France : un cœur patriote ne peut écrire le mot sol natal, sans chercher à le montrer tel qu'il est et à le faire aimer autant qu'il le mérite : d’ailleurs, il est bien permis de ürer vanité d’appartenir tout entier à cette France si noble, si généreuse, si fertile, si enviée de l’é- tranger. Les fastes des premières nations sont perdues à jamais, et, sans quelques monumens, plus on moins entiers , demeurés debout pour attester leur exi- stence , on serait réduit à adcpter le cercle étroit tracé parquelques écrivains et à croire lemonde plus jeune qu’il ne l’est véritablement. Avant |la noble confédéralion des peuples celtiques, qui embras- sèrent notre vieille Europe à des époques fort re- culées , et peut-être contemporaines de la dernière grande révolution géologique , dont nous lisons les antiques annales aux flancs des plus hautes mon- tagnes, tout est obscur. Nous ne connaissons même ces peuples que par quelques mots échappés aux annalistes latins. Ge sont eux qui nous disent que, bien antérieurement à l'invasion des aigles romaines, la Gaule vantaït déjà l'antique splen- deur des Celtes, l'immense étendue de pays qu’ils occupaient, leur haute civilisation , leur agricul- ture florissante, leurs longues expéditions sur ‘terre et sur mer. On pourrait croire que c’étaient lt des inventions de l’orgueil national; mais au- jourd’hui qu’une partie des archives scandinaves ont été retrouvées, on voit bien que César et Tacite n’ont rien exagéré ; nous avons maintenant sur nos aieux des renseignemens nombreux que Pon n’a pas su exploiter encore, malgré tout l’imtérêt qu'ils devraient inspirer à nos historiens, à nos lettrés. Le nom de Gaulois était celui que portaient les Celtes habitant le pays qui, des dernières rives du Rhin, descend aux Pyrénées, et qui de l'Océan va retrouver ce même fleuve vers sa source et toucher les Alpes, dont les cimes s’abaissent en approchant de la Méditerranée. Ce sont ces li- mites que la France avait encore au huitième siècle de l'ère vulgaire; elles lui ont été ravies , quand la lâcheté de ses chefs la livra cicatrisée au fer de ses ennemis ; ce sont les limites qu’elle reconquit avec les guerres de la révolution et qu'elle retrouvera dès que la cause des peuples reprendra son sceptre d’or etitriomphera des con- cessions mendiées dans l'intérêt privé de quelques familles. | À En étudiant le beau pays de France, il est fa- cile d'apprécier tout ce qu'ilwaut. Il est agricole et manufacturier , guerrier ét maritimei, littéraire, artiste et savant, riche de son propre fonds ; et { capable de se suflire à lui-même : aux yeux des anciens, comme à ceux des contemporains, Ce sera toujours laiterre de la civilisation , de l’indus- trie, du goût ét des hautes qualités sociales. Nous avons vu, en suivant nos divers bassins agricoles (tom, 1, pag. 3961et 397), tout ce que nous som- mes en droit d'exiger de notre sol, et les ressources entous genres qu'il nous promet quand nous vou - drons partout en profiter. La France jouit d’un climat doux et tempéré, d’un air pur et vif; ses montagnes n’ont rien d’âpre; presque toutes sont couronnées par de superbes forêts ; ses plaines sont sillonnées par des éaux limpides, poissonneuses, ou couvertes de moiïssons variées: ses vallées nour- rissent de nombreux troupeaux qui y trouvent d’abondans pâturages ; sur ses coteaux, la vigne se montre brillante de jeunesse et y donne des vins que le monde entier boit avec délices. La terre y recèle toutes lesrichesses minérales les plus utiles, celles qui fournissent à l’agriculture et à l’industrie les moyens d'élargir incessamment leur sphère. Sur les deux mers qui baignent ses côtes, elle compte de. beaux ports, de nombreuses baies profondes, on y fait une pêche très-riche et très- variée ; le commerce y voit des débouchés certains pour tous les points du globe. En un mot, la France renferme tout ce qui rend la vie douce et légère, les élémens de la vraie gloire et de la prospérité’, tous les trésors de la nature, tout ce qu'il faut pour occuper la première place parmi les nations les mieux partagées. (Joy. aux mots Anrmaüx Do- MESTIQUES , Boeur, FRoMENT; VIE, etc.) Qu'importe l’étendue d’une contrée, si elle est mal cultivée, si elle ne peut montrer que quelques points habités par des hommes civilisés, et ne ci- ter que quelques têtes pensantes; si elle n'offre partout que des bandes de Cosaques plus barbares que leurs chevaux indomptés, que leurs steppes inhospitalières. Si la France n’embrasse pas un pays immense, nulle part il n’est une population aussi compacte, aussi active, aussi dévouée , aussi intelligente, aussi charitable, aussi industrielle que la sienne. On ÿ compte 32,569,225 habitans, et l'accroissement annuel est estimé à un 169° de la population générale. Près des deux tiers des ha- bitans sont occupés aux travaux de l’agriculture et des états qu’elle alimente. On ne compte sur 10,000 habitans que 592 indigens et 23 mendians: ce nombre diminuerait sensiblement »si les fonds destinés aux malheureux n'étaient imcessamment dévorés par des filles entretenues, des hypocrites et des voleurs subalternes. Le caractère national offre plus de qualités réelles que de défauts ; il repose sur l'honneur ; il’agrandit par le besoin des lumières, qui gagne tous les coins de la France; par l'habitude de marcher sans cesse dans la voie des progrès; par les heureuses inspirations d’une pensée toujours forte, d’une imagination toujours brillante ; par l'amour de la gloire et:par le plaisir. de faire du bien ‘aux autres. Quand la guerre oblige le Fran- çais à prendre les armes , il se bat avec loyauté à jamais il-n’a recours à la fraude, à Ja trahison; GAVI 340 GAVI mm et lorsqu'il vole de victoirés-en victoires , il a l’art de faire oublier les horreurs du carnage en por- tant aux vaincus ses lumières, son industrie; son amour pour la liberté, en versant le baume de l'amitié sur les plaies de celui qu’il ne veit plus comme ennemi ; son bonheur est de fertiliser le sol sur lequelil a planté ses lauriers toujours verdoyans. Sous le rapport de l'histoire naturelle, peu de pays sont mieux favorisés que la France ; de nom- breux établissemens publics y sont gratuitement ouverts à quiconque veut étudier et comparer. Si l’on trouve dans ses campagnes un très-pelit nom- bre de bêtes fauves, en revanche lés races des ani- maux utiles y sont belles et nombreuses; toutes les aatres sont susceplibles de s’y acclimater aisé- ment. (Voy. Animaux uriLEs À NaTURALISER. ) Les richesses végétales indigènes sont excessivement variées; leur masse a considérablement été aug- mentée par les soins étendus aux végétaux des terres étrangères ; aussi beaucoup de plantes exo- tiques ont répondu à la persévérance des cultiva- teurs et adopté notre sol comme une nouvelle pa- trie (77, à l’article Frou. ) Les landes , ces vastes espaces qui semblaient condamnés à une éternelle stérilité, se tapissent de végétaux importans. Cette ligne de collines desable nu et mobile , que la mer semble disputer à la terre , et qui n'appartient ni à l’une nià l’autre, se couvre d’arbrés productifs dont les rameaux servent de retraite aux oïseaux! voyageurs qui viennent y nicher. Sur nos rives de la Méditerranée, l’Ibis et le Phénicoptère aiment à se rendre en troupe; déjà le Rollier y est fixé , tandis que les oiseaux des régions septentrionales cherchent dans nos départemens du nord-est et de l'est un climat plus agréable, pour s’y livrer aux doux ébats de l’hyménée, Tontesles autres parties de l'histoire naturelle vivante et fossile sont repré- sentées en France par des genres et des espèces dignes de remarque. Il suflit de vouloir, pour y acquérir des connaissances étendues. La langue française s’est fait jour chez tous les peuples; partout elle est accueillie comme l’expres- sion la plus noble de la civilisation, comme la langue des sciences, comme la plus heureuse, la plus précise pour écrire l’histoire de la nature et de ses productions. Cépendant quelques enfans perdus voudraient faire rétrograder cette langue si pure, et la faire parler comme une bacchante : leurs efforts sont inutiles , le génie du goûtet de la décence fera disparaître le fumier qu’ils entas- sent pour salir sa robe brillante et légère. Appuyé sur la scicice qui vivifie tout, et sur les études so- lides qui opposent un mur d’airain aux tentatives de l'ignorance et de l’imposture, le génie conser- vateur brûlera le dégoûtant étendard des fils des Cosaques , comme le cultivateur est parvenu à dé- trüire l’aspic venimeux qui déshonorait le gazon de nos bois. (T: ».B.) GAUTEREAU. (ors. ) Un des noms vulgaires du Geai, Corvus glandarius. Voy. au mot Gear. : É 01 {Ts BuB:) GAVIAL. (nepr.) Nom vulgaire, dans la pres- qu’ile de l'Inde, de certains Crocodiliens, dont on a-fait depuis quelques années un groupe distinct, caractérisé surtout par un museau plus étroit et plus allongé que chez les autres Crocodiles, parti- cularité qui leur a valu-le nom!de Crocodiles Lon- | girostres ; les bords dentaires des mâchoires sont droits et les branches de la mâchoire inférieure convergent plus rapidement l’une vers l’autre, et se soudent entre elles dans une plus grande éten- due ; les dents sont uniformes, coniques ; simples;, presque droites, lisses, de grandeurà peu près égale, si ce n’est les deux antéricures qui sont plus petites et la suivante qui est! plas longue à la mâchoire supérieure, et Ja première et sur- tout la quatrième de la mâchoire. inférieure qui dépassent les autres; leur nombre varie-de 25 à 26 à la mâchoire supérieure , et de 28 à 29 à la mâchoire initrieure , dont 3 sur la portion libre ; la quatrième dent de la mâchoire inférieure passe däns une échancrure de la mâchoire supérieure pendant l’occlusion de la gueule, et non dans un trou du maxillaire- comme cela a lieu chez les Champsès et les. Alligators; l’orifice des narines est situé en arrière d’un renflement verruqueux eb ampullaire de l'extrémité du museau : les bords, formés d’un tissu fibro-vasculaire , paraissent sus- ceptibles d’une sorte d'expansion et de contrac- tion , au moyen de quoi l'animal peut à volonté s'opposer plus ou moins complétement:.à l’intro- duction des corps étrangers daps l’intérieur du canal olfactif respiratoire ; peut-être sont-ce ces callosités assez saillantes, chez les males principa- lement, qui ont fait diré. à Ælianus qu'il existait dans le Gange des Crocodiles qui avaient une corne sur le bout du museau ; ce sont ces exubé- rances qui ont fait donner aux Gavials le nom de Ramphostoma ; qu'on leur à appliqué dans les derniers temps. À ces-caractères principaux s’en ‘joignent d’autres tirés de la disposition particu- lière et des proportions spéciales des os du crâne et de la face ; mais l'exposition de ces détails nous entraînerait au-delà des bornes de ce Dictionnaire. Nous ajouterons seulement que les pieds de der- rière sont palmés jusqu'à l'extrémité des doigts, et qu'ils sont dentelés sur leur bord externe ; le plastron, supérieur des Gavials est formé de six séries longitudinales de plaques plus allongées, moins rugueuses et à carène mieux arrêtée que chez les autres. Grocodiliens ; les deux»séries in- ternes se prolongent sur la nuque ; les deux mé- dianes: s'étendent sur la queue, où elles se replient sur elles-mêmes, et se soulèventen dentelures ro- bustes, pour constituer la crête caudale en scie double d’abord, simple. ensuite; le plastron infé- rieur est composé de douze ou quatorze séries de plaques à peu près lisses. (7. pl 171, fig. 4 de notre Atlas.) Les Gavials ont, en général, l’organisation inté- rieure,lesmæurs et les habitudes des autres Grocodi- liens. En général, comme eux ils sont redoutés dans | les contréesqu'ils habitent,etparmi les sinistresdont les relations des voyageurs aux Indes sont remplies sur.ce sujet, nous rapporlerons l'aventure remar- | quablequele R. P. Kircher tenait d’un de sesamis, GAVI Un individu se promenait le long des bords ver- doyans du Gange, s’abandonnant au vague de ses pensées , lorsque tout à coup il fut cruellement ar- raché à ses rêveries par la vue d’un immense Ga- vial, qui, dissimulé par les roseaux, s'ayançait vers lui la gueule béante et menaçait de l’engloutir ; l'imprudent voyageur cherche à fuir, mais dans le seul chemin qui s'offre à lui du côté opposé au Ga- vial, il apercoit un tigre furieux prêt à se jeter sur lui ; ne voyant plus de salut en ce monde; le mal- heureux se prosterna en recommandant son âme à Dieu, et ce fut bien fait; car, au moment où l’in- fortuné se précipitait la face contre terre , le tigre s'était élancé, et, dérouté par le changement im- prévu d’attitude du pauvre homme, l'animal dé- crivait en l'air une parabole, passait au dessus de lui, et alfait tomber la tête la première dans l’é- norme gueule du Gavial qu’il n'avait pas apercu. Cependant des voyageurs modernes assurent que les Gavials proprement dits, ou Grocodiles à museau allongé et étroit, ne sont pas cruels et qu'ils se contentent habituellement de poissons, et que les accidens rapportés par les voyageurs plus anciens doivent être attribués à l'espèce de Ghamp- sès qui habite, ainsi que les Gavials, le Gange, ses afiluens et les immenses marais de ces parages , sa- xoir, le Crocopize À DEUX ARèTES, €. biporeatus, Cuv., ce qui justifierait assez bien la remarque d’Æliapus, qui dit quelque part que le Gange nourrit deux espèces de Grocodiles, les uns inno- cens , les autres cruels ; mais peut-être aussi celte douceur, accordée aux Gavials que les Indiens ap- pellent.encore Mudela, est-elle supposée par des idées religieuses; car le Gavial est un animal sacré dans les Indes; il représente la puissance de l’eau sur la terre; aussi est-il consacré au grand Wisch- nou, le créateur et le souverain des eaux; le Ga- vial peut dénoncer un criminel à la vengeance des lois ; le brahmine s'arrête devant un Gavial lors- qu'il en rencontre un sur un fleuve, et l’on n’ose pas attaquer cet animal vénéré. La substance jaune musquée des peches sous-maxillaires sert aux Hin- -dous pour barbouiller les figures religieuses qu’ils se lracent sur le front. — Qaelques naturalistes distinguent deux espèces de Gavials. 1° Le GRanb Gaviaz pu GANGE, Lacerta gan- gelica, Gm., Croc. longirostris. Il atteint à peu près la taille des autres Grocodiliens et leurs pro- portions ; sa tête est plus large que dans l'espèce suivante, etc. 2° Le Perir Gaviaz, Croc. tenuirostris, d’une taille beaucoup moindre que le précédent ; à mu- seau plus eflilé ; à tête plus étroite, ainsi que l’in- diquent les surnoms qu'on lui a donnés. Mais l’on connaît encore trop peu les modifica- tions que l’âge et les circonstances accidentelles apportent dans la configuration de ces animaux, et -dans les proportions relatives de leurs parties, pour pouvoir apprécier à leur juste valeur les nuances qu'une analyse rigoureuse peut apercevoir entre les individus que l’on a pu examiner; aussi quel- ques auteurs croient-ils ne pouvoir affirmer que ce dernier Gavial, dont la coloration élémentaire dif- 541 GAVI {ère peu de celle du premier , et qui se trouve aux mêmes lieux que lui, soit effectivement une espèce distincte, et sont-ils portés à présumer qu’il n’est que le jeune âge du grand Gavial. On à rapporté à la famille des Gavials plusieurs animaux fossiles qui offrent quelques uns des ca- ractères particuliers des Gaviafs ; mais chez la plu- part d’entre eux, ces caractères ne se retrouvent qu’en partie, et les autres se supposent seulement par induction, ou bien les portions connues signa- lent, avec des caractères propres aux Crocodiliens, et aux Gavials en particulier, des particularités in- compatibles avec l’organisation connue de ces animaux et avec leurs habitudes ; aussi quelques auteurs ont-ils cru devoir laisser ces animaux fos- siles isolés sous des noms particuliers , ou grouper plusieurs d’entre eux pour en former des familles à part, plus ou moins séparées des Gavials, et rapprochées des Gétacés, Cetosaurt, etc. Dans l’im- possibilité de pouvoir déterminer, quant à présent, ces animaux d’une manière certaine, et de leur as- signer la place qu’ils doivent effectivement occuper, nous les indiquerons provisoirement ici, en ayant soin, toutefois, de signaler les affinités qu’ils offrent avec les animaux des autres familles ou des autres divisions du règne animal. ; 1° Un des animaux fossiles qui offrent le plus d’a- nalogie avec les Gavials est l'Æoronon ( nom formé des mots grecs aiolos, inégal, et odous, dent) , appelé aussi Crocodilus priscus, Gavial de Manheim , Palæosaurus. Get animal, dont les res- tes presque complets ont été trouvés dans les en- virons de Manheim , au milieu des schistes mar- neux gris jaupâtres, si connus sous le nom de schistes lithographiques de Solenhofen en Bayern (Bavière), a la tête généralement conformée comme celle des Gavials ; nais le museau , étroit et renflé à sa pointe comme celui de ces reptiles, est pro- portionnellement un peu plus court ; les os de la tête offrent aussi quelques différences de détail, et les dents de la mâchoire inférieure sont alter- nativement plus longues et plus courtes ; les unes donnent 0,019 et les autres 0,017 de longueur totale, ce qui fait que, pour la couronne, les plus grandes ont presque le double de la longueur des plus petites. L'on compte 25 à 26 dents sur les fragmens connus des mâchoires, ce qui porterait à 4o le nombre total, qui dépasse de beaucoup celui des dents des Gavials; les vertèbres sont au nombre de 79, tandis que lon n’en compte que 68 chez les Gaviais; cette différence porte sur les vertèbres caudales, plus courtes et plus épaisses, disposition qui rend la proportion de longueur de la queue à peu près égale à celle des Gavials, bien qu’un plus grand nombre d’os en- trent dans sa composition. La surface articulaire postérieure du corps des vertèbres est légèrement concave, en opposition avec leur conformation chez les Crocodiliens et les Sauriens ; en général, cette configuration rapproche à cet égard ce fossile des Cétacés, des Batraciens et des Poissons. Les extrémités postérieures, les seules connues, offrent aussi des particularités remarquables ; les os longs GAVI 342 GAVI sont moins contournés que dans les Crocodiliens vivans, leurs extrémités articulaires sont moins renflées, et leurs enfoncemens et leurs saillies moins prononcées que dans les Crocodiliens, et ressemblent assez à celles des os des Cétacés. Le fémur atteint au-delà du double de la longueur des os de la jambe, ce qui est à peu près sans exemple chez les reptiles vivans ; les os du tarse sont presque égaux entre eux; le nombre des doigts paraît avoir été le même que chez les Cro- codiliens. L’on a trouvé sur quelques points de ce squelette fossile des écailles quadrangulaires, dis- posées en quinconce, épaisses au centre, amin- cies à leur bord, finement alvéolées à leur surface, légèrement imbriquées entre elles; on présume, d’après leur position, qu’elles ont pu appartenir à l’Æolodon, et qu’elles constituaient un plastron formé de quinze à seize rangées transversales , et de dix séries longitudinales. On a surnommé l’Æo- lodon du nom du savant qui l’a découvert, Æolo- don de Sæmmerring. Le bloc qui le renferme se trouve au Muséum britannique. 2° Le Racn£osaurus est un autre animal fos- sile, trouvé également dans les schistes de Solen- hofen; on en possède seulement une grande partie de la colonne vertébrale, les côtes, le bassin et lextrémilé postérieure. Les corps des vertèbres sont concaves à leur surface articulaire postérieure comme chez l’Æolodon, mais ils sont en général moins allongés que chez ce dernier; les apophyses épineuses sont fort larges, celles de la queue sur- tout; les vertèbres caudales offrent aussi cette sin- gularité, que leurs apophyses épineuses sont dou- bles, ou accompagnées d’une sorte d’arête ou apophyse subulée, libre, dont on ne retrouve d’analogue que chez les poissons; l’on observe en- core aux vertèbres caudales des apophyses en chevrons , ou os en V comme chez les Crocodi- liens vivans ; les côtes sont arrondies et paraissent exister encore sur les vertèbres de la région des lombes; les côtes vertébrales se réunissent avec les côtes sternales, en formant un certain angle saillant en avant; les os du bassin ressemblent assez à ceux des Crocodiliens, mais ils sont plus courts et plus larges ; les os de la jambe atteignent à peine le tiers de la longueur de ceux de la cuisse; les doigts des pieds sont en même nombre que chez les Crocodiliens vivans, comme chez eux l’on trouve aussi en dehors du tarse les rudimens d’un cinquième doigt ; l’enveloppe cutanée paraît avoir été formée par des écailles plus minces et plus lisses que celles des Crocodiles. La grandeur présumée de l’animal est évaluée à environ cinq pieds et demi. Hermann von Meyer , à qui l’on ‘ doit la découverte de cet animal fossile, lui a donné le nom de Racnf£osaurus (des mots grecs rachis, épine, et sauros, lézard) À Érnes crèLes, R. gracilis , à cause de la singularité des apophyses épineuses des vertèbres caudales. 5° Hermann von Meyer a créé le nom de Gnathosaure (des mots grecs gnathos , mâchoire, ct sauros , lézard) , pour représenter un Saurien fossile dont on ne çonnaît qu’une portion de la mâchoire inférieure , qui offre des particularités assez remarquables, À en juger par l’écartement des branches de la mâchoire , la tête de l’amimal devait être plus étroite en arrière que chez les Gavials ; les branches de la mâchoire, longues et grêles, sont d’ailleurs droites et soudées entre-elles dans une étendue plus considérable encore que chez les Gavials vivans; les dents, simples, lisses , à peu près droites , creuses à l’intérieur, implan- tées dans des alvéoles isolés , disposés sur un bord dentaire droit, sont plus longues, plus grêles que chez les Gavials , et décroissent régu- lièrement de grandeur d'avant en arrière ; on en trouve trente-neuf à quarante sur chaque bran- che de la mâchoire fracturée en arrière, ce qui peut faire croire à un nombre plus considérable encore dans la mâchoire complète. Hermann von Meyer a surnommé l’espèce Gnathosaure su- bulé, G. subulatus , pour rappeler la forme par- ticulière des dents de ce fossile qui, comme les précédens , a été trouvé dans les schisteslithogra- phiques de Solenhofen. À en juger par le frag- ment de la mâchoire inférieure que l’on possède , cette espèce était d’une petite taille. 4 Hermann von Meyer a donné le nom de PreurosauRE DE Gocpruss (des mots grecs pleuron, côté, et sauros, lézard) , P. Goldfussis à un ani- mal dont on n’a encore trouvé que quelques ves- tiges incrustés dans les schistes de Solenhofen. Les vertèbres et leurs apophyses sont fortement écrasées, les côtes vertébrales paraissent exister jusqu’au bassin, le côté inférieur du corps est aussi garni de côtes qui offrent cela de particu- lier qu’elles sont doubles et placées l’une à côté de l’autre, ou l’une sur l’autre ; les plas longues de ces branches costales s’articulent seules avec les côtes vertébrales. La proportion des os de la jambe à ceux des cuisses est comme 2 à 3. On voit aussi au membre pelvien les restes des pha- langes de quatre doigts, nombre particulier qui a fait rapporter cet animal à la famille des Croco- diliens. Les tégumens paraissent avoir été formés d’écailles minces et douces. L'animal ne paraît pas avoir eu beaucoup plus d’un pied de longueur. 5° Peut-être faudrait:l rapporter à quelque animal fossile voisin de ceux-ci les écailles trou- vées par L. Ruppel dans le même gisement des schistes de Solenhofen, près de Deutingen. Ces écailles quadrilatères ont environ huit lignes de largeur sur chaque bord ; leur surface supérieure paraît lisse, leur surface interne est feuilletée , leur bord supérieur est échancré légèrement , et ses angles émoussés font une saillie en forme de dent ; l’un des côtés offre une légère échancrure destinée à recevoir une dent saïllante du bord cor- respondant de l’écaille voisine. Toutes les écailles paraissent de grandeur à peu près égale et d’une configuration uniforme ; elles sont disposées par rangées transversales contrariées et légèrement imbriquées , au lieu d’être disposées en séries pa- rallèles comme chez l’Æolodon. Hermann: von Meyer a proposé de distinguer provisoirement l’'a- nimal inconnu, à qui ont'pu appartenir ces écailles, oo GAVI 343 GANVI à par le.nom de Lépiposaure (des:noms grecs, lepis, écaille, et sauros,. lézard). Kruger paraît. avoir re- gardé.ces écailles comme les restes d’un Fucoïde fossile voisin du.F. Brardii d’Ad. Brongniart; mais rien ne justifie cette détermination, et tout porte à croire au contraire que ces écailles furent celles du plastron de quelque grand Saurien, Les écailles trouvées par Mantell dans les sables de la forêt de Tilgate, comté de Sussex, se rapprochent beau- coup de celles-ci. Ilest des restes d’autres. animaux fossiles qui ont.été rapportés à la famille des Gavials; mais ces animaux paraissent avoir appartenu à des épo- ques plus anciennes que les précédens , puisque c’est dans les couches des terrains secondaires que l’on rencontre leurs débris. Ici encore les déterminations laissent. plus ou moins d’incerti- tude, et c’est seulement en attendant que leur ensemble, soit plus complétement connu, qu'ils trouveront place dans cet article. 6° Guvier avait d'abord considéré comme les restes d’un Monitor, et depuis comme les restes d’un Gavial, qu'il croyait identique avec l’Æolo- don ou Crocodile de Manheim , quelques .os$e- mens trouvés dans les environs de Boll. Mais ces vestiges ne se rencontrent pas dans les schistes de Solenhofen, comme on l'avait dit jadis, mais bien, suivant la remarque de Hermann von Meyer, dans le lias-de Boll, et l’animalà qui ces restes ont puappartenir a vécu à une époquebeaucoupplusre- culée que l’Æolodon, puisqu'il s’en. trouve séparé par tout le tempsqu’ont pu mettre à se condenser les couches épaisses de certains terrainsde la forma- tion jurassique. L’on.ne possède de cet animal que quelques.os du membre pelvien. Les,vertèbres dor- sales. ont bien, comme celles de l’Æolodon., leur surface articulaire concave ; mais le corps de ces os esi. ici proportionnellement plus allongé; les os:du membre pelvien n’offrent pas non plus les proportions relatives de ceux de l Æolodon , car les os. de la jambe sont seulement ici. un peu plus courts que ceux des cuisses ; aussi Hermann von Meyer a-t-il regardé ces restes fossiles comme ayant appartenu à une espèce distincte qu'il dé- signe par le nom particulier de MacrosPonpyrus (des mots grecs macros, long, et spondulos, ver- tèbre) pe Bozr, Macrospondylus Bollansis. Geoffroy: Saint-Hilaire avait cru devoir regar- der comme deux espèces du même genre les fos- siles connus sous le nom de Gavials de Honfleur, et il les avait réunis sous le nom de STÉNoOsAURE (des raots grecs stenos, étroit, et sauros , lézard), pour rappeler la disposition de leur museau, dis- ünguant l'un par le nom de Sténosaure aux longs maxillaires, et l’autre par celui de Sténosaure aux courts maxillaires. D’autres auteurs leur don- naient le nom de J'anystus. Hermann von Meyer, conduit par une analyse plus rigoureuse, a séparé ces animaux, el en a constitué les types des deux genres suiyans, ..7° Le. Srrerrosponpyze , Streptospondylus (des mots grecs strcptos,, annelé,. et. spondulos , vertè- bres') , Sten. rostro: major, Geoffroy, Gavialis Bachelet , Gray, se distingue des Gavials vivans par la forme générale de la tête et la disposition particulière des os qui la composent. Le crâne est fortement rétréei au niveau de la région tempo- rale, comme chez les Lézards ; l'os frontal est aussi-en particulier plus élargi que chez les Cro- codiles ; les orbites sont d’une grandeur pour ainsi dire démesurée, et placées non sur le haut du crâne, comme chez les Gavials, mais sur les cô- tés, comme chez les Lacertiens. Le museau, plus pelit que celui des Gavials , se détache du crâne d’unemanière moins brusque et sensible ; les bran- ches de la mâchoire inférieure sont réunies entre elles en formant un angle plus aigu, et sont sou- dées dans une étendue moindre que chez les Ga- vialsdu Gange ; aussiles portions séparées portent- elles ici sept dents , tandis qu’il n’y en a que deux chez les Gavials ; les dents sont courtes , grêles , égales, implantées dans des alvéoles distincts ; mais elles sont plus distantes les unes des autres, et leur nombre total n’est, à ce qu’il paraît, que de vingt-deux sur chaque branche de la mâchoire; les-narines sont ouvertes sur la partie supérieure de l'extrémité du museau. mais elles sont évasées, sans relief sensible. Le corps des vertèbres est for- tement resserré ou étranglé à sa partie moyenne, comme chez les Crocoduiliens; mais les vertèbres antérieures de l’échine de l’animal offrent cela de particulier, que leur surface articulaire antérieure est convexe , et la postérieure concave , ce qui ne s’observe chez aucun reptile, et ne se retrouve que chez certains Mammifères terrestres, tels que les Ruminans. Cette disposition s’efface peu à peu sur es vertèbres suivantes. Au lieu des apophyses épineuses inférieures du corps des vertèbres que l’on observe chez les Grocodiliens vivans, l’on voit seulement deux lignes saillantes en arête ou ca- rène, D’après ce que l’on possède des pieds de cet animal , il paraîtrait qu’il n’avait qu’un doigt mé- | dian de longueur médiocre , à phalange onguéale aplatie et terminée par-un bord arrondi comme est la phalange onguéale du Dugong, accompagné de doigts grêles rudimentaires, ce qui ferait présu- mer que le Streptospondyle se mouvait au moyen d’agens locomoteurs plus ou moins disposés pour la natation ; seulement le Streptospondyle paraît avoir eu une dimension peu différente de celle des | Gavials vivans ; ses restes se sont rencontrés dans les couches connues sous le nom d’argiles de Hon- fleur , du Havre, d'Oxford , de Kimmeridge : il pa- raît qu’on en a trouvé aussi dans le lias des envi- :rons d’Altdorf; aussi Hermann von Meyer le dési- gne-t-il sous le nom spécial ‘de :S, Altdorfensis. 8 Le Mrrrionuyncuus de Geoffroy (des mots grecs métrios , médiocre , et rhynchos, museau) Stenosaurus rostro minor , Geoff., Gavialis Ju- rinit, Gray, est fort incomplétement et imparfai- tement connu : cependant ce que l'on sait sur son compte suffit pour le distinguer neltement des Gavials vivans, ef même de lespèce précé- dente,, dent il se rapproche sous plusieurs points | d'organisation ; ainsi Je: museau tient le milieu | pour la longueur entre-celui du Gavial du Gange GAVI et celui du Crocodile de Saint: Domingue. Les narines sont ovales et s’ouvrent directement en dessus de l'extrémité du museau, et non sur la partie postérieure d’un renflement ampullaire ; le corps des vertèbres n’est pas sensiblement ré- tréci à sa partie moyenne, comme dans l'espèce précédente; les surfaces articulaires antérieures et postérieures sont également concaves, en op- position en cela avec les Crocodiliens vivans et le Streptospondyle. Les vertèbres cervicales et dor- sales ne possèdent pas d’apophyses épineuses in- férieures , etc. Au reste, cet animal fossile paraît avoir eu à peu près la même taille que le précé- dent, et se tronve aussi dans les argiles de Hon- fleur et du Havre, plus anciennes encore que ces bancs immenses de craie qui, s’élevant en fa- laises de cinq à six cents pieds de hauteur, for- ment l'assiette du pays de Gaux, et se prolongent , par exemple, dans la vallée de ia Seine, suppor- tant le calcaire coquillier et les gypses des environs de Paris qui le recouvrent. Le comte Von Munster pense avoir trouvé en Bavière une partie du crâne d’un animal analogue à celui-ci; mais ce n’est plus dans des marnes calcaires d’un gris bleuâtre, analogues à celles des falaises de Honfleur et du Havre, c’est dans le calcaire coquillier de Bayreuth ; aussi cette con- sidération d’un gisement différent, jointe à quelques particularités dans la disposition des os, ont porté ce savant géologue à considérer l'animal auquel cctte portion de crâne a appartenu comme une espèce distincte, qu’il nomme JA. priscus. : C’est dans des terrains inférieurs et plus anciens encore que se trouvent les restes d’un-animal fos- sile que l’on a aussi rapporté d’abord aux Gavials, mais qu'un examen attentif a fait distinguer non seulement des Grocodiles longirostres du Gange , mais encore des autres Crocodiliens vivans , ainsi que des Crocodiles fossiles à museau court des ter- rains tertiaires, voisins des Alligators et des Champ- sès , tels que les Grocodiles des plâtrières de Mont- martre, des marnières d’Argenton, des graviers de Castelnaudary, des lignites de Provence, etc. Déjà la nature du gisement où lon trouvait les restes de cet animal, de formation évidemment marine, faisait présumer que cet animal n’était pas un habitant des fleuves et des eaux douces, comme les Grocodiliens vivans, mais un habitant des mers, comme les Ichthyosaures dont il fut le contempo- rain et le compagnon d’infortunes ; cependant il restait à savoir si ces animaux avaient effective- ment vécu dans les eaux au milieu desquelles s’est déposé le calcaire oolithique qui les renferme, ou si, vivant dans d’autres circonstances , ils avaient seulement été surpris et submergés par ces eaux de la mer; mais les études de Geoffroy, si elles n’ont pas décidé cette question cosmologi- que, ont prouvé du moins que l’organisation de l'animal que l’on désigna d’abord sous le nom de Gavial de Caen, parce qu'il fut trouvé au voisi- nage de cette ville de la Basse-Normandie , ou de Gavial de Lamouroux , du nom du savant qui le signala le premier , se rapproche, il est vrai, de 544 GAVI celle des Crocodiliens vivans sous quelques’ rap2 ports, mais qu'elle s’en éloigne sous beaucou d’autres, et que cet être semble avoir tenu à plu- sieurs égards organiques un rang intermédiaire entre les Reptiles et les Mammifères ; aussi Geof: froy l’at-il désigné par le nom de T£LÉOSAURE (des mots grecs teleos , élevé ;'et sauros, lézard). Le Téléosaure de Caen à la tête disposée en gé- néral comme celle des Gavials; mais le museau n’est pas aussi long et aussi en pointe; son extré2 mité manque , et ce qui en reste a pu faire présu- mer que les narines s’ouvraient, non en dessus , comme chez les Gavials, mais en avant du mu- seau , et qu’elles se terminaient par une sorte de groin où de trompe plus où moins allongée; les dents sont ici plus nombreuses que chez les Ga- vials ; elles sont longues, subulées, peu arquées , légèrement dirigées de côté; les premières parais- sent être plus longues que les autres; les suivan- tes sont alternativement plus longues et plus cour- tes; on présume qu’elles ont été bordées par des lèvres molles. Les ptérygoïdes où hérisseaux sont moins développés que dans les Crocodiles vivans, et le canal olfactif respiratoire s’ouvre au devant de cet os, comme chez les Mammifères, au lien de se prolonger en arrière d’eux , comme chez les Crocodiles. Le crâne offre aussi des particularités qui différencient le Téléosaure des reptiles connus. Les surfaces articulaires postérieurés du corps des vertèbres sont concaves ; on trouve cà et là des äpo- physes épineuses et simples , mais plus fortes que ne sont celles des Crocodiles ; celles des vertèbres de la queue sont encore plus larges. Les pieds postérieurs de l'animal paraissent avoir eu le dou- ble de la longuëür des pieds antérieurs, et comme la longueur et la direction de l’articulation de la tête ne peuvent pas faire supposer un animal disposé pour le saut, l’on est conduit à soupconner, malgré l’ignorance où l’on est de la forme des parties terminales des membres, que cet animal était absolument et exclusivement aquatique, ce que donne aussi à présumer la nature écailleuse des tégumens. Les écailles, rectangulaires, osseuses, très-fortes, sont lisses à leur partie antérieure, alvéolées en arrière , et paraissent avoir élé forte- ment imbriquées ét mobiles , en dessus du moins: elles étaient disposées, comme chez les Crocodi- liens vivans, en deux plastrons : le dorsal com- posé de deux séries seulement d’écailles plus larges, de quatre pouces de large sur trois pou- ces d'avant en arrière ; et le ventral formé de six séries d’écailles plus étroites, d’un pouce de dia- mètre dans les deux sens; il ne paraît y avoir eu d’écailles plissées ou carénées que sur la queue. La courbure de l’échine et l’étendue de la portion lisse des écailles dorsaies fait supposer ici une mobilité du rachis qui n'existe pas chez les Cro- codiliens vivans. Cuvier a cru devoir rapprocher le Crocodile de Sussex du Téléosaure de Gaen; mais la différence de nature des gisemens , qui semble indiquer que cet animal à vécu à une autre époque, et les par- ticularités qu'offre la disposition des os que l’on possède , RL — GAYA = ossède , rendent cette réunion peu probable. Mantell parle d'ongles ou de grifles à l’extré- mité des membres, en opposition avec l’opinion de Geoffroy sur la structure du Téléosaure de Caen. Il convient donc provisoirement de con- sidérer le Crocodile de Sussex comme un animal distinct du Téléosaure. Il resterait, en terminant cet article, à examiner si, comme Géoffroy se l’est demandé, les Ga- vials et les Grocrodiles vivans ne descendent pas des animaux fossiles décrits ici, successivement modifiés par les circonstances extérieures ; mais l'exposition des détails nécessaires au développe- ment de cette question de haute philosophie natu- relle nous entraînerait beaucoup au-delà des li- mites de cet ouvrage. (T. C.) GAYAC, Guajacum. (BoT. PHAn.) Genre de . plantes dicotylédonées appartenant à la famille des Rutacées et à la Décandrie monogynie. Il est composé d’arbres à feuilles pennées , décorés de fleurs disposées en fascicules vers l'extrémité des rameaux. Ces fleurs offrent un calice divisé jusqu’à sa base en cinq lobes arrondis, avec lesquels al- ternent autant de pétales deux fois plus longs ; dix étamines à filamens nus ou parfois accompagnés d’un appendice; l'ovaire supère, un peu pédicellé, surmonté d’un style simple et d’un stigmate aigu. Le fruit est une capsule courte, anguleuse, mais dont les angles sont comprimés, à deux et cinq loges monospermes. La semence est osseuse. Le Gayac orriciNAL, G. officinale, connu de- puis que Golomb a retrouvé l'Amérique , est un arbre de première grandeur , garni de feuilles op- posées , conjuguées , à quatre folioles, et de fleurs bleues disposées en espèces d’ombelles sessiles terminales. Il est toujours vert, habite les Antil- les, et jouit d’une haute réputation comme un très-puissant sudorifique. Il est en effet héroïque pour exciter la transpiration, pour purifier le sang et guérir les affections cutanées ; il produit de bons résultats contre les engorgemens de l’organe pulmonaire ; mais il est funeste dans les maladies goutteuses compliquées de fièvres et de spasmes. IL convient dans les maladies arthritiques avec rédominance d’atonie. On l’a long-temps employé our obtenir la guérison des maladies syphilitiques; mais il a dû céder le pas aux préparations mercu- rielles, si dangereuses sur certains tempéramens par les désordres qu’elles déterminent. Le bois a encore un autre usage ; comme il est très-pesant, très-compacte, et un des plus durs que l’on puisse mettre en œuvre, on en fait des dents de roue, des manches d’outils, des pièces de charpente et de menuiserie ; on le recherche surtout pour faire les poulies dont on se sert sur les vaisseaux. Il recoit un beau poli; sa couleur est brune, légère- ment veinée de jaune. Le Gayac commun devient rare à Haïti, à Ja Jamaïque , par suite des coupes outre mesure ; on y abat cet arbre lorsqu'il a à peine acquis le tiers de sa grosseur ordinaire. ‘Une autre espèce moins élevée et beaucoup moins importante, quoique son bois , de couleur de buis, soit également dur , pesant, le Gayac a Tous IL 345 204° LivRAISON. GAZ FEUILLES DE LENTISQUE, G. sanclum, est appelé Bois saint et Bois de vie, sans que j'aie pu décou- vrir la raison de ces deux noms. On le trouve au Mexique , au Brésil et aux Antilles. Le Gayac verricar, G. verticale, trouvé par Ortéga dans l'Amérique du sud, et le Gavac pouTEUx de Forster, G. dubium, provenant de l’île de Tongatabu , ne sont cités que comme es- pèces à étudier. Le Gayac D’ArriQue est une légumineuse du genre Schottia, comme le Gayac DES ALLEMANDS est notre Frêne élevé, Fraæinus excelsior. (T. ».B.) GAYACINE. (cam) On a désigné par ce nom la partie soluble dans l’eau de Ja résine de Gayac, et l’on a voulu y voir un nouveau produit; on a même indiqué sa composition, mais les chimistes de nos’ jours ne semblent pas avoir adopté cette cpinion. (P. G.) GAY-LUSSITE. ( min. ) Un savant francais, connu par ses travaux dans un autre hémisphère, Boussingault, a dédié, sous ce nom, à notre cé- lèbre chimiste Gay-Lussac, un minéral qu'il a observé en Colombie où il se trouve, principale- _ment aux environs de Lagunilla, dans des argiles qui renferment de gros fragmens de grès secon- daire. C’est une substance saline, un carbonate de soude et de chaux, insoluble dans l’eau, plus dur que le gypse, moins dur que le carbonate de chaux, et composé de 28 à 29 parties d’acide carbonique , de 20 à 21 de soude , de 17 à 18 de chaux, de 52 d’eauet de 1 d’argile. Gette substance offre la cassure vitreuse ct cristallise en prismes rhomboïdaux obliques, mais mal conformés. (J. H.) GAZ. (cmm.) Un Gaz est un corps dont les mo- lécules intégrantes ont été tellement éloignées les unes des autres par le calorique, qu'il est devenu invisible, aériforme, élastique, etc. Cet état de certains corps n’est qu'un état relatif dépendant de certaines conditions, de certaines lois qui ré. gissent la surface de notre globe. Que ces condi- tions et ces lois viennent à changer, tout ce qui est Gaz sera modifié, peut-être détruit. Ainsi, que la température de notre atmosphère vienne à aug- menter, ce qui est actuellement solide pourra de- venir liquide ou gazeux; que cette même tempé- rature diminue , s’abaisse au contraire , ce qui est gazeux, invisible, insensible au toucher, pourra apparaître sous forme liquide. Gela étant bien com- pris, on ne devra plus s’étonner si les chimistes et les physiciens, dans leurs laboratoires, font des expériences si curieuses et si hardies tout à Ja fois à l’aide du froid ou du chaud artificiels. C’est ainsi qu’ils solidifient ou vaporisent à volonté l’eau, le mercure, etc., qu’on a liquéfié le Gaz acide sul- fureux; qu’on liquéfiera peut-être un jour l'air que nous respirons, etc. Suivant que les Gaz peuvent ou ne peuvent pas perdre la très-grande partie du calorique qui les constitue , ou, ce qui est lamême chose, suivant qu'ils peuvent ou ne peuvent pas passer à l’état solide ou liquide, ni par le refroidissement , ni par la compression , ni par ces deux moyens réunis, on les distingue en non permanens et en permanens. 44 GAZ 346 GAZ Les premiers, plus particulièrement connus sous le nom de ’apeurs , sont produits par lébullition de corps qu’on trouve solides ou liquides à la température et. sous la pression ordinaires : tels sont entre autres l’éther, l'alcool, l’eau, le soufre, divers métaux, etc. Tant que ces corps sont à la température à laquelle ils sont entrés en ébullition, l’état nouveau sous lequel ils se transforment est transparent, élastique , en un mot tout-à-fait ana- logue aux Gaz; mais aussitôt qu’un corps froid vient à absorber leur calorique latent, ils appa- raissent sous forme de gouttelettes ou de petites masses solides. Les seconds , appelés encore Gaz fixes, conservent leur état aériforme à toutes les températures: tels sont l'oxygène, l'hydrogène, l'azote, etc. Bien que la distinction que nous venons de faire des Gaz soit généralement admise et empreinte d’une certaine justesse , nous ferons cependant observer qu’elle est purement factice et qu'il n’y a réellement pas de caractères bien tranchés entre les Gaz et les vapeurs. Ainsi, on sait que Faraday, à Londres, est parvenu à liquéfier le chlore, l'acide carbonique, en les soumettant à la pres- sion de plusieurs atmosphères ; que Bussy, à Paris, a liquéfié le Gaz acide sulfureux à l’aide d’un froid artificiel; qu'avec cet acide sulfureux liquide et extrêmement volalil , le même chimiste français a liquéfié plusieurs autres Gaz. Ges corps ne peu- vent donc plus être considérés comme de vérita- bles Gaz, etil est probable qu’à mesure que la science fera de nouveaux progrès , le nombre de ces derniers ira sans cesse en diminuant. Quoi qu'il en soit de cette distinction, voyons quelles sont les principales propriétés des Gaz en général, etdonnons l’histoire de chacund’eux en particulier. Les Gaz, que l’on peut considérer comme des corps fondus dans le calorique, sont ordinaire- ment incolores; mous disons ordinairement, car deux, le chlore et l’oxide de chlore, sont d’un jaune verdâtre, et quelques uns, ceux quicontien- nent de la vapeur nitreuse, sont colorés en rouge. Parmi ces corps, quelques uns se répandent dans l'air sous forme de vapeurs blanches; tels sont les Gaz hydrochlorique , hydriodique, etc. ; d’autres sont susceptibles de s’enflammer par le contact de l’air et une bougie allumée, comme l'hydrogène phosphoré, l'hydrogène carboné, ete, ; d’autres rallament les corps qui présentent quel- ques points en ignition, telles sont les pro- priétés de l’oxygène, du protoxide d’azote, et de l’oxide de chlore; d’autres sont acides eb rougis- sent la teinture de tournesol (Gaz acide carboni- que, Gaz acide sulfureux, Gaz acide fluo-bori: que , etc. ); d’autres sont inodores ou penodorans (oxygène, azote, hydrogène; etc. );i d’autres sont très-odorans, (Gaz sulfureux, hydrogène phos- phoré, hydrogène arsénique , etc. ); d’antres sont très-solubles dansl’eau (Gaz acide carbonique, Gaz acide hydrochlorique, Gaz ammoniac, etc.); d’au- tres sont solubles dans les solutésalcalins (Gaz acide sulfureux, Gazacide hydrochlorique, chlore, etc. )z enfin il en est d’alcalins (Gaz ammoniac ). 4 Comme propriétés générales des Gaz, nous dis rons encore 1° que tous, d’après Dalton et Gay- Lussac , se dilatent dans une proportion uniforme et égale, pour chaque degré de température cen- tigrade, à —1— de leur volume à zéro,' sous la pression ordinaire de l’atmosphère; 2° quel’oxygène est celui qui, à la même température et sous la même pression, celle de l’air étant prise pour unité , à le moindre pouvoir réfringent , que l’hy- drogène a le plus grand; 3° que le Gaz ammoniac doit occuper le premier rang, et le Gaz hydro- chlorique le dernier, eu égard aux propriétés ré- fractives ; 4° que tous les Gaz peuvent être absor- bés, mais dans des proportions différentes , parles corps poreux, et surtout par le charbon de bois , l’écume de mer d’Espagne , le schiste happant de Ménil-Montant, etc. ; 5° enfin que leur pesanteur spécifique est variable et dépendante, non seule- ment de leur nature, mais encore de la tempéra- ture et de la pression atmosphérique sous les- quelles on agit. Le nombre des Gaz existans dans la nature est peu considérable ; nous allons les passer successi- vement en revue. 1° Gaz atmosphérique. V. Air ATMOSPHÉRIQUE. 2° Gaz azote. Voyez Azors. 5° Gaz carbonique, (az acide carbonique. Déjà, en étudiant les acides , nous avons parlé de ce Gaz important ; nous allons y revenir ici un moment : car, depuis la publication de notre article, des dé- couvertes nouvelles ont eu lieu. Dans la séance du 12 octobre 1835, l’Académie des sciences a reçu la communication la plus cu- rieuse que l’on puisse avoir à faire en chimie et en physique : cette communication n’était rien moins que la solidification du Gaz acide carbonique , so lidification qui a élé apercue par les commissaires chargés de vérifier les belles expériences de Thi-. lorier sur le même Gaz acide, ‘qu'il est parvenu à liquéfier : on sait que, jusqu'alors, cet acide n’a- vait jamais existé qu’à l’état de fluide élastique. Thilorier est déjà très-honorablement connu dans le monde savant par sa belle invention des lampes hydrauliques. De ces deux faits nouveanx, le dernier, la soli- dification du Gaz carbonique , encore unique dans la science, exploité par le génie et la main des hommes, va probablement devenir une nouvelle source de perfections et d'améliorations dans les arts, un nouvel agent de force, un, moteur plus puissant que la vapeur, plus énergique que la poudre à canon, et dont ilest impossible mainte- nant de calculer tous les effets qu’on en pourra re- tirer, toutes les applications qu'on en pourra faire. Voyons quelles sont les propriétés de ces états de l'acide carbonique : nous laissons parler l’auteur lui-même, Propriétés de l'acide carbonique liquide. Dilatation. Ge Gaz liquéfié présente Je fait étrange et paradoxal d'un liquide plus dilatable que les Gaz eux-mêmes; de 0° à + 50, son vo- lune s’augmente de 20 à 29, c'est-à-dire qu'à 30 GAZ 547 GAZ degrés cent. , la quantité dont le volume s’est ac- cru est égale, à peu de chose près, à la moitié du volume que ce liquide présentait à o°; en un mot, sa dilatalion est quatre fois plus grande que celle de ’lair qui, de o° à + 30 cent., ne se serait dilaté que de 50,267 , tandis que la dilatation de l'acide carbonique liquide , ramenée à la même échelle, est de 116,267. Vaporisation. Si l’on élève la température d’un tube renfermant une couche d'acide carbonique liquéfié, ce liquide entre en ébullition ; et l'espace vide qui existe au dessus du liquide est saturé d’une quantité de vapeur d’autant plus grande que la température est plus élevée. À + 30 cent., la quantité de liquide à o nécessaire pour saturer l’espace vide est représentée par une tranche de liqaide égale au tiers de l’espace dans lequel s’est opérée la vaporisation. À 0°, la tranche du liquide est seulement de 1,12 de l’espace saturé, Pression. De o° à + 30 cent. , la pression de la vapeur fournie par le gaz liquéfié s’élève de 86 atmosphères à 73, ce qui donne une atmosphère d'augmentation pour chaque degré centigrade. Une observation essentielle, c’est que le poids ou la densité de la vapeur s’accroit dans une propor- tion beaucoup plus grande que Ia pression , et que la loi de Mariotte n’est plus applicable dans les limites de la liquéfaction. Si on prenait pour base de la pression la densité de la vapeur , la pression à —- 50 cent. serait égale à 130 atmosphères, tan- dis que le manomètre n’accuse réellement que 73 atmosphères. Pesanteur spécifique. L’acide carbonique liquéfié, dont la pesanteur spécifique à o° est de 0,85 (l’eau étant prise pour 1,00), présente le phénomène uni- que d’un liquide qui de—20° à+-3o cent. , parcourt l'échelle des densités depuis 0,90 jusqu’à 0,60. Action sur les corps. L’acide carbonique liquéfié est insoluble dans l’eau, avec laquelle il ne se mêle pas; il l’est également dans les huiles grasses, Il est soluble en toute proportion dans l’alcool , Véther , l'huile de naphte, l'huile essentielle de térébenthine et le carbure de soufre, Il est dé- composé à froid avec eflervescence par le potas- sium. Îl n'a pas d’action sensible sur le plomb, l’étain , le fer, le cuivre, etc. Refroidissement subit à l’état gazeux. Lorsqu’on dirige un jet d'acide carbonique liquide sur la boule d’un thermomètre à l'alcool, il y a un abais- sement rapide qui va jusqu’à — 90° cent. : mais les effets frigorifiques ne répondent pas à cet abaissement de température, ce qui s'explique par le défaut presque absolu de conductibilité et le peu de capacité calorifique des Gaz. Ainsi l’in- tensité du froid est énorme ; mais la sphère d’ac- tivité est bornée en quelque sorte au point de contact; la congélation du mercure n’a lieu que pour des quantités fort petites, et si on expose le doist au jet du liquide , on éprouve bien une sen- sation de brûlure très-vive, mais l'effet se borne en quelque sorte à l’'épiderme. Mélange d'acide carbonique liquide et}d’éther. Dans ce mélange l’éther a cessé d’être un liquide permanent; il est devenu expansiblecomme un Gaz liquéfié, tout en conservant ses propriétés comme vapeur, c’est-à dire la conductibilité et la capacité pour le calorique. (On sait que les vapeurs ont plus de conductibilité et de capacité calorique que les Gaz.) : Les effets produits par un chalumeau alimenté par le mélange ci- dessus sont très-remarquables. Peu de secondes suflisent pour congeler 50 gram- mes de mercure dans une capsule de verre. Si l’ox expose son doigt au jet qui s'échappe du chalu meau, la sensation est 1out-à fait intolérable & semble s'étendre beaucoup plus loin que le point en contact avec le jet du liquide. Etat solide de l'acide carbonique. L’aciäe carbo- nique , gazeux à la température et à la pression ordinaires, et liquide à o° sous la pression de 36 atmosphères, devient solide à une température voisine du‘ centième degré au dessous de la glace fondante, et se maintient pendant quelques mi- nutes dans ce nouvel état , à l’airlibre, et sans qu’il soit besoin d’exercer sur lui aucune compression. Tandis qu’à l’état liquide, son ressort, dit l’au- teur, est tendu si énergiquement, qu’un gramme de cette substance produit une explosion aussi forte qu’un même poids de poudre à canon, ce ressort, dans l’état solide , est entièrement brisé, et le nouveäu corps disparaît insensiblement par une lente évaporation. Un fait non moins curieux que la solidification de ce Gaz, c’est qu’elle a lieu par l'effet même du passage subit de l’état liquide à l’état gazeux , et que le rapprochement molécu- laire qui constitue l’état solide a pour cause déter- minante l'expansion d’un liquide qui occupe in- stantanément un espace quatre cents fois plus grand que le volume qu’il avait primitivement. Si l’on dirige un jet d'acide carbonique dans l'intérieur d’une petite fiole de verre, celle-ci se remplit promptement et presque en entier d’une matière blanche, pulvérulente, floconneuse, qui adhère fortement aux parois, et qu'on ne peut retirer qu’en brisant la fiole. Un fragment d’acide carbonique solide, touché lécèrement avec le doigt, glisse rapidement sur une surface polie , comme s’il était soulevé par l’at- mosphère gazeuse dont il est sans cesse environné jusqu’à son entière disparition. Si l'on introduit quelques décigrammes d’acide carbonique solide dans un petit flacon , en ayant soin de le boucher hermétiquement , l’intérieur se remplit d’une vapeur épaisse, et le bouchon ne tarde pas à être chassé avec violence. La vaporisätion de l’acide carbonique solide est complète et ne laisse que rarement une légère hu- midité, que l’on doit attribuer à l’action de l’air sur un corps très-froid , et dont la température est de beaucoup inférieure à celle où s’opère la congé- lation du mercure. Enfin , la promptitude et l'abondance avec les- quelles le Gaz acide carbonique se solidifie dans des cavités où l'air ni la vapeur d’eau qu'il tient en dis- solution ne saurait pénétrer, donnent à ce nouveau _corps un caractère qu’on ne peut méconnaitre, mm Telles sont les observations et expériences de Thilorier, observations et expériences qui lui font le plus grand honneur, et qui sont dignes de l’époque actuelle, d’une époque qui, sans con- tredit , est plus riche et plus féconde que les temps passés en inventions, en découvertes et en applications dans les arts industriels et économiques. 4° Gaz hydrogéne. Gaz ainsi nommé, parce qu’en le combinant avec l'oxygène, il forme de l’eau ; qui existe très-abondamment dans la nature, où on le trouve non seulement dans l’eau, mais encore dans tous les êtres organisés, tant animaux que végétaux ; que l’on désignait autrefois sous le nom d'Air inflammable, et que l’on obtient en décom- posant l’eau à l’aide du zinc fondu et distillé , et de l'acide sulfurique concentré. Les caractères du Gaz hydrogène sont les sui- vans : parfaitement pur, il est incolore , inodore 3 sans saveur, élastique ; compressible, inflammable, impropre à la combustion et à la respiration ; il réfracte la lumière dix fois et demie plus que l’air atmosphérique, se combine en diverses proportions avec l'oxygène : de là l'eau ordinaire ( protoxide d'hydrogène), et l’eau oxygénce (deutoxide d'hy- drogène }); il est beaucoup plus léger que l'air ; mélangé avec ce dernier , et mis en contact avec un corps enflammé , il brûle et détone ; ce mé- lange prend le nom d'Air détonant. La pesanteur spécifique extrêmement peu con- sidérable du Gaz hydrogène rend compte de son usage pour remplir les ballons aérostatiques. On sait que le premier ballon qui fut rempli de ce Gaz ct ensuite abandonné dans l'air, fut lancé par Charles. Avant ce dernier physicien, les frères Etienne et Joseph Montgoller enlevaient dans l’espace, à l’aide de l'air échauffé, de petiles ma- chines aérostatiques auxquelles on donnait le nom de Montgolfières. On n'a pas oublié non plus que les premières personnes qui eurent la hardiesse de se risquer dans une aussi frêle machine furent Pi- lâtre du Rozier et le marquis d'Arlande. Depuis ces hardis voyageurs, la même expérience à été ré- pétée un très grand nombre de fois dans presque toutes les contrées de l'Europe. Qui n’a pas ap- plaudi vingt fois les belles et intrépides ascensions des Blanchard, des Margat, des Garnerin, etc. ? Qui à pu oublier la fin malheureuse de l'épouse du premier (1)? Personne, sans doute. Les ; ballons qui servent d’aérostats sont faits tn MO NR a le ue (1) Quelsnes uns de nos lecteurs se rappelleront sans doute que madame Blanchard périt, il ya quelques années, à Paris, dans une fête donnée à Tivoli. Ce jour-là, l’ascension devait avoir lieu le soir. On placa, pour l'agrément des spectateurs, des pièces d'artifice entre le ballon et la nacelle où était l’aéronaute, Par une fatalité qu’on est étonné de ne pas avoir eue à déplorer plus tôt, car dans maintes circonstances analogues on avait commis la même imprudence , le feu d'artifice embrasa le ballon, et ma- dame Blanchard alla tomber dans la rue de Provence, d’où on la ramena expirante devant un public qui, un instant anpara- want, la saluait de ses cris de joie et de ses acclamations. Depuis lors les ascensions se firent de jour et sans pièces d'artifice, Sin- gulière disposition de l’esprit humain ! il à fallu que l'expérience parlât aussi sévèrement pour qu’on mit fin À un genre de plaisirs ‘dont le plus simple raisonnement devait faire pressentir les dan- géreuses conséquences, GAZ a ————————————<——— avec des morceaux de taffetas taillés convenable- ment; recouverts d'un vernis d'huile de lin, de glu et de térébenthine, cousus ensemble et main- tenus à l’aide d’un filet de force convenable. Le plus petit ballon que l’on puisse lancer dans les airs ne doit pas avoir moins de trois pieds et quatre lignes de diamètre, et il ne peut s’enlever qu’au- ‘tant que son volume pèse moins (le Gaz qu’il con- tient et l’étoffe qui le constitue pris ensemble ) que le volume de l'air atmosphérique déplacé. Plus le ballon est grand, moins la pesanteur de l’éloffe est considérable relativement au Gaz contenu , et plus on peut augmenter le poids des objets placés dansla nacelle. Un ballon de 0 pieds de diamètre peut reufermer près de 4,190 pieds cubes de Gaz hydro- gène , et porter environ 25 livres, y compris le poids des cordes et de la machine; un de 30 pieds de diamèlre peut renfermer 14,142 pieds cubes de Gaz , et supporter 928 livres. Chaque pied cube de Gaz coûte six onces de limaille de fer, six onces d'acide sulfurique et trente onces d’eau. Le Gaz est recu d’abord dans de grands tonneaux placés les uns à côté des autres et communiquant en- semble à l’aide de tubes de fer-blanc; de ces ton- neaux, on le fait passer dans un réservoir plein d’eau où il est lavé et privé de ses impuretés ; en- fin on le fait arriver dans le ballon d’où on a préa- lablement expulsé l'air atmosphérique. Gaz hydrogène propre à l'éclairage. Ge Gaz, dont on se sert en Angleterre, en France et dans beau- coup de grandes villes de l'Europe, provient de la distillation du charbon de terre, ou de l'huile soumise à une lempérature rouge, Mais ce Gaz n’est pas pur. Celui qui est fourni par la première sub- stance contient de l'hydrogène plus ou moins car- boné, de l’oxide de carbone, du Gaz azote, de l’a- cide carbonique , une huile pyrogénée, de l'acide hydrosulfurique, ec, ; l’autre contient également beaucoup de composés combustibles. De à l’odeur iélide, désagréable, que l’on sent lorsque l’on passe près des réservoirs ou des conduits principaux et mal fermés de ce Gaz nor suffisamment purifié. Je dis non suffisamment , el non pas exactement, par- faitement purifié; car, complétement pur, entiè- rement exempt de carbone, il ne donnerait qu'une flamme peu intense, päle, et par conséquent in- capable de remplir le but proposé. L Pour rendre le gaz hydrogène propre à l’éclai- rage, 1] suffit de le débarrasser du gaz hydrogène sulfuré, du carbonate d’ammoniaque et de l'huile empyreumatique, On y parvient en conduisant les produits de la décomposition du charbon de terre ou des huiles grasses, par des tubes très-longs, dans de grands réservoirs où la plus grande parie des corps hétérogènes se déposent d’abord, puis en faisant arriver le Gaz, déjà ainsi purifié, dans un lait de chaux avec lequel on l’agite suflisamment et avec un appareil convenable. Dœcon, de Leicester, préfère, à ce moyen de purification , le suivant, qui consiste à faire passer le Gaz hydrogène à tra- vers du charbon en ignilion. Toutes les espèces de charbon de terre ne don- nent pas également la même quantité de Gaz ; celie GAZ que l’on connaît sous le nom de Cannel-coal en fournit le plus. On sait , en général, qu'un quintal de houille donne neuf cents pieds cubes de Gaz, ou quatre pieds et demi cubes par livre. Bien que la quantité de Gaz hydrogène consom- mée dans un temps donné dépende et de la quan- tité de carbone dont il est chargé (on sait que plus il est carboné, moins on en consomme"), et de la largeur des petites ouvertures par lesquelles ce même Gaz s'échappe de l’extrémité des con- Auits qui vont le porter dans chaque magasin ou établissement public, on peut estimer à peu près à trois ou quatre pouces cubes ce que l’on brûle par heure. Gaz hydrogène perphosphoré. Ce Gaz , découvert par Gengembre, en 1783, puis étudié par Kirwan, Raymond, Dalton, Thomson, etc. , est incolore , d’une odeur alliacée très-prononcée , d’une saveur amère , décomposable par les métaux et beaucoup d'autres corps, inflammable à l'air et avec l'oxy- gène, soluble dans l’eau, etc. On le rencontre quelquefois dans les lieux où l’on a enfoui des ma- tières animales , tels que les marais , les cime- üères, etc. C’est lui qui, s’échappant de la vase des étangs, ou des fissures des terrains où il est enfermé, constitue, aussilôt sen contact avec l'air atmosphérique, ces petites flammes blanches ét souvent répétées que l’on remarque dans les soi- rées chaudes et orageuses de l'été, que l’on ap- pelle Feux rozrers (voy. ce mot), que l'habitant des campagnes, jeune ou vieux , nourri ou élevé dans l'ignorance et la superstilion , prend encore aujourd’hui, trente-cinquième année du dix-neu- vième siècle, siècle de lumière et de progrès ! tantôt pour l’âme d’un ami ou d’un parent mort il y a peu de temps, tantôt pour des êtres ou des es- prits-malfaisans et échappés des enfers, qui revien - nent tout exprès, rancuneux et vindicatifs qu’ils sont, pour égarer de son chemin celui que l’im- prudence ou toute autre cause fait rentrer chez lui plus tard que d'habitude, et auxquels il donne les noms ridicules de revenans, farfadets, cu- lards , etc. Vous tous qui vous dites insiruits et philarthropes, quand mettrez-vous fin à un tel état d’abrutissement ? Les personnes qui savent que l'hydrogène et le phosphore entrent comme parties constituantes de la matière cérébrale et de la laite de carpe, ne seront point surprises de la formation du Gaz hydrogène perphosphoré dans les lieux dont nous venons de parler. Dans les laboratoires de chimie, on l’obtient en soumettant à l’action de la chaleur un mélange de chaux, d’eau et de phosphore. Ce Gaz est encore ‘sans usages. Gaz hydrogène proto-carboné. Ce Gaz, appelé encore Gaz inflammable des marais, car on le trouve dans la vase de presque toutes les eaux sta- gnantes, à la surface desquelles il se manifeste en été sous forme de petites bulles qui ne tardent point à crever, provient évidemment de la décomposition des matières organiques contenues dans l’eau. Il suffit, pour le recueillir, de placer au dessus de la vase qui le renferme des flacons pleins d’eau, ren- 349 GAZ versés et munis de très -larges enlonnoirs, d’a- giter la vase avee un bâton ou toute autre chose convenable , et de renouveler les flacons aussitôt que l’eau s’en est écoulée. Ce Gaz est insipide, inodore , incolore , insolu- ble ou presque insoluble dans l’eau; mêlé à loxy- gène où à lair en proportions convenables, il s’enflamme sur-le-champ et détone par l’étincelle électrique. C’est lui qui donne naissance aux feux naturels que l’on observe en Italie sur la pente septentrionale des Apennins, et dans beaucoup d’autres lieux. Il constitue également les Yolcans gazeux, ainsi que les sources appelées Salzes, sources qui sont composées de matière boueuse , d’eau, de sel commun, etc. De quelle profondeur de la terre vient-il pour donner lieu à ces sortes de phénomènes naturels ? on l’ignore complétement. Gaz hydrogène sulfuré. Voyez Ace uyprosu- FURIQUE. Gaz intestinaux ou vents. On sait que pendant le travail de la digestion , et tandis que la masse ali- mentaire parcourt tout le trajet des intestins , il se dégage (de la masse alimentaire) des Gaz, dont la quantité et la nature sont subordonnées à la qualité des alimens introduits dans l'estomac, à l’état de santé de l'individu, etc. Quelquefois if arrive que ces Gaz sont inodores ; d’autres fois, au contraire’, ils sont très-fétides el souvent ana- logues à l’odeur des œufs pourris (Gaz hydrogène sulfuré) ; enfin il ÿ en a qui contiennent de l'acide carbonique, de l’azote, de l'hydrogène phos- phoré , etc. En général les Gaz intestinaux peuvent être re- tenus par le sphincter de l’anus. Dans ce cas, leur absorption a lieu dans le liquide intestinal, et alors ils passent dans les lymphatiques où dans les veines. Gaz des fosses d’aisance. Ge Gaz, appelé Plomb par les ouvriers vidangeurs, est le plus souvent formé de beaucoup d’air atmosphérique , et d’une certaine quantité d’hydrosulfate d’ammoniaque ; on y trouve aussi, mais plus rarement, du Gaz azote, du Gaz oxygène, du Gaz acide carbonique, et du carbonate d’ammoniaque. Ce mélange est on ne peut plus dangereux à respirer ; les accidens auxquels il donne promptement lieu. sont com- battus avec avantage par le grand air, les inspi- rations de chlore, les frictions, etc, Voyez As- PHYXIE. Gaz oxygène. La découverte du Gaz oxygène, découverte d’où date le perfectionnement de la théorie chimique, remonte à l’année 1774; elle est due à Scheele et à Priestley. Le Gaz oxygène existe non seulement dans pres- que la totalité des corps organisés , mais encore on le trouve dans quelques substances inorganiques, telles que les oxides métalliques naturels, certaines caux, certaines terres , etc. À l’état gazeux, état que l’on n’a pu jusqu'alors modifier ni changer, il constitue un peu plus du cinquième de la masse atmosphérique qui nous entoure. Sans lui, point de vie, point de combustion, el probablement aucun des beaux phénomènes physiologiques que mm GAZ l’on observe chaque jour et avec tant d’admiration dans les, animaux et dans Les végétaux. Pour se procurer l'oxygène exempt detout corps étranger , on emploie plusieurs procédés; nous ne décrirons que le suivant, comme étant celui qui le donne le plus pur. Dans une petite cornue de verre on introduit la quantité que l’on veut de chlorate de potasse (muriate suroxygéné de po- tasse des anciens chimistes) ; on adapte au bec de la cornue un tube recourbé qui plonge dans une cuvette pleine d’eau, et au dessus duquel est placé un flacon renversé et également plein d’eau. Dans le goulot du flacon est recue l’extrémité re- courbée du tube, On chauffe peu à peu le fond de la cornue placée dans un fourneau à réverbère. D'abord il se dégage de l’air atmosphérique pro- venant de l’intérieur de l'appareil. Cet air rem- place l’eau du flacon renversé; on met celui-ci de côté, car il ne contient que très-peu d'oxygène. On continue de chauffer , on place ensuite un second, un troisième , un quatrième flacon si cela est né- cessaire, et on a alors du Gaz oxygène pur. Quand on veut avoir de l'oxygène pour des expériences extrêmement délicates eb précises, on remplace par le mercure l’eau de la cuvette où passe le tube recourbé. + Le Gaz oxygène est inodore et insipide. Com- primé rapidement dans un tube de verre, il de- vient lumineux pour un instant dans l’obscurité ; il est soluble en petite quantité dans l’eau; il est sans action sur la teinture de tournesol; il entre- tient la combustion , rallume les corps combusti- bles qui sont en contact avec lui et qui présentent encore un léger point d’ignition, En le traversant, la lumière se réfracte. Du sang veineux, agité avec l'oxygène, devient aussitôt d’un beau rouge ver- meil. Des animaux plongés dans du Gaz oxygène pur, y vivent d'une vie plus grande et plus active; mais en même temps que leur existence est plus abondante, plus large et plus rapide, leur mort est plus prompte. En effet, tout est compté et compensé dans la nature : celui qui veut vivre lon- guement , doit vivre sagement. Tout corps qui brûle dans le Gaz oxygène se combine avec lui, augmente d’un poids égal au poids du Gaz consommé, et constitue ce qu'on appelle un Oxipx où un Acipg (voyez ces mots). Cette combinaison est accompagnée de production de lumière et de chaleur ( voyez ComBusrion , Comsivarson . Cnazeur, Lumière , Fev). Ses usages sont extrêmement nombreux, sur- tout en chimie, La médecine a conçu l'espoir d’en rer quelques avantages dans le traitement de diverses maladies ; cet espoir n’a pas été de lon- gue daréé. C’est ainsi qu’on l'avait fait respirer aux personnes atteintes de phthisie pulmonaire pour diniouer l'intensité des symptômes de cetle ma- ladie. Un des premiers je l’employai à Varsovie dans le traitement du choléra asiatique; mais je ne fas pas plus heureux que quelques uns de mes confrères ne le furent plus tard à Paris, quand celle cruelle épidémie vint-décimer la capitale et par suite la France presque tout entière, Toute- -350 GAZO fois disons que rien ne saurait le remplacer dans: les cas d’asphyxie par des Gaz non respirables. ! (F. F.) GAZE. (ins. ) Papillon de l’Aubépine, Papilio cratægi, appartenant au genre Piéride. Geoffroy lui a donné ce nom à cause de ses ailes presque entièrement dépourvues d’écailles, et ressemblant beaucoup à de la gaze.. (T. ». B.) GAZELLE. (maw.) Nom donné, d’après les Arabes, à l'Antilope corine (77. au mot Gazzze.) On étend ordinairement cette dénomination aux autres espèces du genre AnriLore (v. ce mot) ; on le donne même à une espèce de Chèvre. (T. ». B.) GAZIPAES ou GACHIPAES. (807%. Pan. ) Nom donné par les habitans de la Nouvelle-Grenade à une espèce de Palmier da genre Bacchis établi par Jacquin, et que lui ont conservé comme spé- cifique Humbolt, Bonpland et Kunth. (Nov. G. et Sp. pl æquin., £ I, p. 302). (GC. £.) GAZON (ar. et norric.) On appelle ainsitoute- herbe menue , courte , serrée qui tapisse le sol. De là est venu le mot gazonner, employé dans les jardins , lequel signifie placage d’une légère couche de terre garnie d'herbe, destiné à couvrir un endroit qui en est dépourvu. Les Gazons sont en général composés de Graminées à feuilles fines, telles que les Brizes, les Canches, les Fétuques , etc. Ceux des montagnes sont formés de plantes de genres différens ; dans ce nombre , l'œil et l’odorat reconnaissent la Violette ,-le Serpolet, le Lotier, la Coronille, la Potentille, etc. On peut dire qu’au premier printemps et er au- tomne les prairies ressemblent à de véritables Gazons. Je partage l'opinion de Rozier, quand il blâme les Gazons qui n’offrent qu’une immense nappe verte ; à la vérité c’est bien là le vêtement de la terre; cette teinte douce lembellit, mais n’acquiert-elle pas infiniment plus qnand elle est coupée , non point par des corbeilles de fleurs choisies, lesquelles ne produisent réellement au- cun effet, par cela seul qu’elles durent peu, qu’elles ne sont point à leur place, qu’elles dénon- cent hautement la main du jardinier sans goût ; mais par des massifs de sous-arbrisseaux et d’ar- bustes négligemment grouppés, par des plantes agrestes jetées au hasard , plus chargées de feuilles que de fleurs, et dont les nuances adoucies, bien fondues, présentent d’heureux contrastes, forment un tout élégant, gracieux, dont toutes les parties, toutes les couleurs sont en harmonie? Girardin et Morel, qui créèrent le superbe jardin d'Erme- nonville , où d. J. Rousseau reposa trop peu de temps dans ‘son île des Peupliers , ont dit que le mélange bien combiné des arbustes et du Gazon produit des tableaux toujours agréables, des scènes intéressantes, dont les eflets sont piquans, im- manquables. Tout Gazon semé d’une seule espèce de graine, quand même ce serait de cette plante que l'on nomme le Gazon D'Ozxmre , Statice armeria, ou bien d’Ivraie vivace , Lolium perenne, si riche en couleur , et qui donne des rejetons ‘latéraux si PF Gecarcm > 1. Gea £ Guertr du s name mem pomme GAZO 351. GEAÏI ET DE SDS SG TT PT SENTE TPE ETES SI. CORRE PRE Me PE OS dbondans , ne tarde pas à se détériorer et à laisser de grandes places vides; il faut donc savoir assortir son semis, labourer tous les cinq ou six ans dans lesmauvais sols, et seulement tous les dix à douze ans dans les bonnes terres. Un moyen de conserver long-temps un Gazon, c’est de ne point laisser:graimer les plantes qui le constituent. On le coupe Loutes les années, à l’exception de lapre- mière de sa plantation , quoiqu'on le fasse dans beaucoup de localités. On se sert vulgairement du mot Gazon pour désigner certaines espèces , témoin les suivantes : Gazon D’ANGLETERRE , la Saxifrage mousseuse , Saxifraga hypnoides , le Fléole, Phleum pratense , le Paturin trivial, Poa trivialis. Gazon D'ARGENT, le Céraïste cotonneux , Ceras- tium tomentosum. Gazon De cuar, laGermandrée maritime, Teu- crium martum . Gazon D'EsPAGNE où DE MONTAGNE , la Staticée capitée, Statice armeria. Gazon pe MAHON, la Julienne de Chio , Hesperis chia. Gazon D'or, la Vermicalaire brûlante, Sedum acre , et l’Orpin anglais, S. anglicum. . Gazon pu Parwasse, le Muguet à deux feuilles, Comallariæ bifolia; et surtout la Parnassie des marais, Parnassia palustris. Gazon Turc, la Saxifrage mousseuse. (T.2.B.) GAZOUILLEMENT. ( o1s. } Ramage confus des jeunes oiseaux étudiant l'échelle musicale propre à leur espèce. Chez les oiseaux qu’on ap- pelle chanteurs par excellence , tels que les Becs- fins , les Merles, les Chardonnerets les Alouettes, les Pinsons, etc. , ce sont d’abord des sons sim- ples, presque inarticulés , sans ordre ni expres- sion , auxquels cependant je trouve quelque chose d’agréable quand je les écoute sous la feuillée. Ces sons acquièrent ensuite de l'étendue , de l’ensem- ble;:le chant commence à flatter l'oreille ; à me- sure que la voix s’affermit, ils deviennent expres- sifs, mélodieux , passionnés; ils prennent enfin le cachet de l’espèce : l'instrument musical est par- fait, le mâle a fait choix d’une épouse, bientôt il sera père. Chez les oiseaux dont le chant est uniforme, peuagréable, telsqueles Hirondelles, les Moineaux, les Gros-becs et le Bouvreuil, qui grince comme ‘une scie , le Gazouillement est maussade , forte- ment saccadé; il est aigre ou ressemble à un croassement chez les Etourneaux, les Geais, les Pies, les Gorneilles, etc. Et cependant l’homme est parvenu à créer d'assez jolis chanteurs parmi ces diverses espèces. On appelle encore Gazouillement le ramage sourd qui succède immédiatement à la mue : c’est le prélude à la nouvelle, période de jeunesse que l'oiseau doit parcourir , à de nouveaux chants que l'instinct seul va lui dicter s:et parlanalogie on se sert du même mot pour exprimer lebruit-des eaux roulant surun lit de cailloux. Le Gazouillement de l'onde fagitive, mêlé à celui des oiseaux chanteurs, rend. le : rintexps plus gai, la profondeur des fo- rêts moins austère, il réveille les sens, double pour eux le charme de la verdure, et donne un véhicule plus puissant aux parfums qui s’exhalent du calice des fleurs. (T. ». B.) GEAL, Garrulus. (ors.) Les Geaïs, que l’on place dans la famille des Gorbeaux (voy. ce mot), for- ment un genre assez naturel , et dont les espèces, répandues sur presque toute la terre , sont remar- quables par leurs couleurs assez variées. Brisson est le premier naturaliste qui les ait considérés comme formant un genre à part; Linné les a con- fondus avec les Corbeaux (Corvus), et a été imité par beaucoup d’ornithologistes , parmi lesquels nous citerons Temminck; Vieillot au contraire a préféré la manière de voir de Brisson, qui paraît en effet devoir être définitivement adoptée. Les Geais ont pour caractères principaux : un bec as- sez fort, souvent échancré à sa pointe, et garni à sa base de plumes sétacées dirigées en avant; na- rines presque ovales, tantôt découvertes, tantôt ca- chées par les plumes du front et les soies de la base du bec; ailes médiocres ; la première penne très-courte,, les deux autres étagées, et la qua- trième la plus longue ; queue égale ou légèrement arrondie. Ces oiseaux, dont la taille ne le eède point à celle des Pies avec lesquelles ils ont beaucoup de rapport , sont de même omnivores, et se tiennent dans les bois, où ils vivent réunis en famille pen- dant la mauvaise saison , et séparés par couples en été; quelques uns émigrent pendant l'hiver, d’au- tres sont au contraire entièrement sédentaires. Tous sont des oiseaux pétulans, criards et curieux; leur nourriture se compose principalement de fruits et de graines; mais aussi quelquefois d'in- sectes et même de petits oiseaux. Levaillant propose de les partager en deux sec- tions , l’une comprenant les Gceais de l’ancien monde, qui ont en général les tarses plus courts , et l’autre ceux du Nouveau-Monde qui les ont plus allongés. La première, plus nombreuse en espèces, en possède deux en Europe, le Geai commun (pl. 172, fig. 1, de notre Atlas), et le Geaïi imitateur. GEar oRDINAIRE , Corvus glandarius, L., ou plutôt Garrulus glandarius. Get oiseau, que tout le monde connaît sous le nom de Geai, a treize pouces et demi de longueur totale; sa tête pré- sente une petite huppe érectile dans les momens de passion ; et.ses moustaches noires, son plumage cendré rougeâtre , ainsi que les deux rangées de plumes bleues, rayées transversalement de noir, qui existent sur la partie antérieure de son aile, le font parfaitement reconnaître; son bec est noir, son iris bleu, et son pied d’un brun livide. Le Geai, quioffre quelques’ variétés, est répandu dans presque toutes les parties de l'Europe; on le trouve dans les bois et'ies buissons, où il vit de glands, de baies, etc.; quelquefois il vient aussi dans Jes champs cultivés, et il y recherche les pois, les noiselles,.ete. , ainsi que les insectes et les vers. Son nid est-ordinairement placé sur les ar- bres ou dans les buissons, et renferme cinq, six ou sept œufs d’un bleu verdâtre, parsemés de pe- RE nn entier tés ét ? GEAI 352 _GEAI PEER ER EL QE PR ET CT tits points d’un brun olivâtre. Le bec du Geai est très-souvent échancré à sa pointe, comme celui des oiseaux que Cuvier nomme Dentirostres. Ge ca- ractère explique fort bien pourquoi Wilson a placé cet oiseau parmi les Pies-grièches. Le Geai à dou- ble miroir, très-voisin de celui qui nous occupe, est encore plus remarquable sous ce rapport. On rencontre quelquefois des Geais blancs ou jaunâtres, et dont l'iris est rouge , comme chez les Albinos, ce qui prouve que ce changement de cou- leur, qui toutefois ne s’élend pas aux plumes azu- rées des ailes, provient d’une altération maladive, Levaillant a observé un Geai qui était au contraire tout noir ; cet oiseau, qui vivait en domesticité , avait été exclusivement nourri avec du chenevis. On sait qu'il est facile, au moyen de cet aliment, de rendre noir le plumage d’un grand nombre d'oiseaux. Les Geais ont les sensations très-vives et les mouvemens brusques; ils sont très-colères, et s’emportent parfois au point d'oublier leur propre conservation. Leur cri ordinaire est très-désagréa- ble, et les sons en r sont ceux qu'ils font le plus fréquemment entendre ; ils ont comme les Pies de la disposition à contrefaire les oiseaux qu'ils enten- dent , et passent pour avoir une grande facilité de prononciation ; mais, néanmoins, ils sont loin de mériter la réputation qu’on leur a faite. | L'espèce des Garrulus glandarius est surtout commune en Suède, en Ecosse, en Angleterre, en France, en Allemagne, en Italie ; on la trouve aussi dans l'Afrique occidentale et dans quelques parties de l'Asie. Dans beaucoup de contrées, elle est sédentaire, dans d’autres, au contraire , elle voyage, et chez nous, quoiqu’elle s’observe toute l’année , il n’est pas bien certain qu’elle soit réellement sédentaire : cette sorte de paradoxe s'explique, en admettant, comme le veut Vieillot, que les Geaiïs se dirigeant vers le midi à mesure que la mauvaise saison approcherait, nous possé- derions en hiver les Geais des contrées plus septen- trionales , tandis que les nôtres nous auraient quit- tés pour se porter sous des zones moins froides , et ne revenir qu'avec le printemps. Quelques person- nes mangent la chair des Geais et l’estiment, surtout lorsque ces oiseaux sont encore jeunes : dans plu- sieurs parties de la Grèce on les recherche beau- coup. On chasse les Geais de différentes manières, au saut , à la repenelle, à la pipée, etc. Ce dernier procédé réussit souvent à merveille, à cause de l’animosité qui excite les Geais contre les Chouet- tes. Les parures fabriquées avec les belles plames azurées qui forment un miroir à l'aile des Geais, ont été pendant quelque temps assez recherchées par les dames , maïs elles ne se portent plus au- jourd'hui que très-rarement. GE£AT IMITATEUR OÙ BORÉAL, Garrulus infaustus. Vieill. C’est le Corvus infaustus de Latham, au- quel on a encore donné quelques autres noms que nous passerons sous silence ; il vit dans les parties septentrionales de l'Europe , en Danemark, en Suède , en Pologne, en Russie et en Norwége, mais on le rencontre peu dans les contrées tem- pérées , et encore moins dans celles du midi. I} habite les bois et les buissons, et présente à peu près les mœurs du précédent. Sa tête est huppée et noirâtre ; son front , ses joues et sa gorge sont d’un blanc sale; le dessus de son corps , ainsi que les deux pennes centrales de sa queue, d’un cen- dré-brun , et les autres pennes de cette dernière partie rousses, de même que le croupion, le ventre. et le dessous du corps. Le bec et les pieds sont noirâtres. | Le Geai imitateur niche sur les pins et les sapins, à une quinzaine de pieds de terre ; il construit son: nid de mousses, de fibres, de poils et de plames ; sa ponte est de cinq œufs plus petits que ceux de la Pie, et d’un gris bleuâtre, avec des taches plus foncées. On trouve encore dans l’ancien monde le Gxgar A JOUES BLANCHES, Garrul, auritus. Nieill. Corvus auritus. Gm.;le GEAI à COLLIER BLANC'ou Lonccur, Garr. galericulatus, Cuv. Celui-ci est de Java ; l’autre, connu aussi sous le nom de Petit Geai de la Chine, vit dans quelques provinces chinoises, Nous citerons aussi, parmi quelques autres espèces non moins remarquables, le GEAI À DOUBLE MIROIR, Où BISPÉCULAIRE , Garr. bispecularis, Spix. Get oi- seau, qui n’est peut-être qu’une variété du G. glan- darius, vit dans la chaîne de l'Hymayala, et se voit figuré dans la centurie des Oiseaux de ces mon- tagnes, par Gould; il est d’un roux.vineux pâle sur le dos, plus pâle sur les parties inférieures , avec un,trait blanc sur fe milieu de beaucoup de plumes. Sa huppe est plus marquée que chez le Glandarius , et les miroirs alaires plus distincts ; le bec est très-fortement échancré. Spix et Gould dé- crivent encore le G. strialus, et le G. lanceolatus. - Les principaux Geais du nouveau continent sont le Gear BLEU, Garr. cristatus , Vieill., qui vit dans l'Amérique septentrionale, et estlong de onze pouces environ. Get oiseau, auquel Pennant, natu- raliste anglais , attribue une belle voix, fait seule- ment entendre des cris un peu moins rauques que ceux de ses congénères. On le trouve fréquem- ment au Canada et en Caroline, ainsi qu'en Pen- sylvanie, oùil est de passage lors de son émigra- tion vers le sud. Les châtaignes, les glands, les vers et même de petits serpens composent, dit-on, sa nourriture habituelle, ct les ravages qu’il occa- sione dans les champs de maïz sont souvent très- considérables. Ses mœurs ont été décrites avec soin par Audubon dans son Ornithological bio - graphy , tom. IT, pag.; 11. Il est sur le dos d’un bleu pourpré clair, avec les ailes et la queue bleues rayées de noir et ocellées de blanc pur ; un cercle noir existe sur les joues et le devant du cou; le ventre est gris-pourpré, et la huppe bleue. Gzar BRUN, Garr. canadensis , Linn., sur lequel on trouve aussi des détails dans l'ouvrage précité de Audubon, ainsi que dans ceux de Wilson, de Swainson et Richardson, etc. G£ai DE STELLER, Garr. Stelleri, Vieill., Corvus Stelleri, Gm. C’est une espèce assez mal connue de l'Amérique du nord. On appelle Geai de Bohême, le J'sEur (voy. ce mot) PS 353 TT TT TT Te TETE GÉBI mot), Bombycella garrula, : Vieill. Le Geaï du Bengal est le Rollier de Mendana; le Geai de Stras- bourg, le Rollier vulgaire ; le Geai huppé, la Happe; le Geai de Batenille, le Gros-bec com- mun, etc., etc. (GErv.) GÉANT. ( zooz. ) On devrait indiquer par ce mot tout animal dont la taille s'élève de beaucoup au dessus de celle des animaux de la même espèce; mais on ne l'emploie gûère que lorsqu'il s’agit de YHowws. Nous renvoyons à ce mot les considéra- tions relatives à la question des Géans. (P. G.) Dans tous les temps on a parlé de tombeaux de Géans; partout on a trouvé; dans l'un comme dans autre hémisphère , sous le sol que nous foulons ; de grands débris fossiles d'animaux, et l’on n’a fait aucune difficulté de les attribuer à des hommes d’une taille extraordinaire. Quoique Théophraste, en un livre que Pline a consulté, les eût attribués à des éléphans, le préjugé a été plus puissant que son observation judicieuse ; et depuis lui , les livres des anciens, ainsi que ceux des modernes, jus- qu'au moment où Cuvier rassembla ces fossiles pour les restituer à leurs individus, on a toujours continué à les croire des ossemens humains. Hérodote nous apprend que les grands ossemens trouvés au mont Tégée passaient pour être les res- tes du fils d’Agamemnon , et qu'ils furent, sous ce nom, portés et reçus à Sparte. Ceux que d’on dé- couvrit, au temps de Suétone (deuxième siècle de Yère vulgaire) , en l’île de Caprée , appartenaient de même à d’anciens héros. Et pour arriver à une époque plus récente, le fameux Théatobock, chef des Cimbres qui combattirent contre Marius , fut reconnu , en 1613, dans les débris d’un élé- phant trouvé en une sablonnière du département de l'Isère, quoique Riolan soutint que ces os ne provenaient que d’un éléphant ou d’un autre grand mammifère voisin. On n’a pas oublié le saurien que le docte Scheuchzer déclarait être le squelette d’un homme de très-haute taille,etc. (T. ». B.) GÉBIE , Gebia.'( crusr. ) Ge genre , qui appar- tient à l’ordre des Crustacés , a été établi par Leach etrangé par Latreille (Règne animal de Cuvier ) dans la famille des Macroures , section des Homards. Ses caractères distinctifs sont : quatre antennes insérées sur la mêmeligne, avancées ; les latérales à pédoncule nu ; les intermédiaires terminées par deux filets allongés ; pieds antérieurs en forme de pince , avec index notablement plus court que le pouce; les autres pieds simples, velus à leur “extrémité ; queue en nageoire ; fcuillets crustacés , les latéraux triangulaires , celui du milieu presque carré. Outre ces caractères, l'enveloppe de ces Crus- tacés est très-peu consistante et flexible ; leurs yeux sont peu saillans ; leurs antennes n’ont pas une excessive longueur ; la soie qui les termine est simple dans les antennes externes, et double dans les antennes intermédiaires. Leur carapace est peu épaisse , membraneuse , assez semblable, pour la forme , à celle de l’Écrevisse, poilue, ou plutôt garnie de très-petits piquans et terminée en avant par une pointe peu avancée; elle se prolonge jus- qu’à la base des pattes, de manière à les couvrir Toue III. | en partie: Celles-ci sont garnies de poils qui forment GÉCA mi à l'extrémité et sur les bords autant de petites franges ; l'abdomen est assez long , et les lames na- tatoires et foliacées qui le terminent, et qui consti- tuent la queue proprement dite, sont entières , fort larges, et surmontées de côtes longitudinales: ces feuillets sont presque triangulaires , caractère qui {permet de distinguer les Gébies des Thalas- sines , avec lesquelles elles ont la plus grande ana- logie. Les Gébies sont des Crustacés assez rares, qui se rencontrent sur nos côtes et dans les en- droits où la mer est habituellement calme. Elles se nourrissent de Néréides et d’Arénicoles ; c’ést la nuit qu’elles font leurs excursions; le jour elles se tapissent dans de petits trous ronds et assez pro- fonds qu'elles pratiquent à cet effet. Elles nagent principalement avec leur queue, en la repliantet la redressant alternativement avec force. Les espèces qui composent le genre Gébie sont peu nombreuses; celle qui peut être regardée comme type du genre, est la Gébie étoilée, Geb. stellata, Leach (Malac. Brit., tab. 31, fig. 1-8 ), ou le Cancer astacus stellatus, décrit et figuré par Montagu ( Trans. Linn. Societ., t. 1x, pag. 89, et tab. 5 , fig. 3 ). Latreille pense qu’elle est la même que la T'halassina littoralis , Risso , Hist. des Crust. desenvirons de Nice. Desmarest croit, au contraire, que cette dernière espèce est bien distincte, et il l’établit (Dict. des Sciences nat. , t. xxvinr, p. 302) sous le nom de Gébie riveraine, Geb. littoralis. Risso dit qu’elle est recherchée par les pêcheurs comme un excellent appât pour prendre des pois- sons à la ligne. Elle fait son séjour sur les bancs d'argile du littoral de Nice. Les œufs sont verdä- tres ; la femelle les porte aux mois de juin et de juillet. La Gébie delture, Geb. deltura , Leach (oc. cit. , tab. 31, figures get 10) a été trou- vée en Angleterre. D'Orbigny, observateur habile, l’a trouvée aussi sur les côtes de France, et à l’île de Noirmoutier. La Gébie de Davis, Geb. Davi- siana, Risso. Cette espèce a été établie et décrite par Risso (Journ. de Phys. et d'Hist. nat. , t. xcv, p. 245 ). Son corps cst allongé , d’un blanc entiè- rement nacré, luisant. L’abdomen est long, com- posé de six segmens glabres; les écailles caudales sont arrondies et ciliées. Cette espèce paraît au mois de juin; on la trouve sur le littoral de Nice, dans les régions madréporiques. (H. L.) GÉCARCINS, Gecarcinus. (crusr.) Genre de l’ordre des Décapodes, famille des Brachyures, section des Homochèles, tribu des Quadrilatères, établi par Leach aux dépens des Crabes et des Ocy- podes. Les caractères proprement dits sont: test en forme de cœur , largement tronqué en arrière ; pédicules des yeux courts et logés dans des fosseites arrondies ; pieds-mâchoires extérieurs très-écartés, et laissant voir une partie de l’intérieur de la bou- che ; deuxième paire de pieds plus courte que les suivantes. Ces Crustacés diffèrent des Crabes pro- prement dits par la forme en cœur de leur cara- pace ; ils s’éloignent des Plagusies et des Crapses par leur front infléchi, n’occupant pas le milieu du devant du test, et par l'insertion très-rappro- 205* Livraison. 45 GÉCA) 554 GÉCA chée des pédicules oculaires: Ils ont quelques rap- ports avec les Ocypodes et les Gonéplans ; mais ils: s’en distinguent par le peu de longueur des pé- dicules des yeux. L'examen de l’organisation exté- rieure de ces Crustacés donnelieu aux observations suivantes : leur corps est épais et presque quadri- latère ; les côtes ou les régions branchiales de la carapace sont arrondies et tellément bombées en avant, qu'elles envahissent la place des régions hépatiques. Cette carapace, qui est tronquée en arrière, se termine antérieurement et sur le milieu ar une sorte de chaperon carré ou arrondi, et rabattu à la partie inférieure. De chaque côté on voit, dans une fossette transversale, le pédicule de l’œil qui ne se prolonge pas jusqu’à l'extrémité latérale du test; les antennes sont courtes et ap- parentes ; lesintermédiaires sont repliées sur elles- mêmes près du bord inférieur de l'espèce de cha- peron , et les extérieures s'insèrent près du can- thus interne: des cavités orbitaires. Leur base est formée par un article fort large, et elles seterminent en une pelite tige conoïde ; les pieds-mâchoires, : outre la singularité de leurécartement , présentent encore un fait remarquable dans les second et troisième articles, qui sont comprimés et comme foliacés ; la première paire de pattes a la forme de deux grandes pinces souvent inégales entre el- les ; la seconde est moins étendue que les suivantes, et munie , ainsi qu’elles toutes , de tarses très-épi- neux ; l'abdomen est composé de sept anneaux ; ce- lui du mâle est triangulaire; la femelle ale sien plus large, presque demi-circulaire, et arrondi au bout. Les Gécarcins, connus dans nos colonies sous les noms vulgaires de Tourlouroux, de Crabes peints, de Crabes de terre, de Crabes violets ou de Cériques, sont des Crustacés de FAmérique mé- ridionale, dont plusieurs voyageurs ont parlé à cause de leurs mœurs singulières. Ges animaux se tiennent pendant une partie de l’année dans les terres, sur les montagnes, à une distance quelque- fois assez, grande de la mer; ils s'y rendent en troupe pour déposer leurs œufs et pour changer de peau. Cette dernière opération paraît exiger de la part du Crustacé quelques préliminaires impor- tans , et qui sans doute ont pour but principal de le préserver, pendant celte époque critique, des dangers auxquels il serait bien plus facilement exposé. Au dire de plusieurs observateurs , ils praliquent des trous ou berriers dans le sable, et au temps. de leur mue ils ont soin de les boucher; is y reslent cachés péndant six semaines, et lors- qu’ils en sortent, ils sont encore mous; on les ap- pelle alors Boursiéres, et leur chair, qu'on mange à toutes les époques, est plus estimée: Les Tour: louroux sont quelquefois très-dangereax à manger. On attribne leur propriélé délétère au fruit da Mancenillier, Æippomane mancenilla, dont on pré- tend qu'il se nourrit; mais Jacquin réfute cette assertion,, et ilest probable qu'ils sont tons car- nassiers,, Les espèces composantce genre sont peu nombreuses ; cependant les naturalistes en ad: mettent un certain nombre: bien carctérisées. Les principales sont : a Le G£carcIN tourLourou, G: ruricola, Latr. ; Cancer :ruricola ; Linn.; Ocypode tourlourow ; Laätr,, Gener. Crust. et Ins., tom. 1, p: 31. Cara- pace bombée sur les côtés et en dessus, où-elleest marquée sur son centre d’une impression en forme d'H, dont les deux branches latérales se portent en avant jusque près des yeux; chaperon.en forme de carré transversal; yeux et pédoncules oculaires ayant à peu près en longueur le tiers de Ja Jar- geur antérieure du test; des mains unies , avec le carpe denté au côté interne; tarses des autres: pattes marqués de six arêtes plus ou moins den- tées ou épineuses , selon l’âge. La couleur géné- rale est le rouge de sang foncé. Gelte espèce :se trouve aux Antilles. Elle est représentée dans notre Atlas, pl. 172, fig. 2. 9 Le G£carcin Bourreau, G. carnifex, Leach ; Cancer carnifez, Herbst.; Ocypode carnifez , Bosc ; Ocypode cordata, Latr. La carapace est plus haute et moins large que celle de l'espèce précédente , à sommet presque plat et marqué d’une impres- sion en H peu prolongée en avant; chaperon en carré transversal ; très- débordé et déprimé au:dess sus du front, mains des serres un peu graveleu- ses, avec l’arête inférieure tuberculeuse ; les doigts longs , arqués et dentelés inégalement au bord in: terne ; longueur du corps s'étendant jusqu'à trois pouces et demi ; couleur jaune rougeâtre'aniforme, dans les individus secs, mais paraissant être en trecoupée de petites lignes purpurines dans les in- dividus frais. On trouve cette espèce à l’île Saint- Thomas, où elle est assez commune: dans les cimetières. Le Gécancin rouisseur, G: fossor, Lat. , Hist: nat. des Ins. et des Crust., tom. 6. pag. 58: Gette espèce esb d’un blanc jaunâtre, un peu verdütre , avec les pattes lavées de rouge: les serres sontpres- que égales; les mains sont dentelées à leur branche supérieure , avec deux arêles granuleuses bien for: mées sous. le doigt inférieur. Se trouve à Gayenné, Pison décrit sous le nom de Crabe guanhumi un Crustacé originaire du Brésil et de la Guiane: | Latreille le range parmi les Gécarcins ;; il réunit encore à ce genre le Cancer Hydrodromus d'Her- bst. (tab. 41, fig. 2j), Cancer litteratus (tab. 48, fig. 4), et son Cancer aurantus (tab. 48, fig. 5). On connaît une espèce fossile de ce genre assez bieu caractérisée. Desmarest ( Hist. mat. des Crus- tacés fossiles , pag. 107, pl 8, fig. 10)la nomme Gécancin À Trois ÉPINES , G. truspinosus. Latreille désigne sous le nom d'Uca un genre de: Crustacés très-analogues aux Gécarcins par la forme en cœur de la carapace, mais qui en sont différens par les proportions relatives de leursmembres et quelques autres caractères, les pattes de la seconde paire étant plus longues que celles de la troisième, et cette différence.existant aussi progressivement dans les suivantes. Ce genre renferme le Cancer uca de Linné, où Uca una de Pison et de Maregrave; Leach a formé aussi un genre, mais il necomprend : pas le vrai Cancer uca des auteurs, [l'est très-vor- sin des Ocypodes; Latreille a changé: son nom en celui de: Gésasime. F’oyez.ce mot. (4. Lo QE EEE EEE 2GECK 355 2GECK ee GECKO,. {revprs) Ce mot est l’onomatopée du son que font entendre certains Sautiens qui, d’une part ; offrent entre eux uné telle analogie de forme générale ét d'organisation, qu'on lés a réunis dans une même famille, mais qui offrent en même temps des dispositions organiques si particulières, qu'ils semblent ne pouvoir se nuancer avec aucun des autres groupes du même ordre. Ex cffet, les Gec- kos ont bien, comme tousles Sauriens, un corps al- longé, porté sur quatre pieds, terminé en arrière par une-queue plus ou moins prolongée et revêtu de tégumens écailleux ; mais ils se distinguent neltement de leurs congénères par la disposition particulière qu'offre l'examen détaillé de ces par- ties; ainsi leur tête est déprimée surtout en avant, et rappelle un peu celle des Grocodiles à museau courtet celle des Batraciens; leur bouche est gran- dément fendue , leur langue est charnue , aplatie, large (Platyglosses, Wagler), libre à sa. pointe, à peine échancrée à son extrémité, revêtue en des- sus de follicules mucipares fins et nombreux, qui Jai donnent un aspect spongieux; elle est garnie en dessous de franges muqueuses longitudirales , simples, et sur les côtés d’un repli glanduleux qui semble s'opposer à l’extension trop grande de cet organe ; ce qui fait présumer que les Geckos, comme les Lézards, saisissent leur proie en la hap- pant simplement; leurs dents sont nombreuses, petites , simples, droites , cylindriques à leur base, comprimées à leur sommet , terminées en pointe tranchante presque égales entre elles, et uniformes, en nombre identique chez tous, etattachées au côté intérne du bord dentaire (P/eurodontes, Wagler ). Les Geckos n’ont point de dents aupalais, la voûte palatine est largement ouverte, munie en avant d’une soupape membraneuse, fixe, sur les côtés d’un repli membraneux qui rappelle les piliers du voile du palais des animaux supérieurs ; les héris- seaux sont fortement écartés en arrière, et le globe de l'œil saille dans l’arrière-bouche à peu près comme chez les Batraciens; les narines sont peti- tés, simples, munies d’un léger bourrelet dans quelques espèces , ouvertes sur les côtés de l’extré- mité du museau sur une petite écaille spéciale, et dirigées presque directement en dehors. Les yeux sont grands, saillans, situés sur les côtés ducrâne; Jeur contour est circulaire ; les paupières, très- courtes, sont rétractées entre le globe de l'œil et l'orbite ; la troisième paupière paraît seule assez développée pour protéger l’œil; la-pupille est el-! Jiptique , à grand diamètre vertical, susceptible de devenir linéaire sous l'influence! d’une lumière in- tense; ses bords antérieur et postérieur sont triden- ticulés'} et la pupille des Geckos rappelle ainsi la pupille des chats et des oiseaux nocturnes d’une part ; et celle des raies de l’autre; l’orifice exté- rieur du tympan est.grandement ouvert, simple , ses bords antérieur et postérieur paraissent sus- ‘ceptibles d’'unmouvement assez marqué pour clore le conduit auditif àla manière d’une valvule comme ‘“chez'les Grocodiles: Le frontal est simple, plu- sieurs ont le pariétal double; l'orbite est complète en'arrière, etc, Le cou est, légèrement marqué, garni dans certaines espèces de replis transversaux -de la peau, plus sénsiblés du côté inférieur: lé tronc est trapu, arrondi, déprimé, garni sur les Côlés, dans quelques espèces, d’appendicés membranéux qui leur servent à se soutenir en l’air pendant le saut, et qui rappellent la disposition des Dragons et des Phalangistes. La queue ne dépasse guère la longueur du corps; elle est ronde et massive chez la plupart des Geckos, garnie sur les côtés de fran- ges membraneuses et plus ou moins foliacée dans ‘quelques espèces. Lorsqu'elle a été rompue, elle se reproduit en présentant un gonflement napiforme à l'endroit régénéré qui en a quelquefois imposé pour un caractère spécial ; les pieds sont médio- crement développés; les doigts, assez courts en gé- néral, presque égaux, sont homogènes, c’est-à-dire naissant tous sarun même plan; la plupart des Gec- kos ont les doigts aplatis; beaucoup ont, sur toute où partie de la longueur déleurs bords, des appendices oudilatationsquiaugmentent leur largeur; quelques uns seulement ont des doigts réfléchis, à angles plus ou moins aigus; les ongles sont courts, petits, crochus , aigus , rétractiles de diverses manières; quelques espèces en sont totalement ‘privées, quel- ques unes en manquent à certains doigts. La peau des Geckos est révêtuc d’écailles dont la forme et la disposition varient selon les points; sur la tête elles sont uniformes , granulées ; l’on voit quelques pe- tites plaques le long des bords des lèvres ; sur les parties supérieures du tronc, de la queue et des membres elles sont aussi granulées; mais parmi’ elles s'élèvent plus ou moins régulièrement des tubercules cornés, pyramidaux , qui hérissent les parties d’épines mousses disposées, surtout sur la queue, en verticilles sensibles chez la plupart des espèces ; les écailles des parties inférieures sont à bord postérieur arrondi, petites, serrées , lisses, imbriquées, égales ; celles du dessous de la queue offrent une dilatation. marquée: les doigts sont garnis en dessous de petites lamelles transversales, dont la forme et la disposition varient selon les genres. On rencontre chez quelques Geckos, le long du bord interne supérieur des cuisses ; une rangée de pores fémoraux qui forment une sorte de chevron glandulaire au devant-de l'anus; ces pores s'ouvrent sur la surface d’une écaille sem- blable à celles du reste de l'abdomen près de sa pointe; outre ces glandes, il y en a deuxautres en arrière de l'anus et sur les côtés de da:queue, ou- vertes au milieu d’écailles granulées;/peu distinctes. Les Geckos sont répandus dans les contrées chaudes des deux hémisphères, partout redoutés , partout haïs, faussement accusés de venin. Bontius a dit que la morsure des Geckos est venimeuse, au point que, si la partie affectée m'est pas retranchée où brûlée , onmeurt{avantpèu d'heures; lattou- chement seul des pieds des Geckos, au dire d’au- tres voyageurs, empoisonne les viandes sur les- -quelles ilsmarchent;*on-a cru qu’ils les infectaient de leur uriné, que lé même Bontius regarde comme un poison des plus corrosifs ; Lacépède croyait que ©’était par l'humeur qui suintait des pores de la marge de l'anus ; leur: sang ; leur sa- GECK 356 GECK live qu'ils lancent au. loin, sont des poisons, tels que les Javanais, a-t-on dit , s’en servent pour em- -poisonner leurs flèches. Hasselquitz rapporte qu’il vit au Caire trois femmes prêtes à mourir, pour avoir mangé du fromage sur lequel un Gecko avait déposé son, poison ; d’autres écrivains ont accusé une humeur qui suinte des tubercules écailleux de la peau; mais cette dernière sécrélion est plus que douteuse , et la nature venimeuse des autres pro- duits excrémentitiels de ces animaux est complé- tement mensongère, et ils ne. peuvent cracher comme on l’a dit: Les Geckos sont des animaux timides, inoffensifs, incapables de nuire par leur morsure ou l’action de leurs ongles, vivant d’in- -sectes qu'ils poursuivent surtout la nuit; les uns, animaux presque domestiques, vivent dans les trous des maisons, sous les pierres; d’autres, plus sauvages, vivent dans des lieux déserts et sablon- neux ; d’autres enfin vivent sur les arbres, et chas- sent assez lestement leur proie en sautant de bran- che en branche. On a dit que les Geckos avaient Ja démarche lente et lourde; mais ceux qui ont observé ces animaux savent, au contraire, avec quelle vitesse ils grimpent le long d’une poutre; et traversent à la renverse les solives d’un plafond, suspendus par leurs ongles fins et acérés, ou par les lamelles de la face inférieure de leurs doigts, dont ils se servent comme les Couleuvres pour avancer, où mieux encore comme l’Echénéis se sert des lamelles qui garnissent le dessus de sa têle, pour se fixer aux corps ; soit enfin en faisant le vide au moyen des dilatations de leurs doigts qu’ils appli- quent exactement à la surface des objets, .et dont 1lsse servent comme de ventousesenrétractant leurs ongles au besoin. Certains Geckos répandent, dit- on, une lueur phosphorescente ; quelques person- nes disent que leurs yeux sont resplendissans dans l'obscurité comme ceux des Chats. Les Geckos font entendre dans la nuit, et à certaines époques surtout, mais non lorsqu'il veat pleuvoir comme on l’a dit, un bruit particulier que l’on a comparé -à celui que font les cochers lorsqu'ils excitent les chevaux, c’est-à-dire lorsqu'ils font vibrer les côtés de la langue d’une manière sonore et par saccade, en inspirant l'air brusquement, tandis que la pointe de cet organe est maintenue fermement appliquée -en avant du palais; c’est ce bruit que l’on a traduit chez nous parle mot Gecko, au Cap par celui de Geit , à Siam par celui de Tokaie. Il paraît avoir été aussi traduit chez les Hébreux, et avoir servi à caractériser ces animaux, car les commentateurs s'accordent assez généralement à voir le Gecko dans le mot Anaka du Lévitique (chap. x1, v. 30). Les Geckos ne dépassent guère la taille de nos Lézards ; leurs couleurs , généralement ternes, prennent chez quelques espèces des teintes vives de couleurs ardentes; mais elles s’affaiblissent pres- - que toujours avec l’âge. Les Geckos se reprodui- sent au moyen d'œufs pisiformes, à coque calcaire blanche; qu'ils déposent dans le sable et qu'ils aban- donnent à l’incubation solaire. La durée générale de la vie des Geckos, celle des diverses phases qu'ils traversent, sont absolument inconnues. I. Parmi les Geckos, les uns ont les doigts di- latés en massue dans tonte leur longueur , ils sont garnis, en dessous et en avañt, de lamelles en che- vron , entières : en arrière On voit de petites écail- les carrées, imbriquées, verticillées; ce sont les PLrarypacryLes. À. Quelques uns n’ont d'ongles à aucun des doigts, savoir : les AxoPLopus (des mots grecs ano- plos, inerme, pous, pied ). z [l en est parmi eux qui ont des pores au de- vant de l’anus , les Phelsuma ; les uns ont le pouce plus court, tel est le Gecko CÉPÉDIEN de Péron , figuré dans le Magasin de Zoologie de Guérin. Les tubercules sont peu marqués chez celte espèce; aussi la q@eue paraît-elle peu sen- siblement verticillée ; les pores, au, nombre de vingt-un environ, sont quelquefois peu distincts, ce qui a fait soupçonner qu'ils pourraient bien n’être qu'un apanage de sexe. Ge Gecko est d’un beau bleu-ardoise, parsemé de taches d’un jaune-au- rore, plus ou moins arrondies, disposées en trois séries longitudinales, irrégulières sur le dos, et plus-ou moins discrètes; sur les côtés , elles consti- tuent une ligne plus ou moins continue et arrêtée, qui commence en pointe sur les lèvres, passe au dessus de la naissance des membres, et se prolonge sur le Liers antérieur de la queue; les taches des séries dorsales s’anastomosent sur la queue de ma- nière à former quelques lignes transversales ; le dessous du corps est blanc-verdâtre ; quelquefois la couleur aurore des taches envahit la couleur du fond , et a fait décrire cette espèce comme aurore tachetée de bleu. Le Gecko cépédien atteint sept à huit pouces, dont trois environ pour la queue ; il habite l’ile de France et l’île Bourbon. D’autres ont le pouce de la même longueur que les autres doigts, c’estle genre Pachydactylus. L’es- pèce type, P. Bergit, de l'Afrique méridionale, est encore peu connue. 6. D'autres n’ont pas de pores au devant de l'anus. Le Gecko oceLLé, Curvier, à écailles égales, sans tubercules plus saillans ; la queue uniformé- ment imbriquée, réticulée , grisâtre en dessus , parsemée de taches oculées brunes à la circonfé- rence , blanches au centre , disposées sur quatre rangées Jongitudinales plus ou moins sensibles ; l’orbite liserée de jaune ; cette espèce acquiert quatre à cinq pouces , elle se trouve au cap de Bonne-Espérance. B. D’autres Platydactyles ont des ongles aux troisième ct quatrième doigts de chaque pied , et n’en manquent qu'aux premier, deuxième et cin- quième doigts. À ce groupe se rapportent le Gecko FASCICULAIRE , OU DES MURAILLES ( G. fascicularis , G.muricatus, Lac. mauritanica, turcica), figuré dans notre Atlas, pl. 172, fig. 5, représenté avec trop d'ongles; c’est laGeckote de Lacépède. On l'appelle - Tarente en Provence, Tarentola ou T'errentola en Italie. Les Grecs l’appelaient Colotes , parce qu'il -grimpe le long des jambages et des poutres des maisons (des mots colon, jambe, et bainein, mar- cher) ; Ascalabotes, parce qu’il marche sans bruit GECK {de ascalos, paisible ); et encore galeotes , parce qu'il grimpe comme les chats, (de galé, chat, et -calotes.) Gette espèce est commune en Provence, en Italie, ên Grèce, en Egypte; elle habite les maisons peu soignées ; se cache sous les pierres, sort de son gite à la nuit pour se mettre en chasse ou pour s’accoüpler ; redoutée dans quelques en- droits, on se garde de la détruire dans d’autres , et on lui confie le soin de faire la guerre aux Araignées, aux Scolopendres , aux Scorpions et aux Blattes, dont elle fait sa pâture; lorsque son criincommode, l’on se contente de frapper avec le doigt sur un objet voisin , et la crainte suspend aussitôt les chants de l’amoureux indiscret. C’est le Stellio des Latins, et de Plinius en particulier; nom qui, comme les noms grecs, a souvent été étendu à toute la famille. Son corps est parsemé -de tubercules saillans , composés de deux , trois Ou quatre tubercules groupés ensemble ils sont disposés à peuprès régulièrement sur six séries lon- gitudinales , et en même temps rangés par bandes transversales ; la queue est verticillée et hérissée sur le bord de ses anneaux de semblables tuber- cules ; en dessous, les écailles de la queue sont un peu dilatées ; les écailles du corps sont médiocres, celles, de Ja tête sont hexagonales, régulières , équilatérales ; les doigts sont garnis de lamelles en chevron. dans toute leur étendue. Ge Gecko des murailles est d’un gris cendré en dessus, fasciculé de branâtre ; il atteint huit à dix pouces environ. Le Gecxo »'EcypTe, G, ægyptiacus, est une autre espèce qui a les mêmes habitudes ; elle at- teint quelques pouces de plus, et s’en distingue par ses tubercules simples, moins saillans, lisses ; comme chez le précédent, les lamelles du dessous -des doigts s'étendent dans toute leur longueur; il est aussi d’un gris cendré en dessus, avec une ligne noirâtre qui s'étend depuis l'œil, sur les côtés de la tête et du corps, jusqu’à l’origine de la queue; le dos est marqué de bandes noirâtres sidérées transversales. Ces espèces ne paraissent pas avoir de pores aux cuisses. C. D’autres Platydactyles ne manquent d’ongles qu'aux premiers doigts ; ici se rapporte le Gecko A GOUTTELETTES, G. gutlatus. Ce Gecko a les écailles généralement un peu plus grandes; les tubercules sont arrondis, peu saillans, lisses ; les -doigts sont garnis de lamelles en chevron, si ce n’est sous la première phalange ; le dessous de la -queue offre des écailles plus dilatées et passant à la forme des lamelles, les pores fémoraux sont peu distincts; il est roussâtre, brunâtre ou noirâtre en dessus, avec une mullitude de taches blanches ou jaunâtres arrondies, lenticulaires, affectant par- -fois une disposition régulière par bandes transver- sales, et dues souvent aux tubercules décolorés. Cette espèce alteint dix à douze pouces, elle se ren- contre dans la plupart des îles de l'archipel Indien. Le GEcro À Banvxs (Lac. vittata ou striuta), à écailles extrêmement fines , à tubercules à peine saillans, lisses ; à queue verticillée, mais non épi- peuse; les pores fémoraux très-distincts; brun- e 397 ES GECK marron en dessus; marqué sur l’échine d’une bande d’un blanc jaunâtre de deuxlignes de large neltement arrêtée , bifurquée sur l’occiput et sur l'origine de la queue ; parfois quelques anneaux de même couleur sur la queue. Cette espèce atteint environ dix pouces , elle vit sur les arbustes , et a même pris à Amboine le nom de Lézard de Pan- dang, parce qu’on la rencontre volontiers sur le Pandang des rivages ; on lastrouve dans plusieurs points des Indes orientales et des îles de l'archipel Indien. | D. Il y a des Platydactyles à pouce mutique, comme les précédens, dont le corps est bordé sur les côtés d’une membrane horizontale , qui paraît faciliter leur suspension! en l’air pendant les sauts. Leurs pieds sont palmés, ce qui fait supposer chez eux des habitudes aquatiques; ce sout les Pty- chozoon (des mots grecs ptux, pli, etzoon, animal); le plus connu est ; Le Gecko HomacocéPnaLe de Creveld, Lac. ho- malocephala, à écailles dorsales très-petites, à tu- bercules à peine sensibles sur le dos, un peu plus marqués sur la queue qui est verticillée; des la- melles entières sous toutes les phalanges des doigts; les flancs garnis d’une membrane semi-cordiforme entière qui rappelle un peu les patagiums ‘des Dragons, garnie en dessus d’écailles petites , car- rées, imbriquées, verticillées , et en dessous d’é- cailles presque granulées , imbriquées , réliculées; des festons membraneux sur les côtés de la queue. Cette espèce, qui atteint près d’un pied de lon- gueur , est grisâtre cendrée en dessus, avec une bandelelte sinueuse noirâtre sur les yeux; des bandes brunâtres larges, liserées de blanc, sidé- rées, étendues en travers sur le dos, se répètent en s’affaiblissant sur la queue et les membres. On a établi, d’après une espèce qui diffère de celle - ci parce qu'elle n’a pas de franges sur les côtés de la queue ni de pores au devant de l'anus, le genre , PrenoPreurA, (des mots grecs pteron , aile, pleura , flancs ), nommé aussi Cheiropterus. Cette espèce, appelée Pteropleura d’Horsfield, est encore peu connue, E. Il est enfin des Platydactyles quiont des on- gles à tous les doigts, comme Le Gecxo DE Leacu, G. Leachianus , grande espèce à doigts légèrement palmés; les doigts gar- nis en dessous de lamelles en chevron entières dans toute leur étendue ; un léger pli de la peau le long desflancs, pas de tubercules; écailles grandes, polygones, saillantes , entremélées d’écailles fines, granulées; celles du côté interne des cuisses: comme percées çà et Ià de trous poreux irrégu- lièrement disposés. Ce Gecko est d’une couleur grisätre en dessus, et parsemé de taches nom- breuses, lenticulaires, blanchâtres ; il atteint plus d’un pied de longueur. Sa patrie n’est pas connue. II. D’autres Geckos ont, comme les précédens, les doigts élargis en massne dans toute leur éten- due , et garnis en dessous d’écailles plus ou moins disposées en chevron; mais celles de Ja dernière phalange sont divisées, ou au moins imprimées profondément d’un sillon ou yodet dans lequel "GEÉCK d'ongle’ peut se irétracter éntièrement Ils man: quent d'ongles’aux premiers doigts. Tel'est Le Gecko uissé; G, lavis, Gecko de Surinam et Gecko ‘des banäaniers, à ‘écailles extrémerent” fines sur le dessus du corps ; les membres et/la queue, ün'peu dilatées sur les parties inférieures; sans pores aux cuisses; queue sans verticilles ni tubercules , et garnie en dessous d’écailles hexa- gonales ; gris-cendrélen dessus, avec'des marbru- res transversales irrégulières noirâtres. Ce Gecko atteint plus d’un pied de longueur , il se trouve dans les Antilles et sur le continent tempéré amé- ricain , partageant avec les autres Geckos de ces contrées l'horreur et la réprobation qui leur a fait donner par les Garaïbes lé nom de leur mauvais génie, c'est-à-dire de Mauboya: Cette espèce vit sur les arbres , et entre autres ‘sur les bananiers. © EN D’autres Geckos ont seulement les premières phalanges dilatées en massue, garnies en dessous de lamelles en chevron entières; la pénultième pha- lange se détache libre, ronde, grêle, revêtue d’écailles imbriquées , et porte un ongle rétractile en dessus. Les espèces connues dé ce groupe ont des ongles à tous les doigts ; ce sont les Hémidac- iyles. 2 A: Les uns ont la queue simple, c’est-à-dire ronde et grêle, plus où moins verlicillée. A ce groupe se rapportent : E GEGKO VERRUQUEUX ; G. verruculatus. Espèce de taille médiocre , répandue dans le midi de l’Eu- ropeet en Égypte ; à tubercules saillans , trièdres, ‘comme encadrés à leur base de petites écailles granulées ; à pores peu distincts; lés tubercules du dessus de la queue disposés plus régulièrement sur le bord des verticilles ; les écailles sous-caudales dilatées et passant à la forme de lamelles; oris- roussâtre ou brunâtre en dessus , des taches brunes, ifrégulièrement arrondies ; disséminées ‘Sans ordre sur le dos, la queue et les membres, et circonscrivant dés taches arrondies. blanchâ- tres , plus ou moïns sensibles. Le Gecko Des Anrizses, Mauboya des murailles, à écailles petites, à tubercules peu saïllans, ronds et lisses, plus marqués et épineux sur la quêue , qui est à peine verticillée; les pores au devant de l'anus sont très-marqués. Celle espèce, très-ré- pandue dans les îles Antilles et dans les parties chaudes de l'Amérique , habite les maisons, comme le Gecko fasciculaire de l’ancien continent. Elle a été le sujet de fables putrileset de contes énfantés par la peur, le dégoût et lhorreur qu'inspire sa physionomie disgracieuse, mais du reste sans fon- dement exact. Ce Gecko , d’une taille médiocre , c’est-à-dire de sept à dix pouces de longueur , est gris-cendré en dessus, avec cinq à six larges ban- des transversales brunes sidérées sur le dos , for- des anneaux plus ou moins complets sur la queue et les mémbres. | Le Gecko À ÉCAILLES "rRixpres, G. ‘triedrus, ‘est une espèce des Indes qui sé rapproche du Gecko verruqueux pour la ‘taille et les’ autres! ca- ractères spécifiques; ses écailles dorsales, petites, hexagonales , sontentremélées de tubercules ronds. : sm leur base, pyramidanx! trièdres àvleur som- met, disposés plus ou moms régulièrement, étconstituant dix-huit à vingt rangées transvérsa- des ; d’un gris vineux en dessus , aveé six à sept larges marbrures brunâtres sur le dos ; une tache longitudinale brune étendue derrièré l'œil jasqi’au dessus du tympan, bordée de points blancs: des tacheslenticulaires blanches éparses cèet là sur le dos , le plus souvent constituées par les tubercules colorés de blanc ,.et formant des sortes de goutte- lettes saillantes. Gette espèce atteint sept à huit pouces de longueur. B. D’autres Hémidactyles ont la queue aplatie horizontalement, à bords tranchans ou peu frangés, tels que Lx Gecro-BorDÉ, G. marginatus , Stellio pla- tyurüs. Ses flancs sont bordés d’une bandelette cutanée entière; la queue est aplatie, marginée légèrement, sans verticilles ; les écailles du dessus du corps sont petites, uniformes , sans tubercules interposés , seulement un peu dilatées sur les par- ties inférieures ; la queue est garnie en dessous de petites lamelles ; les pores au devant de l’anus sont très-marqués ; les doigts , légèrement palmés, sont garnis en dessous de lamelles légèrement incurvées en chevron et entières. Celte espèce est d’un gris uniforme en dessus ; blanchâtre:, comme tous les Geckos , en dessous. On la trouve au Bengale’: elle paraît se rencontrer aussi à Java: IV. D’autres Geckos ont, au contraire, lavant- dernière phalange dilatée, et les lamelles qui la revêtent en dessous disposées en éventail échancré à la partie moyenne, pour recevoir léngle!lors- qu’il se rétracte en dessous ; le reste du doigt est rond, grêle, et revêtu d’écailles arrondies: sur leur bord, etimbriquées, verticilléés, où dévelop- p£esen lamelles : ce sont les Ptyodactyles (des mots grecs, ptuon, éventail, et dactulos , doïgt }; Is'ont des ongles à tous les doigts. À. Les uns ont la queue ronde et'les doigts simples et libres , comme j Le Gecko pes Maisons, ou n'HasserQuirz ; G. lo- batus. Cette espèce, assez commune en Égypte, y porte le nom de!Æbou Bours , père de la lèpre, parce que l’on croit son contact venimeux ; et que sur la trace deson passage sur la peau ‘il'se déve- loppe, dit-on, de la rougeur, accompagnée de prurit et de démangeaison , sorte d’urtication que les voyageurs attribuent à l'impression des 6ngles et des lamelles de ses doigts; ses écailles sont pe- tites, parsemées de tubercules arrondis, peu sail- lans , peu régulièrement disséminés ; ifn’existe pas de pores aux cuisses ; la queue est verticillée d’une: manière peu sensible. Ge Gecko, qui atteint six à sept pouces , est gris cendré en dessus, nuagé de bandes brunes, sinueuses ;: irrégulièrement -cir- conscrites. j x di B. D’autres Piyodactyles ont la queue plus ou moins élargie par des appendices membraneux , et les doigts des premiers, plus ou moins palmés : ce sont les Uroplates (de oura , queue, platus , large). Le u node ” «;. Les uns ént les côtés du corps/bordés d’une frange cutanée : ce sontles Rhacoessa (du mot grec rhacoëis, membraneux) : iei.se rapporte Le Gecko rnanGé, G, fimbriatus , appelé aussi la Tête-plate par, Lacépède, et connu , dit-on , à Madagascar , sous le nom vulgaire de 'amocan- trata , parae que cet animal se jette à la poitrine des gens , s’y accroche d’une manière cruelle, et avec une telle force , qu’il est impossible de l’en détacher sans déchirer la peau que'ses ongles ont saisie, ce qui est plus qu'invraisemblable.!/Cette es- pèce, de plus d’un pied.de longueur , a les côtés du tronc, de la queue, et le bord antérieur des membres bordés d’une frange membraneuse com- posée; de dents longues de trois lignes environ, sé- parées par deux, trois ou quatre petites dents également membraneuses d’une ligne de diamètre, finement denticulées sur leur bord’, et garnies de, petiles écailles dent les marginales saillent en épines courtes ; l'orbite est aussi garnie en arrière de denticules analogues ; les écailles du dessus du corps sont petiles ; égales, non interrompues par destubercules même sur la queue ; les doigts sont sensiblement palmés à leur base. Ge Gecko est en dessus d’un gris cendré irrégulièrement marbré de brun ou de noirâtre. 6 D’autres ont les, côtés du corps garnis d’un simple pli intègre , ou sans feston ni dents : ce sont les Crossurus (des mots grecs crossus, membrane, et our, queue). À cegroupe se rapporte un Gecko, dont la disposition singulière a paru exagérée et imaginaire, LeGzckoinu Pérou, Lacertacaudiverbera de Lain- né ou Uroplate du P. Fenillé (?}. Cette espèce a sept à huit ponces de longneur sans la queue , qui a été nompué ;-sa têle est plus allongée , plus dé- primée que dans les autres.espèces, et d’une forme pyramidale plus prononcée ; son ;museau, ar- rondi, est plus eflilé, plus mince, et rappelle un peu celui des /Jarles ; le tronc est comprimé laté- ralement ,.et l'échine saille. en .carène, comme chez les Caméléons; les membres sont grêles, longs; les avant-bras sont d’un tiers au moins plus longs que les bras; la proportion dela jambe à la cuisse est moins disproportionnée; les flancs seulement sont garnis d’un pli membraneux entier, sans découpures., haut d’une à deux lignes; les doigts sont palmés à leur base d’une manière sensible ; les écailles sont partont extrêmement petites, cha- grinées , à peu près égales partout; l’on ne voit pas de pores au devant de l'anus ; le contour de l'orbite est lésèrement denticulé en arrière : cette espèce, décolorée sans doute par un long séjour dans l'alcool, est d’un blanc jaunâtre ; on voit sur le dos les traces de quatre lignes brunes longitudi- nales nettement arrêtées, larges d’une ligne envi- ron , à distance à peu près égale l’une de l’autre, Ge Gecko vient , à ce qu'il paraît, du Pérou: reste à savoir S'il avait la queue anssi largement frangée qu'on l’a dit, L'on peut-anssi conserver quelques doutes sur les habitudes aquatiques que, l’on a at tribuées. à, cet animal,et sur son identité avec la Sa- lamandre noire du Père Feuillée , avee laquelle on l’aréuni; car cette Salamandre, outre la différence pi ( 359 GECK he” de couleur , est figurée avec une crête rachidienne assez prononcée, el lon n’en voit sur elle aucun vestige. Ici desrait’se rapporter un genre de Gecko ptyo+ dactyle,; qui différerait du Famocantrata par l’äb- sence des franges, sur les côtés du corps, et par l'absence d’un doigt, du pouce, aux pieds anté- rieurs , le Sarrouba ; mais la seule espèce sur la- quelle ce genre est fondé , le Sanrouré de Madas gascar, n’est connue que sur une indication qui demande à être accueillie avec réserve, V. D’autres Geckos ont l’avant-dernière pha- lange élargie en pelote, sans lamelles en éventail, comme les précédens ; ils ont aussi des ongles ré- tractiles en dessous, à tous les doigts : ce.sont les Sphériodactyles. À. Parmi les Sphériodactyles , il en est dont la pelote est formée de deux écailles discoïdales , séparées par l'insertion de l’ongle; le reste du doigt.est revêtu de petites lamelles transverses , comme chez le Grcko Porruyré, G. porphyreus, petite espèce à écailles dorsales chagrinées, uni- formes, sans tubercules; queue subverticillée, sans pores au devant de l'anus, grise-cendrée, ponctuée de brun. Gette espèce vient du Gap, de Madagascar, et non de l'Amérique comme on l'a supposé. BA cette section se rapporte le genre Drrro- DACTYLE ( v, Ce nom ). G. Ici doit aussise ranger le genre Phyllodac- tyle; qui se distingue par ses doigts comprimés et le développement des écailles discoïdales de l’extré- | mité des doigts. Ge genre est encore peu connn ; l'espèce sur laquelle on l’a fondé est grisâtre, :marbrée de brun; on Jui a donné le nom de PayLLODAGTYLE ÉLÉGANT , P. pulcher. D. D’autres Sphériodactyles se distinguent bien nettement des précédens par la disposition entière et molle de l'extrémité des doigts, analogue à celle des Rainettes et en même temps par la disposi- tion de l'iris, dont le bord pupillaire est intègre et. circulaire, au lieu d’être elliptique, vertical et festonné, comme chez les autres Geckos ; leurs paupières sont moins rentrées que dans les autres groupes : tel est le GEGKO SPUTATEUR À BANDES. Ce nom de Sputateur lui vient d’une erreur po- pulaire à laquelle des savans ont ajouté trop de foi. L'on a dit à tort, en effet, qu'il lançait au loin une salive venimeuse, Ce joli pelit animal, qui n’atteint guère, à ce qu'il paraît, que dix-huit lignes à deux ponces de longueur, est tout-à-fait innocent, et manque des moyens anatomiques du cracher ; il est brun-fauve en dessus, marqué de larges, bandes brunes, liserées.de blanc ; en nom- bre variable, et plus ou moins nettement tran- chées , qui lui donnent un aspect gracieusement rubanné ; ses écailles sont lisses, uniformes, gra nulées ; la queue est peu ou point verticillée.Gette espèce habite les Antilles; elle vit sous pe lo pentes des maisons, ce qui lui a fait donner le nom de #ood.slave, Les Antilles possèdent encore: une espèce de ce groupe, d'unetaille plus forte(d’un pouceenviron), à queue yerticillée,, mais à écailles granulées, uni- oo GECK 360 GÉHL oo, formes comme la précédente , ‘et de même qu’elle sans pores au devant de l'anus ;.elle est grisâtre , finement piquetée de brun et de blanc; on la nomme SPHOÉRIDACTYLE GRIS-CENDRÉ, S. cinereus. VL. D’autres Geckos enfin ont les doigtsronds et grêles, munis d'ongles, et se rapprochent sous ce rapport des autres Lézards ; mais leur pupille est comme celle de la plupart des Geckos ,- verti- cale, elliptique, festonnée. Ce sont les Sténo- dactyles. | A. Les uns ont la queue ronde, simple; les doigts, garnis en dessous de petites lamelles trans- versales, sont comme dentelés surles bords. On leur a donné à tort le surnom d’Ascalabotes, qui, comme il a été dit , était chez les Grecs le nom du Gecko fasciculaire. Dans ce groupe se range Le STÉNODACTYLE À GOUTTELETTES, St. guttatus, improprement nommé Agame ponctué changeant de Savigny, à écailles petites, uniformes, sans tubercules , sans pores au devant de l’anus; la queue peu ou point imbriquée; gris-violâtre en dessus, avec des marbrures brunes ou noirâtres, plus ou moins confluentes , circonscrivant des taches lenticulaires blanches, plus on moins nettes, et disposées plus ou moins régulièrement en ran- gées transversales. Cette espèce atteint environ trois à quatre pouces. Elle se trouve en Egypte. B. D’autres Geckos à queue ronde , simple, et à doigts comme les précédens, s’en distinguent par leur queue verticillée ; c’est le genre Eublé- haris, encore peu connu. L'espèce sur laquelle ce genre est établi a été nommée Eusrérnaris p Harpwica, £. Hardwichi. Elle vient du Bengale, à ce qu'il paraît. C. D’autres Geckos de la même division ont les doigts beaucoup plus allongés et gréles , insérés plus inégalement , hélérogénés ; le cin- quième doigt est versatile ou diductible, à angle droit chez quelques uns; ce sont les Gonyodac- tyles. Tel est Le GonyYoDACTYLE ANNELÉ , Gecko annulatus , scaber. À écailles petites, entremélées de tuber- cules trièdres , inclinés en arrière ; à queue verti cillée , épineuse , avec une rangée de quatre pores au devant de l'anus: Cette espèce est d'un gris cendré, avec une série longitudinale de taches brunes , pupillées de blanc , imprimées sur le ra- *chis. Cette espèce vient d'Afrique. D. D’autres Geckos, à doigts grêles et à queue ronde, ont les doists nus, à ce qu’il paraît. Ce sont les Gymnodactyles. L’espèce type de ce genre est Le Gxuvopacryie GEckoïne , G. geckoïdes. Espèce du Brésil, connue seulement par la des- cription succincte de Spix; à pupille verticale, li- néaire; à écailles petites, entremélées de tuber- cules trièdres, disposés sur six séries longitudi- nales ; sans pores aux cuisses ; brun-noirâtre uni- forme sur le dos; la queue annelée de fauve. E. D’autres Geckos, à doigts grêles et à queue ronde, ont un pli cutané, linéaire, saillant le-long des flancs; ce sont les Cyrtodactyles , comme Le CyrronacryLe FAsciÉ, C. fasciata, À écailles petites, entremêlées sur le dos de tubercules trièdres , les uns plus grands, les autres plus pe- tits et peu saillans ; les écailles abdominales lisses!, arrondies; la queue peu verticillée en dessus, garnie de lamelles en dessous; des pores le long da bord interne des cuisses; la pupille verticale, linéaire, festonnée ; la paupière supérieure plus marquée que dans les genres précédens, à bord sinueux, et plissée en forme de collerette ou jabot. Gette espèce atteint à peu près sept à huit pouces, elle est d’un gris cendré en dessus , avec cinq à six larges bandes brunes , foncées, liseréeside blanc sur le corps et la queue ; une bande longitudinale, disposée de la même manière, s'étend derrière l'œil jusque sur le tympan et les côtés du cou. Ge Gecko vient du Bengale. F. D’autres Geckos à doigts grêles ont la queue comprimée latéralement , et surmontée en dessus et en dessous d’une crête membraneuse , dentelée en scie, ce qui leur a fait donner le nom de Pris. tures ( des mots pristos , scie, et oura, queue ). L'espèce sur laquelle ce genre est établi, le PRISTURE À POINTS JAUNES, P. flavipunctatus, a en- viron trois pouces de longueur; sa pupille est ver- ticale , linéaire , ses doigts sont grêles ; le cinquième des pieds postérieurs est inséré en arrière des autres sur le tarse ; l’on ne voit pas de pores aux cuisses ; la crête, à peine sensible sur le dos, se prononce davantage sur la queue, et se rapproche, pour sa disposition , de la crête de nos petits Tritons. Ce Gecko paraît avoir des écailles dor- sales chagrinées , uniformes; il est d’un vert olive, grisâtre en dessus, finement ponctué de jaunâtre; blanchâtre en dessous. Il vient de l’'Abyssinie. G. Enfin, il est des Geckos à doigts grêles dont la queue, déprimée et aplatie horizontale- ment, est dilatée ou augmentée sur les côtés d’appendices membraneux, qui lui donnent une physionomie cordiforme ou foliacée , qui les a fait appeler Phyllures, comme Le Pnyriure À LARGE QUEUE, Lac. platyura , Agama discosura , Stellio phyllurus. À écailles pe- titles, entremélées de tubercules coniques , peu saillans sur le dos et la tête; la queue revêtue d'écailles fines, imbriquées, lisses ; presque gra- nulées; sans pores au devant de l'anus ; la pupille elliptique, festonnée ; la paupière supérieure très- marquée ; gris en dessus , finement marbré de brun olivâtre. Cette espèce , qui atteint sept pou- ces environ et provient de la Nouvelle-Hollande , est représentée en notre Atlas, pl. 1 ue 6: 4. GÉHLÉNITE. (ww. ) Substance Mi ou 2 dâtre, qui cristallise en prismes droits rectangu- laires, quelquefoissi courts qu’ils ont l'apparence d’un cube. On la trouve aussi à l’état compacte. Elle n’est pas assez dure pour rayer le verre , mais elle raie fortement la fluorine ou le fluorure de’ calcjum. Les diverses analyses qu’on en a faites diffèrent sensiblement; cependant elle paraît être composée de 30 parties de silice, de 25 d’alumine, de 55 de chaux, de 6 à 7 de protoxide de fer, et de qnelques parties d’eau. Celle qui est compacte ‘paraît renfermer plus de silice, mais moins d’alu- .ine , | 4 | | \ : | | | \ PUR Dre. Acarié Baron del. porehi Ge Gelasime 2. Genet 3. Cenette 4. Genevrier FE Cucrin dr D GÉLA 561 GÉLA mine, avec de la magnésie, très-peu de fer et | uelques traces de potasse. La Géhlénite cristallisée n’a encore été trouvée | qu'à la montagne de Monzoni dans la vallée de Fasla en Tyrol, où elle est engagée dans un cal- caire laminaire. (J. H.) GÉHYDROPHYLES. (mour.) C'est-à-dire ani- maux de terre et d’eau , ou autrement amphibies. De Férussac, qui s’est beaucoup occupé des Mol- Jasques pulmonés, qui tous appartiennent à la classe des Gasrénopones (voy. ce mot), partage ces animaux en deux ordres qui sont ceux des Pulmonés sans opercules et des Pulmonés oper- culés. Ceux-ci comprennent seulement les Cyclo- stomes et les Hélicines. Les premiers plus nom- breux sont partagés en trois sous-ordres, savoir: les Géophiles (Limaces , Hélices, etc.) qui vivent à terre , les Géhydrophyles qui peuvent exister sur la terre et dans l’eau , et les Hygrophyles (Limnés, Planorbes, Ancyles, elc.) qui ne sortent jamais de l’eau , mais viennent seulement à sa surface pour respirer l'air. Le sous-ordre des Géhydro- phyles ne comprend qu’une seule famille, celle des Auricules , dans laquelle on distingue les Cary- chies, les Scarabes, les Auricules, les Pyramidelles, les Tornatelles et les Piétins, constituant autant de genres qui seront décrits chacun dans un arti- cle spécial de ce Dictionnaire. (GERV.) GÉLASIME, Gelasimus. (crusr.) Genre de l’or- dre des Décapodes, établi par Latreille aux dé- pens des Ocypodes et rangé par le même auteur (Gours d'Entomologie) dans la familledes Brachyu- res, seclion des Homochèles et tribu des Quadri- latères. Ses caractères distinctifs sont: test en forme de trapèze transversal et plus large au bord antérieur, dont le milieu est rabattu en ma- nière de chaperon; pieds-mâchoires extérieurs rapprochés lan de l’autre; leur troisième article inséré à l'extrémité latérale et supérieure du pré- cédent ; les quatre antennes découvertes et dis- tinctes , les latérales sétacées; yeux situés chacun à l'extrémité d’un pédicule grêle, cylindrique, prolongé jusqu'aux angles antérieurs du test, et recu dans une fossette longue et linéaire; l’une des serres beaucoup plus grande que l’autre; la longueur des autres pieds diminuant graduelle- ment , à partir de la seconde paire. Les Gélasimes ont beaucoup d’analogie avec le genre Ocypode , et ne s’en distinguent guère que par leurs yeux placés au sommet du pédicule qui les supporte, et par leurs antennes apparentes : elles partagent ces caractères avec les Gonéplans , mais elles en diffè- rent essentiellement par l'insertion du troisième article des pieds-mâchoïires extérieurs, par le dé- veloppement très-différent de la première paire de pattes , et par la longueur relative des autres pieds. Ce genre, ainsi établi, correspond exactement à la coupe fondée par Leach (Trans. linn. soc., t. x1) sous le nom d’Uca ; mais c’est à tort qu'il y a rangé l’Uca una de Pison et de Marcgrave , ce crustacé offrant des caractères parfaitement tran- chés. Latreiïlle en a fait un genre nouveau qui ne correspond nullement à celui de Leach , et auquel T. IL. 206° Livraison. il a conservé le nom d’Uca. Les Gélasimes sont. connues sous le nom de Crabes appelans, parce qu'elles ont l’habitude singulière de tenir tou- jours élevée leur grosse pince en avant de leur corps, comme si elles faisaient le geste d'usage pour inviter quelqu'un à s’approcher. Elles se tien- nent non loin de la mer, dans les terrains humi- des, et plusieurs d’entre elles se creusent des terriers cylindriques, obliques et très-profonds, tellement rapprochés les uns des autres qu’ils se touchent : les terriers ne sont habités ordinai- rement que par un seul individu. Ces crustacés sont généralement carnivores, Les espèces com- posant ce genre sont assez nombreuses, nous ne citerons ici que celles qui nous paraissent les plus remarquables. L'espèce pouvant servir de type au genre est la GÉLASIME MARACOANI, G, mara- coant, Latr., ou l'OcxPope noir, O. heterochelos , Bosc., Herbst., Cancr., tab. 1, fig. 11. La cara- pace est fortement chagrinée ; l’une des deux serres, tantôt la droite, tantôt la gauche, est très-grande, à doigts très -comprimés; leur face extérieure est couverte de tubercules arrondis en forme de grains, et la face intérieure lisse. Cette espèce se trouve assez communément dans l’A- mérique méridionale, au Brésii, à Cayenne. On la mange. La GÉLASIME APPELANTE, G. vocans, Latr. : Cancer vocans , Degeer , tom. 7, tab. 26, fig. 12 ; Ocy- pode vocans , Bosc (Hist. nat. des Crust., t. :, pag. 198). La carapace, chez cette espèce , est unie, avec le bord antérieur sinueux:; la serre droite est ordinairement plus grande que la gauche, tou- tes les deux étant fortement chagrinées en dehors, et ayant leurs doigts longs, étroits, très-écartés entre eux, unis, comprimés. On la trouve dans l'Amérique méridionale, particulièrement aux An- tilles. Cette espèce est très-carnassière. Bosc rap- porte qu’elle se nourrit d’animaux en putréfaction , et de ceux que la marce rejette sur le rivage. Cha- que individu passe les trois ou quatre mois d’hiver dans le fond de son trou, et n’en sort qu'au printemps. La GÉLASIME COMBATTANTE , G. pugilator, Latr., ou l’Ocypode pugilator de Bosc (loc. cit., pag. 197). Gette espèce habite dans les deux Amé- riques , et a été observée dans la Caroline par Bosc. Nous empruntens à cet auteur la description sui- vante qu'il a faite des habitudes de cette espèce : Les Ocypodes combattans sont terrestres ; ils vivent par milliers et même par millions sur le bord de la mer ou des rivières dans lesquelles remonte la marée. Dès qu’un homme ou un animal paraît au milieu d’eux, ils redressent leur grosse pince, la présentent en avant, et semblent le défier au combat , et se sauvent en courant de côté, mais conservant toujours la même position; leurs trous sont si nombreux dans certains endroits, qu’ils se touchent. Ils sont cylindriques, ordinairement obli- ques et très-profonds. Rarement plusieurs individus entrent dans le même trou, excepté quand ils sen- tent le danger trop pressant. On ne les mange point. Ils ont un grand nombre d’ennemis parmi 46 362 GÉLA les Loutres, les Ours, les Oiseaux, les Tortues, les . Alligators. eté.; mais leur multiplication est si considérable , que la dévastalion que ces animaux font parmi eux n’est pas sensible. Ils ne craignent pas l’eau, qui les couvre quelquefois; mais ils ne cherchent pas y entrer, et jamais ils n’y restent long-temps à leur gré, si ce n’est peut-être pour faire leurs petits. Bosc a vu les femelles garnies d'œufs dès le mois de ventose (mars); mais il n’a jamais trouvé de petits du premier âge. Il faut qu'ils restent dans l'eau ou dans la terre durant l'année de leur naissance. Les mâles se distinguent des femelles parce qu’ils sont plus petits, plus co- lorés, et que leur queue est triangulaire. Il n’est pas vrai, comme le dit Gronovius, que la grosse patte à gauche dénote le mâle. Bosc s’est assuré qu’elle variait de position dans les deux sexes. Desmarest, dans ses Considérations générales sur les Crustacés, a décrit une espèce qu’il a dédiée à Marion de Procé, l’un des médecins les plus sa- vans de la ville de Nantes et habile naturaliste. Cette espèce, longue à peine de huit lignes et large d’un pouce, présente sur le milieu de sa carapace, qui est lisse, une impression en forme d'H; cette carapace se termine de chaque côté par un angle assez vif et dirigé en avant. La patte droite était beaucoup plus grosse que la gauche, très-com- primée, et granuleuse à son extrémité et près de sa base. Elle a été recueillie à Marseille, Eydoux, dans le Magasin de Zoologie de Gué- rin, a décrit, sous le nom de Gelasimus T'angerü, une jolie espèce qui aété trouvée à Tanger. S H. L. GÉLATINE, ou GELÉE “ra ( .. ) Produit de l’évaporation, jusqu'à siccité, du li- quide que l’on oblient en faisant bouillir dans l’eau la chair, la peau, les ligamens, les tendons, les membranes, etc. , des animaux. x A l’état de pureté, la Gélatine est solide , demi- transparente , incolore, inodore, insipide , plus pesante que l’eau, sans action sur la teinture de tournesol et sur le sirop de violettes, décomposa- ble au feu et à vases clos, et donnant alors pour produits : de l'eau, du gaz acide carbonique, du sous-carbonate d’ammoniaque , une huile épaisse, du gaz hydrogène carboné, du gaz oxyde de car- bone. du gaz azote et un charbon volumineux et léger. Soumise à l’action de l'air humide, elle at- tire un peu d’eau ; elle est soluble à chaud dans cette dernière, très-peu à froid', point dans les huiles, l’éther et l'alcool concentré. Le soluté aqueux de Gélatine pure est incolore, sans aclion sur les couleurs végétales, sasceptible de devenir acide , de se moisir, et de se décompo- ser même, si on l’abandonné à lui-même À une température de 15 à 25°. Les acides et les alcalis faibles ne le troublent pas; quelques sels de mer- cure et le persülfate de fer le précipitent. Il en est de même de l'alcool quand le soluté est concentré, ét des matières végétales astringentes avec les- quelles la Gélatine forme un précipité blanc gri: sâtre, collant , élastique, durcissant par Ja dessic: cation, insoluble dans l’eau, insipide, imputres- cible, etc. De là l’art du tanneur. Voyez Tan. Les acides sulfurique et nitrique convertissent la Gélatine, le premier en une espèce de sucre ana- logue à celui du raisin, le second en acide oxa- : lique. La Gélatine a des usages nombreux, surtout dans les arts, sous le nom de Colle-forte. Elle fait partie des bouillons et gelées de viandes, où elle concourt aux propriétés nutritives , adoucissantes et relächantes de ces préparations culinaires. Dis- soute dans l’eau, on administre la Gélatine chez les malades, chez les cenvalescens ; en bois- sons , en bains , en lavemens, etc. C’est avec elle qu’on donne aux bains arlficiels l'aspect onc- tueux, gélatineux, des baïns de Baréges natu- rels. Enfin , rendue insoluble à l’aide du soluté de persulfate de fer , on l’a proposée comme nouveau procédé de gravure : on trace sur sa surface les caractères ou dessins voulus , on enduit de noir les creux qu’on y a pratiqués , et on tire les épreuves à la presse comme on le fait avec les plaques mé- talliques. La Gélatine des os, celle que l’on obtient en traitant ces derniers , réduits en copeaux grossiers, par l'acide hydrochlorique affaibli, pour dissou- dre tous les sels calcaires qui entrent dans la composition de la charpente da corps humain , est, chimiquement parlant , tout-à-fait identique avec la précédente. C’est elle qui a exercé si sé- rieusement Ja philanthropique sagacité de Darcet, et c’est sur elle aussi que, pendant quelque temps, on avait fondé , sur les paroles et les assertions du savant chimiste que nous venons de nommer, cette grande erreur d'hygiène et d'économie domesti- que, que la Gélatine pouvait être regardée et em- ployée seule comme principe alimentaire, Mais les résultats n'ayant pas répondu aux promesses, des doutes s’élevèrent, des négations arrivèrent , et des expériences directes furent tentées de nouveau pour connaître toute la vérité. La question, en effet, méritait bien toute cette sollicitude de la part des savans et des médecins, car il s'agissait ici de la vie même des personnes malades ou indi- gentes , que l’on avait cru pouvoir nourrir avec un simple soluté de Gélatine dans lequel nageaient çà et là quelques portions de légumes, quelques épi- ces, et quelques croûtes de pain. Les travaux d’une commission composée dans le principe de Leroux, ancien doyen de la Faculté de médecine de Paris, de Dubois, Pelletan, Du- méril et Vauquelin , furent donc repris et examinés de nouveau. Deux camps se formèrent : d’un côté les croyans quand même, d’un autre les incrédules, ceux qui ne cèdent jamais qu'aux faits, mais aux faits positifs. Nous devons Je dire , ceux-ci furent les plus nombreux, et l'expérience ayant parlé en faveur de leur opinion, il n’y a plus maintenant que bien peu de personnes qui croient encore à Ja vertu nutritive de la Gélatine. Ceux-là même qui s'étaient rangés du parti de Darcet lont aban- donné, et cela devait être. Qui peut douter encore que c’est dans la très- grande diversité des substances alimentaires que GÉLA 3 l'homme et les animaux doivent espérer trauver l'augmentation de leurs forces , l'entretien de leur santé ; et la prolongation de leur vie ? _ Toutefois, il serait mal à nous de ne pas avoir pour Darcet toute l'admiration que lui mérite le but, grand et généreux, auquel tendaient ses travaux et ses recherches. Son erreur, une fois qu'elle sera complétement détruite, sera mise au nombre de celles qui font encore honneur, et qui commandent , pour leur auteur, la reconnaissance de tous les hommes de bien. Nos lecteurs vont voir quels immenses avantages eût donnés l’obser- vation de Darcet, si la théorie qu'il en déduisit n'avait point été détruite par l'application. Dar- cet s'est assuré que, terme moyen, la viande de bou- cherie contient par quintal : viande sèche 24 parties, eau 61, 0s 19; que les os contiennent par quintal, et terme moyen également : substance terreuse 6o parties, Gélatine 30, graisse 10; si on ajopte aux 24 parties de matière alimentaire fournie par 100 parlies de viande, 6 parties de Gélatine extraile des os , on aura 30 parties de substance dite nutritive au lieu de 24. De même, 4 bœufs et la Gélatine retirée de leurs os donneront autant de substance alimentaire que 5 bœufs. Mais, nous le repétons encore, Darcet s’est trompé parce qu'il a raisonné et non expérimenté. Nous avons donc eu raison de dire que, chimiquement par- lant , la Gélatine pure des os et la Gélatine pure de la viande étaient identiques; mais les bouillons faits avec les os seulement et quelques légumes, et ceux que l’on prépare avec la viande, ne sau- æaient être remplacés indifféremment, ni sans dan- ger, les uns par les autres. Dans les derniers il y a des principes qui manquent aux premiers. Quels sont ces principes ? Joy. CHam, Muscce. Il nous reste encore à examiner la Colle de poisson, les différentes Golles-fortes du commerce. Cozre DE poisson. Voyez Icarayocouee. * Cozes-rorres. On en connaît plusieurs sortes dans le commerce. La plus estimée, celle que l’on emploie en médecine à la dose de dix à seize onces pour faire des bains gélatineux, est appelée Colle de Flandre;elle est jaunâtre , opaque, inodore, d’une saveur fade, etc. La seconde, dite Zaçon de Flandre, est moins colorée, parfaitement transpa- rente, et cependant moins estimée; la troisième, dite Colle anglaise , plus épaisse que les précéden- tes, plus colorée, brunâtre et opaque quand elle n'est pas placée entre l’œilet la lumière, rouge et transparente dans la position contraire, est très- employéeparles tabletiers; la quatrième, dite Façon anglaise, ne diffère de la précédente que parce qu'elle est d’un rouge plus prononcé et plus trans- parente; enfin la Colle de Paris, Colle-forte, Colle des menuisiers , qui est très-épaisse , très colorée en brun-noirâtre, d’une odeur fétide, désagréa- ble , surtout quand elle a été liquéfiée, etc. Toules ces Gélatines se présentent en plaques solides , de forme et de grandeur variables ; toutes sont cassantes, se gonflent considérablement dans l'eau, etc. On les obtient en faisant bouillir dans de l'eau des rognures de peaux, de parchemins, 63 GELÉ de gants, de tendons, et aussi les sabots, les oreil- les de Bœuf, de Cheval, de Mouton, de Veau, etc., dont on a préalablement enlevé les poils et la graisse. On sépare les écumes, dont onfacilite la formation à l’aide d’un peu de chaux ou d’alun, on passe la liqueur, on la laisse déposer, on l’écume de nou- veau, et on la fait évaporer jusqu’à consistance de bouillie épaisse. On la coule dans des moules un peu humectés où on la laisse refroidir, puis on la coupe par plaques et on la fait sécher dans un en- droit chaud et aéré, La Gélatine du commerce, que l’on désigne en- core quelquefois sous lenom de Colle de peau, en- tre dans la composition de la peinture en détrempe. Celle que les papetiers emploient pour fortifier le papier, qui est également employée par les fabri- cans de toile, les doreurs, les fourbisseurs, etc., et que l’on prépare avec la peau d’Anguille, de Chevreau, de Chat, de Lapin, euc., porte le nom de Colle de size, ou Size tout simplement, (F, F.) GELÉE. (méréor. } Action du froid sur l’eau libre ou combinée dans les corps. En France, nous considérons lezéro du thermomètre de Réau- mur comme le point où la Gelée commence, c’est du moins une règle adoptée par les cultivateurs, Son premier effet est de couvrir la surface de l’eau d’aiguilles détachées, puis d’une sorte de pelli- cule très-mince , laquelle acquiert insensiblement de l'épaisseur. Plus le froid augmente, plus la Gelée pénètre profondément; et quand il est ex- cessif, l’eau n'offre plus qu’une masse. Dans cette circonstance l’eau à un volume plus considérable que celui qu’elle avait avant sa congélation. Sui- vant les calculs de Blagden , le volume acquis est d’un septième en sus. L’intensité de la Gelée est très-considérable à l'approche des pôles, centres des glaces éternel- les; est elle égale au sommet des hautes montagnes, quelle que soit leur latitude. Il gèle souvent, parfois très-fortement, jusqu’au 45° degré; rarement et fai- blement durant l'hiver descendant de là jusqu'aux régions intertropicales ; il ne gèle jamais sous les tropiques. Dans l'hémisphère boréal, c’est le vent du nord et le vent de nord-est qui détermi- nent les Gelées ; tandis que c’est le vent du sud dans l’hémisphère austral. La Gelée exerce sur la terre une influence plus ou moins sentie, Le sol profondément labouré, celui qui a porté des Pommes de terre, du Lin, du Maïz, de menus grains effritans, souffrent plus que la terre cultivée en Blé. Les plantes à racines pivotantes, celles dont les feuilles sont imprégnées d’une huile essentielle, celles dont la germination est lente et la végétation prompte, redoutent moins le froid que les autres. La Gelée ne détruit pas toutes les mauvaises herbes qui nuisent à la pros- périté du Blé , elle épargne surtout la Camomille, la petite Campanule, le Bluet, le Thlaspi, les Renouées qui pullulent dans nos champs. Elle en- croûte les terres ensemencées et pourrait ainsi empêcher les plantes de recevoir les heureuses influences de la saison nouvelle. Il suffit de passer la herse renversée, les plantes en reçoivent une GELÉ 364 GELÉ nouvelle vie qui augmente leur produit , surtout si, après le hersage, on a pu couvrir le champ d’une légère couche de fumier. Lorsque la croûte est trop compacte, on repasse la herse transversale- ment. L’aclion de la Gelée sur les végétaux est le résultat de la rapide soustraction du calorique qu'ils éprouvent en quelques circonstances, et de l'augmentation du volume de l'eau gelée qui brise et désorganise le tissu végétal qui la renferme. Quand la température est arrivée au point de la congélation , s’il souffle un vent du nord, le froid devient plus intense; s’ilenveloppe toutes les plan- tes , toutes les parties des arbres, ils périssent né- cessairement., Le vent propage le froid et le porte souvent à de grandes distances. Les annales agri- coles ont conservé le souvenir de plusieurs exein- ples remarquables. Je citerai seulement les deux $uivans : Le 15 juin 1801, les vignes gelèrent aux envi- rons de Paris; le lendemain ce farent celles du dé- partement de l'Yonne, et le 18 celles du dépar- tement de la Côte-d'Or. Le 13 mai :802, il y eut à Bruxelles une forte Gelée; le vent du nord souflla, et en soixante-douze heures les mêmes effets se sont fait sentir en France sur une ligne courbe courant du nord à l'est et de l’est au sud; le 14 à Paris, le 19 à Besancon, le 16 à Montpellier. Dans les pays granitiques la Gelée produit sur les terres cultivées des effets qui concourent puis- samment à l’exiguilé des récoltes qu'on y fait; elle . met à nu les racines des plantes, surtout celles des Graminées , et occasione leur ruine. D’un au- tre côté, si elle cause partout ailleurs des dégâts, moins grands il est vrai, elle rend aussi quelques services aux agriculleurs, Elle fait cesser les ma- Aadies produites par lexcès de l'humidité, elle balaie les miasmes délétères qu’accumulent autour d'eux les marécages, les eaux stagnantes , les fu- miers tenus près des habitations, elle tue beau- coup de ces insectes que nous appelons malfaisans parce qu'ils dévorent les plantes que nous élevons ou les produits de nos récoltes. Toutes les subs- tances alimentaires aqueuses se conservent beau- coup plus long-temps durant les Gelées, pourvu qu'elles ne soient point exposées directement à leur action. Il n’est point rare que les Gelées d'automne se fassent sentir vers le milieu d'octobre ; quand elles commencent en seplembre, elles portent grand préjudice en ce qu'’eiles trouvent la pousse d'août encore tendre et qu'elles la détruisent. Outre la perte des branches , la séve qu’elles devaient four- nir par les suçoirs des feuilles nouvelles n’a pas lieu, et les racines, privées de cetle ressource; ne donnent, au printemps suivant, que de faibles pousses. En 1804, les environs de Paris ont souf- Âert considérablement d’une Gelée de cette sorte. Quoique plus fréquentes, les Gelées tardives da printemps sont moins désastreuses si Ja tempéra- ture est sèche. Il n’en est pas de même lorsqu'il y a de l'humidité ; la vigne souffre beaucoup alors, surtout si la terre a été fraîchement Jabourée, ou si la plante est située près d’un champ de Sainfoin —— ou de Luzerne ; j’ai fait la même observation pour les bourgeons d’un taillis que longeait une prairie artificielle. Les semis périssent indubitablement dans l’un et dans l’autre cas, si la Gelée les sur- prend à leur première évolution végétative ; ceux qu’elle épargne d'ordinaire demeurent faibles, tardifs et peu productifs. : 0 (Tnt: B.) * GELÉE BLANCHE. (méréor.) On donne ce nom à l’eau réduite en vapeur que l'atmosphère dépose comme une gaze légère sur les plantes pendant la fraîcheur des nuits, et qui, sous l’action d’un froid de 5 degrés cent. , se transforme en aiguilles menues , très-pelites, transparentes, qui parais- sent à nos yeux blanches par l'effet de la réfrac- tion. Ges aiguilles s'appliquent sur les plantes et les autres corps poreux qu’elles touchent par leur partie la plus large , elles ne leur font réellement du mal que lorsque le vent du nord vient à souf- fler où bien que le froid succède à un soleil dans tout son éclat. Les brouillards de mars et d’avril sont les pré- curseurs des Gelées de mai, qui sont si nuisibles à la végétation. Le signe certain d’une Gelée blan- che, c’est la présence du vent du nord, ou du nord- est, et même du nord-ouest, par un temps serein; elle ne sera point dommageable si un brouillard épais précède l'apparition du soleil, ou bien si des nuages viennent en intercepter les premiers rayons, parce qu’alors la séve passe lentement de l’état de congélation à celui de fluidité, et que les canaux séveux et les vaisseaux capillaires ;ont repris leur souplesse, Les Gelées blanches causent moins de mal que l’action du soleil sur les fibres du bourgeon engourdi par le froid. On en prévient les effets en enfumant les vignes et les arbres fruitiers , comme on le fait depuis long-temps sur les bords du Rhin et dans plusieurs de nos dépar- temens, au moyen de tas de paille humide et de mauvais foin mouillé auxquels on met le feu une heure avant le lever du soleil, ou bien en employant les paragelées adoptés en Amérique, en Prusse et en Poméranie, ou mieux encore en plaçant des ca- nevas ou des filets faits avec les fibres corticales du Genêt, du Spart, elc., au dessus des vignes, et en avant des espaliers; enfin, on a recours à des paniers faits de treillage d’osier qui rompent la violence du vent sans intercepter l'air Jibre et la lumière, si utiles aux jeunes plantes. (T. ». B. ) GELÉE DE MER. ( zoopn. ) Ce mot avait été créé par Réaumur pour désigher l’espèce de Mé- duse des côtes méridionales de la France, mais il a été changé depuisen celui de GÉPHÉE RHIZOSTOME (v. ce mot, t. I, p.45 ).(Ce zoophyte a beaucoup de ressemblance avec la Gélatine. (L2:B:} GELÉE MINÉRALE, (mix.) Dénomination an- cienne sous laquelle on désignait quelques préci- pités qui avaient lieu dans des solutés acides ou alcalins de substances minérales , et que l’on comparait, à cause. de leur aspect tremblotant , à une sorte de Gelée végétale. ŒuF.) GELÉE VÉGÉTALE. (cmm.) La Gelée végé- tale, Acide pectique de Braconnot, est un corps GELI 365 a mm CE mme GEMM tremblant , plus ou moins coloré , plus ou moins sapide , que l’on obtient en soumettant dans un lieu de repos, durant quelque temps, le suc de presque tous les fruits, mais surtout celui qui rovient des fruits dont l’acidité est marquée. Parfaitement pure (on l’obtient dans cet état en la lavant dans l’eau froide) , la Gelée végétale est incolore, peu soluble dans l’eau froide, plus soluble dans l’eau chaude, davantage encore dans la potasse t la soude, elc. Soumise à une douce chaleur, elle se dessèche peu à peu et prend l’aspect et la dureté de la gomme ; chauffée dans une coraue, elle donne tous les produits des malières animales, plus un peu d’ammoniaque,. (EF. F.) GELIDIUM, Gelidium. (sort. crypr.) Hydro- -phytes. Genre établi par Lamouroux aux dépens des Fucus de Linné, et dont voici les caractères : hy- drophytes à tubercules presque opaques , oblongs et comprimés, situés à l'extrémité des rameaux ou de leurs divisions, rarement épars sur les ra- meaux ; organisalion corolloïde; couleur pourpre -ou rougeâtre, devenant des plus brillantes et des plus remarquables lorsqu'on expose la plante à l'air un peu humide (caractère que l’on trouve aussi dans les Floridées ) ; feuilles nulles ; divisions de la fronde planes ou très-comprimées. Les Gélidies , hydrophytes ainsi nommées parce que, à l’aide de la macération ou de l’ébul- lition , on peut les réduire presque entièrement en une substance gélatineuse , sont répandues en très-grand nombre dans l’océan Indien et dans les zones chaudes et tempérées. Beaucoup de peuples , et principalement ceux de l'Asie, em- ploient ces végétaux, tantôt comme aliment, tan- tôt comme assaisonnement. Les espèces de ce genre sont assez nombreuses. Æomme les plus remarquables, nous citerons : le Gelidium corneum, le plus riche en variétés; le Gelidium versicolor, très-commun au cap de Bonne- Espérance, et avec lequel on fait des tableaux qui | sont très - recherchés par certains naturalistes ; le Gelidium coronopifolium, qui habite la Médi- terranée et l'Océan; le Gelidium crinale, qui a la grosseur d’un crin de cheval; enfin le Gelidium clavatum , dont la hauteur arrive à peine à un cen- timètre. (EE GÉLINOTTE, Bonasa. (o1s.) Nous avons vu, à Particle Ganca de ce Dictionnaire, qu'on nom- mait quelquefois Gélinotie des Pyrénées, le Ganga cata; mais le nom de Gélinotte appartient en “propre à quelques espèces qui forment, parmi les Tétras, une section propre à l'Amérique septen- ‘trionale , et qui se distingue surtout par sa queue courte et à rectrices élagées, ce qui la fait paraître arrondie. /’oy. l’art. TÉrras. (GER. ) GÉLIVURE. (acr.) Lorsque Ja gelée atteint Vaubier , elle le désorganise et empêche qu’il ne passe à l’état de bois. Cette couche imparfaite est- elle recouverte à la nouvelle séve par une cou- che ligneuse , el demeure-t-elle pour toujours en- clavée dans le tronc ? cet accident se nomme Gélivure entrelardée, et ne doit pas se confondre avec ce qu’on appelle faux aubier. Dans quelques arbres, la Gélivure se reconnaît à l’arête longitu- dinale formée par la cicatrice qui a recouvert la gercure; dans d’autres ce sont des éminences qui suivent la direction du tronc sur toute sa longueur et défigurent sa forme, Chez les uns, elle occupe constamment le côté du couchant, quand, après : une pluie chassée par le vent d'ouest, le vent tourne au nord; chez les autres, elle affecte le sud-ouest selon le mouvement premier du vent, Tout arbre gélif perd de ses qualités et de sa valeur. On a dit que la Gélivure pouvait être produite par une grande sécheresse ; le résultat peut être le même, mais certes l'expression est alors plus qu'inconvenable. Dans l’un et l’autre cas les fentes vont de la circonférence au centre. (T. ». B.) GÉMICELLAIRE ou plutôt GÉMELLAIRE, Gemellaria. (rouxr. ) Savigny, qui à distingué ces animaux en un genre particulier , les nomme Gémellaires, Gemellaria ; Lamouroux , dans son Exposition méthodique des genres de Polypiers, les appelle Loricaria, dénomination que Fleming change en celle de Votamia, parce qu’elle a déjà été appliquée à un genre de la classe des Poissons. Le terme de Germicellaire est employé par Blain- ville (Actinologie, p. 460). Les Gémellaires for- ment un genre de Polypes voisins des Sertulaires , avec lesquels Linné les plaçait. Ce sont des ani- maux hydriformes, c’est-à-dire semblables à des hydres, et qui sont contenus dans des cellules ovales, réunies deux à deux par le dos, et for- mant ainsi les articulations d’un Polypier phytoïde, dichotome et fixé par des fibrilles radiciformes. Les espèces de ce genre ne sont pas nombreu- ses, elles sont Loutes marines, comme la plupart de celles du même type ,-et se trouvent assez Îré- quemment sur les côtes d'Europe. Ce sont les GÉMELLAIRE QUIRASSE, Gemellaria loriculata , et Gém. BOURSETTE, Gem. bursaria. (GERV.) GÉMINÉS. (zoo1. nor.) Organes disposés par aires, Les botanisies donnent ce nom à deux feuilles simples ou composées qui partent du même point, comme dans quelques espèces d’'Acacies , dans lAlkekenge, dans un grand nombre de Sola- nées. Les pistils dans. l’Aigremoine et dans les Saxifrages, dont il existe deux dans le même calice, sont également dits Géminés. (P. G.) GEMMATION.(807.)On confond ordinairement sous ce nom tout ce qui concerne le boutonnement et le bourgeonnement des arbres, ainsi que des plantes vivaces semi-ligneuses. D’autres fois on l’em- ploie pour désigner l'époque où les bourgeons en- trent en action et se développent. d'estime que l’on a tort de se servir du mot Gemmation dans l'un ou l’autre cas ; il doit être uniquement réservé à l’évolution première de la Geuus (voyez ce mot), tandis que pour les deux premiers cas on a deux mots tout créés, auxquels il faut restituer leur valeur , ainsi que je l’ai dit en traitant du Bour- con et du Bouron (voy. ces mots ) au L. [, p.497 et 504. T2. B.) . GEMMES. (an.) Ce mot, traduit du latin Gemma (pierre précieuse), était en usage chez GEMM 366 ” GEMM EE les anciens minéralogistes qui désignèrent ainsi toutes les pierres susceptibles d'être employées comme ornement dans la bijouterie. Vo). Pigrres PRÉCIEUSES, (J: H.) GEMMES. (80r.) Moyenparticulier demultipli- cation placé à la partie inférieure du bulbe et dans tous iles points de la surface du tubercule. Ge moyen est analogue à l'embryon que la semence renferme ; il se manifeste, chez le bulbe, par un boursouflement à la base, tandis qu’il est indiqué sur Je tubercule par un enfoncement, appelé œil, que la chair renflée du tubercule déborde de tous côtés. Dans mes Elém. de bot. ,p. 38 à 41, j'ai donné l’histoire des Gemmes, c’est-à-dire tous les phénomènes qu’elles manifestent depuis leur pre- mière évolution souterraine jusqu’au moment où elles prennent le nom de Turion. J'ai démontré que le mot Gemmes a été jusqu’ici employé d’une manière légère, sans connaissance réelle de l’exi- stence de cette voie vitale. (T. ». B.) GEMMI. (céogn;-Pnys.) Chaîne de hautes mon- tagnes de la Suisse , qui sépare le canton de Berne du Valais. De son sommet on plane sur les gla- ciers de la Savoie que domine le cône immense du Mont-Blanc; on a au dessous de soi les vallées élevées , les plaines basses, les riches vignobles , les champs fertiles, les rians jardins, les forêts sauvages du Valais, les rochers sourcilleux qui les menacent de toutes parts, et ce mont de la Fourche qui cache les trois sources du Rhône. La nature a entassé sur la Gemmi , sur ses flancs calcaires , et à ses pieds déchirés, des ruines gi- gantesques, des éboulemens nombreux qui té- moignent de vieux et effroyables désastres, qui remplissent l'imagination d’une sainte horreur. Quand les yeux s'arrêtent, en eflet, sur les deux aiguilles, d’une hauteur prodigieuse , dressées sur le point le plus culminant de la Gemmi, et sur les- quelles la neige brille habituellement; quand on voit le lac Daube entretenu par elles, le grand glacier incliné en pente douce devant elles , et le torrent de la Dala qui mugit sans cesse et s’en va creusant à chaque pas d’affreux précipices sur les bancs d’ardoises blenâtres placés sur sa route (1), on entrevoit pour tout le pays de Vaud un avenir plein d’effroi; l’on mesure les siècles qui marchent si vite , et on semble déjà entendre les contreforts, chargés de supporter les masses énormes des der- niers éboulemens, se briser et s’ensevelir sous les rochers nus, horriblement crevassés et surplom- bans. La mousse ose à peine s’y montrer. Détour- nons la pensée d’une révolution aussi imminente, et voyons le pays tel qu'il est. Cest sur cette montagne absolument perpen- diculaire que, en 1756, on a tracé un chemin en longues lignes spirales. Le travail a duré cinq ans ; on à fait sauter, au moyen de la poudre, une masse de rochers de plus d’un demi-myria- ER (x) Atun myriamètre de sa chute de la Gemmi, ce torrent va s’emparer d’un énorme rocher, le.creuser et. tomber d’étages en étages, avec un bruit effrayant, dans une vallée qu'il fertilise, et de làse perdre dans le Rhône, mètre de long , et évidé , à l’aide du pic, un pas- sage d'un myriamètre d'étendue sur trois mètres de large. Ce passage se dirige du sommet de la Gemmi jusqu’au fond d’une plaine étroite, pro- fonde, fermée de toutes parts, ne se laissant acces- sible que par un ancien ravin , aujourd’hui caché: sous le dôme de vieux sapins. Là, se trouvent cinq sources d'eau minérale chaude, dites de Leuck, où l’on se donne rendez-vous pendant l'été ; l’on at- tribue de grandes propriéiés médicinales à ces eaux, dont la température s'élève à cinquante de- grés centigrades ; elles sont claires, sans. odeur; on les ordonne en boisson, ou bien l’on vase baigner dedans. De l’autre côté, le chemin de la Gemmi descend d’escarpemens.en escarpemens au village de Va- ronne dans le canton de Berne. Hommes , chevaux et mulets passent d’un pied ferme la longue corniche de la Gemmi, sans son. ger que les voûtes sous lesquelles ils sont peuvent fléchir d’un instant à l’autre; aucun ne s’inquiète de l'immense profondeur du ravin qui les suit sans cesse. Par instans le bruit des pas résonne d’une manière fatigante ; mais on l’oublie bientôt quand l'écho vous apporte les chansons si douces, les airs si pleins de charmes des jeunes filles occupées à la garde des troupeaux ou livrées au travail de laterre. Ge lieu sauvage fut inconnu aux conquérans du nord et du midi qui forcèrent à diverses époques les barrières des Alpes; il fat même un des derniers que l’industrieux habitant des vallées soumit à la cul- ture. Sa découverte est due à des chasseurs intré- pides poursuivant, à travers les précipices, les dernières familles de ces vieux Aurochs cachés dans les montagnes de la Gaule et de l'Helvétie ; ils y placèrent d’abord quelques cabanes; les eaux thermales fixèrent ensuite l'attention, et y firent construire des habitations , enfin un pe- tit village. Au milieu des chaleurs de l'été, il n'est point rare de voir de gros nuages s’amob- celer au dessus de la Gemmi, s’engouffrer tout à coup dans l’étroite enceinte , y verser des masses de neige , et couvrir en un clin d'œil de frimas le vallon fleuri. On arrive encore aux bains de Leuck ,à traversles décombres de la montagne d’Albinen et dessapiniè- res antiques, par sept longues échelles appliquées à des rochers à pic. Mon sang demeure encore comme glacé quand je me rappelle avec quelle lé- gèreté des femmes, portant des fardeaux sur leurs têtes, gravissent ces échelles, s’élancent sur les saillies glissantes, sur les avances de rochers tou- jours prêts à crouler. L’audace humaine n’a rien de comparable : un faux pas, l'attention détour- née un seul instant , mettent la vie en danger; le plus léger vertige rend le précipice plus horrible encore : alors tout vacille autour de vous, les . choses que vous connaissez le mieux deviennent infidèles, confuses; elles grandissent, prennent des formes bizarres, gigantesques , effrayantes; elles jettent le désordre dans tout votre être ; vos yeux se troublent, la montagne glisse, les rochers se’ détachent, roulentles uns sur les autres , les som- GENE 367 GÉNÉ mités s’affaissent , l'horizon n’a plus de bornes , vous vous voyez comme supendu au dessus de cet immense chaos, qui tourne d’une vitesse accélé- rée..…… Telles furent mes angoisses pendant qu’une jeune et jolie fille descendait la montagne d’Albi- nen. E!leme proposa de monter avec elle pour connaître son pays, je le dirai sans détour, je mêen ai pas eu la force. (T. ». B.) GEMMIPARE. (Bor.) Végétal pourvu de gem- mes comme j'entends ce mot. Selon la plupart des bofanistes, les plantes Gemmipares sont celles qui sont pourvues de bourgeons; ainsi dans leur lan- gage les plantes annuelles et la plupart de celles indigènes à la zone lorride ne sont point Gemmi- pares , tandis que les arbres des climats froids et tempérés le sont. 7, aux mots Bourcrons, Bou- Ton et GEMMES, CT. nb) GEMMULE, Gemmula. (sor. max.) C. Richard impose ce nom à la partie de la PLumuze (v. ce met), située au dessus des cotylédons , qui four- nit les rudimens des feuilles primordiales. Ces petites feuilles s’embrassent parfois les unes les autres, ou bien elles sont renfermées dans une sorte de gaîne formée par le cotylédon unique. (T. ». B.) GENCIVES. (anar.) Tissu rougeûtre, plus ou moins ferme, de nature particulière , qui recouvre les deux arcades alvéolaires, s’insinue entre les dents et en embrasse étroitement le cellet. Ge tissu se continue avec la membrane palatine et s’identifie en quelque sorte avec le périoste des deux arcades alvéoiaires. La membrane interne de la bouche re- couvre les Gencives. Leur usage est de donner aux dents plus de solidité. (Voyez Boucne, Es, GÉNÉPI et GÉNIPI. (mor. pnan.) Nom que portent dans les Alpes certaines plantes aromati- ques, auxquelles les montagnards attribuent des propriétés merveilleuses pour guérir les maladies. L’Artemisia glacialis, par exemple, herbe au feuil- lage argenté , à la saveur extrêmement amère, est le Géncpi des Savoyards. Dans quelques parties de Ja Suisse, ce mot s’applique aux plantes qui entrent dans la composition des vulnéraires. Le vrai Gé- népi, dit Haller, est l’Achillea moschata , ou Mille- feuille musquée; le Génépi blanc est V'Artemisia umbelliformis , et le Génépi noir est l'Artemisia spicata. Nous ne mentionnons ces dénominations que pour mémoire; car s’il fallait s'arrêter à toutes celles que le vulgaire donne aux plantes , nous au- rions pour chacune autant d'articles que de patois et de superstitions. (L.) GENERA. (or, ) Sous ce titre il a été publié divers ouvrages de botanique dans lesquels on trouve les caractères naturels, universels ou par- tiels de quelques genres, ou de la généralité des genres connus, rangés dans un ordre méthodique. Les deux seuls dont on gardera toujours le souve- nir , et dont il est impossible de se passer ; ce sont le Genera plantarum de Linné, où tous les genres sont classés naturellement d’après les organes de la fructification, considérés sous le quadruple rap- port du nombre , de la figure , de la proportion et ts de la situation; et le Genera plantarum de Jussieu, qui les étudie d’après toutes les parties de la plante sans exception ; sans [a connaissance de ces deux ouvrages on ne peut être un véritable botaniste, (T. ». B.) GÉNÉRATION. On désigne sous le nom de Gé- nération cette fonction par laquelle les corps or- ganisés et vivans se reproduisent, donnent nais- sance à de nouveaux individus semblables à eux, et par lesquels ils perpétuent à jamais leur espèce. La Génération est donc exclusive aux êtres vivans; et si, dans les corps inorganiques, il survient des changemens, qui dans les temps reculésont pu être regardés comme des phénomènes de Génération , ils ne peuvent plus être maintenant considérés comme tels, car ils en diffèrent essentiellement, Ainsi on ne peut appeler Génération la manière dont les minéraux se forment les uns les autres ; il n'y a là qu’un simple transport, un simple dépla- cement de molécules, dus, pour la plupart , à des actions chimiqnes ou galvaniques. Les procédés par lesquels la Génération s’accomplit dans les êtres vivans sont très-variables. D'abord, il en est peut- être un certain nombre qui se forment de toutes pièces, par la réunion de leurs principes constitnans, à la manière d’un minéral, mais en vertu d’une autre force que l'attraction moléculaire, puisque leur réunion donne lieu à un corps vivant ; c’est ce que l’on appelle Génération spontanée, dont on avait étendu considérablement le domaine. Les anciens, en effet, voyant les corps en putréfaction engendrer des vers et des insectes, croyaient à une Génération par putréfaction ; ils avaient poussé cette idée de la Génération spontanée jusqu’à croire que les Gre- nouilles naissent du limon des eaux, et les Rats de la terre elle-même. Mais les progrès de l’histoire naturelle firent bientôt justice de ces erreurs gros- sières. Cependant doit-on rejeter toute idée de Gé- nération spontanée dans les animaux qui occupent les derniers degrés de l’échelle animale ? Des faits appuyés de noms respectables et chers à la science sembleraient, au contraire , mililer en faveur de cette opinion. Si, par des recherches microscopi- ques attentives, l’on assiste pour ainsi dire au développement de ces animalcules singuliers, dé- signés sous le nom d'Infusoires, l’on observe les phénomènes suivans, décrits avec soin par Du- mas. Si l’on place un fragment de chair musculaire dans de l’eau, et que l’on abandonne le mélange à lui-même, on observe bientôt, à l’aide du micros- cope, une foule de petits globules, doués d’un mouvement spontané analogue à celui de la len- tille d’une pendule, et dont le volume est abso- lument analogue à celui des globules qui consti- tuent la fibre musculaire; ils sont aussi petits que la plus petite molécule organique que nos sens aient pu atteindre , armés de nos meilleurs instrumens, et déjà ils ont un mouvement spontané qui sem- ble indiquer une organisation assez compliquée. Au bout d'un certain temps on voit deux de ces Ipetits êtres vivans s’accoler l’un à l’autre, de manière à produire un être nouveau plus gros, plus agile et capable de mouvemens mieux déter- GÉNÉ minés que ceux que l’on observe dans les simples globules. Bientôt ce composé binaire attire un trol- sième globule qui vient se souder intimement à lui, enfin un quatrième, un cinquième et bientôt trenle ou quarante qui constituent un animal uni- que, doué de mouvemeñs puissans.. Telle est la Généralion dans les animaux microscopiques , et peut-être telle est celle d’autres espèces animales, telles que les, Vers intestinaux et les {ydatides que l’on observe au milieu du parenchyme des viscères. Au-delà de ces premiers êtres vivans, la Géné- ration ne s’accomplit plus qu’à l’aide d’une partie fournie par un corps vivant, et qui devient analo- gue à celui qui la portait. Tantôl l'être, à une certaine époque de la vie, se partage en plusieurs fragmens qui forment autant d'individus nouveaux; c’est ce que l’on appelle la Génération fissipare. Tantôt l'être pousse à un certain endroit de son corps de petits bourgeons qui, à une époque dé- terminée, se détachent et donnent naissance à des êtres nouveaux; c’est ce que l’on appelle la Génération gemmipare , qui est dite externe lors- que les bourgeons semblent sortir de la surface ex- terne du corps; elle est interne, lorsqu'ils provien- nent de lasurface interne : les Pulypes présentent le premier genre de Génération, et les Vers intesti- naux présentent le second. Enfin, dans le reste du règne vivant la Généra- tion, plus compliquée, s’accomplit à l’aide d'organes sexuels, les uns femelles, les autres mâles. Les pre- micrs fournissent un germe qui contient les rudi- mens de l’être nouveau, et les seconds un fluide qui avive le germe ct en détermine le développe- ment. Chez ces derniers êtres vivans, quelquelois les deux sexes sont réunis sur le même être qui est dit alors Hermaphrodite, et celte circonstance se retrouve dans presque toutes les plantes et chez certains mollusques. Alors ce seul être peut se re- produire , ou bien il peut arriver que l'être ainsi pourvu des deux genres d’organes sexuels ne puisse pas se féconder seul, et qu’il ait besoin du concours d’un être semblable à lui. Dans le dernier cas, cha- cun des deux êtres appelés à la Génération remplit le double rôle de mâle et de femelle, ainsi qu'on l’observe dans le Colimacon. Mais dans les animaux supérieurs, dans certaines plantes, chaque sexe est porté par un individu différent , et la reproduction ne peut avoir lieu sans le concours de ces deux êtres. Mais ici se rencontrent encore de nouvelles différences importantes à noter : quelquefois le fluide fécondant n’est appliqué à l'œuf que lorsque celui-ci a été rejeté par la femelle, comme dans les Poissons; d’autres fois, au contraire, l’œuf expulsé ne pourrait plus être fécondé, et le fluide du mâle est appliqué sur l'œuf lorsqu'il est encore contenu dans les organes de la femelle, comme dans les Oiseaux et les Mammifères. Alors il ÿ a dans la Génération rapprochement, copula- lion , accouplement. Lorsqu'il y a ainsi un accouplement, il peut y avoir encore plusieurs différences. 1° L’œuf une fois ficondé est aussitôt pondu par la femelle, et a ———————————————"—"— 368 GÉNÉ ce n'est qu'après la ponte qu’il vient à éclore et que l'individu nouveau apparaît; c’est la Génération ovipare. 2° L’œuf fécondé chemine avec tant de lenteur dans les organes qui doivent le rejeter, qu'il y éclot et que l'individu nouveau sort du sein de sa mère avec sa forme propre; c’est ce qui con- stitue les ovovivipares, comme la Vipère. 3° Enfin l'œuf une fois fécondé se détache de l'ovaire, mais au lieu d’être pondu, il va se placer dans un ré- servoir (Utérus, Matrice), s’y attache, en tire des sucs nutrilifs, éclot dans ce réservoir , et naît au: bout d’un certain temps revêtu de sa forme pro- pre; c’est la Génération vivipare. Dans ce dernier- cas, la Génération comprend non seulement PAc- COUPLEMENT , Mais Ja GESTATION où GROSSESSE et V'ALLAITEMENT. Voyez ces mots pour plus de dé- tails. (A. D.) : GÉNÉRATION DES PLANTES. (80r.) Comme chez les animaux, l’acte de la Génération dans les. plantes est le résultat d’un rapprochement intime des organes mâles (les Etamines) et des organes femelles (le Pistil), qui s'opère au sein de la fleur d’une manière ostensible ou secrète. La semence fécondée est le gage de la reproduction. Les ani- maux n’ont qu'un seul moyen de se perpétuer , les végétaux en ont deux , la Générätion propre- ment dite, et la multiplication, qui s'opère par simple continuation, c’est-à-dire par le dévelop- pement d’une gemme, des racines, ou d’un rameau. Voyez aux mots Bourures, Gayeux, DrAGEoNs, Ersmnes , Fceur, Frutr, Grerre, Marcorres, Manrace DEs PLANTES, Ovaire , Pisriz, SEMENCES. (T. ». B.) GÉNÉRATION SEXUELLE. Quelques auteurs, particulièrement De Lamarck, se servent de cette expression pour distinguer la Génération opé- rée par l’union des sexes, de celle qui s'obtient artificiellement par les boutures, les greffes, etc. (T. ». B.) GÉNÉRATION SPONTANÉE. Mot singulier qui, selon les uns, peint à la pensée les délires de l'imagination, du paradoxe et de l'erreur; mais qui, selon les autres, cache une série de phéno- mènes peu ou point connus, de faits bizarres, in- finiment curieux, qu'il est de l'intérêt de la science: de recueillir, de constater très-soigneusement , afin de jalonner la route que l’homme s'ouvrira plus tard. On doit suivre les méthodes créées quand. on veut pénétrer dans les faits rassemblés jusqu'ici, on peut les adopter pour classer ses observations 5 mais il ne faut pas en faire un joug nécessaire et l’imposer aveuglément. Le ton tranchant du dog- matisme repousse tout ce qui contrarie ses théo- ries, ses habitudes ; son despotisme n’en impose qu’à l’esclave; l'homme indépendant brave ses me- naces ; le flambeau de la vérité d’une maia, le compas de l'exactitude de l’autre , il franchit l’or- nière, il tente de tourner un nouveau feuillet du livre de Ja nature; il ne lira pas couramment au premier moment, mais en avançant dans la car- rière nouvelle ouverte devant lui, ses yeux s’ha- bitueront à bien voir et tout grandira devant eux. J’ai rassemblé des faits à l’article Arparrrions SPONTANÉES oo GENÈ 369 GENÈ a, SPONTANÉES (tom. 1, pag. 239 à 241) dignes de fixer l’attention des naturalistes; j’en ai obtenu de nouveaux qui donnent une nouvelle ampleur à la pensée que ces faits inspirent ; ils me prouvent que nous avons encore beaucoup à savoir sur les ob- jets les plus vulgaires placés auprès de nous, et que nous calomnions la nature quand nous prétendons |! limiter ses lois à celles créées par le génie des rands hommes. Les moules des êtres qui peu- plent aujourd'hui le globe se briseront un jour comme le furent ceux des êtres fossiles renfermés depuis des milliers de siècles dans les terrains de seconde formation, comme le furent auparavant ceux dont les dépouiiles sont cachées sous jes couches primitives. Nous ferons un pas de plusen examinant le phénomène des Méramorrnoses. Voy. ce mot. (T. ». B.) GENËT , Genista. (B0T. PHan. et AGr.) On con- naît sous ce nom deux genres de plantes de la famille des Légumineuses et de la Diadelphie dé- candrie; l’un est le Genêt proprement dit, Genista; l'autre est le Genêt épineux, décrit au mot Asowc, Ulex europæus. Linné faisait du premier deux genres distincts , le Spartier, Spartium, et le Ge- nêt, Genista. De Lamarck les a réunis sous cette dernière dénomination. En 1810, en publiant ma Monographie du Genêt, j'avais proposé de ne faire du Genêt et de l’Ajonc qu’un seul grand genre divisé en deux sections : les Genêts non épineux et les Genêts garnis d’épines. Ce système n’a point été adopté, et, quoique je l'estime encore naturel, je ne parlerai ici que du Genêt proprement dit. Le nombre total des espèces que ce genre com- prend s'élève à quatre-vingts. Parmi ces différentes sortes de Genêts , je choi- sirai celles qui sont d’une utilité réelle; je vais traiter , en conséquence, du Genêt commun et du Genêt des teinturiers ; du Genêt d'Espagne et du Genèêt à tige ailée, 1° Du Genêt commun. L’arbrisseau que l’on nomme GENÊT commun ou Genêt à balais et Scor- nabecco, G. scoparia, se trouve dans les bois, dans les plaines incultes et sablonneuses , dans les lan- des les plus stériles, sur les basses montagnes , excepté aux environs des Alpes, où il est très-rare. Il s'élève à un, deux, trois mètres, et quel- quefois plus du double de hauteur; sur les monta- gnes de la Galice, dans des terrains schisteux, terrains qui lui conviennent par excellence, on en voit des pieds qui ont 6 à 10 mètres de haut ; ses nombreux rameaux sont droits, épars, eflilés, anguleux , très-flexibles, sans épines , et d’un vert foncé , velus dans leur enfance, et ‘glabres par la suite. Ses feuilles sont petites, vertes, alternes sur les jeunes tiges, et communément fasciculées deux ou trois ensemble sur les rameaux des an- nées précédentes. Les supérieures simples et gla- bres , presque sessiles ; les inférieures légèrement couvertes de poils, pétiolées et ternées avec fo- lioles ovales-lancéolées, sans stipules; toutes si caduques qu’on a souvent peine à en voir après la fleuraison. T. IL. 207° Livraison, - Ses fleurs, qui paraissent au mois de mai, pro- duisent un très-joli eflet, ornent la partie supé- rieure des rameaux ; elles sont grandes , d’un beau jaune, faiblement odorantes, disposées presque en épi, portées sur des pédoncules simples, gla- bres , solitaires, longs de 11 millimètres ou envi- ron. Elles sont composées d’un calice campanulé, court, à deux lobes opposés et obtus, dont le su- périeur a deux très-petites dents à son sommet, et l'inférieur trois dents aussi fort petites ; d’un éten- dard grand, ovale-arrondi, obtus: d’une carène qui se rabat et devient pendante lors de l’entier épanouissement de la fleur. Les pétales sont jaunes et ont une tache ovale à la base de l’étendard , formée de plusieurs lignes rougeâtres parallèles. Les étamines sont au nombre de dix, réunies par le bas; le pistil devient une silique longue de 4 1 milli- mètres, comprimée, large de 9, noirâtre lors de sa maturité, glabre sur ses côtés plats, garnie de longs poils sur ses sutures, et contenant huit à douze semences globuleuses. Le Genêt commun se sème de lui-même dans le voisinage des pieds dont les graines tombent à terre ; parfois le mouvement de torsion et d’élas- ticité propre à ses gousses fait qu’il jette sa graine à une grande distance ; c’est pourquoi, lorsqu’on veut la recueillir , il faut le faire un peu avant l’époque de la maturité, et la laisser se compléter dans un grenier bien aéré. Cet arbrisseau n'exige aucune culture, et est très-utile sur les sols mai- gres ; il empêche, dit Rozier, les eaux pluviales d'entraîner le peu d’humus qui existe. Les feuilles de cet arbrisseau, ses graines , les excrémens des oiseaux et des insectes qu'il attire, rendent à la terre plus que le Genêt n’en recoit. Brûlé sur le terrain qu'il recouvre, il le fertilise et lui prépare d'excellentes récoltes. Jusqu'ici les rameaux du Genêt commun n’ont généralement servi qu’à faire des balais, à chauffer le four ou à couvrir quelques cabanes. Ils sont très-propres à faire des liens pour la vigne, pour les espaliers , etc. Au rapport de Columelle et de Pline, les Romains et les peuples de la Ligurie cultivaient le Genêt pour cet usage. Dans certains cantons, l’on emploie ses feuilles pour litière et ensuite comme engrais. En Allemagne et en Angleterre, on nourrit les bestiaux avec des tiges de Genêt commun. Le bœuf les mange avec avidité lorsqu'elles sont écrasées sous une presse , ou brisées au moulin à foulon; cette nourriture l’engraisse. Les chevaux ne les dédaignent point. Quant aux moutons et aux chèvres , ils broutent avec plaisir et le plus grand soin non seulement les tiges, mais encore les gousses et les fleurs. La volaille recherche la semence. On a obtenu du fil de l'écorce du Genêt à ba- lais; il est moins bon que celui du lin et du chan- yre; mais c’est du moins une ressource annuelle dans les pays pauvres, Sa fleur , qui charme long-temps nos yeux par sa couleur éclatante, plaît infiniment aux abeilles. Genistæ flores apibus gratissimi, dit le naturaliste 47 GENÈ ‘870 GENÊ de Vérone. Damboumey ; quis’occupa long-temps d'expériences |sur.les teintures solides de nos vé- gétaux indigènes , ,a rendu pour ‘nous le Genêt commun utile. à l’art du teinturier : ilen:a tiré une belle laque jaune fort.estimée des-peintres et des enlumineurs. Les branches de cet arbrisseau, comme la partie colorée de son bois, donnent une couleur jaune susceptible, selon les mordans que Fon emploie , de prendre différentes nuances. Bien antérieurement à,nos découvertes à cet égard, les Grecs modernes, et particulièrement les femmes del’Archipel, teignent avec lesfleurs du Genét:com- mur, en une jolie couleur jaune, la soie dont elles ornent leurs seins et dontelles font de beaux ou- vrages. Les anciens recherchaient ces fleurs pour en tresser les couronnes dont ils ornaient dans les fêtes et leurs fronts et les simulacres des dieux, surtout ceux du dieu Terme. Dans les contrées méridionales de la France , qu’arrosent la Garonne , l'Adour , le Tarn , le Lot et l'Aveyron , le peuple mange en salade les fleurs du Genêt commun, En ‘Allemagne et dans les Pays-Bas, leurs boutons et les jeunes pousses se confisent à l’eau-de-vie, ou bien au vinaigre et au sel, pour êlre ensuite mangés en guise de câ- pres ; mais ils ne,sont: pas aussi agréables et n’ont point le goût aussi relevé, ‘J'ai vu torréfier la se- mence de ce Genêt pour:suppléer au café. Cette plante est, pour ainsi dire, tout entière médicale ; la pharmaceutique emploie ses fleurs, ses feuilles, ses sommités, ses rameaux, ses se- mences el même.ses cendres. Odhelius rapporte les effets élonnans de l'emploi du Genêt à balais sur l’armée suédoise , lorsqu’ayant pris ses quar- tiers d'hiver en janvier 1755, elle fut attaquée d'une fièvrecatarrhaleépidémique. Lewis, Osbeck, Bæck, Tournelort , et monillustre professeur Willemet , en recommandent l’usage.comme apé- ritif, désopilatif et diurétique. Le Genct commun: est encore utile aux tan- neurs , pour tanner ou. corroyer les cuirs; les tis- serands l’emploient pour préparer des espèces de pinceaux à brosse, dontils se servent pouren- duire de colle de farine le tissu de leur toile; et les balais que l’on en fait dans Jesscampagnes, sur- tout où le bouleau est rare, sont d’un usage jour- nalier très-économique: Dans,les Vosges, on brûle cet arbrisseau, et de sa cendre lessivée , on éxtrait de la potasse quise vend aux verriers, ce sel entrant dans la compo- sition des bouteilles. Dans d’autres cantons, on emploie son tronc à faire des échalas qui sont très-durables. Admis dans les jardins, ect arbrisseau produit les plus agréables effets-par l'élégance de sonport, la permanence de sa couleur verte, et l’éclat.de ses fleurs. Sans doute, ïlest important de tirer le Genêt commun de l'oubli auquel il est injustement con- damné ; mais, tout en démontrant qu'il n’est point, comme on.l’avanca , puisible pour l’agri- culture, je ne dirai pas qu'il faille s’ocenperes- ; À Hherbacés, infiniment siniés, et un peu anguleux sentiellement de sa, culture : il faut savoir ‘tirer parti de toutes-les plantes qui croissent autour de nos demeures, et celte «espèce de Genêt.est du nombre de celles qui méritent de fixer motre,at- tention. Dans les campagnes fertiles .et agréables qui sont aux-environs de Bruxelles, ét en général dans une bonne partie de la Belgique, où l'art du la- bourage fleurit depuis irès-long-temps,.on :em- ploie le Genêt-:commun pour le défrichement des landes et des bruyères sablonneuses ; ce stimu- lant , en portant le principe de la végétation dans des terrains ‘inutiles, offre en peu de temps de nouvelles ressources à l’industrie. Le Genêt vient très-beau dans des endroits sté- riles ; plaçons-le :sur.les flancs de, ces montagnes arides et décharnées, deces côteaux à pente rapide que les+eanx pluviales tendent incessamment à dépouiller de toute espèce de végétalions il y jouira de la plus grande vigueur, äl. cachera la plus :désagréable nudité, et préparera le. repeu- plement de ces anciennes forêts que lamanie d’a- battre, qu'un système mal entendu de défriche- ment ont fait disparaître. Coupons , réduisons en cendres les pieds de cet :arbrisseau qui se trou- vent dans des terrains convenables à une culture plus ‘importante ; cet écobuage paie avec usure le peu de soins qu'exige l’ensemencement de ces mêmes terrains. Mais il ne faut point, à l'instar de quelques déparlemens situés à l’ouest, rendre celte excellente méthode barbare et pernicieuse en semant immédiatement après du blé, du seigle, de l'orge ou de l’avoine , tant que la ‘terre donne une belle moisson , pour abandonner. ensuite comme n'’élant plus d'aucune:valeur.:L’écobuage est un des moyens les plus efficaces pour amender le sol : il-doit servir d'abord de préparation pour les plantes fourragères ; on semera la seconde an- née de l’avoine, et lxtroisième-on.Jabourera pour mettre du froment : c’est le moyen; dit un agricul- teur habile, d’avoir toujours .de.belles récoltes etde vivifier ces cantons désolés,et sauvages que l’on désigne sous le triste nom de landes. 2° Du Genét des teinturiers. Le GENèT DES TEINTURIERS, G. tinctoria , que l'on nomme aussi Genette, Bois vert ou de cire , petit Genêt, Herbe aux teintures ou à jaunir, Genestrelle ct, Genes- trole,‘estuniarbisseau moins élevéque le précé- dent, qui croît également sans -culture dans les lieux montagneux.et les prés secs à fond argileux, sur lescollines, au bord des bois, «et principale- ment dans-les pâturages des montagnes calcaires. Millerle dit à faux originaire de la Grande-Breiagne. Il ne forme communément à: la campagne qu'un arbuste bas, multicaule, dont les touffes lâches sont fort agréables lorsqu'elles sont-en fleurs. Dans les jardins où il.est introduit , il s'élève à la hau- teur de 32 à 65 centimètres. Get arbuste fort joli trace comme le Ghiendent. Ses tiges sont sans épines , basses , un peu cou- ichées , ligneuses ,'cannelées et cylindriques ; elles poussent beaucoup de rameaux droits où mon- tans, grêles, très-feuillés et verdâtres ; presque | | Re ne CU in Li um a ee GENË dans leurs parties supérieures. Ses: feuilles sont simples, éparses,, lancéolées ; aiguës’, alfernes , presque sessiles, légèrement velues ou ciliées sur leurs bords;istipules petites et deux à deux : les fleurs, d'a très-beau jaune, naissent au sommet des rameaux'en épi droit, clair, long de °4 à 81 millimètres, quelquefois un peu lâche, d’autres fois assez bièn garni et serré; leur:calice est gla- bre, labié et à cinq dents, et, comme dans le Genêt commun, la carène se rabat et est pendante dès l’entier épanouissement de la fleur, qui a lieu au plus. tard à la fin d'avril ou dans les premiers jours dermai. & Bes gousses qui.succèdent aux fleurs sont oblon- gues , comprimées , glabres, noirâtres , étroites et . généralement: droites, parfois légèrement ar- quées, etcontiennent sept ou huit semences ré- niformes. | . On multiplie: très-facilement cette espèce par semence ; on cueille ses sommités fleuries ; et les teinturiers les emploient encore, mais plus rare- ment qu’autrefois, à donner une couleur jaune aux articles de peu de conséquence. Je l'ai vu cultiver, pour cet objet, en Toscane sur des terrains argileux, où elle prospère très-bien. Quand on-veut garder de la semence pour la teinture , il faut qu’elle soit cueillie en parfaite maturité , au- trement elle ne se conserverait pas ; si l’on doit au contraire s’en servir aussitôt après l'avoir cueillie, ilimporte peu qu’elle soit aussi mûre: Il est pro- bable que la Génestrole servait aux anciens pour teindre leur vêtemens. Get agréable arbuste mérite une place dans les jardins paysagers ; il veut être de préférence mis aa dernier rang des massifs , au milieu des gazons, dans les interstices des rochers. On le sème sur place, et dès la troisième année il porte des fleurs. Anderson assure que les chevaux, les bœufs , les vaches, les moutons et les chèvres mangent volontiersles jeunes pousses de ce petit arbrisseau; ce qui l’a fait nommer, dans certains cantons de nos départemens de l'est, Herbe de pâturages. Ge- pendant il paraît que dans d’autres cette plante , que l’on y nomme le Diable des herbages, fait Ta désolation descullivateurs et qu’elle est aussi pré- judiciable que l’Arrête-Bœuf, Ononis spinosa, avec laquelle elle se trouve trop souvent réanie. On a prétendu que le Genêt des teinturiers donnait au lait‘des vaches qui s’en nourrissent un goût désa- gréable ; c’est une prévention ; car il est avéré que lellait est excellent ,. et que les meilleurs beurres se font dans les pays où il est extrêmement commun: £ L’écorce du petit Genêt est filamenteuse , mais ce n’est point là sa qualité la plus recommanda- ble : son peu de hauteur l’y rend beaucoup moins propre: que le précédent; aussi n'est-il pas avéré À comme on l’a dit, qu'il servait autrelois à fire une espèce de lin. Un fait semblable demande à être appuyé d’autorités irréfragables , et, malgré toutes mes recherches, je n’ai pu en découvrir aucune: Ses feuilles et ses fleurs sèches sont recherchées 371 GENÊ pour la-pharmacie. On emploie avec succès la lessive: de ses cendres dansi certains cas: contre l'hydropisie. Cette: espèce: offre une varicté‘plus grande et à fleurs plus nombreuses: 6n la nomme vulgaive- ment Genèr pe SiBérie, Gi siberica. Elle est in= troduite depuis quelque temps dans les jardins, où elle produit un effet remarquable par la beauté deses fleurs et l'élégance derson port. On la mal- tiplie principalement de marcottes ow par déchi- rement des vieux pieds. La voie des: semences est, moins suivie; quoiqu’elle soit presque aussi prompte, 5° Du Genèt d'Espagne, Si le Lis, la Rose et la Fleur d'oranger se disputent le premier rang dans nos parterres ; si le Platane ; justement vanté par-les anciens, l’Érable et l’Acacia, sont généra- lement recherchés par: l'effet: pittoresque qu'ils produisent dans les jardins paysagers, il est peu d’arbrisseaux qui puissent le: disputer et d'intérêt et d'agrément aù GENËT D’Espaene, G. juncea. En effet, ce charmant arbrisseau flatte tous les sens par la beauté, le nombre et surtout par l’aimable parfum de ses fleurs. [forme des buissons isolés extrêmement agréables, -qui tiennent une place distinguée dans les bosquets et les massifs, dans les parterres. et sur les terrasses: Lorsque, avec cette richesse et celle poésie de style qui n’appar= tient qu’au beau siècle de la littérature italienne, Boccacio décrit les jardins des environs de Flo= rence , il nomme le: Genêt d'Espagne ; comme un des arbrisseaux les plus recherchés pour lear or- nement. Il croît spontanément en Espagne, en Portugal et en Sicile:, sur les_ collines stériles et les basses montagnes de l'Italie, et depuis près de deux siècles il est devenu indigène sur les collines sablonneuses ou rocailleuses des départemens mé+ ridionaux de la France, et plus particulièrement sur te mont Ventoux, près d'Avignon , et sur'une montagne très - agréable dû département de la Loire. Olivier de Serres, si exact quand'il parle d’a: près sa propre expérience, en faisant mention du Genêt d Espagne, nous prouve bien qu’il n’était point alors connu en France; il le confond avec une plante herbacée ,la Gaude, Resedai luteolai, dont on obtient une couleur jaune plus'intense et plus abondante que celle du Genêt des teinturiers. Le Genêt d’Espagne porte de belles tiges droi- tes, hautes de 32 ‘centimètres jusqu’à 3 mètres ; ses rameaux sont nombreux, pleins de moelle, souvent opposés, toujours cylindriques, flexibles, revêtus d’épines vertes jusqu’à leur sommité, et assez semblables aux tiges de plusieursespèces de jonc; son bois est filamenteux et jaunûtre ;; ses feuilles sont rares , glabres,, sessiles , adhérentes à Ja tige en forme de lance ; arrondies à leur sommet et la plupart alternes; parfois:il s’en trouve quel- ques unes qui sont presque opposées. Ses fleurs, d’un jauneéclatant, sont très-crandes, disposées le long et à l’extrémité des tiges en grappes droites , nues et un peu lâches ; elles pa- raissent en juin, se succèdent quelquefois jusqu’à » a GENË 372 GENÊ D la fin de l’été, répandent une odeur suave, sur- tout au soleil levant , et sont composées d’un calice membraneux, très-velu, presque entier , ouvert obliquement , qui s’avance d’un côté, pré- sentant un seul lobe inférieur dont le sommet est à quatre ou cinq petites dents conniventes ; d'un étendard large et relevé ; d’une carène pointue se réfléchissant avec élasticité, et laissant les or- ganes sexuels à découvert. À ces fleurs succèdent des gousses linéaires, comprimées, longues de 68 à 81 millimètres, qui portent quelques poils épars dans leur jeunesse, et deviennent glabres en vieillissant. Elles contiennent environ douze semences presque réniformes qui müûrissent en automne. ( Le Genêt d'Espagne est représenté en notre Atlas, pl. 175, fig. 2.) Rozier n’a parlé de cet arbrisseau que sous le rapport de l'agrément : on l’emploie aussi à des usages économiques dont la connaissance devrait être générale dans tous les pays secs, arides et par conséquent peu fertiles; mais c’est une sin- gularilé bien inexplicable dans les annales de l’industrie, queles procédés les plusutiles sont tou- jours le plus long -temps à se répandre. Je ne dirai point que le Genêt d’Éspagne possède les mêmes qualités médicinales que le Genêt commun , que l'on confit de même ses fleurs lorsqu'elles sont encore cachées dans le boutoû , que l'huile pré- parée par infusion avec les fleurs a la propriété de résoudre les tumeurs ; je dirai seulement qu'il est l'objet d’une culture assez importante dans pres- que tous les villages et hameaux des Cévennes (1); qu’en Espagne et dans la Toscane, on retire de son écorce une filasse très-propre à fabriquer une toile de bonne qualité, du papier et des cordages de longue durée. Les auteurs géoponiques anciens ont fait mention de ce fil du Genêt d'Espagne, et Broussonnet, chez les Francais, est le premier qui, en 1789, ait parlé de son emploi. De temps im- mémorial on fait, en Asie, des filets excellens pour la pêche avec ce fil, qui prend très-facilement toutes les couleurs qu'on veut lui imprimer. Les Espagnols ont eu des chaussures de Genêt tissu ; l'on en voit encore chez les Indiens et chez les Chinois. Les anciens Romains se servaient de cet arbrisseau pour tresser des corbeilles , ainsi que nous l’apprend Columelle. Le Genêt d'Espagne vient très-bien dans les lieux les plus arides , et comme ses racines pivo- tent et s'étendent même fort loin, il réussit sur les coteaux les plus en pente, formés par un sol pierreux , où presque aucune autre plante ne peut végéter. Il s’acclimate aisément aux environs de Paris, et exige peu de soins pour sa culture. Lors- qu'il se trouve dans une bonne terre, il pousse vile, et quand on a l'attention de le sarcler souvent et de biner de temps en temps, il porte des fleurs doubles, qui conservent aulant d’odeur que les EE CEE Eee 7 (x) Fouzille, Celles, Lauzières, Olmet, Sallelle, la Valette, Puech, Bosse, etc., villages ou hameaux situés aux environs de Lodève, ont été les premiers en France à cultiver le Genèt d’Espagne, fleurs simples. Mais comme cette espèce ne donne point ae graines , on la perpétue en la greffant par approche et en écusson sur un autre Genêt. La meilleure manière de se procurer du Genêt d'Espagne , est par graine ; on la sème en janvier dans des caisses. À la fin de l’année, on met en terre et à l'exposition du levant les jeunes plantes qui en sont provenues, en observant de ne pas casser le pivot, ce qui est très-facile. Cet arbris- seau reprend difficilement même dans les jardins où on le cultive avec soin, surtout s’il a déjà une certaine grosseur, Après la transplantation, il faut couper la tige à 27 millimètres de terre, afin qu'elle tale en petites branches. On en fait des bordures, des haies peu élevées , des enclos par- ticuliers et des espèces de remises pour nourrir , pendant l'hiver, les cerfs, les chevreuils et les lapins qui l’aiment surtout avec passion. Au bout de six ans, on doit couper entièrement la souche, pour qu'elle repousse de nouveau. Par ce moyen, le Genêt d'Espagne dure très-long-temps, et four- nit toutes les années des rameaux assez longs. Il redoute les hivers très-rigoureux. Les abeilles recherchent beaucoup ses fleurs , parce qu’elles contiennent en assez grande abon- dance une substance-miellée. Ses rameaux peuvent suppléer l’osier dans le plus grand nombre de cas où il s'emploie comme lien; ils servent encore en hiver de nourriture aux moutons et aux chèvres. Ces animaux, depuis le mois de novembre jus- qu'aux beaux jours de mai, n’ont presque pour tout fourrage que de la paille et du foin ou des feuilles d’arbres sèches ; les rameaux de Genêt de- viennent donc alors une ressource d’autant plus précieuse, que c'est la seule nourriture fraiche qu’on puisse leur procurer dans cette mauvaise saison. Quand les moutons mangent exclusivement et pendant long-temps une trop grande quantité de Genêt d'Espagne , ils sont quelquefois attaqués d’une maladie , appelée la Ginestade dans la partie méridionale des Cévennes dite les Ruffes, dont le principal caractère est une inflammation des voies urinaires; elle n’est point contagieuse, n'exerce ses ravages que sur un très-petit nombre d’indi- vidus, et il est aisé de les en garantir. Le traite- ment de cette maladie se borne à des boissons rafraîchissantes et au changement de nourriture, ou seulement au mélange de ce fourrage avec un autre. Elle ne peut être confondue avec aucune autre maladie. Les gousses, surtout quand elles sont sèches, paraissent influer plus particulière- ment que les feuilles sur le développement de cette maladie. En Toscane, dans diverses autres parties de l'Italie , et chez quelques propriétaires ruraux français, on nourrit la volailie avec la graine du Genêt d’Espagne. Les poules et les perdrix sur- tout en sont très-friandes ; aussi faut-il, avant de la leur administrer , s'assurer si elle n’exhale pas une odeur vireuse, car alors elle est malfaisante. 4° Le GExÈèT HERBACÉ, que l’on nomme encore Genêt à tige ailée ou Génistelle, G, sagittalis. NN ER NE ENEE GENÈ Cette plante, fort singulière, très-propre à nour- rir le bétail , habite communément les sols arides et principalement ceux qui sont calcaires , le bord des bois, les prés secs et montagneux. De sa racine s'élèvent plusieurs tiges presque herba- cées, hautes de 18 à 24 centimètres ; rarement elles arrivent à 32 centimètres, et ne les dé- passent jamais. Elles sont divisées en branches nombreuses, demi-couchées à leur base, bordées dans toute leur longueur, sur les deux côtés op- posés , d’une aile ou membrane décurrente, verte, qui forme deux ou trois saillies courantes, et ré- trécie d'espace en espace, en manière d'articula- tion ; elles sont légèrement couvertes de poils blancs, garnies de feuilles simples, ovales , sessi- les, en forme de lance, distantes, et sans pétiole. En mai et juin , des fleurs , semblables à celles des pois, naissent à leur extrémité supérieure, dispo- sées en petites grappes épaisses : ces fleurs, d’un . jaune pâle, ont le calice velu, labié , quinquéfide, avec deux bractées linéaires à sa base. Le légume qui leur succède est noirâtre, comprimé, et con- tient trois à quatre semences environ qui mürissent en septembre. On peut employer le Genêt à tige ailée à former des buissons dans les jardins d'agrément ; il sub- siste plusieurs années dans les terrains auxquels on le confie, pourvu toutefois qu’ils ne soient point humides ou trop ombragés. On le multiplie par ses graines : lorsqu'elles sont semées en automne, elles poussent au mois de mai suivant ; mais, quand on les garde jusqu'au printemps, je peux répéter avec Miller qu’elles paraissent rarement la même année. Ces jeunes plantes n’exigent d’autre cul- ture que d’être débarrassées des mauvaises her- bes, et d’être éclaircies partout où elles sont trop serrées. Les fleurs, soumises à l’aciion de la lumière dans des vases de verre blanc, s’altèrent en deux ou trois jours, si le sein le plus scrupuleux n’a été pris pour les faire sécher; elles fermentent ; un magma informe en résulte et change leur élat primitif, ces fleurs étant imprégnées d’une substance mel- lito-huileuse qui, lorsqu'elles sont trop rappro- chées en séchant , leur facilite le moyen d’adhérer entre elles, les altère , et leur fait perdre la cou- leur et l’odeur qui leur sont naturelles, même avant d’être séchées ; le moindre contact de la lu- -mière les change de suite de couleur, et elles pren- nent une Leinte couleur de tabac en poudre. La culture des Genêts n’exige aucun soin, si ce -w’est qu'il convient de les tenir constamment libres des mauvaises herbes, surtout quand on les des- -tinc à donner du fourrage. Une Genetière de trente- quatre ares demande six kilogrammes de semence. Propriétés économiques. Disons d’abord un mot des moyens propres pour extraire de presque toutes les espèces, principalement des G. juncea et trian- gularis, très-abondant en Corse, le tissu filamen- teux qu’elles nous offrent. De nos jours, les Espa- -gnols et les Toscans obtiennent de ces arbrisseaux un fil très-bon , susceptible d'acquérir une grande 373 ———————— —— —————————— ———— —————_—_——.— — .————— GENÊ a long-temps été confinée à quelques villages des environs de Lodève, département de l'Hérault ; elle est actuellement , et surtout depuis 1785 , ré- pandue dans presque toutes les Cévennes. Il serait bien à désirer qu'elle fût adoptée dans tous les au- tres cantons peu fertiles. On connaît plusieurs méthodes pour retirer la filasse ; presque toutes tiennent à des raisons de localité qu’il n’est pas inutile de rapporter ici. Ceux qui veulent adopter un genre de culture quelcon- que sont toujours satislaits de pouvoir raisonner les moyens déjà mis en usage, afin de s'attacher particulièrement à celui qui se lie le plus à leur situation; d’autres , et c’est le plus grand nombre, aiment à satisfaire leur curiosité ; mais il faut aussi savoir flatter leur paresse pour les décider à quel- que chose. Il est dans le cœur humain une ten- dance au repos qui nous dispose assez naturelle- ment à ne pas faire plus ni moins que ce qu'ont fait les autres , surtout si, dans ce qu'ils ont fait, nous trouvons la part de notre amour-propre, celle de notre intérêt , et celle de l’économie du temps, la première des économies. Ce n’est qu'à la troisième année que les rameaux du Genêt sont devenus assez longs pour devoir être coupés; plus jeunes ou plus vieux, ils ne rempliraient que très-imparfaitement le but qu’on se propose. C’est d’ordinaire après la moisson et lorsque les travaux des champs sont terminés, que se fait la coupe du Genêt; on choisit les tiges les plus belles, et on les coupe à la main. Après les avoir mondées des petits bourgeons ou brins nais- sans qui s’y trouvent, on les expose au soleil pour les faire sécher, en ayant soin que la pluie ne tombe pas dessus; car il est prouvé que l’eau pluviale nuit essentiellement à la blancheur du fil. On rassemble ensuite ces mêmes tiges en petiles bottes ou javel- les d’une grosseur et d’une largeur égales, et on les froisse avec un espadon pour faciliter la séparation de l’épiderme. Après ces dispositions préliminaires , les Espa- gnols et les habitans des Apennins suivent un pro- cédé qui se rapproche de celui généralement em- ployé pour extraire la filasse du chanvre et du lin, c’est-à-dire qu'ils font macérer dans les rivières ou dans une eau stagnante les javelles ou faisceaux de tiges de Genêt, et les couvrent de pierres jus- qu’à ce que l'écorce s’en sépare facilement ; ils les retirent ensuite de l’eau, les font sécher et les teil- lent. L'eau courante est préférable à l’eau stagnante, parce que celle-ci développe et entretient une fer- mentation plus forte qui attaque le tissu ligneux, et parce qu’elle exhale une odeur désagréable, nui- sible à l’économie animale. D'ailleurs , le chanvre, le Genêt et toutes les plantes filamenteuses, rouis dans une eau stagnante, perdent beaucoup en qua- lité ; la toile qui en provient est bise, cassante et de peu de durée, . Vers la fin du mois d'août, les habitans de la fertile et populeuse vallée de Casciana, en Tos- cane , se rendent en foule sur les montagnes qui la blancheur ; en France, cette branche d'industrie | couronnent pour recueillir les graines et couper les GENË tiges des nombreux Geñêts d'Espagne, qui y crois: sent, spontanément, Les premières sont destinées à la nourriture-deila volaille ; les secondes sepor- tent aux eaux thermales de Bagno: a acqjua, dans lesquelles, aprèsles avoir fait sécher-et distribuer en faisceaux d’une égale grosseur, on les plonge entièrement, et on. les assujettit avec: de gros cail- loux. La-chaleur douce: et continuelle de ces eaux ( elles: font monter le thermomètre centigrade à. 10 degrés.) accélère la séparation de la partie filamenteuse , et achève le: rouissage en trois ou quatre jours au plus. Ce temps écoulé, on tire à fleur d’eau un ou deux brins, du paquet; on les tient de: la main gauche, tandis qu’on à dans la dreite un fragment de verre ou bien une pierre plate, terminée en biseau, dont on appuie la partie tranchante sur la ‘pointe des brins qu’on écache. On divise ainsi, par ce moyen, un peu long à la vérité, mais d’un succès toujours certain, la partie filamenteuse dela partie ligneuse ; on la retire de l’eau , et l’on.en fait des poignées , que l’on expose à l’ardeur du soleil. Quand cette filasse est: suffi- samment sèche, on la batavec desespadons comme Von fait pour le lin: les petites fibres, ou, pour mieux dire , le duvet cotonneux qu’on a séparé des étoupes, servent à remplir des orcillers, à rem- bourrer les meubles et les harnais, en place de laine ou de: crin, dont en partie il a l'élasticité. L'autre portion de la filasse, passée au peigne, se file au rouét, et donne un fil plus fin et plus sou- ple que celui du chanvre, mais pas autant que ce- lui du. lin, L'époque où l’on s’oceupe de: ce genre de travail embrasse celle qui suit le temps des ven- danges jusqu’à ce. mois charmant , le plus beau de l'année, où la terre achève de se parer de feuilles et de fleurs, etioù le laboureur joyeux reprend ses travaux champêtres, Les délicieux environs du bourg de Casciana ne sont pas les seuls, dans l'Etrurie, où ee procédé soit en usage; je l’ai retrouvé dans tout le Volter- ran, chez les Lucquois industrieux, sur les rives de la Fiora, à Montalto, etc. Cette méthode nous offre une excellente lecon sur la théorie durouissage , et mériterait bien d’é- ire adoptée dans-tous les endroits oiv elle: serait praticable,, Je ne pense pas cependant qu'il faille absolument le secours des eaux thermales pour obtenir la partie filamenteuse du Genêt; l’action combinée et alternativement appliquée de l'air et de l’eau désorganise le végétal, le décompose et rompt toute liaison entre ses divers prineipes ; l'eau simple entraine les sucs, et met à nu le sque- lette fibreux, c'est-à-dire le principe le plus in- corruptible de la végétation ; les eaux thermales accélèrent davantage le rouissage, comme l’in- fluence du soleil sur les eaux stagnantes hâte-celui du chanvre, : Le troisième procédé, qui diffère beaucoup des deux premiers, et qui peut devenir d’un usage général, n’est pas moins ingénieux que le précé- dent; ilest pratiqué par les habitans des Cévennes, de ces montagnes si précieuses à l’étude de la géo- logie, ebsi malheureusement célèbres dans les an- 374 GENÈ + nales dû fanatisme, Les Cévennois coupent, comme les Espagnols: et lesiltaliens, les tiges du: Genêt en août ; ils-les mettent également sécher au soleil: les distribuent en petites bottes qu'ils nomiment fardeaux, et vendent soixante: à! soixante-quinze centimes; ils les écrasent avecune massue de. bois, et les lavent: après: à l’eau couranté:ou dans-une mare, dans: laquelle ils les assujettissent: avec des pierres , et les: laissent tremper durant quatre à cinq heures.: Le soir, on les retire et on‘lesmet en tas sur le bord de la rivière. Le lendemain, les bottes ainsi préparées sont placées, couche par couche de Genêt et de paille alternativement; dans un endroit voisin de l’eau, dont on:a soin d'enlever un peu de terre; formant ainsi une espèce de creux qui peut les contenir toutes. On recouvre cette masse de fougère , de:païlle, de:gazon, ou de quel- qu'autre matière légère, et l’on charge le tas avec des pierres; c’est ce qu'on appelle mettre &couver. Le Genêt demeure ainsi jusqu’à ce que Je rouissage soit fini, c’est-à-dire pendant huit à neuf jours; il suflit seulement, dans cet'intervalle, et sans:le découvrir, d’arroser le tas’ une fois par jour avec l'eau voisine. Au bout de ce temps, on rétire les javellesiet on les lave à-grande-eau; la partie verte de la plante, ou l’épiderme , se détache alors très- aisément de dessus le bois , et la:portion fibreuse reste à nu; l’on prend chaque paquet l’un après l’autre, on les:bat et froisse fortement avec: un battoir et sur une pierre pour en détacher: toute la filasse ,, qu’on :a en même temps soin de ramener vers une des extrémités des rameaux, Après cette opération, om délie les faisceaux et on les étend sur des rochers ou sur un terrain sec, pour les faire sécher, Les baguettes ne doivent être teillées: que lorsqu'elles ne contiennent plus aucun prineipe d'humidité ; on passe ensuite la teille du peigne, et on-met à part les qualités différentes, qui sont toutes filées au rouet : ce travail est réservé pour la saison morte. Il est une quatrième manière très-facile de: dé- pouiller les tiges du Genêt de leur écorce; c'est celle qui fut employée avec le plus grand succès, en 1786, sur le Genêt à balai, par Victor Yvard,, dont le nom rappelle des services essentiels rendus à l’agriculture ct à l'économie domestique: Elle consiste à couper les rameaux lorsqueda séve.est dans toute sa force, à séparer l'écorce du bois sur-le-champ , par l'extrémité la plus grosse, avec le pouce et l'index, et à la tirer de bas en haut jusqu'à ce: quelle soit entièrement dégagée. Le principal avantage de cette opération est l'écono- mic du temps ;on peut, en un moment, dépouiller ainsi loutes les tiges, qui sont, comme nous l'a- vons-vu, très-nombreuses dans le Genêtcommunm, et le rouissage de la partie filamenteuse , qui tient alors moins d'espace, est aussi beaucoup plus court ; cependant il ne faut pas se dissimuler que cette méthode a un inconvénient. Lorsque:les ra- meaux ne sont pas imprégnés d'une assez grande humidité , l’extrémité de quelques unes des tiges , et ce sont ordinairement les plus: petites, ne se dépouille pas entièrement à cause de l'adhérence GENË 375 GENÈ de l'écorce au bois. Gette perte,;peu considérable, n'aurait pas lieu si lon mettait lesrameaux dans l'eau quelque) temps avant de les écorcer,:et: l’on doit. toujours le faire lorsque quelque circonstance a ‘empêché qu'on ne profitât du temps de laiséve. « d’ébservai d’ailleurs, rapporte l’auteur de cette méthode, que l’espadon:et le teillage font perdre une partie du fil.» Divers emplois du fil. Le fil du Genêt sert à for- mer.des toiles propres aux\différens usages de l’é- conomie rurale et, domestique. Ge fil:est de deux sortes ; celui de la première qualité se vend ordi- pairement.1 franc à 1 franc 25 centimes la livre gauloise, c’est-à-dire la livre de douze onces qui fut établie au temps de Charlemagne. Gelui de la se- conde qualité n'arrive pas à la moitié de ce prix. Le fille plus grossier est employé à faire des cäblespour les navires qui sont d’un bon ‘usage, tant sur mer que sur les-rivières , et de la grosse toile , que les habitans.des Alpes toscanes appel- lent Carmignulo , pour sacs et pour emballages. Onen fait aussi-des draps pour envelopper les lé- gumes, les graines ou les famiers qu’on vent trans- porter quelque part. On réserve les fils les plus fins pour les draps de lit, les :serviettes , les che- mises , etc. Les paysans des environs de Lodève, qui ne possèdent aucune espèce, de terres propres à la culture du linet du chanvre , ne connaissent et n’ont.pas d'autre linge que celui de Genêt. Les toiles fabriquées avec le fil de cet arbrisseau sont d'un ‘très-bon user, très-fraîches en été, et aussi souples-que les toiles de chanvre; elles seraient indubitablement aussi belles que celles de lin si la filature en était plus soignée. Plus elles vont à la:lessive , plus elles gagnent en blancheur. En ILialie on est parvenu à travailler avec le fil de Genêt une étoile grossière à la vérité, mais qui sert aux moutagnards de l’Apennin à se préserver, dans la mauvaise saison, des injures du temps ; les femmes en font surtout des jupons. C’est une espèce de camelot,, ou, pour mieux dire, de bouracan , dans le genre de ceux qu'on fabrique à Rouen et à Arras. La chaîne de cette étofle. est de Genêt, et la trame de laine, La toile et l'étoffe de Genêt sont très-rarement à vendre ; chaque famille n’en prépare exclusive- ment que pour ses besoins, et celles qui se livrent à ce genre d'industrie ne cherchent pas la perfection. Lorsque la fibre végétale réduite en toile ne peut plus être employée à ces usages ordinaires , on lui fait,subiv d’autres-opérations pour la diviser , et la convertir.en papier. Ges opérations sont les suivantes : on choisit les chiffons , on les lave, et lorsqu'ils sont bien secs, on les délisse, c’est-à-dire on décout les ourlets, on sépare les qualités, et on les fait pourrir dans l’eau.-Pour les déchirer , les piler, et les réduire en une pâte claire, ils passent successivement sous trois espèces de pi- lons mus par un :courant comme les moulins à eau. Les-premiers sont à crochets tranchans, les seconds ne sont armés que de simples.clons à tête plate en forme de coins, et les troisièmes sont uni- quement de bois, parce qu'ils ne servent qu’à dé- layer!la pâte. On jette cette pâtedans l’eau chaude que Jon agite continuellement ; on plonge des criblescarrés de diverses grandeurs dans cette eau, et on les soulève ; il reste une couche de pâte sur le crible, cette couche desséchée forme une! feuille de papier; ensuïle on soumet ces feuilles à la presse , on les passe dans une dissolution de gomme quand on veuten faire du papier à écrire, et on les lisse. Depuis quelque temps on aremplacé les pilons par des cylindres de cuivre qui divisent les chif- {ons beaucoup plus vite et avec plus de perfection ; ils conservent aussi bien plus de forceà lamatière. Celte invention, que l’on attribue à la France, où elle est négligée , est particulièrement en usage en Hollande et en Angleterre. On:a fait du papier avec de la laine blanche ; des navets, -des feuilles de chou et de bardane, avec de la paille, des ‘éconces d'arbres, du bois de fusain'et de coudrier , avec de la guimauve, du houblon , des roseaux, du chiendent et de la mousse, avec le duvet de chardon et du peuplier; avec les aigrettes luisantes qui couronnent les nombreuses semences de l’apocin, la filasse d’a- loès , d’agavé d'Amérique , de palmier , etc.;mais jusqu'à présent ce papier manque de solidité, et est bien inférieur à celur du chiffon; en un mot, c'est plutôt un objet de curiosité que d’utilité bien palpable. Sous aucun rapport le papier de Genêt ne peut et ne doit être rangé dans-cette catégorie. Quand ses filamens ont été employés en toile et assouplis par l'usage, il soutient en tous points le plus rigide parallèle avec le papier fait de fil de liniet de chanvre. ‘ Les chenevottes de Genêt sont ordinairement liées en petites bottes et vendues pour allumer le feu. Le plus souvent on les met quatre à quatre dans un paquet. Dans les Cévennes on en’fait des allumettes ; elles sont loin de valoir celles de chan- vre, quoique ces dernières donnent un feu moins vif que les allumettes de Genêt. Résumé, Comme ornement, le Genêt, par le nombre et la longue durée de ses fleurs , peut ri- valiser avec toutes les plantes que l’on demande à grands frais aux pays étrangers. Comme plante alimentaire, il offre à l’homme ses boutons pour être mangés en guise de câpres; aux bestiaux une nourriture saine, abondante et toujours fraîche ; aux abeilles , il présente un ‘calice odorant, et à la volaille, ses graines dont elle est très-friande. Comme engrais, il:est plus chaud que le fumier d’étable , même celui de brebis ; et se :consume aussi moins vite que tout autre. Les feuilles et les: petits rameaux qui tombent du Genêt pendant les deuxième et troisième années, et lesracines qui res- tent danslaterre après la coupe, contribuent singu-, lièrement à l'amendement du sol. Ses branches , enfouies au moyen de la charrue, suppléent au fumier; mises en fermentation avec la litière des moutons, elles en: augmentent considérablement lamasse. Le Genêt sec fait autant d'effet que le Genêt vert, quoique celui-ci soit toujours l’en- grais le meilleur et le plus sûr, GENE 376 ‘GENE Comme plante économique, on en fait des échalas ct de la litière ; il remplace l’osier dont il a la force et la souplesse; il diminue l'emploi et la consommation des bois de haute futaie, en four- nissant les usines d’un combustible peu coûteux, en servant d’aliment au feu dont le calorique rend les rigueurs de l'hiver plus supportables, préserve de l'humidité dévorante, ôte aux fruits et aux viandes leur crudité, et les rend d’une digestion facile. Converti en toile, il remplace le linge et procure une étofle assez bonne ; réduit en papier, il présente à l'ami absent les pensées de son ami, et à l'imprimerie, les moyens de transmettre sû- rement à la postérité les sciences et les inventions utiles de notre temps. Les fleurs (et plus particu- lièrement celles de la Génestrole et de l’Orisel, ou Genêt tinctorifère des Canaries) donnent une couleur jaune. Il n’est aucune de ses parties, depuis les racines jusqu'aux sommités de ses bran- ches, qui ne soit utile à l’art de guérir’, ou, comme le dit Haller , (à la préparation des cuirs. Enfin , l’on a remarqué que les meilleurs beurres, ceux des environs de Laval et de Mayenne, de Saint-Malo et de Cancale en France, ceux de la Suisse et des Cascine de Pise en Toscane, se font dans les cantons où le Genêt est très-abondant, Comme clôture, tous les Genêts, principale- ment ceux de l'espèce épineuse, sont très-utiles : ils ont dès lors une grande influence sur les ré- coltes , et peuvent contribuer à la longue prospé- rité de l’agriculture, tout en augmentant les reve- nus des propriétaires. Enfin, comme plante géné- reuse, le Genêt paie avec usure le peu de soin qu'il demande; il convient pour resserrer et conte- nir à peu de frais le lit des torrenset des rivières; il sert à mettre promptement en valeur les graviers qui couvrent leurs bords, en fixant le limon si précieux que leurs eaux y déposent ; par l’abon- dance de sa filasse, la facilité de sa manipulation, il offre les moyens d'employer les enfans, les femmes, les vieillards et les infirmes ; d'introduire, dans les cantons les plus pauvres , des filatures ; de fabriquer des étoffes à bas prix pour la classe in- digente, et de bannir enfin la mendicité. (T. p. B.) GENETTE, Genctta. (mam.) Le sous genre ou plutôt le genre des Genettes offre avec celui des Civettes ordinaires des rapports assez intimes dans la forme générale du corps, le nombre des dents et aussi les habitudes ; mais il s’en distingue parce que les poches qui sécrètent leur matière odorante, sont réduites à de simples enfoncemens, au lieu de former un double sac comme chez les Civettes ; -de plus, leurs ongles sont presque aussi rétractiles que ceux des Chats, et leur pupille est verticale. Les Genettes sont assez nombreuses en espèces, et sont toutes de l’ancien monde, de l'Afrique et de l’Asie principalement. Ces animaux ont le corps allongé et bas sur jambes; leurs mœurs, qui rap- pellent celles des Civettes, ressemblent aussi beaucoup à celles des Chats, et comme ils ont or- dinairement le pelage tacheté de ce dernier, ke nom de Chats-Genettes leur à été appliqué par beaucoup d'auteurs. Les espèces les plus remarquables du genre qui nous occupe sont les suivans : GENETTE COMMUNE , G. vulgaris. On la nomme aussi V’iverra genetta, Grenette de France, etc. ; ses habitudes ne sont pas entièrement connues ,et on ne saurait préciser au juste les contrées qu’elle habite : ainsi quelques auteurs la donnent comme étant d'Europe méridionale , d'Afrique et d'Asie, tandis que d’autres pensent qu’elle est propre seu- lement à la première de ces contrées : cependant il paraît assez probable qu’elle vit aussi dans l’A- frique, et queles Genettes de Barbarieet du Sénégal n’en sont que de simples variétés. Le midi de la France, l'Espagne, l'Italie, la Grèce paraissent être les pays où on la voit moins rarement. Elle a le pelage gris, tacheté de petites plaques noires , tantôt rondes, tantôt allongées , et sa queue est annelée de noir. En France, elle vit dans les départemens dela Vienne, de l'Aveyron, ainsi que dans ceux de la Charente et quelques autres losa- lités ; le département de la Gironde est un de ceux qui en possèdent davantage. Voyez le Bulletin d'Histoirenaturelle de France, section 1,n°°1 et 29. GENETTE DE BarBaRiE, G. afra, F. Cuv. Cetie Genette est distinguée par F. Cuvier de celles d'Europe, du Sénégal et du Cap; son pelage est gris, plus ou moins mêlé de jaunâtre, son chan- frein est blanc, son menton noir, ainsi qu'une ligne dorsale et cinq autres bandes longitudinales des côtés du corps. + Voyez pour la GENETTE PALE, Viverra pallida, l'Indian Zoology du major Hardwich , et pour une autre espèce très-voisine les Spicilegia zoologiga de Gray. GENETTE FOSSANE, Genetta fossa, ou V'iverra fossa, Linn. Elle est assez semblable aux deux premières par la forme de son corps et la disposition générale des couleurs de sa robe ; mais elle est d’une teinte- légèrement roussâtre , marquée de taches brunes disposées sur le dosen quatre lignes longitudinales ou éparses sur les flancs ; sa queue est roussâtre, faiblement marquée d’anneaux d’un roux brun. Les mœurs de cette espèce sont semblabies à celles de la Fouine : elle mange de la viande et des fruits; mais elle préfère ces derniers et particulièrement les bananes. Madagascar est la patrie de la Fos- sane. ; j, Nous avons représenté dans notre Atlas, à la figure 3 de la planche 175,la GENE TRE PANTHÉRINE, Viverra pardalis, qu'Isid. Geoffroy a décrite dans le Magasin de Zoologie. Celteespèce, qui vient du Sénégal, est remarquablé en cé que, au liea d’avoir de simples taches pleines ou allongées comme les autres , elle en présente d’annulaires ; ce qui établit un nouveau lien entre les Genettes et les Chats, qui ont souvent de ces sortes de taches. La Genette: panthérine est longue de deux pieds sepl pouces, sur lesquels la queue entre pour treize pouces. Ses mœurs ne sont pas encore connues. sid. Geof- froy , auquel on en doit la description, n’en a ob- servé qu’un seul individu , lequel avait été apporté vivant du Sénégal. « A l’époque, dit Geoffroy, où je le vis pour la première fois , il était d’une dou- ceur GENE 377 GENE EE TO TE 70 ONE QUENTIN METRE 2 D 702 UE ND TE CCC CCG TOR OC ceur telle qu’on le laissait habituellement libre: une personne même, qui ne lui était nullement connue pouvait impunément le toucher , le soule- ver , le prendre dans ses bras, Seulement il cher- chait aussitôt à s’en échapper pour venir se percher sur l'épaule. Il était en un mot aussi complétement apprivoisé que pent l'être un chat domestique. Au contraire, donnée au Muséam par les personnes qui l'avaient amenée du Sénégal, cette Genette fut . à peine privée de sa liberté que son naturel devint aussi féroce qu'il avait été doux; elle cherchait à mordre dès qu'on s’approchait d'elle, et ne se laissait pas même toucher par ses gardiens. Tou- tefois elle ne cessa jamais de reconnaître les per- sonnes qui l’avaient élevée et de leur témoigner une affection que nul autre ne partageait avec elles. » (Gerv.) GENÉVRIER , Juniperus. (BoT. PHAN. et AGR.) Placé entre le Cyprès, Cupressus, et l'Arbre de Vie, Thuya, avec lesquels il a des points de con- tact très-remarquables, le genre Genévrier fait, ainsi qu'eux, partie de la famille des vraies Coni- fères ; Linné l’a inscrit dans sa Dioécie monadel- phie. Ses caractères distinctifs sont d'offrir, 1° des arbres résineux de moyenne grandeur, à feuilles persistantes , étroites, linéaires , raides et imbri- quées ; 2° desfleurs dioiques, rarement monoïques, disposées sur des chatons unisexuels, petits, ova- les , où presque arrondis ; les mâles ont les écailles en bouclier , pédonculées, opposées en croix deux à deux, ou verticillées trois à trois, portées autour d’un axe central, ct sur lesquelles sont insérées, sous leur face interne, cinq à sept étarines; les fleurs femelles présentent de six à neuf écailles opposées ou verticillées de même, ovales arrondies , char- nues dans les trois quarts de leur étendue , un peu membraneuses en leur sommet, chacune d'elles portant deux ovaires adhérens à sa base, avec un stigmate simple et court; 3° des fruits formés de l'agrégation des écailles, soudées ensemble après l'acte fécondateur, épaissies, ayant l’apparence d’une baie arrondie, contenant plusieurs noyaux osseux, monospermes , dont un seul et rarement plus de trois sont fertiles, les autres avortent. Comme les écailles du fruit ne se séparent point les unes des autres, cette circonstance sépare le Genévrier du Cyprès; il est distinct des Thuyas parce que la graine renfermée dans le noyau n'est pas entourée d’une membrane. Environ vingt-cinq espèces constituent aujour- d’hui le genre Juniperus; huit ou dix appartien- nent à l’Europe , autant à l'Asie, cinq ou six au continent américain. Toutes aiment les terrains arides et montagneux, les sables, les lieux pier- reux et même les fentes des rochers; on les mul- tiplie de graines de l'année précédente, que l’on sème en automne avec du Sainfoin ou de la Lu- zerne , afin que les fanes de ces deux plantes pro- tégent et ombragent les ‘jeunes Genévriers. Plu- sieurs espèces réussissent bien de marcottes et même de boutures ; mais les pieds venus de semis sont toujours plus vigoureux. Quelle que soit la pa- trie de ces différentes espèces , celle des îles Ber- T. IT. mudes exceptée, toutes viennent en pleine terre sur le sol de la France; on pourrait même accli- mater dans certaines parties de nos départemens du midi ce GENÉVRIER DES BErmuDes, /. bermu- diana , dont la tige monte d’ordinaire à la hauteur de quinze à vingt mètres, et le tronc acquiert un mètre et quelquefois un mètre et demi de circon- férence. Le GENÉVRIER COMMUN, J. communis , représenté dans notre Atlas, pl. 173, fig. 4, forme buisson d'un mètre de haut aunord, tandis que dans le midi il s’élève à sept et huit ; il atteint la limite des gla- ciers et même va au-delà, quand les accidens du sol, malgré l'élévation vient à s’opposer au séjour des neiges. Il habite l’Europe depuis le cap Nord, par 71 degrés 10 minutes de latitude, jusqu'aux bords de la Méditerranée ; l’Aste depuis les monts Carpathes et la Sibérie jusqu'aux Alpes du Népaul et du Bontan; on le rencontre aussi sur l'Atlas dans l'Afrique septentrionale. À la hauteur de 2,900 mètres il a, sur les Pyrénées, le même port et le même aspect qu’en Laponie. Son tronc et ses branches sont couverts d’ure écorce brun-rougeâtre . peu ou peint raboteuse. IL est muni de feuilles linéaires, toujours vertes , op- posées trois par trois, piquantes , légèremont ca- naliculées en dessus, un peu convexes en dessous. Ses fleurs paraissent en mai; une baie bleue ou d'un violet foncé leur succède, elle est couverte d’une sorte de poussière résineuse , atteint à peine la moitié &e la grandeur des feuilles et reste deux années à mürir. Durant la première année et jus- qu’au moment de la maturité, cette baie est verte ; sa pulpe, peu charnue, renferme trois graines os seuses, ovales, triangulaires, un peu aiguës. (Voy. au mot GENIÈVRI. ) Cet arbuste boïse utilement les garennes à gibier; on en fait aussi de très-belles haies, dont le ridean de verdure est très-épais et de bonne défense : sous ce rapport il peut servir d’embellissement dans les jardins paysagers. La veille ct le jour de leurs fêtes de famille, les Norwégiens , à l’instar des Scandinaves, leurs aïeux, ornent l’intérieur de leurs habitations de branches de Genévrier, et pour en respirer plus largement l’odeur agréable et bienfaisante , ils en coupent des petits morceaux dont ils jonchent l'aire de leurs chambres à cou- cher : c’est autant pour eux une affaire de tradi- tion et de goût que de santé. On peut tirer encore d’autres profits du Gené- vrier, Avec son bois, qui est rougeâtre, agréable- ment veiné, prenant un beau poli et dont le grain est très-fin, on fait de bons ouvrages de tour et de marqueterie. Les échalas obtenus de ses liges sont excellens et de longue durée. Ses dépouilles mises au four chauffent bien. On a donné les feuilles aux bestiaux, il les ont trouvées très-appétissantes quand on avait émoussé leur pointe aiguë. Nous possédons dans nos départemens méridio- naux , sous le nom vulgaire de Cade, une autre es- pèce, le GenÉvries oxYcbDre , J. oæycedrus , qui a de grands rapports avec l’espèce précédente. Ses fruits roussâtres sont trois fois plus gros. C’est de 208° Livraison. 48 ELLE ELLE 378 GENE GENI oo son bois frais et mis à brûler qué l’on retire un li- quide brunâtre, inflammablé, ayant une odeur résineuse voisine de celle du goudron, mais plus désagréable , et que l’on appelle Æuile de Cade. Elle estemployée dans la médecine vétérinaire ; sa saveur estâcre et même caustique. L’arbrisseau croît dans les lieux secs et arides; il abonde en Grèce , en Espagne , dans l'Afrique septentrionale; les cantons qu'il affectionne le plus sont appelés Cadenières, principalement en nos départemens du sud-est. Dans la France méridionale croît encore une autre espèce , lé GENÉvRIER DE PnéNiciE, J. phœ- nicea, ainsi nommée par Théophraste du pays où il l’observa. La culture l’a habituée à soutenir les hivers rigoureux de la zone de Paris. C’est un joli arbrisseau dont la tige, couverte de feuilles ou d’é- cailles imbriquées les unes sur les autres , est char- gée de rameaux nombreux, grêles, disposés en pyramide , avec dés feuilles très-petites:, charnues, opposées trois à trois. Ses baïes sont de Ja grosseur d’un pois ordinaire, roussâtres, et contiennent neuf osselets irréguliers; elles servent de nourri- ture aux grives, aux merles, aux rénards et aux martres. On a cru long-temps que c'était de ce Genévrier que provenait la résine dite Sandaraque, on a depuis reconnu qu'elle découle da Thuya ar- ticulé de l'Atlas. ( Voy. au mot Tauya. ) La Sapine est une troisième espèce de Gené- vrier, J. sabina , indigène aux montagnes des dé - partemens de l'Isère, dés Bouches-du: Rhôneet da Var; elle est haute dé quatre mètres, a eu, du- rant les siècles passés, une grande réputation con- tre les sortiléges. C’est par suite de ce préjugé, que je retrouve tout puissant entre le Volga et l’'Oural, chez les Cosaques Baschkirs, qu’on était dans l’usage d’en appendre des rameaux au déssus des portes extérieures et intérieures des habita- tions. Les feuilles de ce Genévrier, dont on con- naît deux variétés , l’une plus élevée dite Sabine mâle, l’autre qui demeure toujours à la hauteur des buissons, dite Sabine femelle, ont une odeur résineuse et aromatique très-pénétrante, une sa- veur très-amère , et la propriété, prises en infu- sion, d'agir très-énergiquement sur les: voies di- gestives et surtout sur l’utérus : ce qui doit mettre en garde contre leur emploi recommandé par des personnes étrangères à l’art médical. Dans son Quadripartitum botanicum , pag: 516, Simon Paulli dit plaisamment que les moines et les reli- gieuses se sont chargés du soi de conserver la Sabine, aïñn de prévenir le scandale qui résulte trop souvent des effets de la Roquette. Ils savent très-bien qu'entre leurs mains la feuille de la Sa- bine serval in amissé virginitate decus. La Sabine se cultive aux environs de Paris, où elle fleurit au commencement du printemps. Vulgairement connu sous le nom de OCeédre rouge , à cause de son écorce rougeâtre et'de la disposition horizontale de ses branches , laquelle rappelle celle du Gèdre du Liban (voy. ce mot ), le Genbvaien DE VIRGINE, J. virginiana, introduit en France en 1758, par l'amiral de La Galisso- nière , est un arbre de seize à vingt mètres, au sein des vastes forêts de l'Amérique septentrionale, ar- rivant seulement chez nous à douze et quatorze. Son port est droit, ses branches nombreuses crois- sent sur toutès les parties de là tige et s’étendént horizontalement jusqu'aux approches de Ia cime qui forme pyramide à la flèche très-élancée. Les feuilles sont d’un vert foncé jusqu’à la fin de l’été, puis ellès prennent une teinte roussâtre qu’elles gardent tant que la feuille nouvelle, parvenue à son entier développement, leur permet de demeurer: sur la branche. Les baïes sont odorantes , ovoides, d'un beau bleu, et contiennent le plus souvent une seule graine osseuse. Le bois et le feuillage donnent , par le frottément, une odeur assez agréa- ble ; le premier a le mérite d’être incorraptible , d’éloigner les insectes, d’être très-dur , et de servir aux États-Unis à la construction des bâtimens de terre et de mer; onen fait des pilotis, dés poteaux de clôture, dès planchettes pour couvrir les maiï- sons, ou pour être employées aux boiseries, à diffé- rens meubles. En Angleterre, et depuis quelques années en France, on se sert de ce boïs pour en- fermer les crayons de plombagine. La croissance du Genévrier rouge-en France a élé reconnue lente jusqu’à sa huitième ou dixième année; on hâte cette marche enélaguant, à cinquante-quatremillimètres du tronc, quelques unes des branches du bas : cette taille se fait dans un temps froid. » Malgré ies grands rapports de cet arbre avec le Genévrier sabine, rapports qu’il est très-diffrcile de distinguer les rameaux une fois séparés de la tige, il est cependant hors de doute que le Gené- vrier rouge constitue une espèce très-distincte. On le trouve, non seulement en Virginie, dans la Caroline, sur les bords du lac Champlain , dans le bassin que le Missouri et le Mississipi arrosent de+ puis leurssources jusqu’à leursembouchures, mais aussi le long de la côte du Mexique; il aime les sa- bles voisins des rivages de la mer, les terrains les moins substantiels, jusqu'aux fissures des rochers calcaires et granitiques. On dévrait le multiplier sur nos dunes el dans les landes qui déshonorent encore plusieurs de nos départemens de l’ouest. Evitez de le planter en un lieu marécageux, il y périrait bientôt. On le multiplie par la vore des se- mis, qui réussissent loujours. La Sabine, au con- traire, vient mieux de boutures. L'un et l’autre produisent un bel effet, placés en lieux convena- bles, dans les jardins paysagers. De même que le Genévrier commun, le Genévrier rouge se couvre de nodosilés sur les rameaux par la présence de certains champignons , du genre Puccrnre (voy. ce mot ), qui s'étendent avec une prodigieuse rapi- dité , et dont le nombre rend l’arbrehideux, quand il ne finit point par déterminer sa ruine totale. Telles sont les espèces les plus importantes du genre Genévrier que l’on puisse culliver danstoutes les parties de la France, et dont il convient de | profiter pourtirer parti d’une foule de terres arides | qui attristent les regards du vrai citoyen. ; (T. ». B.) GÉNICULÉ et GENOUILLÉ, Geniculatus. (or. 2GENI 879 GENI PHAN-) Qui est articulé ctfléchi , ou susceptible de flexion. Ge mot a deux acceptions, dont l’une est plus générale que l’autre. Dans l'acception géné- rale il caractérise un chaume qui, comme celui des Graminées, offre d'espace en espace.des ren- flemens remarquables ou fausses articulations. Plusieurs Ombeilifères ont une tige genouillée, Il y a des genres qui présentent des «espèces à tige géniculée, et d’autres à tige unie, tel entre autres est le genre Cerfeuil, Chærophyllum ; les espèces sylvestre, bulbosum, aristatam , temulum , appar- tiennent à la première catégorie ; toutes les autres à la seconde. Dans l’acception limitée , qui est la plus usitée, la tige se ploie d’un côté au premier nœud, pour se replier successivement à chaque nœud. La gé- niculation la plus remarquable.est celle de la tige du Guettarda speciosa ; de l’'Ephémérine velue, Tradescantia geniculata ; du chaume da Vulpin, Alopecurus geniculatus; du Brôme cilié, Bromus distachyos ; de la racine de la Gratiole, Gratiola officinalis; de la fleur du Géranion goutteux , Ge- ranium gibbosum ; du style de la Benoîte com- mune, Geum urbanum , etc. (T. D. B.) GENIEVRE, (80T. PHan. et £con. nom.) Nom du fruit du Genévrier. Ge sont, comme je l'ai dit plus haut, des baies, d’abord très-vertes, puis violettes, mais dont la couleur est adoucie par la poussière résineuse qui les recouvre et les fait pa- raître bleues. Leur pulpe roussâtre a une saveur douce aromatique. Dans la Syrie et au pied du mont Taurus, on mange celles du J'uniperus dru- pacea. Les autres ne mûrissant en France que la deuxième année, on leur donne accès en la maison rurale pour y subir diverses modifications. La plus intéressante se fait dans les Vosges, où le Genévrier commun abonde extrêmement ; c’est une liqueur que l’on y appelle Genevrette, et qui fournit une boisson agréable. Voici sa préparation: soixante- dix-huit litres de baies, additionnées de trois à- quatre poignées d’absinthe , se mettent à infuser et fermenter dans quatre-vingt-dix-sept litres d’eau; le vasesse tient, durant un mois, en un lieu frais. Alors on décante ,:on meten bouteilles et on laisse vieillir. À sa deuxième et même troisième année, c'est une boisson très-saine et fortifiante. Il faut y être habitué pour lui reconnaître toutes ses quali- tés. Dans d’autres cantons, on met autant d’orge que de baies de Genièvre; ailleurs on ajoute des pommes ou des poires sauvages ; plus loin les baies sont seules, traitées à l’eau. bouillante, afin que la liqueur soit potable huit jours après le commen- eement de la fermentation. Gette dernière est plus sujette à s’aigrir que les autres, En Laponie , on boit l'infasion comme , en Europe, on boit celle des feuilles du thé. On retire encore dans les montagnes des Vosges un extrait et un sirop des baies de Genièvre, très- estimés comme cordiaux et stomachiques. On s’en sert contre la gravelle , le scorbut ,et les douleurs néphrétiques. Le vin, ou pour mieux dire la dé- coction de ces baies concassées, jouit d’un haut crédit en médecine comme anti-hystérique, pour donner du ton aux voies digestives et au système intestinal. $ Tout le monde connaît l’eau-de-vie de grain dans laquelle on a fait infuser des baies de Geniè- vre ; il s’en prépare beancoup au nord de l’Europe et particulièrement en Hollande. La meilleure est celle qui a été distillée an bain-marie dessus les baies concassées; on met trois litres d’eau-de-vie pour un kilogramme et demi de baies ; on retire les trois quarts de la liqueur. Le‘ratafiat de Ge- nièvre est une excellente liqueur domestique qui facilite la digestion et convient après les repas. Il se fait en mettant infuser dans huit litres d’eau-de- vie un demi-kilogramme de baies , avec de la Co- riandre, de la Cannelle, de l’Angélique et du Gé- rofle, de chacun huit grammes , et deux kilogram- mes de sucre demi-blanc, ou moitié de sirop de sucre. Plus cette liqueur est ancienne, meilleure elle est. Enfin ,.on en obtient une huile essentielle fort agréable. (T. ». B.) GÉNIPAYER et GÉNIPAT , Genipa. ( or. pHAN.) Genre de la famille des Rubiacées et de la Pentandrie monogynie, que Swartz et Wildenow réunissent à tort aux Gardènes, dont il diffèrepar le tube de la corolle, par la forme du stigmate et par ses baies. Les signes caractéristiques du Géni- payer sont un calice turbiné , à bord entier , garni de cinq petites dents; une corolle infundibuliforme du double plus longue que le calice ; le limbe ou- vert, à cinq grandes divisions étalées; cinq an- thères sessiles , longues , saillantes à l’orifice du tube ; un ovaire infère, avec style et stigmate en tête; une baie grande, ovale, charnue, rétrécie à son sommet , tronquée , et à deux loges polyspermes, Les Génipayers sont indigènes aux contrées chaudes du continent américain. Le plus intéres- sant est celui que l’on désigne particulièrement sous le nom de GÉNIPAYER D'AMÉRIQUE, G. ame- ricana ; il abonde aux Antilles. C’est un arbre de douze à treize mètres d’élévation , au tronc droit, épais, revêtu d’une écorce grisâtre , ridée, rabo- teuse; le bois est d’une couleur gris de perle, prenant un beau poli. Sa cime, large , étalée , est composée de branches et de rameaux presque ver- ticillés ; les feuilles sont d’un beau vert, réunies en rosettes au sommet des rameaux, longues de trente-deux centimètres, et large de quarante mil- limètres. - Les fleurs naissent en bouquets termi- naux, répandent une odeur agréable, passent du blanc pur au blanc jaunâtre, s’épanouissent en juin et étalent, durant un mois , leur large corolle disposée presque en roue. Le fruit quileur succède, gros comme une orange, estunebaie charnue , d’un vert blanchâtre, contenant une pulpe blanche, ai- grelette, rafraîchissante, dont le suc teint en violet brun ou noirâtre tout ce qu'il atteint. Cette baie est mûre vers la fin de l'été; c’est l’époque où on la mange ; elle apaise la soif la plus ardente. On recherche également le joli fruit du Géni- payer des rives de l’Orénoque, G. caruto , ainsi que celui du G. edulis de Gayenne. Ni l’ün ni les deu autres ne sont cultivés en France. (T. ». B.) GÉNISSE (maw. et acr.) Nom du petit femelle GENR de la Vache. La Génisse née au printemps est tou- jours de la plns belle venue, et celle que l’on doit élever de préférence, surtout quand elle provient d’une vache connue comme bonne lailière ; car cette qualité se perpétue. A deux ans, la Génisse de choix a trois étés contre deux hivers; elle est alors au terme de son accroissement, et peut être appelée à l’acte générateur; mais pour la faire saillir , attendez le mois de juin ou de juillet, afin que le part arrive au printemps avec les herbes nouvelles, si nécessaires à la jeune mère, et pour que la Génisse qui lui doit le jour trouve encore une herbe tendre à l’époque du second sevrage. Voy. au mot Vacxe. (Pe.16:) GENRE, Genus. (z001. et por.) Invention in- génieuse au moyen de laquelle on aide la mémoire et on facilite à l'œil, comme à la pensée , les voies les plus larges pour se reconnaître et se fixer au milieu des nombreuses espèces et races d’êtres qui peuplent le globe terrestre. Je dis invention , parce que je ne crois point, avec Linné, le Genre na- turel, mais bien ane abstraction philosophique, de même que l’ordre, les classes et les familles. C’é- tait aussi l’opinion de Haller. En effet, ébauché par G. Bauhin et par Morison , le Genre a été éta- bli régulièrement par Tournefort. Le Genre groupe ensemble un certain nombre d'espèces ayant entre elles les plus grands rapports de similitude dans la conformation des parties essentielles, dans les mœurs, les habitudes, et dans les quaiités. D’a- près celte ressemblance , animaux ou végétaux sont réunis sous un nom commun, que l’on ap- pelle nom générique; c’est un substantif, auquel on joint un adjectif, une épithèle, pour indiquer l'espèce, pour la qualifier; cette addition fournit le nom spécifique ou trivial comme d’autres le nom- ment. (W. aux mots CLasses, Espèces, FamiLzes, OnDne et Race.) Ce que les anciens désignaient par le mot Es- pèce est aujourd’hui le Genre. Quelques auteurs ont employé le mot Genre pour celui de Famille ; c’est une faute qu'il n’est plus permis de commet- tre depuis que les législateurs des sciences natu- relles ont posé les bases solides que le temps con- servera précieusement , malgré les efforts des Titans (les ambitieux et les ignorans). Chaque di- vision à ses types, et les mots consacrés pour les imprimer dans la mémoire sont à jamais invariables. Ainsi, quoique le Genre soit de création hu- maine, sa composilion n’est pas moins fondée sur une somme de caractères essentiels fournis par la nature; ses élémens, puisés dans la fructi- ficalion pour les plantes, dans le nombre des dents, dans la forme des doigts, dans la structure des orga- nes intérieurs pour les animaux, n’ont rien d'ar- bitraire, ils sont indépendans de tout système. Détruire le Genre serait donc, comme le dit Cé- salpin, tout confondre, tout rendre au chaos. Anathème sur celui qui porte une main sacrilége sur le Genre , qui veut le renverser, le diviser ou le réunir au gré de ses idées ! - Il ne faut point croire que je regarde comme parfaits tous les Genres fondés par les maîtres de 380 GENR la science. Un très-petit nombre est réellement naturel, ou, sil’on aime mieux, philosophiquement établi; l’on n’attcindra point à ce but, le vérita- ble terme de l’ordre, tant que les diverses pro- ductions de la nature n’auront point été examinées sous tous les points de vue et dans toutes leurs pha- ses ; tant que l’on sera réduit à s’en rapporter au témoignage de voyageurs non stationnaires durant plusieurs années dans les pays qu’ils visitent, aux descriptions écrites sur leurs notes par des savans de cabinet qui n’ont point vu par eux-mêmes, à des figures tracées pour ainsi dire au vol, à des individus vivans plus ou moins bien choisis, les uns réduits à l'esclavage ou cultivés dans des ser- res , les autres squeleiltes mal préparés et pris à une époque quelconque de la vie. La majeure partie des Genres adoptés ne sont que des données provisoires, approximatives pour quelques uns ; mais, en altendant des observations plus complè- tes ou plus régulières , il faut les conserver, leur accoler les espèces exotiques qui s’en rapprochent le pus et sans efforts: enregistrer les améliora- tions proposées en ne les admettant qu'avec ré- serve et pleine conviction. La marche progressive des lumières dans les pays même les plus éloignés, le désir que la jeunesse éprouve de grandir avec les besoins exprimés en tous lieux par la presse, nous apporteront plus tard les matériaux qui fixe- ront les Genres qu'on ne peut encore regarder comme incontestables. Le nombre des Genres veut être limité. Les grands Genres doivent être divisés en deux ou plusieurs sections ; comme ces coupes sont exigées pour faciliter les recherches , il ne faut point leur imposer de noms propres ; de même qu'il faut évi- ter de composer les Genres seulement d’une ou de deux'espètes. L'avantage de la science est d’a- voir des groupes un peu compactes ; les rappro- chemens facilitent l'étude, autant que le hache- ment des Genres fatigue par des distinctions mi- nutieuses, le plus souvent accidentelles. Quand on considère les Zoophytes microscopiques , les plantes agames el une partie des Cryptogames, c’est là que les verres grossissans entre les mains des poètes-naturalistes ont multiplié les genres à l'infini : plus les êtres sont petits, plus ils ont cherché des noms pompeux ; moins il y avait réel- lement d'intérêt, plus ils ont pris plaisir à fixer des distinclions : ils ont plus travaillé pour les marchands que pour la science. Arrétons-nous aux divisions établies du mo- ment que les difficultés se multiplient, si nous voulons conserver de l’ordre dans nos connaissan- ces. C’est surtout lorsque le domaine de la na- ture prend de l'extension devant nous par les nouvelles découvertes , par des récoltes plus abon- dantes, qu'il convient d’être plus réservé pour les coupes génériques. Veut-on créer un Genre nouveau, lui donner une vitalité certaine , il est essentiel de se rappe- ler ce mot sacramentel de Linné, Character non facit genus, et que le type offre une modification d’organesimportante, distincte, bien tranchée, qui | GENR 381 GENR Cm diffère d’une manière notable, positive, des Genres déjà connus; qu'il soit par sa physionomie, par ses habitudes, pour ainsi dire isolé des Gerres qui s’en rapprochent le plus; il faut que les espèces de ce Genre ressemblent au type sous 1ous les points de vue ; mais n’allez point demander les différences à la loupe; cette ressource n’est que très-secon- daire et ne peut servir qu ’académiquement : car il n’est aucun être qui, vu d’aussi près, ne détruise toute la savante bâtisse élevée par le génie pour jouir de toutes les productions de la nature et doubler les jouissances de la pensée. Ge principe sera taxé d’hétérodoxie par celui-là seul qui n’a point réfléchi philosophiquement sur l'utilité de la science. Pour convaincreles esprits encore flottans, j’ap- puierai ce que je viens de dire, du suffrage de DeLamarck, qui fut bon observateur et dont le nom occupera toujours une place éminente parmi les savans les plus distingués. « Si Linné, dit-il, au » lieu d’attribuer les Genres : à la nature , eût con- »sidéré les Genres comme devant être des assem- »blages d'espèces rapprochées d’après leurs plus » grands rapports, et en même temps des assem- »blages bien détachés les uns des autres par des »limites artificielles ; il eût prescrit les lois con- » venables pour guider dans l'établissement des li- » mites de ces assemblages. Par ces lois, il eût » prévenu ou modéré l'arbitraire qui existe chez »presque tous les auteurs modernes, qui, sans » autre règle que leur bon plaisir, innovent conti- » nuellement, tantôt en réunissant plusieurs Genres » en un seul, et tantôt en formant, avec les espèces » d’un Genre déjà établi, plusieurs Genres qu'ils » distinguent par certaines considérations choisies » pour cela, » Deux écueils opposés attendent donc le créateur d’un Genre et doivent suspendre sa marche ; le premier, c'est de diviser en plusieurs coupes dis- tinctes un Genre très-naturel, parce qu’on a dé- couvert quelques légères différences sur plusieurs de ses espèces; le second, c’est de fondre ensemble plusieurs Genres qui doivent être nécessairement séparés. Ainsi, pour citer un exemple pris dans le règne végétal, Tournefort avait mal à propos formé trois Genres , l’Ællium , le Cepa et le Porrum, de plantes que le législateur de la botanique a sage- ment réunies en un seul Genre divisé en trois sec- tions. De son côté, Linné commit la même faute à l'égard des Genres F'aba et Vicia, Abies et Pi- nus, Cistus et Jlelianthemum, que De Jussieu a séparés. De Lamarck a de même séparé le Mo- -ringa des Guilañdina de Linné, après en av oir élu- dié les différences sensibles. Ces changemens étaient nécessaires , ils ont recu P approbation gé- nérale. Mais il n'en sera jamais de même pour la majeure parlie des Genres linnéens auxquels on a reproché certaines exceptions , d’ailleurs inévita- bles, ouun manque d'exactitude sévère : il en résulte, des changemens tels qu aujourd’ hui la petite Cen- taurée, Citron centaurium , le Chardon laineux, Carduus eriophorus, portent ‘chacun quatre noms génériques différens; l'Anthericum caliculatum, six; | le Choin piquant, Schænus aculeatus, plus de dix;etc. Quant au nom à imposer à un Genre nouveau, il doit consister dans un seul mot bien choisi, simple ; facile à prononcer, propre au sujet , d’o- rigine grecque ou latine , à terminaison sonore. Ne prenez point dans la ConisrA cet attribut n’est rien moins que constant (le Genre Chr ysanthemum en est la preuve; il indique des fleurs d’or, tandis qu'elles offrent toutes les nuances qui naissent du prisme). Le nom doit indiquer soit un caractère es- sentiel comme dans les exemples saivans pris encore sun les végétaux : Adenanthera, lequel dénonce à la pensée que les anthères y sont habituellement glanduleuses; Triopteris, à cause des capsules qui portent trois ailes très-remarquables; Nyctago, dont la fleur s “épanouit | durant la nuit; etc.; soit le mot vulgaire quand il n’a rien de barbare ou de ridicule, ou mieux encore le nom d’un savant ayant par ses travaux ou ses découvertes enrichi la science. A ce sujet, je ferai une observation que j'estime importante et sur laquelle il conviendrait de se mettre d'accord pour éviter les désagrémens de la synonymie, troisième écueil plus dangereux encore que les deux autres. On dorine le nom d’un savant avec une légèreté très-blâmable , tantôt à un Genre animal, tantôt à un Genre végétal ou minéral, sans s’arrêter à la spécialité qui rend le nom cher aux amis de la na- ture. Ainsi, je trouve avec surprise les noms d’A- ristote et de Cuvier attribués à des plantes quand ils devraient appartenir seulement au règne ani- mal ; ceux de Lavoisier, de Proust, de Guyton sont réclamés pour remplacer la bizarre nomenclature chimique, comme ceux de Laumont, de Haüy, sont du domaine de la minéralogie. De la sorte, on aurait pour chaque rameau de l’arbre scientifique, une sorte de Panthéon, ou si l’on veut de biogra- phie qui servirait d’ennoblissement et perpétuerait la reconnaissance. Une réforme est indispensable parmi les Genres; leur nombre a besoin d’être réduit plutôt qu’aug- menté, et la révision doit peser également sur cha- cune des espèces qui composent les Genres: car ilest très-commun de trouver la même espèce rangée dans trois, quatre et même six Genres différens. Je l’ai remarqué non seulement dans les auteurs , mais surtout dans les herbiers les mieux ordonnés. Cette réforme raisonnée , opérée avec une sage réserve, et non avec de nouveaux changemens, on ne peut l’attendre des chefs de l’école ne ils marchent en audacieux novateurs, ils sapent sans cesse l’œuvre des législateurs de la science, tout en ayant l'air de leur rendre hommage ; ils ne font point des élèves, mais seulement jee sec- taires. L’enthousiasme de coterie les prône par- tout , le fanatisme est sans cesse armé pour leur défense. Un jour viendra où le besoin de celte utile révolution se fera généralement sentir ; alors le temps brisera les act de l’usurpation, de l’a- varchie , la raison triomphera et l'étude de la na- ture, ride à ses lois simples et vraies, retrouvera sa dignité, fera des progrès réels et durables, sans rien perdre de son étendue. GENT 5 Je parle en ce moment dans le désert, lambi- tieux et l’esclave étouffent ma voix; plus tard on | rappellera les principes qu'ils foulent aux pieds, et peut-être alors se souviendra-1-on de mes vœux et de mes conseils. (T. ». B.) GENTIANE, Gentiana. (8or. rnan.) Type de la famille des Gentianées , ce genre de la Pentandrie digynie porte le nom d’un médecin de l'antiquité et non pas, comme on le dit d’après Pline, celui d’un misérable qui fut roi d'Illyrie , homme avare, sans mœurs, sans capacité, qui, délaissé par le peuple opprimé, périt esclave du Romain triom- phateur après en avoir été le valet couronné. Lesnombreuses espèces qui composent ce genre sont des plantes herbacées , presque toutes belles etatlirant les regards vers les lieux oùuelles sont pla- cées; elles adoptent volontiers les climats froids, et plus particulièrement les montagnes élevées. Mais elles redoutent les hivers trop humides quand elles habitent le pied des montagnes, les prés, les col- lines ou les bois. Les espèces vivaces sont recher- chées pour l’ornement des jardins à cause .de l'élégance de leurs fleurs, de la richesse et de la variété de leurs couleurs ; plusieurs d’entre elles , en effet , présentent dans le disque de leur corolle toutes les nuances du bleu fourni par l'indigo jus- qu'à l’azur de la voûte éthérée, unies tantôt au pourpre, au rouge le plus délicat , tantôt au jaune le plus vif ou bien au blanc le plus pur. Les Gentianes seraient, comme on le voit, sur la pre- mière ligne des fleurs, si avec ces charmes sédui- sans Ja nature leur avait donné de doux parfums ; mais, semblables aux statues les plus gracieuses, elles flattent les yeux sans remuer les autres sens. Beaucoup de. ces espèces se plaisent dans le voisinage des glaces éternelles ; celle qui s’élève le plus haut est la GENTIANE DES NEIGES, Gr. nivalis; viennent ensuite la GENTIANE A TIGE GOURTE, G. acaulis , à longues fleurs d’un bleu foncé; la GRANDE GENTIANE , G. lutea, chantée par Haller ; la GENTIANE POURPRÉE, G, purpurea, qui donne de jolis bouquets jaunes parsemés de points cou- leur pourpre; la GENTIANE précoce, G. verna, annonçant le retour du printemps. Les montagnes alpines de l’Europe en comptentle plus grand nom- bre ; quelques unes appartiennent à la Sibérie et autres contrées froides de l'Asie ; d’autres nous sont venues de l'Amérique du nord et des sommités des Andes ; une seule nous a été fournie par deux îles de l'Australie. Toutes jouissent de propriétés héroïques con- tre les fièvres ; leur grande amertume les rend précieuses comme toniques; aucune n'offre un aliment pour l’homme, et ne peut servir dans Ja maison rurale; les animaux refusent de les man- ger. Gependant Linné inscrit la GENTIANE Ama- RELLE des coteaux et prés secs, G. amarella, au nombre des plantes dont les brebis se nourrissent en Suède. IL n’est pent-être pas deux genres qui aient été autant examinés, coupés , rélablis et entièrement détruits, que le genre Gentiane. Borckhausen ne lui laisse que quelquesespèces douteuses. Schmidt 82 GENT le constitue d’une seule espèce, la grande Gen- tiane. À l’exemple.de Linné, de Haller et d’AI- lioni, Frœlich le coupe en trois sections fondées sur la forme des corolles, la. quantité de leurs di- visions et sur des appendices qui accompagnent leur limbe. Ce travail simple , où toutes les espèces prennent pour ainsidire d’elles-mêmes leur place, a paru jtrop artificiel à Guillemin, lequel veut porter à huit le nombre de ces sections, en enre- gistrant toutes les modifications et en ne piacant dans chaque groupe qu’un très-petit nombre d’es- pèces. Si, comme je le disais tout à l’heure (v. au mot GENRE ) , aucun caractère ne doit être abso- lument exclu pour la formation régulière des genres, Il ne faut pas attacher d'importance aux divisions qu’on impose à ceux -qui sont très-nom - breux. Une multitude d'objets épars, trop isolés, ne fatigue-t-elle pas l'esprit autant que les yeux ? Le point de vue le plus simple , le plus harmonique et le plus satisfaisant, est celui qui présente des en- sembles. Pour éviter les changemens continuels, et puisque la monographie deFrælich se rap- proche de l’opinion des plus grands botanistes, j'adopteses trois seclions. La première,qu’ilnomme Gentianæ coelanthe , comprend toutes les grandes espèces, celles qui sont distinctes par leurs co- rolles campanulées ou presque campanulées, et quinquéfides, rarement quadrifides ; la seconde , les G. calatianæ, ont toutes leurs fleurs bleues , les corolles infundibuliformes , nues et offrant de- puis cinq jusqu'à dix divisions ; Ja troisième , les G.endotrichæ , est remarquable par les appendices capilliformes tenant au tube des corolles, lesquelles sont à quatre et cinq découpures dentées ct ciliées. Citons les espèces les plus remarquabies de chacune de ces divisions; mais donnons d’abord les caractères du genre : Galice monophylle à bords découpés en cinq lobes ou dents; corolle monopétale , tubalée à la base, campanulée ou infundibuliforme, à limbe partagé en quatre et cinq divisions , plus rarement de six à dix, obtuses, ciliées ou entières, ouvertes ou droites, quelquefois entremélées d’autres pe- tites; cinq étamines, rarement quatre, le plus souvent en rapport avec le nombre des découpures du Jimbe; ovaire supère, fusiforme, anguleux , aminci à son sommet et tenminé par deux stig- mates arrondis; capsule oblongue, fourchue, à une seule loge pelysperme ; elle s’ouvre en deux valves et montre des semences menues, plates, orbiculaires, entourées d’un rebord membraneux, et comme feuilletées. I. G&nTIANE sAUNE , G. lutea. G’est l'espèce la plus anciennement connue et l’une des plus belles de tout le genre. D’une racine épaisse, longue et jaunâtre, part une tige simple, d’un mètre de haui, garnie de feuilles ovales, grandes , nerveuses, plis- sées, semblables à celles de l'Ellébore blanc, Z’e- ratrum album. Ses fleurs jaunes , disposées en fais- ceaux dans l’aisselle des fleurs supérieures et s’épanouissant en jüillet et août, ont la corolle profondément découpée et étalée en roue. On trouve cette Gentiane dans nos départemens du 1. Gentiane LQ - Géoglosse 3. Géophile 4 Géotrupe S FE CGuerin dir. 0 GENT centre et dumidi ; je l’ai cueillie sur les pelouses des Alpes et des. Vosges ; elle habite aussi le Mont- Dor près de Lyon, les Cévennes, le Puy-de- Dôme etles Pyrénées : c’est sur les montagnes les plus élevées qu’on la voit dans toute sa grandeur et sa beauté. Sa racine, excessivement amère, est balsamique, d’une haute puissance comme fébri- _ fuge, stomachique, tonique et vermifuge. Elle rem- place héroïquement le Quinquina: c’est la T'héria- que des paysans, comme l'appelle Agricola ; peu de plantes rivalisent avec elle pour la propriété de rendre les forces digestives long-temps fatiguées par des maladies aiguës. Elle entre dans plusieurs préparations pharmacentiques. On obtient de cette racine, coupée par rondelles, macérée dans l’eau, puis distillée , une liqueur alcoolique très-forte , qui convient aux pays de montagnes ; on la con-- fectionne avec assez de négligence, si ce n’est aux environs de Lausanne. La ressemblance des feuil- les avec une plante dangereuse a causé plus d’une fois des méprises fanestes. Quand on étudie les propriétés de la GENTIANE POURPRÉE, G. purpurea, et de la GENTIANE PONC- TUÉE, G. punclata, qui vivent aux mêmes lieux que l'espèce précédente , on n’est point surpris de voir leurs racines confondues ensemble; elles sont ab- solument identiques pour) la forme, la couleur et les qualités; s’il s’y trouveune différence, c’est dans la plus grande amertume des deux dernières : ce qui les fait préférer dans les pharmacies du Nord et de l'Allemagne. Elle est moins forte et plus agréable, cette amer- tume, chez la racine de la GENTIANE DES MARAIS, G. pneumoranthe, dont la tige porte de grandes fleurs d’un bleu superbe. de l'ai mâchée avec plai- sir en Italie. Le peuple russe et celui de la Sibérie s’en servent contre l’épilepsie. Cette plante autom- nale fleurit ea septembre et se trouve aux environs d'Amiens. Quant à la racine de la GENTIANE CROISETTE, G. cruciata, que l’on voit presque partout sur les monts découverts, elle est d’une amertume in- tolérable. Les tiges, un peu couchées à leër base, sont longues de seize à vingt centimètres au plus, et munies à leur sommet de fleurs d’un bleu foncé, disposées par verticilles. Aucune espèce ne présente plus d’aspects diffé- rens que la superbe GENTIANE À TIGE COURTE, G. acaulis, représentée dans notre Atlas, pl. 174, fig. 1, Selon la nature du sol, du climat, et selon l’âge de la plante , elle produit beaucoup de varié- tés remarquables, dont plusieurs ont été prises pour des espèces distinctes. Ses feuilles, d’un vert foncé et luisant, sont étalées en rosette sur.la terre qu’elle va embellir de ses longues fleurs bleues, marquées à leur intérieur de cinq bandes d’un jauue clair , parsemées de points violets, et portées sur une tige beaucoup plus courte qu’elles. Gette plante alpine se rencontre rarement au dessous de onze cent soixante-dix mètres, et le plus souvent pour la cueillir il faut s'élever jusqu'à deux mille trois cent quarante mètres; aussi, transporlée en nosjar- dins, n’y réussit -elle pas toujours bien , elle dégé- 383. GENT nère , jette fort peu d'éclat, et cesse bientôt d’exis- ter, à moins qu’on ne lui donne une exposition convenable. Là, elle fleurit d'ordinaire en avril; au sommet des hautes Alpes où je l’ai vue dans toute son élégante vigueur, elle ne s’épanouit qu’en mai, juin et même juillet, IL. On ne peut prononcer le nom de la Genrrane PRINTANIÈRE, G. verna, Sans éprouver le besoin de gagner les montagnes pour y jouir de la saison naissante,et voir le mouvement renaître aux lieux où tout à l'heure l’hiver étalait son manteau chargé de frimas. Cette jolie miniature se plaît sur les sols humides et légers des hautes montagnes de l’Eu- rope; elle y forme des rosettes de quatre à huit feuilles vertes, souvent empourprées, comme les petites tiges que dénoncent des fleurs assez gran- des , solitaires, du plus beau bleu, qui pâlit sur quelques variétés et se change en blanc plus ou moins pur chez d’autres. La corolle ne tombe point , elle se dessèche sur place. Haller à obtenu deses fleurs macérées une très-belle couleur bleue. On la cultive dans les jardins. Sous le nom de GENTIANE UTRIGULEUSE , G. utri- culosa, on rencontre dans les pâturages des mon- tagnes, une espèce annuelle, à tige rameuse , à peine haute de huit à dix centimètres, donnant une jolie fleur bleue remarquable par son calice renflé , plissé et comme ailé. Elle est garnie à la base de feuilles ovales disposées en rosette , et le long de la tige de feuilles plus allongées et étroites. III. Au pied des montagnes abonde une autre espèce , la GENTIANE ciuÉE G. ciliata:; sa racine est vivace; la tige, tantôt rameuse , tantôt simple, monte à vingt-quatre centimètres, et présente à son extrémité une fleur bleue, petite, à quatre découpures dentéeset ailées en leurs bords. Il y à d’autres espèces de la première section que l’on a perdues dans d’autres genres. Voyez plus bas au mot GENTIANELLE. (T. ». B.) GENTIANEES, Gentianeæ. (or. pan.) Fa- mille de plantes dicotylédonées, à laquelle on a donné le nom du genre Gentiane , qui en est le type , et avec lequel tous ceux qui la composent ont de l’aflinité. S’il fallait adopter les nombreuses coupures proposées, cetle famille se décompose- rait en douze genres , ou bien elle en comprendrait deux fois autant. Il faut faire justice de ces chan- gemens inuliles, et s’en tenir à sa fondation par de Jussieu : la division en trois sections est très-sim- ple. La premiere, caractérisée par une capsule uniloculaire , comprend les genres Gentiana et Swertia de Linné , F’ohiria et Coutoubea d’Au- blet, Chlora de Reneaume. La deuxième , à cap- sule biloculée, comprend les genres Æxacum de Linné fils, Lisianthus, Chironia , Wigrina du lé- gislateur de la botanique moderne, J'achia d’Au- blet , Sabatia d’Adanson. La troisième , ayant une capsule didyme biloculaire, comprend les genres Spigelia et Ophiorrhiza de Linné. À la suite, et comme appendice à cette famille, on place le V'illarsia avec lequel se confondle Wym- phoïdes de Tournefort, dont le fruit a la structure des Gentianées, mais dont le port, les habitudes GEN 384 GEOG oo et la situation des feuilles sont différens. La Billar- dière y inscrit aussi son Anopterus de la Nouvelle- Hollande, quoique sa tige en arbre, ses feuilles alternes , le port de la plante, la disposition des fleurs l’en éloignent. (T. ». B.) GENTIANELLE. (mor. puan.) Sous ce nom, on désigne ordinairement une Gentiane que d’au- tres appellent encore Petite Centaurce. I] est bien peu de plantes qui aient éprouvé autant de tribula- tions de la part des faiseurs de genres. Linné l’a- vait placée parmi les Gentianes , sous l’épithète de Gentiana centaurium , que l’on aurait dû respec- ter, puisque tous ses caractères la placent natu- turellement dans la première section de ce genre. Linné fils a le premier porté le trouble dans ce genre, en en arrachant la Gentianelle pour lui donner le rang de genre, sous la dénomination d’Exacum. Il se fondait sur ce que le nom d'Exa- con est celui qu'elle portait chez les Gaulois, nos aïeux, ainsi que nous l’apprend Pline le natu- raliste. Cette tradition était peut-être bonne à rappeler. Willdenow et de Gandolle on rejeté la Centaurelle parmi les Chirones, avec le nom de Chironia centaurium ; G. Richard est venu ensuite en faire un Ærythræa centaurium , prétendant , mais à tort, que ce nom était celui qu'on lui don- nait anciennement. (Voy. au mot Eryrunée. ) La véritable place de cette plante est indiquée par ses caractères spécifiques; elle appartient aux Gentia- nes. Sa racine blanchâtre et ligneuse , les sommi- tés de sativeet ses feuilles fournissent, commeelles, un principe extraclif très-amer; comme toutes les autres espèces du genre, elle a des propriétés hé- roïques contre les fièvres intermittentes , etc. On donne aussi le nom de Gentianelle à la GENx- TIANE VISQUEUSE, Genliana viscosa d'Aiton, que Smith et Willdenow ont enregistrée parmi les Exacum. Cette plante, originaire des Canaries , cultivée en France depuis plus de quarante ans, a le port élevé, élégant; ses fleurs sont grandes , d’un beau jaune, disposées en panicules ; comme elles sont très-nombreuses, elles produisent un fort joli effet en juin et juillet. Elle se rapproche beaucoup de la Gentiane ponctute et jouit des mêmes propriétés. (T. ». B.) . GENTIANIN. (cumm.) Le Gentianin, ou la Gentia- nine, extrait par Henry et Caventou de la racine du Gentiana lutea de Linné, à l'aide de l'alcool et de l’éther , a pour caractères : d’être très-volatil et odorant, à moins qu'il ne soit très-pur ; de cristalliser en aiguilles; d’avoir une belle couleur dorée , une saveur fortement amère ; de se décom- poser en partie par l’action de la chaleur, d’être soluble dans l’eau plus à chaud qu’à froid, et de se dissoudre très-facilement dans l'alcool , l’éther et les acides ; d’être sans action sur les couleurs vé- gélales, etc. Le Gentianin est encore peu usité, bien qu’on le regarde comme principe actif de la Gentiane. (F.F.) GENTILHOMME. (ois.) Traduction du mot Gentlemann que les Ecossais donnent à un oiseau très-abondans sur leurs côtes, principalement au au temps du passage des Harengs : c’est le Fou de Bassan, Sula bassana de Brisson. (T. ». B.} GÉOCORISES. (1xs.) Famille d'Hémiptères , de la section des Hétéroptères ; cette famille con- tient les Panaises de Linné ; elle a pour caractères. d’avoir les antennes découvertes, insérées entre les yeux près de leur bord interne, plus longues que la tête; les tarses ont trois articles, dont le pre- mier beaucoup plus court que les autres. (A. P.) GÉODE. (mix.) Ce mot, dérivé du grec, signifie corps qui renferme de la terre, probablement parce: qu'il aura d'abord servi à désigner ces corps so- lides et creux qui renferment un noyau mobile, comme certains minerais de fer limoneux, connus. sous le nom de Pierre d’Aigle, ou une matière terreuse , pulvéruiente , comme certains silex de la craie , qui contiennent tantôt de la silice en pou- dre et tantôt de l'argile. On réserve plus communément le nom de Géode à des rognons creux ou à des cavités disséminées dans une roche, et dont, dans l’un et l’autre cas, l'intérieur est tapissé de cristaux ou stalactites , tantôt de la même substance que le rognon ou que la roche, et tantôt d’une substance différente. Les cristaux qui remplissent ces cavités sont ordinai- rement remarquables par la régularité de leur forme et par leur limpidité, lorsqu'ils sont com- posés d’une substanee diaphane : c’est ce que l’on observe pour le calcaire ou carbonate de chaux et pour l’améthyste ou quartz violet, dont les cristaux garnissent ainsi des Géodes ; dans toutes les roches où l’on remarque de beaux cristaux d’une sub- stance quelconque, ils occupent toujours des vides qui rentrent tout-à-fait dans la classe des Géodes : c'est surtout très-remarquable dans les roches volcaniques. On doit conclure de cette observa- tion que ces cavités offrent aux molécules miné— rales Ja facilité de se disposer de la manière la plas favorable pour arriver à la forme la plus ré- gulière. C’est ce que prouve aussi ce qui se passe- tousles jours dans nos laboratoires,où les plus beaux cristaux se forment constamment au fond des creu- sets dans de véritables Géodes. (J. H.) GÉODIE, Geodia. (zoorn. ) Petit groupe peu intéressant, voisin dés Eponges, et que l’on ne connaît encore que très-imparfaitement ; la seule espèce qu’on y range est la GÉODIE BOSSELÉE, (160- dia gibberosa de Schweigger, représentée dans l'Atlas du Manuel d’Actinologie de Blainville, à la planche 91, figure 4. Gelte production provient des mers de la Guiane. (GErv.) GÉOGLOSSE, Geoglossum. (BOT. CRYPT. } Champignons. Genre fondé par Persoon aux dépens des Clavaires, dont il diffère par sa massue fruc-- tifère , ovale et comprimée. Cette massue, qui présente des thèques qui sont entremélées de fila- mens stériles, et qui renferment cinq à six spo-- rules, se distingue elle-même du pédicule, qui est cylindrique, simple, et beaucoup plus long. (Woy.. notre Atlas, pl. 174, fig. 2.) Parmi les espèces de ce genre, dont le nombre: est fort restreint, dont la couleur est plus ou moins foncée, et qui habitent généralement les prairies ou les lieux humides , la Clavaria ophio- glossoides D PL GEOG 385 GEOG glossoïdes de Linné, peut en être regardée comme le type. (ŒuF.) GEOGNOSIE. Joy. Géoroarr. GÉOGRAPHIE PHYSIQUE. Suivant la défini- tion qu’en a donnée le savant naturaliste Lamou- roux, celte science apprend à connaître les phéno- mènes astronomiques, physiques, et d'histoire naturelle, qui ont un rapport immédiat avec le globe terrestre. L'influence de la température, modifiée en raison de la hanteur du sol au dessus du niveau de la mer, -et suivant d’autres lois que nous exposerons à l’ar- ticle TEMPÉRATURE, agit tellement sur la distribu- tion des corps organisés à la surface du globe , que les deux principales branches de la Géographie physique se rapportent à la Géographie des plantes et à celle des animaux. Nous laisserons à deux de nos collaborateurs la tâche difficile de traiter ces deux sujets. Nous nous bornerons dans cet article aux principales généralités qu’offrent certains phénomènes à la surface de la terre. Du globe terrestre en général. Ainsi que nous l'avons dit ailleurs, on peut considérer la terre sous deux points de vue différens : comme corps pla- nétaire accomplissant sa révolution autour du so- leil, suivant les mêmes lois qui règlent le mouve- ment de toutes les planètes de notre système, et comme un sphéroïde dont l'écorce mérite d’être étudiée; comme le théâtre, enfin, de tous les phé- nomènes qui appartiennent au domaine de la phy- sique. Sous le premier rapport, on sait qu’elle est apla- tie vers les pôles comme tous les corps célestes ; que son demi-diamètre sous l’équateur est d’envi- ron 1435 lieues géographiques, tandis qu’il est de 1450 sous les pôles; que ses plus hautes monta- gnes n’en altèrent pas sensiblement la rotondité : que, comme toutes les autres planètes, deux mou- vemens l’emportent dans l’espace : celui de rota- tion sur elle-même , en 24 heures , et celui par le- quel elle parcourt en 365 jours et un dixième un cercle elliptique autour du soleil; que dans sa mar- che régulière elle franchit 410 lieues par minute; que son axe est incliné de manière à former avec l'écliptique un angle de 66 degrés 32 minutes ; qu'enfin son aplatissement sous les pôles est selon les uns de 1 “©, et selon les autres de 1 °°. $ Depuis long-temps on a écrit bien des hypothèses sur la composition de notre planète; mais les cal- culs ont démontré à notre célèbre géomètre La- place que la terre n’est point homogène , qu’elle a été primitivement fluide; que sa forme est peu différente de celle qu’elle prendrait en vertu des lois de l’équilibre, si elle redevenait fluide; que les substances qui forment son écorce augmentent de densité à mesure qu’elles sont plus voisines du centre; que les irrégularités et les causes qui trou- . blent sa surface ont peu de profondeur. Lorsque l’on jette un coup d’æil sur une Mappe- monde, on voit la surface du globe divisée en gran- des masses de terre qu’on appelle Continens , et en grands bassins remplis d’ean qu’on nomme Mers. On a calculé qu’en admettant que la superficie du Toug II. globe soit d'environ 5,100,000 myriamètres car- rés, celle des mers est de 3,700,000 myriamètres. c’est-à-dire qu’elles en occupent un peu moins des trois quarts ; mais elles sont réparties d’une ma- nière fort inégale; ainsi l'hémisphère austral en contient plus que le boréal, dans la proportion d'environ 8 à à. La même inégalité se fait remar- quer dans le rapport des terres et des mers de cha- que zone. Le tableau ci-dessous présente ce rapport. On compile sur mille mètres carrés. Dans la zone glaciale du nord. . . Goo. Dans lazone tempérée du nord. . . 559 441. Dans la zone torride du nord. , . 197 803. Dans la zone torride du sud. . . 512 688. Danslazone tempérée australe. . . 79 920. Dans la zone glaciale australe. . . 19 989. La direction générale des terres diffère entière- ment dans les deux continens : le nouveau s’étend presque d’un pôle à l’autre; l’ancien, au contraire, s’étend généralement suivant une ligne parallèle à l'équateur; la partie méridionale de l’Afrique forme seule une exception. Dans l’ancien continent les grandes chaînes de montagnes se prolongent, en général, parallèlement à l’équateur, tandis que c’est en sens inverse dans le nouveau. Nous nous bornerons à ces généralités pour ne point empiéter sur ce que nous aurons à dire aux articles Gzaciers , Lacs, Mens, Méréores, Monra- GNES, PLAINES, PLarTeaux, TErnains, Vents, Vor- caxs,etc. Nous terminerons par quelques mots sur la distribution géographique des principales substan- ces minérales. (J. H.) GÉOGRAPHIE MINÉRALOGIQUE. C'était un préjugé répandu chez les anciens, el qui n’est pas complétement détruit chez les modernes, que les pierres précieuses se formaient dans l'Orient, et l’on tirait de là la conséquence que, semblables à certains végétaux, les substances minérales les plus rares avaient besoin de la lumière du soleil pour acqué- rir leur éclat, leur dureté, leur couleur. De là vient qu'aujourd'hui encore les lapidaires donnent la dénomination d’ortentales à la plupart des pier- res précieuses d’une belle eau; sans s'inquiéter si, en effet, elles ont été recueillies dans l'Orient ou dans l'Occident, dans le Nord ou dans le Midi. Aujourd’hui , l’on sait que les métaux et les gem- mes se trouvent, non pas sous certaines latitudes, mais dans certains terrains ; que ce n’est pas selon leur exposilion , mais selon les formalions géolo- giques qui y dominent, que certaines peuvent abon- der en telle ou telle substance minérale. Avant la découverte de l'Amérique, il était naturel que les nations civilisées de l’ancien continent tirassent une partie de leurs richesses minérales de l'Orient plutôt que de l'Occident ; du Midi plutôt que du Nord. D'abord, dans l’ancien continent, les plus hautes montagnes, les chaînes les plus impor- tantes , se trouvent en Asie : et l’on sait par expé- rience que les roches anciennes de l’époque granitique dominent dans les grandes chaînes de montagnes, et que ces roches sont ordinai- 209° Livraison. UT) 586 GEOG ‘rement les plus riches én pierres précieuses ; l’O- | la Bohême et la Hongrie présentent le contraire; rient fut donc, dès la plus haute antiquité, en ‘possession d’en approvisionner les nations civili- sées de l'Occident. D’une autre part, ilest reconnu que l'Asie fut le berceau de la æiïvilisation ce ‘sont donc les Asiatiques qui , les premiers , ‘ont dû apprécier la valeur des métaux précieux et des pier- res de luxe. C’est de l'Asie , en effet , que les Grecs et les Romains, chez qui nous puisons nos connaïis- sances classiques, tiraient lears principales ri- chesses ; c’est aussi pour cette raison que l'Orient fut toujours le point de mire des conquérans de l'Occident. Et lorsque les Romains, maîtres de tout l'univers alors connu , exploitaient ‘dans la pénin- sule hispanique, aux extrémités de l’Europe occi- dentale, les mines d’or qu’elle recélait, on attri- büait la richesse minérale de cette contrée à sa si- tuation méridionale, et l’on supposait que les pays hyperboréens, dépourvus de substances minérales précieuses , ne renfermaient que des neiges et des glaces. Mais le nord de l’ancien continent n’était point connu, la science n’avait point encore ap- pris, et l’expérience n’avait point encore démontré que les mêmes substances minérales peuvent se trouver à toutes les latitudes dans des montagnes analogues par leur composition. Le moyen-âge à reconnu par instinct celte vérité. L'Allemagne et la Suède l’ont démontrée en s’adonnant à la re- ‘cherche des mines et en formant des mineurs qui ônt instruit le reste du monde ; et c’est probable- meñt au préjugé que noas venons de signaler , qui aftribuait aux régions méridionales toutes les ri- chesses minérales , que l’on doit attribuer l’igno- rance dans laquelle l'empire russe est resté jusque dans ces derniers temps , sur les trésors que possé- dait la Sibérie au milieu de ses régions glacées. À toutes les époques, certaines contrées ont paru les plus riches du monde en matières ‘minérales précieuses : la fable de la toison d'or se perd dans la nuit des temps ; elle est fondée sur la plus an- cienne ‘éxpédition navale arméé entreprise ‘pour conpaître le pays qui alors fournissait d’or les peu- les de l'Asie occidentale, pays où ce métal, ré- pandu dans des sables d’allavion , était lavé dans des peaux de mouton. C’est le même motif de cu- pidité qui depuis fit braver les dangers de l'Océan aux Cortez et aux Pizarre. Il est à remarquer que dans:toutes les contrées riches en or ce sont les dépôts d’alluvion contenant des parcelles de ce métal, qui les premiers ont été exploités, parce que ce genre d'exploitation n’exige aucune con- naissance de métallurgie, aucun instrument, au- cune inachine. Dès les temps les plus reculés Tyr recevait dans ses riches comptoirs l'or qu'on lui apportait de l'Asie mineure, Un peu plus tard dla presqu'île de Malacca , que les aneiens ont appelée Chersonése d’or, apassé jusqu’à Ptoléméepourune le d’or, dont le sol, du temps de Pline, était composé d’oret d'argent. Chez les modernes il n’y a que trois contrées d’une ‘grande richesse ‘en. or : ce sont le Brésil , le Mexique et la Sibérie. Dans l’ancien continent , la Sibérie est en quel- ‘que sorte plus riche enor qu’en argent; la Saxe, en Amérique, l’or est moins commun que l'argent au nord qu'au sud de l'équateur. Mais, nous le ré- pétons, c’est la nature des Trnrains (voy. ce mot) qui détermineet explique cette richesse; si la Hon- grie en Europe, si le Mexique , le Brésil et le Pé- rou en Amérique, si la Sibérie.en Asie, sont dans les deux continens les contrées les plus riches «en métaux précieux , cela tient à ce que leurs monta- gnes, par l’action ignée qui a contribué à leur for- mation, a déterminé ‘dans les filons quilles traver- sent la sablimation de ces métaux , depuis le foyer d’incandescence jusqu’à leur surface. Quoi qu'ilen soit, nous résumerons la richesse minérale et relative du globe de la manière sui- vante : Pour l’Or : le Brésil , le Mexique , la Sibérie, le Chili, l’état de Buénos-Ayres et l'Autriche. Pour le Platine : les républiques du Chili «et de Buénos-Ayres et la Sibérie. Pour l’Ærgent : le Mexique, le Pérou , l’état de Buénos-Ayres et la Sibérie. Pour le Cuivre : l'Angleterre, la Sibérie, la Suède , la Saxe et l'Autriche, Pour le Mercure : l'Espagne , l'Autriche , le P£- rou et la Bavière rhénane. Pour le Cobalt: la Saxe , la Suède et l'Autriche. Pour l’£tain : l'Angleterre, la Saxe et l’Au- triche. Pour le Zinc : Ja Prusse, l'Angleterre et lAu- triche. Pour le Plomb : Y Angleterre, triche et l'Espagne. Pour le fer : l'Angleterre, la Sibérie, la France et la Suède. Pour rendre plus complet ce résumé de la Géo- graphie minéralogique , ajoatons quelques mots sur la distribution géographique des principales substances minérales non mctalliques. Faisons remarquer que le /iamant se trouve en Asie, dans l'Inde, et en Sibérie ; en Amérique , au Bré- sil, et en Océanie dans l'ile de Bornéo: mais qu'il n'est en quantité notable que dans l'Inde et au Brésil. L'Emeraude, avec toutes ses variélés de cou- leur, connues sous les noms d’£meraude, de Béril et d’Aigue-marine, se trouve en France, en Suède, aux Etats-Unis, au Mexique, au Pérou, en Golom- bie , en Sibérie, en Egypte; mais les mines les plus exploitées ‘sont celles de la’ Sibérie , et surtout celles du Pérou, qui sont aussi les plus estimées, Le Saphir, le Rubis, V Améthyste orientale et la Topaze orientale, qui sont autant de variétés du Corindon , existent ‘en Saxe, en Bohême, ‘en France, en Espagne , en Grèce, en Suisse, en Piémont, en ‘Chine, dans le Thibet, en Sibérie , au Malabar et aux Etats - Unis. Chacun de ces pays produit des variétés plus où moins estimées. La Topaze serrencontre en Suède, en Ecosse, en Angleterre ,:en Bohême, en Saxe, aux Etats- Unis , au Brésil, en Sibérie, ‘au Kamtchatka et à la Nouvelle-Hollande. Les Topazes ‘de Sibérie’et du Brésil:sont les plus recherchées. #e la Prusse, l’Au- | | | GEOG 387 GEOG L’Améthyste est la plus commune de toutes, les pierres précieuses ; elle se trouve dans toutes les parties du monde; mais celles qui ont le plus de valeur proviennent de la Sibérie et du Brésil. L’Upale, enfin, qui se trouve dans les monts Dor en France, dans la Prusse rhénane , en Saxe, en Hongrie, aux îles Féroë, en Ecosse, en Pié- mont, à l’île d’Êlbe, en Irlande , au Mexique, et dans l'Amérique équatoriale, est surtout exploitée au Mexique et en Hongrie, C’est ce dernier pays qui produit les plus estimées. (J. H.) GEOGRAPHIE ZOOLOGIQUE. La Zoologique géographie ou, comme l’on dit plus fréquemment, la Géographie zoologique, est une des branches les plus importantes de la science des animaux. Le but principal qu'elle se propose est la recherche des lois de la distribution de ces êtres à la surface du globe; elle s'occupe aussi des changemens que ces lois euventsubir sous l'influence des agens physiques et sous celle de la civilisation humaine. L'étude des animaux vivans n’est pas la seule dont s’occupe la Géographie zoologique, La répartition des espèces fossiles est aussi de son domame, et cette étude permet d'arriver à des données plus ou moins exac- tes sur la'nature des diverses créations organisées qui se sont succédé à la surface de notre planète , ainsi que sur l’âge de chacune d’elles, De même que les végétaux, les animaux sont soumis, dans leur répartition géographique, à un certain nombre de lois, qu'ils enfreignent rare- ment ; les uns habitent l’eau et ont une organisa- tion en harmonie avec la nature de ce milieu ; d’autres passent toute leur vie au sein de l’atmo- sphère , et jouissent du vol, de la marche, de la replation. Dire que leur organisation, qui toujours est en rapport avec ce genre de vie, en est Ja conséquence, qu'elle a été déterminée par lui, c’est ce qu'on ne pourrait aflirmer ; en effet, ce n'est pas en nageant ou en grimpant, elc., que l’ani- mal qui s'offre avec l’une ou l’autre de ces facultés, s’est acquis les meyens qui en rendent l'exécution possible. Une telle opinion n’a pas, je crois, be- soin d’être combattue sérieusement : on ne peut admettre que c’est en nageant que les Dauphins et les Poissons ent pris des nageoires, ou que l'habitude de voler a donné des ailes aux Oiseaux. Il est, en effet, bien plus rationnel d'admettre que la faculté de voler ou celle de nager, n’ont été acquises aux animaux que paë leur organisation elle-même. Mais sans chercher ici des rapports de cause et d’efflet, contentons-nous de constater la corrélation constante de ces deux phénomènes , lear coïncidence, qu’on peut considérer comme nécessaire , c’est-à-dire indispensable, Suivant qu'ils vivent dans l’eau ou au milieu de l’air atmosphérique, les animaux prennent le nom d’ÆAquatiques ou celui d’Aériens; les premiers peuvent avoir plusieurs moyens de respiration ; quant aux seconds, ils respirent toujours l’air en nature , et les organes au moyen desquels s’opère loxygénation du fluide nourricier, sont des tra- chées ou des poumons. Chez les espèces aquati- ques la respiration peut s’opérer , au contraire, au moyen du fluide ambiant, renfermant de l’air en dissolution, ou par l’intermède de l'air atmosphé- rique lui-même; de là la distinction possible de ces animaux en Aquatiques vrais et Aquatiques faux. Ghez les Aquatiques vrais, l’appareil respi- ratoire consiste ordinairement en des branchies 3 quelquefois, cependant , il ne paraît pas avoir d’organe particulier, et la respiration est alors. générale, elle s'opère par toute lasurface du corps. Tous ces animaux aquatiques vivent presque con- stamment dans l’eau , où ils sont entièrement plongés; quelques uns cependant peuvent se sous- traire pendant quelque temps à ce liquide, et il en est même qui se répandent dans l’atmosphère , ayant soia néanmoins de conserver sous leur ca- vité branchiale assez d’eau pour que la respiration continue à s’opérer. Beaucoup de crustacés, les Tourlourous principalement ou Crabes terrestres, sont dans ce cas; quelques poissons, parmi les- quels nous citerons de préférence les Anguilles, bicn qu’elles ne soient pas les plus remarquables, ont aussi la même propriété. Parmi les êtres faus- sement aquatiques , c’est-à-dire qui se Liennent dans l’eau , mais respirent l'air en nature ; il est bon de remarquer certaines Araignées, les Cétar cés, les Mollusques pulmonés, que lon nomme Hygrophiles, et quelques groupes moins importans, C’est surtout parmi eux que l’on voit un grand nom- bre d’espèces jouissant de la possibilité de vivre al-. ternativement dans l’eau ou à terre, ce qui constitue la condition des Amphibies (auvw, deux, Pros, vie), quoique, cependant, cet état n'existe jamais com- plétement. Parmi les animaux aquatiques, on distingue ceux qui vivent dans l’eau salée ( À. marins), et ceux qui vivent dans les eaux douces. Gomme les fleuves et les rivières sont les eaux douces les plus abondantes, on a donné aux espèces de cette se- conde catégorie le nom de Fluviatiles ; cependant il est bon d'indiquer, dans l’historique que l’on établit d’un animal donné, si l’eau douce qu'il habite est courante ou stagnante, ce qui en fait un animal vraiment fluviatile ou lacustre : mais cette différence n’est pas d’une importance bien grande; çar une même espèce peut vivre à Ja fois dans des eaux courantes ou stagnantes , comme on le voit pour presque tous nos Poissons, nos Mol- lusques, etc. , d’eau douce; il y a même plus : ainsi, beaucoup d’espèces sont à la fois fluviatiles et marines, et ici, comme partout ailleurs, toute dis- tinction devient impossible, si on veut en faire une application trop rigourense ; on sait, en eflet , que beaucoup de Poissons peuvent être, suivant les saisons , habitans de la mer ou des fleuves ; un” grand nombre de Cétacés sont aussi dans ce cas , et remontent plus ou moins haut les courans d’eau douce; mais parmi ces animaux la plupart sont exclusivement marins, et les espèces qui fréquen- tent les fleuves, les abandonnent plus ou moins promptement : une seule espèce paraît faire ex- ception, et se trouve être entièrement d’eau douce : c’est celle dont il a été question à l’article Dau- Pain, sous le nom d’/nia boliviensis, Il est dans Ja GEOG 388 GEOG nature quelques localités qui semblent plus fave- rables à la multiplication de certains animaux d’une organisation donnée , mais, cependant, on peut dire que les grandes coupes du règne ani- mal comptent des représentans dans tous les points du globe, et dans presque toutes les con- dilions diverses : la mer comme les eaux douces possèdent, en effet, leurs Veriébrés, leurs Mol- lusques , leurs Animaux articulés ou Entozoaires , et leurs Zoophytes, et de plus, des espèces des différentes classes de chacun de ces types. [Len est presque toujonrs de même des animaux qui ha- bitent l’atmosphère ; ainsi, l’on voit dans presque toutes les classes des espèces destinées à vivre à la surface de l’eau ( Phoques, Cétacés, Palmipè- des, Batraciens, Pulmonés hygrophiles et géhy- drophiles ) ; à s'élever dans les airs (Ghéiroptères, Oiseaux , Dragons, etc. ); à grimper ( Ecureuils, Zygodactyles, Lézards, etc.); à fouir ou à sau- ter. Si l’on remarque que la plupart des animaux vivent aux dépens les uns les autres, et que la conservation des espèces n’a lieu qu’au détriment des individus , on comprendra que celte existence simultanée d’une quantité immense et en même temps varié d'animaux pouvant fonctionner dans les mêmes circonstances, élait ane condition in- dispensable à lear perpétuation. Le nombre des espèces animales qui peuplent notre globe est encore bien loin d'être connu, et cependant le chiffre des catalogues récens est déjà fort élevé. Les classes supérieures paraissent comprendre beaucoup moins d'espèces que les inférieures ; et néanmoins on comple aujourd'hui plus de douze cents Mammifères connus. Les Oiseaux sont beau- coup plus nombreux encore. La collection du Muséum de Paris renferme près de neuf cents espèces de Reptiles, et celle des Poissons du même établissement en comptait treize cents il y a déjà plusieurs années. Quant aux animaux articulés, on ne saurait véritable- ment indiquer à combien de types spécifiques ils se rapportent. Les Mollusques, les Zoophytes, etc., existent aussi en nombre très-considérable. La prodigieuse mulliplicité des Infusoires saurait en- core moins être évaluée, et si l’on remarque combien les individus d’une même espèce sont parfois abondans , on est véritablement effrayé de Ja multiplicité de ces infiniment petits ; qu’il nous suflise , pour en donner une idée, de dire que Ja phosphorescence de la mer, qui s’élend parfois sur d'immenses espaces , n’a le plus ordinairement d'autre cause que la présence d’une multitude d’a- nimalcules microscopiques infusoires. D’autres espèces bien plus élevées dans la série des êtres, et de taille plus volumineuse, contribuent aussi parfois il est vrai, pendant la durée de leur vie, à ce singulier phénomène , mais leur nombre est très-restreint (la phosphorescence produite par la putréfaction de quelques Poissons et de certains Mollusques n’est ordinairement que d’une courte durée). On sait que la coloration en vert, en rou- geâtre, etc. , de quelques eaux douces stagnantes, ne reconnaît souvent pas d'autre cause que la présence des Monades vertes et de quelques Ento- mostracés qu’on y observe par myriades. L'espace plus ou moins considérable que les animaux habitent à la surface du globe varie beaucoup ; il est des espèces qu’on observe dans presque toutes les parties du monde, et d’autres qui sont au contraire propres à telle ou telle con- trée. Celles dont la patrie est limitée sont beaucoup plus fréquentes. Les premières , au contraire, sont fort rares. Les naturalistes anciens, néanmoins, n’ont pas fait difficulté d’en admettre un nombre fort considérable, surtout parmi. les animaux aquatiques. Mais on a reconnu depuis que, très- souvent , on avait confondu, sous le même nom, des êtres de nature spécifique évidemment diffé- rente, mais qui, offrant les mêmes caractères gé- nériques, avaient été considérés comme identi- ques par des observateurs peu habitués. C'est ainsi qu'on a reconnu parmi les Baleines, que l’on considérait comme ne formant qu’une seule espèce, plusieurs types spécifiques parfaitement distincts. La même chose a également eu lieu pour les Phoques , les Loutres, les Genettes, les Colombes et tant d’autres animaux qu'on croyait propres à toutes les parties du globe; mais dans cer- tains cas, les auteurs modernes ont péché par le défaut contraire, c’est-à-dire qu’ils ont trop voulu restreindre l’espace territorial qu’une seule espèce peut habiter, et qu'ils ont regardé comme spéci- fiquement différens les mdividus d’une même es- pèce, parce qu’ils élaient originaires de diverses contrées : de là ce nombre incalculable de préten- dues espèces que l’on a publiées, en Angleterre surlout et en Amérique, quelquefois aussi en France, et même en Allemagne. Les nouvelles espèces des genres Canis, Felis, Sciurus, Ves- pertilio, etc., sont des exemples remarquables. En voulant éviter un écueil, on en a rencontré un autre plus dangereux encore. On a multiplié le nombre des espèces au point d’en rendre la ré- vision et la synonymie désormais impossibles. | Péron a cru devoir admettre qu’il n’était véri- tablement aucune espèce cosmopolite , c’est-à-dire propre à la fois aux divers continens du globe ; ou , quoique le nom devienne alors fort impropre, aux mers qui les baignent. Les espèces cosmopo- lites sont , il est vrai, très-rares, mais cependant on en peut citer œuelques unes. Les deux classes des Oiseaux et des Poissons paraissent être celles qui renferment les animaux les plus remarquables sous ce rapport. Parmi les Oiseaux, on cite quelques espèces à vol puissant , les Balbuzards , les Effraies, quelques Martinets, l'Engoulevent ordinaire , etc. Un des poissons les plus répandus est le Requin, Squalus carchartas; il parcourt les vastes solitudes de l'Océan, et ne se fixe nulle part; on le trouve dans la Méditerranée, dans l'océan Atlantique, ainsi quesur les côtes de l’Inde et de la Nouvelle-Hollande, dans les passages des îles Océaniennes, etc., et partout il présente les mêmes caractères. Si les espèces cosmopolites sont rares , il n’en est pas de même des genres qui fré | GEOG quemment possèdent des représentans dans chacun des points de la terre. Les groupes de la classe des Mollusques , plusieurs de celles des Poissons, des Oiseaux, etc., sont dans ce cas. Mais d’autres fois leur patrie, de même que celle des espèces, setrouve avoir des limites assez resserrées, etilen estsouvent* aussi de même des familles; ainsi nous connaissons parmi les Mammifères beaucoup de groupes qui sont exclusivement propres à tel ou tel continent: les Civeltes et tous les Viverras sont de l’ancien monde, ainsique les Singes à callosités, les Lému- riens , les Rousseltes et quelques autres. Les Qua- drumanes à queue prenante sont d'Amérique, ainsi que beaucoup d’autres animaux tels que les Sari- gues, les Goalis, les Kinkajous, etc., qui jouissent de la même propriété. Tous les Trochilidés ou Oi- seaux-Mouches et Colibris sont aussi de ce conti- nent ; el les Monotrèmes, ainsi que les Didelphes à doigts syndactyles, et ceux à doigts libres qui n’ont pas la queue prenante, appartiennent à l’Aus- tralie et aux archipels avoisinans ; on peut même dire que, sauf quelques faibles exceptions, ils sont les seuls Mamaifères de ces parages. Les Oiseaux et plusieurs autres animaux sont très- souvent däns le même cas; nous verrons, à l’ar- ticle Orsraux de ce Dictionnaire, avec quelle ré- gularité ils sont généralement répartis. Les Pois- sons eux-mêmes n’échappent point à ces lois, et le plus souvent les espèces fluviatiles ou marines appartiennent à des familles différentes ; dans quelques cas, il en est de même des espèces des di- verses mers : chacune a sa patrie, et c’est à cer- taines contrées , à certains parages plus ou moins étendus, qu'est fixé son domaine. C’est là que.ces éspèces se trouvent avec tous leurs attributs; à mesure qu’elles s’en éloignent, soit volontaire- ment, sôit forcées par les circonstances, elles dé- génèrent , et le plus souvent leur race finit par s’é- teindre, si elle ne se modifie. C’est ce qui nous explique en partie les caractères souvent si singu- liers qu'ont acquis certaines espèces dans les pays où on les a transportées. Buffon , qui avait surtout étudié les Mammifè- res, élait arrivé à découvrir cette loi, que les ani- maux du midi de l’ancien monde et ceux du nou- veau diffèrent toujours spécifiquement, et que ce n'est que dans le nord que les espèces sont com- munes à l’un et à l’autre : l’examen des disposi- tions géographiques de l’un et de l’autre hémi- sphère rend parfoitement compile de celle règle saus exception chez les Mammifères, les Rep- tiles, etc. On pourrait même aujourd'hui la pré- ciser encore davantace, et admettre que toutes les espèces (et très-souventaussi les genres) qui sont propres aux régions méridionales sont constam- ment particulières à un seul conlinent, et que les groupes qui ont à la fois des espèces dans l’extré- mité sud de l’un et l'autre, en possèdent aussi dans le nord. Les Bœufs, les Chiens, les Chats, etc. , sont autant d'exemples à l'appui de cette opi- nion; les Tapirs, au contraire, sont du petit nombre de ceux qui font exception. Ils sont des contrées méridionales , et cependant l'Asie et 389 en GEOG l'Amérique les possèdent également , différens il est vrai par l'espèce, mais semblables pour le genre. Quant à la taille des espèces et à leur nombre, il est certain que les animaux les plus volumineux et aussi les plus variés sont propres aux contrées les plus chaudes, c’est-à-dire aux régions intertro- picales ; à mesure, au contraire, qu’on se rappro- che des pôles, les espèces deviennent plus rares, et la masse de leur corps est ordinairement moins considérable. C’est à la zone torride qu’appartien- nent les Eléphans, les Girafes, les Hippopotames, les Rhinocéros, etc. ; les mêmes latitudes possè- dent encore les oiseaux les plus grands , les Autru- ches, par exemple, les Nandous et les deux Ca- soars ; et c’est surtout dans les forêts de l'Amérique équatoriale, et dans les régions les plus chaudes de l’ancien monde, que l’on observe les reptiles es plus grands et les plus venimeux : chacun se rap- pelle les Boas, les Crotales, etc.; on peut dire la même chose des Mollusques, ainsi que des animaux articulés et des Zoophytes. Les animaux de ces terres favorisées surpassent aussi, par la variété de leurs instincts et la beauté de leur coloris, les races des régions tempérées et surtout des régions froides. Les espèces (Mollusques, Insectes, etc. } que l’on observe dans ces dernières contrées sont ordinairement de petite taille, et les Oiseaux y sont peu brillans, et manquent ordinairement du chant agréable et varié des espèces du midi. Les Reptiles, peu nombreux, passent une grande partie de l’an- née dans un état complet d’engourdissement ; il en est de même des Mollusques. Beaucoup d’In- sectes sont détruits ou retardés dans leur dévelop- pement , et la plupart des Oiseaux, profitant de la ressource que leurs ailes leur procurent, aban- donnent ces parages meurtriers pour chercher un ciel plus doux. La nature du pays influe sur l'organisme de beaucoup d’animaux , et dans les contrées à tem- pérature variable, on voit un grand nombre d’es- pèces revêtir à chaque saison une robe nouvelle. Le poil des Mammifères , ordinairement ras et peu serré en été, prend au contraire , à l’époque du froid, plus de longueur et aussi d'épaisseur : chez les Oiseaux sédentaires il se produit une couche souvent très-épaisse de duvet, qui leur permet de conserver avec plus de facilité la chaleur qui leur est propre. C’est surtout chez les individus d’espè- ces répandues sous des latitudes différentes que ces différences sont plus remarquables : ainsi, au lieu de se produire et de disparaître suivant les saisons, elles sont, au contraire, plus ou moins marquées suivant les latitudes plus ou moins seplentrio- nales, qu’habitent les animaux qui les*présentent : les individus du nord ont le pelage bien plus long et en même temps plus serré que ceux du midi, et, pris aux deux extrêmes des pays qu'ils habitent, on pourrait croire qu'ils se rapportent réellement à de espèces distinctes ; mais toute différence semble s’annihiler dès qu’on a pu rassembler d’autres ani- maux pris sous des latitudes intermédiaires : c’est faute de chercher à constater ces passages que l'on a € GEOG 390 GEOG très -souvent multiplié sans nécessité le nombre dés éspèces. On admet assez généralement que la taille des animaux est en rapport avec l’étendue des régions dans lesquelles on les troave : ainsi les eaux de la mer, qui éccupent la plus grande partie de la sur- face du globe, renferment les plus grandes espèces connues : lés Eléphans, les Girafes, et quelques autres qui sont les colosses du! sol résistant, sont bien inférieurs en volame aux Cachalots, aux Ba- leines, aux Physeters et à beaucoup d’autres céta- cés ou poissons. De plüs, ces grands animaux eux- mêmes se rencontrent dans les plus grandes mers et ne fréquentent que peu où même point du tout les autres; de même aussi ce n’est que dans les grands espaces de terre, dans les continens ou les grandes fractions de continent , qu’on observe les Mammifères terrestres les plus considérables. On peut supposer que les grandes îles qui en possèdent qüelquefois ont été primitivement réunies au con- tinent qu’elles avoisinent. Un fait assez curieux, c'est que l’ancien monde , qui surpasse de beau: coup lé nouveau en surface, est aussi celui qui possède actuellement les plus puissans animaux ; et de plus, il semble que beaucoup des espèces de l'Amérique soient, pour ainsi dire; les représentans en petit de celles de notre continent. Lorsque ces espèces ne sont pas du même genre , elles sont souvent de la même famille et assez peñ différen- tes par leurs caractères essentiels. Ainsi on re trouve parfaitement dans les Lamas les mœurs et l’organisation des Chameaux ; mais ces derniers, qui sont de l’ancien monde, sont d’une plus grande force de corps que les premiers, qui les représen- tent en Amérique. Les Singes de l'Amérique , qui sont tous différens de ceux de l'Asie où de i'Afri- que, rappellent néanmoins un nombte assez con- sidérable de leurs traits essentiels. Les Atèles sont parfaitement comparables aux Gibbons où aux Semnopithèques, les Sagouins et les Alouettes aux Guenons, etc. ; mais il est constant que l'Afrique et l'Europe possèdent des espèces supérieures à celles de l'Amérique, et dont ce dernier conlinent ne saurait montrer les analogues : les Orangs, les Troglodytes ou Chimpanzés, par exemple, sont dans ce cas. Les autres classes du règné animal présentent aussi plusieurs exemples analogues. Mais de nombreux changemens peuvent survenir dans la distribution des espèces; le temps seul , et la multiplication de ces espèces mêmes. suflisent pour amener de grandes modifications ; mais une cause plus active existe dans la civilisation humaine : l’homme, parès être parvenu, au moyen des res- ources que son intelligence lui suggère , à se sous- traire à la fureur des animaux carnassiers , n’a pas tardé à choisir des serviteurs parmi les êtres nom- breux qui Pentouraient, et il a su les soumettre à son joug. Le Bœnf, le Mouton, le Cheval ont été successivement domptés par l’homme, et le Chien s’est associé à lui : aidée de moyens aussi variés , l'espèce humaine, qui d’abord combattait pour se défendre , a plus tard pris l'offensive, et ést venue attaquer jusque dans leurs retraites les espèces dont elle avait d’abord redouté la férocité. C’est ainsi que le Lion, qui vivait autrefois dans l'En- rope,en aélé chassé, et n’a plus existé qu’en Asie- et en Afrique, où chaque jour on voit sa race di- minuér et tendre à s’anéantir ; le Tigre, l'Hippopo- tame , le Rhinocéros, etc., ont aussi considérable- ment souffert dans les pays où la civilisation a pu s’introduire. Le Loup, si commun il y a quelques. siècles dans toute l'Europe, est rare maintenant dans plusieurs pays; il a même été complétement exterminé en Angleterre. C’est contre les grandes espèces, contre celles qu’il devait redouter davan- tage, que l’homme s’est premièrement tourné. D’autres plus petites se sont soustraites à sa juste fureur, soit par la ruse, soit par la petitesse même de leur volume. À mesure que loutes ces espèces dangereuses ont été refoulées par lui, l’homme a multiplié le plas possible celles qui lui étaient utiles. Les pre- mières ont disparu ou commencé à disparaître dans les pays que la nature leur avait assignés; les se- condes s’y sont au contraire multipliées à l'excès, et leurs races nombreuses ont élé répandues dans les contrées lointaines : c’est ainsi que s'explique la présence des Chiens , des Moutons, des Chevaux, des Poules , des Faisans, des Dindons, etc. , sur presque tous les points du iglobe habité : sans doute aussi que la dispersion de l'espèce humaine ne re- conwaît pas d'autre cause. Les hommes, devenus trop nombreux dans les contrées qui avaient été leur berceau, se sont formés en coiomies nombreu- ses, dont les fréquentes subdivisions ont fini par occuper la plus grande partie du sol. Cette opi- nion sur l’origine de l'espèce humaine est celle que l’on retrouve dans les tradilions de tous les peu- ples : beaucoup de savans naturalistes l’ont aussi adoptée. Quelques autres ont voulu au contraire que les principales races du genre humain , races dont ils font autant d'espèces , aienttoutes cu une origine différente, et qu’elles aient toutes commencé à exister avec les caraclères que nous Jeur connais- sons, et dans un point quelconque du Lerritoire qu'elles occupent, Celle supposition est contraire à la loi fondamentale révélée par l'étude de la Géographie zoologique, qui veut que des animaux d’espèce voisine aient pris naissance dans la même partie du monde, et souvent même dans une por- Lion peu étendue de cette partie. Un des sujets les plus intéressans dont s’occupe la partie des sciences zoologiques à laquelle nous avons déjà consacré plusieurs colonnes, est le rapport qui existe entre les animaux fossiles et les animaux vivans , ainsi qu'entre les lois de la dis- tribution des uns et des autres. Cette branche de la Géographie zoologique est encore loin d’avoir acquis Lous les matériaux qui doivent servir à son histoire ; cependant elle possède déjà plusieurs faits importans, et qui ont permis d'établir l’époque à laquelle certaines races d'animaux ont apparu sur le sol, et quelles variations leur répartition à la surface du sol a pu éprouver.Parmi les animaux, comme parmi les végétaux, ce sont les espèces les plus simples qui se sont montrées d’abord, et GEOG 391 GEOG ‘avant toutes les‘autres celles dont le genre de vie est aquatique : ce n’est-qu'après toutes les autres que les Oiseaux et les Mammifères quadrumanes ont apparu. Les Quadrumanes ont été les derniers à se montrer , et l'Homme, le chef-d'œuvre de la création, comme quelques uns J'ont dit, semble avoir été le terme de ces créations successives. Les animaux les plus anciens sont ceux dont les débris fossiles se retrouvent dans les terrains les plus inférieurs : ils ont évidemment vécu avant ceux dont les débris ne se rencontrent que dansles couches plusélevées, ou ne s’yirouvent pas dutout, ‘comme ceux des Quadrumanes et de l'espèce hu- maine. L’indication des rapports d'existence anté- rieure ou postérieure à l’existence déjà constatée d’autres espèces, constitue ce qu'on peut nommer l’âvce des espèces. Beaucoup d’animaux qui ont D L. Pare existé autrefois, et dont les débris se retrouvent à l'état fossile, n’existent plus aujourd'hui, ou au moins n’ontpas élé retrouvés ; souvent même il semble qu'ils n'ont plus aujourd'hui leurs analo- 7 2 gues. (7’oy. l'art. Animaux Penpus.) D’autres es - pèces appartiennent, au contraire, à des genres ‘encore aujourd'hui existans ; la plupart des Goquil- les sontdans ce cas, beaucoup de Zoophytes aussi, de Poissons et de Mammifères; mais.il arrive quel- quefois que lesespèces vivantesn'aicnt:plusla même habitation que leurs représentans à l’état fossile : ainsi, plusieurs espèces qui vivaient pendant les temps antédiluviens dans l'hémisphère boréal, sont aujourd’hui de l'hémisphère austral. Ex. : des Sa- rigues , et même un Peramèle (1) que l’on trouve fossile dans les carrières de Montmartre, et dont les congénères sont présentement de l'Amérique du sud et de la Nouvelle Hollande. Beaucoup de coquilles fossiles sont aussi dans ce cas ; et quel- quesunes, dont on trouve les débris dans les.terrains d'Europe, sont même aujourd'hni vivantes dans l'hémisphère sud , à la Nouvelle-Hollande, sur les côtes d'Afrique , etc. Un autre exemple assez re- marquable aussi nous est fourni par les Eléphans, qui ont été très-nombreux dansl’hémisphèreboréal, sous des longitudes américaines , européennes et asiatiques, et qui maintenant ne se voient plus que dans les contrées intertropicales de l’ancien monde. L'influence qu’aeue sur la formation de certains terrains la fossilisation des animaux, a été quelquelois fort grande. Dans plusieurs loca- lités, on observe que le sol est presque entière- ment composé par les débris des grands Elépkans. Les Coquilles occupent aussi une large part dans la formation des diverses couches. Il ne nous appartient pas de rechercher par quel procédé, lent ou précipité, tous ces débris fossiles et les terrains qui en résultent ont été formés. Disons quelques mots seulement de l'influence des ani- maux aujourd'hui vivans sur le milieu qu’ils ha- bitent. Les influences chimiques, l’échange de carbone et d'oxygène entre le règne animal et.le À EE (1) Le Muséom de Paris possède une portion de la tête ‘d’un ‘Peramèle tronvé) fossile à! Montmartre, L] règne végétal est parfaitement connu; mais ce qu'on ne sait pas aussi bien, c’est le rôle que jouent aujourd’hui ces deux corps dans l’appari- tion des nouvelles couches à la surface du sol. Les Coquilles, soit fluviales ou terrestres , soit mari- nes, s’observent fréquemment dans les couches de nouvelle formation, et, dans certains cas, elles en sont presque les seulsélémens composans; beau- coup de Coquilles adhérentes et de Foraminifères sont dans ce cas. On a pensé aussi pendant long- tempsque les Madrépores, et tous les autres Poly- pes à polypier pierreux, pouvaient, par leur grand développement, produire desélévalions sous-mari- nes, former d'énormes murailles s’élevant perpen- diculairement du sein des eaux , et capables de déterminer soit de nouvelles îles ( Motous , Skope- lonyse, ec. , des navigateurs), soit desécueils à l’élé- vation desquelsun petitnombre d'années serait suffi- sant. Beaucoup de savans naturalistes, et à leur tête Péron,ont adopté cettemanière de voir;maisilenest d’autres qui l’ont regardée , sinon comme tout-à- fait fausse, au moins comme très-exagérée. Il suffit, pour cet eflet, de rappeler le mode d’accroisse- ment des Lithophytes (voy. l’art Pozyre et Zoo- Payres ), et l’on reconnaîtra qu'il ne peut exister d’îles un peu considérables qui soient entièrement formées des débris de .ces animaux, et que, loin d'élever des profondeurs de l'Océan des murs per- pendiculaires, ainsi qu’on l’a avancé, ces mêmes Polypes ne forment jamais que des couches ou des encroûtemens de quelques toises au plus d’épais- seur. Ainsi , au lieu de croire que les îles de la So- ciélé, quelques parties de la Nouvelle-frlande, la Louisiade, l'archipel de Salomon, les îles basses des Amis , les Mariannes, les Palaos, les iles des Navigateurs, celles des Fidji, les Marquises , etc., et d’autres qu’on a également citées, sont en partie ou en totalité l'ouvrage des Zoophytes, on doit penser, au contraire, que toutes ces terres ont pour base les mêmes minéraux qui concourent à former les îles et tous les continens connus. Là, en effet, ce sont des schistes, comme à Timor et à Vaigiou; du grès, comme sur les côtes de la Nouvelle-Hollande; ailleurs le calcaire, en cou- ches horizontales , forme l’île de Boni, et entoure les pitons volcaniques des Mariannes. Le granite se montre aussi quelquelois; mais le plus souvent ce sont les volcans qui ont: formé les îles répandues dans l'océan Austral. L'ile de France, l’île de Bourbon , quelques unes des Moluques , les Sandwich, Taïti, et tous ces nombreux archipels découverts par Bougainville.ou Cook, doivent en partie leur origine aux feux souterrains. (7/07. Quoy et Gaimard, Ann. sc. nat., 1825.) Toutes ces îles, comme la plus grande partie des autres qu’on observe au milieu des mers , ne ren- ferment qu'un petit nombre d'animaux supérieurs. Les Oiseaux, auxquels la, possibilité de voler. per- met. de se transporter à d'assez grandes distances des conlinens , y sont plus nombreux que les au- tres Vertébrés. Les Mammifères et les Reptiles au contraire y apparaissent fort peu variés ou même tout-à-fait nuls; les insectes sont également fort peu GEOG 392 GEOG abondans : plus une île est petite et éloignée, des grandes masses de terre, plus sa Faune est res- treinte. Les grandes iles au contraire, soit qu'elles aient été démembrées par quelque catastrophe d’un continent voisin, soit qu'elles en aient tou- jours été indépendantes, ce qu'il est possible de déterminer par l'étude des minéraux et des êtres vivans qu'on y observe; les grandes îles , disons-nous, sont au contraire abondamment peu- plées, et les espèces fort variées qu’elles possè- dent sont elles-mêmes très-nombreuses en indi- vidus. Bornéo, Java, Sumatra, Madagascar, etc., sont dans ce cas. Très-souvent on peut, en étudiant les espèces de deux contrées voisines, mais géo- graphiquement séparées, déterminer aussi sûre- ment qu’on pourrait le faire par la géologie, si ces contrées ont été réunies on non. Dans le premier cas, en effet, elles possèdent/presque loutes deux les mêmes espèces, ainsi qu’on le voit pour la Bar- barie et l'Espagne, que l’on considère générale- ment comme ayant été primitivement unies. La connaissance parfaite de la distribution géo- graphique des animaux , et des modifications qu’on peut lui faire subir, n’est pas sans application aux sciences économiques : elle permet de chercher en toute assurance dans une contrée éloignée des produits qui manquent à nos pays, et elle in- dique quels moyens on devra employer pour ac- climater au milieu de nous les espèces étrangères les plus utiles. En effet, quoique le nombre des ani- maux domestiques soil déjà fort considérable, on ne saurait douter qu'il ne puisse s'accroitre en- core. Beaucoup d’espèces , aujourd’hui sauvages, pourront être réduites en domesticité , et devien- dront pour notre civilisation autant de nouveaux bienfaits. Voyez pour la distribution géographique des Oiseaux , des Reptiles, etc., les divers articles où il est question de ces animaux d’une manière gé- nérale. (GERv.) GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. Ce fut au pied du pic de Teyde (le Ténérifie), l’un des plus grands cônes volcaniques connus , c’est après avoir ermbrassé d’un large coup d’æil toute la vé- gétation de l'archipel canarien, que Broussonnet, pour charmer les tristes journées d’un injuste exil, conçut, en 1798, la grande pensée d’une distribution géographique de tous les êtres, dans laquelle il essaya de faire connaître la répartition actuelle des formes végétales sur le globe. Il avait, en effet, sous les yeux une miniature bien tran- chée de ce travail important; aussi, en dressant son Florilegium vanariense et sa Flore économi- que des Canaries, contenant 1,600 plantes, dont p'usieurs nouvelles, esquissa-t-il de main de mai- tre l’ébauche qu’il communiqua à Humboldt et Bonpland, se rendant alofs sur le continent mé- ridional du Nouveau-Monde: J’ai vu cette pre- mière ébauche aux mains d’un homme que j'ai empêché d’en abuser; il allait l’imprimer sous son nom , lorsque j’en ai fait mention dans mon Eloge de Broussennet, publié en 1822. 3 Notre illustre ami divisait le sol des îles Fortu- nées en quatre stations ou zones très-distinctes , répondant aux zones glaciale, tempérée, tropi- cale et équatoriale de la terre. La première, la station des rivages, où pellulent les plantes mari- times et économiques , les Ficoïdes, ete, ; la se- conde , celle des ravins et des coteaux qui les dominent, dont les masses basaltiques se sont entr'ouvertes pour donner asile à une foule de végétaux étonnés de se trouver ensemble; la troi- sième, celle des grandes forêts où vivent les Lau- rinées et les Éricinées: la quatrième, celle des hautes régions, où les Conifères, les Cylises et d’autres Légumincuses bravent la rigueur du froid. Ainsi , toutes les tempéralures , tous les contrastes sont réunis sur ce coin de terre détaché de la grande chaîne de l'Atlas par une épouvantable série de convulsions volcaniques; ainsi, en quel- ques heures, on passe des ardeurs accablantes de la zone torride aux frimas des régions polaires. Ici, l’on touche à de gros buissons de gigantesques Euphorbes, on respire sous le dôme des Palmiers, on cwille en même temps la fleur et le fruit des Orangers, on voit la Vigne méler ses pampres verdoyans et ses longues grappes au chaume de la Canne à sucre, au fruit comestible du Bananier, au joli feuillage des Mimoses et aux formes si sin- gulières des Gactiers. Là, près des Bruyères ar- borescentes, végètent avec une force extraordinaire le Dragonier plusieurs fois séculaire, les Placomes aux rameaux pendans, le Prénantheligneux, et cette tige arborée que Linné fils range parmi les Orties, L'Héritier dans le genre Pariétaire, et que Jacquin appelle Bochmerta arborea. Plus haut, après la famille des Lauriers, dont Broussonnet signale quatre espèces nouvelles, viennent le Juniperus oxycedrus, le Pinus canariensis, V Ephedra dysta- chia, et au dessus d'eux le Genêt des nuages, Ge- nista nubigena. Arrivé sur la terre retrouvée par Colomb , il fut possible à Hamboldt et Bonpland d'agrandir le cadre tracé par l’ingénieux naturaliste français. Stromeyer venait déjà de présenter à ce sujet un plan très-vaste et bien entendu! Ramond, Lavy, Kielman, De Candolle, publièrent, de 1801 à 1806, de bonnes observations à ce sujet. Wahlenberg, Robert Brown , Pursh, de Buch et de Martius ont, à leur tour, fourni des matériaux très - impor- tans. Les plus curieux et les plus utiles sont dus à Robsham qui, en 1815, s’est particulière- ment occupé des plantes cultivées; à de Mirbel qui, en 1825 et 1827, a savamment traité des Conifères, des Chénopodées et des végétaux pha- nérogames de l’ancien monde, depuis l'équateur jusqu’au pôle arctique ; à d’Urville qui, en 1825, a écrit sur les Fougères, et à Lamouroux qu! , en 1826, s’ést chargé des Hydrophytes. Moi-même , s’il m'est permis de me citer ici, je crois avoir aidé à ce genre d’investigations, en enregistrant en premier lieu, dès 1819, dans ma Bibliothèque physico -économique, tous les faits relatifs aux alternances némorales , à l’appui de celui que je recueillis sur les bords escarpés du Dessombre, département du Doubs, et dans la forêt de Cham- \ biers, GEOG 393 GEOG mm mm biers, département de la Sarthe, et en les corrobo- rant de preuves nombreuses, demandées à divers pays, au tom. 17, pag. 116 à 125 des Mémoires de la Société linnéenne de Paris pour l’année 1822. (7. au mot APPARITIONS sPoNTANÉES.) En second lieu, en appelant attention sur diverses plantes sujettes à éprouver un sommeil périodique de plu- sieurs années aux lieux mêmes où elles vivent spontanément ( telles sont entre autres la Ptéride des rochers, que Willdenow appelle Aspargia al- pina; plusieurs Saxifrages, le Saule herbacé, la Véronique des Alpes, etc. ), ainsi que sur celles qui sont absolument perdues pour certaines loca- lités. (Témoins, entre autres, la Potentilla mons- peliensis, qu’on ne trouve plus aux environs de Montpellier; la Linnæa borealis, que Gouan mon- trait encore à ses élèves, en 1799, sur les monta- gnes de l'Espérou ; le Lysimachia thyrsiflora qui ne vit plus aux fossés d’Abbeville, comme le Stra- tiotes aloïdes a disparu des eaux tranquilles de Sau- mur, etc.) Ÿ. au mot PLANTES. | Sans doute, si l’on voulait remonter aux premiers Jinéamens de la grande pensée créée et développée par Broussonnet, on les trouverait dans le con- seil donné par Linné d'indiquer avec soin la station des plantes et les localités qu’elles affectionnent de préférence. À ce précepte il a joint l'exemple, en écrivant sa Flore de la Laponie et la 54° dis- sertation de ses Amoænitates academicæ. IL serait possible aussi d’aller les reconnaître dans les pages pittoresques des Etudes de Ja nature de Bernardin de Saint-Pierre. Gependant, il faut le dire, il n’y a là, rigoureusement pris, que de simples indica- tions et non pas uneœuvretoutentière. Laissons-en donc la gloire à son véritable auteur. La Géographie botanique est, comme on le pressent déjà, la connaissance de la patrie natu- relle des végétaux , et des lois d’après lesquelles ils ont pris possession du sol où maintenant nous les voyons établis, ainsi que l'étude du rôle qu'ils jouent , relativement à la qualité du coin de terre qu'ils habitent, et an degré de température et de lumière qui leur convient. Après les nombreuses révolutions que la terre a subies , tant par les causes naturelles que par la main des hommes, pour arriver au point où nous la voyons, il est impossible de dire avec certitude quelles furent les premières familles végétales qui la décorèrent. Les faits que nous arrachons detemps à autre aux archives du globe, par l'examen appro- fondi des fossiles, nous apprennent que trois séries de végétaux ont successivement occupé la surface de laterre; la première série nous en offre d’absolu- ment inconnus; la seconde, d’autres moins anciens, dont les congénères sont relégués dans le voisi- nage de l'équateur. Parmi ceux de la troisième série, on en voit de semblables à quelques unes des soixante-dix mille espèces ou variétés que nous connaissons aujourd'hui. Sar ces mondes détruits le temps dort immobile. Ce n’est donc point sur l’un et l’autre hémi- sphère continental qu’il nous est permis de voir com- Towe III. ment la végétation s’est développée primitivement, et de suivre les pas de géant qu’elle à faits pour atteindre sa vigueur, son extension actuelles, Il faut se transporter aux îles de formation récente, aux îles situées à de grandes distances des terres habitées, aux îles soulevées du sein des mers par les feux volcaniques ; là seulement on peut retrou- ver les circonstances diverses de ce qui se passa, plas en grand , dans lanuit des âges écoulés sur le sol que nous cultivons. Sans trop se tromper , on peut avancer que le premier séjour des plantes fut sur les plus hautes montagnes; la matière inorganique, imprégnée par l'atmosphère, recut d’elleles molécules végétales : ce furent d’abord les familles microscopiques qui, favorisées par une humidité nécessaire, s'emparè- rent des rochers les plus durs. A ces sortes de taches colorées succédèrent les Lichens pulrérulens; puis les foliacés formèrent un réseau qui lia les parties les mieux partagées avec celles qui l’étaient moins; après eux vinrent les Mousses , les Hépatiques ; et les vertes Fougères, en étendant sur eux leurs frondes diversement découpées, en les couvrant de leurs dépouilles annuelles, préparèrent à de nouvelles postérités la terre qui devait les alimen- ter et leur offrir un appui: At præparant posteris terram, Selon l'expression de Linné. Bientôt des toufles de Graminées parurent, et avec elles les vraies Monocotylédontes ; elles donnèrent enfin naissance à ces tapis de verdure où, près des Dicotylédonées, basses et rampantes, les plus grands arbres élevèrent leurs cimes allières jus- qu’à la région des nuages; à ces myriades de végétaux descendus dans les plaines à mesure qu’elles se desséchaient, qui maintenant se dispu- tent les regards de l’homme, lui fournissent tant de sujets de méditation, tant de matériaux pour développer les ressources de son industrie et celles plus grandes encore de son génie. Vouloir avec quelques cerveaux étroits et do- minés par des traditions mensongères , créées uni- quement dans l'intérêt des despotes et des fainéans, que ce phénomène soit parti d’un seul point du globe, c’est ravaler la puissance de la nature; c’est substituer le mesquin au sublime; c’est, pour me servir d’une expression proverbiale, afin d’y mieux voir placer le flambeau de l’auguste vérité sous Je boïsseau. Les points culminans participè- rent partout en même temps et pour leur part au grand phénomène géologique : les Alpes et le Caucase, en Europe; la chaîne immense de l'Hy- malaya, en Asie; le Geesh, l'Atlas et le plateau éthiopien, en Afrique; les Andes et les Alleghanys, dans l'Amérique. Mais ce n’est pas seulement toute l’étendue , toute la surface de la terre que la force végétative embrasse , elle suit aussi les courbures des côtes et s’enfonce dans les profondeurs de la mer. Cette double considération nous oblige à diviser ce que nous avons à dire en deux sections séparées : l’une comprendra les végétaux terrestres ou Géophytes, l’autre les plantes qui vivent dans l’eau ou //y- drophytes ; dans une troisième section, nous ver- 210* LrvraIsoN. 50 SR PR RS EEE GEOG 394 GEOG rons comment l’humaine industrie est parvenue rompre celte harmonie et à forcer les plantes à erdre leurs habitudes , à quitter leurs demeures , et à subir des modifications telles qu'elles sont positivement devenues domestiques ou, si l’on veut , auxiliaires de la vie sociale de l’homme. Je veux parler des plantes cultivées. # Pranres TERRESTRES. — La distribution géogra- phique des végétaux terrestres n6 peut encore, quoiqu’on ait soutenu le contraire, se baser sur des rapports numériques; en effet, on part de données conjecturales, déduites d’une localité dé- terminée, d’abord sans considérer que l’on n’est as d'accord sur ce que les auteurs qui l'ont dé- crite appellent espèces, genres et familles, ensuile sans s'inquiéter des causes qui peuvent à chaque instant faire varier la quantité des espèces pro- prement dites, ainsi que le degré de leur influence, Il n’en est pas de même des lois de stations assi- gnées aux plantes par la configuration du sol, par les degrés de la température, par les principes qu'elles y trouvent appropriés à leur développe ment, et par les substances nécessaires à leur ali- mentation qui y sont déposées. En montant les diverses marches de la grande échelle qui va du sud au nord, les progrès de la végétation gran- dissent depuis l’équateur jusqu'aux extrémités des climats tempérés; de là, ils déclinent sensiblement jusqu’au pôle. Pour procéder avec plus de régula- rité, partageons la surface de la terre en cinq climats : le glacial, le tempéré et le brûlant, en plaçant un climat intermédiaire entre le premier el le second, entre le second et le troisième. Il n’y a point de végétation là où la densité de l'air ne permet pas à la lumière de s'étendre ; où les substances différentes qui composent celte matière transparente , ce voile presque diaphane que nous appelons atmosphère, sont inertes; où l'eau , perpétuellement condensée en glacon im- mense , couvre la terre du manteau polaire. Gette ligne a très-peu d'extension. Du moment que la neige étale sur la terre ses flocons étoilés en nappe d’une blancheur écla- tante , la poussière rouge d’une espèce particulière de Champignon, l'Uredo nivalis, vient dénoncer le premier indice apparent de la végétation. La terre que la neige abandonne est incontinent oc- cupée par les Mousses et quatre Fougères, princi- palement la Pieris aquilina; auprès d’elles on ren- contre une Renoncule, Ranunculus glacialis ; des Gentianes, Gentiana lutea, purpurea, punctata, acau- lis; des Saxifrages, Saxifraga bryoides, nivalis, bur- seriana, hirsuta, mêlant leurs corolles jaunes, bleues , roses, blanches ou verdâtres, aux longs épis pourprés de l'Epilobe, Æpilobium spicatum. À côté des Bouleaux et des Saules, réduits à trente- deux centimètres de hauteur, et du Rosage des Lapons, Rhododendrum lapponicum , dont le thyrse floral est d’un aspect agréable , rampent les sous- arbrisseaux à baies; diverses Airelles , ’accinium; la Mûre septentrionale, Rubus ercticus , dont le fruit a l'odeur et le goût de la Framboise; de Vi- nettier, Berberis communis : le Groseiïllier des ro- chers , Ribes petræum , et au milieu d’eux la petite: mais élégante caprifoliée qui porte le nom du plus grand des botanistes modernes, la Linnæa borealis. Nous passons alors à la région de l’intolérant Sapin élancé, Abies excelsa, qui ne permet à au- cun autre végétal, qu'aux Lichens et aux Mousses, de vivre sur le coin de terre qu’il occupe ; du Pin sauvage, Pinus sylvestris, et du Genévrier, Ju- niperus communis. :Ges arbres se montrent plus particulièrement du côté de l’ouest, tandis qu’à l'opposé ce sont les Mélèses, Larix europæa , et les Gembros, Pinus cembra. Plus bas sont les Pom- miers , les Peiriers, les Merisiers, le Néflier nain, les Pruniers, et parmi les plantes beaucoup moins élevées, le Chanvre, le Lin , les Choux, les Pois et les Raves. De ce climat de transition nous arri- vons à la zone tempérée, qu’annonce la présence du Chêne , Quercus robur ; de YÉrable , Acer; de l'Orme , Ulmus campestris ; du Hêtre, Fagus syl- valica, et du Charme, Carpinus betulus, Son cen- tre est marqué par le Châtaignier, Castanca vul- garis , le Liége , Quercus suber; et le Gyprès, Cu- pressus disticha ; son terme final, par l'Olivier, Olea europæa, la belle famille des Gitronniers. L’é- chelle végétale, dans ce climat, réunit au grand nombre de productions les récoltes les plus belles et les plus varices : la Vigne y prospère; les Ca- ryophyllées et les Labiées abondent ; en un mot, le sol présente partout un aspect riant, de majes- tueuses forêts , et le ton que la masse des plantes y donne aux paysages porte à l'âme de douces sensations. Aussi est-ce là que le génie de la poésie et des beaux-arts a faitnaître une pépinière d'hom- : mes illustres. Un second climat transitif commence : nous sommes dans la patrie des Graminces et des Légu- mineuses , nobles familles, les plus richesen sub- stances nutrilives , devenues la base essentielle des alimens de l'homme et des animaux qu'il a su as- socier à ses rustiques Lravaux el à ses plaisirs. Mais j'aperçois déjà sur la ligne de démarcation du Ca- roubier, Ceratonia siliqua, la plante à laquelle on a Jlong-temps et exclusivement demandé le sucre ; je touche le beau feuillage , je respire la suave fleur blanche, je bois la divine liqueur que fournit le fruit du Caféyer, Coffea arabica; déjà le Dattier, Phænix dactylifera , dont le stipe porte à son sommet un ample faisceau de frondes ouvertes en éventail, penche sur moi son fruit allongé et très - agréable; voilà les Acacies, Mimosa; les Bauhi- nies et les Grenadilles, Passiflora ; V'Arbre à pain, Artocarpus, le Muscadier aromatique , Myristica moschata , et l'énorme Baobab, Adansonia digi- tata; encore un peu, et nous allons atteindre au climat équatorial ou brûlant. Ici, l'aspect de la végétation change brusque- ment. Une magnificence sauvage marie ensemble l'élégance simple et la bizarrerie des formes, le coloris le plus brillant, les fruits les plus exquis et les poisons les plus violens ; les tiges des arbres prennent un accroissement prodigieux, et sont ressés de toutes parts par les cent bras de la Va- nille, Zpidendrum vanilla, de lAngrec privé de | Li ( : DR GEOG feuilles, Cymbidium aphyllum, et de Lianes vi- goureuses , comme dans le Nord elles le sont par les Lichens et les Mousses. Bientôt ce sont les Cocotiers, Cocos nucifera, qui nous offrent le lait délicieux qu'enferme leur amande ligneuse : les Arecs, Areca oleracea et cathecu, et les Elaïs, si chers au voyageur par leurs stipes alimentaires ; puis on voit le Caryote aux fruits brûlans , Caryota urens; les Euphorbes ligneuses et chargées d’aiguillons, les Galènes visqueuses, et les Dragoniers à la vaste panicule florale, surprenans par leur élévation et leurs dimensions extraordinaires ; enfin paraissent les Palmiers , sentinelles avancées du désert, au- delà desquels le ciel est embrasé, la végétation s'arrête épouvantée devant les plaines immenses d’un sable aride que la rafale soulève en colonnes de feu , fait rouler en torrens, promène en nuages épais et laisse retomber en pluie dévorante. Ainsi qu'au pôle, où tout est anéanti par des murailles inaccessibles de glaces éternelles ; ici, la nature indomptée a élevé une formidable enceinte, une lande absolument nue, où ne doivent croître ni plantes ni animaux d'aucune sorte. A chacun de ces climats phytographiques sont attachées des familles végétales entières, qui y occupent des espaces tantôt étendus, le plus sou- vent très-circonserits. Les unes sont appelées à cacher la nudité des montagnes , ou bien à rendre plus gais, plus pittoresques les escarpemens à pic, les anfractuosités des ravins, à doubler l’élégance des terres baignées par des eaux limpides doux- murmurant, où bien à peupler les gorges étroites, les vallées profondes, et jusqu'aux abîmes que l'œil ne sonde qu'avec horreur; les autres sont chargées de rompre par de larges buissons de fleurs , par des tiges élancées et réunies en forêts, la monotonie des grandes plaines. Cette admira- ble répartition des végétaux influe puissamment sur La fertilité de la terre, sur la varicté de ses productions et sur l’action des météores. Nous l’examinerons d'une manière spéciale au mot Hagirarions. Résumant donc pour le moment ce que nous venons d'exposer, nous trouvons pour caractère distinctif des climats les plus tranchés : 1° que le climat glacial compte peu de genres, et beaucoup d'espèces vivaces ei rampantes; 2° que le climat empéré renferme toutes les plantes herbacées et bisannuelles , toutes les plantes que l’on nomme sociales , ainsi que celles qui répondent le mieux et très-abondamment aux besoins de l'homme et des animaux; 3° enfin que les climats chauds of- frent la plus grande masse des végétaux ligneux, et presque toutes les plantes aromatiques. Cependant, quelle que soit la nature du climat le mieux tranché, partout où laconfiguration du sol offre des montagnes élevées, des accidens géolo- giques , des assises convenablement disposées et la même constitution chimique, vous êtes certains de retrouver des genres de plantes analogues à ceux du Nord, quelquefois les mêmes espèces. C’est ainsi que, parmi les douze tribus de la famille des Mousses, les Phascum,les Andræa:, les Grim- | 399 EEE etes GEOG mia, ainsi que les Dicranum, se montrent par- tout où les rochers sont escarpés , dénudés , déchi- rés , arides, tandis que les Fissidens se crampon- nent aux pentes inclinées , et les Polytrichum aux terrains abruptes limoneux; on revoit aussi dans toutes les régions , sur toutes les sortes de terres, l’'Hypnum cosmopolite former des touffes ver- doyantes, ramper sur les murailles, sur les toits, sur les ruines et sur le tronc des arbres, où bien s'emparer d’un champ et le couvrir d’un large tapis luisant. Dans la famille des Conifères , les Pins sylves- tres, Pinus sylvestris , et l’Alviez, P. cembra, qui s'élèvent en grards arbres, sur l’un comme sur l'autre hémisphère , au dessus du 70° degré de la= titude boréale , existent sur toutes les plus hautes montagnes qui leur rappellent la constitution cli- matérique du pôle nord , leur patrie, jusqu’au 32° degré; il en est de même des Sapins, Abies excelsæ et À. taxifolia. Is cèdent alors la place aux Po- docarpus, aux Araucaria , pour reprendre posses- sion du sol au 45° degré delatitude australe, et le garder jusqu’au 69° degré 30 minutes, hauteur su- périeure à celle que ces quatre conifères atteignent en Sibérie. L'If, T'avus baccata, et le Genévrier , Juniperus communis, végètent indifféremment sur les montagnes des régions arctiques (71° degré 10 minutes), où ils sont réduits à ramper sur le sol, ou bien à croître au plus à la hauteur de cin- quante à quatre-vingts centimètres, et sous les tropiques (24° degré 30 minutes), où ils devien- nent grands abrisseaux de huit mètres, et même arbres de moyenne grandeur. Il n’en est pas de même des Chénopodées et des Fougères. La première de ces familles compte à peine une espèce , le Chenopodium album, habi- tant le Finmarck : et la seconde, trois , la Pteris aquilina, la Physcia islandica , et la P, nivalis , re- couvrant les rochers nus du Spitzherg et du Groën- land; elles sont représentées aux îles antarctiques par la Pteris esculenta , dont la racine torréfiée est le seul aliment végétal des peuplades de la Nou- velle-Zélande, et par l’'Usnea melaxantha , dans la Nouvelle-Schetland. Les Chénopodées s'arrêtent presque toules aux contrées tropicales; au con- traire, plus les Fougères approchent de l'équa- teur , plus elles augmententen nombre, plus leurs formes sont varices, plus elles acquièrent une taille vraiment surprenante ; les unes deviennent arborescentes, les autres s'élèvent en grimpant lé long des troncs d'arbres. Le genre Adianthum est répandu sous toutes les latitudes ; les genres Polypodium , Aspidium, Asplenium, Pteris, Tri- chomanes et Hymenophyllum, sont représentés sur la plus grande partie du globe par des espèces ayant entre elles la plus grande ressemblance ; tandis que les genres Vittarta au stipe chargé de frondes linéaires et pendantes, Ligodium et An- giopteris , si élégans, ne sortent point hors des tropiques. Après la famille des Conifères, il n’en est au- cune qui monte-plus vers les plages arctiques que la famille des Amnentacées ; mais elle ne pénètre GEOG point sous les tropiques , elle s’arrête aux régions caucasiennes et s'étend tout au plus en Perse jus- qu’à Schiraz. L’Aune, le Bouleau, le Tremble, épars, rabougris sur les bords de la mer Glaciale, grandissent et vivent en forêts lorsqu'ils ont tou- ché le 62° degré de latitude nord, et descendent en compagnie des Peupliers, Populus alba et nigra, du Saule marceau, de l'Orme, du Hêtre, du Chêne et du Charme, sur l’Asie mineure; là, le Saule pleureur, Salix babylonica , et le Chêne bellote , Quercus bellota, partis des cimes occidentales de J'Atlas, viennent à l’entrée du désert de Farsistan former leur ligne de démarcation. Les Graminées , les Cypéractes et les Joncées ont des types sur les hautes montagnes comme dans les plaines fleuries, depuis les parages les plus avancés du pôle arctique jusqu’à l'équateur, et de là jusqu'aux dernières régions des terres ; mais leurs espèces sont moins nombreuses aux lieux voisins de ceux où brillent les neiges. Les Gra- mipées sont très-rares sur les côtes du Groënland, du Spitzberg et du cap Nord; très-abondantes dans les climats tempérés , peu nombreuses aux envi- rons de la zone torride. Les Cypéractes et les Joncées diminuent près de l'équateur, tandis qu'elles augmentent plus elles avancent vers les pôles; leur chaume annuel devient alors vivace et se soutient pendant plusieurs snnées. Une ligne également immense est occupée dans l’ancien monde , le long des côtes de l'océan At- lantique, sur une largeur de plusieurs myriamè- tres , depuis le 6o° degré de latitude boréale jus- qu'au 54° degré 15 minutes de latitude australe, par le joli genre des Bruyères, au port si léger, à la verdure fraîche et persistante, si flatteuses par la forme, la disposition, l'élégance, l'éclat, la durée et la succession de leurs fleurs. Klles descendent du Jutland pour fonder leur métropole à celte pointe de l’Afrique nommée le cap de Bonne-Espérance: c’est là que se trouve en effet rassemblée la pres- que totalité des quatre cents espèces connues, Aucune n’a franchi la mer , on n’en voit point en Amérique. Les autres Ericinées vivent sur les deux conlinens ; les Andromèdes et les’ Airelles sont en plus grand nombre près des cercles polai- res ; les Arbousiers s'arrêtent aux zones glaciales et Lempérées ; les Cyrilles se plaisent sur les terres intertropicales, etc. Selon divers observateurs , les Ombellifères, les Crucifères et les Papavéracées, dont l’analogie est plus restreinte qu’on ne le pense ordinairement , paraissent avoir pour patrie le bassin de la Médi- terranéc; elles y sont concentrées, ne passent point sous les tropiques , à moins que des monta- gnes élevées de deux mille quatre cents à trois mille mètres au dessus du niveau de l'Océan, ne leur présentent la nature particulière des localités qu'elles ont coutume d'habiter, et qu’elles n’y re- trouvent les mêmes degrés de chaleur et d’humi- dité , de lumière et de ressources alimentaires. C'est aussi sous la zone temptrée, principale- ment dans la partie méditerranéenne, que les Ro- sacées et les Synanthérées sont plus abondantes en 596 GEOG_ espèces. Elles ont quelques genres vivant dans les climats du Nord , et ceux que l’on rencontre aux contrées équatoriales s’y cachent dans les vallées et sur les montagnes, où ils sont abrités contre les chaleurs fortes et constantes des grandes plaines. Deux groupes distincts et bien tranchés sont établis dans la famille des Rutacées ; le premier a les feuilles alternes, sans stipules, et appartient aux climats tempérés; l’autre , au contraire, qui porte des feuilles opposées et accompagnées de stipules , paraît presque exclusif aux régions équa- toriales. Deux espèces seulement du genre Tribu- lus montent jusqu’au 44° degré de latitude N., c’est la Herse terrestre, T. terrestris, aux fleurs nombreuses, petites , jaunes , aux fruits armés de piquans très-raides , et pour l’Amérique la superbe Herse à fleurs de Giste, 7°. cistoides. Quant à la famille des Légumineuses, dont les genres pullulent au voisinage de l'équateur , elles s’effacent peu à peu dans chaque hémisphère à mesure qu'elles s’en éloignent. On a calculé que sur douze cent soixante-dix espèces atiribuées à celte famille, 970 vivent sous la zone torride ; 283 sous la zone tempérée , et seulement 16 sous la zone glaciale. Ces dernières appartiennent au genre Astragale. La Sibérie en a douze, les hautes Alpes trois , le Canada une seule. Les lignes d'arrêt sont très-irrégulières pour certains genres; par exemple, pour les Surelles, Oxalis ; les Passerines , Passerina ; les Cransons, Cochlearia; les Sisymbrium, elc.; tantôt ces lignes s’inclinent , se redressent, s’effacent brusquement; tantôt elles se croisent, s’enfoncent vers les tro- piques et remontent vers le nord , ou bien elles partent du pôle arctique, traversent l'équateur et vont se poser sur les derniers caps des îles nom- breuses qu’enveloppe le Grand-Océan austral. Un petit nombre d'espèces appartenant à ces genres font ainsi échange de patrie ; ce sont particulière- ment la Ficaire , Ranunculus ficaria ; la Fumetere, Fumaria officinalis ; la Moutarde noire, Sinapis nt- gra ; le Cresson, Cardamine fontana ; l'Orpin brà- lant, Sedum acre ; la Germandrée maritime, T'eu- crium marum ; la Patience aquatique, umex hy- drolapathum , etc. ; à D’autres genres se tiennent dans l’ancien con- tinent sous la zone tempérée australe, tandis qu'ils affectent dans le nouveau continent la zone tem- pérée boréale : les Âypoæis, aux grandes fleurs jaunes ou blanches diversement groupées au som- met d’une hampe droite. Les espèces des genres Populage, Caltha, Gamarine, Empetrum, Tilleul, T'ilia, Frêne, Fraxinus, se trouvent dans les con- trées les plus froides des deux hémisphères. D’au- tres ont leurs espèces herbacées en Europe, tan- dis qu’en Afrique celles -qu'on y rencontre sont arbustes et presque des arbres:les Liserons, Con- volvulus , les Prenanthes. Une remarque fort sin- gulière, c’est que les Laiterons, Sonchus , et les Vipérines, Æchium, herbacés en Europe et en Egypte, sont ligneux aux Canaries et à Madère; les Verges-d’or, Solidago , herbacées dans l’'Amé- rique du Nord et en France, forment des forêts nee » À GEOG 997 GEOG pq —————————————_—————— d'arbres à l'ile Napoléon (vulg. Sainte-Hélène). Le même phénomène se voit, très-fréquemment chez tous les genres de la grande et belle famille natu- relle appelée par Linné les Composées, qui sont indigènes à la région tempérée de l'Amérique sep- tentrionale et à l'extrémité australe de l'Afrique. Un genre d'arbre qui fixe d’une manière remar- quable la limite des bons‘pays; qui prospère éga- lement sur les sols volcaniques , calcaires ou schis- teux; qui monte à onze cent quatre-vingts mètres au dessus du niveau de la mer, le Noyer, est éga- lement spontané dans le pays des Illinois par le 45° degré de latitude nord, et non loin des rives de J’Indus, par le 24° degré, il se montre radieux près du Platane, du Manguier, Mangifera indica, du Figuier des pagodes, Ficus religiosa, et d'Aca- cies, Aimosa, qui s'élèvent à des hauteurs con- sidérables. Il n’est point rare de trouver en Corse, dans la Calabre, des plantes que l’on croirait uniquement indigènes au cap de Bonne-Espérance; de même il n’est point étonnant de voir Tournefort cueillir au sommet de l’Ararat (en Arménie) les plantes de la Scandinavie; sur les pentes médianes, celles de notre patrie, et au pied celles de l'Egypte, puisque les Pyrénées, les Alpes, les Krapathes , le Caucase, l’imposante barrière de l'Hymalaya et les énormes Andes offrent partout des genres ana- logues à ceux des régions végétales que leurs lar- ges flancs représentent. Faisons des vœux pour que l'étude des plantes terrestres soit bientôt débarrassée des erreurs qui l'encombrent (1), afin que l’on possède bientôt une statistique réelle de la végétation dans chaque con- trée, et que l’on puisse compléter les notions qui nous manquent encore sur celte partie intéres- sante de la Géographie botanique. Entrons dans le domaine des plantes aquatiques; comme les genres y sont moins nombreux, nous rencontrerons sans aucun doute moins de lacunes. . Hyproruyres.—Les plantes qui vivent au milieu des eaux sont de trois sorles , savoir : les plantes d’eau douce, les plantes marilimes et les plantes marines. Les premières ont besoin seulement que leurs racines soient constamment noyées ,' et que leurs tiges , élevées au dessus du niveau des eaux, jouissent de la plénitude de l’air et de la lumière : les Plantains, les Joncs , les Tussilages, etc. ; ou bien elles flottent habituellement à la surface des eaux : les Nénuphars, les Lenticules, les Corni- fies , etc. ; ou bien encore, elles se tiennent tou- jours au fond deslacs , des fleuves, des ruisseaux, à l'exception du temps où l’union des deux sexes (x) Je ne citerai pour le moment qu'un exemple. Au lieu de s’en rapporter à Linné et à Wahlenberg, qui ont si bien décrit les plantes de la Suède, on s'appuie de l'autorité de Malte-Brun, qui n’était point botaniste, pour noûs dire que le Cerisier, Ce- zasus avium et le Coïgnassier, C) don'a vulgaris, existent parmi les arbres croissant naturellement et donnant des fruits mûrs sur les côtes de l'Ostrobottnie, par 63 et 6; degrés. Ces deux arbres ont été confondus avec le Merisier à grappes, Prurus padus, etleNefliernain, Wespilus cotoneaster. Que l'on juge par là de l'exactitude des voyageurs et des notes prises souvent en courant, \ vient pourvoir à la propagation de l'espèce : la Va- lisnérie , les Charagnes , le Cresson, etc. Les secondes, c’est-à-dire les plantes mariti- mes , trop souvent confondues parmi les plantes marines, malgré leur éloignement et pour les for- mes et pour les habitudes, sont, comme les plantes d’eau douce , implantées sur le sol terrestre, mais “elles veulent être incessamment saturées d’eau sa- lée et vivre dans son voisinage immédiat : les Soudes, Salsola; l’Ansérine soyeuse, Chenopo- dium setigerum ; les Ficoïdes, Mesembryanthemum; V’Astère bleue, Aster tripolium , etc. Les troisièmes, ou plantes marines, sont habi- tuellement immergées dans la profondeur des mers; elles y vivent, y croissent, y multiplient ; elles y acquièrent, même à plus de trois cent vingt - cinq mètres de profondeur, des couleurs aussi prononcées, un tissu aussi dense que les couleurs et le tissu présentés par les végétaux des rivages ; ce qui prouve que le fluide lumineux ne s’arrête point, comme on l’a cru long-temps, à une petite distance sous la première couche des eaux. Une quatrième sorte de plantes hydrophytes doit trouver place ici; ce sont celles que l’on voit aux bords des eaux thermales, même les plus chaudes, et qui se plongent entièrement dans leur sein : la Tremella thermalis de Thore, dont Bory de Saint-Vincent a fail avec raison un genre à part sous le nom°de Ænabaina thermalis. Je re- marquerai, en passant , que cette plante porte six noms différens dans les catalogues botaniques (1), et que, regardée par certains observateurs comme une substance pseudo-organisée, elle a été par eux très-légèrement appelée ÆAbanine, Barégine, Glairine, Plombiérine, et Zoagéène. En 1821, j'ai le premier combattu ce système singulier, pour ne pas dire plus, et rendu la plante à sa spécialité. ( Foy. ma Bibliothèque physico-économique, t. x, pag. 207 et suivantes.) Voyons maintenant quelle est la distribution des Hydrophytes. Pour elles, comme pour les vé- gétaux terrestres , il y a des localités où dominent des formes particulières, soit que les individus qui les présentent appartiennent à des groupes de plusieurs genres , ou bien à des groupes de plusieurs espèces ; mais à mesure que vous vous éloignez du point où elles se montrent dans toute leur beauté, dans toute la puissance vitale qui leur est dévolue, ces formes perdent un ou plu- sieurs de leurs caractères, elles se dégradent, se confondent avec les autres, et finissent par céder la place à d’autres formes, qui subissent, à leur tour, les mêmes lois, pour ensuite reprendre la suprématie à des distances plus ou moins grandes. Les changemens sont moins rapides, moins subits dans les lieux sans marée que dans les lieux expo- sés au flux et au reflux, parmi les plantes couver- tes d’une énorme couche d’eau que parmi celles recevant deux fois par jour l'influence des fluides (x) Voici ces noms: Fucus thermalis, de Secondat ; Conferva thermalis, de Schrank; Oscillatoria Cortii; O. utriculata, de Grateloup; Tremella reticulata, et Ulya labyrinthiformis. GEOG 398 GEOG atmosphériques. Dans la mer ,comme sur la térre. il y a des obstacles à une dissémination uniforme des espèces végétales; les grandes profondeurs , les hauts-fonds sablonneux, les courans, les caps avancés, les eaux douces des fleuves les plus ra- pides , le rapprochement et la courbure des côtes, l’action plus ou moins incessante des orages , le voisinage des lignes volcaniques, etc. , forment : autant de stations tranchées qui, avec la tempé- rature, déterminent la réunion ou l'éloignement des Hydrophytes, leur accumulation sociale ou leur existence constamment isolée depuis les hau- teurs de la mer jusqu à la terre, ou des côtes vers la pleine mer, On assigne les climats polaires comme patrie des Ulvacées filamenteuses ; elles supportent vo- lontiers les plus grands froids, abondent particu- lièrement dans les deux hémisphères, depuis le 70° degré de latitude nord jusqu’au 50°, où elles cessent d’être nombreuses; elles offrent quelques individus qui descendent plus bas, et seulement deux ou trois qui touchent les mers équatoriales de l'Amérique et de l'Afrique. Les Laminaires cou- vrent Loutes les plages, tous les rochers des mers froides de l’un et de l’autre continent; elles se mon- trent communes au 6o* degré et s'arrêtent brus- quement au 48°; il est rare d’en rencontrer plus bas que le 56° degré des latitudes australes. Les vrais Fucus, particuliers au bassin atlantique, com- mencent avec le 55° degré de latitude nord et se plaisent jusqu’au 40°; ils diminuent alors très- sensiblement, et ce n’est plus que par hasard qu’on enrecueille encore quelques individus au 36*degré. Les. Ulves planes ou fistuleuses au vert le plus éclatant, les Bryopsides, les Halyménies vivent dans les climats tempérés. Dès que l'on approche des tropiques, les Séminerves annoncent l'empire des Hydrophytes ligneuses ; au milieu des prairies flottanies formées par les Sargassées, les Turbinai- res, les Erinacées, les Amansies, se mélent les Padines, les Acanthophores, les Eaurencies, les Dictyodes,etc., dont le nombre augmente à mesure que des pôles on avance vers l'équateur. Sous la ligne on trouve de superbes Floridées, surtout des Caulerpes, dont la couleur pourpreest relevée par le vert brillant de ieurs tubercules cap- sulifères, Il ÿ a des genres et des espèces qui vivent seule- ment dans certaines localités ; ainsi, les Claudtées, si extraordinaires par leur tissu et leur fructifica- tion, n'existent que dans le voisinage des côtes de Ja Nouvelle - Hollande ; les Gélidies dans la mer de l'Inde ; les Flabellaires dans la Méditerrance; le Fucus serratus, le Fucus confervoides et ses nom- breuses variétés, habitent spécialement les côles de l'Europe. D'un autre côté, il est des genres et des espèces qui sont cosmopolites; témoins les Ploca- mies, les Gigartines, le Spongodius dichotomus , que l'on trouve depuis les Orcades jusque sous les côtes de la terre de Van-Diémen ; le Fucus moni- liformis, qui, du 4o° degré de latitude australe , arrive au 40° degré de latitude nord; le Fucus tu- berculatus habitant tout l’espace qui sépare le cap de Bonne-Espérance des premières eaux de la Man- che; et le fucus siliquosus, qui, des côtes méri- dionales de l'Australie, remonte jusqu'aux îles vol- caniques des Aléoutes, étendues en forme de crois- sant entre l’Asie et l'Amérique septentrionale. Les connaissances acquises jusqu'ici sur les Hy- drophytes prendront plus tard de l’extension. Les mers intérieures , telles que la Caspienne, la mer Vermeille et la mer des Karaïbes, n’ont point en- core été explorées sous le rapport de la végétation, et plusieurs autres points exigent aussi de nou- velles observations. En attendant, occupons-nous des plantes cultivées : c'est par elles que nous ter- minerons ce coup d'œil sur la végétation géogra- phique. . PranTes cuzrivées. — L'origine de presque tou- tes les plantes cultivées est plus que contestable. Ceux qui ont écrit leur histoire, s'étant contentés de copier leurs prédécesseurs, sans vérifier aucune de leurs assertions, ont accrédilé des traditions mensongères, et, comme il arrive d'ordinaire aux compilateurs, les erreurs qu'ils propageaient, avec un plus ou moins grand étalage d'une indigeste érudilion , se sont accrues d’autres non moins ri- dicules , écrites sous l'influence de leurs croyances religieuses et sous celle non moins puissante de tout faire sortir de l'Orient. [l n’y a pas jusqu'aux plantes les plus usuelles et spontanées dans nos pays qu’ils n’aient décorées de noms exotiques, soit pour leur donner plus de prix, soit pour rehausser leurs propriétés réelles ou factices. En parlant des Céréales en général, de FEpeau- tre et du Froment séparément, j'ai déjà combattu les dires plus qu’aventurés des savans de cabinet, quand ils viennent attribuer aux Egyptiens ou bien aux Siciliens la création de ces plantes. £lle ne leur appartient pas plus qu'aux Celtes, chez qui leur usage remontait à une très-haute antiquité. Nos aïeux cultivaient, antérieurement à l’arrivée des Phocéens sur les plages de la Méditerranée, et sur- tout à la conquête des farouches Romains, non seulement les Blés tendres , différentes espèces d'Orge, le Seigle, qui leur était tout particulier, FE- peautre, l’Avoine , le Millet, dont les noms actuels sont un dérivé des mots celtes, mais encore le Sar- rasin, le Chanvre, le Lin, et diverses sortes de raci- nes alimentaires, de plantes oléagineuses et tinc- toriales, ainsi que le Chardon à foulon. Je ne répélerai donc point ici ce que j'ai déjà publié sur ces végétaux, et je n’anticiperai point sur ce que j'aurai plus tard l’occasion de dire sur les autres. Je noterai seulement que : Le Seigle, Secale cereale, est très -anciennement établi au°68° degré de latitude nord, et plus spé- cialement à Sodankylo, en Laponie, où il rapporte dix-hüit pour un; le Sarrasin, Polygonum fagopy- rum, est en pleine culture aux lieux arides par-de- À le 6Go° degré; l'Orge, Hordeurm vulgare, monte plus haut, puisqu'il mûrit en six et sept semaines à la limite des Pins et même sur des hauteurs du Finmarck, à trois cent quatre-vingt-dix mètres au dessus du niveau de la mer. Le Froment, Triti- cum æslivum, ne donne plus que vingt pour un-au “ TS a ps ñ & | G L PE T7 \ \ Acarie Baron del peèreh Se Geoloogie. æ) LE Cuerir dr CS Fée: ne ———————————————————…——…—…———. —. .— ———————…—….——…—— …" —…— …— —_———— — — ——— _— ——————————————.——.…—...—…" .…. — . _— — "_—.————_———————— GEOG 899 GEOL ——_—_—_—_—_—_—_———_—_——…—…—…—…—…—…— —…——…—…—…——…———…"—…"—_—’—_—_—_————_———————…’“—…’’……—“…—……… dessus du 62° degré. Ge ne sont point des plantes des régions chaudes qui prospéreraient de la sorte au voisinage du pôle. On m'objectera peut-être que certaines plantes , qu'on ne lrouve jamais sau- vages dans des lieux donnés , y viennent très-bien dès qu’on les y apporte; qu'ainsi la Parmen- tière, Solanum tuberosum, enterrée au cercle arcti- que, y est devenue commune jusqu'au 70° degré ; mais on remarquera que celte Solanée , originaire des Andes , est spontanée à deux mille six cent soixante ct un mètres d’élévalion , et se trouve ici dans son atmosphère primitive, quoique la latitude soit diamétralement opposée. Enfant du nord et non pas des contrées afri- caines, d’où les Maures l’auraient apporté dans l'Espagne , et où les Dieppois auraient été le cher- cher pour l’introduire au sein de l’antique Neus- trie, le Pommier , Malus sylvestris, dont on ob- tient, par la fermentation, une liqueur que Basselin assure être favorable à la voix et à la beauté, fai- sait autrefois partie des cullures chez les vieux Scandinaves. 11 habite toujours spontanément les régions seplentrionales , et dans quelques localités il donne encore de bonnes récoltes au dessus du 65° degré. Passé le 41°, il se montre constam- ment rebelle aux cullures, à moins qu'on ne le place sur des montagnes. En Asie, il commence seulement au b8° degré, et n’y dépasse point le 42° parallèle. Par des soins assidus l’agriculteur est parvenu, je le sais, à modifier certaines stations naturelles, et à contraindre lentement les plantes liées à ses besoins de le suivre partout el de s’accoutumer au sol qu'il habite; mais il a échoué quand ses essais, quand ses opéralions de tous les instans, voulaient dompter certaines limites et appeler au nord les végélaux des tropiques. Cherchez à introduire le Gocotier dans nos dé- parlemens du centre : comme il n’y jouira point de la lumièrepermanente et intense de l'équateur, il périra de suite : il en sera de même du Carex ,arenaria placé sur un sol fertile ; lui qui veut un sable pur et ne se laisse approcher par aucune au- tre plante, il y sera étouflé par les autres végé- aux. Le Bananier, Musa paradisiaca, est passé de l'Inde en Amérique pour y vivre comme en sa pa- trie, parce qu'il s’y trouvait sous Ja même zone ; la Vergerolie paniculée, Ærigeron canadense, le Plhytolacca decandra de lAmtrique septentrionale, se-sont tellement naturalisés en France, sous la climature de Paris, qu'ils y figurent aujourd’hui parmi les plantes indigènes, parce qu'ils y ont rencontré toules les conditions indispensables à leurs développemens successifs et à leur reproduc- tion. Cessez de prodiguer à Ja Vigne les labours et Îles attentions qui, au sortir des plaines de l'Indoustan , l'ont décidée à produire de belles et bonnes grappes jusqu’au 52° degré de latitude nord, vous la verrez aussitôt dégénérer , s’éloi- guer, s'effacer de nos climats tempérés et rentrer sous les tropiques. Négligez l’'Oranger, qui de la zone équatoriale est monté au 42° degré de lati- tude , et bientôt il retournera dans son berceau. Quelquesefforts qu’on ait faits jusqu'ici, l'Olivier, originaire, non pas de l'Asie inineure et du Kabou- listan , mais bien de l’AUas , où il acquiert de très- fortes dimensions , et d’où il s’est répandu sur tout le littoral de la Méditerranée , de la mer Noire et de la mer Caspienne , n’a pu dépasser le 44° de- gré, encore y est-il souvent exposé à souffrir con- sidérablement des gelées. Tandis que le Châtai- gnicr mürit ses fruits au 56° degré, le Noyer réus- sit très-bien jusqu’au 52°; l’Arbousier , arbutus unedo , des mêmes contrées, s’est avancé sur les bords de la Loire au dessus du 47° degré , et s’est même , dit-on, lancé jusqu’au 52° dans le comté de Kerry en Irlande, Comme on le voit, les difficultés sont immenses pour établir la. véritable Géographie des plantes cultivées ; l’'ébauche que je viens d’en tracer s’a- méliorera plus tard. Je promets pour ma part d'y travailler de nouveau. (T. ». B.) GÉOGRAPHIE AGRICOLE. Voyez ce que je viens de dire sur les plantes cultivées, et l’article Bassins AGRICOLES, tom. 1. p. 590 et 397. A) GÉOLOGIE. Cette science a pour but d'étudier la structure de l'écorce du globe, et de rechercher les causes qui ont présidé à la formation des dépôts qui la composent. Elle est de la plus grande utilité pour l'ingénieur des mines, pour l’entrepreneur des puits forés ou artésiens ; pour l’ingénieur des ponts-ct-chaussées, qui, au talent de constructeur, doit joindre celui de discerner les meilleurs mâté- riaux à employer, et les localités qui doivent les lui procurer ; enfin lagriculteur , l’architecte , l'ingénieur géographe et l'officier d'état-major, peuvent Lirer de la connaissance de certains faits séologiques des lumières propres à les guider dans l'exercice de leur état. La Géologie peut se diviser en deux parties dis- tinctes : la Géognosie, c’est-à-dire la connaissance de la terre, qui n’est que l’art d'étudier les faits relatifs à la succession des dépôts qui constituent la croûte terrestre; et la Géogente, qui réunit, com- pare et groupe ces faits de manière à en déduire des théories sur les causes qui les ont délerminés. Jetons un coup d'œil sur les généralités qui appar- tiennent à ces deux parties de la science. De la succession des couches qui composent l'écorce terrestre. Si l'écorce du globe était composée d’une seule espèce de roche, et par ce mot on entend, en Géologie, un dépôt quelconque d’une étendue et d’une épaisseur plus ou moins considérables (voyez Rocnes), il suflirait de l’étudier sur un des points de sa surface pour la connaître parfaitement; mais il n’en est pas ainsi, et, bien que les différen- tes espèces de roches se composent d'un petit nom- bre de substances, et qu’elles soient principale- ment ou siliceuses, ou calcaires, ou argileuses, elles varient tellement, soit par leur texture, soit par leur structure, soit par l’action des feux sou- terrains dont elles portent l'empreinte , soit enfin par la nature des corps organisés qu’elles renfer- ment, que, pour les distinguer, on a dù leur assi- æ GEOL GEOL 7 un gner certains caractères et leur donner des noms différens. Il en résulte que la composition de l’é- corce terrestre exige quelque étude, et que, pour arriver à des résultats positifs, il a fallu établir, dans cette longue série de roches qui passent sou- vent de l’une à l’autre d’une manière presque in- sensible, des groupes plus ou moins nombreux, dont les principaux portent les noms de terrains et de formations. Groupes que l’on peut subdiviser en étages et en assises. Dans l’acception la plus généralement adoptée, l'association d’un certain nombre de roches con- stitue un groupe appelé formation, et plusieurs formations constituent un terrain. Pour ne point entrer ici dans les détails que né- cessiteront les considérations dans lesquelles nous devrons entrer en traitant l’article Terrains , nous nous bornerons à dire que depuis les plus supé- rieurs jusqu'aux plus inférieurs, on peut les diviser de la manière suivante : 1° Terrain moderne ou qui se forme encore. 2° Terrain diluvien. 3° Terrain supercrétacé. 4° Terrain crétacé. 9° Terrain jurassique. 6° Terrain keuprique. 7° Terrain vosgien. 8° Terrain carbonifère. 9° Terrain de sédiment inférieur, 10° Terrain schisto-granitique. A ces différens terrains s’en joignent d’autres qui ont subi plus ou moins fortement l’action du feu, et dont la position n’est jamais régulière , at- tendu qu'ils sont sortis des entrailles de la terre à différentes époques. La succession de ces terrains ne se montre pas complète sur Lous les points du glohe ; mais ordre dans lequel ils se présentent est toujours constant, et quelles que soient les lacunes que l'on y remar- que, jamais il n’est interverti. Cet ordre de succession est un des faits les plus remarquables que présente la Géologie : il fournit la preuve irrévocable d’une marche uniforme dans les causes qui ont contribué à former ces terrains. De la succession des corps organisés. Un autre fait plus remarquable encore, et qui peut servir de base à la philosophie de la science , c’est la mar- che progressive qu’a suivie la nature dans la créa- tion des êtres organisés, depuis l'époque Ja plus reculée, ou celle des terrains desédiment inférieurs, jusqu'aux terrains modernes. On voit d’abord paraître les premiers végétaux, qui tous appartiennent à la classe des Cryptogames vasculaires ; ils sont accompagnés de ces crustacés appelés Trilobites ct qui présentent des rapports assez éloignés avec les crustacés qui vivent aujour- d’hui; ce sont enfin divers genres de Zoophytes. À ces corps organisés , assez simples dans leur con- formation, succèdent les premiers Vertébrés, c’est- à-dire les Poissons et les Reptiles : ceux-ci, diffé- rens de tous ceux qui existent, ne sont pas moins remarquables par leurs formes que par leur taille gigantesque. C’est après une longue succession de ces êtres, dont la plupart, et spécialementles végé- taux, ont eu besoin, pour se propager, non seule- ment d’une haute température , mais encore d’une vive lumière, que l’on voit paraître des animaux plus perfectionnés, plus intelligens : ainsi vien- nent les premiers Mammifères, si différens de ceux qui vivent aujourd'hui; ils sont suivis à leur tour par d’autres Mammifères dont la plupart ap- partiennent à des genres qui vivent encore; c’est même après ceux-ci que se présentent les animaux carnassiers ; Comme si, pour maintenir l'équilibre parmi les Mammifères, la nature avait créé en der- nier lieu les animaux qui se nourrissent de la chair d’autres animaux. (Voyez Eroques GÉOLOGIQUES. ) De la structure de l'écorce de la terre. Un point important à considérer, c’est la stratification des roches. On entend, par stratification , la division d’une masse de roches en bancs ou couches, que, du mot latin stratum, on nomme aussi strates. Ces couches ou strates, si remarquables dans les bancs d’origine aqueuse, se sont formées suivant des lignes parallèles, horizontales ou très-légèrement incli- nées; mais alors celte inclinaison se remarque près des bords du bassin dans lequel s’est déposé le sédi- ment qui compose ces roches. Cependant il ar- rive fréquemment que ces couches sont fort in- clinées , c’est-à-dire qu’elles forment avec l’ho- rizon un angle de 45 degrés, quelquefois même un angle ouvert ; ou bien encore qu’elles sont per- pendiculaires. Dans ces différentes positions, il est certain que ces couches ont été, par une cause quelconque , redressées depuis leur consolida- tion. Il arrive aussi qu'elles sont plus où moins arquées, tout en conservant leur parallélisme ; d’autres fois elles sont brisées, comme on le remar- que souvent dans le terrain houiller. Lorsque tou- tes les strates sont parallèles , elles peuvent appar- tenir à une même époque, à une même formation; mais lorsque sur des couches inclinées, contour- nées ou brisées, on en voit d’autres qui affectent une autre disposition, on peut être assuré que celles-ci sont d’une époque toute différente : c’est à ce genre de stralification qu’on applique la dé- nomination de discordante ou transgressire. Quelquefois encore, sur une masse de roches d’une stratification quelconque, s'appuient de droite et de gauche des couches inclinées en sens inverse , comme si elles avaient élé brisées par suile du soulèvement de la masse principale que l’on remarque au centre. D’autres fois , enfin, par suite d’un soulèvement ou d’un affaissement , ane masse de roches se trouve traversée par une large fente appelée farlle, de telle sorte que les mêmes couches, séparées par cette brisure, sont à droite et à gauche de celles -ci, À des niveaux tous dif- férens. Certaines montagnes présentent une stratifica- tion uniforme et très-inclinée : nous donnerons pour exemple celles du Hartz, si riches en roches métallifères, et dont les couches plongent généra- lement, qui ont uneinclinaison de /5 degrés. La planche 175 (Géologie , partie supérieure) offre la vue d’une carrière des 2nvirons de Clausthal, composée in : PP À. | LÀ "2 mt A Ifbermlhedér à nues ES ver certains catasièmes: ip Mg aie ts TiOns Mférens, M édie e gr: two de le corce re Hg pa. R'ébar, dl que, DOM arriver à dès’ mor Fi) HN, a lila établies dans cette fans Pa ERERSs qui PASSES SON vent desfsrus d'une manière présque in dés êtres, dont php et é Lattes GE en bésddi, pour se: Et es nuséule- » ment d'une haute témpératnre mais cücatedane , Mivé lnière, que l'or voit parie des te À plus pérfectionnes , plus intelligens’: ainsi Ÿ “ment les. prémiers Marfunifères ; si différens / ” sossihle dut £ ins ou 1008 nombreux, 1 ceuxiqui Yirépt. 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ELA LTAENE are car of on Prrve carire. | ag ITEM IOPPRPES TT 0 LATTES LR rise dt Perrin uvissique, 6" Fegrain kenpriques * Terrain Vossien. &e Terrain Conti 0Terriin de sédiment inférieur. 1 4 Corrnin sehite-granitique, À eck Me tefecthe d'en joignent d'aatrés DRM M a dés Miciemnnt l'ecsinn du F4 LE AN CSL LV plsiiion dust jeans répnlièie, At- don Que lisiaot fértls des entrailles de Ja tour à différentes Épuqiies. La Milccession de ces terraiis ne 8e montre pas coliplvte sûr Lou les boinis du glohe ; mais l’ardre: LcdaBs létuel il: se prédentent est Toujours constant, | tenir à une même époque 'kane PMauelios que soient 165 licunes que Von y retiar- | mais lorsque sur des couchés Léups famade ifa'est inlerverti. | nées où brisées, on en voit. 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Ua point important à considérer ,) #'é8t à-stralification des roches, On entend, pat aratifirationts la division d'une masse de robhes en bancs ou he: que, 4 da met alu sration, on norme aussi sfratés, Ces 4 Leniehgs tit strates, si remarquables das les bancs d'aphigiee same se pont formées suivant destignes ‘M para M, heriemtales on {rès-légèréfent LEA je. des bords du bisvio dans Jsquél 9° est ment qmi coinpose ces rosés. L rive fréquemment que ces couches ét rt in | clinées , £’est-à diré qu'elles forment avec has !| iron nn anglo de 45 degrés ; quélquelois même +4 un angle oufèrt; ou bien encore qu'elles soit per- di pendiculaires, Dans ces différentes po êu certain que ces couches obt té, par agen er redresséés di Îl arrive anssi qu'elles Foût que souvent dans le teer Les los sirales sont À Alle Qu Acarie Baron del 1. Géologie 2. Germandrée 3. Gesnere ë E Gaerin dr RER SA MU Fes * . ES ë IF, URaL HS GEOL Lo1 GEOL PEER composée de couches régulières de grès grisâtre et de schiste brunâtre qui alternent ensemble ; elle donne une idée de la composition des monta- gnes du Hartz supérieur. Le dépôt de transport qui recouvre ces couches est d’une autre époque : et, en effet, il est avec celles-ci en stratification discordante. Un autre fait indiqué dans la même planche est la forme que présentent ces. couches : elles deviennent plus épaisses à mesure qu’elles s’en- foncent dans les entrailles de la terre : la coupe que nous donnons indique probablement un point voi- sin du lieu où commencent ces couches, c’est-à- dire peu éloigné d’un des bords du bassin où elles se terminent en s’amincissant. é Les couches ou strates sont souvent divisées transversalement par des fentes ou fissures qui se sont faites pendant que la roche se consolidait, ou après sa solidification complète par suite de quel- que mouvement qui, s’opérant dans toute la masse, en a dérangé l’aplomb. Ces fissures traversent or- dinairement les couches dans leur épaisseur, et les coupent dans différentes directions. Rarement elles sont parallèles. Quelquefois elles se bornent à l’é- paisseur d’une seule couche, d’autres fois elles tra- versent un même groupe de couches. Il arrive d’autres fois que ces fissures sonttellement droites, régulières et parallèles, qu’il faut une grande at- tention pour ne pas les prendre pour de véritables lignes de stratification. De l’action créatrice et de l’action destructive à la surface de la terre. À la vue des couches qui com- posent l'écorce du globe, depuis les plus grandes profondeurs où l’homme soit parvenu, guidé par les travaux industriels, jusqu'aux plus hautes ci- mes des montagnes , on est frappé de la régularité D que présentent en général ces couches, et l’on se demande s’il s’en forme encore de semblables. Nous verrons à l’article Terrains l'importance de certains dépôts qui se forment de nos jours, et combien l'étude de ces dépôts récens est utile pour bier comprendre certains phénomènes géo- logiques. Les sédimens, généralement calcaires , mais quelquefois siliceux, que déposent certaines eaux minérales ; les calcaires oolithiques qui se forment sur les plages volcaniques de certaines îles de l’océan Atlantique; les grès qui, à l’aide d’un ciment calcaire, se solidifient au milieu des sables que baigne la mer sur les côtes de la Si- cile; les roches calcaires et solides que produisent, en réunissant des coquilles brisées, les eaux ma- rines sur les côtes de la Guadeloupe, sur celles de la Syrie et dans d’autres lieux encore; ces cal- caires poreux et à impressions végétales qui, à l’aide des eaux courantes sillonnant les Alpes, se déposent dans certaines vallées de la Suisse ; enfin, ces laves lancées chaque jour des flancs de tant de volcans avec tous les caractères ‘des dé- jections dues à d’anciennes montagnes igniyomes; tout annonce que la nature continue encore à agir d’après les mêmes lois et par des causes analogues à celles des temps passés. Cependant tout annonce aussi que l’époque ac- tuelle est une époque de calme et de tranquillité. T. IL, Si plusieurs faits attestent que des plages d’une immense étendue changent encore de niveau sans aucune secousse violente ( voy. BazTiQuE )3; si dans certaines contrées de l'Amérique, l’action seule des feux souterrains a sufli de nos jours pour imprimer un mouvement ondulatoire aux vastes plaines qui s’étendent à la base des Cordillères , et pour soulever à plusieurs pieds au dessus de son niveau antérieur toute la côte du Ghili, sur une longueur de 40 lieues : on doit comprendre avec quelle force durent se développer de semblables phénomènes, alors que l’action souterraine avait plus d'intensité et que la croûte Lerrestre était pro- bablement moins épaisse. Sans doute, ce qui se passe de nos jours a dû se passer plus fréquemment , et sur une plus grande échelle, à des époques plus reculées, Ce ne sont pas seulement les soulèvemens des chaînes de montagnes qui ont changé la surface du globe : une action lente, mais continue, a contribué à morceler leurs flancs, à découper leurs cimes en audacieux obélisques , et à rassem- bler à leurs pieds d’immenses débris. Ne voyons- nous pas dans les Alpes ce glacier qui s’étend len- tement depuis des siècles sur la verte pelouse des vallées , entraînant avec sa masse énorme les dé- bris roulés arrachés aux sommets au milieu desquels il prend son origine ? Ne voyons-nous pas chaque année les avalanches entraîner aussi du haut des A]- pes leurs débris jusque dans les vallées, et couvrir tantôt le champ du laboureur et souvent même le village qui lui sert d'habitation? Descendez du haut du mont Righi, jetez un coup d’œil sus ces im- menses décombres qui couvrent la plus grande partie de la vallée de Goldau ? Ne semble-t-il pas que cet événement désastreux est encore tout ré- cent : c'était le 2 septembre 1806, à cinq heures du soir. Les couches de brèches qui s’étendaient entre le Spitzbuel ct le Steiberger-flue se déta- chèrent de la montagne de Rossberg, el se pré- cipitèrent avec le fracas du tonnerre dans la vallée, d’où leurs débris remontèrent le long de la base du Righi. La largeur de ces couches était de 1,000 pieds, leur hauteur de 100, et leur longueur de près d’une lieue. En cinq minutes, les vallées de Goldau et de Bouzingen furent couvertes, sur une superficie d’une lieue carrée, d’un amas de décombres de 100 à 200 pieds de hauteur : leurs riches prairies et leurs champs fertiles furent changés en un affreux désert : quatre villages fu- rent ensevelis, ainsi que presque tous leurs habi- tans, et la partie occidentale du lac de Lowers fut comblée. Ce faneste événement fut causé en par- tie par l’énorme quantité de neige qui était tombée pendant l'hiver, et par les pluies des mois de juillet et d’août. Dans la matinée du 2 septembre, un terrible craquement s'était fait entendre dans la montagne, comme pour avertir les habitans de la vallée du danger qui les menacait. Un autre genre de catastrophe qui n’est pas moins curieux dans ses causes, pi moins funeste dans ses effets, c’est lorsqu'une masse de terre ou de roche glisse sur un autre terrain sans se briser, 211° Livraison. 51 Lo2 GEOL sans se morceler. Le commencement d’un évé- nement de cette nature eut lieu en 1806, à Solu- tré, près de Mâcon. Après de grandes pluies , les couches de terre qui se trouvaient sur la monta - gne de Solutré glissèrent sur les bancs de pierre calcaire qui compôsent cette montagne ; elles avaient déjà cheminé plusieurs centaines de toises, et le village allait être enseveli , lorsque les pluies cessèrent et le terrain mouvant s'arrêta, Du 22 au 23 juin 1737 , une partie de la mon- tagne de Perrier, près d’Issoire, sur laquelle était bâti le village de Pardines , glissa jusqu'à sa base , en entraînant avec/fracas les arbres et les maisons. Un champ de vignes et un édifice furent trars- portés sans épronver aucun accident; mais, le deuxième jour, un rocher basaltique, de cent pieds de hauteur, fut tout à coup renversé en produisant une commotion épouvantable, On cite encore dans ce genre un fait bien plas étonnant : une partie du mont Goïma, dans l'état de Venise, se détacha pendant une nuit, et glissa avec plusieurs habitations qui furent entraînées sans secousse jusque dans la vallée voisine ; le ma- ün , à leur réveil, les habitans, qui n’avaient rien senti, furent très-étonnés de se voir au fond d’une vallée, Quelquefois des montagnes se partagent per- pendiculairément en deux parties, sans que cet effet soit provoqué par aucune secousse de trem- blement de terre. En 1772, sur le territoire de Trévise, la montagne de Piz se fendit en deux; une parlie se renversa el Couvrit trois villages avec leurs habitans. Un ruisseau , arrêté par les décom- bres, forma en trois mois un lac. La partie res- tante de la montagne finit par s’y précipiter ; le lac déborda, et plusieurs villages restèrent sub- mergés. Souvent des catastrophes analogues sont provo- quées par l'abondance des pluies. En 1795, un torrent fangeux, de plusieurs toises de hauteur et d’un quart de lieue de longueur, qui descendait du mont Righi, inonda le village de Woæggis, et en- traîna l’autre dans le lac de Lucerne , au bord du- quel ce village est bâti, adossé à la montagne. Sa marche fut heureusement fort lente : elle dura quinze jours, ce qui permit aux habitans de sau- ver ce qu'ils possédaient. L'action de l'atmosphère, en déterminant des fentes verticales dans les hautes cimes des mon- tagnes, y provoque tôt ou tard des dégrada- tions plus ou moins considérables. Nous avons pres- que été témoin d’une de ces catastrophes qui a mor- celé l’une des plus belles cimes voisines du groupe du Mont Blanc. Le 26 août 1835, à onze heures et demie du matin, une partie de la pointe de la Dent du Midi s'écroula, tomba sur un glacier placé plus bas , en rompit les contours , et les eaux accu- mulées sous ce glacier, n’étant plus retenues, se précipitèrent, sur une longueur de quatre à cinq lieues, jusque sur les bords du Rhône , et avec -üne telle rapidité, qu’en moins d’une demi-heure ce trajet fut parcouru. Ge n’était point une masse d'ean qui se précipitait de la montagne : c'était un torrent épais et boueux qui entraînait des blocs de granite de 6 à 8 mètres de longueur, sur deux à trois mètres de hauteur, et que l’on voyait descendre en se culbutant dans le sens de leur plus grand diamètre, et en suivant la pente rapide du Bois-Noir, ravin situé entre Saint-Maurice et Mar- Ligny, dans le Valais. Cette fange torrentueuse, qui entrafnait ces immenses débris des montagnes avec ces énormes sapins qu'elle rencontrait sur son passage , était à peine liquide; on pouvait marcher sur ses bords sans y enfoncer; elle cou- vrit en peu d'instans, sur la rive gauche du Rhône, un espace de 6oo Loises de longueur sur 200 de largeur. Le bruit de la chute de la Dent du Midi, qui ressembla à un violent coup de tonnerre, et la commotion qui en résulta, et que l’on ne peut comparer qu'à une secousse de tremblement de terre, avertirent heureusement les habitans du village d’Eviénaz du danger qui les menacçait; en peu d'’instans chacun sauva ce qu'il avait de plus précieux ; mais heureusement il ne se trouva sur la route du torrent fangeux que deux maisons , le reste était des vignes. Ges deux maisons furent en partie englouties, et l’on en voit encore une sur les bords du Rhône dont on n’apercoit plus que le toit, bien que son rez-de-chaussée fût précédem- ment à vingt-deux picds au dessus du niveau du fleuve. Un fait remarquable , et qui peul trouver son application dans d’autres faits géologiques, c’est-à-dire dans la théorie des vallées de remplis- sage et d’érosion, c’est que le torrent fangeux, a sur les bords du Phône, élevé le sol d'environ 80 pieds , et que le lorrent, en continuant à couler, a creusé, au milieu de ces alluvions , un ravin de 60 pieds de profondeur. Les mêmes eaux ont donc pu , à certaines époques, remplir de larges vallées et les creuser ensuite. Depuis cet événement du 26 août, jusqu’à la fin de novembre, le désastre de la Deut du Midi s'est déjà renouvelé, en partie, deux ou trois fois : les pluies ont déterminé de nouvelles chutes de rochérs, et le torrent, reprenant sa force et sa violence primitives, a renouvelé ses ravages. Ce qu’il y a encore de remarquable, c’est qu'après la chute de la portion de la Dent du Midi dont il s’a- git, il s'éléva de cette cime comme un nuage de fumée que nous apercûmes encore le 2 septembre; il semblait que cette cime se fût transformée en volcan : cette espèce de fumée n’était que la pous- sière que la chute des débris secs élevait dans les airs. SUN Les exemples que nous venons de donner de destructions de roches quis’opèrent tous les jours, expliquent d’autres destructions qui, parce qu'elles sont lentes et graduelles, n’en sont pas moins dans le même genre, et n’en ‘sont pas moins par conséquent remarquables. Nous donnons la figure (pl. 176) représentant le Hubichenstein , rocher situé à peu de distance de la ville de Grund , dans le Hartz. En contemplant sa forme pyramidale et élancée, dont on peut juger la hauteur par celle des persornages placés à ses pieds , il est facile de “reconnaître que ce rocher calcaire, infiniment GEOL 405! GEOL plus haut que large , ne doit sa forme actuelle qu’à la destruction successive des portions qui en aug- mentaient. jadis la masse, en longueur et en A geur. Si celte masse calcaire avait été stratifiée ce le sens horizontal, l’action de l” atmosphère ; en la détruisant partiellement , ne lui aurait pas donné la forme qu’on lui voit aujourd’hui ; mais cette masse est sans stratification , et l’action des pluies , agissant suivant des lignes perpendiculai- res, en a détaché des portions qui se sont amon- celées à ses pieds et lui ont donné une forme qui se rapproche de celle de l’obélisque. IL est proba- ble même qu’elle serait plus mince et plus élan- cée, si ce calcaire n’était un assemblage de ma- drépores qui donnent à ses parties entrelacées une plus grande solidité, Ainsi nous avons la preuve que la destruction qui s’est opérée ici, sur une petite échelle , est tout-à-fait dans le même genre que celles qui s’opèrent ou qui se sont opé- rées en grand dans les hautes chaînes de montagnes. Des hypothèses relatives aux révolutions que La terre a éprouvées. De tout temps l’homme a cherché à connaître les causes qui ont déterminé la forme actuelle de nos continens ; le sujet de ces recher- ches forme, sous le nom de Géogénie, une des ap- plications de la science géologique. Aujourd’hui , c'est sur les faits bien constatés que les théories se fondent ; antérieurement, et surtout dans l’anti- quité, l'absence des faits ouvrait une large porte à l'esprit de système : de là vient que dans le nom- bre de ceux qui ont été proposés par les anciens auteurs, il doit nécessairement s’en trouver qui À à quelques modifications près, s accordent avec des observations nouvelles ; de là vient qne Leib- nitz imagina que les montagnes avaient été for- mées par voie de soulèvement, et que le feu avait joué un grand rôle dans la formation de la croûte terrestre ; de là vient encore que Buffon considéra la terre comme ayant été primitive- ment dans un état complet d’incandescence et comme renfermant encore dans son centre un foyer actil; mais l’observation des faits manquait à ces hypothèses pour leur donner le degré de proba- bilité qu'exige lascience; ainsi, aujourd’hui que la Géologie a fait des pas de géant, le soulèvement des montagnes n’est plus une supposition gratuite : on en suit la trace ; on en connaît les époques re- latives: et une foulé d'observations thermométri- ques, faites à différentes profondeurs , sont venues constater l'existence d’un feu central : on sait, par exemple, que la température augmente d’un degré environ par 5o mètres que Pon descend dans l'écorce terrestre ; en sorte qu ’à une lieue au dessous du niveau de l'Océan la température se- rait supérieure à celle de l’eau bouillante. Chez les anciens nous voyons se coordonner un système tout entier relatif aux révolutions de nôtre planète, Moïse nous a conservé les tradi- tions des patriarches qui l'avaient précédé, et ces traditions , relatées dans son livre de la Genèse, nous montrent six états par lesquels le globe a successivement passé ,et ces états sont divisés en six époques ou six jours. Chez les Etrusques, des époques semblables représentaient six mille ans, Chez les Indiens, ces époques sont des millions d'années. (Voyez Eroques GÉOLOGIQUES.) Ce qu'il y a de remarquable, c’est qu’on peut trouver des idées en rapport avec la théorie du soulèvement des montagnes dans les écrits de quelques prophè- tes hébreu à la vérité postérieurs à Moïse, mais cependant fort anciens. Le poète latin Lucrèce semble avoir deviné l’é- tat primitif de la terre , lorsqu'il peint notre globe d’abord couvert d’eau, se crevassant pour former des vallées et des bassins, et soulevant sa croûte solide pour former les montagnes. C’est en vers élégans et harmonieux que de Pongerville a rendu le passage que nous désignons, La terre avec fracas creuse son vaste sein, Ouvre à l’onde écumante un immense bassin, Et l’espace, envahi par ce profond abime, Refonlé vers son centre aussitôt la comprime, Cependant le soleil, de ses rayons brülans, La pressait, et sans cesse exprimait de ses flancs Une amère sueur, à grands flots ramenée Vers le golfe où la mer grondait emprisonnée. La terre fit bondir de ses contours poreux Du feu, de l’air actif les tourbillons nombreux; Sas le monde oe une voûte Léilldate ( S’arrondit, s’'augmenta par ces tributs nouveaux. La plaine, au même instant, prit ses vastes niveaux. De la terre pourtant la sphère plus unie Partout également ne fat point aplanie; Les rochers endurcis aux chocs ont résisté, Et des monts vers.les cienx le sommet fut porté, Bélus , législateur assyrien , paraît avoir admis que la terre se trouve périodiquement dans un état de conflagration universelle, et dans celui d'une inondation générale : idées qui ne sont point en opposition avec les faits que nous offre la science. À la fin du dix-septième siècle, l'Anglais Bur- net créa une théorie SRI qu il semblé avoir puisée en partie dans le poème de Lucrèce. Avant le déluge, dit-il, la surface de la terre était plane, sans montagnes , sans vallées. Toutes les matières étaient disposées autour du centre du globe , con- formément à leur pesanteur ; l'eau surnageait de toates parts. Cependant des matières huileuses, plus légères que l’eau, formèrent peu à peu une dernière couche qui enveloppait les eaux et tout le globe. Sur cette croûte extrêmement fertile, vivaient! dans un printemps perpétuel , les générations antédiluviennes. Le déluge fit tout changer de face : la croûte se dessécha, et les eaux accrues firent des efforts contre cette enveloppe légère; elle creva , et s’écroula dans l’abime des eaux; sa chute fit changer l’axe du globe , et con- séquemment latempérature des climats. Lesbords redressés: de la croûte formèrent mos montagnes. Ray, en 1693, Hook, en 1705, et Lazaro Moro, en 1740, admirent tous trois que la force volca- nique soulevât la croûte terrestre pour former les montagnes. Au commencement .de ce siècle, le célèbre Deluc, qui par ses observations a puissam- ment contribué à l'avancement de la Géologie, imagina que la terre et tous les corps célestes étaient des masses d’élémens confus, sur lesquels le Créateur répandit une certaine quantité de lu- GEOL mière, ct fit naître des précipitations chimiques qui formèrent les roches dont la croûte du globe est composée. Cette croûte consolidée s’aflaissa plusieurs fois ; les eaux qui couvraient le globe s’infiltrèrent dans les crevasses et donnèrent nais- sance aux premiers continens : le soleil n’existait point encore. Lorsqu'il parut , des végétaux, dif- férens de ceux qui croissent aujourd’hui, se mul- tiplièrent , et de leurs débris formèrent nos houil- les. Les continens actuels, couverts par l'Océan, nowrrirent cette immense quantité de Mollusques à coquilles dont ont trouve les débris fossiles; les éruptions volcaniques répandirent sur la terre des torrens de laves. Par un dernier affaissement, les continens s’écroulèrent, la mer se précipita sur les terres et engloutit les générations qui les ha- bitaient : ce fut le déluge universel. Après cette catastrophe, nos continens sortirent enfin des eaux. Delamétherie , en 1798, appliqua à la théorie de la terre les idées qu'il avait puisées dans l'étude de la minéralogie : selon lui, toutes les révolutions du globe doivent être attribuées à des causes plu- tôt chimiques que mécaniques ; toutes les monta- gnes se sont formées par cristallisation dans an immense fluide, dont il se débarrasse au moyen de l'évaporation. Buffon à supposé que le soleil, heurté par une comète , avait lancé dans l’espace des inasses de matières en fusion , qui avaient formé la terre et les planètes de notre système; que la terre avait pris la forme d’un sphéroïde en tournant sur son axe autour de l’astre auquel elle avait appartenu, que son refroidissement avait condensé son atmo- sphère et donné naissance au liquide qui couvre sa surface; que les mers, par leur mouvement, avaient délayé les produits vitrifiés qu’elles couvrent, et, par ce moyen, avaient formé diverses roches et la plapart des vallées; que la terre, suflisamment re- froidie après une longue série de siècles, s'était couverte de plantes et d'animaux. Son centre, qui conserve une température fort élevée , produit en- core les volcans. Werner a prélendu que toutes les substances minérales avaient été dissoutes dans un liquide qui s'était élevé au dessus des sommets des plus hautes montagnes, et qu'il avait graduellement baissé en changeant sensiblement de nature : en sorle que tous les dépôts, depuis les plus anciens qui formèrent les plus hautes sommités, jusqu'aux plus modernes qui constituent les terrains de sé- diment, se sont succédé sans le secours du feu; qu’une première époque de calme a favorisé le développement des premiers êtres; mais qu’en- suite, à deux époques distinctes, le niveau des mers s’est élevé et a produit deux dépôts cristal- lins qui ont recouvert les plus anciens dépôts. Breislak , s’ét:yant des lumières de la nouvelle chimie ct des faits qui prouvent que certaines ro- ches antérieures à nos volcans ont été formées ou modifiées par le feu , pense que la terre a subi suc- cessivement l’action du feu et celle de l’eau ; que, scumis d’abord à un état de fluidité ignée, le ca- + 404 oo GEOL lorique, uni à différentes substances , a formé les gaz ; que l'hydrogène et l’oxygène , unis par l’ac- tion très-intense de la matière électrique ,.ont pro- duit l’eau qui forma l’atmosphère; que l’eau, con- densée et précipitée à la surface de la terre refroi- die , fut d’abord douée d’une chaleur qui favorisa le développement d’une foule d'animaux aquati- ques ; el que les substances gazeuses qui se déga- geaient du centre soulevèrent les couches déjà formées , et produisirent l’inclinaison de la plupart des dépôts anciens. Laplace, remontant à des phénomènes d'un ordre supérieur, fut conduit à celte idée hardie , que , dans l’origine , le soleil, doué d’une chaleur excessive, élendait son atmosphère au-delà des orbes planétaires ; qu'en se refroidissant , cet astre abandonna, dans le plan de son équateur, des zones de vapeurs qui formèrent des anneaux liqui- des ou solides autour d’un noyau central, comme celui de Saturne, ou des planètes comme la nôtre, et que les satellites ont été formés par l'atmosphère de leurs planètes ; qu’ainsi, la lune serait le pro- duit de celle de la terre. Herschell a émis une opinion différenie, quoique analowue sous certains rapports ; il pense que tous les corps planétaires ont été formés par une ma- tière fluide; qu’elle passe d’abord à l’état de né- buleuse , puis qu’elie devient comète, étoile et planète. Nous pourrions citer plusieurs autres théories , toutes plus ou moins brillantes, plus ou moins hardies, mais toutes aussi plus ou moins erro- nées. Celles dont nous venons de donner analyse suflisent pour prouver la diversité des différentes hypothèses qui ont élé proposées avant que les faits fussent assez nombreux pour qu’ils pussent servir à en imaginer de plus raisonnables. En résumé, l’on peut considérer comme admissi- ble en Géologie , que, dans l’origine, la terre était dans un état complet d’incandescence, pendant le- quel se formèrent les gneiss, les schistes, les mica- schistes et les granites, qui sont les roches les plus inférieures que nous connaissions de celles qui forment son écorce ; que, pendant toute la durée de cette incandescence, notre planète était dé- pourvue d’eau, parce que tous les corps qui peu- vent à l’aide de la chaleur prendre la forme ga- zeuse étaient répandus dans l'atmosphère alors in- finiment plus étendue , plus épaisse qu’aujourd’hui; que par conséquent aucun point sur la terre n'é- tait et ne pouvait être alors habitable. Quant à la durée de cet état, on ne peut l’apprécier qu'à l’aide de calculs fondés sur certaines expériences. Ainsi Fourier a démontré qu’un globe du diamè- tre de la terre , chauffé au rougeet abandonné en- suile dans l’espace, serait plusieurs millions d’an- nées pour arriver ensuile à une température aussi basse que celle que présente aujourd'hui notre globe. Ce fut après un long refroidissement que la terre, par suite de la condensation d’une partie de son atmosphère, se couvrit d’eau , ainsi que de plantes et d'avimaux aquatiques. Pendant qu’elle était en GEOL 405 GEOL incandescence , des'chaînes de montagnes s’étaient formées par soulèvemens : la croûte d'origine ignée s'était boursouflée, mais elle n’avait pas donné naissance à des cimes très-hautes. Nous yerrons à l'article Monracnes que celles-ci sont d’autant plus élevées qu’elles appartiennent à une époque moins ancienne. Ces premiers soulèvemens mar- quèrent les limites de l'Océan primitif. Des matières triturées formèrent les plus anciennes roches à débris organiques, ces schistes ardoisiers qui ren- ferment des empreintes de ces singuliers Crustacés appelés Zrilobites, ces calcaires bleuâtres qui, avec les mêmes animaux, conservent des moules de Mollusques inconnus à l’état vivant, tels que les Produclus; ces grès micacés qui contiennent , outre ces dépouiiles, d’autres corps organisés ap - pelés Conulaires. Ajoutons que les débris de ro- ches entraînés par les eaux, et remués sans cesse par elles, donnèrent lieu à ces agrégalions con- nues sous les noms de Psammites, Pséphites, Ar- koses, Poudingues, etc. Mais, dans celongrègne de l'Océan, on distingue plusieurs époques organiques : des animaux et des végétaux, après avoir, les uns pullulé au sein des eaux, les autres couvert les petites terres ou les îles qui s’élevaient du fond des mers, disparu- rent à jamais pour être remplacés par d’autres corps organisés, qui probablement, par suite de nouveaux changemens survenus dans la tempéra- ture et dans la composition de l’atmosphère , de- vaient encore faire place à d’autres corps. L'opinion d’un savant botaniste, de Candolle, relativement à ces végétaux anciens qu’on retrouve fossiles dans toutes les contrées du globe, oblige d'admettre en principe que ces végétaux, dont quelques analogues éloignés , et d’une taille infi- piment moins grande , n'existent que dans les zo- nes tropicales , n’ont pu exister qu’en admettant des changemens dans l’axe de la terre, supposi- tion que les géomètres et les physiciens repous- sent ; ou bien que ces végétaux, qui ont besoin de l’action d’une grande lumière, outre celle d’une forte chaleur , n’ont pu trouver ces condi- tions essentielles à leur existence et à leur pro- pagation que dans l'influence du feu central jointe à celle d'un fluide lumineux différent de la lu- mière du soleil : ainsi, pour expliquer la présence de ces végétaux, on est forcé d'admettre un agent qui n’exisle plus; en un mot, la présence d’une lumière semblable à celle que la Genèse fait appa- raître avant l’astre du jour , devient ici nécessaire. Les feux souterrains agissaient au sein de l’an- tique Océan ; des roches semblables à des granites, el d’autres qui ont recu le nom de porphyre, se ré- andirent sur les roches schisteuses; des calcai- res leur succédèrent ; des grès et d’autres roches siliceuses se formèrent ensuite. La température du globe paraît avoir éprouvé alors des chansemens : de nouvelles roches de sédiment se représentent ; mais les débris organiques qu'elles renferment diffèrent des premiers. Quelques plateaux s'élèvent au dessus de l'Océan; de nouveaux végétaux y croissent, y meurent et s’y succèdent; des cours d’eau portent leurs tributs aux mers ; les dépôts houillers se forment , des grès et des roches cal- caires les recouvrent ; enfin la craie succède à ces dépôts. Dans cette période , des soulèvemens ont laissé des traces incontestables de leur puissance: toutes ces couches formées au sein des mers sont inclinées , ainsi que les roches sur lesquelles elles s’appuient jusqu’au granite; et même on voit appa- raître de nouvelles masses de roches granitiques qui ont couvert des calcaires presque contempo- rains de la craie. Les soulèvemens dont nous parlons formèrent successivement de nouveaux bassins moins grands que les précédens; c’étaient des méditerranées ou des caspiennes qui durent avoir plus tard beau- coup d'influence sur l’action des cours d’eau, et sur les phénomènes qui se succédèrent encore. Jusqu’à la fin de la période que nous venons de suivre , l'Océan paraît avoir élé stationnaire sur la surface du globe ; mais , soit que des phénomè- nes inconnus se soient passés dans son sein, soit que des abimes s’y soient ouverts , soit que le calcaire crayeux qui s'était formé en dernier lieu ait éprouvé aussi l’action des soulèvemens sur une grande superficie , il est certain que des espaces assez considérables se sont trouvés à sec. La preuve en est dans ces dépôts d’argile plastique qui recouvrent la craie. Cette argile renferme des débris de végétaux, qui indiquent qu’il existait des terres où les plantes croissaient en abondance; elle renferme aussi des Mollusques d’eau douce, qui annoncent que des cours d’eau arrosaient cesterres, ou que des lacs d’eau douce les couvraient en partie; enfin elle alterne souvent avec des cailloux roulés ou des poudingues qui prouvent que des torrens entraînaient de loin des débris de roches. Mais le sol qu'habitaient ces plantes , les lacs on les riviè- res dans lesquels vivaient ces Mollusques, dispa- rurent sous les eaux de l'Océan, qui revint et séjourna dans les mêmes parages pendant un temps si long, que les bancs de calcaire grossier, que dans le bassin de Paris on exploite jusqu’à 12 à 15 lieues à la ronde, s’y déposèrent et s’y con- solidèrent. Ce fait ne s’observe pas seulement dans nos environs, il se représente sur d’autres parties de la France, en Italie, en Allemagne, en Belgi- que , enfin au nord et au midi de l'Amérique. Cependant les mers s’abaissent encore ; les mé- diterranées deviennent des caspiennes, les terres les plus étendues sont arrosées par de grands cours d’eau qui portent dans ces mers des débris d’ani- maux et de plantes, qui s'accumulent dans de grands golfes , où des marées plus fortes que celles qui ont lieu de nos jours viennent couvrir ces dé- pôts lacustres ; du moins ,.c’est la conséquence qu’on est forcé d'admettre pour expliquer ces al- ternances de dépôts d’eau douce et d’eau marine qui caractérisent des terrains de sédiment supé- rieurs , si l’on ne veut point avoir recours à de trop fréquens retours de la mer , qui cependant doit s'être élevée en dernier lieu à une assez grande hauteur, et y avoir stjourné assez long-temps pour y déposer ces bancs d'huîitres, et surtout GEOL 406 GEOP élever Ces dunes de sable qui forment le couron- | nement des plateaux des environs de Paris, où les sables agglutinés ont donné ces masses de grès que l’on peal suivre depuis Rambouillet jusqu’à Fon- tainebleau, Toutefois , il faut encore admettre que les derniers délaissemens de la mer ont formé ces petits bassins marins où se sont déposés les faluns de la Touraine, et plus récemment encore les calcairés assez modernes desenvirons de la Basse- Loire , de la Bretagne , de la Normandie, et ceux qui s'étendent aux pieds des Apennins en Italie, et aux pieds des Alpes, dans le bassin de Vienne en Autriche; en un mot, tous ces dépôts que l’on a voulü comprendre sous la dénomination de qua- ternaures. Un fait bien important en Géologie, c’est que les différens dépôts qui appartiennent à là même épôque ont été reconnus analogues , et quelquefois même identiques, partout où les Géologistes on pu porter leurs investigations. Ainsi l’Europe, l'Asie, l'Afrique, l'Amérique et l'Australie ontoffert des granites, des grès, des schistes et des roches sem- blables: ainsi, l'extrémité méridionale du Brésil comme les environs du New-York aux États Unis, ont offert des dépôts analogues à ceux de l'Eu- rope par leur époque et parles corps organisés qu'ils renferment. Il fallait donc, lorsque ces dépôts se formaient, que les diverses circonstances de cha- leuret de lumière fussent lesmêmes à des latitudes si différentes, pour que les mêmes Mollusques, les mêmes végétaux et souvent les mêmes Mammi- fères pussent y vivre. Nous neus sommes bornés, dans cet article, à indiquer les résullats généraux de la science, nous réservant de traiter certains faits à chaque article spécial qui les concerne. Nous allons terminer par quelques considérations d’un autre ordre, Des explorations géognostiques. La Géologie est une science que l’on ne peut apprendre qu'en la cullivant : les excursions sont surtout indispensa- bles, et, quelque fatigantes qu’elles puissent parai- tre , les observations géologiques offrent tant d’at- trait qu’on est amplement dédommagé de ses fatigues. Ce serait une erreur de croire quela Géo- logie exige des excursions lointaines © le plus pelit canton peut offrir une foule d'observations inté- ressantes au Géologiste. Ges observations ne ren- treront pas toujours , ilest vrai, dans les grandes questions théoriques de la science; maisil ne faut as s’imaginer qu'il n’y ait que les grands faits , que les explorations tentées sur de grands espaces, qui soient réellement utiles. Combien d’observa- tions en apparence peu importantes, qui, négligées jusqu'à ce jour, sont peut-être appelées à donner la solution de quelque problème intéressant en Géologie! Toutefois celui qui voudra prendre une idée exacte de la disposition et de la configuration des roches anciennes, et de la théorie des soulèvemens sihabilement développée par Elie de Beaumont, ne pourra se dispenser de parcourir les Alpes. Mais s’il n’apoint encore exploré les montagnes, à com- bien d'erreurs ne sera-t-il pas éxposé, s’il ne se pre-. munit pas contre les illusions d'optique qui le trompent à chaque instant sur la distance: des ob- jets éloignés ! Ainsi l'on croit souvent n'être qu'à un quart de lieuc d'une montagne lorsqw on en est à plus de deux lieues; d’autres fois unescarpement rapproché ne paraît avoir que 8 à 900 pieds de hau- teur, lorsqu'il en a trois ou quatre fois plus, ; Quelquefois en n’examinant une montagne que sous un seul aspect, onest exposé à se tromper sur sa stratification : tantôt elle paraîtra former une masse informe, tandis que sous un autre aspect sa stratification sera bien distincte. D’autres fois des fissures verticales et très-prononctées feront croire que ses couches sont droites, lorsqu'elles sont réel- lement horizontales ou peu inclinées; enfin sous un aspect les couches peuvent paraître horizonta- les, parce qu’on les regarde du côté de la tranche que présente leur extrémité, tandis qu'au contraire elles sont fortement inclinées si on les considère dans le sens de leur plus grande longueur. Les excursions géologiques exigent l’emploi de certains instrumens dont nous n'indiquerons que ceux qui sont indispensables : tels sont un petit marteau d'acier dont lemanche également en acier et aplati peut servir de ciseau'; un marteau à man- che de bois d’une assez forte dimension pour pou- voir attaquer de grosses masses de roches dures. On donne à ces sortes de marteaux, qui ont besoin d'avoir une trempe douce, des formes assez va- riées; mais la plus simple, et peut-être la plus com- mode, est celle d’une masse carrée. À ces instrumens essentiels on doit joindre, dans les montagnes, un thermomètre et un baro- mètre à mesurer les hauteurs, et surtout, pour gra- vir les escarpemens et s’aventurer sans danger au. milieu des descentes et des ravins, les plus rapides, un fort bâton ferré long de 6 à 7 pieds et de 18 lignes de diamètre, grosseur qui suffit pour pouvoir s'appuyer dessus sans crainte en tra- versant les précipices, les neiges et les glaces (v. pl. 175). Enfin un petithavresac pour porter son bagage ou les échantillons recueillis, un vête- ment commode, des guêtres en cuir et des souliers garnis de clous à pointes, compléteront l’équi- page du géologue pendant ses excursions dans les montagnes. (J. H.) GÉOPHILE, Geophilus. (ixs.) La famille des Scolopendres , assez variée en espèces, a été par- tagée par Leach en plusieurs genres distincts qui devront lous être étudiés séparément. Déjà l'un d'eux a été décrit dans ce Dictionnaire:à l’article Cnyrops (voy. ce mot).Gelui des Géophiles va nous occuper présentement, et deux autres resteront encore à connaître , ceux des Lithobius et des Sco- lopendra , qui seront traités plus tard. Le dernier de ces genres comprend les véritables Scolopen- dres, insectes myriapodes, toujours étrangers à nos contrées ; les autres, au contraire, ont chez nous des représentans assez nombreux, et celui des Geophilus , qui a été si peu étudié encore, compte pour sa partiplus de six espèces européennes, Les Géophiles sont faciles à distinguer par le nombre considéräble: de lears pattes, qui est tou- os? 407 ‘ GEOP GEOP * jours au dessus de 4o paires; les anneaux de leur corps sont par suite plus nombreux que chez les Scolopendres, et ce qui constitue un autre :carac- tère important à noter, leurs antennes, de forme et de longueur assez variables, ont toujours quatorze articles. Ces animaux se tiennent dans les lieux humides, sous la terre, dans les feuilles pourries ou bien sous les décombres; on les trouve aussi fréquemment dans l’intérieur des habitations, dans les jardins ou dans les bois, etc. L'Europe n’est pas la seule partie du monde qui les possède, on en trouve en Afrique, ainsi qu’en Amérique, et probablement aussi dans l'Asie. Les espèces dé- crites sont peu nombreuses, ce qui ne veut pas dire qu’il n’en existe que peu dans la nature, mais plutôtiqu’on les a peu recherchées, et qu’elles ont rarement ‘excité l'attention des naturalistes. Le nom des Géophiles signifie animaux qui ai- ment la terre (y, lerre, œe6 , j'aime ); ces in- sectes sont les plus grands des Scolopendres de nos contrées ( une espèce du climat de Paris a plus de 7 pouces de long) : néanmoins ,uls ne ‘sont pas redoutables , et les morsures qu’ils font avec leurs mâchoires sont loin de déterminer une douleur aussisvive que celle des aiguillons des Abeilles. Cependant , les Géophiles sont suscepli- bles , s’il faut en croire quelques médecins et le vulgaire , de s’introduire dans les narines et d'y causer des maladies des plus cruelles : plu- sieurs faits de ce genre ont été consignés; mais, toutefois , la question ne paraît pas complétement résolue. Un des plus intéressans , et des mieux re- çueillis, est certainement celui que rapporte le compte rendu des travaux de l’Académie des Sciences médicales de Metz ( 1830 ). Une femme des environs de cette ville fut prise de douleurs de têle, qui se faisaient sentir dans la moitié du crâne et affectaient principalement le front et ses sinus ; cet état dura pendant plusieurs mois, et la malade éprouvait de telles souffrances, que sa santé avait été profondément altérée ; son sommeil était depuis long-temps suspendu, et souvent l’exas- pération était telle qu'elle se montrait comme folle; ces crises violentes se répétaient fréquem- ment , et souvent chacune d'elles durait plusieurs jours. Tous les remèdes furent administrés sans succès, et l’on désespérait de la guérison, lorsque tout à coup le calme fut rétabli, après que la malade eut rendu par le nez un insecte myriapode, que les savans du pays reconnurent pour une Scolopendre électrique ( Geophilus carpophagus , Leach }). Un fait semblable a été communiqué à la Société entomologique de France , par. Alex. Lefebvre. Quelques Géophiles jouissent de propriétés phosphorescentes et répandent une lueur assez brillante pendant la nuit. C'est principalement en automne qu'ils sont plus remarquables sous ce rapport. Tous recherchent , comme nous lavons dit, les lieux humides ,et ils peuvent vivre quel- ‘que temps dans l’eau sans périr. Celui qui sortit desnarines de la femme citée plus haut fut placéim- : médiatement dans un flacon rempli d’eau, et ainsi conservé vivant pendant quarante-huit heures. Nous avons nous-même gardé un Géophile pendant trois jours dans un vase rempli d’eau, sans qu’il soit mort. L’anatomie de ces animaux a été peu étu- diée; quelques particularités de leur histoire ont seulement été indiquées par Tréviranus. La plus intéressante est celle du système nerveux, qui présente un nombre de ganglions égal à celui des pattes : ce fait, néanmoins, n’a rien qui doive étonner, quelque grande que soit la quantité de ces dernières : chez le Geophilus Walckenaerii, qui possède jusqu’à 163 paires de pattes, on compte, comme il est facile de s’en assurer, un même nombre de renflemens nerveux. 2 . L’accouplement de ces animaux, leurs œufset les transformations que subissent leurs petits, n’ont point été décrits; et il reste même dans nos con- 2 . trées un grand nombre d espèces à faire connaître : nous indiquerons les suivantes : GéormLe DE WarkeNAER, Geophilus Walcke- naeri. Getteespèce, récemment observée, et quiest représentée dans notre Atlas, pl. 174, fig. 3, et décrite avec plus de détails dans le Magasin de Zoologie, class. des Ins., pl. 133, se trouve dans l'intérieur même de Paris, dans les jardins ainsi que dans les appartemens ; mais elle est assez rare et présente des caractères fort remarquables. La tête, à antennes deux fois aussi longues qu'elle, est d’un jaunâtre-clair , ainsi que la parlie antérieure du corps et le dernier anneau. Les deux tiers pos- térieurs du corps sont roux-brunâtres, et les pattes sont au nombre de 826 (165 paires) environ. La longueur totale s'élève jusqu’à sept où même huit pouces. C’est la plus grande des espèces connues. Une autre espèce parisienne est le G£opuire sIMPLE , G. simplex , que l’on trouve abondamment à Meudon et sur les bords de la rivière de Bièvre. Ses antennes, qui servent principalement à le ça- ractériser, ont leur dernier article deux fois aussi gros que chacun de ceux qui le précèdent. La lon- gueur totale est de 0,048 (3 pouces 6 lignes.) GÉGPHiLE FRUGIVORE , Geophilus carpophagus, Leach. Cette espèce, que l’on trouve fréquemment en Angleterre , n'est pas moins commune en France; c’est la Scolopendre électrique de quelques auteurs. Elle est marquée sur le dos d’une ligne d’un brun-violet, bordé de jaunâtre , avec Ja têle et l'anus de cette dernière couleur. La longueur est un peu moindre que celle de l'espèce précé- dente, et les antennes ont leurs articles tous ar- rondis, bien distincts et égaux entre eux. Leach décrit aussi, comme propres à l’'Angle- terre, les Geophilus subterraneus ,; maritimus et acuminatus, qui se retrouvent probablement en France, mais qu’on n’y a point encore observés. Nous possédons un autre Géophile, G. Lonci- conne, Geophilus longicornis, Leach , qui à tout le corps jaunâtre, avec la tête et les antennes d’un roux ferrugineux: ces dernières, quatre fois au moins aussi longues que la tête, ont leurs ar- ticles poilus ettrès-allongés. Longueur totale 15 lignes. Cette ‘espèce «est la plus:commune de ————————.———..….….—....….—————_—__—_ GEOR . 408 GEOS toutes : c’est aussi la plus petite. Sa taille varie de un à deux pouces. Nous ajouterons la description d’une septième espèce, le GÉoPHiLE Bargaresque, Geoph. barba- rinus , Magas. de Zool. , pl. 123 des Insectes. Ce Géophile à quatre ou cinq pouces de longueur et se fait distinguer par sa couleur généralement d’un roux ferrugineux foncé; ses antennes sont coni- ques, à articles déprimés, anguleux et décroissans; les anneaux de son corps sont larges, et au nombre de 120; il existe un nombre égal de paires de attes. Ce Géophile vit en Barbarie; nous en avons observé un individu qui provenait d'Oran, dans la province d'Alger. (Gerv.) | GÉOPHILES. (mor. ) De Férussac qualifie de cette dénomination tous les Mollusques pulmonés terrestres qui manquent d’opercule, et il les dis- tingue ainsi des Pulmonés aquatiques (Hygrophi- les ), et amphibies (G£nypropaLes , v. ce mot). Les Pulmonés Géophiles appartiennent tous à la classe des Gastéropodes, et ils sont, avec les Cy- clostomes , les seuls de tous les animaux mollus- ques qui vivent franchement à terre, encore se tiennent-ils presque constamment dans les lieux humides, mais ils ne se plongent jamais dans l’eau. Le sous-ordre que composent ces animaux est partagé par de Férussac en deux familles, savoir : 1° les Limaces ( genres Onchidie, Vaginule, Vé- ronicelle, Limacelle, Arion, Limace, Parmacelle, Testacelle, etc. }; 2° les Limacons (Hélicarion, Hélicolimace, Hélice, Vertigo, Partule). Voy. le mot Hécice. (GERV.) GÉOPITHÈQUES. (a.) Geoffroy a donné ce nom, qui signifie Singes vivant à terre, aux espèces de la famille des Quadrumancs américains ré- duites ordinairement à vivre à terre à cause de linaptitude de leur queue à s’enrouler aux corps. Néanmoins ils peuvent encore, ainsi que le dit Geoffroy, courir sur les arbres, et, cn em- ployant l’action de leurs mains, sauter de branche en branche : c’est même près de leurs cimes qu’ils se rélugient quand, poursuivis par de petits qua- drupèdes carnassiers , et pour leur échapper , ils ont recours et revicnnent aux allures des Quadru- manes. Les principaux gronpes de la tribu des Géopi- thèques sont ceux des Callitriches , Nyctipithè- ques, Sakis, Brachyures; nous en parlerons dans des articles spéciaux. Vov. les mots Bracayure, CALLITRICHE, NYCTIPITHÈQUE , SAKI, QuaDruma- NES, elc. ) (GErv.) GÉORGIE. (c£ocn. Pays.) La Géorgie bientôt n’existera plus : chaque jour ses ambitieux voisins lui arrachent quelque partie d’elle-même : aujour- d’hui c’est la Turquie, demain c’est la Russie, bientôt c’est la Perse, qui se précipitent avec fu- reur sur ses provinces pour se les partager. Aussi cet article ne se trouve ici que pour ne pas lais- ser oublier qu'il fat un temps où la Géorgie avait une existence individuelle, un langage qui lui était propre, et nn peuple qu’on pouvait regar- der, pour ainsi dire, comme le type de la race caucasienne. Aujourd’hui tout cela disparaît, et bientôt il n’y aura plus de trace de la nation géor- gienne. Il est un autre pays qui porte aussi le nom de Géorgie : c’est un des états de la république des Etats-Unis : comme c’est une division entièrement politique , et que d’ailleurs nous ne trouvons dans l’histoire de cette province aucun détail qui puisse être de quelque intérêt pour nos lecteurs, nous ne nous y arrêtons pas plus long-temps. (C. J.) GEORGINA. ( or. Pnax. ) Willdenow avait proposé de donner ce nom au beau genre Danzra (v. ce mot), afin, disaitil, que les horticulteurs ne confondissent point ensemble d’abord les Dahlias proprement dits avec le genre Dares ( ». ce mot) ,qui fait partie des Légumineuses;ensuite parce que Thunberg avait, presque dans le même temps que Cavanilles, l’auteur primitif de ce genre , donné le. nom de Dahlia à un genre qu'il créait dans la famille des Urticées. Le genre du bota- nisie espagnol a prévalu : c’était une justice à lui rendre. Il faut donc blâmer les auteurs qui per- sistent à vouloir surcharger la nomenclature bo- tanique du mot Georgina, tant que l’on n’aura pas découvert un genre essentiellement nouveau pour le dédier à la mémoire de Jean Gottlieb Georgi, qui fut le plus habile professeur de bota- nique de Pétersbourg. (T. ». B.) GÉOSAURE. (repr.) Cuvier a donné ce nom formé des mots grecs 71, terre, et caüooe, lézard, à un Saurien fossile que Sæmmerring avait fail connaître sous le nom assez impropre de Lacerta gigantea ; frappé de quelques analogies de détail dans la confi- guration des pièces que l’on possède, ilavait rappro- ché ce genre des Monitors, mais le rapprochement ne saurait être intime, et jusqu'ici la place de ce Sauricn reste encore à déterminer. Ces restes ont élé trouvés dans les schistes à crevasses ferrngi- neuses des environs de Manheïim , dans le canton de Meuleuhardt, à dix pieds seulement de profon- deur. La tête, incomplète, laisse apercevoir que les pièces du crâne re sont pas tout-à-fait dispo- sées comme chez les Monitors; les os ce la face indiquent un museau moins eflilé que celni des Monitors et des Lézards , et assez analogue à ce- lui des Scincoïdes; l'orbite, assez vaste, eiliplique , est placée sur les côtés de la tête; des plaques osseu- ses qu’elle renferme font pressentir que le globe de l'œil était renforcé par un cercle osseux, poly- phylle comme celui des Ichthyosaures. Les mä- choires, peu allongées, offrent un bord dentaire droit; les branches de la mâchoire inférieure, com- primée latéralement , peu élevée, sont réunies, à ce qu'il paraît, par une symphise peu étendue, comme dans les Lacertiens ; les dents ; au nombre de 14 -15 sur la portion subsistante du maxillaire supérieur droit, font présumer qu'elles étaient au nombre de 18 sur la mâchoire entière ; elles.de- vaient être moins nombreuses sur le maxillaire inférieur, à en juger parce qu’il en reste. Ces dents vont régulièrement en décroissant de grandeur d'avant en arrière, et s'étendent jusque sous le ticrs 409 GEOT tiers antérieur de l'orbite ; elles sont toutes uni- formes, peu arquées, coniques, obtuses à leur sommet, légèrement comprimées latéralement , et surmontées d’un bord légèrement tranchant et finement dentelé en avant et en arrière; leur émail est d’un brun lisse et brillant ; elles sont sans collet proprement dit; mais la racine est creuse , évasée fortement et brusquement ; la cou- ronne des grandes dents donne 0,015 ; elles sont situées À une assez grande distance les unes des autres, et paraissent alterner comme celles des Crocodiles. Le corps des vertèbres est fortement étranglé à sa partie moyenne; ses facettes articu- laires antérieures et postérieures sont légèrement concaves ; les apophyses transverses sont grandes et robustes; les apophyses épineuses simples et fortement développées. On possède quatorze de ces os qui donnent 0,59, ce qui fait présumer que l'animal peut avoir eu douze à treize pieds de lon- gueur totale. Les vertèbres donnent de diamètre 0,013 au milieu du corps, 0,024 sur leur bord renflé. L’on voit des côtes longues et grêles ré- duites en débris sur les côtés de la colonne verté- brale , incapables de fournir d'indication un peu récise. La disposition des os du bassin se rappro- che de celle des os pelviens des Grocodiles, mais en diffère cependant d’une manière assez notable ; le fémur n’a pas les trochanters aussi marqués que dans les Sauriens ; l’on ignore encore comment les extrémités étaient terminées : le nombre des doigts , et même le mode de progression de cet animal sont donc encore à déterminer. On a sur- nommé ce reptile fossile du nom de l’auteur qui Va découvert, GÉOSAURE DE SOEMMERRING, G. Sœm- merringi. Ritgen lui donne le nom de Halilimno- saurus crocodiloïdes. (T. €.) GÉOTRUPE. (1ns.) Genre de Goléoptères de la section des Pentamères , famille des Lamellicor- nes, tribu des Géotrupins, établi par Latreille , et ayant pour caractères : antennes simplement feuil- letces , ayant tous les feuillets découverts, ovoïdes; chaperon en losange ; labre corné, transver- O sal; mandibules arquées , dentées, très-compri- . mées; mâchoires très-garnies de poils; dernier article des palpes guère plus long que le précé- dent ; dernier article des labiaux plus allongé. Ces insectes sont de taille moyenne, ont les mandibu- les très- saillantes , plus larges que la têle; le cor- selet est transversal , souvent armé de cornes ainsi que la tête; le corps est arrondi, très-con- vexe; les pattes antérieures sont allongées, forte- ment dentées au côté extérieur ; elles n’ont qu’une épine à leur extrémité. Ces insectes habitent les endroits sablonneux; aussi sont-ils rangés parmi les Scarabées arénicoles : ce sont les espèces les plus communes de nos pays, qui portent plus vul- gairement le nom de Fouille-merde, parce qu’ils voltigent en bourdonnant autour des bouses de vaches où ils déposent leurs œufs et où vivent leurs larves; elles creusent sous les bouses des trous assez profonds où s’accomplissent leurs métamorphoses ; de là aussileur nom de Géotrupe, qui signifie : je perce la terre. Fischer et Ziégler T. HT. 212 Livraison, GERA ont subdivisé ce genre et ont créé les noms, le premier de Ceratophyus, et le second de Armideus, pour les espèces qui sont armées de cornes, tandis qu'ils ont laissé sous le nom de Géotrupe propre- ment dit les espèces inermes : on sent combien de pareils genres sont illusoires, et combien ils s’éloignent des vrais caractères que l’on doit leur assigner. , GÉoTRUPE PHALANGISTE, G.typhœus, Linn. Oliv., t. 1, 9,8, pl. 7, fig. 52. Noir, avec les élytres striées , trois cornes dirigées en avant et horizonta- lement sur le corselet des mâles, une intermé- diaire plus courte. que les autres. Rare. Nous avons représenté une espèce très-voisine, à ély- tres lisses ; c’est le G. momus , d'Espagne, (Foy. notre Atlas, pl. 174, fig. 4.) GÉOTRUPE STERCORAIRE ,G. stercorarius , Linn. , Oliv. ibid. , pl. 5. fig. 39. Long de 7 à8 lignes; vert foncé en dessus , et vert doré en dessous ; des raies pointillées sur les élytres avec les intervalles lisses. Cette espèce varie souvent ; le dessus alors est noir bleu , et le dessous du corps violet. Très- commun. (A. P.) GÉRANIACÉES, Geraniaceæ. (BOT. PHaN. ) Famille de Plantes polypétales formée de l’ancien genre Geranium, que Linné avait, à cause du grand nombre de ses espèces et des différences qu’elles présentent parfois, divisé en trois sections principales , converties par L’Héritier en trois genres bien positifs, le Pelargonium, l Erodium et le Geranium. Gaertner et de Jussieu ont justifié cette constitution par leurs recherches profondes. A ces trois genres on réunit 1° le }onsonia de Linné , qui a le port des Géraniacées, mais qui s’en éloigne par ses étamines polyadelphes et son fruit non divisé; 2° le Grielum de Burmann et de Cavanilles, qui leur tient par plusieurs caractères, et chez qui le défaut de style détermine une tout autre disposition des capsules ; 3° et le Rhynco- theca de Ruiz et Pavon, qui n’en diffère que par ses pétales très-caducs. Sans faire absolument partie des Géraniacées, on est convenu de placer à leur suite les genres suivans : 1° Z'ropæolum de Linné, dont la fleur est semblable à celle des Pélargoniers, mais dont le fruit.est composé de trois graines d’une struc- ture particulière ; 2° Margellana de Cavanilles, n’offrant aussi que trois graines, mais par suite d’avortemens; 5° ]mpatiens, autre genre ayant beaucoup d’affinités avec les Géraniacées, quoique son organisation lui soit toute particulière ; 4° et Oxalis, lié à cette famille par la pluralité de ses styles, comme dans le Grielum, et par son fruit simple non divisé, comme dans le Monsonia. Ces légères circonstances ont cependant décidé les bo- tanistes actuels à faire de ces quatre genres trois nouvelles familles : les Tropéolées, auxquelles on joint le Magellana ; les Balsaminées, et les Oxali- dées , auxquelles on réunit le Ledocarpon de Des- fontaines : cela me paraît un démembrement mal raisonné , et par conséquent inutile, La famille des Géraniacées est composée de plantes herbacées ou s’élevant au rang des sous. 22 ae | . Den AS ea I ER RSR EEE © + CEE L10 | mo GERA arbrisseaux , quelquefois même jusqu'aux arbus- tes : elle contient donc six genres bien tranchés , et comme appendices ; elle en a quatre autres qui ne peuvent pas raisonnab!'ement en être séparés. (T. ». B.) GÉRANIER., Geranium. (B0T. PHAN. et HORT.) On fait venir le nom Géranier du mot grec yepavcs , grue ; il a été appliqué à ce genre de plantes dico- tvlédonées , à cause de la conformité du fruit avec le long bec de la Grue. Le Géranier appartient à Ja Monadelphie décandrie et sert de type à la fa- mille des Géraniacées. Les caractères essentiels du genre sont d'offrir 1° des plantes herbacées , viva- ces, très-rarement frutescentes ; 2° des feuilles pal- mées ou lobées , arrondies ou‘incisées , et munies de stipules ; 3° des fleurs à corolle régulière , por- tées, ordinairement deux ensemble, sur le même édoncule. Ges fleurs sont composées d’un calice monophylle, partagé en cinq divisions persistan- tes, égales; de cinq pétales égaux à la corolle ; de dix étamines portées sur de longs filamens égaux ou inégaux , adnés à leur base par autant de glandes mellifères; dans quelques espèces toutes les éta- mines sont fertiles et par conséquent avec anthères ovales , allongées, versatiles ; dans d’autres il n’y en a que sept et même que cinq anthérifères; l’o- vaire est libre , pentagone , ayant le style pyrami- dal terminé par cinq stigmates ; 4° d’un fruit par- tagé en cinq capsules (v. pl. 177; fig. 1 6 de notre Atlas) , presque toujours monospermes ; la graine est ovale-oblongue, pointue par le bas, avec em- bryon recourbé, parfois droit. La disposition de ce fruit est remarquable; au sommet de l'ovaire est un appendice pyramidal, persistant ; il sert d’appui aux longues arêtes , velues à leur face in- terne , qui s’en détachent ensuite par le bas seule- ment, s’écartent du centre , s’enroulent de bas en haut , se tordent en spirale lors de la maturité des graines, et forment des sortes de branches, comme “celles d’un lustre , auxquelles les capsules unilocu- laires demeurent appendues. Ces caractères excluant une grande partie des nombreuses espèces dont le genre Geramium était composé dans l’origine , L'Héritier en a détaché, pour former le genre Erodium, les espèces ayant la corolle régulière, cinq étamines fertiles, les capsules terminées par un bec et'une barbe:en spirale ; et pour constituer le genre Pelargonium, les espèces, pour la plupart originaires du cap de Bonne-Espérance , qui sont à corolles irrégulières, à sept étamines fertiles et à cinq capsules présen- tant de même un bec et une barbe en spirale. On compte environ trente espèces de Géraniers indigènes à l'Europe , et à peu près une quaran- -taine dans le nord de l'Asie, sur le Caucase , dans - là Nouvéllé-Hollande, la Nouvelle-Zélande ;:sur ‘les Andes ,-et les autres chaînes de:montagnes-éle- vées. Parmi celles qui sont les:plus communes; on -‘en: trouve plusieurs que leur beauté :devrait:faire lsappeler dans°les jardins ;tels sont + le GÉRANIER © sANGUIN, G.-sañiguineum , aux grandes.fleurs d’un | “rouge violet , plus rarement roses ,»portées:sur de -longs pédoncules articulés , épanouies en: juin et :morrhagies et l’esquinancie, d’où lui est venu son peu déchu ; cependant on: s’en sert -encore aVeC" succès -dans quelques, affections érysipélateuses GERA juillet, et se plaisant sur les terrains sablonneux, sur les bords des bois; le GÉRANIER BRUN, G. phœum originaire des Alpes et des pâturages étendus au sommet des montagnes de la France, s'élève au plus à quarante centimètres, se. décore de feuilles découpées en cinq lobes et de fleurs d’un pourpre foncé, disposées en panicules läches dans la partie supérieure des tiges ; lc GÉRANIER COLOMBIN , OU Pied de pigeon, G. columbinum, commun dans less bois, dans les haies, et dont la corolle, aux pétas les échancrés, est d’un bleu clair. | Déjà l’horticulteur a été demander à nos prairies! humides le GÉRANIER EN LARGE BUISSON, G. pra tense ; il en a obtenu de hautes et belles touffes M d’un coup d'œil très-agréable en mai, juin ét juil-A let, alors que ses grandes fleurs, toujours uniess deux par deux, étalent leur disque d’un bleu lé- ger, el se succèdent abondamwment les unes aux autres, surtout si l’on a soin de l’arroser fréquem- ment, Cette espèce a produit trois variélés remar- quables ; la première donne des fleurs bleuâtres doubles, la seconde des fleurs blanches, la troi- sième des fleurs panachées de bleu et de blanc : celte dernière n’est à bien prendre qu’une dégéné 4 ration. Pour avoir les deux premières dans tout leur éclat , il faut éclater les vieux pieds, c’est même le seulmoyen pour celle à flears doubles, puisqu'elle ne rapporte point de graines. (PI. 197, fig. 1 a). Nous avons tiré de l'Italie le GÉRANIER STRIÉ, G. striatum , espèce vivace qui se contente de tous les sols, de toutes les expositions, et qui se repro- duit elle-même des graines que ses capsules lan- cent par un mouvement élastique. Ses tiges rou- geîtres et nombreuses forment un buisson assez touffu ; ses feuilles unics deux par deux, quelque- fois trois par trois, sont d'un vert luisant en des- sus, découpées en cinq lobes marqués chacun à4 leur base d’une tache brune, plus pâles en dessous et offrant des veines ramifiées, saillantes. Les fleurs qui le couvrent depuis le mois de mai jusqu’en sep- tembre, sont petites, nombreuses, fort jolies, sur- tout vues de près, et toujours deux ensemble. Leurs étales blancs sont peints à l’intérieur comme à l'extérieur de traits roses distribués avec grâce et de l'effet le plus pittoresque. Parmi les autres espèces qui appellent l'attention de l'amateur, je citerai le GËRANIER ARGENT, G." argenteum , que l’on trouve sur nos montagnes du midi ; ses toufles de feuilles soyeuses, blanchâtres, arrondies, et ses grandes fleurs purpurines por- tées sur des tiges fort courtes; sont précieuses pour les plate- bandes. Il faut l’'unir au GÉRANIER COU- cué , G. pyrenaicum , dont,les petites fleurs, d'un ourpre violet, se marient agréablement à des” feuilles disposées.en rosette, qui sont douces au toucher et:découpées en six et sept lobes trifides. Le. GÉRANIER ROBERTIN ,«G. robertianum, fut autrefois très-recherché pour ses propriétés médi- cinales ; ilétaityprincipalement vanté dans les hé= nom vulgaire de Herbe à l'esquinancie ; il est un. 1.Géranier. 2, Gerboise 3. Gerris EE Cuertr de 0 GERB mais il faut que la plante soit pilée-et appliquée extérieurement. Gette espèce abonde partout, sur les vieux murs, le long dés haies, dans les bois, sur les décombres, les lieux pierreax; etc. ; froissée entre les doigts , elle exhale une odeur forte, très- désagréable. Ses fleurs sont d’un rouge incarnat et de médiocre grandeur. Cet article serait incomplet si je ne mentionnais point ici le GÉRANIER GICUTIN ou Bec de grue or- dinaire, G. cicutarium , plante annuelle et bisan- nuelle très-commune sur nos côles maritimes, et dans tous les lieux arides et sablonneux ; elle com- mence à s'épanouir vers la fin de février, quand elle jouit pleinement des rayons solaires , et con- tinue jusqu'aux premiers froids de l'automne à montrer le disque rouge ou pourpre léger de ses petites fleurs striées, au nombre de cinq sur cha- que pédoncule radical et axillaire. Dans un bon terrain ce Géranier n’est plus reconnaissable ; il devient grand, et comme il continue à végéter même durant l'hiver, le cultivateur, qui ne néglige rien d’utile , le fait , à l'exemple de ceux des dé- partemens de Seine-et-Oise et de l'Eure, servir à la nourriture des vaches. Ces animaux mangent. avec plaisir la fane et surtout la racine pivotante que l’on recueille en novembre, qu’on lave pour : en détacher la terre, et qu’on leur coupe par tran- ches. (T. ». B.) GERBILLE, Gerbillus. (man.) Le genre que Desmarest nomme ainsi, a recu d’Illiger le nom de Mériones, que F. Cuvier applique à un autre groupe également voisin des Gerbilles. Foy. le mot GERBOISE. (GERv.) GERBOISE , Dipus. (ma. ) Les Gerboises for- ment avec les Gerbilles et les Mériones un petit groupe de Rongeurs claviculés, remarquables par l'élégance de leurs formes et surtout la longueur de leurs membres postérieurs, qui dépassent les antérieurs, et aussi celle de leur queue, Ce sont des animaux des pays chauds, et dont l’Afrique, l'Asie et l'Amérique possèdent des représentans ; la plu- part vivent dans les plaines désertes, et il en est qui se retirent dans les bois. Les anciens natura- listes ne distinguaient pas ces animaux des Rats (Mus) ; mais ils donnaient au petit nombre des es- pèces qu’ils connaissaient des noms parfaitement en harmonie avec leur mode singulier de progres- sion. La dénomination de Dipus , c’est-à-dire ani- maux à deux pieds, qu’on impose aujourd’hui à la plupart d’entre eux, quoique peu régulière , n’est pas moins expressive; elle veut indiquer que ces animaux ont deux pieds bien plus développés que les autres, et sont pour ainsi dire bipèdes. Genre Gersoise, Dipus, Le groupe des Gerboises proprement dites a pour caractères ses molaires simples , et au nombre de quatre de chaque côté de la mâchoire supérieure, et de trois seulement à l’inféricure ; ses extrémités postérieures extrêmement allongées , et muniés de trois ou cinq doigts. Les membres antérieurs ont toujours cinq doigts ; la queue est longue et parait VAS 2 > meme GERB servir à ces animaux lorsqu'ils se tiennent-sur leur train de derrière seulement ou qu'ils sautent. Les Gerboises ont l'œil grand, ainsi que l'oreille; leur langue est douce et leur lèvre supérieure fen- due; de longues moustaches garnissent les côtés de leur museau, et leur pelage est.épais. Ce sont des animaux qui vivent dans les lieux déserts et inculies, au milieu des vastes solitudes du nord de l'Afrique et de l’Asie centrale et orientale; ils sont timides et se retirent dans des Lerriers pour se re- poser. Leur nourriture consiste en graines.et en racines. L’allure ordinaire des Gerboises est le saut, et ces animaux peuvent, dit-on, franchir d’un seul bond des espaces de dix pieds ; ce mode de pro- gression est analogue à celui des Kanguroos et des animaux que nous conpaitrons sous le nom de Ma- croscélides. De même que ceux-ci, les Gerboises se servent de leurs membres antérieurs pour por- ter les alimens à leur bouche, et elles ne les em ploient dans la progression que lorsqu'elles chemi- nent sur des terrains qui montent. On assure qu’elles passent une grande partie de l'hiver dans une sorte de somnolence habituelle, et que, craignant la lu- mière, elles ne sortent guère pendant la belle sai- son que la nuit, même à l’époque de leur plus grande activité. } G£rBoise GERBO, Dipus gerboa, Gm. La Ger- boise qu'a décrite Buffon appartient à cette es- pèce que l’on trouve en Arabie et dans le nord de l'Afrique , depuis l'Egypte jusqu'à Maroc. Le Gerbo est d’un fauve clair en dessus, avec la pointe des poils noire, le dessous du corps blanc, et un croissant de la même couleur sur chaque fesse ; il a trois doigts seulement aux pattes de derrière ;‘ce- lui du milieu étant le plus long, GERBOISE ALAGTAGA, À). jaculus, Gm., le Mon- gul de Vicq-d’Azyr. Cet animal est d’un fauve très- pâle en dessus et blanc en dessous, avec le museau blanc; ses pieds de derrière ont cinq doigts. GxrBois£ BRACHYURE, D. brachyurus, Blainv. Cette espèce, dont on doit la connaissance à de Blainville, habite la Tartarie et la Sibérie ; elle se distingue par son pelage fauve pâle, varié de brun en dessus et blanc en dessous: ses oreilles sont assez courtes, et ses pieds de. derrière ont cinq doigts, dont les trois médians sont égaux entre eux, De Blainville a également observé une autre es- pèce de Gerboise , bien plus grande que toutes celles-ci, et qu'il a nommée Dipus maximus. L'a- nimal sur lequel repose cette espèce a été observé vivant à Londres; mais on n’avait sur sa patrie au- cun renseignement; sa taille égale à celle du lapin, et sa tête marquée sur chaque côlé d’une large bande noire, ont fait présamer que celte prétendue Ger- boise pourrait bien se rapporter. à la Viscacue. Foy. ce mot. Genre Gergicze, Gerbillus, Desm. Ges animaux, qui ont des rapports avec les Ger- boises par leurs mœurs et la forme de leur corps, s’en éloignent assez par leur système dentaire, pour qu'ils aient pu être placés par F; Cuvier dans un : L mm GERB autre section : les Hamsters paraissent être les ani- maux avec lesquels ils ont sous ce rapport le plus de ressemblance. Les molaires des Gerbilles sont au nombre de trois à chaque mâchoire, simples et à couronne tuberculeuse ; leurs pieds de derrière , beaucoup plus gros que ceux de devant , à cause de l’allon- gement des tarses, ont de même qu’eux cinq doigts, et la queue est longue et velue. On trouve des Gerbilles dans les deux continens. Ces animaux, dont la taille est toujours petite, se creusent des terriers spacieux dans lesquels ils amassent de nombreuses provisions ; leurs yeux sont grands ainsi que leurs oreilles, et leurs mœurs sont nocturnes. Parmi les espèces assez nombreuses du genre, nous citerons le Dipus indicus de Hardwick, G. indicus, Desm. Animal brun, linéolé de noirâtre, et dont la queue est terminée par une toufle de poils bruns. On le trouve aux Indes orientales entre Bénarès et Hurdwan. Geraizze D'Ecyrre, Gerbillus ægyptius, Desm. C’est le Dipus pyramidum de Geoffroy; sa taille est celle d’une souris, et ses jambes postérieures sont aussi longues que son corps. Son pelage est jaune clair en dessus, et sa queue brune, terminée par des poils assez longs. (oy. notre Atlas, pl. 177, fig. 2. Illiger appelle les Gerbilles Meriones, dénomi- nation que F. Cuvier applique aux animaux que nous étudierons plus bas. Smuts, qui a dans son Synopsis mammalium capensis adopté la première de ces significations, fait connaître, sous le nom de Meriones Schlegelit, une nouvelle espèce que l’on devra rapporter par conséquent au genre Gerbille de Desmarest. Cette espèce, dont le nom rappelle celui d’un savant erpétologiste hollandais, se rap- proche encore plus des rats ordinaires que toutes les précédentes ; elle est de couleur brune sur le dessus avec une légère teinte isabelle ; sa patrie est le cap de Bonne-Espérance. Smuts, dans l’ou- vrage précité, a donné de cette Gerbille une bonne description à la fois anatomique et zoologique. Genre M£rione, Meriones, Illig. Les espèces de ce troisième groupe ont la phy- sionomie générale des rats ; mais leur train de der- rière est beaucoup plus élevé que l’antérieur; leurs molaires, au nombre de trois à chaque mâchoire, présentent à leur couronne une sorte d'S renver- sée, avec des cercles plus ou moins marqués. Ges dents composées différencient parfaitement les Mé- riones des Gerbilles, chez lesquelles elles sont sim- ples. Le type du genre est la GerBruce Du Ganapa de quelques auteurs, Dipus americanus de Barton, que les auteurs modernes nomment tantôt Merio- mes nemoralis, tantôt M. canadensis. Get animal a le pelage d’un brun jaunâtre, mélangé de jaune brunûâtre en dessus, et tout le dessous du corps blanc. On cite encore dans le même groupe le M. mus- culus de Kuhl, qui provient du Brésil, et le AZ. la- 412 GERMY --:"" bradoricus de Buh. Harlan, nommé par Rafines- que Gerbillus hudsonius. (GErv.) GERFAUT. (o1s.) Une des espèces du genre Faucon(v. à ce mot, pag. 167 et 168). S'il faut en croire Belon, son nom lui vient de ce qu’il réunit aux mœurs des Vautours celles particulières aux Faucons. | (T:'». B.) GERMANDRÉE, Z'eucrium, du nom de Teucer, roi de Troie (Plin., xxv, 95). Genre de la famille des Labiées. Caractères : calice à cinq dents; co- rolle à tube fendu en dessus ; les deux divisions su- périeurés droites , renfermant les étamines ; la lè- vre inférieure étalée , à trois lobes, celui du milieu très-grand : cariopses unis. Ce genre est nombreux en espèces : il en ren- ferme près de quatre-vingt-dix, Nous nous conten- terons de mentionner celles qui appartiennent à la Flore parisienne ,-en les divisant en deux sections, ainsi qu’il suit : + Fleurs rouges. GERMANDRÉE PETIT CHÊNE, L. chamædris , L., Spec. 790 ; Matth. Valg. 818. Tige presque cylin- drique, ligneuse , souvent couchée , longue de 16 à 18 centimètres, velue; feuilles ovales, un peu cunéiformes et atténuées en un court pétiole à la base, crénelées , presque incisées , dures, pâles en dessous ; une À trois fleurs dans chaque aisselle , subverticillées en haut. On trouve cette plante dans les bois secs, à Saint-Germain, Vincennes, etc. C’est un excellent stomachique et un bon fébrifuge. Il convient dans la cachexie, etc. GERMANDRÉE scorDiuM, 2. scordium, L., Sp. 790 , Bull. Herb., t. 305. Tige tétragone, couchée à la basé, coudée, puis redressée, blanchâtre ainsi que toute la plante, velue, un peu branchue, lon- gue de seize à trente-deux centimètres; feuilles ova- les, dentées en scie, pubescentes, molles, sessiles ; fleurs axillaires, presque géminées , rouges, bleues ou blanches. Gette espèce , donée des mêmes ver- tus que la précédente, est de plus vermifuge. Son odeur forte et alliacée la fait employer dans les ma- ladies pestilentielles. GermanDrRée Borays, 2”. botrys, L., Spec. 786, Dod. Pempt. 46. Tige dressée, velue , très-ra- meuse, étalée, tétragone, haute de huit à seize centimètres; feuilles multifides, finissant en pé- tiole , à lobes un peu ovales, pubescens ; trois ou quatre fleurs ensemble dans les aisselles. Gette plante est aromatique et tonique, mais peu em- ployée. sh ++ Fleurs jaunes. GERMANDRÉE SAUGE DES Bots, 2. scorodonia, L., Sp. 789, Bull. Herb., t. 301. Tige dressée, ra- meuse, Létragone, velue, haute de trente-deux cen- timètres ; feuilles cordiformes, crénelées, ridées, pubescentes, courtement pétiolées , plus pâles en dessous, souvent rougeâtres en dessus ; fleurs en longues grappes, simples, unilatérales, axillaires ou terminales ; calice dont la partie supérieure est arrondie et plus grande que les autres, qui sont sétacées ; étamines pourprées. | | 1 GERM Li 5 GÉRM GERMANDRÉE DES MONTAGNES, 2’. montanum, L., Spec. 791; Clus. Hist. 365, fig. 1. Tiges très- rameuses, couchées , ligneuses, rondes, pubes- centes, longues de huit à douze centimètres ; feuil- les linéaires, lancéolées, obtuses, entières, à bords un peu roulés en dessous , où elles sont blanchä- tres. Velucs, glabres et vertes en dessus ; fleurs réunies en têtes terminales, accompagnées de quel- ques feuilles qui forment une sorte d’involucre ; fleurs d’un blanc jaunûtre. On cultive dans les jardins d'agrément le Teu- crium fruticans, L., originaire d’Espagne; le 7°. au- reum, Schreb., 7°, flavicans, Lamk, de la France méridionale ; le T. marum, L. , d'Espagne. Cette dernière planie exhale un parfum qui plaît telle- ment aux chats, qu'ils la tuent à force de se rouler dessus pour le savourer. Nous donnons, pl. 176, fig. 2 de notre Atlas, le portrait de la GERMANDRÉE MULTIFLORE, 2°. mul- tiflorum. Gette espèce, qui répand une odeur agréa- ble, est originaire d’Espagne et est cultivée chez un bon nombre d'amateurs distingués. Elle a les tiges grêles, très-rameuses, haute de trente à trente- cinq centimètres. Ses fleurs purpurines , disposées six-par six à chaque verticille, forment, au sommet des tiges et des rameaux, des grappes allongées, d’un joli aspect. On la multiplie de graines. GERME. (2001. 8oT.) Dans le sens le plus gé- néral on donne ce nom au rudiment d’un être or- ganisé qui vient d’être engendré, ou à l’ébauche de tout organe que le temps ou la nutrition ame- pera au degré de perfection dont il est susceptible. On l’a appliqué particulièrement, en botanique, à la plumule , lorsque, par suite des développemens, elle sort du turion et s’élève à la surface du sol. Nous pourrions, à l’occasion de ce mot, exami- ner si l'existence d’un être organisé suppose tou- jours la préexistence d’un GERME; mais celte ques- tion, d’une haute importance, doit être développée dans plusieurs articles de ce Dictionnaire auxquels nous renvoyons, (Voyez GÉNÉRATION, MATIèRE, ORGANISATION.) (P'G:) GERMINATION , Germinatio. ( BoT. PHAN. ) Premier développement des parties contenues dans la Grains (voy. ce mot), demeurées depuis l’é- poque de la maturité dans un état d’inaction ou de sommeil complet ; une fois mise en terre , en lieu propre, la graine éprouve le besoin de s’é- veiller et d'animer d’une force vitale progressive ’être caché dans son sein. Le sommeil peut durer plus ou moins long-temps , il est même susceptible de durer parfois un ou plusieurs siècles, sans que, pour cela, la faculté génératrice se perde entière- ment, comme on le voit dans certaines graines ; mais, du moment que des circonstances favorables viennent exciter les facultés organiques , la graine se gonfle , le germe se met en mouvement, la vie commence , la radicule s’allonge , les tuniques se rompent pour, d’une part , lui donner passage et lui permettre de plonger vers les profondeurs de la terre , de l’autre, faciliter à la plumule les moyens dese dresser vers le foyer atmosphérique; les cotylédons s’étalent , fournissent au nouvel être la nourriture qu'ils contiennent ou qu’ils élabo- rent ; ils se flétrissent ensuite, tombent, et se dé- truisent dès qu'il a pris de la force, une certaine extension, et qu'ils ne peuvent plus lui être utiles La Germination est alors achevée. Gomme il est aisé de le pressentir, d’après cet exposé, trois causes principales concourent au phénomène de la Germination. 1° Le milieu qui reçoit le dépôt de la graine ne lui fournit aucun aliment , il lui sert uniquement de matrice; il est chargé de la préserver de l'excès de la chaleur et du froid , en l’imprégnant lentement d’une humi- dité bienfaisante; celle-ci la rend capable de se gonfler , de dilater ses différentes parties et de les rendre souples. 2° Le contact de l’air favorise ensuite le déplacement des fluides, et s’introduit dans les vaisseaux et utricules dilatées. 3° L’action pressante d’une douce chaleur , en laquelle réside le stimulant principal, détermine enfin le premier mouvement des organes , favorisé , sollicité même par les deux autres causes. Mais posons un prin- cipe : l’évolution germinatrice n’est pas plus promple à l'obscurité qu’à la lumière. Il est indubitable que l’acide carbonique joue un grand rôle dans le phénomène de la Germina- tion; mais il n’est point encore permis de dire dans quel moment la fermentation saccharine s’o- père, comment elle prend principe. On sait que la Germination est généralement impossible à cing et même à six degrés au dessous de zéro (v. Frorp SUR LES PLANTES ) ; mais on ignore à quel degré de chaud ou de froid les graines perdent la faculté de germer. Des expériences récentes, dues à Colin et Edwards, il semblerait qu’on peut dès à pré- sent conclure, avec ces deux savans, 1° sous l’in- fluence d’une basse température, que le Seigle , le Froment, l'Orge, les Fèves, soumis, durant quinze minutes , à la température de 39 degrés centigra- des, c’est à-dire à la congélation du mercure , ne perdent point leur faculté germinatrice, et que par conséquent la limite doit être, au moins pour ces végétaux , placée au dessous du 39° degré cen- tigrade au dessous de zéro; 2° sous l'influence d’une température élevée , que diverses céréales et légumineuses perdent cette faculté , plongées , durant cinq minutes, dans de l’eau chaullée à 30 degrés centigrades, exposées à la vapeur à63, à l'air sec à 79 ; 5° sous l'influence d’une immersion complète de trois jours, que les mêmes graines, et celles de la plupart des végétaux terrestres, per - dent tout moyen de germer à 55 degrés centigra- des dans l’eau, et à 45 degrés dans du sable légè- rement humecté. Quant à la température que les plantes herba- cées et ligneuses peuvent supporter en plein air , et végétant sur Le sol qui leur convient, on me per- mettra de renvoyer à ce que j'ai dit plus haut en traitant de la GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. Avant de passer outre, je dois remarquer que les faits articulés par Edwards et Colin ne sont pas tellement rizoureux qu’on ne puisse en appor- ter qui les rendent au moins contestables. D'a- D GERM 41% GERM bord, on'se rappelle qu’en 1787 un paquet de Pommiers de deux ans de greffe sur francs et sur Paradis, appartenant à la division des Calvilles , des Rainettes, des Apiset des Châtaigniers, ayant été expédié en Russie par menami André Thouin, tomba par hasard dans une glacière, où il passa l'hiver rigoureux de 1789; quand on le retrouva, l’on osa le délier: et mettre chaque tige dans une caisse, sans en rien espérer, Mais quel ne fut pas l’étonnement , lorsqu’à la saison de la séve on les : vittous pousser vigoureusement! Plusieurs d’entre ces pommiers fleurirent et portèrent des fruits qui vinrent tous à parfaite maturité. Ils existent en- core aujourd'hui et jouissent d’une végétation brillante. ls avaient cependant supporté près de 53 degrés centigrades au dessous de zéro. Sur le second point, je dirai que vingt-cinq hectolitres de Seigle, oubliés en un grenier depuis ’été de 1820, ayant été semés quatre ans après, sur le territoire de Montauban, département de Tarn-et-Garonne, dans un champ reconnu fertile et préparé convenablement , aucun grain n’a levé ni donné le plus léger signe de végétation. D'un autre côlé, voici des faits non moins singuliers et d’un système de conduite bien différent. En 1829, j'ai publié, tom. 11, pag. 125 etsui- vantes des Annales de la Société Linnéenne de Paris , quelques recherches curieuses sur la durée de la puissance germinatrice dans les semences. J'ai, depuis celte époque , recueilli beaucoup d’autres faits non moins intéressans ; comme leur portée est un phénomène mal observé jusqu'ici , je ‘crois devoir offrir succinctement le résultat de mes études à ce sujet : leur étendue me les fait pa- raître assez importante. É Des expériences faites à diverses épôques , sous des latitudes différentes et sur des graines plus ou moins vieilles , prouvent d’une manière incontes- table que certaines semences peuvent conserver leur puissance germinatrice fort long-temps, du- rant des siècles , lors même qu’elles ont été tenues dans des circonstances tout-à-fait opposées à leur conservation, Home nous apprend, en 1759, avoir semé, et fait une bonne récolte de grains d'Orge recueillis depuis cent quarante ans. Au commencement de ce siècle, on a vu, dans le Jardin des Piantes de Paris , se développer et produire des Haricots tirés de l’herbier de Tournelort, où ils étaient dépuis plus de cent ans. En 1819, Burk-Lambert , bota- niste et horticulteur à Londres, a obtena le même résultat de diverses graines du Chili qu'il conser- vait dans son grainier depuis {trente ans : de ce nombre étaient plusieurs espèces de Gasses, Cas- sia, un superbe Balisier, le Canna viridiflora, divers Liserons frutescens , les Convolvulus crena- tus, canariensis, farinosus, althæoides, floridus, etc., la belle Ketmie à fleur changeante, Hibiscus mu- tabilis, VOseille de Guinée, ©. sabdariffa, etc. Un tombeau gallo-romain dont la construction remonte au troisième, ou tout au plus au milieu du quatrième siècle de l'ère vulgaire, et arraché: au sein de:la terre en 1834, dans la commune: dé Mongie SaintMartin, département de la Dordogne; contenait, sous la tête du squelette qui y était renfermé,. dans une cavité ouverte exprès, des: graines de Bluet , Centaurea cyanus:, de Trèfle-frai-… sier, Zrifolium fragijerum, et: d'Héliotrope cou=. ché, Æeliotropium supinum. Mises :enterre ; cesr: semences ont germé rapidement ; parcouru tontes les périodes de la végétation et fourni des graines abondantes. Un Ognon qu’une momie égyptienne tenait à la main, et doré selon les rites sacrés-enm usage aux bords du Tibre; ayant été confié à la terre, a rapporté , après deux mille ans au moins. de mort apparente , des Ognons, Allium cepa, en: tout semblables à lui. DuBlé, extrait d’un sou- terrain où 1l se trouvait depuis un temps immémo- rial; des Pois, des Marrons,, des Glands , renfer- més par mon aïeul , en 1755, dans des bocaux en verre, ont retrouvé; sous mes yeux, leur puissance germinatrice du moment qu'ils ontétésemés. Réan- mur cile un pareil fait pour du Froment découvert à Metz dans un magasin perdu depuis un grand nombre d'années, Et en 1835 nous avons mangé du pain fait avec du froment obtenu du semis de grains enfouis depuis le seizième siècle dans un ca- veau en maconnerie caché dans la forêt de Neun- Kirchen, près Sarreguemines ; département de la Moselle. Une tige de Joubarbe, cueillie au pied du Té- nériffe, en juillet 1815, par Ghristian Smith (qui a depuis si malheureusement. été victime de son amour pour les sciences: naturelles dans les sa- bles de l’Afrique), et conservée comme plante sè- che dans l’herbier de De Candolle, à donné, à Genève, au mois de janvier 1817, signe de vita- lité, en poussant une petite pointe blanchätre. Mise aussitôt en terre dans une oraugerie,, elle s’y est développée-et a produit l’espèce Sempervivum canariense; elle a porté depuis, el:à diverses re- prises, ses fleurs blanches très-nombreuses et pro- duit plusieurs pousses vigoureuses. Le même phé-. nomène s’observe presque: journellement dans la demeure paisible de nos montagnards du Jura sur les branches de l’Orpin commun, Sedumtelephium; qu'ils sont dansl’usage d’appendre auxmursdeleurs chambres; là, ces branches, quoiqu’elles perdent insensiblement de leurs forces , finissent par'fleu- rir au bout-de quelques mois, ce quiest d’un très- heureux augure pour ces bons et industrieux cul- tivateurs. J’ai fait encore une remarque semblable à Versailles, en 1817 et en 1818, sur une grosse touffe de tubercules qui, sans toucher aacune par- celle de terre, donna trois années de suite des ti- ges et des fleurs de Dahlias bien épanouies, d’une très-belle couleur mordorée. Pendant l’année 1816, lé professeur Mac-Nab, d'Edimbourg, arracha un Ficus australis, origi- naire de la Nouvelle-Galles du Sud, le débarrassa de toutes les: particules terreuses qui pouvaient exister autour de ses racines, et le suspendit dans un isolement complet du sol. Malgré cette situation, l’arbuste n’alpoint cessé de végéler avec force, il a. même-donné deux figues l’annéesuivante. De Saus- sure me fournit un fait plus étonnant, encore: un GERM AE) GERM Gactus flabelliformis, qui, pendant trois semaines, ‘lui avait servi à des expériences propres à détruire toutes ses: facultés vésétalives, s’est conservé sans terre ni eau durant quatorze mois; au bout de ce temps, il fut planté ; peu de jours après, le bota- niste .génevois l’a vu se gonfler, pousser des jets et porter des fleurs. Sans doute ces faits sont isolés; mais ils éclai- ent une partie-du phénomène que nos théories cherchent à expliquer; ils nous apprennent que l’activité organique est plus puissante que nous ne le croyons, et que les lois d'existence ont des condi- tions qui noussont encore inconnues, Îls prouvent aussi ce que j'ai avancé au commencement de cet article. Le temps nous amenera de nouvelles lu- mières; en attendant, reprenons la Germination dans ceux de ses secrets qu’elle nous a permis d’entrevoir, et disons comment elle se comporte dans les diverses familles végétales. Rappelons-nous quele premier signe du chan- gement de condition de la graine dans l'acte vital -est son gonflement total ou partiel; le second est celui où l'embryon se débarrasse des enveloppes du péricarpe; le troisième quand commence lé- volution végétante, c’est-à-direquand , d’une part, l'embryon jette les racines qui doivent l’asseoir dans je sol et:y puiser alors ses alimens les plus -substantiels; de l’autre, quand il lance vers le foyer lumineux la hampe ou tige qui plus tard se couvrira de feuilles, de rameaux, et lui fournira de nouveaux moyens alimentaires. Pour que le pre- mier mouvement s'opère assez promplement , il faut que la graine soit parvenue à parfaite maturité, et qu'elle soit semée peu de temps après. De nom- breuses expériences nous ont appris que ce mouve- ment se manifeste dès le premier jour pour le Fro- ment, le Millet, le Seigle ; le troisième jour chez le Haricot , la Rave, la Moutarde , l'Epioard; le quatrième jour dans la Laitue, l’Aneth, le Fe- nouil; le cinquième pour le Concombre, la Ci- trouille , le Cresson de fontaine; le sixième pour la Betterave, le Raïfort ; le septième jour pour l'Orge; le huitième chezl'Arroche; le dixième dans de Ghouetses divers congénères; du quinze au ving- tième pour la Fève; du dix-huilième au vingtième pour FOgnon; du quarantième aû cinquantième pour l’Ache. Il faut'une année entière au Pécher , à l’Amandier, au Noyer,-au Châtaisnier, au Lau- xier; deux années au Cornouiller, an Noisetier, etc. On peut hâter l’époque de la Germination en im- mergeant les graines plus ou moins de temps, selon eurnature, dans du chlore liquide ou. de l'acide é muriatique oxygéné étendu d’eau; mais on espére- irait en vain éveiller une nouvelle puissance végé- . -‘tatye: chez les semences oléagineuses qui ontwieilli. - J'ai constamment échoué dans mes, essais : Mais il -“estcertain qu on peut larendre à d’ autres, qui sem- srbleraient avoir:perdu cette faculté. Il serpasse:dans la Germination le usées au bas-de l'échelle vé gétale-des phénomènes | btextraordinaires: ils: montrent: révideminent le: peu » de:fond qu'il fautfaire:sur la poétique de J'Agamie . “etimême sur:cellé des Cryptogames; ls icorrobo- À rent. ce que j'ai dit aux mots Esrkces, FAMILLES, Genres et MéramorPnoses ; ils donnent une mer- veilleuse lecon aux novateurs et à ces demi-savans, tant vantés de nos jours, qui, sur un fait isolé, le plus souvent mal observé ou vu une seule fois, vont tout bouleverser dans l’aimable science , écrire mémoires et volumes, et faire retentir. les cornets de la coterie ou de certaines académies avec plus de force qu’on n’ena prêté aux trompettes de la renommée pour signaler les hommes essen- tiellement utiles et des découvertes réelles. (77, la pl. GermiNaTioN de notre Atlas. ) Les Prêles, Equisetum , les Algues , Ceramium, Hutchinsia , les Hépatiques , commencent leur Germination par produire des fils confervoides que l’on a confondus, tantôt sous le nom de co- tylédons, auxquels ils ne peuvent réellement pas être comparés , tantôt comme des espèces parli- culières de Gonferves. (Les Conférva muscicola àe Schrader, C. umbrosa et C.-velutina de Dil- len , etc., sont dans ce cas. ) Ges filets sont les signes d’un état intermédiaire, ou, si, l’on aime mieux, le premier échelon du développement de ces diverses A cotylédonées ; leur durée n’est point encore déterminée; mais après eux l'œil ne tarde pas à découvrir les linéamens de la plante qu’on ne lui avait montrée jusque-là que sous un seul point de vue. Quoique d’un degré plus élevé, les Mousses offrent encore le même jeu primitif que les plantes précédemment nommées. Il y a changement no- table dès que nous touchons aux Fougères. En germant, ces Jolies Monocotylédonées cryptogames produisent des petites feuilles semblables à celles que nous observons chez les Hépatiques , et qui sont accompagnées de filamens confervoides. Ce que l’on a pris pour des cotylédons n’est encore ici que l'expression du premier âge des Fougères ; la plumule enroulée qui sort au dessus des radicules, et à la pointe du prétendu cotylédon dans la Do- radille de Crète, Asplenium creticum (pl. 177 bis, fig. 1 ), offre le Raul état de la Germination, ee que la plantule aspire à la lumière. Entrons dans la famille des Aroïn£es ; elle est représentée par le Pied de veau d’Alrique, Calla æthiopica (fig. 2); ici le cotylédon unique n’est encore qu'un renflement de la plumule, d’où sort une feuille primordiale, en {orme de cornet, d’où s’élevera la hampe cylindrique terminée par une spathe d’un beau blanc, dont chargée de fleurs jaunes qui répandront une odeur suave. Chez les Gramnées, dont l'Ægilops ovata (fig. 3) donne ici le type, le cotylédon produit plusieurs radicules engaînantes qui plongent dans le sol; la plus inférieure se charge d’un chevelu ; la plamule s'élève et sertide, gaîne à une feuille primordiale: Pour les autres Monocotylédonées , on suivra le phénomène de la Germination des AsPARAGINÉES dans l’Asperge, Asparagustofficinalis (fig. 4); des Joncées dans, la Comimeline-que l’on trouve éga- lemént en Amérique et au Japon , Commelina communis (fig, 5), dont le cotylédon se. termine oo GERM 416 GERM par un fil, à l'extrémité duquel il se forme une gaîne qui s'enfonce dans le sol pour donner nais- sance à un petit disque charnu , d’où s’échappent plusieurs racines , tandis qu’à sa partie supérieure elle sert de berceau à la plumule ; des AspnoDËLÉES dans l'Ognon, Allium cepa (fig. 6), dont l’em- bryon décrit une courbe en s’approchant de la surface de la terre pour redescendre au niveau de son point de départ, donner jour à la plumule qui remonte vers le sol, tandis qu’au dessous d’elle sortent deux ou trois radicelles et plus bas la radicule plonge très-avant dans la terre. Avec la Renouée de Tartarie, Polygonum tath- ricum (fig. 7), nous entrons dans la grande classe des Dicotylédonées. La marche de la Germination est désormais régulière et beaucoup plus simple; comme le nombre des familles est plus grand, Pétude doit être plus étendue; aussi ai-je fait choix parmi les diverses familles des sujets qui m'ont offert des différences notables. Dans les Dicotylédonées apétales, on a, pour les AuananrTHacÉes , l’Ainaranthus cruentus de la Chine, ainsi nommée de la couleur rouge impri- mée à la surface inférieure de ses cotylédons, sur sa tige, sur ses feuilles et sur ses fleurs ( fig. 8 ) ; pour les NycraciNées, la Belle-de-nuit des jar- dios, Mirabilis jalapa (fig. 9), dont la radicule est entourée à sa base d’une collerette de poils ; pour les Lariées, l’'Ormin, Salvia horminum (fig. 10), aux cotylédons charnus, glauques, lé- gèrement velus , et marqués à la surface inférieure de trois nervures. Parmi les Dicotylédonées monopétales, j’ai fi- guré, pour les Soranées, la Jusquiame fluette, Iyoscyamus pusillus (fig. 11 ), plante annuelle, originaire de la Perse, portant des fleurs d’un jaune-päle extérieurement et noirâtres en dedans; pour les BorraGïNées, la plante qui leur a donné son nom, Borrago officinalis (fig. 12), dont les cotylédons velus, épais, forment le cornet à leur base; pour les Convozvuracées, le Quamoclit écarlate, Zpomæa coccinea (fig. 13); pour les Br- GNONIAGÉES , le Cornaret vivace, Martynia peren- nis, aux colylédons velus, d’un vert sombre en dessus , d’un assez beau rouge en dessous, au su- perbe feuillage , aux belles fleurs bleues , au fruit si singulier (fig. 14). Les Dicotylédonées polypétales sont représen- tées par quatre familles, savoir : les PapavéracÉEs dans le Pavot épineux da Mexique, Argemone mexicana (fig. 15), si remarquable par sa couleur glauque et son suc jaunâtre; les Marvacées dans la Mauve musquée, Malva alcea , qui plaît tant dans nos bois (fig. 16);les Porruracées, dans la Gna- velle annuelle, Scleranthus annuus , qui étale ses tiges sur le sol, et laisse à peine distinguer ses fleurs herbacées et réunies en paquets au sommet de pédoncules rameux; ses cotylédons épais for- ment à la base un étui renfermant les premières feuilles (fig. 17). L’Astragale à feuilles de réglisse, Astragalus glycyphyllos (fig. 18) donne une idée exacte de la Germination chez toutes les Léau- MINEUSES, d .J'airejeté sousles fig. 19 à 22 compris lesplantes diclines de Jussieu , qui seraient mieux placées, ainsi que je l'ai dit au mot Fawires (v. plus haut pag. 165), entre les Monocotylédonées phanéro- games et les Dyeotylédonées apétales. Pour les EvPnorgracées, j'ai choisi une Tithymale, l £u- phorbia geniculata (fig. 19); pour les AmenracéEs, le Bouleau merisier, Betula carpinifolia , dont les bourgeons et l'écorce ont un goût et une odeur agréables (fig. 20); et pour les GomrÈres, le Pin sau- vage, Pinus sylvestris , qui présente tantôt cinq co- tylédons, tantôt six et sept (fig. 21 );etlePin pignon, Pinus pinea, qui en a régulièrement dix (fig. 22). Quand l'atmosphère s’est adoucie, aux appro- ches du printemps, la chaleur se répand sur la terre, l'imprègne, l’excite à reprendre sa bril- lante parure; la plamule éprouve aussitôt le besoin de jouir directement de l’air, de s'élever , de se changer en rameanx , en tiges, en feuilles, et sous ces formes aimables de jouir des rayons solaires ; elle monte rapidement, et bientôt , par la succes- sion alternative des jours et des nuits, des effets variés du calorique, des rosées et de la lumière , un nouveau mouvement organique a lieu, toutes les parties du végétal se développent, prennent de l'accroissement , la plante existe réellement À nos yeux, la culture s’en empare et met tout en œuvre pour en favoriser la marche ; ou bien, abandon- née à elle-même, elle attend de la nature les for- ces nécessaires pour lutter contre une foule de circonstances difliciles, pour pourvoir à toutes les nécessités de son existence. Nous suivrons cette marche en examinant chacune des parties de l’être végétant, à mesure qu'il acquiert toute sa puis- sance. Voy. aux mots Feures, Freur, Frurr, Graine ; Tic et VÉGÉTATION. (T.: ».B.) GERMON , Orcynus. (vois. ) Les Germons ont une grande ressemblance avec les Thons, sur- tout par leur corselet formé par des écailles plus grandes et moins lisses que celles du corps, par les côtés de leur queue, qui ont , entre les deux petites crêtes, une carène cartilagineuse ; mais ils s’en distinguent par de très-longues pectorales qui égalent le tiers de la longueur du corps, et at- teignent au-delà de l’anus. Ce sont des animaux de la grande famille des Scombéroïdes, épais et lourds, de force assez grande, et qui présentent, par leur figure et leurs mœurs, des faits remarquables. Des quatre espèces qui appartiennent à ce genre, nous cite- rons particulièrement le Germon commun, Orcy- nus alalonga , qui a été jusqu’à présent confondu avec les espèces de Thons; ce poisson mérite à beaucoup d’égards une attention particulière, et nous allons tâcher de le faire connaître sous ses véritables traits. Le Germon a les pectorales étroi- tes , longues, pointues et arquées, elles ont exac- tement la forme d’une faux; leur pointe va plus loin que la deuxième dorsale et que le milieu de l’anale; le corselet leur prête un sillon presque aussi. long qu’elles, et contre lequel se place leur bord supérieur quand elles se rapprochent du corps. Ge corselet est presque aussi étendu que dans le Thon. Les . 0 GERM L17 GERM Se Les ventrales n’ont pas le tiers de la longuear des pectorales ; il y a également un sillon au ventre ; contre lequel se logent les rayons ; la première na- geoire dorsale est au dessus du sillon longitudinal, dans lequel l'animal peut la coucher , et elle s’a- vance comme une faux vers la queue. On voit en- fin, de chaque côté de la queue, une carène lon- gitudinale qui ne contribue pas peu à la rapidité avec laquelle le Germon s’élance au milieu ou'à la surface des eaux. Tout le dos et les flancs du Germon sont d’un bleu noirâtre , qui pâlit sous le ventre, et s’y change en argenté. Ce poisson passe pour venir du Grand-Océan dans le golfe de Gascogne; il y arrive en troupes nombreuses vers le milieu du mois de juin ; quelquefois on en voit dès le mois de mai, et l’on en rencontre jusqu’en octobre : son apparition a lieu en général deux mois après celle du Thon. Les pêcheurs de Bis- caye se livrent à sa pêche dès qu'ilse montre dans leurs eaux; ceux de Saint-Jean-de-Luz vont la faire sur des fonds vis-à-vis de Saint-Sébastien ; ils la continuent jnsqu’à l'embouchure de l'Adour, et ne s’avancent point au-delà de l’extrémité du bassin d'Arcachon. Les pêcheurs de l’Ile-Dieu , qui y consacrent plus d'hommes et plus d’embar- cations que ceux de Saint-Jean-de-Luz , se rendent aussi sur les côtes de Biscaye; ils y passent quinze jours, après lesquels ils viennent vis-à-vis du bas- sin d'Arcachon; puis ils remontent jusqu’aux en- virons de leur île, et plus au nord jusqu’à Belle-Isle; ils prennent d'ordinaire treize à quatorze mille Germons dans leur campagne. Les lignes pour cette pêche ne doivent pas avoir moins de quatre-vingts brasses. La meilleure amorce est de l’anguille salée ; mais le Germon , qui est très-vorace , se laisse prendre facilement à des appâts factices, tel qu'un morceau de linge taillé en forme de sardine. Il donne la chasse à tous les poissons qui vivent en troupes , aux Mu- lets, aux Sardines, aux Anchois ; il poursuit les poissons volans. Lorsque le Germon s'élève à la surface de l’eau, sa présence s’y manifeste par un mouvement assez remarquable ; mais alors on en prend peu. C’est dans la profondeur qu’on en fait de grandes pêches , et ce n’est que la connaissance des lieux qui peut faire présumer où on les ren- contrera. L’aflluence des oiseaux de mer et des poissons volans s’élevant hors de l’eau , est d’un très-bon augure. La pêche donne alors de bons produits, et les bras suffisent à peine pour tirer les lignes et les jeter à la mer. Une fois que les pêcheurs sont tombés sur un de ces bancs de pois- sons, ils le suivent jusqu’à ce que les vents de l’é- quinoxe d’automne aient déterminé la troupe à retourner vers le Grand-Océan. Un temps couvert, un vent frais, une mer doucement agitée, sont favorables à cette pêche; elle s’opère mieux par les vents de sud-ouest et de nord-ouest. La chair du Germon pêché en juillet et en août est plus blanche et plus délicate que celle du Thon; mais dans les mois qui précèdent et qui suivent ,ellelui est inférieure. Le Germon frais se vend plus cher que le Thon; on le sale, en le coupant par tran- T, I. 215° Livnaison. ches, que l’on empile avec des lits desel: il devient aussi une provision utile pour l'hiver; mais la consommation ne s’en étend guère au-delà des en- droits dont les habitans en font la pêche, et il ne paraît pas donner lieu à un commerce étendu. On croit que le nom de Germon est une cor- ruption de l'anglais Warman (homme de guerre), qui est en usage à l’Ile-Dieu, et qui se rapporte soit à ses grandes pectorales qui ont l’air d'armes défensives , soit à sa manière de voyager en co- lonnes serrées. Les Basques nomment ce poisson Hegalalouchia (aile longue ) ; quelques uns de nos marins l’appellent aussi Longue-Oreille. En Sar- daigne, l’Alalonga ou Germon est très-connu : c’est un poisson de passage qui vient avec le Thon, et marche comme lui en troupes de plusieurs mil- liers. On ne le prend pas dans les filets à Thons, parce que les mailles dont on se sert pour les thonites sont trop larges, et calculées pour le Thon seulement. En Sicile, où les rêts sont à mailles plus étroites, on en fait des pêches abondantes, et on le sale comme le Thon; sa chair cuite est très- blanche , à la différence du Thon, dont la chair est toujours plus ou moins rouge. M. Risso dit que l’on en prend de temps à autre dans la madrague de Nice, qu’il parvient au poids de quatre-vingts livres, que sa chair est moins bonne que celle du Thon, et que son foie passe , parmi les pêcheurs, pour donner la fièvre et pour faire écailler la peau. Le GERMON DE LA MER PACIFIQUE , Z'hynnus pa- cificus. Cette seconde espèce, comparée à celle que nous venons de décrire , présente une propor- tion très-différente de la grosseur par rapport à la longueur. En effet, la hauteur du poisson n’est que trois fois et demie dans sa longueur; le mu- seau et surtout la mâchoire inférieure sont plus courts à proportion. Commerson raconte qu’une quantité innombra- ble de ces poissons entoura et suivit son navire pendant plusieurs jours , au milieu de février, dans la mer Pacifique ; ils pesaient de vingt à soixante livres. Celui dont il donne les mesures était long de trois pieds deux pouces sur neuf pouces de hauteur : ils mouraient au milieu de convulsions et de tremblemens, mais sans faire entendre le ‘moindre son. Leur chair, et surtout le bouillon fait avec leur têle , parurent excellens, et les mate- lots, qui avaient souffert de la disette , s’en nour- rirent abondamment et long-temps de suite, sans en éprouver aucune incommodité. Notre troisième espèce est le GERMON À VENTRE RAYÉ D'ARGENT , J'hynnus argentivittatus. Cette es- pèce lie tont-à-fait les Thons ordinaires aux Ger- mons; aussi remarque-t-on que ses pectorales sont un peu moins longues que dans le Germon ; elles sont aussi plus larges à proportion. Le GErmon À Écnarre, T'hynnus balteatus. I] y a dans les parties chaudes de l'Atlantique un au- tre Germon à pectorales approchant un peu de celles du Germon commun. Cette espèce ne nous est connue que par un dessin fait par Lesson, d’après un individu de vingt-huit pouces ; son dos 09 GERO: était d’un: bleu-noir'foncé,, lustré ;: son ventre ar- genté, glacé d'azur, et.éntre les deux couleurs s’étendait, depuis la maxillatre. supérieure jusqu'à la queue, une: bande. de couleur de cuivre doré. Ce poisson de la, Trinité, lorsqu'on le-prit, fit entendre à plusieurs reprises des sons plaintifs. Malheureusement, Lesson ne l’a point rapporté ;; sa figure marque seulement:quatorze épines à la.pre- mière: dorsale, et neuf fausses pinnules à: la se- conde, (Azpx. G.) GÉROFLIER, Caryophyllus. ( or, PHan. et £con. po. ) Une: seule’espèce constitue ce genre de l’Icosandrie monogynie; et de la famille des Myrtacées.; elle, est indigène de l'Inde et parti- culièrement des îles Moluques, et se: trouve aussi naturalisée aux îles de l'Afrique et dans celles de l'Amérique, ainsi que sur le continent de la Guiane,. Le GÉROFLIER AROMATIQUE , C. aromaticus, est un arbre de six à dix mètres de haut, ayant le. port du Caféier, et se, plaisant dans les terres fortes, profondes et fraiches. Il offre un tronc revêtu d’une écorce grisâtre, de quarante centimètres au plus de diamètre, terminé. par une cime assez large, et disposée en pyramide ; les rameaux sont opposés, faibles, eflilés, étendus horizontalement, chargés. de; feuilles opposées, entières, un peu luisantes en dessus, parsemées en dessous de très- petits points résineux et, de nervures latérales très- fines, presque parallèles. Ges, feuilles ont le plus ordinairement de cinq à dix centimètres de long sur quarante millimètres de largeur, De jolies fleurs roses, très-odorantes , décorent, de leur belle pa- nicule en corymbe l'extrémité de chaque ramifi- cation:; elles sont au nombre de neuf, le plus souvent de quinze et quelquefois de. vingt-cinq et trente, portées. trois, par trois sur des pédoncules glabres, accumpagnées de petites bractées presque écailleuses. (77, la pl. 179, fig. 2 de notre Atlas.) Chaque fleur est composée d’un calice à quatre divisions très - caduques, adhérent à l'ovaire , in- fundibuliforme , ayant le tube oblong ; d’ane corolle à quatre pétales arrondis, un peu plus grands que le calice, et légèrement concaves; d’un grand nombre d’étamines. attachées à l’ex- térieur d’un bourrelet quadrangulaire entourant le sommet de l'ovaire; leurs-filamens sont capillaires, un peu plus.lengs que les pétales et munis.d’an- thères petites. el. jaunâtress; d’un style court im-: planté sur une sorte de disque.et supportant un stigmate simple, petit et capitulé, (fig. 3). Le fruit qui succède à:cet appareil agréable à veir est un, drupe, ovoide, sec, ombiliqué, d'un rouge brun, de la grosseur d’une olive, et couronné par les. divisions du calice.persistant (fig. 5). Ge fruit renferme d'ordinaire une_ seule graine dure et. longue, il y, en. à quelquefois. deux, jamais plus. Toutes ces diverses parties, avant. leur.entier développement , forment ce. que, dansle langage vulgaire et. dans, celui. des. boutiques, on: appelle ; Claus de Girofle,et, Clous de matrice ou. Mères 1de: fruits.et Antofles.( fig; 4), à cause de la nessem- blance qu'elles offrent avec un.clou. Ces-prétendus. clous ne sont pas toujours, garnis de leur petité| 418 GERR Pr MORIN tête, parce: qu’elle tombe facilement lors: de la cueillette et surtout:par le transport; ils:sont âcres, chauds, aromatiques, un peu amers,, d'une:odeur très-pénétrante; qui ne laisse:pas cependant d’être agréable; On les met à sécher au soleil-et: on:les: livre au commerce: Les Hollandais: passent à la fumée: ceux qu'ils récoltent aux Moluques, ce qui leur donne: une: couleur: noire huileuse. On. les confit et: on les mange dans l'Inde après lesirepas, comme digestifiet antiscorbutique. La pharmaceu- tiquesen eblient unehuile volatile très-abondante, qu'elle fait entrer dans les. dentifrices ;:la parfu- merie s’en sert pour- donner une bonne odeur à ses diverses préparations. Les cuisiniers fontusage: de.ces:claus: avec succès. On a:caleulé qu'il fallait dix mille-clous parfaits: pour peser: un kilogramme. Chaque Géroflier en donne dix kilogrammes, l’un dans l’autre:; il est des arbres qui en ont offert plus de cinquante ki- logrammes, mais ce sont des individus isolés, cultivés avec un soin tout particulier et dont on abrége l'existence. Les clous recueillis dans l’île d'Amboine sont les meilleurs et les plus estimés, ils fournissent à l'analyse chimique, sur mille: par ties, 180 d'huile essentielle, 170 de matière ex- tractive astringente, 150 de gomme , 6o de résine, 280 de fibre végétale , et 185 d’eau. Les clous des Antilles et de la Guiane sont inférieurs non seu- lement par le volume, mais encore par les qua- lités. Ceux des îles Maurice et Mascareigne sont beaucoup au dessus d'eux; quoique moins: hauts que ceux d'Amboine, Poivre, de Lyon, est le: premier qui ait osé enlever le Géroflier aux îles à épices des Hollan- dais; c’est lui qui durant l’année 1770, en intro- duisit la culture à l'île Maurice dans letemps qu’il en était gouverneur: En 1775:1l en expédia des pieds à Cayenne; el depuis: 1787 ils ysont en plein rapport. Dans les localités où ces arbres sont en- tretenus-avec soin, on: s’est assuré que les clous y rendent plus d'huile volatile.que ceux de l'Inde, Leur culture demande beaucoup de précautions ‘ dans:lescommencemens, et surtout À l’époque de la transplantation: Quelques personnes pensent que l'espèce de Cannelle désignée sous le nom de Cannelle girofle provient de l'écorce du Géroflier; c’est une.erreur, cette écorce est celle du Myrtus caryophyllata., originaire de l'Amérique méridionale. (T. »:B.) GERRHONOTE, (repr.) On à groupé. récem- ment sous ce nom plusieurs Sauriens cyclolépides ou à écailles disposées en: verticilles ; propres au Mexique. et à l'Amérique centrale: Les: Gerrhono-. tes ont:unertête pyramidale-obtuse; terminée: pars un:-museau- mousse où arrondr; la-bouche-médio- cre; Ja langue mince; extensible, large; à peine évaséeà sa pointe ; garnie en arrière de papilles filiformes!, emavantode :squammules: imbriquées:, analogues à cellesdes Scincoïdes ; les dents:maxil- laires: creuses ;;appuyées: le ‘long du: bord) interne des maxillaires (Pleurodontes, Wagl.), coniques, simples, presque: droites, au nombre: d’environs vingt-quatre: de chaque:côlé, en haut et:en bas, GERR 419 GERR presque égales. et régulièrement décroissantesien avant.et en arrière; les dents palatinesine sont pas constantes;.les narinessont simples, placées :sur les côtés de l'extrémité antérieure du museau; les yeux garnis. de paupières disposées comme.chezinos Lé- zards ; le Lympan largement ouvert, à bord sim- ple sans écaille valvulaire , semi-lunaire; le corps allongé, analogue pourda configuration générale à celui des Scincoïdes. La queue-est longue , ronde, grêle; les pieds sont assez courts; les doigtssimples, peu allongés, en nombre et en proportion comme cheziles Scincoïdes ; la tête est revêtue de plaques polygones; le corps, d’écailles grandes , carrées, Aambriquées, verticillées , à:peu;près équilatérales , ; ‘plus où moins inclinées sur le dos et le ventre, plus allongées sur la queue , carénées sures par- Lies supérieures , lisses sur les inférieures ;les écail- les dorsales sont séparées des écailles abdominales æartun pli rentré de la peau , garni de petites ‘écailles granulées, disposition qui rappelle les deux boucliers des Crocodiliens, et qui indique le mom particulier donné à ces Sauriens. Gerrhonote est en eflet formé des mots grecs yépéwv, bouclier, €t v690c ,-dos. Les Gerrhonotes se distinguent d’un groupe de Cyclolépides à pli latéral ou Ptygopleures, assez voisin des Gerrhosaures, par l'absence de pores le long du bord interne des cuisses. Les Gerrhonotes vivent dans les bois, se cachent sous les pierres, à peu près comme nos Lézards; leur taille ne dé- ‘passe guère celle de notre Lézard piqueté. Ils ‘paraissent être ovipares. ‘Ils partagent avec plu- sieurs Sauriens, très-différens , la désignation vul- gaire de Scorpions , et l'horreur mêlée de crainte qui s’attache aux Scorpions d'Europe et d'Afrique; mais l’effroi qu’ils inspirent n'est pas fondé,, et 19° Cuivre oxidé ou protoxide de cuivre. En petits amas dans la roche qui environne les filons d’au- tres substancesmétalliques, près Chessy en France, et dans les monts Ourals et Altaï, 19° Plomb sulfurée. En très-petits rognons aux environs d’Aix-la Chapelle, dans le cercle du Rhin, en Bavière, el dans le département de la Moselle en France. 14° Argent nalif. En rognons celuleux où com- pactes : en Sibérie, au Mexique, au Pérou, en France, en Hongrie, «etc. Quelquefois en masses considérables : aux environs de Kongsberg, en Nor: : wége, on en/{rouva un morceau pesané 200 livres; à Sainte-Marie-aux-Mines , dans les Vosges , on en ‘a retiré qui pesaient 90 à 6o liv. ; les mines de Ba- topilas, dans la Sierra-Madre , au Mexique , en ont offert du poids de 40o livres, et dans celles du Co- ronal , äu Pérou, on en cite une masse de 200 li- vres et une de 800. 15° Or natif. En rognons, en nodules ou en pé- pites, dans les lerrains argileux d’alluvions an- ciennes de diverses contrées, et principalement dans les monts Ourals, où on en a trouvé des mor- ceaux du poids de 10 à 12 livres. 16° Platine. En nodules dans les mêmes ter- rains que For natif : on en a trouvé dans les monts : Qurals qui pesaient plusieurs livres. -Srockwercks. Les stockwercks, ou les amas en- trelacés, ne sont autres que des bancs dans lesquels certains métaux se trouvent disséminés en parcel- les, en nodules et en rognons. Ce que nous avons dit des deux sortes de dissémination s'applique donc parfaitement aux stockwercks : les mêmes mé- nent de même : il a GIVR Fiows. 1° Fer oligiste. I1 forme des filons puis- sans dans l’île d’Elbe, dans les Vosges et en Suède, 2° Fer oxidé. Dans les terrains graniliques , en France, en Espagne, au Brésil : dans les débris organiques anciens, au Harz et en Hongrie. 3° Fer hydraté ou hydroxide de fer. Dans les Pyrénées, dans les Alpes et dans les montagnes de la Bohême, de la Saxe, etc. 4° Fer carbonaté. Dans les terrains de diverses époques, principalement ceux qu’on appelle pri- mitifs et intermédiaires : en France, en Piémont, en Styrie, en Angleterre, etc, 5° Fer carburé. Dans les terrains granitiques des Pyrénées et des Alpes, des monts Ourals et de l’An- gleterre. Ù 6° Cuivre sulfuré. Dans les gneiss et les mica- schistes des Pyrénées et des Alpes, des monts Ou- rals et de la Grande-Bretagne. 7° Plomb sulfuré. Dans les terrains anciens du département de l'Isère, de la Suisse, au mont Saint-Gothard, dans les montagnes de la Bohême, dans celles de l’Andalousie et de l’Ecosse, et dans le Massachussets, aux États-Unis. 8° Argent sulfuré. Dans les roches granitiques de Kongsberg, en Norwége; de Freyberg, en Saxe; de Sméof, en Sibérie; de Pomallata, de Gua- naxuato, de Zacatécas ,en Amérique, etc. ; dans les terrains moins anciens, en Hongrie, en Tran- sylvanie, au Mexique, dans les Vosges, etc. 9° Mercure oxidé. Dans les montagnes calcaires du Pérou. #+ 10° Æntimoine sulfuré. Dans les terrains grani- tiques de toutes les montagnes de l’Europe, et par- ticulièrement en France, dans les départemens de Ardèche, du Cantal, de la Lozère, de la Haute- Loire, du Puy-de-Dôme , etc. AMAS TRANSVERSAUX. 1° ler oæidé en grains. Dans le département de la Haute-Marne, et dans d’au- tres localités en France. Le Gisement des environs de Doisson (Haute-Marne) est de 20 à 50 mètres de puissance, et de largeur comme tous les amas transversaux; son diarnètre croît en raison de sa profondeur : il est de 2 mètres près du sol; et de 4 au fond de l’excavation. 2° Fer carbonate. Dans diverses localités de Al. lemagne : celle des environs de Liegen, en Prusse, en œenferme un qui se termine d’un côté en coin et de l’autre en plusieurs branches qui se termi- 200 mètres de longueur ," et 50 d'épaisseur. 6 3e Zinc carbonate. Aux environs d'Aix-la-Cha- pelle il existe un amas transversal de ce minéral, il remplit une crevasse de 400 à 500 mètres de longueur et de 4o d'épaisseur. 4 Plomb sulfuré. H forme un amas d'environ 70 mètres de longueur près du Hueigoet, en Bre- tagne. (J. H.) GIVRE. (uér£or.) Quel est celui de nos lecteurs qui, pendant les fraîches matinées du printemps et de l'automne, n’a pas remarqué, suspendus aux branches de la forêt voisine , ces éclats de cristal brillans aux premiers feux du soleil ? C’est un dé- licieux spectacle qui, à mon avis, vaut presque la 435 GIVR verdure de la belle saison. Tout y est disposé mer- veilleusement pour le plaisir des yeux : tantôt ce sont des espèces de clochers en miniature, tels que les construisaient les hommes du moyen-âge ; tantôt ce sont des formes tellement bizarres, que l'esprit se refuse à les concevoir. Certes , tous ceux qui liront cet article ont admiré ces ramifications cristallines qui, en suivant les lois de l’aflinité, prennent toutes ces formes variées que le froid hi- ver ramène sur les vitres de nos croisées. Eh ‘bien ! tout cela c’est du Givre, du Givre, qui n’est autre chose que de la rosée congelée. Je suis donc conduit à vous dire ce que c’est que la rosée, la rosée si fraîche, dans laquelle vous vous êtes si bien mouillé, le malin, dans vos jours de chasse, sans que vous vous soyez peut- être jamais demandé ce que c’élait que la rosée. Or, moi, je vais vous le dire. Tous les phénomènes de la rosée sont la consé- quence des lois de l’hygrométrie et du rayonne- ment. Pendant les nuits calmes et sereines, l’air atmosphérique et tous les corps dispersés sur la surface de la terre se refroidissent par le rayonne- ment vers les espaces célestes; mais ce refroidis- sement est inégal, parce qu'il dépend du pouvoir rayonnant des corps, de leur conductibilité et de leur situation par rapport aux objets circonvoisins. Dans les circonstances les plus favorables, un corps peut tomber à 8 ou 10 degrés au dessous de la température de l'air. Ainsi, l'observateur qui , pendant une belle nuit d'été, parcourrait une plaine pour observer avec un thermomètre très- sensible la température du sol et des divers objets dont il est couvert, trouverait infailliblement de très-grandes différences dans ces températures : les couches inférieures de l'air étant, par exemple, à 12 degrés, il trouverait dans quelques endroits le sol ou le gazon à 2 ou 3 degrés seulement, d’autres corps seraient à 5 ou 6 degrés, d’autres à 8 ou ro degrés, et plusieurs seraient sans doute à une température plus haute que celle de l'air. Ce fait fondamental une fois établi, l'explication de la rosée et de tous ses accidens ne présente plus aucune difficulté. Ainsi, en admettant, par exemple, que la force élastique de la vapeur répandue dans l'air soit de 7 millimètres, comme cette force élastique est le maximum correspondant à 5 degrés de tempéra- ture ; il arrivera nécessairement que tous les corps dont la température est au dessous de 5? degrés se couvriront de rosée, puisqu'à leur approche la vapeur répandue dans l’air se condensera, tan- dis qu’au contraire Lous les corps qui seront d’une température plus élevée que » degrés resteront secs et sans apparence d'humidité. De à, cette rosée sera plus ou moins forte, suivant que cer- taines causes seront plus où moins puissantes : ainsi l'influence de la situation , l'influence de la nature des corps, l’influence du vent, des brouil- lards et des nuages. (Pouillet.) Maintenant que nous avons nos gouttes de rosée, comment obtenir notre Givre ? Ceci n’est pas plus difficile à concevoir. En effet, quand le ciel est se- GLAC - 436 GLAG D rein, l’air calme et humide , et que la température de la nuit est seulement de 4 à & degrés au dessus de zéro, il arrivera nécessairement que certains corps tomberont, par le rayonnement , à une lem- pérature au dessous de zéro, et alors les goutte- leites de rosée dont ils s’étaient d’abord couverts, cristalliseront en petites aiguilles qui s’entrelace- ront de mille manières, et produiront ces effets fantastiques dont nous avons parlé au commence- ! ment de cet article. Les mêmes raisons expliquent parfaitement la gelée blanche, phénomène qui se rapproche beau- coup du phénomène du Givre. Hâtons-nous de dire, avant de terminer cet ar- ; ticle, que c’est aux ingénieuses expériences du docteur Wells que l’on doit la connaissance de tout ce que nous venons de rapporter sur la for- mation du Givre et de la gelée blanche. Ses tra- vaux ont été couronnés en 1816 par l’Académie des sciences de Londres. (G. d.) GLABRE., (zvor. 80oT. ) Par ce mot, on désigne tout organe ou surface d’organe entièrement dé- pourvu de poil ou d’excroissances particulières. Ainsi, la face des singes et la feuille du laurier sont Glabres. (PAG) GLACE. ( cm. ) Déjà nous avons eu occasion de parler de la Glace dans notre article Eau à l’état solide ; nous allons y revenir encore un moment, afin de faire connaître 1° le procédé proposé par Courdemanche pour obtenir promptement la soli- dification de l’eau: 2° un extrait du Mémoire de Farquharson sur la Glace qui se forme dans des circonstances particulières au fond des eaux cou- rantes. 6 + Le procédé de Courdemanche, modifié par Boutigny, consiste à prendre : 1° Une boîte en bois de chêne, de 13 pouces 6 lignes de longueur, sur 3 pouces de largeur et 6 de hauteur , toute mesure prise en dedans ; 2° Deux boîtes en fer-blanc de même forme, et ayant chacune 12 pouces de longueur , 7 lignes de largeur, et 6 pouces et demi de hauteur. La première boîte contiendrale mélange frigori- fique, les deux autres contiendront l’eau à congeler. Le mélange frigorifique se compose de 3 livres d'acide sulfurique étendu d’eau, jusqu’au point de marquer 41° au pèse-sel. (Ce mélange est fait avec 7 parties d'acide à 66°, el 5 d’eau également en poids. } Quand ce mélange est‘bien refroidi, on le verse dans la boîte de bois par dose de 5 li- vres, en y ajoutant de suite / livres de sulfate de soude pulvérisé non effleuri ; puis on y plonge les deux boîtes de fer-blanc remplies d’eau pure. On porte à la cave ou dans un endroit frais ; puis , après un quart d'heure, on change le mélange fri- gorifique ‘dans les proportions ci-dessus, et même deux fois , si cela est nécessaire , jusqu’à ce que l’eau des boîtes de fer-blanc soit complétement - solidifiée. En été, où l’on peut avoir besoin d’une assez . grande quantité de Glace , soit pour les besoins de la * médecine , soit pour les usages domestiques, elc., on opère à Ja cave, et on emploie de l'eau de puits ; ces deux précautions hâlent beaucoup la congélation. La Glace, ditFarquharson, qu’on voit souvent s’amasser au fond des ruisseaux et des rivières , diffère, par l’aspect, de celle que l’on remarque à la surface. Sa forme n’est pas celle de plaques so- lides analogues à du verre, mais celle d’agrégats de petits cristaux de Glace adhérens irrésulière- ment les uns aux autres. Ces agrégats sont quel- quefois tellement considérables que le fond des rivières en est encombré, leur cours retardé et leurs rivages débordés. Le moindre changement de température suffit pour détacher &es masses d’eau solide, et alors les courans rentrent dans leur lit naturel. Voici la théorie donnée par l’au- teur pour expliquer ce phénomène, qui est dû, suivant lui, aux variations qui surviennent dans le rayonnement du fond des rivières. Quand ce rayonnement a lieu par les matériaux solides et opaques du fond @e la rivière , à travers la couche d’eau transparente, la congélation s’opère sur la portion du fluide, fluide qui déjà est refroidi au point de pouvoir geler, et qui est en contact im- médiat avec le corps qui émet son calorique. Les circonstances qui favorisent le rayonnement sont : un ciel serein, une transparence complète de l’eau , un abaissement de température plus grand dans le fond des rivières que dans la masse d’eau qui coule dessus , la grande adhérence de la Glace au lit de la rivière, le mouvement intestin dû à un courant rapide, mouvement dans lequel la masse liquide se refroïdit uniformément. (F4 F2) (écon. AGn. et INDUsT.) J’ajouterai, sous le rap- port de l’agriculture, que la Glace n’est point aussi nuisible aux arbres fruitiers que les cultiva- teurs le pensent, Du Petit-Thouars m’ayant mon- tré que tous les boutons à fleur qui contenaient un glacon au printemps, lorsqu'il gèle encore, n’en donnaient pas moins des fruits en égale abon- dance qu'aux années où ce phénomène ne se re- marquait point. J’ai constaté ce fait sur des abri- cotiers, sur des pêchers , tant à Montreuil que dans d’autres localités : chaque foïs l’observation a justifié l'observation du savant botaniste. Mais il n’en est pas ainsi quand la Glace saisit le bourgeon à fleur déjà épanoui; dans ce cas, la récolte est entièrement perdue. En diverses circonstances, on a reconnu à la Glace une action tonique; la médecine s’en est emparée pour donner de l’énergie aux fonctions vitales, et pour l'appliquer dans certaines affec- tions nerveuses. De leur côté, l’économie domes- tique et l’industrie en font usage pour préparer des boissons agréables pour l’été, pour vieillir promp- tement les liqueurs, les ratafiats , et confectionner ces mets de luxe et d’apparat que l’on nomme Glaces et Sorbets. Sous ce double rapport, il est avantageux de conserver de la Glace pour la belle saison. On la recueille durant l'hiver, on l’enferme dans une fosse creusée en cône renversé de dix mètres de profondeur, dite Glacière, ouverte en un Jieu ombragé, maconné et fermé, sous une « fi. Cuerin dir Glaciers. GLAC 437 GLAC voûle close de manière que l’air extérieur, la lu- mière et la chaleur ne puissent ÿ pénétrer, Le petit propriétaire qui n’a pas les moyens d’é- tablir une semblable construction peut se procu- rer le plaisir d’avoir aussi de la Glace, en enfon- cant en terre, dans sa cave, un fonneau qu'il enveloppera extérieurement de tous côtés de pous- sier de charbon de bois ; la Glace qu’il y déposera durant la saison des frimas sera parfaitement conservée. E Ilest possible de créer artificiellement de la Glace ; mais tous les procédés indiqués jusqu'ici sont fort coûteux et ne jpeuvent s'appliquer qu’à de petites quantités, Celui de Leslie avait bien des avantages ; mais il exigeait trop de place et en- traînait à beaucoup de frais. Il fallait donc une amélioration dans cette partie de l’industrie. Le moyen proposé en septembre dernier par Cellier- Blumenihal paraît remplir la lacune ; l’auteur as- sure que, par son adoption, la Glace revient à 1 fr. bo cent. les cent kilogrammes. C’est une machine de beaucoup préférable à celle de Leslie, puis- qu’elle offre une plus grande étendue de surface absorbante et qu’elle fonctionne d’une manière continue. On peut s’en faire une idée en imaginant six soufllets ordinaires attachés longitudinalement, chacun par une de ses joues, aux six rayons d’une roue verticale, pendant que l’autre joue , chargée d’un gros poids , conserve toute sa mobilité. Le mouvement de rotation imprimé à la roue fait que les poids se trouvent Lantôt au dessous, tantôt au dessus de chaque soufllet; dans le premier cas, ils écartént les deux joues, dans le second, ils les rapprochent et produisent ainsi alternativement , par la seule action de la pesanteur, le double mouvement ordinaire de ce genre d’appareil, et par suite un vent continu, l’on peut même dire un vent constant. Nous avons cru devoir indiquer ici ce moyen simple de se pourvoir de Glace à volonté et en telle ‘quantité désirable : le sujet d’ailleurs l’exigeait. NE /"0.7B°:) GLACIALE , Mesembrianthemum crystallinum. (sorT. Pan. et Honric.) Ce qui a été dit de cette jolie plante à l'article Ficoïne, p. 206, étant pu- rement technique, nous croyons faire plaisir en entrant ici dans quelques détails à son sujet. Son nom français lui vient de ce que les tiges, les feuilles et les autres parties, les fleurs exceptées, sont chargées de vésicules transparentes qui brillent au soleil, et ont la forme de glacons globuleux; ces vésicules sont pleines d’une eau provenant de la transsudation de la séve sous l’épiderme , laquelle augmente à raison de la chaleur atmosphérique. Aux yeux de lhorticulteur et de l'amateur des par- terres, cette singularité fait tout le mérite de la Glaciale; sans elle ses rosettes glauques étalées sur le sol, ses tiges rameuses, charnues, longues de trente à quatre-vingt-dix centimètres, quirampent, et ses petites fleurs blanches, sans éclat ni appa- rence, ne les fixeraient pas un seul instant. Quant au cultivateur instruitet à l’industriel, cette plante a le précieux avantage de fournir beaucoup et d’ex- cellente soude; sous ce point de vue, elle est d’un revenu notable aux Canaries, où cette plante est nommée Barilla moradera et Yerva de vidrio par les Espagnols ; la soude que l’on y retire de ses ra- cines et de ses débris réduits en cendres, est pré- férée à celle d’Alicante. Comme elle se plaît dans les sables maritimes, on devrait la multiplier sur nos côles , non seulement de la Méditerranée, mais encore sur celles de l'Océan, puisqu'il est cerlain qu'elle prospère près des montagnes du Cantal, qu’elle redoute peu le froid quand on a soin, dans la température de Paris, et un demi- degré plus haut, de lui donner une bonne expo- sition, une terre légèreet fumée. La graine qu’elle produit est très-fine ; pour la semer à la volée, on fera très-bien de l’additionner de sable. Il en faut le triple de la semence. Broussonnet nous à appris que les graines pul- vérisées et cuites de la Glaciale servaient à la nour- riture des Guanches, premiers habitans des Ca- naries. Ge fut notre savant naturaliste qui in- troduisit dans les Salvages la cullure de cette Ficoïde, qui, dela sorte, arracha deux îlots déserts à la stérilité la plus complète. (TB) GLACIERS. (céoar, Pays.) Les habitans des AI- pes donnent ce nom à des amas de glaces qui, dans les hautes montagnes, commencent au des- sus de la limite inférieure des neiges, et vont se terminer en pente jusqu'au fond des vallées, où leurs masses bleuâtres contrastent de la manière la plus pittoresque avec la verdure des arbres, et les couleurs variées des prairies émaillées de fleurs. Nous parlerons ici de ceux des Alpes, parce qu’ils sont beaucoup plus considérables que ceux des Pyrénées. li L'origine de ces champs de glace paraît être due à des avalanches de neïge qui s’accumulent dans des enfoncemens abrités des rayons du soleil, et qui, se fondant en partie, se transforment en glace. Ce qui tendrait à confirmer cette opinion, c’est que les Glaciers suivent rarement la direc- tion de l’est à l’ouest ; et en effet les neiges qui s’a- massent dans cette direction, pendant l'hiver, fondent presque entièrement à l’époque de l'été. Dans les autres directions, l’action du soleil sur la surface des masses de neige, y produit une fu- sion qui la change en glace; tandis que la partie inférieure éprouve le même changement par l’ac- tion de la chaleur du sol. Pendant la nuit, la glace se consolide, les parties fondues se congèlent ; et pour peu que cette glace se conserve jusqu’à l’hi- ver, elle se trouve augmentée d’une nouvelle masse de neige qui, par son contact avec la glace an- cienne , acquiert la consistance de celle-ci, et qui, éprouvant par l’action du soleil le même change- ment que la précédente, forme une seconde cou- che de glace superposée à la première. A l'exemple du célèbre Saussure, nous parta- gerons les Glaciers en deux classes : dans la pre- mière , nous placerons ceux qui se forment sur les pentes des larges et hautes sommités ; dans Ja se- conde, nous devons comprendre ceux qui oc- cupent de larges ravins qui s'étendent en pentes plus’ ou moins rapides jusque dans de véritables GLAC 438 GLAC s À vallées. Cette distinction fait voir que la formation des Glaciers est réellement due à la fusion qu'é- rouvent les masses de neige, puisque les Glaciers de la première classe, par cela même qu'ils ont éprouvé moins de fusion, sont formés d’une glace plus poreuse que celle des Glaciers de la seconde classe. Enfin, ce qui confirme l’origine que nous venons d'adopter, c’est ce fait, que tous ceux qui ont visité les Alpes ont pu vérifier, que les plus hauts sommets , et celui du Mont-Blanc lui-même, ne sont point couverts de glace, mais seulement de neiges éternelles : probablement parce qu’à la hauteur qu'ils atteignent, la raréfaction de l'air fait que l’action des rayons solaires n’est point as- sez grande pour opérer la fusion nésessaire à leur conversion en glace. Les Glaciers de la première classe sont beau- coup moins étendus que ceux de la seconde : en effet, parmi ceux-ci, il en est plusieurs qui n’ont as moins de cinq à six lieues de longueur sur une lieue de largeur; on en cite même qui sont plus considérables ; leur épaisseur est ordinairement en raison de leur étendue : ils sont communément épais de plus de 100 pieds : nous en avons même vu plusieurs qui paraissent avoir une épaisseur trois et quatre fois plus considérable; s’il faut même en croire les guides, le Glacier des Bois, qui forme au pied da Montanvert ce que l’on nomme la mer de Glace, passe pour avoir, dans quelques endroits, Goo à 800 pieds d'épaisseur. Un caractère particulier aux Glaciers de la se- conde !classe, c’est d’être hérissés d’aspérités ex- trémement pointues, qui, à quelque distance, paraissent être une accumulation de petits glacons pyramidaux, mais qui, vues de près, forment des obélisques de 20, 50, et jusqu’à 6o pieds de hau- teur (voy. pl. 181). Cependant, ces obélisques de glace diminuent de hauteur à mesure que l’on ap- proche de la partie inférieure du Glacier : à tel point que, dans la partie dont nous parlons, ces pyramides de glace ne sont plus que de profondes ondulations au milieu desquelles il est facile de se frayer un chemin; d’autant plus que les guides ont soin de le rendre très-praticable au moyen des escaliers qu'ils tailient dans la glace avec la hache. Cette glace est pen glissante, parce qu’elle n’est pas d'une grande dureté; il ne faut donc pas croire qu’il soit essentiel d’avoir les pieds garnis de crampons pour traverser les Glaciers; le simple bâton ferré, haut de sept pieds, suflit; il est d'autant plus essentiel, qu’à l’aide de ce bâton, il est facile d'éviter de glisser dans les nombreuses crevasses ou fentes qui sillonnent la glace, et qui ont quelquefois plusieurs pieds de largeur sur une profondeur de 80 à 100 pieds; au Glacier supé- rieur de Grindelwald, on remarque une de ces crevasses qui paraît être d'une profondeur beau- coup plus considérable, à en juger par le temps que met à arriver jusqu’au fond une pierre que l’on y jette. : Nous avons déjà parlé de la teinte bleuâtre qui distingue les Glaciers ; cette teinte est surtout très- prononcée le long des fentes qui divisent la masse de glace : elle nous paraît l'effet de la transparence de celle-ci et d’une sorte de décomposition de la lumière. : Ces fentes sont dues à un phénomène que nous ne devons pas passer sous silence : nous voulons parler de la marche des Glaciers. Lorsque l’on avance dans la vallée de Chamouni , et que déjà l'on aperçoit dans le lointain ce village au milieu duquel l’Arve coule avec la rapidité et le fracas d’un torrent, le premier objet qui attire l’atten- Lion est le Glacier des Buissons, appelé par corrup- tion Glacier dles Bossons; ilse prolonge depuis la base neigeuse du Mont-Blanc jusqu’au milieu de la vallée, c’est-à-dire jusqu’à un quart de lieue du cours de l’Arve. Les cultures commencent à sa base ; les bestiaux paissent à ses pieds; les derniè- res maisons du village semblent s’appuyer contre ses derniers glacons. Enfin, il s'étend dans la vallée sur une largeur de 300 toises et sur une épaisseur qui, d’abord de 100 pieds, atteint bientôt celle de 500, Il est évident que ce Glacier, qui n’est pas le seul qui s’approche ainsi de l’Arve, dans la val- lée de Chamouni, puisqu'on trouve encore en la remontant celui des Bois et celui de l’Argentière, n’a pas pu se former non plus que les deux autres à la place qu’ils occupent aujourd’hui. Ces Glaciers se sont formés beaucoup plus haut et à une épo- que:très-reculée : le savant Ebel a calculé que leur marche est de 12 à 25 pieds par an. Ce mouve- ment est dû principalement à la fusion qui s’opère au point de contact de la glace et du sol. La terre, délayée par l'eau, cède nécessairement au poids de ces masses de glace posées sur un plan plus on noins incliné; et dans le mouvement imprimé au Glacier , la glace se fend avec un bruit quelquefois épouvantable : de là l’origine des nombreuses fen- tes dont nous avons parlé. Ce qui atteste encore la marchelenteet graduelle des Glaciers, ce sont les amas ou plutôt les mon- ticules de cailloux roulés, et de fragmens plus ou moins considérables de roches ordinatrement ar- rondies, qui les bordeut de chaque côté. Ces amas, quelquefois immenses , puisque dans plusieurs en- droits ils dépassent de beaucoup la hauteur du Glacier, sont composés de roches que l'en ne re- trouve en place qu'à une grande hauteur , c’est-à- dire qui forment les cimes les plus élevées des montagnes sur les flancs desquelles s'étendent les amas de glace. Il est facile de voir que ces amas de roches roulées et transportées étaient contenus dans la glace à une époque où le Glacier était beau- coup plus considérable, et qu’ils-ont été entraînés de plus haut par les amas de neige qui se sont transformés en glace, ainsi que nous l'avons dit précédemment. Les masses transportées dont nous parlons portent dans les Alpes le nom de Morat- nes, Leur étendue et leur hauteur annoncent pres- que partout, nous le répétons, combien les Gla- ciers ont diminué d'épaisseur el de largeur ; celui des Bossons est flanqué de deux murailles formées par ces moraines; son extrémité même est com - posée de glace à moitié fondue et mêlée à ces dé- bris des hautes montagnes; l'extrémité du Glacier GLAC 459 : GLAC des Bois repose sur une masse de débris épaisse de plus de cent pieds ; et lorsqu'on remonte ce Gla- cier jusqu'au Montanvert, où il forme la mer de glace , on le voit bordé par des moraines qui dé- passent de plus de 4o pieds sa plus grande hauteur. L'étude de ces moraines peut jeter un jour quel- que lumière sur une question d’un grand intérêt en géologie, c'est-à-dire sur l'origine de ces grands amas de cailloux roulés et de blocs de diverses ro- ches, qui forment une rangée de collines au bas des Alpes dans une foule de localités , et jusque dans le Valais. Que de diflicultés se présentent , lorsqu'il s’agit d'attribuer le transport de toutes ces roches à des courans d’eau! D'ailleurs, s'ils étaient dus à cetle cause, on les retrouverait à l'extrémité de toutes les vallées , et principalement auprès des lacs : ce qui n’a pas lieu ; tandis qu’on en pourrait trouver l'explication en les supposant entraînés du haut des montagnes les plus élevées, par des Glaciers qui depuis long-temps ont cessé d'exister. Nous ne terminerons pas ce que nous avons à dire des Glaciers sans parler de quelques issues par lesquelles ils donnent naissance à des torrens ou à des rivières. Quelquefois la partie inférieure où se réunissent les eaux fournies par la fusion de la glace , est une voüûle creusée en forme de grotte au milieu même de la glace : la vallée de Cha- mouni et celle de Grindelwald en offrent des exemples ; mais le plus remarquable est dans cette dernière : à l'extrémité du lac des Bois, on voit naître l’Arveiron , ruisseau torrentueux qui va se jeter dans l’Arve; rien ne peut donner une idée exacte de la beauté de sa source : qu’on se figure une grotte de 100 pieds de diamètre, et de 40 à 50 de hauteur, creusée dans la masse même du Gla- cier et présentant l'aspect d’un palais de cristal orné d'élégantes stalactites , dont les reflets azurés répandent leurs teintes sur les flots qui sortent de ha grotte avec fracas : on n'aura encore qu’une idée imparfaite d’un spectacle que le pinceau le plus fidèle ne pourrait représenter avec exactitude. (J. H.) ® L'action des Glaciers sur les végétaux croissant dans leur voisinage ayant été le but de mes obser- vations auprès de ces colosses, je erois avoir ac- quis la certitude que cette action dépend moins du froid qu'ils étendent autour d’eux que de la lu- mière trop vive qu'ils reflètent sans cesse et de la violence des vents qu'ils sollicitent, qu’ils augmen- tent, qu'ils rendent plus dévorans. La direction, la forme et la largeur des vallées ouvertes à leurs pieds, sur les flancs des montagnes, déterminent, de leur côté, les plantes à monter ou à descendre, selon qu'elles approchent ou éloignent la limite des neiges. Terme moyen, la végétation ne dépasse point en Suisse deux mille neuf cents vingt-cinq mètres, comme elle ne descend pas plus bas que deux mille six cent mètres : elle oscille entre ces : deux points extrêmes. | Dans deux voyages faits en Suisse à dix-sept ans | de distance l’un de l’autre (dans l'été de 1795 et! de 1810), j'avais aisément compris et la formation ! | | des Glaciers et leur descente lente sur les plaines; mais depuis la lecture du Mémoire de Kasthoffer mes convictions se sont agrandies. Il m’a appris à lire l’histoire des Glaciers. Comme j'ignore si ce travail curieux a vu le jour, je crois utile de äon- ner place ici à Vextrait que j'en ai fait en 1890, Cet observateur est du pays et inspecteur des fo- rêts à Unterseen, H y a quatre sortes d’avalanches, les avalanches de neige en poussière, les avalanches en masses, les avalanches de Glaciers et les avalanches glis- santes. (Voyez ce qui a été dit sur ce phénomène, t. [, p. 545 et 344.) Ce sont celles en poussière et en masses qui commencent les Glaciers; dès-lors cesse Ja végétalion , le gazon même disparaît aus- silôt et pour toujours. L’absence des grands arbres rend désormais les avalanches plus fréquentes et plus dangereuses sur le sol envahi, les courans d’air deviennent aussi plus violens, la fonte des neiges n’a plus lieu, et sur ce désert glacé s'élèvent des dunes ou moraines (comme on les appelle dans le pays) qui creusent de larges sillons sur les ro- chers voisins pour monter plus haut et ensuite descendre sur la plaine en avalanches de poussière. Telle est l’histoire abrégée du Glacier de Grindel- wald et de celui du Rnône (voyez à ce mot), que l'observateur examine, scrute depuis 1540, et dont les progrès sont notés avec soin année par année. La marche des Glaciers ne prouve point, comme un savant l’a dit dernièrement encore, le refroi- dissement de la terre, puisque la quantité absolue de glace sur les hautes montagnes n’a point aus- menté depuis des siècles, qu’au contraire elle est descendue plus bas, et que l'influence des années froides est nulle pour elle. Ce terrible phénomène n'ayant point lieu dans les parties complantées en forêts, on conseille de rétablir le gazon partout où il se trouve une cou- che de terre propre à le nourrir, puis de l’aviver par des semis de Plantain, Plantago alpina , de Fe- nouil des Alpes, Phellandrium mutellina, et par des engrais, surtout par des arrosemens de l’eau qui s'écoule des tables. La coupe des grands arbres sur les montagnes veut être réglée d’une manière toute particulière, et leur tronc scié seulement à un mètre au dessus du niveau du sol, afin de pro- téger les jeunes plantes ; et pour contenir les neiges sur les pentes escarpées, il faut des haïes vives qui. en divisent la masse, l'empêchent de s'agolomérer en avalanches, et par suite de résister à l’action de la chaleur durant l'été. (T. ». B.) GLACIÈRES NATURELLES. (céocr. Pays.) On nomme ainsi des cavernes dans lesquelles la glace se conserve dans toutes les saisons , et où elle pa- raît même être plus abondante en été qu’en hiver, parce que pendant l'été elle n’entre en fusion que fort tard, par la difficulté que l’air éprouve à se renouveler dans ces cavités, et àse mettre à la tem- pérature du dehors. Ces cavernes sont peu nom- breuses : cependant on en connaît trois en France dans le département du Doubs. La plus considéra- ble est dans la paroïsse de Ghaux, à six lieues à l'est de Besançon. Il en existe une aussi sur les $ GLA bords de la Torna en Hongrie, près du village de Szilitze , dans le comitat de Torna. On s’est beaucoup étonné, avons-nous dit ail- leurs , de voir de la glace dans ces cavernes pen- dant les chalears de l'été, et de n’en point voir au commencement de l'hiver. De là? par suite de la- mour que les hommes ont pour le merveilleux , on a prétendu que ces cavités étaient beaucoup plus froides l’été que l'hiver. Ge qu’il y a de certain, c’est qu’en tout temps elles sont à la température de la glace fondante, c’est-à-dire à zéro. Dans l’été cette température paraît d'autant plus basse que l'air extérieur est plus chaud; dans l'hiver, commeonn’y éprouve aucune sensation de froid , elles paraissent d'autant plus chaudes que la température exté- rieure est plus basse. Lorsqu'on y entre au com- mencement de l'hiver , nous le répéions, on n’y trouve point de glace, ou du moins on y en trouve très-peu; tandis qu’elles en renferment beancoup au commencement de l'été : ce qui fait croire . hommes peu instruits qu’elle s’y forme pendant cette saison. Voici ce que les lois de la physique démontrent et ce qu'une observalion attentive constale : dans le courant de l'hiver les glaces s’y accumulent , et il s’y en amasse d'autant plus que celte saison a été plus longue et plus froide; elles y aagmen- tent même alors qu'il ne gèle plus à l'extérieur , parce que l'air de la caverne est long-temps à se mettre en équilibre de température : aussi le maxi- mum de la quantité de glaces n’y existe-t-il que dans le courant du printemps; à partir de cette époque, les glaces commencent à fondre, et sont entièrement fondues, ou du moins à une petite quantité près, lorsque l'hiver recommence, pour reproduire les mêmes phénomènes. On conçoit que si l'entrée de la caverne est du côté du nord, c’est une raison de plus pour que l’abaissement de la température soit plus grand pendant l'hiver, et l'élévation moins grande pendant l'été. (J. H.) GLAIRINE. ( cam. ) La Glairine ( à cause de sa ressemblance avec la glaire ou albumine de l'œuf), appelée encore Barégine ( de Baréges ), est une matière organique qui est tantôt blanche, ou grise, ou brune, ou rougeûtre , on verte, ouen filamens, ou en flocons, qui se précipite des eaux sulfureu- ses en général, et que l’on remplace par de la gé- latine lorsque l’on veut préparer des bains ou des eaux de Baréges artificielles. (7. an mot Gt£ocra- PHIE BOTANIQUE, pag. 397.) (EUF.) GLAISE et GLAISIÈRE. ( mx. et ehor, ) Le nom de Glaise que l’on donne vulgairement à l’Ar- GILE (voy. ce mot), surtout dans les environs de Paris , a fait appeler Glaisières les exploitations de cette substance minérale recherchée dans plusieurs arts et principalement dans celui du potier. Les Glaïsières sont ordinairement des puits ou- verts dans Jes bancs picrreux du calcaire grossier, el qui se creusent jusqu'à la formation de l'argile dite plastique, parce qu'elle est propre à Ja fabri- cation de la poterie. Gelte argile repose ordinaire- ment sur la craie, Nous-disons ordinairement, parce 4äo GLAN qu’il se trouve aussi quelquefois des couches d’ar- gile entré certaines assises moyennes et inférieures du calcaire grossier. (J. H.) -GLAND. (moT.P#an.) Nom particulier, plus vulgaire que scientifique , des fruits du Chêne , du Hêtre, du Châtaignier et d’autres arbres des fo- rêts indigènes et exotiques. Les botanistes ont long-temps laissé, dans {leurs nomenclatures, le Gland flotter entre la fausse capsule et le faux drupe; depuis les études de C. Richard, il a pris une place fixe, et a recu le nom de CupuLe (v. ce mot). Cette espèce d'involucre est courte , écail- leuse dans le Chêne, Quercus ; elle est foliacée et recouvre en grande partie le fruit dans le Noise- tier, Corylus; elle est formée de valves s’ouvrant comme une véritable capsule dans le Hêtre, F'agus sylvatica, et le Châtaignier, Castanea vulgaris ; elle est ligneuse intérieurement, et suceulente à l'extérieur dans l’If, T'axus baccata, et la Zamie naine du Cap, Zamia pumila, etc., etc. (T. D. B.) GLAND DE JUPITER. (or. Pnan. et AGr.) Les anciens donnaient ce nom aux Glands du chêne pour perpétuer le souvenir de la nourriture que ce fruit offrit aux hommes avant la culture des cé- réales. L'arbre était sacré; mais, parce que du- rant les famines de 1548, de 1709, de 1759, on a vu, dans plusieurs localités, ramasser le Gland de nos forêts pour le torréfier, le réduire en fa- rine , et la convertir en un pain grossier , on aurait tort de croire qu'il s’agit ici du Chêne com- mun , Quercus robur; le Gland des anciens était 1° celui du Chêne grec, Q. esculus, que l’on mange avec plaisir, quoiqu'il finisse par enivrer comme l’Ivraie, Lolium perenne; 2° celui du Chêne bellotte, ©. bellotta, excellent cru et cuit, quoi- que inférieur à la Châtaigne ; 3° celui du Chêne à feuilles de châtaignier , Q. prinos ; 4° et celui du Chêneliége , Q. suber, qui m'a paru supportable torréfié. ( ’oyez ce que nous avons dit de ces dif- férentes espèces en parlant du Chêne, tom. IT, pag. 119 et suiv.) On a cherché à rendre comestible le Gland | commun de nos bois, les résultats n’ont point été satisfaisans ; celui-même mis à macérer dans une lessive alcaline , et cuit ensuite, a trop peu perdu de son âpreté pour jamais servir sous ce point de vue. Sous celui de l’économie rurale, son rôle est bien différent : il est recherché par tous les ani- maux granivores et herbivores. On le donne cru et cuit aux Pourceaux, aux Dindons , aux Oies, aux Poules; illes engraisse promptement. On peut y habituer le Cheval, le Bœuf et le Mouton qui le rejettent d'abord. Comme le Chêne ne donne pas tous les ans, ou du moins que sa récolte annuelle n’est point toujours régulière, le propriétaire rural prévoyant fera bien de conserver le Gland d’une année à l’autre, lorsque ce fruit esP” abondant ; à l’époque de disette, il sera assuré de très-gros bénéfices, soit par la vente du Gland excédant ses besoins à soit par celle des porcs et des volailles qu'il sera en état d’engraisser. Le moyen de conservation le plus certain est de dessécher le G'and au four , d’abord d'abord à une chaleur lente pour le’ dépouiller de son eau de végétation, ensuite assez forte pour tuer les charançons qu'il peut contenir. On le met en tas dans un lieu à l'abri des rats. (T. ». B.) GLAND DE MER. (mor. ) Les marchands et les amateurs donnent ce nom aux grandes espè- ces du genre Bazawe. VW. ce mot. (Guër.) GLAND DE TERRE. (8or.) Nom donné fort soavent à la Gesse tubéreuse , Lathyrus tuberosus , 4 plus rarement à l'Arachidé, Arachys hypogæa, et > la Terre-noix, PBunium bulbocastanum ; dont on mange les tubercules. Ce nom s'applique aussi à plusieurs Clavaires, et plus particulièrement {à l'espèce que Bastch appelle Clavaria atropurpurea, mais que Persoon range parmi ses Geoglossum. Dans quelques voyageurs , on trouve le Ben de l'Inde, Guilandina moringa, désigné sous le nom singulier de GLAND A ONGUENT, Glans unguentaria. k - (Es D, B.) “ GLANDES, Glandulæ. ( ANAT. ) On désigne sous le nom de Glandes certains organes qui sont chargés, dans un grand nombre d'êtres vivans, de fournir certains liquides qui doivent être rejetés hors du corps, ou qui doivent servir à l’accom- plissement d’autres fonctions. Chez les animaux, les Glandes se présentent le plus ordinairement sous l'apparence de corps de forme arrondie , bossclés, entourés de membranes et pourvus d’un grand nombre de vaisseaux san- guins , de vaisseaux lymphatiques et denerfs. Ces organes sont composés de petites granulations qui sont réunies par un tissu cellulaire sérré et donnant lieu, par leur réunion , à des masses plus considé- rables nommées lobules. Un canal naît de l’inté- rieur de chaque Glande, et , sous le nom de canal excréteur , il sert à charrier et à verser à l’exté- rieur de la Glande le liquide qu’elle est chargée de sécréter. La texture intime des Glandes est peu connue ; Malpighi pensait que chaque grain glan- duleux était un follicule qui versait le liquide propre à la Glande, et que par conséquent chaque Glande n’était autre chose qu’un!amas de follicules versant tous leur liquide dans un canal commun. Ruysch, au contraire, avait l’opinion que les grains glanduleux sont des entrelacemens de vais- seaux fins dans lesquels les artères se continuent avec les vaisseaux excréteurs. Ces opinions, qui ont quelque chose de vrai, ne sont cependant pas parfaitement exactes. Le tissu glandulaire, le grain glandulaire , suivant Béclard, paraît résulter de la réunion des conduits excréteurs ramifés et clos à lear origine , avec des vaisseaux sanguins et lym- phatiques et des nerfs situés dans leurs intervalles et allant se terminer dans leurs parois. Les ani- maux qui ont des vaisseaux et. un cœur sont les seuls qui possèdent des Glandes; dans ceux qui n’ont point de vaisseaux, les Glandes n'existent plus qu’à l’état rudimentaire. C’est ainsi que, chez les insectes , le foie ne consiste plus qu’en un canal excréteur libre et flottant dans l’abdomen par un côté, et aboutissant par l’autre dans le canal in- testinal. Les Glandes principales qui se rencon- trent chez les animaux sont : les Glandes lacry- T. HIT. 216° Livraison. GLAN males, situées dans la cavité de l'orbite et destinées à la sécrétion des larmes; la parotide, la maxil- laire et la sublinguale, qui président à la sécré- tion de la salive; le foie, qui sécrète la bile ; le pancréas, qui, situé dans l'abdomen, fournit un fluide d’une nature particulière ( fluide pañcréati- que ) et dont l'influence n’est pas encore bien con- nue; les reins, qui servent à la séparation de l’u- rine ; les testicules, qui servent à la sécrétion de la liqueur sémiaale!, et les ovaires à celle des ovu- les; enfin les mamelles, auxquelles est dévolue Ja fonction de sécréter le lait. Il est encore plu- sieurs autres organes qui se rapprochent des Glandes quant à leurs fonctions, qui sont comme elles chargés de sécréter un fluide, et qui ont comme les Glandes des conduits ramifiés: ces organes sont formés par des follicules agglomérés, et rien n'empêche de les ranger parmiles Glandes. Ces organes sont la prostate, les amygdales et les Glandes de Cowper. Les Glandes commencent à se former par leur canal excréteur , qui est libre dans le principe, disposition que nous avons déjà dit exister chez les insectes à toutes les périodes de la vie. À mesure que les organes des fonctions animales se développent, les Glandes , qui étaient très-volumineuses chez le fœtus et chez l’enfant , diminuent proportionnellement, Enfin, il en est quelques unes qui restent stationnaires et comme atrophiées jusqu'à l’âge de la puberté ; et qui tout à coup acquièrent à cette époque un développe- ment considérable ; ce sont les mamelles, le: testi- cules et les ovaires. Les Glandes, avons-nous dit, sont chargées de sécréter certains liquides qui dif- fèrent essentiellement les uns des autres et par leurs caractères physiques, et par leur composi- tion chimique. Ces liquides si variés sont le ré- sultat d’une transformalion toute particulière du sang qui pénètre dans ces organes. Nous expose- rons , à l’article SÉcaéTion , le mécanisme suivant lequel s’opèrent ces changemens si remarquables. (A. D.) GLANDES VÉGÉTALES. ( nor. rman. ) Petits corps vésiculeux de formes très-variées, mais le plus habituellement arrondis, ovales ou mamelon- nés, sessiles ou pédiculés ; on les observe sur les feuilles, sur les tiges, sur le calice de quelques plantes ; ils sont destinés à séparer certaines li- queurs de la masse générale des fluides, et parais- sent composés d’en tissu cellulaire dont lesmailles sont plus ou moins serrées, et où viennent se ra- mifier des vaisseaux très-déliés. Les Glandes vé- gélales ont de très-grands rapports avec les Glandes des animaux. Elles font saillie sur l’Alaterne, la Casse, le Prunier , etc. ; elles sont pour ainsi dire inhérentes à des familles entières, aux Labiées, aux Crucifères, aux Myrtacées , aux Hespéridées, et dans plusieurs d’entre elles, ces Glandes ser- vent de terme caractéristique pour distinguer di- vers genres et beaucoup d'espèces. Toutes laissent échapper de leur sein un fluide quelconque, le plus souvent odorant, coloré, visqueux. On divise les G'andes végétales en internes et en externes. Les premières sont immergées dans]e 56 Cm GLAN 44 GLAN Re tissu , leur existence ne se décèle que par un pore excréteur dont l’orifice , quelquefois garni de poils, se montre au niveau de la surface des feuilles : le Millepertuis , Aypericum perforatum , le Cédratier, Citrus cedra, nous en fournissent un exemple re- märquable. Les secondes se manifestent à l’exté- rieur , et prennent un nom différent , établi d’après la partie du végétal qu’ elles occupent. Placées sur la tige ou les rameaux, on les dit caulinaires : sur l’une ou l’autre page des feuilles , sur le pétiole , à la base ou bien aatour da disque , ou dans l’ais- selle , elles sont foliaires , pétiolaires , ou axillaires; elles sont appelées stipulaires ou florales, selon qu’elles se trouvent à la place des stipules, ou qu’on les voit sur une partie quelconque des fleurs, sur le calice, sur la corolle, ou sur le réceptacle, sur le pistil, ou sur les filets des étamines : ces der- nières ont été nommées Nectaires par Linné. (#. au mot NecrTaine. ) D’après la forme qu’elles affectent le plus cons- tamment, les Glandes végétales sont miliaires , vésiculaires , globulaires, ampullaires , papillaires, lenticulaires, urcéolaires ou squamaires. Disons un mot de chacune de ces formes , déterminons- en la valeur nominale , et citons un exemple à l'appui: c’est le moyen de les faire connaître. Nombreuses et très-petites , les Glandes miliai- res se fixent aux parlies vertes de la plante, sur- tout à la face inférieure des feuilles. Tantôt elles sontrangées par lignes droites , parallèles, comme sur le Sapin gentil, Abies excelsa ; tantôt dispersées sans ordre , comme sur les feuilles du Cyprès que nous avons reçu de la Grèce, Cupressus horizon- talis; tantôt entassées par paquets , comme sur les Graminées et un grand nombre d’autres végétaux. On les observe rarement sur les plantes étiolées , plus rarement encore sur les feuilles immergées. Des botanistes les confondent maladroitement avec les pores, d’autres vont plus loin et veulent qu’elles ne soient rien que des poils très-courts : ce qu'ily a de certain, c’est qu’elles offrent des pétits grains arrondis, ayant à leur centre une ligne parfois obscure, d’autres ‘fois transparente , avec un, deux et jusqu’à trois poils infiniment courts. Quelques auteurs réunissent sous une même catégorie les ‘autres sortes de Glandes. L'étude que j'en ai faite ne me permet point de partager leur sentiment, et pour justifier ce que j’avance, je vais continuer à les décrire. On en jugera. Celles que je nomme vésiculaires ressemblent à de petites vessies colorées , transparentes , rem- plies d’une huile essentielle très-odorante, extré- mement volatile et inflammable : telles sont celles qui se trouvent sur les feuilles de la Rue des mon- tagnes, Ruta montana, sur les feuilles , les fleurs et l'écorce des fruits du Citronnier, Citrus me- dica, etc. Les Glandes globulaires se présentent sous forme pulvérulente ou de graïns brillans, et n’ad- hèrent à la cuticule que par un point de leur pé- riphérie : les Labiées en offrent sous le disque de eurs feuilles , sur le calice, la corolle et les an- thères. Les Arroches:et les Ansérines en‘sont en- tièrement couvertes, k Semblables aux ampoules qu’une brûlure oc- casione sur la peau, les Glandes ampullaires sont, dues à la dilatation de la cuticule et se montrent rempties d’une lymphe incolore : telles sont celles! de la Glaciale, Mesembrianthemum crystallinum, et des autres plantes grasses. "4 Gomposées de plusieurs rangs de cellules dispo sées en cercle et fixées plus spécialement à la face inférieure des feuilles , les Glandes papillaires res- semblent ; ainsi que observe Kroker, aux papil- les de la langue humaine ; comme elles , en effet, elles offrent des mamelons, d'ordinaire logés dans des fossettes, et brillant de mille couleurs : le grand Rosage empourpré, Rhododendrum ponti- cum , etc. Quant aux Glandes lenticulaires, elles affectent en petit la forme d’une lentille plus ou moins al- longée, plus ou moins ronde ; elles font'saillie sur les feuilles et plus particulièrement sur les jeunes pousses , et à la surface des tiges de l'arbre impro- prement appelé Orme de Samarie, Ptelea trifoliata, sur les feuilles du Trèfle odorant , Psoralea bitumi- nosa, et d’un grand nombre d’autres Dicotylédo- nées. Ces Glandes sont rudes au toucher et rem- plies d’un suc huilenx ou résineux. Toute Glande offrant au milieu d’un disque, d’a- bord renflé, mou, puis de consistance charnue, une sorte de petit vase arrondi, distillant une li- queur visqueuse, se nomme Glande urcéolaire, ou, comme d’autres appellent, Glande cyathiforme, et Glande à godet. Elle est très-sensible près du pétiole sur les feuilles du Prunier el des autres ar- bres à fruits; au bord des dents inférieures des feuilles de la plupart des Saules, des Peupliers; autour de l’ovaire de la Gobée, Cobæa scandens: sur les pétioles du Ricin et d’un grand nombre de Rosacéeset de Légumineuses arborescentes; au bas de chaque pétiole de la Dentelaire, Plumbago ro- sea, etc., etc. Enfin les Glandes "squamaires sont ces petites lames écailleuses , circulaires, que l’on voit sur le revers des folioles de toutes les Fougères; elles ser- vent , ainsi que Desfontaines l’a démontré , d’enve- loppes aux organes de la fructification, et affectent des formes infiniment variées. Les plus remarqua- bles sont celles en bouclier des Aspidies et des Po- lypodes; celles en tiges des Doradilles ; celles en bourse des Gyathées, etc. # Relativement à leur support , les Glandes sont nommées sessiles , c’est-à-dire assises et sans pé- dicules , comme celles des Gerisiers, des Bon- leaux, etc. ; ou pédicellées, lorsqu'elles sont por- tées sur de petits pédicules qui les élèvent au dessus de la surface da corps qui en est muni, comme dans plusieurs Crotons, divers Laiterons, quelques « Andriales , etc. | Malpighi, Rai, Grew ont considéré les Glandes comme partie intégrante de l’organisation végé- tale. Ils ont laissé à Gmettard l’honneur de les trai- ter d’ane manière large et philosophique ; ilen.a | fait une étude spéciale, et son travail nv a singuliè- PL. 1682. 772 af. 3 Glauque ; 2 Glaréole. 2. Glaucope. L Cuerin der GLAU rement servi dans l'examen auquel je me suis livré “sur cette partie de la physiologie végétale. Il n’a u qu’un seul tort, c'était de les regarder comme base essentielle pour la formation des genres et “pour la détermination des espèces, et de donner «le nom de Glandes à plusieurs organes qui en äif- …ftrent positivement. Mirbel les a partagées en deux ordres , 1° les Glandes cellulaires, formées d’un L tissu très-serré, n’ayant aucune communication avec les vaisseaux, destinées à rejeter au dehors - un suc particulier, et par conséquent servant d’ex- - crétoires; 2° les Glandes vasculaires, ayant de « même le tissu très-fin, mais traversées par des vaisseaux purement sécrétoires. Les sept premières sortes que nous avons indiquées appartiennent au premier ordre , et la huitième seulement constitue le second. (T. ». B.) ‘GLANDULIFÈRES. (#or.) On appelle ainsi les poils qui portent des glandes à leur sommet : tels sont ceux , par exemple , de la Rose de Hollande. P. G. GLANDULITHE. (win. et cor.) Gas nds nation, qui n’a point été généralement adoptée dans Je langage scientifique , a été proposée par Pinkerton pour désigner les roches qui, comme le Pyroméride, que l’on a appelé Porphyre orbicu- laire de Gorse , sont composées de globules ou de sphéroïdes disséminés dans une pâte de feldspath et de quartz. (J. H.) ‘GLARÉOLE où GIAROLLE, Glarcola. (ois.) Genre d'oiseaux de mer, dont on connaît un petit nombre d'espèces répandues sur les côtes d'Europe, d'Asie, d'Afrique et de la Nouvelle-Hollande. L’es- pèce d'Europe est le GraroLLe à coLuier, Gl. patrincola. Linnæus l'avait placé parmi les Hiron- delles , sous le nom d’Æirundo patrincola. Cette espèce a été représentée dans notre Atlas, pl. 182, fig. 1. | (GEnv.) GLAUBERITE. (min. ) Cette substance, que l’on appelle aussi Brongniartine et Polyhalite de Vic, est un sulfate de chaux ét de soude qui se pré- sente dans la nature avec des modifications assez variées : ainsi, tantôt l'acide sulfurique y est com- biné avec parties à peu près égales de chaux et de soude; tantôt aussi il s’y joint des quantités variables de chlorure de sodium , de magnésie, de manganèse, de fer et d'argile. Elle cristallise en prismes obliques, rhomboïdaux. Sa couleur est blanchätre ou grisâtre , quelquefois d’un jaunâtre pâle ,et.son gisement est le même que celui du sel gemme , avec lequel d’ailleurs elle se trouve pres- que toujours, soit au milieu du sel même, soit dans les argiles salifères qui l’accompagnent. Onla trouve principalement dans deux localités connues pour le sel qu’on y exploite : c’est-à-dire à Vic, en, France, dans le département de la Meufthe, et à Villa-Rubia, près d'Ocana, dans la province de Tolède en Espagne. (J. H.) GLAUCE, Glaux, de glaucos, blanc. (mor. PHAN.) Genre de la famille des Primulacées, Ad. Dict. de Salv. A. de St-H. Caractères : calice co- loré, campanulé, à cinq découpures profondes ; corolle nulle, quelquefoisun seul pétale ; étamines LE 445 GLAU au nombre de cinq, hypogynes, alternes, avec les divisions du calice qui sont fort petites ; pistil unique à sligmate:capitulé ; capsule uniloculaire , à cinq valves; semences fixées à un réceptacle central, globaleux, muni d’un périsperme charnu, et d’un embryon droit, parallèle à lombilic. On trouve abondamment sur les bords de l'O- céan , et près des salines de l'Allemagne, rarement sur les côtes de la Méditerranée , la GLAUcE marr- TIME, G. maritima, L., petite plante-dont les tiges, rameuses et étalées sur la terre, sont garnies de petites feuilles ovales-elliptiques, glauques , et de fleurs axillaires d’un blanc quelquefois légèrement r0sÉ, (G. #.) 7: GLAUCIENNE, Glaucium, Tourn. (20T, PHAN.) Genre appartenant à la famille des Papavéracées, et à la Pulyandrie monogvnie, L., et dont voici les caractères : calice de deux sépales, corolle té- trapétale , étamines en nombre indéfini ; capsule en forme de silique , couronnée par un stigmate épais , glanduleux , bifide , s’ouvrant du sommet à la base en deux valves, et séparée en deux loges par une cloison spongieuse , dans les fossettes de laquelle sont à demi nichées des graines rénifor- mes, pointillées. Les espèces de ce genre sont.des herbes bisannuelles , glauques , d’où s'exprime un suc safrané, âcre. Leurs racines s’enfoncent per- pendiculairement dans le sol; leurs feuilles radi- cales sont pétiolées; celles de la tige, sessiles et presque amplexicaules, découpées en plusieurs lobes obtus que termine quelquefois une petite pointe. Les pédoncules sont solitaires, uniflores , axillaires ou terminaux. Les fleurs sont jaunes ou tirant sur le rouge , plus grandes que celles de la Chélidoine. | On trouve aux environs de Paris , sur les murs, au bois de Boulogne, dans les endroits caillou- teux, le G. flavum, Crantz, Aust. IL, 141; Chelido- nium glaucium, Linn., Spec. 724: FI dan. I, 545; Pavot cornu, dont la tigelest haule de plus d’un pied , dressée , rameuse, grosse, glauque, lisse , labre ou velue; les feuilles pinnatifides , épaisses, glauques, pulvérulentes des deux côtés, glabres , incisées , lobées, arrondies , un peu rudes, hispi- des ou glabres ; les supérieures amplexicaules ; les fleurs terminales , au nombre d’une à trois ;-la co- rolle grande comme celle des pavots ; la silique rude, subépineuse, biloculaire, longue de trois à six pouces. Les propriétes de cette plante paraissent être les mêmes que celles de la Ghélidoine. On assure que son usage produitune démencepassagère. (CG. £.) GLAUCOPE , Glaucopis. (os) Reinhold For- ster, savant voyageur du siècle dernier, est iepre- mier naturaliste qui ait parlé du Glaucope ; il est aussi celui auquel on doit l'établissement du genre dont cet oiseau est devenu le type, Ge genre com- prend aujourd’hui quatre espèces, toutes de l'Inde, des grandesîles de la Malaisie, et parmi lesquelles celle que Forster a fait connaître est certainement le plus remarquable et mérite de nous occuper plus spécialement. GLaucore cenpré, (Glaucopis cinerea, est le nom de cet oiseau, que nous ayons om GLAU 44 GLAU (oo, représenté à la planche 182, fig. 2, de l’Atlas de ce Dictionnaire, et sur lequel Quoy et Gaimard ont récemment publié des détails intéressans , d’a- près lesquels nous devons principalement nous guider. Le Glaucope cendré , disent Quoy et Gaimard, gros et à formes arrondies, a la tête grosse, le bec court, robuste, arrondi en dessous, avec des petites cannelures latérales , un peu renflé vers le milieu et formant un angle prolongé dans les plu- mes du front, La mandibule inférieure , recour- bée , est moins longue que la supérieure sous la- quelle elle s’emboîte; les narines sont larges et subovalaires ; les caroncules qui pendent sous la base du bec sont épaisses , arrondies, d’un beau bleu de ciel à la base, et d’un rouge vif dans le reste de leur étendue; la queue est longue, re- courbée et un peu grêle ; les rectrices sont termi- nées en pointe comme si on les avait coupées avec des ciseaux ; les ailes n’atteignent que les bases de la queue; les rémiges sont successivement crois- santes depuis la première jusqu’à la sixième, qui est la plus longue de toutes. Tout le plumage de cet oiseau est d’un cendré sombre, tirant sur le noir ; les grandes pennes des ailes et de la queuesont plus foncées à leur pointe, qui est lisse, tandis que toutes les plumes du corps sont d’un cendré mat, et ont leurs barbules très- écartées; les plumes du lorum, c’est-à-dire de l’espace qui existe entre l’œil et la base du bec, sont un peu serrées et disposées de manière à re- présenter une sorte de velours ; le bec est noir, ainsi que les pieds et les tarses, qui sont assez hauts et robustes. La longueur ordinaire du Glaucope cendré est de quinze pouces environ depuis le bec jusqu’à l'extrémité de la queue. Cet oiseau, qui ressemble beaucoup aux espèces de la famille des Corbeaux ou Gorvidés, et principalement à ceux ue Gould à nommés Dendrocittes;, se trouve à la Nouvelle-Zélande; il vit dans les bois et paraît se donnér peu de mouvement. Son cri est une espèce de gloussement , et sa nourriture consiste princi- palement en fruits, auxquels'il joint, dit-on, les insectes. Les autres espèces du genre Glaucopis ont été décri- tes par Temminck; elles sont devenues pour Lesson (Traité d’Ornith., planche 341), le type d’un nou- veau genre, auquel ce naturaliste donne le nom de T'emnurus; on les connaît sous les noms suivans : 1° GLAUCOPE LEUCOPTÈRE, Glaucopis leucoptera. Cet oiseau, que M. Temminck figure au numéro 265 de son Recueil de planches coloriées, a été décou- vert dans l’île de Sumatra ; il est noir, avec un miroir blanc (d’où son nom) sur chaque aile ; sa queue est ample, arrondie et étagée. 2° GLAUCOPE À QUEUE TRONQUÉE, Gl. temnura. Temm., ibid., pl. 57. Son plumage est d’un noir bronzé, sa queue étagée , et chacune de ses rec- trices coupée en biais à son extrémité. La patrie de cet oiseau est la Cochinchine. 3° GLaucore Noir, GL. aterrimus. Temminck a également. dénommé; mais non figuré, cette der- nière espèce, que Diard a découverte à Bornéo. Le Glaucopis aterrimus se rapproche du Leucop- tera, mais il manque du caractère le plus remar- quable de ce dernier , c’est-à-dire du miroir blanc des ailes; de plus, sa tête est surmontée d’une pe- tite huppe. (GEnv.) GLAUCOPIDE, Glaucopis. (ixs.) Genre de Lé- pidoptères de la famille des Crépusculaires, établi par Fabricius, ayant pour caractères : anthères munies d’un double rang de dents allongées : bou- che munie d’une trompe ; cesinsectesont le port de petits Sphinx avec les ailes un peu plus allongées. On connaît un assez grand nombre d'espèces de ce genre ; elles sont toutes propres aux contrées chaudes de l'Afrique et de l'Amérique. Nous avons représenté une espèce africaine dans notre Atlas, pl. 184, fig. 1, la Glaucopis eumolpe de Crammer. Elle a les ailes noires avec de larges taches jaunes et un point luisant bleu au milieu des supérieures. Son corps est d’un beau bleu luisant avec les épaules tachées de jaune. L’abdomen a le pre- mier segment et le quatrième jaunes, et le, cin- quième blanc. Les pattes sont noires. Du Sénégal. : A. P.) GLAUKOLITHE. (mn.) Cette . miné- rale, encore peu connue, appartient à la classe des Silicates alumineux. Elle paraît être composée de 54 à 55 parties de silice, de 29 à 30 d’alumine, de 11 de chaux et de 4 à 5 de potasse. Quelques chimistes y ont trouvé de la magnésie et de la soude. On la reconnaît à sa texture vitreuse, un peu lamellaire, à sa couleur bleuâtre ou violûtre, et surtout à son éclat gras. Douée d’une faible du- reté , elle raie difficilement le verre. Du reste on ne la connaît point cristallisée. Elle a été trouvée dans les montagnes granitiques et ‘calcaires qui forment le bassin du lac Baïkal en Sibérie. (J.H.) : GLAUQUE, Glaucus. (mozz.) PI. 182, fig. 4. Genre établi par Forster aux dépens des Doris, admis ensuite par la plupart des zoologistes, et que nous allons faire connaître en donnant un ex- trait de la description savante et détaillée qui en a été faite par Blainville dans le Dictionnaire des sciences naturelles. Le Glauque est un petit mollusque très-con- tractile; la peau qui le revêt est beaucoup plus ample qu’il ne le faut pour contenir juste les vis- cères qui sont rassemblés en une petite masse à la partie antérieure ; le corps est triangulaire ; la bouche, surmontée de quatre tentacules , est pla- cée à sa partie antérieure ou à la base du corps; la surface abdominale est aplatie et entièrement occupée par un disque charnu, musculaire , qui est le pied que l’on avait pris pour le dos; le dos est bombé ; sur chacun de ses côtés naissent qua- tre appendices symétriques et digités qui servent de nageoires et probablement de supports pour les branchies, qui sont d’un beau bleu foncé. | Le Glauque nage renversé , sa couleur est d’un 4 très-beau bleu tendre, nacré ou nuancé d'argent. Voici comment Deshayes le caractérise : Gorps allongé, subcylindrique, gélatineux, offrant une tête courte à sa partie antérieure, et une queue ; FC. 28#. Acarie Baron del 2. Glaucopide ° 2.Glouton. 3. Gobe. mouche. L'.Cuërir dur é PL. 183 3.Glossophagee z Glayeul > _Globulaire GLAY subulée à sa partie postérieure ; bouche probosci- diforme, surmontée de quatre tentacules arrangés ‘par paires, les plas grands étant sans doute oculés; nageoires branchiales opposées, palmées et digi- tées à leur sommet, latérales, horizontales, au nombre de trois ou quatre paires : les postérieures presque sessiles ; les organes de la génération et Y’anus ouverts latéralement du côté droit. On ne connaît bien jusqu'a présent que le Gzauoue DE Forster, Glaucus Forsterit de La- marck , représenté dans notre Atlas , pl. 152, fig. 3, qui a environ un pouce et demi de longueur , qui vit très-abondamment dans les mers chaudes et même dans la Méditerranée, où on le voit nager avec la plus grande agilité à la surface des eaux. (F. F.) GLAYEUL, Gladiolus. (BoT. PHaAN.) Un assez grand nombre de plantes de la famille des Iridées, à la taille élégante , aux couleurs vives et variées, composent le genre Glayeul , tel que Linné l’a éta- bli en le caractérisant ainsi qu'il suit : spathe-bi- valve, souvent uniflore : périanthe à tube arqué, à limbelabié, partagé en six divisions irrégulières; trois étamines et un style à trois stigmates (Trian- drie monogynie) : capsule à trois loges polysper- mes. Les modernes ont fait de graves modifications aux limites un peu vagues de ce genre, et, s’ap- puyant de caractères tirés de la structure variable des divers organes floraux , ils ont institué cinq ou six autres genres, dont nous indiquerons seulement Îles principaux, pour ne point y revenir. Le genre Gladiolus, d’après Ker, de Can- dolle, et autres, comprend exclusivement les espè- ‘ces à étamines ascendantes , à stigmates creusés en gouttières , à graines ailées. La lèvre supérieure de la corolle a ses trois divisions conniventes ; cel- des de la lèvre inférieure sont plus ou moins étalées. Le Genre Tritonia de Ker a son périanthe à six divisions régulières ; trois étamines à filets courbés; trois stigmates étalés ; des graines non ailées. Le genre ’atsonia, du même, présente un pé- rianthe à divisions presque régulières ; trois stig- mates grêles, bifides, à segmens recourbés. * Lamarck avait réuni lAntholiza de Linné aux ‘Glayeuls; eneffet, ces deux genres n’étaient guère distincts dans leurs caractères, tels que les avaient donnés le botaniste, suédois. Aujourd’hui même, malgré les limites plus restreintes données aux Glayeuls, on doit convenir qu’ils sont encore bien voisins des Antholizeset des Ixies, et que certaines espèces restent fort douteuses. Quoi qu’il en soit, on compte un très-grand nombre d’espèces de Glayeuls, presque toutes re- marquables par la beauté de leurs fleurs , et cul- tivées dans les serres d’orangerie , où les soins des amateurs ont réussi à leur faire en quelque sorte oublier la chaleur et la lumière du cap de Bonne- Espérance. Il est presque inutile de dire qu'elles redoutent la moindre gelée, d'autant plus qu’elles se développent au moment où chez nous l'hiver commence. Leur culture demande de la terre de bruyère , des arrosemens modérés, et de fréquens binages, DE 445 GLEC meme À Citons d’abord l'espèce la plus rustique et la plus commmune, parce qu’elle est de nos climats. Le GLayEuL oRDINAIRE, Gladiolus communis , L., naît d’une racine bulbeuse , et s’élève d’un à deux pieds. Ses feuilles, longues ou droites , en forme d'épée (d’où le nom de Gladiolus ou petit glaive), nerveuses et pointues , sont, les unes pressées con- tre la base de la tige, les autres l’embrassent dans sa longueur; les fleurs, sessiles , un peu distantes entre elles, et disposées en épisunilatéral, sont chacune accompagnées à leur base d’une spathe de deux folioles embrassantes. Leur couleur se nuance du rouge au blanc , selon les variétés; mais le rouge pourpre parait être la couleur naturelle à l'espèce. Les autres Glayeuls ont également une racine bulbeuse, des feuilles ensiformes , et des fleurs en épi, embrassées chacune par une spathe. Nous en énumérerons quelques unes, pour donner un exemple des genres fondés par les auteurs moder- nes aux dépens du Gladiolus de Linné. Le W'atsonia rosea, Ker, porte, au sommet d’une hampe de trois pieds, une longue grappe simple ou rameuse de fleurs roses, infundibuli- formes, à limbe régulier ; cette plante réussit dans la serre tempérée. La Drasie À reuirces D’Iris, de De Candolle, Gladiolus gramineus de Thunberg et Andrews, a ses feuilles disposées sur deux rangs ; ses fleurs, éparses sur la tige et sur les rameaux, ont un pé- rianthe à six lobes lancéolés , acérés, de couleur jaunâtre et marqués d’une raie purpurine. La plupart des belles espèces de Glayeuls ont été figurées par Redouté dans ses Liliacées ; nous renvoyons, pour leur description, à l’Hortus kewen- sis, aux Annals of Botany de Ker , et enfin à l’Her- bier de l’Amateur qui cite celles que les horticoles cultivent de préférence. (L.) GLÉCOME, Glecoma ou Glechoma. (BOT. PHAN.) Genre qui appartient à la famille des Labiées, J., et à la Didynamie gymnospermie , L. Garactères : calice cylindrique, strié, à cinq dents fort aiguës; corolle à tube plus long que le calice , évasé supé- rieurement , à lèvre supérieure courte et bifide , à lèvre inférieure divisée en trois lobes, dont les deux latéraux sont obtus et celui du milieu grand et échancré; étamines situées sous la lèvre supé- rieure, ayant les anthères disposées en croix ; style plus long que les étamines, terminé par un stig- mate bifide. Le GzécomE HÉDÉRACÉ , G. hederacea , L., figuré dans Bulliard, tab. 241, est l'unique espèce de ce genre , et le G. hirsula l'unique variété de celte espèce. Les caractères spécifiques sont : une tige de un à deux décimètres de hauleur , rampante à la base et dressée dans sa partie supérieure, rude et velue; des feuilles opposées, pétiolées, cordi- formes , arrondies, obtuses, crénelées ; une petite touife de poils s’étendant horizontalement de l’une des deux feuilles opposées à l’autre. Cette plante croît communément dans les buissons, les bois touffus, le long des murs des villages de toute l’'Eu_ rope. Elle est connue en France sous les noms vul. 0 È qq teens nes GLOB vulgaires de Lierre terrestre, Rondote, où Herbe de Saint-Jean: Sous ce dernier nom sont comprises plusieurs autres plantes ; entre autres l’Armoise. Quant à la variété G..‘hirsuta, elle est plus grande dans toutes ses parties, et munie de poils blancs aux crénelures des feuilles. Le Glécome hédéracé exhale une odeur aroma- tique assez agréable; sa saveur est un peu âcre et amère. L'infusion de Glécome est légèrement ex- citante , et facilite lexpectoration. On la prescrit dans les catarrhes pulmonaires chroniques. (G. £.) © GLOBBÉE, Globba. (mor. pran. ) Deux fort belles plantes de la famille des Amomées, Diandrie monogynie, L., sont cultivées sous ce.nom dans les serrestempérées. L’une est la GLoBBÉE PENCHÉE, Globba nutans, L., où Zerumbet speciosum de Jac- quin, Rencalmia de Linné fils, Catimbium de Jus- sieu , etc. , etc. Elle a une racine tubéreuse, des" tiges simples de quatre à cinq pieds; de très-gran- des feuilles, lancéolées , aiguës , s’étendanrs jusqu’à deux pieds. Une grappe terminale, inclinée, porte en assez grand nombre des fleurs géminées ; d’un blanc pur, à corolle irrégulière, contenant une espèce de cornet ou nectaire trilobé, jaune, rayé de rouge vif en dedans. Cette plante demande une ‘terre franche et légère, de l'air et des arrosemens fréquens pendant l’été, la serre tempérée ou même chaude pendant l'hiver. L'autre est le Globba erecta , De Gand. , peu différent de la précédente, si ce n’est par sa taille, * de moitié moindre, et par sa grappe droite et moins riche de fleurs. Le genre auquel appartiennent ces deux plantes, et quelques autres toutes originaires de l’Inde, est encore assez mal limité, parce que la plante que Linné en a pris pour type (le Globba nutans) offre l’excéption du nectaire situé au dedans de son pé- rianthe; de là les huit ou dix noms qui lui ont été imposés pour la séparer des autres Globbées, qui, du reste, ont pour caractères communs : un pé- rianthe double ; l’extérieur (calice) court, trifide, persistant ; l’intérieur (corolle) tubuleux, à trois divisions égales; deux étamines à filets courts, aux- quels les anthères sont attachées dans leur longueur; un style sétacé, un stigmate aigu ; une capsule ar- rondie, à trois valves et trois loges polyspermes. Il faut rapporter à ce genre le Colebrookia de Donn, quiest le Globba marantina de Smith (Exot. Bot., tab. 103), dont les feuilles ressemblent à celles du Galanga, et ont des pétioles membraneux eét‘engaînans. Ses fleurs sont disposées en épi ter- minal. (Ec}hy, GLOBIGÉRINE, Globigerina. (mor) @est le nom d’un petit groupe distingué par d'Orbigny armi les ForaminirèRes. Ÿ. ce mot. (GErv.) GLOBULAIRE, Globularia. (or. Pan.) Genre de plantes dicotylédonées, de la Tétrandrie mono- gynie, placé à la fin des Primulacées , et ayant avec elles les aflinités nécessaires pour appartenir à cette famille. Toutes les Globulaires sont des plan- tes herbacées vivaces ou frutescentes, à feuilles alternes , dont les fleurs, ‘petites, violettes , réu- : 446 ne GLOB nies plusieurs ensemble sur un réceptacle çom- mun garni de paillettes , en forme de tête globu- leuse, ont le calicemonophylle, tubulé, persistant, à cinq divisions profondes; la corolle monopétale,, irrégulière, tubuleuse inférieurement, partagée de même àson limbeen cinq lanières formant deux lèvres, dent celle du haut comprend les deux di- visions les plus étroites et les plus courtes; celle du bas renferme les ireis autres; quatre étamines insérées sur la corolle et alternant avec ses. divi- sions; l'ovaire supère, avec style simple et stig- mate bifide, obtus. À l’époque de la fructification, une graine ovale, blanche, se trouve dans le ca- lice. Ghaque fleur est accompagnée d’une bractée en forme d’écailles. Les quinze espèces connues sont presque toutes indigènes à l'Europe. Voici les plus remarquables, + La GLOBULAIRE A LONGUES FEUILLES, G. longi- folia , originaire de l’île de Madère, est représentée dans notre Atlas, pl. 183, fig. 2.C’est un arbuste de deux mètres et demi à trois, dont. la tige droite, couverte d’une écorce cendrée, présente des ra- meaux anguleux d’abord, puis ronds, chargés de feuilles éparses , assez rapprochées les unes des autres, lancéolées-linéaires, lisses, luisantes, d’un vert gai. Ses fleurs d’un bleu très-clair s’épanouis- sent en septembre et en octobre dans nos dépar- temens du midi, où on la cultive en pleine terre. Plus haut elle craint le froid et demande à être tenue en orangerie durant la rigoureuse saison, Une espèce, jadis regardée comme éminemment malfaisante, et que les botanistes des quinzième et seizième siècles appelaient Âerba terribilis | très- répandue dans nos régions méridionales.et qui y pullule aux lieux arides, pierreux, de même que sur les collines exposées au soleil, la GLoBuLAIRE TURBITH, G. alypum, est un sous-arbrisseau por- tant, sur une souche très-forte et ligneuse , des rameaux grêles, bruns pendant leur jeune âge et de couleur cendrée en vieillissant. Les feuilles qui les décorent sont alternes, lancéolées , persistantes el coriaces, d’un vert très-pâle ; et leurs fleurs, bleuâtres, réunies en têles solitaires , donnent à la plante l'aspect d’une composée. Elles produi- sent un assez bel effet pour lui mériter une place dans les jardins. On a beaucoup exagéré l'horreur que le nom seul de cette Globulaire inspirait ; c'était pour les empiriques un moyen de tirer parti de ses propriétés. L'Écluse nous apprend que les médecins portugais l’employaient contre la maladie que les soldats espagnols ontrapportée en Europe des suites de leurs excès avec les femmes du Nouveau-Monde. Garidel, de son côté, nous dit que les habitans des montagnes du sud-est de Ja France s’en servent comme d'un purgatif excellent. En 1810, Loiseleur Deslongchamps a voulu connaî- tre la vérité, et ses nombreux.essais lui ont prouvé que Pena, Lobel,J.Bauhin et Nissole ont calomnié la Turbith en l’accusant d’être dangereuse:et d’a- gir avec une extrême violence sur les personnes qui buvaient de sa décocticn. Il s’est de.plus assuré qu'elle est de beaucoup préférable au Séné, que l’on va demander au commerce étranger. Lesin- GLOM 447 :GLOS fasions et les décoctions de notre Globulaire sont claires , légèrement verdûtres ; elles ont une saveur amère assez prononcée , que l’on corrige par l’ad- dition du sucre ou d’un sirop; elles purgent dou- cement et sans déterminer de coliques ; c’est une conquête pour la médecine nationale, dont on profite depuis un quart de siècle, que le docteur Loiseleur en a enrichi l’art pharmaceutique. - Toutes les autres Globulaires paraissent jouir des mêmes propriétés; celles de la GLopuLame commune, G. vulgaris, de nos prés secs et menta- gneux, sont un peu plus faibles. (T, ». B.) GLOBULARIÉES. (so7. pan.) Famille de création récente , famille inutile et qu'il faut re- jeter. Pour l’établir, son auteur a donné pour mo- tifs que le genre nommé par Tournefort Globula- riæ a des rapports avec les Dipsacées par ses fleurs réunies en tête globuleuse , mais qu’il en diffère par son calice simple et sa corolle insérée sous l'ovaire ; qu'ila de Faffinité avec les Lysimachiées, mais qu’il s’en éloigne par sa graine solitaire , re- couverte par le calice ; qu'il a le port des Protéa- cées Sans pouvoir prendre place auprès d’elles ; qu'il ne peut demeurer parmi les Primulacées à cause de ses fleurs constamment disposées en ca- pitules, de ses étamines alternant avec les lobes de'la corolle, et de son fruit indéhiscent » il flotte, dit-il, entre les Plumbaginées et se rapproche singu- lièrement des Nyctaginées. Toutes ces considéra- tions , toutes ces incertitudes nécessitent de l’éle- ver aurang de famille. Et notez que ce genre est unique , et qu’en épiloguant ainsi, il n’est pas un genre , pas une espèce , pas même une variété qui pût recevoir une place fixe ! Les Globulaires sont un genre naturellement placé à la suite des Pri- mulacées , elles doivent y rester. (T.n. B.) GLOBULINE. (z00o1. 8or.) Nom dSnné par Link au genre Tindaride des Arraropt£es (voyez ce mot et InFusorres). (P. G.) GLOMÉRIDE , Glomeris. (ins.) Genre de l’or- dre des Myriapodes, famille des Chilognathes , établi par Latreille aux dépens {des Jules , et’ ayant suivant lui pour caractères : corps ovale oblong, crustacé , susceptible de se rouler en boule, ayant sur chaque ‘bord latéral une rangée de petites écailles de onze à douze segmens, dont le dernier plus grand et demi-cireulaire ; antennes renflées vers le sommet. Ces insectes diffèrent des Polyxè- nes par la consistance de lèur corps et par leurs antennes. Îls partagent ces caractères avec les Jules et les Polydèmes ; mais ils s’en distinguent par la forme ovale de leur corps et par quelques autres particularités importantes. Cuvier (Journal d'Hist. nat., tom. Il, p. 27, pl. 26) avait établi ce genre sous le nom d’Ærmadillo, que Latreille a remplacé par celui de Glomeris. Ge genre, au premier abord, a beaucoup d’analogie avec les Cloportes ; mais Cuvier a le premier signalé les différences notables qui le carartérisent; suivant lui, le corps a dix - demi-anneaux, sans compter la tête ni la queue. On remarque entre le premier segment et la tête une plaque demi-eirculaire qui manque dans les Cloportes. La queue est d’une seule pièce demi- circulaire et sans appendices; il y a seize paires de pattes ; les antennes n’ont que quatre articula- tions , dont la dernière est en massue. Quant aux parties de la bouche , elles sont aussi très-différen- tes de celles des Cloportes , et voici ce qu’en a dit Cuvier : L’organe le plus extérieur semble tout d’une pièce , mais partagé en quatre sillons; les externes ont leur pointe en arrière , c’est le con- traire dans ceux du milieu. Le bord antérieur et libre de cette sorte de plaque est dentelé. Lorsqu'on l’a enlevée , on voit la mâchoire supérieure large à sa base et échancrée à son extrémité. Ces insec- tes , qui sont terrestres, se tiennent cachés sous les pierres, et se contractent en boule-lorsqu’on veut les prendre et quand on les inquiète. Ce genreest peu nombreux en espèces ; celle qui peut lui ser- vir de type est le Gzoubnmme Pusrué , GL. pustu- latas , Latr., ou l'Oniscus pustulatus , Fab.’, figuré par Panzer (Faun. insect, Germ., fasc. 9, tab. 22), décrit par Guvier (loc. cit.) sous le nom d’4r- madillo pustulatus. Le GLomÉriDE BoRDÉ, Gl. mar- ginatus , où l'Oniscus zonatus , de Panzer ( Loc. cit), a été décrit par Cuvier, qui le nomme ÆArmadillo marginalis, et le représente ( loc. cit., pl. 16, fig. 25-26). Le corps de cette espèce est d’un noir lui- sant, avec les segmens bordés de jaune. (H. L.) GLOSSATES. (ins. ) C’est le nom donné par Fabricius, dans sa méthode, aux Insectes quenous nommons Lépidoptères ; il leur donne pour carac- tères une langue quelquefois nulle , roulée entre deux. palpes. (AsB.) GLOSSOPÈTRES. ( porss. ) Ce mot, quisignifie rigoureusement langues pétrifiées, s'applique à des dents fossiles qu’on trouve assez fréquemment vers Montpellier , Bordeaux, la Touraine , la Sicile , la Toscane , dans les environs de Paris et dans beau- coup d’autres lieux. Elles ont recu des noms dif- férens, en raison de la forme qu’elles affectent ; mais ces noms ne méritent point d’être conservés. Tout ce qui peut intéresser dans leur étude, c’est de reconnaître à quelles espèces elles peuvent avoir appartenu. Le plus ordinairement , lorsqu'on les examine avec quelque attention , on s’apercoit qu’elles appartiennent à des animaux fort connus , comme les Requins , à des Sélaciens, à plusieurs espèces parmi les Squales , etc. On a reconnu parmi elles des dents de Spares, d’Annariques , de diverses Raies ; et celles qu’on nomme en lialie dents de Sorcières, dit Bory &2 Saint-Vincent , paraissent avoir appartenu à quelque poisson erdu, voisin des Balistes. (P. G. GLOSSOPHAGE, Glossophaga. ( man. ) Ces Chéiroptères, très-voisins des Phyllostomes avec lesquels on les a d’abord confondus, appartien- nent comme eux à un groupe des Ghauve-souris istiophores (/stiophori, Spix) , c’est-à-dire qui ont le nez surmonté d’une membrane ou feuille, Geof- froy, qui a établi le genre Glossophage, y compte quatre espèces de l'Amérique méridionale, prin- cipalement du Brésil; et qui se distinguent des Phyllostomes par leur museau allongé et étroit s leur langue très-allongée , maïs peu large, et re- RD 2 is GLOT 48 GLOU TS couverte en avant de poils nombreux , tandis qu’elle est creusée dans son milieu par un sillon longitudinal. Cette langue , que l'animal tient rou- Jlée dans sa bouche pendant le repos, est suscep- tible de tension et constitue un organe puissant de succion. Les Phyllostomes sont en effet des es- pèces voisines des Vampires, dont nous parlerons ailleurs , et qui paraissent avoir , de même qu'eux, la faculté de sucer le sang des autres Mammifères. Leur nez est garni d’une feuille en forme de fer de lance , leur queue est nulle ou variable en lon- gueur , et leur membrane interfémorale ordinai- rement petite ou même tout-à-fait nulle, ( Form. dent.: = inc.,==çcan., + mol., de chaque côté; total 24 dents. ) L'espèce du genre que l’on connaît depuis plus long-temps est le GLossopnAGE DE PALLAs, ainsi appelé parce qu'il a été bien décrit par le cé- lèbre naturaliste dont il porte le nom. Gest , en effet, le V’espertilio soricinus de ses Spicilegia zoolo- gica ; Vicq-d’Azyr lui a plus tard donné le nom de Feuille ,et Geoffroy, quien fait maintenant son Glossophaga soricina, l'a d’abord rangé parmi les Phyllostomes ( Phyllostoma soricinum, Geoff. , Ann. mus., xv ). C’est comme tel que Desmarest l’a décrit dans son Traité de Mammalogie. Ge Glos- sophage vit à Surinam et à Cayenne ; sa membrane interfémorale est large et sa queue tout-à-fait nulle. Les autres espèces de Glossophages étaient in- connues avant les travaux de Geoffroy; ce sont les!suivans : Glossophaga amplexicaudata, Gl. caudifer, et Gl. ecaudata , tous trois du Brésil. (GERv. ) © GLOTTE. (anar. ) On donne le nom de Glotte à une petite ouverture oblongue située à la partie supérieure du larynx, et produisant le son par ses divers degrés de tension et de relâchement. Cependant les anatomistes ne sont pas entièrement d'accord sur ce qu'ils désignent sous'le nom de Glotte. 1° Quelques uns donnent ce nom à; l’ou- verture que laissent entre elles Les cordes vocales supérieures du larynx, qui sont formées par deux replis de la membrane muqueuse du larynx. Gette ouverture, oblongue de devant en arrière, longue de dix à onze lignes , large de deux à trois, pré- sente à peu près la forme d’un triangle dont la base serait tournée en avant. 2° Quelques autres ont décrit sous ce nom une seconde fente qui se trouve à quelques lignes au dessous de la première et qui est située entre les deux cordes vocales infe- rieures formées par un petit ligament et un petit muscle. Cette seconde fente, à peu près de la même forme que la précédente, n’en diffère que parce qu'elle présente sa partie la plus large en arrière. 3° Enfin il en est qui désignent sous le nom de Glotte ces. deux ouvertures à la fois et l'espace compris entre elles deux, et qui a reçu le nom de ventricules du larynx. Cependant la ma- jorité des anatomistes donne ce nom à l'ouverture qui est la plus inférieure; et en effet, le mot \Glotte signifiant par son étymologie le lieu où se produit le son vocal, ce mot doit s'appliquer à la fente inférieure qui , par la structure musculaire: des deux cordes vocales, peut changer de forme. et par conséquent produire des sons divers. Les. dimensions de la Glotte varient suivant les sexes; ainsi, chez la femme, elle.est beaucoup plus petite. que chez l’homme. La sensibilité de cette partie. du larynx est extrême ; aussi le contact du moindre corps étranger, du mucus qui est agité' dans les . voies aériennes, détermine-t-il des efforts de toux très-violens. Les ligamens qui la forment devien- nent quelquefois le siége d’une infiltration de sé- rosité qui rétrécit et oblitère quelquefois complé- tement l’ouverture qu’ils laissent entre eux. Cette affection dangereuse , et qui fait périr le malade. par asphyxie, a reçu le nom d’œdème de la Glotte. Cette partie du larynx est aussi souvent le siége: d’ulcérations de diverses natures qui produisent l'extinction de voix, ou aphonie. (A. D.) GLOUSSEMENT. (o1s.) C’est le cri de la Poule domestique lorsqu'elle demande à couver, ou qu'elle appelle ses petits pour les réunir auprès d’elle. (Gerv.) GLOUTON, Gulo. (mam.) Le groupe dont le Glouton du Nord est devenu le type , et auquel il a donné son nom, est un de ces genres peu natu- rels, dans lesquels on a réuni des espèces qui ont bien entre elles quelques rapports, mais qui, néanmoins, pourraient être séparées sans aucun inconvénient pour la disposition méthodique. Il suffirait , en effet, pour faire soupconner ce que nous avançons, de remarquer la distribution, à la surface du globe, des espèces du genre Glouton ; mais leurs caractèros démontrent parfaitement qu’on ne peut les laisser réunies. L’une est des ré- gions arctiques de l’ancien et du nouveau mon- de , une autre est de l'Afrique australe, et il en est. quelques unes qui vivent dans les régions chaudes de l’Inde et dans les grandes îles voisines : on pourrait même supposer que le genre Glouton est cosmopolite, car on y a également placé des ani- maux de l’Amérique du Sud; mais la plupart de: ces derniers, ceux principalement que de Hum- boldt a fait connaître, sont des Mouffettes. Le Glou- ton oriental, Gulo orientalis, Horsf., qui vit à Java, vient d’être retiré, par Is. Geoffroy, des Gloutons, et placépar ce naturaliste, sous le nom de Melogale fusca, dans un genre qu’il a proposé de- puis quelque temps. Quant an Grison et au T'aira, deux Gloutons d'Amérique , ils ont été placés tantôt parmi les Viwerra , tantôt parmi les Lutra , et leur place est encore aujourd’hui incertaine pour: quelques auteurs. Restent donc le Glouton du Cap ou Ratel, et celui du Nord, auquel Des- marest a donné, dans son excellent Traité de. Mammalogie , le nom de Gulo arcticus. Ce dernier est célèbre par sa férocité; habitant de. contrées où illuiest souvent difficile de se procurer une proie, il ne craint pas d'attaquer les animaux les. plus grands, et il se jette sur le Renne lui-même, se cramponne sur son dos, et déchire le cou de sa victime jusqu’à ce qu’il l'ait fait tomber épuisée. Mais il paraît qu’il perd en partie son caractère, cruel, Jorsque les alimens lui sont fournis en. abondance. GLU | abondance. C’est ainsi que l’on peut obtenir quel- quelois d’apprivoiser les Gulo quel’ontient en cap- tivité. Buffon, quien a possédé un qui avait étéainsi “souris, nous apprend que le Glouton boit en lap- | pant, c’est-à-dire à la manière des Chiens, qu’il est très-aclif, et qu'après avoir satisfait ses besoins, il “ met en réserve le superflu de sa nourriture. Gette espèce est représentée dans notre Atlas, pl. 184, figure 2... Gmelin ct quelques autres naturalistes faisaient deux espèces distinctes des Blaireaux de l’'Améri- que du nord et de ceux de l’Europe septentrionale ; mais On a reconnu que ces animaux ne différaient réellement pas, et on les confond aujourd'hui avec raison. Les uns et les autres ont en effet à | peu près la taille du Blaireau, et leur pelage bien fourni est d’un roux-brun ‘plus ou moins foncé ; leur queue est courte, mais garnie de poils assez longs. Le Ratel, ou Glouton du Cap, est le Gulo ca- pensis de Desmarest, Wiverra capensis, L. Il est remarquable par la disposition de ses couleurs , et surtout par son système de dentition, ce qui a en- gagé Storr à le distinguer en un genre particulier dont il sera question à l’article Rarez (Mellivora ) | de ce Dictionnaire. .(GERv.) GELU. (c#rm.) Espèce de résine gluante, toujours molle, qui ressemble assez bien à un mélange de suif et de colophane fondus ensemble, que l’on obtient, soit par des moyens mécaniques, comme l'expression, soit à l’aide de l’éther, de toutes les | parties du Gui, Viscum album, et dont voici les | principaux caractères : subtance particulière , vis- queuse et gluante, soluble dans les éthers sulfu- rique et nitreux, insoluble dans l’éther acétique , peu soluble daus l'alcool bouillant, soluble dans les huiles de térébenthine, de romarin, de pé- trole , dans la potasse à l’aide de la chaleur, inat- taquable par les acides étendus, etc. Appliquée sur | de petits morceaux de bois ou sur des branches d'arbres, la Glu sert à prendre les petits oiseaux qui viennent à s’y poser. (FatE.) La meilleure Glu, celle qui dans les mains de l’oiseleur est un moyen certain de faire une chasse fructueuse, s'obtient de l’écorce intérieure du Houx épineux, [lex aquifolium, dans son jeune âge. Elle est de beaucoup préférable à la précé- dente, et son emploi est de beaucoup antérieur au treizième siècle de l'ère vulgaire , puisque je la vois citée dans des actes de l'an 1202. Dans les pre- miers manuscrits d’un Traité de la Chasse, connu sous le titre de Livre ou Deduicts de chace du. roy Modius et de la royne Racio, qui remontent aux dernières années du dixième siècle, la Glu du Houx: est déclarée la plus anciennement en usage chez les Gaulois et les Francs. Cette Glu, pour être de haute qualité, se re- connaît à sa couleur jaune; en vieillissant, elle devient brune et n’est plus bonne. Il faut battre et pétrir dans une eau fraîche et courante celle qui est sale , afin de la dépouiller de toute impu- reté ; et pour l'empêcher de geler en hiver, on y mêle un peu d'huile de naphthe ou de graisse de T. IT, (CS AA) | ÆC GLUM volaille. Veut.on extraire de Jà Glu? on pile l’é- corce du Hôux,-débarrassée de son épiderme, jusqu'à consistance de bouillie ; on passe à grande eau , bien fraîche , et à plusieurs reprises ; puis on forme une espèee de boule que l’on conserve dans un pot rentpli d’eau, et lorsqu'on doit l’étendre sur les petites branches de Saule, Salix alba, où va s’abattre la troupe innocente et légère des Becs- Fins trompée par les cris en usage à la pipée, il couvient de tremper ses doigts dans de l’eau ou de l'huile , afin d'empêcher celte substance visqueuse de s’y attacher. On retire aussi une bonne Glu de la racine de la Chondrille de nos vignes, C'hondrilla juncea , et de celle de la Viorne, Clematis vitalba. (T.n. B.) GLUCINE. ( cum. ) Substance découverte en 1707, par Vauquelin, dans l’'Emeraude et le Bé- ril; cette dernière pierre précieuse, appelée Be- ryllerde par les chimistes allemands, et d’où l’on a tiré le nom de Beryllium pour le métal, en con- tient 15 —- pour cent.’ On l’obtient en pulvérisant le Béril, le faisant fondre dans un creuset avec 3 parties de, carbonate de potasse, traitant la masse par l'acide hydrochlorique, puis par l’'am- moniaque caustique, lavant, séchant, reprenant par le carbonate d’ammoniaqne, etc. x La Glucine pure n’a ni odeur ni saveur; elle est insoluble dans l'eau, avec laquelle elle forme une pâte qui ne peut être moulée ; elle est infusi- ble, soluble dans la potasse et la soude, non dans l’ammoniaque; elle est également soluble dans les carbonates alcalins, sans en excepter celui d’am- moniaque ; elle n’est pas bleuie par le soluté de cobalt ;: elle forme des sels sucrés et ‘astrin- gens, etc. (F. F.) GLUCIUM. (curm.) Métal appelé encore Gluci- nium , Beryllium ou Glycium, obtenu par Wæhler en traitant le chlorure de glucine par le potassium et la chaleur, et dont voici les principaux carac- ières : poudre d’un gris foncé, susceptible d’ac- quérir du brillant, de s’enflammer à l'air quand on la chauffe jusqu’au rouge, très-difficile à fondre, inoxidable à l’air , soluble dans-les acides, inatta- quable par l’ammoniaque, etc. (F:F:) GLUME, Gluma. (80T. pxAN.) Ce mot, de même que celui de Bale, a désigné chez les botanistes les écailles florales des Graminées ; mais chacun ne lui a pas donné la même application. Les uns ap- pellent Glume Fenveloppe extérieure de chaque épillet ; les autres réservent ce nom pour l’enve- loppe particulière de chaque fleur. Cette dernière acception du mot Glume est la plus-généralement admise aujourd’hui, depuis que G, Richard a intro- duit le nom de Lépicène pour les écailles extérieures. Ajontons, comme souvenir, que dans l’Agrosto- graphie de Palisot de Beauvois , chacune des écail- les extérieures est désignée sous le nom de Glume, et leur ensemble sous celui de Bale. (L.) GLUMELLE, Glumella, (gor. pan.) À la base intérieure de Ja lépicène des Graminées se trouvent souvent une ou deux petites écailles blanchâtres, de forme et de structure variables, Linné les appe- 217* Livraison. 57 GLUT 450 GLYG à nr rnitraitéaiimitiaermémerantéiététnnttenmntitanammtér case M lait Vectairess G. Richard donne à leur ensemble le nom de Glumelle, et à chacune en particulier celui de Paléole. (L.) GLUMELLULE, C’est ainsi que Desvaux nomme les écailkes que nous venons de décrire, Palisot de Beauvois les appelait Lodicule. (02) GLUTEN. Principe immédiat des végétaux , se présentant sous la forme d’une masse plus ou moins grisâtre, très-élastique lorsqu'elle est im- bibée d’eau et pouvant s’allonger en filamens qui seretirent sur eux-mêmes en cassant; solide par la dessiccation à l’air sec ‘ou par son séjour dans . l'alcool, et par son contact avec l’acide sulfurique; insoluble dans l’eau, mais soluble en partie dans l’ammoniaque, dans lacide acétique et même l’acide hydrochlorique; donnant à la distillation une grande quantité de produits ammoniacaux. Raspail dit qu'on ne rencontre le Gluten ni dans le tissu de l'embryon, ni dans celui du péricarpe, et qu'il réside, de même que l’amidon, dans cette substance qui, à l’œil nu, est blanche et farineuse, et que l’on nomme le périspermé. Ainsi, selon cet auteur, le Gluten est le tissu cellulaire du pé- | risperme des céréales, et il doit, par conséquent, jouer le même rôle dans tous les organes où on en trouve des traces. Raspail est allé au devant des objections qu’on pourrait faire à cette théorie, et les a réfutées par des raisonnemens et des ex- périences. Il a prévu qu’on pourrait lui adresser cette question : Si le Gluten est le tissu cellulaire des céréales, d’où vient que, parmi elles , les unes fournissent du Gluten à la malaxation, et les au- tres n’en offrent pas la moindre trace ? Son expli- cation est simple : les tissus végétaux, dit-il , va- rient à l'infini, sous le rapport de leur élasticité ; les tissus les plus ligneux ont commencé par être élastiques et glutineux, et ils ont passé insensible- ment par tous les intermédiaires de ces deux états extrêmes. Une autre objection qui se présente éga- lement est celle-ci : Le Gluten n'étant qu'un tissu cellulaire, susceptible, dans certains végétaux, de devenir ligneux, comment se fait-il que ce Glu- ten est si fortement azoté, tandis que le ligneux l’est si peu; que le Gluten enfin soit, par toutes ses propriétés, une substance animale, ainsiqu’on l’a dit jusqu'ici? Et comment un tissu animal éla- borera-t-il dans son sein des globules privés d’a- zote, comme le sont les globules d’amidon ? Cette difficulté, dit le chimiste que nous venons de citer, ne tire sa force que de l’idée que nous nous som - mes formée du rôle que joue l’azote dans la com- binaison des tissus azotés. Parce que l’analyse élé- mentaire nôus a fait constater la présence de l’a- zote dansle tissu d’une substance organique , nous en avons conclu que l’azote formait un des élé- mens de sa composition. [l n’est vena dans l’es- prit de personne de se demander si cet azote ne pouvait pas être considéré comme étranger au tissu lui-même et comme y existant, soit libre mais condensé , soit combiné avec ane substance éga- lementétrangère à la composition de la principale. Les expériences de Raspail l'ont conduit à prouver que ces deux suppositions n'étaient pas gratuites, et qu’il était possible que l’azoté du Gluten n’eût pas d’autre origine que l'absorption de l’air at- mosphérique. Le Gluten n’est pas tellement affecté à la graine des céréales qu’on n’en retrouve des traces dans beaucoup d’autres plantes ; les pétales, les bulbes, les tissus jeunes et verdâtres, le pollen lui-même en renferment des quantités appréciables. On ob- tient le plus ordinairemet le Gluten en malaxant, sousun petit filet d’eau, un morceau depâte de farine de froment : la fécule est entraînée par l’eau, et il reste entre les mains une masse blanche ou plu- tôt grisâtre; c’est le Gluten. La quantité varie en raison du mode de malaxation. La farine qui en contient le plus est celle qui fait le pain le plus blanc, le plus léger, le mieux fermenté. On ne trouve presque plus de cette substance dans les farines avariées. C’est au Gluten que la pâte doit | Ja propriété de lever, par son mélange avec le le- | vain ou la levure ; mais ce n’est pas lui qui forme la partie nutritive du froment, Lorsqu’on le pré- sente seul aux animaux, ils s’en dégoûtent et le rejettent. Ù (P. G.) GLYCIMÈRE, Glycimeris. (wozr.) Genre de la famille des Solénacées de Lamarck, de celle des Enfermés de Cuvier , que Linné avait confondu avec les Myes, coquilles avec lesquelles il a, du reste, beaucoup de rapport, et dont voici les ca- ractères : coquille transverse, très-bâillante de cha- que côté; charnière calleuse, sans dents; nymphes saillantes en dehors; ligament extérieur; animal inconnu , mais probablement analogue à celui des Solens ou des Myes. Les Glycimères vivent enfoncées dans le sable ; leurs espèces sont fort rares et très-recherchées ; nous ne citcrons que la suivante, Glycimeris sili- qua de Lamarck : coquille assez grande, couverte d’un épiäerme brun foncé ou noir, d’un blanc gri- sâtre en dedans, très-épaisse et laissant voir les impressions du manteau profondément creusées , indices de l’existence de siphons fort grands; char- nière dépourvue de dents , et formée par un bour- relet assez régulier, décurrent sur le bord. (FF) GLYCINE , Glycine. (roT. Pan. et norT. ) On connaît peu de genres chez qui les espèces soient aussi variées entre elles et dont la synonymie soit plus embrouillée : c’est le désespoir des classifica- teurs. Le genre Glycine est inscrit par Linné dans sa Diadelphie décandrie, et par De Jussieu dans la famille des Légumineuses : c’est le seul point in- | contestable. Presque tous les botanistes, depuis: Gaertner, ont voulu mettre de l’ordre dans ce genre composé d’abord de beaucoup d'espèces hétérogè- nes , puis déchiré à l'excès. Mœnch a formé à ses dépens son genre Apios; Nuttall s’est servi des Glycine frutescens et G. monoica pour créer ses genres Amphicarpa et Wistevia ; Ventenat, à son tour, a détaché la G. sinensis pour en faire un genre ” sous le nom de Kennedia; Da Petit-Thouars a pris | la G. subterranea poar établir son genre W'oand- zeia ; Kunth réduit à son tour le nombre des espè- } ces à quarante. Mais, comme toutes ces réformes A :sont loin d’être rigoureuses , elles prouvent seule- ment que, avant de rien entreprendre, il importe de se livrer à une étude plus approfondie de ces plantes presque toutes étrangères à l’Europe, et par conséquent d'attendre qu’une approbation gé- nérale légitime les coupes faites ou pour mieux dire proposées jusqu'ici. L’on trouvera toujours moins d’inconvéniens à suivre le genre linnéen que d’a- dopter de suite une opinion quelconque. Il n’y a pas une seule espèce de Glycine qui ne puisse, avec le système actuel à la mode, fournir un genre particulier , tout aussi distinct, tout aussi tranché que ceux indiqués. Les novateurs n’approuveront point cette marche, libre à eux; je l'estime bien plus philosophique que celle qu’ils suivent avec une fureur coupable; ils courent vers le chaos et #tomberont-dans son gouffre immense , tandis que l'homme prudent les verra périr sans gloire et l’or- dre leur succéder aussitôt. "Une des plus belles espèces du genre, la G1x- CINE FRUTESCENTE , Glycine frutescens , quoique originaire de la Caroline, s’est acclimatée très-aisé- ment ; on en fait de fort jolis berceaux et treilla- ges. Ses tiges blanchâtres, ses feuilles composées de neuf à dix folioles presque soyeuses, ses grappes longues et violacées, épanouies à la fin de l'été, ca- chent agréablement les murs de clôture. Elle craint peu le froid ; cependant durant les hivers rudes il faut en couvrir le semis avec de la litière ou des branches de fougère. On peut encore cultiver en pleine terre la Gzy- CINE TUBÉREUSE, G. apios, aux fleurs panachées de pourpre noirâtre.et de couleur de chair, réunies en grappes touffues et courtes; ainsi que la GLY cine TOMENTEUSE ,.(r. tomentosa, dont les grappes jau- nâtres contrastent avec la précédente. Je recommande surtout la GLYGINE DE LA CHINE, G. sinensis , que les horticulteurs anglais appellent le Prince des buissons touffus. Gette espèce, in- troduite en Europe pendant la triste et désastreuse année 1816, produit un fort bel effet dans les jar- dins paysagers ; ses longs festons ornent agréable - ment l'entrée des chaumières. Elle s’est répandue parmi nous depuis 1827; je l’ai vue prospérer sur tous les terrains et donner abondamment ses fleurs rouges én mai; ses légumes mûrissent parfaitement, et leurs semences mises en terre lèvent prompte- ment. ) La GLyciNe A peux racues, G. bimaculata, mérite aussi de fixer l'attention. Ses fleurs sont petites, ses grappes simples, mais elles durent pen- dant toute la belle saison , et quand on les regarde de près, elles plaisent par leur violet agréable sur lequel deux taches d’un vert jaunâtre se dessinent d’une manière pittoresque. (T, ». B.) GLYPHISODON, Glyphisodon. (rorss.) Lacé- pède a donné ce nom à un petit genre de poissons très-voisin des Dascylles, quoique les auteurs qui en ont parlé les aient placés parmi les Chétodons; ils ont les mêmes formes , les mêmes pièces oper- culaires que les Dascylles; mais leurs dents, au lieu d’être en velours, sont tranchantes et le plus souvent échancrées, Ge genre, quiest compris dans la famille,des Sciénoïdes, estnombreux:en espèces. Décrivons l'espèce la plus connue en Amérique, le Jacvacaquara , ou le Glyphisodon saxatilis , qui a éténommé Jaqueta ou Jaquette par les Por- tugais du Brésil, parce qu'ils trouvaient quelques rapports entre ses couleurs et celles du vêtement de leurs nègres; ce nom se conserve encore à la Martinique ; il porte également , avec une autre espèce d'un genre très-voisin (Pomacentre), eelui de Chauffe-soleil. À la Guadeloupe on donne à notre espèce actuelle le nom de Rarlée (sans doute par corruption de rayée). Marcgrave dit qu'elle se mange,et Pison,que c’est seulement le peuple qui s’en nourrit, Sa forme.est ovale et comprimée; séchée, cette espèce paraît d’un gris jaunâtre avec cinq bandes verticales noi- râtres larges, qui s’effacent vers le ventre : la pre- mière prend. naissance de la dorsaleet descend vers la pectorale; la seconde répond au dessus du milieu des ventrales ; la troisième au dessus de la nais- sance de l’anale; la quatrième au dessus de son mi- lieu ; la cinquième prend de la fin de la dorsale à celle de l’anale ; la sixième sur la naissance dela caudale. Une petite tache noire marque le haut de Vaisselle de la pectorale ; enfin les nageoires verti- cales ont leur bord noirâtre, qui s’élargit et se montre mieux à leurs pointes. Nos individus ont de six à huit pouces de longueur. (Azrx. G.) GNAPHALE , Gnaphalium. (or. pHAn.) Genre de la famille des Synanthérées ( Corymbifères de J.), tribu des Inulées de Cassini , et de la Syngé- nésie superflue, L.; genre tour à tour étendu, restreint , changé, tourmenté de toutes manières par les anciens botanistes, par Tournefort, par Desfontaines et De Candolle, par Vaillant, par Linné , par R. Brown, par H. Cassini. Voici les caractères que lui assigne ce dernier : calathide dont le disque est formé d’un petit nombre de fleurs régulières, hermaphrodites , et la circonfé- rence de fleurs tubuleuses, femelles, peu nombreu- ses et disposées sur plusieurs rangs; style des fleurs hermaphrodites à branches tronquées au sommet, anthères pourvues de longs appendices basilaires ; involucre ovoïde, dont les écailles sont imbriquées et appliquées, extérieurement plus larges , ovales, intérieurement plus étroites, oblongues et pour- vues d’un appendice scarieux; réceptacle plane et nu ; ovaires grêles, cylindriques , surmontés d’une aigretle composée de poils égaux , légèrement plu- meux, s’arquant en dehors et caduques. Dans le nombre des espèces légitimes du genre Gnaphalium de Gassini, nous ne mentionnerons que celles de France : Gn. luteo-album , L. ; Gn. supinum , L.; Gn. sylvaticum, L.; Gn. rectum, Smith; Gn. uliginosum, L, Les espèces de ce genre sont des plantes her- bacées, d’un aspect peu agréable , et dont l’éco- nomie domestique, ni lamédeciue , ni les arts ne font aucun usage. (G. £.) GNATHODONTES. (porss.) De Blainville a cru devoir appliquer ce nom à l’une des deux grandes divisions de la classe des Poissons, à laquelle Guvier a donné. le nom d’Osseux, Gette dernière significa- GNET 45 ———_—_—_—_—_—_——— tion ayant l’antériorité, a été conservée par la plu- part des naturalistes. (Ÿ. Osseux.) (Az. G.) GNEISS. (mi. et a£or.) Nom que les minéra- logistes et les géologistes donnent à une roche com- posée essentiellement de mica en paillettes et de feldspath lamellaire ou grenu. Sa structure est plus où moins feuilletée. Outre les substances es- senticlles pour constituer le Gneiss, cette roche contient du quartz, du talc et du graphite : il en résulte trois variétés distinctes que l’on nomme Gneiss quartzeux , talqueux ‘et graphiteux. Mais le Gneiss commun contient peu ou point de quartz, et lorsque les cristaux de Fecnsparn (voyez ce mot) sont apparens , la variété qui en résulte porte le nom de Gneiss porphyroïde, parce qu’il offre un peu l’apparence du porphyre. | Les Gneiss renferment accidentellement des tourmalines, des grenats, et différens métaux qui y sont disséminés, tels que le fer et le molybdène. Considérés sous le point de vue géologique , les Gneiss forment de vastes systèmes de terrains, et des masses considérables dont la stratification , c’est-à-dire la division en couches, est toujours dis- tincle. Ces terrains renferment un grand nombre de filons, les uns métallifères et les autres d’ori- gine ignée. Les Gneiss reposent ordinairement sur les gra- niles ; d’autres fois ils alternent avec ceux-ci : on voit par là qu’ils appartiennent aux roches les plus anciennes de l’écorce terrestre. (J. H.) GNET, Gnetum gnemon. (B0T. pan.) Arbre de l'Inde et des îles Moluques, à tronc droit fortement noueux , à rameaux élancés , articulés, à feuilles opposées, ovales - lancéolées, acuminées, très- entières , glabres.et luisantes en dessus. Il produit des fruits rouges à leur maiurité, assez sembla- bles à ceux du Cornouiller, et renfermant un noyau et une amande ; ils sont comestibles lors- qu'on les a fait cuire; mais crus, ils exciteraient une vive démangeaison dans la bouche. D’après ces indications , tirées de Rumpbh, et répétées dans tous les ouvrages d'histoire naturelle, les bota- nistes voyageurs recueilleront peut-être des détails plus précis , et détermineront à quelle famille ap- partient le Gnet. Linné le range dans sa Monoécie monadelphie, où il se trouve mêlé aux Amentacées et aux Euphorbes; Jussieu , reconnaissant ses rapports avec le genre Thoa d’Aublet, le place à la suite des Urticées; mais Gaudichaud, dans son travail plus récent sur cette dernière famille-(Bo- tanique de l’Uranie), n’y a point fait entrer le Gnetum. Voici du reste ses caractères : fleurs mo- noïques , disposées antour d’un axe, en verticilles interrompus et environnés chacun d’un involucre urcéolé , calleux ; les fleurs femelles se trouvent près de l’axe, les mâles occupent le haut du verti- cille; les unes et les autres n’ont point de corolle. Les fleurs mâles se composent d’une écaille ovale, colorée, portant un filet simple , terminé par deux anthères. Dans les femelles , une écaille déchirée et difforme accompagne un ovaire à demi enfoncé dans le réceptacle du verticille ; il porte un style, trois stigmates , el se change après la fécondation : 2 GNID en une espèce de drupe ovoïde, conténant une noix oblongue , striée et monosperme. (L:) GNIDIENNE , Gnidia. (mor. pan. ) De fort jo- lies plantes frutescentes, la plupart originaires du ‘cap de Bonne-Espérance , remarquables par leur feuillage d’un vert gai et persistant, par leurs fleurs qui répandent une odeur délicieuse rappe- lant celle de l'Héliotrope du Pérou, constituent ce genre de la famille des Thymélées et de l'Oc- tandrie monogynie. Placées auprès des genres Daïs , dont nous avons parlé au tom. II, pag. 463, et Passerina, dont nous écrirons plus tard l’his- toire , plusieurs espèces de Gnidiennes paraissent devoir s’y rapporter; mais, comme l’étude faite loin de leur patrie et sous l’action de la culture ne permet pas de prononcer avec assurance, je rejette provisoirement le genre Vectartdra proposé à leurs dépens,et j'adopte le genre Gnidia iel que l’ont créé Linné et De Lamarck. Toutes les Gnidiennes sont délicates, elles re- doutent également le froid et l'humidité ; pour les conserver dans nos orangeries il leur faut la terre de bruyère pure, et les renouveler chaque année de marcottes et de boutures. La GNiDiENNE À FEUILLES DE LIN, G. simplexz, que nous possédons depuis plus d’un demi-siècle, n’a pu encore s’ac- climater sous la zone de Paris : c’est d’autant plus fächeux qu’elle épanouit deux fois l’an son om- belle sessile composée de douze à quinze et jus- qu’à vingt et trente fleurs d’un jaune pâle, d’a- bord en avril et mai, puis en août et septembre, et qu’elle;exhale, surtout le soir , une odeur suave qui réjouil tous les sens. Ce petit sous-arbrisseau monte au plus à quarante centimètres ; ses rameaux gré- les sont couverts de feuilles linéaires et très-nom- breuses, Comme toutes les autres espèces du cenre , ses fleurs offrent un calice ( ou corolle, se- lon quelques auteurs) allongé , filiforme, coloré, à limbe quadrifide, huit écailles ( quatre avortent très-souvent ) en forme de pétales, insérées deux par deux à l’orifice du calice, et alternant avec ses divisions ; huit étamines avec anthères safra- nées , disposées sur deux rangs circulaires ; ovaire supère ; style latéral, grêle , renflé à son sommet ; stigmate en tête et velu. Le fruit est une petite noix presque drupacée , monosperme , dont la se- mence est renfermée dans la base persistante du calice. Parmi les douze autres espèces, nous citerons les suivantes : la GNIDIENNE soveuse, G. sericea , sous-arbrisseau très-rameux de trente-deux cen- timètres de haut , dont les feuilles, soyeuses dans leur jeune âge, se couvrent plus tard d’un duvet cotonneux sur l’une et l’autre face ; les inférieures sont alternes, éparses; les supérieures opposées. Ses fleurs sont petites et rassemblées seulement au nombre de deux à six au sommet des rameaux qu'elles terminent. La GNIDIENNE A FEUILLES DE PIN , Cr. pinifolia, est encore plus intéressante que les deux précédentes par la beauté de ses fleurs du blanc le plus pur , disposées en un petit bouquet terminal de huit à dix fleurs épanouies en mai et juin, et par l’odeur exquise qu’elles répan- - GOBE 453 GOBE ET dent. Des rameaux grisâtres; des feuilles très- rapprochées , repliées en leurs bords, longues de quatorze millimètres ; des fleurs , ainsi que le ca- lice , couvertes de poils blancs, donnent à cette plante un aspect très-pittoresque. L'espèce la plus grande du genre est la Gni- DIENNE A FEUILLES OPPOSÉES, G. oppositifolia ; elle s'élève à un mètre et demi. Ses tiges portent des rameaux eflilés, pourprés et glabres, garnis de feuilles aiguës, opposées, les supérieures quel- quefois empourprées à leur sommet , et terminées par quatre, six et huit fleurs réunies ensemble ; elles demeurent épanouies depuis le mois de mai jusqu’à la fin de juillet. (T. 0. B.) x GNOU. ( mam. ) Espèce du genre ANTILOPE (v. ce mot ). (GuËr.) GOBE-MOUCHE , Muscicapa, Linn.; Muscicapa et Muscipeta, Cuv., Vieill. ; Muscivora, Lacép. (ois.) Genre de la famille des Dentirostres. Il se compose d’un nombre considérable d’espèces ; dont quelques unes sont peu connues et mal dé- terminées ; elles forment, à vrai dire, plutôt une grande famille qu’un genre, surtout depuis que Cuvier leur à réuni les Tyrans et les Mouche- rolles ; elles ont pour caractères génériques, ainsi que ces deux dernières divisions , un bec moyen, d'une largeur et d’une longueur variables, selon les espèces, élargi et déprimé à la base qui est hérissée de longs poils, comprimé et fortement échancré vers la pointe chez les espèces les plus fortes , passant insensiblement à la forme de bec fin chez les plus petites; des narines latérales plus ou moins recouvertes de poils ; trois doigts antérieurs et un postérieur presque aussi long que les autres, les deux latéraux à peu près égaux; des ailes qui, repliées , ne recouvrent pas la moitié de la queue, et dont la première rémige est fort courte , tandis que la troisième et la quatrième sont, au con- traire, de grande dimension ; la seconde est un peu moins longue que celles-ci. Ces oiseaux. sont à peu près répandus sur tout le globe; mais ils se rencontrent surtout dans les contrées équatoriales, où ils trouvent une nourri- ture abondante. Ainsi que l'indique leur nom, ils se nourrissent, en effet, d'insectes ailés, nom- breux dans les pays chauds et humides qu’ils ha- bitent ; ils les attrapent ordinairement an volet ne les prennent que rarement à terre ou sur le feuil- lage. Ils perchent habituellement sur le sommet des arbres les plus élevés, ne venant presque ja- mais sur le sol et n’y courant jamais; ils habitent les forêts épaisses et Les lieux retirés; leur instinct paraît être fort peu développé; dans la construc- tion même de leur nid, ils apportent peu d’art, le placant le plus habituellement à découvert sur des arbres, sans prendre soin de le garantir des agens extérieurs ; leur cri est aigu et, pour le plus grand nombre d’entre eux, sans agrément ; leur air est triste et chagrin. La femelle pond à la fois trois ou quatre œufs, quelquefois cinq, marqués de taches rousses; la mue est simple pour les mâles de quelques espèces , double pour certains: autres; quant aux femelles , on ignore si leur mue est ou non simple; ce que l’on sait seulement, c’est que leur couleur reste toujours la même. Chez les mâles dont la mue est double, le plu- mage change à des époques périodiques; semblable pendant l'automne à celui des jeunes et des fe- melles, il est, au printemps , orné des couleurs les plus riches et les plus tranchées. La livrée, simple quoique agréable , chez les espèces de nos climats, brille chez les étrangers du plus bel éclat et des nuances les plus variées. Chez ces derniers , les sexes se distinguent facilement par des:diffé- rences constantes de couleurs assez tranchées. Les espèces européennes, ou du moins celles dont le passage en Europe est périodique, sont les suivantes : Le Go8s-moucue Gris, Muscicapa grisola, Linn., le Gobe - mouche proprement dit, Buffon : par- ties supérieures, cou, flancs et poitrine d’un brun cendré ; raie longitudinale d’un brun foncé sur la tête, front blanchâtre, gorge blanche, ainsi que le ventre; longueur totale, 5 à 6 pouces. La mue est simple. La femelle est en tout semblable au mâle. Il habite les forêts de la Suède et de la Russie méridionale ; on le retrouve, mais en moins grand nombre, dans les autres parties {de l’Europe ; il niche sur les arbres, et quelquefois dans les trous de leurs branches: il se -nourrit de mouches, quelquefois de fourmis et de larves d'insectes; la ponte est de cinq œufs, d’un blanc tirant sur le bleu , qui sont couverts de taches rousses. . GOBE-MOUGHE A COLLIER, Âuscicapa albocollis. Gobe-mouche noir à collier, de Lorraine (Buffon) : taille plus petite que celle du précédent, plumage très-variable ; les parties inférieures, le front et la nuque sont blancs ; le sommet de la tête est d’un noir très-intense, ainsi que le dos et la queue; le croupion est marqué de noir et de blanc, chez le mâle en habit de noces ; mais vers le commence- ment de juillet, tout cet éclat s’anéantit, et le mâle paraît alors en tout semblable à la femelle. Longueur totale, 5 pouces. Gette espèce est assez commune en France, et notamment en Lorraine. On le trouve aussi fréquemment dans les provinces . du centre de l'Europe. Il habite, de même que le précédent, les bois les plus touffus ; il se nourrit comme lui d'insectes ailés; son cri est un sifile- ment très-aigu; il niche dans les crevasses des ar- bres; sa ponte est de cinq à six œufs d’un bleu un peu verdâtre, maculé à l'extrémité de taches brunes. GoBE- MOUCHE BECFIGQUE, ÂMuscicapa luctuosa. Parties supérieures d’un noir intense, excepté le front, qui est blanc, ainsi que les parties inférieu- res ; les ailes sont aussi d’un noir très-pur. Il est de la même taille que le précédent. Le Gobe-mou- che becfigue a la plus grande analogie avec le Gobe-mouche à collier; on ne peut que diflicile- ment les distinguer , excepté au printemps, après la seconde mue, quand les mâles sont en habit de noces ; alors il est aisé de les reconnaître, le der- nier ayant un collier blanc, tandis que le Gobe- mouche becfigue en à un d’un beau noir. : GOBE M. Roux a donné un caractère qui peut égale- ment servir à établir une distinction entre ces deux | espèces : chez le Gobe-mouche becfigue la pre- mière penne de l’aile est quelquelois plus courte que la quatrième, et au contraire toujours plus plus longue que celle-ci chez le Gobe-mouche à collier. Le Gobe-mouche becfigue est très - commun en France, surtout sur les bords de la Méditer- ranée; sa nourriture est la même que celle des espèces précédentes ; cependant on remarque que, bien qu’il attrape les insectes au vol, il les prend aussi quelquefois à la surface des feuilles et des fruits, ce qui n’a pas lieu pour les autres. Comme le précédent, sa ponte est de six œufs, d’une couleur verdâtre. GOBE-MOUCHE ROUGEATRE, Muscicapa parva, Bechst. C’est la dernière des espèces européennes : rougeâtre supérieurement , blanche inférienre- ment; la face antérieure du cou et la gorge sont d’un roux très-vif; taille de 4 pouces et demi en- viron. On connaît fort peu les vieux mâles de cette espèce. Elle habite les vastes forêts de l’Allema- gne, et se rencontre fréquemment dans les par- ties méridionales de cette contrée; sa mue est simple, sa nourriture semblable à :celle des pré- cédens. Les espèces brésiliennes sont aunombre de huit; nous n’en présenterons ici que la liste , les limites de cet ouvrage ne nous permettant pas de décrire toutes les espèces : Muscicapa cæsia, Max. Newied; Musc. flammiceps, Temm. ; Muscicapa rivularis , Wied; Muscicapa diops, Temm. ; Muscicapa mas- tacalis, Wied ; Muscicapa vociferans, Wied; Mus- cicapa eximia , Temm.; Muscicapa rupestris, Wied. La Nouvelle - Hollande possède aussi plusieurs espèces décrites par Vigors et Horsfeld dans leur ouvrage sur les oiseaux de cette île; nous ne fe- rons également qu'indiquer leurs noms; les espèces de ce genre très-nombreux étant presque toutes mal déterminées, il est inutile de s’attacher à des caracières minutieux, très-variables en raison même de leur peu d'importance : Muscicapa La- thami ; Muscicapa multicolor; Muscicapa :Goode- novis, Java possède les espèces suivantes : Muscicapa javanica, Sparm.; Muscicapa obsoura, Morsf. ; Muscicapa cantatriz , Temm. ; Muscicapa hirundi- nacea , Rein. ; Muscicapa miniata, Temm. (Guér., Icon. du Règ. anim. , Oiseaux, pl. 7, fig. 4); Muscicapa hyacinthina , Temm. ; Muscicapa flam - mea, Forster, répandu dans les Indes orien- tales. La Nourvelle-Irlande renferme les trois espèces suivantes, dues à Garnot et Lesson : Muscicapa chaly beocephala; Muscicapa chrysomelas, représenté dans notre Atlas, pl. 184, fig. 5; Muscicapa Toitoi. On ne connaît encore de T'aïti que le Muscicapa pomarea, Garn. et Less. La Nouvelle-Guinée contient les trois espèces suivantes : Muscicapa guttula, Garn. et Less. ; Muscicapa telescophtalmus , Garn. et Less. ; Mus- cicapa incomata , Garn, et. Less, 454 ‘GOBI Enfin, de Blosseville à rapporté de l'ile Mau- piti un individu dont Latham a donné une {très- bonne description. Nous terminons en citant les espèces suivantes, nouvellement décrites par Temminck, et pour lesquelles nous renvoyons à l'ouvrage même de ce savant ornithologiste : Muscicapa gularis, Natt. ; Muscicapa straminea, Natt.; Muscicapa strumosa, Temm. ; ces espèces appartiennent au Brésil; Muscicapa obsoleta, Natt.; Muscicapa ventralis , Natt. ; Muscicapa virescens, Natt, Ces trois der- nières espèces forment un groupe très-voisin des Becs-fins. (V. M.) GOBIE , Gobius. (poiss.) Le nom de Gobie dé- signe le principal caractère qui sépare des Éléo- tris les poissons dont nous allons parler. Cette dé- nomination indique la disposition des ventrales réunies sur toute leur longueur , en sorte qu’elles forment un disque concave. Ces Thoracins ont le corps allongé, la tête médiocre, arrondie; les joues renflées , les yeux rapprochés, et le dos garni de deux nageoires dont la postérieure assez longue. Ces poissons se tiennent dans les fonds argileux et y passent l'hiver dans des canaux qu’ils s’y creu- sent. Au printemps, ils préparent dans des lieux riches en fucus un nid qu'ils recouvrent de racines; le mâle y demeure renfermé, et y attend les fe- melles quiviennent successivement ydéposer leurs œufs, Il les gardeet les défend avec courage. Nous en avons quelques uns dans nos mers, qui sont assez faciles à reconnaître. Le BouzerEau Noir, G, niger , à corps arrondi, d'u brun noirâtre, à dorsales liserées de blan- châtre. C’est le plus commun sur nos rivages de l'Océan. Il n’atteint que quatre ou cinq pouces. Sa chair est fort bonne; on le pêche en mars et avril. On y trouve aussi en abondance le BouLeREAU BLEU, G. 0220, Linn. BL, 107, fig. 3. Cette es- pèce a le corps marbré de noirâtre ; les nageoires également noirâtres. Deux lignes banches sur la première dorsale, dont les rayons s'élèvent en filets au dessus de sa membrane. Sa chair est molle et fade. On en prend beaucoup en no- vembre. Le Bouzereau 81anc, G. minutus. Les attributs caractéristiques de ce Thoracin sont un corps blanchâtre, parsemé de taches ferrugineuses sur le dos et varié de lignes fauves sur le ventre : long de deux à trois pouces. Il habite également les bords de l'Océan. La Méditerranée , qui nourrit peut-être ces trois espèces, en produit plusieurs autres de taille et de couleurs variées. Granp Bourereau, G. capito. Long d’un pied et plus, olivâtre marbré de noirâtre; des lignes de points noirâtres sur les nageoires. Sa tête est large et ses joues renflées. BOULEREAU ENSANGLANTÉ, G. cruentatus. Aussi grand que le précédent; un blanc sale est la cou- leur dominante de ce Thoracin, et sur ce fond ressort avec éclat le rouge vif qui est tempéré par des taches transversales brunes. La chair de ce poisson est délicate ; il habite les rochers profonds, Fa . 7 . Q L » LE fn rm ee fe | DIT EURE tant par les caractères que nous venons d'exposer que par l'existence de leurs barbillons, qui sont très-petits. Ce genre n’est encore composé que d’une seule espèce à nageoires piquelées de brun, Cyprinus gobio, représentée pl. 188, fig. 1, de notre Atlas; sa couleur varie suivant l’âge, mais le plus souvent un bleu noirâtre règne sur le dos, et des taches bleues sont placées sur Ja ligne latérale, Sa mâ- RE 467 GOUS choire supérieure est un peu plus avancée que celle de dessous ; ses écailles sont grandes à proportion de ses principales dimensions. On trouve ce poisson, dans nos eaux douces; c’est principalement ent France et en Allemagne qu'il abonde, ét, male gré sa petitesse, il est estimé par son bon goût. Sa chair est blanche, très-bonne et facile à digérer , c'est pourquoi on le recherche sur les tables les plus délicates. On le mange frit et en étuvée. Vers l’automne les Goujons reviennent dans les lacs ; on les prend de plusieurs manières; on les pêche avec de petits filets et avec l’hamecon. Ils deviennent d’ailleurs la proie des oiseaux d’eau, ainsi que des grands poissons, et cependant ils sont très-multipliés. Ils vivent de plantes, d'insectes aquatiques , de frai et de débris de corps organisés, Ils voyagent en troupes et perdent difficilement la vie. [ls déposent leur frai au printemps contre les pierres et les plantes, leur ponte dure un mois, et ils multiplient beaucoup. Ils sont fort avides de cha- rognes qu'on jette dans les rivières, et on est tou- jours sûr d’en trouver près d'elles. Il est des temps et des lieux où.on pêche plus de ces poissons que la consommation du pays ne le comporte, et où on est obligé de les donner aux cochons. C’est un des meilleurs poissons qu’on puisse introduire dans les étangs pour servir de nourriture aux brochets, aux truites; mais les eaux stagnantes et bourbeuses ne leur conviennent point, GOUJON DE MER. (porss.) On donne ce nom aux espèces du genre Gogie. Ÿ. ce mot. (Arr. G.) GOURA. (ors.) Le Goura ou Picson couronné, Columba coronata , appartient à la famille des Pi- geons et se range dans le genre Lopuyre, Lophy- rus de Vieillot. C’est un bel oiseau intermédiaire , par son port et ses habitudes , aux vrais Pigeons et aux Gallinacés. On le trouve dans plusieurs des archipels indiens, aux Moluques , aux Philippines, et à la Nouvelle-Guinée principalement. Le Goura, dont il sera question à l’article Lorayre , a été re- présenté à la planche 188 , fig. 2, de ce Diction- naire. (GERv.) GOURAMI ou GORAMI. (rorss.) Nom d’une espèce du genre Osphronème. GOURDE. (8or. PHan.) Variété du genre Gourge, nommée aussi Calebasse. Ÿ, Gource. GOURGALLE. (crusr.) C’est l’un des noms vulgaires du Cancer pagurus. P. GraBe. GOURGANDINE. (mozz.) Nom marchand des Venus meretrix et flexuosa. V. Vénus. GOURGANE. (mor. Pxan.) L’un des noms vul- gaires d’une petite espèce de Fève. 7. Five. (GuËr.) GOUSSE, Legumen. (mor. Pnan.) Terme ré- servé, dans le langage scientifique, pour désigner le fruit des Légumineuses, telles que le Pois, la Fève, le Haricot, La Gousse est donc l'enveloppe membraneuse qui renferme ces semences; elle se compose de deux valves (valgairement cosses), ra- rement trois ou quatre (ex. le genre Morimga, une espèce de Mimosa) ; des deux sutures , l’une est plus marquée que l’autre ; on y voit le cordon » Cr ————— GOUT 468 GOUT om pistillaire se diviser en deux branches qui mar- chent parallèlement , et portent les graines atta- chées alternativement à l’une et à l’autre valve. La Gousse sedistingue donc très-bien de la silique, dans laquelle les graines sont attachées aux deux sutures. (77. au mot Sicique.) De Candolle a fait une observation fort curieuse sur Ja disposition unilatérale du cordon pistillaire dans un fruit comme la Gousse, qui se montre toujours simple ; c’est une véritable anomalie , et il semble que le fruit devrait être double, et qu’il y a avortement constant de l’une de ses parties. À l'appui de cette hypothèse, vient le fait assez rare, mais bien constaté, que certaines Légumi- neuses ont deux pistils plus ou moins soudés ; on l’observe, par exemple, sur quelques individus du Gleditschia triacanthos, du Genista scoparia, et sur le Cæsalpinia digyna, qui doit son nom spéci- fique à cette singularité. La Gousse est généralement uniloculaire ; ce- pendant, dans la section des Astragales , la saillie rentrante d’une des sutures y simule deux loges. Quelquefois aussi la Gousse est traversée de pe- tites cloisons ou diaphragmes qui séparent chaque graine. Enfin, quant à sa forme, la Gousse est ovale ou arrondie dans plusieurs Astragales, cylindrique dans les Lotus, linéaire dans le Galega, gonflée dans le Pois, vésiculeuse dans le Baguenaudier , contournée en faux ou en spirale dans la Luzerne, articulée dans la Coronille, échancrée en fer à che- val dans l’Ayppocrepis, etc., etc. (L.) GOUT. (Puysror.) Sens à l’aide duquel les ani- maux perçoivent les saveurs des corps. Comme celui du toucher, ce sens est mis en jeu par le contact d'objets extérieurs sur la surface de cer- tains organes. L’organe spécial du Goût est la lan- gue, ou plutôt elle en est le siége principal; car les autres parties de la bouche peuvent aussi éprouver la sensation des saveurs, mais à des degrés bien diffé- rens. Pour qu'un corps soit sapide, c’est-à-dire puisse faire percevoir à la langue la sensation de saveur , il faut que ce corps soit soluble. De Rà la nécessité de la mastication des substances alimen- taires et de leur imprégnation par les divers sucs que sécrètent les glandes et les follicules dont sont tapissées les parois de la cavité qui recoit d’abord ces substances. Il ne faut pas prendre à la rigueur, au reste , la nécessité de la dissolution des alimens pour développer leur sapidité; chez certains ani- maux, chez les oiseaux, par exemple, dont le bec est corné et la langue sèche, les substances ne sont pas dissoutes, et cependant on ne peut douter qu'ils ne goûtent, puisqu'on les voit choisir parmi les graines qu'ils brisent et avalent. Les saveurs sont ou agréables ou désagréables : entre ces deux limites il existe une foule de nuan- ces relatives non seulement aux différens ani- maux , Mais souvent encore aux diverses condi- tions dans lesquelles ils se trouvent. L'étude des saveurs devant être renvoyée à ce mot (voy. Sa- veuRs), nous devons ici nous en tenir à ces géné- ralités. Ce que nous devons dire, c’est que toutes les fois qu’un corps sapide est mis en rapport avec l’organe du Goût, cet organe est provoqué à agir, et développe l’impression qui , portée au cerveau, et percue par lui, devient la sensation de saveur. Et comme, dans l’organisation animale, les seules parties nerveuses sont propres à produire des sen- sations, on conçoit qu'il faut que sur l’organe du Goût il existe une certaine quantité de ces parties nerveuses chargées de la perception et de la trans- mission des saveurs. C’est ce qui arrive ‘en effet : la membrane muqueuse qui recouvre la langue présente un grand nombre d’éminences de formes variées qui rendent sa surface rugueuse ; ces émi- nences, nommées Papilles, sontde diverses natures : celles qui recouvrent les filets terminaux du nerf lin- gual paraissent servir principalement au sens du Goût. (Joy. Lanque, Parizzes.) Pour que ce sens s'exerce convenablement , il faut que les diverses parties qui y concourent soient dans une intégrité parfaite ; toutes les altérations accidentelles et ma- ladives qu’ils peuvent subir pervertissent plus ou moins cette sensation. Si le nerf lingual est coupé, paralysé, il n’y a plus de Goût ; si les sé- crétions buccales sont supprimées, que la langue soit sèche, le Goût sera presque nul. La délicatese du Goût dépend de la structure plus heureuse des différentes parties de l’organe ; il est des individus chez lesquels le Goût est exquis , il en est d’autres chez lesquels ilest ordinairement obtus. On a cher- ché à savoir si en général il était plus parfait chez l’homme que chez les animaux. Cette thèse, ap- puyée d’excellens raisonnemens par un grand nom- bre de physiologistes, a été combattue par Gall. Ce savant anatomiste a pensé que, puisqu’un grand nombre d’animaux avaient le nerflingual plus gros, les papilles plus développées et la couche épider- moiïde de la langue plus fine , le sens du Goût de- vait être plus exquis. Il est certain toutefois que l’appareil du Goût est toujours en rapport, dans chaque espèce ani- male , avec les saveurs qu’il doit percevoir ct la nature de l’alimentation. Nous avons dit, au mot AzImEnT, combien les substances diverses qui ser- vent à la nourriture des différens animaux avaient sur leur appareil digestif une action différente , et que ce qui servait à la nutrition de l’un pouvait devenir un poison pour l’autre. Chez l’homme , non seulement le Goût présente à cet égard d’in- nombrables variétés en raison de l’organisation in- dividuelle , mais il peut encore varier en raison des diverses circonstances de santé, d'habitude ou de maladie, dans lesquelles l'individu peut se trouver placé. On sait combien l'exercice perfec- tionne le Goût. Nous avons connu un haut fonc- tionnaire dont la faculté dégustatrice était telle- ment exquise qu'il ne se trompait presque jamais sur les qualités des divers vins, des diverses li-, queurs, qu’il signalait tous leurs mélanges, etc. C’est un mérite que portent assez loin certains dé- gustateurs jurés qui, tout d’abord, reconnaissent les plus faibles mélanges dans les boissons. Le sens de l'odorat , chezun grand nombre d’a- 2.3 18 MUSe,. a \ fa EE — Acarie Baron z.Gouvavier 2. Grammnste 3. Grapse. © Guérin dr EE GOUY 469 GRAI —————_—_——…——— ————————————————————_—__ mm nimaux, supplée, ou plutôt vient en aide au sens du Goût. Nous avons dit plus haut que les circonstances diverses dans lesquelles se trouvait un individu avaient une grande influence sur le Goût. Nous eussions dû ajouter de suite que l’âge modifiait aussi cette faculté. Dans l'enfance, on ne saurait douter de son existence ; on sait combien les sub- stances salées sont rejetées par les enfans lorsqu’on les place sur leur langue ; on sait combien le plus grand nombre semblent trouver du plaisir en pre- nant des alimens sucrés. Jusque vers la vieillesse, le Goût va en se perfectionnant ; il finit par s’af- faiblir, par s’user avec les progrès de l’âge. (P. G. GOUTTE BLEUE. ( mozr. ) Nom A a Voluta hispidula. V, Nour. (Gu£r.) GOUTTE D'EAU. ( mozr. ) Nom vulgaire du Bulla ampulla. V. Burze. (Guér.) 1: GOUTTE DE LIN. (5or. Pan. ) Nom de la Guscure. Ÿ, ce mot. (Guér.) GOUTTE DE SANG. (or. ) L’Adonis annua. V. Anome. (GuËr.) GOUTTEUSE. ( mou. ) Le Strombus scorpius. V. Srrouee. (Guér.) GOUTTIÈRE. (mozr.) Terme qui sert en con- chyliologie à désigner un sillon à l’une des extré- mités de l’ouverture d’une coquille univalve. GOUYAVIER ou GOYAVIER , Psidium. (mor. PHAN.) Genre d’arbres de la famille des Myrtacées, Icosandrie monogynie, composé d’une dizaine d'espèces, croissant aux Antilles, dans l'Amérique méridionale et dans-l’Inde. Leur taille est médio- cre; ils ont des rameaux opposés, des feuilles opposées, simples, entières, marquées de points glanduleux. Leurs fleurs, blanches, accompagnées de deux bractées, et portées sur des pédoncules axillaires, présentent pour caractères scientifiques : valice presque pyriforme , à quatre ou cinq lobes irréguliers et profonds ; quatre ou cinq pétales ; élamines en très-grand nombre , x’anthères déhis- centes longitudinalement ; ovaire infère, portant un style et un stigmate; baie couronnée par le calice, contenant d’une à cinq loges polyspermes; graines réniformes , osseuses, logées dans une pulpe succulente. Le nom de Guayavo ou Guayava est le nom in- digène ; Tournefort l’avait adopté génériquement. Linné lui a substitué celui de Psidium , qui, chez les anciens botanistes, a désigné le Grenadier. L'espèce la plus intéressante du genre est le Gouxavier BLANC Des Innes, Psidium pyriferum, L. ; arbre de quinze pieds environ, à tronc droit, à écorce unie, verdâtre et tachée de rouge et de jaune ; ses rameaux sont quadrangulaires, et por- tent des fcuilles ovales-allongées, aiguës, lisses, veloutées en dessous. À ses fleurs, qui sont blan- ches, ct assez semblables à celles du Coignassier, succèdent des baïes ou fruits pyriformes, à peu près dela grosseur d’un œuf, couronnés au sommet par les débris du calice. Ils renferment une pulpe succulente , blanche ou rougeâtre , très-parfumée et de la saveur Îa Gouyaves. Nulle part la nature n’a placé en vain des fruits comestibles, Les habitans des Antilles font de ceux-ci une consommation extraordinaire : crus et encore un peu verts, ils sont astringens; mûrs et cuits, ils ont la vertu contraire. Sous la forme de gelées, de pâtes, de confitures, on les voit figurer sur nos meilleures tables. La culture du Goyavier est extrêmement facile dans les pays chauds ; il s’y reproduit si facilement et avec tant d’abondance, que souvent on-en arrache des pieds comme des herbes inutiles. Chez nous, cet arbre demande une exposition chaude, le soleil du midi, l'abri d’un mur contre le vent du nord, et une serre d’orangerie pendant l'hiver. Mais dans nos départemens dn midi, en Italie, en Espagne , on peut le cultiver en pleine terre ; il porte des fruits et des graines parfaites. Nous avons représenté le Goyavier poire, dans no- tre Atlas, pl. 189, fig. 1. Une espèce ou variété de cet arbre est le Gox4- VIER POMME, P. pomiferum, L. , représenté dans notre Atlas, pl. 189, fig. 2; il se distingue du pré- cédent par ses fruits plus arrondis, plus acides et moins agréables ; la couleur de leur chair lui a fait donner le nom de Goyavier rouge. & À la Guiane, on appelle Citronelle une espèce de Goyavier , P. aromaticum , dont l'écorce est en- tièrement aromatique, et se détache annuelle- ment par lames. (L.) GRAIN. (s0r. zooL.) Sous cette dénomination générale on entend parler des Graminées qui servent à la nourriture de l'homme. Le Grain DE Z£Lim est le Poivre long de l'Inde, Piper longum; le Grain Des Morvques, c’est le Croton tiglium, éminemment pur- gatif. Les marchands de coquilles donnent le nom de GRAIN D’AVOINE à une coquille terrestre et fos- sile, très-petite, appartenant au genre Puppa : c’estle P. avena de Lamarck et Draparnaud. Le Grain D’oR6e est{un Bulime, le Bulimus obscurus de Bruguières : le GRAIN pe sec est une Porcelaine connue sous le nom scientifique de C'ypræa vitel- lus. On trouve indiqué .sous le nom de Grain DE MILLET un crustacé du genre Gypris. Enfin, dans sa ridicule nomenclature des Ghampignons, Pau- let inscrit un GRAIN DE MURE pour désigner la Cla- vaire ponctuée de Linné. (T. ». B.) GRAINE, Semen. ( BoT. et Acr. ) Partie essen- tielle du fruit, renfermée ordinairement dans un péricarpe, qui contient le rudiment d’une plante nouvelle, semblable à celle qui l’a produite, avec toutes-ses parties accessoires et ses enveloppes propres.{La Graine, ainsi que nous le dirons tout à l'heure, renferme un embryon (très-rarement plusieurs, comme on le voit dans l’Oranger), avec ou sans périsperme. Elle à reçu la vie au moment de la fécondation sexuelle ; elle la conserve jus- qu’à ce que des circonstances favorables lui per- mettent de rompre ses técumens et de donner essor à l'embryon en protégeant sa marche Jente, et désormais toujours progressive, à l’aide d’un ou deux cotylédons, qui doivent pourvoir à sa pre- plus agréable. On les appelle GRAI 470 GRAN mière nourriture, Ce mécanisme simple , admira- ble , tout de prévoyance , a fait avec raison , quoi- que plusieurs naturalistes désapprouvent ce rap- prochement, comparer, par les anciens, l'œuf végétal à l’œuf des animaux ovipares. Souvent il arrive que la vie concentrée dans la Graine s'éteint, parce que les conditions indispensables x sa ma- nifestation extérieure se font trop long-temps at- tendre, ou bien parce que les simples émanations de la main qui recueille la Graine sont parvenues jusqu’à l'embryon et l’ont tué, ainsi qu'il arrive souvent aux semences de l’Angélique ; d’autres fois le sommeil peut durer, comme je l’ai déjà dit, des siècles entiers sans lui porter la plus légère at- teinte. Ge double phénomène est encore inexpliqué. (F. aux mots APPARITIONS SPONTANÉES et GER- MINATION. ) Considérée à lextérieur et prête à quitter la plante à laquelle elle doit son existence, la Graine est attachée au péricarpe par le moyen d’un fil plus ou moins long, quelquefois à peine sensible, composé de vaisseaux imperceptibles qui lui ap- porteront sa nourriture jusqu’à la maturité parfaite. Détachée du placenta , la Graine se montre enve- loppée d’une tunique propre; une seconde, inté- rieure et très-fine, se reconnaît sur plusieurs Graines, celles du Ghâtaignier, de la Courge, etc., par exemple; d’autres en ont une troisième , elle est extérieure , semblable à un réseau recouvrant la tunique propre : elle se nomme AntLce et n’ad- hère au corps de la Graine que vers les bords du bile, témoin le Muscadier. Quand il n’y a pas d’arille, tout ce qui environne, tout ce qui pro- tége la Graine et le dépôt qui lui est confié, fait partie du péricarpe. Je viens de parler du Hire ; il est bon de dire que l’on nomme ainsi, d’après Linné, la petite cicatrice légèrement concave, plane ou saillante, plus ou moins large, le plus souvent colorée d’une manière tranchée et même différente du reste, tantôt membraneuse ou charnue, tantôt coriace ou presque osseuse, que l’on voit sur la graine. On a justement comparé cetle cicatrice à celle que laisse sur l’animal le cordon ombilical, puisque c’estpar ce point que la Graine adhérait à l'intérieur du péricarpe, comme dans les Légumineuses, ou bien au réceptacle propre, comme dans les Ombel- lifères, Outre le hile extérieur, il'en existe un autre interne, nommé CmaLaze par Gaertner, semblable à un petit nœud interrompant la continuité du tissu de la membrane interne. Il est rare que ce second hile ou ombilic, quelquefois spongieux , d’autres fois calleux, se trouve placé vis-à-vis du premier ; le plus souvent il lui est diamétralement opposé; mais ils correspondent ensemble par un petit vais- seau particulier, appelé Rarré. Quoique l'enveloppe extérieure de la Graine soit privée de la lumière dans le fruit, il n’est point rare de la voir peinte des plus vives couleurs ; sa superficie est lisse ou cotenneuse, armée de pointes, ’épines , d’aigrettes, de tubérosités , ou couverte de poils raides ou soyeux. L’enveloppe est parfois si dure qu'elle sert d'abri à la Graine jusqu’à Ja germination; d’autres fois , elle exhale une cdeur |repoussante ou imprime à la dent qui cherche à l'entamer une saveur infiniment disagréable. Sous cette tunique, on trouve une pellicule charnue, quelquefois double, que l’on nomme Episperue, L’épisperme est d’une seule pièce, et se sépare faci- lement de l'enveloppe ; il porte à an point de sa surface un trou pour livrer passage à un faisceau de tnbes vasculaires, dont une partie rampe et s'étend sur l’épisperme, tandis qu’une au- tre partie diverge dans le corps de la deuxième tunique, et vient former un renflement, tout cel- lulaire et parenchymateux, immédiatement au des- sous du trou que nous avons indiqué. Sous les deux tuniques de l’épisperme, on trouve chez certaines Graines (les Monocotylédonées) un seul corps, dans d’autres deux (les Dicotylédonées) assez gros, parfaitement accolés l’un à Pautre, que l’on désigne sous le nom de Goryzépoxs ; à leur extrémité inférieure sont les rudimens d’abord de la plante, petit corps allongé ou pelotonneux, ensuite de sa gaîne, qui doit envelopper la plan- tule, ou bien deux feuilles d’une construction particulière , dites Feurcres sÉMINALES, ayant sou- vent une forme différente des véritables feuilles, qui viennent après, et qui se flétrissent , qui tom- bent au moment où les sucs, puisés dans le sein de la terre , peuvent arriver directement à la plante naissante, par la radicule, qui tend toujours à descendre, lors même qu’on tenterait d'en con- trarier la marche. Autour de l'embryon et de ses enveloppes est une troisième sorte de cotylédons, c’est le P£rr- SPERME , l'albumen de Grew et de Gaertner , sub- stance particulière, ordinairement blanchâtre, verte dans le Gui, assez solide, parfois grenue , amylacée comme dans les Nyctages, farineuse dans les Polyzonées, les Graminées, cornée dans les Rubiacées, ligneuse dans un grand nombre d'Om- bellifères, oléagineuse dans beaucoup d'Euphor- biacées, charnue dans les Gentianées, les Sa- potées , etc. ; elle n’adhère point à l'embryon, et paraît placée auprès de lui pour se résoudre in- sensiblement , dès lapremièreirritabilité du germe, en une sorte de liqueur ou de mucilage, et lui servir de nourriture et d’auxiliaire à son dévelop- pement. Ghez quelques plantes, cette substance est entourée, sous forme d’anneau, par l’embryon, comme dans l’Amaranthe , les Gomphrènes; dans d’autres , il lui est simplement appliqué sur un point de sa surface, comme dans les Persicaires , les Patiences; ou bien il plonge dans son centre , comme on le voit chez le Sarrasin , les Raisiniers. On ne découvre aucune trace de périsperme chez les Naïades, les Thymélées, les Protéacées, Jes Laurinées. Il paraît être suppléé dans les Rosacées par une lame charnue, plus ou moins épaisse, qui tapisse la membrane intérieure de la Graine; dans les Malvacées, les Convolvulacées , elle existe par petites portions distinctes, situées entre les plis formés par les lobes de l'embryon, qui sont fron- cés, pour ainsi dire chiffonnés; dans les Légumi- neuses ,"elle est'confondue avec les cotylédons. NS ee GRAI 471 GRAI (D GC. Richard a remarqué que, toutes les fois que le périsperme est cohérent avec le tégument propre de la semence, l'embryon est unilobé, et qu'au contraire il est généralement bilobé toutes les fois qu'il n’y a point de cohérence entre eux. Get or- gane joue donc un très-grand rôle pour la déter- mination régulière des familles de plantes. Les Graines varient à l'infini quant au nombre; qu'elles soient nautiques ou terrestres, elles sont en état de supporter pendant un temps plus ou moins long les iniempéries de l'atmosphère oude naviguer sur les eaux, sans que leurs germes soient altérés. Ce mombre parait constant dans les fa- milles et sert à les déterminer. Les fleurs des Graminées, des Polygonées et de la plupart des plantes à fruits drupacésne donnent qu'une Graine; les Convolvulacées , les Ombellifères, deux; les Sureaux, les Sorbiers, trois; les Labiées, le Troène, guatre; le Lierre, le Néflier, cinq ; le Loranthe, six; la Tormentille , Auit ; la Camarine, neuf, etc. Les Graines sont nombreuses dans l'OEillet, la Primevère, le Mouron; #rès-nombreuses dans les Orchidées, les Papavéracées, la Digitale, le Ta- bac, etc. Il paraît, en général, que la capsule.est de tous les péricarpes celui qui contient le nom- bre le plus considérable de Graines. Relativement à la forme, les Graines se montrent de même infiniment variées. Elles affectent :la forme de rein dans les Haricots, les Fèves, la Mandragore, etc. ; elles sont sphériques dans les Pois, le Chou, l'Hellébore , les Narcisses ; presque rondes dans le Millet , le Lotier , la Vesce; lenticu- laires dans le Dragonnier, lOrme ; convexes d’un côté.et plates de l’autre dans le Gaféyer, le Jasmin; en colonne dans la Pervenche , la Scorzonère ; ovoïdes dans le Romarin, le Phlox, le Chêne ; turbinées dans la Vigne , la Bryone; trigones dans le Souchet , la Patience ; quadrangulatres dans la Santoline , la Rudbeckie; anguleuses dans l'Ephé- mérine , la Dauphinelle, l'Aconit ; comprimées dans la Courge, l’Alcée ; foliacées dans la Tulipe, l'Igname ; déprimees dans l’Aristoloche , l'Onagre; concaves eten corbeille dans le Gynoglosse ; orbicu- laires dans l’Ansérine , les Atriplicées ; cordiformes dans la Médéole, les Silphides; droites dans l'Orge, le Seigle; courbes dans le Souci; en croissant dans le Ménisperme, dans le Maceron; contournées en coquilles de limaçon dans la Soude; irrégulières dans la Renoncule , le Polémoine ; sinueuses dans le Noyer; semblables à de la sciure, de bois dans pres- que toutes les Orchidées ; & pointes allongées en bec dans la Stellère, le.-Cornaret. Elles sont nues les Graines qui ne conservent , en se séparant de la plante, aucune des enveloppe florales ; telles les Graines des Graminées, des La- biées, des Ombellifères ainsi que celles de quelques Radiées et certaines Gorymbifères ; elles sont cou- vertes, lorsque , indépendamment de leur tunique propre; les Graines sont renfermées dans des en- veloppes plus ou , moins composées qui ,, comme elles , proviennent .de l'ovaire où elles ont toutes pris naissance : telles les Graines contenues dans la capsule du .Pavot, dans la silique; de la Casse, dans la gousse du Dolic, dans ia baie du Groseillier, dansle pépon de la Momordique, dans le drupe du Pommier , etc. Les Graines sont enduites d’un suc propre dans le Rocou, cachées sous un duvet lanugineux dans le Fromager,le Cotonniers par le calice persistant dans la Bette, l'Epinard; sous des écailles dans l’Artédie , le Panicaut, etc. Voyons leur grosseur; sous ce point de vue, les Graines offrent de très-grandes différences. Quelle énorme distance sépare l’amande du Lodoïcée des Séchelles et du Cocotier, de la Graine pulvé- rulente des Mousses et des Fougères ! en remon- tant de cette dernière à la première, nous trouvons les Graines trés-petites de l’'Orobanche et du Frai- sier ; celles menues des Saxifrages, des Cistes; elles grandissent avec l’Amandier, le Pistachier; elles sont plus grandes dans l’Acacie à grandes gousses, Les Graines sont courtes dans l’Ammi; longues dans la Myrrhide; tres-longues dans le Rhizophore- mangle; {rès-minces dans le Lédier; très-épaisses dans le Marronier , etc. * Parlons maintenant de leur surface et des cou- leurs qui la parent; les Graines, considérées sous ce point de vue, paraissent être presque susceptibles des mêmes nuances que celles si attrayantes des fleurs et des fruits. Les Graines du Condori sont d'un très-beau rouge, celles du Haricot commun blanches, celles d’un Croton sont Uleues ; celles du Grenadier sont d’une teinte rosée ; le vert domine sur les Graines de l’Adonide printanière , de la Balsamine des bois ; le jaune sur les Pois , le Panic d'Italie et beaucoup d’autres Graines; le gris de perle sur le Larmille de l’Inde; le noir sur la Co- quelourde des Blés ; le brun luisant sur le Lin. Les Graines du Ricin sont panachées; celles de 'Abrus à chapelet sont tachées de noir sur un fond rouge; celles du Dolic à petites gousses le sont d’une ta- che blanche sur un fond noir ; celles du Dolic à gousses ridées sont bordées d’un cercle noir sur un fond bleu faïence ; celles des Lychnides, des So- lanées sont poncluées ; d’autres sont bigarrées de couleurs diverses. Il nous reste à examiner les Graines relative- ment à leur situation à l’égard du réceptacle, du péricarpe , les unes relativement aux autres, enfin dans leur consistance. 1° Rélativement au réceptacle de la fleur ou du fruit, les Graines sont droites, c’est-à-dire la pointe en bas, dans l’Hélianthe annuel et les Synanthérées; inverses, c’est-à dire la pointe en baut, dans le Cerfeuil et les Dypsacées ; horizontales dans la Tulipe; vagues, c’est à-dire ne gardant aucune situation constante, dans les Nénuphars; pendantes au bout d’un long cordon, dans le Magnolier, etc. Cette position de la Graine, ainsi que la suivante, est importante à noter. 2° Relativement au péricarpe , les Graines sont insérées à l'axe du fruit dans les Primevères ; énsé- rées aux cloisons dans le Lilas, le Seringat ; inse- rées aux valves , la Violette s’y montre au milieu, le Sainfoin sur le bord , la Courge aux parois in- ternes. Dans les Liliacées, la Graine a toujours l'ombilic tourné vers le centre du fruit, tandis que GRAI 472 GRAI dans les Cucurbitacées il regarde la circonfé- rence, elc. 3° Relativement les unes aux autres, les Graines sont sans ordre ou éparses dans la Lampourde, le Mûrier ; disposées en orbe, c’est-à-dire dont le plan présente un cercle parfait, dans le Sablier, la Mauve : imbriquées dans la plupart des Apocynées, l’Immortelle , etc. » 4° Relativement à leur consistance, les Graines sont succulentes dans le Grenadier , le Fusain, le Prasi d'Italie; fongueuses dans l’Armarinthe ; char- nues dansle Gacaoyer, le Pistachier; cartilagineuses dans le Citronnier, le Poirier; coriaces dans le Coignassier ; dures dans l’Aralie , le Garoubier, le Grémil; pierreuses dans le Néflier, etc. : " Nous ne dirons rien ici du mode de dissémina- tion parliculier à certaines Graines, ni comment il faut les semer, eu égard à leur volume, à leur na- ture, au climat d’où elles proviennent. Ce double sujet est traité aux mots DisséNATioN et Semis. Mais nous dirons un mot des ressources abon- dantes que les Graines offrent comme alimens. Beaucoup servent à la nourriture de l’homme; il n’en est presque pas une seule qui ne convienne aux animaux ; un grand nombre fournissent d’ex- cellentes couleurs à la teinture, pendant que d’au- tres, au moyen de l’huile qu’elles renferment, suppléent en quelque sorte à l’absence du beurre et à celle du jour. Il en est dont les différentes par- ties ont des propriétés médicinales, tel est l’em- bryon des Euphorbes, du Nerprun, du Sapotilier, du Médicinier cathartique, etc. Vainement on espérerait conserver la forme, la beauté, l'excellence des plantes, en les propageant par la voie secondaire des boutures, des marcot- tes; elles s’affaiblissent plus ou moins lentement, et finissent par devenir totalement étrangères à elles-mêmes. Tous ces modes de reproduction, inventés pour hâter la jouissance, ne remplaceront jamais la Graine : seule elle a recu les stimulans de la vie, les principes’de la vraie, de l'unique propa- gation ; elle seule peut les transmettre ; elle seule accomplit sans effort les fonctions inhérentes à J’existence de la plante, donnent les meilleurs pro- duiis, les espèces robustes et durables. Il est donc du plus haut intérêt pour le cultivateur, qui doit viser en tout à la qualité parfaite, ainsi que pour le botaniste jaloux de décrire exactement une plante, d'établir ses caractères, de choisir avec soin les Porte-graines. \ On nomme ainsi les individus qui constituent, même au sein de nos cultures réglées ou d'agrément, l’état de plus parfaite perfection obtenue d’une es- pèce que l'on réserve pour la propagation. On à soin de séparer les coulcurset les formes différentes pour les semer à une longue distance, dans un terrain autre que celui qui les a vues naître et nourries. La récolte doit s’en faire par un temps sec et à mesure qu’elles mürissent. Conservez, autant que faire se peut, les Graines destinées au semis dans leurs enveloppes, ou bien renfermez-les dans d es sacs de papier ou de toile tenus dans un lieusec, dont la température est plus froide que chaude, à l'abri de l’action de la lumière. Visitez-les sou- vent, afin de prévenir les ravages des insectes, ou bien qu’elles ne s’échauffent. Un grand nombre de Graines ont besoin d’être enfermées dans une cou- che de sable pour attendre l’époque des semis, ce sont celles des Érables, des Frênes, des Azé- roliers, les noyaux de toutes les sortes, les glands, les noix, etc. Une Graine oléagineuse aliérée est perdue sans ressource pour la reproduction; il n’en est pas ainsi d’une Graine cornée ; on peut l’amener à la germination en la trempant dans de l’eau, même tiède, ou bien en l’entourant de stimulans, parce qu’elle n’est point désorganisée. La première doit être mise à ressuyer pendant huit jours, quinze au plus, aussitôt après la cueillette, et envoyée au moulin; plus tard , l'huile qu’on en retirerait ne tarderait pas à rancir. Les stimulans pour la se- conde, sont le chlore, l’acide muriatique étendus d’eau, les eaux de fumiers, etc. Gardez-vous de suivre le conseil de ceux qui vous disent de ren- fermer indistinctemen toutes vos Graines dans des bocaux ou des bouteilles ; pour la plupart elles y perdent promptement la propriété germinative , quand elles sont hermétiquement closes. Les bonnes Graines se distinguent à la couleur, au volume, au poids, etc. ; donner des préceptes à cet égard serait superflu, l’œil exercé les saisit mieux qu'il ne me serait possible de l’exprimer à celui qui manque d’expérience ; c’est l'habitude de comparer qui est le meilleur guide. Cependant il ne faut pas rejeter de prime abord certaines graines plus chétives que les autres en apparence : cette attention est surtout à recommander à l’horticole:; car ce sont celles dont ilobtiendra des fleurs semi- doubles et même des fleurs doubles. Toute graine récoltée sur des plantes qui ont donné des fleurs semi - doubles est toujours plus faible, plus mal nourrie que celle provenant des plantes à fleurs simples : la première est dans la voie de la dégé- nération; vous pouvez attendre pour la semer aussi long-temps que possible, tandis que la seconde, qui est appelée à propager son espèce dans toute son intégrité, dans toutes ses propriétés, veut être _ confiée au sol en temps propice. C’est elle que le cultivateur doit préférer. : Disons un mot de l’histoire de la Graine : elle se réduit à peu de lignes. Les botanistes qui fpré- cédèrent Théophraste la considérèrent comme l'œuf végétal, comme la matrice où reposent les rudimens des plantes à venir; ceux qui vinrent après cet illustre Grec n’ont pas été plus loin; ce fut seu- lement au dix-septième siècle de l’ère vulgaire que Grew appela toute l'attention des botanistes sur la Graine. Personne n’a été plus loin que Gaertner, dont les travaux seront toujours consultés, et ont véritablement appris les ressources que son étude offre pour la classification régulière des familles. Correa de Serra et G. Richard ont étendu ses re- cherches, et les ont confirmées par leurs précieu- ses observations. ; Le mot Graine est vulgairement employé pour désigner GRAI désigner un grand nombre de fruits : expressions les plus répandues. © GRAINE À cHareLer, c’est l’Abrus precatorius. GRAINE À paRTRES, les Graines de la Cassia tora et du V’ateria guianensis, dont la farine bouillie est appliquée en cataplasmes sur certaines dartres. GRAINE À TATOU, la Duhamélie à feuilles gla- bres, Æamelia grandiflora de L’Héritier ; suivant Aublet, la Graine de cet arbrisseau , qu’il nomme ÆAmaioua , selon les naturels de la Guiane , est fort recherchée par le Tatou. GRAINE A vers. À Cayenne, on appelle ainsi le Chenopodium anthelminticum, et en France, l’Ar- moise de Judée, Artemisia judaica, employés l’un et l’autre comme vermifuges. GRAINE D’AMBRETTE. Fameuse à l’époque où la mode exigeait que l’on miît de la poudre sur les cheveux, cette Graine est celle de la Ketmie mus- quée, Hibiscus abelmoschus ; on ne l’'emploie plus que dans les parfums. “- GRAINE D'amour. Un des noms du Grémil, Li- thospermum officinale. p> GRAINE DE L’ANSE. Dans les anses ouvertes sur les bords de la mer, on recueille à Cayenne le fruit de l'Omphalier, Omphalea diandra, et aux Antil- les, particulièrement dans l’île de Haïti, celui d’une autre espèce voisine, l'O. triandra; on les mange en ayant la précaution d’en ôter l’em- bryon , qui purge violemment : de 1à le nom vul- gaire donné à ces deux sous-arbrisseaux. : Graine D'Avienox. C’est le fruit du Nerprun teignant , Rhamnus infectorius, fort recherché pour colorer en jaune les soies et la laine. GRAINE DE BAUME, On donnait ce nom à l’espèce de Baumier dit de la Mecke, Amyris opobalsamum, dont tout le monde parle sur la foi du commerce, mais dont il ne vient peut-être pas un demi-ki- Jogramme dans plus des trois quarts de l’Europe. Graine D'ÉCARLATE, nom de la galle que pro- duit le Chêne kermès, Quercus coccifera, et non pss celui du Gynips, qui en détermine l'existence. GRAINE DE GérorLe. Trois fruits portent ce nom, celui du Cardamome, Amomum cardamomum ; celui d’un Myrte, Myrtus pimenta, et plus impro- prement celui du Gampèche épineux, æmatozxy- lum campechianum, “ GRAINE De pAraDis. L’Amone à grappes dela Guinée, Amomum granum paradisi, que l’on em- ploie dans l'Inde dans les ragoûts et pour sophis- tiquer le poivre. GRAINE DE PERROQUET, le Carthame officinal, Carthamus tinctorius , et GRAINE DE PERRuCHE, le . Micocoulier à petites fleurs de la Jamaïque, Celtis micrantha, Grange DE PsyLLioN. La Graine du Plantain des sables, Plantago psyllium, que l’on recherche pour le blanchissage des mousselines et des dentelles, Graine DES Canaries ; la semence de l’Alpiste, Phalaris canariensis. On donne aussi ce nom, par extension , au Millet des oiseaux, Hillium lendige- rum. GRAINE EN CŒUR. C’est le Cordispermum hysso- pifolium de nos contrées méridionales, ; T. IL. citons les 475 220° I 1vRAISON, GRAI GRAINE KERMÉSIENNE, fruit du Myrte de Tarente, très-belle variété du Myrte ordinaire, M yrtus com- munis. GRAINE MACAQUE. Plusieurs végétaux, dont les Singes macaques mangent le fruit on la graine, portent ce nom. Selon Aublet, il s’agit particuliè- rement de son Moutabea;, selon Barrère, c’est d’une espèce de Mélastome, le AZelastoma lævi- gata. Rien de bien positif à cet égard. GraiNg mMusquée. Graine de la Ketmie odorante, Hibiscus abelmoschus; son eau distillée remplace le musc dans beaucoup de préparatiens de toilette, GRAINE ORIENTALE, un des noms donnés à la Coque du Levant, Menispermum cocculus. GRAINE PERLÉE. L’on désigne sous ce nom le Grémil, Lithospermum officinale, et le LarmiHe de l'Inde, Coix lacryma. GRAINE DE RÉGUISSE. Dans l’île de Haïti, c’est le nom vulgaire que porte l’Abrus precatorius. GRAINE TINCTORIALE, nom particulièrement donné dans le commerce à la gelle du Chêne ker- mès. Graine verre, L’Écluse nous apprend que c’est le nom vulgaire du Pistachier dans la langue arabe, (T. ». B.) GRAINE, (£cox. run.) Dans les Magnaneries on désigne sous le nom de Graine les œufs de Bom- byx du Mürier ou Ver à soie. (T. ». B.) GRAINIER. (80or.) Collection de graines tenues dans des boîtes ou dans des bocaux, étiquetées ou rangées d’après la méthode ou le système suivi pour son Hergier ( voyez ce mot ). Il convient qu'outre le numéro d'ordre se rapportant à la plante, on place au dessous le nom scientifique, afin de rendre les recherches plus promptes et plus utiles. Un Grainier demande à être visité souvent, à l'effet d'arrêter les progrès de la destruction que déterminent les Dermestes. Pour qu'il soit com- plet, il importe d’y réunir les gousses, les co- ques, etc. , et même les fruits renfermés dans des bocaux remplis d’alcool, ou mieux encore d’acide pyroligneux. Si tous les botanistes. possédaient un Grainier on trouverait beaucoup moins d’erreurs dans leurs descriptions et plus d’exactitude dans leurs nomenclatures. (T. ». B.) GRAISSES. ( cum. ) Les Graisses ou matières grasses abondent, chez les animaux , sous Ja peau, aux environs des reins, à la surface des muscles et des intestins, etc. Elles varient dans leur consistance, leur couleur et leur odeur, sui- vant les diverses espèces d’animaux qui les ont fournies : ainsi , elles sont fluides chez les Cétacés, molles et très-odorantes chez les Garnivores, so- lides et inodores chez les Ruminans ; moins colo- rées et en plus grande quantité chez les jeunes animaux que chez les plus âgés, plus fermes sous la peau que partout ailleurs, etc. Ds Les Graisses ne sont jamais pures et isolées dans les animaux. Toujours plus ou moins disséminées dans le tissu cellulaire, mêlées de sang , de mem- branes, de vaisseaux, etc. , on les purifie en en- levant d’abord les membranes et Jes vaisseaux qui leur sont adhérens ; en les coupant ensuite par | Go mr GRAL 474 GRAM , 1 =. ne morceaux, les lavant à l’eau froide, les faisant fondre avec une certaine quantité d'eau, et les coulant dans des pots après les avoir préalable- ment filtrées à travers une toile serrée. D’après Ghevreul , la plupart des matières gras- ses ‘sont composées , dans des proportions varia- bles, de Sr£akiwe et d'OLÉINE (voy. ces mots), et presque toutes contiennent en outre une très-pe- tite quantité de matières colorante et odorante. En général, les Graisses ont une couleur blan- che ou une couleur jaunâtre; leur odeur est fai- ble, leur saveur fade, leur pesanteur spécifique moindre que celle de l’eau, leur consistance solide ou liquide, leur fusibilité très-grande, leur alté- rabilité prompte au contact de l'air ; leur décom- position facile à une forte chaleur, etc. Elles sont insolubles dans l’eau , plus ou moins solubles.dans | l'alcool, inattaquables par l'hydrogène , le bore, le carbone et l’azote, Les Graisses peuvent être considérées chez les animaux, d’abord comme autant de coussins qui servent à garantir les organes, à entretenir leur température, à dimimuer Ja susceptibilité ner- veuse, etc. ; ensuite comme réservoir alimentaire où la nature épuisée ou paresseuse trouve de quoi ‘se réparer ou s’eniretenir : ce dernier rôle s’ob- serve surtout chez les animaux dormeurs , tels que les Loirs , les Marmottes, etc. Dans l’économie domestique , en médecine et en pharmacie, les Graisses, mais principalement celle du porc ;, sont fréquemment pee te :c’est ainsi qu’elles servent à la cuisson , à l’assaisonne- ment d’un grand nombre de-légumes , qu’elles servent à la préparation de certains mets plus ou moins recherchés , à la confection de linimens, de mélanges magistraux propres à oindre, à frotter quelques parties de notre corps. Les Graisses que nous avons à ‘faire connaître ici sont celle du Porc (voy. Axowce ), le Suxr, le Beurre, les Huires de poisson, de pied de bœuf, de dauphin, le Bzaxc de baleine et le Gras des cadavres. Voy. ces différens mots. (F. EF) GRAISSON. ( porss. ) L’on donne ce nom au Hareng , sur les côtes de France. (Guér. ) GRALLES, Grallatores. (oxs. ) Ce mot est synonyme d’'Échassiers , et s’applique , dans quel- ques auteurs , aux Oiseaux que nous avons étudiés sous ce nom. (GEnv. ) GRALLINE, Grallina. ( o1s. } Sous-genre de Merles, établi par Vieillot sur une espèce trouvée à la Nouvelle-Hollande ; ses caractères sont les sui- yans : bec long, droit, concave en dessous: man- dibule inférieure échancrée à l'extrémité; tarses assez longs, ce qui les distingue surtout des Mer- les ; ailes longues, queue moyenne ; doigt posté - rieur portant un ongle plus fortet plus incurvé que ceux des doigts antérieurs , qui sont eux-mé- mes courts et grêles. On en connaît denx espèces ; leurs mœurs sont inconnues, ainsi que les alimens dont elles font leur nourriture. La GRALLINE NOIRE ET BLANCHE, Grallinamela- noleuca, Vieill.: Poitrine et parties ‘postérieures blanches , ainsique-le dessus du cou ,‘le ‘bas du dos, le croupion et les parties latérales de la queue; dos, ventre, et tout le reste du Corps ;, ainsi que les pieds , complétement noirs chez le mâle; la femelle se distingue de celui-ci en ce qu’elle a la gorge blanche. Cette espèce est de la taille du Stourme. #3La GRALLINE BICOLORE, Grallina ‘bicolor', Vig. et Horsf. Variée en dessus de noir et de blanc , parties inférieures blanches, ainsi qu’une bande placée sur l’épaule , et une autre sur le milieu ‘des ailes ; la poitrine’ est marquée d’une tache noire en forme de point; taille de neuf pouces environ. Gétte espèce se distingue très «difficilement de la précédente ; le caractère le plus efficace pour éta- blir cette distinction, est celui de la taille. (V::M.) : B GRAMINÉES, Gramincæ:(s0T. et ar.) Famille très-naturelle et des plus importantes, composée de plantes herbacées annuelles ou vivaces, dont le nombre est considérable, que l’on rencontre sous toutes les climatures , depuis le voisinage du pôle jusqu’aux approches de l’équateuy; elleren- ferme toutes les Céréales, et-en général toutes les plantes que, avant l'établissement des lois bo- taniques, on nommait Gramen , d’où le nom de la famille actuelle est dérivé ,et Herbes des prai- ries, des gazons , etc. ( Ÿ’.:aux mots CÉRÉALES e6 Hense. ) | Autrefois on confondait sous le nom de Grami- nées : 1°.les Graminées proprement dites ou Gla- macées , dont la tige , remarquable par des nœuds plus ou moins rapprochés et sensibles, porte le nom particulier de Craums (-v. ce mot ) : leurs organes de la fructification ont pour enveloppe une Bazre (v.ce mot), communément à deux valves ; chez elles, le périsperme est farineux ( voyez au mot Graine );2°les Graminées paléa< cées , dont la tige estpresque toujours sansnœuds, et dont les organes fructifères sont portés ou abri- tés par une seule petite foliole écailleuse, dite Parscerre (v. ce mot). Les premières constituent la famille des Graminées, que mous allons exa- miner avec quelques détails; la seconde forme la famille des Cyrfracées (v. ce mot). - Historique. — L'idée mère de la famille des Graminées appartient à Linné ;‘elle fait partie de ses fragmens d’une méthode naturelle. Depuis lui, beaucoup de botanistes ont voulu fonder la coupe des genres et des espèces composant cette noble famille; non seulement Scheuchzer, dans son Agrostographia publiée en 1719, Haller et Schreber, mais encore Palisot de Beauvois, Ro- bert Brown, G. Richard, Trinius et Kunth, laissent le champ libre à d’autres. Ils ont fait faire un bon pas à l’étude des rapports ; mais les bases qu'ils ont adoptées n’indiquent pas les lois rigou- reuses à suivre pour les établir. Au lieu de réviser les genres et leurs espèces , pour les purger des in- dividus qui leur sont étrangers, ils ont trop multi- plié les coupes , inventé une terminologie plus funeste que le désordre qu'ils voulaient faire .ces- ser, el proposé des changemens si nombreux, que, loin d’aplanir les diflicultés ;'ils les’ont augmen- nn eue - :GRAM 495 GRAM tées et, de plus, hérissées d’épines. Sans doute on peut, d'une part, dire que les'caractères de cha- que genre ne sont nullement tranchés d’une ma- nière bien précise, et pour y arriver heureuse- ment, les moyens sont pénibles ; mais n’est-il pas permis de croire, d'autre part, qu'en visant à une perfection impossible on ne rende un mauvais ser- vice à la science? En cherchant des signes: parti- culiers dans la marche de l'embryon, dans la consistance relative des balles, dans la structure de l’arête, dans le nombre des styles et des étami- nes , dans la forme et la direction de l’inflores- cence, elc., na-t-on pas à craindre que l’avorte- ment,une monstruosité ou toute autre circonstance accidentelle, sollicités par la qualité du sol, par l'absence ou l’exagération des fumiers, des labours, par le froid, la pluie, les ravages des insectes, v’induisent en erreur, n’égarent incessamment ? d'estime , pour ma part, que le vrai botaniste doit s’en tenir aux divisions adoptées par de Jussieu , légitimées par les observations pratiques de Du- mont de Gcurset, et simplifiées par les groupes heureusement proposés par Kunth, dans lesquels les genres viennent d'eux-mêmes prendre la place qui leur convient. Tracons d’abord les signes caractéristiques de la famille , nous dirons ensuite quels sont ces groupes. à Caractères. — En exprimant ces caractères, je me rapprocherai le plus possible du langage lin- néen, le plus exact et en même temps le plus in- telligible. Partant de racines fibreuses , capillaires, s'élève un chaume simple, droit, cylindrique , rarement comprimé, de distance en distance in- terrompu par des nœuds solides, fistuleux, ou remplis d’un mucilage abondant et sucré. De ces nœuds sortent des feuilles simples, alternes , em- brassant le chaume par leur base conformée ‘en gaîne fendue d’un côté dans sa longueur, et se prolongeant de l’autre en une lame plane , .ordi- nairement linéaire , verte , et à l’époque de la fleu- raison , quelquefois même après, chargée d’une légère efflorescence glauque, qui disparaît avant la maturation. Les gaines supérieures donnent naissance à des fleurs portées sur un axe ou pé- doncule commun, réunies en épis ou en panicules, assez habituellement sinoïques, parfois polygames, rarement monoïques, tantôt solitaires (uniflores), tantôt plusieurs ensemble ( bi et multiflores), et formant de petits groupes que l’on appelle Epil- lets. À la base de chaque épillet , on trouve deux écailles, rarement une seule, plus rarement en- core elles manquent tout-à-fait, Chaque fleur est placée dans une espèce de calice, auquel Linné a conservé ce nom , mais qui a reçu plus ancienne- mentlenom de Balle (ou selon le langage moderne Glume, Pal. de B.; Lépicène de G. Rich.; Glu- melle, de G. ; Phycostème, Tur.), bivalve , la valve extérieure quelquefois barbue. Etamines insérées sous l’ovaire, au nombre de irois, mais que l’on irouve aussi depuis deux jusqu’à six, et même plus, portées sur des filamens capillaires, sur- montées d’anthères longues, bifurquées à leurs extrémités. L’ovaire est supère, globuleux ou al- longé ; sessile, à une seule loge , avec style simple, le plus souvent divisé en deux , rarement en trois, et avec stigmale plumeux. La graine est mue, so: litaire., offrant quelquefois un sillon longitudinal, ou bien enveloppée de la valve intérieure et per- sistante de la balle, Le périsperme est farineux, blanchâtre , couvert d’une double membrane. Germination. -— L'évolution germinatrice de l'embryon des Graminées est remarquable ; elle a fixé l'attention de Malpighi et lui en a fait pénéirer le secret, qu'il a parfaitement décrit. Gaché dans une pelite fosse ouverte sur un côté, l'embryon, à demi entouré par le périsperme , y adhère par de petits vaisseaux, dont le microscope seul nous ré- vèle l’existence: Ilest monocotylédoné, et sa partie opposée présente d'ordinaire un sillon. Quand la | germination commence, la graine se gonfle, la double membrane se rompt, le périsperme s’a- | mellit, le lobe de l'embryon dilaté presse la fente opposée, la plumule s'échappe par la partie su- | périeure du sillon, tandis que plusieurs radicules s'ouvrent passage inférieurement pour affermir la plantule; l’une de ces radicules, verticale, se change bientôten racinerameuse; les autres, au nombre de deux el même davantage, sont horizontales ; elles s’allongent, forment un tube cylindracé, qui s’a- mincit d’abord , devient presque membraneux, et lorsqu'il a acquis une longueur double ou triple de ja graine, il fournit ensuite le rudiment de la pre- mière feuille; puis, métamorphosé en gaîne, il enveloppe la gemmule et finit par donner plus tard des chaumes, Tous les botanistes ne partagent pas ce que je viens de dire de la structure et du jeu de l'embryon, d’après Malpighi, De Jussieu , Mirbel, R. Brown et mes propres observations ; G. Richard veut que l’écusson appliqué contre le périsperme soit l’origine de laradicnle, et l'espèce de gaîne ouverte à l’opposé, le véritable coty- lédon. Genres.—Le nombre des genresétablis jusqu'ici dans la famille des Graminées est grand, je pour- rais dire excessif, parce qu’ils le sont d’après des systèmes dont les bases sont encore arbitraires , parce que chaque auteur fait et défait ce que ses prédécesseurs avaient constitué, parce qu'aucun n’est d'accord sur l’organe auquel on doit attacher le plus de valeur et d'importance. Kunth me pa- raît avoir trouvé la classification simple, naturelle, et en même temps la plus savante pour arrêter ce désordre; c’est celle qu’il convient d’adopter, puisqu'elle laisse dans l’appel des genres et par suite de leurs espèces le moins d’incertitudes, Il divise les Graminées en dix groupes et cent soixante-trois. genres, savoir : les Panicées, les Stipacées, les Agrostidées, les Festucacées , les Chloridées, les Hordéacées , les Saccharinées, les Oryzées , les Olyrées et les Bambusacées. Voici les caractères fixés à chacun d’eux : L. Pawicées. — Fleurs disposées en épis ou en panicules ; épillets solitaires ou réunis; balle unie ou biflore , l’une stérile ou unisexuée ; valves or- dinairement membraneuses; deux styles. Vingt-six genres constituent ce groupe; ils sont naturellement " - Din au GRAM ES 476 GRAM partagés en deux seux sections , les uniflores et les biflores. La première section comprend les genres Paspalirm et Milium de Linné; Mibora d’Adan- son; Axonopus et Pipthatherum de Palisot de Beauvois; Microchloa de R. Brown; et Reimaria de Flügge. La seconde, beaucoup plus considéra- ble, renferme les genres Panicum,. Cenchrus , Tripsacum et Manisuris de Linné; Digitaria et Tragus de Haller ; Penicillaria de Swartz; Anthe- nanthia, Setaria, Urochloa , Oplismenus et Gym- notrix de Palisot de Beauvois; T'huarea de Persoon; Tsachne de R. Brown; Pennisetum de G. Richard; Anthephora de Schreber; Trachys de Retz; Pel- tophorus et Echinolæna de Desvaux. IL. Sripacées.—Fleurs disposées en panicule ; épillets solitaires, uniflores ; balle membraneuse ; valve inférieure cartilagineuse, aristée, non em- brassante; deux styles. Cinq genres : Stipa et Aris- tida de Linné; Arthratherum de Beauvois ; Strep- tachne de Brown , et Oryzopsis de G. Richard. IL. Acrosrinées. — Fleurs en panicule tantôt simple, tantôt rameuse ; épillets solitaires, uni- flores; balle consistante ; deux styles. Vingt-sept genres : Agroslis, Calamagrostis et Apera de Adanson; Lagurus, Cinna, Crypsis, Alopecurus, Phleum et Phalaris deLinné; Clomena, Colobachne, Gastridium, Agraulus, V'ilfa, Psamma, Echino- pogon, Achnodonton et Chilochloa de Beauvois; Polypogon de Desfontaines; Muhlenbergia et Spar- tina de Schreber; Heliochloa de Host, Cornucopiæ de Scheuchzer ; Chæturus de Link: Trichodium de C. Richard; Œgopogon de Bonpland, et Po- dosæmum de Desvaux. IV. Fesrucacées. — Fleurs en panicule ; épil- lets solitaires, à deux ou plusieurs fleurs; valves de la balle carénées; l’inférieure concave , souvent aristée , la supérieure bicarénée; deux styles. Quarante-deux genres distribués en trois sections, les Avénacées, les Arundinacées et les Bromées. 1° Avénacées. — Epillets pauciflores ; valve in- férieure aristée sur son dos; arèle géniculée et tordue. Quinze genres : Avena, Aira, Anthoxan- thum et Pommereulla de Linné; Corynophorus , Deschampsia, Holcus, Catabrosa, Arrhenatherum, Pensameris et Gaudinia de Beauvois: Æierochloa de Gmelin; T'oresia de Ruiz et Pavon'; Deyçuxia de Clarion , et Danthonia de De Candolle. 2° Arundinacées. — Epillets multüflores, valve inférieure concave , subulée à son sommet el ac- compagnée de poils à sa base. Trois genres : Arundo et Donax de Beauvois, et Gynerium de Bonpland. 5° Bromées.—Epillets bi ou muliflores, valves barbues au dessous de leur sommet. Vingt-quatre genres : Bromus, Festuca, Dactylis, Uniola ; Me- lica ; Briza et Poa de Linné; Sesleria de Scopoli; Chrysurus et Kæleria de Persoon; Cynosurus , Eyrithrophorus, Streptogyna, Brachypodium, Tri- cuspis, Diplachne, Ceratochloa et Schismus de Beauvois ; Molinia de Koeler; Glyceria, Cælachne et Triodia de R. Brown; Beckmannia de Host , et Centotheca de Desvaux. Ê V. Cuconpées. — Feurs en épi; épillets soli- taires, rarement multiflores, avec la fleur termi- nale avortée et difforme; valves carénées, non op- posées , l’inférieure très-souvent aristée, rarement mutique; la supérieure bicarénée; deux styles. Dix-sept genres : C'Aloris de Swartz; Pappophorum de Linné; ÆEleusine de Gaertner; Schlerochloa , Rabdochloa , Leptochloa, Gymnopogon et Boute- loua de Beauvois; Dinebra de Jacquin ; Cynodon de CG. Richard; Dactyloctenium de Willdenow ; Echinaria de Desfontaines ; T'riraphis de Brown ; Triathera, Chondrosium , Heterostega et Ennea- ogon de Desvaux. ‘1 VI. Honp£ae£es. —Fleurs en épi; épillets soli- taires ou réunis, uni ou multiflores ; valves oppo- sées, égales, l’inférieure aristée ou mutique, la supérieure bicarénée; deux styles. Quatorze gen- res : Hordeum, Trilicum, Ægylops, Secale, Ely- mus, Lolium et Nardus de Linné; Agropyron , Rottboella, Monerma et Lodicularia de Beauvois ; Ophiurus de Gaertner ; Chamæraphis de Brown, et Zoysia de Willdenow. VIL SaccHanN£es. —Fleurs en épi ou bien en pa- nicule; axe articulé; épillets ordinairement géminés, uni ou biflores, l’un des épillets sessile, l’autre pédi- cellé et très-souvent unisexué; valves membra- neuses, non carénées ni opposées, l’inférieure très-souvent aristée; :deux styles: Treize genres : Saccharum, Andropogon , Apluda et Zea de Linné; Anthistiria de son fils; Perotis d’Aiton ; Zmperata de Cirillo; Eriochrysis de Beauvois; Sorghum de Persoon ; Erianthus de C. Richard ; Diectomis et Elionurus de Bonpland. : + VIII. Onvzées. — Fleurs en panicule; épillets solitaires uniflores; balle cartilagineuse et carénée; étamines très-souvent au dessus de trois ;: deux styles. Ginq genres : Oryza de Linné ; Leersia de Swartz; Ehrharta de Thunberg et Smith ; Pota- mophyla de Brown, et Trochera de G. Richard. : IX. Ocyrées.—Fleurs en panicule; épillets uni- flores, unisexués , monoïques ou dioïques ; balle mince ; un seul style. Six genres : Olyra, Zizania, Pharus et Coix de Linné; Luziola de Jussieu ; Hydrochloa de Beauvois. X. Bampusacées. —Chaume arborescent:; fleurs en panicule; épillets multiflores ; balle bicarénée ; un seul style. Huit genres : Bambusa de Schre- ber; ÂVastus de Jussieu; Diarrhena de Swartz ; Stemmatosperma de Beauvois ; Arundinaria de C. Richard ; Beesha , Ghusquea et Guadua de Kunth. Distribution géographique. —d’ai dit plus haut , pag. 396, que les Graminées étaient rares sur les côtes du Groënland, du Spitzberg et du cap Nord, presque habituellement envahies par des glaces épaisses; qu’elles sont très-abondantes sous les zônes tempérées, et peu nombreuses au voisinage des déserts brûlans de l'équateur. J’ajouterai que l’on en compte au plus huit dans les régions po- laires, savoir : l’Agrostis alpina, V Aira subspicata, le Festuca violacea, une variété de l'espèce F, te- nuifolia , dont, Ramond à fait une espèce sous le nom de F. eskia ; le Poa alpina et le Poa cenisia d’Allioni ; le Vardus stricta et V'Avena semperot- rens. On y cultive le Secale cereale, et depuis 1800, EE NE GRAM 477 GRAM sur les bords du Pellidoni, près la mer Glaciale , le Triticumturgidum. À l'ile Melville, au nord de l'Australie, à 1 1 degrés au dessous de l’équateur, le nombre des Graminées s'élève à quatorze. La fa- mille des Graminées , que Linné a ingénieusement appelée Plébéiens du règne végétal, est celle qui paraît se prêler le moins à des migrations par- tielles , et celle chez'qui persévère avec plus d’o- piniâtreté le caractère particulier de la végétation locale. Les limites qu’on a cru pouvoir tracer à son égard sont arbitraires ; je ne citerai pour exemple que celle imposée au Maïz sur le sol français, par l'Anglais Arthur Young; il prétend que la culture de celte Graminée embrasse une ligne inclinée de 60 degrés à peu près au méridien , laquelle part de l'embouchure de la Garonne, traverse notre patrie dans son centre et va finir au Rhin, près de Landau. Nos agriculteurs du nord et de l’ouest prouvent tous les ans combien cette ligne, adoptée par les copistes du voyageur étranger, est fausse. Non seulement le Maïz est en pleine culture sur diverses montagnes des Pyrénées, dans les envi- rons du Mans, département de la Sarthe, mais encore de nombreux essais attestent qu’il s’élève plus haut vers notre extrême frontière. ( Foy. au mot Maïz. ) Maturité. — Partout où les Graminées trouvent un s0l favorable, elles croissent rapidement, et mürissent plus tôt ou plus tard, mais non égale- ment. Par exemple, dans la section des Hordéa- cées , celle qui intéresse plus particulièrement le genre humain, le Blé des régions méridionales est de meilleure garde que celui venu du Nord, parce qu’il atteint tous les degrés de sa maturation na- turelle. Les Blés de la Sicile sont de beaucoup su- périeurs à ceux qui nous arrivent par la Baltique et la mer Noire : il est rare que ces derniers tra- versent la mer sans contracter quelques vices. Les Blés du sud-ouest de la France, et ceux de nos dé- partemens qui longent les côtes de la Méditerra- née ; les Blés que produisent les plaines fertiles arrosées par la Loire, et ceux que, depuis le sei- zième siècle, fournissent particulièrement les dé- partemens de la Loire-Inférieure, du Morbihan, du Finistère, des Côtes-du-Nord et d’Ille-et-Vi- laine, n’éprouvent aucune altération, et obtiennent la préférence du commerce ét de la boulangerie sur tous les marchés. L'époque de la célébrité acquise par les hautes Graminées dans ces départemens , m’amène à rap- peler celle des autres contrées de la France : ce sont les Blés d'Eure-et-Loir , de Aisne,'de l'Oise, de Seine-et-Marne, de Seine-et- Oise , de la Som- me, de la Marne, de l’Aube et de la Haute-Mar= De , qui jouissaient d’une excellente réputation dès avant le quatorzième siècle, et occupaient la pre- mière place. Au siècle suivant, on y joignit ceux des départemens du Cher, de l'Indre, de la Vienne, des Deux-Sèvres, de la Vendée, des deux Charentes, de la Haute-Vienne, de l'Orne, du Calvados, du Gard, de l'Hérault, de la Haute- Garonne, de la Haute-Loire, du Puy-de-Dôme et du Cantal. ( Foy. au surplus les mots BLÉ , CÉRÉA- LES, FRoMENT , OnGE ; SEIGLE , etc. ) Propriétés économiques. — Aucune Graminée n’est dangereuse, si ce n’est l’Ivraie annuelle, Lo- lium temulentum, qui, quoi qu’en dise De Candolle, est une mauvaise herbe dont la graine gâte le pain, et détermine, par son principe acide et dé- létère , tantôt la paralysie, tantôt l'ivresse, et par suite les congestions cérébrales. (7. au mot Ivrarz. ) Elles ont peu de propriétés médicinales; mais, sous le double rapport de l’économie rurale et domestique et de l’industrie, aucune famille ne peut lui ravir une primauté justement acquise ; les Légumineuses seules rivalisent à cet égard avec les Graminées. (V’oy. au mot Lécumneuses.) En Europe, dans l'Asie centrale et septentrionale, dans l'Afrique riveraine de la Méditerranée, elles offrent à l’hommele Fromenr, le Seicze, V'Once 3 dans l’Asie méridionale, c’est le Riz ; dans l’Afri- que centrale, le Muzer et le Soncno ; sur le conti- nent américain ,. le Maïz. (W. chacun de ces mots.) Ce sont elles aussi qui fournissent le meil- leur foin , l'herbe la plus succulente et les graines les plus avidement recherchées par les animaux. On en obtient des boissons fermentées excellentes: la Bière , que les peuples anciens de l’Europe sep- tentrionale buvaient sous le nom de Cervoise , le Kislichis, le Kouas blanc et rouge des Tatares, et de l'alcool de haute qualité. Avec le son des Fro- mentées on prépare, pour, les bestiaux, des eaux blanches qu’ils appètent volontiers. On retire un sucre cristallisable dela canne originaire de l'Inde. La paille couvre le toit du pauvre, sert de litière aux animaux domestiques, puis va augmenter la masse des engrais ; elle est employée à la fabrica- tion des chapeaux, des nattes, de fort jolispetits ouvrages et meubles pour femmes. Les chaumes des Graminées jouissent de la fa- culté de pousser naturellement des racines de leurs nœuds, lorsqu'ils sont mis en terre ; les espèces vi- vaces, soit qu’elles aient le chaume solide, comme la Canne à sucre, ou le chaume creux, comme le Bambou, possèdent cette propriété à un plus haut degré et peuvent être multipliées très-facilement de boutures. Les espèces annuelles l’ont également, mais à leurs nœuds inférieurs seulement et pendant leur jeune âge ; le cultivateur le sait, aussi butte- t-il le pied de ses fromens après l'hiver, en passant dessus une herse à dents de bois, afin d’en obtenir une récolte bien plus abondante. L’horticulteur et le jardinier paysagiste profitent de cette faculté pour asseoir les gazons, les maintenir dans un bel état de végétation en les chargeant de terre chaque hiver. Conservation. — L'importance des Graminées et leur utilité sous tant de rapports ont fait imaginer des moyens pour conserver leurs récoltes et en rendre la jouissance de tous les instans , même du- rant les années les plus désastreuses (v. aux mots Barrace , Dériquace, Fame, Foi, GRalE, Moissows, Récozres et Semis), alors que le légis- lateur imprudent se rend coupable quand, pour plaire au commerce, pour céder à la finance , il = GRAM sacrifie l’agricultare à leurs spéculations antisocia- les, et met des.entraves à l'emploi, à la libre cir- culation des Graminées. (F7. au mot CÉRÉALES.) - Maladies. Au moment: même où le chaume commence. X se former, et lors de la floraison, les Graminées sont exposées à des maladies qui non seulèement.nuisent à leur bonne constitution, à leur parfait développement, mais portent encore! préjudice à l'homme et aux bestiaux. En traitant de l’'Encor (v. ce mot), j'ai montré les désastreux effets de cette maladie; depuis, j’ai réfléchi aux moyens d'empêcher sa formation , et des observa- tions m'ont démontré que, dans les endroits où les animaux déposent leurs urines, et particulièrement dans les terrains où la substance calcaire domine, la végétation des Graminées est plus active, la germination plus prompte, le grain mieux nourri, beaucoup plus beau, et qu’il n’est jamais désho- noré par la présence de l’ergot. Je me suis dès-lors demandé si l’urate de chaux, qui se forme par le dépôt des urines sur une substance calcaire , ne serait point le spécifique contre cette maladie. J’ai sollicité, à l’appui de mes conjectures et de mes premières expériences , le suffrage des cultivatenrs les plus instruits : tous m’assurent que le Seigle recouvert d’une couche de ce sel donne toujours un grain très-beau, très-pur et sans le plus léger indice d’ergot. Gette remarque est décisive; ce- endant je crois devoir appeler une nouvelle con- mation par une longue série d'essais en grand sous les diverses climatures , principalement aux lieux sujets aux brouillards et après une ou plu- sieurs années pluvieuses. J’ai également parlé de la Garie ou moucheture en m’occupant du FROMENT (v. ce mot) ; mais je ne l’ai considérée que sous un seul point de vue. J’y reviens donc ici comme étant le moment con- venable. La Carie est déterminée par la présence d’une Urédinée, l’'Uredo caries; ses séminules'se fixent dans la première gaîne du chaume , et de là sont charriées dessus la plante et même dans son intérieur; elles arrivent à l'ovaire, infectent les grai- nes naissantes et sont ensuite versées sur le.sol ou portées par les vents sur les pieds voisins: Gette première remarque, dont l'exactitude m'est. dé- montrée par de nombreuses observations faites en diverses localités, m'a conduit à en faire une autre non moins importante : c’est que le Seigle, l'Orge, l'A voine, le Blé dit de miracle, les Blés durs et bar- bus, dont la végétation est plus vigoureuse, ne sont point sujets à la carie; tandis que le Froment à épis roussâtres sans barbe et à grain doré la prend aisément, moins que l’Epeautre et les Blés tendres qui en sont parfois tout-à-fait criblés. Je me suis, en outre, assuré que les Blés tendres et barbus ne sont affectés de carie que lorsqu'ils sont mélés.d’I- vraie : celte plante est presque habituellement chargée de la funeste urédinée; elle l’inocule à iout ce qui l'entoure. Une seule espèce de Blé ten- dre, celle à barbe divergente , se montre suscep- tible de cette maladie au même degré que les Blés : non barbus, (Je dirai, en passant, que ces résul- tats , dont quelques compilateurs veulent s’empa- 478 GRAM reraujourd'huiet qu'ils offrent comme leur apparte- nant, sont insérés dans le’tom. x1, pag. 112 et 113 de ma Bibliothèque physico-économique, an- née 1822.) Deux seuls moyens existent pour pré- server les moissons de la carie, 1° une semence parfaitement saine, 2° et le chaulage pur et sim- ple; toutes les substances que l’on y ajoute ne ser- vent à rien, plusieurs sont excessivement dange- reuses. Une troisième maladie, que l’on appelle tantôt Niellé, tantôt Charbon et Rouille des Graminées, et que certains auteurs distinguent et font deux ma- ladies, parce qu’ils n’en ont point étudié sérieuse- ment toutes les phases, attaque les grains des Gramintes sans leur causer de ravages extérieurs, mais en détruisant la farine dont elle prend la place sous forme de poussière noire, grasse au toucher et fétide, quoique l’on ait écrit le con- traire. Cette maladie est due à un autre crypto- game parasite et microscopique, l’Uredo carbo. Je l'ai vu détruire par le chaulage et même par des arrosages d’eau salée. Il faut sept décalitres de sel pour quatre-vingt-dix ares de terrain. Si l’on veut employer l'eau de mer, il convient de l’étendre dans la proportion de la moitié de la masse. (T. ». B.) GRAMMATITE. (mn.) Nom que l’on a donné à une substance minérale blanche ou légèrement verdâtre, qui, par sa composition chimique, ap- partient à l'espèce appelée Trémolithe , qui dé- pend du sous-génre AMPHIBOLE (voyez ce mot). (HE) 3 GRAMMITE , Grammitis. (80T. crypm.) Fougé- res. Les Grammites appartiennent à la tribu des Polypodiacées ou Fougères à capsuleentourée d’un anneau élastique étroit et souvent incomplet. IL sont caractérisés par des capsules disposées en ‘lignes simples le long des nervures secondaires, et dépourvues de tégumens. Le genre Grammite se rapproche tout à la fois des Polypodes et des Hémionites; il diffère des premiers par l'allongement des groupes de cap- sules ; des seconds, parce que ses lignes sont sim- ples et courtes, et non pas rameuses et anastomo- sées. Les espèces de Grammites sont peu nombreu- ses; elles varient beaucoup quant à la forme de leur fronde et quant à leur fructifications c’est ainsi que la fronde est tantôt simple, comme dans le Grammitis australis de Brown, Grammitis marginella de Schkuhr , etc. , et tantôt une fois ou plusieurs fois pinnée. Les nervures sont géné- ralement pinnées ; les dernières sont fourchues , et une de leurs divisions porte les groupes de cap- sules , et ne se continue pas avec au-delà , tandis que l’autre s'étend jusqu’au bord de la fronde. La seule espèce du genre Grammite qui croisse en Europe , est le, Granunitis leptophylla, espèce que lon trouve sur les rochers du midi de la France, de l'Italie , de l'Espagne, et dont le port diffère beaucoup des autres espèces. En effet, ses pinnules sont cunéiformes , crénelées à leur extré- mité, et sans nervure médiane; ses nervures sonk. GRAN 479 GRAN 2 RE dichotomes, et portent des groupes de capsules allongées , quelquefois bifides. : Les Grammites se plaisent beaucoup plus dans les régions chaudes du globe que dans les régions tempérées. Aucune espèce ne se rencontre dans la zone boréale: une seule existe dans la partie chaude de la zone tempérte septentrionale, et deux ou trois habitent la zone tempérée australe , à la Nouvelle-Hollande ; elles sont assez nombreu- ses, au contraire , dans les régions équinoxiales , et surtout dans les Antilles et.dans l'Amérique méridionale. (F.F.) GRAMMITE. ( mn. ) Ge nom, qui est celui de Grammit, est un nom allemand francisé, qui a été donné à une substance dédiée au docteur Wol- laston sous le-nom de Worrasronire. ( Voy.ce mot.) (d. H.) GRAMNISTE, Gramnistes. (roiss.) Cuvier a donnérce nom à un/petit genre de la famille des Pércoïdes. Les principales différences qu'il pré- sente avec celui des Perches , dont il est voisin, consiste dans l’absence complète des dentelures du préopercule , ainsi que dans-la petitesse de ‘ses écailles, quise trouveni comme noyées dans l’é- piderme. Les Gramnistes ont deux dorsales rap- prochées comme les Perches , et comme ces pois- sonsiüls n’ont que.sept rayons aux branchies. : «On n’en connaît'encore qu’une espèce que l’on pêche dans la mer des Indes; elle est figurée dans notre Atlas , pl 289, fig. 2. C’est le Gramnistes orientalis, Guv., Guérin, Iconogr. du Règ. anim., Poiss., pl. 1. L’individu est d’un brun noir , mar- qué de lignes longitadinales blanches , le plus sou- vent-aunombre de sept de chaque côté, avec une impaire le long-du dos , et une autre le long de la gorge; les nageoires sont jaunâtres ,’ la base de la pectorale et celles des ventrales ont un peu du blanc des raies qui y aboutissent ; arrivées à la tête, quelques unes de ces lignes se détournent de leur direction, et forment un réseau sur la joue, À - (Azrn.G:.) [-GRAND, GRANDE, (001. 8cr.) Dans le lan- gage vulgaire, et même dans beaucoup de livres d'histoire naturelle, cet adjectif, ajouté comme comparatif à un autre nom, est devenu celui de beaucoup d'animaux et de plantes de genres diffé - rens. Ainsi on appelle : GranD Arce ne MER. (o1s.) Un Faucon du sous- genre Aicxe. W, ce mot, Gnanre Ansrorocne. (807. ) L’Aristolochia sipho. GranD Bazar, (807. ) Le Sida coarctata de Cayenne. : "GranDe Bancs. (o1s.) La Barge à queue noire. _1Grann Baume. (80T.) La Tanaisie en Europe et le Piper Nhandi à Cayenne. Gran». BeccagunGA. (B0T.) Le Beccabunga or- dinaire. Ÿ. V£RONIQUE. Granp BaumiEr. (807. ) Les Populus nigraet balsamifera. Grano-B£rror. (o1s.) Une espèce du genre Four- milier. | Granve Berce. (sor.) La Brancursine. Granpe BÊTE. (mam.) Le Tapir. Grano Bzuet. (8or.) Le Centaurea montana, GraNp Gacuazor. (wam.) Le Physeter macroce- phalus. GRANDE Cenraurée. (2or.) Le Centaurea cen- tourium. Gnanpe CGuézrpone. (Bor:) La Ghélidoine vul- gaire. GranDe Cicur. (B0T.) Le Conium maculatum. Granrs Consoup£. (Bor.) La Gonsoude offi- cinale, Symphytum officinale. id Grande Cuevêècue. (o1s.) Le Strix brachiotos. Graxp Drasze. (ixs.) Une Cigale de Geoffroy; qui appartient maintenant au genre Lèdre. GranD Duc. (o1s.) Le Strix bubo. Gran» Douvs. (soT.) Le Ranunculus lingua. Granpe Ecazse. (poiss. ) La Chœtodon macro- lepidotus, aujourd’hui du genre /eniochus. Granne Ecrire. (8ot,) La CGhélidoinevulgaire, Chelidonium majus. GranD FRène. (8or.) Le Fraxinus excelsior, Grande GENTIANE. (2oT.) Le Gentiana lutea, GranD Gosrer ou Gran» Gouzrer, (os. ) Le Pé- lican blanc et quelquefois l’Argala. Gran GrimPergau. (sois. ) La Sittelle et même le Pic varié dans Albin. GRANDE Grive. (o1s.) La Draine. Gran donc, ,(:807.\) L’Arundo donax et les Scympes:les plus élevées des étangs et des marais. Granpe Lanque. (ois:) Le Torcol vulgaire, Granxpg LinorTe Des viGnes. (o1s. ) La Linotte ordinaire, dans les planches enluminées de Buffon, Gran Liseron. (80T7.) Le Convolvulus sepium. Grande MamoLaine. (807. ) L’'Origanum vul- gare. / : Granpe Mançugnrrg. (Bor.) Le Ghrysanthème des prés. Granpe Mavëve, (mor. ) Le Potalia amara à Cayenne. GranD MERLE D£ MONTAGNE.-( o1s.) Une variété du Merle à plastron. Grann merLus. (rorss.) Le Gadus merlucius, | GranD Mouron. (8or.) Le Sénecon vulgaire. Gran Monrain. (o1s:) Le 'ringilla laponica. Gran Mourarnier. (o1s.) Le Martinet des Mu- railles, Airundo apus. Gran OEr. (poiss.) Un Spare dans l’Ichthyo- logie de Lacépède. ‘GranD OEz DE our. (soT. ) L’Adoride ver- nale. Grave Onerzse. (poiss.) Le Scombre germon. Granve Oneice DE Rar, (8o7.) L’Hieracium auricula. Granpouse. (o1s.) Le Ganga pata, Z'etrao cau- datus. Gran Panaco. (mor. ) Le Sophora coccinea à Cayenne, selon feu Richard. Gran Parpon. (or) Le Houx piquant. Granpes Perce. (807.) La Berce. Granve Penvencue, (sor.) La Pervenche com- mune ; Ÿ’inca major. 4 Granne Pimprenezue. (8oT.) Le Sanguisorba officinalis. nn 0 oo ID GRAN 486 GRAN GranDe PimPrENELLE D’Arnique. (80T.) Le Me- dianthus major. GraxD Pin, (nor. ) Le Pin de Tartarie dans Miller. À Gran Préourx. (ors.) Le Pingouin brachyptère, Alca impennis. = GranD Pranrain. (morT.) Le Plantago major. Gran» Poucior ou Pouizcor. (ois.) La Sylvie à poitrine jaune. Grano Roucs-ourur. (o1s.) Le Merle de roche dans Albin. Gran RarronT. (mor. ) Le Cochlearia armo- racia. Gnanp SÉNECON D'Arnique. (mor. ) L’Arclotis laciniata. Gran» Soerr. (8or.) L’Helianthus annuus. Grand Sozgiz D'or. ( nor. ) Le ÂWarcissus ta- zelta. Granoe VaLéRIANE. (-5or, ) La Valériane offi- cinale. GRANDS VOILIERS, (o1s.) Nom donné com- munément aux oiseaux de mer dont les ailes sont très-longues, Guvier, adoptant ce nom significa- tif, en fait celui d’une famille que caractérisent de très-longues ailes, un pouce libre quand il existe , et le bec sans dentelures. GRANETTE, (or. pxan.) Diverses Renouées, et en particulier celle de Tartarie, Polygonum tar- taricum , portent ce nom en quelques cantons de la France , où leur graine sert à la nourriture des elits oiseaux. (Gu£r.) GRANILITTIE. (mx. ) Nom proposé par Pin- kerton pour désigner le Granite à petit grain, de même que Daubenton proposa d'appeler cette va- riété de roche Granitin. (J. H.) GRANITE, ( mn. et @éor. } Tout le monde connaît ce nom , qui a été appliqué d’abord à tou- tes les: roches composées de plusieurs substances présentant une texture grenue. Mais comme cette texture est celle d’un grand nombre de roches très-différentes dans leur composition, la science a réservé le nom de Granite à une roche compo- sée essentiellement de feldspath lamellaire, de quartz et de mica à peu prèségalementidisséminés, Il résulte de ce mélange deux variétés de Granite, si l’on ne veut pas donner le nom de variétés aux simples différences de couleur, ce qui serait mul- tiplier considérablement ces variétés. Lorsque les trois substances qui constituent essentiellement le Granite sont également disséminées , elles forment le Granite commun, dont la rochefest le plusordi- nairement grisâtre , jaunâtre ou rosâtre. Ge Gra- nite est tantôt à petits grains, et tantôt à gros grains. Lorsque le Granite à petits grains contient des cristaux de feldspath d’une forme régulière, et d’une grandeur qui dépasse celle des autres sub- stances constituantes , il prend le nom de Granite porphyroïde , parce qu’il présente au premier coup d’œil l'aspect d’un porphyre. Le Granite contient quelquefois des cristaux d’amphibole, de tourmaline, D’autres fois, on y voit disséminés des métaux, tels que le fer sulfu- ré , le fer oxidulé, l’étain, le {molybdène , le ti- tane ef l’urane ; ainsi que diverses substances mi- nérales , telles que l’actinote, le béryl, le corin- don , la cymophane, l'épidote , le grenat, la pi- nite, le zircone , etc. On y trouve aussi en amas le quartz, la topaze, le calcaire , la'fluorite, l'or gan et la galène. Enfin , parmi les substances que l’on trouve dans le Granite, il en est qui y for- ment des filons plus ou moins considérables , tels sont le quartz, la barytine, la fluorite et le cal- caire , qui accompagnent ordinairement certains métaux, auxquels alors ils servent de gangue : ce sont l’argent , le bismuth, le cuivre, l’étain, la galène , le fer et l'or fin. Lorsqu'il se présente en grandes masses dans les hautes montagnes , le Granite est souvent tra- versé par des filons d’autres roches, telles que le basalte , le porphyre, la syénite, le trapp, etc. Les Granites ne renferment jamais de corps or- ganisés ; presque jamais non plus ils ne sont stra- tifiés c’est-à-dire divisés en couches; mais les grandes fissures qui les divisent sont souvent assez régulières pour qu’on soit exposé à les confondre avec des joints de stratification. Ceux qui sont stra- tifiés nous semblent être moins anciens que ceux qui ne le sont pas. Au surplus, les Granites constituent souvent des montagnes à croupes arrondies, mais presque toujours terminées par des plateaux. La forme gé- nérale des montagnes granitiques tient principa- lement à la facilité avec laquelle la plupart des Granites se décomposent par l’action des différens agens atmosphériques, C’est même à cette action destructive , qui agit principalement sur le feld- spath , que sont dus les crêtes escarpées et les pics élancés qui distinguent les sommités de cer- taines hautes montagnes de Granite, (Woy. Gio- LOGIE. ) R 1847 On conçoit, d’après la facilité avec laquelle certains Granites se décomposent, qu'il faut être très-sévère dans le choix de ceux que l’on destine aux constructions qui exigent une grande solidité. En France, le Granite des environs de Vire, dans le département du Calvados, est estimé pour sa solidité. Les bornes de la place du Carousel , et les revêtemens de plusieurs quais de Paris sont en Granite de Vire. Mais dans un grand nombre de localités , il ne présente pas la même garantie de durée :le Granite des environs de Clermont-Fer- rand est, par exemple, très-facile à se décompe- ser. En Espagne, on a employé le Granite à Ja construction d'édifices que l’on désirait rendre durables, et qui cependant ne résistèrent point aux injures de l’air : ainsi les murs du palais de l'Escurial , et plusieurs édifices à Avila, à Ségo- vie, et dans plusieurs lieux de la Nouvelle-Castille, offrent de fréquens exemples de la décomposition dont nous parlons. : (J. H GRANITEL, ( mix. ) On a quelquefois donné ce nom à une roche que ; dans le langage scienti- fique, on désigne sous celui de Dronire. (Foy. ce mot. ) (SH) GRANITELLE. ( mn. et aéoz. ) Le célèbre Saussure désigne ainsi une roche qui offre un peu l'apparence LU CR GRAP l’apparence du Granite, et qu’on appelle généra- lement SxÉnire. (Woy. ce mot. ) (J. H.) GRANITOIDE. (win, ) On emploie! ce mot comme adjectif, pour désigner une roche qui, par le mélange des parties qui la composent, offre un aspect analogue à celui du Granite, (J. H.) GRANITONE. ( un.) Les marbriers de la Toscane, et plusieurs savans italiens, donnent sou- xent ce nom à une roche composée de feldspath et d’amphibole, et que les minéralogistes français appellent Eurnorivg. (Foy. ce mot.) (3. H.) GRANIVORES,. (ors.) On appelle Granivores tous les animaux qui se nourrissent de graines ; mais ce mot est le plus généralement appliqué aux espèces de la classe des Oiseaux qui offrent la même habitude. Ces dernières appartiennent prin- cipalement à l’ordre des Passereaux, et sont réu- nies elles-mêmes par quelques auteurs en un or- dre distinct ; ce sont les Alouettes, les Mésanges, les Bruans, les Gros-becs, les Bouvreuils, etc. (GERv.) ) GRAPHIDÉES. (or. crypr.) Lichens. Troisième groupe dela méthode de Fée, renfermant les Li- -chens dont la fructification est allongée. Selon Che- vallier, ce groupe ne serait quela première section d’une famille à laquelle ila donné, dans son histoire des Hypoxylons, le nom de Phéroporées, parce que, dit-il, dans les végétaux de ce genre, l’accroisse- ment commence toujours par un pore. Fée, qui ne partage pas celte opinion, s’appuie sur ce que les Graphidées n’ont pas de pore véritable. Au premier âge d’une plante de ce groupe, ajoute le même naturaliste, le thallus, qui, dans quelques espèces, est assez épais , renferme les rudimens de la lirelle, qui, en s’accroissant, fendille le thallus longitudinalement s'il est cartilagineux, lentr'ouvre inégalement s’il est membraneux ou pulvérulent , et peut, dans ces deux cas, simuler un pore, car on sait qu’une ligne n’est composée que de points; mais, en définitive, les Graphidées p’ont pas de pore véritable. Il n’en est pas de même des ’errucariées , seconde section des Phé- roporées de Chevalier. Celles-ci ont un conduit de forme arrondie , qui communique avec l’intérieur, qui fait partie de l’apothécion, qui a ses fonctions et qui jamais ne disparaît entièrement : ce conduit -n’est autre qu’un véritable pore. De ce que nons venons de dire, il ressort évidemment que deux groupes de végétaux cryptogames, dont l’un ren- ferme des plantes à thalamtum constamment al- longé et aplati, et l’autre des plantes à thalamium toujours globuleux ou hémisphérique, ne peu- vent figurer dans une même famille. «Le groupe des Graphidées, établi par Fée, se compose de huit genres que l’on distingue les uns des autres par la régularité et l'irrégularité de la lirelle, par son homogénéité ou son hétérogé- néité, par son mode d'insertion sur le thallus, enfin par l’impression ou la non-impression de son disque, etc. LE GRAPHIDÉES À LIRELLES RÉGULILRES (vraies Gra- phidées). À. Homogènes : a. à disque impressionné : Opegrapha; b. à disque non impressionné. Lirel- T. II. 481 GRAP les profondément immergées : Enterographa ; ses- siles ou peu immergées : Arthonia. B. Hétérogènes: a. sur le’thallus : Graphis; b. sur une masse char- nue indépendante du thallus : Sarcographa. IT. Grandes À LIRELLES IRRÉGuLIÈRES. Poly- morphes, maculiformes en vieillissant : Heterogra- pha. Corps ovoide , situé inférieurement et déter- minant une fissure sur le thallus : Fissurina. Mimarginées , rotundo-linéaires, sessiles, non im- pressionnées : Arrhunia. La plus grande partie des Graphidées se fixent sur l’épiderme des écorces saines ; celles que l’on trouve sur les vieux bois, ou sur les pierres , ap- partiennent plus spécialement au genre OP£GRAPHE (voy. ce mot) , dont deux espèces, fort curieuses, recouvrent les feuilles de quelques arbres de Cayenne. 6 (EF) GRAPHIPTERE, Graphipterus. (ixs.) Genre de Goléaptères de la section des Pentamères, fa- mille des Garnassiers, tribu des Garabiques, ayant pour caractères : languette presque carrée, corlace dans son milieu, membraneuse dans les autres parties; palpes filiformes hérissés de poils. Les Graphiptèressont lous de taille moyenne, ne dé- passant guère six ou sept lignes ; leurs yeux sont très-saillans ; le corselet étroit ; les élytres arron- dies , très-déprimées, ne cachant pas d’ailes , or- dinairement tachées de blanc et de noir; on croit généralement que ces insectes se trouvent au bord de la mer sous les pierres, et leur corps soyeux et déprimé peut avoir donné lieu à cette opinion; mais mon excellent ami Alexandre Lefèbvre, dans un des beaux voyages qu’il a faits, et qui ont Lant enrichi l’entomologie, a trouvé l'espèce de Graphi- ptères que nous allons décrire dans les oasis de Ja Haute-Egypte et au pied des Dattiers ; cefqui me porterait à croire que ces insectes vivent plutôt sous les écorces des arbres à la facon de quelques Dromius. Quand on les saisit, ils font entendre un petit bruit comme le font presque tous les Longi- cornes. Les enfans qui lui apportaient de ces in- sectes les désignaient parle bruit qu’ils produisent, et les appelaient des Xi-xis. GRAPHIPTÈRE MOUCHETÉ, (. variegatus , Fab. Long de cinq lignes ; d’un noir de velours; le des- sous de la tête garni de poils blancs; le bord du corselet et des élytres et huit taches sur chacune d'elles, blancs. D'Egypte. (A. P.) GRAPHIS, Graphis. (mor. caypr.) Lichens. Genre créé par Adanson aux dépens des Liché- noïdes de Dillen, à lirelles hétérogènes, et dont voici les caractères établis par Fée : thallus crus- tacé , membraneux ou lépreux, uniforme ; apothé- cion (lirelle) margé, simple ou rameux, de cou- leur variable, à disque nu, marginé par le thallus ou par le périthécium ; nucléum allongé, intérieu- rement celluleux et strié. Quatorze espèces de Graphis, sans compter les variétés, ont été décrites par Escharicux. À ce nombre il faut ajouter celles qui se trouvent dans la Monographie de Dufour, dans les auteurs alle- mands , et les trente espèces nouvelles qui figurent, pour la plupart, dans la Cryptogamie des écorces 221° Livraisow, 61 ù GRAP + / om , A82 - GRAP. ee, exotiques oflicinales de Fée. Maintenant commé espèces inédites , nous avons : ] ) 1°. Le Grapnis JAUNE ET Noir, Graplus atroflava de Fée, Caractères : thallus tartareux, épais, d’un blanc jaunâtre , marqué de fossettes ; lirelles épar- ses et sans limites , raccourcies, formant des sortes d'étoiles rameuses et tronquées; disque large, pou- dreux; bord du périthécium mince ; nucléum très- noir, immergé, On trouve celte belle et élégante espèce sur les rameaux encore jeunes de plusieurs arbrisseaux de la Guadeloupe, 2° Le GRAPHIS A LIRELLES CONFLUENTES, Gra- phis confluens de Fée. Caractères : thallus cendré ou d'un jaune pâle, cartilagineux, sans limites, presque granuleux; lirelles nombreuses, rappro- chées, confluentes, souvent très-longues, droites, flexueuses, renflées, bordées par le thallus; disque noir; nucléum blanchître , charnu. Ge Graphis recouvre, à Saint-Domingue, l’épiderme sain de différens arbrisseaux et arbustes. 3° Le Grapnis A THALLUS BICOLORE, Graphis bi- color de Fée. Caractères : thallus membraneux, lisse, sans limites, jaune paille vers ses bords; li- relles-bleuâtres au centre, ramassées, très-nom- breuses, droites, un peu flexueuses et terminées en pointe; entourées à la base par le thallus; à dis- que linéaire, très-étroit; nucléum immergé, corné. Gette espèce habite la Jamaïque; elle revêt l’épi- derme des écorces saines. 4° GraPuis A LIRELLES GRÈLES, Graphis graci- lenta de Fée, Caractères : thallus membraneux, blanc, un peu farineux, lisse, terminé par une large bordure noire, lirelles très-grêles ; droites et sinueuses , noires, sous-immergées ; à disque noir, très-étroit ; à nucléum blanchâtre. On trouve ce Graphis à la Guadeloupe sur le Gissus sycioïde. (F.F.) GRAPHITE. (min.) Substance que l’on nomme aussi Plombagine, Fer carburéet vulgairement Mine de plomb. Elle est,d’un gris de plomb ou de fer, douce au toucher, d’un éclat métallique et gras, facile à couper avec un instrument tranchant , et douée de la propricté traçante.: C’es£ à tort qu’on lui a donné le nom de Fer carburé, puisque ce n’est qu'accidentellement et dans des proportions très-variables qu’elle contiént de l’oxide de fer : dans les échanullons où ce métal est en plus grande quantité, celle-ci n’est pas de plus de 10 à 11 pour cent mêlée.à 89 ou go de carbone ; “aussi doit-on regarder le Graphite comme formé de la même matière que le diamant, mais dans un autre état d’agrégation moléculaire. 1 Le Graphite n’est point encore connu d’une ma- nière précise cristallisé; cependant nous avons de fortes raisons de croire qu'ilexiste en lames hexa- gonales dans un calcaire spathique de l’Amérique septentrionale. Il se présente fréquemmenten pe- ttes écailles entassées péle-méle les unes sur les autres, ou en lames plus grandes qui lui donnent un aspect schisioïde, ou en lames très-petites qui le font paraître compacte, ou enfin mélangé avec des matières terreuses, ce qui lui vaut le nom de Graphite terreux. Le Graphite se trouve en amas, en filons, où disséminé dans les gneiss, les micaschistes, le schiste argileux et les calcaires qui en dépendent; il se trouve aussi dans les terrains intermédiaires et dans le terrain jurassique , soit dans les Alpes, soit dans la Grande-Bretagne où l'Amérique sep- tentrionale. Il est employé pour la confection des crayons dits de mine de plomb; celui d'Angleterre est re- marquable pour sa finesse et sa douceur, ‘cel qui explique la grande supériorité des crayons anglais sur ceux de la plupart des autres pays de l'Europe, On emploie aussi le Graphite pour adoucir les frot- temens dans les rouages des machines; enfin on le mêle à l'argile pour en faire des creusets très-ré- fractaires qui servent particulièrement aux fondeurs en cuivre. (J: H.) GRAPHOLITE. (wn.) Nom sous lequel on a quelquefois désigné le schiste ardoisé, qui se délite en lames ou feuillets. Ÿ, Scmisre et Anpoise. (Gu£r.) GRAPPE, Racemus. (8or. Pan.) Des fleurs ou des fruits pendans le long et autour d’un rameau ou pédoncule commun, forment ce qu’on appelle en général une Grappe. Dans le langage scientifi- que, on distingue la Grappe de l’épi en ce que, dans ce dernier mode d'inflorescence, les fleurs sont sessiles ou à peu près. DIRES Souvent la Grappe est rameuse, c’est-à-dire que les pédicelles particuliers se divisent et forment de petites Grappes. Si, dans une Grappe rameuse, les pédicelles inférieurs sont plus longs, plus ra- meux et plus fournis que les autres , on l’appelle Panicule. Si la Grappe est en quelque sorte ovale, parce que les pédicelles du milieu sont plus'longs que ceux de la base et du sommet, on l'appelle T'hyrse, Les Acactïas et la plupart des Légamineuses ont leurs fleurs en Grappe. Celles des Agrostis, des Roseaux sont en Panicule; celles du Lilas, du Mar- ronier sont disposées en T'hyrse. (L.) GRAPSE, Grapsus, (enusr. ) Genre de l’ordre des Décapodes, famille des Brachyures, section des Homochèles ;'et triba des Quadrilatères , établi par Lamarck (Syst. des Anim, sans vert., pag. 150). Ce genre, formé aux dépens du genre Canceride Linné, a été adopté par tous les carcinologistes, et en particulier par Latreille , qui lui assigne pour ca= racières : test presque carré , aplati, portant les yeux aux angles de devant ; son bord antérieur incliné ; pieds-mâchoires “extérieurs écartés lun de l’autre et laissant à découvert uue partie de la bouche; leur troisième article ‘inséré près de l'extrémité extérieure et supérieure duprécédent; les quatre antennes situées au dessus du chaperon. Les Grapses , outre ces caractères , présentent en- core d’autres particularités remarquables dans leur organisation. Leur corps est aplati et orné souvent de couleurs très-vives , principalement de rouge. Leur front occupe presque toute Ja largeur du test; il est infléchi ou très-incliné en forme de chaperon. Les yeux sont gros, renflés, portés sur ‘de courts ‘pédoncules ‘placés aux angles anté- | rieurs.de la carapace, et logés dans des fossettes a ———————— à —————————————————————————————————_.—— GAP GRAS — TT Emerald ir R T , transversales ; les antennes extérieures sont peti- tes, sétacées , insérées près de la base des pédon- cules oculaires ; les intermédiaires éloignées l’une de l’autre, repliées el logées dans deux fosseltes de la partie inférieure du chaperon. L’épistome , ou le chaperon proprement dit , est transversal , étroit et divisé ordinairement dans le sens de sa largeur par une arête saillante. Le premier article des pieds-mâchoires inférieurs et l’article suivant, rétrécis , l’un à son sommet et l’autre à sa base , forment un espace angulaire qui laisse voir une » portion des mandibules et quelques autres parges de la bouche. Les pinces sont égales’, assez grosses, renflées et lisses ; les bras sont comprimés en des- sus et terminés de ce côté par une arête. La ca- rapace, observée par Desmarest, présenteles par- ticularités suivantes : elle est plane, peu bombée, assez exactement carrée, avec les orbites situées aux angles antérieurs ; le bord inter-orbitaire est transversal et uni, le bord postérieur est étroit ; les régions stomacale et génitale sont à peu près confondues. La première offre un enfoncement sur si partie moyenne ct antérieure; les régions cordiale et hépatique postérieure sont aussi réu- nies et forment ensemble une saillie remarquable; . les régions branchiales occupent en arrière les cô- tés et les angles postérieurs de la carapace; elles sont marquées souvent sur leur bord externe de lignes élevées, parallèles entre elles et obliques , qui répondent à la direction des organes bran- chiaux externes. Les pattes sont comprimées , lisses , striées en travers , terminées par un ongle un peu crochu, aigu à sa pointe et épineux sur ses faces; celles des troisième et quatrième paires sont plus longues que les autres : toutes les cuisses sont larges et carénées sur leur bord anté- rieur. L’abdomen est composé de sept anneaux dans les deux sexes. . Les Grapses, connus dans les Antilles sous les noms de Grabes peints et Crabes de Palétuviers , sont des crustacés très-carnassiers qui se trouvent également dans le reste de l'Amérique. Bosc, qui a eu l’occasion d’en observer un grand nombre, rapporte qu’ils se tiennent presque toujours cachés sous les pierres et sous les morceaux de bois; ils ne nagent point , mais ils ont la faculté de se con tenir momentanément sur l’eau à raison de leur - corps et de leurs pattes; et ils y réussissent par des espèces de sauts répétés : ils font ce mouve- ment, dit-il, toujours de côté, tantôt à droite, tantôt à gauche, selon les circonstances. Ils se cachent au fond de la merpendant la saison froide, ils ne reparaissent qu'au printemps; c’est alors qu’ils portent des œufs. Ce genre se compose de plusieurs espèces ; celle qu’on peut considérer comme en étant le type est : Le Gnapse pEINT, G. pictus, Lamk., Latr.; Cancer pictus, Linn. , représenté dans notre At- ks, pl. 189, fig. 3. Cette espèce est d’un ronge de sang, ponctuée et rayée de jaune. Elle se trouve en Caroline , aux Antillés, aux îles Sandwich et à Gayenne. Guérin, dans l'Iconosraphie du règne animal de Guvier, Crustacés, planche 6, figure 1, a donné uneitrès-bonne figure de celte espèce. Le Gnarsx MaDRé, G. varius, Latr., Risso ; Cancermarmoratus , Fab. ; Cancer femoralis, Oliv, Cette espèce présente un mélange de nuances ver- tes, grises, brunes et blanches. La femelle a des couleurs plus ternes que celles du mâle, et pond plusieurs fois dans l’année. Il est vraiment digne de la curiosité d’un naturaliste, dit Risso (Hist, nat. des Crust. de Nice), d'étudier les combinai- sons que cet animal emploie pour se soustraire à ses ennemis, surtout dans un réservoir d’eau sé- paré de la mer et peu étendu, tel qu’il s’en trouve sur nos rochers. Il semble calculer ses démar- « ches; il court dans un sens, revient ou s’ar- rête, et s’il rencontre quelques fissures pour s’ap- puyer , il menace de ses pinces, et ne fuit que quand il est assuré d'échapper au danger. Le Grapse madré abandonne plusieurs fois le jour sa demeure aquatique pour se promener aü s0- leil. Il rôde pendant la nuit pour rechercher les corps morts rejetés par les flots. Les femelles pon- dent chaque fois de quatre à cinq cents petits œufs; alors elles se tiennent sous les pierres jusqu’à ce qu'ils soient éclos. On ne connaît qu’une seule espèce fossile. Desmarest, Hist, nat. des Crust, fos- siles, pag. 9, l’a décrite sous le nom de GRAPsE DOUTEUX , G. dubius, (H. L. )2é GRAPTOLITHES,. (zooz. roy. ) On désigne sous ce nom un Polypier fossile que l’on trouve dans quelques schistes du terrain intermédiaire en Suède, eten France dans le département du Calvados, aux environs de Caen. (J. H).1 GRAS. ( cum. ) Corps gras. Voy, Gnaïsses ANIMALES. | GRAS DES GADAVRES. ( cum ) Voy. Anx- POCIRE. (Fe Fe ju GRASSETTE, Pinguicola. ( moT. rxan. ) {Ge genre est compris dans la famille des Lentibula- riées de Richard, et dans la Diandrie monogynie . de Linné. En voici les caractères : calice bilabié, trifide supérieurement , bifide inférieurement ; corolle irrégulière , munie d’un éperon à sa base, resserrée près-de sa gorge, à limbe bilabié , à lèvre supérieure bilobée , à lèvre inférieure plus courte, bilobée : étamines très-courtes , au nombre de deux ; style court, surmonté d’un stigmate à deux lames ; capsule uniloculaire , remplie d’unegrande quantité de graines attachées à un récepta- cle central; feuilles radicales d’une consistance tellement grasse et molle, qu'elle a mérité au genre les noms sous lesquels il est décrit; hampe uniflore ; fleurs penchées. Les espèces de ce genre croissent dans les pays. montueux et humides de l'hémisphère boréal, sur les Alpes d'Europe , dans les montagnes de l'Amérique septentrionale, et dans les localités élevées de l'Europe et de l'ÀA- mérique méridionaless % has Grassetre Commune, Ping uicola vulgaris, jolie plante à fleurs violettes , et d’un port tout parti- culier , qui se trouve dans les lieux marécageux de plusieurs contrées de l’Europe. Nous l'avons à nos portes, à Saint-Gratien, à Montmorenci, à Saint-Léger, etc, Nos landes aquatiques de l'ouesk GRAT 484 GREB oo possèdent la Pinguicola lusitanica, en plus grande quantité peut-être que le Portugal , qui cepen- dant lui a donné son nom spécifique. (G.£.) GRATIOLE, Gratiola. (mor. rHan.) Tournefort avait perdu cette plante parmi ses Digitales; mais Linné l’ena détachée et l’a constituée genre; comme tel, elle a pris place dans la Diandrie monogynie et dans la famille des Scrophulariées. Nuttallet Robert Brown, après avoir soumis la plante européenne, type du genre, avec ses congénères de l'Amérique et de la Nouvelle-Hollande à un examen rigoureux, ont définitivement établi ses caractères ainsi : plan- tes herbacées , à feuilles opposées, ordinairement simples; à fleurs axillaires, jaunâtres ou blanches, portées sur des pédoncules solitaires , avec calice à cinq divisions profondes, quelquefois accompa- guées de deux bractées à leur base; corolle tubu- Jeuse, irrégulière, à deux lèvres, la supérieure bilobée, l’inférieure à trois lobes égaux ; quatre et parfois cinq étamines, dont deux et trois stériles ou simplement rudimentaires ; ovaire supère , surmonté d’un style subulé et terminé par un stigmate à deux lames; capsule ovale-pointue, à quatre valves qui se séparent, à l'époque de la malurité, de la cloison formée par l’inflexion de leurs bords ; les deux loges contiennent des se- mences fines, nombreuses , d’un jaune roussâtre. On compte une trentaine d’espèces dans ce genre , depuis la révision de Willdenow; une seule babite l’Europe, la GRATIOLE COMMUNE, G. ofict- nalis, dont nous allons nous occuper spécialement; une autre est indigène au Pérou, aux montagnes du Chili, c’est la jolie GRATIOLE À FLEURS BLAN- cues, traversées intérieurement par des lignes rouges, G. peraviana , L. ; deux aux îles de l’'Améri- que du sud ; huit au continent américain du nord, où cependant elles ne se rencontrent plus au-delà du 40° degré de latitude nord ; deux sur les côtes de l'Inde, le surplus dans l'Australie. Aucune espèce exotique ne ‘présente d'intérêt ou comme plante d'ornement ou comme plante médicinale. Sous ce dernier rapport on ne peut citer que l’es- pèce indigène aux prés humides et marécageux de l'Europe. Cette espèce, plus abondante au midi que dans le nord de la France , ‘est vulgairement connue sous le nom d’//erbe au pauvre homme, parce qu’elle servit de purgatif pour les indigens, à l’é- poque honteuse où l'on comptait pour rien et ceux qui produisent et ceux qui n’ont ni titres, ni cor- dons, ni argent, ni palais, c’est-à-dire qui manquent des élémens de la bassesse et ne peuvent fournir aux débauches des rois et des prêtres. Haute au plus de trente centimètres , la Gratiole commune laisse sur la langue, quand on la mâche fraîche, une amertume profonde, qu’elle perd un peu étant desséchée. L'analyse chimique nous apprend qu’elle contient une substance extractive et une matière résinoïde , source de celte amertune. Elle purge violemment, excile en même temps de longs et pénibles vomissemens; elle entre dans presque toutes les préparations des empiriques, et devient entre leurs mains un véritable poison, phyre, Psammite et Anagénite. Elle détermine chez les animaux qui en mangent, lorsqu’elle se trouve dans le foin, un amaigrisse- ment notable, surtout sielle yest abondante. Pour que son usage soit efficace dans les maladies de la peau, dans les affections vermineuses, contre les fièvres intermittentes et l’hydropisie ascite, il faut qu’elle soit dosée par un médecin instruit et pré- parce par un pharmacien habile. On emploie non senlement la tige, les feuilles et les fleurs en in- fusion , mais encore réduites à l’état d'extrait. flo Be ! GRATTERON. (8or. pan.) C’est sous ce nom que sont vulgairement connus le Gallium apa- rine, et l’_Asperula odorata. (G. £.) :: GRAUSTEIN. (un. et Géor.) Nom que les Allemands ont appliqué tantôt à une roche que les Français nomment Dor£riTe et tantôt à la Leu- CORTINE ÉCAILLEUSE. (Voy. ces mots.) (J. II.) GRAUWACKE, M et Géo.) Les Alle- mands désignent sous ce nom plusieurs roches d’agrégation , que les Français PRE De (J. H. GRAVIER. (c£or.) Sable à gros grains, que charrient les fleuves et les rivières, et qui dans les dépôts de transport anciens ou modernes sont mêlés aux galels ou cailloux roulés. La formation d'argile plastique est souvent représentée par un Gravier semblable. Certaines roches d’agrégation, telles que les Anagénitesetles Poudingues, doivent leur origine à un Gravier dont les grains ont été réunis par un ciment siliceux. (J. H.) GRAVITATION. (ruys.) La Gravitation est l'effet de l’action universelle que les corps exercent les uns sur les autres, et par laquelle ils tendent sans cesse à sc rapprocher. Get effet a pour cause l'attraction , autre propriété des corps dont nous avons déjà parlé. La Gravitalion, la pesanteur et l’affinité, qui sont des effets d’une même cause, ont entre elles la plus grande analogie de propriélé ; cependant on ne les emploic pas indifféremment dans le langage scientifique. Ainsi, par Gravitation, on entend l’effet de l'attraction qui a lieu entre les grandes masses de lumière, comme les planètes et les comètes entre elles ou avec le soleil; par pesanteur, on comprend le même effet considéré dans les corps subluraires par rapport à la terre; et par affinité, on désigne encore le même effet, mais alors il a lieu seulement entre les molécules des corps. (F5 Fi) GRÈBE, Podiceps. (o1s.) Les Grèbes forment parmi les Palmipèdes un genre d'oiseaux plongeurs dans lequel'on distingue une dizaine d'espèces répandues dans l’ancien et dans le nouveau conti- nent. Leuf corps est oblong, leur tête arrondie, emplamée ; leur cou allongé, et leur bec, plus long ordinairement que la tête, est robuste, droit, et présente vers son milieu les narines qui ‘sont closes en partie par une mernbrane. Les yeux des Grèbes sont placés à fleur de tête, et leur langue est légèrement échancrée à son extrémité. De plus, ces oiseaux ont le bas des jambes dénué de plumes, leurs tarses sont comprimés et leurs Le. à Va 791 ' 2. Grenouille Se. 3. Grimpereau. RE (Ne 4 & Ô ura HS ” É GREB doigts antérieurs sont réunis à leur base par une ‘ membrane , puis lobés dans le reste de leur éten- due ; le pouce est isolé, court, et ne porte à terre que par son extrémité ; les ailes sont moyennes et la queue est nulle. Les Grèbes vivent sur la mer et aussi dans les rivières ; on les rencontre fréquemment dans les archipels peu éloignés des grands continens ; ils nagent avec aisance, plongent fréquemment et ont tous le plumage lusiré , comme satiné et très- serré. Leur nourriture consiste en poissons, en insectes à élytres, en mollusques , etc., qu’ils re- cherchent au milieu des eaux. Lorsqu'ils viennent àterre, ils se tiennent presque droits et marchent avec difficulté ; dans les eaux , quoique plus actifs, ils paraissent néanmoins assez embarrassés. Tous muent en automne, mais les jeunes n’ont pris leur livrée définitive qu’à l’âge de deux ou trois ans, circonstance qui rend plus difficile la déli- mitation des espèces, et n’a pas peu contribué à augmenter inutilement le nombre de celles qu'ont admises la plupart des auteurs. Cinq espèces vivent en Europe, et se voient plas ou moins souvent en France ; c’est par elles que nous commencerons. GrèBe uupré, Podiceps cristatus, représenté dans notre Atlas, pl. 191, fig. 1. Ce Grèbe, long de dix-huit ou vingt pouces , a les plumes de la tête allongées et partagées en arrière en deux faisceaux qui représentent comme deux cornes, rousses à leur racine et noires à leur pointe; sa face est d’un blanc roussâtre ; les parties supé- rieures de son corps sont brunes passant au noir, avec un peu de blanc sur les ailes èt le dessous de son corps est d’un blanc argenté; l'iris est d’un rouge cramoisi et les pieds sont d’un brun rougeâtre ; ces caractères sont ceux des individus les plus vieux. Les adultes ont les plumes de leur buppe plus courtes et bordées de blanc ; leur face est de la même couleur et une bande noire part de leur bec pour passer sous les yeux et se ter- miner à l’occiput. Le Grèbe huppé est quelquefois nommé Cargoos par le vulgaire ; il habite surtout les mers du nord, les lacset les étangs des mêmes contrées; ainsi dans l’intérieur il est moins com- mun que sur les côtes ou dans leurs environs, et pendant l'hiver il se rapproche plus des contrées tempérées. On le trouve abondamment en Alle- -‘magne, en France, en Hollande, ainsi qu’en An- sleterre. Ses œufs, au nombre de trois ou quatre, sont d’un vert blanchâttre ondé de brun , et placés dans un nid de jonc que l'animal construit au mi- lieu des roseaux rompus. Ce nid, quoiqu’à demi plongé et comme flottant, ne peut être emporté par les eaux. GRÈBE À JOUES crises, ou Joucnis, 2. rubricol- lis, Lath. Il est long de 15 à 16 pouces, a le bec de la longueur de la tête, noir en partie et jaune à sa pointe; les yeux entourés d’un iris brun rou- gcâtre, et les pieds noirs au côté extérieuret vert- jaunâtres à l'intérieur. Il fait son nid au pied des roseaux; sa ponte est de trois ou quatre œufs d’un vert blanchâtre ondé de brun, et sa patrie s£ compose principalement des provinces orienta- 485 GREB eee) les de l’Europe. Néanmoins il vient souvent en Allemagne; mais il est plus rare en Suisse et en France, etce n’est qu'accidentellement qu’on l’a observé en Hollande. : GnËBE CORNU Ou ESCLAVON, P. cornutus, Lath. On le rencontre en Europe et dans l'Amérique septentrionale, où il fréquente les eaux ainsi que les précédens ; il est surtout des parties septen- trionales , et ne se trouve que rarement en France et en Suisse : quelques auteurs l’ont confondu avec le Grèbe oreillard; mais il est possible de l'en distinguer à tous les âges. Le Grèbe cornu a des cornes rousses placées au dessus et derrière les yeux, tandis que l'oreillard porte des plumes rousses qui lui couvrent l’orifice de l'oreille. Les jeunes, néanmoins, sont plus difficiles à distin- guer, vu qu'il n’y a entre eux de différences bien marquées que dans la forme du bec, et dans le double iris, que les jeunes du Grèbe oreillard ont d’une seule couleur. Les ornithologistes ont établi plusieurs espèces sur le Podiceps cornutus ; ainsi les jeunes ont servi de type au P, obscurus de Latham, qui est le Co- lymbus minor de Bresson, ainsi qu'au Colymbus capisus de Gmelin, et au C. nigricans de Sco- poli; toutes espèces qui devront, comme on le pense bien, être retirées du catalogue des ani- maux. Gage oREILLARD, P. auritus, Lath. Le Grèbe cornu a douze ou treize pouces de longueur, l'oreillard en a rarement plus de onze; son bec est moins long que sa tête, noir, à base déprimée, et à pointe un peu relevée en haut. Il est plus de l’intérieur que les précédens , et se voit plutôt sur les rivières et les lacs d’eau douce que sur les côtes maritimes; il est assez commun par toute l'Europe, surtout en France, en Allemagne et aussi en Jtalie. GRèBE CcAsTAGNEUx, P. minor, Lath. C’est la plus petite et la dernière des cinq espèces d'Eu- rope ; sa longueur totale n’est que de neuf pouces et demi. On rencontre cet oiseau sur tous les points de l’Europe, ainsi que dans le nord de l'Amérique et de l'Asie, Il place son nid au milieu des joncs et des roseaux, et fréquente également les eaux douces et salées. Sa ponte est de trois ou quatre œufs, Parmi les Grèbes exotiques, nous citerons les deux espèces que l’on observe aux Malouines, où ils vivent dans les rivières ct dans les marais. Ce sont le P, occipitalis, Less,, et le P, Rolland, Q. et Gaim. Le P. occipitalis, dont Bougainville a déjà parlé dans ses Voyages, et que Pernetli nomme petit Plongeon à lunettes, se distingue par son bec noir, ses pieds verdâtres, son dos et son croupion gris- cendré, sa calotte noire, ses joues ornées d'une petite crête et son ventre d’un blanc lustré : il a onze pouces et quelques lignes de longueur totale. Le P. Rolland, qui vient des mêmes contrées, a été décrit par Quoy et Gaimard, dans leur Zoologie du Voyage de l'Uranie, et figuré à la pl. 56 de leur recueil, GRÉC 486 GREG. GrègE DE LA cONGEPTION, P. chilensis. Gar- not a fait connaître sous ce nom une espèce de PAmérique du Sud , que l’on trouve à la Goncep- tion , ainsi que sur les côtes du Chili et au Brésil. Get oiseau, de la grosseur du Castagneux, à la tête, le cou à sa partie postérieure, le’dos, les ailes etle croupion d’un roux mêlé de noirâtre ; des pinceaux eflilés de plumes blanches et brunes se remarquent à ses oreilles, et ses pieds sont ver- dâtres, ainsi que son bec. Garnot décrit aussi sous le nom de P, americanus un autre Grèbe des mêmes contrées que le précédent. (GErv.) » GRÈCE. (céoan. puys.) Elle est bien déchue de sa grandeur , cette terre classique qui a légué à la postérité tant de chefs-d’œuvre de tout genre, celte terre , patrie de toute poésie, qui inventa les mythes gracieux de la religion païenne; qui vit naître Socrate, Platon et Aristote; Sophocle, Euripide et Aristophane ; Thémistocle, Miltiade et Périclès! Plusieurs siècles d’esclavage ont anéanti chez elle cet admirable caractère artistique au- quel nous devons toutes ces belles ruines , tous ces sublimes débris, que nous autres, hommes du Nord , étudions avec tant d’ardeur, pour par- venir à élever sur notre climat des édifices dignes de rivaliser avec les magnifiques construclions de la Grèce. Aujourd’hui tout cela est détruit : des ruines, rien que des ruines : la domination tur- que a tout anéanti; elle a passé le niveau de Maho- met sur cette terre de prodiges, et tout a disparu. Cependant les Grecs modernes ont su reprendre par les armes leur liberté ravie : ils ont héroï- quement combattu pour s’asseoir au rang des puis- sances européennes : ils ont reconquis leur natio- nalité avec persévérance et courage: et, grâce au patronage de la France , de la Russie et de l’An- gleterre , leurs férs sont brisés; espérons donc que leur décadence était le fruit de l’esclavage , et qu'une ère nouvelle de gloire et de prospérité relevera la patrie des Canaris, des Marc-Botzaris, au rang qu'elle occupait dans les beaux temps de la Grèce antique. Il n’est pas de pays plus heureusement ‘situé que la Grèce : placée entre les 36° 23/et 39° de latitude nord , et entre les 18° 20’ ct 21° 45’ de longitude est , elle offre , en superficie , une cten-. due de 2,080 lieues carrées, baignée par de nom- breuses mers qui découpent son littoral en nom- breux festons , et y forment une grande quantité de ports très-sûrs. Sous le rapport maritime et commercial , il n’est aucune contrée qui présente plus d'avantages, Aussi cet état doit-il arriver in- failliblement à une hante prospérité. On peut d’ailleurs se faire une idée des immenses résultats auxquels la Grèce pourra parvenir, si on veut bien se rappeler l’état de richesse auquel avaient atteint récemment les fles d'Hydra et de Spezzia. Ges deux îles, placées dans les mêmes conditions que le continent grec, puisqu'elles font partie du groupe des îles Sporades , et qu’elles se trouvent situées non loin des côtes de Morte, et à l'entrée du golfe de Nauplie; servaient d’entrepôt pour toutes les exportations d'Asie, et toutes les im- portations d'Europe. Leurs vaisseaux couvraient la Méditerranée et l’Archipel, portaient en Eu rope les huiles , les :laïnes , les soies , les cotons, les miels de l'Orient , et rapportaient les produits des fabriques de France , d’Angletérre et d’Alle- magne. Le sol de la Grèce est des plus fertiles : les productions varient cependant suivant les localités, et toutes les parties ne produisent pas également les mêmes denrées. Ainsi, les districts les plus fertiles sont la Thessalie et les parties orientales déla Phocide et de la Béotie. L’Attique ne produit que de l’orge et des olives ; la Moréeest susceptible de tous les genres de culture. Avant la guerre de l'indépendance on y récoltait toute espèce de cé- réales , de fruits et de légumes, et c’est sur cette partie de la Grèce qu’on trouve d’assez beaux massifs de forêts, composés d’arbres de tous les. genres. Son climat présente aussi beaucoup de variété. Brûlant dans les plaines, froid dans les monta- gnes , il est doux et tempéré dans les vallées , et rien n’égale la délicieuse température.des îles en automne. Le continent ne jouit pas d’un climat très-sain; il est même certaines parties qu'il est fort dangereux d’habiter à de certaines époques de l’année ; tels sont, par exemple, les environs de Corinthe , que les habitans abandonnent pendant les mois d'été, afin de fuir la pénible influence du malaria , véritable fléau des plaines maritimes. Il y a plusieurs régions où règnent aussi des fiè- vres d’une nature fort dangereuse, * Les rivières qui parcourent la Grèce répon- dent peu à l'idée qu’on est en droit de s’en faire , lorsqu'on se rappelle les magnifiques descriptions transmises par l'antiquité. Ainsi, l'ancien Alphée, aujourd’hui la Rouphia; lEurotas, devenu Hellos ; le Céphise, maintenant Mavro-Potamos, ne sont plus que des ruisseaux de peu d'importance. Les montagnes répandues sur le sol grec forment plusieurs chaînes d’une assez grande élévation , et qui sont entrecoupées de belles plaines et de dé- licieuses vallées. Elles offrent-des beautés natu- relles incontestables ; mais elles semblent parées bien plus richement des mains de la nature, lors- que l’on sait que ce mont Liakoura, situé dans l’ancienne Phocide , est le Parnasse ; que cet autre du nom de Zagora, est l’ancien Hélicon; que dans l’Attique nous retrouvons le mont Ælatia, autrefois Githéron ; le mont Z'elo-Vouni, l'ancien Hymette, et dans la Morée, le Aaleva, jadis le Taygète. Le point culminant de toutes ces mon- tagnes est le Taygète, ou plutôt le Maleva , dont le sommet s'élève à 12/0 toises au dessus du niveau de la mer. La minéralogie de la Grèce n’est pas très-riche: ainsi elle ne possède que des mines de fer et de plomb, des carrières de marbre, parmi lesquelles on cite celles de Paros et de l’Attique ; et. quel- ques carrières de plâtre, de terre à foulon, à po- tier, etc., etc, à e La zoologie de ce pays n’offre aussi rien de par- ticulier, Les animaux qui s’y trouvent sont ceux $ 1Hèse2l S9J}9219 LP UNI (RQ uo40g 2140V GREF 487 GREF EEE que lon rencontre parlôut ailleurs : ce sont des Ours , des Sangliers , des Lynxs,. des Ghacals, des Ghaïs! sauvages; des Chevreuils, etc. ; etc. IL y a cértaines contrées de la Grèce où on élève une grande quantité de-bétail, comme Chevaux, Anes, Mulets. On y elève aussi en assez grande quantité les Vers à soie et les Abeilles. Telle: est là Grèce :-du jour où Athènes ouvrit ses portes aux armées romaines commandées par Sylla (86.ans avant l'ère vulgaire), cette contrée cessa d’être indépendante , et elle ne devint plus qu’une province romaine , lorsque Constantin transféra le siége de l'empire à Constantinople. Successivement soumis en esclaves à la domina- tion des Italiens , des Génois , des Vénitiens et des Turcs, ce n’est qu'après vingt siècles que les Grecs se sont rappelé qu'ils avaient marché à la têle de la civilisation du monde , el que, comme tels, ils avaient droit à une existence nationale, à une existence de peuple individuelle ; et non pas con- fondue avec celle d’autres peuples. Enfin , en 1827, après plusieurs années d’une lutte sanglante et acharnée, le canon de Navarin termina cette guerre d’extermination , et réintégra la Grèce dans ses droits imprescriptibles. Les nations européen- nes qui l'avaient protégée dans sa lutte avec la Turquie, et. auxquelles elle doit l’existence, en ont fait une monarchie constitutionnelle , et ont appelé au trône le jeune Othon ; fils du roi de Ba- vière. Espérons que ladiberté effacera du carac- tère grec quelques traces d’esclavage qui ont sur- vécu à sa délivrance ; et.qui en déparent la pureté. Les descendans des Miltiade et des Aristide sau- ront s'élever, n’en doutons pas, au rang que mousne craignons pas de léur assurer. dans l’ave- nir parmi les nations du continent européen. (G. d.) GRECQUE. (repr.) Nom d’une espèce de Tor- TUE. (Woy. ce mot.) (Guér.) = GREDIN. (waw.) Race de Chiens originaire d'Angleterre. (Guër. ) GREEN SAND. (cor. ) Les géologistes anglais doùnent.le nom de Greén sand:ou: Sable vert à “ane roche tendre et:même friable ; composée de calcaire et de Glauconie ou silicate de fer ; c’est à cette dernière substance que da roche doft sa cou- leur verte. [a af Les géologistes: français se servent souvent in- -distinciement:de la dénomination de Green sand et-de celle de Sable-vert. Gelie roche appartient à ‘la'partie la plus.inférieure de la craie. (3. H.) » GREFFE. (Bot. et'acr) Ce mot a deux accep- «tions: 1% l’action d’enlever à une plante ligneuse -ou hérbacéé,, soil une portion de rameau , soit un rouleau: d’écorce boutonné, c’est-à-dire portant un bouton où bien un bourgeon; pour l’insérer sur unêé autre plante : on la nomme quelquefois Enter; 2° Vopération qui unit ensemble deux vé- gétaux différens ou deux parties d’un même végé- tal, les applique l’un à l’autre, les soude d’une manière si intime qu'ilen résulte un être qui n’a qu'un même liber; qu’une seule existence : c’est ce qu'on ‘appelle Greffér.. Get art qui-enrichit : l'horticulture d’une multitude de fruits succulens très:variés ; il conserve , perpétue ; aide à Ja mul- tiplication des races végétales que l’on obtiendrait difficilement ou trop lentement de semences: il hâte la: fleuraison et devance les époques, de la maturité. La-Grefle est donc une des innovations agricoles les. plus importantes et en même temps une des opérations les plus délicates, dont on doit ‘posséder les règles quand.on.veut l’exécuter con- venablement ct avec profit. Avant de dire quelles sont. ces règles, fixons l'époque de cette belle et précieuse découverte. - S'il fallait s’arrèter au texte de la masse des écri- vains, on la verrait naître sous! le beau ciel de l'Italie, aux dernières journées de la république romaine , alors que le luxe et l’excès des richesses acquises par la fraude , le dol , le fer.et la flamme, alors que l'oubli des vertus antiques et de la dignité du citoyen, firent naître, au sein même de la ca- pitale du monde, l’art perfide des Apicius : cette assertion est fausse. Il en est de même du mot Insertio que l’on-trouve dans tous les livres de botanique pour la désigner , puisque les meilleurs manuscrils des Géorgiques de Virgile et les géo- poues latins se servent de l'expression {nitio, L’art de greffer remonte à la-plus haute antiquité; il était connu et pratiqué chez les vieux Grecs, comme nous le voyons, dans l'Histoire des, plantes de Théophraste, liv. 11, chap. 1, où il est appelé “Épvreix, Je dirai même plus, jene la regarde point comme:invention humaine | mais comme une in- dication que l’observation de la nature a fournie à un cultivateur habile. En eflet, des graines de Gui, portées par les oiseaux sur des arbres, y prennent naissance ef font corps avec eux. Des branches rapprochées où du même arbre ou d'arbres voisins, fmissent quél- quefois, lorsqu'il y a surtout analogie entre eux,, par devenir tellement adhérentes ; que le rappro- chement n’en fait qu’un seul et même individu qui se prolonge. d’ai vu ce phénomène à Erme- nonville, non: loin de l'ile -des Peupliers. On le remarquait encore ; en 1891 , dans la forêt deda Rousse, commune de Siinandre , près de Bourg, :-département.de l’Aïn, sur deux chênes, ‘connus P , depuis .deux.siècles sous le nom des Deux Mariés, “dont l'administration : forestière avait, toujours , jusqu'alors, le soin de stipuler la conservation, au, témps des coupes et ventes-de bois dans cette par- tie de la forêt. Comme j'ignore. s’ils existent en- core, on me pardonrera de parler avec détail du phénomène tel qu’ils le présentaient alors,puisquele sujet sert decorollaire à celui quim’occupe.Ces deux chênes sont situés à environ quatre mètres de dis- tance l'un de l’autre; leur circonférence est de douze à seize décimètres à la-:cemture , et le dia- ‘mètre du premier est un peu inférieur à celui du second. Tous deux s’élancent verticalement, mais à la hauteur de trois mètres et demi, le tronc de l'an se courbe en équerre, et, formant un angle presque droit, projelte horizontalement sa tige sur celle de l’autre, elle:s’y implante , et se confond totalemeüt avec elle, sans bourrelet ni fracture, GREF pour ne donner qu’une seule flèche , perpendicu- laire sur le fût de l'arbre avec lequel elle s’est in- corporée. Cette flèche unique s’élance de là à dix mètres de haut, et présente à sa cime un joli bou- quet de branches bien feuillues. Les deux arbres réunis simulent exactenent la figure de la lettre h; Ja partie inférieure est l’image d’un arc de triom- phe rustique: La conclusion naturelle de ces faits est que l’homme, qui en a été frappé, a essayé d’imiter l'exemple offert à ses yeux investigateurs, et que, sa tentative ayant été couronnée de succès, il a par suite créé les divers procédés en usage au- jourd’hui. Les bases de l’art de greffer sont le produit de l'expérience; elles sont aussi vraies , aussi solides que le sont les lois du calcul; elles consistent 1° à demander une certaine analogie entre la Greffe et le sujet; en d’autres termes, la partie que l’on veut enter et l’arbre sur lequel se fait l’opération, doi- vent être, sinon du même genre, au moins de genres très-voisins et appartenant à la même fa- mille. Le sujet prend le nom de Franc quand la Greffe provient d’une variété de son espèce. Les Greffes hétérogènes peuvent prendre avec vivacité, mais aucune n’existera long-temps. La propriété de durée ne peut se trouver que là où il y a coïnci- dence parfaite entre la séve, le tissu de l'écorce, la permanence ou la chute des feuilles, les qualités des sucs propres, les époques de la floraison et de la maturité des fruits. 2° À choisir les instans les plus avantageux de la séve, soit dans son ascen- sion, soit dans son plein, soit enfin dans sa des- cente, 3° À mettre en contact direct et absolu les libers des parties greffées, et les vaisseaux des étuis médullaires , afin d'ouvrir un libre cours {à leurs fluides montans et descendans : plus les re- lations sont rendues intimes, plus prompte est la réusite, plus est simultané le développement de la Greffe. 4° À employer le moins de temps possible dans l’opération, beaucoup de justesse dans l’union des parties, d'intelligence et d'activité, pour faire tourner au profit de la Greffe, et en assurer le succès, toutes les circonstances météorologiques susceptibles de lui être favorables, et à neutraliser, autant que l’humaine industrie le peut, celles qui Jui sont nuisibles ou seulement contraires. Quoi que l’on en ait dit, la nature du sol peut visiblement influer sur la Greffe, mais dans aucun cas le sujet ne change son caractère essentiel; il le modifie souvent ,} témoin cet arbre d’Altenbersg , en Saxe , que la hache barbare des esclaves russes n’osa point abattre, lors de leur funeste invasion en 1812, lequel porte 268 Greffes différentes placées sur un seul tronc, et qui rapportent pres- que toutes dans la même année fleurs et fruits. Gette variété de formes et de couleurs offre un effet très-singulier et l’a mis à l’abri de la dévas- tation. Il subsiste encore. Ce cas tout particulier ne détruit point la théorie de la Greffe; il prouve que l’on espérerait en vain obtenir par cette voie des variétés nouvelles. * Toutes les modifications que la Greffe subit se remarquent dans la grandeur, le port, la robusti- cité, la fructification plus ou moins abondante, la grosseur et la saveur des fruits, la qualité des graines , et la durée des individus. Citons quelques unes de ces modifications, d’après André Thouin, dont j'ai suivi très-exactement les travaux, et à qui la science est redevable d’une excellente mo- nographie des Greffes. a. — Les Pommiers, greffés sur franc, montent de sept à huit mètres, tandis que, greffés sur Pa- radis, ils atteignent au plus à deux mètres. Le Sorbier des chasseurs, venu des graines, acquiert la hauteur d’un arbrisseau; greffé sur Aubépine, il gagne un mètre de plus. L’Erable à semences velues de l'Amérique du nord, Acer eriocarpum , greffé sur Sycomore, devient un arbre touffa de seize mètres de haut; tandis que, provenu de ses semences , il arrive à peine à dix mètres. b. — Venu de graines, le Ragouminier, Prunus pumila, rampe sur la terre et gagne ‘au plus soixante centimètres de haut; tandis que, greffé sur Prunier, ses tiges sont droites, réunies en faisceau , et montent à près de deux mètres. Il en est de même du Cytise à feuilles sessiles, qui, de grêle sous-arbrisseau, donne un buisson touffu, bien arrondi, haut d’un mètre et demi, lorsqu'on l'a greffé sur le Cytise des Alpes. Le Robinier pygmée, franc de pied , se couche sur ;le sol, et relève à peine l'extrémité de ses rameaux ; greffé sur le Caragan de Sibérie, Caragana arborescens, il fournit une touffe arrondie, du plus bel effet, et pendante vers la terre. c. — Le Néflier du Japon, greffé sur Epine- blanche, s’est acclimaté sous la zone de Paris , et passe l’hiver en pleine terre. Le Pistachier du Le- vant, Pistacia vera, L., greffé sur Térébinthe, et le Chêne à feuilles de saule, Quercus phellos, grefté sur Yeuse, résistent à nos gelées de 12 degrés et demi et même de 20 degrés centigrades. d, — Les Sorbiers des oiseleurs et de Laponie, les Pommiers hybrides et à bouquets, greffés sur Aubépine et sur Pommier sauvageon, se chargent deux fois plus de fruits que les individus nés de semences, tandis que les Robiniers rose, satiné, visqueux, donnent rarement des graines et en très-petite quantité, lorsqu'ils sont greffés sur d’au- tres epèces du même genre, e. — Beaucoup de fruits charnus , particulière- ment ceux à pepins, sont plus volumineux sou- vent d’un cinquième, d’un quart, quelquefois d’un tiers et même de la moitié, sur les arbres greffés, que ceux de la même espèce ou variété venus de semences. Quant à la saveur, elle est également supérieure ; mais elle varie selon Ja nature du sujet; ainsi le Prunier dit de Reine- Claude, greffé sur certain sauvageon de son espèce, donne des fruits insipides, quand il en donne d’excellens sur d’autres espèces ; ainsi , le Cerisier, greffé sur Mahaleb , sur le Laurier-cerise ou sur le Merisier des bois, rapporte des fruits aussi dif- férens que le sont les fruits du sujet. f. — Le grossissement du péricarpe influe rare- ment sur le volume des graines, mais elles son!, en général, plus développées, mieux nourries , plus | | comte qe "GREF plus nombreuses et plus fertiles sur les individus provenant de semences que sur ceux qui sont greffés. Gette différence est d’antant plus sensible - que les individus sont cultivés depuis long-temps . | ét qu'ils s’éloignent davantage de leur état naturel. .— Enfin , la plupart des arbres fruitiers , sur- tout ceux de la division des fruits à noyaux, vivent beaucoup moins lorsqu'ils ont été greffés que lorsqu'ils sont venus de semences. Parmi les ar- bres fruitiers à pepins, dans le genre Pommier, par exemple, le maximum de la longévité des indigidus greffés sur Paradis est de quinze à vingt- cinq années ; sur franc ils atteignent cent vingt ans ;’ mais proviennent-ils de semences, n’ont-ils point été soumis à la Greffe ni à la taille, ils dé- passent hardiment dewx siècles. L’effet contraire s’observe quelquefois parmi les arbres des autres séries, principalement parmi ceux exotiques : ceux-ci, greflés sur des espèces indigènes robustes, - vivent plus long-temps que les individus du même pays venus de graines , tels sont les Pavias rouge et jaune greffés sur Marronier, etc. Beaucoup de livres ont été publiés sur la Greffe ; une foule de noms illustres se rattache à son his- toire. Dans le nombre, quatre réclament une mention toute particulière : Duhamel du Monceau qui a, le premier, classé méthodiquement les différentes sortes de Greffes et les a partagées en cinq sections , auxquelles il a donné les noms de - Greffe par approche, Greffe en fente, Greffe en couronne, Greffe en flûte et Greffe em écusson; Rozier qui leur ajouta la Greffe par juxta-position; Gabanis qui compte huit sortes de Greffes, les cinq de Duhamel, puis la Greffe emporte-pièce, la Greffe sur racines et la Greffe en bourgeon rapporte; et André Thouin, qui les restreint toutes à quatre sections seulement , celle des Greffes par approche ou qui s’opèrent au moyen de quelques unes des parties des végétaux adhérentes à leurs troncs enra- cinés ; celle des Greffes par scions que l’on pratique avec des parties ligneuses séparées d’un individu ct transportées sur un autre; celle par our geons, opérée au moyen des yeux levés, avec la portion d’écorce environnante, sur un végétal pour être posés sur un autre ; et celle herbacee que l’on obtient des tiges herbacées des arbres , des plantes vivaces, et même des plantes annuelles. Ne pouvant ici donner à chacune de ces sections tout le développement que leurs auteurs ont cru devoir leur accorder , ni même citer les caractères _des diverses sortes de Greffes qu'ils ont admis ( celles de Thouin s'élèvent à 120 }, je renvoie à leurs ouvrages. Je vais dire seulement ce que l’on doit entendre par Greffes en fente ; en onglet , en flûte, en couronne, en écusson, par approche et en herbe (v. la pl. 190 de notre Atlas, fig: A, B, G,D,E,F et G),comment il faut faire les pou- .pées et les ligatures (fig. 28 à 31}, et les instru- mens qu’il convient d'employer (fig. 33 à 57). L. GRerre EN FENTE (A). —Le caractère distinctif de cette Greffe est de se faire avec des ramilles de soixante centimètres, saines, vigoureuses, à écorce Jisse, ou de jeunes pousses de la dernière séve, mu- 222° Livraison. T, HIT. 489. EE GREF nies de deux, de cinq ou d’un plus grand nombre d'yeux bien nourris; pour les poser, on est obligé d'étêter le sujet À; et d’y pratiquer des fentes pour y introduire la Greffe taillée, avec une serpette bien tranchante, en forme de coin de huit centimètres de long sur la partie du rameau dont le bois est âgé de deux ans (fig. 1 et 2). Pour la placer sans effort ni solliciter de déchirures, on se sert d’un coin (fig. 3) où d’un zède (fig. 4), que l’on retire ensuite avec précaution ; le rapprochement des parties se fait alors naturellement, Si l’on craignait cependant qu'il ÿeût compression, on met un petit coin de bois vert pour remédier à l'inconvénient. Il importe de ménager les écorces, parce que ce sont elles seules qui reprennent, se soudent et font adhérence parfaite. Pour assujettir la Greffe on emploie un lien d'osier, puis on l'enveloppe de mousse ou de foin coupé menu et d’onguent de jardinier mêlés ensemble, et le tout se recouvre d'une poïgnée de foin maintenue par de la filasse, des lanières d’écorce d’orme ou d’un osier fendu (fig. 30 et 31). L’on a la précaution d'insérer dans le lien une petite branche plus élevée que la Greffe, et plus inclinée, pour servir de jachoir aux oiseaux qui, sans cela, s’arrélant sur le jet de la Greffe elle-même la briseraient ou du moins la déplace- raient. Cette sorte de Greffe se pratique à la fin de mars et au commencement d'avril; dans quelques lo- calités on la fait à la mi-février, aussitôt que la tem- pérature s’adoucit elqu’elle permet de reconnaître à l'œil, par le gonflement des bourgeons, un mouvement sensible dans l'ascension de la séve. Cette dernière époque est excellente pour les an- nées chaudes et précoces ; mais durant les autres, qui sont les plus communes , elle expose la Greffe à se dessécher par l'effet des gelées ou à périr par l'abondance des pluies. Le plus sage est de cueillir ses Grefles en février, de les piquer peu profondé - ment à l’ombre et au nord sur une terre aérée et entretenue légèrement humide; on les emploie ensuile, celles des fruits à noyau du 29 mars au 19 avril; celles des Poiriers sur Goignassier du 10 au 25 avril; celles des Poiriers sur franc du 20 avril au 10 mai; celles des Pommiers du 10 au 30 mai. La température et les progrès plus ou moins rapides de la végétalion devant servir de régulateur, je ne cite ces données que comme faits personnels; je feraiseulement observer que l'instant favorable pour greffer (et cette connaissance s’ac- quiert promptement par l'expérience et la prati- que) est celui où les feuilles sont développées. Il y a positivement et sous tous les rapports plus d'avantages à retarder l’époque de la Greffe qu’à l’avancer. S Cabanis dit avec raison que ceux qui re- commandent de faire coïncider exactement les épidermes ensemble se trompent ou s'expriment mal, car, l’écorce du sujet étant d'ordinaire plus épaisse que celle de la Greffe , le Liber de celle-ci, sous lequel ia séve ‘doit couler. pour l'union dé- siréc, se trouverait répondre seulement au milien ou à quelque autre point discordant de l'épaisseur 62 oo { 90 VS JGREF corticale du sujet ; et conséquemment en danger de ne s’y point unir. Ilest donc essentiel que l'é- corce du sujet: dépasse un peu celle de la Greffe , dansttous les cas où celle-ci se trouve plus mince, et au contraire dans le cas opposé. Le Noyer, le Figuier, le Ghâtaignierme suppor- tent point la Greffe en fente; elle réussit diflicile- ment sur l'Abricotier , le Pêcher , le Mûrier. Tous les autres arbres fruitiers, soit à pepins, soit à noyaux, l’admettent volontiers; elle réussit égale- ment sur Ja Vigne; elleest très-usitée pour les sauvageons Lirés des forêts. On Greffe en fente sur racines, sur boutures et pour se procurer des marcottes enracinées. Quand on opère sur des racines pivotantes que l’on coupe, il faut agir comme pour une tige d'arbre. Est-ce une racine horizontale que l’on ne coupe point, on la fend dans le sens de sa longueur; s'agit-il d’une bouture de Coignassier, par exemple, on pose sur le haut un rameau de Porrier et des racinespar le bas; afin d'accélérer la reprise et l'accroissement. On a re- cours aü même procédé que pour les racines, quand on désire des boutures enracinées d’une variété précieuse , ou bien lorsqu'on veut fournir des racines à un arbre qui n’en a pas en nombre suffisant. La Vigne que l’on soumet à la Greffe en fente pratiquée sur souche coupée un peu au dessous du sol et recouverte de terre jasqu’au se- cond œil, n’a nul besoin d’être arrachée pour en voir renouveler l'espèce. On ne perd qu’une année, au lieu que par l’arrachage on demeure au moins trois ou quatre ans sans jouissance, en même temps qu'il exige de grands frais de culture et d'achat. Lorsque la Greffe est pratiquée convena- blement, on obtient de suite de très-bon bois et des fruits excellens l’année suivante. ( Voyez au mot Viens.) Il. Gresre EN oxGLET (B). — Sorte de Greffe en fente qui se fait de deux manières ; la première est plus compliquée que la seconde. Dans l’une, fig. 5 et 6, le sujet et la Grefle sont coupés en talus; on pratique ensuite une incision commen- çant à neuf millimètres au dessous de l'extrémité du sujet et se terminant, parallèlement à sa pre- mière coupe, au tiers de son épaisseur ; et dans la longueur de neuf à quatorze millimètres. On met la Greffe en rapport en emportant sa partie la plus basse dans les deux tiers de sa largeur et dans une longueur égale à celle du morceau en- levé au sujet. On ajuste les libers, en ayant soin de placer la Greffe sur un des bords du sujet, ou, si l'espace est suflisant, on en mettra deux au lieu d'une, afin de faire coïncider les écorces dans tous les points. La seconde méthode, fig. 7 et 8, consiste à couper en biseau le sujet et la branche que l’on veut implanter dessus ; on incise ensuite vertica- lement la Greffe et le sujet; puis on les ajaste de mañière à ce que Je copeau intérieur de l’une entre dans l’incision de l’autre, ; Il, GREFFE EN FLUTE ( C ). — Cette Greffe s'appelle aussi en chalumeau , en canon ; en cor- nuchet, en tuyau, en anneau, et surtout en sif- GREF KE] flet, parce qu’elle ressemble au sifflet, qui inspira un très-piquant article à Franklin , au sifflet que les-enfans s’amusent à faire aa printemps avec le bois dont l’écorce est tendre et se détache facile- ment. Elle consiste à couper net une jeune bran- M che bien parallèlement à son axe, un peu au des- sous d’un ou plusieurs yeux; ensuite on cerne | totalement l'écorce que l’on tourne avec adresse et force pour la détacher de l’aubier et obtenirun véritable anneau ( fig. 10 et 11 ). Pour disposer le sujet, on cherche sur sa longueur une portion de tige à peu près du même diamètre que le cylindre de la Grefle ( fig. 9 et 12 ); on le coupe horizon- talement à cette place , et parune incision cireu- laire au dessous, on se met en mesure d'enlever un anneau de l'écorce égal à celui de la Greffe que l'on doit lui substituer. Nul besoin d'employer des liens si l'opération est bien faite. La Grefle en flûte est généralement employée pour lamultiplication des grandsarbres fruitiers des vergers agrestes; elle convient de même à quelques espèces d'arbres étrangers à bois dur qu’on élève en pépinière; elle se pratique depuis la première séve jusqu'à la mi-septembre ; elle est d'usage ha- bituel dans nos départemens de la Haute-Vienne et de la Corrèze, sur le Châtaignier et le Noyer ; elle réussit fort bien sur Ie Marronier, le Chin- capin; pour qu’elle soit heureuse sur Je Figuier , il faut profiter du moment où les yeux se dispo- sent à s'ouvrir ct à pousser. Le temps le plus pro- pice pour pratiquer ectte Greffe-est un ciel doux, sans pluie, aux heures où les rayons solaires ont peu de chaleur , et où le hâle ne peut enlever la séve visqueuse qui suinte des parties dépouillées d’écerce. Elle demande une sorte de précision pour met- tre en rapport les diamètres. Quand celui du sujet est plus grand que celui de la Greffe, on ne fait lincision inférieure de l'écorce (fig. 9) que sur une portion dela circonférence, puis on la fend longitudinalement de ce côté ; l’on soulève ensuite Técorce des deux côtés, de manière à ne laisser à nu qu’une portion du bois, on fend la“Greffe sur le côté opposé à l'œil, on Fapplique sur la portion à découvert , et les deux morceaux d'écorce étant rabattus dessus, on les assujéttit par un lien ( fig. 28 ). Mais si le sujet, au contraire, est d’un diamètre moindre, enlevez totalement l’an- neau de l’écorce ; celui de la Greffe étant fendu, comme je viens de le dire, on en retranche une bande , de manière à ce qu'il entoure juste la por- tion décortiquée du sujet. L'on peut placer la Grefle sur le sujet plus ou moins près du sol, ou bien à son niveau, et même au dessous, IV. Grerrg EN couronne ( D). Quand les arbres sont d’une grosseur à faire craindré une mauvaise chance pourla Greffe en fente, on a re- cours à celle en couronne, La différence consiste en ce que pour cette dernière méthode on ne fend point le sujet;:mais, après l’avoir scié et paré comme pour la fente (fig. 13 }; on détache le corce du bois avec un pelit coin en ivoire ou en buis (fig. 35 ); on introduit les Grefles ; car on . ia i GREF eut en mettre plusieurs autour de la coupe, en les tenant à cinquante-quatre millimètres de dis- | tance les unes des autres , et c’est de cette dispo- sition que cette sorte. de Greffe a pris le nom . qu’elle porte. On recouvre ensuite les plaies tout | autouret l’aire même de la coupe avec de l’argile, | ou bien avec une poupée d’onguent de jardinier | faité avec du foin, et tenue au moyen d’un lien d’osier, pour empêcher l’évaporation de la séve et favoriser la cicatrisation des plaies ouvertes sur le sujet ( fig. 14, 15 et 16 ). Au lieu d'introduire un coin pour décoller l’é- corce et l’écarter de la partie ligneuse, quelques jardiniers et pépiniéristes se servent du grefloir (fig. 55 ): Après avoir fait lincision longitudi- nale , ilsen pratiquentune seconde, parallèle à lapremière , depuis le haut ; ils forment ainsi un zeste, qu'ils lèvent avec la spatule du Grefloir , et dont la largeur est la moilié de celle de la Greffe; 4 ils soulèvent ensuite l'écorce cale, pour y insineer un des bords de la Greffe , defaçon que l’autre bord:s’ajuste au long de l’é- corce du sujet du côté gauche, qu’ils ne décollent point. La ligne de cette dernière jonction est en- suite recouverte par le zeste d’écorce. On peut encore lever une pièce d’écorce assez large pour que, dans sa place , on loge la Greffe sans soulever l'écorce da sujet ni à droite ni à gauche ; ou bien encore partager-cette pièce en deux bandes ; dont chacune s’applique sur chaque ligne de jonctian de la Greffe avec le sujet. Maïs ces:mv'yens doivent être laissés à l'amateur; ils ne conviennent point à celui qui travaille en grand. La Greffe:en couronne se fait après que la séve a commencé à couler entre le bois et l'écorce, afin que celle-ci puisse se détacher plus facile- ment. On l’applique aux branches dégarnies des espaliers : on ne coupe point ces branches , on ouvre seulement sur leur écorce des incisions, ct on y place les Greffes: On l’opère sur les vieux ar- bresique l’onveut rajeunir ;'elle est très-favorable aux Gerisiers; elle réussit très-bien sur les jeunes arbres et les préserve des chancres, des ulcères et de la poürriture qui déshonorent presque tous les individus greflés en fente. Quoiqu’elle n’entre point dans le bois comme cette dernière, elle ne laisse pas d’être solide , parce que l’union des sé- ves/selait à une époque où le bois , aussi bien que l'écorce , en est abreuvé de toutes parts : unies de Ja sorte, les Greffes en couronne deviennent ligneuses:enmême temps, elles forment le nou- veau cylindre qui augmente la grosseur du sujet, et! font avec'lui un seul et même corps , nullement exposé à s'éclater, comme il arrive aux Greffes . en fente. Quand. elle ne réussit pas, Ce qui est fort rare, on peut la recommencer à la même hauteur. Ellesest très-expéditive , se soude promp- tement avecle sujet, et sa plaie se cicatrise d’au- tant plus vite que son existence coïncide davan- tage avec la marche de la séve. Elle se fait en conséquence -lorsquelestsujets sont assez en séve pour quüe-leur {écorce /se sépare du bois avec faci- à droite de ce zeste, englissant Ja spatule le long de l'incision verti- lité, netteté, vers la fin d’avril ou dans les com- mencemens de mai, avec des rameaux cueillis en janvier ou en février au plus tard. On greffe en couronne sur le côté pour rénou- veler les Oliviers, de même que l’on se sert de la Greffe en couronneentre deux sèves pour les arbres difficiles à multiplier par les autres Greffes ou qui se montrent rebelles à leur action. V. Grerre EN Écusson ( E ), — On donne le nom d’écusson à une plaque d’écorce sur laquelle est un œil, parce que sa figure a quelque rapport avec une pièce de l’orgueilleux et sot blason (fig. 17, a8 et 19 ): c’est l'espèce de Grefle la plus universellement estimée , celle que l’on pra- tique le plus sur les plants de sauvageens âgés de un à cinq ans, et sur tous les arbres à fruits, la Vigne, le Noyer , le Châtaignier, le Figuier, le Mürier, le Néflier et l’'Aubépine , à moins que ces deux derniers arbres ne soient fort jeunes. La Greffe en écusson est de deux sortes, à œil dormant et à œil poussant. La première est pres- que uniquement pratiquée dans les pépinières sur des sujets de deux outrois ans, ou sur de jeunes rameaux d'arbres plus vieux, vers le milieu ou la fin de l'été , lorsque la végétation , devenant moins active, conserve encoreun mouvement assez sen sible pour permettre que la séve du sujet et celle de la Greffe se mélent ensemble avant que l’écus- son puisse être desséché. Cette Greffe réussit ra- rement sur les grosses tiges , dont lPécorce est épaisse et d'ordinaire un peu sèche. La Greffe à œil dormant se fait de plusieurs facons, et son époque n’est pas tellement fixe qu’on ne puisse l'avancer ou la reculer selon que les années sont plus ou moins précoces, plus ou moins humides , et suivant les diverses espèces d’arbres. Juge Saint-Martin, de Limoges , qui fut un agriculteur très-distingué, a montré les relations intimes qui existent entre le mouvement dela séve et le cours du soleil, par l'exemple de la Greffe dont nous parlons, laquelle pousse de suitelorsqu’elle est faite au moment du solstice et ne donne aucun signede développement quand on l’opère après cette époque. On a voulu nier ce fait ; mais il est attesté par une foule de praticiens expérimentés. Quant à la Greffe à œil poussant , elle est moins en usage que celle à œil dormant, parce qu'elle excite la fougue de la séve et qu’elle noie le plus souvent les écussons. Cependant, faite aux pre- miers jours de mai sur des Gerisiers, elle réussit très-bien; en la différant en juin, son succès est plus que douteux, ces arbres étant alors sujets à se charger de gomme. Palisot de Beauvois a re- marqué sur un-Rosier que cette Greffe tardive n’a poussé que deux ans après son insertion. Pour moi, j'ai acquis la certitude que les deux méthodes d’écussonner peuvent être également employées ; seulement ; lapremière est plus expé- ditive que la seconde. On fend transversalement l'écorce depuis l’épiderme jusqu’à l’aubier, puis on fait une section perpendiculaire au dessus ; en forme de T renversé (4); on écarte les deux lèvres pour donner passage à l’écusson, puis on les GREF: rapproche par dessus, afin de ne laisser aucun vide; on ligature, et l'opération est terminée. En peu de jours la Greffe est parfaitement unie au sujet. Les arbres destinés pour basse-tige s’opèrent dans l’endroit le plus convenable et le plus com- mode, un peu au dessus de la surface du sol; ceux pour demi-tiges ou pour hautes liges peuvent être indistinctement greffés en bas ou en haut de la tige. Cette méthode , entièrement opposée à celle ordinaire, est plus sûre ; elle réussit à mer- veille sur le Ghâtaignier, sur le Chincapin et sur le Robinier, regardé comme l’écueil où viennent échouer les plus habiles greffeurs. Si l’on retarde à la fin de juillet, à, la fin d’août et même aux premiers jours de septembre , l'opération est man- quéc; la séve, trop abondante, noie les grefkes. Nouvelle preuve en faveur de l'observation de Juge Saint-Martin, que je m’honorerai toujours d’avoir eu pour ami. VI. Grerre PAR APprocne (F).— Elle consiste dans J’union d’une branche d'arbre, jeune et mince, sur le tronc d’un arbre plus fort, situé dans son voisinage (fig. 20 à 23); l’écorce s’en- lève aux deux points de contact , on les assujettil par un lien (fig. 29), de manière à ce qu'ils ne puissent pas se déranger. On peut employer cette Greffe dans presque toutes les saisons ; ilsuffit qu’il y ait un peu de séve pour que Ja réussite soit assu- rée. C’est un moyen d’avoir en fort peu de temps des arbres en plein rapport, et même de doubler tout d’un coup ses plantations. L’on a justement comparé la Greffe par approche aux marcottes ; comme elles, cette Grefle vit aux dépens des ra- cines du sujet. Elle est excellente pour donner de la solidité aux clôtures, aux haies de défense, pour procurer aux arts et à la construction des bois courbes, anguleux, de toutes les formes, pour ‘prolonger l'existence des vieux arbres et pour produire des effets inaltendus, pittoresques, dans les jardins paysagers. Thouvenel, de Pont-à-Mousson, a heureusement réuni celte sorte de Grefle à la Greffe en fente latérale; il multiplie ainsi les surfaces de contact et augmente d'autant les chances de la réussite, Sa Grefle, dont l'invention date de 1825 ; se pra- tique en incisant obliquement le sujet quelques centimètres au dessous ou bien au dessus de terre; on prolonge cetie incision de haut en bas, de dehors en dedans, en pénétrant de vingt-sept à quarante millimètres. Veul-on que la Greffe adhère par approche, on enlève au dessous de l’incision un peu d'écorce, on taille ensuite la portion de bois incisée en forme de coin. On opère en sens inverse sur la branche de même gresseur qui doit servir de Greffe ; mais on lui donne plus de lon- gueur afin de pouvoir l’enfoncer dans la terre, remuée à cet effet autour du sujet. Arrivée à la hauteur de celui-ci, on l’ajuste de façon à faire entrer le coin de l’une dans l’incision de l’autre ; on lie. avec du jonc, de la filasse ou de la laine pliée en quatre «si lé sujet est délicat; s’iline l’est pas, on se sert d’une branche de saule fendue en deux; on enduit les points de réunion avec l’on- 492 | GREF guent de jardinier, ou mieux encore avec de la résine mêlée à de la terre glaise ou bien à de la poudre de gomme: La Greffe Thouvenel est préfé- rable pour les pelits sujets ; on peut l’employer pour la Vigne; mais alors on la pratique un peu au dessous du niveau du sol, puis on couvre de quelques centimètres de terre seulement. VIL Grerre EN Herse (G). —d’ai le premier publié dans ma Bibliothèque physico-économique de septembre 1820, tom. vit, p. 145 et suiv., le Mémoire de Tschudy sur cette Greffe, dont il est l'inventeur, Il a désavoué l’Essai sur la Greffe de l'herbe des plantes et des arbres, imprimé par la Société d'agriculture de Metz, et m’a envoyé son travail revu et complétement corrigé. Cette re- marque est importante pour ne point imputer à l’auteur les erreurs de physiologie végétale que contient la première édition, qu'il ne faut plus citer. L'invention de la Greffe herbacée remonte à l’année 1817. Elle se pratique à peu près d’après les procédés de la Greffe en fente et de la Greffe par approche, avec les jeunes pousses herbacées des arbres, dans le fort de la séve, ou avec des plantes annuelles. Pour les arbres, on choisit une jeune tige vigou- reuse , on la coupe à vingt-scpt millimètres au des- sus de l'implantation du cinquième’ pétiole, s’il a pris sa distance sur la tige, faute de quoi l’on Greffe par la troisième ou la quatrième feuille ; on incise entre deux yeux jusqu’au centre du cy- lindre de la tige dans l’aisselle de chaque feuille, et l’on yinsère la Greffe d’une tige-herbe ; on met les pélioles en rapport de manière à former entre eux un angle de go centimètres. Un fil de laine suflit pour serrer celte Greffe et la maintenir (fig. 26 et 27). On Greffe sur l'herbe continue des tiges radica- les avec scion formé de bois de première séve, ou de bois mûr, ou de bois gardé : le Cerisier, le Mélèze, les Sapins; avec pétiole tronqué: la Vigne, le Noyer, le Ghâtaignier ; avec deux pétioles op- posés : le Marronier , le Frêne, leChincäpin , etc. Les plantes annuelles se greffent avec une grande facilité. L'on place le Ghou-fleur sur Chou-cava- lier ou Brocoli pour obtenir de très-belles têtes du premier dès le commencement d’octobre. Le Concombre est le meilleur sujet pour recevoir la Greffe du Melon; en opérant en mai, on a,au bout de cinquante jours, des fruits mûrs eb exquis. On enteun Arlichaut sur Chardon lancéolé (fig. 24 ct 25) ; sur Pomme de terre, l'Aubergine, l’Alke- kenge ,, le Poivre long , la Tomate et même le Da- tura; mais pour celte dernière plante il est à craindre que les tubercules ne contraëtent quel- qués unes de ses fâcheuses propriétés. La Greffe du Gotonnier, placée sur les grandes Ketmies, Hibiscus vitifolius et H. populneus , réussit parfai- tement. J’ai obtenu de superbes épis de Moha, Panicum moha , greffé sur des Onagres;: OEno- thera biennis , elc. sibr en! On peut:greffer les feuilles des Pins , de l’Oran- ger, de la Vigne, et même les vrilles et le simple pédoncule, En un mot, il paraît que toutes les Fr : GREL parties herbacées sont susceptibles de servir dans cette Greffe ; il suffit de l’insérer dans le voisinage d’une feuille vivante du sujet. Gette feuille sert à appeler la séve dans la Greffe, elle en facilite la reprise et le développement. Les ustensiles nécessaires pour l'exécution de toutes les Greffes sont le greffoir ordinaire (fig. 33) qui porte deux lames d’acier, un manche strié pour mieux tenir dans la main , et une spatule en ivoire , ou bien le greffoir perfectionné de Madiot (fig. 34), à lames en platine; une serpette; un pe- tit ustensile (fig. 55) pour séparer, dans les Greftes en couronnes , l'écorce de l’aubier à l'endroit où l’on veut introduire un jeune scion : il est armé d'un petit bec d'ivoire creusé en gouttière; une petite scie à main; un couteau (fig. 36) qui sert d’abord à fendre le sujet, et ensuite , au moyen du coin placé à une de ses extrémités, à écarter les deux parties de la tige tandis que l’on introduit la Greife ; enfin, un maillet d’un bois assez dur (fig. 37) pour faire pénétrer le couteau (fig. 36) dans les tiges que l’on veut fendre. Observations. —1° Quand on considère toutes les sortes de Greffes, on n’en vois réellement que deux , celle en écusson et celle en fente; les au- tres n’en sont que des modifications. La Greffe par approche elle-même, qui paraît au premier coup d'œil si différente, n’est à bien prendre qu’une Greffe en rameau à œil dormant.—2° Si l’on est contraint de ne faire ses Greffes qu’en juin et juil- let, pour obtenir du succès, il faut arroser les pieds des rejets et humecter doucement la calotte des Greffes; on est certain ‘alors du développe- meñt des bourgeons au bout de dix à douze jours; souvent même il y aura supériorité dans ces Gref- fes tardives sur leurs aînées.—3° Il y a des départe- mens où l'on plante le sauvageon à demeure, et où on ne le greffe que l’année d’après la planta- tion, parce qu'on présume que le sujet n'aurait pas assez de vigueur pour alimenter la Greffe ; c'est une erreur qui fait perdre une année. (T. ». B.) GREFFE ANIMALE. (Puysrou.) Les lambeaux de peau entièrement séparés du corps d’un ani- mal peuvent y être , selon quelques auteurs, promplement réunis, lors même qu'ils ont perdu toute leur chaleur et qu’on les change de place. Cette opération est appelée Greffe animale. Des expériences faites:avec soin n’ont point offert les résultats promis. Dans tous les animaux soumis à l'épreuve, les lambeaux de peau, après avoir été entièrement ou presque entièrement détachés , puis appliqués de nouveau et maintenus avec soin, sont tombés en suppuralion ‘au bout de quatre; cinq ou six jours , quoique l’on eût pris toutes les précantions convenables pour ne point leur laisser perdre la chaleur avant de les réunir aux parties dénudées. (T. ». B.) .GRÉLE. (méréon. ) Il n’est pas de fléau plus affreux que la Grêle ; elle ne se contente pas, comme la foudre, de frapper la cime élevée d’un ärbre solitaire , ou de briser la toiture et les clo- chers de quelque haute église gothique , ainsi qu’il 495 GREL vient d'arriver tout récemment à la cathédrale de Strasbourg. La Grêle veut causer plus de maux, il lui faut faire plus de victimes ; elle étend sans pi- tié ses ravages sur des cantons entiers et quelque- fois sur des provinces ; elle anéantit totalement cette brillante récolte, l'espoir du laboureur , et là où se trouvait un champ couvert de belles et ri- ches moissons , elle fait succéder la destruction et la misère. Pour donner un mémorable exemple de ce fléau dévastateur, et des ravages qu’il peut exercer, nous emprunterons quelques passages au lumineux rap port que Tessier, de l’Académie des sciences, fut chargé de rédiger sur les suites du fameux orage à Grêle du dimanche 13 juillet 1788. Ce rapport est inséré dans la collection des Mémoires de l’Acadé- mie, année 1790, et c’est de là que nous tirons les renseignemens que nous indiquons ici. Cet orage commenca au pied des Pyrénées dans la matinée du 13 juillet 1788, traversa en peu d'heures toute l'étendue de la France, et se porta ensuite dans les Pays-Bas et la Hollande. Tous les terrains grêlés se trouvèrent situés sur deux bandes parallèles dirigées du sud-ouest au nord - ouest : l’une de ces bandes avait 175 licues de longueur, l’autre environ 200 lieues. «| On a reconnu que la largeur moyenne de la bande grêlée la plus occidentale était de 4 lieues, celle de l’autre de 2 lieues seulement. L’intervalle compris entre ces deux bandes ne fut pas grêlé ; il recut une pluie très-abondante : sa largeur. moyenne était de 5 lieues. Il tomba beaucoup d’eau, soit à lorient de la bande grêlée à l’est , soit à l'occident de la bande grêlée à l’ouest ; partout la chute du météore fut précédée d’une obscurité profonde qui s’étendit bien loin des pays grêélés. En comparant les heures de la Grêle dans les différens lieux , on trouva que l'orage avait une vi- tesse de 16 lieues 1/2 à l'heure. Dans chaque lieu la Grêle ne tomba que pendant 7 à 8 minutes, les grélons n’avaient pas tous la même forme ; les uns étaient ronds, les autres longs et armés de pointes; les plus gros pesaient une demi-livre. «Les momens qui précédèrent l'orage furent re- marquables par plusieurs phénomènes, surtout par un bruissement considérable et par une obscurité extraordinaire. Le bruissement, occasioné par la chute des grêlons qui se choquaient les uns contre les autres, et frappaient fortement la terre à quel- que distance du licu d’où on les entendait , était véritablement effrayant, et inspirait un sentiment de peine et de terreur involontaires. L’obseurité, due à la couleur noire de lamuéc et à son peu d'é- lévation au dessus de la terre, était telle qu’on ne pouvait ni lire ni écrire sans lumière dans les ap— partemens , quoique le jour fût avancé, Elle a été sensible même dans les lieux éloignés de ceux où il a grêlé ; entre autres à Maurières dans le Maine, à Boulogne-sur-Mer, à Anvers, à Louvain, à Bruxelles. C’est cependant vers le milieu du jour que l’orage était le plus près de ces villes, Getie GREL 494 GREL 0 obscurité péut. se éoniparer à celle d’une éclipse céntrale de soleil, » Dans un autre passage de son rapport, Tessier s’exprime ainsi : € On assure que des bêtes à cornes et des bêtes à laine en ont été victimes : des lièvres, les lapins même, les perdrix , les faisans , les pi- geons eblautres oiseaux, surpris par l'orage ou n’ayant pu trouver des abris, ontété tués ou es- tropiés. » Deséglises, des maisons ; des granges, des han- gars, et autres bâtimens en très-grand nombre , ont été renversés ou découverts, surtout dans la bande de l’ouest; au village de Sours, près Char- tres, l’église et trois mouhns-ont été ababtus; un des moulins a été porté à irente pieds de son as- siette, et son arbre jeté à quatre-vingts pieds de sa place. Partout les vitres des habitations et les chäs- sis des jardins ont été brisés el pulvérisés. On a compté onze muülle sept cent quarante-neuf carreaux mis en pièces dans le château de Rambouillet et ses dépendances. Dans le pare, il s’est trouvé plus de mille pieds d'arbres de haute tige qui avaient été ou abattus ou teilement maltraités, qu'il a fallu les arracher. La Picardie eut à regretter la perte de tous ses pommiers, et toutes les vignes qui se sont trouvées sous l'orage perdirent leurs fruits et leur bois , perle qui ne pouvait se réparer qu'après trois années d’une culture infructueuse, Fromens, sei-, gles , ogges, avoines, pois, fèves, haricots, len- tilles , trèfles , luzernes , etc., rien n’a été épargné. Tous les végétaux, toutes les plantes céréales, tous les arbres d’espaliers, tous les jeures taïllis furent anéantis ; enfin, pour términer celte longue énu- mération de ravages , nous dirons que la perte to- tale fut évaluée par une commission d'enquête à l'énorme somme (bien inférieuréaax pertes réelles) de °4,962,005 livres tournois, supportée par mille trente-neuf paroisses. » na 2 Voilà quelles sont les suites affreuses dé cet épouvantable météore; heureusement de pareils exemples se renouvellent rärément; mais si la Grèle ne dévaste pas chaque année d'immenses provinces, si, en quelques heures, elle ne traverse pas la France dans toute sa longueur , si elle ne cause pas chaque année pour 24,062,093 livrés de dommages, elle n'en brise pas moins les jnstes.es- pérances de nombreux habitans qui, courbés ‘pen- dant plusieurs mois sur le soc de leur charrue:; de- vaient croire à une récolte assurée. Les journaux de notre époque rapportent chaque jour les ravages causés dans le midi de la France par cet affreux méctéore. : Maintenant que nous avons parlé des nombreu- ses dévastalions de la Grêlé , examinons les formes et les dimensions qu'elle affecte, -et recherchons les circonstances atmosphériques dans lesquelles alle se produit; nous rapgporterons après les hypo- thèses que les physiciens ont faites sur sa formation, Dans toute la suite de cet article, nous aurons souvent recours. à l’excellente notice sur la Grêle publiée par Arago en l’année 1858, En Europe la Grêle tombe générale ment-péndant le jour , quelquefois le météore se produit pendant la muit; mais c’est alors dans des circonstances fort rares :-elle tombe ordinairement avant ou pendant que l’orage se résout en pluie; il:ÿ a peu d’exem- ples d’une Grêle survenue après la pluie d’un orage. Le nuage d’où elle part est peu élevé, on peut juger parfaitement de la distance , altendu que la Grêle ne tombe jamais sans que l’on entende le tonnerre; or, comme le bruit de la foudre, dans de pareils cas, ne met jamais plus d’une ou deux se- condes pour parvenir jusqu'à nous, ceci suppose, d’après les lois connues de la vitesse du son, une hauteur de 300 à 700 mètres, D'ailleurs il arrive souvent que les nuages d’où s’échappé la Grêle couvrententièrementune vallée et y produisent une obscurité profonde, tandis que les collines voisines jouissent d’un temps clair et:serein. Les nuages à Grêle sont de couleur cendrée. Leurs bords sont très-découpés et offrent aux yeux uñé grande quantité d'échancrares; ils paraissent boursouflés en plusieurs de leurs parties, et pré- sentent cà et là d'immenses protubérances irré- gulières. a La chute de la Grêle est précédée d’un bruit assez fort: Volta fe compare avec raison au bruit que fait un sac de noïx sèches que l’on agite vio- lemment. Les variations nombreuses que présente un électromètre , pendant la chute de la Grêle , indiquent suflisamment que l'électricité y joue un grand rôle : ainsi. il n’est pas rare de le voir passer du positif au négatif dix ou douze fois en une minute: Pour expliquer l’éspèce de mugissement avant- coureur de la Grêle:, certains météorologistes di- sent que les grêlons produisent ce bruit ,-en s’en- trechoquant dans leur chute; d’autrestpensent que les grélons étant fortement et diversement électri- sés , il en résulte une grande quantité de petites décharges électriques mille et mille fois répétées. Les Grélons n’aflectent pas'toujoursla même forme; cependant ilest curieux d'observer ici que tous les grêlons d’un même orage ont'à peu près la même: forme. - ; IL importe beaucoup d'indiquer les différentes dimensions des grêlons : la grosseur la plus ordi- paire est à peu près celle d’une: noisette; il ‘en tombe souvent de plus petits, mais il en tombe aussi de beaucoup plus gros : nous ‘allons en rap- porter quelques exemples; toutefois dans notre récit nous aurons soin de mettre de côté les tradi- tions fabuleuses des chroniqueurs ; ainsi nous n’admettrons point avec Eginhard que, sous lerè- gne de Ghärlemagne, on ait vu des grélons qui avaient 15 pieds de long sur 6 pieds de large et 11 pieds d'épaisseur, ni avec un narrateur plus récent ; que, sous le règne de Tippo-Saëb , ilisoit tombé des grêlons gros comme deséléphans ;:maïs nous croirons, avec Halley , que le 29 avril 1697;- il tomba , dans Flintshire, des grêlons qui pesaïent cinq onces ; avec Robert Taylor, que le!4 mai de la même année ,:il en mesura qui avaient:14 pou- ces de contour, et 4 pouces de diamètre ; avec Parent, de l'Académie des sciences , que, le 15 mai 1703, il en wit,;-dans le Perche, de gros GREL 95 GREL comme le poing, et enfin, avec. Tessier; qu'il en trouva, pendant l'orage de juillet 1788, du poids d’une demi-livre. - En.général les grêlons ne sont pas composés dans toutes leurs parties d’une manière homogène; le centre est: ordinairement spongieux, c'est-pres- que, de la neige; l'extérieur, au contraire, est par- fatement congelé et rayonne, du centre à la sur- face. Maintenant comment expliquer la formation de ces grêlons? C'est à le diflicilé; les physiciens mêmes ne sont pas encore parvenus à illustrer cette curieuse parlie de la météorologie ; nous donnerons, ici, une théorie fort ingénieuse de Volta, nous ne croyons pouvoir mieux fairé que de transcrire dans, cet article l'excellente analyse qu’Aragoadonnée de celte théorie fameuse. 1On a déjà vu que c’est pendant l'été, ét même aux heures. les plus chaudes de la journée, que la Grêle tombe ordinairement, Les nuages d’où elle s'échappe floittent toujours, à celte époque, bien au dessous de Ja hauteur variable: avec les climats et les saisons , à partir de laquelle il règne dans l'atmosphère une température au dessous de zéro., Pour que ces nuages se soient congelés, ils ont dû se trouva soumis à une cause particulière de refroidissement. Guyton-Morveau , Volta ,eic., ont pensé qu’il fallait chercher cette cause dans l’évaporation. » Une couche liquide ne peut passer à l’état de vapeurs sans emprunter aux corps dont elle est entourée une portion de leur chaleur, c’est-à-dire sans les refroidir, Plus l’évaporation est considé- rable et plus aussi le froid qu’elle oceasione est intense. S » Les nuages sont composés de vésicales creuses, très-petites, dont l'enveloppe extérieure est li- quide. Les myriades de ces enveloppes qui for- ent la surface supérieure d’un nuage doivent à Fit vers midi, au milieu de l'été, une forte évaporation, 1° parce que les rayons solaires qui les frappent ont beaucoup d'intensité; 2° parce qu’elles nagent dans des couches d’air très-sèches. D’autres causes, d’après Volta, contribuent aussi à rendre l’évaporation des nuages intense et ra- pide : suivant lui, les molécules vésiculaires peu- yent être considérées comme un acheminement xers la formation de vapeurs élastiques, eL dans un temps donné, la masse des vapeurs de cette espèce que les rayons solaires développeront en frappant un nuage, devra toujours surpasser ce qu'aurait produit la même quantité de calorique dirigée sur une surface liquide proprement dite, Ajoutons enfin que l'électricité ne peut manquer de jouer ici un rôle important; car tous les nua- ges en sont chargés, et les expériences répétées des physiciens ont montré qu’à parité de circon- stances, l’évaporalion d'un liquide électrisé est plus abondante que celle d’un liquide à l’état neutre, » C'est ainsi que Volta pense avoir expliqué la formation de petits glaçons au mois d'août, aux heures les plus chaudes de la journée et au milieu de couches d’air dont la température est; bien au | dessus de zéro: Voyons maintenant comment il explique l'accroissement de leur volume, » Jusqu'à la publication des mémoires de Volta, les physiciens s'étaient contentés de supposer que les noyaux des grêlons ,en tombant à travers l’at- mosphère, gelaient toutes les particules d’eau qu’ils touchaient, et que les couches concentriques qu’ils s’appropriaient ainsi graduellement suffisaient pour les amener à ces, énormes dimensions dont nous avons cité quelques exemples. Volta ne put se con- tenter d’une hypothèse aussi absurde , et voici ce qu'il imagina. [l prétendit que la Grêle déjà for- mée reste suspendue dans l’espace non seulement cinq, dix, quinze minutes, mais bien des heures entières. Gette idée lui fut suggérée, comme il le dit lui même , par une expérience connue sous le nom de Danse des pantins et reproduite dans tous les anciens Traités de Physique. En voici Ja description : »Deux disques métalliques sont placés horizon- talement l’un au dessus de l’autre. Le disque supé- rieur est suspendu par un crochet au conducteur d’une machine électrique; le disque inférieur est en communication avec Je: sol, soit immédiate- ment , soil à l’aide d’une chaîne. Le dernicr dis- que porte un certain nombre de balles de moëlle ‘de sureau, Aussitôt que ,.ponr commencer l'expé - rience , on fait tournerile plateau de la machine, on voit toutes les balles s’élancer du disque infé- rieur vers le disque supérieur, redescendre en- suite rapidement, pour remonter bientôt après. Le mouvement continue tant que le plateau supé- rieur est suflisamment électrisé. La cause de ces oscillations n’est pas difhicile à trouver, » Aussitôt que le conducteur de la machine est chargé, son électricité se communique au disque supérieur par Fintermédiaire du crochet. Tout corps électrisé attire , comme l’on sait , les corps qui ne le sont pas; les balles légères de sureau se trouvent dans ce dernier cas: elles doivent donc être soulevées par l'attraction du disque supérieur et aller le toucher. Dès que le contact a lieu, le disque communique aux balles une partie de son électricité ; et comme deux corps électrisés de la même manière se repoussent , les balles doivent nécessairement abandonner le disque supérieur, et descendre vers le disque inférieur, où perdant leur électricité, elles sont de nouveau attirées vers le disque supérieur et ainsi de suite. Si le disque inférieur était électrisé, mais ensens contraire du disque supérieur, le mouvement des balles existerait de même, et serait beaucoup plus rapide. » S'il n’y avait qu’un seul disque fortement élec- trisé, les balles de sureau ne s’en souleveraient pas moins, et demeureraient suspendues en l'air pendant quelques instans, en conservant cepen- dantun certain mouvement oscillatoire. » Maintenant , au lieu du disque, prenons ces gros nuages bien noirs, dont l'immense charge électrique nous est suffisamment indiquée par ces éclairs si wifs et si étincelans qui en jaillissent à chaque moment. »Dans]a première expérience , nous avions deux Se « GREL Se 496 GREL d GT m disques, l’un électrisé , l’autre neutre: maintenant nous aurons deux nuages, l’un électrisé, l'autre neutre; lorsque les grélons auront commencé à se former par l’évaporation , ils seront attirés par - le nuage supérieur, puis redescendront au nuage inférieur, puis remontront, et acquerront ainsi un mouvement de va-et-vient pendant lequel ils grossiront sensiblement, jusqu'à ce que leur vo- Tume finisse par les entraîner vers la terre. :. » Si les deux nuages sont électrisés en sens con- traire, nous avons vu que le mouvement n’en avait pas moins lieu , que seulement il était plus rapide; s’il n’y a qu'un seul nuage électrisé, il maintien- dra les grélons à une certaine distance de sa sur- face, jusqu’à ce qu’ils finissent par tomber vers la terre. . » Il n’y a aucune difficulté à supposer ainsi deux couches de nuages superposées l’une à l’autre , et d’ailleurs le célèbre physicien italien explique très-bien ce phénomène de la manière suivante : » Quandles rayons solairestombent sur un nuage déjà formé, ils produisent aux dépens de sa sur- face, comme nous l’avons déjà dit, une grande quantité de vapeurs élastiques : ces vapeurs satu- rent d’abord l'air primitivement très-sec dont le nuage était entouré; ensuite, dans Jeur mouve- ment ascensionnel , elles rencontrent tôt ou tard des couches d’air assez froides pour occasioner leur retour à l’état de vapeurs vésiculaires , c’est- à-dire pour les transformer en un nouveau nuage semblable au premier, ou qui n’en différera que par la nature de son électricité. Le plus élevé de ces deux nuages:, formé par voie de condensation, aura l’électricité positive, car c’est celle-là qui se développe constamment, dans les expériences de cabinet, pendant la précipitation des vapeurs. L'autre devait aussi à l’origine être positif; mais l'évaporalion a pu changer cet état ; car les va- peurs naissantes étant toujours électrisées positi- vement , laisseront par cela même une certaine quantité d'électricité négative développée. Gette quantité sera égale à l'électricité positive primor- diale du nuage, ou plus grande ou plus petite : dans le premier cas, le nuage se trouvera à l’état neutre après avoir subi l’évaporation ; dans le se- cond, il deviendra négatif; dans le troisième, l'électricité ne changera pas de nature , son inten- sité seule variera. » Telle est la théorie si ingénieuse de Volta sur la Grêle. Des objections très-sérieuses ont été faites sur cette théorie; aussi nous ne la donnons pas comme entièrement exacte, mais du moins elle semble expliquer bien des difficultés, et d’ailleurs c’est jusqu’à présent la seule qui soit raisonnable. » Ainsi donc résumons : l’évaporation d’un nuage formé primitivement par une cause quelconque , détermine la congélation d’une portion des molé- cules aqueuses dont il est composé et le constitue souvent dans un état électrique négatif. Les vapeurs élastiques resultant de cette évaporation rencon- trent , en s’élevant, des couches froides, redevien- nent nuage, mais nuage positif : c’est entre ces deux couches de nuages, plus ou moins distantes, qu’os- cillent les premiers embryons de la Grêle, et qu'ils se revêtissent graduellement d’enveloppes de glace compacte et diaphane, jusqu’à l'instant où leur poids ‘surmonte les forces électriques qui les avaient soutenus jusque-là. » (C. J.) Malgré l'adoption générale de la théorie de Volta, l'Académie des sciences de l’Institut de France a cru devoir en solliciter une nouvelle en 1852 et 1834. Le concours n’a point été cou- ronné. Comme il a fait naître quelques idées nou- velles , il est bon de les faire connaître pour ame- ner plus tard à des résultats plus vrais, et décider la météorologie à sortir , s’il est possible, de l’état : de stagnation où la routine la retient. Fondé sur une action bien connue de l’électri- cité, un physicien assure qu’au dessous du nuage neigeux se trouve un autre nuage fortement char- gé d'électricité positive ou négative; sous l’in- fluence du nuage inférieur , tous les cristaux ru- dimentaires tendent à se polariser dans le même sens, et les forces attractives qui se développent entre les flocons de neige voisins et convenable- ment situés, les précipitent l’un sur l’autre; l’agi- tation continuelle de ces flocons amenant succes- sivement toutes leurs forces du côté du nuage électrisé , il en résulte, en définitive, une agglo- mération , à peu près sphérique , de petits cristaux de glace. Jusque-là , tout paraît assez raisonnable; mais il n’en est pas de même quand l’auteur veut que la cause du volume des grélons soit dans Ja fusion des cristaux de glace produite par l’étin- celle, qui éclate au moment où chaque parcelle congelée vient se réunir au noyau. Un second; partant des relations théoriques indiquées par Laplace et Poisson, entre la tempé- rature, la force élastique , la densité et le rapport des deux chaleurs spécifiques de l'air, estime que les phénomènes électriquesn’ont aucune connexion nécessaire avec la formation de la Grêie, et que la production de ce météore en est même tout-à- fait indépendante. Ainsi le problème est encore contestable, et di- verses de ses dépendances sollicitent un nouvel exa- men. Îl faut expliquer 1° le bruit particulier qui précède presque toujours l’apparition de la Grêle; 2° la structure des grélons divergens qui s’oh- servent assez fréquemment ; 3° comment un noyan de quelques millimètres détermine la congélation d’un volume d’eau de plusieurs centimètres de diamètre ; 4° par quel mécanisme les grêlons peu- vent acquérir un poids de plusieurs hectogrammes; 5° l'interposition de plusieurs couches de glace friable entre les couches de glace compacte ; 6° la cause déterminante de ces Grêles extraordinaires qui dévastent de longues étendues depays, comme celle citée de 1788. € Pour ne point tout perdre sous l’action des ra- vages de la Grêle, des compagnies d’assurances ont été fondées; mais les conditions qu'elles im- posent sont si rigoureuses, souvent si difhiciles à remplir, qu’elles rendent les promesses sans résul- tat proportionné aux perles éprouvées. Il est un moyen plus simple, c'est celui des PAnRAGnèLES (v. ce GREM F (v. ce mot ), contre ksquel la coterie et les gens de finances se sont élevés, mais dont les effets sont puissans et démontrés de la manière la moins contestable. Il grêle en pleine mer comme sur terre , et par- fois il tombe sur les navires une pluie plus froide qu'elle ne devrait l'être d'après la hauteur des nuages, et la rapidité connue du décroïissement de Ja température atmosphérique ; malheureusement ce double phénomène n’est que noté sur le jour- nal des navigateurs. [1 mériterait d’être examiné, son résultat scientifique éclairerait sur les lois si peu fixes de la météorologie, et leur donnerait en même temps plus de force et plus de portée. (T. ». B.) GREMIL, Lithospermum. (mot. pan.) Genre intéressant de la famille des Borraginées et de la Pentandrie monogynie ; ila pris son nom de la dureté et de la nature pierreuse de ses pelits fruits. On lui compte environ une trentaine d'espèces , dont plus de la moitié vit autour du bassin de la Méditerranée ; les autres appartiennent à l'Afrique méridionale et à l'Amérique du sud, principale- ment au Pérou et au Chili. Les caractères du genre sont d'offrir des plantes herbacces, rarement suffrutescentes; À feuilles simples, alternes, et à fleurs axillaires, le plus souvent disposées en épis au sommet de la tige et des rameaux. Ces fleurs ont le calice divisé en cinq segmens plus ou moins profonds; la corolle monopétale , irrégulière , infundibuliforme, l’en- trée de la gorge nue; cinq étamines insérées sur la corolle ; ovaire supère , à quatre lobes, avec sligmate en tête, légèrement échancré , et style de la longueur du tube. Le frûit est composé de quatre petiies noix osseuses ouridées, monosper- mes, situées au fond du calice, qui est persistant; deux de ces noix avortent ordinairement. On divise les espèces en deux sections, celles dont les graines sont lisses et luisantes, et celles dont les graines sont chagrinées ou tuberculeuses. A la première catégorie appartient le GREmIL OFFICINAL, L. officinale, plus connu sous le nom vulgaire de Herbe aux perles, à cause de la cou- leur et du luisant de ses fruits. Il est très-commun en Europe, et surtout en France, dans les lieux incultes et les chemins. Sa tige herbacée annuelle, monte à quarante et soixante centimètres ; elle est droite , couverte de feuilles lancéolées et velues ; ses fleurs, qui s’épa- nouissent en mai, sont petites, blanchâtres , et naissent à l’aisselle des feuilles supérieures; ses fruits sont très-durs et d’un beau griside perle. Il n’y apas long-temps encore que la médecine re- cherchait ces fruits comme excellent diurétique ; on leur attribuait de plus la propriété de réduire en poudre les calculs des reins et de la vessie ; on ne croit plus à ces vertus merveilleuses. Quoique la plante ait peu d'agrément , placée dans les jar- dins paysagers au bord des sentiers ; elle: produit un effet remarquable par la couleur de ses fruits. Plusieurs personnes ont cru que ce Gremil était le véritable thé, c’est pour cela que l’on voit en- core recueillir ses feuilles pour les employer en T. IL. 497 LE RS GREM infusion : rien de plus désagréable cependant que cette triste boisson. ‘ A la seconde catégorie appartient le Grémm TINGTORIAL, L. tinctorium. Cette plante, que l’on trouve dans les endroits stériles et sabloñneux de nos départemens du midi, est très-connue sous le nom d'Orcanette et de Buglosse teinturière ; elle ne s'élève pas au-delà de vingt-cinq centimètres. Sa racine vivace, longue, presque ligneuse, d’un rouge foncé, fournit plusieurs tiges étalées , héris- sées de poils blancs, raides, garnies de feuilles sessiles, oblongues , de fleurs bleues ou violacées en épis feuillés , et répandant une odeur désagréa- ble. L'art du teinturier a été demander à l'écorce de sa racine une belle couleur vermeille, dont on se sert encore beaucoup en Turquie et dans les îles de la Grèce; mais son usage est très-borné maintenant en France à cause de son peu de soli- dité. Ce principe s'obtient très-facilement au moyen de l'alcool et surtont des corps gras. Les teinturiers l’emploient pour ce qu'ils appellent le petit teint ; les pharmaciens, pour masquer l'œil triste et déplaisant de plusieurs médicamens , pour donner de la couleur à l’onguent rosat et pour certaines préparations huileuses ; les cuisi- niers eux-mêmes le recherchent pour colorer quel- quefois leurs ragoûts, les confiseurs leurs sucre- ries, les distillateurs leurs liqueurs de table. C'était à l’Orcanette que les dames de l'antiquité recouraient pour rappeler, sur leurs joues, sur leurs lèvres décolorées , les roses dn printemps. Cette aimable supercherie n’avait rien de nuisible, aussi la pardonnait-on volontiers. Je vais plus loin , je la recommande de préférence à ces pré- parations perfides dont tant de charlatans empes- tent la toilette des dames : on aime toujours à voir briller d’un éclat de jeunesse ce sexe charmant auquel nous devons notre mère, notre épouse et la fille pieuse qui console notre vieïllesse , qui sait adoucir pour nous le triste apanage de la douleur, et qui doit clore notre paupière en nous couvrant de ses pudiques baisers. C’est le dernier bonheur dont il nous soit donné de jouir ; Ainsi, lorsque dans l’air la cloche suspendue Cesse d'être ébranlée et n’est plus entendue, Du timbre harmonieux l’écho résonne encor A travers le silence où se perd son essor. (T. ». B.) GREMILLE , Acerina. (roiss.) Les Gremilles forment un genre parfaitement naturel, et qui est distingué très - bien des Acanthoptérygiens par des fossettes creusées sur les os de la joue, du museau et des mâchoires, circonstance qui semblerait devoir les rapprocher des Sciènes ; mais tous les autres caractères les rattachent à la grande famille des Percoïdes : leurs écailles rudes et ciliées, leurs dents au vomer et aux palatins, sont sémblables à celles de la Perche commune. Nous avons déjà vu un exemple de ces fossettes parmi les Percoïdes à deux dorsales dans le genre des Aprons, dont le museau, bombé et saillant en avant de la bouche, semblerait annoncer encore une plus grande aflinité avec les Sciènes, On ne 223° Livraison, 63 \GREM connaît qu'un très-petit nombre de Gremilles, toutes d’eau douce et de petite taille , toutes ha- bitantes des rivières de l’ancien continent. Une des plus remarquables est celle que nous | appelons Penene aovsonnière, Acerina vulgaris, petit poisson assez remarquable par ses belles couleurs et:la bonté de sa chair, et renommé de tout temps parmi les pêcheurs. Toutes fes rivières de la France nourrissent ce poisson. Il y en a en Danemarck , en Suède, en Prusse , en Russie et jusqu’en Sibérie. On né sache pas lavoir ob- servé en Italie, en Espagne, ni en Grèce. Les habitudes de la Gremille commune sont très- semblables à celles de la Perche. Comme ce pois- son, elle se montre de préférence au temps du frai, qui a lieu au mois de mars. On n’en prend guère que pendant la belle saison, l'hiver elle se tient dans les profondeurs; elle va volontiers en trou- pes ; elle aime les fonds de sable, les torrens, les maraiset les eaux tranquilles, selon plusieurs au- teurs, ce qui semble prouver qu’on en prend dans toutes sortes d'eaux; mais la vérité, c’est que lors du frai elle cherche, pour déposer ses œufs , les lieux où il y a des roseaux. Dans le Rhin et dans la Seine, car aujourd’hui cette espèce est aussi commune pour le moins dans la Seine que dans la Tamise ou d’autres rivières d'Angleterre ou d'Allemagne , c’est aux bouches des petites rivières que l’on en fait la meilleure pêche. La chair de la Gremille est encore plus estimée que celle de la Perche pour sa légèreté et son bon goût : on la regarde comme un des alimens les plus sains que puisse fournir la classe des poissons. Elle est excellente, disent tous les auteurs , de quelque manière qu’on la prépare; on trouve en effet que, malgré sa petitesse, c’est un de nos pois- sons de rivières les plus dignes d’être recherchés. En Saède, on assure que près de la mer, où elle est plus rare, élle est aussi plus grande et de meil- leur goût. À yant la vie aussi dure que la Perche, elle est aussi facile à transporter ; on dit même que, devenue raide et comme morte par le froid , elle reprend son mouvement quand on la met dans l’eau. Il est avantageux d’en avoir dans les viviers, parce qu’elle est très-bonne, et ne peut faire beau- coup de mal aux autres poissons à cause de sa pe- titesse ; eile redoute plutôt les grands , et surtout les brochets. On croyait autrefois qu’elle les brû- lait ou pour mieux dire qu’elle les. faisait périr ; mais il paraît que cette idée est; abandonnée. Là Gremille est moins haute et moins compri- mée. que la Perche : sa bouche n’est pas fendue jusque sous l'œil; elle est assez protractile et ses lèvres assez charnues. La couleur de ce poisson est, vers le dos, d’un brun clair: il sechange sur les flancs en argenté un peu doré , et. sous le ven- tre en argenté nacré; de petites taches brunes nuageuses sont semées sur la tête et sur le dos, elles s’unissent irrégulièrement en petites lignes longitudinales sur les flancs. Cette espèce ne dé- passe guère une longueur de sept ou huit pouces, ni un poids de: trois; onces: Le Danube et, ses afluens nourrissent une.cs- 498 GREN a pèce du même genre, mais un peu différente, à laquelle les Bdvaroïs ont donné le nom de Schrait- zr, et les Autrichiens celui de Schrætz. Il n’yena point, à notre connaissance, en France nien Ltalie. Le Schrætz est plus allongé que la Gremille com- mune , sa Lête est aussi plus allongée; sa couleur générale est jaunâtre et prend à la partie supé- rieure une teinte d’un brun olivâtre, et vers le ventre d’un blanc argenté ; trois lignes noires s’é- tendent de chaque côté sur toute sa longueur. Les habitudes du Schrætz sont les mêmes que celles de la Gremille: sa chairest aussi bonne: mais il n’est pas si facile à transporter, parce qu'il ex- pire au moment où on le tire de l’eau. n (Azpm. G.) GRENADE. (8or. PHan.) Fruit du Grenadier’, arbrisseau dont je vais parler. Dans la plante sau- vage, ce fruit acquiert tout au plus le volume d’une noix entourée de son brou, tandis que cultivée on le voit dépasser celui d’une pomme rainette du Canada ; mais il y a exagération dans ce que l’on dit de la Grenade promenée en triomphe au Pérou. L’écorce est appelée dans les officines Walicorium, | nom qui vient, comme Pline nous l’apprend, de ce qu'elle servait chez les Phéniciens et les Car- | thaginoïs à tanner les cuirs, ce que justifie l’em- ploi que l’on en fait encore à Maroc pour préparer les maroquias. Cette écorce est d’un jaune rou- geâtre , coriace, épaisse, arrondie , couronnée par les divisions du calice ; la couleur passe au rouge brun à l’époque de la maturité. Sa saveur austère, acerbe ele fait recommander en médecine comme tonique et astringente ; elle est en usage contre les diarrhées chroniques , les hémorrhagies utérines , les pertes blanches, etc. L'intérieur de ce fruit est partagé en sept ou neuf loges ; cinq supérieures et quatre inférieures, séparées par une cloison transversale, dans les- quelles on trouve un grand nombre de semences anguleuses ; brillantes, succulentes, d’un rouge vif, enveloppées chacune d’un arille pulpeux, dent la saveur est acide, plus ou moins douce, quelquefois vineuse, et légèrement astringente. Le centre de la semence présente un embryon dressé, dépourvu d’épisperme, ayant les cotylé- dons roulés sur eux-mêmes. La Grenade demande à rester sur l'arbre jusqu’à sa parfaite maturité; celle que l’on cueiïlle trop tôt se ride, se déssèche et se moisit ; celle qui est bien müre à la: robe belle, on l’expose au soleil avant de la manger ou de l’enfermer. Si le local est sec, elle se con- serve long-temps ; s’il est humide, elle noircit et se couvre de moisissures. Elle nourrit peu; mais sa chair, fort agréable au goût, désaltère, con- sole, lorsqu’en proie aux chaleurs assommantes des plaines de la Grande Grèce, elle s'offre à vous au milieu des ruines antiques que vous visitez. On prépare avec la Grenade un sirop rafraîchissant ; quand il est étendu d’eau, on le boit avec délices. Chez les vieux Grecs ce sirop était appelé Rhoiton; on en faisait usage, comme aujourd'hui, dans les maladies aiguës’et les fièvres bilieuses, Une Gresade entr’ouverte, que l’on voit rem- GREN GREN plie de pepins; a long-temps été, dans les arts de la peinture et de la sculpture, le symbole ou l’un des attributs de l’amitié parfaite. Elle à aussi sou- vent été prise pour désigner , sur les’ médailles’, l'union de deux peuples. (T0. B.) x. GRENADIER , Lepidoleprus. (rorss.) Ge genre qui a quelques rapports avec celui dés Trigles par la disposition des parties de la tête ; semble d’un autre. côté lier les Jugulaires aux Thoraciques, et cependant on ne peut s'empêcher de lé rapprocher des Gades. Il constitue l’un des genres les plus singuhiers de la famille des Gadoïdes, et dont la fixation estentièrement due. à Risso. En donnant ce nom à ce genre, on a voulu indiquer la con- formation de son museau, que l’on peut: compa- rer, jusqu'à un certain point, à. un bonnet de sol- dat, Cette partie de la tête est formée par les sous- orbitaires et les,os propres du nez, pour former, comme nous venons de le dire, un museau dé- primé qui avance au dessus de la bouche, et sous lequel celle-ci conserve toute sa mobilité. La tête. entière et tout le corps sont garnis d’écailles dures et hérissées de petites écailles ; les ventrales sont jugulaires; la première dorsale est courte el baute, la deuxième dorsale ct l’anale luneet l’autre très: longues, et s’unissant en pointe à la caudale. Les mâchoires n’ont que de petites dents très-fines:et très-courtes. Rien n’est plus difficile que d'étudier les mœurs des Grenadiers , habitant toute l’année-les profon- deurs de la mer ; en effet on ne peut prendre ces poissons que quand la mer est. dans un câlme par- fait, et Risso s’est assuré que quanid.on les tire de l’eau. encore en: vie, 1ls font-entendré, conime les Trigles, un bruit sourd. Ces poissons-ont la chair blanche et d’un goût agréable. Ils ne se nourris- sent que de vers et de: zoophytes. On en connaît deux espèces, et comme nous venons de le dire plus haut, des profondeurs de nos: deux mers. La première qui se présente. à notre examen est le Lépinorkpre TRacaxruynquEe, Lepidoleprus trachy- rhynchus, Risso. Ge poisson alle corps!très-allongé et.comprimé en arrière en lame.de sabre. Sa tête est grosse ,. déprimée,, couverte d’écailles: dures, formant des. crêtes à plusieurs pointes qui se pro- longent sur un museau terminé en pointe triangu- laire. Sa couleur est grisâtre sur le dos, qui s’é- claircitet passe au violet vers la queue, Sa longueur est.de quatre décimètres, On le pêche vers lés mois de. juillet. et août. La seconde espèce. est le: GRENADIER COBLORKYN- ous, Lepidoleprus cœlorhynchus, Risso; très-sembla- ble au précédent, et dont. la principale distinetion consiste en un museau arrondi et crénelé, pen dant que le Trachyrhynque alemuseau terminé en pointe; Sa longueur totale est.de deux décimètres. IL est plus rare que. le précédent. On le: prend'aux mois, de juin et'juillet. (Axzpm. G.) GRENADIER, Punica. (soT. PHaN.) Genre de plantes dicotylédonées de l’Icosandrie monogynie et de la famille des Myrtacées. Caractères : arbris- - seaux à feuilles simples.opposées, rarement alter- nes; à.fleurs presquessessiles; solitaires -ou rassem-: blées deux ; trois et éinqaù sommet des rameaux; calice monophylle ; türbiné, coriace ; persistant épais, presque camparulé , coloré et offrant ei et six divisions aigués; corollc composée de cinq à six pétales un péu arrondis ; ouverts et chiffons nés; étamines très-nombreuses\; garnissant les pa: rois du tube Calivinäl ; ovairé infère ; style épais à sa base et lagéniformé ; stigmate simple, en: tête 3) fruit: ärrondi appelé GRenanE.(w, ce mot). On ne! corinaît que deux espèces; dent la culture a ob’: tenu plusieurs variétés plus où moins constantes. Une tradition veut que le Grenadier soït origi- naire de l'Afrique septentrionale, et que lés Ro- mains l’aient enlevé des environs de Carthage; d’où le nom: qü'ils lui donnaient (malus, pomme; pu- nica, de Garthagë): Il faut que cét arbuste se soït rapidement propagé et: acclimaté, puisqu'il est: spontané non seulement :en Halie , dans la France’ méridionale , dans toute la Péninsule ibérique,: mais encore: dans:toutes les contrées environnant; le bassin de la Méditerranée. de le trouvé chéz les Hébreux depuis leurs temps lés plus anciens , et je! le vois chez eux l’objet d'opinions religieuses avant: qu’ils eussent adopté le judaïsme. Le fruit da Gre- nadier sert-à la décoration!du temple:ct dans celle! des vêtemens du souverain pontife ;-où, selon leurs! livres, tout. devait: êtré symboliques: le bois de l’arbrisseau. fournissait seub lal broche pour rôtir) l'agneau pascal Le: Grenadier, sous le nom de: Rhoa ,, faisait également partie du’ culte chez les! vieux Grecs: Il: est:donc présamable que’ cette plante est indigène aux régions-méditerranéennes; et-qu’elle n’a pris son:nom lätin que de son abon- dance sur le-littoral'africam Ge quileprouve,-c’est- qu’on le trouve également dans tout l'Orient et jus- que dans l'Inde. Les Phéniciens l’appelaïent, Sida; Galien le nomme Cytiné ; et les anciens agronomés Gramata ; les premiers noms indiquent la couleur rouge: des fleurs ; le dernier ; qui a‘doniné-naissance au mot: français, résulte de lasgrähde:quantité de graines que le fruit renférme: . 5: i.1 fé Dans l'état sauvage le GrenÂmer comtun , Pas nica granaturh , forme un buisson touflu, épineux; s’élevant' à troismètrés!; sous la main de laculture et: soumis à une taille régulière, il monte, dans le midi de l'Europe, à plus du double de-hauteur. Il est: muni d’une racine jaune, ligneuse ét ra- meuse; som tronc, inégal, recouvert d'une:écorce d'ün-gris rougéâtre, fournit unbois très-dur , des: rameaux anguleux, rougeâtres ; armés d’épiness des feuilles pétiolées, simples , ‘entières’, oblon- ques, lisses , luisantes , minces ; d'un vert gai. Ses fleurs, d’un rouge écarlate vif ,ss'épanouissent:de-! puis juillet-jusqu’en septembre; il-ÿ énaide dou: bles’, appelées: Balaustes ; des blanches ; desi jaust nes, des panachées; auxquelles succèdént ‘désiruits plus-ou: moins acides et’ d’unei grosseur variable: Getarbrisseau se cultive! en! pleine terre; même dans plusieurs de nos départemens septentrionauxÿ? dans ceux du Bas-Rhin, de la Loire-Inférieure , de la Manche: en: particulier», il-donné des fruits mûrs. Dans les aütres contrées séptentrionales ;-on: ne-peut guère l'y consérver qu’en le rentrant du! EE GREN 500 rant l'hiver. Il-lui faut une terre substantielle et une exposition chaude. On le multiplie très-aisé- ment de semis, de boutures , par marcoltes; on le tient en haie , on le cultive en espalier et comme arbre à tête. Sous ce dernier point de vue il figure très-bien, en nos départemens du midi, dans les plates- bandes des allées; au nord, il convient de le tenir en caisse. Je lai vu, livré à lui-même sous le beau ciel italique, former de superbes buissons où Ja fleur brille à côté du fruit, et paraît plus éclatante sur le vert brillant du feuillage : l’effet est des plus piquans. Cet arbrisseau donnant beau- coup de sujets, il importe de pincer souvent ses jeunes pousses, surtout durant l'été. Le GRENADIER NAIN, P. nana, qui s'élève au plus à deux mètres, a les feuilles plus petites, allongées, presque linéaires ; ses fleurs sont moins grosses et aussi rouges; du reste, il ressemble infi- niment à l’espèce précédente. On le dit originaire de l'Amérique du sud, et abondant principalement aux Antilles, à la Guiane, où il forme de très- belles haies. Il est très-sensible au froid et ne fleu- rit dans nos pays que durant les étés doux ; au plus léger changement dans la température ses fleurs tombent ; quand il est bien abrité, illes conserve pendant deux mois. Tout le monde connaît la beauté des fleurs du * Grenadier; si elles laissent un regret, c’est de ne point joindre à l'élégance, à la vivacité de la cou- leur , à la durée, le doux parfum de la rose ou de la fleur de l’oranger : la nature les a privées de ces glandes vésiculeuses et transparentes , qui rendent la plupart des autres Myrtacées si odoriférantes et si suaves. Cela n’a point empêché qu’elles ne soient recherchées partout comme un superbe ornemenl. La médecine s’en est emparée pour leur propriété astringente. L’écorce de la racine du Grenadier a la propriété de tuer le tænia : c’est un remède en usage dans l'Inde. Le médecin portugais Gomès, connu par sa célèbre découverte de la cinchonine, a publié à Lisbonne, en 1822, une brochure fort intéressante, dans laquelle il rend compte de ses observations à ce sujet et confirme l’heureuse ap- plication de cette écorce. Elle tue le redoutable parasite, et convient mille fois mieux que tous les remèdes employés, dont les uns sont inertes, et les autres d’une violence telle qu’ils nuisent autant que le mal. L’écorce nouvelle et fraîche est préfé- rable à celle qui a vieilli dans les officines, et celle provenant de l'espèce devenue indigène est moins active que celle de l’autre espèce; réduite en pou- dre et délayée dans de l’eau, il faut une dose plus forte que concassée et offerte en décoction. C’est au médecin à fixer la dose et à déterminer son ad- ministratiou d'aprèsle goût dumalade. (T. ». B.). GRENADILLE. (s0r. PHan.) On connaît sous ce nom vulgaire un genre de plantes curieuses, appartenant à la famille des Cucurbitacées ; nous en parlerons au nom scientifique. Ÿ. PassirLone. (T.». B.). GRENAT. (mn. ) Cette substance minérale est un silicate d’alumine , qui est Lanlôt combiné avec la chaux, tantôt avec l’oxide de fer, d’autres fois GREN avec la chaux et le fer, et enfin avec Je fer et le manganèse, Cette variété de composition dans une substance isomorphe , c’est-à-dire qui présente des formes semblables, a déterminé un de nos mi- néralogistes les plus instruits, Beudant, à considérer le Grenat comme constituant un sous-genre divisé en quatre espèces. La première, à laquelle il applique le nom de Grossulaire, déjà admis par les minéralogistes pour désigner le Grenat verdûtre, comprend aussi les Grenats jaunâtres ou rouge-orangé que l’on connaît sous les noms de Colophonite et d’Essonite. L’ana- lÿse chimique des Grossulaires présente environ 4o pour 100 de silice, 20 d’alumine , 34 de chaux, 5 de peroxide de fer et quelques parties de pro- toxide de manganèse. La seconde espèce, d’un rouge violet , brune ou noire, comprend sous Je nom d’_Æ{mandine le Gre- nat pyrope, le Grenat syrien, et en général tous les Grenats orientaux des lapidaires. Elle se com- pose de 39 à 42 parties de silice, de 19 à 22 d’a- lumine, d'environ 30 de protoxide de fer et de quelques parties de protoxide de manganèse. La troisième espèce , appelée Mélanite, ne com- prend pas, comme son nom pourrait le faire croire, le seul Grenat noir, mais aussi celui qui est jau- nâtre ou brun, et qui se compose d'environ 40 parties de silice, de 20 à 30 de proloxide de fer, de 26 à 30 de chaux, et quelquefois d’un peu d’oxide de manganèse, La quatrième espèce enfin, nommée Spessartine, est une substance rouge ou brune , formée de 30 à 4o parties de silice, de 14 à 18 d’alumine, d’en- viron 15 d’oxide de fer et de 20 à 50 de protoxide de manganèse. 5: Le Grenat cristallise en dodécaèdres rhom- boïdaux, c’est-à-dire en solides à 12 faces rhom- boïdales; il se présente aussi sous la forme de grains plus ou moins gros, ou en masses vitreuses qui ont quelquefoi: l’aspect résineux et prennent le nom de Grenats résinoïdes. C’est à cette classe qu’appartient entre autres la Colophonite. Les Grenats se trouvent en amas dans les gneiss, les schistes et d’autres roches anciennes ; dans les pegmatites, les diorites et les serpentines, dans les calcaires inférieurs à la craie, et même dans quel- ques roches d’origine volcanique. Les deux premières espèces que nous avons dé- crites plus haut sont fréquemment employées dans la bijouterie. Leur prix est même assez élevé lors- qu’elles sont exemptes de défauts. On les taille or- dinairement en cabochons; quelquefois les lapi- daires se bornent à polir les faces des Grenats cristallisés. (3. H.) GRENOUILLE. (rerr. ) Ce genre de reptiles csttellementrépandu et tellement connu, qu’il sem- ble au premier abord facile et pour ainsi dire super- flu d’en donner une définition ; mais lorsqu’on veut formuler rigoureusement les caractères distinctifs de ces animaux, on s'aperçoit bientôt que leur définition obligée pour la classification systémati- que des êtres est assez diflicile et presque impôs- sible; car les Grenouilles se nuancent si bien par sai GREN boi GREN leurs symptômes organiques avecles groupes voi- sins des Batraciens anoures, que c’est seulement à l’aide des mots plus ou moins qu’on les différencie. Ainsi leur forme générale est celle des Batraciens anoures , mais leur têteest plus allongée que chez les autres ; leur museau est plus pointu ; des dents enquinconce ouen chevron, situées au côté externe de l’orifice buccal des narines, s’observent avec des dents aux maxillaires supérieurs, ce qui les distingue des Crapauds proprement dits. Leur langue est échancrée en arrière, et terminée sur les côtés par deux filets plus prolongés que chez les autres anoures ; leur tympan est très-sensible à l'extérieur. Chez toutes les espèces, le tronc est moins globuleux que chez les Crapauds et les Bombinators, et l’articulalion du bassin sur l’é- chine se fait par un angle plus aigu dans l’état de repos que chez ces animaux. Cette articulation présente aussi chez les Grenouilles une mobilité dont on ne trouve qu’un vestige chez les autres genres : c'est surtout par le développement des pieds postérieurs que les Grenouilles se distin- guent des autres Batraciens anoures, des Bombi- mators et des Crapauds, par exemple; en effet, chez les Grenouilles, le membre postérieur dé- passe d’un tiers au moins la longueur du rachis et de la tête ; leurs doigts sont ronds, grêles et poin- tus à leur extrémité, ce qui distingue ‘les Gre- nouilles des Rainettes : ils sont très-inégaux en longueur , surtout aux pieds postérieurs, et dé- pourvus d'ongles, ce qui les différencie des Dac- tylèthres et des Pipas, dont, au reste , ils diffè- rent par d'autres caractères non moins saillans ; les intervalles des doigts sont occupés par des membranes tellement étendues, que celles des doigts des autres genres de Batraciens semblent des rudimens auprès d'elles. La peau des Gre- nouilles est pourvue aussi de cryptes mucipares moins saillantes que chez les Bombinators et les Crapauds ; aussi paraît-elle presque lisse : l’on ne voit pas non plus chez les Grenouilles de ces follicules agglomérés autour des oreilles, qui sont connus sous le nom de parotides. Les Gre- nouilles sont, sans contredit , les plus aquatiques Batraciens anoures , ce que la disposition de leurs membres pouvait faire soupconner au premier coup d'œil; elles s’éloignent peu du rivage des eaux douces et paisibles, à quelque temps de l’an- née que ce puisse être; pendant l'hiver, et Jors- que les insectes qui font leur principale nourriture cessent de vaguer , elles s’enfoncent dans le sable ou la vase, et passent dans un engourdissement particulier la saison des froids ; mais aux premiers rayons du soleil de printemps, sitôt que la nature sémble renaître et se dépouiller de son linceul de neige et de frimas , les Grenouilles sortent de leurs retrailes et se préparent de bonne heure à l'acte de la reproduction ; parées de leurs couleurs les plus vives, elles se rassemblent au milieu des roseaux et s'appellent par un cri court, isolé, com- posé de deux sons successifs que l’on pent tra- duire par le dissyllabe Koach; mais il est encore un autre son que donnent les Grenouilles, c’est celui que l’on désigne par les mots de croassement ou de coassement , et qui a valu à ces animaux chez nous le nom de Grenouille, chez les Allemands celui de Frosch, chez les Latins celui de Z?ara, celui de Batrachos chez les Grecs, onomatopées dans lesquelles la lettre r joue toujours un certain rôle. Ce dernier cri n’est plus un appel d'amour; en effet, c’est long-temps après la ponte, c’est dans l’été, et seulement sur le soir des beaux jours , que les Grenouilles font entendre celte sorte de roulement continu, prolongé , qui retentit à des distances considérables. Ce cri semble être une expression de plaisir et le témoignage de ré- jouissance en commun du coucher du soleil, dont les rayons ardens fatiguent singulièrement ces animaux par l’évaporation trop brusque de la mucosité que sécrète la surface de leur peau pen- dant le cours du jour. Le mécanisme de ce bruit n’est pas complétement connu; le premier paraît formé par le frôlement de l'air expiré le long des bords de la glotte; mais celui-ci doit reconnaître une autre cause : l’on a présumé qu'il était déter- miné par le retentissement de l’air expiré dans des sortes de vésicules que chez les mâles l’on voit alors saillir sur les côtés du cou; mais ces sacs, qui ne sont que les arrière-cavités du tympan distendues par l'air retenu dans l’arrière-gorge, et qui s’ac- cumule dans ces cavités où les trompes d’Eustachi, largement ouvertes dans le pharynx, lui donnent un accès facile, peuvent donner aux sons une plus grande intensité, mais rien de plus; aussi quel- ques auteurs ont-ils attribué le coassement aux vibrations des bords de l’orifice du tympan dans le gosier. Il paraît plus vraisemblable qu'il est pro- duit par le clapotement de l'extrémité postérieure de la langue flottante en arrière de la bouche au devant de l’ouverture du larynx, et que les vési- cules parotidiennes donnent seulement une plus - grande intensité au son; et, en effet, les femelles coassent aussi bien que les mâles , bien qu'elles ne produisent pas de vésicules parotidiennes; mais leur coassement a seulement moins de force et de continuité. Cette dernière circonstance ferait présumer que ces vésicules servent aussi ici aux mêmes fonctions que l’outre dans le Bignou et la Cornemuse, c’est-à-dire qu’elles conservent l'air pour le rendre lorsque le musicien suspend le souflle ou se repose, et pour produire un son continu avec un souflle intermittent. Cepen- dant il est une circonstance inexplicable dans nos idées physiques sur le son, c’est que les Gre- nouilles coassent la gueule fermée, et quelque- fois au dessous d’une certaine couche d’eau. La monotonie et la continuité du coassement des Grenouilles fatiguent, lorsqu'il est rapproché ; aussi lorsque nos anciens seigneurs châtelains bà- Lissaient leurs manoirs près des élangs et des ruis- seaux, pour pouvoir baigner d'un cours d’eau les fossés de leurs donjons, cnjoignaient-ils aux vi- lains d’aller le soir frapper les roseaux pour trou- bler les chants des Grenouilles en liesse et belle humeur ; mais à une certaine distance, ces con- cerls, qui semblent saluer seuls le lever des astres GREN argentins de la nuit, ont quelque chose de pitto- resque et de. magnétisant qui s’harmonise d’une, manière Charmante avec le calme silencieux du soir et la solennité du paysage assombri ; aussi Pon s'étonne peu d’apprendre.de Berthelot qu’un riche Espagnol fit venir À dessein, du continent ; des tonnes de Grenouilles pour peupler l'étang, d’une des Canaries , où il possédait un magnifique chà- teau qui en avait été dépourvu jusque-là. Plinius a dit que les Grenouilles de l’île de Sériphe étaient muettes , et l’on a ajouté que cela tenait à l’humi- dité habituelle de latmosphère de cette île. Il est facétieux sans üoute de voir.des Grenouilles ma- récageuses perdre la voix comme un musico ita- liano, pour s'être exposées à la brume et à l’'humi- dité des pieds ;, mais les voyageurs modernes dis- pensent les commentateurs dese perdre, comme on l’a. fait à certaine époque, en vaines conjectures sur cette explication inexacte; car leurs relations démontrent que l’assertion première est fausse, et que les Grenouilles de Sériphos où Serpho coas- sent comme.les. autres. On peut voir, à ce sujet , le Voyage dans le Levant, par illustre Tourne- fort. Les Grenouilles , à l'égard du mode de l’ac- couplement, de sa durée, de la durée de la ges- tation, ne différent pas, à ce qu’il parait, de ce que la plupart des Batraciens anoures offrent sous ce rapport; elles pondent , comme les Crapauds , des ovules membraneux, demi-transparens, qui sortent du cloaque réunis en cordons par le mucus gélatiniforme abondant qui les enveloppe : l’on ignore encore la durée précise du développement des têtards , comme aussi celle de la vie aérienne des Grenouilles. IL est inutile de dire aujourd’hui que ce n’est pas, comme. on le croyait jadis, la queue du têtard de la Grenouille qui se divise pour former ses pieds de derrière ; c’est une fable à mettre avec, celle que Plinius raconte sur la méta- morphose des Grenouilles en limon, à l'approche de l'hiver, et celle de la métamorphose de pois- sons en Grenouilles, que l’on a supposée , parce que les Grenouilles, lorsqu'elles arrivent à l’état parfait, conservent plus ou moins long-temps la queue rémiforme, analogue, à quelques égards, à celle des poissons, qu’elles ayaient pendant leur état de têtard. Malheureusement les bornes de ce Dictionnaire ne permettent pas de s'étendre sur la succession curieuse des phénomènes anatomi- ques que présente le passage de l’état de têtard des Grenouilles à l’état parfait, Les Grenouilles, et surtout les Grenouilles pro- prement dites, sont les plus lestes des amphibiens anoures ; On les voit souvent s’élancer à la distance de plusieurs pieds avec une vivacité et une facilité dont les insectes seuls peuvent offrir l’exemple , et leur natation rapide’et gracieuse n’a de supérieure que celle des poissons; cette contractilité se con- serve même assez long-temps après la mort avec une certaine puissance; aussi les Grenouilles ont- elles fourni à Swammerdam d’abord et à Galvani ensuite l'exemple de ce. phénomène curieux au- quel on a attaché, le nom de l’auteur italien, et dont les conséquences semblent. s'étendre de jour 302 ‘en: jour jusqu’à promettre pour l’avenir une cau- salité non moins féconde que, la gravitation new: tonienne. Les Grenouilles sont des, animaux. innocenis qui, ne,se nourrissent que d’insectes.et de vers. Aussi, malgré la conformation assez, analogue: de,ces rep tiles avec les. Crapauds, ne partagent-ils pas la ré. probation générale dont. ces. derniers sont l’objet, Cependant la brusquerie de leursmouvemens, la vis- cosité de leur peau. et sa température.basse habi- tuelle, inspirent. une certaine répugnance à plu- sieurs personnes. Les Grenouilles.sont très-voraces: et en même temps fort stupides, et si.elles, ont as- sez d’instinct pour sesoustraire par la fuite à l’ap- proche du moindre danger , il est facile de les tromper; aussi Jes pipe:t-on, assez: facilement. en imitant leur cri d'appel, etles prend-on: à l'hame- con armé d’un lombric, d’une mouche, ou sim- plement d’un pétale de‘rose ou de: coquelicot, voire même d’un petit morceau. de drap rouge que l'on agite à la surface de, l’eau. L’on. recherche quelquefois les Grenouilles; on les emploie comme alimenss l'on prépare surtout leurs cuisses ou membres, postérieurs, selon, divers procédés de: l'art culinaire. L’on fait aussi avec les Grenouilles, une sorte. de bouillon dont on a préconisé les ef- fets en médecine; mais la chair molle et, fadassé des Grenouilles,, chargée d’un. mucus.animal par-. ticulier , conserve, malgré les assaisonnemens, une odeur nauséeuse quirappelle.celle qu’exhale la vase: des marais ;; elle, peut. toutefois, être. d’une. faeile digestion, et servir utilement à tromper l'estomac affamé d’un convalescent. inconsidérés le. bouil- lon, par son étrangeté, son: unique. vertu peut- être, peut. faire patienter un malade.exigeant, qui, attend vainement la:santé qu’il ne lui est pas: ac- cordé de recouvrer: Les œufs de. Grenouille, sont aussi employés comme cataplasmes résolutifs. Les, villageois suppléent quelquefois. au défaut: de glace par l'application d’une, Grenouills sur. le, front; daps les cas de congestions: cérébrales; mais ces moyens demandent à être. changés, ou renouvelés: fréquemment, car l’odeur qui les. accompagne et celle que leur putrescence développene sontpas sans inconvéniens. | Les Grenouilles sont. répandues. abondamment, dans les deux hémisphères ; ce sont peut-être, les, reptiles qui s'étendent le plus, avant, sous.les, lati- tudes extrêmes ; mais en général les, Grenouilles n’habitent que le voisinage. des eaux douces des, régions. peu. élevées; la. pression atmosphérique et la tension électrique, ont sur elles une influence assez marquée , et celte susceptibilité, jointe àleur sensibilité à l’hygrométrie de l'air ambiant , fait que les habitans des campagnes prennent, les Gre- nouilles , les gardent dans un bocal à demi rem-. pli d’eau et pourvu d’une échelette; lascen- sion de ces animaux, leur retraite, sous l’eau; la! vivacité de leurs mouvemens ou: leur torpeur, in= diquent à peu près aux, campagnards ce, que les, gens, comme il faut, demandent au baromètre bric a brac. de. leur'salle. à manger: En. attendant,que. l’histoire ct l’origine du succin,ou du.moins-de la GREN 563 GREN gomme-résiné animalifère, que l'on confond gt- néralement avec le sucein proprement dit, soïént parfaitement connues, il faut rappeler que Mercati a vu, à Rome, une Grenouille retenue captive et conservée dans cette substance. La figure qu’il en donne rappelle quelque peu celle de notre Gre- nouille verte, ét la posé et les formes de l’animal donneraient à penser qu’il fut englobé dans la ré- sine encore à l’état de vie. On a aussi rencontré un exemple de Grenouille à | l'état fossile, et on l’a décrité sous lé nom de! Rana diluviana; mais lexamen du squelette mon- tre quece Batracien anoure, trouvé dans les schis- tes calcaires brunâtres de Bavière, w’appartient | pas précisément aux vraies Grenouilles. Le nom- bre des vertèbres, les vestiges dé bassin ouvert en àvant , la proportion relalive dés doigts, lé nom-| bre des phalanges qui entrent dans leur composi- tion rappellent les Pipas et les Dactylèthres ; mais Vabsence de dilatation sécuriforme des apophyses transverses des vertèbres pelviennes, et la disposi- tion de l’omoplate brisé en arrière, et non bifur- quésuürson bordrachidien, l’en distinguent ét rap- prochent cet animal fossile des Grenouilles et des Crapauds; aussi devra-t-il probablement formér un genre distinct intermédiaire, avec d’autant plus de raison qué son développement offré cette cir+ constance assez remarquable que, comme les Gré- nouilles, le Batracién anoure fossile des schistes de Bavière paratt être resté jusqu'à un termé as- sez avancé à l’état dé tétard à queue rémiforme, tandis que les Pipas'ne paraissent pas passer par cetétat de larve, ou du moins qu'ils y passent fort peu de temps, puisque les petits sortent à l’état parfait et sans queue des alvéoles dorsales dé la femelle: avant d’avoir atteint deux centimètres de longueur; peut-être appelléra-t-on ce genre de Batracien anoure Goldfussia, du nom de Goldfuss à qui l’on est redevable de sa découverte intérés- sante, et sarnômmera-t-on cette espèce Gozprus- Ste DILUVIENNE, Gold/fussia diluviana. Les Grenouilles vivantes, ou de l’époque actuelle, constituent des espèces nombreuses que l’on a di- viséesen plusieurs groupes plus où moins distincts et tranchés, établis d’après quelques différences de détails plus où moins prononcées ; ainsi, les Gre- nouilles proprement dites ou genre Rana ont pour type nos espèces européennes , savoir : La GRENOUILLE COMMUNE VERTE CCMESTIBLE , Rana viridis esculenta; d'un vert plus ou moins pâle ou foncé, quelquefois brunâtre sur le dos et les parties supérieures ; parsemé de taches noi- res arrondies, plus où moins discrètes où con- fluentes , très-rares ou nombreuses , séparées par trois raies jaunâtres dont l’une est imprimée sur le rachis et les autres sur la partie supérieure des flanes; celles-cisont moins marquées etmanquent même quelquefois ; les parties inférieures sont d’un blauc rosé où jaunâtre. Gette espèce atteint cinq à six pouces de lon- gueur: Elle est très-répandue dans les régions tem- pérées de l'Européf en la retrouve aussi, à ce qiparaît, en Égypte | La GRENOUILLE nROUSSE où muETTE, À. temporaria muta; d'un brun fauve clair sur le dos, et les parties supérieures; marquée de quelques taches noires, arrondies, plus larges et plus nettes sur lés cuisses ; une tâche quadrilaière, allongée, étendue éntre l'œil ét l’origine des membres an- térieurs; les parties inférieures blanches, rare- ment ponctuées de noir. Non moins commune en Europe que la première et de la même taille, son coassement, bien qu'on en ait dit, n'est guère môins fort et de moins de durée que celui de la précédente, avec laquelle elle partage les mêmes habitations ; aussi l’a-t-on voulu considérer comme une simple variété de coloration de la Gre- nouille verte. A cé groupe se rapporte entre autres la GrE- Novizse Brama de Lesson, Æ. brama, de cinq à six pouces de longueur, grisâtre en dessus, marquée d’une ligne blanche étroite, qui part du museau , suit le rachis jusqu’auprès de l’anus, où elle se bi- fürqüé pour envoyer une ramification sur chaque membre postérieur ; sur les côtés sont disséminées dé grandés taches brunâtres ou noirâtres, sinueu- ses , irrégulièrement arrondies et légèrement lise- rées de blanc ; elles laissent sur les épaules un es- pâcé elair plas où moins distinct, ét constituent quelquefois une sorte de bandelette étendue obli- quement depuis les côtés du museau jusque sur la partié antérieure des flancs ; les parties infé- riéures sont blanches. Cette Grenouille.est assez commune , à ce qu'il paraît, dans tout le Bengale. Déjà ses formes plus trapues forment le passage aux espèces suivantes dont la physionomie géné- rale se rapproche un peu de celle des Bombina- tors et des Crapauds. En effet, ces Grenouilles, que l’on a appelées assez défectueusement Cystignathes ( des mots grecs 40; , mâchoire , el xoric, véssié), parce que les côtés postérieurs de la mà- choiré se distendent dans le coassemenht, ce qui a lieu chez toutes les Grenouilles, ont le corps globaleux, les membres renflés et trapus comme lés Crapauds; leur tête a aussi quelque ana- logie avec l’aspect de ces derniers ; telles sont : La Grevouizze ryrnow, R.#yphonia, R. palustris, R. mugiens, R. clamitans ; longue d’environ qua- tre pouces, grise vérdâtre en dessus, marquée, de trois raies longitudinales blanches ; des taches bru- nes lenticulaires liséréés de blanc, plus petites et plus nombreuses sur les côtés, occupent leurs in- tervalles ; une bande blanche s'étend sur les cô- tés du museau, passe au dessus des yeux et du tym- pan pôur se perdre sur les flancs, non loin de | l’origime des membres antérieurs; les parties infé- rieures sont blanches. Cette espèce est de l’Amé- rique du nord. | La GreNouizze TAUREAU, À. pipiens ; de la gran- | deur de lespèce précédente, taille qui lui a valu le nom de Bull-frog, mot anglais dont le nom | francais n’est que la traduction. Son coassement |ést, à ce qu'il paraît, assez fort pour que quelques | aütéur$ pensent qu'il est aussi pour quelque chose | dans cette désignation. Celle Grenouille est ver- | dâtré: en dessus, marquée de grandes taches ir- EEE GSSEREIO FE STIES RATES DIRE SP URRRRENnEeT ee En ME 7 ET GREN 504 GREN 0 oo régulièrement arrondies, d’une teinte verte plus. foncée, nettement découpées ; les parties inférieu- res sont blanc-jaunâtres. Cette Grenouille ‘est assez commune dans plusieurs contrées de l’Amé- rique du nord et des Antilles. Elle paraît peu sau- vage, et vient quelquefois se réfugier dans la sai- son des froids auprès des habitations. Chez ces espèces, les membranes interdigitaires des pieds postérieurs étaient déjà un peu moins développées que chez les Grenouilles proprement dites; mais ilest des espèces voisines chez les- quelles leur peu d’étenduc a déterminé la forma- tion d’un genre particulier sous le nom de Lerero- pacTyYLe (des mots grecs déxrudos, doigt, et heros, grêle), comme Le CysrieNATHE DE Srix, À. pachypus, R. cortacea, R. gigas, Cystignathus pachypus; grande espèce de six à sept pouces de longueur, mar- quée en dessus de huit plis longitudinaux de la peau; les six’ internes de couleur fauve, les ex- ternes blanchâtres; leur intervalle marqué de grandes taches irrégulièrement ‘arrondies , noirâ- tres , sur un fond vert foncé olivâtre, laissant sur les côtés du rachis deux larges bandes de teinte pâle; une bandelette noire , sur les côtés du museau, s'étend, en passant sur les yeux, jusqu’au tym- pan. Ceite espèce fréquente les rives des grands fleuves de l'Amérique méridionale. Certaines Grenouilles, au lieu d’avoir les doigts des pieds postérieurs étagés comme celles d'Eu- rope et les précédentes, ont les trois doigts exter- nes des pieds postérieurs à peu près égaux en longueur. La Chine en fournit une qui est le type d’un genre auquel on a donné le nom de Hourema ; cette Grenouille, encore peu connue , est en des- sus d’un vert-olive pâle, marbré de noir; les tu- bercules dont sa peau est parsemée la rapprochent un peu des Bombinators et des Grapauds. On l’a désignée sous le nom de HouLema onscure , 1. 0b- scura, L'Amérique méridionale en a fait connaître une autre qui à joui d’une certaine célébrité à cause de l'erreur dont elle a été le sujet, Elle reste assez long-temps, en effet, à l’état de téêtard, et ac- quiert dans ce stage un volume assez considérable pour que l’on ait pu croire que c’était la Gre- nonille elle-même qui se changeait en têtard, et même en poisson; c'est la GRENOUILLE J'ACKIE, R. paradoæa. Gette Grenouille est verdâtre en des- sus ; des marbrures brunes plus ou moins larges se confondent cà et là sur le dos, et dégénèrent , vers les parties inférieures, en lignes sinucuses qui relèvent la couleur blanche du dessous du corps. La Jackie atteint à peu près la taille de nos Gre- nouilles d'Europe; safforme générale s’en rapproche plus que les précédentes ; mais les paupières sont irès-peu développées , la paupière supérieure est plus grande que l'inférieure , à l’inverse’des vraies Grenouilles, et les membranes plantaires sont pro- Jlongées jusqu'aux extrémités des doigts , à peu près comme chez les Dactylèthres. Ces signes organi- ques se joignent à la proportion particulière des doigts et à quelques autres caractères propres pour l'en différencier. La Jackie vient surtout de Suri- nam ; le genre qu’elle constitue a reçu le nom de Pseudis, traduction grecque de l’épithète Para- doxa. ; Quelques Grenouilles ont aux pieds postérieurs un rudiment de sixième doigt qui leur a valu la distinction en un groupe particulier , sous le nom de Hexanacryue. Le type de ce genre est une Gre- nouïille des Indes d’une taille médiocre, c’est-à- dire de quatre à cinq pouces, d’an brun-marron en dessus, avec une ligne pâle le long du rachis, souvent éteinte. La teinte des parties supérieures s’atténue sur les côtés du corps et dégénère en points qui se perdent bientôt dans la couleur blan- che du dessous du corps et des membres. Déjà chez cette Grenouille les yeux prennent le carac- tère particulier que l’on observe au plus haut point chez l'espèce suivante. D’autres Grenouilles ont la tête déprimée à tel point queles yeux semblent avoir été ramenés sur le dessus du crâne, commechez les Baudroies ; les yeuxsont d'ailleursmunisd’une paupièresupérieure très-développée, et l'inférieure est presque nulle, comme chez les Pseudis, en opposition avec ce que l’on observe à ce sujet chez nos Grenouilles d'Europe; aussi a-t-on établi une division spéciale pour ces Grenouilles, et les a-t-on désignées par le nom particulier deCérnarorsines. L'espèce type de ce geure nouveau , créé par Duméril et Bibron, est une grande Grenouille rapportée du Chili par Gay;elleest grisâtre eu dessus, nuagée irrégulière- ment de brun-noirâtre : ses pieds postérieurs sont peu palmés; mais les doigts sont étagés comme chez nos Grenouilles européennes. Une autre Grenouille, également rapportée du Ghili, offre cela de remarquable, qu’elle porte sur Jes côtés de la région lombaire, vers l'angle: des os des hanches, une glande conglomérée, qui paraît fournir un mucus destiné sans doute à jouer un certain rôle dans quelqu'un des actes de la reproduction. Cetle Grenouille est de petite taille; son corps est globuleux et se rapproche de celui des Bombinators : elle est d'un gris brunâtre en dessus, marquée d’une ligne pâle sur le rachis, et de taches lenticulaires brunes plus foncées , li- serées de blanc; les glandes sont imprimées d’une tache analogue aux précédentes; les pieds sont à peine palmés, les doigts très-grêles ; ses paupières ressemblent à celles des vraies Grenouilles. Il est des Grenouilles qui présentent le carac- tère singulier d’avoir la paupière supérieure sur- montée d’un repli de la peau triangulaire, pointu, flexible, légèrement recourbé en dehors, à la ma- nière des cornes de certains animaux; aussi leur a-t-on donné le nom de Grenouilles cornues, dont le nom CÉrarTorneys (formé des mots grecs #épus, corne , et és, sourcil ), plus généralement. employé dans la science, n’est que la version grec que; leur tête est large, aplatie ; la gueule est très- évasée, comme chez les Céphalopsides, le mu- seau taillé en biseau allongé, etc. Les unes ont le tympan visible, le rachis marqué d’un repli cu- tané, qui forme une sorte de scapulaire saillant , comme men 0m GREN 505 GRES EEE comme le CéÉrarormnys DE Daunin, Rana cor- nula, Ceratophrys dorsata , Rana megastoma. Bru- nâtre en dessus, marquée d’une large bande ver- dâtre ou jaunâtre, étendue depuis le museau jus- qu’à l'anus, bifurquée sur l'origine des membres antérieurs , et se reproduisant sous forme de ban- des transversales sur les membres ; de grandes ta ches noirâtres plus ou moins anguleuses ou arron- dies , sinueuses, s’interposent dans les intervalles ; le dessous du corps est blanc-jaunâtre. Cette es- pèce se distingue aussi, dit-on, par un appendice globuleux , saillant , au dessus de l'anus ; Mais c’est pour avoir sans doute examiné un individu trop jeune, et qui conservait encore un dernier vestige de la queue caduque du premier âge. Des Grenouilles cornues, fort voisines, ont le tympan caché sous la peau, comme dans les Cra- pauds; mais la présence des dents aux maxillaires lesrapproche trop des Grenouilles pour les en sé- parer; on en a constitué le genre Stombus : tel est le Sromgus DE Boi£, C. granosa, C. Boiei, du nom du savant voyageur qui, comme Kuhl et Van- hasselt, mourut à Java victime de son zèle pour la science, et dont les précieux manuscrits erpétolo- giques, réclamés par la Belgique, sa patrie, et par la Hollande, au service de laquelleilétait, attendent, pour voir le jour, qu'un protocole décide la ques- tion de propriété suscitée par la division politique de ces deux royaumes naguère réunis; le Stombus de Boié est brunâtre en dessus, marqué de taches arrondies plus foncées; la face est blanche et le ventre tacheté parfois de noir sur un fond blanc. Gette espèce atteint deux pouces ou deux pouces et demi de longueur ; elle provient, comme la pré- cédente, du Brésil. Java a procuré une Grenouille cornue, dont Kuhl a fait un genre particulier sous le nom de Mécazoranys ou M£cornnys; l'espèce surnommée MÉGALOPHRYS DES MONTAGNES, M. mon- tana , est olivâtre en dessus, avec une tache noire obliquement allongée en dessous des yeux, et un point noir en arrière de l’occiput; elle est nuagée de brun ou de vert plus foncé sur le reste du corps, même sur les parties inférieures; les doigts sont crêles, à peine palmés le biseau de la face assez allongé. Le Mégalophrys de Java atteint deux à trois pouces, son surnom semble indiquer des ha- bitudes un peu différentes de celles du reste des Grenouilles. D’autres Grenouilles cornues ont cela de parti- culier, qu’elles ont, au lieu du repli cutané en sca- pulaire, partant des yeux et se rendant en pointe à l'extrémité postérieure du rachis, que l’on voit chez les précédentes, une série de petites pièces osseuses, développées dans l’épaisseur du derme de la région dorsale, et disposées assez symétrique- ment par paires, de forme différente et rangées de manière variable et en nombre particulier chez chaque espèce; le bouclier suscrânien, assez}pro- noncé chez ces espèces comme chez les Cépha- lopsides, se termine en arrière par deux ostéides eummulaires qui semblent destinés à protéger l’o- reille, et dont il faudra peut-être tenir compte un jour dans la détermination ou la signification T, HIT. de l’opercule des poissons. De ce nombre sont : Le CéraTorarys DE Srix, C. varia du Muséum de Paris. Grande espèce, d’une teinte grisâtre en dessus, marquée de grandes taches irrégulières, sinueuses, de teinte. verdâtre ou noirâtre foncée ; blanchâtre en dessous. Provenant du Brésil. Le GÉRATOPHRYS À BOUCLIER, C. clypeata, espèce un peu moins grande que la précédente, jaunâtre, avec de grandes taches d’un brun-marron sur les parties Supérieures. Sa patrie est encore douteuse, Le professeur Duméril a signalé une troisième espèce, la plus grande de toutes, rapportée de Su- rinam; brunâtre en dessus, ponctuée et maculée de brun foncé ou de noir ; blanchâtre en dessous. Enfin il est une Grenouille cornue dont les dents antérieures se développent en forme de croc, ce qui a engagé les auteurs à en former un genre à part, qu'ils ont appelé Hewrparacrus ( des mots grecs Auiavz, demi, gparüc, cuirassé), parce! que le crâne gle l’espèce type de ce genre est très-grand, formant plus que la moitié de la longueur de l’ani- mal, et recouvert comme celui des précédentes d’un écusson osseux. Gette espèce type est l’'H£mr- PHRAGTE DE SPix, 1. Spixit, parce que Spix l’a décrite le premier sous le nom de ÆRana scutata ; elle a la tête pointue, les cornes palpébrales peu saillantes , les verrues moins prononcées que chez les autres Cératophrys, les doigts inégaux et peu palmés ; elle est d’un brun verdâtre uniforme en dessus, grisâtre en dessous. Cette espèce atteint un peu plus de deux pouces, et provient du Bré- sil. (T. G.) GRENOUILLET. (zor. PHAN.) On donne ce nom à quelques espèces de Rénoncules aquatiques, parce que les gens de la campagne croient que les grenouilles se nourrissent de leurs feuilles. Ÿ. Re- NONCULE. (Guér.) GRES. (c£or.) Roche quartzeuse, à texture gre: nue, lâche ou serrée, à grain plus ou moins fin, tantôt blanche, tantôt rougeâtre , et souvent pré- sentant l'assemblage de mille couleurs différentes, Avant qu’on eût senLi la nécessité d'adopter dans le langage scientifique des noms dont la significa- tion fût précise et bien limitée, on appelait Grès des roches d’agrégation, composées de grains de quartz ou d’autres substances réunies par un ci- ment quelconque plus ou moins visible. Al. Bron- gniart est le prenier qui ait restreint la dénomi- nation de Grès à une réunion de pelits grains de quartz agglutinés par un ciment invisible, et qui ait rangé parmi les PsammiTEs (voyez ce mot) tous les Grès mélangés. Ainsi, d’après cette définition, les Grès sont des roches essentiellement homogènes, Peut-être objectera-t-on qu’en géologie les Grès homogènes passent par une foule de nuances aux Grès mélangés , et que la distinction dont il s’agit est complétement inutile. À cela nous répondrons que d’après ce principe on pourrait réduire à deux ou trois le grand nombre de roches qui portent des noms différens : il n’y aurait plus alors de distinc- tion à faire entre le granite, la syénite, la proto- gine , la pegmatite, l’eurite, etc. ;: c’est même tout au plus si l’on pourrait en admettre entre le gnciss, 224° T 1VRAISON. 64 as moins dans la nature par toutes sortes de nuan- ces de l’un à l’autre. Gonvenons plutôt que toutes les classifications étant artificielles, on est bien obligé d'admettre dans le langage scientifique des caractères arlificiels et des noms distincts, pour désigner des substances qui, prises dans des limites marquées , diffèrent complétement, plutôt que de risquer d'employer un langage qui par sa confu- sion deviendrait tout-à-fait inintelligible, Toutefois, en restreignant les Grès dans les ro- ches homogènes au moins en apparence, on voit qu'ils se composent d’un sable siliceux plus ou moins fin, dont toutes les molécules sont réunies par un ciment invisible ordinairement siliceux et quelquelois calcaire. D’après cette définition , ce serait une erreur de croire que le sable a pour origine des Grès désagrégés, bien que plu- sieurs Grès passent , en effet, par une sorte de dé- composition à l'état de sable. Il suffit pour se convaincre que les sables ont été formés avant les Grès, ou en d’autres termes que sans les sables il n’y aurait pas de Grès ; il suffit, disons-nous, d’exa- miner les Grès de dernière formation , ceux par exemple des environs de Paris, et de voir qu'ils sont disséminés en mamelons irréguliers au milieu des masses de sable qui conslituent nos collines, eb que ces mamelons ont dû se former comme touies les concrétions par l'infiltration d’un liquide, portant un ciment qui a réuni le sable en masses dures plus ou moins considérables. Et si l’on de- mandait d’où venait et comment s’est formé le sa- ble de nos collines, il serait naturel de répondre que ces collines étaient en quelque sorte des dunes déposées sur des rivages, et formées comme elles se forment encore aujourd’hui de débris d’autres roches préexisiantes, pulvérisées par le mouvement des ondes. Nous renvoyons la description des différentes va- riétés de Grès aux mots Rocues et Ternarns. (J. H.) GRÉSIL. (wéréon.) On appelle ainsi un phéno- mène météorologique dont la formation a beau- coup de rapport avec celle de la neige; on peut l’observer dans nos climats, aux mois de mars et d'avril, où il se reproduit presque tous les ans, Ce n’est autre chose que de l’eau congelée, ou plutôt de petites aiguilles de glace pressées et en- trelacées, formant une espèce de pelote assez com- pacte et quelquefois enveloppée d’une couche: de véritable glace transparente, On ne sait rien jus- qu’à présent sur les causes qui déterminent ce phé- nomène. (G. d.) GREUBE. (céoz.) On nomme ainsi à Genève un calcaire jaune, poreux et friable, dont on se sert pour nettoyer et colorer en jaune les boiseries de sapin. Ge calcaire s’exploite au pied septentrio- mal du Petit-Salève, près des bords de l’Arve, à peu de distance du village d'Etrembière, où il forme de petites collines adossées: à la montagne. Dans ces collines, .qui, parles coquilles que l’on: y | remarque, sont évidemment formées par un dépôt d’eau douce, le Greube se présente sous forme de concrétions. # On trouve dans les petites collines de Greube des débris de coquilles terrestres et des emprein- tes de feuilles d'arbres dicotylédons. Nous sommes porté à considérer ce calcaire comme étant d’une origine très-récente, el comme analogue à celui que nous avons vu se former encore par l’actiom des sources dans la vallée de la Kander et dans les environs de Zurich. Nous en parlerons à l’article Terrains. (J. H.) GREVE, (céoz.) C’est le nom qu’on donne aux bords des rivières et des mers que les eaux ont cou- verts de gravier et de galets ou cailloux roulés, (J. H.) GREWIER ou GREUVIER, Gretwia. (B0T. pnan.) . Genre d’arbrisseaux ou arbres de taille médiocre, à feuilles alternes, simples, munies de stipules ; à fleurs portées sur des pédoncules axillaires dispo- sés en ombelk écailleuse à sa base. Il appartient à la famille des Tiliacées, Polyandrie monogynie, et présente pour caractères : un calice de cinq folio- les, colorées intérieurement , tomenteuses en de- hors; cinq pétales, munis à leur base interne d’une caille glandulcuse et velue; des étamines nom- breuses , attachées au sommet d’un support cen- tral autour du pistil; un stigmate ordinairement quadrifide; une baie charnue, renfermant quatre noyaux osseux, à deux loges monospermes, La disposition des étamines sur le support du pislil avait conduit Linné à placer le Grewia dans la Gynandrie; c’est Willdenow qui la replacé avec raison dans la Polyandrie. Quelques genres établis avant ou après Linné, et identiques avecle Grewia, lui ont été réunis; ce sont le Mallococca, créé par Forster pour un arbre des îles de la mer du Sud, et le Chadera de Forskaehl, qui croît en Arabie; le Microcos de Linné à été supprimé par son au- teur même. Au contraire , Lamarck a distingué du Grewia le genre Ælangium, dont les enveloppes florales sont au nombre de six à dix, et la baie uni- loculaire. Les Grewiers, au nombre de cinquante espèces environ, sont tous exotiques, et répartis sur Le continent et sur les îles d'Asie, quelques uns en Afrique. De Gandolle, dans son Prodrome, les di- vise en quatre sections, caractérisées, d’après la forme courte ou oblongue des pétales, et le nom- bre des nervures des feuilles (trois ou cinq). Nous citerons pour exemple une espèce de Gre- wier cultivée dans nos serres. C’est le GREWIER oc- cinenTaL, G. occidentalis (ainsi nommé relative- ment aux espèces de l’Asie orientale), arbrisseau du cap de Bonne-Espérance , s’élevant à huit ou dix pieds; ses rameaux sont d’un blanc grisâtre; ses feuilles, presque ovales, crénelées sur les bords, sont marquées de trois nervures principales, ek leur surface semble finement réticulée par des veines situées entre les nervures. Les fleurs sont nombreuses, de couleur purpurine ; les folioles du | calice.et'les pétales sont étroits et linéaires, (L.) GRIBOURI, Cryptocephalus. (1xs.) Genre de | Goléoptères. dé lasection des Tétramères, famille 2 a 3 Guillon . 4.Gros-bec 5. Grue 2 Guern dr GRIF 507 GRIM Ge des Gycliques, tribu des Chrysomélines ,. établi par Geoffroy sous le nom francais de Gribouri , mais dont on a depuis démembré plusieurs autres, Caractères : tête verticale enfoncée dans le corse- let, antennes écartées à leur insertion, filiformes ; mandibules courtes, tranchantes ; palpes filifor- mes; pénultième article des tarses bilobé. Les Cryp- tocéphales sont des insectes de petite taille, courts, ramassés , cylindriques ; leur corselet est très- bombé en dessus ; la tête , qui est plate en dessous, s’y trouve tellement enfoncée, que le corps paraît comme tronqué à cet endroit ; les antennes attei- gnent erviron la moitié de la longueur du corps ; les pattes sont de grandeur moyenne. On en con- naît maintenant un assez grand nombre d’espèces dont l’Europe fournit letiersenviron. Leurs mœurs n'ont rien de bien remarquable. Ils vivent sur les plantes, où leur multiplication très-abondante peut quelquelois faire du tort, parce qu'ils attaquent principalement les bourgeons; lents à se mouvoir, ils présentent peu de moyens de défense, mais à la moindre crainte ils contractent leurs antennes et leurs pattes , et se laissent tomber à terre, où, malgré les couleurs brillantes dontils sont revêtus, ils échappent promptement à la vue. + GriBourt soYEux, C. sericeus, Linn. Oliv., Ins. t. vr, 99, 1, 9. Long de trois lignes au plus, d’un vert doré brillant, plus noir en dessous du corps; les antennes sont noires avec les premiers an- neaux verts, Très-commun. (A. P.) GRIEL, Grielum. (or. pan.) Genre linnéen de la Monadelphie décandrie, placé jusqu'ici à la suite des Géraniacées , d’après le sentiment de Burmann et de Cavanilles , mais qui doit positive- ment faire partie de cette famille, comme je l'ai dit plus haut, p. 4oget suiv. C’est bien à tort que Schreber et Willdenow le veulent transporter dans la famille des Rosacées ; il dénonce lui-même à la première vue ses liaisons avec elle par la pluralité de ses capsules et divers autres caractères ; il lui manque , il est vrai, le style si singulier des Gé- raniers, el par conséquent la disposition des cap- sules autour de l'axe central; cette différence constitue précisément son caractère générique. On ne connaît encore que deux espèces , le Grie- lum tenufolium d'Afrique, sous-arbrisseau chargé de. grandes fleurs jaunâtres, et le Grielum laci- niatum décrit par Gaertner. (T. ». B.) GRIFFES, Fulcra. (or. et aorr. )Ce mot a deux acceptions , la première indique une sorte de ra- cine tubéreuse à divisions cylindriques ou coni- ques , allongées ou terminées en pointe, unies par la base, divergentes au sommet, assez semblables à des digitations , et dont l’ensemble a para res- sembler, aux yeux des fleuristes et des horticoles, aux Grifles d’un animal. De là le nom de Griffes donné à. la racine de la Renoncule des jardins, Ranunculus asiaticus. Ea seconde acception désigne aussi vulgaire- ment , mais à tort, des racines , puisqu'il s’agit de certains appendices , au moyen desquels le Lierre, Hedera helix, la Bignone de Virginie, Tecoma ra- - chicans, et autres plantes grimpantes, se cram- ponvent le long des rochers, des arbres, des murs et autres corps qui leur servent d’appui, Il] faut encore placer ici les Fucus , dont les prétendues racines ne sont que des Grifles. Ges organes ne sont point susceptibles de s’enrouler comme les Vaisres (voy. ce mot); ils ne pompent aucune nourriture, et remplissent seulement les fonctions de la main pour s’attacher etaider à l'élévation au dessus du sol de la plante qui en est munie. (T. ». B.) GRIFFES. (zoo1.) Foy. Onaues. GRIFFON. (ma. } Ge nom est celui d’an ani- mal mammifère fabuleux sur lequel nous revien- drons en traitant des Tapirs, qui semblent lui avoir servi de modèle, On appelle aussi Griffons le grand Vautour barbu où Cyrarste, et une espèce du genre des vrais Vaurouns. /”. ces mots. (G£nv.) GRIGNARD. (cior.) Nom que les carriers don- nent à une couche de Gypse qui appartient à ce qu’ils appellent le, Gros-banc, et qui se trouve dans la seconde masse à Montmartre. (J. H.) GRIGRL. (o1s. vs.) On donne vulgairement ce nom au Proyer et au Grillon des champs. F7. BruANT et GRILLON. (Guër.) GRIL, (crusr. iNs,) Nom donné aux Homards sur quelques côtes de France. C’est aussi le nom du Grillon champêtre dans le midi de la France, On l'appelle encore Grillot. (Guir.) GRILLAGE, (mérazz.) Voyez MéTaLLuRGrE, GRILLON ou GRILLON TAUPE. (1xs.) Nom de la Courtillière, Ÿ, TauPpe-GRiLLON. (GuËr.) GRIMACE. (mozs.) On donne ce nom vulgaire, parmi les marchands, au Murex anus de Linné, qui est un Triton pour Lamarck. (Guér.) GRIMACE BLANCHE ou GRIMACE GAUF- FRÉE. (mozc.) Le 7riton clathratum, Lam. GRIMPANT , GRIMPART , GRIMPEAU , GRIMPE-HAUT, GRIMPELET , GRIMPERET, (ois.) On donne vulgairement tous ces noms au GRIMPEREAU VULGAIRE el à la SirTezce (voy. ces mots ). (Gu£r.) GRIMPEREAU, Certhia. (o1s.) Le Grimpereau d'Europeou familier est la seule espèce bien connue que les ornithologistes modernes placent dans le genre Certhia de Linné; toutes.celles que le législa- teur de la science des corps organisés ÿ avait placées composent aujourd'hui les genres nombreux, et souvent très-mal circonscrits, auxquels on a donné les noms de Cinnyris, Mellithreptus, Dicœum , Nec- larinis, Cæœreba, Certhionya, etc., etc. Aussi étroitement limité qu’il l’est présentement, le genre Certhia peut être caractérisé ainsi : bec de la lon- gueur de la tête, recourbé , pointu , à mandibules égales, non échancré,, eflilé à son extrémité; na- rines basales, à demi fermées par une membrane; ailes courtes , à quatrième rémige la plus longue ; pennes, de la queue au nombre de douze , à tiges raides, terminées en pointe, nues et un peu re- courbées, Tarses nus et annelés; doigts extérieurs unis à leur base ; l’intérne libre, le postérieur plus long que le doigt interne, Le Certhia familiaris est un petit oiseau long de quatre pouces et demi, qui vit dans les bois et les GRIM 508 GRIM vergers pendant toute l’année, et s’y fait remar- quer par son extrêéme-vivacité, Il ne cesse de vol- tiger d'arbre en arbre ou de grimper le long de leur tronc, cherchant dans les fentes de leur écorce les insectes et leurs larves , dont il fait sa nourriture habituelle; il place son nid dans quelque trou d’ar- bre, et le tapisse d'herbes et de mousses liées en- tre elles avec des toiles d'araignées. Sa femelle pond dans cette petite demeure cinq à six œufs d’un blanc cendré, parsemé de points et de traits d’une teinte foncée. Le Grimpereau habite toute l’Europe , ainsi qu’une partie de l’Asie, et aussi quelques points de l'Amérique septentrionale ; mais il est très-rare dans cette dernière contrée. Les plumes de sa tête, de son cou et de son dos sont d’un blanc sale dans leur milieu, rousses sur un côté ct noirâtres de l’autre ; le dessous de son corps est blanc , faible- ment nuancé de roux chez les mâles ; le tour des yeux ainsi que les sourcils sont d’un roux assez tendre; les couvertures supérieures de l’aile pren- nent la teinte du dos, et les pennes caudales sont brunes et comme usées à leur extrémité. Le Grim- pereau a été, figuré à la pl. 101, fig. 3, de notre Atlas. Vulgairement on l'appelle, ainsi qué nous l'avons dit plus haut, Grimpart, Grimpet, Grim- pelet et aussi Gravisset, Gravisseur, Gravisson , Pionet , Piochet, Picasson, Bate, Ratale, etc. Franklin place dans ce genre une seconde es- pèce qui est de l'Inde, et Brehm une troisième qui n’est probablement qu’une légère variation du €. familiaris. (GErv. GRIMPEURS ou ZYGODACTYLES, Zygodac- tyli. (ors.) Lacépède, Daméril, et Cuvier d’après eux, ont donné le nom de Grimpeurs aux oiseaux .qui offrent la particularité d’avoir leurs quatre doigts divisés en deux paquets, deux antérieurs et deux postérieurs ;- ces oiseaux se lient intime- ment aux Passereaux, avec lesquels Is. Geoffroy veut même qu’on les réunisse, ainsi que l'avait proposé Vieillot, qui les confond avec eux sous le nom de SyLvainxs, Sylvicolæ (Zygodactyli et Ani- sodactyli). De Blainville, dans son Prodrome d’une classification des animaux, et dans le cours qu'il a fait en 1854 à la Sorbonne sur les animaux de la classe des Oiseaux, n’admet pas l’ordre des Zygo- dactyles tel que l'ont établi les auteurs précités. Au lieu de placer tous ces oiseaux après les Acci- pitres et les Passereaux, il les partage en deux groupes qu'il reporte, l’un , celui des Perroquets (Prehensores , BI.), avant tous les autres oiseaux, parce que les Perroquets leur sont supérieurs sous le rapport de leur organisation et de leurs facultés; et le second, celui des Zygodactyles ( Coucous, Pics, etc. ), parmi ses Scansores, qui composent le troisième ordre de $a méthode. L'ordre des Grimpeurs , tel que l’admettent La- cépède , Cuvier et Duméril, comprend un nombre assez considérable d'espèces, mais qui se rappor- tent à une série peu variée de familles ou de gen- res linnéens : tels sont les genres Psittacus ou Per- roquet, Picus ou Pic, Cuculus, Coucou, Rham- phastos, Toucan, T'rogon, Gouroucou, ct Bucco, Barbu. Ces divers genres, dont’ on fait mainte- nant autant de familles, sont eux-mêmes démem- brés en un grand nombre de coupes généri- ques, que nous étudierons autant que possible en même temps que les familles auxquelles elles se rapportent. Tous les ciseaux que l’on nomme Grim- peurs n’ont pas la facullé de grimper ; aussi est-il préférable de donner à ces animaux le nom de Zy- godactyles, qui signifie doigts disposés par paires. Quelques espèces, celles qui sonttridactyles, échap- pent bien à cette disposition; mais ces espèces elles- mêmes, que, faute d'expression plus convenable, on est obligé d’appeler anomales , se rapportent par- faitement aux autres familles zygodactyles par l’ensemble de leur organisation. Les oiseaux de l’ordre qui nous occupe sont gé- néralement de taille moyenne; les Scythrops, les Toucans, les Aras et les Touracos sont ceux qui présentent les plus grandes dimensions. La plupart sont remarquables par le brillant et la variété de leur plumage , et il en est que leurs habitudes sin- sulières rendent dignes de toute l'attention du na- turaliste. (Genv.) GRIMSEL. (ciocn. pays.) Montagne élevée de 4:950 mètres, séparant le Valais du pays de Hasly, où des enfans robustes et sobres de l’antique Scandinavie sont venus chercher une patrie , lers- que celle qui les avait vus naître succomba sous le fer d’un tyran et cessa de compter au-nombre des nations européennes. Le Grimsel touche au Saint- Gothard et au mont de la Fourche; c’est un des passages , ouverts sur les hautes Alpes, les plus difficiles à franchir. Du côté da Valais, le sentier n’est qu'âpre, pénible; mais, du côté de l'Ober- land , ilest effrayant, très-dangereux, et rendu étourdissant par la chute saccadée de l’Aar, dont les eaux se lancent sur des masses de rochers qu’elles rongent incessamment , qu’elles déchaus- sent et entraînent de cascades en cascades. On suit, en montant, une série de plans inclinés, de nombreuses sinuosités , et, après une longuc jour- née de fatigues , l’on touche au sommet pour se trouver enveloppé de toutes parts par des Glaciers d'une épouvantable étendue. C’est ici que Fon étudie la marche progressive des GLAGEs ( voy. à ce mol), et que l’on voit comment les pics, autre- fois lancés vers le ciel, ont fait lentement couler leurs pointes aiguës sur les vallées voisines et en- vahi le sol que le cultivateur leur dispute mètre par mètre. Dans son ascension , le botaniste peut apprendre à bien connaître les stations végétales et Les lois auxquelles elles sont soumises. Au pied de la montagne, encombré d'énormes blocs &e granite détachés de ses flancs, il a foulé de super- bes prairies où paissent de grands troupeaux, et traversé de riches moissons payant avec usure les sueurs et les longs efforts du laboureur ; plas haut, il a traversé un bois de pins et de mélèzes entre- laçant leurs rameaux chargés de feuilles étroites , éparses , opposées ; du moment que ces végétaux ligneux deviennent épars, les mousses paraissent, étalent leur tapis verdoyant, montent, se jouent à travers la neige qui travaille sans cesse à dimi- eo GRIO 509 GRIS a , nuer l’étendue qu’elles occupent : enfin elles s’ar- rêtent tout à coup; c'est le dernier degré de l’é- chelle végétale, la mer de glace commence, un froid extrême vous saisit, on se croit au pôle. Trois glaciers constituent le Grimsel; la vallée de glace la plus élevée porte lenom d’Aarbach, elle a huit kilomètres de long , et court de l’est à l’ouest entre deux chaînes de montagnes chargées de neiges perpétuelles ; la seconde, le Finster-aar , ‘ouverte également dans la même direction, a trois myriamètres de longueur ; la troisième, dite le Laute-raar, n’a que quatre kilomètres d’ étendue; c’est la seule accessible, celle sar laquelle un hospitalier est établi, depuis la mi-mars jusqu’à la mi-novembre, pour porter secours et guider le voyaseur, le naturaliste qui visite ces déserts glacés. J’ai vu des actes qui font mention de l’ha- bitation hospitalière dès le quinzième siècle ; elle y existait sans doute bien auparavant; elle avait disparu en 1557, par suite d’éboulemens , mais elle a été relevée depuis; ce n’est que deux siècles un quart après, que les deux cantons de Berne et du Valais ont songé à tracer un chemin régulier pour traverser la montagne et ouvrir par là une communication entre eux. Quand l'hospitalier prend ses quartiers d’hiver, il laisse dans la maison du menu bois, un briquet, de l’amadou pour allumer du feu; puis quelques provisions , telles que de la viande salée, du pain- biscuit, du fromage, etc. Près de la cabane il y a un petit potager que l’hospitalier cultive. L’Aar prend sa source au sein de cet énorme glacier ; elle est entretenue par la fonte qui ne cesse d’avoir lieu ; cette rivière est si forte que , à peu de distance de sa chute , elle est flottable ; la rapidité de son cours est telle qu'on la suit à travers des lacs de Bientz et de Thun, et même lorsque ses eaux se sont perdues dans le Rhin vis- à-vis de Waldshut, On a dit que l’Aar roulait des paillettes d'or; je n’ai pu constater celte asser- tion; j'y ai trouvé de très-beaux débris de mica. Quand; je visitai ce passage, la neige avait dans certaines parties une teinte rose, élevée au ton du carmin dans d’autres, et du rouge le plus foncé en divers endroits : c'était un signe désas- treux très-nrochain, au dire du vulgaire. La ter- reur cessa parmi les paisibles paysans, quand je leur eus persuadé que ce phénomène était dû à la “poussière de certaines Urédinées et surtout à celle des Pins. J’éprouvai le plus grand plaisir à voir ainsi Ja neige et la glace éternelles revêtues de cette æobe animée. (T.n. B.) GRIOTTE et GRIOTTIER. (20T PHAN. el AGR. ) Sous l’une et l’autre dénomination on comprend généralement les Cerisiers dont les fruits sont d’un rouge très-foncé ou presque noirs, qui ont la peau moins tendre, la chair plus ferme, rou- geâtre, moins fondante que celle des Gerisiers ‘proprement dits, quelquefois acide, le plus sou- vent douce, mais avec une petite pointe d’amer- tume. En général, les Griottiers donnent une grande quantité de fleurs ; la majeure parlie avorte pour peu qu'il y ait du froid ou qu'il tombe beau- coup de pluie. Leur feuillage est moins grand , mais toujours d’une plus belle verdure. Olivier de Serres parle d’un Griottier aux fleurs incarnates , semblables, pour la srandeur , à celles du Rosier des haies, que l’on multipliait de son temps par boutures, et dont on obtenait très-ra- rement du fruit, lors même qu'on le greffait sur Cerisier commun. Il a sans doute voulu indiquer le Gerisier à fleur double, Cerasus hortensis , dont les bouquets sont moins nombreux que ceux du Merisier à fleur double , Cerasus avium , très- -pleins f et qui présentent leurs corolles surmontées d’un petit cœur vert ; quant à la couleur, il a certaine- ment été trompé ; s’il avait vu par lui-même, il se serait exprimé tout autrement. (T. ». B.) GRIPPART. (ors.) Nom vulgaire du Grimpereau commun. … (GuËr.) . GRISAILLE. (or. Pxan.) Nom d’une variété de Peuplier. (Gu£r.) GRISARD. (man. o1s.) C’est le nom vulgaire du Blaireau dans quelques provinces. On désigne aussi sous ce nom le jeune du Goëland à manteau noir. Voy. Mauve et GoELAND. (Guér.) GRISET. (mam. o1s.) Ce nom désigne une es- pèce du genre Maki et une Gallinule , la Marouette. Le jeune âge du Chardonneret porte aussi ce nom dans quelques parties de la France. (Guér.) GRISETTE. (ors. ins.) On donne ce nom à une Alouette, à une Phalène ct à un Charancon. (Guër.) GRISONS. (Gkoar. pays.) Le pays des Grisons forme un des vingt-deux cantons qui composent la Confédération helvétique. C’est un pays fort pauvre et dont les habitans sont probes et hon- nêtes : ils tiennent surtout beaucoup à leur répu- tation de probilé; je n’en veux d’autre preuve que la fermeté avec laquelle ils réclamèrent, par des députés, contre un article injarieux pour eux, inséré dans la Cosmographie universelle de Sé- bostien Munster, en 1543, où il était dit que la vallée de l’Engadine , qui fait partie du canton des Grisons, renfermait beaucoup de voleurs (habet multos latrones). Les députés obtinrent que cette phrase serait effacée, comme calomnieuse , de tous les exemplaires non encore vendus, ct qu'il leur serait adressé des lettres expiatoires ;, expédiées par la chancellerie de Bâle, munies du grand-sceau de la république , qui porteraient que Tinculpation, étant aussi fausse qu injurieuse , ne pourrait, en aucune manière ni en aucun temps, tourner à blâme ou être reprochée aux Engadins et à leur descendans. Le canton des Grisons, qui en langage rhétien : se nomme Republika Grisona , en allemand Grau- bundten, et en italien epublica der Grisont, est borné à l’est par le Tyrol; au sud par les vallées de Bormio, de la Valieline, et de Chiavanna ; à l’ouest par les cantons da Tessin et d’Uri; et au nord par ceux de Glaris, de Saint-Gall, et par le Tyrol. Sa plus grande longueur est de 5o lieues, sa plus g grande largeur de 20 lieues ; sa surface, éva- luée en lieues carrées , ‘est de 318 lieues. Il ren- ferme dans cet espace soixante vallées. se GRIS 510 GRIS 0 ÆLes lacs du canton des Grisons sont de peu d'importance ; aussi nous n’en parlerons pas ; mais il n’en est pas de même des rivières qui l’arrosent : les deux principaux fleuves qui y prennent nais- sance sont le Rhin et l’]nn. Pour former le pre- mier , trois rivières se réunissent: le Rhin anté- rieur, le Rhin du milieu, le Rhin postérieur : tous les trois prennent leur source dans des glaciers, et l’on pourra avoir une idée plus exacte de leurs cours , en lisant l’article ALLEMAGNE de ce Diction- naire, où on est entré dans beaucoup de détails qu'il est inutile de répéter ici. Nous dirons seule- ment que le Khin est un grand fleuve avant de sortir du canton, où il a déjà recu les eaux de plusieurs pelites rivières, telles que la Plessur et la Landquart, L’Inn, après avoir pris naissance dans l’Enga- dine, au glacier de Maloia, court au Danube et de là à la mer Noire. On sait que les bords de ce fleuve ont été témoins des hauts faits d'armes des armées républicaines de la France en 1794. Les montagnes qui sont jetées à la surface du sol sont nombreuses. Les plus hautes du canton s'étendent du Saint-Gothard aux sources du Rhin supérieur et à celles de l’Inn; de Rielles se prolon- gent au N.-E, jusque dans le Tyrol; de cette chaîne principale il en part d’autres quis’étendent en tous sens, et dont plusieurs portent des pics de neiges et s'élèvent jusqu’à dix ou onze mille pieds au dessus de la mer. Tout ce pays présente des montagnes si escarpées, des pentes si raides, et tant de précipices, que, dans quelques commu- nes, les mères, lorsqu'elles sont obligées d’aban- donner leurs enfans en bas âge pour vaquer aux travaux des champs , les aitachent avec une longue corde qui ne leur laisse à parcourir qu’une très- pelite distance, de peur qu'ils ne s’éloignent trop pendant leur absence , et qu’ils ne tombent dans quelque précipice profond. Une chaîne de montagnes s'étend depuis le Saint-Gothard au N.-E. en côtoyant les cantons d’Uri , de Gharis et.de Saint- Gall ; une autre chaîne s’étend au midi dans le même sens, etle Rhin an- térieur coule avec fracas entre ces deux chaînes jusqu'à Reichenau. Là, il se réunit avec le Rhin postérieur , qui le surpasse en force et en grosseur, et qui a déjà parcouru les vallées de Domlesch, de Schams et de Rheinvald. À Reichenaw, les deux vallées du Rhin se réunissent en une large vallée principale qui s’ouvre du côté du nord de V'Allemagne, où le Rhin se précipite pour purifier ses eaux jaunâtres dans le lac de Constance. La belle vallée de l'Engadine, où coule l’Inn, est formée par la haute chaîne de montagnes qui sépare l'Italie de la Suisse et par une autre chaîne parallèle qui lui sert de limites au nord: elle s'étend jusqu’au Tyrol; entre elle et les val-. lées du Rhin, on trouve un grand nombre d’au- tres vallées; sur la pente des Alpes, du côté de YItalie, les Grisons possèdent encore les vallées de Misocco, de Bergell, de Poschiavo, et de Muns- ter. Le pays des Grisons est une des parties: de la Suisse les moins visitées, eb cependant la plus di- gne de l'attention des voyageurs ; la nature y pré- sente les contrastes les plus frappans de culture et de désolation ; d’immenses mers de glace y sépa- rent les plus hautes sommités ,et c’est là quel’on admire le plus grand de tousles glaciers des Alpes, celui de Bernina, dont la glace a, dit-on, plusieurs centaines de toises d'épaisseur, et qui s'étend sur une longueur de neuf lieues entre la Valteline , la vallée de Bergell et l'Engadine. Les plus hautes montagnes du canton sont le Crispalt, le Lukmanier, le Volgelberg, le Bernar- din , le Splugen , le Septimer , le Julier , Ÿ Albula , le Bernina et le Fermunt. Le Galanda s'élève au dessus de Coire, du côté du district de Sargans, à 6,398 pieds au dessus du nivéau de la mer. Sur le sommet du Lukmanier (locus magnus) par le- quel on passe pour aller de Disentis à Bellinzone, il existe un hospice dédié à la Sainte Vierge et construit dès l’année 1374. Les vallées les plus importantes du pays des Grisons sont celles du Rhin antérieur, du Rhin postérieur , de l’Albula , de l’Inn ou de l'Engadine, et celle de Landquart ou de Prettigau. Dans l’une de ces vallées on trouve la route du Splugen , presque rivale de celle du Saint-Gothard : cette route a été commencée en 18:18 et achevée eñ 1820 sous la direction d’un ingénieur italien, nommé Talachini. Elle à quatre galeries de 500 à 650 pieds de Jongueur, et présente une largeur de 15 pieds sur le territoire suisse et de 18 pieds sur le territoire autrichien. Mais la vallée de Domlesch présente quelque chose de plus curieux encore : je veux parler de la gorge affreuse qui conduit à la vallée de Schams, et qui porte le nom de Y’ia-Mala. Gette longue gorge, qui s'étend entre les rochers des monts Béverin et Muttnerhorn , n’a souvent pas plus de quelques toises de largeur. À une profondeur ef- frayante, on voit couler , impétueux , le Rhin pos- térieur , que l’on distingue à la blancheur de son écume, sans pouvoir entendre Je fracas de ses ondes. Les parois de rochers surplombent , et sont couvertes de sapins qui ajoutent à l'horreur et à l'obscurité du lieu. Le grand chemin, taillé en corniche daus le roc , a 3 on 4 pieds de largeur , et suit tantôt la rive droite et tantôt la vive gau- che de la rivière, qu’on voit à 300 et même à 480 pieds au dessous de soi, et que l’on passe en trois endroits sur de frêles ponts. Pour construire ces trois ponts il a fallu, du haut des parois du défilé, descendre avec des cordes des sapins hauts comme des mâts de vaisseau, dont on fixait l’un des bouts sur l’un des côtés de la rivière, avant d'établir l’autre sur la rive opposée. L'art, en aplanissant une route à travers laVia- Mala, a eu de bien plus grands obstacles à vaincre que dans la Rofila; obstacles qu'il a partout sur- montés aussi heureusement. En effet, les rocs pa- raissent bien plus profondément percés dans cette montagne, et le Rhin lui-même y forme aussi de bien plus profondes cavernes. Une lutte à mort semble s’être établie dans ces lieux entre le dieu puissant du fleuve et les esprits du sombre abîme. GRIS Semblable aux voix mugissantes des monstruenx Titans , tel le bruit effroyable des ondes qui se pré- cipitent, sort, êl s'élève, tonnant, du ténébreux séjour. Deux ponts prêtent leurs voûtes hardies au voyageur peur le transporter au-delà et en-decà des parois opposées que forment les rochers. On dirait que l’art, forcé de le céder à la nature, n’a pu vaincre que par la ruse un adversaire trop puissant. Plus loin , le roc, percé artificiellement dans une longueur de 200 pieds , forme le passage dit le Trou perdu. La route, large et commode , vous conduit ici âe l'obscurité à une perspective dont l’effet est prodigieux : à droite , le vieux clo- cher du couvent de Saint-Jean s'élève sur un ro- cher inaccessible; tandis que , du côté opposé, de verts pâturages tapissent les flancs arrondis du Heintzenberg ; au milieu se présentent et le bourg de Thusis' et la vallée de Domlesch, où le fleuve, dégagé des entraves de la Viala-Mala, signale son cours par la dévastation. Tous les voyageurs qui vont visiter la Suisse négligent , bien à tort, le canton des Grisons. Lorsqu'ils ont vu tout ce que leurs devanciers ont vu , ils s'arrêtent et retournent dans leurs foyers. En cela les voyageurs de la Suisse, qui, en géné- ral, ont très-peu du caractère du voyageur, res- semblent beaucoup aux moutons de Panurge ; ils: vont partout où on est allé avant eux ; mais ils s’in- quiètent fort peu des localités voisines inexplorées ; aussi nous conseillons vivement à ceux de nos lecteurs qui compteraient faire un voyage en Suisse, d'inscrire sur leur mémorandum une ex- cursion dans le canton des Grisons; je suis per- suadé qu'ils se trouveront bien d’avoir suivi mon conseil. Nous ne dirons rien de la minéralogie du can- ton des Grisons , ni de sa géologie ; toutes les mon- tagnes de ce pays appartiennent au massifdes Alpes primitives, et nous renverrons nos lecteurs à l’ar- ticle de ce Dictionnaire où ce sujet est traité. Quant aux villes, une seule mérite d’être nom- mée , c’est la ville de Goire, quien est le chef- lieu ; elle est située sur la Plessur , et elle fut fon- dée par Constance. L'an 452, Coire était déjà le siége d’un évêque. Cette pelite ville est irrégulière , mais propre. Les rues sont étroites, tortueuses, Elle renferme plu- sieurs édifices remarquables, parmi iesquels on distingue le palais épiscopal, où sont les portraits des divers évêques et personnages illustres dans le costume national, l’église cathédrale, bâtie au treizième siècle, et la bibliothèque de la ville. « Le voyageur remarquera à Coire, dit le comte Th. de Walsh, dans ses excellentes Votes sur La Suisse, que la plupart des boutiques sont garnies de devantures en fer battu, capables de résister quelques momens aux effets d’un premier choc. Gette précaution de sûreté , qu’une triste nécessité arendue générale, m’a représenté plus éloquem- ment que tous les lieux communs écrits sur la guerre, les ravages affreux auxquels ce malheu- reux pays à été en proie à la fin du dernier siècle et au commencement de celui-ci. La ville a été ot) bai GRIV à successivement prise, reprise, perdue et reperdue par les Français et lés Autrichiens, et les habitans se sont vus ruinés par le pillage ou par des réqui- sitions exorbitantes, 4 » Je me suis arrêté devant une fontaine du temps du moyen-âge , et autour du bassin de laquelle est sculpté le zodiaque avec ses divers signes. Je m’i- magine que les servantes et les Cuisinières du sei- zième siècle, qui les premières vinrent chercher de l'eau et laver leurs légumes à cette fontaine , du- rent être fort épouvantées de cet étalage d’érndi- tion qu’elles prirent sans doute pour autant de fi: gures cabalistiques. La colonne d’où partent Jes tuyaux est surmontée d’une statue dé guerrier vêtu moitié à l'antique , moitié à la suisse, et qui, brandissant sa hallebarde et tenant l'épée haute , produit un effet grotesque sous le parapluie en planches qu’un soin prévoyant a élevé au dessus de sa tête : on dirait une caricature des soldats du pape. » Tel est le canton des Grisons ; nos lecteurs ver- ront dans cet article qu'il ne peut pas être le moins intéressant de ceux qui composent Ja république helvétique. (G. d.) GRIVE, Turdus, Linn. (ois.) On appelle de ce nom les espèces du genre Merle qui ont le plumage grivelé; elles sont en grand nombre. Parmi les plus remarquables, nous citerons lés suivantes : GRIVE cHANTEUSE, T'.musicus. D’un brun olivi- tre en dessus, d’un blanc roussâtre tacheté @e noir en dessous; ailes bordées d’un jaune roux; gorge, bas-ventre et flancs d’un blanc pur, ainsi que le dessous de la queue* bec et pieds jaunâtres; lon- gueur 8 pouces 172. Le jaune de la poitrine et le roux des couvertures des ailes sont moins foncés chez la femelle que chez le mâle. Cette espèce varie du blane pur au brun tapiré de blanc. Elle vient en Europe aux vendanges, habite sur la lisière des bois, et se répand en troupés dans les prairies pour y chercher les in- sectes et les vers dont elle fait sa nourriture. Elle se montre aussi très-friande de baies. Son chant est agréable et sonore. Elle choisit de préférence pour nicher les arbres peu élevés, et notamment les pommiers ; sa ponte est de trois à six œufs d’un bleu verdâtre tacheté de brun: Il y en a qui séjournent toute l’année dans nos climats. C’està cette espèce qu’il faut rapporter la variété décrite par Lewin, qui est la Grive de bruyère ; son plumage brun est plus ou moïns tapiré de blanc. GRIVE LITORNE OU CALANDROTTE , Zudus pilaris. Tête , nuque, partie inférieure du dos, extrémités des ailes, d’un cendré bleuâtre, quelquefois varié de noir; haut du dos et couvertures des ailes châtains ; bec jaune, gorge ct poitrine rousses et marquées de taches lancéolées noires sur le milieu de chaque plume; ventre blanc, flancs tachés de noir et bordés de blanc; queue noire, pieds bruns. La femelle a la gorge blanchâtre, les pieds moins bruns que le mâle, et-la tête d’une nuance plus foncée au contraire que celle de celui-ci; pm GRIV 512 GROE oo elle est en général d’une teinte plus obscure. Cette espèce vient en novembre par troupes nombreuses; on la rencontre fréquemment à cette époque dans le nord de l'Europe; elle est commune aussi dans les Alpes; elle recherche les bois qui avoisinent les prairies humides ; sa nourriture est la même que celle de l'espèce précédente, Elle niche sur les hauts arbres et pond de quatre à six œufs d’un vert marqué de taches de roux très-fines. Grive mauvis,!T. iliacus. D'un brun roussâtre en dessus ; couvertures inférieures des ailes et flancs d’un roux ardent; joues, eôlésidu cou, poitrine et parties latérales de l'abdomen blancs parsemés de noir, le reste du ventre d’un blanc plus ou moins pur, les flancs d’un marron très-vif. Tache blanchâtre au dessus des yeux, bec noirâtre, pieds jaunes, taille de 8 pouces. La femelle se distingue par des teintes plus claires et des cou- leurs moins vives ; les taches latérales du ventre et celles de Ja poitrine sont plus étendues que chez le mâle. Cette espèce arrive en automne et se précipite par troupes nombreuses dans les vignes; au prin- temps, on la trouve dans le nord ; en novembre, elle retourne dans le midi de l’Europe. Elle se nourrit de même que les précédentes, niche sur les Sorbiers dont elle reherche les baies, et pond ordinairement six œufs d’un bleu tirant sur le vert, marqué de taches noires. La Gnive DRAINE, Z'urdus viscivorus, ou la grande Grive, est d’un brun cendré à la partie supérieure ; les couvertures des ailes sont bordées de roux ou de blanchâtre ; elle est inférieurement d’un blanc sale légèrement varié de brunûtre, parsemé sur la gorge et la partie antérieure du cou de taches noires lancéolées et sur les autres régions de taches ovalaires ; queue d’une longueur moyenne, bec brun; pieds jaunes. Hauteur, 11 pouces. La femelle se distingue du mâle par plus de roussâtre à sa partie inférieure. Cette espèce vient en France en automne et s’en retourne au printemps dans le nord de l’Eu- rope ; elle vit par troupes dans les forêts ou mon- tagnes, et se nourrit de même que les précéden- tes; elle niche préférablement sur les pins et les sapins, et pond à la fois trois à cinq œufs d’un vert blanchâtre couvert de taches violettes et de points roussâtres. Les quatre espèces précédentes sont les seules qui soient en France de passage périodique; les espèces étrangères sont beaucoup plus nombreu- ses ; nous citerons : La Grive pes Paictpines, Turdus philippeusis, Lath., d’un brun olivâtre supérieurement, d’un blanc jaunâtre inférieurement ; son cou, qui est roux , est grivelé de blanc à la partie antérieure. Cette espèce, un peu plus grande que le Mauvis, se rencontre en Âsie, ainsi que l'indique son nom. La Gnive crivrou, Turdus olivaceus, Lath. Semblable à la Grive chanteuse pour la taille et la couleur, son chant est à peu près semblable au sien ; elle se nourrit de fruits et de baies en même temps que d'insectes ; elle est defpassage au cap de Banne-Espérance ; elle y pond au mois de'no- vembre trois à cinq œufs verdâtres tachés de roux ; son nid est arlistement construit de branches et de racines entrelacées entre elles. La Grive pu port Jackson, Turdus harmonicus, Lath., remarquable par la justesse et la mélodie de son chant ; le dessus de son corps est brunâtre et le dessous blanchâtre ; chaque plume est ornée d’une ligne brune médiane. Cette espèce habite la Nouvelle-Hollande. La GRIVE ERRATIQUE Ou LITORNE Du CANADA, Turdus migratorius, Linn. Dessus du corps brun, partie inférieure orangée, la gorge est mouchetée à la partie antérieure, tête gris d’ardoise. Cette espèce séjourne une grande partie de l’année dans le Maryland ; pendant l'hiver elle quitte le nord de l'Amérique pour aller en Virginie. Elle se nourrit d'insectes et de baies , niche sur de pe- tits arbrisseaux et pond quatre oucinq œufs couleur aigue-marine, Elle est longue de 9 pouces environ. La GRIVE À COLLIER BLANC, l'urdus albicollis, Vieill, Cette espèce est d’un brun roussâtre sur le manteau et bleuâtre sur le cou, les couvertures supérieures des ailes et la queue, poitrine d’un gris clair, gorge tachée de noir, côtés roux, ainsi que les flancs. Elle habite l'Amérique du sud. (V. M.) GRIVE. (porss.) Nom vulgaire d’une espèce de Labre nommé aussi Paon. Voy. Lagre. (Guër.): GRIVE. (mozr.) Lamarck a employé ce nom pour désigner le Cypræa turdus. Voy. PORCELAINE. Il sert encore à désigner le Werita exuvia , L. Voy. NériTe. (Guér.) , GRIVE D'EAU. (ois.) V’oy. Cnevauier. GRIVE DE BOHÈME. (ois.) Nom vulgaire du Jaseur. V’oy. ce mot. (Gu£r.) GRIVELÉ. (ois.) Nom d’une espèce du genre Chevalier, d’un Philédon et d’un Fourmilier. (Guér.) GRIVELIN À CRAVATE. (os. ) Le Gros-Bec Nonette. Voy. Gros-BEc. (Guér.) GRIVETINE, GRIVETTE. (ors.) Espèces des genres Sylvie et Merle. (Guér.) A&GROENLAND. (céocr. ruys.) Cette contrée, dont le nom signifie T'erre verte, doit être considé- rée comme une grande île séparée de l’extrémité la plus septentrionale du continent américain par l'océan Glacial et la mer Polaire, au travers des- quels les intrépides navigateurs anglais Parry et Ross ont, dans ces dernières années, renouvelé les recherches infractueuses de leurs devanciers, dans le but de trouver un passage pour communi- quer de l’océan Atlantique dans le Grand-Océan. Considéré comme terre américaine, le Groën- land, par la découverte qui en fut faite au xe siè- cle par le Norwégien Eric Rauda, oblige nécessai- rement à reculer jusqu'à cette époque celle de l'Amérique. Vers la même époque, cette contrée recut des colonies norwégiennes avec la prédica- tion de l’évangile, et en 1386 Marguerite de Val- demar, qui réunit sous son sceptre le Danemarck, la Norwége et la Suède, déclara le Groënland do- maine À GROE 513 GROE or maine de l’état. Au xv° siècle, cette terre, que le fer d’un ennemi de la Norwézge, le prince Zichmni de Frislande , venait de ravager , resta presque ou- bliée jusqu’au xvu° siècle, que le fgouvernement norwégien y envoya une nouvelle colonie sous la conduite et la direction d’un vénérable ecclésiasti- que nommé Jean Egède, qui y instraisit de nou- veau les Esquimaux des vérités du christianisme. Depuis, les frères Moraves y répandirent avec zèle l'instruction religieuse et civile. : Le Groënland n’est presque pas connu dans l'in- térieur : une chäîne de montagnes en défend l’ac- cès: les côtes seules sont habitées sur une éten- due de 300 lieues, mais celles de l’ouest sont plus peuplées que celles de l’est. On ne connaît point exactement ses limites : on présume seulement que sa longueur du nord au sud est d'environ 600 licues, et que sa largeur vers le 78° degré de latitude est de 300 lieues. C’est par exagération que les premiers explorateurs de cette terre lui donnèrent le nom de Terre verte ; la vérité est qu’elle ne présente au remier abord qu'un amas de rochers entremêlés d'immenses blocs de glace, et que certains points de la côte seule offrent une végétation en général peu variée. Le Pic de glace, qui s'élève près de embouchure d’une rivière, est une masse énarme de glace, qui jette un tel éclat qu’on l’apercoit dis- tinctement de plus de 10 lieues : des aiguilles har- dies et une voûte immense donnent à cet édifice de cristal l'aspect le plus magnifique. La chaîne qui parcourt l’intérieur du Groënland a été nommée par les Islandais Æimin-rad (Monts du ciel). Les trois pointes appelées la Corne du cerf, s’aperçoi- vent en mer à la distance de 25 lieues. Nous ne dirons qu'un mot de la géologie et de la minéralogie de cette île américaine. Les roches sont en général composées de granite, de schiste, de micaschiste et de serpentine, dont les couches sont presque verticales, et qui sont quelquefois traver- sées par des filons perpendiculaires de quartz et de calcaire servant de gangue à des grenats. On a trouvé de riches minerais de cuivre, de l’asbeste et de la tourmaline. Le Groënland a fourni le mi- néral nommé Fluate d’alumine ou Cryolithe. Trois sources chaudes ne sont pas les seuls indices vol- caniques observés jusqu’à présent dans cette île : entre le 67° et le 77° parallèle, au milieu d’énor- mes amas de neige, un volcan a lancé des flammes en 1783. L'air est très-pur au Groënland pendant les courts instans de l’été; l'éclat des aurores boréales adoucit la sombre horreur des nuits polaires. Ce qu’on ap- pelle fumée de glaceest une vapeur qui sort des cre- vasses de la glace marine , ou qui s'élève de la sur- face des lacs, et qui, formant dans l’air un réseau transparent et solide, est poussée par le vent, rase le solettue l’Esquimau qu’elle atteint. En général, la pluie y est très-rare, la neige y est peu abon- dante, et le froid y est apporté surtout par le vent d’est - nord - est. Pendant l'été de 1829, le ca- pitaine Graah a consigné que sur la côte orientale qu'il était chargé d’explorer , il n’a pu signaler un seul jour que l’on pût appeler chaud. Le 14 juin, Tous IIL, le thermomètre centigrade ne s'était pas encore élevé au dessus de 12 degrés, et pendant l’hiver de 1829 à 1830 il n’est pas, il est vrai, descendu au dessous de 17 à 18 degrés. Le Groënland renferme quelques terres labou- rables, et l'on pense que l'Orge pourrait ÿ màrir dans la partie méridionale. Près des colonies da- noises on cultive des Choux et des Navets. Les montagnes ne se couvrent que de mousse du côté du nord, tandis que du côté opposé elles produi- sent d’excellens pâturages, des Groseilliers, d’au- tres arbres à baies, et quelques petits Saules et Bou- leaux; mais ceux-ci n’alteignent pas plus de 18 pieds de hauteur. Près des côtes orientales le ca- pitaine Graah n’a remarqué qu’une végétation peu variée, qu'une herbe très-fine que les rayons du soleil desséchaient bientôt, que le Cochléaria, l'O- seille, quelques Renoncules, des Saules, quelques Bouleaux et des Myrtilles dont les baies servent de nourriture aux indigènes. Les animaux du Groënland consistent en Lièvres, dont lachair est excellente ct qui donnent une bonne fourrure; en Rennes, en Ours blancs, en Renards et en grands Chiens qui hurlent au lieu d’aboyer, et dont les Groënlandais se servent pour atteler leurs traîneaux. Sur la côte orientale le capitaine Graah rencontra plusieurs des animaux que nous venons de mentionner , mais vers le 63° degré on ne voit plus de Lièvres. Les habitans prétendent que dans les montagnes les plus septentrionales il exisle un animal qu’ils nomment Anñcarock, beau- coup plus grand que le Ghat, auquel il ressemble, et presque aussi féroce que le Tigre. On remarque au Groënland une grande variété d’oiseaux, tels que l’Aigle, l’Autour , l'Epervier , le Faucon, le Cor- : beau, le Geai, l’Alouette et le Canard. Une immense quantité d'oiseaux aquatiques demeurent près des rivières qui abondent en Saumons. Les Cabillauds, les Turbots, les petits Harengs fourmillent dans Ja mer. Les naturels du Groënland septentrional vont conjointement avec les Danois à la pêche de la Ba- leine; mais cette occupation tumultueuse et peu lucrative pour les indigènes répand dans ce canton le vice et la misère. Les naturels du sud s’en tiennent à la pêche du Chien marin (Calocephalus discolor) : la chair de cet animal est leur nourriture principale; la peau leur fournit des vêtemens, et en même temps ils en construisent leurs bateaux ; les nerfs deviennent du fil, les vessies des bouteilles, la graisse remplace tantôt le beurre et tantôt le suif; le sang fournit du bouillon. Il appartient probablement à une espèce particulière , ce requin des parages du Groënland, dont les chairs palpitent, dit-on, en-. core trois jours après sa mort, eb qui porle sur les yeux un appendice qui semble émousser le sens de la vue. Les naturels ont la taille courte, les cheveux noirs, Jes yeux pelits, le visage aplali et la peau d’un jaune brun : ils appartiennent à la race des Esquimaux. (J. H.) Dans un ouvrage sur la Scandinavie, prêt à être imprimé, je prouve, par des autorités peu ou point encore exploitées en France et même dans 220% LIVRAISON, 65 2 . ; ‘GROM 514 GROS le reste de l'Europe savante, que le Groënland est connu et habité depuis de longs siècles. Ges auto- rités sont antérieures à l’ère vulgaire, et déscen- dent au neuvième , au dixième , au onzième et au douzième siècle. Les unes et les autres attestent de plus que le continent américain possédait déjà plusieurs colonies européennes à ces époques re- culées', et que l’on a beaucoup à apprendre dans leur lecture. L'événement politique du dixième siècle, qui décida de la ruine totale de la Scandi- navie , versa sur le Groënland des familles entières fuyant le plus affreux despotisme; ce sont leurs descendans qui y vivent encore. Parmi les faits curieux et irrécusables que j'ai recueillis, on voit que le mouvement périodique des glaces polaires a ouvert et fermé à plusieurs reprises les voies de communication avec le Groën- land. Avant l’ère vulgaire on y parvenait librement; durant les premier , deuxième , troisième et qua- trième siècles, les glaces fermèrent tous les pas- sages; on ne parla plus de la terre des Kalalits que comme d’un rêve à plaisir inventé; pendant les cinquième, sixième, septième, huitième, neuvième, dixième et une partie du onzième siècle, la na- vigalion redevint très-active ; le commerce était pour ainsi dire journalier non seulement avec le Groënland, mais encore avec les hautes régions de l'Amérique. Vers le milieu du onzième siècle, les glaces descendirent de nouveau et isolèrent ces terres de celles de l’Europe jusqu'aux dernières années du treizième siècle. En 1345, les glaces disparurent pour ressaisir avec une nouvelle inten- silé leur empire au quinzième siècle , bloquer pen- dant plus de quatre cents ans le vieux Groënland, et rendre encore une fois son existence probléma- tique. Les hivers extrêmement rigoureux de 1408 et surtout de 1429, durant lesquels on vit des champs de glace avancer de un, deux et même quatre myriamètres en un seul mois, et durant lesquels on fut obligé d'ouvrir des routes sur les glaces de la Baltique pour passer de Lubeck en DanemarcK, et de Prusse en Holstein, ceupèrent toute relation avec les îles Shetland et les mers qui leur sont supérieures. La grande révolution physique de 1816 et 1817, en brisant l'immense banc de glace, en en chas- sant les débris jusqu'au 4ot degré de latitude, a permis d'aborder encore une fois et sans obstacle dans la petite île de Jean-Mayen, et sur toutes les côtes du Groënland. Les hivers mémorables de 1820 et de 1850 n’ont point intercepté les mers du Nord ; elles sont libres ; aussi les explore-t-on pour l’a- vancement des connaissances physiques et le re- dressement de l’histoire jusqu'ici demeurée plus qu'mcomplète. (T. ». B.) GROGNANT , GRONDIN , GRONEAU. (rorss.) Noms donnés à divers Trigles à cause du bruit qu'ils produisent quand les pêcheurs les sortent des filets. GROGNEMENT. (man. ) On désigne par ce mot la voix du sanglier et du cochon; on lui compare Ixvoix de divers autres animaux, et l’on croit que YHippopotame fait entendre un Grognement. GROIN. (maw.) Ge nom désigne l’extrémité?du museau des Gochons ; 1l a été donné comn*e spé- cifique au Luljanus rostratus, (Gun) $ GROMIE, Gromia. ( morr. ) Dujardm, dont les récens travaux ont jelé quelque jour sur la na- ture des Foraminifères, qu'il appelle Ræizopongs ( voy. ce mot ), a séparé sous ce nom un petit groupe distinct parmi ces animaux el dans lequel il ne décrit encore qu’une seule espèce, le Gro- mia oviformis découvert par lui sur les côtes de France, dans l'Océan et dans la Méditerrance. Le Gromia, dont nous avons vu quelques individus rapportés vivans à Paris par Dujardin, est un des meilleursexemples que puisse donner ce natu- raliste pour observer les tentacules des Rhizopo- des. Ces tentacules, si petits chez la plupart des autres, se voient assez bien, avec une faible loupe et même à la vuesimple, chez le Gromia , si celui- ciestétudié lorsqu'il rampe à la surface d’un corps transparent : ce sont de longs filimens analogues à de la glu, comme le dit parfaitement Dujar- din , ou à du verre fendu, et qui s'étendent à la surface du corps sur lequel l'animal est placé, se subdivisent comme des racines (d’où le nom de Rhizopodes, pieds en racines), puis s’anastomo- sert en se fondant les uns dans les autres sans suivre aucune loi déterminée. (GErv.) GROS, GROSSE. ( zoo1. por. ) Ces mots, comme ceux de Grand et Grande, sont devenus spécifiques; voici les principales circonstances dans lesquelles ils servent de noms d’espèces. Gros AnGENTIN. (porss.) Le Gymnote de Lacé- pède dans les mers de Nice, suivant Risso. Gros-gec, (ois. ) V’oy. ce mot, qu’on a étenda aux Toucans à la Guiane. Gros #1L. (os.) Le Loxia curvirostra dans La- tham. Gros greu. (ois.) Une espèce de Gros-bec. Gnos-cozas. (o1s.) Le Goëland à manteau noir. Gnosse-conce. (o1s.) Le Gombattant. Gnosse rive. (o1s.) La Draine. Gros quizaume, (Ror.) Une variété de Vigne. Gros quizzerr. (ois.) Le Moineau domesiique mâle. Grosse MÉsance. (ois.) La Mésange charbon- nière dans les planches enluminées de Buffon. Brisson nomme Grosse Mésange bleue , la Mésange azurée. Gros mrauzarD. (ois.) Le Goëland à manteau gris. + Gros monpain. (o1s.) Une variété de Pigeon. Gnos-nez. (repr.) Une espèce du genre Cou- leuvre. Gnos-ogL. (Poiss.) Une espèce du genre Denté. Gnos pizuert (o1s.) La même chose que Gros Guilleri. * Gnos prxsow. (o1s.) Le Gros-bec ordinaire, type du genre qui porte ce nom. Gnosse rivoine. (o1s.) Le Loxia enucieator. Gnosse-quEur. (ois.) Peut-être la Bergeronnette à collier. Gros sarewe. (vor.) Peut-être par corruption de Gros seigle, une variété de Froment barbu, 1 GROS 515 “ER GROS mais pauvre , que lon cultive dans quelques con- ! complétement infère, le calice campanulé, cinq trées de l’Aquitanique. Gnosse-rère. (o1s.) Le Bouvreuil ct le Gros-bec ordinaire. Gnosse-TÈTE. (RePT.) Une espèce du genre Cou- leuvre. Gros-venrre. (porss.) Les Tétrodons et les Dio- dons dans la plupart des colonies francaises. Gnos vennigr. (o1s.) Le Proÿer. Gros-xEux. (poiss.) Une espèce du genre Ana- bleps. (GuËr.) GROS-BEC , Fringilla. (ois.) Nous 'ne ferons connaître ici du genre Gros-bec, Fringilla de Linné , que les espèces auxquelles les naturalistes fraucçais, et particulièrement Guvier et Vieillot, ont réservé ce nom, et appliqué la dénomination la- tine de Coccothraustes. Les autres espèces seront décrites À l’article Morngau et aux divers mots SERIN, CHARDONNERET , LINOTTE , etc. , de ce Dic- tionnaire. L'espèce Ja plus intéressante de celte subdivi- sion est le Gros-BEc DE FRANCE , Loxia coccothraus- tes de Linné. Cet oiseau, que l’on a représenté dans notre Alias, à la planche 192, fig. 4, est le Coccothraustes vulgaris de Vieillot; il a six pouces et demi de longueur totale; le dessus etes côtés de la tête sont de couleur marron, teinte qui se voit aussi sur le dos et les plumes scapalaires, mais y est plus foncée el passe au gris vers le croupion. Le dessus du cou est cendré, la base du bec est ornée d’une ligne noire; le bec grisâtre ; l'iris cendré , et les pieds sont de couleur dechair. Cei oiseau reste pendant toute l’année dans nos contrées, et se voit aussi dans quelques autres parties de l'Europe; il se tient dans les bois et s'approche des habitations rurales dans la mau- vaise saison, Le mâle a un cri vif, mais faible, plus doux et plus caressant en amonr et qui ap- proche, dit Vieillot, du bruit d’une lime, lorsque l'animal est blessé ou en colère. On trouve le nid du Gros-bec sur les arbres, à dix ou douze pieds de hauteur; il est composé de petites racines et d’un peu de lichen. Sa ponte est de quatre œufs un peu pointus, tachetés de brun olivâtre avec des traits irréguliers noirâtres , peu marqués, dis- posés sur un fond vert bleuâtre. Le Coccothraustes, qui se distingue de prime abord par son bec excessivement gros, se nourrit de graines assez dures et recherche surtout celles des Conifères, (GERrv.) GROSEILLIER. (mor. rxan. ct 4er.) Les bota- - nistes distinguent un, deux et trois genres de Gro- seilliers, et depuis quelques temps on en a fait une petite famille (v. au mot Grossuzam£es ). Quelle que soit la dénomination scientifique qu’on leur impose, ils appartiennent tous à la Pentandrie di- gynie, et sous-arbrisseaux, on les trouve dans toutes les contrées montueuses de l’Europe, de la Sibérie, de l'Amérique du nord, et sur les An- des du Pérou et du Ghili. L’on en compte une trentaine d'espèces, que l’on peut diviser en deux genres, selon qu'elles présentent : 1° une tige gar- . . . . . Le) Ô . ie d’aiguillons, des fleurs solitaires, ayant l'ovaire (el étamines alternant avec les cinq pétales de la co- rolle et portant des anthères cordiformes , le style profondément biparli, Grossularia; 2° une tige dépourvue d’aiguillons, des fleurs disposées en grappes, dont l'ovaire est infère, le calice presque plane, cinq étamines avec anthères didymes, et style bifide à son sommet, Æibes. On avait pro- posé de constituer genre, sous le nom de Botry- carpum , l'espèce de ce second genre que l’on ap- pelle généralement Cassis, mais cette distinction a paru plus subtile que vraie; aussi n’a-t-elle point été adoptée. Il n’en est pas de même des deux genres reçus ; ils sont séparés par la main de la na- ture ; les premiers botanistes les confondaient en- semble sous le nom de Grossularia, Linné et ses disciples sous celui de Rtbes. Faisons connaître ces deux genres, et entrons dans quelques détails sur leurs espèces et leurs propriétés. . TL Gnrossuzarra, — Ce genre a pour Lype le GBo- SEILLIER A MAQUEREAUX, G. spinosa, de C. Bauhin et de Tournelort, le Aibes uva crispa et le À. gros- sularia de Linné. Dans les haies et les buissons de nos campagnes c’est un modeste sous-arbrisseau, s’élevant au plus à cinquante centimètres , très- rameux, formant buisson et hérissé d’épines ou plutôt d’aiguillons très-raides, jaunâtres , droits, piquans et réunis deux ou trois à li base des ra- meaux, qui sont nombreux, touffus, et des feuil- les qui sont petites , à trois ou cinq lobes, vertes, molles, pubescentes. Il est muni de fleurs latéra- les, d'ordinaire deux ensemble, pendantes, ac- compagnées de deux bractées inégales, presque opposées; le calice, sur lequel les fleurs reposent, est blanchâtre et pubescent en dehors, pourpre ou rougeâtre en dedans; la corolle, d’un blanc ver- dâtre, composée de cinq pétales droits, obtus, petits, et d’un style velu, renflé à sa partie infé- ricure, s’épanouit au printemps, et donne nais- sance à une baie globuleuse , verdâtre , chargée de poils cadues , à peine de la grosseur d’une merise ou tout au plus d’une noisette. On l'appelle vul- gairement Émbresaille dans quelques localités. In- troduit dans nos jardins, le Groseillier épineux a singulièrement gagné, toutes ses parties sont deve-- nues plus grandes; il forme toujours buisson, mais il monte à un mètre et quelquefois plus ; ses feuilles sont plus larges , presque glabres ; les baies plus grosses, peu ou presque point velues, dont la couleur varie du vert blanchâtre au jaune, au pourpre, au bleu, au violet, au rougeâtre. Leur saveur acide et astringente dans l’état sauvage, n'existe dans nos cultures que jusqu’en juin, mo- ment de la maturité parfaite, époque où elles de- viennent douces , sucrées; trop mûres, elles s’af- fadissent, Vertes on les fait servir comme. le Ver- jus à l’assaisonnement des préparations culinaires, ou bien on les confit pour la pâtisserie et pour garnir les maquereaux ; enfermées dans des bou- teilles, on les conserve jusqu'aux nouvelles. Ces fruits sont les seuls qui mûrissent bien sous le ciel nébulcux de l'Angleterre; aussi les garde-t-on pour en obtenir une liqueur vineuse que l’on dit être GROS agréable , mais que l’on aurait tort de comparer à nos plus médiocres piquettes. Sur les rochers de l’inhospitalière et esclave Russie , on trouve le GROsEILLIER A DEUX ÉPINES, . G: diacantha, le Ribes bispinosa de Pallas, dont la tige s’élève à soixante centimètres , porte des feuil- les d’un vert brillant et donne des baies rouges, d’une saveur douce. On le place sur le devant des bosquets dans les jardins d'agrément. Dans tout le Canada et jusque dans la baie d'Hudson, crois- sent le GROS£ILLIER A FRUITS PIQUANS, G, cyrobasti, et le GroscILLIER A FEUILLES D’AUBÉPINE , G. oæya- canthoides, qui fournissent l’un et l’autre des buis- sons hérissés d’aiguillons très-fins, qu'ils perdent volontiers quand on les cultive. IL. Rises. —Le genre auquel je conserve le nom linnéen est plus riche en espèces que le précédent; il a pour type le GnoseiLiEr ROUGE, /è. rubrum,, que l’on veut avoir été long-temps méconnu sur les rochers, et comme perdu parmi les plantes qui dé- corent les montagnes des Alpes et les fourrés de nos bois. Je ne partage point cesentiment, sans pouvoir cependant dire avec certitude qu’il était cultivé par les anciens Grecs, et s’il faisait parlie du grand nom- bre de piantes auxquelles ils donnaient le nom de Oicos ; mais il l'était par les Gaulois. Je le trouve désigné dans les anteurs des 13°, 14°et 15° siècles sous le nom de Æibes Johannis, ce qui indique une plus ancienne dénomination : Olivier de Scrres le confond avec l'Epine-vinctte. Quoi qu’ilen soit, du moment que l’on eut apercu les belles grappes rou- ges suspendues à ses rameaux, et goûté à ses fruits rafraîchissans , on a dû les admettre sur les tables, corriger leur acidité par l'addition du sucre, en faire des gelées, des compotes, des confitures simples ou épépinées, des sirops, des boissons fort agréables. La médecine s’en est emparée pour leurs propriétés astringentes, calmantes, fortifiantes, comme propres à détourner l’effervescence de Ja bile, tempérer les ardeurs du sang, arrêter les diarrhées et les hémorrhagies. S'il fallait s’en rap- porter à Burtin, le jus des groscilles ronges rem- placerait celui du Citron, les oranges douces, tous les vins étrangers, même ceux de Madère et de Mal- yoisie. : Cette espèce a quatre écorces et trois sortes d’yeux comme le Cerisier ; l'écorce extérieure est brune et cendrée ; ses Liges sont nombreuses, droites, sans piquans. Ses fleurs s’épanouissent/en mars , avril ou mai, suivant la latitude. Le chan- gement de climat, la culture et le mélange de la poussière des anthères d’autres espèces , ont pro- duit plusieurs variétés, ou, comme les horticoles les appellent, des espèces jardinièreset constantes, els sont les Groseilliers à gros fruits rouges, couleur de chair, d’un blanc de perles, et plus ou moins volumineux; verdâtres, plus ou moins doux; à feuilles panachées de diverses couleurs, etc. Tou- tes ces variétés ne sont point délicates, à l’excep- tion cependant de celle à fruits blancs couleur de perles. On peut laisser sur elles les fruits pendans presque jusqu'aux gelées, ils en sont plus délicieux, la partie sucrée masque l'acide malique et citrique 516 GROS qu'ils renferment, elle y est alors plus rapprochée par l’évaporation d’une certaine quantité d’eau de végétation. Il ne faut point confondre avec cette espèce le GROSEILLIER DES ROCHES, /îtbes petræum, qui lui ressemble beaucoup. Descendue du Mont - Dor et du voisinage des torrens qui sillonnent les hautes montagnes, cette espèce a le calice, les fleurs et les fruits d’un beau rouge; mais ses baies sont tellement acerbes que le goût les repousse. Ce- pendant on les emploie, dans le département du Pas-de-Calais, pour remplacer le raisin de Co- rinthe dans les puddings que l’on y prépare et qui jouissent d’une bonne réputation : c'est de là que le Groseillier des roches y est vulgairement ap- pelé Corinthe. Le Grosrizzier À ÉPr, R. spicatum, ainsi nommé de la disposition de ses fleurs d’un rouge brun, est également-très-voisin de l’espèce commune, et a le même désagrément que l’espèce précédente ; il est originaire des forêts de l'Yorkshire, en Angle- terre. La couleur noir foncé des fruits du Gnoserrrrer Nom, où Cassis, À. nigrum, leur saveur peu agréable, les fleurs oblongues qui les précèdent , les grappes velnes qui les portent et les feuilles plus grandes que celles du Groscillier rouge, ne permettent point de séparer cette espèce du genre Ribes. Elle monte à un mètre et parfois à un mè- tre et demi, ses liges droites répandent une odeur forte que l’on retrouve dans les feuilles et les fruits; les feuilles sont vertes, à trois et cinq lobes un peu aigus , pubescentes en dessous, et parsemées de points jaunâtres , résineux ; les fleurs sont mu- nies de bractées fort pelites, d’un calice rougeä- tre , de pétales d’un vert blanchâtre, et les fruits lachetés de petites glandes jaunes, On a recom- mandé l’infusion théiforme des feuilles et la décoc- tion du bois comme excellens vulnéraires ; je crois que cette double propriété peut êlre contestée , malgré des traités qui publient le contraire. Le Cassis est originaire des pays froids, il ha- bite en France les bois des montagnes. On l’a in- troduit dans les jardins , où l’on ramasse son fruit, non pour le manger cru, ce qui arrive très-rare- ment ; non pour servir, comme autrefois, de pa- nacée à tous les maux d'estomac; mais pour être employé à préparer une sorte de ratafiat, qui faci- lite la digestion, et qui, lorsqu'il est aromatisé avec la Cannelle ou le Macis, a le mérite d'offrir une liqueur agréable, tonique , salutaire et cor- diale. On peut encore le rendre meilleur et l’obte- pir à un prix extrêmement modéré, en écrasant ensemble quatre kilogrammes de Gerises, deux de Merises, un de Framboises , et un demi de Cassis, en concassant les noyaux et en mettant le tout infuser sur cinq litres d’eau-de-vie additionnés de vingt têles de Gérofle, quatre grammes de Can- nelle, huit grammes de Coriandre et autant d’A- nis réduits en poudre et mélés à soixante grammes de'sucre; après un mois d’infusion, passez et mellez en bouteilles ; trois mois après, la liqueur l'est potable; elle a tout son parfum, toute sa force GROS et un bouquet superbe neuf mois plus tard : c’est donc le vrai, le seul moment de la boire. Deux autres espèces de Groseilliers sont admis dans les jardins comme plantes curieuses et d’or- nement : c'est d'abord le GrosEeiLLiER DEs Airzs, _R. alpinum, que l'on place dans les massifs du printemps, où il figure assez bien; c’est ensuite le GroseiLzIER DoRË, À. aureum, trouvé an com- mencement du dix - neuvième siècle, par Pursh, sur les bords du Missouri et de la Colombia, dans l'Amérique du nord. La forme élégante de cette espèce de pleine terre lui donne des droits tout particuliers à l'atlention des horticulteurs. Elle s'élève à deux mètres, est garnie de rameaux roussâlres, de feuilles d’un vert gai, longuement pétiolées, partagées jusqu’à moitié en trois lobes dentés ou découpés à leur sommet; ses’ fleurs , d’une belle couleur d’or mêlée d’un peu de pour- pre , se montrent dans tout leur éclat au mois de mai, et sont réunies de six à dix en peliles grappes simples, feuillées à leur partie inférieure, avec bractée lancéolée à la base du pédoncule propre. Les baies qui leur succèdent en juillet sont ovales noirâtres, bonnes à manger, quoique légèrement amères et aromaliques. Gelte saveur comme l’o- deur que les fleurs exhalent rappellent celles du Géroflier. Tous les Groseilliers réussissent parfaitement dans lesrégions septentrionales; ils souffrent dansle midi et redoutent beaucoup les grandes chaleurs. Les froids, même les plus intenses, les trouvent toujours vigoureux, prêts à bourgeonner, à se couvrir de feuilles du moment que la neige ne couvre plus le sol. Leur multiplication et leur culture sont extrêmement faciles. Ils viennent partout, pourvu qu'ils trouvent un peu d'ombre, (T. ». B.) : GROSSESSE. 7. GEsTATIoN. : GROSSULAIRE. (mx.) Espèce du sous-genre GnenaT (voyez ce mot). CP: à) - GROSSULARIÉES, Grossulariæ. (por. PHAN. De Jussieu place les Groseilliers dans la famille des Cactées;:Ventenat les rapporte à celle des Saxi- fragées ; De Candolle, voyant que l’analogic était contestable d’un côté comme de l’autre, en fait une famille particulière à laquelle il conserve mal- adroïtement le nom de Groseilliers; du seul genre qu’elle renferme selon lui. De Mirbel a changé ce nom en celui de Grossulacées ; Richard a voulu lui substituer celui de Ribésiées; mais tous les bo- tanistes ont adopté celui de Grossulariées comme rappelant le plus ancien nom latin du Groseillier, consacré par l'autorité de C. Bauhin et de Tour - nefort. Cette famille est placée naturellement entre les Cactées et les Saxifragées ; elle diffère des pre- mières par la présence d’un épisperme, par le . nombre déterminé des pétales et celui des étami- nes; des secondes, parson fruit charnu. Sans doute ses rapporls avec les Cactiers sunt très grands, quant à la composition du fruit; mais, considérés les uns après les autres , ils s'éloignent nécessaire- ment par l'aspect général ; en vain on cite pour les maintenir ensemble le Groseillier des Barbädes, 917 GRUE Cactus pereskia, les Cactiers parasite et pendant des Antilles, ©. parasiticus et C. pendulus ; la structure des tiges les séparent, ainsi que leurs habitudes. En formant deux genres des Groseil- liers, comme je l'ai proposé en traitant de ces plantes , la famille des Grossulariées réunirait tou- tes les conditions convenables, et deviendrait par- faitement légitime. Ses caractères sont d'offrir des sous-arbrisseaux à feuilles alternes, plus ou moins profondément lobées, souvent armées d’aiguillons très-durs et persistans ; des fleurs solitaires ou dis- posées en grappes, à calice monosépale, adhérent à l'ovaire, et dont le limbe campanulé présente cinq divisions égales; corolle très-pelite, ayant cinq pétales alternant avec les divisions da calice; cinq étamines ; ovaire infère , surmonté d’un style simple ou bifide et même profondément bipartite, et stigmate simple au sommet de chacune de ses divisions ; baie globuleuse, polysperme, ombili- quée. QE By GROTTES. (&éor.) Gavités souterraines qui ont été formées par la nature au scin de certaines mon- lagnes , et qui doivent généralement leur origine à l’action du soulèvement qui a déterminé la forma- tion de ces montagnes. (V7. Cavennes.) (J. H.) GRUE, Grus. (o1s.) Le genre Grue, adopté par tous les naturalistes, mais plus ou moins subdi- visé par plusieurs d’entre eux, appartient à l’ordre des Ecnassrers (voy. ce mot), et comprend une douzaine d’espèces répandues dans l’un et l’autre continent ; ces oiseaux ont le bec médiocrement allongé , conique , peu haut à sa base et comprimé sur les côtés: leurs fosses nasales s’étendent de la base du bec jusqu’au milieu, et leurs ailes sont amples et allongtes ; leur queue courte, arrondie, souvent dépassée par les couveriures supérieures, et leurs jambes à moitié nues, aréolées, tandis que les tarses sont garnis en avant de scutelles ; leurs doigts sont au nombre de quatre, trois antérieurs et un postérieur, qui est le pouce. Les Grues se nourrissent d'herbes, d'insectes et de reptiles; ce sont des oiseaux voyageurs, dont on ne connaît en Europe qu'une seule espèce; celles que l’on voit dans le nord s’en éloignent en hiver pour chercher des climats moins rigoureux ; dans la plupart de celles que l’on connaît, la trachée des mâles forme plusieurs circonvolutions, particula- rilé que ne présentent que rarement les femelles. La mue à lieu une fois chaque année, et les sexes ne diffèrent point quant à la nature du plumage. GRUE cENDRÉE , Grus cinerea, représentée dans notre Allas, pl. 192, fig. 5. Celte espèce, qui vit en Europe, recherche les plaines marécageuses, et est plus abondante dans les contrées orientales et sep- tentrionales ; elle émigre régulièrement au prin- temps et en aulomne, et niche dans les joncs et les buissons, quelquefois aussi sur les toits des maisons. Ses œufs, au nombre de deux, sont d’un cendré verdâtre avec des taches brunes. Elle-même est d’un gris cendré sur toutes les parties du corps, avec la gorge, l’occiput et le devant du cou d’un gris noirâtre très-foncé ; son front et le lorum ou l’espace qui existe entre l'œil et le bec sont garnis GRYL 518 9 GRYL de poils noirs; le sommet de la tête est nu et rouge, quelques unes des pennes secondaires de l'aile sont arquées, longues et à barbes déconpéess le bec est d’un noir verdâtre dans son milieu, mais de couleur de corne à sa pointe et rougeâtre à sa base. L'iris est d’un rouge brun, et les pieds sont noirs. Longueur totale 3 pouces 8 ou 10 lignes. Les espèces étrangères à l’Europe sont assez nombreuses ; nous citerons parmi elles la GRUE D£ Carnente, Grus paradisea, qui’ habite une partie de l'Afrique centrale, et se retrouve aussi au Cap. Quelques autres ont été placées par Gmelin dans le genre des Hérons, et il en est plusieurs que Tem- minck a distinguées le premier, et quil a décrites dans son beau recueil de planches coloriées ; telles sont la GRu£ BLANCHE, Grus leucauchen, Temm., pl. 449, et la Grue moine, Grus monacha, pl. col. 988. La Grue 4 coLiEr nor, Grus collaris, du même savant, est le Grus japonensis de Bris- son. Vieillot a distingué sous le nom d’Anthropoides un petit groupe qui n'est qu’une section du genre Grue; l'espèce type est la Demoiselle de Numidie, Ardea virgo, Linn., que nous appellerons Grus virgo avec Wagler. Gette espèce, qui vit en Afri- que , a le cou noir, le corps gris bleuâtre, et deux faisceaux blanchâtres sur les côtés du cou. La Grue couRONNÉE ou l'OisEau royAL , Grus balearica, se rapporte aussi au groupe des Anthropoides. Ce bel ciseau, représenté dans tous les traités d'Ornithologie, a le corps noir, les ailes blan- ches, et la joue variée de deux plaques rouge et blanche ; sa tête est surmontée d’une belle aigrette roussâtre , qui représente une sorte de couronne, d’où le nom que l’on a donné à cet oiseau. La Grue couronnée est d'Afrique et principalement du St- négal. On la voit souvent en domesticité en Eu- rope, où son élégance la fait rechercher. (GEnv.) GRUNSTEIN. (ax. et ctor.) Nom par lequel les Allemands désignent deux espèces de roches différentes : l’une l’Hémithrène, composée essen - tiellement d’amphibole et de calcaire ; l’autre la Diorite, formée d’un mélange d’amphibole et de feldspath. (JE) GRYLLON, Gryllus. (ins.) Genre d'Orthoptè- res de la famille des Sauteurs, tribu des Gryllones, offrant pour caractères : tarses de trois articles, les antérieurs n’offrant aucune organisation parti- culière propre à les rendre fouisseurs ; des acelles, une tarière très -saillante dans les femelles. Les insectes qui composent ce genre on£ le Corps gros, égal partout; leur tête est globuleuse , bombée sur la face ; les yeux sont petits, rejetés sur les côtés; les ocelles sont placés entre eux souvent presque sur une même ligne, quelquefois oblitérés ; le cor- selet est carré transversal ; l'abdomen est mem- braneux , terminé par quatre filets inarticulés du milieu desquels sort la tarrière dans les femelles ; elle varie de longueur dans les espèces, mais est toujours très-apparente ; les élytres sont courtes, différemment réticulées dans les mâles et les fe- melles; dans les premiers le frottement de leur base sert à produire le bruit appelé chant, et qui leur à fait donner le nom de Crient; aussi les cel- lules formées par le réseau de cette partie sont-elles. chez eux beaucoup plus développées; les ailes sont plus longues que les élytres, ct quand elles sont plices en éventail, comme dans tous les Orthoptè- res, l'extrémité forme une lanière qui, dans une espèce de FInde, se contourne comme les spires d'un tire-bouchon; les quatre pattes antérieures: sont identiques ; mais les fémurs postérieurs sont très -développés et renflés ; les tibias et même les tarses sont munis de deux rangs d’épines. On con- naît plusieurs espèces de Gryllons, mais les mœurs de deux espèces ont été principalement étudiées. La première est le Gryllon des champs; il creuse, dans les terrains secs exposés au soleil, un trou oblique, peu profond, où il fait sa demeure ; il se tient habituellement à l'entrée et n’en sort tout-à- fait que pour prendre sa nourriture, qui consiste en insectes; les larves vivent de même comme la nymphe ; parvenus à l’état adulte, les mâles font entendre le soir et Loute la nuit leur cri aigu, qui finit par élourdir quand ils sont nombreux; ils ne sortent guère que le soir ; on les fait sortir facile- ment de leur trou en y faisant entrer un brin de paille. Les anciens connaissaient comme nous le moyen de les attirer en attachant par un cheveu une fourmi par la patte, et en la laissant courir dans leur trou. La seconde espèce, le Gryllon domestique, ne se tient chez nous que dans les maisons, derrière les plaques des chemi- nées, les fours de boulangerie, et autres en- droits chauds; c'est ce qui me fait supposer que cette espèce a été introduite de temps immémorial en Europe, qu'elle est originaire des contrées chaudes de l'Asie, et qu'elle ne pourra jamais s’ac- climater parfaitement chez nous; le chant de cette espèce est éncore plus insupportable que celui du premier, non parce qu'il est plus fort , mais parce qu'il est continu et qu'il est toujours près de aous; il ne sort de sa retraite que la nuit ; et se nourrit, dit-on, de farines ; mais Ja farine est une manipu- lation de l'homme, et il est probable, au contraire, qu'il se nourrit d'insectes comme celui des champs; cependant on sait, d’après Degeer, qu'il mange le pain avéc avidité. G. cuamPèrre, G. campestris, Linn., représenté dans notre Atlas, pl. 192, fig. 1, 2,3. Long de 10 à 12 lignes, d’un brun noir foncé , avec la base des élytres jaunâtres et les cuisses postérieures tachées de rouge sanguin ; ailes plus courtes que les ély- tres. Très-commun. 4 G. pomesTiQuE , G. domesticus, Linn. Long de 8 à 10 lignes, gris jaunâtre; ailes plus longues que les élytres. Moins commun que le précédent. G. syzvesrre, G. sylvestris, Bosc. Long de qua- tre lignes, brun foncé avec des tarses jaunâtres ; les élytres sont très-courtes et les ailes manquent presque entièrement ; la tarière des femelles est très-longue. Dans les bois. G. monsrrueux, G. monstrosus, représenté dans. notre Atlas, pl. 193, fig. 1. C’est le plus grand du genre; il est des plus remarquables par ses. palles épincuses, ses Larses lobés et à larges pa- INR ne 4 RE ai (A : SL GS je PA _ { Vo £ D. elll Se A 7 =: AN ; z Cryllon monstrueux >. Guacharo 2 Guaco £.Cuéren dr. \ ES GUAG 919 GUAN lettes, et surtout par l'extrémité de ses ailes rou- lée en spirale et Ini formant une espèce de queue en trompette. Get insecte est d’un gris jaunâtre tacheté de brun, 1 vient du Bengale. (A. P.) GRYLLONES. (is.) Tribu d'Orthoptères de la famille des Sauteurs , ayant pour caractères : an- tennes très-longues , sétacées ; élytres et ailes ho- rizontales; ces dernières forment dans le repos des espèces de lanières dépassant les élytres et souvent l'abdomen; ce dernier est, en outre, terminé par des fils sétacés ; pattes postérieures très-dévelop- pées, renflées, propres au saut. Les insectes de celte tribu font entendre un bruit appelé impro- prement chant, en frottant l’une contre l’autre la base de leurs élytres ; mais ce chant n’est propre qu'aux mâles; ils se tiennent habituellement dans une retraile qu'ils se creusent en terre, el n’en sor- tent que pour prendre leur nourriture. Gelte petite tribu comprend les senres GRYLLON, COURTILLIÈRE, Tnypacryze et Mynm'cornire. (AB) GRYPHÉE, Gryphæa. {morz.) Genre établi par Lamarck aux dépens des Huitres. Voyez Huîrre. (FE. Fr) GRYPHITE , Gryphitis. (mour.) Voyez Huirre. (FF) GRYPHON. (o1is.) On donne quelquefois ce nom an Gypaële. /’oy. GYPAETE. (GErv.) GUACHARO , Stcatornis. ( ois. } De Humboldt a le premier indiqué sous ce nem une espèce très- remarquable d’oiseau appartenant à la famille des Engoulevens ou Gaprimulgidés, et sur lequel Lherminier a récemment publié dans les Nouvel- les Annales du Muséum de Paris, tom. IH, des détails importans , qui permettent de se faire du Guacharo une idée plus complète. C’est, dit Lherminier , le 18 septembre 1799, que cet oiseau fut découvert par de IHumbolt et Bompland, dans le Cueva del Guacharo, caverne immense, creu- sée dans les montagnes calcaires de Garipe, pro- vince de Gumama ( Colombie ), où il habite en grand nombre. Dans celte excursion , deux Gua- charos ( c’est le nom que l’on donne à ces oiseaux dans le pays ) furent tués à coups de fusil par Bompland , et décrits par de Humboldt ; puis ils furent envoyés en Europe, mais ils n’y parvinrent point, ct leur histoire, faute de plus amples ren- seignemens, resta pendant long-temps incom- plète. Mais en 1852, L’herminier put se procurer quelques individus de celte espèce curieuse ; il les décrivit avec soin, et fit parvenir l’un d’eux à l’Académie des sciences. Cet oiseau, que l’on voit aujourd’hui dans les galeries du Muséum de Paris, et dont la figure accompagne le mémoire de Lherminier ( loco cit. ), est à peu près du vo- * Jume d’un pigeon; il mesure de Ja pointe du bec à l'extrémité de la queue quinze pouces environ, et son envergure est detrois pieds. Son aile aiguë est composée de vingt rémiges, et sa queue est arroudie et présente dix rectrices. Le fond de son plumage , de couleur roux-marron, présente des reflets méêlés de brun et de verdâtre; ilest de plus barré, piqueté et vermiculé de noir plus ou moins foncé, et marqué de taches blanches de \ forme et de grandeur variables. Le bec est fort , solide, gris-rougeâtre ; sa mandibule supérieure courbée dès la racine , prismatique et carénée, est armée d’une seule dent , et Lerininée par un cro- chet aigu qui dépasse d’une à deux lignes la man- dibule inférieure. Celle-ci, dilatée en arrière et débordant en ce sens la supérieure. est recouverte par elle en avant, et laillée en biseau creux pour recevoir son crochet. Les narines sont oblongues, et des soies rigides, nombreuses, colorées em roux, sont disposées à la base du bec derrière les parines qu'elles couvrent en partie ; la bouche est grande et très-fendue. Quoique nombreux dans la province où ils vi- vent, les Guacharos ne sont pas très-faciles à prendre, parce qu'ils sont nocturnes et qu’ils pas- sent tout le jour cachés dans les endroits les plus retirés; aussi les chasse-t-on ordinairement au flambeau. Pris au nid, et soumis à un feu de broussailles, les jeunes Guacharos fournissent en abondance une graisse demi-liquide , transparente, inodore , et que l’on recherche éxalement pour Ja cuisine et pour l'éclairage ; cetle graisse, que les colons appellent Manteca, où Aceite del Guacharo, a la propriété de se conserver pendant plus d’un an sans rancir. - Tous les Caprimulgidés, ou Engoulevens, sont insectivores ; les Guacharos semblent seuls faire exception à la règle. Ges oiseaux recherchent en effet pour se nourrir les semences de diverses plantes; ces graines sont retirées avec soin de l'estomac des individus qu’on se procure À la chasse, et constituent dans le pays un médica- ment très-estimé, le Semilla del Guacharo, que l’on regarde comme héroïque contre les fièvres in- termittentes. L'oiseau qui nous occupe a recu en latin le nom de Steatornis caripensis; il en a été donné , à la pl. 199, fig. 2, de ce Dictionnaire, une figure qui est une copie même de la planche de Lherminier. ( GErv. ) GUACO. ( or. Pxan. ) Dans le continent amé- ricain du sud, on donne ce nom vulgaire à diver- ses sortes de Lianes ; aux Antilles, à un genre voi- sin, ou peut-être même à une espèce d’Aristolo- che non encore décrite , que nous avons recue du docteur Vasquez, etque l’on trouvera représentée en notre Atlas, pl 195, fig. 3; au Pérou, c’est le nom du Spilanthes ciliata ; mais le plus généra- lement c’est celui du Mikania Guaco, si célèbre par ses propriétés héroïques contre la morsure des serpens. Voy. aux mots Miranis et SpiLanrnE. GE Be) GUANCHE. (maw. ) Voy. Howus. GUAN. (ois.) Le Guan .de quelques autears, que Buflon nomme Yacou, est une espèce ce Gallinacé du genre PÉNÉLOPE (voyez ce mot). On le trouve au Brésil, au Mexique et à l1 Guiane. Latham l’appelle Penelope cristata, et Temminck Penelope Guan. (Genv.) GUANO. ( win. et cfoz. ) Les habitans du Pé- rou donnent ce nom à une substance d’un jaune GUAZ foncé, d’une odeur forte et ambrée, soluble avec cf- fervescence dans l’acide nitrique à chaud. Les célè- bres minéralogistes Foureroy et Vauquelin ont re- connu dans cette matière la présence des acides urique, oxalique et phosphorique, et celle de la chaux, de la potasse, de l’ammoniaque et d’une matière grasse, unis à une pelile quantité de sa- ble quartzeux et d’oxide de fer. Tout s'accorde donc à présenter dans cette substance une com- position analogue à celle de la fiente des oiseaux. Beudant a fait du Guano l'espèce unique du genre Urate dans sa nomenclature minéralogique. On trouve le Guano sur les côtes du Pérou, aux îles Chinques, et aux îles Arica, Ilo et Iza ; il y forme des dépôts de 50 à 6o picds d'épaisseur, sur une très-grande étendue. On peut considérer géologiquement ces dépôls comme appartenant au terraiñ moderneou qui sc forme encore, et comme étant le résultat de l’accumulation, sur les îles que nous venons de nommer, des excrémenus que les Hérons, les Flamans et d’autres oiseaux dé- posent, depuis les temps ies plus reculés, dans ces îles qui n’ont d’autres habitans que ces volatiles. Le Guano est employé avec avantage comme engrais ; il n’en faut qu'une quantité peu considé- rable pour fertiliser les terrains les plus arides : aussi est-il l’objet d'une exploitation importante ; plus de 50 petits bâtimens appelés Guaneros sont employés presque continuellement au transport de celte matière pour le Pérou. (J. H.) GUAZUMA, (vor. pan.) Arbre de l’île Saint- Dominguc, où le dessin de son feuillage l’a fait nommer Orme d'Amérique. I s'élève à trente et quarante pieds ; son tronc est rameux, revêlu d'unc écorce noirâtre et crevassée: ses branches sont Ctalées, recouvertes dans leur jeunesse d’an duvet cotonneux. Elles portent dés feuilles alter- nes, pétiolées , ovales , dentées , inégalement par- tagées par leur côte médiane , et accompagnées de stuipules linéaires. Les fleurs , petites et d’un blanc jaunâtre, sont disposées en grappes axillaires et terminales ; elles produisent un fruit arrondi, li- gneux et gercé. Get arbre, d’ane culture facile, est très-commun à Saint-Domingue, où on le plante en allées; sa cime touffue donne un très-bel om- brage ; on est dans l’usage de l’étêter tous les cinq ans, el de ne le laisser parvenir qu'à dix à douze pieds de hauteur. Le Guazuma n’est pas seulement une plantation d'agrément ; ses-feuilles sont fort recherchées des bestiaux, qui en font leur prinei- alenourriture dans les temps de sécheresse. Belon dit que leur décoction a été reconnue comme très- propre à opérer la clarification du Fesou, dans Ja fabrication du sucre. C’est Plumier qui a le premier décrit le Gua- zuma. Linné crut devoir en faire une espèce de son genre Theobroma, Monadelphie décandrie ; depuis, Lamarck ct Jussieu l’en ont retiré, et, d'après Kunth, il appartient à la famiile des B ytt- nériacées et se caractérise «inst : calice de cinq sépales, dont deux ou trois sont quelquefois sou- dés entre eux; corolle de cinq pétales terminés par une languelte bifide; dix étamines, dont les 520 Dao : GUEN RE ER, TRS filets sont légèrement soudés à leur base ; cinq sont stériles ; les cinq autres sont trifides, et por- tent chacune trois anthères; cinq styles connivens; capsule ligneuse, tuberculée, à cinq loges, sans valves , percée de trous disposés sur dix rangs, et contenant un grand nombre de graines. Kunth a décrit une seconde espèce deGuazuma à fouilles tomenteuses, et croissant dans la Co- lombie. Cavanilles en a figuré une troisième sous le nom de G. polybotria; elle est indigène du Mexique, et se trouve aussi à Saint-Domingue. (L.) GUEDE. (2or. pan.) Le plus ancien nom donné au Pasrez, Zsalis tinctoria (voy. ce mot). Comme il s’en faisait au treizième siècle un grand com- merce à Saint-Denis, près Paris, il y existe en- core une place appelée le marché des Guèdes. HP(Bn:0B :} GUENON, Cercopithecus. (wam.) Le nom de Cercopithecus (singe à queue), que les Grecs don- paient à certains animaux de la famille des Singes, a été appliqué par Erxleben à un genre dans le- quel ce naturaliste placait un grand nombre d’es- pèces asiatiques et africaines. Aujourd’hui la dé- nomination de Cercopithecus et celle de Guenon sont exclusivement réservées aux Cercopithèques d’Illiger qui habitent l'Afrique, ceux d’Asie étant devenus le genre Semnopithèque, Semnopithecus, parce qu'ils se distinguent des autres sous quelques rapports. Les caractères principaux des Guenons sont d’avoir une taille médiocre et des membres dont les proportions correspondent assez bien avec le volume du corps, ce qui permet de les distin- guer immédiatement des Semnopithèques ; ‘elles ont des abajoues , parties qui manquent à ces der: niers ; leurs mains antérieures sont assez allongées, à pouces écourtés; leur queue est longue , et leurs dents. au nombre de trente-deux, ne diffèrent de celles des Semnopithèques que par un tubercule de moins aux molaires inférieures ; leur estomac , arrondi'et simple, n’est point divisé en poches, ainsi qu'on le voit chez leurs analogues d’Asie ; leur crâne , sans être trop développé, n’est jamais aussi dégradé que celui des Cynocéphales, dont les Guenons semblent être séparées par les Macaques. Ces Quadrumanes vivent dans les forêts, et se jouent dans les arbres avec une grande agilité. Le nom qu'on leur donne en français paraît être une altération du mot Gnome, et s’applique, de même que lui, dans le langage figuré, aux personnes grimacières etirascibles. Prises jeunes, les Guenons s’apprivoisent facilement, mais elles sont d’ordi- paire indociles, lorsqu'elles avancent en âge. Nous citerons la Guenox moe, C. mona, Desm., représentée dans l’'Iconographie du Règne animal de Guérin, Mam., pl. 1, fig, 4. Elle a le pelage marron, avec le dessus des extrémités noires, eë deux taches blanchâtres sur.chaque fesse. On pré- tend que c’est le. Æebos des anciens; son corps mesure, depuis le museau jusqu’à l'anus, dix-sept pouces et quelques lignes , el sa queue en mesure vingt-trois où vingt-quatre. M. F. Guvier, qui a observé avec soin cet animal en domesticité, nous apprend qu'il est circonspect dans ses actions, ot. persévérant ?l.104. RQ KQ Wu lu pe À \e À ” PGA a NS NN tt = SSSR 2. Gruepe 3. Guepier z Guenon Æ Guérin dir 0 cb21 GUEP GUEP PO persévérant dans ses désirs sans jamais avoir re- cours à la violence. « Lorsqu’après avoir été bien sollicité, on persiste, dit F. Cuvier, à refuser quelque chose à la Mone , elle fait une gambade et semble occupée d’antre chose ; elle n’a aucun sen- timent de propriété; elle prend ce qui lui plait , les objets qui lui ont attiré des punitions comme des autres, et a une adresse extrême pour exé- cuter ses rapines sans bruit. Ce singe ouvre les ar- moires qui ont leur clef en tournant celle-ci; il défait les nœuds; ouvre les anneaux d’une chaîne, et cherche dans les poches avec une délicatesse telle que souvent on ne sent pas sa main quoiqu’on sache qu’elle vous dépouille. C’est l'examen des poches qui lui plaît le plus, parce que sans doute il y a souvent trouvé des friandises qu’on voulait qu'il y trouvât , et il y fouille sans mystère ; ordi- nairement il débute par là dès qu'on s’approche de lui, et semble chercher dans les yeux des mo- tifs d'espérance. » On trouve la Mone sur la côte occidentale d’A- frique , et non en Barbarie ainsi que le pensent quelques auteurs. D’autres espèces assez voisines de celle-ci, le Hocneur, C. nictitans, etle BLANc-NEZ où ASCAGNE, €. petaurista , ont un caractère assez remarquable dans leur nez, qui est blanc. La première a le pe- lage d’un noir pointillé de gris verdâtre; Ja seconde est rousse. Toutes deux habitent la Guinée. | Les autres espèces du genre Guenon sont : 1° Ja GuExon Tazaroin, C. talapoin , à laquelle on doit rapporter le C. pileatus ; 2° la GUENON CALLITRICHE, C. sabœus , représentée dans notre Atlas, pl. 194, fig. 1 : son pelage, verdâtre en dessus, est blan- châtre en dessous, sa face est noire avec les touffes des joues jaunâtres, le bout de sa queue est jaune; du Sénégal ; 3° le GriverT, C. griseus, L.; 4° Je Verver, C. pygerythrus ; le Marrouck, C. cya- nosurus ; D° le Paras, C. ruber; 6° la GuENoN A coLier, C. æthiops, et 7° le Mancagey, €, fuli- ginosus. La patrie de ce dernier n’a pas toujours été bien précise; quelques auteurs ont dit qu’il était de Madagascar, où il paraît qu'il n’existe pas de vrai Singe ; d’autres l’ont fait venir d'Éthiopie; le Congo et la Côte d'Or paraissent néanmoins Jes seuls points d’où on l'ait reçu jusqu’à ce jour. - ï (GErv.) GUÉPARD. (nam.) Nous avons déjà parlé de cet animal ( F'elis jubata, L.), à l’article CnaT de ce Dictionnaire ; disons seulement ici que quelques auteurs, à l'exemple de Fréd. Guvier, le retirent du genre de ces animaux pour en constituer le type d'un genre distinct. Isid. Geoffroy et Du- vernoy adoptent cette manière de voir. Le der- nier de ces naturalistes change le nom du F. ju- bata en Guepardus jubatus. Il nomme aussi Gue- pardus guttatus, le F. guttatus de Hermann, espèce dont il a reva les caractères et qu’il pense devoir être admise. L (GERv.) GUEPE, Vespa. (1ns.) Genre d'Hyménoptères de la section des Porte-aiguillons, famille des Diploptères, tribu des Guépiaires, ayant pour T. II. caractères : chaperon presque carré, mandibules guère plus longues que larges , tronquées oblique- ment à l'extrémité; languette courte; ailes tou- jours doublées dans le repos; abdomen ovoïde, joignant immédiatementéle corselet : les Guêpes ont toute l'habitude du corps assez courte, robuste; leur tête est large, leur corselet carré et leur abdomen, coupé. droit à son extrémité antérieure, joint presque immédiatement le corselet; leur couleur est noire ou brune, mélangée de jaune; ces insectes vivent en sociétés plus ou moins nombreu- ses, composées de mâles, de femelles et de femelles avortées nommées mulets ou neutres; leur nid, qui varie, est toujours établi à l’abri de l'air, soit en terre, soit dans quelque creux d’arbre ; la matière dont il est construit est fournie par le vieux bois que les femelles et les neutres coupent et mâchent jusqu’à le réduire à la consistance d’une pâte ana- logue au carton , mais beaucoup plus friable ; une première enveloppe garantit les rayons qui sont horizontaux, avec un seul rang de cellules tournées l'ouverture en bas; ces cellules ne contiennent point de provisions, mais servent de logement aux œufs , larves et nymphes; celles-ci, au moment de latransformation, se filent une coque pour bou- cher la cellule. Les larves sont nourries |ournelle- ment par les neutres des sucs élaborés des fruits ou des insectes qu'ils dévorent ; les femelles qui ont échappé aux rigueurs de l'hiver commencent la société; les premiers œufs pondus ne sont toujours que des neutres, ce n’est qu’à la fin de l'été que commencent à paraître les jeunes mâles et les jeunes femelles ; quand arrivent les froids de l'hiver, les neutres arrachent des cellules et met- tent à mort toutes les larves et nymphes qui s’y trouvent ; elles-mêmes périssent avec les mâles, et il n’échappe que quelques femelles fécondées qui renouvellent la société au printemps suivant; la nature , en portant ainsi ces insectes à se détruire eux-mêmes, nous a rendu un grand service; car le nombre prodigieux des individus dont se com- posent quelques unes de ces sociétés, et le danger d'approcher de leur nid, finissent par les rendre redoutables aux hommes mêmes, soit par les dé- gâts qu'ils causent aux fruits, soit par les blessures qu'ils peuvent faire, et dont la multiplication est quelquefois telle, qu'ils peuvent finir par donner la mort, par suite de l’inflammation qu'ils pro- duisent. G. FRELON , Ÿ”. crabro, Linn., représentée avec son nid dans notre Atlas, pl. 194, fig. 2 et 2 a. La plus grande espèce de notre pays, longue d’un pouce, noire et brune mélangée de jaune, ailes enfumées; la piqûre de celte espèce cst très-re- doutable; son nid est attaché par un pédicule, recouvert comme d’un parapluie, et n'a guère | qu’un ou deux rangs de cellules; elle le place dans les :greniers, les trous de murailles ou les trous des arbres. Les sociétés ne dépassent guère 190 à 206 individus au moment où elles sont le plus peuplées. | G. commune, Ÿ”. vulgaris, Linn. Longue d’en- viron huit lignes, elle est noire, avec plusieurs 226° LivrAIsoN. 66 \ Ê = TE = un = nan —— = = = “eux taches jaunes sur la tête, le corselet et l'écusson; l’abdomen offre une bande jaune marquée de points noirs à l'extrémité de chaque segment; cette espèce fait son nid en terre; il est formé d’un assez grand nombfe de rayons horizontaux, liés ensemble par des piliers > le tout enveloppé par plusieurs couches de papier ou carton se re- couvrant les unes les autres à'la manière des tuiles d’un toit; c nid n’a qu’an seul trou pour ouverture, mais à la surface du sol il a souvent plusieurs issues ; les sociétés de cette espèce sont quelquefois , à la fin de l’automne, composées de 20,009 individus; elles font beaucoup de tort aux fruits. (A. P.) GUÊPTAIRES. (1ns.) Tribu d'Hyménoptères de 11 famille des Diploptères, section des Porte-ai- guillons , offrant pour caractères : antemnes termi- nées en massue insensible, de treize articles dans les mâles, de douze dans les femelles ; chaperon grand, randibules fortés, une caroncule au dessous du labre, nommée par Savigny Epipharynæ; trois cellules cubitalescomplètes aux ailes supérieures ; plusieurs espèces vivent en sociétés plus ou moins nombreuses, composées de mâles, de femelles et de neutres ou femelles avortées: les larves sont apodes , renfermées dans des cellules où les fe- melles les nourrissent soit journellement , soit en les approvisionnant au moment de la ponte pour toute leur vie. Cétte tribu renferme les genres C£- RAMIE, SYNAGRE, BUMÈNE , GuÊPE , etc. (A. P.) GÜÊPIER, Merops. (o1s,) Ce genre, dans le- quelon comprendun assez grandnombre d'espèces, appartient à l’ordre des Passereaux ét se range parmi les Syndactyles, avec lesquels il a de com- mun la réunion partielle des doigts extérieur et médian. Le corps des Guépiers est assez eflilé , et leurs couleurs sont ordinairement très-gracieuses ; de plus, ils ont la tête arrondie et parfaitement emplumée; le cou court, les narines rondes, pe- tites , et le bec épais à sa base, allongé, subulé, aigu et non denté ; leurs tarses sont courts, anne- lés et nus ; leurs aïles médiocres et à seconde ré- mige la plus longue, et leurs rectrices caudales au nombre de douze. Les oiseaux de ce genre sont tous de l’ancien monde, et se tiennent dans les régions les plus chaudes ; ils y vivent d’Abeilles et de Guépes, d’où leur nom de Guépiers , et construisent leur nid dans des trous qu'ils pratiquent sur les bords es- carpés des fleuves où au sommet de pelits coteaux. L'Europe n’en possède qu’une seule espèce, la- quelle se trouve dans les contrées méridionales de cette partie du monde, en Espagne, en Provence, en Italie, en Grèce, étc. , et porte le nom de Merops aptaster; elle est représentée dansnotre Atlas, pl. 194, f, 3. Cet oiseau s’observe également en Afrique; il recherche les insectes ailés ‘et les poursuit au vol. Le trou dans lequel il niche a ordinairement une grande profondeur et une direction oblique. L'entrée en est large, et son intérieur, matelassé de mousse , renferme de quatre à sept œufs blancs. Le WMerops apiaster mâle est long de 11 pouces; il a le front d’un blane nuancé de verdâtre ; l’oc- 522 nn GUL ciput, la nuque et le haut! du dos marrons, ete reste du dos d'unrroux jaunâtre:: le milieu‘de son aile est teint de roux foncé; les pennes de -cette dernière sont verdâtres ainsique.celles de la quene; la gorge est d’un jaune d’or, le bec noir, l'iris rouge et les pieds bruns. Les deux pennes du mi- lieu de la queue excèdent les autres d’un pouce, La femelle a en général les couleurs plus ternes, une bande jaunâtre passe au dessus de ses yeux et remplace la bande noire que le mâle présente à cette partie; le jaune de sa gorge.est plus clair, et le vert bleu de sa poitrine est nuancé de rous- sâtre. Les jeunes de cette éspèce ‘offrent aussi quelques traits caractéristiques que nous indique- rons brièvement : leurs parties supérieures sont d’un brun verdûtre, et toutes les pennes de leur queue sont d’égale longueur. Parmi les espèces exotiques du genre Merops, nous citerons : Le Guêrier DE Savienx, Merops ægyptius, re- présenté par Savigny dans l’ouvrage français sur l'Egypte, et qui se trouve dans une grande partie de l'Afrique. Il se distingue par un trait noir sur l’œil, par la couleur bleue de son front et par le devant de son cou varié de jaune deré et de marron. GuÊËPIER A LONGS BRINS, Merops melanurus , Vig. et Horsf. Celui-ciest de la Nouvelle-Hollande, il a les joues noires bordées d’azur, la gorge jaune et le croupion bleuâtre. .' Guêrier Lescnenauzr, Merops Leschenaultii. Cette espèce, dédiée par Levaillant au voyageur Leschenault, vit à Java; elle a la tête et le manteau marrons, la gorge jaune bordée de noir'et la queue un peu fourchue. GUÊPIER A FRAISE , Merops amictus. Temminek a, le premier, décrit cet oiseau dont Is. Geoffroy fait un genre distinct sous le nom d’Azceuenope, Alcemerops (voy. ce mot), La secondeespèce con- nue du sous-genre Alcémérope a été décrite par Jardine sous le nom de A/erops. à (GErv.) GUEPIER. (rs. ) C’est le nid des Guêres. (Voy. ce mot. (Gu£r.) GUERLINGUET. (wam.) Sous-genre des Ron- geurs , établi aux dépens des Écureuilset n’en dif- férant que par de très-légers caractères. Voyez GUREUIL. (Guir.) GUEULE. (2001. BoT.) Ce mot sert le plus gé- néralement à désigner la bouche des animaux ; on en à fait aussi un nom spécifique de plusieurs ani- maux et même de diverses plantes, ainsi qu'il suit : Gueuze De rour. (o1s.) La Mésange à longue queue. GusuLe DE Lion. (BOT. PHAN. } l'Antirrhinum majus , L. Gueuze DE souris, (morr.) Le Mytilus muri- nus, L. GuEuLe Noire. (mouz. B0T.) Le Strombus luha- nus, et les fruits du Faccinium myrtilus, parce qu'il noircit la bouche. (Guér.) GUI, V’iseum. (por. Pnan.) Le nom de ce végé- tal singulier réveille à la pensée le souvenir des vieux Celtes; on voit aussitôt les chefs des Druides, ? YU: 195. 1.Gu. 2 Guillemot. £. Gucrin dur , . : SP D : (GUI 925 GUI vêtus de leurs longues robesblanches, couronnés de feuilles de Chêne et armés’ d’une serpe d’or, parcourir les bois et les forêts profondes pour y découvrir le Gui sacré, le Gui du Chêne, qui de- venait entre leurs mains la panacte universelle; on la portait suspendue au cou réduite en poudre et renfermée dans des sachets. On en appendait des branches sur le seuil des habitations et on en cou- vraitles murs destemples. Depuis que le Guis’est vu interrogé par la chimie , il a perda tout à coup sa haute réputation et n’a plus eu de propriétés an tispasmodiques, fébrifuges et anti-épileptiques , qu’auprès des commères et des charlatans. Le Güai est parasite sur les arbres , il s’implante dans leur liber et vit de la séve qu'ils charrient. On le trouve abondamment sur les Pommiers et les Poiriers , sur les Oliviers et les Amandiers; sur le Prunier, le Prunelier, le Bouleau , il prend une teinte jaunâtre; sur le Néflier et l'Aubépine, il se montre d'un blanc jaunâtre ; sur le Pêcher, il est couvert de granulations rougeâtres ; sur le Sapin, les Pins, le Mélèze, il prend le goût de résine. On le trouve encore sur les Saules , les Peupliers, les Noyers , les Lilas, les Nérions, les Aunes, le Chä- taignier, le Noisetier, le Robinier, le Frêne, l'Orme, FErable , le Rosier, le Gerisier, le Tilleul, etc. Il est très-rare sur toutes les espèces de Ghêne; de là son importance chez les Gaulois, et en même temps l'assurance donnée par quelques botanistes que le Gui ne croît point sur cet arbre. Je l'ai vu sur des Chênes de la superbe forêt de Beaugé, sur d’autres aux environs d’Autun, sur les Vosges etle Jura; jamais on ne le trouve sur‘ le Figuier. Le Gui ne s’identifie pas tellement avec l'arbre sur lequel ses semences s’accrochent, qu'il perde sa propre existence ; il entre en végétation, 1l fleurit et fruc- tifie toujours à la même époque, que l'arbre soit précoce ou tardif. Il conserve son feuillage, quand son soutien perd sa parure printanière, mais ses toufles arrondies n’ont rien d’agréable; il ne pré- sente pas un atome detannin , lors même que cette substance se trouve en. abondance sur les arbres qui le nourrissent ; il donne du soufre, tandis que ceux-ci n’en contiennent aucunement ; de même qu'il ne fournit pas plus d'acide gallique, de gomme ou derésine, quoiqu’ilsen soient imprégnés. Gependant, par une singularité fort remarquable, il brûle difficilement quand le sujet a la même propriété, comme ses cendres sont colorées par l’oxide de manganèse quand celles du sujet le sont ellesmêmes. Le docteur Gaspard, de Lons-le- Saulnier, dont les observations sont toujours exac- tes, a S’est assuré de ces faits qui ajoutent à la singularité du Gui. Cette plante constitue un genre de la famille des Loranthées et de la Dioécie tétrandrie ; on lui connaît une vingtaine d'espèces, presque toutes originaires des-climats chauds , de l’un et l’autre hémisphère; on en a trouvé dans l'Inde, au cap de Bonne-Espérance , aux Antilles , au Mexique et dans l'Amérique du nord ; deux seules existent en France et en Europe. Les caractères de ce genre “sont d'offrir des plantes ligneuses et parasites; des feuilles simples, ordinairement opposées, quel- quélois nulles ; des fleurs disposées en épis ou en grappes axilaires , dioïques et parfois monoïques , ayant un calice double, à bord entier, à peine saillant; celui extérieur, plus petit et au bas du vrai Calice, est remplacé par deux bractées dans le Manglier, Rhizophora , genre voisin; corolle à quatre pétales très-larges à la base et réunis; dans les fleurs mâles chaque pétale-pnésente, sur le mi- lien de sa face interne, une anthère sessile , oblon- gue ; dans les fleurs femelles, l'ovaire est infère, surmonté d'un style très-court, et terminé par un stigmate glanduleux, arrondi. Le fruit est une baie globuleuse, non couronnée, remplie d’une pulpe tenace, très-visqueuse, monosperme; la graine est cordiforme , un peu comprimée, recou- verte d’une enveloppe blanchâtre , membraneuse, sous laquelle on trouve: un et-quelquefois deux et même trois embryons à tête arrondie, comme Malpighi, Duhamel du Monceau et Bernard de Jussieu l'avaient remarqué. Le périsperme est vert et charnu. Tandis que la radicule s’insinne sous forme de sucoirs dans l'écorce, qu’elle jette des racines latérales qui s’enfoncent dans son tissu.ou rampent à sa surface, les deux cotylédons se dé- veloppent au sommet d’une petite tige dont la base, d’abord mamelonnée , s'étale et embrasse étroitement la branche sur laquelle elle est im- plantée ; les cotylédons sont courts, épais, ovales; ils s’élargissent ensuite en feuilles lancéolées , et fournissent-des branches dichotomes, articulées, La graine offre encore dans sa germination un autre phénomène; elle se colle vers le centre d’une branche, afin que sa radicule, qui fuit constamment la lumière, ne recoive aucune at- teinte par l’action des agens extérieurs, et lors- que, par la position que la chute lui impose , elle setrouve opposée au centre dans lequel .elle doit pénétrer, la radicule décrit une courbe pour y parvenir. Disons maintenant.un inot des deux espèces in-- digènes. La première est connue sous le nom de Gui BLANC, Viscum album , veprésenté dans notre Atlas, pl. 195, fig. 1. La seconde, sous celui.de Gur pe L’Oxycèpre, V7. Oxycedri. Leur nom est dérivé de la propriété éminemment visqueuse.des baies. Théophraste les appelle i£x L’on tenterait en vain de semer les deux plantes, elles ne vien- nent point sur terre. Les essais de Duhamel le prouvent d’une manière incontestable, On connaît trois variétés de l’espècecommune, le Gui à baies blanches , celui à baies d’un ‘beau rouge pourpre, et celui dont les baies blanches sont accompagnées de feuilles courtes et cartila- gineuses. La: première est la plus répandue en Eu- rope et dans la païtie centrale de l'Asie ; la ;se- conde habite plus particulièrement sur les Oli- viers. Belon l’a vue aussi sur des Amandiers et.des Pommiers; on ne l’a encore rencontrée sur aucune espèce de ces trois.genres d'arbres au midi de la France. J'ai trouvé la troisième en Toscane, aux lieux mémes où Micheli l'avait découverte, On obtient de la Glu de ces trois variétés du Gui GUI 024 GUIA commun ; mais on lui préfère celle que l’on retire de l’écorce du Houx. (77. aux mots Guu et Houx.) On à recommandé celle du Gui pour engluer le bas du tronc des arbres à fruits, afin de les pré- server de l'invasion des chenilles et surtout des fourmis. Le Gui commun fleurit en mai, son'fruit müûrit en automne et reste sur le ‘sous-arbrisseau la plus grande partie de l'hiver , époque à laquelle il sert de nourriture aux Grives , aux Merles et à une foule d’autres oïseaux. Ceux de nos basses- cours se jettent dessus avec une avidité toute par- ticulière, mais ils ne le digèrent pas; les Grives surtout,'qui en sont très-friandes, le rendent entier et c’est à elles que l’on doit en grande partie la pro- pagation du Gui. On se tromperait cependant si l’on croyait, avec certains compilateurs , que la plante n’a pas d’autres moyens de se répandre, puisqu'on la trouve sur des arbres et dans quelques localités où la Grive ne s'arrête jamais, où le Pic-vert, l’Etourncau et le Merle ne nichent point. Quant au Gui de l’'Oxycèdre, on ne le trouve que dans le midi de la France et de l'Europe où vit le Genevrier oxycèdre. Sa tige est droite, grêle, longue au plus de six à huit centimètres, rameuse, d’un vert jaunâtre , dépourvue de feuilles, et mu- nie à leur place de petites glandes graniformes. La fructification consiste en un petit renflement ovoïde, occupant l'extrémité de chaque rameau. Plusieurs contrées de la France conservent en- core quelques coutumes des anciennes cérémonies dans lesquelles le Gui jouait le rôle principal. Ainsi, dans le département de la Dordogne, les ha- bitans de la campagne se visitent mutuellementaux premiers jours de l’année nouvelle, en s'offrant le Guiliangnaud ; lesfermiers vont le porter à leurs propriélaires. À Château-Landon etles villages en- vironnans, département de Seine-et-Marne, les enfans cueillent une baguette de Coudrier ou de Saule ; ils en détachent l'écorce À moitié, et la recoquillent légèrement de manière à simuler un feuillage; ils vont ensuite de porte en porte faire hommage de cette baguelte qu'ils nomment Gui- lanée, en chantant en chœur une vicille chanson por- tant aussi le même nom, et en échange des souhaits qu'ils débitent , on leur donne des présens.En d’au- tres cantons, à Angers plus particulièrement, la Gui- l'an-neufétait une quête queles jeunes gens del’unet l’autre sexe firent, jusqu’en 1595, dans les églises au milieu des extravagances les plus bouffonnes et les plus ridicules ; puis, jusqu’en 1668, hors des églises. Elle fut supprimée au dix-huitième siècle, étant devenue la cause de honteux désordres. Aux environs de Chartres, département d’Eure-et-Loir, l’ancienne métropole des Druides, on nomme en- core Aiguilabs'les présens que les parens et les amis se font au jour de l'an. Dans le département de Loir-et-Cher, les enfans, les ouvriers et les domestiques disent à la même époque à leurs pa- rens, à leurs maîtres , aux personnes qu'ils servent : Salut a l'an neuf, donnez-moi ma gui l'an neuf. Je ne poursuivrai pas plus loin ces rapprochemens , on les trouve tous réunis dans mon Dictionnaire de l’agriculture nationale , qui n’a rien de sem- blable aux publications données sous ce titre de- puis.quelque temp$, puisqu'elles ont pour bases les ouvrages anglais et qu’elles ne sont nullement appropriées aux terres et aux habitudes des culti- vateurs francais. Ces traditions ne doivent point empêcher le cultivateur de mettre tout en œuvre pour détruire le Gui partout où il l’aperçoit. de lui citerai pour exemple les habitans des villages qui bordent la Loire depuis l'embouchure du Loiret; ils appor- tent le plus grand soin à enlever le Gui dès qu'ils apercoivent ses premières feuilles, et emploient à cet effet un instrument tranchant qu’ils promènent sur l’arbre sans l’endommager. (E D:1B.) - GUIANE. (céocr. pnys. ) La Guiane est située entreles 5° et 7° degrés 40 minutes de latitude nord, et les 56° et 62° degrés 15 minutes de longitude ouest. Elle est bornée au nord par la Colombie et l’océan Atlantique; à l’est, par la portion du Brésil qui autrefois formait la Guiane portugaise ; au sud-est et à l’ouest, par le même empire et la Colombie. Elle a environ 220 lieues de l’ouest- nord-ouest à l’est-sud-est, 55 lieues du nord au sud, et 15,000 lieues carrées de superficie. On évalue sa population à environ 211,000 individus, dont 146,000 esclaves, et environ 65,000 indi- gènes. La Guiane se divise en Guiane francaise, Guiane anglaise et Guiane hollandaise. Il y avait autrefois une quatrième Guiane qui appartenait au Portugal; mais depuis que le Brésil s’est séparé de la puis- sance européenne pour constituer un état indé- pendant, la Guiane portugaise a perdu son exis- tence individuelle et a été incorporée dans le nouvel état du Brésil. En général , les montagnes répandues sur la surface du so! de la Guiane ne forment aucune chaîne ; elles sont isolées et sans ordre, si ce n’est sur les côtes, où l’on trouve de petites chaînes parallèles entre elles, mais de peu d'importance : les plus considérables de l’intérieur sont les mon- tagnes de Tumucumaque, qui ne s'élèvent pas à plus de 500 mètres au dessus du niveau de la mer. Elles sont pourtant l’origine d’une foule de ruis- seaux et de petiles rivières, tels que l’Essequebo, le Maroni, la Saramaca , l'Oyapok, la Surinam, la Demérari, la Berbice, l’'Oyac, le Sinnamari, etc. La Guiane hollandaise et la Guiane anglaise sont bien cultivées ; elles produisent une grande quantité de sucre et de café ; mais il a fallu toute la patience hollandaise pour défricher ces immen- ses forêts vierges qui en recouvraient le sol. Paramaribo, l'une des plus belles villes de l'Amérique méridionale, est le chef-lieu de la Guiane hollandaise. Le chef-lieu de la Guiane an- glaise, Stabræk, compte 9,000 habitans. La Guiane francaise n’offre encore sur presque toute la surface de son sol que des solitudes in- cultes, quoique celte contrée soit très - fertile. Les Hollandais et les Anglais ont' su tirer un admi- rable parti des colonies qu'ils ont près denous en Amérique : les exportations de sucre, et de café qui s> font chaque année sont d’un immense pro- -GUIA 525 GUIA oo) duit; et la Guiane française n’offre encore que 7,774 hectares en culture. Il est vrai que des tentatives de colonisation ont été faites et qu’elles ont été très-malheureuses. Témoin la colonisation de 1763, établie à Kourou, qui coûta la yieà près de 15,000 individus. Malgré cela, la France pour- rait tirer un grand parti de cette possession; les magnifiques forêts vierges qui se trouvent sur la surface de son sol, et où l'œil de l’Européen est étonné de rencontrer ces colosses végétaux, dont l'imagination la plus ardente ne peut surpasser les formes gigantesques , formeraient une exploi- tation fort importante : un ingénieur géographe qui a exploré ce pays pendant plusieurs années, Noyer, a publié sur ce sujet un savant mémoire, dans lequel il indique 259 espèces de bois utiles produites par ces forêts vierges. L'exploitation de ces forêts promettrait donc d'immenses bénéfices aux entrepreneurs français qui voudraient y placer dés capitaux. L’exemple des contrées voisines in- dique assez quels en seraient les résultats. Espé- rons donc que l’on reconnaîtra celte vérité, et que la Guiane, qui jusqu’à présent a été à charge à la France, finira par être pour elle ce que la Guiane anglaise est pour l'Angleterre et ce que la Guiane hollandaise est pour la Hollande. Les principales villes sont : Cayenne, bâtie sur l’île de ce nom; c’est la plus grande ville et [a plus peuplée; elle a 3,000 habitans, et elle possède deux jardins botaniques, une cour de justice, un tribunal de première instance et une imprimerie d’où sort chaque semaine une gazette ; Sinnamari, à qui la révolution française a donné une malheu- reuse célébrité, en la choisissant comme lieu de déportation, en vertu d’une décision du directoire en 1797; les victimes du 18 fructidor an vu ÿ furent transportées et y périrent presque toutes. (G. d.) ‘ Je dois à Sonnini de Manoncourt et à des pro- priétaires instruits de la Guiane des renseignemens curieux dont un extrait prend. ici naturellement place. J’observerai que le premier, quifut aussi bon paturaliste, aussi habile cultivateur que littérateur distingué et administrateur intègre, a rendu de grands services au pays durant son séjour à Cayenne en 1774 , et que les seconds l’ont par- couru en philosophes amis des hommes et en ob- servateurs exacts des productions du sol. ‘J'ai pensé, en écrivant ces lignes, qu'il n’est pas inutile de conserver les derniers traits de po- pulations qui s’effacent et finiront par être totale- ment perdues. D'ailleurs elles rectifient et com- plètent ce qui a été publié jusqu'ici sur elles. Raypal a dit que la diminution de la population indigène était le résultat des mauvais traitemens que les Européens lui firent endarer. Le fait est vrai, à l'égard des Portugais ct des Espagnols; on ne peut reprocher aux Français et aux Hollandais ni sévices ni vexations d'aucune espèce; ils ont toujours respecté l'indépendance des indigènc#, et si, sur la portion de la Guione qu'ils explorent, le nombre des indigènes a si fortement diminué , Ja faute en est au manque d'intérêt donné à cespe- tites peuplades , placées à de grandes distances les unes des autres. Toutes.les rivières de la Guiane sont embarras- sées, à la distance de 20 à 25 lieues de leur embou- chure, d’une foule de sauts ou cataractes, ce qui rend les communications de l’intérieur difficiles. Diverses pruplades sont distribuées sur ce coin de terre ; les unes remontent du littoral dans les terres-hautes , les autres s'étendent sur les bords de la mer, depuis la vaste embouchure du fleuve des Amazones jusqu'à celle de l’Orénoque. Ces peuplades sont les Maraonnes, les Mayès, qui ha- bitent des carbets élevés au dessus des terresnoyées du cap dit du Nord; les Pirious, les Calipournes , les Goussaris et les Noragues ; les Galibis occupent toutes les rivières, depuis Cayenne jusqu’à l’Oré- noque ; leur langue est la plus généralement ré- pandue et est entendue par les nations indigènes de toutes les Guianes. Les Waraones habitent les nombreux îlots couverts de Palétuviers et de Goc- colobas qui sont à l'embouchure de l’Orénoque , et, comme les Mayès, ils placent leurs carbets sur les arbres. Naturellement doux, timides, tous les membres de ces diverses familles ont été facilement entrat- nés vers les liqueurs fortes que l’Européen leur distribuait pour se les attacher ; mais ils ont gardé d’antiques vertus ; ils sont fidèles à leur parole et tiennent exactement ce qu'ils promettent. Ils ne manquent pas d'esprit, parlent toujours entre eux avec modération, et n’éclatent jamais en invecti- ves contre leurs plus grands ennemis. Quoique ta- citurnes , ils se montrent gais , railleurs , satiriques. Plusieurs des usages européens leur paraissent si bizarres , si peu dignes d'hommes faits , surtout les rubans et les colifichets dorés dont quelques indi- vidus tirent tant de vanité, qu’ils ne peuvent s’em- pêcher d’en gloser entre eux; rien ne lear semble plus singulier que de voir manger avec des four- chettes, etc. Du reste, ils ne s’'émeuventet ne s’éton- nent de rien. Sans regrets du passé, sans espérance pour l’avenir, le présent seul est tout pour eux, ils s’en occupent uniquement , sans inquiétude comme sans besoins ; ils voient avec plaisir croître les bois qui les environnent, couler les eaux au bord desquelles ils demeurent, parce que ce sont eux qui leur offrent une nourriture suffisante. Tous leurs ustensiles de ménage consistent en leurs ha- macs tissés avec des écorces, plusieurs vases de terre , des calebasses et quelques autres petits meu- bles. Leur bonheur est de se bercer dans leurs ha- mags et de fumer le cigarre qu'ils enveloppent de l'écorce odorante du Courimari. i ...... Somno et inertibus horis Ducere sollicitæ jucunda oblivia vitæ. ( Hor.) Ces peuplades sont polygames ; un homme prend autant de femmes qu'il peut en nourrir; la plus jeune cependant est toujours celle qui est préfé- rée. Les cousins regardent leurs cousines comme leur étant acquises par droit de naissance ; ils les épousent , quoiqu'elles n’aient encore que deux ou Em GUIA 526 GUIC 2 ————] —]—_—————————— — — — —_—_— —_—_—_—— it, trois ans. [ln’ÿ a pas de cérémonies pour le ma- riage ; le prétendant demande aux parens leur fille, ! et’dès qu’il a leur consentément, le mariage est conclu ; l'époux emmène sa femme dans son ear- bét ; mais à cetté occasion l’on réanit tous les ha bitans du village, on chante, on danse, on boit abondamment le Cackiri, le V’icou, et cette fête düre ordinairement plusieurs jours. Ceux que les missionnaires ont quelquefois unis n’ont point re- noncé à la polygamie. La femme est esclave, char- gée des travaux les plus pénibles, principale”.ent de ceux de la terre ; lhomme sé réserve la chasse et la pêche. Les provisions se boucanent. Les en- fans cessent d’être soumis à l'autorité paternelle dès qu’ils sont adultes ; on vénère les vierllards-et le respect pour les morts est' poussé jusqu’au culte. Quand un individu meurt loin de son village, on va chercher son corps pour lui donner la sépul- türe. On l’enferme dans son hamac avec son arc, ses flèches, ses ustensiles de ménage. Les femmes couvrent leurs seins , leurs bras et leurs jambes de dents de tigres, de caïmans et de marsouins, de plumes et de graines de diverses couleurs. Elles mettent de la coquetterie à bien placer et distri- büer élégamment ces ornemens. Elles ont les che- véux longs, lisses, et d’un beau noir qui ne se perd point avec l’âge ; du reste, elles sont complé- tement privées de poils , ainsi que les hommes. Si ceux-ci sont robustes et bien faits , les femmes sont jolies. On plonge l'enfant nouveau-né dans l’eau dufleuve, ce qui l’exempte dutétanos, qui enlève tous ceux qui ne subissent point cette cérémonie. L'industrie est limitée à la fabrication des ca- ñots, arcs, flèches , hamacs, colliers, bracelets , ornemenñs en plumes; à savoir parcourir avec lé- gèrelé, une vitesse étonnante, les forêts, malyré les lianes ; à tirer le gibier d’un coup d’æil sûr , à fléchier 1e poisson filant sous l’eau. Gette pêche est fort curieuse. Il faut , pour qu’elle ait lieu , quela rivière Soit calme; celui chargé de flécher se tient debout à l’étrave du canot, immobile, attentif à découvrir sa proie, pendant que ceux qüi l’accom- gnent pagaient sans bruit et dans le plus grand si- lence ( pagayer , soutenir le canot au moyen de la ramé ) ; le flécheur suit de l’œil le poisson , ses re- mous , son sillage, tandis qu’il indique de la main de quel côté l’on doit gouverner le canot; quand il croit le moment favorable , il lance sa flèche, qui presque toujours atteint le poisson, Les natu- rels appellent soupayer , quand ils emploient les graines da Carapa ou des morceaux de la chair de différens oiseaux , fortement appétés par les pois- sons , pour augmenter la masse de leur pêche. La plus importante pêche est celle du Lamañtin qui se fait dans les lacs nombreux des côtes de la Guiane; elle procure souvent aux indigènes des individus d’un volume remarquable , longs de cinq à six mètres, sur trois et quatre de circonférence; ils en salent la chair et le lard, ‘Ils préparent avec la Patate , la Cassave, le Maïz, des boissons fermentes ; ils ont appris aux Euro- péens comment il faut retirer de la racine du Ma- Nioc ( voy. ce mot ) une farine éminemment nutri- tivé, Avec les feuilles du Latanier ils font leurs voiles’ à naviguer , et lewrs cordages avec l’'Agavé. IIS élèvent et apprivoisent beaucoup d'animaux sauvages , entre autres le Canard, le Perroquet taz piré à la robe variée, etc. On connaît mal les populations intérieures, surtout les Arouaques, les Acoquas, lés Arami- choux, les Émérillous ; on'sait à l'égard des O ÿam- pis que ce sont eux qui ont détruit les Rocouyen- nes , la peuplade qui fut la mieux observée par les premiers voyageurs, mais que ses liaisons avecles Européens rendirent odieuse à ses voisins. Quoi- qu'elle fût armée du fusil ét secondée par les Por- tugais, elle a disparu des vastes déserts, de la Guïane, poursuivie par le désespoir des Oyampis, qu'elle avait pourchassés sans cesse: uné sainte indignation fit retentir les forêts d’un long cri de mort, et les agens de la tyrannie et de l’usurpation sont Lombés sous la massue des indépendans. C’est aux Oyampis que les habitans de la Guiane doi- vent la possession de la Poule et du Chien, qu'on trouva dans le pays au quinzième siècle. La race de ce Chien est excellente pour la chasse. Les Oyampis cultivent une variété du Cotonnier, dont la bourre égale en beauté le coton à longue soie, et que je n’ai pu obtenir jusqu'ici de mes corres- pondans. Léès peuplades des Otomaques et des Gouüamos , qui vivent sur les rives del’Aparé, l’un des affluens de l’Orénoque, ont été décrites par Le Blond. Celle des Salivos est la plus lâche, la plus pusillanime de toutes. S’'ilme fallait dire tout ce que contiennent les manuscrits que je possède sur les indigènes de la Guiane , je dépasserais de beaucoup les limites fixées par la nature de ce Dictionnaire; je suis donc obligé de m’arrêter et de remettre à un autre temps la publication du surplus de ces détails très- intéressans. Lisrn. Bb) GUICHENOTIE, Guichenotia. (mor. Puan.) Genre de la famille des Byttnériacées'et de la Pen- tandrie monogynie; il fut découvert en juillet 1801 dans l’Australie ; par Antoine Guichenot , le père de l’an de noscollaborateurs, celui qui fit le voyage autour du monde avec*Péron et Lesueur, sous le commandement du capitaine Baudin , et qui re- cueillit, durant cette expédition scientifique , une foule de végétaux intéressans des régions inter- tropicales et dans l’hérnisphère austral. Ge genre lui a été consacré par J. E. Gay, auteur d’une excellente Monographie de la tribu des Lasiopéta- lées. Ses caractères sont de présenter des plantes ligneuses et suffrutescentes, voisines des genres Lasiopetalum et T'homasia , garnies de feuilles lan- céolées , de fleurs disposées en grappes, dont le calice pétaloïde , persistant, campanulé, a cinq segmens cotonneux sur l’une et l’autre face; cinq pétales extrêmement petits, glandiformes; cinq étamines libres, avec anthères lancéolées, li néaires, adnées au filet; vaire à cinq loges, sur- monté d’un style sessile, mucroné, cotonneux ; chaque loge contient cinq graines entourées d’un duvet très-épais. On'ne connaît encore qu'uné seule espèce de ce genre , la GUICHENOTIE à FEUIL- GUIL D27 GUIL ues DE Lerum, G. ledifolia. qui vit sur les côtes occidentales de la Nouvelle-Hollande, particuliè- rement le long de la baie.dite des. Ghiens-marins:: c’est, un arbuste pubescent , aux feuilles linéaires, disposées trois par trois en verticille, et dont les grappes de fleurs, deux à huit, pendantes.et por- tées sur de longs pédoncules , naissent sur les ra- meaux.et,s’échappent d’entre les feuilles. D’après un examen très-scrupuleux, je regarde celte es- pèce comme ayant les plus grands rapports avec le Lasiopetalum ledifolium de Ventenat, qu’il trouva dans l’herbier du docteur Thibaud de Strasbourg, qui le tenait de Guichenot lui-même ; l’un etl’au- tre ont , en effet, le même port, les feuilles sem- blables, les fleurs en grappes lâches et munies de bractées sous forme d’écailles. Gay ne partage point ce sentiment, puisqu'il rejette l'espèce in- diquée par Ventenat, pour la transporter dans le genre Boronia de la famille des Rutacées, (T. ». B.) GUIGNETTE. (ois.) Espèce da genre Cheva- lier. (GErv.) GUILANDINE , Guilandina. (Bot. puan.) Plu- mier a créé ce genre de la famille des Légumineu- sesiet de la Décandrie monogynie sous le nom de Bonduc, qu'il porte vulgairement ainsi que celui de Guéniquier ; mais Linné changea cette dénomi- pation en. celle de Guilandina , que tous les bota-; nistes ont adoptée. De Lamarck en a détaché l’es- pèce dioïque du Canada, pour en faire le genre Gymnocladus , et De Jussieu le Moringa de Bur- manon, pour luirendre son rang de genre. (F7. aux mots GxmnocLape et MonincA.) Les caractères du genre sont d’avoir des plantes ligneuses à tiges gar- nies d’aiguillons , de feuilles bipinnées et de fleurs disposées en panicules terminales; le calice ur- céolé, divisé profondément en cinq parties presque égales; cinq pétales sessiles; dix élamines courtes, laineuses à la base et non saillantes; ovaire oblong , surmonté d’un style court; légume hérissé de poin- tes ou glabre, ovale, ventru, centenant, entre deux valves légèrement comprimées, une à trois graines osseuses et presque globuleuses. Ces plan- tes, au nombre de cinq, appartiennent à l’archi- pel Indien. Je ne parlerai que de deux, pañce que Je les ai sous les yeux. La Guisannine gonpuc , G. bonduc , a la gousse lisse , renfermant trois graines parfaitement sphé- riques , jauves, ombiliquées, qui, sous une enve- loppe très-dure et lisse, cachent une amande blan- che, amère , conservant durant de longues années sa propriélé germipative. La graine s’altère diffi- cilement mise à digérer dans de l’eau ; dans l’acide muriatique étendu, elle est plus vite en état de germer. Je ne crois point que les oiseaux puissent l’avaler ; il faut toute la force du bec des Perro- quets pour l'ouvrir. L’arbuste qui produit ces fruits est épineux dans loules ses parties , excepté sur les folioles et les fleurs. Sa tige, d’un brun rougeitre dans sa jeunesse, se divise en rameaux faibles, sat- menteux, couverts de feuilles deux fois ailées, avec folioles ovales , petites, opposées. Un aiguillon se montre à chaque paire. Les fleurs qui le déçorent sont petites, jaunâtres , disposées en épis garnis de bractées, La GUILANDINE RAMPANTE, G. bonducella , est plus petite que l'espèce précédente, et rampe sou- vent sur le sol, Ses tiges , ses rameaux assez longs et ses pétioles sont armés d’aiguillons nombreux, petits, crochus, Ses feuilles, deux fois ailées, à folioles petites, nombreuses, opposées, présentent deux aiguillons entre chaque paire. Ses fleurs jau- pes, en épis axillaires, et accompagnées de brac- tées, donnent un fruit comprimé , de couleur rou- geâtre, armé de petites pointes crochues, et des graines de couleur grise. Ges deux plantes ont peu d'agrément, et comme elles sont délicates et d’une approche dangereuse, on les rencontre rarement dans les jardins botaniques. (T. ». B.) GUILLEMOT , Uria. (ois.) Les Guillemots, que Brisson a le premier réunis en un pelit groupe, ap- partiennent à la famille des Palmipèdes plongeurs ou Brachyptères, c’est-à-dire à ailes courtes. Ils ont le bec médiocre ou court, en partie droit et comprimé; leurs narines sont fendues longitudi- nalement et à moitié fermées par une membrane couverte de plumes ; leurs pieds sont courts, re- tirés en arrière et hors de l’équilibre.du corps, et leurs tarses, qui sont grêles, n’ont que trois doigts tous antérieurs et réunis par une membrane ; le pouce est par conséquent nul, et de plus, les ailes, quoique courtes et étroites, ont leurs première et deuxième rémiges les plus longues. Ces oiseaux habitent les mers des contrées sep- tentrionales du globe, et ne s’approchent de nos côles que pendant l'hiver. Rarement ils viennent à terre , si ce n’est pendant la ponte ou lorsque le mauvais temps les force à s’y réfugier ; alors on peut observer toute la difficulté de leur démarche ; mais le plus ordinairement c’est à l'embouchure des rivières qu'ils se retirent. On assure qu'ils ne pondent jamais qu’un seul œuf, lequel, il est vrai, est très-gros relativement à leur taille. C'est sur le haut des rochers et dans les endroits les plus escarpés qu’ils placent leur nid, et comme ils ne volent qu'avec peine, ils y arrivent en sautillant pour ainsi dire de pointe en pointe et en volti- geant. Quatre espèces authentiquement connues existent aujourd'hui parmi les Uria de Brisson ; mais elles sont devenues pour les ornithologistes le type de deux genres distincts que l’on peut, avec Temminck, considérer comme deux simples seclions. SEGTION ÏI. Espèces chez lesquelles le bec est plus long que la tête. C’est le genre Uria , tel que l’adoptent Cuvier et Vieillot. Les espèces qu’on y range sont au nombre de trois, ce sont les sui- vantes : -GuiczcemoT Troie, Uria troïle, Lath. C’est le Guillemot de Buffon et le Colymbus troilus de Linné , représenté dans notre Atlas, pl. 195, fig. 2. Get oiseau, qui en été se tient sur les mers arctiques des deux mondes, émigre en hiver par grandes bandes, et se voit alors principalement sur les eaux de la Norwége et de l'Angleterre, IL est aussi très-commun le long des côtes maritimes GUIM 528 GUIM de Hollande et dé Francé; mais ilest plus rare sur nos mers et nos lacs de l’intérieur. Il se nour- rit de poissons ainsi que d'insectes et de petits coquillages ; rarement il attaque les crustacés ; il niche en société et ne fait aucun apprêt pour son nid; il dépose seulement ses œufs dans les trous des rochers. Lui-même est long de quinze pouces, et a la tête, le cou, la gorge et le croupion d’un “brun noir ; le devant de son corps, les petites et les moyennes couvertures de ses ailes sont au’ con- ‘traire d’un blanc de neige, et son bec est noir et son iris brun. Guicremor GRYLLE, Uria grylle. Il a douze ou treize pouces de longueur totale ; son plumage, en été, est entièrement d’un noir profond , avec une grande tache blanche sur l'aile; son bec est noir et ses pieds sont rouges; en hiver, quelques unes des parties de son corps passent au blanc. Ce Guillemot se rencontre sur nos côtes de l'Océan et de la Manche ; mais il est plus rare que le précé- dent ; ses habitudes et sa nourriture sont les mêmes que chez celui-ci; sa ponte est d’un œuf blanc ou légèrement cendré, et marqué de taches noires qui sont très-rapprochées entre elles vers l’une des extrémités. Guixcevwor DE Franck, Uria Franckü, Leach., est aussi l’'Uria Brunnichit de Sabine. Ses habitu- des sont moins connues , et on ignore les détails de sa propagation. Il a environ dix-huit pouces de longueur. Sa tête et toutes ses parties supérieures sont noires ; sa gorge et le devant de son cou sont d’un velouté légèrement brunâtre, et son bec, large à sa base, est d’abord d’une belle teinte claire, mais il passe au bleu noirâtre dans le reste de son étendue ; les tarses et les doigts sont verts et la membrane qui unit ces derniers tire sur le noir. Ce Guillemot habite les parages les plus septentrionaux , et se trouve communément dans le détroit de Davis, au Groënland, au Spitzherg et dans la baie de Baffin ; il est au contraire fort rare chez nous. M. Lesson ajoute, comme formant une espèce, l'Uria lacrymans du Musée de Paris, espèce rap- portée de Terre-Neuve par M. de Lapylaie. SecrTion II. — Guillemots à bec plus court que la tête. C’est le genre Mergulus de Vieillot et Cephus de Guvier : il ne renferme encore qu’une seule espèce, l'Uria minor de Brisson (4. alce de Gmelin, Uria alce, Temm., et Mergulus alce de Vieill., Faune fr.). Get oiseau se trouve en Eu- rope et en Amérique; mais il ne se voit qu'acci- dentellement sous notre latitude. Il est long de neuf pouces seulement, et se reconnaît à son corps en partie noir avec la poitrine et toutes les parties postérieures blanches ; son iris est d’un bran noi- râtre, ses tarses et ses doigts jaunâtres, et la membrane qui unit ces derniers est verdâtre. (GErv.) __ GUIMAUVE, Althæa. (Bor. pan.) Genre de la famille des Malvacées, Monadelphie polyandrie, très-voisin des Mauves, dont il se distingue ce- pendant par un port particulier ; il présente pour caractères, en lui réunissant l’Aleæa de Linné, d’après Cavanilles et les auteurs modernes : calice à cinq divisions profondes, accompagné d’un ca- Jicule découpé en cinq à neuf lobes aigus ; pétales. échancrés ou entiers, légèrement soudés à leur base; carpelles nombreuses, monospermes, in- déhiscentes, réunies en cercle à la base du style. De Candolle, dans son Prodrome, a énumtéré dix-neuf espèces de Guimauve, qu’il partage en trois sections, caractérisées ainsi qu'il suit : fr, Acrnæastrrum. Calicule ordinairement à huit ou neuf divisions ; carpelles émarginées, sans bord membraneux. Six espèces , indigènes d'Eu- rope. A cette section appartient la Guimauve oFrict- NALE, Althœæa officinalis , L., représenté dans notre Atlas, pl. 196, fig. 1, plante si connue’et si vul : gairement employée; personne n’ignore les pro- priétés émollientes de sa racine , dues au principe mucilagineux qui y existe en abondance, ainsi que dans les feuilles. Toutes ses parties sont co- tonneuses, douces au toucher. Pour la distinguer des autres espèces de Guimauves, nous rappelle- rons seulement que les feuilles sont cordiformes, à trois ou cinq lobes peu prononcés, aigus et crénelés, et accompagnées à leur base de deux stipules laciniées. Les fleurs sont blanchâtres ou rosées. d La GUIMAUVE À FEUILLES DE CHANVRE, 4. can- nabina, L., a les failles inférieures palmées, les supérieures à trois lobes, dont le moyen est très- long. La Guimauve DE Nargonnz , À. narbonnensis, a ses feuilles inférieures à cinq ou six lobes, les supéricures à trois. Ces différentes espèces ornent égaiement les jardins ; leur végétation est prompte, vigoureuse, leur culture facile. La première a des propriétés précieuses en médecine ; sa tige, ainsi que celle des autres espèces, renferme des fibres corticales analogues à celles du chanvre; on en fait de la toile et du papier en Espagne et dans le midi de la France. Il. Arcæa. Calicule à six ou sept divisions; carpelles bordées d’une membrane sillonnée. Onze espèces, la plupart de l'Asie, une des An- tilles, une d'Afrique. e L’Arcée pAsse-rose, Althæa rosea, CGav.; vul- gairement la Rose trémière ou d'outre-mer, setrouve dans la plupart de nos jardins, qu'elle orne de ses fleurs pendant toute la belle saison; ses tiges croissent rapidement; en deux ou trois mois on les voit atteindre jusqu'à dix pieds; elles sont droites, velues, garnies de larges feuilles lobées. Ses fleurs sont grandes , doublent souvent , et va- rient de couleur ; leurs principales nuances sont du blanc au rouge et au jaune, et du rouge au pourpre cramoisi. Cette plante occupe beaucoup de place dans les plate -bandes; elle a plus de vigueur et d'apparence que d'élégance et de déli- catesse. Aussi lui préfère-t-on quelquefois la Rose TRÉMIÈRE DE LA CHINE, À. rosea sinensis, moins haute, à fleurs panachées de blanc et de pourpre, ou rouges; il lui faut une exposition chaude, et une —_— Aiéorie Born de} I Guimauve V2/ 190. Z. Cuérir di 2. Guiteut. © _ SNS 2e GUIN EE 529 GUIN QE EEE une bonne couverture pendant l'hiver. L’ALGÉE À FEUILLES DE FIGUIER, À. ficifolia, Willd., qui nous vient de la Sibérie, n’est pas moins jolie, et de- mande moins de soins. I: Arpmæa. Calicule à cinq divisions ; car- pelles à nervures rugueuses non bordées, Cette section renferme deux espèces d'Afrique. L'une, 4. Burchelli, croît au cap de Bonne-Es- pérance; Burchell l'avait mentionnée dans son Catalogue sous le nom inexact d’'Urena pilosa; lautre, À. borbonica, peu différente de la pre- mière, a été rapportée de l'ile Mascareigne par M. Bory de Saint-Vincent. Le nom de Guimauve accompagné d’un adjectif sert encore à désigner d’autres plantes. Ainsi l’on appelle : Guivauve ROYALE, l’Hibiscus syriacus, que les horticulteurs appellent souvent Altæa frutex. n GuimauvE VELOUTÉE, l'A ibiscus abelmoschus, ou Ambrette. … Guimauve roracëre , le Corchorus olitorius. L.) GUINÉE. ( c£ocr. Pays. ) Vaste mue de l'Afrique occidentale , qui s’étend en un long fer à cheval, sur les bords de l’océan Atlantique, depuis le 10° degré de latitude N. jusqu’au 16° de latitude S. Elle est bornée au septentrion, par la Sénégambie et la Nigritie ; à l’est, par l'Ethiopie, V’un des plus anciens points de l’humaine civilisa- tion ; au midi, par la Cafrerie. On divise ce pays en haute et en basse Guinée; cette dernière est plus connue sous le nom de Conco(voy. ce mot). La première renferme un grand nombre de petits états, tous plus ou moins soumis au despotisme le plus abject, ou vivant dans l'isolement, et par conséquent sans cesse occupés à se nuire mutuel- lement; aussi tous sont-ils fameux, depuis plusieurs siècles, par l’épouvantable trafic appelé la traite des nègres. Dupont de Nemours a le premier, au dix-hui- tième siècle , donné l'idée de fonder un établisse- ment sur la côte de la Guinée, non pour donner au commerce de l’Europe avec l'Afrique une base plus large et plus solide, mais pour porter les lu- mières de l'instruction chez des peuples malheu- reux , dégradés par la superstition, la paresse et la misère, pour les élever à la dignité d'hommes et leur rendre cette indépendance qui, à une épo- que historique fort reculée, avait fait de la con- trée qu'ils habitent le foyer des institutions fon- damentales pour le midi de l’ancien hémisphère. Les Anglais ont ‘pris l'initiative en 1787, et ils allèrent créer à l'embouchure de la Sierra-Leone, sur la côte dite Malaguette, un comptoir moral. La fertilité du sol assurait le triomphe de l’entre- prise, quoique , au-delà des cataractes pittoresques du fleuve , on touchât au pays où les Lions, les Tigres, les Léopards, les Hyènes ont assis leur empire » où rampent d’affreux reptiles, où le Ter- mite construit sa demeure en hautes pyramides dans les forêts et sur le bord des eaux. Sur divers autres points on a tenté de sembla- bles fondations ; la plus célèbre, la plus étendue, T. IL, celle qui produira les résultats les plus heureux , est la mission établie chez les Ashantées , cette nation conquérante , que j'estime, d’après tous les renseignemens qui m'ont été fournis, être un reste de ces vieux Ethiopiens qui , au rapport d'Hé- rodote, furent dépossédés de leur pays environ six cent trente ans avant le voyage de cet historien grec, par une colonie égyptienne, et par elle poussés de l’est à l’ouest de l’Afrique. Ce qui le prouve, du moins à mes yeux, c’est non seulement l'ensemble du gouvernement des Ashantées, mais encore les mœurs et l'intelligence de ce peuple, dont les traits et le caractère distinctif diffèrent essentiellement de la race nègre de la partie Ja plus occidentale du continent africain; ce sont les arts qu'ils possèdent, le tissage , la broderie , le travail des cuirs, la poterie, l’orfévrerie , l’ar- chitecture et la préparation des métaux, qui sont poussés chez eux fort loin, et auxquels ils se li- vrent avec beaucoup de succès, Les Ashantées sont, par leur industrie, isolés des autres peupla- des de l'Afrique; mais c’est par eux que se fera leur conquête morale et celle de tout le pays. Bowdich, savant observateur et bon naturaliste , a publié sur les Abyssins et les Ashantées d’ex- cellens renseignemens ; j’y renvoie les curieux , ils y verront combien furent exactes et profondes les études d'Hérodote sur les aïeux des Egyptiens et des Ethiopiens actuels, La côte des Graines, qui embrasse tout ce qui est entre le cap Monte jusqu’au cap des Palmes , est habitée par une tribu de nègres d’une haute et belle stature, d’un noïr d’ébène très-prononcé, ayant les cheveux longs et plats, le nez aquilin, et les lèvres moins saillantes que les autres tribus de la Nigritie et de la Guinée. Cette race montre de bonnes dispositions et peut en quelques années faire de grands progrès sous le rapport de l’in- struction et de l’industrie. Il en est de même des Jackeris, connus vulgai- rement sous le nom de Owares. Bons, doux et hospitaliers , gais , vifs, spirituels et généreux, ils ont horreur des sacrifices et de l’effusion du sang humain ; soumis à des usages moins barbares que ceux des autres peuplades de la Guinée, ils n’ont qu’un pas à faire pour marcher rapidement dans la voie de la civilisation; c’est de se livrer à l’agri- culture, à laquelle ils sont totalement étrangers. Du reste, très-industrieux , ils possèdent des mé- thodes dont les secrets n’ont pu encore être devinés. Avec certains fruits, ils préparent un savon liquide noirâtre , supérieur au nôtre; ils fabriquent de très-jolis pagnes; ils extraient la fécule d’une es- pèce d’Indigotier , l’{ndigofera endecaphylla, qui croît naturellement dans le pays, et une huile bonne à manger de l’Avoira, Elais guineensis, qui ne demande qu’une manipulation mieux entendue pour rivaliser avec nos meilleures huiles d’olives. De l’écorce de cette monocotylédonée, que quel- ques voyageurs et les géographes appellent Arbre à beurre, ils obtiennent une teinture jaune assez solide. Ils ont un excellent fébrifuge dans l'écorce d'un arbre qu'ils nomment Colla, et qu'il m'est 227° Livraison, 67 oo GUIN 530 GUIN æ . ; impossible de rapporter à la nomenclature bota- nique, n’en ayant aucun échantillon sous les yeux. L'art de bâtir est connu des Jackeris; leurs de- meures sont solides et commodes; ils savent aussi creuser des pirogues avec le feu, faconner des pagaies ( sorte de rames ) fort légères, séparer les fibres de plusieurs Cypéracées , les rouir et en faire des ficelles très-bonnes et de longue durée. Un joli coquillage, nommé Cauris, connu en Eu- rope sous le nom de Pucelage, leur tient lieu de numéraire. Gette peuplade a pour ennemis les pègres du Galbar, qui mettent à mort les prison- niers et en vendent les tristes débris sur les mar- chés publics, ainsi que les Jos , horde de voleurs sans cesse en embuscade derrière les buissens touffus des chemins , dans les criques, le long des rivières , pour se jeler sur l’imprudent qu’ils ren- contrent seul et sans force , et lorsqu'ils sont pres- sés par la faim , ils cernent les villages, pillent , brûlent et emmènent captifs les jeunes gens les plus robustes , les femmes les mieux faites pour les vendre aux négriers. Les peuples du Benin se nourrissent d'Ignames, Dioscorea sativa, et des fruits acides du Kolas , Sterculia acuminata , qui ont la propriété d’impri- mer à l’eau une saveur des plus agréables. Ils mangent la chair du Chien, du Zèbre, des Man- drilles , des grandes Chauve-souris , des Rats, des Lézards, etc. Les Béniniennes sont jolies, très- bien faites ; la couleur de leur peau varie depuis le noir luisant jusqu’à la nuance qui approche le plus du cuivré ; elles se couvrent ordinairement , des hanches aux genoux, de différentes étoffes placées les unes sur les autres avec beaucoup d'art. Autour du sein , dont la forme se conserve belle jusqu'à un âge avancé, des tresses de co- rail, d’agates et de verroteries bleues ondulent élégamment , et dans leurs cheveux bouclés, elles enlacent des plumes de Héron blanc et celles à reflets métalliques de la queue de l'Embérize , communément appelée Veuve. C’est dans cette partie de l'Afrique que l'œil s’arrête étonné sur les touffes gigantesques de l’Herbe de Guinée , Panicum altissimum ; c'est à que le nègre allume ces larges torrens de feu que le Garthaginois Han- non nous dif avoir 6bservés , non sans ane grande inquiétude, dans ses voyages sur les côtes d'Afrique. Du cap Formosa à celui de Lopez-Gonzalvo règne le golfe de Biafra, qui renferme ‘trois îles couvertes d'Orangers, de Citronniers, de Figuiers, d'Ignames et surtout de Cocotiers. À celte végéta- tion brillante , à l’air pur etembaumé qu’on y res- pire , à l’eau limpide-qw’alimentent de nombreuses fontaines , se joint l'agrément d'y voir des oiseaux superbes , et de n’y trouver aucun animal dange- reux. On ne se croirait jamais sous la ligne. ‘Quant aux peuplades de la côte des Calbongas, de celle de Gabon et du pays qui descend vers l'embouchure du Congo, elles sont peu connues. ÎLen est ainsi de toutes celles habitant l'intérieur des terres. On a fort peu de renseignemens sur la chaîne de montagnes appelée Kong, qui domine de Benin, sur celles des monts Kua ,Rumby et Ca- meroons quien paraissent la continuation et que l’on aperçoit de labaie orageuse de Biafra. À Chama, l’entomologiste trouve abondamment le Capricorne odorant. Son odeur de rose est en- core plus prononcée que dans les espèces euro- péennes qui vivent sur le Saule, Sélix alba : et comme cet arbre n'existe nullement sur la côte de Guinée, on ne peut point dire, avec quelques écrivains, que ce parfum suave est puisé par Île magnifique coléoptère sur l'arbre qu’il affectionne de préférence. D'ailleurs, ne voyons-nous pas sur nos Saules indigènes des Alises, des Chrysomèles, des Galeruques, des Taupins, etc., qui sont loin d’exhaler l’odeur de la rose. En visitant les mines d'où les nègres extraient la poudre d’or, qui a donné son nom à la côte sur laquelle elle se trouve, le minéralogiste remarquera que, pour peser cette poudre, on se sert ordinairement de graines de Ba- lisier, Canna indica , qui sont d'une grosseur et d’un poids assez uniformes. Près du fleuve Volta et de la petite ville de Hapan, ainsi qu'à Koto, l’on rencontre des bandes considérables de Singes macaques, de Ghimpanzées , de petites Perruches à tête rouge glacée de bleu ; malgré le grand nom- bre de Vautours et de grosses Fourmis, il est ex- pressément défendu de les tuer, parce qu'ils dé- truisent les Rats , les Souris, les Araïgntes et une foule d'insectes malfaisans qui pullulent en ces contrées essentiellement insalubres. Lelimon fan- geux des fleuves débouchant sur toutes les côtes de la Guinée, et dans lesquels les hautes marées remontent plus où moins loin, sert de repaire au Crocodile et à une infinité de Serpens monstrueux. Le Palmier Raphia y fournit une liqueur blanchä- tre, tirant un peu sur le gris de lin ,; et contenant une plus grande quantité d'alcool que le vin de palme ordinaire : c’est ce que les indigènes appel- lent le Bourdou. Des fruits de cette monocotylé- donée on obtient une autre boisson plus colorée , plus savoureuse , qui se garde plus long-temps , mais qüi enivre fort aisément et d’une manière fati- gante quand elle n’est point tout-à-fait dangereuse: Palisot De Beauvois et Bowdich ont publié plu- sieurs ouvrages sur l’histoire naturelle des côtes de la Guinée qu’il importe de consulter, parce qu'ils ont été écrits sur le lieu même, en présence de la nature vivante et dessinés par ces naturalistes instruits. En ce moment quelques jeunes obser- vateurs explorent ce pays ; lenrs efforts et leur gé- néreux dévouement produiront sans doute d’heu- reuses récoltes et agrandiront le cercle de nos connaissances sur ces régions si peu fréquentées. On a successivement placé l'embouchure du Dhiolibâ, vulgairement dit le Nicer (voy. ce mot), tantôt dans le fleuve de Benin ou dans celui du Volta , tanlôt dans la rivière de Calabar ; mais les travaux de Denham, de Clapperton et du major Laing, qui tous les trois ont succombé presque en même temps (en 1826), au moment où ilstou- chaient au terme de leurs utiles expéditions , en ont déterminé le cours et l’issue de la manière la -plus positive, comme nous le verrons plus tard. GUTT GUIT GUIT, Cæreba, Briss. , Vieill., Temm.; Nectarina, Ilig. (o1s.) Section des Sucriers de Cu- vier, bec long etgrêle, aigu à sa pointe, incurvé, triangulaire, bords des mandibulesfléchis en dedans et très-pointus , la supérieure entaillée légèrement à l'extrémité, langue divisée en deux filets, nari- nes recouvertes d’une membrane, queue médio- cre; quatre doigts, dont les extérieurs sont soudés à leur base. Ils sont souvent confondus avec les Colibris; ils vivent par troupes et même dans la compagnie d’autres espèces ; leur livrée très-variable est bril- lante, mais n’a point d'éclat métallique ; ils se nourrissent d'insectes, de mielet de sucre de canne, qu'ils se procurent en introduisant leur bec à tra- vers les crevasses de la tige. Ils nichent à l’extré- mité de branches flexibles, et tournent vers la terre l’ouverture de leur nid fait en forme de cor- nue , afin de préserver leurs petits des attaques de leurs ennemis. Ils habitent exclusivement l’Amé- rique , leurs espèces principales sont les suivantes : Le: Guir Guir proprement dit, Cæreba cyana, Vieill. ; Certhia cyanea, Linn. et Lath. Corps d’un beau bleu lustré, bandeau d’un noir velouté sur les yeux, couvertures des ailes veloutées et ornées d’une bande bleue ; gorge brune chez les uns, noire chez lesautres ; front aigue-marine ;: pieds orangés. Cette espèce est très-commune au Brésil, au Mexi- que et à Cayenne. Taille de 4 pouces 3 lignes. Le Gurr Gurr Noir 8Leu , Certhia cærulea, Linn. Représenté dans notre Atlas, pl. 196 , fig. 2. Gou- leur d’un beau bleu nuancé de violet, à l'exception du-front, du bec , de la gorge et de la queue qui sont d’un beau noir, et des pieds, qui sont tantôt noirs, tantôt jaunes. Le: Gurr Gurr noir et bleu fait son. nid. comme le précédent , et se nourrit de même ; il est de trois lignes à peu près plus petit que lui. C’est à cette espèce , distinguée par Gue- neau de Montbelliard , que doivent être rapportés le Certhia armillata de Sparrm, le Certhia cayana de Linn., le Certhia variegata de Seba, et tant d’autres qui n’en sont que des variétés. (V. M.) GUTTIER , Cambogua. (sor. Pan. ) Genre de plantes dicotylédonées qui fait partie de la Polyan- drie monogvnie et est. devenu le type de la famille des Guttifères. IL est composé d’une seule espèce originaire de l'Inde, dont les caractères sont d’a- voir la tige igneuse, donnant un très-grand arbre, acquérant d'ordinaire de fortes dimensions, et - s’attachant au sol par une grosse racine très-ra- mifée ; les feuilles pétiolées , opposées, luisantes, fermes , un peu épaisses ; les fleurs peu nombreu- ses, dont la couleur varie du jaunâtre au carmin. le plus léger; le calice à quatre folioles; la corolle formée de quatre pétales, renfermant un grand nombre d’étamines à anthères arrondies ; l'ovaire supère sans style, mais avec stigmatæsessile, per- sistant, ayant quatre divisions. La baie qui succède à cet appareil est grosse, sphérique, à huit côtes saillantes et autant de loges monospermes; les grai- nes y sont enveloppées d’une substance pulpeuse. Quoique plusieurs botanistes suppriment ce genre. pour le réunir au Garainia avec lequel il 534. GUTT n’a que:très-peu de différences, comme il en: a de: très-grandes avec le genre Mangostana proposé par: Gaertner, je crois devoir le conserver ainsi que le veulent d’autres botanistes célèbres, à la tête des- quels se trouve Linné,. Le Gurrier comurer, C, gutta, appelé dans. l'Inde Coddam-pulli, donne un bois blanchâtre., revêtu d’une écorce noirâtre en dessus, rouge en. dessous, qui laisse suinter , à la plus légère inci- sion, une liqueur visqueuse, sans odeur, formant en se séchant une gomme résine opaque, d’une couleur jaune safranée, qui paraît différer de la vraie gomme-gutle, laquelle découle du Stalagmi- tis cambogioides de Murray (v. au mot Srarac- mitis) ; la racine en fournit également beaucoup. L'arbre s’élève très-haut, se couronne d’une belle cime étalée, touffue, d’un vert noirâtre. On mange son fruit, qui est de la grosseur d’une forte orange, jaunâtre à l’époque de la maturité, et a une saveur légèrement acide et astringente. Les peuples du Malabar l’emploient sec, réduit en poudre, dans leurs alimens. Il passe chez eux pour très-puissant contre les flux de ventre. Cet arbre n’est cultivé dans aucun jardin botanique. (T. ». B.) GUTTIFÈRES, Guttiferæ., (8or. Pnan.) Famille de plantes dicotylédonées, fondée par L. A. de Jussieu , composée d’arbres et plus rarement d’ar- brisseaux exotiques, utiles, agréables , quelquefois parasites , toujours dépourvus d’aiguillons et four- nissant un suc résineux qui découle naturellement au moyen d’incisions que l’on fait aux racines, au tronc, aux branches, ou bien que l’on obtient des fruits. Les rameaux sont opposés et articulés à leur base; les feuilles opposées, dénuées de stipules, épaisses ; les fleurs terminales ou axillaires , tantôt solitaires, tantôt disposées en cimes, en corym- bes, en ombelles , en grappes, avec pédoncule ar- ticulé. Les autres caractères sont d’offrir un calice composé de deux, quatre ou même plusieurs fo- lioles formant la croix ; la corolle a pareil nombre de pétales insérés sur le réceptacle, libres à la base, parfois opposés aux divisions calicinales, d’autres fois alternant avec elles, et dont la couleur varie du blanc au rouge; les étamines en nombre dé- fini, d'ordinaire très-nombreuses, aux anthères de formes différentes ; l'ovaire libre avec style le plus souvent unique , très-court, et de deux à neuf lo- ges contenant une ou plusieurs semences. Les graines sont fort souvent munies d’un arille , avec embryon droit, cotylédons grands, épais, très- enliers, soudés ensemble , el radicule très-petite. On divise cette famille en trois sections, savoir : 1° les CLusiées, contenant les genres Clusia de Linné, T'ovomita d'Aublet, Verticillaria de Ruiz et Pavon, Havetia de Kunth, et Arrudea, genre nouveau rapporté du Brésil par Auguste Saint-Hi- laire ; 2° les GARCINIÉES, comprenant les genres Garcinia, Cambogia, Mammea ct KRheedia de Linné, Symphonia de Linné fils, Chrysopia de Du Petit-Thouars, Stalagmitis de Murray; 3° et les Ca- LornyLLées, comprenant les genres Calophyllum.et Mesua de Linné. dont . Un plus grand nombre de genres est indiqué: er 7 RP rnr - , GYMN 532 GYMN : dans les auteurs comme appartenant à la famille des Guttifères; mais après un examen attentif ils ont été fondus parmi les précédens. Ainsi le Ma- rialva de Vandelli, le Beauharnoisia de Ruiz et Pavon, l’Ochrocarpos de Du Petit-Thouars, le Mi- cranthera de Choisy, font partie du genre Tovo- MITA, qui renferme maintenant six espèces de l'A- mérique intertropicale et une de Madagascar. Le Chloromyron de Persoon est reconnu pour être le Vermicircarra, arbre du Pérou. Dans le genre Sxmpnonra rentrent les Moronobea d’Aublet et Mo- norobea de Jussieu, comme espèces. Le Mangos- tana de Gaertner n’est qu’une espèce du genre Garcia. Enfin dans le genre Sracagurris sont compris le anthochymus de Roxburg , le Brindo- aia de Du Petit-Thouars , et l’'Oxycarpus de Lou- reiro , qui comprend sept espèces toutes originai- res de l'Inde et de la Chine. (TPE) GYMNARCHUS. (prorss.) Ce genre de Malaco- ptérygiens apodes a été établi par Guvier; il a pour type l'espèce décrite sous le nom de Gymnarchus niloticus, Guv. Get auteur, ayant eu l’occasion de l’examiner, reconnut qu’il devait constituer un genre à part, et proposa le nom de Gymnarchus , qui lui a été conservé depuis. Ge genre , intermé- diaire entre les Aptéronotes et les Leptocéphales , se distingue de tous deux par les caractères sui- vans : Ces poissons ont le corps écailleux et allongé, et les ouies peu ouvertes au devant des pectorales , comme on l’observe chez les Gymnotes ; mais c’est leur dos qui est garni tout du long d’une nageoire à rayons mous, et il n’y en a aucune derrière leur anus ni sous leur queue , qui se termine en pointe. Leur tête est conique, nue; leur bouche est pe- tite, garnie de petites dents tranchantes sur ane seule rangée. (Azrx. G.) GYMNETRE, Gymnetrus. (vorss.) Ge genre re- marquable, de la famille des Tænioïdes, vulgai- rement Poisson en ruban, fait partie des Pétaloso- mes de Duméril. Il a été établi par Bloch, qui l’a ainsi caractérisé : corps allongé et comprimé , privé entièrement de nageoire anale, mais où la dor- sale règne tout le long du dos , et où les rayons antérieurs prolongés forment une sorte d’aigrette sur la tête du poisson. Chaque nageoire ventrale ne présente qu'un seul rayon prolongé en filament à son extrémité; chacun de ces rayons s’épanouit, s’élargit, se divise en plusieurs petits rayons réunis par une membrane, et forme comme une pelite palette. La caudale s’élève verticalement sur l’ex- trémité de la queue, laquelle finit en petit crochet. Ce sont de grands poissons qui ont beaucoup d’analogie avec les Styléphores et les Trachyptè- res, compris par les anciens sous le nom de Gym- nètre. Les espèces de ce genre sont peu nombreu- ses ; elles sont toutes très-allongées , très-aplaties par les côtés, et d’une couleur argentée, Leur chair, qui est muqueuse, se décompose promptement. Le Gymnetrus gladius peut être regardé comme le type de ce genre. ‘1 Guvier a indiqué comme étant congénère ettrès- rapproché de la première espèce le Gymnetrus falx, dont Guérin à donné une bonne figure dans son Iconographie du Règne animal , Poissons , pl. 54. Ce poisson est long de plus d’un pied et demi, très-plat, argenté, avec les nageoires rouges. Nous avons reproduit la figure citée plus haut dans notre Atlas, pl. 197, fig. ‘1. (Azrx. G.) GYMNOCARPE, Gymnocarpus. (or.) Ce mot a quatre significalions en botanique. Il est vrai- ment à regretter que les novateurs, si habiles à multiplier la synonymie et à hérisser la science de nombreux aiguillons rebutans , n’aient point songé à faire assaut dans cette circonstance; maïs, comme je lai déjà dit, la chose était utile, raison puis- sante pour les éloigner. En attendant que l’on re- médie {à cette plaie de la nomenclature, voyons l'application que l’on fait du mot, Dans l’Agamie, le Gymnocarpe est le premier ordre des Champignons de Persoon; dans l’Aco- tylédonie , Achar l’emploie pour désigner les apo- thécies ou scutelles fermées des Lichens ; dans la Dicotylédonie, c’est un genre de plantes de Fors- kael, qu'Auguste de Saint-Hilaire associe à ses Paronychites, près du genre 7rianthema , dans lequel Vahl et Willdenow le confondent à tort ; enfin dans la Carpologie , le Gymnocarpe indique, selon De Mirbel, des fruits dont la surface n’est recouverte par aucun des organes floraux persis- tans ou accrus. Comme le nom de Gymnocarpe doitrester à un genre de plantes de la Pentandrie monogynie, que les uns placent dans la famille des Portulacées , Jes autres dans celle des Paronychiées, arrêtons- nous à le décrire. Ce genre contient des plantes frutescentes indigènes de l’Arabie et de la Mauri- tanie , ayant la propriété de fixer les sables, et par leur verdure persistante d’en rompre le triste et stérile aspect. Leur caractère essentiel est d’avoir le calice persistant , disposé en forme de capuchon et divisé en cinq segmens mucronés, colorés en leurs bords extérieurs ; point de corolle ; cingéta- mines alternant avec autant de filets courts, et stériles ; ovaire supère avec style et stigmate sim- ples; capsule membraneuse et monosperme ; la graine est nue , ovale , aiguë. La seule espèce con- nue jusqu'ici est le GYmNocARPE LIGNEUX, Gymno- carpus fruticans , sous-arbrisseau de soixante - dix centimètres au plus de haut; il a la tige droite, noueuse, chargée de rameaux diffus, coudés, d’un vert cendré. Les feuilles se montrent constam- ment opposées, charnues, dont l'écorce est un peu cylindriques, réunies par des stipules allongées, et le plus souvent munies dans leur aisselle de petites feuilles. Les fleurs, portées trois à cinq ensemble sur un pédoncule commun, sont placées à l’ex- trémité des rameaux ; rarement on les trouve axil- laires ; elles sont d’un violet pourpré à l'intérieur, légèrement lavées à l’extérieur, et entremélées de bractées fort “petites ; sans odeur. Cette plante africaine est. rare dans les jardins botaniques. (T. ». B.) GYMNOCLADE, Gymnocladus. (80T. pan.) Le nom de ce genre, de la famille des Légumineu- ses et de la Décandrie monogynie, est formé de deux mots grecs 7vavo;, nu, et xxos, rameau , Ce PL 197 2. Gymmetre 2 Gyvmnodere 3. Gvmmostome Æ Cuerin de tre. tds e 3 CAUSC FOI : HONOR Conti rev LICE SEAT tnt de } : | e persidile 42 tré AR friatt et UE ractébe ciseutiét 68€ d'avoir ü k LE - + .« 2.18 + n PRE c: > p 1 LUE MOTSENEA “4 Léo forere dééapuc oi ” : Li 4 » eu DR ; i ; 1 2 À GrRer. : Œens PM Let + YA EME EE rs ITS 2 = 1 nd. as e orûlte “on ELU 6 tt v | à OT LIEQUE: DORE EE CONS QUE Î Me fie à 0 tes L "r t conti EN JEU 2-0 ES ET 1 GYMN 535 GYMN —_———————————————————————— —————————————— qui rappelle le triste état de l'espèce la plus con- | cupait; les racines donnent ‘en peu de temps de nue quand , en hiver, elle est dépouillée de son } beaux jets qu'on enlève pour les planter convena- très-beau feuillage et qu’elle semontre entièrement dénudée; c’est aussi à cette circonstance, qui la fait ressembler à un arbre mort, qu'elle doit le nom vulgaire de Ghicot. Le Gymnoclade a été dé- taché du genre Guilandinä, où il figurait comme espèce sous la dénomination de Guilandina dioica, et placé comme genre entre le Févier, Gleditsia, et le Garoubier, Ceratonta. Ses caractères sont d'offrir des arbres de troisième grandeur dépourvus d’aiguillons , et portant des feuilles bipennées, des fleurs dioïques ou polygames et des légumes pul- peux , à plusieurs loges divisées par des cloisons transversales. Galice monophylle , infundibuli- forme , dont le limbe est à cinq pétales lancéolés, courts, obtus, attachés entre les divisions calici- pales. Dix étamines non saillantes , aux anthères ovales, droites, placées sur des filets libres ; plu- sieurs demeurent stériles ; ovaire supère, oblong, avec style court et terminé par un stigmate obtus, Le légume est lisse, oblong, épais , un peu arqué, le plus souvent bivalve; les graines qu'il contient sont presque globuleuses, très-dures , solitaires dans chaque loge et de couleur variant du gris au bistre. On ne connaît encore positivement qu’une seule espèce, c’est Le Gymnoczane ou Cnicor pu CANADA, G. ca- nadensis, arbre de huit à vingt mètres , dont le tronc, à cime ample et régulièrement arrondie, peut acquérir jusqu'à deux mètres de circonfé- rence. Son écorce est raboteuse ; les branches et rameaux, garnis, durant une partie de l’année, de feuilles deux fois aïlées, longues d’un mètre, composées de folioles alternes , ovales , pointues , molles et d’un beau vert, en sont totalement dé- pouillées en hiver, ce qui donne à l'arbre un port iriste et touf particulier. Les fleurs, disposées en grappes droites, longues de seize centimètres, sont blanches , un peu cotonneuses , placées au sommet des jeunes rameaux , et s’épanouissent en juin. Il leur succède, sur les pieds femelles, des gousses larges, d’un rouge brun. Ses graines, grises, que l’on nomme dans la Haute-Louisiane Gourganes, ont été recherchées un moment comme propres à remplacer le café. 1: Michauxnous apprend que la présence de cet ar- bre est la preuve d’une excellente terre ; il habite le Haut - Ganada et descend jusqu'aux contrées centrales des États-Unis. Transporté en France, daps l’année 1756, il y a fort bien réussi; mais il y fructifie rarement. Son bois très-compacte, d’un grain fin, très-serré , d’une couleur rose, devrait déterminer à le propager : une semblable acquisi- tion est toujours précieuse; il faut ajouter, pour que le bois acquière toutes ses qualités, qu’on doit cultiver l'arbre non en masses, mais isolé; dans cette dernière situation, et tenu en bonne terre franche , un peu fraîche, il prend un superbe ac- croissement et développe toute la beauté de son feuillage. Il se multiplie de graines et par les raci- nes demeurées en terre lorsqu'on a déplanté l’ar- bre et que l’on n’a pas recouvert le trou qu’il oc- blement. De Lamarck regarde comme une seconde es- pèce de ce genre un arbre de l’Arabie, auquel Forskael a imposé le nom de Æyperanthera ; l'on peut douter de ses rapports avec le Gymnocarpe, mais comme la”plante n’est point sous nos yeux il convient d'attendre pour prononcer avec con- naissance de cause. L’éloignement de sa patrien’est pas un motif puissant. (T. ». B.) : GYMNODÈRE, Gymnoderus, Geoffroy St-Hi- laire; Coracina , Vielll., Temm. ; Cotinga, Levaill. (ois.) Caractères peu tranchés; Illiger a réuni ‘aux Gotingas les espèces de ce genre, se fondant sur l’analogie qui existe dans la forme du becet des pieds ; Cuvier a adopté cette manière de voir, mais Geoffroy Saint-Hilaire les en a séparés en leur donnant un nom qui rappelle l’une des particula- rilés de leur organisation. Les Gymnodères ont un bec semblable à celui des Coracines et des Cé- phaloptères ; leur cou est en partie nu, et leur tête garnie de plumes veloutées. On n’en connaît qu’une espèce, qui est le Col-nu de Buffon et de Levaillant. GyuNoDËrE coL-Nu, Gracula nudicollis, Shaw. Corps lourd, parties latérales du cou tout-à-fait nues, jaunes chez l'individu représenté par Buflon, lilas chez celui de Levaillant ; petit carré de peau également nue et jaune placé au dessus des yeux ces espaces n’offrent que de légères traces de du- vet; yeux d’un rouge brunûâtre ; parties supérieu- res de la tête, postérieures du cou et gorge, garnies . de plumes noires, courtes et veloutées ; couvertu- res et bordures des ailes d’un gris bleuâtre , queue noire avec un reflet bleu; bec et pieds noirs ainsi que tout le resie du plumage. La femelle se dis- tingue du mâle par une taille plus petite, et un plumage d’un brun noir sans reflet. Get oiseau est représenté dans l’Iconographie du Règne animal, Oiseaux, pl 8, fig. 4 Nous avons reproduit cette figure dans notre Allas, pl. 107, fig. ‘2. (V. M.) GYMNODONTES. (porss.) Famille établie par Cuvier dans le sixième ordre de la classe des Pois- sons , et à laquelle il assigne pour caractère com- mun : dents non apparentes, mais où les mâchoi- res sont garnies d’une substance d'ivoire, divisée intérieurement en lames, dont l’ensemble présente comme un bec de perroquet, el qui se compose de véritables dents réunies, se succédant à me- -sure qu’il y en a d’usées par l'effet de la tritura- tion. Leurs opercules sont petits, leurs rayons aa nombre de cinq de chaque côté, et les uns et les autres fort cachés. Les poissons compris dans cette famille vivent de crustacés, de fucus; leur chair est généralement muquense et peu estimée ; plusieurs mêmes passent pour empoisonnés, au moins à certaines époques. (Az. G.) GYMNOPHTHALME. (nepr.) On donne ce nom à un genre de Sauriens à écailles arrondies ou cyprilépides , à œil privé de paupières mobiles et recouvert d'une lame épidermique, transparente, hémisphérique, doublée par la conjonctive, dis- GYMN 554 GYMN RE —————— ————"—————it, position qui rappelle l’organisation de l'appareil oculaire des serpens ; mais le caractère particu- lier du genre Gymnophthalme est de n’avoir que qaatre doigts aux pieds antérieurs, tandis que les pieds postérieurs en onteinq comme la plupart des Sciuroïdes. Ge genre est établi sur une seule es- pèce. ; Le GymvorarTäALue À QUATRE RATES, Gr. quadri- lineatus, Lacerta quadrilineata. Verdâtre ou de couleur de bronze sur les parties supérieures du corps, de la queue et des membres, marqué sur chaque côté du corps de deuxraies jaunâtres éten- dues depuis le museau jusque sur l’origine de la queue ; il est blanchâtre en dessous. Ses écailles ne sont pas précisément verticillées, comme on l’a dit sur un examen superficiel ; il n’a pas de pores aux cuisses, comme on l’a soupçonné. Ce petit Sciuroïde atteint trois à quatre pouces de longueur. Il vient du Brésil, et paraît y habiter les bois et les terrains sablonneux ; on le retrouve aussi dans l'Amérique du Nord et aux Antilles. Il parait que du temps de Pison les Brésiliens lui donnaient le nom de ÆAmericina; les naturels aujourd’hui le confondent avec tous les autres Sauriens sous le nom commun de Lagarto, c'est-à-dire Lézard. (FT. C.) - GYMNORHYNQUE, Gymnorhynchus. (z0oPx. INTEST.) Genre de l’ordre des Cestoïdes, ayant pour caractères : un corps très-long, aplati, inarticulé; un réceptacle du col subglobuleux ; une tête mu- nie de deux fossettes biparties et armées de quatre trompes rétractiles. Suivant Cuvier, le genre. Gymnorhynque ne renfermerait qu’une seule espèce, qu'il a appelée Scolex gigas. Ici, Popinion du célèbre naturaliste n’a pas prévalu; celle de Rudolphi, au contraire, a été adoptée par le plus grand nombre des zoolo: gistes , et voici comment ce savant, à l'opinion duquel nous nous rendons, décrit le Gymnorhyn- que qu'il appelle GyunoruyNQuE RAMPANT, Gym- norhynchus reptans : Ver de trois pieds de long ou à peu près, d’une à deux lignes de large et d’une couleur blanche, à l'exception du réceptacle du col qui est jaunâtre; la tête, assez semblable à celle d’un Bothrycéphale, est subtétragone et mu- nie de deux fosselles peu profandes, séparées en deux parties par une: saillie longitudinale; les trompes , au nombre de quatre et un peu plus lon- gues que la tête (le tout ensemble n’a pas. plus d’une ligne et demie), sortent du rebord antérieur des fossettes ; elles sont tétragones, à angles ar- rondis, couvertes d’une infinité de très - petites papilles rondes, dépourvues de crochets, et per- iorées à leur extrémité libre. Le col, quelquefois un peu plus long que la tête, se continue avec un réceptacle long de quatre à cinq lignes, large de trois , sphéroïdal ou ovoïde, de couleur jaune , et destiné aux mouvemens de la tête, soit en avant, soit en arrière, selon la volonté de l’animal. Le corps se continue en arrière avec la partie posté- rieure du réceptacle, et là il se contracte un peu; dans le reste de sa longueur, il est à peu près égal, un peu aplati ou presque cylindrique, ‘ La structure du Gymnorhynque , que l’on trouve ! le plus ordinairement dans les chairs de la Casta- gnole, est molle et homogène; sans apparence d'aucun organe interne ou d'œufs. (EF. F.) GYMNOSPERMIE, Gymnospermia.(80T. PHAN. ) Premier ordre de la Didynamie , dans le, système, sexuel. Il renferme les végétaux qui, comme Linné les considérait, produisent des graines nues , sans aucune enveloppe. Telles sont les Labiées, la Sauge, le Thym, etc. Nous avons déjà remarqué que le nom de Gymnospermie ( graine nue ) est au moins inexact; car il n'existe point de graines absolu- ment nues. (L.) GYMNOSTOME, Gymnostomum. (B0T. crypT.) (Mousses). Dans ce genre , où Hedwig avait d’a- bord réuni toutes les Mousses dont: l’orifice de l’urne est nu, et que l’on ne peut séparer de ce- lui que l’on a appelé Hyménostome , les caractères sont les suivans : capsule terminale , péristome nu ou enfoncé dans une membrane entière, ou percé. d’un trou circulaire dans son centre; coiffe fendue latéralement et se détachant obliquement, ( Foy. notre Atlas, pl. 197, fig. 3. ) Les Gymnostomes présentent deux sections bien: distinctes à considérer quant à leur port. Dans la première, la tige est simple et très-courte, la soie assez longue,la capsule lisse et petite;les feuilles sont souvent crispées, lesespèces très-nombreuses, assez petites et très-analogues avec les Weissia. Dans la. seconde section se trouvent les espèces à tige ra- meuse et assez longue ; tels sont les Gymnostomum laponicum, curvirostrum , etc. , qui croissent dans les montagnes, sur les rochers humides, où ils forment des toufles épaisses et serrées. Les espèces qui appartiennent à la première seclion se trou- vent sur la terre ou sur les murs. E E.} : GYMNOTE, Gymnotus. (porss.) Le mot Gym note; désigne l’absence totale de la nageoire que: présente le dos. de ces poissons, ce qui forme avec l’anale , qui règne sous la plus grande. partie du corps, un de leurs principaux caractères généri- ques. Les poissons compris dans ce genre n’a yant pas, comme nous venons de l'exposer, de nagcoire du dos, c'est ce dénuement , cette espèce de nu- dité de leur. dos qui a déterminé les naturalistes: à placer les Gymnotes dans un genre différent. de tous les autres Apodes, et particulièrement des Murènes, parmi lesquelles sont inscrits les pois- sons dont nous nous occupons, Ces derniers leur ressemblent par l’ensemble de leur conformation. D’ailleurs , le corps et la queue des Gymnotes est, comme dans les poissons que nous venons de ci- ter, très-allongé, cylindrique et serpentiforme; l'ouverture des ouies est en partie fermée par une membrane, mais cette membrane s'ouvre au. de- vant des nagcoires pectorales, par un trou ou es- pèce detuyau, ce qui, abritant mieux les branchies, permet à ces poissons de: demeurer quelque temps hors de leau sans périr; leur corps est souvent un: peu comprimé, et leur peau sans écailles sensibles, ou ne se voyant bien qu'après le dessèchement. Tels sont les traits généraux de tous les vrais. Gymnotes : quelles sont les formes qui distinguent: PT. 198. 3. Gyrin 2. Gymmote electrique 2.Crypaëte £. Guerin dir , ( h n'a à : ES 4 Aura HS D <= "GYMN 939 GYMN * :.: Po) celui que l’on a nommé GyYmNOTE ÉLECTRIQUE, Gymnotus electricus , L., représenté dans notre Ailas, pl. 198, fig. 1 ? Gette épithète d'électrique a déjà été donnée à plusieurs poissons d'espèces très-différentes : à la Torpille, à un Trichiure, à un Silure, et au Gymnote que nous décrivons. Ce n’est que dans l'Amérique méridionale que le Gymnote électrique paraît avoir été ‘observé, Ge poisson atteint cinq et six pieds de longueur, Sa tête est percée de petits trous très - sensibles, qui sont les orifices destinés à répandresur sa surface une liqueur visqueuse; des ouvertures plus petites, mais analogues, sont disséminées en très-grand nombre sur son corps : il n’est donc pas surprenant qu'il soit enduit d'une matière gluante très-abondante. Sa peau ne présente d’ail- leurs aucune écaille visible; son museau est ar- rondi; sa mâchoire inférieure est plus avancée que la supérieure. La couleur de l’animal est noirâtre et relevée par quelques raies étroitesæt longitudi- nales d’une nuance plus foncée. On n’a pas encore pu se procurer d'observations bien sûres et bien précises sur la manière dont le Gymnote vient au monde. Il paraît cependant que, du moins le plus souvent, la femelle pond ses œuf, et qu'ils n’éclo- sent pas dans le ventre de la mère, comme cela arrive dans quelques poissons. On ignorcle temps qui est nécessaire à ce même Gymnote pour par- venir a son entier développement. On sait que la queue des poissons est le principale instrument de la natation. Plus cette partie est étendue, et plus le poisson doit se mouvoir avec facilité. Le Gym- note électrique , ainsi que les autres osseux de son enre, a une queue beaucoup plus longue que l’ensemble de la tête et du corps proprement dit. L'animal a donc à sa disposition une rame beau- coup plus longue et beaucoup plus haute à pro- portion que celle de presque tous les autres pois- sons. Cette rame peut donc agir à la fois sur de grandes lames d’eau ; le Gymnote la remue avec une agilité très-remarquable , et, en effet, l'animal mage avec vigueur et rapidité. Gomme tous les poissons très-allongés et dont le corps est ‘entre- tenu dans une grande souplesse par une viscosilé, il agit successivement sur l’eau qui l’environne par diverses portions de son corps ou de sa queue, qu’il met en mouvent les unes après les autres, Il ondule , lorsqu'il veut aller en avant ; il contourne, avant toutes les autres , les parties postérieures de cette queue ; et lorsqu'il veut aller en arrière, il se meut de la même manière que les Serpens qui rampent sur la terre. Îl serpente véritablement au milieu des eaux. Cette intelligence particulière lui fait distinguer aisément les moyens d'atteindre les animaux aquatiques dont il fait sa nourriture, et ceux dont il doit éviter l'approche; la vitesse de sa natation le transporte dans des temps très-courts auprès de sa proie ou loin de ses ennemis; et lorsqu'il n’a plus qu’à immoler les victimes dont il s’est approché, ou à repousser ceux des poissons supérieurs} en force auxquels il n’a pas échappé par la fuite, il déploie la puissance redoutablé ‘qui lui a été accordée. [l met en jeu:sa vertu-en- gourdissante , il frappe à grands coups, et répand autour de lui la mort ou la stupeur. Lorsqu'on touche, cet animal avec une seule main, on n’é- prouve pas de commotion, ou on n’en ressent qu’une extrêmement faible. Mais la secousse est très-forte lorsqu'on applique les deux mains sur le poisson, et qu'elles sont séparées l’une de l’autre par une distance assez grande. Mais pour que le Gymnote jouisse de tout son pouvoir, il faut souvent qu'ilse soit, pour ainsi dire, animé. Ordinairement les premières commotions qu'il fait éprouver ne sont pas les plus fortes. Elles deviennent plus vives à mesure qu’ils’agile; quand il est tout-à-fait irrité, elles sont terribles; lorsqu'il a ainsi frappé à coups redoublés autour de Jui, il s’écoule fréquemment un intervalle assez marqué avañt qu’il fasse ressentir de secousse , soit qu'il ait besoin de donner quelques momens de repos à des organes qui viennent d’être violemment exercés , soit qu'il emploie ce temps à ramasser dans ces mêmes organes une nouvelle quantité de fluide foudroyant. Cependant il paraît qu'il peut produire non seulement une commotion, mais mème plusieurs secousses successives, quoiqu'il soit plongé dans l’eau d’un vase isolé. Quoiqu'il en soit, on à assuré qu’en serrant fortement le Gymnote par le dos, on lui ôte le libre exercice de ses organes extérieurs , et on suspend les effets de la vertu dite électrique. Au reste, le Gymnote présente un autre phénomène bien di- gne d'attention. C'est qu’ilest arrivé plusieurs fois qu'après sa mort, il était encore, pendant quel- que temps, impossible de le toucher sans éprou- ver de secousse. L’organe qui produit ces singuliers effeis règne tout le long du dessous de la queue, dont il oc- cupe près de la moitié de l'épaisseur, divisé en quatre faisceaux longitudinaux, deux grands en dessus, deux petits en dessous et contre Ja base de la nageoire anale. Chaque faisceau est composé d’un grand nombre de lames membraneuses très- rapprochées entre elles, aboutissant d’une part à la peau et de l’autre au plan vertical moyen du poisson, unies enfia l’une à l’autre par une infinité de petites lames verticales dirigées transversale- ment. De petits carreaux prismatiques et transver- saux sont intercepiés par ces deux ordres de lames, quisont remplies d’une matière gélatineuse. Tout l'appareil recoit proportionnellement beaucoup de nerfs, (Azrx. G.) Nous croyons faire plaisir à nos lecteurs en ajou- tant à cet article, comme preuve de la force des secousses causées par l'électricité des Gymnotes , un passage extrêmement curieux et pittoresque du voyage de Humboldt en Amérique. On sait que c’est à ce célèbre voyageur que l'on doit les con- naissances les plus précises sur ces poissons; il dit qu’ils sont très-communs dans les fleuves Méta, Apure ét dans l’Orénoque ; mais il est diflicile de les prendre dans ces grands cours d’eau, tandis que dans les mares, où ils abondent aussi, leur :«pêche est beaucoup plus facile. C’est dans la pro- vince de Caracas, en Golombie, que de Humboldt GYMN 5 6 GYMN est parvenu à faire de nombreuses expériences sur ces poissons; il avait demandé vainement des Gym- notes vivans aux habitans, qui en avaient une peur puérile, on les lui apportait toujours morts; enfin ‘il se décida à aller lui-même à la pêche de ces an- guilles électriques, et voici comment il s’exprime à ce sujet : © « Après trois jours de vaines attentes dans Ja ville de Calabozo, après avoir recu‘une seule An- guille vivante et même assez faible, nous résolû- mes de nous transporter nous-mêmes sur les lieux, et de faire les expériences, en plein air , aux bords de ces mares dans lesquelles les Gymnotes abon- dent. Nous nous rendimes d’abord au petit village appelé Rastro de Abaxo. De là les Indiens nous conduisirent au Ganô de Bera, bassin d’eau bour- beuse et morte, mais entouré d’une belle végéta- tion de la Clusia rosea, de l'Hymenea courbaril, des grands Figuiers des Indes et de quelques Mi- moses à fleurs odoriférantes. Nous fûmes bien sur- pris lorsqu'on nous dit qu’on irait prendre une trentaine de chevaux à demi sauvages dans les sa- vanes voisines, pour s’en servir à la pêche des An- guilles électriques. » L'idée de cette pêche, que l’on appelle Embar- bascar con caballos (enivrer par le moyen des che- vaux), est en effet bien bizarre. Le mot Barbasco désigne les racines du Jacquinia , du Piscidia et de toutes autres plantes vénéneuses, par le contact desquelles une grande masse d’eau reçoit dans un instant la propriété de tuer, ou du moins d’enivrer et d’engourdir les poissons. Ges derniers viennent à la surface de l’eau quand ils ont été empoison- nés (embarbascado ) par ce moyen. Comme les che- vaux, chassés cà et Ià dans une mare, causent le même effet sur les poissons alarmés, on embrasse, en confondant la cause et l'effet, les deux sortes de pêche sous la même dénomination. » Pendant que notre hôte nous expliquait cette manière étrange de prendre le poisson dans ce pays, la troupe de chevaux et de mulets arriva : les Indiens en avaient fait une sorte de battue, et en les serrant de tous les côlés, on les forca d’en- trer dans la mare. Je ne peindrai qu'imparfaite- ment le spectacle intéressant que nous offrit la lutte des Angüilles contre les chevaux: les Indiens, munis de joncs très-longs et de harpons, se pla- cent autour du bassin; quelques uns d’eux mon- tent sur les arbres, dont les branches s'élèvent au dessus de la surface de l’eau : tous empêchent, par leurs cris et la longueur de leur jonc, que les che- vaux n’atteignent le rivage. Les Anguilles, étour- dies du bruit des chevaux, se défendent par la déchargeréitérée de leurs batteries électriques. Pen- dant long-temps elles ont l'air de remporter la victoire sur les chevaux et les mulets ; partout on en vit de ces derniers qui, étourdis par la fré- quence ct la force des coups électriques , disparu rent sous l’eau; quelques chevaux ‘se relevèrent, et, malgré la vigilance active des Indiens , gagnè- rent le rivage excédés de fatigue, et les membres engourdis par la force des commotions électriques; ils s’y étendirent par terre tout de leur long., » J'aurais désiré qu’un peintre habile eût pu saisir le moment où la scène était le plus animée, Ces groupes d'Indiens entourant le bassin; ces chevaux qui, la crinière hérissée, l’effroi et la douleur dans l'œil, veulent fuir l’orage qui les surprend ; ces An- guilles jaunâtres et livides, qui, semblables à de grands serpens aquatiques, nagent à la surface de l’eau, et poursuivent leur ennemi : tous ces objets offraient ; sans doute , l’ensemble je plus pittores- que. Je me rappelai le superbe tableau qui re- présente un cheval entrant dans une caverne, et effrayé à la vue d’un lion. L’expression de la ter- reur n’y est pas plus forte que celle que nous vimes dans cette lutte inégale. » En moins de cinq minutes, deux chevauxétaient déjà noyés. L’Anguille, ayant plus de cinq pieds de long , se glisse sous le ventre du cheval ou du mu- let : elle fait dès lors une décharge dans toute l’é- tendue de son organe électrique ; elle attaque à la feis le cœur , les viscères, et surtout le plexus des nerfs gastriques. Il ne faut donc pas s’étonner que l'effet que le poisson produit sur un grand quadru- pède surpasse celui qu’il produit sur l’homme, qu’il ne touche que par une des extrémités. Je doute cependant que le Gymnote tue immédiate- ment les chevaux; je crois plutôt que ceux-ci, étourdis par les commotions électriques qu'ils re- coivent coup sur coup, tombent dans une léthar- gie profonde. Privés de toute sensibilité, ils dispa- raissent sous l’eau; les autres chevaux et les mu- lets leur passent sur le corps, et peu de minutes suffisent pour les faire périr. Après ce début je craignais que cette chasse ne finit bien tragique- ment. Je ne doutais pas de voir noyés peu à peu la plus grande partie des mulets. On n’en paie un qu’à raison de huit francs, si le maître en est connu. Mais les Indiens nous assurèrent que la pêche serait bientôt terminée , et que ce n’est que le premier assaut des Gymnotes qu'il faut redou- ter. En effet , soit que l’électricité galvanique s’ac- cumule par le repos, soit que l'organe électrique cesse de faire ses fonctions lorsqu'il est fatigué par un trop long usage, les Anguilles , après un cer- tain temps, ressemblent à des batteries déchar- gées. Leur mouvement musculaire est encore éga- lement vif, mais elles n’ont plus la force de lancer des coups bien énergiques. Quand le combat eut duré un quart d'heure , les mulets et les chevaux parurent moins effrayés ; ils ne hérissaient plus la crinière ; leur œil exprimait moins la douleur et l’épouvante; on n’en vit plus tomber à la renverse : aussi les Anguilles, nageant à mi-corps hors de l'eau, et fuyant les chevaux au lieu de les attaquer, s’approchèrent elles-mêmes du rivage. Les Indiens nous assuraient qu'en mettant les chevaux deux jours de suite dans une mare remplie de Gymno- tes, aucun cheval n’est tué le second jour, Il faut à ces poissons électriques du repos et une nourri- ture abondante , pour produire ou pour accumu- ler une grande quantité d'électricité galvanique. Nous savons, par les expériences qu'on a faites avec des Torpilles d'Italie, qu’en coupant ou liant les nerfs qui vont aux organes électriques, les fonctions GYMN 997 GYPA a ——————— —————————————————————————— ————— fonctions de ceux-ci ces$Sent, comme lé mouve- ment d’un muscle est suspendu aussi long-temps que dure la ligature de l’artère ou du nerf princi- pal. Les organes de la Torpille ou du Gymnote dépendent du système nerveux et de ses fonctions vitales; ce ne sont pas des appareils électromo- teurs qui attirent des couches d’eau voisines l’'é- lectricité qu'ils ont perdue. Il ne faut donc pas s'étonner que la force des commotions électriques des Gymnotes dépende de l’état de leur santé, et, par conséquent, du repos, de la nourriture, de l’âge et peut-être d’un grand concours de condi- tions physiques et morales. » Les Anguilles, fuyant vers le rivage, furent prises avec une grande facilité. On leur jeta de petits harpons attachés à des cordes ; le harpon en ac- crochait quelquefois deux à la fois. Par ce moyen on les tira hors de l’eau sans que la corde, très- sèche et assez longue, communiquât le choc à ce- lui qui la tenait, » En peu de minutes cinq grandes Anguilles étaient sur le sec. On aurait pu en attraper une vingtaine, si nous en avions eu besoin pour nos expériences. Plusieurs n’étaient que blessées à la queue, d’autres l’étaient grièvement à la tête. Nous pûmes obser- ver l'électricité naturelle de ces poissons modifiée par les différens degrés de force vitale dont ils jouissaient. » (GuéR.) GYMNURE, Gymnura. (ma) Ce nom, qui signifie queue nue (yvuvo:, Nu, où, queue), s’ap- plique à un petit groupe de Mammifères carnassiers très-singuliers par la plupart de leurs caractères. -C’est à sir Rafles que l’on doit la première des- cription des animaux qui vont nous occuper; il les décrit sous le nom de Viverra gymnura, dans le t. x des Transactions de la société Linnéenne de Londres; mais ils sont si distincts des Civettes (Viverra), avec lesquelles le célèbre voyageur an- glais les laissait confondus, que plusieurs natura- listes eurent à la fois l’idéc de les en séparer géné- riquement. Desmarest ‘et Lesson en France, Vigors et Horsfield en Angleterre, établirent en effet une coupe nouvelle pour les Viverra gymnura, et, par un heureux hasard , les uns ct les autres donnèrent à cette subdivision le nom si bien trouvé de Gym- aura, qui devint générique de spécifique qu'il était, et ils dédièrent l'espèce type à Raflles, qui l'avait découverte (G. Rafflesiü). C’est dans son Manuel de mammalogie que Lesson, d’après l’avis de Des- marest, comme il le dit lui-même, a d’abord pro- posé le genre Gymnura; le travail de Vigors et Horsfield fut inséré dans le Zoologic. journ. (1827). Le Gymnure n'existe encore dans aucune col- lection française; Vigors et Horsfield, qui ont pu observer la tête osseuse de cet animal, d’après les individus rapportés à Londres par sir Raflles lui- même, ont reconnu ce que la figure des Transac- tions linnéennes indique d’ailleurs parfaitement, que le Gymnure se rapproche des Carnassiers in- seclivores , et ils proposent de le placer à côté des Tupaias ; néanmoins il serait peut-être plus rigou- reux de le comparer aux Hérissons, dont il pré- sente assez les formes générales. . T. II, 228° Livraison. Les incisives du Gymnure sont au nombre de deux à la mâchoire supérieuse, et de six à l’infé- rieure ; les molaires , en partie épineuses , sont au nombre de huit de chaque côté de la mâchoire supérieure , et de sept à l’inférieure ; les canines ont le nombre et la même disposition que chez les autres Garnassiers (form. + inc., + can., + mol., de chaque côté : total 42). Le museau est étroit et allongé, le corps assez peu dégagé; la queue de moyenne longueur , grêle, nue et squa- meuse dans une grande partie de son étendue : les ongles sont médiocres , rétractiles ; les oreilles ar- rondies et nues, les yeux petits et les moustaches assez longues. Les mœurs du Gymnure sont in- connues; cet animal, long de quatorze pouces de- puis le bout du museau jusqu'à l'extrémité de la queue , a le pelage noir et bien fourni ; sa tête, son cou et l’extrémité de sa queue sont, dit-on, de couleur blanche. (GEnv.) GYNANDRIE, Gynandria. (or. PHan. ) Ving- tième classe du système sexuel de Linné, com- prenant les végétaux dans lesquels les étamines et les pistils, soudés ensemble, ne forment qu’un seul et même corps. Telles sont les Ophrys. Linné avait divisé cette classe en sept ordres, d’après le nombre des étamines ; mais on n’en doit guère compter que deux : la Gynandrie diandrie, où se trouvent les Orchidées, et la Gynardrie hexan- drie, dont l’Aristoloche offre l'exemple. Les plan- tes qui entraient dans les autres ordres se sont ‘trouvées appartenir à des classes différentes; tel est par exemple le genre Salacia, placé autrefois dans la Gynandrie triandrie; ses trois anthères sont insérées sur un disque supère, mais non soudées avec le pistil, et par conséquent il appartient réel- lement à la Triandrie. (L.) GYPAETE, Gypaetus. (ors.) L'espèce dont Storr a formé un genre particulier sous ce nom, est le grand Vautour des agneaux, oiseau célèbre par sa grande force et par son audace. Le Gypaëte est un des oiseaux de proie les plus volumineux ; quelques auteurs le classent parmi les Faucons, avec lesquels il a bien quelques points de ressem- ‘blance; d’autres au contraire le rapportent aux Vau- tours ; le fait est qu'il est intermédiaire aux uns et aux autres, e semble lier intimement ces deux fa- milles entre elles. Le Gypaëte habite en Europe les grandes chaînes de montagnes; on le voit aussi dans une grande partie de l’Afrique; il se nourrit de Chamois, de Bouquetins, de jeunes Cerfs et de Veaux, qu'il attaque avec toute Ja hardiesse des Faucons; mais lorsque la faim le presse, il ne dédaigne point de se rabattre sur les charognes. Quelques auteurs ont exagéré la voracité de cet oiseau et en même temps son courage , et ils ont annoncé qu'il ne craignait point de se jeter sur l’homme adulte; mais aucun fait de ce genre n’a été réellement constaté. Comme le Gypaëte est une des espèces les plus remarquables que nous possédions en Europe, et qu'il se voit quelquefois en France , nous énumérerons ses caractères avec soin : commençons par ceux qui l'ont fait distin- guer en un genre particulier, 68 GYPA 538 GYPS Caractères génériques. Bec fort, long; mandi- bule supérieure exhaussée vers la pointe, qui est courbée en crochet; un bouquet de poils raides formant une barbe à la mandibule inférieure ; narines ovales, recouvertes de poils dirigés en avant. Pieds courts; quatre doigts , les trois anté- rieurs réunis en avant par une courte membrane, celui du milieu très-long ; ongles faiblement cro- chus; ailes longues, la première rémige un peu plus courte que la deuxième et la troisième, qui sont les plus longues. L'espèce du GyPAETE BARBu, Gypaetus barba- tus, représentée dans notre Atlas, pl. 198, fig. 2, est encore la seule que l’on connaisse dans ce genre; celles que divers auteurs ont indiquées comme devant y être placées avec elle, ne sont souvent que de simples variétés d’âge ou de sexe de celle-ci, ou bien ne sont encore que très-im- parfaitement connues ; on peut même dire qu'elles sont douteuses. Le Gypaëte barbu, dans lâge adulte , est long de quatre pieds sepl pouces en- viron ; il a la tête et le haut du cou d’un jaune sale; une raie noire s’étend de la base de son bec et passe au dessus des yeux; une autre, prenant naissance derrière ceux-ci, passe sur les oreilles ; le cou dans sa partie inférieure , la poitrine et le ventre sont d’un roux orange; le manteau, le dos et les couvertures alaires sont au contraire d’un gris-brun foncé; mais:le centre de chaque plume présente une raie blanche longitudinale. Les rémiges (pennes des ailes) et les pennes de la queue, qui sont d’un gris cendré , ont leurs ba- gueltes blanches ; la queue est longue et étagée ; le becet les ongles sont noirs, les pieds bleuâtres, l'iris orange et la paupière rouge. Les jeunes, pendant les deux premières années, ont la tête et le cou d’un brun noir, le dessous de leur corps est gris, avec des taches d’un blanc sale , et leur manteau est noir ainsi que leurs ailes. Brisson a fait de ces oiseaux son V’autour noir, que Latham nomme Vultur niger, et Meyer les appelle Melanocephalus. est sur les rochers les plus écartés que les Gypeëtes établissent leur nid; leur ponte est de deux œufs à surface rude, blancs et marqués de taches brunes. Ges oiseaux soni assez rares au- jourd'hui en Europe , mais il paraît qu’ils y étaient assez communs même dans lesiècle dernier. Alors toutes les montagnes du Tyrol, de la Suisse et de l'Allemagne en étaient peuplées. On parle même de chasseurs du dix-huitième siècle qui en ont tué quarante, cinquante et même soixante indi- vidus. Le chasseur Andreas Durner, cité par Michahelles, en avait tué de sa main soixante-cinq. La Sardaigne est aujourd’hui une des parties de l'Europe qui en possèdent le plus grand nombre; on en trouve aussi quelques individus dans les Alpes et dans les Pyrénées françaises; ceux que l'on voit en Afrique, en Egypte, par exemple, au cap de Bonne-Espérance, ne diffèrent point de ceux d'Europe. Le Gypaëte ou Vautour des agnéaux est quelquefois aussi appelé Griffon; mais ce nom paraît devoir appartenir en propre au V'ultur fulvus. Vieïllot l'appelle Phena ossifraga. La meilleure figure que lon puisse citer de cette: espèce est celle qu'en a récemment donnée M. Gould , dans ses Birds of Europe. (Gxrv.) GYPSE (un. et ctor.) Cette substance si utile, et heureusement si répandue dans la nature, est un sulfate de chaux que l’on désigne aussi sous le nom de Sélénite. Elle se compose ordinairement de 41 à 46 parties d’acide sulfurique , de 29 à 33 de chaux, de 18 à 21 d’eau, et quelquefois d’un peu de carbonate de chaux, comme dans le Gypse grossier et lamellaire de Montmartre. Les principaux caractères physiques et minéra- logiques du Gypse sont d’être rayé par le calcaire et même simplement par l’ongle, et de cristalliser suivant des formes peu variées qui dérivent d’un prisme oblique rectangulaire, et qui se divisent avec la plus grande facilité en feuillets parallèles aux deux plans latéraux du cristal. La cristallisation la plus ordinaire du Gypse est celle en tables rhomboïdales terminées en un double biseau aux deux extrémités, et qui présen- tent des trapèzes. D’autres fois 1l prend la forme de doubles lentilles réunies par leur côté le plus mince, de manière qu’en se fendant parallèlement aux lames de ces cristaux lenticulaires , elles se di- visent en fragmens qui offrent assez bien la forme de fers de lance. Le Gypse se présente encore en petits cristaux mal conformés groupés entre eux, et qui produisent la variété acicularre , owen cris- taux mal conformés qui ont la forme de cylindres. D’autres fois 1l forme des dendrites, c’est-à-dire qu'il imite des rameaux à la surface d’autres sub- stances ; ou bien il se dispose en mamelons ou em stalactites ; souvent il est en fibres plus ou moins fines , et qui ont fréquemment l’aspect soyeux; ou bien en masses Jaminaires ou lamellaires, quelque- fois même granulaires, ou bien en petites masses pulvérulentes, blanches, qui constituent le Gypse niviforme, c’est-à-dire qui a la forme de neige; ou bien enfin il est compacte, et en cet état il est em- ployé dans les arts sous le nom d’Albätre gypseux. Nous venons de citer un des usages auxquels on emploie le Gypse. Florence est célèbre par les beaux ouvrages que l’on fait en cette matière. Les autres usages du Gypse, bien que plus modestes, n’en sont pas moins d’une grande utilité : ainsi, par la cuisson , qui lui fait perdre son eau de cris- tallisation , on en obtient le plâtre que l’onemploie daps la bâtisse, et qui sert fréquemment à l’amen- dement des terres. Considéré sous le point de vue géologique, le Gypse paraît être le résultat d’une précipitation chimique: opérée dans un liquide contenant de la chaux et de l’acide sulfurique: Certaines eaux mi- | nérales ont dû jouer un grand'rôle dans la forma- tion de cette roche. Il a été déposé à la surface : de la terre à des époques très-différentes : on en trouve dans presque tous les terrains, et dans un grand nombre ilest accompagné de sel gemme. Dans les formations qui dépendent du terrain su- percrétacé, le Gypse a été considéré comme por- tant tous les caractères d’un dépôt formé dans des GYR 459 GYRO eaux douces, parce qu’on y trouve des coquilles la- custres et des ossemens de Mammifères terrestres, tels que les Anoplothères et les Palæothéres, dont les dépouilles , d’après celte supposition , auraient été entraînées par des cours d’eau dans les lacs où le Gypse se déposait; mais nous pensons, avec quelques autres géologistes, que la présence de ces débris organiques ne suflit pas pour prouver l’exis- tence de lacs d’eau douce dans lesquels le Gypse se serait déposé : il est plus simple d'admettre que des sources minérales se sont fait jour au sein de certains golles marins, dans lesquels se jetaient quelques rivières , et que le sulfate de chaux s’est déposé au milieu de dépôts marins où la présence de coquilles fluvialiles et d’ossemens d'animaux terrestres n’est qu'un accident de localité. On évite ainsi la nécessité de supposer dans le terrain supérieur à Ja craie ces nombreux départs et re- tours de l'Océan, aussi difficiles à concevoir qu’ils sont impossibles à expliquer ; et l’on n’est plus - étonné que dans les terrains plus anciens que la craie, le Gypse ne porte pas les caractères qu pourraient le faire ranger parmi les dépôts lacus- tres : en effet, dans le Gypse des terrains anciens on ne trouve aucune trace de corps organisés. (J. H.) GYRIN, Gyrinus. (1ns.) Genre de Coléoptères de la section des Pentamères, famille des Carnassiers, tribu des Hydrocanthares, ayant pour caractères: antennes plus courtes que la tête, en massue, les quatre pieds postérieurs courts, très-comprimés, les antérieurs très’allongés ; les yeux, coupés par les côtés de la tête, paraissent être au nombre de quatre. Ces petits insectes ont le corps ovale, un peu bombé , très-luisant en dessus ; leurs antennes sont insérées dans une cavilé située au devant des yeux, et ont leur second article dilaté en forme d’oreillette; la tête est enfoncée jusqu'aux yeux dans le _corselet ; le corselet est court, transver- sal; les élytres sont tronquées à l'extrémité , et laissent à découvert l'extrémité de l’abdomen : les deux pieds antérieurs , irès-longs proportionnelle- ment aux autres, sont toujours repliés sur eux- mêmes , et peuvent servir d'organes de préhension; les hanches de la paire postérieure sont très-dé- veloppées ; les Gyrins se tiennent habituellement à la surface de l’eau, où ils font des tours et cir- cuits continuels, et avec une grande vivacilé ; aussi ont-ils été appelés Tourniquets, Puces aqua- tiques et Gyrins, dont le nom par lui-même signi- fie tourner. Comme leur corps est très-poli, ils paraissent sur l’eau comme un point lumineux, car cette partie de leur corps n’est jamais mouil- Jée ; quand ils plongent, un globule d’air reste at- taché à leur abdomen ; ils s’accouplent à la surface de Veau, quelquefois, cependant, atlachés sous l’eau aux plantes aquatiques. Les femelles pondent des œufs oblongs , cylindriques , qu’elles attachent aux plantes submergées: la larve qui en sort est vermiculaire ; sa têle est aplatie et armée de deux fortes mandibules ; les huit derniers anneaux por- tent de chaque côté un filet barbu; le douzième en porte quatre également barbus ; ces filets ap- portent aux trachées l'air qu'ils séparent de l’eau par un mouvement presque continuel ; parvenues à tout leur développement, les larves sortent'de l’eau et forment une petite coque presque sentbla- ble à du papier gris qu’elles collent le long des plantes ; l’insecte en sort et se rend de suite à l’eau ; on présume qu'il passe l’hiver sous l’eau. G. naceur, G. natator, Linn., long de deux à trois lignes, vert-bronze très-foncé en dessus, noir en dessous, pattes fauves. C’est l’espèce la plus com- mune dans notre pays. Elle est représentée, très- grossie, dans notre Atlas, pl. 108, fig. 3. (A. P.) GYROCARPE , Gyrocarpus. ( soT. puan. ) Les forêts de la Nouvelle-Grenade renferment un arbre élégant , rameux , élevé, à feuilles alternes , très- grandes , et longuement pétiolées, à peu près cor- diformes , les unes indivises, les autres lobées. Ses fruits, munis de deux ailes ou appendices, tom- bent en décrivant plusieurs tours de spire, d’où le nom de Gyrocarpe ( fruit tournant ), que Jat- quin Jui a imposé ; les enfans du pays s’en servent pour un jeu semblable à celui du volant. Le Gyrocarpe appartient à la Tétrandrie mono- gynie, ou plutôt à la Polygamie ; dans les familles naturelles, il se place, selon Brown, à la suite des Laurinées; voici ses caractères : périanthe su- père, partagé en quatre à huit segmens; quatre étamines périgynes , opposées aux segmens du pé- rianthe ; anthères à loges déhiscentes parle moyen d’une valvule qui s'élève de bas en haut ; style très-court: stigmate capité et oblique ; drupe sec, ovale, muni de deux ailes à son sommet ; graine sans albumen, à embryon renversé; cotylédons en spirale et pétiolés. Les fleurs sont disposées en corymbes axillaires et dichotomes ; les individus sont tantôt hermaphrodites , tantôt polygames. On trouve aux Indes orientales une espèce de Gy- rocarpe très-voisine de celle que nous avons décrite précédemment. Roxburgh les réunit toutes deux sous le nom de G. Jacquini. R. Brown en a trouvé deux autres espèces à la Nouvelle-Hollande. (L.) GYROCÉPHALE, Gyrocephalus. (BoT.crxPr.) Persoon a créé en 1823 ce genre, qui sert de pas- sage des Trémellacées aux Helvellacées. Il ren- ferme jusqu'ici quatre espèces assez grandes ayant le port d’une Helvelle, divers rapports avec les Morchella et une nature gélatimeuse semblable à celle de la Tremella mesenterica de Jacquin et sur- tout dela T. cerebrina de Bulliard. Toutes sont stipilées, mais le pédicule est difforme , branchu par le bas; le chapeau sinueux, plus où moms plissé. Trois espèces existent en France : le Gyro- cephalus agirmensis, dont la base est blanche 1e chapeau d’un jaune noir, se trouve au printemps dans les bois, sur la terre où la monsse abonde , principalement aux environs d'Agen, département de Lot-et-Garonne; il a été découvert par Louis de Brondeau, et publié dans les Actes de la So- ciété linnéenne de Paris, tom. 111; le G. juraten- sis, appelé par De Gandolle T remella helvelloïdes , se rencontre en automne dans les bois de hêtres, au pied du Jura; sa couleur est d’un rose tirant sur l’orangé ; le G. carnutensis , de couleur fauve, qui se montre au printemps aux environs de Pont- HABI 540 : HABI mm chartrain ; département de Seine-et-Oise. La qua- trième espèce vit dans les lieux sablonneux de la Caroline inférieure, d’où elle est appelée G. ca- | nues, sans utricules distinctes. H HABIA. (ors.) Genre établi sur la division des Tangaras de Linné, et auquel Cuvier a conservé ce dernier nom. Lesespèces qui composent ce genre ont besoin d’être soumises à un nouvel exa- men; la grande uniformité qui règne entre elles fait nécessairement supposer qu’elles ont été trop légèrement établies sur des individus de sexes dif- férens , ou sur le même pris à différentes époques de la vie. D’Azzara, qui a conservé à ces espèces le nom qu’elles portent au Paraguay où il les a ob- servées , indique les caractères suivans: bec légè- rement recourbé, plus robuste que celui des Gri- ves, tranchant sur les bords, échancré à l’extré- mité ; mandibules inférieure et supérieure d’égale longueur, narines circulaires placées à la région du front , tarses très-forts et comprimés. Suivant le même observateur, les mœurs des Habias sont assez semblables à celles des Grives, seulement il fait remarquer qu’elles se tiennent ordinairement sur des arbres plus élevés sur les- quels ils restent long-temps perchés ; que lors- qu'ils descendent à terre, leur progression est lente et s’effectue par sauts; leur vol est bas et de courte durée. Ils vivent seuls ou par couples. Hagra À SOURCILS BLANCS, Azzara. C’est le Ha- bia plombé, Saltator cærulescens de Vieillot. Par- ties supérieures couleur de plomb, plus foncée sur le croupion et sur les ailes que sur la tête et le dos. Petites teintes jaunes passant au dessous de l’œil, une autre noire est placée entre cet organe et le bec; roussâtre inféricurement. Longueur, huit pouces et demi. La femelle pond deux œufs d’un bleu de ciel ta- ché de noir ; leur grosseur est la même aux deux extrémités. D’Azzara, qui en a eu un en domesti- cité, dit qu'il semblait mâcher ses alimens à la ma- nière des quadrupèdes. Hagra A GoRGE NoïRE, Azzara; S, atricollis, Vieillot; brun supérieurement, d’un blanc rou- geâtre inférieurement ; le dessous des ailes est d’une belle couleur perlée ; gorge et partie anté- rieure du cou entièrement noires, ou marbrées de noir et de brun; le bec est d’un jaune clair. Huit pouces de long. Hagra A BEC ORANGE, Azzara; S, aurentucol- lis, Vieill. Couleur plombée supérieurement, rous- sâtre inférieurement. Le dessus de la tête est noi- râtre et le dessous des ailes d’un blanc argenté ; une tache blanche passe sous l’œil et derrière les oreilles ; au dessous de la gorge est une plaque d’un beau noir velouté : le bec est d’une couleur oran- ..gée. Huit pouces trois lignes de longueur. IaBrA ROBUSTE, Azzara: S, validus, Vieill. Parties supérieures brunes, parties inférieures rous- ses , dessous des ailes d’un gris perlé ; une tache d’un noir velouté part des narines et s'étend sur rolinensis; on la voit au printemps ; elle est vis- queuse et d’un vert noir. Leurs graines sont toutes (T. ». B.) e les yeux et les parties inférieures de la tête ; le bec est noir à sa base, orangé à son extrémité, Huit pouces de longueur. Des ailes plus courtes que chez les précédens, un corps plus trapu, et des formes en général plus lourdes ont valu à cette espèce le nom qu’elle ‘porte. A ces espèces Azzara ajoute le Habia jaune, le Habia ponceau, le Habia vert, sur la valeur spécifique desquels il émet lui-même des doutes. Vieillot y a ajouté les espèces suivantes : Sal- tator virescens, Vieïll.; Coracias cayensis, Gmel. et Lath. : c’est le Grivert ou Bolle de Cayenne de Buff. Saltator melanopsis, Vieill. ; Tanagra ‘mela- nopsis, Lath. : c’est le Camaïl on Grevets de Buf- fon ; il se trouve à Cayenne. Saltator olivaceus, Vieill.; Tanagra magna, Gmel. et Lath. ; Cayenne. Saltator albicollis, Vieill., Cayenne ; Saltator cya- nopterus, Vieill. ; Brésil. Saltator melanoleucus , Vieill.; Amérique méridionale. Saltator ruficapil- lus, Vieill. ; Amérique méridionale, (V. M.) HABITATIONS , ou simplement HABITAT DES PLANTES. ( 2or. et AGR. ) En traitant de la Géographie botanique, voy. plus haut pag. 394 et suiv., j'ai fait connaître les grandes régions occu- pées par les divers ordres phytographiques ; de même, en parlant des bassins agricoles de la France, j'ai indiqué les plantes que le cultivateur élève et celles exotiques qu’il peut appeler auprès de lui et cspérer voir fructifier entre les limites de ces zones naturelles ; il me reste maintenant à dire ici les stations particulières ou circonscriplions propres à chaque genre, ou du moins à chaque famille végétale. On trouve à ce sujet deux disser- tations importantes dansles Amæñitates academicæ de Linné, tom. 1v, pag. 64, et tom. var, pag. 1, qu’un botaniste célèbre de notre temps a copiées sans en citer la source. Gomme elles serviront de base à ce que je vais écrire d’après mes observa- tions personnelles, j’ai cru devoir faire cette re- marque. Tous les végétaux ne sont pas destinés par la nature à couvrir indistinctement le globe terres- tre; elle a assigné à chacun d’eux des habitations où ils croissent spontanément, et des stations spé- ciales qu’ils ne peuvent franchir impunément ; la main de l’homme parvient bien, à force de soins minutieux , à les leur faire dépasser ; mais ces soins cessent-ils d’être constans, de tous les instans, la nature reprend ses droits, la plante meurt , et son existence horticole devient problématique. Lors- qu’une ancienne et longue culture a naturalisé une plante, il est quelquefois difficile de déterminer son Habitation spontanée : dans ce cas, on cite celle que la culture lui a donnée. Ce re sont pas d’ailleurs ces cas exceptionnels qui, doivent nous occuper ici, Suivons les lois de la nature. æ HABI + Gertaines plantes sont chargées de cacher la nu- dité des rochers, le front des hautes montagnes , de donner du mouvement à leurs flancs déchirés, de rendre leurs anfractuosités moins âpres, moins sauvages ; les autres doivent embellir le voisinage des eaux, peupler les vallées, rompre la monoto- nie des grandes plaines, varier les sites , les expo- sitions , les accidens du sol, ou bien modifier l’ac- tion des vents et des autres météores. D’un autre côté, l’on remarquera que cette admirable et pré- voyante distribution des végétaux influe puissam- ment sur l’organisation particulière de chacun d'eux, comme aussi sur la différence des produc- tions propres à telle ou telle contrée. Entrons dans les détails des Habitations, et nous verrons ces idées premières se développer et grandir à chaque pas. PLanTes Des MonTaGnes. — Les plantes de tous les points culminans du globe, quelle que soit leur distance les uns des autres et leur position géographique, ont entre elles une identité par- faite ; elles sont petites, sous-ligneuses , presque sans tiges, garnies de très-peu de feuilles, et for- meni plutôt des tapis gazonneux plus ou moins touflus que des sous-arbrisseaux proprement dits. Celles qui vivent au Groënland , au Spitzberg et sur toute la côte de l'océan Glacial arctique, ont le même port, les mêmes habitudes, font partie des mêmes familles , des mêmes genres, sont presque toujours les mêmes espèces qui se trou- vent sur les plus hautes Alpes, les Pyrénées, le Caucase, l’Oural; en Europe; sur le Petcha , en Chine ; l'Himalaya, la chaîne Atlaïque , le Népaul, en Asie; l’Ophir, dans l’île de Sumatra; le Geesh, le Lamalmon , le Tarenta et la chaîne des Gondars, en Afrique ; sur les Andes, les monts Rocky ( montagnes rocheuses } et les pics de la côte To- pienne au continent américain , dont les sommités sont chargées de neiges perpétuelles, où l’arrose- * ment est abondant et sans cesse entretenu durant les grandes chaleurs de l'été. Parmi les plantes vi- vaces , on y trouve des espèces appartenant aux Saules nains, aux Saxifrages, la Dryade aux jolies fleurs, Dryas octopetala, la Rhodiole odorante, Rhodiola rosea , quelques Androsacées , l'A ndrosa- cea carnea et }_A. lactea, la Violette à deux fleurs, Viola biflora, la Potentille des neiges, Potentilla nivea , l'Absinthe des glaces, Artemisia glacialis, la Vergerolle, Ærigeron uniflorum , etc. Sur les montagnes moins élevées, et sur les- quelles aucune irrigation continue n’entretient une fraîcheur pénétrante, se rencontrent toutes les plantes aromatiques ou d’une saveur amère, les Gentianes, les Saxifrages, la Lavande parfumée, Lavandula spica, ie Romarin des Troubadours, Rosmarinus officinalis, la Pulmonaire de Sibérie, Pulmonaria siberica, etc. PLanTes pEs couuines. — Les collines, plus » basses encore que les montagnes de seconde hau- teur, se couronnent de grands arbres, autour … desquels s’élancent de petits arbustes ou grimpent de timides sous-arbrisseaux, tandis qu'à leurs pieds, sur une nappe d'herbe fine qui plaît tant L 541 oo HABI saux bêtes à laine, se détachent les épis ondu- lans de la Fétuque, Festuca ovine, les fleurs légè- rement empourprées de la Circée des Alpes, Cir- cæa alpina, les corymbes des Labiées, le toupet coloré en bleu du Mnscari, Muscari comosum , le Sabot de la jeune vierge, Cypripedium calceolus , dont la conformation singulière attire les yeux , dont l’odeur agréable flatte l'odorat et lui rappelle celle des fleurs de l’Oranger, etc. PLANTES DES LIEUX srÉRILES. — La vue des étoiles blanches de la Stellaire , Stellarianemorum , et de l'Ophrys trompeur qui simule tantôt une Mouche, une Abeille, une Araignée, tantôt un homme suspendu par le cou, Ophrys insectifera et O. anthropomorpha, , vous indique l'approche des lieux stériles, où pullulent les plantes à tiges raides , à saveur amère et même âcre, à l'odeur quelquefois douce , agréable, le plus souvent re- poussante , qui se plaisent sur les rochers, dans les sables, au milieu des décombres , sur les édi- fices en ruines , partout où plombent les rayons du soleil : l'Orpin, Sedum rupestre ; la Millefeuille , Achillæa millefolium, la grande Ortie, Urtica dioica, le Violier jaune, Cheiranthus cheiri, la Vé- ronique couchée, Veronica prostrata , le Bec de grue, Geranium sanguineum , etc. PLanTes Des rorûrs. — De là nous arrivons aux plaines, en traversant les forêts à fond sableux et stérile qui descendent des collines ou des plateaux qui les dominent; on voit alors le Châtaignier , les Bouleaux , tous les arbres à bois blanc; l Arbou- sier , le Vinetier, les Airelles, les Bruyères , plu- sieurs espèces d'Orchidées, beaucoup de Mousses , surtout des /lypnum. En général , les plantes her- bacées qui habitent ces sortes de bois sont pe- tites, maigres, sèches et cependant robustes. Quand vous trouvez les arbustes et sous-arbris- seaux formant buisson , c’est-à-dire dont les Liges nombreuses sont chargées de branches confuses , tels que les Viornes , les Fusains, les Sureaux, les Samacs , le Houx, etc. , vous touchez aux bois de haute futaie, à ces lieux de délices où, dès le re- tour du printemps, les fleurs, le chant des oi- seaux et un silence plein de charmes appellent et délassent de la solitude hivernale, et où, durant les grandes chaleurs, on varespirer le frais. Les grands arbres, les arbrisseaux s’y montrent dans toute l'énergie végétale; près d'eux habitent la Moscatelle, Adoxa moscatellina, YHerbe à Pâris, Paris quadrifolia, le Muguet aux clochettes blan- ches , Convallaria maialis, etc., sous l'ombre desquelles se glissent quelques plantes vénéneuses, la Crapaudine fétide, Stachys palustris, la Bella- done, Atropa belladona, V'Actée porte-épis, Ac- tæa spicata, et d’autres également suspectes. PLANTES DES PLAINES. — Ici se réunissent toules les plantes propres à la nourriture des bestiaux, les Trèfles, les Lotiers , les Gesses , la nombreuse fa- mille des Graminées, la Lupuline, Hedicago lupu- lina; la Carotte sauvage, Daücus carota ; la Branc- ursine, Âeracleum sphondylium; la Filipendule aux jolies fleurs, Spiræa filipendula; Herbe rouge, Melampyrum arvense; le Gocrète, Rhinanthus crista 542. _MABI galli, etc. Quelques arbres se plaisent au miliewx de ces plantes, ce sont particulièrement les Pom- miers, les Poiriers: dans le nombre des arbrisseaux, on y voit les Genêts, lAjonc, etc. la plus grande prospérité de la maison rurale ; ce sont aussi celles qui, mêlées par hasard ou-par négligence avec les semis, paraissent étrangères au milieu des cultures : tels sont le Bluet, Centau- rea cyanus ; la Nielle, Vigella arvensis ; le Grate- ron, Galium aparine; le Laiteron, Sonchus olera- ceus; la Tulipe sauvage, T'ulipa sylvestris, etc. Les plantes que l’on rencontre sur le bord des champs, comme le Liseron , Convolvulus arvensis; VOrtie brûlante, Ürtica urens:; la Bourse du pasteur, Thlaspi bursa pastoris ; la Germandrée, Veronica chamædrys , etc. ; de mème que celles qui se plai- sent au milieu des vignes , tels que le Souci, Ca- lendula arvensis ; l'Eufraise, Euphrasia officinalis , T'Euphorbe à ombelle trifide, Euphorbia peplus, etc. PLanTEs D'EAU pouce. — Près des eaux couran- tes et jusque dans leur sein, dans les étangs, les lieux marécageux et humides, existent des plantes à tissu généralement solide, coriace , impropres à la nourriture des animaux domestiques , mais que J’on peut très-utilement employer à l’engrais des terres, après les avoir tenues quelque temps en tas et mélangées avec du terreau, de la chaux, du fumier. Les unes sont entièrement submergées «et ne s'élèvent à la surface des eaux qu’au moment où le grand mystère de la propagation doit avoir lieu : le Gresson, Cardamine fontana ; la Véroni- ue des fontaines , Veronica beccabanga; les Con- ferves, les Charagnes, les Epis-d’eau, plusieurs espèces de Mousses, particulièrement le Mnium fontanum et le genre Fontinalis , etc. Les autres flottent à la surface des ondes : les Stratiotes, Stra- tiotes aloides et S. alismoides ; la Grenouillette , Hydrocharis rorsus rane ; les Nénnphars aux lar- ges et magnifiques godets, Vymphæa alba et N. lutea, etc. Les troisièmes se tiennent sur les rives qu'elles embellissent : l’élégante Dorine, qui se plaît le long des ruisseaux, Chrysosplenium «lternifo- lium; le Jonc aux ombelles pourprées, Butomus umbellatus ; le Fluteau, dont les feuilles sont dispo- sées en panaches et qui porte des fleurs tendre- ment rosées, /ottonia palustris , ete. Les quatriè- mes viventsur les terrams noyés, fangeux, humides: les Massettes, Typha latifolia et T. angustifolia ; le Tussilage aux larges feuilles couvrant des espaces considérables, Tussilago petasites ; la Ciguë aqua- tique, Phellandrium aquaticum ; les Rossolis, Dro- sera rotundifolia, et D. longifolia, ete., qui lèvent leur tige droite et cylindrique au dessus de l’épais gazon de la Tourbette, Sphagnum palustre. PLANTES MARITIMES. — En descendant. le cours des eaux qui sillonnent nos boïs et nos champs, nous arrivons surles côtes, où elles $e perdent dans l’immense bassin des mers. Ici la végétation change d’aspect et d’habitudes ; les plantes, pour prospé- rer, demandent non seulement à puiser Jeurs sucs nutritifs au sein de la terre, maïs encore à vivre dans le voisinage de l'onde amère pour s’impré- | gner d’eau salée. Ges plantes , qu'il ne faut point | confondre avec les suivantes , comme j’en ai dé- PranTEes des rerRAINs cuzrivés, —Ge sont celles | qui vivent sur les guérets, au milieu des moissons, et que la maïn de l'homme répand sur le sol pour montré la différence plus haut , pag. 307, sont: la Giroflée de Mahon, Cheiranthus maritimus ; le Bacille perce-pierre, Crithmum maritimum , VOr- seille des teinturiers, Rocella fusiformis , ete. , croissant naturellement entre les fentes des ro- chers baignés par les eaux de la Méditerranée et de l'Océan; la Soude commune, Salsola soda ; YAs- tère bleue, Aster tripolium; V'Elyme, ÆElymus maritimus ; les Salicornia fructicosa, S.. herba- cea , etc. , que l’on recueille sur les sables qu’enva- hit la haute mer. PLanTEs MARINES. — Plantes qui ont besoin d’é- tre incessamment immergées dans les eaux ‘salées, qui y croissent, s’y multiplient, se tiennent au fond des mers ou flotteut à leur surface ; tels sont les Varecs, Fucus; les Ulvacées : le Potamot, Pota- mogeton marinum ; la Doradille , Asplenium mari- num ; les Zostères, que l’on a dernièrement vantées pour former des sommiers, malgré leur forte odeur de marée. PLANTES sOUTERRAINES. — Outre les plantes qui veulent jouir de la lumièreet de l'influence du so- leil, qui ouvrent leurs pores à leur bienfaisante ac- tion diurne, il en est d’autres dont l’Habitation est cachée dans les grottes profondes , et qui sont des- tinées à végéter sous le sol sans avoir aucune de leurs parties en contact avec l’air, avec les rayons lamineux, et même dont la constitution est de nature à ne pouvoir les supporter le moins possi- ble, Dans la première de ces deux catégories, je rencontre les Byssus qui s'étendent sous forme de duvets pulvérulens sur les paroïs des grottes ob- scures et de nos caves, où ils étalent de larges tapis du plus beau vert, du bleu le plus varié, du jaune le plus brillant ; je vois les Chantrelles, di- verses Pézizes se développer dans les parties les moins éclairées des cavités ouvertes aux flancs des vieux troncs ; j'étudie celte singulière Vesseloup , ‘Lycoperdon stellatum, se servant de. son volva hy- grométrique pour s’allonger, pour s'élever des pro- fondeurs souterraines, gagner la surface du sol, s’y étaler en étoile et verser ensuite sa poussière le long du chemin qu’elle s’est tracé, afin de l’obli- ger à retrouver le sol obscur qui l’a vue naître, À la deuxième catégorie appartiennent la Truffe, Tuber cibarium , dont les gourmands fent tant abus ; ainsi que les fruits de l’Arachide, Arachys hypogæa ; d’ane Gesse et. d’une Vesce., Lathyrus et Vicia amphicarpos; de la Glycyne, Glycyna sub- terrañea; du Trèfle semeur, 7rifolium subterra- neum, dont les fleurs , après l’acte générateur, al- longent leurs pédoncules, les enfoncent en terre pour y développer les germes fécondés que les éta- mines amoureuses ont.confiés à l'ovaire. Pranres rossires. Il ne faut point confondre avec les plantes souterraines, les végétaux fossiles ; ces vieux témoins d’antiques révolations terrestres qui gisent aujourd'hui à des profondeurs plus ;ou moins grandes sous le sol que nous foulons, ou ou } | | | RS HABI 343 HABI sont relégués: depuis de longs siècles sous les zones équatoriales de Pun et l'autre hémisphère, qui leur offrent une lumière: plus large, une chaleur plus active, plus constante. Les plantes fossiles sont généralement dénaturées par l’infiltration de matières siliceuses, calcaires ou de toute autre es- pèce; celles que l’on trouve dans les schistes, les houilles , les mines de charbon , sont des débris d'arbres pétrifiés ou décomposés, des feuilles d'une bonne conservation, mais séparées de leurs bran- ches ; des Prêles, des Fougères et des Lycopodia- cées différentes de toutes celles de l'Europe actuelle; des restes mutilés dé Palmiers, et divers autres végélaux herbacés se rapprochant des plantes des zones d’une température plus élevée , où nous devons particulièrement aller chercher leurs ana- logues , de même que l’on trouve en*général ceux des poissons et des coquilles dans les mers du Sud. On y voit aussi des fruits, et surtout des cônes d'arbres résineux, qui ont, pour la plupart, éprouvé une telle compression que leur volume en épaisseur est diminué de près des deux tiers. Les végétaux fossiles les plus voisins du sol, ou si l’on aime mieux qui forment toit au dessus des plus anciennesgrandes époques géologiques , ont leurs congénères parmi nos plantes indigènes vivantes. Comme je l’ai dit dans les premières lignes de cet article , on ne transporte pas impunément une lante d’une Habitation dans une autre; le passage subit du sud au nord ou du septentrion au midi la dépouille de ses caractères et de ses propriétés. Si nous avons réussi avec quelques unes, c’est qu'elles ont trouvé dans nos climats des circon- stances analogues à celles de leur patrie. Chez plu- sieurs il s’est manifesté des changemens tellement notables que le botaniste qui les ignore crée des espèces nouvelles avec des espèces parfaitement connues : ainsi le Sureau commun, Sambucus ni- gra, qui est constamment sans style en Europe, en-acquiert jusqu’à trois quand ilest transporté sur le continent américain. Sous le ciel brûlant de l'équateur, les Rubiacées ont les feuilles lisses, opposées , constamment #ccompagnées de stipules intermédiaires, tandis que lorsqu'on les oblige à demeurer sous la zone tempérée, ces mêmes feuil- les se montrent verticillées, au nombre de trois à dix ensemble, et le plus souvent hérissées de poils crochus ou d’aiguillons qui s’accrochent à tout ce qui les touche, Il y à aussi sous ce rapport des caprices dont il est impossible de se rendre compte. Par exem- ple , toutes les Chrysanthèmes de la Chine pren- nent sous le ciel de la France un aspect différent ; les couleurs qui les ornent dans leur patrie se per- dent, se métamorphosent chez nous en nuances tellement opposées que l’horticulteur chinois ne lesreconnaîtrait plus, et que les noms imposés sous le ciel natal par les botanistes explorateurs n’ont aucune application réelle dans nos jardins. Le Pis- tachier, 7 erebinthus pistacia , et le Nérion vulgai- rement dit Lauricr-rose, Verium oleander, qui supportent dans les hautes montagnes de Casbin, en Perse, et au nord de Pékin, en Chine, des hi- vers aussi rudes que ceux de Paris, ne veulent point encore, chez nons, y supporter la pleine terre, tandis que le Balisier de l'Inde, Canna in- dica, si remarquable pär son feuillage toujours vert et le rouge superbe de ses épis floraux, qui demande à être tenu en serre d’orangerie sous le ciel vésuvien de Naples, est devenu spontané dans les marais qui bordent le Rossano, rivière de Ja montueuse Calabre citérieure , où la température est beaucoup moins chaude, beaucoup moins constante. Les lois que nous venons de suivre et les ano- malies que nous avons indiquées, nous prouvent combien l'étude des Habitations des plantes est es- sentiellement unie aux succès que doit attendre de leur culture celui qui les appelle , qui les fixe au- tour de son manoir rustique. Aucune circonstance accompagnant leur végétation n’est à négliger, puisque, par suite de cet examen , l’on découvre les causes qui déterminent la vigueur ou le dépé- rissement, que l’on apprend ce qu’il faut faire pour acquérir l’une et éviter l’autre en donnant à chaque plante la nature du sol, du climat, de l’expositon et de la température qui lui est propre; en l’enlevant à son Habitation natale, il importe qu’elle trouve sur la terre étrangère ce qui doit lui faire oublier sa patrie où du moins ce qui doit lui en rendre l'absence moins pénible. C’est ainsi que nous voyons, même dans les contrées septentrio- nales de l'Europe , nos vergers et nos jardins, nos champs et nos forêts, enrichis d’une foule de végé- taux exotiques, que la nature avait posés à des distances fort éloignées et sous des zones différen- tes. La considération du lieu natal est donc d’une haute portée ; les botanistes explorateurs sont in- téressés à nous la faire connaître ; qu'ils initent l’exemple que Linné leur a donné, qu'ils citent exactement la patrie de chaque plante, la nature du sol où elles crogssent , l'exposition où elles se perpétuent avec plaisir , où‘elles se montrent avec plus de vigueur : ils rendront un véritable service à l’horticole et au cultivateur qui veulent en tirer parti. Souvenons-nous que les végétaux aquatiques, dont les racines sont continuellement immergées à une profondeur où la gelée n’arrive jamais, se conservent en nos climats comme sous le ciel bienfaisant de l'Inde, quand ils retrouvent des eaux d’un volume suflisant ; ceux qui , sous les zo- nes intertropicales, ne croissent qu’au sommet des hautes montagnes, où le froid se fait sentir aussi vivement que sous les climats polaires, s’ac- commodent très-volontiers de nos coteaux et des plaines les plus septentrionales. D’autres, nées au midi, se conservent sous les latitudes du nord à la faveur des bois et de l’eau; beaucoup rompent par degrés leurs premières habitudes et finissent par s’impatroniser d’un sol tout surpris de l'étranger qu'il nourrit. À ce sujet, on a avancé un fait éminemment faux quand on a dit que le Café, originaire de l'Arabie, où la pureté du ciel est à | peu près constante, transporté aux Antilles, y a pris un accroissement et une vigueur qu'il n'avait | point en son pays natal; c'est par suite de sem- = | HABI 544 HABI 5 oo blables hypothèses que l’on a encombré la science d'application d'erreurs graves et de grandes diffi- cultés. (T. ». B.) HABITUDE , Consuetudo, mos , usus. (PHYs10L. ) On appelle ainsi la modification qu'impriment aux êtres vivans la répétition des mêmes actes, la continuité des mêmes impressions, modification par suile de laquelle ces êtres sont devenus d’un côté plus enclins et plus propres aux actes qui ont été répétés, de l’autre ou plus ou moins sen- sibles aux impressions qui ont été recues, enfin ont acquis quelques dispositions différentes de celles qu'ils avaient primitivement, Puisque l’Habitude est une modification de l’organisation , elle ne peut se dire'que des êtres organisés, et l’on ne peut l'appliquer aux miné- raux. Ceux-ci, en effet , produisent toujours leurs phénomènes propres d’après les mêmes lois et avec une absolue fixité. Au contraire, les corps organi- sés, tous, sans exception, fléchissent pour ainsi dire le genou devant l'Habitude ; ils en sont tous tributaires , et cela d’autant plus qu’ils présentent une organisalion plus compliquée. La plante , qui est au dernier degré de l'échelle vivante, est certainement passible de l’Habitude, puisqu'elle peut s’acclimater dans des contrés autres que celles que la nature lui a assignées ; mais, sous ce rapport, elle a beaucoup moins de latitude que l'animal. De même, parmi les animaux, ce sont bien certainement ceux qui présentent une orga- nisation plus compliquée et plus parfaite qui offrent le plus de dispositions aux Habitudes. Cette aptitude qu'ont plus ou moins tous les êtres vivans à être modifiés influe-t-elle sur la diversité des races et des espèces qui se présentent à la surface du globe, les modifications une fois acquises élant ensuite transmises de générations en généralions ? C’est une question à laquelle nous ne saurions répondre dans cet article, et dont la solution entraînerait une discussion beaucoup trop longue. Quoi qu'il en soit, l’on peut juger, parce que nous avons émis jusqu'ici sur l’Habitude, de la justesse de cette expression quila désigne comme une seconde nature , puisqu'elle constitue en effet une seconde nature qui est en quelque sorte venue supplanter la première. Mais, d’un autre côté, gardons-nous de tomber dans l’exagération , et d'accorder à l’Habitude plus qu’elle ne mérite. N’allons pas dire, avec certains philosophes , que l’Habitude est tout , que c’est à elle qu’il faut rap- porter tous les actes de l’économie humaine; et avec certains naturalistes , que les êtres vivans sont des êtres primitivement informes, qu'ils ont été faconnés ce qu'ils sont maintenant par les in- fluences extérieures, et qu’ainsi leur nature ac- tuelle n’est qu'une première Habitade. On connaît ce mot de Fontenelle, qui, entendant dire que l'Habitude était une seconde nature, demanda où était la première, pénétré qu’il était de la grande puissance exercée sur nous dès nos plus jeunes ans par les agens généraux de notre univers, et par l’éducation qui, n’étanten grande partie qu’un mode d'exercice, rentre comme nous le disons dans l’Habitude. Les Stahliens ont aussi professé: que nos fonctions involontaires n'étaient pas telles primitivement, et ne le-sont devenues que par l’'Habitude. Enfin Condillac et Dutrochet établis- sent que les divers instincts qui entraînent impé- rieusement les animaux ne sont aussi que des pro- duits de cette puissance acquise que les généra- tions se sont transmise successivement. Ces di- verses propositions nous paraissent des exagéra- tions qu'il faut repousser. Sans doute notre éco- nomie est de très-bonne heure soumise aux in- fluences que nous avons notées comme propres à la modifier; sans doute il est impossible de leur donner une direction telle, qu’elles ne modifient pas en quelques points les'impulsions primitives et ne leur en substituent pas d’acquises. Ainsi il est toujours en nôus quelques produits de l’Habitude; mais nous ne pouvons pas pour cela nier la réalité et l'influence d’une nature primitive. Aussi, pour nous , l’être vivant est-il placé entre deux puis- sances , sa nature primitive, qui tend toujours à reprendre ses droits , et sa nature acquise ou d’Ha- bitude, qui tantôt ne fait que renforcer la pre- mière, et tantôt lui est contraire. i C’est en vain que Bichat a soutenu que l'Habi- tude ne porte que sur les fonctions dites animales, et n’a aucune prise sur les fonctions dites organi- ques. N’avons-nous pas avancé, en effet, que tous les êtres vivans étaient passibles de l’Habitude , sans en excepter les végétaux; et dans les végé- taux, tous les actes de la vie ne sont-ils pas de ceux que Bichat appelait organiques ? En second lieu , siles fonctions organiques sont involontaires, et si à ce titre leurs actes ne peuvent pas être ré- pétés à volonté et revêtir par cette cause des Ha- bitudes, plusieurs de ces fonctions exigent cepen- dant l'intervention des corps extérieurs ; quelques unes réclamant la préhension de ces corps exté- rieurs, comme la digestion, par exemple, pour- ront être plus ou moins répétées, puisque la vo- lonté interviendra dans cette partie de leur ac- complissement. Ainsi, pour nous, tous les organes du corps sont donc tributaires de l'Habitude , mais d'une manière plus ou moins directe. Les sens externes doivent être mis au premier rang parmi les organes capables de contracter des Habitudes. Sont-ils trop peu exercés; ils-n’ont pas toute leur puissance; en a-t-on abusé, ils sont paralysés : mais les a-t-on cultivés dans la limite et la progres- sion convenables ; ils sont devenus plus puissans, Cette extension, cette finesse qu'ils acquièrent dans certaines professions, ne dépendent que de l’Habitude. Dans Les facultés intellectuelles et affec- tives , l’Habitude laisse aussi des empreintes plus ou moins profondes. Ainsi personne ne pourrait révoquer en doute les grandes différences qu’en- traîne l'éducation, sous le rapport des qualités de- l'esprit et du cœur ; or tout le pouvoir de celle-ci n’est que le pouvoir des Habitudes. Quant à la fonction de la locomotion, l'exercice de la vie, en nous forcant à répéter sans cesse les contractions musculaires qui opèrent la station et la progres- sion, a fini par rendre ces actes si faciles, que nous. les ren » ——— — En HABI 545 HÆMA' mm les accomplissons sans nous en douter. Nous di- rons la même chose de la voix, de la parole, du chant. Qui ne pourrait voir encore une influence de l’'Habitude dans les mouvemens qui se lient à l'exécution de la danse, de l’écriture, au jeu et au doigté des instrumens de musique? . Enfin, le sommeil, quoique consistant dans la suspension de tous les actes animaux, mais parce qu'il est un phénomène qui se répète sans cesse, est aussi soumis à l'empire des Habitudes. La di- gestion ct la respiration sont aussi sous l'empire de cette même puissance. Pour la digestion , l’Ha- bitude a prise sur les époques auxquelles se fait sentir la faim, sur la quantité et la qualité des alimens propres à la faire cesser, et, à cet égard, lHabitude va quelquefois jusqu’à faire préférer des alimens de mauvaise qualité à des alimens d’une qualité supérieure. Les mêmes influences de l'Habitude s’exercent aussi sur la respiration ; on peut, comme l’on sait, s’habituer à respirer plus ou moins dans un temps donné, comme on peut l’observer chez les plongeurs. Dans les fonctions de sécrétions nous voyons les mêmes résultats; on s’habitue à uriner peu ou beaucoup, à des inter- valles rapprochés ou éloignés. Ainsi,nous le voyons, toutes nos fonclions sont soumises à l’empire de l'Habitude. . (A. D.) HABITUDE EXTÉRIEURE, Habitus. (z00L. BoT.) Port, manières d’être, conformation , configu- ration dans les insectes. Les auteurs d'histoire naturelle désignent sous le nom d’Aabitus, Habi- tude, caractères habituels, une certaine confor- mité d’apparences, d’analogie de formes, de struc- ture, de mœurs, et de transformation, dans des espèces qui sont d’ailleurs rapprochées d’après d’autres caractères plus spéciaux et qui distinguent ces genres et ces familles. L'Habitude est fort difficile à définir et à expli- quer ; c’est une sorte d’instinct, une sorte de tact particulier qu’acquiert lentement celui qui a beau- coup vu et beaucoup observé. Les caractères habituels sont tirés de la res- semblance dans les métamorphoses, c’est ce qui est évident pour certains ordres, comme pour les Coléoptères, les Hémiptères, les Lépidoptères. Mais il n’en est pas de même pour les Hyménop- tères , dont les uns proviennent d’une larve qui se suffit à elle-même, qui est agile et qui change de lieu à volonté sous la forme de chenille, tandis que .les autres ont passé leur premier âge sous la forme de vers blancs, apodes, nourris par leurs parens ou déposés au milieu même des substances qui peuvent servir à leur nourriture. Il en est ainsi de certaines larves de Diptères, dont les unes ressemblent plus ou moins à des chenilles, tandis que les autres sont tout-à-fait apodes; du reste on pourrait faire la même observation au sujet des Névroptères. Si l’on prenait ainsi en considération la struc- ture et les mœurs dans les différens ordres, on reconnaîtrait qu'il y a réellement des points de conformation habituelle qui autorisent et nécessi- tent la distinction des familles, tandis que d’autres Tous III. circonstances analogues ne doivent pas réellement être prises en considération. Ainsi l’absence des ailes, qui est le caractère essentiel de l’ordre des Aptères , ne suffit cependant pas pour faire ranger dans cet ordre certains insectes qui cependant sont privés d’ailes, puisque, parmi les Coléoptè- res, les Orthoptères, les Névroptères, les Hémi- ptères , les Lépidoptères, les Hyménoptères et les Diptères , on en voit qui sont privés d’ailes ou qui ne présentent que des rudimens d’élytres. Il en est de même du nombre et de la structure des ailes, qui ne suflisent pas non plus pour établir le rap- prochement de certains genres. GTA De même le port ne peut suflire pour établir la séparation des différens ordres; car on voit des Coléoptères, comme les Molorques, qui, par le port scuement, ont la forme et l'apparence des Ichneumons ; d’autres, comme quelques Lonitis, dont la bouche rappelle celle des Abeilles et de quelques autres Hyménoptères. Il y a de même dans presque tous les ordres des espèces qui res- semblent à d’autres dont la structure , les mœurs, les métamorphoses sont tout-à-fait différentes. Ainsi il ne faudra donc pas que le naturaliste, dans sa classification, s’en rapporte à la seule appa- rence. Il en est d’ailleurs des insectes comme de certaines plantes qui ont le port d’autres végé- taux, ou au moins avec lesquels ils ont quelque analogie dans les feuilles, les tiges, les racines. Du reste, c’est pour tourner en quelque sorte cette difficulté de classification que les botanistes ont souvent employé des épithètes tirées du nom de la plante avec laquelle celle qu’ils désignaient avait une ressemblance de forme plus où moins frappante. Ainsi, parmi les Renoncules, il en est à feuilles de Plantain, de Parnassie, d'Ophioglosse , d’Aconit, de Platane, de Rue, de Persil, de Millefeuille, de Lierre, elc. (A. D.) HABITUS. (8or.) Mot latin francisé et adopté par les botanistes pour désigner l'aspect, la phy- sionomie , l’ensemble d’une plante. C’est le facies propria de quelques auteurs. (T. ».B.) HÆMANTÉHE, Hæmañthus. (or. pan.) Genre de plantes liliacées, appartenant à l'Hexandrie monogynie de Linné , et placé par R. Brown dans sa famille des Amaryllidées. Il a pour caractères : une racine bulbeuse; des feuilles toujours radj-_ cales, ordinairement au nombre de deux et oppo- sées; une hampe.mulliflore; une spathe colorée, divisée en plusieurs segmens; les fleurs présen- tent un périanthe à tube court, à limbe par- tagé en six divisions profondes et'égales ; six éta- mines libres; un ovaire infère, portant un style et un stigmate simple ; une baie à trois loges ren- fermant chacune une graine. Le nom d’{æman- the, qui signifie en grec fleur de sang, indique la couleur ordinaire à la spathe , aux fleurs et même souvent à la hampe de l'Hæmanthe. On en compte une vingtaine d'espèces, la plupart fort belles et cultivées dans nos jardins; nous citerons les plus” remarquables : L'HÆMANTHE ÉCARLATE, ou Turipe pu Car, Hæmanthus coccineus, L., est en effet une digne 22q° Livraison. 6g 546 IHÆMA rivale de la fleur chérie des Hollandais; elle a même plus d'éclat, sinon autant de variété. Son bulbe, qui est fort gros, produit, vers le mois d’août, une hampe de six à sept pouces, parsemée de taches purpurines; à son sommet grossit et se développe une vaste spathe à six divisions ovales, et du rouge écarlate le plus vif: bientôt cette espèce de Tulipe ouvre son sein et donne le jour à une ombelle de vingt ou trente fleurs également rouges. Les feuilles ne paraissent qu'après la flo- raison; elles sont opposées ; larges, charnues et en forme de langue. L'HæmanTues pourpre, A. puniceus , L., espèce voisine, se distingue par ses feuilles ondulées, au nombre de trois ou quatre, qui paraissent en même temps que la hampe, La spathe est médio- crement colorée et divisée en segmens inégaux. L’Aæmanthus sanguineus de Jacquin, dont la couleur sanguine est désignée à la fois en grec et en latin, a en effet des tiges rouge-pourpres, el une spathe à six ou sept divisions rougeâtres , plus courtes que les fleurs. L’Hæmanthus lanceæfolius, aussi de Jacquin, a des feuilles lancéolées, rétrécies à leur base, et ci- liées sur les bords. Les tiges sont grêles et com- primées. La spathe se partage en quatre divisions seulement, Citons encore, à cause de l'exception, l'Hx- MANTNE A FLEURS BLANCHES, /1. albiflos, Jacquin ; sa hampe est courte, velue, et porte en s’incli- nant une ombelle de petites fleurs assez jolies. Toutes ces plantes, originaires du cap de Bonne-Espérance , demandent une terre légère ou de bruyère, une exposition chaude et en plein air pendant l'été, la serre d’orangerie pendant l'hiver; il en est même quelques espèces qui ne fleurissent point sans une chaleur continuelle qui rappelle celle de leur patrie ; telle est l’Hæmanthe mulliflore. De même que la plupart des Liliacées , les Hæmanthes se multiplient par caïeux ou par graines ; il leur faut en général peu d’arrosement, si ce n’est lorsqu'elles sont en végétation. Les amateurs trouveront figurées un grand nombre d’Hæmanthes dans les Liliacées de Re- doulé , l’'Aortus schœnbrunnensis de Jacquin, etc. E. ILÆMATITE. ( mn. ) Sous ce nom, | Pau aussi, ÂHématite, on comprend un oxide de fer qui, dans la minéralogie chimique de Beudant, constitue deux espèces minérales : l’'Oligiste com- rend l'Hæmatite à poussière rouge ; et la Limo- nite l'Hæmatite à poussière jaune. (V/oy. Limonrrx et Ouicisre.) (J. H.) HÆMATOPOTE , Hæmatopota. (s.) Genre de Diptères de la famille des Tabaniens, établi par Meigne , et offrant pour caractères : antennes plus longues que la tête, de trois articles, dont le premier à peine plus court que le troisième , épais, presque ovalaire ; les autres subulés, et le dernier offrant seulement quatre anneaux; point d'ocelles; Ïles ailes offrent une première cellule sous-marginale appendiculée, Ces insectes sont très-voisins des Taons et ont les mêmes mœurs; leur tête est plus large de beaucoup que le corselet, plate, avec les anten- nes-fort allongées ; le corpsest oblong ; les ailes, disposées en toit dans le repos, dépassent de beau- coup l'abdomen. H. psvvraz, 1. pluvialis, Meig. Long de quatre lignes et demie, grisâtre, avec le dessous du corps et la face beaucoup plus clairs; le dessous des anten- nes est pointillé de noir; au dessus est une bande de même couleur, luisante ; et trois petitestaches ve- loutées de même couleur, disposées en triangle, sont placées en dessus; les yeux sont verdâtres, avec des bandes sinuées pourpres; le dos offre - quatre lignes longitudinales blanchâtres, et les segmens abdominaux sont bordés de la même.cou- leur ; ailes grisâtres, avec beaucoup de lignes et de taches blanches oculées de noir; pattes fauves; base des articulations et tarses noirs ; le mâle dif- fère de la femelle par les yeux qui occupent toute la face, et par des taches fauves sur les côtés des premiers segmens abdominaux. Des environs de | Paris. (4,.P.) HÆMATOXYLE, Zæmatoxylum. (B0T. PHAN.) De la famille des Légamineuses et de la Décandrie monogynie ; ce genre ne renferme encore qu'une seule espèce vulgairement connue sous le nom de Campêche épineux, 41. campechianum. C’est un arbre de troisième grandeur , tortu, dont la cime est large, l'écorce rugueuse, l’aubier jaunâtre, tandis que les couches ligneuses , irrégulières et comme brouillées, sont d’un rouge, approchant de la sanguine à crayons; il a peu d'agrément, les branches chargées d’épines solitaires et axillaires; mais il rachète ces défauts par des qualités utiles. Son bois, compacte, très-dur, ayant une odeur as- sez forte de violette, susceptible de recevoir un certain poli sans devenir brillant, sert à la mar- queterie et à la teinture , à laquelle il donne , par solution concentrée, une couleur rouge foncé que les acides font passer au rouge vif et qui forme avec les alcalis des combinaisons bleues qui se gardent long-temps sans crainte de les voir s’alté- rer. Ge principe colorant, étudié, en 1810, par Chevreul, lui a donné l’Hæmatine, corps peu so- luble dans l’eau, mais fournissant par elle un beau rouge orangé; poussé lentement à la cristallisa- tion, ilest d’un blanc rose à reflets d'argent ; ré- duit en poudre et additionné d’une goutte d’alcool , il est d’un rouge de carmin par réfraction, et jaune d’or par réflexion, quand l'alcool est évaporé. Le Campêche, représenté dans notre Atlas, pl. 199, fig. 1, est orné de feuilles alternes, pe- tites, pinnées sans impaire, composées ordinai- rement de quatre à huit folioles cordiformes , obli- quement striées, luisantes, coriaces. Ses fleurs, petites, jaunâtres, en grappes axillaires à l’aisselle des feuilles et répandant une odeur analogue à celle de la jonquille, offrent un calice turbiné, rougeâtre extérieurement et à cinq divisions pro- fondes, réfléchies; cinq pétales égaux, à peine plus grands que les lobes calicinaux ; dix étamines à filamens distincts, libres et barbus à la base ; stig- mate échancré ; légume capsulaire , lancéolé, très- “ mme que 947 HAIT HAIT » une co- quille nacrée recouvrante, très-déprimée , plus ou moins ovale, à spire très-petite, fort basse, pres- que postérieure et latérale; une ouverture aussi grande que la coquille, à bords continus : le bord droit est mince, tranchant; le bord gauche est aplati, élargi et tranchant aussi ; une série de trous complets ou incomplets, parallèles au bord gauche, servant au passage des deux lobes pointus du man- teau ; une seule large impression musculaire, mé- diane et ovale. Les organes femelles consistent en un grand ovaire qui, embrassant le foie, remplit la spire et se prolonge même en avant du côté droit, où il se termine par un oviducte simple , du moins d’après ce que l’on croit avoir vu. L'appareil digestif se compose d’un œsophage long et étroit, qui se renfle en un estomac assez grand, membraneux, couvert par le foie, et qui se termine par un in- testin très-court qui est le rectum, lequel fait saillie dans la cavité branchiale où il s’onvre et se termine. Le genre Haliotide , qui a beaucoup de rapport avec les Patelles, les Fissurelles et les Conchifères, est peu riche en espèces. Quelques unes de ces dernières se rencontrent au Sénégal et dans les mers du Nord; elles sont attachées aux rochers, où elles acquièrent des dimensions quelquefois fort considérables; enfin, la belle couleur de ieur nacre intérieure les fait rechercher @es amateurs. Comme espèces remarquables , nous citerons les suivantes : Hazrotmie commune , Âaliotis tuberculata de Lamarck , représentée dans notre Atlas, pl. 199, f. 2 et 3; coquille à cinq trous, rarement huit; ovale, déprimée, verdâtre ou ocracée, assez grande , marquée de stries longitudinales et de plis trans- versalement disposés : ces derniers indiquent les 2 EE HALL 551 : HALL époques d’accroissement. Cette espèce n’est pas rare sûr certaines parties de nos côtes, Hazrorine MAGNtriQuEe, Haliotis pulcherrima de Martini. Coquille très-rare, très-jolie, petite, ovale, arrondie , d’un jaune-orangé blanchâtre à son sommet, qui nous vient de la rade de St-Georges, dont l’extérieur présente des côtes sub-rayon- nantes , tuberculeuses, et de chacun des trous de laquelle part une côte oblique qui descend jusqu’à son bord gauche, en dehors. Sa nacre présente les nuances les plus brillantes , et sa spire colu- mellaire est grande et bien visible dans toute son étendue. Hauorine GÉANTE. Espèce qui est la plus grande de toutes , qu’on recherche dans toutes les collec- tions , dont la spire est la plus aplatie, et qu’on trouve très-communément dans certaines parties des côtes de la Nouvelle-Hollande. (F.F.) HALITÉE. (annéz.) Nom donné par Savigny à un genre déjà nommé Apuronite. Voy. ce mot. (Guér.) 3 HALLÉRIE, Âalleria. (Box. pan.) On voit avec plaisir le nom de Haller consacré à un genre de plantes d’un port agréable ; Haller, qui fit tant pour les progrès de la botanique et des autres bran- ches de l’histoire naturelle, à qui la Suisse doit la véritable statistique de ses plantes; Haller dont le nom et les actes d'une amitié sans bornes sont im- primés sur les Hautes-Alpes. Le genre Halleria fait partie de la Didynamie angiospermie et de la famille des Scrophulariées. Il a été créé par Linné, et composé d’arbrisseaux exotiques , à tige droite, à rameaux opposés , à feuilles dépourvues de sti- pules, à fleurs latérales, presque toujours solitaires, portées sur des pédoncules simples, munis à leur base de petites bractées. Ces fleurs ont pour carac- tères essentiels d’avoir le calice inférieur d’une seule pièce , très-court, ouvert , diviséen trois lobes obtus, inégaux;la corolle monopétale, tubulée, dont le limbe est oblique, irrégulier; quatre étamines at- tachées vers la moitié inférieure du tube , à fila- mens didynames , un peu plus longs que la co- rolle , et terminés par de petites anthères arron- dies , à deux loges ; l'ovaire supère, à style subulé et stigmate presque simple. La baie qui succède est ovale, glabre , divisée en deux loges polysper- mes, et surmontée d’une portion du style persis- tant. Les graines sont petites, comprimées, un peu arrondies. On connaît deux espèces de ce genre; la plus remarquable et la plus répandue est la HazLéRrtEe LUISANTE, /]. lucida , originaire des forêts du cap de Bonne-Espérance. C’est un charmant arbris- seau s’élevant à cinq mètres de haut dans sa pa- trie, mais atteignant au plus trois mètres dans nos jardins. Sa tige droite et très-rameuse est garnie. de feuilles d’un beau vert luisant , longues de cin- quante-cinq millimètres sur moitié de largeur; elles sont finement dentées, durent toute l’année et varient élégamment les autres feuillages. Ses fleurs solitaires, parfois deux à deux, s’épanouissent en juin ; elles sont d’abord rosées, puis deviennent d’un rouge foncé ; les fruits, de la grosseur d’une petite cerise, sont verdâtres et terminés par une pointe subulée. Cette plante n’est'point délicate, elle vit en orangerie ; la place lui est assez indiflé- rente, ce qui fait. présumer qu'elle pourra bientôt demeurer en pleine terre dans nos climats, sauf à la couvrir durant les hivers. Elle a besoin d’arrose- mens assez fréquens en été, aussi convient-il de la tenir à l'ombre, dansuneterre consistante et bonne. On la multiplie de marcottes et de boutures, qui réussissent assez bien, quoiqu’elles s’enracinent difficilement. - Thunberg a trouvé vers la montagne dela Table, sur le bord des eaux courantes du Cap, une es- pèce voisine de la précédente, la HazL£rre À FEuIt- LES ELLIPTIQUES, 1. elliptica ; elle s’en distingue, en effet, par son calice à cinq divisions, par les lobes de sa corolle qui sont égaux, et par ses feuil- les aiguës , oblongues et entières à leur base. (T. ». B.) HALLOYSITE (wn.) Ce nom a été donné par M. Berthier à une substance minérale qu'il à dé- diée à M. d’Omalius d’'Halloy, honorablement connu des savans par ses travaux géologiques, L’Halloysite est un silicate d’alumine ; elle se pré- sente sous l'aspect d’une substance compacte, ten- dre, à cassure conchoïdeou cireuse, d’une couleur blanchâtre ou d’un gris bleuâtre. Elle jouit des -propriétés de happer à la langue, d’être soluble en gelée dans les acides, et de donner de l’eau par la calcination. L'analyse prouve qu’elle est formée de 45 parties de silice, de 40 d’alumine et de 16 d’eau. Elle ne paraît point être susceptible de cristallisation. On la trouve en rognons au milieu des minerais de fer, de zinc et de plomb que l’on rencontre dans les calcaires du terrain carbonifère des provinces de Liége et de Namur en Belgique, (J. H. HALLUCINATION, Halluciñatio. nn ) Erreur, de hallucinare, errer. Nous définirons l’Hallucination , avec MM. Esquirolet Georget, une erreur des sens partagée par l'intelligence, une sensalion provoquée par une cause intérieure et sans l’action de l’excitant extérieur. Ainsi un homme en délire qui a la conviction intime d’une sensation actuellement perçue , alors que nul objet extérieur propre à exciter celte sensation n’est à portée de ses sens, est dans un état d’Halluci- nation. Il existe donc une certaine forme de délire dans lequel les individus croient percevoir tantôt par un sens, tantôt par un autre, des sensations , tandis que nul objet extérieur n’est présent pour exciter ces sensations. Ainsi un homme en délire parle. interroge, tient une conversation dans laquelle il fait les demandes et les réponses, distingue très- intelligiblement les reproches, les injures, les menacés qu’on lui adresse. Il entend les harmo- nies célestes, le chant des oiseaux, un coneert ; et cependant personne ne lui parle, et nulle voix | n’est à sa portée. Tout, autour de lui, est dans le | plus profond silence. Un autre voit les cieux ouverts et: contemple HAME : 552 HAME a Dieu dans toute sa gloire; celui-ci assiste au sabbat; celui-là admire un beau tableau , s’émeut à la vue d’un parent, d’un ami qui lui est cher ; s’effraie à la vue de flammes qui vont le dévorer. D’autres enfin sont privés de la lumière et dans une obscu- rité complète. Un aliéné, dit M. Esquirol, voit un char lumineux qui va l'emporter au ciel ; il ouvre sa croisée, s’avance gravement pour monter sur le char, et se précipite. Darwin raconte qu'un étudiant qui avait joui jusque-là d’une très-bonne santé, rentre un jour chez lui en annonçant qu’il mourrait dans trente-six heures. On le guérit et il avoue que, la veille, étant sorti, il avait vu une tête de mort et qu’une voix lui avait crié : Tu mourras dans trente-six heures. L’étendue de cet article ne nous permet pas de citer un plus grand nombre de faits de ce genre qui abondent dans la science. La conviction des Hallucinés est si entière, si franche, qu'ils raisonnent, jugent et se détermi- nent en conséquence de leurs Hallucinations , in- dépendamment de toute sensation , de toute idée, de tout raisonnement. Dans le temps où l’on brû- lait les sorciers, on en a vu se jeter dans le bûcher plutôt que de nier qu’ils eussent assisté au sabbat. Il n’est pas rare de voir un Halluciné, lorsqu'il est guéri, dire à son médecin : J’ai vu, j'ai entendu aussi distinclement que je vous vois et que je vous entends. Quelques uns racontent leur vision avec un sang-froid qui n'appartient qu’à la conviction la plus intime. Les Hallucinations, n’étant qu’un symptôme du délire pouvant convenir à plusieurs maladies de l’entendement, soit aiguës, soit chroniques , n’exi- gent pas un traitement particulier. Elles sont un signe peu favorable pour la guérison de la folie. 1 (A. D.) HALMATURE, Halmaturus. (mam.) Sous-genre du Kancouroo. Woy. ce mot. (GErv.) HAMADRYADE. (maw.) L’un des noms du Singe à perruque, Cynocephalus hamadryas; ce Singe a été représenté dans l'Atlas de ce Diction- paire, à la fig. 4 de la planche 199. (GEnv.) HAMÉLIACÉES , Hameliaceæ. (8B0T. PHAN. ) Kunth ayant changé les onze sections de la fa- mille des Rubiacées, toutes régulièrement fon- dées, a donné ce nom à la septième, qui com- prend le seul genre Hamélie, dont nous allons parler. Il occupait précédemment la neuvième place avec les mêmes caractères. Ce changement est si peu important, qu'il mérite à peine une mention ; je n’en parle que pour montrer jusqu'où va le système de tout remanier sans cesse, et le bien qu'il produit à la science. (T. ». B.) HAMELIE, Hamelia. (Bor. rnan. ) Genre de la famille des Rubiacées et de la Pentandrie mo- nogynie, créé par Jacquin en l'honneur de Duha- mel du Monceau, l’un des savans français les plus remarquables du dix-huitième siècle, et dont les utiles recherches ont toutes été dirigées dans l’in- térêt de l’agriculture nationale, dans la vue d’en hâter, d'en étendre les progrès. Le choix fait par le célèbre botaniste de Leyde de ce beau genre , est d'autant plus heureux qu'il a pour but de rap- peler les travaux de notre illustre compatriote sur Ja Garance, qui sert de type à la famille des Rubiacées. Persoon , selon moi, a eu raison de rétablir le vrai nom en l'appelant Duhamelia , que l’on devrait adopter comme plus exact. Les caractères du genre sont d'offrir des ar- bustes appartenant aux régions chaudes de l’Amé- rique méridionale et aux Antilles, ayant leurs feuilles opposées , ternées ou quaternées; les fleurs, élégantes, disposées en épis, sont composées d’un calice petit , à cinq divisions et persistant ; d’une corolle tubulée, oblongue, pentagone , dont le. limbe est à cinq lobes; de cinq étamines insérées au milieu du tube et munies d’anthères oblongues; d’un ovaire infère avec style portant un sligmate. linéaire, obtus, à cinq angles. Le fruit est une baie globuleuse , elliptique , couronnée par le ca- lice, séparée en cinq loges polyspermes par des cloisons membraneuses ; les graines sont très-pe- tites , légèrement comprimées. On compte une dizaine d'espèces de Hamélies ; quelques unes se voient dans les serres des jardins botaniques , où l’on est obligé de les propager de marcottes et de boutures, de les tenir dans une terre substantielle , consistante , exposées à la lu- mière la plus large, et de leur prodiguer les arro- semens durant l’été. LL Une espèce tirée des forêts du Pérou, du Mexi- que, et que l’on retrouve à l’île de Cuba , la Ha- MÉLIE A FEUILLES VELUES , /1. patens, est sujette à être infectée de cochenilles. On lui donne vulgai- rement le nom de Mort aux rats. C’est un ar- buste de trois mètres environ, dont la tige droite est garnie de rameaux anguleux, velus à leur som- met ; ses feuilles ternées , pétiolées, molles, ova- les, pointues, très-enlières, de moyenne gran- deur, sont d’un beau vert en dessus, cotonneuses en dessous, et munies de petites stipules aiguës. Les fleurs , formant la grappe paniculée , velue et cour- bée au sommet des rameaux, sont rouges et donnent naissance à une baie noire contenant un suc d’un noir pourpré. À la Guiane on trouve une espèce très-voisine, la HamËLrE ÉCARLATE, A, coccinea, qu’Aublet range dans le genre Guettarda, quoiqu'elle s'en éloi- gne parses fruits dont les loges sont polyspermes. Get arbrisseau monte à deux mètres de hauteur , a les branches quadrangulaires, droites, les ra- meaux opposés et roussâtres. Les fleurs qui l’ornent sont du plus bel écarlate, que relève encore la couleur verte parfaitement lisse de ses grandes feuilles opposées. : Sur les montagnes de la Jamaïque et aux envi- rons de Caracas, on trouve la HAMÉLIE A FLEURS JAUNES, ZI. chrysantha , dont le tube allongé paraît couché sur les feuilles; la HAMÉLIE A FEUILLES GLABRES, /1. grandiflora, qui présente de sep- tembre à novembre une corolle dorée presque cam- panulée, à laquelle succède une baie oblongue, écarlate et pendante : de loin cet arbrisseau imite les Nérions : et la HAMÉLIE A GRAPPES AXILLAIRES, 1, axillaris, qui est à peine ligneuse , haute d’un mètre, x HAMP 503 HAMS ———_————— —————————— mètre, et se plaît particulièrement sur les ro- chers. Ses fleurs sont petites, d’un jaune pâle. De Lamarcket Willdenow réunissent à ce genre l’Amarova d’Aublet : c’est par inadvertance, puisque les diverses parties de la fructification soût chez lui angmentées d’un sixième organe, que l’ovaire ne tient au calice que par sa base, et que les graines sont disposées sur deux rangs. (T. ». B.) HAMITE, Zamites. (mor. ) Genre établi par Parkinsson pour des coquilles qui offrent beau- coup d’analogie avec les Baculites, qui sont recour- bées en forme de crosse à une certaine époque de leur accroissement , que Cuvier et Lamarck n’ont point adopté, que Férussac range parmi les Amo- nées, et que Sowerby caractérise de la manière suivanLe : coquille cloisonnée, fusiforme,recourbée, sur elle-même , ayant le bord de ses cloisons ondé, le siphon placé près du bord extérieur. Jusqu'alors les Hamiles ne se sont trouvées que dans la partie inférieure des terrains anciens, ou au dessous de la craie. Quand on les rencontre avec leur test, ce qui est assez rare, on voit que ce- lui-ci a dû avoir une belle couleur nacrée. De toutes les espèces, la plus grande , la plus rare et la plus belle est l'HamiTEe ARMÉE, Hamites armatus de Sowerby, que l’on trouve en Angjie- terre, au rivage de Boak, près de Benson, en Oxfordshire. Cette Hamite , fort remarquable sur- tout par les deux rangs d’épines qui sont sur un des côtés de la coquille, est ployée en deux par un coude arrondi. Ses deux parties droites, à pen près de même longueur, sont sillonnées de grosses et de petites côtes ; les grosses côtes sont hérissées de tubercules plus ou moins gros et arrondis. La coquille est aplatie, comprimée , subquadrilatère, ce qui la distingue tout-à-fait de toutes les autres espèces connues. (War) HAMMITES. (c£or.) Quelques auteurs anciens ont compris sous ce nom, qu'onécrit aussi Ammites ou Amites, des globules calcaires que l’on désignait plus spécialement sous celui de Méconites lorsqu'ils ressemblaient à des graines de poivre, sous celui de Cenchrites lorsqu'ils présentaient la forme des grains de millet, sous celui d'Orobites lorsqu'ils rappelaient celle de la graine d’Orobe , sous celui de Pisolithes lorsqu'ils ressemblaient à des pois, et enfin sous celui d'Oolithes lorsqu'ils avaient la forme d’œufs de poisson. Les noms d’Oozrrxes et de PisouiTues sont seuls restés en usage dans le langage scientifique (voy. ces mots). (J. H.) HAMPE, Scapus. (B0T. PHAN.) On donne ce nom à la tige des plantes monocotylédonées lorsqu’elle ne porte point de feuilles , comme dans la plupart des Liliacées, la Jacinthe, la Crinole, etc.; la tige du Bananier est également une Hampe. Les plantes dicotylédonées ne présentent jamais celte modification de la tige; en “effet, il ne faut pas donner le nom de Hampe aux tiges du Plantain, du Pissenlit, etc. , qui partent , non du centre des feuilles radicales et du collet de la racine, mais bien de l’aisselle des feuilles. /’oy. au reste les articles Tice et P£poncue. (L.) ns Te HIT. HAMSTER, Cricetus. (man.) Ordre des Rongeurs, famille des Muriens. Ce groupe a été institué par Pallas sous le nom de Mures buccati:; mais les es- pèces décrites par ce grand naturaliste auraient besoin d’être. revues et comparées au Hamster commun qui est le seul bien connu ; leur caractère commun consiste dans des abajoues creusées dans l'épaisseur des joues; leurs membres(r) postérieurs sont de peu plus longs que les antérieurs; les ongles d'une grandeur moyenne; la queue velue, très- courte et arrondie; et le système dentaire analogue à celui des Rats. Hamwsrer commun , MaRMOTrE D'ALLEMAGNE , Mus cricetus, Linn., représenté dans notre Atlas, pl. 200, fig. 2. Taille supérieure à celle du Rat; pelage noir en dessous, roussâtre en dessus ; les pieds sont blancs; les flancs fauves ; trois taches de même couleur sont situées l’une sur la mâ- choire inférieure , la seconde en avant et la troi- sième en arrière de l'épaule; une autre tout-à-fait semblable se remarque sous la gorge et sous la poi- trine ; les molaires sont au nombre de trois de chaque côté et à chaque mâchoire : ces dents sont tuberculeuses , mais s’usant avec l’âge; elles offrent cependant toujours des impressions et des saillies correspondantes; les yeux sont petits, saillans, à pupille ronde; l'oreille externe assez étendue, les narines latérales , leur masse divisée par une fente qui sépare également la lèvre supérieure ; celle-ci est recouverte de longues moustaches; la lèvre inférieure est fort peu développée ; organes de la reproduction plus développés que chez tous les autres rongeurs ; une grande quantité de graisse entoure les reins ; elle est plus abondante au prin- temps qu’en automne, ce qui est contraire à l’o- pinion que Je Hamster s’engourdit pendant l'hiver. Une variété noire, observée par Pallas, se rencon- tre le long du Volga ; elle s’accouple fréquemment avec l'espèce ordinaire, et donne des produits. constamment noirs. Le Hamster ordinaire offre sur la région des reins une place nue que l’on parvient à découvrir en soufflant sur Jes poils qui la recou- vrenl ; elle correspond probablement à un sinus graisseux. Cette espèce recherche avec empressement les terrains où croissent la Réglisse et toutes les graï- nes récoltées par l'homme; elle se fait surtout remarquer par une prévoyance extraordinaire , (x) Depuis l’angle des lèvres jasqu’au devant des épaules est une division de l'estomac en deux cavités distinctes, de sorte que les alimens ne passent dans la poche pylorique qu'après avoir été élaborés dans la première, Leur squelette offre plusieurs par- ticularités fort remarquables, qui établissent suffisamment une distinction entre eux et les Campagnols. Destinés à se creuser de vastes terriers, la nature a donné à lears membres postérieurs une force considérable, en présentant, par l’aplatissement et la réunion dans toute leur longueur du cubitus et du radius, une grande solidité à l'insertion des muscles pronateurs et supina- teurs. Ce sont aussi en effet de puissans fonisseurs. Les Hamsters ont, de plus, offert à Pallas cette particularité remarquable de manquer de vésicule biliaire. Leur cerveau, ainsi que chez tous Jes autres Rongeurs, ne présente point de circonvolutions. Ils habitent l’ancien continent. Il n’est point établi d’une manière positive qu'ils existent en Italie, 230° Livraison, 70 ————————————_—_—— ro HAMS 554 HANG : ramassant pendant l’été et portant dans ses vastes tite, tandis que.ses abajoues au contraire sont abajoues d'énormes quantités de graines qu’elle dépose ensuite dans les souterrains qu'elle s’est habilement creusés. Son terrier est composé de plusieurs cellules qui communiquert entre elles par des galeries ; deux conduits mènent à l'exté- ricur, l’un perpendiculaire destiné à servir d'en- trée et de sortie, l’autre oblique pour rejeter les déblais au dehors. Cet animal peut aussi , lorsqu'il est poussé par la faim, se nourrir de chair ; alors, il devient cruel, n’épargnant point , pour assouvir son appétit, ses propres petits; sa femelle elle- même deviendrait sa victime si elle n’avait soin de le quitter immédiatement après l’époque des amours. [l paraît que la femelle a la faculté de re- produire trois ou quatre fois par an ; la gestation dure quatre semaines et est de six à douze petits; leur allaitement dure fort peu de temps. Celte es- pèce se rencontre en Alsace , en Allemagne , dans la partie australe de la Russie et de la Sibérie, et dans la Tartarie. Longueur , huit pouces ; queue, un pouce six lignes. Hausrer Dp£s sapces; M. arenarius, Pall. Tête allongée ; museau conique ; nez rouge; oreilles fort développées et d’une couleur jaune , les parties su- périeures sont d’un gris perlé, et le dessous ainsi que les pattes sont d’un très-beau blanc. Deux grosses glandes se remarquent à la région du cou. D’autres se trouvent au fond des abajoues. La lon- gueur de l’animal est de 3 pouces 8 lignes ; la queue en a dix. Cette espèce se construit un vaste terrier dans les plaines sablonneuses de l’Irtisch, seule localité où Pallas lait observée. Ces animaux sont très-méchans et peu sociables. Pallas, qui s’en était procuré , les ayant mis tout jeunes dans une boîle avec le us songarus , ils vi- vaient fort bien ensemble , toutelois sans confon- dre leurs lits ; mais ces derniers devinrent très-fa- miliers, tandis que le Jus arenarius resta toujours sauvage. Hamster DE SonGaRIE , M. songarus, Pall. Gris cendré en dessus avec une raie noire de chaque côté de l’échine ; flancs parsemés de quatre taches blanchâtres ; le dessous du corps est blanc ; la tête plus courte que chez l'espèce précédente; les oreilles ovales, les pattes velues. Cette espèce est un peu plus petite que la précédente; elle se trouve dans Ja même localité. Pallas en ayant pris au mois de juin de tout jeunes qui étaient encore aveugles, mais déjà gros, ils ouvrirent les yeux le lendemain ; et pendant l’espace de trois mois, au bout des- quels ils moururent , il les nourrit de pain et de graines ; ils étaient très-familiers. Hamster ANOMAL, {7. anomalus, Thomson. Celte espèce, qui appartient à l’île de la Trinité, a be- soin d’être soumise à un examen consciencieux. Telle qu’on l’a décrite, elle est bien digne de for- mer un genre à part, puisqu'on lui donne une queue longue presque entièrement dénudée et écailleuse comme celle des Rats, des épines lancéo- lées comme celles des Echymis, et des abajoues qui appartiennent à ceux de son genre ; son museau est plus pointu que celui du Raë, sa bouche est pe- très-grandes. (V. M.) HANCEÉE , Coxa, ancha. (axarT.) On donne ce nom aux parties latérales du bassin , en y compre- nänt les parties molles qui le recouvrent. Les Hanches sont généralement très-prononcées chez les femmes, Chez celles qui sont bien conformées, leur saillie doit dépasser celle des épaules ; le con- traire doit exister chez l’homme pour que son buste soit bien proportionné. La Hanche peut être considérée comme la première partie du membre inférieur, et c’est à Juste titre que les anciens comptaient l'os qui la forme parmi ceux de ce membre. Cependant la Hanche diffère ce l'épaule, 1° en ce qu’un seul os dans la première répond aux deux os qui con- stituent la seconde; 2° en ce que cet os s’unit en. avant à son semblable d’une manière immobile; tandis qu’à l'épaule, dans le même sens, les cla- vicules , quoique très-rapprochées et même unies par un ligament, sont articulées séparément et d’une manière mobile avec le sternum; 3° en ce que, postérieurement, les Hanches se joignent également d’une manière immobile à la colonne vertébrale, et forment par R, avec celle-ci, un cercle complet , tandis que les omoplates sont sé- parées des verièbres par un assez grand intervalle. L’Os de la Hanche, appelé aussi os coxal, os in- nominé, Ôs iliaque , occupe les parties latérales et antérieures du bassin. Il est d’une figure assez ir- régulière, et il semble avoir été tordu sur lui- même , de telle sorte que l’une de ses faces est an- térieure, tandis que l’autre est postérieure et supérieure. Dans les jeunes sujels cet os est formé de 5 pièces unies par des cartilages; elles ont recu le nom particulier d’ilium , d’ischium et de pubis. La première forme toute la partie supérieure qui peut être appelée la portion /iaque, les deux der- nières conslituent la portion ischio-pubienne. On donne le nom d’articulation de la Hanche à l'articulation qui existe entre l'os précédent et la tête du fémur et qui sert à faire mouvoir le membre inférieur sur le bassin et celui-ci sur le membre inférieur. Les parties suivantes entrent dans la composition de cette articulation : 1° Une cavité nommée cotyloïde située au point de réunion des trois parties qui, chez l'enfant , composaient l'os iliaque; 2° la têle du fémur qui se trouve , ainsi que la cavité, revêtue d’un carti- Jage épais ; 3° un ligament circulaire nommé coty- loïdien , qui entoure la cavité cotyloïde et qui en augmente la profondeur ; 4° un ligament capsu- laire, sorte de sac membraneux, qui s’unit d’un côté au rebord de la cavité et qui de l’autre s’at- tache à la partie rétrécie (col) qui soutient la tête du fémur ; 5° un ligament intérieur nommé trian- gulaire, et qui se porte du milieu de la tête de l'os au milieu du fond de la cavité cotyloïde; 6° une membrane synoviale qui revêt tontes les parties de l'articulation et exhale la synovie, qui doit sans cesse la: lubrifier et en faciliter les mou- vemens. Les entomologistes désignent sous le nom de HANN 555 L a HANN oo Hanche la partie de la région inférieure de la poi- trine et du corselet qui reçoit la cuisse ou la pre- mière pièce des pattes antérieures, moyennes et postérieures. La Hanche chez les insectes offre des particularités très-intéressantes ; car son mode d’articulation avec le tronc détermine la nature du mouvement général de la patte. Ainsi, dans les Coléoptères, les pattes dites thoraciques ou anté- rieures sont, pour la plupart, articulées sur une Hanche globuleuse qui permet au coude, ou à l'angle de la jonction de la pièce cornée du bras et de l’avant-bras, de ce porter tout-à-fait en avant. Dans les pattes moyenne set postérieures, au con- traire, la Hanche est tellement emboîtée qu’elle eut à peine s’y mouvoir. [lest même des cas dans lesquels la Hanche est complétement soudée et immobile ; cette particularité se remarque chez les Dytiques, les Haliples, les Tourniquets, les No- tonectes. Cette immobilité était nécessaire chez ces insectes, dont les pattes représentent de véri- tables rames. Dans les Cétoines et les Scarabées, au contraire, une Hanche mobile, très-développée, dont le plus grand diamètre est transversal, s’ar- ticule avec les parties moyennes et postérieures, afin de donner aux jambes des mouvemens plus étendus lorsque ces insectes fouisseurs repoussent la terre à la manière des Taupes. Dans les Blattes, les Lépismes, les Forbicines, la Hanche est très-mobile et très-plate; dans les Capricornes, les Ghrysomèles, les Charancons, les Hanches sont globuleuses, car ces insectes ne se servent guère de leurs pattes que pour marcher. Il en est de même de la plupart des Diptères et des Hyménoptères. (A. D.) HANNETON , Melolontha. (1ns.) Genre de Co- léoptères de la section des Pentamères, famille des Lamellicornes, tribu des Scarabéides, établi par Fabricius , et auquel, après les nombreux dé-. membremens qu’il a subis, on peut assigner pour caractères : antennes terminées en massue, de feuillets dans les mâles, de six dans les femelles ; labre apparent; mandibules et mâchoires cornéès, ces dernières terminées par plusieurs dents dispo- sées sur un même plan ; dernier article des palpes ovalaire; corps ordinairement convexe, corselet court, abdomen terminé par une pointe dirigée en bas, au moins dans les mâles. Les Hannetons ont la tête courte, les yeux glo- buleux et très-saillans, le chaperon rebordé anté- rieurement ; le labre est incliné et échancré dans son milieu ; les antennes sont assez courtes, mais les feuillets des mâles sont souvent très-allongés ; dans la marche ou dans le vol ces insectes les étalent en forme d'éventail, dans le repos les feuil- lets sont serrés les uns contre les autres ; le corse- let est court, transversal, échancré antérieure- ment, lobé vis-à vis de l'écusson et également sur les deux côtés ; l’écusson est arrondi, les ély- tres ne recouvrent pas entièrement l'abdomen; elles sont un peu dilatées sur les côtés vers le milieu de leur longueur ; l'abdomen est très-renflé, les pattes ont leurs diverses parties presque de même longueur ; les tibias antérieurs des femelles LA sont fortement dentés; tout leur corps est géné- ralement velu. L’anatomie des Hannetons, depuis les travaux de Léon Dufour, Chabrier et Straus, est parfaite- ment connue; leur canal alimentaire est robuste; le ventricule chylifiqueest garni de franges formées par les vaisseaux hépatiques ; l'intestin grêle est suivi d’un colon; les vaisseaux biliaires forment des replis très-multipliés et quelques uns sont fran- gés (voy. la pl. 248 de notre Atlas) ; l’armure co- pulatrice du mâle est très - grosse, cornée et ar- ticulée à sa partie inférieure; chaque testicule (voy. la même planche) est formé par l’assem- blage de six capsules spermatiques en forme de petite lentille attachées par un vaisseau placé à son milieu. Du petit au grand, qui ne connaît les Hanne- tons ? Quel est le marmot qui, quand arrive le mois de mai, ne s’est tourmenté , et surtout qui n’a tourmenté mère et bonne pour avoir un bout de fil pour attacher son Hanneton par la patte et pouvoir chanter à tuetête, au grand ennui des voisins, cette chanson toute francaise, et dont, tout Français que je suis, je n’ai pu comprendre le sens : Hanneton, vole, vole, vole; Ton mari est à l’école, Qui m'a dit, si tu ne voles, Qu'il te couperait la gorge, ete, , etc, ? Je dirais volontiers comme Alceste dans le M1- santhrope : La rime n’est pas riche et le style en est vieux. Mais tels qu'ils sont, je regrette d’avoir oublié le : reste; car c’est un monument populaire, et il faut les conserver; celte première période de notre connaissance en Hannetons est la période du bonheur, pour le marmot s’entend; car pour l’in- secte, c’est bien différent, ce qui peut lui arriver de mieux, c’est de perdre une et même tout ou partie des six pattes dont la nature l’a généreuse- ment gratifié, et de prendre vol avec ce qu'il pourra en sauver. La seconde période est celle du commerce , époque de spéculation en grand et en détail, où le commercant ramasse sans frais la marchandise et la débite plus ou moins avanta- geusement selon son abondance ou sa rarelé ; les primeurs , comme pour beaucoup d’autres choses, se paient cher; nous avons des autorités qui con-- statent celte variation de prix malgré les partisans de la taxe du maximum ; Jocrisse, dans les der- niers momens qui précèdent son désespoir, de- mande à son jeune frère s’il a été au marché aux bestiaux et s’il connaît le cours des Hannetons; on ne me reprochera pas de m’appuyer d’autorités inconnues. Gette époque occupe habituellement des industriels de 10 à 15 ans; un vieux bas qui sert de magasin, une branche d’Orme en fleurs , vulgairement appelée pain de Hanneton, forment le matériel de l'établissement; il ne faut plus qu’une bonne voix et l'intelligence que demande toute espèce delpetit commerce pour accommoder ———————————@—— HANN / 556 HANN mom les pratiques sans compromettre ses intérêts ; quelques recherches faites sur cette industrie m'ont fait découvrir qu’autrefois on la pratiquait à deux, fille et garçon, car il existe une vieille chanson dont je n’ai retrouvé que les deux pre- miers vers que voici : V'1à d’s’ hann’tons, d’s’hann’tons pour un liard. . Tends ton jupon, je vais secouer la branche, etc. © Jlest impossible de citer rien de plus concluant. Mais quelle raison a pu faire exclure les filles du profit qu’elles en tiraient , je l’ignore ; je ne puis que faire des suppositions : pour tendre un jupon l faut Je relever; au mois de mai on est souvent légèrement vêtu, aurait-on trouvé des inconvé- niens à dédoubler ainsi, même momentanément, les deux seuls vêtemens qui peut-être existent dans cette saison? J’aurais peine à le croire dans un temps de mœurs comme celui de nos bons aïeux; je pense plutôt que, comme c'était alors le règne des culottes courtes, des queues, des boucles de souliers et des vestes à la Janot, il était difficile qu’un garçon tendit quelque chose pour recevoir ce qu’un autre aurait pu faire tomber, car les mou- choirs étaient encore probablement du luxe pour une certaine classe, et que c’est cette difficulté qui avait fait admettre les filles au partage; mais que notre siècle ami du comfortable ayant introduit la blouse comme vêtement , elle a exclu tout simple- ment le jupon, et avec lui celles qui le portaient. La troisième période de la connaissance du Hanneton est une époque sérieuse; c’est celle où nous, hommes, nous sommes obligés de nous occu- per de lui sous le rapport du mal qu’il nous fait ; de tous les insectes, en effet, que redoute l'agricul- teur, aucun ne cause peut-être plus de dégâts, et le tort qu'il nous cause se renouvelle sous les deux états de larve et d’insecte parfait, tandis que pres- que tous les autres insectes ne sont nuisibles que sous le premier ou le second de ces deux états. Les larves attaquent presque indifféremment les racines de toutes les plantes, soit annuelles, soit même forestières; mais elles attaquent cepen- dant de préférence les plantes tendres, comme les salades, les fraisiers ; j'ai vu même des carrés entiers de pommes de terre détruits par elles pen- dant l’année 1834 ; ces larves sont en certaines an- nées lellement abondantes qu’elles anéantissent les plantations à mesure qu’on les fait, et font le dés- espoir des jardiniers; l’insecte parfait attaque les arbres , et quelquefois des parties de forêt se trou- vent entièrement dépouillées de verdure. On croi- rait que, comme ils vivent peu long-temps, le mal devrait se réparer ; mais les espèces se succèdent pendant la belle saison , et le mal se perpétue, | Les dégâts que font ces insectes sont tels que l'on a cherché tous les moyens deles détruire, mais leur efficacité n’a jamais été bien constatée, surtout quand il faut exécuter en grand; nous n’avons pas besoin de faire sentir le ridicule de celui proposé par les habitans d’un canton de l'Irlande, qui vou- laient mettre le feu à une forêt considérable pour anéantir les Hannetons qui étaient dessus ; parmi ces moyens nous allons en citer quelques uns : faire des flambeaux résineux pour brûler sous les arbres, et au moyen de la fumée étourdir les Hannetons, secouer ensuite les arbres et tuer les Hannetons qui tombent ; tuer les vers blancs à mesuré que l’on bêche ou qu’on laboure; mettre des plantes tendres près des arbres qu’on croit devoir être endommagés; mettre de la suie et arroser sou- vent, cic. ; tous ces moyens sont plus ou moins bons, mais en petit; le vrai moyen, ce serait de forcer à des battues générales pendant la saison des Hannetons et pendant: plusieurs années de suite, et de taxer s’il le fallait chaque commune à tant de boisseaux de Hannetons par an, selon son étendue, sa population et sa culture : on arrive- rait à une diminulion bien sensible. Edgard , roi d'Angleterre, en taxant les communes à tant de têtes de loups, est parvenu à anéantir cet animal dans son royaume; si l’on ne peut faire absolument de même, du moins on peut en approcher. On a parlé de se servir des Hannetons pour ali- menter les animaux de basse-cour, dans la saison où ils sont très-abondans; j'en ai fait quelquefois l'essai : le premier jour ils en sont avides, mais le lendemain ils s’en lassent et les abandonnent, ou il faudrait les sevrer de toute autre espèce de nour- riture, ce que l’on n’a pas fait, malgré mies recom- mandations ; les vers blancs ont toujours été da- vantage de leur goût, mais les canards en étaient tellement friands qu’ils n’en laissaient guère pour les autres. Les Hannetons sont détruits naturellement par plusieurs insectes du genre Carabe, par les oiseaux, surtout les nocturnes, les reptiles; enfin les Rats, Fouines, Beleltes et autres en détruisent aussi quelques uns; mais ce qui nous en débarrasse le mieux, ce sont les gelées tardives, quand les Han- netons sont à la surface du sol prêts à sorlir, ou dans le même moment les longues pluies qui les noient en relâchant leurs ligamens encore peu so- lides, et leur Ôôtant la force de sortir de terre où ils périssent sans avoir vu le jour. Les Hannetons se tiennent pendant le jour après les feuilles des arbres, où ils restent comme engourdis. Il semble que la chaleur, qui attire les autres insectes, frappe ceux-ci d’inerlie; mais quand le soleil est descendu au dessous de l'hori- zon et que la fraîcheur a reparu, on les voit s’a- nimer et bourdonner de tous côtés, volant avec une grande rapidité, et avec si peu d'attention , qu’ils se choquent à chaque instant contre les ob- jets qu’ils rencontrent ; aussi dit-on vulgairement étourdi comme un Hanneton. La secousse qu'ils se sont donnée les fait presque toujours tomher à terre, où ils restent plus ou moins long-temps, selon que la secousse a été faible ou forte, ou qu’ils sont tombés sur leurs pattes ou sur le dos ; dansle premier cas, ils prennent de suite leur vol , mais dans le second , ils ont quelquefois beaucoup de peine à en venir à bout ; ce mouvement conti- nuel des Hannetons a pour but de chercher leur nourrilure, ou plutôt encore de se chercher mu_ tuellement pour l’accouplement ; les mâles pour. HANN 997 _HAR rm suivent les femelles avec beaucoup d’ardeur, celles-ci se prêtent facilement à leurs désirs ; le mâle, dans le coït, est monté sur la femelle, qu’il tient embrassée avec ses pattes antérieures; ses organes génitaux sont accompagnés de pinces qui saisissent les organes de la femelle avec beaucoup de force et s’en détachent difficilement : l’accou- plement dure environ vingt-quatre heures ; vers la fin, le mâle épuisé lâche la femelle, et celle-ci Ie traîne quelque temps à Lerre , renversé sur le dos; le mâle ne survit guère à ses amours; il ne prend même plus de nourriture, et expire bientôt : la femelle , une fois fécondée , songe à faire sa ponte ; à l’aide de ses pattes antérieures, armées de poin- tes robustes , elle creuse en terre un trou de cinq à six pouces de profondeur , et y dépose ses œufs à côté les uns des autres; ces œufs sont jaunâtres et de forme ovalaire; la ponte faite, les femelles vivent encore un jour ou deux et périssent épui- sées. Toute l’espèce disparaît environ en un mois , et chaque individu ne vit guère plus de huit jours. Les larves éclosent au bout d’un mois ou six semaines; elles sont oblongues, mais toujours courbées en deux et placées sur le côté ; le corps est arrondi, rugueux en dessus, méplat en des- sous; les derniers anneaux de l’abdomen sont beau- coup plus développés que les précédens , transpa- rens , et laissent voir la masse des excrémens con- tenus à l’intérieur; la tête est fauve , méplate ; les mandibules sont très-développées , arquées, tran- chantes; les autres organes buccaux sont bien vi- sibles ; les pattes sont assez longues , mais peu pro- pres à la locomotion directe. Ces larves, quand arrivent les froids , s’enfoncent en terre, où elles se pratiquent une loge pour y passer la mauvaise saison. En remontant à la surface de la terre, au commencement de chaque année, elles changent de peau; lorsqu'elles sont parvenues à tout leur accroissement , c’est-à-dire vers la fin de la belle saison de la troisième année, elles s’enfon cent en terre à la profondeur d’un à deux pieds, et s’y forment une loge lisse qu’elles tapissent de leurs excrémens et de quelques fils de soie , et opè- rent leur dernière métamorphose. Elles passent tout l’hiver sous la forme d’une nymphe pareille à celle de tous les Goléoptères (pl. 200, fig. 5); l’insecte par- fait éclot aux premiers jours du printemps. En sor- tant de sa dernière dépouille, il est jaunâtre, mou; il reste encore enterré, mais se rapproche de la sur- face, où il achève de consolider son enveloppe et de prendre la couleur qu’il doit toujours garder; Al sort enfin de terre, et, après quelques instans, prend son vol, et s’abat sur les arbres voisins. Ce genre était autrefois très-nombreux en es- pèces; mais, commeon l’a beaucoup divisé au moyen du plus ou moins grand nombre de feuil-. lets dont se composent les antennes, il se trouve actuellement assez restreint ; nous allons en citer quelques espèces. H. rouLon', M. fullo, Fab. Long de 18 lignes, l'espèce la plus grande de notre pays et peut-être du genre; corps brun, tête bordée de.blanc, une ligne de même couleur sur le milieu du corselet, et deux taches sur l’écusson ; les élytres en sont aussi entièrement marbrées; la poitrine est cou- verte de poils roux , et l'abdomen d’un duvet gri- sâtre ; les feuillets des antennes du mâle sont larges et aussi longs que la tête et le corselet ; cette es- pèce se trouve au bord de la mer, dans les dunes de sable. On n’a jamais remarqué qu’elle fit de dégâts. H. vurcaire, M. vulgaris, Fab., Rœsel, t. 11, Scarabées 1, pl. 1, représenté dans notre Atlas, pl. 200, f. 5, 4,5, 6. Long de 12 lignes, noir; élytres marron ; le corselet et la poitrine ont un duvet jaunâtre ; de chaque côté des anneaux abdomi- naux est une tache triangulaire formée par un du- vet blanc; la plaque anale est très-prolongée en pointe dans les deux sexes. C’est l'espèce qui fait le plus de ravages dans notre pays. H. Du MARRONIER D'INDE , M. hippocastani, Fab. Long de 9 lignes, voisin du précédent , mais plus petit; le corselet brun etla plaque anale plus brusquement rétrécie en pointe. Moins commun que le précédent. (AP) HARENG. (porss. } C’est le nom d’une espèce bien connue de poisson du genre CLure. Voy. ce mot. : ( Azrx. G. ) HARICOT, Phaseotus. {BoT. PHAN. el AGR.) Toutes les plantes de ce genre, de la famille des Légumineuses et de la Diadelphie décandrie, sont indigènes des régions intertropicales de l’un et l’autre #émisphère , et cultivées de temps immé- morial en Europe, non seulement comme plantes potagères, mais encore comme plantes d’orne- ment. S'il fallait en croire les nomenclatures de certains botanographes et des horticoles , le nom- bre des espèces s’éleverait à plus de cinquante; mais quand par une culture régulière et compa- rative, quand par une étude long-temps suivie on les ramène à des types fixes, ce nombre se ré- duit considérablement. Tournefort, en les clas- sant, a cenfondu ensemble les espèces dont Linné s’est servi pour constituer trois genres bien dis- tincts : le genre Phaseolus , qui va nous occuper, et les genres Dolichos et Glycine, que nous avons déjà examinés. (Voyez au tom. 11, p. 567 et suiv., et plus haut, p. 450 et 451.) Les caractères du genre Phaseolus consistent dans la réunion de plantes herbacées, pour la plupart annuelles, à tige grimpante et volubile, où droite etneramant pas, portant des feuilles akernes, munies de stiprles à la base du pétiole, ternées , cordiformes, quelquelois lobées, et dont les fleurs, souvent disposées en. grappes axillaires, offrent dans leur coloris toutes les nuanees de l'échelle chromatique, depuis le blanc le plus pur jusqu’au rouge écarlate. Le calice campanulé-urcéolé est accompagné à sa base de deux bracttes, el divisé” en deax lèvres, dont la supérieure est échancrée ou entière, et l'inférieure à trois dents; la corolle papilionacée, à étendard orbiculaire, réfléchi, à ailes égales ou un peu plus grandes, à carène par- fois roulée en spirale, et le plus souvent falciforme ; dix étamines, dont neuf ont leurs filamens soudés ensemble; ovaire supère , oblong, presque sessile, un peu comprimé, surmonté d’un style courbé HART 558 HARI comme une faux ou comme un hamecon , barbu à l’intérieur et au dessous du sommet, et terminé par un stigmate simple, oblique. Du disque ur- céolé , entier, part une gousse allongée, droite ou courbée, un peu comprimée, renflée dans les par- ties occupées par les graines, bivalve, etrenfer- mant plusieurs semences réniformes, marquées d’an hile petit, oblong où arrondi, et séparées assez souvent les unes des autres par des cloisons membraneuses. Au sommet du hile, il y a une glande saillante d’où part la tige au moment de la germination , et à sa base un pelit alvéole où vient aboutir la pointe de la radicule. On croit que le nom donné par les Grecs au genre qui nous occupe vient d’une sorte de petite barque qu’ils appelaient gzséohos, d’où les Latins ont dit phaseolus ; puis fusél et fasiole dans notre vieux français, encore en usage dans plusieurs dé- partemens, du midi surtout. Olivier de Serres en fait une si légère mention, que l'on serait tenté de croire que celte plante était peu considérée de son temps, quoique cultivée en grand bien avant le neuvième siècle, et citée dans le capitulaire de V'illis, écrit en l'an 800. Quant’aux noms imposés à sos diverses espèces et variétés, ils sont presque aussi multipliés que les variétés ; il est mème dif- ficile de les appliquer avec justesse aux plantes auxquelles on les donne , suivant la vogue, les lo- calités, ou, ce qui est pis encore, selon»les ca- prices du cultivateur et des marchands. Je ne m’arrêterai point au dénombrement des espèces jardinières qui surchargent certains catalogues ; je ferai connaître, en attendant Ja publication de ma Monographie des Phaséolées . qui, j'ose le dire, est plus vraie, et par conséquent est débarrassée des équivoques nombreuses que présente celie de Savi, un simple extrait des résultats positifs de mon expérience et de mes longues observations ; je parlerai de quelques variétés constantes, de celles surtout qui doivent fixer le cultivateur par leurs produits, par leur agrément, et n’accorderai aucune mention à celles qui ne sont qu’acciden- telles, et dont quelques parties, les seules curieu- ses le plus ordinairement , changent bientôt par suite de la culture. Nous avons vu tout à l'heure que toutes ces es- pèces et variétés offrent naturellement deux yran- des divisions : celle des espèces grimpantes et celle des espèces naines. Les premières montent, non pas à l’aide de vrilles comme les Pois, la Vigne ; etc, mais en entourant les tuteurs ou arbres voisins en spirale, à la manière des Liserons; lorsqu'elles sont privées de soutien, les sommités des tiges cherchent à s'élever en s’appliquant les unes sur les autres, comme les brins qui forment la corde. Dans ce dernier cas, elies produisent peu; de là la nécessité de ramer les Haricots. La rame est une branche d’arbre garnie de.ses rameaux, et sèche, coupée de préférence en hiver, et tenue sous des. hangars, à l'ombre, à l’abri de la pluie et de l’hu- midité. . I Espèces grimpantes. — En tête des espèces grimpantes est le Haricor À souquers, P, muli- florus. Originaire de l'Inde, selon les uns, de l'A- mérique du Sud, selon les autres (ce que je ne crois point), il a pris le nom vulgaire de Haricot d'Espagne, de ce qu'il a été introduit en Europe par la voie de la péninsule ibérique, Sa tige her- bacée, rameuse, monte très-haut, peut couvrir des tonnelles, de longs treillages, puisqu'on la voit gagner depuis cinq jusqu’à dix mètres ; on la re- cherche comme ornement ; elle produit un fort joli effet au pied des arbres fruitiers, dont elle em- brasse les tiges, et s’étale élégamment dans toutes les branches. La racine est pérenne et conformée de manière à indiquer sa longévité ; près du collet , elle présente des yeux assez saillans , destinés, au retour du printemps , à donner de nouvelles tiges. La couleur des fleurs ressemble à celle du Grena- dier, quoique un feu moins vive; elles sont disposées en manière de grappes, deux à deux, avec deux pe- tites bractées ovales, serrées contre le calice : ces fleurs durent pendant tout l’été et même une par- tie de l’automne; il leur succède des légumes longs, pendans, d’un vert foncé, contenant des semences violettes jaspées de noir, variant du plus au moins foncé , par la couleur et la largeur des taches qui parcourent toutes les nuances du violet foncé au blanc. Le Haricot d’Espagne est très-bon. à manger, eb s’accommode de toutes les prépara- Lions culinaires; en vert, il est fort agréable, et sec il donne d’excellentes purées. La vollaille et les animaux de la basse-cour le dévorent avec plai-: sir et sensualité quand il est cuit; il les engraisse promptement. ; Une variété de cette espèce, rapportée de la Chine, est remarquable parses fleurs blanches assez grandes, ses graines de la même couleur, que l’on mange avec la gousse dans leur jeunesse. La végé- lation en est très-forte et rapide, son produit consi-- dérable : un seul haricot en à produit 520; etcomme les semences sont très-farineuses, d'un goût délicat, elles peuvent figurer avec avantage sur toutes les tables. [l ne faut point confondre cette utile variété avec l’espèce proprement dite Haricor DE Cine, . P. sinensis, qui appartient aux espèces naines, dont les fieurs sont blanches, les igrains ronds et jaunâtres ; elle n’existe dans nos cultures que depuis le commencement du dix-hnitième siècle. Dans l’année 1684, Triumfeiti, botaniste ro- main, a fait connaître ct propagé le Harrcor 11- MACON, P. caracola (et non pas caracalla , comme le citent tous les dictionnaires) , apporté de l’Inde en Italie. Cette charmante espèce, aux grandes fleurs, d’une étofle ferme , teinte de pourpre, de jaunâtre , et d’un violet assez vif, qui s’aliongent à mesure qu'elles s’épanouissent, se contournent en spirale excentrique, et finissent par figurer une “coquille de limacon, d’où elle tire son nom spé- cifique, provient d’une racine tubéreuse, vivace, roussâtre en dehors, blanche et charnue en de- dans ; sa tige, semi-ligneuse parle bas, s'élève à plus de cinq mètres, porte des légumes de seize centimètres de long, ridés, étroits, aplatis, con- tenant douze graines rondes , brunes. Elle répand une odeur agréable au temps de la fleuraison. ., HARI 959 HARI eee . Quatre autres espèces prennent place ici, ce sont le Haricor zunuzé, P. lunatus, dun Bengale, dont les fleurs sont petites et blanchätres ; le Ha- RICOT A GRAND ÉTENDARD, P. veæillatus, qui croît spontanément aux Antilles, surtout à la Havanne, et porte de grandes fleurs odorantes , d’abord d’un blanc rougeitre ; ensuite purpurines ou violacéés, puis d’un brun jaunâtre; le Haricor Pourpre, P. semierectus, de l'Amérique du sud, dont la tige droite ne devient volubile que lorsque se déve- loppent ses fleurs d’un pourpre tirès-foncé; etle Ha- RICOT EN PANICULE , Ÿ. paniculatus, originaire de VAmérique centrale, qui donne des gousses nom- breuses, courbées en faucille, et contenant des graines réuiformes, comprimées, d’un noir foncé. Ces quatre espèces ne montent pas au-delà d'un mètre et demi de haut. Mais l'espèce la plus répandue et qui change le plus, celle:que l’on cultive dans toutes les parties du glebe, celle dont on a obtenu le plus grand nombre de variétés intéressantes, c’est le Haricor commun , P. vulgaris, vulgairement appelé dans le le midi Mongctie, quoiqu'il diffère du Hancor MONGETTE , P. mungo, Wwès-abondant en Basse- Egypte, en Syrie, en Perse, ainsi que sur les rives du Gange et de l’Indus ; ce dernier porte des tiges basses, des feuilles et des gousses velues ; il pro- duit des grains ronds, presque aussi pelits que ceux duPois ordinaire ou de la Coriandre, tandis que le Haricot commun, muni d’une racine fibreuse, annuelle, donne naissance à une tige rameuse, volubile, haute de deux mètres. Ses fleurs, blan- ches ou un peu jaunâtres , sont disposées en grap- pes axillaires. peu fournies ; il leur succède des légumes lisses , contenant des semences plus ou moins réniformes, dont la couleur varie infini- ment, selon les variétés. Elles se mangent en vert et en sec; sont blanches dans le Haricot précoce, ‘dans le Haricot sabre , aux gousses très-longues et larges; dans le Haricot de Soissons, qui est plat, gros, d’un goût fin; dans le Haricot sans fil ni parchemin, petit, rond, dont la gousse, tendre jusqu’à ce qu’elle soit parvenue à toute sa gran- deur et qu’elle soit presque sèche, est un mets très-délicat ; dans le Haricot de Lima , qui est tar- dif aux environs de Paris ; dans le Haricot rognon de coq, regardé comme un des meilleurs, comme le plus moelleux; dans le Haricot dragée, que d’autres appellent mignon ou riz, qui donne pro- digieusement, est très-petit, obrond, excellent écossé frais; avec une pelite bande pourpre en- tourant l’ombilic dans le Haricot cardinal, etc. La couleur des semences est rouge dans le Ha- ricot d'Orléans, dans celui de Prague, l’unet l’au- tre sous-variétés du Haricot d'Égypte, qui est du plus beau rouge , avec marbrures pourpre foncé. Elle est d’un fauve très-prononcé, rayé de bandes noires ou blanches, dans le Haricot zèbre, meilleur en vert qu’en sec; très - noire dans le Haricot nègre, qui est fort bon à manger avant ou après da parfaite maturité; gris de lin jaspé d'olive dans le Haricot grivelé , qui rapporte beaucoup, qu’on ne sert ordinairement qu'en vert, à cause de sa couleur, qu'il communique au bouillon et aux sauces, quoiqu'il soit également bon quand il est sec; d’un jaune citron dans le Haricot de Por- tugal, etc. IL. Espèces naines. — Non moins nombreuses que les précédentes, les espèces, naines ou qui ne rament pas, produisent aussi beaucoup, leurs grains sont agréables à manger ; les tiges monten£ au plus de vingt-sept à quarante centimètres, et donnent des fleurs de très-bonne heure. L'espèce la plus recherchée est le Har1GOT NAIN proprement dit, P. nanus, qui, de l'Inde, son pays natal, s’est depuis plusieurs siècles propagé dans tontes nos cultures, Précoce, souvent confondu, dans la nomenclature triviale, avec le Haricot mongelte, il a la tige très-basse, s’élevant au plus à vingt- sept centimètres, couverte de fleurs blanches qui s’épanouissent de très-bonne heure , puis de gous- ses longues , bien garnies de semences d’un blanc pur et brillant, un peu allongées, médiocrement grosses , arrondies à leur diamètre. On les mange également en vert et en sec; dans l’un et l’autre cas, elles sont excellentes , d’un fort bon goût. On les nomme Féveites dans plusieurs départemens, surtout dans ceux de l’ouest. Getie espèce a produit de nombreuses variétés, toutes de couleurs différentes, et cependant toutes de haute qualité ; les principales sont : le //aricot flageolet , que d’autres appellent Haricot de Laon, chargeant beaucoup et tout aussi précece; son grain est un peu plus allongé, presque cylindri- que, étroit , d’un blanc sale, un peu dur. On le cultive particulièremunt dans les jardins de Paris et des environs pour les primeurs et pour faire des Haricots verts. Le /aricot gris, très-précoce, aux fleurs purpurines, aux gousses tendres, longues, aux semences de grosseur moyenne , allongées, rondes el jaspées de blanc sur un fond noirâtre ; il produit beaucoup, est moelleux et communique au bouillon , aux ragoûts, une saveur plus agréa- ble que tous les autres Haricots ; mais comme il rend la soupe el les sauces noirâtres, on le bannit des tables où l'œil veut être flatté autant que le goût; cependant , si l’on jette l’eau dans laquelle il a cuit à moilié, et qu'on la remplace par d’autre eau bouillante, on lui enlève une partie de sa cou- leur déplaisante : la même précaution produit un semblable résultat pour tous les Haricots colorés. Le {aricot doré, excellent et des plus précoces ; son grain, d’un Jaune d'or avec un petit cercle mordoré autour de l’ombilic, est un peu allongé, arrondi sur sa largeur, de haute qualité, quelle que soit la manière de l’apprêter, et contenu dans des gousses droites. Le {aricot nègre, qui rap- porte beaucoup, est très- précoce, et préféré sur les rives de la Loire, surtout aux environs de Tours, pour être mangé en vert dèsle mois de mai. Le Haricot de la Chine, dont j'ai parlé plus haut, introduit en France au commencement du dix- huitième siècle ; ses grains sont couleur de soufre pâle, ete. F Haricor À cousses vELUES ou Muxco , P. max, espèce naine annuelle , à tige droite, velue, mon- HARI 560 HARK ——_———___—__—————————_——__——————_—…————— —— “DU tant en zig-zag, à feuilles pointues et velues ; ses fleurs petites, jaunâtres, disposées en grappes axil- laires, s’épanouissent en juin. Les grains qu'il donne sont ronds, presque aussi petits que le fruit de la Coriandre ou du Poivrier, de couleur noire, marbrée de roussâtre; ils sont contenus, au nom- bre de dix, dans une gousse hérissée de poils courts, et terminée par une pointe en crochet. Ce Haricot abonde en Syrie, en Égypte, surtout aux environs de Syenc, en Perse, dans l'Inde, où il sert d’aliment à toutes les classes. Nous avons recu de l'Inde une autre espèce an- puelle, le Iaricor Aux FRuITS RONDS, P. sphæro- spermus ; sa tige, droite, angalense, haute de seize centimètres, se montre couverte de poils au som- met ; ses feuilles sont ovales, ‘portées sur un pé- tiole velu ; les fleurs, d’un blanc jaunâtre, deux et trois ensemble, donnent naissance à des gous- ses cylindriques, qui contiennent des grains glo- buleux, blancs, avec une tache noire ou rouge foncé à l’ombilic, Ce Haricot a donné, sous le climat de l'Égypte, une variété dite Æaricot bi- eolore, dont la végétation très-active s’est aisément faconnée à nos climats. Elle a le feuillage grand, les fleurs d’un très-beau blanc, les gousses lon- gues , très-bien repliées, garnies de graines nom- breuses, sphériques, mi-parties de violet foncé et de blanc. Dans nos cultures, il existe une autre variété fort répandue, le Haricot rouge, qui charge beaucoup et est plus robuste que l’espèce et La va- riété les deux précédentes. Deux autres espèces naines doivent être citées ici, le Haricor a rayons, P. radiatus, du Geylan, et le Haricor 4 sripuces, P. slipularis , apporté du Pérou par Dombey. Le premier monte à un mètre de haut ; sa Lige et ses feuilles sont velues ; à ses fleurs ramassées en tête, mêlées de blanc et de pourpre, succèdent des gousses cylindriques , disposées horizontalement et en manière de rayons, d’où il a pris son nom. Le second est très-bas de tige, présente inférieurement des feuilles longue- ment pétiolées, tandis qu’elles paraissent privées de cet organe dans la partie supérieure; les fleurs sont teintées de brun, de blanc et de jaune. IL. Cullure. — Toutes les espèces aiment une terre fraîche, légère, substantielle, bien fumée, et peuvent s’y succéder deux et trois années de sulle, sans lui nuire aucunement, et sans éprouver la plus légère altération. Si la température seconde les soins du cultivateur, la récolte rend beaucoup plus que celle du plus beau blé; certes rien n’est exagéré dans cette assertion de Rozier, qu’on exa- mine la plante comme plante polagère ox comme objet de grande culture. [1 faut semer en temps propice les Haricots nains en bordures, les grim- pans en planches. On rame ces derniers dès que la tige, ou, selon le langage des horticoles, le fil ou filet, commence à paraître, afin de les rendre plus productifs ; mais, arrivés à une certaine hau- teur, on les pince, disons mieux, on rompt à coups de baguettes flexibles les brins qui s’élan- cent trop. Dans nos départemens du sud-est, par- ticulièrement , les’ Haricots sont exposés aux ra- vages d’un insecte que l’entomologiste Olivier es- time appartenir au genre des Acares. Quoique cultivées depuis fort long-temps sous le climat de l'Europe septentrionale, ces plantes veu- lent, pour prospérer, une terre bien préparée, et, pour que leurs graines acquièrent une maturité complète , que la température de l'automne soit assez chaude. Il faut encore que les gelée* prin- tanières, ni la froidure de certaines nuits d’été, ne viennent point interrompre le cours de leur végé- tation. L'industrie agricole s’arme contre ces in- convéniens en donnant à la terre de bons labours, en l’imprégnant des substances qui sollicitent son aclivité, qui l’échauffent, et la rendent perméable aux rayons solaires. Les semis en échiquier adop- tés aux environs de Paris réussissent très-bien, Dans plusieurs de nos départemens, surtout ceux de la Côte-d'Or et de Saône-et-Loire, on cultive les Haricots conjointement avec le maïz ct la pomme de terre : ils donnent ainsi de grands bé- néfices. Cest par sillons que, dans le département de l’Aisne , principalement aux environs de Sois- sons, depuis le village de Billy jusqu’à Braisne, on élève les Haricots. Ils y sont très-estimés, et parmi ceux qui jouissent de la meilleure réputa- Lion, je nommerai les Haricots de Ciry-Salsogne, Vasseny, Chassemy, Sermoise et Augy. IV. Propriétés écbnomiques. — Sous le ciel pros- père de l’Inde comme sous les autres climats où la main de l’homme a porté le Haricot , il est admis sur toutes les Lables, mangé en vert et en sec, ap- prêté de diverses manières. La gousse tendre se digère facilement, mais elle profite peu; le grain frais est moins nourrissaut qu’après sa dessiccation; s’il convient peu aux estomacs faibles, il est sain et ami de l'homme laborieux et qui fatigue beau- coup. Un autre avantage , c'est de se trouver par- tout à un prix modique. Les feuilles, quand elles sont tendres et cuites, se mangent avec plaisir ; les Grecs de Archipel les font frire avec de lhuile. Les fleurs plaisent aux abeilles et les attirent de fort loin. Les tiges sèches conviennent mieux aux animaux données en litière que comme fourrage. Veut-on faire servir les Haricots à la décoration de quelques parties de jardins, il est bon de choisir parmi les espèces grimpantes, et de donner la préfé- rence au Haricot à bouquets pour former de jolis berceaux annuels; aux Haricots limaçon, grand étendard, et pourpre, à cause de leurs grandes fleurs odorantes. (Fap"B.) : HARKISE. ( win. ) Ce nom, dérivé des deux mots allemands Æaar , cheveu, et Âies , pyrite, signifie Pyrite capillaire. Il s'applique à un sulfure de nickel, qui se présente en petites houppes com- posées d’aiguilles fines d’un vert jaunâtre , et quel- quefois sous la forme d’une matière pulvérulente de la même couleur. L’Harkise est formée de 64 à 65 parlies de nickel et de 35 de soufre. Cette substance , assez rare dans la nature , accompagne divers minerais de cobalt arsénical, de fer sul- furé, de blende, de galène et d'argent, dans les filons qu’ils forment au Hartz, en Bohême, en Saxe, en Angleterre, etc, WbÇITEE } | HARLE , PL.201. ALAN par z. ‘Harpale 2. Harpe. 3. Harpie. 4 . Harle. ÆE .Cuerin dy HARL 561 HARP. a ————— l HARLE, Mergus. (ois.) Ges oïseaux, de la fa- mille des Lamellirostres dans l’ordre des Palmi- pèdes, ont pour caractères : un bec droit, étroit, cylindrique, un peu déprimé à sa base, plus mince que celui des Canards. échancré sur les côtés en “forme de scie; la mandibule supérieure, de sub- stance cornée, est crochue et onguiculée à sa base; l'inféricure , plus courte , est droite et obtuse ; des narines ovalaires, très-petites, situées sur le mi- lieu du bec, percées de part en part et recouver- tes d’une membrane; des yeux saillans ; des oreil- les couvertes de plumes et manquant de pavillon ; une Jlansue épaisse et hérissée de papilles dures; des ailes de longueur moyenne ; des pieds courts et retirés sous l'abdomen; un gésier moins mus- culeux que celui dés canards; des intestins plus courts ; un larynx qui, à la partie supérieure, offre un développement considérable. Ces espèces sont aquatiques, elles se nourris- sent de poissons et d’autres animaux qu'elles vont quelquelois chercher au fond de l’eau, mettant à profit la faculté qu’elles ont d’accumuler dans leur trachée une grande quantité d’air qui peut les dis- penser de respirer pendant quelques instans. On ne sait pas positivement dans quel lieu elles placent leurs nids ; leur ponte est de deux à quatre œufs. Elles habitent les contrées septentrionales de l’an- cien monde pendant le printemps; elles retour- nent en hiver dans les régions tempérées. Le Gnrawp Harce, Mergus merganser, Linn., Harle proprement dit, Harle vulgaire. Corps large, aplati; le dos, la tête et les parties supérieures du cou, d’un noir verdâtre , sont couverts de plumes courtes , relevées en houppe; poitrine, couvertu- res alaires blanches, nuancées de rose jaunâtre ; scapulaires supérieures d’un noir profond ainsi que le haut du-dos; queue grise. Cette espèce, plus grosse que le Canard sauvage, est longue de vingt- six à vingt-huit pouces; la femelle, plus petite que le mâle, a la gorge d’un blanc pur, la poitrine et les parties inférieures du cou d’un cendré blan- châtre; le ventre d’un blanc sale, les parties supé- rieures de la tête et du cou d’un rouge bai; sa tête est ornée d’une huppe longue et effilée; les jeunes mâles ne diffèrent des femelles que par des taches noires sur la poitrine et le sommet de la tête, ‘et des taches blanches sur le dos. Elle habite la Norwéze, l’Irlande, le Groënland , l'Amérique sep- tentrionale: on en trouve aussi sur les côtes de l’An- gleterre , de la France et de la Hollande; elle se ren- contre aussi dans le midi, Harce uurré, Mergus serrator, Linn. , ‘repré- senté dans notre Atlas, planche 201, figure 4. Poitrine brune, tachetée de “oir; collier blanc ; parties supérieures du dos, scapulaires d’un noir intense ; taches blanches, bordées de noir, à l’in- sertion des ailes ; ventre blanc; huppe d’un noir _verdâtre dirigée en arrière. Grosseur du Canard. La femelle se distingue facilement du màle, tou- tes les parties qui sont noires chez celui-ci étant d’un brun sale chez elle. Cette espèce est d’un naturel très-farouche; elle niche sur les petites éminences qui s'élèvent au dessus des marais; sa Tous IL, ponte est de dix. à douze œufs d’un brun cendré. Elle habite la Laponie, le Groënland. Hacce PIETTE, Mergas albellus, Linn. Parties supéfieures du corps mélangées de noir et de blanc; parties inférieures d’un blanc pur, ainsi que le cou, les scapulaires et les petites couvertures des ailes; une houppe blanche et flottante orne la tête du mâle, une tache d’un noir verdâtre entoure l’œil. Cette espèce habite les contrées boréales des deux mondes, elle niche sur le bord des lacs et des ma- rais; sa ponte est de huit à douze œufs blancs. Harce couronné, Mergus cucullatus, Linn. Poitrine et ventre blancs, pennes caudales et ailes en partie blanches; dos noir, ainsi que la face et le cou. Cette espèce, de la grosseur du Canard, a une huppe de plus de trente lignes de hauteur, composant une espèce de disque noir à la circon- férence et blanc au centre. Elle habite l’Améri- que septentrionale, et se construit, avec des her- bes et ses propres plumes qu’elle s’arrache exprès, un nid où elle dépose quatre à six œufs blancs. On connaît encore quelques autres espèces, telles que le Mergus fuscus, Lath. , le Mergus fucifer, Lath. ; mais on a besoin à leur égard de renseigne- mens plus précis. (V. M.) HARLE. (uam.) 7. Casror DE Men. j HARMOTOME. (urx.) Cette substance minérale, dont le nom dérivé du grec, signifie coupée sur Les jointures , justifie cette dénomination en ce que sa forme cristalline primitive est un octaèdre qui se sous-divise suivant des plans qui passent par les arêtes et par le centre. Sa cristallisation secondaire est le prisme droit , rectangulaire, terminé par des pyramides simples ; souvent quatre de ces prismes se réunissent dans le sens de leur axe, ce qui donne à chacun de ces groupes l'apparence d’une croix : c’est alors l’'Harmotome cruciforme. Sa couleur est blanche; sa dureté va à peine jusqu’à rayer le. verre ; au chalumeau elle fond en un verre lim- pide; dans les acides elle est soluble, et sa solution donne un précipité abondant. L’'Harmotome est un silicate alumineux; elle se compose d'environ 45-à 56 parties de silice, de 15 à 20 d’alumine, de 16 à 20 de baryte, de 12 à 16 d’eau, et souvent de quelques parties de chaux, de potasse ou de soude, d’oxide de fer ou de manga- nèse. Cette substance se trouve soit dans des schistes argileux , soit dans des roches d’origine ignée. (J. H.) HARPALE, Harpalus. (ins.) Genre de Coléo- ptères, de la section des Pentamères , famille des Carnassiers, tribu des Carabiques ; ils offrent les caractères suivans : labre enlier, nu, à peine échan- cré; menton unidenté, les quatre tarses antérieurs dilatés dans les mâles; corps ovalaire, plus étroit en devant. Ce genre a subi bien des métamorpho- ses ; créé d’abord par Latreille, il devint une des . « grandes divisions du genre Carabe de Fabricius ; Bonelli, dans ses travaux sur la famille des Car- nassiers, le démembra en créant plusieurs autres genres , et dans ces derniers temps il a encore été très-restreint ; il n’y a pas de doute qu’on n’ait eu 231° Livaalson. 71 HARP 562 HARP._ Ë raison en établissant différentes coupes qui en ont été distraites ; mais il est plus facile de voir que ces objets ont dû en être séparés, que de formuler la différence réelle qui existe entre eux. Les Happales sont de petite taille , six à sept lignes au plus; leur corps est légèrement convexe, plus étroit antérieu- tement, avec les élytres terminées en pointe; leur tête est assez grande, avec les yeux pelils, mais globuleux ei saillans ; la tête ne se rétrécit pas brusquement après eux; les mandibules ne sont pas très-robustes ; les palpes externes sont termi- nés par un article plus long que le précédent , fu- siforme; les antennes sont filiformes et à peine plus minces à leur extrémité ; le corselet est en carré transversal, ayant ses quatre angles aigus; les ély- tres sont presque toujours strices dans leur lon- gueur ; tous possèdent des ailes; les pattes sont robustes, épineuses, et ont les crochets des tarses simples; les dilatations des quatre tarses antérieurs des mâles sont en forme de cœur avec les angles aigus; le dessous est garni de deux rangs de papilles. Ces insectes se tiennent à terre, sous les pierres et plutôt dans les endroits secs qu'humides ; l’or- ganisation de leurs pattes leur permet de fouiller le sol, où ils se creusent des demeures souterraines ainsi que leurs larves; celles-ci sont cylindriques avec un mamelen au dernier segment abdominal. Ce genre est très-nombreux en espèces, mais d'une détermination très-diflicile par les variations nom- breuses qu’elles présentent dans la taille et dans la couleur. Nous nous contenterons d’en citer quel- ques unes : H. necricorne, /1. recticornis, Fab. Long de six lignes, tête et corselet lisses; élytres finement ponctuées entre les stries avec un léger duvet; noirs; antennes, palpes, pattes fauve-rougeâtres. Commun aux environs de Paris. H. 4 peux marques, /1. binotatus, Fab. Long de 5 lignes, lisse, deux amas de rides aux deux an- gles postérieurs du corselet; stries des élytres pro- fondes, et de gros points enfoncés sur le côté ex- terne et vers leur extrémité ; noir; les palpes , Les deux premiers articles des antennes , les épines et poils des paies fauves ; antennes et tarses bruns. De Paris. H. snonzt, 11. œneus, Fab. Long de 4 lignes; tête et corselet lisses ; élytres ayant leurs stries peu marquées , surtout vers l’extrémité, paraissant soyeuses, quelques points enfoncés près du bord externe; corps vert en dessus, brun foncé en des- sous; antennes, palpes et pattes fauve -rougeâtres. Très-commun. L'HaRPALE GERMAIN, 1. germanus , que nous avons représenté dans notre Atlas, pl. 201, fig. 1, forme, avec quelques autres, un pelit genre basé sar la ponctuation des élytres , et que les entomo- logistes ont nommé Ophonus. Ce genre n’a pas été adopté par Dejean dans son dernier ouvrage, L’Har- palus germanus est long de trois à quatre lignes; sa | tête est rouge, son corselet bleu foncé ; ses élytres rouges avec l'extrémité bleue; le dessous et les | | percule et de la trompe et en généralpar sa con- pattes sont également d'un rouge ferrugineux. Assez rare aux environs de Paris. (à. P.) HARPIE, Harpia, Cuv. (ois.) Appelés anssi Aigles à ailes courtes , ies oiseaux de ce genre dif- fèrent des Aigles pêcheurs proprement dits par la brièveté de leurs ailes; leur bec est d’une force considérable ainsi que leurs serres; leurs tarses, très- forts, sont à moitié couverts de plumes. Aucze Hanpre où GRANDE Hanpie D'AMÉRIQUE, représenté dans notre Atlas, pl. 201, fig. 3, et dé- crit par Mauduyt sous le nom de Grand Aigle de Guiane; c’est le Vultur harpyia de Linné, le Falco J'acquini de Gmelin, l’Aigle destructeur de Daudin, l’Yzquantzli de Fernandès. Cet Aigle est plus grand que l’Aigle commun; c'est de tous les oiseaux de proie celui dont la taille est la plus considérable, il a 3 pieds 2 pouces de long ; il est exclusivement propre à l'Amérique; sa furce est extraordinaire, on assure qu'il fait sa nourriture de l’Aï; les voya- geurs racontent qu'il enlève dans ses serres les jeunes quadrupèdes, et qu'il peut fendre le crâne d’un homme à coups de bec. Son manteau est noir avec des zones grisâtres, la poitrine et le ventre d'un blanc grisâtre ; le cou est gris ainsi que le dessus et les côtés de la tête; des plumes de la même couleur forment au dessus de la Lête une petite huppe qui se relève lorsque l'oiseau est irrité; l’une de ces plumes , plus longue que les autres, est noire dans une graude partie de son étendue et grise à l'extrémité. Les pennes des ailes sont noires et s'étendent au-delà des deux tiers de la queue. Les parties inférieures sont nues et d’un Jaune clair ainsi que les doigts; les ongles, très-forts, sont cro- chus et d’une couleur de corne. (V. M.) HARPE , {arpa. ( mor. ) Les Harpes sont de jolies coquilles recherchées par les amateurs , autant pour l’élégance de leurs formes et la vivacilé de leurs couleurs que pour la délicatesse de leur chair ; elles se trouvent en grande quantité sous les tropiques , notamment dans les mers des Indes et celles d'Amérique , mais ne se rencontrent point dans nos climats , de sorte que ce n’est que dans ces derniers temps qu’elles ont pu être soumises au scalpel de l’anatomiste. En 1828 , Reyaaud , et plus tard , Quoy et Gaymard, dans la Zoologie de l Astrolabe , en ont donné l’anatomie. Ces travaux ont déterminé enfin quelle place on doit assigner à ce mollusque, qui, bien que considéré par tous les naturalistes comme formant un groupe bien dis- linct, n’en a pas moins été, à plusieurs reprises , changé de place par suite de l'ignorance dans la- quelle on était de sa structure intime. Ainsi, Linné avait réuni sous le nom; de Buccinum Harpa, comme de simples variétés d’une même espèce , toutes les Harpes connues de son temps, Lamarck en a fait un genre de la famille des Purpuritères, à échancrure à leur base; Cuvier, et plus tard Blainville, un sous-genre de Buccins ( et de Fé- russac, enfin, un sous-genre des Pourpres. Mais l'anatomie de cet animal a fait voir que s’il a quel- ques rapports avec les Tritons, parmi lesquels l'avait placé Linné, il en diffère néanmoins par beaucoup d’autres, comme par l'absence de l’o- formation interne, surtout celle de l'appareil di- oo HARP 563 HARP EEE SEE ONE NET SET € DEEE RNRS RSR EEE EEE CE CE COTES RÉ nm gestif. Îl serait à désirer que, dans le classement de ces animaux, on se fondât sur des connais- sances anatomiques ; on n’aurait point alors aussi soavent à rectifier des classifications qui, fon- dées sur une connaissance superficielle de l’ani- mal, puisque le plus ordinairement elles consistent dans l'appréciation des caractères extérieurs qui netraduisent point fidèlement toutes les particu- larités plus ou moins importantes de la structure interue , ont pour inconvénient de rapprocher l’un de l’autre et de confondre parfois dans un même genre des mdividus qui diffèrent cependant essen- tiellement Fun de l’autre. C’est ainsi que tout récemment ( voy. Mémoires de l’Académie royale des sciences de Bruxelles, n° 11) Vanbeneden, ayant soumis l’Aelix algira à un examen anatomique, a reconnu qu'elle diffère beaucoup de l’AHelix pomatia, que l’on considérait auparavant comme type du genre. | Les Harpes , par leur forme extérieure , se rap- prochent des T'onnes; leur coquille est ovale, bombée, garnie de côtes longitudinales parallèles et tranchantes, qui leur ont valu le nom qu'elles portent; leur spire est courte; leur ouverture, échancrée par en bas, manque de canal ; la co- lumelle lisse est aplatie et pointue à sa base; elle est dépourvue d’opercule; mais son pied, garni d’une grande quantité de fibres très-résistantes , ne peut entièrement rentrer dans la coquille, et peut ainsi remplacer l’opercule. En avant de la coquille et à droite, se trouvent deux tentacules oculés à leur base, longs de cinq lignes, épais, pointus à leur sommet, dirigés un peu en dehors. Au dessous des tentacules on voit la bouche, si petite que Quoy et Gaymard n’ont pu la découvrir qu'à cause de sa position ; à gauche se trouve le siphon destiné à introduire dans la cavité beanchiale l’eau qui doit subir l'acte de la respiration ; du même côté on apercoit la verge, longue de dix lignes , et d’une épaisseur médiocre; enfin , on remarque le pied divisé en trois parties, dont la postérieure, constituée par des fibres qui forment un Jlacis inextricable , est séparée du reste du pied par une impression à peine percep- tible , mais d’une grande importance, comme nous le verrons plus loin; des deux autres parties, formées de fibres longitudinales , l’antérieure est en forme de croissant, et celle du milieu est. moins large et plus épaisse. Toutes ces parties sont vivement colorées de taches d’un rouge bru- nâtre et de nuances jaunâtres. Au dessous de la portion du manteau qui se trouve appliquée con- tre la face interne de la coquille, on trouve des feuillets muqueux au nombre de sept, transpa- rens, lamelleux, parcourus par un grand nombre de vaisseaux sécrétant une matière calcaire desti- née à former l'enveloppe externe des œufs à lear sortie de l’oviducte, et les lamelles branchiales. En arrière ‘on voit lemuscle columellaire ; puis le foie, assez volumineux et lui adhérant; la glande de la pourpre, dont Quoy et Gaymard n’ont pu dé- couvrir l'ouverture; puis enfin le testicule, gros , ovalaire , en partie recouvert par le foie, occupant l'extrémité de la spire; son canal déférent passe sous le rectum et vient s'ouvrir à l'extrémité de la verge; celle-ci est large, courbée en forme d'S, avec une rainure sur le bord externe. Chez la femelle, lovaire est placé sur le bord droit -du foie; l'utérus est volumineux, sa cavité est large; il aboutit dans une ampoule de laquelle sort un canal qui, passant sous le rectum, s'ouvre près de l'anus. | Le cœur est aortique; son ventricule commu- nique supérieurement avec une oreillette dans la- quelle aboutit la veine branchiale : l'aorte sort à la partie antérieure du ventricule, envoie des ra- meaux aux follicules, de la viscosité au foie et au testicule; puis se divise en deux vaisseaux, dont l’un se rend aux tentacules et à l’appareil digestif, et l’autre au pied. La veine brachiale donne inser- tion à droite aux feuillets muqueux ; à la gauche se trouve la grande branchie , dont les lames sont tapissées denombreux vaisseaux, et les petites bran- chies, composées de lamelles de ferme différente, Pour ce qui concerne l’appareil digestif, nous avons déjà parlé de l’excessive petitesse de La bou- che; l’œsophage, quivient ensuite, est un filet extré- mement fin , adhérant très-fortement à la gaîne de la trompe, quoiqu'il ne se porte pas à l'extérieur avec elle; cette trompe, qui est renfermée dans une gaîne, est fixée aux parois de la cavité abdo- minale par des muscles nombreux. L’œsophage est accompagné de deux grosses glandes salivaires qui s'ouvrent dans la trompe. L’estomac, placé à la partie antérieure du pied , est très-étroit ; il ne se distingue pas du reste de l'intestin , qui ne pré- sente rien de remarquable, et se termine par un anus rétréci, après avoir recu en passant‘dans le foie plusieurs canaux biliaires. Quoy et Gaymard n'ont jamais trouvé aucune substance dans l’es- tomac; ce qui tend à faire croire qu'’ils.se nourris- sent d’alimens très-déliés, contrairement à l’opi- nion de Reynaud,qui les croit carnivores;d’ailleurs, la petitesse de la bouche combat cette assertion, Le ganglion cérébral est sous-æsophagien , sui- vant Reynaud; d’après Quoy et Gaymard, il se trouve au dessus de cet organe , et cette opinion est infiniment plus probable que la première, Ce mollusque se rencontre dans les endroitsro- cailleux , à des profondeurs plus ou moins consi- dérables au dessous du niveau de la mer, àl’abri des attaques de l’homme, mais en butte à celles d'une infinité d’ennemis non moins redoutables ; lorsqu'un danger pressant le menace , il est doué de li faculté de rentrer en entier dans sa coquille, à l'exception de la portion du pied qui lui sert d’opercule; dans des cas de détresse , il pent même , par une propriété toute particulière , ren- trer entièrement dans sa coquille, Nous avons parlé précédemment de la division de son piedeen trois lobes distincts; quand l'animal se trouve attaqué , il peut , par une contraction musculaire, fendre son pied à l'endroit de la dépression que nous avons remarquée, ce qui lui permet alors de ren- trer tout-à-fait dans la coquille , et de ne plus pré- senter à ses ennemis qu'uncenveloppe calcaire. ’ a ————_————_—_—]————" ———_—]——————""—""—"——— a —————_———_—————— HART 564 HART \ Quoÿ et Gaimard ont reconnu que cette rupture devait être attribuée à la présence ; dans l'endroit où elle s'opère, d’un vaisseau aquifère qui rend en ce point sa résistance moins grande. On con- naît plusieurs espèces de Harpes ; nous citerons seulement les suivantes : Harpe vENTRUE , Harpa ventricosa, Lam., Gué- rin, Iconographie du Règne animal ; nous avons reproduit dans notre Atlas, pl. 201, fig. 2, la fi- gure originale qu’en doune les auteurs. Cette espèce est large, ventrue; ses côtes sonttranchantes et très- lisses, couvertes de taches quadrangulaires d’un beau rose pourpré , alternant avec d’autres d’une couleur tendre ; côte très-aiguë à la partie supé- rieure , au dessous de laquelle on en trouve une autre moins saillante. L’intervalle de ces côtes est couvert de stries longitudinales ; il est blanc vio- lacé, orné de taches roussâtres festonnées ; colu- melle teinte de pourpre et de noir brillant. Hanre ALLONGÉE , /arpa minor. Plus petite que _la précédente , avec la spire plus allongée , et les côtes plus étroites, elle n’en diffère guère que par des couleurs rougeâtres un peu moins intenses; l’espace intercostaire est gris, marqué de taches d’un brun foncé ; le sommet de la spire est rosâ- tre; la base de la coquille présente des stries transversales un peu ondulées. LV 5 HARTZ ou HARZ. (céocr. puys.) Gontrée mon- tagneuse que les Allemands nomment aussi //arz- gebirge, et que les anciens ont connue sous le nom de Forêt hercynie (Sylva hercynia), qui paraît dé- river de la dénomination germanique //arzwald. Suivant quelques érudits allemands, le nom de Harz aurait pour origine celui de la déesse /ertha, ancienne divinité que les Germains plaçaient sur les lieux élevés; cependant il est plus naturel d’ad- mettre que le nom de //arzwald vient de la grande quantité de sapins qui peuplent les forêts du Æarz ; et, en effet, //arz signifie encore aujourd’hui résine. l Cette contrée s’étend depuis les bords de la mer Baltique jusqu'aux extrémités méridionales du Ha- novre; le terrain monte graduellement à mesure qu’on approche des montagnes du Harz propre ment dites. Dans les parties les plus voisines de la mer, et surtout dans le voisinage du Bas-Elbe et du Bas-Weser, le sol est en grande partie formé par les alluvions de ces deux fleuves. Ce sol paraît reposer sur la partie inférieure du terrain supercré- tacé, ou en d’autres termes sur l'argile plastique , à en juger par les lignites qui bordent la mer Bal- tique. En s’éloignant de cette mer, on remarque des terrains secondaires qui vont s’appuyer sur la chaîne du Harz, formant comme une sorte d’île au milieu de ce terrain. Les montagnes qui constituent cette chaîne sont généralement granitiques ; elles offrent quelques cimes remarquables dont les plus élevées sont les suivantes : Le Brocken (point culminant du Harz et de l’Alle- magne septentrionale). . , . . . 1115 mètres. Le Heiïnrichshôhe.. . . . , . 1,039. Le Grand Kænigsberg.. . . . 1,008. Le Brochbers, en eue 2080 C’est du mont Brocken, appelé aussi Bloxberg, que rayonnent presque dans tous les sens les bran- ches qui composent tout le groupe des montagnes du Harz, auquel le.savant géographe allemand Stein donne une superficie de 178 lieues carrées. Tout ce qui se prolonge à l’ouest du Brocken porte le nom de Haut-Harz (Ober-Harz ); tout ce qui s'étend à l’est a recu celui de Bas-Harz ( Unter- Harz). Ainsi que nous l'avons dit ailleurs, outre les nombreuses rivières qui descendent du Harz, on distingue plusieurs sources importantes : la plus remarquable est la fontaine des Sorcières (Hexen- Übrunnen ). Ge nom indique le souvenir de quelques pratiques superstitieuses des anciens peuples de ces contrées. Lorsque l’épée de Charlemagne y fonda le christianisme, quelques unes des prêtres- ses des antiques divinités germaines auront con- servé l'habitude d'aller près de cette source faire leurs cérémonies, et les prêtres chrétiens, confon- dant ce culte avec celui des démons, auront dé- signé cèlte fontaine par le nom qu’elle a conservé. Elle est placée à une vingtaine de pieds au dessous de la cime du Brocken, et fournit une masse d’eau fort abondante. Sur le sommet de cette montagne il se passe souvent, vers le matin ou le soir, un phénomène physique qui a été long -temps la ter- reur de l'habitant du Harz : si le spectateur est placé entre le soleil et un nuage, il voit son image réfléchie dans ce nuage comme dans un miroir, mais plus grande et difforme. Jadis l'ignorance accréditait l'opinion qu’un spectre, auquel on don- nait le nom de spectre de Brocken, était couché dans ce nuage. Cet effet d'optique rentre dans la classe de ceux que l’on comprend sous le nom de mirage. Dans le calcaire ancien qui s’appuie sur les ro- ches granitiques du Harz, on remarque plusieurs cavernes, moins célèbres encore parles nombreux détours qu’elles offrent à la curiosité du voyageur que par l’énorme quantité d’ossemens fossiles qu’on y a découverts, et qui peuvent les faire considérer comme d'immenses charniers naturels, dans les- quels se sont conservées les'dépouilles d’une géné- ration d'animaux qui diffèrent de ceux qui vivent maintenant à la surface de la terre, et qui attestent l'importance des changemens que notre planète a jadis éprouvés. Les plus curieuses de ces cavernes sont celle de la Licorne et celle de Baumann. La première est située au pied du château de Schartz- fels : elle est composée de cinq grottes qui com- muniquent les unes aux autres par de nombreuses sinuosités qu’il faut parcourir, soit en montant ,* soit en descendant. La seconde, beaucoup plus vaste, est également composée de cinq grottes pla- cées à des niveaux différens. De la première à la seconde de ces cavités on descend 30 pieds; pour passer de celle-ci à la troisième, il faut se hisser des pieds et des mains; enfin, après avoir alterna- tivement monté et descendu, on arrive, par une pente assez rapide, dans une galerie remplie d’eau et placée sous les grottes. Cette galerie, rarement visitée, contient une grande quantité d’ossemens HATI qui appartiennent généralement à des Tigres, à des Hyènes, et à un Ours qui devait être aussi grand qu'un Cheval. On remarque dans la caverne de Baumann une colonne en stalactite qui rend un son agréable lorsqu'il y tombe une goutte d’eau de la voûte. Les rochers magnétiques d’/lsenstein et de Schierla attirent aussi l'attention du géologiste. Le Harz est depuis long-temps célèbre par ses mines ; celles de fer sont les plus abondantes. La plupart des filons argentifères sont sur le territoire du Hanovre ; ils occupent les fissures d’une roche sablonneuse, connue des Allemands et des géo- gnostes de toutes les nations sous le nom de Grau- wake. La même roche renferme aussi des restes de végétaux et des vestiges d'animaux marins. Les au- tres métaux que l’on y recueille sont le plomb , le cuivre, le zinc et même l’or. Le soufre et l’arse- nic y sont également exploités. Enfin on y trouve des marbres, des ardoises, des pierres de taille, du gypse, des argiles de différentes espèces, et des sources salées et d’eaux minérales. (ds Hs) HATIF, præcox. (acr.) Qui devance l’époque ordinaire. Ce terme, particulièrement en usage parmi les horticoles et les agriculteurs, désigne une plante qui donne naturellement et sans effort des fleurs et des fruits bien avant la saison accou- tumée. Deux causes déterminent ce phénomène : la première est due à une température élevée de l'air ambiant, qui a renversé les barrières con- nues des saisons, en a dérangé le cours régulier, a puissamment sollicité la végétation, pressé sa marche, forcé les fleurs à s'épanouir de bonne heure, et amené les fruits à une maturité prompte, complète , inattendue. Dans ce cas, les récoltes ne sont pas toujours abondantes, mais leurs pro- duits se font remarquer par de hautes qualités ; ils - sont bien nourris, exhalent un parfum suave} fournissent des alimens excellens, parce que la vé- gétation , soutenue par une conslitution atmo- sphérique montant par degrés, et pour ainsi dire à raison des besoins, a parcouru ses phases d’une manière uniforme, non interrompue, et qu’elle est arrivée à son terme sans encombre d'aucune sorte. Sous ce point de vue, les années 1781 et 1822 sont mémorables parmi les années hâtives les plus célèbres. La seconde cause est limitée à certains indivi- dus privilégiés ; elle n’est ordinairement que le ré- sultat des soins long-temps continués d’une culture bien entendue. Cet artifice rend la plante étrangère à ses congenéres, et détermine plus promptement sa ruine totale. La précocité de nature est un bienfait, mais celle de l’art n’est qu’une triste et coûleuse conquête, n'ayant d'utilité réelle que pour les arbres dont les fruits arrivent trop tard à maturité, relalivement aux époques tranchées de nos années rurales, surtout dans les contrées sep- tentrionales. Il importe de les empêcher de périr sous l’action des premiers froids; on coupe à cet effet quelques unes des branches, on enlève un anneau circulaire , ou seulement demi-circulaire, 565 HEBR d’écorce , au moment où l’arbre est en fleurs, et conséquemment en pleine séve; on hâte ainsi la formation et par suite la maturation du fruit. Comme c’est à la science qu’appartient le droit de corriger ce que le langage vulgaire a d’indécis ou de défectueux , et qu'il convient de graduer les expressions créées et adoptées, puisque l’Acadé- mie Française, payée pour remplir cette tâche, ne le fait point, nous dirons plus bas, ainsi que nous en avons agi précédemment pour le mot Buse (vo. ce mot), l'application botanique que l’on doit faire du mot français Précoce, et la valeur qu’il a positivement eu égard au mot hâtif. (7. Pré- COCE. (T. 2. B.) - HATCHETINE. (win.) Cette substance miné- rale, qui paraît être un composé de carbone et d'hydrogène, n’est point assez bien connue pour qu'il soit possibie de lui assigner une place déter- minée dans la nomenclature : tout ce que nous pouvons en dire, c’est qu’elle est blanchâtre ou jaunâtre, d’un éclat gras et nacré, quelquefois translucide et d’autres fois opaque, très-fusible et donnant par la distillation une odeur bitumineuse et une malière butyreuse d’un jaune verdâtre ; enfin qu'elle laisse du charbon au fond de la cornue. Tels sont les caractères que lui assigne Beu- dant, caractères qui l’ont fait appeler aussi Ady- pocire minéral, Tout ce que l’on sait de son gise- ment , |c’est qu’elle a été trouvée dans un.minerat de fer argileux à Mertyr-Tydvil, dans la partie méridionale du pays de Galles. (J. H.) HAUYNE. (un.) On a donné le nom du célè- bre minéralogiste Haüy à une substance minérale vitreuse , bleue, plus dure que le verre et cristal- lisant en dodécaèdres rhomboïdaux. Elle est solu- le dans les acides en se décolorant. C’est un sili- cale alumineux, composé de 35 à 57 parties de silice, de 19 à 28 d’alumine, de 12 à 15 de potasse, de 8 à 12 de chaux, de 11 à 12 d’acide sulfurique, et de quelques petites parties d’eau, d’oxide de fer et d’oxide de manganèse. Cette substance se trouve dans des roches volcaniques, telles que la lave, le basalte et le trachyte. g (ss) HAYDENITE. (uin.) On a donné ce nom à un minéral peu connu, et qui n’a point encore été analysé d’une manière satisfaisante. L’Haydenite est une substance rougeâtre ou brunâtre crislal- lisée en cube ou en rhomboèdre obtus. Elle est attaquable à chaud par l’acide sulfurique, avec lequel elle donne un précipité gélatineux. On ne l'a encore trouvée que dans les fissures d’un gneiss des environs de Baltimore, aux États-Unis. MA. Hu HÉBRIDES. (c£ocr. Pnys.) Iles que les Anglais nomment Western-islands, c’est-à-dire Îles occt- dentales, parce qu’elles sont disséminées près de la côte occidentale de l’Ecosse. On en porte le nombre à près de 500, parmi lesquelles il n’y en a que 86 qui soient habitées; les autres ne sont que des îlots; quelques unes sont tout-à-fait stériles. Elles sont en général exposées à un air froid et à des brumes presque continuelles. La plupart pro- HEBR duisént üme grande variété de plantes ; mais on peut à peïne y trouver un arbre ét même tn buisson. Parmi lés plus importantes, les plus rappro- chées de l’Ecosse sont {la ou Jslay et Jura, La première a 8 lieues de longueur sur 3 de largeur ; elle renferme des collines d'environ 1 ,900 pieds de hauteur, des sources abondantes , des rochers ari- des, des bru yères , des lacs ét des marais. Elle est fiche en minéraux, tels que plomb , cuivre, co- balt, fer, manganèse, mercure, barite, marne et carbonate de chaux. La seconde est longue de 7 à 8 lieues et large de 2 à 5. Une chaîne de montagnes la traverse en présentant vers le sud-ouest quatre sommets à pic appelés les mamelles de Jura. Elle abonde en fer ét en manganèse. Ces deux îles sont en grande partie composées de roches granitiques, micacées et Schisteuses. ; Mallet Ram, presque entièrement volcaniques, sont montagneuses, remplies de lacs et dépour- vues de bois. La première de ces deux îles ren- ferme un monument basaltique très-remarquable : c'est un cirque naturel de 75 pieds de diamètre, composé d’un mur de 25 pieds de hauteur formé de prismes de basalte de 7 à 8 pieds de longueur placés horizontalement les uns sur les aatres. L'île de Skye, couverte de montagnes dont quelques unes atteignent, comme celles de Mall, 3,000 pieds d’élévation, offre de belles colonnades de basalte, un rocher perpendiculaire qui se ter- Mine en pointe à 300 pieds de hauteur, des grottes imposasutes et curieuses , des vallées arrosées par des ruisseaux qui forment un grand nombre de cascades; des masses de granite et de grès, des marbres, des minerais de fer et de plomb. Les torrens y roulent des topazes qui pourraient riva- liser avec celles du Brésil. Les îles South-uist, North-uist, Lewis, et plu- sieurs autres trop peu importantes pour être nom- mées, occupent une étendue de 438 licues da sud au nord. Elles paraissent entièrement composées de roches volcaniques et micacées. (J. EH.) HÉBRIDES (Nouvelles) (ckocr. pnys.) À l’est de la Nouvelle-Hollande, et au nord-est de la Nouvelle-Calédonie, se présente, dans Ja partie de l'Océanie appelée Australie, un archipel impor- tant par l'étendue et la fertilité des îles qui le com- posent. Fernandès de Quiros, qui découvrit la prin- cipale en 1606, la nomma Téerra- Australia del- Spiritu-Santo, parce qu'il snpposa qu’elle faisait partie d’un continent austral; plus tard , Bougain- ville y ajouta quelques îles et les nomma Archipel des grandes Cyclades ; enfin Gook leur donna le nor de Vouvelles Hébrides. La plus grande de ces îles est Æspiritu-Santo : sa circonférence est d'environ Go lieues ; elle est couverte de montagnes. Le pieux navigateur es- pagnol qui la découvrit voulut y fonder la Vouvelle Jérusalem, mais avant qu’il eût pa y élever une serfle cabane, une discussion sanglante avec les indigè- ñcs et Je manque de vivres l’obligèrent à retour- ner en Amérique. #b 566 Les Nouvelles Hébrides sont en général mon- tagneuses, et renferment des volcans dont deux | sont en activité : celui de l’île d'Ambrym et cebaï de l’île Tannu. Elles paraissent fertiles; les men- | tagnes même sont couvertes dé bois dont quelques arbres ont 150 pieds de hauteur. Les plus utiles de ces arbres sont le Bananier, le Cocotier, le Fi- | guier, le Muscadier et l'Oranger. L’Arbre à paim et la Canne à sucre y sont très-prodactifs. Les principaux mammifères paraissent être des Pores, des Ghiens et des Rats. On y trouve une grande variété d'oiseaux, parmi lesquels on cite différentes espèces de Perroquets. Plusieurs races d'hommes à peau noire et à cheveux moins laineux que ceax des nègres, habitent ces îles. (J. H.) HECLA. (céocr. pnys.) Volcan de l'Iscanpe. (Woy. ce mot.) (J.H.) HEDENBERGITE. (win.) On a dédié sous ce nom, au chimiste allemand Hedenberg, une espèce minérale qui appartient au sous-genre PyroxÈns. (Foy. ce mot.) (3. H.) HÉDÉRACÉES , Hederaceæ. ( mor. pan. Groupe de plantes appartenant à la famille des Ca- prifoliacées , et composé des deux genres Æ/edera et Cornus, qui ont beaucoup d’affimités ensemble ; mais le Lierre diffère du Cornouiller par les dents du calice, les pétales et les étamines au nombre de cinq dans le premier , et seulement au nombre de quatre dans le dernier. [ls sont encore distincts l'un de l’autre par le fruit qui, ‘chez le Lierre , présente de trois à cinq semences ovales, tandis que le Cornouiller en a deux allongées. ( Foy. aux mots Lrenre et CoRNOUILLER. ) Vouloir donc. avec A. Richard, constituer en famille nouvelle ces deux genres, c’est rompre l'harmonie des familles naturelles, c’est se fonder sur des caractères trop dissemblables. Comme sim- ple groupe à la suite des Caprifoliactes , c’est ren- trer dans l’ordre. Certes, il s'éloigne des autres groupes de la famille par le calice sans bractées, par les étamines insérées sur l'ovaire, par le style unique et par Ja coroile polypétale , mais il y tient essentiellement par les autres caractères. : C'est ici le moment de dire que dans lesnomen- clatures qui précédèrent l’époque brillanteouLinné la fixa d’une manière si vraie , si pittoresque et si séduisante , l’on rangeait sous le nom d’Hédéra- cées une foule de plantes étrangères les unes aux autres, telles que le Lierre terrestre, Glecoma he- deracea: le petit Liseron ordinaire, Convolvulus ar- vensis ; l'Asarine, Antirrhinum asarina:1 Aralie en arbre de la Jamaïque, Æralia arborea ,etc. Ainsi que Daléchamps , Philibert donnait le nom d'Hé- déracées aux Vinilères, ce qui est inconvenable , comine je le dirai au mot Vinirknes. (T. D.B.) HEDWIGIE, Hedwigia. (ser. cnyrr.) Mousses, Genre fondé par Bridel en l'honneur du grand muscologue Hedwig , non adopté par De Candolle, Weber, Schkuhr, etc., admis par plusieurs au- tres , et surtout par Hooker et Palisot-Beanvois. Ses caractères sont Îles suivans : soie latérale ; cap- sule à ouverture nue; ‘calyptre dimidiée. Palisot- . Beauvois, qui à fait de ce genre les genres Jedwi- HEIS gia proprement dit, et Ænictangium, reconnait au premier une coiffe campaniforme , à opercule mamillaire ;: une urne ovale, à tube très-court, enveloppé, ainsi que l’urne, dans les folioles du périchèse , qui manque dans le second. Quatre espèces exotiques, et quelques unes in- digènes, constituent jusqu'à présent le genre Hed- wigie ; nous citerons surtout parmi ces dernières l'Hediwvis ia aquatica, mousse qui à reçu ur grand nombre de noms, que l’on trouve à Vaucluse, dans plusieurs rivières du Jura, aux environs de Genève, et qu'il est facile de reconnaître à sa tige allongée , adhérente aux pierres, rameuse à son sommet; à ses feuilles linéaires, subulées, un peu dirigées vers le même côté et recourbées vers le sommet des rameaux; à ses capsules oblongues et surmontées d’un opercule conique et oblique. À ce genre appartiennent encore: 1°l’Aedwigia Humboldii , espèce dont la tige est redressée , ra- meuse et pinnatifide; la capsule sillonute et glo- buleuse ; l’opercule subulé et courbé; la feuille imbriquée, obovale, concave, entière, innervée . et pisifère : elle croît sur le mont Quindin; 2 l’Hedwigiasecunda de Hooker , qui a la tige re- dressée et rameuse; les rameaux pinnés; les feuilles toutes dirigées d’un seul côté, largement ovales ,acuminulées, marginées , striées, sans ner- vures, et dentées en scie à leur sommet ; la cap- sule ovale et cylindracée ; l’opercule subulé : on la trouve dans les lieux arides et montueux du Mexique, près de Tolucca, au pied des monta- gnes constamment couvertes de neige. Œ.F.) HE£ED WIGIE BALSAMIFÈRE, #edwisia balsa- mifera. (80T. ruan.) Arbre de trente à quarante pieds de hauteur, qui croît dans les provinces de Minal, Balria et Fernambouc ; qui appartient à la famille des Térébinthacées ; dont on retire , à l’aide d'incisions pratiquées sur son écorce, une sub- stance résineuse, claire, âcre, qui prend à l’air la forme de stalactites d’un blanc jaunâtre , et que lon brûle dans les églises à la place de l’encens. Cette même substance peut remplacer la résine Elémi qui entre dans la confection de quelques emplâtres, et on en prépare aussi des sortes d’é- muisions qui conviennent très-bien dans certaines affections du péritoine. | (F.F.) HÉDYCHRE, Hedychrum. (ins.) Genre d’'Hy- ménoptères établi par Latreille , et qui n’est qu’un démembrement du genre Cunxsis. Voy. ce nom. (ARE) » | HEISTÉRIE, Aeisteria, (por. Pan.) Genre au- trefois rangé parmi les Aurantiacées , maintenant | réuni aux Olacinées de Mirbel par De Candolle (Prod. Syst. Veg. 1, p. 552) ; appartenant à la Diandrie monogynie de Linné. C’est Jacquin qui Va établi (Am. 126, tab. 81), Voici comment il est caractérisé : calice très-pelit, à limbe quin- quéfide , acquérant beaucoup d'extension et pre- mant la forme de; capsules; corolle pentapétale ; : étamines au nombre de dix, ayant les filamens | planes et les anthères arrondies; ovaire à trois lo- ges.charnues , renfermant un ovule surmonté d’un | 567 me HELE style court et d’un stigmate trifide ; drupe en forme d'olive, monosperme, à demi enveloppé par le calice. Le type, qui long-temps aussi fut la seule es- pèce de ce genre, c’est l’//eisterta coccinea, Jacq., arbre de moyenne grandeur, ayant le port du Laurier, et croissant dans les forêts épaisses de | la Martinique et de la Guadeloupe. Ilest connu des créoles sous le nom de Bois de Perdrix, qui lui vient de ce que les Tourterelles, improprement dites Perdrix aux Antilles, recherchent sen fruit avec avidité. Le calice qui en enveloppe la base acquiert par la maturité une couleur rouge écla- tante. Smith (in Re encycloped.) a décrit deux au- tres espèces de ce genre, le 1. caliriflora, et le IL. parvifolia; la première de Ja Guiane hollandaise, la deuxième de la Sierra-Leone en Afrique. Bergius a donné le nom de Heisteria à un genre de sa création (Descript, pl., cap. 185), que Linné réunit à tort au Polygala. Necker (Elém. botan., n° 1382) le rétablit en lui donnant un nouveau nom , celui de Muraltia, admis par les botanistes modernes. (CG. £.) HÉLÈNE (ILE SAINTE-). (aéocn. puys.) Sur l'immense plaine de l'océan Atlantique austral, à la distance de 4oo lieues des côtes inhospitalières du Congo et 6oo de celles du Brésil, on voit, comme perdue au milieu des flots, par le quin- zième degré 55 minutes de latituée sud, l'île Sainte-Hélène, que l’on doit désormais appeler l'ile Napoléon. Surgie du sein de l’onde amère à la suite d’irruptions volcaniques , partout elle offre dans la roche basaltique qui la constitue, dans les laves et les scories qui la recouvrent, des preuves irrécusables de cette origine. Elle a été trouvée, le 21 mai 1502, par Joao de Nova-Castella, navi- gateur portugais, déserte, absolument stérile et prouvant ainsi, du moins à mes yeux, qu'elle da- tait alors d’un petit nombre d'années. En 1513, un autre navigateur portugais, Albuquerque, y jeta plusieurs nègres et un exilé de son pays qui tous y périrent après avoir souffert les plus dures pri- vations. En 1645, les Hollandais s’y établirent ; mais ils ne la gardèrent que six années ; les Anglais s’en emparèrent pour la rendre aux Hollandais en 1672 ; puis ils la reprirent, pour en faire, dans le courant de l’année suivante , la seule relâche que les vaisseaux de la compagnie anglaise de l’Inde eussent dans l'océan Atlantique. Cette île est à jamais céièbre pour avoir servi de dernière demeure au Prométhce moderne ; Hudson-Lowe, le geôlier le plus impitoyable, le nouveau Briarée, était, comme le Vautour, chargé d'y déchirer saus cesse celui qui s'était remis à la foi punique des Anglais. Il y périt, l’homme extraor- dinaire de notre siècle, qui, le front ceint de lau- riers cueillis en cent climats, et à la tête de l'élite de nos héros, vit ramper à ses pieds, comme un vil troupeau, tous les rois, tous les empereurs de l'Europe vieille; qui, pour s'emparer du pouvoir souverain , détruisit la liberté , source première.de son élévation, et qui, lâchement trahi par ses lieutenans, gorgés d'or, couverts de titres et de CD 2 + HELE 568 HELE misérables livrées , précipité du faîte de la gloire , fut plus grand expirant sur un roc sourcilleux qu’assis sur le plas beau trône du monde, Lecon terrible et méritée qui parle très-haut aux ambi- tieux, à ces potentats si fiers et si puissans au- jourd’hui! Sentence cependant inutile à leurs cœurs endurcis, à leurs yeux fascinés qui ne s’apercoi- vent pas que le plus léger mouvement de la mas- sue du peuple peut la leur infliger dès demain matin ! Trois myriamètres de longueur, sur un et demi de large, et six de circonférence, voilà l'ile Na- poléon. Son aspect est sauvage; c’est un rocher noir, à pic, sans grève, dont les blocs sont sus- pendus au dessus de l’abîme qui les réclame ; sa base y plonge tout entière, et l'énorme falaise dentelée, de sept cents mètres de haut, qu'elle présente à la vague dont elle est frappée nuit et jour, qui se dresse en écumant et creuse ses flancs de mille manières, semble ne laisser aucun espoir à la nef fragile du marin intrépide. Le sol y est partagé en deux parties inégales par une chaîne de montagnes coupées de vallées profondes, et dominées par le pic de Diane qui s’élève à huit cent dix-neuf mètres, et par celui de High-Knoll qui n’en a que six cent neuf. De nombreux ruis- seaux arrosent l’île; ils sont alimentés par les nuages qui s'arrêtent sur le front des montagnes, s’y condensent, et l’imprègnent incessamment. Une cascade de trente-trois mètres de haut se voit à l'extrémité du ravin où la ville de James-Town est encaissée, près de la mer, sur la côte du nord- ouest ; la blancheur de ses eaux, d'une grande uti- lité pour les vaisseaux, contraste avec la couleur ferrugineuse des rochers. La population totale est évaluée à deux mille individus ; et sur quinze mille hectares de surface, on en compte environ neuf mille en culture. Si la côte présente sur tous les points l’image de la stérilité, l’intérieur est couvert d’une riche verdure; la terre, généralement grasse et pro- fonde, y nourrit de nombreuses cryplogames , diverses grandes Fougères, beaucoup de Mousses et des Conyzes, le Conyza gummifera, au feuillage mélancolique, qui, desséché , est fort agréable à fumer; près de la Verge d’or ligneuse, Solidago arborea , qui forme ici des arbres élevés et vivant en forêts, on trouve l’ Aster glutinosus , Ambroisie du Mexique, Chenopodium ambrosioides, qu’on ya portée depuis une quinzaine d’années et qui y est devenue des plas communes. Roxburgh a dressé Ja Flore de l'ile; il y a ramassé 35 genres et 61 es- pèces, sans y comprendre les Champignons et les Lichens qui donnent un tiers en sus de la popula- tion végétale. Dans ce nombre on reconnaît seule- ment deux ou trois espèces des deux continens voisins, plusieurs herbes potagères de l'Europe et quelques arbres fruitiers; le reste appartient en propre à l’île Napoléon et n’a encore été retrouvé nulle part ailleurs. Des Bœufs, des Moutons, des Chèvres, des Oies, etc., introduits à différentes époques, paissent sur les pâlurages. L'air qu'on respire est pur, et, quoique placé très-près de la ligne , on ne ressent point de cha- leurs accablantes. Sur les plateaux ingrats et es- carpés de Long-Wood, à 585 mètres au dessus du niveau de la mer, comme le ciel est constamment | brumeux, le froid se fait vivement sentir. On avait cru que la terre renfermait de l’or, du cuivre , du fer; mais on n’a rencontré jusqu'ici que de la chaux d’excellente qualité , des argiles de couleurs varices , et des pierres susceptibles de recevoir un très-beau poli. Veut-on parcourir l’île ? il faut suivre de vérita- bles corniches tracées sur le roc, et garnies d’un éger m ur d'appui du côté qui plonge dans le pré- cipice ouvert sous les pieds. C’est ainsi que l’on arrive au val de Sinn, où se trouve le tombeau de Napoléon. Là, au milieu d’une nature horrible- ment tourmentée , où de noires scories , à peine cachées par les cent bras de la Mousse légère , at- testent encore la présence des feux souterrains, non loin d'une fontaine limpide qu'ombrage la tige des Pins , des Châtaigniers, des Saules décré- pits suspendus aux anfractuosités des rochers, et sur les bords de laquelle naissent de superbes Gé- raniers laissant flotter au gré des ondes leurs pé- tales empourprés, l’on trouve une pierre sans nom, sans emblème quelconque; cette pierre couvre les restes de celui qui, pour long-temps, sera jeune de gloire et d’immortalité. (T. ». B.) HÉLÉNIÉES , Æelenieæ. (nor. puan.) Tribu de l'ordre des Synanthérées , fondée par H. Cassini, contenant vingt-six genres , et caractérisée par lui de la sorte:ovaire presque cylindracé, souvent velu, muni de plusieurs côtes qui divisent sa sur- face en autant de bandes longitudinales , et portent une aigretle composée de squamellules ( poils ) paléiformes ou laminées, membraneuses , scarieu- ses ou quelquefois filiformes et plumeuses. Voici les genres: Helenium de Linné, Actinea de Jussieu, Cephalophora et Galinsoga de Cavanilles, Tithonia de Desfontaincs , Æymenopappus de L’Héritier , Marshallia de Schreber; Bahia, Eriopyllumet Mo- cinna de Lagasca; Balbisia et Leontophthalmum de Willdenow ; Balduina, Gaillardia , Leptopoda , Polypteris et Tricophyllum de Nauttall; Schkuhria de Roth; Achyropappus, ÆAllocarpus et Ptiloste- phium de Kunth; Calea et Caleacte de R. Brown; Dimerostemma, Florestina et Sogalgina de Cas- sini. Plusieurs de ces genres ne sont pas encore énéralement sanctionnés. (T. ». B.) : HÉLÉNION , Helenium. (8oT. PHan.) La bril- lante imagination des Grecs fit naître des larmes de la belle Hélène la plante que nous connaissons maintenant sous le nom vulgaire de grande Au- née, Jnula helenium (voy. Inue), s’il faut en croire la description donnée par Dioscoride et par Pline. Aujourd'hui le genre Helenium, apparte- nant à Ja famille des Corymbifères et à la Syngé- nésie polygamie superflue, a été créé par Linné et placé par Cassini dans l’ordre des Synanthérées , où il est devenu le type d’une tribu ( voy. au mot Hécénées). Les quatre espèces qui le composent sont toutes originaires du continent américain , et n’ont par conséquent aucun rapport avec les plan- tes o HELI 569 HELI QE tes désignées sous le nom d'Hélénion soit par les anciens, soit par les botanistes qui se sont succédé depuis le quinzième siècle de l'ère vulgaire. Les caractères du genre sont d’offrir des plan- tes annuelles ou vivaces herbacées, à fleurs ra- diées, calice simple, divisé en beaucoup de la- nières presque égales, les fleurons monoclines, les demi-fleurons femelles ; ovaire cylindrique muni de douze bandes longitudinales , les unes parse- mées de globules jaunâtres, les autres alternant avec elles et hérissées de longues soies raides ; éta- mines avec anthère jaune, devenant ensuite un peu noirâtre; semences velues, couronnées par une aigrette. Deux de ces espèces sont très-rustiques, viennent dans tous les terrains et peuvent servir à : Vornement à la fin de l’élé, je veux dire l'H£zé - NION D'AUTOMNE, 1. autumnale, qui monte à deux mètres et demande de forts appuis pour soutenir ses tiges lourdes , nombreuses, très-glabres , por- tant des feuilles alternes, étroites , lancéolées , dé- currentes et légèrement dentées. Ses fleurs, d’un beau jaune, sont assez grandes, disposées en co- rymbes terminales , et épanouies depuis août jus: qu’en novembre. L'HÉLÉNION PUBESCENT, A. pu- bescens , que Gassini regarde comme une simple variété du précédent ; il est originaire de l’'Amé- rique du nord, et garni de feuilles pubescentes et fortement dentées en scie. L'HÉLÉNION À QUATRE DENTS, /1. quadridentatum , est plus difficile à cul- tiver; il vient de la Louisiane et meurt chaque année dans nos jardins; ses fleurs sont jaunes, de grandeur moyenne, et munies de quatre dents au sommet de la corolle. Une quatrième espèce , le IT. mexicanum, n’est encore cultivée qu’au Mexi- ue. (T. ». B.) HÉLIANTHE, Æelianthus. (BoT. PHaN et GR. ) C’est encore au continent américain que nous de- vons la possession de ce grand genre de la Syngé- nésie frustranée que de Jussieu inscrivit dans la famille des Gorymbifères et que H. Cassini a pris pour type d’un groupe nombreux parmi les Sy- nanthérées. On compte une quarantaine d’espèces, ordinairement herbacées , très-élevées et rarement ligneuses, auxquelles on donne pour caractères essentiels des fleurs radiées remarquables par leur volume, leurs couleurs vives et leur beauté, com- posées d’un calice commun, grand, imbriqué, rude, garni en son disque de fleurons monoclines nombreux, ventrus dans leur milieu, et à la cir- conférence de douze à trente demi-fleurons ligu- lés , entiers , femelles ou neutres. Semences oblon- gues, couronnées de deux paillettes acuminées, caduques, et tombant lors de la maturité; ré- ceptacle plane, paléacé. Le nom d’Hélianthe que Linné imposa à ces plantes équivaut à ceux de Corona solis, que leur donnait Tournefort, de Flos solis sous lequel Ray les désignait à son tour, et même aux noms vulgaires de Soleil, Herbe so- laire, Coupe de Jupiter, Berceau de l'Amour, et autres expressions emphatiques naturelles aux poètes , aux horticulteurs , à tous ceux qui, selon le mot de l’inimitable Amyot, se plaisent à « ad- vocasser dans les petites villes» .Quand on les ap- T. I, 232° LivrAISON, pelle Tournesol, on fait allusion au phénomène qui détermine leur disque floral à s’incliner vers lorient dès que le soleil se montre cette partie de l'horizon , à suivre sa course diurne lors même qu'une nappe nuageuse en dérobe l'aspect, et à plonger pour ainsi dire dans les profondeurs de l'Océan pour boire ses derniers rayons : cette ten- dance invincible est l'effet de la dilatation des fibres de la plante et de leur flexibilité. Je dirai plus bas (voy. au mot Hériorrore) l'erreur de ceux qui voient dans les Hélianthes la fleur de Clytie chantée par les Grecs. Plusieurs Hélianthes sont fort rustiques et par suite facilement naturalisés en £urope, particulière- ment en France, où ils semblent comme indigènes, puisque les graines d’une espèce tombées des pieds élevés dans nos jardins, dans nos champs, s’y multiplient spontanément , et que les tiges souter- raines ct tuberculeuses d’une autre s’y propagent d’elles-mêmes avec la plus grande facilité. Je ne parlerai que de quatre espèces, j'entrerai dans quelques détails pour aider à étendre leur culture et pour faire connaître toutes les ressoarces qu'elles offrent à l’économie rurale et à l’industrie. 1° Originaire du Pérou ct du Mexique, oùil croît abondamment, l'HÉLIANTHE A GRANDES FLEURS, AH. annuus, a été apporté d’Espagne en France vers le milieu du seizième siècle de l’ère vulgaire , et le premier de nos écrivains géoponiques qui en fasse mention est Olivier de Serres. Sa culture, presque toujours confinée dans les jardins, dont il est l’or- nement à la fin de l'été, n’a d’abord causé d’autre sensation que celle d’une plante rare, nouvelle, et élevée; mais, en 1725 , quelques propriétaires de la Bavière et de la Franconie hasardèrent de le traiter comme plante économique et de l’élever au milieu des campagnes. Cretté de Palluel alla plus loin qu'eux en introduisant cette plante, en 1787, dans le système agricole français : son exemple fut adopté, et de ce moment date la véritable intro- duction du Tournesol parmi nos plantes rustiques. Ainsi que l'annonce l’épithète qui la distingue dans le langage botänique, cette espèce est an- nuelle; elle s’assied profondément sur le sol au moyen d’une racine chevelue et fusiforme; sa tige monte depuis deux jusqu’à quatre mètres, et même en certaines localités privilégiées à huit mètres; elle est cylindrique, épaisse, droite , remplie de moelle , rude au toucher, garnie de rameaux seu- lement à son sommet, et acquérant une grosseur proportionnée à son élévation; j'aieu des pieds qui, près du sol, avaient vingt-et-un à vingt-quatre centimètres de diamètre. Elle est garnie de feuilles très-entières, en forme de cœur renversé , pointues au sommet, rudes et attachées à des pédoncules fort longs, d’un vert foncé , larges de plus de trente-deux centimètres sur quarante - huit de longueur, se montrant, comme la tige, hérissées de poils raides; les supé- rieures sont alternativement situées, tandis que les inférieures sont opposées. Chaque rameau se couronne d’une fleur ayant d'ordinaire de trente- deux à quarante centimètres de circonférence , la- 72 HELI 570 Rene nn ne HELT (CE quelle a la propriété de jeter des éclairs, dans les mois de juillet et août, au coucher du soleil et une demi-heure après ; quelquefois, mais plus ra - rement , avant son lever, si l'atmosphère est claire. Cette fleur donne naissance à un nombre prodi- gieux de graines : on en compte jusqu'à dix mille sur une seule tige, et jusqu’à deux mille cinq cents sur la fleur principale. Les graines sont de diverses couleurs; on en voit d’un pourpre noirâtre, des noires, des blanches, des grises, ou rayées de noir et de gris; cette différence de teinte n'indique nullement celle des variétés ou des propriétés, les semis de graines noires donnent des graines blan- ches et d’autres, et réciproquement. L’amande qu’elles contiennent cest appétissante, sa saveur approche de celle de la noisette; elle est parfaite- ment mûre en nos climats dès les premiers jours d'octobre, c’est aussi le moment où la racine et la tige se dessèchent et périssent. Il existe deux variétés constantes dans l’Hélian- the à grandes fleurs; elles ont été signalées par La Quintiaie ; l’une a la tige simple, dans l’autre elle est rameuse. Dans les jardins ces plantes produisent un effet très-pittoresque, et comme objet de grande cul- ture, elles assurent aux propriétaires ruraux des avantages réels et nombreux. Les feuilles, coupées pendant tout l'été, sont agréables aux animaux domestiques; les fleurs fournissent abondance de miel aux Abeilles, un beau jaune fauve très-solide à la teinture; les graines peuvent également être employées à la nourriture de homme et à celle des bestiaux. Dans la Virginie , elles servent à faire de la bouillie aux enfans ; jetées l'hiver à la vo- hille, elles l’entretiennent dans l’embonpoint , la gaîté et l’excitent à pondre; on en retire une très- bonne huile, brûlant bien et pouvant, jusqu’à un certain point, suppléer à la disette de l'huile d'olive. Le teurteau répandu sur la terre y double la puissance végétative. Dans la Colombie le peu- ple mange les pousses nouvelles et les: sommités de la plante jeune encore; on les met à cuire, puis on les trempe dans de l’huilé et du sel. Les tiges sèches donnent de bons tuteurs pour ramer, et des cendres très-estimées par leur richesse en potasse. Une terre légère, mais substantielle, convient à l'Hélianthe à grandes fleurs; on le sème à la vo- lée; je préfère la culture en rayons et mettre deux graines dans chaque trou fait par le plantoir. Jde l’ai tenu de la sorte dans un même champ où croissaient la Pomme de terre et des Haricots. Cette méthode, loin de nuire à la terre, l’entre- tient dans une louable fertilité. Les Haricots s’at- tachent aux tiges del’Hélianthe , les unissent entre elles par des festons sur le sommet du rayon, tandis que la Solanée parmentière, à l’abri du hâle, végèle à merveille, reçoit sans peine les binages qu'elle réclame, et rend beaucoup plus que culti- vée séparément. Chancey , de Lyon, qui fut dou- blement cher aux amis des champs pour ses’ qua- lités personnelles et les importans services rendus à l’agriculture, m’indiqua ce procédé : il m'a parfaitement réussi. j |: Parmi les insectes qui attaquent le Tournesol , le plus redoutable est la larve da Hanneton: sa | présence se décèle par la couleur jaune livide que prend la tige; si, par de fréquens labours à la | bêche, on ne. parvient pas à ramener cette larve à la surface deia terre, et à la livrer à l’avidité des oiseaux , la plante ne tarde pas à périr. L'Hélian- the est sujet au charbon partout où l’on néglige de bien préparer le sol qui doit le nourrir; om . donneun premier labour avant l'hiver, on ameu- blit par un second au printemps , et on fame lar- gement. 2° L'HézrANTRE mucrirrore, ou Soleil vivace des horticoles, 4. multiflorus, que nous devons x la Virginie, forme de larges buissons hants de deux mètres , très-fournis de rameaux, et donne en acût des fleurs solitaires , droites , terminales, d’un beau jaune. On lui connaît une charmante variété à fleurs doubles qui ne le cède, pour l’a- grément , à aucune autre espèce du genre, pas même à l'HÉLIANTHE À FEUILLES TRÈS-RUDES ET PONCTUÉES , /1. atrorubens , dont les fleurs du plus beau jaune sont relevées par la couleur vert-pour- pré des tiges, ni à l'HÉLIANTRE à FEUILLES MOLLES , H. mollis, qui a beaucoup d'éclat. Elle a sur ces derniers la propriété de prospérer dans toutes les sortes de terrains, de pouvoir se multiplier très- facilement par la division de ses racines vivaces, faite en automne ou au printemps, de conserver long-temps ses fleurs épanouies , toujours brillan- tes, toujours fraîches. 8° Sous les noms de Tepinambour, Taratouf, Artichaut du Canada et de Poire de terre, on dé- signe ordinairement l'HÉLIANTHE TUBERCULEUX , H. tuberosus. Il provient du Brésil selon les uns, des montagnes du Chili selon les autres, est parfaitement acclimaté en Europe , et se cul- tive dans presque tous les Jardins à cause d’un grand nombre de tubérosités qui accompa- gnent ses tiges souterraines, considérées à tort comme des racines. Outre ses racines propres, qui sont rampantes et s'étendent beaucoup, cette plante a la propriété de donner des tiges souter- raïnes , munies d'écailles , et se terminant par des renflemens charnus, hérissés eux - mêmes d’é- caiiles , oblongs, féculens, doux , et bons à man- ger ; on les cuit dans l’eau, où mieux encore à la vapeur; on les prépare à la sauce blanche ou au beurre, avec des ognons ; quelques personnes les font mariner et les mangent avec de la moutarde; d’autres les mêlent aux viandes qui se servent sur les tables. Ils sont rougeâtres en dehors, très- blancs en dedans. Ea tige aérienne est droite, cy- hindrique, simple en sa partie inférieure , rude au toucher à cause des petits poils qui la recouvrent, et monte à trois et quatre mètres ; elle est garnie de feuilles le plus souvent opposées, quelquefois ternées, rarement alternes, si ce n’est dans la partie supérieure, où eette disposition est con- stante. Les feuilles sont pétiolées, ovales, aiguës et velues, d’un vert foncé. Les fleurs, qui naissent : dans l’aisselle: des feuilles supérieures, montrent | au sommet: de: La tige et de ses petits rameaux PT .202, SNS À ù ER, ; CA pe = Aarie Baron del 2. Heliantheme, 2 . Heliconie J. Helhice 4. Heélicine Æ. Cuerin dir HELI - leur disque d’or, large de quarante à soixante millimètres , entièrement épanoui en septembre et octobre, Quoiïque bien inférieurs à ceux de la Pomme de terre, les tubercules du Topmambour méritent l'attention des cultivateurs; on les mange et on les donne aux bestiaux qu’ils engraissent promp+ tement. Les jeunes tiges et les feuilles sont encore une ressource comme fourrage vert ou sec. On retire des tiges une grande quantité de potasse, ou bien on les brûle pour chauffer le four. Sa culture en France a précédé celle de la Pomme de terre et de la Patate, L’Héhanthe tu- berculeux résiste volontiers aux froids; demande une terre forte et propre au Froment. Dans un sol préparé à la bêche , il n’a besoin d’aucune facon pendant tout le temps qu'il végète ; il:s'empare dès la première année de la place qu’on lui assigne et n’y souffre aucune autre plante. Parvenu , du 20 octobre au 10 novembre, à maturité, l’on peut récolter ses tubercules partiellement et selon les besoins de la maison rurale jusqu’à la fin d'avril ; de la sorte on prépare sans frais la récolte sui- vante, si l’on a soin surtout de laisser un seul renflement à chacune des tiges souterraines. Gomme cette plante végète très-bien à l'ombre, près des Müriers, des Cerisiers, des Pommiers, etc., Parmentier conseille d’en placer dans les taillis nouvellement coupés ; elle y prospérera dans les premiers temps et jouira de la terre végétale qui y abonde ; mais lorsque le taillis reprendra de la force , elle souffrira, mais elle donnera encore as- sez de tubérosités pour alimenter les pourceaux qu’on y enverra pâturer. 4 Nous avons obtenu du Canada une espèce intéressante, l'H£cranTRE GÉANT, H. giganteus, aussi rustique que les deux premières. D'une ra- cine vivace s'élève une ou plusieurs tiges cylindri- ques , eflilées, d’un pourpre très-brun, hautes de quatre mètres, simples dans le bas, garnies de feuilles lancéolées, d’un vert noirâtre, bordées de petites dents, presque penchées. À l'extrémité des tiges et des rameaux s’épanouissent, en août et septembre, des fleurs de grandeur moyenne, d’un jaune clair, ayant douze à quinze demi-fleurons. Gette espèce, que Morison appelait Chrysanthe- mum virginicum, se multiplie par l'éclat de ses ra- cines , quand elles sont grosses et bien nourries. (T: ». B.) HÉLIANTHÉES , Heliantheæ. ( 8oT. PHAN. ) | placées à la base des feuilles ; constantes dans le Tribu considérable de l’ordre des Synanthérées. | . Ses caractères sont d’avoir des tiges à feuilles pres- que toujours opposées , apparlenant aux diverses contrées de l'Amérique ; l'ovaire ordinairement tétragone et comprimé des deux côtés; le fruit couronné par des paillettes adhérentes jusqu’à l’é- poque de la parfaite maturité , caduques alors , ou conservant un léger appendice du calice, (T. ». B.) HÉLIANTHÈME, Aelianthemum, (80T.pHAN. )En- core un genre &e plantes consacré au soleil ( #kwe, soleil, et&0euov, fleur). Gordus paraît étre lepremier qui ait appliqué ce nom à l’espèce commune sur 574 HELI nos coteauxarides, appelée de son temps FLos solis, à cause de ses belles fleurs jaunes. Tournefort légitimé le nom de Cordusenrégularisant le genre, que Linné eut tort de réunir au Cistus, mais que Gaertner a rétabli. Toutes les plantes réunies en ce genre de la famille desGistinées et de la Polyan- drie monogynie, sont herbacées ou de petits ar- bustes, munies d’une racine blanche et ligneuse , à feuilles souvent opposées , accompagnées ou dé+ pourvues de stipules, et dont les fleurs, jaunes oa blanches, rosacées, d’un aspect fort joli, se mon- trent le plus ordinairement disposées en grappes terminales , et ont pour caractères essentiels : ca- lice à trois sépales égaux ou à cinq inégaux et sur deux rangs, les deux inférieurs plus petits; co- rolle à cinq pétales grands, arrondis, caducs, quelquefois dentelés irrégulièrement au sommet ; étamines nombreuses avec anthères d’un jaune foncé; ovaire supère, avec stigmate en tête, tan- tôt presque sessile, tantôt supporté par un style droit ou oblique; capsule uniloculaire, polysperme, à trois valves revêtues en dedans d’une membrane et garnies d’un sillon en leur partie moyenne, où sont logées des graines anguleuses , glabres , pour- vues d’un périsperme blanc, charnu, et d’un em- bryon dont les cotylédons se montrent filiformes ou courbés, orbiculaires ou appliqués l’un contre l’autre, Le nombre des espèces connues s'élève à plus de cent vingt, dont les trois quarts appartien- nent à l'Europe ; et parmi ces dernières , trois seu- lement sont rustiques aux contrées du nord; les autres couvrent les coteaux secs, les lisières des grandes routes dans les régions méridionales. L’A- mérique nousa fourni le dernier quart des Hélian- thèmes. L'absence ou la présence des stipules offre une division très-simple et toute naturelle parmi les espèces de ce genre, qu'elles soient vivaces ou an- nuelles. Dunal, pour en faire trois séries et neuf sections, a cru devoir s'attacher au style, qui est plus ou moins long que les étamines, dressé ou infléchi à la base. La multiplicité de ses subdivisions me paraissant une véritable difficulté sans profit pour la science, je m’arrêterai à l’opinion pre- mière adoptée par tous les botanistes , et je men- tionnerai les espèces les plus remarquables de l’une et l’autre catégcrie. La voie la plus facile est aussi | la plus courte pour arriver au vrai. L. Feuilles pourvues de stipules. —Les stipules sont type du genre et dans le plus grand nombre des espèces, elles manquent parfois aux feuilles infé- rieures, mais elles garnissent toujours les supé- rieures. L'HÉLIANTHÈME commu , vulgairement ap- pelé Herbe d’or, Hysope des Gariques , et autre- fois confondu parmi les fleurs du Soleil, A. vulgare, peut être facilement pris pour le Serpolet, quand il est sans fleurs ; ses tiges, grêles, couchées, éta- lées sur les coteaux, dans les lieux secs , au bord des bois où il se plaît, sont ligneuses à la base, garnies de rameaux légèrement velus, longues de seize à vingt centimètres. Les feuilles qui les or- nent sont oblongues, à bords roulés, un peu velues, HELI 572 HELI vertes en dessus, blanchâtres en dessous. L’ex - trémité des rameaux présente des grappes lâches, des fleurs au disque d’or , épanouies depuis le mois de mai jusqu’en septembre. On en trouve dont la couleur est blanche. On a regardé comme une simple variété l'HÉLIANTHÈME A FLEURS ROSES, A. roseum , que De Lamarck a placé au rang d’es- pèce ; en effet, il est distinct du précédent par ses tiges redressées , par ses feuilles d’un vert grisâtre et la couleur carnée de ses fleurs. J'aime beaucoup l'HÉLIANTUÈME DES APENNINS, H. apenninum, dont les touffes larges, bien gar- nies de tiges droites, hautes de trente-deux cen- timètres, sont agréables à la vue par lear feuil- lage d’un beau vert, sur lequel se penchent des grappes terminales chargées de superbes fleurs blanches, épanouies depuis le commencement de juin, jusqu’à la fin d’août. La plante est vivace. Nommons encore ici l’'HÉLIANTRHÈME DE SYRIE, . lavandulæfolium, qui monte à trente-deux, qua- rante et même cinquante centimètres, est chargé d’un duvet blanchâtre, donne des grappes serrées an sommet des rameaux; ses fleurs sont petites, jaunes, nombreuses, pendantes avant leur épa- nouissement, maïs se dressant dès que la corolle s'ouvre. Plusieurs auteurs placent cette espèce dans la division suivante, parce qu'ils ne font pas attention auxsstipules étroites et caduqnes qui ac- compagnent les feuilles toutes lancéolées-linéaires et roulées en leurs bords. Cette plante se trouve sur les collines de nos d'‘partemens du sud-est, en Espagne et dans le Levant. - Il Feuilles dépourvues de stipules. — Une des plus belles espèces comprises dans celte seconde division, c’est l'HÉLIANTHÈME A FEUILLES D'HALIME, A. halimifolium , que j’ai recueilli en Corse et en Italie, que l’on cultive dans les jardins du nord de la France , mais que l’on rentre en serre d’oran- gerie durant les frimas. Arbuste formant buisson, haut d’un à deux mètres; sesrameaux, nombreux, grêles et cylindriques, sont couverts, dans leur jeunesse, d'un duvet blanchâtre, court et serré : les feuilles qui les garnissent, vertes et légèrement velues dans leur parfait développement , paraissent à leur premier âge comme argentées à cause du duvet qu’elles portentensuite, sont grandes, ovales- oblongues, opposées , un peu ondulées. À l’extré- tuité des rameaux, comme à l’aisselle des feuilles supérieures, des pédoncules presque disposés en panicule droite portent des fleurs d’un très beau jaune, larges de trente millimètres, avec une ta- che de pourpre à la base de chaque pétale. Nous l'avons représenté daus notre Atlas, pl. 202, fig. r. On doit lui rapporter comme variétés l’Hé- lianthème à feuilles d’olivier .et celui à: feuilles d’arroche de Lamarck, ainsi que l’Æelianthemum formosum de Gartis. On trouve abondamment dans la forêt de Fon- tainebleau, et dans les lieux sablonneux de plusieurs autres localités nationales, l'H£cranTnème À oM- BELLES , A. umbellatum, sous-arbrisseau de trente- deux centimètres de haut, dont les fleurs blan- ches , très-fugaces, durent à peine quelques heu- res; on les voit disposées cinq ou six ensemble en une sorte d’ombelle terminale. Nous avons aux en- virons de Paris une espèce annuelle, qui vit d’or- dinaire au bord des bois, l'HÉLIANTHÈME TACRÉ, 11. guttatum , ainsi nommé de cinq taches violet- tes placées à la base de chaque pétale et tellement rapprochées les unes des autres qu’elles semblent au premier coup d’œil n’en former qu'une seule , alors très-grande. Sa tige herbacée, hérissée de poils, porte des fleurs d’un jaune peu foncé dis- posées en une grappe lâche , etc. Autrefois on a vanté les diverses espèces d'Hé- lianthèmes , la plus commune surtout, comme vul- néraires , astringentes et puissantes contre le cra- chement de sang. Quelques auteurs se contentent de dire qu'aucune n’est bonne en médecine; ce- pendant il aurait fallu constater les faits avancés par Kramer, desquels il paraîtrait résulter que la décoction ou l’infusion des feuilles contribue à Ja guérison de certains phthisiques. Ce médecin a de même reconnu dans les feuilles un suc balsamique gluant, visqueux, très-utile. (T. ».B.) HÉLIASE , eliases. (poiss.) Avec l’opercule et le préopercule sans dentelures des Glyphisodons , les Héliases ont des dents semblables à celles des Dascylles, c’est-à-dire en velours. Tous ces ca- ractères , dont l’ensemble détermine bien un genre particulier dans la famille des Sciénoïdes, se sont retrouvés dans six espèces des deux Océans. L'une d'elles, très- connue sous le nom de Chaufle-soleil, /leliases insolatus, se fait remar- quer par une couleur d’un gris fauve uniforme. Une autre espèce très-voisine de celle-là a recu Je nom de cinerascens, parce qu’en effet tout son corps paraît d’un gris cendré ; le caractère d’ane queue écailleuse , qui ne se répète dans aucun in- dividu de ce genre, a fait donner à une autre es- pèce le nom d’Aeliases lepisurus , de Xerie, écaille, et de où, queue. | Une autre espèce également voisine, et cepen- dant très-différente, se distingue par sa deuxième épine anale qui est très-forte et plus longue que les rayons mous qui la suivent; d’où lui vient le nom d’/ieliases analis. Une cinquième espèce nommée Heliases cæru- leus, Guv., est petite, de la forme des précédentes, et offre une caudale jaune et un corps d’un beau bleu d’azur. Enfin un autre poisson du même genre, et qui paraît encore être d’une espèce particulière, est l'Hézrase BRiDÉ, /leliases frenatus, Cuv., d’une couleur argentée vers le ventre , et qui se distingue par un trait argenté qui va de l'œil au bout du museau; il est oblong, à lobes dela caudale pointus, et à ventrales terminées en filets; ses nageoires sont grises , et les inférieures plus pâles. (Azrx. G.) HÉLICE, Helix. (mou. ) Les Mollusques aux- quels les auteurs du dernier siècle et ceux du commencemñent de celui-ci ont appliqué £e nom forment presque la totalité des espèces terrestres à coquille ; mais , le nombre de ces espèces étant extrêmement considérable , on a dû établir parmi les Hélices plusieurs subdivisions, telles que celles [ : HELI des Hélicines et des Cyclostomes, qui sont bieu distinctes, ainsi que celles des Clausilies, des Mail- lots ou Pupas, des Bulimes , des Agathines, des Auricules, etc. ; mais on peut dire que les natura- listes, plusieurs au moins, parmi lesquels Denys de Montfort, Risso, etc., se placent au premier rang, ont abusé de cette facilité d'établir des cou- pes génériques; aussi la synonymie des espèces serait-elle devenue impossible à établir, si quel- ques esprits plus sévères n'étaient venus donner des Hélices une définition plus rigoureuse. De Férussac a recomposé le genre Hélice, à peu près comme l'avait établi Linné, ou plutôt Müller, et il y a par conséquent laissé les Bulimes , les Aga- thines, les Carocolles, les Ambrettes ou Succi- nées , etc. ;ila réparti les nombreuses espèces qu’il y faisait ainsi rentrer dans des sections assez nom- breuses ; mais toutes les espèces ont eu pour nom générique celui d'Hélice. Cette manière de voir a été suivie par plusieurs auteurs; nous citerons Quoy, Rang, etc. De Lamarck, en adoptant les Bulimes, les Agathines, les Pupas, et quelques autres, comme génériquement distincts des Hé- lices, a suivi , comme on le voit, une méthodeun peu différente. Cest celle que préfèrent aussi Draparnaud , auteur d’un Traité des Mollusques terrestres et fluviatiles de France, et De Blainville dans son Traité de Malacologie. G. Cuvier, dans son Règne animal, suit à peu près la même mé- thode ; mais ses genres néanmoins sont un peu plus nombreux. Quoique tous les Mollusques dont il a été jusqu'ici question , excepté les Cyclostomes et les Hélicines, soient tous semblables, ou à peu de chose près, quant à la nature de leur animal, et que les différences de leurs coquilles soient vérita- blement assez légères, lorsqu'on remarque la suc- cession de leurs modifications et surtout les pas- sages qui semblent confondre ces modifications entre elles, nous admettrons, avec Draparnaud , Cuvier et Blainville , qu’il existe plusieurs genres parmi les Hélices de Linné; et,ne parlant ici que des animaux auxquels ils réservent ce nom , nous renverrons, pour les Bulimes, les Maillots, les Agathines, les Ambrettes ou Succinées, etc., à des articles particuliers. Girconserit de cette manière, lé genre Hélice , dans lequel se placent les espèces vulgairement connues sous les noms de Colimacon , Escar- got , elc., peut être ainsi défini: animal gastéro- pode de forme un peu variable ; le manteau for- mant à son bord libre une espèce d’anneau ou de collier épais , surtout en avant; pied ovale, placé au dessous des viscères, comme chez les vrais Gastéropodes ; lisse en dessous, bombé et granu- Jeux ou réticulé en dessus, non operculifère, c’est- ‘à-dire sans opercule, comme celui des Gyclosto- mes et des Hélicines ; anus sessiie au bord de l’o- rigine pulmonaire ; cavité respiratrice très-grande , oblique ; orifice commun des organes de la géné- ration au côté droit et plus ou moins en arrière du petit tentacule de ce côté. Comme chez tous les Mollusques de la même famille, les tentacules sont au nombre de quatre, et les supérieurs , ou 573 HELI grands tentacules, sont oculés à leur extrémité. La coquille de ces animaux est de forme assez variable ; ordinairement ventrue , elle est quelque- fois globuleuse , d’autresfois conoïde ; ou bien pla- norboïde , c’est-à-dire comprimée comme celle des PLanonges ( voy. ce mot ); mais jamais elle n’est turriculée , c’est-à-dire en spirale élevée, comme celle des Agathines (4. acicula ) ou des Bulimes; la bouche de cette coquille est plus ou moins grande , très-souvent rebordée, et la coquille elle- même est, dans certaines espèces, ombiliquée (>. le mot OmsiziQué ), d’autres} fois non ombiliquée. ; Les espèces de ce genre intéressant sont, comme nous l'avons dit, fort nombreuses , et varient plus ou moins pour la taille ; quelques unes sont assez grandes et approchent de la grosseur d’un œuf de poule; d’autres sont au contraire très-pelites et presque microscopiques. Dans nos contrées, la plus grande espèce est celle qu’on nomme ia Vi- gneronne ( H. pomatia).L’H. pulchella, également très-commune aux environs de Paris, est au con- traire une des plus petites. Parmi les espèces exo- tiques, et même parmi celles de France, il en est beaucoup que l’élégance de leur coloration rend très-remarquables. Certaines autres sont intéres- santes sous d’autres rapports; la grosseur de leur animal , et la nature de sa chair, les font recher- cher comme alimens. Les Romains , d’après ce que nous dit Pline , faisaient une assez grande consommation des Hé- Jices , et il paraît qu’ils les élevaient dans des en- clos disposés exprès. Pline rapporte le nom de ce- Jui qui imagina de parquer ainsi ces troupeaux d’un nouveau genre. Les meilleures Hélices ve- naient , dit-on, de l’île d’Astypalée , l’une des Gy- clades ; celles de Sicile, des Baléares et de l’île de Caprée, étaient aussi très-estimées; il. paraît qu'on les renfermait aussi dans des lieux disposés exprès et qu’on les y engraissait avec de la farine el divers alimens. Aujourd’hui encore on recherche ces animaux dans beaucoup de pays ; quelques peu- ples à demi civilisés les mangent boucanés, c’est- à-dire desséchés à la fumée; d’autres les font cuire et leur donnent des préparations assez variées. Dans beaucoup de villes de France , on en porte au marché ( principalement l’Æelix pomatia ), et il n’est personne à Paris qui n’en ait remarqué à la porte des herboristes ou des marchands de co- mestibles. Quelquefois on fait avec les Hélices des: bouillons dont le mucilage est ulile contre certai- nes maladies de poitrine ou d'estomac; mais les propriélés spéciales qu’on a voulu leur accorder sont tout-à-fait sans fondement , et c’est avec rai- son qu’on a cessé de les indiquer dans les traités de thérapeutique. Georges Tarenne, auteur de la Cochliopérie, les a conseillées dans le traitement des hernies ; il emploie pour cela le sang qu'il a ob- tenu de l’anima], en piquant celui-ci avec un in- strument aigu , et le met en guise de cataplasme sur. la pelote du bandage. Deux ou trois cents Hélices employées ainsi pendant quelques mois suf- fisent, d’après lui, pour une guérison complète. Quelques autres emplois des animaux qui nous HELI 574 HELI occupent ont également été indiqués ; ils ne sont probablement ni plus rationnels ni plus eflicaces. Les Hélices vivent dans les bois, dans les jar- dins où dans les prairies ; elles se cachent pendant la sécheresse et ne sortent ordinairement que pen- dant les temps humides , surtout après les pluies d’orage; quelques unes cependant paraissent résis- ter à la sécheresse même, et ilen est que l’on voit sur les rochers les plus arides et dans des lieux ex- posés au soleil. Elles vivent plusieurs années et pas- sent l’hiver dans un état de somnolence, renfon- cées qu’elles sont dans leurs coquilles, el protégées le plus souvent contreles agens nuisibles par un épi- phragme, pièce mucosocornée qui ferme comme un opercule l'ouverture de leur coquille, mais qui n’est point, comme l’opercüle, une partie fixée sur le pied de l'animal; cet éphipragme est seulement un produit de sécrétion non inhé- rente. Dans quelques cas, les Hélices ne se for- ment pas un véritable épiphragme; elles appli- quent l’orifice de leur test contre les parois d’un mur ou sur l'écorce d’un arbre, et une sorte de mousse qu'elles produisent les scelle , pour ainsi dire , à leur point de snpport. Presque toutes sont frugivores ou végétivores, car elles se nourrissent aussi bien des feuilles des végétaux que de leurs fruits ; elles attaquent quelquefois le linge et aussi le papier lorsqu'elles en trouvent à leur portée ; quelques espèces sont considérées comme carni- vores ; une des plus remarquables, sous ce point de vue , est celle qu'on nomme dans nos provinces méridionales le Peson, À. algira. Elle se jette, ainsi que l’a constaté Laurent , sur les autres Co- Himaçons et les dévore; les paysans provençaux , auxquels ce fait est bien connu, écrasent les Pe- sons toutes les fois qu’ils les rencontrent, parce qu'ils attaquent certaines espèces qu'eux-mêmes recueillent pour les vendre. Ces animaux sont bisexués monoïques , c’est-à- dire qu’ils ont les deux sexes, et que chaque in- dividu les porte également; ce sont de vérita- bles hermaphrodites, et lorsqu'ils s’accouplent, chaque individu agit comme mâle en même temps qu’il reçoit comme femelle, L’accouplementalica | à toutes les époques de la belle saison ; on lPob- | serve surtout fréquemment lorsque a terre a été mouillée depuis peu. Les circonstances au milieu desquelles il s’'accemplit, et celles qui lui saccè- dent, méritent d’être mentionnées. Quelques jours avant de s’accoupler , les Lima- cons cessent de manger, où bien ils mangent très- peu; ils se recherchent. Lorsque deux individus , dit De Blainville dans son intéressant article H£- z1cE du Dictionnaire des sciences naturelles , lors- que deux individus se sont suffisamment rappro- chés, ils se redressent verticalement dans la moitié antérieure de leur corps, leur autre moitié restant | appliquée sur le sol,la pointe de la coquille en bas. Le désir de la reproduction est indiqué par la | dilatation considérable de l’orifice de la respira- tion, et surtout par l’état presque convalsif de di- latation et de contraction de l’orilice commun des organes de la génération, c'est alors que, pour dé- terminer si l’un «t l’autre sont arrivés à l'époque convenable , ils s’essaient, pour ainsi dire , en se lançant le dard qu’a produit la bourse : on dit que quelquefois il est lancé avec assez de force pour rester adhérent à la peau de celui qui l’a recu ; d’autres fois il tombe à terre; il me paraît plus probable , dit De Blainville, qu'il n’est pas lancé, mais retenu dans la poche qui le contient , et qui est à moitié retournée, chaque individu se piquant l’un après l’autre ; et alors il peut entrer assez profondément dans la peau ou tomber. Cependant les deux individus se rapprochent et appliquent l’un contre l’autre la moitié redressée de leur corps. Il se produit alors des mouvemens extrêmement nombreux dans la têteet surtout dans les tentacules , qui sont dans une agitation extra- ordinaire; ces préliminaires durent quelqnelois plusieurs jours, pendant lesquels les organes de la génération tendent à se déployer. On voit d’abord l’orifice commun se dilater, se renverser au de- bors, et montrer les deux orilices particuliers in- férieurs ; l’accouplement a lieu , c’est-à-dire l’in- troduction de l’organe générateur mâle de chaque individu dans l'organe femelle de l’un et de l’au- tre ; la durée de chaque accouplement est de douze heures environ ; cet acte peut se répéter plusieurs fois pour chaque individu ; et à chaque copulation, i se produit un nouveau dard. Les œufs des Limaçons sent ordinairement ar- rondis et enveloppés d’une couche calcaire que l’on a reconnue être formée de petits cristaux de carbo- nate de chaux. Le plus souvent ces animaux vont les déposer un à un dans le tronc des vieux arbres , à leur pied , cu sous les feuilles mortes et humides; d’autres fois ils en mettent plusieurs ensemble , et quelques espèces ont la précaution de les enfouir dans Ja terre. Les petits ne tardent pas à éclore ; ils sorlent avec leur coquille encore très-fragile , mais peu à peu celle-ci se durcit; leur accroisse- ment , qui est d'abord assez rapide, le devient moins ensuite. L’anatomie des Hélices a été étu- diée par plusieurs auteurs; Swammerdam et Cu- vier s'en sont principalement occupés; mais leurs travaux, également remarquables, ne les ont pas toujours conduits aux mêmes résultats. Ils diffèrent principalement pour la signification des parties de l'appareil générateur. L’organe que Swammer- dam a pris pour le testicule est considéré par | Cuvier comme l'ovaire, et vice versa. Quelques anatomistes plus modernes ont cherché à juger le différend , et ils ont adopté les déterminations de Swammerdam. La présence- d’animalcules sper- matiques dans l’organe que ce célèbre naturaliste a regardé comme le testicule a surtout motivé leur jugement. De Blainville a aussi étudié ce sujet; mais il n’a point décidé la question; it aflirme avoir trouvé des zoospermes (animalcules spermatiques) dans l'ovaire et le testicule. Laurent vient de s’oc- cuper aussi de cet intéressant problème, et c’est à l'opinion de Cuvier qu'il se rallie. Les espèces du genre Helix sont, ainsi que nous l'avons dit, excessivement nombreuses; aussi, forcé que nous sommes de n’en citer qu’un petit D. pombre, choisirons - nous principalement parmi celles de France. Draparnaud porte le nombre de ces dernières à cinquante-huit, et son continuateur, Michaud, l'élève à soixante-dix-neuf. Ajoutons que , depuis le travail de ce dernier , quelques espèces ont été décrites par différens auteurs, et nous verrons qu’on peut, sans exagération » porter à quatre-vingt-dix, peut-être même à cent, le nombre des espèces de ce genre qui sc trouvent | dans notre pays seulement. Hécice viGNeRoNNE, À. pomatia. Cet Helix, que Geoffroy , dans son excellent ouvrage sur les coquilles qui se trouvent aux environs de Paris , appelie le Vigneron , est, comme il le dit , le plus gros de ce pays-ci. Sa coquille , qui se rapporte au groupe des Perforées , est globuleuse, renflée , de couleur fauve , roussâtre ou jaune sale , et mar- quée de stries longitudinales très-apparentes et inégales; sa spire est composée de quatre tours dont le dernier est extrêmement grand relative- ment aux autres , eb présente deux, trois ou même quatre ou cinq bandes d’un brun pâle, et deux ou trois blanchâtres dans l'intervalle, L’Helix po- matia habite principalement l'Europe septentrio- nale, et ne se voit guère dans le midi; c’est celui qu’on mange le plus fréquemment à Paris ; il ha- bite les vignes, les jardins, etc. , d’où son nomde Vigneronne et celui de Pomatia. HÉzIcE À BOUCHE NOIRE OUMÉLANOSTOME , 1. me- lanostoma. Cette espèce, que l’on mange aussi, est surtout du midi; aux environs de Marseille , elle est connue sous le nom de T'errassan. Elle ne se trouve qu'après de grandes pluies, et c’est aux pieds des amandiers qu’on la prend en plus grande abondance. Héxice Naricoïve , À. naticoides. Elle ressem- ble , ainsi que son nom l'indique, à une Narice (voy. ce mot). On la trouve également dans tout le midi, en Provence, en Italie, en Espagne , et aussi dans le nord de l'Afrique , en Barbarie prin- cipalement. Aux premiers froids elle se cache dans la terre et s’y enfonce jusqu’à vingt centimètres de profondeur environ ; c’est de toutes les Hélices celle qui a le meilleur goût, et dont la chair est la plus délicate. Hérice syzvaTiQuE , À. sylvatica ; H. Némoraze, IT. nemoralis. Ce sont deux espèces fort voisines, et que l’on trouve très-communément dans nos pays ; l’une est des départemens septentrionaux principalement , l’autre ( 1. nemoralis , représentée dans notre Alias, pl. 202, fig. 3)est plus répandue; toutes deux présentent de nombreuses variétés. Häxzice pes sarnins, À, hortensis ; autre espèce voisine, ressembiant beaucoup à |. nemoralis. Hézice Lames , À. lapicida. Celle-ci est du groupe des CarocoLes (voy. ce mot). Elle est plus com- mune dans le midi, et vit sur les rochers ; on la trouve aussi fréquemment dans les chemins, sur le:tronc des arbres, sur les murs, etc. Hécice PLanorse , 1. planorbis. Elle est égale- lement plus abondante au midi, et devient plus rare dans le. nord : aux environs. de Paris , elle se trouve assez difficilement. Geoffroy l'indique dans 375 HELI le bois de Meudon , où nous l'avons en effet ren | contrée, sous les feuilles mortes et humides. Le nom de cette coquille rappelle parfaitement sa forme, qui a beaucoup d'analogie avec celle des | Psanonges (voy. ce mot). Elle est plane, à spire | composée de six tours enroulés dans un même | plan; sa bouche, ou son ouverture, est triangu- | laire, et son ombilic très-ouvert. Hécice cHacninée, 11, aspersa, Geoffroy l'ap- | pelle le Jardinier; cette Hélice est commune par toute la France ; on la trouve aussi dans quelques autres parties de: l'Europe, et aussi dans l'Afrique septentrionale. À Paris, elle est très-commune dans les jardins. Sa largeur est de dix lignes envi- ron; sa spire présente des bandes circulaires de | taches brunes, entrecoupées de taches plus clai- res. On la mange fréquemment. H£rice miGnowne, /2. pulchella. C’est une des | plus petites; elle n’est guère plus grosse qu’un grain de millet ; sa couleur est blanche ou jaunâ- | tre. On l’observe communément dans le midi et dans presque toute la France. Près de Paris, elle est très-commune dans les bois ou sur le borddes | eaux. Geoffroy la nomme la petite Striée ; son dia- mètre est d’une lixne seulement. Héuce Luisanre , À. lucida ; la Luisante de Geoffroy. Elle aen effet sa coquille très-luisante et | brunâtre ; l'animal est d’un brun clair et vit dans les lieux humides, dans les puisards, les égouts, etc. On trouve ce Mollusque assez communément dans les jardins de Paris ; il est aussi de plusieurs au- tres localités. Hévice reson , . algira. Nous terminerons par cetle espèce, qui a la forme de l'A. lucida , maïs est beaucoup plus grande, et présente jusqu’à un pouce ou un pouce et demi de diamètre, Nous avons déjà parlé de ses appétits carnivores; ajou- tons qu’elle est propre au midi , et qu’elle se tient dans les bois. ( GER. ) HELICELLE. (mozr.) C’est une des sections que À. Férussacétablit dans le genre Hezrce. Voy. ce mot. (GErv.) HÉLICHRYSE, Helichrysum. (BoT. pran. ) Genre de la famille des Synanthérées, section des Corymbifères de Jussieu, et Syngénésie superflue de Linné, Sous ce nom, orthographié différem- | ment parles auteurs (on trouve souvent Elichryse, et c’est ainsi qu'écrivaient Vaillant et Tournefort), se trouvent comprises plusieurs des plantes aux- quelles leur durée à valu le nom d’/mmortelles. Linné, trouvant trop vagues les caractères indi- qués par ses prédécesseurs, avait confondu l’Eli- chryse dans son Gnaphalium; les modernes ont cru devoir rétablir ce genre, sans s’accorder toutefois sur ses caractères essentiels. Voici ceux qui lui ont été assignés par Robert Brown et H. Cassini, dans leurs Mémoires sur les Gomposées : involucre formé d’écailles imbriquées; les intermédiaires coriaces, membraneuses, surmontées d’un ap- pendice étalé, coloré, luisant, ovale et souvent | concave ; les extérieures presque réduites à ce seul oppendice; les intérieures. au contraire en étant dépourvues; réceptacle favéolé, à réseau denti- HELI culé ; disque large, multiflore, à fleurs réguliè- res et hermaphrodites; celles de la couronne sur un seul rang, femelles, ayant leur corolle d'une forme intermédiaire entre la régulière et la tu- buleuse ; anthères pourvues de longs appendi- ces basilaires; membraneux et subulés ; ovaires oblongs, munis de papilles, surmontés d’une ai- grelte longue , à poils libres , disposés sur un seul rang, égaux entire eux Ct légèrement plumeux. Malgré cette scrupuleuse description , le genre Helichrysum ne se trouve pas bien franchement distingué du Gnaphalium; seulement, dans ce dernier, le disque est petit, contient peu de fleurs, et les marginales ont des corolles tubuleuses grêles et filiformes. Le genre Argyrocome de Gaertner, adopté par Cassini, a pour toute distinction une aigrette à poils décidément plumeux, tandis que ceux de l’Hélichryse le sont légèrement.Ces deux genres ne devraient pas être distingués , non plus que le Xeranthemum , qui cependant a pour lui l'autorité de Linné, Le type du genre Hélichryse est l'Iumorrezze ORIENTALE, //elichrysum où Gnaphalium orientale {Gaertner et Linné), plante originaire d'Afrique, remarquable par le jaune d’or de ses fleurs, où les écailles et les corolles semblent disputer d'éclat. Tout le monde connaît les bouquets d’Immortelle et leur durée. On fait peut-être moins d’attention à la plante elle-même lorsqu'elle tient encore au sol; signalons donc sa tige ligneuse, à branches simples, tomenteuses et blanchâtres sur les deux faces. Sa culture demande de la chaleur. L’/elichrysum stœchas , D. G., Gnaphalium stæ- chas de Linné, est une espèce particulière à notre Europe méridionaie, et très-voisine de la précé- dente ; elle est plus robuste ; ses tiges frutescentes se partagent en branches nombreuses ; ses fleurs rivalisent presque avec celles du Cap. On cultive encore l'HÉLICHRYSE A GRANDES FLEUns, /2. speciosissimüum, Willd., à feuilles lan- céolées et comme imbriquées ; à fleurs grandes et belles, ayant le disque blanc et les fleurons jau- nâtres; —l’Héricanyse ÉCLATANTE, /7. fulgidum , W., à feuilles amplexicaules, oblongues, coton- neuses sur les bords, à fleurs jaune-dorées; —lHi- LICHRYSE A BRACTÉES, //. bracteatum, Ventenat, dont la tige a trois pieds ; ses fleurs sont solitaires et d’un beau jaune; cette dernière est de la Nou- velle-Holiande. (L:) HÉLICINE, Aelicina. (mozr.) Les Hélicines, dont le nom rappelle celui des Hélices, avec les- quelles elles ont en effet de nombreux rapports, sont également des Mollusques gastéropodes pul- monés; mais elles se distinguent surtont er ce que leur pied présente en arrière à sa face supé- ricure un OPERCULE (voy. ce mot). Get opercule cest ordinairement de matière cornée; mais quel- quelois il est un peu calcaire à l’exttrieur. L’ani- mal des Hélicines est muñi d’une tête proboscidi- forme et d’un mufle bilabié; ses tentacules, au nombre de deux, sont filiformes et portent les yeux à leur base externe sur des tubercules ; la cavité pulmonaire des Hélicines s’ouvre en avant 576 HELI du manteau par une grande fente transversale ; leur coquille est globuleuse ou conoïde, très- semblable à celle des Hélices ordinaires, non om- biliquée , à spire basse, à ouverture à demi ovale ou presque ovale, et à péristome ou bord de l’ou- verture réfléchi en bourrelet. C’est à Lamarck que l’on doit la distinction du genre des Hélici- nes, sur la nature desquelles de Férussac et de Blainville ont donné les premiers renseignemens. Ces Mollusques prennent place à côté des Cyclo- stomes; on en distingue aujourd’hui un assez grand nombre d'espèces ; toutes sont terrestres, des lieux humides principalement. On les trouve sous les latitudes les plus chaudes. | * Say les a décrites sous le nom d’Olygyra. De France indique plusieurs espèces d'Hélicines fos- siles, et Sowerby en décrit également. Parmi les espèces vivantes nous citerons l'A. zephyrina, représentée à la planche 202, fig. 4, de ce Diction- naire , et |’. ambieliana. Ces deux espèces sont décrites et fignrées dans Magasin de Zoologie de Guérin, classe V, n° 21 et 68. (Genv.) HELICONIE, /el'conia. (1xs.) Genre de Lépi- doptères , de la famille des Diurnes , tribu des Pa- pilionides , établi par Latreille, qui lui assigne pour caractères : les deux pieds antérieurs identiques aux postérieurs , mais beaucoup plus courts et ne pouvant guère servir à la marche ; palpes labiaux, écartés, grêles, ayant le second article le plus long de tous ; antennes grossissant insensiblement, corps et ailes allongés ; ce genre correspond à une partie des Papillons héliconiens de Linné , et est composé de Lépidoptères presque tous propres à l'Amérique méridionale : ces Papillons ont le corps mince, assez long; leur tête est plus large que le corselet ; les yeux sont très-gros et en occupent une grande partie; les antennes, presque de la longueur du corps , sont minces el à peine un peu plus grosses à leur extrémité, sans massue sensi- ble; les palpes sont petits et ne dépassent pas la tête ; les ailes antérieures sont triangulaires, oblon- gues, très-étroites à leur base, arrondies à leur sommet ; elles ont une grande cellule triangulaire, oblongue, fermée, de l'extrémité de laquelle se détachent cinq nervures, dont la plus antérieure bifurquée à son extrémité; les ailes inférieures. beaucoup plus courtes que les antérieures, sont ovales, arrondies sur tous leurs bords ; elles ont auss? une nervure centrale fermée , mais il ne part que trois nervures de son extrémité ; les chenilles de ce genre sont garnies de mamelons épineux ou d’épines; les chrysalides se suspendent par l’ex- trémité de l’abdomen ; leur tête est arrondie. H. Sara, À. Sara, Fab. Longue de 9 lignes, en- vergure de 2 pouces 1/2; ailes d’un noir mat en des- sus, avec la base chatoyant en bleu; deux bandes transverses jaune-soufre sur les ailes supérieures; la première, bien près du sommet, est étroite, la se- conde, versle milieu, beaucoup plus large; en des- sous, les ailes sont d’un brun rougeñtre, les taches des ailes supérieures s’y retrouvent, la base des infé - rieures est garnie de points rouges, et quatre points de même couleur disposés surune ligne s’avancent transversalement _ HELI : 977: HELI CS tfansversalement vers le disque de l’aile ; les pal- pes , le tour du cou et le thorax sont marqués de points blancs. Du Brésil. 4 H. vuxzuis, H. phyllis, Fab. Longue d’un pouce, envergure de 2 pouces et demi, noire terne , une grande tache rouge de sang, irrégulière, disposée obliquement sur le disque des ailes supérieures , mais sans alleindre les bords; de la base des mêmes ailes une petite ligne jaune s’avance vers la tache; une grande bande jaune-soufre coupe transversalement’toutes les ailes inférieures ; en dessous, les ailes offrent les mêmes taches, mais plus pâles ; la base des postérieures offre en outre des points sanguins disséminés; les palpes, le vertex, le tour du cou et le thorax offrent des points blancs. Du Brésil. H. cazuicoris, A. callicopis, Cramer. Longue de 10 lignes, envergure de 2 pouces et demi , ailes brun-noir, une tache irrégulière arrondie, rouge brique , ocellée de la couleur des ailes dans son milieu, occupant le disque des ailes supérieures ; en dessous, les ailes sont de la même couleur; la tache des supérieures est moins intense , el la base des inférieures est accompagnée de quelques points rouges ; un filet jaune se remarque à leur bord antérieur. De Surinam. H. narcea, H. narcea, Godard. Longue de qua- torze lignes , envergure de 3 pouces; les ailes sont de même couleur en dessus et en dessous; les su- périeures ont la moitié qui correspond à leur base d’un fauve rougeâtre, et le sommet noir; sur la première partie il existe deux taches noires; une partant de la base, formant un arc au dessus du bord interne, et s’étendant jusqu’à l'extrémité de l'aile inférieure; l’autre en triangle, petite et située près de la côte, celle-ci est noire; au commence- ment de la partie noire est une bande oblique jaune- soufre, atteignant le bord antérieur ; la partie fauve, rapprochée de cette bande vers la côte, devient aussi jaune ; enfin vers l’extrémité du sommet est une tache blanche ovale ; les ailes inférieures sont fauve -rougeâtres, largement bordées de noir, avec quelques raies blanches entre les nervures à la partie inférieure ; tout leur milieu est coupé par une large bande jaune, avec une bordure noire découpée extérieurement ; la tête et le thorax offrent des points blancs ; l'abdomen offre au des- sous et sur les flancs une ligne jaune. Des An- tilles. | Je possède deux individus que l’on regarde comme des variétés de cette espèce, où la bande jaune des ailes inférieures est fauve -rougeûtre comme le reste de l’aile. Ces individus viennent du Brésil. H. prapmane, 1. diaphana, Fab. Longue de 8 lignes, envergure 18 lignes; ailes entièrement transparentes, avec le pourtour et une tache car- rée, S'avançant du bord antérieur vers les disques noirs. Da Brésil. H. suDEMA, A. eudema, Godard. Longue de 7 lignes, envergure 16 lignes; ailes transparentes bordées de noir pâle, avec une tache diffuse allant obliquement de la côte antérieure vers le ‘disque, TS IL et la base des ailes lavée de jaune soufre. De la Guiane. | H. cHariToniA , Æ. charitonia, Godard. Longue de 9 à 10 lignes, envergure de plus de deux pouces et demi; ailes oblongunes, noires; les supérieures avec trois bandes, les inférieures avec deux, d’un jaune de soufre; ces dernières un peu si- nuées ct offrant en dessous, vers le bord interne , quatre points d’un rouge sanguin, groupés deux à deux. Gette belle espèce se trouve dans les deux continens de l’Amérique et aux Antilles. Nous l'avons représentée dans notre Atlas, pl. 202, f. 2. (A. P.) HELICONIE, Heliconia. (BOT. rnAN.) Il est fà- cheux que l’on n’ait point conservé à ce genre, de la famille des Musacées et de la Pentandrie mono- gynie, le nom de Bihai qu'il porte vulgairement aux Antilles et dans l'Amérique méridionale, et que Plumier lui avait scientifiquement imposé ; la nomenclature y aurait gagné, puisqu'elle cite déjà dans l'Entomologie un genre Héliconie qui ne vit même pas sur les plantes portant le même nom. (Voyez l’article précédent et au mot No- MENCLATURE.) Voici les caractères du genre bo- tanique : calice profondément bilabié, la lèvre inférieure simple, canaliculée, la supérieure divisée en trois segmens oblongs, droits, dont deux étroits, latéraux, posent sur le dos de celui du milieu , qui est plus large et caraliculé ; six étamines, dont une avorte et devient spa- thiforme; leurs filets sont insérés à la base in- terne du calice; style filiforme, surmonté d’un stigmate oblong , prismatique, courbé à son som- met et légèrement papillaire; capsule oblongue trônquée , à trois côtes , trois loges monospermes, et trois semences. Toutes les espèces de ce genre, que l’on porte à dix , appartiennent à l'Amérique du sud. Les plus curieuses sont : L’HÉLICONIE DES PERROQUETS, 1. psittacorum , originaire de la Jamaïque et des environs de Suri- nam, cullivée depuis 1800 dans nos serres, où elle fleurit en septembre et se multiplie par les rejets qui poussent des vieux pieds. C’est une belle plante, D'une racine fibreuse et rampante sortent plusieurs hampes, hautes chez nous de soixante centimètres et atteignant en leur pays trois mètres; elles sont garnies de quatre à six feuilles oblongues- lancéolées, d’un vert foncé et luisant, engafnan- tes, devenant rares, petites, alternes, pliées en goutlière à mesure que la hampe monte. À son sommet , les fleurs se rapprochent quatre à cinq ensemble, en deux ou trois groupes portés chacun sur un pédoncule commun , muni à sa base d’une spathe lancéolée, d’un rouge orangé, embrassant les fleurs avant leur entier épanouissement, et d’une longueur à peu près égale à elles. Chaque fleur est panachée de rouge et de janne dans Ja plus grande partie de son étendue; dans le bas le vert domine; à l’extrémité une tache d’un noir foncé sur laquelle les étamines viennent poser leurs anthères allongées et ponctuées de la même couleur. - Une autre belle espèce est l'H£ziconte Des AN- 253° Livraison. 73 HELT 57 HELI TiILLES, A. caribæa, dont le port superbe et les grandes feuilles d’un vert brunâtre rappellent ceux du Balisier, Canna indica. Ses fleurs verdà- tres, entassées sous des écailles spathacées et pointues, sont disposées en épi droit , de soixante- dix centimètres de haut. La plante entière monte à trois mètres, ayant à sa base quarante centi- mètres de circonférence. Aublet nous apprend que les Caraïbes se servaient de ses feuilles pour couvrir leurs huttes ; les Créoles et les Galibis “ont encore conservé cet usage. La plante est de serre chaude et demande la même culture que les Bananiers. Elle vit dans les bois humides et les lieux fangeux des Antilles. Sa racine noueuse est épaisse, blanche à l'intérieur, noire à l'extérieur. (T. ». B.) HELIOPHILE , Æeliophila. (BoT. rxan.) Genre de la famille des Crucifères et de la Tétrandrie siliqueuse, Linn., fondé par Nicolas Burmann (Linn. Gen. ,n.816). Dans sa Monographie des Gru- cifères (Syst. Regn. veget., t. 11, pag. 677), De Candolle le caractérise ainsi : calice un peu dressé, à quatre sépales longs, dont deux sont renflés à la base ; pétales à onglet cunéiforme , et à limbe étalé, large et obovale; étamines quelquefois mu- nies d’une dent ; silique à cloison membraneuse, biloculaire , bivalve, presque toujours déhiscente, sessile, comprimée, rarement indéhiscente, cy- lindrique et pédicellée, ayant les bords tantôt droits, et alors la silique est linéaire, tantôt si- nués régulièrement entre les graines, et, dans ce dernier cas, la silique est dite moniliforme ; graines sur un seulrang, pendantes, comprimées, souvent bordées d’ailes membraneuses; cotylé- dons très-longs, linéaires, et deux fois repliés trans- versalement par le milieu. Les Héliophiles sont des plantes herbacées ou sous-frutescentes, à racines grêles, à tiges ra- meuses, garnies de feuilles très-variées, portant des fleurs jaunes , blanches ou roses , souvent d’un beau bleu et disposées par grappes allongées. Elles sont indigènes au cap de Bonne-Espérance, etleur nombre, qui était très-borné au temps de Linné, s'élève aujourd’hui à plus de quarante, pour la plupart récemment déceavertes par Burchell. De Candolle (loc. cit.) distribue ces espèces en huit sections , de la manière suivante. : [. Carponemna. Herbes annuelles , Asiliques ses- siles, cylindriques, à peine rétrécies entre les graines , acuminées aux deux extrémités, indéhis- centes , ou à peine déhiscentes. À cette sectionise rapporte nne seule espèce : l’Heliophila filiformis. IL. Leptormus. Herbes annuelles à siliques ses- siles, peu comprimées, très-grêles, presque mo- niliformes , et à peine rétrécies entre les graines. Cette section comprend cinqespèces: Æ. dissecta, Thonb.; A. tenella, De Cand. ; 1. tenuisiliqua , De Cand. (Delessert, Icon. select. , 11, tab. 96) ; ou Arabis capensis, Burm. , Herb. et Prodr. ; H. longiflora, DeGand. ; ZI. sonchifolia , De Cand. IT. Ormiscus. Herbes annuelles, à siliques ses- | siles, très-comprimées, très-rétrécies entre les | graines ; chaque entre-nœud monosperme, orbi- culé; étamines sans dents. À cette section appar- tiennent huit espèces: Æ. amplexicaulis., Linn, füs; A. rivalis, Burch (Cat. pl. afr.) ; H,«varia- bilis,, Burch.;, 4. pendule, Willd.; AH. trifida ; Thuob. ; 27. pusil'a, Linn. fils, ou Arabis capensis, Burm. (F1. cap.); {7 lepidiotes, Link, espèce dont Roch a formé le type de son genre 7'renta- pohlia; et Æ, sessilifoliæ, Burch. IV. Selenocorpæa. Herbes annuelles, qui par les fruits se rapprochent des Lunaria. Cette section renferme deux espèces : Æ. diffusa, De Cand., ou Lunarta diffusa, Thunb.; Æ. poltaria , De Cand., ou Poltaria. capensis, Linn. fils; celte dernière plante est le type d’un genre créé par Desvaux (J. de Bot., ur, p. 162), sousle nom d’Aurinia. V. Orthosolis, Plantes à siliques sessiles, com- primées, linéaires, à bords droits ou à peine si- nués , acuminées par le style; à étamines latéra- les, le plus souvent sans dentelure. À cette section se rapportent quinze espèces réparlies dans deux groupes. Dans le premier, se rangent celles dont la tige est herbacée et annuelle : /7. pilora, Lamk.; 1. digitata , Linn. fils ,ou 4. coronopifolia, Thunb.; I. trifurca, Burch; /1. pectinata, Burch, ou Lu- naria elongata, Thunb ; A. fœniculacæa , Brown ; IT. chamæmelifolia, Burch, , crithmifolia, Willd., Deless. (Icon. select, 11, tab. 97), où Sysimbrium crithmifolium, Roth. ; Æ. incisa, De Cand.; A. di- vartcata , De Gand. , et Æ. coronopifoliu , Linn. Le deuxième groupe comprend les espèces dont la tige est frutescente : 1. abrotonifolia, De Cand., H. glauca , Burch; 1. fascicularis, De Cand. , A. suavissima , Burch. ; Æ. subulata, Burch.; Æ. pla- tysiliqua, Brown, ou Cheiranthus comosus, Thunb., IL. lineatifolia, Burch. ; A. stylosa, Burch ; A. vir- gata, Burch.;et 1. scoparia, Burch., ou C'heiran- thus structus, Poiret. Gette espèce est figurée dans Deless., Icon. select. , 11, tab. 98. VI. Pachystylum. Cette section ne comprend qu’une espèce : À, incana, Ait. , plante sous- frutescente , à feuilles entières, à siliques sessiles, linéaires, velues, surmontées d’un style épais, conique et glabre. VIL. Lanceolaria. Ce qui caractérise cette sec- tion, c’est une silique comprimée , sessile, lancéo- lée , surmontée par le style, qui est court et per- sistant ; des graines fort grosses, dont les cotyiédons sont linéaires et contournés en spirale de manière que l’une de leurs extrémités enveloppe l’autre. Cette section, comme la précédente, ne renferme qu'une espèce : c'est |’, macrosperma, plante _sous-frutescente, glabre, . VIT. Carpopodium. Les caractères de cette sec- tion sont : une silique comprimée, allongée , li- néaire, supportée par un long thécaphore, et acu- |minée par un style très-court. Cette dernière seclion ne comprend non plus qu'une espèce , l'A, cleomoïdes, De Cand.,et Delessert (Icon. select, 11, tab. 99), Cleome capensis, Linn. De Can- dolle mentionne sept autres espèces pe da {: D HF HÉLIOPHILÉES., Heliophileæ. (mor. Pan. } | Tribu de la famille des Crucifères, formée par Da CP HELI 579 HELI Cand. (Syst. Regn. veget., t. n1,1p. 876 },et ainsi | caractérisée :silique allongée, le plus souvent oblon- gue ou ovale, à cloison linéaire, à valves planes ou légèrement convexes dans les siliques les plus allongées. Cette tribu est une des subdivisions du cinquième sous-ordre (les Diplécolobées). On y rattache les genres Caawma , Thunb. , et H£zro- puiLa, Burm. (#oy. ces mots.) (GC. £.) HÉLIOTROPE , Peliotropium. ( BOT. PHan. ) Quelles sont les plantes que nous voyons citées dans les livres des anciens sous le nom d’Hélio- tropes et de Fleurs du Soleil , et à quelles espèces de la nomenclature botanique peut-on véritable- ment les rapporter? Tel est le sujet de longues recherches faites durant mon séjour en Grèce et sur le sol italique, dont je vais donner ici le ré- sumé succinct : c’est l'extrait d’un mémoire que j'ai publié en 1826. Théophraste a décrit un Héliotrope qu’il dit être annuel , chargé de feuilles toujours vertes, se-cou- vrant successivement , et durant plusieurs mois, de grandes fleurs d’un jaune éclatant, aimant une large lumière et s’immergeant dans les rayons solaires depuis leur apparition à l’orient , jusqu’au moment où ils se perdent pour nous à l’occident dans les vagues immenses de l'Océan. Il est hors de doute qu’il s’agit du Souci des jardins, Calen- dula officinalis , plante fortcommune aux champs de la Grèce, qui est sans cesse tournée vers le soleil dont aucun nuage ne peut lui trahir ni la marche ni l’immensité. Dioscoride fait mention de deux Héliotropes , un grand à fleur blanche , velue, plus ample que celle de l'Ocymum gratissimum , L., mais, du reste, lui ressemblant beaucoup , et offrant, comme elle, une disposition pareille à celle de la queue du Scorpion. La racine de cetie espèce, qui se plaît sur les terrains secs et découverts, est petite, sans utilité quelconque; et ses feuilles se contournent pour suivre le soleil. L’autre espèce est petite, donne une semence ronde et sembla- ble à une verrue pendante; elle habite les lieux marécageux et le voisinage .des grandes masses d’eau. La première est la Maurelle teignante, Croton tinctorimwn; la seconde, la Scorpionne vi- vace, Myosotis perennis , des botanistes mo- dernes. Deux espèces sont citées par Pline; elles réu- nissent les parties de plusieurs plantes connues de son temps sous les noms vulgaires de Tricoccum , d’Æelioscopium, de Verrucarta, et de Scorpiuron ; au si la description qu’il en donne atteste-t-elle l'absence de toute critique, la confusion la plus complète. S'il n’a pas eu en vue de désigner l’Ae- liotropium. supinum et V A. europæum, du genre actuel, j’avoue qu’il me deviendrait impossible d'entendre son texte, Je trouve encore sous le nom d'Héliotrope une plante absolument étrangère aux précédentes; elle est simplement nommée par un écrivain géoponi- que latin, par Vegetius, quinous a laissé un traité de médecine vétérinaire que l’on consulte encore. Il à voulu parler de la Chicorée sauvage, Cicho- rium intybus, puisqu'il dit qu’elle fournit en même temps à l’homme et aux animaux domestiques un aliment et un médicament précieux. Quant à ceux qui, pour reconnaître les Héliotro- “pes des anciens, ont vu dans l'Hélianthe à grandes fleurs, Æelianthus annuus, la fleur dédiée par les poètes à Clytie, celle qu'ils appelaient tantôt la fleur favorite du soleil et tantôt la couronne où le miroir de cet astre, ils ignoraient, sans aucun doute , que la plante américaine ne parut en Eu- rope qu'au seizième siècle, et qu’elle y fut appor- tée du pays des vieux Péruviens. D’ailleurs l'erreur est si grossière qu’elle ne mérite pas l'honneur d’une réfutation. Parlons maintenant du genre Héliotrope qui fait partie de la famille des Borraginées et de la Pen- tandrie monogynie ; ilest composé de deux plantes indigènes à l’Europe et d’un plus grand nombre du continent méridional de l'Amérique; elles sont herbacées ou rangées parmi les petits arbustes à feuilles simples et alternes, à fleurs petites, tour- nées d’un seul côté , rapprochées en épis terminaux ou latéraux, recourbés et enroulés à leur extré- mité durant l’INFLORESGENGE (voy. ce mot). On compte environ une cinquantaine d'espèces, ayant pour caractères génériques : un calice monophylle, persistant, à cinq divisions .profondes ; la corolle monopétale, hypocratériforme , à limbe découpé en cinq lobes séparés par des sinus repliés, sim- ples ou munis d’une petite dent; cinq étamines courtes ; ovaire.supère , à quatre lobes, avec style simple et stigmate pelté, presque conique; fruit composé de deux à quatre nucules cohérentes, entourées par le calice persistant et contenant quatre semences chagrinées ou presque lisses et entourées d’un rebord particulier. Les deux espèces que nous rencontrons dans tous les champs, les vignes et les lieux incultes , sont l’Hécrornore D'Eurore, H. europæum, dont la tige pubescente, de trente-deux centimètres, couverte de feuilles velues , ridées , rudes, obtuses et-très-entières, porte en juin jusqu’en octobre, des fleurs blanches très-rapprochées les unes.des autres, en épis roulés spiralement ; et l’H£crorroPe coucaË , À. supinum , qui habite nos départemens méridionaux , a les tiges très-rameuses , étalées sur le sol, chargées de poils blancs nombrenx, ainsi que les feuilles, qui sont ovales ; les épis, souvent solitaires, n’offrent que peu de fleurs petites et blanches. La première, à qui l’on attribua long- temps des vertus médicinales, n’en a absolument aucune : il paraît même certain que son nom vul- aire , Herbe aux verrues, ne lui est point venu de la propriété de dissiper ces sortes d’excroissan- ces, mais de la forme que ses fruits affectent .et qui rappelle celle des verrues. Tout le monde connaît l'H£zrorrore pu Pérou, H. peruwianwa, aux fleurs d’un blanc violet ou bleuâtre , répandant un parfum délicieux, analo- gue à l’odeur de la Vanille, que Joseph de Jussieu fit passer, en 1740, des collines des Cordilières dans nos jardins; il y est très - multiplié et tenu én bonne terre terreautée, consistante, à laquelle om 0 - HELL 580. HELM on donne des arrosemens très -fréquens en été et, durant cette saison , une situation abritée et chaude. Cet arbuste, d’un mètre de haut chez nous, en acquiert dans sa patrie jusqu’à trois ; quoique sensible au froid, on le met en pleine terre ; Jà il vit peu, mais il donne beaucoup de fleurs jusqu'aux premières gelées, fait buisson et étend ses racines, ce qui facilite les moyens de le multiplier de boütures et de rejetons. Dans la serre chaude il s’éliole ; la serre tempérée lui con- vient mieux en hiver, mais il faut faire attention que la gelée n’y pénètre pas, et qu’il y trouve une lumière large. Comme celte espèce n’a réellement d’agréable que l’odeur suave qu’elle exhale, on ne tardera pas à lui préférer l'H£LIOTROPE À GRANDES FLEURS, H, grandiflorum, qui nous est également venu du Pérou, et que l’on cultive depuis 1810 en serre tempérée, où ses fleurs se succèdent sans interruption pendant toute l’année. (J’oyez plan- che 205, fig. 1 et 2.) Cette espèce a beaucoup de ressemblance avec la précédente, et au pre- mier coup d'œil on la regarde comme une simple variété; mais en l’examinant de près et avec atlention , des caractères distinctils vêus mon- trent les différences qui existent entre elles. L'Héliotrope à grandes fleurs est bien annuel comme l’Héliotrope du Pérou; mais ses Liges, bru- pâtres et un peu ligneuses, montent plus haut, sont chargées de rameaux, d’abord herbacés, verdâtres , pubescens , devenant aussi frutes- cens. Les épis, unilatéraux, longs et lâches, se divisent plusieurs fois en se bifurquant, et portent chacun de dix à vingt et trente grandes corolles de couleur gris de lin , avec un léger reflet vio- lacé, qui répandent une douce odeur de miel. Les feuilles sont assez écartées les unes des autres, ovales, lancéolées, un peu ridées, d’un vert gai en dessus , plus pâles et sensiblement pubescentes en dessous. L’arbuste peut être tenu à l’air libre durant toute la belle saison; mais, comme il est très-sensible au froid et que les premières gelées le font périr, on le rentre de bonne heure pour recueillir ses graines, lever des marcottes, des bou- tures. Ses graines lèvent en bonne terre bien pré- parée. (Em0e) HÉLIOTROPE D'HIVER. ( 807. PHan. ) Nom vulgaire donné au Tussilage odorant, Tussilago fragrans , à cause de l’odeur suave de ses fleurs d’un blanc purpurin , et parce qu il supporte vo- lontiers l'hiver des montagnes de la France, d’où il est originaire. (/’oyez au mot TussiLace. ) (T. ». B.) HELIX. (axar. ) De ëy£, qui veut dire en grec enveloppe, contour, circonvolution. C’est l’éminence contournée que forme le pavillon de oreille en se repliant sur lui-même dans le haut de sa circonférence. On l’appellé aussi le grand repli de l'Orne. (Voy. ce mot.) (A. D.) HELLÉBORE. Voyez au mot Err£rone. La planche 205, fig. 3, de notre Atlas, représente l’Ellébore des anciens, décrit à Ja page 25. HELLÉBORÉES. Nous ajouterons à ce qui à été dit même page, que celte tribu, créée par De Candolle , comprend, outre le genre Æellebo- rus, le Caltha ou Souci d’eau, l’Aquilegia ou Ancolie, le Trollius de Linné, l'Eranthis et le Coptis de Salisbury, le Garidella et le Nigella' de Tourpefort, etc. Voici leurs caraelères communs d’après De Candolle : estivation du calice et de la corolle imbriquée; calice ordinairement coloré, pétaloïde ; corolle de cinq à dix pétales (ou nec- taires) irréguliers, souvent bilabiés; carpelles polyspermes , ordinairement libres, s’ouvrant du côlé intérieur par une fente longitudinale ; quel- quefois soudées ensemble, et formant un péricarpe multiloculaire; graines horizontales, fixées à des placentas suluraux, (L.) HELLUO. (ins.) Genre de Coltoptères de la section des Pentamères, famille des Carnassiers, tribu des Carabiques , établi par Bonelli ; on peut lui assigner les caractères suiyans-: languette cor- née arrondie, sans paraglosses dislincts; mandibu- les sans dentelures ; dernier article des palpes exté- rieurs le plus grand de tous, presque sécuriforme ; menton à lobes pointus, ayant une dent au milieu de son échancrure; second article des antennes de la longueur du troisième; élytres tronquées à leur extrémité, laissant à nu les derniers segmens abdo- minaux. Ces insectes ont au premier aspect l’ap- parence des Anthies ; mais leurs autres caractères les rapprochent davantage des Gymindis et des Le- bies, avec lesquels ils avaient d’abord été placés’; ils ont la tête avancée, triangulaire ; les yeux sont éloignés des bords du corselet ; les antennes sont à peine aussi longues que le corselet et en forme de cœur tronqué postérieurement ; il existe un petit étranglement entre lui et les élytres ; celles-ci sont un peu plus longues à leur partie postérieure, tronquée droit à leur extrémité ; les palles sont robustes, sans dentelures externes aux anlcricures. H. a côres , A. costatus, Lat. Long de 9 lignes, noir de poix ; élytres garnies de stries ponciuées , formant des côtes, dont trois plus élevées. Tout le corps est parsemé de petits poils courts. De la Nouvelle-Hollande. (As P:}ur HELMiN, HELMINTBES. (zooPu.) Voy. Her- MINTHOLOGIE. HELMINTHIE, Zelminthia. (or. pHan.) Genre de la famille des Chicoractées de Jussieu, et de la Syngénésie polygamie égale de Linné ; il présente pour caractères : un involucre caliculé composé d’un rang de folioles égales , appliquées, hérissées sur le dos de poils rudes, accompagnées à leur base de folioles irrégulières plus petites, et enfin d'un calicule de cinq bractées foliacées, cordi- formes ; un réceplaele plane, marqué de paillettes courtes ; des demi-fleurons nombreux ; des graines oblongues , comprimées, striées transversalement, se prolongeant en une pointe, au sommet de la- quelle est une aigrette plameuse. On voit que ce genre diffère peu des Picris, avec lesquels Linné l'avait confondu; Jussieu l’a rétabli sur la consi- dération de ‘son aigrelle stipitée. -Les deux espèces d’Helminthie décrites par De Candolle appartiennent à la Flore française. L’une Di \\l V N TS NT 2.2. Héhotrope 3. Hellebore 4. Hélops 5. Helvelle. … 6-7. Hémerobe, LE. Cuerm dr HELM . b81 HELO croît dansles Pyrénées, c’est l’Æelminthia spinosa; , l’autre, qui se trouve aux environs de Paris, et en général sur le bord des chemins, a reçu le nom d’/1. echioides, L., ou Fausse vipérine, parce que toutes ses parties sont hérissées de poils vési-. culeux à leur base, comme ceux de l’Echium vul- gare, et bifurqués à leur sommet. Sa tige, haute de deux pieds, épaisse et rameuse, porte des feuilles oblongues , ovales, amplexicaules; à son extrémité s’étalent plusieurs corymbes de fleurs jaunes, grandes, à pédoncules très-hispides , à ca- * lathides presque épineuses ; les folioles extérieures de l’involucre sont cordiformes ; les intérieures sont lancéolées, déliées, et se prolongent en pointe. 111 Le nom d’//elminthie, abrégé de celui d’Helmin- totheca que Vaillant avait donné à cette plante, indique qu’on lui a attribué des propriétés vermi- fuges. (L.) ELMINTHOCORTON ou HELMINTHOCOR- TOS. (BoT. cryrr). //ydrophites. Sous ces deux noms; et. sous ceux de Mousse de Corse, Mousse de mer (à cause de sa ressemblance avec certaines plantes mousseuses), Varec vermifuge (à cause de ses propriélés vermifuges), on emploie un mélange de Thalassiophytes, de plantes marines, de poly- piers flexibles et de coquilles, que les botanistes ont appelé Fucus helminthocorton , et que Lamou- roux a placé dans le genre Gigartina. La Mousse de Corse est très-commune dans la Méditerranée. De Candolle a reconnu dans celle du: commerce des Fucacées, des Céramies, des Ulva, des Corallines, des Zoophytes, etc. Lamou- TOux y a complé plus de cent espèces de plantes marines; enfin Fée a trouvé sur 500 parties de -cette substance : sable, débris de roches, coquil- les, madrépores, 172; eau, 132; Fucus, Céramies, 60; Fucus helminthocorton, 156. Le Fucus helminthocorton se présente dars le commerce en toufles plus ou moins considérables, assez analogues à la bourre, formées de filamens nombreux, courts, fasciculés , entrelacés les uns dans les autres d’une manière assez inextricable ; d’une texture flexible, un peu carlilagineuse ; d’une Couleur rouge brunätre ; d’une odeur de marécage à l’état frais; d’une odeur d'éponge à l’état sec; d’une saveur amère , salée et nauséabonde. L'analyse chimique a démontré dans cette hy- drophyte la présence des corps suivans; gélatine, fibre végétale , sulfate de chaux ; silice , phosphate de chaux, sel marin, carbonate de chaux, ma- -gnésie , iode, fer. L'usage de la Mousse de Corse comme anthel- minthique ne compte pas encore soixante et dix aps. On l'emploie journellement , chez les enfans, contre les vers lombricoides. (F:F.) HELMINTHOLOGIE. (zoovu.) Les Helminthes ‘sont les vers en général, et V’'Helminthologie Ja science qui s'occupe de ces animaux; il à déjà * été question à! l’article Enrozoame de ce Dic- ® tionnairé des Vers intestinaux, et les autres ani- - maux que l’on connaît sous le nom de Vers seront -particuliers et au mot Inresrivaux ( Voyez ces mots). : (Guér.) HÉLODERME. (rerr.) Ce genre a 614 établi sur l'étude d'un Saurien du Mexique rapporté par Deppe, et qui se distingue parmiles Monitors; avec lesquels il paraît devoir .être rangé, par sa forme moins élancée, ses écailles ou gemmes plus sail- lantes que dans les autres espèces du genre, et qui lui ont valu son nom, formé des mots grecs Mos, clou, dép, peau; ainsi que par sa tête plus obtuse et plus-arrondie,. ses doigts plus courts, disposés de telle, sorte que le troisième des pieds postérieurs est, comme aux pieds antérieurs, le plus long de tous. L’on trouve entre les doigts du P 5 5 milieu des pieds postérieurs des rudimens de membrane patatoire. La seule espèce connue est L'Héconerme mieux , À. horridum, dans le- quel on croit reconnaître l’Acaltetepon où Mon- coæillo mucronato où Temacuil cahuya, décrit par Hernandez. Sa couleur est d’un vert olivâtre par- semé de petites taches jaunâtres plus ou moins ag- glomérées pour constituer sur le corps des petits traits transverses peu réguléers, et. sur la queue des bandes transverses disposées sans ordre; ap- parent. Get animal atteint environ deux pieds et demi de longueur et deux pouces et demi de dia- mètre ; les Mexicains paraissent le redouter à l’égal du Serpent à sonnettes, bien que rien dans son organisation ne justifie une telle crainte. (T. G.) HÉLOPIENS. (ixs.) Tribu de Coléoptères de la section des Hétéromères , famille des Sténé- lytres, établie par Latreille, et reconnaissable aux caractères suivans : antennes presque fili- formes, insérées sous un rebord de la tête; ex- trémilé des mandibules bifide : dernier article des alpes maxillaires en forme de triangle ou de ha- che ; pénultième article des tarses peu ou point bilobé; corps arqué en dessus. Les Hélopiens sont des insectes à demi nocturnes, qui se tiennent le plus souvent sous les écorces des arbres, dans la mousse; c’est aussi là que vivent les larves qui sont connues; elles sont en général de forme cy- lindrique, assez coriaces , allongées ; elles ont les pattes très-courtles. Ces larves subissent leurs mé- tamorphoses dans le même lieu. Cette tribu con- tient un assez grand nombre de genres dont les plus remarquables sont les suivans : EPrrrAGE, CnopaLow, ApËzie , HéLors, rer € se AP?) HÉLOPS. (1ins.) Genre de Coléoptères, de la section des Hétéromères, famille des Sténélytres, tribu des Hélopiens. Ce genre a été avec raison établi par Fabricius ; mais il y avait confondu bien des insectes, qui depuis en ont été distrails. Tel .qu’il est restreint à présent, ce genre diffère de ceux de la même famille par le corps ovaie, oblong, légèrement convexe , les antennes presque filifor- mes, un peu plus.grosses vers le bout , dont les articulations sont en forme de cône renversé ; le corselet est transversal. , ! : Ces insectes sont généralement de pelite taille; * étudiés à l’article Vers, à quelques autres articles } bruns ou d’une couleur métallique sombre ; leur ‘HELO ÿ ‘582 HELV ‘tête est pétite, moins large que le corselet ; ‘les } antennes sont un peu plus longues que lui ; les mandibules sont bifides à l'extrémité, la languette peu échancrée, et le menton presque carré; le cor- selet est presque anssi large que l’abdomen; les pattes sont de longueur moyenne; les tarses de quelques ‘espèces sont velus en dessous’; tous ont des ailes. Les mœurs de ces insectes sont peu connues; on sait seulement qu’ils se tiennent sous les écorces des arbres morts, ou dans les fissures de ceux qui sont encore vivans; 6n en trouve aussi souvent sous la mousse au pied des arbres. : La larve d’une espèce vit dans le tan qui se trouve au pied des vieux arbres ; son corps est al- Jlongé, cylindrique, absolument lisse et même brillant; il est composé de douze articulations, dont la dernière est termmée par deux petites pointes relevées, entre lesquelles est l'anus ; la tête offre des antennes; pas d’yeux apparens; deux fortes mâchoires à la bouche,’et une pièce en forme de bouclier récouvrant les autres parties ; les tar- ses sont armés de crochets très-aigus. Hécors 81EuaATRE , A, chalibœus , Fabr. Long de sept lignes ; corselet carré, un peu rétréci posté- rieurement, fortement pointillé, ainsi que la tête; “élytres profondément striées et pointillées ; entiè- rement d’un bleu violet foncé. Du midi de la France. Hévors Lanirkne, H. lanipes, Fab. Long de six lignes ; corselet carré, un peu bombé , arrondi sur les côtés, ponctué ; élytres. striées, terminées en pointe; entièrement d’un vert bronzé. Cette espèce est l’une des plus communes aux environs de Paris. Nous l’avons représentée dans notre Atlas, 1. 205, fig. 4. (A. P.) HÉLOSTOME , Æelostoma. (poiss.) Poisson fort singulier, constituant un des genres de la famille des Pharyngiens labyrinthiformes , très-voisin des Macropodes , découvert à Java par Kubhl, qui lui a imposé le nom d’Hélostome , qu’on lui conserve et qui semble indiquer la forme de la bouche, qui a quelque rapport avec un clou enfoncé dans le museau ( d’#5, clou). Le caractère le plus ap- parent de ce genre consiste’en effet dans une bou- che petite, comprimée et protractile, de manière qu'elle a l’air de-sortir et de rentrer sous le sous- orbitaire. I1 se distingue en outre parce que ses dents ne sont attachées qu’à ses lèvres, etnon aux parties osseuses de sa bouche. L'Hicosroue de Temmnex est le type de ce genre, et l’unique espèce qu’on y rapporte. Son ‘corpsest comprimé, ovale ; l’appareil pharyngien lbyrinthiforme est fort apparent dans cette espèce, et formé de même du développement des pharyn- giens antérieurs. Cet appareilest logé, comme chez lAnabas, dans une cavité ménagée sous le crâne, au dessus de la cavité branchiale, et de chaque côté du basilaire. : On présume que cet organe procure à l’Hélo- stome la faculté de vivre long-temps sans eau, comme chez l’Anabas , chez les Ophicéphales , et, à ce qu’il paraît, chez tous les poissons qui ont quel- que chose d’analogue. (Azvu. G.) HÉLOTE , #elotes. (poiss.) Ilest impossible de trouver plus de ressemblance qu’il n’y en ‘a «entre ‘ces poissons el les Thérapons. Ces ‘espèces ont le préopercule dentelé , un opercule terminé par:une forte épine, une dorsale très-échancrée;; la petite bande étroite de dents trilobées qui existe le long du bord externe de chaque maxillaire est le seul caractère qui les distingue. Ces poissons sont rayés longitudinalement de noirâtre sur un fond argenté. On ne connaît encore qu’une seule espèce de ce genre que l’on appelle Héiore À six LIGNES, H. sexlineatus, à corps oblong ; il diminue par degrés en avant, pour for- mer un museau court et un peu obtus. Ce poisson est argenté et glacé de gris brun ; six bandes noirâtres règnent en ligne droite sur toute sa longueur ; la troisième , qui aboutit à l'œil, se continue au-delà jusqu’au bout du museau; la quatrième, déjà plus pâle, arrive à la commissure des lèvres; la cinquième, plus pâle encore, se ter - mine à la pectorale ; la sixième est souvent presque imperceptble. (Ar. G.) HÉLOTIUM. (or. crxer.) Champignons.Genre quitient le milieu entreles Pezizes-et les Helvelles, qui déjà a éprouvé beaucoup de modifications, qui a besoin encore d’être étudié, et dont on n’a jusqu'alors décrit que trois espèces , bien qu'il en croisse un:plus gand nombre en France. Les Hélotiaoms sont stipités; leur chapeau est membraneux, charnu, hémisphérique, à bords quelquefois repliés en dedans; les surfaces sont lisses, la supérieure.est séminifère. On les trouve sur les vieux troncs d'arbres , les branches mor- tes ,lesbois à moitié décomposés , les fumiers, etc. , sous forme de fongosités assez semblables à depe- tites épingles blanches, roses ou jaunes. Les trois espèces d'Hélotiums décrites sont : 1° l'Hévoriun acanic, Helotium agariciformis, de De Candolle, qui est très-petit et très-blanc, dont le stipe est plein, le chapeau mince, convexe et orbiculaire, et que l’on trouve sur les bois pourris où ilest disposé par groupes ; 2° l’Æelotium aureum, de Persoon , qui croît également par groupes sur les écorces des vieux sapins, dont la couleur est d’un beau jaune doré , le stipe mince et à base tomenteuse , le chapeau hémisphérique-etconvexe; 3° l’Helotium fimosum, de Persoon, qui est d'un rouge agréable, qui a le stipe très-gréle, et le chapeau un peu plane et sous-anguleux. (FE. F.) HELVELLE, Helvella. (mor. cnxer.) Voy. pl. 205 , fig. 5. Champignons. Genre établi par Linné, adopté par les auteurs qui sont venus après lui, modifié par Persoon, Fries et Nées, et figurant parmi les Champignons charnus, deuxième ordre de la première classe, Champignons à semences “extérieures, entre le Morchella (Morille)etle Rhi- zina. Les Helvelles sont charnues , translucides , co- lorées en gris ,en‘orangé , en noir, .etc., fragiles et stipitées ; leur chapeau est irrégulier, bombé, lobé et plissé. Les différences ‘qu’elles présentent L) TC PR PO EEE metre emmacrenéeteeg | HELV: | avec les Mérules, les Théléphores.et les Pezizes , se | trouvent, pour les-premières, dans leurs surfaces | qui sont unies et"non veinées ;-pour les secondes, dans le chapeau, qui,ne, se retourne pas pendant la végétation ;.et pour les troisièmes, dans les sé- minules, quinese trouvent qu’à la face inférieure, et dans’le chapeau qui est bembé , au lieu de figu- rer des cupules. Les Helvelles sont peu nombreuses, vivent, à terre parmile gazon , ou sur les arbres morts, elc., où'on les trouve au printemps et à l’automne dis- | posées en groupes ou isolées les unes des autres. Toutefois, leur isolement, quand: il existe, n’est as très-considérable, autrement le proverbe, Où l’on trouve une Helvelle , on doit trouver sa pa- reille, serait faux. Dans le genre Helvelle, subdivisé en espèces à stipe sillonné en long, et en espèces à stipe lisse, très-rarement lacuneux, on pourrait compter jus- qu’à quinze Champignons différens, si cinq n’a- vaient été rejetés parmi les espèces encore incer- taines, À la première division appartiennent : 1° l'Hervezze mrrre, Âelvella mitra, de Linné, Bulliard , De Candolle, Nées et Persoon; Cham- pignon qui est d’un goût et d’une qualité très-agréa- bles, que l’on trouve dans les prairies ombragées, au pied des arbres frêles et languissans, et doni Persoon a établi trois variétés sous le rapport de là couleur; 2° l'Hecvesre porée, Helvella chryso- phœa, de Persoon, espèce dont le chapeau est | étalé, irrégalièrement ondulé, lobé, d’un brun fauve ; dont le stipe est blanc, sillonné jusqu’au milieu, et qui croit sur les montagnes, sous les hêtres. Dans la seconde division, celle qui ren- ferme les Helveiles à stipe lisse, on remarque l'Helvella grandis, et l'Æelvella esculenta de Per- soon, qui toutes deux sont bonnes à manger. La première, à chapeau ample, tri ou quadrilobé, d'un brun pustuleux, à stipe blanc, lisse , outrès- rarement lacuneux, croît , après les pluies du prin- temps, dans les forêts des montagnes ; la seconde, à chapeau presque difforme, de couleur châtain- clair , plissé en cercle, à stipe court , d’un blanc roux, se rencontre par groupes au printemps dans les bois élevés. Nous avons représenté dans notre Atlas, pl. 203, fig. 5, l'Aelvella flavovirens de Nées , figurée dans le Dictionnaire des Sciences naturelles: cette l'espèce est d'un vert jaunâtre, à chapeau lobé et à'stipe jaune; elle se trouve en France, (PF) HELVÉTIE. (céocn. Pays. ) Voy. Suisss. HELVINE. (mn. ) Le célèbre minéralogiste al- lemand Werner a donné ce nom à une substance jaune qui raie le verre, qui pèse trois fois autant que l’eau, et qui ne s’est encore présentée qu’en petitscristauxtétraèdres , c’est: à-dire à quatre faces triangulaires. Sa poussière se dissout dans les aci- des, en répandant une fumée épaisse qui n’est qu'un dégagement d'acide sulfurique. On ne con- qui présente les substances suivantes : 583: | maîtsa composition que par une analyse de Gmelin, | HEME ne Silice... . * + +... 89 271 GRR ne | S ooû Alumine contenant de la glucine. à 445 Protoxide de manganèse. , , .. 29 344 ) 100 Protonde ide ne. 7 7 990 Sulfure de manganèse, ...., . . 14 000 Pertener Calnaten nt 7 920 L’Helvine a été trouvée en Saxe , dans une roche de gneiss. | - (J. H.) HEMATINE, ( cm. )Nom donné par Cheyreul à la matière colorante du bois de Campèche, Zæ- maloxylon campechianum, arbre qui croît en Amé- rique. L'Hématine jouit des propriétés suivantes : triturée sur un verre, et vue par transparence elle est d’une couleur orangée, elle est blanche à la lumière réfléchie ; humectée d’un peu d'alcool et vue par transparence, elle est d’un ronge di carmin; elle est jaune à la lumière réfléchie : sa sayeur, d’abord insipide , devient, lésèrement astringente, âcre et amère; soumise à à distilla- tion sèche , elle donne de l’'ammoniaque, puis pour résidu une pelite quantité de, charbon dans lequel Il incinéralion démontre la présence de la chaux et d’un oxide de fer; elle est soluble dans l’eau dans l’alcoolet dans l’éther ; ces solutés sont de Jaune rougeâtre; elle se combine avec les acides . les alcalis:,, en: affectant des couleurs très-variar bles, etc. | . Pour extraire l’'Hématine, voici le procédé in- | diqué par Ghevreul : on râpe le bois de Campèche on l’épuise par l’eau chaude, c’est-à-dire qu’on le traite par ce liquide jusqu’à ce que ce dernier sorte incolore ; on passe, on évapore, on fait sécher et On traite le résidu par de l'alcool. Celui-ci, chargé de la matière colorante , est filtré, distillé jusqu'à la consistance syrupeuse , et traité Par une petite quantité d’eau qui détermine une première forma. tion de cristaux, cristaux qu’on lave à l'alcool et qu'on faitsécher. Leseaux-mères évaporées donnent de nouveaux cristaux. Il en est de même du dépôt brun qui s’est formé dans le premier temps de l’o- pération , quand on traite ce dépôt préalablement | desséché par l’eau, la filtration et l’évaporation LE ? HÉMÉROBE, Æemerobius. (1ns.) PR | vroptères de la famille des Planipennes, tribu des Hémérobins, ayant pour caractères : quatre pal- pes seulement; ailes égales, disposées en toit : le premier segment thoracique allongé; tarses à cin articles ; point d’ocelles. Ce genre offre de grands rapports avec les Myrméléons, soit dans son éLat de larve, soit sous son état parfait; mais il en dif- fène cependant bien essentiellement par ses palpes maxillaires , qui ne sont qu’au nombre de Fias tandis qu'il y en a quatre dans les précédens ; ils ont élé ainsi nommés par Linné, qui a cpl ce genre, parce qu'ils sont censés ne vivre qu’un jour Ge sont de fort jolis petits insectes ; leurs yeux glo- buleux, assez souvent de couleur d’or bruni, ren- dent leur tête beaucoup plus large que le corselet s les antennes sont longues, sétacées ; le prothorax est assez Tong, et plus étroit que la tête et les sex- mens postérieurs ; l'abdomen est plus allongé que le PS SEE CO HEME 584 HEME 22 nt hdd + ER CS OU TI CT TE rèste du corps; les ‘ailes sont presque deux fois aussi longues que le corps, et'très-transparentes. Si la vue de ces insectes séduit, si l'on cède à la tentation de les saisir, ce qui est assez facile, car malgré leurs longues ailes ils ont le vol lourd, on est bientôt puni de sa curiosité par l'odeur nau- séabonde et souvent excrémentitielle dont ils sont imprégnés , qui s’attache aux mains et dont on a souvent bien de la peine à se débarrasser. Les larves des Hémérobes sont renflées au mi- lieu du corps et pointues à leurs deux extrémités; elles sont très-vives et très-souples, leur col surtout; quand par hasard elles sont renversées , elles glissent leur tête sous leur corps, saisissent le plan de position, el font une culbute qui les remet dans leur état naturel; elles vivent à l’air ou sous les feuilles et au milieu des Pucerons dont elles font leur nourriture; car elles sont très-carnassières et ne s’épargnent nullement entre elles quand elles se rencontrent ; la plus forte ou la plus har- gneuse saisit le plus promptement possible son ad- versaire , et en fait un bon repas; on conçoit qu’au milieu d’êtres aussi peu remuans que les Pucerons et étant elles-mêmes très-agiles, elles ont bientôt saisi les morceaux qui leur conviennent; au moyen des mandibules aiguës dont leur tête est armée, elles les saisissent , les élèvent en l’air et les sucent en moins d’une demi-minute, etcomme elles sont d’un bon appétit, ellesen sacrifient beaucoup dans une journée : aussi Réaumur, qui lesa étudiées avec beaucoup de soin, les a-t-il nommées les Lions des Pucerons. Si quelques unes de ces larves ont le corps nu, d’autres au contraire aiment à l’avoir couvert , et à cet effet elles utilisent les peaux des Pucerons qu’elles ont sucés; quand elles veulent commencer une de ces sortes de vêtemens, d'un coup de tête elles jettent d’abord la première peau inutile sur l'extrémité de leur corps, et sans autre moyen que les petites irrégularités ou poils qui s'y trouvent, le fixent dans les rides transverses dont elles-mêmes sont couvertes ; une seconde va join- dre la premièreet ainsi de suite, et elles tiennent ensemble par le seul entrelacement de leurs par- ties ; il arrive cependant souvent que la peau lancée par la tête n’arrive pas juste à la place qu’elle devait occuper ; alors quelques mouvemens du corps, quelques contorsions à droite ou à gau- che parviennent à fixer tout à la place qui lui élait destinée. Réaumur fit un jour une expérience sur un de ces petits ouvriers ; il lui enleva son manteau de pelleterie et le mit dans une boîte, dont il râcla une partie du papier intérieur avec un gratoir; la larve n’eut pas plus tôtreconnu les matériaux qui se trouvaient à sa disposition qu'elle les mit en œuvre, et en peu de temps elle se fit le vêtement le plus léger, le plus bouflant et le plus commode peut-être qu'eut jamais porté animal de son espèce. Au milieu de l'abondance où vivent ces larves , elles ont bientôt pris tout leur accroissement, aussi ne vivent-elles sous cet état qu’une quinzaine de jours; passé ce temps elles se retirent dans quelque feuille desséchée et se mettent, à l'abri de l’un de ses plis, à construire leur coque; icise pré- sente un nouvel organe qui ne sert que dans cette occasion; c’est la filière avec laquelle la larve fait sa coque; elle est située à l’extréinité de l’abdo- men : d'insecte commence par tendre quelques fils à peine capables de se soutenir eux-mêmes; ce- pendant il s’y confie, et glissant sur eux, fait tourner son corps en sens divers ; pendant ce temps l'extrémité de l'abdomen agit avec une grande vivacité, et en peu de temps le tissu de- vient assez épais pour dérober le travail et l’ou- vrière aux yeux de l’observateur; on est étonné que le corps de la larve puisse tenir dans un si petit objet qui atteint à peine la grosseur d’un petit pois; mais l’insecte qui en sort avec ses grandes ailes, ses longues antennes et son corps menu est encore plus incompréhensible ; la durée du séjour des nymphes dans la coque varie selon la saison où la métamorphose s’est opérée ; si elle a eu lieu dans l’été, son état de réclusion dure une quinzaine ; si c’est dans l’automne, elle y passe l'hiver. Après la fécondation, les femelles s'occupent de la ponte comme tous les autres insectes ; mais les œufs des insectes de ce genre offrent une singula- rité qui mérite d’être remarquée : la femelle, au moment d’en déposer un, appuie sur une feuille l'extrémité de son abdomen et présente l'œuf en- duit d’une matière très-visqueuse, extensible, sic- cative à l’air et susceptible sous un petit volume d’une grande résistance élastique; elle relève son abdomen sans lâcher l'œuf; la liqueur s’allonge, forme un filet délié, et quand celui-cia acquis la longueur convenable, elle abandonne l'œuf à lui- même et il reste balancé sur la tige qui le porte; l'apparence de ces œufs est telle que les botanistes les avaient d'abord pris pour des Cryptogames et les avaient classés et déterminés comme tels ; mais l'observation a tout remis à sa place. Ce genre est assez nombreux en espèces, mais une grande parlie devra en être distraite pour for- mer un genre à part. H. rence, AH. perla, Linné, représenté dans notre Atlas, pl. 205, fig. 6 et 7. Long de 6 lignes, envergure 14 à 15 lignes ; les antennes sont jau- nes, le corps et les nervures des ailes jaunâtres, les yeux couleur d’or dans l'insecte vivant, Com- mun aux environs de Paris. H. a yeux porés, H. chrysops, Linn. Long de 5 lignes, envergure 12 lignes; corps et tête mé- langés de vert et de noir; antennes fauves ; ailes diaphanes, azurées, avec les nervures longitudi- nales vertes, et celles transversales noires ; yeux dorés dans l’insecte vivant. H. À TÊTE FAUvE, /1. capitatus, Fab. Long de 6 lignes, envergure 12 lignes; têle fauve, avec les antennes, excepté le premier article, brunes ; corps brun ; pattes jaunâtres; ailes diaphanes à nervures brunes, poilues; une tache oblongue fauve vers l'extrémité du bord antérieur des quatre ailes. Du midi de la France. (A. P.) HÉMÉROCALLE , Æemerocallis. (80T. PHAN.) Genre placé d’abord par Jussieu dans la famille des Narcissées, 1. Hémerocale 2. Heépatique HS Hépiale 4 Hérotoaire £, Gueren der: mo HEME 589 HEMI Narcissées, et que l’on à ensuite réuni aux Aspho- délées , qui ne peuvent guère être considérées que comme une subdivision de la grande et belle fa- mille des ZLiliacées. Il appartient à l'Hexandrie mo- pogynie de Linné. Tournefort le décrit sous le nom de Lilio-asphodelus. Celui d’femerocallis, qui si- gnifie, Beauté de jour , lui a été donné par Linné , et toutes les espèces de ce genre le justifient pleine- ment. Différentes, en effet, de nos beautés hu- maines, qui au Jour préfèrent lanuit, et à la lumière éclatante du soleil la pâle lueur des flambeaux, ces beautés végétales osent affronter le grand jour, cer- taines de n’yrien perdre, et ne voilent leurs charmes uc le soir. Elles ont le noble port du Lis ; mais la déur du Lis n’est soutenue par la mère-plante que durant son éclat : au moment où elle va le perdre, elle tombe. L'Hémérocalie, au contraire, retient sa fleur, même flétrie : on dirait une mère qui serre contre son sein un enfant languissant que la mort lui dispute. Voici les caractères de ce genre précieux pour l’emibellissement de nos jardins: périanthe infun- dibuliforme, à divisions réfléchies au sommet, soudées par l'onglet, et formant un étui pour les aiguilles dorées des étamines ; ovaire supère, ar- rondi, terminé par un sligmate trilobé ; capsule triloculaire , contenant plusieurs graines arron- dies. Le genre Hémérocalle embrasse six espèces in- digènes des contrées montueuses et tempérées de l'hémisphère boréal. Quelques unes contribuent à embellir les sites pittoresques de la Suisse ct de la Hongrie; d’autres sont indigènes de la Chine et du Japon , d’où le commerceles importe en Europe pour l’ornement de nos jardins. . H. pu Japon, A. japonica. Cette plante a une rac'ne fasciculée d’où s'élèvent des feuilles ovales , cordiformes , pétiolées , et marquées de plusieurs nervures très-fortes; une hampe cylindrique, haute de trois à quatre décimètres; une vingtaine de fleurs pédonculées, d’un blanc pur, agréablement odorantes, disposées en grappe, et accompagnées chacune d’une bractée à leur base. H. sgzeue, À. cœrulea, Vent. Malm., tab. 18. Cette espèce diffère de la précédente par.ses fleurs bleues et ses feuilles dont les nervures sont moins nombreuses. Elle vient en pleiné terre. Nous l’a- vons représentée dans notre Atlas, pl. 204, fig. 1. H. sauxe , Lis asphodèle,, Lis jaune, Lis jon- quille , 1. flava, L. Cette espèce est originaire des montagnes du Piémont. Elle a les racines en par- tie fibreuses et en partie tubéreuses ; les feuilles nombreuses , en grosses touffes, longues, étroites, aiguës , carénées , longues de deux pieds ; les tiges de trois pieds , divisées en deux ou trois rameaux; les fleursliliformes , mais d’un beau jaune et d’une odeur agréable. Elle demande une terre franche , légère, et une exposilion un peu ombragte. On la multiplie par la séparation des racines, qu’on peut relever tous les trois ans, lorsque les feuilles sont desséchées, mais qu'il faut replanter prompte- ment. ) H, rauve, A. fulva, L. Gette espèce est indi- Te IT, 234° Livraison, gène; elle est plus grande que les précédentes. Ses leurs sont d’un rouge fauve. H. cramNée , À. graminea. Cette espèce est ori- ginaire de la Sibérie. Elle a les feuilles plusétroites, les fleurs à lobes inégaux et à odeur plus faible. H. nisrique , A, dusticha. Gelte dernière espèce nous vient du Japon. Elle a les feuilles distiques , longues et étroites , la tige rameuse dans le haut , et porlant beaucoup de grandes fleurs d’un jaune pâle en dehors et roussâtres en dedans. Elle de- mande une terre de bruyère mélangée , et se mul- tiplie par la séparation des turions. (GC. £.) HEMICARDE. ( mozr. ) C’est le nom d’un petit genre fondé avec quelques espèces de Bucarpes. foy. ce mot. (GuËr.) HÉMILÉPIDOTE, Aemilepidotus. (porse.) Ce Poisson, que l’on a rangé tanlôt parmi les Cotes, tantôt parmi les Scorpènes, n’est, à proprement parler , ni une Scorpène ni un Cotte, mais doit constituer un genreprès de ces derniers. Il a en effet la tête large , déprimée, et diversement armée d’épines; mais sa dorsale unique, et les dents qui garnissent ses palatins, le rapprochent des Scorpè- nes : ce qui le distingue à la fois de ces deux genres, ce sont les écailles qui recouvrent de chaque côté son corps de deux larges bandes, tandis que deux autres bandes, qui alternent avec les premières, en sont dépourvues. Sous ce rapport, cette espèce est, comme on voit, moitié Cotie, moitié Scor- pène. Le nom qu'on lui donne désigne un poisson à demi écailleux. On n’en connaît qu’une du nord d'Amérique, à laquelle on a donné le nom du na- turaliste à qui on en doit la première connaissance, c’est l’/Zemilepidotus T'ilesii. Tilesius, ne la sé- parant pas des Gottes, la nommait Cottus hemile- pidotus. Sa forme rappelle celle d’un Cotte ; aucune partie de sa têle n’a d’écailles ; mais de chaque côté de sa dorsale est une bande formée de quatre rangées de petites écailles rondes et fine- ment dentelées. Ge poisson paraît d’un brun rous- sâtre, irrégulièrement marbré, tacheté et poin- tillé de noirâtre. Sa taille est de sept à huit pou- ces. Cet Hémilépidote fait souvent entendre un bruit ou une voix grognanle, analogue à celle que produisent les Trigles. (Azrn. G.) HÉMIMÉRIDE , Hemimeris. (soT. rnax. ) Une douzaine d'espèces indigènes au Pérouet à diverses autres contrées de l'Amérique du Sud, composent ce genre de la famille des Scrophulariées et de la Didynamie angiospermie. Ce sont des plantes her- bacées ou frutescentes, à feuilles opposées, à fleurs axillaires , disposées en grappes du plus bel effet par le nombre et la couleur rouge-vif des co- rolles ; ayant de grands rapports avec le genre Cel- sia dont nous avons parlé plus haut, tom. 11, pag. 39 et 4o. Les caractères essentiels sont pui- sés dans le calice, qui a cinq divisions profondes, presque égales ; corolle rotacée, irrégulière , très- ouverte, à cinq lobes inégaux, les supérieurs unis ensemble, mais fendus jusqu’à la base ; les trois inr- férieurs présentent l'intermédiaire dépassant les deux autres en longueur ; quatre élamines égales, inclinées , avec anthères sagittées ; stigmate sim- 74 —————_——————2 0 mm HEMI 586 HEMI ! ————————— —————————— —Z le, recourbé; capsule biloculaire , à deux valves. Le nom du genre est composé d’un mot grec qui peint bien la corolie, laquelle se trouve comme coupée par la moitié. Dombey nous a envoyé du Pérou l'HéMmMmÉRIDE ÉCARLATE, 27. coccinea , bel arbuste d’un mètre et demi de haut , toujours vert, dont les tiges pous- sent beaucoup de rameaux bruns, un peu grêles, raides, ligneux à leur base , garnis de feuilles ver- ticillées, d’inégale grandeur, d’un beau vert, et de fleurs d’un vif écarlate , brunes au centre el mar- quées sur cette couleur de cinq raies vertes. L’a- mateur préfère à cette espèce l'HÉMIMÉRIDE 4 FEUIL- LES D'ORTIE, /1. urticæfolia, de l'Amérique aus- trale, remarquable par son feuillage également persistant, mais d’un vert Juisamt; par ses fleurs écarlates, sur les pétales desquelles sont étalées les anthères dorées des étamines; et par leur succes- sion, durant une partie de l’année, sur les grappes terminales qui s’allongent beaucoup à mesure que la fructification a lieu. Cette belle plante , plutôt herbacée que frutescente, digne rivale des Fuchsies pour l’agrément , n’est pas délicate, et passe vo- lontiers l'hiver en crangerie, pourvu qu'elle y trouve une lumière très-large. La serre tempérée, qui convient à la première, détermine l’étiole- ment de la seconde, pour laquelle il faut une terre douce, consistante, peu d’arrosemens en hiver , beaucoup en été, et l'exposition au midi. Ses graines mürissent sous le climat de Paris. Elle est cultivée en Europe depuis 1798. (T. ». B.) HÉMIPTÈRE, Hemiptera. (ws.) Ordre des In- sectes, distingué de ceux de la même classe par les ailes supérieures, qui sont coriaces dans la partie qui avoisine leur base, et membraneuases dans la partie qui latermine. Telestle caractère rigoureux qu’en- traîne l’idée du mot Hémiptère, qui veut dire demi- ailes. Linné, qui créa cet ordre, lui en avait d’a- bord donné d’autres tirés de l'organe buccal , et à tort les changea pour adopter le s;stème des ailes, qui n’est rien moins qu’exact , puisque la moilié de l’ordre au moins n'offre pas les caractères qui lui sont assignés; aussi dans cette méthode avait-il réuni les Orthoptères , dont les ailes supérieures ne sont pas membraneuses par la moilié, mais de consistance à demi-coriace, ce qui n’est pas du tout la même chose. Degcer et Olivier en ayant séparé les Orthoptères, il rentra alors dans ses limites naturelles; mais Fabricius, en adoptant le même ordre, sous le nom de Rhyngote, etrappelant les premiers caractères qu'avait d’abord adoptés Linné, constitua ses véritables caractères ; les voiei : insecles à quatre ailes, dont les deux premières souvent plus consistantes que les autres ; bouche composée d’un labre , d’une lèvre tabuleuse ren- fermant quatre soies coriaces représentant les man- dibules et lesmâchoires, dont les deux inférieures unies un peu après leur naissance. La tête des Hémiptères est en général petite par rapport à la masse du corps ; éependant cette dif- férence est moins sensible dans les Cicadaires : elle est de forme triangulaire, verticale ; les yeux sont placés aux angles ‘supérieurs , saillans ; presque ‘+ toujours il exisLe deux ocelles dont la position très- variable les dérobe souvent aux recherches, Nous avons indiqué la composition sommaire de la bou- che, rostre ou sucçoir, selon les noms que l’on peut avoir adoptés ; mais nous allons y jeter encore un coup d’œil. Un espace limité entre deux stries pro- fondes , et qui paraît s’avancer vers le dessus de la tête, est le chaperon ; il descend souvent assez bas; c’est en dessous de son extrémité que se trouve le labre; celui-ci est plus ou moins long suivant les genres ; cylindrique, strié transversalement, il ne s'étend jamais au-delà du suçoir; la lèvre in- férieure paraîlrait la pièce principale de la bouche, si l’on ne savait qu’elle n’est qu’un tube renfer- mant les parties essentielles de cet organe ; à la première vue , elle offre un tube cylindrique cou- ché le long de la poitrine, tantôt court, tantôt atteignant l'extrémité du corps; cette lèvre elle- même n’est pas composée d’une seule pièce, mais de plusieurs articulations variant cn nombre ét en grandeur relative, et qui doivent être les analo- ques de la languette, de la lèvre proprement dite , et de la pièce basilaire; jusqu’à présent on n'ya pas trouvé de palpes, quoique les Bélostomes en offrent quelques vestiges ; les Thrips en ont detrois articles, terminés par trois soies; mais il n’est rien moins que sûr qu'ils soient des Hémiptères. En des- sus, la lèvre est fendue dans toute sa longueur , ou, pour parler plus juste , la lèvre se replie à droite et à gauche en dessus jusqu’à faire rejoindre les bords de manière à former un tube où sont ren- fermés les organes destinés à prendre la nourriture; ces organes consistent en quatre soïes, deux su- périeures plus écartées à leur naissance, qui re- présentent les mandibules , et deux plus inférieures représentant les mâchoires qui sont presque sou- dées entre elles quelques instans après leur nais- sance ; ces quatre soies atleignent au moins l’ex- trémilé de la lèvre. La bonche des Hémiptères, par sa configuration, en fait des insectes destinés essentiellement à ne vivre que de ‘matières liquides, et les soies dont elle est armée sont destinées à ouvrir les vaisseaux soit des animaux, soit des végétaux dont ils tirent les sucs pour se nourrir; mais le nom de Suceurs qu'on leur a donné est très-impropre cependant ; car ilentraîne l’idée d’une opération qui n'existe pas chez eux; en effet, n'ayant pas de respiration bac- cale, ils ne peuvent pas opérer une véritable suc- cion, qui ne se fait qu'au moyen de la respiration ; mais le suc, arrivant de la plaie à l'extrémité du tube , remonte vers le canal œsophagien , soit par les contractions successives de la lèvre, soit par le jeu alternatif des soies ou l’aclion simultanée des unes et des autres. Dans les espèces à rostre long , cet organe fait un eoude à sa base et se re- dresse en avant de la tête lorsqu'il doit être misen action, L | Les antennes sont d’un nombre assez limité d'articles, de quatre à dix environ ; elles offrent des formes très-variées ; en général elles sont pla- cées sur la tête, apparentes; mais dans les Cicadai- res elles deviennent très-petites, sétacées; dans les HEMI 587 a — HEMI Fulgorelles elles sont insérées sous les yeux et peu visibles ; elles le sont encore moins dans quel- ques genres des Hydrocorises, où elles sont tout- à-fait cachées entre les bords inférieurs de la tête et du corselet; ce n’est qu'avec peine qu’on les y découvre. Le corselet est ordinairement plus étroit en de- vant qu’en arrière , formant ainsi une espèce de triangle ou de trapèze; il offre souvent des dilata- Lions très-singulières, comme dans les Membranes ; tantôt l’écusson est très -pelit, tantôt au con- traire il est tellement développé, comme dans les Scutellaires , qu’il recouvre entièrement l’ab- domen. | Ces insectes ont presque toujours des élytres et des ailes; les premières, dans les Hémiptères ho- moptères , sont coriaces dans la première moitié de leur longueur , èt membraneuses dans la seconde; dans les Hémiptères hétéroplères, cette même partie est entièrement membraneuse; mais ce- pendant avec un peu d'attention ou retrouve la trace et même la limite de la partie coriace; ce n'est que dans les Pacerons et genres voisins que les élytres sont entièrement membraneuses ; c'est aussi dans ces genres qu'on trouve le plus com- munément des femelles entièrement aptères; les ailes manquent quelquelois dans les espèces pour- vues d'élytres; quand elles existent elles sont tou- jours membraneuses, etse replient sur elles-mêmes dans leur longueur pendant le repos. Les pattes, dont les aniérieures sont souvent ravisseuses , ont toujours trois articles aux tarses. L’abdomen n'offre rien de bien remarquabie en général ; les sexes sont faciles à reconnaître ; dans la première section la femelle dépose ses œufs à nu (le genre Airis excepté); dans la seconde section , les femelles sont munies d’une tarière pour les introduire dans l'endroit où ils doivent éclore; les mâles d’un de ces genres, les Cigales, ont, au moyen d’une modification du premier slig- mate abdominal, et de la trachéé qui en dépend, un organe siridulent, excessivement développé, au moyen duquel ils font entendre une espèce de chant monotone destiné à appeler les femelles ; enfin dans les Pucerons on remarque, au dessus de l’extrémité de l’abdomen, deux petits tubes laissant couler une liqueur miellée très-recherchée des Fourmis. k Grâce au travail spécial que Léon Dufour nous a donné sur cet ordre, l'anatomie en est mainte- nant bien connue; on peut la résumer en peu de mots : l'appareil digestif, placé au dessous du vais- seau dorsal et au dessus du système nerveux, se compose d’un œsophage étroit où viennent abou- tir de nombreux vaisseaux salivaires ; d’un jabot très-dilaté, suivi d’un ventricule chylifique diver- sement dilaté; avant l'intestin viennent aboutir les vaisseaux biliaires. Dans les organes copulateurs mâles, on distingue les conduits déférens, les vési- cules séminales, le canal éjaculateur, la verge et l’armure copulatrice. Dans les femelles on voit deux ovaires, un oviducte, une glande sébifique, et dif- férentes pièces vulvaires; leurs systèmes nerveux, respiratoire , etc., sont comme dans les INsECTES en général (voy: ce mot). Tous les Hémiptères subissent des métamorpho- ses comme les autres ordres; mais ces métamor- phoses peuvent n’être considérées que comme de simples changemens de peau, puisqu'elles n’altèrent pas leurs formes, et qu'ils ont en sortant de l’œuf celles qu'ils conserveront toujours’; tout consiste dans le développement des ailes et l'appropriation à un service actif de différens organes qui, jusqu’à l'état d’insecte parfait, sont plus ou moins rudi- mentaires. Quelques espèces de ces insectes sont bien con- nues par les dégâts qu’elles causent à l’agriculture, comme les Tingis qui attaquent les feuilles des ar- bres fruitiers, les Pucerons qui torturent leurs feuilles, et menacent la Normandie de Ja perte de tous ses Pommiers; les Cochenilles qui attaquent nos arbres de serre. D’autres sont connues par l'odeur qu’elles exhalent, et en premier lieu on peut citer la Punaise des lits, celte harpie infecte que la nature a attachée comme un châtiment à la suite des gens malpropres, et qu'ils traînent par- tout avec eux; il est très-dificile de s’en débar- rasser quand une fois elle a pris domicile quelque part; tous les remèdes indiqués ne sont que du charlatanisme ; beaucoup de vigilance et de pro- preté peuvent seuls en triompher. Quelques espè- ces des jardins et des champs exhalent aussi une mauvaise cdeur, mais au moins elles ne viennent pas nous chercher ; en dédommagement de ces mé- faits, ces insectes détruisent une grande quantité de Chenilles et d’autres insectes qui nous seraient en- core plus préjudiciables ; enfin la nature nous a donné la Cochenille, qui fait pardonner beaucoup à ses congénères. Les Hémiptères ont été divisés en deux sections et en plusieurs familles : la première, celle des Ho- moptères, contient les Géoconises et les Hyproco- riss; Ja deuxième section, ou les Hétéroptères ,: contient les Cicapaires, les HymÉnéiyTres et les GALLINSECTES. (A. P.) HÉMIRAMPHE, Hemiramphus. (poiss.) Les es- pèces de ce genre, que Linné avait confondues avec les Esoces, en furent retirées par Cuvier et placées dans le genre Hémiramphe. nt) Ces espèces, auxgnelles la longucur vraiment démesurée de la mâchoire inférieure, qui se pro- longe en une pointe ou demi-bec, a fait donner ce nom, appartiennent à la famille des Siagonotes de Duméril, Au caractère énoncé plus haut, nous ajouterons que ce sont des espèces à corps allongé, revêlu en partie de grandes écailles rondes, ex- ceplé vers le bord inférieur oùlen en trouve une rangée longitudinale carénée. Ce genre est voisin, et par le port et par l'ensemble de ses caractères, du genre Belone, qui prend également place parmi les Siagonotes. Toutes ces espèces ont de chaque côté du corps une large bande longitudinale couleur d'argent, et leur ch:ir, quoique huileuse, passe cependant pour très-agréable au goût, On les trouve dans les mers chaudes des deux HEMI 583 HENN eme hémisphères. Parmi les espèces d'Amérique, je ci- terai seulement le Perir Espanon, Æemiramphus gladius ; ce poisson, qui n’a pas un pied de Jon- gueur, est remarquable par la structure singulière de ses mâchoires : la supérieure est très-courte, l'inférieure, deux fois plus longue, est aplatie comme une épée, et de là le nom que lui imposèrent les marins. Il multiplie beaucoup, comme le Belone ; il suit durant la nuit la lucur des flambeaux, ce qui fa- cilite singulièrement sa pêche, car avec des tor- ches de paille on en attire des bandes au milieu des filets. Sa teinte générale est argentée; la tête, la mâchoire inférieure, le dos et la ligne latérale sont d’un beau vert; les nageoires bleuâtres. Parmi les espèces indiennes on remarque l’H£- MIRAMPHE LONG MUSEAU , Aemiramphus longirostris, dont la mâchoire inférieure est très-prolongée et flexible, et dont la couleur est, comme dans l'espèce précédente, argentée. À la suite de cette espèce prend place l'HÉIRAMPHE counT MusEAU, Âemi- ramphus brevirostris, dont la mâchoire inférieure est proportionnellement beaucoup plus courte que dans l'espèce précédente; elle est seulement dix fois plus longue que la supérieure qui est excessi- vement petite, el trois fois plus courte que le corps. (Azrn. G.) HÉMISTEMME, Æemistemma. ( BOT. PHAN. ) Genre de la Polyandrie digynie, L., institué par de Jussieu sur deux plantes trouvées à Madagas- car par Gommerson et par Du Petit-Thouars ; elles ont quelques ressemblances avec les grandes es- pèces d'Hélianthème, et même Persoon les rap- porte à ce genre dans son Ænchiridion; mieux examinées depuis par De Candolle et par R. Brown, elles ont été placées dans la famille des Dillénia- cées, el caractérisées ainsi qu'il suit : fleurs uni- latérales sessiles , accompagnées de bractées : ea- lice à cinq divisions ovales , presque concaves, exté- rieurement velues; corolle composée de cinq pé- tales obtus ou échancrés au sommet: étamines nombreuses , insérées d’un seul côté de l'ovaire { c’est à cette disposition des étamines que fait al- lusion le nom d’#émistemme, qui signifie demi- couronne ) , comme dans toutes les Dilléniacées , ayant leursfilets courts et des anthères oblongues, dont les extérieures sont stériles ; deux ovaires velus , libres ou unis à leur base, portant chacun un style ; deux capsules, renfermant un petitnom- bre de graines enveloppées d’un arille membra- peux, et contenant un endosperme charnu. On connaît maintenant quatre espèces d'Hémi- stemmes, figurées dans les Zcones selectæ de B. De- lessert, pl. 74-77. Deux, originaires de Mada- gascar, se distinguent par leurs feuilles opposées et leurs pétales échancrés; elles ont reçu les noms des voyageurs qui les ont trouvées les premiers , Commerson et Du Petit-Thouars. Les deux autres, originaires de la Nouvelle - Hollande, ont des feuilles alternes et des pétales obtus; R. Brown les a nommées 7. dealbatum et Æ. an gustifolium. (L.) HÉMITHRÈNE. (sun. et Géo.) On donne ce nom à une roche composée essentiellement d’am- phibole et de calcaire. Sa texture est ordinaire- ment grenue. Elle appartient aux terrains anciens de l’âge des granites 'et des gneiss où immédiate- ment postérieurs. (J. H.) HEMITOME , Zemitomus. ( BoT. pan. ) L’Hé- ritier, qui était rigoureux observateur des genres bien créés, a, sans motifs réels , donné ce nom à un genre de la famille des Personées , auquel Linné fils avait imposé celui de Æemimeris, qu'il faut conserver. Persoon lui associe avec raison, comme congénère, l’Alonsoa de Ruiz et Pavon. Il convient d'y joindre aussi le Celsia urticæfolia de Curtis. Foy. au mot Héwmémpr. (T. D. B.) HÉMITRIPTÈRE, Zemitripterus. (porss.) Ce poisson, que Mitchill indique sous le nom de Scor- pæna flava , forme près des Cottes un petit genre distingué par la séparation des deux dorsales, dont la première est même subdivisée. La largeur de la tête semblerait devoir le rapprocher de ces der- niers ; mais les tentacules nombreux et les dents qui arment ses palalins le ramènent aux Scor- pènes. Le nom qu’on lui donne siguifie poisson à trois nageoires. On a jugé convenable d’attribuer à l'espèce le nom du licu qu’elle habite, et on l’a nommée HémiTRIPTÈRE D’AMÉRIQUE. Ce poisson, dont le corps est oblong, plus mince en arrière et qui a l'abdomen souvent renflé, est revêtu d’une peau molle, finement granulée ; il a sur les yeux, et autour de ses mâchoires, de ces lambeaux que l’on observe dans les Scorpènes. Sa couleur est d’un beau jaune citron, avec des marbrures brunâtres et des points blancs sur Ja tête. A New-York, ce poisson se pêche avec les Morues. On en pêche aussi aux îles de Saint-Pierre, et toujours aux lignes tendues pour les Morues. (Azrn. G,) HÉMITROPIE. (uix.) Sous ce nom, notre sa- vant minéralogiste Haüy a désigné une sorte d’in- version que présentent cerlains cristaux, ct par laquelle deux moitiés d’un même cristal se sont accolées, comme si l’une avait fait une demi-ré- volution pour se placer sur l’autre : d’où il résulte que les faces des deux moitiés du cristal sont dis- posées en sens opposés. Celle disposition se présente souvent dans les cristaux de chaux carbonatée, de fcldspath, d'amphibole, d'étain oxidé, etc. (I) HENNÉ ou plutôt HENNEH, Lawsonia. (mor. PHAN.) Plantes dicotylédonées, de la famille des Salicariées , et de l'Octandrie monogynie. Les ca- ractères de ce genre sont les suivans : arbustes à feuilles opposées, à bouquets lâches, dont les fleurs ont le calice quadrifide, la corolle à quatre pétales , huit étamines opposées deux par deux aux pétales; ovaire supère, surmonté d’un style et d’un stigmate simple; capsule globuleuse , alta- chée au calice qui est persistant, acuminée par le style , à quatre loges polyspermes, contenant des semences nombreuses , petites, roussâtres, angu- leuses et fixées à un placenta central. En détachant du genre Æcronichia lævis découverte par Forster dans Ja Nouvelle- Calédonie, et le Poutaletsje de HENN 589 IIEPA Rhéede, que Linné fils et de Lamarck ont compris à tort parmi les Lawsonia , ainsi que de Jussieu en a fait la remarque, il ne reste véritablement que deux espèces de Henneh ; l’une est épineuse, l’autre ne l’est pas. Le Hennen currivé, L. inermis, appelé par les Arabes Al-Hennah, est un arbuste de trois à quatre mètres de haut, ressemblant au Troëne par le feuillage et par ses bouquets de fleurs blanches nombreuses, odorantes. Son bois, revêlu d’une écorce d’un blanc jaunâtre, ridée, est dur. Les Grecs le nommaient Cypros, et les Hébreux Æaco- _ pher. On le trouve dans l'Egypte, sur toute Ja côte méditerranéenne de l'Afrique, en Arabie, en Palestine, dans la Perse et jusque dans l'Inde. Selon Desfontaines , le HExNEH ÉPINEUXx, L. spi- nosa, n’est qu’une simple variété. Cependant, jeune où vieux, il est armé dans l’aisselle des feuilles d’une épine forte et piquante; ses fleurs sont d’un jaune pâle, d’une odeur hircine très-prononcée, et ses bouquets, au lieu d’êtreterminaux, sont plus lâches et latéraux. Si ces deux plantes ne sont pas dis- tinctes, comme je le pense, la première n’est que la variété de la seconde et non pas la seconde la variété de la première. C’est son admission dans les jardins qui l'aura dépouillée de ses épines. L'on pourrait en enrichir nos départemens du midi et la flore du teinturier, C’est pour l'Orient un objet important de commerce. Le Henneh était cultivé par les anciens Egyp- tiens et les Hébreux sous le double motif de l’uti- lité, comme plante tinctoriale, et de l’agrément , comme arbuste pittoresque. Les fleurs entraient dans la composition des parfums; à cet effet on récherchait plus particulièrement celles provenant des environs d'Ascalon, ville de la Judée, nous dit Pline. Ces peuples ont autrefois employé la dé- coction des feuilles séchées et pulvérisées pour donner une leinte aurore aux cheveux, à la barbe, aux poils, aux mains, et même pour colorer la peau desenfans. Selon Abulféda , le prophète des Maho- métans et plusieurs autres célèbres personnages de son lemps ont élé soumis à cet usage. Les Ara- bes le conservent encore; leurs femmes cueillent les feuilles au printemps et en été pour les jeter dans leur bain ou pour les mettre à sécher et s’en servir à teindre les dernières phalanges des doigts des pieds et des mains; c’est pour elles un objet de haute coquelterie, dont elles ne se privent que durant les grands deuils. Les chevaux reçoivent celte couleur sur le dos, la crinière, le bas des jambes et surtout le sabot en signe d'honneur et d'amour. Elle est si fortement adhérente qu’elle s’est conservée daus toule sa fraîcheur sur la peau des momies les plus anciennes. Berthollet s’est as- Li . _ . suré, durant son séjour en Egypte, qu’on pouvait l'appliquer sur les étoffes de laine et en varier les nuances par l'alun et le sulfate de fer. (T. ». B.) HENNISSEMENT. ( au. } C’est le cri du Che- val. L’ardeur, la fatigue , la reconnaissance de ce noble animal s'expriment par ce eri ; mais il n’est pas diflicile de distinguer qu’il se modifie en raison de chacun de ces sentimens. (P. G.) HEORO-TAIRE, Melithreptus, Vieill. (ors.) Ce genre, établi sur des espèces qui habitent les îles Sandwich, et auquel on a conservé le nom qu'il porte dans le pays même, est divisé en deux sections, dont la première a pour caractères : un bec épais à sa base, robuste, très-allongé et très- arqué; la seconde, un bec grêle, plus ou moins courbé en arc, quelquefois plus long que la têle. La première section comprend les trois espèces suivantes, seules adoptées par M. Cuvier. H£ORO-TAIRE PROPREMENT DIT , Certhia coccinea , Gmel. Tête, partie supérieure-du cou, gorge, poi- trine et ventre d’un rouge écarlate. Ghez les vieux; la queue et les ailes d’un noir foncé; bec et pieds blanchâtres. Longueur 5 pouces 2 lignes. Les ha- bitans des îles Sandwich se servent des plumes écarlates pour en faire des manteaux. Nous avons représenté celle espèce dans notre Atlas, plan- che 204, f. 4. l L'Héono-TAIRE AKAIEAORA, Certhia obscura, Gmel et Lath., dont le plumage est vert olive en dessus et jaunâtre en dessous ; une petite tache se trouve entre le bec et l’œil. Long de 5 pouces 8 lignes. L'Hiono-TaIRE nono, Certhia pacifica , Gmel. et Lath. Ventre et couvertures de la queue jäunes ; pennes alaires bordées de blanc, le reste du corps noir. Longueur 8 pouces. La seconde section contient un grand nombre d’espèces ; nous citerons seulement la suivante : , H£oro-TraiRE BLEU, Certhia cærulescens, Lath. Cette espèce habite la Nonvelle-Galles méridionale, elle a le dessus du corps d’un brun pâle, les parties inférieures d’un blanc rosé ; le cou est en dessous d’un bleu grisâtre, le bec brun, la langue bifide. (Vian, HEPATE , epatus. (cnusr.) Ce genre, qui ap- partient à l’ordre des Décapodes, famille des Brachyures, section des Homochèles et tribu des Cristimanes, a été établi par Latreille aux dépens du genre Crabe de Linné et des Calappes de Fa- bricius. Ses caractères dislinciifs sont : toutes les pattes ambulatoires crochues et étendues horizon- talement; test en segment de cercle rétréci posté- rieurement el ayant les bords finement dentelés ; serres comprimées en crête; second arlicle des premiers pieds-mâchoires lerminé en pointe. Ces crustacés élaient intermédiaires entre les Crabes et les Galappes, dans lesquels Fabricius avait placé la seule espèce qui soit bien connue; mais La- treille, dans son cours d’Entomologie, a formé avec les Hépates et les Mursies une tribu qu'il dé- signe sous le nom de Cristimane. Les yeux chez ces crusiacés sont pelits et logés chacun dans une cavité presque orbiculaire. Leurs palles diminuent progressivement de longueur, et les antérieures , qui sont les plus grandes, ont la tranche supé- rieure de leurs pinces comprimée et dentée en forme de crêle. Les bords latéraux du test ont un grand nombre de dentelures ; la queue, en forme de triangle étroit et allongé, est composée de sept tablettes chez les mâles. Chez les femelles, celte :HEPA queue est trés-étroite; les tablettes qui la compo- sent sont très-larges , surtout les quatrième, cin- quième et sixième; la septième est très-étroite et terminée en pointe à sa partie antérieure. Les antennes latérales sont insérées à la base infé- rieure des pédicules oculaires , excessivement pe- tits’et coniques ; les intermédiaires sont logées obliquement dans deux fossettes au dessous du front, qui est droit et comme tronqué. Chez ces crustacés les pieds-mâchoires extérieurs sont très- semblables à ceux des Leucosies (voy. ce mot); ils s'appliquent exactement l’un contre l’autre par une suture droite à leur partie inférieure ; le pre- mier article est allongé, le second a une forme triangulaire et se termine en pointe : la largeur de la cavité buccale diminue vers son sommet, où elle se termine en s’arrondissant. Les autres arti- cles de ces pieds-mâchoires sont cachés ; mais la tige ou le manche des palpes flagelliformes an- nexés à ces parlies, forme de chaque côté une pièce allongée, presque lancéolée, adossée contre la face extérieure du sécond article. Plusieurs es- pèces sont connues ; celle qui est le type du genre est l'Hépare rasci£, H. fasciatus, Latr.; Cancer annularis, Oliv.; Cancer princeps, Bosc ; Calappa angustata, Fab.; Cancer pudibundus ? Gronov.; Cancer, t. 58, f. 2, Herbst. La carapace, chez cette espèce, est peu convexe , presque unie; le front est droit et comme tronqué, graveleux au bord antérieur ; les bords latéraux antérieurs sont assez finement crénelés: les tarses et la poitrine sont couverts d’un duvet noirâtre. La couleur gé- nérale est jaunâtre, avec des points rouges, très- nombreux sur le dos, qui se changent en petites lignes postérieurement ; les quatre dernières paires de pattessont marquées de bandes transverses éga- ‘ement rouges; les doigts des serres sont noirâtres. Cette espèce se trouve dans les mers de J’Amérique et à Saint-Domingue. (H. L.) HÉPATIQUE, (axaT.) Tout ce qui a rapport au foie, ainsi on dit : canal , artères, veines hépa- tiques. (Voy. Fois.) (P. G.) “* HÉPATIQUE, Jepatica. (Bor. Han.) La créa- tion de ce genre me paraît triplement malheureuse. D'abord , est-il bien raisonnable de détacher des Anémones, l’ornement de nos bois, de nos mon- tagnes et de nos jardins, une plante qui y forme de belles touffes, une espèce qui leur appartient sous tous les rapporls , qui les accompagne dans toutes leurs localités, dans toutes leurs phases vé- gélales, qui leur est intimement liée par les épo- ques de floraison et defructification ? Ensuite est-il convenable de surcharger la nomenclature de deux noms semblables, quand elle possède déjà parmi les Gryptogames une famille sous la désignation d'HÉPATIQUE, et surtout quand on a tant abusé vulgairement de ce mot pour l’attribuer à des vé- gétaux étrangers les uns aux autres? En troi- sième lieu , doit-on conserver un mot donné comme épithète caractéristique à des plantes aux- quelles on à très-légèrement attribué, depuis des siècles, des vertus plus ou moins actives contre les affcetions du foie ? Oublions donc le nouveau genre 990 HEPA proposé, et laissons dans celui créé par Linné là belle Anémone des jardins , Anemone hepatica, aux grandes fleurs précoces, se succédant durant un mois au premier printemps, se renouvelant pour la seconde fois en automne, qui doublent aisément et parcourent volontiers l'échelle chromatique de- puis le blanc le plus pur jusqu’au pourpre et au bleu foncé. (Foy. au mot ANÉMONE.) Voici maintenant les plantes les plas connues pour jouir de la prétendue prérogative de guérir les maladies du foie : les Mousses du genre Marchantia que l’on appelle ordinairement HÉPATIQUE DES FON- TAINES(v. notre Atlas, pl. 204, fig. 2); la Parnassie des marais , Parnassia palustris, dite tantôt H£pa- TIQUE BLANCHE , tantôt Héparique noce ; la Do+ rine faux' feuilles opposées, Cheyrosplenium opp9- sitifolium , désignée par les noms d'Héparique DES MARAIS et d'HÉPATIQUE DORÉE ; l’Aspérule odo- rante, que l’on-entend vulgairement appeler H£- PATIQUE DES B01s et HÉPATIQUE ÉTOILÉE. On attribue les mêmes propriétés aux racines de la Patience, Rumex patientia ; de la Garance, Ru- bia tinctorum , etc. ; aux feuilles de la Scolopendre, Asplenium scolopendrium ; de la Fumeterre, Fu- maria officinalis ; du Houblon, Æumulus lupu- lus , etc. , etc. Je crains bien que cette valeur hé- roïque ne soit aussi mal fondée que celle attribuée, . sous le nom d’'HÉPATIQUE POUR LA BAGE, à une espèce de Lichen qu’Achard appelle Peltigera ca- nina , de guérir promptement et avec certitude les personnes ou les animaux en proie à la rage, ou seulement soupconnés de porter les germes de cette maladie, (T. ». B.) HÉPATIQUES, Hepaticæ. (Bor. crypr.) Cryp- togames élablies par Jussieu, qui se présentent sous forme d’expansions foliacées , ou de tiges analogues à celles de plusieurs grandes mousses (v. notre Atlas, pl. 204, fig. 2), qui aiment les lieux sombres et humides, et qui sont terrestres ou para- sites ,rampantes , appliquées sans ure forte adhé- rence, où garpies dans leur partie inférieure de fibrilles radicales très-menues. Cette famille tient le milieu entre les Lichens et Îles Mousses. Dans les Hépatiques , la couleur est verte et la foliation très-marquée; la fructification est par- faite ; elies n’ont point de coiffe comme les Mous- ses, et leur texture est cellulaire; la fronde est aphylle, indivise ou lobée , rarement polyphylle, à feuilles distantes ou imbriquées ; les organes que l’on peut considérer comme étant la fleur , sont ordinairement terminaux ou axillaires dans les es- ! pèces polyphylles , épars ou sous-marginaux dans les espèces membraneuses. Suivant De Candolle , on doit regarder comme une véritable tige la ner- vure qui traverse la fronde membrancuse , ner- vure qui sert à distinguer les véritables Hépa- tiques de cerlains Lichens membraneux avec les- quels elles ont beaucoup de ressemblance. Les fleurs des Hépatiques sont monoïques ou dioïques. Les organes mâles sont globuleux , pleins d’un liquide fécondant visqueux, nus ou réunis dans un périanthe ( périchèze propre de Mirbel ) sessile ou pédonculé. Les organes femelles, nus eq de HEPI on réunis dans un périchèze ou calice monophylle , sessile , sont surmontés d’une coiffe membraneuse qui paraît jouer le rôle de style; les capsules, pri- vées d’opercules, sont uniloculaires, monc ou po- lyspermes , sessiles, rarement stipitées , nues , en- tourées dans leur jeunesse d’une membrane en forme de Calyptre , qni se rompt pour laisser pas- ser la capsule , et qui persiste à la base du pédi- celle, qu’elle enveloppe alors. Les graines , ordi- nairement attachées par des filamens et roulées en spirale , donnent naissance, pendant leur ger- mination, à une radicule qui pousse en dessus , puis elles s'étendent en tous sens en dessous. On voit dans plusieurs Hépaliques des gemmules (Orygomes de Mirbel ) qu’il ne faut pas con- fondre avec les fleurs : ces gemmules concou- rent à la propagation de l'espèce. ( 7. Onxaome, Pnicukze, PANNExTERNE et PÉRISPORANGE. ) Micheli, qui s’est beaucoup occupé de crypto- gamie, a réuni toutes les Hépatiques parmi les plantes à fleurs campaniformes ; et en a décrit qua- rante-sept espèces divisées en dix genres. De ces dix genres , trois , les Targionia , Sphærocarpos et Anthoceros, ont été conservés; lrois autres, les Marchantia, Hepatica et Lunularia, appartiennent au genre Marchantia de Linné; et les quatre der- niers, Marsilea, ‘ Jungermannia , Muscoïdes et Blasia , constituent le genre Jungermannia. illen, qui est venu après Micheli, ajouta une centaine d'espèces à celles déjà connues et éla- blit trois genres principaux : le genre _Anthoceros: le genre Lichenastrum ; qui cemprend les /unger- mannia , Marsilea et Muscoïdes de Micheli; et le genre Lichen , qui renferme ceux que son célèbre prédécesseur avait. appelés Marchantia, Hepatica et Lunularia. Linné , qui n’a décrit que quarante-sept espèces d'Hépatiques , les à toutes groupées dans ces six genres : Jungermanni« , T argionia , Marchantia, Blasia, Riccia et Anthoceros. De ces six genres , adoptés par De Gandolle , cet illustre botaniste en détourna le genre Blasia , qu’il plaça dans le genre Jungermannia ; enfin , Adanson suivit Michel, en ajoutant toutefois aux Hépatiques le genre Salvi- nia , qui aujourd'hui fait partie des Rlizospermes, et Jussieu suivit entièrement Linné. Du reste, ces deux grands naturalistes ne décrivent que des genres, # Nous passons sous silence , comme n'étant point généralement admis par les auteurs , les genres nombreux et les divisions que Sprengel, Palisot- Beauvois , et surtout Raddi, ont voulu introduire sans aucun avantage dans la famille des Iépa- tiques. (Es FE) E HÉPIALE. (ans. ) Genre de Lépidoptères de la famille des Nocturnes, tribu des Hépialites,-ayant pour caracières : palpes très-courts, trompe pres- que nulle ; antennes pareilles dans jes deux sexes, simplement munies en dessous d’une rangée de dents courtés , arrondies. Ce genre a été établi par Fabricius aux dépens des Bombyx, et est bien tran- ché : les Ghenilles sont difficiles à observer, parce qu'elles vivent dans l'intérieur des racines de duffé- 991 2 HERB rens végétaux; elles on! seize pattes, le corps pres- que Jisse ; leur bouche est armée de fortes mâchoi- res avec lesquelles elles coupent les végétaux dont elles se nourrissent ; quand elles sont parvenues à tout leur accroissement , elles se filent une coque deux fois plus longue que la chrysalide, et dans la- quelle celle-ci peut avancer et reculer à son gré en faisant des ondulalions comme la Chenille dont elle provient. Geite chrysalide a chacun des anneaux de son abdomen garni d’épines; quand le moment de sa dernière transformation approche, elle sort de sa coque, parvient, à force d'ondulations et au moyen des épines dont son abdomen est armé, jusqu'à la surface de la terre, où elle sort à moitié et attend à le moment de la métamorphose, qui arrive au printemps. Ce genre est peu nombreux en espèces. H. ou nougzow, /1. humuli, Fab. Longue de 8 à 9 lignes, envergure de 18 à 24 lignes; le corps est fauve avec les paltes rougeâtres , le thorax re- couvert de poils blancs serrés; les quatre ailes sont fauve-grisâtres en dessous, le dessus de celles du mâle est d’un} blanc argenté avec le bord anté- rieur un peu fauve; dans la femelle le dessus des ailes antérieures est jaune d’ocre, avec des bandes en zig-zag plus rouges ; les postérieures sont de la même couleur qu’en dessous. La Chenille de cette espèce vit dans les racines du Houblon, où elle cause quelquefois les plus grands dégâts. Du nord de la France. H. couverte, A. lupulina, Fab. Longue de 6 à 8 lignes, envergure 9 à 11 lignes, représentée dans notre Atlas, pl. 204, fig. :3, entièrement fauve-rougeâtre ; les ailes antérieures ont une suite de petites taches dorées, formant un cheyron ren- versé dont une des branches touche à la base de l'aile et l’autre s’ayance vers le sommet. Assez commune aux environs de Paris. (AP) HEPTAGYNIE, Heptagynia. (&0T. puan.) ('est- à-dire ayant sept pistils. Le seul genre Septas pré- sente ce nombre d'organes femelles ; il forme le quatrième ordre de l'Heptandrie dans le système sexuel de Linné. | HEPTANDRIE, {eptandria. (wor. pnan.) Sep- tième classe du système sexuel de Linné , compre- nant les végétaux, en pelit nombre, dont les fleurs présentent sept étamines. On y compile quatre or- dres, savoir : 1° Heptandrie monogynie, exemple le Marronier ; 2° Heptandrie digynie, exemple le genre Limeum ; 3° Heptandrie tétragynie , exemple l’Astranthe; 4° Heptandrie heptagynie, exemple le genre Septas. On remarquera que, à l'exception du genre Hip- ocastane ou Marronier, les autres genres rap- portés à l'Heptandrie n’y appartiennent qu'impar- faitement ; plusieurs d’entre eux, et le Marronier même, varient dans le nombre de leurs étamines: les autres, s’ils en ont souvent sept , font exception dans la famille des végétaux dans iaquelle ils en- Lrent naturellement. Enfin le nombre septenaire ne parait pas être normal dans les parties de la fleur. (L.) HERBACÉ, {erbaceus, ( mor. ) Végétal de la nature ou de la coaleur des herbes, qui n’a qu’une HERB 992 HERB ———————_——__———_—_——_]_.———————]— ——— ——— …—" — _ — —_— rm, Le consistance molle et tendre, dont les fibres sont peu serrées, qui n’est point ligneux , et périt après la maturité des graines. Il est Herbacé le tissu tantôt sec et dur de la glume des Graminces, tan- tôt mou, aqueux, coloré de la corolle des Lilia- cées ; tantôt ferme et vert du calice des Lauréo- les, etc. Une tige Herbacée est ordinairement limitée au cours d’une année. On dit qu’une espèce est Herbacée, quoique munie de racines vivaces, pour la distinguer de ses congénères , qui sont fru- tescentes ou complétement ligneuses. On se sert aussi du mot Herbacé comme épithète, pour dé- signer une espèce particulière dont les fleurs sont verdâtres , herbacées en automne, et qui changent celle couleur, au printemps'suivant, en un rouge plus où moins vif; je veux parler de la Bruyère des pierres, Ærica herbacea. Eh ob HERBE, Æerba. ( BoT. et cr. ) Plante dont l'existence est de courte durée, qui voit ses tiges et ses feuilles se sécher ou se décomposer sous l’action des frimas. On la dit annuelle, quand elle périt tout entière dans le cercle étroit d’une année ; bisannuelle, quand elle perd ses tiges et subsiste par ses racines durant deux années ; tris- anpuelle ou vivace, quand elle prolonge sa vie trois ans ou pendant un temps plus ou moins illi- mité. L’intensité, la durée de la chaleur, de même que son passage rapide ou son absence , influent singulièrement sur les Herbes ; celles qui sont bis- annuelles dans les pays froids deviennent annuelles sous le climat intertropical et dans les serres chaudes; celles qui sont, au contraire, annuelles dans les pays chauds, deviennent bisannuelles , iransportées sous les zones Lempérées. Tournefort , en établissant sa méthode botani- que , avait fondé deux grandes divisions, les Herbes et les Arbres ; l’une renfermait les dix-sept premières classes , l’autre les cinq dernières. (F.au mot MÉTHODES BOTANIQUES. ) Dans le langage ordinaire , on distingue trois sortes d'Herbes : 1° les HERBEs PoTAGbREs , celles que l'on cultive pour l’usage de Ja cuisine dans la partie du jardin que l’on nomme potager ; 2° les Henses sauvages, celles qui viennent sans cul. ture , qui croissent dans les lieux agrestes, et ser- vent à la nourriture des animaux ; 3° ct Herpes MAUVAISES, celles qui s'emparent du sol dans le- quel on a semé des plantes utiles, qui dévorent leur substance, ou les font périr en les privant des influences de l’air et de la lumière, ou bien en s’enroulant autour d'elles, et qui les étouffent. Le mot Herbe est devenu spécifique dans la no- menclature vulgaire pour un nombre infini de plantes, nous citerons les principales. Il est sans aucun doute fâächeux de consacrer dans un livre d'histoire naturelle des expressions aussi barbares, et cependant il faut mettre le cultivateur et le bo- taniste à même d'entendre les noms que l’on donne arbitrairement aux plantes qui les iutéressent. Herss À coron. Deux espèces de Gnaphales, le Gnaphalium arvense, et G. germanicum , portent ce nom à cause du duvel cotonneux qui couvre leurs tiges. On le donne aussi à quelques Filages. Here À cousin. Aux Antilles c’est le nom du Lappulier sinué, Triunfetta lappula, et de la Co- nyze odorante, Conyza odorata. Here 4 couteau. Ce nom vulgaire s'applique aux Laîches et aux Graminées, dont les feuillés dures sont tranchantes en leurs bords, et plus particulièrement à l’Ivraie, Lolium temulentum. | Herge À Deux ours. Le Chiendent, Zriticum: repens , parce qu’il pousse autant de tiges souter- raines qu’il en présente extérieurement,. Herse À Érennugr. Diverses espèces du genre Achillea, particulièrement V4. ptarmica, dont la saveur est âcre, et dont les feuilles ainsi que les fleurs réduites en poudre font éternuer. Henge 4 GALe. La Morelle, qui nous est venue de l'Ethiopie et de la Chine, Solanum æthiopicum. Herse À saunir. La Gaude,, Reseda luteola , et la Génestrolle, Genista tinctoria. Herse À Latr. Le Poligala vulgaris et la Glaux maritima , dont on dit que l'usage donne du lait aux nourrices. Ce nom s’applique aussi aux Eu- phorbes. Here À La coupure. On attribue la propriété de cicatriser les blessures faites par des instrumens tranchans à la Valérianc des jardins, V’aleriana phu, à la Millefeuille, Achillea millefolium , à la Consoude, Symphytum officinale, ct à diverses au- tres plantes vulnéraires. Hense À L’ANE. Tantôt c’est l’Onagre , OEno- thera biennis ; tantôt la Bugrane , Ononis spinosa , et plus généralement les grands Chardons. Herge À La ouaTE. Nom vulgaire de toutes les Asclépiades, surtout de l’Asclepias sibirica et de _la superbe espèce de Syrie, 4. syriaca. Hense À L'ARAIGNÉE, La Phalangère rameuse du midi de la France, P/alangium ramosum. , Henge 4 L’érenvier. Les diverses espèces du genre /lteracium, et la l’orcelle, Æypochæris ra- dicata , étaient recherchées autrefois et données à l’Epervier qu’on élevait pour la chasse. HERBE A manoquin. Le Fustet à feuilles de myrle, Coriaria myrtifolia ; deux espèces de Su- mac, le Aus coriaria et le À. oxyacanthoïdes, etc. Here 4 Rugans. Le Roseau panaché, Phalaris arundinacea , qu'une Académie célèbre a recom- mandé tout récemment comme un excellent four- rage, sans se douter que nos vaches le mangent depuis des siècles , et que nous en faisons habituel - lement dans nos campagnes de trois à quatre cou- pes dans le cours de l'été. Les agriculteurs de jar- dins et de cabinet font souvent de ces prétendues découvertes, et ils trouvent des corps dits savans qui les applaudissent et les encouragent ! Les uns ct les autres devraient lire les géopones français avant d'écrire; nous aurions moins de savans Litrés, mais plus de vrais observateurs, plns de profonds expérimentateurs; la science ÿ gagnerait vérita- blement. Ils ont beau ne point citer les sources où ils vont largement puiser, nous les connaissons, et nous les rappellerons à ceux qui les ont ou- blices. l Hense À sepr TÊTes. Nom donné au Gazon d’O- lympe , Slatice armeria, parce que sa racine produit + oo HERB 595 HERB produit ordinairement sept tiges terminées par | deur qu’il répand lorsque sés longs épis de fleurs des fleurs rouges ou blanches réunies en tête. Herse À Tous maux. Singulière propriété attri- buée, lors de son introduction en Europe, au Tabac, Vicotiana tabacum , et que l’on fit partager à la Lysimachie élevée, Lysimachia stricta , venue du continent américain. Henge au cancer. La Dentelaire de l'Europe méridionale, Plumbago europæa , à cause de l'em- ploi que l'on a fait de sa racine âcre et corrosive contre cette affreuse maladie. Henge au cerr. L’Athamante glauque du Midi, Peucedanum cervarium , et la Dryade alpine, Dryas octopetala, que les rennes mangent avec plaisir. Herpe au cirron. La Mélisse ordinaire , Melissa officinalis , et l'Armoise aurone, Artemisia abro- tanum. ÿ Henre au cuar. La Germandrée maritime, T'eu- crium marum , el la Cataire, Vepeta cataria, sur lesquelles les chats aiment à se rouler. Ils préfe- rent surtout la première. Hcrpe au coo. La Tanaisie baumière , Zeu- crium balsamita ; le Gocrète glabre, Rhinanthus orista galli. Hense au Taureau. Nom donné à l'Orobanche, parce qu'on prétend, mais à tort, qu’elle met en rut le Laureau et la vache dès qu'ils en ont mangé quelques tiges. Henge au verre. La Soude, Salsola soda, a reçu ce nom trivial, parce qu’en la brûlant ses cendres sont remplies de cristaux. NIUE Henes Aux ABEILLES. L'Ulmaire , Spiræa ulmaria, dont les fleurs épanouies répandent une odeur très -agréable. Here Aux cuiLLEers. On donne ce nom au Cran- son, Cochlearia officinalis, à cause de la forme de ses feuilles portées sur de longs pétioles. Herge aux cure-penTs. L'emploi que l’on fait en Italie eten Espagne desrayons quiconstiluent les ombelles de la Visnage, Ammi visnaga, a fait donner ce nom à la plante. Herge aux écus. La Nummulaire, Lysimachia nummularia. | Henpx aux creNouILzes. La Riccie flottante, Riccia natans. Here aux MAMELLES. On appelle ainsi la Lamp- sana communis , dont les feuilles pilées et malaxées avec du saindoux servent dans les campagnes à gué- rir les ulcères des seins. La décoction produit le même résultat. Hense AUX TOURTERELLES. Dans le département du Var, l’on donne ce nom au Croton des tein- turiers, Croton tinctorium, parce qu’on y prétend que les Tourterelles recherchent avidement ses graines. Hense cacuée. La Clandestine, Lathræa clan- destina, a pris ce nom vulgaire de ce qu’elle vit sous Lerre , dans les lieux couverts , et parce qu’elle fut long- temps recommandée aux femmes stériles qui voulaient devenir fécondes. Herge cuasTe, En nommant ainsi le Gattilier . commun, Vitez agnus castus, on lui attribue la propriété de modérer les plaisirs de l'amour ; l’o- TI. 230° Livraison. violettes sont épanouies , le goût âcre et aromati- que de ses baies produisent tout le contraire. Le préjugé remonte dans la nuit de l'antiquité ; dans le moyen-âge on recommandäit l’asage de l'Herbe chaste aux personnes vouées au célibat ; chez les Grecs modernes, les mères fouettent leurs jeunes filles avec des branches de Gatlilier pour leur in- spirer le sentiment de la pudeur. Hsrse D'ADmRarIoN. Raumph nous apprend, sans en avoir pu découvrir l’origine, que les Ma- lais donnent ce nom à la Phlomide blanche, Plilomis zeilanica. d'estime que la canse en est due à ses grandes belles fleurs, réunies en têtes termi- nales , et dont la durée se prolonge plusieurs mois de suite. Hense D'amour. En général c’est le nom vul- gaire des plantes qui, par leur viscosité, s’atta- chent aux mains, aux vêtemens. Selon quelques auteurs, c’est celui de tous les végélaux qui se ferment quand on les touche , comme la Mimosa püdica , Y'Oxalis sensitiva , etc. D’autres y recon- naissent la Scorpione des marais , Myosotis Ipa- lustris, que les amis et les amans se donnent en signe de tendres souvenirs; Ja Conyze pourprée, Conyza chinensis, dont les femmes du Malabar emploient le suc pour se frotter le visage et fixer les regards des hommes, etc. On donne dans nos campagnes le nom d'Herbe d'amour aux Brizes, dont les épillets cèdent au soufle du zéphyr, au Réséda d'Égypte, Reseda odorata, à la Saxifrage miznonne, Saæifraga umbrosa, etc. : Henge pe Feu. Trois plantes portent ce nom : l’Armoise des champs , Artemisia vulgaris ; VEllé- bore pied de griffon, ZZelleborus fatidus, et la grande Douve, Æanunculus lingua, dont le suc est âcre et brûlant. Herez pe Guinée, La plante à laquelle on donne ce nom est le-Fléole géänt, Panicum altissimum , de l'Afrique occidentale (voy. au mot Gris }; les marchands la vendent , et quelques botanistes la confondent tantôt avec le Gramen de Cayenne, Pañicum guianense, et le Fléau de nos prairies ; Phleum pratense ; tantôt avec une espèce de navet du Ceylan etle Panic des bêtes de somme, Panicum Jumentorum, que les Mexicains cultivent comme fourrage, et que l’on a même cultivé, en 1820, au Jardin des Plantes de Paris, comme la plante de Guinée. Quelques auteurs ont nié l'existence de l’Herbe de Guinée, parce qu’elle était incon- nue à des graineliers, et qu’ils n'avaient aucun moyen de se la procurer par la voie du commerce. On l’a laissé perdre au Jardin des Plantes de Pa- ris; Sa graine a été mêlée à celle de divers autres Panics. Voici donc la description de ce végétal et son histoire agronomique; c'est en le caltivant et en le voyant cultivé chez des propriétaires ru- raux de mes amis que j'ai appris à le bien con- naître. L’Herbe de Guinée produit, au milieu des sa- bles arides e! maritimes qu’elle aime de préférence. des touffes hautes de deux à trois mètres : elle est vivace , fournit un très-bon fourrage que l’on peut 79 couper jusqu’à cinq fois, et végète sur les terres les plus mauvaises. De sa racine rampante et pé- nétrant dans le sol à la profondeur de vingt centi- mètres , s'élèvent plusieurs tiges droites , garnies à chaque nœud de feuilles étroites , vertes, un peu rudes au toucher et longues de cinquante à soixante- dix centimètres, et au sommet desquelles est une aigrette ou panicule lâche, de trente-deux centi- mètres environ de longueur , portant des fleurs verdâtres, oblongues , qui donnent une très-petile graine arrondie, un peu aplatie d’un côté et re- couverte par la balle persistante. Cette graine est lente à germer ; il faut, chez nous, la répandre sur la superficie d’un sol très-ameubli et la recou- vrir de très-peu de terre. Je recommande de bien préparer le sol ét de le herser avec des fagots chargés de pierres , si l'an veut avoir un champ de la plus grande beauté, quoiqu'elle ait parfaite- ment réussi sur les terres gastes du département du Var, particulièrememt à Hyères, à Lorgues , aux environs de Toulon , de Grasse, elc. ; sur un terrain peu profond , voisin des Pyrénées, à Bour- dette, département de l’Ariége , et dans plusieurs communes de ceux de la Haute-Garonne, des Vosges , de Scine-et-Marne et de la Loire-Infé- rieure, On sème fin février dans le midi, en mars dans nos contrées du centre , et vers la mi-avril dans celles du nord. La plante craint le froid dans sa jeunesse , disent tous les auteurs ; cependant elle a très-bien supporté sous mes yeux les hivers de 1820 et de 1830. L’Herbe de Guinée contient une petite quantité d’un principe mucoso-sucré , ré- pandu principalement dans la partie blanche et fongueuse de la tige; les bestiaux mangent avec plaisir cet excellent fourrage, dont la tige , en sé- chant, perd un sixième de moins de son poids que le meilleur foin de nos prairies. J’ai vu des bœufs et des chevaux préférer cétte plante au Mélilot de Sibérie, à la Cameline, au Galéga , etc. L'Herbe de Guinée a été apportée pour lapre- mière fois d'Afrique en France dans l’année 1776; Daubenton et André Thouin la cultivèrent aussi- tôt. À Monthartelle servit à la nourriture des mou- tons, et prospéra malgré les neiges et les gelées. Dix ans plus tard, le botaniste De l'Étang donna sur elle un mémoire curieux, qui la fit rechercher avec une sorte d'enthôusiasme. Les événemens politiques absorbant tous les esprits, on la perdit de vue, pour ne s’en occuper qu’en 1817 et 1820, que, par l'envoi que je fis de beaucoup de graines, les essais furent repris avec succès dans un grand nombre de localités. Herse ne Mépis. Nom donné primitivement à la Luzerne, Medicago sativa , du pays d'où elle est originaire, et qui nous est venue , disent tous les géopones anciens, par l'intermédiaire des vieux Perses. Hense D'or. L’Hélianthème de nos coteaux ari- des, Æelianthemum vulgare. Hense pe ve. Nom vulgaire de l’Asperula cy- Pr , que lon confond souvent avéc LA. ru- cela, HERB Herge Divine. Dans l'Inde et aux iles Maurice et Mascareigne , ce nom est attribué au Sigesbeckia ortentalis , à cause de ses propriétés héroïques contre la gangrène, et comme vulnéraire. Gette plante ‘annuelle, qui s’élève aa plus à soixante-dix centimètres et donne des fleurs petites et jaunes, auxquelles succède une graine petite, longue ct noire, réussit très-bien en France. Elle a été cul- tivée à Montreuil, près Viacennes, dès 1800 ; je l'ai vue en pleine végétation en 1810, chez La- fond , cultivateur en cette commune. Hense bu sœur. La Surelle, Oxalis acetosella. Herge ou cœur. Tantôt c’est la Pulmonaire, Pulmonaria officinalis ; tantôt la Menthe élégante , Mentha gentilis, selon Daléchamps. Herse pu ven. L’Anémone coquelourde, Ane- mone pulsatilla ; la Phlomide couchée , Phlomis herba venti , et en général toutes les plantes qui se plaisent aux lieux battus par tous les vents , et nom pas, ainsi qu’on le lit dans presque tous les dic- tionnaires , parce que leurs fleurs ne s’épanouis- sent que lorsqu'il vente. . Herss Eenpovoire. L’Achillée à odear de cam- phre, Achillæa nobilis. Herse rroide. Dans quelques localités, surtout dans le département de l'Ain, ce nom est celui du Gbiendent, Triticim repens. Herge Lunesin. Nom celtique que portait chez nos aïeux l’Avoine cultivée, :{vena saliva. Hertz Maure. C’est sans doute pour rappeler son origine africaine que l’on along-temps désigné le Réséda , Reseda odorata, sous ce nom dont on retrouve l’emploi dans diverses localités du midi et de l’ouest. On l’applique aussi au Phyteume à feuilles pinnées de l'ile de Candie, Phyteuma pin- natum, chez qui les fleurs en grappes durent si peu; Marcgrave donne ce nom à la Morelle, So- lanum nigrum , et au pied des Pyrénées c’est l’4- chillæa ptarmica. | HznBe mauvaisz. La Zizanie des anciens, ZLo- lium temulentum. Hsnee mirrame. Suivant Daléchamps, c’est la grande Millefeuille, Achillæa magna. Henge mirière. La Blaltaire , V’erbascum blatta- ria, qui, selon les uns, attire les mites, et qui les écarte , selon les autres, ; Herge MoLucANE, Plante médicinale de l'Inde, quitire son nom de Maluco, ou Moluca, lieu de son origine ; on estime qu'il s’agit du Spilanthe odorant, Spilanthus acmella , qui est extrêmement âcre, piquant, et indigène du Ceylan. Herse musquée. Diverses plantes portent ce nom; la Moscatelline printanière, Ædoxa mosca- tellina, la Ketmie ambrée, Âibiscus abelmoschus. HERBE NowsriL. À cause de ses graines dont Ja forme a l'apparence du nombril, on a vulgairement donné ce nom à la lCynoglosse printanière, Cy- noglossum omphalodes. C’est aussi l’un des noms du Cotylet ombiliqué, Cotyledon umbilicus. Heree pépicuraire. La Staphysaigre, Delphi- mium staphysagria , dont les graines pilées , mises dans les cheveux, y détruisent la vermine. Hense puante. Le Solanum triste des Antilles; —C Se HERB l'Anagyris fœtida dé la France méridionale ; V An- temis cotula de nos champs; le Cassia occidentalis de l’'Amérique- du Nord, et l’Herbe dédiée aux compilateurs que L'Héritier appelait Buchosiana, Here rRacHE. Dans le sud-est, on nomme ainsi la Dentelaire européenne , Plumbago europæa, où sa racine âcre et corrosive est employée avec suc- cès pour guérir chez les enfans la gale qu’on y nomme Rascas, Hense roue. La Rubéole, Æsperula tinctoria, a recu ce nom de la couleur qu'elle donne quand elle est cuite avec du vinaigre; elle sert, dans le nord de l’Europe , de succédanée à la Garance. C’est encore le nom du Mélampyre des champs , Melampyrum arvense, Henez sacnie. C'était la Verveine, Ferbena of- ficinalis, chez les anciens Romains et dans leurs colonies étrangères; on a donné aussi ce nom, dans diverses localités, au Tabac, Vicotiana taba- cum, auMélissot, Melittis melissophyllum, au Ces- treau à oreillettes, Cestram auriculatum, ete. + Henpe Samnes-Marie. En France, c’est la Men- the-coq, Balsamita suaveolens ; au Brésil, une espèce de Serpentaire, Cactus flagelliformis, et un Gouet, Arum auritum ; au Pérou , l Androma- chia igniaria , dont on se sert à Quilo en guise d’amadou. | Herge sans couture. Vulgairement on donne ce non à l'Ophioglosse des lieux herbeux et om- bragés, Oplioglossum vulgatum, parce qu'on ne voit aucune nervure sur sa feuille oyale, amplexi- caule et très-entière. Hsr6e sarponique. Le poison obtenu de la Re- noncule des marais, Ranuneulus sceleratus , déter- minant un rire cruel, un rire déchirant que les romanciers et les poètes bâtards de l’école kosaque appellent un rire du diable, la plante en a reçu ce nom vulgaire. Hyrge raoura. Nom de la Pomme épineuse , Datura stramonium , dans nos départemens du midi. Herse Termigce. Mot doublement impropre , parce qu'il désigne la Globulaire turbith , Globu- laria alypum, qui est un petit sous-arbrisseau très- rameux, et, comme je l'ai déjà dit plus haut, pag: 446, parce qu’on l’accuse à tort de proprié- tés dangereuses. Ce mot convient mieux au Lise- ron turbith , Convolvulus turpethum, vivant dans Pile de Ceylan et sur la côte du Malabar , à cause de son principe goinmo-résineux irès-âcre, qui ; mal administré , peut entraîner de fort graves ac- cidens. Herse Traiîvanre. La Guscute, dont les tiges rouges , traînantes , et couvertes de pelites tubé- rosités , se glissent dans les champs cultivés trois semaines avant la maturité des plantes utiles que la main de l’homme y a semées. Herse rurque ou Tunquerre. Les différentes espèces du genre /lerniaria , particulièrement EL. fruticosa et H. glabra. : Herve vinguse. J'ignore d’où vient ce nom donné à | Ainbrosiamaritima ; à moins que ce ne soit à cause de l'infusion aromatique que l'on en 995 HERB retire pour l’additionner aux liqueurs spiritueuses, ou peut-être encore de l’odeur vineuse de ses fruits. Herse vivante. Expression populaire pour dé- signer la Sensitive, WMimosa padica; FOxalide ir: ritable, Oxalis sensitiva ; le Sainfoin du Gange , Hedysarum gyrans, ete. Hense vurnéraire. Le Buplevrum falcatum des lieux secs; l’/nula germanica, et généralement toutes les plantes aromatiquésides montagnes, aux- quelles on donne le nom collectif de Falltranks , ou Thé suisse, dont nous donnerons la liste au mot VULNÉRAIRE SUISSE. (T. ». B.) HERBIER , Herbarium. (sor.) Collection plus ou moins considérable de plantes recueillies avec discernement, desséchées avec soin, rangées sui- vant le système botanique que l’on croit préféra- ble, et destinées à compléter les études faites du- | rant les HergorisaTions (v. ce mot). La confec- tion d'un Herbier est une affaire importante pour celui qui veut traiter de labotanique comme science, et pour le cultivateur botaniste, L’un et l’autre - feront bien de se pénétrer des règles dictées par Linné dans sa Philosophia botanica, $ XE, et de lire Ja huitième lettre sur la botanique écrite par d.-4, Rousseau, puisque le but essentiel est de savoir quand et comme il faut préparer, dessécher et con- server les plantes, de manière à les rendre faciles à reconnaître et à déterminer. Une fois que lon a fait sa provision de papier gris et de papier d’une taille uniforme (le grand- raisin me paraît le plus convenable), mi-blanc, assez fort, collé et passé dans une forte solution d’alun , il faut se procurer une presse dont la dou- ble table est de la même dimension que le papier. Les plantes que l’on choisit doivent être dans leur état le plus beau, cueillies au moment de la florai- son ,-n être ni trop chétives ni trop exubérarntes, n'offrir aucune lésion ni aucune monstruosité, eb autant que la nature le permet, entières, munies de leurs racines, feuilles, organes accessoires, fleurs et fruits. Ces derniers entrent dans le GRAINIER (v. ce mot). Réunir un Herbier général et complet étant une entreprise longue, difficile, très-coûteuse, exi- geant non seulement un vaste local, mais encore des employés pour veiller à la conservation, et par conséquent seulement possible dans un établisse- ment national, il convient donc de le limiter à la | spécialité vers laquelle les études sont tournées, añn de le rendre essentiellement utile , prompt à consulter, et l’'obliser à répondre catégoriquement aux questions qu’on lui fait, aux doutes qui sur- gissent, aux besoins que l’on éprouve. Le botaniste francais peut, en quatre années , se procurer tou- tes les plantes spontanées, naturalisées et cultivées dans toute l'étendue de notre patrie. Il faudra beau- coup moins de temps au médecin et au pharma- cien qui ne veulent avoir que les plantes médicina- les de la France entière, ou simplement de leur département , ou des environs qu'ils habitent. Les recherches du cullivateur, portant autant sur les espèces que sur les variétés, exigeront plusieurs HERB années. Tous ont intérêt à ne point s’en tenir à un seul échantillon; il en faut au moins deux, l’un cueilli au temps de l’inflorescence , l’autre alors que la plante est en pleine floraison (v. aux mots INFLORESGENGE et FLorarson) : c’est le moyen de constater parfaitement les caractères botaniques et les habitudes végétales ; l'étude se complète par Ja possession des fruits parvenus à leur développement le plus complet, et par celle des anomalies et des monstruosités, dont l'examen comparatif et réflé- chi peut jeter un lrès-grand jour sar quelques points encore obscurs de la physiologie végétale. Considéré sous le point de vue médical, comme il est des plantes que l’on n’emploie point en fleurs, encore moins en graines, l'Herbier doit en offrir des échantillons récoltés dans l’âge et à l’époque de l’année où elles jouissent de leur plus haute pro- priélé, puisque c’est à cet instant qu'il importe de les bien connaître : c’est donc un troisième échan- tillon indispensable dans l'Herbier médical. Mode de préparation. — Toute plante cueillie, ainsi que je viens de le dire, dans le plus bel état de fraicheur possible, au moment où toutes les parties de la fructification sont sensibles, et offrant tous les caractères distinctifs du genre et de l’es- pèce, se place entre deux feuilles de papier gris pour y perdre son eau de végétation et subir une première pression qui doit en hâter l'émission ; on place un dossier de plusieurs papiers gris dessus et dessous pour recevoir celte eau; on a eu la pré- caulion de bien étendre toutes les feuilles, les ra- meaux, les bractces et les fleurs ; on détache les pétales pour les présenter séparément, ainsi que l'ovaire, ses accessoires, les étamines et le pistil, en ayant soin de conserver religieusement le port général et les habitudes particulières. Quant aux racines, il importe de les nettoyer avec une brosse afin qu'il n’y reste point de terre, et lorsque celle-ci est mouillée, on ia laisse sécher pour l’en- lever ensuile exactement. Bien entendu qu'on ne réunit toutes les racines, qui sont constamment Jes mêmes, que sur un seul échantillon; mais il faut les avoir quand elles offrent des différences notables. On pourrait cependant les remplacer par un dessin fait en présence de la nature. Les arbres se prennent par échantillons dans lesquels on voit Fembranchement des rameaux, la position et le jeu des feuilles, et en lui conservant une petite portion de l’écorce et du bois. Il est nécessaire d’enlever la pulpe des plantes grasses où les dessécher sous la pression d’un fer chaud. Les espèces coriaces et peu épaisses parmi les Champignons s’exposent d’abord à l'air, puis on les coupe du haut en bas par la moilié, princi- palement celles qui sont manies d’un chapeau et d’un stipe, afin de laisser voir les feuillets des Agarics, les aiguillons des Hydnes, des Lycoperda- cées , etc. On presse de suite les Géastres et au- tres Lycoperdons en étoiles {principalement le L. stellatum de Bulliard, et le L. recolligens de Sowerby), pour empêcher leurs lanières de se contracter. Les Fongoïdes, d’une consistance mince, membranacée, tels que les Helvelles , Jes 596 HERB Nidulaires, les Byssus, les Rhizomorphes, etc. , sont {aciles à préparer. Les Urédinées, les Erinées, les Xylomées, etc., qui naissent sur les feuilles, ainsi que les Hypoxylées, qui vivent sur les écor- ces, se conservent comme les feuilles, comme les écorces qui les portent. On comprime peu à peu; deux jours après on change les dossiers, on laisse ensuite an jour la plante à l'air , afin qu’elle sèche plus vite et qu’elle conserve mieux ses couleurs propres ; puis on lui donne une nouvelle chemise loujours de papier gris; on presse de nouveau plus fortement, mais avec ménagement ; trop forte, la compression écrase, désorganise les parties molles, peu con- sistantes, et en rend l'examen impossible ; trop faible, elle permet à la plante de se gripper, de prendre une fausse position. Au bout de huit à quinze jours, si l’opération a été bien faite, la plante est en état de prendre place dans l'Herbier, on la met alors dans une feuille de papier blanc fortement aluné. On enferme séparément dans des capsules de papier les Cryptogames fragiles, pleines de pous- sière , faciles à se détériorer {les Fuligo, les Spu- mara, les Sclérotées, les Pezizes, etc.), et dans des bocaux , remplis d'acide pyroligneux, les espèces charnues , comme les Boleis, les Tremelles et tou- tes celles qui ont une consistance gélatineuse (les Merulius, les 'Morchella, etc.\. Quand j'ai dit qu’on étalait à plat la plante avant de la presser , j'ai passé sous silence ce quon ap- pelle ordinairement l’arrangement avec les doigts et l’aplatissement ; l’habitude donne cette sorte de mécanisme et finit par rendre habile; on fait d’a- bord quelques perles, mais on les répare bientôt, et on y gagne même par l'adresse que l’on acquiert. Cependant , il serait possible que l’on regardât la lacune comme un Lort fait aux personnes inexpé- rimentées; aussi vais-je la remplir en laissant parler J.-J. Rousseau. Sous sa plume élégante et facile , les- plus minutieux détails deviennent inté- ressans. « En arrangeant la plante sur le lit de pa- »pier , prenez grand soin que toutes ses parties, » surtout les feuilles et les fleurs, soient bien ouver- » tes, et bien étendues dans leur situation naturelle. » La plante, un peu flétrie, mais sans l’être trop, »se prête mieux, pour l'ordinaire, à l’arrange- » ment qu'on lui donne sur le papier avec le pouce »et les doigts. Mais il yen a de rebelles qui se grip- » pent d’un côté tandis qu’on les prépare de l’au- tre. Pour prévenir cet inconvénient, j'ai des » plombs, des petits marbres, des pièces de mon- » naie, avec lesquels j’assujettis les parties que je » viens d’arranger , tandis que je dispose les autres; » de façon que quand j’ai fini, ma plante se trouve » presque toute couverte de ces pièces qui la tien- »nent en état. Après cela on pose une seconde » feuille de papier sur la première, et on la presse »avec la main, afin de tenir la plante assujettie » dans la situation qu’on lui a donnée , avançant » ainsi la main gauche, qui presse à mesure qu’on » retire avec la droite les plombs et les pièces de » monnaie qui sont entre les papiers.» On :nct HERB 597 HERB alors le dossier et l’on comprime ainsi que je l'ai indiqué tout à l’heure, À Certains auteurs recommandent généralement l'emploi du fer chaud en place de la presse; c’est le moyen de noircir les plantes, les Orchidées, les Liliacées surtout , et de rendre méconnaissables Le Mélampyre, les Pédiculaires, quelques espèces deVéroniques, de Saxifrages, qui ont une tendance à devenir noirs. On ne doit y recourir, comme je l’ai dit, que pour les plantes grasses. Pallas conseille de les macérer pendant vingt-quatre heu- res dans l’alcool camphré; de les essuyer ensuite, puis de les presser graduellement, en les chan- geant très-souvent de papier pendant deux ou trois jours, jusqu’à parfait désséchement. J'ai vu, pour hâter la dessiccation, les presser entre deux planches épaisses et les exposer ainsi à la chaleur d’un four dont on avait retiré le pain. Tous ces procédés sont bons quand on réussit ; l'expérience et la si- tuation actuelle déterminent le choix à faire. Arrangement. Une fois Ja plante parfaitement desséchée, on la place seule dans ue féuille de papier mi-blanc , accompagnée d’une étiquette portant les noms botanique, syÿnonymique et po- pulairé , l'indication du lieu où elle a été trouvée, l’époque de la floraison et de la fructification, la couleur des pétales et des fruits, la classe et l’or- dre d’après Linné, la famille à laquelle elle appar- tient dans la méthode dite naturelle, le nom du fondateur , principalement si c’est de lui que vous tenez la plante ; et en général toutes les notes qui peuvent aider à la mémoire , rendre faciles les re- cherches ultérieures, ct consacrer un souvenir agréable. Sous ce triple point de vue, je n’ouvre jamais mon Herbier sans oublier les heures qui coulent si vite, sans retourner avec délices à des époques plus ou moins éloignées, sans causer avec mes amis absens ou défunts, sans rire d’une anec- dote réveillée par le nom de telle localité, de telle plante. Un Herbier général peut être rangé selon la méthode des familles ; mais, pour un Herbier li- mité, le système de Linné mérite la préférence. (/oy.-aux mots Famire et Sysriwer.) Toutes les espèces du genre, je les réunis en- semble dans un ou plusieurs cahiers ; et sur le pre- mier feuillet j'inscris le nom du genre botanique ; je ne colle aucun échantillon, Ceux qui veulent k faire doivent employer la fécule de pomme de terre mise en bouillie avec de l'eau chaude; je la pré- fère à la gomme arabique, qui est moins avanta- geuse el conserve moins bien les couleurs ; je m'en sers pour fixer les divers appareils de la fleur, ainsi que le pied des Monsses, des Algues et au- tres très-pelites plantes. Les échantillons non fixés peuvent être examinés en tous sens; ils laissent voir souvent des Caractères microscopiques bons à connaître dans une monographie, et fournissent toujours quelque remarque curieuse. Un autre avantage, c’est de pouvoir, au moyen de l’eau pure, rendre aux Confervées , aux Céra- miaires, aux brillantes Floridées, leurs filamens, leurs ramules, leur port élégant; c’est de ra- mener tout à coup à son état naturel, à sa frat- cheur, la plante que vons voulez décrire vivante, et dessiner dans toute sa beauté. L’on a recours à cet effet à l’eau bouillante à go et 100 degrés centigra- des; on y plonge la plante entière, et on l'y laisse jusqu'à ce qu? l’eau soit absolument refroidie ; alors on voit tous les vaisseaux comprimés se gon- fler, la tige se dresser, reprendre sa consistance, j'allais dire sa gaîté ; les feuilles perdent leurs ri- des, reparaissent dans leurs couleurs, dans leur po- sition , les fleurs s’épanouissent , se montrent dans toute leur élégance, le pistil , les étamines et leurs anthères semblent éprouver les sensations délicieu- ses qu'elles allaient goûter au moment de la cueil- lette : en un mot, vous avez sous les yeux pendant un et quelquefois deux ou trois jours la plante dans son état de jeunesse la plus brillante et la plns robuste. J’ai rendu de la sorte la vie à des fleurs de. Phormium tenaz , de Datura grandiflora. d’fxora coccinea, de T'igridia pavonia, dont les corolles sont aussi belles par leurs couleurs que par leur forme, etc. Quand les plantes ont été récoliées trop fanées ou mouillées, de même quand elles ont subi une compression trop violente ou non ménagée , le phénomène ne réussit pas toujours. On ne l’obtient que sur des végétaux préparés avec soin et parfaitement entiers. Conservation. — Tenez vos plantes enfermées dans des cartons ; qu’elles y soient serrées; mais n’employez ni cordons, ni courroies pour les te- nir pressées ; la pièce qui renferme l’Herbier ne doit point être humide, ni trop chauffée; et l’on doit avoir grand soin de ne point mêler ensemble des plantes récemment desséchées avec les an- ciennes, de crainte que les premières ne renfer- ment encore des larves qui, se développant plus tard, causent des pertes inappréciables. {l faut vi- siter deux ou trois fois l’année toutes ses plantes, afin de les purger des Anthrènes des cabinets, des Piines voleurs, et autres insectes, le fléau des collections, principalement le Pou du bois et du papier, l’'Hemerobrius pulsatorius, L., qui, par sa petitesse, se soustrait à nos regards, et finit, à la longue, par réduire les plantes en une poussière fine. Mitsré ces précauticns , il n’est point rare de voir des familles entières se conserver très-diffici- lement , telles sont les Composées , les Grucifères, les Euphorbiacées, les Ombellifères, les Liliactes, les [ridées et les Rosacées , pour lesquelles les in- sectes paraissent avoir plus de goût. Presque tous les auteurs disent de recourir à l'emploi du deuto- chlorure de mercure (sublimé corrosif), comme le senl préservalif convenable; mais, outre que ce sel dangereux exige beaucoup de précautions et rebute le plus grand nombre des botanistes, il est bon de savoir que, ne pénétrant pas assez dans les Champignons d’une certaine épaisseur, il ne détruit pas toujours les œufs que les insectes dé- posent en leur sein, et n'empêche nullement le développement des larves et leurs métamorphoses. Maerklin a proposé de lui substituer une décoction d’écorce râpée du Simarouba , Quassia amara, qui * HERB 598 HERB est remplie d’un Jait bran-jaunâtre très-amer, ad- ditionnée de trente à soixante grammes d’älun sur cinq hectogrammes d’eau, quand celle-ci a bouilli avec l’écorce jusqa’à réduction de moitié du vo- lame. Il assure que les Lichens, les Ghampignons, ainsi que les plantes phanérogames imprégnées de celte liqueur sont à l’abri de toute attaque , et ne perdent rien de leurs formes ni de leurs couleurs naturelles. Ce qui justifie pleinement l’assertion du naturaliste de Wisloch, ce sont les succès qu’il a obtenus depuis 1822 et que constatent tous ceux qui préparent leurs plantes au Simarouba. On connaît deux autres sortes d’'Herbiers que l’on nomme artificiel et vivant. Disons un mot de chacun pour compléter cet article. Herpier ARTIFICIEL, On donne ce nom à une réunion de dessins originaux ou de planches gra- vées. Quand les premiers ont été faits en présence de la nature vivante par un botaniste éclairé, et que les secondes sont dues à un bon dessinateur, à un graveur habile, Pun et l’autre initiés aux se- crets de la science des plantes, une semblable collection est très-précieuse : telles sont les figures publiées par Ehret , Dillen , Rheede, Commelin, Sloane, L’Héritier, Jacquin, etc., ainsi que celles exécutées par Hesselius en Amérique, en 1707, par Kaipphof en Allemagne, en 1739, eic. Il y a peu de bonnes figures anciennes; elles pèchent non seulement par l’inexactitude dans les proportions et le port naturel, mais encore par l'absence des parties de la fructification, devenues aujourd’hui la base des études végétales ; cependant il y aurait de l'injustice à refuser un tribut aux soins donnés par Lobel, de Lille,'et l'Ecluse, d'Arras, à l’excel- lence de celles qu'ils ont publiées. Le goût de l’histoire naturelle, en s'étendant, en s’épurant ; les explorations scientifiques en se multipliant sur tous les points du globe depuis l’impulsion impri- mée à l'étude par le vaste et profond génie de Linné, ont conduit la botanique à des conquêtes importantes , à des progrès infiniment grands; les Herbiers artificiels se sont prodigieusement muli- pliés; mais l'esprit de spéculation, qui gâle touten science, a trop souvent présidé à ces entreprises; on en a confié l'exécution à des dessinateurs ienOrans, maniérés, à des directeurs uniquement occupés de satisfaire leur soif pour l'argent, et à de pauvres graveurs ; les mêmes figures, sans cesse copiées et recopiées, sont devenues méconnaissables; et, comparées avec le texte rédigé par un botaniste instruit , elles se trouvent encore plus étrangères à l'espèce représentée. Il y à quelques exceptions honorables, en très-pelit nombre il est vrai; car il faut autant se méfier des dessins tracés par le bo- taniste coiffé d’unsystème qu'il s’est créé, que par le peintre qui prétend donner de la grâce aux plantes : l’un et l’autre font disparaitre les carac- tères vrais sous les stigmates de leurs idées, sous des formes imaginaires, auxquelles le graveur ajoute encore ; pour paraître à son tour plus pit- toresque, plus original. Aujourd’hui l’on donne à cet égard dans un luxe révollant; on travaille uniquement pour lés banquiers, pour les hommes de cour, qui ne lisent pas, qui ne produisent pas, qui sont incapables de juger, d'apprécier, et la science ne profite réellement point. Il faut recourir aux bibliothè: ques publiques pour voir les planches que l’on publie, encore n’est-on point certain de pouvoir les y consulter; ces livres si chers leur arrivent fort rarement. On les jette aux brocanteurs. Le botaniste doit avoir près de lui deux ouvrages essenLiels en ce genre, les seuls qui méritent touté son attention : ce sont, pour la germination , ies figures de Ehret, et pour la fructification celles de Gaertner et de Correa de Serra. Je n’en citerai aucun autre; ils sort toustrop au dessus de la bourse du vrai savant pour qu'il puisse les possé- der, et c’est justice de n’en point parler ; el puis il faudrait indiquer ce qu’on y trouve de bon, de neuf, de réellement ntile : je dirai seulement que tous omeltent une chose importante, l'échelle sur laquelle ont été réduits les objets trop grands pour être représentés dans leur dimension natu- relle, ainsi que le degré de multiplication des objets vus à la loupe ou au microscope. Hersier vivanr. On entend généralement par celte expression bizarre les collections de:petites plantes séchées, étalées avec un soïn minutieux, et destinées à tenir lieu de description, de figures, ou bien à mettre sous les yeux des espèces difficiles, comme les Saules, les Graminées, les Cryptoga- mes, afin de donner de la fixité à la nomenclature. La plus belle réunion que j'aie vueen ce genre, ce sont les quatre volumes de Mousses, de Lichens et d'Hypoxylées préparés par J.-J. Rousseau et par lui donnés à Malesherbes. L’Herbier vivant rentre nécessairement dans l’Herhbier général et ne peut pas plus que lui se passer ni de descrip- tions ni de figures. (T. ». B.) BERBIVORE. ( zoo. ) Qui se nourrit de végé- taux. En traitant des animaux, de leurs diverses espèces, en traitant aussi de la différence des principaux organes, enfin en parlant du mode de digestion et de la nutrition,-nous avons indiqué les caractères qui différencient les Herbivores pro- premnent dits. Nous renvoyons au mot Homes tout ce qui à rapport à l'alimentation exclusivement végétale dans l’espèce humaine. (P. G.) HERBORISATIONS, ÆExcursiones botanicæ. (5or.) Promenades, excursions ou voyages que l’on fait dans les environs du lieu que l’on habite, dans son département, dans des régions plus ou moins éloignées, pour y récolter des plantes. Les Herbo- risations {amniliarisent avec les localités, avec les ha- bitudes des végétaux, et donnent des connaissances que les livres, que l’étude du cabinet procurent dif- ficilement , des connaissances qu'il est impossible de puiser dans ua herbier quelque bien tenu qu'il soit, encore moins auprès des plantes soumises aux caprices d’un jardinier. Rien ne remplace les char- mes d’une Herborisation faite avec plusieurs bota- nistes dont les goûts et le zèle sont en harmonie ; pour les irouver ces charmes, pour tirer tont le profit convenable d’une Herbortsation , il faut se munir de tout ce qui peut rendre la récolte aussi A Eu LA HERB 599 HERB oo complète que possible, il faut se communiquer sans réserve comme sans défiance les rapides im- - pressions que l’on éprouve, les observations que le moment inspire, les applications que l’on peut faire pour abréger, perfectionner les méthodes recues, les principes établis. L’attirail indispensable se réduit à un très-peLit nombre d'objets. Une boîte en fer-blanc vernissé, coupée sur la forme d’un portefeuille, de la di- mension du papier grand raisin (quarante centi- mètres de long sur trente de large et dix d’épais- seur ) ; avec plusieurs cahiers de papier gris; une serpette, une pelile trousse contenant un crayon, un livret de papier blanc, une loupe, un stylet, une paire de ciseaux à pointes longues et étroites, un canif; enfin une canne sur laquelle se visse le cueilloir que nous représentons dans notre Atlas, pl 249, fig. 15. La houlette que cet instrument pré- sente dans la réunion de ses deux branches fermées sert à se procurer les plantes bulbeuses, à déterrer les racines ; le cueïlloir, à suppléer à ce qui manque à la taille du botaniste , en lui donnant les moyens de couper les branches des arbres à une certaine élévation , et de se procurer les plantes aquatiques que l'éloignement et la profondeur des eaux l'em- pêchent de toucher. L’instrument entier est ici re- résenté moitié graudeur naturelle, 1 n’a nul be- soin d'explication pour être compris. J’observerai seulement que la lame droite est un peu amincie en son bord arrondi, ainsi que le bord extérieur de la lame courbe, pour que, quand elles sont rap- prochées , elles puissent offrir une espèce de hou- lette assez semblable à celle du berger. Ilest bon de régulariser la marche d’une Herbo- risalion et de la calculer avec le moment où la vé- gétation est dans toute sas plendeur, avecune belle Journée, et selon la disposition du terrain que l’on se propose d'explorer. Aucune localité ne doit être négligée, jardins, bords des chemins, haies, champs cultivés, terrains vagues et incultes, rui- nes et décombres, prairies, marécages , eaux cou- rantes et stagnantes, rivages de la mer, rochers, bois et forêts, montagnes de tous les ordres. Les Herborisations alpines sont les plus fatigantes; mais avant de s'engager dans des sites inconnus ou dan- gereux , il convient de prendre un guide familia- risé avec la topographie du pays. Pour avoir né- gligé cette précaution, l’illustre L’Ecluse eut un bras et une jambe fracturés sur les Pyrénées ; Bastard d'Angers, âgé de 24 ans, tomba dans un gouffre à plus de vingt mètres de profondeur , et durant trois longs jours, le corps fracassé, en proie aux douleurs les plus aiguës, il appelait à grands cris la mort trop lente à venir, quand son chien fi- dèle révéla le leu de son tourment et y conduisit mitié qui parvint à arracher le botaniste au tom- beau. F Dans tontes les saisons il est possible d’herbori- ser, puisque chaque saison a ses fleurs et ses plai- sirs, Depuis l’époque où les feuilles manifestent leur sortie du bourgeon, jusqu’à celle où le pédoncule , sans force laisse tomber la feuille qu'il supporte, les plantes phanérogames appellent et fixent l’at- tention (v. au môt FLorusox); on néglige les cryp- togames, dontle nombre et la diversité des espèces varient selon l'exposition , l’élévation et la qualité du sol. Au printemps paraissent les Morilles, quel- ques Helvelleset d’autres petits Champignons, très- abondans sur la partie du terrain tournée vers le nord ; l'été en offre peu, si ce n’est des Epiphyl- liens qui croissent sur les feuilles vivantes des ar- breset des plantes herbacées ; après quelques jours de pluie, quand la terre est imprégnée d'humidité, l’on rencontre les grandes espèces de Glavaires co- mestibles , la Chanterelle, le Bolet esculent , plu- sieurs Goprins, mais très-peu d’'Agarics charnus. Dès la fin de l'été jusqu’au commencement de lhi- ver , à l’ombre des forêts, sous les arbres qui per- dent leurs feuilles conime sous les bois résineux qui les conservent Loujours, on trouve des Sphéries, beaucoup de Champignons presque microscopi- ques, et fort curieux par leurs formes et leurs cou- leurs. La récolte se prolonge, est ‘très - abondante durant tout l'automne, ét principalement pendant un hiver doux. Surles bois morts, Janguissans où prêts à mourir, habitent les Champignons coriaces; déssus et dessous les amas de feuilles pourries et autres débris de végétaux, se cachent une foule de petites espèces rares ou nouvelles ; dans les caves, les souterrains, et dans les mines où la tempéra- ture ne varie pas, on voit se propager en tout temps des Fongoïdes ordinairement d'une forme anomale ‘et bizarre. Un point essentiel dans les Herborisations , c’est de ne point enlever tous les pieds de l’espèce rare que l’on découvre. Je connais des botanistes qui ne se font aucun scrupule à cel égard ; ils se livrent à un pillage effréné pour le plaisir de détruire et pour s'assurer une vente avantageuse. Ils déshonorent ainsi la science et méritent le plus profond mépris de tous ceux qui s’adonnent au culte de la botanique. Les Herborisations solitaires conviennent quand on veut soulager son âme des pensers trisles qui l’aflligent. La vue des plantes, le plaisir de respi- rer un air pur, de prendre un exercice salutaire, d'occuper agréablement quelques instans, rétablis- sent l’équilibre dans les sentimens, dans les fonc- tions ; la douleur est moins poignante, et le baume versé sur elle allége le poids du chagrin. On ren- tre et mieux portant, et plus libre, et plus gai. L’arrangement de l’Hersier (v. ce mot ) prolonge la jouissance. (T. ». B.) HERBORISTE. Sous la dénomination d’Herbo- ristes on entend parler des marchands de plantes médicinales fraîches ou sèches. Cette profession, séparée à. tort dn domaine de la pharmacie, est envahie par des personnes sans instruclion, n’ayant que Ja stricte capacité mercantile, et commettant chaque jour des erreurs préjudiciables à Ja santé de ceux qui les consultent et vont prendre dans leurs boutiques. Sans aucun doute, la faute pre- mière est due à la coupable légèreté avec laquelle l'École de pharmacie délivre ses diplômes, et à la nullité des visites que la loi commande dans l’in- térêt général; il suflit , pour obtenir les premiers, de nommer quatre ou cinq plantes oflicinales et RRQ . HERI de soutenir un quart d'heure d'examen, et les se condes, se faisant tous les ans à la même époque et par quartiers , l’un après l’autre , ne produisent aucun résultat utile : comme elles sont attendues à point nommé , l’on se tient pour averti, la bou- tique est nettoyée des plantes décomposées ou vieillies; mais elles y rentrent le lendemain et y sont vendues sous l'espèce de garantie que promet une visite légale. S'il me fallait énumérer iciles nombreux abus, jes inconvéniens de toutes les sortes qui ressortent de la grossière incapacité des Herboristes , le temps et l'espace me manqueraient. Je me.-onten- terai de dire que j’ai vu de ces gens vendre de la Gi- guë pour du Cerfeuil; de la Gratiole pour dela Mer- curiale ; de la Morelle pour l’Arroche-bonne-dame, Atriplex hortensis; de la racine de Bryone pour du Nénuphar, ou de la Jusquiame noire pour de la Chicorée sauvage, etc. Ajoutez à cela les cas gra- ves que peuvent déterminer des plantes moisies , vermoulues , surtout des racines gâtées. On ne de- vrait permettre aux Herboristes de vendre que des lantes fraîches ; il faudrait les placer sous la ju- ridiction d’un pharmacien, les punir très-sévère- ment quand ils préparent des médecines , des ti- sanes, des lavemens, des sucs d'herbes , et qu’ils tiennent des médicamens étrangers, des drogues empiriques, des sels, des sirops composés , etc. Il conviendrait aussi de les soumettre à des visiles fréquentes , indéterminées, de médecins et de pharmaciens instruits. La santé des pauvres inté- resse la société tout entière ;-ce sont eux qui four- nissent les ouvriers, qui, dans l'état actuel des choses politiques, composent la majorité des po- pulations , et sans qui l'industrie serait compléle- ment nulle. (T. ». B.) HERCULE. (mns.) Ce nom a été donné à l’une des plus belles et des plus grandes espèces du genre Scarabée proprement dit. Cette espèce , qui sera décrite au mot ScARABÉE, est représentée dans notre Atlas, pl. 205 fig. 1. Elle se trouve aux Antilles et au Brésil. Voy. Scanane. # HERDÉRITE, (wn.) Substance minérale dont l'analyse n’a point encore été faite, mais qui paraît être un silicate. Elle est transparente, fragile, d’un éclat vitreux, d’une couleur verdâtre ou d’un blanc jaunâtre , et plus dure que l’apatite, c'est-à-dire le phosphate de chaux, dont elle se rapproche par ses caractères extérieurs, et à laquelle on la trouve associée en Saxe. Sa cristallation est le prisme rhomboïdal terminé par une pyramide x quatre faces. (J. H,) HÉRISSON, Ærinaceus. (man. ) Genre de Ja deuxième famille de l’ordre des Carnassiers ou de celle des Inseclivores suivant Cuvier. Ghez ces animaux les poils que l’on observe dans le plus grand nombre des Maramifères, se ont convertis en épines à la région dorsale; le ventre seul est resté normal ; leur système dentaire se compose de six incisives, de trois fausses molaires , trois molaires dont les supérieures engrènent avec les inférieures, ce quia pour but de faciliter le broïement des parties dures des insectes dont ils se nourrissent, 600 HERL et d’une tuberculeuse. Leur queue est très-courte et tous leurs pieds ont cinq doigts armés d’ongles très-forts ; la plante est nue. Les oreilles soht ar- rondies , les yeux pelits , les narines placées sur les côtés du mufñle. | Les Hérissons sont de petite taille, leur démar- che est lente, ils se nourrissent de petits animaux et de fruits, se creusent au milieu des bois des trous dans lesquels ils se cachent. Doués d’une in- telligence fort peu développée, et d’une force très- médiocre, le Hérisson n’a d’autres ressources, lorsque le renard, son ennemi naturel, lui déclare la guerre, que de se retrancher derrière la forêt de piquans dont la nature l'a si généreusement pourvu ; il ne cherche donc pas à soutenir contre son rusé adversaire une latte trop inégale; mais il se contente, mellant à profit une disposition par- ticulière des muscles de son dos , de s'enrouler en boule de manière à présenter partout a son en- nemi.un rempart inabordable; le jeune renard sans expérience ne manque point de se laisser prendre au piége; mais il s'aperçoit bientôt que c’est une lutte d’un tout autre genre qu'il doit li- vrer à son singulier adversaire , et c’est alors chose curieuse que de le voir, assis à terre avec résigna- tion, attendre patiemment , les yeux fixés sur sa proie, que, fatigaée de cette position insolite, elle distende involontairement ses muscles, pour se pré- cipiter sur elle et la prendre au défaut de son armure. On ne connaît bien que les deux espèces suivantes , toutes deux des contrées moyennes de l’ancien monde. ; Hérisson commun, Erinaceus europæus, Linn. , représenté dans notre Atlas, pl. 205, fig. 2. Les épines sont variées de noir et de blanc; son mu- seau, ses oreilles larges et courtes elses doigts, sont d’un brun violet ; ses yeux sont petitset saillans ; la queue brune, nue ainsi que le museau, les yeux etles oreilles. Ils ont cinq mamelles de chaque côté; pen- dant J’hiver ils s’engourdissent dans leur terrier. Lorsque les mâles en sortent au printemps, leurs vésicules séminales sont d’un volume considéra- ble. Gette saison est précisément celle des amours, et leur accouplement, quoi qu’on en ait dit, a lieu comme celui des autres mammifères. La portée est de trois à sept pelits, blancs, sur lesquels, à leur naissance, on ne distingue encore que l'extré- mité des épines. Le Hérisson commun jouit de la singulière propriété de faire fuir ses ennemis par la simple éjaculation de son urine , tant son odeur est fétide. HÉnissoN A LONGUES OREILLES, Érinaceus auritus , Pall. Les anneaux noirs que l’on remarque sur les épines de l’espèce précédente sont, dans celle-ci, plus étroits ; les oreilles , au contraire , sont beau- coup plus longres, les parties inférieures sont d'un gris cendré. Elle fait deux portées par an detrois à sept petits. Gette ‘espèce habite la Russie et se rencontre également en Egypte. (V. M.) HÉRISSON DE MER. (roiss.) On désigne ainsi les espèces de poissons du genre. Diodon qui jouissent de la faculté de se gonfler comme un ballon, en avalant de l'air, et en remplissant de ce fluide cod AOGX si 4 1. Hercule. 3. Héron agrette. 2. Herisson. commun , EE Cuërin dir PS HERM 6o1 HERM - 1 ce fluide leur estomac, et dont le corps est cou- vert de piquans très-mobiles , qui servent à l’ani- mal pour se défendre contre l'attaque des autres oissons. V’oy. Dionox. (Azpir. G.) HERMAPHRODISME. (z00r.) Réunion des deux sexes dans le même individu. Dans les animaux vertébrés, chez lesquels les organes de Ja généra- tion sont portés au point de développement le plus complet, on ne connaît aucun exemple d'Herma- phrodisme. Il n’en est pas ainsi des êtres qui s'é- loignent le plus de l'espèce humaine. Il est des classes entières d'animaux pourvus à la fois d’or- ganes mâles et femelles. Nous avons dit an mot AnpRoGyNE en quoi ce mot différait de celui d’her- maphrodite, en zoologie comme en botanique. Chez l’homme , 1ous les exemples cités d'Her- maphrodisme doivent être relégués au nombre des histoires fabuleuses : les individus chez lesquels on a cru recounaître la réunion des deux sexes n’é- taient que des êtres mal conformés, et si dans la voix, la physionomie, les membres, on remar- quait en eux le mélange des attributs des deux sexes, c’est que le vice de conformation des par- ties génitales avait influé sur le reste de leur organisation. Il doit être admis, comme principe, en physiologie , que la structure imparfaite d’un or- gane porte le trouble dans le reste de l’organisation. Nous pourrions ici raconter plusieurs observa- tions recueillies par les savans sur de prétendus hermaphrodites. Nous n’en cilerons qu’une, et seulement en quelques lignes. Elle a déjà été lon- guement racontée dans le Dictionnaire des scien- ces médicales, et nous ne lui donnons la préférence que parce que le sujet nous est connu et que nous avons été à même de recueillir de lui tous les ren- seignemens désirables, L'enfant d’un fermier de Bu, département d’Eure-et-Loir, fut présenté au baptême, le 19 janvier 1792, comme fille, et reçut les noms de Marie Marguerite, Blonde, fraîche, jolie, elle atteignit sa vingtième année, sans être réglée. A cette époque, elle fat demandée en mariage ; mais ses parens, qui avaient reconnu qu’elle n’était pas faite comme joutes les autres filles, la soumirent à l'examen de plusieurs médecins. Ceux-ci décla- rèrent queMarie-Marguerite était un garcon. Cette déclaration , le jugement qui intervint pour lui restituer sa qualité d'homme, changèrent en peu de temps les habitudes et les goûts de cet individu. Revôtu des habits d'hommes , il se montra bientôt aussi habile agriculteur, aussi gai compagnon, aussi courageux dans le danger que, sous les vé- temens de femme, il s’était montré bonne ména- gère , fille douce et modeste. Marie-Marguerite a aujourd'hui quarante-trois ans, ses allures, ses goûts, lui donnent tout-à-fait 1 airmasculin. Voici les principaux phénomènes que l'examen des mé- decins les mit à même de constater. Les cheveux sont chatain - clair : à vingt-trois ans, une barbe blonde commence à cotonner sur ses lèvres et sur son menton, le timbre de sa voix est mâle ; sa taille est de quatre pieds onze pouces ; sa peau est blanche, ses membres arrondis mais musclés ; Tous III. 236* Livraison. la conformation du bassin est celle de l’homme ; les mains ct les pieds sont larges et forts. Les seins sont développés, mais pyrilormes , le mamelon est peu saillant. Examinés avec des détails que nous croyons inutile de rappeler ici, les organes généraleurs ont, au premicr aspect, Loute l’appa- rence de ceux de la femme, mais bientôt on y découvre au contraire toutes Jes parties de l'orga- nisation masculine déformée par ce vice congénial qu'on nomme hypospadias. (P. G.) Puisque l’occasion se présente de consigner ici quelques mots sur l’organisalion vicieuse de l’ap- pareil génital que j'ai été à même d’observer, on me permetira sans doute de montrer que mes études botanico-agricoles m'ont entraîné à re- cueillir des faits étrangers en apparence , et qui cependant s’y rattachent puisqu'ils sont connexes avec les plantes et les animaux domestiques. Il est d’ailleurs presque impossible de se livrer à une “branche spéciale de l’histoire naturelle, sans être, comme malgré soi, contraint à faire des incursions sur les autres branches, au moins pour avoir plus de termes de comparaison et de rapports. J'ai vu des Hermaphrodites dont les organes, quoique mal conformés , ne peuvent laisser aucan doute sur un sexe dominant; d’autres que l’on doit regarder comme neutres; et d’autres présen- tant les deux sexes plus ou moins viciés au pre- mier coup d'œil, mais susceptibles de remplir les fonctions de l’un et de l’autre. Marie Piefeti, de Metz , qui pendant viogt ans fut tambour dans nos armées triomphantes et se signala par des actes de bravoure tels qu’elle fut décorée par l’empereur, élait essentiellement femme, bien qu’elle eût tout ce qu'il fallait pour tromper sur son véritable sexe. Christine Zanneboni, née en 1765, à Mezza- nino-Pavese, hameau situé sur le territoire de Lodi , que j'ai vue à Crémone en 1800, était un homme imparfait, avec quelques apparences du sexe féminin. Il avait prédominans tous les signes de la virilité. Jacqueline Foroni, de Roverbella, que j'ai examinée en 1802 à Mantoue, et alors âgée de vingt-trois ans et demi, n’était ni homme ni femme, et cependant elle avait du premier les organes spermatiques , une peau velue, les passions vives, la largeur des épaules, et les membres fortement. prononcés quoique bien peu musculeux pour un homme de son âge; de la seconde elle avait le sein bien conformé, muni du mamelon et des glandes particulières à l'organe lactifère, les formes arron- dies, le bassin large, la voix douce et sonore, l'œil timide et agacant, le duvet soycux. Cet être infortuné, doué d’un cœur aimant, n’apprit pas sans une douleur profonde qu’elle était placée sur les confins des deux sexes sans espoir de trouver auprès de l’un ou de l’autre aucun accent qui ré- pondit aux sentimens qu’elle éprouvait, qu’elle manifestait avec tant d'ingénuité. Pour la quatrième catégorie, on peut nommer Marie-Madelaine Lefort , née à Paris en 1799, qui fut réglée à huit ans, et qui, le 13 octobre 1814, m'a montré le double appareil de la génération très-développé, malgré les vices qu’on pouvait Jui 76 L , 2 = HERM HERN F oo ” reprocher. J’ai vu en 1834 une jeune Anglaise , miss Betzy S...., âgée de dix-huit ans, réunissant toutes les grâces de la femme, la forme musculaire de l'homme, les talens d’une éducation soignée, chez laquelle le même double appareil existe d’une manière remarquable; chez elle, le sexe masculin est dans des proportions un tiers moins que na- ture, tandis que l’autre, à quelques irrégularités près, ne laisse aucun doute sur ses propriétés. Je possède des dessins exacts de ces différens phénomènes. Il existe à Rome des statues antiques qui prou- vent que les Grecs avaient fait de semblables re- marques. Une statue debout, en marbre de Paros, à la villa Pamfili, appartient à la première caté- gorie ; une également debout,en basalte, dans la collection Farnèse, appartient à la seconde. La célèbre statue couchée que l’on voit au Musée du Louvre appartient à la dernière, (FE 55.) HERMAPHRODISME. (Bor.) La classe que Linné appelle dans son ingénieux système Dioëécte, est la seule quine présente pas ce phénomène; aussi ne se sert-on en botanique du mot Hermaphrodisme que parce qu'il est généralement recu; car non-seule- ment il est impropre , mais il consacre une erreur que les botanistes devraient combattre ebdétruire. En effet, pourquoi donner un nom qui exprime une monstruosité à un être végétal qui suit stric- tement le vœu de la nature, qui se reproduit , et chez qui rien ne se passe sans être avoué par les lois de la physiologie ? Le réceptacle d’une fleur , où se trouvent des pistils et des étamines réunis , n’est autre chose que le lit nuptial. Les époux ha- bitent la même maison, la même cellule : il n'ya donc pas Hermaphrodisme proprement dit. Il conviendrait beaucoup mieux, du moins à mon sens, d'adopter une autre expression plus vraie, et dire, par exemple, Synoïque, en se servant du stylelinnéen , ou Monoclyne , en suivant laméthode que l’on appelle naturelle. Les racines grecques de ces deux mots annoncent bien que les organes sexuels sont réunis dans la même fleur. Et pour être conséquent à ce principe , il faudrait changer le nom spécifique du Tripsacum hermaphroditum , du Salix hermaphrodita , etc. , en celui de 7. sy- noïcum, $. monoclina , etc. (T. ». B.) HERMINE. (z001.) On a donné ce nom spéci- fique à un mammifère du genre Marte et à une es- pèce de mollusque appartenant au genre Cône, le Conus capitanus, Linn. (GuËr.) HERMINIE, Æerminia, (1ns.) Genre de Lépidop- tères de la famille des Nocturnes, tribu des Noctué- lites, établi, aux dépens des Crambus de Fabricius, par Latreille, qui lui assigne les caractères suivans : ailes formant un triangle allongé; palpes supé- rieurs cachés, les inférieurs au contraire très-al- longés, comprimés ; antennes, des mâles au moins, ciliées, offrant même un petit renflement'en forme de nœud. Ges petits insectes ont, par la longueur de leurs palpes, attiré de tout temps l'attention des naturalistes; mais, quoique quelques uns habi- tent l’Europe et s’y trouvent même habituellement en grande quantité, on n’est pas plus avancé pour l'étude de leurs mœurs; on sait cependant que les chenilles n’ont que quatorze pattes, et qu’elles vi- vent dans les feuilles qu’elles parviennent à rouler, Réaumur et Degéer s’en sont occupés. Ces insectes ont des couleurs grisâtres , et sont encore mal dé- terminés; nous en citerons une seule espèce. H. gaspue, À, barbalis, Linné. Les ailes sont cendré-jaunâtre , avec trois lignes transverses flexueuses de couleur plus foncée; le mâle a les antennes pectinées, el une toufle de poils aux fémurs antérieurs. La chenille vit sur le Trèfle. De France. (A. P.) HERNANDIE, Xernandia. (sort. pnax.) Nom donné par Linné à un genre d'arbres appartenant | à la Triandrie monogynie (ou, plus exactement, . . DJ . à la Monœæcie triandrie) , il se compose des deux espèces suivañtes, originaires des deux Indes. L'HERNANDIE soNonE , {errandia sonora, L., est un arbre élevé, à cime ample ; ses rameaux lisses portent des feuilles alternes, ovales, entières, pointues au sommet et arrondies à Ja base ; leur pétiole est grêle et s’insère, non sur leurs bords, mais sur la partie postérieure du limbe. Les fleurs naissent aux sommités des branches en panicules axillaires et terminales; elles sont unisexuelles , et présentent les caractères génériques suivans : — fleurs mâles : calice cotonneux, àsix divisions, dont trois, alternes, intérieures et plus petites; trois étamines dressées, à filets courts réunis inférieu- rement ; on remarque six glandes à la base des di- visions calicinales ; — fleurs femelles : calice co- tonneux, à huit divisions, dont quatre intérieures plus étroites ; à sa base est un calicule court, ur- céolé, presque entier ; ovaire placé sous le calice intérieur, et environné du calicule extérieur ; style court , muni à sa base de quatre glandes, et sur- monté d’un stigmate large, en forme d’entonnoir ; drupe à huit côtes saillantes, recouvert par le calice extérieur dilaté en vessie ; noix globuleuse, à une seule graine. Ces caractères compliqués laissent un peu d’indécision sur la place que doit occuper le genre Hernandie dans la nomencla- ture scientifique ; il semble assez voisin du genre Myristica, placé par Jussieu à la suite des Lauri- nées, et regardé par R. Brown comme letype d’une nouvelle famille. Dans l’Hernandie sonore, ainsi que je lai dit tout à l'heure, le calice extérieur, persistant et s’accroissant après la floraison , tient le fruit en- veloppé comme dans une vessie coriace, lisse, arrondie et un peu aplatie au sommet, où se trouve une pelite ouverture; lorsque l'air est agité, il pénètre par cette ouverture, et produit ua sifile- ment qui se fait entendre d’assez loin; de là l’épi- thète de sonora, appliquée à cet arbre par le botaniste suédois. On dome souvent le nom de Myrobolan au fruit de l’Hernandie ; il renferme une amande oléagineuse, douée de propriétés purgatives. L'HernanDie ponTE-œur, C. ovigera, L., qui paraît être identique avec l'A. guianensis dAublet, s'élève à soixante pieds environ, et habite les lieux aquatiques ; ses rameaux sont tendres, cassans, on HERO « ‘603 HERO EE son bois très-mou, et si facile à enflammer lors- qu'il est sec, que les sauvages de la Gêiane, ajoute Aublet, s’en servent en guise d’amadou. Les feuilles sont cordiformes , un peu échancrées à leur base, lisses , à nervures lésèrement coton- neuses ; leur pétiole s'attache au bord de la feuille, et non sur le limbe, comme dans l'espèce précé- dente. Le fruit a l’aspect d’un œuf rougcâtre, d’où le nom spécifique de cette Hernandie. (L.) HERNIAIRE, //erniaria. ( noT. pHan. }) Petit genre de la famille des Paronychiées et de la Pen- tandrie dyginie, composé d’une quinzaine d’es- pèces dicotylédonées , petites, herbacées, à tiges rameuses ct couchées, à feuilles simples, souvent opposées, à fleurs très-petites, groupées plusieurs ensemble dans l’aisselle des feuilles, ayant pour caractères essentiels : un périanthe profondément divisé en cinq découpures ( quelquefois quatre seulement ) lancéoltes, colorées intérieurement ; cinq petits pétales squamiformes , linéaires ; cinq étamines , réduites à quatre par avorlement ; ovaire supère , avec deux ou trois styles courts et antant de stigmates, auxquels succède une capsule pe- tite, indéhiscente, mince, enveloppée par le ca- lice qui est persistant , et contenant une seule graine luisante. Ces plantes offrent fort peu d'intérêt ; elles sont communes, surtout autour du bassin de la Médi- terranée. Deux espèces abondent aux environs de Paris, la HerNraiRe cuagre , Æ. glabra, vulgaire- ment appelée Turquette et Herniole , et la Her- NIAIRE VELUE, 1. hirsuta. Elles vivent dans les champs, de préférence sur les terrains sablon- peux, fleurissent en été, et furent long-temps préconisées pour la guérison des hernies, d’où l'on a tiré leur nom générique; elles ont perdu leur vieille réputation et ne servent même pas comme diurétiques, tant est minime le principe astringent qu’elles contiennent. Tout ce qu’elles présentent de remarquable, c’est le vert gai de leur petite touffe entièrement étalée sur le sol; ce sont les siipules scarieuses qui se voient aux arti- culations de leurs tiges grêles ; ce sont leurs fleurs herbacées réunies en pelotons axillaires qui s’al- longent en épi à mesure que la fleuraison approche de son terme. (T. ». B.) HERON, Ardea. (o1s.) Ce genre, excessivement nombreux en espèces, a pour caractères généraux : un bec fort, aigu, plus long que la tête, courbé chez certaines espèces, droit chez d’autres, com- primé, armé de dentelures dirigées en arrière ct servant à retenir le poisson; des narines plactes la- téralement à la base du bec et recouvertes par une membrane; une langue plate et effilée; des jam- bes en parlie dénndées au dessus du genou; les trois doigts antérieurs réunis par une petite mem- brane, les ongles longs et acérés, celui du milieu très-large, pectiné à son bord interne; des ailes médiocres. Les Hérons sont des animaux tristes et solitaires ; ils vivent sur le bord des lacs et des ma- rais , se nourrissant du poisson qu’ils renferment ou des vers, des coquillages d’eau douce, des in- sectes et même des reptiles dont ils peuvent s’em- parer ; ils se tiennent sur le bord de l’eau dans une attitude droite, le cou recourhé sur la poitrine, et la tête placée sur l'épaule et souvent en partie re- couverle par les plumes; dans cette position ils attendent leur proie et se précipitent sur elle aus- sitôt qu'elle paraît; pendant le vol, leur cou est également recourbé en avant , et la tête se trouve presque dans la même position; l’ongle pecliné qu'ils portent, et dont nous venons de parler, leur sert à merveille pour se cramponner aux herbes et aux racines qui se trouvent à la surface de l’eau ; leur bec , avec les dentelures dont il est armé, leur permet de s'emparer d’une proie souvent considé- rable , et de retenir le poisson qui glisserait infail- liblement si sa surface était lisse et polie. Les Hé- rons nichent sur les arbres élevés, à peu de distance des rivières, des lacs et des marais. Temminck prétend qu'ils sont de passage périodique ; Mau- duyt, au contraire, pense que leurs voyages s’ef- fectuent à des époques indéterminées. Ils sont demi- nocturnes, Ce genre, comprend, outre les Hérons pro- prement dits, les Aigrettes, les Butors, les Cra- biers , les Blongios et les Bihoreaux. Temminck, qui s’est spécialement cccupé de la classification de ces oiseaux, les a divisés en deux grandes sec- Lions : dans la première il place les Hérons pro- prement dits et les Aigretles ; la seconde section comprend les Bihoreaux, les Crabiers, les Butors et les Blongios ; il assigne aux Hérons proprement dits et aux Aigreltes les caractères suivans : bec de beaucoup plus long que la tête, ayant une base au moins aussi large que haute ; la mandibule supé- rieure à peu près droite, les jambes en grande partie nues; ceux de cette section se nourrissent principalement de poissons. Les espèces de la se- conde section ont pour caractères un bec à peu près de la longueur de la tête, très-comprimé, plus haut que large; la mandibule supérieure plus courbée que chez les précédens ; enfin une partie du Libia couverte de plumes; elles se nourrissent d'insectes, de vers, de frai de pois- son, etc. Néanmoins, comme, malgré le travail de Temminck , il existe toujours une grande incerti- tude sur le classement de ces oiseaux, nous indi- querons seulement les espèces suivantes : ": Héron commun, Ærdea major, Linn.; AHéron huppé, Buff. Cette espèce est généralement d’un cendré bleuâtre , le sommet de la tête et le front sont blancs; une huppe noire très-flexible orne l'occiput; partie antérieure du cou blanche, tache- tée de noir; les plumes scapulaires recouvrent en partie le dos, qui n’a qu’un léger duvet ; couver- tures des ailes grises avec de grandes pennes noi- res; bec jaune verdâtre; iris jaune; pieds ver- dâtres. Longueur deux pieds dix pouces, de l'extrémité du bec à celle de la queue. Le Héron commun sé tient habituellement sur le bord des eaux, dans la position que nous avons décrite en parlant des caractères généraux de cette famille ; lorsqu'il veut aller à la recherche des poissons ou des grenouilles , il entre à mi-jambe dans la vase; plaçant son bec entre ses deux jambes, il attend EEE TRE RE 0 1 U SAR PSE - HERO 604 HERO PE ETES VA PERS SEE BTE TRE TDR RE LT 2 17557 patiemment que le moment de s'emparer de sa proie soit arrivé; alors il déploie son long cou avec une rapidité extraordinaire et la perce de son bec. De même, lorsque, poursuivi par l'aigle ou par tout autre oiseau de proie, contre lequel il chercherait en vain à lutter, il s’est élevé inutilement dans les plus hautes régions de l’atmosphère, Belon assure qu’il passe alors la tête sous l'aile, et présente à son ennemi son bec contre lequel celui-ci vient se percer dans l’impétuosité de son vol. Cette es- pèce, plus solitaire et plus triste que toutes celles de son genre, reste pendant des heures entières exposée sans paraître en souffrir à Loutes les in tempéries de l’air, ne s’inquiélant pas même pen- dant l'orage de chercher un abri. Continuellement inquiète, la présence de l'homme, même à de grandes distances, la fait fuir avec rapidité; elle prête l'oreille au plus léger bruit et semble être perpétuellement sur ses gardes; ce n'est guère que pendant la nuit qu'elle devient assez confiante pour se répandre au milieu des bois; mais avant la pointe du jour elle les quitte pour chercher un abri con- tre les attaques de ses ennemis; elle niche sur les sommets des plus hauts arbres, et c’est sans doute à celle corsmunauté d'habitudes avec les corbeaux qu’il faut attribuer la supposition que les anciens avaient faite d’une étroite amitié entre les Hérons et ces animaux, avec lesquels ils ont d’ailleurs si pen de rapports. Son nid, dans lequel elle dépose 4 à 5 œufs, d’une forme allongée ct d’un vert pâle unr- forme , est composé de menues branches, de feuil- les sèches, de plumes et de joncs. Cette espèce se rencontre en France, en Hollande , en Angleterre, en Norwége, en Sibérie , en Egypte, en Perse, au Malabar et dans beaucoup d’autres régions ; nous l'avons représentée dans notre Atlas, pl. 205, fix. 4. Héron Pourrré, Ardea purpurea, Linn. Occi- put d’un noir verdâtre, ainsi que des plumes qui pendent en arrière; le cou est orné, à sa partie in- férieure, de plumes flottantes d’un beau blanc pour- pré ; gorge blanche; parties latérales du con rous- ses, marquées de trois bandes noires ; scapulaires blanches et poitrine d’un roux pourpré; les cuisses et l'abdomen roux, ainsi que le dos, les ailes et la queue, qui sont néanmoins légèrement cendrés ; bec jaune. Longueur, deux pieds neuf pouces. Timide, soupconneux comme le précédent, la longueur de ses ailes l'empêche de prendre aussi promptement la fuite ; il niche dans les roseaux ; la femelle pond trois œufs d’un cendré verdâtre. Cette espèce habite la mer Caspienne, la Tartarie, la mer Noire, etc. HÉRoN a1GRETTE, Ardea egretta, Linn. et Lath., représenté dans notre Atlas, pl. 205 , fig. 5. D'un blanc pur; la tête est ornée d’une petite huppe comme chez les espèces précédentes; de plus, celle- cia sur le dos des plumes d’une longueur d’un pied ei demi environ, qui se relèvent vivement lorsqu'elle. éprouve quelque émotion ; ces plumes poussent au printemps et tombent en automne ; bec d’un jaune verdâtre, Longueur totale, trois pieds trois pouces environ. Gette espèce se nourrit de reptiles, de poissons et de mollusques ; elle niche sur les ar- bres ; sa ponte est de 4 à 6 œufs d’un bleu’ pâle. Elle £e trouve fréquemment dans le nord de l’Asie, l'Afrique et l'Amérique septentrionale, et dans plusieurs contrées de l’ancien continent. Cragrer DE Manon, Ardea comata, Pallas, re- présenté dans notre Atlas, pl. 206, fig. 2. Gorge blanche, cou et scapulaires d’un roux clair; dos marron, le reste du plumage d’un blanc pur; sur l’occiput on remarque quelques plumes blanches, bordées de noir. Longueur 16 pouces. Get oiseau se nourrit de poissons , de coquillages et d’insec- tes ; il niche sur les arbres et se rencontre fréquem- ment en Asie, en Turquie, en Italie, etc. Cnagier BLONGIoS , Ardea minula, Linn. L’oc- ciput, les scapulaires, le dos el la queue sont d’an noir verdâtre ; les parties latérales de la tête et du cou, les couvertures des ailes sont d’un jaune rous- sâtre ainsi que les parties inférieures; pennes alaires d’un noir cendré, bec noir à sa pointe, jaune dans le reste de son étenduc. Longueur d'environ 14 pouces, Il se nourrit de poissons, d’in- sècles , de vers et de quelques fruits ; niche sur les joncs élevés ; ses œufs, au nombre de 5 ou 6, sont blancs suivant Temmiuck, et verdâtres tachetés de brun suivant de Riocourt. Cet.observaleur prétend qu'à l’époque des amours, son cri est analogue à l’aboiement du chien. Commun en Suisse , en Hol- lande, etc. Buron vurcaime, Ardea stellaris, Linn., voy. notre Atlas, pl. 206, fig. 3. Plumage varié d’un jaune ferrugineux et de traits noirs; le cou est couvert de plumes longues et flottantes, qui se re- lèvent lorsqu'il est agité; mandibule supérieure brune, l’inférieure verte; têle noire à son sommet, larges moustaches noires. Longueur, deux pieds et demi environ. Celle espèce, plus inquiète peut-être que le Hé- ron commun , se lient toujours à une grande dis-- tance des habitations; cachée dans les jones qui croissent au milieu des lacs, elle reste immobile pendant des heures entières, regardant autour d'elle dans la crainte d’être surprise; elle ne bouge que pour s'emparer des grenouilles ou des petits poissons qui sont autour d'elle; on prétend que pendant l'automne elle va à la chasse des rats et qu'elle les avale sans les mâcher. Son cri est ef- frayant et semble destiné à appeler sa femelle, qui souvent se trouve à de grandes distances; elle ni - che au milieu des roseaux, sa ponte est de 4 à & œufs d’un cendré verdâtre. L’incubatien est de vingt-cinq jours; les Butors défendent avec cou- rage leurs petits contre les oiseaux de proie; ils attendent de pied ferme leurs ennemis, et se dé- fendent en leur portant de rudes coups de bec. Ils se trouvent , mais en petit nombre, en France, en Angleterre, en Suède , etc. BinonEaAu À MANTEAU Nom, Ardea nycticorax, Linn., voy. notre Atlas, pl. 206, fig. 15. Front, gorge, partie antérieure du cou, dessous du corps d’un blanc pur; occiput, dos, scapulaires noir- bleuâtre; trois brins d'environ 7 pouces de long ornent la nuque et distinguent cette espèce des au- tres ailes et queue d’un cendré pur; bec noir à PL. 206 Dr QE © Re A | Héron bihoreau. Gui: ra bien: DS: Lutore P.Cuerër dr 2. 5. Hesperie. 6 Heterobranche , Acarie Baron del # ' D EE HESP 605 HESP 5 ————— —— ————…—…— …— …— —…——…— —"—_ ——— — —…— — —— … — —— — — ———— .— ———.——————— ——————— —— l'extrémité et jaunâtre dans le reste de son éten- due. Ainsi que les précédentes espèces, celle-ci re- cherche les lieux marécageux ; on la trouve fré- quemment dans le midi de l’Europe, on larencontre aussi dans l'Amérique septentrionale , l'Asie, etc. ; elle niche tantôt dans les fentes des roches, tantôt parmi les plantes aquatiques ; sa ponte est de 3 ou 4 œufs, sur la couleur desquels on n’est point en- tièrement fixé. (V. M.) HERSCHÉLITE. (un.) Le minéralogiste anglais Levy à donné ce nom à une substance blanche, qui cristallise en prisme hexagone, et qui se laisse rayer par une pointe d’acier. Suivant le chimiste Wollaston, c’est un silicate d’alamine et de potasse; mais, faute d’en connaître la composition précise, on ne lui a pas encore assigné une place dans la no- menclature. On la trouve en Sicile dans des pro- duits volcaniques. (J. H.) BERSE , Tribulus. (8or. Pnan.) Genre des Zy- gophyllées de R. Brown, et de la Décandrie mono- gynie de L., établi par Tournefort , et caractérisé de la manière suivante : calice à cinq sépales ca- ducs; corolle à cinq pétales étalés ; étamines au nombre de dix ; pistil à stigmates sessiles et à cinq carpelles adnées àun axe central, triangulaires , in- déhiscentes, dures, se prolongeant extérieurement en pointes épineuses ou ailées, partagées intérieu- rement et transversalement en plusieurs loges, rarement uniloculaires; graines solitaires dans chaque loge horizontale, dépourvues d’albumen el munies de cotylédons épais , d’après Gaertner (de Fruct., I. tab, 69). Les espèces de ce genre sont des plantes her- bacées, dont les tiges sont étalées et couchées ; les feuilles pinnées sans impaire , accompagnées de slipules membraneuses ; les fleurs ordinaire- ment d'un beau jaune, solitaires, sur un pédicule axillaire. De Candolle, dans son Prodrome, décrit sept espèces de ce genre, toutes indigènes des contrées chaudes de l’Europe , de l'Amérique et de l'Afrique. Nous nous contenterons de mentionner ici : La Hense rerresrre, T'ribulus terrestris, L., seule espèce que revendique l’Europe, quoiqu’on Ja retrouve en Barbarie, au Sénégal et dans l’île Maurice. Elle présente une racine très-grêle , fibreuse, annuelle, soutenant une tige divisée dès sa base en rameaux nombreux, couchés sur la terre, garnis de feuilles à six paires de folioles presque égales et de fleurs nombreuses, pelites, Jaunes, disposées sur des pédicelles plus courts que le pétiole ; le pistil est à quatre carpelles. Dans les jardins de botanique on cultive une espèce de #lerse analogue à la précédente, mais à fleurs plus grândes : c’est le ribulus cistoides, L. et Jacquin (Hort. Schœubrun, 1, p. 54, 1ab. 103. (CG, £.) HESPÉRIDÉES, Hesperideæ. (BoT. pHan.) Ce nom poélique donné par Linné, dans ses Essais d’une méthode naturelle, à la belle famille qui produit les pommes d’or si célèbres dans les fastes de la mythologie, a été rejeté par de Jussieu à cause du genre Hesperis, dont nous parlerons plus bas (voy. au mot Juxennr), puis rétabli par l'ha- bile carpologue Correa de Serra et adopté défini- tivement par tous les botanisles. Le premier savant qui ait employé le mot Hespéridées pour désigner le groupe des Orangers , c’est Ferrari de Sienne, en son livre rare et curieux {Je malorum aureorum cultura et usu, publié à Rome en 16/6. Cette superbe famille est composée d’arbres de troisième grandeur et d’arbrisseaux tous originai- res de J’Inde et de la Chine, munis de glandes vé- siculaires , pleines d’une huile volatile très-péné- trante, que l’on trouve sur les feuilles , les calices, les pétales, les filets des étamires, et plus abon- danies sur l'écorce des fruits. Les caractères es- sentiels sont : un calice urcéolé ou campanulé, court, marcescent, et divisé en trois, quatre ou cinq dents; corolle de trois à cinq pétales tantôt libres , tantôt soudés à la base ; étamines en nom- bre égal à celui des pétales, quelquefois double et même multiple, dont les filets, planes à la base, sont libres ou réunis entre eux: ovaire ovoide, multiloculaire , surmonté d’un style cylindrique et d’un stigmate épais; fruit à écorce épaisse, con- tenant dans des pelits sacs nombreux une pulpe acidule , d’un goût agréable, et des graines dures, solitaires ou deux et trois ensemble; embryon droit , àradicule supère ; cotylédons grands, épais, offrant à leur base deux oreillettes. Les Hespéri- dées ont l'avantage de se propager par leurs feuil- les mises en terre; elles y prennent racine en fort peu de temps. | Trois grandes tribus sont établies dans la famille, et fondées sur le fruitel sur certaine condition des feuilles. La première, à fruit monosperme , à feuilles con ponctuées , comprend les faux Orangers en deux geures, le Fissilia de l'ile Maurice, et le Xi- menia que l’on trouve sur les bords de l’Ama- zone et aux rives du Nil; la deuxième tribu présente les vrais Orangers, dont le fruit est po- lysperme à baie et les feuilles sont ponctuées : le Citrus, dont nous avons parlé longuement tom. 11, pag. 206 à 211, le Coofkia de la Chine et le Mur- raya de l'Inde; la troisième tribu , au fruit po- lysperme à capsule, aux feuilles non ponctuées, contient le genre Camellia, examiné tom. t, pag. 604 et 605, le Thea sur lequel nous conne- rons plus tard des renseignemens peu et même point connus , et le T'ernstromia qui vit spontané- ment sous le ciel ardent de l'Amérique du Sud. (T. ». B.) HESPÉRIDES. (1s.) Tribu de l’ordre des Lé- pidopières, famille des Diurnes, comprenant la division que Liené appelait les Plébéiens urbicoles; elle diffère des autres Lépidoptères diurnes par quatre épines aux jambes postérieures, disposées deux à deux à lextrémité et vers le milien du Li- bia; leurs antennes sont terminées en crochet; enfin leurs chenilles roulent les feuilles dont elles se nourrissent et font une coque lâche pour opé- rer leur métamorphose; tous caractères qui ies rapprochent des Crépusculaires et des Nocturnes. Voy. Hesrémes et Uranie, (ASP) HESPÉRIE, Hesperia. (ixs.) Genre de Lépi- doptères de la famille des Diurnes, tribu des HESP 606 HESP "2" — °° CR Hespérides ; les papillons ‘que Linné avait nom- rée dans notre Atlas, pl. 206, f.4 et 5.Elle ressemble més Plébéiens étaient divisés dans sa méthode en deux classes, les ruraux et les urbicoles. C’est avec la seconde division qu’a été formé le genre Hespérie ; Fabricius avait aussi cherché à travail- ler ce genre et avait divisé cette coupe de Linné en trois parties; mais comme on attendait de Jui sur celte matière un travail spécial que la mort a arrêté, les genres qu’il avait créés n’ont pas été généralement adoptés en France, et le genre Hespérie de Latreille a prévalu ; on le distingue aux caractères suivans des Uranies, qui composent avec lui toute la tribu : antennes en massue, re- courbées à leur extrémité ; palpes labiaux courts, larges et très-écailleux à leur partie antérieure, Ces insectes sont en général assez gros ; leurs ailes sont peu développées, et souvent la paire inférieure reste presque horizontale dans le re- pos; ces dernières sont en ontre plissées et en- vironnent le corps; les antennes sont en massue ou platôt fasiformes à l'extrémité , et la partie ja plus mince du fuseau est recourbée en crochet exlérieurement; les palpes labiaux sont courts, très-larges , de trois articles dont le dernier très- petit et les deux inférieurs très-velus ; toutes les pattes sont propres à la locomotion. Les chenilles sont aussi en forme de fuseau avec la tête refendue en dessus, glabres; elles vivent, à la manière de celles de certains nocturnes, dans des feuilles qu’elles roulent, et font une coque légère*pour se métamorphoser. Ce genre est nombreux en espèces, surtout en exoliques; aussi y a-l-on établi deux divisions, celle où les ailes sont prolongées en queue et celle où les ailes sont arrondies ; les espèces d'Europe sont contenues dans la seconde. Fr division. H. rrotTÉe, 11. proteus, Fab., Clerc. , tab. 42, n° 1,2. Longue de 8 lignes, enver- gure 18 lignes; la portion caudale des ailes infé- rieures est presque aussi longue que le corps ; ailes brunes chargées vers leur base en dessus de poils verts; les antérieures offrent des taches transpa- rentes, dont quatre traversant le disque de l'aile obliquement, une ensuite isolée, et enfin près de la côte antérieure et dn sommet trois petites car- rées, agelomérées; en dessous, les antérieures ont une bande près du côté externe plus foncée ; les inférieures en ont deux parallèles disposées de, même , et la portion caudale est aussi de cette cou- leur. Cette espèce est commune dans l’Amérique méridionale. IL division. H. sixvain, A. silvanus. Longne de 8 lignes , envergure 12 lignes, God., Histoire des Lépidoptères d'Europe. Corps noir, avec des poils fauves en dessus ; ailes fauve-brun , avec le bord des antérieures près de la base, et une rangée de points carrés se prolongeant jusque sur les posté- rieures, parallèle au côté externe, fauve-doré; dans la femelle, cette rangée de taches est plus claire ; le mâle à aussi une bande noire oblique sur Je disque des premières ailes qui n’existe pas dans l’autre sexe. Des environs de Paris. El. coma, /1. comma, Fab. , que nous avons figu- beaucoup à la précédente; mais les taches fauves en dessus sont ici blanches en dessous. De Paris, H. icexe, 11. linea, Ochsen. Longue de 7 lisnes, envergure 12 lignes, God. , Lépidoptères d'Europe. Elle est entièrement fauve-doré, avec le limbe externe des ailes plus noir et la frange plus claire, une bande oblique droite sur les ailes supérieures du mâle ; les ailes inférieures sont plus claires ; la femelle est plus claire que le mâle, aussi le limbe des ailes et les nervures paraissent-ils plus foncés. Des environs de Paris, H. pamen, 4. paniscus, Fab., God., Lépido- ptères d'Europe. Longue de 7 à 8 lignes, envergure 12 lignes; ailes de dessus d’un brun foncé rou- geâtre, avec une grande quantité de taches car- rées, orangées, disposées assez régulièrement pour avoir valu à cette espèce le nom de Damier ; en dessous , le fond des ailes n’est plus que fauve foncé et les taches jaune-rougeâtre. Des environs de Paris. H. minor, À. aracinthus, Fab. , God., Lépi- doptères d'Europe. Longue de 7 à 8 lignes, en- vergure 12 à 19 lignes; entièrement d’un brun foncé , chatoyant en rouge en dessus, avec quel- ques taches jaunâtres au sommet de l’aile; en dessous , les supérieures sont de la même couleur- qu’en dessus, avec une frange marbrée de blanc, une bande dentelée jaune et quelques petites taches au sommet ; les inférieures sont jaunes, avec un rang de taches blanches entourées de brun, for- mant une large bande près de la frange, et quatre autres taches de grandeurs variables, mais de même couleur sur le disque; la femelle diffère peu du mâle, seulement les taches inférieures etle blanc de la frange paraissent un peu en dessous. Des environs de Paris. | H. pe LA Mauve, 11. malvæ, Fab., God., Lé- pidoptères d'Europe. Longue de 6 lignes, enver- gure 12 lignes; corps noir; ailes, en dessous, fauves-brunâtre, avec deux bandes plus foncées. parallèles au bord externe; la frange est entre- coupée de blanc et de la couleur du fond ; quel- ques taches transparentes existent sur les anté- : rieures, et d’autres blanchâtres sar les postérieu- res ; en dessous, les ailes sont d’un gris rougeâtre, avec les mêmes places plus foncées, comme en dessus , et les taches du dessus visibles. Des envi- rons de Paris. H. racës, A, tages, Fab., God., Lépidoptères d'Europe. Longue de 6 lignes, envergure 10 lignes; corps et palpes noirs; ailes en dessus brun cha- toyant, jaunâtres en dessous; une rangée de pe- tits points blanchâtres près la frange, visible en dessus et en dessous: Des environs de Paris. H. pu cuarpon, A. cardui, God., Lépidoptères d'Europe. Longue d: 6 lignes, envergure 10 lignes; corps noir; palpes blancs; ailes en dessus brun chatoyant, avec une grande quantité de petites taches blanches carrées sur ies supérieures et quelques unes sur les inférieures. La frange est en- trecoupée de blanc et de la couleur du fond, mais le blanc domine ; en dessous, les quatre ailes sonk HETE 6o7 HETE brun rougeâtre pâle, avec les taches du dessus apparentes, Des environs de Paris. (A. P.) HÉTÉROBRANCHE , Heterobranchus. (rorss.) Les Hétérobranches forment un genre parfaite- ment naturel; ils se distinguent aisément du reste des Malacoptérygiens abdominaux par une tête garnie d’an bouclier âpre, et plus large qu’au- un autre Silare, parce que les pariétaux et les frontaux donnent des lames latérales qui recou- vrent l'orbite et la tempe ; et ce qui les distingue de tous les poissons , c’est cette particularité, ob- servée chez eux, qu’outre les branchies ordinaires, ils ont des appareils ramiliés comme des arbres, adhérens à la branche supérieure du troisième et du quatrième arc branchial, et qui paraissent être - une sorte de branchies surnuméraires. Du reste, leur épine pectorale est forte et dentelée, mais il n’yen a point de telle à la dorsale ; leur corps est nu ainsi que leur dorsale ét leur anale. Îls appartiennent à la famille des Siluroïdes , assez semblables aux Pimélodes et aux Bagres. Le genre des Hétérobranches , tel qu’on le trouve dans quelques auteurs, peut se diviser en deux enres parfaitement caractérisés par leurs dorsales. premier, qui est propre au Nil , au Sénégal, et auquel on réserve le nom de Macroptéronote , où la dorsale, s'étendant jasque tout près de la cau- dale, augmente la surface de la queue, et donne par conséquent plus de force à l’instrument prin- cipal de la natation de Panimal. L'un d’eux, le Sxarmuru, vulgairement Poisson noir, Silurus anguillaris, à barbillons au nombre de huit aux mâchoires, à peau enduite d’une mu- cosité abondante, à une seule nageoire du dos très- longue. Cette espèce est très-connue en Egypte et en Syrie, et forme en ce dernier pays un grand ar- ticle de nourriture. M. De Joannis à donné la figure d’un jeune individu de cette espèce, dessiné par Jui à Luxor, d’après le vivant, dans le Magasin de Zoologie de M. Guérin , 1855 , classe 1v, pl. 14. L’Heterobranchus punctatus de Guvier et Valen- ciennes, qui a été figuré par M. Guérin dans l'Ico- nographie du Règne animal, Poissons, pl. 52, fig.5, etreproduit dans notre Atlas, pl. 206, fig. 6, ap- partient au sous-genre des Macroptéronotes, il est long de quatorze à seize pouces. Le second genre, dont les nombreuses espèces ha- bitent les Indes orientales, et que l’on désigne sous le nom de PLortose , a une seconde dorsale rayon- née, très-longue aussi bien que l’anale, et toutes les deux s’unissent à la caudale pour y former une pointe comme dans les Anguilles ; les lèvres sont charnues et pendantes ; la gueule est armée en avant de dents coniques, derrière lesquelles en sont de globuleuses. Une peau épaisse enveloppe la tête comme le reste du corps; la membrane branchiale a neuf ou dix rayons. |. On commence l’énumération par l’une de ceiles que l’on désigne sous le nom d’Anguillaris ; on lui donne cette dénomination comme préférence, parce que l’on verra que sa queue longue et déliée, que la viscosité de sa peau, que la position et la figure de ses nageoires , ainsi que la conformation de toutes les parties de son corps, doivent donner à ses habitudes une grande ressemblance avec celles de l’Anguille. (Azvn, G.) HÉTÉROBRANCHES. (morr.) M. de Blainville donne ce nom à un groupe dans lequel il réunit les Ascidies simples et composées et les Biphores. (Foy. les mots Ascrvre et Brpnone.) (Grenv.) HETEROCLITE, Zeteroclites. (o1s.) Genre de la fanulle des Gallinacés ayant pour caractères : un bec court , grêle, conique, comprimé latéralement: les mandibules supérieures, un peu courbées à l'extrémité, et ayant une rainure de chaque côté de leur arête; des narines latérales, placées à la base du bec, et couvertes par les plumes du front; les pieds emplumés jusqu'aux doigts ; ceux-ci au nombre de trois dirigés en avant et réunis jusqu'aux ongles, qui sont aplalis, et dont l'intermédiaire of- fre des sillons. La scule espèce que l’on connaisse est due à l'illustre Pallas, qui, par ses intrépides voyages dans des contrées inexplorées, concourut d’une manière si efficace à l'avancement des sciences ; c'est le Tetrao paradoxa , ou bien, suivant le nom que lui a donné Vieillot, l’Hétéroclite de Tartarie: Palias l’a découverte dans les plaines arides de ce vaste empire, auprès du lac Baïkal; il paraît qu'elle s’y rencontre assez fréquemment quoi- qu'elle soit très peu connue, ce qui doit être attri- bué à ce qu’elle habite un pays rarement visité par les savans et dont les indigènes repoussent con- stamment toute idée de civilisation , ainsi qu'au paturel farouche dont elle semblent douée ; elle se tient presque constamment cachée dans leslieuxles plus retirés et les plus abruptes; son empressement à fuir l'approche de l’homme est tel que Pallas n’a pu se procurer sur ses mœurs aucun détail; c’est au voyageur Delanoue que nous devons le peu que nous en savons. [l paraît que sa marche est lente, son vol rapide, élevé , mais peu soutenu ; qu’elle se nourrit/des graines que le vent a amenées sur le sa- ble ; que son nidse compose à l'extérieur de sable, à l’intérieur de quelquesJbaies de graminées; qu'elle y dépose 4 œufs blancs, tachetés de brun, etc. Cette espèce a le dessus de la tête d’un gris cendré clair; le haut du cou &un orangé foncé ; la poitrine traversée d’un croissant noir qui s’é- tend d’une aile à l’autre; le ventre d’un cendré jaunâtre traversé d’une bande noire qui remonte sous les ailes; les parties supérieures d’un cendré jaunâtre; les plumes du dos sont terminées par un croissant noir, et les moyennes pennes alaires sont bordées de pourpre. La queue est d’un cen- dré foncé. (V. M.) HÉTÉRODON. (rgPT.) On donne ce nom, formé des mots”grecs, ërepos, différent, et ô%ù, dent, à un groupe de Serpens voisin des Couleuvres avec lesquelles on le confondait autrefois, et qui s’en distingue non seulement par une proportion plus grande des dents maxillaires supérieures posté- rieures, caractère qui n’est pas aussi tranché qu’on l'avait cru d’abord, mais encore par le museau relevé en pointe à son extrémité comme une sorlé de groin, ce qui a valu à ces Ophidiens le nom © HETE 608 HETE a —_—_—_—— ———— ————…————————— "| vulgaire de Serpens à nez de cochon, Hog-nose. Les Hétérodons ont d’ailleurs le corps allongé des Couleuvres , mais leur queue est un peu plus courte et moins grêle; la tête est plus trapue , plus déprimée que dans les Couleuvres proprement di- tes, arrondie en avant d’une manière plus brusque; les yeux, de grandeur médiocre , sont protégés en dessus par une orbite saillante entourée en avant d’une rangée de petites plaques, comme dans le genre Périops; la fosse préoculaire est très-pro- noncée , et les narines largement ouvertes sur les côtés de l'extrémité du museau. Les Hétérodons ont des écailles grandes, larges , subverticillées , disposées en chevrons sur le dessus du corps ; ils alteignent à peu près les proportions de nos Gou- leuvres : leurs habitudes sont peu connues. Les Hétérodons sont propres à l'Amérique. De ce genre est l'HÉTÉRODON NOTRATRE , d’un vert bronzé uniforme en dessus du corps, ardoisé ou noirâtre en dessous, Les Rhinostomes sont des serpens fort voisins des ;Hétérodontes par la plupart des caractères extérieurs; ils s’en distinguent seulement par leurs écailles entièrement lisses. Le type de ce genre est Le Runosrome rAcuETÉ, Col. constrictor ou Boa contortrix? Vipera nasua? Hog-nose snake ? mar- qué de longues taches brunes irrégulièrement ar- rondies sur un fond grisâtre ou jaunâtre ; une ta- che de même couleur en travers sur le museau, suivie de taches en chevron et d’une tache num- mulaire imprimée sur la nuque. Les Xénodons se rapprochent des genres pré- cédens par la disposition générale ; mais leur mu- seau obtus n’est pas relevé comme dans les Hété- rodons ; leurs écailles sont carénées. Les Xénodons sont propres à l'Asie. Le type de ce genre, le Xé- NODON TERNE, À. inornalus , attend, pour être mieux connu , que la politique lève l’embargo jeté lors de la révolution de la Belgique sur les manuscrits de Boié. Les Ophis sont encore des serpens qui se ratla- chent aux Hétérodons et aux Xénodons par Ja disposition générale ; mais leur museau est mousse comme celui des Xénodons; les yeux ne sont pas entourés par de petites écailles , comme ceux des Hétérodons, et leurs écailles lisses les distinguent des Xénodons. Les Ophis sont propres à l'Améri- que ; tel est L'Ornis sAurocÉPHALE, Col. saurocephalus , du Brésil; d’une taille un peu au dessous de celle de nos Couleuvres à collier, verdâtre en dessus, avec des taches brunes foncées disposées en chevrons et irrégulièrement bordées de jaunâtre sur le tronc et la queue; trois de ces taches forment sur le des- sus de la tête des sortes de fers à cheval dirigés en arrière; le ventre est noirâtre. (Lx HÉTÉRODONTES. (poiss.) M. de Blainville nomme ainsi les Cestracions, sous-genre de SQuA- LEs. Voy. ce mot. (Guén.) HÉTÉROGYNES. (ins. ) Famille d’'Hyméno- p'ères, seclion des Porte-aiguillons, distincte des autres familles de la même section, parce que dans les espèces solitaires les femelles sont aptè- res, et que dans les ‘espèces vivant en société les neutres, ou femelles avortées, sont dans le même cas; ces deux sorles d'individus manquent en outre assez souvent d’yeux lisses. Cette famille contient deux tribus, les Mutillaireset les Formicaires. k (AR: ) HÉTÉROMÈRES. ( ins. ) Section de l’ordre des Goléoptères , dont le caractère est d’avoir cinq articles aux tarses des deux paires de pattes anté- rieures , et seulement quatre aux tarses postérieurs. Cette coupe éloigne bien des insectes qui pourraient être rapprochés, et mérite d’être étudiée avec soin , même sous Je caractère qui la distingue et qui n’est peut-être pas très-exact. (AS TP2)1T; HÉTÉROPHYLLE. (207. rmax. ) Ce nom, qui indique varialion dans la feuille, a été appliqué aux plantes qui, sur an même individu , offrent des feuilles dissemblables ; ces exemples ne sont pas rares; ainsi le Mûrier à papier , le Lierre ont des feuilles, les unes parfaitement entières, les autres à deux, trois vu plusieurs lobes ; le Lilas de Perse a souvent sur la même branche des feuil- les entières et des feuilles incisées ; et, en général, les plantes qui ont des feuilles radicales, c’est-à- dire partant immédiatement du collet de laracine, les ont rarement semblables à celles qui naissent sur les différens points de la tige. Des causes parliculières rendent les plantes Hé- térophylles ; telle est la dégénérescence des pé- tioles communs et l'avortement des folioles dans plusieurs espèces de Mimosa et d'Oxalis. Les feuilles des plantes aquatiques varient ordinaire- ment de formes, selon qu’elles plongent dans l’eau ou qu'elles nagent à sa surface. La Renoncule aquatique , par exemple, a les premières lobées et les autres divisées en lanières capillaires. Suivant une remarque de Bory de Saint-Vin- cent , on trouve des plantes Hétérophylles en fort grand nombre dans les îles volcaniques de forma- tion récente; ce sont pour ainsi dire des essais de végétalion dont les formes ne sont pas encore ar - rêtées. (L.) HÉTÉROPSIDES. (win.) /’oy. Méraux. HÉTÉROSITE. ( mix. ) Cette substance miné- rale, d’un gris-bleuâtre et d’un éclat gras, a recu : d’Alluan , qui l’a découverte, le nom d'Hétérosite, d’un mot grec qui signifie différent, parce qu’elle change de couleur et d'aspect dans ses parties qui s’altèrent par l’effet de l’action atmosphérique : ainsi sa couleur gris-bleuâtre se change en un beau violet, son éclat gras se perd, ctelle devient terne, L’Hétérosite, lorsqu'elle n’est pas allérée , raie le verre et est rayée par une pointe d'acier. On ne l'a point encore trouvée cristallisée, mais elle est sus- ceptible de se cliver suivant les faces d’un prisme rhomboidal oblique. L'analyse qu’en a faite M. Du- frény a donné les résultats SUiVADS : , Acide phosphorique - . 41 77 Protoxide de fer . . . . 34 89 Protoxide de manganèse. 17 57 Eaub Des SMS): 4 140 Silice MERS MERE. 20H22 Pertes RESONEMET. , . 14020 Ce phosphate 100 00 on ue - (4 z.aæ. 4. etre 5. Hibou moyen Due E Céerrun dr rs DONC Le Co phosphate dé fee n trouvé danses roches dspathiques appelées pegmaiités., ux éns irons Lunage CIM.) MARE, Fagns. (noi prix el aûn.) Quatre l'esphccs constituent 0& genre de la famili: éntagées Leibu des CGnpulifères, et de La molgandne. Eaistfregrésonté en France aghes des Vasges, du Jury, des Alpes, it des Prtépées, sa véritable paire, Bomiconms, E sylvalice qui croit en dribus blé l'Europe, jusqu bof tle- ake: : à geo , ti Norvège, dans mes) favorables, Où le voi remplacé nle Hérax masnecneux, E ferragt- Willes pourpres ot acuminées, et dans es polaires par trois cspètes indigènes magellaniques, Je #.\heryloides, le F, AT, lantarchice , en sdnrettant que rette pèce, indiquée par Forster nil canser- ot ee possédera la Bent femelle. On ne nie Môtres dus les zones intértropi- Hole qu'au ne légitime an_jour l'espèce Miro indique comme appartenant à la 2x w sr à D AE AU NE D AS AL NPC LAN Mc EdueS an me mére mag rt mm ET : BRENT Ah ner égent, HET él'AWerronnise : le tonrneur er fit l'aré rÉgu- lsteutdetebtonr ;/le marin lui demande ses ave rons DÉS NME Snphorient sans ke rempnéles efforts les plus grandsudés choct les lue brusyréss ke labobrenr, tes instrümens de « wltire! les colliers de ses bêtes de one été. f le risuerôn, ley ed peaux qui dhivent. Rététiéfitompliter Lx clarifica lion de ses wine 7 le 4 tous les bois vui dote vent rester, dans l'en FRAME des montres, sa-chaussure; hé constritéitlendlémens néces aires à 344 construire les vaisseau l'agchitocte, d'éxt Te la. connalssener. Ages avoir. kbartt Var sémost Fsyard ei loatens, se Este rébrarqer Pat ? d'ou vert d'au coratén gb ne et tomhébent te Hibos un 4 OP 0 HETR 609 HETR' Ce phosphate de fer a été trouvé dans les roches feldspathiques appelées pegmatites , aux environs de Limoges. (J. EH.) HÈTRE, Fagus. (roT. pnax. et AGr.) Quatre ou six espèces constituent ce genre de la famille des Amentacées, tribu des Cupulifères, et de la Monoécie polyandrie. Il est représenté en France sur les montagnes des Vosges, du Jura, des Alpes, des Cévennes et des Pyrénées, sa véritable patrie, par le HÊrRe commun, F, sylvatica ,-qui croît en vastes forêts dans toute l'Europe, jusqu’au 59° de- gré de latitude septentrionale, en Norwége, dans des expositions favorables. On le voit remplacé plus haut par le HÊrRE FERRuGINEUx , F°. ferrugi- nea, aux feuilles pourpres et acuminées, et dans les contrées polaires par trois espèces indigènes aux terres magellaniques, le /". betuloïdes, le F. dubia et le F. antarctica, en admeltant que cette dernière espèce , indiquée par Forster, soit conser- vée quand on en possédera la fleur femelle. On ne connaît point de Hêtres dans les zones intertropi- cales, à moins qu’on ne légitime un jour l'espèce que Loureiro indique comme appartenant à la Cochinchine. Aucune espèce d’arbre n’a le port ‘plus élégant, plus régulier, plus majestueux que le Hêtre com- mu. Il est répandu dans les forêts de l'Europe et de l'Amérique septentrionale; ily dispute aux arbres résineux la croupe des montagnes, sur les- quelles il monte à dix-huit cents mètres au dessus du niveau de la mer; il s'associe dans le fond des vallées , sur le penchant des coteaux et plus rare- ment dans les plaines, au Ghêne et au Charme. Son tronc droit, épais, acquérant jusqu’à trois ct quatre mètres de circonférence , est soutenu par des racines qui s'étendent fort peu, ne s’enfoncent -pas à plus de quarante ou soixante centimètres, d'une grosseur moyenne et garnies d'un che- velu demandant à peine une couche de terre vé- gétale, mais redoutant les terrains marécageux. Celui qui a dit que le Hêtre ne prospérait avec vi- gueur que dans un sol calcaire a fait preuve de l'ignorance la plus grossière. Jusqu'à l’âge de quinze ans, la croissance de l'arbre est assez lente, les branches très-nombreuses et leurs rameaux divisés, menus, un peu pendans, qui l’envelop- pent, se pressent les uns contre les autres (voy. dans notre Atlas la pl. 207, fig, 1); mais alors le tronc se dégage, s’élance rapidement, arrive jusqu’à vingt et vingt-six mètres et va balancer dans les airs sa voûte touflue, arrondie, et de la plus belle verdure. Sous une. écorce unie, gris-cendré, moins su- jette que celle du Charme à se charger de Mous- ses et de Lichens, à se gercer, à perdre de son poli, l’on trouve un bois éminemment élastique, susceptible de répondre à tous les besoins de l’in- dustrie, devenant très-dur lorsqu'on l’a plongé dans l’eau ou dans de l'huile bouillante. Comme bois de chauffage, il brûle vite, mais aucun ne produit une chaleur plus vive, aucun ne donne un charbon meilleur ni des cendres plus riches en potasse; il sert à divers ouvrages de menuiserie Tome IIL et de charronnage ; le tourneur en fait l'arc régu- latcur de son tour ; le marin lui demande ses avi- rons, parce qu'ils supportent sans se rompre les efforts les plus grands , les chocs les plus brusques; le laboureur; ses instrumens de culture, les colliers de ses bêtes de somme, etc.; le vigneron, les co- peaux qui doivent hâter et compléter la clarifica- lion de ses vins ; le meunier, tous les bois qui doi- vent rester dans l'eau; l'habitant des montagnes, sa chaussure ; le constructeur, les élémens néces- saires pour construire les vaisseaux; l’architecte, d'excellentes poutres et solives quand l'arbre à subiles préparations convenables, sans lesquelles il se fend très-aisément et est attaqué par les vers. Ces prépärations se lrouvant essentiellement liées au sujet dont je traite, je crois utile de les consigner ici; je Le fais d'autant plus volontiers que, le Hôtre se trouvant partout en France, il importe d’en propager la connaissance. Après avoir abattu l’arbre dans la force de la séve, au commence- ment de l'été, laissez-le reposer une année , puis divisez le tronc et les branches en parties appro- priées à la destination proposée ; soumettez-les ensuite à l’action de la flamme soutenue avec des copeaux et du fagotage jusqu’à ce que la surface du bois soit un peu charbonnée, ou bien tenez- les _plongées dans de l'eau durant quatre à cinq mois environ. Le feuillage du Hêtre, que l’on nomme vulgai- rement Foyard et Fouteau. se fait remarquer par sa fraîcheur, sa précocité, sa couleur d’un vert gai luisant , et sa persistance jusqu’au commence- ment de lhiver : il brunit, se fane et tombe en partie, l’autre partie ne cède la place qu'à la feuillée nourelle. Les feuilles sont simples , alternes , ova- les-arrondies, un peu fermes, longues de cin- quante-cinq à soixante-dix millimètres, à peine pointues , fort peu dentées, légèrement pubescen- tes dessous et en leur bord, traversées par des nervures obliques parallèles, et portées sur des pétioles courts, accompagnés de stipules roussä- tres, sèches, étroites et roulées en dessous par les bords. Dans quelques contrées, en Angleterre principalement, les paysans remplissent le som - mier de leurs lits des feuilles sèches du Hêtre; dans d’autres on les ramasse pour les donner aux moutons. En avril et en mai le Hêtre fleurit. Ses fleurs, peu apparentes, sont placées vers l'extrémité des ra- meaux, à l’aisselle des fevilles; les femelles sont soli- taires sur un pédoncule courtet très-droit (pl. 207, fig. 4); les mâles, ramassées plusieurs ensemble en chatons globuleux, pendans; longuement pé- donculés (pl. 207, fig. 2), se dressent au moment où les anthères oblongues de leurs cinq à neuf éta- mines lancent autour d'elles leur poussière fécon- dante. Du calice épais, coriace et velu de la fleur femelie, sort un fruit épineux, gros comme un gland, triangulaire, se fendant au sommet en quatre parties au mois d'octobre, époque de la maturité, pour donner passage à deux graines brunes, lisses, triangulaires, oblongues , appelées Faîxe (voyez ce mot), contenant une amande blanche, d’un 257° Livraison. 77 ? é ns ché = ñ F . HETR 610 HEUG coût agréable , que lon mange avec plaisir et dont on relire de l'huile (pl. 207, fig. 3.) Pour multiplier le Hêtre on a recours aux semis faits en terre douce et franche, depuis le mois d'octobre jusqu’en février ; ceux de la première époque réussissent toujours le mieux. Les insectes et les petits mammifères qui vivent sous terre y causent de grands désastres ; tous sont très-friands de la Faïîne. Les plantations régulières se font quand l’arbre a un mètre et demi de haut, sans recourir à l’horrible système de l'étêtement , et sans diminuer ses racines. Le Hêtre auquel on impose ces mutilations périt presque toujours ; s'iléchappe, il est sans force, sans grâce, se courbe et n’est bon à rien. On en fait des palissades beau- coup plus hautes, d’un aspect plus agréable que les charmilles et les ormilles. En nos départemens du nord-ouest, on enclot volontiers les fermes d’un rideau de Hêtres ; c’est aussi l’usage dans le département de la Haute-Vienne; on plante encore cet arbre le long des routes; il y vient très-haut, atteint l’âge de cent ans sans perdre de sa vigueur. Tenu en quinconce, il offre de superbes tiges, témoins celles que l’on voit à Avremenil, arron- dissement de Dieppe. On le traite ordinairement en futaie quand le sol est de bonne qualité , et en taillis dans les terrains maigres. En cette dernière culture, lors même qu'il aurait été coupé très- jeune , le Hêtre ne se reproduit que fort lentement durant les premières années, non pas, comme le dit Hartig , l’oracle de certains forestiers, parce que l'écorce n’est point favorable à la formation ni au développement des rejetons, puisque ces rejetons sont dix fois plus nombreux sur la sou- che d’un jeune Hêtre que sur celle d’un Chêne à la première et même à la seconde année de l’ex- ploitalion, mais bien parce que la grande proxi- mité de ces rejetons occasione la faiblesse de cha- cun séparément, jusqu'à ce que quelques uns d’entre eux, s’emparant de la séve, affament et fas- sent périr leurs voisins. Alors les brins vigoureux grandissent pour ainsi dire à vue d’œilet rivalisent promptement avec le Ghêne, qui les cachait tout à l'heure sous son ombrage. Une remarque singulière : le Hêtre veut vivre à la surface du sol. Si celui-ci éprouve un exhaus- sement brusque et notable, comme il arrive dans le voisinage de la Baltique et sur les côtes du Chili, l’arbrese crée un nouveau collet de racines, le précédent ne prend plus aucune part à l’ac- croissement quelque considérable qu'ilsoit, quelque longue que soit la durée du temps écoulé depuis l’exhaussement ; un immense chevelu entoure les nouvelles racines. En parciiles circonstances le Chêne et l’Orme se conduisent d’une manière tout-à-fait opposée. On à dit que le Hêtre était l'arbre qui bravait le mieux les grands vents et les expositions fort ouvertes, Je ne crois pas à cette assertion , je l'ai vu partout perdre sa tête dans les bourras- ques. Quant aux expositions , celles da nord lui est favorable dans les régions tempérées ; sur les hautes montagnes il vient mieux au midi ; c’est à l’est sur les élévations secondaires et tertiaires. Nous lui connaissons cinq variétés : une à feuil- les d’un vert cuivreux ; la seconde à feuilles inci- sées en forme de crête de coq et ramassées en paquet; la troisième à feuilles linéaires ; la qua- trième à feuilles panachces ; la cinquième, la plus intéressante de toutes, la seule qui mérite de fixer l'attention, parce qu’elle contraste d’une manière très-piquante dans les bosquets , c’est le Hêtre pourpre. Au commencement du printemps, ses feuilles sont d’un rouge cerise; elles sem- blent enflimmées lorsque le vent, les agite et que les rayons du soleil relèvent leur éclat ; à mesure qu’elles grandissent et prennent de Ja force, cette couleur acquiert progressivement de l'intensité ; vers la fin de l'été, elles deviennent pourpres et se foncent tellement qu’elles en paraissent noires en dessus , tandis que le dessous est d’une teinte mordorée. En automne, pendant que le feuillage des autres arbres rougit, celui du Hêtre pourpre se nuance de vert, il dure long-temps , est bordé de dents pointues et distantes, et couvert d’un duvet cotonneux en dessous. Ces diverses va- riétés ne se multiplient ordinairement que par la greffe en approche, qui réussit presque toujours ; cependant on peut aussi recourir aux SEMIS. Deux espèces de Hêtres existent au Chili, par les 30° et 4o° degrés de latitude sud ; elles sont peu connues et nullement cultivées en Europe ; nous les devons à Dombey; l’une est le HÊTRE ro- BL£, #. obliqua, arbre très-élevé , fort abondant aux environs de la Conception ct fleurissant en septembre ; l’autre est le HÈTRE corGuÉ, F. Dom- beyi, qui peuple de grandes forêts et fournit d'ex- cellent bois de construction; ses feuilles sont nombreuses, rapprochées et accompagnées de sti- pules fugaces, très-petites. (T. ». B.) HEVÉ. (8or.) Avec ce nom, d'origine careïbe, Aublet a constitué un genre dans la famille des Euphorbiacées pour l'arbre qui produit la gomme élastique. Une consonnance trop complète per- metiant de confondre cè genre avec un autre créé par lemême botaniste sous la dénomination scien- tifique de Ævea, comprenant l'arbre que les Gali- bis appellent Evé, qui fait partie des Rubiacées , on a dû changer le mot et adopter celui de Sim- phonia, proposé par Schreber : nous en parlerons donc à l’article SIMPHONIE. (T. ». B.) HEUCHÈRE , Æeuchera. (8or. PHAN.) Genre de la famille des Saxifragées et de la Pentandrie di- gynie, établi par Linné, et caractérisé ainsi : calice campanulé à cinq divisions peu profondes et obtu- ses ; corolle à cinq pétales lancéolés, un peu étroits , insérés sur le bord du calice entre ses divisions; étamines au nombre de cinq, à filets sétacés, plus longs que les pétales, et à anthères arrondies ; ovaire semi-infère, légèrement conique, bifide au sommet , et surmonté de deux styles droits de la longueur des étamimes et à stigmate obtus ; cap- sule ovale, pointue, terminée supérieurement par deux pointes ou cornes réfléchies, et divisée en deux loges polyspermes. C'est à l'Amérique sep- année mi qq HEXA G11 HIBB Cr tentrionale qu'appartiennent toutes les espèces de ce genre, Pallas a cependant trouvé au Kamtchatka l’es-° pèce désignée sous le nom de /euchera caulescens. * Pursh (F1. Am. sept., I, p. 187) décrit cinq es- pèces de ce genre, qui, de même que les Saxi- frages en Europe, se plaisent dans les localités montueuses de la Pensylvanie, de la Virginie et de la Caroline. L'espèce suivante est cultivée dans les jardins de botanique : Heucaèïre D'AmÉrIQUE , /1. americana, Linné : 1. viscida , Pursh; Æ, cortusa, Mich. Cette plante, par son feuillage , ressemble à la Cortuse de Mat- thioli et au Sanicle, ce qui-lui a fait donner le nom de Cortusa sanicula par les anciens botanistes, tels que Hermann, Rai et Plukenet. On la recon- naît à ses feuilles radicales , cordiformes , longue- ment péliolées , un peu incisées en six ou sept lo- bes obtus, mucronés, ciliés, dentés; à ses tiges droites, gréles, nues, hautes de trois décimètres et plus, ct terminées par des fleurs nombreusés, petites, d’un vert rougeâtre , et disposées en grap- pes pyramidaies. Elle croît communément et sur les rochers de la Nouvelle-Hollande et sur ceux de l'Amérique jusque dans la Caroline, (G. £.) HEULANDITE. (minËr.) Ge silicate alumi- neux, que Haüy rangeait parmi les stilbites et qui en offre en effet l'éclat brillant et nacré, en dif- fère en ce qu'il est plus dur et qu’il est chimi- quement différent. Il se compose de 59 à 60 parties de silice, de 16 à 17 d’alumine, de 17 de chaux et de 13 à 14 d’eau. Il cristallise en prisme rectangulaire oblique. On le trouve dans les mêmes localités et dans les mêmes roches d’o- rigine ignée que celles qui renferment la TN HÉXAGYNIE, Jlexagynia. (mor. rnan.) Ce nom, dans le système linnéen , désigne l’ordre des plantes dont la fleur porte six pistils ou styles ; tel est le Butomus ou Jonc fleuri, et quelques au- tres appartenant à l’Ennéandrie, à l'Hexandrie et à la Polyandrie. (L.) HEXANDRIE, /exandria. (BoT. PHan.) Sixième classe des végétaux dans le système linnéen , com- prenant ceux dont les fleurs ont six étamines: les Liliacées , les Joncées, les Asphodélées , les Aspa- raginées , quelques Rubiacées , Graminées, et Pal- miers, etc, , composent celte classe, une des plus nombreuses du système. Il ne faut pas y com- prendre les plantes dont la fleur a six élamines iné- gales , deux petites étant intermédiaires aux quatre grandes ; cette disposition constitue la Tétrady- namie. j Le nombre six est-un des plus réguliers dans l'organisation florale ; il paraît avoir élé type nor- mal dans Ja plupart des Monccotylédonées , aux- quelles appartient l’Hexandrie’ presque qe a HEXAPODES. (ins) Nom par lequel on distin- gue les Insectes proprement dits dont le caractère rigoureux est d’avoir six pieds, tandis que sous celui d Entomcs on comprend les Annélides, les Crus- tacés, les Arachnides et les Myriapodes, qui ont avec les Insectes le caractère commun d’avoir un corps et des pieds divisés par segmens. (A. P.) HIBBERTIE, Æibbertia. (s0r. pan.) Ainsi que je l'ai dit plus haut, tom. 11, pag. 540, ce genre de plantes a été justement détaché par Sa- lisbury des Dillénies, avec lesquelles il fut dans l’origine confonda ; les nombreuses espèces (on en comple en ce moment dix-neuf) déconvertes dans la Nouvelle-Hollande ont pleinement justifié celte coupure. L'on n’est point d'accord sur la place à lui donner dans l’ordre des familles. Les uns le comprennent à la suite des Magnoliaciées ; les autres l’inscrivent dans ce qu'ils nomment les Dilléniacées, famille aussi pauvre que mal conçue. Quand on l’examine avec soin, on reconnaît aisé- ment qu'il appartient essentiellement aux Renon- culacées et qu’il est naturellement appelé auprès des Pivoines : voila du moins ce que me disent les caractères du genre Hibbertie, et ce que j’adopte de préférence aux opinions émises jusqu'ici. Ce genre a été dédié par son fondateur à son compatriote Georges Hibbert, amateur distingué auquel l'Angleterre doit l'introduction de beau- coup de végétaux exotiques, surtout de ceux qui pullulent au cap de Bonne-Espérance. Il est com- posé de sous-arbrisseaux à tiges sarmenteuses, quelquefois tombantes, dont les rameaux nom- breux sont garnis de feuilles alternes, un peu co- riaces, entières ou dentées, médiocrement pétio- lées, et terminés par des fleurs jaunes, solitaires, inscrites dans le système linnéen dans la Polyan- drie polygynie. Elles ont, en effet, les étamines nombreuses, de deux à quinze ovaires supères, avec un calice à cinq divisions persistantes, cinq pétales caducs, les styles divergens et donnant des capsules membraneuses contenant chacune une ou deux graines sans arille, L'espèce à laquelle Ventenat et Andrew donnent le nom de grimpante, Æibbertia volubilis , ne l’est réellement pas; sa tige principale, cylindrique, velue à son sommet, s’allonge ; mais ses rameaux sont courts ; elle a de belles fleurs jaunes , grandes, presque sessiles, fort agréables à voir, se succé- dant toujours brillantes durant les longues jour- nées de l'été, mais répandant autour d'elles une odeur stercorique des plus révoltantes. Image de ces hommes du pouvoir que le luxe éclatant envi- ronne, mais dont la bassesse et les crimes se dé- cèlent aux yeux de qui sait les fixer, Cette Hib- bertie et le système que je dénonce ont été intro- duits chez nous en 1793, par le commerce anglais. Une autre espèce, introduite en France depuis 1817, l'Higsertie penréx, A. dentata, offre réellement une tige volubile s'élevant à trois et quatre mètres en s’entorlillant autour de l’arbre voisin ; ses rameaux rougeâtres, son feuillage d’un vert foncé, ses corolles larges et d’un très-beau jaune, en font une plante très-pittoresque, qu'il faut tenir haute, car ses fleurs ont le même incon- vénient que celles de la précédente. Elle s’épa- nouit en avril, mai, juin, et n’est point diflicile sur Ja culture. HIBE G12 HIBE Je citerai encore l'HIBBERTIE A FEUILLES CRÉNE- LÉES , 1. grossulariæfolia , fort joli arbuste ram- pant et grimpant, aux rameaux d’un rouge vif, aux feuilles plus pelites que celles du Groseillier, d’un beau vert, aux fleurs petites, jaune brillant ; l'Hissentie TouBaNTE, /1. procumbens , découverte par La Billardière; et l’HisserTie prFFuse , /1. dif- fusa , qui a beaucoup de rapports pour la forme de sa corolle avec celle de la Potentille printanière. (Fin HIBERNATION. ( Puysior. ) Etat intermédiaire entre la plénitude de la vie et sa cessation totale, où se trouvent, durant un, deux et même quatre mois, certaines espèces d'animaux. On l’a très-im- proprement appelé sommeil hivernal, léthargie cau- sée uniquement par le froid, puisque plusieurs des animaux qui y sont sujets, tenus et nourris en domesticité, ne s’endorment point malgré la ri- gueur du froid. Ce phénomène est, depuis 1800, le sujet des études des physiologistes; il n'avait point échappé aux anciens, que l’on trouve tou- jours en védettes sur la route de l'observation; mais , comme les termes de comparaison n'étaient pas assez nombreux sous leurs yeax, ils n’ont pu déterminer sa nature , ou du moins en donner une explication satisfaisante, Après eux, on s’esl con- tenté de constater le fait; quelques naturalistes ont émis des opinions plus ou moins erronées , que le docteur Cleghorn, d'Edimbourg, a couronnées, en 1784, par celte singulière assertion, que le phé- nomène est dû en partie à l’action du froid et plus particulièrement à l’air méphitique au milieu du- quel l’animal se trouve enfermé, D'après la théorie de Spallanzani, connue dès 1789, l'Hibernation était produite par un accroisse- ment très-sensible dans la rigidité dela fibre mus- culaire, et par conséquent par la diminution de l’ir- ritabilité; mais, les expériences sur lesquelles le savant observateur italien l’appuie manquant de la rigueur qu’on était en droit d'attendre de lui, Carlisle (en 1805) et Mangili (en 1806) crurent devoir les reprendre en sous-œuvre, et pour les rendre plus exactes, ils s’imposèrent l'obligation d'en augmenter le nombre. Selon les remarques de Saissy, de Prunelle et du dernier physiologiste que je viens de nommer, publiées en 1807 et 1808, il suflirait que la température atmosphéri- que s’approchät de zéro, et que l'animal fût placé de manière à n’éprouver l’action d'aucun courant d'air, non plus que celle de la lumière, pour que le phénomène eût lieu. L'animal qui doit subir l’'Hibernation ferme son terrier, se contracte, se Lient pelotonné, immobile, raide et les yeux fer- més; les fonctions les plus importantes de la vie se suspendent; la respiration , considérablement ralentie , est à peine perceptible ; le sang quitte les extrémités pour engorger les vaisseaux de l’abdo- men ; il y a abstinence de toute espèce de nutri- tion et cessation complète de toute sécrélion ; l'exercice de la sensibilité et l’irritabilité sont tel- lement oubliés, perdus, que l’on peut agiter l’a- nimal, le rouler, le disséquer même, sans le tirer de sa Lorpeur, Ces conditions sont -préparées par le peu d’étendue et de développement de l'appareil respiratoire, par la grande capacité du cœur, des artères et des veines, par la température très-basse du sang, par la qualité de la bile et celle de la peau, qui est très- dense cet très-épaisse. Ainsi, tou- jours d’après les mêmes auteurs, le froid com- mence à décider de celte sorte d’asphyxie incom- plète ,et l’organisation l’achève ; l'animal meurt si le froid est trop vioient, il se réveille au retour du printemps , pourvu que le mercure monte plus haut que cinq à sept degrés centigrades au dessus de zéro. Cependant ces lais de l’engourdissement n’ont rien de positif; l'Hibernation n’a réellement pas pour cause essentielle l’action du froid nil’absence des causes irritantes, puisqu'il est des animaux qui se réveillent à un degré de froïd un peu vif tout aussi bien et même quelquefois plus prompte- ment que par la chaleur, la vapeur de l’ammonia- que et l'excitation électrique , ainsi que nous avons eu l’occasion de le constater durant les hivers ri- goureux de 1820 et de 1830. Le phénomène n’a point lieu non plus chez tous les individus au même degré d’abaissement de la température atmosphé- rique, puisqu'il en est chez lesquels il se manifeste sous l’influence d’une température très-élevée. La durée et l'intensité de cet état singulier , ses divers: degrés d’intermittence et les causes réelles qui les déterminent, les rapprochent ou Îles éloignent, sont encore fort obscurs. Rien de moins certain que les systèmes osseux, nerveux et musculaire des animaux hibernans (et je me sers ici de ce mot dans sa plus grande extension ) présentent, comme on l’adit, des différences marquées avec leurs con- génères apprivoisés , qui, je le répète, cessent d’en éprouver les effets, et avec ceux qui ne sont nulle-, ment sujels à l'Hibernation. A-t-on bien examiné létatphysiologique de ces animaux en étécommeen hiver? Si le thymus et d'autres glandes diminuent Ja capacité de la poitrine dans les Mammifères hi- bernans , comme l’aflirmait G. Cuvier, à quelle époque ce phénomène physiologique a-t-il lieu ? Ceite compression est-elle réellement beaucoup plus forte en hiver qu'en été, comme l'avance Prunelle? De quelle manière s’opère-t-elle chez la Chauve-souris, le Hérisson , le Lérot, le Loir, la Marmotte, le Bobak, le Hamster, le Muscar- din, la Gerboise du Ganada , le Saumon du Groën- land , etc. , qui s’engourdissent aux premières at- teintes du froid , et chez le Tanrec de Madagascar , l’'Echidné de la Nouvelle-Hollande, quelques Pois- sons, de grands Serpens, le Pctrel diablotin de la Guadeloupe ( j'ajoute l’Albatros des Tropiques, le Cormoran da Cap et de l'Amérique du Sud, mais avec doute), etc., qui s’engourdissent périodique- ment sous le ciel embrasé de l’équateur? Si les causes mécaniques sont ici les mêmes, celles des phénomènes chimiques sont bien différentes et de- mandent à être examinées sévèrement et dans leurs … circonstances les plus minimes. Enfin, il serait bon, pour résoudre d’une manière complète et sa- tisfaisante, la question de savoir si les animaux qui éprouvent cette torpeur par des causes si diamé- oo, HIBE 613 HIBE A ————————_—__————————"—_——————" ———_—"—— —…—"—"—"——_—_—.———— ————_—_—_—— tralement opposées , y sont encore sujets en chan- geant de latitude, c’est-à dire en transportant au midi ceux du nord, et ceux-ci dans les régions équatoriales. : En 1825 , pendant que je témoigmais ces doutes, que je publiais ces questions adressées aux savañs, un professeur de Breslau, À.-G. Otto , écrivait sur l'Hibernation ; son mémoire parut à Bonn, en dé- cembre 1826. L'auteur s’y livre à des recherches curieuses, basées sur des expéricnces suivies et des observations anatomiques comparées sur des animaux hibernans, et sur ceux qui, appartenant aux mêmes familles , n’hibernent pas. Il démontre, par la conséquence des faits exposés, 1° que les animaux hibernans ne présentent nullement la structure particulière que Saissy et Mangili leur attribuent ; que tous, sans exceplion, ont l’artère antérieure le plus souvent petite et ne s’avançant pas dans le cerveau par la voice ordinaire, ce qui fait que de prime-abord on croit aisément qu’elle manque ; mais elle passe en tout ou en partie par la cavité du tympan , entre les deux branches bien allongées et fortement arquées de l’étrier , où elle est soutenue par une petite solive osseuse qui l’ac- compagne en dessous ( Carlisle appelle cette solive Pessulus ) ; après plusieurs détours, ele vient en- suite distribuer le sang au cerveau et à différentes parties de la face; 2° le cerveau est très-riche en artères , et n'offre aucune variante sous ce point de vue avec le cerveau des animaux congénères non hibernans ; 5° si les artères de l'éncéphale pa- raissent plus petites et très-rares, cela provient de ce que la masse cérébrale des animaux hibernans est très-petite relativement au volume du corps, et qu'un petit cerveau ne peut avoir de grosses ar- tères; 4° les veines sont très-vrandes et très-nom- breuses, mais elles ne le sont pas plus dans les animaux sujets à l’Hibernation que dans les autres; - 5° il en est de même des vaisseaux internes et externes , ainsi que des nerfs : ils sont égaux chez les hibernans et les non-hibernans. De cet exposé passant à l'examen des causes, Ottu estime que l’Hibernation est due d’abord à la circonstance qui détermine la carotide cérébrale à passer par la cavité du tympan et par le trou auditif, ensuite à ce que la masse du cerveau se trouve plus pe- tite que le volume du corps, et enfin ces deux causes déterminantes il les attribue à une certaine modification de la sensibilité. De semblables conclusions sont loin d’être sa- tisfaisantes pour les esprits invesligateurs. Il en est de même à leurs yeux de l'hypothèse qui veut que l'Hibernation soit un état de lutte, de défense contre les ayens extéricurs, causes premières du ‘phénomène , ou qui place sa cause essentielle dans la force de résistance du principe vital, établis- sant une sorte de situation fixe dans le parenchyme organique sans en altérer la contexture, puisque le parenchyme est une barrière impénétrable aux diverses températures. La force de situation fixe, imaginée par Barthez pour peindre la puissance de Ja fibre musculaire , ne peut servir ici pour expli- quer le phénomène de l’Hibernation. D'ailleurs; ainsi que je l'ai dit au mot Farr (voy. plus haut, pag. 195 et suiv.), ce n’est point par des hypo- thèses que l’on résout un problème de l’impor- tance de celui qui nous occupe; ce n’est point ainsi que l’on peut espérer d'élargir une route à peine entr’ouverte, et de reculer les limites de la science. Il ne faut point s'arrêter à des résultats trop promptement obtenus , mais les discuter, les étendre, les reprendre à diverses époques , les in- terroger sous toules les faces : l'erreur est si voi- sine de nous , qu’on doit en redouter sans cesse Ja fâcheuse influence ; on n’arrive que lentement à la vérité; c’est la triste conséquence des préjugés dont on berce l'enfance , des vices de l'instruction, de la léoèreté que l’on apporte dans ses paroles, dans ses actions , et du besoin que l’on a de faire parler trop Lôt de soi, de se placer dans une situa- tion non méritée, (J/oy. au mot ART D'OBSERVER.) Berger, de Genève, a publié, dans l’année 1898, sous le titre de : Expériences et remarques sur quel- ques animaux qui s’engourdissent pendant la saison froide, le résumé fort curieux de ses études sur le Lérot, le Muscardin, la Marmotte et le Lima- çon des vignes, d’où il tire cette conclnsion que «le but de l’Hibernation doit être attribué à la » privation temporaire, dans l’état de nature, de » la nourriture la mieux appropriée à l'entretien de » la vie active des animaux.sujets à cette torpeur, et que des causes finales, qui les maïîtrisent , les » conduisent irrésistiblement à un profond assou- » pissement ». Le défaut de nourriture propre est une idée malheureuse , puisqu'elle est empruntée à Jehn Hunter, qui, le premier, l’avanca dans l’an- née 1779, et quil est constant que l’animal hiber- nant non seulement s’engourdit à côlé des ali- mens dont il est le plus friand, et sans toucher au foin qu'il étend autour de lui, qu’il a même soin de charger sur la partie qui pourrait demeurer à découvert, son corps étant courbé en boule; mais encore qu'il se vide et fait précéder d’un jeûne ri- goureux le moment de l’Hibernation, de peur sans doute, comine l’a dit De Saussure, que les excré- mens accumulés ne se corrompent ou ne se dessè- chent trop pendant sa longue léthargie. Je ne comprends rien au mot causes finales , aussi je ne m'y arrête point. ‘lel est l’état des travaux tentés jusqu'ici pour arriver à la connaissance des diflérentes causes qui concourent à l'existence du sommeil léthargi- que ; le fruit des recherches faites est, sans aucun doute, ulile; mais il ne met point à nule principe de l’Hibernation. Pour déterminer d’autres physio- logistes à s’en occuper, résumons les points les mieux éclairés : puissent-ils amener la solution de la question tout entière ! La gloire attend celui qui l’obtiendra. [. Différentes espèces d'animaux sont soumisos à l'Hibernation, qu’elles habitent l’une ou l'autre des zones comprises entre le pôle et l'équateur de l'hémisphère austral ou boréal. II. Le genre Hérisson, toutes les espèces de Chauve-souris, les Marmottes , le Rat du blé, que, d’après les Allemands, on appelle Æamster, le HIBE Loir, le Polatouche, le Rat des champs où Cam- pagnol, le Lérot, le Muscardin (un des plus pe- tits mammifères soumis à l’Hiberaation), toutes les espèces de Gerboises , la Taupe, le Porc-épic, les Ours arctique et maritime, le Blaireau, le Castor, le Lièvre, le Lapin, l’Agouti, le Cochon d'Inde; quelques oiseaux, les Hirondelles entre autres , divers poissons et reptiles , des vers, des insectes, des mollusques, particulièrement le Limaçon des vignes, et celui queles Nègres du Sénégalnomment K ambeul (le plus grand de tous), la Limnée des étangs, etc., présentent le phénomène d’une ma- nière plus ou moins profonde, et d’une durée plus ou moins longue, III. Avant de subir cet élat de torpeur, l’animal se vide, s'impose un jeûne absolu, s'éloigne du bruit et de toute cause irritante propre à entrete- air l’activité du tourbillon vital; il éprouve une sorte de fièvre, et se retire au fond de son terrier, dans le tronc creusé des vieux arbres, dans les fentes des ruines ou des rochers, dans les grottes souterraines, dans les boues glissantes des Lharals et des rizières, sous les mottes de terre légère et pénétrable de nos champs labourés, dans les trous ouvérts sur les bords relevés des fleuves , au fond des haies dont les tiges serrées ct les épines aiguës offrent des places inaccessibles aux ennemis de l'être hibernant, dans le fourré d’un épais taillis, dans les retraites les plus solitaires des grandes forêts , ebc. IV. En cet asile secret, où la vie doit revêtir l'enveloppe d’une mort apparente , l’asimal a eu soin, pour s’y tapir tout entier, de rassembler un lit propre à lui rendre moins pénible le contact des corps étrangers , et principalement celui d’une atmosphère trop basse ou trop élevée. V. Le repos, l’abstinence, l’insensibilité, la raideur des muscles , le ralentissement de la res- piration et de la circulation, la perte plus ou moins grande de la chaleur propre: voilà les ca- ractères de l’Hibernation. VI. L'animal qui y est sujet se ramasse en boule, se blottit, ferme les yeux, tient les mâchoires serrées ; ses membres sont raides et froids ; lares- piration n’est pas absolument suspendue comme l'avance Saissy, mais, ainsi que je viens de le dire, elle se rallentit peu à peu jusqu'à devenir pres- qu'insensible. Quand la léthargie est complète, Y'haleine , qui tout à l'heure rassemblait le poil en mèches, ne l’humecte plus; tout sentiment pa- raît éteint, l’irritabilité seule se conserve, elle devient même plus susceptible que jamais. VIL. Les Chauve-souris s’endorment du moment que le mercure, refoulé vers le froid, s'approche du huitième au sixième degré au dessus de zéro ; le Hérisson d'Europe cède au besoin d’hiberner quand la température descend de sept à cinq; les autres animaux quand elle est de six à quatre éga- lement au dessus de zéro. VIII. Les animaux chez qui l’engourdissement est le plus profond sont le Loir et la Marmotte; celui chez lequel il l’est e moins, c’est le Porc- 614 HIBO i épic d'Italie, L'Ours et le Blaireau ne sont sujets qu'à un léger assoupissement. IX. On s’est assuré que les animaux hibernans d'Europe périssent ordinairement sous une tempé- rature rigoureuse, et l’on fixe le terme de neuf à douze degrés centigrades au dessous de glace. X. Si l'atmosphère change tout à coup et qu’elle remonte de neuf à dix degrés au dessus de zéro, l'animal donne quelques signes de sensibilité, il fait quelques mouvemens; on dit même qu'il mange un peu du foin sur lequel il est placé, et que les excrémens qu'il produit sont absolument liquides. Quand le froid est très-violent, l'animal se réveille aussi; mais bientôt après, il succombeet meurt. XI. L’Hibernation cesse totalement pour quel- ques uns dès les premiers jours du printemps; elle se prolènge un peu plus pour les autres. XII. En devenant domestique, et quelle que soit la rigueur de la saison, l’animal hibernant perd la faculté qui lui est propre à l’état de nature, seulement à l’époque de l’engourdissement il se : montre moins vif, moins avide de nourriture. XIII. Il n’est pas établi, d’une manière régu- lière et incontestable, que la seule condition de l’'Hibernation réside dans le froid et l’absence des causes irritantes. XIV. Quant aux causes prédisposantes, c’est-à- dire aux circonstances particulières d'organisation qui font que certains animaux hibernent quand leurs congénères n’hibernent point, elles sont encore fort obscures, ainsi que l’annonça Cuvier devant l’Institut, alors si grand , si majestueux, si compacte en vrais savans. C’est Ià le point de dé- part des nouvelles observations à faire. (Li. 8.) HIBOU, Strix. ( ois. } Guvier donne le nom de Hibou à ceux des oiseaux de proie qui ont sur le front deux aigreltes de plumes qu'ils relèvent à vo-: lonté , dont la conque de l'oreille s’étend en demi- cercle depuis le bec jusqu’au sommet de la tête . et est munie en ayant d’un opercule membraneux. Leurs pieds sont garnis de plumes jusqu'aux on- gles. Du reste, ainsi que tous les autres oiseaux de: proie nocturnes, ils ont un bec court, crochu très-incliné , comprimé à sa base; la mandibule supérieure très-mobile, les narines grandes , un peu obliques , recouvertes de poils dirigés en avant ; la tête couverte de plumes, et grosse; les yeux très-grands, placés dans des orbites larges ; un cercle de plumes raides les environne de toutes parts; la pupille très-dilatée et ronde; les oreilles externes grandes et operculées; l’aigrette mobile ; la langue échancrée à l’extrémité et garnie de pa- pilles en arrière; des plumes très-courtes et lai- yeuses, elc. La pupille énorme de ces animaux, donnant en- trée à la fois à une grande quantité de rayons so- laires , les empêche de supporter la lumière du Jour ; ce n’est que le soir, après le coucher du so- leil, ou le matin, avant l'aurore, qu'ils peuvent sortir de leur nid pour aller à la recherche deleur nourrituré, L’organe de l’ouie offre également ur | HIBO 615 HIPP développement excessif, ce qui leur permet d’ap- récier le moindre bruit. Jouissant de la faculté de veiller à une heure où les oiseaux qui leur servent de pâture sont plongés dans le somimeil, ils parviennent sans peine à s'emparer de leur proie ; le jour , au contraire, placés à l'abri des rayons du soleil, sous l’ombre d’un arbre touffu , la fai- ble lueur qui arrive jusqu’à eux sufit pour blesser leur rétine ; ils sont alors plongés dans une apa- . thie complète, et sont assaillis par lesMésanges , les Rouge-gorges, et d’autres petits moineaux qui viennent en foule, sentant leur hardiesse s’accrofi- tre en raison de l'impuissance de leur ennemi. On sait quelles sont les opinions populaires à l'égard de cet oiseau, dont l'aspect triste, le cri lugubre , Va fait considérer comme un oiseau d’un mauvais augure. Get oiseau niche dans les trous des ro- chers, dans les creux d'arbres, dans les crevasses des vieilles masures, etc. Cuvier en distingue les espèces suivantes : Le Gran» Hipou À aupres courtes , Str. ascala- phus, Savigny, ou encore le //1bou ascalaphe ou Hibou d'Egypte, est d’un quart plus grand que le Hibou commun ; aigrettes courtes ettouffues; par- ties supérieures fauves ; tacheté de brun et vermi- culé sur les ailes et le dos; parties inférieures rayées en travers de lignes étroites. Cette espèce a été trouvée en Europe ; Cuvier pense qu’elle est originaire d'Afrique. Le Hisou coumun ou. Moyen-puc, Str. otus, Frisch. Sa tête et son manteau sont variés de blanc , de roux et de brun; les couvertures supé- rieures de la queue sont roussâtres , ainsi que la poitrine eL la partie antérieure du cou ; la queuc est ornée de huit ou neuf bandes brunes ; le ventre est maculé de brun ; les ailes et la queue sont de cette couleur ; les plumes qui recouvrent la face, noires à leur extrémité, sont blanches à leur in- sertion. Longueur totale, 13 pouces et demi. Il est représenté dans notre Atlas, pl. 207, fig. 5. Cet oiseau passe toute l’année en France; il y est fort commun, On le rencontre également en Angleterre, en Allemagne , en Suède, etc. Il se nourrit d'insectes à élytres, de Taupes , de Mulots, de Rats, etc. Il niche dans les vieilles masures, dans les cavernes, les creux d'arbres. Sa ponte est de quatre ou cinq œufs entièrement blancs et pres- que sphériques. + Ea Cnouerre ou le Moyen-puc À HuPP£s cour- Tes, Str. ulula, et Str. brachyotos, Gmel. La tête æt les parties supérieures et inférieures du corps sont d’une couleur jaune marquée de taches lon- gitudinales noires; les plumes qui entourent les yeux sont d’abord noires à leur insertion, puis blanches , et enfin moucheiltes de noir à l’extré- mité ; l’aigrette consiste en une seule plume; la tête est très-petite ; les ailes, plus longues que la queue , sont blanches en dessous et marquées de trois ou quatre bandes brunes ; la queue est d’un jaune pâle et également tachetée de brun. Cette espèce se nourrit, ainsi que la précé: | dente, d'insectes, de petits mammifères et d’oi- seaux, Temminck dit qu’elle niche dans les ma- rais, au milieu des hautes herbes , ou bien àterre, sur les petites éminences qui s’y trouvent, Cette espèce se rencontre fort rarement en France ; on la trouve au contraire assez fréquem- ment en Hollande et en Angleterre, (V. M.) HILE , /lilum. ( z00o1. Bor. ) On appelle ainsi la cicatrice qui se trouve à la surface de toutes les graines, et qui marque le lieu de l'insertion an pé- ricarpe. M. Raspail emploie le mot de Hire dans un sens très-étendu. Considérant les grains de fécules comme déposés dans des vésicules , il appelle Hize le point d’adhérence. Il donne aussi ce nom à l'endroit où s’attachent les grains du pollen , comme à celui qui unit les cellules animales avec leur contenu; à l’insertion des granules adipeux ; enfin à celle des œufs animaux, point d'insertion : auquel on à donné le nom de Gicarricuze. Le mot His se trouve alors synonyme de ce dernier comme du met OuriLic. (P. G.) HIMANTIE, Himantia. ( or. cryrr. ) Mucé- dinées. Genre séparé des Byssus par Persoon , et réunissant toutes les espèces à filamens rampans, adhérens au corps, sous-jacens, rameux , peu entrecroisés, divisés en rayons, non cloisonnés , opaques, persistans, et sans sporules distinctes. L'espèce qui sert de type à ce genre est l'Ai mantia candida de Dillen, que l’on observe sur les feuilles mortes et sur les bois pourris qu’elle recou- vre de filamens d’un blanc éclatant et soveux, très-fins, ayant la forme de houppes rayonnantes, sur laquelle on ’a pas découvert de sporules , et que l'on peut considérer comme un champignon parfait, (F:F,) HIPPE, Hippa. ( crusr. ) Ge genre, qui a été établi par Fabricius et adopté ensuite par les en- tomologistes, appartient à l’ordre des Décapodes, famille des Macroures anormaux } et tribu des Hip- pides de Latreille ; ses caractères distinctifs sont : pieds antérieurs terminés par un arlicle ovale, comprimé , en forme de lame, et sans doigts; an- tennes intermédiaires divisées en deux filets, les latérales plus longues et contournées ; yeux écar- tés et portés sur un pédicule filiforme. Dans l’Entomologie systématique de Fabricius, ce genre se compose de sept espèces ; plus tard ( Suppl. Entom. syst. ) cet auteur en détacha quatre pour former le genre ArBanéE ( voyez ce mot). Une autre espèce a servi de type au genre Syméthis; enfin la dernière, qui est son Hippe adactyle, est restée dans ce genre. Celle espèce doit être réunie à son Hippe émérite dont.le nom spécifique appartient à Linné, et qui rappelle un genre de Gronovius correspondant aux Hippes de Fabricius. Ces crustacés ont généralement une carapace ovalaire un peu bombée et tronquée aux deux extrémités, et non rebordée. Le troisième article de leurs pieds-mâchoires est très-grand et recouvre la bouche. Les antennes intermédiaires sont divisées en deux filets avancés et un peu re- courbés ; les latérales sont beaucoup plus longues, recourbées, plumeuses au côté extérieur, avec une grande écaille dentelée qui recouvre leur base, Leurs yeux sont portés sur un pédicule cylindri- HIPP 616 een HIPP —————_——_———— —————.— —————————.……….…—— — — —— ———— —————…— ————————— que, et situés entre les antennes. Leurs pieds an- térieurs sont terminés par un article ovale, com- primé, en forme de lame, et sans doigt mobile ; ceux de la seconde, de la troisième et de la qua- trième paire finissent par un article aplati, falci- forme ou en croissant, et ceux de la cinquième paire sont très-menus, filiformes et repliés. Chez ces crustacés , l'abdomen est comme échancré de chaque côté de sa base, et terminé par un article triangulaire, long et étroit, sur chaque côté du- quel existe, près de la base, une lame natatoire, petite, ciliée sur les bords, et coudée ou arquée. Les mœurs de ces crustacés sont encore peu connues; cependant MM. Quoy et Gaimard nous appren- neni qu'ils fuient constamment la Jumière et qu’ils couvent sous les sables humides; mais Latreille pense, d’après la conformation des organes , que ce n’est que pendant le jour cu dans leur repos. L'espèce qui peut être regardée comme lype du genre est l’Hrppe ÉMÉRITE , H. emerita, Fab., 1. adactyla, Fab., Cancer emeritus, Linn., Gronov. ( Gazoph., tab. 17, fig. 8, 9 ), Herbst ( Cancer, tab. 2°, fig. 5 ). Voy. notre Atlas, pl. 208, fig. 1. Dans les individus desséchés, le corps est jaunâ- tre , long d'environ deux pouces et demi ; la queue est étendue ; le test présente un grand rombre de rides très-fines et quatre lignes enfoncées et trans- verses , sinuées à la partie antérieure ; les bords latéraux ont quelques petites dentelures; l’antérieur est divisé avec trois saillies ou angles en manière de dents. Les pattes et les bords de la queue sont garnis de poils. Cette espèce, qui se trouve dans l'Océan qui baigne les côtes de l’Amérique méri- dionale, a été très-bien figurée par M. Guérin dans Iconographie du Règn. anim. de Cuvicr, Crust., pl. 15, fig. 2. ES) HIPPIDES, Aippides. ( crusr. ) Latreille {Règn. anim. de Cuv.) a établi sous ce noin, dans la famille des Macroures anormaux, cette tribu, à laquelle 1l donne pour caractères : les deux pieds antérieurs tantôt s’amincissant graduellement vers leur extrémité et finissant en pointe, tantôt se terminant par une main monodactyle; les six sui- vans ayant, dans la plupart, le dernier article en forme de nageoire, et les deux derniers pieds très-grêles, courts et repliés ; le dernier segment abdominal est allongé; le précédent porte de chaque côté un appendice foliacé; le test est solide. + Pieds antérienrs élargis et comprimés à leur extrénrité , ou terminés par une main monodactyle dans les uns, et adactyle dans les autres. — Gen- res ArBanËr, Hippe. Voy. ces mots. jt Pieds antérieurs terminés en pointe. — Genre Réwrrïne. Woy. ce mot. (I EL.) BIPPIE, /Zippia. ( vor. P#an. ) Genre de la famille des Synanthérées corymbifères de Jussieu, et de la Syngénésie nécessairede Linné. Il est ca- ractérisé de la manière suivante : involucre hé- misphérique, formé d’écailles irrégulières, imbri- quées et appliquées, dont les extérieures sont fo- liacées, ovales, lancéolées : les intérieures oblon- gues, élargies , colorées et denticulées au sommet; réceptacle nu, petit, légèrement conique ; cala- thide subglobuleuse, discoïde, composée de fleurs centrales, nombreuses, régulières, mâles , et de fleurs marginales femelles sur deux rangs, ayant un tube très-élargi à la base, court, étroit, et denté supérieurement. L’ovaire de ces dernières fleurs est comprimé, dépourvu d’aigrettes, par- semé sur la face intérieure de poils papilliformes et de glandes, muni d’une large bordure membra- neuse, charnue, surmonté d’un style articulé. L’ovaire des fleurs centrales est avorté, petit et oblong. Hippié FRUTESCENTE , ippia frutescens, L. Joli arbuste du cap de Bonne-Espérance qui, lors- qu’on le froisse , exhale une odeur aromatique. Sa tige se couronne de rameaux cylindriques et pu- bescens , à feuilles nombreuses, rapprochées, al- ternes, oblongues , profondément et régulièrement pinnatifères; calathides de fleurs jaunes, petites , disposées en corymbes nus , à l’extrémité des ra- meaux. C'est dans les jardins de botanique que l’on cultive cette espèce, qui, en hiver , réclame Ja douce température de l’orangerie. Peut-être la plante dont nous venons de donner Ja description est-elle la seule du genre Hippia; car, malgré l’autorité de Linné et celle de Willdenow, il ne paraît pas qu’on doive y comprendre les plantes qu'ils ont décrites sous les noms de IT. integrifolia, H. minuta, H. stolonifera , puis- que Jussieu ( Ann. du Mus. ) les rapporte à un genre différent qu’il nomme Gymnostyle, genre qui, du reste, paraît à R. Brown identique avec le genre Soliva de Ruiz et Pavon. (CG. £.) HIPPOBOSQUE. (1xs.) Genre de Diptères de la famille des Pupipares, triba des Coriaces, distin- gué des autres genres de la même tribu par des antennes en forme de tubercule globuleux logées dans des fossettes, des yeux très- distincts occu- pant tous les côtés de la tête, des ailes et des ba- lanciers. En ôtant de ce genre, qu'a fondé Linné, les espèces qui doivent rentrer dans le genre Pe- diculus, il reste encore plusieurs individus qui présentent des caractères assez tranchés pour mé- riter d'être séparés ; telles sont, par exemple, les espèces vivant sur les oiseaux, dont Latreille à formé le genre des Ornithomyes, qui depuis lui- même a été subdivisé par le docteur Leach, et les espèces aptères dont le même auteur a formé le genre /élophage qui a été de même subdivisé ; mais ce n’est pas ici le momeat de nous occuper de ces deux dernières coupes qui seront traitées à leur article spécial. Les Hyppobosques sont de petite taille, leur corps est ovalaire, assez large, déprimé, revêtu à l’ab- domen par deux dermes coriaces offrant à la main une résistance sensible; la tête tient au corps par un petit étranglement; elle est petite, méplate, : placée presque horizontalement , arrondie; dans la position où elle se trouve , elle offre un énorme sinciput et n’a ni face ni vertex; les yeux assez grands embrassent les côtés de la tête, dont ils oc- cupent environ les deux tiers de la largeur ; on ne remarque pas d’ocelles ; les antennes sont insé- rées LE th “2 So ré 2m + Pt 208 es Borpfl del. 2 Hippe. 2 Hippobosque 3 Hippocastane. E" Cuerrur du HIPP es très-près de la bouche, dans une fossette ; elles araissent n'être composées que d’un gros article lobuleux , auquel un plus court sert probablement e support, et d’une ou deux soies raides ; elles e sont presque susceptibles d'aucun mouvement ; n avant de la tête est un mamelon un peu cor- iforme qui porte la trompe; elle se présente à extrémité sous la forme d’un pelit museau avancé, ormé par deux lames parlant de la partie anté- rieure de la tête, analogue au chaperon; ces deux lames, parallèles, méplates, carrées, un peu ré- récies à leur extrémité, se joignent un peu obli- quement en formant un pelil Loit qui recouvre le véritable sucoir. Celui-ci paraît à la première vue composé d’une soie susceptible de sortir et de ren- rer à la volonté de l’insecte; mais cette soie en réalité est double, la supérieure un peu creusée en canal en dessous, pour recevoir l’inférieure ; cetle soie sort d’une espèce de bulbe. La partie buccale inférieure a ces parties enfermées par une membrane blanchâtre. Le thorax est arrondi, séparé par des stries transverses, dont une plus profonde et plus con- tinue vers le milieu de sa longueur ; on y distingue aisément quatre stigmates, deux entre les denx pre- mières paires de pattes et deux près des balanciers ; les ailes sont une fois plus longues que l'abdomen, et se recouvrent dans le repos; elles ont de fortes nervures parallèles longitudinales près de leur bord antérieur, avec une seule petite nervure transverse; le reste de l’aile en est entièrement rivé : aa dessous des aïles sont des balanciers et des cueillerons ; les pattes sont courles, mais ro- bustes , munies de poils courts et raides ; les an- térieures sont insérées très-près de la têle, et |-rapprochées entre elles , tandis que les autres sont écartées à leur naissance ; les tarses sont composés de cinq articles, dont les quatre premiers courts, de cinquième plus long et plus gros, portant deux «7 je rstréud rontssmdétughihent die die FORCE AR CT RTE D D Me “ée 72 HA EN | | R'al VEN LT Gt'oer daA-durvt Ni 1 0 À ’ AL CE Ld ACTES g" j à à 1% x | _ 3 LS à a AN Où MUNIE UN Cie Prrathe (of dé pdt Û À À [A Li y . 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